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Paraboles de Matthieu 24 et 25

 

Matthieu 24:45 à 25:30

 

 

Christian Briem

 

Table des matières abrégée :

1     Le discours prophétique du Seigneur

2     La première parabole : L’esclave fidèle et le méchant esclave — Matthieu 24:45-51

3     Seconde parabole : Les dix vierges — Matthieu 25:1-13

4     Troisième parabole : Les talents — Matthieu 25:14-30

 

 

Table des matières détaillée :

1     Le discours prophétique du Seigneur

1.1      La sphère juive

1.2      La sphère chrétienne

2     La première parabole : L’esclave fidèle et le méchant esclave — Matthieu 24:45-51

2.1      L’esclave fidèle et prudent

2.1.1             Le service auprès des saints

2.1.2             Responsabilité vis-à-vis du Seigneur

2.1.3             La récompense

2.2      Le méchant esclave

2.2.1             Deux groupes d’ouvriers

2.2.2             Il commence « dans le cœur »

2.2.3             Gouverner au lieu de servir

2.2.4             La communion avec le monde

2.2.5             La fin de l’« hypocrite »

3     Seconde parabole : Les dix vierges — Matthieu 25:1-13

3.1      Une façon de regarder en arrière

3.2      Sur l’interprétation des paraboles

3.3      Le christianisme, c’est sortir, c’est du mouvement [première période]

3.4      Principes mélangés dans la chrétienté

3.5      Pas d’huile

3.5.1             Une forme sans vie

3.5.2             Objections

3.6      Le sommeil des vierges [deuxième période]

3.7      Le cri de minuit [troisième période]

3.7.1             Dieu seul peut donner la vie éternelle

3.7.2             Est-ce que plus personne ne peut être sauvé ?

3.8      La porte fermée

4     Troisième parabole : Les talents — Matthieu 25:14-30

4.1      Des dons différents

4.2      Sur l’usage des dons

4.2.1             Fidélité dans le service pour le Seigneur

4.2.2             L’esclave paresseux

4.2.3             Une leçon pour les vrais disciples

4.3      Règlement de comptes

4.3.1             Devant le tribunal de Christ

4.3.2             Paroles d’approbation

4.3.3             Fausses pensées sur Dieu

4.4      Résumé

 

Traduit de l’allemand de : Er lehrte sie vieles in Gleichnissen — vol. 2, p. 11-16

 

À la fin de Matthieu 24 et au début de Matthieu 25, on trouve successivement trois paraboles qui forment un tout bien remarquable. Elles font partie du grand discours prophétique du Seigneur sur la montagne des oliviers (ch. 24 et 25), et une brève vue d’ensemble de ce discours facilitera la compréhension des paraboles.

 

1                        Le discours prophétique du Seigneur

Le Seigneur parle ici comme le grand prophète de Dieu, celui que Moïse avait annoncé (Deutéronome 18:18). Il s’agissait d’un moment extrêmement solennel de l’histoire d’Israël quand le Fils de Dieu sortit et s’en alla du temple (Matthieu 24:1). Pensons-y : On n’entendrait plus jamais Sa voix dans ses parvis ! Jérusalem avait rejeté son roi ! Le Seigneur a dû crier au peuple juif et à ses conducteurs : « Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Matthieu 23:38, 39). C’est avec un tel arrière-plan solennel qu’il faut voir Ses exposés dans ces deux chapitres.

Pleins d’admiration pour les bâtiments du temple, les disciples avaient voulu les Lui montrer, mais Sa réponse dut forcément les déconcerter, voire même les inquiéter : « Ne voyez-vous pas toutes ces choses ? En vérité, je vous dis : Il ne sera point laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas » (Matthieu 24:2).

Quand ils furent seuls avec le Seigneur Jésus sur la montagne des Oliviers, ils Lui posèrent trois questions importantes : « Quand ces choses auront-elles lieu ? » — « Quel sera le signe de ta venue ? » — « Quel sera le signe de la consommation du siècle ? » (Matthieu 24:3).

Le Seigneur, dans Sa réponse, dépasse ce qu’ils demandaient. C’est toujours Sa manière de faire. Il leur donne — et à nous aussi par ce moyen — un aperçu grandiose des événements futurs qui suivraient son départ. Partant de la situation en Israël à l’époque, Il développe les choses jusqu’au temps où Il s’assiéra finalement sur Son trône de gloire ici-bas sur la terre et que le royaume ne sera plus en mystère, mais manifesté en puissance.

Il nous faut néanmoins faire attention à ce que, dans ce chapitre, les disciples ne sont pas en tant que chrétiens devant le Seigneur Jésus. Le christianisme n’existait pas encore, même si son introduction était proche. Non, le Seigneur les considère comme représentants du résidu croyant du peuple juif. Ils L’interrogeaient en tant que Juifs croyants, et ils recevaient Ses enseignements en tant que représentants du résidu juif des temps futurs.

 

La prophétie comporte trois grandes parties. La première couvre les versets 1 à 44 du chapitre 24, et concerne les Juifs. Le Seigneur annonce trois choses à leur sujet :

·      les tribulations qu’ils endureront (24:9),

·      les séductions auxquelles ils seront confrontés (24:24),

·      la libération qui sera leur part (24:31).

 

La deuxième partie s’étend du ch. 24:45 jusqu’au ch. 25:30. Il s’agit là exclusivement de chrétiens ; et en l’absence du Seigneur

 

·      ils servent dans un domaine intérieur (24:45-51),

·      ils L’attendent (25:1-13),

·      ils travaillent dans un domaine extérieur (25:14-30).

 

Le troisième paragraphe englobe les versets 31 jusqu’à la fin du ch. 25. Ce sont des nations qui nous sont présentées. Elles sont jugées et font l’objet d’une sentence, d’après leur attitude vis-à-vis des messagers du Roi, selon qu’elles les ont

 

accueillis (25:34-40) ou

rejetés (25:41-46).

 

1.1   La sphère juive

Dans la première partie de Sa prophétie le Seigneur décrit donc la sphère juive. Il est particulièrement frappant qu’Il passe entièrement sous silence la dispensation chrétienne, le temps de l’église (ou : assemblée), qui y est inclus du point de vue chronologique. Dans ce sens, Il parle tout à fait à la manière de l’Ancien Testament. Ce n’est qu’après avoir présenté la succession des événements prophétiques dans la sphère juive et les avoir développés jusqu’à l’apparition du Fils de l’homme en puissance et en gloire, qu’Il en vient à parler de la sphère chrétienne dans la deuxième partie. Cette sphère chrétienne ne fait pas suite chronologiquement à la fin de la première sphère, la sphère juive. La troisième partie qui traite du jugement des nations vivantes au commencement du royaume millénaire, ne fait pas non plus directement suite à la fin de la deuxième sphère. La troisième sphère fait plutôt suite à la fin de la première.

Il est bon de bien comprendre cela. Le Seigneur montre chacune de ces trois sphères séparément pour que nous puissions voir clairement le caractère particulier de chacune. C’est pour cette raison qu’Il nous donne trois images qui, chacune de son côté, est complète et achevée.

Ce n’est pas l’ordre chronologique des différentes sphères (ou : domaines) les unes par rapport aux autres qui figure ici au premier plan. D’autres passages permettent de le reconstituer. Et même à l’intérieur de chacune des sphères particulières, le Seigneur ne suit pas strictement l’ordre chronologique lorsqu’Il expose le déroulement des évènements. Mais nous ne pouvons pas aller plus loin dans cette question ici maintenant.

Le fait que la première sphère est effectivement un domaine juif ressort déjà clairement des expressions qu’on y rencontre : « évangile du royaume » (24:14), « lieu saint » (24:15), « Judée » (24:16), « sabbat » (24:20), « toutes les tribus de la terre » (24:30), « figuier » (24:32), « cette génération » (24:34), « la venue du fils de l’homme » (24:37-39). Ces courtes allusions peuvent suffire ici.

 

1.2   La sphère chrétienne

Il est très remarquable que le Seigneur Jésus présente la sphère chrétienne qui va nous occuper plus spécialement maintenant, sous forme de trois paraboles : la parabole de « l’esclave fidèle et du méchant esclave », la parabole bien connue des « dix vierges », et la parabole des « talents » (24:45 à 25:30). À proprement parler, ces paraboles ne donnent pas une vue d’ensemble sur des événements prophétiques, comme dans le cas de la première et troisième partie du discours. Ces trois paraboles ont toutes un caractère plutôt moral : elles mettent l’accent sur l’importance de l’attitude intérieure de l’homme.

Que dans ces paraboles nous ayons des images de la dispensation chrétienne actuelle, le temps de la grâce, les trois constatations suivantes l’étayent :

 

·      Si les croyants sont ici exhortés à attendre la venue de Christ, il est toujours parlé de la venue du Seigneur. Le titre de « Fils de l’homme » qu’Il prend toujours quand Il a à faire avec la terre ne se trouve dans aucune des trois paraboles.

·      Dans aucune des trois paraboles, il n’est fait mention « des temps et des saisons » (1 Thess. 5:1) ni d’aucun signe préparatoire comme on en trouve dans d’autres passages sur la prophétie en relation avec Sa venue en puissance. Tout porte plutôt le caractère de vérité chrétienne, surtout de la vérité qui nous est présentée au dernier paragraphe de 1 Thessaloniciens 4.

·      On ne trouve aucune citation de prophéties de l’Ancien Testament en rapport avec le sujet dominant — le retour de Christ pour les Siens. Pourquoi n’y en a-t-il pas ? Parce que l’Ancien Testament parle dans plus d’une centaine de passages de la venue du Messie, de Son rejet, de Sa mort et aussi de Son royaume en puissance et gloire, mais il n’est fait nulle part allusion à la période de temps durant laquelle le roi est absent et l’assemblée de Dieu, l’église, est formée.

 

Tout ceci n’est naturellement pas dû au hasard, et nous pouvons en conclure que le Seigneur Jésus ne parle pas ici d’Israël, mais de la dispensation chrétienne qu’Il désigne ici, comme ailleurs dans l’évangile de Matthieu, par le terme « royaume des cieux » (25:1).

Bien que j’aie déjà parlé de « l’assemblée de Dieu » et que j’utiliserai encore cette expression ici et là, il nous faut être bien au clair quant au point suivant : Dans ces trois paraboles, l’assemblée n’est pas présentée comme un tout organique, ni comme le corps de Christ ; mais il est parlé de ceux qui dans l’ère chrétienne prennent la place de professants et qui, en conséquence, sont placés sous la responsabilité correspondante. Leur profession peut être vraie ou fausse. Mais c’est justement quelque chose de typique du royaume des cieux : Il y a un mélange.

 

 

2                        La première parabole : L’esclave fidèle et le méchant esclave — Matthieu 24:45-51

Traduit de l’allemand de : Er lehrte sie vieles in Gleichnissen — vol. 2, p. 16-34

Après avoir donné encore quelques exhortations personnelles au résidu juif, pour terminer l’aspect juif de Son discours (24:32-44), le Seigneur en arrive au verset 45 au terrain chrétien.

Il faut bien comprendre que les disciples auxquels Il parlait, étaient en principe dans deux positions différentes, même si, à ce moment là, ils ne le comprenaient que très peu. D’un côté ils étaient les représentants du résidu juif de cette époque et des jours à venir ; nous l’avons déjà vu. D’un autre côté, le Seigneur considère les apôtres sous un angle complètement différent : comme représentants de l’assemblée de Dieu, dont ils formèrent le noyau ou l’embryon à son début (Actes 2). Du fait de Son rejet, leurs relations ne devaient plus être attachées à Israël et aux espérances de ce peuple, mais à Lui-même, le Seigneur demeurant au ciel.

C’est ainsi que, dans la parabole de « l’esclave fidèle et du méchant esclave », la première chose qu’Il montre aux disciples (et à nous), c’est que durant le temps de Son absence, les disciples devaient être caractérisés par la fidélité dans le service pour Lui. Ce service aurait sa source dans l’attente de Son retour. En un certain sens, ce serait une continuation du service qu’ils avaient exercé sous Ses yeux, quand Il était encore ici-bas.

Remarquons enfin que le Seigneur avait déjà prononcé cette même parabole à une précédente occasion (Luc 12:42-46). À ce moment là aussi, Il s’était servi de l’attente de Sa venue pour fortifier les disciples. La répétition de la parabole renforce l’impression produite par Sa parole.

 

2.1   L’esclave fidèle et prudent

« Qui donc est l’esclave fidèle et prudent, que son maître a établi sur les domestiques de sa maison pour leur donner leur nourriture au temps convenable ? Bienheureux est cet esclave-là que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens » (Matthieu 24:45-47)

 

C’est par une question pénétrante que le Seigneur introduit la première parabole : « Qui donc est l’esclave fidèle et prudent… ? » Ceci nous rappelle une parole de l’apôtre Paul : « Ici, au reste, ce qui est requis dans des administrateurs, c’est qu’un homme soit trouvé fidèle » (1 Corinthiens 4:2). C’est donc entièrement une question de responsabilité. Les trois paraboles ont toutes en commun cette pensée de base, même si le point de vue est chaque fois différent.

 

2.1.1        Le service auprès des saints

La parabole elle-même traite d’un esclave établi par son maître (ou : Seigneur) sur ses domestiques, sur les gens de sa maison. Selon l’intention exprimée par son Seigneur, l’esclave a reçu cette position pour qu’il donne aux autres esclaves et servantes de Sa maison leur nourriture au temps convenable.

Le sens figuré est facile à saisir. Car le Seigneur Jésus a encore aujourd’hui « des domestiques », des serviteurs et des servantes — de ceux qu’Il appelle « les Siens » et qui Lui sont infiniment proches et précieux. Il prend soin d’eux pour qu’ils aient toujours la nourriture convenable au temps convenable. Combien sont heureux les soins du Seigneur glorifié pour Son assemblée (comp. aussi Éphésiens 5:29) !

Mais n’est-il pas remarquable que, parmi les trois paraboles, celle-ci vienne en premier ? Ne devons-nous pas en conclure peut-être que l’intérêt du Seigneur pour Son peuple ici-bas sur la terre tient la première place dans Son cœur ? Nous, les hommes, nous aurions sûrement mis au premier rang la prédication de l’Évangile pour le monde perdu. Et qui oserait émettre le moindre doute sur l’importance de cette activité ? C’est dans la troisième parabole que le Seigneur en parle avec beaucoup d’insistance. Mais s’occuper de ceux qui sont à l’intérieur, en un sens, a la priorité avant de s’occuper de ceux de dehors. Ceci est confirmé par la triple mission confiée à Pierre par le Seigneur ressuscité en rapport avec Ses brebis et Ses agneaux : « Pais mes agneaux » — « Sois berger de mes brebis » — « Pais mes brebis » (Jean 21:15-17).

Le Seigneur a des gens qui sont « Sa maison » : « Nous sommes sa maison » (Hébreux 3:6). À l’intérieur de ce domaine, le maître de maison attribue la plus grande importance, dans Son amour, à un service fidèle et intelligent. Voyons-nous les choses pareillement ? Ou bien les besoins spirituels des enfants de Dieu ne sont-ils qu’accessoires pour nous, parce que nos intérêts, notre prédication sont exclusivement tournés vers ceux de dehors ? Si c’était le cas, nous n’aurions pas encore bien compris un caractère essentiel de notre époque. Car un tel service auprès des saints est justement caractéristique du christianisme, alors que le judaïsme ne connaissait rien de semblable. Il y avait bien aussi un « enseignement » en Israël, mais il s’agissait toujours d’un enseignement ou d’une lecture de la loi, une instruction du peuple au sujet de la loi (Deutéronome 33:10 ; 2 Chroniques 17:7-9 : Esdras 7:10 ; Néhémie 8:7, 8, 18 ; 9:3).

Mais comment cela se situe par rapport à ce qui est relaté en Néhémie 8 : « Et ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu, et ils en donnaient le sens et le faisaient comprendre lorsqu’on lisait » (Néhémie 8:8) ? N’était-ce pas une sorte d’« exposé » (Actes 28:23 ; 2 Timothée 2:15) au sens du Nouveau Testament ? Non, il s’agissait bien plutôt d’une traduction. Durant leur captivité, les Juifs avaient perdu leur langue d’origine, l’hébreu, et avaient adopté à la place, comme langue courante, l’araméen de leurs oppresseurs, qui était une langue apparentée. Or la loi était rédigée en hébreu comme presque tout l’Ancien Testament, ce qui fait que les Juifs ne comprenaient plus correctement ce qui était lu. C’est pourquoi les lévites, restés familiers avec l’hébreu, leur donnaient le sens de ce qui était lu. C’est aussi pourquoi il est dit au verset 12 : « Car ils avaient compris les paroles qu’on leur avait fait connaître ». Le verset 13:24 confirme également les difficultés linguistiques des Juifs revenus de Babylone.

Quelle différence avec l’enseignement donné à l’époque chrétienne au sujet de la loi et de ses commandements et du service ! Aujourd’hui le Saint Esprit conduit dans toute la vérité, et Il annonce les choses qui vont arriver, et Il glorifie Christ. Il prend de ce qui est au Seigneur Jésus et nous le donne (Jean 16:12-15). C’est une véritable « nourriture ». Il n’y a rien de comparable dans la dispensation juive.

Bien sûr, le service lui-même ne peut être accompli qu’au moyen de la parole de Dieu, comme les apôtres l’exprimaient déjà au début de l’ère chrétienne : « et pour nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service de la parole » (Actes 6:4). Et si le service est accompli dans l’esprit du Maître et sous la conduite du Saint Esprit, l’esclave fidèle et prudent saura donner du lait aux « enfants » et de la nourriture solide aux « hommes faits », exactement selon les besoins (1 Corinthiens 3:2 ; Hébreux 5:12-14). C’est ce que le Seigneur veut dire ensuite par les mots « faisant ainsi », et c’est ce qu’Il apprécie tant.

 

2.1.2        Responsabilité vis-à-vis du Seigneur

Il y a encore autre chose à apprendre de cette parabole simple : L’esclave appelé à ce service ne reçoit sa mission que du Seigneur, non pas des hommes, quels qu’ils soient, ni de l’assemblée. L’autorité pour faire ce service ne vient que du Seigneur ; Lui seul peut établir l’esclave sur Ses « domestiques ». Instruit lui-même dans la parole, il est maintenant appelé à enseigner d’autres. C’est plus tard dans les épîtres que nous apprenons que Christ exalté a donné des dons à Son assemblée : « et lui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ; en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ » (Éphésiens 4:11, 12).

Et comme la mission et l’autorité viennent du Seigneur seul, ainsi l’esclave n’est responsable dans son service que devant le Seigneur. Aucune instance humaine ne pourrait s’en mêler. Le service auprès des saints est une affaire divine, et il s’exécute sous le regard du Seigneur. C’est la raison pour laquelle dans notre parabole, tout tourne autour de la manière dont le maître, à sa venue, juge l’attitude de Son serviteur.

Nous arrivons par là à une autre question. Qu’est-ce qui rend l’esclave capable de servir de la bonne manière ? Qu’est-ce qui le fait poursuivre fidèlement en dépit de toutes les difficultés qui se rattachent au service ? C’est l’espérance que son Seigneur revient et qu’il y aura une rémunération pour toutes les peines. « Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi » (Apocalypse 22:12). Si nous aimons le Seigneur Jésus, nous attendrons ardemment Son retour, et en attendant, nous nous consacrerons à un service d’amour envers ceux qu’Il aime de manière si inexprimable.

 

2.1.3        La récompense

La fidélité envers Lui et envers Sa « maison » aura sa récompense, indépendamment des détails de la nature du service. Naturellement il s’agit ici de donner aux croyants la « nourriture » dont ils ont besoin ; mais le principe s’applique à toute sorte de services que le Seigneur peut confier. Quand alors le Seigneur vient et trouve l’esclave « faisant ainsi », Il lui exprime Son approbation. Il appelle ce serviteur « bienheureux ». Même si d’autres l’ont jugé défavorablement, comme s’il avait déployé son énergie dans le mauvais sens (voir Matthieu 26:8, 9), c’est ce jugement du Seigneur qui subsiste.

Mais ce n’est pas tout ; en outre « il l’établira sur tous ses biens ». Il avait établi Son esclave sur Ses domestiques, et comme il a été fidèle à cet égard, Il l’établira sur tous Ses biens. Une comparaison avec Apocalypse 2:26 nous montre ce que cela comprend : « Et celui qui vaincra, et celui qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin, — je lui donnerai autorité sur les nations ». L’apostasie de « Thyatire » caractérisera le temps du retour de Christ ; et l’esclave qui sera resté fidèle à son Seigneur et Maître dans un temps rempli de danger sera élevé à une place de puissance dans Son royaume. « Si nous souffrons(*), nous régnerons aussi avec lui » (2 Timothée 2:12). La place de l’autorité et du règne est normalement Sa place, car il s’agit de « tous Ses biens ». Le Père n’a-t-Il pas mis toutes choses entre les mains du Fils et ne L’a-t-Il pas établi sur les œuvres de Ses mains (Jean 13:3 ; Hébreux 2:7) ? Or le Seigneur Jésus ne veut pas occuper cette place tout seul ; Il désire la partager avec les Siens selon le conseil de Dieu. « Et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire » (1 Pierre 5:4). Quelle grâce insondable !

 

(*) note du Traducteur : en allemand « persévérons ». Voir note de la traduction JND en français : « endurons »

 

2.2   Le méchant esclave

Mais il y a aussi un autre côté du tableau, le côté sombre. Nous le retrouverons dans les deux paraboles suivantes.

 

« Mais si ce méchant esclave-là dit en son cœur : Mon maître tarde à venir, et qu’il se mette à battre ceux qui sont esclaves avec lui, et qu’il mange et boive avec les ivrognes, le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas, et à une heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 24:51).

 

Comme le Seigneur parle de « ce méchant esclave- », beaucoup se sont demandés : d’où vient-il donc, ce méchant esclave-là. Pourquoi dit-Il : « ce … là » ? De qui parle-t-Il ?

 

2.2.1        Deux groupes d’ouvriers

Comprenons d’abord que l’esclave fidèle et le méchant esclave ne représentent pas des individus, mais différents groupes de serviteurs. L’esclave fidèle et prudent symbolise le groupe des serviteurs fidèles du Seigneur au temps du christianisme, le méchant esclave le groupe des serviteurs infidèles, indignes. Par contre, dans la troisième parabole nous avons bien l’aspect individuel des ouvriers, mais pas ici. Il est extrêmement utile de considérer ces précisions.

La conjonction « si » est un « si » d’expectative. Le Seigneur prévoit de Son œil spirituel un changement néfaste des serviteurs dans la sphère chrétienne. Ce changement concerne le caractère des serviteurs, non pas leur position, et il a pour origine l’abandon de l’espérance du retour du Seigneur. En ce qui concerne la position, le méchant esclave est vu et traité de la même manière que l’esclave fidèle. Ceci veut dire que tous les deux sont vus comme établis sur les domestiques, et qu’ils en sont donc tous les deux responsables. Mais c’est le caractère de l’esclave qui change : Il est devenu un méchant esclave. C’est dans ce sens-là que le Seigneur considère le méchant esclave comme étant le même esclave, et dit à cause de cela : « Mais si cet esclave-là… ». Nous avons la même manière de voir dans la parabole du « grain de moutarde », où le petit grain de semence, quoique semé par le Seigneur Lui-même dans Son champ, devient un grande arbre et offre une demeure aux oiseaux du ciel (Matthieu 13:31, 32).

Cependant, les deux groupes de serviteurs subsistent jusqu’à la venue du Seigneur — la parabole le montre aussi clairement, — même s’ils vivront différemment cette venue. Nous y reviendrons plus tard. Néanmoins, le Seigneur veut démontrer un développement en mal, et en même temps Il veut préciser que pendant toute la dispensation de la grâce, il y aura des ouvriers fidèles et prudents, « jusqu’à ce qu’Il vienne ».

Nous pensons parfois que les méchants esclaves ne sont pas du tout des serviteurs du Seigneur. Mais le Seigneur nous enseigne autre chose dans cette parabole. Ce n’est pas seulement le méchant esclave lui-même qui dit : « mon maître », mais c’est également le Seigneur qui se nomme Lui-même le « maître de cet esclave » (24:50). Ceci est très remarquable. Si quelqu’un professe être au Seigneur, et être un serviteur du Seigneur, alors il est aussi responsable vis-à-vis de ce Seigneur. Le Seigneur Jésus ne dit pas : « Tu n’es pas mon esclave », mais Il agit avec lui selon sa profession, et selon qu’il a été conforme à cette profession.

Ce principe s’étend à toute la chrétienté. Si quelqu’un professe être à Christ par le baptême ou par la cène ou de tout autre manière, il est aussi responsable vis-à-vis de ce Seigneur — responsable de vivre selon ses enseignements. Le Seigneur ne le libère pas de cette responsabilité si sa profession est vaine et qu’il n’y a pas de vie divine. Si quelqu’un prétend être chrétien, le Seigneur le jugera sur ce terrain-là, non pas comme un païen qui n’a jamais entendu parler de Lui, et qui porte donc une responsabilité bien moindre.

 

2.2.2        Il commence « dans le cœur »

Comment le mal est-il entré dans l’assemblée ? Cela a commencé dans le cœur par l’abandon de l’espérance du retour immédiat de Christ : « Mais si ce méchant esclave-là dit en son cœur : Mon maître tarde à venir… ». Notons que c’est le langage du cœur que seul peut percevoir Celui qui connaît les cœurs. Or c’est là, dans le cœur, que l’évolution funeste a eu son point de départ. Il en est toujours ainsi. Quand Étienne se tenait devant ses accusateurs juifs, il dut leur rappeler leurs pères « qui ne voulurent pas être soumis » à Moïse et donc à Dieu ; « mais ils le repoussèrent et retournèrent de leur cœur en Égypte » (Actes 7:39).

Si on aime le Sauveur, il n’y a rien de plus normal et de plus beau que d’attendre ardemment l’accomplissement de Sa promesse de revenir bientôt. Pour un tel chrétien le retour de Christ n’est pas qu’une question doctrinale, mais un besoin du cœur. Les croyants à Thessalonique s’étaient « tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1 Thessaloniciens 1:9, 10). Voilà, bien-aimés, ce qui devrait être notre attitude et notre espérance ! Le Seigneur Jésus n’a-t-Il pas dit qu’Il reviendrait pour nous prendre auprès de Lui, afin que là où Il sera, nous, nous soyons aussi (Jean 14:3) ? Cette espérance est sur Son cœur, et elle devrait également être sur le nôtre. Oui, son cœur nous désire, et Il transformera ce désir en réalité. Peut-il donc y avoir de notre côté une autre réponse que celle de chercher du regard Celui qui nous aime ?

Mais il peut en être autrement. Pourquoi est-ce que je parle de nous les enfants de Dieu, alors que c’est le « méchant esclave » qui est devant nos yeux ? Son langage peut-il aussi être le nôtre ? Malheureusement, oui ! Nous pouvons certes ne pas être directement « ce méchant esclave-là », car sa fin est la perdition. Mais nous pouvons tout à fait tenir son langage, avec des conséquences catastrophiques pour nous aussi.

Notons bien que le méchant esclave ne pense pas que son maître ne va pas revenir, mais il repousse cet événement (non désiré) vers un futur éloigné (comp. 2 Pierre 3:4, 9). Si le diable réussit à faire cela avec nous, la ruine est inéluctable. Peu importe la méthode utilisée par l’adversaire pour arriver à son but. Soit il amène le monde entre nous et Christ, soit il introduit de nouveaux enseignements : par exemple l’opinion selon laquelle les croyants devraient préalablement traverser la grande tribulation [post-tribulationistes], ou l’idée que la venue de Christ ne pourrait avoir lieu qu’après le règne millénaire [post-millénaristes]. Le résultat est le même dans les deux cas : L’attente immédiate de Sa venue est relativisée (atténuée), Son retour est repoussé dans le lointain, et en conséquence le cœur perd sa force vive. On s’installe sur la terre ; c’est elle qui devient le domicile (ou : la patrie) de l’âme, non pas le ciel. Et finalement on est même satisfait de penser que Christ ne viendra pas avant longtemps, si tant est qu’on croit qu’Il reviendra un jour.

Dans la chrétienté les choses ont évolué depuis longtemps dans cette direction ; c’est l’état le plus largement répandu. Mais — quel avertissement !— ce qui a conduit à cela n’était à l’origine rien d’autre que l’abandon de la bonne manière de penser. Et c’est ainsi que ceux qui auraient dû être fidèles et prudents sont devenus infidèles et méchants. Qu’on comprenne bien cette phrase ! Il n’est pas question ici de savoir si un croyant peut après tout aller à la perdition — ce que l’Écriture nie sans ambiguïté (Jean 10:27-30) — mais il s’agit dans cette parabole de la responsabilité du serviteur au temps du christianisme.

 

2.2.3        Gouverner au lieu de servir

Après avoir perdu la bonne orientation d’esprit, l’étape suivante est la prétention à une fausse position : « et il se met à battre ceux qui sont esclaves avec lui ». Ceci est un changement radical d’un vrai service tel que le Seigneur vient de le décrire (Matthieu 19:29, 30). Il nous montre là deux grands principes qui devraient être la motivation du vrai serviteur au service : l’amour (« aura quitté…pour l’amour de mon nom ») et l’humilité (« les premiers seront les derniers »).

Ici, nous avons au contraire l’élévation du Moi et l’oppression des autres. Il n’est pas difficile de suivre les progrès de cet état d’esprit dans l’histoire de la chrétienté à travers les siècles. Déjà au temps des apôtres, il y avait un homme dont l’apôtre Jean a dû dire : « …qui aime à être le premier parmi eux » (3 Jean 9). Il a rapidement fait école.

Je ne veux pas dire qu’en principe l’exercice de l’autorité dans l’assemblée soit faux. Au contraire, il est voulu de Dieu. Le Seigneur tient les sept étoiles dans Sa main droite ; Il les a placées pour répandre dans l’assemblée la lumière divine pour conduire et pour enseigner (Apocalypse 1:16, 20 ; 2:1). Le Seigneur les mesurera selon qu’elles auront répondu à cette position et à ce devoir et se seront soumises en tout à Sa volonté et à Sa parole. Dans ce contexte j’aimerais mentionner que dans l’Écriture sainte le « soleil » est souvent utilisé comme image d’une autorité absolue (Dieu), la « lune » comme image d’une autorité dérivée (l’assemblée) et les « étoiles » comme l’image d’une autorité subordonnée (anges des assemblées) — les deux dernières « pour dominer sur la nuit » (comp. Genèse 1:16 ; Psaume 136:9). Dieu attend de Ses serviteurs que Sa volonté soit présentée et réalisée dans l’assemblée avec autorité.

Ces remarques montrent aussi clairement que l’exercice de l’autorité dans l’assemblée n’a strictement rien à voir avec une domination de propre volonté sur elle. Le travail de paître le troupeau de Dieu doit être fait ; la surveillance sur ce troupeau doit s’exercer. Mais l’apôtre Pierre ajoute aussitôt cet avertissement à ceux auxquels le Seigneur a confié un tel service : « non pas comme dominant sur des héritages » (1 Pierre 5:1-3).

Quand le Seigneur parlait dans Sa parabole d’esclaves battant les autres, Il vivait ici-bas sur la terre. À peine 70 ans plus tard, Il donnait du ciel au vieil apôtre Jean la mission d’écrire sept lettres à sept assemblées — des lettres qu’Il lui a dictées Lui-même. Dans deux de ces lettres, Il mentionne un certain groupe de gens, les nicolaïtes, et Il parle de leurs « œuvres » et de leur « doctrine » (Apocalypse 2:6, 15). « Nicolaïtes » signifie « dominateur du peuple » et nous pouvons en déduire que, par cette expression symbolique, le Seigneur visait l’apparition (précoce) d’un système clérical, même s’Il ne voulait pas limiter l’expression à cette pensée.

Ce système ecclésiastique nia rapidement la sacrificature [ou : prêtrise] de tous les croyants, comme l’enseigne l’Écriture sainte (1 Pierre 2:5, 9), et il mit de côté la libre action du Saint Esprit dans la prédication de la Parole de Dieu. Il introduisit la différence, contraire à l’Écriture, entre clergé et laïcs, ce qui amena la domination sur ces derniers. Seule une certaine classe, recevant une ordination par des hommes, avait le droit de prêcher, d’enseigner et de conférer les soi-disant sacrements (baptême et cène).

Un exemple historique confirme la rapidité avec laquelle ces principes faux ont pris pied dans la chrétienté : Ignace avait été à l’école de l’apôtre Jean et était son ami. Il ne lui survécut guère que sept ans. La veille de sa mort comme martyr, en chemin vers Rome, vers l’an 107, cet homme dévoué, évêque d’Antioche et archevêque de la Syrie, écrivit sept lettres à différentes assemblées. Dans ces lettres, il souligne la soumission des croyants à l’évêque et leur demande « de regarder à l’évêque comme au Seigneur Lui-même ». Il écrit à l’assemblée à Philadelphie : « J’ai crié, lorsque j’étais parmi vous, je vous ai dit bien fort : ‘Écoutez l’évêque et les anciens et les diacres !’ » (Andrew Miller, Histoire de l’église).

 

2.2.4        La communion avec le monde

Après que les convictions justes ont été perdues et qu’on eut cessé d’attendre la venue du Seigneur, il en est résulté, outre la prétention à une fausse position (ce que nous venons de voir), la communion avec le mauvais côté, ce qui était presque inévitable : « il mange et boit avec les ivrognes ». Il n’est pas dit que le méchant esclave est ivre lui-même, mais il a communion avec ceux qui sont dans cet état.

La communion avec le monde : c’est la troisième caractéristique du méchant esclave. « Ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit » dit l’Écriture (1 Thessaloniciens 5:7) ; nous voyons ainsi que la communion avec le monde se traduit par une communion avec les ténèbres. Les « enfants de lumière » sont donc exhortés : « N’ayez rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les aussi ; car les choses qu’ils font en secret, il est honteux même de les dire » (Éphésiens 5:11, 12). Car si on s’associe avec le monde et ses principes, comment pourra-t-on le reprendre ?

Manger et boire expriment la communion, que ce soit avec le bien ou avec le mal — un principe dont on retrouve la confirmation dans d’autres passages (comp. 1 Corinthiens 5:11 ; 10:17-22). Bien que le méchant esclave ne soit pas ivre, comme nous l’avons remarqué, le Seigneur le voit quand même uni avec ceux qui le sont. Pourquoi ? Parce qu’il « mange et boit » avec eux. Il ne faut pas forcément faire le mal soi-même pour être en communion avec lui. Il suffit souvent d’une participation extérieure. Le Seigneur la juge comme une identification, une assimilation avec le mal. La seule salutation normale peut faire participer aux « mauvaises œuvres » d’un faux docteur (2 Jean 11). C’est la manière de voir de Dieu, et combien peu les enfants de Dieu la comprennent aujourd’hui ! Sinon ils éviteraient et abandonneraient plutôt les relations mauvaises par lesquelles Il est déshonoré. « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Corinthiens 15:33).

Au lieu de servir le Seigneur, le méchant esclave s’engage avec le monde, et s’unit à ses voies et ses principes. Aussi, le moment venu, il sera traité comme lui.

 

2.2.5        La fin de l’« hypocrite »

« Le maître de cet esclave-là viendra ». Il ne faut pas confondre la venue du verset 50 avec celle du verset 46. L’esclave fidèle et prudent vit dans l’attente du retour de son Maître. Tout son service s’accomplit en vue de ce moment désiré ardemment depuis longtemps. Mais pour le méchant esclave, la venue du Maître est quelque chose d’inattendu autant que non désiré. Il établira l’esclave fidèle sur tous Ses biens, tandis que le méchant esclave sera coupé en deux et recevra sa part avec les hypocrites.

Ainsi la venue du Seigneur porte un caractère totalement différent dans les deux cas. C’est pour le monde qu’Il vient « comme un voleur dans la nuit » (1 Thessaloniciens 5:2, 3 ; voir aussi 2 Pierre 3:10 ; Apocalypse 3:3 ; 16:15), mais non pas pour les Siens. Nous apprenons plus tard, en particulier par les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, qu’il s’agit de deux actes différents et de deux moments différents de Sa venue. Mais au moment où parlait le Seigneur, la vérité de l’enlèvement des Saints n’avait pas encore été révélée. Les paroles du Seigneur ici en indiquent cependant déjà le chemin. Il est très heureux de le voir.

Le sort du méchant esclave est d’autant plus solennel. Il sera « coupé en deux » — avec une « scie » bien plus terrible que celle avec laquelle David « scia » les fils d’Ammon autrefois (1 Chroniques 20:3). Et comme le méchant esclave est un hypocrite — il prétendait servir le Seigneur, mais ne l’a pas fait, — c’est pour cela que le Seigneur lui donnera là sa part : avec les hypocrites.

Arrivé là, le Seigneur abandonne le langage en parabole, et se met à parler directement, littéralement. Il en est de même quand Il décrit plus en détail cette « part avec les hypocrites » : « Là seront les pleurs et les grincements de dents ». Nous retrouvons cet abandon subit du langage en parabole à la fin de plusieurs paraboles, et cela souligne l’immense portée et les lourdes conséquences de ce que la Seigneur place sur les cœurs.

Quand on compare entre eux les passages où le Seigneur utilise cette expression solennelle « les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 8:12 ; 13:42, 50 ; 22:13 ; 25:30 ; Luc 13:28), il apparaît clairement qu’Il parle toujours d’un jugement éternel dans le lieu de tourments. C’est l’enfer, la seconde mort, la séparation éternelle d’avec Dieu.

Que le Seigneur accorde qu’aucun de mes lecteurs n’arrive dans ce lieu effrayant, duquel on ne peut plus s’échapper ! Aujourd’hui est encore un jour de salut, aujourd’hui on peut encore « se tourner vers Dieu », pour venir des ténèbres à Sa merveilleuse lumière.

 

 

3                        Seconde parabole : Les dix vierges — Matthieu 25:1-13

Traduit de l’allemand de : Er lehrte sie vieles in Gleichnissen — vol. 2, p. 35-60

 

La parabole des ‘dix vierges’, au début du chapitre 25, fait directement suite à celle de ‘l’esclave fidèle et du méchant esclave’ à la fin du chapitre 24. Il s’agit d’une des paraboles les plus connues, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit toujours bien comprise. Cette parabole du Seigneur est également riche en leçons de la plus grande importance, particulièrement pour les jours où nous vivons. Avec l’aide du Saint Esprit et avec tout le soin requis, nous voudrions essayer de saisir ces leçons pour les garder dans notre coeur et pour agir en conséquence.

 

3.1   Une façon de regarder en arrière

Comme les paroles préliminaires l’indiquent, nous sommes de nouveau en présence d’une parabole du « royaume des cieux »:

 

« Alors le royaume des cieux sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l’époux » (Matthieu 25:1).

 

Le Seigneur compare donc l’ère chrétienne (le royaume des cieux) à dix vierges qui prirent leurs lampes pour aller à la rencontre du Seigneur. Il se sert d’une coutume habituelle d’Orient : le jour d’un mariage, des vierges allaient à la rencontre de l’époux pour l’accompagner jusqu’à la maison de l’épouse avec des flambeaux.

Par le mot introductif ‘alors’, le Seigneur fait la liaison avec la parabole précédente. ‘Alors’ ne se réfère pas du tout, comme beaucoup le pensent, à la grande tribulation et à sa fin, mais à la période chrétienne dont le Seigneur avait déjà parlé dans la première parabole. L’esclave fidèle et prudent aurait le regard et le cœur tournés vers le retour de son Seigneur, et travaillerait pour Lui dans un domaine intérieur pour donner « à ses domestiques la nourriture au temps convenable ». Par contre, le méchant esclave dirait en son cœur : « Mon maître tarde à venir » et commencerait à s’élever au-dessus de ceux qui étaient esclaves avec lui et à les battre. Finalement, il s’associerait même avec les ivrognes. C’est exactement la déchéance qui s’est produite dans la chrétienté.

Par la forme d’expression particulière « sera fait semblable » (ou moins littéralement : ‘deviendra semblable’), le Seigneur indique qu’Il a spécialement en vue une période de temps particulière et tardive dans cette époque chrétienne de la première parabole. Le royaume des cieux aurait alors précisément revêtu certains caractères moraux. Cette période se situe bien sûr à la fin de l’époque. C’est pourquoi la manière de voir dans cette parabole est en partie tournée vers le passé. Il en va ici autrement que, par exemple, dans les paraboles du royaume des cieux du ch. 13, où le développement du royaume est montré en partant d’un certain point de départ et en allant vers l’avenir ; ici c’est la situation de l’état final qui est décrite, mais un coup d’œil est quand même donné en arrière vers le point d’où tout est parti.

 

3.2   Sur l’interprétation des paraboles

Avant d’entrer dans les symboles particuliers dont le Seigneur se sert, rappelons encore une fois ce qui a été dit au début de nos méditations sur les paraboles : en principe, nous ne pouvons pas « spiritualiser » tous les détails d’une parabole. Nous ne pouvons pas, et même nous n’avons pas le droit de vouloir absolument attribuer une interprétation spirituelle à chaque circonstance mentionnée dans la parabole. Chaque parabole a une ligne de pensée fondamentale, et c’est elle qu’il faut saisir. Dans notre parabole, cette ligne de pensée est qu’il faut être prêt pour l’arrivée de l’époux. C’est ce dont il s’agit ici, et c’est en relation avec cette ligne de pensée fondamentale que les détails de la parabole reçoivent leur sens figuré.

En principe on ne poursuit aucune ligne de pensée secondaire dans une parabole, on n’entre pas dans les vérités qui sont connexes à la vérité ou à la leçon présentée dans la parabole en question. Ainsi par exemple, il n’est pas parlé de l’épouse dans notre parabole ; au chapitre 22 nous avons une parabole qui traite de l’état des invités ; dans notre parabole, il s’agit de la venue de l’époux ; et ce n’est qu’en Apocalypse 19 et 21 que nous voyons l’épouse céleste.

Le Seigneur Jésus est de toute évidence le grand et divin Docteur [qui enseigne], et quand Il prononce une parabole et y utilise certains symboles, Il sait exactement pourquoi Il dit ainsi et non pas autrement. Il y a toujours une intention dans la façon dont Il choisit Ses mots. Ses paroles sont toujours parfaites et pleines de sagesse divine : c’est à maintenir de manière absolue. Néanmoins ce qui a été dit subsiste : dans chaque parabole, le Seigneur veut donner une leçon fondamentale. Saisir cette pensée principale doit être notre préoccupation principale, avant de nous demander ce que le Seigneur a encore à nous dire par tel ou tel détail.

Ajoutons encore qu’il nous faut être reconnaissants de ce que le Seigneur s’est abaissé à nous faire connaître Ses pensées divines au moyen de circonstances et d’événements de la vie normale. Nous assimilons souvent beaucoup plus facilement les images que les paroles abstraites.

Cette parabole qui est devant nous est un tableau tracé par une main divine et parfaite; aussi serons-nous certainement surpris de tout ce que le grand Maître y a placé.

 

3.3   Le christianisme, c’est sortir, c’est du mouvement [première période]

Si le Seigneur utilise le symbole de vierges, c’est parce qu’Il veut tout de suite nous faire connaître une pensée de base du christianisme : la séparation — la séparation du monde, de tout ce qui ne Lui est pas conforme. La racine du mot grec pour ‘vierges’ signifie ‘séparer’. Les vrais chrétiens sont des hommes qui sont séparés pour leur Seigneur, séparés pour Dieu. Le Seigneur Jésus « s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père » (Galates 1:4). Le service de l’apôtre Paul visait à « présenter les Corinthiens au Christ comme une vierge chaste » (2 Corinthiens 11:2). Sommes-nous toujours conscients de cette position, chers amis ?

Les vierges prirent leurs lampes. La lampe est une excellente image du témoignage du chrétien. Les chrétiens sont appelés à être un témoignage pour Christ dans ce monde. Ils ont le privilège de reluire « comme des luminaires dans le monde » « au milieu d’une génération tortue et perverse » (Philippiens 2:15). En montrant, dans leur vie et par leurs paroles, qui est Christ, ils répandent une lumière spirituelle et morale dans un monde de ténèbres. N’est-ce pas un service élevé ? Ne voulons-nous pas nous rappeler une nouvelle fois ce service en entendant dire des vierges qu’elles prirent leurs lampes ?

Équipées ainsi, « elles sortirent à la rencontre de l’époux ». Ceci est extraordinairement remarquable; car nous y découvrons un caractère supplémentaire, un troisième caractère du vrai christianisme : La pensée de Dieu est que les chrétiens ne restent pas là où ils étaient au moment de leur conversion ; mais plutôt ils sortent, ils quittent au sens religieux leurs relations antérieures. Le Juif cesse d’être un Juif, le païen d’être un païen — « où il n’y a pas Grec et Juif … ; mais où Christ est tout et en tous » (Colossiens 3:11).

Mais ils quittent aussi leur position antérieure dans un autre sens : Ce qui avait pour eux de la valeur dans ce monde, ils l’abandonnent pour l’amour du Seigneur, pour aller à Sa rencontre — pour avoir « une rencontre avec Lui »(*). Je ne parle pas ici de relations naturelles, créées par Dieu, telles qu’elles existent entre homme et femme, ou parents et enfants. En suivant le Seigneur, il nous faut certes parfois les mettre au second plan. Mais je pense beaucoup plus au système du monde qui tient l’homme captif par ses joies et ses plaisirs. Celui qui est devenu croyant abandonne volontiers ces liens anciens et ces joies creuses qui n’ont plus d’importance pour lui. Quand on va réellement à la rencontre de « l’époux », ce ne sera pas du tout difficile.

 

(*) Il est très significatif que nous ayons ici (Matt. 25:6) la même expression qu’en 1 Thess. 4:17.

 

On peut voir un bel exemple de cette ‘sortie’ chez les croyants de Thessalonique. Ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils (1 Thessaloniciens 1:9,10). Les chrétiens hébreux durent aussi faire l’expérience qu’il était impossible de rester dans le ‘camp’, le système religieux juif, et de jouir en même temps des bénédictions chrétiennes. « Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre ; car nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13:13, 14). Bien-aimés, sommes-nous également « en mouvement », abandonnant ce qui est ancien et allant vers Celui qui vient ?

Une nouvelle différence apparaît ici par rapport à la position des Juifs croyants des jours à venir : Tandis que les chrétiens sont appelés à « sortir » à la rencontre de l’époux, le résidu juif n’a pas reçu cet appel. Il reste dans les relations qui l’ont caractérisé jusque là, et y attend la venue du messie comme salut : les versets 40 et 41 de Matthieu 24 en parlent : l’un (ou l’une) sera pris(e) (par le jugement) et l’autre laissé(e) (pour le royaume).

En ce qui concerne l’époux, il n’est pas difficile d’y reconnaître une image du Seigneur Jésus. Déjà au chapitre 22 le Seigneur Jésus avait comparé le royaume des cieux à un roi qui fit des noces pour son fils. Si Dieu veut faire des noces pour Son fils (en langage figuré), il est tout à fait clair qui est l’époux : c’est Lui, le Seigneur Jésus Christ, le Fils du Dieu vivant.

Ce qui est également frappant, c’est que dans les deux paraboles l’épouse n’apparaît pas. Si j’en parle quand même maintenant un peu, c’est parce qu’il nous arrive d’avoir des idées fausses à son sujet en rapport avec notre parabole.

 

·        S’agissant de l’épouse, il ne nous faut pas penser ici à l’assemblée de Dieu. Certes l’assemblée est l’épouse céleste de Christ, la femme de l’Agneau (Apocalypse 19:7 ; 21:2 ; 22:7), mais cette vérité n’est pas encore révélée ici.

·        En méditant notre parabole, nous ne devrions pas non plus laisser de place à l’idée qu’au cours du déroulement de la parabole, les vierges deviendraient elles-mêmes à l’improviste l’épouse. C’est ce qui est le plus souvent exposé, la plupart du temps sans même qu’on s’en rende compte ; mais ce n’est pas juste.

 

3.4   Principes mélangés dans la chrétienté

« Et cinq d’entre elles étaient prudentes, et cinq folles. Celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles ; mais les prudentes prirent de l’huile dans leurs vaisseaux [ou : réservoirs, récipients] avec leurs lampes » (Matthieu 25:2-4).

 

Il est intéressant de voir comment le Seigneur Jésus présente les choses : Parmi les dix vierges, il y en avait cinq prudentes et cinq folles. Le nombre cinq parle de la responsabilité humaine. Son double, le nombre dix, renforce encore cette pensée que nous trouvons d’ailleurs déjà dans les ‘dix commandements’. Par l’usage de ces nombres, le Seigneur Jésus veut déjà indiquer que le domaine chrétien a été confié à la responsabilité de l’homme. C’est là la raison pour laquelle Il utilise deux fois le nombre cinq, et non pas à cause de ce que les deux groupes seraient de même taille.

Mais quand quelque chose est placé par Dieu sous la responsabilité de l’homme, cette chose est toujours gâtée par lui. C’est ce que nous voyons ici : Parmi celles qui représentent symboliquement la chrétienté, il n’y en a que cinq de prudentes, les cinq autres étant folles. Quelle qu’en soit la signification dans le détail — et nous allons nous en occuper tout de suite, — nous en retenons une chose : des principes mélangés règnent dans le domaine du témoignage chrétien sur la terre, et dans ce domaine on trouve côte à côte des gens prudents et des fous. On a le même tableau dans la première et la troisième parabole. À côté de l’esclave fidèle et prudent, on trouve l’esclave méchant ; et à côté des esclaves bons et fidèles qui géraient fidèlement les biens de leur maître, il y avait aussi l’esclave méchant et paresseux qui cachait son talent dans la terre. Le bien et le mal à côté l’un de l’autre, c’est la caractéristique du royaume des cieux aujourd’hui, c’est-à-dire la chrétienté.

Le Seigneur avait déjà annoncé à l’avance que cela se passerait ainsi en Matthieu 13. Lui, le bon semeur sèmerait la bonne semence, mais son adversaire sèmerait aussitôt l’ivraie au milieu du froment. Il serait bon et extrêmement utile pour le discernement de ce qui se passe de nos jours  dans la chrétienté, si nous gardions fermement ce fait dans nos cœurs, et si en plus, nous tenions toujours compte de ce que le royaume des cieux n’est pas la même chose que l’assemblée de Dieu. Dans l’assemblée, la discipline doit être exercée (« ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes », 1 Cor.5:13), tandis qu’au contraire, dans le royaume des cieux le principe suivant prévaut : « Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu’à la moisson » (Matthieu 13:30).

 

3.5   Pas d’huile

La prudence des vierges prudentes se montrait en ce qu’elles prirent de l’huile dans leurs vaisseaux avec leurs lampes. La folie des folles se manifestait en ce qu’elles prirent leurs lampes sans prendre d’huile dedans. Les deux avaient des lampes. Mais ce qui faisait la différence décisive à tous égards, c’était s’il y avait de l’huile ou pas.

Une idée largement répandue dans la chrétienté est que, dans les vierges prudentes, il faut voir une image des chrétiens fidèles, tandis que dans les vierges folles il faut voir des chrétiens infidèles, et que les prudentes attendaient le Seigneur tandis que les folles ne le faisaient pas. Cependant la vérité est que toutes les vierges s’endormirent, non pas seulement les folles. Sur ce point, elles étaient toutes infidèles. Non, c’était le manque d’huile qui différenciait les vierges folles des vierges prudentes, et qui fut finalement fatal aux folles.

Effectivement quelle folie d’avoir une lampe, mais de ne pas prendre d’huile dedans ! La ‘lampe’ parle, comme nous l’avons déjà dit, de la profession ; mais si ‘l’huile’ manque à la profession de Christ, cette profession est vaine et creuse. On peut tout à fait confesser le Seigneur extérieurement, et pourtant ne pas avoir ‘d’huile’.

Que veut dire le Seigneur Jésus quand Il montre les unes en possession d’huile, et les autres n’en ayant pas ? Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, l’huile est souvent une image du Saint Esprit. Dans l’Ancien Testament des personnes et des objets étaient oints en certaines occasions, mais il était toujours fait usage d’huile.

Par allusion à cet usage de l’Ancien Testament, le Nouveau Testament parle d’une onction que les enfants de Dieu ont reçu : « Et vous, vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses » (1 Jean 2:20). C’est une façon symbolique d’exprimer la réception du Saint Esprit, qui est décrite ailleurs comme le fait de sceller (Éphésiens 1:13). Si quelqu’un entend l’évangile de Dieu et croit à cet évangile, il sera scellé avec l’Esprit Saint, il recevra l’onction « du Saint », c’est-à-dire de Christ (*).

 

(*) Ici, « le Saint » veut dire Christ (comp. Jean 6:69 ; Actes 3:14 ; Apocalypse 3:7). Quand en Jean 15, le Seigneur parle de l’Esprit Saint en tant que consolateur, Il dit : « … lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père » (Jean 15:26). Or, il est aussi vrai que c’est le Père qui L’envoie (Jean 15:26) et que l’Esprit Saint vient de Lui-même (Jean 16:7, 8). Les personnes de la Déité agissent en harmonie parfaite l’une avec l’autre. C’est bien pour cela qu’en 2 Corinthiens 1:21, 22 le fait de sceller les croyants de l’Esprit Saint est attribué à Dieu en tant que tel (comp. Actes 5:32).

 

« Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs » (2 Corinthiens 1:21, 22). Dans ce passage, trois expressions sont utilisées pour la même chose, la réception de l’Esprit Saint : oindre, sceller, donner les arrhes de l’Esprit dans le cœur.

Le verset suivant du prophète Ésaïe montre clairement que déjà dans l’Ancien Testament l’onction était mise en relation avec l’Esprit Saint ; c’est une prophétie sur le Seigneur Jésus : « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, parce que l’Éternel m’a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires » (Ésaïe 61:1 ; comp. aussi Luc 4:18-21 ; Actes 10:38).

 

3.5.1        Une forme sans vie

J’espère que nous avons vu suffisamment clairement le sens d’avoir ou non de ‘l’huile’. Quelqu’un qui n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de Lui (Romains 8:9). C’est extraordinairement sérieux. Cette personne peut avoir une ‘lampe’, elle peut professer Christ extérieurement. Elle peut présenter une certaine ‘forme de piété’, mais si elle ne possède pas l’Esprit Saint, elle en renie la puissance (2 Timothée 3:5). Hélas ! combien de personnes dans la chrétienté se contentent d’une forme extérieurement chrétienne ! Elles ne se sont jamais souciées d’entrer en possession ‘d’huile’. Elles n’ont pas la vie divine, ni ne possèdent pas l’Esprit Saint qui agit en puissance dans cette vie. C’est cela qui les rendrait capables d’être prêtes pour Christ et pour Sa venue. Et rappelons-nous encore une fois : C’est justement le point dont il s’agit dans notre parabole : être prêt pour l’Époux quand Il vient.

Ce que le Seigneur nous présente ici d’une manière imagée, Il l’exprime brièvement et sans ambiguïté dans le dernier livre de la Bible : « Je connais tes œuvres, que tu as le nom de vivre, et tu es mort » (Apocalypse 3:1). Quel état bouleversant ! Quelle tromperie fatale à laquelle, il faut le craindre, se livrent des gens sans nombre dans nos pays ! Ils ont une profession chrétienne, ils pensent avoir la vie de Dieu, mais ils sont morts — morts pour Dieu, morts spirituellement (Éphésiens 2:1).

Encore une fois, retenons bien ceci : Les vierges prudentes sont un symbole des vrais croyants, des enfants de Dieu. Leur marque caractéristique est de posséder le Saint Esprit, cette onction qui demeure en eux (1 Jean 2:27). Ils sont ainsi placés dans une relation de vie indissoluble avec Christ, leur Seigneur. Par contre, les vierges folles représentent des professants incrédules qui n’ont pas la vie divine, qui ne possèdent pas l’Esprit Saint et qui sont dépourvus de tout ce qui pourrait les mettre en état d’accueillir Christ d’une manière heureuse. L’homme naturel, si religieux et chrétien soit-il, ne possède rien qui le lie vraiment à Christ et qui lui fasse attendre sa venue.

 

3.5.2        Objections

« Mais », demandera-t-on peut-être, « les dix vierges ne sont-elles pas toutes une image des croyants ? Ne sont elles pas toutes qualifiées de vierges, sans distinction ? ». Certes le Seigneur les appellent toutes vierges, mais en rapport avec le nombre dix, il est clair qu’il s’agit ici beaucoup plus de leur responsabilité d’être dans cet état (pures, séparées), que du fait qu’elles y sont effectivement.

En outre, dans les paraboles précédente et suivante, les méchants esclaves sont dépeints à côté des bons, et le Seigneur ne dit pas qu’Il n’est pas aussi le maître [ou : Seigneur] des esclaves méchants. Au contraire ! Nous lisons : « … le maître [ou : Seigneur] de cet esclave-là viendra » (Matthieu 24:50), et : « et son maître [ou : Seigneur], répondant, lui dit : Méchant et paresseux esclave ! » (Matthieu 25:26). Si quelqu’un prétend être un esclave du Seigneur, alors le Seigneur a affaire à lui selon cette position, que ce soit pour le bien (une récompense) ou pour le mal (le jugement). Dans toutes les trois paraboles, nous nous trouvons sur cette ligne de la responsabilité.

Une autre objection souvent soulevée : « Par rapport aux vierges prudentes, ce qui manquait aux vierges folles, c’était simplement un vase supplémentaire pour prendre de l’huile ». Effectivement il semble qu’à côté de l’huile dans leur lampe, les prudentes prirent en plus un vase à huile supplémentaire. Mais ça change rien au fait qu’il est dit des folles : « … elles ne prirent pas d’huile avec elles ». C’est en cela que consistait leur folie et c’est ce qui leur fut fatal.

« Mais pourtant les lampes des vierges folles brûlaient, car plus tard elles disent qu’elles s’éteignent ! » J’aimerais simplement répondre : La mèche sèche d’une foi intellectuelle ou purement sentimentale se consume aussi, lentement et en vacillant, pour un temps, mais elle s’éteint au moment décisif. Nous le reverrons plus tard. La suite de la parabole, et surtout sa fin, montrent sans ambiguïté que les vierges folles représentent des gens qui ne sont pas sauvés.

 

3.6   Le sommeil des vierges [deuxième période]

« Or, comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. » (Matthieu 25:5).

 

Le méchant esclave avait dit en son cœur : « Mon maître tarde à venir » (Matthieu 24:48), ce qui n’était pas un bon état de cœur. Il était content que son maître retarde sa venue, car ainsi il pouvait entre temps agir à sa guise, comme il lui plaisait. « Mon maître ne va pas venir si vite que ça ! » Ceci nous rappelle les paroles des moqueurs des derniers jours : « Où est la promesse de sa venue ? car depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création » (2 Pierre 3:3, 4, 9).

Il a effectivement plu au Seigneur de ne pas revenir tout de suite au début du christianisme. Il y a certainement plusieurs raisons pour cela. L’une d’entre elles est sûrement que Dieu voulait encore sauver beaucoup de pécheurs. Cette pensée se trouve dans le passage cité de la deuxième épître de Pierre : « mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:9).

Sans doute le Seigneur Jésus décrit maintenant une deuxième période dans notre parabole, une deuxième partie dans l’histoire de l’église chrétienne. La première a été caractérisée par la sortie des vierges. La deuxième période, beaucoup plus longue, nous montre le manque de vigilance des professants chrétiens. Qu’il s’agisse des vierges prudentes ou des folles, toutes s’assoupirent et finirent par s’endormir. Ceci signifie manifestement que l’espérance du retour de Christ pour l’enlèvement des Siens a été laissée de côté relativement tôt dans la chrétienté, et que finalement elle s’est perdue complètement.

C’est exactement ce qui est arrivé comme nous le montre un coup d’œil donné à l’histoire de l’église. Après le départ des derniers apôtres, l’appel céleste de l’église a été bientôt perdu de vue, et avec lui également, l’espérance du retour de Christ. Comme Christ était si, si loin, et le monde si proche, on se rendit la vie dans ce monde aussi agréable que possible, et on se mit à fraterniser avec lui. Quand les affections pour Christ ne sont plus vives, plus rien ne retient sur le chemin du déclin. Très tôt les vrais chrétiens sont devenus comme le monde, et le monde comme les chrétiens. Les chrétiens se sont sentis chez eux dans ce monde, et n’ont plus eu besoin de Lui. Les simples professants de leur côté, ne L’avaient jamais désiré. Et ainsi tous s’endormirent effectivement, les vierges prudentes comme les folles.

Ce qui est si frappant en tout cas, c’est que non seulement l’espérance de la venue de Christ a été complètement perdue, mais aussi la connaissance de cette vérité elle-même. Très tôt on n’a plus ni vu ni compris qu’il y aurait une venue du Seigneur pour enlever les saints (1 Thessaloniciens 4:13-18). Au plus tard 300 ans après Christ, on ne trouve plus le moindre indice dans la littérature chrétienne de la connaissance de cette vérité précieuse, dont l’accomplissement avait été attendu si ardemment par les premiers chrétiens au cours des persécutions. Car cela avait été leur salutation : « Maranatha — Le Seigneur vient ! » (1 Corinthiens 16:22).

Même les croyants fidèles, qu’il y a eu sans doute à toutes les époques, ne se sont pas différenciés des professants sans vie à cet égard. Des hommes et des femmes de foi ont écrit des poèmes et des cantiques magnifiques dans des temps de détresses les plus profondes, et ceux-ci réjouissent et fortifient encore aujourd’hui le cœur de tout croyant. Mais nulle part dans aucun de leurs cantiques ne brille l’espérance de l’enlèvement des croyants. Comment est-ce possible ? Nous avons la réponse dans notre parabole : « Or, comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent ».

Cela a donc été l’état moral de la chrétienté pendant de nombreux siècles : Le retour du Seigneur a été oublié par tous. Combien cela est sérieux et humiliant ! Si nous n’attendons plus le Seigneur Jésus au quotidien, la porte est grande ouverte pour laisser entrer la conformité au monde dans notre vie individuelle et collective. Rien ne forme autant notre caractère que l’espérance qui anime et gouverne notre cœur. C’est pourquoi rien ne nous sépare davantage du monde et de tous ses objectifs que l’attente constante du Seigneur.

 

3.7   Le cri de minuit [troisième période]

« Mais au milieu de la nuit il se fit un cri : Voici l’époux ; sortez à sa rencontre. Alors toutes ces vierges se levèrent et apprêtèrent leurs lampes » (Matthieu 25:6, 7).

 

Manifestement, le cri de minuit marque une troisième période dans l’histoire de la chrétienté — une très courte période, qui se trouve tout à la fin. La question est alors : Ce cri a-t-il déjà eu lieu ou devons-nous encore l’attendre ?

Je suis profondément convaincu que ce cri a déjà eu lieu. Nous le trouvons décrit dans la lettre à Philadelphie :

 

« Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apocalypse 3:11).

 

Il y a plus de 160 ans une action puissante de l’Esprit Saint dans toute la chrétienté a conduit, entre autres, à ce que les « anciennes » vérités, perdues depuis longtemps, ont été remises en lumière. Cela n’a pas seulement été un temps de grand réveil pendant lequel beaucoup ont cru au Seigneur Jésus, mais Dieu a donné à des hommes fidèles de redécouvrir la doctrine des apôtres (Actes 2:42). La doctrine en elle-même n’était pas nouvelle, mais on l’a redécouverte.

Dans ce contexte il vaut la peine de faire remarquer que le cri de minuit ne fut pas selon la formule donnée par la précieuse traduction allemande de Luther, y compris encore dans l’édition de 1984, où il est écrit : « Voici l’époux vient ! » Le mot ‘vient’ ne figure pas dans le texte original, et ce n’est pas de peu d’importance, je pense. S’il était vraiment écrit : « l’époux vient ! », tout le poids du message reposerait sur le fait de la venue du Seigneur. Mais le cri : « Voici l’époux ! » met l’accent sur la personne de Celui qui vient. En harmonie avec cela, on ne s’est pas seulement occupé dans ce temps-là de la vérité de la venue du Seigneur, mais avant tout de ce que les Saintes Écritures disent sur la personne de Christ. Les cœurs des croyants de ce temps étaient attachés à la personne de leur Seigneur et Sauveur et non pas seulement à telle ou telle vérité. Est-ce encore vrai pour nous aujourd’hui ?

La vérité de Christ et de l’assemblée prend une place centrale dans la doctrine chrétienne. La vérité du retour de Christ pour enlever les Saints s’y rattache de manière inséparable. Or ces hommes de Dieu eurent la grâce de redécouvrir la différence entre l’enlèvement et le jour du Seigneur. Cela n’a pas seulement été une reconnaissance doctrinale de cette vérité, mais ils se sont soumis volontairement à la lumière spirituelle que Dieu leur accordait. Cela s’est traduit par des cœurs enflammés par l’attente journalière de la venue de Christ pour enlever les Siens, avec toutes les conséquences qui s’y rattachent.

De quelles conséquences s’agit-il ? C’est qu’ils ont perçu avec leur cœur ce cri « Voici l’époux ; sortez à sa rencontre ! », et la conséquence en fut qu’ils abandonnèrent toutes les relations ecclésiastiques dans lesquelles ils se trouvaient et qui n’étaient pas en accord avec la parole de Dieu, quoi que cela ait pu leur en coûter. Libérés des chaînes de la tradition et de la tutelle ecclésiastiques, ils allèrent à la rencontre du Seigneur d’une manière nouvelle (*).

 

(*) La première sortie a été une sortie hors du monde. La seconde sortie désigne l’abandon des systèmes chrétiens érigés par les hommes.

 

Mais bien plus encore ! Dieu leur accorda de répandre de manière efficace, oralement et par écrit, les vérités redécouvertes du Nouveau Testament, en sorte que toute la chrétienté y eut accès. C’est exactement ce que nous trouvons dans notre parabole : « Alors toutes ces vierges se levèrent et apprêtèrent leurs lampes ». Ce cri de minuit a saisi toute la chrétienté, non pas seulement quelques-uns et non pas seulement les croyants. En fait, depuis ce temps là, l’effet du cri de minuit ne s’est pas éteint. Plus que jamais dans la chrétienté, on s’occupe de la prophétie, et partout on peut entendre, plus ou moins clairement selon les endroits, que le Seigneur Jésus viendra et qu’Il prendra les Siens auprès de Lui. La doctrine sur l’enlèvement n’est pas claire et conforme à l’Écriture partout dans la chrétienté. Souvent on la lie à quelque événement prophétique, comme par exemple la « septième trompette », mais quoi qu’il en soit, on en parle.

Selon les paroles du Seigneur, le cri de minuit a eu de l’effet tant auprès des croyants qu’auprès des professants incrédules : toutes apprêtèrent leur lampe. Néanmoins je pense que ce fait d’apprêter les lampes ne signifie pas la même chose pour les uns et pour les autres.

Tandis que les vrais chrétiens sont redevenus conscients — et je peux bien dire aussi : deviennent conscients de l’appel céleste qui leur est propre, la chrétienté incrédule déploie une activité intense sur le plan politique, culturel et surtout social. Ne voyons-nous pas cela partout autour de nous aujourd’hui ? N’est-il pas vrai que dans de larges fractions de la chrétienté, on ne répand plus qu’un « évangile social » ? Le soutien aux mouvements pour la paix, et la revendication de droits sociaux et les idées écologiques ont beaucoup plus cours que la question des droits de Dieu. Oui, les vierges folles apprêtent aussi leurs lampes, mais là, il n’y a pas d’huile.

Minuit a passé. Combien doit être proche l’étoile du matin ! « Sortons »-nous nous aussi, à la rencontre de l’époux ?

 

3.7.1        Dieu seul peut donner la vie éternelle

Le cri de minuit manifeste encore autre chose : qui fait partie des vierges prudentes et qui fait partie des folles. Même si les deux apprêtent leurs lampes, la nouvelle de la venue de l’époux révèle le vrai état intérieur des deux ; et même plus, il provoque une séparation entre les prudentes et les folles. C’est ce que veulent dire les paroles du Seigneur par lesquelles Il continue la parabole :

 

« Et les folles dirent aux prudentes : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. Mais les prudentes répondirent, disant : Non, de peur qu’il n’y en ait pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt vers ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous mêmes » (Matthieu 25:8,9).

 

Tandis que les prudentes se réjouissent d’avoir de l’huile, et sont tout à fait paisibles par rapport à la venue prochaine de l’époux, nous voyons une agitation fébrile éclater chez les folles. Lorsqu’elles allument leurs lampes qui sont maintenant apprêtées, elles remarquent qu’elles s’éteignent aussitôt. Au moment décisif, elles sont obligées de constater qu’il leur manque l’élément essentiel, l’huile. Quelle situation regrettable, fatale ! En savoir assez du christianisme pour s’illusionner sur son véritable état pendant un temps, puis à la venue du Seigneur être obligé de constater que c’était une erreur, et constater aussi qu’elles ne sont pas prêtes pour l’époux !

En fait, les folles savent très bien que les prudentes possèdent ce qui leur manque. « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent ». Cela révèle une folie supplémentaire de ces personnes : elles se tournent vers la mauvaise adresse. Non seulement elles se donnent de la peine trop tard pour cette huile, mais en plus, dans leur détresse, elles vont du mauvais côté. Non, des hommes ne peuvent pas donner l’Esprit Saint à d’autres hommes, ils ne peuvent pas leur communiquer la vie éternelle. Aucune église, aucune communauté chrétienne, aucun prédicateur si doué soit-il, aucun acte religieux n’est capable de le faire.

Quand Simon le magicien désira acquérir avec de l’argent le don de donner l’Esprit Saint à d’autres, l’apôtre Pierre a dû lui dire : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as pensé acquérir avec de l’argent le don de Dieu » (Actes 8:20). Pour la question de la rémission des péchés, chacun a à faire tout seul avec Dieu. C’est à Lui qu’on doit aller, et je pense que c’est ce qu’il faut apprendre ici. « Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon, car précieux est le rachat de leur âme, et il faut qu’il y renonce à jamais » (Psaume 49:7, 8).

Nous pouvons et devrions essayer d’amener des hommes perdus à Dieu. C’est une très bonne chose. Dieu désire aussi utiliser Ses enfants pour éclairer d’autres dans les choses divines. Mais le privilège et la puissance d’offrir le salut et la rédemption  à des pécheurs perdus n’appartiennent qu’à Dieu. Néanmoins les hommes préfèrent aller vers des hommes. Pourquoi, en fait ? Parce qu’ils ne connaissent pas la grâce de Dieu. Ces gens ou vierges folles ne la connaissent pas non plus, et quand il est déjà trop tard, elles se tournent vers le mauvais côté.

Ah, si les gens de nos pays chrétiens prenaient à cœur ces paroles : « Car les gages du péché, c’est la mort ; mais le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle dans le christ Jésus, notre Seigneur » (Romains 6:23) ! Conscients de leur culpabilité, ils se réfugieraient dans la grâce de Dieu, et se jetteraient pleins de foi dans les bras de Celui qui veut être également leur Sauveur. « Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi » (Jean 6:37), disait le Seigneur Jésus. Et combien est touchante l’invitation de Dieu que nous trouvons déjà dans l’Ancien Testament : « Ho ! quiconque a soif, venez aux eaux, et vous qui n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez ; oui, venez, achetez sans argent et sans prix du vin et du lait » (Ésaïe 55:1).

 

3.7.2        Est-ce que plus personne ne peut être sauvé ?

« Or, comme elles s’en allaient pour en acheter, l’époux vint ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces ; et la porte fut fermée » (Matt.25:10).

 

Il ne faut pas conclure de ces paroles que plus personne ne peut être sauvé depuis que le cri de minuit a retenti. Certainement il y aura un moment où il sera trop tard, notre parabole le montre clairement. Mais chaque individu peut encore venir à Dieu aujourd'hui s’il réalise qu’il n’a pas ‘d’huile’. Nous avons tous entendu la parole de Dieu qui invite le pécheur, et celle-ci garde toute sa validité jusqu’à la fin du temps de la grâce. Elle est encore répétée sous une forme un peu différente à la dernière page de l’Écriture : « Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apocalypse 22:17).

Si par contre les gens persistent dans leur folie que nous avons, je pense, suffisamment décrite, il ne leur reste à la fin plus que la constatation effrayante que pour eux c’est trop tard.

Il y a encore une autre comparaison à faire. De la même manière que Dieu a accordé au peuple d’Israël du temps pour se repentir après le rejet et la crucifixion de Son Fils et avant d’exécuter le jugement sur ce peuple en l’an 70 de notre ère, de même, depuis que le cri de minuit a retenti, Il accorde également assez de temps à la chrétienté pour revenir de ses mauvaises voies, jusqu’à ce que la venue de Christ mette fin irrévocablement au temps de la grâce.

Si nous passons tout cela en revue devant nos yeux, cette certitude s’affirme alors pour nous : Le Seigneur Jésus doit être très proche (comp. Philippiens 4:5)

 

3.8   La porte fermée

Les vierges prudentes étaient prêtes et entrèrent aux noces avec l’époux. Quelle part bienheureuse ! Avec Lui — aux noces ! Ces paroles ne nous rappellent-elles pas l’expression de 1 Thessaloniciens 5:10 : « que nous vivions ensemble avec lui » ? Même si notre parabole ne présente pas notre part en tant qu’épouse, il est quand même parlé de la bénédiction insondable qui sera la nôtre, de vivre éternellement avec Lui, notre Seigneur et notre Rédempteur. En fait nous ne sortirons plus jamais dehors ! (Apocalypse 3:12). « Ah, Seigneur Jésus, si tu venais déjà aujourd’hui ! »

Mais alors viennent ces cinq paroles sérieuses : « et la porte fut fermée ». Bien peu de mots, mais quelle vaste portée ! Aujourd’hui elles sont un avertissement pour nous, mais le jour viendra où elles seront un fait accompli.

Pour ceux qui sont dedans, il est heureux de savoir que la porte sera fermée derrière eux. Rien ne pourra s’introduire dans cette scène qui serait susceptible de la troubler en aucune manière. Mais pour ceux qui sont dehors, cela signifie qu’ils seront pour toujours et éternellement exclus des joies et des gloires du ciel. Quelle pensée effrayante, d’être dehors éternellement !

 

« Ensuite viennent aussi les autres vierges, disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! Mais lui, répondant, dit : En vérité, je vous dis : je ne vous connais pas » (Matthieu 25:12).

 

Vu que ces vierges folles disent « Seigneur, Seigneur », beaucoup ont pensé qu’il s’agissait quand même de personnes également sauvées. Mais c’est une erreur. Déjà en Matthieu 7 le Seigneur Jésus a dit : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom, et n’avons-nous pas chassé des démons en ton nom, et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? Et alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité » (Matthieu 7:21-23).

C’est justement ce qui est bouleversant : Beaucoup de gens portent Son nom et Le reconnaissent comme Seigneur quant à leur profession. Ils se trouvent ainsi extérieurement dans le royaume des cieux, et pensent aussi peut-être avoir beaucoup travaillé pour Lui. Mais malgré cela, ils n’ont jamais eu une relation vivante avec le Seigneur Jésus, ils n’ont jamais connu ce que c’est qu’être né de nouveau (Jean 3:3). Sa réponse sera un jour : « Je ne vous connais pas », « Je ne vous ai jamais connus ».

Or le Seigneur Jésus ne parle jamais ainsi des Siens qu’Il a si chèrement rachetés par Son sang. Le Seigneur dit plutôt en parlant d’eux : « Moi, je suis le bon berger, et je connais les miens et je suis connu des miens » (Jean 10:14). Et dans la deuxième épître à Timothée, nous lisons cette parole consolante : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens» (2 Timothée 2:19).

Il est remarquable que cette parabole, en contraste avec la précédente et la suivante, ne se termine pas par l’exercice du jugement sur ceux qui ne font pas partie des Siens. Les vierges folles sont seulement vues dehors devant la porte fermée, et ainsi se termine la parabole.

La raison en est évidente : Quand le Seigneur se présente dans Sa grâce comme époux, Il ne parle pas de jugement. Il en va autrement, quand Il est le Seigneur [ou : Maître] de Ses esclaves. Dans ce cas-là, Il dit « Jetez l’esclave inutile dans les ténèbres de dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (comp. Matthieu 24:51 ; 25:30).

La sentence du Seigneur sur les vierges folles n’en est pas moins définitive, éternelle. Être exclu des bénédictions de Dieu, ne pas être reconnu par le Seigneur comme l’un des Siens, ne signifie rien moins que la condamnation éternelle. C’est pour cela que je repose encore à chacun des lecteurs de ces lignes cette question solennelle : Es-tu prêt ?

À chacun de nous s’adresse la parole du Seigneur par laquelle Il termine la parabole des dix vierges :

 

« Veillez donc ;

car vous ne savez pas

ni le jour ni l’heure ».

 

Le Seigneur Jésus attend de nous que nos affections pour Lui soient « éveillées », et que nous attendions Sa venue dans l’amour. Le moment de Son retour nous est inconnu. Il est certain qu’Il l’a caché intentionnellement. Toutes les tentatives de le calculer sont fausses et vaines. Il désire beaucoup plus que nous nous restions toujours dans l’attitude d’être veillant et attendant.

Le Seigneur Jésus peut venir encore aujourd’hui. À ceux qui sont prêts, il ne peut effectivement rien arriver de mieux : ils gagneront Christ, et tout avec Lui. Mais à ceux qui ne sont pas prêts, il ne peut rien arriver de pire. La venue du Seigneur signifie pour eux la mise dehors définitive de toute espérance de bonheur et de paix.

DEDANS et DEHORS — c’est la différence entre le CIEL et l’ENFER !

 

 

4                        Troisième parabole : Les talents — Matthieu 25:14-30

Traduit de l’allemand de : Er lehrte sie vieles in Gleichnissen — vol. 2, p. 61-82

Après la parabole de ‘l’esclave fidèle et du méchant esclave’ et celle des ‘dix vierges’, la parabole des ‘talents’ est la troisième de cette série (Matthieu 25:14-30). Le Seigneur y termine la description de l’ère chrétienne dans Son discours prophétique sur le mont des oliviers.

Les trois paraboles ont en commun l’absence du Seigneur. Le sujet de la première parabole était le service dans un domaine intérieur, le service auprès des ‘domestiques de la maison’ du Maître [ou : Seigneur]. La deuxième parabole mettait l’accent sur l’attente de l’époux, et la troisième parabole parle de nouveau du service, mais du service dans un domaine extérieur, du service dans le monde pour la diffusion de la vérité. En accord avec ceci le seigneur Jésus se présente au long de ces trois paraboles d’abord en tant que Seigneur [ou : Maître], ensuite en tant qu’époux et enfin de nouveau en tant que Seigneur [ou : Maître].

En Luc 19 nous trouvons une parabole très semblable, celle des ‘mines’ (Luc 19:11-27). Cependant il ne s’agit pas de la même parabole. Le Seigneur prononça la parabole des ‘mines’ lors de Son dernier voyage vers Jérusalem, alors qu’Il s’approchait de cette ville ; celle des ‘talents’ quelques jours plus tard, quand ce voyage tirait à sa fin. L’auditoire n’était pas non plus le même. La parabole des ‘mines’ en Luc a manifestement été aussi entendue par la foule, tandis que la parabole des talents n’a été dite par le Seigneur qu’aux disciples. Nous serons amenés à parler d’autres différences dans le contenu, quand nous considérerons la parabole en détail.

 

Note Bibliquest : attention, le terme « talent » dans cet article et dans la parabole correspond à une monnaie hébreue valant 3000 sicles, tandis que la « mine » valait 50 sicles. Il ne s’agit pas du mot « talent » au sens du français ordinaire (aptitude, don)

 

4.1   Des dons différents

« Car c’est comme un homme qui, s’en allant hors du pays, appela ses propres esclaves et leur remit ses biens. Et à l’un, il donna cinq talents ; à un autre, deux ; à un autre, un ; à chacun selon sa propre capacité ; et aussitôt il s’en alla hors du pays » (Matt. 25:14, 15).

 

Le seigneur Jésus parle toujours et encore du royaume des cieux (25:1). Par le mot ‘Car’ Il rattache ce qu’Il dit à la parabole précédente, surtout à sa phrase finale (25:13), et Il ajoute une comparaison complémentaire : « Car [le royaume des cieux] c’est comme… ». Nous pouvons comprendre cette parabole qui est devant nous maintenant, comme explicitant l’appel qui terminait la parabole des ‘dix vierges’ : « Veillez donc ; car vous ne savez ni le jour ni l’heure ».

Un homme, manifestement fortuné, s’en alla hors du pays. Ici, il ne s’agit pas d’un ‘homme noble’ comme en Luc 19, mais d’un homme riche qui quitte son pays pour voyager ailleurs. N’est-ce pas une image exacte et en même temps saisissante de notre Seigneur comme Messie, qui s’est vu contraint de quitter Son pays à cause de Son rejet par Son peuple ? Il n’est pas dit ici qu’Il est allé dans un « pays éloigné », c’est-à-dire au ciel ; cette constatation ne se trouve qu’en Luc.

Mais avant son départ l’homme appelle ses propres serviteurs ou esclaves et leur remet ses biens. Ces esclaves lui appartiennent, et il part du principe qu’ils partageront ses intérêts, et administreront ses biens correctement pendant son absence. Il n’est donné aucune indication sur la manière dont ils doivent administrer ces biens, et on ne trouve pas d’avertissement qu’un jour il reviendra et tiendra des comptes avec eux. On comprend que cela va de soi. Ce qui est surprenant dans ce court tableau, c’est la confiance que le Maître place dans ses esclaves. La remise de tous ses biens ne doit-elle pas leur avoir touché le cœur, et avoir éveillé en eux les motifs les plus nobles pour se montrer dignes d’une telle confiance ?

On remarque ensuite qu’Il ne leur donne pas la même chose à tous. Il connaît ses esclaves et sait les estimer à leur juste valeur. Ainsi dans sa sagesse, il donne à l’un cinq, à l’autre deux et au troisième un seul talent — « à chacun selon sa propre capacité ». En Luc 19 le Maître donne au contraire 10 mines à ses 10 esclaves : la même chose à tous (à chacun une mine). Chacun devait « trafiquer » avec la mine qui lui avait été confiée de manière à ce qu’elle se multipliât ; en rapport avec les différents résultats, ils reçoivent aussi des récompenses différentes. Cela met en évidence (en Luc) le principe de la responsabilité de l’homme. Par contre, dans notre parabole de Matthieu, la pensée dominante est plutôt celle de la souveraineté de Dieu, qui donne différemment à chacun, mais qui accorde la même récompense.

Avons-nous déjà été touchés par le fait que le Seigneur en allant au ciel nous a également confié quelque chose de très grand, quelque chose de Ses ‘biens’ ? Nous sommes appelés à administrer cela fidèlement pendant le temps de Son absence ; nous sommes invités à sortir avec cela, en grâce, vers d’autres, pour leur faire connaître Sa personne et la vérité de Dieu. Qu’il s’agisse d’inconvertis ou d’enfants de Dieu, quel tâche sublime ! Quelle confiance le Seigneur place en nous ! Et pourtant, même dans ce sens, nous ne sommes que Ses ‘esclaves’ !

Les talents ont été donnés pour être utilisés pour le Maître, et non pas pour honorer les esclaves. Nous sommes dans un monde plein de détresses et de besoins, et beaucoup d’hommes doivent encore être gagnés pour Christ. Quand le Seigneur était ici-bas, Il disait déjà alors qu’Il était encore un jeune garçon : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2:49). C’est des affaires de Son Père qu’Il s’occupait. Elles étaient tout pour Lui. Ne devrions-nous pas nous aussi nous consacrer de cœur aux affaires et aux intérêts de notre Seigneur ?

Nous pouvons tirer de cette parabole la leçon que le Seigneur a confié des ‘talents’ précis à chaque croyant, selon les capacités qu’il possède. Mais il faut faire la distinction entre les capacités d’un côté, et les talents de l’autre.

Les capacités peuvent être d’origine naturelle, mais elles peuvent également être acquises et ensuite développées. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons englober dans cette notion : des capacités ou des forces particulières de l’esprit, mais aussi du corps ; l’éducation, la formation et d’autres avantages terrestres. Elles sont toutes des dons du même Seigneur. Je ne peux pas m’imaginer que le Seigneur ne donne pas aussi, au missionnaire par exemple, la constitution physique pour sa tâche difficile, ou qu’Il n’ait pas donné un certain don naturel de parler à celui qu’Il a appelé à prêcher l’évangile.

Mais ces capacités naturelles ou acquises ne sont pas en elles-mêmes des ‘talents’ [au sens de la parabole], elles ne sont ni de la puissance spirituelle ni des dons spirituels. Elles n’en forment que le cadre ou le vase. S’il plaît au Seigneur dans Sa sagesse, Il mettra un don spirituel dans ce vase extérieur, naturel. C’est cela qu’Il entend par le terme ‘talent’. La plupart du temps, Il a déjà préparé le vase correspondant longtemps avant la conversion de celui qu’Il veut utiliser plus tard pour un service spirituel.

Pensons un peu à Saul de Tarse. Cet homme possédait déjà des capacités et des aptitudes extraordinaires, bien avant sa conversion. Mais quand il fut appelé par la grâce de Dieu, Dieu mit dans ce vase un don spirituel exceptionnel, qu’il n’avait pas possédé auparavant. Dieu s’est servi du caractère naturel de Paul, et a utilisé sa manière de s’exprimer, et encore beaucoup d’autres choses. Il ne faut pas que cela nous échappe. Mais c’est seulement la puissance de l’Esprit Saint, qui lui a été confiée, qui l’a rendu capable de saisir la vérité de Dieu, et de la présenter à d’autres, en sorte qu’ils en fussent saisis. C’est cela qui constitue l’essence d’un don spirituel : pouvoir parler aux gens, croyants ou incrédules, de manière à ce qu’ils soient attirés vers Christ. On trouve des exemples de tels dons en Romains 12 et 1 Corinthiens 12.

Avant de parler du bon usage des talents, faisons bien attention encore une fois à la disparité dans notre parabole : cinq talents, deux talents, un talent. N’est-ce pas là un témoignage de la sagesse et de l’amour du Maître ? Déjà au point de vue naturel, nous sommes dissemblables, et dans les dons spirituels qu’Il nous a confiés, nous sommes très dissemblables. Cette disparité (une expression de la souveraineté du Seigneur) apporte une diversité heureuse dans l’assemblée de Dieu. Le Seigneur seul détermine la mesure de tout dans ce qu’Il répartit ; Lui seul a la sagesse, la vue d’ensemble complète, et la puissance correspondante.

Ainsi chacun des Siens a une place particulière à occuper, et le Seigneur lui confie pour cela les capacités nécessaires et la force spirituelle. Personne ne peut dire que le Seigneur ne lui a rien confié. Combien il serait dommageable si on imposait cinq talents à quelqu’un n’ayant la capacité que pour un talent ! Dans le monde l’égalité est à l’ordre du jour, mais le Seigneur n’agira jamais ainsi. Et d’un autre côté, quelle perte si l’on ne confie qu’un seul talent à celui qui a la capacité d’en gérer deux ! Toutefois, une telle erreur d’appréciation n’arrivera jamais au Maître.

 

4.2   Sur l’usage des dons

Après que l’homme eut remis ses biens aux esclaves, il s’en alla hors du pays. Les esclaves se mirent toute de suite au travail, même si ce fut différemment.

 

4.2.1        Fidélité dans le service pour le Seigneur

« Or celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla et les fit valoir, et acquit cinq autres talents. De même aussi, celui qui avait reçu les deux, en gagna, lui aussi, deux autres » (Matthieu 25:16, 17).

 

La fidélité des deux premiers esclaves s’est manifestée en ce qu’ils s’en allèrent aussitôt et commencèrent à travailler avec les biens de leur Maître. Les deux esclaves manifestèrent la même fidélité dans leur activité, puisque chacun d’eux gagna le même montant que celui qu’il possédait déjà : le rendement fut de 100 %. Ils obtinrent donc la même récompense, nous y reviendrons. Mais faisons attention à ce que nous voyons ici ! La même fidélité peut tout à fait produire des résultats tout à fait inégaux : cinq talents, deux talents.

Aujourd’hui, parmi les croyants, il n’en va pas autrement. Il se peut qu’il soit plus confié à l’un qu’à l’autre. Les résultats respectifs seront également différents. Et pourtant il a pu y avoir la même fidélité au travail ! C’est là un grand encouragement. Nous n’avons pas à comparer nos résultats respectifs avec les autres. Nous avons plutôt à simplement veiller à gérer fidèlement ce que le Seigneur nous a confié en matière de force spirituelle et de capacités naturelles. Alors le Seigneur à la fois multipliera les ‘talents’ et agrandira le ‘vase’.

C’est dans ce sens que Timothée est exhorté à « ranimer » le don de grâce qui était en lui (2 Timothée 1:6). Par un usage diligent et fidèle de nos ‘talents’ et de nos capacités, ceux-ci croîtront et augmenteront, la sphère du service s’élargira et la bénédiction se répandra plus abondamment. C’est ce qui devrait être le désir de tout esclave de Dieu, tout en ayant le regard fixé sur le but suprême : la glorification de Christ.

D’un autre côté, il peut arriver qu’un croyant laisse plus ou moins sommeiller son don sans l’utiliser. Les outils rouillent si on ne s’en sert pas. Si par paresse ou indolence, on laisse échapper sans les utiliser les occasions que le Maître accorde, le Seigneur ne peut pas bénir comme Il est prêt à le faire, et on s’appauvrit. La parole du Christ ne peut pas « habiter en nous richement» (Colossiens 3:16), si nous n’en sommes pas occupés avec sérieux et prière. Nos pères étaient très diligents à cet égard, et le Seigneur a pu les utiliser en riche bénédiction pour d’autres. C’est ce que nous devrions apprendre d’eux ! Comment pouvoir redresser par une parole ceux qui sont lassés et découragés, si nous-mêmes ne buvons pas continuellement à la source vivante ? Comment faire l’« oeuvre d’un évangéliste » si l’on ne va pas là où les gens se trouvent ?

Dans ce sens la remarque que quelqu’un a faite est tout à fait vraie : Nous n’avons pas besoin de demander au Seigneur de nous confier plus de dons spirituels. Il les donne sans qu’on les Lui demande. Nous devrions plutôt Le supplier qu’Il fasse que les dons qu’Il a donnés soient réellement utilisés — pour Sa gloire et pour la bénédiction des hommes.

Saisir l’occasion avec diligence, racheter le temps, est une expression de fidélité et c’est ce que le Seigneur attend de nous. « C’est pourquoi aussi, que nous soyons présents ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables » (2 Corinthiens 5:9).

Il n’est d’ailleurs pas besoin d’ordre particulier de la part du Seigneur pour utiliser dans le service pour Lui le don qu’Il a confié. La possession du don suffit comme ordre donné et comme obligation à charge. Mais tout doit se passer dans la force et sous la direction du Saint Esprit et en conformité avec la parole de Dieu écrite (1 Corinthiens 12:4 et suiv. ; 14:1-33). La certification et l’investiture du serviteur par une autorité humaine ne sont pas seulement superflues : elles portent une atteinte sérieuse aux droits du Seigneur.

 

4.2.2        L’esclave paresseux

« Mais celui qui en avait reçu un, s’en alla et creusa dans la terre, et cacha l’argent de son maître » (Matthieu 25:18).

 

Après les deux esclaves bons et fidèles, voici donc le troisième esclave que le Seigneur appelle plus tard méchant, paresseux et inutile. Notons qu’ici le contraste ne se trouve pas entre des esclaves ayant plus ou moins de fidélité, mais entre des esclaves bons d’un côté, et le méchant esclave de l’autre côté. Les premiers ont géré les biens de leur Maître de la manière déjà indiquée, tandis que le dernier s’est comporté tout différemment.

Ceci nous aide à comprendre qui le Seigneur veut présenter comme le méchant et paresseux esclave. Certains voient dans cet esclave avec un seul talent une image des croyants qui gèrent infidèlement le bien que leur Seigneur leur a confié. Mais si nous considérons ce qui arrive à l’esclave inutile à la fin de la parabole (il est jeté dans les ténèbres de dehors), il parait clair qu’une telle présentation et une telle interprétation sont intenables. Cela signifierait qu’un enfant de Dieu qui n’a pas été assez fidèle sera finalement perdu.

C’est une doctrine misérable, mauvaise, et totalement opposée à l’enseignement des Saintes Écritures (Jean 10:27-30). En plus, ce ne serait pas prendre pour fondement de la rédemption l’œuvre propitiatoire de Christ, mais la fidélité de l’homme. Dans ces conditions, nous serions tous perdus ! Personne d’entre nous ne pourrait arriver au but en s’appuyant sur sa propre fidélité !

Ainsi ce point de vue porte atteinte aux fondements du christianisme.

Non, cet esclave ne représente pas du tout des croyants infidèles, mais des professants chrétiens sans vie. Ceci est tout à fait clair si l’on regarde son comportement de plus près. Selon l’image que le Sauveur dépeint, cet homme prend absolument la place d’un esclave du Seigneur, mais sans Le connaître en réalité. Même s’il s’adresse à Lui en tant que ‘Maître’ [ou : Seigneur], il n’a aucune confiance en Lui. Cela montre que le Seigneur Jésus se sert de cet esclave comme image de tous ceux qui Le reconnaissent extérieurement comme Seigneur, mais qui n’ont intérieurement aucune relation vivante avec Lui.

La juxtaposition du vrai et du faux ne nous surprend pas. Nous l’avons trouvée dans toutes ces paraboles. En effet, comme nous l’avons déjà vu plusieurs fois, le royaume des cieux est devenu quelque chose de mélangé. La profession pour Christ peut être vraie, comme elle peut être fausse.

Mais le Maître avait aussi donné à cet esclave un talent, selon sa capacité. Comme nous venons de le voir, la possession de ce talent est le fondement de la responsabilité de faire usage de ce bien selon la pensée du donateur qui a confié ce don. Même les hommes n’allument pas une lampe pour la mettre ensuite sous le lit.

Le fait que cet esclave ait également reçu un talent de la part de son Maître n’est nullement une preuve de ce qu’il représente des croyants, fussent-ils infidèles. S’Il le veut le Seigneur peut aussi confier dans Sa sagesse des dons à des hommes incrédules. Pensons seulement à Judas Iscariote ! Il était véritablement un « diable » (Jean 6:70, 71). Néanmoins il faisait partie des douze à qui le Seigneur Jésus a donné puissance et force sur tous les démons et pour la guérison des maladies ; lui aussi a été envoyé avec les onze de la part du Seigneur pour prêcher le royaume de Dieu (Luc 9:1, 2). Ailleurs le Seigneur avertit : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom, et n’avons-nous pas chassé des démons en ton nom, et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? Et alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité » (Matthieu 7:21-23).

Il y a une chose que l’esclave muni d’un seul talent prouve par ses actes : il n’a aucun intérêt pour son Maître ni pour son honneur. La confiance qui lui est faite ne le stimule pas à tirer le meilleur parti de son talent. En vérité il n’y a aucune relation entre lui et son Maître. Et ainsi il s’en va, creuse un trou dans la terre, et y cache l’argent de son Maître.

Il semble que le Seigneur veut présenter l’obligation qui pesait sur l’esclave, et aussi sa responsabilité, sous sa forme la plus restreinte. Cet esclave ne reçoit qu’un talent de son Maître. S’il en avait reçu plus, il aurait peut-être trouvé là matière à s’excuser de sa défaillance. Mais cette possibilité lui a été enlevée, vu qu’il n’avait pas reçu plus que ce qu’il était en mesure d’administrer. Par ailleurs, cet homme aurait pu aussi gaspiller l’argent de son Maître, ce qui aurait été une infidélité bien plus grossière. Le choix qui a été fait de la forme la plus restreinte d’infidélité fait que toute forme d’infidélité plus grande est aussi condamnée. Cela fait ressortir aussi plus clairement ce qui constitue la vraie raison de l’infidélité.

L’esclave traitait ce qui lui avait été confié comme quelque chose qu’il ne désirait pas ; et cette chose ne suscitait pas de réponse dans son cœur. Il l’a gardée d’une manière qui exprime très bien son attitude vis-à-vis du don et du donateur : il l’a enfouie dans la terre. L’esclave se retrouvait ainsi sans talent. Il s’était pratiquement mis dans la position comme s’il n’a jamais eu de talent. Mais, en faisant ainsi, pouvait-il se soustraire à sa responsabilité ?

 

4.2.3        Une leçon pour les vrais disciples

Il est certain que nous avons ici l’image d’un professant sans vie. Mais ceci n’exclut pas le fait que le Seigneur veut nous donner à nous aussi, à Ses vrais disciples, une leçon importante. Ce n’est pas la manière de faire du Seigneur, de donner des leçons qui ne se rapportent qu’aux autres, de sorte que nous puissions dire : « Cela ne nous concerne pas ». Ce qu’Il dit, parle toujours à notre cœur et à notre conscience. Si l’esclave inutile s’est mal comporté par principe, les vrais esclaves du Maître peuvent une fois ou l’autre tomber dans la même faute.

L’esclave inutile a caché son talent dans la terre au lieu d’en faire usage pour le Maître. Il me semble que pour beaucoup d’entre nous la ‘terre’ représente un danger plus grand que le ‘monde’. Nous n’avons peut-être pas envie des fêtes ou des attractions du monde, mais nous permettons aux obligations professionnelles de nous accaparer. Chaque instant de notre vie, toute notre énergie est consacrée au travail professionnel, tandis que nous n’avons plus ni le cœur ni le temps pour les intérêts du Seigneur. Pratiquement nous aussi, nous cachons notre talent dans la terre, et nous sommes comme si n’en avions pas. Ce n’est pas dans ce but que le Seigneur nous l’a donné !

Un autre point encore. C’était justement l’esclave avec un seul talent qui a agi de cette manière et qui a révélé par là son infidélité en rapport avec la demande de son Maître. Ne sommes-nous pas amenés à penser que la plupart des esclaves du Seigneur sont à mettre dans ce groupe — le groupe de ceux qui n’ont reçu qu’un talent ? Des hommes extraordinaires possédant « cinq talents » sont relativement rares. C’est pour cela que l’avertissement du Seigneur dans cette parabole s’adresse justement à ce groupe, de loin le plus nombreux, de ceux auxquels Il n’a confié qu’« un talent ». Souvent nous sommes tentés de penser que, vu que nous ne pouvons pas faire grand-chose, cela n’a pas d’importance si ce n’est pas fait. C’est une erreur. Les fils de Merari portaient les ais et traverses du tabernacle, mais leur service avait autant d’importance que celui des fils de Kehath qui étaient chargés de la garde des ustensiles intérieurs du lieu saint (Nombres 3:31, 36, 37).

 

4.3   Règlement de comptes

« Et longtemps après, le maître de ces esclaves vient et règle compte avec eux » (Matthieu 25:19).

 

Oui, chers amis, le jour des comptes viendra où le Seigneur demandera des explications à chacun de Ses esclaves — « longtemps après ».

Par cette expression le Seigneur ne veut pas suggérer qu’Il retardera Sa venue pendant des millénaires.

Non, « le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y a du retardement ; mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:9).

Pourquoi donc est-il écrit : « Et longtemps après… » ? D’un côté ce temps long donnait l’occasion aux esclaves bons de faire la preuve de leur fidélité et de travailler pour leur Maître. De l’autre côté, cette période était suffisamment longue pour que le méchant esclave finisse par comprendre sa situation et par se repentir. Mais en tous cas, il ne nous faut pas perdre de vue ce que nous avons trouvé de semblable dans les deux paraboles précédentes : les esclaves qui ont reçu les talents sont les mêmes esclaves qui vivent au retour du Seigneur. Il n’y a pas d’indication d’une génération postérieure d’esclaves.

 

4.3.1        Devant le tribunal de Christ

Quel moment solennel et sérieux ce sera quand le Seigneur nous demandera des comptes à nous, Ses esclaves ! « Car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Corinthiens 5:10).

 

« Et celui qui avait reçu les cinq talents vint et apporta cinq autres talents, disant : Maître, tu m’as remis cinq talents ; voici, j’ai gagné cinq autres talents par-dessus. Son maître lui dit : Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître. Et celui qui avait reçu les deux talents vint aussi et dit : Maître, tu m’as remis deux talents ; voici, j’ai gagné deux autres talents par-dessus. Son maître lui dit : Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (Matthieu 25:20-23).

 

Le Seigneur [ou : Maître] traite les deux premiers esclaves tout à fait de la même manière, sans parler du nombre de talents. Les deux entendent les mêmes paroles de reconnaissance. Cependant les deux esclaves ne sont pas venus ensemble devant le Maître. L’un est venu d’abord, puis ensuite l’autre. C’est toujours pour moi une pensée solennelle : Que me dira mon Seigneur quand ce sera mon tour ?

Mais « il n’y a pas de crainte dans l’amour » et nous pouvons avoir « toute assurance au jour du jugement » (1 Jean 4:17, 18). Paul pouvait dire des croyants à Thessalonique en parlant du jour de la révélation de Jésus Christ : « Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions ? N’est-ce pas bien vous devant notre seigneur Jésus, à sa venue ? Car vous, vous êtes notre gloire et notre joie » (1 Thessaloniciens 2:19, 20).

Le premier esclave reconnaît, confiant et reconnaissant : « Maître, tu m’as remis cinq talents ». L’honneur en revient au Maître seul, car sans son don, il n’aurait rien pu réussir. Et il continue en disant : « voici, j’ai gagné cinq autres talents par-dessus », sans mettre l’accent sur le ‘je’. Il ne se vante pas en disant que c’est lui qui l’a fait. Il met beaucoup plus l’accent sur la grandeur de la somme, comme s’il en était lui-même surpris : « voici, j’ai gagné cinq autres talents par-dessus… ».

On remarque ici une autre différence par rapport à Luc 19. Là, l’esclave dit : « Maître, ta mine a produit dix mines » (Luc 19:16). S’agissant de la manifestation ou de la connaissance de Dieu en Christ (c’est de cela que parle « ta mine »), voilà un langage tout à fait approprié. C’est comme si la mine avait gagné d’autres mines par elle-même. On ne peut dire : « …j’ai gagné… » comme dans le cas de notre parabole, que quand entrent en ligne de compte la force spirituelle ou un don de grâce qui nous ont été confiés. Ainsi l’encouragement de la fin de 1 Corinthiens 15 « abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur » est couronné par la certitude que notre « travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Corinthiens 15:58). C’est exactement ce que nous montre notre parabole.

 

4.3.2        Paroles d’approbation

La réponse du Maître à l’esclave avec les cinq talents comme à l’esclave avec les deux talents nous réjouit profondément. Le fait qu’il dit aux deux la même chose montre que Dieu ne récompense pas la grandeur du don, mais la fidélité qui a accompagné ce service. La fidélité dans le service, même dans les plus petites choses, suscite la louange vers Lui.

La réponse elle-même est triple :

1. « Bien, bon et fidèle esclave !». Ne sera-ce pas tout pour nous d’entendre un jour de Sa bouche cette parole d’approbation ? Il n’ y a pas de louange plus élevée qui puisse sortir de la bouche du Seigneur Jésus pour Son serviteur. Ne sera-ce pas un riche dédommagement pour tout à ce à quoi nous avons renoncé pour Lui ici-bas ? Il le place devant nos cœurs pour que nous soyons stimulés à Le servir, en amour et en fidélité, aussi longtemps que possible.

2. Le Seigneur aurait pu s’en tenir à cette louange. N’était-ce pas suffisant ? Mais non, il ajoute encore : « tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ». Ne posséder qu’un ‘talent’ est vraiment ‘peu de chose’, juste assez pour montrer clairement quel genre de serviteur nous sommes. Mais ‘beaucoup’, qu’est-ce que cela comprend ? Nous pouvons juste dire : La récompense consistera dans le fait qu’Il attribuera à Ses esclaves une place dans le gouvernement du monde futur.

Ne voyons-nous pas là la bonté et la grâce du Seigneur ? Son intention est de nous élever à une haute position et de nous remplir de joie. Il a commencé par nous placer sur ‘peu de chose’, et ensuite Il nous place sur ‘beaucoup’. Combien cela révèle toute la gloire de Sa personne !

3. Nous nous heurtons là aux limites de notre capacité d’imagination. Mais le Seigneur ajoute une troisième chose qui dépasse de beaucoup ces limites : « Entre dans la joie de ton maître ». C’est une bénédiction inexprimable pour une langue humaine, infinie pour tout cœur humain. La ‘joie de ton maître’, n’est-ce pas la joie de notre Seigneur Jésus Christ dans le ciel, Sa propre joie ? C’est dans cette joie que nous allons entrer, c’est cette joie que nous allons partager avec Lui et dont nous jouirons éternellement. Quelle expression de communion intime ! Peut-il y avoir quelque chose de plus grand ?

Il y a encore une chose à remarquer. À s’en tenir à ce que dit la parabole, il semble que les talents restent aux esclaves. Rien ne suggère qu’ils leur soient ôtés. Au contraire ! Il est dit plus tard : « Donnez-le à celui qui a les dix talents » (Matthieu 25:28).

La force du Saint Esprit ne nous sera pas enlevée, mais la sphère où elle s’exercera va changer fondamentalement. Nous ne « trafiquerons » plus ici-bas sur la terre avec Ses biens en tant que Ses esclaves. Au lieu de cela, il nous sera donné dans cette force du Saint Esprit, la domination et une joie éternelle dans le ciel. Quelle grâce inimaginable ! Elle nous amène déjà maintenant à nous prosterner dans l’adoration devant notre Seigneur et notre Rédempteur.

 

4.3.3        Fausses pensées sur Dieu

Il est toujours dangereux d’avoir de fausses pensées sur Dieu. Le troisième esclave en est un exemple solennel. Il se faisait effectivement une image totalement fausse du Maître, et il est à craindre que beaucoup de chrétiens lui ressemblent à cet égard aujourd’hui. La fin de cet homme nous en montre les conséquences fatales. Néanmoins, lui aussi doit au préalable paraître devant son Maître :

 

« Et celui qui avait reçu un talent vint aussi et dit : Maître, je te connaissais, que tu es un homme dur, moissonnant où tu n’as pas semé et recueillant où tu n’as pas répandu ; et, craignant, je m’en suis allé et j’ai caché ton talent dans la terre ; voici, tu as ce qui est à toi » (Matthieu 25:24-25).

 

« Maître, je te connaissais ». La parabole montre tout le contraire. L’esclave prétend connaître le Maître, et cependant il lui impute dureté et avidité au gain. Le Maître n’avait-il pas prouvé sa grandeur et sa générosité en ce qu’Il lui avait également confié à lui une partie de Ses biens ? Comment pouvait-il prétendre que le Maître ne lui avait rien donner à semer et à répandre, et qu’il venait seulement pour moissonner et recueillir ?

L’esclave fait valoir que la peur d’un Maître aussi dur l’avait obligé à mettre le talent en sécurité, et qu’il aurait pu perdre si facilement l’argent, en totalité ou en partie, s’il avait travaillé avec, et qu’il avait donc dû le cacher en terre pour le lui rendre intact maintenant.

« Voici, tu as ce qui est à toi ». C’est la seule parole vraie qui sort de la bouche de l’esclave : «…ce qui est à toi ». En effet, l’esclave ne l’a jamais considéré comme lui appartenant dans un sens vrai et bon, comme lui étant confié à lui, en sorte qu’il aurait été incité à travailler avec et à le faire fructifier ! Il n’avait rien fait qui aille dans ce sens !

À la place du Seigneur, nous aurions sûrement essayé de prouver combien était faux et intenable ce qu’on Lui imputait. Mais dans Sa sagesse, le Seigneur fait quelque chose de bien mieux et de bien sérieux en même temps : Il se place vis-à-vis de l’esclave sur le terrain de ses propres arguments.

 

« Et son maître, répondant, lui dit : Méchant et paresseux esclave, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que je recueille où je n’ai pas répandu ; tu aurais donc dû placer mon argent chez les banquiers, et, quand je serais venu, j’aurais reçu ce qui est à moi avec l’intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents ; car à chacun qui a il sera donné, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, cela même qu’il a lui sera ôté. Et jetez l’esclave inutile dans les ténèbres de dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 25:26-30).

 

Sentence foudroyante : « Méchant et paresseux esclave ! ». Qu’aucun des lecteurs de ces lignes n’ait à l’entendre de la bouche du juge suprême ! Le Maître juge l’esclave « par sa propre parole » (Luc 19:22). Il n’a même pas besoin d’éclairer son cœur. Ses paroles lui suffisent pour arriver à une sentence juste et incontestable à son sujet.

Tout ce que présente l’esclave est du mensonge. Car si les suppositions sur la base desquelles il prétendait agir, avaient été vraies, il aurait alors dû absolument agir autrement ; il aurait au moins dû placer l’argent de son Maître chez les banquiers, et il aurait pu au moins en retirer des intérêts. Mais il a fait le contraire, il l’a enfoui dans la terre. Or cela ne correspondait justement pas aux suppositions derrière lesquelles il voulait s’abriter. L’entière fausseté de cet esclave et de sa nature était ainsi manifestée.

La vérité était que cet homme n’avait jamais réellement connu son Maître, et qu’il n’avait jamais considéré qu’il était bon. Celui qui nie la bonté de Dieu et qui Le présente comme quelqu’un de dur, ne fait que manifester sa méchanceté. Si quelqu’un pense savoir parler de justice avec Dieu, il ne s’en tirera certainement pas à son avantage. Il ne pourra pas lui répondre sur un point entre mille (Job 9:3).

Nous n’entendons plus un seul mot chez cet esclave inutile. Il a la bouche fermée, comme l’homme sans robe de noces de Matthieu 22. Comme ce dernier, il est jeté dans les ténèbres de dehors, où seront les pleurs et les grincements de dents.

Quelle fin bouleversante pour tous ceux qui ont méconnu Dieu et Sa grâce, qui se trouvaient dans une relation extérieure avec Lui en tant que Ses esclaves, mais qui ne L’ont jamais réellement aimé, ni Lui ni Son Fils ! Ils paraîtront un jour devant le grand trône blanc, et seront jugés « d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres » (Apocalypse 20:12). « Et si quelqu’un n’était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l’étang de feu » (Apocalypse 20:15).

 

4.4   Résumé

Résumons brièvement les leçons de cette parabole.

La fidélité dans le service pour le Seigneur consiste à faire usage des dons qu’Il nous a confiés, en Lui faisant confiance, à Lui et à Son vrai caractère. L’infidèle se base sur une représentation de Dieu totalement fausse, et il méconnaît Sa grâce et s’attend à n’importe quoi d’autre.

La grâce de Dieu donne aux fidèles plus que ce qu’ils ont déjà ; la justice de Dieu ôte aux infidèles ce qu’ils ne désiraient pas.

Les uns entrent dans la joie du Maître ; les autres sont jetés dans les ténèbres de dehors.

La fidélité ou l’infidélité sont-elles décisives à ce point ? Oui, car c’est ce qui révèle s’il existe, ou non, une véritable relation avec le Seigneur, s’il y a réellement la vie divine ou non. C’est pour cela que les conséquences vont si loin : jusqu’en l’éternité.