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LE CHOIX D’UNE ÉPOUSE

 

W. ZUTTER

 

Paroles d’actualité adressées aux jeunes croyants

 

Si l’on excepte la conversion, le choix d’un conjoint est sans contredit, pour un jeune chrétien qui pense au mariage, le pas le plus important de toute sa vie. C’est pourquoi il nous a semblé opportun d’exposer quelques pensées sur ce sujet primordial.

Beaucoup de chers jeunes croyants manquent peut-être moins de bonnes intentions que de direction quant à l’homme intérieur. Ils sont de ce fait exposés à des dangers au sujet desquels nous aimerions les avertir, mesurant l’étendue du préjudice spirituel que leur méconnaissance risque de porter à la future famille. Car si l’on déplore trop d’unions malheureuses, même parmi les enfants de Dieu, dans la plupart des cas, il faut remonter jusqu’à l’origine même de l’affection réciproque, pour expliquer ce fait affligeant.

Nous nous arrêterons donc ensemble sur la question : «La Parole de Dieu trace-t-elle à celui qui le désire sincèrement une ligne de conduite bien définie dont l’observation est en quelque sorte le garant du bonheur désiré ?» Un «oui» clair et net est la seule réponse à cette question. Le chapitre 24 de la Genèse, où nous trouvons le récit touchant d’une demande en mariage, servira de base à notre méditation. La façon dont elle nous est rapportée est pleine d’enseignement pour nous. Sans vouloir considérer tout le chapitre en détail, nous ne nous référerons qu’aux versets étayant notre sujet.

Avec quelle beauté morale Abraham, le père, son serviteur (Éliézer), et Isaac, le fils, nous sont présentés dans ces versets. Nous avons en Abraham, sans aucun doute, un type de notre Père céleste, en Éliézer, son serviteur, le Saint Esprit chargé de trouver l’épouse. Isaac enfin personnifie l’époux qui introduit l’épouse dans la maison. Nous n’avons certes pas ici dans toute leur perfection les relations d’un enfant de Dieu avec son Père céleste, mais les caractères fondamentaux qui ressortent de notre passage sont d’une valeur inestimable pour notre méditation. Si nous comprenons toute la portée spirituelle de la position et du comportement de ces trois personnes, il nous sera facile de discerner les principes renfermés dans nos versets et de nous les appliquer comme ligne de conduite. C’est alors, chers frères, que, si vous appartenez à ceux «dans le coeur desquels sont les chemins frayés», vous pourrez faire l’expérience d’une union heureuse et bénie. En proposant quelques pensées à votre méditation, nous n’imaginons en aucune façon une règle rigide et bornée : les circonstances de la vie sont toujours différentes et Dieu conduit chacun personnellement.

Nous aimerions tout d’abord déterminer quel devoir incombe au futur époux à la recherche de l’épouse. Que le bel exemple de la famille d’Abraham parle à notre coeur ! Le temps était venu pour Isaac de trouver une aide qui lui corresponde. Mais comment satisfaire à ce besoin du coeur, puisque son père et lui-même étaient entourés d’impies ? Isaac était en danger de faire un choix qui ne réponde pas à la volonté de son père, danger qui est le même aujourd’hui pour tous les jeunes gens.

Un tel discernement ne s’acquiert que dans la jouissance d’une communion sans nuage avec Dieu. C’est pourquoi chaque croyant cherchera à connaître, par la prière et dans une attente patiente, la volonté de Dieu quant à son avenir.

Négliger cela, c’est s’exposer à être victime de ses désirs et de ses sentiments naturels. Il faut avant tout savoir si l’on doit vraiment s’engager sur le chemin du mariage. Si ce point, en règle générale, ne présente pas de difficultés particulières, puisqu’il répond à la volonté divine et à la nature de l’homme, il est toutefois nécessaire de bien peser chaque cas devant le Seigneur.

Isaac ne doit certainement pas être considéré comme un fils dépourvu de caractère et livré au bon plaisir de son père. Il s’agit bien plutôt d’une communion parfaitement heureuse entre père et fils. Isaac se sait aimé de son père et l’aime en retour. Son père est au courant de tout ce qui le concerne. Nous pouvons supposer que le désir d’avoir une compagne faisait aussi l’objet des communications intimes du père et du fils. Toute la sagesse et les richesses du père, de même que les promesses divines, étaient là pour la bénédiction et la joie du fils et le rendaient si heureux que la pensée d’attrister son père en suivant un mauvais chemin ou en faisant un choix de propre volonté ne devait même pas l’effleurer.

Heureux celui qui a saisi par la foi cette précieuse position de fils et d’héritier de Dieu, qui jouit des relations de fils bien-aimé du père et de tous les privilèges qui en découlent (Rom. 8:14, 17). Il remet volontiers son avenir au Dieu de toute grâce auquel il doit toutes les richesses d’un si grand salut et qui l’a conduit jusqu’ici. Qui pourrait le bénir plus richement que lui ! Nous voyons par la suite que ce n’est pas Isaac mais Abraham qui prend l’initiative de l’action. Il parle au serviteur, lui donne des instructions précises et tous deux se tiennent devant l’Éternel, conscients du sérieux de la mission qui transformera la vie d’Isaac. On ne pose à ce dernier aucune question, et lui-même ne fait aucune remarque quant au comportement de son père. Il est entièrement soumis à sa volonté, bien qu’il s’agisse de décider de son avenir et de ses intérêts personnels. La volonté propre doit s’effacer, c’est dans la dépendance et la seule présence de Dieu que se forme la destinée dont les suites revêtiront une si grande importance.

C’est dans la réalisation de ces vérités, malheureusement souvent méconnues, que l’on trouve des enseignements profonds et bénis ; elles font partie du secret de nos expériences personnelles avec Dieu. Ce sont autant de bornes inoubliables dans le chemin de notre pèlerinage. Un croyant qui désire fonder solidement sa maison doit aspirer en premier lieu à marcher devant l’Éternel comme Abraham et Éliézer, autrement dit jouir de la communion avec Dieu et se tenir sous la direction du Saint Esprit. Jeune homme, si tu remplis ces conditions, Dieu illuminera ta vie comme le soleil quand il perce les nuages. Il te montrera clairement par son Esprit Saint ce que tu as à faire, si tu dois rechercher une jeune fille en mariage, et où tu la trouveras. Il ne pouvait être question en aucune façon d’arrêter un choix sur l’une des filles des païens au milieu desquels Abraham habitait. Malgré les bonnes dispositions de ceux-ci, et si favorables que fussent les circonstances, Abraham dit résolument «non» !

Certes les filles de Canaan auraient pu plaire à Isaac, mais elles n’avaient ni besoin ni même connaissance de la séparation du monde, de l’adoration du Dieu vivant, ni de la bénédiction découlant des promesses divines. Éviter une telle union était non seulement le désir d’Abraham, mais aussi le saint commandement de Dieu. Comment Isaac aurait-il pu être heureux dans un tel chemin ? Cette condition était si importante pour Abraham qu’il l’accompagna d’un serment. N’entrait en considération pour son fils qu’une fille de sa parenté — au sens spirituel — de la famille de Dieu, élue en lui dès avant la fondation du monde (Éph. 1:4), née d’eau et de l’Esprit, ayant la nature divine et la bourgeoisie des cieux. Chacun comprend-il la nécessité impérieuse de s’en tenir à cette ligne de conduite ? Le monde abonde en tentations, mais c’est justement à ce sujet que la grandeur de l’amour et des soins d’Abraham envers son enfant se montre avec une rare beauté. Crois-tu, cher jeune frère, que ton Père céleste n’a pas à coeur ton bien-être personnel ? Ne veux-tu pas, comme Isaac, remettre entre ses mains en toute confiance la question la plus chère à ton coeur, afin qu’il puisse verser dans celui-ci sa joie et sa bénédiction ? La nature et la volonté de l’homme font, en pareille circonstance, volontiers valoir leurs droits ; il n’en est cependant pas ainsi dans notre passage.

Arrêtons-nous à l’objection d’Éliézer au verset 5 : «Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci». Une jeune fille aurait peut-être accepté de devenir la femme d’Isaac, à condition qu’il renonce à sa position bénie et retourne dans le pays que son père avait quitté. Me faudra-t-il faire retourner ton fils dans le pays d’où tu es sorti ? Cette question incite Abraham à s’exprimer encore plus explicitement, ce à quoi nous devons porter la plus grande attention. «Garde-toi...» enjoint-il au serviteur. Comme cela est sérieux !

Le jeune croyant doit être doublement sur ses gardes et ne se laisser attirer ni par les jeunes filles du lieu où il habite (c’est-à-dire le monde) ni par celles qu’il a fréquentées avant sa conversion, c’est encore le monde, mais sous un autre caractère. Les premières seront prêtes à le suivre en se conformant par amour à ses habitudes. Elles se montreront disposées à lire et à écouter la Parole de Dieu, mais elles ne seront pas prêtes à se soumettre par la repentance à la puissance purificatrice du sang du Seigneur Jésus. Elles ont bien reconnu les privilèges d’un vrai croyant, veulent bien se montrer indulgentes, mais elles refusent de s’abandonner à Christ lui-même. Les unes auraient introduit l’esprit du monde dans la tente d’Isaac, les autres l’auraient fait retourner dans le monde. Jeune homme, tu seras toi aussi confronté avec ces deux tentations, c’est pourquoi nous te répétons : «Garde-toi...» ! Cette exhortation ne s’adresse pas seulement aux jeunes frères mais, dans une mesure tout aussi grande, aux jeunes sœurs. Combien de jeunes filles croyantes ont été demandées en mariage par d’honorables jeunes gens du monde ! Parce que le coeur jouissait trop peu de la communion avec le Seigneur, la force nécessaire pour résister à la tentation a fait défaut. C’est ainsi que commence, en général, un chemin sur lequel peu de temps après on ne s’engagerait probablement plus, mais qu’il faut bien maintenant suivre jusqu’au bout.

L’accomplissement de la volonté d’Abraham, désirant voir une compagne aux côtés de son fils ne devait pas se faire au détriment de la paix intérieure d’Isaac. Bien au contraire, cette épouse devait enrichir sa vie et être le vase dont Dieu se servirait pour accomplir ses promesses. Il ne suffisait pas qu’elle soit de la parenté d’Abraham, il fallait encore qu’elle soit décidée à occuper cette place bénie avec Isaac. Il ne pouvait alors être question de «retourner». Abraham préférait que son fils soit seul, mais heureux, plutôt que de le voir avec une compagne en dehors du terrain de la séparation, et privé de la communion avec Dieu.

«Est-ce vraiment si important ?» demandera l’un ou l’autre. Les enfants de Dieu qui ont été désobéissants à l’égard de ce commandement divin seront le mieux à même de répondre à cette question. Ils ont dû payer ce pas regrettable d’un appauvrissement spirituel et de bien des misères. S’ils étaient restés seuls, mais jouissant de la communion avec le Seigneur, leur vie aurait été combien plus heureuse et plus féconde. Au verset 7 Abraham encourage Éliézer en lui rappelant tous les soins de Dieu et en ajoutant : «Lui-même enverra son ange devant toi». Ne sommes-nous pas émerveillés en considérant tout ce qui concourait au bonheur d’Isaac ? Nous voyons le père qui préside à la destinée de son fils, le serviteur qui exécute l’ordre, et l’ange de l’Éternel qui va devant lui. Cher lecteur, as-tu conscience de toutes les ressources qui sont à ta disposition ? Tu as un Père dans le ciel qui te fait connaître sa volonté, tu possèdes le Saint Esprit qui te conduit en parfait accord avec cette volonté. Même David pouvait chanter : «L’ange de l’Éternel campe autour de ceux qui le craignent» (Ps. 34:7). Ton Père céleste n’a pas seulement à cœur de te tirer hors de ce monde mais, si tu t’enquiers de sa volonté, de t’éclairer dans toutes tes décisions et de décider lui-même pour toi. Il en était ainsi pour Isaac, et il en sera toujours ainsi.

Jusqu’ici ni le jeune homme, ni la jeune fille n’ont joué de rôle dans l’événement qui nous est rapporté. Nous en sommes toujours aux préliminaires, sans avoir touché le fond de l’affaire. Un frère désirant s’engager sur la voie du mariage doit rechercher la face du Seigneur par la prière et être convaincu de ce que nous avons exposé précédemment avant de donner libre cours à ses sentiments et de porter ses regards sur une jeune fille. Celui de nos lecteurs qui désire, par un pur effet de la grâce, marcher à la lumière de ces principes, en se soumettant à la volonté du Seigneur et à la direction du Saint Esprit, celui-là ne doit pas être en souci de son avenir.

Essayons de saisir la valeur pratique de l’attitude du serviteur d’Abraham et des instructions que nous donne le verset 10. Voici un frère qui entretient des communications intimes avec Dieu. Il a une connaissance très nette de sa volonté, et est animé du saint désir de chercher sous la direction de l’Esprit une jeune fille qualifiée parmi les enfants de Dieu. Il se met donc en chemin et espère rencontrer bientôt celle qu’il cherche. Mais voilà que, comme pour Éliézer, de nouvelles difficultés surgissent, plusieurs jeunes filles entrent en ligne de compte. Ce problème peut être résolu de plusieurs manières. Éliézer aurait pu attendre d’avoir vu toutes les jeunes filles, de s’être entretenu avec chacune d’elles, de s’être fait une idée de ses interlocutrices et de leur situation matérielle et, seulement après, fixer son choix.

Tout ceci aurait parfaitement répondu aux instructions formelles d’Abraham mais la volonté propre aurait fait valoir ses droits. 1 Corinthiens 10:23 nous enseigne que : «Toutes choses sont permises, mais toutes choses ne sont pas avantageuses». La possession de biens éphémères peut être une bénédiction, si le Seigneur les donne, mais entraînera une déficience spirituelle si le cœur s’y attache. Éliézer personnifie un croyant qui n’interroge ni la chair ni le sang. Il ne suffisait pas qu’il remplisse fidèlement sa mission quant au pays et à la parenté, le choix de la personne devait être entièrement laissé au bon plaisir de Dieu (voir versets 12-14).

Beaucoup de sagesse et de dépendance sont nécessaires pour choisir une compagne. Cher ami, ne méconnais pas l’exemple d’Éliézer, adonne-toi à la prière, prie avant que les jeunes filles ne «viennent à la fontaine», c’est-à-dire avant que tu n’aies observé l’une ou l’autre et n’aies fait quelques avances sans être sûr que Dieu te destine l’une d’elles. Épanche-toi dans Sa présence comme son enfant bien-aimé, dispose ta requête devant lui, car «votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin».

Celui qui suit l’exemple d’Éliézer ne sera jamais pris au dépourvu quant à son comportement envers les jeunes filles. Sans se détourner d’elles avec affectation, il saura ne froisser personne par une attitude naturelle, dictée par le Saint Esprit. Et il fera l’expérience que Dieu donne de merveilleuses réponses aux prières en lui montrant la compagne qu’il lui a préparée. Que la solution des problèmes les plus difficiles est simple, lorsqu’on marche avec Dieu !

À peine Éliézer a-t-il parlé que Rebecca vient à la fontaine pour accomplir son travail journalier. Elle se tient seule devant lui, montrant clairement par ses paroles et par ses actes que la prière fervente a été exaucée. Il voit en elle celle que l’Éternel a destinée à Isaac. Cette expérience plonge le serviteur fidèle dans un étonnement profond (v. 21). Tout était plus aisé qu’il se l’était imaginé. Il n’avait même pas à choisir entre deux jeunes filles. Parce qu’il a donné la préséance à Dieu, celui-ci lui fait connaître très rapidement la seule et unique choisie par lui, sans qu’il ait eu besoin d’entrer en relation avec aucune autre jeune fille de la ville.

La même expérience peut être faite aujourd’hui par les jeunes gens exercés à ce sujet devant le Seigneur. Ils n’entreront pas en contact avec plusieurs jeunes filles, mais Dieu fera «sortir» vers eux celle qu’il leur destine. Ils connaîtront alors par sa conduite, ses paroles ou son silence que leurs prières ont été exaucées. Peut-être le chemin de l’attente a-t-il été long pour toi, cher ami, mais il en valait la peine pour recevoir celle que le Seigneur t’avait destinée et ton coeur déborde de reconnaissance en présence de la fidélité de Dieu. Peut-être aussi cette jeune fille t’est-elle depuis longtemps connue comme soeur en Christ, elle t’apparaît désormais sous un tout autre jour.

Le serviteur regardait Rebecca «sans rien dire» pour savoir si l’Éternel avait fait prospérer son voyage, ou non. Cette attitude d’Éliézer est pleine de sagesse. En admettant que ta prière ait été exaucée, que le Seigneur t’ait clairement fait voir celle qu’il te destine et que ton coeur déborde de joie, «garde le silence», ne le dis à personne, pas plus à la jeune fille elle-même qu’à d’autres gens, évite toute volonté propre, regarde tranquillement et attends. Examine sérieusement devant Dieu si ton affection et l’expérience que tu as faite procèdent de Lui. As-tu reconnu sans aucun doute que tu te trouves sur le bon chemin, il ne reste alors qu’une chose à faire : connaître la famille de la jeune fille avant de livrer le secret de ton affection. C’est la signification du verset 23 : «De qui es-tu fille ?» Tout en cherchant à exécuter très exactement l’ordre reçu, Éliézer reste prudent et réservé malgré la joie qu’il éprouve à rencontrer Rebecca. Il avait discerné clairement l’exaucement de sa prière, mais il ne s’agissait pas seulement de cela ; il devait avant toute chose accomplir à la lettre l’injonction de son seigneur.

Il vaut la peine de considérer un instant ces deux faits, c’est-à-dire l’ordre de son maître et la prière avec les suites qu’elle comporte. Le commandement est l’expression de la volonté de Dieu donnée par sa Parole et son Esprit. La prière jaillit du coeur, et par elle nous nous adressons à Dieu. Chaque croyant, tout comme Éliézer, joint la prière à l’exécution du commandement reçu. Si ta prière est partiellement ou complètement exaucée, c’est certainement un grand encouragement, mais ce n’est pas encore la preuve absolue que cet exaucement soit en accord avec la volonté du Seigneur.

Aussi remarquable qu’ait été l’exaucement de la prière d’Éliézer, il ne lui donna pas la liberté de faire le deuxième pas. Il se tut, car la volonté du patriarche devait être parfaitement accomplie. Il se trouvait bien dans le pays recommandé par Abraham, il avait bien devant lui la jeune fille choisie par Dieu, mais aussi longtemps qu’il ne connaissait pas la famille et la parenté, il garda le silence. L’assurance que l’ordre avait été exécuté ne résidait pas dans le seul exaucement de sa prière, mais dans la parole de son seigneur. Cet exaucement peut certainement engendrer de l’étonnement, cependant la bouche d’Éliézer reste fermée : il se tait et fait monter louange et actions de grâce devant l’Éternel, plus rien ne s’opposant à la poursuite de sa mission. C’est ainsi que nous serons gardés de déceptions en nous tenant dans la lumière de la Parole de Dieu, même après l’exaucement de nos prières.

Arrêtons-nous maintenant un instant sur quelques considérations qui pourraient être utiles à une jeune fille. Par la présence d’Éliézer auprès de la fontaine, le comportement de Rebecca a été soumis à une certaine épreuve. En plus de ses occupations habituelles, elle a été placée sans y être préparée devant une grande tâche de nature à dévoiler son caractère. Éliézer ne lui demande, il est vrai, qu’un peu d’eau pour lui-même, demande facile à satisfaire, mais elle lui en donna abondamment et dit : «Je puiserai aussi pour tes chameaux». Si Rebecca ne lui avait donné qu’un peu d’eau à boire, il n’aurait sans doute pas renouvelé sa demande. Il aurait immédiatement reconnu, en vertu de sa prière, qu’elle n’était pas celle que Dieu avait destinée à Isaac. Mais c’est précisément là que Rebecca se révèle être un exemple pour toutes les jeunes filles d’aujourd’hui, exemple à la hauteur de son merveilleux appel. Elle ne compte pas sur l’aide de ses compagnes. Elle ne demande pas non plus si sa peine sera récompensée ou non ; elle est placée devant sa tâche et se met immédiatement à l’œuvre pour l’accomplir. Nous avons en elle un très bel exemple de jeune fille spirituelle qui ne pense pas uniquement à elle-même et aux choses terrestres, mais qui est disposée à servir le Seigneur sans s’occuper de la rétribution. Comme le même travail peut avoir deux valeurs différentes ! Avec l’eau que le troupeau buvait, elle exerçait son activité journalière, avec l’eau dont elle étanchait la soif d’Éliézer et celle des chameaux, elle servait Dieu. Le même endroit, la même personne, la même heure, le même ustensile, le même travail, et pourtant un service différent. Notre travail n’a peut-être qu’une valeur terrestre mais, s’il est fait pour le Seigneur, il peut rafraîchir son cœur et faire l’objet d’un appel divin. Bienheureuse celle de nos lectrices qui peut être comparée à Rebecca ! Elle ne perdra certainement pas sa récompense. En effet, comment Dieu pourrait-il avoir recours à ses services sans la récompenser richement ?

Reprenons le cours de notre méditation. Jusqu’ici personne n’a pu lire dans le coeur du jeune homme exercé à qui nous nous adressons et l’issue de l’expérience faite avec le Seigneur n’a pas encore été révélée. Si le propos de Dieu doit avoir son accomplissement, le moment est venu de t’en ouvrir, comme cela nous est solennellement rapporté dans les versets 33 à 49. Jusqu’à cette heure tu n’avais aucun motif de te confier à qui que ce soit, si ce n’est à tes propres parents (selon les circonstances un entretien confidentiel avec un frère éprouvé ou un «père en Christ» peut naturellement être profitable) même pas à « Rebecca», mais seulement à ton Seigneur. Mais maintenant tu jouis de la pleine assurance de la foi et tu désires parler devant Dieu et devant les hommes. Ton cœur est animé par l’ordre divin, touché par la fidélité de Dieu qui t’a gardé sur le chemin et conduit à la maison. Tu as vu la jeune fille, tu as observé son attitude. Tu dois maintenant être capable, si tu as suivi le chemin d’Éliézer, d’exposer aux parents de la jeune fille, qui peut-être ne se doutent de rien, l’objet de ta requête depuis son origine jusqu’au moment présent. Tu peux parler de ton affection toujours plus vive envers leur fille, de tes luttes, de tes prières, de tes expériences avec le Seigneur. Éliézer ne se présente pas comme un homme superficiel, offrant ou voulant faire un bon parti. Il n’était rien de moins pour la famille de Bethuel que «le béni de l’Éternel». La première visite dans la maison des parents devrait laisser cette impression.

Mentionnons encore un trait de caractère d’Éliézer. Bien qu’il sache parfaitement que Rebecca est la jeune fille destinée par Dieu à Isaac, il n’émet aucune prétention, laissant à la famille le soin de décider si elle veut donner la jeune fille ou non. Il va même jusqu’à se soumettre à leur volonté, faisant ainsi preuve d’un niveau spirituel élevé.

Veuille donc observer ceci : il ne s’agit pas en choisissant ta fiancée de satisfaire en premier lieu tes penchants naturels, bien qu’ils soient intimement liés à ce choix, mais d’accomplir un ordre divin. L’impression que tu laisseras d’une entrevue au cours de laquelle tu auras, en ta qualité de frère spirituel, livré ton secret doit amener la famille à reconnaître clairement que «la chose procède de l’Éternel». Une telle expérience est sans contredit remarquable pour tous les intéressés, lorsque le comportement d’un jeune homme permet d’entrevoir la main du Seigneur nouant des liens familiaux et unissant deux cœurs pour la vie. Il est naturel que les parents et la jeune fille elle-même aient besoin d’un certain laps de temps pour se prononcer. Comment est-il possible qu’une éventualité, qui s’est formée peu à peu dans ton cœur et au sujet de laquelle tu as longtemps prié, soit tranchée sur-le-champ ? Le plus grand service que tu puisses rendre à cet égard tant aux parents qu’à la jeune fille consiste justement à susciter par ta conduite la conviction : «La chose procède de l’Éternel». Si cette condition n’est pas remplie, la lumière ne saurait jaillir. En revanche, si elle est réalisée, tu pourras compter sur l’assentiment des parents et ils considéreront ta démarche comme la réalisation des conseils divins. Ils se réjouiront de l’avenir de leur enfant et l’assisteront de leur appui, si bien que, après un temps de réflexion plus ou moins long, la jeune fille pourra répondre à la question : «Iras-tu avec cet homme ?» par un joyeux : «J’irai». Plus d’une jeune lectrice s’inquiétera peut-être à la pensée de devoir brusquement être placée devant une telle décision, en particulier si l’homme qui demande sa main ne répond pas tout à fait à ce qu’elle attendait. Va-t-elle laisser disposer de sa personne sans avoir son mot à dire, presque comme une esclave ? Si l’on agissait ainsi envers elle, nous le comprendrions, mais c’est tout autre chose lorsqu’un jeune homme suit le chemin que nous avons décrit pour venir auprès d’elle ; elle est alors mise en face non pas de la volonté d’un homme, mais de la volonté de Dieu et tout apparaît sous un jour entièrement nouveau. Même si la profession, les moyens d’existence, le degré d’instruction, la parenté sont des éléments qui doivent être pris en considération, il n’en est pas moins vrai qu’ils n’occupent pas la première place. Nous connaissons des soeurs dans le Seigneur dont l’époux actuel suscita lors de sa première visite plus de déception que de joie. Cependant il se révéla être l’envoyé du Seigneur ; il laissa à la jeune soeur le temps de s’épancher devant Dieu et elle est aujourd’hui du nombre de ces femmes et mères pieuses possédant la ferme conviction d’avoir justement trouvé le mari capable de les rendre heureuses.

Nous sommes ainsi parvenus au bout du chemin secret de tout jeune homme à la recherche d’une épouse. On comprend aisément que la dernière déclaration de la jeune fille le remplisse de joie. Après avoir persévéré dans la prière et fait d’inoubliables expériences, il aimerait maintenant avoir à ses côtés celle que le Seigneur lui a destinée : «Ne me retardez point, quand l’Éternel a fait prospérer mon voyage». Il est sans doute opportun, lorsqu’on a reconnu des deux côtés la volonté du Seigneur et que les dispositions naturelles s’harmonisent, de ne pas retarder le mariage plus longtemps qu’il n’est nécessaire. Le chemin suivi par Éliézer et l’œuvre qu’il a accomplie nous sont relatés d’une façon très belle dans les versets 10 à 66 ; le fiancé n’est jamais mentionné comme prenant des initiatives. Bienheureux le frère qui laisse agir le Saint Esprit ! Ce n’est qu’au verset 67 que le fiancé intervient et conduit la jeune fille à la maison ; elle devint sa femme et il l’aima.

«Il l’aima». J’aimerais ajouter quelques mots à ce sujet. L’amour de l’homme à l’égard de sa femme est beaucoup plus important qu’on ne veut bien l’admettre en général. Nous ne pouvons pas nous imaginer le choix d’une épouse sans le mobile de l’amour : c’est une condition indispensable. Il serait inexcusable devant le Seigneur de faire ce pas en étant seulement poussé par la raison. L’amour commence avec le mariage, et s’enracine ensuite toujours plus profondément. Isaac n’avait pas besoin de l’exhortation : «Maris, aimez vos femmes». Il aimait Rebecca comme ayant reçu ce don de la main de Dieu. Sa présence le lui rappelait tous les jours.

Que tous mes chers lecteurs examinent leur vie et leur conduite devant le Seigneur à la lumière de ce qui précède ; il sera peut-être possible de corriger des négligences ou de réparer ses fautes. Cette parole s’adresse en premier lieu aux jeunes gens et aux jeunes filles, mais aussi à vous, chers parents, pour que vous soyez capables de conseiller votre fils et de venir en aide à votre fille. Les enfants sont le bien le plus précieux que le Seigneur nous a confié. Aspirez donc à ce qu’ils mûrissent intérieurement et qu’ils soient à la hauteur de la dignité de cet appel qu’est le mariage. Prenez garde à ce que la conversation soit spirituelle, en particulier lorsque d’autres croyants, jeunes gens et jeunes filles, fréquentent votre maison. Il en résultera une grande bénédiction pour toute la famille. Comme nous l’avons mentionné au début, les voies de Dieu sont différentes envers chacun de nous, mais elles sont toujours en rapport avec le modèle du chapitre sur lequel repose notre méditation. L’un de nos lecteurs pourrait peut-être demander s’il existe beaucoup de mariages qui sont établis sur un tel fondement ? Seul Celui devant lequel nous sommes tous comme un livre ouvert peut donner la réponse exacte. Nous affirmons toutefois que des frères se sont efforcés en toute bonne foi de suivre ce chemin et nous ajouterons, à titre d’encouragement, que le Seigneur fidèle leur a accordé et le vouloir et le faire. Il se pourrait que les mariages conçus dans cet esprit soient en vérité assez rares. Beaucoup n’ont connu le Seigneur Jésus qu’après leur mariage. D’autres, faute d’une connaissance suffisante de l’Écriture, ou trop peu soumis à la Parole et trop peu confiants dans le Seigneur, n’ont suivi ce chemin qu’en partie, peut-être même pas du tout. Ceci étant, il est tout naturel qu’on ne goûte pas la richesse d’une telle expérience avec le Seigneur.

Ces lignes ne sauraient en aucune façon revêtir le caractère d’un blâme ; elles ont tout simplement pour but de montrer jusqu’où nous pouvons monter dans ce chemin parsemé de si riches bénédictions. De toute manière, si nous voyons des enfants de Dieu suivre à cet égard un chemin contraire à l’Écriture, gardons-nous d’exprimer à leur sujet un jugement inconsidéré et peu charitable. En agissant ainsi, non seulement nous ne serions pas utiles à la personne concernée, mais il nous serait impossible de la gagner. Même si nous ne pouvons approuver sa conduite et si nous estimons convenable de lui adresser une parole, il faut éviter à tout prix qu’un fossé infranchissable sépare des enfants de Dieu ; nous nous rendrions ainsi tout aussi coupables devant le Seigneur.

J’aimerais en terminant, attirer l’attention sur un autre point. Il se pourrait que l’un ou l’autre lecteur d’âge mûr se frappe la poitrine en lisant cet article et s’accuse en pensant que beaucoup de choses auraient pu se dérouler autrement. Et pourtant, le Seigneur a été fidèle ! Le ménage est heureux, les enfants suivent le chemin de la séparation pour Dieu. Tout est allé pour le mieux. S’il en est ainsi, cela confirme qu’il n’y a de notre côté aucun mérite, mais que nous devons tout à la fidélité et à la grâce du Seigneur. Soyons-en d’autant plus reconnaissants. Avec l’âge et l’expérience, la connaissance de la Parole s’approfondit. Nos enfants arrivent à la borne que nous avions atteinte il y a vingt-cinq ou trente ans ; ils manquent de cette expérience, ils sont ignorants des choses de la vie et ne possèdent qu’une connaissance insuffisante de la Parole de Dieu. Chers parents, ne permettez pas que vos enfants commettent vos fautes. Ne pensez pas que, tout ayant bien marché pour vous, il en sera obligatoirement de même pour vos enfants ; cette attitude serait très dangereuse. C’est pourquoi mettez votre connaissance de l’Écriture, votre expérience, alliée à beaucoup de tact, de sagesse et d’amour, au service de vos enfants, sans vouloir jouer le rôle d’un dictateur ou d’un tuteur infaillible. Veillez à ce qu’ils aient dès leur plus jeune âge une vaste connaissance de la volonté du Seigneur quant aux différentes questions de la vie chrétienne pratique. Et que notre Seigneur et Maître Jésus Christ bénisse vos efforts !