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QUI EST JÉSUS
G. André
Table des matières abrégée :
8 Les types de Christ dans l’Ancien Testament
Table des matières détaillée :
5.2 La rémission des fautes et la purification
5.5 La propitiation et la réconciliation
6.1.3 Les souffrances et les gloires
6.2.3 Le témoignage des apôtres
7.1 Le « Seigneur » dans les Évangiles
7.2 Dans les Actes et dans les Épîtres
7.3 Chef sur toutes choses à l’assemblée (Éph. 1:22)
7.5 Roi des rois et Seigneur des seigneurs
8 Les types de Christ dans l’Ancien Testament
9.1 Un unique fils bien-aimé (Marc 12:6)
9.3 Celui-ci est mon Fils bien-aimé
À la question de Jésus : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? », Simon Pierre avait répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mat. 16:16). Le Père le lui avait révélé ; il en est déclaré « bienheureux » (v. 17).
À la fin de sa vie, le vieil apôtre qui sait que « le moment de déposer sa tente s’approche rapidement » (2 Pierre 1:14), a un encouragement suprême : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (3:18).
Très simplement, et sans doute très partiellement, nous avons cherché à souligner quelques-unes des gloires de cette merveilleuse Personne, dont la contemplation profonde est capable de transformer nos vies (2 Cor 3:18). Jamais nous n’en sonderons ici-bas tout le mystère ; le Père seul le connaît (Mat. 11:27). Dans sa prière, le Seigneur Jésus lui-même pouvait déclarer : « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3). En effet, « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle » (1 Jean 5:20).
Pour approfondir le sujet, nous recommandons les ouvrages suivants :
J.G. Bellett : La gloire morale du Seigneur Jésus Christ
J.G. Bellett : Le Fils de Dieu
E v Kietzel : Voici l’Homme
Méditation sur le Psaume 22
W.J. Hocking : The Son of His love
« Quel est le nom de son fils, si tu le sais » (Prov. 30:4)
Dans la nuit, solitaire, Jacob a lutté avec l’homme mystérieux qui finalement a prévalu sur lui quand l’aurore se levait. Le patriarche doit confesser son nom de trompeur. Il reçoit alors une mesure de bénédiction et demande à l’Ange : « Je te prie, déclare-moi ton nom ». L’Ange (qui sans doute était une personnification du Seigneur lui-même) dit : « Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit là ». Le Nom n’est pas révélé.
À la demande de Manoah, l’Ange de l’Éternel est apparu une seconde fois. Manoah le questionne : « Quel est ton nom ?... et l’Ange de l’Éternel lui dit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Il est merveilleux » (Juges 13:17-18). À Manoah non plus le Nom n’est pas révélé (merveilleux signifie plutôt secret, caché, en hébreu).
Bien plus tard, Agur posera la question : « Quel est le nom de son fils, si tu le sais ? »
Pourtant Ésaïe prédit sa naissance : « Voici, la vierge concevra, et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel » (És. 7:14).
Plus loin le prophète annonce : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix » (És. 9:6). Né miraculeusement de la vierge, « enfant » donné, c’est-à-dire homme ; mais aussi un « fils », allusion au Fils de Dieu qui est d’éternité, qui doit régner et amènera la paix. Mais le nom personnel n’est pas révélé.
Il faut arriver au Nouveau Testament pour trouver, dans le premier verset de l’Évangile de Matthieu, ce nom de Jésus. L’ange l’avait annoncé à Marie : « Tu concevras, et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus » (Luc 1:31). Il l’avait confirmé un peu plus tard à Joseph : « Elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés » (Mat. 1:21) — Jésus, forme française du nom hébreu qui signifie l’Éternel Sauveur (Nomb. 13:17 note).
Les premiers chrétiens avaient comme signe de ralliement le cryptogramme du poisson : « ICHTUS », dont les initiales successives signifient I = Jésus — CH = Christ — THU (THEOU HUIOS) = Fils de Dieu — S = Sauveur.
Nous désirons Le considérer sous divers aspects que la Parole de Dieu nous présente :
1. Fils de Dieu
2. Fils de l’Homme
3. Sauveur
4. Christ (Messie)
5. Seigneur — Chef sur toutes choses
6. En type dans l’Ancien Testament
7. Fils bien-aimé du Père
Un certain temps s’était écoulé depuis la pêche miraculeuse, où Pierre, aux genoux de Jésus, lui avait dit : « Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5:8). Les disciples ont suivi leur Seigneur, ont vu sa puissance, son cœur plein de compassion, ses démêlés avec les pharisiens et autres sectes juives ; ils ont pu constater son rejet (Mat. 11:20-24 ; 12:14) ; les pharisiens avaient été jusqu’à déclarer : « Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzébul, chef des démons » (Mat. 12:24).
Peu après, Jésus se retire tout au nord du pays « aux quartiers de Césarée de Philippe » (Mat. 16:13). « Comme il priait à l’écart, ses disciples étaient avec lui » (Luc 9:18).Il les interroge : « Qui disent les hommes que je suis, moi le fils de l’homme ? » Les disciples donnent des réponses plus invraisemblables les unes que les autres. Alors se tournant vers eux, Jésus demande : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Qu’allaient-ils répondre ? Avaient-ils discerné vraiment qui il était ? Et nous-mêmes que répondons-nous à cette question ?
Un Pilate dira : « Je ne trouve aucun crime en cet homme ». Judas déclarera : « J’ai livré le sang innocent ». Défilant devant la croix, les principaux sacrificateurs diront : « Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même » (Mat. 27:42). Pierre, le disciple toujours prompt à se mettre en avant, que va-t-il dire ? — « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mat. 16:16). Déclarer « tu es le Christ » pouvait correspondre à l’espoir des disciples qu’Il était « celui qui doit délivrer Israël » (Luc 24:21) ; ils pouvaient constater que certaines prophéties étaient accomplies par lui ; mais ajouter : « ... le Fils du Dieu vivant », comment cela était-il possible ? Ils aimaient leur Maître ; mais après la tempête, on s’était étonné : « Quel est celui-ci, que les vents mêmes et la mer lui obéissent ? » (Mat. 8:27). Si Pierre a pu affirmer qu’il était le Fils de Dieu, c’est bien parce que le Père le lui avait révélé. Paul dira aux Galates : « Il plut à Dieu... de révéler son Fils en moi » (1:16). D’autres ont cherché « s’ils pourraient le (Dieu) toucher en quelque sorte en tâtonnant et le trouver » (Actes 17:27). Et nous, comment pouvons-nous Le connaître comme le Fils du Dieu vivant ? N’est-ce pas la Parole qui nous le révèle ? Comme le dit l’apôtre : « Ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son Nom » (Jean 20:31).
« Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu. Elle était au commencement auprès de Dieu. Toutes choses furent faites par elle, et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes ».
En très peu de mots l’Esprit de Dieu place devant nous Celui qu’il appelle la Parole, ou le Verbe : l’expression des pensées de Dieu.
Aussi loin en arrière que nous puissions concevoir, Il « était » : éternel dans son existence ; « auprès de Dieu » : distinct dans sa Personne ; mais « Dieu » : divin dans son essence. Il n’est pas devenu tel que ce premier verset nous le révèle ; il l’était au commencement, comme il le dit lui-même : « Avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8:58). Lorsqu’à Gethsémané on viendra le prendre, une seule parole de sa bouche fera reculer ses adversaires : « C’est moi » (en grec : je suis). Il n’est ni une émanation subséquente de la divinité (v. 2), ni une créature (v. 3). « Toutes choses furent faites par lui, et sans lui pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait ». Il n’a pas été créé ; il est le Fils unique (der eingeborene Sohn, the only begotten Son, Monogenes) du Père (Jean 1:14, 18 ; 3:16, 18 ; 1 Jean 4:9).
« En elle était la vie ». Il n’est pas, comme l’homme, « une âme vivante », mais « un esprit vivifiant » (1 Cor. 15:45). Le Père lui a donné d’avoir « la vie en lui-même » (Jean 5:25).
« Dieu... nous a parlé dans le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes, qui, étant le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance, et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance... ».
Après avoir parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours-là, Dieu nous a parlé « en Fils ». Qui est-il, ce Fils ? D’emblée, « il l’a établi héritier de toutes choses ». Dans ses conseils éternels Dieu a prévu que Celui qui viendrait un jour sur la terre pour donner sa vie, serait élevé dans la gloire, et que, dans la plénitude des temps, toutes choses seraient réunies « en un dans le Christ », le chef (Éph. 1.10).
Par lui, dans l’histoire du temps, « il a fait les mondes ».
Dans sa personne même, il est « le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance ». Pour rendre compréhensible cette expression, les anciens disaient qu’il est la lumière du soleil. Le « soleil » est, dans cette comparaison, Dieu lui- même ; il habite la lumière inaccessible qu’aucun homme n’a vu ni ne peut voir (1 Tim. 6:16). Mais nous pouvons voir la lumière du soleil qui éclaire toutes choses. La gloire divine nous est cachée, mais elle a brillé pleinement en Christ : « Le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2 Cor. 4:6).
Comme la cire (comparaison bien faible) reçoit l’empreinte d’un sceau, le Fils est l’image expresse de la Personne divine. Cette image est en quelque sorte « en relief », tandis que dans l’Ancien Testament nous en avions « l’ombre » (Héb. 10:1). Jésus lui- même pouvait déclarer à Philippe qui demandait : « Montre-nous le Père » (Jean 14:8) : « Ne crois-tu pas que moi je suis dans le Père et que le Père est en moi ? » Seule la foi le discerne comme tel.
Non seulement il a créé les mondes, mais « il soutient toutes choses par la parole de sa puissance ». Notre esprit se perd à contempler l’immensité de l’univers. Le moindre dérangement dans notre simple système planétaire amènerait une catastrophe. La Parole ne dévoile ni ne détaille les phénomènes que Dieu permet à la science, par l’intelligence qu’il a donnée à l’homme, de découvrir petit à petit. Elle nous dit simplement : « Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la Parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent » (Héb. 11:3). « Ce qui ne se peut voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité, se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites » (Rom. 1:20). La Parole n’est pas un livre de science. Elle nous déclare que Celui qui a créé toutes choses, les soutient aussi par la parole de sa puissance et, quant à la révélation, cela doit nous suffire.
« Le Fils de son amour... est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création ; car par lui ont été créées toutes choses, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, les visibles et les invisibles, soit trônes, ou seigneuries, ou principautés, ou autorités : toutes choses ont été créées par lui et pour lui ; et lui est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par lui ».
Dans ces passages, il n’est pas « l’empreinte » de sa substance, mais « l’image » du Dieu invisible : « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18).
Quant à la création, il en est le « premier-né », c’est-à-dire l’héritier, le chef ; quatre choses nous sont dites sous ce rapport : par lui ont été créées toutes choses, les visibles et les invisibles ; toutes choses ont été créées pour lui ; mais lui est avant toutes choses (il n’est donc pas une créature) ; enfin, toutes choses subsistent par lui, reliant ainsi la pensée à celle d’Hébreux 1:3.
Il est donc « Fils de Dieu » éternellement. Nous l’avons vu dans Jean 1:11 le dit lui-même en s’adressant au Père en Jean 17:24 : « Père... tu m’as aimé avant la fondation du monde ».
Quand il est né sur la terre, il est toujours Fils de Dieu. « Le saint enfant qui naîtra sera appelée Fils de Dieu ». C’est le mystère de sa personne : conçu de l’Esprit Saint, mais né de la vierge, il est « véritablement Dieu et véritablement homme ». « Tu es mon fils », déclare Hébreux 1:5. Mais en ajoutant aussi : « Moi je t’ai aujourd’hui engendré », lorsqu’il vient sur la terre.
Dans sa résurrection enfin, il est « déterminé (ou prouvé) Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts » (Rom. 1:4).
Dès le premier verset de la Bible, elle est impliquée : « Dieu créa » ; en hébreu, Dieu est au pluriel (Élohim), le verbe créa est au singulier ! Un peu plus loin : « Dieu dit : Faisons (pluriel) l’homme à notre image... et Dieu créa (singulier) l’homme » (Gen. 1:26). Il faut attendre le baptême de Jean pour que la Trinité se dévoile. Jésus prend place comme homme avec le peuple qui se repentait, non qu’il ait eu besoin lui-même de se repentir, mais cela convenait à la position qu’il avait prise au milieu de son peuple. Le Baptisé prie ; l’Esprit descend alors sur lui comme une colombe ; et la voix du Père résonne du ciel : « Tu es mon Fils bien-aimé » (Luc 3:21-22).
Jésus déclarera : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10:30). Le Saint-Esprit, le Consolateur, lorsqu’il sera venu, fera connaître que « moi je suis en mon Père » (14:20), comme Jésus l’avait dit à Philippe : « Moi je suis dans le Père, et le Père est en moi » (v. 10). Sur la terre, il n’était pas un dieu indépendant du Père, quoique distinct dans sa personne (Jean 5).
Le Saint Esprit « procède du Père » (Jean 15:26). Il est « donné » par le Père, « envoyé » par Lui (14:26) ; mais ce Saint Esprit est envoyé « au nom du Fils » (14:26), et c’est lui qui l’envoie d’auprès du Père (15:26).
N’allons pas plus loin dans ce mystère. Dieu est un, et le médiateur entre Dieu et les hommes est un, l’homme Christ Jésus (1 Tim. 2:5) ; pourtant il s’est révélé en trois manières d’être, ou trois personnes.
L’homme aimerait poser des questions, mais ne dépassons pas la révélation de la Parole. En effet, le Seigneur Jésus lui-même le dit : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; ni personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler » (Mat. 11:27). « Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » ; mais il reste dans la personne du Fils un mystère que personne ne « connaît à fond », même si Paul peut souhaiter « le connaître, Lui », comme nous connaissons une personne ou un fait. Il est vrai que « la vie a été manifestée » (1 Jean 1:1-4) : il a été vu, et contemplé, et touché. Cette révélation nous est donnée pour que notre joie soit accomplie dans la communion avec le Père et le Fils. Mais il reste en la personne du Fils un mystère impénétrable, même lorsqu’il apparaît dans sa gloire : Il portera le nom de « fidèle et véritable » ; de « la Parole de Dieu » ; de « Roi des rois, et Seigneur des seigneurs » (Apoc. 19:11, 13, 16), mais aussi « un nom écrit que nul ne connaît que lui seul » (v. 12) !
Nom de Jésus que nul ne sonde,
Nom du Dieu fort d’éternité,
Et de l’Agneau Sauveur du monde,
Et de l’homme ressuscité. (H. Rossier)
Et pourtant, devant une telle grandeur, un tel mystère, Paul peut déclarer, et chacun de nous peut se joindre à l’expression de son infinie reconnaissance : « Le Fils de Dieu m’a aimé, et s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).
« Le mystère de la piété est grand », nous dit 1 Timothée 3:16 : « Dieu a été manifesté en chair ». Dans l’Ancien Testament, Dieu s’était fait connaître de différentes manières : par des songes, par des visions, par l’apparition d’un ange, par la parole qu’il avait dite aux prophètes « à plusieurs reprises et en plusieurs manières ». Mais l’Évangile nous place devant ce mystère extraordinaire : « La Parole devint chair », c’est-à-dire homme.
Pour un temps Il a « habité » (« dressé sa tente ») au milieu de nous. Là il a montré sa gloire, non pas celle d’un roi qui régnera sur toutes choses ; non pas celle du Créateur ; mais celle d’un homme parfait, sa gloire morale, « comme d’un fils unique de la part du Père, pleine de grâce et de vérité ». Et les Évangiles déroulent devant les regards de notre foi toute la perfection de la vie de « l’homme Christ Jésus ».
En peu de mots, mais combien précis et profonds, Philippiens 2:6-8 place devant nous la profondeur de cet abaissement. Le Christ Jésus subsiste « en forme de Dieu », l’essence même de sa vie ; mais il n’a pas, comme Satan (És. 14:14), ou comme l’homme à l’instigation du tentateur (Gen. 3:5), « regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu ». Sans doute l’était-il, l’est-il toujours. Mais il a accepté de « s’anéantir lui-même » (et lui seul pouvait le faire), de se dépouiller des insignes de sa gloire (sans cesser d’être en forme de Dieu). Il a pris « la forme d’esclave », toute la vie essentielle d’un esclave, « étant fait à la ressemblance des hommes ». En lui-même l’homme est esclave de Dieu, serviteur de Dieu ; comme créature, il l’est nécessairement. Mais Lui l’est devenu volontairement. Soulignons qu’il a été fait « à la ressemblance » des hommes (cf. Rom. 8:3), car il était sans péché : « Il n’a pas commis de péché » (1 Pierre 2:22) ; il n’a pas « connu le péché » (2 Cor. 5:21) ; « il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3:4).
Un deuxième stade de son abaissement nous est présenté : « Étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même » (Phil. 2:8). Homme au milieu des hommes, en tant qu’homme il s’est abaissé. Il n’a pas revendiqué une position importante ; il n’a pas revêtu la gloire royale qu’il aura plus tard ; il n’a cherché ni l’approbation, ni la considération des chefs de son temps. Dans cet abaissement il est « devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix ».
Hébreux 5:7-8 nous dévoile à quelles douleurs l’a conduit cette obéissance : « Durant les jours de sa chair, il a offert avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort... et quoiqu’il fût Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ». Il a dû faire l’expérience de ce que signifiait l’obéissance pour un homme, et pour un homme qui voulait accomplir la volonté de Dieu jusqu’au bout. Les perfections du serviteur ne lui ont pas valu d’être appelé Fils de Dieu. Il serait déjà remarquable qu’un homme puisse s’être comporté dans sa vie de manière à mériter ce titre. N’est-il pas infiniment plus grand que le Fils de Dieu soit devenu serviteur !
N’oublions pourtant pas que dans cet homme abaissé « toute la plénitude s’est plu à habiter » (Col. 1:19). Il était Emmanuel, « Dieu avec nous » (Mat. 1: 23). « Dieu était en Christ » lorsqu’il réconciliait le monde avec lui-même (1 Cor. 5:19).Il était véritablement Dieu et véritablement homme.
Selon la première épître de Jean, il convient de Le reconnaître de trois manières : « Tout esprit qui confesse Jésus Christ venu en chair est de Dieu » (1 Jean 4:2). « Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu demeure en lui, et lui en Dieu » (v. 15). « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu » (5:1).
Que d’erreurs se sont répandues par « ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair » (2 Jean 7), ou Jésus comme Fils de Dieu. « Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison » (v. 10). Combien importe pour Dieu tout ce qui touche à la personne de son Fils.
Qu’il soit fils de l’homme, lui-même le dit, pour la première fois en Matthieu 8:20 dans une expression remarquable : « Les renards ont des tanières ; et les oiseaux du ciel ont des demeures ; mais le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ». Sa tête, il la reposera lorsque sur la croix, « ayant baissé la tête », il remettra son esprit à son Père (le mot « baisser » en Jean 19:30 est le même que « reposer » en Matthieu 8:20 !).
Ésaïe 7:14 avait déjà annoncé que la vierge concevrait et enfanterait un fils. Il faut en venir à l’Évangile pour comprendre la portée de la prophétie.
En Luc 1:35, l’ange répond à Marie, qui s’est étonnée de pouvoir concevoir, puisqu’elle ne connaît pas d’homme : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi le saint enfant qui naîtra sera appelée Fils de Dieu ». Marie était vierge, fiancée à Joseph. Il n’y avait eu entre eux aucune relation qui aurait conduit à une conception. En Matthieu 1:18-23, l’Esprit de Dieu précise que « avant qu’ils fussent ensemble », elle se trouva enceinte par l’Esprit Saint. Joseph s’inquiète ; l’ange du Seigneur vient le rassurer : « Ce qui a été conçu en elle est de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés ». Ainsi s’accomplissait la prophétie d’Ésaïe (v. 23). À Joseph, l’ange parle du Sauveur ; à Marie, il avait parlé de Celui qui régnera : par elle, il était fils de David selon la chair (Mat. 1:16).
Michée 5:2 avait annoncé que le Christ naîtrait à Bethléhem. Joseph et Marie habitaient Nazareth. Comment Dieu agirait-il pour conduire Marie dans la ville de David pour y accoucher ? Dieu est au-dessus de tout. Un décret est rendu de la part de l’empereur pour faire un recensement (qui de fait aura lieu plus tard !). Le décret amène Joseph, comme tous les autres Juifs, à monter dans sa ville d’origine, Bethléhem, « parce qu’il était de la maison et de la famille de David » (Luc 2:4). Marie, « qui lui était fiancée », était enceinte. Pendant qu’ils étaient là, elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans la crèche. Il n’y avait pas eu de place pour eux dans l’hôtellerie. Leur premier acte à l’égard de ce fils est de « l’emmailloter » ; le dernier acte, quand son corps aura été descendu de la croix, sera de « l’envelopper » de linges (Jean 19:40).
La généalogie de Matthieu 1, — après avoir répété comme un refrain tel et tel engendra tel et tel, — arrivée à Joseph, précise : « le mari de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ » (v. 16).
Cet enfant, « emmailloté et couché dans une crèche », est « le signe » pour les bergers, auxquels l’ange est apparu pour leur annoncer « un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple ; car aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ». Pour les mages, qui, un peu plus tard, viennent adorer le roi, le signe sera une étoile. Les bergers s’en vont jusqu’à Bethléhem ; ils trouvent Marie et Joseph et le petit enfant « et l’ayant vu », ils parlent de lui. Leur regard ne se porte pas tant sur Marie et Joseph, mais sur cet enfant dont l’infinie grandeur leur a été révélée. Ils s’en retournent « glorifiant et louant Dieu », faisant écho à la multitude de l’armée céleste qui louait Dieu et lui rendait gloire.
Le « sujet » de joie est « grand », il est « pour tout le peuple ». Contraste avec Luc 1:14, où le sujet de joie est pour Zacharie et pour plusieurs qui se réjouiront de la naissance du baptiseur : celui-ci préparerait le chemin du Seigneur ; l’enfant de Bethléhem était le Seigneur lui-même.
Quand il eut huit jours, il fut circoncis. Se conformant en toutes choses à la loi, quarante jours s’étant écoulés, les parents le portent à Jérusalem pour la purification, non pas la sienne, mais celle de Marie, selon Lévitique 12:7 («pour elle »). À noter que les parents de Jésus n’ont pu offrir un agneau, ils étaient trop pauvres ; ils n’ont pu présenter qu’une paire de tourterelles.
Quand ils entrent au temple avec l’enfant, personne n’a remarqué qui était celui-ci, ni les sacrificateurs, ni les chefs du temple. Seul le vieillard Siméon, conduit par l’Esprit, le prend dans ses bras, bénissant Dieu parce que ses yeux ont vu son salut. Le père et la mère s’étonnent de ces choses, « Siméon les bénit ». Remarquons qu’il bénit les parents, pas l’enfant. « Sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent » (Héb. 7:7). Comment Siméon aurait-il pu bénir l’enfant, alors que lui-même avait besoin de sa bénédiction ?
Anne, prophétesse, fort avancée en âge, qui ne quittait pas le temple, survient en ce moment. Elle loue le Seigneur et « parle de lui ». De qui parlait- elle ? De l’enfant bien sûr, mais cet enfant, qui était- il, sinon le Seigneur ?
Un peu plus tard, les mages sont venus. L’étoile les avait conduits vers « le roi des Juifs » (Mat. 2:2). Arrivés à Bethléhem, ils entrent dans la maison, ils voient le petit enfant avec Marie, sa mère. Mais se prosternant, c’est à lui qu’ils rendent hommage et offrent leurs trésors : l’or (le métal le plus précieux de la Bible, qui nous parle de la divinité), l’encens (le parfum qui monte vers Dieu en bonne odeur, comme il montera de toute la vie de l’Homme parfait) et la myrrhe (l’amertume de ses souffrances), offrandes qui nous font penser au culte qu’en esprit et en vérité nous pouvons rendre à Dieu par Christ.
Le plus extraordinaire n’est-ce pas la fuite en Égypte ? Dieu aurait parfaitement pu faire un miracle pour protéger son Fils. Mais aucun miracle n’est fait en faveur de Jésus. Il est un homme sur la terre. Petit enfant il est emmené par ses parents, fuyant comme un réfugié, restant dans la terre étrangère jusqu’à ce qu’Hérode soit mort, pour habiter ensuite Nazareth, où il fut « élevé ».
Rien ne nous est dit de cette vie à Nazareth. Il est appelé « le fils du charpentier », ou même « le charpentier », précisant son occupation. L’Esprit de Dieu a voulu cependant nous conserver cet incident révélateur, quand, à douze ans, monté avec ses parents pour la fête de Pâque à Jérusalem, il y reste seul, malgré l’inquiétude qu’il suscitait particulièrement chez sa mère. Pendant trois jours ses parents le cherchent (n’auraient-ils pas dû, sachant qui il était, porter leurs pas tout d’abord vers le temple ?). Ils le trouvent enfin, à la fois « occupé des affaires de son Père », mais aussi prenant parmi les docteurs la position qui convenait à un garçon de douze ans, « les écoutant et les interrogeant » (bon exemple pour les jeunes frères quant à leur attitude dans l’assemblée, en particulier dans les réunions d’étude !). Jésus était conscient d’être le Fils du Père ; cela ne l’empêche pas de descendre avec ses parents à Nazareth et de leur être « soumis ». Il « avançait en sagesse et en stature et en faveur auprès de Dieu et des hommes », parfait à tous les stades de son développement, selon qu’il convenait à son âge.
Quel attrait de « voir Jésus de lieu en lieu » dans ses allées et venues, ses compassions, ses enseignements, sa parfaite humanité. Sa divinité brille parfois comme un éclair, lorsqu’il apaise la tempête ou ressuscite Lazare, ou accomplit tant de miracles. Mais comme l’a dit quelqu’un : « Il cachait la forme de Dieu sous la forme d’esclave, sa divinité sous le voile épais d’un Galiléen méprisé ».
Il a connu la fatigue, alors que, lassé du chemin, en plein midi, il s’asseyait au puits de Sichar (Jean 4:6). Il avait soif et demandait de l’eau à la femme. Sur la croix, pour accomplir l’Écriture, il s’écriera : « J’ai soif ». Ayant dû connaître cette intolérable soif des crucifiés, il y avait pourtant en lui une soif plus profonde, celle d’accomplir jusqu’au bout l’œuvre que le Père lui avait donné à faire. Il a connu la faim (Marc 11:12). Il dormait dans la barque malgré la tempête, la tête appuyée sur un oreiller. Il a pleuré au tombeau de Lazare, et sur Jérusalem, et à Gethsémané (Héb. 5:7).
Nous le voyons souvent pénétrer dans une maison, parfois se mettre à table ; entrer dans des synagogues, accomplir des miracles, prodiguer ses enseignements, lire l’Écriture ; nous le voyons sortant et longeant la mer, appelant les disciples, disant à Matthieu : Suis-moi. À d’autres moments, il s’en va seul dans un lieu désert ou sur une montagne, pour prier.
À plus d’une reprise, il prend ses disciples à part et leur annonce les souffrances qui l’attendent. Après la transfiguration, où avait brillé la gloire du Messie, mais aussi celle du Fils bien-aimé du Père, « dès lors », Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem et qu’il souffrît beaucoup (Mat. 16:21). Traversant la Galilée, il enseignait ses disciples : « Le fils de l’homme est livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir ». Eux ne comprenaient pas. Jésus renouvelle son enseignement « comme ils étaient en chemin, montant à Jérusalem » : « Prenant encore une fois les douze avec lui, il se mit à leur dire les choses qui devaient lui arriver : Voici, nous montons à Jérusalem ; et le fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes ; et ils le condamneront à mort, et le livreront aux nations ; et ils se moqueront de lui, et le fouetteront, et cracheront contre lui, et le feront mourir ; et il ressuscitera le troisième jour » (Marc 10:32-34). Quelle est leur réaction ? – Jacques et Jean demandent la meilleure place dans le royaume !
Les années ont passé. « La fête des pains sans levain, qui est appelée la Pâque, approchait... Et le jour des pains sans levain, dans lequel il fallait sacrifier la Pâque, arriva... Et quand l’heure fut venue, il se mit à table » (Luc 22). L’heure est venue « pour passer de ce monde au Père » (Jean 13:1). Va-t-il reculer devant la souffrance ? Sera-t-il vraiment obéissant jusqu’à la mort ? Encore une fois : « Il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ».
À Gethsémané, il accepte la coupe de la main du Père. Quand Pilate déclare : « Voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime » (Jean 19:4), c’est Jésus qui sort dehors, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre, le visage défiguré « plus que celui d’aucun homme » (És. 52:14). Il aurait pu reculer. Le gouverneur ne pouvait le contraindre. Volontairement, Jésus sort dehors. Pilate le présente : « Voici l’homme ! »
« L’Homme de douleurs » est placé devant son peuple. Que vont-ils répondre ? — « Crucifie, crucifie-le ! »
Enfin Pilate le livre pour être crucifié. Ils prennent Jésus et l’emmènent. Que nous est-il dit ? « Et il sortit portant sa croix » (Jean 19:17). Jamais ils n’auraient pu l’emmener contre son gré. Le prophète avait bien annoncé qu’il serait « mené comme une brebis à la boucherie » : l’Évangile de Marc, celui du Serviteur, nous le présente ainsi. Mais dans celui de Jean, le Fils de Dieu s’en va de lui-même au lieu du supplice !
Jésus était-il mortel ? Tout homme est mortel ; il avait participé de la nature humaine ; mais il ne devait pas mourir, il pouvait donner sa vie : « Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre » (Jean 10:18). De sa propre décision, dans toute la possession de ses facultés, refusant le fiel qui aurait peut-être atténué ses souffrances, il s’est laissé crucifier. Il n’est pas descendu de la croix quand on lui disait : Si tu es fils de Dieu, si tu es le roi des Juifs, descends de la croix et nous croirons en toi. Jusqu’au bout il a répondu à l’Écriture ; et quand « toutes choses étaient déjà accomplies », ayant pris le vinaigre, il s’est écrié : « C’est accompli ». Et ayant baissé la tête, il remit son esprit (Jean 19:28-30).
La foule s’en est retournée à Jérusalem, se frappant la poitrine. La nuit descend sur le Calvaire. Un homme, disciple en secret, Joseph d’Arimathée, s’approche. Il a reçu de Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Il l’ôte de la croix. Un autre s’avance, qui, au commencement, était venu de nuit à Jésus, Nicodème ; il apporte « une mixtion de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres » (Jean 19:38-42). Tous deux prennent le corps, l’enveloppent de linges, avec les aromates, et dans le sépulcre neuf du jardin, déposent Jésus. Deux hommes sont occupés de lui dans sa mort, comme deux hommes avaient parlé avec lui de la mort qu’il devait accomplir à Jérusalem (Luc 9:31) ; comme deux hommes s’en iront à Emmaüs, tristes, toutes leurs espérances s’étant évanouies avec sa mort.
Il a été « enseveli », nous dit 1 Corinthiens 15:4 pour que personne ne vienne dire qu’Il n’avait eu qu’un évanouissement temporaire lorsqu’il a jeté le grand cri et a expiré sur la croix. Vraiment mort, il a été vraiment ressuscité. D’aucuns niaient la résurrection, mais « s’il n’y a pas de résurrection de morts, Christ n’a pas été ressuscité non plus ; et si Christ n’a pas été ressuscité... votre foi est vaine » (v. 14).
Ressuscité avec un corps spirituel, il était, quoi qu’il en soit, réellement un homme. Les disciples d’Emmaüs ne l’ont pas reconnu lorsqu’il s’est approché et s’est mis à marcher avec eux. Il paraissait un homme quelconque. Mais leur cœur brûlait au-dedans d’eux ; et quand il a rompu le pain avec eux, renouvelant le geste des jours de sa chair, leurs yeux se sont ouverts. Marie de Magdala avait cru voir le jardinier ; lorsque son cœur a vibré à son appel — « Marie », — elle a reconnu son Maître (Jean 20:15-16). La foi, le cœur, reconnaît l’Homme ressuscité.
Lorsqu’il apparaît devant ses disciples, il leur déclare « Voyez mes mains et mes pieds, que c’est moi-même ; touchez-moi, et voyez ; car un esprit n’a pas de la chair et des os comme vous voyez que j’ai ». Puis devant eux, il mange un morceau de poisson cuit, un peu d’un rayon de miel (Luc 24:39-42).
Il les mène dehors jusqu’à Béthanie, et, levant les mains en haut, il les bénit. Quand il est séparé d’eux et est élevé dans le ciel, c’est bien un homme qui est glorifié, celui en qui « habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2:9).
« Le Père a envoyé le Fils, Sauveur du monde » (1 Jean 4:14). Le nom même de Jésus en est la révélation : l’Éternel Sauveur. L’ange a annoncé aux bergers : « Un Sauveur vous est né ». Les Samaritains de Sichar en ont rendu témoignage : « Nous-mêmes nous l’avons entendu et nous connaissons que celui-ci est véritablement le Sauveur du monde ». Et 2 Timothée 1:10 en affirme toute la réalité : « Notre Sauveur Jésus Christ a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile ».
« Le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19:10). Il faut s’être vu perdu pour apprécier le fait d’être sauvé. Être vraiment placé un jour, ou plusieurs jours, devant la sainteté de Dieu qui ne peut voir le mal ; accepter qu’ayant offensé ce Dieu saint tant de fois, on est condamné à la perdition ; saisir alors que nous sommes « sauvés par la grâce, moyennant la foi, et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu » (Éph. 2:8).
Le croyant a été et est sauvé : « Vous êtes sauvés... ». Le salut de l’âme n’est pas futur, il est actuel, il est permanent : « Dieu nous a sauvés... non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein et sa propre grâce » (2 Tim. 1:9).
Mais le salut est aussi effectif dans le présent. Philippiens 2:12-13 nous dit : « Travaillez à votre propre salut, avec crainte et tremblement : car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire ». « Travaillez » dans ce texte a plutôt la signification de « cultiver », comme en font foi, pour le sens du mot original, bien des papyrus du ler siècle, retrouvés il y a quelques années. Il ne s’agit pas d’acquérir le salut, mais de « l’amener à bonne fin en travaillant », en portant du fruit, des résultats, qui se montrent dans notre conduite. Seule la puissance divine peut opérer en nous et le vouloir et le faire ; mais cela demande aussi de notre part vigilance et disposition de cœur et d’esprit pour laisser Dieu agir par son Esprit dans nos vies.
Enfin, le salut complet est encore futur. Il est « plus près de nous que lorsque nous avons cru » (Rom. 13:11). Encore une fois il ne s’agit pas de l’acquérir, mais de nous réveiller du sommeil et de revêtir les armes de la lumière en nous conduisant honnêtement, comme de jour. Dans un avenir sans doute proche, « le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3:21). Maintenant nous avons « les prémices de l’Esprit », mais nous attendons « l’adoption, la délivrance de notre corps » (Rom. 8:23).
Le péché est présenté sous deux aspects : celui de dette, comme dans les paraboles ; et celui de souillure, symbolisée par la lèpre. À l’aspect dette correspond la rémission des fautes, le pardon ; à l’aspect souillure, la purification.
Le coupable a été pardonné, il n’a pas eu à subir le châtiment dû à sa faute.
S’il s’agit d’un pardon humain, comme par exemple d’un père à son enfant, la peine est remise par affection, peut-être par faiblesse, sans qu’il y ait châtiment.
Il n’en est pas ainsi du pardon divin. Il faut que le châtiment soit exécuté, mais il l’est sur un autre, sur un substitut ; Dieu peut alors pardonner. Mais le substitut n’est pas un autre homme, une victime humaine que l’on offrirait, comme dans certaines religions païennes, pour apaiser la divinité. C’est Dieu lui-même qui dans son Fils s’est offert comme substitut : « Nous avons tous été errants comme des brebis... mais l’Éternel a fait tomber sur Lui l’iniquité de nous tous » (És. 53:6).
« Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission » (Héb. 9:22). Comme type de la mort de Christ, avait coulé le sang de bien des victimes, des taureaux et des agneaux. Ce sang ne pouvait pas ôter les péchés. Pour rendre sensible aux siens la manière dont la dette a été payée, le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, présentant la coupe, dit à ses disciples : « Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés » (Mat. 26:28).
Le pardon est complet, Dieu nous a « pardonné toutes nos fautes » (Col. 2:13).
Qu’en est-il des fautes du croyant ? Seule l’œuvre de Christ en a payé la dette. Dieu demande aux siens de reconnaître leurs manquements : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Dire que nous n’avons pas de péché, pas de nature pécheresse, c’est nous séduire nous-mêmes ; dire que nous n’avons pas péché, pas commis de faute, c’est faire Dieu menteur. Il ne s’agit pas de cacher ses manquements, mais de les reconnaître, tout d’abord devant Dieu, et envers ceux que nous aurions offensés ou lésés. Dieu est fidèle à sa promesse et pardonne, mais il est aussi juste envers Christ en le faisant.
Celui qui était souillé doit être purifié, lavé.
1 Corinthiens 6:9 nous présente la liste de dix « lépreux » qui n’hériteront pas du royaume de Dieu. Pourtant l’apôtre peut ajouter : « Et quelques-uns de vous, vous étiez tels ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu ». Il s’agit ici du lavage initial, lavage complet, qui fait chanter tous ceux qui en jouissent : « À Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang... à lui la gloire » (Apoc. 1:6).
Ce lavage initial de tout le corps n’a pas à être répété ; mais le croyant, contractant de la souillure dans sa marche, doit avoir les pieds lavés par l’application de la Parole (l’eau) et l’opération du Seigneur par son Saint Esprit. Tel est l’enseignement de Jésus à ses disciples en Jean 13, concluant que « celui qui a tout le corps lavé (complètement baigné) n’a besoin que de se laver (mot employé pour une partie du corps seulement) les pieds ». Si cela n’a pas lieu, dit-il à Pierre : « Tu n’as pas de part avec moi », c’est- à-dire tu ne peux jouir de la communion avec ton Seigneur.
Il faut que le pécheur soit déclaré juste, sinon il encourt la condamnation.
« Il n’y a pas de différence, tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3:23). Faut-il accomplir « des œuvres » pour qu’en quelque sorte un « salaire » en résulte « à titre de chose due » ? Pas du tout. « Mais à celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice » (Rom. 4:5).
Nous sommes « justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus... par la foi en son sang ». Ainsi Dieu est « juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus » (v. 26).
Nous étions esclaves du péché et esclaves de Satan. Il fallait être rendus libres.
L’original emploie deux mots pour exprimer cette rédemption : acheter un esclave « hors du marché » pour l’affranchir, ou bien libérer sur base d’une rançon. D’ailleurs les deux significations se recouvrent.
Nous étions « vendus au péché » (Rom. 7:14), « asservis aux éléments du monde » (Gal. 4:4), « sous la malédiction de la loi » (Gal. 3:13). Mais Christ nous a « rachetés de la malédiction, étant devenu malédiction pour nous ». « Vous avez été rachetés de votre vaine conduite... par le sang précieux de Christ » (1 Pierre 1:18-19). Et quand devant le trône montera le cantique nouveau, il soulignera : « Tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation » (Apoc. 5:9).
Ainsi nous avons été libérés de la puissance de Satan et de celle du péché par le prix infini du sang de Christ : « Christ... avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle » (Héb. 9:12).
La réconciliation est l’une des bénédictions que nous apporte à nous l’œuvre de Christ ; la propitiation est le côté de Dieu.
« Vous qui étiez autrefois... ennemis... il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort » (Col. 1:21-22). La réconciliation implique un changement complet d’état d’esprit. Dieu n’était pas notre ennemi, au contraire : « Dieu a tant aimé le monde... » C’est nous qui, dans notre entendement, dans notre conception des choses, dans toute notre manière d’être, étions contre Dieu. Le changement profond qui, d’ennemis, a fait de nous des enfants de Dieu, est opéré « par la mort de son Fils » (Rom. 5:10).
« Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même ». Il nous a « donné le service de la réconciliation » et « nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » : Accepter par la foi l’œuvre de « Celui qui n’a pas connu le péché » et qui a été fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en Lui » (2 Cor. 5:19-21).
Au grand jour des propitiations, en Lévitique 16, le souverain sacrificateur devait, entre autres, égorger le bouc du sacrifice pour le péché, apporter son sang au-dedans du voile, et en faire aspersion sur le propitiatoire (le couvercle de l’arche), et devant le propitiatoire. Par cet acte, le sang était donc placé sur l’arche, sous les yeux des deux chérubins qui la couronnaient. Belle figure du sang de Christ, dont toute la valeur est placée devant Dieu. « La rédemption est dans le Christ Jésus, lequel Dieu a présenté pour propitiatoire » (Rom. 3:24).
Il ne s’agit pas de rendre propice un Dieu vengeur, d’apaiser une divinité courroucée ; mais, par l’obéissance parfaite et le sacrifice de Christ, de rendre possible que Dieu soit juste en faisant grâce. Le sang sur le propitiatoire démontre que l’œuvre a été accomplie, qu’une pleine réponse a été donnée à la justice de Dieu. Le péché était « couvert » par les sacrifices de l’Ancien Testament, mais ceux-ci ne pouvaient jamais « rendre parfaits ceux qui s’approchent ». Maintenant le péché a été « ôté ». Christ est « la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2:1 ; 2:2). La valeur de son œuvre devant Dieu est valable pour le monde entier, mais seul celui qui se l’approprie par la foi en bénéficie.
Nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés, mais Dieu nous a vivifiés ensemble avec le Christ et nous a ressuscités ensemble (Éph. 2:5-6 ; Col. 2:13 et 3:1). La nouvelle naissance nous fait entrer dans une vie nouvelle. Nous devenons « participants » de la nature divine. Nous pouvons alors marcher en « nouveauté de vie » (2 Pierre 1:4 ; Rom. 6:4).
Le changement manifeste qui s’opère chez quelqu’un qui était loin de Dieu et a été amené au Seigneur Jésus, montre à l’évidence cette vie nouvelle.
Les goûts, les tendances, l’aspect de toutes choses, ont changé. Ce qui pouvait avoir tant de valeur autrefois n’en a plus, mais les choses de Dieu sont devenues une réalité.
« Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5:11-13).
Le poids sur Christ
Combien peu nous nous rendons compte de l’indicible souffrance de notre Sauveur pour nous amener à Dieu : « Amenant plusieurs fils à la gloire, il consomma le chef de leur salut par des souffrances » (Héb. 2:10).
Le prophète l’avait déjà annoncé (És. 53), et tant d’autres écritures : « Lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs... Il a été blessé pour nos transgressions... Le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui... Nous avons tous été errants comme des brebis... Et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous... Il portera leurs iniquités... Il a porté le péché de plusieurs ».
Parlant de sa passion, le Seigneur Jésus pouvait dire de lui-même : « Il sera chargé de mépris » (Marc 9:16). L’apôtre Pierre, « témoin des souffrances de Christ », souligne : « Il a porté nos péchés en son corps sur le bois ».
« Il a porté les péchés de plusieurs » (Héb. 9:28).
Oh ! Comme ils ont pesé sur toi,
Seul dans cette heure sombre,
L’abandon, l’angoisse et l’effroi
De nos péchés sans nombre ! (H. Rossier)
De jeunes amis croyants nous avaient demandé une fois de leur présenter le sujet suivant : Le Christ prophétique, le Christ historique, le Christ vivant, est-ce la même personne ? — Voyons donc ce qu’en dit la Parole.
Le mot hébreu « Messie » (oint) a donné « Christ » en grec et en français. C’est un titre de notre Seigneur, tandis que Jésus est un nom personnel. Ne pensons toutefois pas qu’il soit devenu le Christ à un moment de son existence, comme d’aucuns le prétendent, mais relisons ce qu’en dit Romains 9:5 : « Le Christ est sur toutes choses Dieu béni éternellement ».
Sans le déclarer expressément, Proverbes 8:23 nous dit au sujet de la Sagesse : « Dès l’éternité je fus établie, dès le commencement, dès avant les origines de la terre ». Le mot « établie » signifie en hébreu « oint », impliquant le Christ.
Après la chute, l’Éternel Dieu déclare au serpent : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence. Elle (la semence de la femme) te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon » (Gen. 3:15). Première promesse expresse touchant Celui qui viendrait et aurait la victoire sur Satan, lui « briserait la tête ». Le diable « briserait le talon » du descendant de la femme, Christ devenu homme, qui passera par la mort, pour en sortir victorieux, « afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Héb. 2:14). Tout au long de l’histoire, l’inimitié subsiste entre la semence de la femme et la semence du diable. À ceux qui contestaient contre lui, Jésus dit : « Vous, vous avez pour père le diable » (Jean 8:44). — « Ils prirent donc des pierres pour les jeter contre lui ! » (v. 59).
Des siècles plus tard, l’Ange de l’Éternel s’adresse à Abraham après qu’il a offert son fils unique : « Je multiplierai abondamment ta semence, comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le bord de la mer... et toutes les nations de la terre se béniront en ta semence » (Gen. 22:17-18). Trois semences dans ces versets : une semence céleste : Abraham est le père de tous les croyants (Rom. 4:16) ; une semence terrestre : Israël ; enfin, « ta semence » en laquelle toutes les nations de la terre te béniront, « semence qui est Christ » (Gal. 3:16).
Il est aussi la semence de David, selon 1 Chroniques 17:13, cité expressément en Hébreux 1:5 comme s’appliquant au Fils. La prophétie de Nathan visait bien sûr Salomon dans l’avenir proche ; mais la vision allait bien au-delà, jusqu’à Celui dont l’Éternel pouvait dire : « Je l’établirai dans ma maison et dans mon royaume à toujours, et son trône sera affermi pour toujours ».
Moïse avait annoncé que l’Éternel susciterait à son peuple un prophète comme lui, pris d’entre ses frères (Deut. 18:15-19). Dieu mettrait ses paroles dans sa bouche et lui donnerait l’autorité. Si quelqu’un ne l’écoutait pas, cela lui serait redemandé. Les Juifs avaient très bien compris qu’il s’agissait du Messie lorsqu’ils demandent à Jean le baptiseur : Toi, qui es-tu ? Il nie être le Christ ou Élie ; ils lui demandent : Es-tu le prophète ? (Jean 1:21 ; cf. Act. 3:22).
Il est aussi le roi, selon le psaume 2 : « Moi, j’ai oint mon roi sur Sion, la montagne de ma sainteté. — Je raconterai le décret : l’Éternel m’a dit : Tu es mon Fils ; aujourd’hui je t’ai engendré. — Demande- moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et pour ta possession les bouts de la terre » (v. 6-8).
Le psaume 110 le présente comme sacrificateur : « L’Éternel a juré, il ne se repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec », ce que Hébreux 2:17, etc., vient nous confirmer.
Dans la Parole, le prophète, le roi, et le sacrificateur, devaient être « oints ».
Sur le chemin d’Emmaüs, Jésus rappelait : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire ? » (Luc 24:26). Les prophètes d’autrefois en avaient été perplexes, « l’Esprit de Christ qui était en eux rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11). Que de prophéties n’avons-nous pas au sujet de Ses souffrances. Celles si remarquables d’Ésaïe 53, des psaumes 22, 69, 102, et de tant d’autres. À Daniel, il avait été annoncé que le Messie serait retranché et n’aurait rien (9:26). Mais peu avant, dans la vision, le prophète avait vu la gloire de ce fils d’homme amené à l’Ancien des jours, auquel sont donnés « la domination et l’honneur et la royauté pour que tous les peuples, les peuplades et les langues le servent. Sa domination est une domination éternelle » (17:13-14).
Ésaïe avait vu Sa gloire : Le serviteur abaissé et maltraité, l’homme de douleurs, serait « exalté et élevé et placé très haut » (52:13). « Je lui assignerai une part avec les grands, et il partagera le butin avec les forts » (53:12).
Que d’heures enrichissantes on pourrait passer à chercher « dans toutes les Écritures » les versets qui parlent et de ses souffrances, et de ses gloires !
La généalogie de Matthieu 1 se termine expressément en disant que, de Marie « est né Jésus, qui est appelé Christ ». Aux bergers, l’ange avait déclaré : Aujourd’hui vous est né un Sauveur « qui est le Christ, le Seigneur ». Et Siméon avait l’assurance qu’il verrait le Christ du Seigneur. Les mages étaient venus adorer le roi.
Jean le baptiseur, voyant Jésus marcher, avait dit : « Voilà l’Agneau de Dieu ». André et un autre disciple Le suivent et demeurent avec Lui. Puis André trouve son propre frère Simon, et lui déclare : « Nous avons trouvé le Messie » (qui signifie « Christ ») (Jean 1:42).
Pierre lui-même répondra un peu plus tard : « Tu es le Christ » (Marc 8:29). Ce n’était pas peu de chose, car « les Juifs étaient déjà convenus que si quelqu’un le confessait comme le Christ, il serait exclu de la synagogue » (Jean 9:22).
Au puits de Sichar, la femme samaritaine avait dit : « Je sais que le Messie qui est appelé le Christ, vient ». Et Jésus de lui répondre : « Je le suis, moi qui te parle » (Jean 4:25-26).
Quatre témoignages sont rendus au Seigneur : celui de Jean le baptiseur (Jean 5:33) ; un plus grand que celui de Jean : « Les œuvres que le Père m’a données pour les accomplir » (v. 36) ; le Père lui-même avait rendu témoignage de Lui (v. 37) ; enfin, dit Jésus : « Sondez les Écritures... ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (v. 39). Celui que les Écritures avaient annoncé, et qui était maintenant présent sur la terre, c’était bien le même : le Christ.
Devant le sanhédrin, le souverain sacrificateur interroge Jésus. « Je t’adjure par le Dieu vivant, que tu nous dises si toi tu es le Christ, le Fils de Dieu ». — Quoiqu’il dût lui en coûter la condamnation à mort, Jésus répond : « Tu l’as dit » (Mat. 26:63-64). Pilate ne s’y trompe pas ; à deux reprises il parle de « Jésus, qui est appelé Christ ». Et devant lui, le Seigneur fait la « belle confession » qu’il est le roi des Juifs, donc le Messie (Jean 18:33, 37 ; 1 Tim. 6:13).
Tout le livre des Actes en est plein. Malgré les persécutions dont ils venaient d’être l’objet, les apôtres « ne cessaient tous les jours d’enseigner et d’annoncer Jésus comme le Christ » (5:42). Paul ne se lassera pas de démontrer « d’après les Écritures... qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il ressuscitât d’entre les morts ; — et que celui-ci, Jésus, que moi je vous annonce, est le Christ » (17:3). Apollos « avec une grande force, démontrait par les Écritures, que Jésus était le Christ » (18:28).
Le Christ qui avait vécu sur la terre et donné sa vie, n’était-il pas celui que les prophéties avaient annoncé ?
Il faudra que les Juifs le reconnaissent comme tel. Israël est actuellement rassemblé partiellement dans son pays, et constitue de nouveau un État souverain ; mais Zacharie 12 nous montre combien ils devront se lamenter et se repentir de n’avoir pas reconnu que Jésus était le Christ. Jusque-là il n’y aura aucune bénédiction, mais guerres et châtiments. Lorsqu’ils se seront repentis, « une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté » (Zach. 13:1). Alors le Messie paraîtra pour délivrer et bénir son peuple.
L’apôtre Jean est extrêmement sévère envers celui qui ne reconnaît pas Jésus comme le Christ : « Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père » (1 Jean 2:22-23). Par contre : « Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu » (5:1).
L’apôtre termine son épître par cette assurance : « Nous savons que le Fils de Dieu est venu (le Christ historique), et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable (le ministère du Saint Esprit) et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ (l’enseignement des épîtres) : lui est le Dieu véritable et la vie éternelle ». Et l’apôtre d’ajouter : « Enfants, gardez-vous des idoles », pas seulement des idoles de pierre ou d’or, mais de toutes les idoles philosophiques et autres que l’esprit humain fertile imagine pour remplacer Christ.
Le Christ qui a vécu dans ce monde est mort, mais il est aussi ressuscité. C’est le témoignage répété rendu, dans le livre des Actes, par les apôtres, et spécialement par Pierre. Telle est l’assurance affirmée par Paul, conduit par l’Esprit de Dieu, dans 1 Corinthiens 15 : « Si Christ n’a pas été ressuscité, notre prédication est vaine, et votre foi aussi est vaine » (v. 14) — « Mais maintenant, Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis... Dans le Christ, tous seront rendus vivants... les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue ».
Il y a pourtant une différence entre le ministère de Pierre et celui de Paul. Pierre proclame la résurrection ; il a vécu avec le Seigneur Jésus de son vivant sur terre ; il a pu constater sa mort ; il a été au sépulcre ; il l’a vu ressuscité et en rend le témoignage précis. Paul n’a pas connu Jésus dans les jours de sa chair ; il ne l’a pas vu ressuscité ; mais il l’a vu dans la gloire, sur le chemin de Damas, et dans le temple de Jérusalem (Actes 22:17). Pour lui, Jésus, le Christ, est vivant : « Un certain Jésus mort, que Paul affirmait être vivant » (Actes 25:19).
Il est vivant aujourd’hui dans le ciel, « toujours vivant pour intercéder pour ceux qui s’approchent de Dieu par Lui » (Héb. 7:25). Spirituellement, le croyant est ressuscité avec Lui (Col. 3:1). Et aussi le Christ « habite par la foi dans nos cœurs » (Éph. 3:17). Paul nous assure de cette chose merveilleuse : « Je suis crucifié avec Christ » ; mais je vis — non plus moi, « mais Christ vit en moi ».
Le Christ, annoncé par les prophètes, apparu une première fois ici-bas, offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, « apparaîtra une seconde fois sans péché à salut à ceux qui l’attendent » (Héb. 9:28).
Toujours la même Personne. Il a été annoncé ; il a vécu ; il est ressuscité et élevé dans la gloire ; il apparaîtra à tous ceux qui l’attendent : « Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui, et éternellement » (Héb. 13:8).
Après avoir placé devant nous l’abaissement du Christ Jésus, Philippiens 2:9-11 présente son élévation : « Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au- dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou... et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».
Son titre de Seigneur devra être reconnu par tous les êtres célestes, terrestres, et infernaux. En attendant, il est plein d’intérêt de considérer comment il nous est présenté comme Seigneur à travers les pages du Nouveau Testament.
Avant la résurrection, il est assez rare qu’il soit appelé Seigneur. Retenons quelques versets de l’Évangile de Luc.
Accompagné de plusieurs de ses disciples et d’une grande foule, Jésus s’approche de Naïn (7:11). Au même moment sort de la ville un cortège considérable, accompagnant une veuve dont le fils unique est porté en terre. « Et le Seigneur, la voyant, fut ému de compassion envers elle et lui dit : Ne pleure pas... Et il dit : Jeune homme, je te dis, lève-toi... Et il le donna à sa mère ». Dans ces versets se trouve toute l’humanité de Jésus, ému de compassion, plein de sympathie pour l’immense chagrin de cette veuve. Pourquoi donc ne pas dire : « Jésus fut ému de compassion... ? » — Il va déployer toute sa puissance divine en ressuscitant le jeune homme ; et c’est bien le Seigneur qui le fait. Puis il le « donne à sa mère », comme un peu plus tard il « rend à son père » le fils libéré du démon.
Soixante-dix disciples sont désignés pour être envoyés deux à deux annoncer l’Évangile. Qui les désigne ? Non pas Jésus, mais « le Seigneur » (10:1). Il est bien clair que lui seul peut envoyer le serviteur, et c’est à lui seul qu’il répond (cf. Rom. 14:4 !).
Lorsqu’il s’agit de tancer les pharisiens pour leur hypocrisie et leur dureté, de prononcer sur eux et leurs semblables plusieurs « malheurs », ce n’est pas Jésus, mais « le Seigneur » qui le fait (11:39).
Satan a demandé à avoir les disciples pour les cribler comme le blé. Il faut en avertir Pierre. « Le Seigneur » lui-même prie pour lui, le restaurera et lui donnera même de fortifier ses frères. Lorsque Pierre aura renié pour la troisième fois, ce n’est pas Jésus qui soutient sa foi défaillante, mais « le Seigneur, se tournant, regarda Pierre : et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur » (22:61).
Après la résurrection, il est fréquemment nommé « le Seigneur ». Les onze accueillent les deux d’Emmaüs en disant : « Le Seigneur est réellement ressuscité » (24:34). Quand Marie de Magdala vient apporter aux disciples le message que Jésus lui a confié, avant de le délivrer, elle leur annonce qu’elle « a vu le Seigneur » (Jean 20:18). Quand Jésus lui- même se trouve au milieu d’eux, « les disciples se réjouirent quand ils virent le Seigneur » (v. 20).
Peu de temps après, sept disciples vont pêcher. Après une nuit sans rien prendre, ils voient au petit matin Jésus sur le rivage. Quand Jean le reconnaît, il dit à Pierre, non pas : Voilà Jésus, mais « C’est le Seigneur » (21:7).
L’Évangile du parfait Serviteur se termine en nous disant : « Le Seigneur donc, après leur avoir parlé, fut élevé en haut dans le ciel... et eux... prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux » (16:19-20).
Son titre de Seigneur est mis en évidence. Étienne, lapidé, demande au Seigneur Jésus de recevoir son esprit. Le Seigneur dit à Ananias d’aller imposer les mains à Paul. Quand le fidèle disciple s’acquitte de cette mission, il dit : « Saul, frère, le Seigneur Jésus... t’est apparu dans le chemin... » (Actes 7:59 ; 9:11-17).
Barnabas descend à Antioche où les disciples dispersés avaient annoncé « le Seigneur Jésus ; et la main du Seigneur était avec eux ». « Il les exhortait tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur ». Et l’œuvre se continuant, « une grande foule fut ajoutée au Seigneur ».
Combien de citations on pourrait encore faire. 1 Corinthiens 12:3 nous donne le secret : « Nul ne peut dire « Seigneur Jésus », si ce n’est par l’Esprit Saint ». On parlera du Christ, de Jésus de Nazareth, de Jésus Christ, mais pour dire « Seigneur Jésus » en sincérité, ne faut-il pas l’avoir reçu, et pour Sauveur, et pour Seigneur, dans son cœur et dans sa vie ?
Le psalmiste avait pu dire, et nous pouvons l’appliquer à nous-mêmes : « Écoute, fille ! Et vois et incline ton oreille ; et oublie ton peuple et la maison de ton père ; et le roi désirera ta beauté, car il est ton Seigneur : adore-le » (Ps. 45:10-11). N’est-ce pas le premier appel adressé à celle qui lui est chère : Lui rendre culte ?
Et au centre de notre culte, ne trouvons-nous pas la Cène du Seigneur ? Dans 1 Corinthiens 11:20-32, sept fois revient l’expression « Seigneur » (y compris la Cène « dominicale », c’est-à-dire « qui appartient au Seigneur »). L’enseignement de Paul à ce sujet vient du Seigneur. Le Seigneur Jésus, la nuit où il a été livré, l’a institué. La mort du Seigneur est annoncée chaque fois que l’on mange le pain et que l’on boit la coupe. Elle est la coupe du Seigneur. En participant indignement, on est coupable, « à l’égard du corps et du sang du Seigneur ». S’il n’y a pas de jugement de soi-même, « le Seigneur » châtie. L’apôtre parle au cœur, en rappelant « la nuit où Il fut livré », et Son désir profond (Luc 22:15) : « Faites ceci en mémoire de moi ». Répondrons-nous avec le cantique : « Le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir » (És. 26:8) ?
L’apôtre souligne aussi toute la révérence qui s’impose dans la participation à la Cène du Seigneur : « Toutes les fois... vous annoncez la mort du Seigneur ». Ni l’habitude, ni les distractions, ni les préoccupations ne doivent nous faire oublier, à chacune des occasions où nous participons à la Cène, que c’est la mort du Seigneur que nous annonçons.
Le Seigneur en personne, non des anges, viendra enlever ses rachetés auprès de Lui. Dans les trois versets de 1 Thessaloniciens 4:15-17, cinq fois de suite il nous est parlé du Seigneur ; lui-même descendra du ciel pour opérer la résurrection des morts en Christ, la transmutation des vivants, et faire en sorte qu’ils soient pris ensemble à la rencontre du Seigneur en l’air pour être toujours avec Lui.
Avant de clore le saint livre, il nous répète sa promesse : « Je viens bientôt »,
Et, cri d’amour et d’espérance,
La réponse de tes élus,
Par l’Esprit Saint vers Toi s’élance :
« Amen, oh viens, Seigneur Jésus » (A. Gibert)
Pour l’assemblée, l’épouse, il est le Seigneur. Pour Israël, il est Roi. Il est bon de ne pas confondre les deux titres, ni dans nos cantiques, ni dans nos prières.
La première question de l’Ancien Testament, adressée à Adam qui se cachait après la chute : « Où es-tu ? », avait pour but de lui montrer l’éloignement de Dieu où il s’était plongé.
La première question du Nouveau Testament :
« Où est le roi des Juifs ? » rend sensible l’abaissement de celui qui, petit enfant, est venu au milieu de son peuple dans l’humilité profonde.
Un des disciples qu’il appellera, Nathanaël, répondra à son appel : « Tu es le roi d’Israël » (Jean 1:50). Le prophète Zacharie avait annoncé : « Dites à la fille de Sion, voici, ton roi vient à toi, monté sur un ânon » (Mat. 21:5). À la fin de sa vie, pendant quelques heures, il est reconnu comme tel ; on l’acclame : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (v. 9). Mais bien vite il est rejeté.
Arrêté et amené devant Pilate, il fait devant lui « la belle confession » (1 Tim. 6:13) : « Tu le dis que moi, je suis roi » (Jean 18:37). Pilate, toujours dans l’intention de le délivrer, le présente aux Juifs : « Voici votre roi ! » Mais leurs cris prévalent : « Crucifie-le ». Et sur la croix, l’écriteau de son accusation porte : « Jésus, le Nazaréen, le roi des Juifs ».
Pourtant un jour il régnera sur son peuple, comme l’annonçait le prophète : « Voici, un roi régnera en justice », apportant toutes les bénédictions qui se rattacheront à son règne (És. 32:1).
La statue du songe de Nebucadnetsar représentait les quatre empires des nations. Il a suffi d’une « petite pierre » pour la broyer et la détruire. La domination, l’honneur et la royauté sont alors confiés au « fils de l’homme » dont la domination sera éternelle et dont le royaume ne passera pas à un autre peuple » (Dan. 2:44-45 ; 7:14).
Un jour l’Homme de douleurs, qui a porté la couronne d’épines, sortira du ciel couronné de plusieurs diadèmes, portant entre autres un nom écrit : « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc. 19:11-16). Il sera roi et sacrificateur (Ps. 110) ; il établira son règne de justice et de paix : « Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds » (1 Cor. 15:25). « Le mystère de la volonté » de Dieu s’accomplit : toutes choses sont réunies en un comme chef dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre (Éph. 1:10). Il est « établi héritier de toutes choses » (Héb. 1:2).
Marie de Magdala pleurait la disparition de son Seigneur (Jean 20:13). Quand enfin il croit à sa résurrection, Thomas dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20:13, 28). Et Paul parlera de « l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur » (Phil. 3:8).
Le connaître comme Sauveur donne la paix avec Dieu, mais il nous appelle aussi à dire pratiquement de lui « mon Seigneur », et à lui rendre toute obéissance.
En 1 Corinthiens 6:13, le corps est « pour le Seigneur » ; temple du Saint Esprit, il ne doit pas être profané. Combien nous sommes reconnaissants qu’il soit ajouté : « Et le Seigneur pour le corps ». Ne faut-il pas toute sa puissance pour nous garder ?
Dans la vie de tous les jours, parce que nous sommes « lumière dans le Seigneur » et appelés à marcher comme des enfants de lumière, il importe « d’éprouver ce qui est agréable au Seigneur » (Éph. 5:10) : Exercice constant dans tous les choix et les alternatives qui nous sont proposés. Il s’agit de comprendre « quelle est la volonté du Seigneur » (v. 17). Dans la décision la plus importante de la vie après la conversion, le mariage, il est essentiel qu’il s’effectue seulement « dans le Seigneur » (1 Cor. 7:39). Comment un croyant pourrait-il s’unir à un incrédule, ou même à quelqu’un avec qui il ne pourra pas marcher ensemble dans la même communion pratique de tous les jours, aussi bien que collective avec les siens rassemblés ?
Quant au service, la Parole nous dit : « Servant joyeusement, comme asservis au Seigneur » ; l’apôtre a donné l’exemple : « Servant le Seigneur en toute humilité » (Éph. 6:7 ; Actes 20:19).
Paul sait que le temps de son départ est arrivé. Vers qui ses pensées vont-elles se tourner ? « Le Seigneur juste juge me donnera la couronne de justice... Alexandre a montré beaucoup de méchanceté envers moi ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Dans ma première défense, personne n’a été avec moi... mais le Seigneur s’est tenu près de moi... le Seigneur me délivrera... À lui la gloire » (2 Tim. 4). Une seule personne reste devant les yeux du vieil apôtre dans sa prison douloureuse : le Seigneur lui- même.
En Luc 24, lors du trajet à Emmaüs, Jésus « commençant par Moïse et par tous les prophètes », expliquait aux deux disciples, « dans toutes les Écritures, les choses qui le regardent » (v. 27). Et dans la soirée, réuni avec les onze, il leur dit : « Il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi, dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies. Alors il leur ouvrit l’intelligence pour entendre les Écritures » (v. 44-46).
Les Écritures dont parlait le Seigneur étaient l’Ancien Testament. Partout des choses « Le regardent » ; nous sommes donc bien justifiés à chercher dans ces pages tout ce qui peut représenter Christ.
En première ligne, l’arche du lieu très saint fait penser à sa personne. Elle était de bois et d’or, rappelant son humanité et sa divinité. Elle contenait la manne, figure de Celui qui est descendu du ciel (Jean 6) ; les tables de la loi, rappelant sa parfaite obéissance ; la verge d’Aaron, symbole de vie et de résurrection.
La fleur de farine, dans Lévitique 2 et ailleurs, présente sa vie parfaite ; le vieux blé du pays que le peuple mange à l’entrée en Canaan, Christ dans les conseils de Dieu, tandis que les pains sans levain parlent de sa vie sans péché, et le grain rôti de ses souffrances (Josué 5:11). La gerbe des prémices offerte le lendemain du sabbat est une vivante image de sa résurrection (Lév. 23:10-11 ; 1 Cor. 15:20). Le grain de blé tombant en terre et qui porte beaucoup de fruit nous parle de sa mort.
Avant d’être placée dans l’arche, la verge d’Aaron, un bâton d’amandier sec, avait en une nuit bourgeonné, poussé des boutons, produit des fleurs, mûri des amandes (Nom. 17:8), tandis que les verges des princes des autres tribus étaient restées sans changement. La puissance de vie de la verge du sacrificateur prouvait qu’Aaron était choisi de Dieu pour remplir cet office. Le Seigneur Jésus ressuscité devient souverain sacrificateur « selon la puissance d’une vie impérissable » (Héb. 7:16).
Au désert le rocher avait été frappé (Ex. 17:6) et avait donné ses eaux en abondance. À la fin du voyage, en Nombres 20:7-11, il fallait seulement lui parler. Moïse l’a frappé à tort, avec sa propre verge ; malgré tout, il en est sorti des eaux en abondance. La Parole nous déclare expressément : « Ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait : et le rocher était le Christ ». On peut penser que les eaux vives qui en jaillissaient nous parlent du Saint Esprit (Jean 7:38-39).
À Mara, les eaux étaient amères. Enseigné de Dieu, Moïse y jette un bois, qui nous parle de l’humanité de Christ, et dans lequel on pouvait voir aussi sa croix. L’introduire dans les circonstances pénibles de la vie change leur caractère, et nous apprend à les accepter de la main d’un Père : d’amères elles deviennent douces (Ex. 15:25).
À Jéricho, les eaux étaient mauvaises, et la terre stérile. Élisée y jette le sel qui les assainit, sel qui nous parle sans doute de la séparation du mal et de la vie sainte du Seigneur Jésus (2 Rois 2:21).
À Guilgal, quand le potage est contaminé par des coloquintes sauvages qu’on ne connaissait pas, le prophète jette de la farine dans la marmite, et « il n’y avait rien de mauvais » en elle. Cette farine ne nous parle-t-elle pas de la parfaite humanité du Seigneur Jésus ? Si la nourriture du peuple de Dieu a été contaminée, c’est en ramenant les âmes à Christ et à son œuvre qu’elles seront restaurées (2 Rois 4:41).
Considérons encore le serpent d’airain dressé par Moïse sur une perche, auquel il suffisait de regarder pour être guéri de la morsure des serpents (Nomb. 21:4-9). Aurions-nous pensé qu’un serpent pouvait être un type du Seigneur Jésus ? Il a fallu que lui-même en donne la clé : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:14-15). Le serpent est en général la figure du diable. Il s’y rattache la malédiction de Genèse 3. Mais Christ, sur la croix, « nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Gal. 3:13).
Tout au long de l’Ancien Testament, des sacrifices ont été offerts. Ils n’étaient que des figures, des types, de « l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (Héb. 10:10).
La première allusion se trouve dans Genèse 3, lorsque l’Éternel, après la chute, revêt Adam et Ève de vêtements de peau qui avaient nécessité la mort d’une victime.
« Par la foi » Abel a présenté en sacrifice les premiers-nés de son troupeau et Dieu a rendu témoignage à ses dons (Gen. 4:4 ; Héb. 11:4). En Genèse 22, un bélier est offert à la place d’Isaac, nous enseignant la vérité de la substitution. Dans ce type remarquable, c’est avant tout l’union du père et du fils allant « les deux ensemble » à Morija, qui parle à notre cœur.
À la Pâque (Ex. 12), chaque famille devait sacrifier un agneau et mettre son sang sur les portes. Plusieurs agneaux ont été immolés ; pourtant il nous est dit : Ils prendront de son sang, et en mettront sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte, aux maisons dans lesquelles ils le mangeront » (Ex. 12:7). Les innombrables agneaux offerts dans l’ensemble des familles étaient le type du seul Agneau dont le sang peut ôter les péchés.
En Lévitique 1 à 6 et en Nombres 19, nous avons divers sacrifices nous parlant de l’œuvre de la croix. Nous renvoyons à notre brochure « Une seule offrande – Divers sacrifices ».
Sans nous arrêter à toutes les occasions où « l’agneau » jalonne la Parole, rappelons Ésaïe 53, que lisait l’eunuque de la reine Candace lorsqu’il retournait de Jérusalem dans son pays. « De qui le prophète dit-il cela ? De lui-même ou de quelque autre ? – Et Philippe... commençant par cette écriture, lui annonça Jésus » (Actes 8:35). La brebis menée à la boucherie était bien un type du Sauveur.
Et l’on arrive au Nouveau Testament, au baptême de Jean au Jourdain, où, voyant Jésus venir à lui, le baptiseur déclare : « Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1:29). D’où venait-il, cet agneau ? – « De Galilée », nous dit Matthieu 3:13. De Bethléhem, dira-t-on, puisqu’il y est né. Le conseil de Dieu se dévoile en 1 Pierre 1:19 : « Christ... un agneau sans défaut et sans tache préconnu dès avant la fondation du monde ! »
Un type retient encore notre attention : les deux oiseaux offerts pour la purification du lépreux (Lév. 14:4-7). Un oiseau dont le sang est recueilli dans un vase de terre sur de l’eau vive ; un autre oiseau vivant, plongé dans le sang de l’oiseau égorgé, puis lâché dans les champs pour monter vers le ciel : « Jésus notre Seigneur a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4:25).
L’arche, type de Christ, a ouvert un chemin à travers le Jourdain, le fleuve de la mort. Dans la rivière, on va dresser douze pierres représentant les douze tribus ; elles vont rester là, montrant la position de ceux qui sont unis avec Christ dans sa mort. Mais douze pierres sont prises du milieu du Jourdain pour les transporter dans le pays et les dresser à Guilgal, autant de figures de notre résurrection avec Lui (Jos. 4:1-9).
David a tué Goliath avec sa propre épée (1 Sam. 17) : avec sa propre arme, la mort, celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, a été « rendu impuissant » par notre Seigneur (Héb. 2:14).
Abraham et Isaac sont allés au pays de Morija pour offrir l’holocauste. David monte à Morija, à l’aire d’Ornan, bâtir l’autel où sera présenté le sacrifice qui permettra à l’ange d’arrêter la peste (2 Chron. 3:1). À ce même Morija Salomon construira le temple. Non loin de là se dressera la croix.
Trois hommes sont particulièrement des types du Seigneur Jésus : Joseph, Moïse, David. Tous les trois ont été rejetés par leurs frères : Joseph fut vendu aux Madianites ; les frères de Moïse ne comprirent pas que Dieu voulait leur donner la délivrance par sa main, et lui dirent : Qui t’a établi chef et juge sur nous ? (Actes 7:23-28) ; les frères de David l’accueillirent fort mal lorsqu’il vint à l’armée, leur apporter les provisions que leur père avait préparées (1 Sam. 17:17, 28).
Tous trois ont dû passer par une période d’abaissement, de souffrances : Joseph en Égypte et dans la prison ; Moïse en Madian ; David pourchassé par Saül. Mais tous trois sont parvenus à la gloire ; Joseph, le second dans le pays d’Égypte ; Moïse, conducteur du peuple ; et David, roi. Joseph a préservé le peuple de la famine et a reçu le titre de sauveur du monde ; Moïse a délivré Israël d’Égypte ; et David a eu la victoire sur les ennemis.
Mais tous trois dans leur jeunesse avaient été bergers. Combien le berger, à travers les Écritures, qu’il s’agisse du psaume 23, d’Ézéchiel 34, de Jean 10, nous parle du Seigneur Jésus, ce bon berger qui met sa vie pour ses brebis (Zach. 13:7).
David est une figure du roi rejeté, qui instaure le règne ; Salomon est le roi de gloire, tel Christ dans le millénium.
Tant d’autres personnages nous parlent de Lui : Jonas, trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, comme le fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. Boaz, celui en qui est la force, accueille Ruth et en fera son épouse.
Ne vaut-il pas la peine de considérer de près ces pages d’autrefois, qui sont si actuelles lorsque, conduit par l’Esprit de Dieu, l’œil de la foi y découvre quelques traits de la personne de notre bien-aimé Seigneur ?
« Le Fils de son amour » (Col. 1:13)
Dans la parabole, le Seigneur retrace toute l’histoire d’Israël, son infidélité, les persécutions qu’il a fait subir aux prophètes. Pour finir, le maître leur envoie son « unique fils bien-aimé » ; lui aussi ils le tuent et le jettent hors de la vigne. Les chefs du peuple ont très bien compris qu’« il avait dit cette parabole contre eux » (v. 12).
Trois expressions sont employées par la Parole pour nous parler de cette venue du Fils sur la terre :
« Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de Dieu. Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père » (Jean 16:27-28).
En quelques mots le Seigneur Jésus retrace tout son chemin, tel que Philippiens 2:6-9 le présentera en d’autres termes.
L’un et l’autre passage nous dépasse infiniment. Un avec le Père, « un avec lui dans sa puissance, un avec lui dans son amour », il est « sorti » d’auprès du Père pour venir dans ce monde. Les disciples avaient saisi par la foi qu’il était sorti d’auprès de Dieu ; mais Jésus souligne que c’est d’auprès du Père qu’il est venu. Qu’implique cette expression « sorti » ? Elle rappelle le « anéanti lui-même » (Phil. 3:7), dont nous ne pouvons pas davantage saisir toute la profondeur. Il est sorti, il a été dépouillé, il s’est « anéanti » en devenant homme. Et pourtant sa bienheureuse communion avec le Père subsistait sans ombre. Les termes de la Parole rendent quelque peu sensible à nos cœurs tout ce qu’il en a coûté au Seigneur Jésus d’accepter un tel abaissement, en « prenant la forme d’esclave » pour venir dans ce monde.
Et maintenant, il dit, avec un infini soulagement (cf. 14:28), semble-t-il « De nouveau je laisse le monde ». Il allait accomplir l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire et il pourrait s’en aller auprès de Lui. Mais combien douloureux serait le chemin qui y conduirait (Phil 2:8). Toutefois, « à cause de la joie qui était devant Lui, il a enduré la croix, ayant méprisé la honte » (Héb. 12:2). Et avec quelle joie il annoncera à Marie : « Je monte vers mon Père et votre Père ! »
« En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui ; en ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés... et nous, nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde » (1 Jean 4:9, 10, 14).
Nous n’avons pas aimé Dieu, mais lui nous a aimés ; la preuve suprême de cet amour est qu’il a envoyé son Fils. À six reprises dans sa prière de Jean 17, le Seigneur Jésus le répète, disant de ses disciples : « Ils ont cru que toi tu m’as envoyé ». Tous ceux qui croiront en Lui « par leur parole » sont « un » dans le Père et le Fils, « afin que le monde croie que toi tu m’as envoyé » (v. 21).
L’aveugle-né de Jean 9 en donne un exemple frappant. Jésus crache en terre, fait de la boue de son crachat et met la boue comme un onguent sur les yeux de l’aveugle. Cette boue, poussière de la terre mêlée à sa salive, représente son humanité. Le Jésus de Nazareth que l’on rencontrait parcourant les villes et les villages, et les rues de Jérusalem, était en apparence un homme comme un autre. Comme on l’a dit, il voilait « la forme de Dieu » sous celle d’un Galiléen méprisé. L’aveugle n’y voyait pas davantage lorsque la boue est mise sur ses yeux. Mais il va au réservoir de Siloé, ce qui signifie Envoyé (v. 7). Ses yeux sont alors ouverts. La foi qui, dans le Galiléen méprisé, discerne l’Envoyé du Père, a les yeux ouverts ; mais celui qui n’a pas « sa parole demeurant en lui », ne croit pas que le Père l’a envoyé (Jean 5:38). Pourtant les œuvres mêmes qu’il accomplissait rendaient témoignage de lui, que le Père l’avait envoyé (v. 36).
Il est aussi « venu », de sa propre décision, quoique « venu au nom de son Père » (Jean 5:43).
Mettant de côté tous les sacrifices de l’ancienne alliance, il dit « en entrant dans le monde » : « Voici, je viens... pour faire, ô Dieu, ta volonté. C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (Héb. 10:5-10). — « Christ étant venu... avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle » (Héb. 9:11-12).
Sorti d’auprès du Père et envoyé par lui, venu dans ce monde, « le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaître » (Jean 1:18). Dans cette relation intime, ininterrompue, « le sein du Père », il a fait connaître le Dieu que personne n’avait jamais vu, mais qui se révélait maintenant non seulement comme Dieu, mais comme Père : « Celui qui m’a vu, a vu le Père... Ne crois-tu pas que moi je suis dans le Père et que le Père est en moi ? » (Jean 14:9-10).
« Père... tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17:24). Amour bien au-dessus de nous, hors de nous, lien éternel entre le Père et le Fils avant toute création, expression d’une joie profonde (Prov. 8:30), que lui seul connaît dans sa plénitude.
« Le Père aime le Fils, et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même » (Jean 5:20). Le Fils, parfaitement dépendant sur la terre, non pas un dieu séparé du Père, mais en pleine communion avec lui, est l’objet de l’amour du Père.
« À cause de ceci, le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie » (Jean 10:17). L’amour éternel du Père qui reposait sur son Fils marchant sur la terre, n’a pas été interrompu, mais au contraire d’autant plus approfondi, si l’on ose dire, lorsque le Fils donnait sa vie. Sans doute « Dieu l’a abandonné », car « celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21). Mais si Dieu dans sa justice l’a abandonné dans les heures de ténèbres où il était « fait péché », dans le don de sa vie tout l’amour du Père reposait sur lui.
« Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains » (Jean 3:35). C’est, comme nous l’avons vu, le mystère de sa volonté de « réunir en un toutes choses dans le Christ » (Éph. 1:10). Lorsqu’il aura « assujetti toutes choses sous ses pieds », l’amour du Père reposera toujours sur lui.
Il fallait que cet amour du Père pour le Fils soit publiquement déclaré et que les siens en aient conscience.
Venu de Galilée au Jourdain pour être baptisé par Jean, Jésus prenait place, quoique sans péché lui-même, au milieu de ceux qui se repentaient. Mais le Père n’a pas voulu qu’il fût confondu avec les hommes pécheurs. Jésus remonte de l’eau, les cieux lui sont ouverts, l’Esprit de Dieu descend comme une colombe et vient sur lui. La voix du Père, qui venait des cieux, dit : « Celui-ci est mon Fils bien- aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Mat. 3:13-17). En Marc 1:9, il vient de Nazareth, la ville méprisée. Là, la Voix s’adresse à lui-même : « Tu es mon Fils bien-aimé... ». En Luc 3:21, il est l’homme parfaitement dépendant : tandis qu’il prie, le ciel s’ouvre, l’Esprit Saint descend, la Voix qui venait du ciel déclare : « Tu es mon Fils bien-aimé... ».
« Après six jours » (de travail et de service), Jésus prend avec lui les trois disciples « à l’écart sur une haute montagne ». Il est transfiguré ; Moïse et Élie leur apparaissent. Pierre met les trois sur le même plan ; mais la voix du Père se fait entendre dans la nuée lumineuse qui avait autrefois conduit Israël à travers les déserts : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez- le » (Mat. 17:5). Moïse, le législateur, Élie, le prophète, tous deux disparaissent : « Levant leurs yeux, ils ne virent personne que Jésus seul ». Le temps de la loi était révolu ; la prophétie s’accomplissait, Jésus seul reste devant les yeux des trois disciples, pas seulement comme le Roi et le Messie dans sa gloire, mais comme « le Fils bien-aimé du Père ».
En Luc 9, c’est « le huitième jour » que la scène a lieu, premier jour d’une nouvelle semaine. Moïse et Élie parlent « de sa mort qu’il allait accomplir à Jérusalem ». Tant de types que Moïse avait institués parlaient de sa mort ; les prophètes avaient annoncé « les souffrances qui devaient être la part du Christ ». Maintenant tout allait s’accomplir dans cette Jérusalem qui l’avait rejeté. Les trois disciples étaient « accablés de sommeil », mais « quand ils furent réveillés, ils virent sa gloire » ! La nuée les enveloppe, ils ont peur. C’était la demeure de l’Éternel. Mais maintenant la voix qui en vient est celle du Père, et Jésus se trouve seul avec eux.
Les disciples se turent ; ils ne rapportèrent en ces jours-là à personne rien de ce qu’ils avaient vu. Il y a des moments dans la vie d’un croyant qui se passent entre son Seigneur et lui ; il ne convient pas de les publier. Rien ne nous est dit de l’entrevue du Seigneur ressuscité avec Simon qui l’avait renié (Luc 24:34).Il y aura plus tard une restauration publique, mais ce qui s’est passé entre Pierre et son Maître est resté secret. À la fin de sa vie seulement, le vieil apôtre rappellera avec émotion la scène dont les Évangiles nous donnent le détail. Nous avons été « avec lui sur la sainte montagne », et avons entendu la voix qui lui fut adressée par la gloire magnifique (2 Pierre 1:17-18).
Cet amour du Père pour le Fils devient la mesure de l’amour du Père pour les rachetés et de l’amour du Fils envers ceux pour lesquels il a tant souffert.
Avant de les quitter, Jésus s’adresse aux siens : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » (Jean 15:9). Cet amour pur, insondable, dont il a joui lui-même, est le même qu’il déploie envers les siens.
Mais il ajoute dans sa prière au Père : « Tu les as aimés comme tu m’as aimé » (17:23). L’amour ineffable qui reposait sur le Fils, est le même amour qui repose sur les rachetés du Seigneur.
On a comparé ces passages au cadre d’un tableau. Au sommet est écrit : Le Père aime le Fils. Puis dans l’un des montants : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Dans l’autre montant : Tu les as aimés comme tu m’as aimé. Au bas du tableau : « Comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre ! » (Jean 13:34).
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Qui est Jésus ? - Le Fils de Dieu - le fils de l’homme - le Sauveur - le Christ - le Seigneur - celui qu’en types toutes les Écritures de l’Ancien Testament nous révèlent - le Fils bien-aimé du Père.
« Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et Celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3).