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LE PÉCHÉ DE SÉPHORA — Exode 4:25, 26
Auteur inconnu
Present Testimony, vol. 1 p. 164-168, 1849 ; ME 1918 p. 134-140
Lorsque Moïse, l’homme par la main duquel Dieu voulait délivrer Israël du pays d’Égypte, eut reçu l’appel et l’autorité nécessaires pour cette grande oeuvre, et qu’il se fut mis en route pour retourner en Égypte, du pays de Madian, où il avait séjourné comme étranger, il prit avec lui sa femme et ses fils. Un incident du voyage nous éclaire sur l’état moral de la famille de Moïse.
Nous y voyons aussi quelle était sa responsabilité envers Dieu, et la manière dont les divers membres de cette famille envisageaient l’ordonnance douloureuse imposée à la semence d’Abraham comme signe extérieur de sa relation avec Dieu.
Guershom, le fils aîné de Moïse, n’avait pas été circoncis bien que des années se fussent écoulées depuis la réception de son père dans cette famille de Gentils, et depuis sa propre naissance (Ex. 2:22.) Il semblerait que Séphora s’y était particulièrement opposée ; c’était une pénible, sinon dangereuse opération, dont la pensée était douloureuse à son coeur maternel. Pourquoi son fils aurait-il dû souffrir ainsi ? Pourquoi son mari exigerait-il cette action dure et cruelle ? Rien de semblable n’avait été jugé nécessaire dans sa propre famille ; c’était tout à fait contraire à la manière de faire générale autour d’elle ; n’était-il pas en tous cas préférable, pour y soumettre son fils, d’attendre que Moïse eût rejoint sa propre nation ? C’était ainsi, sans doute, que raisonnait le coeur naturel de Séphora. Apparemment Moïse avait cédé à ces arguments, Dieu avait été oublié et la mère tranquillisée, mais aux dépens de l’obéissance à Sa Parole.
Telle avait été la tendresse inconsidérée de Séphora envers son enfant ; et c’est ainsi qu’elle faillit causer la mort de Moïse, son mari, comme nous le lisons : « Et il arriva, en chemin, dans le caravansérail, que l’Éternel vint contre lui, et chercha à le faire mourir ». L’Éternel ne le tint pas pour innocent : sa négligence de la Parole divine et sa condescendance aux désirs de sa femme avaient fait de lui un coupable. Ainsi Séphora, qui avait quitté son pays pour suivre son mari, fut sur le point d’être laissée veuve et désolée en perdant son protecteur, parce que la colère de l’Éternel s’était enflammée contre lui. « Et Séphora prit une pierre tranchante et coupa le prépuce de son fils, et le jeta à ses pieds, et dit : certes tu m’es un époux de sang ». Il lui faut accomplir elle-même le rite qu’elle avait en telle aversion, et qui était pour elle un acte de cruauté, et cela à un moment et dans des circonstances qui devaient grandement augmenter la détresse de son âme, ainsi que les souffrances de son fils. De plus, manquant toujours d’intelligence et de soumission aux voies et aux exigences de Dieu envers ceux qu’Il a mis à part pour lui-même, elle donne essor à son indignation contre son mari par des paroles accompagnées d’un acte répréhensible. La circoncision fut réalisée forcément après ce long délai. La main de Dieu y contraignit Séphora, mais Moïse restait pour elle un « époux de sang » !
C’est ainsi que Moïse échappa au jugement : « Et l’Éternel le laissa ». Alors Séphora dit : « Époux de sang ! à cause de la circoncision. » Son coeur n’était pas brisé, bien que l’épreuve fût terminée. Elle ne peut retenir l’expression de sa colère contre celui qui était, en apparence, l’auteur de ce qui arrivait. Il n’y avait, chez elle aucun sentiment de ce qui était dû à l’Éternel qui avait ordonné la circoncision à son peuple, comme signe de sa mise à part pour Lui. De plus, bien qu’elle eût été forcée, à la suite de l’attitude menaçante de l’Éternel, d’accomplir cet acte, et cela de sa propre main, elle n’en avait pas encore compris la signification, ni n’avait jugé l’aversion qu’il lui inspirait. Plus tard, elle dut être renvoyée dans son propre pays par Moïse (Ex. 18:2.) Sa volonté propre et son ignorance des voies de l’Éternel la rendaient incapable d’être associée à son mari pendant qu’il accomplissait par la puissance de Dieu la délivrance de son peuple.
Telle fut la faute, telle fut la folie de Séphora, et nous en sommes coupables comme elle. Dieu a agi envers nous et en nous pour nous séparer pour Lui-même de ce présent siècle. Ensuite Il a découvert au milieu de nous du mal résultant d’une activité charnelle : des erreurs subtiles et raffinées de l’esprit humain, conduisant finalement à l’hérésie, à un esprit sectaire et au cléricalisme. C’était un effort de l’Ennemi pour nous amener à rétablir ce dont Dieu nous avait séparés, en le jugeant comme mauvais. Ainsi nous étions entraînés à nous appuyer sur ce que nous devions rejeter afin de jouir d’une position et d’une respectabilité que l’homme naturel pût reconnaître et apprécier. Comme Israël à l’égard des nations qui l’entouraient, nous nous sommes conformés aux voies du monde qui nous entoure. Si notre incrédulité ne nous a pas conduits aussi loin que la leur, quand ils ont désiré avoir un roi comme les nations, le mal avait revêtu parmi nous un caractère semblable, provenant du manque de confiance pratique dans la présence, la puissance, la direction de l’Esprit de Dieu, et la distribution de ses dons. Nous avons aussi failli individuellement et collectivement dans le témoignage que nous avions à rendre vis-à-vis du monde qui a crucifié le Seigneur de gloire. Nous n’avons pas été comme ceux qui sont crucifiés au monde, qui ne connaissent pas autre chose qu’un Christ ressuscité et glorifié et qui, Lui étant unis, ont rompu avec les choses qui sont proprement terrestres. C’est ainsi que Satan a trouvé parmi nous un terrain préparé pour lui et le moyen d’introduire un levain corrupteur dans la pâte.
Comme ce fut le cas pour Moïse, Dieu a dû s’élever contre l’activité de la chair et l’absence d’esprit céleste dans lesquelles nous étions tombés et qui sont si contraires à ses pensées. Lorsque ce mal a été mis à découvert, étions-nous disposés à agir pour nous en purifier ? N’avons-nous pas plutôt, comme Séphora pour des motifs d’affection charnelle, reculé devant ce devoir, en pensant plutôt à la peine que nous causerons à d’autres qu’à l’honneur de Dieu et à sa jalousie à l’égard du mal, lesquels exigeaient une action prompte et décisive ? Assurément ce que Dieu attend de nous doit avoir la première place dans nos pensées, et être notre règle de conduite, quelque cher que puisse nous être l’objet auquel la souffrance doit être infligée. Lorsque Dieu vint à la rencontre de Moïse, il ne restait plus d’autre alternative. L’Éternel venait demander pourquoi Il avait été méprisé, pourquoi Sa Parole avait été négligée, pourquoi Ses désirs et Ses pensées avaient été foulés aux pieds. Dieu continue à nous adresser maintenant de telles questions, et par notre tendance à excuser ce qu’Il a déclaré devoir tomber sous son jugement et ce dont nous avons discerné nous-mêmes la nature corrompue, ne le provoquons-nous pas à la jalousie ? Serons-nous plus forts que Lui ? Aurons-nous des excuses pour un mal dont Dieu a manifesté le vrai caractère, après que sa main a été étendue sur nous tous en vertu de ce mal ? Sans aucun doute, nous devons le rejeter et nous en purifier entièrement, quelque grande que soit la souffrance qu’entraîne, à cause du Seigneur, un tel acte, en exigeant le sacrifice de ceux qui nous sont le plus chers et que nous apprécions le plus.
Si la circoncision du fils de Moïse avait eu lieu plus tôt et dans d’autres circonstances, elle n’aurait pas été ressentie si douloureusement, car elle devait maintenant se faire en chemin pendant le voyage. Séphora pouvait trouver dur et sévère le retranchement du mal, n’ayant pas d’autres instruments pour cela que ceux qui étaient sous sa main, et qui se présentaient pour la circonstance. Qu’importe toutefois cette question, pourvu que l’on soit délivré de cette manière et que l’on retrouve ainsi la bénédiction commune ? Aurons-nous, comme Séphora, des ressentiments à l’égard de ce que nous reconnaissons maintenant comme ayant été nécessaire et que ceux qui ont à coeur la gloire de Dieu ont jugé inévitable pour le maintien de cette gloire ? Ayant été éclairés à ce sujet, après nous y être peut-être opposés, oserons-nous leur reprocher ce qu’ils ont fait ? Est-il convenable que de telles paroles sortent de nos lèvres ? Il est écrit : « Les autres, sauvez-les avec crainte, les arrachant hors du feu, haïssant même le vêtement souillé par la chair » (Jude 23.) Nous avons été arrachés hors du feu, et, au lieu de regarder en haut pour bénir Dieu de cette délivrance, nous sommes occupés à étudier si le sauvetage a eu lieu avec assez de ménagements ! Est-ce là l’estimation de Dieu dans cette affaire ? Avons-nous compris ses voies et apprécié sa bonté si nous donnons carrière à des plaintes inutiles et déplacées ?
Si, dans la manière dont le mal a été jugé, on n’a pas eu tous les égards possibles, nous pouvons en rejeter le blâme en grande partie sur nous-mêmes, en ce que nous l’avons toléré si longtemps sans le juger et nous en humilier. Nous devrions bénir Dieu de ce qu’il y ait eu des hommes fidèles pour considérer ce qui était dû à sa gloire, quand nous l’avions oublié nous-mêmes, et pour agir en conséquence, quelque douloureux que fût un tel chemin pour ceux qui nous sont chers et pour nous. Il y a des moments où nous devons mettre de côté les liens qui, en temps ordinaire, doivent être très justement reconnus (Ex. 32:25-29.) De plus, la fidélité envers Dieu renferme souvent plus de vrai amour que tout cet étalage de sentiments de charité que l’on proclame avec tant d’ostentation (*). Assurément l’enfant qui devait subir la circoncision poussait des cris de douleur, et le coeur tendre de sa mère en était déchiré, mais il en est ainsi de toute discipline et il arrive le plus souvent que le vrai amour consiste à ne pas tenir compte des cris de l’enfant.
(*) Il est digne de remarque que ceux qui accusent le plus hautement leurs frères de manquer d’amour sont souvent ceux à qui il fait totalement défaut dans les insinuations malveillantes et les accusations formelles dont ils les accablent. Nous ne devons du reste pas être étonnés de retrouver aujourd’hui dans la bouche d’accusateurs charnels les paroles de l’orgueilleux Éliab : « Je connais moi ton orgueil et la méchanceté de ton cœur » (1Sam. 17:28) ni celles de Séphora répétées avec colère : « Tu m’es un époux de sang ». Après tout, la chair se montre ainsi sous son vrai jour et sera jugée par l’Esprit de Dieu qui habite dans les saints.
N’imitons pas la conduite de Séphora ; ne reprochons pas à ceux qui ont été fidèles à Dieu leur énergie contre le mal, pendant que d’autres se tenaient à l’écart par manque de foi et de fidélité et les laissaient livrer seuls les batailles de l’Éternel. Ne leur disons pas : « Tu m’es un époux de sang... à cause de la circoncision », car ils ont agi pour Dieu en notre faveur, en ce qu’ils ont fait, aussi il ne nous convient pas de prendre à leur égard un ton de malveillance et une attitude hostile. « C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel : Si tu te retournes, je te ramènerai, tu te tiendras devant moi : et si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. Qu’ils reviennent vers toi, mais toi ne retourne pas vers eux » (Jér. 15:19.)