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Pour moi, vivre c’est Christ

Introduction à l’épître aux Philippiens

E.A. Bremicker

ME 2005 p. 193-201

 

Table des matières :

1      La ville de Philippes

2      Paul à Philippes

3      L’assemblée de Philippes

4      L’origine de l’épître

5      Le motif de l’épître

6      La pensée principale de l’épître

7      Structure de l’épître

 

L’épître de Paul aux Philippiens occupe une place particulière parmi les épîtres du Nouveau Testament. D’abord, elle est adressée à la première assemblée formée en Europe par le service de l’apôtre. Ensuite, elle se distingue des autres épîtres de Paul par son caractère personnel et pratique, et surtout par le fait qu’elle dirige tout particulièrement nos yeux sur le Seigneur.

L’épître aux Philippiens n’a pas pour but de nous enseigner les bases de la doctrine chrétienne, le fondement de notre salut ou les conseils de Dieu quant à Christ et à son assemblée, mais elle s’occupe de la marche pratique du chrétien. D’autres épîtres de Paul ont pour sujet principal notre position en Christ, mais l’épître aux Philippiens nous montre comment réaliser notre position dans la vie quotidienne. Et l’apôtre ne s’est pas contenté de prêcher que Christ est notre vie, il a démontré dans sa marche que, pour lui, vivre c’était effectivement Christ.

Lorsqu’il écrit aux Philippiens, ses circonstances sont difficiles. Et dans ces circonstances, il montre que tout ce qui est en dehors de Christ est pour lui sans valeur. Ses avantages naturels mêmes ne sont rien d’autre qu’une perte et des ordures.

Nous savons, nous aussi, que Christ est notre vie (Col. 3:4). Mais l’épître aux Philippiens nous place, aujourd’hui encore, devant les questions : Notre vie quotidienne est-elle imprégnée de sa personne ? Y occupe-t-il la première place ? Est-il le centre de notre vie ?

 

1         La ville de Philippes

Au temps du Nouveau Testament, la Grèce que nous connaissons aujourd’hui était divisée en deux parties : au sud l’Achaïe, avec les villes d’Athènes et de Corinthe ; et au nord la Macédoine, où se trouvaient Thessalonique, Bérée et Philippes. Cette dernière localité était une colonie romaine, située dans l’est de la Macédoine, sur une route stratégique reliant Rome à l’Orient. Elle avait été fondée par le roi Philippe de Macédoine, père d’Alexandre le Grand, environ 300 ans avant Jésus Christ.

Ses habitants étaient en majorité d’origine romaine. Contrairement à d’autres villes de l’empire romain, peu de Juifs étaient venus s’y établir. C’est la raison pour laquelle il n’y avait pas de synagogue, mais un simple lieu de prières où ils se rencontraient.

 

2         Paul à Philippes

Nous trouvons en Actes 16:11-40 le récit de la visite de Paul et de ses compagnons à Philippes. Le deuxième voyage de l’apôtre l’avait conduit d’abord à Derbe et à Lystre, puis à travers la Phrygie et la Galatie. Ensuite, « ayant été empêchés par le Saint Esprit d’annoncer la parole en Asie », ils avaient essayé de se rendre en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne le leur avait pas permis » (v. 6, 7). Alors Paul avait eu de nuit une vision qui amena un fait bien marquant de l’histoire du témoignage chrétien sur la terre : pour la première fois, Paul et ses compagnons foulèrent le sol européen, conduits par le Saint Esprit, pour annoncer à Philippes l’évangile de la grâce de Dieu.

L’auteur du livre des Actes nous fait un récit détaillé des événements qui se déroulèrent dans cette ville. Lydie, la marchande de pourpre, est la première personne dont le Seigneur ouvrit le cœur afin qu’elle soit « attentive aux choses que Paul disait », et c’est elle qui accueillit les missionnaires dans sa maison. Mais les adversaires ne tardèrent pas à se manifester. Paul ayant chassé le mauvais esprit qui habitait dans une diseuse de bonne aventure, les messagers de Dieu furent saisis, maltraités et jetés en prison. Mais le Seigneur intervint miraculeusement. Un tremblement de terre ébranla les fondements de la prison et en ouvrit toutes les portes, mais aucun des prisonniers ne s’enfuit. Ce fait bouleversa et impressionna profondément le geôlier et l’amena à croire au Seigneur Jésus, lui et toute sa famille.

Paul visitera de nouveau la Macédoine — et vraisemblablement la ville de Philippes — lors de son troisième voyage (Act. 20:1, 6).

 

3         L’assemblée de Philippes

L’assemblée de Philippes était formée en majorité d’anciens païens convertis. C’est peut-être pour cette raison qu’on ne trouve, dans l’épître aux Philippiens, aucune citation de l’Ancien Testament. Nous connaissons quelques frères et sœurs de cette assemblée : outre Lydie, la marchande de pourpre, et le geôlier mentionnés dans les Actes, l’épître cite le frère Épaphrodite et les sœurs Évodie et Syntyche (2:25 ; 4:2). Selon ce que Dieu nous révèle à leur sujet, ces personnes semblent être très différentes de caractère et de condition. Mais ce qui les lie, c’est leur foi au Seigneur Jésus, leur zèle pour l’évangile et leur amour pour l’apôtre Paul.

Il s’était établi d’emblée une relation d’affection personnelle entre l’apôtre Paul et les Philippiens. Dans l’épître, il s’adresse à eux comme un ami et comme un frère, sans faire allusion à son apostolat, comme il le fait ailleurs. Ils avaient, comme aucune autre assemblée, pris part à l’évangile que Paul prêchait et aux combats qu’il livrait, et ils lui avaient apporté un soutien financier malgré leur grande pauvreté (2 Cor. 8:1-3).

Les expressions utilisées dans cette épître évoquent les liens étroits qui unissaient son auteur et ses destinataires : « la part que vous prenez à l’évangile », « vous m’avez dans votre cœur », « vous avez tous été participants de la grâce avec moi », s’il y a « quelque communion de l’Esprit, si quelque tendresse et quelques compassions », « vous avez bien fait de prendre part à mon affliction » (1:5, 7 ; 2:1 ; 4:14).

 

4         L’origine de l’épître

Paul était en prison lorsqu’il a écrit cette épître (cf. 1, 7, 13, 14). Il est probable qu’il l’a écrite durant sa première captivité à Rome, puisqu’il fait allusion au prétoire (garde personnelle de l’empereur romain), à la maison de César, et qu’il exprime l’espoir d’être libéré dans un avenir proche (1:13 ; 4:22 ; 1:25, 26 ; 2:24). Ces indications font penser que l’épître a été écrite plutôt vers la fin de sa captivité, probablement avant les épîtres aux Éphésiens, aux Colossiens et à Philémon, également rédigées dans la prison de Rome. Il s’était écoulé environ une dizaine d’années depuis sa première visite à Philippes, rapportée en Actes 16.

 

5         Le motif de l’épître

Les Philippiens avaient appris que l’apôtre était en prison à Rome et lui avaient envoyé un don matériel par l’intermédiaire d’Épaphrodite, pour l’encourager et lui exprimer leur sympathie (4:18). Arrivé à destination, Épaphrodite était tombé gravement malade — peut-être à cause des fatigues du voyage. Il avait même été « fort près de la mort », mais Dieu avait eu pitié de lui et l’avait rétabli (2:27). La nouvelle de cette maladie ayant provoqué l’inquiétude des Philippiens, l’apôtre leur a renvoyé Épaphrodite, muni d’une lettre de remerciement de sa part. C’est l’épître que nous avons devant nous.

Au-delà du motif extérieur de cette lettre, nous pouvons discerner la main de notre Dieu qui a voulu nous la conserver. Elle est là pour nous instruire, nous enseigner, nous encourager et nous exhorter aujourd’hui encore.

 

6         La pensée principale de l’épître

Les épîtres du Nouveau Testament comportent chacune leur pensée directrice. Dans sa sagesse, Dieu nous a donné, par leur ensemble, tout l’enseignement dont nous avons besoin. Paul a eu pour mission particulière de nous faire connaître notre position devant Dieu et les desseins de Dieu concernant Christ et son assemblée. Ses épîtres ont un caractère essentiellement doctrinal, alors que celles de l’apôtre Pierre, par exemple, ont davantage en vue notre marche pratique.

L’épître aux Philippiens constitue plutôt une exception parmi les épîtres de Paul. Il ne s’agit pas tant de la doctrine que de notre comportement. Ce n’est pas notre position ou nos bénédictions en Christ qui sont au premier plan, mais notre vie pratique comme chrétiens. Et s’il est question d’unité, c’est sous l’aspect de la communion pratique. Bien qu’elle soit adressée à une assemblée locale, cette épître a un caractère plus personnel que les autres épîtres écrites par l’apôtre Paul à des assemblées. Nous apprenons par là de quels sentiments était animé cet homme de Dieu. Cela touche nos cœurs et nous instruit.

Comment donc la doctrine chrétienne peut-elle être traduite dans notre vie quotidienne ? Tout dépend de la place que nous donnons à la personne du Seigneur Jésus. Notre état pratique dépend de ce qu’il est pour nous. Il faut que nous trouvions réellement tout en lui. On ne peut séparer la doctrine et l’enseignement pratique. La doctrine est le fondement sur lequel nous nous tenons et l’enseignement pratique nous conduit à marcher d’un pas assuré sur ce fondement, à la gloire du Seigneur. C’est ce que nous voyons dans l’épître aux Philippiens. Elle a été écrite dans les circonstances difficiles d’une prison de Rome, mais par un homme pour lequel Christ était tout. Il parle de la joie plus souvent que dans aucune autre épître. Ce n’est pas dans les circonstances qu’il pouvait trouver quelque chose de réjouissant, bien au contraire ! Mais parce qu’il avait trouvé tout en Christ, il pouvait parler de joie malgré les circonstances. Paul mettait toutes choses en relation avec la personne de son Seigneur — dont il mentionne le nom particulièrement souvent dans cette épître.

L’épître aux Philippiens est l’épître de la véritable expérience chrétienne. Non pas des expériences négatives et décevantes d’un chrétien qui déshonore le Seigneur par ses défaillances, mais des expériences d’un chrétien avancé dans la foi, qui a trouvé dans son Seigneur tout ce qu’il lui fallait et qui se repose entièrement sur lui. « Pour moi, vivre c’est Christ » — c’est là son message central.

L’épître ne nous montre pas le chrétien ressuscité avec Christ et assis dans les lieux célestes, mais dans les circonstances de la vie sur la terre. Dans celles-ci, nous faisons des expériences avec la vieille nature qui est en nous, et nous trébuchons souvent. Mais ce n’est pas cela qui est le sujet de l’épître. Le mot « péché » ne s’y trouve pas, pas plus que le mot « chair » dans le sens de notre vieille nature. Bien que prisonnier, Paul se présente comme un homme heureux. Ni les audiences devant l’empereur, ni les soucis et les difficultés de la vie — auxquels il n’est nullement indifférent — ne sont au centre de ses pensées. Il veut gagner Christ, être trouvé en lui et le connaître, lui (3:8-10).

Paul dirige les regards des Philippiens vers le but. Il sait qu’ils se trouvent encore dans les circonstances de la vie et les encourage à regarder fixement vers le but et à poursuivre leur course. Or le but est Christ. On peut faire ici une comparaison avec ce que l’on trouve dans le Deutéronome. Ce livre nous montre les fils d’Israël arrivés à la fin des expériences et des difficultés du désert, et sur le point d’entrer dans le pays promis. C’est de ce pays, qui est leur héritage, que leurs pensées sont occupées. Moïse, qui sait tout ce qu’ils ont vécu dans le désert, s’adresse à eux. Mais le thème essentiel de son message est ce qu’ils ont devant eux. C’est ce que nous trouvons aussi dans l’épître aux Philippiens. C’est pourquoi le salut y est considéré comme une chose encore à venir (1:19 ; 3:20).

L’épître contient aussi des avertissements. Paul n’était pas sans inquiétude quant à ces frères et sœurs qu’il aimait tant. Il y avait des tensions entre certains d’entre eux. Épaphrodite lui avait probablement parlé de leurs divergences d’opinion. Ce manque d’harmonie n’avait pas pour cause des pensées mondaines ou terrestres, mais plutôt des questions concernant le service et la propagation de l’évangile (4:2, 3). Paul saisit l’occasion de ces tensions pour leur présenter le parfait modèle, le Seigneur Jésus, et l’esprit qui l’avait animé (2:5-8).

Par ailleurs, Paul craignait l’influence de certains éléments juifs qui cherchaient à nuire à l’œuvre du Seigneur (3:2, 3, 18). Là aussi, il met en garde les Philippiens en plaçant Christ devant leurs yeux.

En résumé, cette épître a pour but :

1° de remercier les Philippiens pour le don reçu,

2° de les encourager — si le regard sur les circonstances pouvait susciter de la tristesse, le regard sur Christ était la source d’une joie profonde,

3° de les exhorter quant aux désaccords et aux dissensions,

4° de les avertir du danger du légalisme.

 

7         Structure de l’épître

Il y a différentes manières de subdiviser cette épître. La division en chapitres, telle qu’on la trouve dans nos Bibles, en est une.

Chapitre 1 : Christ, le tout et le but de notre vie. « Pour moi, vivre c’est Christ » (v. 21). Lorsqu’il en est ainsi, notre vie entière est imprégnée de Christ. Il habite en nous et nous remplit. La vie chrétienne consiste alors à vivre pour lui et à soumettre toutes choses à son appréciation. Cela nous conduit à parler du Seigneur autour de nous et à être ses témoins.

Chapitre 2 : Christ, le modèle de notre vie. « Qu’il y ait donc en vous cette pensée, qui a été aussi dans le Christ Jésus » (v. 5). Si nous réalisons cela, nous penserons, parlerons et agirons comme lui-même l’a fait, lorsqu’il s’est volontairement abaissé jusqu’à prendre la dernière place. Nous contribuerons alors à régler les conflits et viendrons réellement en aide à nos frères et sœurs.

Chapitre 3 : Christ, le but de notre vie. « Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (v. 14). Si nous suivons l’exemple de l’apôtre, tout ce que peut nous offrir la terre perdra son attrait, et nous serons des chrétiens orientés vers le but.

Chapitre 4 : Christ, la puissance de notre vie. « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (v. 13). Si nous réalisons cela, ce n’est qu’en Christ que nous chercherons et trouverons toutes nos ressources. Alors, nous serons abondamment pourvus pour toutes les circonstances de notre vie.

Que ces quelques pensées nous encouragent à étudier de plus près l’épître de Paul aux Philippiens !