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L’ARMÉE DE L’ÉTERNEL

 

Auteur inconnu

ME 1881 et 1882

 

Table des matières:

0       Introduction.

1     Première Partie [vers le pays promis]

1.1          Chapitre 1 — Les conseils de Dieu et l’état de son peuple

1.2          Chapitre 2 — L’annonce du jugement et le moyen d’y échapper ; le bouquet d’hysope.

1.3          Chapitre 3 — Le sceau de l’Esprit Saint sur la rémission des péchés

1.4          Chapitre 4 — La rédemption

1.5          Chapitre 5 — La louange. La grâce et la gloire, sujets du cantique

1.6          Chapitre 6 — Les lieux célestes

1.7          Chapitre 7 — Pour le chrétien : Canaan d’abord, puis les leçons du désert

1.8          Chapitre 8 — Guilgal : les pierres du mémorial dans le Jourdain et à Guilgal

2     Deuxième Partie [vivre dans le pays et se préparer au combat]

2.1          Chapitre 9 — Guilgal : la circoncision comme position et en pratique

2.2          Chapitre 10 — Guilgal : la pâque dans les campagnes de Jéricho — Josué 5:10

2.3          Chapitre 11 — Guilgal : le blé du pays — Josué 5:10

2.4          Chapitre 12 — Guilgal  : le Chef de l’armée — Josué 5

2.5          Chapitre 13 — Condition de l’âme qui doit faire face à l’ennemi. Les reins ceints de la vérité — Éph. 6

2.6          Chapitre 14 — État de l’âme : la cuirasse de la justice — Éph. 6:14

2.7          Chapitre 15 — État de L’âme : les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix — Éph. 6:15

2.8          Chapitre 16 — État de l’âme : le bouclier de la foi — Éph. 6:16

2.9          Chapitre 17 — État de l’âme : le casque du salut et l’épée de l’Esprit — Éph. 6:17

2.10          Chapitre 18 — État de l’âme : la prière — Éph. 6:18

2.11          Chapitre 19 — La prospérité dans notre combat spirituel

3     Troisième Partie [le combat]

3.1          Chapitre 20 — Réalisation : les sept cors de bélier — Josué 6

3.2          Chapitre 21 — Unité d’action ; diversité d’opérations ; le javelot de Josué — Jos. 8 ; Éph. 4 ; Rom. 12

3.3          Chapitre 22 — La dernière trompette. Conclusion — 1 Thess. 4:16

 

 

0                    Introduction.

 

L’expression «l’armée de l’Éternel», appliquée primitivement à un peuple terrestre (Jos. 5:13-14), peut bien être employée maintenant pour désigner le peuple spirituel composé de ceux que le Seigneur a rachetés. Dans son grand amour, il les a délivrés du «monde», de la «chair» et du «diable», par l’oeuvre de la rédemption qu’il a accomplie, les rendant agréables à Dieu : acceptation connue, comprise et goûtée par la foi. C’est là la position dans laquelle se trouvent tous ceux qui appartiennent au Seigneur : les enfants de Dieu. «Étant monté en haut, il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes» (Éph. 4:8).

Le Seigneur est descendu d’abord là où le péché avait amené l’homme : dans les «parties inférieures de la terre» ; il a renversé la dernière forteresse de l’ennemi ; il a emmené captifs ceux qui étaient sous la captivité de Satan, et les a si complètement et si parfaitement délivrés, qu’il peut maintenant les employer comme instruments de sa puissance contre l’ennemi.

Il nous a non seulement accordé, par le don de sa grâce, d’être «saints et irréprochables devant lui en amour», mais, quant à notre position actuelle, il nous a «fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus». Il ne trouve pas suffisant que nous possédions ces bénédictions et cette position par la foi ; il veut encore que nous comprenions et que nous réalisions les richesses de notre portion en Lui.

À quoi serviraient tous les trésors de l’Inde à un homme qui ne comprendrait pas qu’il les possède, et ne saurait ainsi ni en jouir, ni en faire usage ? Il en est de même des richesses de Christ, nos propres richesses. Soyons sûrs qu’elles offrent à nos coeurs un vaste champ d’activité, si nous voulons arriver à les réaliser et à en jouir nous-mêmes, afin de pouvoir amener d’autres personnes à cette possession et à cette jouissance. Pour cela, il faut que l’âme soit dans un bon état ; il faut le renoncement à soi-même et le dévouement, de la fidélité dans «ce qui est à autrui», afin que Dieu puisse nous confier les vraies richesses (Luc 16:11-12).

Il y a une grande différence entre posséder d’une manière abstraite les richesses célestes, ou les réaliser et en jouir, comme nous jouissons de notre position d’union avec Christ.

Nous désirons, si Dieu le permet, examiner toutes ces choses en détail ; voir ce que doit être l’activité de ceux qui sont entrés dans l’armée céleste avec — espérons-le — des coeurs diligents ; puis nous chercherons à nous exhorter et à nous encourager les uns les autres, selon que le Seigneur nous le donnera dans sa sagesse.

Nous diviserons nos méditations en trois grandes parties :

1° La position céleste dans le Christ Jésus, position qui nous appartient, en notre qualité de peuple de Dieu, par la rédemption qui est en Lui.

2° L’état d’âme qui est nécessaire pour que, nous trouvant dans cette position, nous puissions réaliser nos propres richesses. Ceci embrassera trois phases distinctes :

a) Nos relations pratiques avec «la chair» et avec le «moi», en rapport avec notre position en Lui.

b) La condition dans laquelle doit être l’âme pour pouvoir faire face à l’ennemi.

c) La manière de nous assurer la «présence du Seigneur», et le succès dans le combat spirituel.

3° La réalisation de notre héritage céleste, et l’affranchissement d’autres âmes, c’est-à-dire l’activité de «l’armée de l’Éternel» sous la direction d’un Christ céleste.

L’analogie frappante qui existe entre le livre de Josué et les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens a été, plus d’une fois déjà, le thème d’utiles méditations au milieu du peuple de Dieu. Nos méditations actuelles auront pour objet ces portions des Écritures, qui offrent un champ d’études si vaste à ceux qui appartiennent au Seigneur. «Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures, nous ayons espérance» (Rom 15:4).

«Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11).

Ce n’est donc pas seulement pour notre instruction et pour notre consolation, que nous sont donnés la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes ; mais les choses qui arrivèrent à Israël nous sont présentées d’une manière spéciale, pour nous servir d’avertissement et d’encouragement le long du chemin.

Que Dieu (pour l’amour de son nom) bénisse son peuple et dirige l’activité de chacun de ses enfants dans une voie qu’il puisse approuver ! Qu’il nous donne de reconnaître et d’éprouver la vérité de toutes les choses qui viennent de Christ, et la bénédiction qui en découle, afin que nous ayons une divine énergie pour rechercher sa face et pour jouir des choses qui nous sont données directement de Dieu.

 

1                    Première Partie [vers le pays promis]

1.1      Chapitre 1 — Les conseils de Dieu et l’état de son peuple

 

Dans les premiers chapitres du livre de l’Exode, nous avons un tableau de l’état de péché du peuple de Dieu avant la rédemption. Ils sont esclaves et idolâtres en Égypte. L’Égypte est un type du monde naturel en état de chute et sous la puissance de Satan. Les enfants d’Israël sentaient leur misère, mais ne paraissaient avoir d’autre pensée que celle d’alléger le joug sous lequel ils gémissaient. La fournaise d’Égypte, avec le fouet des oppresseurs et le cliquetis des chaînes de l’esclavage, les faisaient soupirer et crier ; mais Dieu leur était inconnu !

Et même, lorsque leur cri «à cause de la servitude» fut entendu, ce n’est pas à Dieu qu’il était adressé (Exode 2:23-24). Il arriva pourtant jusqu’à Lui, car rien ne lui est caché et il a l’oreille ouverte aux gémissements qui se font entendre ici-bas.

Le pauvre enfant prodigue (Luc 15) était arrivé au bout de ses ressources dans le pays de l’esclavage ; mais ce n’est pas là encore ce qui le ramène à son père, ou le fait rentrer en lui-même et crier à Dieu pour avoir du secours. Non ; pour suppléer à ses besoins et pour alléger sa souffrance, il s’éloigne de Dieu plus que jamais. Sa volonté lui a fait quitter la maison paternelle ; la nécessité l’a poussé plus loin ; ce n’est qu’une misère complète qui a pu donner à la bonté et à la miséricorde de son père l’occasion de se manifester. Il en est de même pour le pécheur. Vous le verrez mettant ses talents, toute son énergie, sacrifiant sa santé même, à la poursuite de quelque chimère qui lui échappe toujours, ou qui, s’il l’atteint enfin, se fond entre ses mains sans donner une satisfaction quelconque aux ardents désirs de son coeur. Le prodigue va plus loin alors ; il se joint aux habitants du pays, mais est bientôt forcé de reconnaître la vérité du grand principe de ce monde : c’est que ce dernier ne donne jamais rien.

Interrogez un homme du monde ; demandez-lui si, lorsqu’il était en pleine activité, lorsqu’il paraissait riche et heureux, son coeur était satisfait ? S’il vous répond franchement, il vous dira «non» ; ses désirs ne l’ont point amené à Dieu ; ils l’ont entraîné au contraire plus loin qu’il ne l’aurait voulu, et il a échangé tout ce qu’il possédait contre «les gousses que les pourceaux mangeaient».

C’est, dans un sens, une bonne chose que l’âme arrive à cette extrémité de misère, car alors il n’y a plus d’obstacle au déploiement de cette grâce de Dieu, qu’un «fils aîné» peut refuser.

«Dieu donc ouït leurs sanglots» (Exode 2:24), et Dieu descend pour les délivrer. Non seulement il est amour, mais il est actif dans son amour. «Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique». «Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu».

Mais «Dieu est un feu consumant» ; comment donc exercera-t-il son amour envers le pécheur sans le consumer ? Nous en avons une belle image dans le chapitre 3 de l’Exode, où l’ange de l’Éternel apparaît à Moïse «dans une flamme de feu au milieu d’un buisson». Le buisson était en feu, mais n’était point consumé (v. 2). C’est une étrange anomalie ! «Et Moïse dit  : Je me détournerai maintenant, et je regarderai cette grande vision, pourquoi le buisson ne se consume point» (v. 3). C’est là ce qui est merveilleux.

Si Dieu s’était révélé comme Celui dont la sainteté doit consumer tout ce qui lui est contraire, qui aurait pu subsister devant lui ? Mais il est descendu et s’est révélé en Jésus, dans un caractère d’humble miséricorde ; il a voilé sa gloire dans la personne de cet homme humble, et cependant il ne pouvait être caché. Comme le soleil, en perçant les nuages, prouve l’intensité de ses rayons par la chaleur et la lumière qu’ils répandent autour d’eux, ainsi Jésus, dans son humble chemin de service et de travail, répand ses rayons de lumière et d’amour dans le coeur de ceux dont il a entendu le cri. Il est descendu, en grâce, pour chercher dans un pauvre monde perdu, ceux qui veulent se confier à son amour avant le jour du jugement. C’est ainsi que Dieu, qui est un feu consumant, ne consumait pas, parce qu’il se révélait en grâce — une grâce qui règne en justice.

Puis Dieu annonce ses desseins à Moïse : «Je suis descendu pour délivrer mon peuple de la main des Égyptiens, et pour le faire remonter de ce pays-là, en un pays bon et spacieux, en un pays découlant de lait et de miel» (v. 8). Il ne dit pas un mot du désert et des quarante années d’épreuve que le peuple y passera. Son plan était de les éprouver là, et il l’exécutera ; mais son but était de les amener au lieu où il pourrait habiter lui-même, au pays qui «est abreuvé d’eaux selon qu’il pleut des cieux» ; à un pays dont l’Éternel a soin, «sur lequel l’Éternel, ton Dieu, a continuellement ses yeux, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin (Deut. 11).

Il veut nous amener dans un lieu où son propre coeur puisse être satisfait, où il puisse habiter avec son peuple et jouir de lui. Quelle différence entre ce lieu-là et le pays de l’esclavage, où l’on ne peut rien avoir sans peine, où aucun homme ne donne rien ! «Car le pays où tu vas entrer pour le posséder, n’est pas comme le pays d’Égypte, duquel vous êtes sortis, où tu semais ta semence, et l’arrosais avec ton pied, comme un jardin à herbes». (Deut. 11:10).

Dieu nous a rachetés pour le ciel et pour Christ dans la gloire ; il ne nous a point rachetés pour ce monde, quoique ce soit ici-bas qu’il éprouve nos coeurs, et qu’il nous apprenne à éprouver le sien et à avoir confiance en lui. C’est pourquoi il annonce ses desseins à Moïse sans lui dire un seul mot du désert.

Lorsque Moïse vient annoncer au peuple que Dieu veut le délivrer, Satan commence immédiatement à agir. Aussi longtemps que l’homme fort armé a gardé son palais, ses biens étaient en sûreté ; mais s’il en vient un plus fort que lui, tout est changé. Les fardeaux sont augmentés et les travaux rendus plus difficiles ; il faut faire les briques sans paille. Le service de Satan est facile, lorsque chacun est endormi sous son pouvoir, et se laisse entraîner sans résistance par le courant ; mais il devient tout autre lorsque Dieu commence à travailler de son côté.

Alors l’homme regrette l’engourdissement de son premier état, qu’il préférait de beaucoup à l’oppression active du second. Les chaînes qu’il sentait à peine, deviennent plus lourdes, et il en entend le cliquetis.

Satan lie ses victimes de mille manières différentes, mais les chaînes les plus tristes sont celles qui ne font aucun bruit, et qui, par conséquent, restent inaperçues. Les chaînes de Caïn étaient l’envie et la jalousie ; il ne pouvait supporter de voir que son frère, qui n’avait pas travaillé autant que lui, fut accepté sans effort. Celles de Balaam étaient les «gages de l’iniquité», qui tenaient son âme captive. Il serait volontiers mort de la mort du juste, mais il n’avait pas la force de briser les chaînes qu’il aimait si bien, pour vivre de la vie du juste ; ainsi il était perdu. Pour Hérode, c’était la convoitise qui l’enchaînait. Nous voyons en lui le travail d’une conscience délicate, tellement qu’il «craignait Jean, le sachant homme juste et saint, et il le gardait soigneusement ; et lorsqu’il l’avait entendu, il faisait beaucoup de choses, et il l’écoutait volontiers» (Marc 6:20). Pour un moment il paraissait complètement changé, mais les chaînes invisibles et silencieuses qui entouraient son âme étaient trop fortes pour qu’il pût les briser ; et, pour plaire à une courtisane, il fait décapiter Jean. C’est bien sérieux !

Nous pourrions citer, dans les Écritures, bien d’autres exemples de ce genre. Judas aimait l’argent ; l’avarice était la chaîne qui finit par étouffer son âme, et qui n’était visible que pour l’oeil du Seigneur ; cette chaîne se resserrait peu à peu jusqu’au jour où le «fils de perdition s’en alla en son propre lieu». Pour l’aimable jeune chef du peuple (Marc 10) c’étaient les richesses qui retenaient son coeur captif ; Jésus met le doigt sur la chaîne, et «il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens» (Luc 18). Pour Gallion, c’était l’insouciante indifférence que nous rencontrons si souvent : «Il ne se mettait pas en peine de tout cela» (Actes 18:17). Pour Félix, c’était la négligence qui lui faisait remettre les choses d’un jour à l’autre. Il était effrayé, lorsque Paul discourait sur «la justice, et sur la tempérance, et sur le jugement à venir» ; mais il remit la repentance à un autre jour qui, hélas n’arriva jamais. Pour Saul de Tarse, c’était sa robe de propre justice.

Toutes ces différentes chaînes entourent notre coeur si doucement, que nous ne les sentons que lorsque le Seigneur intervient dans sa miséricorde ; alors tout change. Nous commençons à nous apercevoir de l’esclavage, comme nous ne l’avions jamais senti auparavant, parce que Satan déploie toutes ses forces pour empêcher la grâce du Seigneur de faire son oeuvre de délivrance. Hélas, le peuple que Dieu veut délivrer commence à murmurer. Mais ne nous en étonnons pas ; tout était comparativement facile pour lui dans cet esclavage, que Satan ne lui faisait pas sentir trop péniblement ; mais touchez à ses chaînes, et il criera !

Je désire, en passant, adresser un mot à la conscience de mes lecteurs. Avez-vous, autour de votre coeur, quelque chaîne silencieuse et invisible, dont vous n’ayez peut-être pas même conscience ? Peut-être le Seigneur l’a-t-il touchée de temps à autre de manière à vous en faire entendre le bruit ; cependant vous restez enchaîné. Peut-être aussi est-ce une chaîne dont vous connaissez bien l’existence, le Seigneur et votre conscience vous l’ont déjà fait sentir ; cependant elle est toujours là. Quelque péché secret que vous gardez et que vous chérissez au fond de votre coeur, invisible à d’autres, mais s’attachant à vous et vous rongeant.

Prenez garde ; regardez à Celui qui vous a fait sentir cet esclavage, et soyez assuré que si son oeil l’a vu, son bras est assez fort pour briser tous les liens qui enlacent votre coeur ; ils seront comme «les cordes qui étaient sur les bras de Samson», — ils deviendront «comme du lin où l’on a mis le feu». (Juges 15:14).

Ne laissez pas non plus la terrible chaîne de l’insouciance et de la négligence se resserrer peu à peu autour de votre âme, jusqu’à ce «plus tard» qui ne viendra jamais.

Vous êtes avertis ; allez à Lui (que vous soyez saint ou pécheur) et, quand vous serez en sa présence, il vous fera éprouver la vérité des paroles qu’il a dites lui-même : «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres».

 

1.2      Chapitre 2 — L’annonce du jugement et le moyen d’y échapper ; le bouquet d’hysope.

 

Je passe sous silence tous les signes et les miracles qui furent faits dans le pays de Cam, ainsi que les compromis proposés par l’ennemi, sous la pression de la main de Dieu, pour arriver au moment où le message final fut envoyé par Moïse à Pharaon (Exode 11).

Je ferai remarquer ici la complète analogie qui existe entre ce qui se passait alors, et les dispensations actuelles du Seigneur, en grâce. Avec le message de la pleine et libre grâce dans l’évangile, nous recevons la révélation finale d’un jugement à venir — révélation aussi positive qu’elle est solennelle et pénétrante pour l’âme. Aucune menace, pas de déclamations ou de dénonciations ; rien que l’exposé, à la fois calme et terrible, de la ruine totale de l’homme mis à l’épreuve de diverses manières, et de la condamnation certaine et éternelle de toute âme que Dieu jugera d’après ses oeuvres. La vérité a paru et a tout mis en lumière ; elle a montré ce qu’est Dieu, ce qu’est l’homme, ce qu’est Satan, ce qu’est le monde, ce qu’est le jugement : toutes choses sont mises à nu par elle. Dieu ne menace pas, mais il a révélé le jugement à venir comme résultat terrible de la grâce méprisée. «Et Moïse dit : Ainsi a dit l’Éternel : environ sur le minuit je passerai au travers de l’Égypte» (v. 4), L’heure où chacun dort et se croit en sûreté est l’heure choisie pour le jugement. «Et il y aura un si grand cri dans tout le pays d’Égypte, qu’il n’y en eut jamais, et qu’il n’y en aura jamais de semblable» (v. 6.) Un cri qui retentit lorsque le coup est déjà frappé.

Les signes et les miracles n’avaient produit aucun effet sur le coeur de Pharaon, qui était même resté insensible à la menace du jugement. Le plan de la délivrance avait été déroulé par Celui qui sait ce qu’il peut exiger, et qui allait paraître sur la scène comme un juge juste et inexorable. L’heure du souper était celle où il fallait écouter et agir ; lorsque minuit arrive, le coup était frappé, il était trop tard. Celui qui aura différé aura beau mettre en avant sa parfaite connaissance du plan de la délivrance ; c’est trop tard ; il a croisé les bras et le jugement l’a atteint. Il peut crier : «Seigneur, Seigneur, ouvre-moi», la porte de la miséricorde est fermée pour toujours !

Si nous examinons la parabole du grand souper, dans le quatorzième chapitre de Luc, nous voyons que ce ne sont pas ceux qui vivaient ouvertement dans le péché, qui refusent ce dernier appel de la grâce. Je dis le dernier, car vous remarquerez que la fête de l’évangile est présentée comme le repas final du jour où Dieu était en relations avec l’homme. Dans ce jour-là, le Seigneur dînait dans la maison du pharisien. Le souper est le dernier repas du jour avant que minuit sonne. Ce fait est significatif : l’évangile arrive après les voies de Dieu et ses divers essais avec l’homme. Le matin de l’innocence, avec ses beaux moment de fraîcheur, lorsque Dieu descendait pour visiter ses créatures et que la création était pure de toute souillure, a bien vite passé, et l’homme est tombé pour ne jamais revenir à cet état de bénédiction de la créature.

Alors vinrent les voies du milieu du jour, les rapports de Dieu avec l’homme possédant une conscience obtenue par la chute. C’est alors que se montre la terrible méchanceté des hommes et des anges ; la terre est remplie de corruption et de violence, et Dieu lave cette terre souillée dans le grand baptême du déluge. Mais l’homme met le diable à la place de Dieu dans la terre renouvelée, et le monde entier l’adore en se livrant aux passions et aux abominations de leurs coeurs.

Puis vient ce que j’appellerai l’après-midi : l’épreuve de la loi. La loi montrait à l’homme quel était son devoir ; ses «tu feras» et «tu ne feras pas» lui enseignaient ce qu’il devait être, mais ne lui montraient ni ce qu’il était réellement, c’est-à-dire complètement ruiné et perdu, ni ce qu’était Dieu avec son coeur plein d’une tendre pitié et d’un amour parfait. Les prophètes sont alors envoyés pour rappeler l’homme à l’obéissance de la loi sous peine du jugement final ; et les prophètes sont lapidés.

Enfin c’est au soir que Dieu se révèle en Christ. L’homme sera-t-il touché et gagné cette fois-ci ? Hélas, non ! Pas un seul coeur ne vient de lui-même à Christ ; on ne sait voir en lui quelque beauté qui puisse le faire désirer. C’était un soir splendide que celui qui se montrait ainsi, après un jour d’orage et de misère ; mais il devait se terminer bien vite par les ténèbres de la croix, où l’homme éteignit (autant que cela lui fut possible) la lumière du ciel.

Dieu avait encore en réserve une autre heure de miséricorde ; l’heure du souper : le Saint Esprit envoyé du ciel avec ce message : «Venez, car déjà tout est prêt». Il dit : «Venez», car minuit, le jugement, était près d’arriver. Mais «ils commencèrent tous unanimement à s’excuser». Même les hommes qui ne vivaient pas positivement dans le péché, mais s’occupaient honorablement de leurs affaires et de leurs familles, refusent, eux aussi, le don de Dieu.

Je ne connais rien de plus solennel que la parabole de l’homme riche et de Lazare (Luc 16), où le Seigneur soulève le voile, pour nous laisser voir le jugement terrible d’une époque à venir, et nous faire comprendre, dans ce présent jour de grâce, quel sera alors cet aiguillon terrible du remords, le souvenir forcé des avantages que nous avons perdus pour toujours et par notre propre faute. Quel châtiment terrible pour les professants, pour les insouciants, pour les timides. «Mon enfant, souviens-toi», parole qui, à elle seule, nous dépeint cette scène redoutable mieux que n’auraient pu le faire les plus longs récits.

Mais je ne veux pas m’appesantir sur ce côté-là du tableau ; je désire plutôt indiquer aussi bien que possible le moyen d’échapper à ce jugement infaillible.

Il y avait, la nuit de la pâque, une sérieuse question entre Dieu et Israël ; les Israélites étaient pécheurs, et le péché avait fait de Dieu un juge ; mais il était descendu pour les délivrer et pour les amener au pays de la promesse, et il leur indique le moyen par lequel il pourra, tout en maintenant sa justice, passer par-dessus leur péché, lorsqu’il jugera le monde. Le sang d’un agneau sans tare devait être mis «sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons», qui devaient rester fermées, et dont aucun d’eux ne devait sortir jusqu’au matin.

Je n’ai pas l’intention de m’arrêter longuement sur cette scène si connue et qui, tant de fois déjà, a été méditée avec fruit ; je voudrais seulement appuyer sur certains points qui ne me paraissent pas avoir été suffisamment remarqués. Le soir venu, l’agneau devait être égorgé, et son sang appliqué sur la porte par l’Israélite, agissant dans «l’obéissance de la foi» ; et cette aspersion devait avoir lieu au moyen d’un «bouquet d’hysope». Ce bouquet d’hysope est significatif. Plusieurs connaissent ce que l’on appelle le plan du salut ; ils comprennent très bien qu’on ne peut être sauvé que par la foi et que, seul, le sang du Seigneur Jésus-Christ peut nous délivrer du jugement à venir ; ils connaissent ces paroles : «Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission» (Héb. 10:22). Cependant ils n’ont, pour ainsi dire, jamais tenu le bouquet d’hysope dans leurs mains — ce bouquet d’hysope, qui est la démonstration du lien réel existant entre leurs âmes et l’acceptation de la bonne nouvelle. C’est là le point que plusieurs d’entre nous négligent. Le bouquet d’hysope est employé dans deux occasions dans les Écritures. (Je ne parle pas de son importance comme type dans les holocaustes. Voy. Lév. 14 et suivants). Dans une de ces occasions, il est employé par un Israélite avec du sang (Exode 13) ; dans l’autre, il est dans la main d’un homme net, qui l’emploie pour un Israélite et avec de l’eau (Nomb. 19). Dans les deux cas, il est le signe de l’humiliation. Le psalmiste considère aussi l’hysope de cette manière, dans le Ps. 50:17, lorsqu’il s’écrie : «Purifie-moi du péché avec de l’hysope, et je serai net ». C’était la purification morale de son âme par une complète humiliation. Un Israélite qui croyait ce que lui disait Moïse à propos de la délivrance, dans cette nuit qui devait être «en mémorial», n’allait pas comme tant d’entre nous le font, se croiser les bras et attendre. Non ; il se ceignait et agissait dans «l’obéissance de la foi». (Rom. 1:5 et 16:26). Le monde pouvait le voir, le bouquet d’hysope à la main, aspergeant la porte de sa maison, «confessant de sa bouche» sa foi au message divin, et s’appropriant ainsi personnellement l’efficace du sang de l’agneau. C’était humiliant pour lui de se présenter ainsi devant un peuple d’idolâtres, dont il avait partagé les abominations (Ezéch. 20:6-8), et de confesser que, quoiqu’il appartint au peuple choisi de Dieu, il ne pouvait échapper au jugement qu’en se mettant à l’abri du sang de l’agneau. En faisant cette confession, il justifiait Dieu et se condamnait lui-même ; c’était humiliant, mais cela devait être ainsi. «Que Dieu soit vrai et tout homme menteur». C’est là le lien entre l’homme et Christ, et ce lien manque à plusieurs ; le bouquet d’hysope n’a jamais été pris en main ; l’âme ne s’est jamais humiliée dans l’obéissance de la foi, connaissant son propre état et ne se contentant pas de croire du coeur à l’évangile, mais le confessant de bouche à salut.

Dieu a des moyens bien variés pour ouvrir les âmes à la connaissance de leur propre misère, afin que son coeur à lui soit libre de répandre dans celui des hommes les flots de son immense amour ! Qu’ils sont merveilleux les différents chemins par lesquels il amène les âmes au lieu de la bénédiction c’est-à-dire au sentiment de leur ruine complète devant lui ! Une fois qu’elles sont arrivées là, il n’y a plus d’obstacles ; dès lors, rien ne saurait être plus simple que l’histoire de sa grâce : «La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton coeur, c’est-à-dire la parole de la foi, laquelle nous prêchons, savoir que si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur, et que tu croies dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé» (Rom. 10:8-9). Le pauvre brigand sur la croix connaissait l’humiliation dans sa conscience, lorsqu’il dit : «Nous y sommes justement». Il avait, à ce moment-là, le bouquet d’hysope à la main ; il ne réclamait aucune supériorité sur le brigand qui se moquait ; il n’essayait pas de se justifier ; il justifiait Dieu et se condamnait lui-même ; il n’y avait donc plus aucun obstacle à ce que l’amour de Christ se fit connaître à lui. Il croyait dans son coeur et il confessait de sa bouche ; aussi fut-il en paradis avec Jésus ce même jour-là. Il en est de même pour la femme syrophénicienne. «Oui, Seigneur», dit-elle, reconnaissant qu’elle n’avait pas le droit de rien réclamer de Celui qui était là, devant elle, le coeur plein de miséricorde, «cependant les chiens, sous la table, mangent des miettes». Elle montre ainsi que son coeur avait compris celui de Dieu, et qu’elle croyait trouver là une bénédiction pour ceux même qui n’avaient aucune promesse et aucun droit à la grâce ; c’était la conscience s’humiliant devant le Seigneur dans l’obéissance de la foi, et, aussitôt qu’elle en arrive là, la source est ouverte ; le coeur du Seigneur est libre de répandre cette bénédiction qu’il est venu révéler et apporter. «O femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu veux» (Matth. 15:28). Il est impossible de trop attendre de Dieu. Comme lÉternel luttait autrefois avec Jacob pour l’amener à la condition où il pourrait le bénir ainsi le Seigneur lutte avec la femme jusqu’à que qu’elle soit arrivée à comprendre et à sentir son propre état ; alors vient la bénédiction. C’est cette vérité que fait entrevoir à notre âme l’Israélite avec le bouquet d’hysope dans la main, le soir de la pâque. Le sang dont il fait aspersion, est mis là pour satisfaire l’oeil de Dieu ; pour lui donner une juste raison de passer, dans ses jugements, par-dessus l’homme dont les péchés méritaient d’être châtiés, aussi bien que ceux de l’Égyptien, son voisin.

Minuit, l’heure du jugement, arrive ; mais tout était en règle avant cette heure-là  ; il faut qu’il en soit de même pour nous. Nos péchés ne peuvent pas être plus grands au jour du jugement qu’ils ne le sont aujourd’hui, et le moyen, donné par Dieu, pour échapper à ce jugement, ne changera pas non plus : il est infaillible maintenant, comme il l’était alors. L’amour de Dieu a anticipé ce jour là en donnant son Fils, qui est venu et a présenté son sang devant Dieu. Dieu a déclaré notre état de péché quand il a dit : «Il n’y a point de juste, non pas même un seul», et le jugement ne peut que concerner cette vérité  ; mais Christ a porté nos péchés, les a ôtés de dessus nous, avant que le jour arrive, et Dieu nous a fait savoir qu’il en est ainsi. «Celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu» (Jean 3:18).

Mais, direz-vous, je sais tout cela. Je vous demande alors : Etes-vous pardonné ? êtes-vous en sûreté sous la protection du sang de Christ ? Je ne vous demande pas si vous espérez être sauvé, mais si vous l’êtes ? — et vous l’êtes, si vous croyez ce que Dieu dit. Si vous croyez votre propre coeur, vous serez confus : «Celui qui se confie en son propre coeur est un fou» (Prov. 26:26).

Puissiez-vous savoir ce que c’est que d’avoir tenu dans votre main le bouquet d’hysope ; d’avoir confessé de votre coeur que votre seule sécurité est ce précieux sang de Christ, que Dieu, contre lequel vous avez péché, a regardé et accepté, et dont la valeur à ses yeux ne changera pas au jour du jugement. C’est en vertu de ce sang qu’il a dit : «Je passerai par-dessus vous».

Après cette déclaration, oseriez-vous encore douter qu’il ne l’ait accepté ? Je ne demande pas si vous l’avez accepté, mais si vous croyez qu’il l’ait accepté — et, vous le savez, vous en avez la preuve en ceci : que Jésus est assis à la droite de Dieu. «Ayant fait par lui-même la purification de nos péchés, il s’est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux» (Héb. 1:3).

Supposez que quelqu’un ait payé pour moi une dette que je ne pouvais payer moi-même ; je ne peux plus être poursuivi pour cette dette, mais j’ai peur de rencontrer mon créancier. Pour pouvoir être heureux en sa présence, il faut que je sois sûr que quelqu’un a été assez bon pour payer à ma place. Dieu déclare qu’elle est payée ; ma conscience est donc libre, et je puis supporter maintenant d’examiner mon propre coeur, ce que je n’osais pas faire auparavant.

La question de nos péchés est donc réglée avant le jour du jugement, et réglée de manière à satisfaire la justice même de Dieu. S’il n’en était pas ainsi, il n’y aurait plus rien à espérer ; Christ ne peut pas mourir encore une fois, «la mort ne domine plus sur lui». Il a été «offert une fois pour porter les péchés de plusieurs». Je dis tous nos péchés, car ils étaient tous à venir quand ce précieux sang fut versé, quand Jésus les porta en son propre corps sur la croix. S’ils n’étaient pas tous là, expiés et ôtés, ils s’élèveraient sûrement contre nous au jour du jugement, et ce serait la condamnation éternelle pour nous. Mais, grâces en soient rendues à Dieu, il a porté tous nos péchés à nous qui croyons. D’autres peuvent le rejeter et périr, mais l’amour est là, ainsi que l’oeuvre de Christ pour sauver tous ceux qui croient en lui.

 

1.3      Chapitre 3 — Le sceau de l’Esprit Saint sur la rémission des péchés

 

Lorsque nous recevons la rémission de nos péchés, un fait très important pour nos âmes en est la conséquence ; je veux parler du sceau de l’Esprit Saint qui est mis sur nous, au moment même où nous acceptons ce pardon, où nous croyons en Jésus-Christ. C’est tout autre chose que le réveil de nos âmes qui nous fait simplement voir combien nous avons besoin d’être pardonnés ; c’est l’habitation du Saint Esprit dans nos corps.

Cette vérité est démontrée en type dans les choses qui arrivèrent à Israël. Du moment que le sang a satisfait aux justes exigences de Dieu, la colonne de nuée et de feu descend du ciel. «Et l’Éternel allait devant eux, de jour dans une colonne de nuée pour les conduire par le chemin, et de nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu’ils marchassent jour et nuit ; et il ne retira point la colonne de nuée le jour, ni la colonne de feu la nuit de devant le peuple» (Exode 13:21-22).

Quel bonheur pour les Israélites d’être délivrés d’un Dieu de jugement, la nuit de la pâque ; mais Dieu était dehors, et ils étaient dedans ; ils ne pouvaient avoir aucune communion de pensées avec Celui qui exerçait le jugement. Leur pensée à eux, dans cette nuit solennelle, était d’empêcher Dieu d’entrer dans leurs maisons ; mais, après le jugement, il vient immédiatement prendre place au milieu de ceux que le sang a préservés.

Le pardon était connu, mais l’affranchissement ne l’était pas encore ; cependant la conscience était purifiée devant Dieu ; c’est pourquoi la colonne de nuée descend avant que le peuple ait quitté l’Égypte.

Mon âme peut ne connaître que le simple et bienheureux fait de la rémission des péchés, mais peu importe — le reste suivra ! Dieu me scellera de son sceau. Lorsque Pierre prononça devant une foule qui avait besoin de pardon, ces paroles qui leur annonçaient la rémission de leurs péchés au nom du Seigneur Jésus et en vertu de son oeuvre : «Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés» (Actes 10:43), ces pauvres coeurs avides acceptèrent immédiatement le message ; et «comme Pierre prononçait encore ces mots, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la Parole (v. 44). Sans doute, l’Esprit Saint avait déjà travaillé à réveiller ces âmes avant la visite de Pierre ; il avait créé des désirs et des besoins que Christ seul pouvait satisfaire ; mais, maintenant, il vient avec le message de pardon et il est cru ; c’est pourquoi il fait sa demeure chez ceux qui ont accepté ce message : c’est le don de l’Esprit Saint, bien différent des dons qui devaient, dans ce même jour-là, faire reconnaître sa présence à d’autres yeux.

C’est ainsi que Pierre comprenait le sceau de l’Esprit Saint, et c’est ainsi que Paul l’enseignait. Pierre leur dit, au deuxième chapitre des Actes, v. 38, qu’après la rémission des péchés, ils recevraient le don du Saint Esprit. Paul en dit autant dans l’épître aux Romains : le sang de Christ ayant été versé (Rom. 3:25), le pécheur ayant cru en celui qui justifie l’impie (Rom. 4:5) et qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur,; lequel a été livré pour nos fautes (Rom. 4:24-25), l’amour de Dieu est versé (immédiatement) dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rom. 5:5). Tout ceci a lieu avant que l’affranchissement de leur état de péché devant Dieu leur soit connu (Chapitres 6 et 7).

La réception de l’Esprit Saint est donc positivement un résultat de notre foi en Christ pour la rémission de nos péchés. Il nous reste, sans doute, beaucoup à apprendre ; mais le résultat est évident : le Saint Esprit demeure en nous comme conséquence et comme sceau ; «auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse» (Éph. 1:13).

Le chap. 10 de l’épître aux Hébreux nous développe cette même vérité. Aussitôt que l’oeuvre de Christ est accomplie, l’Esprit Saint est envoyé, afin que nous connaissions la rémission des péchés. «Et l’Esprit Saint aussi nous en rend témoignage,... je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés, ni de leurs iniquités» (Héb. 10:14-17).

 

1.4      Chapitre 4 — La rédemption

 

Tout enfant de Dieu possède le pardon de ses péchés ; il n’est jamais question dans les Écritures d’un enfant de Dieu non pardonné. Une fausse théologie peut sans doute obscurcir les âmes et les empêcher de connaître la vérité, néanmoins le pardon des péchés est leur portion ; leurs péchés leur sont pardonnés, qu’elles en aient conscience ou non. Mais Dieu veut qu’elles le sachent ; c’est pourquoi, lorsqu’elles reçoivent le pardon, il leur donne le Saint Esprit. Ce n’est pas affaire de progrès, mais de simple foi, c’est-à-dire d’accepter les pensées de Dieu en abandonnant les nôtres. «Abraham crut Dieu», voilà la foi. L’expérience est souvent en contradiction avec ce que Dieu dit ; mais la foi n’est pas l’expérience, et c’est par la foi, non par l’expérience que nous sommes sauvés. La pleine assurance de la foi est le seul état normal du chrétien. Elle est basée sur ce que Christ a fait, et sur ce que l’Esprit Saint a déclaré dans la parole de Dieu. L’incrédulité rejette cette Parole et va à la perdition, mais la foi — une foi chrétienne enfantine — croit Dieu, «scellant ainsi que Dieu est vrai», et Dieu met son sceau, le Saint Esprit, sur celui qui croit. Mais connaître le pardon des péchés n’est pas connaître la rédemption. Un homme peut savoir que les péchés pour lesquels il aurait dû être jugé lui sont remis, et être malgré cela en Égypte quant à sa conscience ; il peut croire qu’il continue à être simplement «un pécheur», qu’il est encore un enfant d’Adam déchu, et, dans ce cas, le sentiment d’être délivré de cet état ne saurait se trouver en lui. C’est sans doute beaucoup déjà, de savoir que j’avais commis des péchés qui méritaient le jugement, et que la grâce intervenant m’a mis à l’abri par le sang de Christ, effaçant à la fois mes péchés pour toujours et me délivrant du jugement à venir. Mais c’est tout autre chose de savoir que j’ai été affranchi complètement de l’état dans lequel je me trouvais devant Dieu — celui d’un enfant d’Adam, pécheur et responsable — et que je suis maintenant un enfant de Dieu pardonné, et ne pourrai jamais redevenir un enfant d’Adam !

C’était autre chose pour Israël de savoir qu’il était sauvé hors d’Égypte, ou de savoir seulement qu’il était à l’abri du jugement, la nuit de la pâque. En Égypte, les Israélites avaient été des esclaves, faisant des briques sans paille ; ils sont les affranchis de Dieu lorsqu’ils chantent le cantique de Moïse au bord de la Mer Rouge, du côté du désert.

Or c’est ce point-là que plusieurs ignorent ; ils mettent leur confiance en Christ comme leur seule espérance ; ils savent même que leurs péchés leur sont pardonnés, mais ils n’en continuent pas moins, pendant tout le temps de leur vie, à gémir sur ce qu’ils sont des «pécheurs» ou de «misérables pécheurs». Ils ne pourraient pas faire cela, s’ils connaissaient réellement la rédemption.

Supposez qu’un Israélite, au lieu de chanter avec les autres le cantique de Moïse, s’écrie, en s’apercevant que sa personnalité n’a pas changé : «Je suis encore un pauvre esclave en Égypte !» que penseriez-vous de sa folie ? Cependant il y a beaucoup d’enfants de Dieu qui ne se trouvent pas dans un état meilleur, et combien c’est déshonorant pour l’oeuvre de Christ ! Mais cet état satisfait la religion systématique et lui vient même en aide ; la vraie puissance de la rédemption est ignorée, non pas en paroles, car, hélas ! celle des ruses de l’ennemi qui réussit le mieux est d’employer des paroles orthodoxes, sans leur donner leur vraie et entière signification, et d’aveugler ainsi les âmes du peuple de Dieu, les gardant jusqu’au bout dans l’ignorance et l’incertitude.

Un Israélite racheté était considéré, dès ce moment-là, comme sur un terrain entièrement nouveau ; il n’était plus traité comme un esclave en Égypte, mais comme possédant une nouvelle position et des relations très différentes avec Dieu. Il en est de même pour le chrétien (*).

 

(*) Je ferai remarquer ici que nous ne devons pas confondre deux pensées qui sont très distinctes dans les Écritures, c’est-à-dire la rédemption ou rachat et l’acquisition ou achat. Christ est «le chef de tout homme». Tout homme doit lui être présenté, en grâce maintenant ou en jugement plus tard, à cause des droits qu’il a sur tout homme par achat. C’est à ceci qu’il est fait allusion en 2 Pierre 2:1, et dans Jude, où il est parlé de ceux qui professent son nom, reniant le Maître qui les a achetés ; il n’est pas dit ici qu’il les ait rachetés. Dans la parabole du trésor (Matth. 13), vous avez l’homme achetant le champ (le monde), afin de posséder le trésor qui y était caché. Christ achète tout l’héritage, le monde et tout ce qu’il contient ; mais il rachète son peuple. Acheter un homme, c’est en faire son esclave ; le racheter, c’est le rendre libre. Il n’est jamais dit que Christ ait racheté tous les hommes ; il est dit qu’il les a achetés, c’est pourquoi il a sur ce terrain-là (et pas seulement sur celui-là), des droits incontestables sur tous les hommes.

 

Un chrétien est à la fois acheté et racheté ; affranchi, par la rédemption, de l’esclavage de Satan et des conséquences de ses propres péchés, et acquis à Christ auquel il appartient ; il est «acheté à prix», c’est pourquoi il «n’est plus à lui-même», mais à Celui qui l’a acquis pour le posséder.

 

Et maintenant une autre chose se présente : c’est que nous devons non seulement apprendre ce que nous avons fait, et que nous avons besoin d’être pardonnés, mais encore comprendre ce que nous sommes et la délivrance que nous trouvons en Christ. Nous n’atteindrons pas la conscience d’une complète délivrance de ce que nous sommes, tant que nous n’aurons pas été forcés de nous écrier : «Misérable homme que je suis, qui me délivrera ?» Nous avons vu que le pardon des péchés peut être connu jusqu’à un certain point, sans que la rédemption soit comprise.

Tout ceci est développé dans le quatorzième chapitre de l’Exode. Les Israélites se mettent en route pour quitter l’Égypte ; mais ils ont à apprendre une amère leçon ; c’est qu’ils ne peuvent se délivrer eux-mêmes ; ni le pardon, ni la possession de la vie, ne donnent la force. C’est ici que se place l’expérience, mais l’expérience avant la délivrance, c’est-à-dire sur un terrain qui n’est pas encore le terrain chrétien. L’expérience ne donne jamais l’affranchissement ; elle m’amène à comprendre que je suis captif, mais ne peut me délivrer (voyez Rom. 7:14-24) ; ce qui me délivre, c’est l’oeuvre d’un autre.

Dans la nuit de la pâque, la question était entre Dieu et Israël ; à la Mer Rouge, entre Dieu et l’ennemi. Auquel des deux, ceux qui avaient été rachetés par le sang, appartiendraient-ils ?

Dans ce passage de la Mer Rouge nous apprenons, en type, l’efficace de la mort de Christ et de sa résurrection pour nous délivrer du monde, et de la puissance de Satan qui a fait de ce monde une scène qui puisse satisfaire la chair de l’homme.

Le sang de Jésus a répondu pour nos péchés devant un Dieu juge ; sa mort et sa résurrection nous placent, par la rédemption, dans une position toute nouvelle : elles nous délivrent pour toujours des attaques et des accusations de l’ennemi. Dieu nous compte, dans sa grâce, ce que nous possédons par la foi : l’efficace de ce que Christ a traversé pour nous.

Les enfants d’Israël avaient campé à Pi-Hahiroth entre Migdol et la mer. Pi-Hahiroth signifie «le passage de la liberté». Satan rassemble ici toutes ses forces pour un assaut final qui rende inutile «le salut de l’Éternel» ; toutes ses armées poursuivent le peuple qui a «une fort grande peur». L’Éternel permet cette poursuite, dont le résultat doit être de leur apprendre à le connaître autrement que comme Juge. Ils font l’expérience de leur faiblesse et de leur incapacité quand ils trouvent qu’il leur était plus facile d’être les esclaves de Satan que de supporter l’effort de sa poursuite lorsqu’ils essayent de lui échapper. Peut-être avaient-ils une fois rêvé la fuite ; mais le jour de l’épreuve est là et leur servitude en Égypte leur paraît préférable à ce moment difficile. «Car il vaut mieux que nous les servions, que si nous mourions au désert» (v. 12). La mort était devant eux et la puissance de Satan s’étend jusqu’à la mort ; la mort une fois passée, c’en est fini du pouvoir de Satan.

Les ressources de Dieu se montrent alors. Le sang qui a lavé nos péchés est sorti du côté d’un Christ mort ; mais ce Christ est ressuscité et a quitté le domaine de la puissance de Satan, annulant la mort pour celui qui croit. «Ne craignez point, arrêtez-vous et voyez la délivrance de l’Éternel... L’Éternel combattra pour vous, et vous vous demeurerez tranquilles» (v. 13-14).

Alors Moïse éleva la verge du jugement et divisa les eaux de la mort ; et le peuple passa de l’autre côté, à travers la mort qui se trouvait devant eux un instant auparavant. L’Éternel avait forcé les derniers retranchements de la puissance de Satan et avait obtenu une complète délivrance pour son peuple. Il peut y avoir encore un grand travail à faire en eux jusqu’à ce qu’ils se connaissent eux-mêmes et soient amenés à comprendre que, dans leurs difficultés, tout doit leur venir de Dieu ; mais le Seigneur a accompli l’oeuvre du salut pour nous, et ce qu’il a traversé nous est compté en grâce. Non seulement son sang nous a lavés de tout péché et nous a délivrés du jugement à venir, mais encore il est mort et ressuscité, et il a quitté la sphère dans laquelle il était entré pour nous : nous sommes donc aussi morts au péché et à l’état de péché pour lequel et auquel il est mort lui-même, en y mettant fin devant Dieu, et maintenant il vit à Dieu. «Christ, ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur lui. Car en ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu. De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus» (Rom. 6:9-10). Comment donc Satan pourrait-il nous toucher ou nous accuser ? Si nous sommes morts avec Christ à cette scène où son amour divin l’a fait entrer, nous y sommes morts pour toujours. Satan peut nous poursuivre (comme Pharaon et ses armées poursuivirent Israël), mais il y trouve sa ruine ; il a épuisé ses forces, lorsqu’il a excité le monde entier contre Christ pour l’en chasser ; mais c’est en cela même que Christ a détruit sa puissance. Ses accusations sont passées, ses attaques sont déjouées, nous sommes morts avec Christ. Ce ne sont que les vivants qu’on peut accuser et attaquer !

Si nous étions simples nous-mêmes, cette grande vérité de l’affranchissement serait bien simple aussi ; mais, hélas ! nous ne sommes pas simples. C’est pourquoi nous avons à passer par d’amères expériences jusqu’à ce que nous en arrivions à nous écrier : «Qui me délivrera ?» Dès ce moment-là, tout est simple et clair. Nous avons été transportés complètement hors de la position et de la condition où nous avions commis les péchés, et, comme nettoyés et purifiés, nous avons été placés dans une position toute nouvelle : «en Christ» ressuscité d’entre les morts.

Nous ne serions jamais arrivés là par nos propres efforts ; au contraire, nous ne pouvons obtenir cette délivrance en Christ, qu’en renonçant à tout effort personnel pour nous abandonner complètement à Celui qui a tout accompli, et qui se trouve lui-même maintenant dans cette position nouvelle.

Vous trouvez toutes ces expériences décrites dans le septième chapitre aux Romains, v. 14-24. Non pas que ces versets vous donnent l’expérience de toutes les personnes du temps où ils ont été écrits ; ils vous montrent les expériences passées d’un homme affranchi qui avait lutté lui-même pour obtenir sa liberté, jusqu’au moment où il comprit que tous ses efforts l’éloignaient plutôt de la délivrance qu’ils ne l’en rapprochaient. Au moment où il écrit, il est sur terre ferme, pour ainsi dire, et il décrit ce qu’il a éprouvé avant d’être libre.

L’histoire de Jonas (Jonas 2) est comme une illustration de ce que nous venons de dire. Il est placé dans un lieu d’où personne que Dieu seul pouvait le délivrer dans le «ventre du sépulcre» : comme il le dit lui-même. Trois fois de suite il essaie de dire ce qu’il ferait, si seulement il pouvait sortir ; mais non ! «Je verrai encore le temple de ta sainteté». Non, les voeux et les résolutions ne servent de rien. «Mais moi», s’écrie-t-il, «je te sacrifierai avec la voix de louange». Cette promesse va-t-elle le libérer ? Non. Il essaie de nouveau : «Je rendrai ce que j’ai voué». Mais tout est en vain ; les promesses et les voeux, les efforts et les résolutions faits dans ces conditions-là n’ont aucune valeur ; ils viennent du «moi», et aussi longtemps que ce «moi» est reconnu, c’est que vous n’y avez pas renoncé comme à une chose dans la chair de laquelle «il n’existe aucun bien», pour tourner vos yeux vers Christ seul.

Alors Jonas dit : «Le salut est de l’Éternel». Ah ! Jonas, tu as enfin trouvé le secret ; tu as touché le ressort et la porte s’ouvre; en un instant te voilà libre !

Qu’il est simple et qu’il est heureux en même temps d’avoir ses yeux détournés de soi-même, d’un état sans espoir, et reportés sur Christ, dans le sentiment d’une complète incapacité ; alors tout change ; nous sommes libres !

Je ferai remarquer, en passant, qu’il y a trois étapes dans l’expérience amère décrite dans ce chapitre de Rom. 7:14-24: Premièrement le mal irrémédiable de notre nature, de la chair, dans laquelle il n’habite point de bien, car non seulement l’arbre produit de mauvais fruits, mais l’arbre lui-même est mauvais. En second lieu, l’âme commence à s’apercevoir qu’après tout elle peut avoir de bonnes aspirations, un ardent désir de faire ce qui est bien devant Dieu, et que ces aspirations sont celles de la nouvelle nature qui est sanctifiée pour l’obéissance à Christ ; le premier cri de l’âme qui se réveille est «Seigneur, que veux-tu que je fasse ?» Mais quelle déception pour cette âme de voir que, malgré ces ardents désirs et ces sérieuses aspirations, la mauvaise nature est plus forte que la bonne et me rend captif, en sorte que ce n’est pas ce que je veux que je fais, et que ce que je hais, je le pratique. C’est une dure leçon, mais bien utile aussi. En dernier lieu, j’apprends que je n’ai aucun pouvoir sur ma chair, et que quelqu’autre que moi doit me venir en aide pour me délivrer. C’est triste pour moi d’apprendre que ma nature est absolument mauvaise ; plus triste encore de comprendre qu’elle n’est pas moi, et que pourtant je suis esclave de ses désirs. Mais, dès l’instant que je renonce à moi-même et à mes propres efforts, et que je m’écrie : «Qui me délivrera ?» mes yeux se sont détournés de tous les efforts tentés par le «moi», et je me trouve immédiatement libre. Le Seigneur est entré jusque dans les profondeurs de la mort, et la mauvaise nature a été jugée et condamnée si complètement dans sa personne, que je puis me considérer comme mort par la foi et pour la délivrance, quoique, de fait et par expérience, je trouve cette nature vivante et ses tendances toujours les mêmes. Seulement je suis autorisé à la traiter comme n’étant pas «moi», mais comme étant un ennemi que j’ai à combattre et à vaincre.

Ainsi nous sommes «en Christ» et plus du tout «en Adam», et maintenant, pour la première fois, nous porterons du fruit pour Dieu.

Toute cette oeuvre de rédemption (Ex. 12 à 14) est ce que Dieu a fait pour nous ; les expériences par lesquelles nous passons, sont un travail produit en nous, afin que nous puissions réaliser ce qu’il a accompli. Maintenant, pour la première fois, la bouche de ceux qui ont mangé en silence l’agneau pascal la nuit du jugement, dont les cris de détresse au bord de la Mer Rouge ont été exaucés par un Dieu Sauveur, s’ouvre enfin pour faire entendre un cantique de louange, pour célébrer ce que l’Éternel a accompli, dans sa grâce, pour leur délivrance.

Ainsi donc, les péchés, la mort et le jugement sont passés pour l’âme affranchie. Les péchés sont ôtés parce que Christ les a portés ; la mort est passée pour nous en Lui. Si nous avons à mourir physiquement, c’est un passage pour arriver dans la présence du Seigneur, et «la mort est à nous» et n’est plus «les gages du péché». Christ ayant pris sur lui ces gages, nous sommes affranchis, et, au lieu de nous amener à la portion de l’homme pécheur : le jugement après la mort (Héb. 9:27), la mort nous conduit à la gloire où se trouve Jésus. Le jugement est passé, car Christ a porté la colère, et celui qui a cru «a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24).

Et «les eaux retournèrent et couvrirent les chariots et les gens de cheval de toute l’armée de Pharaon, qui étaient entrés après les Israélites dans la mer, et il n’en resta pas un seul. Ainsi l’Éternel délivra Israël» (v. 28-30).

Les mêmes eaux qui réduisent l’ennemi au silence, retournent dans leur lit, empêchant ainsi le peuple de retourner par ce chemin-là dans le pays de l’esclavage et du péché. La rédemption, une fois accomplie, est accomplie pour toujours.

 

1.5      Chapitre 5 — La louange. La grâce et la gloire, sujets du cantique

 

«Celui qui sacrifie la louange, me glorifiera » (Ps. 50:23), dit le Seigneur. Dieu aime à recevoir nos louanges pour ce qu’il a fait en notre faveur, comme aussi pour ce qu’il est lui-même. Qui refuserait de chanter à sa gloire ? Qui voudrait rester silencieux, quand il s’agit de lui offrir «le fruit des lèvres qui confessent son nom» ? Mais remarquez quel est le moment où le chant se fait entendre : c’est lorsque l’ennemi est réduit au silence, lorsqu’ils «sont descendus au fond des eaux comme une pierre», «qu’ils ont été enfoncés comme du plomb au plus profond des eaux». Dieu a agi et Israël est libre : c’est le moment où Dieu veut avoir sa récompense en louanges et en adoration. Comment aurait-il pu être adoré par des coeurs écrasés sous le joug par des consciences mal à l’aise ? C’eût été impossible.

Ce qu’on appelle généralement le culte est une certaine suite de formules religieuses, une routine de prières et de chants, auxquels on ajoute peut-être un sermon. Chacune de ces choses est très bonne à sa place, mais aucune ne se retrouvera dans le ciel. Le culte est ce qui caractérise le ciel : «Oh! que bienheureux sont ceux qui habitent en ta maison, et qui te louent incessamment» (Ps. 84:4). «Ils ne cessent jour et nuit, disant : Saint, saint, saint, Seigneur, Dieu, Tout-Puissant» (Apo. 4:8).

Le Père cherche ceux qui l’adorent en esprit et en vérité (Jean 4:23). Le culte est l’expression de notre plénitude et des bénédictions de Dieu ; la prière est l’expression de nos besoins et de notre dépendance de lui.

Dieu commence par nous purifier de nos péchés, afin que nous puissions être heureux en sa présence ; il nous donne une nouvelle nature, capable de jouir de lui dans la lumière de sa présence, et après cela il nous place devant lui, «saints et irrépréhensibles» en Christ, et nous scelle du sceau de l’Esprit de Dieu ; alors, nous ayant rachetés, Christ prend sa place au milieu de son peuple pour conduire à Dieu leur louange. Christ était seul dans la mort, seul dans l’expiation et dans le jugement, mais, aussitôt qu’il a tout accompli et qu’il est ressuscité, il s’écrie : «Au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges». (Comp. Ps. 22:22 avec Jean 20:17, et Héb. 2:12).

Je crois donc que nous ne devrions chanter ses louanges que comme chrétiens, — comme croyants si vous voulez, — et sinon ne pas les chanter du tout. L’idée de faire chanter des pécheurs non croyants n’est pas autorisée par les Écritures. Notre chant devrait être l’expression de notre bonheur, et s’adresser à Celui qui nous a bénis de toute bénédiction.

Nous examinerons quelques-uns des traits les plus intéressants du cantique de Moïse, dont le choeur était répété par Marie et par toutes les femmes, avec des tambours et des flûtes. «La mélodie et les danses» étaient entendues hors de la maison, et rendaient témoignage à ceux du dehors. Ces sons peuvent provoquer la colère du fils aîné, mais ils n’en sont pas moins l’expression de la joie du père et de toute sa maison (Luc 15).

Il y a deux parties bien distinctes dans ce cantique : celle de Moïse et celle de Marie. Le chant de Moïse exalte la grâce actuelle qui les délivre, comme aussi la gloire future à laquelle ils sont appelés ; Marie chante la grâce actuelle, mais ne parle pas de la gloire à venir. Ceci est d’autant plus frappant que nous savons qu’elle mourut en route dans le désert, avant que le peuple entrât au pays de la promesse (Nomb. 20). Sans doute Moïse mourut aussi sur la montagne de Nébo, la loi, dont il était le représentant, ne pouvant amener le peuple à la possession du pays ; mais ceci n’a rien à faire avec la leçon que nous apprenons dans ce quinzième chapitre de l’Exode. D’ailleurs il devait en être ainsi pour Moïse, puisqu’il avait «parlé légèrement de ses lèvres», et qu’il «en advint du mal à Moïse à cause d’eux» (Ps. 104:32-33).

La foi lui fait comprendre la grâce libératrice de l’Éternel, c’est pourquoi il chante ; elle lui fait entrevoir aussi la gloire à venir, et il chante le Jourdain et l’entrée sur la montagne de l’héritage, «au lieu que l’Éternel a préparé pour sa demeure, au sanctuaire que ses mains ont établi». Marie ne chante que la grâce présente, mais quel beau sujet pour un cantique ! Cependant le coeur a besoin de quelque chose de plus que ce regard en arrière sur ces puissantes eaux du jugement, hors desquelles Jésus est sorti, y ayant laissé pour toujours nos péchés, la mort et le jugement ! Cette joie, quelque grande qu’elle soit, ne peut nous aider à traverser le désert, où la foi et la patience sont exercées et mises à l’épreuve chaque jour : il faut pour nous aider, que notre coeur soit transporté au delà, dans la gloire où Jésus est déjà ; que nous puissions nous glorifier dans l’espérance de cette gloire, et dans le sentiment que nous avons la paix avec Dieu, et que nous avons par la foi, trouvé accès à sa faveur, cette faveur qui est bien plus précieuse que la vie (Rom. 5: 4, 2).

Marie représente ici la première joie du chrétien affranchi, cette joie si complète et si réelle que nous avons éprouvée nous-mêmes, ou que nous avons vue chez d’autres ; elle est vive et bénie, mais c’est une joie qui ne nous accompagne pas bien loin sur le chemin. Vous la voyez souvent chez ceux qui viennent d’être convertis, et, souvent aussi, l’âme chez eux est trop occupée de cette joie et néglige la vraie dépendance du Seigneur, ce qui occasionne nécessairement une chute. Il y a une autre joie qui est tout aussi complète et profonde et qui ne cesse jamais, qui surmonte toutes les vicissitudes du chemin, et dont ni les privations, ni les chagrins du désert, ne peuvent tarir la source : «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous» (Phil. 4:4). C’est le Seigneur qui est la source d’où découle cette joie-ci, et c’est une source qui ne tarit jamais. Paul, lorsqu’il dit cela, arrive vers la fin de son voyage dans le désert, et cependant jamais encore il n’a été aussi rempli de cette joie, quoiqu’il fût entouré à ce moment-là de tout ce qui pouvait éprouver et déchirer son coeur. Comme l’aigle en cage, il était enfermé entre les murs d’une prison, séparé de la communion des saints, voyant tous ceux d’Asie, ce champ de ses travaux les plus heureux, se détourner de lui, sachant que les saints marchaient mal, que l’Église s’affaiblissait, se trouvant ainsi dans la tribulation lui-même, et privé de ce service qui était sa vie : eh bien, au milieu de ces circonstances si contraires, il trouve que son âme est rassasiée comme de moëlle et de graisse, et sa bouche loue le Seigneur avec un chant de réjouissance, en cette terre déserte, altérée et sans eau (Ps. 63). Un autre désir excellent est exprimé au commencement de ce cantique  : c’est d’avoir Dieu demeurant au milieu d’eux ; l’âme désire lui préparer une habitation ; plus tard elle demeurera avec Dieu dans le pays, mais, en attendant, elle voudrait l’avoir demeurant avec elle dans le désert : c’est l’alternative de Jean 14:2, 23. Satan est maintenant dans le pays, et c’est l’étrange anomalie que nous présente l’état actuel des choses. Nous sommes avec Dieu dans le désert, et Lui est avec nous ; mais nous sommes avec Satan, ou plutôt contre Satan, dans les lieux célestes dans le Christ Jésus.

C’est ici qu’il est question pour la première fois de la sainteté de l’Éternel. Il y avait été fait allusion dans le troisième chapitre de l’Exode, dans ces paroles adressées à Moise : «Déchausse tes souliers de tes pieds; car le lieu où tu es arrêté est une terre sainte». Si Dieu était descendu pour racheter son peuple et le délivrer de la servitude et de la corruption, c’est qu’il voulait la sainteté ; et maintenant que le peuple est libre, il chante que Dieu est «magnifique en sainteté».

Je crois que nous ne pouvons vraiment comprendre ce qu’est la sainteté, qu’après que nous avons connu la rédemption. Vous verrez plus d’une âme sincère être dans une grande détresse, parce qu’elle ne trouve pas la sainteté en elle-même. Elle se dit avec raison : Ne devrais-je pas être sainte ? Mais demandez-lui où elle cherche cette sainteté, et vous verrez qu’elle la cherche dans son propre coeur. Le fait est qu’elle n’est pas encore «affermie en justice», et qu’elle veut trouver la sainteté là où «il n’habite point de bien». Mais quand l’âme se sait rachetée et avec Dieu en justice, alors elle peut chercher cette sainteté qui convient à la nouvelle sphère dans laquelle elle a été introduite pour y être avec Dieu. «Soyez saints, car moi je suis saint», trouve ici sa place.

Les Israélites sont donc sauvés, mais «sauvés en espérance», comme il est dit en Rom. 8:24.

Ceci n’amène pas plus loin que le désert, avec l’espérance du pays et de la gloire pour plus tard, et, pour le présent, le soupir en accord avec l’Esprit ici-bas ; mais aussi des chants de louanges et de bénédictions à l’Éternel.

 

1.6      Chapitre 6 — Les lieux célestes

 

La rédemption est le point de départ du chrétien pour sa marche dans le monde et pour ses relations avec Dieu. Les expériences qui l’amènent jusque-là sont nombreuses et amères, mais l’âme qui les traverse ne se trouve nullement sur le terrain chrétien. Cette rédemption est en Christ ; en croyant, nous sommes entrés dans toutes les bénédictions et dans tous les avantages qui s’y rattachent, mais l’oeuvre était accomplie depuis longtemps déjà ; nos péchés avaient été portés sur le bois et tout était achevé, avant que nous parussions sur la scène. Puis vient le travail de nos consciences, qui nous amène à comprendre que nous avons besoin d’être purifiés et nettoyés, enfin la délivrance ; mais tout cela n’a fait que nous placer au bénéfice de ce que Christ avait déjà parfaitement accompli. Ce n’est pas l’expérience qui nous place là, quoique l’expérience puisse nous amener jusque-là, mais c’est la seule foi en Christ. La foi est la main vide qui se tend vers lui, pour être remplie par lui; et la vraie foi peut toujours être reconnue à ceci : qu’elle a lui seul pour objet !

Quelques personnes s’agitent et se tourmentent à propos de la mesure que peut avoir la foi, quant à l’assurance de l’affranchissement, ou à quelqu’autre sujet. Il n’y a pas de mesure pour la foi sous ce rapport. La foi est la foi, et il n’existe certainement rien qui ressemble à une foi en Christ qui ne sauve pas ! Vous pourriez demander : «Quand me sauve-t-elle ?» Je répondrais : «Aussitôt que vous l’avez reçue ». Une goutte d’eau est aussi bien de l’eau que l’océan Atlantique tout entier; de même la foi est la foi, qu’elle soit grande ou petite. La foi rejette l’âme entièrement sur Dieu et sur ce qu’il a dit, indépendamment de toute espèce de sentiments et d’expériences. Il va sans dire que, lorsque la foi est simple, elle sera suivie de réels sentiments et expériences ; mais elle ne peut avoir d’autre base solide que la parole de Dieu.

On pourrait demander pourquoi j’introduis la position céleste d’un chrétien, immédiatement après le salut de Dieu et l’affranchissement complet de l’âme de toutes ses anciennes responsabilités et relations. «N’avons-nous pas», peut-on me dire, «le grand et terrible désert à traverser, avant d’atteindre cette position céleste ? Le peuple d’Israël n’a-t-il pas marché pendant quarante ans dans le désert, avant d’arriver en Canaan» ?

Ceci est vrai quant à eux ; ils ont traversé l’un, pour arriver à l’autre. Nous, au contraire, nous sommes déjà arrivés à notre Canaan, en étant en Christ ; et c’est alors, et seulement alors, que nous avons trouvé le monde un désert pour nous. Je ne crois pas que jamais nous l’estimions réellement un désert, avant que nous ayons la conscience de notre position et de nos possessions célestes «en Christ», étant unis à lui par l’Esprit de Dieu. Je ne dirai pas que chacun ait cette connaissance ; plusieurs pensent qu’il faut d’abord traverser le désert de la vie, avant que l’âme ait conscience de sa position en haut, mais cette manière de faire n’est pas celle de Dieu. Ce n’est pas comme le monde donne, que Dieu nous donne. Il nous fait entrer dans tout ce que Christ possède comme «homme» devant lui, et cela actuellement. Il n’y a pas d’expériences à faire pour le comprendre ; l’expérience a amené l’âme à reconnaître son impuissance avec terreur, et a exercé le coeur et la conscience, afin qu’ils arrivent à connaître Dieu comme Sauveur, — un Dieu qui met ses délices à sauver !

Mais Dieu, a fait entrer un homme dans la gloire et l’a assis sur le trône de Dieu. La foi nous dit qu’il y a un homme dans le ciel, la foi basée sur le témoignage des Écritures. Ce sont elles qui nous disent que cette nouvelle place est celle de l’homme par la rédemption. Si je considère Christ (l’homme dans le ciel), comme le précurseur, il est entré là pour moi ; si je considère mon union avec lui, je sais que je suis un avec lui dans cette place céleste où il se trouve. Quand j’étais vivant dans les péchés, il versa son sang et les ôta ; quand j’étais mort dans les péchés, il mourut pour mes péchés; s’il est ressuscité, Dieu nous a ressuscités ensemble avec lui ; s’il est monté en haut, nous sommes montés avec lui, et nous sommes assis en lui dans les lieux célestes. Il ne pouvait y avoir un homme uni à Christ dans le ciel, avant que le Saint Esprit fût descendu du ciel pour habiter dans nos corps ; comme aussi le Saint Esprit ne pourrait habiter dans un homme dont la conscience ne serait pas purifiée, ce qui ne peut avoir lieu qu’après l’accomplissement de l’oeuvre qui le purifie. C’est pourquoi aucun saint avant la croix n’a su que tous ses péchés étaient ôtés et que sa conscience était purifiée ; il savait seulement que certains péchés étaient pardonnés. Nathan est envoyé à David pour lui montrer que l’Éternel a fait passer son horrible péché dans le cas d’Urie ; mais aucun des saints de l’Ancien Testament n’a connu Dieu dans la lumière de sa présence au dedans d’un voile déchiré, et n’a su que le coup qui a déchiré le voile nous met en présence de Dieu sans un seul péché ! Mais aussi le Saint Esprit n’a jamais été donné avant que Jésus fût glorifié (Jean 7:36-39).

Le Saint Esprit inspira les prophètes, vint sur eux pour un temps, puis les quitta ; il en fit autant envers des hommes qui n’étaient pas même convertis, comme Saül et Balaam. Il a guidé et enseigné les saints, et a réveillé l’âme des pécheurs ; mais il lui faut des consciences purifiées de tout péché pour qu’il puisse demeurer dans nos corps.

L’Esprit de Dieu agissait dans les âmes, et elles étaient nées de nouveau par la Parole et par l’Esprit ; elles avaient une nouvelle nature qui avait soif d’une complète délivrance, avant que, par la croix, Dieu leur eût fait savoir que tous leurs péchés étaient ôtés. Les enfants de Dieu étaient des esclaves, espérant un Sauveur et un salut dont ils sentaient le besoin ; mais aucun d’eux n’avait reçu l’Esprit d’adoption, l’Esprit de son Fils, par lequel ils auraient pu crier : «Abba, Père». Maintenant (depuis la croix) il est certain que «parce que vous êtes fils (fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus ; Gal. 3:26), Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père» (Gal. 4:6).

Ainsi nous nous trouvons d’une manière consciente en relation avec Dieu comme notre Père, ce qui n’est arrivé à aucun des saints de l’Ancien Testament, car, quoiqu’ils fussent nés de Dieu, cette relation de fils ne leur fut jamais connue. La confiance en Dieu caractérise l’Ancien Testament jusqu’à la croix ; la relation caractérise le Nouveau Testament.

Le peuple de Dieu, avant la croix, était sous le support de Dieu. Lorsque vint la croix, qui satisfait à toutes les exigences de Dieu et purifia le croyant de ses péchés, il se trouva sur un tout autre pied ; il est maintenant justifié et pardonné en toute justice Rom. 3:25-26, montre cette vérité très clairement : «Lequel Dieu a présenté comme propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause du support des péchés précédents dans la patience de Dieu, afin de montrer, dis-je, sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus».

Supposez qu’un homme ait une dette qu’il ne puisse acquitter, et que quelque personne charitable se présente comme caution ou garant de cette dette ; le créancier prendra patience et n’exigera pas ses droits ; cependant ces droits existent encore et le débiteur n’est pas libéré ; la dette pèse toujours sur lui. Mais supposez maintenant qu’un homme riche ait payé cette dette à l’insu du débiteur. Ce serait très généreux, n’est-ce pas, et cependant le débiteur ne serait pas soulagé, puisqu’il se croirait toujours au pouvoir de son créancier. Enfin arrive une personne qui lui apporte la bonne nouvelle que sa dette est payée, et que son créancier désire qu’il le sache afin qu’il puisse désormais le rencontrer sans crainte.

Ainsi, vivre sous le support, dans la patience de Dieu, était le lot des saints avant la croix ; ils avaient confiance en Dieu, avaient foi en ses promesses ; ils savaient qu’un jour ou l’autre ces promesses seraient accomplies, et ils vivaient et mouraient ainsi, se confiant en Dieu. Dieu regardait en avant, à la croix, et le Fils était dans les cieux : Celui qui s’était offert pour venir un jour accomplir la volonté de Dieu (Ps. 40:6-8.) Ainsi Dieu attendait, et son peuple était sous «la patience de Dieu» ; le Fils était, pour ainsi dire, caution pour leurs péchés : un jour ou l’autre il se chargerait de la dette et l’acquitterait. Enfin parut le Fils de Dieu ; dans son saint amour, il accomplit l’oeuvre de la rédemption. Il «porta nos péchés sur le bois», acquittant ainsi toutes les charges qui pesaient sur nous. Il mourut et ressuscita, puis il monta en haut. Des lieux célestes où il est entré une fois pour toutes avec son propre sang (Héb. 9:12), il envoie l’Esprit Saint, avec le message que nos péchés ont été portés et ôtés, et ainsi nos consciences sont purifiées en recevant son témoignage (Héb. 10:15-17) ; puis, lorsque nous avons cru à ce message qu’il nous apporte, le Saint Esprit vient habiter en nous, nous unissant à Celui qui nous a purifiés de nos péchés, puis nous faisant membres de son corps, chair de sa chair, et os de ses os !

Mais il y a plus : c’est alors que se montrent le bon plaisir de Dieu et les desseins de son amour ; il nous donne la même place, les mêmes joies, les mêmes bénédictions et, le même héritage qu’à son propre Fils ! Christ s’était fait homme ; et c’est comme homme, «premier-né entre plusieurs frères», qu’il a pris place dans la gloire, position que Dieu nous donne aussi en lui. Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ (Éph. 1:3). «Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus» (Éph. 2:6).

Son peuple possède donc, par sa grâce souveraine, cette nouvelle et merveilleuse place, et il devrait représenter sur la terre, par l’Esprit de Dieu, un Christ céleste. L’Église de Dieu, regardée au travers de cette vérité, est le reflet, produit par l’Esprit de Dieu sur la terre, de la gloire de Christ dans le ciel.

Nous examinerons tout ceci avec plus de détails. Quarante années de souffrances ont amené Israël aux plaines de Moab, et le Jourdain se trouve devant eux. Le désert est un sujet d’un grand intérêt pour nos coeurs ; nulle part, nous n’apprenons à connaître la sympathie et la tendresse de Christ comme là, où la foi et la patience sont mises à l’épreuve, où Dieu conduit et nourrit son peuple et lui enseigne l’obéissance et le renoncement, pour le rendre propre au combat céleste du pays.

Ceci n’est pas précisément le sujet dont nous avons à nous occuper ; cependant nous l’étudierons un peu dans le chapitre suivant.

Les Israélites avaient été délivrés du jugement quarante ans auparavant en Égypte, dans la nuit de la terreur. Ils en étaient sortis par la rédemption et ne pouvaient plus retourner en arrière sur ce chemin, cependant ils n’étaient pas entrés dans le pays de Canaan, où Dieu s’était proposé de les amener, et le fleuve qui défend l’accès du pays roule ses flots devant eux. Le Jourdain est considéré généralement comme un type de la mort, et c’est juste ; mais il ne s’agit pas de la mort physique, ou, en d’autres termes, de la mort du corps. Il s’agit du fait que la mort de Christ et sa résurrection nous sont comptés en grâce, et sont devenues moralement pour nous la mort et la résurrection qui nous amènent «en Christ», dans une scène toute nouvelle ; un lieu où nous ne connaissons personne selon la chair ; «et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi» (2 Cor. 5:46).

Nous lisons dans le troisième chapitre de Josué, que l’arche de Dieu, portée par les Lévites, fut la première à passer les eaux de la mort, ce dernier gage de la puissance de l’ennemi. Il devait y avoir un espace entre l’arche et la multitude qui la suivait. Puis lorsque les pieds des sacrificateurs furent mouillés au bord de l’eau, les eaux s’arrêtèrent et s’élevèrent en un monceau, et tout le peuple de l’Éternel passa et entra dans le pays des délices de l’Éternel, de l’autre côté du Jourdain. Dieu avait passé par-dessus eux, lorsqu’il jugeait l’Égypte ; c’est eux qui passent maintenant, lorsqu’il s’agit de la grâce souveraine qui les introduit dans le pays que Dieu a choisi pour y demeurer.

Personne ne pouvait passer par ce chemin, avant que Christ y eût passé le premier ; c’est lui qui doit d’abord mettre à sec ce puissant torrent de la mort, qui est l’expression du jugement de Dieu. Il doit ainsi mettre fin à la vie humaine que l’ennemi pouvait toucher, avant de nous introduire dans la vie qui est au delà. Les eaux l’ont environné et ont passé sur sa tête ; un abîme a appelé un autre abîme en atteignant son âme, mais il supporta et traversa tout, et le lit du fleuve de la mort prouva, lorsque le peuple de Dieu le traversa à sec, que tout avait été accompli par lui. «Toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi».

Les sacrificateurs «s’arrêtèrent de pied ferme», portant l’arche ; et «le peuple passa vis-à-vis de Jéricho». Là se trouvait la force organisée de l’ennemi dans toute sa puissance, les sept nations de Canaan étaient là aussi. C’est ainsi que le Seigneur est mort et ressuscité ; il est monté en haut, il est entré comme homme dans une sphère toute nouvelle pour l’homme, et nous a introduits dans la vie, de l’autre côté de la mort, nous donnant là tout ce qu’il possède lui-même comme homme.

Dans le premier chapitre des Éphésiens, cette nouvelle position est développée d’après les conseils de Dieu. Il est remarquable que nous ayons là, non seulement une allusion à la Pâque et à la Mer Rouge, le jugement du péché et la rédemption du peuple de Dieu, mais que nous y trouvions aussi l’arche dans le Jourdain et hors du Jourdain, et dans notre Canaan, les lieux célestes. Ainsi le désert tout entier est laissé de côté, et l’antitype accomplit, de la manière la plus complète, l’exposé des desseins de Dieu donné à Moïse en Exode 3:8, et le résultat définitif de ces conseils, introduisant l’homme en la présence de Dieu, dans les lieux célestes.

Ainsi nous lisons au v. 7 du premier chapitre des Éphésiens : «en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce». Le sang de Christ, en vertu duquel nous avons cette rémission et la rédemption qui est en Christ, est l’entrée dans les conseils de la grâce et dans les desseins de Dieu en Christ, dès avant la fondation du monde.

Puis nous lisons au v. 19: «Et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes».

Ainsi la véritable arche de l’alliance a été dans les eaux ; puis au chapitre suivant (Éph. 2:4-6), le peuple de Dieu a passé. «Alors même que nous étions morts dans nos fautes, il nous a vivifiés ensemble avec le Christ, et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus».

Nous avons donc été introduits dans ce nouveau pays ; nous pourrions dire, dans le langage du Ps. 114:3: «La mer le vit, et s’enfuit ; le Jourdain s’en retourna en arrière».

Comme le Psalmiste relie la délivrance hors d’Égypte et de la Mer Rouge, à l’entrée dans le pays à travers le Jourdain, de même la grandeur des desseins de ce Dieu, qui est «riche en miséricorde», présente en Éph. 1 ; 2, notre introduction actuelle dans les «lieux célestes dans le Christ Jésus», comme le peuple qu’il a purifié et racheté.

 

1.7      Chapitre 7 — Pour le chrétien : Canaan d’abord, puis les leçons du désert

 

Le peuple de Dieu est un peuple céleste ; il est déjà «dans les lieux célestes dans le Christ Jésus». Nous n’avons pas besoin de l’expérience pour apprendre cette précieuse vérité ; la simple foi suffit. Mais nous avons à passer par bien des expériences, avant d’accepter cette vérité que nous sommes morts avec Christ à notre état de péché comme enfants d’Adam ; d’autant plus que souvent l’expérience contredit la parole de Dieu, et que nous trouvons, si nous regardons à nous-mêmes, que nous sommes encore très vivants. La mauvaise nature est encore là, toujours disposée à se prêter à tout ce qui est contraire à Dieu, mais pour la foi et pour Dieu, elle est morte. La seule chose qui vive en nous, aux yeux de Dieu, est cette nouvelle nature qu’il nous a donnée et dont la moindre manifestation lui est en bonne odeur, puisqu’elle montre, dans nos corps mortels, cette vie de Jésus en qui il trouve son bon plaisir.

Nous avons donc été introduits dans la vie, de l’autre côté de la mort et du jugement ; et cette vie, que nous avons en Christ, est la preuve que nos péchés sont tous ôtés. Avant de nous donner cette vie, Christ a d’abord porté nos péchés qui se sont présentés à lui, quand, dans son amour divin, il est descendu jusqu’aux profondeurs où nous gisions «morts dans nos fautes et dans nos péchés». Puis il est ressuscité, laissant tous ces péchés derrière lui, et il nous a introduits dans une position céleste auprès de Dieu, dans une sphère qui convient à la nouvelle vie qu’il nous a donnée, où elle peut croître et s’épanouir. Il nous donne la gloire qu’il a comme homme ; la possession de tout ce qu’il héritera ; puis il attend alors les fruits propres à cette nouvelle condition : les oeuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles (Éph. 2:10).

Nous trouvant donc dans cette nouvelle position, possédant cette nouvelle vie, et étant aussi mis en possession de toutes choses en Christ, nous ne sommes pas en Égypte : autrefois nous marchions selon le train de ce monde ; nous ne sommes pas dans le désert ; nous sommes dans les lieux célestes qui sont notre Canaan : «Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit» (Rom. 8:9). Et voici où se montre le paradoxe de l’état chrétien. Le chrétien regarde en haut, y voit Christ dans la gloire, et sait que lui-même y est en Christ. Il regarde en bas, et il se voit traversant un monde qui est sous la puissance de Satan, et dans lequel il n’y a pas un souffle qui ne soit nuisible à la nouvelle vie céleste qui est en lui. Mais, ayant commencé par la gloire, avec assurance que sa place est là, il court droit au but, pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus. Le chrétien, regardant à lui-même peut dire : «n’ayant rien» ; regardant à Christ, il dit : «possédant toutes choses» (2 Cor. 6:10).

C’est pendant le voyage que le chrétien apprend à connaître la tendre sympathie de Christ, les bénédictions qui découlent de l’amour du Père, et ses tendres soins et sa patience envers lui. Il est vrai que pour cela il doit d’abord avoir atteint, par la foi, ce pays de Canaan où il est déjà en Christ ; il comprend alors que ce monde n’est pas la sphère où Dieu peut le bénir pleinement, mais qu’il n’y a pas de lieu plus propice que le désert pour apprendre à connaître à fond son propre coeur et celui de Christ. Dans Deut. 8:2-6, nous lisons : «Et qu’il te souvienne de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton Dieu, t’a fait marcher durant ces quarante ans dans ce désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour connaître ce qui était en ton coeur, si tu gardais ses commandements ou non. Il t’a donc humilié, et t’a fait avoir faim ; mais il t’a repu de manne, laquelle tu n’avais point connue, ni tes pères aussi : afin de te faire connaître que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais que l’homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de Dieu. Ton vêtement ne s’est point usé sur toi, et ton pied n’a point été foulé durant ces quarante ans. Connais donc en ton coeur que l’Éternel, ton Dieu, te châtie, comme un homme châtie son enfant».

Le désert est le lieu où se fait notre éducation en vue du combat dans le pays — le lieu où la foi et la patience sont éprouvées et où la pensée définitive de Dieu, quant à notre éducation, est que notre obéissance devienne parfaite et que notre volonté soit brisée, en apprenant à vivre de tout ce qui sort de la bouche de Dieu.

La première étape dans le désert caractérise tout le voyage. Nous la trouvons dans le quinzième chapitre de l’Exode, tout de suite après que le cantique a été chanté à l’Éternel. La première chose que nous avons à faire est de rendre nos actions de grâces au Père, «rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés » (Col. 1:12-14).

Cette énumération embrasse tout ce que Dieu a accompli depuis la nuit de la Pâque jusqu’au matin où le cantique de louanges monte jusqu’à lui des coeurs de son peuple racheté, sur la rive de la mer Rouge, où les armées de Pharaon étaient descendues au fond des eaux comme une pierre. Après cela, nous avons besoin d’être fortifiés, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience, le long du chemin.

Les eaux salées ou amères de la mort nous ont délivrés, parce que Jésus les a traversées ; mais maintenant nous devons les goûter, parce que nous avons été délivrés. Nous devons comprendre que la mort fait partie de cette scène. La tribulation est notre portion dans ce monde, mais en Christ, c’est la paix. Que devons-nous donc apprendre ? Que nous sommes crucifiés avec lui ; que la croix, en laquelle nous pouvons nous glorifier, nous rend l’épreuve douce, lorsque nous y sommes soumis. Prenez, par exemple, l’opprobre : qu’il est difficile de la supporter ! Mais que ce soit l’opprobre du Christ, et le goût en sera bien différent. Prenez la discipline nécessaire que doit exercer la main de Dieu pour corriger le mal qui est en nous, ou qui est prêt à surgir dans nos coeurs : qu’elle est difficile à accepter et qu’il est pénible d’être constamment humilié ! Et pourtant, si nous étions parfaitement humbles, nous n’aurions pas besoin d’être humiliés, et c’est parce que nous ne le sommes pas que nous devons être brisés. Voyez l’écharde envoyée à Paul ; Paul est ravi au troisième ciel, où personne que lui n’était allé pour en redescendre, et maintenant Paul doit avoir son écharde en la chair. Quelle épreuve que d’être ainsi humilié aux yeux des autres, et précisément parce qu’on redescend de pareilles hauteurs ! Il n’en avait pas besoin là-haut, mais aussitôt qu’il en redescend, et de peur qu’il ne s’enorgueillisse d’y avoir été, il lui faut l’écharde pour la chair. Trois fois il supplie d’en être délivré ; c’était l’eau amère pour Paul. Mais non ! Le Seigneur savait mieux que Paul lui-même ce dont celui-ci avait besoin et il lui donne l’écharde. Très bien, dit Paul, «je me glorifierai donc très volontiers dans mes infirmités». Ah ! Paul, enfin te voilà à Élim ! De l’épreuve tu as fait Élim, et tu peux t’asseoir là à l’ombre et te réjouir, et goûter des fruits doux à ta bouche.

Il y a pour nous dans le désert trois sortes de tribulations ou de procédés de Dieu en discipline. D’abord la tribulation en laquelle on peut se glorifier, comme, par exemple, de souffrir pour Christ dans ce monde méchant, ce qui est autre chose que de souffrir avec Christ. Tous les chrétiens souffrent avec lui, parce qu’ils possèdent la vie en lui, et que cette vie doit nécessairement souffrir dans cette scène où tout a été souffrance pour lui. Mais pour quelques-uns, la souffrance vient de leur fidélité à Christ, et alors elle est regardée comme un don gratuit, «parce qu’à vous, il a été gratuitement donné, par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui» (Phil. 1:29). En ceci nous pouvons vraiment nous glorifier : combien c’est plus beau que de souffrir pour sa conscience ! Un homme peut trouver une perte, à souffrir, pour sa conscience justement, parce qu’agissant consciencieusement en affaires, ses profits seront moindres que ceux de l’homme qui n’y met aucune conscience. Le même homme peut avoir trouvé le sentier d’un Christ rejeté par ce monde méchant, l’avoir suivi par la grâce, et avoir, comme résultat, entièrement ruiné ses affaires — mais quelle différence ! L’erreur est de juger les choses comme bonnes ou mauvaises, seulement d’après sa conscience ; et la conscience n’est jamais un guide. Paul, en suivant la voix de sa conscience, avait persécuté Christ et ravagé l’Église de Dieu. Suivre Christ est le seul chemin sûr, et c’est suivre un Christ que le monde a rejeté et que Dieu a placé dans la gloire. Dois-je être mieux traité par le monde que ne l’a été Christ ? «Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi, je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que moi je vous ai dite : l’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé» (Jean 15:19-21). Et celui qui l’a envoyé, c’est le Père.

Il y a une seconde espèce de souffrance ou de tribulation sous laquelle je dois m’humilier, et dont je ne puis en aucune façon me glorifier. Je fais allusion ici aux souffrances de toute espèce qui nous arrivent sous le gouvernement toujours juste de Dieu, notre Père, à cause du mal que nous tolérons dans notre conduite sans le juger. Le Père, sans acception de personnes, juge selon l’oeuvre de chacun ; c’est pourquoi nous devons passer le temps de notre séjour ici-bas (c’est à ce temps-là seulement que s’applique ce jugement) dans la crainte — la crainte n’existe pas dans le ciel. Combien nous oublions facilement ces procédés de rétribution d’un Père saint envers nous !

Il y a encore un autre ordre de discipline ou de châtiment, plein de douceur et de miséricorde, et c’est plutôt à celui-ci que Paul a été soumis. C’est une discipline préventive, rendue nécessaire par une tendance à s’enorgueillir. Le Seigneur connaît nos coeurs ; qui les connaîtrait mieux que Lui ? et ses voies sont adaptées au tempérament et aux tendances si différentes qui portent chacun de nous à s’éloigner de Christ. «Dieu ne retire point ses yeux de dessus les justes». Ses yeux sont sur eux pour leur bien, et les justes ne devraient pas retirer leurs yeux de dessus lui !

Un fait très remarquable se présente maintenant, c’est-à-dire que, lorsque l’amertume des eaux de Mara est acceptée comme un jugement (ferme en même temps que juste et plein d’amour) de Dieu envers nous, le chagrin et l’amertume ne sont plus qu’une occasion pour le pas suivant : la croix adoucit la coupe. Nous nous rappelons que le «moi» qui, en nous, pouvait murmurer, a pris fin à la croix, et que l’amertume qu’a goûtée ce «moi» y a fini avec lui. Alors l’âme est à Élim, auprès des fontaines et des palmiers, rafraîchie et reposée à leur ombre. Mais je fais allusion à quelque chose encore qui ne nous est pas dit dans l’Exode, au retour du peuple d’Israël à la mer Rouge. Qu’il est étrange qu’il soit retourné à ce qu’il venait de traverser !

Si nous lisons le trente-troisième chapitre des Nombres, nous y trouvons l’intéressant itinéraire de leur voyage, étape par étape, inscrit et enregistré suivant le commandement de l’Éternel. De Pi-Hahiroth à Mara, de Mara à ÉIim, et d’Élim, avec ses fontaines et ses palmiers, de nouveau sur les bords de la mer Rouge (v. 8-10).

Je crois que ceci nous est un précieux enseignement c’est : que nous devrions être capables de nous retourner sans la moindre crainte, pour contempler avec calme cette mort par laquelle nous avons été délivrés, — la mort de Celui qui a traversé les sombres flots pour nous ; — nous pouvons la contempler comme ce qui a réduit pour toujours l’ennemi au silence : «Les eaux couvrirent leurs oppresseurs, et il n’en resta pas un seul» (Ps. 106:11).

 

1.8      Chapitre 8 — Guilgal : les pierres du mémorial dans le Jourdain et à Guilgal

 

Dieu nous a donc donné la vie éternelle en son Fils, une vie de l’autre côté de la mort et du jugement, qui ont été portés par Jésus avant que cette vie fût donnée. Cette vie que nous possédons est le témoignage que les péchés que nous avons commis sont ôtés de dessus nous pour toujours. Quand, dans son amour divin, Jésus descendît dans les profondeurs où nous gisions «morts dans nos péchés», il trouva ces péchés ; il les prit sur lui et à sa charge, mourut et ressuscita, les laissant tous derrière lui à la croix.

Nous avons aussi été introduits «en Christ»dans une nouvelle sphère céleste, où Dieu se trouve, et qui est le lieu propre à la vie qu’il nous a donnée. Il nous a donné, comme droit, la gloire qu’il a lui-même comme homme, et la possession de tout ce qu’il héritera. Dans cette nouvelle position, et lorsque nous nous considérons comme étant déjà «dans les lieux célestes dans le Christ Jésus», nous avons absolument quitté l’Égypte à laquelle nous appartenions une fois, et le désert que nous traversons.

Comme nous l’avons dit plus haut, c’est ici que se montre le double caractère de l’état chrétien : si le chrétien regarde en haut, il est dans les lieux célestes dans le Christ Jésus, uni à lui par le Saint Esprit envoyé d’en haut ; s’il regarde en bas, il traverse comme pèlerin et voyageur le désert ; ce lieu où tout est contraire à la vie céleste qu’il possède en Christ. Il a commencé par la gloire et il court droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus. Il regarde à lui-même et dit : «n’ayant rien» ; il regarde à Christ et ajoute : «mais possédant toutes choses».

Le premier endroit où Israël pose le pied après avoir traversé le Jourdain, est Guilgal. Tous ceux qui ont étudié les Écritures ont remarqué la grande importance qui est donnée plus tard à cet endroit dans toutes les guerres de l’Éternel, comme aussi dans l’histoire du peuple. (Voyez Josué 4:3, 8,19 ; 5:9 ; 6:11, 14, 23 ; 9:6 ; 10:6, 15, 43 ; 14:6).

Je ferai remarquer ici que Canaan n’est pas le type de la maison du Père, où nous serons lorsque le Seigneur sera venu et nous aura introduits dans cette demeure bienheureuse ; là, dans ce lieu de repos, il n’y aura ni ennemis, ni combats. Canaan est la figure des lieux célestes où nous sommes maintenant, par la foi, comme dans une chose présente, unis à Celui qui se trouve là. Tout est encore en la possession de l’ennemi ; les lieux célestes sont, pour le moment, la demeure des esprits méchants, des dominateurs des ténèbres (Éph. 6:12). Nous avons donc à maintenir notre place comme hommes célestes, sous la conduite du Seigneur, contre toutes les armées de la puissance de Satan.

Guilgal offre cinq traits caractéristiques dont nous espérons pouvoir nous occuper en détail ; ils sont : Premièrement : les pierres du mémorial dressées à Guilgal et au milieu du Jourdain. Secondement : ce qui caractérise cet endroit, la circoncision. Troisièmement : la célébration de la pâque, là, dans les campagnes de Jéricho. Quatrièmement : le blé du pays de Canaan servant de nourriture. Cinquièmement : la présence du chef de l’armée de l’Éternel, qui maintenant se présente lui-même pour conduire à la victoire un peuple circoncis.

Si donc toutes choses sont à nous, il y en a une que nous ne devons et que nous ne voulons jamais perdre de vue ; notre Dieu d’ailleurs ne le permettrait pas ; c’est le chemin qui conduit à cette nouvelle sphère et ce qu’il en a coûté au Seigneur de gloire pour nous y introduire avec lui. Il semble qu’il ait attendu seulement d’avoir fait passer son peuple en sûreté pour parler de ce qui lui tient le plus à coeur (Josué 4:2).

Il y eut donc deux monceaux de pierres dressés comme mémorial ; l’un par douze hommes sur l’ordre de Josué, au lieu où ils logèrent à Guilgal, et il était composé des douze pierres prises à l’endroit où l’arche s’était arrêtée jusqu’à ce que tout Israël eût passé à sec ; l’autre par Josué lui-même, au lieu où les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche, se posèrent au milieu du fleuve de la mort. Il est vrai que les deux monuments sont attribués à Josué (v. 20), mais il y a une signification très importante attachée à cette différence. Il y a deux manières d’envisager ces pierres. Elles montrent le Seigneur Jésus lui-même, au moment où les flots passaient sur son âme sainte dans la mort, et elles le montrent aussi comme Celui qui est ressuscité, qui a été mort, et qui est maintenant vivant pour toujours. Elles montrent encore (car telle est la parfaite identification entre lui et les siens, lui, le Sauveur, eux, les sauvés ; lui, Celui qui sanctifie, eux, les sanctifiés) que nous sommes maintenant un en vie avec Celui qui a été mort et qui vit éternellement ; et que, étant ainsi ressuscités avec Christ, nous sommes aussi morts avec lui.

Dès le moment où nous sommes introduits dans cette vie en résurrection, le souvenir du chemin qui nous y a amenés, le chemin de la mort pour le Seigneur, devient la nourriture constante de notre âme. Au lieu que ce soit la mort qui se nourrisse de nous, sa proie légitime, c’est nous qui nous nourrissons de la mort, mais cette mort est celle du Seigneur. C’est ainsi que nous recevons d’abord la vie : en mangeant la chair et en buvant le sang du Fils de l’homme, nous appropriant ainsi le Sauveur par la foi, sachant que d’aucune autre manière nous ne pouvons avoir la vie en nous-mêmes (Jean 6:53).

Nous étant donc, par la foi, nourris de lui dans la mort, et ayant, en lui, reçu la vie éternelle, nous vivons de ce qui l’a produite. Nous nous nourrissons de Celui qui est ressuscité et qui a été mort, et ainsi nous vivons à cause de lui. «Celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi» (Jean 6:57). Voilà la vie pratique, tout le reste est la mort, n’étant que la vie d’Adam (si on peut l’appeler ainsi), que Dieu ne reconnaît pas.

Le Seigneur institua la cène lorsqu’il était ici-bas, la nuit qu’il fut livré ; mais ce n’était pas assez. Comme Église de Dieu, nous ne participons pas seulement à la table du Seigneur telle qu’elle fut instituée cette nuit-là. Le Seigneur est monté dans la gloire, et de là, comme le vrai Josué, type d’un Christ céleste, guide et chef de son peuple par la puissance de l’Esprit, il a réinstitué la fête. C’est des cieux qu’il parle par la bouche de Paul, par l’Esprit de Dieu envoyé d’en haut ; et c’est ainsi que l’Église de Dieu rompt le pain dans l’unité d’un seul corps, rompant un seul pain qui exprime cette unité. «La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ (c’est-à-dire son propre corps) ? car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps. (c’est-à-dire l’Église, son corps) ; car nous participons tous à un seul et même pain» (1 Cor. 10:16-17). C’était, pour Israël, douze pierres comme symbole de l’unité des douze tribus ; pour l’Église, c’est «un seul pain», parce que c’est «un seul corps» uni à la Tête dans la gloire.

Il n’y a dans tout ceci aucun prétexte pour l’indépendance de nos jours, aucun prétexte pour la propre volonté de l’homme, qui veut avoir autant de tables que cela lui convient, ou, mieux encore, chacun pour soi. C’est pourtant ce que plusieurs ont fait, en vertu des commandements et des doctrines des hommes.

C’est donc ainsi que l’Église de Dieu, si elle marche dans l’obéissance à un Christ glorifié, par la puissance et sous la direction de l’Esprit de Dieu, possède en cette fête un précieux mémorial, le souvenir touchant et pénétrant pour le coeur de la mort du Seigneur, antitype de ces pierres qui avaient été prises dans le lit du fleuve de la mort. Nous apportons avec nous, dans le lieu de la puissance, la mort qui autrefois était notre ennemie, mais qui est devenue maintenant notre alliée. L’Église est consciente de son union avec Celui qui mourut. Il ne pouvait y avoir d’union avec lui avant qu’il fût ressuscité ; jusque-là il demeurait seul. Mais nous savons aussi (maintenant que nous sommes unis à un Christ ressuscité) que nous sommes morts avec lui, ressuscités avec lui et introduits ainsi dans la sphère de la gloire.

Quelle foule de pensées découleraient de nos coeurs par l’Esprit de Dieu, si nous pouvions exprimer tout ce que nous sentons en présence de cette fête ! Mais nous devons nous borner à en présenter autant que possible la signification, en revenant à la base de nos pensées, comme nous l’avons posée dans notre introduction.

L’autre monceau de pierres fut dressé, dans le lit du Jourdain, par Josué lui-même ; le premier, posé à Guilgal, l’avait été par douze hommes, sur l’ordre de Josué. Il est dit qu’il posa celles qu’il plaça lui-même, là où les sacrificateurs qui portaient l’arche s’étaient arrêtés de pied ferme. Cette différence renferme pour moi une vérité bien touchante. Il nous dit, au v. 18, que les eaux coulèrent comme auparavant par-dessus les pierres du mémorial, aussitôt que l’arche portée sur les épaules des sacrificateurs fut hors du Jourdain, «et elles y sont demeurées jusqu’à ce jour».

Ces deux monceaux de pierres parlent de Christ dans sa mort et dans sa résurrection ; elles nous disent aussi (puisqu’il y a douze pierres comme type) que nous sommes ressuscités avec Celui qui était mort, et que, étant ressuscités, nous sommes aussi morts avec lui. Un mémorial — celui de Guilgal — restait visible, tandis que l’autre était caché sous les eaux de la rivière. Il y a, pour ainsi dire, deux courants de pensées qui se rattachent à la table du Seigneur : l’un qui est toujours celui de l’Église, tandis que je doute qu’elle jouisse toujours de l’autre d’une manière pratique. Les pierres, que les douze hommes avaient prises sur l’ordre de Josué (pour nous, c’est l’Église agissant sous la puissance et la direction d’un Christ céleste), sont toujours en vue et on peut en jouir. L’Église a toujours le souvenir de Christ dans sa mort, présent à la mémoire dans la célébration de la cène, le souvenir, toujours nouveau et rafraîchi, des bénédictions qu’elle a reçues et de la mort de Celui qui s’est donné pour elle. «Jusqu’à ce qu’il vienne» indique que ce souvenir doit continuer jusqu’au bout. Mais — je le demande à mes lecteurs — possédons-nous toujours ce dont nous parle le second monceau de pierres ? Laissons-nous toujours Christ (dans le type, c’était l’action de Josué) nous conduire au bord de la rivière ? Nos coeurs sont-ils toujours en état d’être amenés-là ? ou plutôt : nos âmes sont-elles assez spirituelles pour se laisser conduire ainsi ? Christ peut-il, je le répète, nous ramener de notre plein gré à cette rivière, écarter les flots et faire plonger notre regard dans ces profondeurs, pour contempler l’endroit où ses pieds bénis s’arrêtèrent ? peut-il nous faire lire dans son coeur, sentir ses douleurs, entendre son cri ?

Que de fois nous avons joui de ce qu’il dit à nos coeurs, de la bénédiction qu’il y a à se nourrir ensemble, en paix, de la cène du Seigneur ; mais, avons-nous su pénétrer dans ce qui s’est passé dans son propre coeur à lui, à cette heure mémorable et solennelle ? Je puis répondre pour moi-même — et pour d’autres aussi peut-être — Non !

Oh ! Si seulement les enfants de Dieu pouvaient se réunir avec des coeurs et des consciences, dont l’état permette au Seigneur de se manifester lui-même à eux, en leur apprenant ainsi à discerner son corps, afin que non seulement nous possédions (ce que nous avons toujours, grâces à Dieu) la vérité qui nous est montrée dans le monceau de pierres à Guilgal, mais encore que nous n’empêchions pas Christ de nous amener, par son Esprit, à l’endroit où était son âme sainte, lorsque «un abîme appelait un autre abîme au son des canaux de Dieu» (Ps. 42:7), lorsque «tous Ses flots et toutes Ses vagues ont passé sur lui» (Jonas 2:4), lorsque «les eaux ont regorgé par dessus sa tête» (Lament. 3:54), ou lorsque «elles entrèrent jusque dans son âme» (Ps. 69:1) ; nous faisant entrer dans le secret de ces moments où la nature se voilait la face ; où le soleil se mettait en deuil, et où les rochers se fendaient, parce que l’âme du Fils de Dieu s’écoulait jusqu’à la mort ; «que son coeur était comme de la cire, s’étant fondu dans ses entrailles» (Ps. 22:14).

C’est là, dans sa marche solitaire jusqu’au milieu du fleuve de la mort où il s’arrêta, que Dieu fut le plus complètement glorifié ; c’est là que fut donné au Père un nouveau motif pour l’amour qu’il portait au Fils. Et lui, attache une grande valeur à ce que nous nous souvenions de son amour, maintenant que nous sommes libres de penser à Celui qui nous introduit en sa présence à Guilgal.

C’est ainsi que notre ennemie, la mort, est devenue notre alliée dans cette nouvelle scène ; et Josué, dans son explication, à propos des pierres de mémorial, retourne en arrière jusqu’à la mer Rouge (Josué 4:23), comme la foi de Moïse, dans le cantique de la délivrance, embrasse d’avance le Jourdain, lorsqu’il contemple la plénitude du salut de Dieu (Exode 15:16).

 

2                    Deuxième Partie [vivre dans le pays et se préparer au combat]

2.1      Chapitre 9 — Guilgal : la circoncision comme position et en pratique

 

Satan a perdu sa proie ! «Celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable» (Héb. 2:14) ne peut pas aller au delà de la mort ; sa puissance finit là. Il fit son dernier effort à la fin de la carrière du Seigneur ici-bas ; mais le Seigneur n’était pas sujet à cette puissance de Satan ; le péché avait été l’occasion de cette puissance, et il n’y avait pas de péché en Jésus. «Le chef du monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30). Le Seigneur entra dans le domaine de Satan et détruisit sa puissance à jamais, pour la foi et pour Dieu. Comme Satan ne put plus empêcher la sortie glorieuse du peuple hors de la maison de l’esclavage, il ne peut non plus empêcher maintenant l’entrée du peuple dans le pays. Si Christ est mort et ressuscité pour nous, et nous a délivrés de l’Égypte, par la foi, nous sommes morts et ressuscités avec lui, et entrés, en lui, en Canaan.

Mais s’il en est ainsi, nous devons nous tenir pour morts pratiquement. Si nous ne le faisons pas, Satan peut agir, dans cette nouvelle sphère, sur tout ce qui est dans nos coeurs, et ce serait notre ruine, car on ne peut plus rétrograder quand on se trouve dans le lieu du combat céleste. En Égypte, Satan s’était mis à l’oeuvre, et les fardeaux étaient devenus plus lourds à porter ; maintenant il se démène de nouveau, mais sur un autre terrain. Cependant il est intimidé en la présence de l’armée rachetée de l’Éternel ; il peut être un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer pendant le voyage du désert, et remplissant le peuple de terreur ; mais ici son coeur se fond «à cause des enfants d’Israël». «Or il arriva qu’aussitôt que tous les rois des Amoréens qui étaient en deçà du Jourdain vers l’Occident, et tous les rois des Cananéens qui étaient près de la mer, apprirent que l’Éternel avait fait tarir les eaux du Jourdain devant les enfants d’Israël, jusqu’à ce qu’ils fussent passés, leur coeur se fondit, et il n’y eut plus de courage en eux, à cause des enfants d’Israël» (Josué 5:1).

Maintenant la tactique de Satan est totalement changée, et le combat qui va se livrer sera d’un caractère bien plus subtil ; les «artifices du diable» sont mis en jeu ; c’est une lutte lâche, cachée et plausible, mais meurtrière. Jamais encore les enfants de Dieu n’ont eu à s’en convaincre autant que maintenant. Vous pouvez à peine toucher un livre, même s’il est sous l’égide des noms les plus respectés dans la science et dans la religion, sans y trouver le serpent sur votre chemin, la vipère cachée dans l’herbe : quelque hérésie diabolique, ou quelque pensée incrédule et infernale, cachée et couverte soigneusement sous le vêtement ou le langage de Christ ! La religion, la science, l’antiquité, les Écritures même, sont enrôlées sous la bannière de Satan, dans ce combat contre le Seigneur et contre son peuple. Ce n’est pas (autour de nous ici-bas du moins) une petite puissance qui se révèle ; c’est une croisade sourde et implacable contre la vérité quelle qu’elle soit : une croisade qui a entraîné les foules à déserter le drapeau de l’Éternel, — tandis que d’autres foules n’ont jamais trouvé leur place sous ses plis. La fumée qui s’élève du puits de l’abîme obscurcit leur entendement et étouffe même la conscience du peuple de Dieu. Des personnes qui professent aimer Christ et qui se posent en soutiens de la vérité, sont enrôlées pour la fouler aux pieds, ou pour empêcher ceux que le Seigneur aime d’élever la croix dans ce combat céleste.

Le «monde» est enrôlé et la religion est adoptée comme étant la mode du jour. La «chair» se trouve dans les saints de Dieu ; le «monde», est la sphère où la chair se trouve à l’aise, quand le coeur n’est pas avec Dieu. Sans doute, l’ancienne grossièreté du monde est abandonnée ; on y met plus de formes ; il est de bon ton maintenant d’être un homme religieux — le monde protège la chrétienté et tient à montrer sa bonne conduite. Mais j’arrête ma plume... Que le Seigneur veuille accorder à son peuple de pouvoir dire : «Nous n’ignorons pas les desseins de Satan» (2 Cor. 2:11).

Quelle doit donc être la conduite du peuple de Dieu dans le combat céleste ? Le «moi»  doit être la première chose condamnée et cela d’une manière absolue, comme étant une arme dont l’ennemi peut se servir. Ne donnez pas à l’ennemi de prise sur vous et il sera confondu. «Celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas» (1 Jean 5:18). On se conserve soi-même, en mettant à mort pratiquement ce qui est mort judiciairement, pour Dieu et pour la foi, par la mort de Christ; c’est-à-dire tout ce qui est du «vieil homme».

Pour accomplir cela, il nous faut d’abord savoir que nous possédons cette vie et cette position célestes, qui sont au delà de la mort et du jugement ; alors nous n’agissons pas sur nous-mêmes afin d’arriver à ce but, mais parce que nous y sommes. Aussi le désert n’est-il pas le lieu pour ce genre d’expériences, et les enfants d’Israël ne furent-ils circoncis que lorsqu’ils eurent atteint le pays (Voyez Josué 5: 5-6).

Je voudrais faire remarquer ici un point qui me semble avoir été généralement négligé : c’est que la vérité de la circoncision a pour nous deux aspects ou deux côtés, lorsqu’elle est interprétée spirituellement. Son côté pratique a été souvent examiné ; mais le côte qui présente la position, me parait avoir été généralement omis ; et cependant tous deux sont également vrais. «Nous sommes la circoncision», ceci n’est pas pratique, mais caractéristique ; «en qui vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair, par la circoncision de Christ» (Col. 2:11) ; ceci encore est la circoncision de position en Christ. Sans doute, nous trouvons plus loin le côté pratique dans la mortification de nos membres et le dépouillement pratique des fruits du vieil homme (Col. 3) ; il en est de même en Phil. 3. Quand l’apôtre dit : «Nous sommes la circoncision», voyez tout ce qui doit pratiquement disparaître : la justice par la loi, le zèle, la religiosité ; tout doit être mis de côté, parce que «nous sommes la circoncision». Nous avons d’abord le côté ou le caractère qui a rapport à la position, puis viennent les résultats qui en découlent pratiquement.

La circoncision fut introduite pour la première fois dans le cas d’Abraham. (Voyez Genèse 17). Il avait cherché à s’approprier les promesses de Dieu quant à son héritier, par l’énergie de la nature. Il apprend alors pratiquement, par la circoncision, qu’il ne peut obtenir la promesse par la puissance de la chair, et Ismaël, le fruit de la chair, doit être mis de côté. En lui, le type du Juif selon la chair, nous trouvons ce qu’on pourrait appeler la circoncision rituelle, c’est-à-dire la forme extérieure sans la réalité intérieure. Mais lorsque Isaac vint au monde, il fut circoncis le huitième jour et, en lui, nous trouvons la représentation des deux côtés de la vérité. Il était né d’un homme circoncis ; ceci est, pour ainsi dire, le côté de la position. C’est ainsi que nous sommes engendrés d’en haut, de la sphère dans laquelle Christ est entré comme homme, mort et ressuscité, et que nous sommes par conséquent circoncis, ou entièrement mis à part pour Dieu. Mais Isaac fut aussi circoncis le huitième jour.

Ainsi, en Abraham, nous avons la circoncision pratique ; l’abolition et le refus de l’activité naturelle qui cherchait à agir dans les choses divines et ne faisait qu’entraver le but de Dieu.

En Ismaël, nous voyons la circoncision rituelle, «non de l’Esprit» mais «de la lettre».

En Isaac, nous avons un type des deux côtés de la circoncision : la position et la pratique : il était né d’un homme circoncis, mais circoncis lui-même le huitième jour.

Mais continuons. Nous sommes complètement mis à part pour Dieu par la circoncision de Christ. Nous sommes entrés dans ce nouvel ordre de choses, en lui, qui est «le commencement de la création de Dieu». Ensuite, nous devons entrer dans cette nouvelle manière de traiter le «moi», par l’application de cette vérité à nos âmes, afin que Satan n’ait pas de prise en nous, n’y trouve pas de matériaux sur lesquels il puisse agir, et qu’ainsi nous puissions présenter un front de bataille impénétrable à l’ennemi.

Ici (Josué 5), l’Éternel donne ses ordres à Josué : «Fais-toi des couteaux tranchants, et circoncis de nouveau, pour une seconde fois, les enfants d’Israël». Ils portaient encore les traces de l’esclavage d’Égypte. L’«opprobre d’Égypte» s’attachait encore à l’armée de l’Éternel : tout cela doit disparaître maintenant.

Mais ceci, chers lecteurs, est un travail tranquille, invisible, avec Dieu. Il ne se montre point extérieurement ; il n’attire l’attention sur lui d’aucune manière dans ce combat céleste. Cependant, dans ce travail, nous trouvons la première chose qui nous est demandée, le sine qua non de toute puissance spirituelle. Demeurer à Guilgal et ne rien faire, afin que toute énergie charnelle puisse être détruite en nous, voilà qui paraît un étrange procédé ! C’est pourtant ainsi que nous devons apprendre cette leçon de notre absolue faiblesse, qui est le seul état dans lequel la force divine puisse agir ; alors la puissance est réellement celle de Dieu et non pas la nôtre. Si cette leçon était apprise et comprise par tous ceux d’entre nous qui vont en avant avec leur énergie charnelle, combien seraient différents les résultats ! Nous trouverions alors que si nous étions toujours à Guilgal, il n’y aurait qu’un pas entre cette place de la puissance, et la victoire.

Voyez Paul : il possédait une énergie qui nous fait honte. Aussitôt qu’il fut converti, il alla prêcher dans les synagogues de Damas (Actes 9) ; mais l’énergie charnelle de Paul n’était pas encore détruite. Le Seigneur l’aimait trop pour lui permettre de marcher dans l’énergie de sa nature, et il doit être un vase brisé, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu, et non de Paul. C’est pourquoi il doit fuir de Damas. Quel piteux spectacle il présente, lorsqu’on le descend de nuit par la muraille, dans une corbeille ! Et Paul doit s’en aller plus loin, et rester trois ans sans rien faire. Quelle leçon pour sa nature ardente ! Mais Paul avait besoin de Dieu, et Dieu n’avait pas encore besoin de Paul qui doit, par conséquent, rester à son Guilgal.

Quel temps perdu ! pourrait s’écrier quelqu’un ; mais c’était au contraire un temps bien employé, car Paul sortit de là comme un vase brisé, sans doute, mais rempli de la puissance de Christ, avec l’énergie charnelle de sa nature mâtée et brisée.

Moïse aussi dut apprendre que, dans le combat divin, la chair et son énergie nous amènent toujours dans les difficultés ; lui aussi dut avoir son Guilgal «derrière le désert», pendant quarante ans, avant qu’il devint un vase propre à être employé pour le service de son Maître.

Et Pierre, avec son coeur si chaud et ses ardentes impulsions, lui aussi, hélas ! dut faire une triste et misérable chute, afin de comprendre de quoi sa chair était capable et quelle est la puissance de Satan, avant qu’il fut en état de marcher en avant dans la hardiesse de la grâce et la puissance de l’Esprit de Dieu. Et Pierre acquit la véritable force, en apprenant qu’il n’avait en lui-même aucune force que celle de la chair qui n’est que péché.

Le couteau de la circoncision doit retrancher, profondément et sans miséricorde, tout ce qui est de la chair en nous, mais c’est une vraie grâce de Dieu, puisque ce qui est ainsi jugé, s’il lui était permis d’agir, nous amènerait infailliblement à la ruine et à la défaite.

Si nous portions toujours en nos corps la mort de Jésus, notre «moi» ne paraîtrait jamais ; on ne verrait en nous que Christ, et ce serait la vraie victoire dans le combat céleste. Ainsi l’armée de l’Éternel, comme peuple circoncis, porte les marques de sa bourgeoisie céleste, et les traces de la servitude de l’Égypte sont roulées de dessus elle pour toujours.

Supposons que nous voyions un enfant de Dieu courir après le monde, ses modes ou ses plaisirs, nous lui dirons : Sans doute, tu peux être mort et ressuscité avec Christ, mais il te faut aller à Guilgal, afin d’y apprendre d’une manière pratique quelle est la signification de la circoncision. Mais tout cela je le répète, est un travail tranquille, secret, avec Dieu, ne produisant aucun éclat et n’ayant aucune apparence ; mais, à l’occasion, la puissance de Dieu se montre, agissant en celui et par celui qui est véritablement et spirituellement circoncis.

 

2.2      Chapitre 10 — Guilgal : la pâque dans les campagnes de Jéricho — Josué 5:10

 

C’est la pâque dans les campagnes de Jéricho qui nous présente le troisième aspect de Guilgal. La circoncision lui donnait son caractère, et c’est là qu’étaient placées les pierres sorties du fleuve de la mort. Campée dans cet endroit merveilleux, l’armée circoncise de l’ÉterneI célèbre encore une fois la rédemption. De là, les enfants d’Israël peuvent jeter un coup d’oeil rétrospectif sur les premiers moments de leur histoire comme peuple de l’Éternel, alors que Dieu, juste juge, épargnait ceux que le sang avait mis à l’abri. Ce sont des sentiments bien différents de ceux d’alors, qui remplissent maintenant leurs coeurs, lorsqu’ils promènent leurs regards autour d’eux, dans les plaines de Jéricho, et considèrent avec un sentiment de profonde paix la croix derrière eux !

Cette scène parle à nos âmes de ce qui nous occupera éternellement dans le ciel, lorsque, chantant les louanges de l’Agneau qui, par son sang, nous a rachetés pour Dieu, nous porterons, même dans la gloire, nos regards en arrière sur la croix. Mais alors ce sera dans la maison du Père, et non plus en Canaan où nous sommes maintenant en Christ, mais d’où Satan n’a pas encore été chassé.

En portant les yeux autour de nous à Guilgal, nous trouvons que l’horizon de nos âmes s’est bien élargi depuis le jour où Dieu s’est occupé de nous comme pécheurs. En Égypte, les murs des maisons des Israélites étaient leur horizon dans la terrible nuit du jugement ; ils étaient là, leurs reins ceints et des sandales à leurs pieds, prêts à quitter le pays de l’esclavage tandis qu’au dehors des maisons, la destruction et la mort accomplissaient leur oeuvre solennelle. Dieu jugeait ; et malheur au pécheur qui, dans cette nuit-là, ne se trouvait pas à l’abri du linteau arrosé de sang !

Puis vint le jour où ils campèrent à Pi-hahiroth avant de traverser la mer. Là, l’horizon s’élargit et, au lieu de ne connaître Dieu que comme un juge qui les épargne, c’est un Dieu libérateur qui déploie son grand salut devant leurs yeux ; alors ils traversent la mer, la mort leur servant de muraille, de chaque côté, et la gloire de Dieu les couvrant de sa protection pour les conduire dans le désert. Chaque pas fait en avant agrandit leur horizon, jusqu’au moment où les solitudes du désert les environnent de toutes parts ; là, Dieu a une autre leçon à leur enseigner. Il leur apprend à connaître ce que sont ses ressources à lui dans ce désert, où l’oeil ne rencontre pas un vestige de quoi que ce soit qui puisse réjouir et affermir le coeur, ou suppléer aux besoins journaliers du peuple pendant qu’il traverse ses solitudes. Ils sont forcés de regarder à Dieu seul, et c’est ainsi qu’il leur enseigne à compter sur ses ressources inépuisables et leur prouve qu’il est supérieur au désert et à ses privations momentanées. Si la manne avait manqué un jour seulement, que serait devenue cette puissante armée ? mais elle ne manque pas ; elle ne se lasse pas cette main qui, chaque matin, répand avec chaque goutte de rosée la nourriture quotidienne pour les objets de ses soins et de son amour !

C’est là que le coeur apprend à aimer et à adorer Dieu, en voyant les mille manières inattendues et inespérées dont il déploie ses ressources pour ceux qui se confient en lui, là où, selon toute apparence, il n’y en a aucune. Mais il permet que son peuple souffre de la faim afin de pouvoir le rassasier lui-même. Il permet que Paul soit abattu, mais pourquoi ? — Afin de pouvoir l’encourager et lui faire éprouver ce que, sans cette épreuve, Paul n’eut jamais connu : les riches consolations qui se trouvent en Christ, et, qui font dire à l’apôtre qu’il se réjouit toujours dans le Seigneur. Il peut se réjouir lorsque les fontaines sont remplies d’eau, et il peut se réjouir en Christ lorsque les fontaines sont à sec. «Parce que tu as été mon aide» (non point parce que le secours est venu, mais parce que Dieu a été son aide), «à cause de cela je me réjouirai à l’ombre de tes ailes» (Ps. 63:7). Parce que la gratuité de Dieu est meilleure que la vie, ses lèvres le loueront. Il n’y a pour le coeur qui a goûté cette gratuité, aucune bénédiction qui lui soit comparable ; elle est meilleure que toutes les faveurs que Dieu peut dispenser, quelque grandes et merveilleuses qu’elles soient. Ainsi l’âme est rassasiée comme de moëlle et de graisse, et la bouche peut le louer avec un chant de réjouissance au milieu même d’un désert aride et sans eau.

Ainsi l’horizon de notre âme s’est élargi à chaque pas fait en avant, jusqu’au moment où, arrivés à Guilgal, nous pouvons contempler une scène qui n’a plus de limites. Dieu lui-même en est l’horizon, un horizon infini ; un champ infini de gloire. L’âme peut s’y reposer et se souvenir en paix du chemin qu’elle a parcouru ; elle peut contempler le passé, depuis la nuit des linteaux aspergés de sang, le long des murailles formées par la mer de la mort, et dans les solitudes du désert, jusqu’au moment où, arrivée de l’autre côté du Jourdain, au lieu même de la puissance, elle peut contempler le fondement de tout : la gloire de Dieu et sa propre bénédiction dans la croix du Seigneur Jésus-Christ. «Ainsi les enfants d’Israël campèrent en Guilgal, et célébrèrent la pâque le quatorzième jour du mois, sur le soir, dans les plaines de Jéricho» (Jos. 5:10).

Dieu dresse une table pour eux en présence de leurs ennemis, les engageant à s’asseoir pour célébrer la rédemption et pour penser à la croix, dans les lieux célestes en Christ.

 

2.3      Chapitre 11 — Guilgal : le blé du pays — Josué 5:10

 

«Et dès le lendemain de la pâque, ils mangèrent du blé du pays, savoir des pains sans levain et du grain rôti, en ce même jour» (Jos. 54:11).

Nous avons ici un autre trait caractéristique de Guilgal : un peuple circoncis se nourrit de cette nourriture céleste qui nous représente un Christ glorifié, comme la manne nous représente un Christ humilié et abaissé. Dans le désert, le coeur est réjoui et soutenu en se nourrissant de Celui qui est le Christ abaissé, «le pain de Dieu» qui est descendu du ciel pour donner la vie au monde. Nous avons reçu la vie par sa mort. Il nous a donné sa chair à manger et son sang à boire. Nous gisions dans la ruine et dans la mort, et son amour divin l’a fait entrer pour nous dans cette triste scène ; il mourut et mit fin de cette manière à notre être moral comme pécheurs aux yeux de Dieu. «Celui qui me mangera», dit-il, «celui-là aussi vivra à cause de moi». Mais en nous nourrissant de lui, nous nous nourrissons de Celui qui a terminé notre histoire comme enfants d’Adam, en sorte que nous ne vivons plus du tout en Adam, mais en Christ qui a porté sur lui l’acte d’accusation écrit contre nous.

C’est comme de pauvres pécheurs que nous vînmes d’abord et que nous avons mangé sa chair et bu son sang. C’est-à-dire que, par la foi, nous nous sommes appropriés cette mort qui répondait à notre état et accomplissait la rédemption, par laquelle nous avons pu quitter pour toujours notre ancienne condition ; c’est ainsi qu’en vertu de la mort de Christ, nous avons reçu la vie. Depuis ce moment-là, nous vivons par lui et à cause de lui. «Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi» (Jean 6:57).

Bien-aimés, nos coeurs sont-ils diligents à se nourrir de ce Fils de Dieu humilié, mort et ressuscité ? Ce qui caractérise la vie éternelle que nous possédons en lui, c’est justement qu’elle se nourrit de lui seul : «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé (pas seulement qui est mort pour moi, ou qui a ôté mes péchés, mais «qui m’a aimé») et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20). Oui, qui s’est livré lui-même pour moi, alors que j’étais un pécheur et rien autre. Bien-aimé Fils de Dieu, Fils du Père, qui as manifesté l’amour de ton Père et me l’as fait voir en toi ; auquel je m’attache, et en qui je mets toute ma confiance ; pouvant décharger sur toi mon pauvre coeur, lorsqu’il se détourne et se nourrit des choses à cause desquelles tu as dû souffrir et mourir, ô bien-aimé Sauveur, pardonne et purifie les coeurs égarés de ceux que tu aimes ! — attire-les à toi ! — manifeste-toi à nos âmes et remplis nos coeurs de ta propre excellence !

Dans le désert, nous apprenons qu’il nous est nécessaire d’être nourris de ce Sauveur humilié. L’opprobre est amer, mais il l’a porté lui-même ; «les outrages de ceux qui t’outragent, sont tombés sur moi». Et lorsque nous avons le privilège de porter, nous aussi, cet opprobre, la seule chose qui l’adoucisse c’est que c’est l’opprobre du Christ. Combien nous sommes peu capables d’apprécier à leur juste valeur les épreuves et les souffrances qui nous viennent à cause de son nom ! Telle souffrance qui nous paraît bien méritée et peut nous amener à nous juger nous-mêmes, est peut-être, lorsqu’elle est pesée dans les balances du sanctuaire, «l’opprobre du Christ».

Comment Moïse, lorsqu’il abandonna la cour de Pharaon et s’enfuit, après avoir tué l’Égyptien, aurait-il pu croire que Dieu apprécierait cet acte, comme il le fait en Héb. 11:26 ? Oh ! quels trésors de grâce divine seront manifestés dans ce jour, où «chacun recevra sa louange de la part de Dieu», et qu’elle sera différente de la nôtre, l’appréciation de Dieu lui-même sur nos actions ! Des actions dont le seul souvenir nous fait rougir ; de misérables égarements ; des craintes et des faux pas à droite ou à gauche ; mais Dieu, qui a recueilli tout cela comme les productions de sa grâce en nous, lorsqu’il examinera nos actions à la lumière du ciel, ne verra en elles que ce que sa grâce y a produit, et ainsi elles recevront un nom qui nous remplira d’étonnement et d’adoration. Mais aussi, plus d’une action qui nous a valu les applaudissements des hommes, aura trouvé sa récompense dans ces applaudissements mêmes, et sera trouvée digne seulement d’une place dans ce passé oublié et indigne de recevoir un nom dans les annales du chemin du désert.

Mais c’est la manne qui nourrit l’âme pendant le voyage, et elle ne peut être appréciée que par ceux qui suivent le chemin où on trouve cette nourriture. On ne la trouve pas au milieu des grands et des grandeurs de cette terre. Le chemin du Seigneur était un sentier humble et ignoré, mais il a laissé une trace de lumière céleste aux yeux de Dieu !

Mais quoique nous traversions en réalité les circonstances du désert, nous avons besoin d’une autre nourriture : de celle qui croît, mûrit et fructifie dans le pays de la gloire. C’est ainsi que nous lisons que les enfants d’Israël mangèrent du blé du pays, le jour même où ils avaient célébré la pâque aux plaines de Jéricho. C’est un Christ céleste, qui se manifeste maintenant et qui nourrit nos âmes ; «et si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi» (2 Cor. 5:16).

Quelle assurance et quelle hardiesse dans ces ardentes paroles de Paul ! Sa vie parait ne consister qu’en deux alternatives seulement : «hors de lui-même», quand son coeur est occupé de ces choses que l’oeil de l’homme n’a point vues, mais qui nous sont révélées par l’Esprit ; et de «sens rassis», quand il s’occupe des hommes (v. 13).

L’amour du Christ étreignait son coeur, le poussait à supplier les hommes pour Christ à cause de leur condition : «morts», puisque Christ est «mort pour tous». Mais celui qui était mort pour eux, vit maintenant : il est mort, a été ressuscité, et est entré dans la gloire, et en lui Dieu fera toutes choses nouvelles. Cette perspective d’une nouvelle création s’ouvre devant le coeur de Paul, il voit Celui que quelques-uns pouvaient avoir connu comme le Messie, marchant ici-bas humblement dans l’amour. Il ne veut connaître personne selon la chair, mais son coeur s’enflamme et devient de plus en plus assuré quand il dit : «Si même nous avons connu Christ selon la chair» (comme il était sur la terre) ; «toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi». Christ était entré dans la gloire comme homme ; c’est comme homme qu’il occupe le trône de Dieu, objet de l’adoration des armées célestes dans la gloire ; c’est là que Paul le connaît maintenant, comme «le blé du pays». S’il avait besoin de lui (et il en avait en effet toujours besoin) pour les circonstances du désert, c’était de Celui que maintenant nous connaissons en partie, — Celui qui était, pendant qu’il traversait le monde, le «pain de Dieu» descendu du ciel, — qui mourut, ressuscita et monta dans les hauts lieux.

Nous ne pouvons, au même moment, nous nourrir de Christ dans ces deux conditions. Puisque nous nous trouvons dans la double position d’être en haut et de traverser le désert de ce monde, nous avons besoin qu’il nourrisse et soutienne nos âmes dans ces deux conditions. Dans l’une, nous avons besoin de le voir et de le connaître dans le sentier qu’il suivit ici-bas de la gloire à la croix ; comme Celui qui s’était abaissé, la «vraie manne», dont l’esprit doit être en nous pour nous rendre capables de faire entrer Dieu dans nos circonstances, de manière à ce que nous agissions selon Dieu. Cela, nous l’apprenons en Phil. 2.

Dans l’autre condition, l’oeil qui, une fois, était ébloui par la gloire, devient plus fort par l’Esprit en se fixant sur Celui qui avait complètement déplacé l’être moral de son serviteur, de manière à ce que son corps, rempli de la lumière de cette gloire, ne cherchait plus qu’à connaître et à «gagner Christ», courant droit au but, qui était sa complète assimilation à Celui dont il se nourrissait en haut, dans la gloire céleste. Tel était le «blé du pays» qui nourrissait Paul, en Phil. 3. Oh ! quelle préparation pour le coeur des enfants de Dieu ! Quelles leçons pour ceux qui voudraient combattre, sans incertitude, pour les possessions qu’ils cherchent à réaliser ! Mais ils doivent apprendre aussi que ce n’est que comme «pain sans levain», que ce Christ céleste peut être goûté et servir de nourriture. Comment les joies de la terre — des relations humaines — pourraient-elles s’accorder avec une pareille nourriture ? C’est impossible. Le fruit du pays doit être mangé par ceux qui sont circoncis, dans la perfection sans levain de cette nouvelle nature, qui est capable de se nourrir d’une telle nourriture. Comment ceux qui se nourrissent de «la convoitise de la chair, de la convoitise des yeux et de l’orgueil de la vie», pourraient-ils connaître le blé du pays ? Ils courent après les vanités et la folie de ce monde et ce dont ils auraient besoin, ce serait d’aller à Guilgal ! Les chaînes de l’Égypte sont encore là ; l’opprobre d’Égypte s’attache encore à eux. Et, quoiqu’ils puissent réellement se confier en Celui qu’ils professent aimer ; quoiqu’ils puissent être morts et ressuscités avec Christ, ils ont besoin d’aller à Guilgal et d’y être circoncis, avant d’être capables de désirer ou d’apprécier cette nourriture céleste.

Éprouvons nos coeurs, bien-aimés. Se nourrissent-ils d’un Christ céleste, ou bien de ces choses qui le laissent en dehors ? Christ est-il précieux pour nous comme un trésor caché ? La présence ravissante de l’Éternel est-elle suffisante pour remplir nos coeurs, de manière à ce que nos âmes soient rassasiées de moëlle et de graisse, et que nous soyons capables, au milieu d’un désert aride et sans eau, de le louer avec des lèvres joyeuses ?

 

2.4      Chapitre 12 — Guilgal  : le Chef de l’armée — Josué 5

 

Nous arrivons maintenant au dernier trait que nous présente Guilgal. La circoncision lui a donné son caractère spécial ; puis vient la pâque célébrée aux plaines de Jéricho, et enfin le blé du pays servant de nourriture. C’est dans ce même lieu que sont placées les pierres du mémorial, prises dans le lit du Jourdain, et enfin, c’est ici que se présente le Chef de l’armée, pour conduire son peuple et le faire entrer en possession de ce qui lui appartient.

Il vient dans le caractère qui convient à leur condition actuelle de combat ; il s’y adapte et se présente avec «une épée nue en sa main».

C’est ainsi que nous voyons Christ s’adapter toujours à la condition et aux besoins de son peuple. Si c’est de rédemption que ce peuple a besoin, il est le rédempteur ; si c’est d’être nourri et guidé dans le désert, il est sa nourriture et son guide. En toutes choses il s’adapte aux circonstances des siens ; c’est pourquoi, lorsqu’ils sont sur le point de combattre l’ennemi, il se présente avec une épée nue en sa main pour les conduire à la victoire.

«Or il arriva, comme Josué était près de Jéricho, qu’il leva les yeux, et regarda ; et voici, vis-à-vis de lui se tenait debout un homme qui avait son épée nue en sa main ; et Josué alla vers lui, et lui dit : Es-tu des nôtres, ou de nos ennemis ?» — Pourquoi cette question ? — Parce que dans notre combat céleste il ne peut y avoir de neutralité. Chacun de ceux que nous rencontrons tout le long du jour, est pour ou contre Christ. Chaque instant de la vie de chacun est une occasion de victoire ou de défaite ; d’obéissance ou de désobéissance. Voilà ce qui donne lieu à cette question ; il ne peut y avoir un terrain neutre, une place intermédiaire, pour ceux qui veulent prendre part aux combats de Dieu.

Ou nous sommes pour le Christ que le monde a rejeté, et par conséquent contre le monde; ou nous sommes pour le monde qui a rejeté Christ, et par conséquent contre Christ. Il n’y a que pour ou contre, et rien entre deux. Sans doute nous pouvons chercher à être indifférents ; ou nous pouvons adopter ce qu’on appelle la «charité chrétienne» qui, plus que toute autre chose, est un objet de dégoût pour Christ. Quelle clameur s’élève, si un coeur cherche à être fidèle à Christ, et refuse de fraterniser avec ceux qui sont faux ou indifférents à la sainteté et à la vérité du nom de ce Christ, dont la mission sur la terre était de «rendre témoignage à la vérité» (Jean 18).

Plus d’un coeur pratiquement infidèle se détourne dans ces jours-ci, sans chercher une réponse à cette question de Pilate : «Qu’est-ce que la vérité !» Les hommes ne tiennent pas à la connaître, — hélas ! les chrétiens n’y tiennent pas non plus ! Si notre salut est assuré, disent-ils, pourquoi chercher plus loin ? vous voulez seulement nous imposer ce que nous ne trouvons pas essentiel.

Oh ! qu’il est grave, l’état de ces âmes qui prennent le bien pour le mal, et le mal pour le bien, — l’amertume pour la douceur et la douceur pour l’amertume ; et c’est le peuple de Dieu qui fait cela ! Et non seulement cela, mais encore qui, sous prétexte de charité chrétienne, tolère le mal et estime comme de peu de valeur l’honneur de Christ et la vérité de Dieu, autant du moins que cela peut servir ses égoïstes intérêts. Dieu ne nous châtiera-t-il pas pour tout cela ? Croyez-vous qu’il soit aussi indifférent que vous l’êtes ou que vous voudriez qu’il le fût ? Il ne serait pas Dieu, s’il en était ainsi !

Les ardentes paroles d’Ésaïe ne s’appliquent-elles pas tout particulièrement à notre temps de tiédeur et d’indifférence ? «Le jugement s’est éloigné, et la justice s’est tenue loin ; car la vérité est tombée par les rues, et la droiture n’y a pu entrer. Même, la vérité a disparu ; et quiconque se retire du mal est exposé au pillage (ou est tenu pour fou) ; l’Éternel l’a vu, et cela lui a déplu, parce qu’il n’y a point de droiture» (Ésaïe 59:14-15).

L’indifférence est une chose plus abominable à Dieu que la plume ne saurait l’exprimer. Ces paroles indignées qui jaillissent dans les Écritures, rendent, dans leur caractère profond et solennel, les pensées de Dieu sur ces choses. «Maudissez Méroz, a dit l’ange de l’Éternel ; maudissez, maudissez ses habitants, car ils ne sont point venus au secours de l’Éternel, au secours de l’Éternel, avec les forts» (Juges 5:23).

Voilà la pensée de Dieu à propos de cette neutralité que son peuple, dans ces jours de tiédeur, appellerait la «tolérance» et le «support», et qui couvre du manteau du christianisme la froideur bien plus hostile au nom de Dieu que toutes les horreurs et les ténèbres du monde païen.

«Et il dit : Non ; mais je suis le chef de l’armée de l’Éternel, qui suis venu maintenant». Remarquez ce qu’il dit : «qui suis venu maintenant». Ils avaient roulé de dessus eux l’opprobre d’Égypte, et ils portaient les marques bien distinctes de leur bourgeoisie céleste, les ayant reçues en échange des marques de l’esclavage d’Égypte.

Dans la célébration de la pâque aux plaines de Jéricho, ils avaient mesuré la plénitude de la grâce qui les avait rachetés ; ils s’étaient nourris du blé de Canaan, pendant qu’ils campaient autour des pierres du mémorial de la mort, prises à l’endroit où l’arche s’était arrêtée au milieu des eaux de la mort ; et maintenant le chef de l’armée paraît pour conduire son peuple à la victoire.

«Et Josué se jeta sur son visage en terre, et se prosterna, et lui dit : Qu’est-ce que mon Seigneur dit à son serviteur ?» Quelle belle attitude de respectueuse obéissance ! Il n’entre pas en Canaan comme un suppliant seulement, mais comme un adorateur respectueux, dont l’oreille est ouverte pour écouter les ordres du Chef de l’armée de l’Éternel. Nous trouvons autre chose encore dans cette scène si touchante. La sainteté devant laquelle Josué devait se déchausser et qui est la force du combat, associée au coeur plein d’adoration d’un serviteur dont l’oreille est prête à recevoir les ordres de l’Éternel.

Remarquez aussi que dans le moment, très éloigné déjà, où Dieu descendait en miséricorde pour sauver son peuple, et se révélait à Moïse dans le buisson ardent (Exode 3), les mêmes paroles sont employées. Elles se font entendre cette seconde fois, aux oreilles de Josué, lorsque le peuple va commencer les luttes du combat céleste : «car le lieu sur lequel tu te tiens, est saint». — Si la sainteté était nécessaire à la délivrance du peuple de Dieu hors de l’Égypte, combien plus encore l’est-elle maintenant, lorsque le peuple entre en Canaan !

Mais je dois m’arrêter ici, avant de lire les paroles de l’Éternel à Josué (chap. 6:2), car nous n’avons parlé encore que de la première partie du second point que nous avons mentionné en commençant cette étude, c’est-à-dire de la manière de traiter le «moi» et la «chair» par la circoncision pratique, pour rendre le coeur propre à commencer les guerres divines.

Nous devons examiner maintenant une autre face de notre sujet : l’armure dont le peuple doit se revêtir pour aller à la rencontre de l’ennemi. Nous commencerons ce sujet dans le chapitre suivant.

 

2.5      Chapitre 13 — Condition de l’âme qui doit faire face à l’ennemi. Les reins ceints de la vérité — Éph. 6

 

Quelques versets du dernier chapitre de l’épître aux Éphésiens forment le sujet des réflexions que je désire présenter maintenant à mes lecteurs. Remarquez d’abord que ces versets se trouvent à la fin de l’épître qui nous place déjà dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus (Chapitre 6: 14-18).

Nous lisons au chapitre 1:7: «En qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce», à la suite de l’appel de Dieu qui nous place devant lui comme des fils, «saints et irréprochables devant lui en amour, rendus agréables dans le Bien-aimé».

«Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; selon qu’il nous a élus en lui, avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté ; à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé» (v. 3-6)

Nous entrons dans cette merveilleuse sphère de bénédiction par la rédemption qui est par le sang de Christ comme Israël fut délivré par la pâque et la mer Rouge. Puis Christ a été, comme homme, ressuscité d’entre les morts et assis dans les lieux célestes ; et les siens ont été vivifiés, ressuscités ensemble, et assis, en lui, dans les lieux célestes (Chapitre 2:1-6).

Au chapitre 2:10, nous lisons : «Afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités, dans les lieux célestes, par l’assemblée». Ainsi son témoignage arrive, même dans ces temps-ci, jusqu’aux armées des lieux célestes. Les anges voient l’assemblée dans le Christ Jésus ; le monde devrait voir, dans l’assemblée, l’épître de Christ ici-bas !

Quand nous arrivons au chapitre 6:12, nous voyons que notre combat aussi a lieu dans cette même sphère : «Car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair» (comme celle de Josué et d’Israël dans une Canaan terrestre), «mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs des ténèbres de ce siècle, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes».

Ainsi, qu’il s’agisse de nos bénédictions, de notre position, du témoignage de l’assemblée, ou de notre combat, tout se passe dans cette sphère céleste où nous sommes déjà entrés «dans le Christ Jésus ». Et c’est bien cette sphère-là qui est notre Canaan. Nous marchons en avant pour arriver à la maison du Père où il n’y aura jamais de combat ; mais nous nous trouvons déjà dans un lieu de bénédiction où nous avons à combattre les ennemis du Seigneur — et c’est le combat proprement dit de l’armée de l’Éternel.

Il est facile de voir que cette armure de Dieu est ce qui nous rend capables de résister au choc de l’ennemi, plutôt que de l’attaquer ; comme nous lisons : «Afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et, après avoir tout surmonté, tenir ferme». C’est un combat plutôt défensif qu’agressif. L’issue dépend aussi de l’état du coeur et de la conscience ; si cet état est bon, l’ennemi se trouve sans ressources et nos âmes sont ainsi maintenues dans la jouissance de notre position céleste, comme témoins et soldats d’un Christ glorifié. Si nos âmes sont bien décidées à garder cette position, croyez-vous que Satan nous laissera tranquilles ? C’est alors, au contraire, que nous apprendrons à connaître toute la profondeur de ses ruses.

Hélas ! que de tristes exemples se présentent à notre mémoire de ceux qui, une fois, couraient bien et combattaient vaillamment dans les batailles du Seigneur, mais qui sont ensuite tombés devant l’ennemi ! Une partie quelconque de l’armure de Dieu vient à manquer ; quelque jointure est mal affermie ; les reins ne sont pas constamment ceints ; l’ennemi, qui veille toujours, s’en aperçoit aussitôt, met en jeu toutes ses ruses et tous ses artifices, et le plus brave tombera ! Hélas ! quel déshonneur a été ainsi jeté bien souvent sur le nom du Seigneur ! quelle honte et quelle confusion en ont été les suites, lorsque quelque serviteur actif, quelque témoin vivant et béni est tombé devant l’ennemi, prouvant ainsi que nul n’est en sûreté sur ce champ de bataille, dans ce combat solennel et pourtant béni, si son âme ne se trouve pas dans l’état indiqué par ces mots «l’armure complète de Dieu».

Bien-aimés frères, soyons sur nos gardes, et, étant prévenus, soyons aussi prémunis.

Si Pierre avait cru les paroles de Jésus, il se serait méfié de lui-même et sa chute n’aurait probablement pas eu lieu. Le Seigneur veille sur nos coeurs tout le long du chemin ; nous avertissant, et nous rappelant les dangers et les pièges ; nous permettant parfois d’arriver jusqu’au bord de quelque terrible abîme où un péché caressé et non jugé, nous conduisait tout droit. Il nous permet, pour ainsi dire, de regarder au fond de l’abîme pendant un instant, afin que nos coeurs tremblants se retournent pour s’attacher plus fermement à lui, et adorent cet amour infatigable et immuable qui les conduit et les dirige pour les empêcher de tomber et de déshonorer ainsi le nom de Dieu.

Bien-aimé et adorable Sauveur et Seigneur ; qui pourrait nous supporter comme toi ? — Qui voudrait — et qui pourrait — nous garder comme tu le fais ? Et y eût-il jamais un temps où ta protection nous fut plus nécessaire qu’aujourd’hui où tout ce qui nous entoure, le livre que nous lisons, la pensée qui est exprimée devant nous, cache quelque ruse de Satan ? Seigneur, garde les jeunes gens dans ce jour d’infidélité ; préserve ces jeunes coeurs encore sensibles et impressionnables, de la corruption de l’homme et des tromperies que Satan fait circuler partout ! Fais aux parents la grâce de savoir rendre leur maison un véritable intérieur doux et paisible où le jeune coeur trouve ce qu’il lui faut, afin qu’il ne cherche pas dans le monde extérieur ce qu’il doit trouver à la maison : la tendresse et le coeur vigilant d’un père, qui mérite la confiance et l’amour de son enfant.

Parents chrétiens, marchez devant vos enfants de manière à leur présenter Christ, gagnez leurs coeurs pour Jésus, en leur prêchant en action aussi bien qu’en paroles !

La première chose qui nous est présentée dans cette armure de Dieu, c’est l’état intérieur de nos âmes. Il ne peut y avoir aucune activité divine, tant que le coeur n’est pas en règle avec Dieu. Nous pouvons être des hommes célestes et connaître les choses qui nous sont librement données par Dieu, sans posséder ce sine qua non d’un soldat chrétien : un coeur auquel la vérité de Dieu a été appliquée, de manière à briser tout ce qui pouvait l’empêcher d’être un vase propre au service. C’est pourquoi, presque tout ce qui se rattache à cette armure est ce que nous pourrions appeler la vérité subjective. Dieu nous rejette sur notre propre état, mais il ne le fait que lorsque nous sommes, par sa grâce, fermement fondés en Christ. Dans cette position, nous pouvons tout surmonter — nous pouvons supporter d’être, par sa Parole, brisés dans nos coeurs et dans nos consciences, justement parce que cette oeuvre expérimentale ne produit en nous aucun sentiment d’incertitude quant à l’acceptation de nos âmes en Christ ; c’est parce que nous sommes pleinement acceptés, rendus agréables en Christ, que nous sommes éprouvés de cette manière ; nos coeurs ne seraient pas traités ainsi, s’il en était autrement. Avant que notre paix avec Dieu soit faite et que nous comprenions la rédemption, nous faisons bien des expériences pénibles ; mais, après cela, nous sommes soumis à un tout autre ordre de discipline, à cause de notre nouvelle position en Christ et de nos nouvelles relations avec lui.

Nous lisons : «Tenez donc ferme, ayant ceint vos reins de la vérité». Il n’y a pas au monde d’autre vérité que la parole de Dieu : nous trouvons dans le monde le doute, les ténèbres, l’ignorance et l’orgueil, beaucoup de théories inventées par l’homme et qui ne peuvent s’élever au-dessus du niveau des pensées de la créature, puisque c’est la créature qui les a conçues.

La parole de Dieu, étant la révélation de la vérité met chaque chose à la place et dans la position qui lui convient. Elle me dit que Dieu est tel qu’il nous est révélé en Christ, et me montre ce qu’il est pour ce pauvre monde ruiné et perdu. Elle me dit ce qu’est l’homme, ce qu’est Satan, ce qu’est le péché ; ce qu’est la justice de Dieu par rapport au péché, et ce qu’est son amour pour le pécheur.

Tout cela est merveilleusement développé devant nous dans la parole de Dieu. Mais l’homme ne peut pas supporter d’être ainsi moralement jugé et mis à la place que cette Parole lui assigne ; c’est pourquoi il fait tous ses efforts pour en affaiblir la puissance et pour détruire la foi du pauvre pécheur en cette vivante parole de Dieu. Malgré cela, celui qui l’a goûtée en quelque petite mesure que ce soit, y a trouvé ce que serait un verre d’eau fraîche au voyageur altéré, la seule chose qui puisse satisfaire son coeur et mettre en repos sa conscience chargée. C’est là qu’il trouve son Sauveur et apprend à le connaître par la puissance de l’enseignement de l’Esprit.

C’est lorsque cette parole vivante s’applique au coeur et à la conscience, et que l’homme intérieur est brisé et soumis, que ses reins sont ceints de la vérité. Les reins sont la partie du corps qui a besoin d’être fortifiée et soutenue en vue du combat et de la fatigue. Toutes les fois que l’Écriture nous parle de «ceindre nos reins», elle suppose que nous nous trouvons dans le lieu du combat et du travail, ou des épreuves pour le coeur. Comme l’Éternel dit à Job : «ceins maintenant tes reins comme un vaillant homme, et je t’interrogerai, et tu me feras voir quelle est ta science» (Job 38:3).

Lorsque les reins sont ceints de la vérité, les affections sont tenues en bride et la volonté est brisée, en sorte que l’homme tout entier prend plus de fermeté et d’assurance. Il trouve étalées sur son chemin toutes les choses qu’aurait désirées son coeur naturel, mais «la vérité» a jugé la valeur de ces choses pour lui comme aux yeux de Dieu, et il les laisse de côté.

Combien il est important que la ceinture ne soit pas relâchée un seul instant, sur ce champ de bataille où la défaite serait la ruine, et où la retraite est impossible ! Un moment d’abandon charnel ou de fausse sécurité, et le coeur se trouve aussitôt engagé dans quelque action mauvaise que des années de larmes amères ne pourront effacer !

Nous voyons souvent aussi que là même où la volonté n’a pas agi pour suivre les désirs de la chair, les reins n’étaient cependant pas ceints, et qu’il est survenu une chute.

Voyez David, lorsqu’il aurait dû ceindre ses reins comme un vaillant homme pour se rendre sur le champ de bataille ; il ne l’a pas fait et son coeur est ainsi devenu la proie facile d’un ennemi toujours au guet. Quelle terrible chute à l’occasion de la femme d’Urie ! Les années de souffrance qui suivirent cette faute et les conséquences qu’elle eut pour sa maison et qu’aucun repentir ne put empêcher, montrent le gouvernement de Dieu toujours parfaitement juste et sûr.

Voyez Pierre dans le jardin de Gethsémané. Il n’avait aucune conscience de son manque absolu de force pour résister à la puissance de Satan. Il dormait et ses reins n’étaient pas ceints, lorsqu’il aurait dû veiller et prier ; et il combattait, lorsque son Seigneur et Maître se soumettait comme un agneau qu’on mène à la boucherie. Et comment notre bien-aimé Sauveur avait-il passé son temps ? Dans une agonie de prières. Il priait pendant que Pierre dormait ; il se soumettait lorsque Pierre combattait. Mais quel triste combat ! la chair combattant contre la chair et avec les armes charnelles de l’homme ! Après cela, Pierre suit Christ «de loin», — puis il le renie avec des imprécations, — et alors viennent les larmes amères !

Nous voyons aussi que, dans ce combat céleste, un moment de victoire est un moment solennel et dangereux pour l’âme. Nous ne sommes jamais plus près de la défaite que lorsque nous venons de remporter une victoire. Le succès de l’homme spirituel est justement ce qui peut lui ôter le sentiment de sa complète dépendance. C’est, pour ainsi dire, un moment d’enivrement que celui où le coeur sent et comprend que Dieu l’a employé avec succès dans la bataille. Nous sommes portés à considérer cette victoire comme notre succès, ainsi le «moi» reparaît sur la scène et l’ennemi trouve à qui s’attaquer. David était vainqueur; il venait d’être oint comme roi à Hébron, et sa première pensée est pour l’arche de Dieu (1 Chron. 13). Mais ses succès ne l’avaient pas préparé à rester dans la dépendance. Il consulte les chefs et les conducteurs du peuple, et met l’arche de Dieu sur un chariot neuf, au lieu de la mettre sur les épaules des Lévites. Et voyez comment la faute d’un homme spirituel peut amener à sa suite la souffrance pour d’autres — nous en avons l’exemple dans la brèche faite en la personne de Uzza. — Cela nous montre aussi que le moment du succès est précisément celui où nous devons plus que jamais nous méfier de nous-mêmes et, plus que jamais aussi, ceindre nos reins de la vérité.

Le temps viendra où notre coeur pourra être laissé en liberté ; où il n’y aura plus besoin ni de conscience, ni de reins ceints. Dans le ciel nous pourrons donner pleine carrière à notre coeur; ici-bas, jamais ! Si vous vous lassez de votre surveillance, et que vous relâchiez votre ceinture pour un seul instant, votre coeur se portera immédiatement sur quelque chose qui n’est pas Christ ! Alors vient la réaction, et le «moi» nous tourmente plus que jamais ; il est revenu en évidence et a souillé notre coeur.

Il ne suffit pas simplement de connaître la vérité, mais il faut qu’elle soit appliquée, pour que, les reins ceints et la volonté brisée, nous puissions suivre Dieu et résister aux embûches de Satan. La vérité de Dieu nous révèle tout ce qui est dans le ciel et nous révèle aussi le coeur de Dieu sur la terre ; elle juge tout ce qui se trouve dans ce monde corrompu : chacun des motifs et des mobiles de nos actions est mis à nu par Celui qui était et qui est la Parole vivante de Dieu.

Il vint dans ce monde — la vérité personnifiée — afin de rendre témoignage à la vérité. Le Fils éternel du Dieu vivant devint un homme; il marcha avec Dieu pendant trente-trois ans, ne faisant jamais sa propre volonté, quelque parfaite qu’elle fut. «Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite». Il rencontre Satan à l’entrée du chemin de son service, et l’Ennemi cherche à le séduire pour le faire sortir du chemin de l’obéissance. Il lui montre pour cela tous les royaumes du monde et leur gloire, en un moment. «Rends-moi hommage», dit l’Ennemi, «et toutes ces choses seront à toi». Comme Dieu, Jésus aurait pu à l’instant même détruire cette puissance, mais ce n’était pas ce qu’il fallait pour nous. C’est comme homme, dans l’obéissance et par l’obéissance, qu’il lie l’homme fort. C’est comme homme dans l’obéissance qu’il eut faim. Opérer un miracle eut été chose bien facile pour Celui qui a créé le monde. Mais non ! Il était venu pour obéir, et il n’y avait aucun mal à avoir faim, tandis qu’il y en avait à apaiser cette faim sans une parole de Dieu. «L’homme», dit-il, «ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». Je suis venu pour obéir, pour être la Parole vivante, en obéissance sur la terre, homme parfait devant Dieu ; Dieu parfait pour l’homme.

Il était la vérité, et la vérité est maintenant contenue dans les paroles (pas seulement La parole) de Dieu. Les Ecritures sont les paroles de Dieu, les paroles intelligibles, exprimant toute sa pensée. «Les choses desquelles aussi nous parlons», dit l’apôtre, «non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l’Esprit» (1 Cor. 2:13).

 

2.6      Chapitre 14 — État de l’âme : la cuirasse de la justice — Éph. 6:14

 

Après nous avoir montré par ces mots : «les reins ceints», comment par cette vérité subjective nos coeurs peuvent être préparés à rencontrer l’ennemi, l’apôtre passe à l’état de la conscience représenté par la pièce suivante de l’armure : «la cuirasse de la justice». Comme il n’est pas question ici de notre position devant Dieu, mais seulement de notre rencontre avec l’ennemi, je me bornerai à indiquer que cette cuirasse de la justice est une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.

Aucune autre partie de l’armure ne rendrait, par son absence, le coeur aussi faible que celle-ci. Lors même que notre conscience serait seule à connaître dans le secret la souillure d’une faute quelconque, — fût-elle même très légère, — il serait impossible à notre coeur de tenir ferme devant la puissance accusatrice de Satan. Le juste (que sa conscience n’accuse pas) est courageux comme un lion. Aussi rien n’est plus nécessaire à rechercher que cette précieuse condition de l’âme : une conscience sans reproche devant Dieu et devant l’ennemi. «À cause de cela», dit Paul, «moi aussi je m’exerce à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes» (Actes 24:16).

Chez le simple chrétien, qui est rarement — si même il l’est jamais — actif dans ce combat céleste, une mauvaise conscience se traduit plutôt en ce que l’Esprit est contristé ou gêné, que par une chute ou une faiblesse apparentes. Son propre coeur seul peut dire si sa joie est complète dans une vraie et précieuse communion avec le Père et avec le Fils. Cette communion ne peut être goûtée que par une conscience sans reproche, par un coeur qui ne nous condamne pas ; et, s’il en est ainsi, notre confiance en Dieu est parfaite.

Quel triste cas que celui d’un chrétien qui, au milieu d’une carrière active et au premier rang dans la bataille, a les oreilles et le coeur assaillis par les accusations de l’ennemi. Conserver l’activité extérieure, avec un tel état d’âme, équivaut à laisser son âme ouverte aux ruses et même à la puissance visible de l’ennemi, et c’est une chose bien solennelle ! Que de fois ceux qui ont pris hardiment et ouvertement le parti de Christ, et qui ont été dans sa main des instruments bénis de sa puissance, sont tombés, irrévocablement tombés, et ont abandonné leur poste, parce qu’ils étaient ainsi devenus accessibles aux artifices du diable.

Je crois qu’une chute de ce genre est toujours précédée de miséricordieux avertissements et de voies divines en grâce ; mais ces avertissements n ‘étaient écoutés ni par les oreilles ni par le coeur.

Que le Seigneur nous accorde d’être avertis et de fuir le danger ; de savoir éviter le point où notre chemin s’éloigne de lui, l’heure dangereuse ; «de ne pas regarder le vin quand il se montre rouge» (Prov. 23:31).

Être revêtus de la cuirasse de la justice, rend donc le coeur hardi et libre comme l’air, mais libre de marcher avec Dieu. Il ne voit pour ainsi dire aucun signe de mécontentement sur la face de son Dieu et l’âme a la conscience que, par grâce, elle peut demeurer en toute liberté dans la présence de Dieu. La conscience purifiée par le précieux sang de Jésus, restée en pratique bonne devant Dieu, connaît la joie de marcher avec lui librement et naturellement. En marchant ainsi, l’âme apprend à connaître et à juger la chair bien mieux que dans une mauvaise conscience, par la faiblesse ou par une chute. Elle comprend dans la lumière de la présence de Dieu, quelles sont les tendances naturelles de la chair, et elle sait qu’elle peut compter sur la puissance de Dieu ; elle fait du péché qui demeure en nous l’occasion de la communion, quoiqu’il n’en soit pas la raison, et le coeur juge les mauvaises tendances de la chair sans qu’il y ait besoin d’une chute, apprenant à les juger selon la nature de ce Dieu même qu’il connaît, au lieu de le faire d’après l’appréciation bien plus faible de la conscience qui sent la souillure.

Ainsi la première partie de l’armure exprime la condition normale de l’âme à laquelle la vérité a été appliquée, jugeant les intentions secrètes du coeur, en fortifiant l’homme tout entier. Comme la parole de Dieu, en Hébr. 4:12, cette vérité agit de manière à découvrir, à discerner les pensées et les intentions du coeur ; elle éprouve, quant à sa source, chaque pensée qui surgit, pour savoir si elle est de Dieu ou de la chair ; elle discerne si les intentions du coeur ont Christ ou le «moi» pour objet et pour but. Cette même vérité se manifeste aussi en formant et en sanctifiant, ainsi que nous le lisons dans le dix-septième chapitre de Jean : «Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité».

En Hébreux, nous voyons surtout la puissance de la Parole qui nous sonde ; tandis que, dans Jean, il est question plutôt de former l’âme, en la séparant du monde par la parole du Père. Tout ce qui est du monde n’est pas de Dieu. Puis cette Parole nous révèle un Homme dans la gloire auprès du Père, un Homme qui est notre vie et le modèle du nouvel homme devant Dieu.

La seconde partie de l’armure s’applique plus directement à ce qui regarde la conscience ; mettant l’âme en état de faire face à l’ennemi, car le dos n’est garanti par aucune pièce de la cuirasse. Une cuirasse brillante — une bonne conscience — fait que l’âme peut marcher avec Dieu, sans que l’ennemi trouve un point vulnérable par lequel il puisse affaiblir le courage dont elle a besoin, et rendre ainsi le soldat de Christ aussi faible que l’eau, dans la présence de Dieu. Si la conscience est sans reproche, le chrétien n’a rien à faire avec les inquiétudes et les remords qui le rendent irritable vis-à-vis des autres, et, de cette manière, son coeur est gardé dans la paix.

Il est surprenant de voir combien toutes choses paraissent bonnes et heureuses et quelles différentes couleurs elles revêtent, lorsque l’âme chemine doucement en paix avec Dieu.

C’est le contraire là où notre conscience nous accuse ; alors nous sommes toujours prêts à trouver les autres en défaut, et nous voyons et sentons tout ce qui passerait inaperçu si nous étions heureux dans l’amour de Christ, marchant paisiblement avec une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.

 

2.7      Chapitre 15 — État de L’âme : les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix — Éph. 6:15

 

Une bonne conscience et un coeur qui peut librement et heureusement marcher en avant avec le Seigneur, donnent un caractère remarquablement paisible et doux au chemin du soldat de Christ. Ce soldat n’est pas ce que le monde appellerait un héros — les héros de Dieu font triste figure aux yeux du monde. Ce qui les caractérise, c’est un coeur humble et soumis ; ils ont trouvé le vrai secret de la force et le pouvoir de maîtriser leur caractère, dans un monde où les «hommes de caractère» sont estimés. «Celui qui est le maître de son coeur vaut mieux que celui qui prend des villes» (Prov. 16:32). Cet esprit paisible imprime un cachet tout particulier au chrétien, au milieu des difficultés et des épreuves qu’il rencontre sur son chemin : «la parure d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu», mais d’une bien petite valeur devant les hommes !

Nous ne trouvons jamais cet esprit paisible lorsque l’âme n’est pas heureuse avec Dieu. On peut s’en donner l’apparence, tout en ayant un ver rongeur dans le coeur, mais c’est une de ces précieuses grâces de la vie chrétienne que l’on ne saurait imiter réellement.

Hélas ! on ne la voit que trop souvent manquer chez ceux mêmes qui sont occupés des vérités les plus élevées. Les vérités objectives sont présentées aux âmes et sont estimées comme elles doivent certainement l’être ; mais il y a un autre côté aussi, qu’il ne faut pas négliger : le coeur humble et brisé qui estime les autres supérieurs à lui-même ; la disposition de l’âme qui se plaît à rechercher et à apprécier chez les autres tout ce qui peut rappeler Christ. C’est là la «pensée de Christ».

Cette divine énergie qui nous élève au-dessus des choses d’ici-bas, est sans nul doute une chose à désirer et à rechercher ; mais si une personne s’occupe exclusivement de ce côté-là, elle devient facilement dure et disposée à juger les autres.

Pour ma part, ce que je trouve bien plus merveilleux, c’est de voir Christ marchant sur la terre comme un homme humble, agissant divinement en toute circonstance, n’étant jamais indifférent aux épreuves et aux afflictions des autres, et les sentant plus profondément qu’eux ; acceptant toujours l’épreuve pour lui-même, avec cette douceur et cette humilité qui courbent la tête et supportent toutes les douleurs comme étant envoyées de Dieu. Je ne veux pas dire que nous puissions jouir pleinement de cette beauté de Christ, ou même l’apercevoir, si nous ne cherchons à le connaître que de ce côté-là. Il faut d’abord que nous réalisions notre position «en Christ» devant Dieu ; il faut que nous le connaissions, en partie du moins, comme Celui qui est glorifié dans le ciel. Ce n’est qu’alors que nous serons moralement capables de jouir de lui, et de retrouver la trace de ce merveilleux sentier qu’il a suivi dans son humble amour, et qui nous paraît toujours plus admirable, à mesure que nous apprenons à connaître mieux la personne de celui qui y a marché.

Cette aimable paix de l’esprit nous accompagne dans tous les détails de la vie de chaque jour et nous les fait traverser doucement et tranquillement ; elle exerce, par sa présence, une influence de calme heureux sur tous ceux qui nous entourent, et affermit les pas de celui qui marche sur le champ de bataille de Dieu. Celui qui a ainsi les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix, apporte la paix dans le pays de l’ennemi, et, en présence de l’anxieuse agitation, des craintes et des inquiétudes qui gouvernent le coeur de tant d’hommes, vit autant que cela est possible en paix avec tous.

Jésus lui-même était le Prince de paix. Il passait avec le calme du ciel à travers notre monde agité. Il était toujours dans le sein de son Père : aucune circonstance ne pouvait le troubler. La douleur et la réjection pesaient sur lui ; l’incrédulité et l’endurcissement se montraient partout devant lui, pour refroidir, si possible, l’amour de son coeur ; cependant il marchait en avant. Il soupirait de l’incrédulité de l’homme, mais il levait les yeux vers le ciel. Les Samaritains ne veulent pas le recevoir dans sa mission d’amour, parce que sa face était tournée vers Jérusalem ; c’est-à-dire que son coeur était décidé à suivre le chemin dont le terme était l’ignominie et la croix. Il s’incline et se soumet, et s’en va à un autre village, censurant fortement Jacques et Jean qui ne savaient de quel esprit ils étaient animés. Sa douceur était connue de tous (Luc 9).

À la fin, lorsque toute l’amertume de sa douleur se dresse devant son âme, lorsqu’il en a sondé l’immense profondeur et accepté la coupe de la main du Père, c’est encore paisiblement et calmement qu’il passe au milieu du mépris, des insultes et des crachats. Aucun mouvement de son coeur ne le porte à la vivacité, à répondre aux outrages par des outrages, à menacer quand il souffre, — sa cause était entre les mains de son Père. Au milieu de tout, les reins ceints comme serviteur des serviteurs, il pense au coup d’épée charnel de Pierre, qui avait coupé l’oreille de Malchus ; il lui touche l’oreille et le guérit, réparant ainsi la promptitude de son pauvre disciple, abandonné à ses impulsions. Il continue à avoir les yeux sur Pierre ; il pense à lui comme ayant particulièrement besoin de sa sollicitude. Il le regarde au moment où le coq chante, pour lui faire sentir combien son coeur s’était égaré loin de son Seigneur. Silencieux devant l’ennemi, lorsque les juges condamnent celui qu’ils savent être innocent, il s’en remet à Celui qui juge justement. Il était comme «un homme qui n’entend point et qui n’a point de réplique en sa bouche» (Ps. 38:14).

Combien cette bénignité nous juge — il faut si peu de chose pour irriter nos coeurs ! Et cependant notre vocation est d’être les messagers de la paix et ceux du Prince de paix ; d’apporter dans un monde inquiet et agité un esprit de paix et de repos, qui ne se trouve que là où la volonté propre est brisée et où l’âme se confie en Dieu. Cette condition de l’âme est l’expression du caractère du chrétien, résultant du fait qu’il s’est auparavant revêtu des parties de l’armure de Dieu dont nous avons déjà parlé : la condition intérieure formée et fortifiée par la parole de Dieu ; la conscience sans reproche pour faire face à l’ennemi. Il n’est plus nécessaire de penser à soi-même, et ainsi le coeur est en liberté pour marcher avec Dieu, en pensant aux autres, et pour répandre, dans un esprit de paix, la bénédiction autour de soi. Nous trouvons donc que cet état de l’âme relativement aux autres, ne peut exister que là où, quant à sa condition intérieure l’âme est en règle avec Dieu. «Les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix» viennent après les «reins ceints» et la «cuirasse de la justice».

 

2.8      Chapitre 16 — État de l’âme : le bouclier de la foi — Éph. 6:16

 

En nous occupant des premières parties de cette armure de Dieu, nous avons examiné l’état subjectif ou intérieur de l’âme, personnellement et relativement aux autres. Nous arrivons maintenant à cet autre état intérieur, qui fait que l’âme se repose avec une foi sincère sur Dieu lui-même, dans son caractère connu — ce qu’il est — et qui nous garde dans une confiance parfaite en lui, en sorte que, quoiqu’il arrive, nous savons que rien ne peut nous séparer de son amour. Les circonstances peuvent paraître défavorables, nous pouvons être à bout de ressources ; — cependant le coeur qui connaît Celui qui ne peut être autre chose que lui-même, attend patiemment le moment qu’il a choisi pour déployer Sa puissance en faveur de ceux qui se confient en lui.

«Par-dessus tout» (par-dessus cette première condition de l’âme), «prenant le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant» (Éph. 6:16).

La foi dont il est question ici n’est pas celle du pécheur, quand il arrive à saisir Christ. Cette foi-là, nous la trouvons dans l’épître aux Romains, et nous pourrions l’appeler «la foi sans oeuvres d’un pécheur» : «À celui qui ne fait pas des oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice» (Rom. 4:5).

Dans l’épître aux Éphésiens, nous trouvons la foi du saint : la perfection de la confiance en Dieu, lorsqu’il est connu par expérience, comme celui qui est ce qu’il dit être ; cette confiance qui, à mesure que le coeur apprend à mieux connaître Dieu, discerne mieux aussi les sources du mal dans son propre coeur et sent, malgré cela, sa confiance en Dieu croître en proportion ; en sorte que le coeur compte sur Dieu contre lui-même. Il peut dire : Je ne puis pas me fier à moi-même, et Dieu ne peut se fier à moi, mais je puis compter sur Dieu et me fier à lui. Il peut dire à Dieu : Viens avec moi, car je suis de col roide, et si je suis laissé à moi-même je ne puis que faillir.

Vous trouvez ce «bouclier de la foi» représenté pratiquement en Moïse. Dieu avait dit que le peuple était un peuple de col roide, et que, s’il montait au milieu d’eux, il les consumerait en un moment. Alors Moise prit la tente et la tendit hors du camp, et l’Éternel descendait et parlait à Moïse face à face comme un homme parle avec son intime ami. Moïse avait trouvé grâce devant les yeux de l’Éternel, et son coeur désire trouver grâce c’est-à-dire en connaître la plénitude. Alors toute la bonté de l’Éternel passe devant lui, et son coeur prosterné en présence de cette gratuité, avance justement le fait que le peuple est un peuple de col roide pour supplier l’Éternel de marcher au milieu d’eux. Cette même raison que l’Éternel avait donnée en Exode 33:5, pour ne pas marcher au milieu d’eux, «de peur qu’il ne les consumât», Moïse l’invoque en Exode 34:9, pour engager Dieu à marcher avec eux. «Et il dit : Ô Seigneur ! je te prie, si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, que le Seigneur marche maintenant au milieu de nous ! car c’est un peuple de cou roide ; pardonne donc nos iniquités et notre péché, et possède-nous comme ton héritage».

Mais Moïse avait fait, dans l’intervalle, l’expérience de ce que Dieu est en lui-même, et c’est à cause de cette connaissance de ce que Dieu est, qu’il plaide pour obtenir sa présence au milieu d’eux le long du chemin, «parce que le peuple était un peuple de col roide !» Oh ! qu’elle est grande la confiance qui peut donner à Dieu, comme raison pour demeurer avec eux, la connaissance qu’il a de tout le mal qui est dans leurs mauvais coeurs. Et c’est ainsi qu’elle doit être, — toujours plus grande à mesure que Dieu nous est mieux connu et que nous nous connaissons mieux nous-mêmes.

Voyez cette confiance se montrer, avant même la connaissance du pardon, chez la femme de la ville, qui était une pécheresse (Luc 7). Cette même lumière qui la rend muette devant le Seigneur dans le sentiment de son péché, pousse son coeur vers Celui qui, tout en sondant la conscience, tout en suivant et en discernant toutes les tortueuses profondeurs du péché et d’une nature ennemie de Dieu, attirait le coeur à lui en amour, en sorte que la pécheresse pouvait compter sur lui à cause de ce qu’il était, et malgré tout ce que sa sainteté avait découvert dans son propre coeur à elle. Dans ce cas, c’était la confiance d’un pécheur qui n’a pas encore reçu la certitude de sa grâce. Notre confiance à nous ne devrait-elle pas être bien plus grande en Celui dont nous connaissons la miséricorde, et qui nous a placés sans tache en présence de sa sainteté, là où cette lumière et cette sainteté même ne font qu’augmenter la confiance de nos coeurs !

Satan peut s’approcher avec ses sombres instigations, mais elles n’ont aucune puissance, parce que Dieu est connu. Grâces à Dieu, nous le connaissons mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes — pas mieux qu’il ne nous connaît, mais mieux que nous ne connaissons nos propres coeurs. Quelle consolation pour le coeur de savoir que Dieu connaissait, et qu’il connaît toutes choses ! Je puis aller à lui et lui tout dire — la profondeur du mal qui est dans mon coeur, les mobiles et les motifs que j’y trouve — et éprouver que Dieu est pour moi, contre tout ce mal.

Les dards enflammés de Satan (je ne veux pas m’étendre ici sur leur signification propre, quand ils sont employés de Dieu comme un moyen de discipline pour nos âmes) sont repoussés avec ce cri joyeux et triomphant : Dieu est pour moi ! Satan est réduit au silence par cette heureuse condition de l’âme, qui nous est représentée par «le bouclier de la foi».

Combien il est préférable de posséder cet heureux état d’âme, parce qu’on est revêtu en tout temps de l’armure de Dieu, plutôt que d’apprendre à en comprendre l’importance, alors seulement qu’on est blessé par quelqu’une des flèches de Satan ! Ce n’est pas au jour de la bataille que nous devons revêtir l’armure, c’est quand notre coeur est avec Dieu dans la conscience de sa faveur qui repose sur nous. Nous sentons en même temps qu’un ennemi vigilant est toujours prêt à profiter du premier moment de négligence ou de relâchement, pour attaquer et blesser le soldat de Christ.

L’importance de l’armure s’apprend quelquefois par des chutes et des blessures ; n’est-il pas bien meilleur, je le répète, de l’apprendre en vivant en paix et plein de confiance près de Dieu, de se servir de cette armure tout on cheminant avec lui, plutôt que de s’exposer, l’ayant à moitié revêtue peut-être, aux assauts de Satan ? Nous pouvons en apprendre aussi l’importance négativement par la paresse de notre âme vis-à-vis de Dieu, notre coeur devenant froid et indifférent. Nous l’apprenons positivement, lorsque notre conscience est mal à l’aise et n’a pas de repos. L’Esprit de Dieu agit alors, envers la conscience, comme un accusateur sévère et inflexible ; nous faisant sentir la perte de cette joie et de cette heureuse communion avec notre Dieu et Père, communion que nous connaissions et dont nous jouissions comme arme contre le mal ; et nous montrant enfin le mal qui a séparé pratiquement notre âme de Dieu. Le premier côté, le négatif, se rencontre trop souvent ; le second, le positif, est plus terrible encore à supporter, parce que l’âme a déjà joui de la faveur de Dieu qui est plus précieuse que la vie, et l’a perdue en tolérant et en acceptant le mal. Je parle ici, naturellement, du chrétien, dont l’acceptation comme pécheur est complète et qui en a la conscience.

Ainsi donc cette parfaite et complète confiance en Dieu, exprimée par le «bouclier de la foi», suit toute cette première condition de l’âme, dont nous avons l’image dans «les reins ceints de la vérité», «la cuirasse de la justice», et «les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix ».

 

2.9      Chapitre 17 — État de l’âme : le casque du salut et l’épée de l’Esprit — Éph. 6:17

 

Si le bouclier de la foi exprime la confiance parfaite de l’âme en ce que Dieu est, en sa propre nature immuable, «le casque du salut» nous représente ce que Dieu a fait pour nous, oeuvre que notre âme connaît et dont elle jouit dans une sécurité si complète et si douce, qu’il n’y a plus de place dans le coeur pour un doute quelconque sur le résultat final de cette oeuvre. Lorsque l’âme connaît cette oeuvre et la sent, elle est libre au jour de la bataille et s’avance sans crainte ; elle peut s’occuper des autres, de ceux dont l’ennemi cherche la ruine. Elle sent que cette belle parole : «Tu as couvert ma tête de toutes parts au jour de la bataille» (Ps. 140:7), donne une fermeté et une joie qu’aucune circonstance présente ne peut gâter. L’ennemi peut sévir avec rage, et le mal peut se montrer de tous côtés, mais aucune épée ne saurait transpercer ce casque invulnérable. Le salut de Dieu, posé comme casque sur la tête par les mains de Dieu lui-même, rend le coeur intrépide en face de l’ennemi ; et, en l’absence de toute préoccupation personnelle quant à ses propres affaires, le chrétien a la liberté d’esprit nécessaire pour pouvoir désirer le bien des autres.

Il faut remarquer que, tout en recevant cette pièce précieuse de l’armure de Dieu, et quand même nous la considérons comme produisant un état subjectif de l’âme, c’est Dieu qui reste la confiance du coeur, à la fois dans le casque du salut (ce qu’il a fait pour nous) et dans le bouclier de la foi. Par conséquent, en un certain sens, Dieu est objectivement devant nous, quoique l’état produit soit aussi mentionné.

Nous trouvons une bien belle illustration de ce «casque du salut», dans l’exemple de Paul, au chap. 26 des Actes.

Paul était prisonnier, arraché depuis longtemps déjà à l’oeuvre qu’il aimait ; ayant peut-être la triste conviction que son emprisonnement était la conséquence immédiate de sa propre conduite, — cependant c’est le souvenir du premier moment de sa conversion qui remplit son âme. Cet homme de Dieu est là debout, chargé de chaînes, devant Festus, en présence du roi Agrippa et de Bérénice, et leur raconte l’histoire de sa vie d’autrefois, de sa conversion et de sa mission comme serviteur du Seigneur. Ce pharisien d’entre les pharisiens, cet homme juste quant à la loi, qui avait vécu en toute bonne conscience devant Dieu, tout en faisant beaucoup contre le nom de Jésus de Nazareth, ce terrible persécuteur des saints, de l’Église de Dieu, le voilà captivant tellement l’attention du gouverneur romain par les paroles chaleureuses qu’il adressait au roi, qu’enfin Festus s’écrie : «Tu es hors de sens, Paul ; ton grand savoir te met hors de sens».

Remarquez sa réponse calme et recueillie : «Je ne suis point hors de sens, très excellent Festus, mais je prononce des paroles de vérité et de sens rassis : car le roi (Agrippa) a la connaissance de ces choses, et je parle hardiment devant lui, car je suis persuadé qu’il n’ignore rien de ces choses : car ceci n’a point été fait en secret. Ô roi Agrippa ! crois-tu aux prophètes ? Je sais que tu y crois. Et Agrippa dit à Paul : Tu me persuaderas bientôt d’être chrétien. Mais Paul dit : Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens».

Il se tenait là, ce bienheureux témoin de la puissance de ce salut dont Dieu lui avait couvert la tête pour le jour de la bataille, et ces paroles rendues si éloquentes par la joie calme et sainte qui remplissait le coeur de celui qui les prononçait, font pénétrer jusqu’à l’âme du roi le sentiment de la vérité qu’elles expriment. Il était bien près du salut, ce roi Agrippa, et pourtant comme il s’en éloigne, lorsque, pour couvrir et cacher son émotion, il se lève et se retire pour conférer avec les autres !

La captivité et les chaînes n’avaient pas diminué la joie de Paul, et, libre de coeur, avec le casque du salut sur son front, il peut penser à la bénédiction des autres. Il n’exprime aucun désir de voir tomber les liens qu’il portait pour Christ ; non, ses désirs étaient pour les autres. Il souhaite non seulement qu’ils puissent être chrétiens, — il avait presque persuadé le roi Agrippa de le devenir, — mais encore qu’ils deviennent de toutes manières tels qu’il était, «hormis ces liens» ; ceux-ci, il pouvait les porter seul pour le Maître qu’il aimait ; il désirait seulement pour les autres qu’ils devinssent des hommes aussi heureux que lui, «hormis les liens».

Quels sentiments tendres et délicats la grâce communique au coeur mis en contact avec la personne vivante de Celui qui a placé le casque du salut sur notre tête ! Ce n’est plus le salut lui-même qui nous occupe exclusivement, mais c’est la personne de Celui qui a agi pour nous, rendant notre coeur libre comme l’air, afin qu’il puisse suivre et comprendre son propre coeur à Lui, dans ses voies de miséricorde envers un monde pervers.

L’âme est libre maintenant, et en état de manier «l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu». Remarquez qu’en premier lieu la parole de Dieu nous a formés et a fortifié en nous l’homme intérieur ; la conscience est bonne, le sentier est paisible, la confiance en Dieu est parfaite, et c’est la joyeuse assurance d’un salut, qu’aucun pouvoir ennemi ne peut détruire et qui lie nos coeurs à Celui qui a accompli ce salut et nous l’a dispensé, qui rend notre âme si parfaitement libre et heureuse. Alors, et seulement alors, commence le combat offensif avec l’épée de l’Esprit contre l’Ennemi des âmes.

Remarquez aussi que, dans toute la description de cette armure de Dieu, il s’agit de tenir ferme contre les artifices du diable ; la Parole n’est donc pas employée ici pour l’édification des âmes, mais pour découvrir et pour démasquer ces mêmes artifices.

Hélas ! combien les soldats de Christ semblent faibles et abattus dans les jours d’infidélité que nous traversons. Ils ont peur bien souvent d’être seuls à soutenir cette Parole, par laquelle Dieu a rendu son nom grand et admirable par-dessus tout autre (Ps. 138:2). Ils ne sont pas encore assez façonnés par les préceptes de cette Parole ; c’est pourquoi ils ne sont pas capables de manier cette puissante épée : ils s’y blesseraient, car elle a deux tranchants. Elle doit avoir accompli son travail de circoncision à notre égard, avant de pouvoir être employée avec succès contre l’ennemi. Il faut que les enfants d’Israël soient circoncis eux-mêmes, avant qu’ils puissent tirer leurs épées du fourreau pour suivre le chef de l’armée de l’Éternel.

Mais lorsque l’âme est ainsi rendue capable de manier cette épée, aucun ennemi ne pourrait lui résister. Voyez le Seigneur Jésus lui-même dans sa lutte avec le diable (Matth. 4). Aucune puissance n’est déployée par lui pour détruire le destructeur ; aucune parole n’est prononcée pour corriger une citation mal faite par l’ennemi. «Il est écrit», voilà sa seule arme, et il accomplit ainsi cette parole : «Je me suis gardé selon la parole que tu as prononcée de ta bouche, des sentiers des hommes violents» (Ps. 17:4). Il a déjà été observé par un autre, que, lorsqu’il s’agit d’un combat direct entre Jésus et le diable, la parole de Dieu est l’arme employée des deux côtés. Le Seigneur l’emploie pour expliquer et gouverner sa propre conduite, et le diable l’emploie contre le Seigneur. C’est bien solennel ! car aujourd’hui encore, alors que les saints n’ont d’autre ressource qu’elle, Satan s’en sert aussi pour arriver à ses fins. Mais les saints doivent être formés à l’obéissance par cette Parole, sans cela ils finiront par tomber, tout en ayant cette épée de l’Esprit entre leurs mains, et cela parce qu’elle les blessera eux-mêmes.

Lorsque ces artifices du diable sont présentés à l’âme, le vrai soldat de Christ, bien discipliné, n’éprouve aucune crainte quant à l’issue du combat. Il n’est pas étonné de ce que lui présente l’ennemi, et n’a pas même l’embarras de faire un effort pour trouver quelque passage qui le confonde : la parole de Dieu vient d’elle-même à son coeur et à ses lèvres et répond à toutes les ruses. Il se peut que l’ennemi ne soit pas absolument confondu, mais l’âme est fortifiée et la Parole explique sa conduite et son obéissance. Aucune ruse de l’ennemi ne peut tenir un seul instant contre cette arme puissante, qui est «puissante par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ» (2 Cor. 10:4-5). Toute suggestion incrédule est repoussée, toute altération de la vérité est découverte : chacune des superstitions par lesquelles le diable trompe ses partisans — tout en triomphant de leur honte — est exposée. Toutes ces choses sont combattues avec l’arme puissante, qui seule peut garder et diriger nos âmes dans un monde qui se vante de ses progrès, mais qui, ayant perdu la connaissance de Dieu, et refusé la révélation que Dieu, dans sa tendre miséricorde, lui a donnée de lui-même en Jésus, mûrit, sous les soins du diable, pour le jugement qui jettera et lui et ceux qu’il a égarés «dans l’étang de feu et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles» (Apoc. 20:10-15).

 

2.10  Chapitre 18 — État de l’âme : la prière — Éph. 6:18

 

Nous arrivons maintenant à la dernière, mais très importante pièce de «l’armure complète de Dieu» : au mouvement des coeurs du peuple de Dieu par la prière, vers Celui qui les a formés par sa Parole, qui est le mouvement du coeur de Dieu vers nous ! C’est le trait caractéristique de la vie chrétienne ; l’obéissance et la dépendance mettent leur cachet sur toute l’activité de cette vie dans ce monde déchu.

Il est très remarquable que nous trouvions constamment, dans les Écritures, la parole de Dieu et la prière unies étroitement. Lorsque Dieu agissait envers l’homme en la chair et le mettait à l’épreuve dans le peuple d’Israël, il ne mentionnait pas même la prière comme faisant partie des relations du peuple avec lui. Les Israélites acceptaient, sur le pied de leur propre force, la loi comme base de ces relations. Or la prière est l’expression de la faiblesse de l’homme. Il y avait pour Israël deux manières de s’exprimer en s’adressant à Dieu : l’une lui présentait la culpabilité du sang répandu (Deut. 21) ; l’autre était l’expression du culte (de l’adoration) dans la perfection de l’obéissance (Deut. 26).

Mais l’homme était placé sur le terrain de ses propres forces pour pratiquer ces choses et avoir la vie par elles. Quelle ruine en advint ! Cependant, au milieu de ce naufrage, plus d’un coeur fidèle s’adressa sans doute à Dieu, en dehors de toutes les relations formelles et établies du peuple avec lui.

Au commencement du premier livre de Samuel, nous voyons Anne désolée et soupirant après le désir de son coeur, remuant ses lèvres, tandis que son âme se répand en supplications devant l’Éternel. Éli, le sacrificateur, la reprend même, croyant qu’elle était ivre. Mais sa réponse paraît avoir touché une corde sensible dans le coeur du vieux sacrificateur, lorsqu’elle dit : «Je ne suis point ivre, mon seigneur ; je suis une femme affligée en son esprit ; je n’ai bu ni vin, ni cervoise, mais j’ai répandu mon âme devant l’Éternel». Éli lui répond : «Va-t’en en paix, et que le Dieu d’Israël te veuille accorder la demande que tu lui as faite» (1 Sam. 1:9 etc.). L’enfant Samuel, dont le nom signifie «demandé à Dieu», fut la réponse à ce cri.

Nous voyons aussi, dans les premiers chapitres de ce même livre, combien la ruine était grande en Israël. La sacrificature était souillée et corrompue ; l’arche de Dieu passe dans les mains des Philistins ; «I-Cabod» est prononcé sur le peuple ruiné ; le sacrificateur du peuple se rompt la nuque, en tombant de son siège à côté de la porte, à l’ouïe de la nouvelle que l’arche avait été prise par les incirconcis.

Toutes les relations établies étaient alors rompues ; le peuple n’avait plus de sacrificateur ; un sacrificateur n’aurait eu d’ailleurs ni l’arche pour consulter Dieu par les Urim et les Thummim, ni le propitiatoire pour faire aspersion du sang devant l’Éternel. Quelle sera maintenant la ressource, offerte par Celui dont les conseils ne sont jamais anéantis par les fautes et les chutes de l’homme ? Samuel, l’homme qui avait été «demandé à Dieu», sera «le prophète de l’Éternel», au moyen duquel Dieu se révélera de nouveau, par la «voix de l’Éternel», à la conscience de ceux qui ont des oreilles pour ouïr.

Si Dieu maintenait ainsi ses relations avec son peuple au moyen de Samuel, le cri de supplication — la prière de son peuple — montait aussi à lui par Samuel (Chap. 7:8-9 ; 12:18-19, 23). Dans tout ceci, nous retrouvons les deux grands principes ou traits caractéristiques de la vie spirituelle qui sont si souvent réunis dans les Écritures, savoir la parole de Dieu et la prière.

Marie, assise aux pieds de Jésus pour écouter sa parole, et les disciples disant à Jésus : «Seigneur, enseigne-nous à prier» (Luc 10 et 11), sont encore deux exemples de cette même vérité. Voyez aussi les douze dans le sixième chapitre des Actes : «Nous persévérerons dans la prière et dans le service de la Parole» et aussi : «Que la parole du Christ habite en vous richement» (Col. 3:16), suivi de : «Persévérez dans la prière» (Col. 4:2). Même la nourriture que nous prenons est sanctifiée pour nous par la parole de Dieu et par la prière. La parole de Dieu sanctionne, pour son peuple, certaines choses à l’usage du corps, comme la nourriture et la boisson, qui doivent être reçues de lui avec actions de grâces, sans que nous ayons rien à refuser de ce qui a été ainsi mis à part par sa Parole : «Car toute créature de Dieu est bonne, et il n’y en a aucune qui soit à rejeter, étant prise avec action de grâces, car elle est sanctifiée par la parole de Dieu et par la prière» (1 Tim. 4:4-5).

La prière est la première expression de l’âme qui vient de naître à Dieu. Saul de Tarse, aveuglé par la lumière de la gloire du Seigneur, est amené à Damas, et, dans la maison de Judas, dans la rue appelée la Droite, on trouve ce persécuteur à genoux et priant. Bien peu de temps auparavant, il respirait encore menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur ; maintenant sa fervente prière monte à Jésus et parvient jusqu’à son oreille ; cette parole : «Voici, il prie», nous montre que l’oreille et le coeur du Seigneur étaient attentifs aux supplications du premier des pécheurs.

La prière revêt des caractères bien divers dans la parole de Dieu. Au chapitre 11 de Luc, nous voyons le Seigneur enseignant à ses disciples la prière de «l’importunité». Il dit : «Qui sera celui d’entre vous qui, ayant un ami, aille à lui sur le minuit, et lui dise : Ami prête-moi trois pains, car mon ami est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui présenter ? et celui qui est dedans, répondant, dira : Ne m’importune pas ; ma porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t’en donner. Je vous dis que, bien qu’il ne se lève pas et ne lui en donne pas, parce qu’il est son ami, pourtant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu’il en a besoin» (Luc 11:5-8). Qu’elle est pratique la scène que le Seigneur nous décrit ici ! C’est le sentiment profond de ce qui nous manque, de la dépendance où nous sommes de Celui qui s’est manifesté à nos âmes, comme étant le seul qui puisse nous donner ce dont nous avons besoin. Le sentiment de la confiance est exprimé aussi par la persévérance, qui ne se détourne point pour aller essayer de puiser à quelque autre source. Le Seigneur connaît les coeurs et sait bien quel est celui qui place toute sa confiance en lui, mais ici, ce qui nous est montré, n’est pas la bonté du Seigneur et sa promptitude à écouter et à répondre, mais bien la persévérance du coeur qui s’attache à Dieu et le supplie jusqu’à ce qu’il en ait obtenu ce dont il a besoin, — cette persévérance qui ne ralentit pas l’ardeur d’une supplication adressée à Celui qui a dit : «Demandez, et il vous sera donné».

Mais ce caractère de la prière n’est pas le plus élevé qu’elle puisse revêtir, bien qu’il soit nécessaire à son peuple, tant qu’il sera ici-bas. Nous trouvons au chapitre 4 des Philippiens, v. 6, une promesse plus bénie encore pour nous engager à «faire connaître nos requêtes à Dieu». Il ne nous est pas promis ici qu’il répondra au besoin que nous lui exprimons, — il nous est dit que Dieu nous répondra d’une autre et bien plus précieuse manière.

Nous pouvons être accablés de mille inquiétudes diverses, et quelle sera notre ressource dans ce cas ? «Ne vous inquiétez de rien». De rien, dites-vous, comment serait-ce possible ? Mais il continue : «Mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces». Et quelle réponse nous est promise à ces prières ? Peut-être notre demande ne nous sera-t-elle pas accordée, mais la réponse nous est donnée d’une autre manière : «Et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus». Dieu met sa paix dans le coeur qui a mis ses soucis sur lui. Combien souvent, hélas ! nous laissons l’inquiétude ronger notre coeur et abattre notre âme, qu’il s’agisse du souci pour l’Église de Dieu et pour ses saints, des difficultés qui se rencontrent dans le service du Seigneur, de l’anxiété à propos de la conversion de ceux que nous aimons, ou de la délivrance de ceux qui se sont égarés du bon chemin ! Les circonstances que nous traversons peuvent également éprouver notre coeur : l’amour de ceux auxquels nous tenons le plus peut se refroidir, et nous pouvons nous sentir oppressés par le sentiment amer que nous sommes mal compris et mal jugés. Qu’elles nous semblent alors belles, puissantes et consolantes, ces paroles : «Ne vous inquiétez de rien». Qu’il est doux de pouvoir aller à Dieu avec les «grands cris» et les larmes secrètes qu’il connaît et dont il tient compte, et de lui remettre tous nos soucis ! Remarquez que ce n’est pas à notre Père que nous allons dans ce cas-ci, mais à notre Dieu ; il ne s’agit pas de la confiance qui appartient à nos relations ; nous allons à lui comme à un Être saint dont la nature nous est connue, dont le trône n’est jamais atteint par les inquiétudes et les soucis. Là le coeur apprend à exhaler son gémissement, qui croit en intensité et passe de la «prière» à la «supplication», jusqu’à ce que l’âme soit élevée au-dessus du nuage, au-dessus des soucis qui pesaient sur elle ; jusqu’à ce qu’elle puisse, dans la pure lumière du ciel, éclater en «actions de grâces» et les verser dans les oreilles toujours ouvertes de Celui qui donne sa paix au coeur. Dieu nous encourage alors par l’assurance que lui seul s’est maintenant chargé de tout ce qui nous inquiétait, qu’il a pris nos soucis dans sa main miséricordieuse, et nous a donné en échange la paix de Dieu laquelle surpasse toute intelligence.

Dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes placés d’une autre manière en dehors des choses qui peuvent inquiéter le coeur. Ici l’oeil embrasse les choses qui occupent la pensée de Christ lui-même. Ce sont les grands intérêts du Seigneur sur la terre qui sont mis devant nous, au lieu de nos propres difficultés. Non pas que le Seigneur ne s’intéresse à tous nos petits soucis, à toutes nos épreuves. Il le fait ; mais ici les prières et les supplications par l’Esprit, auxquelles nous devons veiller avec toute persévérance, sont «pour tous les saints». La prière de celui qui est revêtu de l’armure complète de Dieu dans la vraie dépendance du Seigneur, garde le coeur dans la confiance ; le «moi» est brisé ; il se confie au Seigneur, et là où il y a le plus de connaissance, il y a aussi le plus de prières. Satan ne peut arriver à séduire le coeur qui est toujours dans cette attitude de prière devant Dieu. «Celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas» (1 Jean 5:18).

L’armée de Dieu a donc été ainsi préparée à rencontrer l’ennemi et à résister au «mauvais jour», c’est-à-dire pendant toute la période que nous traversons maintenant. L’âme est formée par la vérité ; la conscience est bonne et maintenue dans la lumière ; le coeur est paisible et peut marcher avec Dieu en toute confiance et piété, au milieu des orages et des flots qui nous assaillent de toutes parts. Les dards enflammés de Satan n’ont aucun effet, et, la tête couverte du casque du salut, tenant à la main l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu, nous sommes prêts à déjouer toutes les ruses de l’ennemi, et à garder notre coeur dans une bonne condition devant Dieu, au milieu de ce monde méchant. Dieu a pour l’âme sa vraie place d’autorité et ordonne tout ; — le saint est, lui aussi, dans la position qui lui convient, et qui est celle de la dépendance et de la confiance exprimées par la prière, mais la prière qui embrasse les intérêts du Seigneur ici-bas : «tous les saints» avec leurs travaux et leurs combats, leurs peines et leurs joies.

Nous avons donc vu l’état de l’âme, produit par une activité qui n’épargne ni soi-même ni la chair, en vertu de notre place en haut avec Christ ; puis l’armure qu’il faut revêtir pour être capable de faire face à l’ennemi, et de lui résister avec le courage divin.

Nous allons nous occuper maintenant de la condition dans laquelle l’âme doit nécessairement, se trouver, pour marcher heureuse et en communion avec le Seigneur dans la guerre agressive, tout en réalisant sa bienheureuse position en haut.

Nous devons poser le pied sur chaque morceau du terrain qui nous appartient dans notre Canaan céleste, mais pour cela il faut d’abord en déloger l’ennemi. Il est donc très important de connaître les conditions dans lesquelles le sentier de la foi peut être suivi avec succès dans le service, de manière à ce que la présence du Seigneur nous soit assurée et que nous ayons «bon succès».

Je désire examiner ce sujet dans le chapitre suivant.

 

2.11  Chapitre 19 — La prospérité dans notre combat spirituel

 

«Je vous ai donné tout lieu où vous aurez mis la plante de votre pied, selon que je l’ai dit à Moïse. Vos frontières seront depuis ce désert et ce Liban-là jusqu’à ce grand fleuve, le fleuve Euphrate ; tout le pays des Héthiens jusqu’à la grande mer, au soleil couchant. Nul ne pourra subsister devant toi tous les jours de ta vie ; je serai avec toi comme j’ai été avec Moïse ; je ne te laisserai point, et je ne t’abandonnerai point. Fortifie-toi et prends courage ; car c’est toi qui mettras ce peuple en possession du pays dont j’ai juré à leurs pères que je le leur donnerais. Seulement fortifie-toi et prends courage de plus en plus, afin que tu prennes garde à faire selon toute la loi que Moïse mon serviteur t’a ordonnée ; ne t’en détourne point, ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères partout où tu iras. Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; mais médites-y jour et nuit, afin que tu prennes garde à faire tout ce qui y est écrit : car alors tu rendras heureuses tes entreprises et alors tu prospéreras. Ne t’ai-je pas commandé ? Fortifie-toi et prends courage. Ne t’épouvante point et ne t’effraie de rien ; car l’Éternel ton Dieu est avec toi, partout où tu iras» (Jos. 1:3-9).

Nous examinerons maintenant les principes bénis qui, si nous les observons fidèlement, nous feront jouir de la présence du Seigneur avec sa toute-puissance, et nous assureront la victoire dans notre combat spirituel.

Remarquez quelle est la première chose qui nous est présentée : le pays est à nous. Dieu nous a donné dans sa grâce la meilleure de toutes les bénédictions, dans la meilleure place et de la meilleure manière : «toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». «Tout est à nous», dit-il ; mais encore faut-il que nous chassions l’ennemi, et que nous posions la plante de notre pied sur chaque pouce de terrain pour en prendre possession. Dieu a marqué les frontières, et personne ne peut contester nos droits à ce qu’il nous a donné lui-même. Aucune puissance hostile ne peut subsister devant son peuple — Dieu est pour lui. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?»

Les possessions sont à lui, mais c’est par son peuple, sous la conduite de Christ, qu’il les prend en sa main. C’est donc avec toute hardiesse que nous pouvons faire face à l’ennemi, sans crainte quant aux résultats : «Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte». Mais si les conditions posées ne sont pas observées, tout tombe en ruines. Au lieu de  : «Nul ne pourra subsister devant toi tous les jours de ta vie», ce sera comme nous le voyons plus loin : «Ils ne pourront pas subsister devant leurs ennemis». «Je ne serai plus avec vous», dit l’Éternel (Jos. 7:12). C’est bien solennel ! Les murailles de Jéricho autour desquelles avait marché l’armée triomphante, s’étaient écroulées ; et plus tard le peuple est battu par Aï, «et ainsi le coeur du peuple se fondit, et il devint comme de l’eau».

L’interdit avait été introduit ; la désobéissance amenait la défaite et l’amertume. La convoitise qui avait désiré le lingot d’or, et l’idolâtrie du coeur qui avait fait voir et prendre parmi le butin une belle robe de Babylone, se trouvaient au milieu du peuple, et y restent jusqu’au moment où la défaite prouve qu’aussi longtemps que ces choses étaient tolérées, l’Éternel retirait sa puissance et sa présence ; alors l’armée défaite et humiliée comprend que cette présence, quoiqu’invisible, était une puissante réalité, et que le péché de l’un d’entre eux était puni sur eux tous. «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui».

Il est intéressant de voir en passant, et puisque nous citons ce chapitre 7 de Josué, que de même que l’obéissance des enfants d’Israël était la condition de leur force et de la présence de l’Éternel au milieu d’eux, c’est aussi par l’obéissance que leur restauration a lieu dans le jugement du péché : le jugement du coupable et le rétablissement de la présence de l’Éternel au milieu du peuple, et du déploiement de sa puissance en sa faveur. L’obéissance qui rétablit ainsi les choses, est exercée par ceux qui ont souffert plutôt que par le coupable lui-même. On aurait pu penser que c’était l’affaire de celui qui avait péché, mais non, c’est à Josué et au peuple qu’incombe l’activité de l’obéissance ; ainsi le coupable est découvert, le mal est rejeté, et le peuple est restauré.

Il en est de même en Matth. 18:15-22. C’est à celui qui a souffert (qui a été lésé), et non pas a celui qui est égaré, que revient l’activité de la grâce envers l’offenseur. Lorsque tous les efforts tentés pour le rétablissement du pécheur ont manqué, c’est l’obéissance de celui qui a souffert qui amène toutes choses à la lumière, et permet de les juger et de s’en purifier. Telles sont les voies de Dieu.

«Je serai avec toi comme j’ai été avec Moïse». C’est comme si l’Éternel avait dit : Si j’étais avec vous dans les solitudes du désert où je m’étais chargé de tout ce qui vous concernait, combien plus encore serai-je avec vous maintenant que vous êtes occupés de mes batailles dans le pays, et que mes combats sont à votre charge.

Moïse rappelle cet amour persévérant, immuable et parfait, qui avait été déployé au désert, dans ces touchantes paroles : «Il a connu le chemin que tu as tenu par ce grand désert, et l’Éternel ton Dieu a été avec toi pendant ces quarante ans, et rien ne t’a manqué» (Deut. 2:7). Ici, en Josué, Dieu parle de sa présence vigilante et de ses soins dans le désert, comme pour leur rappeler que sa sollicitude pour eux avait toujours été parfaite, et que leurs coeurs pouvaient se confier en l’Éternel, pour lequel ils devaient maintenant combattre, et dont le pays devait être arraché par eux des mains de l’ennemi. «Je ne te laisserai point» dans les heures de peine et de travail ; «je ne t’abandonnerai point» quant à la sagesse et à la puissance dont tu auras besoin pour posséder le pays.

Qu’elles sont belles, ces paroles, prononcées de temps en temps par Dieu pour encourager ses serviteurs, lorsque les difficultés augmentent et que l’ennemi déploie sa force devant eux. «Fortifie-toi et prends courage ; car c’est toi qui mettras ce peuple en possession du pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner» (Jos. 1:6). Il y a des adversaires, mais voici ce qui est dit : «N’étant en rien épouvantés par les adversaires» (Phil. 1:26). Vous pouvez être à vos propres yeux comme des sauterelles en face de géants , les villes peuvent être entourées de murailles qui montent jusqu’au ciel ; peu importe ; plus vous serez petits et plus les murailles seront hautes, plus grande et plus complète aussi sera la preuve de ce que la puissance de Dieu peut accomplir pour son peuple obéissant.

Paul, à Corinthe (Actes 18), se trouve en butte à l’opposition et aux blasphèmes de l’ennemi ; mais le Seigneur parle à son serviteur : «Ne crains point, mais parle et ne te tais point, parce que je suis avec toi ; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans celle ville».

Il y en avait là plusieurs auxquels la parole de vie devait être annoncée, et qui avaient besoin d’être mis en possession du pays — «des choses qui sont à eux». Paul devait leur indiquer leur lot, leurs possessions célestes, et la Parole lui dit : «Aie bon courage, ne crains point». Timothée aurait pu être découragé par l’état général des choses, en une autre occasion de ruine complète, mais à lui aussi la Parole dit : «Fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus». Et Paul peut écrire ces paroles admirables : «J’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle» (2 Tim. 2:16).

«Fortifie-toi seulement et encourage-toi de plus en plus». Pourquoi ceci est-il encore répété ? Pourquoi cette sollicitude si grande à propos du courage et de la force que Josué doit avoir ? «Afin que tu prennes garde de faire selon toute la loi que Moïse mon serviteur t’a commandé d’observer». Il avait besoin de force et de courage pour obéir. La force de Dieu est avec nous dans le chemin de sa volonté, mais elle n’est certainement pas avec nous hors de ce chemin ; et nous avons besoin de courage pour faire sa volonté dans ce monde méchant. Prenez la parole de Dieu comme le modèle d’après lequel vous devez marcher, et les hommes vous diront que les temps sont changés (ils le sont, en effet !), que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois, et ainsi de suite. À côté de cela, nous avons besoin de courage vis-à-vis de nous-mêmes pour obéir à la parole de Dieu. Lequel d’entre nous pourrait dire qu’il n’a jamais senti en lui la volonté indomptée de cette chair qui n’est pas soumise à la loi de Dieu et ne peut s’y soumettre ?

Nous avons besoin d’un courage tout particulier vis-à-vis de nous-mêmes pour pouvoir faire ce que Dieu nous commande — de courage vis-à-vis de nos frères, du monde, de nos parents, de tous enfin. Nous avons peut-être à marcher seuls dans le chemin ; mais, s’il en est ainsi, nous marchons avec Celui dont la parole est le chemin. Il nous faut donc ce courage pour obéir et Dieu connaît la fin depuis le commencement ; il a donné sa Parole en vue de tout ce qui pourrait arriver. Nous pouvons être parfaitement assurés qu’il n’a pas dit un seul mot de trop, pas une parole qui ne nous soit absolument nécessaire, lors même qu’elle paraîtrait de peu d’importance à nos yeux. Il regarde à l’ennemi et nous exhorte à nous fortifier et à prendre courage ; il regarde à nous-mêmes et dit de nouveau : «Seulement fortifie-toi et encourage-toi de plus en plus», et «ne t’en détourne (de la Parole) ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères dans tout ce que tu entreprendras».

Mais s’il nous faut du courage pour obéir, afin que nous prospérions dans notre combat spirituel, il nous faut méditer la Parole afin d’apprendre à connaître l’Esprit de Dieu qui y est révélé. «Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche, mais médite-le jour et nuit». La parole de Dieu énonce ce grand fait qui nous est prouvé chaque jour davantage, c’est que Dieu a révélé la vérité, c’est-à-dire lui-même, au milieu d’une scène formée et caractérisée par l’éloignement de l’homme du Dieu qui l’a créé. La lumière divine nous est bien nécessaire pour traverser cette scène avec tous ses pièges et ses dangers ; de plus nous avons un ennemi vigilant à rencontrer et à vaincre, c’est pourquoi nous devrions vivre de toute parole sortie de la bouche de Dieu. Le jour peut être sans nuages ou la nuit peut être très sombre ; mais la chose importante pour nous est d’avoir la parole de Dieu serrée dans notre coeur comme un trésor aimé, afin que nous soyons gardés des sentiers du destructeur. «Je me suis gardé selon la parole que tu as prononcée de ta bouche, des sentiers des hommes violents, a dit l’Esprit de Christ au Ps. 17, et : «J’ai serré ta Parole en mon coeur, afin que je ne pèche point contre toi», au Ps. 119:11. «Occupe-toi de ces choses», a dit l’apôtre au jeune serviteur Timothée, «sois-y tout entier, afin que tes progrès soient évidents à tous» (1 Tim. 4:15).

Nous lisons aussi : «Heureux l’homme qui ne marche point suivant le conseil des méchants, et qui ne s’arrête point dans la voie des pécheurs, et qui ne s’assied point au banc des moqueurs ; mais qui prend son plaisir dans la loi de l’Éternel, tellement qu’il médite jour et nuit dans sa loi». Et voici le résultat : «Car il sera comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux, qui rend son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point ; et ainsi tout ce qu’il fera prospérera» (Ps. 1:1-3).

Le coeur est entraîné dans le courant de l’Esprit de Dieu, et, par une communion constante avec Dieu, il est rendu capable de vivre dans une nouvelle sphère et dans un ordre de choses tout autre que celui qui a cours dans la scène que nous traversons sur la terre. Mais c’est dans le coeur, dans les affections, que la Parole doit être cachée. L’intelligence, la clarté dans les idées ne serviront de rien ; c’est le coeur qui doit, en retenant précieusement la Parole, être gardé tout près de Celui en qui habite toute la plénitude de la déité corporellement, et ainsi nous savons que nous sommes en lui (Col. 2:9-10). «C’est alors que tu rendras heureuses tes entreprises et que tu prospéreras» (Josué 1:8).

Nous arrivons maintenant à une parole profondément bénie pour nous, et dont rien ne saurait nous compenser l’absence : «Ne te l’ai-je pas commandé ?» Voilà de quoi soutenir notre coeur dans les difficultés du chemin ; c’est l’assurance de la présence de Christ dans sa toute puissance. La certitude que c’est le commandement de Dieu que nous accomplissons, fortifie notre coeur au milieu de toutes les circonstances adverses, tandis qu’il est amer de rencontrer des difficultés sans avoir cette assurance. Plus notre conscience est délicate et plus nous souffrons, si nous ne sommes pas sûrs d’obéir au commandement de Dieu, lorsque s’élèvent les difficultés. Nos coeurs doivent être exercés et criblés pour apprendre à chercher la face de Dieu dans toutes les circonstances du voyage ; mais Dieu nous donne cette assurance encourageante : «Ne te l’ai-je pas commandé ?» Le coeur peut s’écrier, en face du péril dans lequel l’a placé quelque faux pas non autorisé par la Parole : «Seigneur, si c’est toi, commande-moi d’aller à toi» (Matth. 14:28), et le Seigneur ne fera jamais défaut au coeur qui crie à lui ; il le rassure par sa parole calme et tranquille : «Viens». Alors toutes les difficultés se dissipent comme les nuages au matin, ou du moins elles ne servent plus qu’à nous montrer quelles sont les ressources du Seigneur et ses voies envers nous, lorsque nous savons que nous marchons dans le chemin qu’il nous a tracé ici-bas.

Paul est appelé en Macédoine par une vision, et les deux apôtres en concluent que le Seigneur les appelle à aller évangéliser là, et ils s’y rendent. Pendant plusieurs jours il semble qu’ils n’aient rien à y faire ; puis quelques femmes se trouvent rassemblées un matin au bord du fleuve, et sont bénies par l’enseignement de la Parole. Alors Satan arrive pour séduire, et pour s’opposer au bien. Quelle leçon nous apprenons dans l’exemple de ces hommes qui, pendant plusieurs jours, se promènent sans occupation apparente (et c’est une grande épreuve pour l’âme), mais avec les reins ceints ! L’ennemi ne les surprend pas désarmés ; il trouve au contraire ces soldats de Christ revêtus de l’armure complète de Dieu ; ses plans sont ainsi déjoués, et une pauvre servante est délivrée de son pouvoir. Mais ses libérateurs, leurs vêtements déchirés et le corps sanglant des coups qu’ils avaient reçus, sont bientôt jetés dans la prison intérieure, et leurs pieds sont solidement attachés au poteau. Ce moment n’aurait-il pas été plein d’angoisse pour eux, si Paul n’avait eu cette parfaite certitude : «Ne te l’ai-je pas commandé ?» Au lieu de se décourager, Paul et son compagnon, absolument exempts d’inquiétudes, se mettent, sur le minuit, à prier et à chanter les louanges de Dieu, avec cette confiance enfantine qui leur venait d’un coeur sans reproche (Actes 16).

Voyez aussi Moïse : jeune encore il avait essayé, avec un zèle charnel, de délivrer ses frères, et il n’avait pas réussi. Il a besoin de quarante années de discipline pour le briser. Alors il se défie de ses propres forces, et n’a plus même envie d’aller où l’Éternel veut l’envoyer. Sa mission commence ; il montre des signes et des prodiges et exige de Pharaon qu’il laisse aller le premier-né de Dieu. Il est chassé de devant le roi, et le peuple, qu’il avait encouragé par la perspective d’être libéré du fouet des Égyptiens, est remis à une tâche plus dure encore qu’auparavant. Voici venir un moment bien solennel pour cet homme, pour ce Moïse, qui voudrait être le libérateur de ses frères : ils se tournent contre lui et l’accusent d’avoir rendu leur charge plus lourde, et de les avoir mis en mauvaise odeur auprès de Pharaon (Exode 5:21). À ce triste moment, Moïse retourne vers l’Éternel qui lui donne une mission positive auprès de son peuple et de Pharaon. Aussitôt tout s’éclaircit. «Ne te l’ai-je pas commandé ?» rend tout bien simple pour Moïse, et, quelles que soient les difficultés qui se présentent, il n’hésite plus à aller de l’avant, la parole de l’Éternel soutenant et encourageant son coeur, comme elle encouragera toujours ceux qui, comme Moïse, ont lutté pour ainsi dire avec Dieu pour l’obtenir. Nous pouvons tout supporter : la séparation d’avec nos frères, s’il le faut ; les chagrins et les peines du service, quels qu’ils soient, si nous avons pour nous cette parole : «Ne te l’ai-je pas commandé ?» «Fortifie-toi et prends courage : ne t’épouvante point et ne t’effraie de rien ; car l’Éternel ton Dieu est avec toi, partout où tu iras». S’il est avec nous, peu importe que les flots soient agités et menaçants ; ils peuvent chercher à engloutir le navire, mais si le Seigneur y est avec nous, tout va bien.

La fin de ce chapitre (Josué 1) nous donne une leçon bien sérieuse d’un côté, bien heureuse et bien douce de l’autre.

D’un côté, nous trouvons le type de ceux qui cherchent à prendre leur place en deçà du Jourdain, en deçà de la mort et de la résurrection, appliquées à nous par l’Esprit de Dieu. Ruben, Gad, et la moitié de la tribu de Manassé, ne retournent pas en Égypte ; cependant leurs coeurs demeurent en deçà, de ce côté-ci «du pays de la promesse», cherchant le repos ailleurs que là où l’appel de Dieu les engageait à le chercher. Josué ne leur avait pas donné cette part ; mais les champs bien arrosés en deçà du Jourdain, paraissent être une bonne place pour leurs troupeaux, leurs femmes et leurs petits enfants. Ils ne sont pas au niveau de l’appel de Dieu, mais ils ne sont pas non plus des apostats qui retournent au pays d’Égypte. Jusqu’à un certain point, ils sont «ennemis de la croix de Christ,... ils ont leurs pensées aux choses terrestres». Les choses du ciel — comme ressuscités avec Christ — n’ont aucun attrait pour ceux dont la volonté les conduit à s’établir aux lieux où Israël a erré comme voyageur. N’est-ce pas bien sérieux de voir que, depuis ce moment-là, ces tribus sont considérées comme distinctes d’Israël ? elles ont une histoire à part, en dehors du pays ; c’est comme l’histoire de Lot à Sodome, si distincte de celle d’Abraham qui était sur la montagne avec Dieu.

Le jour vint où l’on put dire aussi de ces deux tribus et demie : « Dans les partages de Ruben, ils ont eu de grandes contestations dans leur coeur. Pourquoi es-tu demeuré entre les barres des étables, pour entendre le bêlement des troupeaux ? Dans les partages de Ruben, ils ont eu de grandes contestations dans leur coeur» (Juges 5:15-16).

Leur oreille était ouverte pour écouter ce qui plaisait à leur coeur, et elle était sourde à l’appel de l’Éternel. Cependant il y avait eu un jour où Moïse avait refusé de sortir d’Égypte sans ces «femmes et ces petits enfants», dont le bien-être est maintenant l’empêchement à entrer dans le pays.

N’est-ce pas ce que nous voyons chaque jour autour de nous ? Des parents qui cherchent sérieusement et ardemment la conversion de leurs enfants, et ainsi leur sortie du pays d’Égypte, et qui, lorsqu’il s’agit de la carrière de ces mêmes enfants dans ce monde, choisissent un terme moyen ; le pays de la promesse, où a lieu le combat de Dieu, est rejeté, parce qu’on lui préfère une vie facile et aisée. Et pourtant cette vie est loin d’apporter le repos espéré ; car ceux qui ont cherché le repos sans aller dans les lieux célestes, ont dû cependant aller à la guerre comme les autres.

Il est très doux d’autre part, de voir comment le Seigneur prend soin des femmes et des enfants de ceux qui combattent dans ses batailles pour leurs frères. Nous pouvons en toute sécurité lui remettre nos familles comme à un tendre Père, à Celui qui est plus qu’un mari ; car nous savons qu’il en prendra soin en notre absence, si c’est à son service que nous sommes engagés ailleurs. Nous ne pourrions pas, même en étant avec elles, prendre soin d’elles s’il ne le faisait lui-même, tandis qu’il peut le faire sans nous si nous sommes occupés de ses affaires. Nous pouvons être occupés au service du Seigneur de bien des manières différentes. Un Épaphrodite pouvait travailler avec zèle pour ses frères par la prière, et c’est peut-être à quelque saint infirme et retenu sur un lit de souffrances, que Paul a dû cette grande activité qui a réjoui tant de coeurs dans le champ de ses travaux pour Christ. Aussi voyons-nous des actions de grâces monter jusqu’à Celui qui avait mis au coeur de quelque humble et modeste saint de prier pour cela (2 Cor. 1:11).

 

3                    Troisième Partie [le combat]

3.1      Chapitre 20 — Réalisation : les sept cors de bélier — Josué 6

 

Nous atteignons maintenant la dernière partie de notre méditation. Nous nous en sommes écartés à la fin du cinquième chapitre de Josué, pour examiner quel était l’état de l’âme dépeint dans «l’armure complète de Dieu», état dans lequel il était absolument nécessaire au peuple de Dieu de se trouver, pour pouvoir combattre victorieusement l’ennemi et résister au mauvais jour. Nous avons cherché aussi à apprendre quelque chose de ces conditions pratiques qui, si nous les observons fidèlement, nous promettent la présence bénie du Seigneur et la prospérité pour toutes nos entreprises dans ces guerres spirituelles (Josué 1).

Le chef de l’armée de l’Éternel avait dit à Josué : «Délie ton soulier de tes pieds ; car le lieu sur lequel tu te tiens est saint». Le lieu du combat était un lieu saint, et c’est comme «chef de l’armée de l’Éternel» qu’il est «venu maintenant».

Nous allons actuellement chercher à apprendre quelque chose des leçons que contient pour nous l’histoire d’Israël, quant à la réalisation pratique des «choses qui sont à nous», et à notre propre utilité pour la délivrance des autres : ces deux sortes d’activité caractérisent la vie et le combat du racheté. «Or Jéricho se fermait et se tenait soigneusement fermée». Cette ville où étaient déployées les forces de l’ennemi était non seulement fermée devant l’armée de l’Éternel ; elle lui était encore hostile : «elle se tenait soigneusement fermée, à cause des enfants d’Israël ; il n’y avait personne qui en sortît, ni qui y entrât». Mais Jéricho devait tomber devant les armées de l’Éternel. Satan doit comprendre qu’aucune puissance ne peut vaincre le peuple de Dieu, aussi longtemps qu’il marche dans l’obéissance et la dépendance, et qu’ainsi Dieu peut agir pour lui. Rahab était dans la ville et n’en pouvait sortir pour rejoindre ceux auxquels son coeur était lié. Israël était hors de la ville, et aucun pouvoir humain ne pouvait battre en brèche ces murailles qui atteignaient jusqu’au ciel. Mais il était venu dans ce monde un pouvoir qu’aucune malice de l’ennemi, aucune méchanceté de l’homme, ne pouvait détruire ou annuler : le pouvoir de la simple obéissance. C’est avec cette arme puissante que Jésus a lié l’homme fort, et c’est par cette même puissance qui l’a mené «jusqu’à la mort», qu’il a pénétré au milieu des derniers retranchements de l’ennemi pour délivrer ses captifs ! Et maintenant ceux qui ont été ainsi délivrés, vont être employés pour en délivrer d’autres par cette même puissante énergie, et pour réaliser et prendre possession avec eux des choses qui leur appartiennent.

Rappelons-nous que, lorsque le Seigneur veut donner à son peuple une position céleste (comme nous en avons le type dans le passage du Jourdain pour entrer en Canaan, ou dans le fait développé à la fin du premier et au commencement du second chapitre des Éphésiens) il faut que lui — la vraie arche de l’alliance — entre le premier dans les eaux de la mort, afin d’y faire un chemin par lequel son peuple passe, pour entrer dans le pays de la promesse.

Une autre vérité, bien précieuse aussi, nous est montrée dans ce fait que, lorsqu’une fois les enfants d’Israël sont entrés dans le pays et n’ont plus qu’à prendre possession de tout ce qui s’y trouve, l’arche suit les fidèles soldats de l’armée de l’Éternel.

C’est ainsi que cela doit être. Personne ne pouvait entrer dans les eaux de la mort, et les traverser sain et sauf, avant que Jésus y fût entré lui-même et les eût desséchées. Or là il faut qu’il soit seul ; personne que lui ne pouvait porter la colère, personne que lui ne pouvait tenir ferme au milieu de «l’enflure des eaux du Jourdain» (Jér. 49:19). Mais une fois ceci accompli, l’ordre est renversé : les «sept sacrificateurs qui portaient les sept cors de bélier» étaient en avant, et «ceux qui étaient armés» allaient devant les sacrificateurs, et l’arche de l’alliance de l’Éternel les suivait (Jos. 6).

L’écroulement des murailles de Jéricho prouve deux choses : d’abord, le bon état du coeur de ceux qui marchaient en avant, puis la présence de l’Éternel dans sa toute-puissance au milieu de ces coeurs fidèles. Nous trouvons deux autres occasions où la présence ou l’absence de l’arche est d’une signification très solennelle. Au quatorzième chapitre des Nombres, lorsque l’Éternel eut prononcé la sentence qui condamnait le peuple à errer pendant quarante ans dans le désert (à cause de l’incrédulité de ceux qui ne voulaient pas monter pour posséder le pays), et qu’il fut retourné lui-même en arrière pour errer avec eux, le peuple, au lieu d’accepter cette discipline comme venant de Dieu, ce qu’aurait sûrement fait la foi, essaye de marcher au combat sans l’arche de l’Éternel. «Puis s’étant levés de bon matin, ils montèrent sur le haut de la montagne, en disant : Nous voici, et nous monterons au lieu dont l’Éternel a parlé ; car nous avons péché. Mais Moïse leur dit : Pourquoi transgressez-vous le commandement de l’Éternel ? Cela ne réussira point. N’y montez point ; car l’Éternel n’est point au milieu de vous, afin que vous ne soyez pas battus devant vos ennemis. Car les Amalékites et les Cananéens sont là devant vous, et vous tomberez par l’épée ; à cause que vous avez cessé de suivre l’Éternel, l’Éternel aussi ne sera point avec vous (Nom. 14:40-45).

Douze hommes avaient parcouru en sûreté le pays en long et en large pendant quarante jours, quelque temps auparavant, quoique les Amalékites et les Cananéens l’occupassent ; mais Dieu était avec ces hommes qui, par la foi, comptaient sur Dieu et non sur leurs propres ressources.

Maintenant ce sont six cent mille hommes rendus craintifs par l’incrédulité, dont le coeur regrette le pays d’Égypte ; aussi, les livrant à leur désir incrédule quand ils disaient : «Plût à Dieu que nous fussions morts au pays d’Égypte ou en ce désert» (Nom. 14:2), Dieu répond : «J’ai entendu les murmures des enfants d’Israël, par lesquels ils murmurent contre moi. Dis-leur : Je suis vivant, dit l’Éternel, si je ne vous fais ainsi que vous avez parlé, et comme je l’ai ouï : Vos cadavres tomberont dans ce désert ! Et tous ceux d’entre vous qui ont été dénombrés selon tout le compte que vous en avez fait, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, vous tous qui avez murmuré contre moi, si vous entrez au pays» (Nom. 14:27-30). Mais ils ne se soumirent point à ce châtiment de Dieu. La foi aurait compté sur Dieu et aurait tout d’abord marché contre l’ennemi ; plus tard, elle aurait accepté la sentence, s’y serait soumise, et serait restée tranquille ; au lieu de cela, le peuple se leva de grand matin pour combattre sans avoir l’Éternel avec lui. Celui aux yeux de qui les enfants de Anak n’étaient rien, dit aux enfants d’Israël que s’ils veulent combattre avec leurs propres forces, ils seront battus par les Amalékites et les Cananéens. Mais cette parole d’avertissement «n’était pas mêlée avec de la foi dans ceux qui l’entendirent», pas plus que ne l’avaient été les bonnes nouvelles rapportées de Canaan par les espions. C’est pourquoi nous lisons : «Toutefois ils s’obstinèrent de monter sur le haut de la montagne ; mais l’arche de l’alliance de l’Éternel et Moïse ne bougèrent point du milieu du camp». Le résultat fut fatal : ils furent mis en déroute devant leurs ennemis jusqu’en Horma (destruction).

N’avons-nous pas là un exemple bien frappant du triste résultat auquel on arrive par les efforts qu’on fait contre l’ennemi, sans la présence du Seigneur ?

En 1 Samuel 4, une autre leçon est «écrite pour notre instruction». C’était le jour de la défaite des enfants d’Israël et leur ruine allait être complète. Les Philistins, instruments de la puissance de Satan que Dieu avait permise, étaient rangés en bataille contre Israël, et Israël fut battu. C’était dans l’infidélité que le peuple de Dieu était sorti pour aller à la rencontre de l’ennemi, et le résultat de cette tentative fut ce qu’il devait être. Cependant, au lieu d’être amenés par cette défaite à s’humilier jusque dans la poussière devant Dieu ; dans le sentiment de leur triste état, ils cherchent à identifier l’arche avec leur propre infidélité.

Pensez-vous que Dieu puisse les reconnaître dans cet état, et les secourir ? C’eût été impossible ! Nous lisons : «Faisons-nous amener de Silo l’arche de l’alliance de l’Éternel, et qu’elle vienne au milieu de nous, et nous délivre de la main de nos ennemis».

Ils le firent, en effet, et ils «se mirent à jeter de si grands cris de joie, que la terre en retentissait». Mais Dieu ne voulut point les entendre ; il savait comment garder intact son honneur, lors même que son arche se trouvait dans la maison de Dagon ; mais il ne veut pas reconnaître Israël dans cet état.

À Jéricho, au contraire, nous avons l’état normal de l’armée de l’Éternel dans le combat. Les sacrificateurs, en nombre complet, devaient marcher en avant et sonner les sept cors de béliers. Je trouve ici une pensée remarquablement belle et élevée ; une pensée qui entrera jusqu’au fond du coeur et de la conscience de tout lecteur chrétien, et fortifiera en lui la conviction qu’aucune parole divine ne nous a été donnée en vain et que chacune renferme une leçon pour nous. — C’est, grâces à Dieu; la conviction tous les jours plus profonde de celui qui écrit ces lignes dont la fervente prière est que lui-même avec tout le peuple de Dieu, apprenne à apprécier toujours davantage cette précieuse et divine Parole !

Le nombre sept est le symbole bien connu de la perfection dans les choses spirituelles ; la trompette est le moyen qui fait arriver jusqu’au coeur et à l’intelligence la pensée du témoignage rendu activement (Nom. 10:etc.). Le bélier est toujours la victime des consécrations (Lév. 8:22, etc.). Le cor est employé comme symbole de la puissance. Ainsi, en réunissant tous les traits de ce beau type, nous avons le témoignage de la puissance d’une complète consécration à Dieu. Que c’est beau un peuple délivré, racheté, dans la pleine connaissance de tous ses privilèges, armé de l’armure complète de Dieu, obéissant de coeur et en pratique ; puis la présence au milieu d’eux d’un Dieu vivant et victorieux ; et enfin, à l’avant-garde de cette armée de l’Éternel, le témoignage de la puissance d’une consécration complète à Dieu ! Oh ! si l’Église de Dieu, si l’armée de l’Éternel avait su maintenir cette position merveilleusement bénie et heureuse de la consécration et de la puissance, cela n’aurait-il pas amené l’accomplissement de la prière du Fils au Père : «Que tous soient un, afin que le monde croie ?» (Jean 17).

Mais nous avons encore ici une autre pensée bien frappante. Lorsque le peuple entendrait le son des cors, il devait jeter un grand «cri de joie». Nous trouvons au Ps. 89, la même expression dans l’original, traduite par « un cri de réjouissance». «Oh ! que bienheureux est le peuple qui sait ce que c’est que le cri de réjouissance Ils marcheront, ô Éternel ! à la clarté de ta face». Nous avons donc ici ce cri de réjouissance qui s’accorde bien avec toute la scène décrite. Ils marchaient «à la clarté de la face» de Celui qui était figuré d’avance par l’arche, et pouvaient jeter le «cri de réjouissance» d’un peuple victorieux par l’obéissance et par la puissance de Dieu.

Cette petite troupe faisait donc chaque jour le tour de la ville ; elle paraissait, sans doute, bien méprisable à l’orgueilleuse ville de Jéricho, mais l’Éternel était là, et l’obéissance dans la patience était le caractère de la petite armée attendant qu’il fût répondu au cri de joie du peuple par la chute des murailles et la délivrance de ceux qui se trouvaient enfermés dans la ville tout en étant du côté de l’Éternel.

Mais ni un seul jour, ni deux, ni trois, ne suffisent pour amener cette victoire ; sept jours entiers doivent s’écouler ; la patience doit être éprouvée et reconnue parfaite ; c’était la patience de Dieu ! Et pendant que s’exerçait cette patience parfaite, la petite armée retournait chaque jour au vrai lieu de la force et du jugement de soi-même à Guilgal. Cela devait paraître insensé à ceux qui regardaient tout cela du haut des murailles de la fière Jéricho ; mais ceux qui connaissaient le secret de l’Éternel, pouvaient facilement supporter l’opprobre de Christ et le mépris de l’ennemi ; ils avaient foi en Celui dont ils portaient l’arche sur leurs épaules, et dont la présence invisible dirigeait tout.

Le septième jour vint enfin, et ce jour-là, ils devaient faire sept fois le tour de la ville. «Et à la septième fois, comme les sacrificateurs sonnaient des cors, Josué dit au peuple : Jetez des cris de joie, car l’Éternel vous a donné la ville » (Jos. 6:16). La puissance victorieuse de Dieu agissait pour eux par leur obéissance. «Le peuple donc jeta des cris de joie, et on sonna des cors. Et quand le peuple eut ouï le son des cors, et eut jeté un grand cri de joie, la muraille tomba sous soi ; et le peuple monta dans la ville, chacun vis-à-vis de soi, et ils la prirent» (Jos. 6:20). L’Éternel la leur avait donnée de fait, mais ils avaient eu à en prendre possession et à en déloger l’ennemi.

Il y a plus encore : ceux qui étaient retenus captifs par le pouvoir de l’ennemi devaient être délivrés. Rahab (avec toute sa «maison») avait été une «prisonnière ayant l’espérance» (Zach. 9:12), depuis le jour où elle avait «reçu les espions en paix», et les avait «mis dehors par un autre chemin». Elle s’était, par la foi, identifiée au peuple de Dieu, lorsqu’il n’était pas encore en possession d’un pouce de ce qui lui appartenait, et qu’il n’était encore qu’une troupe de pèlerins errants. Mais sa foi voyait plus loin, et elle pouvait dire : «Je connais que l’Éternel vous a donné le pays» (Jos. 2:9). Poussée par son amour qui désire le salut de son père, de sa mère, de ses frères et soeurs, et de ceux qui leur appartenaient, sa foi demande une «marque assurée», et c’est dans l’obéissance de la foi qu’elle attache à sa fenêtre le cordon de fil d’écarlate : la «marque assurée» que lui avaient donnée les témoins de l’Éternel. Non seulement elle croit de coeur à leur témoignage, mais elle le «confesse des lèvres», en attachant le cordon d’écarlate à sa fenêtre. Le jour vint où Josué confirma le gage que lui avaient donné ces hommes ; comme le Seigneur Jésus reconnaîtra aussi tout engagement pris maintenant en son nom, par les soldats de Christ.

Lorsque les murailles de Jéricho tombèrent, la seule chose qui resta debout fut la maison de Rahab. Elle pourrait dire avec nous : «Recevant un royaume inébranlable». Tout sera ébranlé quelque jour par le jugement, excepté ce qui, reposant sur la propitiation faite par Jésus, est déjà réconcilié. «Par la foi, Rabab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions en paix» (Héb. 11:31). Et encore : «Pareillement Rahab aussi, la prostituée, n’a-t-elle pas été justifiée par les oeuvres, ayant reçu les messagers et les ayant mis dehors par un autre chemin ?» (Jacq. 2:25). Sa foi, comme en un autre temps, celle de la femme de Samarie, avait agi, poussée par l’amour, et «plusieurs crurent à cause de la parole de cette femme». Son père, sa mère, ses frères et soeurs, et tous ceux qui leur appartenaient, furent sauvés en ce jour-là au moyen de l’obéissance des armées victorieuses d’Israël. Mais elle ne fut pas seulement sauvée, puis abandonnée à ses propres ressources ; non elle fut amenée dans le camp de l’armée de l’Éternel, et reçut une place d’honneur parmi les ancêtres du Seigneur de gloire (Ruth 4:21 ; Matth. 1:5).

Où devait aller, après tout cela, l’armée victorieuse ? — Elle aurait dû continuer ces glorieux combats, répondra quelqu’un. Non, elle aurait dû retourner à Guilgal, au lieu du secret de la puissance, du renouvellement de la force de l’Éternel ! Mais un jour de victoire est un jour d’épreuve pour l’âme, et Josué lui-même faiblit. (Qu’il est heureux pour nous que le vrai Josué ne puisse pas faiblir !) «Il envoya de jéricho des hommes vers Aï» (Jos. 7:2). Hélas, ils n’étaient point retournés à Guilgal, car la victoire les avait amenés à se fier en leurs propres ressources et à négliger la vraie puissance.

Mais je continue mon sujet.

La fin du premier chapitre des Éphésiens montre donc Christ — la vraie arche — dans les eaux de la mort, et le peuple les traversant de pied sec, comme «vivifiés ensemble avec Christ, et ressuscités ensemble, et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus».

Nous trouvons ceci en type dans le troisième chapitre de Josué, lorsque l’arche était portée sur les épaules des sacrificateurs au milieu de la rivière de la mort. Nous venons de remarquer que là où c’était une question de grâce souveraine, l’arche entrait la première dans les eaux, comme le Seigneur Jésus est entré le premier dans la mort où nous étions (Éph. 1:19).

Au sixième chapitre de Josué, nous avons vu que lorsqu’il était question de fidélité et de combat spirituel l’arche suivait.

Il me semble que la même analogie qui existe entre le troisième et le quatrième chapitre de Josué, se retrouve entre les deux prières de Paul : Éph. 1:15-22, et Éph. 3:14-21.

Le Seigneur est le premier dans la mort et dans la résurrection, et le peuple passe après lui ; «vivifiés ensemble avec lui» ; vus ainsi dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Ne pourrions-nous pas appeler la prière de Éph. 1:15-22, du nom caractéristique de prière de possession ? L’apôtre désire qu’ils puissent connaître ce qu’ils possèdent : l’appel de Dieu dans la maison du Père (v. 3-6) ; l’héritage de Dieu ; c’est-à-dire la possession de toutes les choses crées assujetties sous les pieds de Christ, et de l’Église comme cohéritière avec lui (v. 9-11) ; et la puissance envers nous qui croyons, cette puissance qui a opéré envers Christ, quand Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et l’a placé dans les lieux célestes, et qui a opéré envers nous aussi pour nous vivifier et nous ressusciter nous-mêmes.

La prière d’Éph. 3, n’est-elle pas le désir de l’apôtre que non seulement nous connaissions ce que nous possédons, mais encore que nous réalisions et que nous prenions possession, par la foi, de tout ce qui est à nous en Christ ? Ne pourrait-on pas l’appeler la prière de la réalisation ? Paul prie pour que nous soyons fortifiés en puissance par l’Esprit de Dieu, quant à l’homme intérieur ; ainsi nous sommes mentionnés d’abord, et après vient le but : «De sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos coeurs». Il a été placé dans les lieux célestes, le Fils du Père, le centre de tous les merveilleux conseils de gloire, et il désire que nous puissions réaliser ce que nous sommes devant lui, afin que Christ qui est le centre, puisse habiter dans nos coeurs. Ce n’est pas seulement que les «yeux de notre coeur» puissent être éclairés pour voir (objectivement) cette perspective de nos possessions dans lesquelles Christ est entré comme homme et qui étaient à nous, en lui, comme au chapitre premier ; mais encore que Christ puisse habiter dans nos coeurs, lui qui est le centre de toute la gloire. Il désire alors que, considérant les choses depuis ce centre, et étant enracinés et fondés dans l’amour, nous soyons capables de comprendre (subjectivement) avec tous les saints, cette scène de gloire illimitée : «Quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur», un océan sans bornes ! Être de coeur avec Celui qui est le centre de tout, posséder Celui qui est ce centre, dans nos coeurs, par la foi ; et ainsi accepter ce qu’il fait et embrasser ce que son coeur embrasse, jusqu’à «tous les saints», qui forment le cercle le plus rapproché et le plus intime des affections de Christ. Nous pouvons ne pas nous trouver avec eux tous dans le même chemin ici-bas, s’ils marchent dans la désobéissance à la vérité, mais nous pouvons, si nous sommes près du coeur de Jésus, les porter dans le nôtre et être en communion avec les pensées de Jésus à leur égard, dans les lieux célestes.

Mais quelque merveilleuses et infinies que soient ces perspectives de gloire déroulées devant nous, elles ne fixent et ne retiennent pas nos affections ; elles ne s’emparent pas de notre coeur. C’est pourquoi il ajoute : «Et de connaître l’amour du Christ». Voici qui met notre coeur à l’aise. Si, comme quelqu’un l’a remarqué, je n’avais aucune habitude d’une cour et que j’y fusse tout à coup transporté, je serais sans doute ébloui par les splendeurs qui m’entoureraient ; mais ces splendeurs n’offrent rien qui puisse attirer les affections. Supposez maintenant que je trouve là mon meilleur ami et qu’il y soit le principal personnage ; aussitôt je me sentirai heureux et à mon aise. C’est ainsi que, de la gloire (qui sans être nommée est sous-entendue), l’apôtre passe immédiatement au coeur de Jésus, afin de nous mettre bien à l’aise au milieu de cette scène brillante. «L’amour du Christ» est cet amour que je connais déjà si bien, ayant appris à le connaître ici-bas dans les peines et dans les joies qui me le rendaient si précieux et si nécessaire tout le long du chemin. Mais quoique cet amour mette le coeur en repos et à l’aise, il est dit cependant qu’il «surpasse toute connaissance». C’est ainsi que nous sommes «remplis jusqu’à toute plénitude de Dieu».

«Or à celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons» (il le peut assurément), «selon la puissance qui opère en nous»... Ce n’est pas seulement une puissance qui agit pour nous, — quoiqu’il soit bien heureux qu’elle l’ait fait aussi, mais «en nous», nous rendant capables de réaliser et de posséder cette gloire, en lui qui en est le centre ; de surmonter tous les obstacles ; d’enlever les choses de Christ aux mains de l’ennemi (comme Israël s’empara de Jéricho par la puissance qui opérait en lui), et ainsi de rendre déjà maintenant au Seigneur cette gloire qu’il possédera «dans l’assemblée pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen».

 

3.2      Chapitre 21 — Unité d’action ; diversité d’opérations ; le javelot de Josué — Jos. 8 ; Éph. 4 ; Rom. 12

 

En terminant cette étude, il serait peut-être utile d’ajouter quelques réflexions pratiques sur la vie et l’activité de l’armée de l’Éternel. Il y a dans le sixième chapitre de Josué une phrase qui a une grande portée : «Le peuple monta dans la ville, chacun vis-à-vis de soi». Il n’y avait ni conflits, ni contradiction dans leurs chemins mutuels ; l’ordre, la communion et l’harmonie les plus parfaites régnaient au contraire au milieu de l’armée triomphante de l’Éternel. C’était l’ordre divin, et il n’y en a aucun autre qui puisse lui être comparé. Il n’y avait pas deux hommes qui eussent la même tâche à poursuivre, le même travail à faire. Dieu ne se répète jamais. Il ne crée jamais deux feuilles d’un arbre, deux brins d’herbe ou deux visages exactement pareils. Jamais il ne placera devant deux membres du corps de Christ, le même service à faire dans l’Église de Dieu. Chacun a sa propre tâche, quoiqu’elle puisse être liée étroitement à celle d’un autre ; personne ne saurait faire l’ouvrage d’un autre aussi bien que le sien, et chacun se tire mieux de son propre travail.

Pour réussir, comme l’armée de l’Éternel, il faut une divine unité d’action, qui produit nécessairement la diversité d’opérations. Dieu dirige tout spirituellement, et chacun montre sa confiance en son Seigneur et Maître et son obéissance à tous ses commandements, en allant «chacun vis-à-vis de soi» dans le chemin qui lui est assigné. Comme les soldats d’une grande armée, nous marchons à droite ou à gauche d’après les ordres reçus, au milieu de la fumée, de la confusion et du tumulte du champ de bataille ; nous ne connaissons pas, et nous ne pouvons comprendre, l’influence de chacun de nos mouvements sur le plan général de la bataille, et nous ne savons pas non plus quelles sont les intentions de notre chef, en face de l’ennemi.

La grande erreur que nous commettons trop souvent, c’est, au lieu de nous occuper à garder notre rang, de surveiller la conduite et la marche de notre frère, l’empêchant peut-être dans son travail et ne faisant pas le nôtre. Ceci ne devrait pas avoir lieu. La sagesse marque chaque pas fait dans l’obéissance, et chaque pas d’obéissance trouve chaque combattant à la place que Dieu lui a assignée. C’est ainsi que se fait le travail ordonné, avec un coeur plein de confiance en Dieu. L’action de quelque soldat de Christ, inconnu, relégué dans quelque coin ignoré, qui n’est peut-être connu que du Seigneur, cette action a son importance pour toute l’Église de Dieu. Se sentant un membre de Christ si chétif et si insignifiant, il peut croire que ses actes n’ont aucune importance, mais nous avons à apprendre que : «bien plutôt les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires ; car Dieu a composé le corps en donnant un plus grand honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui» (1 Cor. 12:22-26).

Nous avons un type frappant de cette vérité au huitième chapitre de Josué, dans la prise de Aï. Puis cette doctrine est spécialement développée pour nous en Éph. 4:1-16 ; Rom. 12, etc.

Lorsque Israël eut failli après la prise de Jéricho, et qu’une terrible discipline eut été exercée envers Acan, Israël étant ainsi purifié, l’Éternel ordonne à Josué de se lever et de monter contre Aï avec tout le peuple propre à la guerre. Des embuscades sont placées au nord et à l’orient de la ville, d’après le commandement de l’Éternel, sous la direction de Josué.

Maintenant, comme alors, il y a dans l’armée de Christ des avant-gardes, des piquets et des embuscades. Quelques soldats peuvent être appelés à tenir seuls pour Christ, bien loin de la communion des saints. Quelques-uns ont le poste de la sentinelle solitaire mais vigilante, sur la fidélité de laquelle repose en grande partie la sécurité de toute l’armée. Mais, que le sentier soit isolé, ou qu’il soit au milieu du rassemblement des saints, le service de Dieu, pour être complet, demande la fidélité, la vigilance et le dévouement de chacun des rachetés. Les hommes de Aï tombent dans l’embuscade ; l’armée de l’Éternel feint de leur céder et même de fuir. Il y a des moments où il nous faut en faire autant dans nos guerres spirituelles, des moments où il faut que notre douceur soit tellement connue de tous les hommes, qu’ils puissent s’imaginer que nous n’avons absolument rien à dire.

Un moment pareil peut paraître un triomphe pour l’ennemi, mais que ce triomphe sera court ! L’ennemi peut être ainsi amené à se compromettre tout à fait, tandis que la foi compte sur les ressources de Dieu et attend le moment favorable. C’est ainsi qu’a fait le Seigneur dans son jour à lui, où l’ennemi semblait triompher en tout. Mais quelles merveilleuses ressources se trouvaient cachées là, et quelle oeuvre le Seigneur accomplissait alors qu’il paraissait battu et abandonné de tous ! L’ennemi semblait avoir remporté une victoire si complète, lorsque Jésus, le méprisé et le rejeté des hommes, mourait de la mort d’un malfaiteur, que ces misérables auraient pu dire : Nous avons atteint notre but.

Mais combien fut grande la ruine de l’ennemi, lorsque les barrières de la mort, les «portes du hadès» furent emportées sur les épaules de ce puissant conquérant, et que la dernière forteresse de l’ennemi, la mort, succomba, abolie par la puissance de sa résurrection !

Il peut sembler aussi pour un temps que nous sommes battus ; nous pouvons céder et même fuir devant l’ennemi, nous fiant à notre Chef et à ses ressources invisibles, aux troupes de réserve qu’il emploiera pour remporter la victoire. Mais tout ceci demande beaucoup de foi, et une foi qui ne compte pas sur elle-même, mais sur Christ. L’oeil vigilant de Jésus remarque tout, des hauts lieux où il se trouve ; il ne retire pas ses yeux de dessus son peuple. «Alors l’Éternel dit à Josué : Étends le javelot qui est en ta main vers Aï, car je le livrerai entre tes mains. Et Josué étendit vers la ville le javelot qui était en sa main. Et ceux qui étaient en embuscade, se levèrent incontinent du lieu où ils étaient ; ils commencèrent à courir, aussitôt que Josué eut étendu sa main ; ils vinrent à la ville, la prirent, et se hâtèrent de mettre le feu dans la ville» (Jos. 8:18-19).

Nous voyons ici ce que le Saint Esprit produit sous la direction de Christ : l’unité d’action dans les coeurs de ceux qui sont sous sa puissante domination. Quelle merveilleuse unité ! elle va au delà de l’intelligence de l’homme, au delà des ordres reçus. Mais on ne rencontre aucune difficulté lorsque c’est le Seigneur qui agit, et que c’est un peuple obéissant qui entre dans le courant de ses merveilleuses opérations.

Le javelot de Josué, sans que cela eût été concerté d’avance, est étendu par une main qui ne se lasse point avant que tout soit accompli ; et c’est ce qui nous montre cette belle harmonie de l’unité, lorsqu’elle est vraiment de Dieu. Chaque soldat, en ce jour-là, avait son propre sentier tracé ; mais il n’y avait qu’un seul Josué avec un seul javelot pour tout diriger. C’est la vraie unité, et c’est la vraie diversité d’opérations qui a amené le bon résultat de la victoire. Si nous retournons maintenant au quatrième chapitre des Éphésiens, v. 1-16, nous trouvons ces diverses activités déployées dans l’Église de Dieu.

Au commencement du chapitre, v. 1-6, c’est une unité complète, septuple ; cependant la diversité marque la place de tous et de chacun. Le «prisonnier dans le Seigneur» nous exhorte à marcher d’une manière digne de l’appel qu’il vient de nous montrer, et qui offre trois traits principaux avec les vérités qui s’y rattachent : L’appel de Dieu à la position dans laquelle Christ, comme Fils et Homme, se trouve devant lui (chap. 1) ; notre relation avec Christ, comme étant son corps dont il est la tête (chap. 1) ; puis, à la fin du chapitre deuxième, le fait qu’ici-bas sur la terre, nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit. C’est sur ces merveilleuses vérités que se base l’exhortation du chapitre quatrième.

«L’humilité» et la «douceur» nous conviennent en effet en la présence de Dieu ; pour être vraiment humbles, il faut que nous soyons en cette présence. Il en est de même pour la «longanimité», cette qualité divine qui doit grandir en nous en proportion de ce que nous avons à supporter. Elle est plus que la patience ; la longanimité suppose l’outrage et l’injure que nous devons supporter comme Dieu lui-même. «Nous supportant l’un l’autre dans l’amour» : cela est bien nécessaire, car la chair est en chacun de nous ; nous l’avons en nous-mêmes, et elle ne doit pas combattre cette même chair chez les autres, il faut donc qu’il y ait du support. On peut remarquer toutes les fois que ce support est exercé, qu’il amène chez celui qui en est l’objet, d’abord la honte puis, tôt ou tard, le jugement de soi-même devant le Seigneur. Ce sont les préliminaires du grand but que nous avons en vue : la gloire de Christ et une marche digne de notre appel. Nous devons nous distinguer par ces qualités d’humilité, de douceur et de support dans l’amour, ce dernier trait divin couronnant le tout et qualifiant de nature de Dieu, ce qui, sans cela, ne serait que de l’amabilité humaine.

L’apôtre nomme ensuite l’unité septuple. D’abord l’unité réelle et essentielle à laquelle est attachée notre responsabilité comme corps. Il commence par dire : «Vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix». Il faut de la diligence pour cela dans un jour aussi mauvais que celui que nous traversons, et c’est là le but. Puis, quand nous en venons à la «pratique», nous devons «nous appliquer» à garder cette unité par le lien de la paix, qui nous unit en un «seul corps».

Les deux premières unités se rattachent au Saint Esprit : «Il y a un seul corps et un seul Esprit». La présence du Saint Esprit fait qu’il n’y a en réalité «qu’une seule espérance». Il ne peut y en avoir une autre, pour ce qui est gardé dans l’unité vivante par le «seul Esprit» de Dieu en «un seul corps». Les trois unités suivantes se rattachent à Jésus comme «seul Seigneur». Nous voyons ici que sa position, comme dignité, est reconnue et acceptée par tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur, «le nôtre et le leur». Tous ceux-ci n’ont qu’une seule et même confession de son nom, «une seule foi». Je crois que c’est là la pensée de l’apôtre. Ailleurs nous avons aussi «la foi», comme la vérité qui est entre l’âme et Dieu ; ou «la foi» elle-même, comme puissance et don de Dieu dans l’âme. Mais ici, c’est la confession et la profession commune «d’une seule foi» en «un seul Seigneur», profession exprimée par «un seul baptême» le baptême d’eau.

La dernière unité nous amène à «Dieu» comme tel, Père ou Auteur suprême de tous (chap. 3:15) ; qui est «au-dessus de tout», — voilà sa vraie place suprême, — «qui est partout», et enfin qui est «en nous tous». C’est ainsi qu’il habite dans les saints. Ceci montre donc la position administrative de l’Esprit, du Seigneur et de Dieu. Nous trouvons ailleurs la révélation de la Trinité. Nous avons donc ces unités réelles, essentielles et vitales, qui se rattachent au Saint Esprit. Les unités qui se rattachent au Seigneur : la confession et la profession ; et celles qui se rattachent à Dieu comme Père et Être suprême.

L’apôtre se tourne ensuite vers la grande source de la diversité divine dans l’Église, vers Jésus, le vrai Josué. «Mais à chacun de nous la grâce a été donnée, selon la mesure du don de Christ» ; il est question ici des troupes des rachetés sur la terre, de l’Église entière de Dieu. Dans cette puissante armée, chacun a sa place ; pourquoi en ferions-nous partie si nous n’avions quelque mission à y remplir, «selon la mesure du don de Christ ?» Voilà qui détermine cette place. Christ voit ce qu’il est bon de donner et il est le Seigneur de tout. Nous le trouvons ici dans sa position glorieuse, comme «monté en haut». Et comment a-t-il atteint cette place merveilleuse ? Il est d’abord descendu jusque dans les derniers retranchements de la puissance de Satan, la mort. Mais il l’a fait pour détruire cette puissance de l’ennemi par une apparente défaite : en mourant lui-même il a frappé la mort. Puis il a brisé les barrières du tombeau, et il est «monté en haut, il a emmené captive la captivité, et il a donné des dons aux hommes».

Dans l’histoire d’Israël, une image de cette merveilleuse victoire avait été présentée d’une manière terrestre dans le cantique le Débora : «Réveille-toi, réveille-toi, Débora ; réveille-toi, réveille-toi, dit le cantique. Lève-toi, Barac, et emmène en captivité ceux que tu as faits captifs, toi, fils d’Abinoham» (Juges 5:12). Mais les effets de cette victoire-là n’avaient duré que très peu de temps, et avaient passé. L’éternelle victoire de Jésus, par contre, est si complète qu’il peut faire de ces captifs libérés son armée à lui, et l’employer avec énergie contre l’ennemi, dans ce jour glorieux où il liera Satan et le jettera dans l’abîme, et remplira toute la terre des résultats de sa victoire et de sa gloire.

Ses armées ne seront-elles pas joyeuses alors de publier sa victoire ? La première délivrance d’Israël est toujours un type de cette dernière délivrance, bien plus grande encore. Au jour de leur rédemption d’Égypte, ils avaient eu à «s’arrêter pour voir la délivrance de l’Éternel» ; il en sera de même au jour de la délivrance finale. Leur extrémité est pour Dieu le moment favorable et il en est toujours ainsi.

L’Église peut dire : «Tu es monté on haut, tu as mené captive la captivité, tu as reçu des dons dans l’homme» (Ps. 68:18). Le jour viendra où on pourra dire : « Même pour les rebelles» (Israël), «afin que l’Éternel Dieu habite au milieu d’eux». En attendant «il a donné des dons aux hommes», il n’a pas seulement «reçu des dons dans l’homme», mais il a «donné des dons aux hommes», aux membres de son corps. Cette même puissance qui délivrera le monde de la puissance de Satan, il la distribue maintenant entre ses membres, afin qu’ils en délivrent d’autres et les édifient ensemble par la parole de sa grâce. Avec quel Christ merveilleux nous avons à faire ! Un Christ qui est descendu d’abord «dans les parties inférieures de la terre», c’est-à-dire au tombeau. La créature est tombée avec le premier Adam, et est devenue esclave de la puissance de Satan et de la mort ; Jésus, le second Adam, passa par la mort, puis «monta au-dessus de tous les cieux». Je vois d’abord les sombres profondeurs de la ruine où gît la créature puis regardant au plus haut des cieux, «aux cieux des cieux qui sont à l’Éternel», j’y vois un homme qui les remplit tout entiers. Il a tout traversé, depuis la ruine la plus extrême jusqu’aux plus grandes hauteurs de la gloire, «afin qu’il remplît toutes choses» et cela il l’a fait comme homme ! Voilà le Christ avec lequel nous avons à faire ; le Christ que nous avons à servir, réalisant par la foi l’immensité de ces merveilleux champs de gloire, et les profondeurs de la misère de la créature tombée, sous la puissance de Satan.

Après cela, nous trouvons la diversité des dons spéciaux et permanents qu’il a donnés aux hommes : «Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, en vue de la perfection des saints, pour l’oeuvre du service, pour l’édification du corps de Christ» (Éph. 4:11-12).Les apôtres firent leur oeuvre spéciale de fondation et ils passèrent. Leur puissance spéciale et leur ministère pour fonder, n’ont pas été donnés à d’autres après eux : personne ne pourrait dire maintenant : « N’ai-je pas vu le Seigneur ?» et c’est pourtant une qualification nécessaire pour cette oeuvre ; personne ne pourrait dire non plus : «C’est ainsi que j’en ordonne dans toutes les assemblées» (1 Cor. 7:17). Sans ces qualités spéciales, il n’y a pas d’apôtres. Leur oeuvre a été faite et s’est terminée lorsque le dernier apôtre a quitté cette scène. Il a donné «les uns comme apôtres», et c’est fini.

Il a donné «les autres comme prophètes». Ne puis-je pas dire que Marc en était un, et que Luc en était un autre. Ils n’étaient pas des apôtres, mais ils ont écrit par divine inspiration leurs évangiles et les Actes. Ce service-là, ainsi que l’enseignement oral tel qu’il était alors révélé, par les prophètes, était leur service ; ils l’ont accompli, puis ils ont passé eux aussi ; leur travail était terminé (*).

(*) Le don de prophétie est continué maintenant d’une autre manière , car ceux qui, dans leur service, parlent aux consciences de la part de Dieu, — que ce soit à des saints ou à des pécheurs, — prophétisent dans le sens ordinaire du mot.

 

«Et il a donné... les autres comme évangélistes» : l’oeuvre de ceux-ci est de porter «la bonne nouvelle» à ceux qui sont perdus dans ce monde méchant, et d’amener les âmes délivrées de l’esclavage de Satan, à la connaissance de leur position en Christ. Ils ont donc, comme armée de l’Éternel, à combattre contre l’ennemi.

«Et d’autres comme pasteurs et docteurs», pour paître et soigner le troupeau de Dieu et le conduire dans le chemin du Seigneur. Tous ces dons spéciaux et permanents sont attachés aux individus ; un évangéliste est toujours évangéliste, même lorsqu’il n’évangélise pas. Un pasteur et un docteur restent pasteur et docteur, quoiqu’ils ne soient pas toujours à l’oeuvre. Ce sont les dons stables de Christ à l’Église, «jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ». Ceci est la fin et le but du ministère dans l’Église de Dieu. Même lorsque le Seigneur montre (v. 12) dans quel but il a ainsi distribué ses dons, il met en premier lieu le saint individuellement avant même de parler du corps tout entier. C’est ainsi que la position et les relations individuelles du saint avec le Père, sont développées dans le premier chapitre de cette épître, avant qu’il soit question de sa position et de ses relations avec Christ comme membre de son corps. C’est pourquoi il dit ici d’abord : «En vue de la perfection des saints», puis ensuite : «Pour l’oeuvre du service, pour l’édification du corps de Christ». Et le but qui doit être atteint est : «Jusqu’à ce que nous parvenions tous», c’est-à-dire individuellement, chaque saint de tout le corps de Christ, «à l’unité de la foi», une base uniforme de foi qui est la connaissance des choses de Christ et de notre position devant lui ; le terrain de tous étant : «la connaissance du Fils de Dieu», Celui qu’attend l’Église, sur la personne ressuscitée duquel elle est édifiée, «le Fils du Dieu vivant», auquel ayant foi l’Église peut vaincre le monde, et qui la prendra à lui dans la maison du Père et dans la gloire. La mesure de la croissance de chacun étant «un homme fait», en contraste avec les «petits enfants» (v. 14) ; et «l’homme fait» n’ayant qu’une seule mesure et qu’une seule stature à laquelle il doive atteindre, celle de la «plénitude du Christ».

Après ces dons permanents, nous trouvons «tout le corps», selon l’opération de chaque partie dans sa mesure. Ici c’est la position et les fonctions de chacun des membres de Christ, sans exception. L’expression «opération» est très belle ; car ce n’est pas seulement de la croissance individuelle de chaque chrétien que dépend la prospérité de tout le corps; mais c’est aussi de l’opération de chaque partie dans sa mesure, que dépend l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même, en amour.

Nos coeurs ne peuvent s’empêcher de se figurer ce qu’aurait été l’Église de Dieu, — l’armée de l’Éternel, — si ces magnifiques pensées de Christ avaient été mises en pratique et avaient porté leurs fruits. Cependant, et nous en bénissons son nom ! sa pensée reste la même ; la foi entre dans cette pensée, et la fidélité agit en conséquence, même s’il n’y a sur la terre que deux ou trois qui reconnaissent cette vérité.

Quelle ruine, quelle épave est devenue l’Église entre les mains de Satan et des hommes ! Et, malgré tout, l’oeuvre de la grâce et de la vérité continue, et on verra une fois qu’en dépit de toutes les chutes et tous les manquements, Celui qui connaissait les conseils, et les pensées de Dieu et est descendu pour les accomplir par la puissance de l’amour divin, l’a fait d’une manière si efficace, qu’il se présentera l’assemblée à lui-même, glorieuse et sans tache, en amour.

Au douzième chapitre de l’épître aux Romains, nous trouvons aussi cette «unité d’action» et cette «diversité d’opération», dans leur puissance pratique et vivifiante.

Le chapitre commence par cette vérité, qui est la plus importante dans la vie pratique d’un soldat de l’armée de l’Éternel : la consécration personnelle au Seigneur (v. 1-3). «Je vous exhorte», dit l’apôtre, «par les compassions de Dieu». Et ce sont les merveilleuses compassions développées du chapitre 3 au chapitre 8 (*), qui sont la base de l’exhortation du chapitre 12. «À présenter vos corps», qui jusqu’ici avaient été les esclaves du péché et de toute folie, «en sacrifice vivant». Ceci montre Jésus d’une manière touchante comme la parfaite offrande de gâteau, l’homme sans péché devant les cieux et devant son Père ! Son entière perfection dans ce beau caractère n’a été manifestée que lorsqu’il mourut en obéissance à son Père et pour la gloire de son Père.

(*) Le chapitre 12 se relie à la fin du chapitre 8. Les chapitres 9, 10, 11, sont une parenthèse qui traite d’Israël dans le passé, dans le présent et dans l’avenir.

 

Si nous nous étendions sur la beauté de l’offrande du gâteau présenté à l’Éternel (Lév. 2), nous mentionnerions un ingrédient qui, s’il ne faisait pas partie de l’offrande, ne devait cependant jamais être oublié : «le sel». Le sel représente la puissance de la sainteté en séparation, puissance qui, en lui, était toujours parfaite. Il y avait en Jésus une sainteté qu’il employait pour apporter l’amour de Dieu à l’homme, parce que lui ne pouvait être souillé ; et c’est la puissance de cette sainteté qui le distinguait de tous les autres hommes. Il insiste là-dessus à la fin d’un de ses discours les plus solennels (Marc 9) : «Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous». Il les exhorte à avoir cette puissance intérieure de sainteté et de sainte grâce qui lie l’âme pratiquement à Dieu, la rendant capable de résister au mal et de choisir le bien dans ce monde méchant. C’est ce qui rend le «sacrifice vivant», «agréable à Dieu». C’est ainsi que se montre en nous l’encens de ses grâces, autant que cela se peut. Aucune créature n’a jamais été offerte à Dieu selon sa propre valeur ; Jésus seul l’a été. Lui possédait cette perfection intrinsèque qui est présentée à Dieu et qui avait été éprouvée par le feu répandant toujours et uniquement son propre parfum de bonne odeur : tout l’encens montait à Dieu. C’est donc seulement autant que Christ vit en nous, que nous pouvons être «agréables» à Dieu. C’est là notre «service intelligent».

L’apôtre passe ensuite à notre position relative de séparation d’avec le monde et ses voies ; et, la prenant dans l’obéissance, nous trouverons, comme Énoch, la volonté de Dieu bonne et agréable et parfaite ; ou, comme Moïse qui avait trouvé grâce devant Dieu, nous chercherons à connaître les voies de Dieu, afin que nous trouvions grâce à ses yeux. Ensuite l’apôtre exhorte à l’humilité (v. 3) ; à n’avoir pas une haute pensée de soi-même dans la position de responsabilité que Dieu a donnée à chacun. Non pas une fausse humilité, mais une humble et cependant ferme acceptation de la position et de la mesure de foi que Dieu a départie, dans la dépendance du Seigneur.

Après cette consécration ou présentation personnelle, l’apôtre passe aux relations mutuelles que nous devons avoir comme étant «un seul corps en Christ» (v. 4-5). «Car, comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre». Alors vient la responsabilité individuelle de chacun : si c’est la prophétie, prophétisons ; si c’est le service, soyons occupés du service, ou de l’enseignement ou de l’exhortation; celui qui distribue, qu’il le fasse en simplicité ; celui qui est à la tête, qu’il conduise soigneusement ; celui qui exerce la miséricorde, qu’il le fasse joyeusement.

L’amour doit être sans hypocrisie et venir du fond du coeur ; nous devons avoir en horreur le mal et tenir ferme au bien ; être pleins d’affection pour les autres et être les premiers à rendre l’honneur aux autres ; fervents en esprit et pas paresseux quant à l’activité, et ainsi servant le Seigneur. «Vous réjouissant dans l’espérance ; patients dans la tribulation ; persévérants dans la prière ; subvenant aux nécessités des saints ; vous appliquant à l’hospitalité. Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez et ne maudissez pas. Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, et pleurez avec ceux qui pleurent ; ayant, les uns envers les autres, un même sentiment ; ne pensant pas aux choses élevées, mais vous associant aux humbles. Ne soyez pas sages à vos propres yeux ; ne rendant à personne mal pour mal ; vous proposant ce qui est honnête devant tous les hommes ; s’il est possible, autant que cela dépend de vous, vivant en paix avec tous les hommes ; ne vous vengeant pas vous-mêmes, bien-aimés ; mais laissez agir la colère, car il est écrit : «À moi la vengeance ; moi je rendrai, dit le Seigneur». «Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela tu entasseras des charbons de feu sur sa tête. Ne sois pas surmonté par le mal, mais surmonte le mal par le bien ».

Quelle magnifique liste des grâces et des vertus que Dieu veut trouver dans la vie pratique, comme dans les combats des soldats de Christ ! Puisse-t-elle être gravée sur nos coeurs et vue de tous dans la vie de chacun de ceux qui sont à lui, afin que son nom soit glorifié !

Nous voyons donc que, quoique l’unité d’action en un seul corps soit absolument nécessaire aux soldats de Christ, lorsqu’ils agissent sous ses yeux et sous ses ordres comme capitaine de l’armée de l’Éternel, la diversité d’opération est cependant maintenue tout du long : chacun ayant sa propre place et le service qui lui est assigné. Car comme les membres de nos corps humains, quoiqu’étant plusieurs, ne se gênent pas mutuellement dans l’exercice de leurs diverses fonctions, mais qu’au contraire, chacun travaillant dans l’unité, ils forment un tout harmonieux, il doit en être de même dans l’Assemblée de Dieu !

Que Dieu donne la simplicité de coeur et d’intentions à son peuple, à chacun et à tous, afin que nous puissions comprendre ses pensées et sa volonté, et que, les comprenant, nous soyons trouvés servant le Seigneur, selon la mesure qui nous a été départie, et dans la position où nous pouvons le mieux le glorifier, accomplir ses desseins, et remporter ses victoires ici-bas. Le jour viendra où nous pourrons déposer notre armure et laisser de côté pour toujours la ceinture du service. C’est le Seigneur qui la ceindra alors, dans son amour insondable et éternel, qui, se ceignant de nouveau, s’avancera et nous servira les meilleures choses qui seront sur la table du Père, nous nourrissant de sa propre main, pour nous faire jouir le plus possible de cette demeure d’en haut, où nous serons avec lui et lui avec nous, dans une joie douce et paisible, pour l’éternité.

 

3.3      Chapitre 22 — La dernière trompette. Conclusion — 1 Thess. 4:16

 

«Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel» (1 Thess. 4:16).

L’armée de l’Éternel n’attend plus maintenant qu’une seule parole de commandement, une parole précieuse et glorieuse. Celui dont la voix s’est fait entendre une fois sur la terre dans son humble miséricorde, et qui parle maintenant du ciel avec cette même grâce que n’a pu changer le péché de l’homme, poussera ce «cri» de ralliement pour les siens. Il n’est connu que par eux, et ceux seulement qui ont connu la voix du Berger, entendront et comprendront ce cri ; en un clin d’oeil tout sera changé, et nous serons «toujours avec le Seigneur».

Quelle note pénétrante ce sera pour plus d’un soldat fatigué qui a suivi fidèlement son humble sentier dans l’armée de l’Éternel ! Plus d’un aura déjà posé sa tête sur le sein du Maître pour y «dormir» en attendant que le jour vienne, son esprit étant avec le Seigneur. D’autres seront trouvés parmi les «vivants qui demeurent», et lorsque la voix de Jésus se fera entendre, ils seront à leur poste, comme un homme qui attend son maître. Cette voix atteindra ceux qu’il aime au milieu des mille et mille circonstances diverses de la vie, et les appellera pour les emmener en haut dans la maison du Père. La Puissante armée du Seigneur se lèvera en silence et en secret, comme lors de sa propre résurrection. Il recueillera la poussière de son peuple, conservée soigneusement jusqu’ici par sa puissance. Les quatre vents des cieux peuvent l’avoir dispersée au loin ; les quatre quartiers de la terre peuvent paraître l’avoir engloutie ; mais elle devra livrer ce qui lui appartient. La mer devra rendre ceux qui sont à Christ et qui peuvent avoir trouvé dans ses profondeurs un tombeau ignoré. Les tombes bien scellées, les silencieuses demeures des morts devront être dépouillées de leur précieuse poussière. Le sol intact, la tombe encore fermée, raconteront que Celui qui est sorti de son tombeau encore scellé, laissant là «son suaire plié à part», a ordonné que «les morts en Christ» ressuscitent dans le même silence, par la même puissance tranquille et invisible. Lorsqu’il viendra les chercher, ils quitteront leurs places, comme lui, «les prémices», l’a quittée. L’armée vivante qui restera entendra sa voix, et alors le corruptible revêtira l’incorruptibilité, le mortel revêtira l’immortalité, et on entendra le cantique triomphant de l’Église, répondant à ce «cri» puissant : « Où est, ô mort, ton aiguillon ? où est, ô hadès, ta victoire ?» (1 Cor. 15). Et alors «ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts» (Apoc. 22:4).

Comme Énoch aux temps anciens, ils ne «paraîtront» plus, parce que Dieu les aura pris. Cette espérance n’est-elle pas un puissant stimulant pour nous engager à servir sérieusement et avec zèle Celui que nous attendons ? La «crainte du Seigneur» chez ceux qui ne sont pas de Christ, doit presser les soldats de Christ ici-bas à persuader les hommes. Ils savent que l’Église endormie a eu son cri de minuit. Ils savent que la venue du Seigneur a été oubliée, niée même ; ils savent combien de ceux qui aiment Christ sont tombés dans le piège du «mauvais serviteur», qui dit : «Mon maître tarde à venir». De nouveau ils ont entendu sa voix ; ils ont apprêté leurs lampes, et sont sortis à sa rencontre. Ils connaissent la solennité de l’heure actuelle ; ils sentent que le point du jour est proche ; et ils veillent dans l’obscurité pour attendre l’Époux de l’Église, «l’étoile brillante du matin». Ils sentent que toute la confusion du moment présent indique l’état des pauvres vierges folles. Ils savent aussi, hélas ! quelle sera la terrible lamentation qui passera sur ces pays où Christ est professé ; mais où lui-même, hélas ! reste inconnu : «Seigneur, Seigneur, ouvre-nous», alors que la porte sera fermée pour toujours.. Quel moment de terreur ce sera en effet ! Mais aussi quel moment brillant et glorieux pour ceux qui appartiennent à la «première résurrection» ; qui sont ressuscités ou transmués par sa puissance, comme preuve qu’ils sont «agréables dans le Bien-aimé».

Sa résurrection à lui était la preuve de la perfection et de la gloire de sa personne. La nôtre sera la preuve de la perfection de l’oeuvre sur laquelle nous nous reposons.

Nous pouvons donc sûrement nous «consoler l’un l’autre par ces paroles».

«Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur» (1 Cor. 15:58). Amen.