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Psaumes 23, 122, 146, 150
par Alfred Guignard
Table des matière abrégée :
1 En regardant en avant — Psaume 23
2 Demandez la paix de Jérusalem — Ps. 122
3 Louez Jah ! — Ps. 146 — Manifestations de la grâce
4 La fin des souffrances — Ps. 150
Table des matières détaillée :
1 En regardant en avant — Psaume 23
2 Demandez la paix de Jérusalem — Ps. 122
2.1 Nos pieds se tiendront dans tes portes, ô Jérusalem !
2.2 Jérusalem, qui est bâtie comme une ville bien unie en elle-même !
2.4 Car là sont placés les trônes de jugement, les trônes de la maison de David
2.5 Demandez la paix de Jérusalem
2.6 Ceux qui t’aiment prospéreront
2.7 Que la paix soit dans tes murs, la prospérité dans tes palais !
2.8 À cause de mes frères et de mes compagnons, je dirai : que la paix soit en toi !
2.9 À cause de la maison de l’Éternel, notre Dieu, je rechercherai ton bien
3 Louez Jah ! — Ps. 146 — Manifestations de la grâce
4 La fin des souffrances — Ps. 150
4.1 Louez Dieu dans son saint lieu !
4.2 Louez-le dans le firmament de sa force
4.3 Louez-le pour ses actes puissants !
4.4 Louez-le pour l’étendue de sa grandeur !
4.5 Louez-le avec le son retentissant de la trompette !
4.6 Louez-le avec le luth et la harpe !
4.7 Louez-le avec le tambourin et la danse !
4.8 Louez-le avec les instruments à cordes et le chalumeau !
4.9 Louez-le avec les cymbales sonores ! Louez-le avec les cymbales retentissantes !
4.10 Que tout ce qui respire loue Jah !
M.E. 1942 p. 3
Au cours des siècles le psaume 23 a, maintes fois, réjoui et consolé les bien-aimés de Dieu. Au commencement de cette année il vient encore, et comme tout à nouveau, nous apporter ce dont nos âmes ont besoin pour être encouragées dans les circonstances tragiques que traverse le monde dans lequel nous sommes.
D’une manière générale, ce psaume nous parle du présent : l’Éternel fait reposer, il conduit, il restaure, etc. Souvent nous l’avons considéré à ce point de vue et toujours avec bénédiction. En le regardant de plus près, nous remarquons que trois fois la brebis du bon Berger jette un coup d’œil dans l’avenir, aux versets 1, 4 et 6.
La première fois elle a devant elle la traversée d’un lieu où il n’y a absolument rien pour elle : c’est un lieu effrayant, un désert, dans lequel se trouvent l’aridité, le péché, la mort, les ennemis. Malgré cela la brebis ne manquera de rien, car le Berger suffit à tous les besoins, quels qu’ils soient. Auprès de lui il y a : l’abondance, le repos, les verts pâturages, les eaux paisibles ; et, si même l’ennemi a réussi à troubler notre communion, c’est encore le bon Berger qui restaure nos âmes. Nous pouvons mettre en Lui toute notre confiance. Croyons sa parole et nous verrons des merveilles.
La seconde fois que la brebis regarde en avant (v. 4), elle a devant elle une sombre vallée, la vallée de l’ombre de la mort. Que ce lieu-là est terrible ! allez-vous dire. Oui, certainement, si nous nous y aventurons seuls, mais, avec ce fidèle Berger, nous n’y aurons aucune crainte ; car il a arraché à la mort son aiguillon, et avec lui, elle a perdu son amertume. Il a vaincu la mort et, pour le croyant, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Cette ombre peut parfois paraître redoutable, mais nous n’avons rien à craindre puisque le bon Berger est avec nous. Restons donc bien près de Lui ; c’est en cela que consiste notre sécurité. Mais détachons nos yeux de ces lieux où l’on pleure et contemplons l’excellence de Celui qui veut bien être notre compagnon de voyage dans cette vallée. « Tu es avec moi », dit la brebis. Saisissons donc sa puissante main. Il connaît parfaitement le chemin que nous avons à suivre au plus profond de ces lieux ténébreux, puisqu’Il l’a suivi avant nous. Dans ce chemin il s’est confié en Dieu, et Dieu l’a délivré de la mort et l’a introduit dans la gloire où nous serons bientôt avec lui. En présence des ennemis qui abondent dans ces bas lieux, la brebis peut se réfugier sous l’ombre des ailes de ce fidèle et bon Berger, le Tout-Puissant ; et là, non seulement elle est à l’abri, mais aussi elle jouit de son amour ; elle est rassasiée de la graisse du sanctuaire, désaltérée au fleuve des délices de Dieu et peut se réjouir dans sa lumière. Les ennemis impuissants sont témoins des tendres soins dont elle est l’objet. Nous sommes à sa charge pour le temps et pour l’éternité. Il est le Dieu qui donne de grandes délivrances à son peuple. Sa main puissante qui soutient les mondes dans l’espace est là pour nous conduire et nous protéger.
Ces choses sont-elles des réalités pour nos âmes ? N’est-Il pas digne que nous mettions en lui toute notre confiance ? Il a enduré l’abandon et Il est entré dans la détresse à notre place. C’est aussi lui qui a entonné le cantique de la délivrance au grand jour où il est sorti victorieux du tombeau, de sorte qu’à l’entrée de cette vallée nous pouvons pousser le cri de la victoire : « Où est, ô mort ! ton aiguillon ? Où est, ô mort ! ta victoire ? ». Lorsque nous regardons vers lui nous sommes illuminés et nos faces ne sont pas confuses ; les ombres fuient et, près de lui, il ne reste qu’un ciel sans nuages.
Enfin, une troisième fois (v. 6), la brebis regarde en avant, mais son œil n’est plus fixé sur les sables du désert, ni sur les ombres de la vallée ; il contemple la maison. Pour les fidèles d’Israël, ce sera la maison de l’Éternel et les longs jours du beau règne de mille ans. Pour nous, ce sera la maison du Père et la bienheureuse éternité dans les demeures célestes. Évidemment les derniers pas d’un long voyage sont toujours les plus pénibles, nous en faisons l’expérience les uns et les autres, mais nous allons arriver. « La maison du Père » est devant nous. Cela est bien propre à réjouir les pèlerins qui sont dans la vallée. Prenons courage. Quelles seront les difficultés des derniers jours de notre voyage ? Personne ne saurait nous le dire, mais ce dont nous avons la pleine assurance, c’est que la bonté et la gratuité de notre fidèle Berger nous accompagneront tous nos jours, et que le voyage se terminera dans les lieux élevés des demeures célestes, dans la maison du Père. Nous aimons à répéter
Là-haut, dans la maison du Père,
En toi, Jésus, j’ai tous les biens,
Tous les trésors du sanctuaire.
Seigneur, ta face est ma lumière ;
Ta gloire et ton amour sont miens.
M.E. 1936 p. 156
Les Ps. 120, 121 et 122 sont intimement liés les uns aux autres et forment un seul sujet. Dans le 120, nous avons une courte, mais solennelle description du monde dans lequel nous sommes. C’est un monde où la lèvre est menteuse et où la langue est trompeuse. Pauvre monde qui s’en va au devant d’un jugement préfiguré ici par des charbons ardents de genêts et les flèches aiguës d’un homme puissant. Nous savons que c’est l’Homme que le monde a rejeté et mis au rang des iniques qui va venir transpercer ses ennemis et les rendre comme un four de feu au temps de sa présence, quand, dans sa colère, il les engloutira, et par le feu les dévorera (Ps. 21:9). Un monde qui est aussi sombre que les tentes de Kédar, et qui, malgré toute sa misère, ne veut rien du message de paix qui lui est adressé depuis bientôt deux mille ans. Puissions-nous toujours mieux réaliser que nous n’y sommes que des étrangers, des bourgeois des cieux ; des forains qui ne sont que pour peu de temps dans ces bas lieux. Dans un tel milieu, nous ne pouvons attendre aucun secours du côté de l’homme, mais notre glorieux privilège est de pouvoir regarder en haut vers les lieux élevés d’où vient notre secours. Là, nous voyons le Dieu Fort qui a fait les cieux et la terre et qui veut bien s’occuper de nous et nous garder ; garder notre âme et nous garder de tout mal. En lui, il y a la fidélité, la vigilance et la puissance ; jour et nuit nous sommes sous sa protection ; c’est là le sujet du Ps. 121. Nous pouvons remarquer que dans ces psaumes nous nous trouvons dans les cantiques des degrés où le Saint Esprit nous conduit toujours plus haut et élève nos âmes toujours plus près de Dieu. Nous avons donc dans le Ps. 120 le monde dans lequel nous sommes, dans le 121 le Dieu qui nous y garde et, enfin, dans le 122 ce qui peut nous réjouir : « Je me suis réjoui quand ils m’ont dit : Allons à la maison de l’Éternel » ! Il est évident que dans le livre des psaumes nous nous trouvons sur le terrain d’Israël, mais Dieu est toujours le même et cela dans toutes les dispensations. La foi, dans tous les temps, sait s’emparer de ce que Dieu est et des bénédictions qu’il a mises à la disposition de ceux qui se confient en lui, et elle en jouit. Ces psaumes, comme toutes les Écritures, ont été écrits pour notre instruction (Rom. 15:4). Israël allait adorer au temple qui était à Jérusalem, c’était là le lieu où l’Éternel avait mis son nom, et c’est là qu’il montera de nouveau lorsqu’il sera rentré dans le pays qu’Il lui a donné. Nous, nous trouvons cette présence de Dieu dans l’Assemblée, elle est la maison du Dieu vivant (1 Tim. 3:15). Y a-t-il une joie plus grande, sur la terre, que de pouvoir se rencontrer avec ceux pour lesquels Christ est mort, dans le lieu où nous trouvons sa présence ? C’est déjà le ciel sur la terre.
Nous allons entrer dans les lieux célestes là où Christ est entré comme notre précurseur ; mais, en attendant, nous possédons la grâce ineffable de pouvoir pénétrer dans les lieux saints par le chemin nouveau et vivant qui nous a été inauguré au travers du voile. Mieux que le roi David, nous connaissons les délices du sanctuaire et la gloire de celui qui y habite. Lui pouvait parler de l’Éternel, nous, nous connaissons le Père, lui pouvait parler de la fidélité de son Dieu, nous de son amour.
Jusqu’à maintenant cette unité n’a guère été réalisée en Israël, en tout cas pendant fort peu de temps, et voici des siècles que le peuple est divisé et dispersé au loin. Malgré cela, la foi des fidèles a toujours vu cette unité dans sa beauté, et cela même dans les jours les plus ténébreux de l’histoire du peuple. Nous en avons un bel exemple, souvent cité, dans les douze pierres de l’autel d’Élie (1 Rois 18:31). Un autre dans les paroles de l’apôtre Paul lorsqu’il parle des douze tribus qui servent Dieu sans relâche nuit et jour (Act. 26:7). Et pourtant la nation venait de mettre à mort son Messie, et Jérusalem allait être détruite et foulée aux pieds par les nations. De même aujourd’hui, au milieu de la ruine de l’Église, nous pouvons, avec des cœurs qui adorent, chanter :
Que l’unité de ton Église est belle !
Seigneur Jésus, qu’elle plaît à tes yeux !
Dans ton amour, tu t’es livré pour elle :
Tu veux l’avoir près de toi dans les cieux.
La voyons-nous vraiment ainsi ? La contemplons-nous telle qu’elle est aux yeux de Dieu, telle qu’elle est dans ses conseils éternels, telle que Christ se la présentera bientôt ? Il va l’introduire dans la maison du Père, brillante de lumière et reflétant sa propre beauté. La folie des siens, la méchanceté du monde, la puissance de l’adversaire ne peuvent rien changer à ces choses. Aux portes même du hadès rien ne peut annuler ce que Dieu s’est proposé avant que le monde fût. Il semble même que la ruine des temps auxquels nous sommes parvenus, fait briller d’un plus vif éclat ces vérités précieuses et leur donne plus de relief devant les yeux de la foi. Dieu voit l’Église dans sa glorieuse beauté et dans sa parfaite unité ; notre précieux privilège est de pouvoir nous élever à la hauteur de ses propres pensées et de les réaliser, et cela d’une manière toute particulière lorsque nous sommes réunis dans son sanctuaire. Chers rachetés du Seigneur, lorsque nous sommes ainsi dans sa présence, toutes les pensées des hommes ne doivent-elles pas faire place dans nos cœurs aux pensées de Dieu ?
Lors même que nous ne sommes peut-être que deux ou trois assemblés autour du Seigneur, il nous est possible d’anticiper le glorieux moment où tous les rachetés du Seigneur seront réunis autour de Lui, notre centre béni et éternel de rassemblement. Il a dit : « J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de l’Assemblée ». Le petit nombre de ceux qui sont ainsi rassemblés le premier jour de la semaine n’altère en rien cette précieuse vérité ; et le seul pain qui est sur la table la rappelle aux cœurs de tous ceux qui sont là : « Un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Cor. 10:17). C’est cette unité que la foi contemple, dont elle jouit et qui va être réalisée en gloire dans peu de temps. Nous anticipons ce moment, nous voyons déjà tous ceux qui ont une part au sacrifice de Christ, nous les aimons, nous les embrassons dans nos cœurs lorsque nous rompons ce seul pain. Nous rendons ainsi témoignage à la part glorieuse qui est la leur, mais qu’ils ignorent peut-être. Les douze tribus d’Israël monteront bientôt dans une merveilleuse unité pour célébrer le nom de l’Éternel avec joie, réunies sous le glorieux sceptre de Christ ; mais nous savons que, avant cela, l’Église tout entière sera rassemblée autour du trône de l’Agneau qui a été immolé. Il ne manquera pas un racheté et tous ensemble lui donneront gloire à toujours. Notre foi les contemple déjà dans cette glorieuse congrégation.
Lorsque le Seigneur Jésus se trouva au milieu des disciples qui s’étaient rassemblés sur la montagne où il leur avait ordonné de se rendre (Matt. 28:18), il leur dit : « Toute autorité m’a été donnée dans les cieux et sur la terre ». Ici-bas, quels sont ceux qui lui obéissent, et où trouver, sur la terre, un lieu où son autorité est pleinement reconnue ? C’est une question bien sérieuse pour tous ceux qui aiment le Seigneur. Nécessairement ceux qui lui obéissent doivent se trouver ensemble. Le Seigneur ne saurait ordonner aux uns une chose et aux autres une autre. Avons-nous été exercés à ce sujet ? Nous réunissons-nous sur un principe d’obéissance au Seigneur, afin que le cœur de chacun de nous soit à l’aise devant celui qui est le Seigneur, qui a toute autorité dans son Assemblée ? Cela ne peut avoir lieu que dans l’obéissance à sa parole.
Vraiment nos privilèges sont grands, inestimables. Si nous savions les apprécier à leur juste valeur, quelle serait notre joie ? Le roi David, moins privilégié que nous, s’est réjoui quand ils lui ont dit : « Allons à la maison de l’Éternel ». La joie doit provoquer en nous une sainte jalousie et nous pousser à dire comme lui dans un autre psaume : « J’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai : c’est que j’habite dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel et pour m’enquérir diligemment de lui dans son temple » (Ps. 27:4). Mais pour pouvoir jouir de nos privilèges, il y a une condition absolue : il faut que la paix règne dans l’Assemblée. De là cette parole : « Demandez la paix de Jérusalem ». Sans paix, pas de joie, pas de bénédiction ; au contraire, c’est le trouble et la souffrance. Puissions-nous en être profondément pénétrés et demandons la paix dans l’Assemblée, recherchons-la, il en vaut la peine, car
Christ ne bénira-t-il pas ceux qui aiment son Assemblée, cette Assemblée qui est chère à son cœur ? Certainement il n’oubliera rien de ce que nous ferons pour elle ; il nous fera prospérer dans nos âmes.
Le lieu de la demeure de Dieu est une enceinte sacrée. De tous côtés elle doit être garantie contre le mal par la muraille de la sanctification. Si ce qui est incompatible avec la sainteté de Dieu y pénètre d’une manière ou d’une autre, il n’y a plus de paix possible. Une sainte vigilance est donc nécessaire pour que le mal doctrinal ou moral soit à jamais exclu de ses murs. Les temps sont fâcheux et l’ennemi redouble d’efforts ; demandons que la paix et la prospérité soient maintenues dans l’Assemblée.
Dans ce verset, nous trouvons deux classes de personnes à cause desquelles nous devons ainsi rechercher la paix. Premièrement les frères. Ce sont tous les rachetés du Seigneur où qu’ils se trouvent. Nous devons les aimer et, si nous pensons à leur bien, nous désirerons qu’il y ait la paix dans l’Assemblée. Voyant la bénédiction, ils seront attirés. Si, au contraire, il y a de la division et du trouble, ils seront repoussés et quelle perte en résultera et pour eux et pour nous ! Outre les frères, en second lieu il y a les compagnons : ce sont ceux qui marchent avec nous, ils sont pour nous des compagnons, et nous devons penser à leur bien, demander la paix afin que nous puissions continuer de marcher ensemble sur le terrain de la vérité. En réalisant la paix, la bénédiction sera répandue avec abondance sur les uns et sur les autres. Enfin un dernier motif pour demander la paix et la bénédiction :
Si le ciel nous est cher, car c’est là que notre Seigneur est entré et que toute la multitude des rachetés va être introduite, le rassemblement nécessairement nous est précieux, car c’est là que nous rencontrons la présence de notre Seigneur et qu’il bénit les siens. Il est comme le reflet du ciel sur la terre ; nous y voyons notre Seigneur et tous ceux pour lesquels il est mort. Lorsque tous ensemble nous serons réunis dans les demeures célestes, quelle sera la part de ceux qui ont aimé l’Assemblée pendant le temps où elle aura porté sur la terre l’opprobre de son Seigneur ? Qu’il nous soit donc accordé la grâce d’aimer l’Assemblée, de rechercher sa paix et son bien.
M.E. 1942 p. 250
Ce psaume inaugure la dernière série des psaumes, série qui se compose de cinq psaumes ayant ceci de particulier que tous commencent et se terminent par ces mots : « Louez Jah ! ». Ce sont donc tous des psaumes qui invitent le fidèle au service de la louange. Celui qui nous occupe ici est un « cantique » de louanges à Dieu, célébré comme Dieu créateur (v. 6), dans son gouvernement (v. 7), dans sa grâce (v. 8 et 9) et dans son règne (v. 10).
Ce qui est de la création est simplement mentionné, de même que ce qui concerne son gouvernement. Par contre, le psaume s’étend sur les diverses manifestations de la grâce : Il est le Dieu de Jacob ; bienheureux ceux qui s’attendent à Lui : Il met en liberté les prisonniers. Il est évident que nous avons ici une allusion directe au résidu qui sera opprimé par l’Antichrist de la fin ; mais la portée de ce passage va beaucoup plus loin. Il s’étend aux captifs de Satan. Quand le Seigneur était sur la terre, il a cité le passage d’Ésaïe 61:1-2 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… pour publier aux captifs la délivrance » (Luc 4:19). Cette prophétie était donc partiellement accomplie pendant qu’il exerçait son ministère ici-bas : « Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jean 8:36). Mais ce service se continue encore maintenant en faveur de ceux qui gémissent sous l’esclavage du péché, ainsi que nous lisons dans Rom. 7:23 : « Je vois dans mes membres une loi qui combat contre la loi de mon entendement et qui me rend captif de la loi du péché qui existe dans mes membres ». Qui donc peut délivrer un tel captif ? C’est le Christ Jésus auquel il rend grâces quand il saisit la délivrance.
Il ouvre les yeux des aveugles. Il le faisait quand il était ici-bas : l’aveugle-né disait : « Je sais une chose, c’est que j’étais aveugle et que maintenant je vois » (Jean 9:25). Maintenant encore nombreux sont ceux qui ont été tirés de leur cécité morale et amenés dans la pleine lumière de la présence de Dieu.
Il relève ceux qui sont courbés, écrasés sous le poids de leurs péchés et qui jusqu’à ce jour n’ont regardé que vers la terre pour avoir du secours : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau est léger », dit le Seigneur (Matt. 11:28-30).
Il aime les justes, ceux qu’il a justifiés (car il n’y en a pas d’autres). Il les a justifiés en vertu de son œuvre à la croix et ils sont les objets de son plus tendre amour.
Il garde les étrangers. Ils étaient autrefois sans droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, ils n’avaient pas d’espérance et ils étaient sans Dieu dans le monde ; maintenant ils sont les objets de toute sa sollicitude.
Il affermit ceux qui sont sans appuis naturels : les orphelins et les veuves. Mais, par contre, il confond la voie des méchants. Il est le Roi, son règne sera pour l’éternité. En qui pouvons-nous nous confier ? Dans les principaux ? Ils meurent, leurs corps retournent à la poussière, en ce même jour leurs desseins périssent avec eux. Mais bienheureux ceux qui s’attendent à l’Éternel. Ce sont eux qui le loueront durant leur vie et qui chanteront des cantiques de délivrances tant qu’ils existeront. Ce sont eux qui louent Jah ! Puissions-nous être de ceux-ci.
M.E. 1940 p. 145
Le livre des Psaumes pourrait à bon droit être appelé le livre de la souffrance. Il nous fait connaître celles qui seront la part du résidu fidèle en Israël, et d’une manière particulière celles qu’il traversera à la fin, dans le temps de la grande tribulation, le temps de la détresse de Jacob. Nous ne rappelons pas ici les souffrances qui ont été la part de Christ et qui sont mentionnées dans toutes les pages de ce livre précieux. Il n’y a nulle part dans les Écritures des cris de détresse et l’expression d’angoisses aussi profondes que dans ce livre des Psaumes. C’est ce qui donne à ce livre un caractère tout particulier et qui a permis aux fidèles de tous les temps d’y trouver les consolations dont leurs âmes avaient besoin. Ils y trouvaient des fidèles qui traversaient les mêmes circonstances qu’eux et ce simple fait était pour eux une consolation puisqu’ils apprenaient par ce moyen à connaître quelles étaient les expériences que faisaient ces fidèles et les délivrances dont ils étaient les objets. Mais ce qui est encore plus précieux dans ce livre, c’est qu’il se termine par une entière délivrance et une louange sans mélange. C’est ce fait qui nous conduit à publier quelques remarques sur le psaume 150 qui termine d’une manière si précieuse ce livre des Psaumes. Dieu veuille qu’elles soient en encouragement aux bien-aimés du Seigneur qui aujourd’hui traversent la fournaise et qui sont exercés les uns d’une manière, les autres d’une autre. Que les yeux de tous soient dirigés vers la délivrance finale qui ne saurait tarder.
C’est là, dans son sanctuaire, que ses voies ont été établies et que ses conseils ont été élaborés avec une sagesse parfaite. « Ô Dieu ! Ta voie est dans le lieu saint » (Ps. 77:13). Tout a été établi selon les desseins d’amour qui sont dans son cœur de toute éternité. Il fait concourir toutes choses ensemble pour le bien de ceux qui l’aiment, et tout est en rapport avec la sainteté qui caractérise son sanctuaire : Sa sagesse, son amour, sa sainteté ont été pleinement glorifiés dans toutes ses voies envers les siens, de même que sa puissance. C’est cette puissance que nous trouvons dans la fin de ce verset :
C’est là dans cette voûte azurée que nous admirons souvent, qu’il a déployé sa puissance. Sorti de ses mains, ce firmament est un témoin muet, mais combien éloquent, de cette puissance. Mais là ne s’est pas bornée la manifestation de cette puissance : il la magnifie maintenant en sauvant des pécheurs, car l’évangile est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit. Aujourd’hui Il les sauve en les retirant de ce monde, bientôt Il les introduira dans les demeures célestes. Pendant l’éternité on admirera en eux la puissance de sa force, car ils seront les monuments de sa puissance.
Il est le Jéhovah créateur qui a fait toutes choses et Il est aussi le conservateur de tous les hommes, et même de toutes choses, puisque c’est par lui qu’elles subsistent toutes. Bientôt, par des actes puissants de sa droite, Il anéantira tous ses ennemis, délivrera tous ses bien-aimés et établira son règne de paix sur tout l’univers. Les hommes forts se courberont devant lui et ses ennemis lécheront la poussière. Que peut un monde conduit par le prince des ténèbres contre celui qui est assis au plus haut des cieux ?
Cette grandeur se manifestera dans les actes de sa puissance et d’une manière particulière en faveur de son peuple pour le délivrer et établir son règne sur tout l’univers. Les psaumes 146 et 147 nous font connaître cette grandeur. Au 146 Il sauve son peuple de la main des puissants, Il exécute le jugement en faveur des opprimés, Il donne du pain à ceux qui ont faim, Il met en liberté les prisonniers, Il ouvre les yeux des aveugles, Il relève ceux qui sont courbés, Il garde les étrangers, Il affermit l’orphelin et la veuve et confond les méchants. Son règne est établi à toujours de génération en génération. Au Ps. 147 Il bâtit Jérusalem, Il rassemble les exilés de son peuple, Il guérit ceux qui ont le cœur brisé et Il bande leurs plaies. Il a tout dans sa main dans les cieux et sur la terre pour l’accomplissement de ses desseins d’amour en faveur de son peuple.
Dans ce dernier des psaumes, tous les instruments du sanctuaire se font entendre pour louer l’Éternel. Le premier qui est mentionné est la trompette. Cela se comprend, car c’est elle qui donne le signal du rassemblement. Nous, nous attendons le moment où le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thess. 4:16-17). Bienheureuse espérance ! Pour Israël, Il enverra ses anges avec un grand son de trompette ; et Il rassemblera ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout (Matt. 24:31). Ici la trompette sonne avec éclat, c’est ce qui devait avoir lieu lorsque le peuple partait (Nomb. 10:5-6).
Nous avons ici deux instruments à cordes. Elles sont l’image de ces cordes qui, touchées par l’Esprit Saint, vibrent au fond du cœur des fidèles. Le luth en a dix (Ps. 33:2). Il est l’expression de la louange en rapport avec les exigences d’une loi sainte, juste et bonne, qui a été violée. Les dix commandements de cette loi condamnaient le coupable ; mais la grâce de Dieu vient lui apprendre que les exigences de cette loi ont été satisfaites à la croix du Calvaire et que celui qui méritait la mort a été pardonné en vertu de la mort de Christ. N’y a-t-il pas au fond du cœur de ce coupable des cordes qui vibrent ? La harpe est l’instrument de la louange céleste. Les cordes sont nombreuses ; elles vibrent dans un accord parfait et pourtant elles ont chacune d’elles une note particulière. Chacun des rachetés n’a-t-il pas une note différente dans ce concert de louanges qui montera devant le trône pendant l’éternité ? Et pourtant tous seront dans un parfait accord pour donner gloire à Celui qui est sur ce trône.
Après la traversée de la mer Rouge, Marie, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit un tambourin en sa main, et toutes les femmes sortirent après elle, avec des tambourins et en chœur de danse pour célébrer l’Éternel qui s’était hautement élevé et avait précipité dans la mer le cheval du Pharaon et celui qui le montait. Lorsque le fils prodigue est revenu, on entendait dans la maison la mélodie et les danses. Dans la maison du père régnait une joie qui ne pouvait être contenue. Ces deux exemples sont suffisants pour nous renseigner sur ce que représentent le tambourin et les danses. Grande sera la joie qui remplira tout, lorsque tous les saints seront rassemblés pour toujours dans les demeures célestes et que le Seigneur de gloire régnera sur tout l’univers.
Ici, les instruments à cordes vibrent et ceux à vent font entendre leur son joyeux dans le souffle de l’Esprit de Dieu ; ils sont à l’unisson dans ce précieux service de la louange. Le chalumeau est le nom générique de la flûte ; elle est l’instrument qui doit remplir de joie celui qui l’entend (Luc 7:32). Hélas ! le cœur de l’homme est insensible à l’annonce du jugement comme à la voix de la grâce. Il n’y a que la puissance de Dieu qui puisse le toucher et produire en lui la louange et la reconnaissance.
Nous trouvons les cymbales dans les grandes occasions où la louange monte devant Dieu dans son sanctuaire : lorsque David ramena l’arche de Dieu et la plaça dans la tente qu’il avait tendue pour elle (1 Chron. 16:5). Lors de la Pâque qu’Ézéchias sacrifia à l’Éternel (2 Chron. 29:25). Lorsque l’autel fut bâti sur son emplacement (Esdr. 3:10). Nous les trouvons encore dans Néhémie, quand le peuple fit la dédicace de la muraille de Jérusalem (Néh. 12:27). Elles ont un son retentissant qui s’entend au loin. Lorsqu’il y a de la joie dans la maison de Dieu, cela ne peut être caché, l’univers entier en est le témoin. Grande sera la joie dans les cieux et sur la terre quand la création sera affranchie de la servitude sous laquelle elle gémit maintenant, et qu’elle jouira de la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Alors se réalisera ce que nous avons au dernier verset de notre psaume :
Bientôt une louange éternelle fera place aux peines et aux souffrances du temps présent. Regardons vers l’avenir glorieux qui est devant nous et louons le Seigneur ! « Celui qui sacrifie la louange le glorifie ».