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« Fais la guerre à ceux qui me font la guerre » Ps. 35:1

[Les Psaumes d’imprécation]

 

Simon Atwood [entre crochets : ajouts de Bibliquest]

 

Truth and Testimony, volume 4, 2012, p. 151 à 155

[Table des matières :]

1       [Diverses manières d’apprécier les psaumes d’imprécation]

2       Premièrement : on ne trouve pas d’imprécations dans les évangiles, les Actes et les épîtres du Nouveau Testament.

2.1          [Le Seigneur dans les évangiles]

2.2          [Épitres de Paul]

2.3          [Psaumes 22 et 69]

3       Deuxièmement : ces Psaumes appellent le jugement, mais ils n’en décrivent pas l’exécution.

3.1          [Matthieu 24]

3.2          [Psaumes 5 et 28 et 35]

3.3          [Psaume 55 et 58 et 109]

4       Troisièmement : les expressions de ces Psaumes sont à peser soigneusement.

4.1          [Ps. 109:18]

4.2          [Ps. 137]

 

 

1         [Diverses manières d’apprécier les psaumes d’imprécation]

Les paroles de David au début du Psaume 35 sont une imprécation : une prière adressée à Dieu pour que ceux qui commettent le mal souffrent à cause de leurs actions. Beaucoup de psaumes contiennent ce genre de prières et elles caractérisent même plusieurs psaumes, au moins partiellement. Ces psaumes sont appelés « psaumes d’imprécation ».

Les chrétiens réagissent de manières variées à ces psaumes, et à d’autres passages similaires qu’on trouve ailleurs dans la Bible. Olivier Cromwell en invoquait l’esprit, sinon la lettre, dans ses campagnes militaires (*). C.S Lewis voyait ces passages comme des taches dans la Bible (**). Il n’est pas étonnant que les incrédules s’en servent comme des armes contre la foi en Dieu et contre l’autorité de l’Écriture. Peut-être que beaucoup d’entre nous admettent qu’il est difficile d’expliquer ou de justifier le langage qu’ils contiennent. Cependant, si nous prenons comme point de départ que « toute Écriture est inspirée de Dieu » (2 Tim. 3:16-17) et que nous demandons au Seigneur de nous aider à faire des rapprochements entre passages de l’Écriture (2 Pierre 1:20), nous ne manquerons pas de trouver du profit et de la préparation au service, comme avec toute autre partie de la Parole de Dieu.

 

(*) À la chute de Drogheda sur la côte Est de l’Irlande en 1649, Olivier Cromwell disait au sujet de ceux qui moururent : « Je suis persuadé que c’est le juste jugement de Dieu sur ces misérables barbares qui ont les mains tellement couvertes de sang innocent ».

(**) Dans ses « Réflexions sur les Psaumes », il qualifie ces Psaumes d’imprécations, de Psaumes terribles ou (est-ce que j’ose le dire ?) de Psaumes méprisables. Cela doit nous rendre réservés quant à la lecture de ses écrits. Il est d’autant plus frappant que ses livres soient en haute estime dans les milieux œcuméniques, et populaires dans le monde en général.

 

2         Premièrement : on ne trouve pas d’imprécations dans les évangiles, les Actes et les épîtres du Nouveau Testament.

2.1        [Le Seigneur dans les évangiles]

Au commencement de son ministère public, le Seigneur Jésus dit : « Vous avez entendu qu’il a été dit : ‘Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi’. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent » (Matt. 5:43-44). À la fin, quand Jacques et Jean Lui demandèrent s’il fallait faire descendre le feu du ciel sur un village de Samaritains qui refusait de Le recevoir (*), Il les censura fortement, disant : « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés ! » (Luc 9:55). Plus tard, Pierre écrivit à des chrétiens souffrant pour leur foi et en tant que Juifs : « Car c’est à cela que vous avez été appelés ; car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, ‘lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude’ ; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas »(1 Pierre 2:21-23).

 

(*) Notez que les deux disciples invoquaient ce que fit Élie, le prophète de la loi.

 

2.2        [Épitres de Paul]

Pensez aux paroles de Paul : « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes et mettant en nous la parole de la réconciliation » (2 Cor. 5:19). Si des chrétiens réclament le jugement de Dieu sur des incrédules à cause de ce que ceux-ci leur ont fait, combien cela est en désaccord avec la grâce de Dieu envers un monde coupable de la mort de Son Fils ! Suivre l’exemple de notre Seigneur quand Il souffrait patiemment dans la puissance de l’Esprit Saint, est un  privilège qui s’accorde avec notre patrie céleste (voir 1 Pierre 4:14). C’est pourquoi les paroles de David : « Quant à la tête de ceux qui m’environnent… que le mal de leurs lèvres les couvre, Que des charbons ardents tombent sur eux ! » (Ps. 140:9-10), — nous disons en toute révérence que ces paroles sont entièrement renversées par l’apôtre Paul quand il dit : « Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela tu entasseras des charbons de feu, sur sa tête » (Rom. 12:20). Les pensées et les actions du chrétien doivent être imprégnées de grâce : « Ne sois pas surmonté par le mal, mais surmonte le mal par le bien » (Rom. 12:21).

 

2.3        [Psaumes 22 et 69]

C’est l’œuvre du Seigneur Jésus accomplie à la croix qui fait la différence. Prenez les psaumes 22 et 69 : le psaume 22 est principalement occupé de Ses souffrances de la part de Dieu à cause du péché, et des merveilleuses bénédictions qui en découlent pour ceux qui craignent l’Éternel ; le psaume 69 se concentre sur Ses souffrances de la part des hommes pour la justice, et sur les terribles conséquences qui s’abattent sur ceux qui Le rejettent. Par définition les saints de l’Ancien Testament ne pouvaient pas regarder en arrière à la croix comme la base juste de Dieu pour bénir l’homme, comme nous, nous le faisons sous l’éclairage du Psaume 22 et d’autres écritures. Pour ces saints de l’Ancien Testament, le déshonneur et la haine de Dieu et de Ses serviteurs qui remplissent le Psaume 69 exigeaient un jugement impitoyable sur ceux qui en étaient responsables ; d’où le caractère imprécatoire même dans la bouche de Christ.

 

3         Deuxièmement : ces Psaumes appellent le jugement, mais ils n’en décrivent pas l’exécution.

3.1        [Matthieu 24]

La raison en est qu’ils anticipent un temps où le peuple terrestre de Dieu sera impuissant devant ses ennemis. Le résidu pieux d’entre eux le ressentira et plaidera pour une intervention divine contre les méchants au milieu d’eux et contre leurs adversaires de l’extérieur. En fait la destruction de leurs ennemis par Dieu sera le seul moyen de leur délivrance, barrant la route à la mort même ; c’est une situation entièrement différente de celle dont nous jouissons comme chrétiens. Ceci se retrouve dans les paroles prophétiques de notre Seigneur sur le mont des Oliviers : « celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé », et « si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée ; mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés » (Matt. 24:13, 22) (*).

 

(*) C’est pourquoi on trouve dans le Nouveau Testament une imprécation des martyrs du résidu Juif en Apocalypse 6:10 qui commence par « jusques à quand » et qui nous rappelle le Psaume 94:1-4.

 

3.2        [Psaumes 5 et 28 et 35]

Les plaidoyers du résidu ne sont pas le produit d’une antipathie personnelle, d’un orgueil national ou d’une haine religieuse, mais ils sont une juste indignation devant l’insolence et l’iniquité manifestes, la fausseté, l’homme de sang, la fourberie, la corruption, les transgressions et la rébellion (Ps. 5:5, 6, 9, 10), devant l’hypocrisie grossière (Psaume 28:3), devant les meurtres et blessures prémédités, les pièges, les complots, la cruauté sans frein, l’impiété, la calomnie, les menaces et la malice des ennemis de Dieu (Psaume 35:4, 7, 11, 15, 16, 19). Ceux de ce résidu sont en colère, mais ils ne pèchent pas (Éph. 4:26), car ils confessent « Tu n’es pas un Dieu qui prenne plaisir à la méchanceté, le mal ne séjournera point chez toi », et ils parlent d’entrer dans Sa maison « dans l’abondance de Sa bonté », en se prosternant devant le temple « de ta sainteté, dans ta crainte », sachant que « tu béniras le juste, ô Éternel » (Psaume 5:4, 7, 12). Ils élèvent leurs mains vers « l’oracle de ta sainteté » (Ps. 28:2). Ils demandent à Dieu de les juger « selon ta justice » (Ps. 35:24) et ils disent que leurs langues rediront « ta justice, ta louange, tout le jour » (Ps. 35:28). Tout ceci montre la cohérence morale avec Dieu dans Lequel ils se confient.

 

3.3        [Psaume 55 et 58 et 109]

Passons au Psaume 55. Nous y trouvons la persécution de l’homme pieux dans la ville où Dieu avait placé Son nom. Combien la violence et les querelles, l’iniquité et la malice, la perversité, l’oppression et la tromperie de la part de ceux qui faisaient précédemment profession de piété, combien tout cela accable ceux qui sont caractérisés par la pureté de leur dévotion. Ceci se trouve de manière parfaite et touchante dans notre Seigneur Jésus dans ses rapports avec Judas (Jean 13:21). La suscription du Psaume 58 « ne détruis pas » (Al-Tashkheth) est un commentaire des mauvaises actions répétées et violentes des puissants de ce monde. Ils sont engagés comme un train sur une voie qui ne s’arrêtera pas à moins que Dieu n’intervienne. Le Psaume 109 qui est le plus complet et le plus intense de ces psaumes, plaide pour le jugement des persécuteurs du psalmiste tant à cause des motifs de la persécution que de la manière de l’infliger. David utilise des expressions qui anticipent de manière poignante la parfaite sensibilité du Seigneur Jésus quand Il était ici-bas : « Pour mon amour, ils ont été mes adversaires ; mais moi je me suis adonné à la prière. Et ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (Ps. 109:4, 5).

 

4         Troisièmement : les expressions de ces Psaumes sont à peser soigneusement.

4.1        [Ps. 109:18]

Par exemple le Psaume 109 dit du méchant : « Et qu’il soit revêtu de la malédiction comme de sa robe ; et qu’elle entre au-dedans de lui comme de l’eau, et dans ses os comme de l’huile » (v. 18). Nous pouvons comprendre la première partie du verset : il était tellement occupé à combiner le mal pour les autres que c’était comme quelqu’un qui s’habille de ses vêtements chaque jour. Mais que dire de la seconde partie du verset ? Est-ce réellement un plaidoyer pour que ses mauvaises dispositions soient visitées sur lui d’une manière physique, au point que cela remplisse toutes ses entrailles, et se déverse dans ses os ? Non, c’est un langage figuré — un appel pour que dans son for intérieur, dans son être moral, il ressente de la manière la plus intime et la plus complète ce qu’il a désiré pour les autres. Nous avons besoin de discerner l’importance morale des paroles de ces Psaumes.

 

4.2        [Ps. 137]

Qui ne serait pas touché par les expressions de douleur émouvante des six premiers versets du Psaume 137 ? Les pieux d’entre les exilés qui avaient fait tout le voyage depuis Jérusalem, ne pouvaient que s’asseoir aux bords des rivières de Babylone pour pleurer. Les saules auxquels ils suspendaient leurs harpes parlaient maintenant de douleur, au lieu de parler de la joie de la fête des tabernacles (Lévitique 23:40). Sion, le centre des bénédictions divines, n’était plus qu’un souvenir ; et malgré toutes les prières de ceux qui les avaient emmenés captifs, ils ne pouvaient pas chanter ses cantiques, les cantiques de Sion. Dans leur misère, ils appellent (v.7) le jugement sur Édom, le voisin qui avait contribué à la chute de Jérusalem, et ils exaltent (v.8) celui que Dieu utilisera, quand Il exercera Sa discipline, pour punir Babylone à cause de ses excès vicieux (Ésaïe 47:5-7 ; Jérémie 50 et 51).

C’est la raison des paroles du dernier verset de ce Psaume 137 : « Bienheureux qui saisira tes petits enfants, et les écrasera contre le roc ! » (v.9). Si nous les lisons superficiellement nous en retirons l’impression erronée qu’ils expriment un plaisir de méchanceté, tandis qu’ils sont en réalité une bénédiction solennelle sur celui dont Dieu se servira pour briser l’inimitié perpétuelle contre les hommes pieux sur la terre. D’un côté ceci sera une juste rétribution des défis lancés contre Dieu et de l’agression contre Son peuple, « la prunelle de Son œil » (Zacharie 2:8 ; voir aussi Jérémie 31:15), ce qui d’ailleurs rendra terrible cette rétribution ; d’un autre côté ce sera aussi une miséricorde pour les enfants de mourir avant d’atteindre l’âge de responsabilité du fait qu’ils seront au ciel à cause de cela (*). Les soldats des Mèdes et des Perses qui prirent finalement la Babylone d’autrefois peuvent avoir tué ses enfants de la manière décrite ici, mais aucun des hommes pieux d’Israël ne l’a fait, ni ne le fera quand la Babylone de l’Apocalypse sera détruite (Ésaïe 13:17-22 ; Apocalypse 18:1-8).

 

(*) Cela s’applique à tous les jugements de Dieu qui impliquent la mort d’enfants (par exemple le déluge, Genèse 7:17-23 ; Jéricho, Josué 6:17, 21 ; Amalek, 1 Samuel 15:1-3). Bien sûr il n’y a absolument aucune approbation dans la Bible, dans le jour présent de la grâce, pour ôter la vie aux bébés et aux jeunes enfants quelle qu’en soit la raison.

 

Abraham disait « le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ? » (Genèse 18:25). Nous pouvons être sûrs que la réponse à cette question est toujours « oui ». Il n’agit pas avec précipitation : « La patience de Dieu attendait dans les jours de Noé, tandis que l’arche se construisait » (1 Pierre 3:20) ; Il n’a pas laissé Israël conquérir Canaan tant que l’iniquité des Amoréens n’a pas été à son comble (Genèse 15:16) ; Il est plein de longanimité avec les pécheurs maintenant (voir 2 Pierre 3:9). Mais bien que son jugement soit « son œuvre étrange… son travail inaccoutumé » (Ésaïe 28:21), il ne manquera pas de tomber un jour. Malheureusement les gens autour de nous en doutent, comme ce fut le cas d’Agag sous l’influence de Saül, et ils abusent de la grâce de Dieu, pensant qu’ils peuvent pécher impunément (1 Samuel 15:7-8a, 32-33 ; Romains 2:2-6).

Combien il est béni de se tourner de tout cela vers les paroles que notre Seigneur adressa aux principaux sacrificateurs qui s’indignaient contre les enfants qui criaient « Hosanna au Fils de David ! » dans le temple. Il leur répondit : « N’avez-vous jamais lu : ‘Par la bouche des petits enfants et de ceux qui tètent, tu as établi ta louange’ » (Matthieu 21:15-16). Et quand les pharisiens objectaient aux louanges des disciples, Il leur répondit : « Je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres crieront » (Luc 19:39-40). Le jour vient où il n’y aura plus lieu de faire des imprécations, mais où le peuple terrestre de Dieu racontera Sa louange de génération en génération (Ps. 79:13).