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Quelques paroles de Jésus
Édition Vevey 1946, rééditée partiellement en série 314 de 25 minibrochures
Table des matières :
1er Jour — Une invitation miséricordieuse
2° Jour — Une consolante assurance
3° Jour — La puissance de la prière
9° Jour — Le juge miséricordieux
10° Jour — La plus étonnante des relations
11° Jour — L’ami des orphelins
12° Jour — La victoire sur le monde
14° Jour — La grâce à la portée de tous
15° Jour — Une douce servitude
17° Jour — Le résumé de l’Évangile
21° Jour — L’office de l’Esprit
22° Jour — Une heureuse transformation
23° Jour — Une prière toute puissante
25 Jour — Jésus toujours présent
26° Jour — La résurrection et la vie
27° Jour — Encore un peu de temps
28° Jour — Une contemplation bienheureuse
30° Jour — Le royaume de l’Étoile du matin
31° Jour — La servitude et l’attente
Épilogue — Le jour de Dieu (2 Pierre 3:11-14)
« Des pommes d’or incrustées d’argent, c’est la parole dite à propos » (Proverbes 25:11). Si cela est vrai de paroles prononcées par des lèvres non inspirées, de quelle incomparable valeur ne doivent pas être les paroles de Celui qui est la vérité même, les « paroles de Jésus » !
Ce sont quelques-unes de ces paroles que nous rappelons dans les pages suivantes et que nous vous invitons à considérer pour la consolation et la paix de vos cœurs. Notre désir est que par ces simples réflexions le lecteur soit mis en contact avec Celui qui est la Source de toutes bénédictions et qui a dit lui-même : « Les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie » (Jean 6:63).
Sachons mieux écouter cette voix qui nous parle des cieux et puissions-nous dire comme le psalmiste : « Que tes paroles ont été douces à mon palais, plus que le miel à ma bouche ». — « Tes témoignages me sont un héritage à toujours, car ils sont la joie de mon cœur » (Ps. 119:103, 111).
Lecteur, cherche à rendre vivante en toi, par la méditation de ces paroles, et de tant d’autres qui remplissent les Évangiles, cette vérité simple et saisissante : « C’est Jésus qui me parle ». Rien assurément ne te sera plus doux, soit en posant le soir la tête sur ton oreiller, soit en vaquant à tes occupations journalières, soit à l’heure de l’épreuve, que de posséder dans ton cœur « une parole de Jésus ».
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11:28).
Oh ! précieuse parole du Sauveur sur laquelle l’âme peut se reposer en toute confiance et où elle trouve une paix éternelle ! Et cette paix ne nous est pas promise seulement pour les demeures célestes ; non, nous pouvons la goûter dès à présent. En attendant le repos de la gloire, nous pouvons jouir du repos de la grâce. Pendant que l’ombre du grand rocher s’étend sur notre terre aride, nous pressentons déjà les splendides clartés de la cité de Dieu. Sans doute, la mer de verre parfaitement unie ne se trouve que devant le trône de Dieu ; mais il y a déjà un abri sur cette terre pour ceux qui sont battus par la tempête : Nous qui avons cru, nous entrons dans ce repos.
Lecteur, as-tu trouvé la douce paix acquise au prix du sang de Jésus ? Après avoir longtemps erré de côté et d’autre, cherchant du repos et n’en trouvant point, cet appel de ton Sauveur : « Venez à moi », résonne-t-il à ton oreille comme la plus suave harmonie ? Toute autre paix est dangereuse, factice ou mensongère. L’aigle captif ronge la cage dorée qui le retient... ; pauvre compensation à sa liberté perdue ! les aspirations immortelles de l’âme ne peuvent être satisfaites par rien moins que par la possession de la grâce de Dieu et de l’amour de Jésus.
Et quelle largeur, quelle plénitude dans cette invitation ! Si nous avions dû remplir une seule condition avant d’entrer dans l’arche du salut, nous aurions été ballottés par l’orage pendant toute l’éternité ; mais tous sont également appelés, tous seront également les bienvenus, la paix de Dieu est offerte à chacun sans argent et sans aucun prix. La porte de la grâce est ouverte pour le faible, pour le pécheur travaillé par le sentiment de ses iniquités, pour l’âme chargée du poids de l’affliction.
Retourne donc en ton repos, ô mon âme ! que cette douce parole de Jésus te donne du courage pour supporter les épreuves de la terre. À son ombre tu es en sûreté pour le temps, en sûreté pour l’éternité !
Tu auras encore à endurer bien des secousses, bien des craintes, bien des égarements (autant de conséquences de ta corruption intérieure) ; mais ces fluctuations ne seront plus que comme celles qui rident la surface de l’Océan. Au-dessous des vagues il y aura un calme inaltérable : « Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi, car Il se confie en toi » (És. 26:3).
Si l’avant-goût de ce repos est déjà si précieux, que sera donc ce repos même dans toute l’éternité ? Ô ravissante perspective ! lorsque nous entrerons dans le bonheur ineffable du Paradis, nous verrons disparaître derrière nous le songe fugitif de notre vie terrestre ; notre foi sera changée en vue, notre espérance en réalité ; il n’existera plus en nous de penchant au mal ; rien ne viendra troubler la sérénité éternelle de l’âme, et le cœur trouvera pour jamais dans la jouissance du Dieu infini un repos parfait et éternel !
« Je vous ai dit ces choses afin qu’en moi vous ayez la paix » (Jean 16:33).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses » (Matt. 6:32).
Quoique cette parole ait été prononcée par Jésus à l’occasion des biens temporels de ses disciples, elle s’applique indistinctement aux vicissitudes de tout genre que l’enfant de Dieu peut rencontrer sur sa route. Qu’elle est propre, en effet, à adoucir toute déception, à imposer silence à tout murmure, à inspirer une soumission humble et confiante, cette pensée : « Mon Père céleste sait que j’ai besoin de toutes ces choses ! »
Où un enfant pourrait-il se trouver plus en sûreté que dans les bras de son père ? Où le fidèle pourrait-il être mieux que dans ceux de Dieu ? Nous sommes de mauvais juges de ce qui nous convient le mieux, mais Dieu nous est un guide infailliblement sage. Si dans un moment d’orgueilleuse présomption, nous étions tentés de dire avec dépit et amertume : « Toutes ces choses sont contre moi », oh ! qu’alors cette parole de Jésus vienne réprimer l’indigne révolte de notre cœur, et souvenons-nous que la sagesse parfaite du Père et son amour nous ont donné l’assurance que nous « avions besoin de ces choses ». Mon âme, n’y a-t-il rien qui trouble en ce moment ta paix ? Ce que la Providence dispense à ton égard te semble-t-il obscur ? Ta force spirituelle t’a-t-elle abandonnée ? Ceux de qui tu attendais des consolations se sont-ils éloignés de toi ? Ton kikajon s’est-il desséché comme l’herbe ? S’il en est ainsi, écris sur chacune de tes épreuves : « Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses ». Pourquoi ce tendre Père a-t-il accru ton fardeau ? parce que tu en avais besoin ! Pourquoi a-t-il réduit en poudre tes idoles ? encore parce que tu en avais besoin. Elles usurpaient la place de Dieu dans ton cœur et il a dû les enlever. Pourquoi a-t-il contrarié tes plans terrestres et anéanti tes plus chères espérances ? parce que cela aussi t’était nécessaire. Dans le sentier que tu avais choisi se trouvait une épine cachée, tandis que dans la voie opposée se trouvait une bénédiction spirituelle : Il t’a prévenue par toutes sortes de biens.
Cherche donc à l’avenir, ô mon âme, à te confier avec plus de simplicité et de confiance enfantines en la volonté de ton Père céleste. Tu n’es pas abandonnée à toi-même, tu n’as pas à affronter seule et sans ami les tempêtes de cet aride désert. Tes « Maras » comme tes « Élims » [Exode 15:23 et suiv.] sont voulus de lui. Une colonne de nuée marche devant toi. Suis-la dans les jours de soleil comme dans les jours d’orage. Dieu peut te conduire « par des chemins que tu ne connais pas », mais il ne te conduit, sois-en certain, que là où il t’est bon d’aller. Un amour inexprimable dirige toutes tes voies. « Béni soit son nom ! » s’écriait un fidèle dans l’épreuve, « il a rendu mes pieds semblables à ceux des biches, et m’a fait tenir debout sur des lieux élevés ».
Et quel est Celui qui nous adresse cette douce parole : « Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses » ? C’est Celui qui a éprouvé lui-même durant sa vie de tribulations le prix de cette assurance, qui a reconnu que de la crèche de Bethléhem à la croix du Calvaire il ne se trouvait pas une épine de trop dans la longue suite d’épreuves que lui, l’homme de douleur, a voulu endurer. Il n’était pas une goutte de cette coupe amère qui n’eût été préparée par son Père ; aussi que disait-il ? « La coupe que tu m’as donnée ne la boirai-je pas ? ». Oh ! si en cette heure d’agonie inexprimable Jésus a trouvé sa consolation dans la pensée que la main de son Père avait allumé la fournaise ardente, quelle consolation immense ne doit pas trouver à son tour, dans cette même vérité, son peuple affligé et défaillant !
Quoi ! il y aurait, ô mon âme, une goutte de trop dans ton calice ? une épreuve inutile, une douleur superflue dans ta vie ? Arrière de toi ce secret athéisme ! il t’a donné son Fils ! il a voulu s’appeler « ton Père » ! Quelle que soit l’épreuve sous laquelle tu gémisses à cette heure, que la parole d’un Sauveur miséricordieux soit comme « l’huile jetée sur la mer en courroux » ; qu’elle sèche tes larmes rebelles ; « ton Père », ton Père lui-même, « sait que tu as besoin de toutes ces choses-là ».
« Ta parole est bien affinée, et ton serviteur l’aime » (Ps. 119:140).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jean 14:13).
Oh ! Sauveur bien-aimé, c’est toi qui as donné à ton peuple un libre accès au sanctuaire de la prière ! Sans toi, nous n’eussions jamais pu y pénétrer. Ce sont tes mérites expiatoires qui nous en ont d’abord ouvert les portes ; c’est ton intercession dans le ciel qui les laisse encore ouvertes pour nous.
Quelle immense étendue à cette promesse : « Tout ce que vous demanderez ! » C’est la réponse anticipée à tout ce dont un pauvre pécheur a besoin, à tout ce qu’il peut attendre d’un Sauveur tout-puissant !
En outre, Il nous engage à demander « en son nom ». Quel amour ! Celui qui sollicite une faveur dans le monde est heureux de pouvoir se réclamer du nom d’un protecteur influent ; eh bien, Jésus nous donne son nom comme pouvant nous ouvrir le cœur de Dieu. De même que David aimait le pauvre impotent de la maison de Saül, pour l’amour de Jonathan, ainsi le Père céleste, grâce à nos rapports avec le « vrai Jonathan » (don de l’Éternel), se plaît à nous donner « infiniment plus que tout ce que nous demandons et même pensons ».
Lecteur, connaissez-vous le bonheur immense qu’il y a à confier au Sauveur tous ses besoins et toutes ses peines, toutes ses douleurs et tous ses fardeaux ? Il est « l’Admirable », le « Conseiller ». Sa sympathie si exquise et si tendre peut pénétrer jusqu’aux profondeurs les plus intimes de vos peines. Ces peines peuvent être grandes, mais les bras éternels de sa miséricorde vous entourent. Pensez à lui en ce moment même comme au Souverain Sacrificateur qui se charge d’offrir à son Père et à votre Père vos plus faibles aspirations, vos plus douloureux soupirs. La réponse à vos prières pourra tarder ; vos supplications sembleront peut-être voltiger autour du trône de la grâce, sans pouvoir jamais arriver jusqu’à lui, car le Dieu de miséricorde fait quelquefois attendre ses enfants. Il le fait pour éprouver leur foi et leur persévérance, pour les former aussi à plus de soumission et de patience. Il aime à les voir surmonter tout obstacle, espérer contre toute espérance, ne pas se laisser décourager par un apparent oubli de sa part. Mais il viendra bientôt, et la source de la grâce et de l’amour jaillira enfin pour eux. Il leur fera entendre, au moment qu’il a choisi lui-même pour cela, ces consolantes paroles : « Qu’il te soit fait comme tu as cru ».
Cœur affligé, remets donc ta cause à ton Rédempteur ; ne crains pas de le lasser par ton importunité ; encore une fois, il prend plaisir à t’entendre, et son Père met sa gloire à bénir. Ces paroles mémorables prononcées à Béthanie seront toujours vraies, toujours irrévocables : « Je sais que tu m’entends toujours ». Oui, Jésus est à la droite de Dieu pour être ton intercesseur et ton avocat. Celui qui a fait les promesses est fidèle et Il est puissant pour les accomplir. « Qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? »
« J’ai attendu l’Éternel ; mon âme l’a attendu et j’ai eu mon attente en sa parole » (Ps. 130:5).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite » (Jean 13:7).
Oh ! jour bienheureux que celui où toutes choses seront manifestées, où tant de mystères seront révélés à la lumière de l’éternité et où se déroulera à nos yeux le plan merveilleux d’une sagesse souveraine et d’un amour ineffable !
Ici-bas ce que le Seigneur permet à notre égard nous étonne ; nous ne pouvons sonder ses voies. Mais bientôt « le mystère de Dieu sera accompli », les sceaux fermés seront ouverts et expliqués. Oui, le jour vient où tout nuage sera dissipé, où l’ombre fera place à la lumière parfaite.
Demeure donc en paix, ô croyant ! le propos divin te semble obscur peut-être ; tu n’y peux discerner aucun reflet lumineux ; tu ne peux distinguer la lumière au travers des ténèbres ; mais voici, le jour vient où tout sera dévoilé. Prends patience encore un peu de temps. Le petit enfant se fie à ce que lui dit son père, et quand arrive pour lui l’âge de raison, bien des choses qui paraissaient étranges à sa jeune intelligence lui sont expliquées tout naturellement. Tant que tu demeures sur cette terre, tu n’es qu’un enfant ; mais dans l’éternité, ton âme immortelle atteindra la stature de l’homme fait. Là, toutes les voies de Dieu seront mises au grand jour ; toute obscurité disparaîtra, perdus que nous serons dans les flots « de la gloire magnifique ! »
Mais hélas ! combien souvent, au lieu de faire taire nos désirs, comme un enfant sevré auprès de sa mère, ne recherchons-nous pas des choses trop grandes et trop élevées pour nous ! (Ps. 131:1, 2). Non contents de savoir que tout ce qui nous arrive est voulu par notre Père, nous cherchons présomptueusement à découvrir le comment et le pourquoi. Or, s’il est difficile d’apprécier à leur juste valeur les œuvres incomplètes et inachevées de l’homme, si le peintre et le sculpteur tremblent de voir leurs travaux jugés quand ils ne sont encore qu’à l’état d’ébauche, combien plus ne devons-nous pas craindre de juger témérairement les œuvres de Dieu ! Combien au contraire ne glorifierions-nous pas le Seigneur en acceptant sa volonté avec une humble soumission, une confiance illimitée, et en attendant patiemment l’accomplissement de cette promesse : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite » ! Oui, n’en doutons pas, dans la suite les lumières et les ombres du tableau inachevé seront fondues en un tout harmonieux. Et en contemplant l’édifice des voies de Dieu à notre égard, nous trouverons que chaque pierre occupe la place qui lui convient, que chaque détail de l’œuvre ajoute à l’ensemble et à la symétrie du monument entier.
« Ce que je fais ». Et qui nous adresse cette parole ? C’est Celui qui est mort et qui vit maintenant pour nous ! Oh ! Sauveur bien-aimé ! tu fais beaucoup de choses que nos cœurs aveugles voudraient repousser, « des choses terribles que nous n’attendions point » ; mais voici : quelque lourdes ou sévères en apparence que soient les épreuves que tu voudras nous imposer, nous ne les regarderons désormais que comme une preuve de ton inexprimable et inaltérable amour. L’éternité nous dévoilera que nous avions besoin de toutes ces choses qu’Il a permises envers nous ; nous verrons que rien d’autre, que rien de moins n’eût pu être fait pour nous que ce que tu as fait ! Et lorsque du ciel nous jetterons un regard en arrière sur notre vie terrestre, nous ne pourrons que nous écrier avec admiration et reconnaissance :
« La parole de l’Éternel est droite, et toute son œuvre est avec vérité » (Ps. 33:4).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit » (Jean 15:8).
En contemplant l’océan sans bornes de cette miséricorde dont chaque vague vous crie : « Dieu est amour ! » ne vous êtes-vous jamais demandé : « Que pourrais-je faire pour Celui qui a tant fait pour moi ? » Lui offrir un équivalent ? je ne le puis ! l’obéissance la plus parfaite ne pourrait ajouter un iota à la gloire inaccessible de Dieu, — pas plus qu’un flambeau ne saurait ajouter à l’éclat du soleil en plein midi, ou qu’une goutte d’eau n’ajouterait à l’Océan.
Et cependant, ô merveille ! tout indigne que je suis, je peux offrir un sacrifice que celui qui aime les cœurs contrits et brisés ne méprisera point : « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ».
Lecteurs ! portez-vous des fruits dans la vigne du Seigneur ? Cherchez-vous à faire de votre vie un acte permanent de consécration à la gloire de Dieu ? La lui offrez-vous sans cesse en oblation, en retour de l’amour gratuit qu’il vous a témoigné ? Peut-être ne pouvez-vous pas porter des fruits visibles aux yeux du monde. Votre position et les circonstances dans lesquelles vous vous trouvez vous interdisent peut-être de rendre des services éclatants à l’œuvre du Seigneur, ou de vous distinguer par votre zèle, votre activité, vos généreux efforts ; mais qu’importe ? Les fruits inconnus et ignorés des hommes, ceux qui mûrissent dans la retraite, sont souvent ceux que Dieu estime le plus. Un esprit paisible et modeste, la patience et la soumission, la douceur et l’humilité ; une volonté qui abdique entièrement pour se laisser conduire par celle de Dieu, lui disant toujours : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » ; un cœur exempt d’égoïsme, débonnaire, plein de support ; une bonté sans ostentation : voilà quelques-uns des fruits auxquels votre Père prend plaisir, et par lesquels vous pouvez le glorifier.
Peut-être vous trouvez-vous maintenant dans l’épreuve, la maladie ou le deuil ; vous êtes appelés à passer par quelque fournaise ardente. Eh bien, là aussi vous pouvez glorifier Dieu. Jamais le Père n’est mieux glorifié sur la terre que lorsque du milieu de la fournaise ses enfants font monter vers lui les soupirs de l’amour et de la foi, et qu’ils s’écrient : « Que le Seigneur fasse ce qui lui semblera bon ! » Oui, âmes affligées, vous pouvez glorifier Dieu, et vous pouvez le faire plus parfaitement même que ne le font les anges ; car habitant un monde où l’épreuve est inconnue, ils ne peuvent glorifier Dieu qu’en se prosternant devant son trône, tandis que vous, vous pouvez le glorifier dans vos épreuves d’abord, par votre soumission à sa volonté, et bientôt par « la couronne » que vous attendez avec espérance et que vous jetterez à ses pieds. Ah ! s’il vous éprouve sévèrement, si le divin cultivateur taille sa vigne, émonde ses sarments les plus riches, et retranche ses plus beaux rameaux, rappelez-vous dans quel but il agit ainsi : « Il les nettoie », nous dit le Seigneur Jésus, « afin qu’ils portent plus de fruit », et « c’est en ceci », ajoute-t-il, « que mon Père est glorifié ».
Puissions-nous tous nous remettre entièrement entre ses mains, disant avec un complet abandon : « Père, glorifie-toi toi-même », soit que tu donnes, soit que tu reprennes, soit que tu remplisses ma coupe ou que tu la vides, que je ne veuille jamais que ce que tu veux ! — Les anges mêmes ne possèdent pas d’honneur et de privilège plus grand que celui de glorifier le Dieu devant lequel ils s’inclinent nuit et jour. Quel bonheur que d’être appelés à le glorifier par notre vie ici-bas ! Quel bonheur surtout que d’être en communion d’esprit avec le Seigneur Jésus lui-même, qui a pu dire en vérité : « Père, je t’ai glorifié sur la terre ! »
« Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit accomplie » (Jean 15:11).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Les cheveux même de votre tête sont tous comptés » (Matt. 10:30).
Quelle parole que celle-là ! Quoi ? Dieu prend garde à tout ce qui vous concerne, il compte vos cheveux mêmes ! Rien ne peut arriver par hasard ou par accident. Rien ne peut échapper à son regard ; la chute de la feuille dans la forêt, le vol de l’insecte éphémère, les anges qui parcourent le ciel, les mondes qui gravitent dans l’espace, tout est également vu de Dieu. L’homme appelle les choses de la terre « grandes » ou « petites », selon son appréciation bornée ; mais Dieu ne connaît pas de telles distinctions.
Et qu’il est surtout consolant de penser à sa tendre sollicitude envers son peuple, auquel il mesure lui-même sa part de joies et de douleurs ! Douceurs ou amertumes, tout nous est également dispensé par notre Père. Pas « une nuit de misère » qui ne soit « ordonnée » de lui (Job 7:3), pas une douleur, pas une larme qui ne lui soit connue.
Ce que nous appelons des voies ténébreuses ne sont que les manifestations de sa fidélité immuable. L’homme peut se tromper ; ses voies sont tortueuses, mais la voie du Dieu fort est parfaite. Il met mes larmes dans ses vaisseaux ; ses bras miséricordieux s’étendent sur moi et m’enveloppent ; il me garde « comme la prunelle de son œil » ; il me « porte comme un homme porte son fils ».
Lorsque je cherche à lire dans l’avenir, je n’y entrevois peut-être qu’incertitude, mystère ou épreuve ; mais qu’importe ? j’ai mis en Dieu ma confiance, je sais que tout ce qui me concerne est voulu de lui. Les dangers qui me menacent, il peut m’en délivrer, les labyrinthes de difficultés où je m’égare s’expliqueront un jour, grâce à sa miséricordieuse providence : « Il garde les pieds de ses bien-aimés ». Il ne tombera pas un cheveu de leur tête sans sa permission. Tantôt il nous conduit par des chemins obscurs, tantôt par des voies douloureuses, le plus souvent par des sentiers détournés que nous n’aurions pas choisis nous-mêmes ; mais il nous conduit toujours avec sagesse et compassion, et quelque fatigante, pénible et raboteuse que soit la route par laquelle il nous fait passer, soyons assurés qu’elle est bonne, — bien plus, qu’elle est la seule bonne, la seule qui pût s’accorder avec une volonté pleine d’amour et de sagesse. « Rien, disait un chrétien distingué, n’affermit l’âme au milieu des vicissitudes et du bruit des choses présentes comme de jeter un regard au-dessus et un autre au-delà de ces choses : au-dessus, c’est-à-dire à la main sûre et paternelle qui dirige tout ; au-delà, c’est-à-dire au but glorieux et réjouissant vers lequel cette même main nous conduit ».
« Le grand Conseiller, dit un autre auteur chrétien [Thomas Brooks], s’enveloppe de nuées et d’obscurité, nous appelant à le suivre, au moindre signe, à travers ces nuages, et nous promettant de l’autre côté de l’horizon un soleil éternel et sans ombre de changement ».
Oui, c’est de « cet autre côté », ô Jésus, que nous saurons comment les vents, si rudes en apparence, de la vie, ont poussé nos barques vers le port désiré. Je puis donc te remettre mon âme en toute confiance comme à mon Créateur. Tu t’es donné toi-même pour moi ! Cette preuve si immense de ton amour me garantit que tu me donneras toutes les autres bénédictions dont je pourrai avoir besoin. — Oh ! quelle douce pensée ! Quoi ? mes épreuves sont toutes comptées par Celui qui s’appelle l’Homme de douleurs ! mes pleurs sont connus de Celui qui répandit premièrement ses larmes, puis son sang pour moi ! Il ne m’imposera pas de fardeau inutile, il n’exigera pas de sacrifices superflus. Non, de même qu’il n’y a pas eu une goutte de trop dans la coupe de ses propres souffrances, de même il n’y en aura pas une de trop dans le calice de chacun de ses bien-aimés : « Voici, qu’il me tue, j’espérerai en lui » (Job 13:15)
« Car Lui-même a dit : Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » (Héb. 13:5).
« Il est bon pour moi que j’aie été affligé » (Ps. 119:71).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Je suis le bon berger ; et je connais les miens, et je suis connu des miens » (Jean 10:14).
Quelles douces paroles ! les brebis qui connaissent la voix du bon Berger peuvent rendre témoignage à sa vérité et à sa fidélité. Que serait pour nous l’éternité, si, quittant son trône de lumière et de gloire, il n’avait daigné descendre dans cette sombre vallée de malédiction, et n’avait donné sa vie en rançon pour plusieurs ? Qui pourrait dire l’amour qu’il porte à chacune des brebis de son troupeau ? Quelle patience et quelle ardeur infatigables ne met-il pas à chercher celle qui est perdue dans le désert, ne s’accordant aucun repos jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ! Écoutez la voix de son amour qui vous dit aujourd’hui encore : « Je suis le bon Berger ». Son œil suit toujours avec la même sollicitude l’âme perdue et coupable. Son cœur est toujours plein d’amour, et ni les gloires célestes, ni les cantiques des anges ne sauraient lui faire oublier une seule de ses brebis ; sa voix est toujours aussi pleine de charme, et de ses lèvres sortent, avec la même grâce que lorsqu’il les prononçait pour la première fois, ces paroles ineffables : « Je connais mes brebis ». Oui, Jésus connaît chacune d’elles par son nom, quelque faible, quelque lasse, quelque malade qu’elle soit. Ô douce pensée ! Il me suit de son regard compatissant, jour après jour, à travers le désert ; il me mène dans des parcs herbeux ; il connaît mes besoins, mes épreuves, mes douleurs et mes perplexités ; il me guide à travers les chemins arides, les ruisseaux, les sentiers semés de ronces et d’épines. « Il marche devant ses brebis » ; il ne les rudoie pas, mais les conduit doucement, et les voies par lesquelles il les fait passer, il les a lui-même parcourues. Lui aussi a bu du « torrent dans le chemin » ; il a souffert, et « ayant été tenté lui-même en toutes choses, il est à même de secourir ceux qui sont tentés ». Il semble nous dire : « Ne craignez pas ; je ne puis vous égarer ; suivez-moi à travers les plaines desséchées et les sombres déserts, aussi bien que dans les gras pâturages ou le long des eaux tranquilles. Vous vous demandez peut-être pourquoi, au lieu de vous mener dans la fraîche vallée émaillée de mille fleurs et inondée des rayons du soleil, j’ai choisi pour vous quelque mont escarpé et solitaire, quelque site triste et douloureux ? mais ne craignez pas ; si je vous conduis par un chemin que vous ne connaissez pas, moi je le connais, et c’est moi qui l’ai choisi. Suivez-moi ! »
« Et mes brebis me connaissent ! » ajoute le Seigneur Jésus. Lecteur ! ton expérience personnelle est-elle en accord avec ces dernières paroles ? Connais-tu véritablement Jésus dans toute la gloire de sa personne, dans la plénitude de sa grande œuvre, dans l’inépuisable amour et la tendre sympathie qu’il t’a témoignée et qu’il te témoigne encore à toi-même ?
Des voyageurs, en parcourant la Palestine, ont remarqué que les brebis de ces contrées ne se contentent pas de suivre leur berger, mais que tout en paissant le long du chemin, elles cherchent d’un regard anxieux à s’assurer qu’il n’est pas loin d’elles. — Est-ce là ton attitude, ô chrétien ? Regardes-tu constamment à Jésus ? « Dans toutes tes voies connais-le et il dirigera tes sentiers ». Laisse-le pourvoir à ton avenir. — Que cette parole : « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien », soit ton mot d’ordre, durant ton voyage à travers le désert, jusqu’au jour où la dispensation de la grâce se changera pour toi en gloire. Oh ! puisses-tu être du nombre de ces âmes simples et confiantes, desquelles on peut dire avec vérité : « Elles suivent l’Agneau où qu’il aille ».
« Ses brebis le suivent, car elles connaissent sa voix » (Jean 10:4).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement » (Jean 14:16).
Lorsqu’un ami bien-aimé nous a été enlevé, avec quelle force le cœur ne se sent-il pas attiré vers ceux qui restent ! Jésus, sur le point de quitter ses disciples affligés, veut les adresser à « quelqu’un » qui puisse remplir par sa présence le vide que son départ va laisser. Le nom de cet ami est le « consolateur » ; sa mission est de « demeurer éternellement avec eux ». En conséquence, aussitôt que le Seigneur Jésus fut remonté au ciel, dix jours après son élévation dans la gloire, le Saint Esprit vint sur les disciples et les revêtit de la puissance d’En-haut. « Si je m’en vais, je vous l’enverrai », avait dit Jésus.
Lecteurs, jouissez-vous de l’immense privilège de vivre sous la dispensation du Saint Esprit ? Êtes-vous bien pénétrés de cette pensée que toute votre vie d’enfant de Dieu dépend de son action dans votre esprit et dans votre cœur ; vos prières, vos cantiques, vos méditations de la Parole de Dieu, votre marche, votre service, votre espérance ? N’oubliez pas, chers rachetés du Seigneur, que « vous êtes le temple du Saint Esprit » et que « l’Esprit de Dieu habite en vous ». Ne l’attristez pas ; restez humblement soumis à son action et vous expérimenterez qu’il est un Esprit de lumière et d’amour, de grâce et de vérité, de justice et de sainteté, de paix et de joie ineffable. Vous ne pouvez vivre sans l’Esprit de Dieu ; pas une sainte inspiration, pas un soupir d’amour, pas un regard de foi qui ne vienne de sa miséricordieuse influence. Sans lui point d’efficace dans la Parole sainte, point de bénédiction dans les assemblées chrétiennes, point de fruit permanent de justice au temps de l’affliction. De même que l’ange dirigea Agar vers la source cachée, de même le Saint Consolateur, fidèle à son nom et à sa mission, conduit son peuple aux eaux rafraîchissantes, faisant briller les promesses divines d’une gloire nouvelle et revêtant l’œuvre et la personne du Sauveur d’une grâce et d’une beauté nouvelles aussi.
Qu’il est précieux le nom que lui donne ici Jésus : « le Consolateur » ! Quelle parole pour son peuple affligé !
L’Église étrangère dans ce monde a sa tente plantée dans « une vallée de larmes », et le nom du divin conducteur qui s’est chargé d’elle, comme autrefois Éliézer s’était chargé de Rebecca, et veut pourvoir à tous ses besoins est « le Consolateur ». Grande est la famille des affligés ; mais il a pour tous un baume bienfaisant. Il en a pour le faible, pour celui qui est aux prises avec la tentation, pour le malade, pour le cœur brisé, pour le pauvre, pour le mourant. Que ce Consolateur est différent des autres ! Les amis humains, un regard peut les aliéner, l’adversité peut les désunir, la mort les séparer pour toujours. Mais Jésus nous parle d’un ami dont l’attribut et l’office particulier sont de demeurer éternellement avec nous.
« Lui vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites » (Jean 14:26).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, — dorénavant ne pèche plus » (Jean 8:11).
Combien Jésus est plus compatissant que le plus compatissant des amis terrestres ! Dans un moment d’irritation, les disciples veulent faire descendre le feu du ciel sur des pécheurs obstinés, mais le Maître reprend leur coupable emportement. Pierre, le disciple si fervent pour son Maître et qui, cependant, le renia, Pierre ne pouvait s’attendre à recevoir de lui que de sévères reproches pour son manque de foi ; mais Celui qui connaît le fond des cœurs et savait le profond repentir de son disciple, lui envoie tout d’abord le plus tendre des messages (Marc 16:7), et ensuite lui adresse le plus doux des reproches : « M’aimes-tu ? ». Les gardes, au livre des Cantiques (5:7), frappent l’épouse, lui arrachent son voile et la couvrent d’injures ; mais lorsqu’elle retrouve l’Époux qu’elle avait perdu, celui-ci ne fait entendre ni plainte, ni reproche !
« Dieu est si lent à s’irriter et si prompt à pardonner, disait un chrétien distingué, qu’alors même que les prophètes perdaient toute patience avec le peuple d’Israël et le vouaient à la malédiction divine, le Seigneur continuait pourtant à user de support envers ce peuple qu’il avait élu pour l’amour de son nom ».
La pécheresse à laquelle Jésus adressait les paroles consolantes que nous désirons méditer aujourd’hui était repoussée avec mépris par ses accusateurs ; mais, tandis que ces derniers réclamaient contre elle la rigueur de la loi, Jésus lui dit : « Je ne te condamne pas ». Quel bonheur que de tomber entre les mains de ce Dieu Sauveur, si plein de miséricorde, et dont les compassions sont sans bornes ! Mais devons-nous en conclure que Jésus ferme les yeux sur le péché ? Loin de nous une telle pensée. Son sang et son œuvre, Bethléhem et le Calvaire, réfutent une supposition aussi impie ! Avant que le crime d’une seule âme ait pu être lavé, le Fils de Dieu a dû quitter le trône éternel de la gloire et venir endurer la mort et le jugement sur un bois infâme. Mais cette parole de Jésus est une parole d’encouragement pleine de douceur pour le cœur sincère et repentant ; elle lui dit que « quand ses péchés seraient rouges comme le cramoisi, ils seront blancs comme la neige, et quand ils seraient comme l’écarlate, ils seront comme la laine » ; car il n’y a pas de limites au pardon libre, entier et éternel qui lui est offert. De même que les anciens Israélites, au milieu de leur agonie, devaient « regarder au serpent d’airain pour vivre », de même Dieu nous dit encore : « Vous tous les bouts de la terre, regardez à moi et soyez sauvés ». À côté de la croix de Jésus s’élève un autre monument glorieux de la grâce de Dieu ; c’est le bois où expira le brigand et sur lequel sont gravées ces paroles adressées à tout pécheur qui se sent perdu : « C’est une chose certaine et digne de toute acceptation que Jésus Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ». — « Quels que soient nos péchés, dit Rutherford, lorsqu’ils tombent dans l’océan de la miséricorde divine, ils ne sont plus que comme une goutte de sang qui, tombant dans le vaste Océan, s’y perdrait aussitôt ».
Lecteur, tu es peut-être le premier des pécheurs. Semblable au banqueroutier qui craint de regarder ses livres, tu redoutes peut-être de sonder ton cœur, tu es près de tomber dans le désespoir ; ta conscience et le souvenir de tes péchés sans nombre s’élèvent contre toi et te crient : « Je te condamne ». Mais prends courage, pauvre âme ; Jésus te fait entendre une parole plus douce, une déclaration plus réjouissante : « Je ne te condamne pas », te dit-il en cet instant même ; « va, et ne pèche plus à l’avenir ».
« Et tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4:22).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (Marc 3:35).
Il semble qu’une seule comparaison empruntée à la terre ne suffisant pas à nous dépeindre l’amour de Jésus, ce bon Sauveur ait dû réunir dans cette seule parole tout ce qu’il y a de plus tendre dans nos relations terrestres. Et dans toute la Bible, il en est ainsi. Les affections les plus puissantes que l’homme puisse ressentir sont employées tour à tour par l’Esprit saint pour nous peindre la profondeur et l’intensité de l’amour de Jésus. Tantôt il est comparé à « une mère qui console son enfant », tantôt il appelle son peuple « ma sœur », « mon amie », « mon épouse ».
Un tel langage nous surprend-il ? Ne serait-ce là qu’une simple figure plus expressive que réelle ? Mais Jésus n’a-t-il pas donné sa vie pour nous ? Oh ! devant ce gage de Son amour, cessons de nous étonner qu’il ait pu s’exprimer en ces termes.
Chrétien, es-tu triste ou solitaire ? Les liens les plus chers qui t’attachaient à la vie viennent-ils de se rompre ? La tombe a-t-elle fait des vides autour de toi et brisé tes plus intimes affections ? Oh ! s’il en est ainsi, regarde à Jésus, tu trouveras en lui un amour qui surpasse toute connaissance. Il est « l’Ami plus attaché qu’un frère », dont la présence et la douce société compensent toutes les pertes et remplissent tous les vides. « Il fait habiter en famille celui qui était seul ». Es-tu orphelin, sans consolation ? Souviens-toi que tu as au ciel un tendre ami qui t’aime d’un amour aussi profond que l’Océan, aussi incommensurable que l’éternité.
Et pour qui sont les bénédictions présentées sous cette étonnante image ? À qui Jésus prodigue-t-il ces témoignages d’un amour sans bornes ? Pour avoir accès à ces grâces, il ne suffit pas de faire une profession extérieure de christianisme, d’appartenir à telle ou telle Église, de suivre tel ou tel ministre, d’observer certains rites ou de porter telle dénomination religieuse ; non, les paroles de Jésus ne s’appliquent qu’à celui seul qui est revêtu de sainteté, qu’à celui qui « fait la volonté du Père ». Oui, l’âme qui cherche à refléter, pour ainsi dire, l’esprit de Christ, l’âme qui est remplie de l’Esprit, qui prend sa Parole pour règle de sa conduite journalière et fait de la gloire de Dieu le grand but de son existence ; l’âme qui vit pour Dieu, avec Dieu et en Dieu, en un mot, l’âme croyante, douce et humble qui cherche à vivre de la vie de Christ et en vue du ciel, cette âme, — et celle-là seule, — peut goûter les joies et les bénédictions de la famille de Dieu.
Si l’amitié des puissants et des vertueux de la terre est chose désirable, qu’est-ce donc que de posséder cet amour divin auprès duquel l’affection terrestre d’un frère ou d’une sœur, celle d’un père, d’une mère, ou d’un ami ne sont que comme de pâles étoiles à côté du soleil resplendissant ! Jésus ne craint pas de nous appeler ses frères. Jetant les yeux sur de pauvres vermisseaux tels que nous, il dit : Voici mon frère, ma sœur et ma mère ! » N’est-il pas plein de beauté et d’amour ce premier message du Christ ressuscité : « Va dire à mes frères : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ? » (Jean 20:17). Et ce doux langage qu’il tient à son Père après les souffrances endurées pour faire de nous une famille d’adorateurs : « J’annoncerai ton Nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges » (Ps. 22:22 ; Héb. 2:12). « J’écrirai sur eux, dit-il ailleurs, mon nouveau nom ». Comme nous écrivons notre nom sur un livre pour montrer qu’il nous appartient, de même Jésus écrira son nom sur nous, — merveilleux ouvrage de sa grâce, — afin que ce nom soit lu et connu des principautés et des puissances célestes.
Avons-nous « connu et cru l’amour que Dieu a pour nous » ? Ah ! que notre gratitude est faible ! Qui ne pourrait souscrire à ces mots d’un chrétien dont le nom est resté en vénération dans l’Église :
« Ton amour a été pour moi comme une ondée abondante ; mais ma reconnaissance n’est que comme une goutte de rosée, et cette goutte elle-même est souillée par le péché ».
Puis au matin de l’éternité, bienheureux celui qui aura gardé la parole du Seigneur et n’aura pas renié son Nom. Il verra s’accomplir la promesse donnée en Apoc. 3:12 : « Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom ».
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:23).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens à vous » (Jean 14:18).
Le chrétien est-il destiné à marcher toujours dans les sentiers de la joie ? Non, il a été averti au contraire qu’il doit s’attendre à beaucoup de tribulations. Il a ses Maras aussi bien que ses Élims, ses vallées de Baca comme ses heures de repos. Il est souvent seul pour résister à la fureur de l’orage ; souvent son kikajon se flétrit au moment où il en aurait besoin ; son soleil se voile quand il est encore jour. Sa demeure et son cœur, autrefois si joyeux, sont soudain obscurcis par une douleur qu’aucun étranger, qu’un frère même peut-être ne saurait partager. Mais nous avons quelqu’un qui, venu ici-bas pour souffrir, est toujours prêt à nous soulager. Que de fois sa voix d’amour n’a-t-elle pas fait entendre ses doux accents dans la triste chambre d’un malade ou auprès d’un lit de mort : « Je ne vous laisserai pas orphelins ! » — C’est comme si Jésus nous disait : « Le monde, les amis pourront vous abandonner ; les séparations douloureuses, la mort pourront vous atteindre ; mais ne craignez rien, moi je ne vous abandonnerai pas. Vous pourrez être solitaires, mais non pas seuls ; car moi, votre Seigneur et votre Dieu, je suis avec vous ! »
Jésus semble avoir une tendresse toute particulière pour ses enfants orphelins et affligés. Un père aime d’autant plus tendrement son enfant qu’il le voit malade et abattu ; de tous ceux de sa maison, c’est celui sur lequel se concentrent le plus ses pensées. De même Christ semble trouver ses délices à prodiguer la plus tendre sympathie à celui qui n’a personne qui l’aide. C’est aux jours de l’affliction que son peuple sent le plus vivement combien il lui est précieux ; c’est lorsqu’il traverse le « désert » que Jésus lui « parle selon son cœur » ; c’est de là, chose merveilleuse, qu’il « lui donne ses vignes et la vallée d’Acor [ou : vallée du trouble] pour une porte d’espérance » (Osée 2:15). Là même où il s’y était le moins attendu, il voit jaillir sous ses pas les sources de ses consolations célestes. Comme autrefois Jonathan, faible et las, sentit renaître ses forces en prenant du miel coulant au milieu de la forêt, ainsi il y a pour les enfants de Dieu, fatigués et attristés, un miel rafraîchissant, — consolations éternelles découlant de l’arbre de vie et qui viennent adoucir leurs plus dures épreuves.
Ô vous, âmes affligées, soyez donc consolées ! Si Jésus vous a retranché votre portion ici-bas, c’est afin de vous amener à lui comme à votre portion éternelle. S’il a tari les ruisseaux et la source de vos bénédictions temporelles, il l’a fait pour vous amener à dire : « Toutes mes sources sont en toi ». « Dieu semble vouloir remplir tous les vides que son amour a dû creuser dans nos cœurs, disait un fidèle, parlant d’après sa propre expérience ; son but de grâce est de guérir les cœurs brisés ».
Quelle admirable peinture le Seigneur nous donne de la profondeur, de la tendresse et de l’immuable certitude de ses consolations, quand il nous dit : « Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai ; et vous serez consolés » ! (Ésaïe 66:13).
Ah ! qui ne voudrait voir se transformer ainsi toutes ses épreuves, ses tristesses, ses amertumes, en témoignages de sympathie et d’amour du Consolateur des orphelins, de ce Consolateur puissant et tendre dont le seul regard dissipe les plus sombres douleurs ! Comme une brillante constellation jette sa clarté la plus vive à l’heure de minuit, de même les paroles de Jésus, véritables messagères, répandent leur douce clarté dans la sombre nuit de nos douleurs terrestres. Nous pouvons ne pas en discerner la beauté lorsque l’horizon nous apparaît brillant et lumineux, mais Dieu nous les tient en réserve pour les jours où notre ciel est couvert de sombres nuages.
« Je vous ai dit ces choses, afin que, quand l’heure sera venue, il vous souvienne que moi je vous les ai dites » (Jean 16:4).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33).
Qu’aurai-je à craindre d’un monde déjà vaincu ? Le Triomphateur tout-puissant, près de recevoir la couronne de gloire, se tourne vers ses faibles et timides soldats et leur dit de prendre courage. Ils n’ont pas à combattre des ennemis inconnus. L’Homme-Dieu, notre Médiateur, connaît leurs épreuves. « Il a été tenté en toutes choses ». Il marche devant nous et nous crie à nous, pauvres pèlerins : Je vous ferai connaître le chemin de la vie. Et ce chemin, il l’a ouvert lui-même ; il en sait par expérience toutes les difficultés. Pas une épine douloureuse qui ne l’ait blessé, pas une offense qu’il n’ait supportée, pas de larmes qu’il n’ait aussi répandues !
Une chose, il est vrai, manque à cette parfaite identité entre Christ et les siens : il a été « sans péché » ; mais cette horreur du péché qu’éprouvait sa nature sainte prête peut-être à sa sympathie envers ceux qui ne sont que corruption au dedans et assaillis de tentations au dehors, quelque chose de plus intense et de plus profond.
Lecteur ! es-tu près de succomber à la tentation ? le monde a-t-il déployé devant toi ses appâts séducteurs, ou ton cœur serait-il inconstant et léger ? Considère Celui qui a souffert ! écoute ton Rédempteur adorable, te disant du haut de son trône : « J’ai vaincu le monde » ! Il a triomphé des ruses de l’ennemi ; par trois fois, avec les mêmes armes dont il veut que tu te revêtes, il a repoussé le tentateur en disant : IL EST ÉCRIT. Serais-tu sous le poids de quelque peine écrasante ou de quelque détresse extrême ? « Il sait ce que c’est que la langueur ». Lui, le vrai Cep, connaît jusqu’aux moindres fibres de ses sarments ; la serpe qui les blesse le blesse aussi. « Il a parcouru, disait un affligé, toutes les phases de l’école de douleur par laquelle nous avons à passer ». Il aime à mettre son peuple dans des positions exceptionnelles et difficiles, pour le contraindre à s’appuyer sur lui et à se confier en sa puissance. S’il nous laisse ballotter au gré des vagues, c’est pour nous faire sentir le besoin de la lumière conductrice qui émane de lui-même et qui peut seule nous guider au milieu de la tempête.
Soyez assurés qu’il n’y a qu’amour dans toutes ses voies. Celui qui nous connaît infiniment mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, met souvent une épine sur notre chemin pour nous contraindre à prendre notre essor vers le ciel et à nous élever au-dessus de la terre où nous rampons. « Nous glissons sur une glace unie, dit Evans ; les chemins raboteux sont les plus sûrs ». Ne nous attendons pas à ne point verser de larmes sur cette terre ; ce bonheur est réservé pour le ciel.
Qui pourrait dire combien sont nécessaires à l’enfant de Dieu les afflictions qu’il trouve dans le monde ? La vraie semence spirituelle de Christ (c’est-à-dire le peuple qu’il s’est acquis) est d’ordinaire déposée bien profondément dans le sol et doit se frayer sa voie à travers des difficultés sans nombre avant d’atteindre la surface ; mais ses racines n’en sont que plus fortes ; et si ces plantes du jardin de Dieu n’étaient sorties de ces profondeurs cachées, comme l’arbrisseau elles auraient été déracinées par le premier coup de vent. Jésus aime conduire ses disciples, comme il le fit autrefois, « sur une haute montagne à l’écart », c’est-à-dire en un lieu bien élevé au-dessus des choses du monde ; mais lui-même, vainqueur du monde, leur adresse, tout en les conduisant, ses consolations ineffables en attendant de les introduire dans sa gloire.
« Les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée » (Rom. 8:18).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12:32).
Encore la voix du bon Berger ! Encore une parole de consolation, et quelle tendre parole ! Son troupeau est petit, faible, craintif ; mais il est aimé du Père, il jouit de son « bon plaisir » et il sera bientôt un troupeau « glorifié », abrité dans la bergerie céleste et dans une sécurité éternelle et parfaite ! Et comment le bon Berger apaise-t-il les craintes et les angoisses de ses brebis ? S’il les voit haletantes et fatiguées au penchant de la montagne, il leur montre de sa houlette les portes brillantes du royaume de gloire, en leur disant : « Le bon plaisir de votre Père est de vous le donner ! » Quelles paroles réjouissantes ! Quelle bienheureuse perspective ! Sauveur miséricordieux, ton amour fait mon bonheur !
Le royaume de Dieu appartient aux fidèles en vertu d’une charte inaliénable et irrévocable. « Je vous confère un royaume », leur dit Jésus dans une autre occasion, « comme mon Père m’en a conféré un » (Luc 22:29). Ce royaume est aussi sûr que l’amour éternel et que la toute puissance de Dieu. Satan, le grand ennemi du royaume, peut jeter dans vos âmes des doutes, des méfiances et des craintes pour troubler votre paix, mais il ne peut vous dépouiller de votre propriété. Il faudrait qu’il arrachât la couronne du front de Celui qui est assis sur le trône avant de pouvoir affaiblir ou altérer en quoi que ce soit cette promesse certaine. S’il a plu à Dieu de frapper le pasteur du troupeau, il lui plaira aussi de donner la joie à son peuple racheté. S’il a dit à l’épée de se réveiller contre son compagnon, alors que le « troupeau était dispersé », il mettra certainement son plaisir, pour l’amour du bon Berger, à tourner sa main avec amour sur les petits de ce troupeau (Zach. 13:7).
Chrétiens, songez à cette parole : « C’est la volonté de votre Père ». Le bon Berger, tout en vous conduisant à travers les montagnes qui vous séparent encore de son heureux bercail, vous montre de toutes parts sur la route des signes et des gages de l’amour de son Père. Il peut, il est vrai, vous conduire dans votre patrie par une voie qui vous est inconnue. Après avoir fait sortir son peuple d’Israël hors d’Égypte, comment le fit-il entrer dans la terre promise ? En le faisant passer par quarante ans d’épreuves et de privations au désert. Souvent il en agit encore ainsi ; mais confiez-vous en lui, ô croyants ; ne le déshonorez pas par vos doutes et vos craintes coupables. Ne regardez pas à vos sentiers obscurs ou à votre cœur capricieux et vacillant, mais regardez plutôt au but qui est devant vous. Avec quelle ardeur Dieu désire votre salut ! Combien d’autres paroles, tout aussi tendres que celles-ci, ne vous a-t-il pas adressées !
Que la douce voix du bon Berger vous redise : « Il a plu à votre Père ». « Je vous ai donné, semble-t-il nous dire, la meilleure preuve que telle est aussi ma volonté, car pour ouvrir les portes de ce royaume, j’ai donné ma vie pour vous ; mais c’est aussi la volonté de mon Père ». « Comme un berger prend soin de son troupeau au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, a dit le Seigneur l’Éternel, ainsi je prendrai soin de mes brebis et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées au jour de la nuée et de l’obscurité profonde » (Ézéch. 34:12).
« Or c’est ici la volonté de Celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné.. » (Jean 6:39).
« Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ;et personne ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10:27-30).
Ne crains donc point, petit troupeau ! quoique tu aies à traverser pendant quelques jours encore une terre aride et desséchée, quoique ta toison soit peut-être mise en lambeaux par les ronces du chemin et tes pieds ensanglantés par les cailloux, ne crains point, te dis-je, car
« Ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’un seul de ces petits périsse » (Matt. 18:14).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jean 7:37).
N’est-ce pas une des paroles les plus réjouissantes qui soient jamais « sorties de la bouche du Seigneur » ? Le jour où elle fut prononcée était des plus solennels ; c’était le dernier, le « grand jour » de la fête des Tabernacles, et la foule était plus considérable encore qu’elle ne l’avait été pendant les sept autres jours de la fête.
Le bassin d’or venait probablement, selon la coutume, d’être rempli des eaux de Siloë et apporté au temple au bruit des acclamations du peuple, lorsque le Sauveur du monde saisit cette occasion pour proclamer la bonne nouvelle du salut. Nombreuses, sans doute, furent les paroles que Jésus prononça en ces jours particulièrement solennels, mais il semble avoir réservé la plus importante de toutes pour la dernière. Quelle est donc cette vérité capitale sur laquelle il veut attirer l’attention de son nombreux auditoire ? C’est celle-ci : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ».
Lecteur, doutez-vous de la réalité de cette miséricordieuse promesse ? Vos péchés sans nombre s’élèvent-ils comme une barrière entre vous et la miséricorde gratuite du Sauveur ? Croyez-vous ne pas pouvoir venir à lui tel que vous êtes, et qu’une guérison partielle, une réforme préparatoire doivent s’opérer en vous avant que vous osiez vous approcher de la source de vie ? Si vous le croyez, grande est votre erreur, car Jésus vous dit : « Quiconque a soif » ; il ne fait aucune exception. Quoi de plus gratuit que l’eau ? Le plus pauvre mendiant peut se désaltérer, « sans argent et sans aucun prix », à la fontaine du chemin. Telle est l’image du salut glorieux que vous offre le Seigneur. Il vous invite à venir à lui avec votre misère et votre pénurie, votre faiblesse et votre indignité. Souvenez-vous de l’entretien du Rédempteur avec la Samaritaine. Elle était une grande pécheresse, perdue, endurcie, dégradée, mais il n’exige d’elle aucune condition ; croire et croire seulement : voilà tout ce qu’il lui demande. « Si tu connaissais le don de Dieu, lui dit-il, toi tu lui eusses demandé, et il t’eut donné de l’eau vive ».
Mais n’y a-t-il pas cependant une condition requise dans cette parole de Jésus : Si « quelqu’un a soif » ? Peut-être êtes-vous abattu en pensant combien peu vous recherchez la sainteté, combien peu vous sentez le besoin d’un Sauveur. Mais cette conviction même de votre misère n’est-elle pas un signe que vous soupirez à quelque degré après Jésus Christ ? et quelque faible que soit ce soupir, si vous dites : « Je n’ai rien pour puiser, et le puits est profond », Celui qui vous offre l’eau du salut remplira lui-même vos vaisseaux desséchés. « Car Il a rassasié l’âme altérée et a rempli de biens l’âme affamée » (Psaume 107:9).
« Jésus se tint là, et cria ». — C’est le seul trait de ce genre qui nous soit raconté dans la vie de Celui dont il était dit : « Il ne criera pas et il n’élèvera pas sa voix, et il ne la fera pas entendre dans la rue » (És. 42:2). Mais la vérité qu’il avait à faire entendre à la foule étant d’un intérêt et d’une importance de premier ordre, il tenait particulièrement à la proclamer devant tous. Et c’est par une invitation semblable que le Seigneur Jésus a voulu sceller le livre inspiré : « Que celui qui a soif vienne et que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie », nous répète-t-il encore à la dernière page de l’Apocalypse. Puissent ces paroles miséricordieuses résonner jusqu’aux extrémités du monde, en sorte qu’on puisse dire aujourd’hui comme autrefois :
« Comme il disait ces choses, plusieurs crurent en lui » (Jean 8:30).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Mon joug est aisé et mon fardeau est léger » (Matt. 11:30).
Pourrait-on en dire autant du joug de Satan et du joug du péché ? Combien ne serait-il pas plus vrai de dire : « Son joug est dur et son fardeau pesant » ? Le service de Christ est un service heureux et le seul heureux. Mon joug, dit-il. Ce joug nous est imposé par un ami éprouvé, par un ami qui a porté lui-même le fardeau qu’il veut nous donner. « Il s’est chargé de nos douleurs ». Quelle bénédiction que de se sentir sous la sainte servitude d’un Maître aussi bon ! Il n’en est pas de nous comme des esclaves que l’on frappait pour les faire travailler, mais nous sommes « conduits » d’autant plus tendrement que Jésus a mis son joug et son fardeau sur nous. Le grand apôtre Paul, en parlant de lui-même, emploie toujours les plus humbles épithètes ; ce n’était pas cependant qu’il n’eût bien des sujets de se glorifier : il avait pris la parole devant des rois, avait pénétré dans le palais des Césars et comparu devant César lui-même ; il avait été ravi jusqu’au troisième ciel ; mais le seul titre qu’il se donne dans toutes ses épîtres, le seul qu’il soit heureux de prendre, est celui-ci : « Serviteur (ou littéralement « esclave ») de Jésus Christ » !
Lecteur ! connais-tu cette douce servitude ? Peux-tu dire aussi avec joie : « Ô Seigneur, je suis véritablement ton serviteur » ? Jésus n’est pas un maître dur ; et si jamais Satan cherchait à te le persuader, réponds hardiment : « Il m’a aimé et il s’est donné lui-même pour moi ». — Il est vrai, le joug est la discipline dont il se sert pour préparer ses enfants à une glorieuse immortalité. Mais ne craignez pas ! C’est sa main toujours tendre qui a mis sur vous son joug, et qui l’y maintient. Il a proportionné lui-même son joug à vos forces ; « mon fardeau est léger », dit-il ; il vous accordera ses grâces dans la mesure exacte de vos besoins. Mieux encore, il vous amènera à aimer vos épreuves, parce qu’elles vous feront apprécier toutes les richesses de la fidélité et de la miséricorde de Dieu. Ah ! que son peuple a besoin de se sentir ainsi sous le joug, au milieu des tentations sans nombre qui l’environnent, pour rester soumis et humble. L’amour de Dieu use de tous les moyens pour subjuguer nos cœurs, pour nous humilier et nous éprouver, pour nous faire sortir de nous-mêmes, de nos goûts, de nos relations, de notre bien-être, en un mot pour nous charger de son joug !
Et qui a jamais regretté cette heureuse servitude ? Parmi les mille regrets qui entourent souvent un lit de mort, et qui ont mouillé plus d’une fois de larmes amères l’oreiller du mourant, y en a-t-il jamais eu un seul qui ait eu pour objet de s’être soumis à ce joug ?
Chrétien dans l’épreuve, Jésus t’a-t-il jamais fait défaut ? Son joug t’a-t-il jamais paru trop lourd ? Tes larmes n’ont-elles pas toujours été essuyées, et tes douleurs apaisées ? Tes tentations ont-elles jamais été au-dessus de tes forces ? Ah ! ne dois-tu pas bien plutôt t’écrier : « Oui, la parole de l’Éternel est bonne » ; je lui ai remis mon fardeau et il m’a soutenu ? Comme tous les obstacles se sont dissipés ! Comme le joug a perdu sa pesanteur et la croix son amertume dans la pensée que tu les portais pour l’amour de Jésus ! Un repos est promis dès ici-bas à celui qui accepte franchement ce joug ; mais un repos meilleur encore attend l’âme fatiguée et chargée qui atteint le terme de sa course, car ainsi a dit Jésus :
« Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Matthieu 11:29).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » (Jean 15:9).
N’est-ce pas le plus étonnant des versets de la Bible ? Qui peut sonder la profondeur incommensurable de l’amour qui était dans le sein du Père de toute éternité pour le Fils de ses dilections ? Et cependant c’est cet amour qui sert de terme de comparaison au Sauveur, quand il veut exprimer sa tendresse pour ses disciples.
Rien de plus mystérieux que la communion qui existe entre la première et la seconde personne de la Trinité adorable dès avant la création du monde. L’Écriture ne nous donne à ce sujet que quelques révélations, mais qui doivent nous suffire. « J’étais alors à côté de lui son nourrisson », nous dit la Parole, « j’étais ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui ».
Nous savons que nos affections terrestres sont susceptibles de croître en profondeur et en intensité. La grandeur de l’amitié d’hier n’est pas encore ce qu’elle pourra devenir, alors qu’elle aura été consacrée et mûrie par des années de rapports mutuels. Mais quelle perfection dans ce mutuel amour du Père et du Fils qui est de toute éternité ! cet amour qui n’est pas comme le nôtre, capricieux, passager, vacillant, sujet à mille fluctuations, mais qui est, au contraire, pur, immuable, sans ombre de changement ! —Et cependant écoutez ce que dit Jésus : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ».
Assurément, s’il nous eût dit : « Comme mon Père a aimé les anges, moi je vous ai aimés », c’eût été déjà infiniment plus que nous n’étions en droit d’attendre. Mais le vrai symbole de l’amour ne pouvait être qu’un amour infini. Bien avant que les jours et les mondes fussent créés, cet amour existait. L’amour du Père, et son propre amour pour les pécheurs : tels sont les deux sujets de la joie éternelle du Sauveur.
Pour compléter l’image que nous montre notre texte, regardons à la description de l’amour du Père pour nous. « À cause de ceci le Père m’aime », dit ailleurs Jésus, « c’est que je laisse MA VIE » ! Dieu possédait en lui-même un amour entier, parfait ; il n’avait pas besoin de l’amour de ses créatures pour ajouter à sa gloire ou à son bonheur ; néanmoins il semble dire que son amour pour nous est si intense, qu’il en aime davantage son Fils bien-aimé (si un amour infini est susceptible de s’accroître), parce qu’il a donné sa vie pour les coupables enfants d’Adam ! C’est en parlant des rachetés qu’il est dit : « Il se reposera dans son amour ; — il s’égayera en toi avec chant de triomphe ».
En vérité, cette assertion : « Dieu est amour », nous a été surabondamment prouvée, et il ne nous est plus possible désormais de considérer l’amour comme une perfection abstraite de la nature divine. « Par ceci », nous dit l’apôtre Jean, « nous avons connu l’amour, c’est que Lui a laissé sa vie pour nous » (1 Jean 3:16).
Après cette preuve de la tendresse de Jésus, aucune autre ne peut nous étonner. Ah ! qu’elles sont faibles nos plus tendres affections, comparées à celle qu’il nous a témoignée ! Notre amour n’est qu’un pâle reflet de celui de Dieu, aussi froid que les rayons de la lune comparés à ceux du soleil. — Nous refuserions-nous donc à aimer davantage Celui qui nous a aimés le « premier » et qui nous a « tant aimés » ?
« Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu » (1 Jean 3:1).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Crois seulement » (Marc 5:36).
Cette parole est à la fois la plus brève et la plus consolante peut-être des paroles de Jésus. Elle contient le résumé et l’essence même de la vérité qui sauve.
Lecteur, es-tu assailli par les terreurs de Satan ? La pensée de tes péchés, de ta vie de misères, s’élève-t-elle en témoignage contre toi, menaçant de te jeter dans le désespoir ? Ne crains rien ! Une douce voix murmure à ton oreille : « Crois seulement ». Tes péchés sont nombreux, il est vrai, mais ma grâce et mes mérites les surpassent encore. « Crois seulement » que je suis mort pour toi, que j’intercède pour toi, et que cette parole est certaine et digne d’une entière croyance. — As-tu honteusement déserté la bonne voie ? As-tu renié ton Sauveur ? et par suite de cette coupable défaillance, Celui qui était pour toi tout amour et dont le service faisait autrefois tes délices, a-t-il caché sa face de toi ? Ton cœur brisé soupire-t-il en songeant aux jours bénis où tu marchais avec Dieu, et t’écries-tu avec angoisse : « Oh ! que ne suis-je comme aux jours d’autrefois,... quand la clarté de Dieu luisait sur ma tête » ? (Job 29:2, 3). S’il en est ainsi, « crois seulement ». Change tes plaintes en prières. Crois la parole de Celui dont les voies ne sont pas nos voies, et qui a dit à des pécheurs tels que toi : « Revenez, fils infidèles, et je guérirai vos infidélités » (Jér. 3:22). — Ou bien encore, es-tu accablé sous quelque lourde épreuve ? tes plans les plus chers ont-ils été renversés ? tes plus belles fleurs se sont-elles flétries, à peine écloses ? « Le Seigneur aurait-il oublié d’avoir compassion » ? Alors écoute cette parole de Jésus qui résonne jusque dans la plus sombre nuit de l’épreuve, et qui retentit même au delà des portes de la mort : « Crois, crois seulement ».
Toutes tes épreuves, n’en doute pas, ont leur raison d’être. C’était peut-être une épine qu’il fallait enlever de ton sentier, ou une leçon pleine de miséricorde qu’il fallait t’enseigner. Le coup terrible qui a fondu sur toi t’a été envoyé par amour ; la gloire de Dieu et le salut de ton âme exigeaient que tu fusses ainsi frappé. Ici-bas, tu dois accepter avec foi ce qu’Il permet à ton égard. Maintenant la parole que Jésus t’adresse est celle-ci : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? »
Es-tu craintif et agité à la pensée de la mort ? As-tu été « toute ta vie » assujetti à la « servitude », dans la crainte du dernier ennemi ? « Crois seulement ». « Tel sera ton jour, telle sera ta force ». À l’heure de la mort il te sera accordé une grâce toute particulière. Un bras protecteur te soutiendra lorsque tu traverseras la sombre rivière, et ce bras est plus puissant que les plus hautes vagues. Avant même que tu t’en sois aperçu, l’obscurité sera passée et la vraie lumière brillera ; le murmure de la foi qui te répétera dans la sombre vallée : « Crois seulement », sera soudain remplacé par le rassasiement de joie devant la face de ton Sauveur. Alors la foi sera changée en vue, et l’espérance en réalité.
Jésus lui-même n’a pas de remède plus puissant contre le péché, l’épreuve et la souffrance, que celui renfermé dans ces deux mots : « Crois seulement ». À l’heure suprême de sa propre agonie et à la vue de l’affliction de ses disciples, quelles sont les paroles qui sortent de ses lèvres ? « Que votre cœur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » Croyez, oh ! « croyez seulement » !
« Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédulité » (Marc 9:24).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« C’est moi, n’ayez point de peur » (Marc 6:50 ; Jean 6:20).
C’est moi, ou, comme le porte le texte original, JE SUIS ! n’ayez point de peur. — Jésus vit ! Jésus est là ! Que son peuple chasse donc toute crainte. Le Dieu tout-puissant marche sur les vagues. La raison humaine peut, il est vrai, juger autrement des choses ; elle peut dire que l’aveugle hasard, des circonstances imprévues règlent les destinées de l’homme ; mais le chrétien sait qu’il n’en est pas ainsi. « La voix de l’Éternel est sur les eaux ». Assis près du gouvernail, il dirige la barque ballottée sur les vagues, et la conduit en sûreté dans le port.
Que de fois n’est-il pas venu à nous comme il vint vers ses disciples, lorsque tout semblait perdu, — « à la quatrième veille de la nuit », lorsque nous y pensions le moins ! Que de fois lorsque, comme l’apôtre Paul (Actes 27:20), nous étions sur le point de faire naufrage, que « ni le soleil ni les étoiles ne paraissaient autour de nous », et que « la tempête était si violente que nous perdions toute espérance de nous sauver », — que de fois, dans de pareils moments, n’avons-nous pas entendu la parole de Jésus, s’élevant au-dessus du bruit des vagues pour nous dire : « C’est moi, n’ayez point de peur ! »
Chrétien dans l’épreuve, écoute la voix qui te crie du milieu de l’orage : « Ne crains point, C’EST MOI » ; cette voix, comme celle de Joseph lorsqu’il s’adressait à ses frères, peut te sembler étrange, rude même, mais les paroles qu’elle prononce n’en sont pas moins pleines d’amour. « C’est moi », semble-t-il dire, « qui soulève cette mer en furie, et c’est moi qui, lorsqu’elle aura accompli son œuvre, l’apaiserai en lui disant : « Tais-toi, sois tranquille ». Chacune de ses vagues obéit à ma parole, chacune de tes épreuves est voulue par moi dans un but miséricordieux ; elles ne sont pas destinées à te jeter sur la côte aride et rocailleuse, mais à t’amener plus près du ciel. Est-ce la maladie qui t’atteint ? Mais j’ai connu ces douleurs, cet épuisement, ces nuits d’insomnie, et c’est moi qui te les ai envoyés pour te bénir. Est-ce la solitude et le deuil qui font couler tes larmes ? Mais ne suis-je pas ton consolateur, venu au monde pour souffrir avec toi ? Les êtres bien-aimés que tu as perdus, c’est moi qui les ai recueillis. Est-ce la mort qui t’effraie ? Mais je suis le vainqueur de la mort. « Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi, et par les rivières elles ne te submergeront pas ». Bientôt c’est moi qui viendrai te chercher, et qui t’introduirai dans la maison du Père pour toujours ».
Lecteur, tu auras sujet, n’en doute pas, de rendre grâces à ton Dieu, pendant l’éternité, de chacune des tempêtes qui t’assaillent ici-bas, car les tempêtes mêmes font avancer le voyageur chrétien vers le port désiré. La tourmente et l’obscurité vont passer et l’aurore inonder bientôt de ses glorieux rayons les rivages de l’éternité !
Quelle doit donc être l’attitude de l’enfant de Dieu ? Il doit regarder constamment à Jésus, et non plus à lui-même, ni au péché, ni aux hommes ; il doit fixer le regard ferme et assuré de la foi sur le Sauveur. Ah ! comme la contemplation vivante et vraie de Jésus Christ éloigne toute crainte coupable ? Les gardes romains, à la résurrection de Jésus, furent tellement effrayés « qu’ils en devinrent comme morts », mais les pauvres femmes juives ne craignirent pas ; pourquoi cela ? parce qu’elles « cherchaient Jésus ». « Il arrête la tempête, la changeant en calme, et les flots se taisent ; et ils se réjouissent de ce que les eaux sont apaisées, et il les conduit au port qu’ils désiraient » (Psaume 107:29, 30). Lecteur, que ton esprit fatigué se repose à l’ombre de ces paroles d’un Sauveur miséricordieux, en disant :
« J’ai attendu l’Éternel ; mon âme l’a attendu, et j’ai eu mon attente en sa parole » (Ps. 130:5).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne » (Jean 14:27).
Quel trésor pour nous que les dernières paroles d’un mourant qui nous est cher ! Comme ses derniers mots, ses derniers regards nous sont particulièrement précieux ! Or, voici les dernières paroles, le legs sacré du Sauveur allant à la mort pour nous : « Je vous laisse la paix ».
De quelle paix s’agit-il ? de celle qu’il nous a acquise, d’une paix qui provient du pardon gratuit par son sang précieux. « Il a fait la paix par le sang de la croix ». C’est cette paix que peut seule donner la grâce infinie de Dieu en vertu du grand sacrifice de « son Fils unique et bien-aimé ». « Jésus, notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Romains 4:25). L’âme humaine a besoin de paix. L’existence n’est qu’une longue aspiration après le repos, et ce repos ne se trouve que dans le sang de la croix ! « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (Romains 5:1). — « Il donne du repos à ses bien-aimés ». Après avoir dit : « Je vous laisse la paix », Jésus ajoute : « Je vous donne MA PAIX », la sienne propre, douce, profonde, parfaite paix dans la communication intime de son âme avec le Père, et à laquelle il nous donne part avec lui ; paix de Dieu qui surpasse toute intelligence et qui gardera nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus » (Philippiens 4:7).
Qu’elle est différente, cette douce paix, de la fausse et trompeuse sécurité dans laquelle tant d’hommes vivent et meurent, « Ce n’est pas ici un lieu de repos », dit le prophète Michée. « Paix, paix » — crie le monde, « et il n’y a point de paix ». — « Il n’y a pas de paix, dit l’Éternel, pour les méchants » (Ésaïe 48:22). « Quand ils diront : « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux » (1 Thess. 5:3). Mais la paix de Jésus n’est pas celle que le monde donne ! la paix du croyant est véritable, profonde, solide, éternelle. Le monde avec tous ses appas, toutes ses séductions, ne peut la donner ; le monde avec toutes ses vicissitudes, toutes ses fluctuations ne peut nous l’ôter ! Elle brille d’un nouvel éclat à l’heure de l’épreuve, et éclaire la sombre vallée de la mort : « Prends garde à l’homme intègre et regarde l’homme droit, car la fin d’un tel homme est la PAIX » (Ps. 37:37). — « Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi, car il se confie en toi » (Ésaïe 26:3). Que de fois, en effet, le lit de mort du chrétien n’a-t-il pas été aussi paisible que le plus beau ciel d’un soir d’été, alors que tout repose dans le silence ? Que de fois l’âme qui s’envolait pour l’éternité n’a-t-elle pas disparu comme le soleil à son déclin, pour briller d’un nouvel éclat dans une hémisphère plus belle ? « Il me semble », disait un chrétien éminent sur son lit de mort, « il me semble n’avoir plus rien à faire qu’à attendre : tout est paix, douce paix ! »
Lecteurs, connaissez-vous cette paix qui surpasse toute intelligence ? Pouvez-vous répéter chaque matin à l’heure du réveil : « J’ai la paix avec Dieu » ? Les flots de l’adversité peuvent mugir autour de l’enfant de Dieu, mais ils ne l’atteindront jamais, car il est à l’abri dans le creux du rocher, et les plus violentes tempêtes ne sauraient l’en arracher. Oh ! n’attendez pas votre dernière heure pour posséder une telle paix ! Comment sera-t-il possible d’adoucir les angoisses de cette heure solennelle, si vous n’avez pas reçu avant ce moment-là « la grâce et la paix » que Dieu vous offre ? Et souvenez-vous que toutes les paroles du Seigneur Jésus sont autant de ruisseaux destinés à grossir le fleuve de votre paix. « Oh ! si tu avais fait attention à mes commandements, ta paix aurait été comme un fleuve… » (És. 48:18). — Il a dit lui-même : « Je vous ai dit ces choses afin qu’en moi vous ayez la paix » (Jean 16:33).
« J’écouterai ce que dira Dieu, l’Éternel ; car il dira paix à son peuple et à ses saints. Mais qu’ils ne retournent pas à la folie ? » (Ps. 85:8).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matt. 28:18).
Quel empire que celui-ci, comprenant les cieux et la terre. Les anges dans le ciel et les saints sur la terre sont soumis à Jésus. À sa voix, les flots s’apaisaient, les démons s’enfuyaient avec terreur, la tombe rendait sa proie. Il porte sur la tête plusieurs diadèmes. Toutes choses lui sont assujetties (voir Héb. 1 et 2), et il a été donné pour être chef sur toutes choses à l’Église qui est son corps (Éph. 1:20-23). Oui, « au-dessus de toutes choses », des plus petites comme des plus grandes. Il tient les sept étoiles en sa main droite ; il marche au milieu des sept lampes d’or, alimentant celles-ci de l’huile de « sa grâce », et maintenant celles-là dans leur véritable orbite. Grande, sans doute, est la puissance du prince des ténèbres ; mais Dieu en soit loué, ce n’est pas à lui qu’appartient la toute-puissance. Christ le retient captif ; il lui oppose une barrière infranchissable. Nous lisons dans l’Évangile que Satan ne put pas même entrer dans le troupeau de pourceaux avant que Christ le lui eût permis. Nous lisons aussi qu’il demanda à cribler Pierre, mais le Seigneur dit à son disciple : « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas ».
Chrétien, que de fois cette grâce de Jésus ne t’a-t-elle pas délivré du piège de l’ennemi ? La clef de Satan n’ouvrait que trop bien, hélas ! la porte de ton mauvais cœur, mais celui qui est « plus fort que l’homme fort », s’opposa victorieusement à son entrée ; le pouvoir de l’adversaire attisait le feu, mais la toute-puissance de Jésus l’éteignait. En ce moment même, es-tu oppressé par le sentiment de la grandeur de ta corruption, de la faiblesse de ton cœur, ou bien serais-tu aux prises avec quelque tentation extérieure ou intérieure ? Regarde à Celui qui t’a promis que sa grâce suffirait. À lui est la toute puissance, à lui est l’amour infini ! La même main qui tient le sceptre de l’empire universel conduit doucement son peuple fatigué et chargé. Celui qui compte les étoiles aime aussi à compter les épreuves de ses enfants ; rien n’est trop grand, rien n’est trop petit à ses yeux. Il met nos larmes dans ses vaisseaux, il fait à son peuple un sentier uni dans son amour.
Ô Sauveur bien-aimé ! nos intérêts éternels ne pourraient être en mains plus sûres et meilleures que les tiennes. Je puis me reposer en paix sur ta toute-puissance ; je puis me réjouir de la tendre sympathie que tu nous as témoignée par ton humanité ; je puis avoir toute confiance en la parfaite sagesse de tes voies. « Quelquefois », disait un chrétien, « nous attendons une bénédiction de notre façon, mais Dieu juge bon de nous en donner une de la sienne ». Quoi qu’il en soit, ses voies et sa volonté sont toujours les meilleures. — Amour infini, puissance infinie, sagesse infinie, voilà autant de garanties infaillibles de notre bonheur. Ses desseins sont immuables, ses promesses sont fidèles, et pas un seul iota de sa parole ne tombera en terre sans être accompli.
« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ».
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Celui-là me glorifiera, car il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera » (Jean 16:14).
Le Saint Esprit glorifie Jésus dans sa personne, dans son caractère, dans son amour et devant son peuple. Il est en quelque sorte le lien qui unit le chef glorieux dans le ciel et son Église ici-bas ; c’est lui qui présente au grand Intercesseur assis sur le trône les besoins et les prières incessantes des saints selon Dieu (Rom. 8:26, 27), et qui est chargé de leur communiquer en retour des trésors de consolation pour leurs épreuves, de force contre leurs tentations, de sympathie pour leurs larmes, de richesse pour leur misère, — le tout couronné par cette parole sublime qui nous dévoile le but de l’œuvre de l’Esprit : « Il me glorifiera ».
Oui, l’Esprit glorifie Jésus ; « il ne parle pas de par lui-même, mais il dit tout ce qu’il a entendu » ; il rappelle au croyant la toute-puissante intercession du Sauveur, ses paroles de sympathie, les messages pleins de tendresse d’un cœur qui, bien qu’humain, ne saurait être sujet à aucune ombre de changement : « Il ne vous parlera », dit un vieux théologien en commentant le passage qui nous occupe [Goodwin], « il ne vous parlera que de mon amour, il trouvera ses délices ineffables à me glorifier dans l’Église, à me rendre toujours plus cher au cœur de mes rachetés ; et il est digne de toute croyance, car il est l’ESPRIT DE VÉRITÉ ».
Et quelle n’a pas été la fidélité de l’Esprit dans tous les siècles à glorifier, Jésus ! Voyez la première manifestation de sa puissance dans l’Église chrétienne le jour de la Pentecôte ; quelle fut en ce jour à jamais mémorable la grande vérité sur laquelle se concentra l’intérêt de ces milliers de pécheurs qui fléchirent le genou devant Dieu ? Ce fut l’œuvre de Jésus. L’Esprit de vérité mit cette œuvre en lumière et glorifia ainsi le Sauveur devant les hommes qui jusqu’alors n’avaient vu en lui rien qui le fît désirer. Écoutez la déclaration que le Saint Esprit inspira à l’apôtre Pierre, — admirable résumé de cette merveilleuse prédication qui fut accompagnée « d’une démonstration d’esprit et de puissance » : « Que toute la maison d’Israël sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié ».
Et c’est toujours cette sublime vérité que l’Esprit saint se plaît à présenter au pécheur abattu ; cette vérité qui, seule, peut lui donner la force de renverser les forteresses de Satan. Toutes les beautés intimes et glorieuses de l’œuvre et du caractère de Christ sont invisibles à l’œil naturel. « C’est l’Esprit qui vivifie ». « Personne ne peut dire Seigneur Jésus, si ce n’est par l’Esprit saint ». Il est le grand annonciateur du Christ et c’est par lui que Jean Baptiste pouvait déclarer à son peuple : « Voilà l’agneau de Dieu ! »
L’Esprit de Christ qui était dans les prophètes de l’Ancien Testament « rendait par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient (1 Pierre 1:11). C’est le Saint Esprit qui a rappelé aux apôtres toutes les choses que Jésus a dites pour nous les rapporter (Jean 14:26). C’est par l’Esprit Saint que Jésus, avant son élévation au ciel, a donné des ordres aux apôtres qu’il avait choisis (Actes 1:2).
C’est le Saint Esprit qui a communiqué « toute la vérité » aux écrivains inspirés du Nouveau Testament afin de « compléter la parole de Dieu » (Jean 16:13). — Richesses insondables ! Ô merveilleux dons de la grâce infinie de Dieu envers l’homme : Christ la vérité, l’Esprit la vérité, sa Parole la vérité (Jean 14:6 ; 17:17 ; 1 Jean 5:6).
Lecteur, si la sainteté, la gloire et l’amour de Jésus ont été dévoilés à votre âme, c’est au Saint Esprit que vous le devez. Si, à l’heure de l’épreuve, vous avez puisé de grandes consolations dans la pensée de la profonde sympathie de votre Rédempteur et de son amour toujours vivant ; ou bien si, à la perspective d’une mort prochaine, vous éprouvez la puissance de ses promesses magnifiques, qui est-ce qui a produit cette œuvre en vous, sinon le Saint Esprit, qui, fidèle à sa mission de paix, prend de ce qui est à Christ pour vous le donner, vous rendant ainsi capable de le bénir, soit dans la vie, soit dans la mort. Puisse votre devise être toujours celle-ci : Rien que Christ ; mais pour croître dans la connaissance et dans la grâce de Christ, ne négligez pas de rechercher les communications de Celui qui peut seul vous révéler « l’excellence de cette connaissance ».
« L’Esprit de vérité qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi » (Jean 15:26).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Votre tristesse sera changée en joie » (Jean 16:20).
Le peuple de Christ est un peuple affligé. L’épreuve est son héritage ; la tribulation est sa discipline. Mais si vous êtes affligés maintenant de diverses manières, c’est « afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pierre 1:7). Vos épreuves vous sont mesurées par une main compatissante. Il vous connaît trop bien, il vous aime trop tendrement pour faire de ce monde un monde sans épreuve et sans larmes. « Il faut de la pluie, de la grêle, des orages, au ciel des saints », disait Rutherford. Si votre chemin terrestre était semé de fleurs et que les rayons du soleil se jouassent sans cesse autour de votre demeure, vous risqueriez d’oublier que votre existence n’est qu’une existence « nomade », et que vous n’êtes ici-bas qu’étrangers et voyageurs. Il faut que la tente soit parfois ébranlée, il faut que les liens qui retiennent ce tabernacle terrestre se relâchent les uns après les autres, afin de vous amener à sentir que vous n’êtes véritablement qu’un pèlerin, et à soupirer après une meilleure patrie. Mais encore une fois soyez consolés ; et tandis que l’affliction est votre partage, pensez à Celui qui dit à chacun de vous : « Je connais tes afflictions ». Les anges ne pourraient comprendre vos douleurs, ils ne sauraient sympathiser avec vous, car la douleur est chose inconnue pour eux. Mais il y a un Être plus puissant que les anges qui compatit à toutes vos peines, à toutes vos tristesses. L’amour est au fond de tout ce qu’Il dispense à votre égard. Il a un but caché dans toute épreuve qu’il vous envoie, en sorte qu’épreuve et bénédiction sont pour son peuple des mots synonymes. « Pourquoi me demandez-vous ce que j’aime ? » disait un fervent serviteur de Dieu sur son lit de mort, « je suis le malade du Seigneur, je ne puis que tout aimer ».
Quand vos dispositions seront telles, alors « votre tristesse sera changée en joie ». Le matin s’approche, — ce brillant matin où la rosée amassée durant des nuits de larmes brillera à l’éclat du soleil de justice. À ce moment bienheureux, tout le travail, toutes les épreuves du temps présent seront oubliés, ou si le souvenir en subsiste encore, il ne servira qu’à établir un contraste plus frappant entre cette vie de douleur et la plénitude des joies de l’éternité. Quelle révélation ineffable ! Voici, la carte du temps est déroulée, et je découvre que toute épreuve, de quelque nature qu’elle fût, — faible ruisseau ou fleuve impétueux, — se dirigeait vers le ciel, et que chaque rafale, chaque souffle de la tempête a contribué à pousser ma barque dans le port ! Et le Seigneur lui-même prendra part à mon bonheur. Car si nos tristesses sont ses tristesses, nos joies sont aussi ses joies.
Lecteur, puisse une telle joie être la vôtre ! Détachez-vous de celles du monde. Appréciez avec reconnaissance les joies légitimes que Dieu vous accorde et qu’Il peut sanctifier et bénir, mais prenez garde de ne pas y mettre votre cœur, ou de leur attribuer une permanence qu’elles n’ont pas. Souvenez-vous que Jésus avait les regards fixés non sur la terre, mais vers le ciel, lorsqu’il ajouta :
« Personne ne vous ôte votre joie » (Jean 16:22).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire » (Jean 17:24).
Il n’y a qu’une seule « requête » que Christ ait jamais faite, qui fût rejetée par son Père : c’est celle que lui arracha la violence de son agonie surhumaine : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! ». Si cette prière eût été exaucée, nous n’eussions pas reçu une seule parole de consolation de Jésus. « S’il est possible » : — sans cette parenthèse pleine d’amour nous étions perdus à jamais ! Mais la coupe amère, Jésus l’a bue jusqu’à la lie avec une entière soumission ; les châtiments terribles prononcés par la loi, il les a supportés ; l’expiation a été complète, la justice parfaite de Dieu est satisfaite, et maintenant, comme prix de son obéissance et de sa mort, le grand vainqueur demande ses trophées. Et quels sont-ils ? Ceux que lui a donnés le Père, — les multitudes sans nombre rachetées par son sang. Pour ceux-là, son désir est qu’ils soient pour toujours avec lui, « là où il est » afin qu’ils soient spectateurs de sa gloire. Paroles et désirs étranges de la part d’un testateur mourant ! Ses derniers mots sur la terre sont un ardent plaidoyer pour la gloire des siens ; son dernier souhait, de les retrouver dans le ciel ; comme si ces joyaux terrestres pouvaient ajouter à l’éclat de sa couronne ; comme si leur bonheur et leur joie devaient être le complément nécessaire du sien. « Il verra du fruit du travail de son âme et sera satisfait » (Ès. 53:11).
Lecteur ! apprends de là que le grand élément de ton bonheur dans ta condition à venir sera la « présence de Christ » : « avec moi, là où je suis ». « Nous le verrons tel qu’il est ». C’est là ce qui constitue la bienheureuse espérance du chrétien. Le ciel ne serait pas le ciel sans Jésus ; son absence serait comme la disparition du soleil dans le firmament. Mais, ô bonheur ! il a stipulé lui-même dans la prière qu’il nous a laissée comme legs, que nous passerions l’éternité tout entière dans l’union et la communion avec lui, contemplant les mystères insondables de son amour, rendus conformes à sa ressemblance glorieuse, et buvant à longs traits dans l’océan sans bornes de ses délices.
Si quelque chose peut encore rehausser la grandeur de ces bénédictions promises, ce sont les mots qui terminent ce verset et par lesquels Jésus motive en quelque sorte son désir : « Afin qu’ils voient ma gloire ». Et pourquoi ? « Car tu m’as aimé avant la fondation du monde ! »
Chrétien, te réjouis-tu d’être avec ton Sauveur comme Lui se réjouit de t’avoir dans sa présence ? Et peux-tu chanter avec bonheur et adoration :
Toi-même tu verras ce que ton cœur réclame,
De ton œuvre à la croix le fruit mûr et parfait.
Tu jouiras, Seigneur, du travail de ton âme,
Et ton amour divin en sera satisfait.
« Nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (1 Thess. 4:17, 18).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (Jean 14:19).
Dieu choisit quelquefois les objets les plus stables du monde matériel pour nous faire comprendre sa fidélité et son amour envers son Église : « Jérusalem ! — des montagnes sont autour d’elle, et l’Éternel est autour de son peuple ». Mais ici le Rédempteur nous présente un argument tiré de son essence divine. Il lie pour ainsi dire la vie de ses rachetés à la sienne : « Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez ! »
Chrétien, ne vois-tu pas dans cette parole de Jésus le gage assuré de ta gloire ? Ton Sauveur « vit », et sa vie est la garantie infaillible de la tienne. Sa vie, voilà ce qui nous sauve d’une ruine éternelle. Mais si Christ est à nous pour la vie, de quelle inviolable sécurité la nôtre n’est-elle pas entourée ? La grande source de la vie aurait à tarir avant que le plus petit ruisseau fût desséché. Le grand soleil aurait à s’éteindre avant qu’un seul des satellites qu’il éclaire de sa splendeur pût perdre sa clarté. Satan aurait à arracher la couronne du front divin avant de toucher au plus petit joyau du peuple de Dieu. Il ne pourrait ébranler un pilier sans ébranler le trône. « Si nous périssons », dit Luther, « Christ périt avec nous ».
Lecteur, ta vie est-elle cachée maintenant « avec Christ en Dieu » ? Connais-tu le bonheur d’une union vivante avec le Sauveur qui a la vie en lui-même et qui la donne à qui il veut ? Peux-tu dire avec une confiance humble et joyeuse, au milieu des phases si mobiles de ta vie spirituelle : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » ? — JÉSUS VIT ! telle est la plus réjouissante déclaration qu’une âme et un monde perdus par le péché puissent entendre. Job s’était réjoui dans cette consolante assurance quatorze cents ans à l’avance, puisqu’il s’était écrié : « Je sais que mon Rédempteur est vivant ». Jean, exilé dans Patmos, fut réconforté par cette parole : « Ne crains point : moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant ; et j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1:17) — parole sublime, adressée à son serviteur par le Rédempteur lui-même quand il lui apparut tout rayonnant de la splendeur de son humanité glorifiée. « C’est ici le témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils », dit Jean, résumant dans une parole tout l’Évangile, « c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:11, 12). Paul, au chapitre 8 de l’épître aux Romains, où il trace la peinture la plus sublime du caractère et des privilèges du chrétien, commence par ces mots : Point de condamnation, et finit par ceux-ci : Point de séparation. Pourquoi n’y a-t-il rien qui puisse séparer le chrétien de l’amour de Dieu ? Parce que sa vie est en quelque sorte incorporée à celle de son Chef et de son Garant adorable. Le cœur divin et infini d’un Christ vivant fait vibrer ses pulsations dans chaque membre de son corps, en sorte qu’avant que la vie spirituelle du croyant puisse être détruite, la toute-puissance aurait à devenir faiblesse et l’immutabilité inconstance !
Mais béni sois-tu, ô Jésus ! « ta parole est bien affinée, et ton serviteur l’aime ».
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16).
Ô Dieu ! tu l’as donné dans ton amour immense !
Il a tout accompli pour notre délivrance ;
Il est notre justice et notre sainteté,
Sa vie est notre vie, — et pour l’éternité.
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Voici, moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle » (Matt. 28:20).
Telles sont les paroles que Jésus adressa à ses disciples lorsqu’il se préparait à les quitter pour remonter au ciel. Déjà il voyait le trône de miséricorde où il allait reprendre sa place ; mais toutes ses pensées étaient pour l’Église qu’il allait laisser dans la lutte et la souffrance ; ses bénédictions et ses dernières paroles sont pour elle. « Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père », avait-il dit avant sa mort ; mais au moment de son départ, avec quel amour il laisse aux siens cette précieuse promesse : « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle ».
Combien les apôtres n’en éprouvèrent-ils pas la réalité ! Écoutez le témoignage que rendait longtemps après la glorification du Seigneur le disciple bien-aimé qui avait coutume de reposer sa tête sur le sein de son Maître, qui l’avait « entendu, vu et contemplé ». Peut-être ne va-t-il parler de son Seigneur et de sa divine société que comme d’un précieux souvenir des temps passés ? Non, il s’écrie avec joie : « Nous avons communion avec Jésus Christ ! » L’apôtre Paul eut plusieurs fois l’occasion de voir le Seigneur à ses côtés et de l’entendre lui donner ses directions et ses encouragements. « Le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié », dit-il après sa comparution devant César, alors que tous ses compagnons l’avaient abandonné et qu’il n’avait personne pour le soutenir.
Oh ! combien, du sein des choses fugitives d’ici-bas, le cœur s’attache à cette certitude de la présence éternelle du Sauveur ! Quelques semaines suffisent, hélas ! pour changer le cœur de nos meilleurs amis ; mais siècles après siècles s’écouleront, et Christ sera toujours le même. Combien il est doux de penser que si je suis réellement un enfant de Dieu, il n’y a pas un seul instant où je ne sois gardé par lui ! Quand les rayons du matin éclairent ma chambre, les rayons plus brillants d’un plus brillant soleil resplendissent sur moi. Quand les ombres du soir m’entourent, il n’y a pas de nuit pour moi si Jésus, le Soleil immuable de mon âme, est auprès de moi. Il est présent également aux jours de la prospérité et aux jours de l’adversité. Il ne peut changer. Il est le même dans la maladie et dans la solitude, dans la joie et dans l’épreuve, dans la vie et dans la mort. De même que la colonne de feu ou la nuée des enfants d’Israël les accompagnèrent jusqu’à la frontière de Canaan, de même Jésus, dans son amour, conduit son peuple pas à pas dans les sentiers de la vie. Sa parole a-t-elle jamais été trouvée fausse ? Que la nuée de témoins qui sont maintenant dans la gloire répondent. Tous diront d’un commun accord : « Il n’est point tombé un seul mot de toutes les bonnes paroles que l’Éternel notre Dieu a dites ». — Oui, « la parole du Seigneur est bonne » ; comme il « avait aimé les siens, qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin » .
Chrétien ! es-tu assailli ou troublé par des tentations ? Des choses permises par Dieu, impénétrables et de sévères afflictions semblent-elles te dérober la vérité et la réalité des promesses miséricordieuses de Dieu ? Es-tu sur le point de dire comme Gédéon : « Si l’Éternel est avec nous, pourquoi donc toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? » Ne crains pas ; il a des vues de miséricorde à ton égard. En t’enlevant tes espérances terrestres, en te privant des appuis auxquels tu attachais tant de prix, il a déployé envers toi toute sa tendresse. Au sein du naufrage de ton bonheur, que la tombe peut-être a caché à tes yeux, un Ami plus précieux, plus cher, plus tendre que celui dont tu pleures la perte, t’invite à lui dire avec confiance : « L’Éternel est vivant et mon rocher est béni ; que le Dieu de mon salut soit exalté ».
« Grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » ; et jamais nous ne jouissons plus complètement de cette victoire qu’au moment où, dépouillés de tout objet digne d’affection, nous restons, comme les disciples sur la montagne, « avec Jésus seul ! » ; en attendant la victoire définitive sur la mort au jour de la résurrection et de la gloire.
« Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi » (Ps. 23:4).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra » (Jean 11:25).
Quelle voix que celle qui retentit sur un monde plongé depuis six mille ans dans le sommeil du péché et de la mort ! Pendant quatre mille ans, le paganisme ne put jeter aucune lumière sur les sombres régions de la tombe ; ses oracles restèrent muets sur la grande doctrine de la vie à venir et plus particulièrement sur ce qui concerne la résurrection des corps. Le peuple juif lui-même, sous la dispensation de l’Ancien Testament, ne pouvait guère jouir à cet égard que d’une lumière incomplète. Il fallait la mort du grand Vainqueur pour faire briller aux yeux d’un monde aveuglé le lumineux « chemin de la vie ». C’est lui « qui a introduit une meilleure espérance », qui a déchiré le voile mystérieux étendu depuis des siècles sur toutes les générations humaines. Merveilleuse révélation ! Ce corps mortel, qui doit se décomposer et se dissoudre dans la poussière, renaîtra de ses cendres et ressuscitera en gloire ! Il ne sera plus un tabernacle terrestre, une tente fragile, mais il sera incorruptible, immortel ! La belle transformation de la chrysalide en insecte, celle de la graine qui meurt au printemps pour s’élancer de sa tombe en épi fertile ou en fleur splendide, sont autant de voix muettes de la nature qui proclament à leur manière cette grande vérité. Mais l’Évangile a pleinement révélé ce que la raison, dans ses plus sublimes conceptions, n’avait pu rêver, — Jésus a fait luire « la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1:9). Sa résurrection est le gage de la résurrection de son peuple. Il est le premier fruit de la moisson immortelle qui doit être recueillie dans les greniers célestes.
Précieuse vérité ! cette parole de Jésus brille comme un céleste arc-en-ciel à l’entrée de la sombre vallée ; la mort perd son aiguillon. La tombe retient, comme un dépôt précieux, les cendres de tout enfant de Dieu, parce qu’il a été racheté. Dieu le fera sortir au jour où il mettra dehors « tous ses précieux joyaux » ; alors il sera revêtu d’une beauté impérissable à la ressemblance du corps glorieux du Rédempteur. En attendant, « ceux qui se sont endormis en Jésus » sont « absents du corps et présents avec le Seigneur » (2 Cor. 5:8). L’apôtre avait « le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur » (Phil. 2:23).
Chrétien affligé et dépouillé de toute joie, toi qui peut-être pleures amèrement ceux qui ne sont plus, réjouis-toi au milieu de tes larmes, à cause de cette espérance immortelle. « La corde d’argent » est relâchée, mais non rompue. Tandis que tu es dans la chambre mortuaire, ou sur le bord d’une tombe à peine fermée, ou sous le poids d’une affreuse solitude et d’un morne silence, souviens-toi de ces paroles : « Tes morts vivront, mes corps morts se relèveront. Réveillez-vous et exultez avec chant de triomphe, vous qui habitez dans la poussière ; car ta rosée est la rosée de l’aurore, et la terre jettera dehors les trépassés » (És. 26:19).
« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal en résurrection de jugement » (Jean 5:28, 29).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je m’en vais au Père » (Jean 16:16).
Qu’elles nous paraissent longues les heures qui nous séparent d’un être aimé ! oh ! que le moment du retour d’un frère absent est impatiemment attendu ! Or, voici, le Rédempteur vivant envoie un message à son Église qui l’attend, — message de consolation et de paix, — lui disant que bientôt, « dans peu de temps », il reviendra pour ne plus la quitter.
Le fidèle jouit à la vérité, dès à présent, de précieux moments de communion avec son Sauveur bien-aimé ; mais hélas ! qu’ils sont courts et passagers ! Aujourd’hui, la vie est un court voyage où l’âme jouit de la présence d’un Sauveur invisible, mais il arrive parfois que le cœur solitaire se demande à lui-même d’un accent plaintif : « Où est ton Dieu ? ». Et lors même que le fidèle n’aurait pas à passer par ces jours d’obscurité et d’abattement, que de choses dans le monde qui l’entoure sont propres à le remplir de tristesse ! son Sauveur rejeté et méconnu ; — son amour compté pour rien ; — ses voies providentielles méprisées ; son saint nom blasphémé ; — la création tout entière opprimée et gémissante ; la désunion parmi le peuple même de Dieu ; — le cœur aimant de Jésus « blessé dans la maison de ses amis ».
Mais « encore un peu de temps », et tout ce mystère d’iniquité prendra fin. Les pas du Bien-aimé se font déjà entendre. « Le voici qui vient » (Cant. des cant. 2:8) chercher les siens pour les conduire dans les demeures éternelles que son amour leur a préparées. Et quel jour béni que celui où toute cette création en souffrance sera aussi délivrée de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8). Alors le Seigneur, si longtemps méconnu, régnera enfin au milieu des hosannas de l’univers, des cantiques et des actions de grâces des rachetés ! « Et l’œuvre de la justice sera la paix, et le travail de la justice, repos et sécurité à toujours » (Ès. 32:17).
Oui, « encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas ». « Il n’attendra pas un moment de plus qu’il n’est nécessaire », dit un auteur chrétien. Avec quelle joie ne fera-t-il pas entendre « le cri de commandement » annonçant que « ce peu de temps » est enfin passé, et nous appelant à sa rencontre sur les nuées pour nous introduire au festin éternel de son amour et de sa gloire.
Enfants de Dieu dans l’épreuve, pensez souvent à ce « peu de temps ». Les jours de votre deuil seront bientôt passés. Il y a un terme mis aux épreuves du temps présent. — « Après que vous aurez souffert un peu de temps », Dieu vous appellera à sa gloire éternelle par Jésus Christ. Chacune des vagues qui vous séparent encore du port sont comptées, et lorsque vous aurez atteint ce port désiré, oh ! quelles révélations glorieuses luiront à vos yeux ! le « peu de temps » sera pour jamais absorbé dans les jours sans fin de l’éternité ! vous serez pour « toujours avec le Seigneur », avec ce Sauveur immuable qui n’a pas changé et ne peut changer !
« Encore un peu de temps et vous me verrez ! ». Oh ! si les yeux de la foi pouvaient être plus constamment dirigés sur cette apparition glorieuse ! mais, hélas ! le monde et ses coupables séductions s’efforcent de voiler et d’obscurcir cette bienheureuse espérance. Le cœur est prompt à jeter ici-bas ses filets et à les fixer sur des objets périssables.
Lecteur ! cherche à vivre plus constamment dans la pensée de cette réalisation de tes vœux les plus chers ; que ton âme soit toujours comme la colombe prête à prendre son vol.
« Attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (Tite 2:13).
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car c’est eux qui verront Dieu » (Matt. 5:8).
Voici le ciel ! Cette parole de Jésus représente le bonheur futur des saints glorifiés comme dépendant, non des lieux qu’ils habitent, mais de leur position devant Dieu ; l’essence de ce bonheur est la présence et la vue de Dieu. Notre attention est parfois attirée vers des théories vagues et indéfinies sur les accessoires de la félicité à venir ; mais le seul grand objet digne de notre contemplation, la gloire par excellence, « c’est la face du Seigneur lui-même » ! La grande leçon pratique donnée ici par Jésus à son peuple est la nécessité d’un cœur pur sans lequel personne ne verra Dieu. « Poursuivez la paix avec tous et la sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur » (Héb. 12:14). Il faut que le cœur soit purifié par le sang de Jésus et sanctifié par sa Parole.
Lecteur ! connais-tu quelque chose de cette pureté et de cette sainteté du cœur ? On a dit : « les rues du ciel commencent sur la terre ». Dès ici-bas, nous pouvons jouir de cette sainteté, avant-goût des bénédictions à venir. Qui n’a senti que les plus heureux moments de la vie sont ceux où nous marchons le plus près de Dieu, où, renonçant à nous-mêmes, nous dirigeons nos regards vers Jésus glorifié comme vers notre seul but ? Que sera le ciel, sinon la communion constante de l’âme avec Dieu, la délivrance de tout penchant au mal et de toute crainte de céder aux tentations extérieures ? Ne sera-ce pas un état de l’âme où tout sera dans une parfaite harmonie avec toute la pensée et toute la volonté de Dieu, avec ses voies réalisées et son amour satisfait ; où notre intelligence sera rendue capable de connaître à fond comme nous avons été connus et de sonder tous les glorieux mystères qui sont encore voilés à nos yeux. « Car nous voyons maintenant au travers d’un verre, obscurément, mais alors face à face » (1 Cor. 13:12), dans le plein éclat de la Lumière et dans la parfaite jouissance de l’Amour. « En ta lumière nous verrons la lumière » (Ps. 36:9). « Ta face est un rassasiement de joie ; il y a des plaisirs à ta droite pour toujours » (Ps. 16:11). Le cœur sera changé, pour ainsi dire, en une fontaine limpide dont aucune impureté ne viendra souiller la transparence, dont aucune douleur ne viendra troubler les eaux calmes. La longue nuit de la vie est passée, et voici la gloire du matin éternel qui lui succède ! « Je verrai ta face en justice ; quand je serai réveillé, je serai rassasié de ton image » (Ps. 17:15).
Oui, c’est bien là le ciel : « pureté du cœur », « Dieu tout en tous ! », « face adorable du Sauveur », « hymne éternel à la gloire de l’Agneau immolé ». Sans doute, dans cette félicité des rachetés il y aura, pour ainsi dire, bien des sujets de joie. C’est ainsi, par exemple, qu’ils jouiront de se trouver dans la communion des saints et la compagnie des anges, et d’être réunis aux bien-aimés dont la mort les avait séparés. Mais toutes ces joies secondaires ne seront que comme dépendantes de la grande et suprême joie : d’être ensemble pour toujours avec le Seigneur et de le voir « comme il est » (1 Jean 3:2). « Et il n’y aura plus de malédiction ; et le trône de Dieu et de l’Agneau sera en elle ; et ses esclaves le serviront et ils verront sa face » (Apoc. 22:4).
Lecteur, puissiez-vous, pendant toute l’éternité, connaître par expérience le sens de ces admirables paroles de l’apôtre : « Nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ».
« Quiconque a cette espérance en lui se purifie comme lui est pur » (1 Jean 3:3).
Ô lumière ineffable !
Splendeur inaltérable !
Quand de leur Dieu les saints jouiront à jamais ;
Bonheur incomparable !
Quand sa face adorable
Resplendira sur eux dans l’éternelle paix.
Toujours dans la lumière
De la maison du Père !
Toute ombre a disparu devant l’éclat du jour.
Et, bien loin de la terre,
Notre âme tout entière
Goûtera, près de Lui, le repos de l’amour.
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures » (Jean 14:2).
Quelle touchante allusion à la vie de famille, que celle renfermée dans ces paroles de Jésus ! Il console son Église en lui annonçant que bientôt elle aura atteint les limites du désert, que le tabernacle temporaire, bon pour le pèlerinage terrestre, va être changé en une « demeure » permanente. Ce ne sera pas un asile étranger, mais une demeure paternelle où nous attend un accueil paternel. Là, il y aura place pour tous. Des milliers de bienheureux ont déjà franchi ces portes resplendissantes de gloire, des patriarches, des prophètes, des saints, des martyrs, des jeunes et des vieux, — et il y a encore de la place.
La devise du pèlerin sur la terre est celle-ci : « Nous n’avons point ici-bas de cité permanente ». Les joies les plus douces, les heures les plus bénies prendront fin. « Levez-vous et allez, car ce n’est pas ici un lieu de repos ! ». Tel est l’appel qui vient souvent interrompre les moments de repos de l’Église ici-bas. — Mais dans le ciel, tout fidèle devient « une colonne dans le temple de Dieu et il ne sortira plus jamais dehors » (Apoc. 3:12). Cette terre n’est que le gîte où le voyageur s’arrête pour passer une nuit. Nous-mêmes ne sommes que des étrangers en passage ; rien ne nous appartient en propre ; ce qui est à nous aujourd’hui, un autre peut le posséder demain. Mais ces demeures qui nous sont promises seront un héritage incorruptible et qui ne se peut flétrir. Aucune vicissitude ne peut atteindre le patrimoine céleste. Une fois entrés dans la maison paternelle, nous y serons à toujours.
Pensons aussi à l’amour de Jésus, qui a été lui-même nous préparer une place dans une telle demeure. « Je vais », a-t-il dit, « vous préparer une place ». Et il a ajouté : « Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi ». Quelle sublime pensée ! Jésus s’occupant dans le ciel du bonheur de son Église !
Lecteur, que l’espérance de ce lieu béni que le Seigneur tient en réserve pour les siens, te réconcilie avec les aspérités et les difficultés de la vie présente, avec la rude carrière du pèlerin. Laisse-toi conduire à la clarté de ce phare qui parle à ton cœur d’une demeure incomparablement plus belle que la plus somptueuse des habitations terrestres ; oublie ces vagues qui t’en séparent encore, ou plutôt ne les considère que comme devant servir à te pousser de plus en plus vers le port ! « Je voudrais », disait un fidèle entré maintenant dans son repos, « qu’on pût lire, écrire, prier, manger, boire et s’endormir avec cette pensée toujours présente à l’esprit : Je serai bientôt dans le ciel, dans le ciel pour l’éternité ! »
« La maison du Père ! » Que d’âmes à l’heure du délogement ont été réjouies et consolées par la vue de ces demeures glorieuses qu’elles entrevoyaient au travers des ténèbres de la sombre vallée ! que de larmes versées par des amis affligés ont été séchées à l’ouïe de ce tendre reproche : « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père ! » — Oui, la mort pour le chrétien n’est réellement que l’entrée dans la maison paternelle. Et que sera-ce lorsque le Seigneur accomplira sa promesse en venant Lui-même à la rencontre de sa chère Église et la fera entrer au lieu qui lui est destiné, pour la joie de son cœur et des nôtres !
« Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thess. 4:16-17).
Lieu de repos, sainte patrie,
Séjour heureux des rachetés,
Ô ville d’or, cité chérie,
J’aspire à tes félicités.
Repos, repos, près de Jésus,
Peines, douleurs ne seront plus.
Là, j’entrerai sauvé par grâce,
Là, tu m’attends aux saints parvis.
Viens, me dis-tu, j’acquis ta place
Par ma croix, dans le Paradis.
Repos, repos, près de Jésus,
Peines, douleurs ne seront plus.
H. Rossier
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Je suis l’Étoile brillante du matin » (Apoc. 22:16).
Sur la sainte montagne, Pierre avait eu la merveilleuse vision du « fils de l’homme venant dans son royaume » (Matt. 16:28). C’est là que les gloires qui devaient accompagner cette venue, lui avaient été révélées ; elles étaient restées gravées dans son cœur jusqu’au moment de déposer sa tente. D’abord il avait contemplé la majesté du fils de l’homme, déclaré Fils de Dieu par la « gloire magnifique ». Il avait vu son visage resplendissant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière. Ses regards s’étaient arrêtés ensuite sur les saints célestes qui l’accompagnaient. Il avait été témoin des entretiens que l’on a dans la gloire et s’était familiarisé avec eux. De ses propres oreilles il avait entendu la voix du Père lui parler du Fils de son amour. Ses compagnons et lui, représentant pour ainsi dire la scène inférieure et terrestre du royaume, avaient été illuminés des rayons du soleil de justice qui se levait sur la montagne.
Cette vision confirmait la prophétie tout entière, car le sujet auquel aboutit toute prophétie c’est le royaume du Christ et surtout dans sa partie terrestre. En mentionnant la parole prophétique, l’apôtre ajoute : « À laquelle vous faites bien d’être attentifs, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur ». La prophétie, dans sa portée pour nos consciences, est une chose très importante et très négligée. Tout en nous parlant du royaume, elle nous renseigne sur la manière dont il sera établi. Il ne pourra l’être que par le jugement. Pourquoi ? Parce que le monde est entièrement corrompu, et que ce n’est pas la corruption que le Seigneur prendra comme sphère de son royaume dans ce monde. Le monde est un « lieu obscur » et ténébreux ; la prophétie est une lampe qui nous permet de constater son état actuel et qui projette sa lumière sur la condition finale des hommes, lorsque le Seigneur viendra « et tous les saints avec lui ».
Les fidèles étaient en danger de se laisser gagner par le sommeil au milieu de ces ténèbres. La lampe prophétique leur en faisait voir l’horreur et discerner les pièges cachés ; elle les séparait du monde par la crainte. Comment s’associer à ce qui allait être balayé par le jugement ? Comment faire des plans d’avenir dans un monde qui n’a pas d’avenir ? Comment s’établir dans un lieu où tout allait être ébranlé et détruit ? Oui, nous « faisons bien d’y être attentifs », et je crois que la négligence actuelle des chrétiens au sujet de la prophétie a porté ses tristes fruits en abaissant les barrières qui les séparaient autrefois du monde.
Mais déjà maintenant nous avons mieux que la lampe. L’apôtre ajoute : « Jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire ». Nous sommes fils de la lumière, et fils du jour. Enfants du royaume, nous sommes rendus capables d’avoir part au lot des saints dans la lumière. En attendant, nous sommes déjà délivrés du pouvoir des ténèbres et, si nous n’avons pas encore été transportés dans le royaume du roi de justice, de paix et de gloire sur la terre, nous l’avons été dans un royaume infiniment plus grand et plus glorieux, dans le royaume céleste du Fils de son amour. Déjà nous jouissons en Christ des relations de fils et de tout l’amour du Père qui repose sur lui. Le jour se lèvera bientôt ; puissions-nous marcher comme des fils du jour !
La prophétie éclaire la terre ruinée ; le soleil de justice éclairera la terre renouvelée. Il n’a pas encore paru ; cependant déjà nous en connaissons la splendeur, comme Pierre qui la contempla sur la sainte montagne. Mais l’apôtre mentionne encore une autre lumière, celle de l’étoile du matin : « Et que l’étoile du matin se soit levée dans vos cœurs ». Si le soleil éclaire la terre, l’étoile du matin a le ciel pour domaine. Elle attire les yeux vers elle-même et vers ces espaces infinis où brille sa pure lumière. L’étoile du matin est un astre gracieux et plein d’une fraîcheur merveilleuse. Il est levé bien avant l’aube, et celui qui veille toute la nuit a seul le privilège de le voir. L’étoile du matin, c’est le Christ céleste quand il apparaîtra aux yeux des siens. Nous ne le voyons pas encore, mais nous sommes au moment précis où il va paraître ; car « la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché » (Rom. 13:12). Déjà cette étoile s’est levée dans nos cœurs, déjà l’espérance céleste occupe nos pensées et remplit nos affections, et cette espérance c’est notre Sauveur en personne.
« Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt. — Amen ; Viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22:20).
H. Rossier
Souvenez-vous des paroles du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Bienheureux sont ces esclaves que le Maître, quand il viendra, trouvera veillant » (Luc 12:37).
Le Seigneur allait quitter les siens ; car définitivement le monde le rejetait. Un complot qui devait aboutir à la croix, s’était déjà formé contre lui (Luc 11:53-54). Sans doute les apparences contredisaient encore ce que Satan tramait dans les ténèbres, car jamais sa « popularité » n’avait brillé d’un tel lustre : Les foules se rassemblaient par milliers autour de Jésus, de sorte qu’ils se foulaient les uns les autres (12:1). Mais lui voyait et connaissait ce que recouvrait de son hypocrisie le cœur humain. C’est à ce moment, qu’en présence de la multitude, il se met à parler à ses disciples. Il s’isole avec ce pauvre résidu angoissé, sur lequel son départ projette déjà son ombre, et, ouvrant tout son cœur à ses bien-aimés, les exhorte, les encourage, leur adresse consolation sur consolation. Un volume ne suffirait pas pour méditer ce chapitre divin ; mais une parole y domine : « Ne craignez pas ». Devant tout ce qui pourrait abattre ce faible troupeau, que son Berger allait laisser comme à la merci des loups, il leur répète : « Ne craignez pas ». La puissance et la haine des hommes qui va jusqu’à tuer le corps, votre propre insignifiance, ne doivent pas vous inquiéter ; Dieu a soin de vous et vous aime. Vous courrez des dangers en me confessant, mais je vous confesserai devant les anges de Dieu. On vous traînera devant les synagogues et devant les juges ; ne craignez pas, car la puissance du Saint Esprit vous enseignera. Les hommes seront contre vous : Dieu lui-même, et le Fils, et le Saint Esprit sont pour vous. Ne soyez pas en souci pour la vie, ne soyez pas en peine de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez et comment vous serez vêtus ; vous avez un Père qui sait que vous avez besoin de ces choses !
Il les exhorte aussi : « Tenez-vous en garde, dit-il, contre le levain des pharisiens qui est l’hypocrisie ». « Voyez, et gardez-vous de toute avarice » ; et certes, nous avons besoin de ces tendres exhortations, mais il veut avant tout remplir de confiance ces cœurs troublés et craintifs ; « Ne craignez pas ; ne craignez pas ! »
Puis il introduit le passage de ce chapitre que nous désirons méditer : « Recherchez son royaume » (5:31). Le royaume de qui ? Du Père ! Ce royaume du Père n’est pas celui du fils de l’homme. Il n’a pas, comme ce dernier, une sphère terrestre où resplendira sa gloire. C’est le royaume céleste où le Père a son domicile. Ce nom de Père, comme il parle au cœur d’êtres craintifs, faibles, sans défense et sans connaissance ! Ne renferme-t-il pas sa protection, ses soins journaliers, son amour, tout son amour pour ceux qu’il a engendrés, qu’il appelle ses enfants ? — C’est aux lieux où ces choses se trouvent que le Seigneur veut élever l’âme de ses disciples.
Oh ! comme nous serons portés au-dessus des craintes, des soucis desséchants de cette vie, si nous cherchons le royaume du Père ! Toutes les choses terrestres dont nous avons besoin « nous seront données par-dessus », car nous aurons le Père ; elles nous seront données à titre de supplément, pour parfaire le poids des choses éternelles que nous trouverons dans son royaume !
Le Seigneur résume encore une fois toutes les exhortations qui précèdent, par un mot : « Ne crains pas, petit troupeau ». Après avoir détaillé tous nos sujets de crainte, il dit : « Ne crains pas ! » Vous êtes le petit troupeau au milieu de cette multitude hostile. Cela convient bien à son amour que les enfants de Dieu ne soient que cela. Nous ne pouvons nous confier dans notre nombre, dans notre force ou notre intelligence, mais nous pouvons nous confier en lui. Et voyez quelles grandes choses le Père a faites pour le petit troupeau ! « Il a plu » — entièrement en dehors de nous, qui sommes sans mérite pour l’obtenir — il a plu « au Père » — qui nous a mis en relation avec lui-même comme ses bien-aimés — « de nous donner » — non pas de nous prêter pour un temps, en nous accordant une jouissance passagère, mais — « de nous donner », de nous donner en propre « le royaume », — le royaume du Père, le ciel ! Comme cette libre et pure grâce de Dieu, comme cet intérêt et cet amour du Père sont faits pour remplir de confiance le cœur du petit troupeau !
Le royaume est à nous, nous le possédons, nous pouvons y entrer aujourd’hui et demain et chaque jour.
Mais, pour en jouir, j’ai quelque chose à faire. Pour entrer dans ma maison, il me faut en avoir la clef. Le Seigneur place cette clef dans la main de ses disciples ; il leur révèle le secret par lequel ils peuvent prendre aujourd’hui possession de ce qu’ils auront à jamais.
« Vendez ce que vous avez, et donnez l’aumône ; faites-vous des bourses qui ne vieillissent pas, un trésor qui ne défaille pas, dans les cieux, d’où le voleur n’approche pas, et où la teigne ne détruit pas ; car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur ». Le secret qu’il me confie est de n’avoir ici-bas rien que je possède en propre, de rompre tous les liens qui me rattachent aux choses terrestres en les considérant comme des entraves, et d’employer ces choses, dont il laisse l’administration entre mes mains, à donner l’aumône, — à faire du bien aux pauvres et aux déshérités, devenant ainsi comme la main du Père qui sait qu’ils ont besoin de ces choses. Alors nous nous faisons un trésor dans les cieux ; nous montrons par nos actes que les biens incorruptibles ont seuls de la valeur, et quand nous avons, pour ainsi dire, constitué notre trésor, nos cœurs le suivent. Ces trois choses se lient : le renoncement, l’acquisition du trésor, et le cœur suivant le trésor. Si je me fais « des bourses qui vieillissent », mon cœur s’y attachera nécessairement. Un beau jour, elles périssent et me sont dérobées. Alors, pauvre cœur misérable, que deviens-tu, quand ton trésor a disparu ?
Mais, notre cœur ayant suivi notre trésor, nous avons encore une chose à faire. « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître, à quelque moment qu’il revienne des noces, afin que, quand il viendra, et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt ». Nous avons à prendre ici-bas une certaine attitude en attendant celui qui nous a quittés, mais qui est sur le point de revenir. On peut avoir les reins ceints pour le service, pour la marche, pour le combat et pour le culte. Dans ce passage, ils doivent être ceints pour l’attente. Nous avons à veiller sur nos pensées, sur nos affections, sur tout ce qui pourrait nous distraire et nous empêcher d’entendre les pas de l’époux qui s’approche. C’est bien l’attitude d’un serviteur, mais d’un serviteur qui se tient près de la porte, attentif au moindre bruit, pour ouvrir aussitôt que la main du maître heurtera. Les lampes allumées ne sont pas ici le témoignage, mais la vigilance qui combat contre le sommeil. Que nos reins soient donc ceints et nos lampes allumées, en sorte qu’il nous trouve veillant, car avec ces deux choses nous attendrons le Seigneur.
Cette expression est bien frappante : « À quelque moment qu’il revienne des noces ». Sans doute, la relation de l’Époux avec son Église ne fut révélée qu’à la suite de l’exaltation du Seigneur et de la descente du Saint Esprit, et cela peut en quelque mesure expliquer le vague intentionnel de cette parole. Mais ne pouvons-nous pas y voir encore autre chose ?
L’événement capital de la maison, c’est le mariage du maître et le moment où il vient, ramenant son épouse. Cela introduit et établit un tout nouvel état de choses, en contraste avec ce qui a précédé. Le gouvernement et l’ordre de la maison sont désormais complets et définitifs. C’est aussi le moment de la joie du maître, son cœur satisfait ayant obtenu ce qu’il désire et se reposant enfin sur celle qu’il possède comme l’objet de ses affections. Il amène son épouse dans le lieu où elle habitera désormais, lieu orné par lui et préparé pour elle. Ce jour est aussi celui de la joie des serviteurs qui voient leur maître répandant sur tous ceux qui lui appartiennent l’expression de son bonheur et de sa satisfaction.
Voilà ce qui occupe le cœur d’un esclave fidèle. Comment penser à autre chose ? Fera-t-il attendre à la porte ce maître chéri et respecté ? Il tient à lui prouver que tout est prêt pour le recevoir en ce jour de fête joyeuse et solennelle. Aussi espère-t-il son arrivée de moment en moment. Le temps s’écoule et ne lui paraît pas long ; son affection donne des ailes à la marche des heures. Que son Seigneur vienne à la seconde ou à la troisième veille, « bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant. En vérité, je vous dis qu’il se ceindra et les fera mettre à table, et s’avançant, il les servira ». Il leur donne plus que le royaume, plus que ses biens, plus même que la joie de leur Seigneur. Ce qu’il fait pour eux dépasserait la mesure, s’il y avait une mesure à l’amour. Nous le verrons, revêtant, lui, le Maître, les insignes du serviteur, de ce qu’il a toujours été, de ce qu’il veut toujours rester pour nous ; nous le verrons s’abaissant, aimant à s’abaisser dans la gloire ! Pourquoi ? Pour servir lui-même ses esclaves. Et comment nous servira-t-il ? Comme lui, le serviteur par excellence, sait servir. Ce ne sera plus la rédemption, ni le lavage de nos pieds (Marc 10:45 ; Jean 13:4) ; il nous aura devant lui, parfaits nous-mêmes dans l’amour. Nous comprendrons cet amour sans limite et nous le laisserons faire. Nous ne dirons pas comme Pierre : Tu ne t’abaisseras jamais à de telles fonctions. Nous ne nous étonnerons pas de l’entendre nous dire : Mon service est la réponse au tien. La réponse à mon service !... Une telle parole ne peut que m’humilier profondément aujourd’hui, mais dans la gloire je comprendrai, en adorant, que son service glorifie éternellement son amour, et je le laisserai m’aimer avec délices, lui donnant en échange tous les mouvements d’un cœur capable de sonder l’amour parfait de mon Seigneur et de mon Sauveur.
« Ô profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu !... à lui soit la gloire éternellement ! Amen » (Romains 11:33, 36).
Souvenez-vous du Seigneur Jésus qui Lui-même a dit :
« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point (Luc 21:33)
Cette dernière parole sert d’épilogue à nos méditations. Elle nous parle de l’établissement des temps éternels. Nous en avons besoin au milieu de ce monde révolté contre Dieu, et qui court à sa dissolution. L’apôtre Pierre prend la lampe prophétique pour nous éclairer sur l’état moral des hommes de la fin, en nous rappelant « les paroles dites à l’avance à leur sujet par les saints prophètes », qui nous ont annoncé que les impies se moqueraient de « la promesse de sa venue ». Cette venue est pour eux une fable de vieilles femmes. Ils disent que « toutes choses demeurent dans le même état depuis le commencement de la création ». Ils professent l’immutabilité de la matière, et ignorent volontairement que l’existence et la destruction du monde dépendent d’une parole de Dieu. Le monde fut créé (Héb. 11:3), subsiste et sera détruit par cette parole (2 Pierre 3:5-7). Déjà le déluge l’a submergé une fois. Ces hommes ne veulent pas le croire, et ne voient pas que « les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies ». « Or le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; et, dans ce jour-là, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elles seront brûlées entièrement ».
Cette vérité est un motif puissant pour notre conduite chrétienne : « Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété ? ». Attachés à cette parole, nous ne pourrons vivre avec le monde et comme lui, ni conserver des liens avec ce que nous savons devoir être entièrement brûlé.
Mais la crainte de nous trouver liés à cet état de choses ne peut être notre seul, ni même notre principal motif. Le jour du Seigneur sera suivi d’un autre, le jour de Dieu. C’est « à cause de lui que les cieux en feu seront dissous et que les éléments embrasés se fondront ». Ce sera le jour de la pleine et définitive stabilité de toutes choses. Nous l’attendons, car le jour du jugement ne peut être l’objet de notre espérance. Le jour du Seigneur introduira le règne de la justice sur la terre purifiée par le jugement ; après ce règne, quand il aura détruit « le premier ciel et la première terre », il introduira le jour de Dieu, qui resplendira dans de nouveaux cieux et sur une nouvelle terre dans lesquels la justice habite.
Nous attendons ce jour, mais nous sommes exhortés à hâter sa venue.
Comment donc pouvons-nous le hâter ? En manifestant dès maintenant dans toute notre conduite les caractères stables de justice et de sainteté qui appartiennent à ce jour. Quelles gens devrions-nous donc être ! « C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, étudiez-vous à être trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix ; et estimez que la patience de notre Dieu est salut ».
Frères bien-aimés ! le Seigneur vient. Nous allons le voir comme Étoile du matin, comme Sauveur, comme Maître, comme Seigneur, comme Époux ; nous reviendrons avec lui en gloire pour régner avec lui comme Roi, puis le jour de Dieu apparaîtra. En attendant, le mal règne dans le monde et nous en souffrons, si nous ne souffrons aussi de nos propres et humiliantes expériences. Ne craignons pas et ne perdons pas courage. Estimons que la patience de notre Dieu est salut : que cette pensée nous soutienne. N’avons-nous pas, au milieu du bouleversement de toutes choses, les plus puissants motifs pour « renier l’impiété et les convoitises mondaines, et vivre dans le présent siècle, sobrement et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » ?