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Je ne vous parlerai plus par similitudes — Jean 16:25
Christian Briem
Traduit de l’allemand de : Er lehrte sie vieles in Gleichnissen — Vol. 2 p. 307
Les mots entre crochets dans les titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
1 [La fin du parler en paraboles]
2 Une heure significative — [l’époque chrétienne]
2.1 L’activité du Fils — [parler du Père, glorifier le Père]
3 Sorti d’auprès du Père (Jean 16:28) — [la portée de la venue et du départ du Seigneur Jésus]
4 Connaître le Père — [comment le Seigneur nous parle du Père aujourd’hui]
4.1 Quel amour — [nous sommes appelés enfants de Dieu ; 1 Jean 3:1]
4.2 Élus avant la fondation du monde — [Éph. 1:3-4]
4.3 L’espérance de la vie éternelle — [Tite 1:1-2]
Nous sommes arrivés à la fin de ce travail sur les paraboles du Seigneur. Si nous jetons un coup d’œil en arrière, nous serons probablement étonnés de tout ce qu’a enseigné le grand et divin Maître, aussi bien dans des paraboles importantes, de vaste portée, que dans de petites images d’apparence insignifiante.
Peut-être avons-nous été plus d’une fois surpris de la profondeur de paroles souvent toutes simples du Seigneur, et de la justesse des tableaux qu’Il brossait. Une multitude de vérités divines a été déployée à nos yeux, et nous avons appris à apprécier (du moins, c’est mon souhait) que ces leçons si variées aient été données justement sous forme de paraboles : cela les rend plus faciles à saisir. C’est aussi la raison principale pour laquelle le Seigneur leur enseignait beaucoup de choses par des paraboles (Marc 4:2). Jusqu’à aujourd’hui, c’est ce qu’Il fait. Et nous Lui en sommes reconnaissants de tout cœur.
Pourtant maintenant, comme un couronnement de cette étude, occupons-nous d’une déclaration du Seigneur que l’on trouve seulement dans l’évangile selon Jean, et qui indique une nouvelle manière d’enseigner, qui va beaucoup plus loin que l’enseignement donné jusqu’ici.
C’est dans Ses paroles d’adieu à Ses disciples, peu avant Sa mort, que le Seigneur exprime quelque chose qui marque réellement un nouveau commencement dans les voies de grâce de Dieu :
« Je vous ai dit ces choses par des similitudes : l’heure vient que je ne vous parlerai plus par similitudes, mais je vous parlerai ouvertement du Père » (Jean 16:25).
« Je ne vous parlerai plus par des similitudes », « Je parlerai ouvertement du Père » ! Quel contraste remarquable avec la manière de parler jusqu’alors. Mais que voulait dire le Seigneur Jésus par là ? et de quelle « heure » parlait-Il ?
Commençons par la dernière question. Le terme « heure » désigne une époque encore à venir au moment où le Seigneur parlait. Nous retrouvons cette expression dans un passage semblable de Jean 17 :
« Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie » (Jean 17:1).
Cette « heure » est caractérisée par deux grands faits, d’une part la glorification du Seigneur Jésus dans le ciel, et d’autre part la venue sur la terre du Saint Esprit, l’Esprit de vérité, pour conduire les croyants dans toute la vérité (Jean 16:13 et suiv.). Le temps encore futur à ce moment-là, dont le Seigneur Jésus parlait comme « ce jour-là » (Jean 16:26), est maintenant arrivé ; c’est l’époque où nous vivons, l’époque chrétienne, le temps de la grâce, qui a commencé à la Pentecôte (Actes 2).
C’est une période unique, bénie par-dessus toutes. Durant cette « heure », le Seigneur Jésus allait précisément poursuivre une activité toute particulière (les deux citations tirées de Jean 16 et 17 le montrent clairement). Dans l’un des passages, nous apprenons qu’Il nous parlerait ouvertement du Père, et dans l’autre que le Fils glorifierait le Père. Évidemment, l’un inclut l’autre, même si la première des ces paroles s’adressait aux disciples sur la terre pour les consoler, et la seconde était adressée au Père, en levant les yeux vers Lui au ciel. Comme cela ressort, semble-t-il, de la première parole (Jean 16:25), le Seigneur pensait dans ces deux occasions, au moment où Il allait prendre sa nouvelle position comme Fils de l’Homme dans la gloire ; Il pensait aussi au nouvel ordre de bénédiction pour nous, dont le point de départ et la condition nécessaire étaient Son élévation.
L’activité du Seigneur, bénie entre toutes, consiste à être occupé d’un côté pour le Père, pour Le glorifier, et d’un autre côté pour nous, pour déployer ouvertement le Père devant nos yeux. Nous pouvons bien dire que, par le fait même d’apporter le Père ouvertement devant nos cœurs, Il Le glorifie aussi justement par là. Ce sont ainsi effectivement deux côtés d’une seule et même chose.
L’activité exercée par le Seigneur est d’une valeur inestimable, et nous pouvons bien nous demander si nous en avons déjà tiré le bon profit. Avons-nous appris pratiquement ce que c’est que d’avoir le Père placé devant le cœur ?
Nous « parler ouvertement du Père », cela signifie d’abord que le Seigneur Jésus éveille en nous la conscience de ce que Son Père est aussi notre Père, et Son Dieu est aussi notre Dieu (Jean 20:17). Être enfants de Dieu et être appelés de ce nom est aujourd’hui le privilège commun à tous les croyants (1 Jean 3:1, 2). Tous les enfants de Dieu ont aussi la part commune de posséder l’Esprit d’adoption par lequel ils peuvent s’adresser à Dieu en disant « Abba, Père » (Rom. 8:15).
Cependant, savoir qu’Il est notre Père n’est que le début de la bénédiction présentée ici. Il y a un bonheur encore plus grand à connaître personnellement le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Beaucoup d’enfants de Dieu possèdent la première de ces connaissances, et cela est bien. Mais il est à craindre que beaucoup d’entre nous ne soient pas vraiment en confiance avec le Père, et qu’ils ne Le connaissent pas vraiment ? Le Sauveur veut porter remède à cette carence. Il veut nous amener à une connaissance toujours plus profonde du Père.
Cependant avant de poursuivre cette pensée, nous voulons nous occuper des sentiments qui remplissaient le Seigneur quand Il prononçait ces paroles. Ne voyait-Il pas à l’avance avec une joie et une satisfaction manifeste ce jour où la foi de Ses disciples serait libérée de bien des entraves ? Jusqu’à ce que ce temps soit venu, Il était « à l’étroit » dans plus d’un sens, Il était lié dans Son esprit.
Avons-nous réfléchi à ce qu’Il disait au sujet de Son baptême ? « J’ai à être baptisé d’un baptême », et Il ajoutait : « et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Luc 12:50). Dans quelle mesure était-Il « à l’étroit » ? Avait-Il peur de la mort ? Non, quand le Seigneur Jésus disait qu’Il était « à l’étroit » jusqu’à ce que Son baptême fût accompli, Il avait en vue toute autre chose. Tant que l’œuvre de la rédemption n’était pas accomplie, Il ne pouvait pas laisser s’épancher librement Son amour envers les hommes. Son amour s’accumulait pour ainsi dire dans Son cœur, parce que la question du péché n’était pas encore réglée. Le péché se dressait encore entre les hommes et Dieu. C’est dans cette mesure qu’Il était « à l’étroit ». L’amour de Dieu envers les hommes n’a pu se déverser sans retenue qu’après que Dieu ait été justifié et satisfait dans Ses saintes exigences à l’égard du péché par l’offrande parfaite de Jésus Christ. « Mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rom. 5:20).
Certes, le Seigneur Jésus a aussi manifesté dans Sa vie l’amour et la grâce merveilleux de Dieu, de sorte qu’Il pouvait dire : « Maintenant ils ont et vu et haï et moi et mon Père » (Jean 15:24). Mais toute la dimension, toute l’étendue de l’amour de Dieu ne pouvaient être données à connaître avant la croix. Tout portait plutôt le caractère de promesses, d’indication d’une bénédiction à venir.
C’est ainsi que peu avant Sa mort, le Seigneur disait à Ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant. Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16:12-13). Cela éclaire sous un autre angle la raison pour laquelle Il était « à l’étroit », — un angle qui nous intéresse ici particulièrement : même les disciples durant la vie du Seigneur ici-bas n’étaient pas en état de saisir les communications de Son cœur dans toute leur vaste portée. Les disciples n’étaient simplement pas capables de saisir la révélation du Père qui Lui tenait tant à cœur.
Mais une fois le Saint Esprit venu (à la suite de la rédemption accomplie), Il allait les conduire dans toute la vérité. Lui-même alors, le Fils du Père, leur parlerait ouvertement du Père (Jean 16:25) et il ne serait plus nécessaire de leur parler par des similitudes.
Jusque là, Il avait dû s’en tenir à des discours symboliques, paraboliques, pour leur transmettre quelques impressions au sujet de Son Père. Mais Son cœur ne pouvait pas se satisfaire de cela. C’était donc une partie de la joie qui était devant Lui, que le temps soit proche où les limitations seraient ôtées, et où Il leur parlerait ouvertement du Père. Alors serait accomplie la parole qu’Il leur avait dite : « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous » (Jean 14:20).
Jusque-là, ils n’avaient pas eu cette merveilleuse connaissance ; pire même, ils ne pouvaient pas l’avoir. Car il faut tenir compte de ce que cette précieuse révélation du Père par le Fils était entièrement inconnue au temps de l’Ancien Testament. Même la foi la plus hardie ne pouvait en trouver la trace. Elle n’existait tout simplement pas, et ne pouvait encore même pas exister. C’est le premier point : la révélation du Père était en ce temps-là un secret.
Mais ceci a changé fondamentalement avec la venue du Fils sur la terre, et cela amène le second point sur lequel je voudrais insister : Durant le service du Seigneur sur la terre, cette révélation a été l’objet tout particulier de Son cœur, celui dont Il aimait tant parler, même si ce n’était encore que sous forme de paraboles. C’était pourtant un progrès considérable : le Fils parlait au sujet du Père, même si ce n’était encore que sous forme de parabole, et pas encore ouvertement. Or depuis la Pentecôte — et c’est là le troisième point, le point culminant — nous avons la révélation claire et complète du mystère (ou secret), de ce qu’est le Père.
Ne pouvons-nous pas dire que faire connaître le Père, était la pensée la plus élevée dans le cœur du Seigneur Jésus pour nous, même quand Il séjournait encore sur la terre ? Très tôt, il avait dirigé les pensées sur ce sujet, et Il avait dit : « ne savez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2:49). Paroles bien inhabituelles dans la bouche d’un garçon de 12 ans ! Et les paroles rapportées en Matt. 11 montrent combien ce service du Seigneur était et est nécessaire : « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler » (Matt. 11:27). C’est le Fils qui révèle le Père ! Or cela faisait partie des « affaires de Son Père », si importantes pour Lui, et qui revenaient, tout compte fait, à glorifier le Père. L’objectif direct dans le service du Seigneur, — objectif pour ainsi dire dirigé vers le bas — était de faire connaître le Père aux « enfants » afin qu’ils aient communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ (1 Jean 1:3).
Tout cela n’a pu devenir une pleine réalité qu’après la venue du Saint Esprit sur la terre, après la Pentecôte. Par la puissance du Saint Esprit, nous pouvons comprendre maintenant la relation dans laquelle l’œuvre de Christ nous a introduit, et nous pouvons en jouir, alors que cette relation était encore fermée aux disciples durant la vie du Seigneur ici-bas.
Ce qui s’est passé dans les dernières heures a démontré combien les disciples comprenaient peu, jusque-là, ce qui en était du Père. Après leur avoir parlé de l’amour du Père, et avoir cherché de cette manière à s’attacher leurs cœurs, le Seigneur ajouta :
« Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père » (Jean 16:28).
Leur prompte réponse semblait indiquer qu’ils avaient enfin compris quelque chose au sujet du Père, mais leurs derniers mots « à cause de cela, nous croyons que tu es venu de Dieu » (Jean 16:30), cela montre trop nettement qu’ils n’avaient pas compris le Seigneur Jésus. Être sorti d’auprès du Père et être venu de Dieu, cela signifie-t-il réellement la même chose ? Pas du tout !
Arrêtons-nous un peu sur ces paroles précieuses du Seigneur. C’était une communication d’un prix inestimable. Le Fils du Père était devenu homme, et était venu dans le monde. C’est dans ce monde que le Père avait été parfaitement révélé par Lui — avec pour résultat que ceux qui recevaient le Fils, étaient mis dans la relation d’enfants, dans la position de fils et d’héritiers, et étaient rendus capable de connaître le Père. Si le Fils quittait le monde pour retourner au Père, cela indiquait la place qu’allaient avoir les enfants de Dieu : ils seraient dans la maison du Père, exactement comme le Fils Lui-même. Telle était en vérité la signification de la venue et du départ du Seigneur Jésus. Aujourd’hui, nous pouvons le comprendre et en jouir, par le Saint Esprit. Nous sommes remplis d’une joie et d’une adoration indicibles quand cela occupe nos cœurs.
Ne désirons-nous pas en savoir plus sur notre Père ? Or le Seigneur Jésus répond volontiers à ce désir suscité par l’Esprit. C’est Son désir de nous parler ouvertement du Père. Voyons des exemples de la manière dont Il le fait aujourd’hui.
Mais il faut d’abord clarifier une différence essentielle que je n’ai fait qu’effleurer. C’est une chose de connaître une relation, c’en est une autre de connaître la personne avec laquelle on a cette relation. En recevant la vie nouvelle, nous sommes entrés dans une relation éternelle avec Dieu, notre Père. Par le fait que le Saint Esprit habite en nous, nous pouvons jouir consciemment de la relation dans laquelle nous sommes introduits, et c’est l’une des plus grandes bénédictions de la vie nouvelle. Or il est possible, en tant qu’enfant de Dieu, de connaître et comprendre la relation avec le Père, sans pour autant connaître effectivement le « Père de notre Seigneur Jésus Christ » et sans jouir de Lui ; mais ce n’est pas de la communion, ni une réelle intimité avec le Père et avec le Fils.
Avoir communion suppose qu’on connaît les buts, les intérêts, les joies, les sentiments, les intentions et les voies de l’autre partie. Sans cela, on ne peut pas parler de communion. C’est pourquoi l’exercice du service du Seigneur est si extraordinairement important. Il veut nous montrer « ouvertement » qui est le Père, — sans se servir d’image, et sans limitations. Qui enseigne comme Lui, le Fils du Père, qui est toujours dans le sein du Père ?
Le Fils éternel veut nous conduire par Sa Parole dans les secrets du cœur du Père éternel. Par Son enseignement, Il veut nous donner une mesure croissante de connaissance du Père, que Lui seul possède sans limite. Quelle onction et quelle force avons-nous dans l’Esprit éternel pour obtenir cette bénédiction !
Comme on l’a déjà vu, le Seigneur, dans le temps actuel, se sert des écrits du Nouveau Testament, spécialement des épîtres, pour nous parler « ouvertement » du Père. Plusieurs exemples peuvent nous le faire comprendre. Je ne connais rien de meilleur et de plus sublime que le Fils nous montrant le cœur de Son Père. Méditons sous cet angle les passages suivants. Ils nous sont donnés par l’inspiration du Saint Esprit.
« Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ! et nous le sommes » (1 Jean 3:1).
Note Bibliquest : cette dernière petite phrase est absente dans la traduction J.N. Darby
L’Esprit de Dieu nous invite par le moyen de Jean justement à bien regarder « Voyez ! ». Que devons-nous voir ? L’amour du Père ! Et que dit-Il de cet amour ? Que le Père nous l’a donné, à nous Ses enfants. L’amour est considéré ici, et ici seulement dans le Nouveau Testament, comme un don, quelque chose d’accordé, qui nous est déjà remis. Il n’y a pas à l’attendre. Ce sont les enfants de Dieu qui reçoivent ce don du Père, Son amour. Le saisissons-nous ?
Mais de quelle sorte d’amour s’agit-il ? Car c’est là la signification de l’expression en grec : non pas seulement « quel amour », mais « quelle sorte d’amour ». De quelle qualité est l’amour du Père ? Quel objectif s’est-il fixé ? En quoi sa qualité essentielle s’est-elle manifestée ? En ce que nous soyons appelés enfants de Dieu. Le bout de phrase suivant montre bien que nous pouvons être ainsi appelés parce que nous le sommes déjà. Nous ne pourrions pas être appelés Ses enfants, même par Lui, sans l’être effectivement. Quelle bénédiction infinie ! quel amour sans mesure !
L’apôtre a parlé juste avant de ce que « quiconque pratique la justice est né de lui » (1 Jean 2:29). Il utilise plus loin l’expression « né de Dieu » (1 Jean 5:1, 4). Ces deux expressions décrivent les enfants de Dieu : ils sont nés de Dieu, ils ont reçu Sa vie. Jean ne parle jamais des croyants comme des « fils de Dieu », mais toujours comme des « enfants de Dieu ». Le titre de « fils » reste réservé, dans ses écrits, au Fils de Dieu. L’apôtre Paul voit les croyants dans les deux relations, et met spécialement l’accent sur leur adoption en tant que fils. Mais chez Jean, la pensée de la provenance, de la relation par naissance, a la priorité. Pour être enfants de Dieu, nous devons être nés « de Lui ».
Quelle grande vérité est contenue dans l’expression « né de Dieu » ! Nous nous y sommes peut-être habitués, mais combien elle est forte ! Par la Parole de Sa puissance, Dieu aurait pu créer encore plus d’étoiles, plus de mondes, plus d’anges et d’archanges. Mais c’était le bon plaisir de Sa volonté de se susciter des enfants en livrant Son Fils unique à la mort. De Sa mort a jailli la vie pour tous ceux qui croient. Nous ne comprenons guère ce que cela représente pour Dieu d’avoir engendré des enfants de pareille manière.
Je ne crois pas que les saints de l’Ancien Testament aient été Ses enfants au sens propre du terme. Ils sont bien ainsi nommés comme ensemble, comme peuple, mais non pas comme croyants individuels. Il fallait qu’au préalable le vrai grain de blé tombe en terre et meure, avant qu’il puisse porter beaucoup de fruit. N’est-il pas typique que Dieu ne compare jamais Son peuple à du blé dans l’Ancien Testament ?
Mais nous bien-aimés, Dieu nous appelle Ses enfants, et cela montre quel amour Il a pour nous. Voir correctement cet amour, ne peut rien signifier d’autre qu’adorer Celui qui nous l’a donné.
« Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour » (Éph. 1:3, 4).
Ces versets nous donnent un aperçu direct dans le cœur de Dieu. L’apôtre Paul s’occupe dans l’épître aux Éphésiens du propos éternel de Dieu, et il éclate soudain en louange (Éph. 1:3-14). Ce cantique de louange a pour ainsi dire trois strophes.
Les versets 3 à 6 ramènent dans le passé le plus lointain, et ils ont pour objet Dieu, le Père. Ils se terminent par l’expression « à la louange de la gloire de sa grâce ».
Les versets 7 à 12 nous occupent du temps présent, et ont pour objet Dieu, le Fils. Ils se terminent par l’expression « à la louange de sa gloire ».
Les versets 13 et 14 montrent l’avenir, et leur objet est Dieu, le Saint Esprit. Ils se terminent également par l’expression à la louange de sa gloire.
Ces trois parties sont reliées ensemble par notre Seigneur Jésus Christ : « dans le Bien-aimé » 1:6), « dans le Christ » (1:10), « en qui (Christ) » (1:13). Si nous méditons vraiment ne serait-ce que ce qu’indique ce court aperçu, n’allons-nous pas nous aussi nous écrier en adorant : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » ?
Il n’entre pas dans le cadre de ce travail de considérer tous les détails et les beautés de ce cantique de louange si élevé. Il n’y a lieu de s’occuper que des premiers versets, sans pour autant en épuiser le contenu. La désignation de Dieu est déjà là tout à fait remarquable : le « Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » — un titre qui se rencontre aussi ailleurs dans le Nouveau Testament. Ce nom de Dieu ne signifie rien moins que ceci : Dieu a été parfaitement révélé par Son Fils, notre Seigneur Jésus Christ. En tant que « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », Dieu n’avait pu se donner à connaître que partiellement. Cela ne tenait pas à Lui, mais à l’imperfection des instruments dont Il se servait en grâce. Mais quand le Seigneur Jésus est venu sur la terre selon le conseil éternel de Dieu, Dieu a trouvé en Lui un Homme — et infiniment plus qu’un Homme — dans Lequel Il pouvait parfaitement se donner à connaître et se glorifier. Merveilleuse Personne de notre Seigneur Jésus Christ ! Décrets insondables de Dieu !
Ce qui est devant nous en Éphésiens 1, n’est pas la rédemption acquise par Christ à la croix (bien que, certes, tout soit fondé sur cette œuvre), mais ce sont les résultats de la rédemption, ainsi que ce qui était dans le cœur de Dieu pour nous avant qu’il y eut un monde. Or le décret de Dieu trouve son point central dans la Personne de Christ Lui-même. Parce que Dieu nous voit depuis toujours en Christ, nous Ses enfants, nous sommes aussi inclus dedans — ô grâce infinie.
Le premier point de ce qui nous est dit, c’est que Dieu nous a béni de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. Nous voyons de nouveau Dieu, le Père, comme le Donateur. Oui, C’est en Christ qu’Il nous a béni ; Il ne le fera pas seulement quand nous arriverons au ciel. Puissions-nous mieux saisir cela !
Car il n’y a pas une seule bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ qui ne nous soit déjà accordée en Christ. Naturellement il nous faut encore plus apprendre à les connaître, et pour en prendre possession pratiquement, il nous faut pour ainsi dire « y poser la plante de notre pied ». Car ces bénédictions nous appartiennent déjà — elles appartiennent à tout vrai enfant de Dieu. Quant à leur caractère, ces bénédictions sont spirituelles (en contraste avec des bénédictions matérielles) ; la sphère où elles se déploient, ou leur siège, c’est le ciel (en contraste avec la terre) ; leur source, leur origine, c’est le cœur de Dieu Lui-même. Nous sommes là devant toute la hauteur de l’amour merveilleux de Dieu envers nous, et de Son décret insondable. C’est parce que l’appréciation qu’Il fait de Son Fils Jésus Christ est si grande, qu’Il nous a bénis de manière aussi parfaite.
Il est ensuite parlé d’élection ; « selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour ». L’élection est l’une des vérités qui sont tout à fait manifestement divines. Elle est étroitement liée au dessein que Dieu a eu avant la création du monde. C’est pourquoi l’homme n’y a aucune part. Tout provient de Dieu, le Tout-puissant, et Lui seul peut élire.
Nous rendons-nous compte que Dieu nous a choisi personnellement pour Lui ? C’est ce que signifie l’expression grecque : choisir pour soi. Il n’a pas élu l’Assemblée comme un tout, mais il a choisi individuellement les membres du corps de Christ, toi personnellement et moi personnellement. Et Il a fait cela avant qu’il soit question de péché, avant même que le monde existe. Il nous a vu, comme on l’a déjà remarqué, dès le commencement « en Christ », et c’est sur cette base qu’Il nous a élu.
Or si Dieu voulait nous avoir auprès de Lui et devant Lui, il fallait que notre être Lui corresponde. C’est pourquoi il est ajouté : « pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour ». C’est précisément ce qui caractérise Dieu et ce que Christ a parfaitement révélé : sainteté, irréprochabilité, amour. C’est la nature typique de Dieu. Mais pour nous, cette nature de Dieu nous est accordée dans la nouvelle naissance, produite par le Saint Esprit. Comme il est dit en 1 Jean 4:13 : « Par ceci nous savons que nous demeurons en lui et lui en nous, c’est qu’il nous a donné de son Esprit ». La communication de la nature divine rend possible de demeurer ou habiter en Dieu et que Dieu demeure ou habite en nous. C’est un privilège inestimable : avoir la communion avec Dieu sur la base de cette vie nouvelle et divine.
Je n’ai pas le moindre doute que nous ayons la même pensée en Éphésiens 1, même si le point de vue est un peu différent. C’est ici que l’apôtre Paul et l’apôtre Jean se rejoignent de manière remarquable dans leur ministère. L’œuvre de Christ a en particulier pour résultat que tout croyant est déjà aujourd’hui saint et irréprochable et dans l’amour de Dieu. Telle est la position que Dieu lui a conférée, intangible parce que fondée sur la croix. Mais c’est aussi une nature, comme nous l’avons vu — une nature qui nous rend capable d’être en communion avec Dieu.
Se tenir devant Lui dans une atmosphère d’amour, et s’y mouvoir, c’est la chose précieuse qu’on peut se représenter. Déjà dans le temps présent nous pouvons en jouir, dans une mesure, par le Saint Esprit, et en réaliser quelque chose. Certainement nous devrions le faire beaucoup plus. Mais ce que nous vivons ici-bas sur la terre, ce n’est pas tout. C’est beaucoup trop restreint par les « vases de terre », par la faiblesse, et surtout par chaque péché. Aussi nous regardons vers ce moment qui vient après, vers ce lieu de la perfection, où nous verrons les pleins résultats.
Le verset 4 d’Éphésiens 1 est donc un verset très complexe, très vaste. Il nous fait remonter dans le passé le plus lointain, et nous apprenons de quelle manière le cœur de Dieu s’est occupé de nous, avant même qu’Il appelât le monde à l’existence. Mais ce verset nous montre aussi notre position présente dont nous pouvons nous réjouir déjà maintenant. Dieu est déjà aujourd’hui la demeure habituelle de notre âme. Mais ensuite ce verset dirige vers l’éternité à venir où il n’y a plus de discordance entre la position et la pratique, où tout sera parfait — tant notre joie que la satisfaction de Dieu. En fait, ce verset nous donne une description du ciel.
L’épître à Tite va nous donner un troisième et dernier exemple de ce que le Seigneur Jésus nous « parle » aujourd’hui « ouvertement du Père ». L’apôtre Paul commence par décrire son ministère apostolique, et par montrer sur quoi il est fondé. Les éléments particuliers qu’il nomme sont en même temps un excellent sommaire de ce qu’est le vrai christianisme. Il mentionne d’abord la foi des élus, puis la connaissance de la vérité qui est selon la piété (Tite 1:1). Il rajoute enfin un troisième élément : Il était apôtre de Jésus Christ
« dans (ou : sur la base de) l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, nous a promis dès avant les temps éternels » [temps des siècles dans la traduction J.N. Darby]
L’expression « la foi des élus » est déjà à elle seule fort significative. Il y a ainsi des gens que la Parole de Dieu qualifie tout simplement d’« élus ». Ils sont caractérisés par une foi précise et personnelle, — la foi chrétienne. Et dans cette foi, il y a l’amour de Dieu qui a déjà fait d’eux les objets de Ses desseins avant la fondation du monde. Connaissant leur relation particulière avec Dieu et avec Son amour, ils peuvent regarder le futur, pleins de confiance.
C’est ce dont parle le verset 2. De même que le verset 4 d’Éph. 1, ce verset 2 regarde en arrière vers le passé le plus éloigné, et en même temps regarde en avant vers l’éternité future. Ici aussi nous avons accès — privilège infini — aux pensées de Dieu qui L’occupaient avant les temps éternels. Et qu’apprenons-nous ? qu’Il avait promis la vie éternelle avant les temps éternels. Quelle déclaration puissante ! Or à qui Dieu donnait-Il cette promesse, et à qui s’appliquait-elle, puisqu’il n’y avait encore point d’homme sur la terre ?
Sans doute cette promesse fut-elle faite à l’intérieure de la Déité, et elle fut donnée au Fils. Et en même temps, Il la reçut pour nous, les élus. Ce sont les élus qui sont les objets de la promesse de la vie éternelle. Nous avons une pensée semblable en 2 Tim. 1, où il est parlé de la puissance de Dieu, et il est rajouté : « qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le christ Jésus avant les temps éternels » (2 Tim. 1:9 ; [temps des siècles dans la traduction J.N. Darby]). De même que la grâce nous a été donnée dans le Christ Jésus dès avant les temps éternels, ainsi nous avons reçu aussi en Lui et avant les temps éternels, la promesse de la vie éternelle. Le cœur humain ne peut pas saisir cette grâce et cet amour. Mais cela ne nous empêche pas de nous prosterner dans l’adoration devant Celui qui a pensé à nous avant la fondation du monde.
Mais pourquoi est-il parlé de « l’espérance de la vie éternelle » ? Quand Paul écrivait cette phrase, ce n’était aussi pour lui qu’une espérance, quelque chose de futur. Or il n’y a là aucune contradiction avec le fait que les croyants possèdent déjà aujourd’hui la vie éternelle. Montrer que nous avons la vie éternelle est certes plutôt le ministère de Jean : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5:13).
Inversement, Paul voit souvent la vie éternelle à la fin de la course. C’est particulièrement net à la fin de Rom. 6 : « Mais maintenant, ayant été affranchis du péché et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car les gages du péché, c’est la mort ; mais le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle dans le christ Jésus, notre Seigneur » (Rom. 6:23).
En présentant les choses de cette manière, le Saint Esprit attire nos regards sur la vie éternelle dans la gloire. Dans ce sens c’est une espérance. Néanmoins ce n’est point une espérance trompeuse, car elle est fondée sur la Parole de Celui « qui ne peut mentir ».
Cette espérance bienheureuse est là pour nous donner des ailes dans le chemin souvent ardu. Il ne faut effectivement pas oublier, bien-aimés, ce que signifie en vérité l’accomplissement de cette espérance : quand la vie éternelle pourra se déployer dans toute sa plénitude, quand nous pourrons jouir en perfection de ses fruits, et que dans la force de cette vie nous verrons Celui qui est Lui-même la vie éternelle — « ce ne sera que gloire ».