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MÉDITATIONS sur le CANTIQUE DE SALOMON
Andrew Miller ; texte condensé
Table des matières:
En tête de cette nouvelle édition du Cantique des Cantiques, il nous semble à propos de citer ces lignes :
«Ce livre considère les Juifs, ou du moins le résidu, sous un tout autre aspect que ne le font les prophètes. Il décrit les affections que le Roi (titre que prend le Seigneur dans ses relations avec Israël) peut créer dans leurs coeurs et par lesquelles il les attire à lui. Quelle qu’en soit la force, ces affections ne sont pas comparables aux affections chrétiennes. Elles n’ont ni le calme profond, ni la douceur qui découlent d’une relation déjà formée, connue et pleinement appréciée ; d’une affection dont le lien est reconnu ; chacun en jouit, comme d’une chose certaine dans le coeur de l’autre...
Il ne s’agit pas, dans ce livre, de la purification de la conscience, (c’est une question laissée de côté), mais des affections du coeur qui ne sauraient être trop ardentes lorsque le Seigneur en est l’objet,...
Dans son interprétation, ce livre ne s’applique pas à l’Église. Cependant j’ai parlé de «nous» et de «nos coeurs», et avec raison. Car, si Israël est l’objet de ce livre, il s’agit du coeur et de ses sentiments, de sorte que, moralement, il a une application pour nous... Du reste, on ne peut pas exagérer l’importance qu’il y a à cultiver les saintes affections qui nous attachent à Christ, nous font connaître son amour et nous le font connaître lui-même. S’il s’agit de Dieu et de ses voies à notre égard, celui qui n’aime pas ne connaît pas» (Études J. N. Darby).
Que notre Dieu et Père veuille accompagner cette édition et qu’elle laisse partout une riche bénédiction à la gloire du beau nom de Jésus, notre Sauveur et Seigneur.
La plupart des hommes de ce monde redoutent la solitude et la réflexion. Ils aiment mieux être surchargés d’invitations et d’affaires que d’avoir du temps pour réfléchir. Leur conscience mal à l’aise voudrait alors faire entendre sa voix ; mais ses avertissements sont souvent étouffés par ce mot commode : devoir ; et bientôt oubliés volontairement. Si l’on a sur la conscience des péchés non jugés, la pensée de Dieu comme juge est redoutable pour une âme irrégénérée. Elle ne peut pas supporter la lumière, c’est pourquoi elle préfère les ténèbres. Toute occasion est bonne pour échapper à une calme et sérieuse réflexion. Les plaisirs du monde servent aussi à atteindre le même but.
On n’accorde ni pensée ni temps aux réalités de l’âme ; on ne prend aucun soin de ses profonds et pressants besoins. Mais «que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ; ou que donnera un homme en échange de son âme ?» (Marc 8:36-37). Hélas ! tel est l’homme sans la connaissance de Dieu, de sa condition comme pécheur et dans l’ignorance de Jésus comme le Sauveur.
Entretenons avec soin un esprit de méditation. Plus la séparation d’avec le monde sera réelle, plus la communion avec Jésus sera profonde et plus la bénédiction qui en résultera sera grande. Il ne doit pas y avoir de sympathie dans l’esprit et le coeur pour le monde ; et, quoique dans le monde, tenons-nous loin de son agitation et de son impiété. Un abîme sépare les croyants du présent siècle mauvais : «Ils ne sont pas du monde», a dit Jésus, «comme moi je ne suis pas du monde». La position de Christ en résurrection détermine la nôtre, car nous sommes ressuscités avec lui. Le calme, le repos de l’âme en communion avec le Seigneur glorifié, sont les moments les plus précieux sur la terre. On peut les connaître dans une chambre de maladie, au milieu de son travail ou dans l’accomplissement des devoirs de la famille. Tout dépend de l’état du coeur. Être seul, et pourtant ne plus l’être, car Christ est là, quelle part bénie !
Pourquoi ce précieux petit livre a-t-il été appelé «Le cantique des cantiques» ? Précisément parce qu’il est de Salomon, un type de Christ qui, au temps convenable, sera roi à Jérusalem, dans la gloire du vrai Salomon. C’est d’après le même principe que le Seigneur est appelé «Roi des rois et Seigneur des seigneurs». La prééminence en toutes choses lui appartient.
Il y a plusieurs cantiques dans l’Écriture : Moïse, Marie sa soeur et ses compagnes, Débora et David ont tous chanté la bonté du Seigneur. Il est écrit de Salomon «qu’il fit mille et cinq cantiques» (1 Rois 4:32) ; mais celui-ci est appelé «Le cantique des cantiques». Il surpasse tous les autres. C’est la mélodie de coeurs remplis de l’amour divin. «Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier» (1 Jean 4:19). Si seulement nous étions toujours capables de chanter nos cantiques avec le coeur et l’intelligence !
Quelle affection ardente et pure exprime cette requête. Quand l’âme est remplie de son objet, tout le reste disparaît ; elle est transportée par l’heureuse assurance de la place qu’elle occupe dans le coeur de Jésus. Il n’y a plus de doutes ni de craintes pour celui qui parle ainsi à l’époux divin. Plusieurs traitent de présomption cette confiance en Son amour parfait, un amour qui exclut toute crainte. S’ils osent se confier en Christ, ce n’est pas sans doutes et sans inquiétude ; et cependant, c’est Lui qui les a aimés et s’est donné lui-même pour eux, des impies.
La hardiesse de la bien-aimée dans cette scène signifie-t-elle qu’elle a oublié d’où elle a été tirée ? Non, elle ne l’a point oublié, mais sa conscience ayant été purifiée de tout péché par le sacrifice de Jésus sur la croix, elle est maintenant libre et heureuse dans la présence d’un Christ ressuscité et glorifié. Le sang de Christ pour la conscience et sa personne pour le coeur, c’est tout ce qui est nécessaire pour qu’un pécheur se sente chez lui et heureux dans la chambre du roi ! Ces deux choses sont à la base de toute bénédiction, et le chrétien les possède l’une et l’autre. Si nous sommes instruits à cet égard, nous nous sentirons libres, heureux et chez nous dans la présence du Seigneur.
Ici, la bien-aimée soupire après une preuve directe de l’amour du bien-aimé. C’est Christ lui-même qui l’occupe, non pas une de ses vertus, ou quelque grâce particulière reçue de lui. Elle ne songe pas à expliquer de qui elle parle de cette manière. Ainsi Marie de Magdala, dépouillée de l’Objet exclusif de son coeur, demande : «Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis». Jésus seul occupait ses pensées, elle ne s’occupait d’aucun autre. Rien ne pouvait la satisfaire sinon la personne de son Seigneur mort ou vivant. Merveilleuse affection ! Si seulement Jésus avait en nous une telle place ! Encore un peu de temps et il possédera les siens pour toujours.
Dans l’Écriture, le baiser est souvent le signe de la réconciliation, le gage de la paix, l’expression de l’affection. David et Jonathan se baisèrent l’un l’autre, et pleurèrent l’un avec l’autre, jusqu’à ce que les pleurs de David devinrent excessifs (1 Samuel 20:41). C’est une belle image du vrai David dont l’amour dépasse de beaucoup notre amour. Joseph aussi baisa tous ses frères et pleura sur eux ; et après cela, ses frères parlèrent avec lui (Genèse 45:15). De même, le père de l’enfant prodigue l’embrassa alors qu’il portait encore ses haillons. Puis, quand il fut purifié de toutes ses souillures et revêtu de la plus belle robe, était-ce trop de sa part de demander de pareilles démonstrations d’amour ou de s’y attendre ? Non, assurément ! Est-ce trop pour l’épouse dans le Cantique des Cantiques — ou pour le croyant — de désirer une telle expression de l’amour du Seigneur ? L’amour seul peut satisfaire l’amour.
Maintenant l’amour du Bien-aimé est préféré au vin, symbole des joies et des plaisirs de la terre. Ces choses n’ont plus d’attrait pour celui qui fait ses délices de cet amour. Elles ont perdu leurs charmes et ne sont plus désormais qu’un pesant fardeau pour le croyant. Jésus lui-même fait ses délices. Pierre dira : «lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse» (1 Pierre 1:8)
La vigne a ses racines dans la terre. Le nazaréen, tant que durait son voeu, ne devait rien goûter du fruit de la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau du raisin (Voyez Nombres 6). Il devait, pour Dieu, être entièrement séparé des plaisirs du monde. Tout croyant doit être un nazaréen, comme le Seigneur. «Je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père» (Matthieu 26:29). Associés à lui comme nous le sommes, nous nous trouvons sous l’effet de son voeu, et devons être de vrais nazaréens pour Dieu. Ce n’est possible que si nous trouvons notre joie, nos délices, dans l’amour de Jésus. Maintenant, il attend avec patience le matin sans nuages (2 Samuel 23:4), où il sortira à nouveau dans son caractère de véritable Melchisédec, pour rafraîchir et bénir son peuple avec le pain et le vin du royaume (Genèse 14). Nous devons l’attendre patiemment jusqu’au jour où, enlevés d’abord à sa rencontre sur la nue, nous paraîtrons ensuite avec lui dans la gloire. Alors le voeu sera pleinement accompli. Le roi sera à nouveau uni dans Jérusalem à son peuple terrestre, et toutes les nations de la terre se réjouiront. La fille de Sion connaîtra alors le sens profond de ces paroles prononcées longtemps auparavant aux noces de Cana de Galilée : «Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant» (Jean 2:10)
Elle nous donne maintenant quelque idée du nom de celui qu’elle aime, «ton nom est un parfum répandu». Il a pour elle une odeur des plus exquises. Tous les noms de Christ, ses titres, ses attributs sont un parfum répandu. Son nom, c’est lui-même ; il est l’expression de sa nature, de sa prééminence en toutes choses, et de toutes ses grâces. Les expressions manquent à la bien-aimée pour dire les richesses de la bonté de l’époux ; c’est pourquoi elle dit que son nom est un parfum répandu. L’épouse n’est pas seule à jouir du parfum qui émane de Christ ; les jeunes filles, ses compagnes, sont attirées et rafraîchies par l’excellence de son nom. Ce n’est point un parfum contenu dans un vase mais un parfum «répandu». Quelle communion il y a dans l’amour de Jésus ! En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement. Quel centre, quelle source est ce nom : l’Assemblée de Dieu est maintenant réunie autour de lui, son unique centre, appuyée sur cette parole : «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux». Mais, encore un peu de temps et les cieux et la terre de maintenant seront unis sous le sceptre de son règne glorieux. D’une part, la Jérusalem terrestre, avec toutes les nations d’alentour, et d’autre part, la Jérusalem céleste. Les myriades d’anges, l’assemblée universelle, et l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux, seront en relations étroites, unies par ce doux et précieux nom, le «seul» nom auquel il appartienne d’unir. Le Père a préparé dans ses conseils cette gloire pour son Fils ; et pour l’administration de la plénitude des temps (le millénium) il réunira en un, (c’est à dire en Lui) toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre (Éphésiens 1:10). Le parfum du nom de Jésus sera répandu en tout lieu et toutes les familles et toutes les langues s’uniront dans ce chant de louange : «Éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre !» (Psaume 8:9)
Lorsque le temps de la bénédiction et de la gloire milléniales sera accompli, que les cieux et la terre de maintenant se seront enfuis, et que le jugement final aura eu lieu, ce nom n’aura rien perdu de son parfum, de sa puissance et de sa gloire. Il unira alors dans les liens de l’amour et de la sainteté les saints des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Christ sera la source et l’objet de la joie de tous les coeurs, la mélodie de toutes les bouches ! la montagne de la myrrhe et la colline de l’encens répandront tout le parfum de son nom. Déjà ses vêtements sont myrrhe, aloès et casse, quand il sort des palais d’ivoire. Mais dans l’éternité, les grâces si riches et si variées de son amour rempliront l’univers du parfum éternel de son nom !
Plus nous connaîtrons Christ, et plus nous désirerons être tout près de lui. Comme Paul l’exprime : «pour le connaître, lui», et nul sur la terre ne le connaissait mieux, et, «afin que je gagne Christ», et il n’y eut jamais un saint plus assuré de ce prix que Paul. Quoique prisonnier à Rome dans le dénuement, il pouvait dire avec sincérité : «Pour moi, vivre c’est Christ ; et mourir, un gain». Quelle assurance, quelle joie brillent dans sa lettre aux Philippiens !
Il y a tant de bénédictions en Christ que l’apôtre les nomme «les richesses insondables de Christ». Plus nous goûtons la plénitude de son amour, et plus nous comprenons qu’il surpasse toute connaissance.
Le désir de l’épouse d’être près de son Seigneur est si grand, qu’elle ne supporte pas une distance quelconque, entre elle et lui. D’où ses soupirs . «Tire-moi». Il y a comparativement au verset 2, un progrès dans son appréciation de la personne de Christ : elle désire une communion plus étroite. Nous trouvons de tels sentiments dans plusieurs Psaumes : «Ô Dieu ! tu es mon Dieu ; je te cherche au point du jour, mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi dans une terre aride et altérée, sans eau... Mon âme s’attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient» (Psaume 63:1-8) La communion la plus étroite avec le Seigneur s’accorde parfaitement avec le désir d’être encore plus près de lui. Est-ce là notre expérience ?
Le Seigneur tire, et nous courons ; mais remarquez bien ces derniers mots : «après toi». Ils sont de la plus haute importance. Ce n’est pas après nos propres idées, ni après l’homme le meilleur qui pourrait exister sur la terre. Comme il est écrit dans le Psaume 16 : «Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi», non pas de temps à autre seulement, mais «toujours». Combien notre marche serait autre si tel était notre cas ! Elle serait séparée de tout ce qui n’est pas de Christ. Certainement, si nous disons au Seigneur : «tire-moi», nous devrions, comme l’épouse et ses compagnes, ajouter en toute sincérité : «nous courrons après toi».
Celui qui tire, marche devant. C’est ainsi que le Seigneur précède son peuple dans le désert, voit le danger et y pourvoit avant même qu’il s’y trouve exposé. Nombreux sont les périls dont Il nous délivre sans que nous le sachions. «Et quand il a mis dehors toutes ses propres brebis, il va devant elles ; et les brebis le suivent» (Jean 10:4). L’Ennemi nous a peut-être tendu un piège dans le chemin que nous étions disposés à suivre, mais notre divin Conducteur, voyant le traquenard, prend une autre direction, et nous échappons ainsi à un grave danger (voir Exode 13:17). Mais nous pouvons cependant nous montrer désappointés et mécontents de ce qu’il nous a empêchés de suivre le chemin que nous nous étions proposé !
Maintenant nous avons le fruit béni de l’attrait qu’exerce le Seigneur. La prière est, chez ceux qui s’adressent à Dieu, l’expression d’une faiblesse ressentie et d’un état de dépendance joint à un esprit de sainte diligence. C’est la grâce qui tire, c’est elle qui fait courir et qui couronne ; tout découle de l’amour du Seigneur. «Nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin». La bien-aimée se sert maintenant de l’expression : se souvenir ; elle connaissait l’amour de Christ auparavant, mais elle en jouit maintenant davantage encore. Cet amour l’environne, elle se sent enveloppée par cet amour : Le Roi m’a amenée dans ses chambres.
Mais pour quelle raison est-il parlé ici du roi ? Il s’agit de la relation de Christ avec Israël quand ce peuple aura été restauré. Pour ce qui est de son droit, de son titre à la royauté, Christ est bien roi et digne de tout hommage ; l’Écriture déclare qu’il est le chef du corps, de l’assemblée et aussi le roi des Juifs. Comme tel, il vint d’abord dans l’humilité et dans la grâce se présenter à la fille de Sion ; hélas ! elle refusa de le recevoir. Il fut méprisé, rejeté, crucifié et mis à mort ; mais Dieu le ressuscita et lui donna la gloire. La résurrection d’entre les morts a établi ses droits comme roi des Juifs, mais aussi comme chef de son corps qui est l’assemblée, et comme centre de toute gloire à venir (Lire Zacharie 9, Jean 12:13, Actes 2, Éphésiens 1, Philippiens 2) Les Juifs avaient bien crié «Hosanna ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël !» Mais ils s’écrièrent aussi : «Ôte, ôte, crucifie-le !» (Jean 12:13 ; 19:15). Ils comblèrent ainsi la mesure de leurs péchés. Le Messie a été retranché, le témoignage du Saint Esprit méprisé et les relations avec Dieu rompues. Le temps où le royaume sera rétabli pour Israël n’est pas venu.
Mais la Parole du Seigneur demeure ferme à toujours ! L’incrédulité de l’homme ne saurait annuler la fidélité de Dieu (Romains 3:3) Dans la rédemption accomplie par Christ, le fondement a été posé pour la restauration future d’Israël, en grâce, selon le dessein immuable de Dieu. Les enfants recevront toutes les bénédictions promises aux pères. «Car je dis que Jésus Christ a été serviteur de la circoncision, pour la vérité de Dieu, pour la confirmation des promesses faites aux pères» (Romains 15:8) Rien de plus clair que les prophéties de la Parole de Dieu quant au règne futur du Seigneur Jésus, en relation avec le trône de David et de toute la maison d’Israël. Mais son règne et sa gloire ne seront pas limités aux tribus restaurées et au pays d’Israël : Jérusalem et les villes de Juda seront le centre terrestre de son royaume millénaire, absolument comme la Jérusalem céleste, la cité du Dieu vivant, sera le centre de sa gloire céleste dans tout l’univers (Hébreux 12:22-24)
Mais puisque c’est le roi qui fait l’objet de notre méditation, arrêtons-nous un peu aux prophéties qui nous révèlent Christ sous ce caractère. «Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. À l’accroissement de son empire, et à la paix, il n’y aura point de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela» (Ésaïe 9:6-7). Cette prophétie déjà ancienne fut en substance confirmée à Marie par l’ange : «Tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom JÉSUS. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il règnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume» (Luc 1:31-33)
Déjà, depuis le temps où Israël fut délivré d’Égypte jusqu’aux jours de Samuel, l’Éternel était son roi. Mais ils voulurent avoir un roi comme les autres nations, et le rejetèrent ; une chute complète s’ensuivit. D’ailleurs, des rivages de la mer Rouge au Calvaire et à la lapidation d’Étienne, il en a toujours été ainsi, quelle que soit la manière dont le peuple a été mis à l’épreuve, que nous considérions Israël sous la loi, ou comme une vigne transportée hors d’Égypte et plantée dans le pays promis, ou présenté comme cette femme que l’Éternel avait épousée, ou encore comme le témoin de Dieu sur la terre, toujours nous constatons que son égarement a été continuel (Jérémie 8:5). Aussi, les justes jugements de Dieu tombèrent enfin sur lui : Jérusalem fut environnée d’armées. Le temple et la cité furent entièrement rasés, et ceux qui échappèrent au tranchant de l’épée furent dispersés aux quatre vents des cieux.
Depuis, Israël a été appelé «la délaissée» et sa terre, «la désolée» (Ésaïe 62:4) ; mais elle ne le sera pas toujours. Il est bon de remarquer la différence qu’il y a entre les voies de Dieu en gouvernement à l’égard de son peuple et ses voies en grâce. Selon le juste gouvernement de Dieu, les Juifs sont encore, à cause de leurs péchés et de leur endurcissement, sous le châtiment. Mais la grâce et l’amour de Dieu demeurent invariablement les mêmes. Remarquez les paroles du prophète Akhija à Jéroboam : «j’humilierai la semence de David, à cause de cela, seulement pas à toujours» (1 Rois 11:39) C’est un principe important non pas seulement pour Israël et pour l’Église, mais pour tout chrétien pris individuellement. L’apôtre y fait allusion quand il traite du rejet et du rétablissement d’Israël : «Elles ont été arrachées pour cause d’incrédulité... mais en ce qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir» (Romains 11:20, 28-29)
Le prophète Osée (3:4) décrit d’une manière touchante l’état actuel et la future restauration des Juifs. «Car les fils d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni théraphim. Ensuite, les fils d’Israël retourneront et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté, à la fin des jours» (Osée 3:4-5) Précieuse pensée ! Ils rechercheront encore l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi. Et à qui s’adresse le livre du Cantique des Cantiques ? N’est-il pas pour le Résidu l’assurance et la confirmation de l’affection immuable du roi ? Les Israélites, les fidèles des derniers jours, pourront lire ici l’amour infatigable et patient, l’amour qui ne fait pas de reproches, de l’Éternel, leur Dieu, et de David, leur roi. Dans le passé, ils ont entièrement failli sous la loi ; ils se tenaient devant Dieu sur le fondement d’une alliance conditionnelle, sur le pied de l’obéissance. Dans l’avenir, ils seront sur le fondement de l’alliance inconditionnelle de Dieu. Leur bénédiction aura pour mesure la valeur du sacrifice de Christ, jadis rejeté, et la plénitude de l’amour de Dieu. Mais qui peut mesurer ce qui est incommensurable ? Tel sera l’amour du Roi pour son épouse juive.
Le livre de Ruth illustre de manière touchante le passé, le présent et l’avenir d’Israël. Il ne resta pas de fruit de la vie d’épouse de Naomi. «Ne m’appelez pas Naomi, dit-elle, (nom qui signifie : mes délices), «appelez-moi Mara, amère ; car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume» (1:20) Son mari, Élimélec (nom qui signifie : Mon Dieu est roi), et ses deux fils étaient morts au pays de Moab. Naomi était maintenant veuve, abandonnée, sans enfants, et sans ressources naturelles. «Appelez-moi Mara... Je m’en allai comblée, et l’Éternel me ramène à vide». Image frappante de la nation juive qui, ayant perdu Dieu comme son roi et son mari, est maintenant comme veuve et abandonnée. Mais un faible résidu, en la personne de l’humble et patiente Ruth, s’attache à Naomi, et s’abrite sous les ailes du Dieu d’Israël. Bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre. Les champs dans lesquels elle entra d’abord comme une glaneuse, devinrent sa propriété.
Mais d’abord le plus proche parent, qui a droit de rachat, refuse de racheter l’héritage car il faut qu’en même temps il prenne Ruth pour femme ; dix témoins attestent ce refus. Ces dix hommes de la ville peuvent représenter les dix commandements qui furent donnés avant la venue du Christ ; il n’y eut pas de fruit pour Dieu sous la loi (Voyez Romains 7:14)
Puis Boaz (ce nom signifie : en lui est la force) épouse la cause du faible résidu de la maison d’Élimélec. C’est un type de Christ ressuscité, qui a été déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts (Romains 1:4) Une circonstance donne à ce tableau une réelle beauté ; Ruth n’avait aucun droit direct sur Boaz. Il n’était pas le plus proche parent ; c’est absolument par grâce qu’il intervient. Désormais, tant Israël que les Gentils parviennent à l’héritage sur le fondement de la miséricorde. Ruth enfanta un fils... Alors Naomi prit l’enfant, et le mit dans son sein, et elle lui tenait lieu de nourrice. Les voisins dirent : Un fils est né à Naomi. Scène touchante ! La veuve est en mesure de chanter comme aux jours de sa jeunesse. La délaissée est devenue mère de fils ; le sein qui avait perdu tous ses enfants possède à nouveau un héritier ; tout est joie et allégresse ! Quelle délicieuse image nous avons ainsi du retour complet d’Israël à l’honneur, à la gloire et à sa haute position dans le pays ! Avant longtemps, le Véritable Boaz prendra en main la cause du résidu fidèle, et rétablira Israël dans sa terre sur un pied complètement nouveau. Tel est le précieux sujet de nombreux passages de l’Écriture.
En voici un exemple : «Et les nations verront ta justice, et tous les rois, ta gloire ; et on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de l’Éternel désignera. Et tu seras une couronne de beauté dans la main de l’Éternel, et une tiare royale dans la main de ton Dieu. On ne te dira plus la délaissée, et on n’appellera plus ta terre la désolée. Car on t’appellera : mon plaisir en elle, et ta terre : la mariée ; car le plaisir de l’Éternel est en toi, et ton pays sera marié» (Ésaïe 62:2-4). Et encore : «C’est pourquoi, voici, moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur, et de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d’Acor pour une porte d’espérance ; et là elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour où elle monta du pays d’Égypte... Et je te fiancerai à moi pour toujours ; et je te fiancerai à moi en justice, et en jugement, et en bonté, et en miséricorde ; et je te fiancerai à moi en vérité ; et tu connaîtras l’Éternel» (Osée 2:14,15, 19-20). Merveilleuse, incomparable grâce ! L’amour en est la source : «il était perdu, et il est retrouvé» (Luc 15:24). Son amour est toujours le même. Le Seigneur aime Israël — Il aime l’assemblée — Il aime d’un amour parfait toute âme qui est attirée vers Lui. «Le roi m’a amenée dans ses chambres !»
L’épouse a parlé de l’amour du Roi, de son nom et de ses chambres. Maintenant, elle confesse sans réserves son état. Mais en même temps, elle affirme avec bonheur ce qu’elle est aux yeux de son bien-aimé ! Vérité qu’il faut toujours garder pour conserver un bon équilibre dans notre esprit. Plus nous connaîtrons l’indignité, le caractère incurable de la chair, plus nous apprécierons l’excellence de Christ, et plus nous comprendrons l’oeuvre du Saint-Esprit. Tant que nous ne serons pas convaincus de la dépravation totale de la nature humaine, il y aura confusion dans notre expérience entre les vaines prétentions de la chair et les opérations de l’Esprit.
Il n’y a absolument rien de bon dans l’homme naturel. Paul qui avait pourtant beaucoup avancé dans la vie chrétienne, pouvait bien dire : «En moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien» (Romains 7:18) Mais ne pourrait-on pas l’améliorer par des soins constants, par la prière et la vigilance ? Non, jamais, elle est incurable ! (Lisez Genèse 6:5). «Et l’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son coeur n’était que méchanceté en tout temps»... Il est vrai que chez quelques-uns, la chair peut se montrer polie, cultivée ; tandis que chez d’autres, elle est rude et grossière ; mais chez les uns comme chez les autres, c’est la chair de laquelle il est écrit «qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas» (Romains 8:7) Si nous ne sommes pas capables de plier une barre de fer, nous la chauffons de telle sorte qu’elle devienne tout à fait flexible, mais c’est encore le même fer. Son apparence a changé, mais sa nature est la même. Accepter ces déclarations de l’Écriture sur notre triste état moral nous aidera à distinguer entre la chair et l’Esprit, et savoir d’où peut venir telle pensée, ou tel penchant. Il est de toute importance de voir que la chair et l’Esprit sont tous deux en nous. La pensée de la chair est la mort ; mais la pensée de l’Esprit, vie et paix (Romains 8:6) Une grande confusion et même parfois de l’angoisse résultent de l’ignorance où l’on est au sujet des deux natures. Rien de bon ne saurait venir de notre vieille nature.
Supposez que je rencontre une personne inquiète à l’égard de son âme, et désireuse de connaître Christ et le salut. Je comprends que le Saint Esprit est à l’oeuvre en elle. De tels désirs ne peuvent jamais venir d’une nature qui hait Dieu et Christ. Il est possible qu’elle soit remplie de crainte quant à l’issue de ses débats intérieurs. Il se peut même qu’elle refuse d’être consolée ; mais elle se réjouira lorsqu’elle aura trouvé la paix avec Dieu. La bonne oeuvre était commencée dans le pays éloigné chez le fils prodigue, quand, étant revenu à lui-même, il dit : «Je me lèverai et je m’en irai vers mon père». Dieu répondra pleinement à tout désir qu’il a lui-même éveillé. Christ est la parfaite réponse à tous les besoins du coeur renouvelé.
L’Esprit nous enseigne trois points d’une importance pratique journalière : savoir que la chair est opposée à l’Esprit, Satan à Christ, et le monde au Père (Galates 5 ; Genèse 3:1 ; 1 Jean 2) Ce sont là nos trois ennemis, et il importe beaucoup de discerner ce qu’ils voudraient produire. Ainsi, par exemple, au lieu de nous demander avec inquiétude en quoi consiste la mondanité, demandons-nous simplement : ceci est-il du Père ? Et si nous voyons que la chose ne l’est pas, c’est qu’elle est du monde.
Il n’y a pas dans l’Écriture de neutralité. Tout ce qui n’est pas de l’Esprit est de la chair, et ce qui n’est pas de Christ est de Satan.
Nous sommes entrés dans ces détails pratiques en méditant les paroles de l’épouse, mais nous ne savons pas si de semblables pensées occupaient son esprit.
«Je suis noire». Ses paroles sont relatives à son aspect extérieur, à son teint ; elle est brûlée par le soleil. Et elle ressent vivement le regard plein de curiosité des filles de Jérusalem. «Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m’a regardée». Il fut un temps où la fille de Sion était belle et glorieuse, un sujet de louange sur la terre. «Ta renommée, dit le prophète, se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite par ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur, l’Éternel» (Ézéchiel 16:14). Mais, à cause de son ingratitude et de son infidélité, elle fut réduite à la triste condition d’une pauvre esclave brûlée par le soleil. Le prophète Jérémie, dans ses Lamentations sur la ruine de Jérusalem, décrit aussi de manière touchante ce qu’elle était jadis, et ce qu’elle est devenue à la suite de l’affliction et de la souffrance : «Ses Nazaréens étaient plus purs que la neige, plus blancs que le lait ; leur corps était plus vermeil que des rubis, leur taille un saphir. Leur figure est plus sombre que le noir, on ne les connaît pas dans les rues ; leur peau s’attache à leurs os, elle est sèche comme du bois» (Lamentations 4:7-8) Certes, il peut s’écrier dans l’amertume de son âme : «Comment l’or est-il devenu obscur, et l’or fin a-t-il été changé !» (Lamentations 4:1) Si les fruits du péché sont aujourd’hui redoutables, tristes et amers, que seront-ils dans l’éternité où il n’y aura plus d’espérance, et où le désespoir s’emparera de l’âme coupable ?
Portons nos regards sur la croix, pour y voir nos péchés, tous nos péchés, jugés, expiés, lavés dans le sang de Christ. Dieu et la foi connaissent seuls la puissance du sang de Jésus versé sur la croix, et se glorifient dans son éternelle efficace. Jugeons donc pleinement, aujourd’hui, le mal qui se trouve dans notre coeur ainsi que nos voies, et rappelons-nous que Christ en a porté tout le poids à la croix. Ce qui lui a été imputé ne nous sera jamais imputé. Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ! (Psaume 32:2).
Lorsque nous avons saisi que Christ par son sacrifice a porté et ôté pour toujours tel péché sur lequel nous menons deuil, toute fraude s’en va ; nous n’avons plus aucun désir de cacher, d’atténuer, ou d’excuser notre péché. Il fut ôté à la croix, et maintenant, sur ce fondement, il est pardonné. En présence d’un tel amour, la crainte est bannie ; nous avons une entière liberté et le coeur au large devant Dieu. Nous ne pouvons que célébrer le Seigneur pour la grâce infinie dont il a usé envers nous.
Cet adjectif «noir» sert généralement dans l’Écriture à caractériser un état de souffrance. Ma peau, disait Job, «devient noire et se détache de dessus moi, et mes os sont brûlés par la sécheresse» (Job 30:30) Il en est de même d’Israël rebelle. Mais dans notre passage, la confession de l’épouse est comparable à ce que tous les croyants peuvent exprimer avec foi : «je suis noire, mais je suis agréable».
Mes péchés sont comme le cramoisi ; en Christ, ils sont plus blancs que la neige. Ce sera le langage du résidu craignant Dieu, qui sera passé par la détresse de Jacob. Il aura été douloureusement noirci par l’ardeur de la grande tribulation. Ces Juifs pieux seront persécutés sous l’Antichrist, le grand oppresseur, et même leurs frères selon la chair se tourneront contre eux : «Écoutez la parole de l’Éternel, vous qui tremblez à sa parole : Vos frères qui vous haïssaient, qui vous rejetaient à cause de mon nom, disaient : Que l’Éternel soit glorifié, et que nous voyions votre joie ! Mais eux, ils seront confus» (Ésaïe 66:5).
Comme Ruth, les vignes auxquelles elle a été forcée de travailler sont devenues les siennes. Heureuse désormais, dans l’amour de son grand libérateur, elle peut parler de ce qu’elle est à ses propres yeux : noire comme les tentes de Kédar — agréable comme les tentures de Salomon.
Les fils d’Israël se servaient des peaux velues de leurs boucs noirs pour couvrir extérieurement leurs tentes. Elles avaient ainsi dans le désert un aspect extrêmement noir sous les rayons du soleil. Certainement, placé sous les rayons du soleil de justice, l’homme serait plus noir que la tente de ces nomades. Mais si le sentiment de notre laideur est susceptible de nous troubler encore, il ne trouble plus le Seigneur : il l’a éloignée pour toujours. Le jugement de Dieu et celui de la foi sont les mêmes : «tes péchés qui étaient en grand nombre sont pardonnés» : «Le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, nous purifie de tout péché».
L’expression «tentures de Salomon» fait penser au magnifique voile du temple de Salomon, type de la sainte humanité de Jésus. Tous les croyants seront rendus semblables à l’Homme parfait, maintenant dans le ciel, le chef de la nouvelle création. Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste (1 Corinthiens 15:49) Les filles de Jérusalem introduites ici, sont bien sûr distinctes de l’épouse, quoique étroitement unies avec elle, comme le montre leur place dans cette magnifique scène. Si l’épouse représente la cité bien-aimée, Jérusalem, la capitale terrestre du grand roi, les filles de Jérusalem peuvent représenter les villes de Juda, ce qui explique leur présence et en maintes occasions. Mais elles n’atteignent jamais dans la faveur du roi la position de l’épouse. Selon la parole du Seigneur, Jérusalem doit toujours avoir la prééminence : «Car maintenant j’ai choisi et sanctifié cette maison, afin que mon nom y soit à jamais ; et mes yeux et mon coeur seront toujours là» (2 Chroniques 7:16).
Un changement se produit dans les pensées de l’épouse. L’époux remplit son coeur et ses regards. Le moi tend à disparaître ! Quelle grâce, car c’est toujours fâcheux de s’occuper du moi. Si nous sommes occupés de nous-mêmes au lieu de Christ, il en résulte toutes sortes d’angoisses et de douleurs.
Ce verset renferme trois choses qui méritent d’être méditées :
1. Son affection ardente : Elle ne dit point, ô toi que mon âme doit aimer, ou même désire aimer, mais ô toi qu’aime mon âme. Il y a en elle un amour fervent pour son Sauveur et Seigneur. Heureuse condition, elle le connaît intimement. Quelle est «notre appréciation» du Seigneur ? A-t-il la première place dans mes affections ? Le jour approche où «mes yeux verront le roi dans sa beauté» (Ésaïe 33:17) Alors ce coeur si froid, si lent à croire, sera ravi de sa beauté et rempli d’un amour parfait pour lui seul.
2. C’est directement de lui-même qu’elle désire recevoir sa nourriture. «Dis-moi... où tu pais ton troupeau. Elle ne va point vers les bergers d’Israël qui se souciaient plus de la toison que du troupeau (Ézéchiel 34:3) mais au Souverain Pasteur lui-même. Elle l’avait connu auparavant dans son caractère de roi, maintenant elle fait appel à lui comme berger. Comme David jadis, il est le roi berger ; et avec quelle tendresse, ne rassemble-t-il pas encore les brebis d’Israël maintenant dispersées ! «Car, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j’en prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau, au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées... Je !es amènerai dans leur terre... Elles seront là, couchées dans un bon parc, et paîtront dans de gras pâturages, sur les montagnes d’Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur, l’Éternel» (Ézéchiel 34:11-15).
3. Son coeur soupire après le repos que le troupeau goûte à midi : «Dis-moi... où tu fais reposer ton troupeau à midi». Communion personnelle, nourriture et repos, telles sont les riches bénédictions après lesquelles maintenant son âme soupire avec ardeur. Fatiguée d’avoir vainement cherché la nourriture et le repos loin de Dieu, elle soupire après les verts pâturages et les eaux paisibles de sa grâce. Ceux qui ont erré sur les montagnes connaissent leur stérilité. Mais lorsque le rétablissement est complet, ces ressources sont plus précieuses encore. L’Église ayant goûté le bonheur qui se trouve dans la communion avec le Seigneur a maintenant pour seul désir qu’elle augmente et qu’elle ne soit plus interrompue.
Quels sont ces compagnons ? c’est difficile à dire, à moins qu’il ne s’agisse de bergers placés sous les ordres du Berger royal. Ils pouvaient montrer moins de compréhension et de sympathie à son égard, mais elle pouvait se confier en Lui. Le terme «voilée» suggère l’idée d’une personne qui cherche à se cacher ou qui montre une modestie de bon aloi (Genèse 24:65). C’est une plus grande proximité avec Lui qu’elle recherche. Il y a une énergie de l’amour qui ne saurait s’accommoder avec le formalisme. Elle sera souvent mal comprise. Il en était ainsi d’Anne, la mère de Samuel. Elle priait avec une réelle énergie spirituelle intérieure, mais Élie, le sacrificateur de Dieu, ne la comprit point (1 Samuel 1:14-15) Le Seigneur seul connaît les motifs du coeur et la source de l’énergie de la foi.
Au moment où la bien-aimée souffrait peut-être des soupçons des autres, le bien-aimé apparaît pour la rassurer. C’est la première fois que nous entendons la voix de l’époux. Mais quelles paroles de grâce sur ses lèvres ! Sa première expression : «ô la plus belle parmi les femmes !» suffit certainement pour adoucir la plus grande amertume.
L’épouse pouvait être troublée par sa propre apparence, par les mauvaises pensées des autres ; mais une telle affirmation de l’amour et de l’estime du Seigneur est bien propre à éloigner tout chagrin, et à la remplir de joie. Au lieu de la voir noire comme les tentes de Kédar — comme une esclave brûlée par le soleil — le bien-aimé déclare qu’elle est à ses yeux la plus belle parmi les femmes.
Rien ne saurait jamais altérer son affection pour son épouse, même s’il y a, dans ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, des choses qu’il ne saurait approuver. Le croyant est parfait en Christ. Il est justifié de toutes choses, même s’il y a des manquements dans sa marche.
Ce petit mot «si» n’implique-t-il pas que le Bien-aimé s’attendait à ce qu’elle connaisse le sentier du troupeau ? De la même manière, le Seigneur dit à Philippe : «Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ?» (Jean 14:9).
Certains chrétiens, en général, se préoccupent peu de la communion telle qu’elle est enseignée dans la Parole de Dieu. La plupart d’entre eux suivent le chemin qui leur convient le mieux ou leur est le plus agréable. Ils ne cherchent pas à s’assurer s’ils marchent vraiment sur les traces du troupeau. Ils n’ont jamais examiné la Parole de Dieu avec prière, pour connaître sa pensée. Si l’Église avait toujours marché dans ce qui est bon et droit aux yeux du Seigneur, pour lui plaire à tous égards (Colossiens 1:9-10 ; comparer Deutéronome 12:8 et 5:28-29), un tel exercice de conscience n’aurait pas de raison d’être. Mais l’Église professante est aujourd’hui dans le désordre, il est donc convenable que tout enfant de Dieu sonde les Écritures afin de connaître la volonté de Dieu, en revenant à ce qui est dès le commencement.
Il est douloureux de voir tant de chers rachetés du Seigneur considérer ce sujet comme n’étant pas essentiel ou même comme sans importance. Une telle pensée est déshonorante pour Dieu et très préjudiciable pour l’âme. Les épreuves à travers lesquelles nous voyons passer l’épouse, dans ce livre, paraissent dues à sa négligence des instructions que son bien-aimé lui donne ici. Si le chrétien ne cherche pas le terrain scripturaire sur lequel une vraie communion selon Dieu peut se réaliser, il se laissera diriger par sa propre volonté. La Parole de Dieu est mise de côté, l’Esprit est attristé et le premier amour décline.
Rien de plus clair quant au terrain scripturaire que Matthieu 18:20 : «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux». Ces paroles posent nettement la base de toute vraie communion chrétienne — Christ pour centre, et les croyants rassemblés autour de lui par le Saint Esprit. Le Seigneur ne dit pas : où deux ou trois se «rencontrent», ni où deux ou trois «s’assemblent», mais, où deux ou trois «sont» assemblés : faisant allusion à la volonté du Seigneur qui rassemble, ce n’est pas laissé au choix ou à l’exercice de la volonté humaine. Le Saint Esprit est celui qui rassemble autour de Christ ; la puissance qui agit sur la foi, c’est le nom de Jésus (Jean 14:15)
Tous les croyants sont rassemblés au nom de Christ, comme leur centre unique, constitués en un seul corps, et maintenus dans une unité vivante par la présence du Saint Esprit. Remarquons qu’il demeure avec nous éternellement — dans l’Assemblée — et qu’il est en nous, dans chaque croyant personnellement. Nous trouvons au chapitre 20 de l’évangile de Jean un tableau remarquable de l’Assemblée de Dieu. Christ ressuscité au milieu, comme centre, et les disciples réunis autour de lui. La paix, le service, le culte les caractérisent.
Une assemblée réunie sur cette base divine reconnaîtra la présence de Christ au milieu d’elle, et le Saint Esprit comme source d’édification et de consolation. On s’attendra au Seigneur, pour être guidé par son Esprit, à la gloire de Dieu (1 Corinthiens 12:14). Ce que nous avons à demander au Seigneur, c’est qu’il nous garde de suivre notre propre volonté et daigne nous conduire par son Saint Esprit dans la voie de la vérité. Il s’est engagé à être là où ses disciples sont rassemblés en son nom. Sa présence suffit pour remplir l’âme. ‘Ta face est un rassasiement de joie». Le plus précieux ministère, les plus chères associations sont peu de chose à côté de Christ ; ce dont nous avons besoin, c’est de nous trouver là où la foi peut dire avec certitude : Christ lui-même y est.
Quand c’est ton coeur, Jésus, qui nous rassemble
Autour de toi, dans ton fidèle amour ;
Oh ! quel bonheur d’adorer tous ensemble,
Et d’annoncer ta mort et ton retour !
Quelle douceur dans ce culte de frères,
Où l’Esprit Saint est notre directeur !
Dans ce concert de chants et de prières,
Par tous offert d’un accord et d’un coeur !
Oui, là, Seigneur, ta présence se trouve,
Mettant le coeur en joie, en liberté,
Et dans la paix, tout fidèle en éprouve
Et le pouvoir et la réalité.
Pais tes chevreaux près des habitations des bergers. Ayant appris de la Parole de Dieu le vrai fondement et le vrai caractère de la communion chrétienne, nous avons la responsabilité de guider dans ces sentiers, sur les traces du troupeau de Dieu, les jeunes qui sont parmis nous. Là se trouve la nourriture convenable pour chacun. L’agneau apprend vite à suivre les traces de sa mère, et à se nourrir de la même pâture. Le Berger d’Israël prend soin des agneaux : «Comme un berger il paîtra son troupeau : par son bras, il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein ; il conduira doucement celles qui allaitent» (Ésaïe 40:11). Les plus faibles du troupeau étaient l’objet de ses tendres soins, quand il conduisit son peuple hors d’Égypte et à travers la mer. Le matin, il y avait autour de leurs tentes de la nourriture pour chacun, tout le temps qu’ils voyagèrent à travers le désert grand et terrible (Deutéronome 8:3, 14).
Le Seigneur veut qu’il en soit ainsi maintenant, dans les assemblées des saints. Là où le Saint Esprit est libre d’agir sans entraves, il fournira sûrement du lait aux petits enfants, et de la viande solide aux hommes faits. L’Assemblée est mentionnée comme l’habitation ou le tabernacle de Dieu (Éphésiens 2:22). Avec quelle ardeur et quelle affection ne devrions-nous pas prier pour que tous les agneaux s’y rassemblent, puisque Dieu lui-même daigne y habiter !
Que serait sur terre la plus belle assemblée et le ciel même sans la présence du Seigneur ? De lui seul découle la bénédiction. Dieu veuille rassembler tous les agneaux autour du Berger et du surveillant de nos âmes !
Maintenant il s’adresse à elle. Il exprime ouvertement son admiration et son amour ! Mon amie, je te compare... tes joues sont agréables... ton cou, avec des colliers.
Le Seigneur aussi nous orne de sa propre beauté, de ses propres attraits et il l’admire. Il n’y a plus rien qui puisse blesser ses regards et attrister son coeur. «Tu es toute belle mon amie, il n’y a point de défaut en toi». Elle possède la même vie et la même position que son Seigneur ressuscité et vivant. Quelle gloire et quelle bénédiction !
Dans son grand amour, Jésus Christ s’est donné lui-même pour nous ; et maintenant, les siens sont identifiés avec lui, non seulement dans sa mort, mais dans sa résurrection, rendus agréables dans le bien-aimé : «La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée» (Jean 17:22) Il admire son épouse, encore dans le désert, revêtue de sa propre perfection. Rebecca fut enrichie et parée des joyaux d’Isaac, longtemps avant de l’avoir rencontré.
C’est ainsi que jadis à Charan les parents de Rebecca contemplèrent, étonnés, les joyaux dont elle venait d’être revêtue. Pouvait-elle douter, quelqu’un pouvait-il douter, en la voyant ainsi parée de tous ces présents, de l’amour et de la libéralité d’Isaac ? (Genèse 24).
D’Israël, il est écrit : «Je te parai d’ornements, et je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou ; et je mis un anneau à ton nez et des pendants à tes oreilles, et une couronne de beauté sur ta tête... Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté, car elle était parfaite par ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur, l’Éternel» (Ézéchiel 16:11, 12,14)
Un collier d’or est le signe, comme dans le cas de Joseph et de Daniel, d’une dignité élevée. Mais que signifient ces paroles du roi ? Il a admiré son épouse, ses joyaux, ses colliers, et maintenant il veut faire davantage pour elle : «Nous te ferons des chaînes d’or avec des paillettes d’argent».
La manière dont le Seigneur exprime son amour est précieuse. Il lui fait part de ses pensées. Le premier désir de l’amour c’est la communion. Il sait comment remplir à jamais le coeur de joie.
Israël a été racheté à bras étendu de l’Égypte et du Pharaon, de la fournaise de fer. L’amour qui nous a délivrés du monde et qui nous amène vers Christ dans la gloire, déploie ses gratuités tout le long du chemin.
Le cheval d’attelage, avec son magnifique harnais, peut être considéré comme le symbole de la force et de la promptitude dans le service. En outre, il obéit à la moindre impulsion donnée aux rênes. Servons-nous de cette manière ? Examinons nos voies sous le regard du Maître.
Dans les sacrifices offerts par feu, il était défendu d’offrir du miel, symbole de la douceur des affections naturelles. Un peu de miel au bout d’un bâton pouvait, au jour de la bataille, éclaircir les yeux et rafraîchir le coeur de Jonathan ; il ne saurait convenir pour Dieu. Ces affections ont leur place dans la famille, le cercle de nos amis ; mais elles ne sauraient convenir à l’autel de Dieu ou à la table du roi.
Pour faire quelque chose qui plaise à Dieu ou lui offrir un sacrifice agréable, il faut être né de nouveau. Le nard est, pour lui, un parfum de bonne odeur. Le vase d’albâtre de nard pur qui a jadis rempli de son parfum la maison de Béthanie, était précieux pour le Seigneur. «Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait», (Marc 14:8) telle fut l’approbation immédiate de son amour, accompagnée de ces paroles : «En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle» (Matthieu 26:13).
C’est une erreur de supposer que nous n’avons rien à offrir au roi pendant qu’il est à table. Il est vrai que nous lui apportons de ce qui est à Lui. L’Israélite devait apporter une corbeille pleine des prémices de tous les fruits de la terre, «que tu tireras de ton pays, que l’Éternel, ton Dieu, te donne» ; et la lui présenter (Deutéronome 26). Le véritable culte est le fruit de la communion. Si l’époux a des parfums d’agréable odeur, l’épouse, par grâce, a son nard. La table est sienne, et le nard l’est aussi : «Tu dresses devant moi une table, en la présence de mes ennemis ; tu as oint ma tête d’huile, ma coupe est comble» (Psaume 23:5).
Le véritable culte, précieux et béni, vient d’un coeur qui déborde. Quand le Saint Esprit nous présente la plénitude qui est en Christ, notre âme déborde ! De là vient la différence entre une réunion de prières et une réunion de culte. Nous nous rendons à la première avec des besoins pour crier au Seigneur et dans les dispositions convenables pour être exaucés. C’est avant tout l’accord, selon Matthieu 18:19, puis la foi, la confiance (Matthieu 21:22 et aussi Jacques 1:6), en troisième lieu la précision dans la prière, Luc 11:6, et enfin la persévérance jusqu’à l’importunité, selon Luc 18:1-8. Mais quant au culte, nous devons y venir le moi complètement jugé, remplis du Seigneur, des fruits de la victoire et des richesses insondables de la grâce manifestés dans le Père et dans le Fils. Avant de nous asseoir à table, n’avons-nous rien à demander ? Rien, sinon une capacité plus grande. Nous trouvant dans le lieu saint de la présence du Seigneur, nourris des immenses richesses de la grâce du Christ, nous serons rendus capables de célébrer, de bénir et d’adorer notre Dieu et Père et notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
L’épouse atteint maintenant le degré le plus élevé de la bénédiction. Elle jouit paisiblement de la présence du roi pendant qu’il est à table. L’activité du service fait place au repos du culte.
La persécution, la pauvreté, la souffrance, tout est oublié en présence de Jésus. Le vase est rompu ; le nard coule, le parfum remplit la maison, sa tête et ses pieds sont oints, et son coeur est ravi par l’épouse.
Si le cheval d’attelage suggère la bonne volonté dans le service, et si le nard est le symbole du culte, le bouquet de myrrhe n’est-il pas l’emblème d’un témoignage de chaque instant pour Christ, conséquence d’une profonde communion avec lui ? Notre service sera sans puissance, si nous négligeons la communion personnelle. Comment David fut-il capable de déployer un tel courage dans la vallée d’Ela ? Etait-ce la témérité de sa jeunesse inexpérimentée ? Non ! Mais sa foi s’était développée à l’école de Dieu lorsqu’il tua le lion puis l’ours, de sorte qu’il connaissait ses pensées à l’égard de son peuple : Béni soit l’Éternel, mon rocher ! qui enseigne mes mains pour le combat, mes doigts pour la bataille (Psaume 144:1).
La même vérité nous est enseignée par le Seigneur : «Jésus se tint là et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ; des fleuves d’eau vive couleront de son ventre» (Jean 7:37-38). Pour être une source de bénédiction pour d’autres, il nous faut boire d’abord nous-mêmes en abondance à la source de toute grâce en Jésus. Chaque nouveau témoignage pour Christ devrait être le fruit d’une communion plus profonde avec lui. Comme Moïse au pays de Madian, asseyons-nous près du puits, des eaux vives (Exode 2:15-17). Ainsi, il fut à même de secourir les filles du sacrificateur de Madian.
Comme la femme près du puits de Sichar, le coeur de l’épouse déborde. «Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe». Heureux fruit d’un état d’intimité avec lui, de leur communion ! Heureuse épouse, elle peut dire en vérité : «Mon bien-aimé». Elle est résolue à placer tout près de son coeur cette myrrhe au parfum suave. Désormais, où qu’elle aille, cette odeur se dégage. Répandons-nous au travail, dans la famille, partout, cette odeur de la connaissance de Christ... sa bonne odeur pour Dieu ? Et même après que nous nous sommes retirés, le parfum demeure-t-il en témoignage du prix que Christ a pour nous ? Il nous a demandé d’être occupés de lui durant son absence, de lui donner toute la place dans nos coeurs. En instituant le mémorial de son amour et de sa mort, il a dit : «Faites ceci en mémoire de moi». L’avons-nous fait ? La fiancée de l’Agneau a-t-elle placé ainsi le bouquet de myrrhe sur son coeur, le porte-t-elle durant la longue nuit de son absence ? Hélas ! les requêtes de l’amour de l’époux ont été oubliées. Des rivaux admis et entretenus ont pris sa place, et c’est une chose triste de le voir, lui, dehors dans son infatigable amour, frapper à la porte. «La nuit est avancée, et le jour s’est approché» (Romains 13:12). Oui, il approche, le jour heureux où les affections de son peuple céleste et de son peuple terrestre répondront parfaitement aux siennes.
Le sachet de myrrhe est caché dans le sein loin du regard, mais la grappe de henné est visible, elle se porte ouvertement à la main. La myrrhe est la sève qui découle de l’arbre à travers les saignées pratiquées dans l’écorce. Les fleurs de henné sont des grappes épaisses aussi belles que parfumées. «De sorte que le Christ habite, par la foi dans vos coeurs», (Éphésiens 3:17) est la prière de l’apôtre. Et nous devons porter toujours partout dans le corps la mort de Jésus, «afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps» (2 Corinthiens 4:10).
Notre Seigneur ressuscité, exalté et glorifié est un objet de contemplation pour le regard et un délicieux parfum pour le coeur. Sa personne, son ministère, son oeuvre sont d’un prix infini. «Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille... Toute sa personne est désirable» (5:10, 16). «En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement» (Colossiens 2:9).
Les vignes d’En-Guédi étaient célèbres pour leurs fruits excellents et leurs précieux aromates. Et ces lieux ont aussi servi de retraite à David et à ses gens quand Saül les persécutait (1 Samuel 24:1-4). Les fertiles vallées en bas, et dans les montagnes environnantes les forteresses, fournissaient à la fois refuge, nourriture et lieu de repos à l’oint du Seigneur et à ceux qui avaient uni leur sort au sien.
Mais toutes les bonnes choses de la terre ne représentent que très faiblement les richesses insondables de Christ ! Ce que nous connaissons maintenant de sa plénitude est comme une goutte d’eau à côté de l’océan. «Tout ce qui nous est donné de bon, et tout don parfait descendent d’en-haut, du Père des lumières en qui il n’y a pas de variation, ou d’ombre de changement». Pensons à lui, le bien-aimé absent. La myrrhe découlant, et le henné fleuri sont bien propres à nous rappeler la croix et la gloire et à attirer nos pensées sur Celui qui a été livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification (Romains 4:25).
Comment quelqu’un de souillé par le péché peut-il être ainsi beau aux yeux du Seigneur ? L’Évangile de la grâce de Dieu fournit la réponse. Dès qu’une âme est attirée à Jésus, elle est reçue et placée dans la lumière de la présence de Dieu, dans la pleine valeur de son oeuvre accomplie, pour être revêtue de l’incomparable beauté de sa personne adorable.
Tous ceux qui croient sont rendus «agréables dans le bien-aimé» par l’oeuvre accomplie sur la croix (Éphésiens 1:6). Son sang précieux purifie de tout péché (1 Jean 1:7).
Joshua est vêtu de vêtements sales, et Satan est là pour s’opposer à lui (Zacharie 3). Mais le Seigneur tance l’adversaire et le réduit au silence : il parle et agit en faveur de Joshua. Les vêtements sales sont ôtés. Il est revêtu d’habits de fête et une tiare pure est placée sur sa tête. La beauté de l’Éternel est maintenant sur lui !
Si les vêtements de l’épouse sont parfumés de myrrhe, il est dit de l’époux : «Tous tes vêtements sont myrrhe, aloès et casse» (Ps. 45:8) L’épouse est unie à Christ mort, ressuscité et glorifié ! Elle reflète Sa beauté.
Ce qui est dit ici d’une manière prophétique, d’Israël ou du résidu : «Voici tu es belle, mon amie», est vrai dans un sens plus profond de l’épouse, la femme de l’Agneau. L’amour du Seigneur est parfait. Il a aimé l’Assemblée ; il aime Israël, et au temps convenable, il créera dans le coeur de ceux qui font partie de l’Israël de Dieu comme il l’a fait en ceux qui forment l’Église, des affections qui répondront parfaitement aux siennes. Il faut toutefois se souvenir de la différence entre la position d’Israël au dernier jour, et celle de l’Église aujourd’hui. Quoique ce ne soit pas encore le temps des noces de l’Agneau, la relation entre Christ et l’Église est déjà formée. L’apôtre déclare : «Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste» (2 Corinthiens 11:2). Vérité bénie ! Mais jouissons-nous de cette tendre et étroite relation ? Au lieu de l’incertitude pénible qui agite souvent l’esprit de ceux qui croient que cette relation ne se réalisera que dans l’avenir, possédons-nous cette joie paisible qui découle tout naturellement d’une telle union ? Alors notre coeur soupirera ardemment après la venue du Seigneur. L’amour est le vrai fondement de ce cri : «Viens, Seigneur Jésus !»
L’époux ajoute encore «Tes yeux sont des colombes». La colombe occupe dans la Parole une place intéressante. La première mention est en rapport avec l’arche de Dieu et l’olivier ; précieux types du salut et de la paix avec Dieu. La colombe arracha et retint fermement une feuille d’olivier. Les eaux du jugement de Dieu couvraient encore la terre. Et tant qu’elles n’eurent pas baissé, la colombe ne trouva pas où se poser, et revint vers Noé dans l’arche : le monde sous le jugement de Dieu n’était pas un lieu pour elle. Ensuite nous trouvons que de tous les oiseaux, seule la colombe était offerte en sacrifice sous la loi, comme un type du Seigneur lui-même. Dans une merveilleuse unité, le même type sert pour l’Époux et son épouse.
La colombe typifie aussi le Saint Esprit. Et Jean rendit témoignage, disant : «J’ai vu l’Esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui» (Jean 1:32). Il paraît que lorsque la colombe est éloignée de sa compagne, elle reste solitaire et gémit : «Je gémissais comme la colombe», et «nous ne cessons de gémir comme les colombes» (Ésaïe 38:14 ; 59:11). Il semble que la colombe représente la simplicité, la pureté, la fidélité, et surtout l’attachement à son colombier. Quand l’oeil du chrétien est simple, fixé constamment sur Christ, on peut dire de lui : «Tes yeux sont des colombes».
L’épouse entend Christ exprimer son amour et son admiration, mais elle ne dit pas un mot d’elle-même ; pas même qu’elle est indigne d’un tel amour. Aussi profonde que soit son émotion, le «moi» est laissé de côté. C’est le signe d’une véritable humilité. Nous pouvons parler de la méchanceté et de l’indignité du moi, et être rempli d’orgueil. La vraie humilité ne dit rien de soi, en bien ou en mal ; mais c’est une leçon difficile à apprendre. Christ est notre unique et parfait modèle. Le premier Adam s’éleva, et il fut abaissé ; le dernier Adam s’est abaissé lui-même et Dieu l’a haut élevé. «Quiconque s’élève, sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé» (Luc 18:14). C’est un principe d’une grande importance pratique. La chair est toujours prête à écouter le mensonge du tentateur : «Vous serez comme Dieu» ; tandis que l’homme spirituel est content de la place où Dieu l’a mis, jusqu’à ce qu’on lui dise : «Monte plus haut».
Quelle est donc pour le chrétien la place du vieil homme ? Les Écritures disent clairement qu’il a pris fin à la croix : «Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Christ» (Romains 6:6). D’où la conséquence pratique : «Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises» (Galates 5:24) et encore : «Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi, — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Galates 2:20). Celui qui marche dans la lumière et réalise l’efficace de cette vérité fondamentale, sera humble de coeur ; la chair en lui, dans sa vanité et son orgueilleuse prétention, sera tenue à sa place, dans la mort. Il manifestera l’esprit doux et humble de Christ qui est d’un grand prix devant Dieu. Marie a choisi la bonne part, lorsqu’elle s’est assise aux pieds de Jésus. L’humble Lydie aussi est devenue un temple pour le Seigneur.
Si Christ est l’unique objet que nous contemplons, le coeur est satisfait ; Il est beau et agréable tout à la fois. «Voici tu es beau, mon bien-aimé, oui, tu es agréable !» Quelle perfection, quelle harmonie on trouve en Lui ! En Jésus seul, nous trouvons un repos parfait. C’est pourquoi l’épouse ajoute : «Oui, notre lit est verdoyant». Les verts pâturages et les eaux paisibles sont les symboles du repos et du rafraîchissement dont jouissent les brebis, objets des tendres soins du Berger. Mais il ne dresse jamais sa tente à l’intérieur des murailles de la ville, car il n’y a rien là pour faire paître son troupeau. Dans ce livre, la ville est un type du monde. L’épouse n’y trouve que honte et souffrance. Jamais l’époux ne s’y trouve ; ses retraites favorites sont les vignes, les jardins, les montagnes de la myrrhe, les coteaux des drogues aromatiques et les vallées où fleurissent les lis.
Il y a dans les dernières paroles de l’épouse deux mots qui montrent une heureuse communion avec le bien-aimé. Ce sont les petits mots : «notre», «nos». Tout comme les «nous», et les «avec» de l’épître aux Éphésiens. Ils sont l’expression d’une heureuse et éternelle unité avec Christ. Être un avec lui dans la vie, le repos, et la gloire céleste !
Sans la présence de notre bien-aimé Seigneur, la maison du Père serait vide. Notre foi repose sur la promesse : «Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur». Et encore : «Afin que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi». Le voir dans sa gloire sera notre félicité.
Quelle merveilleuse chose que la grâce de Dieu envers les pécheurs ! Quels changements extraordinaires elle opère dans les pensées, les désirs, les affections ! Elle nous communique l’intelligence de ce que nous sommes aux yeux du Seigneur. Peu de temps avant, l’épouse reconnaissait qu’elle était noire,... noire comme les tentes de Kédar, et maintenant, elle peut dire sans hésitation : «Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées», la couronne et l’ornement du Saron, la beauté et le charme des vallées. Elle ne tire pas vanité de ce qu’elle est ; mais elle s’adresse directement à lui, assurée de la place qu’elle occupe dans ses affections. La communion est complète, car il ajoute aussitôt : «Comme le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles», et plus tard : «Ma colombe, ma parfaite, est unique ; elle est l’unique de sa mère, la choisie de celle qui l’a enfantée» (6:9). Tel est le caractère distinctif de l’amour et la place spéciale de l’épouse aux yeux de l’époux. Il va toujours plus loin qu’elle dans l’expression de sa tendresse, ce qui est très doux pour elle. Quelle différence entre le lis si beau, si parfumé, et l’épine qui déchire !
Bien des personnes, devant une pareille vérité, s’écrient : «je ne suis pas digne d’une telle place». C’est vrai, si vous parlez de votre propre mérite. Est-ce de l’humilité ? Non, c’est de l’orgueil. Nous ne méritons rien en sa présence. Aussi, s’il nous est assigné une place si près de lui, c’est un effet de sa grâce souveraine.
Le fils prodigue pensait, sans doute, témoigner beaucoup d’humilité en disant à son père : «Traite-moi comme l’un de tes mercenaires». De telles pensées viennent de notre tendance à nous placer sous la loi, à méconnaître la grâce de Dieu. Sur le fondement de la «justice», le fils prodigue n’avait pas plus de titres pour être reçu comme serviteur que comme fils. Tout ce qu’il pouvait invoquer, c’était son besoin pressant de nourriture. Seule la grâce pouvait le recevoir, la justice l’aurait condamné à jamais. Mais la grâce règne. La question du péché a été réglée entre Dieu et Christ sur la croix. Son père court à sa rencontre, se jette à son cou, et le couvre de baisers.
Mais il y a plus encore ; le même pécheur sauvé par grâce devient le vase dans lequel la grâce se manifeste ; il brillera dans la gloire, durant toute l’éternité (Éphésiens 2:7).
C’est l’épouse qui parle. Dans le bonheur qui découle de sa communion avec lui, elle déclare ce qu’il a fait d’elle dans sa grâce. Elle lui doit tout, et sa beauté et l’affection dont elle se sent animée à son égard.
Remarquons qu’elle dit : «Je suis le lis des vallées». C’est dans la vallée paisible qu’elle fleurit pour charmer les regards de son bien-aimé, et qu’elle répand son parfum pour lui plaire. Il paît son troupeau parmi les lis.
Nul ne lui est semblable. Il est le premier entre dix mille.
L’épouse est dans la pure lumière de la faveur de l’époux. Elle jouit d’un parfait repos dans cet amour immuable : «J’ai pris plaisir à son ombre, et je m’y suis assise ; et son fruit est doux à mon palais. Je t’ai réveillée sous le pommier» (8:5). Le pommier est pour nous une figure de Christ.
Israël sera bientôt réveillé de la mort dans laquelle il est plongé actuellement comme nation, pour jouir des bénédictions de la nouvelle alliance avec Christ. C’est Christ seul qui pourra le réveiller et le bénir. Israël sera de nouveau rassemblé. Alors il s’assiéra sous l’ombre du pommier et trouvera son fruit doux à son palais, le fruit glorieux de l’amour que Christ a manifesté en mourant pour la nation rebelle. Ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : «Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété» (Romains 11:26). «En ce jourlà, dit l’Éternel des armées, vous convierez chacun son prochain sous la vigne et sous le figuier» (Zacharie 3:10).
Séjour béni de gloire et de bonheur
Où pour jamais règnera le Sauveur,
Où, loin des maux dont la terre est la proie,
Nous goûterons une ineffable joie ;
Oh ! quand pourrai-je à ce monde arraché,
Dans tes splendeurs, à l’abri du péché,
Près de Jésus oublier mes alarmes,
Et par sa main voir essuyer mes larmes !
En méditant les scènes de délices où le roi introduit l’heureuse épouse, pensons aussi aux privilèges du chrétien. Dieu lui-même est la source de toutes ses bénédictions. Il a la précieuse assurance que Dieu n’attendait rien de l’homme pour tourner Son coeur vers lui. Son amour est comme l’anneau passé au doigt du fils prodigue : il n’a ni commencement ni fin. «Dieu est amour», il ne change pas. Ce qu’il est en lui-même, non pas ce que nous sommes, nous assure à jamais des riches bénédictions de son amour. «En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (1 Jean 4:10). La foi trouve en Dieu son parfait repos, source de tout vrai bonheur. Comment douter d’un amour qui a donné le Fils unique ? (Romains 5:8).
L’oeuvre de Christ était nécessaire pour tourner le pécheur vers Dieu. Déjà dans le jardin d’Eden, après la chute, Adam et Ève cherchent à se cacher, loin de Dieu, derrière les arbres du jardin : mais la voix de l’Éternel Dieu se fait entendre : «Adam, où es-tu ?» L’homme est maintenant un pécheur perdu, et Dieu le cherche. La révélation de l’amour de Dieu, sa promesse que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, annonce l’oeuvre de la rédemption. Dès lors, quand le pécheur, par grâce, croit au parfait amour de Dieu dans le don et l’oeuvre de son Fils, il est amené à Dieu par la foi en l’efficace de la mort, de la résurrection et de la gloire de Jésus, il est pardonné, accepté dans le Bien-aimé, et répond ainsi pleinement aux désirs du coeur de Dieu.
Nous possédons désormais l’amour et la justice en Christ. Il est aussi notre vie et nous pouvons jouir de la présence de Dieu.
Le roi a d’abord amené l’épouse dans ses chambres. Puis elle est vue dans les champs avec son bien-aimé, là où il fait paître et reposer son troupeau à midi. Plus tard, elle s’écrie : «Notre lit est verdoyant. Les solives de nos maisons sont des cèdres ; nos lambris des cyprès». Image pleine de fraîcheur. À la fin du jour, son bien-aimé la conduit au festin, sous la bannière de l’amour, secret de sa joie, source de toutes ses délices.
Pendant longtemps, cet étendard n’a plus été déployé pour Israël. La foi sait que dans les pensées de Dieu, un jour viendra où il le sera à nouveau.
Si Israël a été longtemps laissé de côté et châtié à cause de ses péchés, l’apôtre nous assure qu’il n’est pas rejeté pour toujours car «les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir» (Romains 11:29).
Le temps où Dieu aura compassion de Sion, le temps assigné, viendra. On annoncera le nom de l’Éternel dans Sion et sa louange dans Jérusalem (Psaume 102) ; «car voici, les jours viennent, dit l’Éternel, où je rétablirai les captifs de mon peuple Israël et Juda, dit l’Éternel, et je les ferai retourner au pays que j’ai donné à leurs pères, et ils le posséderont» (Jérémie 30:3). Et encore : «Je me réjouirai en eux pour leur faire du bien, et je les planterai dans ce pays, en vérité, de tout mon coeur et de toute mon âme» (Jérémie 32:41). Alors la bannière de l’amour immuable de Dieu flottera au-dessus de leurs têtes. Toutes les familles de la terre verront l’amour fidèle du Seigneur, le Très-Haut, quand elles monteront à Jérusalem, pour se prosterner devant le roi, l’éternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles (Zacharie 14). Alors s’accomplira cette précieuse parole : «Il m’a fait entrer dans la maison du vin ; et sa bannière sur moi, c’est l’amour. Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins, ranimez-moi avec des pommes ; car je suis malade d’amour».
Le racheté aussi réalise la communion avec Christ dans la séparation d’avec le monde. Il jouit ainsi des choses célestes, assuré qu’il est de l’amour du Seigneur. Mais nous ne pouvons pas passer sans transition des choses de la terre à la jouissance des choses du ciel. Notre communion avec le Seigneur est plus ou moins intime. La nécessité de s’occuper des choses temporelles émousse notre sensibilité spirituelle. La prière, la méditation de la Parole, le jugement de soi-même doivent être habituels chez le croyant, s’il désire vivre dans la proximité du Seigneur.
L’âme qui se nourrit de Christ aspire à l’être davantage. Lui seul est capable de satisfaire ses désirs. Il attire sa bien-aimée encore plus près de lui. «Sa main gauche est sous ma tête, et sa droite m’embrasse». Où trouver une communion plus intime, plus réelle, plus bénie ? L’épouse penche sa tête sur le sein de son Bien-aimé, lieu du parfait et de l’éternel repos.
À la fin de cette journée heureuse, l’épouse du roi est dans le repos que seul son amour immuable peut lui procurer. À l’ombre de la bannière de son amour, elle trouve son plaisir en lui. Aussi parle-t-elle de son ombre, de son fruit, de son festin, de sa bannière, de sa main gauche, de sa droite. Il est tout pour elle. Si l’âme est occupée de lui, il veille à ce qu’elle ne soit point troublée. Les biches et les chevreuils sont les bêtes des champs les plus timides ; le sens de l’ouïe chez elles est tellement développé, que la perception du danger qui les menace, même de fort loin, les épouvante. Ainsi devrions-nous être sur nos gardes et percevoir à distance l’approche de ce qui peut interrompre notre communion avec le Seigneur.
Veillons, prions, évitons avec crainte tout ce qui peut troubler notre communion avec Dieu, les pensées de nature à distraire, l’activité de l’imagination, et le doute qui pousse à la défiance ; que rien ne vienne éteindre en nous la flamme de l’amour et voiler l’éblouissante clarté de la gloire de Dieu dans la face de Christ.
Quand l’âme est demeurée longtemps en communion avec le Seigneur, elle s’attache à lui et désire plus ardemment son retour. Avons-nous le même empressement que la Sulamithe quand elle déclare : «La voix de mon bien-aimé ! le voici qui vient !» Une autre voix a-t-elle pour nous le charme de la sienne ou soupirons-nous journellement après lui ?
Il y a une grande différence entre une personne qui croit à la seconde venue de Jésus Christ, et une âme qui jouit de la communion du Seigneur et vit dans l’attente constante de sa venue.
Nous distinguons sans peine une voix aimée. En entendant son propre nom prononcé par le Seigneur, Marie a tressailli. La voix de mon bien-aimé ! s’écrie la Sulamithe, le voici qui vient ! Tout son être est dans l’attente. Le Seigneur est proche. Il vient ! «sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. Mon bien-aimé est semblable à la gazelle, ou au faon des biches. Ses pieds sont aussi légers que ceux du cerf».
La communion de l’Esprit accroît le désir de goûter la présence du Seigneur. On ne peut pas réellement soupirer après sa venue quand on n’est pas tout près de lui. Nous sommes toujours en sûreté «en» lui, mais hélas ! nous ne nous sentons pas toujours à l’aise «avec» lui. Si nous avons fait un pas de trop dans le monde, ou si nous avons négligé de nous juger nous-mêmes, nous ne sommes pas prêts à le recevoir. Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’as point de part «avec» moi (Jean 13:8). Il ne dit pas : Tu n’as point de part «en» moi ; jamais il n’eût pu le dire ; mais il enseigne à Pierre, il nous enseigne aussi, que, si nous oublions de nous juger nous-mêmes, si nos souillures de tous les jours ne sont pas nettoyées par le lavage d’eau, par la Parole, notre communion avec lui est interrompue. Il n’y a pas d’intimité possible avec lui si des péchés ne sont pas jugés et confessés. «Tu n’as point de part avec moi», est une parole solennelle. Il n’y a plus de force pour la marche, pour le culte et pour le service. La honte peut bien couvrir notre visage, la tristesse remplir notre coeur, quand nous mettons nos pieds souillés entre ses mains saintes, car sûrement il sait où nous sommes allés ; mais ils ne peuvent être lavés si lui-même ne le fait : Si je ne te lave, tu n’as point de part avec moi. Si nous voulons marcher avec Jésus, si nous voulons être heureux avec lui, nous devons marcher réellement séparés de tout mal, de tout ce qui est contraire à sa sainteté et incompatible avec sa nature.
Mon maître tarde à venir, est le langage d’une personne qui cherche sa satisfaction dans ce monde, «Viens, Seigneur Jésus, viens», c’est l’appel d’un coeur pénétré de l’amour de Jésus et qui désire avec ardeur être personnellement près de lui. Plus nous jouissons de Christ par l’Esprit, plus il nous tarde de le voir face à face. C’est un moyen d’éprouver l’état de l’âme : quand la maison est en désordre, la femme ne désire pas le retour de son mari. Elle commence par mettre tout en ordre, et quand tout est à sa place et selon son goût à lui, elle pense au moment où il reviendra ; il lui tarde d’entendre sa voix, de voir son visage.
Ne me suffit-il pas, dira quelque chrétien, de savoir que je lui appartiens ? Pourquoi attendrais-je chaque jour sa venue des cieux ? Je sais que mes péchés sont pardonnés et que je suis sauvé ; je puis me confier en lui et l’aimer sans le voir. Ce n’est pas le langage de l’amour, mais plutôt de quelqu’un qui reste froid et indifférent quant à la personne du Seigneur. Pouvez-vous songer à son amour et à sa grâce, à ses souffrances et à sa mort pour vous, et ne pas ardemment souhaiter de le voir lui-même ? Nous, nous l’aimons, parce qu’Il nous a aimés le premier. Notre amour est le reflet de celui de Christ. Hélas ! souvent nous sentons peu le vide que Christ seul peut remplir !
C’est le Seigneur lui-même, comme le Messie, le roi, que l’épouse juive attend ici-bas avec impatience. Il se révèle afin qu’elle entre dans l’amour et la joie de l’époux. Elle connaît enfin et apprécie la valeur de son amour, et il lui tarde de le posséder. Heureux changement ! Il a été méprisé et rejeté par la fille de Sion, et sur elle il a versé des larmes. Il va bientôt exercer son affection d’époux, sa gloire milléniale va briller de tout son éclat. Aux derniers jours, le désir du résidu craignant Dieu en ce qui concerne l’apparition du Messie comme roi et libérateur, est exprimé dans les psaumes et les prophètes : «Oh ! si tu fendais les cieux ! Si tu voulais descendre, et que devant toi les montagnes se fondent, comme le feu brûle les broussailles, comme le feu fait bouillonner l’eau, pour faire connaître ton nom à tes ennemis, en sorte que les nations tremblent devant toi !» (Ésaïe 64:1-2).
Dans le Cantique des Cantiques, nous voyons, sous la figure d’une épouse, se manifester le même désir profond, quoique sous un caractère différent. Il s’agit moins de la délivrance du résidu, du renversement de ses ennemis, et même du royaume et de la gloire de Christ, que des soupirs du coeur après la personne du Messie qui vient. C’est mon bien-aimé... il vient ! il vient rapidement, semblable à la gazelle ou au faon des biches ! il est déjà (c’est une réalité) derrière notre muraille ; Il regarde par les fenêtres ; Il se fait voir par les treillis. Les fidèles qui se trouvent à Jérusalem, ont ici des indices de l’approche du roi, de leur propre délivrance et de la gloire milléniale. Il remplit leurs coeurs de joie en se révélant plus clairement encore, en leur donnant une nouvelle assurance de son amour. Combien sont touchantes les paroles du Seigneur dans les versets suivants. Sa bien-aimée se plaît à répéter ce qu’il lui a dit : «Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! Car voici, l’hiver est passé, la pluie a cessé, elle s’en est allée ; les fleurs paraissent sur la terre, la saison des chants est arrivée, et la voix de la tourterelle s’entend dans notre pays ; le figuier embaume ses figues d’hiver, et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !» (Verset 10-13). Quelques instants auparavant, elle pouvait seulement distinguer le son de sa voix, et saisir à travers les treillis un de ses regards. Maintenant, il est assez près pour qu’il lui soit permis d’entendre ses paroles. Pour la foi, il est toujours présent. «Sa main gauche est sous ma tête, sa droite m’embrasse». Elle peut s’appuyer sur son Bien-aimé, et sortir avec lui le matin aux vignes en fleurs, exhalant leur parfum.
Bientôt, Israël, longtemps opprimé, connaîtra la gloire du royaume. Le printemps commence à poindre, faisant suite au long et lugubre hiver de l’absence du Seigneur. Le royaume des cieux est proche. Le matin sans nuages va briller. Depuis le péché et la chute de l’homme, ce monde n’a pas été témoin d’une scène aussi splendide. Les versets d’Ésaïe 27:6 décrivent aussi la gloire et les bénédictions futures d’Israël et de toute la terre.
«Dorénavant Jacob prendra racine, Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde». Les rayons bienfaisants du Soleil de justice feront oublier la tristesse et la stérilité de ce long et douloureux hiver. Les fleurs qui renaissent, les figues qui paraissent, les vignes qui bourgeonnent, le chant des oiseaux, la voix de la tourterelle, sont de sûrs indices de l’arrivée du printemps. Et quoique rien dans la vigne de l’épouse n’ait encore atteint sa pleine maturité, il y a dans les fleurs qui embaument l’air, le gage assuré d’une riche bénédiction.
Il est nécessaire de distinguer la vocation terrestre d’Israël de la vocation céleste de l’Église. Le Seigneur épousera au dernier jour la cause de son peuple terrestre, et Jérusalem dans son caractère d’épouse du roi, deviendra le centre de la gloire et de la bénédiction terrestres. L’Église, elle, est l’épouse de l’Agneau, jadis victime expiatoire, maintenant Christ glorifié. L’épouse est le symbole de l’affection et de l’unité de la vie et de la position. L’épouse céleste partagera la même gloire que l’Agneau. L’ayant confessé et s’étant confiée en lui au temps de son humiliation et de son rejet, elle sera plus près de lui dans son exaltation et dans sa gloire, que l’épouse juive, Israël, qui règnera sur la terre.
La gloire du royaume à venir sera donc céleste et terrestre à la fois... «nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu’il s’est proposé en lui-même pour l’administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre en lui» (Éphésiens 1:9-11).
Remarquons la différence qui existe entre la position et la bénédiction d’Israël, en rapport avec le royaume à venir, et celles de l’Église. Le Seigneur descend au lieu où se trouve Israël, et le bénit là. «Le rédempteur viendra à Sion» (Ésaïe 59:20). L’Église, elle, est enlevée dans les nues, à la rencontre du Seigneur, en l’air (1 Thessaloniciens 4:17). Les Juifs recevront toutes leurs bénédictions temporelles dans un pays agréable (Amos 9:11-15). Nos bénédictions seront toutes spirituelles et dans les lieux célestes (Éphésiens 1:3). La Jérusalem terrestre sera le centre de la gloire et de la bénédiction terrestres, la ville royale, la capitale du monde entier, et, par elle, toutes les nations de la terre seront bénies, car la loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel de Jérusalem (Ésaïe 2:2-4). La Jérusalem d’en haut sera le centre de la gloire céleste. La gloire de Dieu l’a illuminée et l’Agneau est sa lampe (Apocalypse 21:23). Les saints célestes seront dans leurs corps glorieux, rendus conformes à l’image de Christ (Philippiens 3:21). Toute la maison d’Israël aura en partage la bénédiction dès longtemps promise, d’un nouveau coeur, d’un esprit nouveau (Ézéchiel 36:2430). Et ils ne s’égareront plus jamais.
Il est parlé d’Israël comme ayant l’Éternel pour mari. «Car celui qui t’a faite est ton mari ; son nom est l’Éternel des armées» (Ésaïe 54:5). Mais à cause de son infidélité, et surtout parce qu’il a rejeté Christ, il a été mis de côté pour un temps. Dans la période actuelle, la prédication de l’Évangile s’adresse aux Juifs premièrement, puis aux Gentils, comme à des pécheurs perdus. Tous ceux d’entre eux, que la grâce de Dieu rassemble, forment un seul corps et les uns et les autres jouissent des mêmes privilèges en Christ, selon qu’il est écrit ; «Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, qui des deux (du Juif et du Gentil) en a fait un et a détruit le mur mitoyen de clôture, ayant aboli dans sa chair l’inimitié, la loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix ; et qu’il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix, ayant tué par elle l’inimitié» (Éphésiens 2:13-16).
La véritable espérance de l’Église est la venue du Seigneur Jésus Christ des cieux, pour la prendre auprès de lui : «Car je vais vous préparer une place,»... «je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14:2-4). Quand cette promesse aura reçu son accomplissement, Israël paraîtra à nouveau sur la scène. L’Esprit de Dieu commencera son oeuvre au milieu du résidu de Juda. Après que l’Église aura été retirée, et pendant les trois ans et demi du règne de l’Antichrist, avant l’apparition du Seigneur en gloire, dans l’espace de temps qui sépare l’enlèvement des saints de cette apparition, ce résidu traversera la grande tribulation de laquelle parle le prophète (Jérémie 30:4-11), et Jésus lui-même (Matthieu 24:15-22). Durant cette tribulation sans égale, le Seigneur veillera sur ses élus avec une grande sollicitude (Osée 2:14 ; «voici, moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur, et de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d’Acor comme une porte d’espérance ; et là elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour où elle monta du pays d’Égypte. Et il arrivera, en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu m’appelleras : Mon mari, et que tu ne m’appelleras plus : mon maître... Et je te fiancerai à moi pour toujours» (Osée 2:14-16, 19). L’union sera désormais éternelle, et le Seigneur prendra plaisir en son épouse fidèle, qui lui rendra louange et gloire à toujours.
Du verset 10 à la fin du 15, les paroles du Bien-aimé expriment l’amour le plus tendre, les encouragements les plus doux. Il est évident que la splendeur de la gloire milléniale ne brillera pas tout à coup sur le pays d’Israël et sur les nations, mais progressivement, semblable en cela au passage de l’hiver au printemps et de ce dernier à l’été. C’est là ce qui exerce la foi de l’épouse. Mais il la fortifie en l’assurant que le jour de la délivrance est proche. Il la suit toujours de son oeil, et l’encourage à prendre patience. D’un autre côté, divers passages de l’Écriture nous apprennent qu’elle connaîtra particulièrement, pendant ce temps, la méchanceté de l’Antichrist. Il essaiera de détruire le résidu fidèle (Apocalypse 12:6-17). Mais guidée par l’Esprit de Dieu, l’épouse trouve un refuge au désert. «Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes» (Matthieu 24:16). Le bien-aimé connaît son refuge. À ses yeux et pour son coeur, elle est semblable à la colombe dans les fentes du rocher, dans les cachettes des lieux escarpés.
Sa voix émeut son bien-aimé ; il l’entend, elle ressemble au roucoulement plaintif de la colombe solitaire, en l’absence de son compagnon (Ésaïe 59:11). Elle est belle, quoique son visage soit abattu par la persécution, les souffrances et l’épreuve. Il cherche à la voir, à l’entendre ! Quelle sollicitude, quel immense amour ! «Montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix ; car ta voix est douce, et ton visage est agréable». Ne nous lassons pas de méditer l’amour de Christ pour son épouse.
À l’abri dans les fentes du rocher, la timide et tremblante colombe, cachée dans ce coeur qui est tout amour, repose en parfaite sécurité. Nul oiseau de proie ne viendra l’y attaquer. Personne d’étranger ne peut pénétrer dans la fente du rocher qui lui sert d’asile. Sa sécurité ne dépend pas de la manière dont elle réalise sa position. Mais, c’est de lui que tout dépend. C’est le rocher qui l’abrite. Parlant de ses brebis, il dit : «Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un» (Jean 10:28-30). Citons aussi les paroles du prophète : «il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride» (Ésaïe 32:1-2).
Le bien-aimé s’associe dans sa grâce à son épouse, dans les soins à donner à la vigne. Prenez-nous les renards... car nos vignes sont en fleurs. Elles sont encore vertes et délicates. Il faut y veiller attentivement. Les petits renards ont des dents pointues ; quoique jeunes, ils sont rusés et font beaucoup de dégâts. Pendant l’hiver, il n’y a rien à craindre d’eux ; les sarments dépouillés de leurs feuilles ne les attirent pas. Mais quand le printemps renaît, ils se dissimulent sous le feuillage et trouvent bien des occasions pour exercer impunément leurs ravages. Veillons sur l’état de notre coeur ! Soyons en garde contre les soucis journaliers de la vie et contre tout ce qui tend à porter atteinte à la fertilité. Demeurons attachés au véritable cep et nourrissons-nous de sa sève. Alors nous porterons beaucoup de fruits à la gloire du Père.
Si la présence du Seigneur apporte du rafraîchissement, il est nécessaire de redoubler de soins, de vigilance, car s’il travaille, Satan est aussi à l’oeuvre mais pour détruire. L’oeil suit avec bonheur le développement des sarments fleuris qui embaument l’air ; mais le gardien de la vigne doit prendre garde à ce que le renard ne vienne avec ruse se tapir sous les pampres luxuriants pour les ravager. Réfléchissons, nous verrons que trop souvent une grande partie de notre vigne a été endommagée par la malice de l’Ennemi qui se tient aux aguets pour commettre ses rapines ! De tels ravages brisent le coeur !
Redoublons de prudence ! Méfions-nous du prédateur ! Fermons les trous par lesquels il peut s’introduire en silence pour saccager les vignes ! Soyons constamment sur nos gardes ; car notre ennemi est fort ; son activité malfaisante est incessante. Il use de toutes sortes d’artifices, assuré qu’il est d’avoir peu de temps. Vous savez que si vous êtes en Christ, vous pouvez confondre l’adversaire et le mettre en déroute. Le plus faible est rendu fort dans la bataille s’il se tient près du Seigneur !
L’heureuse épouse affirme maintenant que son bien-aimé lui appartient. Elle le sait, elle en jouit : «Mon bien-aimé est à moi». Elle ne dit pas : J’espère qu’il est, mais il est à moi. Il n’y a plus l’ombre d’un doute.
Bientôt Christ sera ainsi tout pour le résidu, et le résidu sera tout pour Christ.
Nous sommes lents de coeur à croire. À diverses reprises, l’époux réitère à sa bien-aimée l’assurance de son amour profond et du plaisir qu’il trouve en elle ; l’expression de sa tendresse est admirable ; même quand elle dit qu’elle est noire, il lui répond aussitôt : Ô la plus belle parmi les femmes. Comment pouvait-elle douter un seul instant de son affection ? Aussi quand elle en est convaincue, elle s’écrie dans les transports de sa foi : Il est à moi ! Heureuse assurance. Il ne s’agit plus seulement des fruits de son amour ou de ses qualités, mais de lui-même ; «toute sa personne est désirable».
Pouvons-nous parler avec une telle assurance de la possession de quelque objet terrestre ? On peut, dans une certaine mesure, prétendre : Ces biens sont à moi, ces honneurs sont à moi, combien tout cela est passager ! Mais si nous sommes liés à Christ, il devient le centre de nos affections, on peut vraiment s’écrier : Mon bien-aimé est à moi ! Que de fois un objet auquel notre coeur prenait plaisir ne nous a-t-il pas échappé alors que nous pensions le tenir fermement, ne s’est-il pas flétri dans nos mains comme une fleur détachée de sa tige ?
Tout ce que le monde considère comme précieux, les richesses, l’influence, le pouvoir, la science, la réputation, est sans valeur en présence de la mort et du jugement éternel. «Car que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier et qu’il fasse la perte de son âme ; que donnera un homme en échange de son âme ?» (Matthieu 16:26).
Quelle différence si Christ est l’objet de nos désirs et de nos affections ! La foi peut s’écrier sans réserve : Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi. Sur la croix, il a été fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui ; il a voulu habiter dans notre coeur par son Esprit ; même au sein des flots et de la tempête ; il sera à nous aussi dans la gloire du ciel ! Là nous pourrons le contempler et l’adorer.
On rencontre parfois des âmes qui aiment réellement le Seigneur et se confient en lui, mais qui n’osent pas dire : «Mon bien-aimé est à moi». Elles pensent qu’un tel langage serait de la présomption. Elles oublient sûrement que c’est lui qui tient le premier ce langage. Et sa parole est certaine. Il y a toujours plus d’humilité à se laisser guider par sa parole que par nos propres pensées. Nous l’aimons, c’est vrai, mais parce que lui nous a aimés le premier. Nous ne devançons jamais Christ. Il crée en nous le désir qu’il veut prévenir, l’amour qu’il veut satisfaire, la foi à laquelle il veut répondre. Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait vient d’en haut ; et c’est le Saint Esprit qui l’implante dans notre âme, par la Parole.
Soyons donc assurés que Christ est à nous par le don gratuit de Dieu, à nous par le don qu’il a fait de lui-même, de sorte que c’est en toute humilité que nous pouvons dire : «Christ est à moi, mon bien-aimé est à moi !»
«Et je suis à lui». L’épouse sait très bien qu’elle appartient à son bien-aimé. Il l’a souvent assurée de cette précieuse vérité. Il s’adresse directement à elle : «Mon amie, ma colombe, ma parfaite». Le chrétien ne dépend que de Christ, et c’est à lui seul qu’il est assujetti. «Que personne donc ne se glorifie dans les hommes, dit l’apôtre, car toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit monde, soit vie, soit mort, soit choses présentes, soit choses à venir : toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu» (1 Corinthiens 3:21-22).
Toutes ces choses ne nous dominent plus. La mort elle-même a perdu son pouvoir. Elle ne peut plus nous considérer comme sa proie, le monde ne peut plus se vanter de ce que nous lui appartenions, l’Ennemi dire que nous sommes à lui. Cette précieuse parole : vous êtes à Christ, met tout en ordre.
Il paît son troupeau parmi les lis. C’est là qu’on le trouve, c’est là au milieu des siens qu’il trouve son plaisir, sa satisfaction, ses délices.
La parfaite assurance de l’amour du bien-aimé, et la jouissance de sa présence par la foi, accroît le désir de voir luire le jour de sa gloire. Il sera la réalisation de tous les types et de toutes les ombres ; son apparition les fera disparaître. Car nous le verrons tel qu’il est. Pour Israël, les premiers rayons du soleil de justice chasseront à jamais les ténèbres de la nuit, l’hiver est passé, les fleurs paraissent, on commence à entendre le chant des oiseaux.
L’exercice de la foi et de l’espérance dans ces deux versets est admirable et instructif. En réponse à la description que l’époux a faite du glorieux jour millénial et de la place que sa bien-aimée occupe dans son coeur, (versets 10-15), elle exprime ainsi sa foi : «Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui», et son espérance : «Jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient». Le jour de la gloire est proche, elle sait que l’éclat du matin dissipera toute ombre. «Il est comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages : par sa clarté, l’herbe tendre germe de la terre après la pluie» (2 Samuel 23:4). En attendant l’aurore de ce jour béni, elle prie son bien-aimé de demeurer avec elle. Elle désire ardemment jouir de sa présence, des consolations et du soutien que lui procure son amour, jusqu’à ce qu’il apparaisse lui-même en gloire. Elle s’attache à la personne de son bien-aimé. Heureux fruit d’une foi ferme qui s’attache à sa Parole et d’une espérance vivante qui épie la première lueur du matin.
Elle est encore dans le désert, en butte aux épreuves ; son sentier est difficile, dans un pays où les montagnes et les vallées alternent. Il lui tarde que son bien-aimé vienne, avec la promptitude de la gazelle ou du faon des biches sur les montagnes. Un rayon de sa gloire frappera de terreur les ennemis de son peuple. Ses rachetés «retourneront et viendront à Sion avec des chants de triomphe ; et une joie éternelle sera sur leur tête ; ils obtiendront l’allégresse et la joie, et le chagrin et le gémissement s’enfuiront» (Ésaïe 35:10). «La gloire de l’Éternel sera révélée, et toute chair ensemble la verra ; car la bouche de l’Éternel a parlé» (Ésaïe 40:5).
Soupirons-nous après sa venue, demandant d’être constamment maintenus dans sa présence, jusqu’à ce qu’il vienne ?
L’heure qui précède l’aurore est la plus froide et la plus sombre de la nuit. Le résidu devra traverser cette heure. «C’est le temps de la détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé» (Jérémie 30:7). La première lueur du matin sera, pour le résidu qui attend et qui prie, le signal de la délivrance, de la destruction de ses orgueilleux oppresseurs.
Sache également ceci, dit l’apôtre, écrivant pour l’Église : «que dans les derniers jours, il surviendra des temps fâcheux» (2 Timothée 3:1). Heureux ceux qui tiennent ferme sa Parole, suivent le Seigneur et attendent sa venue ! Supportons la veille, prions ; le matin va se lever ; la sentinelle vigilante demeure sur la tour. Bienheureux ceux qui verront apparaître l’aurore
«Mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, priant par le Saint Esprit, conservez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ, pour la vie éternelle» (Jude 20-21).
L’épouse pense a celui qui amène avec lui la lumière du jour. Mais elle a perdu la jouissance de sa communion. Sa conscience n’est pas endormie, son affection est réelle : «J’ai cherché celui qu’aime mon âme». Et pourtant elle est malheureuse, affligée. D’où lui vient cette tristesse ? Comment concilier ces sentiments contraires ? Tout vient de ce que les pensées de l’épouse n’ont pas eu pour seul objet le bien-aimé. On peut trouver d’autres motifs apparents, mais en réalité le regard de l’épouse s’est porté sur d’autres objets, et maintenant, elle est malheureuse.
L’ennemi veut toujours accomplir ses desseins et peu lui importe le côté vers lequel nos regards se dirigent, pourvu seulement qu’ils se détournent de Christ. Nous pouvons même être occupés de bonnes choses : de l’oeuvre du Seigneur, de la communion des saints, de l’évangélisation. Mais ces choses peuvent usurper la place qui appartient à Christ et devenir l’objet dominant du coeur. On peut aussi s’occuper de soi-même ou s’attacher au monde. Il en résultera une grande faiblesse.
Quelques-uns se contentent d’un tel état en disant que c’est le Seigneur qui leur cache sa face, qu’il veut ainsi nous éprouver et ranimer notre amour pour lui. Mais rien ne prouve que le bien-aimé ait recours à de tels moyens. Ici, la bien-aimée peut changer. Lui demeure le même.
Si notre communion avec Christ s’affaiblit, les motifs en sont uniquement de notre côté. Soyons persuadés que le Seigneur nous donnera tous les témoignages possibles de son amour, et, aussi longtemps qu’il sera le centre de notre vie, la lumière, l’amour, la paix et la joie rempliront notre âme.
Retenons des expériences de l’épouse que seule la personne du Seigneur peut satisfaire les aspirations du nouvel homme. «Avez-vous vu celui qu’aime mon âme», c’est le cri de celui qui appartient à Christ. Un oeil simple ne se porte pas sur deux objets à la fois. Durant la nuit, l’épouse s’est occupée d’autre chose que de son bien-aimé. Peut-être songeait-elle à la solitude, aux fatigues de la route ; peut-être entrevoyait-elle par anticipation les splendeurs de l’aurore prête à paraître ; mais ce n’était pas Christ lui-même qui remplissait ses pensées comme au temps où elle s’écriait : «Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes seins». Alors la paix inondait son âme, elle répandait autour d’elle le doux parfum de Son nom. Maintenant elle est manifestement agitée et troublée.
L’épouse se lève de ce lit où elle n’a pas trouvé le repos. Elle secoue sa nonchalance ; son langage est celui de l’amour. Mais ce n’est pas dans les rues et les places de la ville, où les gardes sont chargés de maintenir l’ordre, que peut se trouver son bien-aimé. Il paît son troupeau parmi les lis. Elle aurait dû s’en souvenir et nous devrions toujours aussi en être convaincus : les traces du troupeau, les habitations des bergers, la montagne de la myrrhe, la colline de l’encens, le jardin, les aromates, les champs, sont les lieux de prédilection de l’époux, et c’est là qu’il se tient. C’est pourquoi, si l’inaction de l’épouse est coupable, l’activité qu’elle déploie ensuite est dans une mauvaise direction. Admirons cependant la ferveur de son amour, sa sincérité. Dans ces versets, elle parle à quatre reprises de celui qu’aime son âme.
La tendresse de l’épouse pour son bien-aimé est telle que rien d’autre ne peut satisfaire ses besoins. Elle le cherche, lui, son Seigneur et rien d’autre au monde ne peut le remplacer. Seul l’amour du Rédempteur peut satisfaire l’amour de l’épouse. Le Seigneur est l’objet et le centre de tous les rachetés, comme il l’est des pensées de Dieu.
C’est une réelle bénédiction lorsque Christ est le seul objet de notre esprit et de notre coeur.
D’où vient que parfois nous n’ayons pas de paix et de joie ? Tout simplement parce que Christ n’a plus la place qui lui appartient. Si quelque chose s’interpose, le Saint Esprit est attristé. C’est sur le sein du bien-aimé que l’épouse trouve son bonheur.
Grande est la joie de la Sulamithe, lorsqu’elle trouve son bien-aimé, elle, la pauvre et faible créature errante. Je l’ai trouvé, dit-elle, Celui qui est la source de toute joie, de toute bénédiction. Elle est récompensée de son ardente recherche. Il en est toujours ainsi. Si nous sommes réellement tournés vers le Seigneur, nous le trouverons bientôt. Il prendra plaisir à se révéler à ceux qui aiment, comme il le fit pour Marie. Elle le voit, elle le saisit, elle ne le lâchera point qu’elle ne l’ait amené dans la maison de sa mère.
Mais si grande que soit sa joie, c’est peu de chose par comparaison avec celle du Bien-aimé. Si nous avons perdu celui que nous aimons, notre douleur et notre joie de le retrouver, sont proportionnées à notre amour pour lui. Vérité précieuse quand on l’applique à Christ ! Il nous a aimés jusqu’à la mort et la mort de la croix. Voilà qui montre l’étendue de ses affections.
Quelle différence entre la joie du père et celle du fils prodigue, quand ils se rencontrèrent ! Et il en est toujours ainsi, entre le Seigneur et les siens : «Ô Sauveur tout-puissant, que ton amour est grand !» Combien nous devrions être vigilants de crainte d’errer et de l’attrister !
Que faut-il entendre par la maison de la mère ? Les prophéties d’Osée nous fournissent une réponse : «Dites à vos frères : Ammi et à vos soeurs : Rukhama. Plaidez contre votre mère...» (Osée 2:1-2). Israël, en tant que nation, est la mère. Et quand les relations longtemps interrompues de l’Éternel avec son peuple seront rétablies, il sera dans la maison de la mère.
L’épouse, ou le résidu fidèle de la nation, connaissant l’amour de son époux, se tournera pleinement vers lui. Il ne pouvait y avoir pour la Sulamithe de lieu de repos jusqu’à ce qu’elle eût trouvé son Bien-aimé. Et maintenant, elle trouve un parfait repos dans son amour immuable.
Nous avons déjà considéré cette adjuration en méditant le chapitre 2 verset 7. Elle se retrouve encore chapitre 8:4, et chaque fois qu’elle intervient, la venue du Seigneur suit immédiatement. Au chapitre 2:7, c’est la révélation de sa personne : «La voix de mon bien-aimé ! le voici qui vient». C’est de lui qu’il est ici question. Au chapitre 3:11, c’est du Messie qu’il est question. Il vient en cortège royal, comme le vrai Salomon, couronné roi d’Israël par la nation. «Sortez, filles de Sion, et voyez le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l’a couronné au jour de ses fiançailles, et au jour de la joie de son coeur». Le chapitre 8:5 montre l’épouse quittant le désert unie à l’époux. Le progrès est manifeste. «Qui est celle-ci qui monte au désert, s’appuyant sur son bien-aimé ?»
C’est là tout ce que le coeur désire : Être avec Christ — un avec lui — et semblable à lui, c’est la parfaite et éternelle bénédiction des siens.
La fin du chapitre, à partir de ce verset, nous présente le tableau prophétique de la venue de l’époux montant du désert avec son épouse.
Les Juifs ne seront pas enlevés comme l’Église, à la rencontre du Seigneur, en l’air. Le Seigneur viendra où ils se trouveront. L’Esprit de prophétie nous apprend qu’ils seront d’abord ensemble dans le désert. C’est là qu’il se révèle dans son amour immuable, comme le vrai Messie : «Voici, je l’attirerai, je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur» (Osée 2:14). «Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme (au résidu juif), afin qu’elle s’envolât dans le désert, en son lieu, où elle est nourrie un temps, et des temps, et la moitié d’un temps, loin de la face du serpent» (Apocalypse 12:14).
Mais, à l’heure où s’accomplira la prophétie que nous méditons, ces temps se seront écoulés. Dans ces années si remplies, des événements solennels se seront rapidement succédés. Le serpent ancien aura été jeté dans l’abîme, la bête et le faux prophète l’auront été dans l’étang de feu, et les nations rebelles auront été jugées. Le balai de la destruction (Ésaïe 14:23) aura emporté l’empire de la Bête. Ce dont l’homme est capable a été pleinement démontré. Christ vient prendre pour Dieu sur la terre, la place du Témoin fidèle et véritable. La scène est purifiée, le trône du fils de David, du prince de paix est établi ; et l’épouse du roi, avec les honneurs royaux, est amenée du lieu où elle était cachée au désert. Glorieux spectacle ! Le jour paraît. Le soleil levant inonde le pays de ses rayons. Jérusalem est remplie de joie. Et d’un commun accord tous s’écrient désormais, sans que le cri expire aussitôt comme jadis sur leurs lèvres : Hosanna ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !
Le cortège royal s’avance. Le désert est pour toujours laissé derrière. Nous pouvons voir au verset 6 la description des grâces qui ornent l’épouse, la fumée d’encens et les drogues aromatiques, symboles de la louange, de l’action de grâce et des autres fruits de l’Esprit.
Ces versets mettent plus particulièrement en évidence les dignités et les gloires du roi. Le palanquin est l’ouvrage du roi lui-même. «Le roi Salomon s’est fait un palanquin de bois du Liban». Christ pourvoit à tout et prépare tout pour les siens Nous n’avons rien à faire, qu’à jouir de ce qu’il a fait. Le bois de cèdre est le symbole de ce qui est incorruptible et de bonne odeur ; les colonnes, de la force ; l’argent, de la rédemption ; l’or, de la justice divine ; la pourpre, de la royauté. L’amour est la source de tout ; Dieu est amour. Les filles de Jérusalem et les filles de Sion font allusion aux villes et aux tribus d’Israël. L’amour divin a frayé la voie à la gloire du millénium.
Dès que la femme eut touché le bord du vêtement de Jésus, la puissance qui est en lui déploya son efficace en elle (Marc 5). La foi ne toucha pas seulement le bord du vêtement du Seigneur, elle fit appel aussi à ses compassions que la foi seule pouvait atteindre ; et tous les trésors divins lui furent ouverts. L’effet est parfait et immédiat. «Aussitôt son flux de sang tarit ; et elle connut en son corps qu’elle était guérie du fléau» (Verset 29). Elle tomba aux pieds de Jésus effrayée et toute tremblante.
Dans son besoin elle éprouve la puissance de Christ. Mais elle ignore l’étendue de son amour. Il ne refuse rien à la foi. Le repos de l’âme se trouve dans la connaissance de celui qui a tout donné pour nous acquérir. Alors nous goûtons un plein repos dans son amour.
«Et il regardait tout à l’entour pour voir celle qui avait fait cela» Quel amour ! Son coeur tressaille de joie ! Les oeuvres de Satan sont détruites, Dieu est glorifié ; la grâce brille et la foi triomphe. Il se révèle et remplit le coeur de cette femme de la paix et de la joie de la délivrance. «Ma fille» — expression de la relation la plus intime — «ta foi t’a guérie ; va en paix, et sois guérie de ton fléau» (Marc 5:3-11).
Ici, dans le Cantique des Cantiques, le bien-aimé révèle à celle qu’il aime, ses pensées à son sujet, la beauté sans égale qu’elle a à ses yeux. Retenons les paroles que l’époux a choisies pour exprimer l’admiration que lui inspire son épouse ! Il s’assied, pour ainsi dire, et contemple avec ravissement chacun de ses traits. «Tu m’as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée». Ces paroles inondent l’âme d’une joie paisible. Elles sont le fondement béni de la communion la plus intime.
L’époux énumère ensuite sept traits particuliers de sa beauté : Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n’y a point de défaut. Ce nombre sept suggère l’idée de quelque chose d’accompli, de parfait. Le croyant aussi est parfait en Christ. Nous avons dépouillé le vieil homme, et revêtu «le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité» (Éphésiens 4:22-24).
Considérons rapidement chacun de ces sept traits. «Tes yeux sont des colombes derrière ton voile». Selon la loi, la colombe était un oiseau pur ; un des seuls à être offerts en sacrifice sur l’autel de Dieu ; elle est l’emblème de l’humilité, de l’innocence. Elle montre un attachement extraordinaire à son colombier. «Tes yeux sont des colombes». L’oeil est souvent employé dans l’Écriture en relation avec la lumière et l’intelligence spirituelles. «Si donc ton oeil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière» (Matthieu 6:22). Emportée loin de sa demeure, la colombe s’élève très haut, prend rapidement son vol pour retourner à son colombier. Oh ! que n’avons-nous une telle vision pour oublier les choses qui sont derrière et tendre avec effort vers celles qui sont devant, après avoir contemplé, par la foi, Christ ressuscité et exalté dans la gloire ! «Fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi» (Hébreux 12:2). Le bien-aimé est ravi en voyant les yeux de l’épouse, tels des colombes, derrière son voile.
Il y a une pensée de profusion et d’unité dans cette image. Une longue chevelure, nous dit aussi l’Apôtre, est un voile, et une gloire pour la femme (1 Corinthiens 11:15).
Peut-être pouvons-nous voir dans cette comparaison une allusion aux longs cheveux du nazaréen, type de la puissance dans l’Esprit. Tout croyant doit être un nazaréen pour Dieu. La force du croyant se trouve dans une sainte séparation du monde. Soyons vigilants pour marcher avec prière dans la communion avec Christ et la puissance du Saint Esprit.
Les brebis tondues peuvent nous faire penser à un coeur délivré des entraves naturelles, tandis que ce trait : «qui montent du lavoir», nous présenterait la pureté. La brebis a été lavée à la source qui ôte toutes les souillures. L’épouse désormais peut manger le pain de vie et du vieux blé du pays. Il n’y a pas de vieillissement, elle est dans la force de l’âge. Elle se nourrit du Messie ressuscité, exalté et glorifié. Aux yeux du Seigneur, il y a dans celle qu’il aime harmonie, pureté, fécondité, rien ne manque.
Les paroles du croyant devraient être comme le fleuve de la grâce de Dieu qui coule à travers ce monde, et prend sa source dans le sacrifice de Christ à la croix. N’oublions jamais ce qu’il en a coûté à Christ, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui, et que nos paroles empreintes de grâce et de vérité puissent être agréables à notre bien-aimé et utiles pour ceux qui nous entourent (Proverbes 10:21).
La triste condition morale de l’homme dans ses péchés transparaît dans ses paroles, même si elles sont formulées de manière aimable.
Dans une vision, Ésaïe voit la gloire du Seigneur, et voit son état moral devant Dieu. Il s’écrie alors : «Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l’Éternel des armées. Et l’un des séraphins vola vers moi ; et il avait en sa main un charbon ardent qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en toucha ma bouche et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché» (Ésaïe 6:5-7).
Quel changement si nous sommes sauvés. Gardons nos lèvres de tout ce qui gâterait leur pureté aux yeux du Seigneur, et aussi devant les hommes (Colossiens 3:8). «Que votre parole, dit l’apôtre, soit toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun» (Colossiens 4:6). Désormais le Saint Esprit produit le fruit des lèvres qui confessent le nom de Christ (Hébreux 13:15).
Cette comparaison suggère l’idée de modestie et de pudeur, heureux changement pour la maison d’Israël dont nous parle l’épouse ! Il fut un temps où le Seigneur devait dire de son peuple terrestre : «Parce que je savais que tu es obstiné, et que ton cou est une barre de fer, et ton front, d’airain» (Ésaïe 48:4). Mais la grâce opérera et le Seigneur pourra voir dans celle qu’il aime, la douceur et l’humilité. Même l’éclat de ses joues sera caché derrière son voile. «Ta joue est comme un quartier de grenade derrière ton voile». Faisons en sorte que notre parure soit «l’homme caché du coeur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu» (1 Pierre 3:3,4).
L’arsenal de David était orné des trophées de ses victoires. L’Éternel l’avait délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il avait soumis ses ennemis de tous côtés, et le chemin était préparé pour un règne de paix du temps de Salomon son fils. Mais qu’étaient ces victoires comparées à celles de Christ ? Tout le livre de Dieu peut être considéré comme les annales des victoires de Christ. Le cou de l’épouse, pareil à une tour, entouré de nombreux joyaux, symbolise les trophées qu’il a remportés dans le pays de Juda. Il est parlé d’Israël comme d’un peuple de cou roide marchant avec impudence, avec le joug de la transgression sur son cou. De telles figures dénotent un triste état moral. Mais, par la grâce du Seigneur, le changement sera complet, le triomphe de son amour parfait. L’esclavage de l’iniquité sera brisé de dessus la fille de Sion. Au lieu d’être obstinée, et semblable à une barre de fer, elle sera belle, gracieuse et imposante comme la tour de David. «Réveille-toi, réveille-toi, revêts-toi de ta force, Sion ! Revêts-toi de tes vêtements de parure, Jérusalem, ville sainte ! Secoue de toi la poussière, lève-toi, assieds-toi, Jérusalem ; délivre-toi des chaînes de ton cou, captive, fille de Sion !» Le Seigneur prend plaisir à contempler le cou de son épouse — chargé de colliers glorieux destinés au cou de ceux qui partagent le butin. La liberté et le parfait bonheur de son peuple rappelleront à toujours les victoires de son amour (Voir Ésaïe 52:1-2).
Ce trait gracieux, le septième, symbolise l’unité et ce qui est nécessaire à la croissance. Le contraste entre l’épouse et la petite soeur du chapitre 8:8 est instructif. Nous avons une petite soeur qui n’a pas encore de seins. Quelques-uns ont pensé que le développement parfait de l’épouse et le caractère infantile de la petite soeur, représentent la condition morale respective de Juda et d’Éphraïm, autrement dit des deux tribus et des dix. Cette différence sera manifeste, quand les douze tribus seront réunies. Mais les dix tribus n’en jouiront pas moins des résultats bénis de l’oeuvre accomplie, quoique Éphraïm n’ait pas partagé les profonds exercices par lesquels Juda sera passé en rapport avec le Messie, et le développement moral qui en sera le fruit. C’est durant la captivité des dix tribus que Christ est venu au milieu de son peuple, a été rejeté et crucifié ; et c’est avant qu’elles soient assemblées de tous les pays et ramenées dans leur terre, qu’il se fera connaître à Juda, venant à nouveau en puissance et en gloire. Au retour du Messie, le résidu sera composé essentiellement de la tribu de Juda. Les deux faons jumeaux d’une gazelle représentent l’unité d’esprit et de coeur qui prévaudra désormais parmi tout Israël quant à leur Messie si longtemps attendu. En paissant parmi les lis, ils trouveront maintenant leurs délices là où lui trouvera les siennes. «Il paît parmi les lis». Ce qui attire le coeur, ce qui forme nos affections, c’est ce que le Saint Esprit nous communique à l’égard de Christ. Puissions-nous désirer avoir une plus juste appréciation de son amour !
Juda deviendra ainsi l’instrument de la bénédiction, pour toutes les nations de la terre. «Réjouissez-vous avec Jérusalem, et égayez-vous à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ; tressaillez de joie avec elle, vous tous qui menez deuil sur elle ; parce que vous tetterez et serez rassasiés du sein de ses consolations, parce que vous sucerez et que vous vous délecterez de l’abondance de sa gloire. Car ainsi dit l’Éternel : Voici, j’étends sur elle la paix comme une rivière, et la gloire des nations comme un torrent qui se déborde ; et vous tetterez, vous serez portés sur les bras et caressés sur les genoux. Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai, et vous serez consolés dans Jérusalem» (Ésaïe 66:10-13).
En attendant l’épanouissement complet des beautés de l’épouse, l’époux se retire selon les conseils de Dieu, sur la montagne de la myrrhe et la colline de l’encens. Et c’est de là qu’il adresse à l’épouse cette touchante parole : «Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n’y a point de défaut».
Nous pouvons quelquefois, dans notre égarement, nous trouver plus près que nous ne le pensons de la tanière des lions, et n’avoir pourtant aucune conscience du danger. Nos plus mortels ennemis peuvent être cachés sous tout ce qui, naturellement, attire et charme le coeur. Le Liban, comme type, se lie à l’idée d’une plus grande élévation terrestre. Mais, ce qui exerce sur l’oeil un tel pouvoir de fascination, ce qui enchante les sens, abrite aussi le lion dévorant et le cruel léopard. Ce lieu, du fait même de sa richesse et de sa beauté, peut servir de cachette à l’Ennemi. Charmé par les scènes magnifiques que le Liban et l’Hermon découvrent à ses yeux, le voyageur pourrait être tenté de s’arrêter jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour gagner la plaine en toute sécurité.
Il faut nous souvenir que les plus belles scènes terrestres sont infestées d’ennemis plus subtils et plus dangereux que les lions et les léopards du Liban. «Pèse le chemin de tes pieds, et que toutes tes voies soient bien réglées» (Proverbes 4:26). Apprenons à connaître notre faiblesse, nos penchants personnels. Certains sont détournés par la recherche de la conformité au monde ; d’autres, par la lecture de livres qui fascinent l’esprit, mais dessèchent l’âme ; un grand nombre, hélas ! sont pris au piège en suivant leur propre volonté et la voie qui semble droite à leurs yeux, tout cela mène à la tanière des lions, aux montagnes des léopards, à des expériences ou des occupations d’un danger certain pour l’âme. Il n’y a qu’un Oeil qui puisse découvrir le piège — une seule Voix qui puisse nous garder loin de ces endroits périlleux : Du sommet de l’Amana, du sommet du Senir et de l’Hermon, l’amour divin nous invite : regardez vers moi.
Rien de plus beau et de plus touchant que la manière dont le Bien-aimé cherche ici à éloigner l’épouse du danger. Viens avec moi, tel est le langage de sa tendresse incomparable. Il ne dit point : Va ! dépêche-toi de fuir, le danger est proche, tu es tout près du repaire des lions. Mais il dit : Viens, viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens avec moi du Liban. Quelle grâce est contenue dans ce mot, Viens. Il montre toute sa sollicitude.
Dieu s’adresse dans les mêmes termes à la maison rebelle d’Israël : «Venez et plaidons ensemble» (Ésaïe 1:18). Israël, ayant obéi à son invitation de venir, il ne leur fait point de reproche, mais leur dit avec douceur : «Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme l’écarlate, ils seront comme la laine» (Ésaïe 1:18). Heureuse manière de parler à un pécheur coupable ! Le Seigneur seul peut agir ainsi. Il dit encore : «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos» (Matthieu 11:20). Dès que la foi saisit cette parole, le repos est assuré. Qui n’a admiré aussi la beauté de la dernière page de l’Écriture avec ses appels réitérés, «Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie» (Apocalypse 22:17).
Mais à son tendre appel, l’époux ajoute deux mots qui sont pour le racheté la source d’une joie profonde : Avec moi. Si nous sommes dans sa compagnie, le coeur est rempli de confiance, quelles que soient les circonstances. Si le lion rugit, nous pourrions bien être remplis d’effroi, n’ayant aucune force pour lui résister. Mais ces mots : «Viens avec moi» répondent à tout ce dont nous avons besoin. Avec lui la bien-aimée est parfaitement en sécurité, aussi long que soit le chemin à parcourir, quel que puisse être le danger. Ces mots montrent tout le plaisir qu’il éprouve dans la compagnie de l’épouse. Il trouve aussi ses délices dans les rachetés. L’Assemblée est en quelque sorte utile à la pleine manifestation de sa gloire et la réponse pour l’éternité aux aspirations de son coeur. Il a été donné comme «chef sur toutes choses à l’assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (Éphésiens 1:22-23).
À la fille de Sion, une autre parole est adressée : «Écoute, fille ! et vois, et incline ton oreille : et oublie ton peuple et la maison de ton père. Et le Roi désirera ta beauté, car il est ton Seigneur : adore-le» (Psaume 45:10-11). Ce Psaume s’appliquera avec une puissance divine au résidu, quand le Seigneur reviendra pour régner, qu’Israël sera béni sur la terre, dans le pays d’Emmanuel.
L’époux est entièrement occupé de celle qu’il chérit. C’est dans la beauté et l’amour de l’épouse qu’il trouve ses délices. Tout à l’heure, il verra en elle les fruits du travail de son âme, et il en sera satisfait (Ésaïe 53:11).
Il déclare : Tu m’as ravi le coeur. Vérité étonnante ! Christ est ainsi ravi par des pécheurs sauvés par grâce, lavés de leurs péchés dans son sang précieux, et qu’il a lui-même ornés de ses perfections.
Ici, l’époux parle de sa soeur, de sa fiancée. Relation bénie dont il jouit pleinement mais qu’elle réalise peu encore.
Tout naturellement une question se pose : Comment se fait-il que nous trouvions dans le Cantique des Cantiques une expression de l’amour de Christ pour le résidu, qui peut paraître plus complète, plus détaillée que celle que les épîtres nous donnent de son amour pour l’Assemblée, l’épouse céleste de Christ ?
On doit d’abord considérer dans un sens le Cantique des Cantiques comme la révélation de l’amour parfait de Christ envers les saints, qu’ils soient juifs ou chrétiens, que leur appel soit pour la terre ou pour le ciel. C’est sous la figure de l’amour qui unit l’épouse et l’époux, que ses affections sont présentées ici. Le roi Salomon, en son jour, a été comme une faible anticipation de la gloire milléniale et de ces réalités bénies. Mais les paroles de l’Époux dans le Cantique des Cantiques, ont une application morale utile pour le chrétien.
Rappelons les remarques déjà évoquées dans la préface, elles sont utiles pour l’étude de ce livre.
Le Cantique des Cantiques décrit les affections que le Roi peut créer dans le coeur du Résidu et par lesquelles il l’attire à lui. Quelle qu’en soit la force, elles ne sont pas comparables aux affections chrétiennes. Elles n’ont ni le calme, ni la douceur d’une affection découlant d’une relation formée, déjà connue et pleinement appréciée, dont le lien est indissoluble. Ce dernier caractère d’affection est propre à l’Église. Quoique les noces de l’Agneau ne soient pas encore venues, à cause de la révélation qui nous en a été faite, nous pouvons déjà en jouir. Grâces et gloire en soient rendues à Dieu !
Il y a dans le Cantique des Cantiques une grande différence entre la position du Juif relativement à Christ, et celle du chrétien dans les épîtres. Il est nécessaire de nous en souvenir, sinon nous appliquerons à l’Église ce qui se rapporte à Israël, et à Israël, ce qui appartient à l’Église. Nous connaissons la vérité de notre unité avec Christ, comme ressuscité et glorifié. Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui (1 Corinthiens 6:17). L’unité de vie et de position avec Christ glorifié va bien au-delà des privilèges qui appartiennent au peuple juif. Nous savons que nous sommes dès maintenant assis dans les lieux célestes en Christ et scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage pour la rédemption de la possession acquise (Éphésiens 1:13, 14). Mais, ce qui est tout aussi précieux, c’est que nous connaissons la grandeur de son amour et le sacrifice par lequel il nous a introduits dans cette position d’association éternelle avec lui. La question du péché a été complètement réglée, et nous sommes parfaitement justifiés et agréables dans le Bien-aimé. Notre relation est établie : nous attendons la gloire, les noces de l’Agneau. Nous comptons sur sa promesse : «Oui, je viens bientôt». «Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas» (Hébreux 10:37). Mais en attendant sa venue, nous goûtons, par la puissance du Saint Esprit, les affections de son coeur qui témoignent d’une relation ineffablement bénie, établie pour l’éternité.
En contraste, la position d’Israël telle que l’esprit de prophétie la révèle dans le Cantique des Cantiques, est bien différente, car dans ce livre, il s’agit de former des affections pour le Bien-aimé. Le Résidu n’est pas encore entré pleinement dans la connaissance de Christ, dans l’assurance de sa relation avec lui ; or, c’est précisément ce que l’époux désire voir se réaliser. Il révèle, à celle qu’il appelle «sa soeur, sa fiancée», ce qui est dans son coeur ; ainsi, elle pourra connaître ses desseins. Il l’assure, avec insistance, de la beauté, du prix qu’elle a pour lui ; et même après qu’elle ait failli, il lui manifeste une affection qui ne saurait se laisser détourner de son objet. L’épouse est stimulée par cette tendresse, ses affections deviennent plus profondes : elle peut exalter le Bien-aimé au-dessus de tous les autres ; elle réalise qu’il est un porte-bannière entre dix mille... «Toute sa personne est désirable». À mesure qu’elle saisit ce qui remplit le coeur de l’Époux, elle s’attache à lui, elle saisit l’étendue de ses compassions. Le Psaume 45 met de précieux résultats en évidence. Là, ceux qui forment le résidu juif sont salués comme les compagnons du roi, et Jérusalem comme la reine parée d’or d’Ophir. Alors, les nations lui apportent des présents et recherchent sa faveur ; elle est désormais dans une relation des plus intimes avec le roi, elle est introduite dans les palais d’ivoire.
Il est peut-être difficile de comprendre ce que le Seigneur entend par ces mots. Il se peut que ce soit une allusion aux délices qu’il trouve dans chaque croyant ou dans son peuple tout entier. Jamais il n’oublie aucun racheté. Chacun d’entre eux a été aimé, sauvé et glorifié. Cette vérité est enseignée en Luc 15, et Jean parle beaucoup aussi de notre bénédiction individuelle, la famille de Dieu est son thème principal, comme l’Assemblée, celui de Paul, et le voyage à travers le désert, celui de Pierre ; pourtant c’est Paul qui peut dire : «le Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Galates 2:20) Il parle ici comme s’il était le seul que Christ ait aimé et pour lequel il soit mort. La foi s’approprie ce que la grâce révèle et le racheté en jouit. Tout ce que la grâce manifeste être en Christ la portion des enfants de Dieu, la foi, elle, dit avec certitude : c’est à moi.
Dans la maison du Père chaque saint aura sa propre couronne : chacun recevra sa louange de la part de Dieu. Mais nous serons tous parfaits, heureux, dans la joie du Seigneur, et nous porterons tous son image.
Si nous réalisions mieux le prix que le Seigneur attache à notre amour pour lui, nous serions plus exclusivement occupés de lui ; l’amour engendre l’amour. Plus nous nous tiendrons près de lui, plus notre amour pour lui sera vif. Que notre foi se nourrisse de Christ. Notre attachement pour lui grandira et nous lui ressemblerons davantage.
L’amour de sa fiancée lui est bien plus agréable que le vin, figure des joies terrestres. Il n’est pas de senteur qu’il apprécie autant que l’odeur de ses parfums. Ils surpassent pour lui tous les aromates. L’hospitalité de Simon était peu de chose pour le Seigneur en comparaison de l’amour de celle qui se tenait derrière et versait sur ses pieds le parfum du vase d’albâtre. Mais un tel fruit de l’Esprit ne peut se former que dans la lumière de sa présence. Le fruit et le parfum se trouvent dans les plantes exposées au soleil. Je suis la lumière du monde, dit le Seigneur. «Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire» (Jean 15:5).
Le miel est recueilli sur les fleurs. Ce devrait être l’habitude du chrétien d’apprendre quelque chose à toute occasion. Mais nous ressemblons trop au papillon, et pas assez à l’abeille. Le premier voltige un instant sur la fleur, et s’enfuit sans en avoir goûté la douceur, tandis que l’abeille butineuse suce le miel de la fleur. Et de cette manière, son rayon peu à peu se remplit. Il faut étudier soigneusement la Parole de Dieu et s’en pénétrer pour avoir aisément sous la langue les expressions appropriées au moment convenable. Le Seigneur est heureux de trouver chez l’épouse ce fruit de l’Esprit. Les gouttes que distille le rayon de miel suggèrent un choix attentif, en contraste avec la multitude de paroles dont parlent les Proverbes (10:19). Le Seigneur parle ici des fruits précieux de l’Esprit qui lui sont si agréables. Sur ses propres lèvres la grâce est répandue. Ses vêtements sont parfumés de myrrhe, d’aloès et de casse, quand il sort des palais d’ivoire ; et il trouve, pour sa joie, dans son épouse bien-aimée, la réponse à ce qu’il est lui-même.
Le Dieu souverain, en établissant les limites des diverses nations de la terre, a donné une place particulière à son peuple élu. «Quand le Très-Haut partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël. Car la portion de l’Éternel, c’est son peuple ; Jacob est le lot de son héritage» (Deutéronome 32:89). Ces versets de l’Écriture établissent avec clarté la place qu’occupe Israël dans les pensées et les desseins de Dieu. La terre d’Israël a déjà été le théâtre d’événements qui surpassent en importance tous les autres ; et elle le sera encore.
Ce pays deviendra, au temps convenable, le centre de toutes les nations, de leur gloire et de leur louange ; Jérusalem, la ville bien-aimée, sera la métropole de toute la terre, le lieu de la bénédiction pour tous ceux qui y habiteront. La bannière de l’amour flottera alors sur ses remparts, signe certain que «l’Homme noble» a pris possession de son royaume.
Moïse eut le privilège avant de mourir de contempler le Pays de beauté depuis le sommet du Pisga ; l’Éternel lui-même le montra à son serviteur. Quelle grâce ! Quel honneur accordé à Moïse ! «Je te l’ai fait voir de tes yeux, mais tu n’y passeras pas» (Deutéronome 34:4). Il put, avant de s’endormir, admirer la future demeure du peuple racheté par l’Éternel ; voir ses vallées fertiles, ses belles montagnes et ses plaines bien arrosées. Voici dans quels termes, sous la direction du Saint Esprit, il en fait la description. «Car l’Éternel ton Dieu te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d’eau, de sources, et d’eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes ; un pays de froment, et d’orge, et de vignes, et de figuiers, et de grenadiers, un pays d’oliviers à huile, et de miel ; un pays où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien ; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l’airain» (Deutéronome 8:7-9).
Les comparaisons de notre texte (Chapitre 4:12-14) sont empruntées aux productions, riches et variées, de Canaan. L’épouse est comparée ici à un jardin, à une source, à une fontaine ; elle est remplie de tout ce qui lui est agréable, de ce qui porte du fruit pour lui ; ce sont les grâces variées du Saint Esprit en elle : il y a abondance pour le Seigneur, de nard et de safran, de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les arbres à encens, de myrrhe et d’aloès, avec tous les principaux aromates. Le jardin est, à juste titre, réputé pour la variété de ses fleurs, pour ses arbustes aromatiques, et ses plantes agréables ; le verger pour ses arbres portant des fruits délicieux, et quant à la fontaine, elle arrose l’ensemble. Tel doit être le peuple de Dieu pour Christ dans ce monde ! Sommes-nous pour le Seigneur comme un jardin agréable au milieu d’un désert stérile et aride ? Trouve-t-il en nous fraîcheur, croissance, fertilité, dans les choses de Dieu ? Le Seigneur peut-il venir dans le jardin de notre coeur et manger ses fruits exquis ?
Mais l’époux décrit aussi son épouse comme un jardin clos, une source fermée, une fontaine scellée. Elle est pour lui seul. Ses regards ne s’égarent pas sur un autre. Elle est pleinement satisfaite de sa part. La joie remplit son âme : «Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il paît parmi les lis». La fleur, le parfum, le fruit sont pour lui seul. Son jardin est clos pour tous les autres ; le sceau royal est apposé sur la fontaine du Roi ; les eaux vives n’en jaillissent que pour lui. Aucun étranger ne peut toucher ce qui porte le sceau du roi. Le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Timothée 2:19). Il ne peut accepter un coeur partagé.
Ces expressions : clos, fermée, scellée suggèrent avec force la pensée de la séparation du croyant d’avec le monde, pour son Seigneur. Le chrétien s’y trouve comme serviteur de Christ, mais il n’en fait pas partie (Jean 17:14).
L’apôtre Paul pouvait dire : «Pour moi vivre, c’est Christ». Christ était le motif de son activité, il était le but de sa course. On peut être ainsi séparé du monde, et pourtant servir le Seigneur dans le monde. Plus nous restons près de la source, plus nous pouvons devenir des canaux de bénédictions pour d’autres.
«Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean 2:6). Nous sommes responsables de marcher en chrétien. Chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu (Romains 14:10-12).
Comme bien des âmes sont en perplexité à l’égard du tribunal de Christ, nous désirons présenter quelques remarques à ce sujet. Aucun croyant ne peut venir en jugement. Il est passé de la mort à la vie (Jean 5:24). Il est associé à un Christ ressuscité ; il a la vie éternelle, et son acceptation est parfaite devant Dieu (Romains 8:1). Quand il comparaîtra devant le tribunal de Christ, il sera dans son corps de gloire ; il sera alors semblable à son bien-aimé Seigneur (Philippiens 3:21). Il est cohéritier de Christ et va partager sa gloire.
Ce sont ses oeuvres, comme serviteur du Seigneur, qui seront toutes manifestées devant le tribunal de Christ. D’où l’avertissement de l’apôtre : «Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur» (1 Corinthiens 15:58). «L’ouvrage de chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu’il est révélé en feu ; et quel est l’ouvrage de chacun, le feu l’éprouvera» (1 Corinthiens 3:13). Cette épreuve de la qualité de nos oeuvres ne doit pas être envisagée comme un sujet d’effroi, mais plutôt comme un privilège ; car alors nous connaîtrons à fond comme aussi nous avons été connus, et chacun recevra sa louange de la part de Dieu.
Les voies miséricordieuses du Seigneur à notre égard, malgré notre faiblesse, nos nombreux manquements, seront révélées. «Nous serons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal» (2 Corinthiens 5:10). Quand tout le cours de notre vie sera dévoilé dans la parfaite lumière de Dieu en Christ, notre appréciation sera conforme à la parfaite estimation de Dieu.
Tout ce qui aura été fait pour Christ, le fruit de sa grâce en nous, il l’approuvera et le récompensera. Tout ce qui aura été fait simplement avec notre énergie naturelle, ne saurait être reconnu, et sera une perte. Tout ce qui aura été produit par l’Esprit de Christ en nous, demeurera à toujours, comme de l’or, de l’argent, des pierres précieuses (1 Corinthiens 3:10-13, 4:1-5). Des services accomplis avec un esprit de renoncement, avec des motifs excellents, mais des moyens que l’Écriture ne sanctionne pas, seront alors appréciés avec une exactitude divine. Tout ce qu’il pourra reconnaître comme bon, le Seigneur le reconnaîtra et le récompensera abondamment. Le plus humble service fait pour lui sur la terre, ne sera point passé sous silence en ce jour-là. Chacun recevra la place que le Seigneur lui a préparée. On verra alors, dans la lumière de sa présence, cet amour qui toujours s’éleva au-dessus de notre indignité et manifesta sa grâce patiente, et on verra aussi les occasions dans lesquelles nous avons cherché, avec orgueil, à nous complaire à nous-mêmes, à nous élever, au lieu de servir le Seigneur Jésus, de l’exalter, et de faire de lui notre tout.
Nos âmes alors seront remplies, pendant l’éternité devant l’étendue de sa grâce, de louange et de la plus fervente adoration.
Le mot vent est quelquefois employé, dans l’Écriture, en relation avec le Saint Esprit. Ici le Seigneur parle, semble-t-il, des différentes opérations de l’Esprit dans le coeur de son peuple bien-aimé. «Souffle dans mon jardin, pour que ses aromates s’exhalent !» Il y a dans sa vigne des aromates ; mais il faut une intervention divine pour que leur parfum s’exhale. Le Bien-aimé vient précisément de se promener dans son jardin, de considérer ses précieuses plantes et de les nommer une à une.
Il les connaît bien. Il se souvient du moment où il a planté chacune d’entre elles, des soins qu’elle a reçus, et des fruits qu’elle porte (Voir Psaume 80:15 ; Ésaïe 61:3).
Mais parfois il règne sur toute la plantation un silence de mort, dont l’influence pernicieuse se fait sentir tant sur les vieilles plantes que sur les jeunes. Le riche parfum des branches balsamiques n’est point recueilli et emporté par la brise.
«Réveille-toi, nord, et viens, midi» ; tel est l’ordre que donne alors le patient Vigneron : «Souffle dans mon jardin». Le souffle du vent du nord, ou les brises du midi, peuvent servir à réveiller, à vivifier les saints du Seigneur, à les faire sortir d’un triste état d’indolence. Le propriétaire du jardin connaît parfaitement les besoins de toutes les plantes qui s’y trouvent, et il tient dans sa main le souffle qui rafraîchît et le tourbillon qui balaie. Il dispense, avec un soin parfait, à toutes ses fragiles et précieuses plantes, dans la proportion convenable, le vent du nord et le vent du midi.
Encore très peu de temps, et elles seront toutes transplantées dans le paradis de Dieu. Là, le vent du nord, si perçant, de l’affliction et de la discipline, ne sera plus nécessaire. Il n’y aura rien dans ce lieu pour flétrir la feuille, brûler la fleur ou étouffer le fruit. Plantés auprès de Dieu, désaltérés sans cesse à la source de l’éternel amour, nous fleurirons et porterons du fruit, pour la joie du coeur de notre Père, à la gloire de notre Seigneur.
Puissions-nous toujours être en état de dire : «que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange ses fruits exquis». Ces mots sont les seuls que prononce l’épouse dans cet admirable chapitre. Mais ce sont de précieuses paroles. «Mon bien-aimé». Elle est heureuse en présence de l’époux. Il est à elle, elle le sait ; elle en jouit. Mais lorsqu’elle parle du jardin, elle l’appelle Son jardin à lui, et du fruit elle dit : «Ses fruits exquis». Ailleurs, nous lisons : «Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau fertile. Et il la fossoya, et en ôta les pierres, et la planta de ceps exquis ; et il bâtit une tour au milieu d’elle, et y tailla aussi un pressoir» (Ésaïe 5:1-2). Il dit encore, en parlant de ses soins pour cette vigne si stérile pour lui (mais il s’agit alors d’Israël restauré) : «En ce jour-là, il y aura une vigne de vin pur ; chantez à son sujet : Moi, l’Éternel, j’en prends soin ; à tout moment, je l’arroserai ; de peur qu’on ne la visite, j’en prendrai soin nuit et jour» (Ésaïe 27:2-3).
Dans le chapitre 15 de Jean, le Seigneur se compare au vrai cep, les siens aux sarments, et son Père au cultivateur. Dieu voit son propre Fils bien-aimé portant du fruit à sa gloire, et c’est vrai aussi des nombreux sarments en relation vitale avec ce cep exquis ! C’est par leur union avec le Cep qu’ils portent du fruit. Quelle joie pour le coeur du Père ! Il voit ces sarments unis à son Fils «remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu» (Philippiens 1:11). «En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit» (Jean 15:8).
Outre ces réflexions pratiques sur les vents du nord et du midi, remarquons aussi la fréquente allusion que font les écrits prophétiques au roi du nord et au roi du midi. Ces rois, l’un au nord et l’autre au midi de la Palestine, sont souvent mêlés à l’histoire d’Israël. Aussi l’Esprit de Dieu nous donne d’intéressants détails sur leur histoire (voir Daniel 11). Touchant l’avenir, il est écrit (v. 40,41) : «Et, au temps de la fin, le roi du midi heurtera contre lui (l’Antichrist règne alors dans le pays), et le roi du nord fondra sur lui (l’Antichrist) comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec beaucoup de navires, et entrera dans les pays et inondera, et passera outre : et il viendra dans le pays de beauté, et plusieurs pays tomberont». La longue, ténébreuse nuit de la dispersion d’Israël sera presque finie. Le dernier et puissant roi du nord viendra à sa fin sur la montagne de sainte beauté, et il n’y aura personne pour le secourir. L’Antichrist et ses alliés seront finalement détruits, Israël pleinement restauré. L’Éternel seul sera exalté en ce jour-là.
Dès que la bien-aimée Sulamithe a invité son Seigneur à venir dans son jardin et à manger ses fruits exquis, il répond : «Je suis venu...». Il ne dit pas : je viendrai, mais je suis venu. Elle l’invite, il est déjà présent ! Son coeur est toujours prêt, faisant pour ainsi dire le guet, afin d’entendre le cri de ses bien-aimés. Heureuse épouse, heureux peuple ! Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs est prêt à les entendre quand ils l’appellent ! Les fruits de l’Esprit lui sont toujours agréables. Il les trouve riches et variés, et il jouit de ce banquet de l’amour.
Ces fruits représentent peut-être le résultat des opérations de l’Esprit. Des larmes de repentir aussi amères que la myrrhe peuvent couler. La vérité a été appliquée avec puissance à la conscience, le coeur est brisé. Une confession sans réserve s’ensuit devant Dieu. Dans la lumière de sa sainte présence, on perd de vue les causes secondes. «Contre toi, contre toi seul j’ai péché, et j’ai fait ce qui est mauvais à tes yeux» (Ps. 51:4) Quoique le péché de David eût été contre son prochain, il n’en dit pas moins : J’ai péché contre toi seul. Tout péché est contre Dieu ; c’est une chose pénible mais nécessaire d’avoir affaire avec Lui au sujet de notre péché. Alors nous connaîtrons ses tendres compassions et tout ce que signifie cette parole : «Là où le péché abondait, la grâce a surabondé» (Romains 5:20). Dieu, dans sa grâce, pardonne au pécheur sur le fondement du sang précieux de Jésus. Nous pouvons célébrer et adorer Dieu avec un coeur rempli de joie (Psaume 103:1-3). Les larmes ont pu être amères comme la myrrhe, les résultats en sont pour Christ plus doux que le miel, et plus parfumés que les aromates.
Le Seigneur trouve toute sorte de fruits au milieu des siens. Il y a une entière communion avec tout ce qui est de l’Esprit ; il en jouit. «J’ai cueilli... j’ai mangé... j’ai bu». Il n’en dédaigne aucun. Chez le disciple avancé, il peut trouver ce qui correspond à la force et à la vigueur du vin, tandis que chez le jeune enfant nouvellement converti, il trouve la douceur du lait. Un incrédule, vexé et irrité de la simplicité d’une enfant convertie qui parlait de la joie et du bonheur d’être avec Jésus pour toujours, lui dit : «Mais si Jésus est dans l’enfer ?» Cette enfant répondit : «S’il y était, ce ne serait pas l’enfer» Parole simple, mais irréfutable ! Qu’est-ce que le Seigneur peut trouver dans nos vies ? il est honoré par une humble dépendance. Un désir continuel de le glorifier lui est agréable.
Les amis de l’époux auront part à ce souper royal, et entreront dans ses joies au jour de sa gloire. Les coeurs seront émus de cette joyeuse invitation : Mangez, amis ; buvez abondamment, bien-aimés. Les branches naturelles seront, dit l’apôtre, «greffées à nouveau sur leur propre olivier» (Romains 11:24). Jacob prendra racine, Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde (Ésaie 27:6). Quel banquet sera alors préparé pour toutes les nations par Israël rétabli ! Et l’Éternel des armées fera en cette montagne, à tous les peuples un festin de choses grasses, un festin de vins vieux (Ésaïe 25:6) (voir aussi Osée 2:21-22). Il y aura une chaîne ininterrompue de bénédictions, venues du trône de Dieu. Les cieux seront occupés par Christ et l’Église dans la gloire ; la terre le sera par Israël rétabli, encore appelé Jizréel, ou la semence de Dieu. Il y aura une bénédiction universelle sur la terre. Abondance de froment, et de moût, et d’huile, l’Éternel ayant fait cesser les guerres et la violence : «La gloire de l’Éternel sera révélée, et toute chair ensemble la verra» (Ésaïe 40:5). Toute la terre sera remplie de sa gloire.
Cette triste confession de l’épouse présente une expérience fréquente. Nous sommes plus souvent occupés de nous-mêmes et de nos sentiments que de la Parole de Dieu. C’est une source de troubles et de perplexités sans fin. Il arrive souvent à des chrétiens, quand ils éprouvent que leurs sentiments ont changé, de conclure que Christ n’est plus à leur égard ce qu’il était autrefois.
Il y a à peine quelques heures, si nous suivons l’ordre de ce Livre, l’épouse se trouvait dans la joie de la présence de son Seigneur. Elle était alors heureuse et rayonnante, comme certains chrétiens au cours d’une bonne réunion. Mais le souper fini, elle se retire pour se reposer. Et bientôt, hélas, un changement survient dans ses sentiments, qui la trouble fort. «Je dormais, mais mon coeur était réveillé». Elle soupire après Christ, mais elle n’est pas disposée à se donner de la peine pour lui. Quel triste état de choses, si le Bien-aimé doit frapper à la porte ! Et ce n’est pas rare. Tout en étant sincère, le croyant peut tomber dans un état d’assoupissement où les activités spirituelles deviennent un fardeau, et sont entièrement négligées, ou bien accomplies avec nonchalance.
Mais le Seigneur a-t-il changé parce qu’elle s’est endormie ? L’amour de Christ ne change jamais, quelles que soient les chutes et l’inconstance de ses bien-aimés. Toute assoupie qu’elle est, la Sulamithe reconnaît et sa façon de frapper à la porte et sa voix. «C’est la voix de mon bien-aimé qui heurte», dit-elle : «Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles des gouttes de la nuit».
Une patience touchante inspire les paroles de l’époux à sa faible épouse ! Au lieu de se laisser influencer par son triste état et de l’accuser d’ingratitude et d’indifférence, il s’adresse à elle en termes plus tendres que jamais : «Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite». Jamais jusqu’ici il ne l’avait appelée sa parfaite. Cette expression d’une grâce merveilleuse, était réservée pour le jour de son éloignement. Jamais auparavant il n’avait fait allusion à la rosée dont sa tête était pleine et aux gouttes de la nuit, reçues dans son sentier de dévouement pour elle. Quel appel ! Ses accents manifestent la grandeur d’un amour que rien ne peut détourner de son objet.
Hélas ! l’appel du Seigneur a peu d’effet sur la conscience endormie de l’épouse.
Un seul ne change jamais. Nous devrions apprécier le Seigneur, nous confier en lui — compter uniquement sur lui — et nous tenir toujours près de lui. Son amour parfait est invariable. Mais ici, l’épouse assoupie accueille avec une grande indifférence cette affection patiente, et ne lui répond que par de vaines excuses.
Pauvre fille de Sion ! Son éloignement la rend insensible aux droits de son Messie ! «Connais, et vois, que c’est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l’Éternel, ton Dieu» (Jérémie 2:19). Si nous nous écartons de la présence du Seigneur, qui saurait dire jusqu’où nous pouvons nous éloigner de lui ? Celui qui a le souci des âmes et de la gloire du Seigneur, est attristé par le déclin manifeste du zèle, l’engourdissement d’un esprit jadis ardent et plein de ferveur. On était de bonne heure à toutes les réunions — chaque parole touchant Christ avait sur l’âme l’effet d’une huile de joie ; on jouissait d’une communion intime avec le Seigneur. Mais tout change si on se laisse prendre à quelque piège subtil de l’Ennemi. On se persuade que tout le monde a changé. L’assistance aux réunions devient irrégulière. On se blesse, peut-être, de quelque petite chose, et on se retire. Désormais notre place est vide. Seul le Seigneur peut suivre celui qui s’égare, sans cesser de s’occuper de lui. Dans la sagesse de son amour, il peut nous laisser goûter l’amertume de nos propres voies. Mais il a toujours à sa disposition le moyen de nous ramener à la repentance, et de nous rétablir pleinement dans sa communion.
Le Seigneur soit loué ! un mouvement s’opère dans la bonne direction. Sa propre main a fait cela. Nous avons maintenant comme une réponse à son amour, faible, mais réelle. Elle est émue à cause de lui. Elle n’a jamais cessé de l’appeler «mon bien-aimé». Quoiqu’elle se soit éloignée, elle a de l’affection pour le Seigneur. Mais si l’on n’est pas attentif aux appels pleins de douceur du Seigneur qui frappe à la porte, il a recours à d’autres moyens. Il sait ce qui sera efficace pour nous faire retourner vers lui. «Dieu ne s’enquerrait-il pas ? car lui connaît les secrets du coeur» (Psaume 44:21). Quelquefois c’est par des moyens inattendus qu’il atteint la conscience. La lumière nous fait voir où nous sommes et ce que nous sommes. La grâce triomphe. L’âme recherche maintenant la présence du Seigneur et le bonheur qui ne se trouve qu’en lui. Il peut s’écouler quelque temps avant qu’elle soit pleinement restaurée, avant d’atteindre le parfait repos de la présence de Christ. Confus et agités, nous pouvons courir et chercher le Seigneur là où il n’a jamais dit qu’on le trouverait. C’est dans le sanctuaire et non dans la ville qu’il se trouve.
Le mot myrrhe signifie, qui coule, qui pleure. Elle a un goût amer mais une odeur embaumée. Maintenant l’épouse répond vraiment à l’amour persévérant de son Bien-aimé. Elle sort de son état d’indolence spirituelle. Le sentiment du péché qu’elle a commis en n’ouvrant pas la porte quand il frappait, la remplit d’amertume. Mais cette amertume se mêle à une affection profonde pour Celui qu’elle a méprisé. Arrivée à la porte à laquelle il s’est tenu si longtemps, elle découvre que tout est embaumé du parfum de la personne du Seigneur ; elle saisit les poignées du verrou, et la myrrhe dégoutte de ses mains.
Maintenant qu’elle est réveillée, avec le vif sentiment de ce qu’elle a été et de ce qu’elle a fait, une réelle douleur se mêle dans son âme à un amour rempli d’adoration pour son Seigneur.
Comme jadis Joseph chercha à exercer la conscience de ses frères, à cause du crime commis à son égard, ainsi dans les derniers jours, le vrai Joseph fera passer les Juifs par de profonds exercices, à cause de leur état devant Dieu. Mais, pour avoir adopté envers eux une attitude qui les éprouvait et les criblait douloureusement, Joseph n’avait pas moins d’amour pour ses frères. Il était prêt à manifester l’affection la plus profonde, au moment convenable. Quelle joie pour lui lorsque l’affection longtemps contenue put se donner libre cours ! Il en sera ainsi du Seigneur, juste avant qu’il se révèle en puissance et en gloire pour la délivrance d’Israël, et la manifestation de son amour envers lui comme Messie.
Mais l’analogie frappante entre Joseph et ses frères, d’une part, et Christ et les Juifs d’autre part, ne saurait s’appliquer à Christ et à l’Église. L’idée que Christ se retire, ou cache sa face aux chrétiens afin de les éprouver, est sans fondement dans la Parole. Avec les Juifs, sous la loi, les choses étaient naturellement bien différentes ; Dieu habitait dans une obscurité profonde. Le chemin des lieux saints n’était pas encore manifesté, le parfait sacrifice n’avait pas été offert, la conscience du Juif n’était pas parfaitement purifiée, il ne pouvait donc pas goûter une pleine paix. Mais pour les chrétiens, la position est toute différente. «Les ténèbres s’en vont et la vraie lumière luit déjà» (1 Jean 2:8). Nous sommes rendus agréables dans le Bien-aimé. Nos péchés ont pour toujours été ôtés par l’offrande du corps de Christ, faite une fois pour toutes. Lorsque le jugement de Dieu contre nos péchés et contre le péché a été exécuté sur Christ à la croix, le voile a été déchiré, et le chemin des lieux saints ouvert. Nous avons été vivifiés ensemble avec le Christ, ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes avec lui. Le Saint Esprit est descendu en témoignage de notre union actuelle avec Christ ressuscité et exalté. Nous jouissons par son habitation de notre position et de notre portion en Christ. L’idée même que Dieu cache sa face à ceux qui sont dans sa pleine lumière en Christ, est étrangère à toute l’Écriture. Il est vrai, hélas ! que nous pouvons oublier l’étendue de nos bénédictions en Christ, oublier que sa vie est notre vie, et que ses délices devraient aussi être les nôtres. Nous nous éloignons de lui et nous péchons contre lui.
La Parole admet la possibilité qu’un chrétien pèche : «si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste ; et lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier» (1 Jean 2:1-2). Dieu a pourvu à tous les besoins de notre marche de pèlerin. L’intercession de Christ, fondée sur la justice et la propitiation, garantit la purification de nos souillures et nous maintient sans tache devant la face de Dieu.
Mais si nous considérons Israël, sa position est en contraste avec toute cette merveilleuse grâce. Même si au temps de la fin, le résidu attend le Messie et soupire après lui avec une affection sincère, il sera encore sous la loi, et Dieu lui en laisse sentir le poids. Comme le meurtrier de jadis, il sera pour ainsi dire dans la ville de refuge jusqu’à ce que survienne un changement dans la sacrificature (Voir Nombres 25). L’apparition de l’Oint du Seigneur, dans l’exercice de la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec, sera le grand antitype. Un changement dans la sacrificature, par la mort, procurait la liberté à ceux qui étaient prisonniers dans les villes de refuge. Après la mort du souverain sacrificateur, le meurtrier retournait dans la terre de sa possession. Israël, au dernier jour, avant l’apparition du Seigneur, passera par une terrible tribulation. Le jugement de Dieu contre le crime dont il est coupable, devra être reconnu, quand le Seigneur apparaîtra ; cette oeuvre s’approfondira plus encore, mais cette fois-ci en grâce.
«Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, Celui qu’ils ont percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né» (Zacharie 12:10).
Nous voyons la réalité et l’ardeur des affections que le Seigneur crée chez les siens, au milieu de la souffrance. L’épouse soupire après son bien-aimé ! C’est un des caractères du Cantique des cantiques ; les Psaumes nous présentent plutôt le travail de la conscience dans le Résidu. L’amour pour le Bien-aimé se manifeste ici. «Mon âme s’en était allée pendant qu’il parlait» (5:6). Il se retire afin de mettre à l’épreuve ses affections, car son amour est inchangé. Si elle ressent vivement son départ, lui, bien davantage. Jamais le coeur de Joseph ne brûle d’une affection aussi ardente pour ses frères que lorsqu’il les afflige. Et il y a ici plus que Joseph !
Cette scène est pénible. L’épouse va traverser, dans ses recherches, toutes sortes de troubles. Elle connaît au dehors les rudes traitements du monde. Son coeur est fidèle à son Seigneur. «Je vous adjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d’amour» (v. 8). Il est rare que nous nous exposions à la persécution par l’ardeur de nos affections ! Puissions-nous connaître cette communion qui fait brûler le coeur ! Qu’il y ait ainsi un témoignage à la gloire de notre Seigneur absent !
Deux questions précieuses pour la fille de Sion.
Elle sera bientôt introduite dans la pleine bénédiction pendant le règne du Messie. Alors tous la reconnaîtront comme la plus belle d’entre les femmes. Les filles de Jérusalem dans cette scène représentent peut-être les villes de Juda. Elles auront une position subordonnée à celle de Jérusalem au jour de sa gloire, tout en ayant part à la même sphère de bénédiction. Jérusalem et le peuple juif auront alors sur la terre la place d’honneur et de gloire, et toutes les nations rechercheront leur faveur. «Ainsi dit l’Éternel des armées : En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront, oui, saisiront le pan de la robe d’un homme juif, disant : Nous irons avec vous, car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous» (Zacharie 8:23). Évidemment, tout ceci est encore futur. Mais voici encore ce que dit l’Esprit de prophétie parlant du rétablissement des enfants de Sion : «Et des rois seront tes nourriciers, et leurs princesses, tes nourrices ; ils se prosterneront devant toi le visage contre terre, et ils lècheront la poussière de tes pieds ; et tu sauras que moi je suis l’Éternel : ceux qui s’attendent à moi ne seront pas confus» (Ésaïe 49:23).
Quel heureux changement pour ce peuple longtemps foulé aux pieds ! Quelle histoire que la sienne ! «Allez, messagers rapides, vers une nation répandue loin et ravagée, vers un peuple merveilleux dès ce temps et au-delà, vers une nation qui attend, attend, et qui est foulée aux pieds, de laquelle les rivières ont ravagé le pays» (Ésaïe 18:2). L’Écriture parle du résidu de Juda comme d’une épouse aimée, admirée, dans laquelle le roi trouve ses délices. «Ô la plus belle d’entre les femmes !». Il en sera ainsi de la nation entière. Toutes les tribus seront réunies dans leur pays, et chacune habitera dans son propre lot.
En réponse à la question des filles de Jérusalem : «Ton bien-aimé qu’est-il de plus qu’un autre bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ?» La Sulamithe réplique immédiatement en traçant le portrait fidèle de son bien-aimé. On y trouve toute cette délicatesse dans les détails que seul peut donner un amour ardent et partagé. La pensée de l’avoir dédaigné avive encore ses sentiments ; ils en reçoivent une énergie nouvelle.
Oh, si nous étions toujours prêts, comme la femme du puits de Sichar, à parler du Seigneur (Jean 4:29) ! Son coeur déborde. Parlons de lui, de cet amour qui lui a fait quitter son trône, rempli de divine compassion pour sauver de la mort des pécheurs impies, haïssables, et les rendre propres à partager sa gloire.
De David il est dit : «Or il avait le teint rosé, avec de beaux yeux, et était beau de visage» (1 Samuel 16:12). Mais dans la description donnée ici prophétiquement du vrai David, allusion est faite aux gloires de la personne de Christ, et à l’infinie valeur de son sang. Rien n’est aussi pur, aussi saint, que la personne bénie du Fils de l’Homme. Rien de plus vermeil que son sang qui a coulé sur le Calvaire.
La Sulamithe guidée par l’Esprit de Dieu, fait maintenant de son Bien-aimé une description plus détaillée.
Au chapitre quatrième, l’époux, en décrivant les attraits de son épouse, a énuméré sept traits. Elle, ici, en signale dix en parlant de son Bien-aimé.
Sa tête est un or très fin. Sa majesté suprême peut être ainsi indiquée par l’or très fin comme en Daniel 2:38 : «Toi, tu es cette tête d’or». L’or est aussi fréquemment employé dans l’Écriture pour représenter la justice divine en relation avec la personne de Christ, comme en Ésaïe 11:5 et Apocalypse 1:13. La tête suggère les pensées. Jésus nous apporte les pensées même de Dieu.
Une abondante chevelure peut indiquer la vigueur et la force de la jeunesse. Il est dit d’Éphraïm (Osée 7:9) : «Des étrangers ont consommé sa force, et il ne le sait pas. Des cheveux gris sont aussi parsemés sur lui, et il ne le sait pas». Mais on ne verra jamais de signe de déclin dans le Seigneur. «Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui et éternellement» (Hébreux 13:8).
Dans Apocalypse 5:6, l’apôtre Jean voit l’Agneau au milieu du trône, ayant sept yeux «qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés sur toute la terre». Le nombre sept indique la plénitude, la perfection en relation ici avec l’intelligence. «Car les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort, en faveur de ceux qui sont d’un coeur parfait envers lui» (2 Chroniques 16:9). Mais le croyant n’a rien à craindre du regard pénétrant du Seigneur ; il est pour lui plein de douceur, de profonde affection, comme des yeux de colombes près des ruisseaux d’eau. Quelle assurance le Seigneur nous donne : «Je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi» (Psaume 32:8).
Ces comparaisons parlent des grâces variées manifestées en lui. Grand est le contraste entre le jour de son humiliation et le jour prochain de sa gloire. La fille de Sion, dans son aveuglement, l’a méprisé et rejeté à cause de son humilité. Et lui, dans sa grâce parfaite, n’a pas opposé de résistance à l’homme qui est inimitié contre Dieu : «J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil, je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats» (Ésaïe 50:6). Et encore : «Ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue» (Michée 5:1). Mais la fille de Sion s’affligera alors pour la haine, la cruauté dont elle s’est rendue coupable envers son Messie. Le voile sera ôté ; ils regarderont vers celui qu’ils auront percé. Et alors, au lieu de dire : «il n’y a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer», ce sera : «Toute sa personne est désirable». La joue, autrefois frappée, est pour l’Israël de Dieu comme des parterres d’aromates, des corbeilles de fleurs parfumées. Quelle oeuvre la grâce a accomplie ! Quel triomphe a remporté l’amour !
La comparaison est peut-être faite avec un magnifique lis rouge de l’Orient, mais le croyant connaît cette parole bénie, «la grâce est répandue sur tes lèvres», non pas seulement distillant, mais répandue avec abondance. Les lèvres de Jésus, les siennes seules, peuvent parler de paix à une âme troublée. Tout le peuple, dans l’Évangile, se tenait suspendu à ses lèvres pour l’entendre (Luc 19:48). «Le Seigneur l’Éternel, dit-il par le prophète, m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las» (Ésaïe 50:4).
Le service est lié aux mains. Christ était puissant en parole ; il l’était en oeuvre d’abord (Luc 24:19). «Les oeuvres de ses mains sont vérité et jugement ; tous ses préceptes sont sûrs, maintenus à perpétuité, pour toujours, faits avec vérité et droiture» (Psaume 111:7-8). Un jour, ses mains ont été percées par ceux qu’il était venu sauver. Mais la foi les contemple maintenant ornées de pierres précieuses : Sa main gauche est sous ma tête et sa droite m’embrasse. Heureux ceux qui sont ainsi entourés de ses bras éternels !
Allusion sans doute à ses tendres compassions. La couleur bleue du saphir suggère le caractère céleste des sympathies du Seigneur, et l’ivoire, la pureté.
Ce trait représente la marche. «Fais-moi connaître tes voies, ô Éternel ! enseigne-moi tes sentiers... Tous les sentiers de l’Éternel sont gratuité et vérité» (Ps 25:4, 10)
Les colonnes de marbre peuvent exprimer la force, la fermeté de son règne ; et les socles d’or fin, la justice divine, comme caractérisant toutes les voies de son gouvernement. La justice divine, la toute-puissance, les voies de grâce et de vérité appartiennent au puissant roi de Sion. L’empire repose sur son épaule. Quant au Fils, il dit : «Ton trône, ô Dieu, demeure aux siècles des siècles ; c’est un sceptre de droiture que le sceptre de son règne. Tu as aimé la justice et haï l’iniquité. C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons» (Hébreux 1:8-9).
L’épouse considère maintenant l’ensemble harmonieux de ses traits, sa parfaite stature. Celle-ci est comme le Liban, distinguée comme les cèdres : image qui présente sa majesté, comme Messie. Les cèdres sont, dans l’Écriture, le type de la noblesse et de l’élévation. Ornée de toutes les grâces, embaumée de tous les parfums ; telle est la personne de son bien-aimé.
Ses lèvres ayant déjà été mentionnées, ce trait-ci doit indiquer quelque chose d’autre que les paroles. Il paraît se rapporter plus particulièrement à l’expression de sa bonté, à sa bienveillance. L’Épouse a souvent goûté sa grâce, même dans ses égarements ; elle peut dire par expérience : «son palais est plein de douceur». Si toutefois vous avez goûté, écrit l’apôtre, que le Seigneur est bon.
La Sulamithe ajoute : «Toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem». Toute la plénitude de la déité habite en lui corporellement et toutes les grâces du Fils de l’homme. Et elle est heureuse de pouvoir ajouter : Celui en qui toutes ces qualités brillent d’un si vif éclat m’appartient : c’est mon bien-aimé, mon ami.
Si l’on est entièrement occupé de Christ, si le moi est perdu de vue, il en résulte des résultats précieux et variés pour l’âme. Si des chrétiens tombent dans un triste état spirituel, comment peuvent-ils en sortir ? En étant occupés de Christ. L’expérience de l’épouse en est la preuve. Son erreur était de s’occuper d’elle-même : Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? (Chapitre 5:3). Mais lorsque les filles de Jérusalem l’interrogent au sujet de son bien-aimé, elle ne pense plus qu’à lui, ne parle plus que de lui ; et au fur et à mesure, son âme est pleinement restaurée ; elle s’arrête sur les perfections incomparables de son Seigneur, et celles qui l’écoutent sont attirées par les gloires de sa personne, et désirent le voir, apprendre à le connaître.
Mais ce témoignage de l’épouse porte un autre fruit. Les filles de Jérusalem concluent que ce doit être l’époux qui a quitté son épouse. En l’entendant parler de lui en des termes aussi ardents, elles ne supposent pas un instant qu’elle se soit éloignée de lui. Comment l’épouse pourrait-elle cesser de contempler une Personne si aimée — pourrait-elle jamais se lasser de lui ? — Aussi lui disent-elles : «Où est allé ton bien-aimé... ?» De quel côté ton bien-aimé s’est-il tourné ? et nous le chercherons avec toi. Quel reproche, tout indirect qu’il soit ! Le coeur de l’épouse doit l’avoir vivement ressenti ! En exaltant son Seigneur, elle se condamnait elle-même. Quand l’âme n’est plus en communion avec le Seigneur, tout semble condamner ses voies. Mais si elle est restaurée, tout contribue à l’humilier plus profondément et à élever le niveau de sa communion avec Lui. Elle se réjouit maintenant en lui. Elle sait à nouveau où il est et ce qu’il fait, et peut le dire à ses compagnes.
Quelle délicieuse scène, en comparaison avec celle du chapitre 5:7 : «Les gardes qui font la ronde par la ville me trouvèrent ; ils me frappèrent, ils m’ont blessée ; les gardes des murailles m’ont ôté mon voile de dessus moi». Marcher en communion avec lui ou errer dans le monde fait toute la différence. Le Seigneur nous est montré prenant ses délices dans les siens ; il est dans son jardin cueillant des lis. Comme le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles. Elle comprend ses pensées et elle s’écrie :
La foi prend aisément ce ton assuré. «Je suis à mon bien-aimé». Ses pensées sont véritablement occupées de Christ, de son amour, de sa grâce. Elle n’est pas occupée d’elle-même, de ses propres sentiments, de son service. Au chapitre 2:16, elle dit : «Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui». Là, c’est la joie qu’il y a à posséder Christ : Il «est à moi». Ici, celle d’appartenir à Christ : «Je suis à lui» : La dernière déclaration montre un progrès divin.
Thirtsa n’existe plus, Jérusalem est foulée aux pieds, et depuis longtemps la bannière de Juda n’a pas été déployée ; mais celui qui pour exprimer ses sentiments recourait à ces emblèmes, demeure le même.
Ces paroles sont les premières qu’il adresse à son épouse après qu’elle se soit éloignée. Mon amie, tu es belle. C’est le Bien-aimé qui parle. Qui peut comprendre son amour ?
Rappelons ce que l’époux lui avait dit lors de leur dernière rencontre : «Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles des gouttes de la nuit». À cet appel touchant, elle n’avait pas prêté attention et elle s’était égarée. Mais à présent, nous la trouvons auprès de son Seigneur pleinement restaurée. Elle a confiance dans son amour. «Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi». Mais ne lui dira-t-il rien de sa folle conduite ? Ne va-t-il pas montrer d’abord un peu de froideur dans son attitude, afin qu’elle soit honteuse devant lui ? Non, puisqu’elle se repent de ce qu’elle a fait. Si nous sommes repentants, non seulement le Seigneur nous pardonne mais il oublie toutes nos offenses. Il lui ouvre le trésor de son amour. Voyez aussi l’exemple de la femme cananéenne (Matthieu 15:22-28). Dès qu’elle prend la place de quelqu’un qui n’a aucun droit, la bénédiction coule vers elle. Il fait même l’éloge de sa foi : «Ô femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux». Ses besoins sont entièrement satisfaits. La pauvre pécheresse à ses pieds dans la maison de Simon, et le fils prodigue dans les bras du Père témoignent de la même grâce.
La première chose que l’époux déclare à son épouse, c’est que sa beauté est sans défaut à ses yeux. Pas un mot de reproche ne sort de ses lèvres. Il lui dit qu’elle est belle comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem. Thirtsa signifie charmes. C’était la résidence des rois d’Israël avant de bâtir Samarie, comme Jérusalem était celle des rois de Juda. Jérusalem est célèbre dans l’Écriture par ses splendeurs. Il est parlé d’elle comme belle dans son élévation, «la joie de toute la terre, est la montagne de Sion, aux côtés du nord, la ville du grand roi ; Dieu est connu dans ses palais pour une haute retraite» (Psaume 48:2-3). Mais au jour prochain de la gloire, les deux royaumes, Israël et Juda, seront unis sous un seul chef et ne seront plus jamais séparés. Les prophètes nous enseignent en des termes très clairs ce qui nous est présenté ici sous forme d’allégorie. «Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je prendrai les fils d’Israël d’entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre ; et je les ferai être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël : un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes» (Ézéchiel 37:21-22).
Quand les douze tribus seront réunies, et que le Messie sera leur roi, la gloire de la nation sera grande. Elle sera «redoutable comme des troupes sous leurs bannières». Image imposante qui donne une idée d’unité dans l’action. Le roi est confondu par la gloire de son peuple bien-aimé. Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent. Les yeux de l’épouse se fixent enfin sur celui qui a tout fait pour elle. Et nul n’entre comme lui dans la joie et la bénédiction des siens. Mais quelle sera sa satisfaction lorsque la maison de David et les habitants de Jérusalem se tourneront vers lui avec deuil et avec larmes, lorsque les tribus longtemps perdues apparaîtront sur la scène et le reconnaîtront comme le véritable Messie. Quand tous les regards seront fixés sur lui, il pourra y lire leur profonde affection. La louange débordera de tous les coeurs, et de Jérusalem la bénédiction coulera vers toutes les nations de la terre !
Alors le chapitre 53 d’Ésaïe sera l’expression du deuil d’Israël et de sa joie mêlée de larmes. «Il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris. Nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin, et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous». Jérusalem redeviendra alors la ville des conseils de Dieu, elle ne sera plus la cité où l’orgueil et l’oppression de l’homme se sont donné libre cours. Environnée de montagnes, entourée de murailles, de remparts et de tours, elle sera la gloire de tous les pays : Le nom de la ville, dès ce jour : Jéhovah-Shamma. «L’Éternel est là» (Ézéchiel 48:35, Psaume 48). Alors le Messie disposera de tout selon sa volonté ; Satan sera jeté dans l’abîme pendant mille ans (Apocalypse 20:1-3). La terre sera délivrée, la malédiction, la puissance du mal réprimée, et le vrai Salomon règnera. Impossible de concevoir l’effet en puissance et en gloire, de la présence de Christ sur la terre en l’absence de Satan.
Depuis que l’Époux s’est adressé à son épouse dans les termes du chapitre 4, elle s’est égarée, puis elle est revenue à lui. En lui répétant ce qu’il lui avait dit auparavant, il lui donne l’assurance que sa beauté ne s’est point altérée à ses yeux. Quoiqu’il ne dise rien de ses égarements, ses paroles auront désormais pour elle plus de prix qu’auparavant. Le Saint Esprit peut se servir des mêmes paroles, pour la gloire de Christ et la bénédiction de nos âmes. Aucune autre parole n’aurait pu donner de l’assurance au coeur de l’épouse.
Ce verset a trait au Millénium. Les deux royaumes de Juda et d’Israël, divisés depuis si longtemps, sont maintenant unis. Dans cette scène glorieuse au milieu des nations et des villes de Juda, Jérusalem a la première place.
Quelle place elle occupe dans le coeur du Bien-aimé ! Elle est unique à ses yeux ; aucune ne peut lui être comparée. Il parle de ce qu’elle est pour lui. Le résidu fidèle de Juda aura cette valeur à ses yeux au dernier jour. Nous avons maintenant ce prix pour lui. Elle est la choisie de celle qui l’a enfantée. La nation est envisagée ici sous l’aspect d’une mère, et la tribu de Juda sous celui d’une épouse.
Si la fille de Sion, dans l’orgueil et la méchanceté de son coeur, a repoussé son amour, lui ne change pas. Elle est devenue la proie d’ennemis cruels, qui lui ont infligé de grandes souffrances. Cependant, à travers ses égarements, l’époux la suit de ses regards d’amour, et au temps convenable, il la visite en grâce et la trouve dans la condition d’une pauvre esclave, brûlée par le soleil, réduite à garder les vignes d’autrui. Maintenant, dans son amour et sa compassion, il dit qu’elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés (Ésaïe 40:2). Son temps de détresse est accompli, son iniquité est pardonnée ; elle est consolée par son Seigneur, plein de grâce et de pardon. Il ne s’accorde pas de repos avant d’avoir accompli toutes ses pensées d’amour envers elle. Elle est l’objet de l’admiration universelle. Les filles l’ont vue et l’ont dite bienheureuse ; les reines et les concubines l’ont louée. La fille de Tyr (type des Gentils) et les plus riches des peuples rechercheront sa faveur (Psaume 45:12). Elle reflète la gloire et la beauté du roi et toutes les nations l’admirent.
Il semble que ce verset nous fasse entendre les admirateurs de l’épouse. Qui est celle-ci qui apparaît comme l’aurore ? La nuit est passée, elle s’avance maintenant avec la fraîcheur, la beauté d’un matin radieux. Elle apparaîtra bientôt dans la splendeur du jour, revêtue des rayons du Soleil de Justice.
La gloire et la dignité futures d’Israël sont fréquemment représentées par des corps célestes, le soleil, la lune et les étoiles. Ainsi dans les songes de Joseph où toute la nation est représentée dans la famille de Jacob, et préfigurée par le soleil, la lune et les étoiles (Genèse 37). Au chapitre 12:1 de l’Apocalypse, nous voyons la tribu de Juda, de laquelle notre Seigneur a surgi, revêtue de la même gloire. Le symbole employé est celui d’une femme revêtue du soleil, avec la lune sous ses pieds. La gloire des douze tribus semble se concentrer dans la tribu royale et l’avoir pour représentante. Ces luminaires célestes donnent aussi l’idée de la stabilité. «J’ai une fois juré par ma sainteté, si jamais je mens à David ! Sa semence sera à toujours, et son trône comme le soleil devant moi. Comme la lune, il sera affermi pour toujours ; et le témoin dans les nues en est ferme. Sélah» (Psaume 89:35-37).
Telle sera la gloire future d’Israël. Quel changement pour le Juif méprisé ! Les vierges, les reines, les concubines contemplent avec admiration la tribu royale de Juda, paraissant comme l’aurore du jour, belle comme la lune, brillante comme le soleil, redoutable comme des troupes sous leurs bannières. L’épouse sera revêtue de gloire et de dignité. Hosanna au Fils de David ! la promesse est accomplie : «Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi... Et les nations marcheront à ta lumière, et les rois, à la splendeur de ton lever» (Ésaïe 60:1, 3).
L’on prend en signe de joie les rameaux, les palmes, les tiges de saule au bord de la rivière, et l’on célébre la fête ; l’huile et le baume de Galaad ont été versés sur les blessures de la pauvre affligée et les ont guéries ; la captive a vu ses larmes sécher, ses maux prendre fin ; réjouissez-vous, entonnez les chants de louange ; que la harpe et la cymbale redisent : «Que tes tentes sont belles, ô Jacob ! et tes demeures, ô Israël !» (Nombres 24:5).
Plantée dans le sol fertile de Canaan, des fleuves nourriront sa racine qui s’étendra au loin, jamais il ne se trouvera sur elle de feuille jaunie, car la rosée de l’Hermon entretiendra ses rameaux toujours verts. «Qu’est-ce que Dieu a fait ?» (Nombres 23:23) s’écrieront les nations : De grands choses en notre faveur ! répondra Israël racheté (Psaume 126).
Il est rare que le maître de la vigne puisse exprimer sa surprise de l’abondance et de la qualité des fruits dans sa vigne ! C’est trop fréquemment, hélas ! le contraire. Il en a été constamment ainsi d’Israël, comme vigne du Seigneur. Mais ici, heureusement, tout est changé ! La grâce brille, la foi triomphe, le Seigneur domine, le peuple regarde vers lui, et compte sur lui seul. Tout est mûr en Juda pour la victoire et pour la gloire.
Jour béni ! le Seigneur voit maintenant au milieu de son peuple les fruits mûrs de sa grâce ! Son coeur déborde de joie. Ce ne sont plus les scènes du désert, mais le verger fertile, avec ses grenadiers qui poussent leurs bourgeons, ses vignes en fleur, et les fruits de la vallée. Son amour l’emporte vers son peuple, devenu un peuple de franche volonté, au jour de Sa puissance, en sainte magnificence (Psaume 110:3). Le Seigneur est ému en voyant la promptitude de son peuple à le recevoir !
Dieu agit toujours de cette manière avec l’âme repentante. Nous trouvons dans le Nouveau Testament des scènes nombreuses où sont décrits l’amour et la grâce du Seigneur. Par exemple, quand il regarde à l’alentour pour voir celle qui a touché le bord de son vêtement. Délivrée, la femme a obtenu ce qu’elle désirait ; mais il faut pour la satisfaction du Seigneur que cette femme entende ces paroles bénies : «Ma fille, ta foi t’a guérie ; va en paix, et sois guérie de ton fléau» (Marc 5:25-34).
Dès que le pauvre aveugle mendiant, assis au bord du chemin, implore sa compassion, le Fils de David s’arrête. «Et Jésus, s’étant arrêté, ordonna qu’on le lui amenât ; et comme il s’approchait, il l’interrogea, disant : que veux-tu que je te fasse ?» Dans son dénuement il demande ce dont il sent le besoin : «Seigneur, que je recouvre la vue. Et Jésus lui dit : Recouvre la vue, ta foi t’a guérit» (Luc 18:35-43). L’issue de cette scène est glorieuse. Il suit Jésus, glorifie Dieu, et tout le peuple voyant cela donne aussi louange à Dieu.
Mais la parabole du fils prodigue ressemble plus encore, croyons-nous, à ce que nous présente ici le Cantique des cantiques. La repentance et la misère du pauvre fils prodigue emportent le Père vers lui comme le ferait un chariot rapide. «Et comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et, courant à lui, se jeta à son cou et le couvrit de baisers» (Luc 15:20). L’amour du Père, et le désir que le fils éprouve de retourner vers lui, tout concourt à cette rencontre.
Il en sera ainsi du bien-aimé du Cantique. Les profondes souffrances de son peuple et le désir ardent qu’éprouve le résidu fidèle de voir le Messie, agissent sur ses affections et l’amènent rapidement sur la scène. Prenant en main la cause de son peuple, il le conduit promptement au triomphe et à la gloire.
Ici encore les vierges expriment en choeur leur admiration. Elles ont le désir de contempler la beauté, la gloire de l’épouse. Celle-ci se promène avec le roi dans le jardin des noisettes. Précieux privilège ! Elles l’appellent d’un nouveau nom : «Reviens, reviens, Sulamithe !» Ce nom serait la forme féminine de Salomon, et son emploi est significatif. L’union est désormais accomplie : les relations interrompues rétablies ; la grâce a opéré dans l’épouse une oeuvre parfaite. Béni soit le nom du Seigneur ! Il peut maintenant se faire connaître pleinement à elle, elle reflète vraiment les rayons de sa gloire : Elle est «belle comme la lune, pure comme le soleil». Elle est établie dans la faveur du roi, et jouit de ses affections.
Jouissons-nous ainsi des affections de notre bien-aimé ? Le sang répandu sur la croix est le repos parfait de la conscience ; l’amour qui s’est révélé à la croix est le repos parfait du racheté. Et nous possédons tout cela par la foi.
D’autres vierges maintenant se joignent au choeur, et demandent : «Que verriez-vous dans la Sulamithe ?» La réponse est toute prête : «Comme la danse de deux bandes». En elle, on voit réunies la belle Thirtsa et l’agréable Jérusalem. La maison de Jacob si longtemps divisée est maintenant réunie sous le règne du Prince de Paix. «Et la jalousie d’Éphraïm s’en ira, et les adversaires de Juda seront retranchés ; Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda, et Juda ne sera pas l’adversaire d’Éphraïm» (Ésaïe 11:13). Le Roi de Salem règne ; les douze tribus sont rétablies, les nations leur sont soumises : tout est paix maintenant. La trompette des combats ne retentit plus, les épées sont forgées en socs, les lances en serpes, et les nations n’apprennent plus la guerre (Ésaïe 2:4).
L’épouse du roi est à nouveau l’objet d’une description minutieuse. Elle est saluée d’un nouveau titre : «Fille de prince». On reconnaît qu’elle est désormais dans une relation intime avec le roi. Telle sera sa place lorsque le Messie occupera le trône. «La reine est à ta droite, parée d’or d’Ophir» (Psaume 45:9). Dès que Christ paraît et occupe le trône de David, tout est changé pour Israël. Quel changement pour Jérusalem et le peuple juif ! Jérusalem aura la première place, et toutes les villes de Juda le reconnaîtront. L’exaltation d’Israël apportera la bénédiction de la terre. «Au lieu de tes pères, tu auras tes fils ; tu les établiras pour princes dans tout le pays» (Psaume 45:16).
Celui qui a aimé la justice et haï la méchanceté gouverne ; par la justice et le jugement il a donné le triomphe et la gloire terrestre au peuple juif. Il leur a donné la victoire sur tous leurs ennemis. Et maintenant, c’est à lui que le peuple regarde. «Nous sommes la postérité d’Abraham», tel était jadis leur vain sujet d’orgueil vis-à-vis de l’humble Jésus. Maintenant tout est changé. Du haut du trône, il s’adresse à son peuple bien-aimé : «Oublie ton peuple et la maison de ton père ; et le roi désirera ta beauté, car il est ton Seigneur : adore-le» (Psaume 45:10-11).
Ce magnifique appel s’applique à tous les disciples de Christ. Tout ce qui est contraire à sa volonté, ou nous empêcherait de l’accomplir, doit être abandonné, pour ainsi dire, oublié. «Mon fils, donne-moi ton coeur, et que tes yeux se plaisent à mes voies» (Proverbes 23:26). C’est une juste demande de la part de celui qui s’est donné lui-même pour nous. La croix est l’expression suprême de son amour. Toutes les perfections de l’homme Christ Jésus nous sont attribuées. Il ne nous refuse rien ; son amour est parfait. Sa sagesse, sa justice, sa paix, sa joie, sa grâce, sa gloire, la perfection de son oeuvre, une vie abondante en résurrection, la gloire de sa personne : tout cela appartient au croyant. Puisse notre amour être le reflet du sien !
Il est difficile de décider si, dans les cinq premiers versets de ce chapitre, ce sont les filles de Juda qui s’adressent à l’épouse, ou si c’est le langage de l’époux lui-même. Au verset 6, c’est évidemment lui qui parle. Dans le chapitre 4, en parlant des qualités de l’épouse, c’est par la tête qu’il commence ; au chapitre 5, où l’épouse fait une longue description de son bien-aimé, elle commence aussi par la tête. Mais il semble que dans ce passage, l’épouse est envisagée du point de vue de la terre, comme si les filles de Jérusalem étaient d’abord attirées par sa marche. Ce n’est pas tellement la description de sa beauté personnelle mais plutôt celle de la gloire nationale d’Israël. En tout cas, ne perdons pas de vue que la place de l’épouse représente, pour Israël, la gloire et la bénédiction.
L’expression : «Fille de prince, que tes pieds sont beaux dans ta chaussure», présente l’idée d’une marche majestueuse. Les contours des hanches comparés à des joyaux, confirme cette manière de considérer le passage. Le port de l’épouse est plein de noblesse et de majesté. Une coupe arrondie où le vin aromatique ne manque pas, un tas de froment entouré de lis, indiquent certainement l’abondance de ce qui réjouit et fortifie ; pourtant, ces choses sont environnées de grâce et d’humilité. Une clôture de lis n’empêche personne de venir et de prendre part à la joie du roi. Il y a plutôt une douce invitation dans ces paroles de la Sagesse : «Venez, mangez de mon pain, et buvez du vin que j’ai mixtionné» (Proverbes 9:5). Tel sera le caractère de la bénédiction millénaire sous le règne du vrai Salomon. Le pays connaîtra la paix et la sécurité, ses frontières auront pour murs de défense les lis de la vallée ! Quel ravissant spectacle ce sera pour tous ceux qui monteront à Jérusalem ! Le roi de Salem y règnera et tout sera selon sa volonté.
Cette expression peut indiquer l’unité, l’harmonie du peuple du pays. Faisant allusion à leur bénédiction sous la nouvelle alliance dans les jours à venir, la Parole déclare : «Et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair ; et je mettrai mon Esprit au dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez. Et vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu» (Ézéchiel 36:25-28). Appliquant ces promesses à Israël, malgré son état actuel de dispersion, l’apôtre écrit : «C’est ici l’alliance que j’établirai pour la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur : En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs coeurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple, et ils n’enseigneront point chacun son concitoyen et chacun son frère, disant : Connais le Seigneur ; car ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux» (Hébreux 8:10-11). Qui pourrait, devant de telles déclarations, douter de la pleine restauration d’Israël ?
La tour d’ivoire parle peut-être de grandes richesses et d’une position exaltée. Elle serait la figure de la gloire, sinon de la pureté nationale — Tandis que les étangs qui sont à Hesbon symboliseraient ce qui est calme et profond.
La tour du Liban, qui regarde vers Damas, suggère l’idée de force, de sécurité, de suprématie. Les Juifs, jadis persécutés et dispersés sur la terre, fréquemment envahis comme nation, spécialement par les Syriens, peuvent désormais regarder sans crainte vers ce pays, et vers les nations environnantes. Toutes les nations sont à leurs pieds. La tour regarde vers Damas — la capitale de leur infatigable ennemi. Une tour au sommet du Liban embrasse un vaste panorama et elle est vue de loin. On saura alors que la puissance de l’Éternel demeure au milieu de son peuple bien-aimé.
Le Carmel dans l’Écriture est le type de la fertilité. Il était célèbre pour ses vignes, ses vergers et son riche herbage. Cette expression : Ta tête sur toi, représentant l’excellence du Carmel, est l’emblème de la fertilité du pays, de sa richesse. Israël est couronné de faveurs dans le pays d’Emmanuel. Mais, si glorieux que soit cet état de choses, il est peu de chose auprès des bénédictions de l’Église. «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Éphésiens 1:3). Cet admirable verset mentionne trois choses :
1) Toute bénédiction. Il n’en manque pas une et elles sont «spirituelles».
2) Dans les lieux célestes. Nous les possédons dans la sphère la plus élevée, les lieux les plus excellents, part bien au-dessus de celle d’Israël dans le pays de Canaan.
3) En Christ, la plus excellente portion que Dieu pouvait nous donner ; nous ne pouvons que nous prosterner et adorer. Entrons mieux dans ce que l’amour de Dieu nous donne en Christ selon qu’il «nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour».
«Et les cheveux de ta tête comme la pourpre. Un roi est enchaîné par tes boucles». La pourpre est l’emblème de la royauté. Où que le regard se porte, de la forme des pieds à la couronne d’épouse, tout est parfait. L’épouse du roi est sans tache. Un roi est vaincu par ses attraits. Il est subjugué par le charme dont il l’a revêtue. «La fille du roi est tout gloire, dans l’intérieur du palais ; son vêtement est de broderies d’or. Elle sera amenée au roi en vêtements de brocart» (Psaume 45:13-14). Il ne quitte pas son épouse royale. Puissions-nous mieux connaître le coeur du Bien-aimé.
C’est la voix de l’époux que nous entendons ici. D’autres peuvent admirer l’épouse ; mais lui, il prend son plaisir en elle. L’oeuvre de sa grâce patiente a pour résultat béni qu’elle lui ressemble moralement ; cette ressemblance, il y prend plaisir. Plus Christ verra en nous sa propre image, et plus il trouvera en nous ses délices. Pensons à son amour, à sa sainteté, et à la perfection de toutes ses voies.
Le palmier peut être considéré comme l’emblème de la victoire. Quant à sa forme naturelle, son tronc est élancé, mais gracieux, droit et élevé. Il serait un type de la droiture. Certaines espèces s’élèvent à une telle hauteur qu’il n’est pas facile d’en atteindre le fruit, le tronc étant dépourvu de branches. C’est à cette particularité que fait peut-être allusion le verset suivant : «J’ai dit : je monterai sur le palmier, je saisirai ses rameaux». Le fruit de l’Esprit est toujours précieux au Seigneur. Il recueille et apprécie les effets de la grâce dans les siens. Cet arbre est un des signes de la présence d’eau dans le désert — on trouve toujours des sources fraîches dans son voisinage — de sorte que rien n’est aussi agréable que le palmier aux yeux du voyageur dévoré par une soif ardente. On trouve dans l’Écriture : «Puis ils vinrent à Élim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante-dix palmiers ; et ils campèrent là, auprès des eaux» (Exode 15:27).
Les palmes étaient associées à la fête des tabernacles, période de grande réjouissance en Israël (Voir Lévitique 23:40). Dans sa vision, Jean voit aussi devant le trône et devant l’Agneau une multitude innombrable «vêtus de longues robes blanches et ayant des palmes dans leurs mains» (Apocalypse 7:9).
La grâce a triomphé ! L’épouse est parfaite aux yeux de l’époux, les délices de son coeur. La prière est exaucée, la promesse accomplie : «Que la gratuité (ou beauté) du Seigneur, notre Dieu, soit sur nous» (Psaume 90:17). «Le juste poussera comme le palmier» (Psaume 92:12). La fête des tabernacles est venue ! Les palmes de la victoire sont agitées, la joie est à son comble. L’épouse est semblable au palmier avec sa luxuriante couronne ; humble et dépendante comme le sarment de la vigne, elle s’attache au vrai Cep et porte beaucoup de fruit à sa gloire. Mais elle est aussi embaumée comme le pommier, emblème du bien-aimé ; et elle répand de tous côtés le doux parfum de son nom.
D’après le verset 9, l’époux trouve maintenant son repos dans les beautés de son épouse. Il voit en elle le fruit du travail de son âme, et il en est satisfait : Heureux peuple ! L’Éternel ton Dieu se repose dans son amour (Sophonie 3:14-17). Il est réjoui par le bon vin préparé pour le Bien-aimé.
C’est la note la plus élevée, la plus humble aussi du Cantique des cantiques. L’âme est entièrement occupée de Christ — il trouve en elle ses délices — elle est établie dans la grâce.
Le Seigneur trouve son plaisir dans les saints. Sous la loi, jamais l’on n’atteint cette position de confiance, de paix et de joie. La grâce seule peut nous amener dans cet heureux état. La loi ne le peut jamais. «L’amour parfait chasse la crainte» (1 Jean 4:18). Israël a chanté les louanges de Dieu sur les bords de la mer Rouge. Tout n’était alors que grâce et rédemption. Mais au Sinaï, il n’y avait plus de chant : tout était crainte et tremblement. Et depuis, Israël a été constamment sous la loi, et il y restera jusqu’à ce que le Messie revienne. Présentement ceux qui, abandonnant le terrain juif, se repentent et croient en Jésus, entrent dans l’Église de Dieu. Ils deviennent membres du corps de Christ, ont part à tous les privilèges et à toutes les bénédictions qui se rattachent à l’Assemblée.
La condition actuelle des Juifs, après qu’ils aient mis à mort le Seigneur, nous est présentée d’une manière frappante dans le cas du meurtrier sous la loi. Il était tenu de demeurer dans la ville de refuge jusqu’à ce qu’il y eut un changement dans la sacrificature (Nombres 35). Ce type nous présente la délivrance d’Israël lorsque son Messie viendra dans sa gloire. Il les délivrera alors du joug accablant de la loi et de la main de tous leurs ennemis. Il viendra au-devant d’eux, comme Melchisédec dans Genèse 14, il rafraîchira et réjouira leurs coeurs défaillants avec le pain et le vin du royaume. Leurs yeux longtemps aveuglés seront ouverts pour voir leur Messie et reconnaître tout ce qu’il a fait pour eux : Alors ils partageront la consolation, le repos et la joie.
Au chapitre 2:16, l’épouse exprime la joie de son coeur de ce qu’elle trouve le Messie, de ce qu’elle le possède : «Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui». Au chapitre 6:3, son expérience est plus élevée. Son coeur est satisfait de ce qu’elle lui appartient : «Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi». Mais ici, elle atteint un point plus élevé encore ; elle trouve son repos dans la bienheureuse assurance que le coeur de son bien-aimé se réjouit en elle : «Je suis à mon bien-aimé et son désir se porte vers moi». Heureux fruit de la grâce patiente et parfaite du Seigneur. Notre harpe a-t-elle jamais atteint une note aussi haute ? Nos louanges devraient toujours avoir ce degré élevé. Dans notre carrière chrétienne, nous devons faire des progrès dans la connaissance de l’amour de Jésus, de l’efficace de son sacrifice, de la perfection de la rédemption, de la certitude de la gloire. S’il en est ainsi, comment la louange pourrait-elle s’affaiblir ? Elle grandira à mesure que nous approcherons de la maison du Père où le même Seigneur et son amour seront à jamais le thème de notre cantique.
Maintenant, l’épouse s’adresse à l’époux dans l’heureuse jouissance de sa communion et de son amour. Quel changement dans le ton et le caractère de ses paroles ! Elle ne lui parle que de choses qu’elle sait lui être agréables. Il y a entre elle et lui unité d’esprit et de coeur. Sa foi a saisi les pensées et les affections du Bien-aimé à son égard.
L’amour de Jésus envers nous a été parfaitement manifesté. Son oeuvre est achevée ; en accord avec la promesse de Jean 14, nous avons le Saint Esprit en nous, en tant qu’individus (1 Corinthiens 6:19) et avec nous, en tant qu’Assemblée de Dieu (1 Corinthiens 3:16-17). Il nous révèle l’amour de Jésus et notre union avec lui. Pourquoi ne goûterions-nous pas toute l’intimité qu’il voudrait nous faire partager ? Il se peut que nous contristions le Saint Esprit par notre incrédulité, notre mondanité, et le manque d’amour dans nos voies ; notre communion avec Christ perd ainsi le caractère que l’Esprit non contristé peut seul lui donner. Veillons et prions afin de vivre, de marcher et d’adorer dans la lumière et la puissance de la présence du Saint Esprit.
L’expression «Sortons aux champs, passons la nuit dans les villages, etc...» semble indiquer que les bénédictions et les gloires milléniales s’étendent au-delà des limites d’Israël. Les champs et les villages sont hors de Jérusalem, le centre terrestre de la gloire du Messie. Les villes de Juda seront, sans aucun doute, bénies les premières ; mais ensuite, la gloire de Christ remplira toute la terre. Et ce qu’il y a de particulièrement précieux dans la vérité qui nous est présentée ici, c’est qu’Israël est associé au Messie dans le déploiement de la gloire. Tout ceci semble ressortir des paroles de l’épouse ; «Viens, mon bien-aimé, sortons — passons la nuit — levons-nous — dès le matin — voyons si la vigne bourgeonne,...» . Ils visitent et admirent, dans une heureuse communion, les champs qui s’étendent au loin, transformés par la gloire milléniale. Puis l’épouse s’épanche, attitude qui est tout-à-fait à sa place en présence de son bien-aimé : «Là je te donnerai mes amours». Quand Christ en est l’objet, notre amour ne saurait être trop ardent.
L’Église et tous les saints ressuscités seront glorifiés avec Christ dans la Jérusalem d’En-Haut, avant que tout ceci ne s’accomplisse. C’est le dessein de Dieu de réunir ensemble tout ce qui est dans le ciel et sur la terre, sous l’autorité de Celui qui sera alors Seigneur. La gloire des saints célestes sera visible pour tous ceux qui seront sur la terre. «Afin... que le monde connaisse que toi tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé» (Jean 17:23). Et à l’égard de la nouvelle Jérusalem il est dit : «Et les nations marcheront par sa lumière» (Apocalypse 21:24).
L’heureuse épouse porte maintenant une abondance de fruits exquis pour le Fils de David : l’amour, la gratitude, la louange. Toute espèce de fruits précieux, anciens et nouveaux. Il y a beaucoup de profondeur et de beauté dans ses paroles : «pour toi, mon bien-aimé !» Des sentiments d’un caractère entièrement nouveau se sont réveillés pour le Seigneur ; des sentiments tels qu’elle n’en a jamais éprouvés pour lui, et tels qu’elle ne pourrait jamais en éprouver pour un autre. Elle, si longtemps désolée, stérile, elle abonde maintenant en fruits. Le Messie a créé des affections nouvelles. Elles se sont formées durant le temps de ses égarements, et elles ont été gardées pour le Seigneur seul.
Ces versets nous ramènent évidemment en arrière, quant à la position et à l’expérience de l’épouse. Nous nous sommes séparés d’elle à la fin du chapitre 7, au milieu des scènes de la gloire milléniale, dans une heureuse association avec son bien-aimé. Ils étaient ensemble. La sombre nuit était passée avec ses douloureuses expériences. Le jour de sa gloire était venu avec toute son indicible bénédiction. Mais nous sommes ici ramenés au commencement de toutes les épreuves par lesquelles elle est passée pour arriver à ce point-là : savoir une communion sans réserve avec le Messie, le Roi. Ici, elle soupire après la pleine liberté d’une affection de famille. Oh ! que tu fusses pour moi comme un frère ! Ce qui répond au commencement de ce livre : «Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! car tes amours sont meilleures que le vin».
Comme on l’a dit, le chapitre 8 est lui-même quelque chose de complet, et récapitule les principes du livre tout entier. En l’envisageant ainsi, nous ne ferons que signaler ce que nous croyons être la pensée de l’Esprit dans ce dernier chapitre du Cantique des cantiques.
Les désirs ardents de l’épouse, tels qu’ils sont exprimés ici par l’esprit de prophétie, sont aussitôt et pleinement satisfaits. Elle désire la pleine possession de Christ, et l’occasion de lui faire boire du vin aromatisé et du jus de ses grenades. Elle sait maintenant que jadis il a bu, à cause de ses péchés, la coupe amère de la colère de Dieu, et elle désire ardemment lui présenter une coupe de vin exquis, que dans sa gratitude et son dévouement elle a préparée pour lui seul. Et comme l’enfant prodigue à son retour, elle est immédiatement embrassée et repose dans les bras de son bien-aimé. Les filles de Jérusalem sont à nouveau conjurées de ne pas déranger ou réveiller la bien-aimée pendant qu’elle jouit de l’amour de son époux. «Sa main gauche serait sous ma tête, et sa droite m’embrasserait ! Je vous adjure, filles de Jérusalem, pourquoi éveilleriez-vous, et pourquoi réveilleriez-vous mon amour, avant qu’elle le veuille !».
Elle apparaît, poursuivant son voyage, vers les radieuses collines de Canaan, dans la dépendance de son bien-aimé et à l’ombre de ses ailes ; l’Égypte et le désert sont laissés en arrière.
Maintenant, l’époux rappelle à l’épouse la source de toute sa bénédiction : Je t’ai réveillée sous le pommier. Le pommier est un symbole de Christ lui-même. «Comme le pommier entre les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les fils». C’est de Christ qu’elle tire sa vie divine et toutes les bénédictions qui s’y rattachent. Elle est vivifiée, bénie de toutes les bénédictions terrestres dans un pays glorieux, par Christ. Le chrétien est uni plus étroitement encore à lui. Cette importante vérité fait ressortir la différence qu’il y a entre la bénédiction juive et la bénédiction chrétienne. Les chrétiens, eux, sont vivifiés ensemble avec le Christ, ressuscités ensemble, et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ (Éphésiens 2:5-6). Israël, comme tel, est lié à la terre ; en tant que chrétiens nous appartenons aux lieux célestes. C’est là que nos noms sont écrits, et que nous sommes maintenant assis en Christ.
L’époux rappelle encore à son épouse sa relation avec la nation d’Israël : «Là ta mère t’a enfantée dans les douleurs, là celle qui t’a enfantée a été en travail» (verset 5). Le résidu de la nation devient l’épouse du grand Roi. Elle représente spécialement le résidu de Juda, qui sera à Jérusalem avant que le résidu d’Éphraïm, ou des dix tribus, y soit rassemblé ; mais, en principe, elle représente Israël tout entier. Et comme Christ lui-même naquit de la tribu de Juda, l’Esprit de Dieu reconnaît l’usage des titres de parenté et les affections qui s’y rapportent.
Nous sommes saisis d’un sentiment de tristesse et de souffrance en pensant que ceux pour la foi et l’encouragement desquels ces relations et ces magnifiques scènes sont décrites, sont encore dans les ténèbres de l’incrédulité. Le voile est encore sur le coeur d’Israël (2 Corinthiens 3:15). Mais l’amour, si magnifiquement décrit ici, deviendra bientôt l’expression de son expérience. En attendant, le chrétien a le bénéfice de cette révélation merveilleuse. Le Cantique des cantiques a pour nous une application morale bénie.
Le Résidu, l’épouse du Messie dans son caractère de roi de justice et de paix, désire maintenant être comme un cachet sur son coeur dans un amour qui surpasse toute connaissance.
Où trouverons-nous un amour comme celui-là ? Uniquement chez le Seigneur. Qui étreint comme la mort et ne rend pas comme le shéol ? qui consume autant qu’une flamme de Jah ? Rien n’est comparable à l’amour : Beaucoup d’eaux ne peuvent l’éteindre. Quand l’amour et la mort se sont rencontrés à la croix dans une lutte terrible, l’amour a triomphé, et la mort à été jamais vaincue.
Le cachet sur le coeur et sur le bras peut faire allusion au pectoral et aux épaulettes de l’éphod que portait le souverain sacrificateur. Les noms des douze tribus d’Israël étaient gravés sur des pierres précieuses en gravure de cachet et portés sur le coeur (symbole des affections) et sur l’épaule (symbole de la force) du souverain sacrificateur, devant l’Éternel. Ainsi, avant longtemps, l’heureuse épouse sera comme un cachet sur le coeur d’amour et le bras tout-puissant de son Seigneur bien-aimé dans son caractère de souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec.
La petite soeur est, nous n’en doutons pas, une allusion à Éphraïm, ou aux dix tribus longtemps perdues. Leur captivité avait commencé avant la naissance de Christ ; de sorte qu’elles ne connaissent rien de ces exercices par lesquels Juda est passé en rapport avec la naissance, la mort, la résurrection et le retour du Messie. Néanmoins elles entrent dans la jouissance des résultats bénis de sa première venue en grâce, et de sa seconde venue en gloire. Elles sont instruites, édifiées et établies dans la doctrine de Christ par Juda, leur soeur plus privilégiée.
Elle est forte dans le Seigneur, richement douée, jouissant de la pleine faveur du roi. L’Israël selon la pensée de Dieu est restauré !
Baal-Hamon signifie : Seigneur d’une multitude, et fait allusion évidemment à la multitude des nations ; toute la terre, qui forme désormais l’immense vigne du Seigneur de gloire. «À l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle contient, le monde et ceux qui l’habitent» (Psaume 24:1). Le millénium est arrivé ! La gloire de l’Éternel remplit la terre ; tous les coeurs se réjouissent ; Jésus règne. Désormais les gardiens de la vigne lui apportent un revenu convenable. Toutes choses sont maintenant sous l’oeil de Christ et en accord avec les principes de son gouvernement. Mais pour ce qui est de sa vigne personnelle, l’épouse veut que tous ses fruits soient pour le roi Salomon, sauf une portion destinée à ceux qui en gardent le fruit.
Tous auront part aux riches bénédictions de la fertile, paisible et heureuse terre milléniale, mais Christ est Seigneur de tout.
Et maintenant, il s’adresse pour la dernière fois, dans ces chants d’amour, à sa belle épouse si privilégiée.
Il l’invite à le célébrer. C’est à elle de donner le ton aux compagnons, à toute la terre ! Alors tous les peuples, les tribus et les langues seront remplis de la joie universelle et feront retentir leurs hosannas d’une mer jusqu’à l’autre mer, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre. La création toute entière est pleine de joie et d’allégresse, et ses chants de louanges et d’actions de grâces parviennent aux oreilles de son roi glorieux. Fais que je l’entende !
Ce précieux Cantique s’achève. Quelle richesse et quelle plénitude sont renfermées dans sa dernière note ! L’épouse soupire ardemment après le prompt retour de son Seigneur. Ses profondes affections pour le Bien-aimé révèlent l’ardeur avec laquelle elle désire son apparition glorieuse. Oh, puissent tous nos coeurs se joindre à la profonde et fervente prière de l’épouse terrestre, pour qu’il vienne promptement satisfaire notre désir de le voir, d’être avec lui à jamais, pour qu’il vienne prendre à lui son Église, rassembler ensuite Israël, et bénir toute la terre !
Une prompte et fervente réponse, dictée par amour s’élève de la harpe sacrée de Sion. Hâte-toi, Seigneur ! comme la gazelle qui s’enfuit avec rapidité, comme la biche s’élance en bondissant, que ta gloire apparaisse sur les montagnes des aromates ! AMEN ; VIENS, SEIGNEUR JÉSUS !