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FLÈCHE ET ARC
Bremicker E.A.
ME 1999 p. 313-316
Table des matières :
4 Un œil clair et une main calme
Les Écritures nous parlent à plusieurs reprises — et tout spécialement dans l’Ancien Testament — d’hommes qui savaient manier la flèche et l’arc. Le premier archer mentionné dans la Parole est Ismaël. « Et Dieu fut avec l’enfant, et il grandit, et habita dans le désert et devint tireur d’arc » (Gen. 21:20).
Dans les temps anciens, l’arc était employé comme instrument de chasse et comme arme de guerre. Il était utilisé tant par les soldats à pied que par ceux qui avaient une monture ou un char. La fabrication d’un arc était longue et coûteuse ; de plus, il fallait apprendre à le manier, ce qui nécessitait beaucoup de force et d’adresse.
L’apôtre Paul nous dit que « les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu » (2 Cor. 10:4). Nous avons à mener un combat spirituel (Éph. 6:10-20), à combattre pour la foi (Jude 3). C’est pour cela que nos armes sont de nature spirituelle ; elles n’ont rien de commun avec celles du monde. L’épée — arme très employée dans l’Ancien Testament — représente pour nous la parole de Dieu, selon Éphésiens 6:17. Nous ne trouvons pas une explication aussi directe concernant la flèche et l’arc, mais il est facile d’en découvrir la signification spirituelle.
L’épée est une arme caractéristique des combats corps à corps. Que ce soit pour attaquer ou pour se défendre, une épée ne peut atteindre son but que si l’ennemi est à proximité immédiate. Avec la flèche et l’arc, c’est justement le contraire. Ils s’emploient quand l’ennemi est encore relativement loin. C’est donc le rôle des archers de tenir les ennemis à distance, afin que les combats n’en viennent pas, si possible, au corps à corps.
Les archers évoquent pour nous des croyants auxquels Dieu a donné la capacité spéciale de pouvoir discerner de loin les dangers qui menacent les enfants de Dieu et de les écarter quand ils sont encore loin. Il y a toutes sortes de dangers qui se présentent, et il est bien utile de pouvoir les tenir à distance avant qu’ils causent leurs ravages dans le troupeau du Seigneur.
D’autre part, nous ne devons pas oublier qu’il y a des archers des deux côtés. Il y en a non seulement dans le peuple de Dieu, mais aussi parmi les ennemis. Quand le roi Saül est parti pour livrer son dernier combat aux Philistins, ce sont justement les archers de l’armée ennemie qui l’ont atteint et l’ont conduit au désespoir (1 Sam. 31:3) (*). Pareillement, le roi Achab a été frappé à mort par la flèche d’un archer (1 Rois 22:34). Éphésiens 6:16 nous parle des dards enflammés du méchant auxquels nous avons à opposer le bouclier de la foi. L’ennemi cherche à nous nuire par tous les moyens imaginables, que ce soit de loin ou de près.
(*) Les archers « d’entre les frères de Saül » avaient alors rejoint David à Tsiklag. Ils étaient « parmi les hommes forts qui lui donnaient du secours dans la guerre, armés d’arcs, se servant de la main droite et de la main gauche pour lancer des pierres, et pour tirer des flèches avec l’arc » (1 Chron. 12:1, 2).
Nous trouvons une citation remarquable des archers dans la bénédiction de Jacob à son fils Joseph : « Les archers l’ont provoqué amèrement, et ont tiré contre lui, et l’ont haï ; mais son arc est demeuré ferme, et les bras de ses mains sont souples par les mains du Puissant de Jacob » (Gen. 49:23, 24). Ici aussi, nous trouvons des archers de deux côtés. Joseph avait été harcelé par eux, mais il leur avait résisté. Cet homme de Dieu avait été exposé à de nombreux dangers, mais avec l’aide de Dieu, il avait vaincu ces épreuves d’une manière que nous pouvons imiter.
Mais ensuite, Joseph nous est présenté lui-même comme archer. Son arc est ferme et les bras de ses mains sont souples. Cela nous parle de force et d’énergie. Pour tirer à l’arc, il était nécessaire d’avoir de la force, sinon on ne pouvait envoyer la flèche au but. Mais quelle est l’origine de cette force ? — « les mains du Puissant de Jacob ». Joseph n’avait pas cette force en lui-même ; elle venait de Dieu. Pour pouvoir nous défendre en tenant l’ennemi à distance, nous avons besoin de force. Mais la force nécessaire ne se trouve jamais en nous-mêmes ; elle est dans notre Seigneur, qui se plaît toujours à nous la donner, si nous nous confions en lui seul. La description du combat spirituel d’Éphésiens 6 est introduite par les mots : « Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (v. 10). Dans la mesure où nous nous confions en nos propres forces, l’ennemi prend le dessus.
Le tir à l’arc devait être appris. À la fin de sa vie, David se souvient que c’est Dieu lui-même qui l’a enseigné. Il dit : « Il enseigne mes mains à combattre ; et mes bras bandent un arc d’airain » (2 Sam. 22:35). Les hommes forts qui étaient venus vers lui à Tsiklag non seulement portaient l’arc, mais étaient exercés à tirer des flèches avec leur arc (1 Chron. 12:2). Nous ne sommes pas en mesure de tenir l’ennemi à distance si nous n’avons pas appris à le reconnaître et à manier l’arc. Il ne nous faut pas seulement connaître l’armure complète de Dieu d’Éphésiens 6, mais aussi la revêtir. Mais la connaissance de l’ennemi et celle de nos armes ne suffisent pas à nous donner la victoire.
Deux conditions indispensables pour être un bon archer étaient d’avoir un œil exercé et clair, et une main calme. Il fallait déjà pouvoir reconnaître distinctement l’ennemi quand il se trouvait au loin. Dans l’application spirituelle, ceux qui manient cette arme doivent posséder cette capacité particulière. Il leur faut un œil spirituel exercé, leur permettant de discerner les dangers lorsqu’ils sont encore éloignés. Ensuite, ils ont besoin de tranquillité intérieure et d’équilibre, afin de pouvoir faire face à ces dangers de la bonne manière. Hébreux 5:14 parle — bien que dans un autre contexte — de ceux qui, « par le fait de l’habitude, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal ». Le même principe vaut pour les archers. Il s’agit de discerner entre le bien et le mal, de distinguer les dangers avant qu’ils ne deviennent une menace grave, et de les écarter.
Aujourd’hui, où sont les archers dans le peuple de Dieu ? Où sont ceux qui discernent les dangers pour leurs frères et sœurs, et qui les écartent avant que d’autres les aient même remarqués ? Sans conteste, nous pouvons remercier Dieu de ce qu’il nous donne des frères et sœurs qui accomplissent ce service. Qu’il veuille en former davantage, pour le bien de son peuple !
Quand David entonne sa complainte sur Saül, il demande dans sa prière « d’enseigner aux fils de Juda le chant de l’Arc » (2 Sam. 1:18). La note indique qu’il peut s’agir aussi du maniement de l’arc. Sommes-nous prêts aujourd’hui, si le Seigneur nous le demande, à apprendre le maniement de l’arc dans son application spirituelle ?