Distinguer le royaume de Dieu d’avec l’Assemblée de Dieu

 

Ernst-August Bremicker

Folge mir nach, 2024-6 p. 24-27

 

1        Commençons par les notions :

2        Différences entre le Royaume de Dieu et l’Assemblée de Dieu

3        [Conséquences pratiques. Relations à vivre]

 

 

 

Peut-être te demandes-tu, en lisant le titre, où se situe réellement le problème. Pourquoi le royaume de Dieu est-il différent de l’Assemblée (ou communauté) de Dieu ? Qu’est-ce que nous devons distinguer ? En y regardant de plus près, tu constateras toutefois que ce sont des notions distinctes. Le royaume de Dieu n’est pas plus identique à l’Assemblée de Dieu que l’Assemblée de Dieu n’est identique au royaume de Dieu. Il y a bien sûr des points communs, mais il y a aussi des différences.

 

1        Commençons par les notions :

●         «Assemblée» (communauté) est la traduction du mot grec «ekklesia». Il signifie à l’origine une assemblée convoquée ou un rassemblement de personnes. Mais le plus souvent, le mot fait référence à l’ensemble des chrétiens que Dieu a appelés pour Lui hors du monde dans le temps de la grâce. Ils possèdent le Saint-Esprit, et sont liés — personnellement et collectivement — au Seigneur Jésus dans le ciel. Appartenir à l’Assemblée est donc une affaire intérieure et une bénédiction commune.

●         «Le royaume (dérivé de « roi » ; en grec basileia) de Dieu» nous relie également à Dieu, mais pas tant de manière collective, mais plutôt personnelle. Tous ceux qui ont accepté Jésus comme Sauveur et Seigneur sont maintenant dans Son royaume pour L’y suivre, Le servir et partager Son rejet. Dans le royaume de Dieu, nous sommes disciples du Seigneur Jésus. On n’entre pas dans le royaume de Dieu par la possession du Saint-Esprit, mais intérieurement par la nouvelle naissance (Jean 3:3-5) et extérieurement par le baptême (Matt. 28:19). Être dans le royaume de Dieu est particulièrement une affaire extérieure et une bénédiction personnelle.

 

Celui qui appartient à l’Assemblée de Dieu appartient aussi au royaume de Dieu. L’inverse n’est pourtant pas vrai. Il existe en effet des personnes qui, bien qu’elles confessent extérieurement être au Seigneur et sont baptisées, n’ont pas la vie de Dieu (Matt. 7:21-23). Elles sont certes dans le royaume de Dieu, mais ne font pas partie de l’Assemblée de Dieu.

Le «royaume de Dieu» est donc plus vaste que l’«Assemblée de Dieu». L’Assemblée est pour ainsi dire le noyau précieux du royaume (Matt. 13:46), mais elle a en outre une toute autre orientation. Dans le royaume de Dieu, il est question de gouvernement et d’autorité sur des gens qui vivent sur terre. L’Assemblée de Dieu est le corps de Christ et l’habitation de Dieu, dans laquelle Dieu se révèle en gloire et en sainteté. Sa destination n’est pas la terre, mais le ciel.

 

2        Différences entre le Royaume de Dieu et l’Assemblée de Dieu

Quelques différences entre le royaume de Dieu et l’Assemblée de Dieu nous aident à mieux comprendre ces deux notions ou domaines de bénédiction :

1) le royaume de Dieu existe dans la pensée de Dieu «dès la fondation du monde» (Matt. 13:35). L’Assemblée de Dieu, en revanche, existe dans la pensée de Dieu «dès avant la fondation du monde» (Éph. 3:10,11).

2) Le royaume de Dieu a un début et une fin. Il a commencé avec la venue du Seigneur sur la terre (Luc 17:21) et se termine avec la fin de la création actuelle (1 Cor. 15:28). L’Assemblée, en revanche, a certes un début — dans le temps (Actes 2:1-4), mais elle n’a pas de fin. Elle existe encore dans l’éternité après le temps (Apoc. 21:1-8). Le royaume est donc temporel, l’assemblée est éternelle.

3) Le royaume de Dieu se rapporte en premier lieu à la terre. Le but final est que le Seigneur Jésus règne un jour en puissance et en gloire sur la terre et que tous les hommes reconnaissent un jour Son droit à régner. En revanche, l’Assemblée de Dieu — bien qu’elle soit formée sur terre dans le temps — a un caractère céleste. Son espérance est tournée vers le ciel, et non vers la terre. Elle appartient au ciel, et y a sa destination éternelle (cf. par exemple Apoc. 21:10,11).

4) Dans le royaume de Dieu, nous avons affaire à Christ en tant que notre Seigneur (Actes 28:31), que nous servons et à qui nous obéissons. Il est aujourd’hui rejeté par la plupart des gens, alors qu’en tant que chrétiens, nous reconnaissons Ses droits de bon gré. Dans l’Assemblée de Dieu, nous avons à faire à Christ en tant que tête de Son corps, de qui découlent toutes les bénédictions. Il n’est pas le Seigneur de l’Assemblée, mais la tête glorifiée (Col. 1:18). Notre relation avec Lui dans le royaume est une relation d’autorité qui met en avant notre responsabilité. Notre relation dans l’Assemblée de Dieu est une relation de vie, d’unité et de grâce.

5) Dans le royaume de Dieu, nous sommes explicitement mis en garde contre le fait de juger ou de punir les autres (Matt. 7:1 ; 13:28,29). Là, le bien et le mal coexistent jusqu’à la fin du royaume : «Laissez les croître tous deux ensemble jusqu’à la moisson» (Matt. 13:29,30 ; 13:47-50). Dans l’Assemblée, c’est le contraire qui nous est demandé : «ôtez le méchant du milieu de vous» (1 Cor. 5:13). La prétendue contradiction entre ces deux déclarations se résout si nous considérons que dans Mattieu 13, nous avons affaire au royaume, alors que dans 1 Corinthiens 5, il s’agit de l’ordre dans l’assemblée.

 

3        [Conséquences pratiques. Relations à vivre]

Il reste à remarquer que les deux — le royaume de Dieu et l’Assemblée de Dieu — ne relèvent pas de théories vaseuses, mais sont liés de manière très pratique à notre manière de vivre :

 

●         D’une part, Paul nous invite à vivre d’une manière digne de Dieu, qui nous appelle à son propre royaume (1 Thes 2:12). Nous devons vivre dès aujourd’hui de manière conforme au royaume de Dieu à venir, c’est-à-dire dans la justice pratique, la paix et la joie (Rom. 14:17).

●         D’autre part, nous devons vivre d’une manière digne de l’appel dont Dieu nous a appelés (Éph. 4:1-4). Dans le contexte, cela a un rapport avec l’unité de l’assemblée. Celui qui appartient à l’Assemblée doit le montrer dans sa vie.

 

Malgré toutes les différences entre le royaume de Dieu et l’Assemblée, nous ne devons jamais oublier que notre Seigneur Jésus occupe la première et la plus haute place dans les deux domaines. En tant que Fils éternel de Dieu, Il est le fondement de l’Assemblée et en même temps Celui qui la bâtit (Matt. 16:16-18). En tant qu’Homme glorifié, Il est la Tête du corps (Col. 1:18). Dans son royaume, en revanche, Il régnera en tant que Fils de l’homme et, en tant que Roi et Seigneur, Il sera également le point central des événements. Tout sera assujetti sous Ses pieds (1 Corinthiens 15:27). Dans notre vie, nous devons faire de cela une réalité dès aujourd’hui.