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L’APOCALYPSE — Révélation de Jésus Christ
W. J. Ouweneel
Édition 1986 — Bibles et Publications Chrétiennes, Valence
Caveat de Bibliquest : Cet ouvrage présente des interprétations très détaillées du livre de l’Apocalypse. Leur multiplicité même, donne forcément lieu à des interprétations personnelles. Néanmoins ce qui est donné nous paraît correct en général, et bien des interprétations ne sont pas spécifiques à cet ouvrage. — La publication de cet ouvrage est sans rapport avec la valeur de tout autre écrit du même auteur.
Le terme « économie » peut, en général, être remplacé par le mot « dispensation » ou plus simplement par « période », « période de temps ».
2 Ch. 1:9-20 — « Les choses que tu as vues »
3 Ch. 2 et 3 — « Les choses qui sont »
4 Ch. 4 à 22 — « Les choses qui doivent arriver après celles-ci »
4.1 Ch. 4 et 5 — La scène céleste
4.1.1 Ch. 4 — Le trône dans le ciel
4.1.2 Ch. 5 — L’Agneau et le livre
4.2.1 Ch. 6:1-5 — Les quatre premiers sceaux : quatre cavaliers
4.2.2 Ch. 6:9-17 — Les trois derniers sceaux
4.3.1 Les 144.000 scellés d’Israël
4.3.2 La grande foule des nations
4.4 Ch. 8 — Les sept anges avec les sept trompettes
4.4.1 Ch. 8:1-2 — Le septième sceau
4.4.2 Ch. 8:3-5 — L’intercession au ciel
4.4.3 Ch. 8:6-13 — Les quatre premières trompettes
4.4.3.1 Ch. 8:7 — Première trompette
4.4.3.2 Ch. 8:8-9 — Deuxième trompette
4.4.3.3 Ch. 8:10-11 — Troisième trompette
4.4.3.4 Ch. 8:12-13 — Quatrième trompette
4.4.4 Ch. 9:1-21 — Les trois dernières trompettes = les trois malheurs
4.4.4.1 Ch. 9:1-12 — La cinquième trompette = premier malheur
4.4.4.2 Ch. 9:13-21 — La sixième trompette = deuxième malheur
4.5 Ch. 10 à 11:13 — Parenthèse
4.5.2 Ch. 11:1-13 — Les deux témoins
4.6 Ch. 11:14-18 — La septième trompette = troisième malheur
4.7 Ch. 11:19 à 15:4 — Appendice : les trois signes
4.7.1 Ch. 11:19 à 12:18 — Le premier signe : la femme et son fils
4.7.2 Ch 12:3 à 13:18 — Le deuxième signe : les trois bêtes
4.7.2.1 Ch. 12:3-18 — Le dragon
4.7.2.2 Ch. 13:1-10 — La bête qui monte de la mer
4.7.2.3 Ch. 13:11-18 — La bête qui monte de la terre
4.7.3 Ch. 14 — Parenthèse : Sept scènes de la grande tribulation
4.7.4 Ch. 15:1-4 — Le troisième signe : les vainqueurs
4.8 Ch. 15:5 à 16 — Les sept coupes
4.8.1 Ch. 15:5 à 16:9 — Les quatre premières coupes
4.8.2 Ch. 13:10-21 — Les trois dernières coupes
4.8.3 Ch. 16:13-16 — Armagédon, entre la sixième et la septième coupe
4.8.3.1 Ch. 16:17-21 — La septième coupe
4.9 Ch. 17 à 19:10 — Appendice
4.9.1 Ch. 17 — Babylone, la grande prostituée
4.9.2 Ch. 18 à 19:5 — Babylone, la grande ville
4.9.3 Ch. 19:6-10 — Les noces de l’Agneau
4.10 Ch. 19:11 à 22:21 — La consommation
4.10.1.1 Ch. 19:11-16 — L’apparition de Christ
4.10.1.2 Ch. 19:17-21 — Les jugements de Christ
4.10.1.3 Ch. 20:1-3 — Le dragon lié
4.10.2 Ch. 20:4-6 — La première résurrection achevée
4.10.3.1 Ch. 20:7-10 — Gog et Magog
4.10.3.2 Ch. 20:11-15 — Le grand trône blanc
4.10.3.3 Ch. 21:1-8 — Le nouveau ciel et la nouvelle terre
4.11 Ch. 21:9 à 22 5 — Appendice : L’épouse de l’Agneau, la Jérusalem céleste
Si le Seigneur le permet, nous avons l’intention de nous entretenir de ce livre particulièrement difficile qu’est la Révélation ou l’Apocalypse. Nombreux sont ceux qui le trouvent fermé et mystérieux, C’est pourtant une révélation de Jésus Christ à ses esclaves pour annoncer les choses qui doivent arriver bientôt (ch. 1:1). Le livre commence à s’éclairer lorsqu’on en a trouvé la clé ; celle-ci se trouve dans le premier chapitre. Si quelques difficultés subsistent pour en comprendre certains passages ou détails, Dieu nous donne cependant les fils conducteurs qui nous sont nécessaires pour comprendre ses pensées à propos de l’avenir de ce monde et de l’humanité.
Nous devrons laisser de côté beaucoup de détails et nous nous bornerons à une vue d’ensemble. Cela présente l’avantage de saisir les grandes lignes de cette révélation divine, qui sont précieuses pour le cœur du croyant.
L’Apocalypse est le dernier livre de la Parole de Dieu et il mérite grandement d’être étudié et médité. C’est le seul vrai livre prophétique du Nouveau Testament. Il a probablement été écrit à la fin du premier siècle, au moment où se manifestait déjà un déclin dans la chrétienté, c’est-à-dire dans l’Église, déclin dont font mention aussi les autres apôtres du Seigneur (comp. 2 Pierre 3:2). Jean reçoit ce message divin, il ne le transmet pas en tant qu’apôtre, mais en tant que prophète, comme cela est précisé dès le début (v.2 et 3). Il parle à l’Assemblée, à la chrétienté, de tout ce qui lui a été montré et qui révèle les conseils et les voies de Dieu d’une manière prophétique.
On peut, à cette occasion, se poser la question générale suivante : quand les prophètes parlent-ils au peuple de Dieu ? Ils lui parlent dès que le déclin apparaît et ils viennent en tant qu’envoyés de Dieu pour l’exhorter à la repentance et pour l’avertir du jugement de Dieu qui menace de tomber sur lui. Et c’est bien le caractère de ce dernier message que Dieu adresse à son peuple dans cette révélation, Dès les trois premiers versets, ce caractère prophétique est affirmé. La révélation est celle de Jésus (v. 1), qui a été l’artisan du conseil de Dieu dès l’éternité passée. Mais elle lui a été donnée ici en tant qu’homme, et lui l’a transmise à son ange, puis, par ce dernier, à Jean, son esclave, comme il est appelé. Déjà dans ce sens, ce livre est bien prophétique. Nous savons que Dieu a parlé à son peuple terrestre par des anges, comme cela nous est signalé en Actes 7:38 : « C’est lui qui fut dans l’assemblée au désert, avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï, et avec nos pères.»
Nous voyons ensuite, que le Seigneur a montré à Jean ce qui doit arriver, par des « signes » (v. 1: « il l’a signifiée »). Nous savons en effet que, tout au long de ce livre, il est question de symboles qui, du reste, pour la plupart, trouvent leur signification dans ce livre même. En Matthieu 13, où le Seigneur Jésus parle également en paraboles, il explique à ses disciples pourquoi cela en est ainsi : eux pouvaient comprendre quel était le sens profond de chacune de ces paraboles ou similitudes, qui étaient fermées à la foule. De même, il est bien remarquable que ce livre de l’Apocalypse soit resté scellé pendant tant de siècles. Le Cantique des Cantiques et l’Apocalypse sont les seuls livres sur lesquels Calvin n’a fait aucun commentaire. Il peut également arriver dans nos réunions que seuls les chapitres 1 à 5 et 19 à 22 soient le sujet de méditations et d’études. Et on pourrait quelquefois supposer que les autres chapitres nous sont fermés, à nous aussi. Il ne devrait pas en être ainsi, car « bienheureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie » (v.3). Ceux qui lisent, entendent et gardent la parole de cette prophétie, sont appelés ici « bienheureux », à l’opposé des infidèles.
Qu’est-ce qui fait, en effet, la solennité du premier verset ? C’est qu’il parle de « ce qui doit arriver bientôt » et le verset 3 confirme : « Le temps est proche ». Et que doit-il arriver bientôt ? Si le peuple de Dieu est corrompu et que le déclin est là, le jugement ne peut manquer d’arriver. Tout d’abord, nous avons des avertissements, adressés aux trois premières assemblées du chapitre 2. Mais si ces avertissements ne sont pas écoutés, il y aura jugement. Ce sont des avertissements conditionnels. Ensuite, pour les quatre dernières assemblées, nous trouvons des avertissements inconditionnels, et là, le jugement est, par conséquent, inévitable.
Ici, nous trouvons donc le jugement qui « doit arriver bientôt ». La majeure partie de ce livre nous parle de jugements proches ; c’est bien triste. « Le temps est proche » ; quand nous citons cette parole, nous pensons volontiers à la venue du Seigneur pour enlever son Église, pensée bien précieuse. Mais l’apôtre ne fait pas allusion ici à cet événement. Le temps qui est proche, c’est le temps de la venue du Seigneur en jugement ; cette venue provoquera les lamentations des hommes, comme nous le verrons au verset 7. Oui, les jugements viendront sur le monde, sur Israël et, fait solennel entre tous, ces jugements viendront aussi sur la chrétienté.
Jean écrit aux sept assemblées qui se trouvent en Asie : « Grâce et paix à vous de la part de celui qui est, et qui était, et qui vient » (v.4). Ce n’est pas comme dans les épîtres : « grâce et paix de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ ». Nous trouvons, dans notre passage, Dieu dans son caractère de l’Ancien Testament, l’Éternel, non pas d’abord celui qui était, mais celui qui est. C’est son caractère éternel, sa divinité, tel qu’il s’est révélé dans ses relations avec Israël. C’est aussi le Dieu qui s’est occupé de son peuple tout au long de l’Ancien Testament, c’est le Dieu du passé, « qui était ». Mais c’est aussi le Dieu de l’avenir, c’est aussi le Dieu qui vient. Il est remarquable d’observer que Jean, ici comme dans son évangile et dans ses épîtres, présente simultanément le Seigneur Jésus dans sa divinité et dans son humanité. L’Homme Christ Jésus, est aussi le Dieu tout-puissant et c’est lui qui reviendra sur cette terre, mais cette fois pour le jugement. « Grâce et paix... de la part des sept Esprits qui sont devant son trône » (v.4): c’est là une allusion au Saint Esprit présenté d’une façon remarquable, non pas le Saint Esprit dans sa personne divine, mais comme l’Esprit de puissance par lequel Dieu exécutera ses jugements depuis son trône. Le chiffre sept montre les manières diverses et complètes dont le Seigneur, par la puissance de cet Esprit, exécutera les jugements lors de son retour.
Ensuite, nous voyons le Seigneur Jésus dans ses trois grandes relations avec la terre, non pas dans ses relations avec l’Assemblée, comme Époux, que nous trouverons à partir du chapitre 19. Nous en verrons plus tard l’importance. Combien il est significatif que ce soit Jean qui ait écrit ce livre. Pierre avait le ministère de la circoncision (les Juifs), et n’était, à ce titre, pas qualifié pour écrire ce présent livre. Paul avait celui de l’Assemblée, non pas tant de l’Assemblée en tant que témoignage pratique sur cette terre, mais de l’Assemblée selon les conseils éternels de Dieu, la maison de Dieu, le corps de Christ. On comprend que Paul n’ait pas pu écrire l’Apocalypse. C’est donc Jean, dont le Seigneur avait dit en Jean 21:23 qu’il resterait moralement à son service jusqu’à sa propre venue. C’est Jean qui parle de son retour, dans sa première épître, comme aussi de l’Antichrist et également du déclin qui avait déjà commencé. De ce fait, Jean accomplit un service vis-à-vis de l’Assemblée, vue ici en tant que témoignage pratique et responsable sur la terre durant tout le temps de la grâce. Il faut bien saisir que l’Assemblée selon les conseils de Dieu n’est constituée que par des vrais croyants ; c’est ainsi qu’elle est considérée par Paul. Mais quand nous considérons l’Assemblée en rapport avec sa responsabilité, c’est tout différent. Dieu prend nos prétentions très au sérieux. Et il nous jugera individuellement, ou en tant qu’Assemblée, en rapport avec ces prétentions.
Considérons donc le Seigneur Jésus dans ses liens avec la terre. Il était tout d’abord sur cette terre un Témoin fidèle, dans le passé (v.5). Et combien cette pensée est solennelle, quand nous considérons l’Assemblée, qui aurait dû être, elle aussi, un témoin fidèle. Mais que voyons-nous ? Que l’Église a été infidèle ; et parlant au peuple infidèle, le prophète présente le Seigneur comme celui qui est fidèle. La chrétienté est tombée dans l’infidélité, elle devra être jugée. Mais le Seigneur, qui a été le Témoin fidèle dans le temps passé, reviendra avec ce même caractère de Témoin fidèle.
Et qu’est-il maintenant ? Depuis sa mort et sa résurrection, il est le Premier-né des morts (comp. Colossiens 1:18). Et le Prince des rois de la terre, c’est ce qui sera révélé dans l’avenir. Il possédera toute puissance dans son royaume, quand il régnera sur toutes choses. Ce sont ici les grandes relations dans lesquelles la terre connaîtra le Seigneur Jésus. Jean, qui l’appelle le Prince des rois de la terre, ajoute : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang » (v.5). Et non seulement maintenant, mais, quand enfin il sera Prince sur toute la terre, je pourrai alors dire que ce Prince, ce Roi, ce Fils de l’homme, m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi. Non seulement cela, mais il nous a faits rois ; nous serons rois avec lui, nous régnerons avec lui sur toutes choses ; il nous a faits des sacrificateurs pour son Dieu et Père, de sorte que, dès maintenant et pour toujours, nous puissions être des adorateurs. Nous le verrons au chapitre 5, où les anciens dans le ciel représentant les vrais croyants se prosternent et adorent Dieu et l’Agneau. C’est à cela que Dieu nous destine, non seulement à être lavés de nos péchés, mais à être effectivement avec le Seigneur Jésus, dans son royaume, à régner en justice et à être pour Dieu des adorateurs, des sacrificateurs et lui rendre hommage et louange dans toute l’éternité.
C’est ce qu’il est pour nous. Mais qu’est-il pour le monde chrétien, juif ou païen ? Il est ajouté : « Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra » (v. 7). Ce n’est pas l’enlèvement de l’Église ; pour elle, le Seigneur Jésus ne viendra pas avec mais sur les nuées. Ce verset sept ne s’applique qu’à l’apparition du Seigneur Jésus, comme nous le savons par l’Ancien Testament en Zacharie 12 et Daniel 7. Lors de l’enlèvement de l’Église, tout œil ne le verra pas. Mais lors de son apparition sur la terre, tout œil le verra. Non pas tous au même moment, mais chaque catégorie d’hommes en son temps. Les fidèles qui auront passé par les tribulations, le verront, et les impies aussi. Tous le verront, les uns avec joie, les autres en se lamentant quand ils le reconnaîtront comme celui qu’ils ont percé. Ceci se rapporte naturellement d’abord aux Juifs, qui en portaient et en portent encore la responsabilité principale, mais aussi à toutes les tribus, tous les peuples de la terre (ou : toutes les tribus du pays d’Israël ; voir la note). Du fait que le Seigneur doit venir en jugement sur les impies, le monde se lamentera ; « toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui. Oui, amen ! »
« Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu » (v.8). Qui parle ici ? Le Seigneur Jésus, appelé Seigneur Dieu (sans article), autrement dit Dieu, l’Éternel de l’Ancien Testament. C’est lui qui parle ici. Lui viendra. Nous avons cité Zacharie 12:10: ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé Qui est-il alors, celui qui vient ? « Moi », l’Éternel lui-même. Donc le Seigneur Jésus qui vient, est l’Éternel, Jéhovah. Israël devra reconnaître qu’ils ont percé l’Éternel lorsqu’il s’est fait homme sur cette terre, et « ils se lamenteront ». Et lui-même déclare : « Je suis l’alpha et l’oméga ». Il est l’Éternel, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Il englobe tout ce qui concerne cette terre, son histoire ; il est celui qui est, et qui était et qui vient, le Tout-Puissant ; celui qui s’est fait connaître à Abraham sous ce nom (Genèse 17:1). L’introduction de ce livre est donc toute différente de celles des autres livres du Nouveau Testament, y compris ceux de Jean.
Jean a une rencontre très remarquable avec le Seigneur Jésus lui-même ; il en donne une description en traçant le canevas historique de ce livre. Il se présente comme Jean, notre frère (v.9), non pas comme apôtre, mais en tant que frère, un témoin pour Christ comme les autres croyants le sont ou devraient l’être. « Votre frère et qui ai part avec vous à la tribulation » — voilà ce qu’il était, car c’était le temps des tribulations, sans être encore le temps des jugements — « à la tribulation et au royaume Jean appartenait à ce royaume, parce qu’il devait régner aussi par la suite, avec le Seigneur Jésus. Et il était témoin de ce royaume ; à cause de son témoignage, il se trouvait comme exilé sur cette île de Patmos, pour la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus.
« Je fus en Esprit, dans la journée dominicale (ou du Seigneur) » (v. 10), Remarquons en passant qu’il ne s’agit pas du jour du Seigneur comme l’Ancien Testament nous en parle, à savoir du jour du jugement. Nous avons cette expression en 1 Thessaloniciens 5:2 aussi : là, le jour du Seigneur, c’est le jour qui commence avec l’apparition du Seigneur. Mais ici, nous avons une autre expression grecque pour désigner le premier jour de la semaine, le dimanche, jour dans lequel la compagnie des croyants manquait à Jean, mais dans lequel celle de son Seigneur lui fut accordée.
Il fut en Esprit et soudain entendit derrière lui une forte voix comme d’une trompette. Non pas la voix du Bon Berger, par laquelle le Seigneur Jésus s’est fait entendre quand il était sur cette terre. C’est ainsi que Jean le connaissait. Il était celui que Jésus aimait ; il le connaissait en amour et en grâce comme celui qui fut ici-bas dans son abaissement. Mais, cette fois, quelle rencontre extraordinaire ! Jean entend cette voix familière, mais « comme d’une trompette Ce n’était pas le Bon Berger qui appelait sa brebis, mais un Juge, et il entend ce que dit cette voix : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept assemblées qui sont alors nommées. (Ces sept assemblées sont en Asie Mineure, dans l’ouest de la Turquie actuelle.) C’est la voix d’un Juge, qui lui commande de le décrire en tant que Juge au milieu de ces assemblées.
Au verset 12, en effet, nous voyons que Jean se retourne pour regarder, Le Seigneur Jésus est présenté ici comme le Juge annoncé par l’Éternel de l’Ancien Testament, dans un caractère connu des anciens prophètes ; mais pour Jean lui-même, un caractère totalement nouveau : voir son Seigneur bien-aimé comme Juge « au milieu de sept lampes d’or non pas comme celui qui s’occupe de son Assemblée pour la chérir, mais pour la juger. Il voit « sept lampes d’or, et au milieu des sept lampes quelqu’un de semblable au Fils de l’homme » (v. 13). Figurons-nous un cercle de sept lampes (image des sept assemblées, v20) et au milieu, une personne qu’il reconnaît immédiatement comme le Fils de l’homme, tel qu’il est représenté au chapitre 7 de Daniel. Bien des détails correspondent à cette vision de Daniel où nous voyons l’Ancien des jours, Dieu lui-même, paraissant sur son trône, et le Fils de l’homme devant lui pour recevoir de ses mains le royaume (v.13). Jean reconnaît celui qu’annonce le livre de Daniel. Mais ici il ne vient pas juger Israël et le monde mais les assemblées. Est-il possible de juger les assemblées ? Certes pas l’Assemblée telle qu’elle est dans les conseils de Dieu. Ce que Dieu a édifié — et qui ne se compose que de vrais croyants ne peut être jugé. Mais ce qui sera jugé, c’est l’assemblée comme témoignage pratique sur la terre. Et nombreux, dans la chrétienté, sont ceux qui n’ont pas la vie éternelle, Ils sont coupables de grandes infidélités et d’iniquités dans cette « assemblée » qu’est la chrétienté. Mais beaucoup de croyants ont aussi été entraînés par ce déclin qui était déjà devenu grave à la fin de ce premier siècle, alors que Jean était avancé en âge. Si grave que le Seigneur Jésus devait venir, non pas encore pour juger le monde ou Israël, mais bien pour juger les assemblées elles-mêmes.
Comment se présente ici le Seigneur Jésus ? Jean voit premièrement la gloire personnelle de « quelqu’un de semblable au Fils de l’homme, vêtu d’une robe qui allait jusqu’aux pieds et ceint à la poitrine d’une ceinture d’or. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige » (v. 13-14). Selon Daniel 7, ce ne sont pas les attributs du Fils de « homme, mais bien ceux de l’Ancien des jours, les attributs de Dieu lui-même. Or, ici, nous les trouvons caractérisant le Fils de l’homme. Pourquoi ? Parce que le Fils de l’homme est Dieu lui-même, le Seigneur Dieu qui est et qui était et qui vient, le Tout-Puissant. Le voici comme Juge, et cela nous est montré en figure par sa robe qui va jusqu’aux pieds. Il n’est pas vu ici comme le serviteur que Jean connaissait si bien, qui est présenté dans son Evangile, au chapitre 13, ayant pris la forme d’esclave, servant ses disciples, mettant de côté ses vêtements (v.4). Il est ici le Juge dans toute sa majesté et se place au-dessus des assemblées pour les éprouver. Ceci est rendu évident dans les caractères qui suivent : ses yeux, comme une flamme de feu, scrutent tout ce qui n’est pas en ordre, et rien ne peut rester caché devant cette flamme de feu. Ainsi il éprouve ces sept assemblées, qui sont en même temps, nous le verrons, une représentation de toute la chrétienté. Ce sont les yeux du Juge qui découvrent tout ce qui n’est pas en rapport avec sa sainteté.
Ses pieds étaient « semblables à de l’airain brillant ». Dans l’Écriture, l’airain est une image de la justice pratique, une justice éprouvée par le feu. Ceci était le cas chez le Seigneur. On trouvait aussi chez lui la gloire divine : il était « ceint d’une ceinture d’or ». L’or nous parle des gloires et de la justice divines. Mais il a été homme sur cette terre. La justice qui le caractérisait était aussi pratique (l’airain brillant), puisqu’il a été éprouvé comme homme ici-bas. Eh bien, il a satisfait à cette épreuve. Ses pieds, qui montrent sa fermeté et sa stabilité dans l’épreuve, étaient semblables à de l’airain brillant, comme embrasés dans la fournaise de l’épreuve, et sa voix comme une voix de grandes eaux, signe de la puissance avec laquelle il annoncera le jugement.
« Il avait dans sa main droite sept étoiles » ; et (dans le verset 12) autour de lui « sept lampes. Le dernier verset de ce chapitre nous dit ce que représente ce double symbole. Les sept lampes représentent les sept assemblées, qui devraient donner de la lumière par « l’huile », le Saint Esprit. Les sept étoiles sont les sept « anges », partie responsable dans les assemblées. Les étoiles sont des corps qui, pendant la nuit, diffusent la lumière céleste sur cette terre, image de ceux qui ont la vraie lumière en eux-mêmes au sein des assemblées. Ils sont dans la main du Seigneur qui éprouve les assemblées. Il y a beaucoup à juger ; mais ceux qui, pour lui, représentent la vraie Assemblée, ceux qui ont la lumière céleste en eux et la font reluire sur cette terre (quoique de manière bien faible), sont dans sa main.
« De sa bouche sortait une épée aiguë à deux tranchants » : L’épée est la parole de Dieu, comme nous le savons par Hébreux 4:12 et Éphésiens 6:17. C’est d’après cette parole qu’il juge les assemblées. Il ne juge pas les assemblées d’après des mesures humaines ou inconnues, mais d’après cette parole divine et révélée.
« Son visage était comme le soleil quand il luit dans sa force » (v. 16). Ce soleil se lèvera une fois comme « le soleil de justice » (Malachie 4:2). Le fait que ce soleil brillera aussi sur les assemblées comme un feu consumant, est un élément solennel dans cette image.
À présent, le disciple que Jésus aimait, voyant son Seigneur tel qu’il ne l’a jamais vu, tombe à ses pieds, « comme mort ». Ce n’était son Seigneur ni en grâce, ni dans son abaissement profond. Il le contemplait comme Juge. Et il comprit ce que ce Juge signifiait. Il comprit aussi ce qu’étaient les sept lampes : des luminaires qui devraient diffuser la lumière sur cette terre. Mais voici que le Juge vient pour éprouver si la lumière est suffisante ! Or celle-ci faiblissait ; Jean s’en est rendu compte. Que doit-il penser au moment où le Juge vient pour éprouver les lampes ? il tombe à ses pieds comme mort. Mais le Juge est aussi le Rédempteur ! Jean disait de lui : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang... » Jean n’avait pas de raisons de craindre ses jugements ; merveilleuse pensée ! Nous n’avons rien à craindre. Le Juge jugera la chrétienté, mais ce Juge est le Rédempteur des vrais croyants. Nous nous trouverons, nous aussi, devant le tribunal, mais en vêtements blancs et avec des couronnes d’or.
Il n’a pas de raisons de craindre, car le Seigneur Jésus, Juge de la chrétienté, dit en même temps à son serviteur fidèle : « Ne crains point ; moi je suis le premier et le dernier » (v. 17). C’est comme s’il disait : Je suis Dieu. En effet cette expression est citée en Ésaïe à diverses reprises (41:4 ; 44:6 ; 48:12) en rapport avec Dieu personnellement. Celui qui apparaît ici, c’est Dieu lui-même: le premier, celui qui est à l’origine de toutes choses et qui aura aussi le dernier mot, « Le premier et le dernier, et le vivant », qui a la vie en lui-même et qui peut la donner. C’est le Fils du Dieu vivant qui a été dans la mort, lui qui était la vie ; voilà quelqu’un qui est Dieu, qui a la vie en lui-même (le Seigneur Jésus dit en Jean 5:26 que le Fils a la vie en lui-même et peut donner la vie), et qui lui-même a été dans la mort. Il dit, en somme, à Jean : tu n’as pas de raison d’être à mes pieds, comme mort ; j’ai été mort pour toi, et moi je suis vivant pour toute l’éternité ; il n’y a pas de motifs de craindre la mort et le hadès ; j’en ai les clés et par ma propre puissance je peux en disposer comme je le veux. En effet, le Seigneur en disposera et nous verrons au chapitre 20 ce qu’il fera de la mort et du hadès. Il a toute puissance sur le règne de la mort. Rien n’arrivera sans ses dispositions ; aucun vrai croyant n’a besoin de craindre : « Ne crains point ».
Dans ce livre, la question de savoir ce qui concerne le passé, le présent et l’avenir, trouve sa réponse dans le verset 19 : « Écris donc les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci ». Cela signifie que l’ensemble du livre doit être divisé selon ce plan, qui constitue une des clés de l’Apocalypse. On pense souvent qu’il faut de grands efforts d’imagination pour comprendre ce livre, mais il s’explique en grande partie par lui-même :
● Ce que Jean a vu, il doit l’écrire premièrement. Qu’avait-il vu ? Le Seigneur comme Juge au milieu des sept lampes. C’est le premier chapitre de ce livre. Il y a consigné ce qu’il a vu : une introduction solennelle, le Seigneur Jésus au milieu des assemblées.
● Une deuxième partie est constituée, au verset 19, par « les choses qui sont ». Il s’agit des chapitres 2 et 3, qui nous parlent du présent, de l’économie actuelle, qui a commencé le jour de la Pentecôte et continue jusqu’à l’enlèvement de l’Église, composée de tous les croyants, les vrais enfants de Dieu.
● La troisième partie concerne ce qui doit arriver « après celles-ci », après ces choses. Où cela commence-t-il dans ce livre ? Au chapitre 4:1 nous lisons : « Après ces choses, je vis ; et voici, une porte ouverte dans le ciel, et la première voix que j’avais ouïe, comme d’une trompette parlant avec moi, disant : Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci ». Il est donc clair que la troisième partie de ce livre commence au chapitre 4:1 et que cette troisième partie est entièrement à venir ; ce sont les choses qui doivent arriver après celles que nous vivons maintenant.
En résumé,
● au chapitre 1, nous avons le Seigneur, dans sa gloire judiciaire, vu par Jean au milieu des assemblées.
● Aux chapitres 2 et 3, nous trouvons une description de l’économie actuelle de l’Église responsable, représentée par les sept assemblées différentes. C’est la période qui s’écoule depuis l’an 95, environ, date vers laquelle Jean a probablement écrit ce livre, jusqu’au moment où le Seigneur Jésus enlèvera son Assemblée de la terre.
● Et, ensuite, à partir du chapitre 4, commence la troisième partie, entièrement à venir, constituée (au moins pour la plupart) par les choses qui auront lieu après l’enlèvement de l’Église.
« Le mystère des sept étoiles » (v.20) : les sept étoiles sont sept anges et les sept lampes sont sept assemblées. Les lampes sont, symboliquement, les sept assemblées d’Asie Mineure auxquelles ce livre est adressé. Et les sept étoiles sont des anges. Ce ne sont pas les anges dont nous parle Hébreux 1:14. Il est impossible que le Seigneur Jésus écrive à un ange par l’intermédiaire d’un homme (comp. v. 1). Le terme d’ange signifie « messager », représentant, et, dans ce sens plus étendu, certains hommes peuvent être appelés ainsi. L’Ange de l’Éternel dans l’Ancien Testament était une personne divine : le Seigneur Jésus lui-même, représentant de l’Éternel, de même que la Parole était auprès de Dieu, mais aussi était Dieu (Jean 1:1). Ainsi, nous avons dans ces sept assemblées, sous l’image des étoiles, les sept anges qui les représentent. Ce sont ceux qui, dans les temps sombres et lorsque la lumière des lampes diminue ou même s’éteint, sont responsables de donner la lumière céleste.
Tout d’abord, quelques remarques générales au sujet des chapitres 2 et 3 que nous allons considérer maintenant. Ces assemblées, soulignons-le, n’ont pas seulement une signification symbolique ; ces églises existaient vraiment, et il est évident qu’en recevant la lettre qui lui était adressée, chacune de ces assemblées avait à tirer parti des enseignements qui y étaient contenus concernant son état et sa condition. D’autre part, il est important de saisir que chacune de ces lettres a une signification pratique dont nous pouvons tirer des enseignements pour nous-mêmes. Mais surtout, ces sept épîtres présentent une application prophétique de l’histoire chrétienne tout entière. Nous en avons les preuves suivantes : premièrement, nous avons lu au chapitre 1:3, qu’il s’agit de la parole de la prophétie ; tout le livre est bien prophétique, ce qui veut dire que les chapitres 2 et 3 le sont aussi. Le chapitre 1 présente le Seigneur Jésus dans son caractère prophétique. Les chapitres 4 et suivants sont prophétiques et par conséquent les chapitres 2 et 3 doivent l’être également. Deuxièmement, nous rappelons que ces sept épîtres se situent dans la période caractérisée par « ce qui est » (1:19). Et il en sera ainsi tant que les chrétiens seront sur cette terre, tant que les jugements annoncés ne seront pas arrivés. Toute l’économie chrétienne est comprise dans ces sept épîtres et cela ressort également du fait que ces sept lettres forment une unité. Chacune de ces églises a reçu, non seulement l’épître qui lui était destinée, mais aussi l’ensemble du livre de l’Apocalypse ; donc elles devaient lire aussi les épîtres adressées aux autres assemblées, les considérer dans leur contexte, leur liaison les unes avec les autres, le chiffre « 7 » montrant qu’elles forment un tout complet.
Une autre preuve de l’application générale de ces épîtres est le fait que nous trouvons dans les quatre dernières des mentions de la venue du Seigneur. Or ces assemblées n’existent plus, depuis longtemps, dans l’Asie Mineure devenue islamique. Pourtant le Seigneur fait comprendre à ces quatre assemblées, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée, qu’elles subsisteront jusqu’à sa venue. Il faut donc bien voir en elles une signification symbolique. Mais ce n’est que dans les quatre dernières que Jésus parle de sa venue, Thyatire représente l’église romaine du Moyen Age, mais l’église romaine existe encore aujourd’hui. Sardes nous parle du protestantisme, mais celui-ci n’a pas remplacé l’église romaine, il co-existe avec elle. Philadelphie évoque le témoignage fidèle qui s’est séparé de Sardes, Mais Sardes et Thyatire sont encore là. De même Laodicée, qui caractérise l’état final de la chrétienté, coexiste avec les trois autres églises et il en sera ainsi jusqu’à la venue du Seigneur.
En résumé, Éphèse a abandonné son premier amour ; par conséquent, historiquement, nous voyons apparaître Satan comme un lion rugissant à Smyrne. Mais n’obtenant pas le succès escompté, le même Satan revient à Pergame comme un ange de lumière et cette église se place sous la protection du monde ; il s’ensuit pour elle le désir de régner sur le monde, et cela, c’est Thyatire. Régnant effectivement sur le monde, cette église tombe dans la corruption. Ceux qui s’en séparent vont devenir Sardes. Hélas ! Un état de mort s’est généralisé dans cette église ; Philadelphie est alors apparue, église faible mais attachée au nom du Seigneur et à sa parole. La phase finale, c’est Laodicée qui apparaît lorsque ce que Dieu a accordé à Philadelphie est à nouveau corrompu. Comme on le voit, chaque état procède du précédent.
Nous commencerons par l’épître à Éphèse et nous en ferons remarquer la structure qui est à peu près la même dans chacune des sept épîtres :
● 1° Le Seigneur relève ce qu’il y a encore de bon.
● 2° Il fait les reproches qui s’imposent.
● 3° Il invite à la repentance à défaut de laquelle il menace et avertit qu’il viendra en jugement.
● 4° Ensuite vient la parole d’exhortation : « que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées »
● 5° Et, pour terminer, nous trouvons la récompense promise au vainqueur, ces deux dernières étant inversées dans les quatre dernières épîtres.
Considérons maintenant ce que le Seigneur dit à l’assemblée d’Éphèse. Premièrement des choses positives : « Je connais tes œuvres, et ton travail et la patience ». Mais attention ! Dans ces choses positives, il se trouve déjà du négatif, des lacunes, En 1 Thessaloniciens 1:3, il est question d’œuvres de foi, de travail d’amour, de patience d’espérance. Nous ne trouvons pas ici ces compléments. Les œuvres en elles-mêmes sont bonnes, mais le Seigneur Jésus doit dire qu’à côté de tout ce que les Éphésiens ont fait de bon (avoir démasqué de faux apôtres reconnus menteurs), ils avaient abandonné leur premier amour. Leurs œuvres étaient encore là ; extérieurement ils étaient fidèles, mais le premier amour avait disparu. Ce premier amour était celui qui a pour seul objet la personne du Seigneur Jésus et qui néglige toute autre chose. Les œuvres étaient encore là, mais l’amour pour le Seigneur était refroidi. Et le Seigneur Jésus dit : Repens-toi. Il est encore temps de se redresser et de faire les premières œuvres. Ce sont les mêmes œuvres que celles du verset 2, mais avec, pour mobile profond, la foi et l’amour. Non pas que nos œuvres soient en elles-mêmes sans importance, mais la question se pose de savoir si ces œuvres ont leur origine dans le premier amour, l‘amour pour le Seigneur.
C’est le reproche que le Seigneur fait à Éphèse, et combien il est solennel qu’il soit obligé de dire : « autrement, je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu » (v.5). C’est caractéristique pour toutes les assemblées. Chacune d’elles représente une période de l’histoire chrétienne. Éphèse correspond à la fin du temps des apôtres, quand extérieurement bien des choses étaient encore en ordre, mais que le premier amour était abandonné. Éphèse évoque la vérité de l’Assemblée en général, vérité que nous retrouvons dans l’épître aux Éphésiens. Le Seigneur Jésus est présenté comme celui qui a les sept étoiles dans sa main droite et qui se tient au milieu des sept lampes d’or (v. 1), donc dans un caractère bien général vis-à-vis de ces assemblées. Nous verrons de quelle manière le Seigneur Jésus se présente aux autres assemblées et combien ceci est en accord avec les caractères des différentes assemblées. De même, ceux qui vaincront, ce sont, dans chaque épître, ceux qui évitent le danger qui y est dénoncé. Le fidèle, à Éphèse, est exhorté à vaincre, pour qu’il puisse se nourrir un jour de l’arbre de vie qui se trouve dans le paradis de Dieu (v. 7). Cet arbre est le Seigneur lui-même : pour celui qui persévère dans le premier amour, la promesse de pouvoir toujours jouir de lui doit être précieuse.
Il y a encore beaucoup de choses bonnes à Éphèse. Par exemple au verset 6 : « tu as ceci, que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais ». Ce que sont les Nicolaïtes, on peut le déduire de leur nom ; et ce nom signifie « vainqueur du peuple » (ou : « des laïques »). Ce n’étaient pas des vainqueurs des dangers qu’Éphèse avait encourus, mais des vainqueurs du peuple (ceux qui voulaient dominer sur le peuple de Dieu comme s’ils étaient des apôtres). Les fidèles avaient surmonté le danger et se trouvaient dans l’état du commencement (« le premier amour ») où le déclin n’avait pas encore commencé. Ils n’étaient pas tombés dans le piège du verset 2: ils avaient trouvé menteurs ceux qui se disaient apôtres sans l’être. Beaucoup présentaient extérieurement l’apparence d’un ordre parfait. Mais du mal s’était introduit dans les cœurs ; l’amour pour le Seigneur s’était refroidi. Si l’on hait les Nicolaïtes, on ne pourra empêcher que le mal d’une hiérarchie humaine s’introduise aussi. Éphèse est du passé ; c’est la première phase de l’histoire de l’Église. Mais tout de même, cela ne nous dit-il rien ? Celui qui lit dans nos cœurs sait si le premier amour s’y trouve encore. Est-il obligé de nous dire aussi : Repens-toi et fais les premières œuvres ? Que le Seigneur, dans sa grâce et pour sa gloire, nous rende attentifs à sa Parole et à l’état de notre cœur.
Comme nous l’avons souligné, les sept épîtres représentent sept phases successives dans l’histoire de la chrétienté. Dans l’épître à Éphèse, nous avons trouvé le stade premier : c’est le temps qui a suivi la disparition de tous les apôtres. Smyrne, l’assemblée suivante, a une certaine ressemblance avec Philadelphie. Thyatire se trouve au milieu de ces sept épîtres. Éphèse et Sardes se ressemblent également : dans les deux, nous apprenons quelques bonnes choses et nous y trouvons aussi la déception du Seigneur. La ressemblance entre Smyrne et Philadelphie se voit dans le fait que le Seigneur Jésus ne fait de reproches ni à l’une ni à l’autre et ne relève que des choses louables. Nous y trouvons également des expressions similaires, comme par exemple « la synagogue de Satan », « ceux qui se disent être Juifs, et ils ne le sont pas « tribulations » ou « épreuve », et « couronne ».
Smyrne était une phase heureuse de l’histoire de la chrétienté ; non pas cependant une phase agréable : il y avait des persécutions. Le Seigneur Jésus parle d’une tribulation de dix jours qui, appliquée à la prophétie, laisse entendre que dix grandes persécutions sous dix empereurs romains allaient se produire et c’est ce qui a eu lieu aux deuxième et troisième siècles. (Une autre interprétation est celle-ci : la plus grande de ces persécutions allait avoir lieu sous le règne de l’empereur anti-chrétien Dioclétien (303-305), où ces dix jours sont effectivement dix années (303-313). Smyrne nous parte de ces tribulations et persécutions, mais il est précieux de voir comment le Seigneur Jésus se présente à elle ! Les traits du caractère du Seigneur qui se manifestent dans chacune de ces lettres sont en accord avec le caractère de l’assemblée et de la récompense qu’il promet au vainqueur. Le Seigneur Jésus se présente ici comme le premier et le dernier, celui qui tient tout dans ses mains et qui est souverain dans la plus grande des tribulations. Combien est précieuse, pour ceux qui courent le danger d’être mis à mort, la récompense qu’il leur annonce au verset 11, lui qui est mort et qui est aussi ressuscité : ils n’auront pas à souffrir la seconde mort. Certes, c’est une récompense valable pour tous les chrétiens ; toutefois, pour ceux de Smyrne, il a été d’une grande consolation de savoir que, pendant que l’ennemi exerçait le pouvoir de les faire passer par la première mort, la seconde, celle qui est éternelle, était vaincue pour eux.
Ces chrétiens étaient donc liés à celui qui a été mort et a été ressuscité. Smyrne est une épître pleine de consolation, quoique la tribulation représente ici souffrances et peines. La tribulation était ici une conséquence de l’abandon du premier amour à Éphèse ; et pourquoi cela ? Parce que, par cela même, les croyants étaient ramenés à cet amour, comme cela s’est effectivement produit. La chrétienté est arrivée, en principe, à un meilleur état spirituel pendant ces deux siècles, durant lesquels elle passait par ces tribulations. Comme nous le voyons au verset 9, elle avait aussi affaire à ceux qui propageaient de fausses doctrines, ceux de la synagogue de Satan, des judaïsants, qui tentaient de réintroduire parmi les croyants leur judaïsme, mais qui, de fait, étaient des instruments du diable.
Satan est, dans l’épître à Smyrne, un lion rugissant (1 Pierre 5:8) ; il agit de la même manière qu’avec Job. Il vient ici pour créer souffrances et peines et jeter les chrétiens en prison, mais ceux-ci étaient exhortés à rester fidèles jusqu’à la mort pour recevoir enfin la couronne de vie dont nous parle l’épître de Jacques (1:12). Tout cela est une consolation. Mais Smyrne n’est pas la phase finale. À Smyrne doit succéder Pergame. C’est inévitable, et pourquoi ? L’ennemi s’est rendu compte qu’il ne pouvait vaincre la chrétienté de cette manière. Quand il vient sous la forme d’un lion rugissant, bien souvent la chrétienté s’épanouit. De ce fait, il change de tactique : il apparaît à Pergame comme un ange de lumière (comp. 2 Corinthiens 11:14), Qu’est-il arrivé ? En 313, l’empereur Constantin le Grand se convertit au christianisme. Nous n’avons pas à apprécier ici si c’était une conversion réelle ; de toute manière un changement complet se produisit. Les empereurs devenant chrétiens, la tribulation prit fin ; il devint même avantageux d’être chrétien dans l’empire romain : les situations les plus en vue étaient réservées aux chrétiens. À Pâques, les baptêmes avaient lieu par milliers ; mais combien étaient vraiment convertis ?
Qu’est-il arrivé ? L’Église s’est réjouie de la fin de la tribulation, ce qui se comprend, mais elle s’est placée en même temps sous la protection de l’empereur et, par-là aussi, sous la protection du monde. Mais le diable est toujours le prince de ce monde, le dieu de ce siècle (comp. Jean 12:31 ; 2 Corinthiens 4:4) ; et quand on se place sous la protection du monde, cela signifie finalement, qu’on se trouve là où le diable exerce sa puissance et c’est cela même qui est dit à Pergame (v. 13).
Ici le Seigneur Jésus parle comme celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants, la Parole de Dieu, celle qui distingue les vrais mobiles du cœur (Hébreux 4:12). Le Seigneur commence ici, en somme, par louer, car il parle à l’ange, et c’est l’ange qui représente la partie responsable de l’assemblée. C’est l’ange qui représente l’assemblée devant Dieu ; Dieu est en droit d’attendre de lui qu’il soit fidèle. Et le Seigneur lui parle : « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan » (v. 13). Ce n’était pas facile pour les croyants de se soustraire à cette autorité du monde et ils étaient, en effet, fidèles, Le Seigneur leur dit encore : « tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même dans les jours dans lesquels Antipas était mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous ». Antipas signifie « contre tous ». Nous sommes là en présence d’un seul témoin contre tous.
Le Seigneur dit au verset 14 : « j’ai quelques choses contre toi : c’est que tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam, lequel enseignait à Balac à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël ». Balaam était un prophète faisant servir sa fonction à ses propres intérêts (Nombres 22-24). Pour de l’argent, des hommes comme lui se sont introduits dans la chrétienté : un clergé qui a revêtu cette fonction en échange d’un gain honteux. La plupart d’entre eux étaient de mauvais conducteurs et qu’ont-ils fait ? Ce qu’a fait Balaam. Sachant qu’il ne pouvait porter atteinte au peuple par la malédiction, il suggéra à Balac de mélanger le peuple aux païens (Nombres 31:16). C’est par cela même que les fausses doctrines se sont introduites. La chrétienté fut mélangée au paganisme dans les divers pays où l’évangile a été prêché. La doctrine chrétienne s’est mêlée aux doctrines païennes locales et c’est ainsi que s’introduisirent l’idolâtrie et la fornication. L’idolâtrie, c’est l’adoration d’idoles comme dans le paganisme, et la fornication, c’est le mélange immoral avec le mal du monde, sur qui règne le prince de ce monde, le diable. C’est cela même la doctrine de Balaam.
« Ainsi tu en as, toi aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes pareillement » (v. 15). À Éphèse, nous n’avions trouvé que les Œuvres des Nicolaïtes. À présent, c’est déjà la doctrine. Quelle mauvaise doctrine ! Non seulement les mauvaises œuvres, mais cette doctrine des Nicolaïtes s’était introduite ; un clergé règne sur le peuple laïque : une classe de prêtres qui se disaient médiateurs.
Que devait faire le Seigneur Jésus devant ces faits, cet état, qui devait être jugé ? Il s’agit d’un jugement conditionnel, autrement dit, le Seigneur annonce que le jugement doit venir finalement si cet état persiste. Il dit : « Repens-toi donc ; autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche ». Remarquez qu’une distinction est faite, pour la première fois dans ces épîtres, entre deux groupes de personnes dans l’assemblée. Le Seigneur parle à l’ange de l’assemblée et cela concerne les fidèles que le Seigneur y trouve. Mais il ajoute : je combattrai contre eux ; ce sont les gens qui se trouvent dans la chrétienté, les infidèles qui ont introduit de mauvaises doctrines. L’ange est encore identifié avec l’ensemble encore considéré comme fidèle, mais il y a ceux, nombreux, qui en font partie, qui se sont introduits et qui doivent tomber sous le jugement : une distinction est donc faite entre les fidèles d’un côté et les infidèles de l’autre. À Thyatire, cela apparaîtra d’une manière bien plus prononcée encore.
Le Seigneur devait venir et combattre contre eux par l’épée de sa bouche. Peut-être s’agit-il des jugements qui sont venus sur la chrétienté à la suite de l’introduction de l’Islam (7ème siècle), qui s’est étendu puissamment sur l’Europe, ayant amené de grosses difficultés pour la chrétienté.
Le vainqueur de Pergame aura sa récompense : il recevra la manne cachée (v. 17). Pergame se trouve sous l’influence du monde, mais les vainqueurs qui ne tombent pas dans ce piège, réalisent pratiquement qu’ils n’appartiennent pas à ce monde, qu’ils y sont étrangers. Et c’est à de tels pèlerins dans le désert qu’est réservée cette nourriture du désert, la manne cachée, telle qu’elle était dans l’arche (Exode 16:33 ; Hébreux 9:4). La manne nous parle du Seigneur qui était un pèlerin sur la terre avant nous (Jean 6:48-51), mais l’arche qui est dans le lieu saint céleste (comp. 11:19) nous parle du Seigneur glorifié. Les fidèles de Pergame sont des pèlerins et leurs yeux sont dirigés vers le Seigneur qui était pèlerin aussi et qui est maintenant glorifié. Ce sont ces vainqueurs qui recevront une récompense toute spéciale du Seigneur. « Je lui donnerai un caillou blanc », c’est le caillou de la récompense pour les fidèles, « et, sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit ». C’est une relation personnelle que le Seigneur aura avec chacun de ces croyants. La récompense est toujours en rapport avec ce qui manquait dans leurs circonstances. S’ils sont vainqueurs et ne tombent pas dans les dangers courus par l’assemblée, c’est-à-dire s’ils restent de vrais pèlerins, ils recevront cette récompense particulière.
Entre temps, la quatrième phase intervient, irrésistiblement : c’est Thyatire, la phase la plus sombre de l’histoire de l’Église. C’est le temps de l’église romaine au Moyen-Age, un temps qui a été long, environ 900 ans, durant lequel elle s’est donné ce caractère, qui, comme nous le verrons plus loin, durera jusqu’à la venue du Seigneur, Son commencement se situe vers l’an 600, quand Grégoire 1er fut établi pape, le premier pape qui ait régné sur toute l’église chrétienne ; cela s’est prolongé jusque vers l’an 1500, quand le mouvement de la Réforme débuta.
À Pergame, l’église se trouve sous la protection du monde ; à Thyatire, l’église règne sur le monde. C’est l’inverse. Après la chute de l’empire romain, s’est constitué ce qu’on a appelé « le Saint Empire romain germanique », théâtre de conflits incessants entre l’empereur allemand et le pape à Rome. Cette lutte d’influences a duré longtemps, jusqu’à ce que la puissance du pape fût venue à son comble. Au douzième siècle, le pape Innocent III avait puissance absolue sur toute l’Europe. Aucun roi ni prince ne pouvait s’y opposer. Cela, c’est Thyatire. Là, le Seigneur Jésus intervient en disant : « Voici ce que dit le Fils de Dieu » — non pas le Fils de l’homme, comme au chapitre 1. C’est le Fils de Dieu qui est établi sur la maison de Dieu (comp, Hébreux 3:6). Thyatire se comporte comme si c’était sa propre maison. C’est Dieu lui-même qui viendra en jugement, et non pas seulement le Fils de la vierge, de la madone comme l’église romaine la présente. Il se présente dans toute sa magnificence divine : il a ses yeux comme une flamme de feu et ses pieds semblables à de l’airain brillant. Il scrutera tout et amènera toutes choses en jugement. Il manifestera tout ce qui n’est pas compatible avec sa sainteté.
Cependant combien cela est précieux de voir que cette épître commence de manière si positive ! C’est un enseignement pour nous, alors que l’état de l’Église est si mauvais et si sombre. Le Seigneur sait apprécier ce qu’il y a encore de bon pour lui dans de telles circonstances. C’est ce que nous voyons au verset 19. Dans ce deuxième chapitre, il n’est fait aucune remarque aussi belle qu’ici, à Thyatire : « Je connais tes œuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières œuvres qui dépassent les premières ». Le Seigneur apprécie pleinement ce qui a été trouvé pour lui dans ce Moyen Age si obscur. Pensons aux Vaudois, aux Albigeois ou à d’autres groupes, qui n’avaient pas beaucoup de lumière, du fait qu’ils se trouvaient dans cette église, mais qui ont été fidèles de bien des manières pour le Seigneur ; nous serions enclins peut-être à sous-estimer cette fidélité, mais nous voyons que le Seigneur l’estime beaucoup.
Mais, dit le Seigneur, « j’ai contre toi, que tu laisses faire la femme Jésabel » (v.20). Eh bien, nous savons quelle est cette femme ! Elle n’a pas de place dans la chrétienté, c’est une païenne. Elle n’est pas du peuple de Dieu, mais elle est un élément étranger (1 Rois 16:31). Cependant elle affirme être une prophétesse, ce qui veut dire qu’elle prétend prononcer les paroles de Dieu. Ainsi, dans l’église romaine, c’est elle qui enseigne, qui prétend être la bouche de Dieu. Il ne fallait donc pas écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées (v.29), mais bien prêter l’oreille à ce que l’église avait à dire. L’église enseignait et disposait de la puissance : Jésabel se dit prophétesse, mais c’est une fausse prophétesse. Et le Seigneur dit qu’il fallait qu’elle se repentît. Mais quand on en arrive à affirmer son infaillibilité, comment pourrait-on encore se repentir ? Comment ce système peut-il, en lui-même, se repentir quand il prétend détenir la doctrine officielle, c’est-à-dire infaillible, ne pouvant pas faire d’erreurs de doctrine ? Dieu avait de la patience envers cette église. Elle enseigne et égare les « esclaves » ; ceux qui s’efforcent de tout leur cœur à être fidèles, sont les esclaves du Seigneur. ils sont égarés par cette femme et séduits pour commettre la « fornication » (comp. 2 Rois 9:22) : c’est cette liaison dangereuse avec les principes mondains. Manger des choses sacrifiées aux idoles, c’est ce mélange épouvantable avec le paganisme, « Je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît » : 900 ans, c’est presque la moitié de l’histoire de l’Église. De quelle patience le Seigneur a-t-il usé envers Thyatire !
Mais ici nous voyons pour la première fois — et cela est très important — qu’il n’y a plus d’avertissement conditionnel. Un jugement absolu est annoncé et ne peut plus être évité. Pensons à cela : Éphèse était du passé, remplacé par Smyrne. Smyrne n’existe plus non plus, elle est remplacée par Pergame et Pergame est à son tour remplacée par Thyatire. Mais Thyatire ne sera pas remplacée par Sardes. Thyatire restera jusqu’à la venue du Seigneur. Éphèse, Smyrne et Pergame sont du passé ; mais nous savons que l’église romaine professante sera jugée sous la forme de Babylone (chapitres 17 et 18). Thyatire n’est pas remplacée par Sardes, mais Sardes procède de Thyatire et subsistera à côté d’elle. Nous verrons que Sardes correspond au protestantisme, qui demeure avec Thyatire jusqu’à la fin.
Au verset 23, le Seigneur dit : « Je ferai mourir de mort ses enfants ». Les enfants ne sont pas des esclaves, ce sont des incrédules qui appartiennent à ce système et en portent la responsabilité avec d’autres. Et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs Il faudra qu’ils donnent gloire au Seigneur, même s’il exécute le jugement sur eux. « Et je vous donnerai à chacun selon vos œuvres ». Il parle ici autrement qu’à Pergame. Quand le Seigneur parle à l’ange de Pergame, ce sont les fidèles, et des autres il dit : « je combattrai contre eux » (v. 16). C’est ici l’inverse. Le Seigneur s’adresse à Thyatire et dit : « Je vous donnerai à chacun selon vos œuvres » (v.23). Ici l’ange de l’assemblée est devenu infidèle, et la partie responsable, tombée dans l’infidélité, doit être mise de côté et subir le jugement.
Au verset 24, cependant, nous trouvons quelque chose de beau. Le Seigneur dit : « à vous », et ici il pense à un autre « vous » qu’au verset 23. Il s’agit d’un résidu : « à vous je dis, aux autres » ; les « autres » à Thyatire sont les fidèles qui n’ont pas la fausse doctrine. Qu’ont-ils à faire ? Ils ne peuvent changer cette église romaine. Ils ne font pas non plus partie de ceux qui en sont sortis, de Sardes ; ce sont ceux qui, jusqu’à la venue du Seigneur, seront trouvés dans cette église romaine. Il faut bien distinguer les protestants, issus de l’église romaine, et ceux qui n’en sortent pas, qui y restent jusqu’à la fin. Ils n’ont pas beaucoup de lumière — s’ils en avaient, ils sortiraient — mais ils servent tout de même le Seigneur qui leur dit : « Je ne vous impose pas d’autre charge » ; mais seulement « ce que vous avez » — c’est très peu dans tant d’obscurité — « tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne ». C’est ici la preuve qu’il y aura des fidèles, même dans cette église romaine, jusqu’à la venue du Seigneur, jusqu’à l’enlèvement de l’Église.
Quelle sera leur récompense ? Le Seigneur leur dit : Si vous êtes si peu considérés, si petits, je vous donnerai quelque chose de merveilleux : vous aurez autorité sur les nations avec le Seigneur. Vous avez été si méprisés dans cette église ; or le moment vient où vous régnerez avec le Seigneur. Les paroles du Psaume 2:9 qui, dans ce texte, sont appliquées au Seigneur, pourront être de même appliquées à ces croyants de Thyatire : « tu les paîtras avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie ». Il leur donnera l’étoile du matin (le Seigneur Jésus lui-même). Avant que le soleil se lève, lui, l’étoile du matin se lèvera pour introduire son Assemblée dans le ciel, avant que ne vienne la tribulation. Les fidèles de l’église romaine seront introduits avec toute l’Assemblée dans le ciel. Les fidèles ne seront plus là quand cette église sera détruite. Ils ont reçu l’étoile brillante du matin, dès à présent dans leur cœur (comp. 2 Pierre 1:19), mais alors de façon effective, quand ils seront enlevés par le Seigneur.
Dans cette lettre à Thyatire, un changement est à remarquer. L’expression que nous trouvons sept fois : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » nous la trouvons pour la première fois tout à la fin. Pour Éphèse, Smyrne et Pergame, l’appel à écouter précédait toujours la promesse au vainqueur. Pourquoi cela ? Le Seigneur parlait encore à l’assemblée, c’est-à-dire à l’ensemble de la chrétienté. Celui qui avait à cœur de se tourner vers Dieu devait écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées ; et la récompense suivait pour les vainqueurs. Ce n’est plus le cas maintenant. Dans les quatre dernières assemblées, l’ensemble de la chrétienté ne peut plus se repentir, c’est arrêté. Il ne peut plus y avoir d’appel pour l’ensemble ; il n’y a plus qu’un appel pour un résidu. C’est pour cela qu’il est d’abord fait mention des vainqueurs et qu’ensuite, aux fidèles seulement, le Seigneur enjoint : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ».
Sardes se forme à côté de l’église romaine comme cela s’est produit historiquement au seizième siècle. On pouvait s’attendre à quelque chose de merveilleux après ces siècles obscurs, et il faut reconnaître qu’en soi cela fut le cas. La Réforme fut l’œuvre de Dieu, cela ne fait pas de doute. Le Seigneur l’a donnée dans sa grâce et par sa puissance. Mais Sardes ne nous présente pas la Réforme elle-même, mais ce qui en sort : le protestantisme. Discernons-nous la différence? La Réforme est l’œuvre de Dieu, tandis que le protestantisme est ce que les hommes en ont fait. Il est bien décevant de constater à quel point cela est arrivé vite. Une différence entre Sardes et Thyatire est celle-ci : à Thyatire, l’église règne sur le monde, à Sardes, c’est le monde qui règne sur l’église. Le Seigneur se présente donc ainsi : « Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles », ces étoiles qui devraient être en sa main au lieu d’être dans la main du monde (1:16). Christ devait régner sur l’Assemblée par son Esprit, les sept Esprits qui se trouvaient au chapitre 1 devant le trône de Dieu. Or, dans la pratique, c’est le monde qui la gouverne.
Sardes s’est liée avec le monde en se plaçant sous la sauvegarde des autorités nationales ; non pas comme à Pergame où l’ensemble de l’église était placé sous la même autorité dans l’empire romain. Le protestantisme est caractérisé en ce que, partout, des églises nationales se sont constituées : une église néerlandaise réformée, une église allemande luthérienne, une église française réformée, organisées de façon nationale et sous une autorité nationale ou régionale. Et ceux qui connaissent les écrits de Luther, constatent qu’à partir du moment où lui-même s’est placé sous l’autorité du prince-électeur de Saxe, un revirement se produisit en ce sens En 1555, lors de la paix religieuse d’Augsbourg, l’Allemagne fut divisée en parties différentes, selon les religions des princes, soit catholiques, soit protestantes, l’église protestante, en fait, se rendant dépendante des autorités. Combien cela est triste ! Dieu avait accordé de grandes bénédictions lors de la Réforme : la Bible fut ouverte à nouveau, mais combien de cœurs et de consciences furent-ils réellement changés ? La religion de chaque Allemand dépendait de la région où il habitait...
« Je connais tes œuvres, — que tu as le nom de vivre et tu es mort dit le Seigneur (v. 1). Le protestantisme avait apparence de vie, mais le système en soi, dans les grandes lignes, était mort. C’était une organisation de façade, non pas selon l’Écriture. Ce n’était pas le retour complet aux écrits des apôtres ; voilà pourquoi le Seigneur dit au verset 2 : « je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. Bien des choses propres à l’église romaine ont été reprises dans les églises protestantes. Sardes devait se souvenir de ce qu’elle avait reçu et entendu, et qu’elle devait garder, pour que les autres choses ne se perdent pas (v.3). Sinon, le Seigneur viendra sur elle comme un voleur, exactement de la même manière que nous le trouvons dans les évangiles (Matt. 24:43 ; Luc 12:39) : il viendra comme pour le monde. Si les protestants se sont placés sous la protection du monde, ils seront jugés de la même manière. Nous ne parlons pas de ceux qui seront trouvés fidèles. C’est pour les protestants incrédules que le Seigneur viendra comme un voleur ! et ils ne sauront pas quand cela arrivera.
Mais il y a une exception à Sardes, comme aussi dans l’église romaine : il y aura, dans les églises protestantes aussi, ceux qui seront trouvés fidèles (v.4), non pas avec beaucoup de lumière, car, autrement, ils en sortiraient. Mentionnons les « Piétistes », comme on a coutume de les appeler. Ils avaient compris que non seulement la Bible devait être ouverte, mais qu’un revirement spirituel devait avoir lieu dans les cœurs. Ils ont été méprisés en Allemagne, et ils furent bien souvent expulsés et retranchés des registres des églises, Mais le Seigneur Jésus dit : votre récompense sera que cela ne vous arrivera pas au ciel : « Celui qui vaincra, sera vêtu de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie » (v.5). Peu importe que leurs noms soient rayés dans les livres des églises, les fidèles de Sardes ne peuvent pas être effacés du livre de vie. Et le Seigneur dit : « Je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges ». Quelle consolation ! Nous pouvons en être assurés : jusqu’à l’enlèvement de l’Assemblée, il y aura dans le protestantisme des fidèles au Seigneur, sans beaucoup de lumière, mais qui le serviront, comme nous le trouvons au verset 4 : « Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements qui, personnellement, sont restés purs vis-à-vis des impuretés introduites par les théologiens modernes ou autres. Le Seigneur les récompensera de leur fidélité,
Nous voyons donc que Sardes reste jusqu’à la venue du Seigneur, puisqu’il dit venir sur elle comme un voleur. Mais il en est qui ont quitté Sardes et qui s’en sont séparés, parce qu’ils voulaient aussi se séparer du monde. Sardes s’était mélangée au monde et à ses principes mondains et humains qui n’ont rien de commun avec la Parole de Dieu. Et beaucoup se sont séparés de ces systèmes au cours des derniers siècles. Eux aussi resteront jusqu’à la venue du Seigneur, à côté des églises romaines et des églises protestantes : c’est Philadelphie.
Quelles en sont les caractéristiques ? Comment pouvons-nous reconnaître de quels croyants il s’agit ? Nous ne nommons personne, nous contentant de donner les caractéristiques bibliques que nous trouvons ici. Le nom même de Philadelphie, qui veut dire « amour fraternel » en dit long : ils sont des frères, ils s’aiment véritablement et ils cohabitent en amour. Le Seigneur Jésus se présente ici comme le Saint et le Véritable (v. 7), caractère sous lequel nous ne l’avons pas trouvé au chapitre 1, Nous trouvons à Philadelphie des croyants qui connaissent cette douce relation avec le Seigneur. Ils le connaissent comme le Saint, parce qu’ils se sont sanctifiés eux-mêmes. Se sanctifier n’est rien d’autre que se séparer afin d’être à lui. Ils se sont séparés de Sardes, du monde qui s’y était introduit. Ils connaissent le Seigneur comme le Véritable, ils veulent vivre près de la pleine vérité révélée par Dieu et ne rien avoir à faire avec les principes et les organisations humaines.
En outre le Seigneur se présente aussi comme le véritable David. Nous constatons que les caractères du Seigneur dans le Nouveau Testament rejoignent ceux qui l’ont caractérisé dans l’Ancien Testament : comme Roi et comme Messie d’Israël. Ces croyants de Philadelphie ont acquis du discernement pour saisir les relations du Seigneur avec les croyants de l’économie actuelle et de toutes les économies antérieures : il est le vrai David, qui peut ouvrir et fermer ce qu’il veut (comp. Ésaïe 22:22).
Le Seigneur dit : « Je connais tes œuvres » (v.8), sans autre commentaire. Il ne peut être dit grand-chose de ses œuvres. Elles ne sont pas caractérisées par une activité gigantesque ou singulière dans le monde chrétien. Cela n’est pas nécessaire, d’ailleurs. Le Seigneur sait ce qui se passe à l’insu du monde et il dit : « J’ai mis devant toi une porte ouverte ». Il n’est pas dit que le chemin soit facile, mais c’est un chemin qui ne peut être barré par personne, même s’il est difficile. Personne ne peut fermer cette porte sinon le Seigneur lui-même qui l’a ouverte. Beaucoup de croyants se sont rendus compte, par expérience, que ce chemin est difficile. Mais le Seigneur l’a indiqué, et personne ne peut empêcher les siens d’y marcher. C’est vrai : « Tu as peu de force ». La force dont dispose Philadelphie n’est pas très impressionnante et n’a pas beaucoup modifié le cours des choses dans la chrétienté. Ces croyants sont convaincus qu’ils ne pourront changer ni l’église ni le monde et ils sont satisfaits des bénédictions du Seigneur.
Eh bien, le Seigneur approuve Philadelphie et dit : « Tu as gardé ma parole » (v.8) ; pas simplement la Bible, mais c’est sa Parole, la Parole du Seigneur Jésus. (C’est aussi beau que Jean 17:17 où il est question de la parole du Père.) On peut dire que c’est lui-même qui les occupe et dont ils ont besoin. Peu de choses les caractérisent : leurs œuvres sont sans apparence, ils ont peu de force, mais ils ont le Seigneur. Mis de côté, ne comptant guère dans la chrétienté, ils ont l’approbation du Seigneur : « tu as gardé ma parole et tu n’as pas renié mon nom » ; ils m’ont, moi, dit le Seigneur, et cela leur suffit. Ce ne sont pas seulement ses propres paroles, ce ne sont pas uniquement quelques passages qui les ont intéressés, mais ils s’intéressent à la totalité de la Parole du Seigneur et ils ne veulent rien faire qui ne soit pas en accord avec cette Parole. « Tu n’as pas renié mon nom », ajoute le Seigneur. Ce nom de Jésus qui suffisait pour sauver leurs âmes (Actes 4:12), leur suffit également pour les rassembler (Matthieu 18:20). Pas besoin d’organisation, pas de liturgie ; ce nom leur suffit, bien que, quelquefois, ils n’aient été que deux ou trois à se réunir. Il n’est pas dit que tous ceux qui se trouvent avec ces croyants sont automatiquement porteurs de tous ces caractères. Prêtons bien attention. Il n’est pas suffisant d’accepter les principes de Philadelphie ; nous devrions aussi manifester les indices spirituels de cette église. Car être sur la base de Philadelphie et pourtant s’être refroidi et enflé, n’est rien d’autre que Laodicée.
Le Seigneur ajoute : « Je donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent être Juifs, — et ils ne le sont pas...ils connaîtront que moi je t’ai aimé » (v.9). Appliqué à la chrétienté, ce terme de « synagogue de Satan » désigne les professants de l’Église qui se vantaient d’être « Juifs » — donc le peuple élu de Dieu — et pour cela rétablissaient les ordonnances d’un culte judaïque ; en réalité c’est un système religieux dirigé par Satan. Le Seigneur dit : Ne soyez pas troublés de ce qu’ils disent. « Voici, je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé ». N’est-ce pas suffisant ? Philadelphie, c’est l’amour des frères, ce sont des frères qui s’aiment mutuellement ; mais ils savent aussi qu’ils sont aimés du Seigneur, et cela leur suffit. Ils n’en cherchent pas davantage et surtout pas l’approbation de ceux qui portent faussement le nom de chrétiens.
Et le Seigneur continue : « Parce que tu as gardé la parole de ma patience » (v. 10), Philadelphie se compose de croyants qui ont persévéré dans la patience, c’est-à-dire qui ont toujours eu en vue la venue du Seigneur. Ils ont découvert à nouveau la merveilleuse promesse du Seigneur Jésus ; nous la trouvons au v. 11 « Je viens bientôt ». Ils ont cru cette promesse et ils regardent vers lui ; c’est la parole de sa patience. Le Seigneur Jésus attend le moment de venir chercher son Assemblée, sa vraie Église, pour l’introduire au ciel (comp. 2 Thessaloniciens 3:5). Et il est heureux de voir les siens, comme lui, attendre ce moment.
Le Seigneur ajoute : « je te garderai de l’heure de l’épreuve Il s’agit des jugements qui viennent bientôt, après l’enlèvement de l’Église, quand tous les croyants seront enlevés de la terre au ciel. Cela est rappelé à Philadelphie comme une consolation et elle est appelée à comprendre que ce sera avant cette heure. Combien de croyants savent que l’Assemblée sera ravie au ciel par le Seigneur avant cette heure ? Philadelphie l’a appris de la bouche de son Seigneur.
Le Seigneur dit aussi de manière précise que l’heure de l’épreuve va venir sur la terre habitée tout entière. C’est l’heure qui débute au chapitre 4 et qui durera jusqu’à la fin du chapitre 19 où nous lisons que le Seigneur lui-même viendra (19:11 à 21). La grande tribulation (Matthieu 24:21) n’est que la dernière partie de ces événements, les derniers trois ans et demi (comp. 11:2 ; 12:6,14 ; 13:5). L’heure de l’épreuve comprend, elle, l’ensemble de la période comprise entre l’enlèvement de l’Église et son apparition, ce que nous appellerons la « période apocalyptique ». Le Seigneur dit expressément qu’il gardera les siens de cette heure ; cela ne peut signifier que nous pourrions avoir à traverser même une partie de cette « heure » entre sa venue pour les siens et le retour de l’Assemblée avec le Seigneur du ciel pour juger la terre habitée tout entière.
À Philadelphie, il est dit : « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as » (v.11). Ce qu’elle a, n’est peut-être pas grand-chose : pas de belles églises, pas d’organisations remarquables. Qu’ont-ils à eux, ces croyants de Philadelphie ? Avant tout, le Seigneur, que nous avons à tenir ferme, afin que personne ne prenne notre couronne. Y a-t-il quelque chose à perdre ? Certainement ! Car de même que chaque assemblée procède de la précédente, ainsi Laodicée sort de Philadelphie. Comprenons-le bien ! Quand nous considérons ce que sont devenus ces croyants issus de Sardes, nous voyons combien il y a de fausses doctrines, dont beaucoup ont eu à se séparer de nouveau. De même, certains se glorifient des principes de Philadelphie alors que les cœurs se sont refroidis, comme nous le trouvons à Laodicée. On ne suit que pour la forme ; dans le cœur, il n’est plus question de garder la parole du Seigneur et de ne pas renier son nom. Il devrait y avoir des vainqueurs : ceux qui n’ont pas seulement accepté les bases de Philadelphie, mais qui sont, de cœur et d’esprit, des philadelphiens. Qui est aujourd’hui le vainqueur ? C’est celui qui garde fermement la lumière que le Seigneur a confiée à Philadelphie.
Qu’en fera le Seigneur ? « Je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu » (v. 12). Ici-bas, ils étaient méprisés, considérés comme les plus petites pierres de ce temple ; mais sur cette colonne repose, en fait, tout l’édifice. « Une colonne dans son temple » : ce sont ceux qui ont compris que Dieu a un temple sur la terre, une maison spirituelle où il a sa demeure, ses enfants, des fils de Dieu, des sacrificateurs qui l’adorent en vérité, dont se compose cette maison spirituelle. Ceux qui le réalisent aujourd’hui sont les vainqueurs, qui seront une cotonne. Et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu ». Remarquons bien « de mon Dieu ». Ici le Seigneur Jésus parle des relations toutes personnelles qu’il a avec Dieu. Ces croyants connaissent le nom de son Dieu, ils connaissent Dieu comme Père et sa relation avec son Fils, et c’est ce nom d’intime relation que le Seigneur écrira sur ces vainqueurs de Philadelphie.
« Et le nom de la cité de mon Dieu ». Ils savent qu’ils sont des pèlerins dans ce monde d’aujourd’hui. « Nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir » (Héb. 13:14). Ce sont ces pèlerins qui se sont séparés de ce monde et de toute son organisation. Ils recevront le nom « de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom ». C’est bien cette nouvelle Jérusalem, l’Assemblée, qui viendra du ciel sur la terre. Nous connaîtrons ce nouveau nom, celui qu’il porte actuellement dans la gloire, comme le Seigneur ressuscité et glorifié dans le ciel, lui, la tête du corps, l’Époux, le Fils dans la maison du Père.
Combien est sérieux ce que nous avons encore à faire remarquer brièvement concernant Laodicée. Sardes est issue de Thyatire, Philadelphie de Sardes. Laodicée représente en particulier ce qui arrive quand la lumière dont Dieu a fait don à Philadelphie s’éteint, et quand on est devenu tiède. Sardes est froide, de la froideur de la mort. Ce qui est froid ne sera plus réchauffé, tandis que Laodicée, procédant de Philadelphie, chaud à l’origine, s’est attiédi. Il s’agit de ceux qui avaient reconnu la valeur des principes de Philadelphie et peut-être la reconnaissent encore, mais ont adopté l’esprit laodicéen.
Le Seigneur dit à cette église : « Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable » (v. 14), L’Amen, car après ce dernier état, il n’y en aura plus d’autre. Dans cette économie, il n’y aura plus rien d’autre, sinon seulement la venue du Seigneur, l’enlèvement de l’Église. Le Seigneur dit aussi : Je suis le témoin fidèle. En présence de ce que 2000 ans de chrétienté ont amené comme infidélité, le Seigneur déclare à la fin : Je suis et je reste le témoin fidèle et véritable. Il est le commencement de la création de Dieu, il sera aussi le commencement de la nouvelle création de Dieu.
Que doit-il dire à Laodicée ? « Tu n’es ni froid ni bouillant » (v. 15). Il y aurait de l’espoir si elle était froide, comme Sardes. Il est plus facile d’amener quelqu’un de Sardes à Philadelphie, que de le ramener de Laodicée. Le Seigneur dit, comme l’annonce d’un jugement qui est inévitable : « Je te vomirai de ma bouche ». Le caractère de Laodicée c’est d’avoir tout sauf le Seigneur, contrairement à Philadelphie qui n’a rien sauf le Seigneur. Humainement, Philadelphie est pauvre et petite, Laodicée par contre est riche et n’a besoin de rien (v. 17) : mais ils ignorent que le Seigneur n’est plus avec eux. Comment savons-nous cela ? Parce que nous lisons au verset 20 que le Seigneur se tient à la porte et frappe. Il est donc dehors. Ils pensent être riches et n’avoir besoin de rien et ils ne se sont pas rendus compte que le Seigneur est parti. Comme cela est triste ! Il est cependant encore temps. Le système sera vomi, mais, individuellement, il y a encore une possibilité de se repentir. Le Seigneur dit : « Tu ne connais pas que toi tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu : je te conseille d’acheter de moi de l’or ». Ce dont ils ont besoin, c’est de la gloire divine (l’or) et non de la gloire humaine. Ils ont besoin de robes blanches, de la justice de Dieu, et non pas de ces vêtements de leur propre justice. Ils ont besoin de collyre pour leurs yeux, pour pouvoir voir : c’est la reconnaissance de la vérité divine et non pas leur propre connaissance ; un collyre comme le Saint Esprit, pour que leurs yeux soient ouverts pour distinguer leur état.
Le Seigneur dit en amour : « Je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi ». Laodicée se situe avant l’enlèvement de l’Église et le Seigneur travaille encore aujourd’hui pour que beaucoup se repentent. Quand quelqu’un, un seul croyant, entend sa voix et ouvre la porte, « j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Il peut y avoir communion avec quelques-uns, même à Laodicée. Il y aura quelques croyants qui seront restés fidèles, malgré la mauvaise compagnie dans laquelle ils se trouvaient. Ce seront ceux-là les vainqueurs — ceux qui ouvrent la porte de leur cœur. Mais la récompense n’est pas la plus grande ; c’est la moindre de toutes les récompenses : ils seront assis sur son trône. Cela semble important, mais en fait, tous les croyants régneront avec le Seigneur pendant le règne de 1000 ans, non seulement les croyants qui viendront des diverses églises, mais aussi ceux de l’Ancien Testament et ceux qui viendront de la grande tribulation, après l’enlèvement de l’Assemblée (20:4). Ce n’est pas une bénédiction spécialement grande, mais tout de même une récompense pour les vainqueurs.
Ecouteront-ils? Le Seigneur dit : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées Chacun de nous peut déterminer lui-même où il se situe. S’il est en dehors de l’Assemblée du Dieu vivant, il faut qu’il se repente et se convertisse, acceptant le Seigneur Jésus et confessant ses péchés devant Dieu, afin d’obtenir la rédemption par le sang du Seigneur Jésus. Viens à lui avant qu’il ne soit trop tard, et que Dieu t’appelle, toi qui fais partie de ce pauvre monde!
Si tu appartiens à Thyatire, et que tu as été quelque peu éclairé par ce que la Parole vient de nous rappeler, il est encore temps d’en sortir ; il est encore temps si tu appartiens à Sardes, et il est aussi temps si tu fais partie de Laodicée, de revenir à ce qui caractérise l’église de Philadelphie.
Si nous connaissons les principes de Philadelphie et que nous les apprécions, attachons-nous à y être des vainqueurs, étant fidèles dans nos cœurs, ne nous contentons pas de prendre une position extérieure, mais assumons-la dans nos cœurs : gardons sa Parole, ne renions pas le nom du Seigneur,
Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées
Nous avons pu voir comment le Seigneur Jésus a parlé par son Esprit et par son serviteur aux sept assemblées d’Asie Mineure, lesquelles représentent des périodes différentes dans l’histoire chrétienne. L’Assemblée (ou Église) n’est pas vue ici selon le conseil de Dieu, où tout ne peut être que parfait, mais selon sa responsabilité et par rapport à ce qu’elle doit être : le témoignage de Dieu sur la terre. Nous avons considéré ce qu’elle est devenue et comment le Seigneur Jésus, au milieu des sept lampes d’or, doit juger, non seulement le monde, mais aussi la chrétienté. Et nous avons vu la croissance simultanée, jusqu’à la venue du Seigneur, de quatre grands groupes de cette chrétienté : Thyatire (l’église romaine), Sardes (les églises nationales protestantes dans les divers pays), Philadelphie (ceux qui s’en sont séparés pour le Seigneur), et enfin Laodicée (ceux qui ont reçu la lumière au 19ème siècle, mais sont devenus tièdes et sont tombés dans un état désastreux).
La chrétienté actuelle se répartit entre ces quatre groupes. Ils subsisteront jusqu’à la venue du Seigneur. Les croyants de ces quatre groupes seront pris par le Seigneur Jésus au ciel au moment de l’enlèvement de l’Assemblée, tandis que les professants sans la vie resteront sur la terre. Sous la forme de Babylone, la fausse église sera jugée au début de la grande tribulation (chapitre 17). Chacune de ces quatre épîtres nous renvoie donc à la venue du Seigneur. À présent, nous trouvons l’expression importante : après ces choses, au chapitre 4:1. « Ces choses » nous ont été présentées dans les chapitres 2 et 3, maintenant nous abordons ce qui se passera après l’économie (ou dispensation) chrétienne.
Au chapitre 1:19 nous avons trouvé la manière de diviser le livre pour le comprendre. Jean devait écrire aux assemblées.
● ce qu’il a vu : c’est le chapitre 1 ;
● les choses qui sont : c’est l’économie actuelle, l’histoire de la chrétienté, chapitres 2 et 3;
● les choses qui doivent arriver après celles-ci que nous trouvons à partir du chapitre 4.
Le Saint Esprit nous communique clairement que les événements qui suivent le premier verset du chapitre 4 doivent arriver « après ces choses ». Nous ne comprendrons rien à cette révélation si nous n’avons pas saisi ce point essentiel : l’Assemblée du Dieu vivant se trouve entièrement dans le ciel quand s’ouvre le chapitre 4. Tous ceux qui se sont endormis dans le Seigneur ont été ressuscités, et les vivants ont été transmués comme cela a été annoncé en 1 Corinthiens 15 et en 1 Thessaloniciens 4. Ils ont tous revêtu des corps de gloire (Philippiens 3:21). L’Assemblée est présentée ici, avec les croyants de l’Ancien Testament, sous la forme des vingt-quatre anciens (4:4), ce qui démontre que l’Assemblée se trouve dans le ciel. Le chapitre 4 parle donc des choses à venir et il en est ainsi jusqu’au chapitre 22. Beaucoup de personnes ont essayé d’appliquer ces passages à l’économie actuelle ; c’est impossible et l’interprétation n’en sera jamais satisfaisante. On ne pourrait pas savoir, par aucune de ces interprétations, ce que représentent les vingt-quatre anciens. Ils sont nettement distingués des anges. Ils ne peuvent pas non plus être des saints endormis dans le Seigneur ; ceux-ci sont présentés au chapitre 6:9 comme des âmes qui sont sous l’autel, alors qu’ici nous avons des saints glorifiés avec leurs robes blanches et leurs couronnes d’or.
Nous ne distinguons pas encore les différents groupes qui seront toujours sur la terre après l’enlèvement de l’Église ou qui s’endormiront à cette période-là : nous les identifierons au chapitre 7. Ici, dans le ciel, il n’y a qu’un groupe de croyants, les chrétiens sans distinction d’origine, Juifs ou nations, et les croyants de l’Ancien Testament, tous glorifiés et en paix auprès du Seigneur. Il est important de comprendre cela, ainsi que le fait que la venue du Seigneur nous est présentée en deux phases. Premièrement le Seigneur vient pour prendre son Église avec lui dans la gloire. Le monde ne verra pas cela ; quand l’Église sera introduite dans le ciel, cela passera inaperçu pour le monde. Nous situons cet enlèvement de l’Église entre les chapitres 3 et 4, tandis que la deuxième phase se situe quelques années plus tard, quand le Seigneur viendra de manière visible avec son Église sur la terre. Nous l’avons vu au chapitre 1:7 : « Il vient avec les nuées et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront ». Il en sera question seulement au chapitre 19. Du chapitre 4 au chapitre 19, nous avons l’histoire d’une période se situant entre l’enlèvement de l’Église et la venue du Seigneur avec son Église pour établir son royaume sur la terre. Si nous avons saisi cela, nous avons la clé pour comprendre tout ce livre dans sa suite.
Les chapitres 4 et 5 constituent une introduction. Nous y voyons une scène céleste qui se déroulera après l’enlèvement de l’Église, introduite dans le ciel. Cette scène céleste nous montre ce que doit devenir la terre : le lieu où sera établi le royaume du Seigneur Jésus Christ. Pourquoi cela ne peut-il pas se réaliser immédiatement ? Parce qu’il se trouve sur la terre des choses incompatibles avec sa sainteté et sa justice, qui doivent être ôtées par les jugements avant l’établissement du royaume.
Le Seigneur Jésus dit à Jean au verset 1 : « Monte ici ». On pourrait se demander pourquoi il n’est pas question de l’enlèvement de l’Église, puisque cela doit avoir lieu entre les chapitres 3 et 4. Mais cet enlèvement a déjà été l’objet des enseignements de 1 Corinthiens 15, 1 Thessaloniciens 4, Jean 14 et Philippiens 3 ; il n’est donc plus nécessaire d’y revenir ici. Par ailleurs, l’enlèvement de l’Église est une espérance glorieuse pour elle et le présent livre ne donne aucune description de l’avenir céleste et glorieux des saints, à l’exception de celles qui se trouvent à la fin du chapitre 22, au moment où la présentation prophétique de ce livre est déjà terminée. L’enlèvement de l’Église n’a aucune relation avec la prophétie concernant la terre et les jugements qui tomberont sur elle. Jean est appelé à voir d’en haut ce que deviendra cette terre après l’économie de la grâce. L’iniquité de ce monde exige, de la part du Seigneur, ces jugements qui doivent arriver à présent, pour manifester sa parfaite justice. Jean relate que, sur-le-champ, il fut en Esprit, libéré des entraves de son corps et de la terre, sollicité par une vision céleste. Le trône dans le ciel est l’objet du chapitre 4, alors que le chapitre 5 nous parle d’un livre dans le ciel.
Le thème du chapitre 4 est le trône et celui qui y est assis. Jean peut à peine le distinguer : sur le trône « quelqu’un qu’il voit semblable à une pierre de jaspe et de sardius ». Le chapitre 21:20 nous apprend que ces pierres reflètent la gloire de Dieu dans la nouvelle Jérusalem. Autour du trône, un arc-en-ciel. Ce dernier est le signe de l’alliance fidèle de Dieu avec la terre. Il nous rappelle que des tempêtes ont sévi sur la terre, mais qu’à ces tempêtes a succédé la bénédiction (Genèse 9). Des jugements à venir sont annoncés par les éclairs, les voix et les tonnerres qui sortent du trône (v.5). Mais l’arc-en-ciel est la promesse, qu’après les jugements, Dieu fera régner la paix, la bénédiction et la justice sur la terre. Puis nous voyons autour du trône, vingt-quatre trônes et, sur les trônes, vingt-quatre anciens assis. Il n’est pas question d’anges ici. Les anges ne sont jamais présentés sur des trônes : ce sont des serviteurs (Hébreux 1:14). Il est également impossible qu’il s’agisse de saints délogés ; ceux-ci sont des « âmes » (comp.6:9). Mais ici nous avons des saints glorifiés. Et ils sont au complet. Le nombre vingt-quatre (deux fois douze) est en rapport avec le gouvernement sur cette terre. Dans l’Ancien Testament, en 1 Chroniques 24 et 25, nous trouvons les vingt-quatre classes de sacrificateurs, de lévites et de chanteurs. Nous voyons ici les sacrificateurs et nous reconnaissons ceux que le Seigneur « a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père » (1:6) ; ils ont des robes blanches. Ils sont aussi rois et vainqueurs, car nous les voyons sur des trônes, indiquant leur royauté, et nous voyons sur leurs têtes des couronnes d’or ; pas des diadèmes royaux, mais des couronnes de vainqueurs. Ce ne sont pas des anges, ni des saints endormis, mais bien des saints glorifiés ; le fait qu’ils portent des couronnes indique qu’ils sont ressuscités (comp. 15:2).
Dans les épîtres de Paul, nous avons les conseils de Dieu envers l’Assemblée vue dans ce que Jean appelle la maison du Père. Dans notre passage nous ne trouvons pas l’Assemblée dans les demeures intérieures du ciel. Nous voyons, à présent, la grande salle du palais céleste, la salle du trône, du gouvernement. Dans la maison du Père, il n’y a pas de trône. Le trône n’est en rapport qu’avec le gouvernement sur la terre. L’Assemblée n’est pas non plus vue ici dans son caractère propre, mais liée avec les saints de l’Ancien Testament. Nous savons par 1 Corinthiens 15:52 que les morts en Christ ressusciteront à la venue du Seigneur. Or, dans l’Ancien Testament, les croyants se sont également endormis en Christ, lavés dans son sang. Tous ceux qui ressusciteront seront enlevés de la terre et entreront au ciel ; nous les voyons ici réunis. Le premier nombre douze caractérise Israël (douze tribus) et le deuxième nombre douze se rapporte à la chrétienté (douze apôtres). Les voilà réunis dans le nombre vingt-quatre : rois et sacrificateurs. Nous verrons plus tard que les croyants venant de la grande tribulation régneront aussi mille ans avec le Christ sur la terre (20:4,6). Ce n’est donc pas uniquement la part de l’Assemblée.
« Il y a sept lampes de feu, brûlant devant le trône, qui sont les sept Esprits de Dieu » (v.5). Nous pouvons voir l’Esprit de Dieu dans sa révélation multiple, dans ses agissements en jugement, comme sept lampes de feu. Ici nous avons le feu divin qui éprouve et juge par l’Esprit sur la terre. « Devant le trône, comme une mer de verre, semblable à du cristal » (v.6). Une cuve appelée mer se trouvait devant le temple de Salomon (1 Rois 7:23). Elle contenait de l’eau, dans laquelle les sacrificateurs se lavaient les mains et les pieds quand ils voulaient entrer au saint lieu. Sur la terre, il faut de l’eau ; la purification est nécessaire. Ce n’est plus le cas au ciel, où plus rien ne peut nous souiller ; l’eau est devenue du verre.
« Au milieu du trône et à l’entour du trône, quatre animaux pleins d’yeux devant et derrière ». Nous les trouverons dans ce livre à plusieurs reprises. Ce ne sont pas des animaux au sens littéral, mais des êtres symboliques ; ils symbolisent le caractère des jugements de Dieu. Cela devient clair si l’on compare cette description avec celle d’Ézéchiel 1:5,10-12 ; 10:14. Jean fait beaucoup de citations de l’Ancien Testament, mais il les ramène toujours sur le plan du Nouveau Testament. Nous voyons que ces animaux sont en rapport avec les jugements de Dieu et nous en distinguons les quatre aspects (de même la terre est caractérisée par le chiffre quatre : les quatre vents, les quatre coins de la terre). On peut donc y voir le jugement appliqué à la terre avec ces quatre caractères :
● le lion : la force, la puissance des jugements;
● le veau : la persistance, l’inflexibilité de ces jugements, Dieu ne cédera pas;
● la face comme d’un homme : l’intelligence, le discernement avec lequel Dieu jugera;
● un aigle volant : la soudaineté avec laquelle ces jugements surviendront du ciel.
Pour exécuter ces jugements, Dieu se sert d’instruments, généralement des anges ou des croyants. Nous relevons ce fait parce qu’au chapitre 4, ces quatre animaux figurent des anges, lesquels, comme instruments de Dieu, exécutent le jugement lié au trône. Au chapitre 5:6 les quatre animaux, au contraire, sont liés aux croyants. Le terme « ange » n’est pas utilisé au chapitre 4:7-9, mais en nous reportant à Ésaïe 6:2 et aussi à Ézéchiel 1:4-12 ; 10:8-17, nous verrons que les quatre animaux ont les caractères des séraphins et des chérubins. Ici ils sont vus comme des anges liés au trône, serviteurs de Dieu exécutant les jugements. Ils sont pleins d’yeux devant et derrière (v.6) : ils scrutent tout, et rien ne peut échapper au jugement de Dieu. Ils ont des yeux tout autour d’eux, mais aussi vers l’intérieur ; ils ont conscience de la sainteté intérieure de Dieu. Ils n’ont pas de repos tant que la terre est agitée et crient : « Saint, saint, saint, Seigneur, Dieu, Tout-puissant, celui qui était, et qui est, et qui vient » (comp. 1:4,8 ; 11:17 ; 16:5). Cette proclamation de la Sainteté de Dieu a été négligée sur la terre.
« Quand les animaux rendront gloire et honneur et action de grâces à celui qui est assis sur le trône, à celui qui vit aux siècles des siècles, les vingt-quatre anciens tomberont sur leurs faces devant celui qui est assis sur le trône, et se prosterneront devant celui qui vit aux siècles des siècles ; et ils jetteront leurs couronnes devant le trône, disant : Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, et l’honneur et la puissance » (v. 10-11). Ce sont les vingt-quatre anciens qui disent cela. Il est beau de les trouver souvent occupés à adorer, dans ce livre, et chaque fois avec un motif différent. Ce n’est pas le cas des anges ; ils n’ont pas le discernement des anciens, discernement que nous aurons parfaitement dans le ciel. Voici la raison de l’adoration des anciens : « Car c’est toi qui as créé toutes choses, et c’est à cause de ta volonté qu’elles étaient, et qu’elles furent créées » (v. 11). Ceci rend évident le fait que c’est le Créateur que nous voyons sur le trône ; dans ce chapitre, c’est avec ce caractère que Dieu nous est présenté. Ceci est à souligner car certains ont cru voir le Père sur le trône, parce qu’ils voient, au chapitre suivant, l’Agneau qui vient et prend le livre de la main de celui qui est assis sur le trône. Or ce n’est pas exactement le Fils qui vient au Père. Au chapitre 4, nous voyons la Trinité divine, le Dieu créateur du ciel et de la terre. Au chapitre 5, nous voyons un homme, l’Homme Christ Jésus qui vient à Dieu. De même en Daniel 7:13, le Fils de l’homme vient à l’Ancien des jours et, de sa main, prend le royaume. Mais nous y avons une identification des deux personnes par le Saint Esprit : quand le Fils de l’homme se présente, il est appelé l’Ancien des jours (Dan. 7:22). Dieu est assis sur le trône dans ce chapitre 4, comme Créateur, mais qui est le Créateur? C’est la divine Trinité, et dans cette Trinité, nous discernons ici tout particulièrement le Fils. Par lui, Dieu « a fait les mondes » (Hébreux 1:2) ; Jean 1:3 et Colossiens 1:16 le confirment. N’est-ce pas merveilleux? Nous voyons le Seigneur Jésus, Dieu lui-même, sur le trône. Il est le Dieu à qui revient la louange éternelle. Et les quatre animaux, tous les anges, toutes les créatures célestes, et aussi les vingt-quatre anciens, célèbrent le Créateur du ciel et de la terre. Le Créateur, Dieu sur le trône, est le même que cet Agneau méprisé et abaissé du chapitre 5. C’est une merveille que nous ne pouvons pas sonder. C’est le rôle particulier de Jean de présenter toujours les deux faces de la personne du Seigneur Jésus, et de montrer alternativement ses divers caractères.
Nous avons donc vu, au chapitre 4, le trône, et à présent, au chapitre 5, Jean regarde de plus près et voit, dans la droite de celui qui est assis sur le trône, un livre écrit au dedans et sur le revers. Qu’est-ce que ce livre? Ézéchiel, ce prophète appelé fils d’homme, comme type du Seigneur, parle d’un livre dans lequel des lamentations, des plaintes et des gémissements sont écrits (Ézéchiel 2:9-10). Cela nous aide quelque peu à comprendre que, quand le livre sera ouvert au chapitre 6, il y aura des plaintes, des soupirs et des maux. Ce livre contient les jugements qui devront se déverser sur la terre, écartant tout ce qui n’est pas selon la sainteté et la justice de Dieu, pour que Dieu puisse établir, par son Fils, son règne sur la terre- Cela nous éclaire aussi sur ce qui suit dans ce livre : non seulement l’accomplissement des voies de Dieu pour ôter par les jugements tout le mal de la terre, mais aussi l’accomplissement des conseils de Dieu. Ceux-ci ne sont pas en rapport avec le ciel, ni avec nous-mêmes dans la maison du Père, mais bien en rapport avec la terre. Il s’agit ici des conseils de Dieu, arrêtés dans le Fils, ce que Dieu s’est proposé à lui-même pour l’administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ (Éphésiens 1:10). Et il s’agit aussi des voies de Dieu, qui aboutissent à l’accomplissement de ces conseils.
Nous en avons un exemple en Jérémie 32:6-16, au sujet de l’achat d’un champ : la lettre d’achat scellée désigne le propriétaire de ce champ, celui qui a le droit de rachat (comparez aussi Lévitique 25:23-25). La grande question se pose : à qui appartient la terre, qui est digne d’ouvrir le livre scellé ? C’est-à-dire : qui possède le droit du rachat de la terre ? Mais il est troublant qu’un ange puissant doive poser la question. Qui d’autre pourrait répondre si lui l’ignore ? Un livre écrit au dedans et sur le revers : il est complet, rien à ajouter et rien à ôter. Toutes les pensées de Dieu y sont contenues scellées de sept sceaux. Nul ne pouvait l’ouvrir sinon lui seul, celui qui peut en réclamer la propriété, qui est le propriétaire des cieux et de la terre, l’héritier de toutes choses (Hébreux 1:2), celui qui peut exécuter les jugements pour racheter l’héritage, digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux. Personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de la terre ne pouvait ouvrir le livre ni le regarder, personne donc ne pouvait le lire. Qui est digne ? Et qui peut ? Deux conditions doivent être remplies : être l’héritier de la terre et avoir la puissance pour l’ouvrir. Jean dit qu’il pleurait fon — il est certainement le seul homme qui ait jamais pleuré au ciel. Il pleura fort, mais pas longtemps. Au verset 5 nous voyons un ancien venir à lui, un ancien et non un ange. Les anges n’ont pas le discernement des croyants. Il s’agit d’un de ces croyants de l’Ancien ou du Nouveau Testament ; ce sont eux qui discernent les voies de Dieu. Cet ancien lui dit : « Ne pleure pas ; voici le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux ». C’est ce lion dont Jacob a parlé en Genèse 49:9, le jeune lion, qui est la racine (c’est-à-dire l’origine) de David, Il appartient à la lignée royale. Il est aussi le vrai fils de David, celui duquel les prophètes ont annoncé que Dieu placera sous ses pieds la terre entière (Ésaïe 11:1-10). Fils de David, il régnera sur Israël, mais les Psaumes nous enseignent que tous les peuples de la terre lui seront soumis (Ps. 72). Étant la racine de David, il a le droit d’ouvrir le livre et ses sept sceaux, c’est-à-dire le droit du rachat de la terre, pour la purifier.
Jean se retourne, s’attendant à voir le lion, le plus puissant des animaux, appelé dans les Proverbes le « fort parmi les bêtes » (30:30) : mais que voit-il ? « Au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux » (v.6). N’est-ce pas merveilleux ? Au lieu d’un animal impressionnant, il voit un être faible sans défense, mais en même temps précieux, émouvant, touchant le cœur. Voyons comment le Seigneur Jésus a vaincu : cet agneau abaissé et méprisé, Jean le voit comme immolé passé par la mort. Mais où se trouve-t-il ? Il n’est plus sur la croix, ni dans le sépulcre, mais au milieu du trône de Dieu. C’est donc au milieu du trône et des quatre animaux que nous avions déjà trouvés au chapitre 4, directement liés avec le trône. Mais, à présent, ces quatre animaux ne sont plus assimilés aux anges. Nous retrouvons les anges au verset 11 dans un cercle plus étendu : « J’ouïs une voix de beaucoup d’anges à l’entour du trône. Les quatre animaux ne sont plus liés avec les anges mais avec les croyants. Au chapitre 4, nous avions tout d’abord le trône, avec les quatre animaux, et les anges liés au trône, et seulement ensuite, les vingt-quatre trônes et les vingt-quatre anciens, à une certaine distance. À présent, tout est changé, Il n’est plus question des vingt-quatre trônes, ils sont liés directement au trône de Dieu, et c’est seulement après, au verset 11, tout à l’entour du trône, que nous trouvons les anges.
Depuis la chute de l’homme, les anges sont au-dessus des hommes, mais selon l’œuvre de la rédemption, ce n’est plus le cas : quand nous reconnaissons ici le Seigneur Jésus comme l’Agneau immolé, nous sommes vus directement liés à lui. Au chapitre 4, nous avons été vus comme rois et sacrificateurs, mais plus particulièrement comme rois avec le Seigneur Jésus, assis sur des trônes royaux. Ici nous voyons ces trônes faisant partie du trône de l’Agneau lui-même.
L’Agneau est digne (v9) : c’est la réponse à ces deux questions : qui est digne ? qui peut ouvrir le livre ? Nous avons besoin d’un vainqueur, du plus fort, pour ouvrir le livre, pour exécuter les jugements par la force du lion de Juda, Mais le Seigneur Jésus n’aurait pas pu être ce lion, c’est-à-dire le vainqueur de la mort et du hadès, s’il n’avait été d’abord cet Agneau immolé, vu ici en souvenir de son œuvre. Pour cela aussi il est digne, parce qu’il est mort dans l’abaissement, d’une manière bien contraire à la nature du lion. Pour le monde n’était-il pas évident que Satan, le lion rugissant, triomphait quand l’Agneau fut immolé ? Mais c’est le Seigneur qui a vaincu et qui est ce lion puissant présenté, ici et dans l’éternité, comme l’Agneau immolé, et célébré comme le Dieu d’éternité.
L’Agneau est présenté comme « ayant sept cornes et sept yeux qui sont les sept Esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre » (v.6). La corne parle toujours de puissance, les sept cornes d’une puissance parfaite ‘et absolue. Qui a la toute-puissance si ce n’est Dieu lui-même ? Aux chapitres 1:4 et 4:5, les Esprits de Dieu se trouvaient devant le trône, mais au chapitre 3:1, c’est le Seigneur Jésus qui a les sept Esprits, et nous discernons que c’est par la puissance et selon les diverses révélations de Dieu qu’il exécutera les jugements. Mais il y a aussi les sept yeux, comme chez les quatre animaux qui voient partout (4:8). Le Seigneur Jésus voit tout (comp. 2 Chroniques 16:9 et Zacharie 4:10). Il est non seulement omnipotent, mais omniscient. Les sept Esprits sont envoyés sur toute la terre. Comment peuvent-ils être envoyés sur toute la terre lorsque lui se trouve dans le ciel ? Parce qu’il est aussi omniprésent. L’Agneau abaissé de Golgotha, Jésus notre Seigneur, est le Dieu omnipotent, omniscient et omniprésent.
Ainsi, celui qui est assis sur le trône, le créateur qui a reçu l’adoration parce qu’il a créé toutes choses (ch. 4), vient en qualité de Fils de l’homme pour prendre le livre de la main de Dieu. S’il n’était pas venu, combien tout serait différent ; la terre ne pourrait pas être délivrée du mal. Mais il vient et prend le livre de la main droite de celui qui est assis sur le trône. « Et lorsqu’il eut pris le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre anciens tombèrent sur leurs faces devant l’Agneau, ayant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints » (v.8). Au chapitre 4, ils avaient Sur leurs têtes des couronnes d’or et ils les ont jetées devant le trône (v. 10), ne désirant aucune dignité pour eux-mêmes devant un tel Dieu, quoique Dieu leur donne par sa grâce de régner avec le Seigneur Jésus. Ils régneront avec lui durant le millénium, puis aux siècles des siècles (22:5). Au chapitre 5, il est moins question de leur victoire et de leur dignité royale, par contre ils sont présentés avec des harpes et des coupes d’or. Les harpes nous sont bien connues par les Psaumes (33:2 ; 43:4 ; 98:5...). C’est toujours l’instrument de la louange, bien souvent cité dans la perspective du millénium.
Les coupes d’or signifient que ces anciens sont sacrificateurs, comme au chapitre 4. Ils sont donc premièrement adorateurs, avec leurs harpes d’or, et d’autre part, ils font le service d’intercession au ciel, comme sacrificateurs. Ainsi que nous le verrons dans les prochains chapitres, il y aura, dans la période apocalyptique, des croyants sur la terre, mais non pas des chrétiens appartenant à l’Assemblée, puisque celle-ci se trouvera au ciel. Alors, à nouveau, il y aura sur la terre un témoignage de Dieu suscité par son Esprit. Au chapitre 7, tout spécialement, nous verrons que ce témoignage est composé de saints, que nous retrouverons au chapitre 13:7-10, dans la grande tribulation, où ils auront affaire à la première bête, ce grand dominateur qui sera sur la terre et qui les persécutera. Combien il est beau de voir que les anciens, bien que se trouvant dans la gloire et la perfection, ne sont pas vus comme occupés de leurs propres bénédictions, mais s’intéressant aux saints qui sont sur la terre. Oui, ce sont de véritables sacrificateurs, à la fois adorateurs et intercesseurs. Les coupes d’or pleines de parfums sont les prières des saints. Or, au ciel, nous n’aurons plus besoin de prières pour nous-mêmes, car prier équivaut à exposer nos besoins à Dieu. Ce ne sont plus leurs propres besoins que présentent les anciens, mais, présentés devant Dieu comme des parfums, les besoins des saints qui se trouveront sur la terre après l’enlèvement de l’Église. Nous retrouverons encore ces « prières des saints » au chapitre 8:3-4, où la signification des parfums nous est donnée. Ils représentent les gloires personnelles de Christ et c’est dans la dignité de ces gloires que ces prières montent devant Dieu et lui sont rendues agréables.
Remarquons qu’il y a une autre explication de ce passage. Il y a eu des saints dans tous les siècles, et combien ces saints ont prié et supplié le Seigneur ! Ils ont crié dans leurs tribulations, et ils n’ont pas toujours reçu de réponse bien définitive. Une réponse définitive aurait impliqué que les dominateurs et les oppresseurs soient ôtés de la terre. Ces saints célestes, avec leurs coupes d’or, peuvent se réjouir, à présent, de ce que bientôt la réponse définitive sera donnée à tous les besoins qui ont été présentés au cours des siècles.
Ces saints viennent ainsi à Dieu en chantant le cantique nouveau. Quand nous chanterons le cantique nouveau, nous ne le ferons pas en relation avec nous-mêmes, alors que, ici-bas, nous sommes toujours enclins à être occupés de nos bénédictions personnelles. Dans ce cantique, il ne s’agit plus de remercier le Seigneur, car remercier se rapporte à ce que nous avons reçu ou à ce que nous sommes devenus nous-mêmes. Nous trouvons ici, louange, gloire, adoration, la plus profonde admiration pour la personne du Seigneur, mais plus de remerciements. Les saints ne seront plus occupés de ce qu’ils ont reçu ni de ce qu’ils sont devenus ; ils jetteront leurs couronnes aux pieds du Seigneur, et s’occuperont uniquement de sa dignité et de sa gloire. Nous aurions, dès à présent, beaucoup à apprendre de cela : adorer davantage ! Ne pas être occupés de nos propres bénédictions, mais de la personne de Christ. Ils s’écrient : « Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux » (v.9). Quand ils louent et adorent, ils mentionnent toujours le motif, annoncé par le mot car ; « car tu as été immolé Le grand motif de la louange, c’est toujours l’œuvre accomplie par le Seigneur Jésus. Par cette œuvre, il a « acheté pour Dieu Certains manuscrits lisent « il nous a achetés pour Dieu mais ce n’est pas juste. Au ciel, il ne sera plus question de nous, mais seulement de ce grand et merveilleux fait : le Seigneur Jésus a acheté, et lui-même est le possesseur de la terre (comp. Matthieu 13, 44). Le livre avec les sept sceaux est comme la lettre d’achat appartenant à celui qui possède le pays ; et combien il est précieux de se dire que c’est lui qui a acheté. C’est lui le vrai « rédempteur » (celui qui a le droit de rachat) de l’Ancien Testament, qui a racheté la terre de ses frères indigents (Lévitique 25:23-25). Et combien nous avions été appauvris par le péché. C’est lui qui a acheté la terre pour Dieu, pour en être l’héritier et la posséder pour Dieu, et c’est lui qui nous a aussi rachetés de notre esclavage (comp. Lévitique 25:47,48) et qui nous a lavés de nos péchés, comme nous l’avons lu au chapitre et comme cela a été montré dans les types de l’Ancien Testament. L’épouse qui est liée à cet héritage, il se l’est acquise aussi, comme Boaz s’est acquis Ruth (Ruth 4), parce qu’elle était liée au « champ » qui devait être racheté (comp. Deutéronome 25:5-10).
Si quelque lecteur ne pouvait pas le louer par ce cantique nouveau, nous supplions le Seigneur de lui faire réaliser qu’il a été acheté à prix. S’il se réclame de ce sang et qu’il vient à Dieu en confessant ses péchés, il appartient en propre au Seigneur qui a acheté la terre entière. Le Seigneur Jésus s’est acquis un droit sur les incrédules également (comp. 2 Pierre 2:1). Comment l’exercera-t-il? Les chapitres 6 et suivants nous montrent clairement que Christ, par son œuvre à Golgotha, possède des droits sur toute la terre, il exercera ces droits en amenant le jugement sur tous les hommes qui habitent la terre et n’ont pas cru en lui. Combien cela est sérieux pour tous ceux qui n’ont pas encore accepté le Seigneur Jésus par la foi. Le Seigneur viendra prendre son Assemblée avec lui, et à partir de ce moment-là, des jugements terribles vont commencer, et il ne sera plus temps de se convertir, ni de se repentir (2 Thessaloniciens 2:11, 12). Il sera trop tard pour toujours.
Les anciens louent Dieu pour les rachetés qui se trouvent sur la terre, et non pas pour eux-mêmes ; ils sont en pensée avec ces saints qui sont dans la tribulation et qui prient Dieu. Les anciens savent que Dieu n’abandonnera pas ces éprouvés, et chantent à leur sujet qu’ils ont été faits rois et sacrificateurs. (Ils pourraient dire cela d’eux-mêmes, mais, nous l’avons vu, ils ne sont pas occupés d’eux-mêmes.) Ces anciens régneront sur la terre, et ce sera aussi le cas pour les saints qui mourront pendant la grande tribulation. Mis à mort avant la venue du Seigneur en gloire, on pourrait craindre qu’ils n’arrivent pas jusqu’au règne, mais ils y arriveront certainement. Au chapitre 20:4, nous apprenons que ces saints seront ressuscités à l’avènement du Seigneur, et eux aussi, comme nous, régneront avec le Seigneur Jésus pendant mille ans sur la terre. Nous voyons donc trois groupes d’hommes qui régneront avec le Seigneur Jésus sur la terre :
1° les croyants de l’Ancien Testament,
2° les croyants de l’Assemblée,
3° les croyants qui, durant la période apocalyptique, viendront à se convertir, sauvés grâce à l’évangile du royaume prêché alors par les Juifs croyants (Matthieu 24:14), et qui subiront une mort violente, mais qui seront ressuscités avant le début du royaume, En somme ils représentent la dernière phase de la première résurrection (20:5), qui commence par le Seigneur Jésus, (1 Corinthiens 15:20) puis nous suivrons lors de l’enlèvement de l’Église, et, en troisième lieu, très peu avant le royaume, à la deuxième venue du Seigneur, ce sera le tour de ces martyrs. Eux aussi régneront sur la terre avec le Seigneur, dans des corps glorifiés.
Nous voyons aussi d’autres groupes exulter dans la louange. Comme nous l’avons déjà fait remarquer, les anges ont un discernement moins grand que les anciens, puisque leurs motifs de louange et d’adoration sont bien moins profonds. Ils n’ont personnellement pas de part à l’œuvre rédemptrice, mais tout de même, ils ont considéré avec un profond étonnement le Seigneur Jésus, mort dans l’abaissement de Golgotha, crucifié en infirmité (2 Corinthiens 13:4), Or il a vaincu, lui, le lion de la tribu de Juda, et eux aussi ont trouvé des motifs pour se réjouir et l’adorer. « Et je vis : et j’ouïs une voix de beaucoup d’anges à l’entour du trône et des animaux et des anciens ; et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers, disant à haute voix : Digne est l’Agneau » (v. 11). Quel merveilleux temps cela sera et combien nous pouvons peu l’imaginer ! Ces anges exultent, mais l’Assemblée tout entière se réjouira à l’unisson et toute la création entrera dans cette louange.
« Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction » (v. 12), disent les anges. Le Seigneur Jésus en est digne depuis toujours, mais il nous est rappelé ici que les anges le comprennent et louent. Il est évident qu’il est la sagesse en lui-même, mais ici est révélé ce que Dieu a pris comme conseil au sujet de son Fils, afin qu’il règne sur toutes choses dans sa sagesse. Les anges ne régneront pas. Car ce n’est point aux anges que Dieu a assujetti le monde habité à venir » (Hébreux 2:5). Ils resteront toujours serviteurs, mais cependant ce sont des êtres purs qui entonnent la louange ainsi que les rachetés. Que sera-ce quand toute la création se réjouira, « toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre, et sur la mer, et toutes les choses qui y sont, disant : À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction, et l’honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles » (v. 13). Pour nous c’est encore l’avenir. Le temps vient où tout ce que Dieu a préparé dès Genèse 1, se réjouira, et où Dieu aura enlevé la malédiction venue sur la terre par le péché de l’homme (Romains 8:19-22). Les animaux muets, même, exulteront, les plantes, les étoiles, les poissons, tout s’associera à cette louange, quand tout sera placé sous les pieds du Seigneur Jésus. Le passage de 2 Timothée 4:8 deviendra réalité. Nous n’aimons pas seulement sa venue pour enlever les siens — c’est l’événement par lequel nous serons introduits dans le ciel — mais nous aimons aussi son apparition, c’est-à-dire nous aimons aussi le moment de son retour sur la terre, quand tout ce qui n’est pas selon lui sera définitivement enlevé. Nous aimons le moment où l’Agneau immolé, abaissé et crucifié recevra l’hommage et la puissance. Oh ! ce furent les conseils de Dieu dans l’éternité passée, que le Seigneur Jésus, rejeté dans ce monde, y reçoive l’honneur et y soit glorifié, dans cette création, justement là où même le bois et le fer ont jadis contribué à le faire souffrir.
Les quatre animaux, agents symboliques des jugements de Dieu, confirment, à leur tour, que tout ceci est justice, et que par les jugements et par sa venue, il pourra enfin jouir de tout. Il en est digne ! Les quatre animaux disent « Amen » et les anciens ne peuvent plus que se prosterner et adorer, Que sera-ce que d’être constamment dans cette position, en comparaison avec une heure d’adoration sur la terre ! Nous avons, dès à présent, la pleine révélation de Dieu et nous possédons l’Esprit pour nous la faire comprendre. Nous aurons, en plus, l’accomplissement de cette révélation. Mais nous avons aujourd’hui les mêmes raisons de tomber sur nos faces et de rendre hommage à l’Agneau digne d’ouvrir le livre. Les jugements que cela amènera constituent une terrible perspective, mais nous nous réjouissons de savoir que la terre sera purifiée et que le Seigneur Jésus jouira de sa gloire. Mais nous n’avons pas à attendre d’être dans le ciel pour l’adorer ; nous en avons déjà le privilège individuellement, et en commun avec tous les rachetés.
Nous savons, par 2 Thessaloniciens 2:12, que ceux qui ont entendu l’évangile de la grâce n’auront plus l’occasion de l’accepter et de se convertir à ce moment-là. Par contre, après l’enlèvement de l’Église, il sera prêché un autre évangile que celui d’aujourd’hui, qui est celui de la gloire du Dieu bienheureux (1 Timothée 1:11). À proprement parler, ce sera l’évangile qui a été prêché par le Seigneur Jésus et par Jean le baptiseur : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché » (Matthieu 3:2). En Matthieu 24:14, il est appelé l’évangile du royaume, et le Seigneur Jésus annonce qu’il sera à nouveau prêché, par des Juifs qui se seront repentis pendant la courte période qui précède l’avènement du Seigneur, et cela dans le monde entier. Beaucoup se repentiront pendant les jugements qui éclateront sur la terre, tels qu’ils sont décrits à partir du chapitre 6.
Le Seigneur Jésus a pris, de la main de Dieu, le livre contenant les conseils de Dieu en rapport avec la terre. Ces jugements seront nécessaires pour purifier la terre avant l’établissement du royaume. Au chapitre 6:1 le Seigneur ouvre le livre. Par les sept sceaux, nous voyons que l’heure de l’épreuve est divisée en sept parties. À l’ouverture de chaque sceau, un nouveau jugement fond sur la terre. Nous trouvons ici, au chapitre 6, les six premiers sceaux, donc les six premiers jugements qui surviendront après l’enlèvement de l’Église. Au chapitre 7, nous trouvons une parenthèse entre le sixième et le septième sceau, et là nous voyons que Dieu gardera des fidèles sur la terre à travers les jugements, jusqu’à l’avènement du Seigneur, pour qu’ils entrent dans le règne terrestre sans passer par la mort. Un autre groupe de fidèles passera par la mort, mais ceux-ci ressusciteront juste avant le début du règne et, dans des corps glorifiés, ils régneront avec le Seigneur depuis le ciel. Au chapitre 8, nous aurons le septième sceau, divisé en sept autres parties, représentées par sept anges avec sept trompettes. Les quatre premières sont décrites au chapitre 8, les deux suivantes au chapitre 9. Puis nous aurons à nouveau une parenthèse (10 à 11:13), et, enfin, la septième trompette (11:14-18). Du chapitre 4 au chapitre 11:18, les voies de Dieu sont présentées, depuis l’enlèvement de l’Assemblée jusqu’à la venue du Seigneur et l’introduction du règne (11:17,18). Le verset 19 du chapitre 11 se rattache au chapitre 12 Dans les chapitres 12-14, nous verrons une présentation de certains événements qui auront lieu durant cette même période des chapitres 4 à 11. Aux chapitres 15 et 16, nous verrons le septième ange avec la septième trompette qui présente les sept derniers jugements représentés par les sept coupes. En résumé, le septième sceau est réparti en sept anges avec sept trompettes, et le septième ange comprend à nouveau sept coupes. Ces jugements se suivent les uns les autres. Le premier sceau nous indique ce qui se passera après l’enlèvement de l’Église, et la dernière coupe, tout à la fin, ce qui se passera juste avant la venue du Seigneur en gloire.
Il est nécessaire de faire encore quelques autres remarques préliminaires au sujet des chapitres 6-8. « L’heure de l’épreuve » du chapitre 3:10 forme la période qui sépare l’enlèvement de l’Église de l’apparition du Seigneur, mais nous trouvons dans la Parole aussi une autre expression : « la grande tribulation », en rapport avec les Gentils en Apocalypse 7:14, et la même expression appliquée aux Juifs en Matthieu 24:21. Apocalypse 12:13 montre que cette période, la plus terrible que la terre ait jamais connue, commence au moment où Satan sera précipité du ciel sur la terre. Au chapitre 6, nous ne trouvons pas encore cette dernière partie de l’heure de l’épreuve, mais seulement des jugements qui auront lieu avant cette grande tribulation, relatée dans les chapitres 8 et 9, sous le septième sceau. Dans les chapitres 11, 12 et 13, nous apprenons que la durée de cette grande tribulation sera de trois ans et demi ; c’est la dernière moitié de la semaine d’années de Daniel 9.
Les premiers jugements de ce chapitre 6 seront donc des jugements qui suivront l’enlèvement de l’Église et qui se situent avant la grande tribulation. Nous n’avons pas de précision quant à la durée de cette première phase des jugements. De toute façon, je crois qu’elle durera plus de trois ans et demi. Nous pensons pouvoir étayer cette affirmation en sachant que durant cette période l’ancien empire romain sera rétabli — nous le trouverons dans les chapitres 12 et 13 — et le chef du nouvel empire romain fera alliance pour sept ans avec Israël, après la fondation de cet empire, une semaine suivant Daniel 9:27. La fondation de cet empire — nous en voyons aujourd’hui certains préparatifs seulement — ne se fera que quand tout l’Occident se placera sous la domination de ce seul chef et dictateur. Ce n’est pas encore le cas, et cela ne se fera qu’après l’enlèvement de l’Assemblée au ciel. C’est du moins ce qui est montré dans le chapitre 6 de cette révélation. Lors de l’ouverture du sixième sceau, à la fin du sixième chapitre, nous trouvons une révolution géante sur toute la terre et c’est seulement dans cette confusion que cette domination unique pourra s’établir en Occident. Nous voyons bien actuellement que le nationalisme devra être un jour subordonné aux impératifs internationaux. La situation internationale, tant sur le plan social que politique ou économique, doit s’aggraver avant que cela puisse avoir lieu. Nous trouvons cette aggravation dans les quatre premiers sceaux de ce chapitre 6. Cette période commence par des troubles démesurés. Ce sera dans cette confusion que l’empire romain s’établira sous la domination d’un souverain unique, qui fera alliance avec Israël (voir Daniel 9:27, Ésaïe 28:15 par exemple). La deuxième moitié de cette alliance de sept ans, à savoir trois ans et demi, nous est relatée en détails dans l’Apocalypse. C’est exactement la période de la grande tribulation pour les deux tribus qui sont restées dans le pays d’Israël, et pour les peuples de la terre entière ; cela nous est montré dans le septième sceau aux chapitres 8 et 9. Nous pensons qu’avec cette vue d’ensemble nous pourrons mieux discerner ce que ces détails ont à nous apprendre.
Les quatre premiers sceaux sont liés. Le chiffre sept dans l’Apocalypse peut toujours être partagé en quatre et trois. Ici les quatre premiers forment un ensemble. Ils sont liés aux quatre animaux. C’est chaque fois un de ces animaux qui appelle : Viens. Ce mot est répété quatre fois, et ceci nous confirme que les quatre animaux sont liés à ces jugements et au gouvernement de Dieu, et que les caractéristiques de ces jugements en gouvernement nous sont présentées par ces quatre symboles.
Remarquons qu’il s’agit de jugements providentiels, c’est-à-dire pas encore de jugements directs. Les incrédules sur la terre ne discernent pas encore la main de Dieu ; ils attribuent ces plaies aux forces de la nature, aux circonstances, politiques ou autres. Ce sont des actions préliminaires de Dieu.
Nous voyons que, dans la confusion générale, il se dressera un dominateur sur un cheval blanc : « il sortit en vainqueur et pour vaincre » (v.2). Il avait un arc, non pas une épée ; il n’est pas question de guerre sanglante. Cet homme exercera une puissance pacifique et sera couronné, c’est-à-dire qu’il ne régnera pas par filiation, mais comme Napoléon par exemple. Ici cette domination n’est que pour peu de temps. L’Esprit Saint ne nous donne qu’une impression générale, suffisante pour nous permettre de suivre les événements.
Le deuxième cheval est de couleur rousse, rouge comme le sang, Il présage des guerres (le cheval représente une puissance agressive et subjugante) ; les hommes se dresseront en tous lieux les uns contre les autres : « Il fut donné à celui qui était assis dessus d’ôter la paix de la terre, et de faire qu’ils s’égorgeassent l’un l’autre » (v.4). Cela pourrait ressembler à des guerres civiles. Nous nous apercevons bien, en ces temps où tout se prépare pour la fin, que les hommes ne sont pas d’accord, ne se comprennent plus, et partout nous voyons augmenter l’esprit belliqueux. Il est intéressant de se reporter à Matthieu 24, 7, où nous entendons le Seigneur Jésus parler à ses disciples de la même période. Il parle aussi de guerres (le deuxième sceau), de famines, de tremblements de terre (les troisième et quatrième sceaux). Nous recommandons à chacun de comparer ces textes.
Nous voyons le deuxième cavalier ôter la paix et il a une épée pour le combat corps à corps.
Cette confusion politique terrible entraîne obligatoirement une confusion économique qui apparaît dans le troisième cheval, un cheval noir, couleur de deuil. Celui qui est assis dessus a une balance dans sa main, symbolisant les conditions économiques. « J’ouïs comme une voix au milieu des quatre animaux, disant : Une mesure de froment pour un denier, et trois mesures d’orge pour un denier » (v.6). Ce sont des prix exorbitants et cela montre une inflation galopante. Des perturbations interviendront sur tous les plans et la crise touchera la population indigente. Nous voyons que les riches sont encore préservés, puisqu’il est dit : « Ne nuis pas à l’huile ni au vin, denrées qui ne sont pas de première nécessité. Cette restriction n’est que pour un temps. Au verset 15, nous constatons que les riches sont également touchés.
Dans ces conditions qui empirent constamment, nous assistons, avec le quatrième sceau, à la venue d’un cheval livide : c’est une couleur repoussante qui apporte avec elle la mort, si l’on peut s’exprimer ainsi. Savoir discerner dans l’Apocalypse ce qui est symbolique et ce qui est à prendre à la lettre, est une des clés pour comprendre ce livre ; mais le texte de la révélation nous montre de lui-même quand nous n’avons pas à nous écarter de la lettre. Que les chevaux soient symboliques apparaît toutefois de manière évidente. « Un cheval livide ; et le nom de celui qui était assis dessus est la Mort » (v.8) : c’est naturellement une description symbolique. Mais la suite : les guerres, les circonstances économiques défavorables et les autres événements désastreux du verset 8 sont à prendre à la lettre. Qu’arrive-t-il ? Le Seigneur Jésus nous en donne à nouveau la description ; nous trouvons l’épée, la famine, la mort (probablement la peste ; voyez Ézéchiel 14:21), les bêtes sauvages de la terre, quatre jugements désastreux, ainsi qu’Ézéchiel les désigne. Toutes ces plaies sont les conséquences de ces circonstances épouvantables, mais ici il n’est question que d’un quart de la terre ; plus tard, nous trouvons que l’empire romain en forme un tiers (12 4). Il s’agit donc ici d’un territoire relativement limité, mais déjà considérable. Ce sont les quatre premiers sceaux, de plus en plus désastreux pour l’humanité.
Mais, sous le cinquième sceau, nous voyons autre chose, Il y aura alors des martyrs, car après l’enlèvement de l’Église, l’évangile du royaume sera prêché et beaucoup d’hommes seront amenés à la foi, tant en Israël que parmi les nations. Une partie d’entre eux sera mise à mort et une autre partie sera préservée, pour traverser des tribulations encore plus terribles avant d’entrer dans le royaume. « Je vis sous l’autel les âmes » (v.9): ils sont sous l’autel puisqu’ils ont fait le sacrifice de leur vie pour la Parole de Dieu. Il est question des âmes, parce que ces croyants ne sont pas encore ressuscités ; ils le seront seulement au début du règne (20:4). Ils resteront ici dans cet état (nous pouvons le comparer au paradis) jusqu’à leur résurrection. Ces martyrs sont à distinguer absolument des chrétiens de l’Assemblée du Dieu vivant. Nous avons mis plus haut l’accent sur le fait qu’à partir du chapitre 4 nous trouvons les vingt-quatre anciens dans une paix parfaite dans le ciel pendant que des événements terribles se déroulent sur la terre. Il y a lieu de bien les distinguer de ces martyrs venus à la foi après l’enlèvement de l’Église.
On discerne dans leurs paroles qu’ils ne sont pas sur le terrain chrétien, car ils disent : « Jusques à quand, ô Souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas et ne venges-tu pas notre sang sur ceux qui habitent sur la terre » ? (v. 10) Ce n’est pas un langage chrétien. C’est le langage de l’Ancien Testament, celui des prophètes (comparez Psaume 94:1-7) ; ils n’avaient pas l’Esprit Saint qui habite aujourd’hui dans l’Assemblée. Pensons à Etienne, en Actes 7, qui a prié pour ses ennemis, comme le Seigneur Jésus nous en a donné l’exemple. Mais dans notre passage, le Saint Esprit est remonté de la terre, avec l’Assemblée, vers le ciel. Ces martyrs savent que la vengeance viendra. Ils ne disent pas « notre Père » ou « Seigneur Jésus », mais s’adressent au Souverain ; ils parlent de Dieu dans un sens général. Dieu répond en leur donnant une robe blanchet qui représente une distinction pour eux parce qu’ils ont été trouvés justes et qu’ils sont vainqueurs (quoique non encore ressuscités). C’est leur dignité qui est relevée, mais rien d’autre pour le moment. La grande tribulation n’a pas encore commencé, et ce ne sont que des jugements préliminaires. Et que doivent-ils attendre ? « Il leur fut dit qu’ils se reposassent encore un peu de temps, jusqu’à ce que, et leurs compagnons d’esclavage et leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux, fussent au complet » (v. 11). Voilà donc annoncé un deuxième groupe de martyrs, ceux qui seront mis à mort pendant la grande tribulation. Ce sont donc deux groupes de martyrs bien distincts, les uns meurent avant et les autres pendant la grande tribulation. La vengeance viendra après, à la venue du Seigneur Jésus, quand le jugement final tombera sur la terre, là enfin il y aura une réponse définitive à leur supplication.
Lors du sixième sceau, nous trouvons des jugements plus terribles encore que lors des quatre premiers. Lorsque le sixième sceau est ouvert, juste avant la grande tribulation, « il se fit un grand tremblement de terre » (v. 12) ; celui-ci ébranlera la terre partout, non pas localement. Il faut bien distinguer à nouveau ce qui est à prendre au sens littéral de ce qui est symbolique. Quand il est parlé du soleil et de la lune : « le soleil devint noir comme un sac de poil, et la lune devint tout entière comme du sang ; et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre » (v. 12,13), la pensée est évidemment symbolique, sinon la vie ne serait plus possible, et, de plus, nous verrons par la suite d’autres jugements concernant le soleil. « Toute montagne et toute île furent transportées de leur place » (v. 14). Si toute montagne était transportée de sa place, il ne serait plus possible que tous les hommes se cachent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes (v.15). Au verset 14, il est symboliquement question des montagnes et, au verset 15, il en est parlé littéralement. Cela ne simplifie pas l’explication de ce livre, mais si nous lisons très exactement, nous trouvons, dans ce texte même, la clef pour l’expliquer. Nous trouvons des jugements concernant le soleil, la lune et les étoiles. Plus loin, nous trouverons, comme dans l’Ancien Testament, des images semblables représentant de puissants dominateurs. Ici donc, ces étoiles qui tombent partout, représentent des luminaires moraux qui seront renversés, entraînant révolutions et confusions.
À cela s’ajoute que « le ciel se retira comme un livre qui s’enroule » (v. 14). On ne peut plus lire dans un livre enroulé ; les pensées du ciel seront obscurcies ! Il n’y aura plus de lumière d’en-haut, mais un obscurcissement moral qui empêchera de distinguer la direction divine. Toute montagne fut transportée cela fait allusion aux grandes puissances. « Toute île » : dans l’Ancien Testament, l’île est l’indication d’une puissance commerciale (Ésaïe 23:2 ; 60:9 ; Ézéchiel 27:3,15). Tout est renversé : révolution gigantesque dans tout l’Occident, où tout ce qui constitue un appui pour l’homme disparaîtra. Qu’en sortira-il? Ce qui résulte de toute révolution : un régime totalitaire ou un système absolutiste. Nous pensons, avec plusieurs commentateurs, que le dictateur de l’empire romain sortira de cette confusion. Comment ? Ce n’est pas expliqué ici, mais au chapitre 13.
« Les rois de la terre, et les grands, et les chiliarques, et les riches, et les forts, et tout esclave, et tout homme libre » (v. 15), l’humanité entière est impressionnée et épouvantée, au point de se cacher dans les cavernes et dans les rochers des montagnes. Ici, nous trouvons également les riches ; tout ce en quoi ils ont mis leur confiance : puissance commerciale, industries, tout s’ébranlera. Je ne pense pas qu’il s’agisse à proprement parler de « jugements » de Dieu, mais tous devront reconnaître que ce sont des interventions célestes, ou produites par les forces de la nature, conséquences de circonstances politiques ou économiques. Cela pourrait encore donner une excuse aux incrédules. Ce n’est que sous le septième sceau que nous verrons l’intervention directe de Dieu, mais ici nous sommes sur le point d’aborder ces événements ; et certainement les hommes se rendent compte qu’il y a plus que les forces de la nature et les circonstances, car, pour la première fois, ils disent aux montagnes et aux rochers : « Tombez sur nous et tenez-nous cachés de devant la face de celui qui est assis sur le trône et de devant la colère de l’Agneau ; car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister » ? (v. 16,17). Ils pensent pour la première fois à Dieu ; ils craignent, mais ne se repentent pas. En fait, le jour de la colère de Dieu n’est pas encore venu. Ces choses sont un commencement de douleurs, comme l’enseigne le Seigneur Jésus à ses disciples, en Matthieu 24:8. C’est seulement quand le Seigneur Jésus fera son apparition qu’on verra le grand jour de la colère de Dieu et de l‘Agneau. Il doit se passer au moins encore trois ans et demi jusqu’à ce moment-là, mais le Saint Esprit montre ici combien ces jugements seront déjà effrayants.
C’est une parenthèse qui s’ouvre avec le chapitre 7, parce qu’il est nécessaire que le Saint Esprit nous éclaire sur ce qui doit arriver aux fidèles durant ces circonstances terribles. On pouvait se demander, en lisant le chapitre 6:9-11, si tous ces rachetés passeraient par la mort des martyrs. Eh bien, au chapitre 7, nous ne voyons pas de martyrs, mais ceux qui passeront par la grande tribulation et qui entreront vivants dans le royaume. Nous sommes en présence de sept groupes de croyants, durant cette période :
1° et 2° les martyrs d’avant la grande tribulation (6:9), Israélites et Gentils ;
3° et 4° les martyrs qui viennent de la grande tribulation (6:11), Israélites et Gentils ;
5° les cent quarante-quatre mille venant des douze tribus d’Israël (7:1-8). Dieu se les choisira comme esclaves et témoins, et ils seront protégés pendant la grande tribulation, pour entrer comme peuple de Dieu dans le règne, sans passer par la mort ;
6° « une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation et tribus et peuples et langues » (7:9-17). Ce sont des Gentils repentis en entendant le message des Juifs fidèles qui auront prêché l’évangile du royaume sur la terre habitée tout entière, selon Matthieu 24.14. Ce sont les brebis mentionnées en Matthieu 25:32-34. Ce groupe non plus ne passera pas par la mort, mais traversera la tribulation avant d’entrer dans le royaume.
7° enfin, un septième groupe, au chapitre 14, issu des deux tribus de Juda, qui se trouveront dans le pays, c’est-à-dire dans l’État actuel d’Israël, et qui seront particulièrement gardés par le Seigneur et introduits en sécurité dans le royaume. Au chapitre 7:1-8, nous avons affaire à tout Israël, encore dans la dispersion, sur la terre ; une petite partie seulement se trouvera dans le pays, les deux tribus qui traverseront la grande tribulation.
Il ne faut confondre aucun de ces groupes avec l’Assemblée du Dieu vivant. La preuve en est faite de deux manières. Tous ces groupes sont bien distincts des vingt-quatre anciens (v. 13 : « l’un des anciens répondit, me disant », etc...). Ces sept groupes sont sur la terre, et l’Assemblée de Dieu, sainte, glorifiée, ressuscitée, est dans le ciel. La deuxième raison est la distinction entre Israël et les nations ; il faut l’expliquer de façon littérale, Il est impossible que ces cent quarante-quatre mille aient un rapport avec la chrétienté, contrairement à ce qui est présenté dans certains commentaires. Comment expliquer sinon la grande foule du verset 9 ? Ils sont distingués de façon nette. Dans l’Assemblée, on ne fait aucune distinction entre les croyants issus d’Israël et ceux qui viennent des nations, pas de différence entre Juif et Grec (Galates 3:28 ; Éphésiens 2:14-16 ; Colossiens 3:11) ; mais ici ces différences apparaissent à nouveau. Nous relevons des circonstances propres à l’Ancien Testament, et cela rend évident que la lumière nécessaire pour comprendre l’Apocalypse disparaît si nous ne voyons pas l’Assemblée de Dieu au ciel, du chapitre 4 au chapitre 21, et si nous ne saisissons pas que tous les croyants dont il est question ici, sur la terre, n’ont rien à faire avec l’Assemblée.
Nous voyons dans les premiers versets de ce chapitre 7, quatre anges, retenant les quatre vents de la terre, afin qu’aucun vent ne soufflât sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre ». Ils menacent de tout endommager, mais un autre ange les arrête, disant : « Ne nuisez pas à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons scellé au front les esclaves de notre Dieu » (v.3) avec une marque visible, en témoignage. Ces puissances angéliques sont prêtes à déverser les jugements divins sur toute la terre, mais l’autre ange les en empêche. Il vient de l’orient, du lever du soleil, qui parle de nouvelle lumière, de jour nouveau. Le soleil de justice se lèvera quand viendra le Seigneur Jésus (Malachie 4:2). Cet ange nous parle d’espérance.
Qui sont ces esclaves de Dieu ? Ce sont des Israélites, du moins ceux qui sont élus d’entre eux (v.4 : « de toute tribu des fils d’Israël »). Nous en trouvons douze mille de chaque tribu. Il est évident que ces chiffres ne sont que symboliques, et cela se confirme puisque le résidu des deux tribus, mentionné au chapitre 14, comprend de nouveau cent quarante-quatre mille personnes, bien qu’elles ne soient ici (au ch.7) que deux fois douze mille. Ce sont donc des nombres symboliques représentant une plénitude. Sept est le chiffre de la plénitude intrinsèque, divine, céleste. Douze, celui de la plénitude du gouvernement divin, en rapport avec la terre. Nous le voyons pour l’Assemblée, avec les douze apôtres, et, pour le peuple de Dieu, avec les douze tribus. Jacob avait en réalité treize fils, Manassé et Éphraïm lui étant comptés comme fils à la place de Joseph, mais partout nous en trouvons douze, de sorte que l’un d’entre eux doit être ôté. Ici Dan et Éphraïm ne sont pas cités, mais nous trouvons Joseph à la place, et aussi Lévi, qui manque souvent dans les énumérations. Il manque donc Éphraïm et Dan, apparemment parce qu’ils sont marqués de façon évidente par l’idolâtrie dans l’Ancien Testament. Dan l’introduisit le premier (Juges 18), Éphraïm est souvent cité en terrible exemple (voir Osée). Là aussi cela est symbolique ; l’omission ne veut pas dire que, de la tribu de Dan, il n’y aura pas de sauvés. En Ézéchiel 48:1, nous trouvons que Dan recevra lui aussi un héritage dans le pays. Mais ce qui est littéral, c’est que Dieu scellera ses élus d’entre les tribus d’Israël, pour que ceux-ci traversent en sécurité ces jugements, ces guerres, jusqu’à ce qu’ils entrent dans le royaume. Nous verrons plus tard, au chapitre 9, que les puissances adverses et méchantes ne pourront s’attaquer d’aucune manière à ceux qui sont ainsi scellés.
Les versets 9 à 17, nous montrent un deuxième grand groupe, celui des Gentils : une grande foule, « que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation et tribus et peuples et langues, se tenant devant le trône et devant l’Agneau ». Cette expression pourrait laisser supposer que ce sont des saints ressuscités au ciel, mais si nous lisons ce passage d’une façon minutieuse, nous apprenons qu’ils ne sont pas morts. Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation (v. 14), et, à partir du verset 15, nous voyons qu’ils vivront sur la terre pendant le millénium. Ils n’ont pas de corps de résurrection, car les corps de résurrection sont pour le ciel (ou pour la nouvelle terre). Tous les saints ressuscités, y compris les martyrs qui ressusciteront avant le début du règne, régneront depuis le ciel sur le royaume. Mais « la foule » vivra sur la terre dans leurs corps naturels, sans mourir (comp. Ésaïe 65:22). La position de ce groupe sera privilégiée durant le règne millénaire. Sa position morale sera d’être devant le trône. C’est donc qu’ils auront une relation spéciale avec Dieu sur la terre, non pas, cependant, comme les vingt-quatre anciens que nous avons vus assis sur des trônes et autour du trône de Dieu. Il n’est pas dit des saints sur la terre qu’ils soient assis, ni qu’ils aient des couronnes. Il faut lire l’Apocalypse avec beaucoup de soin pour discerner ces différences.
Il est dit aussi qu’ils sont vêtus de longues robes blanches. Ils sont vus ici après être venus de la tribulation (v. 14). Cette grande foule nous est présentée prophétiquement comme si ceux qui la composent avaient déjà traversé la tribulation, bien que ce chapitre se situe encore avant la grande tribulation. Ils sont vainqueurs, avec leurs robes blanches et les palmes dans leurs mains (v.9), ce qui parle dans l’Écriture de joie à l’occasion de la victoire (Psaume 92:12 ; Jean 12 13), « Ils crient à haute voix, disant : Le salut est à notre Dieu » (v. 10). Les anges les approuvent comme au chapitre 5 : quand les anciens adoraient et chantaient le cantique nouveau, les anges ont aussi exulté. Le motif des anges est cependant tout différent ici. Ce n’est pas à l’Agneau mais à Dieu qu’ils apportent l’honneur. Ils ne le font pas non plus en liaison avec les sanctifiés dans le ciel, mais en relation avec la grande foule sur la terre qui occupe une position toute particulière de sacrificateurs.
C’est ce qui nous est expliqué dans les derniers versets. Les anciens connaissent les conseils de Dieu ; ils sont scellés du Saint Esprit, ils sont à même de donner une explication : « Ceux-ci qui sont vêtus de longues robes blanches, qui sont-ils et d’où sont-ils venus » ? (v. 13) « Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, et ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau » (v. 14). Ceci est bien précis le sang de Jésus Christ n’est pas seulement pour ceux qui appartiennent à l’Église, à l’Assemblée du Dieu vivant. Tous les croyants de tous les siècles sont lavés dans le sang du Seigneur Jésus. Les croyants de l’Ancien Testament sont aussi au bénéfice de la croix de Golgotha, et si les croyants de la grande tribulation n’ont pas les mêmes bénédictions célestes que nous et ne jouissent pas des relations avec le Père dans la maison du Père, ils seront naturellement lavés dans le même sang précieux du Seigneur Jésus, le seul moyen d’ôter les péchés dans tous les siècles. C’est aussi le seul moyen pour ceux qui aujourd’hui n’ont pas encore accepté le Seigneur Jésus comme leur Sauveur ; sans cette acceptation, ils mourront dans leurs péchés. Il leur faut confesser leurs péchés devant Dieu et accepter le seul sang qui purifie et qui sauve.
La vertu de ce sang permet à la grande foule de se trouver devant le trône de Dieu. Voici les preuves que ces croyants ne se trouveront pas dans le ciel, mais sur la terre : premièrement, ils servent jour et nuit (v. 15), ce qui n’existera plus au ciel. Deuxièmement, ils servent dans le temple (v. 15) ; à la fin du livre, nous lisons qu’il n’y aura plus de temple dans la nouvelle Jérusalem (21:22). Dieu sera leur temple. Mais sur la terre, il y aura un temple ; nous le trouvons en Ézéchiel 40 à 48 en relation avec Israël et également en relation avec les Gentils en Ésaïe 56:6-7. Il y aura un temple (au sens littéral) et les hommes viendront en adorateurs. Tous ces croyants qui viennent de la grande tribulation, auront le grand service de servir Dieu dans le temple, comme Anne la prophétesse en Luc 2, sacrificateurs à toujours devant la face de Dieu. Beaucoup d’entre tous les peuples viendront annuellement à ce temple pour servir Dieu (Zacharie 14:16) ; mais le groupe dont il est parlé ici, aura une position privilégiée. Ils serviront Dieu jour et nuit dans son temple, « et celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux » : il leur fera goûter sa présence et sa protection. « Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif » (v. 16) comme pendant la grande tribulation, « et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (v. 16,17). En Apocalypse 21:4, nous retrouverons ces paroles en rapport avec l’état éternel, et ce sera alors pour l’éternité. Mais pour ces privilégiés, il en sera déjà ainsi sur la terre. Nous considérerons plus tard les jugements terribles qu’ils auront à traverser. Ils ne seront pas frappés par ces jugements, mais ils auront à souffrir — comme aujourd’hui les chrétiens — des circonstances générales provoquées par ces jugements. Dieu les gardera cependant et les conduira jusqu’au règne en toute sécurité.
Combien nous sommes heureux, nous que Dieu garde de l’heure de l’épreuve (3:10). Pendant ce temps des tribulations, nous goûterons la communion précieuse du Seigneur dans le ciel et nous aurons le discernement des événements qui se passeront sur la terre, sans les traverser nous-mêmes.
Que le Seigneur nous donne de désirer le moment où il viendra pour nous enlever au ciel dans cette félicité éternelle.
Nous arrivons aux deux chapitres les plus difficiles de tout le livre de l’Apocalypse, pour y trouver d’abord quelque chose de merveilleux. À l’ouverture du septième sceau, après un silence solennel, il y a sept anges qui se tiennent devant Dieu, c’est-à-dire dans une position prééminente. Ils reçoivent les sept trompettes ; et ici arrive quelqu’un qui est appelé un autre ange » (v.3).
Les précédents jugements pouvaient paraître provoqués par les éléments naturels, car nous n’avons pas vu le Seigneur Jésus prendre une part active à l’exécution de ces jugements. Par contre, nous le trouvons ici, quoique sous une forme quelque peu voilée, mais pas inconnue, puisque nous le connaissons déjà, depuis l’Ancien Testament, comme l’Ange de l’alliance, ou l’Ange de l’Éternel. Et c’est dans cette dignité qu’il apparaît ici, comme aussi dans les chapitres 7:2 ; 10:1 et 18:1. Qu’il s’agisse du Seigneur Jésus ; cela paraît évident, puisqu’il donne efficace aux prières des saints en les présentant avec du parfum sur l’autel d’or devant le trône, ce dont lui seul est capable, lui, notre souverain sacrificateur. Et nous le voyons aussi prendre du feu de l’autel pour le jeter sur la terre, ce qui signifie qu’il exécute lui-même les jugements.
Il faut lire très exactement pour comprendre ce qu’il fait : il se trouve donc près de l’autel, de l’autel de l’holocauste, qui est dans le parvis. Il s’agit bien ici d’un langage symbolique, du fait qu’au ciel il ne se trouve pas d’autel au sens littéral. Nous le voyons, ayant un encensoir d’or ; beaucoup de parfums lui furent donnés, et il va de cet autel de l’holocauste jusque dans le lieu saint. (Quand il est question de l’autel de l’holocauste dans l’Apocalypse, il est appelé simplement l’autel, et quand il est question de l’autel des parfums, il est précisé : l’autel d’or.) Il entre dans le lieu saint, et, comme souverain sacrificateur, donne efficace aux prières de tous les saints.
Nous avions déjà remarqué au chapitre 6, des saints qui se trouvent sous l’autel, déjà délogés et n’ayant de ce fait plus besoin d’intercession. Ils sont au paradis où ils prient Dieu de venger leur sang de martyr. Dans notre verset 4, il ne s’agit pas de saints endormis, mais encore vivants. Ce sont ceux dont il était question au chapitre 7, des Juifs et des Gentils. Ainsi, au début de la grande tribulation, quand ces saints seront dans les plus grandes difficultés, le souverain sacrificateur donnera efficace aux prières qu’ils font monter vers Dieu. Mais que sont ces prières ? Elles sont d’un niveau bien inférieur à celles que nous pouvons adresser à Dieu, puisque ces saints ne posséderont pas l’Esprit Saint. Mais il est beau de constater que le Seigneur Jésus, le souverain sacrificateur, mélange des parfums à ces prières. Ceci nous rappelle les parfums offerts sous l’ancienne alliance (Exode 30:1-10, 34-38), qui représentent les gloires personnelles du Seigneur Jésus. C’est lui qui les magnifie devant Dieu et c’est lui aussi qui entonne la louange et l’adoration au milieu de nous (Hébreux 2:12); tout ce que nous offrons à Dieu lui est rendu agréable par Jésus Christ (Hébreux 13:15; 1 Pierre 2 5). Cela nous explique ce que nous avons trouvé au chapitre 5:8: « ...parfums qui sont les prières des saints » ; autrement dit : ce qui rend les prières agréables à Dieu, ce sont les parfums, les gloires personnelles du Seigneur Jésus, lui le souverain sacrificateur, qui les porte devant Dieu. Lui-même a acquis ces saints, et ils portent le sceau de Dieu, pour qu’ils ne soient pas touchés ; le souverain sacrificateur intercède pour eux. Ils seront gardés tandis que d’autres devront passer par la mort.
Nous voyons ensuite le Seigneur Jésus ressortir du lieu saint (souvenons-nous du caractère imagé de cette scène). Au verset 5, « l’ange prit l’encensoir et le remplit du feu de l’autel ». Il est de retour à l’autel (c’est donc l’autel d’airain de l’holocauste, et non l’autel d’or), l’autel qui parle du jugement. Tout le jour, l’holocauste se consumait devant Dieu, et le Seigneur Jésus nous est montré, prenant du feu de cet autel. Le feu fait fumer l’holocauste destiné à Dieu, au profit de ceux qui sont purifiés et sanctifiés par lui, mais ce même feu consumera ceux qui n’ont pas de part à ce sacrifice par feu. Y aurait-il un lecteur qui n’a pas de part à cette offrande ? Qu’il considère le feu de cet autel ; il le consumera. Mais le Seigneur Jésus a été frappé là pour le pécheur. Oui, lui-même a subi cette condamnation pour vous. Le Seigneur Jésus prend de ce même feu pour le jeter sur la terre et cela inaugure des jugements terribles qui vont se déverser de façon directe sur la terre pendant la grande tribulation. Nous trouvons donc d’une part l’intercession pour les saints, auprès de Dieu, mais aussi les jugements émanant de l’autel pour la terre. C’est bien terrible de trouver ces deux aspects du travail qu’exécute ici le Seigneur Jésus.
« Et il y eut des voix et des tonnerres et des éclairs et un tremblement de terre » (v.5). Au chapitre 4:5, nous avons comme une introduction à cette tempête, mais dans le chapitre qui nous occupe, nous avons la grande tempête elle-même qui passera sur la terre, et le temps est venu où les sept anges doivent sonner de la trompette (v.6). Nous avons déjà fait remarquer que le chiffre sept est toujours à partager en quatre et trois. Ainsi les quatre premiers sceaux sont liés aux quatre animaux. Les quatre premières trompettes ici forment un tout, car elles concernent premièrement la terre, deuxièmement la mer, troisièmement les fleuves et les fontaines, et quatrièmement le soleil, la lune et les étoiles ; il s’agit donc ici des quatre grands domaines de la création, Ces quatre domaines nous sont rappelés au chapitre 14:6-7, lors de l’annonce de l’évangile éternel, lorsque un ange ordonne à haute voix : « Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et rendez hommage à celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les fontaines d’eaux ». À présent les jugements vont frapper ces quatre domaines, mais cela ne veut pas dire que l’ensemble de la terre est directement concerné. Il est continuellement question du tiers (douze fois, du verset 7 au verset 12). Nous apprenons donc ici que l’ensemble de la terre n’est pas encore sous le jugement. Il ne tombera d’abord que sur ceux qui ont porté la plus grande responsabilité, c’est-à-dire sur la chrétienté professante — nous précisons : professante, car les vrais croyants auront été ravis au ciel lors de l’enlèvement de l’Assemblée — donc la fausse chrétienté, qui subsiste sur la terre. Il pourrait s’agir, en particulier, de l’Europe occidentale, et de tous les autres territoires où le christianisme a été professé et a été renié par beaucoup.
Nous trouvons la clé donnant des précisions quant à ce tiers, au chapitre 12:4, où il nous est dit que « la queue du dragon entraîne le tiers des étoiles du ciel, et elle les jeta sur la terre ». Pour l’instant il n’est pas possible de traiter ce point de manière plus approfondie. Tout ce que nous pouvons dire actuellement c’est que le dragon a ici les caractères de l’Empire romain restauré et que nous le voyons entraîner les étoiles après lui. Nous savons que les étoiles représentent ceux qui ont reçu la charge de diffuser la lumière céleste. Ce sont donc, en principe, de hautes autorités, particulièrement des conducteurs spirituels et religieux. Le dragon mettra ces autorités de côté et prendra lui-même le pouvoir. La clé que nous donne le chapitre 12:4 nous montre que le tiers doit correspondre à cet empire romain restauré, qui, pour l’instant, n’est pas encore visible. Nous voyons actuellement des préparatifs de l’unité européenne, et nous nous rendons bien compte combien il est difficile de créer cette unité, pour laquelle il n’y a pas facilement accord. Nous avons vu que des jugements très sérieux auront lieu sous les six sceaux du chapitre 6 et que les circonstances politiques et économiques seront bouleversées ; il y aura de très grands changements, et c’est alors que l’empire romain se constituera. L’Occident sera forcément conduit à s’unir. Les pays préfèrent rester encore nationalistes, mais alors, ils seront forcés d’unir leurs forces et c’est à ce moment-là qu’un dictateur (ou un dominateur unique) aura l’occasion de précipiter les étoiles sur la terre et de prendre le pouvoir à lui seul. Le tiers, nous le verrons de manière plus précise au chapitre 12, représente l’empire romain occidental, et cet empire romain recouvre premièrement l’Europe de l’Ouest. D’après Ézéchiel 38-39, il y aura un autre pouvoir appelé Gog, au pays de Magog (c’est-à-dire l’Union Soviétique).
À présent nous avons à considérer les quatre jugements qui fondront sur l’Occident par le moyen des quatre premiers anges. Pour le premier « il y eut de la grêle et du feu, mêlés de sang, et ils furent jetés sur la terre ; et le tiers de la terre fut brûlé ; et le tiers des arbres fut brûlé, et toute herbe verte fut brûlée » (v. 7). Les chapitres que nous considérons sont particulièrement difficiles, puisque nous avons presque tout au long un langage symbolique, ce qui revient à dire que, bien souvent, nous ne pouvons affirmer exactement de quelle manière tout cela s’accomplira, ni préciser entièrement la signification de chaque symbole. La Parole nous donne heureusement les clés de chaque symbole de manière suffisante. Mais le Saint Esprit ne nous a pas révélé quelle puissance, prince ou dominateur, cela concerne, et c’est certainement pour ne pas satisfaire notre vaine curiosité. Il ne nous donne pas de récit quotidien pour l’avenir, mais nous montre les principes moraux dans les très grandes lignes, pour nous permettre d’en tirer les leçons nécessaires.
Les arbres sont des puissances orgueilleuses (Daniel 4:11-12 ; Ézéchiel 31:3-9) et l’herbe verte parle dans l’Écriture de prospérité (Ésaïe 15:6 ; Zacharie 10:1). Le premier signe qui se montrera, c’est que la prospérité dont nous jouissons actuellement, disparaîtra. La grêle est une puissance qui vient du ciel, le feu c’est le jugement consumant, et le sang, séparé du corps, parle de la mort ; c’est une mort morale qui s’étendra sur toute prospérité.
« Le second ange sonna de la trompette : et comme une grande montagne toute en feu fut jetée dans la mer ; et le tiers de la mer devint du sang » (v.8). Jérémie 51:25 nous permet de comprendre qu’une grande montagne toute en feu correspond à un empire mondial de grande puissance. Cet empire mondial puissant ne sera pas l’empire romain qui vient de faire surface, ni le roi du Nord (Daniel 11:40-45) qui sera jugé lors de la venue du Seigneur. Il y en a qui ont suggéré qu’il s’agissait des États-Unis d’Amérique, mais nous ne pouvons rien dire d’affirmatif. Les termes « la mer » ou « la terre » dans l’Apocalypse, peuvent trouver leur interprétation en ce que la terre est un domaine où règne l’ordre ; par contre, la mer est une masse en continuel mouvement, autrement dit en désordre (17:15), ce qui correspond à des pays où sévit la révolution ou l’anarchie. Nous pouvons remarquer que la montagne s’écroule dans cette révolution ou anarchie. La suite de la lecture nous apprend que « le tiers des navires fut détruit c’est-à-dire que le commerce occidental sera détruit par ce deuxième coup.
« Le troisième ange sonna de la trompette : et il tomba du ciel une grande étoile, brûlant comme un flambeau ; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les fontaines des eaux » (v. 10). Nous avons affirmé qu’une étoile est une autorité puissante qui doit faire luire la lumière céleste ; c’est le chapitre 1:20, qui nous l’avait appris : il y avait là les sept anges des sept assemblées, les sept étoiles dans la main du Seigneur Jésus. Il y a ici une grande étoile, non pas un soleil, ni non plus une puissance un peu subordonnée, comme la lune, mais un grand luminaire qui aurait dû faire reluire sa lumière. Il semble qu’il s’agit ici d’un personnage sur lequel les yeux des hommes regarderont avec l’espoir qu’il pourrait être un chef religieux pour l’Europe occidentale. Nous voyons cette étoile brûlant comme un flambeau ; elle tombe du ciel sur le tiers des fleuves et sur les fontaines d’eaux. « Et le nom de l’étoile est Absinthe ; et le tiers des eaux devint absinthe, et beaucoup d’hommes moururent par les eaux, parce qu’elles avaient été rendues amères » (v. 11). Les hommes apprendront avec stupeur que cette personne est un séducteur qui les égare et qui infestera la vie de l’humanité de sorte que les sources d’eaux seront rendues amères, alors qu’elles devraient être un rafraîchissement.
« Et le quatrième ange sonna de la trompette ; et le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles, afin que le tiers de ces astres fût obscurci, et que le jour ne parût pas pour le tiers de sa durée, et de même pour la nuit » (v.12). Des phénomènes de cet ordre seront nécessaires dans l’empire romain, pour que le dominateur unique puisse régner ; autrement dit, il faut que beaucoup de souverains tombent. C’est aussi précis au chapitre 12.4. Que ces souverains aient la puissance d’un soleil, ou celle, moindre, d’une lune ou d’une étoile, ils seront tous frappés. Ce n’est pas encore le jugement définitif ; il nous sera encore parlé de soleil, de lune et d’étoiles. Des souverains seront encore frappés, et cela sera nécessaire pour que l’empire, dans ces temps d’épouvante, se place complètement sous la domination de l’autorité unique. Nous considérerons cela plus en détails au chapitre 13.
Nous avons déjà ici une échappée sur l’histoire de ces jours à venir. Beaucoup de choses restent imprécises ou incomprises, mais nous trouverons d’autres détails dans l’appendice et la parenthèse comprenant les chapitres 12, 13 et 14, avant qu’il ne soit question des sept coupes où plusieurs de ces questions seront éclaircies. Nous y verrons : le dragon, Satan, qui se tient à l’arrière-plan, la première bête (le dominateur unique de l’empire romain), et enfin la deuxième bête, l’Antichrist. C’est seulement dans ces chapitres 12 à 14 que nous trouverons de plus amples explications. Nous touchons brièvement ces points et donnerons les détails plus loin. Nous avons dit que tout cela n’est qu’une introduction à ces jugements. Mais, à présent, c’est la phase aiguë de ces jugements qui va commencer : nous voyons « un aigle qui volait par le milieu du ciel, disant à haute voix : Malheur, malheur, malheur, à ceux qui habitent sur la terre » (v. 13). Ces trois malheurs nous disent que si les quatre premières trompettes vont ensemble, les trois dernières forment aussi un tout. Ces malheurs ne sont pas liés aux circonstances. Jusqu’ici les circonstances allaient de mal en pis. Désormais, les jugements atteignent les hommes directement. L’aigle nous parle de la rapidité du jugement céleste, et celui-ci voit de loin sa proie parce qu’il vole très haut dans le ciel. Ceux qui habitent sur la terre ne sont pas les fidèles, Ces derniers sont bien sur la terre, mais n’y « habitent » pas. L’expression « ceux qui habitent sur la terre » se rapporte, dans l’Apocalypse, à ceux qui ont leur demeure sur la terre, et s’y trouvent chez eux, c’est-à-dire ceux qui appartiennent à la terre et qui seront jugés avec elle. Voici enfin trois jugements directs pour les hommes qui « habitent » sur la terre ; on n’en imagine pas de plus épouvantable. Et, malgré tout, le pire ne sera atteint que par les sept coupes qui constituent le troisième malheur.
Au chapitre 9, nous avons devant nous la cinquième et la sixième trompette, ce qui équivaut au premier et au deuxième malheur.
« Le cinquième ange sonna de la trompette : et je vis une étoile tombée du ciel sur la terre » (v. 1 ; comp. 8:10). Au début du paragraphe, nous avons : « et la clef du puits de l’abîme lui fut donnée et, à la fin (v. 11), nous verrons que la puissance satanique entre en jeu ; au chapitre 13:11, il est dit que l’Antichrist parlait comme un dragon, suggérant que l’étoile est l’Antichrist lui-même. « Et une fumée monta du puits » (v.2) ; une fumée est quelque chose qui obscurcit et rend trouble toute chose. Elle masque ici le soleil, lui qui normalement donne chaleur et lumière. Elle empeste aussi « l’air », l’atmosphère intellectuelle ; toute vie de l’esprit est contaminée.
Maintenant, des puissances sataniques seront libérées du puits de l’abîme. Ce n’est pas seulement une puissance politique ; c’est une séduction. « La terre » est contaminée, c’est-à-dire ici le territoire de l’Orient et en particulier la Palestine, là où l’État d’Israël a déjà été créé. Les versets 1 à 11 traitent surtout de la Palestine ; cela est clair pour deux raisons : 1) Il n’est pas parlé du tiers, que nous ne retrouvons qu’aux versets 15 et 16 sous le sixième ange, où il s’agit de nouveau de l’empire romain. 2) Nous voyons au verset 4 que ces puissances ne devaient nuire ni à l’herbe ni aux arbres, mais aux hommes qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leurs fronts. Nous avons vu au chapitre 7:4, que les cent quarante-quatre mille étaient scellés d’Israël. Il est donc clair qu’il s’agit ici des Juifs qui n’ont pas le sceau de Dieu, des Juifs infidèles, qui se placeront sous l’autorité de l’Antichrist.
« Et de la fumée il sortit des sauterelles sur la terre » (v.3). Les sauterelles sont des insectes qui détruisent tout sur leur passage, mais elles sont symboliques ici. Ce qui leur est commandé, savoir de ne pas nuire aux arbres ni à l’herbe verte, est bien contraire à leur nature ; mais elles devaient nuire aux hommes qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leurs fronts, c’est-à-dire les infidèles du peuple d’Israël. À ces sauterelles fut donné un pouvoir semblable au pouvoir des scorpions ; nous y reviendrons pour en donner l’explication.
L’Antichrist disposera de puissances sataniques pour séduire les Juifs incrédules, pour les amener à croire aux plus épouvantables doctrines de mensonge que les hommes aient jamais connues. Les hommes apprendront aussi que ce sont des doctrines de mensonges, et chercheront à s’y soustraire par la mort, que cependant ils ne trouveront pas (v.6). C’est bien terrible : ils en viendront à désirer la mort plutôt que de continuer à subir cette torture mentale. Les influences démoniaques pénétreront profondément dans leurs cœurs, et cela nous aide à comprendre ce que sont actuellement l’occultisme, le spiritisme, la magie, la sorcellerie qui trouvent de plus en plus d’adeptes et qui se développent puissamment, de jour en jour, dans nos pays. Nous ne pouvons nous représenter tout cela que faiblement et cela vaut mieux. Dans les derniers versets du chapitre 9, nous apprenons qu’il y aura un dernier temps, sans doute bien proche, où les hommes se tourneront vers la sorcellerie, la fornication, l’occultisme, qui sont toujours liés à l’idolâtrie. Nous constatons déjà dans nos pays cette marée de l’impudeur et de la sexualité.
Les puissances sataniques mensongères tiendront les hommes dans leurs griffes, de sorte qu’ils préféreraient mourir, plutôt que d’être torturés davantage par ces démons. Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont déjà victimes des puissances ténébreuses, et combien elles sont torturées ! Nous en trouvons déjà dans les évangiles, et notamment dans l’évangile de Luc. La mort s’enfuira d’eux, et même le suicide ne leur réussira pas. Les hommes seront tourmentés cinq mois. Il est difficile de dire si le chiffre cinq doit être pris à la lettre, en tous cas, « cinq mois » correspond à un temps important, quoique limité. C’est la durée de vie naturelle des sauterelles, qui va de mai à septembre. Leur tourment est comme celui du scorpion lorsqu’il frappe l’homme, c’est-à-dire qu’il introduit le venin de façon indirecte, sans qu’on s’en méfie. C’est ainsi que seront torturés les hommes qui se seront soumis librement à ces puissances sataniques et à l’Antichrist qui les représente.
« La ressemblance des sauterelles était semblable à des chevaux préparés pour le combat » (v. 7) ; elles sont donc très agressives. « Sur leurs têtes il y avait comme des couronnes semblables à de l’or ». Ce sont des puissances royales. (L ‘Antichrist réclamera une dignité royale en Israël ; voir Ésaïe 30:33 ; 57:9 ; Daniel 11:36.) « Et leurs faces étaient comme des faces d’hommes ; et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femmes » (v.8). Cela veut dire qu’en les regardant de face, elles ressemblaient à des hommes, et par derrière, on voyait des cheveux de femmes, parlant de dépendance ; elles dépendaient donc d’une puissance supérieure, à savoir de Satan (comp. v. 11). À ce propos, la Parole nous rappelle comment des cheveux de femme se distinguent des cheveux d’homme : par leur longueur (1 Corinthiens 11:15). C’est un signe de dépendance dans la position, selon l’ordre de la création de Dieu. Ces puissances sont soumises à une puissance plus élevée, qui est celle de Satan.
« Leurs dents étaient comme des dents de lions ; et elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer » (v.8,9). Elles n’ont aucune miséricorde. De plus, « le bruit de leurs ailes était comme le bruit de chariots à plusieurs chevaux courant au combat ». Elles se comportent dans le pays de la promesse, en s’imposant de la manière la plus brutale. « Elles ont des queues semblables à des scorpions, et des aiguillons ; et leur pouvoir était dans leurs queues, pour nuire aux hommes cinq mois » (v. 10). Elles nuisent spirituellement aux hommes en les faisant passer par un terrible tourment. Ce qui suit est important : « Elles ont sur elles un roi, l’ange de l’abîme » (v. 11) ; ce n’est pas encore la bête de la terre du chapitre 13 complètement formée, mais il y aura une première manifestation du mal. C’est ce qui aura lieu lors des premiers actes sataniques en Judée, Son « nom en hébreu est : Abaddon (destruction) et en grec, il a nom : Apollyon (destructeur) » (v. 11). Satan, le meurtrier, le menteur dès le commencement (Jean 8:44), dispose de ces fortes puissances de l’abîme, toutes à ses ordres : ce sont des anges tombés avec lui dans le péché. Il donnera sa puissance à l’Antichrist. Le nom hébreu indique la relation de l’Antichrist avec le peuple juif (comp. Jean 5:43 ; 1 Jean 2:22 ; Apocalypse 13:11) ; le nom grec indique sa relation avec la fausse chrétienté (comp. 1 Jean 2:23 ; 2 Thessaloniciens 2:3,4 ; Apocalypse 13:12-17).
« Le premier malheur est passé ; voici il arrive encore deux malheurs après ces choses » (v. 12). Le deuxième malheur (v. 12 à 21) concerne à nouveau l’empire romain.
Nous arrivons au deuxième malheur : « le sixième ange sonna de la trompette » (v. 13). Aux versets 15 et 18, nous avons à nouveau « le tiers », ce qui dénote qu’il s’agit bien de l’empire romain. Ce n’est pas un jugement concernant les circonstances, telles que la prospérité ou l’économie, mais un jugement de l’humanité, non dans la perspective morale, religieuse par une fausse doctrine, mais par la guerre. Dieu enverra de puissantes armées contre l’empire romain. « Et le sixième ange sonna de la trompette : et j’ouïs une voix sortant des quatre cornes de l’autel d’or qui était devant Dieu ». Il est merveilleux de voir ici l’autel d’or, symbole de l’intercession du Seigneur Jésus pour les siens. C’est comme si ce jugement venait en réponse aux supplications des saints qui ont prié pour la vengeance et la délivrance. La réponse sort de ce même autel, de ses cornes, symboles de puissance, qui se répand sur la terre entière. Les quatre cornes correspondent aux quatre coins de la terre, partout donc où se trouvent des saints et des impies, pour sauver les saints du milieu des impies, et pour juger ces derniers.
« Une voix… disant au sixième ange qui avait la trompette : Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve Euphrate. Et les quatre anges qui étaient préparés pour l’heure et le jour et le mois et l’année, furent déliés, afin de tuer le tiers des hommes » (v. 14,15). Nous n’avons aucune raison de ne pas prendre l’Euphrate au sens littéral. Ce fleuve a toujours été désigné comme la limite entre Israël dans sa plus large étendue, et les puissances orientales, en particulier l’Assyrie. À l’époque aussi, il formait la frontière entre l’empire romain d’alors et ces mêmes puissances à l’Orient. Nous voyons que, depuis l’Orient, il viendra des armées très importantes vers l’empire romain à venir. Les quatre anges sont prêts depuis longtemps pour ce jugement. Dans le fond, tous les jugements sont prêts à être exécutés ; c’est Dieu qui en décide le déclenchement,
« Et le nombre des armées de la cavalerie était de deux myriades de myriades », autrement dit : deux cent millions. Représentez-vous une armée de deux cent millions d’hommes se déversant de l’Est, vers l’Ouest ; ce sera une menace effroyable. On peut admettre que la mort dont il est question au verset 15, sera la mort au sens littéral.
« Et c’est ainsi que je vis les chevaux dans la vision, et ceux qui étaient assis dessus, ayant des cuirasses de feu, et d’hyacinthe, et de soufre » (v. 17). Le feu et le soufre sont du domaine de l’enfer ; l’étang de feu est embrasé par le soufre (19* 20 ; 20, 10). Il s’agit donc d’armes infernales défensives (ce qui est indiqué par les cuirasses), mais aussi offensives : « les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion ; et de leur bouche sortent du feu, et de la fumée, et du soufre » ; nous retrouvons ces mêmes éléments qui émanent de l’enfer. Ce sont d’effroyables puissances, avec trois fléaux (v. 18), par lesquels le tiers des hommes fut tué. « Le pouvoir des chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues » (v. 19). Nous pouvons en conclure que cette puissance n’est pas seulement politique, mais qu’elle amène de fausses doctrines. La bouche indique qu’ils dévorent, la queue suggère la ruse et la traîtrise pour détruire les hommes dans l’empire romain. Les queues ont des têtes, ce qui revient à dire qu’ils enveniment de manière intelligente toute l’humanité de l’empire.
Un tiers seulement sera tué, il y en a donc encore beaucoup qui resteront en vie jusqu’à la venue du Seigneur Jésus. Mais de quoi les hommes sont-ils la proie ? De l’occultisme, du spiritisme, de la sorcellerie, de la magie, de terribles puissances démoniaques, de la violence et de la corruption. Que faut-il penser d’une telle humanité ? « Les autres hommes qui n’avaient pas été tués par ces plaies » ont bien été préservés, « mais ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains » (v.20). C’est peut-être le passage le plus impressionnant de l’Apocalypse ! Le cœur de l’homme sera si méchant à ce moment-là, qu’ils refuseront de se repentir, malgré les jugements envoyés par Dieu sur la terre pour pousser les hommes à la repentance. Ils préféreront rester sous la domination de ces démons plutôt que de se convertir. Dieu a cependant ses élus qui seront épargnés. Maintenant déjà, nous voyons, en Occident, des hommes qui ont renié le christianisme pour retourner littéralement aux idoles du paganisme. Partout, autour de nous, nous constatons les préludes de cette apostasie. « Ils ne se repentirent pas de leurs meurtres » (les meurtres augmentent de jour en jour, et cela ira en s’amplifiant), « ni de leur magie, ni de leur fornication, ni de leurs larcins » (v.21), qui vont toujours en augmentant.
Nous aimons à rappeler à ceux qui ne connaissent pas le Seigneur Jésus, mais qui ont lu ce qui a été exposé ici, qu’ils ont encore la possibilité d’aller à lui et de se repentir. Aujourd’hui, il est encore possible d’écouter la voix du Rédempteur. Le temps arrive où, l’Église ayant été enlevée de la terre, il sera trop tard. Sachez en effet que, quand le Seigneur Jésus sera venu — et il vient bientôt — il n’y aura plus d’autre occasion d’être sauvé. Ne laissez pas passer le temps. Criez à Dieu, dites-lui que vous avez besoin du Seigneur Jésus, pour laver vos vêtements dans son sang afin d’être délivrés définitivement, éternellement de vos péchés. Et nous, croyants, que le Seigneur Jésus nous trouve fidèles quand il viendra pour enlever ses rachetés, ceux qui sont lavés dans son sang. Nos cœurs languissent après ces temps heureux où nous serons pour toujours avec lui.
La ligne historique qui se poursuit dans ces chapitres est maintenant interrompue par une autre parenthèse. Celles-ci sont nécessaires pour présenter des personnes ou pour décrire des circonstances qui se produiront durant ce même temps. Ces circonstances doivent nécessairement être expliquées au préalable, car, au cours de la présentation des jugements, nous ne pourrions que difficilement les comprendre clairement. Entre le sixième et le septième sceau, nous avons trouvé une de ces parenthèses : c’est le chapitre 7, décrivant divers groupes de personnes. Au chapitre 16:13-16, nous aurons de nouveau une parenthèse entre la sixième et la septième coupe. Et, ici, dans les chapitres 10 et 11:1-13, s’ouvre aussi une grande parenthèse qui se place entre la sixième et la septième trompette. Elle dirige nos regards vers une partie de la terre, vers une seule ville : Jérusalem. C’est un bien petit territoire, mais d’une importance sans pareille, où, pendant cette période, auront lieu des événements décisifs. Et c’est là que le Seigneur Jésus reviendra du ciel. Zacharie 14:4 nous apprend que ses pieds se tiendront sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem. L’ange qui sonne de la septième trompette viendra pour annoncer les derniers jugements qui sont en liaison directe avec l’avènement du Seigneur Jésus, c’est-à-dire son apparition sur la terre (11:15). Le Seigneur nous montre ce qui doit arriver avant que cela se produise, dans cette cité sainte, comme elle est appelée ici (11:2) : Jérusalem.
Avant de pénétrer dans la ville, nous nous trouvons en présence d’un personnage puissant, appelé « un autre ange » expression que nous avons déjà rencontrée aux chapitres 7:2 et 8:3, et que nous retrouverons au chapitre 18:1. Nous avons vu pourquoi il est présenté ainsi, et pourquoi nous ne le voyons pas dans sa dignité suprême, comme l’Agneau vainqueur. Cela ne sera le cas que quand il sera venu sur la terre. Cette dernière dignité est quelque peu voilée encore, mais on voit de plus en plus précisément qu’il occupe une place importante dans les jugements directs. Au début du chapitre 6, nous avons des jugements indirects dus à la providence divine, mais de plus en plus, nous voyons la main du Seigneur Jésus intervenir dans les jugements jusqu’à ce qu’enfin il apparaisse personnellement sur la terre. L’« autre ange » descend du ciel (v. 1) ; c’est comme un premier pas pour revenir sur la terre avec les siens. Il est « revêtu d’une nuée », expression bien connue de la présence de Dieu avec son peuple dans le désert. Nous trouvons aussi la colonne de feu à la fin du verset : « ses pieds comme des colonnes de feu ».
L’arc-en-ciel se trouve sur sa tête ; c’est un pas de plus depuis le chapitre 4, où cet arc-en-ciel se trouvait autour du trône, en liaison avec Dieu. L’arc-en-ciel parle de jugement à venir, mais annonce aussi qu’après la tempête suivra le calme, la paix et la bénédiction. Il est aussi le signe de l’alliance de Dieu avec la création, et montre qu’à la fin, Dieu bénira sa création, Au chapitre 4, cela était lié avec le trône, mais ici cela est lié avec « l’autre ange ». À présent, nous savons, et plus nous avançons plus cela se précise, que c’est le Seigneur Jésus lui-même qui fera venir la bénédiction sur sa création. « Son visage est comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu ». Il n’y a plus de doute, c’est bien lui, car ce sont les attributs du Seigneur Jésus que nous avons vus au chapitre 1:15,16. La splendeur du soleil évoque le lever du « soleil de justice » (Malachie 4:2). Les pieds comme des colonnes de feu nous parlent de jugements liés à son apparition.
« Il avait dans sa main un petit livre ouvert » (v.2), et cela nous rappelle le chapitre 5, où un livre était dans la main de celui qui était assis sur le trône. Alors, ce n’était pas un petit livre mais un livre, et il était fermé. Ce livre se rapporte à l’ensemble de la terre, et ce sont les jugements de toute la terre qui y figurent, tandis que le petit livre concerne un petit territoire de la terre, la Palestine, pour ne pas le limiter à Jérusalem. Ce petit livre n’est pas fermé. Le Seigneur Jésus devait ouvrir le livre du chapitre 5, et les jugements qui s’y trouvaient n’avaient été révélés dans aucun texte de la Parole. Ils étaient inconnus avant l’ouverture du livre, tandis qu’il n’y a pas d’inconnu ici pour ce qui concerne le territoire de Jérusalem. Les prophètes de l’Ancien Testament nous ont parlé avec maints détails d’Israël et de Jérusalem en rapport avec ces derniers temps qui précèdent la venue du Seigneur. Le livre, quoique petit en rapport avec les dimensions du territoire concerné, est ouvert ; cela montre que nous nous trouvons dans un domaine familier, et nous pouvons remarquer aussi que le chapitre 10 est plus facile à comprendre que les chapitres 8 et 9.
Ce qui suit est très important : l’ange qui tient dans sa main le petit livre, « mit son pied droit sur la mer et le gauche sur la terre » (v.2). L’ange montre qu’il va prendre possession de la terre. Il n’en est pas encore là, mais de même que lorsqu’il prenait le livre de la main droite de celui qui est assis sur le trône, étant à la fois l’agneau et le lion, il montre qu’il a la dignité de le faire. Les jugements étant en grande partie exécutés, le Seigneur Jésus fait valoir ses droits sur la terre aussi bien que sur la mer. Il place ses pieds sur la terre et sur la mer, et crie « comme un lion rugit ». Cela rappelle aussi le chapitre 5:5 ; il est le puissant lion de la tribu de Juda, le vainqueur, celui qui possédera la terre et la mer. Les conseils de Dieu, en ce qui concerne la terre, sont consignés dans le livre ; le Seigneur Jésus est le lion qui accomplira ces conseils et qui possédera la terre, et c’est pour cela qu’il crie d’une forte voix. Le ciel reconnaît ses droits (v.3) : les sept tonnerres répondent depuis le trône. Nous le rappelons : tonnerres et éclairs sortant du trône (4:5 ; 8:5), c’est la réponse de Dieu lui-même, quoiqu’il ne soit pas encore l’heure de la connaître ou de l’expliquer. Alors que Jean s’apprêtait à écrire, entendit une voix venant du ciel, disant : « Scelle les choses que les sept tonnerres ont prononcées et ne les écris pas » (v.4). Cela ne veut pas dire, à notre avis, que, par la suite, les choses ne seront pas révélées dans le livre, mais elles ne le sont pas pour le moment. Il faut tout d’abord nous occuper de Jérusalem. Ce que les sept tonnerres ont à nous dire peut être lié avec ce qui va nous être révélé plus tard en rapport avec les sept coupes. Elles seront présentées dans les chapitres 15 et 16 qui nous font la description des tout derniers jugements, juste avant la venue du Seigneur, quand le Seigneur Jésus exercera ses droits.
À présent, nous trouvons un passage merveilleux. Le ciel a répondu et le trône a confirmé les droits du Seigneur Jésus, voici des paroles d’entre les plus belles de l’Apocalypse. C’est le Seigneur Jésus qui parle en s’adressant au ciel. Levant sa main droite, il jure par celui qui vit aux siècles des siècles. L’homme Christ Jésus jure par Dieu qui est sur le trône, « lequel a créé le ciel et les choses qui y sont, et la terre et les choses qui y sont, et la mer et les choses qui y sont » (v.6) ; c’est Dieu le Créateur, tel que le chapitre 4 nous en a donné une description. Le Seigneur Jésus est bien le Créateur : en son Fils, Dieu a créé toutes choses. Mais cela nous amène à distinguer Dieu sur le trône et le Seigneur Jésus, vu ici dans son humanité, comme un « ange », c’est-à-dire un messager et représentant de Dieu. Il est difficile, mais toujours important de faire cette distinction. Le chapitre 4 nous a montré Dieu le Fils, sur le trône, comme Créateur. Au chapitre 5, nous le voyons venir en sa qualité de Fils de l’homme pour prendre le livre de la main droite de Dieu. Dans notre passage, nous voyons qu’un homme jure par celui qui est assis sur le trône, afin que, par un homme, tout soit rétabli à la gloire de Dieu.
« Il n’y aura plus de délai » (v.6) ; tout s’accomplira bientôt. Il ne reste plus qu’une trompette (v. 7), elle sera l’annonce directe des derniers jugements qui amèneront sans autre délai la venue du Seigneur. Le « mystère de Dieu » s’achèvera au moment de l’intervention du septième ange, « comme il en a annoncé la bonne nouvelle à ses esclaves les prophètes ». Tout ce qui est annoncé ici l’était déjà dans le passé. Les prophètes de l’Ancien Testament ont déjà laissé entendre que le mystère de Dieu s’achèvera. Quel est le mystère de Dieu, et, en général, qu’est-ce qu’un mystère dans le Nouveau Testament ? Ce ne sont pas des choses vagues ou floues. Un mystère est une chose qui, pour un temps donné, n’est pas révélée, et qui est, de ce fait, impossible à connaître tant que l’Esprit Saint n’est pas venu. En 1 Corinthiens 2:7 il est question de la sagesse de Dieu en mystère, la sagesse cachée, laquelle Dieu avait préordonnée. Pour les hommes en général (et malheureusement aussi pour beaucoup de chrétiens), ces choses, quoique maintenant révélées, demeurent des mystères. Mais quel est ici le mystère de Dieu qui doit être révélé, afin qu’il soit connu et compris ? Ce mystère est en relation avec le gouvernement de Dieu envers le monde, chose bien mystérieuse, que les hommes sont incapables de comprendre. L’homme prétend qu’il ne peut y avoir de Dieu d’amour puisque le monde est rempli de guerres, de famines, de maladies, de misères. C’est le mystère du gouvernement de Dieu. Il permet que la méchanceté subsiste, parfois bien longtemps, et que la punition vienne à la fin seulement, alors que de nombreux saints sont opprimés, et ne reçoivent pas leur récompense. Un gouvernement direct est une chose bien différente. Dans le règne millénaire, par exemple, le mal sera jugé sans délai et la récompense de ce qui est bien ne tardera pas.
Pour beaucoup de gens, le gouvernement actuel de Dieu dans ce monde est un mystère. Mais ce n’est plus un mystère pour nous si nous pensons que l’économie actuelle est celle du rejet du Seigneur Jésus. Et ce qui compte devant Dieu, c’est la manière dont les hommes considèrent leur position vis-à-vis du Seigneur Jésus. Le mystère de Dieu touche à sa fin, et le monde connaîtra ce mystère du gouvernement de Dieu quand il deviendra un gouvernement direct, et que le Seigneur Jésus établira son royaume sur la terre. On ne demandera plus pourquoi il y a des maladies, des misères, des guerres. Les fidèles seront récompensés et bénis. Ses esclaves, les prophètes, le savaient depuis longtemps, tandis que, pour les hommes de ce monde, ce mystère subsiste encore. Dans l’économie actuelle, Dieu apprécie les hommes qui acceptent le Seigneur Jésus et qui désirent le suivre, malgré l’absence apparente de gouvernement divin.
L’apôtre ajoute : « Et la voix que j’avais ouïe du ciel me parla de nouveau et dit : Va, prends le petit livre qui est ouvert dans la main de l’ange qui se tient sur la mer et sur la terre » (v.8). Jean passe à un stade actif ; il faut qu’il s’approche de l’ange et s’approprie personnellement ce qui est écrit dans le petit livre. C’est ce que signifie le « dévore-le » du verset 9 : le livre devenait une partie de lui-même, de son « intérieur spirituel ». C’est la même image qu’en Ézéchiel 3:1-3, où il est également dit au prophète de manger le rouleau. L’ange dit : « Prends-le et dévore-le ; et il remplira ton ventre d’amertume, mais dans la bouche il sera doux comme du miel ». Que veut dire cette image — d’abord le doux, puis l’amer ? Quand nous pensons aux prophéties divines, nous pensons d’abord au doux, puis à l’amer ; Dieu fait également ainsi. Dans ses conseils en rapport avec la terre, dans l’éternité passée, il considérait les temps doux de paix et de justice à venir. Ses voies conduisent vers ce but, mais ces voies ne sont pas agréables. Le livre du chapitre 5 est un livre des conseils de Dieu, et ces voies amères sont nécessaires pour l’accomplissement de ces doux conseils. De même, Dieu a consigné dans ce petit livre ses conseils merveilleux en ce qui concerne Israël. Dans les livres des prophètes de l’Ancien Testament, nous trouvons des dizaines de passages qui sont en rapport avec les temps heureux et merveilleux qui seront la part d’Israël dans le millénium. Celui qui s’occupe de ces choses a, dans sa bouche, le goût de la douceur, mais quand nous faisons nôtres ces versets et ces passages, nous nous apercevons combien de circonstances amères sont liées à elles.
Voici un exemple, en rapport avec le gouvernement de Dieu : quand Dieu dit à Moïse, en Exode 3, qu’il lui ferait sortir le peuple hors d’Égypte pour les amener dans le pays promis, c’est cela le doux conseil de Dieu. Mais, le fait que le peuple dût rester quarante ans dans le désert n’avait rien d’agréable, c’était le goût amer de ses voies. Ce que nous lirons au chapitre 11, ne traite pas de ce qui est doux et qui sera la part d’Israël à l’avenir, mais des choses amères qui doivent arriver d’abord. Jean prit le petit livre ; il fut doux dans sa bouche, mais quand il l’eut dévoré, son ventre fut rempli d’amertume. « Et il me fut dit : Il faut que tu prophétises de nouveau sur des peuples et des nations et des langues et beaucoup de rois » (v. 11). La mission de Jean n’est pas encore terminée. Il faut qu’il décrive ce qui concerne Jérusalem au chapitre 11, ensuite les derniers jugements lors de l’avènement du Seigneur sous la septième trompette et encore, alors qu’il pensait la fin arrivée, beaucoup d’autres descriptions prophétiques. Alors seulement sera complétée, dans les prochains chapitres, l’image que Dieu veut nous présenter de cette ultime période.
Il y a beaucoup de détails, au chapitre 11, que nous ne pouvons pas comprendre sans connaître les chapitres suivants de ce livre. Il faut donc considérer tous les chapitres avant de tout connaître. Mais écoutons maintenant ce que nous dit le petit livre ouvert du chapitre 10 : Dieu nous amène par son Esprit dans la ville de Jérusalem, au centre de la terre, comme nous l’indique Ézéchiel (littéralement au nombril du pays ; voir Ézéchiel 38:12 note). « Il me fut donné un roseau semblable à une verge, et il me fut dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu, et l’autel, et ceux qui y adorent » (v. 1). On demande à l’apôtre de prendre à cette scène une part encore plus active ; il faut qu’il se lève, il faut qu’il mesure, et on lui donne un roseau semblable à une verge. Stabilité et force sont liées à cet instrument, et nous le comprenons quand nous saisissons la signification de ces mensurations. Il s’agit, comme en Ézéchiel 40 et 41, de définir exactement les limites de ce qui appartient à Dieu.
Nous trouvons ici un temple, un autel et des adorateurs. À l’heure actuelle, un État d’Israël existe à nouveau en Palestine, mais il y aura aussi un nouveau temple à Jérusalem. Cela est confirmé par 2 Thessaloniciens 2:4 où nous voyons l’Antichrist s’asseoir dans ce temple pour se faire adorer comme dieu. En Daniel, il est question de l’abomination qui désole (Daniel 12:11). Le Seigneur Jésus cite ce passage en Matthieu 24:15 en rapport avec le lieu saint ; c’est-à-dire le temple où les saints adoreront. Il s’agit de ce résidu fidèle qui pour l’instant ne se distingue pas encore, puisqu’il ne fera pas partie de l’Assemblée. Des Juifs viendront à la repentance, après l’enlèvement de l’Assemblée ; ils auront à nouveau un temple à Jérusalem, comme aussi un autel pour y adorer Dieu, ce qu’ils n’auront pas pu faire jusqu’à ce moment-là. Le dernier temps de l’heure de l’épreuve correspond à la grande tribulation qui commence quand le diable sera précipité du ciel sur la terre (chapitre 12). Il se servira surtout de l’Antichrist qui parlera comme un dragon (le diable). Nous trouvons au chapitre 13 cette deuxième bête, qui monte de la terre et qui est l’Antichrist. Pendant cette grande tribulation, qui durera trois ans et demi, ce dernier s’élèvera de façon diabolique. Jusqu’à ce moment, il aura toléré l’adoration de Dieu dans le temple, mais il y fera cesser ce service et y établira l’abomination de la désolation : sans doute une horrible idole représentant le dominateur unique de l’empire romain. Nous trouverons cela au chapitre 13.
Il y aura des Juifs fidèles qui adoreront dans le temple auprès de l’autel, malgré la quasi impossibilité d’accomplir ce service quand l’Antichrist y aura dressé son idole : « et le parvis, qui est en dehors du temple, rejette-le et ne le mesure point » (v.2). C’est le territoire qui entoure le temple, que Dieu ne peut agréer, car « il a été donné aux nations, et elles fouleront aux pieds la cité sainte quarante-deux mois ». La « cité sainte » est une expression connue pour désigner Jérusalem. Cette ville, et même une partie du temple, est donc donnée aux nations. Il y a lieu d’éclairer un peu l’arrière-plan de cette scène. L’Antichrist, par crainte des puissances de l’Orient, fera alliance avec l’Occident, c’est-à-dire avec le chef unique de l’empire romain. Cette alliance est révélée par Daniel 9:27 et durera sept années. L’Antichrist pensera être protégé de cette manière ; Ésaïe 28:15 dit qu’il fera alliance avec la mort et un pacte avec le shéol. Cependant cela ne lui servira à rien ; nous avons vu précédemment que 200 millions d’hommes franchiront la frontière de l’Orient et pénétreront dans le royaume. Par cette alliance, Israël subira également l’influence des nations ; nous y reviendrons. À présent nous est présentée cette terrible période de la grande tribulation, pendant laquelle l’Antichrist exercera son pouvoir diabolique, avec la première bête, le chef de l’empire romain, qui dominera sur l’Occident, et montrera son véritable caractère.
Cette période, qui durera quarante-deux mois, c’est-à-dire trois ans et demi, est celle dont Daniel parle au chapitre 9:24-27. Elle correspond à la deuxième moitié de la soixante-dixième semaine, qui sont des semaines d’années. Soixante-neuf semaines d’années se sont écoulées, puis le Messie a été retranché (v.26). Après cela se produisent divers événements, entre la soixante-neuvième et la soixante-dixième semaine d’années. Cette période de sept années, qui doivent encore s’accomplir, s’achèvera par la venue du Seigneur. Ces sept années sont partagées en deux moitiés. L’Apocalypse nous parle surtout de la deuxième moitié de cette semaine d’années, qui est appelée la grande tribulation. Au milieu de cette semaine, Satan sera précipité sur la terre (chapitre 12:9), et l’Antichrist montrera son véritable visage. Il mettra fin à toutes les religions et établira sa propre religion diabolique. Cette période durera alors trois ans et demi : quarante-deux mois (v.2 et 13:5) ou mille deux cent soixante jours (v.3 et 12 6) ou encore, comme au chapitre 12:14, « un temps, et des temps, et la moitié d’un temps ». Un temps étant une année, cela veut dire trois ans et demi, soit une période nettement limitée,
Au chapitre 11 nous trouvons ce qui concerne Jérusalem dans cette dernière période. L’Antichrist règne, les adorateurs se trouvent presque dans l’impossibilité de remplir le service d’adoration, mais ils sont reconnus de Dieu. Les nations exercent une grande puissance à la suite de l’alliance entre l’Antichrist et le chef de l’empire romain. Mais Dieu réveillera un témoignage puissant dans cette cité, encore appelée sainte, bien qu’elle ne manifeste plus guère ses caractères de sainteté. Nous savons qu’il y aura là des Juifs pieux et fidèles. Beaucoup devront s’enfuir de la Judée dans les montagnes (Matthieu 24:16), mais dans la ville, il y aura un résidu, des adorateurs (voir Sophonie 3:12). Dieu réveillera au milieu de ce résidu un puissant témoignage, qui nous est présenté au verset 3, par l‘image de deux témoins, et Dieu précise que ce sont ses deux témoins. Le chiffre deux indique par lui-même qu’il s’agit d’un témoignage. Le témoignage complet, selon Dieu, est toujours de deux ou trois. Cela ne veut pas nécessairement dire que ce témoignage soit littéralement représenté par deux ou trois personnes, bien que cela puisse être le cas. Il y aura donc des Juifs fidèles, vêtus de sacs, signe de la solennité de l’état dans lequel ces Juifs se trouvent, de même que de la solennité du message annonçant des jugements. Le caractère de leur témoignage est annoncé par le verset 4 : « Ceux-ci sont les deux oliviers et les deux lampes qui se tiennent devant le Seigneur de la terre ». Nous en trouvons l’explication en Zacharie 4 : « les deux fils de l’huile, qui se tiennent auprès du Seigneur de toute la terre » (v. 14). Dans ce passage nous avons aussi un chandelier et deux oliviers, deux témoins ; ce sont Joshua, le grand sacrificateur, et Zorobabel, qui est une figure du roi. (Remarquons qu’il est de la lignée royale.) En Zacharie 4, nous voyons Dieu dressant, au milieu du peuple, un témoignage de la dignité sacerdotale et royale du Messie. Zacharie 6:13 nous montre que le Messie sera roi et sacrificateur sur son trône. Pendant le millénium, il sera roi et sacrificateur, le véritable Melchisédec. Il régnera sur la terre, assis sur son trône. Dieu dresse ainsi un témoignage de sa dignité royale et sacerdotale durant le temps de l’absence du Messie. Les deux oliviers sont des autorités parlant par la puissance du Saint Esprit (l’huile). Ce sont deux lampes, qui font briller la lumière céleste sur la terre.
Remarquons d’abord leur puissance dans les circonstances de la Jérusalem d’alors. Combien il sera impressionnant de voir ces témoins fidèles. Ils ne peuvent être touchés : « si quelqu’un veut leur nuire, il faut qu’il soit ainsi mis à mort » (v.5). Cela va encore plus loin : ils « ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne tombe pas de pluie durant les jours de leur prophétie ; et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang, et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, toutes les fois qu’ils le voudront » (v.6) — allusion évidente aux deux prophètes les plus importants de l’Ancien Testament : ceux-là même qui se trouvaient avec le Seigneur Jésus sur la sainte montagne, Moïse et Elie. Elie avait eu la puissance de fermer le ciel pour qu’il ne pleuve pas, et Moïse avait eu le pouvoir de changer les eaux en sang. Nous ne prétendons pas qu’il s’agisse ici réellement de Moïse et d’Elie, mais de prophètes ayant les caractères de ces puissants prophètes de l’Ancien Testament. Malachie 4:6 nous parle de Moïse et d’Elie ; Dieu annonce qu’à la fin il fera retourner les fils d’Israël à la loi en leur envoyant Elie le prophète. Le Seigneur parle de Jean le baptiseur comme étant Elie, c’est-à-dire venant sous le même caractère (Matthieu 11:14). À la fin il y aura un témoignage portant avec une grande puissance les traits qui ont caractérisé Moïse et Elie. Il est important de remarquer que Moïse et Elie ont aussi rempli respectivement les rôles de roi et de sacrificateur. Tous deux étaient prophètes comme aussi le Seigneur Jésus lui-même. Elie était sacrificateur au milieu de la confusion : en 1 Rois 18, il sacrifiait pour tout le peuple en faisant descendre le feu du ciel. Moïse, ayant le caractère royal, est appelé en Deutéronome 33:5 « roi en Jéshurun ». La confirmation d’un témoignage en dignité sacerdotale et royale pour le Seigneur de la terre est donc donnée dans notre passage (v.4). Jérusalem sera le centre de toute la terre, et ce témoignage y sera présent pour montrer, en ces jours sombres, la dignité royale et sacerdotale du Messie.
Admirons la puissance de Dieu, qui donnera un tel témoignage dans les jours les plus sombres de la terre. Ils témoignent durant trois ans et demi, et ce témoignage prendra fin selon les pensées de Dieu. Les ennemis seront impuissants durant cette période, et seront mis à mort s’ils veulent nuire au témoignage. Mais au verset 7, quand leur témoignage sera achevé, Dieu dira : C’est fini — comme il l’a fait pour Moïse et pour Elie. Il peut nous utiliser pour un témoignage, pendant un certain temps, et ensuite nous enlever ou nous mettre de côté. Soudain Dieu permet que la plus grande puissance présente sur la terre, la bête qui monte de l’abîme, leur fasse la guerre et mette fin à leur témoignage. Personne d’entre nous ne pourrait dire qui est cette bête, si nous ne connaissions pas les chapitres suivants de cette révélation. Nous trouvons toutes précisions quant à cette bête qui monte de la mer ou de dans les chapitres 13 et 17. Sans entrer dans plus de détails, nous pouvons dire que cette bête est le dictateur de l’empire romain, celui qui, dans cette dernière époque de la grande tribulation, exercera la plus grande puissance sur l’empire romain restauré. Et par le fait que l’Antichrist aura conclu un pacte avec lui, il aura également une grande influence en Palestine. Pour finir il paraît être vainqueur ; il ne peut discerner que Dieu puisse permettre de telles épreuves pour produire un témoignage plus important encore. Il ne connaît pas les voies de Dieu et, juste avant la venue du Seigneur, il fera sa dernière intervention politique ; puis il sera jugé par le Seigneur lui-même. La bête fera la guerre aux deux témoins, les vaincra et les fera mourir, « et leur corps mort sera étendu sur la place de la grande ville qui est appelée spirituellement Sodome et Égypte, où aussi leur Seigneur a été crucifié » (v.8). C’est donc bien de Jérusalem qu’il s’agit. Nous le précisons parce que, dans beaucoup de commentaires, nous trouvons les plus grandes confusions à ce sujet. Reportons-nous aux citations de l’Ancien Testament et aux chapitres qui suivent ; nous saurons alors considérer ces choses à leur vraie lumière. Il est de toute importance de discerner les bonnes clefs de ce livre.
Donc, juste avant la venue du Seigneur en gloire, peut-être à peine quelques semaines avant, le dictateur romain mettra à mort les deux martyrs dans la même ville, aussi méchante que Sodome ou l’Égypte, cette sainte cité des temps anciens « où aussi leur Seigneur a été crucifié ». Combien ces paroles sont belles et sérieuses à la fois. Ils seront martyrs, témoins. Le Seigneur a témoigné dans Jérusalem et a été mis à mort par ses ennemis. Les grands du peuple (Caïphe, Anne) et les grands de l’empire romain en la personne de Pilate, Juifs et nations ont été d’accord pour clouer le Seigneur Jésus au bois. L’avenir montrera des faits similaires. L’Antichrist et le chef de l’empire s’accorderont pour détruire ce témoignage, là où le Seigneur lui-même a été crucifié. Cependant s’il y a une certaine analogie entre le témoignage du Seigneur Jésus et celui des deux témoins, le Seigneur Jésus, lui, est venu apporter la paix, il n’a pas mis à mort ses ennemis, bien que ses disciples l’y eussent incité (Luc 9:54). Il n’a pas fait descendre le feu du ciel comme ces témoins le feront. Jadis c’était le temps de la grâce et ici c’est le temps des jugements.
Le passage qui suit est réconfortant. Le Seigneur Jésus est ressuscité le troisième jour ; il en sera de même de ces deux témoins fidèles qui, comme lui, témoigneront durant trois ans et demi, et qui seront mis à mort avant que Dieu les ressuscite. Le verset 9 nous dit : « Et ceux des peuples et des tribus et des langues et des nations voient leur corps mort durant trois jours et demi ». Voilà ce qui arrive quand la télévision se trouve entre de mauvaises mains : les puissances diaboliques présenteront à l’humanité entière ce qui se passera à Jérusalem ; je me l’imagine du moins ainsi, mais cela se produira peut-être tout autrement. Les reporters afflueront pour montrer dans leurs journaux comment le puissant dominateur a mis ces témoins à mort et ce sera une victoire personnelle pour ce chef de l’empire romain. Les peuples le verront et ils s’en réjouiront. « Ils ne permettent point que leurs corps morts soient mis dans un sépulcre. Et ceux qui habitent sur la terre se réjouissent à leur sujet et font des réjouissances, et ils s’enverront des présents les uns aux autres ». C’était bien d’usage dans les temps anciens (voir Esther 9:19), et ces coutumes se perpétuent dans certaines fêtes de nos pays. Le monde continuera à se conformer à ces usages et donnera libre cours à sa joie de ce que ces témoignages aient pris fin, « parce que ces deux prophètes tourmentaient ceux qui habitent sur la terre » (v. 10). Cela se rapporte bien entendu à ceux qui trouvent leurs joies et leurs buts sur la terre et n’ont pas à faire avec le ciel,
Dieu a permis que le Seigneur Jésus passe par la mort (quoiqu’il ait donné lui-même sa vie) et qu’il soit immolé comme l’Agneau, lui le lion et le vainqueur de la mort et du tombeau. Ces témoins aussi, ayant été mis à mort, seront ressuscités : « après les trois jours et demi, l’esprit de vie venant de Dieu entra en eux ; et ils se tinrent sur leurs pieds, et une grande crainte tomba sur ceux qui les contemplaient » (v. 11). Quel spectacle ! Toute l’humanité verra ces corps morts et sera bien obligée de constater dans leur résurrection que Dieu est plus puissant que ses ennemis. Ici, en public, aux yeux de toute la terre, les voilà qui se tiennent sur leurs pieds. Cela ne fut pas le cas pour le Seigneur Jésus. Ses ennemis ne l’ont pas vu, s’en allant au ciel. Quand l’Assemblée s’en ira vers le ciel, ses ennemis ne la verront pas non plus ; ce sera une affaire entre le Seigneur et nous. Mais ici les témoins fidèles vont au ciel, et toute la terre les verra. Ce sera une frayeur indescriptible, suivie presque aussitôt, lors du troisième malheur (la septième trompette), du jugement définitif : « Et j’ouïs une grande voix venant du ciel, disant : Montez ici. Et ils montèrent au ciel dans la nuée, et leurs ennemis les contemplèrent. Et à cette heure-là il y eut un grand tremblement de terre et la dixième partie de la ville tomba, et sept mille noms d’homme furent tués dans le tremblement de terre ; et les autres furent épouvantés et donnèrent gloire au Dieu du ciel » (v. 12,13).
Lors de cette ascension, la ville, Jérusalem, sera troublée par un grand tremblement de terre (v. 13). Un grand tremblement a eu lieu lors de l’ouverture du sixième sceau au chapitre 6, puis ici lors de la sixième trompette, et plus tard pour la troisième fois lors de la septième coupe au chapitre 16. Ce grand tremblement de terre témoignera de la puissance de Dieu. Une grande partie de la ville s’effondrera : « sept mille noms d’hommes furent tués dans le tremblement de terre », tous connus personnellement par leurs noms, tous désignés par Dieu pour cela, connus comme ennemis de Dieu. Sept mille n’est pas nécessairement un nombre littéral, c’est plutôt un nombre complet fixé par Dieu, les ennemis les plus redoutables étant tués de cette manière. Ceux qui restent donnent gloire au Dieu du ciel ; ils reconnaissent la main de Dieu en ces choses. Cela ne veut pas dire qu’ils reconnaissent les droits du Seigneur Jésus, et sans cela la gloire donnée au Dieu du ciel n’a pas de valeur devant lui. Il y a des millions d’hommes dans ce monde qui seront perdus pour l’éternité tout en ayant donné gloire à Dieu, parce qu’il est impossible d’honorer Dieu de façon vraie et sincère sans reconnaître son Fils. Beaucoup de religions reconnaissent l’existence de Dieu, mais le seul chemin qui conduise à lui est le Seigneur Jésus. Honorer Dieu sans reconnaître son Fils est sans valeur. C’est là ce qu’il y a de terrifiant pour ces hommes. Il en est peut-être ainsi de vous qui n’avez pas reconnu Jésus comme votre Seigneur et Sauveur.
« Le deuxième malheur est passé » (v. 14) ; c’est dire aussi que la parenthèse est fermée et que nous arrivons à la septième et dernière trompette des jugements. « Le troisième malheur vient promptement ».
Rappelons que les sept trompettes sont divisées en quatre et trois. Nous avons trouvé les quatre premières au chapitre 8. Les trois dernières sont appelées le premier, le deuxième et le troisième malheur à cause de leur caractère plus terrible que celui des précédentes. Le premier malheur provient du puits de l’abîme (9:2) ; le deuxième malheur vient de l’Euphrate (9:13-21) ; le troisième malheur vient du ciel, du Seigneur Jésus lui-même.
« Et le septième ange sonna de la trompette : et il y eut dans le ciel de grandes voix, disant : Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu, et il régnera aux siècles des siècles » (v. 15). C’est la dernière trompette. Il y a de grandes voix dans le ciel ; on peut admettre que ce sont des voix d’anges, qui exultent comme au chapitre 5, lorsque le livre fut placé dans les mains de l’Agneau. Ils exultent de nouveau parce que les jugements sont presque terminés. Nous disons « presque » parce que, lors de cette septième trompette, le règne n’est pas encore établi ; il n’est qu’annoncé. Nous trouverons dans les chapitres 15 et 16 sept autres jugements, mais de très courte durée, ce qui est indiqué par des coupes qui sont versées. Ils constituent la préparation à la venue imminente du Seigneur, venue directement liée à la septième coupe. Nous avons vu (1:19) que ce livre se partage en trois parties : le chapitre premier, les chapitres 2 et 3, et les chapitres 4 à 22. Cette dernière partie se subdivise à son tour. Du chapitre 4 au chapitre 11, nous avons vu les sept sceaux et les sept trompettes. La septième trompette nous amène jusqu’au millénium. Au verset 19 du chapitre 11 — qui fait partie en fait du chapitre 12 — commence une nouvelle partie de ce livre, où sont décrites des scènes se situant dans la période antérieure pour en éclairer différents détails. Et c’est aussi dans cette partie que nous trouvons les sept coupes, constituant le jugement de la septième trompette et allant jusqu’à la venue du Seigneur.
Nous sommes alors ici tout à la fin de l’heure de l’épreuve ; c’est pour cela que les grandes voix peuvent annoncer la venue du règne universel de notre Seigneur et de son Christ. Ce règne, qui s’étendra sur le monde tout entier, sera celui de notre Seigneur, l’Éternel de l’Ancien Testament, et de son Christ, le Messie. On l’appelle souvent le royaume de Dieu, mais Dieu remettra le gouvernement entre les mains d’un homme. Le Psaume 8 proclame que Dieu a mis toutes choses sous les pieds du Fils de l’homme (v.4 et 6). Comme Jean le fait souvent, il réunit les personnes divines en disant : « Il régnera aux siècles des siècles ». L’homme Christ, le Messie, le Fils de l’homme, est le Dieu tout-puissant. C’est une seule personne : Dieu qui règne, en la personne du Fils de l’homme, sur toutes choses. Ce que nous dit Jean est parfois difficile à saisir, mais c’est toujours d’une grande beauté. Il montre la nécessité de faire la différence entre Dieu et l’homme Christ Jésus, constatant en même temps que cet homme est Dieu lui-même, et qu’il règne non seulement durant mille ans, mais aux siècles des siècles, dans toute l’éternité. Il est dit de même des croyants à la fin du chapitre 22:5 : « ils régneront aux siècles des siècles
Nous avons fait remarquer que c’est non seulement le commencement du règne millénaire mais le règne éternel du Seigneur Jésus qui est annoncé ici de façon merveilleuse. Voici à nouveau les vingt-quatre anciens que nous avons déjà vus à deux reprises. Chaque fois ils nous sont venus en aide en nous expliquant par le discernement que Dieu leur a donné, ce qui est en train d’arriver. Ces anciens personnifient l’Assemblée de Dieu associée aux croyants de l’Ancien Testament. Ils comprennent par l’Esprit ce qui va arriver. Trois fois nous les trouvons tombant sur leurs faces et rendant hommage, et ils mentionnent chaque fois les motifs de leur adoration. Nous les voyons dans les chapitres 4 (v. 11) et 5 (v.9,14), et maintenant au chapitre 11 les anciens qui « sont assis devant Dieu sur leurs trônes, tombèrent sur leurs faces et rendirent hommage à Dieu disant : Nous te rendons grâces, Seigneur, Dieu, Tout-puissant » (v. 16-17). C’est Dieu, l’Éternel de l’Ancien Testament, Elohim Shaddaï (voir Genèse 17:1 et la note), « celui qui est » (son existence éternelle), « et qui était » (ses relations avec les saints de l’Ancien Testament, sur la terre). Au chapitre 1, il est ajouté : « et celui qui vient ». C’est une mention inutile à présent ; le Seigneur est vu ici comme celui qui est déjà venu ; il a déployé sa grande puissance et est entré dans son règne.
« Et les nations se sont irritées les anciens le déclarent avec discernement ; « et la colère est venue » (v. 18). Rappelons qu’au chapitre 6:17 les peuples pensaient que la colère de Dieu était déjà venue, avant la grande tribulation ; mais les anciens ont le discernement des choses qui arrivent : la colère de Dieu et la colère de l’Agneau ne viennent qu’avec la venue du Seigneur Jésus. La colère de Dieu jugera les nations et les peuples, soit par le combat, en détruisant les armées, soit par le jugement (Matthieu 25:31-46). « Et le temps des morts, pour être jugés ». Par le chapitre 20:11-15, nous savons que cela n’aura lieu qu’après le millénium. Le gouvernement du Seigneur nous est montré ici dans tout son ensemble : ce qui aura lieu au début du règne, à savoir le jugement des vivants, et ce qui aura lieu à la fin du règne, le jugement des morts. Mais il est aussi parlé du règne lui-même. … « Et pour donner la récompense à tes esclaves les prophètes ». La récompense est en relation avec le royaume dans le gouvernement avec le Seigneur Jésus, il y aura des récompenses différentes, selon notre fidélité ; non pas selon nos dons — cela ne serait pas juste — mais en rapport avec notre responsabilité. C’est selon nos récompenses que nous régnerons avec lui, certains sur cinq villes, d’autres sur dix villes. D’après la parabole de Luc 19, la récompense est pour ses esclaves qui auront été fidèles dans tous les siècles. De même, ses « saints » séparés d’un monde souillé, ceux qui n’auront pas renié son nom, seront tous récompensés. Il est fait mention de « petits et grands », ce qui est bien en rapport avec la responsabilité ; c’est aussi ce qui sera dit des morts au chapitre 20:12.
Tout cela a été également écrit pour notre instruction. Cette révélation de Dieu a une signification toute pratique pour nous qui ferons partie de ces anciens : nous n’avons pas à attendre d’être au ciel pour témoigner de ces choses ; nous pouvons le faire dès à présent. Nous vivons dans un pauvre monde perdu, et ce livre nous montre ce qui doit arriver bientôt. Ne devrions-nous pas, dans les jours qui restent — et ils sont peu nombreux — être des témoins fidèles et ne laisser échapper aucune occasion de proclamer la vérité. C’est la grande leçon que nous avons à tirer des derniers jours dans lesquels nous vivons. Tout nous montre qu’il reste très peu de temps jusqu’au royaume. Que la repentance soit prêchée et que beaucoup de pécheurs acceptent le Seigneur Jésus pour leur Sauveur ! C’est la grande responsabilité qui nous incombe encore dans ces derniers jours : vivre entièrement pour lui, nous le répétons à tous nos lecteurs, pour nous stimuler à employer notre temps et notre force pour le Seigneur.
Comme nous l’avons vu, le septième ange est mentionné seulement pour annoncer le jugement ; ce septième jugement sera détaillé et expliqué dans les chapitres 15 et 16 par les sept coupes qui sont encore à venir. Le dernier verset du chapitre 11 appartient, de fait, au chapitre 12, où commence un nouvel « appendice ». Entre les sceaux, les trompettes et les coupes, on trouve des interruptions intercalées de manière systématique : chaque fois après le sixième jugement (sceau, trompette ou coupe) — nous avons appelé cette interruption : parenthèse et toujours après le septième jugement ce qu’on pourrait appeler un appendice (voir le plan au début de cette étude). Ces interruptions sont quelquefois très courtes, ne comportant que quelques versets, mais elles peuvent aussi être quelquefois très longues. Nous avons ici la plus longue de toutes ces interruptions ; il s’agit d’un appendice qui va du chapitre 11:19 au chapitre 15:4. À partir du chapitre 15:5, il nous est parlé des sept coupes. Ces parenthèses et appendices sont nécessaires pour que l’Esprit Saint éclaire certains faits déjà annoncés et nous permette d’en comprendre le détail.
Cet appendice nous fait connaître l’origine des maux qui ont déjà été mentionnés à plusieurs reprises dans les chapitres précédents. En particulier, nous allons voir trois bêtes affreuses : dans les chapitres 12 et 13 nous sont présentés : 1° le dragon, Satan, 2° la première bête, celle qui monte de la mer, qui est le chef de l’empire romain reconstitué, 3° la deuxième bête, celle qui monte de la terre, à savoir l’Antichrist, roi sur Israël et conducteur religieux du monde. Il y aura donc sur la terre une contrefaçon de la trinité divine, une imitation monstrueuse est présentée ici, dans ces trois méchants instruments qui se dressent contre Dieu.
Mais avant de nous montrer les méchants instruments qui sont sur la terre, Dieu nous ouvre à nouveau le ciel (v. 19). Il n’y a pas littéralement de temple de Dieu au ciel, ce dont nous avons la confirmation au chapitre 21:22, et il n’y a pas davantage d’arche de son alliance ; ce ne sont, bien sûr, que des représentations symboliques. Le temple de Dieu était l’habitation de Dieu au milieu du peuple d’Israël et l’arche de son alliance nous rappelle la fidélité de cette alliance de Dieu vis-à-vis de son peuple. Cette arche n’existe plus et, d’après Jérémie 3:16, n’existera pas non plus dans le millénium ; Israël n’en aura plus besoin. Mais en figure, nous voyons encore une fois cette arche, comme un rappel que Dieu ne renie jamais ses promesses à son peuple, et il est bon pour nous d’en voir le témoignage au ciel avant de trouver ces méchants instruments sur la terre, En constatant la fidélité de Dieu, nous devons aussi constater beaucoup d’injustice en Israël et nous convaincre que des jugements devront vraiment avoir lieu sur la terre. Il est nécessaire qu’il y ait des éclairs et des voix de tonnerres et un tremblement de terre comme au chapitre 8, il est même ajouté « une grosse grêle », autrement dit un jugement direct et rapide qui doit avoir lieu sur la terre, juste avant la venue du Seigneur, pour que soit ôté tout ce qui n’est pas en accord avec sa sainteté.
« Et un grand signe apparut dans le ciel » (v. 1). Au verset 3, nous retrouvons ces termes, et également au chapitre 15:1 : « un autre signe ». Par trois fois il nous est donné « un signe c’est-à-dire une image par laquelle Dieu nous instruit. Le signe que Jean voit d’abord au ciel est « une femme revêtue du soleil ». Nous verrons que cette femme personnifie Israël, bien qu’Israël ne soit pas au ciel. Il n’est pas question ici de l’histoire d’Israël, mais d’un signe en rapport avec Israël. Nous y admirons quelque chose des conseils de Dieu, de sa fidélité vis-à-vis de son peuple ; c’est pour cela que nous voyons ces choses au ciel. Du côté de Dieu, tout ce qui concerne son peuple est sans repentir (Romains 11:29). Cette femme enfante le Messie, ce qui nous montre qu’elle représente Israël. Dieu’autres commentateurs de l’Apocalypse ont pensé que ce serait l’Assemblée, mais c’est impossible ; celle-ci n’est pas la mère du Messie, mais son Épouse, plus exactement l’Épouse de l’Agneau. D’autre part l’Assemblée n’existait pas encore lors de la naissance du Seigneur Jésus ; elle prit naissance le jour de la Pentecôte. Non, c’est bien Israël qui dit : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » (Ésaïe 9:6). Cette femme nous est montrée, conforme aux conseils de Dieu, « revêtue du soleil », c’est-à-dire avec l’autorité et la puissance suprêmes sur la terre. « La lune sous ses pieds » nous parle d’autorité dépendante ou d’autorité par délégation. Toutes les autorités terrestres seront, pendant le règne millénaire, soumises à Israël ; Israël dominera sur la terre. « Sur sa tête une couronne de douze étoiles », couronne royale de toute évidence. On peut penser ici à Matthieu 19:28, c’est-à-dire à l’administration des douze tribus par les douze apôtres.
La femme est donc vue d’emblée, d’après les conseils de Dieu, et elle sera vue de la même manière pendant le millénium. Mais tout d’abord, nous sommes ramenés au passé : « Et étant enceinte, elle crie étant en mal d’enfant et en grand tourment pour enfanter » (v.2). C’est quelque peu difficile à comprendre, car nous ne voyons pas Israël en mal d’enfant à la naissance du Seigneur Jésus, sinon dans le massacre des enfants de Bethléem ; Israël ne s’est guère aperçu de la naissance de Jésus. Mais Ésaïe dit (66:7-8) : « Avant qu’elle ait été en travail, elle a enfanté ; avant que les douleurs lui soit venues, elle a donné le jour à un enfant mâle. Qui a entendu une chose pareille ? » C’est bien l’inverse de la normale qui se produit pour Israël : elle a enfanté avant les douleurs. Elle a donné naissance à un fils mâle il y a près de deux mille ans, alors que le mal d’enfant encore à venir est en rapport avec la grande tribulation, la détresse de Jacob (Jérémie 30:7). En Michée 5, le verset 2 annonce la naissance du Messie intervenue il y a près de deux mille ans ; le verset 3 traite de l’avenir : « celle qui enfante » donnera le jour à celui qui doit dominer en Israël. C’est un processus bien étrange, d’abord donner naissance, ensuite le mal d’enfant. Il faut penser qu’Israël n’a pas encore accepté le Seigneur Jésus ; pour eux le Messie est toujours attendu. Dans les prophéties, il est beau de voir que, quand Jésus reviendra, « il germera de son propre lieu » (Zacharie 6:12). Il viendra de Sion (Romains 11:26). La difficulté de ce chapitre 12 vient de ce que le passé, vieux d’environ deux mille ans, est directement lié à l’avenir, à la tribulation d’Israël avant la venue du Seigneur. Cela ne s’explique que par la parenthèse de l’Église dont il n’est pas tenu compte ici. Dans les prophéties de l’Ancien Testament, la période de l’histoire de la chrétienté n’est jamais prise en considération. Si nous faisons abstraction de cette période, nous voyons la liaison entre la première présence du Seigneur Jésus sur la terre, et les temps à venir de la tribulation d’Israël, après l’enlèvement de l’Église.
Avant que soit développé ce sujet, un « autre signe » apparaît « dans le ciel : un grand dragon roux » (v.3), identifié au verset 9 comme « le serpent ancien, celui qui est appelé diable et Satan ». Deux célèbres despotes : le pharaon en Ézéchiel 29:3 et Nébucadnetsar en Jérémie 51:34 sont appelés respectivement grand monstre des eaux et dragon à cause de leur puissance absolue. Le dragon est roux, ce qui nous rappelle le sang de toutes ses victimes. Il est vu dans le ciel, comme le premier signe (la femme enceinte), dans un caractère particulier : avec « sept têtes et dix cornes ». L’Apocalypse a ceci de particulier qu’il faut connaître le livre tout entier pour pouvoir le comprendre. Ici, par exemple, il faut nous reporter aux chapitres 13:1 et 17:3 où la même expression revient : « sept têtes et dix cornes elle nous permet de reconnaître l’empire romain derrière lequel se cache Satan. Avec de tels empires, nous n’avons pas seulement affaire à des hommes méchants qui s’approprient la puissance, mais aussi à des puissances démoniaques, à Satan lui-même. Par le moyen de cet empire romain, il a essayé de supprimer cet enfant mâle. Les sept têtes sont le symbole d’une intelligence extraordinaire. Sur ces têtes sont posés les diadèmes que nous trouverons plus tard sur les dix cornes de cet empire romain (désignant dix rois au chapitre 17:12). Il s’agit bien de l’empire romain restauré vu dans son caractère satanique ; il débute lorsque les dix rois s’accordent pour remettre leur puissance entre les mains de la première bête, le dominateur puissant et unique.
Pour l’instant, nous avons un signe dans le ciel qui nous permet de voir comment ce royaume se présentera en réalité. Par l’intermédiaire de cet empire, Satan exercera une puissance royale, qui sera aussi une puissance religieuse par la collaboration de la deuxième bête, l’Antichrist, appelé aussi dans ce livre le faux prophète. « Sa queue entraîne le tiers des étoiles du ciel » (v.4). Ésaïe 9:15 nous dit : « le prophète qui enseigne le mensonge, lui est la queue ». Au chapitre 9:10, nous apprenons que le pouvoir des sauterelles « était dans leurs queues » ; autrement dit le poison qui diffuse les doctrines mensongères de ce faux prophète. Nous discernons Satan derrière les deux bêtes, conjuguant la puissance politique de l’empire romain avec la puissance religieuse exercée par l’Antichrist.
« Le tiers des étoiles du ciel » correspond au sein de l’empire romain à ceux qui ont une position en vue. On peut bien penser que sont ainsi désignés les conducteurs appelés chrétiens et ceux qui enseigneront des doctrines soi-disant chrétiennes après l’enlèvement de l’Assemblée. Ils seront finalement renversés lorsque l’Antichrist établira sa propre religion ; c’est ce que nous verrons au chapitre 13. « Et la queue les jeta sur la terre. Et le dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin que, lorsqu’elle aurait enfanté, il dévorât son enfant » (v.4). Le passé est si étroitement lié à l’avenir qu’il est difficile de discerner à quelle période les événements se rapportent. Par Hérode et par Pilate, Satan a essayé de dévorer l’enfant il y a quelque deux mille ans, et il semblerait presque qu’il avait réussi à dévorer le Messie. Mais « son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône » (v.5). Tout d’abord nous avons la description de ce fils mâle ; cela semblerait inutile, mais il faut qu’il puisse être reconnu comme le Fils de l’homme qui régnera sur tout et qui « doit paître toutes les nations avec une verge de fer ». Le chapitre 19 nous apprend qu’il s’agit du Roi des rois et Seigneur des seigneurs (v.16).
Après sa naissance, il est fait abstraction du temps de son ministère ; immédiatement, il est question de son ascension. Il fut enlevé vers Dieu et vers son trône. C’est d’une importance primordiale : non seulement vers Dieu mais aussi vers son trône, siège de la puissance et du gouvernement d’où sortira l’ordre et la paix sur la terre. Sur ce trône se trouve le Seigneur (3:21) et de ce trône il reviendra bientôt. C’est là le fait important : le Seigneur Jésus, né ici sur la terre, a été ensuite enlevé vers le trône de Dieu. D’autre part, de Satan, nous lisons qu’étant dans le ciel, il fut précipité sur la terre (v. 7-9). Tout se précise, toutes les pièces sont maintenant en place sur l’échiquier de Dieu. Par ces signes nous voyons Christ sur le trône de Dieu. C’est de là que partent les jugements et c’est de là qu’il reviendra, tandis que Satan, précipité du ciel sur la terre, va accomplir son mauvais travail.
Au verset 6, « la femme s’enfuit dans le désert, où elle a un lieu préparé par Dieu, afin qu’on la nourrisse là mille deux cent soixante jours ». Ce nombre correspond à quarante-deux mois (11:2 ; 13:5), ou à « un temps, des temps et la moitié d’un temps » (v. 14), expression de Daniel (7:25 ; 12 7) qui veut dire trois ans et demi, autrement dit la dernière moitié de la soixante-dixième semaine d’années de Daniel (9:24-27). Certains commentateurs estiment que l’enlèvement de l’Assemblée est compris dans l’enlèvement du Messie dans le verset 5. En 1 Thessaloniciens 4, 17 nous avons dans l’original grec la même expression enlevé (ou ravi) ; l’enlèvement de l’Assemblée est en effet de la même nature que celui de Jésus. Nous sommes liés au Seigneur qui est sur son trône. Au chapitre 4, les vingt-quatre anciens sont vus avec lui autour du trône, S’il est dit qu’il paîtra les nations avec une verge de fer, ce n’est qu’une confirmation du chapitre 2:27, où la même chose est dite des croyants. L’Assemblée n’apparaît qu’obscurément, mais elle est étroitement liée avec le fils mâle, figure qui comprend le Fils de l’homme et l’Assemblée. Nous sommes un avec lui, lui la tête, nous le corps, ensemble le Christ (1 Corinthiens 12:12).
Au verset 6, la femme est gardée au désert ; cela nous est répété au verset 14. L’Esprit Saint nous apprend dans les versets 7-13 pourquoi cette femme doit être gardée et nourrie au désert. C’est parce que Satan est jeté du ciel sur la terre. « Michel et ses anges combattaient contre le dragon ». Michel se trouve mentionné plusieurs fois dans l’Écriture : Daniel 10:13,21 et 12:1, Jude v.9 et ici. En 1 Thessaloniciens 4:16, il est question de voix d’archange. Michel l’archange est toujours en liaison avec le bien d’Israël. Le rôle de Satan touche ici à sa fin et il ne pourra plus être l’accusateur des frères. « Le dragon combattait, et ses anges ; et il ne fut pas le plus fort, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel » (v.8). Au verset 9 nous voyons clairement qui il est : le grand dragon, le serpent ancien (il était déjà présent en Genèse 3, en Eden), le serpent intelligent et rusé qui est appelé diable et Satan (diable c’est « celui qui contredit » ou « accusateur », Satan, « celui qui résiste » ou « adversaire »).
« Il fut précipité sur la terre » (v.9) ; et il n’y avait plus de place pour lui au ciel. À cause de son péché, il était tombé de sa position élevée (cf. Ézéchiel 28:14-16), mais il avait toujours sa place au ciel (Job 1 et 2). Par Éphésiens 6:12, nous savons que c’est dans les lieux célestes qu’a lieu notre combat contre Satan et ses anges. Mais à partir de notre passage du chapitre 12, il n’est plus trouvé dans le ciel ; c’est la deuxième étape de son jugement. Le Seigneur l’annonçait en Luc 10:18 : « Je voyais Satan tombant du ciel comme un éclair ». La troisième étape est décrite au chapitre 20:3 : le diable sera lié dans l’abîme pour mille ans. Enfin aura lieu la quatrième étape : après les mille ans, il sera jeté dans l’étang de feu et de soufre (20:10). Que Satan soit précipité du ciel cela signifie deux choses : l’une favorable pour le ciel, l’autre terrible pour la terre. Au ciel Satan ne pourra plus accuser les saints. Jean entendit une grande voix dans le ciel qui désignait Satan comme « l’accusateur de nos frères ». Ce sont donc des croyants qui parlent : ceux qui depuis longtemps sont glorifiés, les vingt-quatre anciens des chapitres 4 et 5. Ils déclarent que, dans ces tribulations, il y a des croyants qui rendent témoignage et qui subissent la mort. Or ces témoins avaient été accusés par Satan, comme jadis il avait accusé Job et aussi le grand sacrificateur Joshua (Zacharie 3:1).
Tout ceci est du passé pour l’adversaire. « L’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit » est précipité sur la terre, « et eux l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau » (v. 10) ; non pas par leurs propres forces, car l’Ennemi peut toujours trouver en nous quelque chose à critiquer. « ...Et à cause de la parole de leur témoignage ; et ils n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort » (v. 11). Ils ont donné leur vie pour leur témoignage. Le chapitre 6:9 nous a montré ces martyrs après l’enlèvement de l’Assemblée et avant la grande tribulation.
Satan ayant été précipité sur la terre au début de la deuxième moitié de la soixante-dixième semaine d’années ou des quarante-deux mois, c’est aussi le moment où le résidu d’Israël, personnifié par la femme, doit être gardé et nourri par Dieu, l’ennemi se dressant particulièrement contre Israël. Daniel 9:27 nous apprend que l’empire romain fera alliance avec Israël durant sept années. Au début il semble que tout va bien — l’adoration continue à Jérusalem — mais au milieu de cette semaine le caractère de l’alliance change subitement, Le chef de l’empire romain et l’Antichrist montrent leur vrai visage et nous en trouvons l’explication ici-même : Satan est jeté sur la terre. Dans une grande furie, telle que la terre n’en a jamais connue de semblable, il se dressera contre les saints juifs et Gentils pour les faire mourir par le moyen de ses instruments, à savoir le chef de l’empire romain reconstitué et l’Antichrist dont nous parlerons au chapitre 13. Les cieux exultent et se réjouissent, mais « malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps » (v. 12). Il connaît les Écritures et sait qu’il n’a que quarante-deux mois et que pendant cette période il faut qu’il essaie de détourner le plus grand nombre possible de saints. Le Seigneur Jésus déclare en Matthieu 24:22 que « si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée ». La fureur de Satan se déchaîne spécialement contre Israël, objet des conseils de Dieu.
« Le dragon...persécuta la femme qui avait enfanté le fils mâle. Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme (v. 13,14). Les ailes suggèrent le fait de s’éloigner rapidement, mais aussi la protection, comme les ailes de Dieu étaient en protection sur son peuple. Les fidèles du peuple d’Israël seront dotés d’ailes pour se mettre à l’abri dans le désert. Le Seigneur Jésus avertit en Matthieu 24:15,16 : « Quand vous verrez l’abomination de la désolation...fuyez dans les montagnes ». L’abomination de la désolation est l’idole, l’image de la bête, chef de l’empire romain dont il sera question au chapitre 13. Elle sera établie dans le temple exactement au milieu de cette semaine d’années. Le culte à Dieu, rendu par ses saints, sera immédiatement remplacé par la vénération de cette idole établie par l’Antichrist. Ce sera un signe de l’activité de Satan par ses deux instruments et c’est le signal qu’indique le Seigneur Jésus pour que les saints prennent la fuite à cause de la grande colère de l’ennemi. En Osée 2:14 Dieu annonce : « Je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur ». Et en Ésaïe 16:1-4 il est dit qu’ils seront trouvés dans le désert de Moab, donc de l’autre côté du Jourdain ; là sera le lieu où Dieu gardera son peuple dans le désert. Le Psaume 60:8 et le Psaume 108:9 prophétisent que : « Moab est le bassin où je me lave » (littéralement : mon bassin de lavage). Le désert sera ce bassin où Dieu lavera, nettoiera, purifiera, sanctifiera le résidu de son peuple. De même, nous aussi, nous nous trouvons dans le désert pour être mis à part de ce monde afin d’être sanctifiés par lui et d’être protégés par lui de la colère de l’adversaire. C’est ce que nous trouvons aussi pour Israël, L’adversaire tentera de détruire Israël, le serpent lance de sa bouche de l’eau comme un fleuve (v. 15) ; il utilisera peut-être des personnes qui seront comparées à un fleuve. Ce pourra être par exemple une peuplade poussée par lui et se dirigeant dans une direction ; toutefois il n’est pas possible d’interpréter de façon précise comment cela arrivera. Il est dit que la terre absorbera ce fleuve pour l’empêcher de détruire le résidu (v. 16). La terre nous parle de stabilité et « elle vint en aide à la femme, et la terre — peut-être Moab lui-même — ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa bouche ».
« Et le dragon fut irrité contre la femme, et s’en alla faire la guerre contre le résidu de la semence de la femme, ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus » (v. 17). Comment comprendre ce passage ? Satan ne peut atteindre la femme qui est en sécurité de la part de Dieu, en dehors des limites du pays, dans le désert. Qui est le résidu de la semence de la femme ? En Matthieu 24:16, il n’est pas question de fuir Jérusalem mais uniquement de fuir la Judée, tandis qu’à Jérusalem il restera un résidu que nous trouvons en Sophonie 3:12 : « Je laisserai au milieu de toi un peuple affligé et abaissé » (comp. aussi Ésaïe 29:5). Ne pouvant plus atteindre les autres, Satan s’en prendra à ce résidu. Ces passages se rapportent bien à celui qui nous occupe, puisque le chapitre 11 nous parle en figure de ce résidu représenté par les deux témoins qui ont été mis à mort à Jérusalem,
À présent, les instruments humains utilisés par Satan nous sont décrits. L’une des bêtes monte de la mer, image des foules en furie et en pleine révolution (cf. 17:15) ; elle provient des troubles qui séviront après l’enlèvement de l’Église. C’est de ces troubles que sera suscité le dictateur romain, peut-être sous le sixième sceau du chapitre 6. De toute manière l’empire existera pendant la soixante-dixième « semaine » de Daniel (voir 9:27), et le dictateur de cet empire exercera son pouvoir satanique surtout dans la deuxième moitié des sept années. Le prophète se tient sur le sable de la mer (12:18) et il voit monter cette bête. Nous savons par la description même qui en est donnée, qu’elle représente l’empire romain reconstitué. Elle a dix cornes et sept têtes qui nous sont montrées au chapitre 17, particulièrement au verset 9 et au verset 12. Nous le verrons en détails avec ce chapitre, mais déjà maintenant, nous donnons rapidement quelques points. Les sept têtes sont sept montagnes (17:9), celles sur lesquelles Rome est bâtie, et les dix cornes sont dix rois : c’est l’empire romain dans sa dernière forme, qui débute par l’association de dix rois (17:12,13). « Sur ses cornes dix diadèmes — signes de l’autorité royale — et sur ses têtes des noms de blasphèmes » (v. 1) : une autorité qui se dresse contre Dieu.
« Et la bête que je vis était semblable à un léopard, et ses pieds comme ceux d’un ours, et sa bouche comme la bouche d’un lion » (v.2). C’est la vision de Daniel 7, cela ne fait pas de doute. Nous avons dans ce livre prophétique deux descriptions des quatre empires des nations : en Daniel 2, la grande statue de Nébucadnetsar, et en Daniel 7, les quatre grandes bêtes. Nous n’avons ici qu’une seule bête, mais elle porte tous les caractères de méchanceté des bêtes qui l’ont précédée. Elles sont nommées dans l’ordre inverse, car l’apôtre les voit en revenant en arrière dans le passé, Dans l’ordre historique, le lion : l’empire babylonien, l’ours : l’empire des Mèdes et des Perses, le léopard : l’empire gréco-macédonien et enfin : une bête « effrayante et terrible » (Daniel 7:7), ne ressemblant à aucun animal connu, ayant dix cornes ; elle apparaît ici comme étant l’empire romain et possédant tous les caractères de méchanceté, y compris ceux des trois empires précédents, représentés par le lion, l’ours et le léopard. On peut se demander comment c’est possible puisque tous les quatre appartiennent au passé. Le premier empire romain a pris fin en 476 de notre ère, Rome ayant été prise et détruite par les hordes germaniques. Le Saint Esprit nous montre par-là que tout cela était prévu, et que l’empire romain devait disparaître puis ressusciter peu avant l’avènement du Seigneur, le dragon lui donnant « sa puissance, et son trône et un grand pouvoir » (v.2). Satan se trouve donc derrière la scène et donne le pouvoir à l’empire et à son chef. Du reste, ce n’est pas seulement une bête sortant de la mer et, de ce fait, suscitée par la confusion des peuples, mais le chapitre 17 nous enseigne que cette bête monte de l’abîme (v.8), ce qui trahit l’origine diabolique de cet empire, recevant son pouvoir du dragon lui-même.
« Et je vis l’une de ses têtes comme frappée à mort » (v.3). Les têtes sont sept montagnes et dans le chapitre 17 (v. 10) nous apprenons aussi que ce sont sept rois, se succédant. Il est donc généralement admis que ce sont les sept gouvernements successifs de cet empire romain. Une tête est frappée à mort. L’an 476 de notre ère marqua la chute de Rome, et cela sous sa forme impériale. Cette tête a été frappée d’une blessure mortelle, et personne ne s’attendait à voir cet empire se reconstituer dans sa forme romaine. D’autres l’ont essayé par la force : Charlemagne, Charles Quint, Napoléon, Hitler... Mais le vieil empire romain ne se reconstituera pas dans sa forme primitive, mais dans une alliance de dix États ; et c’est cela qui pourra étonner le monde. Pourtant c’est le même empire. « Sa plaie mortelle avait été guérie ; et la terre tout entière était dans l’admiration de la bête » (v.3). D’abord apparaîtra une alliance de dix rois ou (groupes de) pays qui ensuite donnera la puissance à un seul chef. La bête, c’est à la fois l’empire et le chef de cet empire (cf. 17:11-13). « Et ils rendirent hommage au dragon, parce qu’il avait donné le pouvoir à la bête » (v.4). Les hommes se rendront bien compte que la bête a reçu son pouvoir, non seulement des dix rois mais de Satan. Dans un temps où la pensée de Dieu aura presque complètement disparu, ils rendront hommage à la bête en disant : « Qui est semblable à la bête ? » Nous verrons aussi que le dragon et les deux bêtes feront l’objet d’une adoration qui ne revient qu’à Dieu.
« Et il lui fut donné une bouche qui proférait de grandes choses et des blasphèmes » (v.5). C’est aussi Satan qui agit ici, celui qui se dresse contre Dieu et qui ose proférer des blasphèmes contre Dieu. Ce personnage développe toute son animosité contre tout ce qui vient de Dieu. Satan lui-même, être invisible, n’agit pas directement, mais c’est lui l’esprit de méchanceté qui se cache derrière ce dictateur. Il se servira de ces deux bêtes pour atteindre ses objectifs. « Et le pouvoir d’agir quarante-deux mois lui fut donné » (ce qui correspond toujours à la période de la grande tribulation). « Et elle ouvrit sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom et son habitation » (v.6), ou tabernacle (voir la note). Au chapitre 21:3 nous trouvons que c’est l’Assemblée qui est le tabernacle de Dieu ; elle se trouve dans le ciel où Satan ne peut plus l’atteindre ; il n’a plus que la possibilité de blasphémer et de calomnier « ceux qui habitent dans le ciel », c’est-à-dire ceux qui ont été enlevés au ciel à la venue du Seigneur pour chercher les siens.
« Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincra. Et il lui fut donné pouvoir sur toute tribu et peuple et langue et nation » (v. 7). Il ne peut rien contre les saints qui sont au ciel, mais il s’acharne contre ceux qui sont sur la terre : ceux d’Israël, qui sont vus dans « la femme », mais aussi ceux de toute tribu et peuple et langue et nation. En dehors de ces saints, tous ceux qui habitent sur la terre s’adonneront à l’adoration de la bête, Nous connaissons bien cette expression : « ceux qui habitent sur la terre » ; ce ne sont pas ceux qui ont seulement leur domicile ici, comme nous par exemple, mais ceux qui se sentent bien chez eux sur la terre, qui appartiennent à la terre et qui y ont leurs intérêts exclusifs. Leur « nom n’a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau immolé » (v.8). Nos noms sont écrits dans ce livre, nous le disons en passant, mais non dès la fondation du monde ; nous savons par Éphésiens 1.4 qu’ils le sont avant la fondation du monde. Par contrer lorsqu’il s’agit d’Israël ou des nations, il n’en est jamais question avant la fondation du monde. Le royaume et Israël sont en rapport avec la terre et le temps. L’Assemblée a une vocation céleste et éternelle. En Matthieu 25:34, où les brebis sont invitées à entrer dans le royaume, tout comme en Matthieu 13:35 pour ce qui concerne le royaume, il est dit dès la fondation du monde, parce qu’il s’agit bien des saints de la terre, n’appartenant pas à l’Assemblée. Il y a un avertissement bien particulier pour ces saints : « Si quelqu’un a des oreilles, qu’il écoute ! Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité » (v.9,10). Ces martyrs ne doivent pas s’élever contre leurs persécuteurs ; il leur faut souffrir sans résister. Mais il leur est accordé la consolation de savoir que ceux qui les conduisent en captivité devront, à leur tour, aller en captivité. Le Fils de l’homme, quand il viendra, apportera le jugement à ceux qui les auront persécutés ; si quelqu’un tue par l’épée (c’est là le persécuteur), il faut qu’il soit lui-même tué par l’épée (Matthieu 26:52 ; voir aussi Apocalypse 19:21). Il est question ici de persévérance et non de résistance ; c’est la foi des saints qui sont persuadés que tout finira bien pour eux et que leurs persécuteurs seront eux-mêmes persécutés.
La deuxième bête ne vient pas de la mer, mais monte de la terre (v. 11), elle a donc une origine stable. Nous verrons que c’est le dominateur d’Israël et d’une partie de la terre qui a toujours eu des relations avec Dieu. D’autre part, tandis que le chef de l’empire romain est un Gentil, cette deuxième bête est juive.
C’est le faux roi sur Israël, le faux Messie. La première bête a une plus grande puissance et est appelée la bête. La deuxième bête n’a qu’une puissance politique limitée ; c’est le chef de la Palestine. Mais en matière de religion, elle sera appelée le faux prophète (16:13 ; 19:20 ; 20:10) et elle aura une influence importante. Elle sera en relation directe avec la première bête. C’est l’Antichrist qui, étant Juif, nie le Messie mais qui aussi, comme le chrétien renégat, nie le Père et le Fils (1 Jean 2:22 ; 4:3 ; 2 Jean 7). Il sera à la fois le chef du judaïsme et celui de la chrétienté apostate, et il les conduira dans une religion nouvelle, qui est l’idolâtrie de la première bête, les incitant à adorer celle-ci pour éliminer l’adoration divine.
Comment savons-nous que ce personnage est bien l’Antichrist? Dans 1 Jean 2 nous avons vu que celui-ci est un chef religieux et qu’il est, en fait, le faux Messie. Jean 5:43 nous dit : « si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez ». Le verset 11 de notre chapitre nous le présente contrefaisant le Messie ; cette bête a « deux cornes semblables à un agneau ; et elle parlait comme un dragon ». Ainsi donc, on pourra croire en le voyant que c’est l’Agneau, mais ses paroles seront celles de Satan. Il fera semblant d’être le Messie, c’est donc bien l’Antichrist, le faux Messie. Par les écrits de Jean, nous savons qu’il sera le chef religieux du judaïsme et de la chrétienté. Par l’Ancien Testament, nous apprenons qu’il prendra le titre de roi d’Israël. Ésaïe 30:33; 57:9 et Daniel 11:36 nous le présentent sous cette désignation mystérieuse : « le roi ». Il s’agit du roi faux et méchant des derniers jours qui régnera alors sur Israël. La liaison entre les citations de Jean et celles de l’Ancien Testament se trouve en 2 Thessaloniciens 2:3-4, où ce personnage est vu à Jérusalem dans le temple de Dieu, comme s’il était lui-même Dieu. Il se fera adorer par les Juifs et il séduira toutes les nations pour faire adorer également la première bête et le dragon. Nous trouvons en 2 Thessaloniciens 2 d’autres caractéristiques de ce faux roi. Il y est désigné comme l’homme de péché, le fils de perdition et l’inique.
Séduisant les hommes pour qu’ils adorent la première bête, il exercera tout le pouvoir de la première bête devant lui (v. 12). Politiquement il est soumis à la première bête, mais « il fait que la terre et ceux qui habitent sur elle rendent hommage à la première bête dont la plaie mortelle avait été guérie », c’est-à-dire au chef de l’empire romain (cf. v-3). « Et elle fait de grands miracles » (v. 13) ce que nous ne voyons pas chez la première bête ; c’est véritablement le faux prophète, qui essaie de prouver par des signes qu’il est un vrai prophète. Cette deuxième bête imite même un des plus grands prophètes de l’Ancien Testament, en faisant « descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes. Et elle séduit ceux qui habitent sur la terre, à cause des miracles » (v. 14). Nous retrouvons toujours cette expression « ceux qui habitent sur la terre » : cette humanité est bien chez elle sur la terre. Elle leur impose de « faire une image à la bête qui a la plaie de l’épée et qui a repris vie » (v. 14). L’image, c’est l’abomination de la désolation de laquelle Daniel (chapitre 12:11) a parlé et que mentionne aussi le Seigneur Jésus en Matthieu 24:15. L’image n’est pas nécessairement une statue de ce chef ; c’est une manifestation visible de la puissance de la première bête, de quelque manière que cela puisse être. Ce fut exactement la même chose pour le premier empire mondial de Nébucadnetsar, qui contraignait ses sujets à se prosterner devant l’image qu’il avait érigée (Daniel 3). En raison de ses mesures, il est fort douteux que la forme de l’image de Nébucadnetsar ait été une représentation personnelle de ce roi. De même, cette image future sera plutôt une représentation d’une puissance de méchanceté. Il se peut que cette image soit multipliée partout dans l’empire romain et qu’on oblige les hommes à se courber devant cette puissance pour l’adorer.
« Et il lui fut donné de donner la respiration à l’image de la bête » (v. 15). Remarquons bien que ce n’est pas la vie. Donner la vie n’est pas au pouvoir de l’Antichrist et n’appartient qu’à Dieu seul. La respiration n’est, en quelque sorte, qu’une imitation de la vie, mais pouvant induire en erreur les hommes. Ils seront impressionnés par le pouvoir de cette bête pour faire parler l’image (on peut penser à un moyen occulte) et pour faire que tous ceux qui ne rendraient pas hommage à l’image de la bête fussent mis à mort. Elle possède donc un pouvoir religieux absolu, joint à son pouvoir politique. Le pouvoir économique lui sera aussi donné en ce qu’il est dit : « Et elle fait qu’à tous, petits et grands, et riches et pauvres, et libres et esclaves, on leur donne une marque sur leur main droite ou sur leur front ; et que personne ne peut acheter ou vendre, sinon celui qui a la marque, le nom de la bête, ou le nombre de son nom » (v. 16,17). Les progrès récents des sciences électroniques aident à imaginer quels moyens techniques permettront à la bête de contrôler par fichier permanent les populations qui lui seront assujetties, et d’exercer sur elles un pouvoir absolu.
On peut imaginer ce qu’il en coûtera, en ce temps-là, aux fidèles de ne pas se soumettre. Il n’y aura plus de tièdes, mais seulement des saints absolument convaincus. Et celui qui voudra être fidèle au Seigneur pourra le payer de sa vie. Si ces jours n’étaient pas abrégés, personne ne pourrait subsister. Ces trois ans et demi seront marqués par le pouvoir absolu, économique, politique et religieux. La deuxième bête elle-même n’aura pas de grand pouvoir, mais ce personnage sera l’exécutant de son acolyte, Il sera, en quelque sorte, un ministre en matière de religion du chef de l’empire romain. Il est difficile de se représenter cela dans tous ses détails ; cependant dans les grandes lignes l’Écriture est très claire.
Pour terminer : « Ici est la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence compte le nombre de la bête, car c’est un nombre d’homme ; et son nombre est six cent soixante-six » (v.18). Nous ne savons pas ce que veut dire ce nombre et nous n’avons pas besoin de le savoir, car le Saint Esprit parle à ceux qui auront la connaissance et la sagesse en ce temps-là ; de même, il a parlé aux saints de ce temps-là dans les versets 9 et 10. Ils auront leur Bible, qui leur parlera en consolation. L’apôtre dit que celui qui a de l’intelligence pourra discerner ce que l’image et le nombre de la bête auront à leur révéler. Nous pouvons cependant affirmer que le nombre, qui s’écrit avec trois six, est un nombre d’homme. L’homme fut créé le sixième jour ; l’image de Nébucadnetsar avait soixante coudées de haut et six coudées de large. Et ici ce trois fois six est bien un nombre d’homme, comme cela nous est déclaré, mais ce que cela représente, nous ne le savons pas. Il y a eu beaucoup d’interprétations dans la chrétienté, mais la vraie signification ne sera connue que quand la bête aura fait son apparition. Les saints de ce temps-là auront, par cela même, la confirmation que leur persécuteur est bien le chef de l’empire romain, la « bête » de la prophétie divine. Il y a dans l’Écriture des points de détails que nous ne pouvons pas expliquer, détails qui seront gardés secrets jusqu’au moment où les saints liront ces paroles et pourront, par l’Esprit, saisir ces indications pour discerner l’identité de la bête. Ce sera un temps effroyable, et combien nous sommes heureux de penser qu’à ce moment-là, nous jouirons de la présence du Seigneur dans sa gloire avant de revenir avec lui quand il établira son royaume et exercera le gouvernement.
Nous avons déjà remarqué que le chapitre 14 fait partie d’un grand appendice, le plus tong que nous ayons dans ce livre. Cet appendice débute au chapitre 11:19, et se prolonge jusqu’au chapitre 15, où nous retrouverons la suite chronologique des jugements des sept plaies, à savoir les sept coupes qui sont annoncées au chapitre 15:1. La description détaillée de celles-ci commence seulement au verset 5 de ce chapitre 15. La colère de Dieu sera consommée dans les sept coupes juste avant la venue de l’Agneau. La colère de Dieu sera suivie de la colère de l’Agneau, au moment où le Seigneur Jésus viendra personnellement sur la terre exécuter ses jugements. Ces descriptions ont été interrompues par des parenthèses et des appendices qui sont nécessaires pour éclaircir certains points, Les chapitres 12 à 15 nous donnent ainsi des précisions concernant des faits déjà considérés ou dont les descriptions suivent. Il y a donc trois signes : au chapitre 12:1, au chapitre 12:3 et au chapitre 15:1 ; des signes dans le ciel, qui sont présentés en visions. C’est au ciel, en la présence de Dieu, que ces choses sont manifestées.
Les chapitres 12 et 13 nous apprennent quelles sont les grandes figures de l’arrière-plan : Christ, au ciel, sur le trône de Dieu, et le dragon sur la terre, l’esprit malin derrière deux instruments humains, la première et la deuxième bête. Le chapitre 14 forme une sorte de parenthèse dans cet appendice ; en effet les différents événements de ce chapitre ne se produiront que bien plus tard. Sur le plan historique, le cas de Babylone (v.8) ne trouvera sa place qu’aux chapitres 17 et 18 et le jugement de ceux qui auront adoré la bête ne sera prononcé qu’au chapitre 19. Ces éléments sont cependant rassemblés au chapitre 14 en sept scènes différentes pour nous permettre de situer d’une manière précise les différents acteurs de la scène finale, et d’en discerner les grandes lignes.
● Au chapitre 14:1-5, nous voyons d’abord le résidu fidèle de Juda, les deux tribus qui se trouveront dans le pays.
● Les versets 6 et 7 nous parlent de l’évangile éternel annoncé à toute nation, tribu, langue et peuple, pour former un résidu fidèle des nations de la terre entière. Ce sont donc deux résidus, deux groupes de saints sur la terre, qui ne mourront pas, comme nous le verrons, mais entreront dans le royaume. Nous trouvons ensuite deux groupes bien différents, constitués d’hommes méchants.
● Au verset 8 est mentionnée la grande Babylone, la fausse chrétienté qui restera sur la terre, quand la vraie Église de Dieu aura été enlevée. Historiquement, ce sujet ne sera traité qu’au chapitre 17.
● Le deuxième groupe constitué d’hommes méchants est formé par les adorateurs de la bête, ceux qui se seront associés à l’effrayante idolâtrie instituée par l’Antichrist (v.9-12).
● Au verset 13, nous trouvons à nouveau des saints, mais pas des saints vivants : ce sont ceux qui sont morts comme martyrs, morts dans le Seigneur.
● Dans les deux dernières scènes, nous avons le retour du Seigneur Jésus quoique, historiquement, cet événement n’ait lieu qu’au chapitre 19. Ce retour nous est présenté ici, pour nous donner un tableau de l’ensemble, montrant que Dieu fera la distinction, après la grande tribulation, entre ceux qui lui appartiennent (d’entre Israël aussi bien que d’entre les nations) et ceux qui ne sont pas à lui et qui feront l’objet de jugements. C’est le sujet des deux dernières scènes ; le Seigneur Jésus vient pour la moisson et c’est là qu’aura lieu le tri entre le froment et l’ivraie. Dans la dernière scène, nous voyons comment la cuve sera foulée pour faire disparaître le mal de devant la face de Dieu.
Ces sept scènes ne sont pas présentées dans une suite historique ; on peut cependant remarquer que, de la deuxième à la septième scène, il y a un certain ordre chronologique.
Pour entrer un peu dans le détail des versets 1 à 5, nous n’y voyons pas, et cela pour la première fois, le Seigneur Jésus sur le trône de Dieu au ciel, mais sur la terre, lié au résidu. C’est une allusion magnifique au règne de paix durant lequel le Seigneur Jésus sera uni au résidu. L’Agneau n’est pas vu au ciel, mais se tenant sur la montagne de Sion, qui a une importante signification dans les Écritures. Entre beaucoup de citations possibles, nous n’en ferons que deux : Psaume 78:68 qui rappelle que Dieu a choisi Sion pour y placer son sanctuaire et pour y placer le siège de la royauté de David. Et Hébreux 12:22 où nous voyons la montagne de Sion proclamer d’une manière particulière la grâce de Dieu. Sinaï est la montagne de la loi, alors que Sion est la montagne de la grâce royale, de la bonté et de la miséricorde de Dieu.
Nous avons ici le Seigneur Jésus avec le résidu, les cent quarante-quatre mille. Au chapitre 7, où il était également question de cent quarante-quatre mille, il était précisé qu’ils étaient de toutes les douze tribus d’Israël et que c’était avant la grande tribulation. Dieu avait par avance choisi ceux qui seraient marqués par son sceau, pour être ses esclaves, d’entre toutes les douze tribus. Mais nous savons que dix tribus ne sont pas encore rentrées dans le pays et se trouvent encore dispersées parmi les nations ; il n’est question, au chapitre 7, que de l’élection du résidu des douze tribus. Quand il est question d’« Israël » aujourd’hui, ce n’est qu’en rapport avec le pays, et pratiquement, on n’y trouve que les deux tribus. Certes, la femme du chapitre 12 représente Israël dans son ensemble, mais, en fait, ce ne sont que les deux tribus qui se trouvaient dans le pays au moment de la naissance du Messie, lequel est né de la tribu de Juda (Michée 5:2). Pour l’avenir, ce sont aussi ces deux tribus qui seront persécutées dans le pays même. C’est d’entre celles-ci qu’est tiré le résidu de cent quarante-quatre mille et nous concluons que de tels chiffres sont symboliques et désignent un ensemble complet, une plénitude de rachetés, que Dieu se choisira pour lui-même dans la tribu de Juda. Ce résidu joue un rôle bien plus important que les dix tribus. Il vient de la grande tribulation, et, comme nous le constatons d’après la description, il est resté fidèle au Seigneur durant cette période terrible. Ces croyants sont les premiers à être vus dans le règne de paix. Ils sont vus ici à l’avance, comme ils le seront alors, avec le nom de l’Agneau écrit sur leurs fronts, et aussi le nom de son Père. Ce ne sont pas des croyants de l’Assemblée. S’il s’agissait de l’Assemblée il serait dit : « son Père qui est notre Père » ; ces croyants-ci n’ont pas cette relation filiale, Néanmoins ils ont été fidèles et sont dignes que le nom de l’Agneau et de son Père soient écrits sur leurs fronts. Pourquoi sur leurs fronts ? Parce qu’ils ont refusé d’être marqués du signe de la bête sur leurs mains ou sur leurs fronts. Ils seront particulièrement distingués en recevant du Seigneur la marque de son nom sur leurs fronts,
Jean dit : « Et j’ouïs une voix... de grandes eaux » (v2). Il faut toujours faire attention, dans l’Apocalypse, à l’origine d’une voix. Il n’est pas difficile de la discerner ici ; la voix était comme celle de joueurs de harpes jouant de leurs harpes. Plus loin, nous trouvons ces joueurs de harpes devant le trône du ciel chantant un cantique nouveau ; ce sont donc des saints qui se trouvent au ciel. Au chapitre 5, nous avions également des joueurs de harpes dans la présence de Dieu. À ce moment-là, il était clair qu’il s’agissait des anciens, qui chantaient au ciel le cantique nouveau. Mais dans le passage qui nous occupe les joueurs de harpe sont bien distincts des anciens. « Ils chantent... devant l’Agneau, devant le trône, devant les quatre animaux et devant les anciens » (v.3). Y aura-t-il encore d’autres saints au ciel ? Nous pouvons répondre par l’affirmative en rappelant qu’après l’enlèvement de l’Église il y aura d’autres saints sur la terre qui, par l’action de l’Esprit de Dieu dans leur cœur, se repentiront, accepteront l’évangile du royaume et attendront le Seigneur Jésus comme Messie. Ensuite ils prêcheront l’évangile du royaume dans le monde entier, ce que nous savons par Matthieu 24:14. Mais beaucoup d’entre eux mourront, victimes de la haine de l’adversaire : cependant ils ne ressusciteront qu’à la fin de cette période. C’est de ces croyants qu’il est question là. Ici, c’est une allusion au règne, quand ils seront ressuscités selon Apocalypse 20:4, faisant partie de ceux qui auront part à la première résurrection, pour régner avec Christ pendant mille ans : ce sont des saints glorifiés, au même titre que les vingt-quatre anciens. Ils chantent un cantique nouveau. Ce n’est pas le cantique que chantent les anciens au chapitre 5. D’après certains manuscrits, on pourrait traduire : ils chantent comme un cantique nouveau ; cela voudrait dire qu’il y a une différence avec le cantique nouveau. Chanter comme un cantique nouveau, cela veut dire qu’il se rapproche seulement de ce cantique nouveau.
Ce cantique sera aussi chanté sur la terre, ce que nous ne voyons pas au chapitre 5. Il sera chanté par les cent quarante-quatre mille, qui sont rachetés de la terre par le sang du Seigneur Jésus. Quel est le lien entre ces saints célestes et les saints qui ont subi la haine de l’adversaire sur la terre ? C’est qu’à l’origine, ils appartenaient au même groupe. Ce sont les croyants d’Israël, ceux qui, les premiers, se sont ralliés au Messie et ont prêché l’évangile. Certains d’entre eux ont été tués et sont vus ici au ciel, tandis que d’autres sont restés en vie. Les saints célestes régneront durant le millénium avec Christ dans des corps glorifiés, alors que ceux qui seront restés en vie participeront directement au royaume ; ce sont les cent quarante-quatre mille, ils chanteront, avec ces saints glorifiés d’Israël dans le ciel, le même cantique nouveau de la rédemption.
Les cent quarante-quatre mille, sur la terre, « ne se sont point souillés avec les femmes, car ils sont vierges » (v.4). Ceci n’est pas à prendre au sens propre, mais cela nous fait penser à l’Assemblée, en 2 Corinthiens 11:2, fiancée à un seul mari, pour être présentée au Christ comme une vierge chaste. C’est aussi leur cas ; ils ne se sont pas souillés avec le monde. La fausse église est appelée la prostituée, mais l’Assemblée de Dieu est une épouse. Ce résidu d’Israël a également les caractéristiques d’une épouse : Jérusalem et Juda seront l’épouse terrestre du Roi. L’Agneau aura son épouse au ciel : l’Assemblée ; de même, le Roi aura son épouse sur la terre. Nous trouvons cette épouse terrestre, entre autres, dans les Lamentations de Jérémie, le Cantique des cantiques et le Psaume 45 des fils de Coré ; là, c’est la bien-aimée du Roi, la ville de Jérusalem pendant le millénium. Ils ne se sont pas souillés, ils ont gardé pour lui leurs affections. « Ce sont ceux qui suivent l’Agneau où qu’il aille » (v.4) ; il n’est pas question de l’avenir, mais c’est ce qui les a caractérisés pendant la grande tribulation, La bien-aimée aura, dans une certaine mesure, suivi le chemin du Bien-aimé, soumis jadis à la haine de Pilate et d’Hérode ; ceux-ci auront leurs homologues respectivement dans la première et dans la deuxième bête. L’ayant suivi dans les mêmes souffrances, ils le suivront aussi dans les gloires du royaume et ils seront liés à lui de façon toute particulière durant ces mille ans.
Au chapitre 7:9 nous avons vu une autre grande foule constituée, celle-là, de gens de toute nation, tribus, peuples et langues. En rapprochant ces deux visions, nous comprenons que les saints d’Israël et des nations, qui viennent les uns et les autres de la grande tribulation, formeront tous un groupe bien particulier durant le millénium. Ce sont ceux qui seront restés fidèles pendant cette terrible période et qui auront, de ce fait, une position bien différente de ceux qui, par exemple, naîtront durant le millénium. Ces fidèles seront les prémices de la moisson du royaume, formés durant la tribulation. Jacques, qui dans son épître s’adresse aux douze tribus, emploie cette expression : « une sorte de prémices de ses créatures » (chapitre 1:18), pour désigner tous les saints, y compris ceux de l’Assemblée. Quel beau témoignage rend la Parole à leur sujet : « Il n’a pas été trouvé de mensonge dans leur bouche ; ils sont irréprochables » (v.5).
La terrible situation qui caractérise cette période ressort des versets 6 et 7, qui présentent une sorte d’évangile « élémentaire » si nous pouvons nous permettre l’expression. Dieu est juste et agit envers l’humanité d’après la responsabilité de chacun pendant cette période, où l’évangile du royaume peut à peine encore être prêché. Les exigences divines se réduisent, de ce fait, à un évangile succinct, qui est appelé ici l’évangile éternel, prêché ici par un « autre ange », volant par le milieu du ciel (semblable à l’aigle du chapitre 8:13). Ce nouveau messager annonce, non des jugements, mais une bonne nouvelle, cet évangile éternel qui ne sera pas diffusé par des anges, mais par des instruments humains ; les anges ne sont à prendre que symboliquement ici. L’évangile éternel est celui qui existait depuis le commencement, depuis la chute au jardin d’Eden, et il existera tant que subsistera la terre. Les hommes ont toujours pu avoir un minimum de connaissance de Dieu, comme cela nous est signalé en Romains 1:19-20 : ils devraient vénérer Dieu le créateur. Telle est aussi la pensée ici. Dans un temps où il n’est plus question de Dieu, où il n’y a plus d’annonce de sa Parole, cet évangile éternel rappelle qu’il existe un Créateur au ciel. Dieu, dans sa bonté, fera grâce à tous ceux qui, répondant à cet évangile, vont refuser de se prosterner devant les idoles. Cela nous rappelle les trois amis de Daniel, refusant de se prosterner devant l’image de Nébucadnetsar, ce qui signifiait pour eux la fournaise. Dieu, dans sa grâce, au cours de cette période difficile, demandera au moins qu’on le reconnaisse comme Créateur. Cet évangile se résume à ce que nous avons au verset 7 : « Craignez Dieu et donnez-lui gloire... ; et rendez hommage à celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les fontaines d’eaux ». Il ne sera plus question, dans ces temps exceptionnels, de la grâce manifestée en Christ mourant sur la croix.
Au verset 8, nous avons le troisième groupe mentionné, Babylone la grande, qui est tombée. C’est la fausse chrétienté que nous verrons de plus près aux chapitres 17 et 18. Quant au quatrième groupe considéré à partir du verset 9 : « Si quelqu’un rend hommage à la bête et à son image, et qu’il reçoive une marque sur son front ou sur sa main, lui aussi boira du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère », ce groupe fera aussi plus loin l’objet de considérations plus détaillées. La grande Babylone du verset 8 a abreuvé toutes les nations de la fureur de sa prostitution et celui qui en aura bu, devra boire la coupe de la colère de Dieu. La grande Babylone sera détruite par la bête elle-même dès le début de la grande tribulation. Dieu permettra que le jugement de cette chrétienté sans Christ soit exécuté par des instruments humains. Et le jugement de l’idolâtre suivra, en ce que Dieu lui fera boire la coupe de sa colère et « il sera tourmenté dans le feu et le soufre», c’est-à-dire les tourments éternels de la géhenne de feu, devant les saints anges et devant l’Agneau. Et la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles » (v. 10,11). C’est bien le destin éternel du groupe placé devant nous dans ce paragraphe, « et ils n’ont aucun repos, ni jour, ni nuit, ceux qui rendent hommage à la bête et à son image, et si quelqu’un prend la marque de son nom » (v. 11).
À présent nous trouvons une consolation pour les saints, mais aussi une exhortation. C’est la « patience des saints » (v. 12), expression que nous avions déjà rencontrée au chapitre 13:10, mais présentée ici de manière plus détaillée. Il s’agit de ces saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus ; qui par l’annonce du royaume croient que le Seigneur Jésus est le Messie qui vient, auquel ils obéissent et qu’ils attendent pour qu’il les délivre.
Le cinquième groupe se compose des croyants qui sont morts et déjà vus dans le ciel, ressuscités. L’annonce de la fin des tribulations leur est faite : « Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur, dorénavant » (v. 13). Ce « dorénavant » signifie que leur groupe est au complet, les martyrs sont au complet, les tribulations sont terminées et ils sont bienheureux, leurs âmes ne sont plus sous l’autel (comp. 6:9-11). Les martyrs du chapitre 6 sont morts avant la grande tribulation. C’est, ici encore, une allusion à la résurrection qui aura lieu à l’avènement du Seigneur Jésus ; nous verrons au chapitre 20:4 les saints, morts lors de la période apocalyptique, ressusciter pour régner mille ans avec Christ depuis le ciel. « Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent Dieu se souviendra de leurs œuvres dont aucune ne sera oubliée. Ils recevront dans le royaume la récompense de leurs œuvres qui les auront suivis.
Les deux dernières scènes sont aussi en rapport avec l’avènement du Seigneur Jésus, mais, historiquement, cet événement n’aura lieu qu’au chapitre 19. La description de ces scènes n’est faite que pour compléter le tableau. Le Seigneur Jésus, lors de son avènement, séparera le froment de l’ivraie ; le froment, il l’engrangera et l’ivraie sera anéantie par le jugement (cf. Matthieu 13). L’avènement du Seigneur Jésus est quelque peu imprécis dans le tableau qui nous occupe. Il nous présente « sur la nuée quelqu’un assis, semblable au Fils de l’homme » (v. 14) (qu’on peut interpréter « semblable à un fils d’homme ») sur une nuée blanche qui en elle-même nous rappelle la présence de Dieu aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament. « Sur sa tête une couronne d’or » : une dignité royale ; « dans sa main une faucille tranchante », non pas une épée qui parle de destruction, mais une faucille destinée à la moisson de la terre pour recueillir le bon fruit et détruire seulement ce qui est mauvais. Un autre ange sort du temple, de la sainte présence de Dieu, criant au Fils de l’homme que le moment de descendre sur la terre est venu. « Lance la faucille et moissonne ; car l’heure de moissonner est venue, parce que la moisson de la terre est desséchée » (plus que : est mûre) (v. 15). Le moment est venu de distinguer les saints des profanes par le moyen de la faucille, outil servant à la moisson. « Celui qui était assis sur la nuée mit sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée » (v. 16).
Dans ces deux dernières scènes, nous voyons deux sortes de jugements, bien différents : d’abord la moisson du froment, et ensuite la vendange de la vigne. La moisson du froment nous parle toujours, dans les Écritures, de distinction entre bon et mauvais (voir Matthieu 13:30). La vendange nous montre, au contraire, un jugement sans ménagements. Les raisins sont foulés dans la grande cuve de la colère de Dieu, image d’une destruction totale. Et ce qui reste des raisins est appelé ici du « sang ». Ce langage imagé est employé par le prophète Joël, chapitre 3:13, qui fait mention des deux événements : « Mettez la faucille, car la moisson est mûre » et « descendez, car le pressoir est plein, les cuves regorgent ». Il est intéressant de voir dans ce dernier passage que les multitudes s’assembleront dans le pays : « Éternel, fais descendre tes hommes forts ! Que les nations se réveillent et montent à la vallée de Josaphat, car là je m’assiérai pour juger toutes les nations, de toute part » (Joël 3:11-12). Le Seigneur Jésus moissonne le froment ; toutefois chose surprenante, il n’est pas question dans notre passage de ce qui est bon, mais seulement de ce qui est mauvais et qui doit être jugé. Il en est de même dans la septième scène où la cuve est foulée.
« Et un autre ange ayant pouvoir sur le feu, sortit de l’autel » (v. 18). C’est là que nous avions trouvé les sacrifices, images de celui de Christ. Le sacrifice du Seigneur Jésus ne parle pas seulement de rédemption pour ceux qui l’acceptent, mais aussi de jugement pour ceux qui n’acceptent pas son œuvre rédemptrice. L’autel est donc désigné comme l’endroit d’où partent les jugements. Cet ange qui a pouvoir sur le feu sort de l’autel et crie à celui qui a la faucille tranchante (v. 17) disant : « Lance la faucille tranchante », non pas pour séparer le mal du bien, mais « vendange les grappes de la vigne de la terre, car ses raisins ont mûri. Et l’ange mit sa faucille sur la terre, et vendangea la vigne de la terrer et jeta les grappes dans la grande cuve du courroux de Dieu » (v. 18,19). Nous connaissons la signification du cep de vigne, témoignage de Dieu qui lui donne le droit d’attendre du fruit. Israël était ce cep (dans le Psaume 80, Ésaïe 5 et la parabole de Matthieu 21, nous avons la vigne ou le vignoble). Dieu a été frustré de ce fruit. Le Seigneur Jésus est venu comme le vrai cep et a attaché les siens comme des sarments au cep. Mais il y en a qui n’ont pas de véritable relation avec le cep et qui subiront le jugement (voir Jean 15). La chrétienté est un témoignage duquel Dieu était en droit d’attendre du fruit et, comme pour Israël, qu’a-t-il récolté sinon du raisin sauvage (Ésaïe 5:4)?
Qu’il s’agisse du témoignage judaïque ou de la chrétienté professante, le Seigneur Jésus mettra un terme à l’un comme à l’autre par son jugement. Les raisins seront jetés dans les cuves de la colère de Dieu, et ils seront foulés aux pieds, Il ne restera rien de ces témoignages après les jugements qui auront lieu en Israël. Nous le déduisons de l’expression : « hors de la ville », qui désigne Jérusalem. « Il sortit du sang jusqu’aux mors des chevaux, sur un espace de mille six cent stades » (v 20). Ce sont deux allusions concernant l’espace sur lequel s’étendent ces jugements et la profondeur de ceux-ci. Le sang monte jusqu’aux mors des chevaux et il s’étend sur mille six cent stades, ce qui correspond à trois cents kilomètres, autrement dit, tout le pays, depuis Dan jusqu’à Beer-Shéba. Le jugement est pour le peuple méchant et perfide, ce qui rend complet le tableau du chapitre 14. Nous avons vu les saints de la Judée et ici nous trouvons les Juifs infidèles et méchants. De même nous avons considéré d’une part les saints des nations, d’autre part les méchants de ces mêmes nations qui se prosternent devant l’image de la première bête, et la grande Babylone, le faux témoignage de la chrétienté. Le tableau de la grande tribulation et de ses acteurs est maintenant complet et le Saint Esprit peut continuer la description des jugements sur la terre.
Au chapitre 15, un autre signe, grand et merveilleux apparaît dans le ciel : « sept anges, ayant sept plaies, les dernières ; car en elles le courroux de Dieu est consommé » (v. 1). Au chapitre 11:15, la septième trompette a retenti, accompagnée de grandes voix, ne faisant qu’annoncer ces terribles jugements. Historiquement, la septième trompette n’est pas encore l’introduction du règne. La colère de Dieu n’est pas encore consommée à ce moment-là, et cette septième trompette nous renvoie aux sept coupes, les sept plaies, en lesquelles le courroux de Dieu sera consommé. Le courroux de Dieu précède la colère de l’Agneau. D’après le chapitre 6:16-17, les hommes pensaient que la colère de l’Agneau était déjà venue, mais celle-ci n’interviendra qu’au moment où l’Agneau sera venu du ciel personnellement (chapitre 19:11). Jusqu’à ce moment il s’agit toujours du courroux de Dieu pendant la grande tribulation. Alors qu’ils étaient peu marqués et indirects dans les sept sceaux, les jugements se sont intensifiés de sorte que, dans les sept coupes, les hommes ne pourront plus refuser d’y voir la main de Dieu. Cela explique les blasphèmes accompagnant la quatrième et la cinquième coupe. Ce sont les jugements les plus terribles de toute l’Apocalypse par lesquels le courroux de Dieu sera accompli. Au chapitre 16:17, à la septième coupe, nous lisons : « C’est fait ! » Les chapitres 17 et 18 forment à nouveau un appendice, mais immédiatement après, au chapitre 19:11, nous trouvons historiquement la venue de l’Agneau et, avec lui, la colère de l’Agneau. Avant ces derniers jugements de l’Apocalypse, qui sont les plus effrayants, le Saint Esprit ménage une petite interruption pour nous donner la description d’un petit groupe de personnes que nous connaissons déjà. Avant les grands jugements, nous voyons souvent des soins particuliers de Dieu à l’égard du résidu. Les sept plaies sont bien mentionnées, mais leur description n’en continue qu’au verset 5. Le Saint Esprit nous présente d’abord les vainqueurs dont nous lisons au verset 2 : « Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient remporté la victoire se tenant debout sur la mer de verre ». Au chapitre 4:6 nous avons aussi vu une mer de verre et nous avions évoqué la cuve, appelée mer, qui se trouvait devant le temple, où les sacrificateurs se lavaient ; l’eau y était devenue du verre, le lavage n’étant plus nécessaire Sur cette mer se tiennent les vainqueurs, ceux qui sont passés par la mort des martyrs pour parvenir ainsi à la résurrection. C’est de la même manière que le Seigneur Jésus a vaincu Satan. Ce qui pouvait ressembler à une défaite est, en réalité, un triomphe. Ils auront une part bien plus précieuse dans le règne parce qu’ils ont refusé de se prosterner devant l’image de la bête.
Nous connaissons donc ces vainqueurs : ce sont les saints célestes (d’entre Israël et les nations), morts pendant la tribulation, et dont il a été dit au chapitre 14:13 : « Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur, dorénavant ». Leur résurrection n’aura lieu, historiquement, qu’au chapitre 20:4. Le feu de l’épreuve se trouve à présent mêlé à la mer de verre, comme pour montrer que plus rien ne peut les toucher. Ils ont « remporté la victoire sur la bête, et sur son image, et sur le nombre de son nom, se tenant debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu » (v.2).
Il est parlé, dans l’Apocalypse, de trois groupes de joueurs de harpes ; ce sont tous des groupes de saints célestes. Le premier, au chapitre 5:8 : les saints de l’Assemblée et de l’Ancien Testament, en s’accompagnant de harpes, chantent le cantique nouveau. Le deuxième au chapitre 14:2 : les saints d’Israël ressuscités, chantant un cantique nouveau (ou comme un cantique nouveau), Le troisième est celui qui nous occupe ici : ce sont tous les saints apocalyptiques, non seulement d’entre Israël, mais aussi d’entre les nations, morts en vainqueurs et qui auront part, de ce fait, à la première résurrection. Ils ont aussi des harpes et savent chanter de manière harmonieuse des cantiques de délivrance. Tous ces joueurs de harpe, chantent des cantiques de rédemption, et le dernier groupe chante : « le cantique de Moïse, esclave de Dieu, et le cantique de l’Agneau » (v.3). Il est merveilleux de constater que le premier cantique de la Bible est celui de Moïse (Exode 15) et que le dernier cantique mentionné, de Moïse également, est celui d’Apocalypse 15 ; c’est le même cantique de la délivrance, qui trouve bien sa place ici, chanté par ceux qui ont traversé la mort, comme le peuple qui se trouvait avec Moïse, et qui est délivré de la puissance de l’ennemi de Satan.
Ils ne chantent pas uniquement le cantique de Moïse. Ayant derrière eux toute l’histoire de l’humanité, ils ont appris un nouveau cantique, celui de l’Agneau. L’Agneau n’est-il pas l’instrument de la délivrance des fils d’Israël, comme de celle de tous les saints ? Ils chantent les deux cantiques, en disant : « Grandes et merveilleuses sont tes œuvres, Seigneur Dieu Tout-puissant » ! Le Psaume 103:6,7 nous enseigne que : « L’Éternel fait justice et droit à tous les opprimés. Il a fait connaître ses voies à Moïse, ses actes aux fils d’Israël ». Pour connaître les voies et les actes de Dieu, il nous faut le discernement spirituel que possèdent les saints célestes. « Justes et véritables sont tes voies, ô Roi des nations ! Qui ne te craindrait, Seigneur, et qui ne glorifierait ton nom » ? (v.3,4). Ils discernent même ce qui arrivera pendant le règne : toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi » (v.4).
Le verset 5 reprend le sujet du verset 1 pour nous faire assister aux préparatifs du ciel concernant les sept dernières plaies. « Le temple du tabernacle du témoignage dans le ciel fut ouvert ». Ce n’est plus le trône seulement que nous voyons, symbole de puissance, mais le temple, la sainte présence de Dieu. Au chapitre 11:19, nous avons pu également jeter un coup d’œil dans le temple, au ciel ; temple, arche de l’alliance, tabernacle du témoignage, ce sont des choses symboliques du ciel, évoquant l’alliance de Dieu avec son peuple, et sa fidélité vis-à-vis des justes. Ici, où il est question de jugements, nous voyons « le tabernacle du témoignage », nom du tabernacle au désert (Actes 7:44 emploie la même expression). Pourquoi « du témoignage » ? Parce que les deux tables de pierre « du témoignage » s’y trouvaient, comme cela est rappelé dans l’Exode (25:16 ; 40:20). Le témoignage de Dieu se trouve sur les deux tables : la loi de l’Éternel Dieu, les règles de Dieu, d’après lesquels il jugera, non seulement Israël, mais le monde entier. Ce sont les exigences de sa sainteté et de sa justice.
Nous voyons les sept anges sortant du temple avec les sept plaies, « vêtus d’un lin pur et éclatant », pendant qu’ils exécuteront le jugement sur les impurs, « et ceints sur leurs poitrines de ceintures d’or » (v.6), qui nous parlent de la gloire de Dieu, motif de leur activité. « Et l’un des quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d’or, pleines du courroux du Dieu qui vit aux siècles des siècles. Et le temple fut rempli de la fumée qui procédait de la gloire de Dieu et de sa puissance » (v. 7,8). Ce n’est pas la fumée de l’encens de l’adoration, mais la fumée du feu des jugements. À cet instant si solennel et terrifiant où vont commencer les sept plaies les plus terribles de l’histoire de la terre, personne ne peut plus entrer dans le temple, car il n’y a plus au ciel ni intercession, ni adoration. La gloire et la puissance de Dieu sont concernées par les plaies qui vont se déverser sur la terre pour consommer le courroux de Dieu
Les anges reçoivent l’ordre de « verser » leurs coupes (v. 1), ce qui indique déjà la nature des jugements. Dans ces jugements, il n’y a pas de progression avec une suite d’événements qui peuvent se prolonger pendant un certain laps de temps. Ici les coupes sont renversées, retournées ; elles se vident instantanément. Nous n’avons pas d’indication précise sur leur durée, mais ce ne peut être qu’un temps très court, période terrifiante car la moisson est desséchée ; c’est la consommation du courroux de Dieu.
Au chapitre 16:2-9, nous trouvons les quatre premiers anges avec les quatre premières coupes. Il y a une grande ressemblance entre ces quatre coupes et les quatre premières trompettes du chapitre 8, sans que ce soit, cependant, une répétition. Il ne s’agit pas des mêmes jugements ; en effet, au chapitre 8, il n’est question que du tiers, une partie limitée de la terre, c’est-à-dire l’empire romain. À présent, nous n’avons plus cette limitation territoriale. En considérant brièvement les effets de ces coupes, nous constatons qu’ils sont plus terrifiants. Dans les quatre coupes, on retrouve les mêmes domaines : la terre, la mer, les fleuves et les fontaines des eaux, enfin le soleil. Remarquons que ces domaines ont déjà été cités au chapitre 7 pour rappeler que Dieu en est le Créateur.
Au verset 1, nous avons « la terre » dans un sens plus large que précédemment, comprenant la terre (le sec), la mer, les fleuves et les fontaines des eaux, et le soleil. La terre est mentionnée d’abord (v.2), évoquant la stabilité ; ce sont les pays avec lesquels Dieu s’est toujours trouvé en relation. « Un ulcère mauvais et malin vint sur les hommes qui avaient la marque de la bête et sur ceux qui rendaient hommage à son image » (v.2). « Ils mangeront du fruit de leurs voies » (Proverbes 1:31) ; s’étant inclinés devant l’image affreuse, ils subiront les effets de leurs actes. Les hommes apprendront personnellement ce que sont les conséquences de la puissance du mal, L’éruption d’ulcères est symbolique et suggère un mal d’autant plus affreux qu’il est spirituel et moral.
La deuxième coupe s’étendra territorialement aux pays subordonnés dont nous parle la mer, qui « devint du sang, comme d’un corps mort ; et tout ce qui avait vie dans la mer mourut » (v.3). Nous avons vu au chapitre 9:6 que « les hommes chercheront la mort et ils ne la trouveront point C’est une mort morale et spirituelle qu’ils éprouveront dans leurs âmes.
« Et le troisième versa sa coupe sur les fleuves, et sur les fontaines des eaux ; et ils devinrent du sang » (v.4). Lors de l’étude du chapitre 8, nous avons fait remarquer que les fleuves et les fontaines nous parlent d’influences bénies pour les hommes ; ils sont les rafraîchissements de la créature, mais ici ils deviennent du sang. Il n’y aura plus de rafraîchissement pour l’homme naturel. Les hommes seront abandonnés à eux-mêmes sous l’influence de la mort morale, inimaginable dans toute sa cruauté et son autorité, et ils récolteront le fruit de leurs actes méchants. Au chapitre 8:11, il s’agit de poison, d’« absinthe », mais ici c’est du sang, la mort morale. L’ange des eaux, le troisième, atteste : « Tu es juste, toi qui es et qui étais, le Saint, parce que tu as ainsi jugé » (v.5) ; les hommes moissonneront alors ce qu’ils auront semé. Les fleuves ont contribué au bien des hommes ; qu’en ont-ils fait ? Les saints et les prophètes (v.6) étaient pour les hommes des sources d’eaux, et ils n’ont pas été estimés comme tels. Leur sang a été versé et les hommes en constateront les suites désastreuses. Ils ont supprimé ce qui était un bien pour eux, et il ne leur reste que la mort morale ; ils sont contraints de boire du sang. « Et j’entendis l’autel…» (v. 7). Cet autel est l’image du sacrifice du Seigneur Jésus et de la rédemption de tous les croyants. Pour la première fois, dans ce livre, c’est l’autel qui parle lui-même du jugement des incrédules et de tous ceux qui ont préféré anéantir ce qui est bien. « Oui, Seigneur, Dieu, Toutpuissant, véritables et justes sont tes jugements » !
« Et le quatrième versa sa coupe sur le soleil » (v.8) ; le soleil nous parle de grandes puissances sur la terre. Le Seigneur Jésus, quand il régnera lui-même en puissance est appelé le Soleil de justice (Malachie 4:2). Dans la grande tribulation, le soleil est le symbole de la puissance humaine. Les hommes auront donné leur force à de telles puissances, mais ils en récolteront le fruit. Et il lui fut donné de brûler les hommes par le feu Ils sauront ce que c’est que d’avoir choisi des maîtres despotiques et de se placer sous leur influence ; ils seront grillés par une intense chaleur (c’est à prendre au sens symbolique). Pourtant cela ne les amènera pas à la repentance ; reconnaîtront-ils qu’ils ont agi follement en confiant le pouvoir à ces puissances maléfiques ? Au lieu de se repentir, ils blasphémeront le nom du Dieu saint, comme nous le verrons aussi aux versets 11 et 21. Nous verrons que les jugements à venir n’amèneront de leur part que blasphèmes contre Dieu. Ils ne se repentiront pas ; le temps de la grâce sera terminé. Peut-être y aura-t-il encore, à ce moment-là, des hommes qui auront vécu sous le temps de la grâce. Il ne sera plus possible, alors, de se repentir, il n’y aura plus que des blasphèmes. Il est encore temps, maintenant, d’accepter grâce, rédemption et pardon dans le Seigneur Jésus, de la part de ce même Dieu, juste et saint, qui bientôt agira par ces terribles jugements.
Nous avons déjà trouvé plusieurs fois, dans l’Apocalypse, le chiffre sept, divisé en quatre et trois ; les quatre premiers jugements sont liés et nous parlent de ce qui frappera la vie naturelle dans laquelle l’homme a trouvé sa joie, son confort, sa sécurité. Il y a donc une certaine concordance entre les quatre premières coupes et les quatre premières trompettes, comme nous l’avons déjà remarqué. De même, nous avons une certaine ressemblance entre les trois dernières coupes que nous allons voir maintenant et les trois dernières trompettes. (À la sixième coupe, par exemple, comme à la sixième trompette (9:14), il est parlé de l’Euphrate.) Par la quatrième coupe, les hommes ont dû subir les conséquences du fait qu’ils avaient donné puissance à la bête ; celle-ci est vue sous le symbole du soleil, qui nous parle d’une grande autorité. Le cinquième jugement concerne le trône de la bête, qui subit les suites de ces terribles plaies envoyées par Dieu. Son royaume entier devient ténébreux. « Ils se mordaient la langue : et ils blasphémèrent le Dieu du ciel » (v. 10,11) : remarquons que ce n’est pas seulement le nom de Dieu, comme au verset 9, mais Dieu lui-même. Ces choses sont écrites dans un langage symbolique ; il faut voir là, non seulement des douleurs physiques, mais aussi, et surtout, des souffrances d’ordre moral. Et nous ne voyons toujours aucune repentance, mais des blasphèmes.
À la sixième coupe, nous constatons que le royaume de la bête, l’empire romain, sera attaqué. Dieu, dans ses conseils, permettra que, non seulement les plaies se déversent sur le trône de la bête, mais aussi que des peuplades puissantes s’introduisent dans cet empire romain, et cela précisément par l’Orient. Lors du chapitre 9, nous avons remarqué que l’Euphrate est la frontière naturelle entre l’Orient et l’Occident ; c’était aussi la frontière orientale de l’empire romain d’alors. Nous constatons que des peuplades venant de l’Orient pénétreront dans ce royaume. Il s’agit d’une plaie venant par la voie des rois qui viennent de l’orient. L’assèchement de l’Euphrate peut être pris au sens littéral ou non, l’assèchement du fleuve n’étant pas une nécessité pour permettre à ces rois de le traverser. Cependant, nous distinguons nettement que la voie est préparée par les conseils de Dieu pour permettre à ces rois de pénétrer dans le royaume. Les rois viennent du lever du soleil (voir note v. 12). Il s’agit de peuples orientaux, du nord et du nord-est. Nous avons, en effet, d’autres portions prophétiques de la Parole qui concernent le grand ennemi de cet empire occidental et de l’Antichrist, à savoir le roi du Nord tel qu’il est présenté en Daniel 11. Juste avant l’apparition du Seigneur, il se produira une guerre entre l’Orient et l’Occident (c’est-à-dire l’empire romain reconstitué). Il y aura d’un côté l’Occident civilisé, y compris Israël, en raison de l’alliance qui s’établira entre l’Antichrist qui sera le chef de l’État d’Israël, et le chef de l’empire romain (Ésaïe 28:15 ; Daniel 9:27). Du côté opposé il y aura également une alliance, telle qu’elle est mentionnée au Psaume 83:5: « l’alliance contre toi ». Cet adversaire est appelé en Daniel 11 : le roi du Nord, derrière lequel se trouve le grand empire de Gog, comme cela nous est décrit en Ézéchiel 38 et 39. Ces puissances attaqueront Israël au moment qu’elles jugeront propice, qui sera, en fait, le moment choisi par Dieu. Israël se présentera avec puissance face à l’ensemble orientai. D’après les prophètes, le roi du Nord pénétrera très rapidement en Israël ; il assiégera la ville de Jérusalem, l’investira et les habitants fuiront, face aux atrocités qui y auront lieu (Zacharie 14:2), Il progressera contre l’Égypte (Daniel 11:42), mais ce pays sera plutôt lié à l’Occident.
C’est alors que les puissances occidentales, l’empire romain en substance, se porteront vers ce théâtre de combats, et nous trouvons, dans une sorte de parenthèse (v. 13-16), ce qui nous est relaté entre la sixième et la septième coupe. Nous trouvons toujours, entre les sixième et septième sceaux, trompettes ou coupes, une parenthèse. La petite parenthèse des versets 13-16 nous révèle la signification du fait que ces rois de l’Orient pénètrent dans le monde occidental. Nous devons cependant avoir recours à d’autres prophéties de la Parole pour apprendre en détail ce qui se produira. Quand les armées de l’Empire romain se rassembleront, ce sera, comme il est dit au verset 16, « au lieu appelé en hébreu : Armagédon », la grande plaine du nord, près de la montagne de Méguiddo. Nous pensons que les noms d’Armagédon et d’Euphrate, sont à prendre au sens littéral.
Le roi du Nord qui aura progressé vers l’Égypte reviendra au plus vite sur ses pas (Daniel 11:44,45). Nous verrons au chapitre 19 que le Seigneur Jésus détruira d’abord les armées romaines qui se seront rassemblées à Armagédon. D’autres prophéties (comme Daniel 11) nous apprennent que le roi du Nord subira ensuite lui-même la défaite, probablement près de Jérusalem, ainsi que les armées de Gog qui nous sont citées en Ézéchiel 38 et 39. Ces victoires seront remportées par le Seigneur Jésus lui-même. Ces combats auront lieu lors de son avènement et nous en avons la description dans différents passages des Écritures. Tous seront détruits. Nous faisons abstraction des prophéties concernant les peuples environnant Israël qui subiront aussi le jugement, mais nous ne nous y attardons pas.
Pour la compréhension des versets qui sont devant nous, nous devons bien comprendre que les armées associées d’Assur (l’Assyrie) ou du roi du Nord s’introduiront dans le pays d’Israël, et qu’ensuite, les armées de l’empire romain, qui est l’allié des Juifs, iront en Palestine. « Et je vis sortir de la bouche du dragon et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, comme des grenouilles » (v. 13). Voici de nouveau cette trinité démoniaque que nous avons vue dans les chapitres 12 et 13. Le dragon-Satan : chapitre 12:9 ; la bête (c’est-à-dire la première bête) : chapitre 13:1 ; et enfin le faux prophète, c’est un nom que nous trouvons pour la première fois ici. C’est le personnage que nous avons rencontré au chapitre 13:11, sous le nom de la bête montant de la terre. Nous le retrouverons au chapitre 19:20 comme étant le faux prophète « qui avait fait devant elle les miracles » (cf. 13:13). Au chapitre 13, ce faux prophète est une bête qui possède une certaine puissance politique. À partir de maintenant, il n’est plus appelé une « bête », mais il est toujours le grand conducteur religieux, le faux prophète tel qu’il est présenté au chapitre 19 où il sera jugé.
Sous l’image des grenouilles, des esprits démoniaques sortent de la bouche de cette trinité de mal. (Rappelons la parole du Seigneur Jésus en Matthieu 11 : ce qui sort de la bouche, c’est là ce qui souille l’homme »). « Ce sont des esprits de démons faisant des miracles, qui s’en vont vers les rois de la terre habitée tout entière, pour les assembler pour le combat » (v. 14). Comme par une main mystérieuse, ces armées sont conduites vers le saint pays pour faire la guerre. Pensée terrible ! Ce sera « pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-puissant » et contre l’Agneau (17:14), alors qu’on leur aura fait croire que leur adversaire serait l’Assyrien.
C’est une perspective bien solennelle, et cela nous aide à comprendre l’interruption de la description par la parenthèse du verset 15, où l’Esprit de Dieu parle aux saints de ces jours-là pour leur annoncer que cela ne durera pas longtemps : « Voici je viens comme un voleur » leur dit le Seigneur Jésus. Cette parole se trouve sept fois dans le Nouveau Testament, et elle s’adresse toujours à un groupe d’hommes, soit des croyants, soit des incrédules. Ici c’est aux croyants des nations qui se trouveront dans ces circonstances, à ce moment-là. « Comme un voleur », cela veut dire soudainement, de manière inattendue. La venue du Seigneur Jésus anéantira le plan de bataille de ces armées de l’Occident. Cela nous est dit au chapitre 17:14 : « Ceux-ci combattront contre l’Agneau ; et l’Agneau les vaincra ». Les hostilités prendront subitement une autre tournure ; les saints le savent car le Seigneur Jésus les prévient en les appelant « bienheureux », expression que nous trouvons sept fois dans l’Apocalypse. Même dans les moments les plus redoutables de l’histoire, le Seigneur Jésus s’adresse ainsi aux saints pour les encourager. C’est le cas ici : « Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu et qu’on ne voie pas sa honte » (v. 15). Les hommes de ce monde marcheront nus, c’est-à-dire que tous se rendront compte de quoi la chair est capable. La chair ne devrait pas se voir chez des croyants, Ils ont à marcher par la force du Seigneur et de l’Esprit ; ils sont appelés à être « bienheureux « au milieu d’une telle confusion.
La description reprend : « Et ils les assemblèrent au lieu appelé en hébreu : Armagédon » (v. 16). Nous devinons qui est celui qui se trouve à l’arrière-plan et qui conduit les ennemis en ce lieu. On pourrait se demander ce qui va se passer à Armagédon. La suite chronologique reprendra après la description de la septième plaie et le grand appendice des chapitres 17 à 19:10. La suite du chapitre 16:16 se trouve chronologiquement au verset 19 du chapitre 19, où nous retrouvons tous les acteurs au moment où le Seigneur Jésus revient pour jeter vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre la bête et le faux prophète et pour anéantir ces armées de l’Occident. Armagédon, nom sinistre qui évoque d’autres combats (Juges 5:19 et 2 Rois 23:29 où Josias fut tué par le Pharaon Néco). Historiquement, il est certain que diverses batailles ont eu lieu dans cette vallée et c’est certainement un lieu qui s’y prête.
« Et il y eut des éclairs, et des voix, et des tonnerres » (v.18), des jugements qui viennent du ciel, et un bouleversement : « un grand tremblement de terre », tel que nous en avions déjà vu précédemment dans ce livre, mais jamais d’une telle ampleur. « Un tremblement de terre tell si grand, qu’il n’y en a jamais eu de semblable depuis que les hommes sont sur la terre ». On aurait de la peine à faire une description plus terrible. Il n’y a aucune comparaison possible avec les tremblements de terre précédemment cités dans ce livre et la réalité est bien plus terrible que ne peut le suggérer ce symbole. C’est un renversement total et une révolution fondamentale, opérée, non par les hommes, mais par Dieu, de tout ce que les hommes ont édifié.
« Et les villes des nations tombèrent » (v.19). Autrefois une civilisation a toujours été remplacée par une autre. Il n’en est plus de même aujourd’hui. Le monde d’aujourd’hui est un, tellement solidaire, que l’effondrement de l’Occident aura des conséquences pour le monde entier, pour toutes les « villes des nations ». Une telle révolution au sein de l’empire romain reconstitué touchera le monde entier, tant dans le domaine politique, économique et culturel, que dans le domaine religieux, par la destruction même de la grande Babylone qui « vient en mémoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du vin de la fureur de sa colère ». Au chapitre 14, nous avons vu que Babylone avait elle-même une coupe, celle du vin de la fureur de sa fornication (v.8), et que Dieu avait également sa coupe (v. 10) : « du vin de la fureur de Dieu » qui est présenté à « ceux qui rendent hommage à la bête et à son image ». Ici, c’est au tour de Babylone de boire de cette coupe. Dans l’appendice des chapitres 17 et 18, Babylone nous est présentée de manière détaillée après les allusions du chapitre 14:8 et du chapitre 16:19. Ces deux passages ne nous donnent guère d’informations sur Babylone, et, sans les chapitres 17 et 18, nous ne comprendrions pas bien ce que veut dire « Babylone est tombée ». Nous pourrions être tentés de penser à une Babylone au sens littéral, et certains commentateurs l’entendent ainsi. Il ne faut pas penser à une ville de Babylone reconstituée ; en effet, les prophètes affirment que Babylone ne sera pas reconstruite (Ésaïe 13:19-22 ; Jérémie 51:64). Non, les chapitres 17 et 18 montrent en Babylone une puissance spirituelle.
Au chapitre 6:14, il nous a été dit : « toute montagne et toute île furent transportées de leur place ». Ce sont les refuges naturels pour l’humanité pendant ces périodes terribles. Ici, l’Esprit de Dieu nous dit : « toute île s’enfuit, et les montagnes ne furent pas trouvées » (v.20) ; elles seront enlevées et les hommes n’y trouveront plus de refuge. Ils seront entièrement exposés aux jugements de Dieu. Tout ce en quoi l’homme a mis sa confiance lui sera enlevé. « Une grande grêle, du poids d’un talent, descend du ciel sur les hommes » (v.21). Imaginons des grêlons d’environ cinquante kilos tombant du ciel sur la terre ils suggèrent la rapidité et le poids écrasant des jugements tombant du ciel. Malgré tout, les hommes ne se repentent pas et « blasphèment Dieu » (troisième mention dans ce chapitre) « à cause de la plaie de la grêle ; car la plaie en est fort grande ». C’est la fin, et, chronologiquement, on passe au chapitre 19:11. Les versets 11 à 18 de ce chapitre 19 nous montreront l’apparition du Seigneur Jésus, et à partir du verset 19, le jugement de la bête et du faux prophète et de leurs armées.
Voyons maintenant, avec le chapitre 17, ce qu’est la grande Babylone. L’Esprit Saint nous en fait une description remarquable : « Et l’un des sept anges qui avaient les sept coupes, vint et me parla, disant : Viens ici ; je te montrerai la sentence de la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux » (v. 1). Si nous nous reportons au chapitre 21, v.9 et 10, nous lisons : « Et l’un des sept anges qui avaient eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint et me parla disant : Viens ici, je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau. Et il m’emporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la sainte cité, Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu ». Jusqu’aux détails près, il y a une ressemblance entre ces deux descriptions. Dans les deux cas, l’un des sept anges qui avaient les sept coupes dit : « Viens ici », je vais te montrer une femme, une ville. Et dans les deux cas, il est dit : « Et il m’emporta en esprit » (v.3). Ce n’est pas sans importance, bien au contraire. Le Saint Esprit fait apparaître un important contraste qui ressort du choix des mêmes symboles dans les deux cas. La grande Babylone est présentée comme une femme ou comme une ville, de même que l’épouse de l’Agneau. Tous les lecteurs de l’Apocalypse comprennent que l’épouse de l’Agneau est l’Église, l’Assemblée du Dieu vivant. Les noces de l’Agneau nous sont relatées au chapitre 19:6 à 10, où nous pouvons voir l’Église comparée à une épouse (Éphésiens 5 et 2 Corinthiens 11 se servent aussi de l’image de l’époux et de son épouse). Au chapitre 17 cependant, nous comprenons ce que représente la fausse épouse, et la ville méchante. Elle prétend être la vraie épouse, mais en réalité elle n’est qu’une prostituée ; non pas une vierge chaste fiancée à un seul mari, à Christ, comme nous la présente 2 Corinthiens 11:2, mais une prostituée, liée au monde, un système qui a accepté toutes les impuretés du monde et qui a renié Christ. Nous avons, face à face, la vraie église et la fausse église. De même qu’il y a un Antichrist, il y a une anti-église. Cette fausse église se trouve toujours sur la terre, prétendant être l’épouse de Christ ; les noces de l’Agneau ne pourront pas avoir lieu tant que cette prétention n’aura pas été anéantie. L’Église est déjà montrée au chapitre 4, mais pas sous sa forme d’épouse ; elle fait partie des vingt-quatre anciens, avec les saints de l’Ancien Testament. L’épouse, à proprement parler, n’apparaît qu’au chapitre 19. Du chapitre 4 au chapitre 19, il n’est pas possible que soient célébrées les noces de l’Agneau tant que le jugement de la fausse église, n’est pas exécuté.
À présent, il est nécessaire de montrer ce qu’est cette fausse église et ce qui la caractérise. C’est le sujet du chapitre 17 : « la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux ». Le verset 15 nous montre ce que sont ces eaux : ce « sont des peuples et des foules et des nations et des langues ». C’est donc une église très influente auprès des nations c’est essentiellement l’église catholique romaine. Nous pouvons citer cinq indices, dans ce chapitre, qui nous permettent de le préciser nettement.
● Le premier, au verset 4 : « La femme était vêtue de pourpre et d’écarlate et parée d’or et de pierres précieuses et de perles ». Nous connaissons ce penchant de l’église romaine pour la pompe, les ornements, les cérémonies. Les conducteurs se parent facilement d’or et d’argent, de pourpre et d’écarlate.
● Le second, au verset 6: « La femme enivrée du sang des saints, et du sang des témoins de Jésus ». Il n’y a qu’une seule église dans laquelle nous trouvions, tout au long de l’histoire, le sang des témoins de Jésus et celui des saints. L’église romaine s’est toujours formellement opposée à la liberté religieuse. Pendant de nombreux siècles, il y eut des martyrs de la foi, même avant la Réforme, mais particulièrement au seizième et au dix-septième siècles.
● Le troisième, au verset 9 : « Les sept têtes sont sept montagnes où la femme est assise ». Nous verrons que la femme est assise sur la bête qui a sept têtes (v.3), et ces sept têtes sont les sept montagnes de Rome. La ville de cette femme, c’est Rome, qui lui a donné son siège, et elle a dominé l’empire romain, ce qui était le cas seulement pour l’église romaine, dans la dernière partie de l’histoire de l’empire romain occidental.
● Le quatrième, au verset 15 : nous voyons que cette femme est très influente auprès de beaucoup de nations et qu’elle a plus d’adeptes que toutes les autres églises ensemble. En pensant particulièrement à l’Amérique du Sud et à l’Europe, on constate toute l’influence de l’église romaine dans ces continents.
● Le cinquième, au verset 18 : « La femme que tu as vue est la grande ville ». Non seulement elle est en liaison avec cette ville, mais elle s’identifie à elle. La femme est la grande ville de Rome, c’est une seule et même chose, et son nom le précise : l’église romaine.
Au verset 2, nous lisons au sujet de cette femme que « les rois de la terre ont commis fornication avec elle ». Elle s’est liée avec les chefs de ce monde ; elle a même usé d’une grande influence politique et s’est souillée ainsi. Beaucoup d’apostats de ce temps se sont placés sous la protection de cette église romaine et « ont été enivrés du vin de sa fornication ».
« Et il m’emporta en esprit dans un désert » (v.3). C’est là qu’habite cette fausse église, sans aucune source divine pour se désaltérer. Tout ce qui vient de Dieu et pourrait donner quelque rafraîchissement manque. « Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphèmes, ayant sept têtes et dix cornes ». Au chapitre 13, nous avons déjà trouvé que cette bête est l’empire romain reconstitué. La femme est assise sur la bête, à la fois soutenue par elle, et la dirigeant dans une sorte d’association monstrueuse, ce qui veut dire que son influence est très importante. N’était-ce pas déjà le cas dans les siècles passés, et surtout du onzième au treizième siècle, pendant lesquels le pape avait une autorité absolue sur tous les rois de l’Europe ? Il en sera de nouveau ainsi pour une très courte période, pendant les temps de la fin. Il est remarquable que les églises protestantes se soient en général trouvées en dehors des limites de l’ancien empire romain et que les pays englobés dans ces limites soient restés, pour la plupart, dans l’église catholique romaine, Cette dernière aura dans ces temps-là une grande puissance religieuse,
Remarquons le luxe de son habillement : « vêtue de pourpre et d’écarlate » (v.4), tout ce qui rappelle le monde avec lequel elle s’est liée si étroitement pour y trouver : abominations (qui veut dire bien souvent idolâtrie) et impuretés de sa fornication. L’idolâtrie, telle que la vénération des saints, de Marie etc., n’est pas trouvée dans les églises protestantes. L’église romaine, au lieu de se débarrasser du culte des idoles, l’a favorisé.
« Et il y avait sur son front un nom écrit : Mystère...» (v.5). Il faut du discernement pour comprendre le caractère de cette église. Dans le Nouveau Testament un mystère est toujours quelque chose qui n’était pas connu du monde, mais que Dieu a révélé aux croyants. Ce qui nous est révélé ici est encore caché pour le monde et même pour le monde christianisé. « Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre », c’est là le caractère de cette femme. Babylone a donc des filles, et on peut voir dans ces filles les mêmes caractères que chez leur mère. Beaucoup d’églises issues de l’église romaine, des communautés parfois importantes, dans nos pays occidentaux, ont gardé certains de ces caractères idolâtres et sont moralement les filles de cette femme.
« Et je vis la femme enivrée du sang des saints, et du sang des témoins de Jésus ; et, en la voyant, je fus saisi d’un grand étonnement » (v.6). Jean n’aurait pas été étonné en apprenant que l’empire romain se livrerait à des atrocités semblables ; que peut-on attendre de mieux de la part d’incrédules? Jean vivait déjà en ces jours de la persécution de l’empire romain, et Paul, ainsi que d’autres martyrs, avaient probablement déjà subi le martyre par le moyen du glaive romain. Ce qui étonnait Jean, ce n’est pas que le monde se dresse contre les témoins de Jésus, mais que ce soit celle qui s’appelle l’Église qui agisse ainsi. Et par cela même, il apprend qu’il existera une fausse église. Pour nous cela se comprend, parce que nous connaissons l’histoire de l’Église. Il n’y a rien de nouveau en cela, bien que nous ayons de quoi être saisis d’étonnement en apprenant que la chrétienté se prêtera encore à de telles choses. Jean, qui voit ces choses pour la première fois, est saisi d’étonnement de trouver le sang des témoins de Jésus, répandu par celle qui prend le nom d’Église. Non seulement l’empire, mais même l’église romaine s’est élevée contre les saints, L’homme est capable de tout, qu’il fasse ou non partie de l’Église, et l’ange doit demander à Jean : « Pourquoi es-tu étonné ? Je te dirai, moi, le mystère de la femme et de la bête qui la porte, qui a les sept têtes et les dix cornes » (v. 7). En Éphésiens 5:32 nous avons la révélation d’un mystère opposé : « Ce mystère est grand ; mais moi je parle relativement à Christ et à l’assemblée ». Dans ce chapitre 17, nous avons devant nous un autre mystère, relativement au chef de l’empire romain (la bête), et à la fausse église (la femme).
C’est ici « le mystère de la femme et de la bête qui la porte » (v.7). L’Esprit Saint profite de l’explication du mystère de la femme pour nous donner d’autres éclaircissements concernant la bête. Nous avons donné, lors de l’étude des chapitres 11, 12 et 13, quelques précisions en utilisant ce que nous trouvons ici.
Au chapitre 11:7, nous avons « la bête qui monte de l’abîme et c’est seulement ici, au chapitre 17:8 qu’il nous est expliqué ce que cela veut dire. Au chapitre 12:4, le dragon, par le moyen de l’empire romain a essayé de dévorer l’enfant mâle. Au chapitre 13:1, l’empire romain est reconstitué : la bête ayant sept têtes et dix cornes. Tout est expliqué ici. Au verset 8, « la bête que tu as vue était, et n’est pas, et va monter de l’abîme et aller à la perdition ». Ce sont quatre stades différents, quatre phases dans l’évolution de cette bête, dans l’histoire de l’empire romain. La première phase : « elle était ». Rome a été fondée en 753 avant Jésus Christ, elle a connu un développement important et est tombée en 476 après Jésus Christ. Rome a eu, à vue humaine, une histoire splendide pendant le temps où « elle était ». Durant la deuxième phase dont il est dit : « elle n’est pas quelques-uns ont essayé de la ressusciter (Charlemagne, Charles Quint, Napoléon, Hitler), chacun à sa manière ; cependant, « elle n’était pas ». À la troisième phase, « elle va monter de l’abîme » ; Jean met bien l’accent sur cette origine. C’est un fait tout à fait nouveau dans l’histoire mondiale. Ceux qui gouvernent les empires, même à caractère despotique et méchant, sont serviteurs de Dieu, comme Paul nous le dit en Romains 13:4, pour appuyer le fait que les fidèles doivent se soumettre aux magistrats. Tous les gouvernements et toutes les autorités doivent être reconnus comme étant établis par Dieu ; c’est un principe universel. Or il en est autrement ici, car cette autorité-ci est donnée par le dragon ; l’abîme est le domaine des démons, comme nous l’avons vu au chapitre 9:1-11. L’origine de cet empire est démoniaque. Beaucoup de savants ont prétendu que les civilisations s’effondrent et ne reparaissent pas. Cela a toujours été le cas, mais le miracle, ici, c’est que c’est le même empire ; d’où l’étonnement de l’humanité. Nous avons vu, au chapitre 13:12, que la plaie mortelle avait été guérie. C’est une chose qui ne s’était jamais produite dans l’histoire, qu’un empire « monte » à nouveau, et cela plusieurs siècles plus tard. Au chapitre 13:2, nous avons vu que le dragon lui a conféré « sa puissance et son trône, et un grand pouvoir ». Pour Nébucadnetsar, il nous est dit que c’était Dieu qui lui donna la puissance, un trône et un grand pouvoir (Daniel 2:37,38 ; 5:18,19). C’est sous le règne de l’empereur romain Néron que Paul rappelle que les croyants ont à se soumettre aux autorités parce qu’elles sont instituées par Dieu (Romains 13:1-6). Pour l’empire romain, dans sa troisième phase, c’est de l’abîme que monte la bête, et c’est ce qui explique son caractère abominable ; mais c’est pour « aller à la perdition » : ce sera la quatrième et dernière phase. La manière dont cela se produira nous est exposée au chapitre 19, quoiqu’il y ait déjà une allusion à cela au verset 14 « l’Agneau les vaincra ».
« Ceux qui habitent sur la terre, dont les noms ne sont pas écrits dès la fondation du monde au livre de vie, s’étonneront en voyant la bête, qu’elle était, et qu’elle n’est pas, et qu’elle sera présente » (v.8). C’est ce que nous avons trouvé au chapitre 13 dont nous rappelons le verset 3 : « je vis l’une de ses têtes comme frappée à mort » ; en voici l‘explication : les sept têtes sont les sept formes de gouvernement de l’empire romain (v. 10). Cette tête blessée à mort était la sixième : la forme impériale, et c’est sous cette forme que la destruction a eu lieu en l’an 476 de notre ère, sous le règne du faible Romulus Augustule. Et c’est aussi sous cette forme qu’elle sera guérie, ce qui nous laisse supposer que ce sera sous une forme impériale qu’elle sera rétablie.
« Ici est l’entendement, qui a de la sagesse » (v.9). C’est de cette sagesse dont nous avons besoin, car d’innombrables interprétations ont été données pour essayer d’expliquer les versets qui suivent. Ces divergences viennent du fait que l’on n’a pas compris qui sont la bête et la prostituée, et que l’on n’a pas compris non plus que ces choses appartiennent au futur et qu’il n’y a pas lieu d’en rechercher l’accomplissement dans l’histoire.
Les sept têtes ont deux significations ; d’abord les sept collines sur lesquelles est assise la femme. C’était une chose connue, déjà du temps de Jean, que Rome était construite sur sept montagnes. On y trouve le centre de l’empire, mais aussi la grande ville de la femme, donc aussi le centre de l’église romaine, comme nous l’avons déjà relevé. La deuxième signification des sept têtes nous est donnée par les termes : « ce sont aussi sept rois » (v. 10). Cela peut paraître un peu difficile : sept têtes qui sont sept rois et dix cornes qui sont dix rois (v. 12). Les sept rois se suivent dans le temps ; il y en a d’abord cinq, puis le sixième ; le septième est encore à venir, et pour finir, il est parlé d’un huitième. Il s’agit donc d’une succession historique de sept rois, autrement dit de sept formes successives de gouvernement. Pour les dix cornes, donc les dix rois, il y a une simultanéité « une heure » : (v. 12). Ils régneront en même temps que « la bête ». Le terme de « rois » ne doit pas être pris ici non plus dans un sens très littéral ; il y a lieu de comprendre plutôt les détenteurs du pouvoir des pays qui s’unissent pour former l’empire romain reconstitué.
Concernant les sept formes successives de gouvernement, nous lisons : « cinq sont tombés ». Du temps de Jean, il y en avait déjà eu cinq formes, en commençant par les rois, puis d’autres formes par lesquelles Rome avait été gouvernée. Au temps de l’apôtre, la sixième existait, c’est-à-dire la forme impériale. « L’autre n’est pas encore venu « ; cela concerne la septième forme qui, à notre avis, n’est pas encore venue de nos jours. Nous pensons que cette septième forme sera constituée par les dix rois qui se décideront à s’unir (v. 12). À l’époque actuelle, nous voyons déjà, en Europe, cette tendance à s’unir en toute liberté, caractère bien remarquable, puisque ce n’est pas par force, ou par une suprématie quelconque, ou une domination. Ainsi se présentera cette septième forme, et, à l’horizon, derrière elle, nous voyons arriver le dictateur, la tête de l’empire romain.
« L’autre n’est pas encore venu » (v. 10) ; c’est justement la forme sous laquelle les dix rois s’unissent, et « il faut qu’il demeure un peu de temps ». On peut donc admettre que le règne subsistera pendant quelques années, vraisemblablement peu avant les sept ans, la dernière semaine d’années de Daniel 9, le temps de l’alliance de la bête avec Israël. Les rois seront donc en place.
« Et la bête qui était et qui n’est pas » (v. 11), donc l’empire romain, « est, elle aussi, un huitième », c’est-à-dire la tête de l’empire reconstitué. La septième forme de gouvernement sera donc l’alliance des dix rois, et le dictateur qui viendra après eux sera le huitième. Les dix rois lui auront donné librement le pouvoir, sous la pression de conditions politiques, économiques ou autres. La bête sera donc la huitième forme de gouvernement et « elle est d’entre les sept ».
Ce ne sera donc pas une nouvelle forme de gouvernement comme cela s’est produit dans le passé, mais ce pourrait être la forme impériale qui reprendrait vie, et ceci pour au moins sept ans. « La bête », nous l’avons vu, est, soit l’empire lui-même, soit la tête de l’empire, et c’est cette identité qui nous permet de comprendre la suite. « Et elle s’en va à la perdition ». C’est une allusion au jugement de la bête que nous trouverons au chapitre 19,
« Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu de royaume » (v. 12). Au temps de Jean, où la forme impériale existait, c’est donc bien pour le futur que ces rois recevraient ensemble un royaume ; ils recevront une puissance royale « une heure avec la bête ». On peut comprendre que, quand la bête régnera, les dix rois ne seront pas mis de côté, mais, tous ensemble d’accord, ils mettront leur puissance dans sa main. En principe donc, les dix rois subsisteront. Ceux-ci ont une seule et même pensée, et ils donnent leur puissance et leur pouvoir à la bête » (v. 13), le dictateur. En Daniel 7:7-8, il est aussi question de la bête à dix cornes : « et voici une autre corne, petite, monta au milieu d’elles » (c’est-à-dire au milieu des dix cornes de la bête). La suite de ce passage cite un fait intéressant qui n’est pas mentionné dans l’Apocalypse : « et trois des premières cornes furent arrachées devant elle ». Bien que les dix rois confient leur puissance à la bête, elle trouvera cependant l’occasion, à ce moment-là, d’en abaisser trois.
« Ceux-ci combattront contre l’Agneau » (v. 14), c’est une allusion à la manière dont la bête ira à la perdition ; dans son orgueil, elle osera combattre contre l’Agneau. Après le rassemblement des rois à Armagédon (ch. 16:16), le Seigneur Jésus viendra, ils se tourneront contre lui et seront alors anéantis. Ceci fera l’objet de la description historique du chapitre 19. L’Agneau est appelé Seigneur des seigneurs et Rois des rois. L’issue de cette guerre est certaine. Il viendra lui-même du ciel, non pas seul, mais avec « ceux qui sont avec lui, appelés, et élus et fidèles », c’est-à-dire les saints célestes, desquels nous lirons au chapitre 19:14 : « et les armées qui sont dans le ciel le suivaient ». Dans notre passage, ils sont qualifiés comme « appelés », c’est-à-dire appelés dans le temps, par Dieu, individuellement ; « élus », c’est-à-dire élus avant la fondation du monde, par Dieu, et « fidèles » c’est-à-dire fidèles durant leur vie de foi sur la terre. Ce sont donc les saints qui se trouveront alors dans le ciel.
« Et il me dit : Les eaux que tu as vues, où la prostituée est assise, sont des peuples et des foules et des nations et des langues » (v. 15) ; nous avons déjà parlé de la grande influence mondiale de cette femme. « Et les dix cornes que tu as vues et la bête, — celles-ci haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu » (v. 16). Au chapitre 16, nous avons vu que, lors de la septième coupe, Dieu mettra fin à la grande Babylone par le moyen d’une plaie, tout à la fin de la période apocalyptique (v. 19). Ici, ce sont les dix rois de l’empire romain qui mettront fin à Babylone, la grande prostituée. Il n’y a pas de contradiction, parce qu’il est question de deux jugements différents. Au début de la grande tribulation, le dragon sera jeté sur la terre et, en exerçant sa puissance, il ne supportera pas d’autre religion sur la terre que l’idolâtrie de l’Antichrist. Cela revient à dire que, au début de la grande tribulation, il sera mis fin à l’église romaine ; les dix rois, donnant leur pouvoir à la bête, mettront fin à la puissance religieuse de l’église romaine, de la femme. Au verset 17, il est dit : « Car Dieu a mis dans leur cœur d’exécuter sa pensée, et d’exécuter une seule et même pensée, et de donner leur royaume à la bête jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies Quand la bête aura toute la puissance, elle ne permettra plus que l’église romaine exerce une influence en Occident. La bête écarlate ne supportant plus la femme assise sur elle, nous voyons à l’arrière-plan l’accomplissement des voies de Dieu pour mettre fin à cette fausse religion chrétienne.
La septième plaie du chapitre 16:17-21 (voir surtout le verset 19) nous est présentée au chapitre 18. La fin de la puissance religieuse de Rome ne veut pas dire que Babylone sera complètement anéantie. Ce qui restera de sa puissance politique, culturelle et économique subsistera jusqu’à la fin, et la bête en fera son profit. Les mêmes rois qui ont mis fin à la puissance de la femme, se retrouvent et pleurent au chapitre 18:9, non pas pour regretter la perte de leur système religieux (ce qu’ils auront anéanti eux-mêmes), mais la disparition de toute l’organisation politique, culturelle et économique, au moment du jugement de la civilisation romaine par Dieu lui-même à la fin de la grande tribulation. Nous citons ces faits pour permettre de suivre le contexte de ces deux chapitres. Les rois haïront la prostituée et la détruiront, et ce qui restera, ce sera l’église romaine en tant que ville et système politique, économique et culturel, tel que le verset 18 nous le présente : « la femme que tu as vue est la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre ». Seul ce caractère de « ville » subsistera et elle ne fera l’objet d’un jugement direct de Dieu qu’au chapitre 18, à la fin de la grande tribulation, juste avant l’avènement du Seigneur Jésus, quand la septième coupe mettra fin, sous ce rapport aussi, à l’église romaine. Le jugement aura donc lieu en deux phases que nous trouvons respectivement aux chapitres 17 et 18.
Dans l’appendice des chapitres 17 et 18, l’apôtre nous explique ce qu’est réellement Babylone et pourquoi son jugement est devenu nécessaire. Babylone est donc présentée d’une double manière, d’abord sous la forme d’une femme (chapitre 17), ensuite sous celle d’une ville (chapitre 18). Cela correspond bien à ce que nous avons à partir du chapitre 21:9, où l’ange présente une autre femme qui est aussi représentée par une autre ville : l’épouse de l’Agneau, l’Église véritable, l’Assemblée du Dieu vivant, qui groupe tous les véritables croyants depuis le jour de la Pentecôte jusqu’au retour du Seigneur Jésus. Ceci rend évident que, dans la grande Babylone, nous avons la fausse église, marquée par l’idolâtrie et la fornication, c’est-à-dire une relation d’impureté avec le monde qui est un système hostile au Seigneur Jésus puisqu’il l’a cloué à la croix. Nous y avons reconnu l’église catholique romaine et nous avons vu qu’elle a des filles qui montrent les mêmes caractères : ce sont les grandes églises sorties de cette mère, églises qui, sur le plan moral, ont bien des points communs avec leur mère. La femme nous parle d’un système religieux, et la ville montre qu’elle est en même temps une puissance politique, économique et culturelle. Ces derniers caractères apparaissent particulièrement au chapitre 18.
Nous avons vu au chapitre 17:16 que les dix rois, qui sont les dix tenants du pouvoir de l’empire romain reconstitué, anéantiront la prostituée, vraisemblablement au début des trois ans et demi de la grande tribulation. C’est le laps de temps durant lequel Satan, le grand dragon sera sur la terre (chapitre 12). C’est aussi le temps de la séduction de l’Antichrist, durant lequel il introduira l’idolâtrie dans le temple de Jérusalem et dans toute la chrétienté. Il sera le conducteur de cette terrible religion diabolique. Ce sera aussi le temps durant lequel le résidu d’Israël sera caché de devant la puissance de l’Antichrist et où beaucoup de personnes d’entre les nations et d’Israël seront tuées. Tout cela aura lieu pendant la même période durant laquelle l’Antichrist régnera et pendant laquelle il n’y aura pas d’autre religion publique que celle qu’il imposera. C’est l’idolâtrie qui obligera chacun, en Occident, à s’incliner devant l’image de la première bête : le chef de l’empire romain reconstitué. C’est aussi pour cela qu’au début de cette période, l’église romaine dans sa forme religieuse sera mise de côté. Le système économique, politique, culturel et social de Babylone sera jugé à la fin de cette période, juste avant la venue du Seigneur (comp. 16:17,18). Le premier jugement sera exécuté par le moyen des dix rois, le deuxième jugement sera exécuté par Dieu lui-même.
Au chapitre 18:1 nous lisons : « après ces choses », ce qui dans l’Apocalypse annonce toujours un nouveau paragraphe. « Après ces choses, je vis un autre ange », pour exécuter un nouveau jugement. La description de cet autre ange, « descendant du ciel, ayant un grand pouvoir ; et la terre fut illuminée de sa gloire nous conduit à penser qu’il s’agit du Seigneur Jésus personnellement mais sous une forme cachée. Nous avons ici, à nouveau, une présentation mystérieuse, nous permettant de reconnaître le Seigneur Jésus, comme aux chapitres 7:2 ; 8:3 ; 10:1. En effet, il ne peut être question de lui que d’une manière cachée, puisque sa venue n’est pas encore effectivement constatée. Le mot « ange » veut dire messager, et n’est donc pas obligatoirement à prendre au sens littéral. Nous voyons, ici et là, le Seigneur Jésus se manifester en tant que messager de Dieu. Dieu juge Babylone, juste avant la venue de Christ, comme Christ juge la bête juste après sa venue, comme nous le verrons au chapitre 19. Cet ange, le Seigneur lui-même, « cria avec une forte voix, disant : Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande et elle est devenue la demeure des démons » (v.2). Nous avons ici une description de l’état de Babylone après les événements du chapitre 17:16, lorsque cette église aura été dépouillée de sa puissance religieuse pour que seuls l’Antichrist et la « bête » puissent exercer la puissance religieuse en Occident. Elle ne sera plus qu’une demeure de démons. C’est la chute de Babylone. « Le repaire de tout esprit immonde, et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable » (v.2). Les oiseaux du ciel sont souvent cités dans les Écritures dans un rôle peu favorable ; par exemple dans le grand arbre de Matthieu 13:31-32 (la parabole du grain de moutarde), qui nous donne l’image de la fausse chrétienté où ces oiseaux immondes trouvent leur place et leur nourriture, comme en Daniel 4:12
« Car toutes les nations ont bu du vin de la fureur de sa fornication » expression que nous avons déjà considérée au chapitre 14:8 et au chapitre 17:2. C’est la fornication de la liaison impure et méchante entre la prostituée et le monde. L’Église, selon 2 Corinthiens 11:2-3, doit être une vierge chaste, liée au Seigneur, fiancée à un seul mari. Le symbole de la prostituée est bien nécessaire pour montrer de quelle manière l’église responsable a abandonné sa relation avec le Seigneur pour se tourner vers un monde hostile et se lier à lui. Tirons pour nous une application pratique du verset 4, qui montre la nécessité de nous séparer de tout système religieux qui entretient une relation impure avec le monde.
« Les rois de la terre ont commis fornication avec elle, et les marchands de la terre sont devenus riches par la puissance de son luxe » (v.3). Il y a là une distinction à faire, qui nous sera nécessaire dans la poursuite de l’étude de ce chapitre. Il n’est donc pas seulement question de cette fornication religieuse, cette liaison impure et méchante, mais aussi de l’enrichissement des rois de la terre et des marchands par la puissance de son luxe ; voilà qui représente la signification économique de ce système. Babylone n’est pas seulement une église, elle est une grande puissance politique et économique dans ce monde. Il suffit d’évoquer la puissance gigantesque dont elle a usé au cours des onzième, douzième et treizième siècles.
« Une autre voix » d’avertissement se fait entendre (v.4), et cet avertissement s’est fait entendre dans tous les temps ; c’est un appel à se séparer. Ici, c’est un appel direct à ceux qui se sont joints à la prostituée ou à ses filles. Nous avons vu qu’il y aura de nouveaux saints, de nouvelles conversions : ceux qui se tourneront vers le Seigneur Jésus pour l’attendre des cieux quand il établira son royaume sur la terre. Il y aura peut-être des âmes sincères qui, par ignorance, se joindront à cette fausse église. Cet appel peut avoir un sens bien pratique pour tous les temps, même le nôtre, même le temps dans lequel vivait Jean, où les premiers indices d’une fausse église se sont fait jour. Cet appel s’adresse donc à tous les vrais croyants, leur montrant leur responsabilité de se séparer de tout système marqué par l’abomination et la fornication.
Cette voix exhorte : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple » (v.4). Bien des appels à se séparer retentissent dans le Nouveau Testament. En 2 Corinthiens 6:17 pour une séparation d’avec le monde ; en Hébreux 13:13 pour une séparation d’avec le judaïsme, question très actuelle du fait de l’influence du judaïsme dans les grandes églises. En 2 Timothée 2:19-22, enfin, l’exhortation à se séparer des faux chrétiens. Ce sont presque les mêmes paroles qu’en 2 Corinthiens 6:17, mais ici c’est un appel à sortir d’une église qui est qualifiée de chrétienne, tout en étant, en réalité, liée à ce monde. « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies ». Beaucoup de personnes pensent pouvoir rester dans de tels systèmes, prétendant être quittes des péchés commis par d’autres. C’est une erreur ; nous en avons ici un exemple entre beaucoup d’autres. Il n’est pas besoin d’avoir personnellement part à cette méchanceté pour contracter l’impureté en restant dans un tel système ; un fidèle, un saint participerait à ses péchés s’il ne le quittait pas. C’est très sérieux à considérer pour tous les vrais croyants qui se trouvent encore dans ces systèmes.
« Afin que vous ne receviez pas de ses plaies » (v.4). Celui qui maintient sciemment de telles relations devra en subir les conséquences. Un vrai croyant ne sera pas pour autant perdu pour l’éternité. Mais le gouvernement de Dieu fait qu’il subira, sur la terre, les conséquences de ses relations coupables, c’est-à-dire les terribles plaies qui surviendront à Babylone (v.8). Pour la dernière fois les saints sont mis en garde pour qu’ils se séparent et qu’ils soient trouvés devant le Seigneur comme une vierge chaste, ce qui convient à sa vraie épouse. Dans l’Ancien Testament, Israël était considéré comme la femme de l’Éternel (Ésaïe 54:1 ; 62:4) ; c’est pour cela qu’il est parlé d’elle comme d’une adultère (Jérémie 3:8, par exemple). Mais en 2 Corinthiens 11, nous n’avons pas une épouse, mais une fiancée, celle qui est fiancée à Christ. Et, pour une fiancée, une telle liaison n’est pas de l’adultère, mais de la fornication.
« Ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel et Dieu s’est souvenu de ses iniquités. Donnez-lui comme elle vous a donné et doublez-lui le double selon ses œuvres » (v.5-6). Le sang des saints et des prophètes est à sa charge. Rome aura, en retour, son salaire ; elle n’a pas cessé de s’opposer à la liberté religieuse et elle a rendu le mal pour le bien ; elle aura double salaire : « dans la coupe qu’elle a mixtionnée, versez-lui le double ». Au chapitre 14:10, le Seigneur a parlé de la coupe remplie de la colère de Dieu que Babylone recevra et boira. Après avoir abreuvé les autres à sa coupe, elle-même boira de celle de la colère de Dieu.
« Autant elle s’est glorifiée et a été dans les délices, autant donnez-lui de tourment et de deuil, Parce qu’elle dit dans son cœur : Je suis assise en reine, et je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil…» (v. 7). Bien des paroles du prophète Ésaïe, et surtout Jérémie 51, nous parlent du jugement de Dieu sur la Babylone historique. Mais ici il s’agit, bien entendu, de la Babylone morale. « Je ne serai pas assise en veuve » est une expression d’Ésaïe 47:8. Nous devons prendre garde à distinguer l’emploi de ces images de la femme, la fiancée, l’épouse. Les Écritures font fréquemment usage de ces symboles. En Éphésiens 5, nous n’avons pas l’exemple d’une fiancée, mais celui d’une femme aimée de son mari, et l’apôtre l’applique à la relation actuelle de Christ et de l’Assemblée. Les Écritures désignent généralement comme veuve celle à qui son mari a été ôté et qui se trouve seule dans le monde, dépendant entièrement de Dieu. Voir 1 Timothée 5:5 : « Or celle qui est vraiment veuve », c’est-à-dire celle qui n’est pas secourue par les hommes, dépend entièrement de Dieu et de sa grâce. Mais cette femme-ci dit qu’elle n’est pas veuve et elle montre par-là qu’elle ne regrette pas l’absence d’un mari mort, puisqu’elle ne regarde pas au Seigneur, invisible et glorifié, mais que tout ce qu’elle trouve dans le monde suffit à son cœur. Elle dépend ni du Seigneur ni de sa grâce. Dans l’évangile de Luc, nous n’avons pas moins de cinq veuves qui attirent notre attention sur la dépendance de Dieu ; c’est très remarquable. La femme que nous voyons ici montre un caractère d’indépendance du Seigneur : c’est une prostituée.
Dieu dit : « C’est pourquoi en un seul jour viendront ses plaies, mort, et deuil, et famine » (v.8). Plus tard, il sera dit : « en une seule heure » (v. 16). Ce verset 8 nous montre ce que nous avons vu au chapitre 16:19 lors de la septième coupe, c’est-à-dire la description historique des jugements. À présent, dans cet appendice, nous arrivons à nouveau au moment où la coupe de Dieu est versée sur la grande Babylone. Ici, la description est plus détaillée : « mort, et deuil, et famine, et elle sera brûlée au feu ; car le Seigneur Dieu qui l’a jugée est puissant » ! Les rois de la terre se lamenteront et mèneront deuil sur elle en constatant la disparition du centre économique et culturel, et le bouleversement ainsi provoqué dans le monde économique tout entier.
Lors de la septième plaie, nous avons pu remarquer que Dieu mettra fin à toute l’atmosphère vitale de l’Occident. L’homme, par sa nature, avait des facultés culturelles. La culture qui débuta en Genèse 4 par Caïn était une culture sans Dieu et cela s’est généralisé en grande partie dans le monde. Le christianisme n’est pas opposé à la culture, il est opposé à une culture mondaine parce qu’elle est liée à un monde mauvais et méchant. Il est bien remarquable que l’église romaine ait joué un si grand rôle dans l’histoire de la culture. Pensons à la peinture, à la musique. On peut affirmer que durant mille ans, entre les années 500 et 1500, l’église romaine a contrôlé ces arts qui ont été marqués par cette liaison avec le monde. Et ces arts se sont développés depuis, mais malheureusement, sans Dieu. La Renaissance y contribuant, on a vu se développer des arts anti-chrétiens. Rome a été, outre le centre religieux, celui de la culture en Occident, comme nous le verrons à la fin de ce chapitre 18. Il est important pour les chrétiens de faire la distinction entre ce que doit être la culture à la lumière de la Parole, et ce qu’elle est dans un monde sans Dieu. Ce chapitre devient, de ce fait, très important pour discerner le jugement de Dieu à l’égard d’une telle culture.
Ils pleureront et se lamenteront sur elle » (v.9). D’abord les rois de la terre, y compris les « dix rois » (comp. 16:14 ; 17:12,16, 17), tous les tenants du pouvoir en Occident et même au-delà, se lamentent et pleurent. Ils ont commis fornication avec elle et sont devenus riches par la puissance de son luxe ; ce n’est pas seulement la prostitution, mais aussi l’opulence. Quand ils verront la fumée de son embrasement, ils se tiendront loin par crainte de son tourment, et ils diront : « Hélas ! hélas ! la grande ville » (v. 10). Trois groupes de personnes se lamentent : « les rois de la terre », « les marchands de la terre » (v. 11), qui prononcent ces lamentations au verset 16, enfin, au verset 17, « tout pilote, et quiconque navigue vers quelque lieu, et les matelots, et ceux qui sont occupés sur mer », disent de même au verset 19 : « Hélas ! hélas ! la grande ville ». Nous nous rendons compte par-là de l’influence puissante de ce système, appelé chrétien, dans le monde d’aujourd’hui. Comment est-il possible que le monde soit devenu aussi dépendant de cette église à l’apparence chrétienne, en opposition complète avec les pensées de Dieu ? Elle a régné ; mais quel est le vrai croyant qui désirerait régner tant que le Seigneur Jésus ne règne pas encore ? Les Corinthiens voutaient régner (1 Corinthiens 4:8), mais ils se sont trompés d’économie. Le Seigneur Jésus est encore le rejeté, dans et par ce monde, et nous ne régnerons avec lui que lorsqu’il sera entré lui-même dans son règne. C’est là l’erreur de cette église, qui a voulu régner durant le temps de son rejet.
« Les marchands de la terre pleurent et mènent deuil sur elle, parce que personne n’achète plus leur marchandise » (v. 11). Ils étaient dépendants de ce système ; ce sera comme si on enlevait le cœur de l’Occident lorsque cette église sera anéantie, non seulement de manière religieuse, ce qui n’aura que peu d’importance, mais surtout dans le domaine économique. Le Saint Esprit nous cite sept groupes de marchandises pour que nous saisissions l’ampleur de ce trafic. Nous trouvons, dans l’ordre : joyaux, habits, articles, jusqu’au marbre, encens, denrées alimentaires, jusqu’aux brebis, matériel de transport, et, pour finir, nous devons constater la présence du commerce des « esclaves, et des âmes d’hommes » (v. 13). 2 Pierre 23 nous apprend que les faux docteurs et les faux prophètes feront commerce des hommes : ils « feront trafic de vous... » S’il n’en est plus ainsi aujourd’hui, il faut se rappeler le temps des indulgences, où le trafic des âmes a effectivement eu lieu dans l’église de Rome. Il est presque inimaginable qu’il puisse se produire de telles choses. Dieu nous a cependant prévenus dans ce passage. D’après l’ordre de citation de ces marchandises, on pourrait penser que la dernière, « les âmes d’hommes », sont de moindre importance pour cette église, bien après l’or et les perles. « Les fruits du désir de ton âme se sont éloignés de toi » (v. 14) ; toute la saveur qu’elle avait pu goûter a été éloignée d’elle, et « toutes les choses délicates et éclatantes ont péri pour toi ; et on ne les trouvera plus jamais ».
« Les marchands de ces choses, qui se sont enrichis par elle, se tiendront loin à cause de la crainte de son tourment, pleurant et menant deuil, et disant : Hélas ! hélas la grande ville qui était vêtue de fin lin et de pourpre et d’écarlate, et parée d’or et de pierres précieuses et de perles ! car, en une seule heure, tant de richesses ont été changées en désolation » ! (v. 15-16). Le jugement exécuté par le moyen des dix rois sur la prostituée montrait une progression : haïr — rendre déserte et nue — manger la chair et la brûler (chapitre 17:16). Mais ici le jugement divin se fait d’un seul coup, comme les sept coupes, qui se sont succédées très rapidement. D’un seul coup, la fin atteint cette église. Il est difficile de nous imaginer, dans les temps actuels, que tout ce qui rappelle cette église aura alors disparu de la face de la terre. D’un seul coup l’humanité pleurera, non pas sur les hommes faisant partie de cette église et qui seront perdus, mais de ce que cette opulence aura été enlevée. C’est cela qui provoque les pleurs et les lamentations des marchands : « Hélas ! hélas ! la grande ville ». Non seulement ceux qui sont sur la terre, mais aussi ceux qui sont sur la mer, c’est-à-dire les foules des nations qui ne font pas partie de l’empire romain. Les conséquences de ce jugement divin seront perceptibles jusqu’aux bouts de la terre. Tous s’associeront aux plaintes sur la grande ville.
Il y a plus que cela : l’annonce d’une autre voix. « Ô ciel, réjouis-toi sur elle, et vous les saints et les apôtres et les prophètes ! car Dieu a jugé votre cause en tirant vengeance d’elle » (v.20). C’est votre cause qui a été jugée, tout ce sang des saints martyrs, apôtres et prophètes. Il y a eu en elle plus de martyrs que dans la Rome impériale C’est la cause de ces hommes et la vengeance des martyrs que Dieu exécute. C’est l’œuvre de Dieu : en Romains 12:19 il est dit : « ne vous vengeant pas vous-mêmes ». Ils ont subi et souffert sans opposer de résistance, sachant que Dieu prendrait un jour leur cause en main.
À présent vient la fin définitive : « Et un ange puissant leva une pierre, comme une grande meule, et la jeta dans la mer, disant : Ainsi sera jetée avec violence Babylone la grande ville, et elle ne sera plus trouvée » (v.21) (comp. Jérémie 51:58,61-64). Suivent les cinq éléments dont nous avons déjà fait mention partiellement, éléments de la culture contemporaine, qui étaient si étroitement liés à Rome (v.22,23) : d’abord la musique, puis l’art en général « ouvrier », qui peut aussi être traduit par « artisan » ou « artiste », le bruit de la meule (le commerce et l’industrie), la lumière de la lampe, la voix de l’époux et de l’épouse (la fausse joie de cette église), tout cela prendra fin. « Car les marchands étaient les grands de la terre. Ce n’étaient pas de petits détaillants, non, ils faisaient partie des puissants qui ont une grande influence sur la terre. « Car, par ta magie, toutes les nations ont été égarées ». Qu’est-ce que la magie ? Le mot original suggère la drogue, en même temps que l’occultisme, ce qui appartient au domaine des démons. Dans cette église, on peut dire que, non seulement l’idolâtrie n’a pas été combattue, mais qu’elle a été accueillie. En 1 Timothée 4:1-3 nous trouvons certaines caractéristiques de l’église romaine pendant les derniers temps, par exemple la défense de se marier et l’abstention des viandes que Dieu a créées. Ce ne sont, d’après ce dernier passage, que des enseignements de démons, En 2 Timothée 3:1-8, il nous est parlé, non seulement des derniers temps, mais des derniers jours, et nous y trouvons les sorciers Jannès et Jambrès qui ont résisté à Moïse en Égypte, comme ceux qui résistent à la vérité dans la prétendue église chrétienne. Pourquoi cette église a-t-elle exercé une si grande influence en Occident ? On peut dire que c’est par sa puissance démoniaque et occulte qu’elle s’est attaché les grands de toutes les nations. « Et en elle a été trouvé le sang des prophètes, et des saints, et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre » (comp. 17:6).
Au chapitre 19:1, l’expression : « Après ces choses », montre que c’est une nouvelle section qui débute. Des cris de joie pourront être entendus au ciel. « J’ouïs comme une grande voix d’une foule nombreuse dans le ciel, disant : Alléluia » ! C’est le premier Alléluia du Nouveau Testament. Dans ce début de chapitre, jusqu’au verset 6, nous trouvons quatre fois cet Alléluia, et ce sont les seules mentions de ce terme dans le Nouveau Testament. Les jugements de Dieu, la colère de Dieu, sont consommés sur Babylone. (Il est intéressant de constater la première mention d’un « Alléluia » dans l’Ancien Testament, dans le Psaume 104:35 : « Louez Jah » ; voir la note : « Alléluia ». Le Psaume 104 est une description prophétique du royaume.) Une foule nombreuse prononce ici : « Alléluia » ; nous pensons qu’elle comprend tous les saints qui sont au ciel, à ce moment-là, sans aucune distinction. La foule célèbre « le salut et la gloire et la puissance de notre Dieu ! car ses jugements sont véritables et justes ; car il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par sa fornication, et il a vengé le sang de ses esclaves, le réclamant de sa main. Et ils dirent une seconde fois : Alléluia ! Et sa fumée monte aux siècles des siècles » (v. 1-3).
À présent le cercle se rétrécit et nous retrouvons les anciens. C’est la dernière fois qu’ils sont cités. Ils nous avaient été présentés pour la première fois en Apocalypse 4:4, assis sur vingt-quatre trônes dans le ciel. Au chapitre 5, ils étaient directement liés au trône de Dieu et de l’Agneau. Nous avons vu que les vingt-quatre anciens représentent tous les croyants qui sont reçus au ciel lors de l’enlèvement des saints ; ce sont les croyants de l’Assemblée en compagnie de ceux de l’Ancien Testament. Pour représenter l’Assemblée, nous trouvons au minimum quatre symboles dans l’Apocalypse :
● les anciens, qui comprennent aussi les croyants de l’Ancien Testament ; ces anciens régneront en compagnie du Seigneur pendant son règne de paix. Comme il s’agit ici de prophétie, des jugements de Dieu, de son règne sur la terre, sous ce rapport, il n’y a pas de différence entre les croyants de l’Assemblée et ceux de l’Ancien Testament.
● Mais quand il sera question des noces de l’Agneau, une différence apparaîtra : l’Assemblée du Dieu vivant seule est la femme de l’Agneau.
● Après les anciens et l’épouse, le troisième symbole est la ville, la nouvelle Jérusalem (chapitre 21),
● et le quatrième, nous en parlerons au verset 14 ; c’est : « les armées qui sont dans le ciel qui suivent le Seigneur « sur des chevaux blancs vêtus de fin lin » (nous verrons plus loin que les saints de l’Ancien Testament en font également partie).
S’il s’agit de
● leur position dans le ciel, de leur connaissance des voies de Dieu, le symbole d’anciens trouve bien sa place.
● S’il s’agit de son amour et de sa relation avec l’époux, c’est l’épouse.
● S’il s’agit de sa position pendant le règne, elle est comparée à une ville, qui sera une sorte de capitale du royaume céleste.
● S’il s’agit de combats, enfin, le Saint Esprit ne peut pas utiliser le symbole de la femme, mais il nous parle d’armées.
Les quatre animaux (v.4) portent les caractères symboliques des jugements de Dieu, en rapport avec sa création, tels que nous les avons vus au chapitre 4. Le cercle se rétrécit encore ; il n’y a maintenant plus qu’une seule voix sortant du trône. Ici, il est dit : « Louez notre Dieu, tous ses esclaves et vous qui le craignez, petits et grands » (v.5). Tous ses esclaves, c’est certainement le terme le plus étendu pour désigner tous les saints. Il est même possible que les anges y soient aussi compris, puisqu’au verset 10, l’ange dit qu’il est son « compagnon d’esclavage ». Tous les saints, dans la plus large étendue du terme, qu’ils soient d’une position modeste ou prééminente, sont nommés ses esclaves et appelés à louer Dieu, à le craindre et à l’adorer.
C’est le moment où peuvent enfin avoir lieu les noces de l’Agneau. Celui-ci est vu, au ciel, depuis le chapitre 5. Nous avons remarqué que les noces de l’Agneau ne pouvaient avoir lieu qu’après le jugement de la fausse église, selon la justice de Dieu. Immédiatement après le verset 5, les noces de l’Agneau peuvent être annoncées, juste avant le retour du Seigneur Jésus, et le commencement de son règne qui est proclamé par la « voix d’une foule nombreuse, et comme une voix des grandes eaux, et comme une voix de forts tonnerres disant : Alléluia ! car le Seigneur, notre Dieu, le Tout-puissant, est entré dans son règne » (v.6). Nous avons vu une expression semblable au chapitre 11:15, lors de la septième trompette, mais à ce moment-là ce n’en était que l’annonce ; il fallait encore verser les sept coupes. À présent sont célébrées les noces de l’Agneau. « Réjouissons-nous et tressaillons de joie, et donnons-lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues » (v. 7). Il n’est pas dit que ce sont nos noces, mais ce qu’il y a de magnifique c’est que ce sont ses noces. Nous ne sommes pas seuls à désirer ce moment ; lui-même attend le jour où il aura près de lui celle qu’il appelle son épouse. En ce jour-là, il est dit que sa femme s’est préparée ». Cette femme ne peut pas être confondue avec Israël ; c’est une difficulté, pour certains, et, effectivement, il n’en est pas ainsi. L’Agneau a son épouse céleste, l’Assemblée, qui a partagé son rejet sur la terre et qui partagera aussi sa gloire. Israël, ou Jérusalem, pour la désigner de manière plus précise, sera, d’après les Écritures de l’Ancien Testament, la femme du roi sur la terre. C’est la femme qui, dans l’Ancien Testament, était liée à l’Éternel et qui, tout à la fin, sera de nouveau liée à lui. C’est celle qui avait été momentanément renvoyée (Ésaïe 50:1) qui se liera de nouveau à l’Éternel. Cette union aura lieu sur la terre — le résidu terrestre sera uni au roi sur la terre ; le Psaume 45 nous en parle. Les noces de l’Agneau ont lieu au ciel alors qu’Il est impossible que l’union de Jérusalem avec le roi ait lieu au ciel. Nous avons ici les noces qui ont lieu au ciel. Il s’agit ici de l’épouse céleste, l’Assemblée du Dieu vivant, telle qu’elle nous apparaît de manière très nette en Éphésiens 5 et en 2 Corinthiens 11.
« Sa femme s’est préparée » (v.7) ; à quoi correspond cette préparation ? Une fiancée se prépare pour ses noces en mettant une belle robe. « Et il lui a été donnée d’être vêtue de fin lin, éclatant et pur, car le fin lin, ce sont les justices des saints ». Sa robe sera faite de cela même. « Justices » signifie ici actes justes, et Dieu manifestera quels sont ces actes justes, et quels sont ceux qui ne sont pas justes. Avant les noces, il est nécessaire qu’ait lieu ce que nous trouvons en Romains 14:10 et en 2 Corinthiens 5:10 : la manifestation des saints devant le tribunal de Christ. Cette comparution, ou manifestation, devant le tribunal de Christ, n’a rien à voir avec le jugement éternel. Nous nous trouverons là dans des corps glorifiés, semblables au corps de gloire de Christ, avec des couronnes d’or sur la tête ; comment serait-il possible que nous allions ensuite à la perdition ? Le juge ne sera autre que le Sauveur qui a donné sa vie pour nous ! Cette manifestation a pour but de nous rendre conformes au jugement de Dieu et de nous juger selon ses pensées, que nous connaîtrons à fond, comme aussi nous avons été connus (1 Corinthiens 13:12). Avant de pouvoir régner avec Christ et juger d’autres choses avec lui, il faut que nous sachions comment nous avons été jugés par le Seigneur. Il ne subsistera rien dans nos cœurs qui ne soit manifesté dans la lumière, à ce moment-là, afin que tout ce que nous avons fait dans notre corps soit découvert. Alors nous verrons combien de péchés nous ont été pardonnés, et nous saisirons toute l’étendue de la grâce de Dieu. Peut-être que ce que nous n’avions pas estimé être des actes justes sera vu dans cette magnifique robe de noces, et inversement, ce que nous avions compté comme des actes justes, n’y sera pas trouvé.
C’est pour ce motif que ce tribunal est si important : « C’est pourquoi aussi, que nous soyons présents ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables » (2 Corinthiens 5:9). Ce verset est d’ordre très pratique. Nous pouvons être persuadés que l’épouse sera dans toute sa beauté quand elle aura été revêtue de cette robe. Mais chacun pourra se poser cette question : dans quelle mesure ai-je contribué à la beauté de cette robe ? Combien y verra-t-on de mes actes justes ? 1 Corinthiens 3:15 nous parle de quelqu’un qui « sera sauvé, toutefois comme à travers le feu » : il faudra qu’il abandonne tous ses actes dans le feu et il ne restera rien pour orner la robe. Nous avons ici le côté de la responsabilité humaine, une robe telle que l’épouse l’aura elle-même confectionnée. Au chapitre 21:11, nous apprenons que l’épouse est aussi vêtue de la gloire de Dieu, ce qui ne vient que de sa grâce ; là nous n’avons rien fait, c’est l’œuvre du Seigneur Jésus qui nous vaut cela. La gloire de Dieu est présentée par l’or dont l’Église est revêtue dans sa forme de cité céleste : la nouvelle Jérusalem. Au Psaume 45:13-14, nous voyons l’épouse (quoiqu’il s’agisse ici de l’épouse terrestre) vêtue de broderies d’or et de vêtements de brocart. L’or parle de ce que Dieu a fait pour elle, le brocart parle de sa propre responsabilité, de ce qu’elle a fait sur la terre dans son activité ; et nous y retrouvons alors ses actes justes. Il y a donc deux côtés : l’un, ici, l’autre au chapitre 21. Mais, ici aussi, il est dit : « il lui a été donné » (v.8). S’il peut y avoir une robe faite d’actes justes, ce sera tout de même par la grâce de Dieu. Qui pourrait prétendre avoir accompli par sa propre force un seul acte juste pour lequel le Seigneur Jésus lui devrait un remerciement ? Il lui a été « donné » ! Tout est préparé par la grâce du Seigneur. Le mot grec traduit par « fin lin » n’est pas le même que celui qui est traduit par « lin »; c’est une matière plus précieuse. Ces actes justes ont plus de valeur pour Dieu que le vêtement des anges du chapitre 15:6 qui eux étaient vêtus d’un lin pur et éclatant.
« Et il me dit : Écris : Bienheureux ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau » (v.9). Qui sont les conviés ? Ce sont les croyants de l’Ancien Testament. Nous ne pensons pas qu’il puisse y en avoir d’autres et nous allons essayer d’étayer cette pensée. Il ne peut être question de l’épouse, puisqu’elle n’est pas une invitée à ses propres noces. Il y a d’une part les époux, et d’autre part ceux qui sont « conviés » au banquet. Il est clair également qu’il ne peut s’agir que de croyants. Quels autres croyants connaissons-nous ? Les saints qui sont morts, martyrs pendant la grande tribulation ? C’est impossible qu’il s’agisse d’eux, car ils n’ont pas encore revêtu leurs corps glorieux. Leur résurrection n’a lieu qu’au chapitre 20:4, après l’avènement du Seigneur. Ils sont encore ensevelis, ce sont des âmes, comme ceux du chapitre 6:9 qui étaient sous l’autel. Il ne s’agit pas non plus de saints vivants ; ils ne peuvent pas être présents au ciel à ce banquet. Il faut que ce soient des saints qui sont au ciel, distincts de l’Assemblée et pourtant glorifiés. Ce ne peut donc être que les saints de l’Ancien Testament.
À ce sujet nous trouvons une autre indication encore dans les paroles de Jean le Baptiseur, en Jean 3:29, où il dit être l’« ami de l’époux ». Jean a vécu et est mort avant le jour de la Pentecôte où l’Assemblée a été établie. Dans cette perspective, Jean le Baptiseur fait encore partie de l’ancienne économie. Le Seigneur Jésus dit en Matthieu 11:11 que Jean était le plus grand « parmi ceux qui sont nés de femme ». Cela signifie que, dans l’ancienne économie, il était le plus grand, cependant relativement à la nouvelle, il est moins que le moindre dans le royaume de Dieu. Nous voyons que l’Assemblée est bien élevée au-dessus des saints de l’Ancien Testament ; le plus petit de la nouvelle économie est plus grand que le plus grand de l’ancienne économie. Cependant Jean le Baptiseur sera un hôte très honoré au banquet des noces de l’Agneau. Nous trouverons parmi ces hôtes : Moïse, David, Elie, Elisée et beaucoup d’autres, tous présents à ces noces merveilleuses. Alors que nous sommes très petits, dans notre foi pratique, combien nous avons de privilèges, par rapport à ces hommes que nous venons de citer. Notre position, par la grâce de Dieu, nous place plus haut qu’un Abraham et que bien d’autres hommes de Dieu. Nous sommes élus avant la fondation du monde pour appartenir à l’épouse de l’Agneau. Le Seigneur est tellement précieux pour Dieu que, de nos jours, il faut qu’il y ait une assemblée sur la terre pour partager son rejet. C’est pour cela que l’Assemblée est si précieuse aux yeux de Dieu : elle a choisi le côté de l’Agneau méprisé et rejeté.
« Et il me dit : Ce sont ici les véritables paroles de Dieu » (v.9). Dieu le dit lui-même, et cela nous donne une pleine assurance. Le moment viendra où nous prendrons part à ce banquet, non pas comme conviés, mais au titre d’épouse. Cela produit une très forte impression sur Jean et c’est bien beau de voir la description s’interrompre pour entendre l’apôtre relater cet événement. S’il est impressionné au chapitre 17:6, lorsqu’il voit la fausse église, il est ici plein de joie et émerveillé par les actes et les paroles de Dieu. Il fera partie de l’épouse, il déborde de joie. Sa réaction est bien compréhensible, bien qu’elle ne soit pas appropriée : il tombe devant les pieds de l’ange pour lui rendre hommage. C’est un ange, qui ne doit pas être adoré, ce que nous savons déjà par Colossiens 2:18. Cet ange est aussi un esclave, un envoyé, un serviteur. Cet incident est très instructif pour nous parce qu’il est l’occasion de la magnifique réponse de l’ange à la fin du verset 10 : « Et il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis ton compagnon d’esclavage et celui de tes frères », il ne se met pas au niveau de l’apôtre, mais au rang d’un compagnon d’esclavage de Jean et de ses frères. Tous sont des esclaves de Dieu, qu’importe le service, grand ou petit ! Nous ne nous prosternons pas devant des hommes ou des anges, mais devant Dieu.
L’ange ajoute : tes frères « qui ont le témoignage de Jésus » (v. 10). Cette expression s’est déjà présentée à nous au chapitre 1:2. Puis Jean dit lui-même qu’il est dans l’île de Patmos pour le témoignage de Jésus (1:9). Il ne dit pas seulement ces paroles aux chrétiens, mais aussi aux saints de la grande tribulation. Tous les vrais croyants ont l’honneur d’avoir le témoignage de Jésus. Qu’est-ce que le témoignage de Jésus ? « L’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus ». Le témoignage de Jésus est celui qu’il nous a donné lui-même par ses esclaves. C’est le témoignage qu’il a été le premier à rendre par la prophétie ; l’esprit qui parlait par les prophètes était l’Esprit de Jésus. Il a été aussi Témoin sur la terre. Il s’appelle lui-même le Témoin fidèle et véritable au chapitre 3:14. Il y en a d’autres qui partagent sa position de rejeté. C’est le témoignage de Jésus, de celui qui est rejeté de ce monde ; lui-même le rend, bien qu’il soit au ciel, par ses esclaves, petits et grands. À ce titre, nous poursuivons par l’Esprit de Jésus le témoignage qu’il a lui-même rendu pendant son rejet. Après l’enlèvement de l’Assemblée, d’autres poursuivront ce témoignage prophétique, pour lequel certains seront mis à mort.
Cette parole peut être aussi comprise d’une autre manière. Ce n’est pas seulement le témoignage rendu par Jésus et les siens, mais le témoignage qui parle de Jésus — pensée précieuse et importante. Cela veut dire que l’esprit de prophétie sera alors un témoignage concernant Jésus. Combien il est précieux de lire l’Apocalypse ainsi. Nous le disons en particulier à ceux qui désirent étudier les prophéties. N’oublions pas qu’il est dangereux de s’occuper d’événements en ne distinguant que ces événements. L’esprit de prophétie est un témoignage à Jésus. Ne voyons que les choses positives, bonnes, sanctifiantes qui se trouvent dans le témoignage à Jésus, sinon nous en aurons peu de profit. Dieu jugera, en son temps, ce qui est méchant, ce qui n’est pas en accord avec Jésus, et il sauvera et glorifiera tous ceux qui ont porté les caractères du Rejeté. Nous n’aurons rien compris aux prophéties si nous n’avons pas compris que l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus. Toute la Parole, ce livre précieux aussi, malgré sa sévérité, parle de Jésus. L’Esprit qui parle dans ce livre est l’Esprit de Dieu qui témoigne de Jésus.
Nous venons de nous occuper du grand appendice qui comprend les chapitres 17 et 18 et 19:1-10. Il était nécessaire, pour nous faire la description de la grande Babylone, la fausse église, tandis que les versets 7-10 du chapitre 19 nous parlent des noces de l’Agneau avec la vraie épouse. Après cela, le fil des événements se renoue. Au chapitre 16:13-16 les rois de la terre avaient été rassemblés à Armagédon pour le combat. C’est là que nous les avons laissés et que nous les retrouvons au verset 11 de notre chapitre. Il n’y avait qu’une allusion au jugement de ces rois à Armagédon, au chapitre 17:14 : « Ceux-ci combattront contre l’Agneau ; et l’Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui sont avec lui, appelés, et élus, et fidèles ». Ce verset est un condensé de ce que nous avons devant nous dans les versets 11 à 16.
Il est beau de voir le Saint Esprit donner tant d’explications pour nous montrer la venue du Seigneur Jésus, alors que le règne de mille ans occupe une place beaucoup moins importante dans ce livre. Le moment qui se présente devant nous est si grand et si merveilleux qu’il justifie une description détaillée. Nous voyons ici sa venue, son avènement avec son Assemblée, laquelle fait partie des armées qui sont au ciel (v. 14). À la différence de l’enlèvement, qui se fera dans le calme, c’est-à-dire que le monde ne s’en apercevra pas, nous avons ici son apparition publique sur la terre, telle que nous la voyons au ch. 1:7.
« Et je vis le ciel ouvert (v. 11). Il est fait plusieurs fois mention du ciel ouvert dans le Nouveau Testament : premièrement lors du baptême de Christ en Matthieu 3:16 quand l’Esprit de Dieu descend comme une colombe et vient sur lui ; deuxièmement quand Etienne vit « le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Actes 7:56). Dans notre passager c’est la troisième fois que le ciel s’ouvre ; c’est pour le retour du Seigneur Jésus sur la terre pour commencer son règne. Le ciel sera ouvert, enfin, comme l’annonce le Seigneur lui-même en Jean 1:52, pour ceux qui contemplent le Fils de l’homme dans la gloire de son règne. Ainsi à quatre reprises le ciel est ouvert, et c’est toujours en rapport avec sa précieuse personne.
Dans notre passage, c’est celui qui s’est abaissé qui revient prendre sur la terre la place qui lui revient. Il vient, assis sur un cheval blanc, couleur qui indique la pureté et la justice de ses jugements ; le cheval nous montre la puissance de sa venue (cela nous rappelle le cheval blanc du chapitre 6:2). « Et celui qui est assis dessus appelé fidèle et véritable » : c’est le même « témoin fidèle et véritable » qu’au chapitre 3:14, en contraste avec la chrétienté, tellement infidèle. « Et il juge et combat en justice ». Sa splendeur est grande pour nos cœurs, mais elle est très solennelle, en rapport avec ce jugement. Il vient pour combattre ; nous le voyons donc dans son caractère de Juge. Ses yeux sont une flamme de feu » (v.12), comme au chapitre 1. À ce moment-là, il se présentait ainsi à l’Assemblée à cause de son infidélité, mais ici c’est pour exécuter les jugements envers les incrédules. Il ne s’agit pas de la chrétienté (la fausse chrétienté est déjà jugée), mais du jugement de la bête et du faux prophète.
« Et sur sa tête il y a plusieurs diadèmes » (v. 12). Il rencontrera la bête sur la terre avec ses dix diadèmes, le dragon avec ses sept diadèmes, mais lui a plusieurs (litt. beaucoup de) diadèmes, une majesté royale bien au-delà de toute comparaison. Il les vaincra, lui, le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois (chapitre 17:14). Le Saint Esprit nous donne cette magnifique description, mais il n’est pas possible de donner un tableau complet de toute cette splendeur. Quelques-unes de ses gloires ne peuvent être révélées, ni à nous ni à personne, et même Jean ne peut pas nous les relater. Le Fils de l’homme qui apparaîtra sur le cheval blanc, est en même temps le Fils de Dieu qui s’adresse à nous en Matthieu 11:27 : « Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père ». Voilà pourquoi « il porte un nom écrit que nul ne connaît que lui seul ». À côté de ses gloires apparentes, il y a ses gloires essentielles, divines, célestes et éternelles que personne ne peut connaître complètement et parfaitement, sinon Dieu le Père, et Dieu le Fils, le Seigneur lui-même.
« Il est vêtu d’un vêtement teint dans le sang » (v. 13). Sa venue est pour la vengeance, comme nous l’avons vu au chapitre 14:20, où la cuve fut foulée : c’est un jugement sans aucun ménagement. Le raisin est écrasé et il sortit du sang comme cela est dit en Ésaïe 63:1-4.
« Et son nom s’appelle : La Parole de Dieu C’est un nom qui parle au cœur et que nous trouvons particulièrement dans les écrits de Jean. « La Parole devint chair » (Jean 1:14). Il est bien émouvant de penser qu’une telle personne divine et glorieuse, qui devint chair sur la terre, était la Parole de Dieu, faisant valoir la sainteté, la justice du Père et ses autres gloires, et cela, par sa grâce et en vérité, jusqu’à la mort. C’est dans l’abaissement qu’il est venu pour la première fois, Manifestant la grâce et la vérité, il révéla Dieu ; c’est la signification de l’expression « la Parole de Dieu ». C’est lui-même qui est Dieu et la manifestation divine, même dans les jours de son ministère sur la terre. En Jean 12:48 le Seigneur dit : « la parole que j’ai dite, celle-là le jugera au dernier jour ». Le moment de juger ceux qui n’ont pas cru à sa Parole est venu ; ce n’est plus sa grâce, mais sa justice et son jugement, et en cela aussi nous avons une expression de la gloire de Dieu, qui n’est pas seulement amour mais aussi lumière. Ici, il révèle Dieu en jugement.
Le Seigneur Jésus ne vient pas seul : « les armées qui sont dans le ciel le suivent sur des chevaux blancs, vêtus de fin lin, blanc et pur » (v. 14), Nous avons déjà remarqué le fin lin, différent du lin qui habille les anges. On peut conclure de cela que ces armées ne sont pas constituées par des anges. Toutefois, 2 Thessaloniciens 1:7 et Matthieu 25:31 nous apprennent que le Seigneur Jésus, à sa venue, sera aussi accompagné d’anges. Mais ici ces armées sont vêtues comme l’épouse au verset 8. Ce sont donc tous les saints célestes glorifiés. Dans ces « armées », il n’est pas fait de différence entre l’épouse et ceux qui sont conviés aux noces de l’Agneau. Il ne faut pas penser que ces armées viennent pour exécuter le jugement ; le Seigneur Jésus seul exécute le jugement. En Jean 5:22 nous voyons que « Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils », le Fils de Dieu qui est en même temps le Fils de l’homme. Nous sommes seulement ceux qui l’accompagnent. En ce qui concerne le jugement, en rapport avec la colère de l’Agneau, il est le seul à juger. Lui seul a une épée alors que les armées n’en ont pas. Quand il est dit ensuite : « Et une épée aiguë à deux tranchants sort de sa bouche, afin qu’il en frappe les nations ; et lui les paîtra avec une verge de fer » (v. 15), ce n’est pas seulement pour juger, mais aussi pour régner, et c’est à cela que nous sommes appelés dans notre passage : les armées régneront avec lui, comme rois. « Je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer », est-il dit au vainqueur de Thyatire (chapitre 2:26-27). Nous partagerons son règne, mais il est seul à exécuter les jugements.
Insistons cependant encore sur le fait que la venue du Seigneur dont il est question ici n’est pas celle par laquelle il viendra chercher les siens. Parmi beaucoup d’autres passages, voyez Zacharie 14:5 : « il viendra et tous les saints avec toi ». Jude nous parle d’Enoch qui a prophétisé de ceux-ci en disant : « Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades » (v. 15). Et aussi : « Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire » (Colossiens 3:4). Bien d’autres passages nous parlent de ce sujet, par exemple 1 Jean 3:2 : « nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables ». C’est le moment de son apparition, qui sera aussi celui de la manifestation des « appelés, et élus, et fidèles » (chapitre 17:14), C’est la révélation des fils de Dieu d’après Romains 8:19.
Une épée aiguë à deux tranchants sort de sa bouche, dans ses mains est la verge de fer, et avec ses pieds, il foule la cuve du vin de la fureur de la colère de Dieu. C’est donc un jugement guerrier. Les nations seront vaincues par ce jugement guerrier, et il les paîtra ensuite avec une verge de fer, ce qui correspond au gouvernement. Le jugement est sans ménagements ; c’est la cuve du vin de la colère de Dieu le Tout-puissant. Au chapitre 14:19 nous avons déjà trouvé une allusion à cet événement. Historiquement, après cette scène se situe la séance du tribunal (Matthieu 25), où le Seigneur Jésus exerce le jugement sur son trône, au début du règne millénaire et les nations seront présentées devant lui.
« Et il a sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit » (v. 16). Le vêtement correspond à son attitude extérieure, et là où nous nous attendrions à trouver son épée sur sa cuisse, comme au Psaume 45:3, il y a un signe de sa puissance et de sa force, car nous y voyons son nom : « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». Nous avons déjà trouvé ce titre au chapitre 17:14, et il est remarquable que nous l’ayons également en 1 Timothée 6:15, où il exprime le nom de Dieu lui-même, qui introduira alors le Seigneur Jésus sur la scène. C’est une nouvelle preuve, comme beaucoup d’autres dans les Écritures, que le Seigneur Jésus est Dieu lui-même. Par exemple, en Daniel 7, il est présenté au verset 13 comme « Fils d’homme » devant l’« Ancien des jours », pour entrer dans le règne ; puis, au verset 22, il apparaît comme l’« Ancien des jours » qui vient. C’est la même personne. Le Fils de l’homme, l’Agneau d’Apocalypse 5, est la même personne que Dieu le Tout-puissant, le Créateur, assis sur le trône, en Apocalypse 4:2 ; il est Dieu et homme à la fois et il sera révélé dans ces deux caractères sur la terre comme « Rois des rois et Seigneur des seigneurs ».
Le jugement est parfaitement arrêté, et il y en a à peine une description. La fin est annoncée avant que rien ne soit encore fait. « Je vis un ange se tenant dans le soleil » (v. 17), à un endroit élevé en puissance et en autorité il annonce un repas de Dieu pour les bêtes et les oiseaux de proie : « Il cria... à tous les oiseaux qui volent par le milieu du ciel » (c’est un tableau qui se trouve aussi en Ézéchiel 39:17-20 à propos de Gog) : « Venez, assemblez-vous au grand souper de Dieu ». Nous pouvons faire un parallèle entre ce repas et le banquet de noces de l’Agneau. Quel contraste ! Un repas bienheureux, au ciel, et, peu de temps après, le terrible souper de Dieu sur la terre où ces milliers d’hommes seront anéantis, tous appelés à la destruction, rois, chiliarques, puissants, hommes libres ou esclaves, petits ou grands, chacun sera jugé. Jusqu’au plus « petit » pécheur, il n’y aura pas de différence entre eux tous. Un pécheur est un pécheur et mérite le jugement. Nous avons vu les petits et les grands esclaves de Dieu au verset 5, et ici les petits et les grands parmi ses ennemis. Plus tard les morts, grands et petits, seront vus devant le grand trône blanc. Il est clair que les grands, les puissants, ont une responsabilité plus grande que d’autres qui seront obligés de faire partie de ces armées hostiles, mais tous passeront par le même jugement de la mort.
Alors vient un moment solennel : « Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour livrer combat à celui qui était assis sur le cheval et à son armée » (v.19). Il n’y a aucune description de bataille ; la fin du combat est annoncée immédiatement : « Et la bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles » (v.20). Cela correspond à ce qui est dit au chapitre 13.13 et qui nous montre que ce faux prophète est le même personnage que la deuxième bête : l’Antichrist qui a fait les miracles, qui a séduit la terre et tous ceux qui se sont prosternés devant la première bête.
« Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre » (v.20). Il est très remarquable qu’ils ne subissent pas le sort de leurs armées dont il est dit : « et le reste fut tué par l’épée » (v.21). Les combattants seront tués et, d’après le verset 18, leur chair sera mangée. L’accomplissement de cette citation du verset 18 se trouve au verset 21 : « le reste fut tué par l’épée de celui qui était assis sur le cheval, laquelle sortait de sa bouche, et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair ». Ils seront tués et entreront en hadès, et ils resteront dans ce royaume des morts pendant mille ans, attendant la résurrection de jugement ; puis ils paraîtront devant le grand trône blanc que nous verrons au chapitre 20:11. Mais ce ne sera pas le cas pour ces deux personnages : la bête et le faux prophète. Il nous est dit d’eux qu’ils ne seront pas tués, mais que, sans subir la mort corporelle, ils seront précipités dans l’étang de feu. « Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre » (v.20). Ce ne sera pas encore le sort du dragon, de Satan. Il entrera encore en scène, mille ans après. 2 Thessaloniciens 2:3 désigne l’Antichrist comme l’homme de péché et, au verset 8, il nous est dit que le Seigneur Jésus le « consumera par le souffle de sa bouche ». Dans notre passage nous voyons de quelle effrayante manière : il sera jeté vivant dans l’étang de feu. De même qu’il y eut deux hommes dans l’Ancien Testament qui sont allés au ciel sans mourir : Enoch et Elie, de même ces deux hommes méchants iront dans la géhenne de feu sans connaître la mort. Il n’y aura que ces deux personnes dans la géhenne de feu pendant les mille ans du règne, et, actuellement, il ne s’y trouve encore personne ; les trépassés vont dans le hadès, le royaume des morts (tel l’homme riche de Luc 16:23). Ils y resteront jusqu’à la deuxième résurrection, celle des incrédules (20:5,12). Ce n’est qu’après le jugement du grand trône blanc qu’ils iront dans l’étang de feu ; nous y reviendrons (20:15).
Il nous est donné maintenant des précisions sur Satan, le dragon. Il a été jeté sur la terre (chapitre 12). C’est pour cela qu’un ange doit descendre du ciel pour saisir le dragon (v. 1). Il vient « ayant la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main ». En rapport avec l’abîme, nous avons vu que la bête en monte (chapitres 11:7 ; 17:8). Au chapitre 9, il a été question des démons, dans l’abîme : il a fallu une clef pour l’ouvrir, et ici, cette clef est nécessaire pour fermer l’abîme pendant mille ans.
« Le dragon, le serpent ancien qui est le diable et Satan » (v2) est lié. C’est lui l’auteur de la misère de l’humanité et du péché qui est entré dans le monde. Malheureusement, nous constaterons plus tard que, après mille ans, la nature humaine, la chair n’aura pas changé. Durant les mille ans, la justice régnera sur la terre. Elle n’y habitera pas encore ; ce ne sera le cas que sur la nouvelle terre (2 Pierre 3:13), ce qui veut dire que toute injustice sera enlevée de la terre, que le péché disparaîtra de l’univers, comme Jean le Baptiseur l’a annoncé en Jean 1:29 ; cela ne sera pas encore le cas durant le règne millénaire. De ceux qui abandonneront l’Éternel, nous apprenons par Ésaïe 65:11-12 qu’ils seront « comptés pour l’épée ». Le Psaume 101:7-8 nous dit : « Chaque matin, je détruirai tous les méchants du pays, pour retrancher de la ville de l’Éternel tous les ouvriers d’iniquité » (voir aussi Sophonie 3:5). Ceci s’accomplira envers ceux qui s’élèveront publiquement contre Dieu, mais en général, il n’y aura pas de rébellion. Il est dit en Ésaïe 65:20, que « le jeune homme mourra âgé de cent ans, et le pécheur âgé de cent ans sera maudit »; ce seront donc les rebelles. Mais la plupart de ceux qui naîtront et qui ne seront pas nés de nouveau ne se rebelleront pas contre Dieu avant que Satan soit délivré après les mille ans, et ne les séduise (v. 7-10). Leur mauvais cœur devra être rendu manifeste par la libération de Satan.
C’est le seul passage de toute l’Écriture qui nous apprenne que le règne de paix durera mille ans, expression que nous trouvons ici six fois. Il y a d’autres passages qui nous font comprendre que le règne du Fils de l’homme ne durera pas éternellement, contrairement au règne de Dieu. Dieu le Fils, comme toute la Trinité divine régnera éternellement, mais le règne du Fils de l’homme sera limité à mille ans, jusqu’à la remise du royaume à Dieu le Père (1 Corinthiens 15:24). Les mille ans sont cités trois fois en rapport avec Satan, deux fois en rapport avec ceux qui régneront avec le Seigneur, et une fois en rapport avec la résurrection. Jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis, le diable ne séduira plus les nations, comme il l’a fait au chapitre 16:13, mais au terme des mille ans, il essaiera de nouveau de séduire les hommes.
À partir du verset 4, nous avons la description du règne. Il est remarquable que tout ce livre soit nécessaire pour décrire les jugements qui prépareront ce règne et en donner les motifs, alors que la description du règne lui-même est si courte. Nous pensons qu’il y a deux raisons à la brièveté de cette description. D’une part, nous avons un appendice à partir du chapitre 21:9, qui nous présente l’Épouse, la femme de l’Agneau, la sainte cité, Jérusalem, pendant le règne millénaire. D’autre part, tout l’Ancien Testament se trouve alors accompli avec toutes ses prophéties, et nous y avons tant de types et d’illustrations pour nous montrer le règne, qu’une description détaillée ici ne s’avère plus nécessaire. Mais le livre de l’Apocalypse comporte des détails sur tout ce qui manque dans l’Ancien Testament, parce que le rejet du Messie avec toutes ses conséquences y était à peine perceptible. Nous trouvons ici tout ce qui permettra l’établissement du règne malgré le rejet du Messie. La description du règne est très brève et ce sont surtout les saints, régnant avec le Seigneur Jésus, qui sont mentionnés.
Il y a, au verset 4, trois compagnies de saints. D’abord, « je vis des trônes » dit Jean, comme Daniel (7:9) ; mais ce dernier ne voyait personne sur ces trônes. Il ne pouvait évidemment pas voir l’Assemblée qui ne se distinguait pas encore à l’époque. Il est question, en premier lieu, des croyants qui seront à ce moment-là dans le ciel, y compris ceux de l’Ancien Testament, qui sont vus maintenant sur ces trônes. Cela pourrait paraître un peu mystérieux, puisque rien ne se rattache à ces « ils ». Mais il est facile de montrer qu’« ils », ici, signifie les saints célestes. Ces trônes sont en rapport avec le gouvernement de la terre. Ce sont ceux dont il a été question à maintes reprises : l’épouse et les conviés (ou : les armées du ciel) sont assis sur ces trônes ; ce sont ceux qui règnent avec Christ pendant mille ans.
Un deuxième et un troisième groupe, que nous avons déjà rencontrés dans l’Apocalypse, sont constitués par les saints qui, après l’enlèvement de l’Église, sont venus à la repentance, se sont convertis et ont subi, dans cette période, la mort des martyrs. Au moment de l’avènement du Seigneur Jésus, ils ressusciteront. Ils auront part à la première résurrection dans sa dernière phase. Ces deux groupes se distinguent ainsi : les premiers sont les martyrs d’avant la grande tribulation, ceux que nous avons vus au chapitre 6 sous l’autel ; ce sont les âmes de ceux qui auront été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la Parole de Dieu, ceux qui auront annoncé l’évangile du royaume et seront morts en martyrs avant les trois dernières années et demi. Comme le Seigneur Jésus l’annonçait au chapitre 6:9-11, ils devront attendre l’autre groupe de martyrs (la troisième compagnie de saints du v.4), ceux qui auront succombé pendant la grande tribulation, qui n’auront pas rendu hommage à la bête et qui n’auront pas reçu sa marque sur leurs fronts et sur leurs mains. Ils auront part, eux aussi, à la première résurrection « et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans ».
Il y aura aussi, sur la terre, des hommes qui auront cru pendant la période apocalyptique et qui ne passeront pas par la mort des martyrs. Ils resteront sur la terre et entreront dans le royaume comme les brebis de Matthieu 25:32-34. Ce sont les croyants, des Juifs et la grande foule de ceux des nations, venant de cette période, qui entrent dans le règne (chapitre 7:9). Ils seront pour le roi, sur la terre des sujets soumis.
Il faut aussi distinguer les résurrections des deux grandes catégories d’hommes, celle des croyants et celle des incrédules. Pour la plupart, les croyants d’aujourd’hui ne pensent qu’à une seule résurrection « au dernier jour ». La Parole est pourtant très explicite : il y aura une résurrection avant le règne, et une deuxième, qui, ici, n’est pas appelée résurrection, après le millénium. Ce sera cependant une résurrection, puisque le verset 5 nous dit : « le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ». Donc, après les mille ans, les morts incrédules seront rappelés à la vie, ce qui équivaut à une résurrection : le corps sera bien vivifié, mais l’esprit restera dans un état de mort morale, de sorte qu’ils sont appelés des « morts » devant le grand trône blanc. Leurs corps étant vivifiés, capables de passer l’éternité en enfer, ils resteront moralement morts ; c’est aussi pour cela qu’il est parlé de la seconde « mort » (v.6), qui se perpétuera dans l’éternité en enfer. La première mort est corporelle et momentanée, la seconde est spirituelle, loin de la face de Dieu (comp. Matthieu 10:28).
Il y aura donc deux résurrections, ce qui est très clair dans l’Écriture. En Marc 9:9 et ailleurs, le Seigneur parle lui-même d’une résurrection d’entre les morts : « Le fils de l’homme serait ressuscité d’entre les morts ». Cela veut dire que certains resteront dans la tombe alors que d’autres ressusciteront, comme cela fut le cas pour le Seigneur et comme ce sera le cas pour les croyants. « Si... je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts », dit Paul aux Philippiens (3:11). La deuxième résurrection est celle de ceux qui sont morts dans leurs péchés. Luc 14:14 et Actes 24:15 parlent de la résurrection des justes et de celle des injustes. Le Seigneur Jésus distingue, en Jean 5:29 : « la résurrection de vie » et « la résurrection de jugement » ; et Paul, en 1 Corinthiens 15:23-24, distingue : « les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue ; ensuite la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père ». Il ajoute, au verset 26 : « le dernier ennemi qui sera aboli c’est la mort » ; en ressuscitant les incrédules de l’emprise de la mort corporelle, Dieu abolira la mort : elle sera jetée dans l’étang de feu. Il est très important de distinguer les deux résurrections en relation avec le règne.
« C’est ici la première résurrection. Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection : sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir » (v.6). Une fois de plus il est nettement montré que la première résurrection ne concerne que les croyants et que la deuxième résurrection ne concerne que les incrédules. Des croyants, il est dit : « ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ et ils régneront avec lui mille ans » (v.6). Régner signifie littéralement, dans l’original grec, régner en rois ; et ils seront aussi sacrificateurs. Non pas sacrificateurs pour Dieu, mais sacrificateurs de Dieu et du Christ. Les vingt-quatre anciens du chapitre 5, étaient sacrificateurs pour Dieu ; ils venaient au sanctuaire avec leurs intercessions pour les saints de la terre. Ici, nous les voyons venant du ciel pour être des sacrificateurs pour la terre, non pas des sacrificateurs représentant les hommes devant Dieu, mais des sacrificateurs représentant Dieu pour les hommes sur la terre. C’est le même caractère que présente le Seigneur Jésus en sa qualité de roi et de sacrificateur. Zacharie 6:13 nous cite cette double qualité, « sacrificateur sur son trône ». En Genèse 14.18 nous avons la belle image de Melchisédec qui, comme roi et sacrificateur, alla vers Abram et le bénit, et, en ces qualités, fit apporter du pain et du vin. Nous apporterons, sur la terre, la bénédiction de la présence de Dieu. 1 Pierre 2:5,9 parle d’une « sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ », mais aussi d’une « sacrificature royale » pour annoncer « les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». Nous possédons déjà, à proprement parler, ces deux caractères actuellement. Ici, nous voyons combien nous serons en bénédiction aux hommes de la terre en étant sacrificateurs de Dieu et du Christ durant le règne.
Dans les versets 7 à 10, nous avons encore la relation d’une triste histoire : il faut que soit donnée la dernière preuve que la chair de l’homme est incorrigible. Il n’y a pas de démonstration plus éclatante que celle-ci : mille ans de gouvernement de paix et de justice, avec les meilleures bénédictions de Dieu n’ont pas amélioré la chair. On se demande comment il pourra y avoir des incrédules durant le règne de mille ans. Nous avons, en effet, vu en Matthieu 25 que ce sont les brebis qui sont entrées dans le royaume. Mais, un nombre considérable d’hommes naîtra durant le règne, et les hommes ne mourront pas à moins qu’ils ne se soulèvent ouvertement contre Dieu. De ce fait, la population de la terre augmentera considérablement durant ces mille ans. D’Israël, il sera dit selon Ésaïe 60:21 : « Ton peuple — eux tous, seront justes » (comp. Romains 11:25 : « tout Israël sera sauvé ») ; tandis que d’autres passages nous parlent d’une obéissance feinte de la part de certains parmi les nations (Psaume 18:44, « les fils de l’étranger se sont soumis à moi en dissimulant » ; Psaume 66:3, « Tes ennemis se soumettent à toi, à cause de la grandeur de la force » ; Psaume 81:15, « ceux qui haïssent l’Éternel se seraient soumis à lui » ; comp. aussi Michée 7:17). Ils ne peuvent pas se rebeller ouvertement contre Dieu et c’est pour cela qu’ils useront de feintes, mais dans leurs cœurs ils le haïront. « La pensée de la chair est inimitié contre Dieu » (Romains 8:7). Ce principe est si vrai qu’il se retrouvera aussi durant le règne, qui se déroulera pourtant dans les conditions les plus favorables. L’homme est toujours prêt à rejeter la faute sur le dragon, et les mille ans seront nécessaires pour lui enlever toute illusion sur la chair, et pour prouver son incapacité. Même dans de telles conditions, le cœur de l’homme ne s’améliorera pas et la moindre tentation le prouvera dès que Satan sera délié.
Ces gens des nations seront trouvés « aux quatre coins de la terre » (v.8), alors qu’ils devraient monter tous les ans à Jérusalem (Zacharie 14:16). Aux abords de Jérusalem, la cité bien-aimée, nous trouvons au verset 9 le camp des saints. Jérusalem sera le centre, et, tout autour, le camp des saints, séparé moralement et géographiquement de toutes les nations qui se trouveront aux quatre coins de la terre. Celles-ci montrent ainsi leurs sentiments ; elles se tiennent loin de Jérusalem, centre du gouvernement du Seigneur. C’est là que Satan les trouve et les rassemble sous le nom de Gog et Magog (qu’il ne faut pas confondre avec les nations de ce nom en Ézéchiel 38 et 39, qui représentent des armées qui s’assemblent avant le règne). Ici, les révoltés essaient encore une fois de combattre, mais ils sont finalement dévorés par le feu qui descend du ciel. Venant des quatre coins de la terre, toutes les nations incrédules, loin de Jérusalem, s’assemblent avec le même caractère de haine et de terreur que Gog et Magog d’Ézéchiel 38 et 39, dont elles prennent moralement le caractère. Ces révoltés viennent pour le combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer. Et ils montèrent sur la largeur de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée » (v.8,9) : quelle chose étonnante ! Nous devrions pourtant savoir ce qu’est le cœur de l’homme. Dès l’apparition de Satan, le séducteur, ils se laissent égarer ; les mille ans de bonheur n’empêcheront pas qu’ils montent au combat pour ôter de la terre les hommes saints et fidèles.
La description de ce combat est plus brève encore que celle du chapitre 19 ; il n’est pas question de la venue du Seigneur puisqu’elle a précédé le règne, mais c’est un jugement direct et foudroyant de Dieu sur ces armées assemblées : « du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora. Et le diable qui les avait égarés fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles » (v.9,10). C’en est fini du dragon ; c’est, pour ainsi dire, la quatrième et dernière étape de sa ruine. D’abord, il y a eu l’apparition du péché en lui, puis, au chapitre 12, il sera précipité sur la terre, ensuite il sera jeté pour mille ans dans l’abîme, et, enfin, il sera jeté dans l’étang de feu et de soufre.
Les armées de Gog et de Magog étant anéanties, c’est pour un temps très court que ces hommes révoltés séjourneront en hadès, car le jugement du grand trône blanc suit immédiatement, au verset 11 : « Et je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus, de devant la face duquel la terre s’enfuit et le ciel ; et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux ». En réalité, c’est toujours le même trône de jugement que nous trouvons en divers lieux et à diverses occasions dans les Écritures. Il y a trois séances du tribunal : la première au ciel, avant le banquet des noces de l’Agneau ; c’est la manifestation des croyants (Romains 14:10 ; 2 Corinthiens 5:10). Il n’y comparaît que les croyants célestes ; leur sort est fixé : ils sont sauvés, mais il faut qu’ils se connaissent eux-mêmes à la lumière de Dieu. La deuxième séance a lieu sur la terre après la venue du Seigneur pour régner (Matthieu 25:31). Il est question là de trois catégories de personnes : les brebis, les chèvres et les frères du Roi qui ont prêché l’évangile du royaume. Que feront les hommes de ce message ? Les brebis l’accepteront et entreront dans le royaume qui a été préparé pour elles depuis la fondation du monde. C’est la « grande foule » (Apocalypse 7) qui héritera du royaume. Les chèvres représentent ceux qui seront mis à mort avant le règne pour n’avoir pas accepté le message et qui paraîtront devant le grand trône blanc avec tous les autres morts.
Or nous trouvons ici la troisième séance, en un lieu qui ne nous est pas connu, sans aucune description, et que nous aurions de la peine à situer puisque la terre et le ciel auront fui. « Il ne fut pas trouvé de lieu pour eux » (v. 11) ; c’est une sorte d’introduction à ce que nous trouverons au chapitre 21:1. À nouveau, il n’y a qu’un seul groupe devant le trône ; de même qu’au ciel il n’y aura que des croyants, ici il n’y aura que des incrédules ! Tous les croyants sont ressuscités avant le règne ; pendant le règne, il n’y aura plus de croyants parmi les morts. Aucun croyant ne mourra pendant le règne. Ils prendront de l’âge, plus qu’Adam et Methushélah ; ils atteindront l’âge de mille ans (cf. Ésaïe 65:20-22). En hadès ne se trouveront que des incrédules morts. Le Juge, le Seigneur Jésus, est assis sur le trône. Jean 5 22 nous enseigne que « le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils en tant que Fils de l’homme (v.27). Celui qui se trouve sur le trône est un homme ! Représentons-nous Pilate, comme accusé devant le trône, contemplant l’Homme, jadis abaissé, maintenant assis sur le trône ! Paul écrit à Timothée : « Je t’en adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui va juger vivants et morts » (2 Timothée 4, 1). Le moment de juger les morts est venu (cf. 11:18).
« Et je vis les morts, les grands et les petits, se tenant devant le trône » (v. 12), ayant un corps ressuscité pour être jetés dans la géhenne (Matthieu 10:28). Quel sort épouvantable ! Sur la terre, être moralement mort (Éphésiens 2:1), puis corporellement mort, puis jeté dans la seconde mort, pour rester toujours dans la mort. Ils sont là, les grands et les petits, tous pécheurs. « Et des livres furent ouverts », comme en Daniel 7:10. Tout aura été enregistré et sera replacé sous leurs yeux. Dieu est juste, envers les incrédules aussi ; il leur prouve, livres en main, qu’ils ont mérité le jugement et ne peuvent qu’être jetés dans la seconde mort : « jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres » (v.12).
Le verset 13 nous indique l’origine de ces morts : « Et la mer rendit les morts qui étaient en elle ; et la mort et le hadès rendirent les morts qui étaient en eux ». « La mort » signifie l’état de ces morts : la mort corporelle, et « le hadès » est le lieu où se trouvaient ces morts. État et lieu sont nommés ici. Ils rendent leurs morts, qui sont jugés chacun selon ses œuvres. « Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu ». Les prophètes Ésaïe (25:8) et Osée (13:14) nous annoncent déjà ces choses. La fin de la mort arrivera, et c’est le dernier ennemi qui sera aboli (1 Corinthiens 15:26). Le Seigneur Jésus aura un jour assujetti tous ses ennemis, et le dernier de ces ennemis sera la mort corporelle, à laquelle tant de croyants auront été soumis. Le chapitre 21:4 confirme une dernière fois que « la mort ne sera plus ». Cependant la seconde mort durera éternellement. Elle est aussi un état, et l’étang de feu est un lieu, comme le hadès.
Voilà pourquoi le livre de vie (v. 12) doit être ouvert : « Et si quelqu’un n’était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l’étang de feu » (v. 15). Dieu démontre aux hommes que leurs œuvres étaient mauvaises, ce qui est prouvé par le livre de vie. Aucun ne s’étant jamais repenti, aucun n’a pu, par grâce, être écrit dans ce livre de vie. La justice de Dieu va jusque-là : il donne la preuve irréfutable et précise à ces hommes qu’ils méritent la seconde mort. Ils auront à passer l’éternité en étant conscients de recevoir ce qu’ils ont mérité. Et alors, pour l’éternité, ils auront ce qu’ils ont toujours souhaité : un monde sans Dieu ! Ils connaîtront l’horreur d’un état et d’un lieu sans Dieu, pour toute l’éternité. Un tel jugement est affreux.
Le premier verset du chapitre 21 rappelle ce qui a été annoncé au chapitre 20:11 : « La terre s’enfuit et le ciel ; et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux » : « Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ». Selon 2 Pierre 3:7 et 13 : « les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu... nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre ». Jean continue : « Car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés, et la mer n’est plus ». Pendant le règne, la mer subsistera ; elle parle de séparation et de désordre. Il n’en sera plus ainsi dans la nouvelle création qui obéira à d’autres principes. Biologiquement, la vie ne serait pas possible sans la mer, dans les conditions actuelles, mais sur la nouvelle terre elle ne sera plus nécessaire.
Par neuf fois, nous avons ici, depuis le chapitre 19:11, l’expression : « et je vis », toujours liée à une suite chronologique bien nette. Il est nécessaire pour ceux qui se croient déjà aujourd’hui dans le règne millénaire de distinguer cette suite. Elle nous montre bien ce qui se passera après l’avènement du Seigneur. Dans ce début du chapitre 21, nous trouvons pour la huitième fois les mots : « et je vis ». « Et je vis la sainte cité, nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari » (v.2), Très peu de choses nous sont dites de l’état éternel. C’est bien imparfaitement que nous sommes en mesure, aujourd’hui, de réaliser quelque chose de cette nouvelle création. Il n’y a que quelques passages qui nous éclairent un peu. En 1 Corinthiens 15:28, nous lisons que le royaume sera remis à Dieu le Père ; en 2 Pierre 3:13, il est question de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre dans lesquels la justice habite. Ce ne sont que quelques indications en rapport avec cette nouvelle création. Mais ce que nous apercevons dans ce verset 2 nous concerne directement. La nouvelle Jérusalem représente l’Église. Nous en verrons la description millénaire à partir du verset 9, quoiqu’elle ne s’appelle pas encore nouvelle, puisqu’elle ne le sera qu’en l’état éternel. Après ce que nous avons vu, au sujet de la méchante ville, la grande Babylone, nous avons ici la véritable ville de Dieu. En contraste avec la grande prostituée terrestre et démoniaque, nous trouvons là la divine et céleste cité : « descendant du ciel d’auprès de Dieu ». D’après le verset 9, cette Jérusalem n’est pas l’habitation de l’Assemblée, mais elle est l’Assemblée : c’est l’épouse de l’Agneau. Nous sommes la nouvelle Jérusalem. (La Jérusalem céleste mentionnée en Hébreux 12:22 et la Jérusalem d’en haut en Galates 4:26 présentent un côté un peu différent.) Telle est l’Assemblée d’après les conseils de Dieu ! Pour le jour de ses noces, elle s’est préparée pour son Époux, et, après les mille ans, elle n’aura rien perdu de sa magnificence. Cette épouse est toujours vue dans cette même splendeur, parce que cette magnificence est céleste, divine et éternelle ; elle a une relation avec Dieu, elle a son origine en Dieu, elle restera éternellement la femme de l’Agneau.
« Et j’ouïs une grande voix venant du ciel, disant : Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes » (v.3). Ces deux désignations — Dieu et hommes — nous montrent qu’il ne s’agit plus de l’Éternel, ni du Tout-puissant ; ces noms de Dieu conviennent pour le temps de la terre, tant que celle-ci subsiste dans sa forme actuelle. Il n’y a plus non plus de « nations ». Les nations ont trouvé leur origine dans le péché, après le déluge. Il n’y aura plus de différences entre les nations et Israël, qui n’aura plus la même position. Israël a son origine dès la fondation du monde (Matthieu 25:34) et, de ce fait, n’est que terrestre et temporaire. Toutes ces différences disparaîtront sur la nouvelle terre ; il n’y aura que des « hommes ». Qui seront ces hommes ? Ce seront tous des croyants, de tous les temps, sans distinction, qui habiteront alors sur la nouvelle terre. La seule différence qui subsistera concerne la nouvelle Jérusalem, qui est l’Assemblée. Elle ne date pas de la fondation du monde, mais elle est avant la fondation du monde (Éphésiens 1:4). Elle n’a, en somme, rien à faire avec l’histoire de la terre. C’est la chrétienté qui a sa place dans l’histoire de la terre ; mais l’Assemblée est divine, céleste, éternelle et spirituelle. Dans l’état éternel, il n’y aura que cette seule différence : tous les hommes seront au même niveau, égaux les uns aux autres, mais la nouvelle Jérusalem sera comme un lien entre le ciel et la terre ; elle descendra du ciel. Il ne nous est pas précisé qu’elle descend sur la terre ; c’est une cité céleste, mais descendant comme l’échelle de Jacob, pour former une relation entre le ciel et la terre. « L’habitation (ou tabernacle) de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux comme il a habité avec Israël dans le tabernacle, au désert. L’Assemblée sera le tabernacle de Dieu avec les hommes.
Dieu avait le désir, depuis que la terre existe, d’habiter avec les hommes dans une demeure, telle que le tabernacle. Ce tabernacle a disparu, comme aussi le temple de Salomon. Toutes les demeures de Dieu ont disparu, y compris la chrétienté vue sous sa forme responsable. Qu’est-elle devenue en tant qu’habitation de Dieu ? Elle « est devenue la demeure des démons », comme le chapitre 18:2 nous l’enseigne. Dans le temps présent, l’Assemblée est la maison, le temple de Dieu, et elle sera éternellement la maison de Dieu, car Dieu le Saint Esprit demeure en elle, « pour être avec vous éternellement » (Jean 14:16). Dieu habitera avec les hommes dans son habitation. « Il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu » (v.3), c’est une grâce que nous ne devons pas sous-estimer. Remarquons, cependant, qu’il s’agit d’une tente, signe que la nouvelle terre ne sera pas notre habitation permanente ; notre propre demeure sera le temple céleste (comp. 11:19).
Nous ne pouvons pas nous faire une image de la nouvelle terre ; nous n’avons pas les mots nécessaires pour donner la description d’une nouvelle création. Elle ne peut guère être présentée que négativement. Il est surtout question de ce qui n’existera plus, et combien ces choses nous mettent en confiance. Si l’on avait à résumer en cinq mots l’histoire du monde, on ne pourrait mieux le faire que par ceux de notre passage : « larme... mort... deuil... cri... peine » (v.4). C’est ce qui caractérise le monde actuel, depuis le jardin d’Eden. Il en sera ainsi jusqu’à l’avènement du Seigneur Jésus, et même encore durant les mille ans où la justice régnera, mais où le péché sera encore présent, jusqu’à ce que la nouvelle création soit introduite ; alors la justice habitera là, selon 2 Pierre 3:13 et ces choses tristes ne seront plus trouvées. Au chapitre 7:17, il était déjà annoncé que « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». Tout ce qui nous rappelle la terre actuelle ne sera plus. Cette terre nous aura fait connaître la peine, mais alors nous saurons parfaitement ce que c’est que la joie ; nous aurons connu la mort et ses conséquences, nous connaîtrons ce que c’est que la vie ; nous serons joyeux, ayant goûté aux larmes. Nous connaîtrons le bonheur au lieu de la douleur. Dans cette nouvelle création, il y aura des hommes, non comme Adam dans l’innocence, mais des hommes qui, ayant goûté à tous les malheurs que le péché a amenés dans la première création, sauront apprécier de manière parfaite ce que Dieu prépare pour eux. Ils seront heureux en Dieu, alors qu’Adam pensait être plus heureux en désobéissant à Dieu. Le meilleur des mondes est celui de la présence de Dieu ; tous les millénaires passés l’auront prouvé et l’homme en sera enfin convaincu, par la nouvelle vie qui sera en lui. Ce sera enfin le monde qui correspond à la pensée de Dieu, un monde rempli d’hommes qui seront en plein accord les uns avec les autres et avec lui.
« Les premières choses sont passées. Et celui qui était assis sur le trône dit : Voici je fais toutes choses nouvelles » (v.5). C’est bien pour cela que nous ne pouvons en dire que peu de choses. Nous ne pouvons même pas nous représenter le corps de résurrection de même qu’il est impossible de se représenter un épi en regardant simplement un grain de blé, et cependant cet épi est issu du grain, Il en sera de même du corps de résurrection (1 Corinthiens 15:37,42) et de toute la nouvelle création. Nous pouvons en dire bien peu de choses ; simplement que tout ce qui nous attristait sera loin, toutes choses étant nouvelles. Celui qui est sur le trône ajoute : « Écris, car ces paroles sont certaines et véritables ». C’est toujours le signe d’une description très importante. « Et il me dit : C’est fait », les mêmes paroles qu’au chapitre 16:17 au sujet des jugements. À présent, la paix peut entrer en scène ; le vieux monde a fait son temps. « C’est fait », tout est nouveau. Savez-vous pourquoi il peut être dit : « c’est fait » ? Parce que celui qui est mort à la croix a dit : « c’est accompli ». Toutes choses seront faites nouvelles à cause de ce qui s’est passé là, à la croix. La joie sera parfaite.
« Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » (v.6). Le Dieu éternel, c’est aussi bien un caractère de Dieu que de Christ lui-même. « À celui qui a soif, je donnerai, moi, gratuitement, de la fontaine de l’eau de la vie C’est un principe toujours valable. Il s’agit ici de ceux qui ont « soif de Dieu », qui languissent après Dieu et qui le recherchent (Hébreux 11:6). En cherchant Dieu, ils trouvent la fontaine de l’eau de la vie. Le Seigneur Jésus est venu sur la terre pour nous parler de cette vie merveilleuse, la vie éternelle, et il nous révèle en Jean 3:16 quelle est la source de cette eau : c’est l’amour de Dieu. Nous trouvons souvent, dans la Parole, l’évangile présenté sous les aspects de la justice de Dieu, de la repentance ou de la conversion. Mais ici, nous voyons plutôt un besoin de l’homme, la soif de l’amour de Dieu qui est une source de vie, d’une vie éternelle. « L’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jean 4:14) ; « des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (Jean 7:38).
Il y a cependant une promesse au vainqueur ici, une parole bien solennelle, comme pour dire : si tu veux hériter de la nouvelle création, il faut rester fidèle : « Celui qui vaincra héritera de ces choses, et je lui serai Dieu, et lui me sera fils » (v.7). C’est la seule fois dans ce livre qu’il nous est parlé de notre position de fils. Il s’agit de ceux qui se sont ralliés à Christ, l’Agneau rejeté par un monde mauvais, et qui se sont tenus à son côté ; ce sont les vainqueurs qui se tiendront à côté de l’Agneau glorifié dans la nouvelle création. Êtes-vous vainqueur, ou avez-vous déjà fléchi ? Êtes-vous un fils de Dieu que le Père peut publiquement reconnaître, comme en 2 Corinthiens 6:17,18 : « soyez séparés... et je vous serai pour père et vous, vous me serez pour fils ? Ceux qui vivent déjà dans la séparation, peuvent être reconnus comme tels. Hélas, d’autres ne sont pas vainqueurs : « Mais quant aux timides, et aux incrédules...» (v-8). Il s’agit de ceux qui n’ont jamais confessé le Seigneur Jésus. Y en a-t-il parmi nos lecteurs ? Nous leur adressons de la part de Dieu une parole solennelle : l’Écriture vous appelle des timides. Si vous ne vous êtes pas tournés vers Jésus, si vous ne l’avez pas confessé, alors vous aurez votre part avec les timides, les incrédules, ceux qui se sont souillés avec des abominations, les meurtriers, les fornicateurs, les magiciens, les idolâtres et les menteurs, dont la part « sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre qui est la seconde mort ». 1 Corinthiens 6:10 nous enseigne aussi que personne d’entre eux n’héritera du royaume de Dieu.
Dieu dit, depuis son trône : « Voici je fais toutes choses nouvelles ». Comme il y aura un état éternel de bonheur, il y aura aussi un étang de feu, éternel, avec des tourments qui ne cesseront jamais. Il n’y a que deux possibilités : être vainqueur au côté de l’Agneau rejeté — combien c’est précieux pour Dieu ! ils hériteront, ils seront fils — ou faire partie des timides, des incrédules, de ceux qui sont souillés avec des abominations, des meurtriers, qui auront leur part dans l’étang de feu. Je supplie Dieu qu’il n’y ait personne parmi nous qui se trouve encore du mauvais côté. Il ne pourrait pas dire, dans l’éternité, qu’il ne savait pas qu’il devait se repentir et accepter l’évangile, qu’il devait croire au Seigneur Jésus pour être délivré éternellement de ses péchés. Que le Seigneur lui fasse la grâce de passer du côté de l’Agneau souffrant et rejeté maintenant, avant d’achever la lecture de ce livre, pour être bientôt pour toujours avec lui dans la gloire.
Evidemment, il n’y aura plus rien d’autre après l’état éternel. Donc, le livre se termine historiquement par les huit premiers versets du chapitre 21. Ce que nous avons devant nous maintenant est un autre appendice, le dernier que nous trouvons dans l’Apocalypse.
Nous avons vu combien brèves sont les descriptions du règne de paix au chapitre 20, du fait que beaucoup de détails sur ce règne nous sont donnés dans l’Ancien Testament. D’autre part, la situation de l’Assemblée durant le millénium est un sujet qui n’a pas, et pour cause, été développé dans l’Ancien Testament. C’est pour cela que nous avons à la fin du récit chronologique, une description détaillée de la Jérusalem céleste, l’épouse, la femme de l’Agneau, la sainte cité. Les versets 1 à 8 nous avaient transportés dans l’état éternel ; le passage qui suit nous ramène au temps du millénium, pour décrire ce que sera alors l’Assemblée, non pas comme corps ni comme épouse de Christ, mais comme cité, en rapport avec la création et la terre pendant le règne, et comme le lieu d’où s’exerce le gouvernement de Dieu. C’est l‘Assemblée vue comme la Jérusalem céleste.
Nous avons dit que la nouvelle Jérusalem, la sainte cité, n’est pas l’habitation de l’Assemblée, mais l’Assemblée elle-même. Le texte qui se trouve devant nous le précise bien. La femme de l’Agneau est identifiée à la cité. Mais pourquoi est-il question à nouveau « des sept anges qui avaient eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies » (v.9)? Au verset 1 du chapitre 17, nous trouvons presque les mêmes termes ; c’est la preuve qu’il y a un lien entre les chapitres 17 et 21. Dans les deux cas, nous voyons une femme et une cité. Au chapitre 17, la femme était une prostituée et la cité était la grande Babylone. Ici, en contraste, la femme, c’est l’épouse de l’Agneau parée pour son mari, et la cité est sainte. Ce n’est plus la fausse, mais la véritable Église. La similitude intentionnelle des deux descriptions (chapitres 17:1 et 21:9) nous montre que l’Esprit Saint veut nous en faire discerner les différences.
Ici Jean n’est pas conduit dans un désert, un lieu qui n’a aucune source de bénédiction, comme au chapitre 17:3, mais il est conduit « sur une grande et haute montagne » (v. 10), Dans ses visions, Jean se trouve successivement à quatre endroits : au chapitre 4, il fut élevé dans le ciel ; à la fin du chapitre 12, il était sur le sable de la mer ; au chapitre 17, dans le désert, et, ici, il est en esprit sur une grande et haute montagne pour y voir l’épouse, la femme de l’Agneau. Quelle position éminente pour Jean ; il se trouve sur une montagne et non dans un désert. Il voit la cité telle que Dieu l’a vue dès l’éternité, comme Moïse a vu le pays promis depuis le sommet d’une montagne ; comme Ézéchiel, au chapitre 40, a vu d’avance la Jérusalem terrestre et le temple nouveau reconstruit, depuis une très haute montagne. La position de Jean est bien plus élevée, et il contemple la Jérusalem céleste, la sainte cité. Au chapitre 11, c’était la Jérusalem terrestre qui était appelée la « cité sainte » ; ici ce n’est pas la cité terrestre reconstruite qui s’appelle ainsi. La sainte cité descend « du ciel d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu » (v.10,11).
C’est une des plus belles descriptions de l’Assemblée dans la Bible qui se trouve ainsi devant nous. L’épouse avait été vue, lors de ses noces, dans une robe faite de ses « justices » (chapitre 19:8) ; c’est l’un des aspects de la magnificence de l’Assemblée. Tout ce que le Seigneur aura produit en elle, par grâce, deviendra sa parure. Il y a un deuxième aspect : la gloire de Dieu, dont il revêtira lui-même son Assemblée. L’Assemblée est en harmonie parfaite avec son Seigneur, dont elle est l’épouse. Christ était ici-bas dans l’abaissement, afin que la gloire de Dieu puisse être vue en lui-même : « pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2 Corinthiens 4:6). C’est en lui que nous avons vu la gloire de Dieu. Ici, nous avons une cité, l’Assemblée du Dieu vivant, en parfaite harmonie morale avec lui, de sorte que toute la gloire de Dieu peut aussi être vue en elle. Cette gloire de Dieu est représentée par l’or pur, dont resplendit la cité (v. 18). Le fin lin, ce sont les justes actes des saints ; l’or pur, c’est la gloire de Dieu dont cette cité est revêtue. Chose merveilleuse ; tout ce qui avait été révélé dans le Seigneur Jésus sera retrouvé dans cette cité, « afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu... À lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles » (Éphésiens 3:19,21). « En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Colossiens 2 9). L’Assemblée est unie au Seigneur Jésus et reproduit ses caractères, sujet de joie pour elle comme pour lui. « Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Romains 5:2) ; et, plus encore, nous nous glorifierons de ce que, sur cette terre maudite, toute la gloire de Dieu sera manifestée partout et, en perfection, dans l’Assemblée, et de ce que les fils de Dieu seront révélés (Romains 8:19).
« Son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin » (v. 11). Ce mot « luminaire » a une signification morale importante selon Philippiens 2:15. Moralement, le monde sera éclairé par nous de cette lumière du luminaire, et c’est déjà maintenant pour nous une application pratique que d’être des luminaires dans ce monde mauvais, au milieu d’une génération perverse. Ce sera réalisé de façon parfaite à ce moment-là. Au commencement, Dieu a donné le soleil comme luminaire. Durant le règne millénaire, où le soleil subsistera encore, la lumière morale divine rayonnera sur la terre par l’Assemblée. Dieu parlera au monde dans l’Assemblée, et il exprime cette pensée en Éphésiens 2:7 : « afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus ». Les siècles à venir se rapportent spécialement au règne millénaire. Quant à nous, nous comprenons déjà tout cela actuellement, mais Dieu pense à toutes les nations et veut leur montrer ce qu’il a fait dans l’Assemblée. Telles sont les immenses richesses de sa grâce.
Le monde tout entier pourra bientôt contempler les bontés de Dieu envers les siens qui seront vus comme « une pierre très précieuse, une pierre de jaspe cristallin ». Ce qui était tellement significatif de la gloire de Dieu au chapitre 4:3 est appliqué maintenant à l’Assemblée. La pierre de jaspe montrait, dans ce chapitre 4, la gloire de Dieu en rapport avec la création et, ici, c’est la même gloire, la gloire de Dieu dans l’Assemblée vis-à-vis de la terre. C’est la lumière morale que nous diffuserons. Au verset 18 nous voyons que la muraille est bâtie de jaspe et au verset 19 que le premier fondement est aussi de jaspe. La gloire de Dieu, telle qu’elle s’exprime au chapitre 4:3, est aussi la part de l’Assemblée.
« Elle avait une grande et haute muraille ; elle avait douze portes, et aux portes douze anges » (v. 12). La signification d’une muraille d’après Ézéchiel 42:20 est qu’elle sépare ce qui est saint de ce qui est profane. Dieu recueillera dans la cité tout ce qui l’a glorifié. Au contraire, tout ce qu’il pourrait y avoir de profane dans la création se trouvera en dehors de cette muraille. En même temps, nous avons dans cette muraille douze portes, « et aux portes douze anges ». Dans les Écritures, les portes parlent de gouvernement. Autrefois la justice était rendue aux portes des villes. Les portes sont là pour exclure le mal, mais aussi pour laisser entrer le bien, comme cela nous est dit au verset 27, c’est-à-dire « seulement ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau ». Les portes permettent une relation entre la cité et la terre millénaire. Les anges ne se trouvent là que comme serviteurs : ils ne sont plus ceux qui donnent la loi (comme ils l’avaient donnée jadis : Actes 7:53 ; Galates 3:19), ils ne sont plus les canaux de la bénédiction de Dieu, comme ils l’étaient dans l’Ancien Testament. C’est maintenant le rôle de l’Assemblée d’être le canal de toute bénédiction durant le règne. « Ce n’est point aux anges qu’il a assujetti le monde habité à venir » (Hébreux 2 5), mais au Seigneur Jésus et à ceux qui sont liés à lui, à son Assemblée.
Sur les portes sont écrits des noms, « qui sont ceux des douze tribus des fils d’Israël ». De nos jours encore, dans bien des villes, les portes sont désignées par les villes vers lesquelles elles conduisent, et cela est le cas ici. Les bénédictions de l’Assemblée iront en premier lieu vers Israël, ce que nous comprenons encore mieux en voyant les noms des douze apôtres de l’Agneau sur les fondements de la muraille (v.14). En Matthieu 19:28, le Seigneur promet aux disciples : « Quand le fils de l’homme se sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ». Les premières bénédictions seront pour ce peuple, qui se trouvera au centre de la terre, étant au centre du royaume. À l’orient, au nord, au midi et à l’occident, il y a chaque fois trois portes (v.13). Ceci évoque Nombres 2, lors de la traversée du désert, où nous voyons aux quatre points cardinaux, chaque fois trois tribus, le tabernacle se trouvant au milieu, comme ici dans la nouvelle Jérusalem. La cité est placée de manière telle que les bénédictions peuvent se déverser sur toutes les tribus.
Les noms des fils d’Israël ne se trouvent pas sur les fondements ; ceux-ci ont été posés par les apôtres (comp. Éphésiens 2:20). Les fondements portent les noms des douze apôtres de l’Agneau. L’apôtre Paul n’en fait vraisemblablement pas partie, non pas qu’il ait une position inférieure, mais parce que l’Assemblée telle qu’elle est décrite ici, n’a pas le caractère que lui donne la doctrine de Paul.
Il est bien nécessaire de comprendre, dans nos cœurs, la vocation de la cité ; c’est à cela que correspond le fait de prendre ses mesures (v. 15). Au chapitre 11, nous avons vu Jean lui-même, prenant les mesures de la ville terrestre de Jérusalem. Ici, c’est l’ange qui le fait ; il a « pour mesure un roseau d’or » (v. 15), un instrument qui convient à cette fin, en accord avec la gloire de Dieu : « pour mesurer la cité et ses portes et sa muraille. Et la cité est bâtie en carré, et sa longueur est aussi grande que sa largeur. Et il mesura la cité avec le roseau, jusqu’à douze mille stades : sa longueur et sa largeur, et sa hauteur étaient égales » (v. 16). La cité est donc un cube, ce qui correspond à une certaine perfection, mais en même temps à une perfection limitée. Elle est mesurable : douze mille stades (environ 2220 km) dans chaque direction. Bien que limitée dans ses mesures, parce que tout ce qui se rapporte à l’homme est fini — Dieu seul est infini — elle est tout de même parfaite. Tel était le lieu très-saint du tabernacle et du temple, un cube parfait ; cela suggère l’importance universelle de la cité pour toute la terre. Dans toutes les directions, nous voyons la ville dans sa pleine valeur pour toutes les nations de la terre. C’était aussi le cas pour la longueur et la largeur de l’autel du tabernacle, qui était carré (Exode 27:1). Toute la terre pouvait prétendre à ces mêmes bénédictions, liées à cet autel. Il est bon de considérer ces mesures pour que nos âmes soient touchées de la dimension des bénédictions de Dieu, dispensées par cette cité, et qui s’étendent à toute la terre. Le nombre douze est celui de la plénitude du gouvernement, tandis que sept est le chiffre de la plénitude divine. Quand il s’agit du gouvernement du Seigneur Jésus et de son Assemblée, nous constatons cette entière plénitude en contraste avec l’imperfection et l’insuffisance suggérées par les dix cornes de la bête.
« Et il mesura sa muraille, cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme, c’est-à-dire d’ange » (v. 17). Certains veulent y voir l’épaisseur du mur. D’autres disent que c’est la longueur, la largeur et la hauteur. C’est une mesure parfaite (12 fois 12), bien qu’il s’agisse d’une mesure d’homme, impliquant la limitation pour toute créature quand il s’agit de saisir les « dimensions » de l’Assemblée, même si cette mesure est appliquée ici par un ange.
« La cité était d’or pur » image de la gloire et de la justice de Dieu : « semblable à du verre pur » (v. 18), Nous sommes de nouveau en présence de symboles, puisqu’il ne nous est pas possible d’imaginer de l’or semblable à du verre pur. Mais les deux symboles sont nécessaires : d’un côté l’or pour représenter la gloire divine dont est revêtue la cité, de l’autre le verre, une pureté dans laquelle tout est transparent. Rien de souillé, aucun mal ne peut se cacher, tout est entièrement visible ; comme « Dieu est lumière », tout se trouve en pleine lumière.
« Les fondements de la muraille de la cité étaient ornés de toute pierre précieuse » (v. 19). Ézéchiel 28 mentionne des pierres précieuses en rapport avec la gloire de la création ; Exode 28 en montre sur le pectoral du souverain sacrificateur en rapport avec la gloire de son service. Il les porte sur sa poitrine dans le sanctuaire. Ici, nous voyons ces pierres faire partie de la gloire de la cité à venir. L’or et les pierres précieuses nous invitent, comme en 1 Corinthiens 3:12, à admirer la vraie gloire de l’Assemblée. Ce sont de bons matériaux de construction. L’or et les pierres précieuses subsistent, tandis que le bois, le foin, le chaume sont consumés par le feu, Nous sommes tous revêtus de la même gloire de Dieu, mais sur la terre et dans l’avenir, il ne sera jamais oublié comment la gloire de Dieu a été exprimée d’une façon particulière dans chacun des rachetés. Les noms des fils d’Israël étaient gravés sur les douze pierres précieuses du pectoral. Dans chaque tribu, dans chacun des fils de Jacob, il se trouvait une représentation, unique en un sens, de la gloire variée de Dieu. Ce qui se verra dans la cité aura été réalisé dans chacune de nos vies. Dieu a confié quelque chose à chacun de nous ; il y a ainsi, pour chacun, par le service et par le don spécifique que Dieu lui a fait, un témoignage à sa gloire. Dieu n’oubliera rien de tout cela. Il y aura une gloire uniforme, la même pour tous — l’or pur — et il y aura quelque chose d’unique qui se verra chez l’un et non chez l’autre, quelque chose de sa propre gloire que le Seigneur aura produite spécialement par le moyen de chacun. Cela ne viendra pas de nous, mais ce sera un fruit de sa grâce et sera conservé dans le fondement de la cité pendant le règne et aussi pour l’éternité. Telle est la raison d’être des douze pierres que nous voyons déjà dans le service sacerdotal et que nous retrouverons dans le règne et pour l’éternité.
« Et les douze portes étaient douze perles ; chacune des portes était une seule perle » (v.21). Comment ne pas penser à Matthieu 13:46, où le Seigneur Jésus parle de l’Assemblée comme d’une perle de très grand prix ? Cela ne montre-t-il pas quel prix l’Assemblée a pour lui ? Et les douze portes étaient douze perles. Cela rappellera à tous, et pour toute l’éternité, combien l’Assemblée lui a été précieuse. Tout ce que le Seigneur Jésus possédait, il l’a donné pour se l’acquérir.
« La rue de la cité était d’or pur » (v.21). La rue d’or pur nous parle de ce qui devrait caractériser déjà notre marche présente et de ce que sera la marche de ceux qui marcheront dans cette rue. Cela signifie que nous ne serons pas seulement revêtus de la gloire de Dieu, mais que celle-ci se distinguera aussi pratiquement dans la marche des saints.
« Et je ne vis pas de temple en elle ; car le Seigneur, Dieu, le Tout-puissant, et l’Agneau, en sont le temple » (v.22). Voilà ce qui confirme bien qu’il n’est pas question ici de la même cité que celle dont parlent les prophètes. Ézéchiel 40 à 44 par exemple nous annonce de façon formelle, au sujet de la Jérusalem terrestre pendant le règne, qu’il y sera construit un temple. Dans la Jérusalem céleste, cependant, il n’y aura pas de temple. Un temple montre que Dieu reste à une certaine distance ; il y a un voile : Dieu demeure dans l’obscurité, séparé des hommes. Il existe une classe de sacrificateurs, seuls qualifiés pour y entrer, les autres ne pouvant approcher du saint lieu. Pour l’Assemblée, tout cela n’existe plus. Il n’y a plus aucune séparation entre Dieu et nous, tandis que ce sera toujours le cas même pour les hommes qui habiteront sur la nouvelle terre. Dieu « tabernaclera » avec les hommes, et nous serons nous-mêmes le tabernacle. Entre Dieu et nous, la séparation suggérée par le temple n’existera plus. Il n’y aura plus de séparation, car Dieu habitera la cité, et cette cité sera le tabernacle dans lequel Dieu habitera avec les hommes.
« Et la cité n’a pas besoin du soleil ni de la lune, pour l’éclairer ; car la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau est sa lampe » (v.23). La gloire de Dieu viendra à elle par l’Agneau et il ne pourra jamais en être autrement. Ce sera toujours dans le Fils que nous verrons le Père. Il n’y aura jamais d’autre chemin que le Seigneur Jésus, pour voir quoi que ce soit de Dieu. Il est la lampe par laquelle cette merveilleuse lumière de Dieu viendra à nous. D’autre part nous serons le moyen de faire rayonner la lumière de cette lampe vers la terre : « Et les nations marcheront par sa lumière » (v.24). Toute bénédiction viendra à la terre par sa lumière. Certains chrétiens se réjouissent d’être dans le règne pour jouir de ces bénédictions terrestres. Mais ce passage va beaucoup plus loin ; nous nous réjouissons de participer à ce moyen céleste pour transmettre les bénédictions à la terre. Nous aurons des bénédictions célestes, qui vont au-delà des bénédictions terrestres.
Les hommes des nations qui n’auront pas encore de corps glorifiés habiteront sur la terre. « Et les nations marcheront par sa lumière ; et les rois de la terre lui apporteront leur gloire ». Ils admireront la cité et y reconnaîtront l’œuvre de Dieu. « Et ses portes ne seront point fermées de jour : car il n’y aura pas de nuit là » (v.25). Il n’y aura aucune crainte de voleurs qui pourraient y pénétrer ; toutes ténèbres auront disparu. 1 Jean 2:8 nous enseigne que « les ténèbres s’en vont et que la vraie lumière luit déjà ». Alors, ce sera la réalité de ce fait : tout sera lumière et splendeur. « Et on lui apportera la gloire et l’honneur des nations. Et il n’y entrera aucune chose souillée, ni ce qui fait une abomination et un mensonge » (v.26,27). Il y aura encore de telles choses sur la terre, car le péché subsistera durant le règne, mais rien de cela n’entrera dans la cité, « mais seulement ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau ». Nous sommes la cité elle-même, mais il y aura des hommes qui auront le privilège d’entrer par les portes dans la cité. Ce ne seront pas les nations de la terre, car le sang et la chair n’hériteront pas de ces choses. Cependant, en dehors de l’Assemblée, il y aura des saints célestes : d’abord les croyants de l’Ancien Testament, d’autres qui seront morts en martyrs durant la période apocalyptique et qui auront part à la première résurrection. Ce sont tous des saints célestes, ils régneront également durant les mille ans avec Christ, mais ils resteront bien distincts de l’Assemblée, si grands que soient leurs privilèges. Si la bénédiction terrestre est pour Israël, la bénédiction céleste est pour tous les autres saints célestes, de l’Ancien Testament et de la période apocalyptique, qui se trouvent tout près de l’Assemblée. La position de celle-ci reste cependant prééminente.
« Et il me montra un fleuve d’eau vive, éclatant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau » (v. 1). Au verset 3 nous apprenons que « le trône de Dieu et de l’Agneau sera en elle », c’est-à-dire dans la cité, où se trouvera le centre du règne de l’Agneau. Il s’y trouve des bénédictions toutes spéciales pour les habitants de la cité et les nations en auront une partie. Ce sont deux grandes choses : le fleuve d’eau vive et l’arbre de vie. Ces deux images représentent, l’une et l’autre, le Seigneur Jésus. Au chapitre 21:6, il a été question de « la fontaine de l’eau de la vie » : la vie éternelle reçue de Dieu et dont jouissent actuellement les croyants, la vie divine et céleste que Dieu donne à ses enfants. Dieu en est la source, et le Seigneur Jésus est le vrai Dieu et la vie éternelle. En son amour se trouve cette source, et nous en aurons la jouissance pendant l’éternité. « L’Éternel a commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité » (Psaume 133:3). Nous la connaîtrons sortant du trône de Dieu et de l’Agneau. Remarquons l’association de Dieu et de l’Agneau que nous trouvons tout au long de ces récits, l’Agneau étant le Fils de Dieu.
« Au milieu de sa rue et du fleuve, de çà et de là, était l’arbre de vie » (v.2). Il est très remarquable de voir comment le Saint Esprit relie le commencement et la fin de la Parole de Dieu. En Genèse 2, il nous est parlé d’un fleuve au jardin d’Eden et également de l’arbre de vie. Ce fleuve du jardin d’Eden se divisait en quatre fleuves ; il y avait aussi deux arbres. L’arbre qui nous lie à la responsabilité n’existe plus ici. Seul demeure l’arbre de vie, cette source de vie éternelle. Cet arbre, « portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois », c’est le Seigneur Jésus lui-même dont nous jouirons d’une manière nouvelle, chaque « mois » de l’éternité. Les fruits seront pour les habitants de la cité, pour les saints célestes. Mais il y aura aussi, pour les nations de la terre, « les feuilles de l’arbre » qui « sont pour la guérison des nations ». Les conflits, les désaccords, seront éliminés par le Seigneur Jésus lui-même, agissant en source de vie durant le règne. Il y aura encore des nations distinctes, mais aucune discorde entre elles ; tout sera guéri.
« Et il n’y aura plus de malédiction » (v.3), celle-ci étant la conséquence du péché ; dans la cité, tout cela sera du passé. Le péché sera encore sur la terre, mais dans la cité il n’y aura plus de malédiction. « Et le trône de Dieu et de l’Agneau sera en elle ; et ses esclaves le serviront, et ils verront sa face » (v.3,4). Il s’agit des esclaves du Roi ici, une expression spécifique pour le millénium et qui se comprend aisément par l’expression « ils verront sa face ». Voir la face du roi est une expression que nous trouvons en Esther 1:14, et aussi pour les serviteurs de Salomon lors de la visite de la reine de Shéba (1 Rois 10:8). C’est aussi le cas des anges en Matthieu 18:10. Ne pouvant, en tant que créatures, contempler les gloires de la face de Dieu lui-même, ce sera par l’Agneau que nous les verrons. « Son nom sera sur leurs fronts », comme la marque de la bête était sur le front de ceux qui l’adoraient. Au ch. 14:1, le résidu de Sion portait le nom de l’Agneau, mais cela se passait sur la terre, alors qu’ici il s’agit de la cité céleste.
« Et il n’y aura plus de nuit, ni besoin d’une lampe et de la lumière du soleil » (v.5). Il n’y aura plus de sources naturelles de lumière, « car le Seigneur Dieu fera briller sa lumière sur eux ; et ils régneront aux siècles des siècles ». Cela nous montre que notre règne avec Christ ne sera pas terminé à la fin du millénium ; bien que la forme du règne change, le règne lui-même est éternel (Dan. 7:14,27). Qu’est-ce qui marque ce changement de forme ? Nous en trouvons une explication en 1 Corinthiens 15:24 où nous voyons le Seigneur Jésus régner comme Fils de l’homme jusqu’au moment où « il aura remis le royaume à Dieu le Père ». Ce ne sera plus le règne du Fils de l’homme, mais celui de Dieu, le royaume dans sa forme la plus élevée. Mais le Seigneur Jésus règnera également ; lui est Dieu. Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit sera tout en tous (1 Corinthiens 15:28), et sous ce caractère le règne se perpétuera dans l’état éternel. Le règne du Seigneur Jésus comme Fils de l’homme est limité à mille ans. Mais il règnera éternellement comme Fils de Dieu, et nous serons liés à lui, nous serons ses compagnons, les fils de Dieu, comme Romains 5:17 et 8:19-21 nous l’affirment. Il règnera et ses esclaves « règneront aux siècles des siècles » avec lui. Cette description de la cité termine la partie prophétique du livre.
« Et il me dit : ces paroles sont certaines et véritables » (v.6). Il y a comme un triple témoignage à notre conscience : d’abord l’ange, celui qui lui parlait au chapitre 21:9, puis au verset 8 Jean lui-même, et enfin au verset 16 : « Moi, Jésus ». Ne dites pas que les prophéties ne vous intéressent guère. Le Seigneur Jésus est venu lui-même pour rendre témoignage de ces choses par ses anges et ses prophètes. S’il a parlé, lui, le Seigneur, qui oserait ne pas prendre ses paroles au sérieux ? « Le Seigneur Dieu des esprits des prophètes » (v.6) est le Dieu qui a régné sur la vie spirituelle des prophètes comme il l’a fait ici pour Jean. Nous allons voir une fois de plus, comment, par ces visions, Jean fut conduit à l’adoration.
« Dieu a envoyé son ange, pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt » (v.6). Nous revenons au commencement de ce livre, où « les choses qui doivent arriver bientôt » sont annoncées (chapitre 1:1). Le mot « bientôt » joue un rôle très important dans ce livre puisque le Seigneur Jésus nous dit par quatre fois : « Je viens bientôt ». Le livre commence par sa promesse de venir bientôt (chapitre 3:11) et se termine par la même promesse : « Voici je viens bientôt » (v. 7,12,20). 2 Pierre 3:8 nous montre que mille ans peuvent être comptés comme un jour devant le Seigneur. D’un autre côté, rien ne nous est dit, dans ce livre, qui doive arriver avant la venue du Seigneur Jésus. Les assemblées des chapitres 2 et 3 existaient effectivement à l’époque où le livre a été écrit, et il était vrai pour elles, comme pour nous maintenant, que le Seigneur Jésus pouvait venir à tout instant. Pour nous, cependant, qui nous trouvons à la fin de l’histoire de l’Église, cela est d’autant plus actuel. Aucune génération n’a davantage de motifs que la nôtre de prendre très au sérieux ces paroles du Seigneur Jésus, trois fois énoncées : « Je viens bientôt ». Pendant les deux mille ans presque écoulés, le mot « bientôt » a eu une importante signification morale, mais pour notre génération il a une signification littérale ; sa venue est imminente. Les paroles de ce livre doivent servir à stimuler nos cœurs, pour attendre sa venue avec plus de ferveur.
« Et voici, je viens bientôt. Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre » (v.7). Ce sont des bienheureux ceux qui gardent la Parole de Dieu, les paroles de cette prophétie.
« Et c’est moi, Jean, qui ai entendu et vu ces choses » (v.8). Si Jean était personnellement impressionné par ce qui lui a été montré, comment ne le serions-nous pas nous-mêmes, comment n’aurions-nous pas les mêmes sentiments que lui, qui est conduit à adorer ? Cependant il exprime cette adoration à quelqu’un à qui elle n’est pas due. Comme au chapitre 19:10, il tombe devant les pieds de l’ange pour lui rendre hommage. Pourquoi trouve-t-on deux fois la même scène dans ce livre ? À cause du danger que nous courons, comme Jean, d’admirer l’instrument plutôt que celui qu’il nous présente. Le Saint Esprit ne veut pas attirer notre attention sur un ange, ni même sur Jean, mais sur le Seigneur lui-même. Peut-être pourrions-nous être en admiration devant Jean, l’instrument choisi pour nous révéler ces choses ; mais Jean ne voulait que nous présenter le Seigneur. Nous pourrions avoir tendance, aujourd’hui à vouloir révérer les serviteurs qui nous enseignent, mais ce n’est pas la pensée de l’Esprit de Dieu. Si l’adoration n’est pas rendue à celui à qui elle appartient, le but de méditations comme celle-ci est manqué ; elles doivent diriger nos cœurs vers le Seigneur Jésus. Celui qui nous dit : « Je viens bientôt ». D’ailleurs, à partir du verset 16, c’est lui qui parle, sans intermédiaire : « Moi, Jésus ».
« Rends hommage à Dieu » (v.9). L’ange n’est qu’un « compagnon d’esclavage et celui de tes frères les prophètes et de ceux qui gardent les paroles de ce livre ». Tous ceux qui gardent les paroles de ce livre, anges, apôtres, ne sont que des compagnons d’esclavage. « Et il me dit : ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre ; le temps est proche » (v. 10). En Daniel 12:4, le Saint Esprit dit expressément à Daniel : « scelle le livre jusqu’au temps de la fin ». Au temps de Daniel, la fin n’était pas encore venue ; il vivait dans un autre temps, une autre économie. Pour nous le temps de la fin est là. Depuis la mort du Seigneur tout est accompli, l’œuvre est achevée et il ne nous reste qu’à l’accepter pour en être les heureux bénéficiaires. Par la croix tout est définitivement réglé. L’apôtre peut donc dire en 1 Corinthiens 10:11: « à nous que les fins des siècles ont atteints ». Les siècles ont été accomplis, ont reçu leur accomplissement dans la croix du Seigneur. Jean écrit : « c’est la dernière heure » (1 Jean 2:18). À présent, le livre ne doit plus être scellé. Les croyants du temps de Jean devaient attendre le Seigneur, et, depuis lors, combien cette attente a faibli. Nous pouvons bien rendre grâce de ce qu’au 19ème siècle, le cri de minuit se soit fait entendre : « Voici l’époux » (Matthieu 25) et que nos cœurs se soient réchauffés à la pensée que le Seigneur Jésus vient bientôt. Tel est le témoignage de l’Esprit, en cette fin d’économie.
« Le temps est proche » (v-10). C’est un temps tout particulier qui suit l’appel : « Voici l’époux ». Les vierges sont réveillées, les sages aussi bien que les folles (Matthieu 25). Alors les tendances se polarisent et se fixent immuablement en s’opposant de plus en plus ; c’est vrai déjà pour tout le temps de la grâce, mais ce le sera surtout pour les derniers temps, caractérisés par le verset 11 « Que celui qui est injuste commette encore l’injustice ; et que celui qui est souillé se souille encore » ; qu’il se révèle davantage dans sa souillure. « Que celui qui est juste pratique encore la justice ; et que celui qui est saint soit sanctifié encore ». Chacun de nous pourrait-il se satisfaire de sa sainteté actuelle si le Seigneur venait aujourd’hui ? Et si cela devait durer encore un peu de temps, ne désirerions-nous pas tous être plus saints et plus justes que nous ne le sommes actuellement dans notre vie pratique ? Non pas seulement à cause de sa venue, mais vis-à-vis de ce monde, dans lequel nous devons prendre une position de séparation de plus en plus nette ; un monde dans lequel l’injustice augmente et où, par conséquent, notre justice et notre sainteté devraient être perçues, par contraste, de façon d’autant plus nette.
Christ s’adresse de nouveau à nos cœurs en disant : « Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi » (v. 12). La promesse de sa venue est ici en relation avec la récompense promise, et non plus avec la prophétie. Il appréciera toutes les marques de justice en nous. Les incrédules ont déjà leur récompense ; ils ont eu leur rétribution sur la terre (voir les pharisiens de Matthieu 6:2,5,16). Recevoir les honneurs de leurs semblables, c’est cela la récompense qu’ils ont désirée. Les croyants recherchant la sainteté et la justice ne reçoivent guère d’honneurs de leurs semblables ; ils n’ont pas leur récompense ici-bas. C’est comme si le Seigneur leur disait : Prends patience, « ma récompense est avec moi », j’ai vu tout ce qui a jeté de l’opprobre sur toi, et moi, je rendrai « à chacun selon ce que sera son œuvre ». Il faut persévérer encore un peu de temps jusqu’à ce qu’il vienne, il y a encore un peu de travail à fournir pour lui.
Il se présente dans toute sa majesté : « Moi, je suis l’alpha et l’oméga » (v. 13). Les lettres initiale et terminale de l’alphabet grec englobent toute la Parole, tout ce que nous pouvons avoir entendu de la Parole dans tous les siècles. Lui seul peut dire : « Je suis la Parole de Dieu ». Toutes les pensées de Dieu sont réunies et exprimées dans sa personne ; il est « le premier et le dernier ». Dieu a usé de ce titre pour lui-même. En Ésaïe 44:6, il déclare : « Je suis le premier, et je suis le dernier ». Mais dans notre passage, c’est un homme qui le dit, celui qui s’est abaissé. Il était avant toutes choses et il sera toujours JE SUIS, d’éternité en éternité. Il est « le commencement et la fin » : le commencement ne veut pas dire que lui-même a eu un commencement ; non, il est le créateur, il est « le commencement de la création de Dieu » (Apocalypse 3:14). Et il est également « la fin », car c’est lui qui amène toutes choses à leur accomplissement.
« Bienheureux » ceux qui le connaissent, bienheureux ceux qui ont droit à l’arbre de vie (v.14). Sera-ce par leurs œuvres ? Il y aura bien une récompense pour nous, en rapport avec la terre, mais ce n’est pas ce qui justifie et qui explique notre place au ciel. Nous aurons tous la même position, comme objets du cœur de Dieu et de celui du Seigneur. Dans ce sens, il n’y aura pas de différence. Le chapitre 1:5 nous dit : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés... dans son sang », le sang de l’Agneau ; c’est la seule base de notre droit à la cité. Tous ceux qui auront part à la sainte cité sont par nature de pauvres pécheurs qui, par grâce, ont appris à laver leurs robes. Ils ne se sont pas lavés eux-mêmes de leurs souillures — ce n’est que l’œuvre de la grâce de Dieu — mais ils ont lavé leur robe ; c’est le côté de leur responsabilité. Les robes nous parlent de notre conduite, de notre comportement extérieur. Il s’agit d’hommes qui, non seulement ont été lavés de leurs péchés dans le sang de l’Agneau, mais qui aussi, par leur comportement, ont rendu témoignage d’avoir été lavés. C’est visible à leur robe, où aucune tache ne subsiste. Ils ont part à ces bénédictions magnifiques : l’arbre de vie et la cité. Sur la nouvelle terre aussi, les saints auront des corps glorifiés, car la chair et le sang ne peuvent hériter du règne éternel ; cela ne nous est pas dit, mais nous pouvons le comprendre. Il n’y aura plus là que des saints glorifiés. Et les autres ? Ils seront « dehors », quel sort affreux ! Maintenant, les incrédules sont encore invités à se repentir, et ils le seront tant que le temps de la grâce se prolonge. Mais le moment solennel vient où ils seront tous dehors, non seulement en dehors de la cité, mais dans l’étang de feu (chapitre 21:8). « Dehors sont les chiens » (les impurs d’après Deutéronome 23:18), « et les magiciens, et les fornicateurs, et les meurtriers, et les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge » (v. 15). S’ils ne se convertissent, ils seront éternellement dehors.
Ce livre, et avec lui, toute la Bible, se termine par des promesses magnifiques pour nous, et par des paroles terribles pour les incrédules. Mais ne nous occupons maintenant que des promesses ; le Seigneur nous parle personnellement : « Moi, Jésus » (v. 16). C’est une parole directe, non prophétique ; les prophéties sont pour la terre et ne concernent pas l’Assemblée (mais elles concernent, bien entendu, la chrétienté dans sa responsabilité sur la terre). Au premier chapitre, qui est aussi, en partie, en dehors de la prophétie, le cœur de l’apôtre éclate en louange : « À celui qui nous aime ». Cela n’a pas de rapport avec la prophétie ; c’est l’apôtre qui reconnaît son Sauveur et Seigneur. De même à la fin du livre, nous quittons la prophétie, et le Seigneur prononce ces paroles solennelles : « Moi, Jésus ». « Jésus c’est toujours le nom de celui qui s’est abaissé, c’est l’Agneau immolé sur la terre, c’est celui qui a été cloué sur la croix. « J’ai envoyé mon ange pour vous rendre témoignage de ces choses dans les assemblées ». Ce sont les mêmes pensées qu’au chapitre 1 ; elles relient la fin du livre à son commencement. « Moi, je suis la racine et la postérité de David » (v. 16). La postérité (ou simplement le fils) de David nous parle du royaume. La racine de David, c’est le caractère divin du Seigneur ; il est l’origine de toutes les grâces assurées de David et de toutes les bénédictions pour Israël. La racine existe depuis l’éternité, avant que David fût. Mais Jésus est aussi la postérité de David ; homme, il est le fils de David qui régnera sur l’univers.
Le Seigneur, s’adressant à nous, dit qu’il rend témoignage dans les assemblées. Celui qui est, pour Israël, la racine et la postérité de David, est, pour nous, « l’étoile brillante du matin ». Israël ne le connaîtra jamais comme cette étoile. C’est ce qui est réservé exclusivement à l’Assemblée, aux croyants des temps actuels. Ils n’attendent pas le lever du soleil de justice (Malachie 4:2). Le Seigneur viendra bien ainsi sur la terre, mais, à ce moment-là, nous serons déjà avec lui. Ce que nous attendons précède le lever du soleil ; c’est l’étoile brillante du matin. Le monde sera dans un profond sommeil et ne verra rien (comp. 1 Thessaloniciens 5:4-7). L’étoile du matin est-elle « levée » dans votre cœur (2 Pierre 1:19) ? Même les fidèles de Thyatire auront l’étoile du matin (Apocalypse 2:28). C’est la promesse d’avoir part à cet enlèvement, bien qu’ils aient peu compris ce qu’est cet enlèvement. Le Seigneur parle ici à tous ceux qui sont conscients de ce qu’est l’étoile du matin. Nous regardons vers Jésus, l’étoile brillante du matin, qui, inaperçue du monde, apparaîtra aux siens avant le lever du jour, le jour du royaume. Pour l’instant c’est encore la nuit, mais celle-ci est fort avancée (Romains 13:12), et les derniers moments de la nuit sont les plus sombres. Nos cœurs sont-ils éveillés, ou dormons-nous comme le monde qui, lui, dort du sommeil de la mort ? L’attendons-nous comme l’étoile brillante du matin ?
« L’Esprit et l’épouse disent : Viens » (v. 17). L’Esprit non plus n’est pas à son aise dans le monde. Quelquefois les croyants s’y trouvent bien, mais l’Esprit languit après le moment où il entrera avec l’Assemblée dans la gloire du ciel. Et l’épouse, elle aussi dit : « viens ». Elle ne dit pas : Viens bientôt ! C’est le Seigneur qui prononce cette parole : « Je viens bientôt ». S’il devait se faire attendre, nous avons à l’accepter pour apprendre ce que c’est que la persévérance. Le souhait de l’épouse est pourtant : Viens ! Tous ceux qui croient font partie de l’épouse. Mais, à présent, la Parole invite chacun, individuellement : « Que celui qui entend dise : Viens ». Vous l’avez entendu, vous qui appartenez à l’épouse : c’est un avertissement qui vous est adressé. Avez-vous le caractère d’une épouse qui attend ses noces ? Le cœur de l’épouse dit : « Viens », est-ce que votre cœur, mon cœur exprime aussi ce caractère ? Et il y en a qui ont soif, qui n’ont pas encore bu de cette eau, qui languissent après Dieu, qui aimeraient faire partie de l’épouse ; ils sont tous invités. Et si vous lisez ces paroles en ayant soif, c’est aujourd’hui le jour de la grâce. Si vous le voulez, l’eau de la vie est pour vous, elle est à votre disposition. Vous pouvez vous joindre à nous, vous pouvez vous trouver avec nous sur le chemin de la gloire et dire avec nous tous : « Viens, Seigneur Jésus ». L’Esprit et l’épouse s’associent dans ce désir.
Une autre exhortation suit : ne rien ajouter à cette Parole (comp. Proverbes 30:6 ; Deutéronome 4:2 ; 12:32). Nous voyons plus que jamais les hommes se permettre d’ajouter leurs propres idées à la Parole et en retrancher ce qui leur déplait. « Si quelqu’un ajoute à ces choses, Dieu lui ajoutera les plaies écrites dans ce livre » (v. 18). Combien ces paroles sont sérieuses, à la fin de ce livre ! Et « si quelqu’un ôte quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu ôtera sa part de l’arbre de vie et de la sainte cité, qui sont écrits dans ce livre » (v. 19). N’est-il pas significatif que le texte original de ce livre soit le moins bien conservé de toute la Bible ? Il y a tant de mains qui ont recopié ce texte, et c’est dans ce livre que le plus grand nombre de fautes se sont introduites, La plupart des fautes ont cependant été corrigées, de sorte que nous avons pratiquement le texte fidèle entre nos mains à l’heure actuelle. Il semble donc que l’ennemi s’est particulièrement acharné sur ce livre.
Maintenant c’est le Seigneur Jésus qui termine le Saint Livre ; c’est à lui que revient la dernière parole, non pas aux voix et aux tonnerres que nous y avons entendus, non point à l’autel ni aux grandes foules. Ils y ont tous parlé, mais lui est le dernier, l’oméga et il a toujours le dernier mot. « Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt » (v.20). C’est lui qui a rendu son témoignage dans ce livre, et c’est lui-même qui nous donne sa promesse, pour la troisième fois dans ce chapitre. Chacun de ceux qui veulent être fidèles et spirituels, ne peut qu’être impressionné lorsque le Seigneur parle ainsi, et nos cœurs répondent : « Amen, viens Seigneur Jésus ». Ne sera-ce pas merveilleux de vivre tous ensemble le moment de son retour pour nous prendre de la terre et nous introduire dans la gloire ? Ce sera terrible pour le monde, cependant il faut que ce moment vienne. Nous serons alors près de lui. Jusque-là, il peut s’écouler un peu de temps, mais, en attendant, il nous reste cette parole de réconfort : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints » (v.21). Avec tous, avec les forts et avec les faibles, avec tous les saints, ceux qui languissent après son retour et ceux qui n’y pensent pas. Que la grâce du Seigneur soit aussi avec la jeunesse exposée à de grands et redoutables dangers, que la grâce de Dieu soit avec les parents et les plus âgés. Nous avons tous besoin de la grâce, là où le Seigneur nous a placés, jusqu’à ce qu’il vienne ; elle est à notre disposition. Que cette grâce puisse nous accompagner sur tous nos chemins et que nos cœurs en jouissent. « Amen, viens, Seigneur Jésus » !