Les enfants des chrétiens offrent souvent ce spectacle. La foi de leurs parents guide leurs premiers pas, chose légitime et approuvée de Dieu. Ils montrent plus tard une foi réelle, mais non dépouillée de ses premières habitudes et regardant à l’homme plutôt qu’à Dieu lui-même. Leur conscience n’a pas été profondément exercée quant à l’état de péché de l’homme et à son éloignement naturel de Dieu. Ils croient ce qu’ils ont toujours cru, et cependant on ne peut douter qu’ils n’aient la vie. Leur conduite ne laisse rien à désirer et ils ont un véritable intérêt pour les choses de Dieu. La Parole ne leur est pas inconnue, et l’on voit un Joas rappeler même au souverain sacrificateur «le tribut de Moïse, serviteur de l’Éternel, imposé à la congrégation d’Israël pour la tente du témoignage» (2 Chron. 24:6). Mais l’heure de leur émancipation spirituelle n’a pas encore sonné, quand depuis longtemps cela aurait dû avoir lieu. Une connaissance et une piété réelles ne remédient pas aux relations directes de l’âme avec le Seigneur. Le chrétien doit les rechercher avant tout. Des milliers d’âmes pieuses restent à l’état d’enfance, dépendant de leurs parents d’abord, plus tard de leurs «conducteurs spirituels», au lieu de dépendre de Dieu et de la Parole. Que le conducteur disparaisse, leur piété disparaît avec lui ; qu’il se détourne, leur âme se détourne après lui. Quelque aimables que soient certains traits de cette piété, puissions-nous en être gardés, surtout dans les temps fâcheux que nous traversons. Méditons souvent cette parole de l’apôtre, adressée aux «petits enfants» : «Vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses» (1 Jean 2:20, 26-27). Non pas que l’obéissance aux conducteurs doive faire défaut. Les chrétiens doivent obéir à leurs conducteurs et être soumis, parce qu’ils «veillent sur leurs âmes» ; l’apôtre leur recommande aussi de se souvenir des conducteurs qui leur ont «annoncé la parole de Dieu», mais cela n’implique nullement qu’il leur faille être soumis à tous sans discernement, et encore bien moins qu’ils ne doivent pas, pour être gardés, chercher la communion directe et immédiate du Seigneur. Joas, lui, obéissait aux conducteurs indistinctement, qu’ils fussent Jehoïada ou les princes — et ce fut sa ruine.
Les conducteurs peuvent changer et faillir, Christ seul ne change pas : Il est le même, hier, aujourd’hui et éternellement ; il est «le grand Berger des brebis». C’est à Lui que nous devons nous attacher. Telle est une des sérieuses instructions que nous offrent le caractère et la carrière de Joas.
Commentaire de H. Rossier sur 2 Rois 12