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L’armure de Dieu pour le combat de la foi selon Éphésiens 6

 

d’après Bremicker Ernst August

 

Le livre original est en allemand (Ed. Beröa, 2007). Il a été condensé en gardant les points essentiels et en évitant les doublons avec d’autres écrits sur l’armure ou commentaires sur l’épître aux Éphésiens.

 

Table des matières abrégée :

1       Les diverses sortes de combat (ce que le combat d’Éph. 6 n’est pas)

2       Le caractère du combat [lutte] dans l’épître aux Éphésiens

3       Les figures de l’Ancien Testament

4       Conditions du combat

5       Pas une troupe d’élite

6       Le caractère de l’ennemi

7       Le lieu du combat

8       L’armure de Dieu

9       Appendice sur le combat contre le péché en dehors de nous (Héb. 12:4)

 

Table des matières détaillée :

1       Les diverses sortes de combat (ce que le combat d’Éph. 6 n’est pas)

1.1        Combat contre le péché

1.1.1         Contre le péché en nous (un combat qui n’est pas à mener)

1.1.2         Combat contre le péché en dehors de nous selon Hébreux 12:4 (un combat inévitable)

1.2        Combat contre les tentations et séductions du monde

1.3        Combat pour l’avancement du royaume de Dieu sur la terre,

1.4        Combat de l’Évangile

1.5        Combat contre les faux enseignements

1.6        Combat pour la croissance des âmes

1.7        Conclusion

2       Le caractère du combat [lutte] dans l’épître aux Éphésiens

2.1        Position — Pratique — Combat [Lutte]

2.2        L’adversaire de Dieu

3       Les figures de l’Ancien Testament

4       Conditions du combat

4.1        Les pierres dans le Jourdain, et celles au bord du Jourdain

4.2        La circoncision

4.3        La nourriture du pays

4.4        Le chef de l’armée de l’Éternel

5       Pas une troupe d’élite

5.1        La source de la force : dans le Seigneur

6       Le caractère de l’ennemi

6.1        Non pas la chair ni le sang

6.2        Pas de la force, mais de la ruse

6.3        La description de l’ennemi

6.4        Deux dangers

7       Le lieu du combat

8       L’armure de Dieu

8.1        L’armure est de Dieu

8.2        C’est toute l’armure de Dieu

8.3        Il faut revêtir l’armure et la prendre

8.4        L’armure est nécessaire en vue du mauvais jour

8.5        Tenir ferme, résister, surmonter

8.6        Les armes

8.7        Éphésiens 6:15 — Les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix

9       Appendice sur le combat contre le péché en dehors de nous (Héb. 12:4)

 

1                        Les diverses sortes de combat (ce que le combat d’Éph. 6 n’est pas)

La vie chrétienne n’est pas toujours un chemin sur des hauteurs ensoleillées. Naturellement il est magnifique de faire des expériences avec le Seigneur, et de jouir avec Lui de la joie de la communion. Mais ce n’est qu’un côté de ce chemin. Il y a aussi des combats et des conflits, de la résistance et des difficultés, des triomphes et des victoires.

La Bible parle à beaucoup d’endroits de situations dans lesquelles nous devons combattre. À la fin de sa vie, Paul s’exprime ainsi : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Tim. 4:7). Et il supplie son compagnon d’armes Timothée de faire pareil : « combats le bon combat de la foi » (1 Tim. 6:12).

Mais il y a combat et combat. Le Nouveau Testament parle de différents combats dans lesquels nous pouvons être impliqués. L’un d’eux nous est présenté en Éphésiens 6 avec l’armure de Dieu.

Le mot « lutte » utilisé dans cette section se différencie de toutes les autres expressions voisines du Nouveau Testament. On pourrait le traduire « combat sur le ring ». Il s’agit d’un conflit direct (« corps à corps ») avec l’ennemi. Paul se sert d’images compréhensibles pour le lecteur de l’époque, et qui sont en rapport avec l’équipement des légionnaires romains.

 

(*) note Bibliquest : le mot « combat » a été conservé partout dans cet article, pour suivre le terme allemand également utilisé partout (Kampf). La version J.N. Darby de la Bible utilise ici le mot « lutte » en accord avec les précisions de l’auteur, et on aurait aussi bien pu mettre partout le terme « lutte ».

 

Nous allons voir le caractère spécifique de ce combat chrétien selon Éphésiens 6, mais soyons d’abord clairs sur ce que ce combat n’est pas.

 

1.1    Combat contre le péché

1.1.1        Contre le péché en nous (un combat qui n’est pas à mener)

Le combat chrétien d’Éphésiens 6 n’est pas le combat contre le péché qui habite en nous. Beaucoup de chrétiens s’épuisent à ce combat. La Bible ne nous dit nulle part que nous ayons en aucune manière à mener ce combat. Nous ne combattons pas contre le péché en nous (la vieille nature, la chair). Elle est condamnée par la mort du Seigneur Jésus. Nous sommes libérés [affranchis] de la puissance du péché par Sa mort. La charge qui nous est confiée est « de nous tenir pour mort au péché, mais pour vivant à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6:11).

 

1.1.2        Combat contre le péché en dehors de nous selon Hébreux 12:4 (un combat inévitable)

Voir Appendice

 

1.2    Combat contre les tentations et séductions du monde

Le combat chrétien d’Éphésiens 6 n’est pas le combat contre les tentations et séductions du monde, qui nous sont offertes de l’extérieur. Ce combat est voué à l’échec. Contre de telles tentations, nous n’avons pas à combattre, mais à fuir : « Fuis les convoitises de la jeunesse », « fuyez la fornication », « fuyez l’idolâtrie » (2 Tim. 2:22 ; 1 Cor. 6:18 ; 10:14).

 

1.3    Combat pour l’avancement du royaume de Dieu sur la terre,

Le combat chrétien d’Éphésiens 6 n’est pas le combat pour l’avancement du royaume de Dieu sur la terre, que beaucoup de croyants croient mener. D’ailleurs, la Bible ne nous le demande pas. Le Seigneur Jésus a dit au contraire clairement que Son royaume n’est pas de ce monde (Jean 18:36). S’il l’avait été, Ses serviteurs auraient combattu. Le chrétien ne doit promouvoir le royaume de Dieu ni par la force politique ni par la force militaire.

 

1.4    Combat de l’Évangile

Le combat chrétien d’Éphésiens 6 n’est pas le combat de l’Évangile. C’est l’épître aux Philippiens qui nous parle du combat de l’Évangile (4:3). C’est un combat tout à fait important, que nous devons tous mener. Le message de la croix doit être diffusé. C’est notre devoir d’aller dans le monde pour annoncer l’évangile. Cela suscite des combats et de la résistance. Ce combat est important, mais ce n’est pas celui d’Éphésiens 6.

 

1.5    Combat contre les faux enseignements

Le combat chrétien d’Éphésiens 6 n’est pas le combat contre les faux enseignements. En 2 Cor. 10 Paul se sert d’expressions semblables à celles d’Éphésiens 6, mais les combats ne sont pas les mêmes. « Car, en marchant dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair ; car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ » (2 Corinthiens 10:3-5).

 

1.6    Combat pour la croissance des âmes

Éphésiens 6 ne parle pas du combat du serviteur de Dieu pour la croissance des âmes. « Exhortant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, afin que nous présentions tout homme parfait en Christ : à quoi aussi je travaille, combattant selon son opération qui opère en moi avec puissance. Car je veux que vous sachiez quel combat j’ai pour vous » (Colossiens 1:28 à 2:1).

 

1.7    Conclusion

Il y a donc des combats que nous ne devons pas mener, et d’autres qui ont tout à fait leur place dans notre vie. Mais en Éphésiens 6 il s’agit du combat spécifiquement chrétien. Pour mieux comprendre le caractère de ce combat, il faut d’abord considérer le contexte dans lequel Paul donne son enseignement.

 

2                        Le caractère du combat [lutte] dans l’épître aux Éphésiens

Le paragraphe du texte biblique commence par « Au reste, mes frères… ». L’apôtre Paul introduit par là une nouvelle section dans ses instructions aux Éphésiens. Mais cela fournit en même temps une liaison avec ce qui a été dit précédemment. Il ne peut être donné suite à l’invitation à résister à l’ennemi, que si nous comprenons bien de quoi il s’agit dans ce combat.

 

2.1    Position — Pratique — Combat [Lutte]

L’épître aux Éphésiens peut être divisée en trois grandes parties. La première partie traite de la position chrétienne (ch. 1 à 3). La deuxième partie (ch. 4:1 à 6:9) montre la pratique du chrétien dans ses relations terrestres. La troisième partie présente le combat [lutte] chrétien. Ces trois parties sont étroitement liées ensemble. Ce n’est que quand nous avons saisi notre position chrétienne, que nous pouvons nous y conformer dans notre vie journalière. Et c’est justement là que l’ennemi vient avec ses ruses [ou : artifices] pour nous faire tomber. Le combat commence.

La position du chrétien est « en Christ ». Lui est entré dans la mort, mais Dieu L’a ressuscité d’entre les morts, et L’a établi « au-dessus de toute principauté et autorité et puissance et domination et de tout nom qui se nomme » (1:20, 21). Il est maintenant dans les « lieux célestes ». Selon notre position, nous sommes vus déjà aujourd’hui « en Lui » dans ces lieux célestes. « Il nous a ressuscité ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (2:6). C’est notre position. En Christ nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes (1:3). Les bénédictions caractéristiques du chrétien ne sont pas matérielles, mais spirituelles. Elles ne sont pas liées à la terre, mais elles portent le caractère céleste. Les bénédictions spirituelles impliquent la joie dans le Seigneur et dans tout ce qui se rattache à Lui.

Tout ce que nous possédons, personnellement ou collectivement, nous le possédons avec le Fils de l’homme glorifié dans le ciel. Cela caractérise notre position. Nous avons « revêtu le nouvel homme » (4:24). Nous portons un caractère céleste — tout cela bien que nous vivions encore sur la terre.

Cette position jette de la lumière sur la pratique de notre vie. Après la description par Paul de la position et des bénédictions du chrétien dans les trois premiers chapitres, il commence la vie pratique par l’indication qu’il nous faut marcher d’une manière digne de l’appel dont nous avons été appelés (4:1). La marche (toute la manière de vivre du chrétien) doit être en harmonie avec la position qui nous a été accordée par grâce.

Le chrétien vit sur la terre. Il est dans des relations tout à fait naturelles. Comme enfant, il grandit. Il vit dans une famille. Il va à l’école. Il a affaire à des gens. Il s’engage dans une profession. Il se marie et a une famille. Dans tout cela il ne se différencie pas des autres gens. Pourtant, sa manière de vivre est entièrement différente, c’est-à-dire que, dans ces relations rattachées à la terre, il vit comme un homme céleste. Dans toutes ces circonstances terrestres, notre tâche est de représenter le nouvel homme, c’est-à-dire de répandre la lumière du ciel dans nos relations terrestres. Le nouvel homme vit dans la sphère du vieil homme, où Satan est le prince, et c’est justement là qu’il montre les traits de caractère de Christ. Il est créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité (4:24).

Le chrétien n’est pas au-dessus des circonstances de la vie quotidienne, mais il les traverse comme un homme céleste. Or c’est précisément ce que le diable, avec toute sa ruse, voudrait empêcher. C’est pourquoi nous nous trouvons pris dans un champ de tension qui conduit au conflit et au combat. Voilà précisément le combat [la lutte] de Éphésiens 6.

Le diable est le grand adversaire du chrétien. Il cherche à nous attaquer pour nous faire tomber. Il ne nous laisse aucun repos. Dès que nous commençons à vivre de manière conséquente notre position céleste (donc de marcher de manière digne de l’appel), il nous attaquera. Cela mène au combat. Il ne peut pas nous prendre notre position, ni nos bénédictions. Mais il veut nous empêcher de jouir de notre position et d’avoir la joie que Dieu nous a accordée comme bénédiction. Il fait cela en nous attaquant dans notre marche. Le combat est un combat défensif. Pour le mener correctement, Dieu nous a donné Son armure. Ce n’est qu’avec ces armes que nous pouvons vaincre.

 

2.2    L’adversaire de Dieu

Le combat du chrétien en Éphésiens 6 a encore une dimension plus profonde. À première vue, les attaques de l’ennemi se dirigent exclusivement contre nous. Mais en y regardant de plus près, nous constatons que l’attaque du diable est en définitive une attaque contre Dieu et contre le Seigneur Jésus.

Il est vrai que Paul nous montre dans les premiers chapitres la position et les bénédictions du chrétien. C’est l’œuvre de Dieu de nous lier à Christ. Mais le but essentiellement visé est que tout soit à la louange de la gloire de Sa grâce (Éphésiens 1:6). L’ennemi s’efforce de nous ravir la jouissance des bénédictions et la joie qui s’y rattache, et ce faisant il veut ravir la gloire de Dieu en tant qu’elle est rendue visible en nous. Voilà la raison pour laquelle le diable nous attaque. Il veut empêcher que les traits essentiels du nouvel homme soient visibles en nous, et que Dieu en soit glorifié. De cette manière, il veut ravir quelque chose à Dieu.

Dieu ne nous a pas pris au ciel dès notre conversion. Il nous laisse ici sur la terre. Il faut que nous rendions visibles les traits de caractère du nouvel homme dans les circonstances où nous vivons. Quand c’est le cas, on voit Christ, et Dieu est glorifié. Si le diable arrive à l’empêcher, il jette une ombre sur ce qu’on peut voir de Dieu en cet instant-là. C’est la raison pour laquelle il est important que nous sortions vainqueurs du combat et que nous portions l’armure de Dieu.

 

3                        Les figures de l’Ancien Testament

L’épître aux Romains montre ce qui correspond au début de l’histoire du peuple d’Israël, la libération de l’Égypte, la traversée de la mer Rouge et l’entrée dans le désert — une image de la mort de Christ pour nous, par laquelle nous sommes libérés de la puissance de l’ennemi et de la puissance du péché, et nous faisons l’expérience des circonstances de la vie du désert.

L’épître aux Colossiens est une image de ce que nous laissons le désert et traversons le Jourdain. Le Jourdain, comme la mer Rouge est une image de la mort de Christ, mais ici, il s’agit de notre mort avec Christ. Nous atteignons le pays promis, et arrivons à Guilgal. Le pays est en vue, mais nous ne sommes pas encore entrés en sa possession. Nous sommes morts avec Christ, et ressuscités avec Lui. L’épître aux Colossiens ne nous voit pas encore assis dans les lieux célestes, mais nous méditons déjà sur ce qui s’y trouve.

L’épître aux Éphésiens voit le chrétien en possession du pays. Nous ne sommes pas seulement morts et ressuscités avec Christ, mais Dieu nous voit là où est Christ — dans les lieux célestes. Nous sommes bénis de toutes bénédictions spirituelles en Lui. Tout le conseil de Dieu nous est donné à connaître.

… La mer Rouge nous introduit dans le désert. Nous y vivons comme des étrangers. Nous suivons la colonne de nuée. Nous sommes mis à l’épreuve et apprenons à connaître ce qu’il y a en nous. En même temps, nous apprenons à connaître Dieu qui prend soin de nous. Le Jourdain nous introduit dans les bénédictions célestes. Là nous sommes à la maison. Nous jouissons des richesses du chrétien. Mais c’est justement ce que Satan veut empêcher et c’est la raison pour laquelle il y a là des combats.

Le peuple avait la mission de conquérir le pays que Dieu leur avait promis comme possession. Il leur appartenait sous condition qu’ils l’occupent (Josué 1:3). Mais il y a là des ennemis qui veulent justement empêcher cela. Le pays promis aux Israélites représente pour nous les lieux célestes, où nous sommes promus en Christ déjà aujourd’hui, tout en vivant sur la terre corporellement. Il y a là des ennemis qui veulent nous empêcher de nous réjouir en ce que Dieu nous a donné.

Les lieux célestes ne sont pas une image du ciel comme objectif des croyants, la maison du Père qui est encore devant nous. Le Jourdain n’est pas une image de la mort physique du croyant. Ce sont des idées assez répandues, mais si on le suit, on ne saisit pas réellement l’enseignement de l’épître aux Éphésiens. Auprès du Seigneur dans le ciel, il n’y a pas d’ennemis, et il n’y a pas de combat. Auprès du Seigneur, on se repose pour toujours.

S’il y a beaucoup de concordances entre les images de l’Ancien Testament et la réalité du Nouveau, il y aussi des différences. Le peuple d’Israël devait combattre pour entrer en possession du pays. Sans combat, pas de possession et pas de bénédiction. Pour nous, il n’en est pas ainsi. Les bénédictions nous sont accordées par grâce. Nous n’avons pas à combattre pour acquérir des bénédictions, mais pour en jouir, pour défendre la réalisation pratique de notre position. Dans ce sens nous ne menons pas de campagne guerrière dans le pays. C’est avant tout un combat défensif.

Dans la suite de l’histoire du peuple d’Israël, il y a des parallèles nets avec notre texte d’Éphésiens. En voici deux exemples :

                En Juges 6 le peuple est en possession du pays. Mais par leur infidélité, l’ennemi est arrivé à leur causer un tort considérable. Les Madianites sont venus pour piller le pays comme des sauterelles. Mais quelqu’un a sauvé du blé de devant Madian et l’a mis dans un pressoir. C’est Gédéon. Il défend le fruit du pays contre les attaques de l’ennemi. C’est ce que nous pouvons faire : empêcher que l’ennemi nous prenne la joie des bénédictions de Dieu.

                2 Samuel 23 nous donne un récit des hommes forts de David. Ils avaient accomplis des exploits. De l’un d’eux, il est seulement dit ceci : « Les Philistins s’étaient assemblés en troupe ; et il y avait là une portion de champ pleine de lentilles, et le peuple avait fui devant les Philistins : et il se plaça au milieu du champ, et le sauva, et frappa les Philistins ; et l’Éternel opéra une grande délivrance » (2 Samuel 23:11, 12). Aux yeux des hommes, un champ plein de lentilles n’avait guère de valeur. Pour Shamma, l’homme fort de David, il valait la peine de défendre ce champ pour Dieu et pour le peuple. Nous devons pareillement tenir à ce que Dieu nous a donné, même si aux yeux de beaucoup de gens cela paraît minime.

 

4                        Conditions du combat

En Josué 4 et 5, le peuple est arrivé dans le pays, au bord du Jourdain. Le combat n’a pas commencé, mais il y a des préparatifs importants avant de l’engager. Ces préparatifs ont pour nous une profonde signification spirituelle qu’il faut avoir comprise et réalisée avant de commencer le combat proprement dit. Si nous remplissons ces conditions, nous verrons que le combat n’est pas si difficile parce que de notre côté il y a le Seigneur et la puissance de Sa force. La victoire d’Israël à Jéricho est une grande victoire, mais une victoire où, sous un certain jour, le peuple n’a guère contribué (il ne pouvait ni ne devait le faire).

En Josué 4 et 5, le peuple est à Guilgal. C’est là que se prépare le combat.

 

4.1    Les pierres dans le Jourdain, et celles au bord du Jourdain

Douze pierres au milieu du Jourdain (invisibles quand le Jourdain coulait normalement) là où les pieds des sacrificateurs s’étaient tenus. Mémorial pour les générations à venir. Souvenir que le Jourdain est une image de la mort de notre Seigneur, mais qu’il n’y est pas resté ; Il est ressuscité. Pas seulement Sa mort et Sa résurrection pour nous, mais aussi avec nous. Vrai pour tout chrétien en principe ; la question est de savoir dans quelle mesure on le réalise. Le combat d’Éphésiens 6 ne peut se réaliser pratiquement que si l’on a saisi la vérité que nous sommes morts et ressuscités avec Christ, et qu’on vit en harmonie avec cette vérité — que Sa position est notre position. Alors le combat peut commencer.

 

4.2    La circoncision

Le Nouveau Testament montre clairement que la circoncision a une signification spirituelle, de principe et pratique. Colossiens 2:11 parle d’une circoncision qui n’est pas faite de mains et qui rappelle la circoncision du Christ. Selon le contexte, il ne s’agit pas de la circoncision qui lui a été appliquée à l’âge de huit jours, mais de Sa mort sur la croix. Cette circoncision nous est imputée. Nous ne sommes pas seulement morts et ressuscités avec Christ, mais aussi circoncis en Lui. Il a été « circoncis » lorsque le jugement de nos péchés est tombé sur Lui à la croix de Golgotha… Cela est vrai en principe de tout croyant.

Mais selon la pensée de Josué 5, la question est de savoir si nous réalisons pratiquement cette vérité, et si nous sommes en harmonie avec elle. Sans cela, impossible de soutenir le combat contre les puissances spirituelles de méchanceté. C’est pourquoi l’enseignement de Col. 3 suit celui de Col.2 : « mortifiez vos membres qui sont sur la terre ». Il ne s’agit plus de principe, mais de réalisation pratique. Ces membres qui sont sur la terre sont les rejetons de la vieille nature. Col. 3 en nomme quelques-uns : « fornication, impureté, affections déréglées, mauvaise convoitise, cupidité ». Ce qui vient de la vieille nature, la chair, doit être jugé journellement… On ne se convertit pas deux fois, mais on doit toujours à nouveau appliquer la mort du Seigneur Jésus à la chair. Si nous ne le faisons pas, nous ne sommes pas préparés au combat, et nous sommes incapables de le soutenir. Guilgal est mentionné pas moins de dix fois dans le livre de Josué. Les fils d’Israël devaient toujours y revenir.

 

4.3    La nourriture du pays

Après sa circoncision, le peuple célébra la Pâque d’une manière toute nouvelle, puis le lendemain ils mangèrent des pains sans levain et du grain rôti. Dès lors, la manne cessa immédiatement.

La Pâque en Égypte était la base de la délivrance du pays d’esclavage. C’est Christ mort pour nous, pour nous protéger du jugement mérité, et nous libérer de la puissance du diable.

La Pâque dans le désert nous montre que l’œuvre de Christ est aussi la base permettant qu’Il nous conduise à travers le désert et nous y assure de Sa garde.

La Pâque dans le pays souligne que la croix de Christ est la base de toute bénédiction (Éphésiens 1:7). Sans ce souvenir du sacrifice du Seigneur, et sans nous en nourrir, nous ne sommes pas capables de soutenir le combat.

 

Dans le désert, les fils d’Israël se nourrissaient de la manne. Image de la nourriture du ciel, elle nous rappelle le Seigneur Jésus qui a vécu comme homme sur la terre, et qui est notre modèle. C’est ce dont parle l’épître aux Philippiens (typiquement l’épître du désert) : « qu’il y ait en vous cette pensée qui a été dans le Christ Jésus… » (Phil. 2:6). — Dans le pays, la nourriture n’est plus la même. D’un côté nous nous nourrissons d’un Christ mort (la Pâque), d’un autre côté nous nous nourrissons de ce qui provient du pays lui-même, Christ dans la gloire. C’est la même personne que la manne, mais considérée sous un autre point de vue. C’est l’Homme céleste, pas seulement Celui qui est entré au ciel, mais Celui qui s’y trouve « chez lui », « à la maison ».

Nous ne pouvons soutenir le combat dans le pays qu’en nous nourrissant de Christ = en nous occupant de Lui et en méditant sur Lui. Sans Christ, nous ne saisirons nos bénédictions dans les lieux célestes au mieux que de manière intellectuelle, ce qui n’est pas une nourriture. Un chimiste peut analyser le pain, mais pour s’en nourrir, il faut le manger. C’est ainsi qu’on ne jouit des bénédictions célestes qu’avec Christ glorifié dans le ciel.

 

4.4    Le chef de l’armée de l’Éternel

Cette rencontre surprenante n’intervient que juste avant que le combat s’engage. Ce chef de l’armée de l’Éternel n’est pas venu avant (ni dans le désert, ni au Jourdain, ni à Guilgal, ni avant d’avoir célébré la Pâque et mangé du produit du pays)… On combat en tant qu’armée de l’Éternel, et le chef de l’armée de l’Éternel vient lui-même encourager Josué… Il n’est parlé de combat, que lorsqu’il s’agit de jouir du pays. Mais nous ne sommes pas seuls. Ce chef nous précède et Il donne force et courage… Devant une telle personne, il convient d’avoir de la crainte et de la sainteté pratique, ce dont parle en image le fait que Josué se déchausse, comme autrefois Moïse devant le buisson ardent. La sainteté est importante quand il s’agit de conquérir le pays. Il nous faut être en harmonie avec Lui ;

 

5                        Pas une troupe d’élite

« Au reste, frères… »… L’apôtre parle à tous, et cela inclut les frères et les sœurs, les jeunes aussi bien que les frères expérimentés, mûrs ou doués. Tout chrétien qui se réjouit de sa position en Christ et qui cherche à marcher d’une manière digne de l’appel, a à combattre.

Nous n’avons pas à craindre ce combat…

Il est vrai que beaucoup de chrétiens ne connaissent pas du tout ce combat : c’est triste. Ou bien ils ne connaissent pas leur position, ou bien ils ne sont pas prêts à la traduire en pratique dans leur vie. Tout enfant de Dieu a plus ou moins à combattre dans les circonstances de la vie. Mais combattons-nous également le combat d’Éphésiens 6 ? Le diable laissera le chrétien terrestre tranquille à cet égard. Pourquoi entrerait-il en contestation avec nous si nous sommes indifférents à nos bénédictions célestes ?

Posons-nous la question de savoir dans quelle mesure les vérités glorieuses de l’épître aux Hébreux nous touchent réellement — non pas intellectuellement, mais au fond de nos cœurs. Ne devons-nous pas déplorer que beaucoup de choses nous paraissent plus importantes et que nous ne sommes guères de bons modèles à nos jeunes gens ? Ne voulons-nous pas nous encourager à retrouver et redévelopper le goût pour les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, et alors à mener le combat ?

 

5.1    La source de la force : dans le Seigneur

Jean 15:5 – 2 Cor. 12:9,10 – Phil. 4:13 – Héb. 11:34 – Éphésiens 1:19 ; 3:20 – Josué 7 – Juges 6:12-16 – 1 Sam. 14:6 – Prov. 30:26 – Ésaïe 40:28-31.

 

6                        Le caractère de l’ennemi

Le chrétien doit savoir quel est son ennemi. Certes il n’est pas requis d’en connaître tous les détails, mais Dieu nous donne les informations nécessaires :

                Nous devons tenir ferme contre les ruses du diable (6:11),

                Nous combattons contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs des ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté (6:12),

                Nous avons à faire au méchant (6:16).

 

C’est impressionnant : il ne faut pas sous-estimer l’ennemi ; mais inversement nous n’avons pas à avoir peur La puissance de la force du Seigneur est plus grande.

Notre fermeté réside dans la simple confiance enfantine dans le Seigneur. C’est la raison pour laquelle tout croyant, jeune ou vieux, frère ou sœur, peut mener ce combat. L’ennemi cherche à détruire cette confiance de la foi. S’il y arrive, nous devenons incapables de combattre. Heureusement que le Seigneur intercède en notre faveur, comme autrefois Il pria pour Pierre, afin que notre foi (notre confiance) ne défaille pas (Luc 22:32).

Le Nouveau Testament présente trois ennemis du chrétien. Le premier ennemi est contre nous ; c’est le diable. Le deuxième ennemi est en nous. C’est la chair (le péché, la vieille nature). Le troisième ennemi est tout autour de nous ; c’est le monde avec ses séductions. De plus les trois ennemis se soutiennent l’un l’autre. Ici dans notre paragraphe, nous avons à faire au premier ennemi. Il s’agit de Satan, le méchant, et de ses ruses (ou : artifices). C’est lui et ses aides que nous avons en face de nous dans le combat.

 

6.1    Non pas la chair ni le sang

Il est d’abord dit que notre combat n’est pas contre la chair et le sang. Il faut bien comprendre cette expression. La chair ne signifie pas la vieille nature, mais tout simplement les gens vivants… En Israël il n’en était pas de même, les ennemis étaient des gens réels, des puissances terrestres qui voulaient les empêcher de prendre possession du pays que Dieu leur avait donné. Israël avait à les combattre. Mais notre ennemi est autre. Nous avons à faire à des puissances spirituelles. Elles se trouvent dans les lieux célestes — c’est là où Christ est et où nous sommes bénis. Il est vrai que ces puissances utilisent parfois des personnes de chair et de sang, pour diriger leurs attaques contre nous. Il faut donc bien distinguer. Notre combat n’est pas contre les instruments humains que Satan emploie, mais contre Satan lui-même qui se tient derrière eux.

Comme le Seigneur se disposait à aller à Golgotha, Satan employa même son disciple Pierre pour l’en détourner (Matt 16:22, 23)… Un autre exemple est celui de la femme de Job (Job 2:9)… Le diable peut donc utiliser des hommes pour nous attaquer, des croyants mais éventuellement des frères et sœurs dans la foi.

Malheureusement cette instruction d’Éphésiens 6:12 a été souvent méconnue et au cours des siècles, beaucoup de guerres ont été menées sur la terre au nom de Christ… le sang a coulé. Non, nous ne combattons pas contre des gens, mais contre Satan et contre ce qu’il nous présente par eux. Ne l’oublions pas.

 

6.2    Pas de la force, mais de la ruse

Le combat du chrétien est dirigé contre les ruses (ou : artifices) de Satan. Satan est une ennemi vaincu, mais qui n’est pas encore hors circuit. À la croix de Golgotha, le Sauveur a rencontré toute la force et la puissance de Satan. Il a vaincu le diable. Par la mort il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort (Héb. 2:14). Le jugement est tombé sur Satan et sur ses vassaux, mais il n’est pas encore exécuté. Dans les limites que Dieu lui a assignées, il est encore actif. Le diable a une très grande expérience de la manière d’attaquer l’homme : il le fait depuis 6000 ans avec succès.

Le Nouveau Testament montre deux méthodes fondamentales du diable pour attaquer : comme un lion rugissant ou comme un serpent rusé.

Pierre parle du lion rugissant (1 Pierre 5:8). Satan n’a plus ni force ni puissance contre nous, mais il cherche à intimider par son rugissement, à nous faire peur sur le chemin à travers le désert. C’est sa manière d’agir dans les circonstances de la vie et les épreuves sur la terre.

Les ruses de Satan sont peut-être plus dangereuses que ses menaces de puissance. Le mot grec pour ruse peut aussi être traduit par artifice, feinte, piège. Les méthodes de Satan sont très futées, et on a de la peine à reconnaître comment il s’y prend pour atteindre son but.

Si d’un côté il ne faut pas se laisser intimider, d’un autre il faut être sur ses gardes. Ce n’est pas pour rien qu’il nous est dit que Satan prend parfois la forme d’un ange de lumière. Satan est passé maître en matière de déguisement (2 Cor. 11:14). Cette tactique est extrêmement dangereuse et beaucoup de chrétiens s’y sont laissé prendre. Nous sommes avertis (2 Cor. 11:3).

Le serpent est une image bien connue de Satan comme séducteur rusé, cherchant à faire chuter. Il peut nous détourner du dévouement et de l’amour pour le Seigneur dans la vie pratique, pour que nous ne jouissions plus des bénédictions spirituelles. C’est pourquoi il est très important de résister au diable, sous quelque forme qu’il se présente (Jacques 4:7).

La Bible donne des exemples de gens qui ont résisté au diable comme lion rugissant, et qui se sont fait prendre par lui comme serpent : Gédéon (Juges 8), l’homme de Dieu de Juda de 1 Rois 13.

La première des ruses est de semer le doute (Genèse 3). Une autre ruse, est de mélanger le bien et le mal. Faire très attention à ce que nous consommons (lisons, entendons, voyons). Une belle étiquette pieuse ne garantit pas la qualité de la marchandise.

Vouloir lire sa Bible sur l’épître aux Éphésiens pendant ses heures de travail professionnel, serait un mauvais témoignage ! Une autre ruse de Satan est de sur-occuper ceux qui travaillent, pour qu’ils n’aient plus le temps pour penser à leurs bénédictions dans la communion avec le Seigneur. Il faut être vigilant.

Nous revêtons le nouvel homme, non pas dans des endroits tranquilles ou dans les réunions, mais là où c’est le plus difficile : dans la vie de tous les jours, dans la vie de famille ou la vie professionnelle. Satan nous attaque par ses ruses dans nos relations terrestres, afin que notre caractère céleste ne soit plus visible.

La ruse et l’habileté de l’ennemi ne se surmontent pas par davantage d’habileté humaine, car sur ce terrain, on est toujours battu. Il n’y a pas besoin de connaître chaque ruse et chaque feinte de l’ennemi. Non, il faut s’exercer à reconnaître la voix du Bon Berger. Si nous connaissons la vérité et l’opposons à la ruse de Satan, le diable ne peut plus rien gagner. Cela encourage. La simple obéissance de la foi à la Parole de Dieu est une des armes que Dieu nous a données dans la main (1 Jean 4:6).

 

6.3    La description de l’ennemi

Le diable ne vient pas seul. Il a ses alliés, décrits ici en quelques mots. Il y a dans la création des mondes d’anges puissants dont nous ne soupçonnons que peu de choses. La Bible nous en révèle un petit peu. Il y a des anges élus (1 Tim. 5:21), des anges de Satan (2 Cor. 12:7). Quand le diable s’est élevé et est tombé, un certain nombre d’anges l’ont suivi. C’est la raison pour laquelle il y a aujourd’hui des principautés et des autorités dans les lieux célestes ; les unes sont pour nous, les autres sont contre nous. Comme Satan, elles sont dans les lieux célestes. Satan a encore accès au trône de Dieu (Job 1:6 ; 2:1), où il joue le rôle d’accusateur des frères (Zach. 3:1). Le moment viendra où Satan et ses anges seront chassés du ciel sur la terre (Apoc. 12:7-10).

La description est quadruple :

                Ce sont des principautés : la dignité de leur rang est reconnue. Même les anges déchus ont dans un certain sens une dignité que nous ne devons pas sous-estimer. Jude raconte que Michel l’archange, quand il contestait avec le diable et discutait au sujet du corps de Moïse, n’a pas osé proférer de jugement injurieux (Jude 9). Il a laissé cela au Seigneur. Cela doit nous servir d’avertissement.

                Ce sont des autorités. Les mots montrent clairement qu’il s’agit d’autorité exécutante. Elles ont bien de la puissance, mais c’est une puissance donnée, déléguée (comme Apoc. 13:5,7). Elles ne peuvent l’exercer que dans la mesure où Dieu le permet.

                Elles sont les dominateurs de ces ténèbres. Cela indique le genre d’influence qu’elles ont et leur domaine d’action. Ce sont des puissances invisibles dont la puissance ne doit pas être sous-estimée. Elles dominent sur les hommes et se tiennent dans les ténèbres. Leur influence s’étend sur le monde entier. Le monde entier gît dans le méchant (1 Jean 5:19). Elles sont marquées par les ténèbres. En tant que « dieu de ce monde », Satan a aveuglé les incrédules pour que la lumière de l’évangile de la gloire de Christ ne resplendisse pas sur eux (2 Cor. 4:4). L’origine de cette puissance est les ténèbres. Elles sont empreintes du péché et de l’inimitié contre Dieu. Elles sont entièrement contre tout ce que Dieu est et qui vient de Lui.

                Ce sont des puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes. Cela montre leur caractère et la manière dont elles agissent. Ce sont en premier lieu des puissances spirituelles. Nous ne devons pas l’oublier dans le combat. C’est pourquoi nous avons besoins d’une armure divine, et non pas d’armes humaines. Par ailleurs ces puissances se trouvent dans les lieux célestes, où elles ont accès. Selon l’image du livre de Josué, c’est l’ennemi dans le pays.

 

6.4    Deux dangers

L’un est de surestimer l’ennemi, l’autre de le sous-estimer.

Nous n’avons pas à craindre l’ennemi, car même puissant et rusé, il est vaincu. Il ne peut rien nous faire si nous nous tenons assez près du Seigneur. Le diable n’est ni tout-puissant, ni omniscient, ni omniprésent. Ces attributs n’appartiennent qu’à Dieu. David savait que Goliath était plus fort que lui, mais il savait aussi quelles armes et quelles ressources étaient à sa disposition.

Ne sous-estimons pas l’ennemi. Notre force n’est pas en nous, mais dans le Seigneur. Notre propre intelligence ne peut pas le surmonter. Si nous revêtons l’armure de Dieu, nous serons du côté du vainqueur. Samson est l’exemple d’un homme qui a sous-estimé l’ennemi ; inconscient du danger où il se mettait, il a joué avec le feu et s’est confié dans sa propre force, croyant toujours se sortir des pièges. Il se trompait et a fini aveugle, impuissant, dans la prison de l’ennemi (Juges 16:21).

 

7                        Le lieu du combat

Où a lieu le combat d’Éphésiens 6 ? D’un côté nous vivons en tant qu’hommes célestes dans des relations terrestres, et c’est là que nous sommes attaqués. D’un autre côté, l’épître montre clairement que nos bénédictions sont avec Christ dans les lieux célestes, et que l’ennemi se trouve encore là. Où donc a lieu le combat ?

Il n’est pas possible que le combat avec le diable se trouve dans le ciel, parce que nos corps sont sur la terre. Comment pourrions-nous vivre sur la terre et combattre dans le ciel ? Le combat est certes spirituel, mais non pas mystique du tout. Si nous devons manifester les qualités divines et célestes du nouvel homme, c’est dans la vie de tous les jours que cela a lieu, dans les circonstances de tous les jours et dans les relations naturelles. C’est justement là que le diable s’efforce avec toute sa ruse de nous amener à chuter.

C’est pour cela que nous avons besoin de l’armure : la vérité dans les relations l’un avec l’autre ; la justice pratique, la paix, la confiance. Si l’ennemi arrive à nous faire chuter, nous perdons la jouissance de nos bénédictions spirituelles.

Si l’ennemi trouve un point faible chez nous, (et malheureusement ça recommence toujours), c’est sur la terre qu’il le trouve, non pas dans le ciel. Une fois que nous serons au ciel, il n’y aura plus de plan d’attaque, car la chair ne sera plus en nous et l’ennemi ne sera plus là. C’est donc un combat spirituel, mais il se rapporte à des choses de cette terre.

 

8                        L’armure de Dieu

8.1    L’armure est de Dieu

Le texte met l’accent deux fois là-dessus (6:11 et 6:13). Ceci implique deux choses :

1. Une armure provenant de Dieu ne consiste pas en des armes matérielles. Le chrétien ne se saisit pas d’une épée ou d’une autre arme. Quand Pierre tira son épée avec zèle pour frapper l’esclave du souverain sacrificateur, le Seigneur lui dit : « Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui auront pris l’épée périront par l’épée » (Matthieu 26:52). Le royaume de notre Seigneur n’est pas de ce monde. C’est pourquoi Ses serviteurs ne combattent pas avec des armes matérielles.

2. Une armure provenant de Dieu ne consiste pas en des armes humaines. Les hommes combattent parfois avec des paroles. Ce n’est pas pour rien que la langue est comparée avec un rasoir affilé (Psaume 52:2) ou une épée aiguë. Dans un autre contexte, l’apôtre Paul écrit : « Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ » (2 Corinthiens 10:4-5).

Quand Paul vint à Corinthe, il ne leur parla pas avec une force et une intelligence humaines. Bien que Paul fût instruit, il ne se servit pas de l’arme de discours habiles. « Et moi-même, quand je suis allé auprès de vous, frères, je ne suis pas allé avec excellence de parole ou de sagesse, en vous annonçant le témoignage de Dieu ;… Et moi-même j’ai été parmi vous dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement ; et ma parole et ma prédication n’ont pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance, afin que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Corinthiens 2:1-5).

Paul ne s’est servi ni de la rhétorique (discours exquis), ni de la philosophie (sagesse humaine), ni de la dialectique (paroles persuasives). Nous ne devrions pas non plus le faire. Si nous recherchons cela, nous succomberons certainement entièrement. Il s’agit de mettre en fuite l’ennemi par la force de Dieu.

Les chrétiens ne se saisissent pas d’autres armes humaines. Nous ne sommes pas sur le terrain politique, nous ne faisons pas de la propagande publique, nous ne faisons pas des manifestations publiques ni des pétitions. Ces moyens ne sont pas appropriés et sont indignes du chrétien.

3. L’armure est donc de Dieu parce que Lui-même la porte. L’Ancien Testament attribuent prophétiquement plusieurs pièces de cette armure au Seigneur Jésus : Ésaïe 11:4-5 et 49:1-2 et 52:6-8 et 59:16-18 et Apoc. 19:15. Quand on compare ces différents passages, on voit que le Seigneur Jésus vient comme Roi des rois, pour mettre en place Son royaume, et qu’Il endosse l’armure non pas pour se protéger, comme nous, mais à l’encontre de Ses ennemis pour les anéantir. Le caractère de Son combat est très différent du nôtre.

4. La pensée que l’armure vient de Dieu et non pas de nous est tout à fait consolante : nous n’avons pas à préparer l’armure. Dieu nous donne tout ce dont nous avons besoin. Nos armes seraient toujours imparfaites et insuffisantes et ne seraient pas un gros obstacle pour l’ennemi. Mais en face de l’armure qui vient de Dieu, si elle est utilisée correctement, l’ennemi n’a aucune chance. L’armure de Dieu est complète et disponible. Dieu l’a préparée pour nous. Il s’agit pour nous de la prendre, de la porter et de nous en servir. Notre foi doit réaliser ce que Dieu a préparé. D’un côté il y a Dieu et ce qu’Il a fait pour nous dans Sa grâce, et de l’autre côté il y a notre responsabilité de prendre et mettre ce que Dieu a mis à notre disposition.

 

8.2    C’est toute l’armure de Dieu

Aucune pièce ne doit manquer, pour qu’il n’y ait pas de point faible, pas de point où l’ennemi puisse s’agripper pour nous faire tomber. Elle est comme une chaîne à sept maillons dont chaque maillon remplit une fonction particulière. Les différentes pièces sont aussi présentées dans un ordre bien précis.

 

8.3    Il faut revêtir l’armure et la prendre

Prendre l’armure et la revêtir n’est pas automatique. C’est pourquoi nous avons l’instruction positive de la revêtir (ceinture, cuirasse et chaussures) et de la prendre (bouclier, casque, épée). Cela ne se fait pas au moment du combat ou juste avant. On ne dépose pas non plus l’armure pour la reprendre en d’autres occasions, car on ne sait pas quand l’ennemi attaquera, et il faut être toujours prêt à combattre.

Il est important de faire la différence entre ce que Dieu nous a donné par grâce pour que nous puissions nous tenir devant Lui, et ce que nous avons à revêtir et prendre pour subsister devant l’ennemi. En ce qui concerne notre position, Dieu nous a tout donné ce qui est nécessaire. Rien ni personne ne peut nous ravir notre position (Rom. 5:1,2). Mais en ce qui concerne notre résistance pratique en face des attaques de l’ennemi, nous devons réaliser ces choses effectivement dans la vie journalière.

Revêtir implique de laisser voir du dehors ce qui est à l’intérieur. C’est représenter Christ dans Ses traits caractéristiques. Si nous le faisons, l’ennemi n’a plus la possibilité de nous faire tomber par ses ruses. D’où l’importance de se nourrir de Lui (en lisant dans la Bible ce qui Le concerne, et en méditant à Son sujet). Soigner la communion journalière avec Lui produit, pour ainsi dire, les pièces individuelles de l’armure chez nous. Sans ces relations de confiance avec le Seigneur, nous ne revêtirons ni ne prendrons aucune pièce de l’armure.

 

8.4    L’armure est nécessaire en vue du mauvais jour

Le mauvais jour est une période de temps. En Éphésiens 5:16 il est déjà parlé des jours mauvais. En un sens c’est tout le temps de l’absence du Seigneur, le temps de la chrétienté sur la terre. Le prince de ce monde, le diable, marque ce temps. En un autre sens il s’agit de temps de tentations spéciales dans la vie du croyant (Ps. 140:7 ; 2 Tim. 4:16).

 

8.5    Tenir ferme, résister, surmonter

Dans le combat chrétien, il y a trois phases, avant pendant et après le combat. On se trouve toujours dans l’une ou l’autre phase, d’où la nécessité d’une vigilance constante.

1. Il faut revêtir et prendre l’armure avant que l’ennemi attaque. Dans cette phase il faut constamment tenir ferme et veiller. On n’a pas le droit de dormir spirituellement. L’ennemi nous observe, et nous pouvons être sûrs que, dès qu’il nous voit ne pas être prêt au combat, il attaque.

2. Résister, c’est ce qu’on doit faire pendant la seconde phase, pendant que l’ennemi attaque. Il faut bien distinguer s’enfuir et résister. Les deux choses nous sont commandées dans la Bible. On doit fuir devant la fornication, l’idolâtrie et les convoitises de la jeunesse. Quand le péché se présente à nous du dehors, la victoire n’est que dans la fuite (exemple de Joseph, Gen. 39). La fuite n’est pas alors un signe de faiblesse, mais elle témoigne de la vraie force. Mais quand il s’agit d’attaques de l’ennemi qui veut nous détourner de manifester pratiquement les traits de caractère du nouvel homme et nous empêcher de jouir de nos bénédictions spirituelles, alors la fuite est une faute : il faut résister.

Malheureusement il s’agit d’un point où nous avons souvent des difficultés dans la vie pratique : nous échappons au combat quand il faudrait résister, ou nous cherchons à résister sur place quand il faudrait fuir.

3. Après le combat, il faut tenir ferme, on pourrait dire « occuper le terrain ». Il n’y a jamais de repos dans le combat, qui commence au jour de la conversion, et se termine quand nous quittons la terre. C’est bien d’être victorieux, c’est mieux de le rester. La Bible nous donne plusieurs exemples d’hommes de Dieu qui ont manqué à cet égard : Abraham qui part en Égypte à cause de la famine (Gen.12), David qui part au pays des philistins après avoir tenu ferme si longtemps devant Saül (1 Sam. 27), Élie qui prend peur pour sa vie après avoir résisté au tenants du culte de Baal (1 Rois 19). Mais il y a les cas positifs inverses : Abraham ne cède pas aux propositions du roi de Sodome après sa victoire (Gen.14).

 

8.6    Les armes

Il est frappant qu’il n’y pas d’armure pour le dos (le mot grec pour cuirasse est « thôraxa ») : c’est une honte de tourner le dos à l’ennemi. Il faut donc être courageux dans sa foi, et ne pas avoir peur du combat. Si on mène le combat de la bonne manière avec la force du Seigneur, on sera toujours du côté du vainqueur (Rom. 8:37).

1. Pièces d’armure à revêtir : il s’agit de caractéristiques visibles de l’état pratique du chrétien. On s’arme avec, pour n’offrir aucun point d’attaque à l’ennemi

         Ceinture de la vérité. Marche du chrétien dans la vérité

         Cuirasse de la justice. Justice pratique dans la vie journalière

         Préparation de l’Évangile de paix. Dans le combat, nous jouissons de la paix et nous propageons la paix

 

2. Pièces de l’armure à prendre. Elles se rapportent à la confiance pratique du chrétien en Dieu. Nous Le prenons au mot.

         Le bouclier de la foi. Confiance journalière en Dieu et en Ses promesses

         Le casque du salut. Confiance dans le fait que, ce que Dieu a fait dans le passé pour nous, Il le fait dans le présent pour nous et le fera encore dans l’avenir.

 

3. Les deux dernières pièces nous rappellent la source de force fondamentale qui est à notre disposition :

         L’épée de l’Esprit. C’est la Parole de Dieu. Avec cette Parole, on peut aller à l’encontre de l’ennemi

         La prière. Elle parle de la dépendance du chrétien et de sa liaison constante vers en haut, dont il a besoin dans le combat

 

8.7    Éphésiens 6:15 — Les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix

Dans beaucoup de passages de le Bible, dans le langage symbolique, les pieds se rapportent à la marche du chrétien. La marche signifie toute la conduite, le comportement, la manière d’agir, les propos tenus, nos réactions, etc.. C’est ce qu’on voit de l’extérieur, mais qui a sa source à l’intérieur. Il est caractéristique que l’épitre aux Éphésiens parle en tout sept fois (2:2,10 ; 4:1, 17 ; 5:2, 8, 15) de la marche du chrétien, alors que c’est justement l’épitre qui présente tout le panorama de la position et des bénédictions chrétiennes typiques. La position et la pratique sont inséparables. Notre comportement doit être en accord avec notre position.

Il est caractéristique que la préparation de l’évangile de paix soit rattachée dans ce passage, non pas à la bouche (la confession ou profession), mais aux pieds (la marche). Les pieds doivent être chaussés de la préparation de l’évangile de paix. La pensée première n’est pas que nous ayons à prêcher la paix, mais que, dans un monde rempli de haine et d’inimitié, nous vivions en paix et que nous répandions la paix par toute notre manière de vivre.

Il est indiscutablement de toute importance d’annoncer l’évangile de paix : « car du cœur on croit à justice et de la bouche on fait confession à salut » (Rom. 10:10). « Car c’est une nécessité qui m’est imposée ; car malheur à moi si je n’évangélise pas » (1 Cor. 9:16). On ne saurait trop insister sur ce point. Mais ce n’est pas la pensée proprement dite de notre passage de Éph. 6:15. Ici il ne s’agit pas seulement que, dans le combat, nous ayons la paix et nous en jouissions personnellement, mais il s’agit de répandre la paix par notre comportement. En Phil. 1:27 nous sommes exhortés à marcher d’une manière digne de l’évangile. C’est seulement quand le cas se présente que nous pouvons faire face paisiblement à l’ennemi et rayonner la paix. Ici donc il ne s’agit pas, comme on le prend couramment, de l’absence de combat, mais de repos et de tranquillité dans le combat, aussi bien que de la capacité de répandre la paix malgré le combat.

 

 

9  Appendice sur le combat contre le péché en dehors de nous (Héb. 12:4)

En rapport avec le § 1.1.2 ci-dessus

Henri Rossier

 

Commentaire sur Hébreux 10 à 13

« Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché ; et vous avez oublié l’exhortation qui s’adresse à vous, comme à des fils. Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage, quand tu es repris par lui ; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée » (v. 4-5).

Voici maintenant une autre pensée. En rapport avec Christ et avec nous, chrétiens, l’apôtre revient au combat de la foi, mentionné dans le chap. 11. Ce combat, Jésus l’a livré d’abord au désert, où le tentateur vint lui présenter les convoitises pour le faire sortir du chemin de la dépendance. Il prit comme arme l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu, et força l’ennemi à se retirer. Ensuite, en Gethsémané, où « dans l’angoisse du combat », quand Satan apparaissait comme un lion rugissant, « sa sueur devint comme des grumeaux de sang, découlant sur la terre ». A-t-il été découragé ? Et nous, avons-nous jamais suivi le même chemin ?

 

Commentaire sur l’épître aux Hébreux

Au v. 4, nous arrivons au combat contre le péché. Le v. 1 nous parlait du péché qui nous enveloppe aisément. Il s’agit là de ce qui vient de l’intérieur ; au v. 4, c’est contre le péché qui vient du dehors qu’il faut combattre. Dans ce sens, Christ a combattu contre le péché, quand il endurait la contradiction des pécheurs contre lui-même. «Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché». Les chrétiens hébreux avaient enduré de grandes souffrances (voir chap. 10:32-34), mais ils n’avaient pas encore eu à donner leur vie, à sceller de leur sang leur témoignage à la vérité. Christ l’avait fait, ainsi que plusieurs des témoins dont il est question au chap. 11. Pourquoi donc se décourager et se relâcher ? Nous sommes les témoins de Dieu dans ce monde de péché ; les témoins du bien au milieu du mal. Toutes sortes de souffrances se rattachent à ce témoignage. Le monde qui «gît dans le méchant» nous enserre et nous presse de toutes parts ; on résiste : mais c’est en souffrant. On endure l’opprobre, le dédain, la malveillance, des pertes, et il s’agit de résister, de tenir ferme, fût-ce même jusqu’à la mort. Christ l’a fait ; il a mieux aimé mourir que de ne pas glorifier Dieu en tous points. Les Hébreux, au contraire, s’étaient relâchés devant ces souffrances attachées au conflit entre le bien et le mal. Nous aussi, hélas ! trop souvent nous nous relâchons. Mais alors Dieu nous vient en aide. Il nous discipline ; il fait notre éducation ; il bride notre volonté pour amener la bénédiction dans nos âmes, et pour nous rendre capables de combattre réellement pour lui contre le mal.