Réception à la Table du Seigneur – Y a-t-il un ordre selon la Parole de Dieu

(Recommandations, Personnes inconnues ou peu connues)

D.Watt, 1996

Pouvons-nous apprendre, par les Écritures, quel est le droit chemin pour recevoir des chrétiens ? Si oui, nous avons des raisons infaillibles pour procéder selon elles. S’il y a une réponse dans les Écritures, nous sommes tenus à nous y conformer, car nous avons à vivre de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt 4,4).

La question a été soulevée de savoir si on peut recevoir une personne inconnue, quelques minutes avant le début de la réunion, pour prendre part à la Cène, en se basant uniquement sur sa seule déclaration d’être un chrétien. Est-ce que cela est en accord avec les Écritures ? Quelle aide pouvons-nous trouver dans la Parole de Dieu pour nous guider ?

Pour commencer, nous avons quatre exemples de réception et deux autres versets d’ordre général qui nous sont donnés pour que nous nous en inspirions aujourd’hui.

Et comme il [Apollos] se proposait de passer en Achaïe, les frères écrivirent aux disciples et les exhortèrent à le recevoir  (Ac 18,27)

Or je vous recommande Phoebé, notre soeur, qui est servante de l’assemblée qui est à Cenchrée, afin que vous la receviez dans le Seigneur, comme il convient à des saints, et que vous l’assistiez dans toute affaire pour laquelle elle aurait besoin de vous (Ro 16,1)

Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, et Marc, le neveu de Barnabas, touchant lequel vous avez reçu des ordres (s’il vient vers vous, recevez-le), et Jésus appelé Juste (Col 4,10)

Et étant arrivé à Jérusalem, il (Saul) cherchait à se joindre aux disciples ; et tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût disciple ; mais Barnabas le prit et le mena aux apôtres, et leur raconta comment, sur le chemin, il avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment il avait parlé ouvertement, à Damas, au nom de Jésus (Ac 9, 26,27).

C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu (Ro 15,7)

Or quant à celui qui est faible en foi, recevez-le ; non pas pour la décision de questions douteuses (Ro 14,1).

PRINCIPES

Ces versets nous présentent, pour notre instruction, quelques précisions cohérentes relativement à la réception, savoir :

¶ Les assemblées prenaient soin de ne recevoir que des croyants.

¶ Dans ces exemples, les chrétiens n’étaient pas reçus sur la base de leurs propres déclarations d’être des croyants. Ils étaient reçus sur la base des recommandations d’autres personnes, qui savaient s’ils menaient une vie en accord avec la profession de foi chrétienne. « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (Mt 7,16).

¶ En Actes 18, la recommandation est faite par plusieurs personnes et non pas par une seule. Ceci est un principe que nous avons à suivre aujourd’hui. « Par la bouche de deux ou de trois témoins toute affaire sera établie » (2Co 13,1). Il peut y avoir quelques cas où l’assemblée est disposée à recevoir sur la base de la recommandation d’une seule personne dont le discernement spirituel est hautement estimé. Barnabas et Paul, par exemple, sont seuls à recommander quelqu’un en Actes 9 et en Romains 16.

¶ Dans ces exemples, la recommandation est faite à l’assemblée. C’est à l’assemblée que l’on s’adresse comme seule autorisée à recevoir quelqu’un. En 1 Corinthiens 5 c’est l’assemblée, étant réunie, qui a la responsabilité de discerner s’il y a lieu d’admettre ou d’exclure des croyants (le dedans et le dehors).

¶ Il y a deux types de recommandation ; verbale comme en Actes 9, et écrite dans les autres cas.

¶ Dans le passage de Romains 14,1 à 15,7, Paul fait bien comprendre qu’il peut y avoir certaines choses qui ne devraient pas empêcher une réception ou gâter la communion. Il donne, comme exemple, différents points de vue sur des sujets tels que s’abstenir de boire du vin, la célébration de jours de fête, ou de diététique. Ainsi Paul exhorte les Romains à recevoir des croyants sans faire de ces choses un obstacle à leur réception.

¶ Il nous faut aussi tenir compte de 2 Corinthiens 3,1. Nous voyons là qu’il est considéré comme normal que des chrétiens soient recommandés en des endroits où ils ne sont pas connus. Cependant, dans le cas d’une personne bien connue, la recommandation n’était pas nécessaire. Diotrèphe, dans la 3^ème épître de Jean, semble agir selon des principes qui sont contraires à ceux qui, selon l’Écriture, s’appliquent à ce dernier cas.

¶ En résumé : Les croyants étaient reçus par l’assemblée sur la recommandation de ceux qui pouvaient témoigner que le croyant en question menait une vie en accord avec la profession de foi chrétienne. Et nous pouvons conclure avec justesse, en nous basant sur la cohérence de ces versets qui illustrent la manière de recevoir, que nous avons là un modèle qui nous est donné pour que nous le suivions. Il ne s’agit pas là de versets pris au hasard, ou qui n’ont aucun lien entre eux ; ils ont été écrits pour notre instruction.

Nous venons de considérer les exemples de réception qui nous sont donnés dans l’Écriture. Il y a lieu, pourtant, de considérer un point supplémentaire qui nous sera en aide avant d’examiner, d’une manière plus précise, le sujet relatif à la réception de personnes inconnues : c’est qu’il n’y a qu’un seul type de réception indiqué dans l’Écriture. Comme nous avons pu le voir, la réception selon l’Écriture commence avec la recommandation et se termine par la réception par l’assemblée. Des pensées relatives à différents modes de réception tels que "à plein temps, à temps partiel, communion entière, occasionnelle, régulière, irrégulière, pratique, association entière, exceptionnelle, etc." ne se trouvent pas dans l’Écriture. Il n’y avait et il n’y a qu’une sorte de réception. Les différentes distinctions ci-dessus n’ont effectivement cours que dans le sectarisme et dans les différentes dénominations, et non pas là où l’unité du corps de Christ est reconnue.  

APPLICATION

Quelle application ont alors ces vérités par rapport à la question, "Une personne inconnue peut-elle être reçue ?" Est-ce qu’une personne peut être reçue - quelques minutes avant la fraction du pain, ou si elle est en retard, même une fois que la réunion a commencé - selon l’ordre qui nous est indiqué par les passages qui viennent d’être examinés ? Nous voulons considérer maintenant quelques détails et interrogations relatives à ces questions.

Comme nous l’avons déjà remarqué, les croyants étaient reçus sur la base de la recommandation faite par d’autres. Dans le cas d’une personne inconnue, il est bien clair qu’il n’y a personne qui puisse donner une recommandation comme quoi la conduite de la personne est en accord avec sa profession de foi chrétienne. Le fait est que personne ne la connaît et que personne ne peut, intelligemment, la recommander. S’il n’y a pas de recommandation, iI manque à l’assemblée le témoignage vital requis afin que la réception soit l’acte de droiture, de confiance, d’intelligence spirituelle et de joie qu’elle devrait être.

Certains se demandent si, dans le cas où l’on ne dispose que d’un bref délai de réflexion, il suffit que l’on s’assure que la personne qui se présente est un croyant. Ceci est une question fondamentale, mais ce n’est pas la seule. Dans les exemples que nous avons examinés, ces croyants avaient été reçus parce que leurs vies étaient recommandables. Elles étaient connues comme vivant d’une manière pieuse. Nous devons aussi nous souvenir que quelques croyants sont exclus de la participation à la Cène du Seigneur, et que la Cène doit être célébrée avec sincérité et vérité ; cf. 1Co 5,8 et 2Ti 2,22. Chaque croyant a le droit de se souvenir de Christ. Mais accorder le droit de participer, sans tenir compte de la conduite, des associations ou des croyances relatives aux fondements de la doctrine, c’est tolérer ce que l’Écriture ne permet pas. Tout croyant devrait se souvenir de Christ, mais tous ne sont pas dans un état pratique pour le faire. Se contenter de savoir qu’une personne est un croyant n’est évidemment pas la seule considération à examiner relativement à la réception.

"Sommes-nous responsables quant à ce que nous ignorons au sujet d’une personne inconnue ? Nous la recevons comme croyant, sommes-nous responsable de quelque chose de plus ?" On a besoin, pourtant, de poser une question plus fondamentale ; simplement : "Sommes- nous responsables ?" Oui, nous le sommes ! Hélas, quelques croyants doivent être exclus. La sainteté de l’assemblée doit être maintenue et seuls des croyants pieux [conséquents] doivent être reçus. Dire que nous allons recevoir une personne dans la hâte du moment c’est renoncer à notre responsabilité. Nous avons aussi à considérer d’autres questions qui devraient nous faire réfléchir. Quelle est la responsabilité d’une assemblée lorsqu’il devient évident qu’elle a reçu d’une manière précipitée quelqu’un qu’il ne fallait pas recevoir ? Est-ce juste, ou aimable, que de recevoir rapidement une personne, peut être seulement pour lui dire, après un examen plus approfondi, qu’elle ne pourra pas être reçue la semaine suivante ? Nous devons aussi nous souvenir que la seule manière, selon l’Écriture, pour une assemblée d’annuler une réception se fait par l’exercice de la discipline. Admettre est une sérieuse responsabilité avec de sérieuses conséquences. Est-ce aimable ou juste d’éventuellement "mettre quelqu’un en évidence" pour des raisons de discipline, parce que nous avons manqué en n’examinant pas suffisamment sa marche lorsqu’il a été reçu ?

"Recevons cette personne avec grâce et clarifions les choses plus tard" est une pensée similaire. Là encore c’est esquiver une difficulté, ou ignorer notre responsabilité d’agir avec fidélité et intelligence. Beaucoup de chrétiens dans le monde de nos jours considèrent que faire attendre quelqu’un pendant que l’on s’assure des faits, est une pratique lente, sévère, pesante et restrictive. Nous ne pouvons cependant pas nous laisser influencer par le fait qu’il y a des choses que d’autres croyants ne comprennent pas, ou même rejettent, et qui nous entraîneraient à ne plus adhérer à la volonté de Dieu, et à ce que cette manière de penser devienne la norme de notre conduite. Recevoir quelqu’un alors que l’on ne sait pas réellement s’il devrait ou ne devrait pas être admis, c’est tordre l’ Écriture au lieu d’agir en grâce et en vérité.

On a aussi posé la question de savoir si nous pouvons toujours être sûrs que la manière de vivre d’une personne est en cohérence avec la profession de foi chrétienne et, d’autre part, s’il n’y a pas des personnes déjà admises qui ne se montrent pas à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre d’elles. Il est effectivement possible ou probable que ces deux choses soient vraies, mais elles ne justifient pas que l’on s’abstienne de faire ce que nous savons être juste.

Désirer s’assurer d’une manière plus complète si une personne inconnue est un croyant, a été interprété défavorablement, comme si on présumait systématiquement que des visiteurs inconnus sont disqualifiés pour être admis en communion. C’est une erreur. Si c’était vrai, cela serait en désaccord avec l’enseignement que l’amour croit tout et n’impute pas le mal (1Co 13,7,5). Cependant, la vraie raison pour laquelle on ne reçoit pas immédiatement une personne inconnue, ce n’est pas qu’elle soit présumée non qualifiée ou souillée, mais simplement parce que nous ne connaissons pas d’autre manière de faire. C’est le manque de renseignements précis qui nous empêche de prendre une décision pour recevoir une personne inconnue, plutôt qu’une présomption qu’elle soit disqualifiée. La réception doit être basée sur des certitudes et non pas sur des incertitudes.

Lors de discussions, la question suivante a aussi été soulevée : "Est-ce que des croyants devraient être reçus immédiatement sur la base de leur profession de foi chrétienne" ? En Actes 9 nous voyons que Paul n’avait pas été reçu à Jérusalem immédiatement et naturellement, vu ses intentions homicides précédentes à l’encontre des croyants qui s’y trouvaient. Qu’est-ce qui a ensuite changé leur manière de penser, et les a amenés à le recevoir ? Était-ce les informations qui leur furent données relativement à sa conversion ? En partie, mais c’était davantage le changement visible qui s’était produit dans la vie de Paul. Le verset 27 nous informe comment il avait parlé ouvertement au nom de Jésus. C’est à cause de cela que Barnabas a pu le leur recommander et c’est cela qui a conduit à la réception de Paul. Aujourd’hui, par exemple, si un toxicomane, un voleur ou un homme qui bat sa femme se convertissent, est-ce que nous nous précipiterions pour les admettre à la Table du Seigneur immédiatement ? Ne devrions-nous pas plutôt les enseigner avec sagesse, et les guider, tout en attendant patiemment, et en les portant par la prière afin qu’ils montrent qu’ils ont renoncé à tout ce qui déshonorait leur Seigneur. Cela vaut mieux que de les mettre sous la discipline ou de les exclure, quelques jours plus tard et d’amener ainsi, à cause de notre négligence, du déshonneur sur le nom du Seigneur.

Pour finir, nous avons déjà vu que c’est l’assemblée qui reçoit, non pas quelques-uns de l’assemblée. Etant donné cela, il est difficile d’imaginer qu’une assemblée puisse s’entretenir ensemble, correctement, pendant quelques minutes seulement avant le début d’une réunion, ou même moins dans le cas de quelqu’un qui vient en retard. On a suggéré qu’une assemblée puisse déléguer la compétence de la réception à quelques-uns qui pourraient s’occuper "des cas exceptionnels avec des personnes inconnues". Cela aussi, quoique peut être pas intentionnellement, c’est renoncer à la responsabilité qui incombe à l’assemblée, et créer une nouvelle catégorie de réception qui ne se trouve pas dans l’Écriture. Qu’arriverait-il si une personne non connue est accueillie à l’entrée par deux "frères délégués", mais connue par un autre frère pour sa conduite immorale ? Faudrait-il que le frère déjà assis se retienne de parler, ou au contraire qu’il fasse une déclaration devant tous, qu’il entre en confrontation lui-même avec la personne qui vient d’être reçue, ou qu’il essaye de convaincre les frères qui reçoivent d’aller vers le visiteur et lui dire que sa réception vient juste d’être annulée ? Il s’en suivrait, dans tous les cas, une situation très regrettable ainsi que du trouble.

CONCLUSION

Nous ne pouvons donc pas, selon les enseignements de l’Écriture, recevoir des croyants non connus, sans recommandation, uniquement sur la base de leur propre confession d’appartenir à Christ, car l’assemblée a la responsabilité de recevoir seulement ceux qui sont connus comme marchant en Christ d’une manière conséquente et droite. D’autre part, dans la pratique l’assemblée n’a pas le temps d’assumer correctement, avec sagesse et fidélité, ses responsabilités relativement à la réception, quelques minutes avant le début d’une réunion. Un petit nombre de délégués ne doivent pas, non plus, prendre à leur compte ce qui est véritablement la prérogative de l’assemblée. De plus, lorsqu’une personne qui cherche à participer à la fraction du pain est inconnue, il n’y a personne qui puisse la recommander ou témoigner quant à sa manière de se conduire ; l’assemblée, par manque d’information, n’est alors pas capable de prendre une décision responsable quant à sa réception.

Ces principes ne sont pas nouveaux. Ils ont été suivis dès le début du christianisme, et beaucoup d’assemblées à travers le monde s’y conforment. Quelqu’un désire-t-il se souvenir du Seigneur dans sa mort, ce désir est alors porté à la connaissance de l’assemblée. L’assemblée assume alors ses responsabilités en ne recevant que ces croyants dont elle a pu constater que leur manière de vivre est honnête et droite. Cela peut prendre des jours, des semaines ou des mois ; chaque cas sera différent, mais il est évident que le fait de recevoir une personne inconnue – ou en lui posant simplement la question "Êtes-vous un croyant ?" – n’est pas conforme aux Écritures. Agir ainsi créerait un nouveau type de réception occasionnelle, quelque chose que nous ne sommes pas libres de faire.

On comprend tout à fait la peine que l’on peut causer à des personnes inconnues qui demandent à participer à la fraction du pain, et qui ne comprennent pas pourquoi cela ne leur est pas accordé. Prions afin de savoir comment leur parler afin qu’elles soient amenées à prendre conscience du fait qu’elles sont également assemblées au nom du Seigneur Jésus. Ces vérités ne sont pas populaires dans une chrétienté de plus en plus œcuménique, et seraient, malheureusement, condamnées dans beaucoup d’endroits ; mais la blessure qu’elles peuvent faire à la susceptibilité de quelques-uns n’est pas une raison pour ne pas nous y conformer.

Il y a beaucoup de questions et de vérités apparentées qui pourraient être abordées ici, notamment sur le fond même de la réception, et non pas seulement sur une partie des modalités ; mais il est préférable de laisser à d’autres ces questions pour qu’ils complètent ce qui a déjà été écrit sur ces sujets.

Paix soit à vous tous qui êtes en Christ.