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Actes des apôtres, ch. 6 et 7

Un peuple pour Son nom

 

Christian Briem

Traduit de l’allemand, Commentaire sur Actes 6.
Collection « Un peuple pour Son Nom » partie 4
Ed. Christliche Schriftenverbreitung, Éditions CSV 2000

 

Table des matières abrégée :

1       Murmures des Hellénistes — Actes 6:1-7

1.1        Hellénistes et Hébreux — Actes 6:1

1.2        La désignation des sept — Actes 6:2

2       Étienne un témoin de Dieu — Actes 6:8 à 7:60

2.1        Miracles et signes — Actes 6:8

2.2        Résistance — Actes 6:9-10

2.3        L’arrestation — Actes 6:11-12

2.4        Le discours d’Étienne — Actes 7:1-53

2.5        La mort d’Étienne — Actes 7:54-60

 

Table des matières détaillée :

1       Murmures des Hellénistes — Actes 6:1-7

1.1        Hellénistes et Hébreux — Actes 6:1

1.1.1     Murmures au lieu de confiance en Dieu

1.2        La désignation des sept — Actes 6:2

1.2.1     L’ordre divin dans l’assemblée — Actes 6:3

1.2.2     La prière avant le service — Actes 6:4

1.2.3     Sagesse et grâce — Actes 6:5,6

1.2.4     La croissance, un principe divin — Actes 6:7

2       Étienne un témoin de Dieu — Actes 6:8 à 7:60

2.1        Miracles et signes — Actes 6:8

2.2        Résistance — Actes 6:9-10

2.3        L’arrestation — Actes 6:11-12

2.3.1     Devant le sanhédrin — Actes 6:13-14

2.3.2     Étienne répond — Actes 6:15

2.4        Le discours d’Étienne — Actes 7:1-53

2.4.1     La grâce de Dieu dans le cas d’Abraham — Actes 7:1-4

2.4.1.1     Étienne s’est-il trompé ? — Actes 7:2-5

2.4.1.2     L’appel de Dieu — Actes 7:2-3

2.4.1.3     Abraham : un étranger — Actes 7:5

2.4.1.4     Israël dans un pays étranger — Actes 7:6-7

2.4.1.5     L’alliance de la circoncision — Actes 7:8

2.4.2     La grâce de Dieu dans le cas de Joseph

2.4.2.1     Joseph : rejeté par ses frères — Actes 7:9

2.4.2.1.1    Actes 7:9a

2.4.2.1.2    Actes 7:9b

2.4.2.2     Joseph : élevé par Dieu — Actes 7:9b-10

2.4.2.2.1    Actes 7:9b-10

2.4.2.2.2    Actes 7:11-14

2.4.2.2.3    Actes 7:15-16

2.4.3     La grâce de Dieu dans le cas de Moïse — Actes 7:17-19

2.4.3.1     « En ce temps-là » — Actes 7:20

2.4.3.2     Moïse en Égypte — Actes 7:21-28

2.4.3.2.1    Actes 7:21-22

2.4.3.2.2    Actes 7:23

2.4.3.2.3    Actes 7:24-28

2.4.3.3     Moïse en Madian — Actes 7:29

2.4.3.4     Une image étonnamment prophétique

2.4.3.5     La deuxième période de quarante ans

2.4.3.6     Le buisson ardent — Actes 7:30-32a

2.4.3.6.1    Actes 7:32b

2.4.3.6.2    Actes 7:33

2.4.3.6.3    Actes 7:34

2.4.3.6.4    Actes 7:35

2.4.4     Moïse au désert — Actes 7:36

2.4.4.1.1    Actes 7:37

2.4.4.1.2    Actes 7:38

2.4.5     Le rejet de la grâce de Dieu en Moïse — Actes 7:39, 40

2.4.5.1     Vous ne l’avez pas voulu — Matt. 23:37

2.4.5.2     Mon maître tarde à venir — Matt. 24:48

2.4.5.3     L’idolâtrie parmi le peuple de Dieu

2.4.6     L’habitation de Dieu — Actes 7:44-50

2.4.6.1     Le tabernacle du témoignage dans le désert — Actes 7:44-45

2.4.6.2     La maison de Dieu dans le pays de la promesse — Actes 7:46-47

2.4.6.3     Le Très-Haut n’habite pas dans des demeures faites de main — Actes 7:48-50

2.4.6.4     La maison de Dieu au temps du christianisme

2.4.7     Le faîte de la pyramide

2.4.7.1     Résistance à l’Esprit Saint — Actes 7:51

2.4.7.2     Les prophètes : persécutés — Actes 7:52a

2.4.7.3     Le juste : mis à mort — Actes 7:52b

2.4.7.4     La loi : ils ne l’ont pas gardée — Actes 7:53

2.5        La mort d’Étienne — Actes 7:54-60

2.5.1     Des cœurs frémissant de rage — Actes 7:54

2.5.2     Le ciel ouvert — Actes 7:55

2.5.3     Le Fils de l’homme — Actes 7:56

2.5.4     La lapidation — Actes 7:57-58

2.5.4.1     Une fidèle reproduction du Maître — Actes 7:59-60

2.5.5     Qui est le Seigneur Jésus ?

 

 

1        Murmures des Hellénistes — Actes 6:1-7

Par la grâce de Dieu l’attaque de Satan sur la jeune assemblée a été défaite ; c’était une attaque menée par les sadducéens. Pour ce faire, Dieu n’est pas intervenu comme dans les occasions précédentes, par un déploiement de puissance extérieure, par exemple par le moyen d’un ange, mais Il s’est servi dans Sa providence, du conseil humain judicieux d’un pharisien, un des ennemis de son Fils. Pour Lui, il est aussi facile de faire l’un que l’autre.

 

1.1      Hellénistes et Hébreux — Actes 6:1

Au début du ch. 6 des Actes, une nouvelle difficulté s’élève. Comme dans l’affaire d’Ananias et de Sapphira, au début du ch. 5, elle est d’ordre intérieur, et il nous est facile de reconnaître l’action du même ennemi, c’est-à-dire Satan. Il a une pleine maîtrise de l’art d’utiliser la chair dans les croyants pour causer du dommage à l’assemblée par l’intérieur.

Ses attaques de l’intérieur ou par derrière sont toujours les plus dangereuses. Quand il attaque frontalement comme le lion rugissant, il est plus facile à reconnaître que quand il est un serpent rusé sur le chemin, « une vipère sur le sentier, qui mord les talons du cheval, et celui qui le monte tombe à la renverse » (Gen. 49:17). — Voilà ce que nous apprenons maintenant :

« Or en ces jours-là, le nombre des disciples se multipliant, il s’éleva un murmure des Hellénistes contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans le service journalier » (6:1).

Le caractère de la difficulté apparaît clairement quand on apprend à connaître ce que sont les Hellénistes et ce que sont les Hébreux.

Les Hellénistes sont mentionnés ici pour la première fois. Au ch. 9 (v.29), on les rencontre encore une fois, ensuite ils ne sont plus mentionnés par Luc. La signification du mot « Helléniste » peut se déduire d’un verset du ch. 21 ; le gouverneur romain demande à l’apôtre Paul : « tu sais le grec ? (en grec : hellenisti) » (21:37). « Hellénistes » c’était le nom attribué aux Juifs parlant grec, par opposition aux Juifs parlant araméen, qui étaient nommés « Hébreux ». Les Hellénistes n’étaient pas des Grecs (en grec : Héllenes), mais de bons Juif comme les Hébreux. Seulement, ils ne vivaient pas habituellement en Palestine, ayant grandi dans des pays étrangers. Un bon nombre de leur différents pays d’origine est cité au ch. 2 (v. 9-11). Ils avaient abandonné leur langue d’origine araméenne en faveur du grec, et dans les synagogues, ils lisaient les textes saints dans la traduction grecque des Septante. Cependant, pour la plupart, ils restaient des Juifs fidèles, et participaient aux fêtes à Jérusalem. Par le terme Hellénistes du Nouveau Testament, nous ne devons pas comprendre des Juifs mondanisés, qui auraient plus ou moins adoptés les coutumes grecques ou païennes. À Jérusalem aussi, il devait y avoir un bon nombre d’Hellénistes qui y habitaient.

Les Hébreux étaient des Juifs de Palestine. Ils avaient maintenu leur langue araméenne(*). Dans les synagogues on utilisait seulement les Écritures originelles en hébreu. Ils parlaient aussi le grec, mais imparfaitement. Ils n’étaient pas peu fiers d’être « Hébreux », ce qui est confirmé notamment par 2 Cor. 11:22 et Phil. 3:5.

 

(*) L’araméen est une langue sémitique comme l’hébreu ; les deux sont très proches. Au temps du Nouveau Testament, la langue courante en Palestine était un dialecte araméen de l’ouest.

 

Même si la ligne de démarcation entre Hellénistes et Hébreux n’est pas définie avec précision, il y avait entre eux des tensions, pour ne pas dire des scissions. Le seul fait que les Hellénistes entretenaient leurs propres synagogues, dont cinq d’entre elles sont nommés au v. 9, souligne l’existence de différences. Le fait, pour les Hellénistes, de ne pas lire les Écritures Saintes dans « la langue sainte », l’hébreu, les rendaient méprisables aux yeux des Juifs indigènes.

 

1.1.1       Murmures au lieu de confiance en Dieu

S’il naquit un murmure des Hellénistes contre les Hébreux dans ces jours du commencement, nous devons garder présent à l’esprit que ces deux groupes étaient constitués de disciples, de chrétiens croyants. Toutefois les uns étant des Juifs Hellénistes et les autres des Juifs de Palestine. Ce qui était triste était que les vieilles rivalités aient subsisté dans les nouvelles relations. Cela ne devrait pas être, mais malheureusement c’est un phénomène qu’on peut encore observer de nos jours. Nous devons avant tout nous tenir sur nos gardes pour ne pas mélanger les questions nationales et sociales avec les saintes relations dans lesquelles la grâce de Dieu nous a introduits, car cela conduit toujours à quelque chose de malsain.

N’est-il pas typique que les murmures se soient élevés, alors que le nombre des disciples s’était multiplié ? C’est justement quand le Seigneur agit particulièrement que l’adversaire redouble d’activité. Si le nombre extérieur croît, il y a un danger accru que la force intérieure de l’amour et de la foi décroissent. Certains désordres se répandent plus facilement dans les grands groupes que dans des groupes plus petits. D’un autre côté, nous ne devons pas croire que nous sommes épargnés de l’activité de la chair par le seul fait d’être peu nombreux. Il n’y a que la conscience de la présence du Seigneur qui nous préserve. Peut-être que chez quelques disciples à l’époque, cela avait déjà commencé à disparaître ?

Le murmure des Hellénistes s’est élevé contre le fait que leurs veuves, par rapport aux veuves des Hébreux, étaient négligées et délaissées dans le service journalier. En tout cas c’est ce qu’ils prétendaient. L’Écriture ne dit cependant pas que ce fût vrai. Jusqu’alors ce service n’incombait qu’aux apôtres seuls (le récit divin ne laisse nullement entendre qu’il y ait eu des aides quelconques sur laquelle on aurait pu faire retomber la faute). Cette prétendue discrimination jetait donc une ombre de partialité sur les apôtres eux-mêmes. Cependant quand nous pensons à la sagesse et à la grâce de Dieu avec lesquelles les apôtres ont fait face à ce danger naissant, il devient clair que le reproche était injuste.

L’expression « service journalier » (6:1) désigne une distribution ou répartition de moyens que les fortunés parmi les premiers chrétiens avaient généreusement prodigués pour leurs frères pauvres. « Il était distribué à chacun, selon que l’un ou l’autre pouvait en avoir besoin » lisons-nous au ch. 4 (v.35). Il pouvait s’agir directement d’argent ou d’autres biens matériels payés à partir du fonds. Car la masse des disciples avait crû fortement, et il devait y avoir déjà des centaines de veuves dans le besoin. S’occuper correctement de toutes ces veuves était certainement une tâche ardue. Cependant, comme on l’a remarqué, nous ne pouvons pas considérer comme un fait acquis que le murmure des Hellénistes fût réellement justifié. Habituellement ce sont justement ceux qui gèrent mal, qui cherchent des fautes chez ceux qui gèrent mieux qu’eux. Rien dans la suite des événements ne permet de conclure que les reproches étaient justifiés. Le silence complet et noble de ceux à qui le reproche était fait, laisse plutôt supposer le contraire.

Derrière ce murmure il n’y avait probablement rien d’autre que de l’insatisfaction et de la jalousie. Même quand les plaintes sont relativement fondées, les murmures et la révolte ne sont pas le chemin indiqué par Dieu pour corriger les évolutions défectueuses. Le murmure est une caractéristique dominante des hommes sans Dieu des derniers jours : « Ceux-ci… sont des murmurateurs, se plaignant de leur sort, marchant selon leurs propres convoitises » est-il dit en Jude 16. Ce qui se cache toujours derrière les murmures, c’est l’homme mécontent de la part que Dieu lui a départi.

C’est en cela que réside le mal des murmures. On prend la parole contre Dieu, et on met en doute Sa sagesse et Son amour. C’est pourquoi les enfants de Dieu sont exhortés à éviter tout murmure et tout raisonnement de doute (Phil. 2:14).

La première défaillance du peuple d’Israël racheté d’Égypte a été de murmurer (Ex. 15:24), et le premier signe de faiblesse spirituelle parmi les premiers chrétiens a justement été accompagné de murmures (Actes 6). Et comme les Israélites murmuraient contre Moïse, le conducteur que Dieu leur avait donné, ainsi les murmures des Hellénistes se dirigeaient finalement contre les apôtres eux-mêmes, sous la supervision desquels se faisait la répartition de l’argent. Sous cet angle, le cas présent était d’une catégorie plus grave que celui d’Ananias et de Sapphira. Chez ces derniers, il s’agissait de manquements personnels.

Les murmures de tout un groupe mettaient la jeune assemblée en danger d’être précipitée dans la désunion et de se scinder. Parmi les sept choses qui sont en abomination à l’âme de l’Éternel, il est nommé à la fin « celui qui sème des querelles entre des frères » (Prov. 6:19). Cela ne devrait-il pas nous donner à réfléchir ? Répandre la querelle entre des frères peut malheureusement arriver de bien des manières différentes. Les murmures et la révolte menacent toujours la paix et la prospérité de l’assemblée. Au contraire, si nous nous confions en Dieu dans des situations critiques, alors non seulement Sa paix nous gardera nous-mêmes, mais elle gardera aussi l’assemblée.

Pour notre avertissement, retenons encore que ces deux difficultés internes — l’hypocrisie du ch. 5 et les murmures du ch. 6 — ont été déclenchées directement au travers de l’activité de l’amour généreux envers les pauvres. À la suite de riches semailles, toutes sortes de mauvaises herbes se mirent bientôt à croître, par lesquelles la fidélité et la sagesse de la jeune assemblée furent mises à l’épreuve. La fausseté d’Ananias et l’insatisfaction des Hellénistes étaient certes des « mauvaises herbes » différentes, mais elles poussaient dans le même champ. L’une de ces racines d’amertume poussait chez ceux qui donnaient, et l’autre poussait chez ceux qui recevaient. Les deux nous sont données pour notre avertissement. Beaucoup de difficultés ont surgi en rapport avec la distribution de l’argent et d’autres affaires de secours matériels. De tels dons sont nécessaires, et sans eux la foi serait morte. Cependant combien il faut de grâce et de vigilance chez ceux qui donnent comme chez ceux qui reçoivent !

 

1.2      La désignation des sept — Actes 6:2

Aussitôt que les douze apôtres entendirent cette plainte, ils prirent des mesures sous la direction du Saint Esprit, pour faire face à la difficulté d’une manière selon Dieu. Ils n’attendirent pas que l’affaire grossisse.

« Et les douze, ayant appelé la multitude des disciples, dirent : Il ne convient pas que, laissant la parole de Dieu, nous servions aux tables » (6:2).

D’un coup d’œil, ils ont saisi la situation : si dans leur service, ils continuaient à se conduire comme jusqu’alors, au vu de la forte croissance du nombre de disciples, ils devraient s’occuper davantage des détails de la répartition des dons, ils devraient traiter davantage de cas particuliers, afin de déraciner non seulement les mauvaises pratiques, mais aussi d’éliminer la méfiance à l’avenir. Mais ce serait bloquer leur énergie pour des tâches de second rang, et dès lors ils ne pourraient plus faire face suffisamment à leur mission première qui était d’annoncer la Parole de Dieu. Cela ne pouvait pas être la volonté de Dieu. Ils reconnurent sans hésiter qu’ils ne pouvaient plus mener de front les deux tâches.

Pour nous, nous pouvons en tirer l’application qu’il n’est jamais juste de négliger la Parole de Dieu, que ce soit pour l’annoncer ou pour nous en occuper personnellement. Cependant, si un travail nous conduisait justement à cette situation, quand bien même ce serait un travail initialement donné par le Seigneur, alors nous devons nous demander si nous devons continuer à exercer ce service dans la même mesure que précédemment, voire même si nous devons encore l’exercer tout court. Le Seigneur nous indiquera certainement le bon chemin, comme Il l’a fait à cette époque-là.

Ce seul verset est suffisant, même si nous n’avions rien de plus, pour montrer que c’était juste d’avoir choisi Matthias comme douzième apôtre (1:21-26). Je mentionne cela parce que plusieurs croient que ce n’était pas Matthias, mais Paul qui était le choix de Dieu pour compléter le nombre à douze. Ici le Saint Esprit mentionne déjà « les douze » comme la dimension fermement établie de ce groupe, et cela dans un temps où Saul de Tarse n’était pas encore converti. Ce n’est que dans le cours ultérieur du livre des Actes, que Paul est introduit.

 

1.2.1       L’ordre divin dans l’assemblée — Actes 6:3

Bien sûr les deux groupes (Hellénistes et Hébreux) auraient été entièrement satisfaits si les apôtres eux-mêmes s’étaient chargés de la pleine responsabilité de la répartition des ressources ; car personne ne mettait en doute leur impartialité.

Mais le service aux tables était un service qui pouvait tout à fait être rempli par d’autres. Ils avaient fait ce service lorsque c’était nécessaire, mais maintenant c’était le temps de le laisser à d’autres. C’est ainsi qu’ils ont donné le conseil sage suivant, sans faire aucun reproche contre les uns ou contre les autres :

« Jetez donc les yeux, frères, sur sept hommes d’entre vous, qui aient un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse, que nous établirons sur cette affaire » (6:3).

Il y a dans les paroles des apôtres une série de principes importants de nos jours, et nous désirons y jeter brièvement un coup d’œil. Ce sont des principes qui ont à faire avec l’ordre dans l’assemblée de Dieu. Bien que le développement doctrinal de cet ordre n’ait été donné que plus tard par le ministère de l’apôtre Paul, l’assemblée existait pourtant déjà, le seul corps de Christ sur la terre était une réalité réjouissante. Elle a été formée par la descente du Saint Esprit à la Pentecôte. Et même si la doctrine sur tout ce sujet n’était pas encore donnée, le Saint Esprit était pourtant là, et Il réglait tout en harmonie avec cet organisme vivant merveilleux et avec Sa tête glorifiée. Voilà aussi ce qui rend si précieuse et si instructive l’étude de notre livre, le livre des Actes.

Nous y apprenons en premier que l’annonce de l’évangile a été dissociée des soins à l’égard des pauvres, et en a été bien distinguée. Il s’agissait effectivement de deux domaines complètement différents du service. Le service ou ministère (ou l’annonce) de la Parole est une chose, l’administration des biens matériels en est une autre. Le mélange de ces deux services a conduit à d’innombrables embrouilles malsaines dans la chrétienté. Le service ou ministère de la Parole se rattache à l’exercice d’un don de grâce spirituel (1 Cor. 12:4 ; 14:1) et il a à faire avec les intérêts intérieurs du croyant. Le Seigneur dans le ciel a donné à Son assemblée des « dons » (apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs) dans le but de « l’édification du corps de Christ » (Éph. 4:7-12). Le service du diaconat, par contre, se rattache à l’exercice d’un« office » (ou : « charge ») (*), et il ne s’exerce que dans un domaine extérieur. L’Écriture différencie clairement ces deux domaines. En Romains 12:7 ils sont aussi délimités l’un de l’autre : le « service » dans un sens diaconal extérieur, est mis en contraste avec le travail « dans l’enseignement ». Dans 1 Pierre 4 (v. 11) nous trouvons la même distinction : ici aussi, le « parler comme oracle de Dieu » est distingué des « services » (dans un domaine extérieur). C’est simplement une pensée erronée de croire qu’un service est fondamentalement et en premier lieu l’annonce de la Parole de Dieu.

 

(*) Ce mot « office » (ou « charge ») dans ce contexte a besoin d’un peu d’explication. Dans l’usage courant de la langue, on entend par-là une position officielle dans l’État, ou dans une communauté, avec des droits et des devoirs précis. Il n’est pas rare qu’on soit appelé à un office (ou : charge) et qu’on y soit établi. L’Écriture Sainte utilise le mot « office » ou « charge » et s’en sert pour décrire quelqu’un établi par autorité divine dans une position particulière parmi le peuple de Dieu. En Actes 1 il est parlé de l’« office » ou « charge de surveillant » (v. 20) (**). Dans ce sens nous utilisons le terme « office » ou « charge » pour désigner des personnes qui ont été officiellement établies par l’autorité apostolique dans la position officielle d’anciens ou de diacres. Ces « offices » ou « charges » doivent bien être distingués des dons que le Seigneur donne pour l’édification de Son assemblée. Nous reviendrons encore en détail sur ces différences plus loin.

(**) note Bibliquest : en allemand, le mot « apostolat » du v.25 de Actes 1, est traduit par « office » ou « charge d’apôtre ». Cela fait un deuxième usage du même mot dans le même passage. Toutefois l’original grec n’utilise pas ce même mot « office » ou « charge » dans ce v.25.

 

Les détails de l’établissement des sept renforcent ce qui a déjà été dit. Où a-t-on vu dans le Nouveau Testament, en relation avec des dons spirituels, qu’il soit dit : « Jetez donc les yeux, frères, sur sept hommes, … que nous établirons sur cette affaire » ? Pour exercer le service de la Parole, il n’est besoin d’aucune délégation de pouvoir apostolique. C’est Dieu lui-même qui a placé dans l’assemblée les services ou ministères de la Parole (comme les autres dons) (1 Cor. 12:28). Par contre pour l’exercice d’un office ou d’une charge d’ancien ou de serviteur (diacre), il était nécessaire qu’il y eût une autorité apostolique directe ou indirecte (14:23 ; Tite 1:5) [pour l’établir]. Il y a encore un point à remarquer dans l’établissement des sept : ceux qui les ont établis, ne les ont pas choisis ; et ceux qui les ont choisis, ne pouvaient pas les établir. Remarquons le terme « nous » dans les paroles des apôtres : « que nous établirons sur cette affaire ». C’était une autorité apostolique active que personne d’autre ne possédait parmi l’ensemble des disciples.

D’un autre côté, ce sont les « frères » qui devaient jeter les yeux pour repérer les sept hommes d’entre eux. Et ces hommes furent alors choisis par toute la multitude (6:5). C’est également un processus remarquable : l’assemblée jette les yeux sur des hommes appropriés et les choisit ! Cependant de quelle sorte de personnes s’agissait-il ? Était-ce des anciens ? Non. Nulle part dans le Nouveau Testament nous ne trouvons une assemblée se choisissant elle-même des anciens. Nous venons de voir que pour l’établissement ou la mise en place d’anciens, l’autorité apostolique est nécessaire. Ou bien était-ce des hommes en mesure d’annoncer la Parole de Dieu ? Nullement. Nous avons aussi déjà vu ici que seul le Seigneur donne à Son assemblée les dons nécessaires à Son édification. Aucun homme, aucun apôtre, aucune assemblée n’a à ajouter un accord quelconque.

Qui donc l’assemblée a-t-elle choisi ? Des hommes qui devaient administrer le fonds d’aide aux pauvres à Jérusalem. Et ces hommes choisis par l’assemblée ont ensuite été établis officiellement par les apôtres dans leur charge (ou : office) et confirmés par eux. Cela ne montre-t-il pas un ordre merveilleux dans l’assemblée ? En ce qui concerne le choix des serviteurs, nous pouvons dire en résumé : là où le Seigneur donne (des dons spirituels), Il choisit Ses serviteurs (pour le service de la Parole). Là où l’assemblée donne (des dons matériels), c’est elle qui choisit les hommes ayant sa confiance (pour gérer l’aide). Ce dernier cas, nous le voyons également plus tard avec l’apôtre Paul. Quand, dans différentes assemblées, Paul a fait faire des collectes pour les croyants nécessiteux de Jérusalem, il a laissé à ces assemblées le soin de choisir les hommes qui devaient apporter leur don à Jérusalem (1 Cor. 16:3 ; 2 Cor. 8:19).

Les sept hommes du ch. 6 ont souvent été nommés « serviteurs » ou « diacres » à l’appui de 1 Tim. 3:8-13 où sont indiquées les caractéristiques requises pour cet office ou charge. Cependant ici Luc ne parle pas d’eux de cette manière. La raison pour cela est probablement que les sept étaient destinés à un service unique en son genre : le service des tables, quand tous les saints étaient encore groupés en un seul endroit. C’est pourquoi les caractères moraux requis divergent de ceux cités en 1 Tim. 3 ; ils les dépassent même de loin.

Ces hommes devaient d’abord « avoir un bon témoignage ». Le témoignage et le jugement des autres sur eux ne devait pas être tenu pour peu de chose. Aujourd’hui aussi les hommes qui ont à faire avec les questions d’argent de l’assemblée locale, doivent avoir la pleine confiance des frères de la localité.

C’est ainsi qu’ils devaient être « pleins de l’Esprit Saint ». Non pas remplis de l’Esprit Saint, mais pleins de l’Esprit Saint ; c’est-à-dire que, dans leur marche personnelle, ils devaient en principe ou d’une manière habituelle être caractérisés par le Saint Esprit. « Pleins de sagesse » était le troisième trait de caractère indispensable pour cette tâche.

Nous pouvons nous étonner de ce que, pour l’administration de l’argent et autres biens matériels, il soit fixé de hautes exigences morales de ce genre. Mais premièrement nous nous rappelons qu’il s’agissait d’une tâche tout à fait particulière. Le nombre des disciples devait déjà être très grand à l’époque à Jérusalem. Des estimations parlent de 20000 à 25000 personnes pour la seule ville de Jérusalem. Il n’est pas important de savoir si ces estimations sont justes ; mais en tout cas il devait y avoir beaucoup plus de disciples que nous ne le pensons couramment. Dans cette grande foule, avoir l’aperçu nécessaire pour savoir où il fallait aider et où il ne fallait pas, était déjà tout un défi pour les serviteurs. Une telle situation ne s’est guère répétée dans l’histoire de l’église.

Et secondement nous devons penser qu’en principe quelqu’un qui a à faire avec les intérêts extérieurs de la maison de Dieu a besoin d’une mesure particulière de grâce. Il se situe pour ainsi dire à l’intersection de l’assemblée et du monde. Combien il est facile que le mal s’introduise ! C’est pourquoi il est particulièrement important que ceux qui sont appelés à servir dans cette sphère soient réellement des hommes spirituels.

Il me semble qu’ici le Seigneur veut aussi encourager tous ceux qui s’emploient de Sa part à un service extérieur auprès des saints. Le service peut paraître mince, il peut même être tenu pour minime. Cependant l’appréciation que le Seigneur en fait peut se déduire de la haute mesure morale qu’Il attache à ceux qui l’exercent.

 

1.2.2       La prière avant le service — Actes 6:4

Après que les apôtres se furent dégagés du domaine d’activité particulier aux sept, ils caractérisèrent leur propre service :

« Et, pour nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service de la parole » (6:4).

Nous trouvons ici un principe supplémentaire important : quand il s’agit du ministère (ou de l’annonce) de la Parole, la prière passe au premier rang avant la prédication. C’est le côté du serviteur. Pour que le service soit béni, il faut que la prière tienne la première place dans Son œuvre. Certes Dieu est souverain pour bénir Sa Parole partout et de toute manière. Mais cela est un autre côté. Pour le serviteur le principe est là, que la prière passe avant le service. Les apôtres, dans l’œuvre qui leur a été confiée, voient deux domaines, et ils citent ces domaines dans leur ordre naturel. Les entretiens cachés avec Dieu passent avant les entretiens publics avec les hommes.

La prière est l’expression de la dépendance vis-à-vis de Dieu, de la conscience de ce que l’on est soi-même faible et insuffisant. C’est ce que Paul réalisait quand il disait que, dans son service auprès des Corinthiens, il avait été « dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement ». Et parce qu’il était un homme de prières, « sa parole et sa prédication n’avaient pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance » (1 Cor. 2:3, 4). Ce n’est que quand nous persévérons dans la prière que le Saint Esprit peut accompagner de Sa puissance la prédication de la Parole de Dieu. Quelle dépendance de Dieu est nécessaire pour servir correctement avec la Parole et pour avoir la bonne parole au bon moment ! Dieu seul connaît le cœur et l’état de chaque individu, et quand le Saint Esprit opère dans le serviteur, Il répond à tous les besoins selon la perfection de Sa connaissance. C’est une profonde consolation pour tout serviteur de la Parole.

Comme l’apôtre Paul a été un « vase » pour le service du Seigneur (9:15), ainsi il en a été de même des douze apôtres. Et tout serviteur du Seigneur est également, aujourd’hui, un tel « vase ». Ces « vases » doivent cependant être préalablement remplis, avant de pouvoir être utiles à d’autres et répandre la bonne odeur du nom de Christ. Dans la prière ils reçoivent de la part de Dieu, dans le service de la Parole ils donnent aux hommes.

Quant à l’objet des prières des apôtres, nous pouvons admettre qu’ils ne priaient pas seulement pour eux au sens du ch. 4 : « Et maintenant Seigneur … donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse » (4:29). Bien sûr leurs prières concernaient aussi les multiples besoins spirituels du peuple de Dieu. Nous trouvons deux exemples particulièrement beaux de telles prières plus tard dans l’épître de Paul aux Éphésiens (ch. 1 et ch. 3). La première est introduite par les paroles de l’apôtre : « C’est pourquoi moi aussi, ayant ouï parler de la foi…, je ne cesse de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières, afin que le Dieu de notre seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance…, pour que … » (Éph. 1:15, et suiv.).

Prions-nous – hormis pour nous – aussi pour d’autres ? Nos prières s’élèvent-elles à une telle hauteur spirituelle ? Ou bien leurs contenus ont-ils plus ou moins à faire seulement avec des intérêts terrestres ? Un coup d’œil à Colossiens 1 nous montre une belle liste supplémentaire de ce qu’un chrétien peut demander pour (lui et pour) d’autres (Col. 1:9-11). Nous pouvons être sûrs que, dans le temps présent, celui qui contribuera à la plus grande bénédiction est celui qui se tiendra le plus en prières pour tous les saints. Nous avons besoin de tels intercesseurs comme Épaphras, qui « combattait toujours par des prières » pour les croyants et était ainsi « un fidèle serviteur du Christ pour eux » (Col. 1:7 ; 4:12). Ce service n’est pas limité aux frères. Ce n’est pas du tout un service public. Il est ouvert à toutes les sœurs et tous les frères qui cherchent à ce que le Seigneur soit glorifié et qui cherchent le bien du peuple de Dieu.

Pour faire voir l’importance de la prière, je voudrais rapporter une circonstance d’autrefois vécue par un serviteur du Seigneur. Il observait un homme en train de travailler à fabriquer des briques et qui, avec sa pelle, faisait monter l’argile nécessaire d’un niveau inférieur à un niveau supérieur. Son travail se bornait à cela. Du fait qu’il était payé à la pièce, il se concentrait entièrement à son travail difficile. Son corps bougeait comme une machine. Chaque fois qu’il jetait une pelletée d’argile au niveau supérieur, il plongeait la pelle dans un seau d’eau placé à côté de lui. Ce processus de plongée nécessitait presque autant de temps que ce qui était requis pour faire monter la masse pâteuse. À première vue, l’homme aurait pu doubler sa productivité en cessant d’immerger continuellement son outil. Mais en regardant de plus près, on se rendait compte que si l’homme négligeait l’immersion, l’argile restait collée de plus en plus à sa pelle, de sorte que la continuation du travail allait droit à l’échec. Ce travailleur savait très bien ce qu’il faisait. Quand il plongeait son outil dans l’eau à chaque pelletée, il ne considérait pas que cela ne faisait pas partie de son travail, mais que c’était ce qui le rendait possible. — Quelquefois aussi pour nous, la prière paraît être secondaire, quand le service nous presse ; mais c’est tout le contraire. Sans la prière il n’y a pas de service béni. Ainsi à chaque « pelletée », nous devons toujours nous replonger dans la prière pour poursuivre le service qui nous a été confié, aussi longtemps que ce service subsistera !

 

1.2.3       Sagesse et grâce — Actes 6:5,6

« Et ce discours plut à toute la multitude ; et ils choisirent Étienne, homme plein de foi et de l’Esprit Saint, et Philippe, et Prochore, et Nicanor, et Timon, et Parménas, et Nicolas, prosélyte d’Antioche, qu’ils présentèrent aux apôtres ; et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains » (6:5, 6).

S’il y avait une grande sagesse chez les apôtres, il y avait aussi une grande bénédiction sur l’assemblée. Cela apparaît clairement quand nous regardons un peu les noms cités ici : tous sont d’origine Helléniste. C’est pourquoi nous ne nous trompons guère en admettant que les sept hommes choisis par la foule venaient largement (*) du groupe des Hellénistes. C’était, en fait, une grande grâce ! Les premiers chrétiens n’agissaient pas selon un point de vue démocratique ; ils ne regardaient pas à ce que chaque groupe soit représenté proportionnellement. Non, ils avaient une manière de voir spirituelle, et ils prirent les sept de manière principale, sinon exclusive, dans le groupe de ceux qui avaient murmuré. En outre les Hellénistes ne formaient que le groupe minoritaire. Cela ne remplissait-il pas leur visage de honte ? Nous pouvons être sûrs que toutes les bouches furent fermées. Et pourtant, par quel moyen furent-elles fermées ? Par des règlements ? Les règlements sont étrangers à l’assemblée de Dieu. Non, elles l’ont été par l’Esprit de grâce chez les autres !

 

(*) Je dis « largement », non pas « tous », parce que pour la deuxième mention, il y a incertitude. Chez les douze disciples, deux d’entre eux portaient des noms grecs (André et Philippe) alors qu’il s’agissait d’Hébreux.

 

Nous voyons ici de nouveau que l’assemblée du Dieu vivant n’est pas une institution humaine gouvernée par les principes démocratiques ou autres règles humaines. C’est le Saint Esprit qui incline tout en elle pour que Jésus Christ soit glorifié, et pour le bien des membres de Son corps. La libre activité du Saint Esprit dans l’assemblée (voir 1 Cor. 12:11) est visible de manière rafraîchissante dans tout ce qui se passait. Nous devrions à tout prix tenir ferme à ce principe vital pour l’assemblée de Dieu sur la terre !

Pour deux des sept hommes, l’écrivain sacré en dit davantage au cours du livre des Actes : Étienne et Philippe. Ils sont en tête de la liste des sept. Étienne est ici décrit comme un « homme plein de foi et de l’Esprit Saint » ; au verset 3 c’était l’ordre inverse, « plein de l’Esprit Saint et de sagesse ». Dans le premier cas, le résultat est indiqué d’abord, et ensuite la source ; dans le second cas c’est la source en premier, et ensuite son résultat. Étienne était caractérisé par la puissance de la foi, qui trouvait son origine dans le Saint Esprit. Comment cela se traduisait pratiquement, nous le voyons clairement au verset 10 : Ses contradicteurs ne pouvaient pas résister à sa sagesse et à l’Esprit avec lequel il parlait. Étienne est un exemple éminent de ceux qui « ont bien servi », et qui, par-là, ont « acquis un bon degré » et « une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus » (1 Tim. 3:13). Nous allons nous occuper de plus près de cet homme de foi dans la prochaine grande section de ce livre.

Pour ce qui concerne les cinq autres hommes, nous ne trouvons rien d’autre dans le Nouveau Testament. Nicolas, le dernier nommé, n’était pas Juif de naissance, mais seulement un prosélyte, c’est-à-dire quelqu’un qui avait adhéré à la foi juive. Le fait qu’il soit nommé en dernier n’est absolument pas un indice qu’il ait abandonné plus tard la foi et qu’il ait fondé la secte gnostique des Nicolaïtes (Apoc. 2:6, 4). Relier ces deux noms de cette manière n’est qu’une pure spéculation dépourvue de tout support dans l’Écriture.

Les sept hommes choisis furent maintenant placés devant les apôtres ; « et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains ». Ici aussi nous trouvons de nouveau la prière en premier. Sa formulation et son contenu ne nous sont pas communiqués, mais nous pouvons admettre qu’ils ont prié pour qu’ils aient sagesse et direction quant à leurs tâches particulières.

Par l’imposition des mains, les apôtres se sont identifiés avec le service des sept, avec la destination de leur service. C’est la première occasion dans le livre des Actes où apparaît l’imposition des mains, et parce que cette manière d’agir est souvent mal comprise, nous voulons nous arrêter un petit moment sur ce sujet.

On trouve l’imposition des mains déjà dans la Genèse comme un signe de bénédiction (Gen. 48:14). Puis nous la trouvons dans le Lévitique en rapport avec les sacrifices, quand celui qui offrait posait sa main sur la tête de la victime, exprimant par-là qu’il s’identifiait avec la victime (Lév. 1:4 ; 3:2 etc.). En Nb. 27:23 c’est un signe officiel de reconnaissance — une signification qui rejoint notre passage des Actes. La pensée prééminente et générale de l’imposition des mains est la communion, et l’identification, que ce soit pour le jugement (Lév. 24:14) ou pour la bénédiction (Actes 13:3 ; 14:26). Un cas particulier est celui de Timothée : un don de grâce lui a été conféré par l’imposition des mains de l’apôtre (2 Tim. 1:6) — un processus auquel le corps des anciens s’est alors identifié par l’imposition des mains (1 Tim. 4:14). En certaines occasions le Saint Esprit a aussi été donné en relation avec une imposition des mains (Actes 8:17 et 19:6), mais ce sont des cas à part, sur lesquels nous reviendrons en temps voulu.

Ainsi, ici, en Actes 6 nous avons la première « ordination » de l’assemblée de Dieu — non pas, nous le répétons, une désignation officielle pour annoncer la Parole, mais pour servir aux tables. Cela a eu lieu en vue d’une mission à l’extérieur et limitée dans le temps et dans l’espace.

 

1.2.4       La croissance, un principe divin — Actes 6:7

« Et la parole de Dieu croissait, et le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi » (6:7).

Une formule intéressante : la Parole de Dieu croissait ! Dans un certain sens, la Parole de Dieu ne peut ni croître, ni décroître ; elle est en soi absolue et parfaite, comme Dieu lui-même. Il ne peut donc pas s’agir, dans cette expression, de la Parole de Dieu écrite, la Bible ; car à ce moment-là aucun livre du Nouveau Testament n’était encore rédigé, et l’Ancien Testament était clos depuis 400 ans. Non, la Parole de Dieu est une matière vivante, et elle conquérait et remplissait de plus en plus de cœurs : son influence croissait. C’est cela le sens de l’expression « la Parole de Dieu croissait », ce que confirme la phrase suivante : « le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem ».

Tout ce qui vient de Dieu a le principe de vie et de croissance en soi. Il en est ainsi dans la création animée, comme aussi dans le domaine spirituel. L’apôtre Paul pouvait écrire plus tard aux croyants de Colosses : « … la parole de la vérité de l’évangile » était parvenue jusqu’à eux, et que ce qui avait été manifeste parmi eux, l’avait aussi été dans tout le monde, et qu’elle portait du fruit et croissait (Col. 1:6). Ces deux traits de caractère sont propres à tout ce qui sort de la main de Dieu. N’est-ce pas une pensée réjouissante que malgré des millénaires de refus, la Parole de Dieu conserve encore en elle cette puissance vivante (Héb. 4:12) ? Encore aujourd’hui elle soumet des cœurs dans le monde entier, et en fait sortir du fruit et de la croissance pour Dieu. Que cela nous stimule à faire davantage confiance à la puissance de la Parole, à nous ouvrir nous-mêmes à cette Parole afin qu’en nous aussi elle se montre fructifiante et croissante.

Car maintenant que l’attaque intérieure et extérieure de Satan a été défaite par la grâce et la sagesse de Dieu, le nouveau mouvement s’élargit, le christianisme s’étend davantage au dehors, comme un fleuve puissant qui s’écoule et qui emporte d’autres objets avec lui. Même le groupe de sacrificateurs en fut saisi, alors que nous n’avons encore jamais entendu parler de lui dans ce contexte, et qu’il se tenait le plus loin possible de tout. « Et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi ». Nous nous rappelons de nouveau le principe important de l’obéissance, sans l’observation duquel il n’y a pas de vraie bénédiction. Nous avions déjà vu cela en liaison avec 5:32. Ici, beaucoup de sacrificateurs juifs se soumettent à la foi chrétienne, la vérité chrétienne — et nous pouvons dire aussi à l’évangile de Dieu. Le terme « la foi » (avec l’article) vise habituellement ce qui est cru, le bien, la richesse de foi chrétienne, dont le contenu et le centre est Christ. La foi personnelle (sans article) comme puissance morale, est toujours obéissante : c’est ce que souligne l’expression « l’obéissance de la foi » dans l’épître aux Romains (1:5 et 16:26).

Quand on lit ce « compte-rendu » de mission dans le livre des Actes, on pourrait penser que maintenant, le monde entier allait bientôt être sauvé. Or il n’y a pas de base dans la Parole de Dieu pour de telles rêveries. Déjà le chapitre suivant de notre livre nous présente le premier martyr chrétien. Et comme en ce temps-là les sacrificateurs juifs eux-mêmes se sauvaient de « cette génération perverse » (2:40), avant que le temps du jugement de Dieu n’arrive sur la nation juive en l’an 70 — de la même manière, le Seigneur sauve encore des gens hors de la chrétienté sans Christ, avant que Son jugement éternel s’abatte sur tout ce système mort. Tous ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ « subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force » (2 Thes. 1:8, 9). Ne pas obéir à la vérité, à l’évangile…, combien les conséquences en sont terribles.

 

2        Étienne un témoin de Dieu — Actes 6:8 à 7:60

Jusque-là nous n’avons eu dans le livre des Actes que le service des apôtres, spécialement celui de l’apôtre Pierre. Avant d’arriver à la conversion de Saul de Tarse au ch. 9, nous rencontrons dans les chapitres intermédiaires deux autres personnalités au premier plan : Étienne ch. 6 et 7 et Philippe ch. 8.

Ces deux hommes n’étaient pas des apôtres, les deux appartenaient plutôt aux sept qui étaient destinés au service des tables. Dans la merveilleuse liberté de l’Esprit maintenant, tous les deux sont maintenant introduits dans un service extérieur, temporaire, et ils sont appelés par Dieu-même pour être serviteurs de la Parole — l’un comme docteur et l’autre comme évangéliste. Avec cela commence une nouvelle section dans l’œuvre de la grâce de Dieu : le service est remis dans les mains de serviteurs « normaux ».

Ces deux hommes si semblables selon l’Esprit, sont conduits dans des voies différentes, et sont utilisés dans des domaines différents du service. Étienne a souffert très tôt, et Philippe a prêché longtemps. Tandis qu’Étienne a trouvé subitement la mort à cause de sa fidélité, Philippe a montré sa fidélité dans une longue vie de service.

Les deux ont servi le Seigneur en leur temps, et les deux sont entrés depuis longtemps dans la joie de leur Maître.

 

2.1      Miracles et signes — Actes 6:8

Immédiatement, et sans signe de surprise à l’égard du changement soudain, l’écrivain inspiré, Luc, commence son récit sur le premier des deux témoins :

« Or Étienne, plein de grâce et de puissance, faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles » (6:8).

Par le moyen d’Étienne, Dieu, dans Sa grâce, se tourne pour la dernière fois directement vers les conducteurs spirituels du peuple d’Israël. Dans cette mesure cela ajoute une importance particulière à son témoignage. C’était un dernier message. S’il était refusé, cela aurait nécessairement des conséquences très graves sur la manière d’agir de Dieu envers ce peuple. L’homme noble de Luc 19 était parti librement dans un pays éloigné pour recevoir un royaume et revenir. Maintenant, les paroles de la parabole allaient-elles se réaliser, selon lesquelles Ses concitoyens, remplis de haine, envoyèrent après Lui une ambassade avec le message : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » ?

À cause de la portée et de l’importance de la question, le Seigneur a équipé son témoin d’une grâce et d’une force toute particulières pour accomplir des miracles et de grands signes parmi le peuple. Ils étaient la confirmation de ce que le message qu’il transmettait provenait de Lui, le Christ glorifié. Quand « Jésus le Nazaréen » était encore sur cette terre, Dieu L’avait « approuvé… par les miracles et les prodiges et les signes » (2:22) ; et la prière de l’apôtre plus tard était « qu’il se fasse des miracles et des prodiges » pour confirmer la Parole qu’ils annonçaient (4:30). Effectivement Il n’a rien omis de ce qui était approprié pour atteindre les cœurs et les consciences de ce peuple. D’où cette accumulation, encore une fois, de signes et de prodiges à un point tel que, plus tard, on n’en trouve plus jamais sous cette forme parmi le peuple juif.

Cependant il y a encore quelques détails dans le récit qui suscitent notre intérêt. D’abord le nom de cet homme. Étienne signifie « couronne, couronne tressée de vainqueur ». Il fut en fait le premier témoin chrétien à recevoir la couronne de martyr, la couronne de vie après avoir été fidèle jusqu’à la mort (Apoc. 2:10). Hormis cela, nous ne savons que peu de choses sur ce témoin. Son nom grec permet de conclure qu’il s’agissait d’un Helléniste.

Avec cette expression « plein de grâce et de puissance », nous avons un résultat supplémentaire de l’activité du Saint Esprit chez Étienne. Car s’il était « plein de l’Esprit Saint », il était aussi « plein de sagesse » et « plein de foi » (6:3, 5) ; maintenant la grâce et la puissance sont ajoutées. Quel triomphe de la grâce de Dieu de ce qu’il puisse être dit d’un homme faible en lui-même, qu’il était « plein de grâce et de puissance » ! Quand le Seigneur Jésus était ici-bas, il est dit de Lui qu’Il a habité parmi nous « plein de grâce et de vérité ». Ceci est encore infiniment plus, et c’est par Lui Jésus Christ que la grâce et la vérité sont apparues (Jean 1:14, 17).

Par contre chez Étienne, il s’agissait d’une grâce conférée et d’une puissance conférée. Il était l’objet particulier de la grâce du Seigneur, et dans cette mesure le Seigneur lui conférait une puissance extraordinaire, qu’il n’accorda pas aux autres serviteurs : la capacité de faire des miracles. Jusque-là le Seigneur n’avait utilisé que les douze apôtres pour cela.

Il est aussi frappant que Luc ne dise pratiquement rien sur le genre de miracles dont il s’agissait. Nous aurions peut-être aimé savoir en quoi ils consistaient ; et du point de vue humain, il aurait été recommandé de se développer de ce côté-là, — d’autant plus que lui-même et les premiers chrétiens en général avaient une connaissance précise de cela. Or ce n’était pas l’intention de l’écrivain inspiré de glorifier l’homme, ni de détourner l’attention de ses lecteurs du sujet principal. Dieu a donné des miracles, Il les a donnés pour la confirmation de l’évangile parce qu’il était nouveau à l’époque. Mais pour gagner des âmes pour Dieu et pour son Fils, il y a besoin de plus que des miracles extérieurs. C’est seulement le ministère de la Parole exercé dans la puissance de l’Esprit qui peut faire cela. Aussi il plut à Dieu dans Sa sagesse de nous donner, ici ou là et de temps en temps, un aperçu de ce service, tandis qu’en même temps Il passe sous silence beaucoup de détails historiques qui nous auraient intéressés.

Encore un mot sur la question de l’ordination. Notre paragraphe rend absolument clair qu’aucun homme ne possède l’autorité pour appeler un autre au ministère de la prédication. Comme aux yeux du Seigneur le temps était venu pour le témoignage d’Étienne, Lui l’a appelé à cela. Les plus hautes autorités spirituelles établies par Dieu Lui-même, c’est-à-dire les apôtres, étaient à ce moment-là encore sur la terre. Mais ils n’avaient absolument rien à faire avec l’appel ni d’Étienne ni de Philippe ni de n’importe quel autre serviteur de la Parole. Il ne leur était pas non plus demandé, ni dit quelque chose à ce sujet. Tout est une affaire entre le Seigneur et Son serviteur. Quand Il confère un don spirituel à un homme, alors celui-ci est responsable de l’exercer dans Sa dépendance et pour l’utilité des autres. Déjà dans la parabole des talents, le Seigneur en avait montré le principe : quand il remet Ses biens à Ses esclaves, ils sont tenus de les gérer dans Son état d’esprit (Matt. 25:14 et suiv.). Plus tard, dans les épîtres du Nouveau Testament, on retrouve ce principe largement développé du point de vue doctrinal. Mais ici nous en trouvons déjà la réalisation pratique. Étienne traverse la scène sans personne pour coopérer avec lui, et sans délégation de pouvoir ; et il accomplit son service que son Seigneur lui a confié, de la même manière qu’un peu plus tard Philippe délaisse le service aux tables, et va évangéliser en Samarie. Qui des disciples aurait éprouvé la moindre jalousie en ces jours de grâce et de puissance, quand le Seigneur introduisait l’un ou l’autre des combattants dans le champ de bataille ?

 

2.2      Résistance — Actes 6:9-10

Pendant combien de temps Étienne a-t-il pu exercer son activité sans être gêné, cela ne nous est pas rapporté. Manifestement une résistance s’est levée très tôt, et même une résistance massive :

« Et quelques-uns de la synagogue appelée des Libertins, et des Cyrénéens, et des Alexandrins, et de ceux de Cilicie et d’Asie, se levèrent, disputant contre Étienne. Et ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait » (6:9, 10).

Cinq groupes sont nommés ici, tous composés uniquement d’Hellénistes. Ces Juifs venaient de différentes régions ou districts, car les cinq désignations sont d’ordre géographique. Cela vaut également pour le premier groupe nommé, celui des Libertins. Il s’agissait de Juifs faits prisonniers deux générations auparavant sous Pompée en l’an 61 av. JC, et qui avaient été vendus comme esclaves à Rome. Beaucoup d’entre eux et de leurs descendants avaient cependant retrouvé la liberté et étaient considérés comme « Romains ». Il est plus que vraisemblable que les Romains mentionnés au ch. 2 (v.10) étaient aussi pour la plupart de ces Libertins (autrement dit : « laissés libres »). Il n’est pas surprenant qu’un grand contingent soit retourné dans la ville sainte, en partie pour y habiter. Leur résistance violente contre Étienne peut s’expliquer par le fait qu’ils voyaient leurs traditions juives mises en danger par lui, alors qu’ils avaient souffert pour elles autrefois. Dans ce temps-ci, ils avaient refusé le message de la grâce de Dieu transmis par Pierre à la Pentecôte, et maintenant ils étaient en tête de la série des opposants à Étienne.

Du fait que ces Hellénistes disputaient avec Étienne, on en a tiré la conclusion qu’Étienne, lui-même un Helléniste, était allé dans la synagogue des Juifs et y avait entamé des discussions sur Jésus comme le Messie. Il semble pourtant que ce soit le contraire qui soit vrai. Ces Juifs s’élevèrent contre Étienne, et le forcèrent à disputer, non pas dans une de leur synagogue, mais dans une place quelconque où ils avaient pu rencontrer Étienne, peut-être dans la rue ou au parvis du Temple.

Les Hellénistes ne manquaient pas d’hommes de la plus haute intelligence : l’exemple de Saul de Tarse le montre clairement, et en tout cas il en faisait partie. Il est hautement probable que Saul était même présent à la dispute. Il était originaire de Cilicie (22:3), province qui est justement mentionnée ici (« et de ceux de Cilicie »). La justesse de cette supposition est peut-être confirmée par l’indication du début du ch. 8 selon laquelle Saul consentait à la mise à mort d’Étienne. En tout cas il confesse lui-même plus tard devant Dieu et devant les hommes : « Et lorsque le sang d’Étienne, ton témoin, fut répandu, moi-même aussi j’étais présent et consentant, et je gardais les vêtements de ceux qui le tuaient » (22:20). De ces déclarations, nous retenons qu’il était l’un des conducteurs religieux.

Les opposants étaient très supérieurs en nombre. À cet instant ils n’avaient en face d’eux qu’un homme tout seul. Mais celui-ci s’avançait pour la vérité de Dieu, et le faisait avec une sagesse et une puissance qui ne pouvaient venir que du Saint Esprit. Ils ne pouvaient ni le convaincre ni le réduire au silence ; ils n’avaient en réalité rien à lui opposer. La promesse du Seigneur s’accomplissait déjà : « car moi je vous donnerai une bouche et une sagesse, à laquelle tous vos adversaires ne pourront répondre ou résister » (Luc 21:15). C’est l’évangéliste Luc qui nous a retransmis cette déclaration du Seigneur, et c’est justement lui l’écrivain qui nous rappelle comment elle s’est vérifiée à la lettre. Ainsi le Seigneur était avec Étienne et le Saint Esprit était en lui. Quand les Hellénistes disputèrent contre lui, c’est en vérité contre le Saint Esprit qu’ils disputaient (7:51). Il ne faut donc pas s’étonner qu’ils ne réussissaient en rien contre Lui !

Tout cela est bien propre à nous donner du courage. En nous engageant pour les droits du Seigneur, nous pouvons voir en face des gens qui nous surpassent largement en nombre et en intelligence. Cependant nous n’avons pas besoin d’avoir peur. Car si nous nous tenons assez près de Lui, Il nous sera en aide, et Il nous mettra les bonnes paroles au bon moment dans la bouche. Nous ne devons pas chercher à combattre l’intelligence humaine par des arguments d’intelligence. Cela ne peut pas avoir de succès. Seule la Parole de Dieu est « l’épée de l’Esprit ». Si nous veillons à être « plein de foi et de l’Esprit Saint », alors nous pouvons tout Lui remettre en paix. Auprès de Dieu, le nombre et l’intelligence des hommes ne jouent aucun rôle. Ce que Lui recherche, c’est la foi. Quand nous la manifestons, nous pouvons avec notre Dieu « courir au travers d’une troupe » et avec Lui « franchir des murailles » (Ps. 18:29). En tout cas, les opposants d’Étienne durent être complètement irrités contre cet homme. Ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l’Esprit Saint avec lesquels il parlait. La perspicacité humaine et la finesse de la dialectique étaient impuissantes contre lui.

 

2.3      L’arrestation — Actes 6:11-12

Mais quand tous les moyens et arguments sincères ne purent arriver à faire taire Étienne, ses opposants estimèrent devoir appliquer d’autres moyens puissants pour atteindre leur but. Ils se condamnaient eux-mêmes par cela, mais cela ne les dérangeait pas du tout. Dans tout ce qui suit, beaucoup de choses nous rappellent fortement ce qui est arrivé à notre Seigneur à la fin de Son chemin.

« Alors ils subornèrent des hommes qui disaient : Nous l’avons ouï proférant des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. Et ils soulevèrent le peuple et les anciens et les scribes ; et tombant sur lui, ils l’enlevèrent et l’amenèrent devant le sanhédrin » (6:11, 12).

Les Hellénistes commencent maintenant avec une ruse diabolique à réaliser leur plan d’élimination de ce témoin de Dieu. Ils subornèrent en secret des hommes qui soulevèrent des accusations contre Étienne tandis qu’eux-mêmes restaient en arrière-plan.

Les accusations de ces hommes méchants sont autant imprécises que fausses et sans fondement. Ils soutenaient qu’il aurait parlé contre Moïse et contre Dieu de manière blasphématoire. Le fait de mentionner Moïse avant Dieu montre où ils en étaient spirituellement, et cela indique en même temps la mauvaise direction que va maintenant prendre le cours des choses. Car jamais le Saint Esprit ne parlerait de cette manière. Jamais il n’accorderait à l’honneur du serviteur de Dieu la préséance sur celui de Dieu.

Mais « le peuple » ne s’en souciait pas. Sans exiger la moindre preuve de justification des accusations soulevées, ils excitent complaisamment les anciens et les scribes tous ensemble contre Étienne. Il est poussé de force devant le sanhédrin.

Dans le cours des événements que Luc ne dépeint que très brièvement, nous sommes frappés de ce que ces Juifs assoiffés de sang ne fassent pas seulement le plan de faire prisonnier Étienne et de le mettre à mort. Mais comme dans le cas du Seigneur Jésus, ils tiennent à l’apparence d’une procédure judiciaire correcte, ils veulent même une telle procédure. Pourquoi ? Ils en avaient besoin pour tranquilliser leur conscience. Ils font donc présenter les accusations, et mettent par-là l’âme juive du peuple en ébullition. D’un autre côté, c’est une condition pour mettre Étienne en état d’arrestation, et pour qu’il soit mené devant le sanhédrin. Et aussi maintenant ils tiennent leurs témoins tous prêts. Mais Luc n’hésite pas à les qualifier de faux témoins.

 

2.3.1       Devant le sanhédrin — Actes 6:13-14

Devant le sanhédrin, de simples accusations globales ne suffisent pas. Maintenant il faut amener des moyens de preuve définitifs. L’accusation contre Étienne de blasphème contre Moïse et contre Dieu est donc abandonnée. Elle avait atteint son objectif.

« Et ils présentèrent de faux témoins qui disaient : Cet homme ne cesse pas de proférer des paroles contre le saint lieu et contre la loi ; car nous l’avons entendu dire que ce Jésus le Nazaréen détruira ce lieu-ci, et changera les coutumes que Moïse nous a enseignées » (6:13, 14).

Jusqu’ici nous n’avons pas eu un seul mot de l’écrivain sur ce qu’Étienne disait effectivement. Même si les accusations soulevées contre lui provenaient de la bouche de faux témoins, il nous est accordé quand même de prendre un peu connaissance de ce qui constituait son témoignage oral. Il apparaît qu’Étienne a parlé encore plus ouvertement que Pierre. Comme Pierre, Étienne annonçait certainement aussi Christ, et Christ glorifié. Mais comme on peut le déduire de l’accusation, Étienne devait aussi avertir solennellement le peuple juif des conséquences de leur péché et de leur obstination. Cela explique aussi le bouillonnement de colère de ses auditeurs.

Ce que ses accusateurs mettent maintenant en avant contre lui n’est pas donné en entier. Certainement Étienne avait donné une certaine prise à ce qu’ils disaient. Lors des accusations soulevées contre le Seigneur Jésus, cela avait déjà eu lieu pareillement. Qui voudrait mettre en doute que non seulement le Seigneur Jésus avait dit la vérité absolue, mais également Son fidèle témoin ? Mais il est également vrai qu’un auditeur malintentionné sort du faux à partir de paroles entièrement vraies. Cela est inhérent à son état intérieur mauvais. Un cœur malintentionné ne peut guère écouter avec sincérité. À cela se rajoute que l’on ne se donne pas la peine de saisir la vraie signification de ce qui est dit. Et ainsi on interprète dans les paroles ce qui, en réalité, ne s’y est jamais trouvé. On peut aussi malheureusement trouver des exemples de cela de nos jours, et même les enfants de Dieu ne sont pas immunisés contre ces faussetés. C’est cependant un trafic de la vérité qu’on ne peut que qualifier d’exécrable.

Concrètement, ils ne soulèvent maintenant que deux points d’accusation : « proférer des paroles contre le saint lieu » (le Temple), « des paroles … contre la loi ». De nouveau nous sommes frappés que le lieu saint soit nommé avant la loi, le plus petit avant le plus grand, comme auparavant ils avaient nommé Moïse avant Dieu. Pour fonder ce qu’ils disent, ils soutiennent encore qu’Étienne aurait dit que Jésus de Nazareth détruirait ces lieux saints et changerait les coutumes enseignées par Moïse.

Si nous regardons d’un peu plus près ces griefs, la fragilité de l’accusation apparaît vite manifeste. Rendre témoignage au Seigneur Jésus comme le vrai Messie, et Lui octroyer la préséance sur Moïse, cela était compté comme une attaque blasphématoire contre Moïse et par-là contre Dieu (6:11). Et quand Étienne les avertissait du jugement de Dieu qui viendrait sur la nation juive et sur son culte au cas où ils persisteraient dans leur incrédulité — et quand Étienne attirait autant que possible l’attention sur les paroles de Jésus, son Seigneur, selon lesquelles, de tous les splendides bâtiments du Temple, il ne resterait pas pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas (Matt. 24:2), — alors toutes ces paroles étaient interprétées comme un discours contre les lieux saints et contre la Loi.

Quant au reproche d’avoir dit que Jésus le Nazaréen changerait les coutumes que Moïse leur avait données, combien ces gens, spécialement ces gens légaux et propre-justes, comprenaient peu ce qu’est la grâce ! La grâce se situe sur un niveau moral bien plus élevé que la Loi, sans pour autant l’abolir, du fait qu’elle n’en est pas un ennemi. Et quand Christ introduit des choses plus élevées, Il ne détruit pas ce qui est moindre, mais Il l’accomplit (Matt. 5:17). Naturellement la prédication de l’évangile de la grâce impliquait la fin des sacrifices du culte juif et du cérémonial de la Loi en général. Mais quelle interprétation erronée que de qualifier de destructeur et de démolisseur Celui qui, dans Sa vie et dans Sa mort, avait parfaitement accompli les types et les exigences de la Loi ! Seuls ceux qui ne Le connaissaient pas pouvaient parler et penser ainsi. C’est la manière de penser de l’incrédulité.

En fait c’était de faux témoins qui faisaient ici leur déposition ! C’était les mêmes mensonges dont on avait accusé le Seigneur Jésus. Il avait parlé de la destruction du temple de Son corps, c’est-à-dire de Sa mort (Jean 2:19-22). Mais Ses accusateurs avaient interprété Ses paroles de travers, comme une attaque contre le temple (Matt. 26:61 et 27:40). Cependant, qui se donnait la peine de chercher à savoir ce qu’Il voulait vraiment dire ! Nous étonnons-nous d’une telle iniquité ? Il n’y a rien d’autre à attendre quand le diable dirige les cœurs des hommes ! Il ne connaît pas d’autres voies que mentir et tordre.

 

2.3.2       Étienne répond — Actes 6:15

Combien il est réjouissant d’avoir la réponse d’Étienne à ces mensonges. Il reprend leurs accusation en détail, et montre successivement qu’il n’avait parlé de manière inconvenante ni de Dieu ni de Moïse ni de la Loi ni du Temple. C’est le contraire qui était vrai. Au reste, comme Son Maître, il n’était pas condamné sur la base des faux témoignages de ses accusateurs, mais parce qu’il parlait la vérité, spécialement la vérité au sujet d’eux- mêmes et de ses juges.

Il se tient maintenant en accusé. On lui met à charge des choses de poids. Ses genoux ne tremblaient-ils pas devant la violence de l’accusation ? Son visage n’était-il pas blême ? Tout au contraire ! Nous devenons même témoins d’une transformation merveilleuse :

« Et tous ceux qui étaient assis dans le sanhédrin, ayant leurs yeux arrêtés sur lui, virent son visage comme le visage d’un ange » (6:15).

Ainsi le Saint Esprit remplit tellement le témoin de Dieu dépourvu de peur (7:55), qu’un éclat supraterrestre rayonne sur son visage. Tous dans le sanhédrin virent cela. Ils le virent comme fasciné. Quelqu’un d’eux eut-il le sentiment qu’autrefois le visage de Moïse avait pareillement rayonné de la gloire céleste (2 Cor. 3:7) ? Et maintenant ils voyaient justement la même chose chez l’homme qu’ils accusaient d’avoir blasphémé contre Moïse et contre Dieu ! Quel témoignage de Dieu contre eux !

Il apparaît aussi que l’éclat céleste a subsisté sur son visage pendant tout le temps de sa plaidoirie. Et quand tout le sanhédrin vit son visage comme celui d’un ange, cela a dû avoir sur eux un effet modérateur, apaisant et calmant. À la fin du discours, cette action se change soudainement en une colère sans borne, qui se fraie une voie sans frein contre le témoin courageux (7:54).

 

 

2.4      Le discours d’Étienne — Actes 7:1-53

Avec le chapitre 7 nous arrivons au discours significatif d’Étienne. Ce n’est pas seulement le chapitre le plus long du livre des Actes, mais il contient le plus long discours de tout le Nouveau Testament. En l’éclairant un peu et en l’examinant, nous le faisons dans le sentiment solennel qu’Étienne a finalement dû payer de sa vie son témoignage fidèle.

Étienne a été accusé d’avoir parlé contre Moïse et contre Dieu, contre le Temple et contre la Loi. Dans sa défense, il montre que cela ne correspond pas du tout à la vérité, et il met l’accent sur quelque chose d’autre. Il parle d’abord de Dieu, ensuite de Moïse et de la Loi, et finalement du Temple. Voilà les trois points principaux de son discours.

En rapport avec le premier point (Dieu), Étienne montre comment la grâce de Dieu s’était manifestée en Abraham et en Joseph (v. 2 et suivants). Mais les patriarches avaient répondu à cette grâce par la désobéissance.

En rapport avec le deuxième point (Moïse et la Loi), Étienne montre comment la grâce de Dieu s’était révélée en Moïse (v. 17 et suivants). Mais Israël n’avait répondu à cette grâce que par la désobéissance.

En rapport avec le troisième point (le Temple), Étienne montre comment la grâce de Dieu s’était révélée en David et en Salomon (v. 45 et suivants). Or le peuple n’avait répondu que par l’incrédulité, de sorte que Dieu n’a pas habité plus longtemps dans une maison faite de mains.

En quatrième point, Étienne en arrive à parler de la désobéissance présente du peuple (v. 51 et suivants).

Étienne ne reste coupable d’aucune des accusations soulevées contre lui. Il les traite toutes. Cependant ce bref aperçu de la structure du discours que nous allons reprendre dans ce qui suit, montre déjà clairement ce fait effrayant que, chaque fois que Dieu s’est révélé en grâce à Son peuple, Il a été repoussé dans l’incrédulité et dans la désobéissance.

Si nous mettons de côté les chefs d’accusation, nous pouvons diviser autrement le discours, d’après les hommes de Dieu qui y sont nommés. En particulier Étienne parle de sept personnalités : Abraham, Joseph, Moïse, Josué, David, Salomon et finalement le « Juste », c’est-à-dire Christ. Sous chacun d’eux, Dieu avait montré une grâce nouvelle, et dans un certain sens, Il avait même introduit une nouvelle époque dans leur histoire. Mais le peuple d’Israël a toujours laissé la bonté de Dieu sans réponse convenable. Tandis que la grâce de Dieu culminait par l’envoi par Dieu de Son propre Fils en tant que septième, la seule réponse à cette grâce fut de se débarrasser de ce « Juste » par la mort (v. 52).

Il est frappant qu’Étienne, en contraste avec Pierre, ne prononce pas directement le nom du Seigneur Jésus. Naturellement il parle de Lui, Il est le grand sujet de son discours ; mais Son nom n’est pas mentionné. Quand il parle directement de Lui, il dit « le Juste ».

Ainsi se développe devant nos yeux un tableau dont les ombres ne pourraient pas être plus sombres, et dont les contrastes ne pourraient pas être plus forts. D’un côté il y a les rayons lumineux de la grâce et de la miséricorde de Dieu ; d’un autre côté le refus et l’infidélité de l’homme. Je dis « de l’homme » parce que l’histoire du peuple d’Israël est un portrait de nous tous dans notre état naturel. Ne l’oublions pas !

 

2.4.1       La grâce de Dieu dans le cas d’Abraham — Actes 7:1-4

« Et le souverain sacrificateur dit : Ces choses sont-elles donc ainsi ? Et il dit : Hommes frères et pères, écoutez : le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il habitât en Charan, et il lui dit : Sors de ton pays et de ta parenté, et viens au pays que je te montrerai. Alors sortant du pays des Chaldéens, il habita en Charan ; et de là, après que son père fut mort, Dieu le fit passer dans ce pays où vous habitez maintenant » (7:1-4).

Le calme qui a dû régner pour un moment dans le sanhédrin a été interrompu par la voix du souverain sacrificateur Caïphe qui présidait la séance : « Ces choses sont-elles ainsi ? ». Par cette question adressée à Étienne, il lui donnait la parole pour sa défense. Qu’on le veuille ou non, la question se pose à nous : qu’aurions-nous répondu dans une situation semblable, avec le danger de mort planant de manière aigüe ? Étienne n’attaque en rien ses accusateurs, et il ne répond rien qui soit directement en rapport avec les faux témoignages. Il leur présente bien plutôt la vérité de Dieu avec une grande connaissance de l’Écriture et une révérence encore plus grande. N’est-ce pas toujours ce qu’il y a de mieux ?

Il s’adresse à ses auditeurs en disant : « Hommes frères et pères », cette expression visant d’une part les Juifs en tant que tels, et d’autre part les membres du sanhédrin en particulier. Paul répondit plus tard au peuple juif en se servant des mêmes expressions (22:1).

Abraham est le père de la nation. Étienne commence par son histoire. Or, si Abraham a pris une position si éminente dans l’histoire du monde, ce fut uniquement parce que Dieu avait à cœur de le bénir, lui et ses descendants. Ils n’avaient rien pour se glorifier. Tout provenait de Dieu, y compris l’appel du père de race à sortir d’Ur des Chaldéens. Dieu voulait manifester Sa gloire, Il voulait rendre visible l’excellence des traits de Sa nature divine. C’est pourquoi Étienne l’appelle le « Dieu de gloire ». Nous rencontrons cette expression déjà au Psaume 29:3 : « le Dieu de gloire fait tonner ». Dans l’épître aux Éphésiens Dieu est vu comme le « Père de gloire » (1:17). 1 Cor. 2 nous montre le Seigneur Jésus comme le « Seigneur de gloire » (1 Cor. 2:8), et en 1 Pierre 4 l’Esprit de Dieu est désigné comme l’« Esprit de gloire » (1 Pierre 4:14).

N’est-il pas impressionnant que les trois personnes de la Déité soient mises en relation avec la gloire ? Seul le Nouveau Testament révèle toute la plénitude de la gloire de Dieu. On la voit « dans la face de Christ » (2 Cor. 4:6) et cela dans la puissance du Saint Esprit.

Immédiatement avant sa mort de martyr, Étienne a vu cette gloire de Dieu, il a vu Jésus debout à la droite de Dieu ; et nous sommes touchés qu’il commence ses dernières paroles sur la terre par « le Dieu de gloire ». Était-ce-là la parole d’un blasphémateur contre Dieu ?

 

2.4.1.1      Étienne s’est-il trompé ? — Actes 7:2-5

On a soutenu qu’Étienne aurait commis deux erreurs dès le commencement de son discours. Avant d’entrer dans ces erreurs supposées, qu’il me soit permis quelques pensées générales.

Si nous croyons en tout état de cause que la Bible est la Parole de Dieu, alors nous savons que de « saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pierre 1:21), de sorte que « toute Écriture est inspirée de Dieu » (2 Tim. 3:16). Or Étienne, le témoin, et Luc, l’écrivain du récit, font partie de ces saints hommes. Ce qu’ils ont dit, ce qu’ils ont écrit, est mot à mot exactement ce que Dieu voulait exprimer (1 Cor. 2:13). C’est cela que nous entendons par l’expression « inspiration verbale ou littérale par l’Esprit Saint ». Il faut avoir beaucoup d’audace pour croire qu’on a découvert des contradictions ou des fautes dans les déclarations de l’Écriture sainte. Au fond, c’est parler contre Dieu Lui-même. Contre Lui et contre Sa Parole, on ne s’en tirera jamais à son avantage. Je ne parle pas bien sûr d’éventuelles fautes de transmission, ou de passages incertains, ou de différences entre les manuscrits, ou autres choses semblables. Tout cela existe. Non, ce qui est en cause c’est fondamentalement les déclarations de l’Écriture Sainte, et le fait qu’elles soient inspirées mot à mot et par-là de manière inerrante (c’est-à-dire sans faute).

Comme déjà dit, il faut déjà une dose d’audace pour soutenir que des fautes se sont glissées dans les propos d’Étienne. En outre, il arrive très souvent que les passages qui paraissent contenir des incohérences, sont justement des exemples frappants de la précision de l’Écriture Sainte. Gardons toujours présent à l’esprit qu’aussi bien les serviteurs de Dieu que leurs auditeurs de l’époque étaient familiers avec toutes les circonstances et leur contexte, tandis que le contexte historique nous est aujourd’hui largement inconnu. Du fait que nous ne connaissons pas l’environnement dans lequel les paroles ont été prononcées, il apparaît ici ou là pour nous de grandes difficultés, que nous n’aurions pas si nous connaissions le contexte. C’est pourquoi nous devons être d’autant plus prudents à mettre en doute les déclarations de la Parole de Dieu.

En ce qui concerne les membres du sanhédrin juif, ils avaient une connaissance très précise des Saintes Écritures de l’Ancien Testament. Si telle ou telle faute s’était effectivement glissée au commencement du discours et de l’argumentation d’Étienne, cela aurait laissé l’impression défavorable qu’on peut bien imaginer. Et il n’y a pas que cela. Peut-on se représenter que personne du sanhédrin ne l’aurait interrompu immédiatement pour l’accuser de cette erreur ? Pourtant aucun membre du sanhédrin n’éleva sa voix contre ce qu’Étienne présentait.

Passons maintenant à ces prétendues inepties elles-mêmes ! On a prétendu qu’Étienne aurait commis une faute à propos du moment où Dieu apparut à Abraham, en situant ce moment-là « lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il habitât en Charan ». Selon Genèse 12:1, cette apparition n’aurait eu lieu qu’en Charan.

Cependant l’erreur ne se trouve pas chez Étienne mais chez les critiques. Qui dit, somme toute, qu’Étienne citait Genèse 12:1 ? Il met de côté, par exemple, la partie de phrase « et la maison de son père ». Cela parle beaucoup en faveur de ce que le Saint Esprit, au travers des paroles d’Étienne, donne ici une révélation supplémentaire, un nouveau détail sur l’appel du patriarche, qui va au-delà de ce que dit l’Ancien Testament. Qu’Énoch, le septième depuis Adam, ait prophétisé au sujet de la venue de Christ en jugement, nous ne l’apprenons que par le moyen de Jude dans la dernière épître du Nouveau Testament (Jude 14). Étienne ne cite pas simplement le premier verset de Genèse 12, mais il montre que Dieu appela Abraham déjà quand il était encore à Ur en Mésopotamie. La foi d’Abraham est entrée en activité déjà à Ur. C’est là que l’a atteint l’invitation de Dieu à sortir de son pays, de sa parenté et de la maison de son père pour aller dans le pays que Dieu lui montrerait.

Abraham suivit cet appel, mais seulement en partie. Contrairement au commandement, il prit avec lui Térakh son père, et n’alla que jusqu’en Charan. C’est ainsi que le récit de l’Ancien Testament parle même à l’envers, et dit que « Térakh prit Abraham son fils », et Lot et qu’ils sortirent ensemble d’Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan, mais qu’ils ne parvinrent que jusqu’à Charan (Gen. 11:31). Cette manière de s’exprimer ne nous ferait pas conclure qu’Abraham avait reçu un appel, car celui qui agissait était Térakh. Mais par le moyen d’Étienne nous apprenons le véritable derrière de la scène : ce n’est pas Térakh, mais Abraham, qui a été l’objet de l’appel divin. Et Dieu ne lui est pas apparu qu’une fois arrivé en Charan, mais déjà à Ur en Mésopotamie, le pays des deux fleuves. Cela est confirmé par la parole que l’Éternel dit plus tard à Abraham : « Moi, je suis l’Éternel, qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens, afin de te donner ce pays-ci pour le posséder » (Gen. 15:7 ; comparer Josué 24:3 et Néh. 9:7).

Cependant Abraham est resté en Charan tant que Térakh a vécu. Sur le chemin de l’obéissance, Térakh a toujours été un fardeau pour l’homme de foi, de même, d’ailleurs, que son neveu Lot. Ce n’est qu’après la mort de Térakh que Dieu a pu rappeler à Abraham ce qu’Il lui avait dit à Ur. C’est pourquoi il est correct de traduire le début de Genèse 12 de la manière suivante : « l’Éternel avait dit à Abram… ». L’hébreu de l’Ancien Testament ne dispose pas d’autant de possibilités multiples pour les temps des verbes que le grec du Nouveau Testament. C’est pourquoi la signification de chaque forme de temps des verbes en hébreu doit être reconstituée à partir du contexte où se trouve le verbe.

D’après le contexte de Genèse 12, il est tout à fait correct de traduire ainsi le premier verset : « Et l’Éternel dit ». À la lumière d’Actes 7, il est cependant plus juste de traduire : « Et l’Éternel avait dit ». Comme déjà remarqué, les règles de la grammaire hébreu permettent en tout cas cette manière de traduire. Effectivement beaucoup de traductions donnent le texte de Genèse 12 de cette manière, par exemple, la version anglaise autorisée (KJV), les traductions NIV, Newberry, J.N.Darby et Scofield.

Pour revenir à Abraham, il n’a été pleinement obéissant à Dieu qu’après la mort de son père en Charan. C’est ainsi que s’exprime le récit divin en Genèse 12 : « Et Abram prit Saraï, sa femme… et ils sortirent pour aller au pays de Canaan » (Gen. 12:5).

En accord avec cela, Étienne explique : « et de là [= de Charan], après que son père fut mort, Dieu le fit passer dans ce pays où vous habitez maintenant ». Certains accusent ici Étienne d’une nouvelle faute. Une simple addition montre qu’Abraham n’aurait pas quitté Charan après la mort de son père, mais 60 ans auparavant. Selon Genèse 11:26, Térakh avait 70 ans lorsqu’il engendra Abram, et il mourut à l’âge de 205 ans à Charan (Gen. 11:32). Mais Abram avait 75 ans quand il sortit de Charan (Gen. 12:4). Or 70+75=145 ; il manque donc 60 ans pour arriver à 205 ans : Abram devrait donc avoir quitté Charan 60 ans avant la mort de son père.

En est-il vraiment ainsi ? Étienne a-t-il commis une erreur aussi grossière ? Un homme rempli de l’Esprit n’est-il pas capable de faire cette simple addition ? Cette simple réflexion devrait nous rendre prudents. Nous ne connaissons pas tous les arrière-plans et le contexte. Mais la solution à cette difficulté paraît se trouver tout à fait ailleurs. En Genèse 11 il est dit « Et Térakh vécut 70 ans, et engendra Abram, Nakhor, et Haran » (Gen. 11:26). Qui dit alors qu’Abram était le plus âgé des trois ? Certainement il est nommé en premier, mais était-il le premier-né pour cette raison ? Non, Nakhor, a dû être passablement plus âgé qu’Abram. Il était le grand-père de Rebecca, et Isaac le fils d’Abraham a ainsi marié la petite fille de Nakhor. Abraham lui-même a marié la fille de son frère Nakhor, et la grande différence d’âge entre les deux frères ressort du fait que Sara n’avait que dix ans de moins qu’Abraham. Ainsi la conclusion est immédiate que Nakhor était le plus âgé des trois frères.

L’Écriture Sainte ne suit pas toujours l’ordre naturel selon l’âge. En Genèse 10:1 les fils de Noé sont cités dans l’ordre « Sem, Cham et Japheth ». D’après les versets suivants, on voit pourtant clairement que le plus âgé n’était pas Sem, mais Japheth. Cependant Sem a été mis à la première place, parce que le Messie est issu de sa lignée. Si Abraham est mis au premier rang en Genèse 11, ce n’est pas à cause de son âge, mais à cause de son importance.

Ainsi il ressort que les déclarations d’Étienne devant le sanhédrin sont tout à fait valables, et restent incontestables.

 

2.4.1.2      L’appel de Dieu — Actes 7:2-3

Cependant quel témoignage moral contenaient ses paroles pour ses auditeurs ! C’est lorsque leur chef de race Abraham était aussi loin que possible du pays de la promesse, que le Dieu de gloire lui apparut. Et bien que le patriarche ait montré des faiblesses dans sa foi, et qu’à cause de cela il ait fait une longue halte en Charan, Dieu l’a finalement fait s’établir dans le pays qu’eux habitaient maintenant. Cela ne montrait-il pas toute la grâce merveilleuse de Dieu ?

Eux-mêmes n’avaient rien de quoi se vanter dans cette affaire, pas plus qu’Abraham. Leurs ancêtres n’étaient-ils pas des idolâtres (Josué 24:2) ? Si Dieu l’avait choisi, ce n’était pas à cause de ses meilleures qualités. Quand Dieu agit en grâce, ce n’est pas parce qu’Il a trouvé dans l’homme quelque chose qui Lui correspond. Sinon, il n’y aurait pas besoin de la grâce. Non, l’appel d’Abraham est un exemple merveilleux de la souveraine grâce de Dieu.

Tout cela était parlant, mais pas seulement pour les Juifs de l’époque : c’est aussi écrit pour notre instruction. Ne sommes-nous pas, en tant que croyants du temps de la grâce, élus par la grâce de Dieu (Éph. 1:4) et « appelés d’un saint appel » (2 Tim. 1:9) ? Et d’où venons-nous ? Nous « vivions dans la malice et dans l’envie, haïssables, nous haïssant l’un l’autre » (Tite 3:3). Oui, nous étions « morts dans nos fautes et dans nos péchés », nous étions « sans Dieu dans le monde » (Éph. 2:1, 12). Ce n’est vraiment pas une image à notre honneur ! Et cependant il a plu à Dieu, dans Sa grâce, de nous « retirer du présent siècle mauvais » (Gal. 1:4), et de nous appeler à quelque chose de bien plus élevé que ce qui était la part d’Abraham. Il fut appelé pour aller dans un pays terrestre, tandis que l’appel du chrétien, au contraire, — qui pourrait le comprendre ! — est un appel à la propre gloire éternelle de Dieu (1 Thes. 2:12 ; 1 Pierre 5:10). C’est pourquoi c’est « un appel céleste » (Héb. 3:1), un « appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3:14). Déjà maintenant notre bourgeoisie est dans les cieux (Phil. 3:20). Mais, parce que nous sommes trop souvent terrestres dans nos pensées et nos sentiments, il est nécessaire de recevoir l’exhortation : « cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (Col. 3:1, 2).

Même si l’appel d’Abraham se distingue essentiellement de l’appel du chrétien dans son caractère, nous trouvons cependant en Abraham l’image de ces deux principes : l’appel et l’élection. En Isaac il y a deux autres principes : la relation de fils [ou : adoption] et l’héritage, et en Jacob : la discipline. Comme résultat béni de cette discipline de Dieu, Jacob a atteint à la fin de sa vie une très haute stature morale (Héb. 11:21), et son lit de mort est le plus rayonnant de tout l’Ancien Testament. Cependant il est encore dépassé, et de loin, par le délogement placé devant nos cœurs à la fin du ch. 7 du livre des Actes.

 

2.4.1.3      Abraham : un étranger — Actes 7:5

Alors Étienne leur rappelle un fait qu’ils connaissaient sûrement, mais qu’ils n’avaient probablement guère compris correctement :

« Et il ne lui donna pas d’héritage dans ce pays, pas même où poser son pied, et il lui promit de le lui donner en possession, et à sa postérité après lui, alors qu’il n’avait point d’enfant » (7:5).

Même si Dieu avait amené Abraham dans la terre promise, Il ne lui donna là pourtant aucun héritage, pas même de quoi poser son pied. Quand plus tard il voulut enterrer son mort, Sara, il dut acheter un bout de terrain d’Éphron le Héthien (Gen. 23:9-18), tellement il était étranger dans le pays qui lui était promis. Et eux ? Ils se vantaient de ce pays, et le considéraient comme leur propriété, sans pour autant avoir la foi d’Abraham. Bien qu’alors Abraham fut très âgé et n’eût encore aucun descendant, il crut dur comme fer à ce que Dieu lui avait promis, à savoir de lui donner ce pays, à lui et à sa descendance. Entre temps il séjourna par la foi dans le pays de la promesse comme s’il était en pays étranger, et il habita dans des tentes (Héb. 11:9). Et quand Dieu lui fit regarder vers le ciel, et lui montra les étoiles innombrables pour lui signifier : « ainsi sera ta semence », alors il crut l’Éternel et « l’Éternel lui compta cela à justice » (Gen. 15:5, 6).

Le fait de pouvoir être justifié par la foi seulement, est donc une vérité qui était déjà présentée en Abraham. Eux, qui étaient sa descendance naturelle, accepteraient-ils cette grâce qui leur était aussi offerte ? Ou voulaient-ils continuer à bâtir sur leur propre justice ? Saul de Tarse entendit très probablement les paroles d’Étienne. À ce moment-là le jeune pharisien était encore l’un d’eux, – il était « sans reproche » quant à l’observance extérieure de la loi (Phil. 3:6). Plus tard, il estima tout cela comme une perte, comme des ordures. Il ne voulut plus avoir sa propre justice. Et dans son amour pour ses frères selon la chair, Paul pouvait écrire à leur sujet : « … la supplication que j’adresse à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés. Car je leur rends témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance. Car, ignorant la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu » (Rom. 10:1-3). Ainsi ils n’étaient pas vraiment des « fils d’Abraham », car l’Écriture dit : « Sachez donc que ceux qui sont sur le principe de la foi, ceux-là sont fils d’Abraham » (Gal. 3:7).

Cela est encore valable aujourd’hui sans changement, aussi bien pour les Juifs que pour ceux des nations. La grâce de la justification ne peut être obtenue que sur le principe de la foi. Il suffit de lire Romains 1 pour en avoir la confirmation.

Pour nous, enfants de Dieu du temps actuel, la position qu’Abraham accepta comme étranger dans le pays de la promesse, est exemplaire. Certes la terre n’est pas notre héritage. Nous avons déjà vu à quoi nous sommes appelés : le ciel. Mais si Abraham, à qui étaient données des promesses terrestres, regardait déjà au-delà, et que, par la foi, il attendait quelque chose de plus élevé, la cité qui a les fondements (Héb. 11:10), ne devrions-nous pas d’autant plus rechercher ce qui est en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ? En fait, ici-bas, nous n’avons pas plus que de quoi poser le pied ! Combien nous l’oublions facilement !

Un jour il est vrai, la descendance d’Abraham sera amenée à la foi au Messie à travers un chemin douloureux, et possèdera le pays terrestre en grâce et en gloire (Ps. 84:11 ; 85:9 et suiv.), tandis que nous, nous prendrons possession de l’héritage qui nous est conservé dans les cieux (1 Pierre 1:4). Si Dieu donne la grâce, Il donne aussi la gloire. Sa manière d’agir en grâce se termine toujours dans la gloire. Cela est digne de Lui, et c’est pourquoi il Lui revient toute action de grâces, et toute adoration dans le Christ Jésus notre Seigneur.

 

2.4.1.4      Israël dans un pays étranger — Actes 7:6-7

Ce n’est pas seulement Abraham qui a été un étranger, mais sa descendance aussi l’a été dans un pays étranger. Étienne leur rappelle que Dieu l’avait prédit à Abraham :

« Et Dieu parla ainsi : « Sa postérité séjournera dans une terre étrangère, et on l’asservira et on la maltraitera pendant quatre cents ans ; et je jugerai, moi, la nation à laquelle ils auront été asservis, dit Dieu ; et après cela ils sortiront et me serviront en ce lieu-ci » (7:6, 7).

En Genèse 15 nous trouvons comment Dieu, qui avait déjà décerné la justice à Abraham à cause de sa foi, lui a aussi promis de lui donner ce pays pour le posséder. Et quand Abraham demanda comment il pourrait hériter du pays alors qu’il ne possédait même pas de descendance, Dieu lui a montré que cette alliance inconditionnelle lui serait assurée par un sacrifice, — une allusion au sacrifice de Christ. Alors l’Éternel dit à Abram : « Sache certainement que ta semence séjournera dans un pays qui n’est pas le sien, et ils l’asserviront, et l’opprimeront pendant quatre cents ans. Mais aussi je jugerai, moi, la nation qui les auras asservis ; et après cela ils sortiront avec de grands biens » (Gen. 15:13, 14). Il apparaît qu’Étienne cite ce passage très librement, et met de côté la phrase de conclusion [« ils sortiront avec de grands biens »] au profit des paroles de Dieu d’Exode 3:12 [« vous servirez Dieu sur cette montagne »]. Cependant nous pouvons nous demander pourquoi Étienne en vient à parler de ce sujet ?

Il voulait peut-être montrer combien grande était la foi de leur chef de race, combien elle pouvait endosser quelque chose de vaste. Cette foi fut mise à l’épreuve par une révélation supplémentaire, à savoir que sa descendance quitterait le pays de la promesse, et viendrait dans un pays autre que le sien. Là, ils y seraient en esclavage pendant quelques générations, et y seraient maltraités.

En tout, il y aurait quatre cents ans jusqu’à ce que finalement sa descendance entre en possession du pays promis et y adore Dieu. Abraham vit les promesses seulement « de loin », il les « salua », mais il « ne les reçut pas » et ne vécut pas leur réalisation (Héb. 11:13). La position d’étranger sur la terre entre-temps lui était suffisante. La mort l’atteignit lui aussi à son tour, mais il mourut « dans la foi » ou « selon la foi ». C’est une merveilleuse confiance en Dieu et en Ses promesses — une confiance divine qui regardait au-delà de la mort !

D’un autre côté, Étienne voulait assurément faire ressortir la grâce de Dieu devant ses auditeurs juifs, et montrer clairement que de leur côté, il n’y avait absolument aucune raison de se glorifier. Dieu n’avait appelé qu’Abraham, et quand il séjourna dans le pays de la promesse, il y fut étranger. Sa descendance aussi commença par vivre dans un pays étranger, et y vécut en esclavage. Le temps de leur souffrance dura quatre cents ans. Ces quatre cents ans commencèrent au jour du sevrage d’Isaac, quand le fils de la servante se moqua du fils de la promesse (Gen. 21:9) ; ils se terminèrent quand Dieu libéra les fils d’Israël de la dure oppression du Pharaon en Égypte. C’était Dieu qui avait pensé à eux, qui avait entendu leurs cris à cause des oppresseurs, et qui était descendu pour les sauver de la main des Égyptiens et pour les conduire dans un pays ruisselant de lait et de miel (Ex. 3:7, 8). Ce pays lui-même, ils ne l’atteignirent pas tout de suite. Dieu les conduisit d’abord pendant quarante ans dans le désert. Ce fut là le commencement de leur vie comme nation.

Non, eux la descendance d’Abraham, n’avaient aucun droit à toutes les attestations de la bonté de Dieu. C’est ce que souligne Étienne devant le sanhédrin en parlant ensuite des deux hommes que Dieu a suscité comme libérateurs durant cette période de quatre cents ans : Joseph et Moïse. Tous les deux furent rejetés par leurs pères.

Le peuple d’Israël possédait le privilège particulier que les oracles de Dieu leur avaient été confiés (Rom. 3:2). Cependant quel usage en faisaient-ils ? Étienne leur montre simplement ce que contenaient ces oracles au sujet de leur propre conduite de pécheurs.

Ces deux cas durant les quatre cents ans étaient des préfigurations extraordinaires du Messie, et en tous cas le parallèle était étonnant. Si les conducteurs religieux n’avaient pas été aussi aveugles, ils auraient dû voir par l’histoire de Joseph et de Moïse dans leurs propres écritures, qu’il était manifesté qu’ils s’étaient rendus coupables du rejet du Christ aussi bien souffrant que glorifié.

 

2.4.1.5      L’alliance de la circoncision — Actes 7:8

Étienne poursuit le cours de l’histoire et continue :

« Et il lui donna l’alliance de la circoncision ; et ainsi Abraham engendra Isaac et le circoncit le huitième jour ; et Isaac, Jacob ; et Jacob, les douze patriarches » (7:8).

Ses accusateurs avaient accusé Étienne de parler contre la Loi. C’est pourquoi, maintenant, il se met à parler d’une institution à laquelle ils attribuaient la plus grande valeur, mais qui existait déjà avant la Loi, et ne devint que plus tard une partie essentielle de la Loi : la circoncision. Longtemps avant que la Loi fut écrite, Dieu avait donné à Abraham l’alliance de la circoncision. C’est ce que nous lisons en Genèse 17.

C’était une alliance entièrement unilatérale. Dieu l’a donnée à Abraham, et l’alliance est toujours appelée l’alliance de Dieu, jamais l’alliance d’Abraham. Ce n’était pas deux parties qui faisaient une entente, concluant ensemble une alliance où chaque partie avait ses obligations à remplir. Non, il n’y en a qu’Un qui était le donateur. L’autre était seulement le preneur, dont la seule obligation était d’accepter la grande bénédiction et d’en faire bon usage. En bref, c’était une grâce manifeste qui était ici en activité. N’y avaient-ils jamais pensé ? Le signe extérieur de cette alliance était la circoncision.

Or ce rite d’une si grande importance pour les Juifs, en savaient-ils réellement la signification ? Bien sûr que non. Sinon ils n’auraient guère regardé les incirconcis de haut, avec tant de mépris non déguisé, comme ils le faisaient.

Tout le long du livre des Actes, nous voyons combien les Juifs étaient jaloux quand la bonté de Dieu en Christ se tournait aussi vers les nations. Eux-mêmes ne la voulaient pas, mais ils soulevaient une résistance violente, quand elle était offerte à ces incirconcis. Au ch. 22 par exemple, ils écoutèrent l’apôtre Paul jusqu’au moment où il se mit à parler de la mission du Seigneur qui l’enverrait au loin vers les nations. C’est alors qu’éclata leur fureur avec violence : « Ôte de la terre un pareil homme … » (22:21, 22). Oui, ils étaient opposés à tous les hommes, « empêchant de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées » écrivit plus tard l’apôtre aux jeunes croyants de Thessalonique (1 Thess. 2:15, 16).

Que signifie maintenant la circoncision ? Elle était un témoignage permanent de ce que « la chair ne profite de rien » comme le Seigneur Jésus l’a exprimé un jour (Jean 6:63). La « chair », la nature pécheresse dans l’homme, est mauvaise et corrompue et inaméliorable. Ce n’est qu’en lui appliquant la mort (la mort de Christ) qu’on peut échapper à son influence. « Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché », voilà ce qui correspond dans le Nouveau Testament à la circoncision (Rom. 6:11). Même si cette lumière du Nouveau Testament n’était pas encore présente au temps de l’Ancien Testament, cependant Abraham s’assujettit à cette ordonnance, et circoncit Isaac au huitième jour, et Isaac circoncit Jacob, et Jacob les douze patriarches. Ce signe qui parle de la corruption de la chair, était-il vraiment quelque chose dont on puisse tirer vanité, quelque chose dont on puisse être fier ?

 

2.4.2       La grâce de Dieu dans le cas de Joseph

Étienne en arrive maintenant à parler du premier des deux hommes que Dieu a suscités au cours de l’époque de quatre cents ans, comme sauveurs de son peuple, — c’est-à-dire Joseph.

Il y a certainement beaucoup à apprendre de l’histoire d’Isaac et de Jacob ; mais Étienne ne l’aborde pas. Au lieu de cela, il brosse un bref tableau de l’histoire de Joseph, avec quelques traits marquants peu nombreux, comme le rejet par ses frères, mais son élévation par Dieu pour être leur salut. Effectivement nous avons en Joseph la préfiguration la plus précieuse et la plus précise de Christ. C’était l’intention du Saint Esprit de présenter encore une fois aux conducteurs d’Israël, par le moyen d’Étienne, ce qu’ils avaient fait du Seigneur Jésus, dont Joseph était une préfiguration si claire. Les parallèles sont incontournables. Certes Étienne ne dit pas : « ne voyez-vous pas les parallèles ? », il se borne à faire le récit, à raconter. Mais les parallèles sont-là, et la foi les prend pour vrais.

 

2.4.2.1      Joseph : rejeté par ses frères — Actes 7:9

2.4.2.1.1        Actes 7:9a

« Et les patriarches, étant pleins d’envie contre Joseph, le vendirent pour être mené en Égypte » (7:9a).

Non, les patriarches n’étaient pas meilleurs qu’eux. C’était la première chose à apprendre. Nous pouvons aussi dire « c’est la première chose qu’il y a à apprendre ». Car nous ne voulons pas oublier que nous nous retrouvons nous aussi ici, et que nous devons toujours ré-apprendre ce qu’est le cœur naturel dans son inimitié contre le Christ de Dieu. Jusqu’à aujourd’hui, il n’a pas changé.

Et alors l’indication « pleins d’envie contre Joseph » ! L’envie n’est-elle pas un trait de l’homme religieux depuis toujours ? N’a-t-il pas été toujours jaloux de ceux qui, contrairement à lui-même, ne possèdent pas seulement une forme religieuse vide, mais sont dans une relation vraie avec Dieu ? Pourquoi Caïn a-t-il tué son frère ? « Parce que ses œuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes » (1 Jean 3:12) ; parce que Dieu a eu égard à l’offrande d’Abel, mais pas à celle de Caïn (Gen. 4:4, 5).

Or il en fut de même avec les patriarches. Ceux-ci haïssaient Joseph. Pourquoi ? Parce qu’il était meilleur qu’eux. Il avait rapporté à leur père leur mauvaise renommée. Et parce qu’Israël aimait Joseph plus que tous ses fils, il lui avait fait une tunique bigarrée comme expression de cette relation particulière. Quel en a été le résultat ? Ses frères le haïrent et ne pouvaient lui parler paisiblement (Gen. 37:2-4). Et comme Joseph dans sa sincérité racontait ses rêves, ils le haïrent encore davantage à cause de ses rêves et de ses paroles. Alors suivit la parole cruciale à laquelle Étienne fait référence : « ses frères furent jaloux de lui » (Gen. 37:11). Cette jalousie était le motif qui les fit agir dans ce qu’ils firent de leur frère. D’abord ils le jetèrent dans une citerne, puis ils le vendirent comme esclave en Égypte. N’était-il pas pourtant envoyé par leur père vers eux pour s’enquérir de leur bien-être ? Pourquoi alors une pareille réception ? C’est que la pure jalousie avait enténébré leurs cœurs. Et ainsi ils livrèrent leur frère en la main des nations — pour vingt sicles d’argent.

« Ce prix magnifique ! » Dans le cas de notre Seigneur et Sauveur, le prix a été de trente pièces d’argent pour le trahir (Matt. 26:15). Le prophète avait entendu la parole de l’Éternel plus de quatre cents ans avant : « Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel j’ai été estimé par eux » (Zach. 11:13 ; comparer Matt. 27:3-10). Oui, quand le vrai Joseph, le « Fils du Père » (2 Jean 3) vint vers ses frères pour « sauver son peuple de leurs péchés » (Matt. 1:21), Il fut rejeté par eux, et livré aux nations « pour être crucifié ». Pilate lui-même savait que les principaux sacrificateurs L’avaient livré par envie (Marc 15:15, 10).

 

2.4.2.1.2        Actes 7:9b

« Et Dieu était avec lui… » (7:9b).

Joseph en prison est une image de Christ souffrant. Ce qui suscite la haine de ses frères, c’est justement ce qui parle de Christ en lui. Mais voilà cette brève remarque : « et Dieu était avec lui ». N’avons-nous pas toute raison d’admettre qu’il était l’homme le plus heureux d’Égypte, bien qu’il dût souffrir injustement ? Le fait que Dieu était avec Joseph dans la prison et qu’Il l’y bénit est mentionné en Genèse 39 pas moins de 5 fois : v. 2, 3, 5, 21 et 23.

« Et l’Éternel fut avec Joseph ; et il était un homme qui faisait [tout] prospérer » (Gen. 39:2),

« Et son seigneur vit que l’Éternel était avec lui, et que tout ce qu’il faisait, l’Éternel le faisait prospérer en sa main » (Gen. 39:3),

« Et il arriva… que l’Éternel bénit la maison de l’Égyptien à cause de Joseph ; et la bénédiction de l’Éternel fut sur tout ce qui était à lui » (Gen. 39:5),

« Et l’Éternel était avec Joseph ; et il étendit sa bonté sur lui » (Gen. 39:21),

« … parce que l’Éternel était avec lui ; et ce qu’il faisait, l’Éternel le faisait prospérer » (Gen. 39:23)

 

Quand nous en arrivons à Celui dont Joseph est l’image, nous lisons en Actes 10 ces paroles saisissantes : « Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui » (10:38).

Les membres du sanhédrin ne devaient-ils pas confirmer que Dieu avait été avec Jésus ? N’était-ce pas l’un d’entre eux qui était même venu à Lui de nuit, et avait reconnu : « Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui » (Jean 3:1, 2) ? Cependant ils Le rejetèrent et firent tout pour se débarrasser de Lui.

 

2.4.2.2      Joseph : élevé par Dieu — Actes 7:9b-10

2.4.2.2.1        Actes 7:9b-10

« et Dieu était avec lui ; et il le délivra de toutes ses afflictions, et lui fit trouver grâce et sagesse auprès du Pharaon, roi d’Égypte ; et il l’établit gouverneur sur l’Égypte et sur toute sa maison » (7:9, 10).

Même si les conducteurs spirituels d’Israël agirent avec Jésus de la même façon qu’autrefois les patriarches avec Joseph, le jugement de Dieu dans les deux cas est totalement différent. Comme autrefois Il avait sauvé Joseph de toutes ses détresses et l’avait établi administrateur de toute l’Égypte, ainsi aussi Christ a été ressuscité d’entre les morts et a été élevé à Sa droite : « et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes » (Éph. 1:20). C’est là qu’Il est maintenant, caché en Dieu et ôté du regard des hommes. Cependant cela ne va pas durer. Le temps n’est pas loin où Christ sera manifesté en gloire (Col. 3:3, 4). C’est à cela que fait référence en figure ce sur quoi Étienne se met à parler.

 

2.4.2.2.2        Actes 7:11-14

« Or il survint une famine dans tout le pays d’Égypte et en Canaan, et une grande détresse, et nos pères ne trouvèrent pas de nourriture. Et Jacob, ayant ouï dire qu’il y avait du blé en Égypte, y envoya une première fois nos pères ; et, la seconde fois, Joseph fut reconnu de ses frères, et la famille de Joseph fut connue du Pharaon. Et Joseph envoya chercher son père Jacob et toute sa parenté, en tout soixante-quinze âmes » (7:11-14).

Dieu dans Sa providence et Sa sagesse a toutes choses en main, aujourd’hui comme au temps des patriarches, et Il poursuit imperturbablement Son propos. « Et il appela la famine sur la terre ; il brisa tout le bâton du pain. Il envoya un homme devant eux… » (Ps. 105:16-17). On dirait qu’Étienne avait devant lui les paroles de ce Psaume.

Oui, Dieu a fait en sorte qu’une famine vint non seulement sur l’Égypte, mais aussi sur Canaan. De cette manière les « pères » eux-mêmes commencèrent à la ressentir. Il est significatif qu’Étienne parle de « grande détresse » [NdT : l’expression allemande utilisée est « grande tribulation »].

Ainsi les patriarches se virent dans la nécessité d’aller en Égypte, où l’homme envoyé devant eux avait tout prévu, dans sa sagesse et son autorité, pour le temps de la détresse. Une fois arrivés là, ils demandèrent du pain à quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas, — et pourtant c’était Joseph leur frère qu’ils avaient repoussé ! Ils reçurent leur blé, mais ce fut la seule chose que les pères purent obtenir lors de leur premier voyage en Égypte.

La deuxième fois cependant Joseph fut reconnu par ses frères après que ceux-ci soient passés par une profonde détresse d’âmes. Le Pharaon apprit également tout sur l’origine de Joseph. En Genèse 41:12, Joseph n’avait été introduit que comme un jeune serviteur hébreu ; mais maintenant le Pharaon apprit beaucoup plus sur sa famille. Notons aussi combien le nom de Joseph est souvent mentionné ici. Cela sert à renforcer l’importance et la dignité de sa personne.

La connaissance que le Pharaon avait maintenant de Joseph, rendit possible pour Joseph de faire chercher son père et toute sa parenté en Canaan pour les amener en Égypte, — pour les faire passer d’un pays éprouvé par la famine à un pays où il y avait assez de pains et où Joseph gouvernait en second après le Pharaon, ce qui correspondrait aujourd’hui à un premier ministre. « Et Joseph assigna une demeure à son père et à ses frères, et leur donna une possession dans le pays d’Égypte, dans la meilleure partie du pays, dans le pays de Ramsès, comme le Pharaon l’avait commandé. Et Joseph fournit de pain son père et ses frères, et toute la maison de son père, selon le nombre des enfants » (Gen. 47:11, 12).

L’établissement de Jacob et de sa famille en Égypte se passa selon le plan de Dieu. Ce qu’Étienne avait dit d’Abraham au v. 6 (Actes 7) fut accompli de cette manière : « Sa postérité séjournera dans une terre étrangère ». C’était l’intention de Dieu que la famille de Jacob en Égypte devienne une grande nation.

Si le nombre d’âmes, c’est-à-dire de personnes, qui vinrent en Égypte est donné de 75, cela présente une difficulté parce que trois passages dans l’Ancien Testament parlent seulement de 70 âmes (Gen. 46:27 ; Ex. 1:5 ; Deut. 10:22).

Dans les deux premiers passages, la version des Septante (traduction grecque de l’Ancien Testament) donne également 75 âmes. Tout est dans la manière de compter. La descendance de Jacob qui vint en Égypte était au nombre de 66 (Gen. 46:26). Mais si l’on ajoute Joseph, ses deux fils et Jacob lui-même, on arrive à 70 (Gen. 46:27). La version des Septante laisse pourtant de côté Jacob et Joseph dans le décompte, et elle parle au verset 27 de neuf fils de Joseph, de sorte que la somme 66 et 9 est 75.

 

2.4.2.2.3        Actes 7:15-16

« Et Jacob descendit en Égypte ; et il mourut, lui et nos pères, et ils furent transportés à Sichem, et mis dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent des fils d’Emmor, le père de Sichem » (7:15, 16).

Dans un pays lointain, loin de son habitation d’origine, Jacob et les pères moururent, y compris Joseph. Jacob fut immédiatement transporté en Canaan, et enseveli dans la caverne du champ de Macpéla à Hébron, la sépulture héritée d’Abraham (Gen. 50:1-13). Étienne est cependant très bref et ne parle que des « pères ». Ils furent, dit-il, transportés à Sichem. Il est vrai que dans le récit de l’Ancien Testament, il n’est parlé que de Joseph qui fut embaumé, et dont les os furent transportés lors de la sortie d’Égypte et enterrés à Sichem (Gen. 50:26 ; Josué 24:32). Il n’est rien dit sur les frères de Joseph. Par Étienne nous apprenons cependant qu’ils furent ensevelis avec Joseph à Sichem.

Dans l’affirmation qu’Abraham aurait acheté le sépulcre à Sichem de la part des fils d’Emmor, il y a une difficulté. En Genèse 33:19, c’est Jacob qui a acheté le morceau de champ de la main des fils d’Emmor, père de Sichem (voir aussi Josué 24:32). En fait, l’Écriture Sainte ne nous communique pas tout le contexte historique ; or, si nous le connaissions, tous les problèmes disparaîtraient comme les nuages devant le soleil. D’après Gen. 12 nous savons qu’Abraham a été à Sichem longtemps avant Jacob (Gen. 12:6), en sorte qu’il n’est pas exclu que ce soit Abraham qui, à l’origine, ait fait l’achat, mais qu’après son départ de là, le champ ait été repris par ses propriétaires précédents ; puis qu’ensuite, Jacob ait considéré comme nécessaire de racheter à nouveau le bout de terrain, selon Genèse 33.

Quand on prend une longue-vue à l’envers et qu’on regarde par le petit bout, les objets s’imbriquent les uns dans les autres. Il semble que ce soit ici la manière de voir. Les deux achats convergent en un seul acte, comme on a déjà vu, en rapport avec le v. 7, deux citations qui fusionnent en une.

Naturellement il n’est pas tout à fait exclu qu’il puisse y avoir ici une faute de copiste. Si par exemple au verset 16, on remplace « Abraham » par « il » (qui alors se rapporte à Jacob) toute difficulté disparaît. D’un autre côté, il se pourrait que l’expression « des fils d’Emmor, le père de Sichem » ait été introduite à tort.

Les événements qu’Étienne mentionne en rapport avec Joseph, ont une signification figurative à l’égard du Seigneur Jésus, ai-je dit plus haut. Étienne ne la montre pas directement, il laisse plutôt ses auditeurs établir à partir de son récit les parallèles existant entre le « Juste » et Joseph. La parole prophétique de l’Ancien Testament parle aussi bien des souffrances qui devaient être la part de Christ, que des gloires qui suivraient (1 Pierre 1:11). Ceci est typique des prophéties de l’Ancien Testament. On retrouve ces deux éléments dans l’histoire de Joseph : les souffrances et la gloire. C’est ainsi que Dieu a ressuscité ce Jésus qu’ils avaient crucifié, et Il l’a fait Seigneur et Christ. C’est ce que Pierre avait déjà fait savoir à la Pentecôte à toute la maison d’Israël (2:32-36).

Ici nous apprenons quelque chose de plus. Comme Joseph, Christ a été reçu par les nations pendant le temps de son rejet par Ses « frères ». Cela déplait toujours aux Juifs qu’on le leur rappelle. Cependant le dessein divin demeure : Si le peuple juif comme tel refusait Christ comme son Messie, alors Il enverrait Ses messagers au loin vers les nations avec l’évangile de la grâce (22:21). Paul l’exprime plus tard de cette manière : « Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux nations ; et eux écouteront » (28:28). De la même manière est valable pour le temps présent ce qui est dit du Seigneur en 1 Tim. 3:16 : « … a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire ».

Dans cette mesure, le Seigneur Jésus est devenu aujourd’hui comme Joseph autrefois « gouverneur sur tout le pays d’Égypte » (Gen. 41:41 et 45:8). Le Seigneur Jésus a reçu un royaume qui embrasse le monde entier. Cependant il ne s’agit pas encore du royaume millénaire, mais d’un royaume sous une forme cachée, et qui est régi du point de vue moral. Ailleurs dans le Nouveau Testament, il est appelé le royaume de Dieu ou le royaume des cieux. Dans ce sens, Dieu (le Pharaon) parle aujourd’hui de Son Fils (Joseph), et nous pouvons dire aux « égyptiens », les hommes de ce monde : « Allez à Joseph ; faites ce qu’il vous dira » (Gen. 41:55). Ce n’est qu’auprès du vrai Joseph que l’âme affamée trouve le rafraîchissement, le salut éternel. Pour cela, il est vrai qu’on doit être prêt à accepter par la foi le chemin du salut montré par Dieu.

Cependant le Seigneur n’a pas abandonné Ses intentions de grâce envers Son peuple terrestre. Dans Son séjour dans la gloire du ciel et à la droite de Dieu, Il attend maintenant le moment où Il pourra bénir Ses « frères ». Auparavant, ils doivent encore traverser la « grande tribulation » et être conduits à discerner leurs péchés. Quand ce but sera atteint, le vrai « Joseph » se fera reconnaître par Ses « frères » avec ces paroles émouvantes : « Je suis Joseph… Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour l’Égypte » (Gen. 45:3, 4). Alors Ses « frères » « parleront avec lui » (Gen. 45:15 ; 50:17), et ils regarderont vers Lui, Celui qu’ils ont percé, et ils se lamenteront amèrement sur Lui, comme on se lamente sur un fils… premier-né » (Zach. 12:10). Ainsi comme Joseph devint finalement le sauveur de ses frères, ainsi aussi ce qui est dit dans le prophète Ésaïe pour le Seigneur Jésus vis-à-vis d’Israël, sera vérifié : « Il est devenu leur Sauveur » (És. 63:8).

Ainsi la courte phrase « et la seconde fois, Joseph fut reconnu de ses frères » (7:14) est riche de sens. Nous comprenons mieux maintenant que cette « seconde fois » fait référence dans un sens prophétique à la seconde venue du Seigneur, à Son apparition ou Sa révélation — quand Il viendra de manière visible sur la terre avec une grande puissance et une grande gloire, pour sauver Son peuple terrestre et lui donner abondance de pain et de bénédiction.

L’assemblée de Dieu et l’enlèvement ne sont pas vus ici. Mais il est intéressant de remarquer que, durant le temps où Joseph, comme Moïse, a été séparé de ses frères et rejeté, mais élevé en Égypte, il a eu une femme d’entre les nations. Elle a été liée à lui avant qu’il se fasse reconnaître à ses frères. C’est ce qui se passera aussi avec Christ et l’assemblée, l’épouse céleste de l’Agneau (Apoc. 22:17). Aujourd’hui la vie de Ses rachetés est encore « cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3:3) comme nous l’avons déjà rappelé. Cependant « quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire » (Col. 3:4). Ils entreront avec Lui, pour ainsi dire « d’en haut », dans le royaume sur la terre.

 

2.4.3       La grâce de Dieu dans le cas de Moïse — Actes 7:17-19

Nous arrivons maintenant à la deuxième partie du discours de ce témoin courageux de Dieu, et cette partie est en même temps la plus longue. Ici Étienne réfute le reproche d’avoir blasphémé contre Moïse et contre la Loi. Il reconnaît bien plutôt avec la plus grande vigueur que les deux, aussi bien Moïse que la Loi, étaient venus de Dieu.

Les Juifs tenaient bien sûr Moïse dans le plus grand honneur en tant que législateur et libérateur. Cependant, que lui était-il arrivé de la part de leurs pères ? Alors qu’il était venu à eux comme le sauveur envoyé de la part de Dieu, l’avaient-ils reçu immédiatement ? « Voyons ce que l’Écriture rapporte à ce sujet » dit Étienne en quelque sorte. Et il raconte ainsi cette partie de leur histoire, et montre comment les pères n’ont pas obéi à Moïse, mais l’ont repoussé, — en même temps qu’avec lui ils repoussaient Dieu Lui-même et la Loi. Cette ligne de résistance contre Dieu se poursuivait jusque dans le temps présent. Elle trouva finalement son sommet dans le rejet de Christ.

 

« Mais comme le temps de la promesse que Dieu avait promise à Abraham, approchait, le peuple s’accrut et se multiplia en Égypte, jusqu’à ce qu’il se leva un autre roi sur l’Égypte, qui ne connaissait pas Joseph. Celui-ci, usant de ruse contre notre race, maltraita les pères jusqu’à leur faire exposer leurs enfants pour qu’ils ne demeurassent pas en vie » (7:17-19).

Le temps d’accomplissement de la promesse tel que prédit à Abraham (7:7) se rapprochait. Aussi mauvais que soient les temps et aussi ingrats que soient les gens, Dieu tient parole. Quelle consolation, y compris pour nos jours ! Il n’abandonne jamais le contrôle des circonstances. Ce contrôle était encore fermement dans Sa main quand se leva sur l’Égypte un autre roi qui n’avait pas connu Joseph. Jusque-là le peuple d’Israël avait pu se multiplier sans empêchement ; et durant tout ce temps-là le souvenir du bien que Joseph avait fait pour l’Égypte était resté vivant, et avait incliné la faveur des rois envers eux.

Cependant le nouveau roi (il s’agit probablement d’une nouvelle dynastie) ne se soucia en rien de tout cela. Il était tout à fait indifférent quant à ce qui concernait Joseph. Il voyait les choses froidement du point de vue politique. C’est pourquoi il considéra la multiplication du peuple étranger dans son pays avec un extrême déplaisir. Si le peuple continuait à se développer, cela constituait un danger pour son royaume. Aussi il traita les Israélites durement, et les opprima. Étienne résume brièvement ce qui est rapporté en Exode 1, et se contente de mentionner le pire : par décret du roi, ils devaient exposer leurs enfants (en fait, seulement les fils) afin qu’ils ne restent pas en vie.

C’était un temps dur pour le peuple de Dieu, un temps d’oppression terrible par le Pharaon, roi d’Égypte. C’est un reflet du combat que l’adversaire mène toujours contre Dieu. Justement quand Dieu veut bénir Son peuple, l’adversaire multiplie ses efforts pour tout gâter. Mais Satan lui-même n’est dans la main de Dieu qu’un instrument pour l’accomplissement de Ses desseins. Nous allons voir cela tout de suite de plus près.

 

2.4.3.1      « En ce temps-là » — Actes 7:20

« En ce temps-là naquit Moïse, et il était divinement beau ; et il fut nourri trois mois dans la maison du père » (7:20).

Si grave que fut pour les Israélites le temps où Moïse naquit, encore plus grave fut le fait qu’ils oublièrent l’Éternel, leur Dieu, et même qu’ils se tournèrent vers les idoles de l’Égypte.

Cela ressort des paroles de Josué qu’il adressa plus tard au peuple : « Ôtez les dieux que vos pères ont servis de l’autre côté du fleuve et en Égypte, et servez l’Éternel » (Josué 24:14). Ézéchiel aussi rappelle plus tard ce triste état de fait en reproduisant les paroles de l’Éternel : « Et elle multiplia ses prostitutions, se souvenant des jours de sa jeunesse, où elle s’était prostituée dans le pays d’Égypte » (Éz. 23:19).

Le dur labeur par lequel les Égyptiens les opprimaient, et même les tourments de détresse où les amena le décret du roi susmentionné, ne les conduisit pas à se souvenir de l’Éternel et de Ses promesses, ni à crier à Lui. Combien il est sérieux aussi pour nous, quand notre Dieu et Père lui-même ne peut pas nous ramener auprès de Son cœur par des circonstances de détresse, selon qu’Il aurait aimé le faire ! Notre responsabilité est plus lourde que celle de Son peuple terrestre autrefois. Car nous avons en main la Parole de Dieu écrite et complète. Les gens de ce temps-là, au contraire, n’avaient qu’une transmission orale de promesses particulières de Dieu, — promesses qui nécessitèrent en outre plusieurs siècles pour être accomplies.

Les fils d’Israël crièrent bien dans leur détresse, et Dieu permit dans Sa grâce que leurs cris parviennent jusqu’à Lui, mais ils ne crièrent pas à Lui. En tout cas en Exode 2, nous ne lisons rien à ce sujet. Pourtant en Deut. 26:7, il est dit d’eux qu’ils crièrent à l’Éternel, mais cela est dit seulement parce que Dieu le considéra ainsi dans Sa grâce. Ils pouvaient ne pas se rappeler de Son alliance qu’Il avait conclue longtemps auparavant avec Abraham, mais l’Éternel y pensait en grâce (Ex. 2:24 ; 6:5) : « Sache certainement que ta semence séjournera dans un pays qui n’est pas le sien, et ils l’asserviront et l’opprimeront pendant quatre cents ans… Et en la quatrième génération ils reviendront ici » (Gen. 15:13-16). Nous avons déjà considéré ces paroles de Genèse 15. Mais les fils d’Israël en Égypte, avaient-ils encore devant eux ces paroles de promesse, attendaient-ils leur accomplissement ? S’ils avaient compté les années, ils auraient remarqué, comme Daniel le fit des siècles plus tard à Babylone, que le nombre des années déterminées par la Parole de l’Éternel s’était écoulé (Daniel 9:2).

Cependant le temps de la promesse s’approchait. Pensée précieuse et consolante ! Mais cette pensée avait-elle une place dans les pensées et le cœur des Israélites ? Attendaient-ils la Rédemption et même le Rédempteur, dans la conscience qu’ils étaient maintenant bientôt à la quatrième génération à l’étranger ? Nous avons déjà vu que ce n’était pas le cas ; et si Dieu, dans le but de libérer Son peuple de l’Égypte, n’avait pas utilisé les efforts de Satan qui combat toujours contre ce peuple par ses instruments (ici le Pharaon), cherchant à l’opprimer, — alors nous pouvons être sûrs qu’il aurait aussi bien pu arriver que les Israélites n’aient jamais songé à quitter l’Égypte pour retourner dans le pays de la promesse. Même plus tard après avoir vécu les miracles de l’Éternel, ils pensèrent avec nostalgie aux pots de chair et aux légumes de l’Égypte.

Tout cela nous parle aujourd’hui. Nous vivons dans des jours que la Parole de Dieu appelle des « temps fâcheux », — des jours caractérisés par la corruption morale et l’abandon de tout ce qui est divin. L’amour de beaucoup se refroidit ; et même parmi le peuple de Dieu, beaucoup cherchent leurs propres intérêts et non pas ceux de Jésus Christ. La conformité au monde s’est largement infiltrée au milieu de nous ; elle est la forme particulière de l’attaque de Satan dans notre temps visant à nous détacher, d’un côté de la jouissance de nos bénédictions célestes, et d’un autre côté du témoignage rendu au Seigneur glorifié et qui revient. N’y a-t-il pas aussi pour nous le danger de nous plaire tout à fait dans ce monde qui a rejeté Christ et qui Le rejette encore ? Ne connaissons-nous pas nous aussi les impulsions funestes de nos cœurs vers « l’Égypte » ? Dieu ne veut-Il pas, par le moyen de bien des détresses du corps et de l’âme, nous détacher de cette scène dont Satan est le prince et le dieu, et ne veut-Il pas diriger nos cœurs en haut, vers Celui qui a promis qu’Il revient bientôt pour nous ? Attendons-nous effectivement le Seigneur Jésus ? Cette parole ne parle-t-elle pas aussi pour nous : « le temps de la promesse … approchait » (7:17) ? Pensons-nous que c’est déjà la « dernière heure » et que « maintenant le salut est plus proche de nous que lorsque nous avons cru » (1 Jean 2:18 ; Rom. 13:11). L’Écriture Sainte témoigne aussi solennellement que nous vivons dans les « derniers jours » (2 Tim. 3). N’est-ce pas le temps de nous réveiller du sommeil, et d’aller, avec nos lampes allumées, à la rencontre de l’époux qui revient ?

Certainement, nous chrétiens, nous n’avons pas affaire, comme Israël, à des temps et des saisons (1:7). Nous ne devons pas attendre certains événements prophétiques ou certaines circonstances : nous pouvons attendre le Seigneur chaque jour et à chaque instant. Soyons très clair sur le point suivant : dès l’instant où nous cessons d’attendre dans notre vie pratique notre Sauveur « qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité de son corps de gloire », le déclin est préprogrammé dans notre chemin personnel et collectif (Phil. 3:21) ! Le mal est entré dans l’assemblée de Dieu quand le méchant esclave a dit en son cœur « mon maître tarde à venir » (Matt. 24:48). La masse des professants chrétiens renie le Seigneur Jésus comme Seigneur et Maître, elle ne pense pas à Lui, et ne L’attend pas. Mais, nous, nous voulons être comme des esclaves qui ont la poignée de porte dans la main, afin que, quand Il arrivera, nous ouvrions immédiatement !

Nous vivons incontestablement dans des jours très sérieux et exerçants. Mais quelle consolation : il n’en était pas autrement pour les parents de Moïse ! Malgré le triste état du peuple, ils sont restés fidèles, et ont fait de précieuses expériences avec Dieu !

« En ce temps-là » (7:20) — c’était justement pour ce temps-là ! — « Moïse naquit ». Ses parents ne dirent pas : « dans ces temps mauvais, nous ne pouvons pas avoir d’enfants », mais ils reçurent leur enfant comme un don spécial de Dieu. Ils le cachèrent trois mois, l’élevant dans leur maison, et la Parole de Dieu nous dit qu’ils firent cela par la foi, sans craindre l’ordonnance du roi (Héb. 11:23). Dieu pourvoirait à tout. Mais le motif que donne l’Écriture pour leur conduite est de la plus grande beauté : « parce qu’ils virent que l’enfant était beau ». Étienne dit dans notre chapitre : « beau pour Dieu » [NdT : « divinement beau » selon JND en français]. Leur foi voyait dans l’enfant Moïse une beauté pour Dieu, et elle leur fit penser au libérateur futur de leur peuple. Ils pouvaient se dire : « si dans ce temps-ci, Dieu nous donne un si bel enfant, c’est qu’Il a prévu quelque chose de particulier avec lui ». Et ainsi ils assumèrent la responsabilité de le protéger coûte que coûte, en comptant sur la puissance de Dieu. Ils avaient confiance en Lui, et comme Moïse plus tard, ils ne craignirent pas la colère du roi. Leur foi fut récompensée d’une manière merveilleuse, comme nous le savons.

Ainsi, Dieu avait à l’époque un résidu fidèle, et Il l’a aussi de nos jours. Il y avait alors des fils d’Israël qui conservaient soigneusement la foi en Dieu qui avait donné les promesses, et ils attendaient avec certitude les choses qu’ils espéraient ; pareillement aujourd’hui, au milieu d’une profession sans vie, il y a aussi ceux qui s’appuient sur Sa Parole, et qui attendent l’accomplissement de ce qu’Il a dit. Ne voulons-nous pas en faire partie ? Leurs yeux étaient oints de l’Esprit et voyaient celui qui était « beau pour Dieu ». Nous voudrions ne pas achever la méditation de ces versets sans avoir une nouvelle fois rappelé que nous trouvons en Moïse non seulement des enseignements pour notre vie pratique de foi, mais en outre une préfiguration bénie du Seigneur Jésus Lui-même. Ainsi, comme Moïse naquit « en ce temps-là », ainsi aussi « lorsque la plénitude [ou : l’accomplissement] du temps fut venue », le Seigneur Jésus naquit de femme, étant « né sous la Loi » (Gal. 4:4). De qui sur la terre a-t-il été jamais dit dans un sens absolu qu’Il était « beau pour Dieu », sinon Celui seul sur qui le ciel s’est ouvert à plusieurs reprises ? « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir ».

 

2.4.3.2      Moïse en Égypte — Actes 7:21-28

2.4.3.2.1        Actes 7:21-22

« Mais, ayant été exposé, la fille du Pharaon l’emporta, et l’éleva pour elle, afin qu’il fût son fils. Et Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ; et il était puissant dans ses paroles et dans ses actions » (7:21, 22).

À peine Moïse fut-il né, qu’il fût menacé de mort. Et quand notre Sauveur vint dans ce monde, un roi étranger voulut attenter à la vie de l’enfant Jésus (Matt. 2:13). Dans Son cas également, l’Égypte fut l’endroit où Il trouva un abri.

D’un côté nous voyons l’inimitié de Satan recommencer continuellement, mais d’un autre côté aussi nous voyons l’action souveraine de Dieu en providence. Certes Moïse dut être exposé, et par-là livré à la mort. Pourtant le plus inattendu arriva : la fille du Pharaon le prit pour elle, et l’éleva pour être son fils. Oui, Moïse devint un membre de la famille du Pharaon. Est-il possible de ne pas y voir la main de Dieu ? C’est l’un des nombreux exemples où Dieu a justement utilisé Ses ennemis pour exécuter ses pensées. C’est la propre fille du Pharaon qui a élevé le grand sauveur du peuple opprimé !

Moïse reçut la meilleure éducation que pouvait offrir la cour égyptienne. 1 Rois 4 montre clairement que la sagesse de l’Égypte était proverbiale : « Et la sagesse de Salomon était plus grande que la sagesse de tous les fils de l’orient et toute la sagesse de l’Égypte » (1 Rois 4:30). Ainsi Moïse devint un homme puissant en paroles et en actes ; aux yeux des hommes, il reçut la meilleure formation possible pour conduire un grand peuple.

Il est intéressant de voir que les disciples d’Emmaüs utilisèrent des paroles très semblables à propos du Seigneur Jésus : « Jésus le Nazaréen, qui était un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple » (Luc 24:19). Cependant quelle différence entre le type et Celui vers qui Moïse dirigeait les regards ! Le Sauveur était motivé par l’œuvre de Dieu, non pas par une œuvre terrestre (voir Actes 2:22 et 10:38) ; et Il ne dut pas être instruit dans la sagesse du monde, mais Il est la sagesse de Dieu (1 Cor. 1:30 et 2:7). Cependant on ne peut pas méconnaître les parallèles intentionnels.

 

2.4.3.2.2        Actes 7:23

« Mais quand il fut parvenu à l’âge de quarante ans, il lui vint au cœur de visiter ses frères, les fils d’Israël » (7:23).

À l’âge mûr de quarante ans Moïse eut à cœur de visiter ses frères, d’aller les voir pour les aider. Déjà cela en dit long : visiter pour aider ! Longtemps auparavant, Joseph n’avait-il pas été envoyé par son père « pour s’enquérir du bien-être de ses frères » (Gen. 37:14) ? Et les deux n’étaient-ils pas une figure à la fois de Celui qui est bien plus grand, et de la miséricorde de Dieu, « selon laquelle l’Orient d’en haut nous a visités », dit Zacharie, « afin de luire à ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour conduire nos pieds dans le sentier de la paix » (Luc 1:78, 79) ?

En ce qui concerne Moïse et les Israélites : c’était eux qui étaient ses « frères », non pas les égyptiens ; et en tant que « fils d’Israël », il voyait en eux les véritables héritiers de l’alliance de Dieu. Les deux expressions sont hautement significatives. Bien que Moïse ait été élevé à la cour païenne et qu’il y ait acquis là la maturité comme homme, cependant dans son for intérieur il n’était pas devenu Égyptien pour autant. Ces Israélites réduits en esclavage étaient ses vrais frères, et il était l’un d’eux.

C’était une foi étonnante chez un homme dont on aurait pu penser qu’il ne connaissait rien d’autre que les pires ténèbres du paganisme ! Comment était-ce possible de ne pas avoir été contaminé par toute cette idolâtrie au milieu de laquelle il avait grandi ? Pendant quarante ans il avait été élevé comme le fils de la fille du Pharaon, et avait été considéré et estimé comme tel. Lui qui était maintenant dans la force de l’âge avec les meilleures perspectives terrestres, qu’est-ce qui le conduisait à s’identifier à ce peuple méprisé cuisant des briques d’argile ? La réponse à cette question ne figure que dans le Nouveau Testament : « Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la rémunération » (Héb. 11:24-26). C’est par la foi que, dans ce peuple méprisé, abaissé et dans la misère, il vit malgré tout le peuple de Dieu. Sa place était auprès de lui. Malgré l’abaissement moral que cela représentait, il s’identifia avec leur opprobre. Par cette foi Moïse fut vainqueur de l’Égypte, il fut victorieux du monde (1 Jean 5:4, 5).

De nos jours, n’avons-nous pas aussi besoin de cette énergie de la foi pour nous sortir du monde sous ses mille et une formes et séductions ? Sommes-nous aussi prêts à nous identifier avec le petit troupeau méprisé de ceux qui sont aujourd’hui le « peuple de Dieu » ?

Moïse « refusa » et « choisit » quelque chose de meilleur. Seule la foi peut agir de pareille manière. La manière d’agir de Moïse est à cause de cela particulièrement significative, parce qu’il aurait pu se dire que finalement c’était la providence de Dieu qui l’avait amené à la cour du Pharaon. Pourquoi ne pas utiliser maintenant cette position, et s’en servir pour influencer le Pharaon, en vue de venir en aide à son peuple opprimé ? N’était-ce pas ce qui était le mieux à sa portée ? Mais pour cela, il lui aurait fallu réclamer l’aide du monde et de son prince pour libérer le peuple de Dieu.

Or cela ne pouvait pas être le chemin de Dieu — cela aurait accordé au Pharaon une place et une influence sur le peuple de Dieu qui ne lui revenaient pas. Moïse le comprit. C’est pourquoi sa foi le conduisit à sortir de la position où la providence de Dieu l’avait amené. Effectivement, comme il a souvent été remarqué, la providence n’est pas le moyen par lequel la foi se laisse conduire. Pour la foi de Moïse, le peuple misérable avait plus d’attrait que toute la cour du Pharaon. Et c’est ainsi qu’il préféra souffrir l’opprobre avec le peuple de Dieu, plutôt que de jouir pour un temps des délices du péché.

 

2.4.3.2.3        Actes 7:24-28

Du fait que Moïse habitait au palais royal, il dut parcourir une plus grande distance pour atteindre ses frères, et les observer dans leur esclavage. Nous n’avons le récit que de deux exemples de ce qu’il rencontra.

« Et voyant l’un d’eux à qui l’on faisait tort, il le défendit, et vengea l’opprimé, en frappant l’Égyptien. Or il croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main, mais ils ne le comprirent point. Et le jour suivant, il se montra à eux comme ils se battaient ; et il les engagea à la paix, disant : Vous êtes frères ; pourquoi vous faites-vous tort l’un à l’autre ? Mais celui qui faisait tort à son prochain, le repoussa, disant : Qui t’a établi chef et juge sur nous ? Veux-tu me tuer, toi, comme tu tuas hier l’Égyptien ? » (7:24-28).

Dans le premier cas il vit un Égyptien frapper un Israélite sans défense, vraisemblablement en le fouettant. Non seulement Moïse défendit l’Israélite, mais il le vengea en tuant l’Égyptien. L’amour et la fidélité qu’il éprouvait pour ses frères, le conduisirent à faire triompher la justice, quelles qu’en soient les conséquences.

Or ne pensons pas que tout ce que Moïse fit, et la manière dont il le fit, ont eu l’approbation de Dieu. Le récit historique d’Exode 2 à partir du v. 11 ne va pas, en tout cas, dans le sens d’une approbation. Moïse a indiscutablement commis une faute grave, il a mis en œuvre de mauvais moyens ; mais c’était des fautes chez quelqu’un qui, malgré tout, était un homme de foi. Dieu apprécie toujours cette foi et l’honore, quand et où que ce soit qu’Il la trouve. Sans doute, Moïse en ce temps-là, avait encore beaucoup à apprendre, spécialement qu’il n’était pas capable de libérer et de conduire le peuple en se confiant en lui-même. Et pour la manière de « compter » de Dieu, avoir quarante ans était encore trop jeune. Mais Étienne passe par-dessus tout cela, pour établir d’autant plus clairement que ses frères n’ont alors pas compris que Dieu voulait les sauver par la main de Moïse. C’est le point sur lequel Étienne insiste. Comment Moïse lui-même était-il arrivé à cet avis, cela est caché à nos yeux. L’Écriture n’en dit rien.

Dans le second cas, deux frères Israélites se battaient entre eux. Moïse chercha à les pousser à la paix, mais celui qui faisait tort à l’autre le repoussa avec ces paroles : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ». Ces paroles ne nous rappellent-elles pas celles de la parabole de Luc 19 sur « l’homme noble », c’est-à-dire notre Seigneur : « nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19:14) ?

Le plus amer pour Moïse fut que, dans les deux cas, le rejet ne vint pas des étrangers, mais du côté de son propre peuple. Il en a aussi été de même avec le Seigneur Jésus : « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11). Encore un autre point devint manifeste, dont nous avons déjà parlé. Bien que le peuple se trouvât dans un état pitoyable, il ne s’attendait pas à en être libéré. Ils n’avaient pas Dieu devant les yeux, et en conséquence pas Ses promesses non plus. Rien n’est plus triste et plus humiliant. Mais que peut-on attendre d’autre quand la foi n’est pas là ?

 

2.4.3.3      Moïse en Madian — Actes 7:29

« Et Moïse s’enfuit à cette parole, et fut étranger dans le pays de Madian, où il engendra deux fils » (7:29).

Cela a dû être extrêmement douloureux pour Moïse de faire l’expérience du rejet par ses frères, et que ceux-ci ne le comprenaient pas. Juste au moment où il voulait rétablir la paix, il fut soupçonné de manière malveillante de vouloir se promouvoir au rang de chef et juge. Et en outre on lui imputa : « Veux-tu me tuer, toi, comme tu tuas hier l’Égyptien ». De plus l’affaire s’ébruita, de sorte que le Pharaon en entendit parler et chercha à le tuer. Moïse dut abandonner ses frères, et fuir à l’étranger en Madian. C’était une expérience amère d’être repoussé par ses propres frères pour se faire persécuter par le monde étranger.

Certains commentateurs renvoient ici au passage de Hébreux 11 : « Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (Héb. 11:27). Cependant je ne crois pas que ces paroles doivent être mises en relation avec la fuite de Moïse hors d’Égypte. Ce passage concerne plutôt la sortie d’Égypte quarante ans plus tard (Ex. 10:28, 29). Oui, il a fallu quarante ans à cet instrument de Dieu pour être préparé « derrière le désert » à l’école de Dieu, avant que Dieu puisse l’utiliser. Cet homme plein de force dut d’abord désapprendre la confiance en soi-même, pour apprendre que la force vient de Dieu seul, et que la sagesse ne vient que « d’en haut ». Toutes les écoles de l’Égypte n’étaient pas capables de donner ces leçons, même si tout était fixé dans ce sens dans le plan de Dieu pour Moïse.

J’avais à cœur de faire observer brièvement le côté moral dans la conduite de Moïse, parce que nous pouvons en tirer beaucoup d’instructions pour nous.

Étienne poursuivait un autre objectif, comme on l’a déjà remarqué. Inspiré par l’Esprit de Dieu, il voulait atteindre la conscience de ses frères. Malgré plusieurs comportements fautifs, Moïse était un homme de foi, et il était le libérateur envoyé de Dieu. Cependant les pères ne comprirent pas que Dieu voulait les sauver par son moyen. Ils le repoussèrent donc d’auprès d’eux. La question posée aux membres du sanhédrin était là dans l’air, même si elle n’était pas encore exprimée à ce moment-là : « N’avez-vous pas fait la même chose avec Christ, quand Dieu vous L’a envoyé pour vous sauver ? ».

 

2.4.3.4      Une image étonnamment prophétique

Or l’image prophétique que le Saint Esprit trace par Étienne, montre encore d’autres traits, même si les auditeurs de l’époque ne le comprirent guère. Pourtant ils nous intéressent au plus haut point. Moïse fut étranger dans un pays étranger, comme Joseph l’avait déjà été auparavant. À la suite du rejet par leurs frères, les deux se trouvèrent à séjourner parmi les nations. Comme nous l’avons déjà rappelé, ces deux hommes nous parlent de Christ, à la fois rejeté par les Juifs et élevé par Dieu. Seul le point de vue est différent dans chaque cas. Joseph est une image de Christ dans son élévation au-dessus des nations. Avec Moïse l’accent est mis, au contraire, sur la séparation d’avec ses frères et le séjour à l’étranger. Nous reviendrons tout de suite sur la signification prophétique de cela.

Repoussé par ses frères et persécuté par l’Égypte, Moïse s’est enfui au désert vers un peuple étranger. Mais là, à l’étranger, Dieu lui donna pour femme Séphora, la fille d’un sacrificateur de Madian. Elle est une image de l’assemblée, car elle était attachée à Moïse au temps où il était séparé de ses frères et rejeté par eux.

Étienne mentionne alors que Moïse a engendré deux fils en Madian. L’un a été nommé Guershom (c’est-à-dire : séjournant-là, ou : étranger là), car il dit : « je suis devenu étranger dans un pays étranger » (Ex. 2:22). Cela montre clairement que Moïse éprouva douloureusement la séparation d’avec ses frères, mais que ses affections restaient inchangées à leur égard, et demeuraient auprès d’eux. Le nom de l’autre fils fut Éliézer (c’est-à-dire Dieu une aide) : « Car le Dieu de mon père m’a été en aide, et m’a délivré de l’épée du Pharaon » (Ex. 18:4). Prophétiquement ce nom fait allusion à la délivrance du résidu croyant d’Israël, dont ce résidu fera l’expérience juste avant l’instauration du règne millénaire par le Messie.

Tandis que nous voyons en Séphora une image de l’assemblée, ses deux fils préfigurent plutôt Israël. Ces deux noms caractérisent deux époques différentes des voies de Dieu envers les Israélites. Guershom caractérise tout le temps où ils ont été étrangers, ce qui a commencé avec la déportation à Babylone, et qui dure encore aujourd’hui. Éliézer, par contre, annonce le grand jour de l’Éternel, quand Il viendra soudain, et qu’Il rassemblera toutes les nations à Jérusalem pour la guerre pour les juger (Zach. 14:1 et suiv.). Alors se vérifiera littéralement ce que Moïse a dit en nommant son fils Éliézer : « car le Dieu de mon père m’a été en aide, et m’a délivré de l’épée du Pharaon ». Ce seront les paroles du peuple libéré.

Ce que nous ne devons pas oublier à l’occasion de toutes les joies et bénédictions beaucoup plus grandes dont nous jouissons comme chrétiens, c’est que Christ n’a pas abandonné Ses « frères » selon la chair. Il s’occupera d’eux et saura les trouver. Et même si aujourd’hui Il est, pour ainsi dire, « à l’étranger », Il attend pourtant le moment où Il viendra à eux et pourra leur apporter aide et libération. Il s’écriera alors triomphant : « Me voici, moi et les enfants que l’Éternel m’a donnés, nous sommes pour signes et pour prodiges en Israël » (Ésaïe 8:18). Combien le Seigneur est parfait dans Son amour, que ce soit avec Son épouse céleste ou Son épouse terrestre !

 

2.4.3.5      La deuxième période de quarante ans

La vie de Moïse se répartit en trois périodes de quarante ans. La deuxième période, il l’a passée en Madian, selon le plan de Dieu. Il paissait là le troupeau de son beau-père, et là il était seul avec Dieu. Plus ou moins fermé au monde extérieur et séparé de ses frères bien-aimés, il a appris dans la solitude ce que c’est que de s’attendre à Dieu. N’a-t-il pas reconnu maintenant que dans les premières quarante années il a beaucoup agi par sa propre force et dans la confiance en lui-même ? Dieu ne peut pas utiliser ce qui vient de la chair. Nous aussi nous avons à l’apprendre, bien-aimés. À un autre de ses esclaves, à Paul, le Seigneur a pu dire dans le Nouveau Testament : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:9). Il ne peut se glorifier que dans la faiblesse. La puissance doit être la puissance de Dieu, et non pas la nôtre (2 Cor. 4:7).

Quarante est le chiffre de la mise à l’épreuve, comme on peut le reconnaître par les quarante ans de voyage d’Israël au désert ou les quarante jours de tentation du Seigneur par le diable. C’est ce temps-là où Moïse fut dans le désert, un temps de mise à l’épreuve. Il fallait que se manifeste ce qu’est l’homme, et il fallut que soit visible ce que Dieu est. Sans ces deux expériences, personne n’est préparé correctement pour le service public dans l’œuvre du Seigneur. C’est pourquoi habituellement et au préalable, le Seigneur conduit Ses serviteurs pour un temps plus ou moins long « dans le désert ». En outre, il est constamment nécessaire pour tout serviteur du Seigneur de chercher la proximité de Dieu dans le calme, pour être seul avec Lui, et apprendre Ses pensées sur toutes choses. Cette communion avec Lui est d’une valeur inestimable.

Ainsi nous pouvons considérer que cette deuxième période de quarante ans a été calme et bénie pour Moïse. Ce qui s’est passé durant cette période et dans le détail de son cœur, cela ne nous est pas rapporté. Nous savons seulement qu’après ce temps-là, Moïse était un tout autre homme. Il est sorti de cette période changé par rapport à ce qu’il était quand il y est entré. Toute confiance en lui-même avait disparu, de sorte que même quand une mission divine lui eut été confiée, il doutait d’être l’homme approprié pour cela. Nous pouvons bien aussi nous demander, quand une section particulière de notre vie est derrière nous : « Avons-nous appris la leçon que nous devrions apprendre ? Avons-nous appris à regarder les choses davantage du point de vue de Dieu ? La confiance en nous-mêmes a-t-elle diminué pour faire place à une confiance plus profonde en Dieu ? »

C’est ce qui eut lieu dans le cas de Moïse. Quand son temps d’attente arriva à sa fin, ce temps fut couronné par un incident merveilleux.

 

2.4.3.6      Le buisson ardent — Actes 7:30-32a

« Et quarante ans s’étant écoulés, un ange lui apparut au désert de la montagne de Sinaï, dans la flamme de feu d’un buisson. Et Moïse, voyant cela, fut étonné de la vision ; et comme il approchait pour regarder, une voix du Seigneur se fit entendre : Moi, je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et de Jacob » (7:30-32a).

Dieu se révéla à Moïse, mais Il le fit d’une manière entièrement appropriée à la mission qu’Il voulait lui donner. Plus tard lorsque Josué se trouva devant la grande mission de conduire le peuple racheté dans le pays promis, l’Éternel lui apparut comme « le chef de l’armée de l’Éternel » « son épée nue dans sa main ». À la question : « es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? », Josué entendit la réponse : « non, car c’est comme chef de l’armée de l’Éternel que je suis venu maintenant » (Josué 5:13-15). N’était-ce pas encourageant au plus haut degré, pour Josué ? Avait-il besoin de craindre devant toute la puissance des ennemis qui peuplaient le pays, quand le chef de l’armée de Dieu prenait la direction ?

Dans le cas de Moïse, il apparaît sous une autre forme : « Et l’Ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson d’épines ; et il regarda, et voici, le buisson était tout ardent de feu, et le buisson n’était pas consumé » (Ex. 3:2). Le buisson d’épines ardent est une image frappante d’Israël : sans valeur en soi, mais éprouvé dans le creuset du monde, sous le jugement scrutateur de la sainteté de Dieu, et pourtant pas anéanti. Quelle consolation pour Moïse ce dut être (quand il comprit l’interprétation correcte du signe) de savoir que le buisson d’épines brûlant dans le désert n’était pas consumé par le feu ! La nation d’Israël comme telle ne sombrerait pas malgré les voies solennelles de Dieu envers elle ! Non, dans ce buisson d’épines, Dieu lui-même demeurait (Deut. 33:16). Comment dès lors pourrait-il être consumé par le feu ? La connaissance consciente de cela n’était-elle pas propre à affermir dans sa foi l’homme qui devait conduire, à travers le désert, ce peuple au cou raide ?

Comme Moïse s’étonnait de la vision et s’approchait pour voir de plus près, alors « Dieu l’appela du milieu du buisson d’épines et lui dit : Moïse, Moïse ! » (Ex. 3:4). Dieu appela Moïse par son nom du milieu du buisson d’épines. Il le « connaissait par nom » (Ex. 33:17), comme il est aussi écrit dans un autre passage : Il « connaît ceux qui se confient en lui » (Nahum 1:7). Mais alors il dut immédiatement être rappelé à la sainteté de la présence de Dieu. Dans l’occasion mentionnée en rapport avec Josué, il en fut de même.

Étienne mentionne cependant d’abord la parole par laquelle l’Ange de l’Éternel se fait connaître : « Moi, je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et de Jacob ». Le récit d’Exode 3 montre clairement que « l’Ange de l’Éternel » qui apparut à Moïse était l’Éternel lui-même, Dieu lui-même. Car lorsque l’Éternel vit que Moïse s’approchait pour voir, alors Dieu l’appela et lui cria Son message du milieu du buisson d’épines. En Genèse 22:15, 16 nous avons un autre exemple de ce que « l’Ange de l’Éternel » équivaut à l’Éternel lui-même. Dans toutes les apparitions de l’Ange de l’Éternel dans l’Ancien Testament, nous pouvons apercevoir une indication prophétique de l’incarnation du Fils de Dieu.

Quand l’Éternel se présente maintenant comme « le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob », Il nous fait clairement comprendre que cette apparition et Ses paroles à Moïse sont en relation avec les promesses qu’Il avait données aux pères. Elles étaient aussi une expression de Sa grâce. Voilà la pensée principale.

Le Seigneur Jésus se réfère une fois au « buisson d’épines » devant les sadducéens dans un tout autre contexte. Quand Moïse nomme le Seigneur comme « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », il dit que c’est une preuve qu’il y a une résurrection des morts. Car Dieu n’est pas « le Dieu des morts, mais des vivants » ; car pour lui tous vivent » (Luc 20:37, 38). C’est une grande vérité à laquelle devraient particulièrement penser tous ceux qui ne croient pas à une vie ultérieure après la mort, et à une résurrection corporelle. Ces paroles du Fils de Dieu confirment les deux.

 

2.4.3.6.1        Actes 7:32b

« Et Moïse, devenu tout tremblant, n’osait regarder » (7:32).

Cette remarque est typique des temps de l’Ancien Testament. L’œuvre de la rédemption par le Seigneur Jésus n’était pas encore accomplie, et les croyants eux-mêmes étaient remplis de crainte quand Dieu se révélait à eux. Avoir une paix solide dans la présence immédiate de Dieu, n’était même pas possible dans ce temps-là. Même un homme comme Moïse ne pouvait pas encore dire : « car Christ est notre paix » ; il n’était pas encore « approché par le sang de Christ », il ne pouvait pas encore avoir « accès auprès du Père par un seul Esprit » (Éph. 2:13, 14, 18). Tout cela sont des privilèges de la position chrétienne, qui n’ont été rendus possible que par la mort et la résurrection de Christ. Cependant il est incontestable que la foi personnelle des individus, même dans ces temps de l’Ancien Testament, s’élevait bien au-dessus de ce qui était alors révélé.

Moïse n’osa pas contempler la vision de plus près ; « Moïse cacha son visage, car il craignit de regarder vers Dieu » est-il dit en Exode 3. Quand Élie fut dans la caverne sur la montagne de l’Éternel, et qu’il perçut le son d’une voix douce et subtile, il cacha aussi son visage dans son manteau (1 Rois 19:13). D’une manière directe, cela indique que, sans un médiateur, aucun homme ni créature ne peut « voir Dieu et vivre » ; personne ne peut voir Son visage (Ex. 33:20). Quel bonheur de connaître le seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné en rançon pour tous ! Dans son visage nous pouvons, par la foi, contempler la gloire de Dieu déjà aujourd’hui sans la moindre peur (2 Cor. 4:6). Plus tard, nous porterons nous-mêmes cette gloire et nous la manifesterons (Apoc. 21:11).

 

2.4.3.6.2        Actes 7:33

« Et le Seigneur lui dit : Délie les sandales de tes pieds ; car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte » (7:33).

Il en fut avec Moïse, comme il en avait été avec Abraham : Dieu apparut à l’un comme à l’autre dans un pays païen, sur une terre étrangère, bien loin des frontières de la terre sainte. Et cependant le lieu où Moïse se tenait était une terre sainte. Comme signe de la révérence dans la présence de Dieu, il dut ôter ses chaussures. C’est la première leçon que nous devons apprendre ici. Quand nous nous approchons de Dieu, quand nous voulons séjourner dans Sa proximité, nous devons tenir compte de Sa sainteté. « La sainteté sied à ta maison, ô Éternel, pour toujours » (Ps. 93:5). C’est un principe toujours valable.

Les Juifs d’alors l’avaient-ils compris ? Ils avaient du zèle pour « les lieux saints », ils accusaient même Étienne d’avoir parlé contre eux. Mais même un bout de territoire païen était de la « terre sainte » quand Dieu y était. Inversement tous les lieux saints ne servent à rien s’ils ont perdu la présence de Dieu à cause de l’incrédulité de l’homme. Aujourd’hui également, depuis que le Seigneur Jésus est rejeté ici-bas et qu’Il est glorifié dans le ciel, il n’y a plus aucun lieu saint sur la terre. Le seul lieu saint que Dieu reconnaît est là où Il est, là où Son Christ se trouve : le ciel. Cette leçon ne devait pas être apprise seulement par les Juifs de l’époque, mais nous aussi chrétiens aujourd’hui, devons la prendre à cœur. « Dieu … n’habite pas dans des temples faits de main ; et Il n’est pas servi par des mains d’hommes, comme s’Il avait besoin de quelque chose » (17:24, 25). Des « maisons de Dieu » sont totalement étrangères au Nouveau Testament, et les lieux de rassemblement des croyants ne sont pas saints en eux-mêmes. La présence du Seigneur est sainte, mais non pas le lieu en tant que tel.

N’avons-nous pas, nous croyants, souvent perdu dans la pratique la conscience de Sa présence ? « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matt. 18:20). Cela est alors, dans les faits, une « terre sainte ». Accordons-nous à Sa présence le respect nécessaire, et « ôtons-nous nos chaussures de nos pieds » ? Ou croyons-nous pouvoir apporter dans Sa présence du mal non jugé et, tout simplement, ce qui est profane ? Notre Sauveur a dû mourir pour ce mal, pour cette propre volonté, pour cette absence d’amour, pour cet égoïsme, pour ces pensées et ces paroles de haine ! Peut-Il aujourd’hui avoir communion avec cela ?

On argumente souvent sur le fait que maintenant, Dieu est le Dieu de grâce, qu’Il est miséricordieux et qu’Il est amour. Certainement Il est cela, mais Il est et reste néanmoins un Dieu saint. Si le Seigneur Jésus n’avait pas satisfait la sainteté de Dieu par Sa mort sur la croix, de sorte que « la justice et la paix se sont entre-baisées » (Ps. 85:10), jamais Dieu n’aurait pu se révéler dans le caractère merveilleux de Sa grâce et de Son amour. Si par suite nous voulons avoir communion avec Lui — et nous y sommes appelés — nous devons ôter le mal qui se montre chez nous, dans le jugement de nous-mêmes devant Dieu. Autrement nous ne pouvons pas recevoir les communications de Son cœur. Cela vaut en principe aussi bien si nous sommes rassemblés que si nous ne le sommes pas. « C’est là ce que l’Éternel prononça, en disant : Je serai sanctifié en ceux qui s’approchent de moi, et devant tout le peuple je serai glorifié » dit Dieu (Lév. 10:3). Un ton plus relâché et des formes de comportement inconvenantes sont-ils acceptables en Sa présence ? Tous les problèmes dans notre vie et dans nos rassemblements ne seraient-ils pas rapidement réduits à rien si nous étions davantage pénétrés de la conscience de Sa présence ?

 

2.4.3.6.3        Actes 7:34

« J’ai vu, j’ai vu l’oppression de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu leur gémissement, et je suis descendu pour les délivrer ; et maintenant viens, je t’enverrai en Égypte » (7:34).

Ce verset nous dévoile deux choses. En premier lieu la grâce et la miséricorde infinies de Dieu. Son cœur est ému de la grandeur de la misère de Son peuple. Durant toutes ces années, Il en avait été témoin, et le propos de Son cœur avait tout le temps été de les libérer. En second lieu : du fait que maintenant le temps de l’accomplissement de Son conseil était arrivé, c’est Lui-même qui prend l’initiative. Il ne se laisse pas ravir ce privilège. Les hommes ne peuvent pas Le précéder, comme par exemple Moïse avait cherché à le faire.

Cependant la succession dans laquelle les événements nous sont décrits ici, est remarquable. D’abord Dieu se révèle en ce qu’Il dit à Moïse : « Moi, je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et de Jacob ». Ce n’est qu’après, qu’Il parle de la misère de Son peuple et de ce qu’Il veut faire pour eux. Nous apprenons par là quelque chose de très précieux : ce n’est pas l’état d’Israël, mais c’est Son amour pour Son peuple qui est le véritable motif de Son intervention. C’est toujours en Lui-même, dans Son propre cœur, qu’Il trouve les motivations pour agir. Il agit à partir de ce qu’Il est Lui-même. L’état pitoyable de Son peuple lui donne certainement l’occasion extérieure. Mais Il agit selon ce que Lui est, et non selon ce qu’Il trouve chez l’homme.

Cette vérité bénie, nous la trouvons déployée encore plus clairement plus tard dans le Nouveau Testament. C’est ainsi par exemple qu’Éphésiens 1 montre que Dieu, dans Sa grâce, a choisi les Siens déjà avant la fondation du monde, avant même qu’il fut aucunement question de péché (Éph. 1:3 et suiv.). Ce n’est qu’au chapitre 2 que le Saint Esprit en vient à parler de ce dernier point. Ce qui a amené Dieu à agir merveilleusement envers nous, ce n’est pas notre état en tant que morts spirituellement dans nos fautes et nos péchés, mais c’est ce qui était pour nous dans Son cœur avant que le monde fut. C’est selon Son propre dessein qu’Il nous a donné la grâce dans le Christ Jésus dès avant les temps des siècles [= temps éternels] (2 Tim. 1:9). Ce n’est que par la foi que nous pouvons saisir quelque chose de la profondeur de ce conseil, et adorer pour cela Celui dans le cœur duquel il y a eu de telles pensées d’amour.

Quant à l’état du peuple d’Israël à l’époque, il était triste et lamentable. Mais Dieu avait pris connaissance de tout de manière précise, et Il avait entendu leurs soupirs. Bien que dans le récit historique de l’Exode, nous n’entendions pas parler qu’ils aient fait appel à Lui, cependant leur sort a ému Son cœur. Quelle grâce et quelle tendresse nous reconnaissons ici ! Ajoutons surtout que ce sont ces pauvres israélites en esclavage qu’Il appelle « mon peuple ». Tout autre que Lui n’aurait-il pas commencé par les amener dans un état qui lui corresponde avant de s’identifier à eux ? Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser combien Dieu nous a aimés : « mais Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5:8). Également en Luc 15, le père court à la rencontre du fils perdu, étant ému intérieurement. Bien qu’il fut encore revêtu de haillons, il lui saute au cou et l’embrasse très fort. Ce n’est qu’après cela, qu’il fait apporter la plus belle robe pour l’en revêtir. Voilà comment agit la grâce.

L’intention de Dieu dans ces paroles est claire : « je suis descendu pour les délivrer ». Le mot grec pour « délivrer », dans la forme où il est ici, signifie à la fois « libérer » et aussi « mettre à part pour soi », « choisir pour soi ». Dieu n’avait pas seulement en vue de libérer les fils d’Israël de leurs terribles fardeaux et de leur esclavage. Il avait devant Lui quelque chose de plus élevé à leur égard, Il voulait les avoir pour Lui-même. Il le leur rappelle plus tard : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi. Et maintenant, si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples » (Ex. 19:4, 5). Quand le Seigneur Jésus s’est donné Lui-même pour nous, Il l’a fait « afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2:14). C’est quelque chose de béni de suivre à la trace le parallèle entre la manière dont Dieu agit avec Israël et avec nous.

La mission confiée par Dieu à Moïse vient à la suite : « et maintenant viens, je t’enverrai en Égypte » (7:34). Si Dieu donne une mission, Il donne aussi la force et la sagesse pour l’exécuter. Combien souvent nous omettons de le voir à cause de notre petite foi ! Moïse non plus ne l’a pas vu. Quarante ans auparavant, c’est par sa propre force qu’il voulut agir en libérateur, mais maintenant que Dieu lui en donne clairement la mission, il soulève à l’encontre objection sur objection, jusqu’à la limite de l’incrédulité. Voilà comment nous sommes ! Nous tombons facilement d’un extrême dans l’autre. Cependant Étienne passe sous silence cette faiblesse de Moïse, pour présenter plutôt à ses juges Juifs ce que contenait en réalité la mission de Dieu à Moïse à l’égard d’Israël.

 

2.4.3.6.4        Actes 7:35

« Ce Moïse qu’ils avaient rejeté, disant : Qui t’a établi chef et juge ? Celui-là, Dieu l’a envoyé pour chef et pour libérateur, par la main de l’ange qui lui était apparu au buisson » (7:35).

Étienne ne cite pas seulement des histoires de l’Ancien Testament, ici celle de Moïse, mais dans ce qu’il a choisi, il y a une intention : il veut montrer les parallèles existant entre l’exemple d’autrefois et Jésus, entre leurs pères et eux-mêmes. L’homme que les pères désavouaient, était justement l’instrument prévu par Dieu pour être leur conducteur et leur sauveur. Il en avait déjà été ainsi dans l’histoire de Joseph. Ses frères commencèrent par le rejeter. La deuxième fois ils furent pourtant obligés de l’accepter. La même chose se répète maintenant avec Moïse. La première fois qu’il vint vers ses frères, ils le repoussèrent. Cependant la deuxième fois, ils furent conduits à le recevoir. Nous allons revenir là-dessus de plus près.

Effectivement le parallèle avec Christ ne peut pas être méconnu. Quand Il vint à eux la première fois pour les sauver non seulement de leurs péchés, mais aussi de leurs ennemis extérieurs, les Juifs Le rejetèrent comme leur Messie. Il était la « pierre » méprisée par ceux qui bâtissaient, mais qui, par Dieu, est devenue la pierre angulaire (4:11). Dieu L’avait élevé à Sa droite comme « Prince et Sauveur » (5:31). Ici Il est vu prophétiquement comme « chef et libérateur ».

Quand Il viendra sous ce caractère pour la seconde fois auprès de Ses « frères », le résidu le recevra par la foi. Car « Il enverra ses anges avec une grand son de trompette ; et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout » (Matt. 24:31), pour les introduire dans son royaume et les bénir. Nous avons déjà vu par l’histoire de Joseph qu’ils doivent auparavant traverser de profondes tribulations.

L’expression par la main de l’ange signifie que Moïse devait exécuter sa mission reçue de Dieu avec l’aide et dans la puissance de l’Ange qui lui était apparu dans le buisson d’épines, c’est-à-dire avec l’aide et la puissance de Dieu lui-même. Quelle consolation ce dût être pour Moïse de savoir que la main et la puissance de l’Ange de l’Éternel l’accompagneraient toujours dans sa mission difficile !

Nous sommes frappés par une particularité de la manière de parler d’Étienne : Dans les quatre versets 35 à 38, il n’utilise pas moins de cinq fois un pronom démonstratif qui accentue — ce, celui-là, c’est lui qui — et chaque fois ce pronom démonstratif se rapporte à Moïse. C’est comme si Étienne érigeait une pyramide gigantesque au sommet de laquelle il n’y a plus qu’une pierre de faîte qui s’emboite correctement : le rejet de Christ par l’incrédulité d’Israël. Partant d’une base large, toutes les lignes de son discours convergent vers cette conclusion.

Il n’avait pas accusé ses juges devant Dieu, mais il leur faisait entendre la Parole de Dieu, y compris Moïse lui-même. Le Seigneur Jésus n’avait-Il pas agi de la même manière avant lui ? « Ne pensez pas » avait-Il dit « que moi, je vous accuserai devant le Père ; il y en a un qui vous accuse, Moïse en qui vous espérez. Car si vous croyiez en Moïse, vous me croiriez aussi ; car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles » (Jean 5:45-47). Ce Moïse que les pères avaient rejeté en disant « Qui t’a établi chef et juge ? », ce Moïse Dieu l’avait envoyé pour être à la fois chef et libérateur. Que pouvaient-ils dire là-contre ? Voyaient-ils le parallèle avec ce qu’ils avaient fait à Jésus. En fait la « pyramide » était en train de terminer sa pointe !

 

2.4.4       Moïse au désert — Actes 7:36

Étienne poursuit la ligne de son discours avec un nouveau « c’est lui qui », qui renforce ce qui précède :

« C’est lui qui les conduisit dehors, en faisant des prodiges et des miracles dans le pays d’Égypte, et dans la mer Rouge, et au désert pendant quarante ans » (7:36).

Selon le mandat de l’Ange que Moïse avait vu dans le buisson d’épines ardent, Moïse retourna en Égypte pour en faire sortir son peuple. Il le conduisit effectivement dehors, avec des signes et des prodiges qui montraient qu’il était le libérateur envoyé par Dieu lui-même. La main de l’Éternel était avec lui et lui fit accomplir des miracles en Égypte, à la mer Rouge et au désert.

Jésus le Nazaréen, n’avait-Il pas été approuvé de Dieu par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu avait faits par Lui au milieu du peuple juif (2:22) ? Oui, Dieu avait été avec Lui, quand Il passait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance » (10:38). Dieu L’avait oint de l’Esprit Saint et de puissance pour Son service. Cela ne pouvait pas être dit de la même manière de Moïse. Christ est une personne de la Déité, Il est Dieu et possède en Lui-même la puissance, même si, comme homme, Il ne l’utilisait que dans la dépendance de Dieu. Moïse à l’inverse de cela, ne possédait aucune source de force en lui-même, parce qu’il n’était qu’un homme. Sans la force de Dieu il ne pouvait rien du tout.

Avec ce verset, quarante ans sont mentionnés pour la troisième fois. Ils couvrent la troisième et dernière époque de la vie de Moïse à laquelle nous arrivons maintenant. N’a-t-elle pas été la plus difficile ? Pendant quarante ans Moïse a conduit le peuple à travers le désert, et a fait des miracles au milieu d’eux. Si Dieu ne l’avait pas tenu debout par Sa puissance, il n’aurait pas pu tenir un seul jour. C’est ainsi que Paul ultérieurement dans la synagogue d’Antioche de Pisidie ramène tout directement à Dieu et dit : « Il les en fit sortir à bras élevé. Et il prit soin d’eux dans le désert, comme une mère, environ quarante ans » (13:17, 18). Quelle expression touchante : « il prit soin d’eux, comme une mère, environ quarante ans ». Oui, Dieu les a portés comme un homme porte son fils, tout le long du chemin qu’ils parcoururent jusqu’à ce que finalement ils arrivent « en ce lieu-ci » (Deut. 1:31). Nous pouvons relier cela aussi à notre chemin à travers le « désert », et nous y trouvons une riche consolation. Dieu va-t-Il moins prendre soin de Ses enfants aujourd’hui, va-t-Il moins les porter sur le chemin à travers « ce grand et terrible désert » (Deut. 1:19) que son peuple autrefois ?

Mais la signification proprement prophétique de la délivrance du peuple d’Israël hors d’Égypte, et de sa préservation dans le désert, dirige les regards vers des jours encore à venir. Quand la nation comme telle aura entièrement apostasié de la foi, quand le judaïsme aura accepté l’homme de péché, et que Satan sera adoré comme le vrai Dieu dans le Temple, alors Un plus grand que Moïse viendra, et en tirera un résidu selon l’élection de la grâce, et le conservera pour son royaume glorieux. Les paroles du prophète Joël que Pierre cite au ch. 2 de notre livre trouveront alors leur plein accomplissement : « et je montrerai des prodiges dans le ciel en haut, et des signes sur la terre en bas, du sang et du feu, et une vapeur de fumée ; le soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne la grande et éclatante journée du Seigneur. Et il arrivera que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (2:19-21).

Le Seigneur Jésus parle aussi de ce temps-là dans son grand discours prophétique de Luc 21 : « Et il y aura des signes dans le soleil et la lune et les étoiles, et sur la terre une angoisse des nations en perplexité devant le grand bruit de la mer et des flots, les hommes rendant l’âme de peur et à cause de l’attente des choses qui viennent sur la terre habitée, car les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors on verra le fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire » (Luc 21:25-27). « Et le rédempteur viendra à Sion et vers ceux qui, en Jacob, reviennent de leur rébellion, dit l’Éternel » (És. 59:20).

Or les Juifs de l’époque, n’ont bien sûr pas vu que la délivrance d’Israël hors d’Égypte, par le moyen de Moïse, avait cette signification prophétique à longue portée. Mais ce qu’ils pouvaient voir et ce qu’ils auraient dû voir, ce sont les parallèles entre Moïse et Christ, entre les actions des pères et les leurs. Ils prétendaient croire en Moïse, et ils se glorifiaient de ce grand prophète. Mais avaient-ils aussi conscience que « ce Moïse » était à tous égards le précurseur du Messie, et qu’il avait prophétisé à Son sujet ? Nous en doutons beaucoup. C’est pourquoi Étienne signale à ses auditeurs une déclaration de Moïse tout à fait remarquable, et il dit :

 

2.4.4.1.1        Actes 7:37

« C’est ce Moïse qui a dit aux fils d’Israël : Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi ; écoutez-le » (7:37).

Quelque temps auparavant dans le parvis du temple, Pierre avait déjà rappelé aux Juifs cette citation, et il l’avait appliquée à Jésus Christ (3:20-23) : Il était le Messie, Il était celui dont Moïse avait parlé. Pouvaient-ils nommer une autre personnalité à laquelle s’appliquât ce que Moïse avait prédit ? Naturellement il n’a pas manqué, plus tard du côté juif, de gens pour le prétendre, et pour alléguer que des hommes très divers étaient l’accomplissement de la promesse de Moïse. C’est ainsi, par exemple, que quelques rabbins y ont vu Josué, d’autres Jérémie, etc. En tout cas, aucun de ceux qui ont été nommés, ne tient la comparaison qui exige « un prophète comme moi ».

Dans une circonstance solennelle, Dieu avait dit à Aaron et à Marie à l’égard de Moïse : « S’il y a un prophète parmi vous, moi l’Éternel, je me ferai connaître à lui en vision, je lui parlerai en songe. Il n’en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute ma maison ; je parle avec lui bouche à bouche, et en me révélant clairement, et non en énigmes ; et il voit la ressemblance de l’Éternel. Et pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ? » (Nb. 12:6-9). Dieu a-t-il jamais parlé ainsi d’aucun autre prophète en Israël ? Les paroles qui terminent le Pentateuque donnent la réponse : « Et il ne s’est plus levé en Israël de prophète tel que Moïse, que l’Éternel ait connu face à face, selon tous les signes et les merveilles que l’Éternel l’envoya faire dans le pays d’Égypte contre le Pharaon et tous ses serviteurs et tout son pays, et selon toute cette main forte, et selon tous les terribles prodiges que fit Moïse aux yeux de tout Israël » (Deut. 34:10-12).

Non, il n’y a plus jamais eu en Israël de prophète comme Moïse, qui ait pris la position de médiateur entre Dieu et les hommes — jusqu’à ce que Jésus Christ vienne. Et les accusateurs auraient dû accepter la question posée tacitement par l’accusé, de savoir s’ils avaient effectivement attendu ce prophète que Moïse avait annoncé. S’ils avaient cherché du regard celui qui avait été promis, ils auraient dû Le reconnaître dans la personne de Christ.

Étienne savait qu’ils ne croyaient pas, et c’est pourquoi, avec son cinquième « celui-ci » ou « c’est lui qui », il insiste sur la pensée de médiation de Moïse pour accentuer encore davantage le parallèle avec Christ :

 

2.4.4.1.2        Actes 7:38

« C’est lui qui fut dans l’assemblée au désert, avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï, et avec nos pères ; qui reçut des oracles vivants pour nous les donner » (7:38).

Effectivement, en rapport avec l’assemblée d’Israël au désert, Moïse a pris une position de médiateur, car d’un côté il était « avec l’Ange » et d’un autre côté « avec nos pères ». Nous avons déjà vu à l’occasion du v. 30 que, par son expression « l’Ange », Étienne entend l’Ange de l’Éternel, c’est-à-dire Dieu Lui-même, et non pas un ange créé. C’est ainsi que Moïse se tenait entre Dieu et le peuple d’Israël. Sa médiation est encore soulignée par le fait qu’il reçut des oracles vivants de la part de Dieu pour les transmettre au peuple.

Quelques expressions dans ces versets méritent d’être vues de plus près avant de continuer. Quand il est parlé de « l’assemblée au désert », nous rencontrons la même expression dont le Nouveau Testament se sert pour décrire l’assemblée du Dieu vivant, « l’assemblée » (en Grec ekklesia), mais cela n’a rien à voir avec notre passage. L’assemblée de Dieu, le corps de Christ, est un organisme céleste et elle fait partie du mystère qui n’avait pas été donné à connaître aux fils des hommes dans les temps de l’Ancien Testament (Éph. 3:5). En outre dans le Nouveau Testament, l’assemblée n’est pas vue « au désert », mais elle est vue comme liée à Christ « dans les lieux célestes » (Éph. 1:21-23), même que les membres de ce corps soient encore sur la terre. Dans notre verset, par contre, il est question de l’assemblée d’Israël, du peuple qui a été conduit au désert après la délivrance de la puissance de l’Égypte, et qui y a reçu la loi. Cette section de l’histoire du peuple d’Israël est aussi introduite en Exode 16 par les mots suivants : « Et ils partirent d’Élim, et toute l’assemblée des fils d’Israël vint au désert de Sin, qui est entre Élim et Sinaï » (Ex. 16:1).

Quand un même concept est utilisé ici ou là, ne pensons pas qu’il doive partout s’agir de la même chose. C’est le contexte qui décide chaque fois de la signification.

L’expression « les oracles vivants » désigne manifestement la Loi, que le médiateur Moïse a reçue par la disposition des anges, comme Étienne l’exprime plus tard (7:53). Il en est aussi parlé en Rom. 3 : « Quel est donc l’avantage du Juif, ou quel est le profit de la circoncision ? — Grand de toute manière, et d’abord en ce que les « oracles de Dieu » leur ont été confiés » (Rom. 3:1, 2). Nous pouvons être étonnés de ce que la Loi soit qualifiée d’oracles vivants, mais cela se rattache probablement au fait que ces oracles provenaient directement de la bouche du Dieu vivant, et étaient pour « la vie » (Rom. 7:10).

Moïse n’a donc pas seulement été caractérisé par des miracles et des signes prodigieux, mais par le fait qu’il reçut de Dieu des oracles vivants pour les transmettre au peuple. Cette position d’intermédiaire entre Dieu et le peuple était typique pour lui. Si grand que cela fût en soi, l’image même de cet homme était pourtant bien pâle, quand nous passons de la préfiguration à son accomplissement dans la personne du Seigneur Jésus, dont Moïse n’était que l’ombre ! Le Seigneur Jésus n’a pas été seul à accomplir des signes, miracles et prodiges puissants parmi le peuple, mais quand Il a été ici-bas, il s’est passé quelque chose d’encore plus grand : Dieu nous a parlé « dans le Fils » ou « en Fils » (Héb. 1:1) — dans la personne de Celui qui est Lui-même la « Parole », la « Parole de vie », la « vie éternelle » (Jean 1:1 ; 1 Jean 1:1, 2 ; 5:20). Combien cela est infiniment plus et plus élevé, que de recevoir de la part de Dieu une Loi que personne ne pouvait garder, et qui, à cause de cela, conduisait à la mort ! Oui la Loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ (Jean 1:17).

Personne n’a jamais vu Dieu ; dans les temps de l’Ancien Testament, Il ne s’était donné à connaître que de manière fragmentaire. Mais quand le Fils de Dieu est entré en scène sur cette terre, Il a parfaitement révélé Dieu ici-bas, — si parfaitement qu’Il a pu être nommé « l’image du Dieu invisible » (Col. 1:15). Cette merveilleuse révélation de Dieu dans le Fils est tracée dans le Nouveau Testament ; et même « les anges désirent de regarder de près » dans ces choses (1 Pierre 1:12). Il n’y a en vérité qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : « l’Homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Tim. 2:5, 6). En Lui, Dieu est venu Lui-même jusqu’à nous. Ce n’est que dans l’homme Christ Jésus que Dieu montre pleinement qui Il est. Christ seul est l’image du Dieu invisible (Col. 1:15). Avons-nous tous déjà contemplé la face de Christ et y avons-nous aperçu la gloire de Dieu (2 Cor. 4:6) ?

Cependant comment les pères s’étaient-ils comportés vis-à-vis de Moïse, qui était le médiateur et le conducteur que Dieu leur avait accordé pour le désert ? La section suivante du discours d’Étienne s’applique à répondre à cette question, et nous éprouvons combien le témoin courageux de Dieu s’est fait un devoir d’amener définitivement les choses au point critique.

 

2.4.5       Le rejet de la grâce de Dieu en Moïse — Actes 7:39, 40

Étienne n’était-il pas accusé d’avoir prononcé des paroles blasphématoires contre Moïse ? Cette partie de son discours prouve exactement le contraire. Cependant ces accusations ne venaient-elles pas justement et de manière caractéristique, des descendants de ceux qui avaient rejeté Moïse pour la deuxième fois ?

 

« Auquel nos pères ne voulurent pas être soumis ; mais ils le repoussèrent et retournèrent de leur cœur en Égypte, disant à Aaron : Fais-nous des dieux qui aillent devant nous, car, quant à ce Moïse, qui nous a conduits hors du pays d’Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé » (7:39, 40).

Quand Étienne parle de « nos pères », il s’identifie au peuple et à ses fautes — une attitude qui nous convient également en face des fautes de la chrétienté.

Les pères répétaient les fautes que les patriarches avaient précédemment commises contre Joseph, et ils rejetaient Moïse pour la seconde fois, avons-nous remarqué.

Après la sortie d’Égypte, malgré les miracles puissants qui ont été faits, ils n’ont pas davantage voulu lui obéir, et ils le repoussèrent. En le rejetant, ils rejetaient Dieu qui L’avait envoyé.

Les auditeurs d’Étienne ne commençaient-ils pas à voir petit à petit qu’eux, les enfants de ces pères, étaient tombés dans les mêmes fautes, mais pire encore du fait qu’ils repoussaient Christ ? N’était-ce pas le moment de s’arrêter, et de repenser de façon complètement nouvelle tous leurs actes ?

 

2.4.5.1      Vous ne l’avez pas voulu — Matt. 23:37

Ce n’est pas par hasard qu’Étienne répète l’expression du v. 27: « il le repoussa, ils le repoussèrent ». Par cela il renforce le double rejet de Moïse par les pères. Et il touche le fond même de leur refus : ils ne voulaient pas être obéissants parce que leurs cœurs étaient retournés en Égypte. Nous ne trouvons pas ces paroles sous cette forme dans le récit historique de l’Ancien Testament. Elles sont effectivement une sorte de commentaire ou d’exposé, et nous ferons bien de nous les appliquer.

Le cœur comme siège de la volonté avait pris une mauvaise direction chez les fils d’Israël, et c’était là ce qui était fatal. C’est toujours le point critique : on ne veut pas obéir à Dieu parce que les sentiments intérieurs sont dirigés vers autre chose. C’est pourquoi dans le livre des Proverbes, nous sommes invités à prendre garde à notre cœur « plus qu’à tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (Prov. 4:23) ; ce qui veut dire : là — dans notre cœur — tombent les décisions qui influencent la vie de l’homme, de manière souvent irréversible.

Peu avant sa crucifixion, le Seigneur Jésus avait dû adresser cette parole effrayante aux conducteurs religieux devant lesquels Étienne devait maintenant parler et rendre compte : « vous ne l’avez pas voulu ». Si déjà autrefois, le prophète Jérémie devait se lamenter amèrement sur la fille de Sion (voir le livre des Lamentations), combien sont saisissantes les paroles du Seigneur sur cette ville coupable : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Matt. 23:37). Comme Jérusalem à ce moment-là avait rejeté froidement les efforts du Seigneur Jésus, ainsi aussi aujourd’hui il y a beaucoup de gens auxquels cette parole du Seigneur s’applique également, et qui devront l’entendre un jour de Sa bouche sous une forme ou sous une autre. Le Seigneur a voulu les sauver, mais c’est eux qui n’ont pas voulu. Aujourd’hui, Il est encore le Sauveur et Il est prêt à sauver tous ceux qui se repentent : la preuve en est simplement dans Son appel à la dernière page de la Bible : « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22:17).

En ce qui concerne les « pères » au temps de Moïse, il y a beaucoup à apprendre de leur comportement fautif. Le premier point, déjà considéré, est combien leurs cœurs étaient déjà retournés vers l’Égypte. En vérité ils n’avaient jamais réellement rompu dans leurs cœurs avec l’Égypte, et avec l’idolâtrie qu’ils y avaient pratiquée. Car dans la suite, il est devenu clair qu’ils étaient attirés, après comme avant, par les fêtes idolâtres de l’Égypte. Et aujourd’hui, si quelqu’un abandonne la position prise devant Dieu jusqu’à présent selon sa confession, alors nous devons en conclure pareillement, qu’il ne l’a jamais réellement comprise, ni acceptée dans son cœur.

 

2.4.5.2      Mon maître tarde à venir — Matt. 24:48

Étienne cite les paroles de ce temps-là qui montrent clairement, d’une manière effrayante, dans quel état de cœur étaient les pères à l’époque, lorsqu’ils ont repoussé Moïse loin d’eux. « Fais-nous des dieux… », quelle négation blasphématoire du seul vrai Dieu ! La confection d’une seule idole suffit pour cela. — « … qui aillent devant nous », mais vers où ? Sur leur chemin de retour vers l’Égypte ! Le Dieu vivant les avait tirés d’Égypte avec des miracles et des prodiges puissants, et maintenant, des idoles mortes issues de leur propre fabrication devaient les reconduire vers l’Égypte et faire à l’envers ce que Dieu avait opéré. Peut-on surpasser cette ingratitude et cette méchanceté du cœur de l’homme ? Et ne reconnaissons-nous pas derrière elles l’activité de l’adversaire de Dieu et des hommes ?

La justification fournie par les pères révèle à quel point Moïse leur était devenu indifférent : « car, quant à ce Moïse, qui nous a conduits hors du pays d’Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé ». « Ce Moïse », ces paroles ne frappent pas seulement par leur manque d’intérêt, mais aussi par leur mépris. C’est un exemple de l’usage méprisant du pronom démonstratif « ce » ou « celui-ci » que nous trouvons aussi dans le texte d’accusation mis au-dessus de la tête du Crucifié : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs ». Pourquoi devraient-ils se soucier davantage de Moïse resté si longtemps absent, et qui vraisemblablement ne reviendrait jamais ? Ainsi les pères rejetèrent Moïse pour la seconde fois, et violèrent la Loi de Dieu avant même qu’elle parvienne entre leurs mains. De quel outrage contre Dieu se rendaient-ils coupables, après avoir expliqué que Ses œuvres et Ses paroles étaient pratiquement nulles et non avenues !

Pourquoi Étienne présente-t-il tous ces détails historiques à ses accusateurs ? Parce qu’il prépare le point culminant de son discours : dans le fait que les pères n’avaient pas cru Moïse, mais qu’ils lui avaient été désobéissants et l’avaient rejeté, ils étaient devenus un tableau fidèle de ses auditeurs juifs ; car en rejetant le Médiateur Jésus Christ, ses auditeurs s’étaient rendus encore plus coupables que leurs pères.

N’y avait-il pas aussi un parallèle avec Christ dans le fait que les pères s’étaient dressés contre Moïse alors que celui-ci séjournait en haut sur la montagne auprès de Dieu, invisible pour eux ? Oui, le Seigneur Jésus fut refusé par Son peuple terrestre non seulement durant Sa vie ici-bas sur la terre, mais aussi après être monté au ciel et être disparu de leurs yeux. Jusqu’à aujourd’hui le peuple juif est resté captif de cette incrédulité.

La chrétienté comme telle ne sait rien faire d’un Christ absent, élevé, et invisible. Elle ne se soucie pas davantage de Celui pour lequel elle n’avait, sans cela, aucune affection. Et maintenant qu’Il est resté loin pendant près de deux mille ans, va-t-Il vraiment revenir comme Il l’a dit ? « Mon maître tarde à venir » est le langage du méchant esclave dans la parabole du maître (Matt. 24:48), et c’est le langage de tous ceux qui, certes, confessent extérieurement le Seigneur, mais n’ont aucune relation vraie et vivante avec Lui. Leur cœur est en « Égypte », c’est-à-dire incliné vers le monde, — une orientation des yeux dans laquelle quelquefois peuvent malheureusement aussi déchoir les vrais enfants de Dieu.

Une fois de plus nous apprenons que nous pouvons nous aussi tomber dans les fautes que le peuple d’Israël a commises. Et si le diable réussit à intercaler le monde entre nous et Celui qui nous a rachetés hors du monde (Gal. 1:4), alors le refroidissement qui s’ensuit dans nos relations avec le Seigneur s’accompagnera toujours de la cessation de l’attente de Son retour. Et le langage du méchant esclave devient aussi pratiquement le nôtre. Devons-nous alors nous étonner qu’en conséquence nous délaissions de plus en plus notre vocation céleste ? La ruine de l’église a commencé par cet état d’esprit : « mon maître tarde à venir ».

 

2.4.5.3      L’idolâtrie parmi le peuple de Dieu

Partant du fait que Christ est invisible aujourd’hui, le diable cherche à en tirer profit comme il le fit aux jours de Moïse : « Fais-nous des dieux qui aillent devant nous ». La présence invisible de Dieu ne suffit pas à l’homme. C’est ce que nous voyons chez les Israélites d’autrefois, comme aujourd’hui chez ceux qui sont chrétiens de nom, mais qui ne croient pas en Lui. À l’époque, comme aujourd’hui, ils veulent avoir quelque chose de visible — des dieux qu’on perçoit, des idoles qu’on admire, des modèles qu’on peut toucher. C’est ainsi que naquit le veau d’or à l’époque.

« Et ils firent en ces jours-là un veau, et offrirent un sacrifice à l’idole, et se réjouirent dans les œuvres de leurs mains » (7:41).

Le veau était l’emblème du dieu égyptien Apis en forme de taureau. Le fait que les fils d’Israël fassent maintenant un veau d’or révélait à quel point ils étaient encore tellement adonnés intérieurement au culte idolâtre de l’Égypte. Ils avaient servi des dieux étrangers de l’autre côté du fleuve et en Égypte (Josué 24:14), et maintenant dans le désert au pied du Sinaï, ils continuaient cette activité honteuse. Étienne mentionne deux points principaux en relation avec le veau d’or : ils apportèrent des victimes en sacrifice à ce qu’ils appelaient à juste titre une idole (ou : image de dieux), et ils se réjouirent dans les œuvres de leurs mains, c’est-à-dire que selon le modèle égyptien, ils célébrèrent une grande fête idolâtre avec des danses, des chants, et des réjouissances. Ce qui est spécialement effrayant, c’est qu’ils s’abandonnèrent à l’illusion qu’ils fêtaient leur « fête à l’Éternel » (Ex. 32:5).

N’y a-t-il pas aussi dans la chrétienté beaucoup de formes de cultes idolâtres, et ne croit-on pas, en général, qu’on peut servir Dieu par ce moyen ? En 1 Cor. 10 nous sommes expressément mis en garde contre l’idolâtrie, et l’apôtre Paul nous renvoie à l’exemple du peuple d’Israël : « Ne soyez pas non plus idolâtres, comme quelques-uns d’eux, ainsi qu’il est écrit : « le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ils se levèrent pour jouer » (1 Cor. 10:7).

Qu’est-ce pour nous aujourd’hui un culte idolâtre ? C’est quand nous n’accordons pas à Christ nos premières affections et notre adoration, mais que d’autres choses deviennent l’objet de notre vénération et de notre dévouement. Les vrais enfants de Dieu doivent aussi se tenir sur leur garde face à ce danger, comme le montre l’avertissement du vieil apôtre Jean quand il termine sa première épître en disant : « enfants, gardez-vous des idoles ».

 

« Et Dieu se retourna, et les livra au service de l’armée du ciel, ainsi qu’il est écrit au livre des prophètes : « M’avez-vous offert des bêtes égorgées et des sacrifices pendant quarante ans dans le désert, maison d’Israël ? Et vous avez porté le tabernacle de Moloch et l’étoile de votre dieu Remphan, les figures que vous avez faites pour leur rendre hommage ; et je vous transporterai au-delà de Babylone » (7:42, 43).

Quand Dieu se détourne des hommes, c’est le pire qui peut leur arriver dans le temps présent. Ceux qui ne veulent pas du tout Lui obéir, Il les laisse aller dans le chemin mauvais qu’ils ont choisi. C’est dans ce sens que le Seigneur mettait en garde un jour Ses disciples à l’égard des scribes : « Laissez-les ; ce sont des aveugles, conducteurs d’aveugles : et si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous d’eux dans une fosse » (Matt. 15:14). « Laissez-les ! », quelle parole bouleversante ! Comme règle générale, Dieu punit le pécheur en lui donnant de se livrer à son péché. Leurs propres péchés deviennent justement le moyen par lequel ils se ruinent eux-mêmes. Nous trouvons la même pensée en Romains 1 où l’apôtre Paul décrit l’abomination des peuples païens ; et il est dit par trois fois que Dieu les a « livrés », au v. 24 en rapport avec le corps, au v. 26 en rapport avec l’âme, au v. 28 en rapport avec l’esprit de l’homme.

Vis-à-vis d’Israël également, Dieu s’est vu obligé d’agir de cette manière. Quand ils ont préféré vénérer les idoles d’Égypte, au lieu de L’adorer Lui, le vrai Dieu, alors Il les a livrés au service de l’armée des cieux. Avoir comme objets de vénération le soleil, la lune, les étoiles plutôt que toutes les œuvres de leurs mains, pouvait leur paraître un progrès vers quelque chose de plus élevé. Ce n’était pourtant qu’un développement du mal. « En prétendant être sages, ils sont devenus fous » (Rom. 1:22). Ce dicton s’est vérifié dans le cas d’Israël.

Au lieu de continuer à citer les livres de Moïse comme il l’avait fait jusque-là, Étienne se met maintenant à se baser sur ce qu’a dit le prophète Amos. Quand pour introduire sa citation, il dit : « ainsi qu’il est écrit au livre des prophètes », il se base sur le fait que les Juifs considéraient les douze petits prophètes comme un seul livre. Étienne se sert manifestement de la traduction grecque de l’Ancien Testament, la Septante, ce qui explique amplement les différences par rapport au texte hébreu comme nous l’avons dans nos Bibles. L’art et la manière de citer amènent en outre à la conclusion qu’Étienne ne tenait pas son discours en araméen, mais en grec.

Le prophète Amos vécut et rendit témoignage dans un temps bien postérieur à celui de Moïse, à savoir celui de Jéroboam II qui a régné en même temps qu’Ozias roi de Juda (Amos 1:1). Il témoigne contre l’impiété des dix tribus du royaume du Nord, peu avant leur déportation vers la captivité assyrienne.

La première phrase de la citation est une question posée par l’Éternel au peuple d’Israël au temps de ce prophète. La forme de la question en grec fait attendre une réponse négative : « M’avez-vous offert des bêtes égorgées et des sacrifices pendant quarante ans dans le désert, maison d’Israël ? » — « Non », énonce la réponse. Israël s’était toujours montré comme un peuple idolâtre.

C’est de cela que le prophète devait faire souvenir ses contemporains, et c’est à cause de cela que Dieu les interpellait avec ce « maison d’Israël ». Même si leur idolâtrie avait encore augmenté en violence et en méchanceté vers la fin du royaume, c’est pourtant ainsi qu’Israël avait déjà servi des dieux étrangers durant les quarante ans de traversée du désert si longtemps auparavant. Les sacrifices qu’ils offrirent à Dieu pendant ce temps au désert, Dieu ne put pas les accepter. Dieu ne peut pas reconnaître des sacrifices qui viennent de cœurs idolâtres. En fait, « écouter [ou : obéir] est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille, meilleur que la graisse des béliers » (1 Sam. 15:22).

Étienne continue à citer le prophète Amos, mais sous la direction du Saint Esprit il suit le texte un peu modifié des Septante, et il dit : « Et vous avez porté le tabernacle de Moloch et l’étoile de votre dieu Remphan, les figures que vous avez faites pour leur rendre hommage ». C’est ainsi que se soulève la question de savoir si cela se rapporte au temps de la traversée du désert. Vraisemblablement non. Nous ne pouvons guère admettre que le tabernacle du témoignage, l’habitation de Dieu dans le désert (le « tabernacle ») soient nommés ici le tabernacle de Moloch. Car Étienne continue directement en suivant en parlant du tabernacle du témoignage dans le désert que leurs pères avaient eu.

Moloch et Remphan étaient des divinités du ciel, des étoiles ou des images d’étoiles auxquelles on offrait une vénération divine. Ils appartenaient à cette « armée du ciel » dont Étienne venait de parler. Cependant au temps de leur traversée du désert, les Israélites ne connaissaient pas encore ces dieux païens. Ce qu’Étienne veut exprimer est certainement ceci : l’idolâtrie qui a commencé au désert avec l’adoration du veau d’or, a été présente en Israël dans tous les temps qui ont suivi, et a eu son sommet dans l’adoration d’étoiles au temps où le royaume de Juda était proche de sa destruction (2 Rois 21:3-5).

Dieu avait expressément interdit l’adoration des étoiles et Il avait dit : « Et de peur que tu ne lèves tes yeux vers les cieux et que tu ne voies le soleil, et la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux, et que tu ne te laisses séduire et ne te prosternes devant eux, et ne les serves : lesquels l’Éternel, ton Dieu, a donnés en partage à tous les peuples, sous tous les cieux » (Deut. 4:19 ; comparer avec Deut. 17:3). Mais c’est justement ce commandement que le peuple d’Israël a transgressé, et ce fut la raison pour laquelle il perdit sa liberté comme nation, et fut emmené en captivité. Parole solennelle de la part de Dieu ! Il n’est pas possible pour Dieu de s’accommoder du mal, tôt ou tard Il le juge.

Amos parlait du jugement de Dieu sur le royaume du Nord, et annonçait sa déportation dans la captivité assyrienne : « Et je vous transporterai au-delà de Babylone ». Il est remarquable qu’aussi bien le texte hébreu que celui des Septante disent à cet endroit : « Damas » : « … au-delà de Damas ». Du fait qu’Amos ne parle que du sort des dix tribus, Damas est à sa place.

Cependant l’infidélité des deux tribus vis-à-vis du Dieu d’Israël amena, plus de cent ans plus tard, un jugement semblable sur le royaume du Sud : Juda et Benjamin furent emmenés en captivité Babylonienne. C’est pourquoi Étienne remplace « Damas » par « Babylone ». Effectivement l’expression utilisée par Étienne « au-delà de…. » indique un jugement de Dieu de portée beaucoup plus étendue sur ce peuple, — jugement qui lui-même n’est pas encore complètement accompli aujourd’hui. Et pas plus qu’autrefois les idoles que les fils d’Israël s’étaient faites n’ont pu les préserver du jugement de Dieu, pas plus dans l’avenir qui que ce soit pourra empêcher Dieu de faire ce qu’Il s’est proposé.

 

2.4.6       L’habitation de Dieu — Actes 7:44-50

Nous arrivons à la troisième partie du discours d’Étienne (7:44-50), et nous lui donnons un sous-titre qui s’écarte de ce qui précède, car nous devrions la nommer la grâce de Dieu en David et en Salomon, mais cette grâce n’est montrée que plus tard, et la pensée principale de cette section est l’habitation de Dieu — qu’il s’agisse du tabernacle dans le désert, ou du temple dans le pays de la promesse.

Dans cette section Étienne répond au reproche qu’on lui avait fait de parler contre les lieux saints et contre le temple. Ses accusateurs se vantaient de ces lieux saints et les vénéraient. Ils étaient remplis de fierté : que pouvait-il leur manquer, puisqu’ils se savaient en possession d’un tel sanctuaire ? Cependant un de leur prophète avait déjà mis en garde leurs pères contre cette illusion : « Ne mettez pas votre confiance en des paroles de mensonge, disant : C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! » (Jér. 7:4).

Ces lieux saints étaient-ils effectivement encore saints, maintenant qu’ils avaient mis dehors le Seigneur de gloire et L’avaient mis à mort ? Somme toute, Dieu habitait-Il encore dans leur sanctuaire ?

 

2.4.6.1      Le tabernacle du témoignage dans le désert — Actes 7:44-45

Ce sont des questions brûlantes qu’Étienne aborde maintenant, et il dirige de nouveau ses auditeurs vers leurs propres Écritures Saintes. Imperturbable et plein de sagesse divine, il avance par-là vers le sommet de sa « pyramide », le sommet de son argumentation. Va-t-il réussir à atteindre la conscience de ses auditeurs, et à les convaincre de leurs péchés ? À ce stade, il est loin de chercher à se défendre. Non, il veut amener ses juges et le peuple à la repentance.

« Nos pères avaient le tabernacle du témoignage dans le désert, comme avait ordonné celui qui avait dit à Moïse de le faire selon le modèle qu’il avait vu. Et nos pères, l’ayant reçu, l’introduisirent avec Josué, en prenant possession des nations que Dieu chassa de devant la face de nos pères » (7:44, 45).

Ici apparaît un contraste voulu par rapport à ce qui a été dit précédemment — entre le tabernacle de Moloch et le tabernacle du témoignage. Leurs pères, comme on l’a vu, s’étaient livrés dès le commencement à l’idolâtrie. Cela avait également eu lieu pendant les quarante ans au désert. S’étaient-ils tournés vers les idoles mortes, parce qu’ils avaient perdu le souvenir de la présence du Dieu vivant ? Non, dit Étienne, nos pères avaient le tabernacle du témoignage dans le désert, et ils l’avaient dans la forme exacte montrée par Dieu à Moïse sur la montagne (voir Exode 25:9, 40 ; Héb. 8:5).

Cette circonstance mérite une attention particulière, et Étienne renvoie à cela pour montrer que ce tabernacle était d’origine divine. Même son plan émanait de Dieu. Là où Dieu habite, tout doit correspondre à Lui et à Ses idées, tout doit être fait « selon le modèle ». Les pensées des hommes et les décorations des hommes n’ont aucune place dans Sa maison. Ce principe est encore valable tel quel aujourd’hui pour la maison spirituelle de Dieu, l’assemblée du Dieu vivant (1 Tim. 3:15), même s’il est largement méconnu dans la chrétienté. À la fin de cette section, nous reviendrons encore une fois là-dessus.

L’expression « tabernacle (ou : tente) du témoignage » indique que, dans la tente d’assignation, il y avait l’arche de l’alliance. En elle, était gardé le « témoignage », les deux tables de la Loi. C’est pourquoi elle est aussi nommée « arche du témoignage » (Ex. 25:22).

Mais alors que Dieu témoignait de Sa présence jour après jour dans le désert, n’est-il pas monstrueux que, malgré cela, les fils d’Israël emmenaient avec eux leurs idoles et les servaient ? Pouvait-il y avoir une expression plus claire de leur hypocrisie et de leur cœur double ? Et quand ils vinrent sous Josué dans le pays de la promesse, et que Dieu chassa les nations devant eux pour qu’ils puissent prendre possession du pays, leurs pères se chargèrent aussi du tabernacle du témoignage venant de la main de Moïse, et l’emportèrent avec eux dans le pays promis. Là ils eurent toujours le tabernacle avec eux, avec l’arche de l’alliance dedans. Voilà ce qui eut lieu durant toutes ces années de la période primitive durant laquelle les Cananéens furent chassés.

 

2.4.6.2      La maison de Dieu dans le pays de la promesse — Actes 7:46-47

Alors Étienne ajoute ceci :

« … jusqu’aux jours de David, qui trouva grâce devant Dieu, et qui demanda de trouver un tabernacle pour le Dieu de Jacob. Mais Salomon lui bâtit une maison » (7:45-47).

Ces paroles « jusqu’aux jours de David » n’expriment-elles pas un certain blâme ! Des siècles s’étaient écoulés avant qu’enfin il vint au cœur de l’un d’eux la pensée d’une habitation solide pour le Dieu d’Israël ! Il y avait en fait quelque chose de décevant dans cette pensée : « car aucune maison ne fut bâtie pour le nom de l’Éternel jusqu’à ces jours-là » (1 Rois 3:2) ! Seul David trouva cette grâce devant Dieu. Pendant toutes ces années intermédiaires, le tabernacle du témoignage était resté plus ou moins négligé. L’arche de Dieu était même tombée un jour aux mains des Philistins (1 Sam. 4:11 et suiv.). Combien cela était humiliant ! Et même après son retour, elle resta encore vingt ans à Kiriath-Jéarim dans la maison d’Abinadab (1 Sam. 7:1 et suiv.). Ce fut David qui fit sortir l’arche de sa retraite après des années, (2 Sam. 6:1 et suiv.), et l’amena à Jérusalem, dans la ville de David (2 Sam. 6:12). Il dressa là une tente pour elle (2 Sam. 6:17), car la tente d’assignation proprement dite se trouvait à l’époque à Gabaon (1 Chr. 16:39 ; 21:29 ; 1 Rois 3:4).

En ce temps-là, alors que l’Éternel avait déjà procuré du repos à ce roi pieux vis-à-vis de tous ses ennemis à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, il vint au cœur de David de trouver une habitation pour le Dieu de Jacob. Lui-même habitait dans une maison faite de cèdre, tandis que l’arche de Dieu habitait sous des tapis (2 Sam. 7:1 et suiv.). Cette disparité le troubla. Il est saisissant de trouver les réflexions de son cœur pieux exprimées dans le Psaume 132, et nous ne nous trompons sûrement pas en admettant qu’Étienne avait devant lui ces paroles : « Éternel, souviens-toi de David, et de toutes ses afflictions ! Comment il a juré à l’Éternel, et fait un vœu au Puissant de Jacob : Si j’entre dans la demeure de ma maison, si je monte sur le lit où je couche ; si je permets à mes yeux de dormir, à mes paupières de sommeiller, jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Éternel, des demeures pour le Puissant de Jacob ! » (Ps. 132:1-5).

C’était la grâce de Dieu qui avait opéré en David et qui avait suscité de telles pensées et de tels désirs dans son cœur. Certes, il ne devait pas lui-même exécuter ce projet, mais seulement son fils. Mais pour cela, Dieu voulut lui édifier à lui-même une maison qui se tienne de manière stable devant Lui pour l’éternité, de même que Sa royauté.

Étienne n’aborde pas les raisons pour lesquelles ce ne fut pas David qui construisit la maison, mais son fils. Il dit simplement, « Salomon lui bâtit une maison ». Ce raccourci exprime une certaine réprobation, non pas sur Salomon, mais sur l’état de cœur des accusateurs d’Étienne. Ils ne l’avaient pas seulement accusé de parler contre les lieux saints, mais ils lui reprochaient aussi le fait d’avoir dit que Jésus le Nazaréen détruirait ces lieux saints et changerait les coutumes. Étienne ne réfute même pas ce reproche. Mais parce qu’ils attribuaient une valeur si excessive au temple extérieur, qu’ils en oubliaient Dieu et Lui refusaient l’obéissance, il leur rappelle ce qu’un de leur grand prophète, Ésaïe, avait dit des siècles auparavant :

 

2.4.6.3      Le Très-Haut n’habite pas dans des demeures faites de main — Actes 7:48-50

« Mais le Très-haut n’habite point dans des demeures faites de main ; selon que dit le prophète : « Le ciel est mon trône, et la terre est le marchepied de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos ? Ma main n’a-t-elle pas fait toutes ces choses ? » (7:48-50).

De ce point de vue, c’est-à-dire dans un sens absolu, le Très-haut n’habite pas dans des habitations bâties par les hommes. Il est vrai que Dieu avait condescendu à remplir le temple de Salomon, au commencement, avec la gloire de Sa présence, de telle sorte que les sacrificateurs de l’époque ne pouvaient pas se tenir dedans à cause de la nuée, et ne pouvaient pas s’acquitter de leur service (1 Rois 8:10, 11). Il était tout à fait juste de reconnaître cette condescendance de la grâce de Dieu, et de l’honorer ; c’était même l’expression d’une vraie piété. Voilà un côté de la vérité qui demeure absolument. Nous en trouvons l’expression chez David et Salomon.

Mais un autre côté devait être pris en considération, le fait que Dieu est infini. Salomon l’avait déjà reconnu : « Voici les cieux, et les cieux des cieux, ne peuvent te contenir ; combien moins cette maison que j’ai bâtie ! » (1 Rois 8:27). Les créatures peuvent habiter dans des maisons faites de main, mais on ne peut pas confiner le Très-haut dans un bâtiment. Aucune maison, si magnifique soit-elle, ne peut réellement Le contenir. Mais les Juifs se comportaient comme si le Très-haut avait besoin d’un temple visible pour y habiter, tout comme les idoles païennes.

Pour contrer cette erreur, Dieu parle maintenant Lui-même, et à ceux qui voudraient Lui bâtir un temple Il explique ce qu’Il en pense. Dans cette mesure, le ciel lui-même est seulement « Son trône », Son siège royal. Le ciel lui-même n’est pas une maison ou un temple pour Lui. Il n’est que quelque chose faisant partie de ce que Sa main a créé. En ce qui concerne la terre, elle est encore beaucoup plus minuscule, pas plus qu’un marchepied pour Ses pieds. Quelle sorte de maison pourraient bien Lui bâtir des hommes pécheurs, dans laquelle Lui entrerait pour rester auprès d’eux ? À quoi servaient tous ces sacrifices s’ils étaient présentés avec un cœur si méchant ? Les versets d’Ésaïe 66 qu’Étienne ne cite pas, mais auxquels il a bien pu penser, donnent la réponse : « Celui qui égorge un bœuf, frappe un homme ; celui qui sacrifie un agneau, brise la nuque à un chien ; celui qui offre un gâteau, c’est du sang de porc ; celui qui présente le mémorial de l’encens est comme celui qui bénit une idole » (És. 66:3).

Non, le Très-haut n’habite pas dans des demeures faites de main. Par la bouche du prophète Ésaïe, Il montre clairement et sans équivoque qui est l’objet de Sa satisfaction : « c’est à celui que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole » (És. 66:2). Les conducteurs religieux du peuple d’Israël étaient-ils ce genre de personnes, et étaient-ils animés de cet état d’esprit ?

En outre la gloire de l’Éternel avait dû quitter le Temple depuis longtemps, certes à regret, mais elle y avait été forcée à cause de l’infidélité du peuple. Le prophète Ézéchiel montre de manière saisissante chacune des étapes qu’elle parcourt (10:4, 18 ; 11:23). « I-Cabod » (« privé de gloire » ; 1 Sam. 4:21) est resté écrit depuis lors sur Israël ; la gloire s’était détournée de ce peuple. Alors quand malgré tout, dans une grâce insondable, le Fils de Dieu est apparu parmi eux — un homme « en qui » habitait et « habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2:9) — alors ils abattirent ce temple et crucifièrent le Seigneur de gloire (Jean 2:19 ; 1 Cor. 2:8).

Quelle valeur pouvaient bien encore avoir pour Dieu ces lieux saints et ces fêtes juives ?

 

2.4.6.4      La maison de Dieu au temps du christianisme

Avant de quitter cette section sur l’habitation ou la demeure de Dieu, voyons une différence fondamentale entre le judaïsme et le christianisme. Ce n’est pas la seule, mais c’en est une très importante. Dieu habitait autrefois parmi Son peuple terrestre d’une manière symbolique — au moyen d’un temple. C’était Sa grâce, dans laquelle Il a condescendu à cela. Nous avons déjà vu tout cela. Et dans les temps futurs du règne de mille ans, il en sera de nouveau ainsi. Le même prophète qui dut annoncer le départ de la gloire de Dieu, a aussi prédit son retour : « Et la gloire de l’Éternel entra dans la maison par le chemin de la porte qui regardait vers l’orient » (Éz. 43:4).

Mais dans la période chrétienne, Dieu n’a jamais habité de cette manière parmi les hommes, et Il ne le fera jamais. Les temples matériels ou sanctuaires ou maisons de Dieu, comme on l’a déjà remarqué, sont étrangers au vrai christianisme, étrangers au Nouveau Testament. Aujourd’hui le « temple saint dans le Seigneur » est une habitation de Dieu par l’Esprit (Éph. 2:21, 22), une maison spirituelle, bâtie de pierres vivantes (1 Pierre 2:5). Ceux qui ont été rachetés par le sang précieux de l’Agneau forment eux-mêmes la maison, et Dieu y habite dans un sens absolu, c’est-à-dire non pas seulement symboliquement comme autrefois dans le temple de Salomon. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » dit l’apôtre Paul aux Corinthiens (1 Cor. 3:16). Malheureusement ces privilèges de la position chrétienne sont largement inconnus dans la chrétienté, y compris parmi les enfants de Dieu, ayant été ensevelis sous les gravats des traditions des hommes.

C’est pourquoi les paroles de Dieu adressées à l’époque par Étienne à ses auditeurs juifs, sont aussi d’une si grande importance pour nous et pour notre temps. La vérité que « le Très-haut n’habite pas dans des demeures faites de main » a une application encore plus directe pour nous que pour eux. Paul l’exprime plus tard devant les Grecs à Athènes : « Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main ; et il n’est pas servi par des mains d’hommes, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et la respiration et toutes choses » (17:24, 25).

Cela est lourd de conséquences : penser que Dieu n’a « pas besoin de quelque chose », par exemple pas besoin d’une « maison de Dieu » arrangée avec beauté, ou quelque chose de semblable. La chrétienté est pleine de choses de ce genre, dont on pense qu’elles sont nécessaires au culte rendu à Dieu, et qu’on doit servir Dieu avec elles. Dieu en a-t-Il vraiment besoin ? Sont-elles « selon le modèle », a-t-on consulté sa Sainte Parole à ce sujet ? Pas du tout ! On a beaucoup inventé librement, ou copié sur le culte juif, pour adapter le service divin au goût du cœur corrompu de l’homme.

Une pensée encore me touche dans ce contexte. Si c’est Christ lui-même, le Fils du Dieu vivant, qui bâtit « Son assemblée » (Matt. 16:18), n’est-ce pas une usurpation inouïe de faire ses propres églises ou cercles à son idée ? Croyons-nous vraiment que nous pouvons forcer Dieu à reconnaître ce que nous avons érigé dans l’indépendance à Son égard ?

Les Juifs de l’époque s’imaginaient cela bien sûr ; mais avec cela ils traitaient Dieu en réalité comme une idole à laquelle on pouvait dicter ce qui vous plaisait. C’était (et c’est encore) une erreur énorme. C’est pourquoi Dieu leur fait demander, avec désapprobation, quelle sorte de maison ils voulaient Lui bâtir à Lui, le Très-Haut, comme lieu de Son repos (7:49). Cependant Il n’en reste pas là maintenant. Son fidèle témoin, Étienne, devait leur adresser des paroles encore plus nettes — des paroles qui allaient « transpercer » leurs cœurs, les faisant frémir de rage (*).

 

(*) L’expression du v.54 (7:54) traduite par JND « ils frémissaient de rage », est traduite en allemand par « leurs cœurs furent transpercés ».

 

2.4.7       Le faîte de la pyramide

Les paroles de conclusion d’Étienne forment le sommaire et en même temps le sommet de ce qu’il a dit sous la direction du Saint Esprit. Ce sont des paroles courageuses et pleines de force, comme les oracles des prophètes de Dieu d’autrefois. Il applique maintenant ce qui a été dit, et même la loi elle-même, à la conscience de ses auditeurs avec la hardiesse et l’absence de crainte d’un apôtre Pierre (comparer 4:10, 11 et 5:29, 30)

 

2.4.7.1      Résistance à l’Esprit Saint — Actes 7:51

« Gens de col raide et incirconcis de cœur et d’oreilles ! vous résistez toujours à l’Esprit Saint ; comme vos pères, vous aussi » (7:51).

Beaucoup de lecteurs sont surpris par la soudaineté avec laquelle Étienne se tourne maintenant vers les conducteurs Juifs et leur fait entendre le jugement de Dieu à leur égard. Effectivement ses auditeurs de l’époque ont aussi été absolument abasourdis, pour ne pas dire plus, par ce virage véhément. Le récit ne fait apparaître aucune raison laissant supposer que l’orateur ait été perturbé ou interrompu par quelqu’un du sanhédrin. Bien au contraire nous pouvons considérer qu’après la citation d’Ésaïe 66, il n’y avait rien de plus à dire. La base de son argumentation était close. Il ne manquait plus que l’application morale directe à ses auditeurs.

Il leur parle imperturbablement de leur cou raide et de l’incirconcision de leurs cœurs et de leurs oreilles. Comme un chirurgien, il enfonce profondément son scalpel tranchant dans la mauvaise blessure pour découvrir tout la dégradation de son état. Il est étonnant de voir combien Étienne, par ses expressions, a « collé » à la Parole de Dieu écrite. Les parallèles entre les comportements de ses juges et de leurs pères en ressortent d’autant plus clairement. Et non seulement cela, mais ces parallèles devenaient par-là irrécusables.

L’Éternel n’avait-Il pas du qualifier le peuple d’Israël, dès le début de son histoire, de peuple de cou raide (Ex. 32:9 ; 33:3 ; Deut. 10:16). Mais cette inflexibilité devant Dieu n’est-elle pas caractéristique de tout homme par nature ? Certainement ! C’est pourquoi, sous la Loi, tout premier-né d’un âne devait être racheté au moyen d’un agneau. Sinon on devait lui briser la nuque (Ex. 13:13 ; 34:20). Nous avons tous la « nature d’un âne ». Ou bien nous laissons l’Agneau de Dieu nous en dépouiller, ou bien le jugement de Dieu nous atteindra inévitablement.

Les Juifs de l’époque portaient bien sur eux le signe de l’alliance, la circoncision, mais ils ne le portaient qu’extérieurement. Leurs cœurs et leurs oreilles étaient par contre « incirconcis ». Cela veut dire qu’ils refusaient à Dieu l’amour et l’obéissance, et qu’ils se tenaient sur le même terrain que les incirconcis qu’ils méprisaient, les peuples païens.

L’oreille est l’organe avec lequel on entend la Parole de Dieu, et on apprend Sa volonté ; le cœur est l’organe pour recevoir, garder, et obéir à cette Parole. Les deux sont souvent nommés ensemble dans l’Écriture, car ils vont ensemble (Prov. 2:2 ; 18:15 ; 22:17 ; 1 Cor. 2:9). Ainsi par exemple, on ne peut pas écouter sincèrement avec un cœur mauvais. C’est pourquoi le cœur est ici mentionné en premier, car le cœur contrôle l’oreille, et c’est lui qui l’ouvre ou la ferme. Il est le siège de la décision — pour ou contre Dieu. Dans la parabole du semeur, le Seigneur Jésus montre quatre états de cœur différents. Chacun de ces quatre groupes « entend la parole », mais chaque « terrain » du cœur décide du résultat, si du fruit pour Dieu sortira ou pas (Matt. 13:19-23).

À quoi sert-il de prendre une position juste selon sa profession, si l’on n’obéit pas à Dieu ? On peut être extérieurement juif ou chrétien, et cependant n’avoir aucun cœur pour Dieu et pour Ses pensées. L’exemple des Juifs est justement si instructif pour nous chrétiens. C’est pourquoi le Saint Esprit fait savoir aux croyants de Rome : « Car celui-là n’est pas Juif qui l’est au dehors, et celle-là n’est pas la circoncision qui l’est au dehors dans la chair ; mais celui-là est Juif qui l’est au-dedans, et la circoncision est du cœur, en esprit, non pas dans la lettre ; et la louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu » (Rom. 2:28, 29).

« La circoncision du cœur », — combien nous aussi nous manquons à nous soumettre de cœur à la volonté de Dieu ! Même si un vrai enfant de Dieu est en principe devenu « obéissant de cœur à la forme de doctrine » (Rom. 6:17), il y a dans la pratique beaucoup de manquements. Dans l’Ancien Testament, Dieu a dû se plaindre à maintes reprises du cœur incirconcis de Son peuple, et Il devait les inviter à circoncire « le prépuce de leur cœur » (Lév. 26:41 ; Deut. 10:16 ; Jér. 4:4 ; 6:10 ; 9:26). Et maintenant Dieu prononce Son jugement sur ceux qui accusent Son témoin Étienne : ils sont « incirconcis de cœur et d’oreille ».

Comme leurs pères, eux aussi ont toujours résisté à l’Esprit Saint. Dieu a porté les enfants de Son peuple tous les jours d’autrefois, selon le témoignage du prophète Ésaïe. Cependant Il continue : « Mais ils se rebellèrent et contristèrent l’Esprit de sa sainteté » (És. 63:9, 10). Dieu les bannit alors de leur pays, d’abord les dix tribus en Assyrie, puis les deux tribus à Babylone. Quand après soixante-dix ans d’exil, Il leur donna un résidu dans le pays de la promesse, alors Il rend le témoignage suivant à ce résidu par le moyen du prophète Aggée : « Je suis avec vous, dit l’Éternel des armées. La parole selon laquelle j’ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d’Égypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous : Ne craignez pas » (Aggée 2:4, 5). Malgré tous les manquements du peuple, Dieu est resté fidèle à Sa parole, et a opéré par Son Esprit au milieu du petit résidu fidèle — jusqu’au temps du Seigneur. Les conducteurs du peuple reconnaissaient-ils cette activité de l’Esprit ? Étienne leur donne ici une réponse écrasante.

Dans les trois passages qui sont juste maintenant devant nous (Actes 7:51 ; Ésaïe 63:10 ; Aggée 2:5), le Saint Esprit est mentionné, parce qu’Il est la personne de la Déité dans la puissance de qui la Parole de Dieu est appliquée au cœur et à la conscience des gens. La citation d’Aggée 2 souligne spécialement la relation entre la Parole et l’Esprit de Dieu. Elle s’exprime en outre aussi clairement dans la nouvelle naissance d’eau (une image de la Parole de Dieu) et d’Esprit (Jean 3:5). Dieu utilise certes des hommes comme instruments pour transmettre Son message, mais la puissance dans laquelle ils parlent et qui seule peut opérer dans le cœur, c’est la puissance du Saint Esprit. Quand on attriste le Saint Esprit ou qu’on lui résiste, cela revient à se rebeller contre Dieu et contre Sa Parole. C’est de ce péché que s’était justement rendue coupable la classe spirituelle supérieure du peuple juif.

Pensons seulement à un exemple tiré du temps où le Seigneur était encore parmi eux sur la terre. N’avait-Il pas chassé des démons par l’Esprit de Dieu ? Ils avaient soutenu méchamment qu’Il l’avait fait par Béelzébul, le chef des démons (Matt. 12:24-28). C’était le blasphème contre le Saint Esprit (Matt. 12:31 ; Marc 3:29 ; Luc 12:10). Ce péché ne pouvait pas leur être pardonné. — Remarquons en passant que ce péché ne pouvait être commis que lorsque le Fils de Dieu était sur la terre. Car le Saint Esprit ne peut jamais agir aussi parfaitement et aussi librement dans un homme qu’Il ne l’a fait dans le Seigneur Jésus. Mais alors, attribuer cette activité au diable est une attaque directe contre la personne du Saint Esprit, c’était le blasphème contre l’Esprit.

Quand, à la Pentecôte, l’Esprit de Dieu est venu sur la terre comme Personne, et a confirmé ce fait de manière merveilleuse par le parler en langues, on a alors entendu parmi les Juifs ces paroles moqueuses : « ils sont pleins de vin doux ». Comment les chefs religieux du peuple avaient-ils réagi depuis lors, quand des hommes comme Pierre et les autres apôtres annoncèrent le salut dans la puissance de l’Esprit ? Ils avaient agi exactement comme leurs pères !

 

2.4.7.2      Les prophètes : persécutés — Actes 7:52a

« Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? » (7:52a).

Il existe ce qu’on peut appeler une « descendance spirituelle », aussi bien dans le bon sens que dans le mauvais. Timothée est appelé à se souvenir que sa mère et sa grand-mère avaient déjà été croyantes (2 Tim. 1:5). C’était une bonne origine spirituelle, et elle se rattachait pour lui à une profonde bénédiction. Mais ici on a une descendance spirituelle dans le mal. Leurs pères ont toujours résisté au Saint Esprit, et eux aussi l’ont fait, étant les fils de leurs pères.

Il arrivait exactement la même chose qu’aux prophètes d’autrefois. À la question d’Étienne de savoir s’ils pouvaient nommer ne serait-ce qu’un prophète que leurs pères n’avaient pas persécuté, ils se virent obligés de ne pas répondre. Il leur avait déjà rappelé ce qui était arrivé à Moïse de la part de leurs pères, et ils savaient bien sûr l’histoire de l’envoi du prophète Jérémie auprès du roi impie Sédécias pendant la courte période de temps avant la déportation : comment il ne s’était pas humilié devant le message de Dieu, mais avait raidi son cou et endurci son cœur. Qu’est-ce que le chroniqueur en a retenu ? « Et l’Éternel, le Dieu de leurs pères, envoya vers eux par ses messagers, se levant de bonne heure et envoyant, car il avait compassion de son peuple et de sa demeure. Mais ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles, et se raillaient de ses prophètes, jusqu’à ce que la fureur de l’Éternel monta contre son peuple et qu’il n’y eut plus de remède » (2 Chr. 36:11-16).

La lignée des prophètes persécutés s’est poursuivie jusqu’à leur époque, jusqu’à Jean le Baptiseur. Parfois les messagers de Dieu étaient mis à mort à cause de leur fidèle témoignage. Les intentions meurtrières n’étaient pas toujours couronnées de succès comme dans le cas d’Élie ou de Jérémie, mais cela ne suffisait pas pour disculper ceux qui avaient poursuivi ce dessein. Ils n’en étaient pas moins meurtriers aux yeux du Seigneur. Étienne disait pour ainsi dire : « vos pères l’étaient aussi ».

Le Seigneur Jésus avait déjà signalé cette descendance spirituelle méchante aux scribes et aux pharisiens de Son temps (Matt. 23:29-32). Ils ornaient les tombeaux des prophètes mis à mort par leurs pères, et pensaient, de cette manière, se distancer des actions de leurs pères. Cependant justement parce qu’ils disaient : « si nous avions été dans les jours de nos pères, nous n’aurions pas pris part au sang des justes », ils montraient qu’ils n’étaient que des hypocrites, et qu’ils étaient les fils de ceux qui avaient tué les prophètes. C’est une chose d’ériger des monuments en l’honneur de ceux dont la voix d’exhortation ne peut plus atteindre les consciences, et c’en est une autre de se soumettre au témoignage que Dieu donne par Ses messagers.

Qu’est-ce qui, au fond, soulevait une pareille haine des Israélites contre les prophètes de Dieu au milieu d’eux ? La réponse à cette question nous révèle le cœur de l’homme, et pas seulement celui des Israélites : l’homme, y compris l’homme d’aujourd’hui, l’homme moderne, souhaite avoir des « prophètes » qui lui disent ce qu’il aime entendre. Quand autrefois le roi Josaphat demanda au roi d’Israël, Achab, s’il n’y avait pas encore un prophète de l’Éternel par lequel ils pourraient interroger Dieu, Achab répondit : « il y a encore un homme pour interroger l’Éternel par lui, mais je le hais, car il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais toujours du mal » (2 Chr. 18:6, 7). Au lieu de cela, Achab laissait prophétiser les faux prophètes qui lui promettaient du bien. Il ne se souciait pas de ce qu’un « esprit de mensonge » parlait par leur bouche. Quelle folie ! Et qu’arriva-t-il à Michée, le prophète de l’Éternel, qui avait parlé la vérité ? « Et Sédécias, fils de Kenaana, s’approcha et frappa Michée sur la joue, et dit : Par quel chemin a passé l’Esprit de l’Éternel, d’avec moi, pour te parler ? » (2 Chr. 18:23).

La présence de prophètes de Dieu parmi Son peuple était déjà en soi un signe de son bas état moral. Dans les temps de bien, ils n’étaient pas nécessaires. Mais quand les cœurs des fils d’Israël s’éloignaient de l’Éternel, leur Dieu, et se tournaient vers d’autres dieux, alors Dieu leur envoyait Ses prophètes pour atteindre leur conscience, et les ramener au vrai Dieu. Mais parce que l’homme n’aime ni Dieu ni Sa vérité, les envoyés de Dieu étaient régulièrement rejetés et persécutés.

Tout cela se répète dans les derniers jours du christianisme où nous vivons. Deux citations d’une épître du Nouveau Testament qui décrit ce temps-là peuvent suffire pour l’établir. « Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables » (2 Tim. 4:3, 4). « Et tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés », est-il dit un peu auparavant dans la même épitre (2 Tim. 3:12).

Bien des monuments de pays chrétiens aujourd’hui comportent l’image en pierre ou en bronze d’hommes de Dieu qui, en leur temps, ont été méconnus et persécutés à cause de leur témoignage. On peut bien manifester du respect à ces hommes aujourd’hui, mais est-on encore prêt à écouter la voix qu’ils ont élevée autrefois en faveur de la vérité de Dieu ?

 

2.4.7.3      Le juste : mis à mort — Actes 7:52b

« Et ils ont tué ceux qui ont prédit la venue du Juste, lequel maintenant vous, vous avez livré et mis à mort » (7:52b).

La corruption du cœur de l’homme apparaît particulièrement au grand jour en ce qu’ils ont précisément mis à mort les prophètes qui annonçaient la venue du Juste, c’est-à-dire du Seigneur Jésus. À première vue, cela peut nous surprendre. N’attendaient-ils pas leur Messie et le royaume en puissance et en gloire ? Certainement, ils soupiraient ardemment après ce grand libérateur qui devait les sauver de leurs ennemis et de leurs oppresseurs. Mais le royaume qu’ils avaient en vue était un royaume à leur goût, un royaume dans lequel eux joueraient un rôle important. Les droits de Dieu, au contraire, et ceux de Son oint, n’avaient aucune place dans leurs pensées. En bref : ils n’avaient aucun cœur pour le Christ de Dieu.

En outre le fait que les prophètes annonçaient la venue du Juste, peut expliquer la profonde aversion contre Lui. Christ ne devait pas seulement être juste en Lui-même, mais Il devait gouverner en justice. La première pensée nous a occupés en rapport avec le ch. 3 v.14 où Pierre utilise le même titre pour le Seigneur. Ici il semble davantage que ce soit la deuxième pensée qui soit au premier plan. Dans de nombreuses prophéties, nous la trouvons exprimée. « Voici, un roi régnera en justice, et des princes domineront avec droiture » (Ésaïe 32:1). « Il ne jugera pas d’après la vue de ses yeux, et ne reprendra pas selon l’ouïe de ses oreilles ; mais il jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre…. Et la justice sera la ceinture de ses reins et la fidélité, la ceinture de ses flancs » (Ésaïe 11:3-5). « Chaque matin, je détruirai tous les méchants du pays, pour retrancher de la ville de l’Éternel tous les ouvriers d’iniquité » (Ps. 101:8).

Les paroles prophétiques comme celles-ci déclenchaient de tout temps un malaise dans l’auditoire juif, et même plus que cela. En fait, les seuls qui peuvent se réjouir de ces paroles prophétiques, sont ceux qui possèdent la vraie foi dans le Dieu vivant. La masse du peuple juif n’avait pas cette foi. En conséquence les pères avaient, dans leur haine, fait taire par la force la voix des prophètes qu’ils n’aimaient pas. Et leurs fils ? Ah ! Quand le Juste dont les prophètes avaient parlé, est venu à eux, ils se sont rendus coupables d’un péché encore plus grave : ils sont devenus traîtres et meurtriers.

Quel contraste est montré clairement ici ! D’un côté il y a le Juste, que personne d’entre eux ne pouvait convaincre de péché (Jean 8:46) — et d’un autre côté des traîtres et meurtriers. Ce que leurs pères avaient fait de mal dans une mesure si effrayante, — ces juges devant lesquels Étienne se tenait, les avaient encore dépassés « maintenant », c’est-à-dire dans le passé très récent. Par le fait que les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple avaient fait usage des services d’un traître (Matt. 26:14, 15 ; 27:4 et suiv.), ils étaient devenus eux-mêmes traîtres vis-à-vis du Juste. Et par le fait qu’ils L’avaient livré à Pilate et avaient forcé celui-ci à Le crucifier (Jean 19:11), ils étaient devenus, eux, Ses meurtriers.

 

2.4.7.4      La loi : ils ne l’ont pas gardée — Actes 7:53

« Vous qui avez reçu la loi par la disposition des anges, et qui ne l’avez point gardée… » (7:53).

Voilà encore un point qu’Étienne devait reprocher à ses juges. Ils n’avaient pas seulement mis à mort le Juste quand Il était venu à eux. En plus, ils n’avaient pas gardé la Loi. Dans ces deux choses, ils avaient montré leur vrai état d’esprit, à savoir leur haine contre les envoyés de Dieu, et leur piété factice dans l’observation de la Loi. Ces deux points devaient être encore mis au clair. Leur position devant Dieu était d’être sur la base de la Loi, et ils n’en étaient pas peu fiers. Ils se figuraient garder la Loi dans les moindres détails. Pour prouver leur justice, ils s’étaient imposé, à eux et aux autres, toutes sortes d’ordonnances additionnelles, en partie futiles. Ils se glorifiaient de payer la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, mais ils laissaient de côté les choses plus importantes de la Loi : la justice, la miséricorde, la foi en Dieu et l’amour de Dieu (Matt. 23:23 ; Luc 11:42). « Hypocrites » : voilà le reproche que le Seigneur avait dû leur faire déjà à l’époque. Et maintenant ils L’avaient mis à mort indignement — ce Christ que la Loi et les prophètes avaient signalé depuis longtemps.

« Vous qui », c’est-à-dire « vous les gens de cette sorte, qui… ». Car c’est là la signification du pronom relatif « qui » avec lequel Étienne poursuit la phrase : « … vous qui avez reçu la loi… ». Bien qu’ils aient reçu la Loi d’une manière tout à fait céleste, ils n’en avaient pourtant pas tenu compte. Le meurtre terrible du Juste était déjà bien méchant, même s’ils n’avaient jamais rien entendu de la Loi de Dieu. Or Dieu avait fait d’eux Son peuple élu, et leur avait donné cette bonne Loi, et eux l’avaient méprisée de cette manière honteuse. Étienne était accusé d’avoir parlé contre la Loi. Mais en vérité, maintenant, c’était eux, ses juges, qui étaient sur le banc des accusés devant Dieu. Et voici la sentence de Son jugement : « … vous qui avez reçu la loi par la disposition des anges, et qui ne l’avez point gardée ».

L’expression « par la disposition des anges » dit bien que des anges ont participé au don de la Loi au Sinaï, et que Dieu s’est servi d’eux comme des instruments — cette circonstance n’est pas particulièrement mentionnée dans le livre de l’Exode. Une indication à ce sujet se trouve, en tout cas, en Deut. 33:2 : « l’Éternel … est venu des saintes myriades ».

Deux autres passages du Nouveau Testament confirment la déclaration d’Étienne, quoique chaque fois dans un but tout différent. Dans Galates 3 il est dit de la Loi « a été ordonnée par des anges par la main d’un médiateur » (Gal. 3:19). Ici ce qui est souligné c’est la subordination de la Loi par rapport à la promesse que Dieu a donnée à Abraham sans aucun médiateur. En Hébreux 2:2 il est parlé de « la Parole prononcée par les anges », et cela montre que si la transgression de la Loi recevait déjà sa juste rétribution, combien plus le mépris de la révélation que Dieu a donnée dans Son Fils devait avoir des conséquences encore bien plus graves.

À l’inverse de cela, Étienne attribue de la valeur au fait que Dieu leur avait donné la Loi par le moyen d’anges, et que malgré tout ils l’avaient rejetée. Il avait déjà parlé auparavant dans son discours d’un ange (7:30) et de l’ange (7:38). Mais c’était une figure pour Dieu lui-même, comme nous l’avons vu ; il ne me semble pas approprié de rapporter à Dieu le pluriel « par la disposition des anges » du v. 53. Ainsi nous pouvons déduire de tout cela que la portée donnée au mot « anges » au v. 53 est juste. Si Dieu utilise non pas des hommes faibles et terrestres pour leur transmettre la Loi, mais qu’Il utilise des êtres célestes, combien cela aggravait le caractère de leur péché s’ils la rejetaient !

Étienne atteint par-là le sommet et la fin de son discours profondément impressionnant, mais il n’a pas encore atteint la fin de son témoignage. Il avait montré aux conducteurs religieux du peuple les parallèles qu’il y avait entre leurs pères et eux-mêmes, dans le rejet de ceux que Dieu leur avait envoyés dans Sa grâce, et dans la non-observation de la Loi. Ils s’étaient montrés, de la plus triste manière, les fils de leurs pères, et ils avaient fait encore pire : ils avaient trahi et mis à mort Le seul réellement Juste. Il les avait accusés avec hardiesse de ce péché, et par-là il s’était rangé dans la lignée des prophètes qui, avant lui, avaient témoigné de la vérité de Dieu. Il était prêt à partager leur sort. C’était le sort de son Seigneur et Maître Lui-même, qui, d’une manière parfaite, avait rendu témoignage à la vérité (Jean 18:37).

Ses opposants n’avaient rien de concret à lui objecter. Un homme plein de foi et de l’Esprit Saint leur avait parlé, et avait encore une fois cherché à toucher leur cœur et leur conscience. Ce discours est un exemple vivant de la sagesse et de l’esprit avec lesquels il parlait, et à quel point ils ne pouvaient pas lui résister (6:10). Au lieu de cela, ils se réfugièrent dans un moyen que les hommes aiment saisir quand leurs arguments font défaut : ils font appel à la force.

Y avait-il eu jusque-là un peuple sur terre à qui avaient été confiés des privilèges plus grands que ceux du peuple d’Israël ? Y avait-il une nation à laquelle Dieu ait témoigné de Lui-même de manière plus merveilleuse ? Y avait-il jamais eu des gens ayant entendu une démonstration plus convaincante de la grâce de Dieu, et de la culpabilité de l’homme, que ces Juifs devant lesquels Étienne se tenait ? C’est pourquoi il n’y avait aucun peuple autant coupable que ce peuple-ci.

Avec la fin du discours d’Étienne et le rejet de son témoignage, un tournant lourd de conséquences intervenait dans les voies de Dieu. Car maintenant quelque chose d’autre arrivait « à sa fin » : Désormais Dieu n’adresserait plus de témoignage particulier de la grâce à cette nation en tant que telle. Il arriverait bien plutôt ce dont le Seigneur avait parlé dans la parabole du « roi qui fit des noces pour son fils » : le roi enverrait ses troupes et ferait périr ces meurtriers et brûlerait leur ville (Matt. 22:7). Effectivement il ne s’écoula que quelques décennies jusqu’à la destruction de Jérusalem par les Romains en l’an 70.

 

2.5      La mort d’Étienne — Actes 7:54-60

2.5.1       Des cœurs frémissant de rage — Actes 7:54

On considère, en général, qu’Étienne a voulu encore ajouter une parole de l’évangile, mais qu’il en fut empêché. Or c’était en fait l’intention de l’Esprit de Dieu de donner encore à ces Juifs, par le moyen d’Étienne, un dernier témoignage d’un genre particulier (7:56) ; ce n’est qu’après qu’il fut interrompu (7:57). L’écrivain du récit s’arrête d’abord un court instant pour dépeindre l’effet produit par les paroles du témoin de Dieu sur ses auditeurs.

« En entendant ces choses, ils frémissaient de rage (voir note plus haut) dans leurs cœurs, et ils grinçaient les dents contre lui » (7:54).

Les verbes « frémissaient » et « grinçaient » sont à l’imparfait, ce qui décrit un processus en cours, non encore terminé. En liaison avec le participe présent qui est juste avant « en entendant ces choses », nous sommes ramenés aux versets précédents : nous apprenons ce qui s’est passé chez les auditeurs pendant qu’Étienne parlait, surtout à l’ouïe de la fin de son discours.

Selon toute vraisemblance, ils étaient restés tranquilles tout le temps qui précédait, et avaient écouté avec intérêt. Il est même possible qu’ils aient accepté de reconnaître une certaine élégance à la plaidoirie de cet Helléniste. Peut-être n’avaient-ils même pas remarqué que tout dans cette « dissertation érudite » les visait, eux et leur comportement. Il était arrivé autrefois quelque chose de semblable au roi David coupable, quand le prophète Nathan lui avait raconté l’histoire de la petite brebis de l’homme pauvre. Ce n’est que lorsque le prophète lui eut dit « tu es cet homme », qu’il fut atteint comme d’un coup de massue, et qu’il comprit que Nathan parlait de lui (2 Sam. 12). C’est ce qui a dû se passer ici aussi. C’est quand Étienne, arrêtant son récit historique, leur jeta en face de manière inattendue « gens de cou raide… », que la colère et la fureur s’emparèrent d’eux.

Les paroles de Dieu exprimées par Étienne les atteignirent au plus profond d’eux-mêmes. Elles produisirent un résultat intérieur et un résultat extérieur. Nous retrouvons confirmé le fait que la Parole, quand elle est annoncée dans la puissance de l’Esprit, produit des effets soit en bien soit en mal. Personne ne reste le même qu’auparavant, quand la Parole l’a atteint. Pour celui qui l’entend, la parole annoncée est ou bien « une odeur de vie pour la vie », ou bien « une odeur de mort pour la mort » (2 Cor. 2:15, 16).

Ici le résultat est la haine et une inimitié féroce. Ils sont encore muets, ne trouvant pas un mot à dire dans leur colère. Satan a aveuglé et endurci leur cœur. Tout ce qu’ils peuvent faire sur le moment, c’est de grincer des dents. Dans leurs cœurs « ils frémissaient de rage ». Luc utilise ici la même expression forte qu’au ch. 5 v.33. Quand des cœurs d’hommes sont endurcis parce qu’ils se sont fermés volontairement à la Parole de Dieu, alors cette Parole a comme des dents pointues qui, tôt ou tard, les font frémir de rage. Il n’y a aucune belle perspective pour ceux qui ne veulent pas ouvrir leur cœur à la Parole de grâce !

 

2.5.2       Le ciel ouvert — Actes 7:55

Au milieu de cette foule en colère, un homme se tient dans une tranquillité complète et une paix profonde : c’est Étienne, le fidèle témoin de Dieu. Il est le seul, dans cette scène, à rayonner la tranquillité. L’Esprit de Dieu, l’Esprit de gloire, repose sur lui, comme dira plus tard l’apôtre Pierre : « Si vous êtes insultés pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux, car l’Esprit de gloire et de Dieu, repose sur vous… Mais que nul de vous ne souffre comme meurtrier ou voleur, ou comme faisant le mal, ou s’ingérant dans les affaires d’autrui ; mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas honte, mais qu’il glorifie Dieu en ce nom » (1 Pierre 4:14-16).

Luc continue sa description des événements qui vont en empirant :

« Mais lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu » (7:55).

Si les accusateurs sont la concrétisation des hommes qui résistent à l’Esprit Saint (7:51), inversement Étienne est l’exemple d’un homme rempli de l’Esprit Saint. Nous sommes facilement enclins à considérer que ceci allait de soi pour un homme de foi tel que lui, sans penser que nous avons dans son comportement un modèle pour tout vrai chrétien. Nous devrions tous être remplis du Saint Esprit (Éph. 5:18), et nous devrions tous faire davantage ce qu’Étienne a fait dans sa situation extérieurement menaçante : avoir les yeux fixés sur le ciel. Il ne regardait pas les visages sombres de ses ennemis, mais il regardait directement « dans le ciel », comme on peut aussi traduire. Et à ce regard fixé sur le ciel, il arriva quelque chose de grandiose et merveilleux : le ciel s’ouvrit à lui, en sorte qu’il put regarder dedans.

Le ciel s’était déjà ouvert en deux occasions précédentes. Il y a longtemps qu’il s’était ouvert à Ézéchiel, captif auprès du fleuve Kebar au pays des Chaldéens, à qui il fut accordé de voir la gloire de Dieu (Éz. 1:26-28), avant qu’il annonce le jugement prochain sur Juda et Jérusalem. Il vit déjà « sur la ressemblance du trône, une ressemblance comme l’aspect d’un homme, dessus, en haut » (Éz. 1:26). Six cents ans plus tard, le ciel fut ouvert au Seigneur Jésus après qu’Il se fut fait baptiser au Jourdain, et l’Esprit de Dieu descendit sur Lui comme une colombe (Matt. 3:16). Dans un jour encore à venir, le ciel s’ouvrira encore une fois. Le Seigneur viendra, escorté de Ses saints célestes, pour établir Son règne en puissance sur la terre (Apoc. 19:11). Et quand Il viendra comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le ciel s’ouvrira à nouveau, comme le Seigneur l’avait dit à Nathanaël, et les anges de Dieu monteront et descendront sur le Fils de l’homme (Jean 1:52).

Dans notre circonstance, personne n’est sorti du ciel, mais Étienne a vu la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Le Saint Esprit l’en a rendu capable. Il lui a ouvert les yeux du corps, afin de pouvoir regarder dans la gloire sans mourir. Ce que nous voyons par la foi (Héb. 2:9), Étienne l’a vu en réalité. Malgré tout, nous devrions aussi regarder fixement vers le ciel, parce que nous savons que c’est là que le Seigneur Jésus est à la droite de Dieu (Col. 1:3). Le faisons-nous, chers amis ? C’est la pierre de touche quant à l’état de notre âme.

Effectivement des conséquences bénies pour nous s’attachent toujours au fait de regarder en haut. Quand les disciples regardaient fixement vers le ciel au commencement du livre des Actes, tandis que le Seigneur s’en allait en haut, ils reçurent par le moyen de deux anges le message si consolant que « ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (1:10, 11). Cela peut nous encourager à faire pareil qu’eux, et à avoir nos pensées occupées de ce qui est en-haut, non pas de ce qui est sur la terre (Col. 3:2). Les cieux sont également ouverts pour nous. Aucun rideau ni couverture ne nous empêchent de regarder la gloire du Seigneur. Ainsi nous sommes transformés moralement à Son image (2 Cor. 3:18).

 

2.5.3       Le Fils de l’homme — Actes 7:56

Étienne vit littéralement la gloire de Dieu, mais il n’en parle pas. L’objet de son témoignage est bien plutôt le Fils de l’homme.

« Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (7:56).

Déjà Daniel avait vu dans sa vision « quelqu’un comme un fils d’homme » venant avec les nuées des cieux jusqu’à l’Ancien des jours (Daniel 7:13). David avait aussi chanté prophétiquement à Son sujet « comme le fils de l’homme » (Ps. 8:4). Quand l’accomplissement du temps fut venu, cette personne de la Déité est venue sur la terre, et est devenue homme pour « sauver son peuple de leurs péchés » (Matt. 1:21).

Le Seigneur Jésus a utilisé le titre de « Fils de l’homme » à maintes reprises, et Il se l’est appliqué à Lui-même à différents points de vue. C’est un titre qui parle aussi bien de Son abaissement que de Son élévation. S’Il était rejeté en tant que Christ de Dieu par Son peuple terrestre, c’est comme Fils de l’homme (acceptant le rejet) qu’Il chercherait et sauverait les perdus (Matt. 18:11 ; Luc 19:10). Finalement Il serait élevé sous ce caractère comme tête (chef) sur toutes choses, et non pas seulement sur tout Israël, mais Il régnerait sur toutes les nations, et même sur tout l’univers.

C’est dans ce sens qu’Étienne parle ici du Seigneur Jésus comme du « Fils de l’homme ». C’est la seule mention de ce titre en dehors des évangiles (hormis la citation de l’Ancien Testament en Héb. 2), et c’est la dernière fois de tous les livres historiques du Nouveau Testament. En dehors du Seigneur Lui-même, Étienne est le seul à avoir utilisé ce titre, et seulement dans ce passage — en tant qu’accusé devant le sanhédrin Juif !

Peu d’années s’étaient effectivement passées depuis qu’un autre prisonnier s’était tenu à la barre de ce même tribunal. Les motifs d’accusation avaient été à peu près les mêmes. Quand le souverain sacrificateur avait adjuré l’accusé, Jésus de Nazareth, de lui dire s’Il était le Christ, le Fils de Dieu, Celui-ci avait rompu le silence, et répondu : « Tu l’as dit. De plus, je vous dis : dorénavant vous verrez le fils de l’homme assis à la droite de la puissance et venant sur les nuées du ciel » (Matt. 26:63, 64). Là-dessus l’accusé fut trouvé coupable de blasphème et méritant la mort.

La même chose se répétait maintenant avec Étienne. Cependant rempli de l’éclat de la gloire céleste, Étienne voit le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. N’était-ce pas le témoignage divin de ce que, Celui qui avait été déclaré coupable de blasphème et mis à mort, vivait et avait maintenant pris Sa place de puissance à la droite de Dieu dans ce caractère de Fils de l’homme ? Oui, Jésus, le crucifié, était à la droite de Dieu !

Cependant ce n’était pas tout le message. Car pourquoi L’a-t-Il vu debout à la droite de Dieu ? On a beaucoup parlé et écrit là-dessus, et les avis divergent beaucoup. Ce qui est certain est que, dans tous les autres passages du Nouveau Testament où il est parlé de Sa place à la droite de Dieu, Il y est toujours assis. L’explication de ce changement de position, si l’on peut dire, n’est pas à chercher dans une succession chronologique de Ses diverses positions. Le Saint Esprit veut bien plutôt expliquer chaque fois quelque chose de précis, lorsqu’il montre Christ assis ou Christ debout.

Par exemple en Hébreux 10, il est dit que Christ « ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu » (Héb. 10:12), mais cela ne signifie pas qu’Hébreux 10 est à situer dans le temps après Actes 7 où on Le voit « encore debout ». Non ; après que Christ eût achevé l’œuvre de la Rédemption, Il s’est assis immédiatement et à perpétuité (c’est-à-dire de manière ininterrompue) à la droite de Dieu. Sous ce rapport, Il n’a plus rien à faire. C’est pourquoi Il prend une position assise. Et ainsi s’accomplit la prophétie extraordinaire du Ps. 110:1 : « L’Éternel a dit à mon Seigneur (Adonaï) : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour marchepied de tes pieds ».

C’est un côté tout différent qui nous est présenté en Actes 7. Ici il ne s’agit pas de ce que rien ne peut être ajouté à l’œuvre accomplie à Golgotha. Nous avons plutôt un dernier appel de Dieu au peuple juif. Pierre avait encore offert à la nation, s’ils se repentaient, des temps de rafraîchissements, et l’envoi renouvelé de Christ préordonné » (3:19, 20 ; voir commentaire correspondant, de la série : « Un peuple pour Son nom ») ; Son témoin Étienne a ensuite rendu un dernier témoignage à la gloire du Seigneur Jésus devant le peuple — non pas seulement à des Juifs individuellement (ce qui aura encore lieu plus tard), mais à la nation juive en tant que telle. C’est la raison pour laquelle Étienne Le voit ici encore debout. Tant que le témoignage de Sa gloire n’était pas définitivement refusé, Il se tenait prêt à revenir, comme Pierre l’avait dit.

Certainement pour Étienne sur le point de mourir en martyr, le fait de voir son Seigneur dans cette position fut un moyen d’être extraordinairement fortifié : le Seigneur était prêt à prendre Son fidèle témoin auprès de Lui dans la gloire. Cette interprétation n’est certes pas à rejeter. Quelle consolation s’y trouve cachée !

On trouve en tout dans le Nouveau Testament, trois apparitions du Seigneur Jésus glorifié. Étienne le voit ici dans la gloire du ciel. Un peu plus tard, Saul de Tarse le verra dans une lumière qui surpasse l’éclat du soleil (26:13 ; 1 Cor. 9:1). Et finalement le Seigneur glorifié est apparu à l’apôtre Jean sur l’île de Patmos (Apoc. 1:12 et suiv.).

 

2.5.4       La lapidation — Actes 7:57-58

Étienne avait annoncé devant le sanhédrin qu’il voyait à la droite de Dieu Celui qui s’était tenu auparavant à la barre de leur tribunal. Y avait-il une preuve plus claire de leur culpabilité ? Ils avaient effectivement mis à mort le « Juste » comme il le leur avait déjà reproché (7:52). Son séjour au ciel rendait un témoignage irrécusable au fait qu’Il était juste. Qu’allaient-ils faire maintenant après avoir été pareillement convaincus de culpabilité ?

« Et criant à haute voix, ils bouchèrent leurs oreilles, et d’un commun accord se précipitèrent sur lui ; et l’ayant poussé hors de la ville, ils le lapidaient » (7:57, 58a).

La haine meurtrière les remplissait. Impuissants à résister aux paroles de leur accusé, ils utilisèrent la force, comme cela s’est si souvent passé depuis. Ce qu’ils venaient d’entendre n’était pour eux que le sommet du blasphème. C’est pourquoi ils crièrent à haute voix et bouchèrent leurs oreilles pour ne rien entendre de plus. Ils ne voulaient entendre parler ni de la grâce du Seigneur, ni de Sa gloire. En chassant Son témoin hors de la ville et en commençant à le lapider, ils envoyaient pour ainsi dire une délégation au ciel pour faire dire : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19:14).

Sans attendre une deuxième déposition comme leur propre loi le prescrivait, ils commencent immédiatement l’exécution, c’est-à-dire la mise à mort, par lapidation. Dans une précédente occasion, ils avaient affirmé solennellement qu’il ne leur était pas permis (sous la domination romaine) de mettre à mort quelqu’un (Jean 18:31). Mais maintenant dans leur colère et dans leur tumulte général, ils ne s’en soucient pas. Ils donnent l’apparence de fidélité à la Loi en exécutant cette lapidation hors de la ville (Lév. 24:14 ; Nb. 15:35). Ils se trouvèrent aussi des « témoins » qui levèrent les premiers la main contre lui, et qui jetèrent la première pierre contre lui (Deut. 17:7).

En dépeignant ce qui s’est passé, Luc s’est servi de formes verbales remarquables. Quand il est dit qu’ils crièrent, qu’« ils bouchèrent leurs oreilles », qu’ils « se précipitèrent sur lui », qu’ils le poussèrent, Luc se sert de la forme habituelle pour dépeindre des événements passés (l’aoriste), mais quand il est dit qu’« ils le lapidaient », il utilise l’imparfait qui est la forme grammaticale pour une action passée qui dure, de sorte que l’on pourrait traduire : « ils commencèrent et poursuivirent de le lapider ». Cet événement effrayant commença donc à ce moment-là, et se poursuivit ensuite. C’est précisément la même forme d’expression que nous rencontrons au début du verset suivant (7:59). L’écrivain inspiré de Dieu explique, par ce changement de la forme verbale, qu’avant d’achever la lapidation d’Étienne, il restait encore quelque chose d’essentiel à relater : la prière du premier martyr chrétien.

 

Cependant auparavant, il en vient à parler d’un autre homme qui devait prendre une importance sans pareille pour le christianisme :

« Et les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul » (7:58b).

Nous avons déjà parlé de Saul de Tarse en rapport avec Gamaliel (5:34) et nous avons vu qu’il avait été élève de cet érudit. Quand il est qualifié ici de « jeune homme », nous ne devons pas nous représenter par là un homme jeune au sens habituel que nous donnons à ce mot, mais un homme arrivé à maturité. Saul devait être, à cette époque-là, âgé d’environ trente ans.

Quel rôle joua-t-il vraiment dans la lapidation d’Étienne, cela ne ressort pas très clairement. En tout cas il confesse plus tard : « lorsque le sang d’Étienne, ton témoin, fut répandu, moi-même aussi j’étais présent et consentant, et je gardais les vêtements de ceux qui le tuaient » (22:20). Nous ne pouvons pas en tirer absolument la conclusion qu’il était effectivement membre du sanhédrin. Manifestement son influence et la confiance qu’il suscitait étaient déjà tellement grandes, que les témoins qui se débarrassaient de leurs longs manteaux pour pouvoir procéder à la lapidation, les lui confièrent pour qu’il les garde. Il devait probablement détenir une fonction officielle de surveillance lors de la lapidation. Cela est aussi étayé par l’activité qu’il a déployée plus tard sous l’autorité directe du sanhédrin (comparer 8:3 ; 9:1, 2). En tout cas, il était plus que d’accord avec la mise à mort d’Étienne : il y donna son consentement exprès (8:1).

 

2.5.4.1      Une fidèle reproduction du Maître — Actes 7:59-60

Combien Étienne, ce fidèle témoin du Seigneur, a été semblable à son Maître ! Rempli de foi et de l’Esprit Saint, rempli de grâce et de puissance, il avait fait comme son Maître des miracles et de grands signes parmi le peuple. Comme Lui aussi, il fut faussement accusé, et trouvé coupable de blasphème. À la barre du même tribunal devant lequel Christ s’était tenu, Étienne s’est aussi tenu ; comme son Maître avait rendu témoignage à la vérité, lui aussi l’a fait. Si le Seigneur avait confessé devant le sanhédrin qu’ils verraient « le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance » (Marc 14:62) — Étienne l’a vu là, et en a témoigné.

Cependant la fin de ce témoin le rendit encore plus semblable au Seigneur. L’écrivain le dépeint avec des paroles simples et saisissantes :

« Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Et s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit » (7:59, 60).

« Et ils lapidaient Étienne ». Quelle répétition tragique (7:58 et 59) ! Car ici, de nouveau, nous avons le verbe à l’imparfait : autrement dit « ils continuaient à lapider Étienne ». Le processus terrible de lapidation suivait son cours cruel. La mise à mort par lapidation n’intervenait que lentement. Cela est souligné par le verbe à l’imparfait.

Va-t-il reculer, ébranlé ? À la dernière minute, va-t-il désavouer la foi qu’il a annoncée précédemment ? Ou bien va-t-il continuer à confesser le Seigneur Jésus Christ comme son Seigneur et son Maître ?

Pendant que l’une après l’autre les pierres atteignent implacablement son corps, il ouvre encore une fois la bouche, et se met à parler, mais il ne parle pas à ses meurtriers. Il n’a plus rien à leur dire.

Non, il invoque quelqu’un dans le ciel. Chacun peut entendre ce qu’il dit, et à qui il parle. Il s’adresse à la personne dans le ciel en disant : « Seigneur Jésus ». Pierre, au commencement, avait déjà parlé de Lui de cette manière (1:21). Étienne Le voit dans la gloire, et Lui parle, s’adresse à Lui avec ce titre qui rend témoignage aussi bien à Son humanité (« Jésus ») qu’à Son autorité (« Seigneur »). Étienne le reconnaît comme le Seigneur aussi bien dans sa vie que dans sa mort.

« Seigneur Jésus, reçois mon esprit » ! Certes il ne dit pas directement comme a dit le Seigneur « Père ! entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23:46) (*). Mais, dans ce moment solennel, il regarde en haut, vers Celui qui autrefois s’est trouvé Lui-même dans cette situation, et qui n’a pas reculé d’effroi devant la mort. Dans une profonde confiance dans le Crucifié, il Lui demande de prendre son esprit auprès de Lui. Tout son bonheur, son intérêt, son existence, son avenir, tout cela, il le sait en sûreté dans Sa main. S’il est absent du corps, il sera présent avec le Seigneur (2 Cor. 5:8). Il ne connaissait pas encore ces paroles, mais la vérité qu’elles expriment remplissait son cœur.

 

(*) Le mot grec pour remettre peut aussi être traduit par confier, recommander. Le fait que le Seigneur ait remis Son esprit au Père, et qu’Étienne le recommande au Seigneur Jésus, a été considéré depuis toujours par les chrétiens comme un témoignage précoce, et pourtant simple, rendu par l’Écriture à la divinité du Seigneur Jésus.

 

Témoignage grandiose ! Quelle immense importance avait le Seigneur Jésus pour cet homme ! Le premier chrétien dont nous lisons la mort de martyr, nous enseigne ici ce que Christ était pour lui à l’heure de la mort. Et le jeune homme Saul qui se tenait à côté et entendait tout, a pu écrire plus tard, ayant sa propre mort prochaine devant lui : « je sais qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu’à ce jour-là » (2 Tim. 1:12).

Sachant tout cela, nos cœurs ne peuvent-ils pas être inondés de consolation et de paix ? Même si nous n’attendons pas la mort, mais le retour de Christ, il peut Lui plaire de nous prendre à Lui par la mort. Qu’en serait-il alors ? Nous ferions l’expérience de la même grâce merveilleuse qu’Étienne a connue et dont d’innombrables autres chrétiens ont fait l’expérience après lui : nous serions présents avec le Seigneur avant même qu’arrive le moment de la résurrection ! Oui être avec Christ est de beaucoup meilleur que de L’attendre ici sur la terre, et même encore meilleur que de Le servir ici-bas Lui, notre Rédempteur.

Si Étienne a prié le Seigneur Jésus, la question se pose pour nous : à qui devons-nous adresser nos prières. Sans vouloir établir de règles, nous pouvons cependant observer ceci : la formule normale des prières dans le Nouveau Testament, spécialement celles des épîtres, est de s’adresser à Dieu le Père. Mais quand les relations du serviteur à son Seigneur sont en cause, alors la prière est adressée au Seigneur Jésus (1:24 ; 7:59, 60 ; 2 Cor. 12:8 ; Apoc. 22:20). La prière d’Étienne est à cet égard un exemple majeur. Ce serviteur avait servi son Seigneur, certes pour un temps court, mais dans une grande fidélité et un grand dévouement. Maintenant son œuvre est achevée, et il est sur le point de laisser sa vie pour son Seigneur. N’est-il pas plus approprié de L’invoquer Lui ? « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! ».

Sous les jets de pierres continuels et bien ciblés de ses ennemis, Étienne tombe maintenant à genoux. Encore une fois sa voix se fait entendre, forte et claire. Il avait parlé précisément au Seigneur pour lui-même ; il n’est pas dit alors si c’était à haute voix : le Seigneur l’entendrait en tous cas. Mais maintenant où son amour le fait prier pour ses ennemis, il est dit que : « s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché ! » (7:60a). Juste au moment de sa mort, il rassemble encore une fois les forces qui lui restent, et prie à voix haute de sorte que chacun peut l’entendre.

Oui, comme le Sauveur mourant a prié pour Ses ennemis (Luc 23:34), ainsi Son serviteur mourant a prié pour ses ennemis à lui. Quelle triomphe de la grâce dans un homme mortel ! La contemplation de la Personne et de la gloire de son Seigneur l’a transformé en la même image. Cette prière, cet état d’esprit, il n’avait pu l’apprendre que de Lui.

La prière pour ses ennemis a eu un exaucement hautement remarquable dans la personne de Saul de Tarse. À peu près du même âge qu’Étienne, il allait bientôt, par la grâce et selon le conseil de Dieu, combler la place laissée vide par Étienne, et reprendre son travail et poursuivre son œuvre avec une grande énergie. Il est vrai qu’ici il se tient encore du côté de ses ennemis, et est un ennemi de l’assemblée, parce qu’il est ennemi de Christ. La mention de Saul à cet endroit est là pour éveiller notre attention.

Alors les choses se calmèrent autour d’Étienne, hors de la ville, mais c’était le calme de la mort. « Et quand il eut dit cela, il s’endormit » (7:60b). « Endormi » est une expression très impressionnante et appropriée pour la mort du chrétien. La mort produite ici par une foule en rage est malgré tout qualifiée de « endormi » !

Ce terme « endormi » n’est pas un pur euphémisme (une parole pour embellir), comme le prétendent beaucoup de gens ; il ne sert pas à voiler la réalité terrible de la mort. Non, dans le Nouveau Testament, cette expression touchante est régulièrement utilisée pour décrire la mort des croyants (Jean 11:11 ; Actes 13:36 ; 1 Cor. 7:39 ; 11:30 ; 15:6, 51 ; 1 Thess. 4:13-15 ; 2 Pierre 3:4). L’usage de ce mot pour la mort des saints de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament laisse entendre leur résurrection. Le sommeil ne concerne que le corps : c’est lui qui dort, qui repose dans la terre. L’âme au contraire ne dort pas. Elle est « auprès de Christ » dans le paradis (Luc 23:43 ; Phil. 1:23 ; Apoc. 2:7), et elle y attend la résurrection.

Avec la mort du premier martyr chrétien, on arrive à la fin d’une époque pour Israël. Nous en avons déjà parlé. Cependant témoigner pour Christ et gagner des âmes pour Lui a continué et continue, jusqu’à aujourd’hui. Aucune puissance de la terre, aucun effort de Satan ne peut empêcher Dieu de tirer « un peuple pour son nom ».

 

2.5.5       Qui est le Seigneur Jésus ?

À cet endroit du livre des Actes, il est peut être approprié d’établir encore une fois un résumé des sept premiers chapitres, montrant de quelles manières il est parlé du Seigneur Jésus jusqu’ici, et sous quel caractère le Seigneur Jésus est présenté chaque fois.

La première chose que nous avons apprise est qu’Il est en principe l’objet des prophéties de l’Ancien Testament. Ainsi c’est en accord avec les Psaumes 16 et 110 que Pierre Lui a rendu témoignage comme Seigneur et Christ (2:36). Ensuite Il a été introduit comme le serviteur de l’Éternel (3:13) — un caractère sous lequel Ésaïe l’a déjà vu (És. 42:1-4). Deux fois Il est désigné comme le prophète au sujet duquel Moïse a écrit (3:22 et 7:37). Il est aussi parlé de Lui (4:11) comme la pierre d’angle rejetée par ceux qui bâtissaient selon le Psaume 118. Il est également parlé de Lui comme l’auteur ou prince de la vie (3:15). Pierre le mentionne deux fois comme Sauveur pour Israël (4:12 ; 5:31). En ce qui concerne Son caractère personnel comme le Saint et le Juste, Pierre en a rendu témoignage aussi bien qu’Étienne (3:14 ; 7:52). Étienne L’a vu au ciel comme Fils de l’homme (7:56) ; dans ce caractère Il doit cependant revenir sur la terre dans un jour à venir, pour introduire le temps du rétablissement de toute chose (3:20, 21).

Un trait très important de Sa personne manque encore, — un trait dont aucun de Ses serviteurs n’a parlé jusqu’ici, ni ne Lui a rendu témoignage sous ce caractère. Il est vrai qu’Il est le serviteur de l’Éternel. Mais n’est-Il pas aussi le Fils de Dieu ? Seul Paul a annoncé que Jésus est le Fils de Dieu (9:20). Cependant nous devançons par-là quelque peu les événements, car si Paul était ce vase d’élection par lequel le nom du Seigneur devait un jour être porté aussi bien devant les nations que devant les rois et les fils d’Israël (9:15), cependant pour le moment il n’était encore ni converti, ni venu à la foi en Jésus.