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ENTRER et SORTIR
« Les Trésors du Sanctuaire »
Table des matières abrégée :
2 Les trésors du sanctuaire (entrer)
3 Le témoignage chrétien (sortir)
4 Gethsémané (entrer) — (Matt. 26:36 à 46 ; Marc 14:32 à 42 ; Luc 22:39 à 46 ; Jean 18:1 à 2)
5 Évangéliste — Pasteur — Intercesseur — (sortir)
6 Sainte sacrificature — Sacrificature royale
Table des matières détaillée :
2 Les trésors du sanctuaire (entrer)
2.1 Dans les difficultés extérieures : Psaume 27
2.2 Dans les perplexités intérieures : Psaume 73
2.2.1 Les vrais motifs de crise
2.2.2 Réalité et profondeur de la crise
2.2.4 Les résultats de l’épreuve
3 Le témoignage chrétien (sortir)
3.2 Qu’est-ce que le témoignage chrétien?
3.2.1 Le fondement du témoignage
3.2.2 Le contenu du témoignage
3.3 Les qualités morales d’un témoin chrétien
4 Gethsémané (entrer) — (Matt. 26:36 à 46 ; Marc 14:32 à 42 ; Luc 22:39 à 46 ; Jean 18:1 à 2)
5 Évangéliste — Pasteur — Intercesseur — (sortir)
5.1 Évangéliste (1 Thess. 2:1-9 ; 2 Cor. 5:18-21)
5.2 Pasteur (1 Thess. 2:11 à 13)
6 Sainte sacrificature — Sacrificature royale
Sortir et entrer est une expression hébraïque fréquente dans l’Ancien Testament. Elle a à peu près le sens de notre « aller et venir », avec en plus la capacité de le faire, la responsabilité qui s’y rattache et la liberté que cela implique.
Salomon, jeune homme, dit (1 Rois 3:7) : « Je ne sais pas sortir et entrer » ; tandis que David, officier de Saül, sortait et entrait devant le peuple (1 Sam. 18:13). Caleb, âgé de quatre-vingt cinq ans, se trouve encore fort « pour sortir et entrer » ; alors que Moïse, à cent vingt ans, déclare ne plus pouvoir le faire (Deut. 31:2), non seulement à cause de l’âge, mais surtout par l’injonction de l’Éternel : « Tu ne passeras pas ce Jourdain ». Avant d’être mis en prison, Jérémie entrait et sortait parmi le peuple (Jér. 37:4). Les disciples qui avaient vécu avec le Seigneur Jésus depuis le baptême de Jean jusqu’à son ascension, l’avaient considéré entrant et sortant au milieu d’eux (Actes 1:21).
Toutes ces expressions nous amènent à une pensée plus profonde. Il ne s’agit pas seulement de sortir de chez soi pour y rentrer, mais par-dessus tout, d’entrer dans la pérsence de Dieu, dans le sanctuaire, pour en sortir ensuite dans la conscience des bénédictions qu’on y a trouvées. Dans l’Ancien Testament, l’ordre est presque toujours « sortir et entrer » ; mais quand les disciples ont contemplé le Seigneur Jésus dans sa vie, ils parlent d’abord d’entrer, puis de sortir. Jésus désignera de même le privilège de ses brebis : « Il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture » (Jean 10:9).
« Moïse entrait devant l’Éternel pour parler avec Lui » (Ex. 34:34). Souvent accablé par le poids des responsabilités, la fatigue et les problèmes du désert, il « entrait dans la tente d’assignation... il entendait la voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire... et il Lui parlait » (Nomb. 7:89). Quel refuge pour ce grand serviteur qui, dans la solitude et le silence de la présence de l’Éternel, était renouvelé pour sa grande tâche.
Josué fut formé dans le sanctuaire bien des années avant d’être placé à la tête du peuple. Exode 33:11, nous le montre « jeune homme, ne sortant pas de l’intérieur de la tente ». Dans cette tente encore, il se présentera avec Moïse à la veille de la mort du législateur (Deut. 31:14).
Avant d’être institué prophète, le jeune Ésaïe entre un jour dans le temple où la vision de la gloire du Seigneur met à nu sa propre misère (Ésaïe 6). Quand le charbon ardent pris de dessus l’autel aura touché ses lèvres, il sera disposé à dire : « Me voici, envoie-moi ». D’abord le sanctuaire, ensuite la mission.
Il en fut de même pour Jérémie (Jér. 1) : tous les encouragements du Seigneur purent seuls le décider, lui un enfant, à prendre courage pour parler en Son nom.
Ézéchiel a la vision de la gloire de Dieu. D’abord Le voir, puis L’entendre, enfin être nourri de Ses paroles (Éz. 1:27 à 28 ; 2:2 ; 3:1 à 3). Alors seulement, le Seigneur peut dire : « Va fils d’homme, va vers la Maison d’Israël ».
Daniel entrait constamment dans le sanctuaire ; trois fois le jour, il avait l’habitude de se mettre sur ses genoux, de prier et de rendre grâces devant son Dieu (Dan. 6:10).
Exemple suprême, le Seigneur Jésus lui-même nous est présenté dans l’évangile de Luc, l’évangile du fils de l’homme, comme priant constamment (quatorze fois). Avant d’appeler ses disciples, il passa toute la nuit à prier Dieu (6:12). Sur la montagne de la transfiguration, il priait. Il en peut ensuite descendre et se retrouver au milieu de la foule, face aux conséquences du péché ; sur son visage brillait encore, semble-t-il, un reflet de la gloire entrevue, qui surprend la foule (Marc 9:15). Avant d’aller à la croix, il prie et supplie à Gethsémané, recevant dans le silence de la nuit la coupe de la main du Père.
Telle la brebis, le jeune racheté du Seigneur doit apprendre à entrer et sortir. Salomon ne le savait pas ; il faut de l’énergie pour se libérer des obstacles ; il est vital d’en prendre l’habitude ; pas de croissance sans le sanctuaire. Chaque matin, le sacrificateur y pénétrait ; à la seule lumière du chandelier, il contemplait l’autel d’or et la table des pains ; le croyant, réalisant le type, contemple à travers la fumée de l’encens et le voile déchiré, l’arche, type de Christ dans toutes ses perfections. Pour trouver chaque matin le temps d’entrer dans la présence du Seigneur, il ne faut pas s’être couché trop tard !
Combien de nous se souviennent de l’exemple entrevu de frères appréciés dans leur ministère, qui passaient de longs moments dans le secret du sanctuaire : dans le silence de leur chambre dont ils savaient fermer la porte, ou bible en main, se promenant de long en large dans leur jardin, ou méditant sur leur balcon.
Cependant, le long de la route,
Fermant l’oreille à tout vain bruit,
En silence mon âme écoute
La douce voix de ton Esprit.
Le semeur sortit pour semer (Luc 8:20). Dans la conscience des bénédictions trouvées dans le sanctuaire, nous sommes appelés à sortir pour marcher en témoignage pratique, pour semer, pour prendre soin du troupeau comme autrefois Moïse, pour combattre comme un Caleb ou un David.
D’Éden sortait le fleuve apportant la bénédiction. Du sanctuaire, Ézéchiel voit sortir la rivière dont les eaux toujours plus profondes, répandaient la vie (Éz. 47). Il fait bon entrer et s’asseoir aux pieds du Seigneur ; il fait bon être réunis autour de Lui et l’entendre dire : « Paix vous soit » ; mais il ajoute : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » ! (Jean 20:19 à 21).
Le jour viendra où, entré dans la gloire, le racheté sera « une colonne dans le temple de son Dieu et ne sortira plus jamais dehors » (Apoc. 3:12). Mais jusque là, nous sommes appelés à sortir, à rendre témoignage, à semer, à combattre.
Nous pouvons « entrer » collectivement, tout spécialement en assemblée pour le culte, la réunion de prière, la réunion d’édification ; « envoyés dans le monde » pour y porter la lumière, les disciples étaient appelés à « sortir », à répandre l’évangile. Dans les deux cas, il faut la puissance du Saint Esprit : pour le culte et l’édification, comme pour le témoignage public et la prédication de l’évangile.
Mais nous sommes aussi appelés à entrer individuellement. Peut-être avons-nous plus la propension à le faire ensemble ! Le Seigneur appelle pourtant chacun de nous à entrer dans le sanctuaire :
Être à tes pieds comme Marie,
Laissant les heures s’écouler,
Dans un silence qui s’oublie,
Jésus, pour te laisser parler.
N’est-il pas nécessaire, non seulement d’y consacrer un moment précis et précieux chaque matin, mais aussi, de temps à autre, de prendre des heures plus longues, des jours si possible, à l’écart, loin du bruit et de l’agitation de la vie courante, pour entrer dans le sanctuaire, Le voir, L’entendre, être nourri de Lui ?
Il n’y a pas d’autre source, pas d’autre base, pour le témoignage et le service.
On a intitulé ce Psaume : le désir du cœur pour la maison et la face de l’Éternel. Il s’applique tout d’abord au Seigneur Lui-même, surtout le verset 2 ; mais puisqu’Il est notre modèle, ces passages s’adressent à nous aussi.
À nous, c’est-à-dire exclusivement aux croyants. En effet, le premier verset dit : « L’Éternel est ma lumière et mon salut ». Ce Psaume qui, à travers les siècles, a été en bénédiction à tant d’âmes, ne signifie rien pour un incrédule ou pour quelqu’un qui s’est détourné du Seigneur.
Le psalmiste est en butte aux difficultés extérieures : méchants, adversaires, ennemis, armée hostile, guerre, faux témoins, gens qui respirent la violence. Hostilité de toutes parts, circonstances adverses, contestations des langues comme au psaume 31:20. Que faire ? La seule ressource est d’entrer dans le sanctuaire (v. 4).
C’est le secret qu’ont découvert, à la suite de David, ceux qui ont lu et relu ce psaume. On songe aux familles ayant l’un des leurs enveloppé dans la guerre ; au père qui le lisait aux siens au moment du départ pour le front ; à nos frères qui dans les tranchées le méditaient dans la nuit, ou même le récitaient sous la mitraille ; à cette servante du Seigneur qui, partant au loin à Son service, le relisait avant une traversée dangereuse.
Encore une fois, que faire dans de telles détresses ? « J’ai demandé une chose à l’Éternel ; je la rechercherai : c’est que j’habite dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie ». Prière précise — demander une chose — mais aussi énergie déployée : je la rechercherai. Entrer dans le sanctuaire ne se fait pas sans effort, comme automatiquement ; il y faut le désir du cœur qui ne peut se passer de la présence de son Seigneur.
Habiter dans la maison de l’Éternel, ce n’est pas y entrer quelques instants, ou de temps à autre, mais, comme au Psaume 37:3 : demeurer vraiment dans le pays ; le Seigneur le dit mieux encore à ses disciples : « Comme le sarment ne peut porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure dans le cep, de même vous non plus, à moins que vous ne demeuriez en moi » (Jean l5).
Pour David, pas question comme pour Samuel d’aller habiter dans le temple ; c’est en esprit qu’il voulait se trouver dans la maison de l’Éternel. La vraie, la bonne solitude est dans le cœur, a dit un chrétien qui aimait à rechercher la présence de son Maître.
« Tous les jours de ma vie » : les bons et les mauvais, les heureux et les tristes, ceux de joie et ceux de détresse. Expérience toujours renouvelée, toujours fraîche, toujours heureuse.
Et quel en est le but ? « Pour voir la beauté de l’Éternel » Non pas tout d’abord pour implorer sa délivrance, ni pour ressasser devant lui nos difficultés ou en être obsédé en sa présence ; mais tout d’abord pour le rechercher lui. Un verset de la Parole nous amènera à Le voir. Est-on lassé de la route ? Pensons à Jésus, fatigué du chemin, assis sur le bord de la fontaine, qui avait à cœur une âme en peine. Le travail nous a-t-il retenu si longtemps qu’il n’y ait plus le temps de manger avant la réunion du soir ? Relisons Marc 3:20 : « Ils viennent à la maison ; et la foule s’assemble de nouveau, en sorte qu’ils ne pouvaient pas même manger leur pain ». Privilège inconnu des saints de l’Ancien Testament, que possède le chrétien : considérer à travers les pages des évangiles Dieu manifesté en chair, la gloire d’un Fils unique de la part du Père, pleine de grâce et de vérité.
« ... et pour m’enquérir diligemment de Lui dans son temple ». L’ayant considéré dans sa beauté, nous pouvons alors rechercher sa pensée. Non seulement rapidement esquisser nos difficultés et nos problèmes, mais dans sa présence, discerner quelle est sa volonté dans les circonstances où nous nous trouvons. Liberté d’entrer dans le sanctuaire plus marquée encore pour le chrétien, puisque le voile a été déchiré, que l’accès en est ouvert : « Approchons-nous ».
Mais pour cela, il ne doit pas y avoir sur la conscience du mal non jugé. Adam se sentant coupable ne recherchait pas la présence du Seigneur, mais se cachait derrière les arbres du jardin. Tels que nous sommes, venons à Christ, et dans la sainteté de sa présence, reconnaissons nos fautes, confessons nos péchés, croyons qu’à cause de son sacrifice, ils sont ôtés ; alors jouissant à nouveau de sa lumière, nous considérerons sa beauté.
Si le verset 4 nous montre les trésors du sanctuaire, le verset 5 nous en donne la sécurité : « Au mauvais jour, il me mettra à couvert dans sa loge, il me tiendra caché dans le secret de sa tente ; il m’élèvera sur un rocher ». Dans la détresse, Dieu Lui-même interviendra ; c’est Lui qui met à couvert, qui tient caché, qui élève ; comme au Psaume 31:20 : « Tu les caches dans le lieu secret, tu les mets à couvert dans une loge ». À couvert dans sa loge, la protection ; dans le secret de sa tente, la communion ; sur le rocher, la victoire.
Quelle victoire ? Non la délivrance extérieure des ennemis, puisqu’ils sont toujours là (v. 6), mais le calme intérieur. « Dans sa tente », on pourra alors chanter de joie, psalmodier à l’Éternel.
La première partie de ce Psaume, du verset 1 au verset 6, peut se résumer en cinq mots : confiance (v. 1), conflit (v. 2 et 3), communion (v. 4), couvert (v. 5), culte (v. 6). La deuxième partie est essentiellement une prière dont le thème est de chercher la face du Seigneur. Habiter dans sa maison, réaliser l’ambiance de sa présence est précieux, mais dans la recherche de sa face, se révèle une communion plus directe ; on apprécie l’accueil d’une maison amie, mais plus encore la présence personnelle de celui que nous aimons. Moïse ne voulait pas continuer la route au désert si l’Éternel, et pas seulement l’ange (Ex. 33:2) ne montait avec eux. Et celui-ci de répondre : « Ma face ira ». Moïse désire alors voir sa gloire. Mais elle n’était pas encore révélée dans la face de Christ, et le moment de l’entrée dans le ciel n’était pas non plus arrivé. Pourtant Moïse est exaucé bien au-delà de ce qu’il pouvait espérer. À sa demande : « Fais-moi voir, je te prie, ta gloire », le Seigneur répond : « Je ferai passer toute ma bonté devant ta face ». « Avoir la confiance de voir la bonté de l’Éternel dans la terre des vivants » (v. 13), est le grand réconfort du psalmiste. Bonté éprouvée le long de la route, sur la terre des vivants, sans attendre d’être entré dans la maison du Père.
Les ennemis sont toujours là, les faux témoins, les gens qui respirent la violence. Les circonstances n’ont pas changé ; mais, chose impossible pour l’incrédule, l’état du cœur a été transformé. Un homme du monde ne sera soulagé que si les circonstances changent ; le chrétien trouve dans le sanctuaire le secret de la paix au sein de l’adversité.
C’est pourquoi, comme le psalmiste, il peut « sortir » (v. 14), et fort de son expérience, engager chacun de ses frères à l’imiter : « Attends-toi à l’Éternel ; fortifie-toi et que ton cœur soit ferme : oui, attends-toi à l’Éternel ». Ne vaut-il pas la peine de s’attendre à Lui ? Faites-en l’essai et vous verrez !
Lorsqu’avec les disciples, Pierre criait de peur en voyant Jésus marcher sur la mer, personne n’avait le souhait ni la force d’aller à Lui. Mais Pierre, après avoir entendu la voix de Jésus : « Ayez bon courage ; c’est moi, n’ayez point de peur », désire aller à son Maître sur les eaux et s’écrie : « Si c’est toi, commande-moi d’aller à toi ». Peut-être, parmi nous, y en a-t-il qui ne se sentent pas la force d’entrer dans le sanctuaire ; mais ils peuvent au moins dire au Seigneur : Commande moi d’aller à toi. N’entendront-ils pas alors la Voix aimée répondre : « Viens » ?
Dieu a voulu dans sa Parole nous décrire les états d’âme variés par lesquels plus d’un des siens a passé, afin qu’ils servent à notre instruction ; non seulement les exemples encourageants, mais aussi les crises qu’ont pu traverser même de fidèles serviteurs de Dieu.
« Certainement Dieu est bon », déclare Asaph au début de son psaume, base et conclusion de celui-ci. L’apôtre dira plus tard : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8:28). Bon envers Israël — envers son peuple ; bon envers ceux qui sont « purs de cœur ». Nous touchons là du doigt un problème très réel des perplexités d’un croyant. Il y a des perplexités authentiques, comme en témoignent les versets suivants. Mais il y en a d’autres qui servent seulement de paravent, de masque à un mauvais état intérieur. On cherchera à donner le change sur une vie intime déréglée, en accusant Dieu, prétendant ne plus croire. Ou dévoré d’une ambition excessive qui veut « arriver » et balayer les obstacles, on prétendra que les chrétiens sont beaucoup trop étroits, les parents ne vous comprennent pas, la bible est vieux jeu et bien d’autres choses encore. Ou bien l’on s’est attaché à une personne qui n’est pas chrétienne et l’on invoque toutes sortes d’objections contre la Parole de Dieu pour voiler l’affection coupable qui attire le cœur.
Que faire dans de tels cas, sinon avoir le courage de laisser la lumière du Seigneur manifester l’état intérieur, juger devant Lui les vrais motifs des perplexités que l’on affiche ; bientôt elles s’évanouiront.
Tôt ou tard la plupart des croyants passent par une ou plusieurs crises intimes. « Il s’en est fallu de peu que mes pieds ne m’aient manqué, — d’un rien que mes pas n’aient glissé », déclare Asaph. Satan déploie toujours ses efforts pour faire tomber ; mais Dieu peut permettre de telles épreuves pour manifester s’il y a réalité de vie ou seulement façade. Si l’on est vraiment enfant de Dieu et que l’on doive passer par une crise semblable, n’importe-t-il pas de se cramponner à la main du Berger, mieux encore, de se souvenir que personne ne ravira une vraie brebis de Sa main ? D’autre part veiller à ne pas faire d’éclat, ne pas quitter ostensiblement le rassemblement ou se retirer de la Table du Seigneur, ni professer ouvertement que l’on a perdu la foi (malgré le petit relief que cela peut donner ! ) Il est plus difficile de revenir en arrière après de telles manifestations publiques ; d’autre part, leur influence sur d’autres peut être si néfaste. Combien mieux vaut faire l’expérience d’Asaph, même si le chemin vers la clarté est long et pénible.
Au verset 3, Asaph nous déclare que pour lui ce fut l’envie. Au lieu de garder les yeux fixés sur le Seigneur, on se compare aux autres mieux ou plus mal lotis que soi ; viennent alors les « pourquoi ». Pourquoi celui-ci a-t-il tant d’avantages matériels et pas moi ? Pourquoi un tel est-il plus intelligent et moi ai-je tant de peine ? Pourquoi mes camarades sont-ils forts, tandis que ma santé est chancelante ? Pourquoi tel accident m’est-il survenu ?
À l’inverse, le problème du mal peut préoccuper, l’énigme du gouvernement apparent de Dieu. Pourquoi la guerre ? la misère ? (Il est bien de sentir le mal, de ne pas y être indifférent, mais il faut savoir attendre avec soumission le moment où Dieu interviendra).
D’autres seront tourmentés par des doutes intellectuels sous l’influence de professeurs, de camarades, de lectures, qui auront taxé la bible d’invraisemblable, pleine de contradictions. Ou encore l’inconduite d’un chrétien auquel on regardait soulèvera bien des questions dans l’esprit.
Le Psaume 77:1 à 6, décrit la perplexité douloureuse de celui qui, tout préoccupé de lui-même, traverse l’épreuve : « J’ai cherché... ma main... mon âme... je me souvenais... j’étais agité... je me lamentais... je médite... mon esprit cherche... » Mais au milieu du Psaume (v. 10) vient l’issue. Le psalmiste reconnaît son infirmité. Au lieu de tant regretter le passé et les avantages dont il avait joui, il se souvient des œuvres du Seigneur, de Ses merveilles, de Ses actes. Toute la fin du psaume ne répétera plus « je », « mon », « mes »... il dira : Toi tu es le Dieu qui fait des merveilles... Tu as racheté... Tu as conduit ton peuple...
Asaph n’était pas seulement perplexe, il était tourmenté. Certainement, dit-il, c’est en vain que j’ai purifié mon cœur et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence (v. 13). À quoi bon, dira quelqu’un, se séparer du monde ? À quoi bon renoncer à tant de choses ? Quel profit y a-t-il dans la fréquentation régulière des réunions ? Pourquoi ne pas laisser de côté la lecture de la bible qui prend trop de temps ? Dans quel but se garder pur, alors que mes camarades qui suivent les désirs de la chair, ne s’en portent apparemment pas plus mal ? (vraiment ? ! cf. Prov. 7:24-27.)
Insinuations de l’ennemi, pénible tourment de l’âme quand le cœur s’aigrit et que l’esprit retourne toutes ces choses. Et pourtant — parce qu’il y a vraiment la vie de Dieu — on ne pourrait pas se conduire tout à fait comme le monde : « Si j’avais dit : je parlerai comme eux, voici j’aurais été infidèle à la génération de tes fils » (v. 15). On a le sentiment du témoignage à rendre, de l’influence que l’on aurait sur les autres ; dans le fond du cœur on se sait un fils, un enfant de Dieu. Un chrétien ne pourra jamais être heureux dans le monde.
Un poète chrétien a montré que trois voies s’ouvrent devant l’homme : le chemin ascendant où l’énergie de la foi élève l’âme plus près du Seigneur ; le chemin qui descend dans le monde et dans la souillure ; entre deux, le plan horizontal enveloppé de brume où vont à la dérive ceux qui ne voudraient pas descendre et qui n’ont pas l’énergie de monter. « Et chaque homme décide le chemin que son âme suivra ! »
Asaph « médite pour connaître » (v. 16). Travail pénible, spécialement dans le domaine des doutes intellectuels. Déchirement entre les pensées de Dieu révélées dans sa Parole et les irréconciliables théories humaines. Ballotement entre le chemin de séparation et celui des jouissances charnelles, quand on veut concilier et le monde et les choses de Dieu.
Crise profonde... « jusqu’à ce que je fusse entré... » Et tout du long, le sanctuaire était ouvert, accessible ! Que de temps perdu avant de se décider à y pénétrer.
« Entré dans les sanctuaires de Dieu... j’ai compris ».
Non pas une solution mathématique des problèmes qui ont tourmenté l’esprit. Non pas la déduction logique qui prouve que la bible est vraie. Mais la pénétration dans le sanctuaire.
Remarquons les points suspensifs au milieu de notre verset, comme si le psalmiste avait eu la parole coupée. Encore plein de questions et de problèmes, il pénètre dans le sanctuaire, mais là que trouve-t-il ? Tout d’abord le silence. La lumière extérieure n’y pénètre pas. Il s’agit de se taire, puis d’écouter. D’écouter et de se courber. De soumettre sa volonté à la pensée de Dieu révélée dans sa Parole. Et, dans le sentiment profond, réel, de Sa présence, à nouveau laisser la foi agir.
« Sans la foi, il est impossible de lui plaire. » Il ne serait pas convenable, peut-on dire, de la part de Dieu, de ne pas nous demander la foi. Un père ne l’attend-il pas de son jeune enfant ? Quant à la bible, je ne saisis pas tout, mais je crois. Quant aux circonstances, je ne comprends pas tout, mais je m’en remets à Dieu. Acceptation et humilité.
Dans le sanctuaire brille la lumière d’en-haut. On y peut voir avec les yeux de Dieu, avec les yeux de celui qui hait le mal, mais qui est plein de compassion ; qui use de patience avant d’intervenir en jugement. Alors s’impose à l’âme la vraie échelle des valeurs telle qu’elle sera manifestée au jour où devant le Tribunal de Christ, chacun passera en revue sa vie et recevra ce qu’il aura fait dans le corps, soit bien, soit mal.
« J’ai compris leur fin ». Pour un temps les méchants prospèrent. Dans Luc 16 le Seigneur soulève le voile de l’au-delà et nous montre ce qu’il advint du riche qui avait vécu sans Dieu et sans égards pour son prochain. Quel contraste avec « l’issue de la conduite » de ces conducteurs dont nous sommes appelés à imiter la foi (Héb. 13).
« Dans les sanctuaires de Dieu... j’ai compris ». Asaph reconnaît maintenant que, lorsqu’il se tourmentait et que son cœur s’aigrissait, il était alors stupide, il n’avait pas de connaissance, il était avec Dieu « comme une brute » (v. 21 à 22). Après l’épreuve, lorsqu’il a vraiment vu Dieu, Job peut dire : j’ai horreur de moi et je me repens.
Dans le sanctuaire, on s’en remet à Dieu. À Dieu qui seul peut tenir compte du bien où qu’il se trouve, avoir une patience parfaite vis-à-vis du mal, en sorte que le jugement n’atteigne que le mal sans excuse (J.N.D.). L’âme s’abandonne à Lui ; laissant son impatience et sa volonté propre, elle sait attendre qu’il se « réveille » (v. 20).
« Mais je suis toujours avec toi : tu m’as tenu par la main droite ; tu me conduiras par ton conseil et après la gloire, tu me recevras » (v. 23 à 24). Remarquons les temps des verbes de ces deux versets : je suis toujours avec toi : communion retrouvée, communion qui peut être toujours présente. Mais le psalmiste ajoute : « Tu m’as tenu par la main droite » : même durant la crise, la Main fidèle était là, elle ne lâchait pas son enfant, même s’il n’en était pas conscient. Tel Pierre aussi qui, enfonçant dans les eaux, crie : Seigneur, sauve-moi ! Et aussitôt Jésus, étendant la main, le prit ! (Matt. 14:29.)
Mais la course n’est pas terminée : « Tu me conduiras par ton conseil ». Comme l’Éternel pouvait le dire à David : « Je t’instruirai, et je t’enseignerai le chemin où tu dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon œil sur toi » (Ps. 32:8). Et ce chemin aboutira à la gloire (v. 24).
Quand le fils prodigue était dans le pays lointain, le père attendait. À son retour à la maison, comme il était encore loin, son père le vit. Au moment du revoir, le coupable ne rencontre que compassion, baiser, accueil inoubliable dans la maison paternelle. Ne vaut-il pas la peine de revenir à Lui ?
Ce psaume, encadré par la bonté de Dieu (v. 1 et 28), possède une charnière centrale (v. 17), dont le volet de gauche exprime perplexité, peine, tourment ; et le volet de droite, bonheur, communion, gloire. Ne vaut-il pas la peine de passer de l’un à l’autre, d’entrer dans le sanctuaire de Dieu, de faire silence et de se courber, et humblement accepter ce qu’Il révèle et ce qu’Il est.
Heureux quand je te parle et que, de la poussière,
Je fais monter vers toi mon hommage et mon vœu,
Avec la liberté d’un fils devant son père,
Et le saint tremblement d’un mortel devant Dieu !
L’auteur de cette strophe avait traversé de longues années de crise avant d’entrer dans le sanctuaire et de croire, mais quel bonheur éclate dans ce cantique :
Que ne puis-je, ô mon Dieu, Dieu de ma délivrance...
...Dire au monde entier combien je suis heureux !
N’est-ce pas le bonheur trouvé par Asaph ? « Je n’ai eu de plaisir sur la terre qu’en toi... Dieu est le rocher de mon cœur, et mon partage pour toujours » (v. 25 et 26).
L’expérience du sanctuaire qui a si décisivement marqué sa vie ne restera pas unique : « Pour moi, m’approcher de Dieu est mon bien » (v. 28). Il retournera dans ce sanctuaire tous les jours de sa vie ; son bien sera de s’approcher de Dieu, dans le sentiment de toute la grâce qu’il a trouvée et de l’amour qui l’a, de fait, attiré (« poussé par les épaules », a dit quelqu’un) : « Bienheureux celui que tu as choisi et que tu fais approcher » (Ps. 65:4).
Joie encore de « sortir » du sanctuaire, tout pénétré de l’amour qu’on y a rencontré, afin de « raconter tous les faits du Seigneur » (v. 28).
Quel bonheur de témoigner de la fidélité de celui qui, comme tout à nouveau, a ouvert ses bras pour vous recevoir.
Certainement Dieu est bon ! Qu’a mis en évidence la lumière du sanctuaire, sinon la grâce qui nous supporte, nous enseigne et nous amènera certainement au but pour lequel elle nous prépare ? « Le plaisir de l’Éternel est en ceux qui s’attendent à sa bonté » (Ps. 147:11). S’attendre à sa bonté n’est pas seulement un réconfort pour l’âme, c’est un plaisir pour l’Éternel lui-même ; toute sa joie est de voir son racheté se confier en Lui comme à un Maître bon, plein de grâce, de support :
Quel bonheur de te connaître,
O toi qui ne peux changer,
Mon Sauveur, mon divin Maître,
Secourable et bon Berger !
Nous avons considéré le privilège d’entrer dans le sanctuaire dans les difficultés et les perplexités. S’il importe d’entrer, nous sommes invités aussi à « sortir ». Mais sortir n’implique pas une interruption de contact avec le sanctuaire ou de communion avec le Seigneur. Si c’était le cas, nous serions sans force : « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15). Le chrétien est appelé à sortir en tout premier lieu, afin de rendre témoignage. Dans la conscience des bénédictions trouvées dans le sanctuaire, il s’en va au dehors pour luire comme un luminaire dans le monde.
Un témoin est un homme qui a vu et entendu quelque chose et doit en rendre compte fidèlement. La valeur de son témoignage est d’autant plus grande si celui à qui il s’adresse n’a pas vu ni entendu ce dont il parle, d’où l’importance, pour l’auditeur, d’un message fidèle. Témoigner c’est « faire paraître », par ses paroles et par ses actes. Une contradiction entre les actes et les paroles annule le témoignage.
En Exode 34, la face de Moïse rayonnait parce qu’il avait parlé quarante jours durant avec Dieu. En Actes 4, on reconnaissait les disciples pour avoir été avec Jésus.
Tel était le fondement du témoignage de ces hommes : avoir été avec Lui. Pour sortir et témoigner, il faut d’abord avoir été dans le sanctuaire et avoir contemplé Christ. C’est ce que dit l’apôtre Jean : « Nous vîmes sa gloire » (Jean 1:14). « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché... nous vous l’annonçons » (1 Jean 1:1 à 3). Tel était aussi le fondement de l’appel de Paul : « Le Dieu de nos pères t’a choisi d’avance
· pour connaître sa volonté,
· et pour voir le Juste,
· et entendre une voix de sa bouche ; car tu lui seras témoin » (Actes 22:14 à 15).
Cette contemplation de Christ (2 Cor. 3:18) est la base d’une transformation progressive à son image, d’un rayonnement dont le témoin ne se rend lui-même pas compte (Moïse ne savait pas que sa face rayonnait). Contemplons-nous régulièrement Sa gloire ? On ne peut le faire que la Parole en mains, cherchant à travers les pages de l’écriture tout ce qui nous parle de Christ et nous le révèle tel que Dieu nous le fait connaître et non tel que notre imagination le concevrait.
Le témoignage est tout d’abord rayonnement : reproduire Christ autour de soi : dans sa marche, dans son attitude, dans sa conduite, dans ses paroles, dans toute sa personnalité. Si les anciens peintres mettaient une auréole autour des « saints », n’était-ce pas une manière d’exprimer ce rayonnement qui émane de ceux qui aiment vraiment le Seigneur ? Au retour du Seigneur, nous lui serons rendus semblables, mais puisse cette transformation s’accomplir peu à peu déjà dans notre vie et non brusquement en un tout à son apparition. Transformation qui est aussi le fruit de l’Esprit qui fera de nous une lettre de Christ connue et lue de tous les hommes.
La conduite d’un témoin est essentielle. Les hommes observent ses œuvres. Une femme chrétienne gagnera son mari incrédule sans la Parole, mais par sa conduite (1 Pi. 3:1).
Avant de s’engager dans le service, un bon témoignage quant à la conduite est, comme pour Timothée, essentiel (Actes 16:2).
La croissance spirituelle sera aussi un témoignage : « Occupe-toi de ces choses, sois-y tout entier afin que tes progrès soient évidents à tous » (1 Tim. 4:15).
Enfin témoignage précieux entre tous : « Toutes les fois que vous rompez le pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne » (1 Cor. 11:26).
Il est double. Glorifier Christ, vu en nous : « Étant rempli du fruit de la justice qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1:11). D’autre part, Le faire connaître. Le Psaume 60:4 dit : « Tu as donné une bannière à ceux qui te craignent pour la déployer ». Le chrétien doit être une lampe, le témoin de son Seigneur « jusqu’au bout de la terre ». Ce sera le sujet de notre dernier chapitre.
Dans quel domaine ce témoignage s’exerce-t-il ? En premier lieu dans la famille. C’est là qu’il s’agit de manifester tout d’abord les caractères de Christ, d’être une lampe pour ceux qui sont dans la maison. « André trouve d’abord son propre frère » (Jean 1:42).
Ensuite dans le rassemblement, spécialement dans des relations empreintes d’amour avec les frères. « Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité... aimez-vous l’un l’autre ardemment d’un cœur pur » (1 Pi. 1:22). « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (Jean 13:35). Pas besoin d’insigne pour reconnaître de tels chrétiens ! Et s’il s’agit de marcher comme des enfants de lumière, cette marche doit être toute de support et d’amour : « Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi en Christ vous a pardonné » (Éph. 4:32) ; « vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns les autres... comme aussi le Christ vous a pardonné » (Col. 3:13). Sans la soumission mutuelle dans la crainte de Christ, des disputes surgissent qui détruisent tout témoignage, que ce soit dans la famille ou dans le rassemblement.
De plus toute prétention est à écarter. Il y a un témoignage collectif à rendre, la responsabilité et le privilège de conserver et de vivre les vérités que la Parole nous a révélées ; mais combien cela est différent de la prétention qui s’arrogerait le titre d’être « le » témoignage.
Enfin, c’est envers les gens du dehors (Col. 4:5) que le témoignage chrétien s’exerce. Être une lampe qui brille afin que « ceux qui entrent » voient la lumière. Au milieu d’une génération tortue et perverse, reluire comme des luminaires dans ce monde (Phil. 2:15).
Vérité et fidélité sont essentielles. David dira : tu veux la vérité dans l’homme intérieur (Ps. 51). Le témoignage oral doit être confirmé par les actes. « Un témoin fidèle délivre les âmes » (Prov. 14:25). Celui qui présente clairement, sans l’altérer, le message reçu, que ce soit l’évangile ou les vérités du rassemblement, du retour du Seigneur, de la marche chrétienne, de l’action du Saint Esprit, libère les âmes des erreurs. Mais encore faut-il qu’il parle vraiment par l’Esprit, de l’abondance de son cœur, réalisant la parole de l’apôtre : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ». Même s’il portait bien clairement écrites sur ses panneaux les destinations de la région, à quoi pourrait bien servir, dans un carrefour, un indicateur tombé à terre ?
Un témoin doit aussi être ferme. Les apôtres le furent dès le début. Actes 4:19 à 20 montre leur détermination d’être fidèles à Dieu et de parler des choses qu’ils avaient vues et entendues. Savoir dire « non » est un témoignage essentiel. « Non » à diverses invitations, sollicitations, tentations. La fermeté est une pierre de touche de notre état spirituel et de nos affections pour le Seigneur.
La vigilance du témoin n’en importe pas moins. Sous l’influence du monde, du travail, des soucis, il pourrait s’endormir s’il ne tenait ses reins ceints et sa lampe allumée. Sans la sainteté dans la vie pratique, le témoignage sera perdu. Or la sanctification s’opère dans le sanctuaire. Souvenons-nous que le Seigneur « a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions » (Jude 24).
Enfin le zèle doit marquer celui qui se présente comme ambassadeur de Christ (2 Cor. 5:20). « Pas paresseux, servant le Seigneur », dit Romains 12:11. Avoir du cœur pour le Seigneur et pour les âmes, et non ressembler au « méchant et paresseux esclave » de la parabole des talents.
Au témoin fidèle le Seigneur donnera une récompense. L’approbation du Maître : Bien, bon et fidèle esclave, tu as été fidèle en peu de chose, entre dans la joie de ton maître (Matth. 25:21) ; puis la couronne qu’il accordera à ceux chez lesquels sa grâce aura opéré pour en faire des témoins dans un monde de ténèbres.
Dans les chapitres précédents, nous sommes entrés dans le sanctuaire avec nos difficultés, nos perplexités. Nous allons y pénétrer maintenant pour contempler Christ souffrant, s’offrant à Dieu : parfum de l’autel d’or, aux cornes marquées de sang ; à travers l’encens pur les adorateurs d’aujourd’hui voient l’arche découverte à la foi au-delà du voile déchiré. C’est avec les pieds déchaussés et en toute révérence qu’il convient d’aborder un sujet semblable ; même s’il est placé devant la méditation de nos cœurs, jamais nous n’en pourrons sonder ici-bas les profondeurs.
Fuyant devant Absalom, David avait traversé le Cédron ; montant à la colline des Oliviers, roi rejeté, il pleurait. Image d’un plus grand que lui qui, après avoir institué la cène, chanté un hymne et parlé au cœur de ses disciples, allait suivre le même chemin, gravir la même colline pour pénétrer au jardin de Gethsémané.
Dans ce jardin, Jésus s’était souvent rassemblé avec ses disciples (Jean 18:2). À l’écart, ils y avaient joui de sa communion, de ses communications. À l’ombre des oliviers, des paroles de grâce étaient sorties de sa bouche, mais maintenant la nuit était là. Une fois de plus, Jésus pénétrait dans ce jardin et onze disciples avec lui. Huit s’asseyent vers l’entrée, trois l’accompagnent un peu plus loin. Auprès du lit de la fille de Jaïrus, ils avaient vu sa puissance de résurrection. Sur la montagne de la transfiguration, ils avaient contemplé sa gloire. Maintenant, devant leurs yeux, le visage de leur Maître bien aimé change : « Il commença à être attristé et fort angoissé » (Matt.) ; « Il commença à être saisi d’effroi » (Marc) ; puis Il ajoute : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ». « Demeurez ici et veillez », dit la Voix pleine d’angoisse ; et s’éloignant d’eux d’environ un jet de pierre, il tombe sur sa face (Matt.), il se jette contre terre (Marc), et s’étant mis à genoux (Luc), il prie.
Un « jet de pierre » ! Avec quelle révérence, et de loin seulement, ne devons-nous pas contempler ces douleurs. Telle l’arche qui devait s’engager seule dans le Jourdain, deux mille coudées en avant du peuple (Jos. 3:4). Le Seigneur Jésus a traversé seul le combat de Gethsémané, les souffrances de la part des hommes, l’abandon de Dieu.
De l’holocauste, le sacrificateur ne recevait que la peau. Dans un autre sens, nous pouvons cependant entrer dans la contemplation de Ses souffrances, ressentir en sympathie le souvenir de ce qu’il a traversé solitaire. Dans le sacrifice de prospérité, la graisse et le sang étaient consumés sur l’autel ; la poitrine et l’épaule droite étaient pour le sacrificateur ; mais l’adorateur lui-même et ceux qui l’accompagnaient, pouvaient se nourrir du reste de l’offrande. Mais la chair du sacrifice de prospérité ne pouvait être mangée par un homme impur (Lév. 7:20) : c’est sous la condition du jugement de nous-mêmes et seulement dans le sanctuaire qu’il convient de contempler les souffrances de notre bien aimé Sauveur.
« Tu n’as pu veiller une heure ? » (Marc 14:37) dit le Seigneur à Pierre. Combien Jésus aurait désiré trouver quelques consolateurs en cette nuit de combat ! (Ps. 69:20). Mais les disciples n’ont pu veiller. D’une part, ils étaient « endormis de tristesse » (conséquence de la faiblesse humaine) ; d’autre part, à cette heure, le pouvoir des ténèbres dominait ; il y avait là une puissance terrible d’opposition et de haine.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Saurons-nous — surtout au culte — veiller une heure en contemplant les souffrances de notre Sauveur ? Nous avons été « délivrés du pouvoir des ténèbres et transportés dans le royaume du Fils de son amour ! » (Col. 1:13). Nous nous habituons trop facilement à considérer les choses les plus solennelles. Les préoccupations extérieures distraient souvent notre esprit. Ne voulons-nous pas en faire un sujet spécial de prière, afin que cette « heure » avec Lui dans le sanctuaire nous trouve vraiment concentrés sur sa Personne ?
Contemplons maintenant l’Agneau de Dieu qui va être immolé, le substitut qui, sur la croix, sera frappé à notre place. Le Fils de Dieu lui-même, descendu sur la terre, va passer par les douleurs de Golgotha et les subit par anticipation. Nous pouvons admirer la sobriété des évangiles. Leur récit n’est pas fait pour solliciter notre pitié ou éveiller notre sentimentalité, mais il nous amène à la contemplation et à l’adoration. Dans l’Ancien Testament, particulièrement dans les Psaumes, nous trouvons par contre les sentiments qui animaient l’âme du Sauveur.
Selon leur caractère, Matthieu et Marc nous donnent le récit de la scène entière, tandis que Luc présente surtout la fin du combat, l’agonie, la sueur de sang, l’ange qui venait fortifier la faiblesse humaine de l’Homme parfait dans sa dépendance totale. Jean omet toute la scène de la prière pour placer particulièrement devant nous la dignité et la puissance de l’auguste Personne qui pouvait s’avancer volontairement devant ses bourreaux en disant : C’est moi (= je suis).
Le Seigneur Jésus était tout à la fois et pleinement vraiment Dieu et vraiment homme. Tel nous le voyons au tombeau de Lazare où, d’une part, il pouvait pleurer et, d’autre part, ressusciter le mort. Homme de douleurs et sachant ce que c’est que la langueur, il entre à Gethsémané dans le combat terrible où son âme est saisie d’effroi et de tristesse. « N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur » (Lam. 1:12).
Seul dans la nuit, le Sauveur lutte. Il a devant Lui l’inimitié de l’homme contre Dieu, la haine et la puissance de Satan qui a le pouvoir de la mort, conséquence du péché. La colère de Dieu va s’abattre sur lui qui portera en son corps sur le bois, l’iniquité de nous tous et sera fait péché pour nous. La puissance des ténèbres est là ; il va être livré « entre les mains des hommes ». Le Messie est rejeté ; il a travaillé « en vain » (És. 49:4). Comme l’annonçait le Psaume 88, ce psaume de la nuit, tous les siens l’abandonnent (v. 8). Il va être crucifié entre deux malfaiteurs, mis au rang des iniques. Il sera blessé dans la maison de ses amis (Zach. 13:6). Il sera enlevé à la moitié de ses jours (Ps. 102:24).
Et pourtant ce n’est pas de la main de Satan qu’il reçoit tout, mais de la main du Père. Gethsémané n’est pas la coupe, mais l’acceptation de celle-ci. C’est pourquoi nous l’entendons dire : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ; toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux ». Ma volonté — ta volonté ! Y avait-il contradiction entre elles? Nullement, mais Celui qui connaissait tout l’amour et toute la sainteté de Dieu, Celui qui était vraiment homme, ne pouvait pas ne pas ressentir profondément en son âme pure ce qui l’attendait. Il avait dit dans le passé : « Je viens pour faire ta volonté », consécration totale alors qu’il entrait dans le monde. Mais maintenant, le moment approchait où il allait souffrir les douleurs de la géhenne, sous l’abandon de Dieu. Il ne pouvait le désirer : « S’il est possible que cette coupe passe loin de moi... » Mais s’il sentait tout pleinement, il se soumettait aussi complètement. « C’est pour cela que je suis venu à cette heure » (Jean 12:27). Il était « soumis à la souffrance ». « Il plut à l’Éternel de le meurtrir ». L’occasion était là de prouver son obéissance : il fut manifesté parfait. « Ayant offert avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, ...quoiqu’il fût Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Héb. 5:7-8). Dans le ciel, il n’était pas nécessaire d’obéir ; jusque là, il n’avait qu’ordonné ; mais sur la terre, il fallait qu’il fût démontré aux yeux de tous que, quoique Fils, il voulait obéir — obéissance dont il devait éprouver toute l’amertume et toutes les conséquences.
Dans l’agonie (l’angoisse du combat), sa sueur devient comme des grumeaux de sang. L’ange du ciel lui apparaît, le fortifiant. Il répète : « Toutefois que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite ».
La victoire est remportée. Il se relève de sa prière. Il vient vers les disciples. « Dormez dorénavant et reposez-vous » : c’est moi qui vais souffrir pour vous et qui remporterai la victoire qui vous assurera le repos. « Si vous me cherchez, laissez aller ceux-ci » (Jean 18:8). Il n’est plus occupé de lui-même, mais des siens. Dans un calme parfait, il se laissera saisir, lier, juger ; objet d’opprobre, couronné d’épines et revêtu d’un vêtement de pourpre, il paraîtra aux yeux de la populace qui criera : ôte, ôte, crucifie-le. Il s’en ira portant sa croix jusqu’au calvaire, toujours parfaitement calme, au-dessus des circonstances, exhortant les filles de Jérusalem, s’occupant du brigand repentant, de sa mère et du disciple qu’il aimait — accomplissant jusqu’au bout ce que l’Écriture avait annoncé. L’œuvre achevée, et à quel prix, il remettra son esprit, il laissera sa vie.
À Gethsémané, les trois disciples s’arrêtaient à un jet de pierre : nous ne pouvons entrer qu’imparfaitement dans ce combat terrible. Mais à la croix, durant les trois heures de ténèbres, personne ne pouvait le suivre ni le voir dans cet abandon terrifiant. Et ensuite, c’est « de loin » (Marc 15:40) seulement, que le petit groupe des femmes contemplaient la victime sainte. Nuit profonde dans laquelle nous n’entrons pas, mystère des mystères devant lequel l’âme se prosterne et adore.
Nous te voyons en agonie (Gethsémané)
Prenant la coupe des douleurs.
Nous te voyons donnant ta vie (la croix)
Toi, juste et saint, pour nous, pécheurs.
Ô Christ ! ta charité profonde
Touche et pénètre notre cœur,
Tu meurs pour le péché du monde :
Toi seul es notre Dieu Sauveur !
Cependant la prière d’Hébreux 5:7 sera exaucée. Après le tombeau, la résurrection. « Tu me feras connaître le chemin de la vie » (Ps. 16:11). « Il verra une semence... Il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait » (És. 53:10 à 11). « Tu m’as répondu d’entre les cornes des buffles. J’annoncerai ton nom à mes frères » (Ps. 22:21 à 22 ; Jean 20:17).
N’est-ce pas dans le sanctuaire que nous devons méditer ces choses ? Un sanctuaire où, avant tout, nous désirons « voir sa beauté », être pénétré de son amour, afin que du cœur, débordant de reconnaissance, s’élève dès ici-bas la louange qui
Pour t’exalter, ô Fils du Père,
Montera dans le sanctuaire
À toujours !
Nous avons été heureux d’entrer dans le sanctuaire avec nos difficultés et nos perplexités. Nous avons vu qu’il en fallait aussi sortir tous les jours pour rendre témoignage pratiquement dans notre vie et reproduire dans ce monde les caractères de Christ. Puis nous sommes entrés à nouveau pour contempler l’Agneau de Dieu acceptant la coupe de la main du Père ; contemplation qui nous a conduit à l’adoration.
Nous ne saurions garder les trésors du sanctuaire pour nous-mêmes. S’il y a un témoignage pratique de la marche, nous sommes aussi exhortés à être dans ce monde « des luminaires présentant la Parole de vie ».
Avant de sortir, il faut entrer, et l’on ne saurait « sortir » sans être « entré » d’abord. Sortant du sanctuaire, le porteur de la Parole ne se sépare pas de son atmosphère ; elle reste dans son cœur ; il en porte l’empreinte : rayonnement, lumière, parfum. Dans le sanctuaire, le Seigneur se manifeste, nous parle ; nous lui parlons. Sortis du sanctuaire, le contact avec Lui n’est pas perdu ; mais il importe de le laisser, Lui, aller devant : non pas susciter nous-mêmes les occasions, mais marcher dans les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance (Éph. 2:10).
Un certain égoïsme nous pousserait à vouloir surtout jouir du sanctuaire et à oublier que nous sommes aussi appelés à en sortir pour être des canaux de bénédiction pour d’autres : bénédiction envers les âmes encore dans les ténèbres pour leur apporter l’évangile de la grâce : enfants, jeunes, adultes, malades ; bénédiction pour le troupeau du Seigneur, agneaux ou brebis. Et par-dessus tout, avant de sortir du sanctuaire, pendant que l’on en sort, et après avoir présenté la Parole, combien il importe d’intercéder, de prier, en tout temps, en tout lieu, en toutes choses.
L’évangéliste est comme un ambassadeur, représentant son Maître (2 Cor. 5:20). Ayant reçu le service de la réconciliation, il supplie pour Christ. Dieu exhorte par son moyen : soyez réconciliés avec Dieu. Dans les quatre Évangiles et au début des Actes, le Seigneur, sous divers caractères, envoie ses disciples dans le monde, à toute créature, à Jérusalem, à Samarie et jusqu’au bout de la terre. Comme lui, ils « sortiront ». Comme lui aussi, les serviteurs rencontreront souffrance, opprobre et mépris. Pour ne pas se lasser, il leur faut considérer Celui qui aussi a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même (Héb. 12:3). La hardiesse pour le combat est nécessaire (1 Thess. 2:2). Il s’agit d’endurer les souffrances (2 Tim. 4:5).
Le message de l’évangéliste est premièrement Christ crucifié (1 Cor. 1:23 ; 2:2). Christ est la puissance de Dieu, centre de l’évangile lui-même aussi appelé « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit » (Rom. 1:16). Le plein évangile est celui de la gloire, présentant aussi Christ ressuscité et glorifié (2 Cor. 4:4-6).
1 Thessaloniciens 2:1 à 9 nous donne les caractères de l’évangéliste. Pourquoi en si peu de semaines Paul et ses compagnons ont-ils vu un tel résultat à Thessalonique ? Ils sont venus en toute hardiesse, malgré beaucoup de difficultés : opposition des hommes, des Juifs en particulier ; combats intérieurs de celui qui ressent sa faiblesse ; lutte contre les puissances des ténèbres qui retiennent les âmes. Présenter l’évangile ne va pas tout seul et la résistance est d’autant plus terrible que le diable voit les âmes lui échapper.
Pas de moyens charnels pour plaire aux auditeurs et s’attirer leurs faveurs : ni séduction, ni impureté, ni ruse. Mais, au contraire, l’approbation de Dieu, approbation nécessaire « pour que l’évangile soit confié », c’est-à-dire appel initial ; puis approbation constamment recherchée d’un Dieu qui « éprouve nos cœurs ». Qu’il n’y ait pas d’arrière-pensée non conforme à Sa volonté. Partir du sanctuaire, y revenir constamment, vivre dans sa lumière, libère du souci de plaire aux hommes.
L’apôtre avait soigneusement évité d’autres écueils : la flatterie et les prétextes de cupidité. Quant aux auditeurs, ne pas réveiller en eux le sentiment de leur propre importance, ni leur donner des occasions de paraître venir à Christ pour des avantages matériels quels qu’ils soient. Quant à l’évangéliste lui-même, se garder des flatteurs et de la gloire qui vient des hommes.
En contraste, l’affection, la douceur, l’amour : nous avons été doux au milieu de vous. Comme une nourrice chérit ses propres enfants, vous étant tendrement affectionnés... Dévouement : nous aurions été tout disposés à vous communiquer nos propres vies. L’amour gagne les âmes, cet amour du Christ dont le cœur est étreint (2 Cor. 5:14). Amour du Seigneur que Jean, le disciple que Jésus aimait, met en évidence. Amour pour le Seigneur, que Jésus lui-même ravive chez Pierre en le restaurant pour le service : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?... Pais mes brebis ».
Mais labeur aussi. Travaillant nuit et jour à Thessalonique et à Éphèse (Actes 20), non seulement pour subvenir à ses propres besoins, mais aussi pour « avertir chacun de vous avec larmes ».
Enfin patience ! « Nous recommandant comme serviteurs de Dieu par une grande patience », (2 Cor. 6:4) dans toutes les circonstances diverses qu’un serviteur sera appelé à traverser : patience dans les nécessités, dans les travaux, dans l’ignominie, dans la mauvaise et la bonne renommée !
Qu’il est beau d’être de ceux qui apportent la paix ! Le Seigneur Jésus lui-même l’a été, tel que le voyait le prophète : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui apporte la paix » (És. 52:7, Nahum 1:15). Mais remarquons que lorsque ce passage est cité dans le Nouveau Testament, il ne nous est plus parlé des pieds de Celui... mais des pieds de ceux qui annoncent la paix (Rom. 10:15).
Si le message qu’apporte l’évangéliste est essentiel, sa conduite ne l’est pas moins (1 Thess. 2:10) : « Vous êtes témoins, et Dieu aussi, combien nous nous sommes conduits saintement et justement et irréprochablement ». À Timothée, Paul dira : « Sois le modèle des fidèles » (1 Tim. 4:12). À Tite : « Te montrant toi-même en toutes choses un modèle » (Tite 2:7). Parlant aux anciens d’Éphèse, il soulignera : « Je vous ai montré par l’exemple... » (Actes 20:35). Et Pierre rappellera aux anciens d’être « les modèles du troupeau » (1 Pi. 5:3).
Il ne suffit pas que des âmes aient été amenées au Seigneur Jésus. Combien il importe de les suivre, de s’en occuper, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes. Nous voyons cette sollicitude de l’apôtre envers les jeunes convertis de Thessalonique : « Nous avons exhorté chacun de vous comme un père ses propres enfants, vous exhortant et vous consolant et rendant témoignage » (v. 11). Non pas des ordres, des prescriptions, mais l’attitude d’un père qui enseigne, encourage, avertit. Le but d’un tel ministère est la marche « d’une manière digne de Dieu ». L’exhortation s’adresse « à chacun ». Quelle grande place tient aussi la consolation, la sympathie : savoir « soutenir par une parole celui qui est las » (És. 50:4) ; consoler de la consolation dont on est soi-même consolé de Dieu (2 Cor. 1:4) ; redresser les mains lassées et les genoux défaillants (Hébr. 12:12). Rendre témoignage, c’est avertir (Actes 20:31) ; savoir reprendre s’il le faut.
Après leur premier voyage, Paul dit à Barnabas : « Retournons visiter les frères par toutes les villes où nous avons annoncé la Parole du Seigneur pour voir comment ils vont » (Actes 15:36). Séparé des Thessaloniciens et craignant pour leur foi, l’apôtre avait avec un fort grand désir souhaité les voir, mais Satan l’en avait empêché. Il leur avait donc envoyé Timothée ; celui-ci venait de rentrer avec de bonnes nouvelles ; mais Paul priait encore pour que Dieu lui ouvre le chemin afin de retourner lui-même vers eux pour les affermir et les encourager une nouvelle fois. Et ne pouvant pour le moment réaliser son désir, inspiré de Dieu, il leur écrit. Qui dira l’importance des simples lettres d’un frère qui a à cœur le vrai bien spirituel d’une brebis du Seigneur ?
La prière précède, accompagne et suit le message. Prières du serviteur en rapport avec son service, prières des croyants pour les serviteurs du Seigneur.
Dans ses prières au début de presque chaque épître, nous voyons la sollicitude de Paul pour toutes les assemblées ; remarquons les intercessions qu’il faisait monter aussi en faveur des individus (2 Tim. 1:3). Jean nous exhorte à prier pour un frère qui a manqué (1 Jean 5:5-6) ; Jacques, l’un pour l’autre, « en sorte que vous soyez guéris ».
Abraham intercédait peur Lot ; Moïse suppliait l’Éternel pour le peuple ; Samuel déclare : « Loin de moi que je pèche contre l’Éternel, que je cesse de prier pour vous » (1 Sam. 12:23) ; Job prie pour ses amis, malgré leur attitude hostile.
Ce qui compte, c’est d’avoir à cœur la maison de Dieu : « Est-ce le temps pour vous d’habiter dans vos maisons lambrissées, tandis que cette maison est dévastée ?... Montez à la montagne et apportez du bois, et bâtissez la maison ; et j’y prendrai plaisir, et je serai glorifié » (Aggée 1:8).
L’évangéliste « montera à la montagne », chercher les matériaux nécessaires ; d’autres comme le pasteur, travailleront à l’édification de la maison. Travail stérile s’il n’y avait l’assurance de la présence du Seigneur : « Je suis avec vous » (Aggée 2:4) ; l’efficacité de sa Parole (v. 5), et la puissance de son Esprit. Tous les efforts de l’évangéliste et du pasteur seront vains si la foi des auditeurs repose sur autre chose que la Parole de Dieu (1 Thess. 2:13) : « Vous avez reçu de nous la parole de la prédication qui est de Dieu ; vous avez accepté non la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la Parole de Dieu, laquelle aussi opère en vous qui croyez. »
Au milieu de circonstances adverses, le psalmiste désirait entrer dans le sanctuaire pour y voir la beauté de l’Éternel. « Dans Sa tente », il sacrifiait des sacrifices de cris de réjouissance ; il chantait et psalmodiait à l’Éternel.
Entré dans le sanctuaire, Asaph a compris son propre égarement et la fin des méchants ; son cœur s’élève vers Dieu et s’approche de Lui en attendant la gloire.
La contemplation du Sauveur à Gethsémané nous a amenés à l’adoration. N’est-elle pas en effet le résultat final — ici-bas et dans le ciel — de tout ce que nous aurons considéré dans la présence de Dieu ?
La maison de Dieu aujourd’hui n’est pas un édifice de pierre, mais « une maison spirituelle, une Sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pi. 2:5). Car entrer dans le sanctuaire, essentiellement et par dessus tout, c’est rendre culte, c’est adorer Dieu.
Sainte sacrificature qui n’est possible qu’après avoir réalisé les versets qui précèdent : âmes purifiées par l’obéissance à la vérité (1 Pi. 1:22) ; régénérées par la vivante et permanente Parole de Dieu ; rejetant d’une façon pratique toute malice et toute fraude, l’hypocrisie et l’envie et toutes médisances ; croissant par le pur lait intellectuel ; goûtant que le Seigneur est bon ; s’approchant de Lui rejeté des hommes, mais précieux auprès de Dieu. L’accès du sanctuaire nous est maintenant ouvert comme il ne l’a jamais été avant la croix :
Du haut en bas Dieu déchire lui-même
Le voile saint. Le chemin établi,
Nouveau, vivant, jusqu’au séjour suprême
Nous est ouvert. C’est accompli.
— Mais là ne se borne pas la pensée du Seigneur, car comme nous l’avons déjà vu tant de fois, si notre bonheur est d’entrer, nous avons aussi à sortir : « Vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale... pour que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pi. 2:9).
Connaissant pour nous-mêmes cette lumière merveilleuse, nous sommes appelés à sortir du sanctuaire pour la faire briller dans un monde de ténèbres et annoncer les vertus de celui qui nous a appelés. Glorieux privilège du chrétien (privilège que n’avaient pas les Juifs d’autrefois, ni même les sacrificateurs ou les Lévites) qui, répondant à la pensée de son Sauveur, Le fait connaître, en attendant son retour.
Entrer — Sortir ! Que ce soit notre part jusqu’au jour où, entrés dans les parvis éternels, nous ne sortirons « plus jamais dehors » (Apoc. 3:12).
Là, sans désirs, sans travaux et sans crainte,
Formés par toi pour ce lieu solennel,
Nous goûterons, dans la demeure sainte,
Près de ton cœur, le repos éternel.