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Un homme bien-aimé et un pays magnifique — Daniel 10 et 11

 

Simon Atwood [ajouts bibliquest entre crochets]

Truth and Testimony 2022-3 p.127-130

1        [Cadre de l’histoire profane situant Daniel au ch. 10]

2        [Les raisons de l’affliction de Daniel : besoin de nouvelles révélations]

3        [Souffrance de ceux qui reçoivent de telles révélations sur l’avenir]

4        [Concomitance entre le jeûne de Daniel et les obstacles dressés par des esprits mauvais]

5        [Annonce de nombreux événements fâcheux]

6        [L’antichrist, puis le salut final par le Messie]

7        [Conclusion : Daniel comme modèle d’une lutte spirituelle]

 

 

 

1        [Cadre de l’histoire profane situant Daniel au ch. 10]

L’identité de Darius le Mède a longtemps fait l’objet d’un débat (*). Comme il n’a pas été possible de prouver son existence à partir de sources humaines, les critiques ont utilisé cette raison pour mettre en doute, voire nier, l’authenticité du livre de Daniel. Mais est-il juste que l’homme évalue la vérité de la Parole de Dieu en fonction de la qualité et de l’étendue de ses connaissances ? Il y a eu des cas similaires où des recherches ultérieures ont montré que l’Écriture avait raison tout du long et que les informations humaines étaient erronées ou incomplètes. La foi repose sur la Parole de Dieu, indépendamment de ce que l’homme pense savoir. Nous soupçonnons que le scepticisme à l’égard de Daniel provient du fait que l’on ne veut pas s’incliner devant son message.

 

(*) Il est possible qu’il s’agisse de l’homme connu dans l’histoire séculaire sous le nom d’Astyages, le dernier roi de Médie. Deux rois perses appelés Darius ont régné plus tard : Darius I, également connu sous le nom de Darius le Grand, à partir de 521 avant J.-C. (Esdras 4:5, 24 ; 5:5-7 ; 6:1-15 ; Aggée 1:1, 15 ; 2:10 ; Zach. 1:1, 7 ; 7:1) et Darius II, également appelé Ochus ou Nothus, à partir de 424 avant J.-C. (Néh. 12:22).

 

Le ch. 5  de Daniel dit que la nuit où Belshatsar, roi des Chaldéens, fut tué, Darius «reçut le royaume» (Dan. 5:31) ; le ch. 9 dit qu’il «fut fait roi sur le royaume des Chaldéens» (Dan. 9:1). La formulation de ces deux textes suggère qu’il ne l’a pas conquis pour lui-même, mais que quelqu’un d’autre l’a installé sur le trône — probablement Cyrus le Grand, de Perse. Auparavant, le royaume médo-perse était peut-être un partenariat égalitaire, mais après la conquête de Babylone, l’équilibre des forces s’est déplacé vers les Perses. Sa représentation par l’image d’une bête au ch. 7 est celle d’un ours qui «se dressait sur un côté» (7:5), et plus loin dans le livre, ce royaume n’est plus appelé que la Perse. Mais à ce stade, il semble qu’il était commode pour Cyrus que Darius prenne le contrôle du royaume chaldéen. Darius était âgé d’environ 62 ans (Dan. 5:31) et conserva son poste pendant un peu plus de deux ans, mais ce fut un temps suffisant pour apprendre à connaître Daniel, qui était encore plus âgé — dans les 80 ou même 90 ans — mais excellent dans sa personne et dans sa sagesse, et toujours capable de se tenir devant les rois et de leur déclarer la pensée de Dieu. Darius veut bientôt le nommer «premier ministre», comme le Pharaon l’avait fait avec Joseph des siècles auparavant en Égypte (Gen. 41:40-41). Comme on peut s’y attendre, ses autres fonctionnaires ne furent pas impressionnés et manœuvrèrent pour envoyer Daniel dans la fosse aux lions malgré tous les efforts de Darius pour l’éviter. Son inquiétude pour Daniel et sa joie lorsqu’il découvrit qu’il n’avait subi aucun dommage montrent à quel point il le respectait et l’aimait. Au cours de cet épisode, Dieu utilisa des anges pour protéger Daniel et fortifier Darius (Dan. 6:22 ; 11:1). En conséquence, la position de Daniel à la cour fut assurée pour le reste du règne de Darius, et encore après, lorsque Cyrus prit le contrôle total.

 

2        [Les raisons de l’affliction de Daniel : besoin de nouvelles révélations]

Si un roi païen avait une si haute estime pour Daniel, il n’est pas surprenant que l’ange Gabriel (« esprit administrateur envoyé pour service en faveur de ceux qui vont hériter du salut», Héb. 1:14), l’appelle «un bien-aimé» (Dan. 9:23). Cette belle expression indique une beauté morale précieuse et l’appréciation qui en était faite. Ici, elle décrit Daniel à la suite de sa belle prière de confession et d’intercession pour Israël, qui s’était élevée au ciel comme de l’encens (Dan. 9:3-23). Mais pourquoi Daniel mène-t-il deuil durant trois semaines entières au ch. 10 (v.3) ? N’aurait-il pas dû être enthousiaste à la perspective du retour des Juifs de Babylone à Jérusalem, suite au décret de Cyrus la première année de son règne (Esdras 1:1-6) ? C’est même lui qui avait compris, en lisant la prophétie de Jérémie, que la fin des 70 ans de captivité était en vue (Dan. 9:2 ; Jér. 25:12).

Mais en réponse à sa prière, Gabriel lui avait dit que le Messie serait retranché (Dan. 9:26) et que de la destruction, des guerres et des désolations suivraient. Il savait de ce fait, que le retour des Juifs à Jérusalem ne pouvait être que temporaire. Il avait le caractère moral pour entendre et voir des choses que d’autres moins spirituels ne pouvaient pas comprendre (comme l’apôtre Jean ; voir Jean 21:20 ; Apocalypse 1:9-11). Le contenu des révélations et la triste réalisation qu’il faudrait beaucoup de temps pour qu’Israël prenne la place que Dieu lui a assignée parmi les nations, pesaient lourdement sur Daniel. Il ne le sous-estime pas, mais le ressent et le pleure comme un Israélite vraiment pieux qui aspire à la gloire de Dieu et à la bénédiction de la nation.

 

3        [Souffrance de ceux qui reçoivent de telles révélations sur l’avenir]

La description de l’homme qui apparaît à Daniel au ch. 10:5 ressemble à la vision que Jean reçut du Seigneur Jésus en Apoc. 1:13-16. Cependant, l’absence de correspondance complète entre les personnages des deux visions et d’autre part le récit de l’homme sur la façon dont «le prince du royaume de Perse» lui a résisté (Dan. 10:13) prouvent qu’il s’agit d’un ange. Néanmoins, l’impression que Daniel retire de la puissance spirituelle est tangible : «Il ne resta aucune force en moi ; mon teint frais fut changé en corruption, et je ne conservai aucune force... et comme j’entendais la voix de ses paroles, je tombai dans une profonde stupeur sur ma face, et ma face contre terre» (Dan. 10:8-9 ; voir aussi v. 15-17). Combien des hommes comme Daniel et Jean ont souffert pour recevoir de telles communications et nous les transmettre !

Une main le touche et le met sur ses genoux et sur ses mains (Dan. 10:10), et l’ange s’adresse à lui d’une manière très digne : «Daniel, homme bien-aimé» (Dan. 10:11). Il lui est dit de se tenir debout et il lui est donné de réaliser que, s’il ressent à juste titre sa faiblesse en présence de l’ange, il est un objet de plaisir pour les cieux à cause de son cœur simple et de son humilité.

 

4        [Concomitance entre le jeûne de Daniel et les obstacles dressés par des esprits mauvais]

Il est remarquable que Daniel a mené deuil et jeûné pendant trois semaines — exactement les 21 jours qu’il a fallu à l’ange pour venir à lui (Dan. 10:2-3, 13). Sa spiritualité signifie qu’il est en accord avec les cieux et est donc prêt à recevoir les communications angéliques qui lui font «comprendre ce qui arrivera à ton peuple à la fin des jours» (Dan. 10:14). De toute évidence, le prince du royaume de Perse est un esprit mauvais qui tente de l’empêcher de recevoir cette révélation parce qu’elle confirme que la Perse cédera la place à l’empire grec d’Alexandre le Grand (11:2-3). Mais Daniel est maintenant de nouveau touché et reçoit un nouvel encouragement : «Ne crains pas, homme bien-aimé, la paix soit avec toi, sois fort, oui, sois fort» (Dan. 10:18-19). Aussi triste que soit la révélation à bien des égards, il doit avoir une conviction donnant de la force, que Dieu accomplira Son dessein. Cela nous rappelle les promesses faites aux vainqueurs dans les lettres aux sept églises (Apoc. 2-3).

 

5        [Annonce de nombreux événements fâcheux]

Le ch. 11 montre que l’empire d’Alexandre éclatera en quatre, dont deux parties seulement ont de l’importance dans la prophétie — le «roi du nord» (11:6) et le «roi du midi» (Dan. 11:5) — parce qu’ils se disputent «le pays de beauté» (11:16, 41) qui se trouve entre eux. Le passage qui commence au v. 5 est un récit si précis des événements que les commentateurs incrédules disent qu’il s’agit d’une histoire déguisée en prophétie. Mais Dieu connaît dès le commencement la fin de la course de péché de l’homme : corruption (Dan. 11:17), autopromotion sans honte (Dan. 11:18), exploitation (Dan. 11:20), le mal (Dan. 11:21), la tromperie (Dan. 11:23-25), la mort (Dan. 11:26), la duplicité (Dan. 11:27), l’outrage (Dan. 11:31) et la méchanceté (Dan. 11:32). Les v. 33-35 semblent faire référence à la révolte des Maccabées contre le méchant Antiochus IV Épiphane, mais leur succès dans cette période de silence divin entre les Testaments n’est que trop bref.

 

6        [L’antichrist, puis le salut final par le Messie]

Puis le Saint-Esprit passe brusquement à une histoire encore plus triste, qui est encore à venir. Les v. 36-39 nous présentent assurément l’antichrist (*). Il dépasse Antiochus en tout point et ravive le conflit nord-sud. Le roi du nord — appelé l’Assyrien par Ésaïe et Michée — reprend le dessus parce qu’il est la verge de la colère de Dieu contre Son peuple terrestre (Ésaïe 10:5) à cause de son alliance avec l’Empire romain ressuscité (Ésaïe 28:15 ; Dan. 9:27). Il n’est pas étonnant que Daniel appelle cela «un temps de détresse, tel qu’il n’y en a jamais eu depuis qu’il y a eu une nation jusqu’à ce temps-là» (12:1). C’est le temps de la détresse de Jacob, la grande tribulation. Le Saint Esprit a permis à des croyants du début du 19e siècle de redécouvrir ces vérités tirées de l’Écriture, alors qu’il n’y avait aucune perspective, humainement parlant, de voir les Juifs revenir un jour sur leur terre en grand nombre, et encore moins en tant que nation.

 

(*) Dans un chapitre qui présente constamment le conflit entre «le roi du nord» et «le roi du midi», il est significatif que ce personnage soit simplement appelé «le roi». Il s’agit du faux roi des Juifs, la deuxième bête d’Apocalypse 13 qui honore «le dieu des forteresses», c'est-à-dire la première bête de ce ch.13 qui est le chef de l’empire romain ressuscité.

 

Aujourd’hui, dans l’Israël moderne, on peut voir comment l’incrédulité caractérisera le peuple terrestre de Dieu à l’avenir, de sorte qu’un résidu émergera de la masse, comme l’annoncent les psaumes et les prophètes. Lorsque le Messie viendra sauver les Siens et que tout s’accomplira pour Sa gloire et leur bénédiction, le pays de beauté, si défiguré par l’homme, «fleurira vraiment comme la rose» (Ésaïe 35:1) et Daniel, l’homme bien-aimé, le verra du haut de son lot céleste (Dan. 12:13).

 

7        [Conclusion : Daniel comme modèle d’une lutte spirituelle]

Que le Seigneur nous aide à tenir pour Lui dans ce jour mauvais comme Daniel l’a fait dans le sien. Pour ce faire, nous devons revêtir toute l’armure de Dieu «car notre lutte  n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de la méchanceté qui est dans les lieux célestes» (Éph. 6:11-12).