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Les objectifs de Dieu sont-ils les nôtres ?
William Wooldridge Fereday [entre crochets, ajouts de Bibliquest]
Bible Treasury, Vol. N1, page 27 (février 1896)
Table des matières :
1 [Le temps actuel et l’activité des serviteurs]
2 [Objectif apparents. Action désirable]
3 [L’œuvre de Dieu dans le temps présent]
4 [Les dons de Christ à Son assemblée. Comment ils s’exercent]
5 [Rôle des évangélistes. Les carences]
Permettez quelques remarques en rapport avec l’œuvre du Seigneur. Il est indiscutable que nous sommes dans un temps de grande activité. De tous côtés, des gens professent être chrétiens en faisant des efforts énormes, peut-être davantage qu’à aucun moment depuis le temps des apôtres. Mais ces efforts sont très variables tant en genre qu’en caractère. L’ennemi des âmes est lui aussi actif, plus que jamais, pour propager sans cesse toutes sortes d’erreurs ; et même, plus l’erreur est grave, plus ses défenseurs semblent convaincus. Les esprits des hommes sont empoisonnés par le ritualisme et le rationalisme ; la personne et l’œuvre de Christ sont méprisées ; les Écritures sont remises en question et on les attaque effrontément sur tous les plans. Beaucoup sont anesthésiés par une fausse sécurité dans le vain espoir d’un salut final universel (même si c’est à travers le feu), sans parler de toutes les autres divagations.
D’un autre côté, on voit beaucoup de cœurs vrais diffusant avec zèle l’évangile de Christ — au moins ce qu’ils en savent — vers ceux qui, auprès et au loin, sont dans les ténèbres de l’état naturel, loin de Dieu. Notre fervente prière est qu’il y en ait cent fois plus !
C’est à cette dernière catégorie d’ouvriers que je désire m’adresser. Car on ressent bien qu’une très grande proportion d’ouvriers, y compris des hommes pieux d’aujourd’hui, sont loin d’avoir saisi les objectifs que Dieu a en vue, et qu’Il a révélés dans les Écritures pour nous guider.
En entendant parler les chrétiens évangéliques en général, on dirait que le seul propos et objectif de Dieu est d’empêcher les gens d’aller en enfer. Or c’est là avoir l’homme pour objectif, et non pas Dieu, avoir en vue comme but ultime la conversion de l’homme, et non pas la gloire divine. Cela ne veut pas dire que le salut des âmes ait une petite place dans les plans de Dieu. Béni soit Son nom, il a au contraire une très grande place ! Sauver et bénir est le délice de son cœur ; mais sauver de la colère divine qui vient, est-ce le grand but de Dieu ? Il est dit de Jonathan qu’il avait œuvré avec Dieu (1 Sam. 14:45). Agir ainsi implique de discerner Sa pensée, et de comprendre ce qu’Il est en train de faire à un moment donné. C’est ce qui était la part de Jonathan, et aussi de son porteur d’arme dans une mesure — tandis que Saül et son peuple étaient complètement dans l’obscurité à cet égard.
Il est important de voir que, dans le temps présent, Dieu réalise un propos et opère une œuvre d’un caractère particulier. Il ne s’occupe plus maintenant d’un peuple terrestre, posant Ses justes exigences pour l’homme dans la chair, et faisant d’une nation le centre de Ses voies gouvernementales à l’égard de la terre entière. Il opère quelque chose d’incomparablement plus grand. Il s’est révélé Lui-même dans la personne de son Fils venu en chair. Cette Personne bénie ayant été rejetée et chassée (mais accomplissant l’œuvre merveilleuse de la rédemption tandis que l’homme faisait le pire qu’il pouvait), Dieu L’a exalté à Sa droite dans les lieux célestes. C’est pourquoi on ne proclame plus un Messie sur la terre (cela aura encore lieu en son temps), mais un Christ mort, ressuscité et exalté dans la gloire.
Le Saint Esprit est descendu ici-bas à la suite de la glorification de Christ, et Il est là sur la terre pour réaliser les propos d’amour et de grâce formés dans le cœur divin avant que le monde soit créé. Il est ici, non pas simplement pour le salut des âmes — bien que cela soit vrai à sa place — mais pour tirer un peuple pour le nom du Seigneur (Actes 15:14) et le rassembler, selon l’expression de Caïphe (*) « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11:52).
(*) WK éditeur : c’est plutôt un ajout de l’évangéliste Jean. Ce que Caïphe a prononcé ne semble pas aller au-delà de l’opportunité de Jésus mourant pour la nation. Comparer Jean 11:49-50 avec 18:14.
C’était quelque chose de tout nouveau, qui ne pouvait pas avoir lieu avant la venue du Consolateur. Dans tous les temps, Dieu a eu des saints à Lui ici-bas, des hommes dans le cœur et la conscience desquels son Esprit a opéré ; mais jamais, jusqu’à ce que la rédemption ait été accomplie et que le Saint Esprit soit descendu, il n’y a eu un rassemblement en un de telles personnes. Il n’y avait en effet pas de « Tête » dans le ciel à laquelle ils puissent être unis.
Manifesté ici-bas, le Seigneur Jésus demeurait seul, de sorte qu’il n’y avait aucune possibilité d’union avec Lui. En fait personne ne pouvait Lui être uni, tant qu’Il n’était pas entré dans la mort et qu’Il n’avait pas accompli la rédemption. Mais une fois ressuscité et exalté, le vrai « grain de blé » a porté et porte « beaucoup de fruit » (Jean 12:24). Dans la gloire, Il est la Tête du corps, de l’assemblée, Lui qui est le Commencement, le Premier-né d’entre les morts. Par l’Esprit descendu ici-bas, tous ceux qui croient en Son nom sont joints à Lui pour former un seul corps (1 Cor. 12:13).
Voilà donc l’œuvre actuelle de Dieu, alors que son Fils est caché dans le ciel, et que Son Esprit est ici-bas.
À ce corps ainsi formé sur la terre, des dons sont « donnés » pour son édification et son accroissement. Le Seigneur, la Tête du corps, a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, d’autres comme pasteurs et docteurs (Éph. 4:11). Les deux premiers dons vont ensemble (apôtres et prophètes) et ont le caractère de poseurs de fondements ; ils ont forcément cessé, mais leurs écrits inspirés subsistent pour notre profit permanent. Les autres dons demeurent et continuent à être donnés fidèlement par la Tête de l’assemblée « jusqu’à ce que nous parvenions tous »… etc. (Éph. 4:13). L’objectif, en fournissant de tels dons, est indiqué : il s’agit premièrement du « perfectionnement des saints » [c’est-à-dire de leur croissance spirituelle]. « L’œuvre du service » [ou : ministère] et « l’édification du corps de Christ » [qui est à la fois l’adjonction à l’assemblée de ceux qui reçoivent l’évangile et l’accroissement spirituel collectif] viennent ensuite comme objectif complémentaire [Éph. 4:12].
Ainsi nous trouvons Paul cherchant non seulement à prêcher Christ et à avertir les hommes, mais à « présenter tout homme parfait en Christ » (Col. 1:28). Nous le voyons dans un grand combat pour les saints de Colosses et de Laodicée « afin que leurs cœurs soient consolés, étant unis ensemble dans l’amour, et pour » qu’ils parviennent à posséder « toutes les richesses de la pleine certitude d’intelligence », et « la connaissance du mystère de Dieu » (Col. 2:1, 2). Il endurait tout pour l’amour des élus, afin qu’ils obtiennent le salut qui est en Christ avec la gloire éternelle (2 Tim. 2:10).
« Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle » (Éph. 5:25) ; ceci est dit de Christ, mais cela aurait pu être transposé pour l’apôtre, bien que pour lui il ne s’agisse évidemment pas de l’expiation (cette gloire est réservée à Christ), mais de cet amour qui se sacrifie lui-même. Paul portait continuellement l’assemblée et tous ses membres sur son cœur devant Dieu, et il accomplissait « dans sa chair ce qui reste encore à souffrir des afflictions du Christ pour son corps qui est l’assemblée » dit-il (2 Cor. 11:28 ; Col. 1:24). Épaphras aussi, dans sa mesure, était animé du même esprit, et combattait instamment dans la prière pour les saints afin qu’ils puissent demeurer « parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu » (Col. 4:12).
C’est ainsi que ces ouvriers dévoués ont servi en accord avec les objectifs de Dieu. Ils ont cherché non seulement le salut de l’âme (bien que la jouissance de ce salut soit évidemment un préalable avant qu’on puisse parler de « perfectionnement »), mais ils ont aussi cherché le rassemblement des saints autour d’un centre divin, ainsi que leur perfectionnement et leur croissance, comme membres d’un seul corps sur la terre. L’œuvre de l’évangéliste parmi eux n’était pas indépendante de cet objectif, au même titre que celle du pasteur et du docteur. De tels évangélistes sortaient du sein de l’assemblée locale, et rassemblaient les âmes en les y amenant, pour qu’elles trouvent leur place divinement arrangée dans le Corps sur la terre, et qu’elles soient ainsi conduites dans les voies de Christ.
Au jour actuel, tel qu’il est, il est vrai que les évangélistes trouvent un chemin plus confortable et plus populaire en devenant ce qu’on appelle des francs-tireurs (travailleurs indépendants). De tels serviteurs ne sont apparemment responsables de rien ; ils cherchent le salut des hommes, puis les laissent dériver à leur gré, à la merci du premier « loup redoutable » ou des « homme annonçant des doctrines perverses » (Actes 20:29-30).
Il y a ainsi en permanence des âmes « blessées », mais qui s’en soucie, tant qu’on garde de bonnes apparences ? Qu’importe que des membres de Christ soient retardés dans leur croissance et que les âmes soient affamées, tant que les gens applaudissent ? Par ailleurs, combien d’effort fait-on simplement pour l’extension et le renforcement d’un « parti » ? On tient les âmes pour utiles dans la mesure où elles servent à remplir des registres [de dénombrement] et à gonfler les fonds [recueillis] (1 Tim. 6:5). Est-ce exagéré, ou bien n’est-ce pas ce qu’on voit tristement de tous côtés ?
Oh, que Dieu veuille susciter des Jonathan qui « œuvrent avec Dieu », ou des Timothée qui aient une « sincère sollicitude » pour l’état [spirituel] des saints ! Voilà les ouvriers qu’il faut pour le temps présent ; or qui peut les fournir sinon Celui qui est la Tête de l’église ?