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INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE DE JUDE
Son but, son application actuelle
ME 2005 p.372-378
E.A. Bremicker
Table des matières :
3 Les destinataires de l’épître
5 Le but de l’épître et son application à nous
5.1 Afin que nous ne soyons pas surpris par l’évolution de la chrétienté.
5.2 Afin que nous soyons vigilants.
5.3 Afin que nous nous engagions pour la foi chrétienne.
5.4 Afin que nous vivions en sainte conduite et en piété (cf. 2 Pierre 3:11).
5.5 Afin que nous ne soyons pas entraînés par l’erreur des pervers (cf. 2 Pierre 3:17).
5.6 Afin que nous connaissions les ressources divines pour les jours difficiles.
5.7 Afin que nous nous reposions sur Celui qui seul est capable de nous garder.
Cette épître a été considérée avec raison comme une sorte d’introduction à l’Apocalypse, parce qu’elle révèle les caractères du christianisme et les désordres moraux et religieux qui se développeront sur la terre avant le jugement définitif dont nous parle ce livre.
Jude ne décrit pas la dépravation du monde en général ; il parle de personnes qui professent le christianisme. Son thème n’est pas non plus les désordres ou le mal qui se manifestent dans une assemblée locale ; l’ordre dans l’assemblée de Dieu n’est pas son sujet. Il a une autre tâche. Conduit par le Saint Esprit, il décrit l’éloignement et la décadence dans la profession chrétienne. Dès le début de l’histoire du christianisme, il était bien visible que l’homme n’allait pas garder la vérité que Dieu avait confiée. Paul, aussi bien que Pierre et Jean, annoncent l’infidélité qui allait caractériser les chrétiens et mettent en garde contre la ruine imminente. Jude parle clairement de cet éloignement et montre dans quelle direction il se développera, jusqu’à ce qu’il se termine finalement dans l’apostasie.
L’épître ne parle pas de l’apostasie elle-même, mais montre que le chemin sur lequel la chrétienté se trouve aboutira à la mise de côté complète de tout ce qui est de Dieu. Dans la 2ième épître aux Thessaloniciens, Paul décrit l’apostasie finale du christianisme et nous apprend que celle-ci ne pourra se réaliser qu’au moment où les vrais chrétiens auront été enlevés au ciel. Mais le « mystère d’iniquité opère déjà », et ceci à l’intérieur de la profession chrétienne (2 Thess. 2:3, 4, 7). C’est de cela que Jude nous entretient.
Bien qu’il ait eu sous les yeux les premières déviations de la vérité, son message est essentiellement prophétique. À partir des premiers écarts qui étaient déjà visibles, il esquisse les grandes lignes de l’évolution qui allait s’ensuivre, jusqu’au moment où le Seigneur Jésus viendra en jugement et mettra un terme à la profession chrétienne sur la terre. C’est le sombre tableau d’une dégradation constante à l’intérieur de la chrétienté. Cette dégradation a commencé par l’entrée des « loups redoutables » dans le troupeau (Act. 20:29) et se poursuivra jusqu’à l’apparition du Seigneur en jugement.
Jude n’embellit rien. En termes clairs, il démasque les hommes qui se sont glissés parmi les fidèles. Il utilise pour cela des exemples tirés de la nature, comme aussi de l’Ancien Testament. Il décrit les traits de caractère des hommes impies qui font leur mauvais travail parmi les vrais chrétiens et parle à plus d’une reprise du jugement qui les attend. C’est ce qui rend cette lettre si sérieuse.
Jude adresse son épître à des croyants, à des « appelés » de Dieu, mais dans celle-ci, il parle d’hommes qui prétendent être chrétiens sans l’être réellement. Ils n’ont qu’une profession de christianisme, mais pas la vie divine. Il ne s’agit pas ici de croyants qui se sont égarés, mais de traîtres et de séducteurs qui n’ont jamais passé par la nouvelle naissance.
L’épître peut se diviser en quatre parties :
1° Après quelques mots introductifs et un souhait de bénédiction, nous avons un encouragement à combattre pour la foi autrefois enseignée aux saints (v. 1-3). La courte introduction fait appel à notre responsabilité et nous dit quelles sont les ressources à notre disposition.
2° Dans la partie principale (v. 4-19), Jude décrit les traits de caractère des hommes méchants qui se sont introduits parmi les chrétiens et indique quel sera leur jugement.
3° Dans les versets 20 à 23, Jude s’adresse de nouveau directement aux destinataires de l’épître et leur montre comment ils ont à se comporter. Il parle à leur cœur et à leur conscience, d’une part afin qu’ils se réfugient dans les ressources qui sont à leur disposition, et d’autre part pour qu’ils se comportent de la bonne manière envers ceux qui ont été séduits.
4° L’épître se termine, dans les versets 24 et 25, par une louange d’un caractère tout particulier, qui dirige nos regards sur Celui qui seul est capable de nous garder dans un temps difficile et de nous présenter sans tache devant sa gloire.
Les destinataires initiaux de cette épître ne sont pas connus, mais il est vraisemblable que Jude écrit — comme Pierre — à des Juifs croyants. Ce n’est pas sans raison qu’ils ne sont pas mentionnés ; ainsi personne ne peut penser que le contenu de l’épître ne le concerne pas.
L’épître s’adresse aux « appelés ». Tous les croyants sont ainsi compris, car, par la grâce de Dieu, c’est bien là notre privilège. En même temps, la désignation « appelés » donne à l’épître une note personnelle. En effet, dans le Nouveau Testament, l’appel est toujours présenté comme une bénédiction personnelle, et non une bénédiction collective. Ainsi, à l’exception de la première épître de Jean, aucune épître du Nouveau Testament n’est à la fois aussi générale, parce qu’elle s’adresse à tous les croyants, et aussi personnelle, parce qu’elle concerne directement chacun d’eux. Personne ne peut donc se dérober à sa responsabilité en face de ce qui se développe dans la profession chrétienne. Cette épître est nécessaire pour stimuler notre vigilance.
La manière dont l’épître nous est adressée nous rappelle les mots « mais toi » par lesquels l’apôtre Paul interpelle personnellement plusieurs fois son compagnon d’œuvre Timothée (1 Tim. 6:11 ; 2 Tim. 3:10, 14 ; 4:5). Dans la deuxième épître particulièrement, cette interpellation personnelle est en relation avec le message sérieux de l’apôtre. Dans le même ordre d’idées, nous pouvons penser aux messages contenus dans les lettres adressées aux sept assemblées d’Apocalypse 2 et 3. Là aussi, des assemblées entières, ou les frères particulièrement responsables de ces assemblées, sont d’abord interpellés collectivement. Et à la fin de chaque lettre, on trouve le message très personnel : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ! » La parole s’adresse aux assemblées, mais chacun est personnellement tenu d’écouter.
Jude s’intitule « frère de Jacques ». Modestement, il se situe relativement à un serviteur plus connu que lui. Il s’agit vraisemblablement de « Jacques, le frère du Seigneur », qui occupait une place particulière dans l’assemblée à Jérusalem (Gal. 2:19 ; Actes 12:17 ; 15:13 ; 21:18). S’il en est bien ainsi, il est à remarquer que Jude ne mentionne pas sa parenté avec le Seigneur, mais se nomme « esclave de Jésus Christ ». La relation terrestre qu’il avait eue avec lui ne comptait plus.
Le Nouveau Testament ne nous donne que peu de détails sur Jude, frère du Seigneur (voir Matt. 13:55). Nous savons qu’il ne croyait pas en lui à l’époque du ministère public de Jésus (Jean 7:5). Il ne nous est pas dit quand il est parvenu à la foi, mais en Actes 1:14, nous voyons que « les frères du Seigneur » sont avec les disciples dans la chambre haute. L’épître qu’il a écrite donne quelques indications sur son caractère. C’était visiblement un homme résolu et zélé, qui servait son Seigneur fidèlement et désirait le bien des croyants, un homme de cœur, disposé à encourager ses frères et sœurs dans la foi.
Quel est le dessein de Dieu en nous donnant une telle épître ? Ce n’est sans doute pas simplement de décrire le déclin de la profession chrétienne. Comme tous les autres livres de l’Écriture, cette épître a été inspirée de Dieu et est « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim. 3:16). Son but nous semble pouvoir être décrit en sept points. C’est :
Nous avons vu que le contenu de l’épître est principalement prophétique. Elle décrit une évolution qui, pour Jude, était encore largement à venir, mais qui, pour nous aujourd’hui, est déjà nettement devenue réalité. Devons-nous être surpris par l’état des choses à l’intérieur du témoignage chrétien ? Non. Dieu nous a averti à l’avance de ce qui allait se passer et de ce qui va encore arriver. Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu faisait dire à son peuple qu’il est Celui qui déclare « dès le commencement ce qui sera à la fin, et d’ancienneté ce qui n’a pas été fait » (Es. 46:10).
L’évolution décrite dans l’épître de Jude devrait être pour nous une raison particulière de vigilance. Nous vivons dans la nuit du rejet de notre Seigneur, dans un temps où ses droits ne sont pas reconnus. Il est donc plus que nécessaire d’être éveillés spirituellement. Paul écrit aux Thessaloniciens : « Car vous êtes tous... des fils du jour; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres. Ainsi donc ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres » (1 Thess. 5:5, 6).
Au verset 3, nous sommes encouragés à « combattre pour la foi ». La vérité chrétienne est de plus en plus attaquée publiquement. Les normes bibliques sont progressivement contestées. Dans une telle situation, il est nécessaire de prendre une position claire en faveur de la vérité et de la défendre. Dieu ne veut pas que nous soyons des chrétiens passifs qui s’adaptent à l’esprit du temps, mais que nous nous engagions pour lui et que nous combattions pour la vérité.
Le danger existe que, face au courant de mal qui caractérise les hommes impies qui nous entourent, nous ne portions plus très soigneusement garde à notre comportement. Or ce devrait être le contraire. Dieu veut que nous vivions dans la sainteté et la piété, que notre chemin soit à sa gloire et que nous trouvions en lui tout ce qui satisfait nos cœurs.
Le danger est non seulement que nous ne soyons plus très attentifs quant à notre marche, mais même que nous soyons contaminés par la façon de faire des hommes impies qui nous environnent. Nous pourrions alors « déchoir de notre propre fermeté », c’est-à-dire perdre le fondement qui est sous nos pieds. Mais Dieu désire bien autre chose pour nous. C’est aussi pour cela que l’épître de Jude nous a été donnée.
L’épître de Jude est pleine de telles ressources dans son introduction et dans sa conclusion. Dieu ne nous laisse pas seuls. Il nous apporte son secours. Nous avons des ressources qu’il nous faut saisir, et qui sont entièrement extérieures à nous. Si inquiétant que soit le développement des choses qui nous entourent, nous pouvons poursuivre notre chemin sans dommage.
Les circonstances décrites dans l’épître de Jude devraient contribuer à nous rapprocher de notre Dieu. N’en restons pas à être occupés du mal ou de notre responsabilité. Levons les yeux vers Celui qui a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions et de nous placer irréprochables devant sa gloire (v. 24).