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Première épître aux Thessaloniciens
E.A. Bremicker
Table des matières abrégée :
2 L’état pratique des Thessaloniciens : Chapitre 1
3 Le ministère de l’apôtre Paul : Chapitre 2
4 La mission de Timothée et son rapport : Chapitre 3
5 La marche des croyants dans la sainteté : Chapitre 4, versets 1 à 12
6 La venue du Seigneur : Chapitre 4, versets 13 à 18
7 Le jour du Seigneur : Chapitre 5, versets 1 à 11
8 Instructions pratiques aux croyants : Chapitre 5, versets 12 à 28
Table des matières détaillée :
1.2 L’apôtre Paul à Thessalonique
1.3 L’assemblée à Thessalonique
1.4 Prédication de Paul à Thessalonique
1.5 Auteur et composition de l’épître
1.6 Motif et thème principal de l’épître
2 L’état pratique des Thessaloniciens : Chapitre 1
3 Le ministère de l’apôtre Paul : Chapitre 2
4 La mission de Timothée et son rapport : Chapitre 3
5 La marche des croyants dans la sainteté : Chapitre 4, versets 1 à 12
6 La venue du Seigneur : Chapitre 4, versets 13 à 18
7 Le jour du Seigneur : Chapitre 5, versets 1 à 11
8 Instructions pratiques aux croyants : Chapitre 5, versets 12 à 28
La première épître aux Thessaloniciens nous entretient tout spécialement, et comme aucune autre dans le Nouveau Testament, du retour du Seigneur Jésus. Elle est adressée à une assemblée locale encore très jeune dans la foi, mais qui persévérait dans l’attente journalière de la venue du Seigneur. Toute l’épître respire la fraîcheur de la vie de foi de cette assemblée. Ces croyants manquaient encore de connaissance, mais en contrepartie, ils manifestaient dans leur vie ce dont le Seigneur dut constater plus tard l’absence chez les chrétiens d’Éphèse (Apoc. 2:2-7). Ces derniers étaient familiers avec les plus grandes vérités chrétiennes, mais ils avaient abandonné leur premier amour. Il en allait différemment des Thessaloniciens. Bien que Paul n’ait été que trois semaines parmi eux (Actes 17:2), ils avaient non seulement reçu la Parole avec joie, mais ils la mettaient en pratique dans leur vie journalière. L’apôtre leur rend témoignage qu’ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu «pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1:9).
Thessalonique est située au Nord de la Grèce actuelle, sur la côte de la mer Égée. En ce temps-là, ce pays était divisé en deux parties. La région du Nord s’appelait la Macédoine ; c’est là que se trouvaient les villes de Philippes, Thessalonique et Bérée. La région du Sud, l’Achaïe, comportait les villes d’Athènes et de Corinthe.
Du temps de l’apôtre Paul, Thessalonique était une des plus importantes villes de Macédoine. On estime sa population d’alors à 200 000 âmes. Elle était située sur la voie Égnatia, une des principales artères militaires qui reliaient Rome avec l’Orient. De ce fait, Thessalonique était un grand centre commercial où s’étaient installés de nombreux Juifs. Ville portuaire, elle était aussi renommée pour son immoralité et sa licence. Elle fut fondée en l’an 315 av. J.C. par Cassandre, un général d’Alexandre le Grand. Sous la domination des Romains qui l’investirent en 168 av. J.C., elle devint une capitale de province.
Nous ne pouvons bien comprendre certaines des déclarations de l’épître que si nous gardons devant les yeux son contexte historique. En Actes 17:1 à 9, Luc nous fait le récit de la visite de Paul et Silas (ou Sylvain) à Thessalonique. C’était au cours du deuxième voyage de l’apôtre, celui qui le conduisait pour la première fois en Europe, venant de la Troade (au nord-ouest de l’Asie mineure) jusqu’en Macédoine. La première étape fut Philippes, où fut formée la première assemblée d’Europe (Actes 16:13-40). De là, ils continuèrent leur voyage vers Thessalonique, à environ 150 km vers le sud-ouest, où habitaient certainement quelques Juifs, puisqu’il y avait une synagogue (Actes 17:1). Le récit inspiré de Luc nous indique que, pendant trois sabbats, Paul s’entretint dans la synagogue avec les Thessaloniciens et que, par sa prédication, beaucoup de personnes vinrent à la foi.
Un certain nombre de Juifs, toutefois, furent remplis de jalousie et cherchèrent à s’opposer à l’œuvre naissante. L’attroupement qu’ils provoquèrent mit la ville en émeute, contraignant Paul à abandonner de nuit la ville. Il écrit dans la lettre que lui et Silas furent «chassés par la persécution». L’étape suivante de leur voyage fut Bérée, puis de là, Paul se rendit à Athènes, y laissant Silas et Timothée, qui le rejoignirent ensuite. Ne voyant aucune possibilité de revenir lui-même à Thessalonique (cf. 2:18), mais préoccupé au sujet de ses bien-aimés frères et sœurs, il renvoya vers eux Timothée. Écoutons-le lui-même : «C’est pourquoi, n’y tenant plus, nous avons trouvé bon d’être laissés seuls à Athènes, et nous avons envoyé Timothée, notre frère... pour vous affermir et vous encourager touchant votre foi» (3:1, 2). Ils se retrouvèrent tous les trois à Corinthe et c’est de là qu’il écrivit ses deux lettres aux Thessaloniciens.
Voyons maintenant ce qui concerne ces croyants dans la grande ville portuaire commerçante, et que Paul nomme «l’assemblée des Thessaloniciens, en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ» (1:1). Pour comprendre une lettre, il est toujours opportun de voir d’abord qui sont les destinataires et quelles sont leurs circonstances.
En Actes 17:4, Luc mentionne trois groupes de personnes à Thessalonique qui reçurent l’évangile et vinrent à la foi :
1. Quelques Juifs.
2. Des grecs qui servaient Dieu (donc des païens qui précédemment avaient abandonné le culte des idoles et étaient devenus des prosélytes).
3. Des femmes de premier rang (probablement grecques).
En lisant l’épître, nous acquérons l’impression que beaucoup de Grecs s’étaient convertis ; car c’est de païens seulement qu’il pouvait être dit qu’ils s’étaient tournés des idoles vers le Dieu vivant (1:9). De même aussi, les dangers contre lesquels Paul les met en garde au chapitre 4 (v. 1-8) étaient un problème particulier pour des personnes venues du paganisme, beaucoup moins pour des Juifs d’origine.
Nous trouvons ainsi une assemblée où certains croyants étaient précédemment juifs, d’autres précédemment païens, ceux-ci probablement en plus grand nombre. Mais il n’y avait apparemment aucune mésentente entre ces deux groupes, comme c’était le cas dans d’autres assemblées (par exemple Rome).
Le contenu du message présenté par Paul aux Thessaloniciens est important pour la compréhension des deux épîtres. Nous en saisirons mieux la portée si nous gardons en mémoire la substance de sa prédication lors de son passage dans cette ville.
En lisant Actes 17:1 à 9, nous constatons deux pensées principales. La première ressort des versets 2 et 3. Paul entra dans la synagogue des Juifs et leur exposa que, selon les Écritures, le Christ devait souffrir et ressusciter d’entre les morts, et que ce Jésus qu’il leur annonçait était le Christ. Paul leur démontrait ainsi au moyen des écrits de l’Ancien Testament — car c’étaient les seuls qui étaient à leur disposition et qu’ils lisaient — que Jésus, crucifié par les Juifs, était le Messie promis par Dieu et qu’il était maintenant ressuscité. Ce message était difficile à accepter pour un Juif, mais il lui fallait le recevoir pour être sauvé. Dans ce passage, l’accent n’est pas mis sur le fait que Christ soit mort (bien que naturellement cela soit, quand au principe, fondamental), mais plutôt qu’il ait souffert. Ceci inclut son rejet de la part de son peuple et de celle des nations. En d’autres termes, Paul dit : Ce Jésus que vous avez rejeté et crucifié est le Christ de Dieu, et Dieu a agréé son œuvre. Ses souffrances sont passées, il est ressuscité. Les croyants à Thessalonique étaient ainsi unis à un Christ ressuscité mais rejeté. Cette union avait pour conséquence qu’eux aussi connaîtraient la souffrance en le suivant. Paul en était pour eux un exemple (3:4), et eux-mêmes avaient vite réalisé ce que signifie la persécution en suivant le Seigneur.
Le second thème de sa prédication se trouve dans les versets 6 et 7. Ses opposants rendent eux-mêmes témoignage du sujet de sa prédication et donnent ainsi involontairement comme un condensé de son enseignement : «Ils contreviennent tous aux ordonnances de César, disant qu’il y a un autre roi, Jésus». Paul n’avait donc pas seulement annoncé Jésus comme Sauveur, mais aussi comme Roi d’un royaume à lui. Jésus de Nazareth, qui a été rejeté des hommes, n’est autre que celui que Dieu a fait Seigneur et Christ. Bien que sa royauté soit plutôt en rapport avec son peuple Israël, nous le connaissons actuellement comme le Seigneur de son royaume, et c’est lui que nous servons.
Selon le livre des Actes, la prédication du royaume de Dieu occupe une grande place dans l’enseignement de Paul. L’apôtre a continuellement annoncé que Jésus est aussi Seigneur. Il est vrai qu’il n’est pas encore manifesté officiellement avec puissance et gloire. Mais il est celui dont les cœurs des croyants aiment à reconnaître l’autorité et les droits. Le jour est proche où il établira d’une manière visible son royaume sur la terre. Alors, il viendra en gloire pour dominer comme roi. Paul avait exposé cela en détail aux Thessaloniciens ; ils savaient qu’il allait venir pour prendre le pouvoir. Les deux épîtres en témoignent.
Les deux thèmes ci-dessus sont intimement liés entre eux et contiennent des enseignements importants pour nous aussi. Jésus, rejeté alors par les Juifs, est encore rejeté du monde actuel. Il a souffert et nous souffrons en le suivant. Nous sommes serviteurs dans son royaume, un royaume invisible pour les hommes de ce monde. Dieu l’a fait Seigneur et Christ, et c’est comme tel qu’il reviendra pour établir son royaume en puissance et en gloire. Nous nous réjouissons de sa venue ; et en l’attendant, nous avons le privilège de le reconnaître comme le Seigneur de nos vies.
Ces pensées se poursuivent tout le long des deux épîtres. Les Thessaloniciens avaient reçu la Parole de Dieu, accompagnée de beaucoup de persécutions, mais avec la joie de l’Esprit Saint (1:6). Les souffrances sont un caractère extérieur du royaume de Dieu dans sa forme actuelle, la joie de l’Esprit Saint en est un caractère intérieur (Actes 14:22 ; Rom. 14:17). C’est pourquoi Paul les avait exhortés à marcher d’une manière digne de Dieu qui les avait appelés à son propre royaume et à sa propre gloire (2:12). Cette pensée est reprise dans la deuxième épître, quand Paul déclare qu’ils ont été estimés dignes du royaume de Dieu, pour lequel ils avaient à souffrir (1:5). Maintenant aussi nous souffrons avec le Seigneur (quoique dans une bien faible mesure), mais le jour vient où il sera «glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru» (1:10).
La première lettre aux Thessaloniciens est une des premières que l’apôtre Paul ait écrites. Beaucoup admettent même que c’est la première (selon d’autres, ce serait l’épître aux Galates). De fait, elle fut très tôt mise en circulation parmi les croyants du début du christianisme. Plusieurs pères de l’église du deuxième siècle la mentionnent déjà dans leurs écrits (par ex. Irénée, Clément d’Alexandrie, Tertullien).
Qu’est-ce qui a incité Paul, si peu de temps après sa visite à Thessalonique, à prendre la plume pour écrire — conduit par l’Esprit Saint — une lettre à une assemblée ? En Actes 18:5 et en liaison avec le verset 6 du chapitre 3, nous voyons qu’il a reçu à Corinthe des nouvelles des Thessaloniciens. Si on ne lit que le premier verset de ce chapitre, on pourrait penser que Paul a écrit depuis Athènes. Mais selon les étapes du voyage de Paul indiquées en Actes 18 — Athènes puis Corinthe, où l’ont rejoint Silas et Timothée venant de Macédoine (v. 1 et 5) —il est bien probable que Paul ait écrit depuis Corinthe, capitale de l’Achaïe. Cette province est citée deux fois dans le premier chapitre. Il est en général admis que cette épître fut écrite vers l’an 51.
Le motif qui conduisit Paul à écrire aux Thessaloniciens fut visiblement les informations qu’il reçut à leur sujet. Dans l’ensemble, elles étaient bien propres à réjouir le cœur de l’apôtre. Il écrit : «Nous rendons toujours grâces à Dieu pour vous tous... nous souvenant sans cesse de votre œuvre de foi, de votre travail d’amour, et de votre patience d’espérance... de sorte que vous êtes devenus des modèles pour tous ceux qui croient dans la Macédoine et dans l’Achaïe» (1:2-7). Leur foi en Dieu s’était répandue partout. Témoignage vivant d’une jeune assemblée, de laquelle nous avons beaucoup à apprendre !
Il y avait toutefois chez les Thessaloniciens un certain manque de connaissance, bien compréhensible chez des croyants jeunes dans la foi, et Paul voulait le combler. Il leur avait parlé de la venue du Seigneur, mais il restait pour eux des questions et des problèmes à ce sujet, et l’apôtre les traite de manière approfondie dans les deux épîtres.
Les Thessaloniciens vivaient dans l’attente permanente du retour du Seigneur Jésus (1:10). Ils savaient que lui, le Rejeté, établirait publiquement son royaume sur cette terre avec puissance et avec gloire. Ce moment de la manifestation de son pouvoir était si vivant devant leurs yeux qu’ils l’attendaient journellement. Mais lors de sa visite, Paul ne leur avait apparemment pas expliqué qu’avant l’établissement de ce royaume, les croyants devaient d’abord être enlevés, pour revenir ensuite afin de paraître avec le Seigneur. Quoi qu’il en soit, ce point restait encore obscur pour eux. Quand donc quelques-uns parmi eux décédèrent, il y eut pour eux une grande inquiétude en pensant que les défunts n’auraient aucune part à l’établissement du royaume.
Paul les éclaire à ce sujet, c’est le motif de sa lettre. Au chapitre 4, il dit : «Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n’ont pas d’espérance» (v. 13). Puis il leur expose clairement que le Seigneur viendra premièrement pour réveiller ceux qui se sont endormis et pour les ravir ensemble avec les croyants encore vivants. Il n’y a ainsi aucun préjudice pour ceux qui se sont déjà endormis. Au chapitre 5, l’apôtre revient encore là-dessus en disant : «...afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui» (v. 10). Au cours de notre étude, nous verrons qu’il s’agit ici tant des croyants vivants que de ceux qui sont déjà auprès du Seigneur.
Ces enseignements concernant la venue du Seigneur, qui incontestablement forment le sujet central de l’épître, sont propres à nous encourager et nous édifier (5:11). Cette venue du Seigneur est mentionnée dans tous les chapitres, chaque fois sous un aspect particulier :
Chapitre 1:9, 10 : Ici, la venue du Seigneur est présentée comme fondement de notre vie pratique. Cette espérance, l’attente du Fils de Dieu venant du ciel, est un caractère essentiel de la vie chrétienne. Notre vie doit être orientée vers ce but. Le retour du Seigneur n’est pas une connaissance théorique, mais il exerce son influence sur notre marche, sur nos actions et sur nos pensées.
Chapitre 2:19, 20 : Paul met la venue de notre Seigneur Jésus en relation avec la récompense — ou couronne — que recevra le serviteur. À l’apparition de Jésus, il sera manifesté ce que chacun a été pour lui sur cette terre.
Chapitre 3:12, 13 : La marche du croyant devrait être caractérisée d’un côté par l’amour et de l’autre par la sainteté. Quand nous pensons à l’apparition du Seigneur avec les siens, la sainteté pratique, c’est- à-dire la consécration au Seigneur associée à la séparation de tout mal, devrait tout naturellement s’ensuivre.
Chapitre 4:13-18 : Ces versets non seulement contiennent un enseignement important mais constituent une précieuse consolation pour ceux qui ont perdu un être cher. Nous serons pour toujours avec le Seigneur, près de lui qui nous a tant aimés. Paul termine en disant : «Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles».
Chapitre 5:1-11 : Le courant de pensée du chapitre 4 se poursuit ici. Pour le croyant, la venue du Seigneur est un sujet de consolation et d’encouragement ; pour l’incrédule, elle signifie un jugement inévitable, terrible et éternel. «Ils n’échapperont point» — Quelles paroles solennelles !
Bien que cette épître présente la doctrine de la venue du Seigneur, ce n’est pas à proprement parler une épître doctrinale, comme par exemple celles aux Romains, aux Colossiens ou aux Éphésiens. La pratique de la vie chrétienne y est mise au premier plan, et cela parce qu’elle est une conséquence directe de l’attente du Seigneur, qui vient bientôt. Cette épître est une exhortation à servir notre Dieu avec consécration et à attendre des cieux notre Seigneur.
Il y a plusieurs possibilités de structurer cette épître. La division suivante, en sept parties, peut nous aider à en saisir plus facilement les pensées successives :
1. L’état pratique des Thessaloniciens (chap. 1)
2. Le ministère de l’apôtre Paul (chap. 2)
3. La mission de Timothée et son rapport (chap. 3)
4. La marche des croyants dans la sainteté (chap. 4:1-12)
5. La venue du Seigneur (chap. 4:13-18)
6. Le jour du Seigneur (chap. 5:1-11)
7. Instructions pratiques aux croyants (chap. 5:12-28)
Le premier chapitre respire pleinement toute la fraîcheur de la vie de foi de ces jeunes croyants. Paul peut rendre grâces pour eux et mentionner ce que le Saint Esprit avait produit en eux. Ils n’avaient pas seulement cru à l’évangile, mais ils portaient les fruits qui doivent l’accompagner, de sorte qu’ils étaient devenus des modèles pour d’autres. Leur vie était désormais orientée vers Dieu et ils attendaient des cieux son Fils. Le témoignage qui pouvait être rendu à ces croyants nous parle encore aujourd’hui. Quel encouragement pour nous à suivre leur trace, en dépit des dix-neuf siècles qui nous séparent !
«Paul, et Sylvain, et Timothée, à l’assemblée des Thessaloniciens, en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ : Grâce et paix à vous !»
Paul, le grand apôtre des nations, ne se présente pas ici comme tel, mais se joint simplement aux deux frères qui l’accompagnaient dans son deuxième voyage missionnaire. Il y a en tout neuf épîtres dans lesquelles il se présente comme apôtre. Lorsqu’il s’adresse aux Galates, il met un accent très particulier sur son autorité apostolique. Chaque fois qu’il s’agit d’adresser une répréhension aux croyants, ou de transmettre une révélation fondamentale de la doctrine du Nouveau Testament, Paul souligne son apostolat.
Il en est autrement ici. À Thessalonique, il n’avait pas besoin de corriger, mais il peut reconnaître avec joie ce que l’Esprit de Dieu avait opéré dans ces croyants. Son attitude vis-à-vis des Thessaloniciens est imprégnée d’estime réciproque, d’amour et d’affection.
Silas et Timothée avaient accompagné l’apôtre lors de son premier voyage en Europe et avaient été avec lui à Thessalonique. Comme Paul, Silas était à la fois juif et citoyen romain (Actes 16:37). Le témoignage qui lui est rendu dans les Actes permet de conclure qu’il a été un compagnon de voyage utile. Plus tard, il fut apparemment un collaborateur de l’apôtre Pierre, qui le nomme «un frère fidèle» (1 Pierre 5:12).
Timothée nous est bien connu comme collaborateur de Paul. Il lui fut très attaché jusqu’à la fin de sa vie, et l’apôtre l’appelle «mon enfant bien aimé». Il est aussi mentionné dans l’introduction de plusieurs autres épîtres (par exemple 2 Corinthiens, Philippiens, Colossiens).
Paul s’adresse ici «à l’assemblée des Thessaloniciens, en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ». Une telle adresse n’est utilisée que dans la seconde épître aux Thessaloniciens (sous une forme presque identique). Nous n’avons pas ici la pensée du seul corps, tel qu’il nous est présenté dans l’épître aux Éphésiens. Cette vérité n’était pas, ou qu’à peine connue des Thessaloniciens. L’accent est mis ici sur la nouvelle relation dans laquelle ils avaient été introduits. Ils avaient maintenant affaire à Dieu le Père et au Seigneur Jésus Christ. Cette relation est sans doute personnelle, mais nous pouvons la savourer ensemble. L’assemblée est en quelque sorte vue ici comme la famille de Dieu. Nous sommes enfants de Dieu, c’est-à-dire que nous le connaissons comme Père par le Seigneur Jésus Christ.
Cette relation avec Dieu le Père d’une part, et avec le Seigneur Jésus Christ d’autre part, nous fait penser au ministère de Jean et à celui de Pierre, respectivement. Les croyants sont «en Dieu le Père». C’est le sujet de Jean : «Je vous écris, petits enfants, parce que vous connaissez le Père» (1 Jean 2:13). Cela est vrai de chaque croyant, dès qu’il est venu à la foi. Nous sommes enfants de Dieu parce que nous sommes «nés de Dieu». Nous le connaissons comme Père, un Père qui nous aime et qui prend soin de nous. Nous pouvons avoir communion avec lui. Les Thessaloniciens se trouvaient dans des circonstances difficiles : ils subissaient de grandes persécutions. Dans une telle situation, quel réconfort pour eux de se souvenir que le grand Dieu des cieux était devenu leur Père !
Cependant le chrétien n’est pas seulement uni avec Dieu le Père, il l’est aussi avec le Seigneur Jésus Christ. Celui-ci est cité ici avec son titre complet, et ce n’est pas par hasard. Il est «Jésus Christ», le Fils de l’homme autrefois abaissé, que Dieu a oint et élevé au-dessus de toutes choses. Cependant, il est aussi le Seigneur. C’est comme homme glorifié qu’il porte ce titre : Dieu l’a «fait Seigneur» (Actes 2:36). Nous nous trouvons, comme les Thessaloniciens, dans le royaume de Dieu, et nous avons affaire à Jésus comme à notre Seigneur. Il est ainsi nommé quelque vingt-cinq fois dans cette épître. Il est notre Sauveur — grâce infinie ! —, mais il est aussi notre Seigneur, celui dont nous reconnaissons les droits, dans un monde qui aujourd’hui encore le rejette. Pas plus qu’autrefois, le monde ne veut s’incliner devant lui, mais c’est notre privilège de partager avec lui son rejet et de reconnaître ses droits comme Seigneur. Ayant fait cela, nous partagerons un jour sa gloire. C’est ce que l’apôtre Pierre développe abondamment dans ses deux épîtres.
Le rappel de cette relation intime avec Dieu le Père et avec le Seigneur Jésus Christ était propre à encourager les Thessaloniciens. Plusieurs d’entre eux étaient des païens avant leur conversion, et avaient servi des dieux et des seigneurs étrangers. Maintenant, ils connaissaient le seul vrai Dieu et étaient unis à lui et à son Fils. Quel merveilleux changement !
Le souhait de bénédiction est court, mais combien riche : «Grâce et paix à vous !». «Grâce» (en grec : charis) était la salutation habituelle parmi les nations ; «Paix» (en hébreu : shalom) celle des Juifs. Paul associe les deux, de sorte que nous pourrions parler ici d’une «salutation chrétienne».
C’est la grâce qui apporte le salut à l’homme (Tite 2:11). Ensuite, elle nous donne tout ce dont nous avons besoin pour notre chemin (2 Cor. 12:9). Elle est enfin ce qui nous sera apporté à la révélation de Jésus Christ (1 Pierre 1:13). Toute la vie chrétienne est ainsi encadrée par la grâce. Il ne s’agit pas ici de la grâce qui convertit, mais de la grâce qui nous porte chaque jour. L’apôtre souhaite aux Thessaloniciens, et à nous aussi, d’avoir un sentiment plus profond de la faveur imméritée avec laquelle Dieu pose ses regards sur ses enfants.
Il en est de même de la paix. Il n’est pas question ici de la paix avec Dieu, de la paix de la conscience, que possède chaque croyant. Il s’agit de cette paix de Dieu qui demeure la part constante de ceux qui se confient en l’amour de leur Père et marchent dans l’obéissance à leur Seigneur. C’est la jouissance pratique de cette paix qui nous est souhaitée. Notre position est «en Dieu, notre Père et dans le Seigneur Jésus Christ». Notre bénédiction journalière est la jouissance de la grâce et de la paix dans le chemin.
«Nous rendons toujours grâces à Dieu pour vous tous, faisant mention de vous dans nos prières».
Paul était un homme très occupé. Quand nous lisons les Actes et les épîtres, nous nous rendons compte combien il était actif. Il voyageait, il prêchait, il travaillait, il visitait, il écrivait. Et pourtant, c’était un homme qui trouvait toujours du temps pour prier. La prière avait une grande importance dans sa vie. Il en savait toute la valeur et c’est pourquoi il ne la négligeait pas.
Paul priait sans doute aussi pour ses propres circonstances, mais ce qui avait la priorité, c’était la prière pour les autres. Il portait les frères et les sœurs sur son cœur et intercédait pour eux. Il priait pour ceux qu’il connaissait personnellement (comme les Thessaloniciens), mais aussi pour ceux qu’il n’avait pas encore rencontrés (comme les Colossiens). Les sujets de prière de Paul, tels qu’ils nous sont rapportés dans les épîtres, étaient divers. Mais ils étaient adaptés en chaque cas aux circonstances des saints auxquels il pensait. Ici, Paul avait des motifs de rendre grâces, et c’est pourquoi il le fait. Il pouvait rendre grâces pour eux continuellement !
Nous pouvons apprendre quelque chose de lui. Nous sommes enclins à voir ce qui est négatif chez nos frères et sœurs, ce qui nous déplaît et peut-être nous fait de la peine. Nous nous laissons aller à la critique, et nous oublions ce que le Seigneur a opéré en notre frère et en notre sœur. Exerçons-nous à rendre grâces au Seigneur pour eux, et nous ferons l’expérience que nous les verrons alors sous un jour tout différent.
Paul rendait grâces pour eux tous. Il n’en excluait aucun, ni n’oubliait personne. Il en était de même quant aux Philippiens. Paul pouvait faire des supplications pour eux avec joie (Phil. 1:4). Et il ne priait pas seulement de temps en temps, mais toujours. Ce mot exprime une action continue. Rendre grâces pour les autres devrait être pour nous aussi une bonne habitude.
Enfin, Paul ne priait pas tout seul, mais Silas et Timothée se joignaient à lui. Ils connaissaient la communion dans la prière entre frères. Cela aussi est une bénédiction.
«Nous souvenant sans cesse de votre œuvre de foi, de votre travail d’amour, et de votre patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ, devant notre Dieu et Père, sachant, frères aimés de Dieu, votre élection».
Dans ce verset, Paul en vient à parler des caractères intérieurs des Thessaloniciens, à savoir : la foi, l’amour et l’espérance. De façon générale, l’épître montre qu’ils manquaient d’enseignement en bien des domaines, mais que leur état pratique était très bon. La foi, l’amour et l’espérance sont les fondements de notre caractère comme chrétiens. On trouvait chez eux ces fondements. Leurs cœurs étaient sans partage dirigés vers Dieu et vers le Seigneur Jésus, et c’est ce qui était décisif. Une grande connaissance de la Parole n’est pas une garantie de la manifestation réelle de ces caractères intérieurs.
La foi, l’amour et l’espérance sont plusieurs fois mentionnés ensemble dans le Nouveau Testament, par exemple à la fin de 1 Corinthiens 13. Paul les cite de nouveau en 1 Thessaloniciens 5:8. Mais ici, ils ne sont pas seulement présentés comme des caractères intérieurs ; on voit aussi comment ils se manifestaient dans la vie des Thessaloniciens. Paul ne parle pas seulement de leur foi, mais de leur œuvre de foi, pas seulement de leur amour, mais de leur travail d’amour, pas seulement de leur espérance, mais de leur patience d’espérance. L’état de leur cœur était bon, et les fruits correspondants en étaient visibles.
La foi, au sens biblique, est une conviction, un attachement à des réalités qui sont encore invisibles à l’œil humain. La foi est en contraste avec la vue (Héb. 11:1). Elle nous lie à ce qui est encore invisible. La foi a Dieu devant elle. Elle se manifeste par la confiance et par l’obéissance. Les yeux de notre cœur sont ouverts pour contempler un domaine invisible, et la foi nous fait déjà posséder actuellement ce qui appartient à ce domaine. Le jour vient où nous pourrons le contempler de nos propres yeux, mais maintenant nous vivons par la foi. Il est rappelé aux Thessaloniciens que les choses qui ne se voient pas précèdent celles qui se verront dans le royaume millénaire. Un jour, ce royaume sera manifesté aux yeux de tous ; mais maintenant, il est un mystère et ne peut être saisi que par la foi.
Une foi sans œuvres est morte (Jacq. 2:26). La foi se montre par une activité, sinon quelque chose ne va pas. Toutefois, cette activité ne doit pas être charnelle, mais produite pas l’action de Dieu. Les œuvres chrétiennes ne doivent pas être accomplies pour atteindre la foi, c’est juste l’inverse. Les œuvres chrétiennes sont la conséquence naturelle d’une foi produite par Dieu. Il en était ainsi des Thessaloniciens. Il devrait en être ainsi de nous.
L’amour, de la même manière, a premièrement Dieu pour objet. Le prochain ne vient qu’ensuite. Il s’agit ici de l’amour divin. Dans notre état naturel, nous ne pouvions faire autre chose que nous haïr l’un l’autre. «Car nous étions, nous aussi... haïssables, nous haïssant l’un l’autre» (Tite 3:3). Maintenant, il en est autrement. Nous pouvons aimer, parce que nous sommes nés de Dieu et que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs. La nouvelle nature, d’origine divine, ne peut qu’aimer. L’amour agit dans l’être intérieur, mais se manifeste au-dehors. Il se voit et se montre en pratique dans l’amour envers les frères et sœurs. C’est le travail d’amour dont Paul parle ici. Le mot travail employé dans ce verset signifie un souci intense, associé à un effort à la limite de l’épuisement. Connaissons-nous aujourd’hui encore ce dévouement opéré par l’amour de Dieu en nous ?
Le troisième caractère est l’espérance. Paul avait enseigné les Thessaloniciens au sujet du retour du Seigneur Jésus pour établir son royaume sur la terre. Cette espérance était vivante en eux et produisait la patience, la persévérance. Notre espérance n’est pas simplement fixée sur un meilleur avenir, mais sur la personne du Seigneur lui-même. Lui est notre espérance. Ce que nous désirons et que notre foi saisit, va bientôt devenir une réalité visible. Dans ce monde qui l’a rejeté et où sa croix a été dressée, le Seigneur Jésus revendiquera un jour ses droits. Ce moment, il l’attend lui-même, et nous aussi nous pouvons l’attendre avec persévérance.
En 2 Thessaloniciens 3:5, Paul parle de la patience du Christ (le mot grec implique la pensée de la persévérance) et exprime le souhait que nos cœurs soient inclinés à cette patience persévérante. La patience, ici, c’est tenir ferme au travers des épreuves et des souffrances. Les Thessaloniciens connaissaient des circonstances difficiles, mais leurs yeux étaient fixés sur Celui qui allait revenir. Ils attendaient du ciel le Fils de Dieu, et cela leur redonnait du courage et de la force. Pour nous, les circonstances sont plus faciles. C’est peut-être le motif pour lequel notre patience d’espérance n’est souvent que bien peu marquée.
La foi, l’amour et l’espérance doivent être les ressorts de toute notre activité chrétienne, les traits caractéristiques de notre état intérieur. Lorsque, à la fin du premier siècle, l’apôtre Jean écrivit une lettre à l’assemblée d’Éphèse, il pouvait reconnaître qu’il y avait des œuvres, du travail et de la patience. Extérieurement, tout était convenable. Mais où étaient la foi, l’amour et l’espérance ? Quelle était leur disposition d’esprit ? Le Seigneur doit faire le reproche : «Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour» (Apoc. 2:4). Et ceci est dit à une assemblée à laquelle, quelques années auparavant, Paul écrivait une épître où il pouvait parler des bénédictions chrétiennes les plus élevées. Les œuvres, le travail, la patience se maintenaient à Éphèse, mais n’étaient plus caractérisés par ces grandes et puissantes vertus ; l’habitude persistait, mais la communion manquait. Il en était autrement ici à Thessalonique. Malgré une connaissance limitée, leurs œuvres étaient un fruit de la foi, leur travail était produit par l’amour, et leur patience était nourrie de l’espérance.
Qu’en est-il de nous ? Dieu ne voit pas seulement notre activité. Il voit nos cœurs, il en sonde les motifs. Il nous demande dans quelles dispositions intérieures nous agissons. Est-ce par habitude, ou est-ce dans une réelle relation de nos cœurs avec lui ? Là où ce n’est que par habitude, le premier amour manque. Le premier amour est le meilleur amour, il a Dieu seul pour objet. Dieu désire que nous nous attachions à lui d’un cœur non partagé. Une grande connaissance n’est pas une sauvegarde. Ce dont nous avons besoin, c’est du dévouement de cœur. C’est ce que nous pouvons apprendre des Thessaloniciens.
«Sachant, frères aimés de Dieu, votre élection».
Remarquons avec quelle affection l’apôtre s’adresse à eux. Il les appelle : «frères aimés de Dieu». Les sœurs sont bien évidemment comprises dans cette expression. Paul savait que les Thessaloniciens étaient aimés de Dieu, et c’était pour lui un motif suffisant pour les aimer aussi.
C’est avec une grande conviction qu’il mentionne maintenant leur élection. La vérité de l’élection n’est pas le thème développé ici. Elle nous est présentée dans d’autres passages (par ex. Éph. 1:4). Ici, nous avons simplement le fait que l’apôtre savait qu’ils étaient élus. Comment pouvait-il le savoir ? Quand il vint à Thessalonique avec Silas et Timothée, il ne savait pas qui Dieu avait élu dans cette ville. Paul n’avait pas accès au livre de vie, et il ne nous est pas dit qu’il ait eu une révélation particulière de la part de Dieu à ce sujet. Mais il voyait vivre les Thessaloniciens, il voyait les fruits de leur nouvelle vie, il voyait les manifestations de la foi, de l’amour et de l’espérance. Cela lui suffisait pour être convaincu que ces chrétiens étaient des élus de Dieu.
Le mot grec utilisé pour «sachant» indique que cette connaissance n’était pas acquise par révélation mais par observation. Paul pouvait voir dans leur comportement qu’ils étaient élus. Ils transcrivaient dans la pratique ce qu’ils avaient appris. Pourquoi la question se pose-t-elle si souvent aujourd’hui de savoir si quelqu’un est vraiment converti ? Cela ne vient-il pas de ce que nous ne montrons pas suffisamment clairement dans nos vies de quel côté nous sommes ? Dieu désire que nos vies manifestent de façon claire que nous sommes ses enfants, qu’il nous a élus. C’est tout autant possible de nos jours qu’à cette époque.
«Car notre évangile n’est pas venu à vous en parole seulement, mais aussi en puissance, et dans l’Esprit Saint, et dans une grande plénitude d’assurance, ainsi que vous savez quels nous avons été parmi vous pour l’amour de vous».
Ce verset nous montre la source du bon état des Thessaloniciens. C’était l’évangile. L’apôtre l’appelle ici «notre évangile», parce qu’il l’avait annoncé à Thessalonique avec ses collaborateurs. La prédication de l’évangile est le point de départ de tout. C’était l’un des grands piliers du ministère de l’apôtre Paul. Il en parle dans son discours d’adieu aux anciens d’Éphèse. L’appel à la repentance et à la foi, le témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu, la prédication du royaume de Dieu et la révélation de tout le conseil de Dieu, tel était son ministère (Actes 20:21, 24, 25, 27).
Paul annonçait le plein évangile. Selon 1 Corinthiens 15:1 à 4, cette prédication comprenait trois points importants, savoir que Christ est mort, qu’il a été enseveli et qu’il est ressuscité. C’est la foi en ces grands fondements du salut qui sauve. En fait, l’évangile est le témoignage complet de ce que l’homme perdu trouve en Christ.
Comment donc l’évangile était-il parvenu aux Thessaloniciens ? Paul cite ici quatre points, qui nous montrent l’ordre divin. C’était d’abord en paroles, puis en puissance, ensuite dans l’Esprit Saint et enfin dans une grande plénitude d’assurance. Il en est encore ainsi maintenant, quand il est annoncé de la bonne manière.
En premier lieu vient naturellement la prédication. La Parole doit être annoncée et entendue (ou lue) pour pouvoir être reçue. Paul écrit aux Corinthiens : «Or je vous fais savoir, frères, l’évangile que je vous ai annoncé, que vous avez aussi reçu...» (1 Cor. 15:1). Mais tout ne se limite pas à des paroles. Le message produit quelque chose, s’il est reçu. Il se manifeste en puissance. Il n’est pas dit ici que c’est la puissance du Saint Esprit (car l’Esprit est nommé séparément), mais il est clair que ce n’est pas une puissance humaine. C’est la puissance de Dieu. Paul écrit aux Romains : «Je n’ai pas honte de l’évangile, car il est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit» (Rom. 1:16). La puissance de Dieu rend la parole efficace dans le croyant et produit ainsi un grand changement. Nous sommes retirés du domaine de la mort et introduits dans le domaine de la vie. Celui qui accepte le plein évangile reçoit le Saint Esprit, qui nous procure l’assurance du salut. Elle est appelée ici «une grande plénitude d’assurance». C’est en effet quelque chose de merveilleux de savoir que nous avons été acceptés de Dieu. Il ne veut pas nous laisser dans l’incertitude, mais nous place sur un fondement solide. Pour ceux qui ont cru à l’évangile, les doutes sont hors de saison. Nous nous appuyons sur ce que Dieu a dit et cela suffit.
Ensuite, l’exemple du serviteur nous est présenté. C’était Paul et ses collaborateurs qui avaient prêché la Parole aux Thessaloniciens. Cependant il ne suffit pas de prêcher. Paul ajoute : «ainsi que vous savez quels nous avons été parmi vous pour l’amour de vous». C’est une chose de parler, mais c’en est une tout autre d’être. Un prédicateur ou un témoin de l’évangile devrait toujours être un exemple vivant de ce qu’il enseigne. Le discours et le comportement doivent être en accord, si l’on veut que le témoignage porte du fruit. Nous reviendrons plus longuement sur ce principe à propos du deuxième chapitre (v. 1-12).
Pourquoi y a-t-il souvent si peu de fruit parmi nous ? Un des motifs n’est-il pas que nous parlons beaucoup mais que nous ne sommes pas ce que nous disons ? Il est possible d’avoir beaucoup de connaissance et de la facilité à s’exprimer, mais de ne mettre que très peu en pratique dans la vie journalière ce que nous avons reçu. Combien il est important d’avoir, en ce domaine aussi, le Seigneur comme modèle parfait ! Ses actes et ses paroles étaient toujours en parfaite harmonie. Aux Juifs qui lui demandaient : «Toi, qui es-tu ?», il pouvait répondre : «Absolument ce qu’aussi je vous dis» (Jean 8:25). Le livre des Actes commence par le rappel de ce que Jésus «commença de faire et d’enseigner». D’abord faire, ensuite enseigner, ainsi en était-il pour le Seigneur. Paul l’imitait. C’est ce que nous avons à faire aussi.
«Et vous êtes devenus nos imitateurs et ceux du Seigneur, ayant reçu la Parole, accompagnée de grandes tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint».
Après la description, au verset 3, des caractères intérieurs de la nouvelle vie dans les Thessaloniciens (la foi, l’amour et l’espérance), nous en trouvons dans les versets 6 à 8 les caractères extérieurs. Ce qui s’accomplissait dans l’homme intérieur était rendu visible.
Avant de considérer de plus près ces caractères extérieurs, voyons d’abord les circonstances dans lesquelles se trouvaient les destinataires de la lettre, résultant du fait qu’ils avaient reçu la Parole. Au chapitre 2, nous voyons comment ils l’avaient reçue dans leur cœur : ils l’avaient acceptée comme étant «la parole de Dieu», «ainsi qu’elle l’est véritablement» (v. 13). Ici, il s’agit de leurs circonstances, comme conséquence de leur conversion au christianisme. Leur situation était marquée d’un côté par «de grandes tribulations» et d’un autre par «la joie de l’Esprit Saint». Tribulations et joie, cela peut-il aller ensemble ? Oui, car ce sont les traits du royaume de Dieu dans sa période actuelle, comme Paul l’avait annoncé aux Thessaloniciens.
Pour nous aussi, le royaume de Dieu tel qu’il se présente aujourd’hui est lié d’une part à la tribulation et d’autre part à la joie. Le moment de régner avec le Seigneur n’est pas encore venu. Il est encore un Christ rejeté, et nous partageons son rejet. Il a souffert, et nous souffrons avec lui. En Actes 14:22, il est rappelé aux disciples que «c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu». Là, c’est le royaume sous son aspect futur, dans lequel nous régnerons avec lui. Et le chemin qui y conduit est caractérisé par les souffrances. Certainement, nous ne connaissons aujourd’hui que peu de ces souffrances. Mais celui qui se met véritablement et ouvertement du côté de Christ, le Rejeté, en subira inévitablement. Le principe divin reste valable pour tous les temps : «Et tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés» (2 Tim. 3:12).
Si aujourd’hui les tribulations sont aussi notre part dans le royaume de Dieu, nous pouvons néanmoins savourer pleinement la joie du Saint Esprit. La joie est l’un des signes distinctifs du royaume de Dieu manifesté en puissance et en gloire ; c’est ce que nous voyons dans bien des passages de l’Ancien Testament. Mais le chrétien n’a pas à attendre l’avènement public du royaume. Il peut savourer cette grande joie déjà maintenant, malgré toutes les oppositions. Les Thessaloniciens le faisaient et nous en donnent l’exemple.
Il en était de même de l’apôtre Paul. Il eut à passer par beaucoup de souffrances, à subir de grandes persécutions. Il avait pourtant toujours une joie profonde dans le cœur, la joie produite par le Saint Esprit.
Venons-en maintenant à ces caractères extérieurs de la nouvelle vie. En premier lieu, les Thessaloniciens nous sont présentés comme étant des imitateurs : «Vous êtes devenus nos imitateurs, et ceux du Seigneur». Ils n’étaient pas seulement devenus des chrétiens, ils le montraient aussi. Mais pourquoi Paul se nomme-t-il en premier, lui et ses collaborateurs, et le Seigneur ensuite ? En fait, les Thessaloniciens n’avaient pas vu le Seigneur personnellement. Ce qu’ils connaissaient de lui, c’était par le moyen de l’apôtre Paul. Ils l’avaient entendu de sa bouche, mais avant toutes choses, ils l’avaient vu en lui. Il était si semblable à son Seigneur qu’on suivait le Seigneur quand on imitait Paul.
En différentes épîtres, Paul mentionne qu’il est devenu un imitateur du Seigneur ; et il nous exhorte à faire de même. Une condition préliminaire pour imiter, c’est de suivre. C’est seulement lorsque nous nous tenons tout près du Seigneur que nous pouvons apprendre de lui et lui ressembler. En Philippiens 2:5, lorsque nous lisons : «Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus», il est question de notre disposition d’esprit, de notre manière de penser. Pierre parle de notre marche et nous exhorte à suivre les traces du Seigneur Jésus (1 Pierre 2:21). Les deux choses sont importantes, nos pensées et notre comportement, et dans les deux cas, Jésus devrait être vu. C’est le but de l’Esprit de Dieu de former en nous l’image de notre Seigneur. Pour cela, il est nécessaire que nous nous occupions beaucoup de lui. Ce n’est que s’il est journellement devant nous et que nous le contemplons dans tous les détails de sa vie sur cette terre, que nous pouvons être ses imitateurs.
«De sorte que vous êtes devenus des modèles pour tous ceux qui croient dans la Macédoine et dans l’Achaïe».
Voici le deuxième caractère extérieur. Les imitateurs deviennent des modèles. La Macédoine était la province du nord, où se trouvait Thessalonique ; l’Achaïe, celle du sud, où se trouvait Corinthe, ville d’où Paul a écrit sa lettre. Combien puissant devait être le témoignage des Thessaloniciens pour que Paul puisse les présenter comme des modèles !
Cette parole est aussi pour nous. Dieu désire que nous montrions notre drapeau ; il veut que nous soyons, comme imitateurs de Christ, des modèles pour nos frères et sœurs. Chacun doit voir qui nous suivons. Si nous sommes des modèles, c’est que nous montrons ouvertement que nous suivons le Seigneur et que nous portons sa marque. Nos frères et sœurs, de même que les personnes qui nous entourent, nous observent attentivement. Que voient-ils en nous ? Manifestons-nous les caractères du Seigneur Jésus ou voit-on ceux du vieil homme ?
Il ne s’agit pas ici de théorie abstraite, mais de christianisme pratique. La première chose n’est pas de transmettre une doctrine à d’autres, mais de la vivre, en nous nourrissant journellement de sa Parole et en nous approchant sans cesse de lui dans la prière. Pour cela, nous n’avons pas besoin d’une grande connaissance, mais d’attachement au Seigneur Jésus. Souvent, ce ne sont pas les croyants qui ont une grande connaissance qui sont des modèles pour les autres, mais ceux qui, silencieusement, vivent ce que Christ représente pour eux.
Quel contraste quand nous comparons les Thessaloniciens avec les Corinthiens ! Paul peut dire à ces derniers qu’en toutes choses ils avaient été enrichis, de sorte qu’ils ne manquaient d’aucun don de grâce (1 Cor. 1:5-7). Mais où lisons-nous qu’ils étaient des modèles pour d’autres ? Nulle part ! Au contraire, leur comportement était malheureusement une occasion de mise en garde et d’avertissement pour d’autres. Les Thessaloniciens, eux, savaient encore relativement peu de choses, mais ils vivaient ce qu’ils savaient.
«Car la parole du Seigneur a retenti de chez vous, non seulement dans la Macédoine et dans l’Achaïe, mais, en tous lieux, votre foi envers Dieu s’est répandue, de sorte que nous n’avons pas besoin d’en rien dire».
Nous avons dans ce verset le troisième caractère extérieur, pour ainsi dire le dernier maillon de la chaîne. Ils étaient premièrement des imitateurs, ensuite des modèles, ils nous sont enfin présentés comme des témoins. Ce témoignage n’était pas limité à la Macédoine et à l’Achaïe, mais allait bien au-delà. Leur conduite appuyait la proclamation de l’évangile par l’apôtre et ses compagnons. La parole du Seigneur avait retenti depuis chez eux et leur foi était devenue visible. Leur témoignage consistait aussi bien en paroles qu’en actions. C’est ce qu’ils avaient vu en Paul. Leurs paroles et leur conduite étaient en harmonie.
La déclaration de ce verset est d’autant plus remarquable que les moyens de communication de ce temps-là étaient très limités. Les transmissions d’informations ne pouvaient être qu’orales ou manuscrites.
Nous avons peine à concevoir aujourd’hui un témoignage aussi vivant. Mais l’évangile a-t-il changé ? L’Esprit a-t-il changé ? Le Seigneur a-t-il changé ? Non ! Certes, les circonstances sont différentes, mais surtout, c’est nous qui avons changé. Et pourtant le Seigneur peut encore opérer en nous et faire de nous des témoins vivants. Suivons-le et laissons- nous former à son image. Nous pourrons alors être des modèles pour d’autres et notre témoignage sera vrai et crédible. Un témoignage qui n’a pas sa source dans la communion avec le Seigneur et qui n’est pas en harmonie avec notre marche sera difficilement reçu. Pensons à Lot. Son association avec le monde rendait impossible un témoignage efficace, de sorte que l’on se moquait de lui lorsqu’il parlait du jugement qui allait venir sur la ville (Gen. 19:14).
«Car eux-mêmes racontent de nous quelle entrée nous avons eue auprès de vous, et comment vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai... »
Les deux derniers versets de ce premier chapitre traitent du but que Dieu avait dans le salut des Thessaloniciens. Ils s’étaient tournés (on pourrait dire convertis) des idoles vers Dieu. Cette conversion n’était pas un but en elle-même. Ils s’étaient convertis : 1° pour servir Dieu, 2° pour attendre des cieux son Fils.
Le comportement des Thessaloniciens avait pour résultat que le monde même (bien qu’involontairement) devenait témoin de la puissance de l’évangile. Les hommes avaient vu le changement qui s’était opéré en eux, et ils en parlaient. Le fait qu’ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu ne pouvait tout simplement pas être caché.
Ce passage montre clairement ce que le Nouveau Testament entend par «conversion». Nous nous sommes tant habitués à certaines expressions que nous ne savons parfois plus du tout quel est leur sens profond. Conversion et repentance sont deux choses intimement liées, dont nous ne pouvons comprendre la signification qu’en les gardant ensemble. L’histoire bien connue du fils prodigue en Luc 15 nous en donne une bonne illustration. Assis auprès des pourceaux et se remémorant la maison paternelle, il se repentit. Il mena deuil sur son propre état et reconnut qu’il avait mal agi. Se repentir ne signifie pas s’astreindre à certains exercices de repentance, c’est un changement de ses pensées. La repentance s’accompagne toujours d’une tristesse selon Dieu quant à notre propre état de péché et quant à nos mauvaises voies (cf. 2 Cor. 7:10). Mais, pour le fils prodigue, ce n’était pas tout. Le changement de son attitude intérieure (son repentir) eut des conséquences. En effet il se leva pour retourner vers son Père. S’il était resté avec les pourceaux, rien n’aurait changé. Mais il a fait un demi-tour et s’en est allé vers son père. Voilà la conversion : c’est se lever et retourner à Dieu.
Repentir et conversion vont ensemble. Dans sa prédication, Pierre l’a exprimé ainsi : «Repentez- vous et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés» (Actes 3:19). Nous trouvons la même association de termes dans les paroles de Paul. Il annonçait aux hommes «de se repentir et de se tourner vers Dieu, en faisant des œuvres convenables à la repentance» (Actes 26:20). La repentance est intérieure, la conversion est visible extérieurement.
La conversion est un changement de direction : on se détourne d’une chose, et on se tourne vers une autre chose. Nous trouvons cela très explicitement en Actes 26:18 : «... pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu». C’est aussi un changement de position : nous sommes sortis des ténèbres et du pouvoir de Satan, et nous sommes entrés dans la lumière et vers Dieu. C’est de ce grand changement que nous parle notre verset : «Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu». Beaucoup de Thessaloniciens étaient précédemment des païens, et comme tels servaient leurs propres idoles. Quand Paul était à Athènes, son esprit était bouleversé en voyant la ville remplie d’idoles (Actes 17:16). Nous pouvons bien penser qu’il en était de même à Thessalonique.
Maintenant, ce changement avait eu lieu. Autrefois, ces croyants avaient servi les idoles, maintenant, ils servaient Dieu. Les idoles étaient sans aucune vie, elles ne pouvaient ni voir, ni entendre. Comme toutes les choses qui appartiennent à ce monde, elles étaient aussi dans la mort. Mais les Thessaloniciens avaient affaire maintenant à un Dieu vivant. Les idoles n’étaient rien d’autre qu’un mensonge, mais ceux qui avaient cru étaient en relation avec le Dieu de vérité. Quel changement magnifique !
Il en est ainsi aussi maintenant. Quand un homme se convertit à Dieu, tout change. La conversion est une rupture radicale, un changement total d’orientation. Par la conversion, la manière de vivre est complètement modifiée. Une personne convertie passe des ténèbres à la lumière, du domaine de la puissance de Satan au royaume du Fils de l’amour du Père. Peut-on se représenter des contrastes plus grands ?
Arrêtons-nous sur une conséquence pratique de ce verset. Nous sommes-nous véritablement et radicalement séparés de tout ce qui appartient à notre première manière de vivre ? Dans la vie d’un enfant de Dieu aussi, il peut y avoir des idoles qu’on ne veut pas abandonner. Nous nous sommes tournés vers Dieu, mais n’avons peut-être pas tout quitté, et il y a encore dans notre vie des domaines où le Seigneur n’est pas vraiment le maître. Nos idoles, ce sont les choses qui se placent entre le Seigneur et nous. Si nous les laissons subsister, elles privent notre vie spirituelle de force.
La conversion chrétienne est une orientation vers Dieu, c’est-à-dire vers une personne. C’est ce qui fait le caractère unique du christianisme. Nous n’avons pas simplement affaire à une doctrine, mais à des personnes divines. N’oublions jamais cela. La doctrine chrétienne est excellente, mais elle ne nous est utile que si nous la maintenons en relation avec Dieu et avec le Seigneur Jésus.
Les Thessaloniciens s’étaient convertis pour servir Dieu. C’est aussi notre mission de servir Dieu dans ce monde. Le mot utilisé ici pour «servir» signifie que nous servons Dieu comme esclaves, que nous mettons toute notre vie à sa disposition. Ce mot est aussi utilisé en 2 Pierre 2:19 : «Car on est esclave de celui par qui on est vaincu». C’est la portée de la pensée que nous avons ici. En Philippiens 2, nous lisons que le Seigneur a pris la forme d’esclave, et en Romains 1, Paul se présente comme esclave de Jésus Christ. Dans ces deux passages, le mot «esclave» est de la même famille que le mot «servir» que nous avons ici. Nous ne nous sommes pas convertis pour faire de temps en temps une bonne œuvre pour Dieu, ou pour accomplir une fois ou l’autre un service, mais pour être entièrement à sa disposition, pour le servir comme des esclaves. Dieu désire que toute notre vie lui soit consacrée, que nous lui appartenions entièrement. Le service de Dieu, dans ce sens, est une activité permanente qui ne prendra fin que quand le Seigneur viendra.
Le Seigneur Jésus est notre modèle parfait. Qui a été un serviteur comme lui ? Tout un évangile — celui de Marc — nous le présente comme le vrai Serviteur venu pour faire en toute chose la volonté de Dieu. C’est de lui seul que nous pouvons apprendre le vrai service pour Dieu, le dévouement, la consécration à Dieu. En Exode 21:1 à 6, il nous est parlé du serviteur hébreu. Dans cette figure, nous reconnaissons le Seigneur Jésus dans son dévouement à Dieu. Il n’a pas voulu sortir libre, il a voulu servir à toujours. Qu’il en soit de même pour nous !
La plupart de ceux qui lisent ces lignes ont sans doute reçu le Seigneur Jésus comme leur Sauveur personnel. Mais nous contentons-nous de savoir que nos péchés sont pardonnés et qu’aucun jugement ne nous atteindra plus ? Ou bien sommes-nous réellement disposés, comme chrétiens, à remettre notre vie entière à Dieu, à la lui consacrer ? Dieu n’a évidemment pas besoin de notre service, mais il attend de nous que nous le lui offrions. Consacrer sa vie à Dieu, ce n’est pas une contrainte, mais un privilège. C’est encore possible actuellement.
«Pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient».
Après avoir parlé du service pour Dieu, Paul nous présente le deuxième grand but de la conversion : nous attendons du ciel le Fils de Dieu. Les Thessaloniciens vivaient dans l’attente permanente du Seigneur Jésus. Cette espérance était si vivante qu’ils étaient troublés parce que quelques-uns d’entre eux s’étaient endormis avant que le Seigneur revienne pour établir son royaume.
Le retour du Seigneur Jésus est aussi notre espérance. En Tite 2:13, Paul dit : «Nous attendons la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nous». Ce n’est pas simplement une espérance, c’est une bienheureuse espérance. Dans ce passage, nous discernons que non seulement nous attendons la venue du Seigneur pour nous, mais aussi sa venue avec nous, lorsqu’il viendra sur la terre. La différence entre sa venue pour nous et sa venue avec nous retiendra de plus près notre attention ultérieurement, mais disons déjà maintenant ceci : Il s’agit d’une seule et même venue, qui se déroulera en deux phases. Nous attendons Celui qui vient pour enlever son Épouse, mais nous nous réjouirons aussi avec lui, lorsque tout honneur lui sera rendu sur cette terre.
La vérité concernant le retour du Seigneur fut l’une des premières vérités que l’ennemi ait obscurcies. En étudiant l’histoire de l’Église, nous constatons cela rapidement. La conséquence en fut que les chrétiens se sentirent chez eux sur la terre et oublièrent leur caractère céleste. Par la grâce de Dieu, nous possédons de nouveau de la lumière concernant cette vérité. Nous savons très bien que le Seigneur revient. Mais sommes-nous imprégnés de cette vérité ? Est-elle simplement une connaissance théorique ou marque-t-elle notre manière de vivre et de penser ? Attendons-nous vraiment le Seigneur chaque jour, comme les Thessaloniciens ? Il a dit : «Je viens bientôt». Ces paroles ont toujours été vraies. Mais s’il y a eu une fois des chrétiens qui ont eu à attendre journellement le Seigneur, c’est bien nous.
Nous voyons ici ce qu’est une vie chrétienne orientée vers un but. Elle consiste dans le service pour Dieu et dans l’attente du Seigneur Jésus. Servir et attendre, — voilà les deux pôles entre lesquels se déroule toute notre vie. Et ces deux activités devraient toujours être en équilibre. Si nous ne sommes orientés que vers le service et oublions sa venue, le service sera bientôt le centre, et non plus le Seigneur. Alors, d’un service qui était bon au départ peut même dériver une mauvaise activité. Si, parce que nous vivons dans l’attente du Seigneur, nous oublions le service, toute notre vie est comme paralysée. Le temps du service n’est pas encore passé. La perspective du retour du Seigneur ne devrait pas nous paralyser, mais nous stimuler. Quand il sera venu, il n’y aura plus de service possible pour lui.
Et maintenant, qui donc est celui que nous attendons du ciel ? L’apôtre ne dit pas simplement que nous attendons le Seigneur Jésus, bien que cela soit exact. Nous le trouvons ici sous un triple caractère. Premièrement, il est le Fils, ensuite celui qui est ressuscité d’entre les morts, enfin Jésus. Comme ailleurs dans la Bible, ces noms et ces titres ne sont pas utilisés au hasard ; ils ont toute leur signification.
Le Fils, le Fils de Dieu, le Fils de l’amour du Père est d’abord placé devant nous. Il est l’objet de la joie et de la satisfaction du Père. C’est de cette même manière qu’il devrait être l’objet de notre attente. Nous l’aimons, lui, le Fils bien-aimé du Père, et nous l’attendons.
Mais il est aussi celui que Dieu a ressuscité d’entre les morts. Il est devenu véritablement homme et il le reste. C’est comme homme qu’il est entré dans la mort, et qu’il a été ressuscité et glorifié par Dieu. C’est comme tel que nous pouvons l’attendre. Il viendra comme le Fils de l’homme élevé par Dieu à la place suprême.
Il est enfin «Jésus», c’est-à-dire le Sauveur. Pour nous, il vient comme celui qui, un jour, mourut sur la croix de Golgotha, comme seul médiateur entre Dieu et les hommes.
Paul ajoute alors : «... qui nous délivre de la colère qui vient». Dans la Parole, le mot «colère» peut s’appliquer d’une manière toute générale à la colère de Dieu. Nous lisons par exemple en Jean 3:36 : «Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui». Ce n’est que par l’œuvre du Seigneur Jésus qu’un homme peut échapper à la juste colère de Dieu. Le mot «colère» peut aussi s’appliquer — et c’est la pensée principale ici — aux jugements qui viendront sur la terre quand les croyants seront enlevés dans le ciel. Dans ce sens, nous lisons plus loin dans cette épître : «Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut» (5:9). Dans les chapitres 6 à 19 de l’Apocalypse, la «colère» est mentionnée cinq fois pour décrire le jugement de Dieu qui culminera dans la grande tribulation (6:16, 17 ; 11:18 ; 16:19 ; 19:15).
En tant que croyants de la dispensation de la grâce, nous n’avons rien à craindre des jugements qui viendront sur cette terre et qui nous sont décrits dans l’Apocalypse. La parole de Dieu le dit clairement. Le Seigneur Jésus nous sauvera avant ces jugements. Ceci ressort très distinctement d’Apocalypse 3:10, où le Seigneur dit, en se présentant lui-même comme Juge : «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre». Comme croyants, nous sommes sauvés de toute manifestation de la colère de Dieu parce qu’un Autre a subi cette colère pour nous. C’est une grande consolation.
Nous l’attendons ainsi, d’un côté parce qu’il est le Fils de l’amour du Père, celui que nous aimons aussi, et d’un autre côté parce qu’il nous gardera des jugements à venir.
Alors qu’au premier chapitre, ce sont les Thessaloniciens eux-mêmes et leur témoignage exemplaire qui sont placés devant nous, dans le deuxième, c’est essentiellement l’apôtre Paul que nous pouvons considérer comme modèle. L’Esprit de Dieu nous introduit plus profondément dans la vie et dans la conduite de ce serviteur remarquable.
À Thessalonique, le ministère de Paul fut d’abord celui d’un évangéliste. Quand plusieurs furent venus à la foi, il exerça celui d’un berger. Dans ces deux activités, il fut fidèle et dévoué. Au chapitre premier déjà, il avait dit : «Vous savez quels nous avons été parmi vous pour l’amour de vous». Il développe maintenant cette pensée. Paul était plein de sollicitude pour les Thessaloniciens ; il les portait sur son cœur et priait pour eux.
Bien qu’un ministère tel que celui de Paul n’ait été confié à aucun d’entre nous, nous pouvons toutefois apprendre beaucoup de l’apôtre. Le Seigneur ne nous a peut-être pas confié le don d’un évangéliste ou d’un pasteur. Mais nous devons et pouvons être ses témoins dans ce monde, et être en aide à nos frères et sœurs. Ainsi ce chapitre, qui à première vue paraît ne pas contenir beaucoup d’enseignements pratiques, est en fait important et instructif.
«Car vous-mêmes vous savez, frères, que notre entrée au milieu de vous n’a pas été vaine».
Huit fois dans cette épître, l’apôtre dit que les Thessaloniciens «savaient». Il peut s’appuyer sur le fait qu’eux-mêmes pouvaient confirmer ses déclarations. Ils savaient quelle avait été «son entrée» parmi eux, car ils l’avaient eux-mêmes vécue.
Cette «entrée» n’avait pas été vaine. Dieu avait mis sa riche bénédiction sur le service et sur le dévouement de l’apôtre. «Vain» signifie aussi : inutile, vide, sans fruit. Il n’en avait pas été ainsi pour les Thessaloniciens ; la prédication de l’évangile n’était pas restée sans résultats. Au verset 9 du chapitre précédent, Paul avait déjà mentionné son entrée auprès d’eux et en avait rappelé les fruits : ils s’étaient tournés des idoles vers le Dieu vivant et vrai, pour le servir et attendre des cieux son Fils. Ici nous trouvons plutôt le caractère qu’avait revêtu cette entrée.
Il y a un grand encouragement dans la pensée qu’aucun service accompli pour Dieu ne sera fait en vain. En 1 Corinthiens 3:6, nous apprenons que si notre service consiste à planter et à arroser, c’est Dieu qui donne l’accroissement et le fruit. Et s’il nous accorde de voir ce fruit, ce n’est pas pour que nous nous en prévalions, mais pour nous stimuler.
«Mais, après avoir auparavant souffert et avoir été outragés à Philippes, comme vous le savez, nous avons eu toute hardiesse en notre Dieu pour vous annoncer l’évangile de Dieu avec beaucoup de combats».
Paul rappelle aux Thessaloniciens ce qui avait eu lieu à Philippes, leur première étape en Europe. Le livre des Actes, au chapitre 16, nous en fait le récit. Avec Silas, ils avaient rencontré là la persécution et de grandes souffrances. Ils avaient fait un séjour en prison, dont ils porteraient longtemps les marques. Mais cela ne les avait pas retenus d’annoncer l’évangile avec beaucoup de zèle. Bien au contraire, ils avaient eu «toute hardiesse» en leur Dieu.
Paul parlait sans se laisser effrayer. Il savait quelle bonne nouvelle lui avait été confiée et rien ne pouvait l’empêcher de l’annoncer à d’autres. Pour lui, la hardiesse n’était pas une excitation charnelle, ni du fanatisme. Cette hardiesse était «en Dieu». Tel doit toujours être son caractère. Si nous nous recherchons nous-mêmes dans le service, si nous faisons une place à la chair, le danger est grand que nous fassions notre propre volonté — dans le service même pour le Seigneur.
Paul savait aussi que cette hardiesse n’allait pas de soi. C’est pourquoi il exhortait les croyants à prier pour lui, afin qu’il puisse «parler à bouche ouverte pour donner à connaître avec hardiesse le mystère de l’évangile» (Éph. 6:19).
N’éprouvons-nous pas le besoin de prier pour que nous soyons hardis en notre Dieu ? Il est relativement simple d’avoir de la hardiesse quand les circonstances sont faciles ; mais qu’en est-il quand nous avons à rencontrer la raillerie et l’opposition ? Paul ne se laissait pas détourner de servir son Dieu par les épreuves qu’il rencontrait. Il proclamait hardiment l’évangile de Dieu. Il n’annonçait pas un message humain, mais celui de Dieu. Le mot «évangile» parait six fois dans cette épître : on a trois fois «l’évangile de Dieu» (2:2, 8, 9), une fois «notre évangile» (1:5), une fois «l’évangile du Christ» (3:2) et une fois simplement «l’évangile» (2:4). C’est le message de Dieu aux hommes, et son sujet est le Seigneur Jésus (Rom. 1:1-4).
Cet évangile avait été confié à l’apôtre Paul et à ses compagnons d’œuvre, c’est pourquoi il dit «notre évangile». Ce n’était pas de la prétention. Cela montre l’identification entière de Paul avec son maître et avec ce qu’il prêchait. Il s’identifiait avec le message qu’il devait transmettre. Il devrait en être ainsi de nous aujourd’hui. Ce que nous devons annoncer aux hommes n’est pas n’importe quel message, c’est «l’évangile de Dieu». D’un côté, cette pensée nous donne du courage, mais d’un autre, elle nous montre notre responsabilité.
Malgré la hardiesse qu’il avait, ce n’était pas facile pour Paul d’annoncer l’évangile. Il le faisait «avec beaucoup de combats». Il n’employait pas des armes humaines, car c’était un combat contre l’opposition spirituelle des ennemis du Seigneur. Là où Dieu ouvre une porte pour l’évangile, Satan s’élève toujours pour empêcher ou détruire l’œuvre de Dieu. Chaque serviteur du Seigneur doit faire son compte avec cela. Le service chrétien conduit ainsi à un combat spirituel, que nous ne pouvons mener que dans la puissance du Seigneur. Si nous combattons pour lui, nous pouvons aussi compter sur son secours.
«Car notre exhortation n’a eu pour principe ni séduction, ni impureté, et nous n’y avons pas usé de ruse».
Après l’introduction des versets 1 et 2, l’apôtre commence à décrire son activité. Dans les versets 3 à 6, nous voyons d’abord l’aspect négatif, c’est-à-dire ce que l’apôtre et ses compagnons d’œuvre n’ont pas été et n’ont pas fait. Dès le verset 7, nous avons l’aspect positif, ce qu’ils étaient et ce qu’ils faisaient.
Paul énumère d’abord sept caractères qui étaient absents de son ministère ; il n’y avait
· ni séduction,
· ni impureté,
· ni ruse,
· ni recherche de plaire aux hommes,
· ni flatterie,
· ni cupidité,
· ni recherche de gloire pour lui-même.
Les persécutions qu’il subissait ne venaient pas toutes du monde. Visiblement, parmi les croyants, il y en avait aussi qui le calomniaient, en jetant des doutes sur les motifs de son activité. Ceci ressort du contexte général de ce chapitre. Il devait ainsi combattre sur plusieurs fronts. Mais il n’avait rien à se reprocher ; ses motifs étaient purs et sans mélange.
Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Les serviteurs du Seigneur connaissent aussi bien les souffrances de la part de ceux du dehors que les attaques de ceux qui, du dedans, leur attribuent de mauvais motifs. Combien il est important que nous éprouvions nos cœurs de manière permanente, afin que personne ne puisse nous faire de reproches justifiés !
Paul dit premièrement que son exhortation n’a pas eu pour principe la séduction. Séduire signifie ici induire en erreur volontairement. C’est la manière d’agir d’un faux docteur, non d’un vrai serviteur du Seigneur. C’est de ceux-là que parle Jude lorsqu’il dit : «Ils se sont abandonnés à l’erreur de Balaam» (v. 11). L’apôtre Jean parle aussi de cela lorsqu’il met en contraste «l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur» (1 Jean 4:6). La source de la prédication de Paul était l’authentique parole de Dieu, non pas une doctrine falsifiée ou une fausse doctrine.
Deuxièmement Paul mentionne l’impureté. Il ne prêchait pas pour des raisons malsaines, mais vivait dans la sainteté personnelle et la pureté. La séduction et l’impureté vont souvent la main dans la main, comme la fausse doctrine et la dissolution (voir par exemple Jude 4 et 2 Pierre 2:18). Paul enseignait la vérité de Dieu, avec laquelle l’impureté n’est jamais associée. La parole de Dieu nous conduit toujours à la sainteté, jamais dans la direction opposée. Beaucoup de religions païennes associent leurs cultes avec l’immoralité. Et parmi les sectes modernes qui submergent nos pays européens dits chrétiens, cette même association peut souvent être observée. Une doctrine qui favorise l’immoralité ne peut être de source divine.
Troisièmement, Paul parle de ruse. En 2 Corinthiens 4:2, marcher avec ruse s’allie avec falsifier la parole de Dieu. L’apôtre ne l’avait pas fait ; il n’avait pas utilisé l’évangile comme un «appât» pour tromper les Thessaloniciens, mais il l’annonçait afin qu’ils y trouvent le salut et la vie.
«Mais comme nous avons été approuvés de Dieu pour que l’évangile nous fût confié, nous parlons ainsi, non comme plaisant aux hommes, mais à Dieu qui éprouve nos cœurs ».
Paul avait été appelé par le Seigneur lui-même pour annoncer l’évangile. Peu avant la conversion de Saul, Jésus dit à Ananias : «Cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et les fils d’Israël» (Actes 9:15). L’apôtre lui-même mentionne en plusieurs occasions l’appel qu’il avait reçu de Dieu. Il l’exprime très clairement dans l’épître aux Galates : «Mais quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce...» (Gal. 1:15). Paul fut ainsi mis à part dès sa naissance et appelé par grâce. Toutefois il fallait que ce serviteur de Dieu, malgré son élection et son appel, fasse ses preuves. Dieu le fit passer par diverses épreuves qui mirent en évidence l’approbation divine. Ainsi il avait la recommandation de Dieu lui-même. Celle des hommes lui importait peu.
Paul était profondément conscient que Dieu lui avait confié l’évangile. C’est pourquoi aussi il se sentait responsable de ce qu’il disait, non devant les hommes, mais devant Dieu. Il ne cherchait pas à plaire aux hommes. Voici donc le quatrième motif qui doit être exclu de l’activité du serviteur du Seigneur. Nous ne devons pas chercher à plaire aux hommes, mais à Dieu seul.
Le danger d’adapter nos paroles à nos auditeurs est toujours grand. En 1 Pierre 4:11, nous sommes exhortés à «parler comme oracles de Dieu». Le message qui nous a été confié est grand, grave et important. C’est pourquoi nous ne devons pas être préoccupés de dire des paroles qui plaisent aux hommes, mais à Dieu. Il doit en être ainsi dans tout ministère, que ce soit à l’égard des incrédules ou des croyants. Nous devons dire ce que Dieu nous commande et ne pas nous demander s’il ne serait pas mieux de taire ceci ou cela, parce que nous pourrions nous attirer des difficultés avec nos auditeurs. Ce qui est décisif pour notre service, c’est l’approbation de Dieu.
C’est Dieu qui sonde nos cœurs. Il voit la source cachée de nos actions et de nos pensées. Nous pouvons faire illusion aux hommes, mais pas à Dieu. Par Jérémie le prophète, il dit : «Moi, l’Éternel, je sonde le cœur, j’éprouve les reins» (17:10). Le cœur évoque ici aussi bien nos motifs que nos affections. Dieu sonde toutes choses, devant lui rien n’est caché.
«Car aussi nous n’avons jamais usé de parole de flatterie, comme vous le savez, ni de prétexte de cupidité, Dieu en est témoin».
Nous trouvons ici le cinquième et le sixième caractère que ne doit pas revêtir le ministère d’un serviteur du Seigneur. Il s’agit de choses que l’on peut observer souvent : la flatterie et la cupidité. Paul peut prendre à témoins tant les Thessaloniciens que son Dieu lui-même, que ces deux maux ne furent pas trouvés en lui.
Une parole de flatterie fait une impression très agréable sur les auditeurs. À ce sujet, Paul écrit à son enfant Timothée : «Il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises» (2 Tim. 4:3). Actuellement nous vivons dans ces derniers jours de la profession chrétienne. On ne veut entendre que des paroles agréables, qui ne secouent pas, mais qui bercent en sécurité. On aime les belles prédications, qui suscitent peut-être l’émotion, mais qui ne s’adressent pas à la conscience. La parole de Dieu est tout autre, elle va jusqu’au fond de notre être. Elle nous réveille et parle à notre conscience. Ce n’est pas toujours doux et agréable. Aussi comme croyants, nous avons besoin de sentir le tranchant de la parole de Dieu sur notre cœur et sur notre conscience. Dans tout ministère oral, il est important de ne pas flatter, mais d’annoncer la parole telle que Dieu le veut.
«Ni de prétexte de cupidité» — Si le service du Seigneur est orienté vers quelque profit personnel, alors nous l’utilisons pour satisfaire notre cupidité. Mais Paul était à l’abri de ce reproche ; il travaillait même de ses propres mains (2:9), afin de ne donner occasion à aucun reproche. La convoitise à l’égard des richesses est odieuse aux yeux de Dieu. Le Seigneur lui-même nous met en garde : «Voyez, et gardez-vous de toute avarice» — ou avidité (Luc 12:15). La cupidité est de l’idolâtrie (Col. 3:5), c’est pourquoi nous devons veiller à ce qu’elle ne soit en aucune manière associée au service du Seigneur. En 1 Timothée 6:5, il est question d’hommes corrompus dans leur entendement, qui estiment que la piété est une source de gain. Combien il est coupable de prendre le service du Seigneur comme paravent pour cacher des choses mauvaises ! Répétons-le, nous pouvons faire illusion aux hommes, mais certainement pas à Dieu.
«Nous n’avons pas cherché la gloire qui vient des hommes, ni de votre part, ni de la part des autres, quand nous aurions pu vous être à charge comme apôtres de Christ».
Nous en arrivons à la septième chose qui doit être exclue des motifs du serviteur de Dieu : la mise en valeur de soi-même. Nous sommes tous exposés à vouloir dépasser les autres, à rechercher l’honneur de la part des hommes. Dans le service du Seigneur aussi, ce danger est très grand, et nous avons tous besoin de prier pour en être gardés. Le désir de s’élever lui-même caractérisait Diotrèphe, dont l’apôtre Jean disait à son ami Gaïus : «il aime à être le premier» parmi les saints et «il ne nous reçoit pas» (3 Jean 9). Le Seigneur Jésus nous met en garde de façon pressante contre cette tendance : «Quiconque s’élève, sera abaissé ; et celui qui s’abaisse sera élevé» (Luc 14:11). Ne voulons-nous pas apprendre de lui qui, bien que possédant la place la plus élevée, s’est anéanti lui-même, s’est abaissé lui-même infiniment ?
Satan connaît nos cœurs mieux que nous-mêmes. Il sait avec quelle facilité nous recherchons les honneurs et tente continuellement de nous faire tomber par ce moyen. Combien nombreux sont ceux qui sont déjà tombés dans ce piège de la recherche de la gloire pour soi-même, au détriment de l’œuvre du Seigneur.
Paul ne voulait être à la charge de personne. Il était apôtre, c’est-à-dire envoyé du Seigneur, et comme tel, il aurait pu attendre et accepter l’aide matérielle des assemblées. Mais il y renonçait. Néhémie, dans l’Ancien Testament, nous donne le même exemple. Il dit : «Mais les gouverneurs précédents qui avaient été avant moi, avaient été à charge au peuple, et ils avaient pris d’eux du pain et du vin... Mais moi, je n’ai pas fait ainsi, à cause de la crainte de Dieu. Et j’ai aussi tenu ferme, dans ce travail de la muraille» (Néh. 5:15, 16).
Celui qui veut servir le Seigneur doit pouvoir s’adapter aux circonstances et aux besoins. Les frères et sœurs qui sont en mission dans des pays lointains et qui ont affaire à des cultures différentes l’expérimentent et peuvent le confirmer. En bien des domaines, ils doivent s’adapter aux us et coutumes du pays, sans attendre un traitement particulier. Sinon, ils risquent de devenir une charge pour les autres.
«Mais nous avons été doux au milieu de vous. Comme une nourrice chérit ses propres enfants».
Les versets 7 à 12 nous présentent maintenant dans leur aspect positif les traits caractéristiques du ministère de Paul et de ses compagnons parmi les Thessaloniciens. Il parle de ce qu’ils avaient été en fait parmi eux. Il utilise dans ce but l’image d’une mère et celle d’un père (v. 7 et 11), qui l’un et l’autre prennent soin de leurs enfants avec amour. Il peut paraître un peu étrange que Paul se compare ici à une mère qui allaite son nourrisson. Mais cette comparaison est là pour nous faire comprendre la tendresse avec laquelle Paul s’occupait des Thessaloniciens. Dieu lui-même utilise l’image d’une mère pour illustrer son amour envers nous ; en Ésaïe 66:13, il dit : «Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai». Le Seigneur Jésus s’en sert aussi, lorsqu’il pleure sur Jérusalem : «Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !» (Luc 13:34).
La poule est la mère par excellence, chez les animaux. Et le Seigneur emploie cette image pour exprimer son amour envers son peuple terrestre. Nous ne trouvons jamais dans la Bible que Dieu soit appelé une mère ; nous le connaissons comme Père. Mais nous ne devons pas l’assimiler à un père humain. Dans les relations naturelles, un père n’a pas la même tendresse de sentiments qu’une mère, simplement parce qu’il est un homme. Quant à Dieu, il en est autrement. Il a l’amour d’une mère, comme il a l’amour d’un père. En lui tout est parfait.
Paul se montre ici comme un imitateur de Dieu à l’égard des croyants. L’amour paternel exhorte et instruit ; l’amour maternel entoure de soins avec tendresse. Quand des enfants ont besoin de consolation, c’est plutôt vers la mère qu’ils se tournent. Pour apprendre quelque chose, pour avoir une explication, ils vont vers le père. Nous avons besoin, nous aussi, dans l’assemblée, d’amour paternel et d’amour maternel.
Nous trouvons ici trois caractères de l’amour maternel. Une mère est douce, elle nourrit, et elle prend soin. Nous retrouvons le même mot «doux» en 2 Timothée 2:24 : «Il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous». Paul nous en a donné l’exemple. Les faux apôtres qui s’étaient glissés à Corinthe étaient tout le contraire. Ils n’étaient pas doux ; ils «asservissaient et dévoraient» les croyants (2 Cor. 11:20). Manifestons-nous la douceur dans le service du Seigneur ?
«Nourrir» signifie donner à l’enfant ce qui est nécessaire à sa croissance. Le Seigneur a confié à Pierre la tâche de «paître ses agneaux» c’est-à-dire de leur donner la nourriture (Jean 21:15). Enfin, «chérir» signifie ici les tenir au chaud, comme le fait un oiseau pour ses petits dans son nid. De même que les enfants ont besoin de la «chaleur» du foyer familial, les enfants de Dieu ont aussi besoin de chaleur. C’est pourquoi nous devrions être à même d’en apporter à nos frères et sœurs. Y a-t-il un meilleur modèle que le Seigneur ? «Il nourrit et chérit son assemblée» (Éph. 5:29). Objets nous-mêmes de ses soins, nous devrions suivre son exemple.
«Ainsi, vous étant tendrement affectionnés, nous aurions été tout disposés à vous communiquer non seulement l’évangile de Dieu, mais aussi nos propres vies, parce que vous nous étiez devenus fort chers».
Nous avons ici une nouvelle expression de cet amour «maternel» de Paul pour les croyants auxquels il s’adresse. Il ne voulait pas seulement leur annoncer l’évangile, mais il était prêt à leur communiquer sa propre vie, c’est-à-dire à laisser sa vie pour eux. Quel contraste avec ceux qui annoncent l’évangile par «cupidité» ! Ceux-ci ne seront jamais prêts à se donner pour les autres, préoccupés qu’ils sont de leurs propres avantages.
Ce verset nous montre que Paul était pasteur autant qu’évangéliste pour les Thessaloniciens. «Communiquer l’évangile» est la première tâche de l’évangéliste, «communiquer sa propre vie» appartient au vrai service pastoral. Paul unissait ces deux dons, imitant en cela son Maître. En Jésus, ils apparaissent en perfection. Il dit : «Je suis le bon berger : le bon berger met sa vie pour les brebis» (Jean 10:11). Paul ne pouvait ajouter quoi que ce soit à la mort expiatoire du Seigneur, bien sûr, mais il était prêt à donner sa vie, si nécessaire, pour les croyants.
Paul était «tendrement affectionné» aux Thessaloniciens. Cette expression ne figure qu’ici dans le nouveau Testament. Ceux qui sont ou ont été missionnaires pour le Seigneur sont sans doute mieux à même de ressentir ce que l’apôtre exprime. Le motif qui l’animait en tout était l’amour : «... parce que vous nous étiez devenus fort chers». Quel lien d’amour entre lui et les Thessaloniciens ! Connaissons-nous ce lien qui nous unit avec tous nos frères et sœurs ? L’amour est-il le motif de toute notre conduite et de notre service à leur égard ?
«Car vous vous souvenez, frères, de notre peine et de notre labeur ; c’est en travaillant nuit et jour pour n’être à charge à aucun de vous, que nous vous avons prêché l’évangile de Dieu».
Paul rappelle de nouveau ici aux Thessaloniciens quelque chose qu’ils pouvaient confirmer. Il ne leur avait pas seulement annoncé l’évangile, il l’avait fait avec peine et labeur, travaillant nuit et jour. Tout ce qu’il faisait, il le faisait pour son Seigneur, se mettant lui-même de côté. Il vivait la parole de Dieu qu’il prêchait, — modèle pour tous ceux qui veulent servir le Seigneur.
Au verset 2, nous l’avions vu comme évangéliste, annonçant à des inconvertis la Parole de la croix. Nous le voyons ici dans le caractère de pasteur, présentant l’évangile à ceux qui étaient déjà venus à la foi. Nous-mêmes aussi, comme enfants de Dieu, nous avons toujours besoin de nous remémorer les fondements de l’évangile et notre position devant Dieu. «L’évangile de Dieu touchant son Fils» (Rom. 1:2) implique beaucoup plus que la bonne nouvelle aux hommes pécheurs. La prédication de l’évangile ancre le croyant sur le fondement inébranlable du salut. C’est pourquoi Paul écrit aux saints de Rome, qui étaient déjà des croyants : «Je suis tout prêt à vous annoncer l’évangile, à vous aussi qui êtes à Rome» (1:15). Et aux Corinthiens : «Je vous fais savoir, frères, l’évangile que je vous ai annoncé» (1 Cor. 15:1).
Le ministère de Paul n’était pas toujours facile, il était caractérisé par la peine et le labeur. Les deux expressions sont voisines, mais peine «fait plutôt penser au genre de travail, et labeur à son intensité. Pour lui, la prédication de l’évangile n’était pas une promenade ni une occupation secondaire ; il ne connaissait pas la semaine de trente-cinq ou quarante heures, ni les vacances. Non, il s’identifiait totalement avec l’œuvre et ne reculait devant aucun effort.
De plus, il ne voulait être à la charge de personne, c’est-à-dire ne dépendre financièrement d’aucun d’entre eux. Durant ses voyages, nous le voyons à maintes reprises travailler de ses propres mains pour ne pas devoir être soutenu par d’autres. Travaillant nuit et jour, il lui restait bien peu de repos. Le mot utilisé ici pour travailler fait penser à un travail manuel, à une activité professionnelle. Nous savons que son métier était de «faire des tentes» (Actes 18:3), et par ce moyen il put, au moins partiellement, subvenir à ses besoins. En prenant congé des Éphésiens, il leur dit : «Vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins et pour les personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré en toutes choses, qu’en travaillant ainsi il nous faut secourir les faibles, et nous souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui lui-même a dit : Il est plus heureux de donner que de recevoir» (Actes 20:34, 35). Dans sa seconde lettre aux Thessaloniciens, il revient sur ce sujet, en disant : «Car vous savez vous-mêmes comment il faut que vous nous imitiez ; car nous n’avons pas marché dans le désordre au milieu de vous, ni n’avons mangé du pain chez personne gratuitement, mais dans la peine et le labeur, travaillant nuit et jour pour n’être à charge à aucun de vous ; non que nous n’en ayons pas le droit, mais afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèle, pour que vous nous imitiez» (2 Thess. 3:7-9).
Paul traite de ce sujet d’une manière approfondie en 1 Corinthiens 9. Il explique que, selon l’ordre du Seigneur lui-même, ceux qui annoncent l’évangile ont le droit de vivre de l’évangile (v. 14). Puis il ajoute : «Mais moi je n’ai usé d’aucune de ces choses... Quel est donc mon salaire ? C’est que, en évangélisant, je rends l’évangile exempt de frais, pour ne pas user comme d’une chose à moi de mon droit dans l’évangile» (v. 15-18). Dans la deuxième épître, il répète encore une fois qu’il voulait «annoncer gratuitement l’évangile» (11:7). Il était un imitateur de son Seigneur, qui n’est pas venu ici- bas «pour être servi, mais pour servir». Personne ne pouvait lui reprocher de tirer profit de l’évangile, ni d’avoir été à la charge des frères.
De l’ensemble des passages cités ci-dessus, nous pouvons déduire les principes suivants, quant au soutien financier de ceux qui s’emploient à l’œuvre du Seigneur. Le serviteur de Dieu accomplit sa tâche et se confie seulement en son Maître ; il ne construit pas avec les moyens financiers d’autrui. Mais d’un autre côté, c’est la responsabilité des croyants de veiller à ce que les serviteurs du Seigneur disposent de ce qui est nécessaire. «L’ouvrier est digne de son salaire», a dit Jésus (Luc 10:7).
«Vous-mêmes, vous êtes témoins, et Dieu aussi, combien nous nous sommes conduits saintement, et justement, et irréprochablement envers vous qui croyez».
Les derniers mots du verset montrent que Paul s’adresse aux Thessaloniciens comme à ceux qui sont dans la foi au Seigneur Jésus. La foi était le fondement de la relation entre Paul et eux. Elle demeure aujourd’hui encore le fondement de nos relations entre nous.
Ce que Paul avait à dire aux Thessaloniciens n’était pas des paroles en l’air ; ils pouvaient rendre témoignage à ce sujet, et Dieu lui-même pouvait le faire, lui qui regarde non seulement les actions, mais les motifs du cœur. Et parce que les motifs de Paul étaient purs, il pouvait en appeler, comme il l’avait fait plus haut (v. 5), à leur témoignage comme à celui de Dieu.
Nous trouvons alors trois caractères du ministère de Paul envers les croyants. Premièrement, sa conduite était sainte, c’est-à-dire pure, pieuse, selon Dieu. On pouvait constater que sa vie était séparée du mal, et entièrement consacrée à Dieu. Deuxièmement, il agissait justement, rendant à chacun ce qui lui revenait. Enfin sa conduite était à l’abri de tout blâme ; il n’avait rien à se reprocher à lui-même. Ces trois mots : «saintement», «justement» et «irréprochablement» se rapportent respectivement à son comportement à l’égard de Dieu, des hommes et de lui-même.
Chaque croyant au service du Seigneur (ce que sans doute nous désirons tous être) est particulièrement observé, tant par le monde que par ses frères. En outre, il est exposé aux attaques de Satan. C’est pourquoi il est important de nous appliquer à vivre de manière que personne ne puisse nous faire de reproches. Rien ne fait plus de tort à l’œuvre du Seigneur dans ce monde que les occasions de chute que nous pouvons être pour d’autres. Le modèle de Paul est placé ici devant nous. Puissions-nous le suivre !
«Ainsi que vous savez comment nous avons exhorté chacun de vous, comme un père ses propres enfants, vous exhortant, et vous consolant, et rendant témoignage».
Nous avons déjà vu au verset 7 la différence entre l’amour maternel et l’amour paternel. Nous voyons ici en quoi se manifeste l’amour d’un père en Christ : il exhorte, il console et il témoigne. D’autres passages nous disent qu’un père discipline (par ex. Héb. 12:6, 7), mais il n’en est pas fait mention ici. La discipline peut consister à reprendre celui qui est sur un mauvais chemin, tandis que l’exhortation est toujours positive : elle indique le bon chemin, et c’est ce dont nous avons besoin. La consolation — ou l’encouragement — nous sont aussi nécessaires afin que nos forces soient renouvelées. Le rôle d’un père, enfin, est de présenter le témoignage de la parole de Dieu pour l’instruction et l’éducation.
Paul ne les avait pas seulement enseignés collectivement, il l’avait fait aussi individuellement : il dit, chacun d’entre vous ! Le ministère de pasteur ne consiste pas seulement dans la présentation publique de la Parole. Il s’exerce en premier lieu individuellement, à l’occasion de conversations particulières permettant de s’enquérir des difficultés et des besoins de chacun. C’est un ministère à la fois très discret et très important. Les êtres humains sont si divers et ont des besoins si variables que les entretiens personnels sont irremplaçables.
Sommes-nous reconnaissants à Dieu pour les frères qui accomplissent ce service de berger, qui s’occupent des âmes individuellement, qui exhortent, consolent et enseignent ? Ce sont des dons que Dieu nous a faits et nous devrions beaucoup estimer leur service. Mais demandons-nous aussi si le Seigneur ne nous a pas confié un tel service. Il n’est pas nécessaire pour cela d’être engagé «à plein temps» dans l’œuvre du Seigneur. Ce service peut être accompli localement par ceux auxquels le
Seigneur met cela à cœur. Combien nous en avons besoin aujourd’hui dans les assemblées locales !
«Pour que vous marchiez d’une manière digne de Dieu qui vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire».
Ce verset touche le fondement même de l’enseignement de l’apôtre aux Thessaloniciens. Il ne lui suffisait pas de les avoir amenés à la foi, il voulait les conduire plus loin et les aider dans leur vie de croyants. Ceci est bien important. Beaucoup de chrétiens se satisfont de savoir qu’ils sont sauvés et ne viendront pas en jugement. Mais Dieu ne se contente pas de cela ; il veut que nous croissions intérieurement. Ce passage nous montre quel est le but de Dieu pour nous. En même temps, il est important pour la compréhension de toute l’épître. Il est comme un condensé de l’enseignement de l’apôtre.
La première chose est donc que nous marchions d’une manière digne de Dieu. Le terme grec pour «marcher» signifie «aller et venir». Il se retrouve dans plusieurs passages du Nouveau Testament, dans un sens figuré. Il évoque toute notre conduite, dans tous les domaines, qu’il s’agisse de nos paroles, de nos pensées, de nos actes ou de nos sentiments. Le mot «digne» signifie aussi : «conforme». Tout notre comportement doit être en conformité avec ce que nous professons et avec notre appel.
L’expression «marcher d’une manière digne de» se trouve trois fois sous la plume de Paul, chaque fois en rapport avec le caractère de l’épître où elle apparaît. Elle nous indique avec quoi notre marche doit être en accord. (En Philippiens 1:27, nous trouvons l’expression «conduisez-vous d’une manière digne», mais le mot grec original est différent).
Les croyants sont exhortés, en Colossiens 1:10, à marcher d’une manière digne du Seigneur. Ils étaient en danger de détourner leurs regards de Christ et de s’occuper d’autres choses par lesquelles ils pensaient enrichir leur foi. Paul leur présente alors la plénitude de la gloire du Seigneur et leur rappelle qu’ils avaient à marcher d’une manière digne de lui. Ils devaient être remplis de la connaissance de sa volonté, pour que leur marche soit en accord avec la dignité et la gloire du Seigneur.
En Éphésiens 4:1 nous lisons : «Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés». Cet appel nous est tout spécialement développé dans le chapitre 2. Par l’appel de Dieu, nous sommes «un homme nouveau», «un seul corps» ; nous sommes «gens de la maison de Dieu», «un temple de Dieu», «une habitation de Dieu par l’Esprit». Voilà la doctrine telle que Dieu nous la présente et qui doit être visible et manifestée dans notre marche. Nous avons à marcher à la hauteur de cette vérité si précieuse.
Dans le passage qui est devant nous, il s’agit de marcher d’une manière digne de Dieu, qui nous a appelés à son propre royaume et à sa propre gloire. C’est-à-dire que notre comportement doit être en accord avec la sainteté et la dignité de notre Dieu. Il nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire, et cela doit être vu dans les siens. Le chrétien a sa part dans ce royaume et dans cette gloire, et sa conduite doit être en rapport avec une telle position.
Bien que, dans cette lettre, l’expression «royaume de Dieu» n’apparaisse que dans ce passage, ce sujet y est pourtant développé en détail. Nous allons nous y arrêter un peu. Que faut-il comprendre par cette expression ? Le royaume de Dieu est le domaine où s’exerce l’autorité de Dieu, autorité qu’il a confiée au Seigneur Jésus comme Fils de l’homme. Il est dans les plans de Dieu de soumettre un jour toutes choses au Seigneur Jésus.
Quand il reviendra sur cette terre, ce royaume sera établi avec puissance et avec gloire et il en prendra possession. C’est là «le jour du Seigneur», mentionné en d’autres passages (1 Thess. 5:2 ; 2 Thess. 2:2). Dans le même sens, l’Ancien Testament parle souvent du «jour de l’Éternel». Le Seigneur, actuellement, ne possède pas encore ce royaume de manière officielle et visible. D’après Hébreux 2:8, toutes choses lui sont déjà assujetties, mais nous ne voyons pas encore qu’il en est ainsi. Il est maintenant le rejeté du monde. Lorsqu’il est venu sur cette terre pour établir son règne, il n’a rencontré que souffrance. On n’a pas voulu de lui, et son règne n’a pu être établi. Il en est de même jusqu’à aujourd’hui ; c’est pourquoi le royaume de Dieu a revêtu actuellement une forme cachée, que seule la foi discerne.
Mais en quoi le royaume nous concerne-t-il ? Eh bien, nous voyons ici que nous sommes appelés à ce royaume de Dieu ! Cela signifie que, quand le Seigneur viendra pour établir son règne en puissance et en gloire, nous régnerons avec lui. Telle sera notre position dans le royaume futur. Du haut du ciel, nous partagerons sa suprématie et sa gloire. Cependant nous faisons déjà partie de ce royaume, bien qu’il soit caché aux yeux des hommes, et que le temps de la domination effective ne soit pas encore là.
De même que le Seigneur est aujourd’hui encore rejeté, ceux qui reconnaissent sa seigneurie et ses droits dans leur vie sont rejetés. Le royaume de Dieu dans sa forme actuelle implique la souffrance, comme c’était le cas pour les Thessaloniciens eux- mêmes. Le chemin vers la gloire du royaume futur passe pour nous aussi par la souffrance. Paul en parle de nouveau dans sa deuxième épître : «... que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu pour lequel aussi vous souffrez» (1:5) ; et en Actes 14:22, nous lisons qu’il exhortait les disciples «à persévérer dans la foi, les avertissant que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu». Il y a donc deux phases dans ce royaume : — la période actuelle, où nous reconnaissons sur nos vies les droits du Roi rejeté, et par conséquent sommes aussi rejetés et dans la souffrance, — et la période future, dans laquelle nous partagerons sa gloire et régnerons avec lui.
«Marcher d’une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume» signifie aussi que notre comportement sur cette terre est en accord avec les bénédictions du règne à venir. Notre marche doit être à la hauteur de cette scène glorieuse. Plus tard, il ne sera pas difficile aux hommes d’être sujets de ce royaume et de reconnaître l’autorité du Roi. Actuellement, c’est en vérité difficile, mais c’est une source de bonheur. Les Thessaloniciens en sont la preuve : ils avaient reçu la Parole avec de grandes tribulations, mais aussi avec la joie de l’Esprit Saint. Ils souffraient, mais ils étaient heureux dans le Seigneur. Il peut en être de même pour nous, quoique nous devions reconnaître que nous avons une bien petite part aux souffrances de Christ. À la pensée du royaume de Dieu est aussi associée celle de notre responsabilité, comme disciples du Seigneur Jésus, de reconnaître déjà maintenant ses droits sur nos vies.
Nous ne sommes toutefois pas seulement appelés «à son propre royaume», mais encore «à sa propre gloire». À cet égard, nous pouvons penser à ce que Pierre écrit aux Juifs de la dispersion : «Le Dieu de toute grâce... vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus» (1 Pierre 5:10). Notre destinée est en effet la gloire de la maison du Père, où nous goûterons éternellement un bonheur parfait dans la communion du Père et du Fils. Mais remarquons surtout que ce passage lie la propre gloire de Dieu avec le royaume qui est mentionné juste avant. Cela dirige nos pensées vers Apocalypse 21, où nous voyons la sainte cité, la Jérusalem céleste, image de l’assemblée de Dieu dans le Millénium. Une de ses caractéristiques est qu’elle paraît «ayant la gloire de Dieu» (v. 10). Quand les hommes de ce temps-là verront l’assemblée — figurée par la sainte cité — ils contempleront en elle la gloire de Dieu. Sa propre gloire sera reflétée dans l’assemblée. C’est à cela que nous sommes appelés, mais devons-nous attendre pour cela notre manifestation avec lui ? Non, et c’est justement ce que nous trouvons ici dans cette épître aux Thessaloniciens. Nous devons déjà refléter cette gloire de Dieu dans un monde de ténèbres qui ne veut rien savoir de lui. C’est notre responsabilité. Nous ne pouvons pas vivre à un niveau inférieur à celui de notre appel céleste.
Moralement, Dieu nous forme déjà pour son royaume et pour sa gloire. Ce qui sera bientôt réalité dans l’avenir doit être le principe de notre vie et de notre comportement. Bien que le péché soit encore là, nous pouvons, par la puissance de l’Esprit Saint, mener une vie par laquelle Dieu est glorifié.
«C’est pourquoi aussi nous, nous rendons sans cesse grâces à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la parole de la prédication qui est de Dieu, vous avez accepté, non la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la parole de Dieu, laquelle aussi opère en vous qui croyez».
Dans les versets 13 à 16, Paul entre maintenant dans un nouveau sujet. Il rappelle aux Thessaloniciens de quelle manière ils avaient reçu la révélation de Dieu et quelles en étaient les conséquences pour eux. C’était pour lui un sujet de reconnaissance. Il avait commencé sa lettre en remerciant Dieu pour eux et il continue ici à le faire. Avec ses compagnons d’œuvre, il pouvait continuellement rendre grâces de ce que les Thessaloniciens avaient reçu l’évangile qu’ils leur avaient prêché, non comme un simple message humain, mais comme la parole de Dieu.
Le message que nous avons à annoncer aux hommes n’est pas d’origine humaine, mais divine (Cf. Gal. 1:11). Nous ne parlons pas de la part d’un homme, mais de la part de Dieu. L’apôtre pouvait dire aux Corinthiens : «Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, — Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu !» (2 Cor. 5:20). Nous avons la mission expresse de Dieu, comme représentants du Seigneur Jésus, d’avertir les hommes d’être réconciliés avec Dieu. Il ne saurait y avoir de mandat plus important. Et parce que c’est Dieu lui-même qui nous l’a confié, nous avons la responsabilité de ne pas ajouter d’éléments humains à ce message. Paul ne l’avait pas fait.
Nos paroles ne sont évidemment pas inspirées. Nous devons être conduits par l’Esprit Saint, mais personne aujourd’hui ne peut prétendre prononcer des paroles inspirées de Dieu. L’inspiration divine, comme elle nous est présentée en 2 Timothée 3:16, concerne uniquement la Parole écrite, telle que nous l’avons entre nos mains. Et rien ne permet d’affirmer que, dans toutes ses prédications orales de l’évangile, l’apôtre Paul ait été directement inspiré. Mais les Thessaloniciens avaient reçu son message comme étant la parole de Dieu. Et il l’était véritablement. L’apôtre dit ailleurs : «Mais nous, nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu ; desquelles aussi nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l’Esprit, communiquant des choses spirituelles par des moyens spirituels (1 Cor. 2:12, 13).
À ce propos, il est bon de nous souvenir que la Bible, de sa première à sa dernière page, est la parole de Dieu, non une parole d’hommes. Dieu s’est servi d’écrivains humains, auxquels il a confié la fonction de canaux de sa révélation. «Car la prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint» (2 Pierre 1:21). Il a plu à Dieu, au cours des siècles, de se servir d’hommes pour transcrire sa Parole, mais chaque mot de la Bible est inspiré de Dieu. C’est pourquoi toute l’Écriture possède une autorité divine.
Actuellement, dans la chrétienté, on prétend parfois que certains enseignements de Paul ne font plus autorité pour nous, parce qu’ils présentent sa pensée personnelle. Une telle attitude montre que l’on ne reçoit plus la Parole comme les Thessaloniciens. On ne veut pas reconnaître que Dieu a utilisé la pensée d’un fidèle serviteur du Seigneur pour devenir partie intégrante de sa Parole inspirée.
Les croyants de Thessalonique avaient d’abord reçu la Parole, puis ils l’avaient acceptée et enfin elle avait opéré en eux. Voilà l’enchaînement divin. Recevoir et accepter ne sont pas équivalents ; le premier concerne plutôt l’oreille, le second, le cœur. C’est une chose d’écouter ou de lire la parole de Dieu, et c’en est une autre de la recevoir vraiment dans son cœur. Ce n’est qu’en ceux qui l’ont acceptée effectivement au plus profond d’eux- mêmes qu’elle peut opérer. Il ne s’agit pas ici de la Parole qui amène à la repentance, mais de son œuvre en nous, ses enfants. Dieu ne veut pas limiter son action à notre salut et à notre paix ; c’est sa volonté expresse qu’elle opère profondément en nous qui croyons.
En Hébreux 4, nous avons la pensée plus générale de l’opération de la parole de Dieu dans le cœur des hommes : « Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur» (v. 12). Le mot de l’original grec pour opérante inclut la pensée de l’énergie. Il doit y en avoir dans nos vies de croyants. Dieu désire qu’il soit vu concrètement que nous avons accepté sa Parole.
«Car vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des assemblées de Dieu qui sont dans la Judée dans le Christ Jésus ; car vous aussi, vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les mêmes choses qu’elles aussi ont souffertes de la part des Juifs».
Au chapitre 1, l’apôtre avait déjà rappelé qu’ils avaient reçu la Parole avec beaucoup de tribulations (v. 6). Il y revient ici. La tribulation était une conséquence du fait que la parole de Dieu opérait avec puissance dans leur vie. Si les Thessaloniciens n’avaient pas confessé ouvertement le Dieu vivant qu’ils voulaient désormais servir, ils se seraient épargné bien des souffrances. Mais les souffrances n’ont rien d’extraordinaire pour le chrétien. Elles dirigent nos pensées vers le royaume de Dieu. Le chemin de la gloire, pour les sujets du royaume, passe par la tribulation.
Paul compare la situation des Thessaloniciens avec celle des Juifs croyants, et leur déclare que leurs frères en Palestine vivaient les mêmes circonstances. Ce que les premiers avaient à endurer de la part de leurs compatriotes païens, les derniers l’enduraient de la part des Juifs de leur pays. En outre, l’apôtre leur montre combien ils étaient étroitement unis à leurs frères juifs. Il s’était adressé à eux comme à l’assemblée des Thessaloniciens... dans le Seigneur Jésus Christ (1:1), et il qualifie les assemblées de Judée comme étant dans le Christ Jésus. Elles étaient, comme eux, des assemblées de Dieu.
Le Nouveau Testament nous présente l’assemblée sous divers aspects. Plusieurs passages nous la montrent selon le conseil de Dieu, comme un tout, c’est- à-dire constituée de tous les croyants de l’époque actuelle. D’autres passages nous présentent l’aspect local — ou la représentation locale — de l’assemblée, par exemple 1 Corinthiens 11:18. C’est aussi la pensée de diverses assemblées locales que nous avons ici. Il y avait des assemblées en Judée comme en Europe. Elles n’étaient pas seulement quelque peu liées les unes aux autres, mais elles faisaient partie du corps complet de Christ. Il en est de même aujourd’hui : la parole de Dieu ne connaît pas d’assemblées locales indépendantes, mais un seul corps de Christ, une seule assemblée. Quand elle parle de la représentation locale du corps de Christ, elle ne l’envisage jamais indépendamment de l’ensemble (voir par ex. 1 Cor. 12:27).
«Qui ont mis à mort et le Seigneur Jésus et les prophètes, et qui nous ont chassés par la persécution, et qui ne plaisent pas à Dieu, et qui sont opposés à tous les hommes».
Paul saisit l’occasion de la condition des assemblées en Judée pour faire quelques commentaires sur les Juifs et leur comportement. Le verset 15 contient cinq reproches à leur adresse :
1. Ils ont mis à mort le Messie.
2. Ils ont tué les prophètes.
3. Ils ont chassé Paul par la persécution.
4. Ils ne plaisaient pas à Dieu.
5. Ils sont opposés à tous les hommes.
Le point culminant de la méchanceté des Juifs a été le rejet et la crucifixion de leur Messie, leur roi. C’est le reproche que leur fait Pierre en Actes 2:23 : «vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques». C’était le meurtre de celui qui était le don inexprimable de Dieu. De même qu’ils avaient tué les serviteurs de l’Éternel, dans l’Ancien Testament, ils avaient maintenant mis à mort le Fils bien-aimé de Dieu (cf. Marc 12:8). Cependant, le livre des Actes nous montre qu’ils traitèrent aussi les disciples du Seigneur de la même manière. Comme ils avaient rejeté leur roi, ils rejetaient aussi ceux qui voulaient le suivre. Paul, poursuivi par la persécution, en fit bien vite l’expérience. Leur conduite ne pouvait jamais plaire à Dieu, bien qu’ils aient prétendu le servir. Dans sa grâce et sa sagesse, Dieu se servit de leur opposition pour faire porter l’évangile aux nations, mais cela ne diminue en rien leur responsabilité ; ils auront à rendre compte de leur terrible comportement.
La persécution est toujours quelque chose d’abominable, mais elle prend un caractère particulièrement cruel, et même sadique, lorsqu’elle s’exerce au nom de la religion. Toute l’histoire de l’Église est là pour le prouver, et on en trouve encore des exemples dans les temps actuels. Satan réussit toujours à aveugler les hommes en les faisant utiliser des motifs religieux pour donner libre cours à leur cruauté.
«Nous empêchant de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées, pour combler toujours la mesure de leurs péchés ; mais la colère est venue sur eux au dernier terme».
Le résultat de l’opposition des Juifs à l’évangile fut que le message en fut porté désormais aux nations. L’instrument choisi par Dieu pour cela fut particulièrement l’apôtre Paul, ce qui souleva le plus grand déplaisir des Juifs. Tout en refusant pour eux- mêmes le salut en Jésus, ils s’opposèrent à ce qu’il soit annoncé aux nations. Ils étaient visiblement conscients qu’il s’agissait d’une chose de grande valeur, et c’est pourquoi ils ne pouvaient supporter de le voir offert aux païens par Paul. Ils se considéraient comme le peuple élu de Dieu et regardaient les Gentils avec mépris. L’idée d’un évangile qui apporte les mêmes bénédictions aux païens et aux Juifs leur était insupportable. Nous voyons souvent cela dans le livre des Actes. À Antioche de Pisidie, par exemple, «les Juifs, voyant les foules, furent remplis de jalousie et contredirent à ce que Paul disait, contredisant et blasphémant» (13:45). De même à Jérusalem, lors de son apologie devant le peuple, il put parler jusqu’au moment où il leur dit que Dieu l’avait envoyé «au loin vers les nations». «Ils l’écoutèrent jusqu’à ce mot, et ils élevèrent leur voix, disant : Ôte de la terre un pareil homme, car il n’aurait pas dû vivre» (Actes 22:22). Par ce comportement, les Juifs mirent le comble à leur péché et firent déborder la mesure.
Cela ne pouvait pas rester sans conséquences. La colère de Dieu est venue sur eux à son dernier terme, c’est-à-dire à son comble. Cette parole n’est pas encore pleinement accomplie. Un premier déploiement de cette colère a eu lieu lors de la destruction de Jérusalem en l’an 70 par les Romains. Quelle qu’en soit l’horreur, ce ne pouvait être qu’un prélude au jugement de Dieu qui atteindra les Juifs dans un temps encore futur. Il en est de même des terribles malheurs que ce peuple a connus depuis lors.
«Or pour nous, frères, ayant été séparés de vous pour un temps, de visage et non de cœur, nous avons d’autant plus, avec un fort grand désir, cherché à voir votre visage».
Après cette digression, Paul revient à ses relations avec les Thessaloniciens. N’est-il pas touchant de voir avec quelle affection il parle ? Ses relations avec eux étaient empreintes d’un amour sincère. Il s’adresse à eux comme à des frères avec qui il est étroitement uni. Tout son désir était de les revoir, comme une mère qui a été séparée de ses enfants bien-aimés. Bien qu’absent de corps, il était présent avec eux de cœur. Et nous, aimons-nous tous nos frères et sœurs, comme Paul, ou bien restons-nous indifférents à leurs circonstances ? Bien que nous n’en connaissions que quelques-uns, nous pouvons manifester dans la prière le lien qui nous unit à eux tous.
«C’est pourquoi nous avons voulu aller vers vous, moi Paul, et une fois et deux fois, et Satan nous en a empêches».
Dans le livre des Actes, nous voyons que, depuis Thessalonique, Paul est allé à Athènes puis à Corinthe. Il avait rencontré d’autres frères, mais n’oubliait pas pour autant ceux de Thessalonique. Il désirait ardemment les revoir et revenir vers eux, parce qu’il se faisait du souci pour eux.
Mais cela ne tenait pas à lui qu’il ne soit pas venu ; c’était Satan qui l’en avait empêché ! Comment cela s’est manifesté dans les faits, nous ne le savons pas. Paul dit simplement que Satan s’était opposé à cette visite. Aurions-nous dit une chose pareille ? En Actes 16:6, nous lisons que le Saint Esprit les avait empêchés d’annoncer l’évangile en Asie. Ceci nous paraît déjà plus compréhensible. Mais comment est-il possible que Satan puisse empêcher un serviteur du Seigneur de faire quelque chose qui n’est pas contraire à la volonté de Dieu ? Le désir de Paul était bon, ses motifs étaient purs. Satan était le seul qui avait un intérêt à s’opposer à une nouvelle venue de Paul à Thessalonique, et Dieu laissa faire.
Dans nos vies, nous devons aussi apprendre à discerner entre ce qui est la volonté directe de Dieu et ce qu’il permet. Il est bien évident que Satan ne peut rien contre la volonté divine, mais Dieu lui laisse un certain champ libre. Nous voyons cela clairement dans l’histoire de Job ; mais nous pouvons nous consoler à la pensée que Satan sera bientôt lié, et Romains 16:20 dit : «le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds». Il ne pourra alors plus rien contre les saints.
Mais actuellement, il saisit chaque occasion pour nuire à l’œuvre du Seigneur. Lorsque survient une difficulté, nous avons besoin de nous interroger sur nos motifs pour savoir si c’est Dieu qui met un obstacle, ou s’il permet à Satan de faire de l’opposition. Si nos motifs ne sont pas droits et purs, Dieu se met en travers de notre chemin. Pour Paul, les choses étaient claires ; ses motifs étaient en accord avec Dieu, et c’est pourquoi il savait que c’était Satan qui s’opposait, non pas Dieu.
«Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions ? N’est-ce pas bien vous devant notre Seigneur Jésus, à sa venue ? Car vous, vous êtes notre gloire et notre joie».
Dans ce verset, Paul en vient au retour du Seigneur, et il considère tout à la lumière de sa venue. On pourrait s’étonner un peu qu’il ne dise pas que c’est le Seigneur qui est son espérance, sa joie, sa gloire. Il l’était, sans aucun doute. Jésus était l’essence même de son espérance. C’est lui qu’il désirait voir. Mais nous avons ici un autre aspect des choses. Nous voyons les motifs de l’apôtre, qui étaient exempts d’égoïsme et d’amour propre. Les Thessaloniciens ne prenaient pas la place de Christ dans son cœur, sinon cela aurait été une erreur de parler ainsi. Le Seigneur lui-même était bien l’objet de ses affections, et parce qu’il en était ainsi, il pouvait se réjouir de la récompense qu’il recevrait à la venue de Christ.
Paul attendait le Seigneur Jésus pour le voir, lui. Mais il savait qu’il aurait en même temps la joie de se tenir devant lui avec ceux qui avaient été amenés à la foi par son ministère (opéré par le Saint Esprit). Cette joie est juste. Nous pouvons nous réjouir de la récompense qui sera notre part à sa venue. Quelqu’un a écrit : «Les fruits particuliers de notre travail ne sont pas perdus ; ils se retrouveront à la venue du Seigneur. Notre plus grand sujet de joie est de voir le Seigneur lui-même et de lui être semblable. C’est la part de tous les saints, mais il y a des fruits particuliers qui sont liés à l’œuvre que le Saint Esprit a accomplie en nous et par nous». Notre espérance est fixée sur le Seigneur, mais elle est inséparable de la récompense que lui-même donnera.
La récompense est en relation avec le service fait pour le Seigneur. Maintenant, nous sommes serviteurs dans son royaume. Quand celui-ci sera établi en puissance et en gloire, viendront les récompenses. Cela est clairement présenté dans la parabole de Luc 19:11 à 27. La rémunération pour le service y est vue en relation avec la puissance du royaume. Le Maître dit : «Bien, bon esclave, parce que tu as été fidèle en ce qui est très peu de chose, aie autorité sur dix villes.» C’est dans le même sens que nous avons à comprendre le passage de 2 Pierre 1:11, si souvent mal compris : «Car ainsi l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera richement donnée». L’entrée dans la maison du Père est la même pour tous les croyants de la dispensation actuelle ; là il n’y a pas de différences. Mais quand il s’agit de l’entrée dans le royaume dans sa forme future (et c’est de lui qu’il est question en 2 Pierre 1:11), il y aura certes des différences. La récompense qui sera publiquement donnée alors ne sera pas la même pour chacun (voir aussi 1 Cor. 3:13-15).
La couronne de gloire dont Paul parle ici nous fait aussi penser à une autorité, comme encore à la distinction qui honore un vainqueur. Cela ne nous remplit-il pas de confusion de savoir que Dieu trouve son plaisir à nous récompenser, à nous honorer ? Il récompensera tout ce qui a été fait pour lui, mais non selon les critères de ce monde, — pensons- y. Ce n’est pas le genre d’activité qui sera récompensé, mais la fidélité avec laquelle nous aurons accompli ce qu’il nous a confié.
Plusieurs couronnes sont mentionnées dans le Nouveau Testament ; il vaut la peine de les considérer :
· La couronne de la vie pour le martyr et pour celui qui aime le Seigneur (Apoc. 2, 10 ; Jacq. 1:12).
· La couronne de gloire pour le pasteur fidèle (1 Pierre 5:4).
· La couronne incorruptible pour le vainqueur dans la course (1 Cor. 9:24-27).
· La couronne de justice pour celui qui aime l’apparition du Seigneur (2 Tim. 4:8).
· La couronne de joie pour le serviteur (1 Thess. 2:19).
Nous vanterions-nous de nos couronnes ? Non, jamais. En Apocalypse 4, nous voyons ce que les croyants en font : ils les déposent aux pieds de l’Agneau. C’est à lui qu’ils donnent gloire. Nous exprimerons ainsi que nous ne sommes rien et que tout ce que nous aurons faiblement accompli n’était rien d’autre que son œuvre à lui. C’est à lui seul que revient tout honneur et toute gloire.
Arrêtons-nous encore brièvement sur le mot «venue», caractéristique des deux épîtres aux Thessaloniciens, où il est mentionné sept fois : 1 Thess. 2:19 ; 3:13 ; 4:15 ; 5:23 ; 2 Thess. 2:1 ; 2:8 ; 2:9). Le mot grec correspondant est parousia, composé de : para = avec et ousia = être. Il ne désigne pas seulement le moment précis de l’arrivée de quelqu’un, mais la présence continue qui en résulte. En Philippiens 2:12, Paul utilise ce mot pour parler de sa «présence» au milieu de Philippiens. Dans le Nouveau Testament, il est utilisé dix-huit fois pour le retour du Seigneur. Il n’indique pas seulement le moment de sa venu( pour les siens, mais aussi sa présence avec eux depuis ce moment-là.
Il s’agit donc de toute une période qui a un début, une durée et une fin. Elle commencera quand le Seigneur viendra pour chercher les siens, et elle finira lors de son apparition en gloire sur cette terre pour établir son règne. Sa venue pour nous et avec nous est considérée en fait comme une venue, mais avec plusieurs phases. Ainsi, il n’est pas tout à fait juste de parler de la première et de la deuxième venue du Seigneur, quand on veut distinguer le deux phases de cette venue. Si l’on examine les différents passages mentionnant cette parousie, on peut constater que :
· certains parlent principalement du début de cette période — exemples : 1 Thess. 4:15 ; 5:23 ; 2 Thess. 2:1 ; 1 Cor. 15:23 ; 2 Pierre 3:4 ;
· d’autres parlent plutôt de durée — exemples : 1 Thess. 2:19 ; 3:13 ; Matth. 24:3, 37, 39 ; 1 Jean 2:28 ;
· et certains encore de la fin de cette période — exemples : 2 Thess. 2:8 ; Matth. 24:27.
Au cours de notre étude, nous aurons encore l’occasion de considérer plusieurs aspects de la venue du Seigneur, particulièrement dans les chapitres 4 et 5, où elle est au premier plan.
Paul fut empêché d’aller lui-même à Thessalonique pour visiter ses bien-aimés frères et sœurs. C’est pourquoi il leur envoya Timothée, afin d’avoir de leurs nouvelles. Paul connaissait les ruses de Satan et ses efforts pour détruire l’œuvre qui avait si bien commencé.
L’apôtre était préoccupé. Il craignait que la foi des Thessaloniciens n’ait été ébranlée par les persécutions. Ainsi, Timothée partit à Thessalonique avec la mission de consoler et d’encourager les croyants qui s’y trouvaient. C’est le sujet du troisième chapitre.
Ayant accompli son service, il revint vers Paul pour lui transmettre de bonnes nouvelles, bien propres à l’encourager. La foi et l’amour de ces croyants étaient un motif de se réjouir et de rendre grâces à Dieu.
«C’est pourquoi, n’y tenant plus, nous avons trouvé bon d’être laissés seuls à Athènes».
En quittant Thessalonique, Paul se rendit d’abord à Bérée. Là aussi il rencontra l’opposition des Juifs, de sorte qu’il dut quitter cette ville et poursuivre sa route jusqu’à Athènes. Ses compagnons de voyage, Timothée et Silas, restèrent momentanément à Bérée, mais le rejoignirent ensuite à Athènes (Actes 17:10-15). Informé là des persécutions qui sévissaient à Thessalonique, Paul éprouva un grand souci pour ces jeunes croyants. C’est pourquoi il leur envoya Timothée, et poursuivit son voyage jusqu’à Corinthe, où Timothée le retrouva (Actes 18:5).
En 1 Corinthiens 13:5, il écrit : «L’amour ne cherche pas son propre intérêt». Nous en trouvons la réalisation ici. C’était l’amour de Paul pour les Thessaloniciens qui le fit renoncer à la présence de Timothée. Lui-même ne pouvait pas aller vers eux, mais son amour trouva le moyen de leur faire parvenir un encouragement. Il ne pensait pas à lui, mais aux autres. Ce n’était certainement pas facile pour lui de renoncer à Timothée, car il aurait eu bien besoin de lui à Athènes. Cependant son amour pour les jeunes convertis de Macédoine était plus fort que tous les obstacles que pouvait dresser l’ennemi. Il connaissait les circonstances difficiles des Thessaloniciens et leurs persécutions. Il savait aussi qu’ils étaient encore, spirituellement, de jeunes enfants qui avaient besoin d’encouragements et d’enseignements. C’est pourquoi il préféra «être laissé seul à Athènes». L’expression «être laissé seul», utilisée ici, exprime la solitude et l’isolement, mais il acceptait volontiers cela.
«Et nous avons envoyé Timothée, notre frère et compagnon d’œuvre sous Dieu dans l’évangile du Christ, pour vous affermir et vous encourager touchant votre foi».
Timothée était un des collaborateurs de Paul sur lequel il pouvait se reposer entièrement, et qui avait toute sa confiance. Dans l’épître aux Philippiens, il lui rend ce témoignage : «Or j’espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin que moi aussi j’aie bon courage quand j’aurai connu l’état de vos affaires ; car je n’ai personne qui soit animé d’un même sentiment avec moi pour avoir une sincère sollicitude à l’égard de ce qui vous concerne ; parce que tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ. Mais vous savez qu’il a été connu à l’épreuve, savoir qu’il a servi avec moi dans l’évangile comme un enfant sert son père» (2:19-22). Bien que Timothée fût plus jeune que Paul, ils travaillaient cependant ensemble en harmonie, car ils travaillaient pour la même personne. Malgré son jeune âge, Paul pouvait l’engager dans l’œuvre du Seigneur et lui confier des missions importantes.
Son service fut béni. Il ressort des différents passages qui parlent de lui qu’au moins quatre missions particulières lui furent confiées en faveur des croyants :
1° La consolation et l’affermissement à Thessalonique (1 Thess. 3:2).
2° Le maintien de l’ordre dans l’assemblée et le rappel de l’enseignement de l’apôtre à Corinthe (1 Cor. 4:17).
3° L’édification à Éphèse (1 Tim. 1:3, 4).
4° L’encouragement de l’apôtre dans sa prison à Rome (2 Tim. 4:9, 21).
Nous avons ici la première mission de Timothée accomplie sans l’appui direct de l’apôtre. Humainement parlant, il était seul, mais Paul avait la confiance que son service serait en bénédiction aux Thessaloniciens. Il l’appelle ici : «notre frère et compagnon d’œuvre sous Dieu dans l’évangile du Christ». Il ne dit pas «un frère», mais «notre frère». Il ressentait le lien étroit qui les unissait. Timothée n’était pas simplement un serviteur, mais un «compagnon d’œuvre sous Dieu». Il servait dans l’évangile, et son service devait être aussi pour le bien des croyants.
En voyant la communion réalisée par ces deux serviteurs, nous devrions être amenés à désirer que le Seigneur nous donne des frères âgés comme Paul et des jeunes frères comme Timothée. Quelle bénédiction pour l’œuvre du Seigneur quand des frères d’âges divers travaillent ensemble et les uns pour les autres !
La mission de Timothée est décrite par les mots : «vous affermir et vous encourager touchant votre foi». La foi est mentionnée cinq fois dans ce chapitre (v. 2, 5, 6, 7, 10). C’est pourquoi il est bon de considérer rapidement ce que signifie ce mot. Nous pouvons en discerner trois sens dans le Nouveau Testament :
1° La foi nous est présentée comme la main qui saisit le salut offert par Dieu. Sans une foi personnelle, personne ne peut être sauvé.
2° La foi est la confiance en Dieu et en ses promesses dans la vie quotidienne.
3° La foi nous est aussi présentée comme ce qui est cru, c’est-à-dire l’objet de la foi, la vérité chrétienne.
Dans notre passage, il s’agit avant tout de la confiance de la foi. Paul dit ailleurs : «Nous marchons par la foi, non par la vue» (2 Cor. 5:7). La foi est en contraste avec la vue. Le temps de la vue n’est pas encore venu pour le croyant. À la venue du Seigneur, tout changera. La foi prendra fin, car nous verrons ce que nous aurons cru. Mais maintenant, la foi saisit ces choses et en prend possession. Cette foi, qui est un don de Dieu, doit être toujours fortifiée et stimulée, et cela tout spécialement dans les difficultés et les épreuves. C’est pourquoi Timothée devait affermir et encourager les saints. Nous trouvons en Actes 15:32 deux expressions similaires : «Judas et Silas... exhortèrent les frères par plusieurs discours et les fortifièrent». Être affermis, encouragés, exhortés, voilà ce dont nous avons besoin chaque jour de notre vie.
«Afin que nul ne soit ébranlé dans ces tribulations ; car vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela. Car aussi, quand nous étions auprès de vous, nous vous avons dit d’avance que nous aurions à subir des tribulations, comme cela est aussi arrivé, et comme vous le savez».
Les difficultés et les épreuves dans le chemin peuvent avoir deux conséquences opposées : soit fortifier notre foi, soit nous ébranler. C’est ce dont parle l’apôtre ici. Il espérait qu’aucun des Thessaloniciens n’ait été «ébranlé». Ce mot est en rapport avec le «vous affermir» du verset 2. Celui qui est ébranlé dans la foi est découragé et rempli d’inquiétude. Cela peut aller si loin que l’on perde entièrement la foi — non pas le salut éternel, mais la foi comme confiance quotidienne dans les promesses de Dieu.
Paul se demandait quelles conséquences auraient les persécutions sur la foi des Thessaloniciens. Leur foi serait-elle fortifiée ? Regarderaient-ils d’autant plus à ce qui est invisible, de sorte que ce qui est visible perde son importance ? Voilà ce qui se passerait si leur foi était solide. Bien que nous ne soyons pas persécutés d’une manière directe, les difficultés que nous rencontrons sur notre chemin manifestent ce qu’il en est de notre foi. Ces épreuves sont diverses ; Dieu peut se servir pour cela de maladies, de détresses, de tristesses, de chômage, de problèmes professionnels, ou d’autres choses encore. De telles épreuves peuvent ou bien fortifier notre foi, ou bien la faire faiblir. C’est comme une douche froide : elle peut faire du tort à un homme de santé fragile, mais elle est profitable à une personne en bonne santé.
Paul n’avait donné aucune illusion aux Thessaloniciens. Ils savaient ce qui les attendait. Il leur avait dit que la vie du chrétien n’a pas que des côtés agréables. C’est aussi vrai pour nous. Il ne nous a pas été promis que nous n’aurions ni difficultés ni épreuves. Le Seigneur Jésus lui-même a dit : «Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde» (Jean 16:33). Les épreuves n’ont rien d’anormal dans le royaume de Dieu actuellement. En Actes 14:22, Paul exhorte les croyants à persévérer dans la foi ; puis il ajoute : «c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu». Pierre associe aussi la foi et les épreuves. Il écrit : «étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire, afin que l’épreuve de votre foi... soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ» (1 Pierre 1:6, 7).
C’est par un chemin de souffrances que le Seigneur est entré dans la gloire. En serait-il autrement de nous ? Sans doute, une vie avec le Seigneur Jésus est une vie glorieuse et elle apporte une plénitude de bonheur. Notre joie en tant que chrétien est une joie «dans le Seigneur» (Phil. 4:4), ce n’est pas la joie de ce monde. Ce monde a rejeté le Seigneur, et par cela même il rejette ceux qui se mettent du côté du Rejeté. Nous avons devant nous un avenir glorieux, mais dans le temps présent, le chemin peut être marqué de beaucoup de souffrances. Pour cela, nous avons besoin de toute la grâce de Dieu.
Tenons-nous compte de l’élément de la souffrance dans notre service évangélique, comme l’avait fait l’apôtre Paul ? Cela n’a pas beaucoup de sens de ne présenter aux hommes perdus que les aspects favorables de la vie de la foi, et de ne parler que d’une vie de bonheur. Certes, il y a pour le chrétien un bonheur pour le temps présent et un bonheur pour l’avenir, mais nous ne devons pas taire que suivre le Seigneur Jésus signifie être identifié avec un Seigneur rejeté. Dans la parabole bien connue du semeur, le Seigneur parle de ceux qui reçoivent la parole avec joie, sans avoir de racines. Qu’advient- il ? Ils croient pour un temps, mais quand vient la mise à l’épreuve, ils se retirent (Luc 8:13).
«C’est pourquoi moi aussi, n’y tenant plus, j’ai envoyé afin de connaître ce qui en était de votre foi, de peur que le tentateur ne vous eût tentés, et que notre travail ne fût rendu vain».
Les Thessaloniciens furent mis à l’épreuve. Dieu permit que le tentateur (c’est-à-dire le diable) s’en prenne à eux. Il s’agit ici de tentations qui proviennent des circonstances par lesquelles nous sommes mis à l’épreuve, et non pas de celles qui ont leur source dans notre nature pécheresse. De telles tentations ne sont jamais de Dieu, car Dieu ne tente personne pour le mal (Jacq. 1:13). Mais souvent, il met à l’épreuve notre foi. Jacques écrit : «Estimez-le comme une parfaite joie, mes frères, quand vous serez en butte à diverses tentations, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience» (Jacq. 1:2). Il en fut ainsi de Job. Dieu voulut le mettre à l’épreuve, c’est pourquoi il permit à Satan de l’attaquer.
Ainsi Dieu permet des tentations et le diable s’en sert. Il voudrait nuire à notre foi et il essaye de nous persuader qu’il est peu raisonnable de nous mettre du côté d’un chef rejeté, à la suite duquel il y a des souffrances et des luttes. Ces attaques de l’ennemi sont dangereuses et beaucoup y ont succombé. Pour y résister, nous avons besoin d’une foi active qui nous ancre fermement dans les choses invisibles. Par la foi, nous regardons déjà au royaume à venir, où nous serons glorifiés avec le Seigneur Jésus. Paul savait que la persécution n’apporterait aux Thessaloniciens que vigueur et enrichissement spirituels, aussi longtemps que les choses invisibles de la foi seraient pour eux une réalité.
Paul désirait fort que son travail parmi les Thessaloniciens ne soit pas vain. Il ne se contentait pas d’avoir accompli ce que le Seigneur lui avait confié, il se préoccupait aussi des résultats de son ministère, parce qu’il désirait en recevoir un plein salaire. L’apôtre Jean avait le même désir quand il écrivait : «Prenez garde à vous-mêmes, afin que nous ne perdions pas ce que nous avons opéré, mais que nous recevions un plein salaire» (2 Jean 8). Il exprime une pensée semblable dans sa première épître : «Et maintenant, enfants, demeurez en lui, afin que, quand il sera manifesté, nous ayons de l’assurance et que nous ne soyons pas couverts de honte, de par lui, à sa venue» (1 Jean 2:28). Ces passages ne parlent-ils pas à nos cœurs ? Si nous nous laissons séduire par Satan, cela contribue à la confusion des serviteurs de Dieu qui ont pris soin de nous.
«Mais Timothée venant d’arriver de chez vous auprès de nous, et nous ayant apporté les bonnes nouvelles de votre foi et de votre amour, et nous ayant dit que vous gardez toujours un bon souvenir de nous, désirant ardemment de nous voir, comme nous aussi nous désirons vous voir».
Timothée avait de bonnes nouvelles pour l’apôtre Paul. Ce qu’il a vu chez les Thessaloniciens était positif. Il pouvait rendre témoignage tant de leur foi que de leur amour. La foi lie chacun de nous au monde invisible, tandis que l’amour nous lie les uns aux autres. Nous avons besoin des deux. Nous ne sommes pas seuls à suivre le Seigneur Jésus ; il y en a d’autres à côté de nous, qui font les mêmes expériences et qui peuvent nous être en aide. Par l’amour entre nous, nous pouvons nous fortifier dans la foi. Cela faisait du bien aux Thessaloniciens de savoir que Paul pensait à eux, et Paul était encouragé en apprenant qu’ils pensaient aussi à lui.
Peut-être avait-il eu quelque crainte qu’ils l’oublient, ou qu’ils se détournent de son enseignement. Mais ce n’était nullement le cas. Ils s’étaient fermement attachés à ce qu’il leur avait dit et désiraient le revoir. Ce fut un sujet de joie pour l’apôtre.
«C’est pourquoi, frères, nous avons été consolés à votre sujet par votre foi, dans toute notre nécessité et dans notre tribulation».
Lorsque Paul parlait aux Thessaloniciens de souffrances et d’épreuves, ce n’était pas pour lui de la théorie ; il en avait fait l’expérience à maintes reprises dans son propre corps. Il parlait comme quelqu’un qui savait de quoi il s’agissait. Il avait passé par beaucoup de détresses ; il avait connu la persécution et la souffrance. En 2 Corinthiens 11:23 à 28, il parle de tout ce qui lui était arrivé. C’est une énumération impressionnante. Et outre toutes ces souffrances extérieures, il y avait la sollicitude pour toutes les assemblées, c’est-à-dire pour les frères et sœurs qu’il avait connus dans ses voyages et qu’il aimait.
Lui-même avait apporté aux Thessaloniciens consolation et encouragements (2:11). Maintenant c’était à lui d’être consolé par eux. Celui qui avait consolé était consolé à son tour. Il en est de même dans l’épître aux Romains : Paul avait l’ardent désir de les voir ; et dans quel but ? — «... afin de vous faire part de quelque don de grâce spirituel, pour que vous soyez affermis, c’est-à-dire pour que nous soyons consolés ensemble au milieu de vous, vous et moi, chacun par la foi qui est dans l’autre» (Rom. 1:11, 12). Il voulait donner et fortifier, mais en même temps recevoir et être encouragé. Quel bienfait quand le but d’une rencontre fraternelle est l’aide réciproque ! Dieu n’a pas placé en vain des frères et des sœurs à nos côtés.
La source de la consolation est alors dans la foi de l’autre. Paul désirait, tant auprès des Romains que des Thessaloniciens, être consolé par leur foi. Ici encore, la foi n’est pas le moyen du salut mais la confiance quotidienne dans le Seigneur Jésus. Cette foi est une manifestation de la nouvelle vie, qu’elle rend visible des autres au gré des circonstances que l’on traverse. Mes frères et sœurs voient à mes réactions devant les difficultés ce qu’il en est de ma foi ; et ce peut être en bénédiction pour eux, en ce qu’ils seront encouragés et fortifiés. Une confiance vivante dans le Seigneur peut redresser et encourager des croyants en danger de se décourager. À l’inverse, le manque de foi peut en entraîner d’autres.
«Car maintenant nous vivons, si vous tenez fermes dans le Seigneur».
Paul écrivit aussi aux Philippiens : «Mes frères bien-aimés et ardemment désirés,... demeurez ainsi fermes dans le Seigneur» (Phil. 4:1). Face aux tentations de l’ennemi et aux difficultés du chemin, il était important pour les Thessaloniciens de demeurer fermes dans le Seigneur, de placer toute leur confiance en lui. L’apôtre ne s’attendait pas à ce qu’ils puissent tenir ferme dans leur propre force ou leur propre sagesse, mais dans le Seigneur. Cela veut dire : attendre tout de lui seul, dans chaque situation. Si nos ressources sont en nous-mêmes ou en ceux qui nous entourent, nous serons toujours déçus. Seul le Seigneur ne nous décevra jamais.
Paul avait appris de Timothée que les croyants de Thessalonique tenaient ferme dans le Seigneur. Malgré les attaques de Satan, ils étaient restés inébranlables dans la foi. Il en avait été encouragé et il exprime sa joie par les mots : «car maintenant nous vivons». D’autres versions ont traduit : «nous revivons» ou : «nous avons de nouveau le courage de vivre». Paul avait eu beaucoup de déceptions dans sa vie. Cela lui faisait mal quand il voyait des croyants qui ne tenaient pas ferme dans le Seigneur. C’est pourquoi il était souvent chargé et affligé. Mais ce qu’il avait appris des Thessaloniciens lui donnait un nouveau courage. Il vivait de nouveau.
N’est-ce pas pour chaque serviteur un encouragement quand il voit que le Seigneur accompagne son service de sa bénédiction et que des hommes viennent à la foi ? Mais devons-nous nous contenter que des âmes trouvent le salut ? La volonté du Seigneur est qu’elles croissent dans la foi et qu’elles tiennent ferme en lui. Nous ne devrions jamais l’oublier. Le ministère de l’évangile est important, mais le ministère auprès de ceux qui sont convertis en est la suite nécessaire. L’engagement de Paul dans l’évangile était exemplaire, mais il n’oubliait jamais le service en faveur des croyants. Que ce soit par ses lettres ou par ses visites durant ses voyages, il avait toujours à cœur d’affermir les saints. En Actes 16:5, nous lisons : «Les assemblées donc étaient affermies dans la foi (ministère pour les croyants) et croissaient en nombre chaque jour (ministère de l’évangile)».
«Car comment pourrions-nous rendre à Dieu assez d’actions de grâces pour vous, pour toute la joie avec laquelle nous nous réjouissons à cause de vous devant notre Dieu».
En paroles très expressives, Paul dit la joie qu’il ressent à l’égard des Thessaloniciens. Il se réjouissait devant son Dieu à leur sujet. Nous verrons bientôt qu’il ne se lassait pas de prier pour eux, mais ici nous voyons qu’il se réjouissait. N’avons-nous pas une leçon à en tirer ? Nous pouvons prier les uns pour les autres, mais nous pouvons aussi nous réjouir dans la prière de ce que le Seigneur opère dans les cœurs de nos frères et sœurs. N’entend-on pas aujourd’hui de multiples plaintes des uns à l’égard des autres ? Mais si nous essayons de voir nos frères et sœurs avec les yeux du Seigneur, nous découvrirons beaucoup de choses pour lesquelles nous avons lieu de nous réjouir dans la prière devant lui.
«Priant nuit et jour très instamment, pour que nous voyions votre visage et que nous suppléions à ce qui manque à votre foi !»
Au chapitre 2, Paul avait rappelé aux Thessaloniciens qu’il avait travaillé nuit et jour afin de n’être à la charge de personne (v. 9). Ici, il leur dit qu’il priait nuit et jour pour eux. La prière n’était pas un devoir religieux qu’il observait, elle était une disposition de son cœur. Aucun de nous ne peut rester sur ses genoux nuit et jour, et Dieu n’attend pas cela de nous. Mais il désire que nous soyons caractérisés par une disposition intérieure de dépendance. Tel était Paul. Bien plus, il nous est dit que non seulement il priait, mais qu’il priait «très instamment» pour les saints.
Comment prions-nous ? La prière n’est-elle pour nous qu’une bonne habitude que nous accomplissons comme un devoir, ou est-elle davantage ? Prions-nous l’un pour l’autre ; supplions-nous l’un pour l’autre, pour nos enfants, pour nos familles, pour les frères et sœurs de la localité, pour les personnes avec lesquelles nous sommes en contact ? Au chapitre 5, les croyants sont exhortés à se réjouir toujours, à prier sans cesse. Paul nous en donne ici l’exemple.
Il désirait compléter ce qui manquait encore à leur foi. Il ne s’agit pas ici de l’énergie de la foi, ou de la confiance de la foi. Il ne leur manquait rien à cet égard. Ce qui manquait aux Thessaloniciens, c’était un enseignement sur la vérité chrétienne. Paul parle ici de ce qui est l’objet de la foi. Il leur avait déjà communiqué beaucoup de choses quand il était auprès d’eux, mais il en restait encore beaucoup qu’ils ne connaissaient pas. C’est à ce manque qu’il voulait maintenant suppléer. C’est pourquoi il désirait les revoir. Il ne voulait pas tout leur dire dans une lettre, mais venir à eux et les enseigner personnellement. Il y avait toutefois une chose qu’il estimait si importante qu’il ne pouvait attendre jusqu’à sa visite : c’est ce qui concerne la venue du Seigneur. C’est pourquoi il leur écrivait cette lettre et particulièrement ce qui se trouve au chapitre 4.
«Or que notre Dieu et Père lui-même, et notre Seigneur Jésus, nous fraye le chemin auprès de vous».
Ayant été empêché par Satan de se rendre à Thessalonique, Paul ne cherchait pas à s’engager de lui-même dans ce chemin ; il attendait tout de Dieu et de son Seigneur. Le Père et le Fils sont unis ici. L’apôtre restait paisible dans la pensée que son Dieu et Père — et le Seigneur Jésus — dirigerait son chemin vers eux. Jusque-là, il pouvait attendre. En fait, il fallut plusieurs années jusqu’à ce qu’il puisse revoir ses chers Thessaloniciens, et il leur écrivit auparavant une seconde lettre. Quant à nous, savons-nous attendre jusqu’à ce que Dieu nous ouvre la porte ? Ne nous arrive-t-il pas de devenir impatients et de faire finalement notre propre volonté ?
Ce verset contient une mention implicite de la divinité du Seigneur Jésus. Paul écrit : «Notre Dieu et Père lui-même, et notre Seigneur Jésus, nous fraye le chemin...» Le verbe est au singulier alors que le sujet est au pluriel : «notre Dieu et Père» et «notre Seigneur Jésus». Ainsi, déjà dans la première épître qu’il a écrite, Paul rend témoignage à la vérité que l’apôtre Jean a tout particulièrement soulignée plus tard, savoir que le Père et le Fils sont Dieu. En Jean 1:1, nous lisons au sujet du Fils : «Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu». Le Fils est une personne distincte du Père, mais il est Dieu de toute éternité. Cette vérité fondamentale est confirmée partout dans le Nouveau Testament.
«Et quant à vous, que le Seigneur vous fasse abonder et surabonder en amour les uns envers les autres et envers tous, comme nous aussi envers vous».
La relation de Paul avec les Thessaloniciens était caractérisée par l’amour, et il désirait que cet amour imprègne aussi leurs relations entre eux. Combien il est important que nos rapports réciproques soient en ordre ! Un tel état découle d’abord de l’amour que nous avons les uns envers les autres, puis de notre amour envers tous. Le Seigneur a dit à ses disciples : «Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous» (Jean 13:34, 35). Et Paul écrit aux Colossiens : «Par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection» (Col. 3:14). C’est par ce lien que nous sommes unis, et cela devrait être visible. Il ne s’agit pas seulement d’une communion d’amour, mais aussi d’un témoignage d’amour. Nous devrions montrer aux hommes perdus que nous les aimons et que le salut de leur âme immortelle nous importe. Un commentateur a écrit : «Amour est le mot caractéristique du christianisme». Cela veut dire beaucoup.
«Pour affermir vos cœurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints».
Dans ce verset, l’apôtre revient sur le sujet de la venue du Seigneur. Et il le lie à un appel à la sainteté pratique des croyants. Il désire que nos cœurs soient affermis sans reproche en sainteté en la venue du Seigneur Jésus. La lumière de son apparition en gloire devrait briller déjà maintenant sur notre chemin et nous caractériser. Ce verset contient plusieurs déclarations importantes ; nous allons les considérer l’une après l’autre.
L’apôtre parle d’abord de nos cœurs, qui doivent être affermis. Le Seigneur veut avoir nos affections pour lui. En joignant ce verset au précédent, nous voyons que nos cœurs devraient être affermis par l’amour et dans la sainteté. Il est parlé plusieurs fois de «cœurs affermis» dans le Nouveau Testament. En Jacques 5:8 c’est en rapport avec l’espérance : «Affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur est proche». En Colossiens 2:7, c’est en rapport avec la foi : «Marchez en lui, enracinés et édifiés en lui, et affermis dans la foi». Ici, il s’agit de l’amour, qui ne doit jamais être séparé de la sainteté. Ceci nous amène à la deuxième pensée, savoir l’exhortation à la sainteté.
Les mots saint ou sainteté se retrouvent très souvent dans l’Écriture. Si nous comparons les divers passages qui parlent de ce sujet, nous constatons que la sainteté a deux aspects.
Il y a premièrement la position dans laquelle Dieu nous a placés quand nous sommes venus au Seigneur Jésus avec nos péchés. Dans ce sens, tout croyant est devenu un saint. C’est ainsi que l’épître aux Hébreux dit : «C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes» (10:10). Paul écrit aux Corinthiens : «Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés...» (1 Cor. 6:11). Le sacrifice du Seigneur Jésus nous a placés dans cette position de saints, que personne ne peut nous ôter.
Mais à cette position se lie notre responsabilité pratique. Voilà le deuxième aspect de la sainteté. Dieu désire que notre vie pratique soit en accord avec ce que nous sommes quant à notre position. Il attend de nous une vie de séparation pratique de tout mal. Pierre dit à ce sujet : «Comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite ; parce qu’il est écrit : «Soyez saints, car moi je suis saint» (1 Pierre 1:15, 16). C’est cet aspect de la sainteté que nous trouvons dans notre verset.
La sainteté pratique (ou sanctification) a aussi deux côtés :
· Un côté négatif, qui consiste à s’éloigner du mal, à s’en séparer.
· Un côté positif, qui consiste à s’approcher de Dieu, à lui être consacré.
Peut-être ne voit-on trop souvent que le côté négatif. Une vie de sainteté est une vie consacrée à Dieu et en même temps séparée du mal. Si nous ne voyons que l’aspect négatif, notre séparation ne sera pas meilleure que celle des pharisiens, dans laquelle Dieu ne trouvait aucun plaisir. La sanctification positive, c’est-à-dire la consécration à Dieu, n’est possible que si elle est associée à l’amour. C’est pourquoi l’exhortation à la sainteté suit ici l’exhortation à l’amour du verset 12.
L’amour n’est vrai que s’il est joint à la lumière, c’est-à-dire à la sainteté, et réciproquement. Les deux choses sont inséparables. Dieu est lumière et Dieu est amour. L’amour ne peut jamais me conduire à approuver le mal chez mon frère. D’autre part la lumière divine ne peut m’amener à suivre un chemin de séparation extérieure sans amour pour mon frère. Par-dessus tout, le motif de la sanctification doit être l’amour pour Dieu. Si nous nous séparons simplement à cause des hommes, ou à cause de nos frères et sœurs, et que l’amour pour Dieu nous manque, alors notre sanctification est sans valeur. Notre état d’esprit n’est pas bon et le danger de devenir légal est grand.
Paul parle ici d’une sainteté «devant notre Dieu et Père». Dieu est lumière, et notre vie doit être en accord avec lui. Cependant nous ne le connaissons pas seulement comme le vrai Dieu, mais aussi comme notre Père. Voilà notre relation avec lui, une relation qui est caractérisée par l’amour et par la sainteté. Comme enfants, nous avons reçu sa nature, qui est sainte, et c’est l’amour lui-même qui nous a donné cette nature et nous a introduits dans cette relation.
Ensuite, l’exhortation à la sainteté pratique est liée à «la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints». Il s’agit ici, comme au chapitre 2 (v. 19), de sa parousie. Quand le Nouveau Testament parle de sa venue pour les siens, il s’agit d’un acte de sa grâce : il vient pour nous retirer des circonstances éprouvantes de cette terre. Tandis que sa venue avec les siens est présentée en relation avec notre responsabilité. Quand le Seigneur Jésus apparaîtra aux yeux de tous, avec les siens, ils seront «ses saints». Position et état pratique seront alors en pleine harmonie. Nous n’aurons plus besoin d’exhortation à la sainteté pratique. Mais Dieu désire que nous vivions déjà maintenant selon le modèle de ce qui sera bientôt réalisé de façon parfaite, c’est-à-dire séparés du monde et consacrés à notre Dieu.
La venue du Seigneur est ici directement liée à son apparition sur la terre, quand nous viendrons avec lui. Paul fait allusion dans ce passage à ce qu’il développera plus complètement au chapitre suivant. Il est bien possible que les Thessaloniciens n’aient pas su cela. Quand il viendra, comme le roi de son royaume, pour exercer le jugement et la domination, alors nous l’accompagnerons. Les Thessaloniciens vivaient tellement dans l’attente de sa venue imminente pour l’établissement de son règne qu’ils pouvaient bien admettre qu’ils seraient encore sur la terre à ce moment-là. Paul montre qu’il en sera autrement. Nous viendrons avec le Seigneur, quand il prendra en main son autorité. D’autres passages confirment cela. En 2 Thessaloniciens 1:10, nous lisons : «quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru» ; et en Colossiens 3:4 : «Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire». Quant au déroulement des faits dans le détail, nous y reviendrons au chapitre 4.
«Ses saints» — Arrêtons-nous encore un instant sur cette expression ; elle est d’une beauté particulière. Nous ne sommes pas simplement des saints, mais ses saints. Nous appartenons au Seigneur. Quelle relation intime que celle dans laquelle nous sommes introduits et dont nous pouvons jouir ! Maintenant nous partageons sa réjection, puisqu’il est le Rejeté. Quand il viendra, nous partagerons sa gloire ; et alors il sera celui qui remplira le ciel et la terre de sa gloire.
Mais qui sont «ses saints» ? Cette expression concerne-t-elle seulement les croyants de la période de la grâce ou comprend-elle aussi les croyants de l’Ancien Testament ? Comme dans l’expression «ceux qui sont du Christ» (1 Cor. 15:23), nous pouvons bien admettre que les croyants de l’Ancien Testament sont inclus. Certes, pour ce qui concerne leur part éternelle dans la maison du Père, ils sont clairement distincts de l’assemblée. Mais pour ce qui concerne le royaume, ils appartiendront à sa partie céleste (voir par ex. Daniel 7:18 et 27). Ils auront part à la première résurrection et au règne du Seigneur sur la terre. Nous paraîtrons ensemble en gloire et en sainteté avec le Seigneur. Quel moment de joie pour lui et pour nous !
Avant d’en venir au thème qui est le motif de sa lettre, savoir le retour du Seigneur (4:13), Paul a à cœur d’exprimer quelques pensées pratiques. Il y avait bien des choses dignes de louange chez les Thessaloniciens, et il les a relevées avec reconnaissance. Il y avait toutefois des dangers particuliers auxquels ils étaient exposés par leur environnement païen. Paul les met en garde contre ces dangers, en les exhortant à une marche sainte, dans la lumière et dans l’amour. L’amour et la sainteté ont été mentionnés ensemble au chapitre 3, dans les versets 12 et 13. Dans le passage qui est devant nous, nous les trouvons de nouveau les deux, mais dans l’ordre inverse.
Les exhortations pratiques de ce passage sont en relation directe avec le retour du Seigneur. Elles s’adressent à des croyants qui sont encore sur la terre et qui attendent leur Maître. Les exhortations exprimées correspondent aux diverses relations dans lesquelles nous nous trouvons :
· Dans les versets 3 à 8, il s’agit de Dieu, selon la volonté duquel nous devons vivre sur cette terre,
· dans les versets 9 et 10, il s’agit de nos frères, que nous devons aimer,
· et dans les versets 11 et 12, il s’agit de notre témoignage vis-à-vis des incrédules, devant lesquels nous devons marcher honorablement.
«Au reste donc, frères, nous vous prions et nous vous exhortons par le Seigneur Jésus, pour que, comme vous avez reçu de nous de quelle manière il faut que vous marchiez et plaisiez à Dieu, comme aussi vous marchez, vous y abondiez de plus en plus».
L’apôtre portait ces jeunes croyants de Thessalonique sur son cœur, et c’est dans la relation d’affection qui le liait à eux qu’il leur adresse maintenant une parole d’exhortation. Si nous connaissons une relation heureuse entre frères, il est plus facile, soit d’exprimer, soit d’accepter une exhortation. Paul ne voulait pas user envers eux de son autorité apostolique et ordonner ; il se contente de les prier et de les exhorter.
Le mot utilisé ici pour «prier» signifie : inviter à, demander aimablement. C’est une expression qui s’utilise entre personnes de même niveau. Paul ne prenait pas une attitude de supériorité, mais, avec amour, il voulait les rendre attentifs à quelques points de leur vie pratique. Ses paroles, cependant, revêtaient le caractère d’une exhortation. Il voulait attirer leur attention sur quelque chose d’important pour eux. L’amour n’hésite pas à rendre attentif aux dangers ; au contraire, il les expose ouvertement. Et les exhortations de l’apôtre étaient «dans le Seigneur Jésus». Il n’y avait dans ses paroles ni contrainte légale, ni opinion personnelle, mais l’autorité du Seigneur. Paul était simplement le canal qui transmettait ce qu’il avait reçu du Seigneur. Quelle bénédiction il y aurait, aujourd’hui encore, si les exhortations étaient davantage exprimées et reçues dans un tel esprit !
Les Thessaloniciens sont invités à marcher d’une manière qui plaise à Dieu. Le verbe marcher évoque toute notre manière de vivre : notre comportement dans ce monde, nos paroles, nos actes, nos pensées. Tout cela doit être imprégné de la personne de notre Seigneur. Au chapitre 2, Paul décrit sa propre marche au milieu d’eux par les mots : «saintement, et justement, et irréprochablement» (v. 10). C’est ainsi qu’elle avait été agréable à Dieu. Le Seigneur nous a donné l’exemple parfait. Sa vie était toujours telle qu’elle plaisait à Dieu. Jamais il n’a dit, fait ou pensé quelque chose qui ne soit en plein accord avec son Dieu. Quel modèle ! Il pouvait dire en vérité : «Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8:29). Plus d’une fois, le Père rend témoignage que le Seigneur est son Fils bien-aimé, en qui il a trouvé son plaisir. Paul marchait sur les traces de son Maître. Il pouvait écrire aux Corinthiens : «C’est pourquoi aussi... nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables» (2 Cor. 5:9).
À qui désirons-nous plaire ? À nos frères et sœurs, à nos concitoyens, à nos collègues de travail, à nos voisins, à nos parents — ou à Dieu et au Seigneur Jésus ? En général, les gens désirent se faire remarquer d’une manière ou d’une autre par ceux qu’ils côtoient, et ils orientent leur style de vie en conséquence. Bien qu’étant croyants, nous ne sommes pas à l’abri de ce danger. Gardons-nous de chercher à plaire aux hommes plus qu’au Seigneur, même si ces hommes sont des frères et des sœurs !
Pour ne pas décourager les Thessaloniciens, Paul relève ce qu’il y a de positif : «...comme aussi vous marchez». Ils s’efforçaient de plaire à Dieu et Paul le voyait. Mais ils pouvaient encore faire des progrès. Il y a un exercice continuel aussi longtemps que nous sommes sur la terre. Il y avait beaucoup de choses où les Thessaloniciens ne voyaient pas encore bien clair ; ils manquaient d’enseignement.
«Car vous savez quels commandements nous vous avons donnés par le Seigneur Jésus».
Paul leur rappelle ce qu’il leur avait déjà dit et qu’ils savaient. Il bâtit sur un fondement connu. On voit ici qu’il n’enseignait pas sur la base de sa propre autorité, mais transmettait ce que le Seigneur lui avait confié.
Autrefois, les commandements de Dieu avaient été donnés à Israël par la loi, qui exigeait des hommes l’obéissance. Personne ne put — ni ne peut — accomplir les commandements de Dieu, tels qu’ils sont formulés dans la loi. Ces commandements, tous les hommes les ont transgressés. Dans la période actuelle, celle de la grâce, les commandements de Dieu nous sont donnés «par le Seigneur Jésus». Par la nouvelle nature que nous possédons, et par le Saint Esprit, nous sommes à même de garder ces commandements. Nous ne les gardons pas dans un esprit de crainte, mais dans un esprit d’amour. Jésus a dit : «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime» (Jean 14:21).
«Car c’est ici la volonté de Dieu, votre sainteté, que vous vous absteniez de la fornication».
Encore une fois Paul souligne qu’il ne s’agit pas de son opinion, ni de sa volonté. Et ici, la volonté de Dieu, c’est notre sainteté pratique. Nous nous souvenons facilement que la volonté de notre Dieu Sauveur est que tous les hommes soient sauvés (1 Tim. 2:4), mais sommes-nous aussi conscients que sa volonté est que nous menions une vie sainte ?
Nous avons déjà vu, dans le dernier verset du chapitre 3, la différence entre la position dans laquelle Dieu nous a introduits comme saints et bien-aimés, et l’état pratique qui doit y correspondre. Ici il s’agit de nouveau de notre état pratique. La sainteté désigne ici une sanctification active, un développement spirituel. Il est important de bien voir la différence entre la position de sainteté et la sanctification pratique, qui est un exercice de tous les jours. Il en est d’ailleurs de même de la justice. Nous sommes justifiés quant à notre position : Dieu nous a donné sa justice, parce que le Seigneur Jésus est mort à la croix. La conséquence pratique en est que nous devons vivre justement ; notre vie doit être en accord avec la justice de Dieu (voir par ex. 1 Pierre 2:24). La sanctification conduit à la maturité spirituelle. Nous apprenons tout au long de notre vie ce dont nous devons nous purifier et pour qui nous devons nous sanctifier. Nous apprenons à connaître le caractère du monde dont nous devons nous séparer, et nous voyons toujours plus qui est le Dieu auquel nous appartenons. La sainteté pratique est en rapport avec cette terre. Elle se lie à la venue du Seigneur : c’est une préparation morale à son retour. L’apôtre Pierre va même encore plus loin, puisqu’il parle du jour de Dieu, donc l’état éternel. Il écrit : «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu» (2 Pierre 3:11). Combien donc est importante l’exhortation à la sainteté pratique ! Peu avant sa mort, le Seigneur demandait au Père pour ses disciples : «Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité» (Jean 17:17).
Il y a chez tout croyant des points faibles, et le diable cherche à les utiliser pour amener de la souillure. De plus, il essaie de nous convaincre que cela est anodin. Chez les Thessaloniciens, il y avait le grand danger de considérer la fornication comme quelque chose d’ordinaire. C’est pourquoi Paul dit ici : «que vous vous absteniez de la fornication». Nous ne devons pas oublier qu’ils vivaient dans l’ancien monde grec, où l’immoralité avait libre cours. La politique, la littérature et surtout la religion favorisaient cela. L’idolâtrie du monde païen était associée aux pratiques immorales. C’est dans cet environnement que les Thessaloniciens avaient été élevés. Ils subissaient l’influence de ces choses, et le danger était grand, maintenant qu’ils étaient convertis, de ne rien y voir d’exceptionnel. C’est pourquoi Paul les met en garde si clairement.
Pour nous, aujourd’hui, cette exhortation est-elle moins nécessaire ? Certes, pendant des siècles, le christianisme a exercé son influence en Europe (au moins extérieurement), de sorte que la fornication n’était pas ouvertement favorisée. Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Le monde qui nous entoure est plein de corruption morale, et nous sommes en danger de considérer comme anodin ce qui est en opposition à la sainteté de Dieu.
En Galates 5:19, où les œuvres de la chair sont énumérées, la fornication vient en premier lieu. Ce mot (en grec : porneia) désigne toute relation sexuelle hors mariage. Les désirs de notre chair sont des armes par lesquelles Satan cherche à nous faire tomber. Nous ne pouvons résister à ses attaques que si nous sommes vigilants. Souvenons-nous de ce que fit Joseph quand la femme de Potiphar voulut le séduire : il refusa, il n’écouta pas et finalement il s’enfuit (Gen. 39:8, 10, 12).
«Que chacun de vous sache posséder son propre vase en sainteté et en honneur, non dans la passion de la convoitise comme font les nations aussi qui ne connaissent pas Dieu».
Que le croyant se garde de livrer son propre corps à la fornication ! «Le corps n’est pas pour la fornication, mais pour le Seigneur» (1 Cor. 6:13).
L’attrait mutuel de l’homme et de la femme a été donné de Dieu à sa créature. Il n’a donc rien de mauvais en lui-même. Toutefois, Dieu nous a créés ainsi en vue du mariage, et ce n’est que dans ce cadre que ces dons particuliers du Créateur doivent s’épanouir. Toute relation charnelle hors de ce cadre est un péché, que Dieu appelle fornication. C’est de cela qu’il s’agit ici, de gens qui ne connaissent pas Dieu et qui vivent dans la passion de la convoitise. La passion est un désir incontrôlé. Au sujet des nations d’autrefois, nous lisons en Romains 1:24 à 27 : «C’est pourquoi Dieu les a aussi livrés, dans les convoitises de leurs cœurs, à l’impureté, en sorte que leurs corps soient déshonorés entre eux-mêmes... Car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; et les hommes aussi pareillement, laissant l’usage naturel de la femme, se sont embrasés dans leur convoitise l’un envers l’autre». Quant aux hommes de la dispensation chrétienne, Jude écrit qu’ils se livrent aux mêmes vices, s’abandonnant à la fornication et allant «après une autre chair» (v. 7). Aujourd’hui, ce sont des choses qui nous entourent comme l’air que nous respirons. C’est pourquoi nous devons être particulièrement vigilants.
«Que personne ne circonvienne son frère ni ne lui fasse tort dans l’affaire, parce que le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses, comme aussi nous vous l’avons dit précédemment et affirmé».
C’est l’adultère qui est en vue ici. Mais ce qui est courant dans le monde aujourd’hui n’est-il pas un réel danger pour nous ? L’histoire est pleine d’exemples qui nous montrent que des croyants peuvent aussi tomber dans ce péché. David a convoité Bath-Shéba, et n’a pas reculé devant le meurtre de son mari, Urie, pour la posséder (2 Sam. 11 et 12). L’adultère est d’abord un péché contre Dieu, mais en même temps, on trompe un frère et on lui fait gravement tort.
«Le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses». Comme enfants de Dieu, avons-nous donc affaire au Seigneur comme vengeur ? Pour ce qui est de notre salut éternel, nous le connaissons comme Sauveur ; nous savons qu’il ne sera pas notre juge. Mais n’oublions pas pour autant que notre Sauveur est aussi Seigneur dans son royaume. Et dans ce royaume, nous sommes soumis à son juste gouvernement. C’est pourquoi, tout au long de notre vie sur cette terre, nous avons à tenir compte de lui comme le vengeur. Ceci n’a rien à faire avec la vie éternelle. Si, en tant que ses disciples, nous sommes désobéissants, nous en porterons les conséquences. Ce n’est pas parce qu’il nous aime et qu’il est mort pour nous qu’il peut renier ses caractères de lumière et de sainteté.
Un principe fondamental de son gouvernement est : «Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera» (Gal. 6:7). Si nous menons pratiquement une vie de souillure, nous en subirons les conséquences. Nous voyons cela clairement dans la vie de David. Bien que Dieu ait pardonné son péché à l’égard d’Unie, il a dû en subir les conséquences douloureuses sa vie durant. Le pardon et la restauration sont une chose, mais les conséquences en sont une autre. Dieu pardonne, mais il peut ne pas nous épargner les fruits de notre mauvaise conduite.
Lors de son séjour à Thessalonique, Paul avait déjà parlé de ce principe du gouvernement de Dieu dans son royaume. Il n’en avait pas seulement parlé, il en avait solennellement témoigné. N’est-il pas nécessaire que ces principes nous soient aussi sérieusement rappelés ? Il est heureux et profitable d’être occupés de la grâce qui pardonne, mais n’oublions pas la responsabilité que nous avons devant notre Seigneur.
«Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais dans la sainteté».
Notre appel est à la mesure de la nature même de Dieu. Dieu est lumière, et par conséquent notre appel est nécessairement dans la sainteté. Nous avons à marcher comme des enfants de la lumière (Éph. 5:8). Dieu a «les yeux trop purs pour voir le mal» (Hab. 1:13). Si nous voulons nous faire une idée de la sainteté de Dieu, et de ce qu’est le péché à ses yeux, il nous faut aller à la croix de Golgotha. Là le Dieu saint a livré Jésus Christ entre les mains des hommes parce qu’il avait pris sur lui notre culpabilité. Parce que Dieu est lumière et qu’il ne peut voir le péché, le Sauveur a dû s’écrier là : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» La sainteté de Dieu est telle qu’il ne pouvait pas lui épargner ces heures terribles de ténèbres. Et pour la même raison, il ne peut jamais accepter quelque péché chez ses enfants. Il ne peut voir le péché.
Comme chrétiens, nous sommes appelés à la liberté, comme le déclare Paul dans l’épître aux Galates (5:13). Mais cela devrait-il signifier que nous pouvons vivre à notre guise ? En aucune manière. La liberté dans laquelle nous avons été introduits ne devrait jamais nous conduire au péché. C’est pourquoi l’apôtre ajoute : «seulement n’usez pas de la liberté comme d’une occasion pour la chair». Voilà le caractère de la liberté chrétienne.
«C’est pourquoi celui qui méprise, ne méprise pas l’homme, mais Dieu, qui vous a aussi donné son Esprit Saint».
Ici Paul met de nouveau toute chose en rapport avec la plus haute autorité, avec Dieu. L’adultère est évidemment une tromperie à l’égard de son conjoint, mais il est d’abord une offense à Dieu. Ceci n’est pas dit à des incrédules, mais à des enfants de Dieu, car un incrédule ne possède pas le Saint Esprit ! C’est très sérieux. Chaque fois que nous faisons quelque chose contre la volonté de Dieu, nous le méprisons. C’est pourquoi notre manière de marcher est si importante. Une vie non sanctifiée déshonore Dieu.
Dieu nous a donné son Esprit Saint. Il habite dans l’assemblée (1 Cor. 12:13) ; mais il habite aussi en chaque croyant individuellement (Gal. 4:6 ; 1 Cor. 6:19). L’activité du Saint Esprit en nous tend toujours à glorifier Christ (Jean 16:14). Or jamais ceci ne peut être associé avec le mal. En 1 Corinthiens 6, Paul s’exprime avec gravité quant à la fornication, qui était à Corinthe un danger encore bien plus grand qu’à Thessalonique. Dans son argumentation, il mentionne deux points : Premièrement, nos corps sont des membres de Christ ; quelle chose abominable si nous nous unissions à une prostituée ! Secondement, notre corps est le temple du Saint Esprit ; quelle puissante raison de le conserver dans la sainteté ! «Fuyez la fornication : quelque péché que l’homme commette, il est hors du corps, mais le fornicateur pèche contre son propre corps. Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? Et vous n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps» (1 Cor. 6:18-20). Ce n’est pas en vain que l’Esprit est appelé le Saint Esprit, en 1 Corinthiens 6, comme en 1 Thessaloniciens 4. Il veut produire en nous la sainteté et nous séparer de tout mal.
«Or, quant à l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin que je vous en écrive ; car vous-mêmes, vous êtes enseignés de Dieu à vous aimer l’un l’autre».
Après avoir parlé dans les versets 1 à 8 du très sérieux sujet de la sainteté pratique, Paul passe à celui de l’amour fraternel. Il n’avait pas besoin d’en parler longuement. Ce n’était même pas nécessaire de leur écrire à ce sujet, car ils étaient enseignés de Dieu à s’aimer l’un l’autre. Et c’est précisément ce qu’ils faisaient ; ils aimaient Dieu, et ils aimaient les saints. Paul en avait fait l’expérience, bien qu’il n’ait été que peu de temps avec eux.
L’amour fraternel est le fruit normal de la nouvelle nature que Dieu nous a donnée. Cette nouvelle nature ne peut faire autrement que d’aimer. L’apôtre Jean écrit : «Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères ; celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort» (1 Jean 3:14). La vie nouvelle se manifeste directement en ce que nous aimons nos frères. Si aujourd’hui nous devons beaucoup parler de l’amour fraternel, c’est déjà une preuve que les choses ne sont pas en ordre.
«Car aussi c’est ce que vous faites à l’égard de tous les frères qui sont dans toute la Macédoine ; mais nous vous exhortons, frères, à y abonder de plus en plus».
Jean écrit : «Enfants, n’aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité» (1 Jean 3:18). Parler de l’amour fraternel est une chose, le pratiquer en est une autre. L’amour fraternel ne se manifeste pas dans le fait que nous en parlons, mais en action et en vérité. Il en était ainsi chez les Thessaloniciens. Ils aimaient les frères, et cela non seulement dans l’assemblée locale, mais dans toute la Macédoine. Pourrait-on aussi donner de nous un tel témoignage ?
Mais Paul ajoute : «Nous vous exhortons, frères, à y abonder de plus en plus». Est-ce donc que tout n’était pas en ordre ? Si, mais lors même que l’amour fraternel est là, on peut faire des progrès et croître. Au verset 1, les Thessaloniciens étaient exhortés à croître dans la sainteté pratique, ici c’est dans l’amour fraternel. Dans ces deux domaines, nous pouvons toujours avancer. Il en était de même des Philippiens. Paul savait qu’ils vivaient dans l’amour fraternel, mais il leur écrit : «Je demande ceci dans mes prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence» (Phil. 1:9). Les relations d’amour des saints peuvent toujours s’approfondir.
«Et à vous appliquer à vivre paisiblement, à faire vos propres affaires et à travailler de vos propres mains, ainsi que nous vous l’avons ordonné».
En Hébreux 13:1, nous lisons : «Que l’amour fraternel demeure». Le danger est grand de faiblir dans l’amour fraternel. Les Thessaloniciens y étaient aussi exposés, et Paul veut attirer leur attention sur deux points :
Le premier danger était de s’immiscer dans les affaires des autres et de s’occuper plus de ses frères et sœurs que de soi-même. Bien certainement, nous devons avoir de l’intérêt les uns pour les autres, mais si nous regardons trop à ce que les autres font, l’amour peut en souffrir. Nous devrions éviter de porter des jugements à l’égard de nos frères et sœurs sur ce qu’ils font, et surtout pas sur leurs motifs. Cela ne veut pas dire que nous devions supporter le mal, il ne s’agit pas de cela ici. Mais Paul veut nous mettre en garde contre le danger de nous mêler d’affaires qui ne nous concernent pas.
Le second danger était que quelques-uns avaient tendance à profiter de l’amour de leurs frères et sœurs pour vivre à leurs frais. À l’origine, peut-être sans mauvaise intention. Plusieurs d’entre eux étaient si occupés de la venue du Seigneur qu’ils avaient cessé de travailler à leur profession terrestre. C’est pourquoi Paul les exhorte à travailler de leurs propres mains.
Il revient sur ce sujet dans sa deuxième épître. Il y écrit : «Nous apprenons qu’il y en a quelques-uns parmi vous qui marchent dans le désordre, ne travaillant pas du tout, mais se mêlant de tout. Mais nous enjoignons à ceux qui sont tels, et nous les exhortons dans le Seigneur Jésus Christ, de manger leur propre pain en travaillant paisiblement» (2 Thess. 3:11, 12). La pensée du retour du Seigneur ne devrait pas nous rendre paresseux en ce qui concerne notre travail journalier. Bien au contraire, nous devrions toujours nous appliquer à accomplir notre devoir. Même si nous savions que le Seigneur va revenir demain, nous devrions accomplir normalement notre travail aujourd’hui.
De façon générale, quand quelqu’un avance des motifs spirituels pour ne pas travailler en vue de subvenir à ses propres besoins, ce n’est pas un bon signe. Il y a certainement des exceptions, notamment pour ceux que le Seigneur appelle à consacrer tout leur temps à son service. Mais si nous ne sommes pas satisfaits de notre activité professionnelle, nous ne pouvons pas simplement cesser de travailler en nous reposant sur nos frères dans la foi et en vivant à leurs frais. Dieu veut que nous nous montrions fidèles aussi dans notre activité professionnelle. En 1 Timothée 5:8, nous lisons, bien que ce soit dans un autre contexte : «Mais si quelqu’un n’a pas soin des siens et spécialement de ceux de sa famille, il a renié la foi et il est pire qu’un incrédule». N’oublions pas ce principe divin.
«Afin que vous marchiez honorablement envers ceux de dehors et que vous n’ayez besoin de personne».
C’est avec ces mots que Paul termine ses instructions pratiques quant à la marche chrétienne. Comme chrétiens, nous sommes premièrement responsables vis-à-vis de Dieu. Deuxièmement, nous vivons au milieu de nos frères et sœurs et leurs sommes attachés par l’amour fraternel. Et troisièmement, nous vivons encore dans ce monde et avons obligatoirement toutes sortes de contacts avec des incrédules. Nous ne sommes certes pas de ce monde, mais nous sommes dans ce monde. Les gens de ce monde nous observent et enregistrent comment nous nous comportons.
Paul désigne ici les gens du monde comme «ceux de dehors». Ce sont des incrédules ; ils sont clairement différenciés des croyants, qui sont dedans. Il n’y a dans ce sens que deux groupes de personnes, ceux qui sont dehors et ceux qui sont dedans. Nous avons une responsabilité vis-à-vis des incrédules. Elle concerne toute notre conduite, nos conversations, notre manière d’agir. Paul parle aussi de cette responsabilité dans l’épître aux Colossiens, lorsqu’il dit : «Marchez dans la sagesse envers ceux de dehors, saisissant l’occasion» (4:5).
Notre marche devrait donc être d’un côté «dans la sagesse», et de l’autre «honorable», ou encore «bienséante». Une marche bienséante est un comportement qui ne fournit pas de motif de scandale à un incrédule. C’est dans ce sens que Paul écrit aux Romains : «Conduisons-nous honnêtement, comme de jour» (13:13). Notre comportement n’est pas la plus petite partie de notre témoignage devant les hommes. Les Thessaloniciens ne devaient pas donner l’occasion aux gens du monde de les montrer du doigt. Et Paul les exhorte à ne pas se mettre inutilement dans la dépendance de qui que ce soit. Ceci nous parle aussi. Combien de personnes ont déjà été amenées à la foi simplement par le comportement d’un croyant. Pour citer la parole d’un autre : «On reconnaît un chrétien à ce qu’il dit et l’on apprécie un chrétien à ce qu’il fait». Sans doute nos paroles sont importantes, mais elles ne porteront pas beaucoup si notre comportement n’est pas en harmonie avec elles.
Le paragraphe qui est devant nous forme le sujet central de cette épître. Combien de croyants n’ont- ils pas été consolés et encouragés par ces quelques versets !
En Jean 14:3, le Seigneur dit à ses disciples qu’il reviendra pour les prendre auprès de lui. Mais il ne leur donne pas de détails. La manière dont cela se passera est expliquée dans les épîtres, entre autres dans le passage que nous avons sous les yeux. Le Saint Esprit saisit l’occasion d’une perplexité particulière des Thessaloniciens pour exposer et approfondir le sujet de l’enlèvement des croyants et du retour du Seigneur.
C’était pour eux un sujet de première importance. Comme nous l’avons déjà vu, ils vivaient dans l’attente journalière de la venue du Seigneur pour établir son règne. Ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu pour le servir et pour attendre des cieux son Fils. Ils savaient qu’il reviendrait pour établir sur la terre son royaume en puissance et en gloire. Or cette attente était une réalité si vivante pour eux qu’ils étaient troublés en voyant que quelques-uns des leurs s’étaient endormis. Ils pensaient que ceux- là seraient défavorisés, ne pouvant avoir part au royaume. À la tristesse de la séparation de leurs bien-aimés s’ajoutait donc cette peine.
L’apôtre veut les rassurer, et il le fait d’une manière pleine d’affection. Ils manquaient d’enseignement, mais Paul ne veut pas qu’ils restent ignorants. C’est pourquoi il leur explique en termes clairs ce qu’il en sera de ceux qui se sont endormis, et comment il sera possible que tous (croyants endormis et croyants vivants) viennent avec le Seigneur sur la terre, quand il établira son règne.
Ce que les Thessaloniciens ignoraient est aujourd’hui encore inconnu de beaucoup de chrétiens. Avant de revenir sur cette terre pour établir son royaume, le Seigneur viendra d’abord pour prendre les siens auprès de lui. Il est important de différencier les deux aspects de sa venue. Il vient d’abord pour enlever les siens : c’est sa venue pour nous. Puis après un certain temps, il revient sur la terre avec les siens pour régner. C’est sa venue avec nous. Les versets 13 et 14 parlent de ce second aspect de sa venue et la pensée se continue au début du chapitre 5. Par contre, les versets 15 à 18 constituent une parenthèse qui développe la première phase de sa venue.
«Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n’ont pas d’espérance».
Paul commence son enseignement par ces mots : «Or nous ne voulons pas». Il utilise cette expression, ou une expression semblable, au total sept fois (voir Rom. 1:13 ; 11:25 ; 1 Cor. 10:1 ; 12:1 ; 2 Cor. 1:8 ; Col. 2:1). Il introduit de cette manière des enseignements d’une importance particulière. «Être dans l’ignorance» peut signifier ne pas savoir, ne pas comprendre ou ne pas reconnaître quelque chose. Paul discernait qu’il y avait une lacune à cet égard chez ses frères bien-aimés.
Trois groupes de personnes sont mentionnés : «ceux qui dorment», «les autres», et les croyants vivants, auxquels Paul s’adresse. Les premiers sont les croyants qui sont morts pour «être avec Christ», avant son retour. Dans ces versets, ils sont désignés comme :
· ceux qui dorment (v. 13),
· ceux qui se sont endormis par Jésus (v. 14),
· ceux qui se sont endormis (v. 15),
· les morts en Christ (v. 16).
Ce groupe comprend tous les croyants qui ont passé par la mort, depuis le début de l’humanité. Mais ils sont morts autrement que les gens du monde. Ils sont morts «en Christ», ils se sont «endormis par Jésus». En 1 Corinthiens 15:20, il est dit de lui qu’il «a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis», ce qui signifie qu’il a la première place dans la résurrection. Il n’est toutefois pas dit de lui qu’il s’est endormi. Il est mort, mort pour nos péchés. Mais le croyant s’endort, ce qui exprime la paix, le repos et la mise en sûreté.
Le mot grec pour «endormis» est utilisé dans le Nouveau Testament tout à la fois pour désigner le sommeil naturel et le décès du croyant. Dans ce second sens, il se rapporte toujours au corps, jamais à l’âme ou à l’esprit. L’âme et l’esprit ne dorment pas. Certains croient à une sorte de sommeil de l’âme, commençant à la mort du croyant. Nous ne trouvons pas cette pensée dans la parole de Dieu. Dormir, ou s’endormir, concerne toujours le corps déposé dans la tombe. L’âme du croyant qui s’est endormi est auprès du Seigneur, ce qui «est de beaucoup meilleur» (Phil. 1:23). Le passage de 2 Corinthiens 5:1 à 9 nous montre que, lors du décès d’un croyant, il y a une séparation entre le corps physique et l’être moral et spirituel.
Le deuxième groupe est constitué par «les autres». Ce sont les incrédules (5:6). Ce qui les caractérise ici, c’est le fait qu’ils sont sans espérance. Les personnes de ce monde sont dans la condition décrite par Paul lorsqu’il parle des nations : «étant sans Dieu dans le monde», «n’ayant pas d’espérance» (Éph. 2:12). Un homme sans le Seigneur Jésus est un homme à courte vue, qui n’a aucune espérance, ni dans la vie ni dans la mort. Celui qui meurt dans une telle condition n’aura aucune nouvelle occasion de se mettre en règle avec Dieu. Réellement, ce sont «les autres qui n’ont pas d’espérance». La mort trace une nette séparation entre croyants et incrédules. Un croyant ne meurt pas sans espérance, mais dans la ferme assurance de la résurrection.
C’est ici qu’apparaît l’incertitude des Thessaloniciens. Ils n’étaient pas sans espérance quant à l’avenir éternel de leurs bien-aimés endormis, mais ils l’étaient visiblement quant au royaume futur. Alors Paul remet les choses dans leur juste perspective, et leur montre qu’ils pouvaient aussi avoir une espérance en ce qui concerne le royaume. Leurs bien- aimés endormis ne subiraient aucune perte.
Le troisième groupe enfin est constitué de ceux qu’il appelle : «frères», les croyants encore en vie. Ils sont nettement différenciés «des autres», qui n’ont pas d’espérance. Il est bien évident que nous menons deuil lors du décès d’un de nos bien-aimés. Cette tristesse est naturelle et il serait bien anormal que nous soyons insensibles. Le Seigneur Jésus lui- même a pleuré au tombeau de son ami Lazare (Jean 11:35). Il sait ce que signifie la perte d’un être aimé. C’est pourquoi nous pouvons expérimenter sa sympathie et celle de notre Dieu, «le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation» (2 Cor. 1:3). Ce n’est pas cette tristesse qui est en vue ici, mais le fait que les Thessaloniciens s’affligeaient par ignorance de l’avenir de leurs bien-aimés endormis.
«Car si nous croyons que Jésus mourut et qu’il est ressuscité, de même aussi, avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus».
Ce verset nous explique pourquoi nous ne sommes pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Il est important de bien comprendre cette déclaration, qui est le fondement des enseignements qui vont suivre. Elle nous ramène à la vérité fondamentale de l’évangile, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus.
L’expression «si nous croyons» ne signifie nullement qu’il s’agit d’une vague espérance, d’une probabilité ou d’une incertitude. C’est la ferme conviction que Jésus est mort et est ressuscité, et des conséquences que cela entraîne pour ceux qui se sont endormis. Mais en premier lieu, c’est sur Lui- même que nos regards sont dirigés. C’est un fait certain qu’il est mort sur la croix et qu’il est ressuscité trois jours après. Paul montre aux Corinthiens que ceci est l’essence même de l’évangile ; l’acceptation de ces faits est le fondement de notre foi et de notre salut (1 Cor. 15:1-4). C’est comme homme que Jésus a accompli l’œuvre de la croix. C’est pourquoi son nom d’homme est mentionné deux fois ici, et non ses titres de Christ ou de Seigneur.
L’œuvre de la croix a des conséquences immenses pour nous, croyants. Spirituellement parlant, nous sommes morts avec lui, nous sommes ensevelis avec lui et ressuscités avec lui (cf. Col. 2:11-13, entre autres). Mais il peut arriver aussi que nous ayons à passer par la mort du corps. Christ est mort et de nombreux croyants se sont endormis en lui. Paul en conclut : si nous croyons que le Seigneur Jésus est mort et est ressuscité, c’est un fait certain aussi que ceux qui se sont endormis en lui ressusciteront de la même manière. Mais ce n’est pas tout. Christ est maintenant dans la gloire et il reviendra sur la terre. Et c’est pourquoi la foi en tire la conclusion que ceux qui se sont endormis reviendront aussi avec lui sur la terre. Telle est la hardiesse de la foi. Comme il en a été de Christ, ainsi en sera-t-il de nous.
Nous avons ici une confirmation de ce que l’apôtre a déjà dit au chapitre 3, savoir que le Seigneur paraîtra «avec tous ses saints» (v. 13). Ceux qui se sont endormis en font partie, il le déclare clairement ici, et les versets suivants montrent que les vivants viendront aussi. Dieu amènera avec le Seigneur Jésus tous ceux qui se sont endormis en lui, et cela ne peut avoir lieu que s’ils sont préalablement ressuscités. Sa venue avec les siens est aussi certaine que sa mort et sa résurrection. «Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous» (Rom. 8:11).
Actuellement, les croyants qui se sont endormis ne sont pas encore dans la maison du Père. On dit souvent cela, mais le Nouveau Testament ne le fait pas. Ils sont dans le paradis, ils sont auprès de Christ, ils sont avec le Seigneur — et c’est déjà le bonheur. Mais là, ils attendent, comme nous, le retour du Seigneur pour venir sur la terre avec «tous ses saints». Les croyants qui ont passé par la mort et les croyants vivants viendront ensemble avec lui, quand il établira son règne en puissance et en gloire. Comment cela peut-il se faire ? Eh bien, ceux qui se sont endormis ressusciteront et les vivants seront enlevés avec eux pour être avec le Seigneur ! Tel est l’enseignement des versets 15 à 18.
En ce qui concerne les croyants, il est donc parlé de «s’endormir» (voir par ex. Jean 11:11 ; Actes 7:60 ; 1 Cor. 15:6 ; 2 Pierre 3:4), mais nous avons déjà remarqué que ce mot n’est pas utilisé pour notre Seigneur. Quant à lui, il est «mort». Sur la croix, Christ a pris sur lui tout ce qui avait affaire avec la mort et le jugement. La mort eut pour lui toute sa terrible signification en tant que jugement du péché. «Les gages du péché, c’est la mort», et cette mort, il l’a endurée pour nous.
«Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur : que nous, les vivants, qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis».
Le seul fait, mentionné au verset 14, que Dieu amènera avec Jésus ceux qui se sont endormis, pouvait déjà apporter aux Thessaloniciens consolation et encouragement. Mais le Saint Esprit va plus loin ; il leur donne des détails qui expliquent comment la chose sera possible. C’est ce qu’on trouve dans les versets 15 à 18.
L’ensemble de ces versets est mis entre parenthèses ; le courant de la pensée principale y est interrompu. Cette pensée, c’est la venue du Seigneur sur la terre, donc le jour du Seigneur, et l’établissement de son règne. Le contenu de cette parenthèse n’est pas seulement important et instructif, il est aussi plein de consolation ; il nous montre l’événement préalable qui rend possible notre venue avec le Seigneur. En effet, avant que nous paraissions ensemble avec lui, il accomplira sa promesse de Jean 14:3 et nous prendra auprès de lui dans la gloire. Le verset 14, tout comme le verset 13 du chapitre précédent, nous dit que nous viendrons avec lui, et les versets 15 à 18 montrent qu’il sera venu auparavant pour nous prendre auprès de lui.
Parmi les nombreux passages de la parole de Dieu qui parlent du retour du Seigneur, peu mentionnent l’enlèvement des croyants. La plupart sont en rapport avec son apparition sur la terre (à commencer par la prophétie d’Énoch en Jude 14 et 15). Il en est trois cependant qui attirent spécialement notre attention sur l’enlèvement des saints. Les enseignements de ces trois passages correspondent chaque fois à un problème particulier. Ces passages sont les suivants :
· Jean 14:1 à 4, où le Seigneur lui-même donne une réponse à l’inquiétude de ses disciples. Il nous donne un principe, mais pas de détails.
· 1 Corinthiens 15, où l’apôtre donne une réponse à la négation de la résurrection. Il montre comment il est possible que des hommes vivant sur la terre entrent dans la gloire. C’est avec un corps glorieux qu’ils reçoivent dans la résurrection (voir aussi Phil. 3:20, 21).
· 1 Thessaloniciens 4:15 à 18, où Paul donne une réponse à l’ignorance et à l’inquiétude des Thessaloniciens. Il leur montre que les croyants qui se sont endormis et ceux qui vivent encore seront enlevés ensemble auprès du Seigneur.
L’importance de l’enseignement donné ici est soulignée par les mots : «Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur». Il ne s’agit pas de quelque pensée que nous pourrions trouver dans l’Ancien Testament. Là, le jour du Seigneur est souvent mentionné, mais jamais sa venue pour nous. Ce n’est pas non plus une allusion à une parole du Seigneur dans les évangiles, qui serait répétée ici. Paul veut d’une part souligner l’autorité avec laquelle il écrit ; mais d’autre part et surtout, il veut attirer notre attention sur le fait qu’il s’agit d’une révélation du Seigneur. Il a reçu de lui une révélation entièrement nouvelle, et il nous la transmet (voir aussi par ex. 1 Cor. 11:23 et Éph. 3:2). En 1 Corinthiens 15:51, en relation avec l’enlèvement des saints, il parle d’un mystère : «Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil». L’emploi du mot «mystère» nous indique aussi que cet événement était jusqu’alors caché, mais qu’il est maintenant connu grâce à une révélation.
Nous nous sommes déjà arrêtés sur ce qu’il faut comprendre par «la venue» du Seigneur (cf. 2:19, 20). Le contexte montre qu’au verset 15, il s’agit de sa «venue» pour nous. Deux groupes de croyants sont mentionnés : ceux qui se sont endormis, et ceux qui vivront encore. Le premier groupe comprend aussi bien les croyants de l’Ancien Testament (Noé, Abraham, Job, Moïse, David, etc.) que ceux de la dispensation actuelle. Il est donc préférable de parler de l’enlèvement des croyants plutôt que de l’enlèvement de l’Église.
Il est beau de voir comment Paul s’identifie avec les croyants du deuxième groupe. Il dit : «nous, les vivants». Il attendait tous les jours le retour de son Seigneur (Phil. 3:20), mais en même temps, il envisageait aussi de passer par la mort et la résurrection (voir 2 Cor. 4:14 ; Phil. 1:21-25 ; 2:17). Nous pouvons suivre son exemple. «Nous, les vivants» : quel témoignage à une espérance vivante dans le cœur ! Comptons-nous vraiment sur le fait que le Seigneur peut venir chaque jour ? Pierre dit aussi que nous sommes «régénérés pour une espérance vivante» (1 Pierre 1:3). Cependant, nous sommes conscients que nous pouvons tout aussi bien nous endormir avant son retour.
Quant à savoir auquel de ces deux groupes nous appartiendrons, nous laissons cela avec confiance au Seigneur. Mais nous savons une chose : Les vivants ne seront pas privilégiés à sa venue. Ils connaîtront la réalisation de leur espérance, mais ils ne devanceront aucunement ceux qui se sont endormis. C’est ce que nous montrent les versets suivants.
«Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement».
Quel encouragement dans ces paroles ! Le Seigneur viendra. Il ne viendra pas alors sur la terre, il viendra pour prendre à lui les siens. Quand il reviendra sur cette terre, plus tard, ce sera alors un événement public : «Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé» (Apoc. 1:7). Il en est autrement dans ce verset. Ici le Seigneur vient pour prendre auprès de lui ses témoins, ses disciples ; l’époux vient pour prendre à lui son épouse, et ceci reste caché aux yeux des hommes. Bien sûr ils en constateront les conséquences, mais ils ne verront pas l’événement lui-même. Le cri de commandement, la voix d’archange et la trompette de Dieu, seuls ceux qui appartiennent au Seigneur Jésus les entendront. Eux seuls seront enlevés à sa rencontre sur les nuées. Et c’est d’abord ceux qui se sont endormis qui ressuscitent, pour aller ensuite vers le Seigneur avec les vivants.
Le Seigneur lui-même désire ardemment cet instant où il viendra chercher les siens. Ce sont ceux qu’il a acquis à un si grand prix, pour lesquels il a donné sa vie. Ce sont ceux qu’il aime et qu’il veut avoir auprès de lui. Ce sont ceux qu’il voit en proie aux difficultés sur la terre, et qu’il veut introduire dans sa propre gloire. Comprenons-nous donc pourquoi il est écrit : «Car le Seigneur lui-même... » ? Il avait promis à ses disciples qu’il reviendrait personnellement pour les prendre auprès de lui. Il ne peut pas envoyer un ange pour cela ; il vient lui- même. Combien cette expression nous est précieuse ! Nous aimons à dire avec l’apôtre Paul : «Le Fils de Dieu... m’a aimé et... s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20). Quelle joie de penser que lui, qui s’est livré lui-même pour nous, reviendra aussi lui-même pour nous chercher !
Bien des chrétiens appliquent ce verset au décès d’un croyant, comme si Christ venait chercher personnellement un croyant qui s’est endormi, pour l’introduire dans le paradis. Mais ce n’est pas du tout la pensée ici. Il s’agit dans ce verset d’un événement absolument unique, qui se situe pour nous dans un avenir qui semble très proche.
Le Seigneur viendra...
— avec un cri de commandement : Cette expression fait penser à l’ordre militaire par lequel un officier romain appelait ses soldats. Les Thessaloniciens comprenaient bien cela, car ils étaient au courant des habitudes des Romains. Seuls les soldats des compagnies concernées comprenaient l’ordre et lui obéissaient. Nous avons une belle illustration de cela au tombeau de Lazare. Le Seigneur crie à haute voix : «Lazare, sors dehors !» (Jean 11:43). Tandis que tous les autres morts restent dans leur tombeau, Lazare seul, à cet appel impératif, quitte sa tombe et sort. Il en sera exactement ainsi à la venue du Seigneur. Tous les saints entendront son cri de commandement et ressusciteront, tandis que les autres morts resteront dans leurs tombeaux. Quelle puissance possède sa voix !
— avec une voix d’archange : Le seul archange mentionné dans la Bible est Michel (Jude 9). On a écrit à ce sujet : «La voix d’un archange introduit la gloire de la plus élevée des créatures célestes pour servir le Seigneur en cette occasion suprême. Si maintenant les anges sont des esprits administrateurs qui servent en faveur des saints, comme ils l’ont fait en Sa faveur aussi, combien est à propos cette voix d’archange, lorsqu’ils seront ainsi rassemblés autour de lui ! » (W. Kelly). D’autres commentateurs font remarquer aussi que le Seigneur sera accompagné des anges quand il viendra chercher ses bien-aimés auprès de lui.
— avec la trompette de Dieu : Le mot utilisé pour trompette est aussi emprunté au langage militaire. C’est à la dernière trompette que l’armée romaine se mettait en marche. Nous retrouvons cette pensée ici : La trompette de Dieu nous appelle pour nous introduire dans la gloire. La même trompette est mentionnée en 1 Corinthiens 15:52 : «... à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés». Il va sans dire que la trompette mentionnée ici ne doit pas être confondue avec les sept trompettes d’Apocalypse 8 à 11, où il s’agit de jugement.
«Et les morts en Christ ressusciteront premièrement». Si nous lisons 1 Corinthiens 15, nous voyons que tout se passera «en un instant, en un clin d’œil». Ici, ce clin d’œil est encore divisé dans le temps, puisque premièrement les morts en Christ ressusciteront (les croyants de l’Ancien et du Nouveau Testament). Nous avons ici un accomplissement partiel de la parole du Seigneur en Jean 5:28 et 29, «l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement». Dans notre passage, sa voix puissante retentit, et ceux qui ressuscitent se lèvent pour la vie. Quelque incroyable que puisse être cette pensée pour les incrédules, l’humble foi n’a aucune peine à accepter cette parole. Serait-ce une chose difficile pour le Seigneur de retrouver tous les siens, aussi bien ceux qui ont été brûlés, ou dévorés par les fauves, que ceux qui ont été déposés dans la terre ? Non, tous les morts en Christ ressusciteront à ce moment-là.
Le Nouveau Testament n’enseigne jamais une résurrection universelle des morts. Les Juifs croyaient à une résurrection au dernier jour (cf. Jean 11:24), mais le Nouveau Testament montre clairement qu’il n’y aura pas une résurrection simultanée de tous les morts. Le passage de Jean 5, cité plus haut, est souvent mal compris. Le Seigneur annonce qu’il y aura deux résurrections bien distinctes l’une de l’autre, une «résurrection de vie» et une «résurrection de jugement». Il différencie simplement leur caractère, mais n’indique rien quant à leur déroulement dans le temps. D’autres passages montrent clairement que ces deux événements ont lieu à des moments différents.
1 Corinthiens 15 nous donne encore d’autres renseignements sur la résurrection de vie. «Car, comme dans l’Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus vivants ; mais chacun dans son propre rang : les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue» (v. 22, 23). La résurrection s’effectue ainsi en plusieurs phases. D’abord Christ lui-même, puis ceux qui sont du Christ, à sa venue. (C’est ce qui nous est présenté en 1 Thessaloniciens 4). Finalement les martyrs de la grande tribulation (Apoc. 20:4-6).
Le trait caractéristique de cette résurrection est que c’est une résurrection «d’entre les morts» (Phil. 3:11). Plusieurs ressusciteront, tandis que les autres resteront dans l’état où ils sont. Les morts en Christ ressusciteront et s’en iront vers lui, tandis que ceux qui seront morts sans lui resteront encore au moins mille ans dans les sépulcres, puis ressusciteront pour le jugement (Apoc. 20:11-15).
«Puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur».
Aussitôt après la résurrection des saints endormis, nous serons, nous les vivants, enlevés ensemble avec eux. Tout cela, pendant «l’instant, le clin d’œil», dont parle 1 Corinthiens 15:52. Ceux qui dorment seront ressuscités — le corruptible revêtira l’incorruptibilité — et les vivants seront transmués — le mortel revêtira l’immortalité (1 Cor. 15:53, 54). Et ensemble, nous irons «à la rencontre» du Seigneur. Cette expression, qui figure trois fois dans le Nouveau Testament, signifie «sortir, pour rencontrer une autre personne dans l’intention d’aller avec elle».
· En Matthieu 25:1, les dix vierges sortent à la rencontre de l’époux, afin de l’accompagner aux noces ;
· en Actes 28:15, les frères viennent à la rencontre de Paul pour l’accompagner ;
· ici, nous irons à la rencontre de notre Seigneur pour être toujours avec lui.
Nous serons «ravis». On peut traduire ce mot par «enlevés» ou «arrachés». Il contient la pensée d’éloigner, d’entraîner avec une force soudaine. Il en sera ainsi quand nous quitterons cette terre. Une force toute-puissante — qui ne peut être que divine — se déploiera lors de l’enlèvement des saints. Bien qu’ayant été soumis toute notre vie aux lois de la nature, nous quitterons soudainement cette terre sans que rien ne puisse nous retenir.
Quelle consolation nous trouvons aussi dans les mots : «ensemble avec eux» ! Maintenant, sur la terre, le départ d’un croyant implique toujours séparation et douleur. Cette séparation sera une fois pour toutes annulée lors de la venue du Seigneur Jésus. La voix du Seigneur nous rassemblera de nouveau tous. Nous serons enlevés ensemble à sa rencontre pour le voir.
Notre enlèvement aura lieu «dans les nuées». C’est de cette manière que le Seigneur est allé au ciel ; et nous devons lui être faits semblables en toutes choses.
Mais notre destination n’est ni les nuées ni l’air, c’est le Seigneur. Il vient à notre rencontre pour nous prendre à lui, parce qu’il nous aime. «Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur». Voilà l’accomplissement de notre espérance, notre éternel destin. Nous devons avoir une place en rapport avec le royaume à venir sur cette terre, mais ce n’est pas le plus important. Non, l’essentiel c’est que nous serons avec lui. Quel merveilleux moment lorsque nous le contemplerons pour la première fois face à face !
Actuellement, il est l’objet de notre amour, bien que nous ne le voyions pas (1 Pierre 1:8). Il est l’objet de notre foi. Mais alors la foi aura sa fin ; elle sera remplacée par la vue, et nous contemplerons la réalité. «Nous le verrons comme il est». Quelle joie, quel bonheur ! Il n’y aura plus jamais de séparation. Nous jouirons éternellement de son amour pour nous. Nous en avons une magnifique image dans l’Ancien Testament. Le serviteur d’Abraham conduit Rebecca vers Isaac (Gen. 24). Elle est une figure de l’assemblée et lui, du Seigneur Jésus. Il la conduit dans la tente et il l’aime. Cet amour, que nous pouvons déjà connaître, nous en jouirons alors parfaitement, sans aucune entrave. Et notre réponse sera une adoration éternelle.
«Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles».
Devant cette glorieuse révélation, nous est-il difficile de suivre cette exhortation ? La perspective glorieuse de voir bientôt le Seigneur est en effet pleine de consolation et d’encouragement pour nous. Nous traversons peut-être des circonstances difficiles dans ce monde, mais la pensée de son prochain retour nous donne un nouveau courage. Peut-être sommes-nous dans le deuil de l’un de nos bien-aimés, que le Seigneur a recueilli à lui. Quelle consolation dans la certitude que, réunis avec ceux qui nous ont devancés, nous irons bientôt à la rencontre de notre Seigneur.
La venue du Seigneur pour nous est une manifestation de sa puissance, mais en même temps un acte de sa grâce. Sa venue avec nous, elle, soulève la question de notre responsabilité, mais ce sujet n’est pas mentionné dans ce chapitre. Il n’est question ici que de notre part avec le Seigneur. «Il n’est nullement parlé de jugement ni d’être manifesté, mais de notre réunion céleste avec lui, en ce que nous quittons la terre comme aussi lui l’a quittée» (J.N. Darby). «Nous trouvons ici la parfaite grâce déployée avec puissance. Les couronnes, récompenses de notre fidélité, ... ne seront pas distribuées à cette occasion, car ici, il n’est question que de la manifestation de sa grâce. Lors de l’enlèvement, il ne s’agit pas de notre amour pour lui, ni de notre marche, mais de son amour pour nous. C’est un amour qui a payé notre dette et nous a achetés pour lui par sa mort à la croix, un amour qui nous donne sa propre gloire en partage» (H. Rossier).
Comme nous l’avons déjà remarqué, les versets si encourageants de la fin du chapitre 4 constituent une parenthèse. Si importante qu’elle soit, puisqu’elle contient une nouvelle révélation, elle interrompt cependant le courant de pensée. Au verset 14 du chapitre 4, Paul parle du fait que Dieu amènera avec Christ ceux qui se sont endormis en lui. Cette déclaration est en relation avec l’apparition du Seigneur en puissance et en gloire. Au début du chapitre 5, l’apôtre enchaîne sur cette pensée.
Il est important de bien voir cela. Autrement, on risque de faire une fausse interprétation du passage. Dans les premiers versets du chapitre 5, il n’est pas question de la venue du Seigneur pour nous, mais de son apparition publique sur la terre. C’est en relation avec elle qu’il est parlé ici du «jour du Seigneur». En ce qui concerne l’enlèvement des croyants et la venue du Seigneur pour nous, une «parole du Seigneur» était nécessaire, c’est-à-dire une révélation nouvelle. Quant au «jour du Seigneur», les croyants avaient déjà été enseignés. Paul n’avait pas à donner de nouvelles explications.
Les trois premiers versets de notre chapitre nous montrent quelles sont les conséquences de cette apparition pour les incrédules. Les versets 5 à 11 en présentent les conséquences pratiques pour ceux qui savent que le Seigneur Jésus doit revenir du ciel en gloire, pour prendre en main le gouvernement sur la terre.
«Mais pour ce qui est des temps et des saisons, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive».
L’expression «les temps et les saisons» est utilisée dans trois passages :
· dans ce verset 1,
· en Daniel 2:20 et 21 : «Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité ! car la sagesse et la puissance sont à lui, et c’est lui qui change les temps et les saisons, qui dépose les rois et établit les rois»,
· et en Actes 1:6 et 7 : «Eux donc étant assemblés, l’interrogèrent, disant : Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël ? Mais il leur dit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité».
Si nous considérons le contexte de chacun de ces passages, nous remarquons que l’expression évoque des événements en rapport avec cette terre. Le prophète Daniel l’utilise au sujet de l’établissement et de la destitution des rois, et le Seigneur Jésus lui- même, en relation avec le royaume futur. L’expression «les temps et les saisons» se rapporte à la période où le Seigneur établira son royaume sur cette terre, période qui sera introduite par des jugements terribles pour les hommes.
Si nous avons cela devant les yeux, nous pouvons bien comprendre que Paul n’ait pas besoin d’instruire davantage les Thessaloniciens à ce sujet. Ils connaissaient tout ce qui concerne la venue du Seigneur sur la terre. Premièrement parce que l’apôtre les avait enseignés lui-même quand il avait été parmi eux. Secondement parce qu’ils avaient les écrits de l’Ancien Testament, où l’on trouve beaucoup d’indications quant à l’établissement du royaume. On y voit quels temps et quelles dispensations viendront sur cette terre, et comment ils auront leur accomplissement dans la plénitude des temps (c’est-à-dire le Millénium).
La pensée de la venue du Seigneur pour juger la terre n’était donc pas nouvelle, contrairement à celle de l’enlèvement des croyants.
Nous n’avons pas ici l’espérance de l’Église, mais l’annonce des événements qui se dérouleront sur la terre. Bien que, comme chrétiens, nous devions être de ceux qui aiment l’«apparition» du Seigneur (2 Tim. 4:8) et qui attendent sa «révélation» (1 Cor. 1:7), notre espérance est cependant d’abord fixée sur notre enlèvement auprès de lui. Cet événement est en relation avec le ciel, tandis que son apparition est en relation avec la terre. C’est pourquoi l’enlèvement des croyants n’est pas mentionné dans l’Ancien Testament, ni non plus directement dans le livre de l’Apocalypse. La prophétie biblique s’occupe toujours d’événements qui concernent la terre. (De la même manière, l’assemblée, quand elle est mentionnée dans l’Apocalypse, est toujours vue en rapport avec sa situation terrestre).
Voici ce qu’un commentateur a écrit à ce sujet : «L’Église, composée de tous les croyants de la dispensation actuelle, est céleste ; tant du point de vue de son appel que de sa destinée, elle n’appartient pas à la terre. C’est pourquoi son enlèvement de la terre au ciel n’est pas inclus dans le cours des événements sur cette terre. Et par conséquent, nous n’en trouvons pas mention dans l’Ancien Testament. Une bonne compréhension de ce fait est une clé pour saisir de nombreuses vérités concernant les différentes dispensations, vérités qui sans cela demeureraient incompréhensibles pour nous» (F.B. Hole).
Beaucoup de chrétiens qui ne discernent pas ces différences tentent de découvrir des circonstances et des événements qui devraient précéder l’enlèvement des saints. La parole de Dieu ne nous permet pas de le faire. S’il s’agit de l’établissement du royaume, du «jour du Seigneur» (v. 2), il y a certains préalables (voir par ex. 2 Thess. 2:3). Mais s’il s’agit de la venue du Seigneur pour nous, nous avons sa ferme promesse : «Je viens bientôt». Nous n’avons rien d’autre à attendre. Il peut venir aujourd’hui même pour nous prendre à lui.
«Car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit».
De même que les Thessaloniciens étaient enseignés quant aux temps et aux saisons, ils savaient aussi comment le jour du Seigneur viendrait. Ces deux notions sont intimement liées l’une à l’autre. Les événements qui se dérouleront lors de la venue du Seigneur sur la terre introduiront le jour du Seigneur. Ce jour est mentionné une trentaine de fois dans l’Ancien Testament, sous la désignation de «jour de l’Éternel». Cette expression évoque l’établissement du royaume du Messie sur la terre. Un jour, dans la Bible, n’a pas nécessairement vingt-quatre heures. Ce mot peut aussi désigner un certain laps de temps ayant des caractères spécifiques. Nous trouvons par exemple «le jour du salut» (2 Cor. 6:2), ou «le jour de la colère» (Rom. 2:5). Le «jour du Seigneur» est une période caractérisée par la reconnaissance officielle de l’autorité et de la souveraineté du Seigneur Jésus. Cette période commence par le jugement, comprend la domination milléniale de Christ sur la terre et s’achève aussi avec le jugement, avant l’établissement du «jour de Dieu» (2 Pierre 3:12, 13), c’est-à-dire de l’état éternel. Aujourd’hui nous vivons dans un temps que l’on pourrait appeler «le jour de l’homme». L’autorité du Seigneur est foulée aux pieds et Satan domine sur ce monde. Mais dans le jour du Seigneur, toutes choses seront rétablies dans un parfait accord avec lui. Dieu mettra toutes choses sous l’autorité de Jésus Christ, l’homme glorifié (Ps. 8:6 ; Éph. 1:10).
Dans l’Ancien Testament, les prophètes Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, Joël, Amos, Abdias, Sophonie, Zacharie et Malachie mentionnent «le jour de l’Éternel». Dans le Nouveau Testament, nous trouvons «le jour (ou la journée) du Seigneur» en Actes 2:20 ; 1 Thessaloniciens 5:2 ; 2 Thessaloniciens 2:2 et 2 Pierre 3:10. Une étude attentive de tous les passages concernés fait voir que la plupart d’entre eux parlent du début de ce jour, donc des jugements qui l’introduisent. Quelques passages nous montrent le royaume lui-même, tandis que d’autres encore parlent de la fin de ce jour-là. Dans le verset que nous avons sous les yeux, Paul dit que ce jour viendra comme un voleur ! C’est manifestement le début de cette période, qui sera caractérisé par des jugements terribles sur les hommes qui habiteront alors sur la terre.
Citons à ce sujet quelques passages de l’Ancien Testament : «Le jour de l’Éternel est grand et fort terrible ; et qui peut le supporter ?» (Joël 2, 11). «Malheur à vous qui désirez le jour de l’Éternel ! À quoi vous servira le jour de l’Éternel ? Il sera ténèbres, et non lumière, comme si un homme s’enfuyait de devant un lion, et qu’un ours le rencontrât» (Amos 5:18, 19). «Le grand jour de l’Éternel est proche ; il est proche et se hâte beaucoup. La voix du jour de l’Éternel : l’homme vaillant poussera là des cris amers. Ce jour est un jour de fureur, un jour de détresse et d’angoisse, un jour de dévastation et de ruine» (Soph. 1:14, 15). «Car voici, le jour vient, brûlant comme un four» (Mal. 4:1).
À la lecture de ces passages, nous pouvons bien comprendre que l’apôtre compare la venue de ce jour à celle d’un voleur dans la nuit, — qui signifie toujours surprise et malheur. La venue du Seigneur sur la terre portera ces deux caractères. Ce sera une surprise totale, car personne ne s’y attendra. Les hommes vivront dans une insouciance complète, et les jugements fondront sur eux tout d’un coup. La venue du Seigneur aura des conséquences terribles pour tous ceux qui n’en auront pas tenu compte. Elle signifiera pour eux un jugement présent et éternel.
Plusieurs passages du Nouveau Testament comparent la venue du Seigneur à celle d’un voleur. Ils concernent toujours des incrédules, jamais des croyants. Le Seigneur pourrait-il venir pour nous comme un voleur dans la nuit ? Bien au contraire, nous l’attendons comme l’étoile brillante du matin, comme celui qui est notre espérance, celui qui vient nous chercher. Il est l’époux ; et l’épouse ne l’attend pas comme un voleur. En Matthieu 24:43, le Seigneur utilise lui-même l’image d’un voleur, mais ce sont tout particulièrement les Juifs incrédules qui sont en vue. En Apocalypse 3:3, il dit à l’assemblée à Sardes que, si elle ne se repent pas, il viendra sur elle comme un voleur. Il s’agit là spécialement des chrétiens de nom, incrédules : «tu as le nom de vivre, et tu es mort». En 1 Thessaloniciens 5, nous trouvons un troisième groupe : Ce sont, d’une manière générale, les hommes incrédules qui vivront sur la terre lors de la venue du Seigneur. Pour tous ceux qui ne l’auront pas reçu, ce jour viendra comme un voleur dans la nuit.
Dans les deux premiers versets de ce chapitre, il est donc bien clair qu’il ne s’agit pas de la venue du Seigneur pour nous. «Le jour du Seigneur» concerne des événements qui auront lieu sur la terre après notre enlèvement. Il reste bien sûr un aspect céleste de ce jour ; il est alors décrit par des expressions telles que : «le jour de Christ» (Phil. 1:10 ; 2:16), «le jour de Jésus Christ» (Phil. 1:6), «la journée du Seigneur Jésus» (1 Cor. 5:5 ; 2 Cor. 1:14) et «la journée de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Cor. 1:8). Sous cet aspect, ce jour est en relation avec notre manifestation devant le tribunal de Christ et avec la récompense qu’il accordera. Mais il n’est pas question de cela ici.
«Quand ils diront : «Paix et sûreté», alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point».
Ce verset confirme la déclaration du verset précédent : le jour du Seigneur vient à l’improviste. La destruction qui fondra sur les hommes a deux caractéristiques : elle est subite et sans échappatoire possible.
«Quand ils diront...» : ce sont les incrédules, non les croyants ! Après l’enlèvement des saints, il y aura sur la terre un temps dans lequel les hommes seront amenés à croire à la paix et à la sécurité. Le rêve de l’humanité semblera s’être réalisé. Déjà actuellement, nous assistons à toutes sortes d’efforts des nations pour établir la paix.
Après l’enlèvement des saints, le chef de l’empire romain futur (voir entre autres Apoc. 13:1 et suivants) aura une telle emprise sur les hommes qu’ils lui feront aveuglément confiance. La politique et les capacités de cet homme donneront l’illusion que la paix et la sécurité sont enfin réalisées. Mais le principe divin demeure : «Il n’y a pas de paix... pour les méchants» (És. 48:22 ; 57:21). La paix qu’ils penseront avoir ne sera qu’une illusion et la sûreté sur laquelle ils se reposeront se révélera être une tromperie.
Le jugement viendra sur eux comme une subite destruction ; son arrivée est comparée aux douleurs qui surviennent à une femme enceinte. Le changement sera dramatique et foudroyant. Une catastrophe d’une ampleur jusque-là inconnue fondra sur ce monde. Ce sont les jugements qui introduisent le jour du Seigneur et qui précèdent immédiatement sa venue sur cette terre. L’Apocalypse nous décrit abondamment ces jugements, à commencer par ceux qui sont déclenchés par l’ouverture des sept sceaux. Bien que le monde ait connu beaucoup de catastrophes naturelles et de désastres, nous ne pouvons pas nous représenter ce qui atteindra alors la terre. Ces jugements seront terribles.
Le mot destruction ne signifie pas forcément «anéantissement». Il décrit ici la disparition de tout ce qui donne un sens à l’existence de l’homme. Ce n’est donc pas du jugement éternel qu’il est question ici. Ces hommes seront jugés plus tard devant le grand trône blanc et seront condamnés pour toujours, mais ce qui est présenté ici, ce sont les jugements qui tomberont sur les hommes dans le temps de la grande tribulation. Et de même qu’il n’y aura aucune échappatoire devant le jugement éternel, il n’y aura aucune possibilité non plus d’échapper à cette «destruction». C’est une solennelle déclaration de l’apôtre, par le Saint Esprit : «... et ils n’échapperont point». Celui qui ne reçoit pas maintenant Jésus comme son Sauveur et son Seigneur connaîtra alors ce jugement.
Arrivé à ce point, je désire demander à mon lecteur : Êtes-vous convaincu que vous ne connaîtrez pas ce jugement ? Avez-vous une relation personnelle vitale avec le Seigneur Jésus ? Il a porté aussi pour vous le jugement divin, afin que vous ne le connaissiez pas.
Et pour nous, croyants ? Pas d’hésitation, ce jugement ne nous atteindra pas. Quand ce verset aura son accomplissement, nous serons déjà avec le Seigneur, selon sa promesse : «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière» (Apoc. 3:10). C’est bien de cette «heure de l’épreuve» qu’il est parlé en 1 Thessaloniciens 5:3, mais nous serons mis à l’abri. Comment ? Avant qu’elle vienne. Voilà ce qui nous donne toute assurance. Nous ne connaîtrons pas ces tourments parce que le Seigneur nous aura enlevé auparavant auprès de lui.
Quel contraste entre les hommes de ce monde et les croyants ! Nous pouvons connaître la souffrance et la peine maintenant, mais cependant nous goûtons déjà la paix intérieure. Nous avons la paix avec Dieu (Rom. 5:1), nous jouissons de la paix de Dieu et par-dessus tout nous connaissons le Dieu de paix (Phil. 4:7, 9). Notre sécurité pour le temps et pour l’éternité se fonde sur l’œuvre accomplie par le Seigneur Jésus.
«Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour vous surprenne comme un voleur».
L’apôtre ne parle plus maintenant des incrédules, pour lesquels le jour du Seigneur vient comme un voleur, il s’adresse directement aux croyants : «Mais vous...». La connaissance du jour du Seigneur devrait avoir dans nos vies des effets pratiques qui nous distinguent des gens du monde.
Ce contraste est présenté dans les versets qui suivent au moyen des expressions :
· lumière et ténèbres,
· jour et nuit,
· dormir et veiller,
· être sobre et s’enivrer,
· perdition et salut.
L’apôtre affirme encore une fois que les jugements à venir ne nous sont pas destinés. Le jour du Seigneur ne nous surprendra pas comme un voleur. Bien que nous vivions dans ce monde, nous ne sommes pas dans les ténèbres. Dans ce monde, tout est obscurité profonde ; les hommes vivent dans les ténèbres. Ils appartiennent aux ténèbres, et s’y trouvent à l’aise. Dans un sens, nous vivons aussi dans cette nuit, mais nous n’en sommes pas. Nous sommes du jour. Nous sommes actuellement comme des corps étrangers dans cette nuit, puisque nous attendons le jour et en manifestons les caractères.
Un exemple tiré de la nature peut illustrer cela : Il y a des animaux diurnes et des animaux nocturnes. Ces derniers ne sont à l’aise que quand il fait nuit. Par contre, lorsque des animaux diurnes doivent sortir la nuit, c’est pour eux quelque chose d’inhabituel, de contraire à leur nature. Il en est ainsi de nous. Par notre nouvelle nature, nous sommes du jour et de la lumière. Mais nous vivons encore dans la nuit, sans lui appartenir. C’est pourquoi le jour ne nous surprendra pas comme un voleur. C’est pour ceux qui appartiennent aux ténèbres qu’il viendra de cette manière.
«Car vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du jour ; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres».
Ce verset renforce la déclaration du précédent. Il nous montre la position dans laquelle nous avons été introduits. La séparation du jour et de la nuit, de la lumière et des ténèbres, est un principe divin essentiel que nous trouvons déjà lors du premier jour de la création : «Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Et Dieu appela la lumière Jour ; et les ténèbres, il les appela Nuit» (Gen. 1:4, 5). Or cette séparation, nous la retrouvons partout dans la parole de Dieu. La lumière et les ténèbres sont incompatibles, il ne peut y avoir aucune communion entre elles (2 Cor. 6:14). Un épisode de l’histoire des fils d’Israël en Égypte illustre l’enseignement que nous avons ici. Chez les Égyptiens régnaient de profondes ténèbres. Extérieurement, les fils d’Israël étaient aussi dans ces ténèbres. Mais il y avait une différence essentielle : dans leurs maisons, il y avait de la lumière (Ex. 10:23).
Nous sommes des fils de la lumière et des fils du jour. «Être fils» signifie porter les caractères de son origine. C’est ainsi que nous trouvons dans la Bible : fils du tonnerre, fils de Bélial, fils de la désobéissance, fils de consolation, etc. Ici, «être fils» signifie : porter les caractères de la lumière et du jour. Venu sur cette terre, le Seigneur s’est présenté comme étant la lumière du monde. En lui, nous sommes devenus lumière (Éph. 5:8). Dieu nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière (1 Pierre 2:9). Il nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière (Col. 1:12). Une si merveilleuse position entraîne naturellement la conséquence pratique que nous avons à marcher comme des enfants de lumière (Éph. 5:8 ; 1 Jean 1:7).
Nous ne sommes pas seulement des fils de la lumière, mais aussi des fils du jour. Nous avons déjà vu au chapitre 2 que Dieu nous appelle à son propre royaume (v. 12). Le moment vient où «les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père» (Matt. 13:43). Ceci se réfère à la partie céleste du royaume futur. Nous appartenons déjà à ce jour à venir, et nous le montrons lorsque nous manifestons déjà maintenant les traits moraux de ce jour-là : par exemple la justice, la paix et la joie dans l’Esprit Saint (voir Rom. 14:17). Nous ne trouvons pas ces traits moraux dans ce monde, qui est caractérisé par les ténèbres. Mais nous devons nous en distinguer clairement et faire briller la lumière devant lui.
«Ainsi donc ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres ; car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit».
À tout privilège correspond une responsabilité. Si Dieu nous présente notre position, il nous dit aussi de quelle manière nous avons à y conformer notre conduite. Fondamentalement, nous sommes tous des fils de la lumière et des fils du jour. Mais, bien que nous ayons reçu un tel privilège, nous courons le risque de nous endormir pratiquement. Quant aux autres — les incrédules — il est tout normal qu’ils dorment. Mais pour un croyant, c’est quelque chose d’anormal : il est un fils de la lumière et un fils du jour ; comme tel, il devrait veiller et être sur ses gardes. La vigilance est nécessaire pour attendre le Seigneur, et la sobriété, pour ne pas être contaminé par les choses de ce monde.
Les hommes de ce monde dorment, ils ne pensent ni au jugement à venir ni à l’éternité. Il devrait en être autrement de nous. Le mot utilisé ici pour «dormir» n’est pas le même que celui qui a été employé précédemment pour décrire la mort physique. Un croyant qui dort est indifférent aux réalités spirituelles. Que l’homme naturel y soit insensible, on peut bien s’y attendre : il ne peut les saisir. Mais il en est bien autrement du chrétien : il doit veiller, être intérieurement sur ses gardes, et ainsi être attentif aux choses spirituelles que Dieu nous communique.
Vigilance et sobriété vont ensemble (cf. 1 Pierre 5:8). Être sobre signifie être dégagé de l’influence des multiples moyens d’étourdissement que Satan place devant nous. Qu’elles sont nombreuses, les «drogues» par lesquelles il voudrait neutraliser notre témoignage vis-à-vis de ce monde !
Dieu nous présente dans sa Parole bien des personnes qui, au lieu de veiller, se sont endormies (par ex. Samson, Jonas, les disciples au jardin de Gethsémané). Souvenons-nous de la parabole des dix vierges (Matt. 25:1-13). Malgré la différence intérieure fondamentale qu’il y avait entre elles (cinq avaient de l’huile, cinq n’en avaient pas), elles s’étaient pourtant toutes endormies. Celui qui les aurait observées n’aurait pu constater la différence, elles paraissaient toutes semblables. Il ne devrait pas en être ainsi de nous. Nous sommes du jour et cela doit se voir dans notre comportement. Le sommeil et l’ivresse spirituels appartiennent à la nuit et caractérisent les gens de ce monde.
«Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtant la cuirasse de la foi et de l’amour, et, pour casque, l’espérance du salut».
Nous courons sans cesse le danger de nous laisser entraîner. D’où l’exhortation renouvelée à la sobriété. Dieu veut que nous allions notre chemin sans nous laisser influencer par ce monde. Et dans ce but, il ne nous a pas laissés sans ressources ; il nous a donné des armes par lesquelles nous pouvons nous défendre :
· la cuirasse de la foi,
· celle de l’amour,
· et le casque de l’espérance du salut.
Comme au chapitre 1 (v. 3), nous retrouvons ici la foi, l’amour et l’espérance. Là, ces trois choses étaient les traits et les fruits intérieurs de notre vie spirituelle ; ici, elles nous sont présentées comme les armes qui nous aident à manifester dans la nuit les caractères de la vie nouvelle.
Dans le Nouveau Testament, le croyant est plusieurs fois comparé à un combattant. Trois passages mentionnent ses armes. En Romains 13:12, il est question des «armes de la lumière». En Éphésiens 6:10 à 20, nous est décrite «l’armure complète de Dieu», que nous sommes exhortés à revêtir. Ce passage contient la description la plus détaillée du combat, et surtout des armes qui sont à notre disposition. Grâce à elles, nous sommes toujours en mesure de résister aux attaques de l’ennemi.
Le combat que nous trouvons ici porte un autre caractère que celui qui est décrit en Éphésiens 6. Là, il s’agit des bénédictions spirituelles qui nous sont données en Christ, et le combat existe parce que l’ennemi s’efforce de nous priver de la jouissance de ces bénédictions. Dans l’épître aux Thessaloniciens, il s’agit d’une attaque bien précise de Satan. Il voudrait nous faire oublier le retour du Seigneur en nous incitant à nous associer au monde et à nous conformer à lui. Nous avons à nous défendre contre ces attaques en utilisant les armes mises à notre disposition. En les examinant, nous constatons que ce sont des armes défensives ; elles sont là pour nous protéger.
La cuirasse protège le cœur, le siège de nos affections. Le Seigneur désire posséder entièrement notre cœur. Il sait aussi combien facilement nous sommes attirés vers les choses de ce monde, vers les choses visibles. Or la foi nous attache aux choses invisibles d’une sphère qui deviendra un jour une réalité visible pour nous. Dans la mesure où nos cœurs sont occupés de ce qui va venir, nous oublions ce qui est autour de nous, et nos affections sont conservées pour le Seigneur. Plus ce qui est visible nous occupe, plus le danger est grand de nous y engager et d’y attacher nos cœurs.
L’amour est aussi une protection pour ne pas nous laisser prendre par autre chose. Il ne s’agit pas seulement de l’amour pour Dieu, mais aussi de l’amour pour les frères et sœurs. Si nous laissons le vide se faire dans nos cœurs quant à Dieu et quant à nos frères et sœurs, Satan saura bien le remplir par les choses du monde.
Mais nous avons aussi besoin d’une protection pour la tête, pour notre manière de penser. C’est le casque de l’espérance du salut. Il s’agit ici de l’attente de notre Seigneur «comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Phil. 3:20, 21). Si nos pensées sont orientées vers sa venue, qui signifie pour nous un salut parfait tant du corps que de l’âme, nous sommes gardés d’une manière de penser charnelle. C’est ainsi que nous protège l’espérance que nous possédons.
En résumé, nous voyons que nous serons gardés si nos cœurs sont orientés, non vers le présent visible, mais vers l’avenir invisible. Les trois grandes vertus de 1 Corinthiens 13 — la foi, l’amour et l’espérance — nous sont ainsi rappelées ici.
Remarquons encore que nous devons être «revêtus» de ces armes, c’est-à-dire les porter. Il nous est peu utile de simplement les connaître, bien que ce soit une condition préalable. Il ne nous est pas utile non plus de nous en prévaloir. Ce qui est important, c’est d’être capables de les manier. Un soldat en état d’alerte porte ses armes continuellement sur lui. Il devrait en être ainsi de nous.
«Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous».
Ce verset nous présente toute l’assurance qui est notre part. La colère de Dieu est placée en contraste avec le salut, notre espérance. Dans ce passage, «la colère» est une allusion à la grande tribulation qui introduira le jour du Seigneur. Cela correspond à la subite destruction mentionnée au verset 3. Au chapitre 1, nous avons déjà trouvé une mention de cette colère. Il nous est dit là qu’elle vient, mais que nous en serons délivrés (v. 10).
Dans son langage symbolique, l’Apocalypse nous décrit cette colère à venir d’une manière saisissante, au moyen des sept sceaux, des sept trompettes et des sept coupes. Et l’apogée de cette colère coïncide avec le retour du Seigneur sur cette terre. En Apocalypse 6:16 et 17, nous voyons «la colère de l’Agneau» et «le grand jour de sa colère». Quelles expressions ! L’Agneau de Dieu, qui est mort comme victime expiatoire, apportera alors la rétribution et le jugement. Quel sort terrible pour ceux qui devront rencontrer cette colère !
Mais ici, une parole de consolation est adressée aux croyants : cette colère ne nous atteindra pas, car nous ne serons plus sur la terre. Nous serons gardés, non pas «au travers» de l’heure de l’épreuve, mais «de» l’heure de l’épreuve (Apoc. 3:10). Nous ne passerons donc pas par la grande tribulation qui atteindra la terre. L’histoire d’Énoch, enlevé avant le jugement du déluge, en est une illustration (Gen. 5:24 ; Héb. 11:5).
Le mot «destinés», utilisé ici, dirige nos pensées vers les desseins de Dieu. Nous sommes destinés au salut ! Ce salut nous est présenté dans la parole de Dieu sous trois aspects : dans le passé, un salut déjà accompli (par ex. 2 Tim. 1:9 ; Tite 3:3-5 ; Éph. 2:5) ; pour le présent, un salut quotidien dans les circonstances que nous traversons (par ex. Héb. 7:25) ; et pour le futur, le salut dont il est question ici. Quand le Seigneur Jésus viendra pour nous prendre à lui, ce salut deviendra réalité. Il est pour nous déjà certain, il n’y a aucun doute à son sujet ; mais c’est une espérance, car nous ne le possédons pas encore en fait. De la même manière, nous lisons en Hébreux 9:28, qu’il «apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent». Ce sera le dernier acte du Seigneur Jésus pour notre délivrance, le couronnement final de la grâce. Ce salut englobe la résurrection des saints d’entre les morts et l’enlèvement de tous les croyants, avant le déferlement de la juste colère de Dieu sur la terre.
Cependant, ici, ce n’est pas seulement le fait de notre salut qui est mentionné, mais la raison pour laquelle nous serons sauvés : le Seigneur Jésus «est mort pour nous». Parole merveilleuse, qui fait battre plus fort le cœur de tout enfant de Dieu. «Pour» signifie «en faveur de» ou encore «à la place de». À la croix, Jésus a été notre substitut. C’est ce qui est placé devant nous ici. Il a porté le jugement qui devait nous atteindre justement. La colère qui devait être notre part est tombée sur lui. Et Dieu, qui est juste, ne condamne pas deux fois. Celui qui sait que le Sauveur a porté la condamnation à sa place n’a plus à craindre le jugement à venir. Au chapitre 1 (v. 10), notre délivrance de la colère est liée à la résurrection de Christ, donc au fait que Dieu a agréé son œuvre à la croix. Ici nous sommes en présence de sa mort. Les deux faits réunis, sa mort et sa résurrection, nous donnent toute assurance. Aurions-nous encore quelques doutes à ce sujet ? Non, le salut qui est devant nous est aussi sûr que celui que nous possédons déjà.
«Afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui».
Ce verset nous montre le but final de notre salut : nous vivrons ensemble avec lui. En même temps, c’est comme un résumé des enseignements de l’apôtre depuis le verset 13 du chapitre 4. Tous les croyants vivront avec le Seigneur ; ils partageront avec lui non seulement la gloire céleste, mais aussi la domination sur la terre.
Nous retrouvons ici les deux termes «veiller» et «dormir», toutefois ils n’ont pas le même sens qu’au verset 6. Un croyant qui dort dans le sens du verset 6 ne reçoit aucune promesse (ce qui ne veut pas dire qu’il est perdu). Dans notre verset, ceux qui dorment sont ceux qui se sont endormis dans le Seigneur, et ceux qui veillent sont les vivants, tels que nous les avons vus au chapitre 4. Tous les croyants qui ont part à la première résurrection (soit ressuscités, soit transmués) reviendront avec Christ pour vivre avec lui et régner avec lui. C’est sur le fondement de sa mort et de sa résurrection que tout ceci deviendra un jour réalité.
Nous réjouissons-nous de vivre avec lui ? Quel bonheur d’être avec lui dans la gloire ! Mais nous pouvons aussi nous réjouir à la pensée qu’un jour tous ses droits seront reconnus sur cette terre. Nous serons alors avec lui et participerons à sa souveraineté. Soyons de «ceux qui aiment son apparition» (2 Tim. 4:8).
«C’est pourquoi exhortez-vous l’un l’autre et édifiez- vous l’un l’autre, chacun en particulier, comme aussi vous le faites».
Tous ces enseignements sont destinés à nous encourager. Les circonstances que nous traversons peuvent être difficiles. De même que le Seigneur est rejeté, nous le sommes aussi virtuellement. Mais le moment vient où nous vivrons avec lui et où nous partagerons sa gloire. Voilà ce qui nous encourage.
Dans le Nouveau Testament, le verbe «édifier» est utilisé aussi bien dans le sens littéral que dans le sens figuré. Dans ce deuxième sens — comme ici — il évoque l’influence fortifiante de l’enseignement sur les croyants. L’édification est l’enseignement qui contribue à la croissance. Cette édification est produite par :
· l’amour : 1 Corinthiens 8:1 ; Éphésiens 4:16 ;
· la prophétie (c’est-à-dire la parole de la part de Dieu) : 1 Corinthiens 14:3 ;
· l’exhortation : 1 Thessaloniciens 5:11.
L’exhortation aussi bien que l’édification ont leur place dans les rassemblements des croyants. Quand nous nous réunissons, nous pouvons nous encourager par les vérités qui concernent la venue du Seigneur. Mais ici, les Thessaloniciens sont invités à s’exhorter et à s’édifier «l’un l’autre». L’apôtre ne confie pas cette mission à certains frères spécialement désignés pour cela, mais à tous les frères et sœurs. De plus, nous voyons l’importance des entretiens individuels. Ne soyons pas comme Caïn qui disait : «Suis-je, moi, le gardien de mon frère ?» (Gen. 4:9). Nous nous préoccupons volontiers de ce qui concerne nos frères et sœurs ; soyons donc de ceux qui encouragent et édifient. Combien sont nombreux aujourd’hui les enfants de Dieu qui ont besoin d’un tel service d’amour ! Et en terminant, posons-nous la question : Paul pourrait-il nous dire à nous aussi : «comme aussi vous le faites» ?
L’épître se termine par une série d’enseignements pratiques pour la vie quotidienne. Au total, nous n’en avons pas moins de vingt. Ces exhortations s’adressent à ceux qui sont fils de la lumière et fils du jour. Bien que l’action de l’Esprit Saint chez les Thessaloniciens, récemment convertis, rende superflues des exhortations pratiques très détaillées, ils avaient toutefois encore besoin que Paul leur précise brièvement quelques points. Combien plus en avons-nous besoin nous-mêmes ! Il y a tant de choses dans nos vies qui ne sont pas conformes à ce que le Seigneur demande de ses serviteurs. Laissons donc ces courts versets de la fin parler à nos cœurs. Que ceux qui attendent le Seigneur l’honorent par leur vie jusqu’au moment de sa venue !
Le contenu de ces derniers versets se subdivise comme suit :
1° Exhortations concernant notre vie d’assemblée locale : versets 12 à 14.
2° Exhortations concernant notre vie chrétienne en général : versets 15 à 18.
3° Exhortations concernant l’activité et l’action de l’Esprit Saint : versets 19 à 22.
4° Exhortations concernant notre sainteté pratique : versets 23 et 24.
5° Exhortations finales : versets 25 à 28.
«Or nous vous prions, frères, de connaître ceux qui travaillent parmi vous, et qui sont à la tête parmi vous dans le Seigneur, et qui vous avertissent».
Parmi les Thessaloniciens, il y avait plusieurs frères spécialement actifs, qui étaient à la tête et qui les avertissaient. Nous n’avons pas ici une indication que Paul ait officiellement désigné ou établi ces frères pour exercer de telles fonctions. Bien qu’il s’agisse d’une assemblée très récente, il y avait tout simplement là de tels frères qui, conduits par le Saint Esprit, avaient à cœur ce service.
Il en est de même aujourd’hui. Chaque assemblée locale — si elle est dans un bon état pratique — connaît ce genre d’activité. De même qu’une famille ne peut exister sans direction, et qu’un état ne peut fonctionner sans autorités, il y a dans une assemblée locale une direction spirituelle qui doit être honorée et respectée. Ce n’est pas le cléricalisme, mais le fait que Dieu pourvoit aux besoins des siens de toutes manières.
Les frères ainsi mentionnés sont caractérisés par trois choses : ils travaillent, ils sont à la tête et ils avertissent. Travailler signifie ici «se donner de la peine jusqu’à l’épuisement». On peut servir de toutes sortes de manières. Nous avons le bel exemple d’Épaphras, qui se dévouait pour les croyants à Colosses. Paul lui rend témoignage qu’il «était dans un grand travail de cœur» pour les saints. Les frères qui sont à la tête possèdent une autorité spirituelle ; cependant ils ne doivent pas conduire selon la chair, mais selon la volonté du Seigneur. Les conducteurs n’ont jamais à dominer sur les croyants. Ils doivent être les modèles du troupeau et aller devant lui. Nous sommes mis en garde par l’exemple négatif de Diotrèphe, qui voulait être le premier et chassait des frères de l’assemblée (3 Jean 9, 10).
Une direction spirituelle doit être «dans le Seigneur». Qu’est-ce que cela signifie ? Premièrement, elle s’exerce dans le domaine spirituel. Pour ce qui est de notre vie naturelle, nous avons d’autres autorités au-dessus de nous (par exemple le gouvernement ou nos supérieurs dans notre activité professionnelle). Deuxièmement, l’autorité spirituelle des conducteurs ne repose pas sur des hommes qui les ont établis, mais sur le Seigneur seul. C’est pourquoi ce service n’est, entre autre, pas héréditaire. Troisièmement, il est clair que le conducteur ne doit pas aller au-delà de ce que le Seigneur demande des siens. S’il le fait, son service n’est plus «dans le Seigneur».
Nous avons besoin d’être avertis. Il y a des docteurs qui nous transmettent simplement la vérité, mais il y a aussi des frères qui nous avertissent, qui nous mettent en garde contre les erreurs qu’ils peuvent constater.
Paul nous engage à une juste appréciation de ces frères. Il s’agit d’abord de les «connaître» — ou de les reconnaître —, ce qui implique l’estime et le respect. Ceci ne nous est-il pas souvent difficile ? À l’égard de ceux qui travaillent, nous sommes assez volontiers reconnaissants. Mais quand il s’agit de ceux qui nous conduisent, et même nous avertissent, nous avons plus de peine. Une attitude de soumission est contraire à notre chair. Cependant, c’est ce que la parole de Dieu nous demande : «Obéissez à vos conducteurs et soyez soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme ayant à rendre compte ; afin qu’ils fassent cela avec joie, et non en gémissant, car cela ne vous serait pas profitable» (Héb. 13:17).
«Et de les estimer très haut en amour à cause de leur œuvre».
Ces mots n’ont pas trait au principe divin selon lequel «l’ouvrier est digne de sa nourriture» et à la nécessité de faire participer à nos biens temporels celui qui enseigne (Matt. 10:10 ; Gal. 6:6). Ce qu’il nous est dit ici, c’est que nous ne devons pas avoir seulement des mains ouvertes, mais des cœurs ouverts. Il s’agit de notre disposition intérieure vis-à-vis de nos conducteurs, vis-à-vis de tous ceux qui exercent en notre faveur une activité dans le Seigneur.
Nous devrions leur témoigner du respect et de l’amour, non pas à cause de leur personne, mais à cause de leur travail. Honorer des frères à cause de leur personne peut devenir facilement un piège ; nous risquons de leur donner une place qui ne leur appartient pas. Mais nous devons être reconnaissants de ce qu’ils font pour nous. Les honorer en amour signifie naturellement aussi prier pour eux. Soyons en garde contre la tendance à critiquer nos conducteurs et appliquons-nous à prier pour eux avec persévérance.
«Soyez en paix entre vous».
La paix dans les relations entre les croyants est une chose essentielle. La paix est un des caractères du royaume à venir, mais elle doit déjà se trouver parmi nous maintenant. Le monde cherche la paix, mais sans Dieu cette recherche est vaine. Aussi longtemps que l’homme n’a pas la paix avec Dieu, il ne pourra pas en avoir de durable avec son prochain. Mais les enfants de Dieu ont toutes les raisons de vivre en paix entre eux déjà maintenant.
Une condition pour cette paix, réside dans le fait d’estimer son prochain supérieur à soi-même, comme l’évoque l’exhortation précédente. Si nous n’estimons pas nos conducteurs très haut en amour, s’il y a de la jalousie à leur égard, nous ne pouvons être en paix entre nous. Il ne peut y avoir de relations réciproques paisibles que si chacun reconnaît avec gratitude ce que Dieu a opéré en chaque frère et sœur. C’est ce que l’on pouvait voir parmi les chrétiens au commencement : «Les assemblées donc, par toute la Judée et la Galilée et la Samarie, étaient en paix, étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur ; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit» (Actes 9:31). Combien il serait beau qu’un tel témoignage puisse nous être adressé par le Saint Esprit ! Quelle tristesse quand l’ennemi réussit à susciter le désaccord entre les frères ! Notre témoignage devant ce monde en souffre, et Dieu est déshonoré.
«Or nous vous exhortons, frères : avertissez les déréglés, consolez ceux qui sont découragés, venez en aide aux faibles, usez de patience envers tous».
Nous sommes différents les uns des autres et il y a des différences dans notre croissance spirituelle. Nous ne pouvons être en paix entre nous que si nous avons une véritable sollicitude les uns pour les autres. Et cela d’autant plus pour ceux qui sont exposés à des dangers particuliers. Ici sont nommés trois groupes de personnes qui réclament des soins appropriés : ceux dont la marche est déréglée, ceux qui sont découragés, et les faibles.
Comme d’autres expressions dans cette épître, le mot utilisé pour «déréglé» est emprunté au langage militaire : il évoque quelqu’un qui marche «dans le désordre». Dans la seconde épître, nous voyons de quoi il s’agit (cf. 3:6-10.) Il y avait dans cette assemblée des croyants qui ne voulaient plus travailler. Ils pouvaient même avoir pour cela des arguments plausibles, puisqu’ils attendaient la venue imminente du Seigneur. Cependant la parole de Dieu qualifie un tel comportement de «déréglé». Bien que nous devions attendre chaque jour notre Seigneur, il est important que nous assumions nos responsabilités dans ce monde en toute fidélité.
Les déréglés doivent être avertis, c’est-à-dire qu’il faut leur montrer clairement l’anomalie de leur comportement. Dans la seconde épître, il est enjoint aux Thessaloniciens de se retirer de ceux qui marchent dans le désordre. Ainsi donc, plusieurs n’avaient pas accepté la mise en garde. Remarquons l’ordre des interventions : d’abord avertir avec amour, ensuite seulement — lorsque les avertissements sont restés sans résultat — se retirer. Ce principe garde toute son importance aujourd’hui.
Ensuite sont mentionnés ceux qui sont découragés. Ils doivent être consolés et encouragés. Ce sont ceux qui, dans les circonstances de la vie, connaissent les déceptions. Les exercices et les épreuves les abattent et les dépriment. Ou bien, ce sont ceux qui ont perdu une personne bien-aimée et connaissent la tristesse du deuil. Combien de nos jours sont découragés ! Les connaissons-nous ? Avons-nous pour eux des yeux et un cœur ? Les visitons-nous ? Savons-nous les encourager ?
Le troisième groupe, ce sont les faibles. Ce peut être ceux qui sont faibles dans leur corps, mais surtout ceux qui le sont spirituellement. Il y a des faibles en foi (Rom. 14:1), dont nous devons prendre soin. Ayons des égards pour eux et aidons-les.
Nous sommes enfin exhortés à être patients envers tous. La patience est une des éminentes vertus chrétiennes. Elle fait partie du fruit de l’Esprit, en Galates 5:22, et elle est le premier caractère de l’amour mentionné en 1 Corinthiens 13:4. De Dieu lui-même il est dit qu’il est patient (Rom. 2:4). La patience doit donc être un de nos ornements. Combien souvent la paix entre les enfants de Dieu est troublée par l’absence de la patience !
«Prenez garde que nul ne rende à personne mal pour mal ; mais poursuivez toujours ce qui est bon, et entre vous, et à l’égard de tous les hommes».
Ici nous avons un principe général concernant notre comportement vis-à-vis de tous. Nous avons à veiller à ce que personne — et chacun de nous est personnellement concerné — ne rende le mal pour le mal. Ce principe est en opposition avec celui de la loi, dans laquelle il était écrit : «Œil pour œil, dent pour dent» (Ex. 21:24). Dans le monde, on trouve cette manière d’agir. Seule la grâce de Dieu peut nous amener à marcher selon d’autres critères, des critères divins. Nous avons ici l’un des principes du royaume de Dieu. Le Seigneur en a parlé dans le Sermon sur la montagne (qui justement développe les principes du royaume des cieux) : «Vous avez ouï qu’il a été dit : «Œil pour œil, et dent pour dent». Mais moi, je vous dis : Ne résistez pas au mal ; mais si quelqu’un te frappe sur la joie droite, présente-lui aussi l’autre» (Matt. 5:38, 39). L’apôtre Paul écrit aussi aux Romains : «Ne rendant à personne mal pour mal» (Rom. 12:17).
Pour les Thessaloniciens, il était certainement plus difficile que pour la plupart d’entre nous de se conduire selon ce principe. Ils se trouvaient alors sous la pression de la persécution de la part de leurs compatriotes. Nous avons lu au premier chapitre qu’ils avaient reçu l’évangile «avec beaucoup de tribulations». Ils avaient subi beaucoup de torts, et ils sont exhortés ici à ne pas rendre le mal qu’on leur avait fait. Combien nous sommes portés à nous défendre ou à nous venger, quand nous sommes attaqués ! Encourageons-nous à agir comme le Seigneur qui, «lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas» (1 Pierre 2:23).
Paul ajoute : «Poursuivez toujours ce qui est bon, et entre vous, et à l’égard de tous les hommes». Nous ne devons donc pas seulement veiller à ne pas rendre mal pour mal, mais nous efforcer de faire du bien. Ceci d’abord vis-à-vis de nos frères et sœurs («entre vous»), mais aussi dans nos relations avec les gens de ce monde («à l’égard de tous les hommes»). Nous devons, nous qui sommes lumière dans le Seigneur, manifester les caractères de la lumière envers ceux qui vivent encore dans les ténèbres. Ce n’est que de cette manière que nous serons de vrais serviteurs du royaume et de fidèles témoins du Seigneur.
«Réjouissez-vous toujours».
La joie est mentionnée ensuite. Elle devrait être un trait caractéristique du chrétien. Le monde, tout autour de nous, est plein de violence, de haine, d’injustice et par conséquent de tristesse. Satan cherche à donner aux hommes l’illusion de la joie, mais la fin de la joie dans ce monde est toujours la tristesse. L’exemple du fils prodigue en Luc 15 le met en évidence. Seuls ceux qui ont une relation vivante avec Jésus connaissent la vraie joie. Nous avons la joie du salut, et nous pouvons savourer celle de suivre le Seigneur dans son chemin. Cela ne veut pas dire que nous ne connaissions aucune tristesse, mais même dans les circonstances affligeantes, nous avons lieu de nous réjouir. La tristesse est toujours relative à la terre, aux circonstances de la vie que nous traversons, tandis que la vraie joie est toujours en rapport avec le Seigneur et avec ce qui est dans le ciel. C’est pourquoi nous pouvons les connaître les deux à la fois. Alors qu’il était prisonnier, Paul pouvait écrire aux Philippiens : «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez- vous ! » (Phil. 4:4).
«Priez sans cesse».
Pour pouvoir toujours goûter la joie dans le Seigneur, nous devons vivre dans une communion permanente avec lui. Or celle-ci s’exprime par la prière. C’est pourquoi Paul dit : «Priez sans cesse». Lui-même en avait donné l’exemple aux Thessaloniciens, car il priait continuellement pour eux. Cette exhortation ne concerne pas en premier lieu nos réunions de prière en assemblée, ni les moments de nos journées où nous joignons les mains pour prier. On ne peut faire cela d’une manière ininterrompue, jour et nuit. Mais la prière peut être décrite comme étant la respiration de l’âme (tout comme la lecture de la Parole en est la nourriture). Nous respirons de manière spontanée, sans même nous rendre compte que nous le faisons. Mais si nous cessons de respirer, nous en réalisons très vite les conséquences. Il en est ainsi de la prière : elle est notre lien permanent avec le Seigneur, l’expression de notre dépendance. En ce sens, c’est une attitude intérieure dans laquelle nous pouvons continuellement demeurer — au travail, à la maison, dans nos loisirs, etc.
Le Seigneur nous en donne l’exemple. Pour lui, ce n’était pas seulement une bonne habitude, mais, comme homme parfait, il vivait dans une dépendance continuelle de son Dieu.
«En toutes choses rendez grâces, car telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à votre égard».
Dans les Écritures, la prière est bien souvent associée à l’action de grâces (voir par ex. Col. 4:2). Il est selon la volonté de Dieu que nous sachions lui exprimer notre reconnaissance en même temps que nos prières. C’est là l’état de cœur convenable devant lui. Philippiens 4:6 nous invite à lui présenter nos demandes «par des prières et des supplications avec des actions de grâces». Si nous prions avec de telles dispositions intérieures, nous savons que le Seigneur nous exaucera selon ce qui est bon pour nous, et la paix de Dieu sera notre part. Si nous prions sans rendre grâces, nous devenons vite impatients et insatisfaits lorsque nos demandes ne sont pas exaucées selon ce que nous attendions.
Un chrétien qui ne peut plus rendre grâces est malheureux. C’est pourquoi Satan cherche à nous occuper de toutes sortes de choses négatives, pour nous faire oublier de remercier. Mais si nous avons les yeux ouverts sur les effets de la bonté de Dieu, nous trouverons dans toutes les circonstances de la vie des motifs pour rendre grâces. Si nous sommes persuadés que toutes choses travaillent pour notre bien (Rom. 8:28), nous aurons toujours lieu de remercier Dieu.
«N’éteignez pas l’Esprit».
Les versets 19 à 22 forment un tout, concernant l’activité du Saint Esprit. La parole de Dieu utilise plusieurs images pour illustrer son action. Ici c’est un feu que nous pourrions éteindre. Dans notre vie personnelle, éteindre l’Esprit signifie ne plus nous laisser diriger et corriger par lui. Alors il ne peut plus nous occuper de la personne de Christ et de nos bénédictions célestes. Dans les réunions d’assemblée, éteindre l’Esprit signifie remplacer sa direction par des arrangements humains. Nous nous privons alors de ce que le Seigneur voudrait produire par son moyen.
Cette exhortation est en relation directe avec le verset suivant, qui parle du don de la prophétie ; celui-ci ne peut évidemment s’exercer si l’Esprit de Dieu est éteint.
En relation avec l’activité du Saint Esprit, nous devons distinguer quatre choses :
1° Éteindre l’Esprit — en nous-mêmes, en d’autres ou dans l’assemblée, en annulant son action. C’est ce que nous avons ici.
2° Attrister l’Esprit Saint (Éph. 4:30). Ceci arrive quand nous péchons. L’Esprit qui habite en nous est alors déshonoré et attristé, et la communion avec le Seigneur est interrompue.
3° Résister au Saint Esprit (Actes 7:51). C’est ce que font les incrédules qui s’opposent à son action lors de la prédication de la Parole.
4° Blasphémer contre le Saint Esprit (Matt. 12:24-32). C’est le péché de ceux qui identifiaient la puissance du Seigneur avec celle de Satan.
«Ne méprisez pas les prophéties».
Dans le Nouveau Testament, la prophétie n’est pas en premier lieu l’annonce d’événements futurs (bien que ce soit le cas dans certains passages). Elle consiste généralement en ceci : dans une situation bien précise, Dieu donne par son Esprit le message dont nous avons exactement besoin à ce moment-là, encouragement, consolation, exhortation ou enseignement. L’explication d’un passage de la Bible est en principe toujours la même, mais l’application qu’en fait la prophétie peut varier. Aujourd’hui nous avons besoin d’un message, et demain, dans d’autres circonstances, nous aurons besoin d’un message tout différent. Pour que nous soyons en état de recevoir ce que Dieu nous donne, il faut que le Saint Esprit puisse agir librement au milieu de nous. La prophétie est le don le plus important qui puisse être exercé dans les rassemblements des saints ; nous devons le désirer ardemment (1 Cor. 14:1-5).
Mépriser les prophéties signifie donc ne pas laisser au Saint Esprit sa place pour agir au milieu de nous. En réalité, cela va plus loin qu’éteindre l’Esprit, car quand nous méprisons la prophétie, nous méprisons celui qui en est la source, l’Esprit de Dieu lui-même. Nous ne saurions attacher trop d’importance à nous laisser diriger par lui quand nous sommes réunis en assemblée. Et pour qu’il en soit ainsi, il faut que tout ce qui vient de la chair soit mis de côté. Souvenons-nous que même si nous n’avons pas une ordonnance établie pour le déroulement des réunions, il peut y avoir en nous bien des choses qui font obstacle à l’action de l’Esprit, et nous font perdre beaucoup de bénédictions.
«Mais éprouvez toutes choses ; retenez ce qui est bon».
Ce petit mot «mais» établit un lien direct avec le verset précédent. Nous ne devons pas mépriser les prophéties, mais nous devons tester si ce qui est dit est réellement donné par l’Esprit. Nous ne connaissons que trop bien le cœur de l’homme. Il est possible de parler en pensant être conduit par l’Esprit, alors qu’en réalité, ce n’est que l’action de la chair. En raison de la juste liberté qu’il y a dans les réunions, la chair peut facilement intervenir. D’où la mise en garde de ce verset.
«Éprouvez toutes choses» ne signifie pas que nous ayons à examiner tout ce qui est diffusé dans la chrétienté en fait de déviations ou de fausses doctrines. En le faisant, plus d’un croyant est lui-même tombé dans l’erreur. Mais cela veut dire que nous avons à peser si ce qui nous est enseigné l’est réellement sous la direction de l’Esprit. «Éprouver» ne signifie pas non plus examiner si ce qui est dit nous convient ou non, nous plaît ou non, mais il s’agit de discerner quelle en est la source.
«Retenez ce qui est bon» — Nous faisons facilement le contraire ! Nous éprouvons, nous pensons constater que ce qui a été dit n’était pas de l’Esprit, nous en parlons et nous critiquons. Tandis que ce qui était bon, ce qui venait de l’Esprit, nous l’oublions vite. Après avoir examiné, nous devons laisser de côté ce qui était moindre (ce qui ne nous empêche pas d’en parler fraternellement avec la personne concernée), et garder pour nous-mêmes ce qui est profitable.
«Abstenez-vous de toute forme de mal».
Cette exhortation s’applique évidemment d’une manière générale à toute notre vie. Paul écrit aux Romains : «Je désire que vous soyez sages quant au bien, et simples quant au mal» (16:19). Le mal peut se manifester sous des formes très diverses, et Satan sait trouver pour chacun de nous un terrain d’approche différent. Nous avons à être en garde contre «toute forme de mal».
Mais d’autre part, cette exhortation est aussi en rapport avec ce qui vient d’être dit. Il y a le danger d’éteindre l’Esprit et de mépriser les prophéties ; et il y a celui d’abuser de la liberté et de ne pas éprouver de manière spirituelle ce qui est dit.
«Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ».
Ce verset introduit la fin de l’épître. L’apôtre va mentionner à nouveau la venue du Seigneur, ce qui a été le thème essentiel de sa lettre aux Thessaloniciens. Mais d’abord il place devant eux «le Dieu de paix». Il leur avait enseigné que Dieu les «appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (2:12). Ce royaume caractérisé par la paix est à venir, mais nous connaissons déjà le Dieu de paix. Et c’est lui qui nous gardera dans la sainteté jusqu’au moment où le Seigneur viendra pour établir son royaume sur cette terre.
Nous avons déjà rencontré plus d’une fois dans cette épître le sujet de la sainteté pratique : la sainteté dans le service de l’apôtre (2:10), la sainteté dans nos affections (3:11-13), la sainteté dans notre marche (4:1-8). Ici la sainteté est mentionnée comme l’œuvre que le «Dieu de paix» accomplit en nous. Lui seul peut produire en nous une entière sainteté pratique, c’est-à-dire la séparation du mal et la consécration au Seigneur.
Dans la première partie de ce verset, c’est Dieu qui nous sanctifie ; dans la deuxième, il n’est pas précisé qui nous maintient dans cet état. Il est simplement dit : «Que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche». Il est ainsi, d’une part, fait appel à notre responsabilité personnelle, mais d’autre part, il nous est rappelé que nous ne pouvons rien sans Dieu. Il y a les deux aspects. Nous sommes exhortés à parcourir notre chemin en sainteté, mais par ailleurs nous savons que Dieu seul peut opérer cette sainteté. Nombreux sont ceux qui ont voulu la réaliser avec leurs propres forces, et ils ont fait naufrage.
Ce n’est qu’ici que sont mentionnés sous cette forme l’esprit, l’âme et le corps. Nous avons bien, en d’autres passages, la mention de l’âme et de l’esprit en contraste avec le corps : d’un côté «l’homme intérieur», de l’autre «l’homme extérieur». Mais ici trois domaines sont distingués. L’être humain dans son entier est ainsi décrit. Ces trois éléments sont mentionnés par le Seigneur Jésus en rapport avec sa propre personne ; il parle de son esprit (Luc 23:46), de son âme (Marc 14:34) et de son corps (Héb. 10:5).
Le corps est le vase qui contient l’âme et l’esprit, et il est facile de comprendre ce que veut dire garder notre corps en sainteté. Définir l’âme et l’esprit est plus difficile ; mais, bien que subtile, la différence entre les deux existe pourtant, puisqu’elle est faite dans plusieurs passages du Nouveau Testament (notamment Héb. 4:12). L’âme est le siège de nos sentiments et de nos affections, tandis que l’esprit est la faculté intelligente que Dieu a donnée à l’homme — en contraste avec les animaux — par laquelle il peut entrer en relation avec Lui.
Combien il est donc important pour nous que nos affections et notre esprit soient gardés dans une entière sainteté. Toute notre personne est ainsi concernée. Aucune de ses parties ne doit être laissée en arrière. Certains peuvent être attentifs à garder leur corps dans la sainteté, mais oublier de le faire avec leur âme et leur esprit. D’autres, ne se préoccupant que de leurs affections, peuvent tomber dans de fausses doctrines, parce qu’ils ne veillent pas sur leur esprit. D’autres encore, peuvent attribuer beaucoup d’importance à la pureté de l’esprit, mais négliger la sainteté du corps. La volonté de Dieu est que notre être tout entier soit gardé : esprit, âme et corps.
«Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera».
Cependant, l’apôtre ne veut pas décourager les Thessaloniciens. Nous pourrions craindre, en méditant le verset précédent, de ne jamais pouvoir atteindre le niveau d’une entière sainteté. Quelle consolation alors de lire : «Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera» ! Sans rien oublier de notre responsabilité, souvenons-nous avec joie de la fidélité de notre Dieu. Si de notre côté tous les manquements sont possibles, de son côté, une certitude demeure : Il est fidèle.
L’appel de Dieu, ici, n’est pas en rapport avec son royaume et sa gloire (cf. 2:12) ; c’est l’appel à la sainteté pratique. Si nous ne satisfaisons pas à cette responsabilité, c’est notre faute. Dieu est fidèle, il achèvera l’œuvre qu’il a commencée en nous. C’est pourquoi nous n’avons pas à douter, en pensant que le chemin dans lequel Dieu nous appelle est trop élevé pour nous. Et le jour vient où, glorifiés, nous nous tiendrons en sainteté devant lui.
«Frères, priez pour nous».
Paul portait sur son cœur tous les saints partout et priait continuellement pour eux. Mais il savait aussi combien leurs prières pour lui étaient nécessaires. La prière ne nous unit pas seulement avec Dieu, mais aussi avec nos frères et sœurs.
Nous remercions Dieu pour les frères qu’il nous a donnés pour nous expliquer la Parole, la développer, et l’appliquer à nos cœurs et à nos consciences. Mais combien il est nécessaire que ces frères, non seulement nous transmettent la parole de Dieu, mais aussi prient pour nous ! Et inversement, il est tout aussi important que nous priions pour ceux qui se consacrent d’une manière spéciale au service du Seigneur. Ils ressentent le besoin de nos prières, que ce soit pour eux-mêmes ou pour leur activité.
«Saluez tous les frères par un saint baiser».
Le baiser était alors la manière habituelle de se saluer. L’accent n’est donc pas mis sur le baiser, mais sur la sainteté de la salutation. Pour nous, il peut aussi s’agir d’une poignée de main. Qu’en est-il de la sincérité de nos salutations ? Il peut malheureusement arriver que nous manquions de droiture dans ces occasions apparemment anodines. Les paroles de courtoisie que nous prononçons lors d’une salutation peuvent être en entier désaccord avec les sentiments de nos cœurs. Ce n’est alors certainement pas une «sainte» salutation !
«Je vous adjure par le Seigneur que la lettre soit lue à tous les saints frères».
Paul se sert ici d’une expression très forte. Adjurer implique «lier par un serment solennel». Il avait très à cœur que cette lettre soit lue à tous les croyants. D’autres que les destinataires directs devaient donc aussi en prendre connaissance. Ainsi, déjà en ce qui concerne la première épître qu’il écrivit, l’apôtre était conscient qu’elle était inspirée, et que son contenu serait d’une grande importance pour tous.
En fait, si nous regardons autour de nous, nous voyons beaucoup d’ignorance quant aux vérités enseignées dans cette épître ; le retour du Seigneur Jésus est peu compris. Reconnaissons combien elle est actuelle et combien elle nous interpelle personnellement.
«Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous !»
Quelle belle conclusion pour cette épître de consolation ! Le Seigneur va bientôt revenir pour nous prendre auprès de lui afin que nous paraissions avec lui en gloire : c’est «la grâce qui nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ» (1 Pierre 1:13). En fait, nous dépendons entièrement de la grâce. Nous avons fait l’expérience de cette grâce lorsque, comme pécheurs, nous sommes venus à Jésus. Nous ferons l’expérience de sa grâce lorsqu’il reviendra. Et chaque jour de notre vie, sa grâce nous est indispensable. Notre Seigneur connaît nos circonstances, nos infirmités, notre inexpérience, et sa grâce est suffisante pour répondre à chacun de nos besoins. Elle est la source inépuisable qui coule à flots pour nous, jusqu’à ce que nous soyons avec lui dans la gloire.
Ta grâce, ô Dieu, m’a pardonné,
Et ton ciel est à moi.
De ta puissance environné,
Je puis tout par la foi.