E.Ropp, Bonne Nouvelle (proclamation et défense de la foi) 4/200 p.17-19, BP 82121, F-68060 Mulhouse Cedex-2
Parmi tous les thèmes qui mériteraient d'être pris en considération dans l'environnement qui interfère dans l'épanouissement de notre foi, il est utile de rappeler la place de plus en plus importante occupée par la musique chrétienne contemporaine. L'évolution à laquelle on assiste depuis quelques décennies est due davantage, sinon à la perte de la vraie foi, du moins à sa dégradation, son étiolement dans la vie des églises. Cette dégradation s'observe dans tous les domaines, et en particulier dans «l'ouverture» incompréhensible, d'un point de vue biblique, à des croyances étrangères à la foi des saints en Christ. Il en va ainsi de l'étonnante acceptation de notions, telle par exemple le fait de considérer, d'une manière générale, les membres d'Églises de multitude comme faisant partie du peuple de Dieu à part entière (*). Toutefois, la place investie par la musique « nouvelle » est également des plus significatives.
(*) Ne citons qu'un seul exemple. En 1994, Évangéliques et Catholiques nord-américains se sont fixés un objectif commun : « Évangéliques et Catholiques ensemble, la mission chrétienne durant le troisième millénaire ». Dans leur Déclaration commune ils ont pu affirmer : « Nous sommes des protestants évangéliques et des catholiques romains qui ont été, par la prière, l'étude et le dialogue, amenés à des convictions communes sur la foi chrétienne et les missions... » Conséquence pratique : un catholique n'est plus à évangéliser !
Le Dr P.Masters dit, à son propos : « Il n'y a pas de plus grand changement que cela dans l'histoire récente de l'Église (*). Cela est d'autant plus étonnant lorsqu'on pense à l'origine de cette musique ». Plus loin, il poursuit : « Aujourd'hui, on dit que la culture est entièrement neutre et que la musique est entièrement neutre. Mais on a mélangé le sacré et le profane. On ne fait plus la différence entre les deux. Quelle est l'origine de la musique profane présente ? Mais cette question n'est plus posée. Pourtant, elle vient de derrière les murs de l'enfer, d'un monde anti-Dieu, agressivement anti-Dieu et anti-Évangile. Avec quoi cette musique est-elle le plus souvent associée dans l'esprit des gens ? C'est le monde de la drogue, un monde en croisade contre Christ. Le Seigneur Jésus montre clairement que ce monde est ténèbres (cf. Jn 12.46). Or, le monde dont il parle n'est pas un endroit mais un "ordre", un "système". Ce monde-là « ne peut recevoir l'Esprit de vérité, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point » (Jn 14.17). Quelle association y a-t-il entre ce monde et l'Esprit de l'Évangile ? Comment ce beat (martèlement) lourd et constant m'affecte-t-il ? N'est-ce pas une drogue ? Tout le système émotionnel étant placé sous le pouvoir de cette musique, la question devrait être : Cela m'édifie-t-il ? Mais les pasteurs eux-mêmes écoutent cette musique et s'encouragent mutuellement en échangeant leurs dernières découvertes — voyez leurs blogs... La situation est tragique !... »
(*) Lors d'un de ses messages à la School of Theology, sous le thème : "L'Évangile est à la fois une doctrine et une vie" (en juillet 2010, au Metropolitan Tabernacle de Londres).
Le Dr Masters souligne également le fait que, si la prédication est souvent bonne, l'accompagnement musical est en complète contradiction avec elle. Le message peut être bon, mais le contexte lui a donné une autre signification. L'orchestre a emprunté tous les attributs du monde déchu, dans son style, ses vêtements, sa musique... Dieu veut que je change... mais, là, tout est permis, tout peut être emprunté au monde !
Dans son étude sur le sujet, intitulée «La querelle musicale dans l'église», Ruth Labeth note, entre autres : « De plus en plus, quel que soit le rassemblement de chrétiens, la musique occupe la première place : Ce n'est plus la prédication de la Parole de Dieu qui captive le chrétien, mais la musique ; ce n'est plus Dieu qui est au centre de l'adoration, mais la musique. La musique est devenue l'idole des chrétiens ».
À propos de l'envahissement de la musique dans les lieux de culte, R. Labeth constate aussi : « Dans les églises chrétiennes, comme dans le monde, on utilise la musique pour parvenir à une conscience transformée, à un état d'ivresse hédoniste. On substitue aux grâces de l'Esprit de Dieu la musique (NDLR : c'est nous qui soulignons), et on nous fait croire que la puissance dont le chrétien a besoin est dans les décibels et le beat. "Cette sensation de bonheur — voilà ce qui compte en notre époque hédoniste (adonnée au plaisir). Non pas la vérité, ni la connaissance spirituelle, mais l'agréable sensation de l'ivresse, le fait de se sentir bien dans une société de bien-être».
Un autre rôle très important de la musique est son côté rassembleur. R. Labeth cite : « Un exemple d'ouverture oecuménique au niveau de la musique d'église est la production du recueil Arc en Ciel où on trouve des chants d'horizons ecclésiastiques et culturels très divers, ainsi que le recueil Cantate Domino. Ces répertoires, sans distinction d'origine confessionnelle, servent à établir par la musique des passerelles entre les individus de confessions différentes ».
Dans sa conclusion, notre auteure met le doigt sur un aspect fondamental du problème : « Pourquoi tant de bruit autour de la musique ? Parce qu'on n'en fait pas assez autour du texte de Romains 12.1-2. L'apôtre Paul nous invite premièrement à offrir non pas un culte d'extase ou d'irrationalité, mais raisonnable, c'est-à-dire contrôlé par la raison ; et, deuxièmement, à user de notre intelligence, une intelligence transformée dans la connaissance du Christ par l'Esprit, afin de discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait ».
On peut aussi se demander quel est l'esprit qui anime une telle recherche des choses du monde, un monde qui est inimitié contre Dieu !... La recommandation de l'apôtre Paul aux Corinthiens garde ici toute sa valeur : "Examinez-vous vous- mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes » (2Co 13.5a)
Et Jacques dit : "Adultères que vous êtes ! ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (Jc 4.4)
Dénoncer ces écarts par rapport à la foi biblique est-ce faire preuve d'un esprit de critique négatif ? de manque de charité envers ceux qui ne sont pas de notre avis ? Avoir la «prétention» de cultiver la vraie foi, est-ce se croire meilleur que les autres ? Certainement pas ! Nous avons besoin d'être pleinement conscients de nos
manquements comme de notre vulnérabilité. L'apôtre Paul savait pourquoi il disait aux Corinthiens : «Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber !» (1 Co 10.12)
Répétons les mots de J. McArthur : « Les vrais chrétiens ne peuvent faire preuve de complaisance ou d'indifférence à l'égard des influences anti-chrétiennes qui s'exercent au milieu d'eux... » Comme le souligne le Dr Masters, certaines situations sont tragiques ! Aussi sommes-nous reconnaissants à Dieu de donner à Son Église de tels hommes qui n'hésitent pas à alerter Son peuple de manière claire et forte afin que celui-ci puisse se ressaisir avant qu'il ne soit trop tard (cf. les vierges folles qui n'avaient pas de réserve d'huile ; on pourrait ajouter : pas assez armées de l'épée de l'Esprit, c'est-à-dire de la Parole de Dieu pour sortir vainqueur du combat — cf. Mt 25.1-13 et Ep 6.17).
Ainsi, en rapport avec le roman 'La Cabane', Wolfgang Bühne exprime une préoccupation bien légitime pour nous aujourd'hui : « L'inquiétante question surgit : l'appréciation enthousiaste de tant de lecteurs évangéliques du livre, n'est-elle pas l'indication que le dernier reste de crainte de Dieu chez les évangéliques est en voie de disparition et que les paroles d'avertissement de 2Tm 4.3s se sont littéralement réalisées ?: "Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables" ».
La relation en esprit et en vérité de l'enfant de Dieu avec son céleste Père est progressivement remplacée par une spiritualité de nature philosophique, mystique et ésotérique. Comment y résisterons-nous sinon en recherchant assidûment la face de Dieu, mettant sans cesse notre foi à l'épreuve de Sa Parole et nous laissant sonder par son Esprit Saint ?