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Le coup de lance
Jean 19:34 (31-37) et 1 Jean 5:6
Briem Christian
Kostbare Gedanken, p.119-128
Le SEIGNEUR était mort. Mort, Il pendait sur la croix. Il avait « signé » l’œuvre de la rédemption dans Sa propre perfection de puissance avec les mots «C’est accompli !», et ayant ensuite baissé la tête, Il avait remis Son esprit (Jean 19:30). Séparer Son esprit de Son corps et le remettre à Dieu était un acte divin. En même temps qu’une très grande faiblesse personnelle, le Fils de Dieu révélait une puissance divine.
C’était un vendredi après-midi quand Jésus mourut. Les Juifs ne voulaient pas que les trois condamnés restassent encore sur la croix le jour du sabbat. Ils avaient la loi de leur côté. Elle exigeait que le corps mort d’un pendu ne passe pas la nuit sur le bois ; il devait en tout cas être enseveli le jour même (Deut. 21:23). C’est pourquoi les Juifs demandèrent à Pilate que leurs jambes soient brisées et qu’on puisse les ôter (Jean 19:31). Quelle sainteté de parade ! Ceux qui avaient mis en croix le Seigneur de gloire s’avançaient pour défendre l’observation de la loi ! En réalité, ils craignaient que si le crucifié du milieu, avec la couronne d’épines sur la tête, restait en vie pendant le sabbat, les passants qui avaient fait l’expérience de Ses bienfaits pourraient élever leur voix contre les conducteurs du peuple (cf. Matt. 26:5).
Pilate était prêt à accorder la demande des Juifs et il donna l’ordre dans ce sens. Briser ou fracasser les jambes ou les cuisses était une méthode cruelle utilisée par les Romains pour accélérer la mort d’un condamné. On utilisait pour cela de lourds marteaux en bois ou des barres de fer. La brutalité de l’opération dépassait souvent celle de la peine initiale. Il ne faut pas oublier que l’agonie d’un crucifié pouvait durer plusieurs jours, et que même le fait de lui briser les jambes n’entraînait pas la mort immédiate. Marc 15:43-45 montre clairement que les Juifs n’ont pas informé le gouverneur de la mort précoce de Jésus. Pilate a donc supposé que son ordre de briser les jambes concernait aussi Jésus.
«Alors les soldats vinrent et brisèrent les jambes du premier et de l’autre qui était crucifié avec Lui» (Jean 19:32). Dans le récit des événements par Jean, il reste quelques éléments mystérieux. Il rapporte les faits tels qu’il les a vus, certes. Cependant des questions se posent. La croix de Jésus se dressait au milieu des deux autres croix. Pourquoi les soldats passèrent-ils devant Sa croix et «s’occupèrent» d’abord de l’un puis de l’autre des malfaiteurs ? Pourquoi épargnèrent-ils d’abord Jésus de leur œuvre cruelle ? Était-ce sur l’ordre du centurion qui avait été profondément impressionné par le Seigneur (Luc 23:47) ? Nous ne le savons pas.
Mais ce que nous savons, c’est que l’un des pendus est entré au paradis le jour même. Son Sauveur, qui se trouvait à côté de lui, l’avait déjà précédé. «Aujourd’hui, tu seras avec Moi dans le paradis». Heureuse part, autant les circonstances extérieures étaient humiliantes et atroces ! Et l’autre pendu ? Pour autant que nous le sachions, il ne s’est jamais repenti, de sorte que son chemin l’a conduit dans la nuit éternelle.
Ensuite, les soldats vinrent aussi à Jésus.
« Mais étant venus à Jésus, comme ils virent qu’Il était déjà mort, ils ne Lui rompirent pas les jambes ; mais l’un des soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau » (Jean 19:33-34).
En se tournant vers la croix du centre, les rudes compagnons réalisèrent que Jésus était déjà mort. Ils ne virent donc pas la nécessité de Lui briser les jambes. Nous avons ici un témoignage objectif (indépendant) que le Seigneur était effectivement mort — un témoignage de la part de ceux qui comprenaient très bien leur triste «métier». Des rationalistes incrédules peuvent encore douter aujourd’hui qu’Il soit vraiment mort. Ces bourreaux jugèrent «qu’Il était déjà mort».
Mais pourquoi l’un des soldats lui perça-t-il le côté avec une lance ? Est-ce du mépris qui le poussait à agir ainsi ? Très certainement ! Mais ce n’était pas une coutume romaine d’ouvrir le côté d’un criminel mort avec une lance. C’était aussi contraire à l’ordre de Pilate qui ne prévoyait que de briser les jambes. Pourquoi le soldat a-t-il malgré tout frappé de sa lance le côté du Seigneur — probablement dans l’intention d’atteindre le cœur ? Était-ce dû à une certaine incertitude quant à savoir si l’homme du milieu était vraiment mort ? Dans ce cas, ils auraient pu, et même dû, Lui briser les jambes. Mais non, c’est un coup de lance qui arriva !
Quelles qu’aient été les motivations des gens, il s’est passé ici quelque chose que personne n’aurait pu prévoir. Jésus a été traité d’une manière absolument extraordinaire, tant en ce qui concerne le fait qu’il n’a pas eu les jambes brisées, qu’en ce qui concerne le coup de lance. Pourrions-nous avoir le moindre doute sur le fait que Dieu était derrière tout cela ! Il a dirigé les circonstances et a veillé à ce que les prédictions des Écritures concernant Son Oint se réalisent littéralement, — par le biais d’hommes qui n’en avaient pas la moindre connaissance (Jean 19:36-37).
Or Jean a alors perçu quelque chose de très spécial : «Et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau» (Jean 19:34). Le disciple devait se trouver à proximité immédiate de la croix de son maître au moment où le coup de lance fut donné. Et il a certainement compris ce phénomène comme une preuve supplémentaire de la mort de Jésus. En ce qui concerne l’apparition de sang et d’eau, les connaissances médicales actuelles ne peuvent pas nous aider à l’expliquer. Car nous savons d’après Actes 2:27, que le corps mort du Seigneur n’a nullement été sujet à décomposition. Les phénomènes normaux de décomposition des morts étaient étrangers à Son corps saint. Par conséquent, les conclusions tirées de certains symptômes des corps humains morts ne peuvent pas être appliquées au corps mort de Celui qui n’a pas connu le péché.
De toute évidence, il s’est agi d’un miracle que Dieu a opéré. Jean écrit à ce sujet, il l’a vu lui-même, mais il ne le commente pas, du moins pas ici. Mais dans sa première épitre, écrite quelques années plus tard, il nous donne, par le Saint Esprit, la signification de cet événement surnaturel. Nous y apprenons que le Fils de Dieu «est venu par l’eau et par le sang, Jésus le Christ, non seulement par (littéralement : dans) l’eau, mais par (littéralement : dans) l’eau et par (littéralement : dans) le sang (1 Jean 5:6) [traduction française de JN Darby : « non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang »].
Ce passage contient deux déclarations distinctes, caractérisées par le changement de préposition «par» (grec dia) à «dans» (grec en). La première partie du verset nous indique le caractère dans lequel Christ est venu à nous : par l’eau et le sang, c’est- à-dire par la mort. Si Christ voulait vraiment venir à nous, s’Il voulait nous atteindre dans notre misère de pécheurs, alors Son incarnation ne suffisait pas, pas plus que Sa vie sainte. Non, il fallait alors qu’Il entre dans la mort pour nous. Il n’est pas non plus venu à nous comme un roi victorieux en puissance et en gloire, mais de cette manière solennelle, «par l’eau et par le sang».
La préposition «dans» utilisée dans la deuxième moitié du verset signifie «dans la puissance de». Ici, nous apprenons quelque chose des résultats précieux que Christ a opérés par Sa mort pour ceux qui croient en Lui : une purification morale (l’eau) et une expiation (le sang). Aujourd’hui, lorsque nous regardons de nos yeux spirituels vers Golgotha et que nous y contemplons la scène émouvante du coup de lance et de ses conséquences, deux choses nous sont rappelées de manière saisissante : la mort du Seigneur et les conséquences bénies qui en découlent pour nous. C’est de cela aussi que parle la courte remarque de Jean «Et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau» (Jean 19:34).
«Et celui qui l’a vu rend témoignage ; et son témoignage est véritable ; et lui sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez» (Jean 19:35). Ces paroles se rapportent à ce qui a été dit juste avant. Jean a été un témoin oculaire du coup de lance et de ses effets immédiats. Il avait vu de ses propres yeux le miracle du sang et de l’eau sur le Sauveur mort. Et quand ensuite il en rendait témoignage — il savait que ce qu’il disait était la vérité — il le faisait dans l’intention que ses lecteurs le croient aussi. C’est d’ailleurs presque la seule fois que lui ou l’un des autres «évangélistes» interrompt son récit pour s’adresser personnellement à ses lecteurs : «... afin que vous croyiez» (cf. Jean 20:31).
Tout s’est néanmoins déroulé en parfaite conformité avec les saintes écritures de l’Ancien Testament. Les deux citations qui suivent montrent clairement comment Dieu veillait sur Son Fils en tout, et comment les acteurs non-croyants, sans le savoir, n’ont pu et dû faire que ce qui était conforme à Ses conseils et à Sa sainte volonté.
«Car ces choses sont arrivées afin que l’Écriture fût accomplie : Pas un de Ses os ne sera cassé» (Jean 19:36). Les soldats ont certes contrevenu à l’ordre de Pilate quand ils n’ont pas brisé les jambes de Jésus ; mais c’est Dieu qui, en fin de compte, ne l’a pas permis. Car Christ était le vrai agneau pascal (1 Cor. 5:7), et il est dit du type qui le préfigurait : «Vous n’en casserez pas un os» (Exode 12:46). En effet, Dieu «gardait tous ses os, pas un ne fut cassé» (Ps. 34:20). Les soldats ont peut-être brisé les jambes d’innombrables personnes. Mais les jambes du Seigneur, elles, devaient rester intactes.
Une deuxième citation concerne le coup de lance. «Et encore une autre écriture dit : Ils regarderont vers celui qu’ils ont percé» (Jean 19:37). Exceptionnel ! Le soldat avait reçu l’ordre de briser aussi les jambes de Jésus : Il ne l’a pas fait. Le même soldat n’avait pas reçu l’ordre de transpercer le côté du Seigneur avec une lance : cela, il l’a fait ! Y a-t-il quelque chose qui puisse montrer davantage que Dieu a chaque circonstance, chaque personne entièrement sous Son contrôle ?
Et combien l’Écriture sainte est précise ! Jean ne dit pas que la parole tirée de Zacharie 12:10 a été accomplie. Si nous regardons le contexte de Zacharie 12, il devient vite clair que le passage parle de la restauration future d’Israël — une prophétie qui ne s’est pas encore réalisée à ce jour. Combien il est donc exact que la citation commence par ces mots : « Et encore une autre Écriture dit ...».
De toute évidence, le prophète parle des Juifs lorsqu’il dit : «Ils regarderont vers Celui qu’ils ont percé». Mais pourtant ici, ceux ou celui qui a percé sont païens. Comment concilier les deux ! C’est effectivement la main d’un soldat romain qui a donné le coup de lance contre le côté de Jésus. Mais ce sont les Juifs qui sont accusés, car eux avaient amené Jésus à la croix ; eux avaient exigé que Son corps soit enlevé le jour même. Le temps viendra où les Juifs reconnaîtront et confesseront que eux se sont rendus coupables aussi sur ce point envers le Seigneur Jésus.
Nous avons vu que le coup de lance n’a pas entraîné la mort du Seigneur. Personne ne pouvait Lui ôter la vie, Il l’a laissée de Lui-même (Jean 10:18). C’est pourquoi il faut bien faire la distinction entre le coup de lance et les passages où il est question du sang versé du Seigneur (Matt. 26:28 ; Marc 14:24 ; Luc 22:20 ; Héb. 9:22). Verser le sang signifie « mettre à mort », qu’on ait vu, ou non, du sang couler littéralement. Le coup de lance de Jean 19 n’a pas fait « verser le sang » (pas de mise à mort comme dans les sacrifices), bien que le sang et l’eau aient été vus (constatation par Jean des résultats d’une œuvre déjà accomplie).
Lorsque nous avons le Christ mort devant nous, le respect et l’adoration remplissent nos cœurs. Car Il a enduré tout cela pour toi et pour moi. Que Son Nom soit éternellement loué pour cela !