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Bonne mesure, pressée et secouée, et qui débordera
Luc 6v38 — [Des expressions typiques de Luc]
Simon Atwood [entre crochets : ajouts de Bibliquest]
Truth and Testimony, série 3, 2015, p. 111-116
[Table des matières :]
1 [Paroles touchantes de l’Homme parfait]
6 [Paix, communion, prospérité spirituelle]
10 [Occupé du péché et des pécheurs jusqu’à la mort]
« Bonne mesure, pressée et secouée, et qui débordera » Luc 6:38.
Ces belles paroles de l’évangile de Luc font partie d’une exhortation aux croyants à être miséricordieux vis-à-vis des autres comme leur Père est miséricordieux. Elles décrivent implicitement Sa manière de nous donner, dont l’expression la plus grande et la plus touchante a été le don de son Fils Bien-aimé. Nous pouvons certainement nous en servir aussi pour décrire Sa parole, elle que le Seigneur Jésus place devant nous de façon si merveilleuse, et l’Évangile même où on trouve ces paroles, lequel nous brosse un tableau si complet de Lui comme l’Homme parfait.
Parmi les écrivains des Évangiles, Luc est le seul à écrire pour une personne en particulier. Il désirait donner à un « très excellent Théophile » (*) la certitude des choses dans lesquelles il avait été instruit (Luc 1:3-4). Ce souci de l’âme d’autrui donne un ton très personnel qui caractérise tout l’Évangile. Dans son récit des événements, Luc nomme plus de gens que Matthieu, Marc et Jean, spécialement des femmes. Nous le voyons dans les deux premiers chapitres où, à côté des autorités de ce monde, nous entendons parler de Zacharie et d’Élisabeth (1:5, 6), de Marie et Joseph (1:27), de Jean (1:57, 63), de Siméon (2:25), et de Anne (2:36). Il est évident que Dieu s’intéresse davantage à ces personnes et à d’autres comme elles (2:38), plutôt qu’aux « sages selon la chair… aux puissants… aux nobles ». Ils peuvent être « faibles … vils … méprisés » selon l’estimation du monde, mais Dieu les a choisis (1 Cor. 1:26-28), et ils seront les seuls en Israël qui seront prêts à recevoir Son Fils quand Il viendra selon la prophétie.
(*) Il est intéressant de noter qu’en Actes 1v1, Luc le salue simplement en disant « Ô Théophile ». Un vrai chrétien voudrait-il encore être qualifié de « très excellent » après la merveilleuse présentation de l’Homme parfait dans cet évangile ?
Dans les derniers jours de l’Ancien Testament, Dieu a fait des appels au résidu de Juda et Benjamin pour qu’ils reviennent à Lui. Ils résistèrent et délaissèrent la promesse que « toutes les nations vous diront bienheureux » (Mal. 3:12), mais ceci ne L’empêcha pas de continuer à être attentif aux quelques-uns qui Le craignaient et qui parlaient souvent l’un à l’autre. Si la nation ne voulait pas qu’Il ouvre les écluses des cieux pour déverser la bénédiction, Il ouvrirait un livre de souvenir pour « ceux qui craignent l’Éternel et pour ceux qui pensent à son nom ». Et ajoute-t-Il, « ils seront à moi, mon trésor particulier » (Mal. 3:16-17). Quelle gloire qu’il soit dit d’eux par l’Éternel « ils seront à moi », et quelle bénédiction d’être présents lors de l’apparition du Messie promis depuis si longtemps. Marie Sa mère en est un exemple spécial : si la nation n’était pas appelée « bénie » ou « bienheureuse », elle l’était : « Tu es bénie entre les femmes » (deux fois ! Luc 1:28, 42). Puissions-nous être fidèles en dépit de toute l’adversité qui marque la fin de l’ère chrétienne.
Il n’y avait pas de place pour le Seigneur Jésus dans l’hôtellerie de Bethléhem, de sorte que Marie L’emmaillota et Le coucha dans la crèche. Seuls « les bergers demeurant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit » (Luc 2:8) ont été les personnes admises à voir leur Messie à ce moment-là. L’annonce de l’ange qui leur est faite (« N’ayez point de peur, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple ; car aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur », Luc 2:10-11), contient des paroles typiques de l’évangile de Luc :
●ne crains pas (1:13, 30 ; 2:10 ; 5:10 ; 8:50 ; 12:4, 7, 32),
●évangéliser (terme de l’original pour ‘annoncer de bonnes nouvelles’) (1:19 ; 2:10 ; 3:18 ; 4:18,43 ; 8:1 ; 9:6 ; 16:16 ; 20:1),
●la joie, une grande joie (1:14, 44 ; 2:10 ; 6:23 ; 10:17 ; 15:7, 10 ; 19:6 ; 24:41, 52),
●aujourd’hui (2:11 ; 4:21 ; 5:26 ; 19:5, 9 ; 23:43).
Dieu s’était déjà servi d’anges pour communiquer Ses intentions à Zacharie et à Marie, et ici Il recommence à le faire avec les bergers. Les Juifs étaient familiers avec le ministère des anges (Actes 7:53), de sorte que c’était une manière appropriée de partager le merveilleux message avec eux. Ceci montre combien Il désirait qu’ils le reçoivent. La foule angélique répondit par des paroles qui anticipent une bénédiction à venir encore plus vaste : « Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ; et sur la terre paix ; et bon plaisir dans les hommes ! » (Luc 2:14). Qu’il est touchant d’entendre les bergers faire écho à cela tandis qu’ils retournent à leurs troupeaux « glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues » (Luc 2:20).
La joie est un cachet caractéristique de l’évangile de Luc. Ce n’est pas simplement de l’absence de crainte, aussi merveilleux que cela puisse être dans un monde de péché, de douleur et de mort ; ce n’est même pas simplement de la joie, mais il y a une grande joie et de l’allégresse ! Ce que Dieu donne d’en haut comme bonne nouvelle forme une source intérieure dans les âmes qui se repentent et croient, et cela déborde. En Luc 15 le berger va chercher la brebis perdue jusqu’à ce qu’il la trouve, « et l’ayant trouvée, il la met sur ses propres épaules, bien joyeux ; et, étant de retour à la maison, il appelle les amis et les voisins, leur disant : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis perdue » (Luc 15:5, 6) (*). Dans le cas de la drachme perdue, la femme allume une lampe, balaye la maison et cherche diligemment jusqu’à ce qu’elle la trouve. Quand elle l’a trouvée, elle assemble ses amies et ses voisines pour se réjouir avec elle (Luc 15:8, 9). L’énergie et la diligence, dans les deux cas, sont montrées pour nous faire sentir tout le temps passé par le Seigneur Jésus et le Saint Esprit pour nous amener à la bénédiction. La troisième partie de la parabole parle de l’amour du Père. Le fils prodigue revient mais « comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et courant à lui, se jeta à son cou, et le couvrit de baisers » (Luc 15:20). Très peu de temps après « ils se mirent à faire bonne chère » (Luc 15:24).
(*) Selon Ésaïe 9:26, le gouvernement futur de ce monde doit reposer sur l’épaule (au singulier) du Seigneur Jésus. Mais s’agissant de la question du salut, Il ramène à la maison Sa brebis perdue en la portant sur Ses deux épaules.
La paix est un autre mot typique de l’évangile de Luc (1:79 ; 2:14, 29 ; 7:50 ; 8:48 ; 10:5, 6 ; 19:38, 42 ; 24:36). Luc est l’évangile qui correspond au sacrifice de prospérités [appelé en anglais « sacrifice de paix »]. Ce sacrifice était le seul à être mangé en entier (sauf la graisse et le sang) et le seul dont tous les participants étaient autorisés à manger : C’était tout d’abord la nourriture de Dieu lui-même (Lév. 3:11, 16 ; 7:13 et suivants), et ensuite y avaient aussi droit le sacrificateur qui offrait, toute la famille sacerdotale et enfin l’adorateur. C’est pour cela que le sacrifice de prospérités parle de communion sous tous ses aspects. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit souvent rattaché à des actions de grâce et de la joie. Cette communion, ces actions de grâce et cette joie apparaissent dans l’évangile de Luc mieux que dans aucun autre évangile. C’est exactement ce que nous avons trouvé. Le sacrifice de prospérités n’est pas tant en rapport avec le fait que le Seigneur Jésus a fait la paix avec Dieu sur la croix, mais il est plutôt la célébration de la communion et de la prospérité spirituelle qu’Il a assurées. Voilà le sens qui transparaît dans l’évangile : tous les chapitres de l’évangile de Luc contiennent une référence à manger, à de la nourriture, ou à être comblé. Dieu visite son peuple (1:68, 78 ; 7:16 ; 19:44) et comment celui-ci peut-il répondre autrement qu’en Le glorifiant, en Le louant et en Le bénissant (1:64, 68 ; 2:13, 20, 28, 38 ; 4:15 ; 5:25, 26 ; 7:16 ; 13:13, 35 ; 17:15, 18 ; 18:43 ; 19:37, 38, 44 ; 23:47 ; 24:53). Appliquons nous ceci. Dans quelle mesure « le sacrifice de louanges… le fruit des lèvres » sont-ils un aspect de notre vie, individuellement, en famille et en assemblée ? Hébreux 13:15 dit que cela devrait être notre occupation continuelle. Nous avons la pleine révélation dans le Nouveau Testament des fruits de l’œuvre de notre Seigneur à la croix et nous avons l’habitation de l’Esprit Saint qui donne la puissance pour rendre grâce, louer et adorer aujourd’hui (2 Cor. 1:22 ; Éph. 2:18-20 ; Jean 4:14, 23, 24).
L’évangile de Luc est aussi un évangile des choses ouvertes : la bouche de Zacharie (1:64) ; les cieux quand le Seigneur Jésus est baptisé (3:21) ; la porte de la volonté de Dieu quand la foi frappe à cause d’un besoin urgent (11:9, 10) ; les yeux des deux disciples d’Emmaüs (24:31) ; les Écritures (24:32) ; et l’intelligence des disciples (24:45). Nous sommes aussi témoins de la manière dont Dieu ouvre Son message de bénédiction. C’est le seul évangile qui mentionne la mission des soixante-dix aussi bien que celle des douze (10:1 ; 9:1, 2). Mais les paroles de Siméon dans le temple vont encore plus loin : « car mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples : une lumière pour la révélation des nations, et la gloire de ton peuple Israël » (2:30-32). Quand le Seigneur visite la maison de Zachée, Il parle de ce qu’Il « est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (19:10). Le chef de publicains était « fils d’Abraham », mais il était aussi un collaborateur du pouvoir Gentil. La foule juive murmure quand ils voient le Seigneur entrer dans sa maison et la joie qu’il a de Le recevoir, mais ils ne sont pas en phase avec leur Dieu dont la grâce aspire à passer par-dessus la muraille vers les nations (Gen. 49:22). Une fois ressuscité, le Seigneur donne aux disciples la mission de prêcher la repentance et la rémission des péchés « à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Luc 24:47 ; Éph. 2:14-17).
Dans l’évangile de Luc, le Seigneur voyage, allant et venant (10:33 ; 13:22). Il vient parce que nous sommes « loin » (16:23 ; 17:12 ; 18:13 ; 22:54 ; 23:49) et « perdus » (15:4, 6, 9, 24, 32 ; 19:10). Comme le bon samaritain de la parabole, Il vient là où nous sommes, à demi-morts, ou plutôt des Gentils morts dans nos fautes et dans nos péchés (Éph. 2:1). Il bande nos plaies, y verse de l’huile et du vin qui nous parlent de la bénédiction et de la joie du salut. Il nous amène à l’hôtellerie (cette fois-ci, il y a plein de place) et Il s’arrange avec l’hôtelier (une double image sans doute, de l’assemblée et du Saint Esprit) pour qu’il prenne soin de nous tandis qu’Il s’en va (Luc 10:30-35). Ceci est semblable à la parabole des mines (19:12-27) (*) dans laquelle l’homme noble va dans un pays éloigné (le ciel !) pour recevoir un royaume et revenir. Il donne les mines à Ses serviteurs en disant : « Trafiquez jusqu’à ce que je vienne » (19:13), — un rappel de notre responsabilité de servir le Seigneur en Son absence. Quand cesse cette venue et quand commence ce départ ? La réponse se trouve dans le récit de la transfiguration selon Luc, qui anticipe merveilleusement la gloire du royaume de notre Seigneur. Il parle avec Moïse et Élie « de sa mort [Son départ] qu’Il allait accomplir à Jérusalem » (9:31), Il allait en passant par la croix.
(*) Notez l’allusion que fait cette parabole au témoignage d’Étienne (Luc 19:14). Avant que l’Évangile aille aux nations, après le rejet du Seigneur par les Juifs, Dieu appelle la nation dans son long support de grâce. Quel Dieu de paix !
L’évangile de Luc est très intime. Siméon reçoit le Seigneur Jésus « entre ses bras » (2:28). Pierre en voyant la pêche miraculeuse de poissons « se jeta aux genoux de Jésus » (5:8). L’enfant de la sagesse, la femme dans la maison de Simon le pharisien, « se tenant derrière à ses pieds, et pleurant, se mit à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, et couvrait ses pieds de baisers, et les oignait avec le parfum » (7:38). Le Seigneur est très proche de nous dans les circonstances de notre vie, quel que soit notre besoin : cinq veuves sont mentionnées dans l’évangile (2:37 ; 4:26 ; 7:12 ; 18:3, 5 ; 21:2, 3). La table où l’on mange parle de communion (5:29 ; 7:36, 49 ; 11:37 ; 12:37 ; 13:29 ; 14:8, 10, 15 ; 16:21 ; 17:7 ; 22:14, 21, 27, 30 ; 24:30), ce qui nous rappelle de nouveau le sacrifice de prospérités. Bien souvent cet évangile nous fait voir le Seigneur prenant place à table dans des maisons. La veille de sa mort, Il dit à Ses disciples : « J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous, avant que je souffre » (22:15). Combien a dû être terrible pour Lui, cet homme parfaitement sensible, d’être livré par l’un des Siens « par un baiser » (22:48).
Terminons avec la mort de notre Seigneur. On dit souvent, à juste titre, que chaque acte de guérison portait le sceau de Sa mort : Il ne pouvait pas repousser les tristes effets du péché sur Sa création durant Sa vie sans s’occuper du péché lui-même dans Sa mort sur la croix. À l’âge de douze ans à Jérusalem, Il avait dit à Sa mère : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » (2:49). Maintenant sur le mont des Oliviers, Il doit s’occuper de la plus grande de toutes les affaires. Il désire ardemment la compagnie de Ses disciples, mais Il doit se retirer d’eux à environ un jet de pierres. La prière a été une partie essentielle de Sa vie comme en témoigne cet évangile (Il est le seul Homme vraiment dépendant), mais Sa prière, maintenant, est unique à cause de ce qu’elle implique : « Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (22:42). Il prie plus intensément, et Sa sueur même manifeste l’intensité du combat qu’Il traverse en envisageant toutes les souffrances des trois heures de ténèbres. Il se lève de la prière et va au lieu du sacrifice. Quel Sauveur ! Même quand Il souffre entre les mains des hommes, Il se retourne et regarde Pierre qui L’a renié (22:61) et Il prie son Père pour obtenir le pardon de ses ennemis en train de le crucifier (23:34). Juste avant les heures de ténèbres, Il promet au brigand repentant : « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (23:43). À la fin Il remet son esprit entre les mains du Père (23:46). La communion avec le Père et la communion avec le brigand, même à un pareil moment ! En vérité l’évangile de Luc est bien riche.