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Le MINISTÈRE de CHRIST
dans le PASSÉ, le PRÉSENT et l’AVENIR
Lire Exode 21:1-6 : Jean 13:1-10 ; Luc 12:37
Auteur : inconnu
ME 1938 p. 280, 289, 323
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
1 Christ serviteur des besoins de son peuple
2 Christ serviteur des besoins de l’âme
2.2 Besoin de méditer sur le service de Christ
3 Ministère de Christ dans le passé — Exode 21:1-6
4 Ministère de Christ dans le présent — Jean 13:1-10
4.1 L’action de notre Seigneur à l’égard des siens dans le monde
4.2 La source de l’action du Seigneur à l’égard des siens
4.3 La mesure de l’action de Christ pour nous et en nous
5 Ministère de Christ dans le futur — Luc 12:37
«Car aussi le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs» (Marc 10:45).
Il est de toute importance, bien-aimés en Christ, de détourner nos pensées de notre service envers le Seigneur, pour les occuper du service que Lui remplit à notre égard. Et, d’abord, ne supposez pas que je veuille affaiblir en rien votre activité chrétienne ; je désire, au contraire, stimuler chacun de vous à faire valoir, dans la sphère où il se trouve, le talent qui lui a été confié. Mais, n’est-il pas vrai que, trop souvent, nous sommes tellement occupés de notre service pour Christ, que nous perdons de vue celui que Christ remplit pour nous ? Notre expérience personnelle, sur ce point, me semble être en parfait accord avec ce que nous observons chez les autres.
Le but que je me propose aujourd’hui est de vous présenter le Seigneur Jésus comme le serviteur des besoins de son peuple. C’est dans ce caractère que nous le fait considérer la partie des Écritures ouverte devant nous. — Le Seigneur Jésus est le serviteur des besoins de l’âme dans chaque phase de la vie : dans la profondeur de notre ruine et de notre dégradation comme pécheurs, aussi bien que dans nos faiblesses et nos chutes comme rachetés ; et ceci jour après jour, jusqu’à ce qu’Il nous ait placés dans la gloire de son propre royaume. Même alors, son ministère envers nous n’aura pas pris fin ; car il est dit, dans Luc 12:37, qu’il se ceindra et nous servira dans la gloire. Ainsi son oeuvre de serviteur s’étend au passé, au présent et à l’avenir, et correspond à toutes les périodes de notre histoire. Il nous a servis dans le passé, il nous sert aujourd’hui, et il nous servira dans l’avenir.
Et ici, permettez-moi de vous faire observer que la vérité, présentée à ce sujet par les Écritures, est d’un caractère individuel ; elle a trait à la condition et aux besoins personnels de chaque âme. Placez-vous donc, bien-aimés, en toute simplicité et avec sérieux en présence de ce fait béni : — Christ, serviteur des besoins de l’âme.
Il se pourrait que quelques âmes, entre les mains desquelles tomberont ces lignes, se trouvassent placées au commencement de la carrière que ce sujet ouvre devant elles, c’est-à-dire qu’elles eussent besoin de connaître Christ, comme Celui qui est venu dans ce monde pour les soustraire à la condamnation due au péché. — S’il en était ainsi, je les supplierais de méditer ces paroles : Le Fils de l’Homme est venu «pour servir et pour donner».
Vérité merveilleuse, divine ! Jésus Christ est venu dans ce monde pour répondre à nos besoins, pour nous servir dans tout ce qui réclamait son précieux ministère, et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs ; pour nous servir en expiant nos péchés en son corps sur le bois, et en nous obtenant, par ce sacrifice, un salut éternel et glorieux. Il n’est pas venu ici-bas pour acquérir, pour prendre, pour être servi, pour être honoré ; il y est venu accomplir une oeuvre dont les fruits sont incalculables ; c’est pourquoi, si une âme se pose cette question : «Que ferai-je pour plaire à Dieu ?» La réponse se produit d’elle-même : «Arrêtez-vous et considérez, et croyez ce que le Seigneur a fait pour vous. Contemplez dans sa plénitude le salut de votre Dieu». — Souvenez-vous de ces paroles divines : «À celui qui ne fait pas des oeuvres, mais qui croit en Celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice» (Rom. 4:5). Pour que votre service soit intelligent et fructueux, il faut d’abord connaître comment Christ vous a servi, vous ; il faut en avoir fini avec vous-même, il faut vous reposer sur une oeuvre divinement accomplie. Alors, et seulement alors, une âme peut entrer dans la carrière du service chrétien. Que toute personne désireuse de servir sache donc que le ministère chrétien commence par la possession de la vie éternelle, et qu’il ne peut être accompli que par la puissance du Saint Esprit, à la pleine lumière des Écritures et sous leur divine autorité.
Quoique ces lignes aient principalement en vue ceux qui sont déjà engagés dans la course, cependant, nous croirions méconnaître le coeur et les sympathies de Christ, si nous ne disions un mot à ceux qui en sont au début, et qui n’ont jamais pris la place que leur donne l’oeuvre complète de Christ. Ils ont peut-être commencé à penser à leur âme et à l’éternité ; mais, pris de la pensée que Dieu réclame quelque service de leur part, ils se disent : «Je dois faire ceci ou cela, ou plus encore». — Or, bien-aimés, je vous le répète avec le plus profond sérieux, il vous faut en finir avec vos actes, vos raisonnements, vos sentiments personnels : sachez que rien de semblable ne vous mettra jamais en possession du salut. Il faut vous arrêter sur cette route que vous avez foulée jusqu’à ce jour, puis contempler ce que Dieu vous présente. Il vous faut écouter et croire, détourner vos regards de vous-mêmes et les fixer sur Christ ; — abandonner vos oeuvres sans valeur et vous reposer dans une pleine et parfaite assurance, sur l’oeuvre complète de Christ ; cette oeuvre qui a parfaitement satisfait la justice de Dieu, quant à la question de votre péché et de votre culpabilité. Voilà le grand, le suprême secret de la paix, de la paix en Jésus, de la paix avec Dieu, de la paix éternelle. Vous ne goûterez le véritable affranchissement que lorsque vos pieds seront solidement posés sur ce roc immuable. Si vous regardez à votre service, vous n’y trouverez rien qui apaise votre conscience, mais si vous prenez Dieu sur parole et vous reposez sur son Christ, vous posséderez une paix que la terre et l’enfer ensemble ne sauraient ni ravir, ni troubler.
Y aurait-il un seul coeur qui pût dire : «Je ne saurais être satisfait du service de Christ, je ne trouve aucun repos dans son oeuvre ?» — Quoi ! Celui de qui vous tenez la vie, Celui de qui nous dépendons tous, le Fils de Dieu s’est abaissé jusqu’à nous, et le travail de son âme serait insuffisant ! Vous demande-t-il de faire quelque chose, de donner quelque chose ? — Non. — Il vous déclare que le Fils de l’Homme est venu «pour servir et pour donner» ; — pesez ces paroles et acceptez-les dans toute leur portée, comme si vous étiez, dans le monde, l’objet unique de ce service. L’esprit légal vous présente Dieu comme un exacteur qui réclame des droits rigoureux, — qui exige de vous un service. Oh ! je vous en supplie, souvenez-vous que notre première et grande affaire, celle qui prime toutes les autres, c’est de croire en Jésus, — de vous reposer sur ce qu’il a fait pour vous sur la croix, et sur ce qu’il fait aujourd’hui pour vous sur le trône. «C’est ici l’oeuvre de Dieu, que vous croyiez en Celui qu’il a envoyé». — Quelle était la réponse du psalmiste, lorsque son oeil fixé sur la grandeur et les bienfaits de Jéhovah, il s’écriait : — «Que rendrai-je à l’Éternel pour tous les biens qu’il m’a faits ? Je prendrai la coupe du salut, et j’invoquerai le nom de l’Éternel» (Ps. 116:12).
Telle est la manière de «rendre au Seigneur», c’est celle qui lui plaît et qui le glorifie. — Si vous tenez réellement à rendre, il vous faut prendre d’abord. — Prendre quoi ? — La coupe du salut, une coupe qui déborde, — et, tandis que vous la porterez à vos lèvres, et que sur votre âme brillera le salut de Dieu, de votre coeur reconnaissant s’élèveront vers lui des hymnes d’actions de grâces ; or, vous savez qu’il a dit : «Celui qui sacrifie la louange me glorifie». — En un mot, plus vous méditerez le merveilleux mystère du service que Christ accomplit pour vous, dans la profondeur de vos besoins, plus vous serez placés dans l’attitude où vous pourrez le servir.
Prenons un autre exemple. Dans le deuxième livre de Samuel, nous trouvons David assis dans une maison de cèdre ; il considère tout ce que le Seigneur a fait pour lui et, dans un sentiment de gratitude, il dit : «Je bâtirai une maison à son nom». — Mais cette même nuit Nathan reçut de la part de Dieu ce message pour David : «Tu ne me bâtiras pas une maison, mais, moi, je t’édifierai une maison». — Ainsi Dieu demande que vous contempliez attentivement tous ses actes en votre faveur. Il veut vous voir considérer non seulement le passé et le présent, mais encore l’avenir glorieux qui est devant vous.
Et maintenant demandons-nous quel fut l’effet de tout ceci sur le coeur de David ? — La réponse est brève, mais elle renferme un enseignement précieux : «Et le roi David entra et s’assit devant l’Éternel, et dit : Qui suis-je ?» (2 Sam. 7:18). — Remarquez son attitude, il «s’assit» ; — c’était du repos et un doux repos. Il avait voulu se livrer au travail hors de temps ; — non, lui fut-il répondu, assieds-toi et considère mes actes à ton égard dans le passé, le présent et l’avenir.
Puis vient la question : «Qui suis-je ?» — L’éclat d’une révélation divine a jeté dans l’ombre la personnalité de David : la gloire de Dieu fait perdre le moi de vue et couvre la pauvreté de ses actes.
Peut-être quelques-uns auraient-ils pensé que David se présente ici comme un homme actif et intelligent, lui, si bien disposé à saisir la truelle pour élever un temple à son Dieu ; peut-être aussi auraient-ils jugé sévèrement son inaction apparente, en le voyant s’asseoir lorsqu’il y avait de l’ouvrage à faire. Souvenons-nous, chers frères, que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées. Il apprécie notre adoration au-dessus de notre travail ; — nous dirons même que le vrai et intelligent adorateur est seul un réel et intelligent ouvrier. Nous savons que dans son infinie grâce, Dieu accepte nos faibles services, même lorsqu’ils sont, comme c’est, hélas ! souvent le cas, marqués du sceau de nos errements ; mais si nous mettons en présence la valeur du service et celle de l’adoration, cette dernière l’emporte de beaucoup. Bien-aimés, quand sera terminée notre journée de labeur, alors commencera notre éternité d’adoration. Quelle douce et solennelle pensée !
Que nul de vous, je tiens à le redire, ne craigne que l’effet pratique de ce que je viens d’exposer soit de vous lier les mains ou de vous induire à vivre dans une indolence coupable. Non, mille fois non. Étudiez avec sérieux 1 Chron. 28 et 29, et vous y trouverez non seulement un bel exemple de ce qu’est le service, mais une réponse concluante à tous ceux qui voudraient placer le service avant l’adoration. Dans quelle attitude David s’y présente-t-il ? D’abord dans celle d’un adorateur, puis dans celle d’un ouvrier ; il réunit d’immenses matériaux pour élever cette maison dont il ne lui est pas permis de poser une pierre. Son service n’est pas seulement en rapport avec la grandeur et la sainteté du lieu, mais il est un besoin réel de son coeur. «De plus», dit-il, «dans mon affection pour la maison de mon Dieu, je donne pour la maison de mon Dieu, de ce que j’ai d’or et d’argent m’appartenant en propre, — outre tout ce que j’ai préparé pour la maison du sanctuaire — trois mille talents d’or, d’or d’Ophir, et sept mille talents d’argent épuré, pour revêtir les murs des maisons». — En d’autres termes, il donne de ce qui lui appartient en propre la somme princière de quatre cents millions or, à part ce qu’il avait déjà donné pour bâtir le temple.
Ainsi, nous le voyons, c’est après avoir contemplé ce que Christ a fait pour nous, que nous sommes, en quelque mesure, rendus capables d’agir pour Lui. Alors, et seulement alors, nous pouvons dire comme David lorsqu’il considérait les trésors amassés pour bâtir la maison de Dieu : «Tout vient de toi ; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons».
Maintenant, bien-aimés, ouvrons le livre de l’Exode, au chapitre 21, nous y trouverons ces paroles : «Si tu achètes un serviteur hébreu, il servira six années, et, la septième, il sortira libre, gratuitement. S’il est venu seul, il sortira seul ; s’il avait une femme, sa femme sortira avec lui. Si son maître lui a donné une femme, et qu’elle lui a enfanté des fils ou des filles, la femme et ses enfants seront à son maître, et lui, il sortira seul. Mais si le serviteur dit positivement : J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre ; alors son maître le fera venir devant les juges, et le fera approcher de la porte ou du poteau, et son maître lui percera l’oreille avec un poinçon ; et il le servira à toujours».
N’avons-nous pas ici une des ombres des choses à venir ? — Une figure du serviteur par excellence : de Jésus Christ, qui a aimé l’Eglise et s’est donné pour elle ? L’esclave hébreu, après avoir légalement servi son maître, était libre de le quitter ; mais s’il avait une femme et des enfants, pouvait-il laisser dans les chaînes ces objets de son affection ? Impossible. Son coeur était lié au bonheur des siens, et, dans son amour pour eux, il marchait résolument vers le lieu où, en présence des juges, son oreille était transpercée comme signe de son service perpétuel.
Voilà de l’amour : nul n’en pouvait douter ; et lorsque la femme et les enfants de cet esclave fidèle portaient leurs regards sur ce signe indélébile de la servitude à toujours, ils pouvaient comprendre combien profond et puissant était l’amour qui le lui avait fait joyeusement accepter.
Arrêtons-nous un moment, bien-aimés ; que notre coeur saisisse la beauté du type qui nous représente Jésus, l’ami éternel de nos âmes, — le vrai serviteur. Vous vous souvenez de cette scène remarquable de la vie de notre Sauveur, lorsqu’il exposait devant ses disciples l’histoire de sa passion et de sa mort : — «Et il commença à les enseigner : Il faut que le fils de l’homme souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite après trois jours. Et il tenait ce discours ouvertement. Et Pierre, le prenant à part, se mit à le reprendre» (Marc 8:31, 32).
Sans en avoir conscience, Pierre voulait entraver le vrai serviteur dans sa marche vers le poteau. Il l’engage à avoir pitié de lui et à maintenir sa liberté personnnelle. — Mais écoutons la réponse, bien-aimés ; quelle sévère leçon à celui qui venait de confesser que Jésus était le Christ !
Remarquez ce fait. Il se tourna vers ses disciples et les regarda comme pour dire : qu’adviendra-t-il à ceux-ci, si j’écoute tes conseils, si j’ai pitié de moi, si je me détourne de cette croix vers laquelle je marche ? — N’est-ce pas dans toute sa beauté morale, le serviteur hébreu disant : «J’aime... ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre» ?
Ne perdons jamais de vue, bien-aimés, car c’est un point d’une suprême importance, que si Christ a quitté la gloire qu’il partageait avec le Père, s’il est descendu dans ce monde, s’il a marché résolument vers la croix, ce n’est pas que la nécessité lui en fût imposée. La mort n’avait aucun droit sur lui. Le prince de ce monde n’avait rien en lui. — Il pouvait dire en parlant de sa vie : «Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même» (Jean 10:18). Et en Gethsémané, ne l’entendons-nous pas proférer ces paroles, lorsque s’approchait l’heure suprême : «Penses-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon Père, et il me fournira plus de douze légions d’anges ? Comment donc seraient accomplies les Écritures, qui disent qu’il faut qu’il en arrive ainsi ?» (Matt. 26:53, 54). Ah ! combien peu la foule insensée qui entourait la croix, avait le sentiment de la vérité qu’elle proférait, lorsqu’elle faisait entendre ces accents moqueurs : «Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même» ! Que ne disait-elle : «Il ne veut pas se sauver lui-même» ?
Oui, que béni soit à jamais son saint nom ! Jésus Christ n’a pas eu pitié de lui, mais de nous. Il nous a vus gisant dans la ruine, perdus, sans espoir. Aucun oeil sympathique n’était ouvert sur nous, aucun bras n’était tendu pour nous relever, et, quittant le trône de sa gloire, Christ est descendu dans ce monde, s’est fait homme, afin que comme homme, il pût nous délivrer de la géhenne et nous unir à lui, en vertu d’une rédemption éternelle, et dans la puissance d’une vie de résurrection.
Nous ne saurions trop insister sur ce fait que Christ était le Fils unique du Père, Dieu sur toutes choses, béni éternellement. Il n’y avait ni dans sa personne, ni dans sa nature, ni dans ses rapports, aucune cause qui lui imposât la nécessité de rencontrer la colère de Dieu et de souffrir la croix. Dans son humanité, il s’est montré sans péché, sans tache, parfait. Il a toujours fait les choses qui plaisent au Père. Il l’a glorifié dans l’oeuvre rédemptrice qu’il a accomplie ; il nous a sauvés, et, par ce salut, Dieu est exalté de la manière la plus admirable. — Pour nous servir de l’expression typique de l’Exode, il était personnellement libre, mais je vous le demande, bien-aimés, s’il n’eût sacrifié cette liberté, où seraient votre place et la mienne ? Inévitablement «dans l’étang de feu et de soufre».
Ah ! si de la hauteur de sa gloire Christ est descendu sur la terre, si lui, l’Être divin, a revêtu notre humanité, y aura-t-il un besoin qu’il n’ait connu, et qu’il ne puisse combler, dans son précieux ministère comme serviteur de son peuple ?
Frères, gardons soigneusement dans nos coeurs le souvenir de ceci. Plus nous considérerons la gloire personnelle de Christ, plus nous comprendrons la profondeur de son humiliation. — «Vous connaissez la grâce de notre seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis» (2 Cor. 8:9).
Qui mesurera l’étendue de ces d’eux termes : riche et pauvre appliqués à notre adorable Sauveur ? Nulle créature humaine ne pourra les sonder ; — mais nous, chrétiens, sachons que notre devoir, comme notre privilège, est de contempler sans cesse l’amour qui illumine le sentier que foula Christ, lorsqu’il marchait vers le Calvaire. — C’est en présence de cet amour divin que nos coeurs, poussés par le Saint Esprit, pourront s’écrier : «L’amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité» (2 Cor. 5:14, 15).
Et maintenant passons du ministère que Christ a accompli pour nous dans le passé, à celui qu’il remplit aujourd’hui pour nous encore dans la présence de Dieu. Ce ministère vous a été présenté dans la première partie du chapitre 13 de Jean. La même grâce s’y reflète dans tout son éclat. Dans le passé, nous avons vu le serviteur par excellence cloué sur une croix maudite ; — aujourd’hui, si nous le contemplons sur le trône, nous le voyons ceint pour le service, non seulement selon nos besoins, mais selon l’amour parfait de son coeur, — son amour pour le Père, son amour pour l’Église, — son amour pour chaque croyant, du premier jusqu’au dernier de tous, jusqu’à la fin des temps.
«Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. Et pendant qu’ils étaient à souper, le diable ayant déjà mis dans le coeur de Judas Iscariote, fils de Simon, de le livrer — Jésus, sachant que le Père lui avait mis toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu, se lève du souper et met de côté ses vêtements ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit. Puis il verse de l’eau dans le bassin, et se met à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint».
Quel merveilleux exposé du service que Christ accomplit pour nous. Il y a quelque chose de particulièrement doux dans cette expression «les siens» ; elle nous place si près du coeur du Christ ! Quel repos de savoir qu’il veille sur des êtres pauvres, faibles, coupables tels que nous sommes et qu’il dit : «Ils sont à moi. Ils m’appartiennent, et il faut que je les place dans une position digne du lieu d’où je viens et où je me rends».
Rien ne peut être plus édifiant pour l’âme. Christ avait le sentiment de sa gloire personnelle ; il était parfaitement conscient qu’il venait de Dieu et qu’il s’en allait à Dieu, quand il s’inclina pour laver les pieds de ses disciples. Il n’y avait rien, il ne pouvait y avoir rien de plus élevé que le lieu d’où il descendait. Il n’y avait, il ne pouvait y avoir rien de plus bas que les pieds souillés de ses disciples. Mais, gloire soit à jamais rendue à son nom : dans sa divine Personne, dans son admirable ministère, il remplit tous les offices qui se trouvent entre ces deux extrémités, et il est ainsi le divin et éternel lien entre Dieu et nous.
Trois choses dans le sujet que nous méditons me semblent devoir être clairement placées devant nous : — L’action spéciale de notre Seigneur à l’égard des siens dans le monde ; — la source de cette action ; — enfin, sa mesure.
Prenons d’abord l’action elle-même. Veuillez vous rappeler, bien-aimés, que ce que je vous présente ici n’est pas l’oeuvre de la régénération ; cette oeuvre appartient à la première phase du service de Christ envers nous. Il s’agit maintenant «des siens qui sont dans ce monde», c’est-à-dire de ceux qui croient en son nom, et qui, ayant été lavés, sont déclarés nets.
Il ne reste pas une tache, pas une souillure sur le plus faible de ceux que Christ appelle «les siens». — «Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds ; mais il est tout net ; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous» (Jean 13:10). S’il pouvait en être autrement, ce serait un déshonneur jeté sur Christ lui-même, car il nous a purifiés non seulement selon la perfection de son oeuvre, mais encore comme étant le serviteur des conseils éternels de Dieu et de la gloire du Père.
Telle est l’oeuvre de la régénération qui ne se répète pas, et dont nous avons un type dans la consécration du sacrificateur sous l’économie mosaïque. Il était entièrement lavé ce jour-là, cérémonie qui ne se renouvelait plus ; seulement, pour remplir ses fonctions quotidiennes, il devait chaque jour se laver les mains et les pieds à la cuve d’airain, s’il officiait dans le tabernacle, ou à la mer d’airain, s’il officiait dans le temple. Cette purification est celle dont il s’agit dans Jean 13. — Ces deux oeuvres étant distinctes, il est aussi important de ne pas les confondre que de ne pas les séparer. Le lavage de la régénération est divinement et éternellement complet ; le lavage de la purification doit être divinement et continuellement poursuivi. Le premier ne se répète pas, le second ne doit jamais être interrompu. L’un est le fondement de notre vie éternelle, l’autre la base sur laquelle se maintient notre communion quotidienne avec le Père et avec son Fils Jésus Christ.
Bien-aimés, examinez si vous avez compris la haute portée du ministère de celui qui, heure après heure, vous lave les pieds de ses propres mains. Nul ne saurait apprécier à sa juste valeur l’importance de cet acte ; mais nous pouvons en comprendre quelque peu le prix par ces paroles de Jésus à Pierre : «Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi».
Voilà le grand point — «tu n’as pas de part avec moi». Le lavage de la régénération nous donne une part en Christ ; — le lavage quotidien de la sanctification nous donne une part avec Christ. Il est impossible de jouir d’une pleine, intelligente et heureuse communion sans avoir une conscience purifiée et des pieds parfaitement lavés. Le sang de Christ nous obtient le premier de ces privilèges, l’eau de la purification nous maintient dans le second ; mais l’eau et le sang procèdent d’un Christ crucifié. — Christ est la base de tout : il est mort pour nous purifier, il vit pour nous maintenir tels. — Et, souvenons-nous que ce ministère de Christ à notre égard ne s’interrompt jamais. Dans les lieux célestes où il est entré, il agit pour nous, et il agit sur nous et en nous, par sa Parole et son Esprit. Il parle à Dieu pour nous, et il parle de nous à Dieu. — Il est venu de Dieu pour descendre dans la profondeur de nos besoins. Il est retourné vers Dieu, portant nos noms sur son coeur, pour suppléer à nos nécessités de chaque instant, et pour nous maintenir dans l’intégrité de la position qu’il nous a acquise par son oeuvre expiatoire.
Ces vérités n’apportent-elles pas à l’âme de puissants encouragements, de sublimes consolations ? — Nous traversons un monde de péché, à chaque pas nous y contractons des souillures, et nous savons tous qu’il est impossible de fouler le seuil du divin sanctuaire avec des pieds souillés. Qu’en serait-il pour nous, bien-aimés, si dans une telle condition, nous n’avions pas, en la présence de Dieu, celui qui a traversé aussi la scène de ce monde, qui en connaît le vrai caractère, et qui, étant venu de Dieu et s’en étant retourné à Dieu, sait tout ce qu’il réclame de sainteté parfaite, et peut suffire à tout ce qui est nécessaire pour nous maintenir dans une entière communion avec lui ? Ni le péché, ni l’impureté ne sauraient subsister devant Dieu ; nous pouvons passer légèrement sur le mal, mais Dieu le traite pour ce qu’il est ; — et la sainteté qui requiert une pureté absolue brille d’un éclat aussi vif que la grâce destinée à y pourvoir. La grâce a fourni les moyens de purification, la sainteté demande que l’application en soit faite. La bonté de Dieu avait donné la cuve d’airain pour les sacrificateurs, la sainteté de Dieu exigeait qu’ils en fissent usage.
La purification que les sacrificateurs devaient subir lors de leur consécration, les introduisait dans leur sacerdoce ; — l’eau de la cuve d’airain les rendait propres à en accomplir les devoirs. Auraient-ils pu remplir leur service sacré avec des mains impures ? Impossible. Avec la même vérité, nous pouvons dire qu’il nous est impossible de marcher dans la sainteté, si nos pieds ne sont pas lavés par celui qui s’est ceint pour nous servir continuellement dans cet important office.
Ceci est très simple, divinement simple. Il y a, dans le christianisme, deux liens, celui de la vie éternelle, que rien ne saurait rompre, et celui de notre communion spirituelle, qui peut être brisé à chaque instant du jour. Or, nous sommes maintenus dans une constante communion selon que nos voies sont purifiées par la sanctifiante action de la Parole, accompagnée de l’efficace du Saint Esprit. Mais, si je me soustrais volontairement à cette action, si je crains de regarder la Parole en face, comment puis-je jouir du doux regard et de la communion bénie de Dieu !
Et ici, chers frères, je ne parle pas du péché par ignorance. Le Seigneur supporte notre ignorance au-delà de ce que nous pensons, et bien autrement que nous ne savons la supporter chez les autres. Supposons, pour un moment, dans le but de rendre ma pensée claire à tous, qu’une jeune fille soit entrée dans un lieu de réunion, il y a quelques semaines, avec le coeur plein de vanité et de folie, et armée de tout ce que la mode du jour impose à ceux qui la suivent. Elle s’assied, elle écoute, et la grâce de Dieu dans toute sa plénitude va droit à son coeur. Le Saint Esprit agit avec puissance et applique la Parole à son âme. Pénétrée de repentance envers Dieu, elle est amenée à la foi au Seigneur Jésus Christ. Elle saisit le salut et regagne sa demeure en se réjouissant de l’avoir trouvé parfait, gratuit, éternel. Les jours se succèdent, durant lesquels le trésor qu’elle possède absorbe toutes ses pensées. Elle se revêt encore de ses ornements, mais elle s’en revêt avec simplicité ; sa conscience ne lui a rien dit, et elle n’a encore rencontré dans la Parole rien qui condamne cette vanité mondaine.
Ici, frères, permettez-moi de faire une petite digression, et de vous dire que nous devrions être plus disposés que nous ne le sommes à rencontrer de tels cas. Laissons la parole de Dieu agir sur la vie que l’Esprit de Dieu a implantée. Quel bien durable ai-je produit si, à ma suggestion, quelqu’un a adopté telle ou telle manière de faire ou d’agir ? La grande question est que le royaume de Dieu exerce son empire sur l’être en entier ; c’est en cela que consiste le vrai progrès, et c’est en cela aussi que la gloire de Dieu est manifestée (*).
(*) Ceci n’infirme en rien le devoir d’une assemblée de veiller à la simplicité et à la modestie dans la tenue de ceux qui la composent. (Note de l’Éditeur).
Mais reprenons notre exemple. Dans le cours de ses lectures, notre jeune amie est soudainement arrêtée par ce passage : — «De même aussi, que les femmes se parent d’un costume décent, avec pudeur et modestie, non pas de tresses et d’or, ou de perles, ou d’habillements somptueux, mais par de bonnes oeuvres, ce qui sied à des femmes qui font profession de servir Dieu» (1 Tim. 2:9, 10). — Dans l’épître de Pierre, elle rencontre celui-ci : «Vous, dont la parure ne doit pas être une parure extérieure qui consiste à avoir les cheveux tressés et à être paré d’or et habillé de beaux vêtements, mais l’homme caché du coeur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu» (1 Pierre 3:3, 4).
Évidemment, bien-aimés, nous avons dans ce fait une application du ministère actuel de Christ : — l’action de la Parole sur la conscience, — l’usage du bassin pour nos pieds, — l’eau de purification par la Parole. C’est Jésus s’abaissant devant sa jeune disciple pour lui laver les pieds. Une question demeure : comment ce service sera-t-il reçu ? — La jeune fille résistera-t-elle ou cédera-t-elle ? Repoussera-t-elle le bassin et le linge ? Refusera-t-elle le divin ministère de Christ ? — «Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi».
Ceci est une question qui, par son importance morale, se place à côté de celle qui résout la possession du salut pour chacun de nous. Par la possession du salut, nous sommes unis à Christ, par la purification qui s’exerce au moyen de la Parole, et par l’efficacité du Saint Esprit, nous avons une part avec Christ. Si nous désirons avoir cette part, il faut lui permettre de nous laver les pieds ; nous ne pouvons pas plus nous approcher du divin sanctuaire avec des pieds souillés, que nous ne pouvons en fouler le seuil avec une conscience chargée de péchés.
S’il en est ainsi, bien-aimés, oh ! soumettons-nous à l’action purifiante de cette divine Parole. Mettons de côté toute position, toute association, toute pratique qu’elle condamne. Rien n’est plus dangereux que de jouer avec le mal, sous quelque apparence qu’il se présente. Dans sa grâce, Dieu supporte notre ignorance, mais une résistance soutenue à sa Parole amènera des résultats désastreux. Le coeur s’endurcit, la conscience s’endort, le sens moral s’émousse et l’être entier tombe dans une déplorable condition. Nous nous éloignons du Seigneur, nous faisons naufrage quant à la foi et à une bonne conscience. Que le Seigneur veuille nous tenir près de lui ! — Puisse sa Parole exercer sur nous une telle puissance, que nos voies soient toujours dressées selon que le réclame la sainteté du sanctuaire.
Passons maintenant à la source de cette action. — Cette source nous est présentée dans Jean 13. «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, [il] les aima jusqu’à la fin». — Voilà, chers frères, la source inépuisable d’où procède le ministère de Christ : l’amour de son coeur, un amour plus fort que la mort et que beaucoup d’eaux ne pourraient éteindre. «Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole» (Éph. 5:25, 26). — Il savait ce qui l’attendait quand il exprima ces paroles du Psaume 40 : «Me voici, ô Dieu, pour faire ta volonté». — Son amour embrasse tout, est égal à tout : il a triomphé des horreurs du Calvaire, et il est descendu dans les sombres régions de la mort et du jugement.
On entend dire parfois que l’amour est aveugle ; à mon avis, c’est une étrange qualification pour le véritable amour. On ne saurait, on ne pourrait ainsi présenter celui de Christ. Il savait tout ce qui est caché dans les replis de nos coeurs ; il voyait tout ce qui se dérobe à notre vue bornée ; il nous a aimés, il nous aime encore en dépit de nos faiblesses, de nos folies, de nos voies détournées et, dans la puissance de cet amour, il agit pour nous délivrer de tout ce qui empêcherait notre communion avec le Père et avec lui-même.
Frères, je vous le demande, de quelle valeur serait pour nous un amour aveugle ? — Pourrions-nous nous reposer en assurance dans un amour qui ignorerait ce que nous sommes réellement ? Impossible. Il nous faut un amour supérieur à toutes nos imperfections et assez puissant pour nous en délivrer, et, cet amour, nous le trouvons en Christ, — en Christ seul ! — Christ vient à nous avec le bassin et le linge ; il efface toute souillure, toute tache, et nous laisse dans le précieux sentiment que nous sommes parfaitement nets. Tel est l’amour que nous avons rencontré avec autant de puissance que de plénitude dans le Serviteur par excellence, qui est ceint à toujours pour nous servir devant le trône de Dieu. «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, [il] les aima», jusqu’à quand ? Aussi longtemps qu’ils ont répondu à ses désirs, qu’ils ont marché dans la sainteté ? — Ah ! non ! Il «les aima jusqu’à la fin». Insondable, parfait, divin, éternel est l’amour qui recouvre — qui cache — qui survit à toutes nos fautes, nos erreurs, nos faiblesses, nos lacunes, nos égarements ; amour qui est venu à nous, armé de tout ce que requérait notre condition, amour qui ne cessera jamais d’agir pour nous et en nous jusqu’à ce qu’il nous présente dans une perfection consommée devant le trône de Dieu.
Enfin, disons quelques mots sur la mesure de l’action de Christ pour nous et en nous. De quelque côté que nous considérions le service de Christ, soit dans le passé, soit dans le présent, la mesure en est et ne peut en être que selon les justes réclamations du sanctuaire, du trône et de la nature de Dieu. — Peut-être aurions-nous supposé que cette mesure était établie selon nos besoins, — mais une telle mesure eût été insuffisante. Nos âmes ne jouiraient d’aucune paix solide si la mort expiatoire de Christ n’avait répondu qu’aux besoins de la conscience humaine, même dans ce qu’elle peut éprouver de plus élevé. — L’oeuvre de Christ a divinement satisfait à toutes les demandes de Dieu. — Oui, Dieu soit béni, de ce que nous sommes assurés par une autorité divine que les droits, quant au gouvernement, au caractère, à la nature et à la gloire de Dieu, ont trouvé une réponse parfaite dans l’oeuvre infinie de Christ.
Quelle grâce insondable ! Nos âmes peuvent se reposer dans une entière tranquillité, car nous avons, dans la présence de Dieu, celui qui connaît tous nos besoins aussi bien que les exigences de sa justice ; — Celui qui connaît le milieu que nous traversons aussi bien que celui où il est entré : — Son précieux ministère atteint ces deux extrémités. Or, si toutes les exigences de la justice de Dieu trouvent en lui leur satisfaction, à plus forte raison nos besoins personnels, car le plus petit est contenu dans le plus grand.
Quelle paix ! Quel immuable repos ! — Tout ce qui nous concerne est déposé dans les mains de celui qui est à la droite de Dieu ; nos plus précieux intérêts sont maintenus dans une sûreté complète, parce que c’est une sûreté divine, et le plus faible de ceux que Christ appelle «les siens» dans le monde est en aussi parfaite sûreté que Christ lui-même.
Quelle grande réalité ! Avec quelle assurance nous pouvons référer à ce divin directeur, quand sa Personne ou son caractère sont attaqués. Et quelle folie quand nous voulons, de nous-mêmes, répondre à ses adversaires. Oh ! puissions-nous, bien-aimés, nous appuyer avec une confiance plus entière sur Celui qui se présente à nous ceint pour nous servir dans nos besoins sans nombre. — Souvenons-nous qu’il connaît toutes nos chutes, qu’il les sait, et qu’il plaide pour nous comme il plaida pour Pierre. «J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas». Qui dira ce qu’il y a de grâce dans ces paroles ! — Il ne demande pas que Pierre soit gardé de chute, mais que sa foi ne défaille point lorsqu’il sera tombé. Ainsi, il prie pour nous, c’est pourquoi nous sommes soutenus dans nos combats et relevés dans nos chutes. Et si son divin ministère ne s’exerçait pas incessamment en notre faveur, ne serions-nous pas bientôt, de chute en chute, entraînés jusqu’à un complet naufrage ! Mais loué soit son saint Nom ! Il est «toujours vivant pour intercéder» pour nous (Héb. 7:25). — Il connaît non seulement nos besoins, non seulement les demandes du sanctuaire, mais il pourvoit à tout selon son infinie perfection et d’une manière parfaitement agréable au Père.
On rencontre souvent des personnes qui ne prennent qu’un côté de la vérité, quant à la position du croyant, et pour lesquelles le ministère actuel du Seigneur Jésus comme sacrificateur semble n’avoir qu’une importance secondaire. Bien-aimés, rien n’est plus dangereux que de ne voir, ou de ne vouloir qu’un côté de la vérité. Je redouterais moins l’influence d’un homme qui enseignerait une erreur palpable, — erreur que l’esprit du plus simple pourrait juger, que je ne redoute le ministère de celui qui s’empare d’un côté de la vérité à l’exclusion de tout autre. — Il existe une telle harmonie dans les Écritures — je dirai même que c’est une de leurs gloires morales — qu’une vérité ajoute à la puissance de l’autre. Ainsi, tandis qu’elles établissent ce fait que le croyant est complet en Christ, accepté dans le Bien-aimé, parfaitement net, elles établissent aussi, avec non moins de clarté et de force, cet autre fait, que le croyant est par lui-même une pauvre créature, qu’il est exposé à diverses tentations, à des pièges sans nombre, à des influences hostiles, sujet à l’erreur, incapable de se garder lui-même, et pouvant, à chaque pas, contracter des souillures qui le rendent impropre à jouir de la communion et de l’adoration du sanctuaire.
Bien-aimés, exposés comme nous le sommes aux attaques d’un ennemi puissant et rusé, portant en nous une mauvaise nature, rencontrant à chaque pas les hostilités d’un monde avec lequel nous avons affaire, qui nous ramènera de nos égarements ? Qui nous relèvera dans nos chutes ? — La réponse est certaine ; elle est d’inspiration divine : — Christ est «toujours vivant pour intercéder» pour nous. — «Il peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui» (Héb. 7:25). — Nous sommes «sauvés par sa vie» (Rom. 5:10). — «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (Jean 14:19) ; et enfin, «Nous avons un avocat auprès du père, Jésus Christ, le juste» (1 Jean 2:1).
Ah ! ces promesses ne sont-elles pas fraîcheur et santé à l’âme ? Comment en présence de telles déclarations, pour ne rien dire de nos expériences personnelles, comment mettre en question cette vérité fondamentale de la sacrificature de Christ, dans son application au croyant ? — Hélas ! hélas ! dans quelles erreurs ne pouvons-nous pas tomber quand les Saintes Écritures n’ont pas sur nous toute leur divine autorité. Et ne disons-nous pas qu’une preuve du besoin réel, profond, que nous avons de l’intercession de Christ, c’est qu’il puisse se trouver parmi ses serviteurs des personnes qui en nient la nécessité.
En terminant ce sujet, je dirai aux chrétiens de veiller contre une si funeste erreur ; elle suit, quant à son importance, celle qui nie la nécessité de l’oeuvre expiatoire de Christ ; car si cette oeuvre rédemptrice met nos âmes en sûreté, — la sacrificature de Christ les maintient dans un état de sécurité et de paix durable.
Après avoir brièvement et, hélas ! bien imparfaitement jeté un rapide coup d’oeil sur le ministère de Christ, dans le passé et dans le présent, disons aussi un mot sur son ministère futur. Quelques-uns, peut-être, seraient portés à se demander comment le Seigneur nous servira dans le royaume. Son ministère sur la croix et son oeuvre d’intercession, aujourd’hui, s’expliquent par la nécessité que nous en avons ; mais, dans la gloire, y aura-t-il encore lieu, pour Christ, de nous servir ?
Si nous n’avions pas les propres paroles du Seigneur, nous hésiterions à mentionner ce fait, que Christ servira les siens dans la gloire. Mais lisons quelques versets du chapitre 12 de Luc : «Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître, à quelque moment qu’il revienne des noces, afin que, quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt. Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant. En vérité, je vous dis qu’il se ceindra et les fera mettre à table, et, s’avançant, il les servira» (v. 35-37).
On ne saurait s’y tromper. C’est un fait merveilleux, sans doute ; mais aussi simple qu’il est merveilleux. — Christ nous servira dans le royaume, il nous servira à toujours. Son ministère s’étend à toutes les phases de notre vie. Il nous prend dans la profondeur de nos besoins comme pécheurs, et nous amène jusqu’à la gloire la plus élevée. Son coeur d’amour trouve ses délices à nous servir, et il nous donne l’assurance que, lorsqu’il entrera dans la gloire de son propre royaume, il nous y servira avec le même amour qui a caractérisé son service dès le commencement de notre histoire. Qu’un éternel hommage soit rendu à son saint et glorieux Nom !
Une autre chose, dans ce même chapitre, mérite de fixer un moment notre attention. Au 41° verset, Pierre adresse cette question : «Seigneur, dis-tu cette parabole pour nous, ou aussi pour tous ? Et le Seigneur dit : Qui donc est l’économe fidèle et prudent que le maître établira sur les domestiques de sa maison, pour leur donner au temps convenable leur ration de blé ? Bienheureux est cet esclave-là que son maître lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens».
Deux choses nous sont ici présentées : veiller et faire. Quelle est celle que Christ apprécie le plus ? La première, évidemment, puisque c’est à celle-là qu’est attachée la plus grande récompense : Christ nous servant dans la gloire est au-dessus de tout ce que sa grâce peut nous assigner.
Ne perdons jamais de vue que ce que Christ apprécie, c’est cette attitude d’un coeur qui veille en attendant son retour. Sans doute, il est important de faire ce qu’il nous confie, soit qu’il nous appelle à évangéliser une nation, soit qu’il place dans nos mains le service le plus infime et le plus obscur. Il n’abaisse pas le service ; le plus petit recevra sa récompense, mais il place, avant tout, la vigilance d’un coeur pressé du besoin de voir sa face. La nature elle-même nous enseigne à cet égard. — Qu’un chef de famille soit absent, ses serviteurs veillent à ce que tout soit prêt pour son retour, et chacun accomplit, à sa place, le service qui lui est dévolu. Mais, n’y a-t-il pas, dans la maison, quelqu’un dont le coeur répond au coeur de ce chef de famille absent ? Il y a, bien-aimés, l’affection d’une épouse qui veille, qui attend, qui vit dans l’espérance du retour de son mari, et sans laquelle la maison la mieux ordonnée serait une demeure froide et sans attrait.
Il en est de même de notre Sauveur absent. Il apprécie au-dessus de tout un coeur qui soupire après sa venue, un coeur qui éprouve quelque chose du sentiment qui animait Méphibosheth quand il disait à David : «Qu’il prenne même le tout, puisque le roi, mon seigneur, est revenu en paix dans sa maison» (2 Sam. 19:30).
Oh ! bien-aimés, cultivons ce sentiment, examinons si nous sommes de ceux qui aiment l’apparition de notre adorable Seigneur et Sauveur. — Puisse le cri de nos coeurs être continuellement : «Pourquoi son char tarde-t-il à venir ?»
Et, maintenant, je vous le demande, ce que nous venons d’exposer nous portera-t-il au relâchement dans le service ? — Impossible. C’est, au contraire, ce qui lui donnera une impulsion durable, — et communiquera un vrai parfum à l’oeuvre la plus petite, à l’acte le moins important. Ôtez ce secret ressort, cette affection personnelle pour Christ, et le service, quelque grand qu’il paraisse aux yeux des hommes, sera sans valeur devant Dieu. Jésus remarqua la veuve jetant deux pites dans le tronc du temple, et il ne dit rien des riches offrandes que d’indifférents donateurs pouvaient y verser.
Peu importe le genre de service auquel nous sommes employés, pourvu qu’il s’applique à l’objet que le Seigneur lui-même a commis à nos soins ; — et rien ne nous donne du discernement à cet égard, comme un coeur dévoué à Christ. — Il y a, dans la véritable affection, un instinct, un sens par lequel nous sommes amenés à saisir, même dans les nuances les plus délicates, ce qui est agréable à la personne aimée.
Frères, pensons-y, c’est ce qui nous manque. Il peut y avoir beaucoup d’activité, — on peut se dépenser, — aller et venir, — donner et recevoir, — si le coeur n’est pas occupé de Christ, tout ce que les mains, les pieds et la tête peuvent produire ensemble, est de peu de valeur. Christ s’est donné à nous sans partage, et rien ne peut le satisfaire en retour que le don de notre cœur tout entier. Son ministère, dans le passé, le présent et l’avenir, est le résultat d’un amour parfait, et son désir est de trouver en nous un coeur qui réponde à l’affection dont nous sommes les heureux objets.
Puisse le Saint Esprit nous remplir d’un amour profond pour la personne de notre adorable Sauveur, afin que notre unique but soit de vivre pour lui, au milieu d’un monde qui l’a rejeté, et de hâter, par nos voeux et nos prières, le moment où nous le verrons tel qu’il est, et où nous lui serons faits semblables. — «Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant».