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Histoire du royaume d’Israël – Entretiens
Famille d’Adrien Ladrierre
Table des matières :
1 1 Rois 15 et 16 — Les cinq rois qui succédèrent à Jéroboam (Nadab, Baësha, Éla, Zimri, Omri)
2 Le roi Achab et le prophète Élie — 1 Rois 16:28 – 2 Rois 2
2.1 Achab et Jézabel — 1 Rois 16:28-34
2.2 Élie le Tishbite. La sécheresse — 1 Rois 17:1
2.3 Élie au torrent du Kérith — 1 Rois 17:2-6
2.4 Élie et la veuve de Sarepta — 1 Rois 17:7-16
2.5 Élie et le fils de la veuve de Sarepta — 1 Rois 17:17-24
2.6 Élie et Abdias — 1 Rois 18:1-6
2.7 La rencontre d’Élie avec Achab — 1 Rois 18:7-18
2.8 Le peuple choisissant l’Éternel plutôt que Baal — 1 Rois 18:19-40
2.9 La fin de la sécheresse — 1 Rois 18:41-46
2.10 La fuite d’Élie à Horeb — 1 Rois 19:1-18
2.11 Dieu montre sa bonté et sa puissance en faveur d’Israël — 1 Rois 19:19 à 1 Rois 20:30
2.12 Nouvelle faute d’Achab — 1 Rois 20:30-43
2.13 Histoire de Naboth — 1 Rois 21
2.14 La mort d’Achab — 1 Rois 22:1-40
3 1 Rois 22:41-54 et 2 Rois 1 — Règne d’Achazia, fils d’Achab
4 2 Rois 2:1-12 — Enlèvement d’Élie
5 2 Rois 2 et suivants — Règne de Joram — Histoire d’Élisée, le prophète
5.1 Élisée au Jourdain et à Jéricho — 2 Rois 2:12-22
5.2 Les méchants enfants de Béthel — 2 Rois 2:23-24
Bonne Nouvelle 1897 n° 5 pages 83 à 94
— Tu m’as dit la dernière fois que l’Éternel frappa Jéroboam et qu’il mourut. Qui est-ce qui régna à sa place ?
— Ce fut un de ses fils, nommé Nadab. Te rappelles-tu ce que le vieux prophète Akhija annonça à la femme de Jéroboam ?
— Oui. Il lui avait dit que toute la famille de Jéroboam périrait, et qu’aucun de ses membres ne serait enterré dans un sépulcre, mais serait dévoré par les chiens et les oiseaux de proie.
— La prophétie s’accomplit bientôt comme Akhija l’avait dit : « Mais quoi ? … déjà maintenant ! » (1 Rois 14:14). Nadab suivit l’exemple de son père et fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel en continuant à adorer les veaux d’or et ainsi à faire pécher Israël. L’idolâtrie, qui détournait le peuple du culte du vrai Dieu, était le péché le plus grand ; c’était une abomination aux yeux de l’Éternel (Deut. 7:25), et il devait être puni de mort (Deut. 13). Les rois et le peuple d’Israël qui persévéraient dans ce péché étaient donc sous la sentence de mort, et leur histoire montre bien que cette sentence s’exécutait.
— Je suis étonné de voir que Nadab n’avait pas eu le cœur touché par tout ce qu’il avait vu et entendu de la puissance et des avertissements de l’Éternel. S’il s’était repenti, Dieu lui aurait pardonné, n’est-ce pas ?
— Sans doute, car l’Éternel avait dit : « Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme inique, ses pensées, et qu’il retourne à l’Éternel, et il aura compassion de lui, - et à notre Dieu, car il pardonne abondamment » (És. 55:7). Mais Nadab préférait son veau d’or à un Dieu saint qui a dit à son peuple : « Vous serez saints, car moi, l’Éternel votre Dieu, je suis saint » (Lév. 19:2). Il pouvait ainsi faire sa propre volonté et suivre toutes les pensées et les convoitises de son méchant cœur. Son veau d’or ne l’en empêchait pas. Nadab ne se doutait pas que le jugement allait être exécuté sur lui. « Si le méchant ne se retourne pas », avait dit le roi David, « Dieu aiguisera son épée : il a bandé son arc, et l’a ajusté, et il a préparé contre lui des instruments de mort » (Ps. 7:12-13) (combien il est sérieux de penser que cela s’applique aux pécheurs de nos jours ! Le jugement est à la porte). C’est ce qui eut lieu pour Nadab.
— Est-ce qu’il fut tué par quelqu’un ?
— Oui ; et voici comment la chose arriva. Il était allé, avec son armée, assiéger la ville de Guibbethon, qui appartenait aux Philistins, ces constants ennemis d’Israël. Guibbethon était sur le territoire assigné par Josué à la tribu de Dan (Jos. 19:44) ; c’était une des villes données aux lévites (Jos. 21:23). Mais les Israélites n’avaient pu, sans doute par manque de foi et d’énergie, en déposséder les Philistins (Jug. 1:34). Tandis qu’il était là, un homme nommé Baësha, de la tribu d’Issacar, conspira contre lui et le tua. C’était l’instrument de mort dans la main de l’Éternel.
— Mais est-ce l’Éternel qui avait commandé à Baësha de tuer Nadab ?
— Non ; Baësha ne se souciait pas de l’Éternel ; il suivait les mauvais désirs de son cœur. Il voulait être roi et, pour cela, il commença par attirer le peuple à lui, puis il tua Nadab et régna à sa place, sans que personne ne lui dise rien. Il fit encore plus : il extermina la famille de Jéroboam, afin que personne de cette famille ne fit valoir ses droits au trône. Ainsi fut accomplie la terrible prophétie d’Akhija. Dieu se sert des méchants et de leurs mauvaises actions pour exécuter ses desseins, mais les méchants n’en sont pas moins coupables, et Dieu les châtie à leur tour, comme nous le verrons pour Baësha. Lis à ce propos Ésaïe 10:5-16.
— Tu m’as dit que Baësha ne se souciait pas de l’Éternel, comment le sait-on ?
— C’est qu’au lieu de détruire l’idolâtrie, il nous est dit qu’il « fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et marcha dans la voie de Jéroboam, et dans son péché par lequel il avait fait pécher Israël » (1 Rois 15:34), c’est-à-dire l’idolâtrie. Ainsi il avait été rebelle à son roi, il avait été meurtrier, et maintenant nous le voyons idolâtre. Et il voulut faire encore plus que Jéroboam pour empêcher son peuple d’avoir des relations avec le peuple de Juda et d’aller adorer à Jérusalem. Il fit la guerre contre Asa, roi de Juda, et bâtit sur la frontière des deux royaumes une ville forte nommée Rama, pour empêcher ceux de Juda de venir en Israël et ceux d’Israël d’aller dans le royaume de Juda. Alors Asa, se sentant sans doute le plus faible, appela à son secours Ben-Hadad, roi de Syrie, qui envahit le nord du pays d’Israël.
— Asa fit-il bien de chercher de l’aide auprès d’un roi païen ? N’aurait-il pas mieux fait de demander à l’Éternel de le secourir, comme Abija le fit quand il combattait contre Jéroboam ?
— Tu as raison. Lis le Ps. 121:1, 2 et le Ps. 46. Quoi qu’il en soit, Baësha cessa de bâtir Rama et resta dans son royaume à Thirtsa.
— Comment Baësha pouvait-il être tranquille là ? Ne devait-il pas se dire : « Je suis dans le palais de l’homme que j’ai tué pour me faire roi, et dont j’ai fait mourir les enfants ; voilà son lit ; je m’assieds à sa table ». Tout devait lui rappeler ses meurtres. Ne penses-tu pas qu’il était malheureux, bien qu’il fût roi ?
— Il aurait dû l’être ; mais le cœur et la conscience de l’homme qui ne craint pas Dieu s’endurcissent dans le mal, de sorte qu’il se glorifie même d’être venu à bout de ses desseins de quelque manière que ce soit (Ps. 10:3-6 ; 72:6-7), et comme aurait dit Sophonie (3:5) : « L’inique ne connaît pas la honte ». Mais Dieu est juste, et le méchant ne saurait rester impuni. Baësha jouissait de sa royauté et de ses richesses, lorsqu’un jour un homme se présenta devant lui, chargé, comme autrefois Akhija pour Jéroboam, d’un message de l’Éternel pour lui. C’était Jéhu, fils de Hanani le prophète, et prophète lui-même.
— N’avait-il pas peur de venir ainsi devant un homme aussi cruel que Baësha ?
— Non ; il était un fidèle serviteur de l’Éternel ; lui et son père ne craignaient pas de parler hardiment aux rois. On voit en 2 Chron. 16:7 et 19:1-3, que quarante ans plus tard le même Jéhu reprit le roi Josaphat. Lui et son père vivaient sans doute dans le royaume de Juda (2 Chron. 20:34). Voici son message à Baësha : « Parce que je t’ai élevé de la poussière, et que je t’ai établi prince sur mon peuple Israël, et que tu as marché dans la voie de Jéroboam, et que tu as fait pécher mon peuple Israël,… : voici, j’ôterai Baësha et sa maison, et je ferai de ta maison comme j’ai fait de la maison de Jéroboam, fils de Nebath » (1 Rois 16:2-3). Dieu avait permis qu’il parvînt à la royauté, et il aurait dû, lui et le peuple, renoncer à l’idolâtrie. Il ne le fit pas, et l’Écriture dit que le jugement de Dieu tomba sur sa maison, à cause de tout le mal qu’il faisait devant les yeux de l’Éternel pour le provoquer à la colère et parce qu’il avait été meurtrier de Jéroboam, c’est-à-dire de son fils et de sa famille. Dieu châtiait Baësha, l’idolâtre et le meurtrier. Baësha mourut après un règne de vingt-quatre ans, et son fils Éla lui succéda.
— Est-ce qu’il fut cruel comme son père ?
— Il n’est pas dit qu’il ait tué personne, mais il ne fut pas meilleur que Baësha. Le jugement de Dieu vint contre lui à cause des péchés qu’il avait commis, ainsi que son père, pour faire pécher Israël, c’est-à-dire en le maintenant dans l’idolâtrie. Mais à tous ses péchés, Éla en ajoutait un autre : c’était l’ivrognerie. Tu sais combien il est triste et dégoûtant de voir un homme se livrer à la boisson. Il perd par degrés sa raison, ne sait plus ce qu’il dit, ni ce qu’il fait, et s’abaisse au-dessous des animaux. Non seulement un ivrogne se dégrade et se ruine lui-même dans sa santé et dans son âme, mais il réduit souvent sa famille à la misère. Dans tous les cas, il la rend malheureuse, et donne un funeste exemple à ses enfants. Souvent il est frappé d’une mort prématurée et, ce qui est le pire de tout, il perd son âme car il est écrit : « ni voleurs, ni avares, ni ivrognes n’hériteront du royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6:10). Aussi la parole de Dieu met-elle souvent en garde contre cette honteuse passion. « Toi, mon fils, écoute et sois sage, et dirige ton coeur dans le chemin. Ne sois pas parmi les buveurs de vin, ni parmi les gourmands », a dit Salomon ; et plus loin il ajoute : « Ne regarde pas le vin quand il est vermeil, quand il est perlé dans la coupe, et qu’il coule aisément ; à la fin, il mord comme un serpent et il pique comme une vipère » (Proverbes 23:19-20, 31-32). L’apôtre Paul, lui, écrivait aux Éphésiens : « Et ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution ; mais soyez remplis de l’Esprit » (Éph. 5:18). Il ne faut même pas user de vin jusqu’à en être échauffé et excité, car la parole de Dieu nous exhorte souvent à être sobres ; vois la très sérieuse exhortation du Seigneur en Luc 21:34-36, et 1 Thessaloniciens 5:6, 8 et 1 Pierre 1:13 ; 4:7 ; 5:8.
— Il me semble que, pour un roi comme Éla, c’est encore plus honteux de s’enivrer que pour un autre homme.
— Tu as raison. Les rois et les grands doivent donner l’exemple à ceux qui sont sous leur autorité. D’ailleurs, comment gouverneront-ils bien s’ils ne sont plus maîtres de leur raison ? Dans les Proverbes, il est dit : « Ce n’est point aux rois de boire du vin, ni aux grands de dire : Où sont les boissons fortes ? de peur qu’ils ne boivent, et n’oublient le statut, et ne fassent fléchir le jugement de tous les fils de l’affliction » (Prov. 31:4-5), c’est-à-dire de peur qu’ils ne fassent pas droit aux malheureux et aux affligés.
— Comment l’Éternel punit-il Éla de ses péchés ?
— L’armée d’Israël assiégeait de nouveau Guibbethon, et Éla, au lieu de se mettre à la tête de son peuple, avait donné le commandement à un officier nommé Omri. Quant à lui, il était resté à Thirtsa. Il y avait là un autre de ses officiers nommé Zimri, qui commandait la moitié de ses chars et qui conspira contre lui, comme Baësha avait conspiré contre Nadab. Un jour, Éla était allé chez un nommé Artsa qui était son intendant. Là, le jeune roi buvait et s’enivrait lorsque, tout à coup, Zimri entra et le tua. Éla passa ainsi de l’ivresse dans la mort.
— Quelle terrible fin !
— Oui, c’était le jugement de Dieu. Éla n’avait régné que deux ans. Il était donc encore jeune et avait passé sa vie dans le péché, faisant ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. Combien n’y a-t-il pas de jeunes gens qui meurent ainsi sans s’être convertis à Dieu, et alors, où va leur âme ? Il y a, à ce sujet, dans le livre de l’Ecclésiaste, une solennelle exhortation adressée aux jeunes gens. Lis le verset 9 du chapitre 11.
— « Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, et que ton coeur te rende heureux aux jours de ton adolescence, et marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux ; mais sache que, pour toutes ces choses, Dieu t’amènera en jugement ».
— Pauvre Éla ! Il avait marché dans les voies de son cœur, de ce cœur trompeur dont les pensées sont mauvaises en tout temps (Jérémie 17:9 ; Genèse 6:5 ; 8:21), et maintenant il avait été amené en jugement devant le Dieu saint et juste ! Zimri régna donc à sa place et, dès qu’il fut sur le trône, il fit périr toute la famille de Baësha, ne laissant en vie ni parent, ni ami.
— Cela fait frémir de voir tous ces meurtres. Comme ces hommes étaient cruels !
— Oui, ils n’avaient pas la crainte de Dieu et leur cœur naturel était conduit par Satan, qui a été meurtrier dès le commencement (Jean 8:44). L’apôtre Paul dit de ceux qui ne recherchent pas Dieu que « leurs pieds sont rapides pour répandre le sang » (Romains 3:15). Zimri était un meurtrier. De plus, il suivit ses prédécesseurs dans l’idolâtrie. Il ne jouit d’ailleurs pas longtemps du fruit de son crime. Son règne ne dura que sept jours.
— C’était bien court. Il avait sans doute espéré rester longtemps roi sur Israël et posséder les richesses d’Éla. Mais comment se fit-il qu’il régna si peu de temps ?
— La nouvelle de ce qu’il avait fait arriva bientôt au camp à Guibbethon. On entendit dire : « Zimri a conspiré contre le roi et l’a tué, et il règne à sa place ». Mais l’armée ne voulait pas avoir Zimri pour roi et, le même jour, dans le camp, tous établirent Omri pour roi. Aussitôt celui-ci, avec toute l’armée, quitta Guibbethon et alla assiéger Thirtsa où Zimri s’était enfermé. Mais les soldats d’Omri eurent bientôt enfoncé les portes et pris la ville. Alors le malheureux Zimri, désespéré, se réfugia dans le palais et y mit le feu, et périt volontairement dans les flammes. « Il mourut à cause de ses péchés », dit la Parole de Dieu.
— C’était aussi un grand péché de s’ôter la vie à soi-même, n’est-ce pas ?
— Certainement. Zimri ne voulait pas tomber entre les mains d’Omri qui, sans doute, l’aurait fait mourir. Le monde trouve héroïques des actions telles que celle de Zimri, mais Dieu les condamne car notre vie lui appartient et, dans la Bible, nous voyons que ce sont toujours des hommes sans crainte de Dieu qui s’ôtent à eux-mêmes la vie. Ainsi Zimri avait vécu dans le péché et termina son existence par un péché.
— Que de tristes évènements s’étaient passés en sept jours ! Mais Omri fut-il, au moins, un meilleur roi que les précédents ?
— Hélas, non. Bien au contraire ! « Et Omri fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et il fit pis que tous ceux qui avaient été avant lui » (1 Rois 16:25), voilà ce que nous dit de lui la Parole de Dieu. Le commencement du règne d’Omri fut difficile. La moitié du peuple voulait avoir pour roi un nommé Thibni ; l’autre moitié était pour Omri, de sorte que pendant quatre années le pays fut déchiré par une guerre civile. Pauvre peuple d’Israël ! S’il était resté fidèle à l’Éternel et n’avait pas adoré les veaux d’or que Jéroboam avait faits, tous ces malheurs ne seraient pas tombés sur lui. Le prophète dit : « Israël a rejeté le bien, l’ennemi le poursuivra ». Et encore : « C’est ta destruction, Israël, que tu aies été contre moi, contre ton secours » (Osée 8:3 ; 13:9). Enfin Omri prévalut contre son rival ; Thibni mourut sans que nous sachions comment, et Omri régna et fut un roi puissant aux yeux du monde.
— Est-ce qu’il demeura aussi à Thirtsa ?
— Non, le palais avait été brûlé. Omri choisit une autre résidence. À quelque distance de Thirtsa, il y avait une montagne, ou plutôt une colline, admirablement située. Elle s’élevait au centre d’une large vallée, son sommet était plat et d’environ vingt kilomètres de circuit, et ses pentes escarpées descendaient en terrasses jusque dans la plaine. Tout autour, d’autres collines plus élevées semblaient la garder comme un rempart. Omri vit que c’était un endroit bien favorable pour y construire une ville forte. Il acheta la montagne à Shémer, son possesseur, pour une forte somme d’argent et y bâtit son palais et une cité qu’il appela Samarie, selon le nom de Shémer (le mot hébreu est Shomeron). Le pays environnant fut aussi nommé Samarie.
— Dans le Nouveau Testament, il est plus d’une fois question de Samarie. Est-ce la même ville ?
— Oui. Samarie devint une ville célèbre, la capitale du royaume d’Israël. Son site était magnifique. La plaine, à ses pieds, était couverte de riches moissons, et les flancs de la colline de Samarie et des collines environnantes étaient couvertes d’oliviers, de figuiers et de vignes. La beauté de Samarie et de ses alentours était renommée. La parole de Dieu la compare à une guirlande de fleurs posée sur la tête d’un homme dans un festin. Elle était l’orgueil d’Éphraïm sur le territoire duquel elle s’élevait. Éphraïm désigne souvent tout le royaume d’Israël (vois Ésaïe 7:1-2). Mais Samarie devint aussi le centre de l’idolâtrie dans le pays d’Israël, comme nous le verrons. C’est pourquoi les prophètes annoncèrent de la part de l’Éternel la ruine de cette ville dont les Israélites étaient si fiers. Ésaïe dit : « Malheur à la couronne d’orgueil des ivrognes d’Éphraïm, et à la fleur flétrie de son bel ornement, qui est sur le sommet de la riche vallée de ceux qui sont vaincus par le vin ! Voici, le Seigneur a un [instrument] fort et puissant, comme un orage de grêle, un tourbillon de destruction : comme un orage de puissantes eaux qui débordent, il renversera par terre avec force. La couronne d’orgueil des ivrognes d’Éphraïm sera foulée aux pieds » (Ésaïe 28:1-3). Vois pour l’orgueil d’Éphraïm, c'est-à-dire du royaume d’Israël, Ésaïe 9:8-12.
— Reste-t-il des ruines de Samarie, comme tant d’autres villes anciennes ?
— Elle fut assiégée plusieurs fois par les ennemis d’Israël, et enfin elle fut prise par le roi d’Assyrie qui mit fin au royaume des dix tribus. Mais, bien que déchue, elle ne périt pas. Bien plus tard, le roi Hérode, celui qui fit mettre à mort les petits enfants de Bethléem, releva la ville de Samarie, l’embellit par plusieurs magnifiques monuments et changea son nom en celui de Sébaste. Sébaste vient du mot grec qui signifie Auguste. Hérode donna ce nom à Samarie en l’honneur de l’empereur César Auguste (Luc 2:1). Mais maintenant, que reste-t-il de toute cette magnificence ? Rien que quelques colonnes debout au milieu de champs de blé et d’autres plantes. Les pierres mêmes des édifices et des maisons de Samarie ont été roulées dans la vallée, ou ont servi à d’autres constructions. Ainsi s’est accomplie à la lettre la prophétie de Michée qui vivait plus de sept cents ans avant Hérode : « Et je ferai de Samarie un monceau dans les champs, des plantations de vigne ; et je ferai rouler ses pierres dans la vallée, et je découvrirai ses fondements » (Michée 1:6). Là où se trouvait cette superbe cité se trouve maintenant un pauvre village dont le nom Sébuste rappelle celui de Sébaste. Les voyageurs qui ont visité ce lieu ont été frappés en voyant l’exactitude avec laquelle la prophétie a été accomplie. Aux yeux de Dieu, tout est comme présent. Et tu vois aussi la vérité de cette parole : « toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe : l’herbe a séché et sa fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement » (1 Pierre 1:24-25). Les plus grandes et les plus belles choses que l’homme élève se gâtent et prennent fin. « La terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement » (2 Pierre 3:10), mais « celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2:17), et aura sa place dans la cité céleste qui ne peut être détruite car Dieu en est l’architecte et le créateur (Hébreux 11:10, 16).
— Combien cela est beau ! Mais dis-moi, Omri fut-il aussi tué ?
— Non. Il n’avait pas été meurtrier comme Baësha et Zimri ; mais à d’autres égards, il avait fait pis que ses autres prédécesseurs en encourageant encore plus l’idolâtrie. Mais s’il ne subit pas de châtiment dans cette vie, nous savons que Dieu amènera toute œuvre en jugement (Ecclésiaste 12:14), et Omri aura à répondre du mal qu’il a fait. Il mourut après douze ans de règne, et son fils Achab lui succéda.
Bonne Nouvelle 1897 n° 6 pages 102 à 110
— Nous arrivons maintenant à une époque bien intéressante et bien touchante de l’histoire du peuple d’Israël. On y voit la patience et la bonté de l’Éternel envers ce peuple toujours rebelle et que Dieu voulait ramener à Lui. Te rappelles-tu ce que le Seigneur Jésus disait de Jérusalem qui n’avait pas voulu l’écouter ?
— Je sais que le Seigneur Jésus pleura en annonçant les malheurs qui devaient arriver aux Juifs à cause de leur incrédulité (Luc 19:41-44), mais je ne me rappelle pas ce que tu veux dire.
— Le Seigneur a dit : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Matthieu 23:37). Eh bien, c’est ce que l’Éternel voulait faire au temps d’Achab par le moyen d’Élie, mais finalement le peuple n’écouta pas et resta dans l’idolâtrie. Te rappelles-tu que je t’ai dit un mot d’Achab ?
— Oui, il était fils d’Omri et il lui succéda. Fut-il aussi méchant que son père ?
— Il le fut encore plus. La parole de l’Éternel dit de lui : « Et Achab, fils d’Omri, fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, plus que tous ceux qui avaient été avant lui … Et Achab fit plus que tous les rois d’Israël qui avaient été avant lui, pour provoquer à colère l’Éternel, le Dieu d’Israël » (1 Rois 16:30, 33). Et à tous ces péchés, il en ajouta un bien grand : il prit pour femme Jézabel, fille d’Ethbaal, roi des Sidoniens.
— Pourquoi était-ce un si grand péché ?
— Parce que Jézabel était une païenne. L’Éternel avait défendu ces mariages aux Israélites de peur qu’ils ne soient par-là entraînés dans l’idolâtrie (Deutéronome 7:3-4). Et c’est ce qui arriva à Achab. « Il servit Baal, et se prosterna devant lui, et dressa un autel à Baal dans la maison de Baal qu’il bâtit à Samarie. Et Achab fit une ashère ».
— Qui était Baal, et qu’était-ce qu’une ashère ?
— Baal était le faux dieu qu’adoraient les Sidoniens et plusieurs autres peuples de l’orient comme par exemple les Moabites (Nombres 25:3). On dressait des autels à Baal sur les toits des maisons, sur des lieux élevés, sous des arbres et dans des bocages (Nombres 22:41 ; Jérémie 32:29 ; 2 Rois 17:10-11). On rendait à ce faux dieu un culte impur et sanguinaire et pour l’honorer on brûlait des enfants en holocauste sur ses autels (Jérémie 19:5).
-Quelle horrible chose, et quelle différence avec le culte de l’Éternel !
— Oui. C’est Satan qui a mis de telles pensées dans le cœur des hommes, lui qui est meurtrier dès le commencement. Une ashère était une statue qui représentait Astarté, ou Ashtoreth, la déesse des Sidoniens (1 Rois 11:5). C’est la lune qu’on adorait sous cette forme. Elle est appelée la reine des cieux, à qui les femmes des Juifs offraient de l’encens (Jérémie 44:17), et son culte était aussi accompagné de cérémonies abominables. Tu comprends maintenant pourquoi ce péché, qu’Achab commettait en prenant Jézabel pour femme, était si grand. Jézabel persuada d’abord son mari de servir Baal et Astarté, puis elle voulut que tout Israël servit aussi ses fausses divinités, et nous verrons que ce culte resta comme une plaie en Israël, et s’étendit même dans le royaume de Juda.
— Achab abandonna-t-il tout à fait l’Éternel ?
— Achab reconnaissait toujours l’Éternel comme Dieu, ainsi que nous le verrons, mais il joignait à cela le culte de Baal pour plaire à Jézabel. C’est ainsi que de nos jours on voit des chrétiens qui, pour plaire à des parents ou des amis, s’associent à des choses du monde. C’est à ceux-là que l’apôtre dit :
« Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules … soyez séparés et ne touchez pas à ce qui est impur » (2 Corinthiens 6:14-18).
— C’était très mal à Achab de se laisser ainsi conduire par Jézabel puisqu’il savait que l’Éternel était Dieu.
— Sans doute. Il était un homme faible devant la volonté impérieuse de Jézabel. Pour que Baal fût seul dieu en Israël, Jézabel avait fait tuer tous les prophètes de l’Éternel qui s’y trouvaient et qu’elle avait pu atteindre. Il faut savoir que tout Israël ne s’adonnait pas à l’idolâtrie ; il y avait un résidu fidèle, des saints et des prophètes. Pour le culte de ce faux dieu, elle avait un grand nombre de prêtres qui sont aussi appelés prophètes parce qu’ils prétendaient parler au nom de Baal ou d’Astarté. Il y avait quatre cent cinquante prêtres de Baal, et quatre cents d’Astarté. Ceux-ci étaient les plus privilégiés car ils mangeaient à la table de Jézabel, c’est-à-dire qu’elle les nourrissait des mets de sa table. Ainsi la méchante reine établissait l’idolâtrie chez le peuple de Dieu et persécutait les saints. Mais il est très intéressant de noter qu’Achab avait comme préposé sur sa maison un homme pieux qui craignait fort l’Éternel. Il se nommait Abdias, ce qui signifie « serviteur de l’Éternel », et il se montra bien tel. Quand Jézabel faisait tuer les prophètes de l’Éternel, il avait réussi à en cacher cinquante dans une caverne, et cinquante dans une autre, et il les y avait nourris.
— Mais ne craignait-il pas que la cruelle Jézabel ne le découvrît et ne le tuât aussi ?
— Il craignait encore plus l’Éternel, et c’est ce qui lui donnait le courage de faire le bien, même au risque de sa vie. À côté de ce bel exemple de foi et de dévouement, la parole de Dieu nous en rapporte un de triste incrédulité. Te rappelles-tu le nom de la première ville que prirent les Israélites quand ils entrèrent dans le pays de Canaan ?
— Oui, c’est Jéricho. Ses murailles tombèrent après que les Israélites en eurent fait le tour une fois pendant six jours et sept fois le septième jour.
— Et te rappelles-tu ce que Josué dit après avoir détruit Jéricho de fond en comble ?
— Non. Je sais seulement que Rahab ne périt pas parce qu’elle avait cru l’Éternel et caché les espions, et puis que Acan avait pris et caché un manteau et de l’or malgré la défense de Josué, et qu’il fut lapidé (Josué 6 et 7).
— C’est bien que tu te rappelles cela. Mais voici ce que Josué dit après avoir détruit la ville : « Maudit soit devant l’Éternel l’homme qui se lèvera et bâtira cette ville de Jéricho ! Il la fondera sur son premier-né, et en posera les portes sur son plus jeune fils » (Josué 6:26). Et voilà qu’au temps d’Achab, un homme de Béthel nommé Hiel, osa braver la malédiction prononcée par Josué, et rebâtit Jéricho. Mais ce que Josué avait dit cinq cents ans auparavant arriva. Le fils aîné de Hiel le Béthélite mourut comme on posait les fondements de la ville, et quand on posa les portes, son plus jeune fils mourut aussi.
— C’était bien triste. Hiel ne savait-il pas ce que Josué avait dit ?
— Il devait le savoir comme tout autre Israélite. On n’ignorait pas d’où provenaient les ruines de l’ancienne ville. Mais Hiel ne crut pas que les paroles de Josué s’accompliraient si longtemps après avoir été dites. Vois les moqueurs dont parle Pierre dans sa seconde épître (chapitre 3:3-4). Il brava la malédiction et elle tomba sur lui.
— Il aurait pourtant dû être rendu attentif quand son fils aîné mourut.
— Sans doute, et c’est ce qui le rendait plus coupable de persévérer dans son entreprise impie. Quel triste état que celui où se trouvait le peuple d’Israël : l’idolâtrie, le meurtre et l’incrédulité, avec le mépris de la parole de Dieu !
— Je me rappelle avoir lu en Apocalypse 2:20 qu’il y avait, dans l’une des assemblées auxquelles le Seigneur écrivait, une femme appelée Jézabel. Qui était-elle ?
— On pense que le Seigneur donne ce nom à cette femme qui se disait prophétesse parce que, comme l’ancienne Jézabel, elle favorisait l’idolâtrie et y entraînait le peuple de Dieu. Mais cette femme est la figure du mal qui s’est introduit dans la chrétienté sous le patronage de l’église de Rome qui a établi une idolâtrie pire que celle du paganisme et qui a persécuté et mis à mort les fidèles témoins de Christ.
— L’Éternel n’avertit-il pas Achab et le peuple ?
— Oui. Dieu est patient et miséricordieux. Il ne veut pas que le pécheur périsse mais se convertisse et vive (Ézéchiel 18:23 ; 33:11 ; 2 Pierre 3:9). Et Il avertit Achab et Israël pour les ramener à Lui. Il se servit pour cela d’un prophète nommé Élie, le Thishbite.
— Pourquoi est-il appelé ainsi ?
— Il y avait dans la tribu de Nephtali une ville nommée Thisbé, qui n’est pas nommée dans l’Écriture. Peut-être Élie était-il de cette ville ? Mais il demeurait dans le pays de Galaad, de l’autre côté du Jourdain. Il était un des prophètes que Jézabel n’avait pas pu faire périr. Son nom a une très belle signification. Il veut dire : « Mon Dieu l’Éternel », et il justifiait bien son nom. Élie était un homme de Dieu qui vivait en la présence de l’Éternel ; il pouvait dire : « l’Éternel devant qui je me tiens », et comme il est dit dans le Psaume 16 : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ». Nous pouvons nous figurer combien Élie devait être affligé en voyant le triste état du peuple, s’adonnant à l’idolâtrie, et les fidèles serviteurs de Dieu persécutés par Jézabel. Enfin un jour, il vint se présenter courageusement devant Achab et lui dit : « L’Éternel, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens, est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole » (1 Rois 17:1).
— Il lui fallait, en effet, bien du courage. Il pouvait craindre que le roi ou Jézabel ne le fissent mettre à mort.
— Sais-tu d’où lui venait ce courage ?
— Oh, oui ! Il se confiait en l’Éternel.
— Tu as raison. Il se disait : « Parce que l’Éternel est à ma droite je ne serai pas ébranlé », et comme David : « L’Éternel est la force de ma vie : de qui aurai-je frayeur ? » (Psaume 16:8 ; 27:1). Il était ainsi ferme, de même que Moïse, « comme voyant celui qui est invisible » (Hébreux 11:27).
— Nous sommes heureux de savoir que Dieu est ainsi près de nous et qu’Il nous protège. Cela me rappelle un beau verset d’un psaume : « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi » (Psaume 23:4). Mais je ne comprends pas quelque chose, Élie parle au roi comme s’il était le maître de la pluie. « Il n’y aura pas de pluie, sinon à ma parole ». C’est Dieu seul qui a ce pouvoir, n’est-ce pas ?
— Certainement ; mais nous avons les explications des paroles d’Élie dans un passage du Nouveau Testament. Lis Jacques 5:17-18. Et après tu liras aussi pour toi Job 5:10 ; 28:26 ; 38:28.
— « Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous, et il pria avec instance qu’il ne plût pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre durant trois ans et six mois ; et il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit ». Cela me semble presque cruel de la part d’Élie de demander cette longue sécheresse, car bien des gens devaient en souffrir, et peut-être en mourir.
— Il faut se rappeler qu’Israël était sous le gouvernement direct de Dieu et que, s’il désobéissait, il devait être puni. La sécheresse était un de ces châtiments de Dieu envers son peuple rebelle (Lévitique 26:19 ; Deutéronome 28:22, 24). Élie le savait et il demande à Dieu de frapper ainsi le peuple, non pour le détruire, mais pour que le peuple et Achab se détournent des idoles et se convertissent à l’Éternel. Et l’Éternel exauça la prière d’Élie parce qu’elle était selon sa volonté (1 Jean 5:14), et Il le dit à Élie. Alors Élie alla annoncer au roi qu’il ne pleuvrait pas sinon à sa parole. Dieu confie, pour ainsi dire, son pouvoir à son serviteur. Dans les temps à venir, quand Dieu exercera ses jugements sur le monde impie, les deux témoins de Dieu auront « le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne tombe point de pluie durant les jours de leur prophétie » (Apocalypse 11:6).
— Pouvons-nous prier ainsi ?
— Non. Nous prions uniquement pour que Dieu fasse grâce aux pécheurs et les convertisse à Lui par la puissance de Son Esprit, en leur donnant de recevoir la bonne nouvelle de Son amour. Mais Jacques nous donne l’exemple d’Élie pour nous encourager à prier avec foi et ferveur. « La fervente supplication du juste », dit-il, « peut beaucoup » (Jacques 5:16). Et le Seigneur Jésus nous dit : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevez, et il vous sera fait » (Marc 11:24), car « toutes choses sont possibles à celui qui croit » (Marc 9:23).
Bonne Nouvelle 1897 n° 7 pages 124 à 132
— Qu’arriva-t-il à Élie après qu’il eut parlé au roi ? Celui-ci ne fut-il pas courroucé après Élie.
— Rien ne nous est dit des sentiments d’Achab, et il ne fit rien au prophète. L’Éternel gardait son serviteur, personne ne pouvait lui nuire. Et non seulement l’Éternel gardait Élie contre le mauvais vouloir des méchants, mais il pourvoyait à ses besoins. Élie aurait pu dire : Que va me faire Achab ? Où me cacherai-je pour qu’il ne me trouve pas ? Comment vivrai-je pendant la famine ? Et il aurait pu être inquiet. Mais, non ! Il se confiait en son Dieu qui répondit à sa foi. « La parole de l’Éternel vint à lui, disant : Va-t’en d’ici, et tourne-toi vers l’orient, et cache-toi au torrent du Kerith, qui est vers le Jourdain. Et il arrivera que tu boiras du torrent, et j’ai commandé aux corbeaux de te nourrir là » (1 Rois 17:2-4).
— Élie devait être bien surpris du moyen que Dieu employait pour le nourrir, car les corbeaux sont des oiseaux voraces. Et puis où pouvaient-ils trouver la nourriture chaque jour pour lui ?
— Élie savait, comme nous devrions le savoir, que Dieu tient toutes choses dans ses mains puissantes, et que toutes choses obéissent à son commandement. Sans raisonner, il fit selon la parole de l’Éternel, et « les corbeaux lui apportaient du pain et de la chair le matin, et du pain et de la chair le soir, et il buvait du torrent ». Il était là, heureux et tranquille, près de son Dieu.
— Que c’est beau ! Nous devrions être ainsi, n’est-ce pas ?
— Oui. Le Seigneur Jésus a dit : « Ne soyez donc pas en souci, disant : Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ? … Car votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses » (Matthieu 6:31-32). Nous devons travailler pour gagner notre vie, mais en nous attendant toujours à Dieu qui donne et qui bénit le travail. Un chrétien peut être pauvre, malade, sans ressource aucune, mais Dieu a dit : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » (Hébreux 13:5). Et Dieu a encore des corbeaux, c’est-à-dire des instruments pour venir en aide à ses enfants. Le secours vient souvent d’où on ne l’attend pas, mais il ne manquera jamais à celui qui se confie en Dieu.
— Élie au commencement se disait peut-être : Les corbeaux sont venus aujourd’hui, mais viendront-ils demain ?
— C’est ce que le cœur incrédule serait porté à dire, mais le Seigneur dit : « Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain, car le lendemain sera en souci de lui-même : à chaque jour suffit sa peine » (Matthieu 6:34).
— Cela me fait penser que les Israélites ne devaient recueillir de la manne que pour un jour. Ils devaient aussi se confier en Dieu pour le lendemain (Exode 16:4).
— Oui. Dieu demande de nous que nous nous reposions entièrement sur sa bonté et sa puissance, et Il ne nous manquera pas. Dieu aime que nous ayons confiance en Lui. Que penserait ton papa s’il te voyait toujours inquiète et soucieuse, et te demandant : Papa me donnera-t-il des habits quand les miens seront usés ? Donnera-t-il de l’argent à maman pour acheter ce qu’il faut pour le dîner ?
— Papa n’aimerait pas cela, mais je n’aurais pas cette idée. Je sais bien qu’il travaille pour nous donner tout ce qu’il nous faut.
— Combien plus devons-nous ainsi compter sur Dieu, le Père céleste. Un père sur la terre pourrait devenir pauvre ou tomber malade, être privé de travail et être empêché de pourvoir aux besoins de sa famille. Mais Dieu a tout entre ses mains et à son commandement, et il est plein de bonté. Nous pouvons donc être bien tranquilles, et n’avoir d’autre souci que de le servir.
— L’Éternel dit aussi à Élie de se cacher au torrent de Kerith. C’était pour que le méchant Achab ne puisse pas le trouver, n’est-ce pas ?
— Oui. Et Dieu ayant assigné cet endroit à Élie, il était impossible qu’Achab le découvrît, bien qu’il l’eût fait chercher partout (chapitre 18:10). N’est-on pas bien heureux d’être sous les soins d’un tel Dieu ? David disait : « Car, au mauvais jour, il me mettra à couvert dans sa loge, il me tiendra caché dans le secret de sa tente ; il m’élèvera sur un rocher » (Psaume 27:5).
Mais au bout d’un certain temps, par suite de la sécheresse, le torrent n’eut plus d’eau. Que va faire Élie ?
— Oh ! L’Éternel saura bien y pourvoir.
— Sans doute, et c’est encore en se servant de moyens qui paraissent bien chétifs aux yeux du monde. Des corbeaux qui viennent apporter de la viande et du pain à un homme dans un endroit désert ! Quelle folie aux yeux du monde ! Et maintenant Élie se tient tranquille auprès du torrent asséché. Il attend avec confiance l’ordre de son Dieu qui ne veut pas le laisser mourir de soif, et la parole de Dieu vient à lui disant : « Lève-toi, va-t’en à Sarepta, qui appartient à Sidon, et tu habiteras là ; voici j’ai commandé là à une femme veuve de te nourrir » (1 Rois 17:9). Élie n’aurait pas su où se cacher pour qu’Achab ne le trouve pas ; et où aller maintenant que le torrent a séché ? Élie était un homme faible, sans ressources par lui-même, comme c’est le cas pour nous tous. Mais il était un homme de foi et de prière, et il éprouva ce que dit le cantique : « Jamais Dieu ne délaisse / Qui se confie en Lui ». Et nous avons à faire comme lui.
— Où était Sarepta ? Était-ce une ville d’Israël ?
— Non, elle appartenait aux Sidoniens qui étaient des Cananéens idolâtres.
— Pourquoi donc l’Éternel envoie-t-il Élie chez une personne qui faisait partie d’un peuple idolâtre, plutôt que de l’adresser à une veuve du pays d’Israël ?
— Le peuple d’Israël était alors l’objet d’un jugement de Dieu et comme rejeté par Lui. Dieu voulait rendre témoignage de ce fait en conduisant son serviteur hors du pays. Il montrait en même temps sa grâce souveraine qui s’étendait à une personne d’une race maudite, et qu’il voulait bénir. Plus d’une fois, dans l’Ancien Testament, Dieu a montré son dessein d’amour et de grâce envers les nations, en dehors de son peuple élu. Rahab, la Cananéenne de Jéricho, fut sauvée ; Ruth, la Moabite, épousa Boaz et fut l’ancêtre du Seigneur. Et maintenant que les pauvres Juifs ont rejeté le Seigneur, leur Messie, Dieu s’est tourné vers nous, les nations, pour nous annoncer le salut. On peut lire à ce sujet Actes 28:28 et Romains 11:11.
— Cette veuve était sans doute riche, ou du moins à l’aise, pour pouvoir nourrir le prophète.
— Tu vas en juger. « Élie se leva et s’en alla à Sarepta », comme l’Éternel le lui avait dit, sans raisonner, ni regimber, de ce que Dieu l’envoyait chez les païens. « Et il vint à l’entrée de la ville ; et voici, il y avait là une femme veuve qui ramassait du bois ; et il lui cria et dit : Prends-moi, je te prie, un peu d’eau dans un vase, afin que je boive. Et elle s’en alla pour en prendre. Et il lui cria et dit : Prends-moi dans ta main, je te prie, un morceau de pain. Et elle dit : L’Éternel ton Dieu est vivant, que je n’ai pas un morceau de pain cuit, rien qu’une poignée de farine dans un pot, et un peu d’huile dans une cruche ; et voici, je ramasse deux bûchettes, afin que j’entre, et que je prépare cela pour moi et pour mon fils ; puis nous le mangerons et nous mourrons ».
— On voit bien que cette veuve était très pauvre puisqu’elle s’attendait à mourir de faim après avoir consommé ses pauvres provisions. Elle devait être bien triste de n’avoir rien pour elle et surtout pour son enfant. Je me rappelle la douleur d’Agar qui, dans le désert, voyait Ismaël mourir de soif (Genèse 21:15-16). Mais comment Élie savait-il que c’était la veuve à qui Dieu avait commandé de le nourrir ?
— Les veuves portaient sans doute un costume particulier, et quand Élie vit sa promptitude à lui rendre service, éclairé aussi par l’Esprit de Dieu qui le conduisait, il comprit que c’était bien celle dont l’Éternel lui avait parlé. Sans doute aussi qu’Élie avait prié.
— C’est comme le serviteur d’Abraham quand il demande à Rebecca de lui donner à boire, n’est-ce pas ? (Genèse 26:14-18). Mais l’Éternel avait-il parlé à cette veuve pour lui commander de nourrir Élie ?
— Non, pas de vive voix, mais Il avait incliné son cœur à exercer l’hospitalité envers lui. Dieu dirigeait tout pour répondre à la foi de son serviteur et aussi pour venir en aide à cette pauvre veuve, en qui Dieu voyait une disposition à croire sa parole (vois Actes 14:9).
— Comment pouvait-elle savoir qu’Élie était un Israélite et que l’Éternel était son Dieu ?
— Le langage et le costume d’Élie lui disaient sa nationalité, et on savait parmi les nations que le nom du Dieu d’Israël était l’Éternel.
— Alors cette pauvre femme agissait mieux que la femme samaritaine qui ne donnait pas d’eau à Jésus parce qu’il était Juif (Jean 4:8-9). Mais le Seigneur était si rempli d’amour qu’il ne se fâcha point, mais donna à cette femme l’eau du salut et de la vie éternelle. Oh ! Comme Jésus était bon !
— En effet. Il est digne de tout notre amour et de toute notre confiance. C’est Lui qui vient d’abord vers nous pour nous faire du bien, quand nous ne pensions pas même à Lui et que nous étions chargés sous le fardeau de nos péchés et de notre misère, comme il vint vers la Samaritaine pécheresse qui ne le connaissait pas, et vers la veuve de Sarepta qui mourait de faim avec son enfant, et qui ignorait la bonté toute gratuite de l’Éternel, le Dieu d’Israël, envers elle, une Cananéenne qui n’avait rien à prétendre de Lui. Les nations n’avaient point de part aux privilèges d’Israël (Éphésiens 2:11-12) et les Cananéens étaient une race maudite (Genèse 9:25).
— Ce que tu viens de dire me rappelle une autre femme cananéenne au temps du Seigneur, quand Il était aussi près de Sidon. Cette femme avait une fille tourmentée par un démon. Elle vint auprès de Jésus et lui dit : « Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ; ma fille est cruellement tourmentée d’un démon » (Matthieu 15:22). Et Jésus ne lui répondit rien. Cela m’a paru bien étrange de la part de Jésus qui avait tant de compassion pour tous ceux qui souffraient. Je sais que Jésus guérit cette pauvre fille mais, peux-tu me dire pourquoi Il n’écouta pas d’abord la mère ?
— Les disciples demandèrent au Seigneur de répondre à la femme et de guérir sa fille. Mais Jésus répondit : « Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Et cette femme, en l’appelant « Fils de David », s’était adressée à Lui comme si elle avait été une de ces brebis. Elle n’avait pas pris sa vraie place, et le Seigneur n’avait rien à lui répondre. Ce serait pareil si un homme du commun s’adressait à un roi comme s’il faisait partie de la famille royale. Mais cette femme avait une vraie foi au Seigneur, une vraie confiance en sa bonté toute puissante, et elle continue à le prier, mais elle Lui rend hommage et dit simplement : « Seigneur, assiste-moi ».
— Et le Seigneur lui dit qu’il ne fallait pas prendre le pain des enfants et le jeter aux chiens. Cela paraît pourtant dur !
— Oui. Quand Dieu nous fait connaître notre véritable état de péché et nous dépouille de toutes nos prétentions à valoir quelque chose, cela paraît très dur à notre cœur naturel, méchant et orgueilleux. Mais cette femme accepte avec humilité la position que le Seigneur lui fait ; elle consent à n’être que comme un chien, un être qui n’a aucun droit à faire valoir, mais elle s’attache d’autant plus avec foi à la miséricorde du Seigneur, car même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leur maître. Et cette foi de la pauvre païenne en sa bonté souveraine réjouit le cœur du Seigneur Jésus qui guérit sa fille.
— Jésus ne renvoie pas celui qui vient à Lui (Jean 6:37).
— C’est vrai, mais il faut venir à Lui en reconnaissant notre indignité, « car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles » (1 Pierre 5:5). Le pharisien orgueilleux ne reçoit pas à sa prière une réponse de grâce, mais le publicain humilié qui dit : « Sois apaisé envers moi, pécheur », retourne justifié en sa maison (Luc 18:9-14). Et, dans notre passage, cette veuve aussi reconnaît sa misère et son impuissance.
Bonne Nouvelle 1897 n°8 pages 143 à 150
Après avoir quitté le torrent du Kerith, Élie n’avait pas trouvé une riche veuve pour le nourrir. Celle qu’il rencontra était si pauvre qu’elle n’avait plus qu’un peu de farine et un peu d’huile pour elle et pour son fils. Après cela, elle s’attendait à mourir de faim. Mais elle était hospitalière et s’empressa d’apporter à Élie de l’eau pour apaiser sa soif. Ensuite elle lui raconta son extrême pauvreté. C’était une épreuve pour la foi d’Élie, mais Celui qui l’avait fait nourrir par des corbeaux, avait aussi la puissance de pourvoir à ses besoins par le moyen d’une pauvre veuve dénuée de tout. En même temps, la grâce de Dieu allait s’exercer envers cette pauvre païenne dont le cœur était simple et disposé à accepter la parole de Dieu. Élie lui dit : « Ne crains pas ». Elle avait dit : « Moi et mon fils nous mourrons », elle voyait son état désespéré. Et l’Éternel, par la bouche du prophète, la rassure. C’est ce qui nous montre le cœur de Dieu. Il veut bannir la crainte de notre âme parce que la crainte rend malheureux, et il veut que nous mettions notre confiance en Lui.
— Te souviens-tu de quelqu’un à qui le Seigneur dit : « Ne crains pas » ?
— Le Seigneur le dit à Pierre qui était effrayé parce qu’il était un homme pécheur devant le Seigneur Jésus (Luc 5:10). Et aussi, quand Jean voit le Seigneur dans sa gloire, il tombe à ses pieds comme mort, et Jésus le relève en lui disant : « Ne crains pas » (Apocalypse 1:17).
— Oui, dans son amour Dieu nous dit de ne pas craindre. Il le disait aussi à Abraham (Genèse 15:1). Il le répète souvent à son peuple affligé et, à maintes reprises, Jésus le dit à ses disciples (Ésaïe 10:24 ; 41:10, 13-14 ; 43:1 ; 44:2, etc. ; Matthieu 14:27). Quelle bonté de Dieu qui veut que nos cœurs restent paisibles, en repos ! Élie ensuite dit à la veuve : « Va, fais selon ta parole », c’est-à-dire prépare à manger avec ce que tu as, « seulement fais-moi premièrement de cela un petit gâteau, et apporte-le-moi ; et, après, tu en feras pour toi et pour ton fils ».
— Comme cela devait surprendre la veuve ! Elle devait se demander : Si je fais un gâteau de ce que j’ai, que restera-t-il pour mon fils et moi ?
— Élie le lui explique par ces paroles : « car ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Le pot de farine ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne manquera pas, jusqu’au jour où l’Éternel donnera de la pluie sur la face de la terre ». Remarque le nom qu’Élie donne à l’Éternel : c’est le Dieu d’Israël. Bien qu’Israël soit coupable, l’Éternel est toujours son Dieu ; Élie tient à ce qu’on le reconnaisse. Comme Moïse, il avait deux choses à cœur : la gloire de l’Éternel et le bien de son peuple. Le peuple étant coupable, il est châtié et c’est vers les païens que le prophète est envoyé pour leur montrer la grâce du Dieu d’Israël. C’est ainsi qu’au temps du Seigneur et des apôtres, les Juifs ayant rejeté le grand salut qui leur était offert, ce salut par grâce, par la foi au Seigneur Jésus, est annoncé aux nations païennes (Actes 28:25-28).
— Cette veuve alla-t-elle faire ce que lui demandait Élie ?
— Oui, elle le fit sans raisonner et sans craindre, avec renoncement. Et sais-tu ce que cela montrait en elle ?
— Oui, c’était la foi. Elle crut la parole de l’Éternel venant par la bouche d’Élie.
— Et sa foi ne fut pas trompée. Ayant d’abord pourvu aux besoins du serviteur de Dieu, « Et elle mangea, elle, et lui, et sa maison, toute une année. Le pot de farine ne s’épuisa pas et la cruche d’huile ne manqua pas, selon la parole de l’Éternel, qu’il avait dite par Élie ». Qu’est-ce que cela nous apprend ?
— À avoir confiance en Dieu, n’est-ce pas ?
— Oui, sans nous mettre en souci du lendemain. La veuve, sa maison et Élie dépendaient entièrement de ce que Dieu avait dit. Aujourd’hui ils étaient nourris, ils pouvaient être sûrs que le lendemain ils retrouveraient le pot avec de la farine, la cruche avec de l’huile. Le Seigneur Jésus nous apprend que c’est ainsi que, jour après jour, Dieu nous donnera le nécessaire. Il prend soin de ses enfants (Matthieu 6:25-34). Mais il y a encore une autre leçon que nous apprend cette histoire. La veuve et son fils n’avaient à attendre que la mort. Mais la grâce de Dieu, souveraine et inattendue vient vers eux et leur apporte le salut et la vie. N’est-ce pas ce qui arrive au pécheur ?
— Oui. Nous sommes perdus à cause de nos péchés, mais la parole de Dieu nous dit que, si nous croyons au Seigneur Jésus qui est mort pour nos péchés, nous ne périrons pas, mais que nous avons la vie éternelle (Romains 6:23 ; Jean 3:16).
— C’est la grâce de Dieu qui apporte le salut et qui, dans la personne de Jésus, est apparue à tous les hommes (Tite 2:11), aux Juifs et aux païens. Et quand on a cru au Seigneur Jésus et que l’on est sauvé, les soins de Dieu envers notre âme continuent. Il entretient en nous la vie car Il nous donne le Saint Esprit et le pain de vie qui est Christ (2 Corinthiens 1:21-22 ; Jean 6:35). Et cela ne manque ni ne s’épuise jamais.
Mais la veuve avait à apprendre quelque chose de plus touchant la puissance de l’Éternel, le Dieu d’Israël, et en même temps la concernant. Son fils tomba malade, et si malade qu’il mourut. Quelle affliction pour le cœur de cette mère ! Fallait-il qu’il eût été sauvé de mourir de faim, pour le voir, maintenant qu’il y a du pain pour le nourrir, être enlevé par une maladie ! La pauvre femme s’écrie : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Es-tu venu chez moi pour mettre en mémoire mon iniquité et faire mourir mon fils ? »
— Quelles paroles étranges ! Elle semble reprocher à Élie d’être venu chez elle, et c’est lui qui l’avait empêchée de mourir de faim !
— C’est précisément ce qu’elle ne pouvait comprendre. Elle sent la présence de Dieu dans la présence de son serviteur, et quand un pécheur est amené dans la présence de Dieu, ses péchés lui reviennent en mémoire. C’est ce qui arrive à cette pauvre femme. Nous ne savons pas ce qui s’était passé dans sa vie, mais il y avait une iniquité qui se dressait particulièrement devant elle, et elle voit la main du Dieu juste qui la châtie à cause de son péché. Te rappelles-tu un exemple d’un homme qui, en présence de Jésus, est aussi convaincu de ses péchés ?
— Je crois. C’est Pierre quand il était dans la barque avec Jésus, n’est-ce pas ?
— Oui, mais dans son cas ce qui lui révèle la présence de Dieu, c’est sa puissance en lui accordant une bénédiction. De quelque manière que ce soit, Dieu veut pour notre bien que nous soyons amenés à reconnaître que nous sommes des pécheurs dignes seulement du jugement et de la mort. La veuve avait joui de la bénédiction que Dieu lui avait accordée sans penser à son péché. Alors Dieu la frappe en lui enlevant ce qu’elle avait de plus cher
— Mais Dieu eut compassion d’elle.
— Oui. Il nous est dit que « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Et puis, il a compassion des veuves. Élie fut sans doute bien peiné dans son cœur en voyant la douleur de la veuve. Mais il connaissait la puissance de l’Éternel, de Celui qui fait mourir et qui fait vivre (Deutéronome 32:39 ; 1 Samuel 2:6) et avait foi en cette puissance. Il dit donc à la femme : « Donne-moi ton fils », et il prit l’enfant et le porta dans la chambre haute où il habitait, et le mit sur son lit. Et alors Élie, qui avait, par sa prière, fait que le ciel fût fermé à cause des péchés d’Israël, s’adressa à l’Éternel avec la même ferveur en faveur de cette pauvre femme affligée et qui reconnaissait son iniquité. « Ô Éternel, mon Dieu ! », dit-il, « as-tu aussi fait venir du mal sur la veuve chez laquelle je séjourne, en faisant mourir son fils »?
— On voit qu’Élie, en effet, était affligé du mal qui arrivait à la veuve. Il aurait voulu que son séjour fût toujours un sujet de joie et non de trouble et d’amertume, comme c’était le cas au commencement. Mais Élie ne dit pas : Éternel, Dieu d’Israël, mais « Ô Éternel, mon Dieu ! ». Peux-tu me dire pourquoi ?
— Quand il parle à Achab, et à la femme, Élie rappelle que l’Éternel est le Dieu d’Israël, en contraste avec les faux dieux des nations. Mais quand il s’adresse à l’Éternel personnellement en priant, il dit : « Mon Dieu ». C’était Celui qu’il connaissait pour son Dieu, dont il était le serviteur, avec qui il était en relation intime. C’est ainsi que, dans nos prières, nous disons à Dieu : « Mon Dieu, mon Père » comme Jésus nous l’a enseigné (Jean 20:17). N’est-ce pas bien doux de pouvoir nous adresser ainsi avec confiance à ce Dieu tout puissant, et lui dire « mon Dieu » comme quelqu’un qui est à nous ?
— Oh, certainement !
— Élie commence donc à se tourner vers son Dieu. Ensuite « il s’étendit sur l’enfant, trois fois, et il cria à l’Éternel, et dit : Éternel, mon Dieu ! fais revenir, je te prie, l’âme de cet enfant au-dedans de lui. Et l’Éternel écouta la voix d’Élie, et fit revenir l’âme de l’enfant au-dedans de lui, et il vécut ».
— Comme cela est beau !
— Oui, et nous voyons dans ce fait une nouvelle preuve que « la fervente supplication du juste peut beaucoup » (Jacques 5:16), et que « toutes choses sont possibles à celui qui croit » (Marc 9:23). Nous voyons aussi dans ce fait comment l’Éternel eut compassion de la pauvre veuve.
— Cela me rappelle que le Seigneur Jésus ressuscita aussi le fils d’une veuve (Luc 7:11-17), mais Lui n’eut besoin que de dire une parole sans qu’il Lui fût nécessaire de s’adresser à l’Éternel, parce qu’Il était le Fils de Dieu. Oui, Il agissait par sa propre puissance, Lui le Prince de la vie (Jean 5:21 ; Actes 3:15 ; Jean 11:25) ; tandis que les prophètes et les apôtres avaient à prier Dieu qu’Il manifestât sa puissance ; eux n’en avaient aucune en eux-mêmes.
— Pourquoi Élie s’étendit trois fois sur l’enfant ?
— Je ne sais, mais ce n’était pas cela qui pouvait rendre la vie à l’enfant. Ce qui opéra, c’est la puissance de l’Éternel en réponse à la prière d’Élie. Élie prit donc l’enfant, le descendit de la chambre haute dans la maison, et le donna à sa mère. Et Élie dit : « Vois, ton fils vit ».
— Combien la pauvre mère dut être heureuse !
— Oui, et reconnaissante aussi, et en même temps tous les doutes de son cœur à l’égard d’Élie et de l’Éternel furent dissipés. Elle dit à Élie : « Maintenant, à cela je connais que tu es un homme de Dieu, et que la parole de l’Éternel dans ta bouche est la vérité ». Elle avait appris à connaître l’Éternel comme Celui qui, par sa puissance, « fait mourir et fait vivre ; fait descendre au shéol et en fait monter » (1 Samuel 2:6) (le shéol est le lieu où vont les âmes séparées du corps). Et nous, nous connaissons Celui qui est « la résurrection et la vie », Jésus, le fils de Dieu. Le premier, Il est ressuscité d’entre les morts, et Il ressuscitera ceux qui se sont endormis en Lui, c’est-à-dire ceux qui sont morts en croyant en Lui, et ils ne mourront plus (Jean 11:25-26 ; 1 Corinthiens 15:23 ; 1 Thessaloniciens 4:16 ; Luc 20:35-36).
Bonne Nouvelle 1897 n°9 p.163-168
— Élie resta-t-il chez la veuve à Sarepta jusqu’à la fin de la sécheresse et de la famine ?
— Oui. L’Éternel ne lui avait pas commandé d’aller ailleurs, et il y avait chez cette veuve de quoi le nourrir pendant tout ce temps puisque l’Éternel, le Dieu d’Israël, avait dit : « Le pot de farine ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne manquera pas, jusqu’au jour où l’Éternel donnera de la pluie sur la face de la terre » (1 Rois 17:14). Mais la troisième année, l’Éternel dit à son serviteur : « Va, montre-toi à Achab, et je donnerai de la pluie sur la face de la terre ».
— Élie n’avait-il pas peur de se montrer à ce méchant roi ?
— Non. L’Éternel lui avait commandé d’y aller, et Élie obéissait sachant bien que son Dieu le garderait. On n’a pas peur quand on a Dieu avec soi et que l’on est dans son chemin. On peut dire comme David : « L’Éternel est ma lumière et mon salut : de qui aurai-je peur ? L’Éternel est la force de ma vie : de qui aurai-je frayeur ? » (Psaume 27:1). Élie s’en alla donc pour se montrer à Achab.
— N’était-il pas triste de quitter la veuve et son jeune fils rendu à la vie ?
— Sans doute. Il laissait cette tranquille maison, cette demeure où l’Éternel avait montré sa puissance et sa bonté pour nourrir le pauvre, pour faire mourir et vivre, et où lui-même avait goûté le repos pendant un temps. Il allait maintenant au devant des luttes contre la méchanceté du monde et la puissance du mal. Mais c’est la part de tous les serviteurs de Dieu, et ce fut celle de notre précieux Seigneur et Sauveur qui endura « la contradiction des pécheurs contre lui-même » (Hébreux 12:3). Tandis qu’Élie quittait Sarepta, Achab et Abdias s’en allaient à Samarie où la famine sévissait fortement.
— Je ne puis m’empêcher d’être frappé en voyant la différence entre la veuve, sa maison et Élie, et la triste position d’Achab et de son peuple. Les uns sont tranquilles et ne manquent de rien parce qu’ils se sont confiés en Dieu, et les autres sont misérables et livrés à la famine à cause de leurs péchés.
— C’est vrai. Les enfants de Dieu sont et seront toujours les objets de ses soins et peuvent être paisibles au milieu de toutes les inquiétudes et les soucis qui agitent et troublent le monde. Dieu leur a dit : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » (Hébreux 13:5).
— Où donc s’en allaient Achab et Abdias ?
— Achab avait dit à Abdias : « Va dans le pays, à toutes les sources d’eaux, et à tous les torrents ; peut-être trouverons-nous de l’herbage, et nous conserverons la vie aux chevaux et aux mulets, et nous ne serons pas obligés de détruire de nos bêtes » (1 Rois 18:5). Et ils se partagèrent le pays pour le parcourir. Achab s’en alla seul par un chemin, et Abdias s’en alla seul par un autre chemin.
— Tu m’as dit qu’Abdias était un homme pieux qui craignait l’Éternel. Comment se fait-il qu’il restait avec Achab et s’accordait avec lui ?
— Abdias ne servait pas le faux dieu Baal, c’est vrai. Il craignait l’Éternel et l’avait montré en sauvant la vie de cent prophètes de l’Éternel. Mais Abdias n’avait pas, comme Élie, la foi énergique qui conduit à se séparer entièrement et résolument du monde et du mal afin d’être tout entier pour Dieu. Abdias était serviteur d’Achab et celui-ci était son seigneur, comme il le reconnaît lui-même au verset 10. Et Élie appuie sur ce fait : « Va, dis à ton seigneur » (1 Rois 18:8). Abdias ne rendait pas témoignage contre l’idolâtrie d’Achab, ce qui lui aurait retiré la faveur du roi, fait perdre sa place et ses richesses, et aurait peut-être mis sa vie en danger. Abdias était un homme timide, et les versets 9, 12 et 14 nous révèlent ses craintes. On rencontre aussi de nos jours des chrétiens qui n’ont ni le courage, ni la force, ni la foi nécessaires pour se séparer de leurs amis mondains et du monde, et pour rendre ainsi témoignage au Seigneur Jésus. L’apôtre Paul exhortait les Corinthiens à ne pas suivre ce chemin où l’on ne peut pas jouir de la bénédiction divine. Lis dans 2 Corinthiens 6 les versets 14 à 16.
— « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Bélial ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? »
— Nous voyons par-là que les fidèles, pour être obéissants à la parole de Dieu, ne doivent nullement s’associer avec ceux qui ne connaissent pas Dieu. Les uns appartiennent au domaine de la justice, de la lumière et de Christ ; les autres à celui où règnent l’iniquité, les ténèbres et Bélial. Et c’est quand on est vraiment séparé du mal et décidé pour Christ uniquement, que l’on est heureux. Élie, dépendant en tout de l’Éternel, sans ressources et obligé d’être nourri par des corbeaux et une pauvre veuve, contraint de se cacher d’Achab, n’était-il pas beaucoup plus heureux qu’Abdias avec ses richesses, sa haute position et la faveur du roi ?
— J’en suis bien sûre. Il vaut mieux avoir l’approbation de Dieu que celle du monde.
— Continuons maintenant notre histoire. Comme Abdias était en chemin, voilà que tout à coup Élie se trouva devant lui. Grande fut la surprise d’Abdias car Achab avait fait chercher Élie partout dans les pays environnants.
— Achab ne se doutait pas qu’il était à Sarepta, dans le pays même de Jézabel.
— Non. L’Éternel lui avait dit d’aller là, et personne n’aurait pu le découvrir. Élie pouvait dire avec David : « Car, au mauvais jour, il me mettra à couvert dans sa loge, il me tiendra caché dans le secret de sa tente » (Psaume 27:5). C’est ainsi que Dieu garde les siens, et ils n’ont rien à craindre.
— Ce que tu dis me rappelle une petite histoire que j’ai lue. Une pauvre veuve demeurait avec son fils dans une chaumière non loin de la grande route. C’était en hiver, dans un temps de guerre. Des troupes de soldats parcouraient le pays et certains devaient passer sur cette route. Le jeune homme craignait beaucoup que, si les soldats découvraient leur chaumière, ils ne leur fassent du mal ou tout au moins qu’ils ne les dépouillent du peu qu’ils avaient. La nuit était arrivée, et c’est en tremblant qu’il se coucha. Mais la mère, dans la prière du soir, avait demandé à Dieu de les protéger et avait dit à son fils de ne rien craindre. De grand matin, avant le jour, ils furent réveillés par un grand bruit. C’était une troupe de cavaliers qui passaient à quelque distance, et bientôt ils n’entendirent plus rien. Comment n’avait-on pas découvert leur chaumière ? Ils s’aperçurent qu’une neige abondante était tombée pendant la nuit, et le vent l’avait accumulée de manière à cacher la petite maison. Ainsi Dieu avait écouté la prière de la pauvre veuve et les avait garantis en élevant un mur autour d’eux. N’est-ce pas bien beau ?
Bonne Nouvelle 1897 n° 10, pages 181 à 197
Mais dis-moi ce que fit Abdias en voyant Élie.
— Tout surpris en le reconnaissant, il tomba sur sa face devant lui et s’écria : « Est-ce bien toi, mon seigneur Élie ? ». Et Élie répondit : « C’est moi ; va, dis à ton seigneur : Voici Élie ! » (18:7-8) Mais Abdias eut peur de porter au roi ce message.
— Que craignait-il donc ? Achab n’avait rien contre lui et devait être satisfait d’avoir trouvé celui qu’il avait tant cherché.
— C’est vrai, mais Abdias n’avait pas confiance en la parole du serviteur de l’Éternel.
— Comment le voyons-nous ?
— Abdias dit au prophète : « Et il arrivera, dès que je m’en irai d’auprès de toi, que l’Esprit de l’Éternel te portera je ne sais où ; et je serai venu informer Achab, et il ne te trouvera pas, et il me tuera » (18:12).
— Pauvre Abdias ! Il croyait donc que l’Éternel voulait lui tendre un piège pour le faire périr. Il aurait dû être heureux de porter à son maître un message de la part du serviteur de Dieu. Au lieu de cela, il a peur. Il n’était pas comme Élie.
— En effet, et cela venait sans doute de ce qu’il était dans une fausse position auprès d’Achab, le roi idolâtre. S’il craignait l’Éternel, il avait aussi bien peur d’Achab. Il plaide auprès d’Élie en rappelant qu’il craint l’Éternel et qu’il avait sauvé la vie de cent prophètes de l’Éternel. Élie ne lui fit pas de reproches de sa timidité. Il lui dit simplement pour le rassurer : « L’Éternel des armées, devant qui je me tiens, est vivant, qu’aujourd’hui je me montrerai à Achab » (18:15). Alors Abdias rapporta la nouvelle au roi qui alla à la rencontre d’Élie.
— Achab était sans doute satisfait de tenir enfin Élie.
— C’est sûr car, dès qu’il le vit, il l’accusa en lui disant : « Est ce bien toi, celui qui trouble Israël ? ». Mais l’homme de Dieu ne se laissa pas intimider et répondit courageusement : « Je ne trouble pas Israël, mais c’est toi et la maison de ton père, parce que vous avez abandonné les commandements de l’Éternel et que tu as marché après les Baals ». Élie voulait dire que c’était l’idolâtrie, dans laquelle Achab avait entraîné le peuple, qui avait attiré sur celui-ci les châtiments de Dieu. Il faisait ainsi appel à la conscience du roi qui ne trouva rien à répondre.
Élie continua donc et lui dit : « Et maintenant, envoie, rassemble vers moi tout Israël, à la montagne du Carmel, et les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cents prophètes des ashères, qui mangent à la table de Jézabel ». Tu te rappelles que les ashères sont des images de la divinité féminine des Phéniciens.
— Je suis frappée de voir que c’est le prophète qui commande au roi.
— Achab, repris sans doute dans sa conscience, sentait l’autorité de celui qui représentait l’Éternel. Il obéit à la parole d’Élie, et bientôt se trouva réunie sur les pentes du Carmel une assemblée nombreuse, des plus imposantes, et là se passa la scène la plus solennelle de l’histoire d’Israël, après celle qui avait eu lieu au mont Sinaï quand l’Éternel donna sa loi qui commence par ces paroles : « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face » (Exode 20:3). Par son serviteur Élie, Dieu voulait parler au cœur de son peuple et le ramener à l’observation de cette loi qu’il avait abandonnée. Dans le Nouveau Testament, il est dit de Jean Baptiste : « Et il fera retourner plusieurs des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. Et il ira devant lui dans l’esprit et la puissance d’Élie, pour faire retourner les coeurs des pères vers les enfants, et les désobéissants à la pensée des justes » (Luc 1:16-17). Représente-toi ce que devait être cette scène. D’un côté se trouvait le serviteur de Dieu, seul. De l’autre, se dressaient les nombreux serviteurs de Baal, le roi et sa suite qui étaient spectateurs, et toute la congrégation d’Israël. Élie, s’avançant, dit au peuple : « Combien de temps hésiterez-vous entre les deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, suivez-le ; et si c’est Baal, suivez-le !»
— Le peuple était-il donc indécis ?
— Sans doute. Il n’avait pas oublié le nom de l’Éternel, il savait que Dieu avait son temple à Jérusalem et qu’Élie était son prophète, il n’ignorait pas qu’il devait le servir. Mais le culte de Baal était plus attrayant, et ses fêtes et ses cérémonies impures répondaient aux convoitises du cœur naturel. De plus, c’était la religion d’Achab et de Jézabel, et on désirait leur plaire. Le peuple était donc hésitant. Or Dieu demande que l’on soit décidé pour Lui, Il ne veut pas que notre cœur soit partagé entre le monde et Lui. Vois en Ruth 1:15-17, la décision de Ruth, et aussi Josué 5:13. Comme le dit le Seigneur Jésus : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres » (Luc 16:13).
— Le peuple répondit-il quelque chose ?
— Non, il ne dit mot. Peut-être craignait-il le roi et attendait-il ce que celui-ci dirait. Alors vint l’épreuve solennelle qui devait décider entre l’Éternel et Baal. Élie dit au peuple : « Je reste, moi seul, prophète de l’Éternel, et les prophètes de Baal sont quatre cent cinquante hommes » (18:22).
— Pourquoi dit-il cela ?
— Parce que l’on suit volontiers la multitude, et que l’on s’imagine que le grand nombre a raison. Élie va leur montrer que Dieu ne juge pas ainsi, car il est dit : « Tu n’iras pas après la foule, pour mal faire » (Exode 23:2) ; et c’est lui Élie qui, bien que seul, est pour la vérité. Il continua ainsi : « Qu’on nous donne deux taureaux ; et qu’ils choisissent pour eux l’un des taureaux, et qu’ils le dépècent, et qu’ils le placent sur le bois, et qu’ils n’y mettent pas de feu ; et moi j’offrirai l’autre taureau, et je le placerai sur le bois, et je n’y mettrai pas de feu. Et vous invoquerez le nom de votre dieu, et moi j’invoquerai le nom de l’Éternel, et le dieu qui répondra par le feu, lui, sera Dieu » (18:23-24).Tu le vois, c’était une épreuve bien simple que chacun pouvait saisir, aussi le peuple répondit : « La parole est bonne ». Les prophètes de Baal offrirent leur taureau sur un autel et, depuis le matin jusqu’à midi, ils invoquèrent leur dieu disant : « Ô Baal, réponds-nous ! ». Nous avons là un exemple de ces vaines redites que le Seigneur condamne (Matthieu 6:7), et qui hélas sont en usage dans une église qui se dit chrétienne. Mais il n’y eut pas de réponse, et ils sautaient autour de l’autel.
— Penses-tu qu’ils pouvaient croire que leur faux dieu leur répondrait ?
— Certainement non, mais les prêtres des fausses divinités étaient très habiles. Ils séduisaient les gens par de faux miracles qui n’étaient que des tours d’adresse, et ils espéraient sans doute arriver, par un moyen ou par un autre, à mettre le feu sans qu’on ne s’en aperçût. C’était peut-être pour cela qu’ils sautaient autour de l’autel, ce qui devait causer une certaine confusion qui leur aurait permis d’arriver à leurs fins. Mais l’Éternel et son serviteur étaient là pour déjouer leurs ruses. À midi, comme ils n’étaient arrivés à aucun résultat, Élie se moquait d’eux et leur disait : « Criez à haute voix, car il est un dieu ; car il médite, ou il est allé à l’écart, ou il est en voyage ; peut-être qu’il dort, et il se réveillera ! »
— Élie avait bien raison. Au Psaume 115, il est dit : « Leurs idoles sont de l’argent et de l’or, ouvrage de mains d’homme : elles ont une bouche et ne parlent pas ; elles ont des yeux et ne voient pas ; elles ont des oreilles et n’entendent pas ; elles ont un nez et ne sentent pas ; elles ont des mains et ne touchent pas ; des pieds, et ne marchent pas » (Ps. 115:4-8). Comment Baal aurait-il pu répondre ? Il n’était rien.
— Tu as raison. L’apôtre Paul dit aux Corinthiens : « Nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde, et qu’il n’y a point d’autre Dieu qu’un seul » (1 Cor. 8:4), mais il disait aussi que « Les choses que les nations sacrifient aux idoles, elles les sacrifient à des démons et non pas à Dieu » (1 Cor. 10:19-20), parce que c’est Satan qui a poussé l’homme à l’idolâtrie, et l’a ainsi détourné du vrai et seul Dieu. Après les railleries d’Élie, les prophètes de Baal ne continuèrent pas moins leurs vaines invocations, se faisant des incisions selon leur coutume avec des épées et des piques, jusqu’à faire couler le sang sur eux. Mais la loi de Dieu le défendait aux Israélites, comme nous le dit Lévitique 19:28. Leur dieu aimait le sang humain, on lui sacrifiait des victimes humaines, et ils pensaient par leurs blessures attirer son attention sur eux et obtenir que leurs prières soient exaucées. Ils firent cela jusqu’à l’heure où l’on offrait le gâteau, c’est-à-dire entre 3 et 6 heures de l’après midi où l’on offrait le second holocauste journalier avec un gâteau de pure farine (Ex. 28:41). Mais il n’y eut aucune réponse. Alors Élie dit à tout le peuple : « Approchez-vous de moi ».
— Pourquoi Élie leur demandait-il cela ?
— Je pense que c’était pour que le peuple puisse bien le voir et l’entendre, peut-être aussi était-ce pour montrer que lui, le prophète, était de cœur avec ces pauvres Israélites égarés. Alors Élie répara l’autel de l’Éternel qui avait été renversé.
— Il y avait un autel à l’Éternel sur le mont Carmel ?
— Je ne le crois pas, bien que cela soit possible. Je pense plutôt que cela veut dire qu’Élie rétablit le culte de l’Éternel au milieu d’Israël, d’autant plus que nous lisons ensuite : « Et Élie prit douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob, auquel vint la parole de l’Éternel, disant : Israël sera ton nom ; et il bâtit avec les pierres un autel au nom de l’Éternel ». Tu vois qu’il y aurait eu deux autels, ce qui n’était pas nécessaire. Te rappelles-tu en quelle occasion l’Éternel avait dit à Jacob que son nom serait Israël ?
— C’est lorsqu’il revenait de chez Laban, et qu’il lutta avec Dieu. Et ce nom veut dire : « vainqueur de Dieu » (Genèse 32:27-28). Mais Jacob ne fut vainqueur de Dieu qu’en s’humiliant, n’est-ce pas ?
— Sans doute, la parole de Dieu nous le fait comprendre. Vois Osée 12:5 où il est dit : « Il pleura et supplia ». Dieu fit sentir à Jacob sa faiblesse, puis Il le bénit. Ici l’Écriture rappelle cette circonstance au moment où l’Éternel va se manifester comme étant toujours le même Dieu d’Israël.
— Pourquoi Élie prit-il douze pierres puisque le royaume d’Israël ne comprenait que dix tribus ?
— C’est parce que, malgré l’infidélité de son peuple, Dieu le voit toujours dans son ensemble, un seul peuple et non pas deux. La division venait, non de Dieu, mais du péché de Salomon, de Roboam et de Jéroboam. Malgré le schisme, dans le temple, sur les tables du lieu saint, étaient placés devant l’Éternel les douze pains qui représentaient les douze tribus. C’est ce que le roi Abija rappelle à Jéroboam venu lui faire la guerre (Lévitique 24:5-9 ; 2 Chroniques 4:8 et19 ; 13:11). L’apôtre Paul, devant Agrippa, dit aussi : « Et maintenant je comparais en jugement pour l’espérance de la promesse faite par Dieu à nos pères, à laquelle nos douze tribus, en servant Dieu sans relâche nuit et jour, espèrent parvenir ; et c’est pour cette espérance, ô roi, que je suis accusé par les Juifs » (Actes 26:6-7). Et quand il disait cela, où étaient les douze tribus ? Dispersées, perdues dans la mer des nations, mais bien connues de Dieu comme Israël son peuple, bien qu’un faible nombre d’individus sans doute servent vraiment leur Dieu. Dans l’Apocalypse, Jean voit une femme qui représente le peuple d’Israël, avec une couronne de douze étoiles qui figurent les douze tribus (Apoc. 12:1). Et dans l’avenir, les prophètes nous montrent Israël et Juda ramenés au pays de leurs pères et ne formant plus qu’un seul et même peuple sous un unique roi (Ézéchiel 37:15-22). Dieu ne renonce jamais à ses desseins, et ses serviteurs s’y attendent et pensent comme Lui. Tu vois donc qu’Élie, en bâtissant son autel de douze pierres, agissait conformément à la pensée de Dieu. Il rappelait aussi de cette manière aux dix tribus qu’elles n’avaient pas cessé de faire partie du peuple élu de Dieu, et qu’elles pouvaient avoir part à sa bénédiction.
— C’est bien beau de voir la fidélité de Dieu malgré l’infidélité des hommes.
— Oui, « si nous sommes incrédules », dit l’apôtre, « lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2 Timothée 2:13). Ce que je viens de te dire de l’unité constante du peuple d’Israël devant Dieu nous rappelle autre chose. Pendant le temps où Israël est mis de côté comme peuple, Dieu a établi l’Assemblée, l’Église, « qu’il a acquise par le sang de son propre Fils » (Actes 20:28). Il l’avait formée pour être une, et aussi pour être pure. Comme Israël devait être un témoin pour Dieu au milieu des nations, ainsi l’Église devait être une lumière au milieu du monde. Mais, de même qu’Israël, l’Église sur la terre s’est corrompue en s’alliant au monde et en introduisant dans son sein l’idolâtrie (Apocalypse 2:13-16 et 20). Elle s’est aussi divisée en une multitude de sectes, de sorte que, ni son unité ni sa pureté n’ont été manifestées au monde comme elles auraient dû l’être (Jean 17:21). Mais, dans la pensée du Seigneur, telle qu’Il la voit, l’église est toujours une, la maison de Dieu où Il habite par l’Esprit, et le corps de Christ, un seul corps et non plusieurs (Éphésiens 2:22 ; 4:4). Dans la gloire, quand nous serons avec le Seigneur, cette unité sera manifestée (Jean 17:22-23). En attendant, les chrétiens fidèles ont à reconnaître l’unité du corps de Christ, et par conséquent à se séparer de toutes les sectes que les hommes ont formées. Il nous faut maintenant continuer l’histoire d’Élie.
— À propos de ce que tu as dit de l’Église, je me rappelle le beau cantique qui dit :
Que l’unité de ton Église est belle !
Seigneur Jésus, qu’elle plaît à tes yeux !
Dans ton amour tu t’es livré pour elle :
Tu veux l’avoir près de toi dans les cieux.
— Et nous pouvons y ajouter ce verset :
Et que sera-ce au jour où, réunie,
Dans les hauts cieux l’Église te verra !
Oh ! Quels transports, quelle joie infinie,
Quand, dans la gloire, elle t’adorera !
— Oui, ce sera un bien beau jour lorsque les noces de l’Agneau seront venues, et qu’il y aura dans le ciel une grande joie. Quel bonheur de nous trouver là ! (Apocalypse 19:6-9). Mais que fit Élie après avoir bâti son autel ?
— Élie creusa autour un fossé, puis il arrangea le bois, dépeça le taureau et le mit sur le bois. Ensuite il commanda qu’à trois reprises on versât quatre cruches d’eau sur l’holocauste et le bois, de sorte que l’eau coula autour de l’autel et remplit le fossé.
— De cette manière on ne pouvait accuser Élie d’avoir mis le feu au sacrifice.
— Et la preuve que l’Éternel est Dieu devait être d’autant plus convaincante. Alors, à l’heure où l’on offre le gâteau, au moment où, découragés, les prêtres de Baal cessaient leurs vaines invocations, « Éternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac, et d’Israël, qu’il soit connu aujourd’hui que toi tu es Dieu en Israël, et que moi je suis ton serviteur, et que c’est par ta parole que j’ai fait toutes ces choses. Réponds-moi, Éternel, réponds-moi, et que ce peuple sache que toi, Éternel, tu es Dieu, et que tu as ramené leur cœur » (18:36-37).
— Cette prière d’Élie est courte mais bien belle. Il n’avait à cœur que le bien du peuple et la gloire de l’Éternel.
— C’est vrai. Aussitôt qu’il l’eut terminée, « le feu de l’Éternel tomba, et consuma l’holocauste, et le bois, et les pierres, et la poussière, et lécha l’eau qui était dans le fossé ».
— Quelle scène merveilleuse ! Combien cela dut frapper Achab, les prêtres de Baal et tout le peuple !
— Il ne nous est rien dit des sentiments du roi et des prophètes de Baal. Mais tout le peuple, en voyant la réponse que l’Éternel donnait à la prière de son serviteur, se prosterna et s’écria : « L’Éternel, c’est lui qui est Dieu ! L’Éternel, c’est lui qui est Dieu ! ». Dieu avait ramené son peuple à Lui.
— Je me rappelle que lorsque Moïse eut consacré Aaron et ses fils, il entra avec Aaron dans le tabernacle, et quand ils ressortirent et bénirent le peuple, la gloire de l’Éternel apparut et le feu sortit de devant l’Éternel et consuma le sacrifice (Lévitique 9:23-24). Alors tous poussèrent des cris de joie et se prosternèrent. C’était aussi une bien belle scène.
— En effet. L’Éternel montrait ainsi que l’offrande de son peuple Lui était agréable, et il faisait voir que c’était bien Lui qui avait choisi Aaron et ses fils pour la lui présenter. Te souviens-tu d’une autre occasion où le feu du ciel vint consumer les sacrifices ?
— Ce fut quand Salomon eut bâti le temple et eut achevé de prier l’Éternel de le bénir, n’est-ce pas ? C’était le signe que Dieu avait entendu la prière de Salomon, et qu’Il acceptait le temple pour sa demeure (2 Chroniques 7:1-3).
— Oui, et la gloire de l’Éternel vint remplir le temple.
— Il y a une chose qui m’embarrasse. C’est Dieu seul qui peut faire descendre le feu du ciel, n’est-ce pas ? Et cependant j’ai lu dans l’Apocalypse que la seconde bête, celle qui a des cornes comme un agneau mais qui parle comme un dragon, fera de grands miracles, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre (Apocalypse 13:11-13). Comment cela peut-il avoir lieu ?
— La parole de Dieu nous enseigne qu’un temps terrible vient où les hommes, n’ayant pas voulu accepter la grâce apportée par Christ et n’ayant pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés, seront abandonnés à l’action énergique de l’erreur qu’un homme leur présentera de sorte que, au lieu de croire à la vérité, ils croiront au mensonge. Cet homme n’est autre que la seconde bête, c’est l’Antichrist. Il est appelé l’homme de péché, le fils de perdition, l’inique, qui se présentera lui-même comme Dieu. Il viendra avec la puissance de Satan et, par cette puissance, il opèrera toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges de mensonge (2 Thess. 2:3-12), « en sorte que même il fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes » (Apoc. 13:13), afin de prouver sa divinité comme, à la prière d’Élie, le feu descendit pour montrer que l’Éternel était Dieu. Il ne nous est pas dit comment il aura ce pouvoir, mais Dieu permettra qu’il opère ce prodige devant les hommes qui n’auront pas voulu croire à la vérité, et de cette manière il les séduira et les entraînera dans l’iniquité la plus affreuse.
— Quel bonheur de penser que nous serons alors avec Jésus dans le ciel ! (Apocalypse 3:10-11). Mais je suis étonnée que le roi Achab et les prophètes de Baal ne se soient pas convertis à l’Éternel, en voyant cette chose merveilleuse.
— La suite de l’histoire d’Achab nous permet de penser que lui aussi reconnut que l’Éternel était Dieu, bien que cela ne l’ait pas empêché de commettre ou de laisser commettre de mauvaises actions sous l’influence de la méchante Jézabel. Quant aux prophètes de Baal, ils reçurent le juste châtiment de leur péché d’idolâtrie et des mensonges par lesquels ils séduisaient le peuple. Élie dit : « Saisissez les prophètes de Baal, que pas un d’entre eux n’échappe ! ». Et Élie les fit mettre à mort auprès du torrent de Kison, au pied du Carmel.
— Quelle fin horrible !
— La loi de Moïse était formelle à cet égard. Le faux prophète qui, même en faisant un miracle, cherchait à entraîner le peuple dans l’idolâtrie, devait être mis à mort (Deutéronome 13:1-5).
— Mais, ces prophètes de Baal étaient-ils des Israélites ?
— Cela ne nous est pas dit. Il pouvait y avoir des Israélites parmi eux, les sacrificateurs des veaux d’or étaient des Israélites (1 Rois 13:33-34). Mais la loi ne faisait pas la distinction. Cette fin des prophètes de Baal rappelle un châtiment encore plus terrible. La seconde bête est appelée aussi le faux prophète. Il s’élèvera du milieu des Juifs et fera, comme je te l’ai dit, des miracles pour séduire ceux qui habitent sur la terre, et pour leur faire adorer l’image de la première bête (Apocalypse 13:14-15). Il usera donc de son pouvoir diabolique pour entraîner les hommes dans la plus affreuse idolâtrie. Mais quelle sera sa fin ? Lui et la bête, qui tous deux se seront élevés contre Dieu et l’Agneau, seront jetés dans l’étang de feu embrasé par le souffre (Apocalypse 19:20).
— L’Éternel avait dit à Élie qu’il donnerait de la pluie sur la terre. Est-ce qu’il accomplit bientôt sa promesse ?
— Oui, mais il fallait d’abord que l’Éternel soit reconnu comme Dieu et que le mal soit ôté du milieu d’Israël. Après que les prophètes de Baal aient été mis à mort, Élie dit à Achab : « Monte, mange et bois, car il y a un bruit d’une abondance de pluie ». Rien ne l’annonçait, il n’y avait pas un nuage dans le ciel, mais Élie savait que l’Éternel accomplirait ce qu’il avait dit.
— Achab crut-il Élie ?
— Oui, il était bien convaincu qu’Élie était un vrai prophète du seul vrai Dieu. Il alla manger et boire. Sans doute qu’en cette journée mémorable il n’en avait pas eu le temps. Quant au serviteur de Dieu, qui pensait ainsi aux besoins des autres, il ne s’occupait pas des siens propres, il avait autre chose à faire. Il monta au sommet du Carmel pour prier.
— Que voulait-il donc demander à Dieu ?
— Te rappelles-tu le passage de l’épître de Jacques que nous avons lu ? (5:17-18).
— Oui, il nous est dit qu’Élie pria avec instance pour qu’il ne plût pas, et qu’ensuite il pria de nouveau et le ciel donna de la pluie. Je vois maintenant : ce qu’Élie demandait, c’est que l’Éternel fasse pleuvoir, n’est-ce pas ? Mais puisqu’il savait que la pluie allait venir, pourquoi priait-il ?
— C’est parce qu’il avait confiance en la parole de l’Éternel qu’il pouvait annoncer avec certitude à Achab qu’il pleuvrait. Mais cela ne l’empêchait pas de demander à Dieu qu’Il envoyât la pluie. Nous savons que Dieu connaît nos besoins et qu’Il veut y pourvoir. Est-ce qu’à cause de cela nous nous dispenserions de prier ?
— Oh, non ! Certainement pas.
— Élie monta donc au sommet du Carmel, et là il se prosterna jusqu’en terre, mit sa tête entre ses genoux et pria instamment. Puis il dit à son serviteur : « Monte, je te prie ; regarde du côté de l’ouest », c’est-à-dire du côté de la mer. Le jeune homme obéit, et revint vers Élie et lui dit : « Il n’y a rien ». Le prophète lui dit : « Retournes-y sept fois ».
— Pourquoi Élie a-t-il dit cela ?
— Pour nous montrer que nous avons à prier avec persévérance, sans nous lasser (Luc 18:1). Pour nous éprouver, Dieu ne répond pas toujours immédiatement à nos prières, mais il nous répondra certainement, puisque lui-même nous exhorte à demander et qu’il promet de nous exaucer (Matthieu 7:7 ; Luc 11:5-13 ; Philippiens 4:6 ; Psaume 50:15). À la septième fois, le serviteur revint dire : « Voici un petit nuage, comme la main d’un homme, qui s’élève de la mer ». Alors Élie lui dit : « Lève-toi, dis à Achab : Attelle, et descends, afin que la pluie ne t’arrête pas ». En attendant, les cieux devinrent noirs par d’épais nuages, le vent s’éleva et il tomba une forte pluie.
— Cela est beau. Dieu répondait à la prière d’Élie et montrait encore une fois sa puissance. Ce petit nuage semblait peu de chose, et c’était le commencement d’une grande bénédiction.
— C’est vrai. Souvent Dieu ne nous accorde pas tout de suite tout ce que nous avons demandé, mais le peu qu’il nous donne d’abord est le gage qu’il nous exaucera pleinement. Achab monta sur son char et s’en alla à Jizreël dans son palais. Et la main de l’Éternel fut sur Élie qui ceignit ses reins, et courut devant Achab jusqu’à Jizreël.
— Cela me paraît bien étrange que le prophète coure ainsi devant le char d’Achab.
— Voici pour te l’expliquer ce que j’ai lu dans un livre d’un voyageur en Palestine : « La conduite d’Élie dans cette circonstance m’a toujours semblé très extraordinaire chez un homme de son âge, de son caractère et revêtu de son caractère de prophète. Et cependant, bien comprise, cette conduite était belle et pleine d’enseignements importants. Élie, agissant comme serviteur de Dieu, avait couvert Achab de honte et de confusion en présence de ses sujets. Cela aurait pu tendre à l’abaisser à leurs yeux et diminuer son autorité. Telle n’était pas l’intention d’Élie, il n’aurait pas voulu affaiblir le gouvernement, ni pousser à la rébellion. Le prophète fut donc divinement dirigé à donner au roi un témoignage de respect et d’honneur aussi public et aussi frappant que l’avait été nécessairement l’opposition faite à son idolâtrie et la sévérité de ses paroles à son égard. La manière de rendre honneur à Achab en courant devant son char était en accord avec les coutumes des pays orientaux, telles qu’elles existent encore de nos jours. Je me souvins de cet incident de l’histoire d’Achab lorsque Mohammed Ali vint à Jaffa avec une grande armée pour étouffer la rébellion en Palestine. Le camp était établi sur les collines de sable au sud de la ville, tandis que Mohammed Ali demeurait au-dedans des murs. Les officiers allaient et venaient constamment entre le camp et la ville, précédés par des coureurs qui étaient toujours en avant des chevaux, si rapide que fût le galop de ceux-ci. Afin d’être plus à l’aise pour courir, non seulement ils ceignaient leurs reins aussi étroitement que possible, mais ils retroussaient leurs vêtements sous leur ceinture pour ne pas être embarrassés. C’est ce que fît sans doute Élie. La distance entre le bas du Carmel et Jizreël est d’environ 20 kilomètres, et la course, qui dura au moins deux heures, devait se faire sous une tempête de pluie et de vent. On comprend qu’il fallait bien que « la main de l’Éternel fut sur Élie » pour qu’il pût faire cet exploit. Ainsi, ce fut pour rendre honneur au roi qu’Élie accomplit cet office de serviteur, lui rendant honneur, honorant le roi (Romains 13:7 ; 1 Pierre 2:17), après avoir été devant lui comme un fidèle serviteur de l’Éternel pour le reprendre.
Bonne Nouvelle 1897 n° 11 pages 204 à 212
— Nous allons continuer l’histoire d’Élie. Il s’était montré bien grand comme témoin de l’Éternel, sur le mont Carmel. Aujourd’hui nous verrons combien il est faible. Il a peur de Jézabel.
— Savait-elle ce qu’Achab était allé faire à Carmel ? Était-elle avec lui ?
— Non, ce n’était pas la place des femmes. D’ailleurs si elle l’avait su, elle n’aurait pas craint pour ses prophètes. Que pouvait faire un seul homme contre huit cent cinquante ?
— Achab ne lui raconta-t-il pas ce qui s’était passé quand il fut à Jizreël ?
— Oui, « Achab raconta à Jézabel tout ce qu’Élie avait fait, et, en détail, comment il avait tué par l’épée tous les prophètes ».
— Jézabel dut être bien frappée en apprenant qu’à la prière d’Élie le feu du ciel était descendu sur le sacrifice, tandis que les prophètes de son dieu Baal n’avaient rien pu faire. Elle aurait dû reconnaître aussi que l’Éternel était le seul vrai Dieu.
— Sans doute, mais son cœur était aveuglé, et elle fut seulement irritée contre Élie qui avait fait tuer ses prophètes. Elle lui envoya un messager pour lui dire que le lendemain, à cette heure, elle le traiterait comme l’un d’eux, c’est-à-dire qu’elle le ferait mettre à mort.
— Quelle méchante femme ! Pourquoi voulait-elle attendre au lendemain pour se venger ?
— On ne le sait pas. Dieu, sans doute, y mettait un obstacle parce qu’il prenait soin de son serviteur.
— Élie ne fut-il pas bien effrayé ?
— Il n’aurait pas dû l’être, lui qui connaissait l’Éternel et sa toute puissance. Autrefois, à deux reprises, il s’était présenté devant Achab, et il avait maintenant encore toutes les raisons possibles pour ne rien redouter. L’Éternel, son Dieu, n’avait pas changé et pouvait mettre à néant toutes les menaces de Jézabel. Mais la foi d’Élie défaillit, il perdit Dieu de vue, il oublia ce que Dieu était. Or nous ne sommes forts pour rencontrer les difficultés, les dangers, les circonstances contraires que si nous sommes avec Dieu, si nous plaçons pour ainsi dire Dieu et sa puissance entre nous et les difficultés. Il faut toujours nous rappeler que Dieu est pour nous et alors, comme Paul le dit, nous sommes plus que vainqueurs (Romains 8:31, 36-37). Nous ne craignons rien et nous pouvons dire : « L’Éternel est la force de ma vie : de qui aurai-je frayeur ? » (Psaume 27:1). Et encore : « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, ce sont eux qui me consolent » (Psaume 23:4). Mais Élie eut peur de cette ombre de la mort que Jézabel faisait planer sur lui et « voyant cela, il se leva, et s’en alla pour sa vie », c’est-à-dire pour sauver sa vie, sans attendre l’ordre de Dieu et suivant le mouvement de son propre cœur.
— C’était bien différent quand il attendait que Dieu lui dise d’aller au torrent de Kerith pour être nourri par des corbeaux, ou à Sarepta pour recevoir l’hospitalité chez une pauvre veuve, ou de se présenter devant Achab.
— Oui. Alors il dépendait de Dieu et était heureux, tandis que maintenant il s’en allait tout découragé, comme nous le verrons. Et puis il quittait l’endroit où il devait rendre témoignage à l’Éternel et rester pour encourager et fortifier le peuple qui avait reconnu que l’Éternel était Dieu, et qui avait besoin d’être soutenu. Élie était comme un soldat qui abandonne son poste.
— Et où s’en alla-t-il ?
— Il passa dans le royaume de Juda et vint à Beër-Shéba qui était à la limite sud du royaume de Juda, mais il ne s’y crut pas encore en sécurité et, y ayant laissé son serviteur, il s’enfonça dans le désert où il marcha toute une journée le cœur bien lourd, on peut le croire, parce qu’au lieu de penser à Dieu, il s’aigrissait en lui-même comme la suite nous le montre. Enfin, fatigué sans doute, il s’assit sous un genêt, et demanda à Dieu de mettre fin à sa vie. Le genêt est un arbuste assez grêle qui pousse en Arabie, mais qui donne cependant un peu d’ombre. La racine en est très amère et ne peut servir de nourriture qu’en cas d’extrême besoin (Job 30:4). Employé comme bois de chauffage, il donne des charbons très ardents auxquels David compare la langue des méchants (Psaume 120:4). « C’est assez ! maintenant, Éternel », dit-il, « prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères ». Tu le vois, il était complètement abattu.
— Pauvre Élie ! Lui qui avait été si courageux ! Mais c’était très mal de désirer la mort parce qu’il était dans une position difficile, n’est-ce pas ?
— Oui, d’autant plus que c’était pour sa fidélité à l’Éternel qu’il était poursuivi par une reine idolâtre et méchante. Il aurait dû compter sur le Dieu tout puissant qui pouvait bien le garantir contre les menaces de Jézabel. Nous voyons, en l’apôtre Paul, un contraste très frappant avec Élie dans cette circonstance de sa vie. Il était exposé à beaucoup de peines et aux persécutions pour le nom du Seigneur, mais il disait : « Nous ne nous lassons point ». S’il avait le désir de déloger, ce n’était pas pour échapper aux difficultés du chemin, mais c’était pour être avec son cher Sauveur. Et si le Seigneur voulait qu’il reste ici-bas, Paul en était heureux afin de travailler et souffrir pour Christ. Tu pourras lire 2 Corinthiens11:23-28 ; Philippiens 1:21-24 ; Actes 20:24. On voit quelques fois des personnes dire comme Élie, quand elles éprouvent un grand chagrin, ou qu’elles ont fait quelque perte, ou sont dans une position pénible : « Oh ! Je voudrais mourir ! ». Mais c’est manquer de confiance en la bonté de Dieu et lui faire, pour ainsi dire, des reproches comme s’Il ne savait pas ce qui est bon pour nous.
— L’Éternel a-t-il dit quelque chose à Élie ?
— Pas à ce moment-là, mais Il ne l’abandonnait pas. Il avait les yeux sur son pauvre serviteur qui apprenait à connaître sa faiblesse. Après ses paroles désespérées, Élie se coucha sous le genêt et s’endormit.
— Outre la fatigue, peut-être avait-il faim. Dans le désert, il ne trouvait rien à manger.
— Dieu, qui l’avait nourri et abreuvé au torrent de Kerith et à Sarepta, a des ressources même au désert. Il lui envoya un ange qui le toucha et lui dit : « Lève-toi, mange », et Élie trouva à son chevet un gâteau cuit sur les pierres chaudes et une cruche d’eau. Il mangea et but, puis se recoucha.
— Je suis surprise qu’Élie n’ait rien demandé à l’ange.
— En effet. Élie devait voir en cela une preuve que Dieu, dans sa bonté, veillait sur lui, et qu’il ne voulait point que son serviteur se décourageât au point de désirer mourir. Mais Élie avait une leçon à apprendre, et pour cela il avait à faire un long voyage. C’est pourquoi l’ange revint, le réveilla et lui dit : « Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi » (19:7). Élie comprit alors la pensée de Dieu. Au lieu de se recoucher, il alla où l’Éternel voulait le conduire. Il avait bien besoin pour cela d’aliments venant directement de Dieu pour le fortifier. Car « il alla, avec la force de ces aliments, quarante jours et quarante nuits, jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu ». Connais-tu d’autres personnes qui restèrent ainsi quarante jours et quarante nuits sans manger ni boire ?
— Oui, il y a Moïse quand, sur la montagne de Sinaï, Dieu lui donna la loi, et puis le Seigneur Jésus lorsqu’il fut tenté par le diable.
— En effet nous voyons cela en Exode 24:18 ; 34:28 ; Deutéronome 9:9 et 18 ; Matthieu 4:2. Et te rappelles-tu quelque chose touchant Horeb ?
— C’est là que Moïse était venu avec le troupeau de Jéthro et que l’Éternel lui parla du milieu du buisson ardent, et c’est là que Dieu conduisit le peuple d’Israël après la sortie d’Égypte et lui fit entendre ses paroles. C’est pour cela que Horeb est appelée la montagne de Dieu, n’est-ce pas ?
— Oui, tu pourras relire Exode 3:1 ; Malachie 4:4-5 ; Deutéronome 1:6 ; 4:10. Sinaï et Horeb sont deux cimes de la même chaîne de montagnes, voisines l’une de l’autre. Dieu y avait donné sa loi par le ministère de Moïse, et celui-ci était resté invisible au peuple pendant quarante jours et quarante nuits, et Dieu y amène Élie pendant le même temps, loin du peuple, pour lui faire connaître sa volonté. Étant arrivé à Horeb, Élie « entra dans la caverne, et y passa la nuit ». C’était peut-être la même fente de rocher où l’Éternel avait mis Moïse pendant que sa gloire passait, car personne ne peut voir Dieu en face et vivre (Exode 38:21-22). Élie était donc là, attendant ce que l’Éternel avait à lui dire. Et voici, la parole de l’Éternel vint à lui et lui dit : « Que fais-tu ici, Élie » ?
— Sais-tu pourquoi Dieu pose cette question à Élie puisque c’est Lui qui l’avait amené à Horeb ?
— C’était pour lui faire comprendre qu’il aurait dû rester au milieu d’Israël pour y rendre témoignage contre l’idolâtrie. Mais Élie ne semble pas avoir compris cela. Il répond : « J’ai été très jaloux pour l’Éternel, le Dieu des armées ; car les fils d’Israël ont abandonné ton alliance ; ils ont renversé tes autels et ils ont tué tes prophètes par l’épée, et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter ». Élie se fait valoir en disant : « J’ai été très jaloux pour l’Éternel ». C’était vrai, mais ce n’était pas à lui de le dire. Puis il oublie ce qui s’est passé à Carmel où le peuple s’était écrié : « C’est l’Éternel qui est Dieu ». Ce n’était pas non plus le peuple, mais Jézabel qui voulait le tuer. Élie avait le cœur aigri parce qu’il pensait à lui-même, et cela le porte à accuser le peuple. C’est comme s’il avait appelé la vengeance sur Israël. C’était un esprit et des sentiments bien différents de ceux de Moïse qui, sur cette même montagne, demandait à Dieu de pardonner au peuple coupable (Exode 32:32). Vois aussi Nombres 14:19-20, et Paul en Romains 9:3.
— Le Seigneur Jésus aussi demandait à son Père de pardonner à ceux qui le crucifiaient (Luc 23:34).
— Élie était un homme fidèle mais rigide et ne comprenant pas la bonté et la grâce patiente de Dieu (2 Pierre 3:9). Alors l’Éternel lui dit : « Sors, et tiens-toi sur la montagne devant l’Éternel ». Et l’Éternel passa. Mais « devant l’Éternel un grand vent impétueux déchirait les montagnes et brisait les rochers », puis il y eut un tremblement de terre et ensuite du feu ; mais l’Éternel n’était ni dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. C’étaient des marques et des effets de sa puissance pour l’exécution du jugement, mais ce n’était pas Lui-même. Et après le feu se fit entendre une vois douce et subtile. Quand Élie l’entendit, il comprit que c’était l’Éternel ; alors il enveloppa son visage dans son manteau. C’était une marque de respect, tu sais (vois Exode 3:6 ; 33:23 ; Ésaïe 6:2), et il sortit et se tint à l’entrée de la caverne.
— Je crois comprendre ce que voulait dire cette voix douce et subtile qui indiquait la présence de l’Éternel. C’était la grâce et la bonté de Dieu envers son peuple. Il ne voulait pas encore les punir.
— Non, mais Élie n’avait pas su le découvrir. L’Éternel lui redemanda : « Que fais-tu ici, Élie ? » comme pour lui dire : « Va vers le peuple, exhorte-le à la repentance ; dis-lui que l’Éternel est patient, mais qu’il doit s’amender et ne pas retomber dans l’idolâtrie ». Mais Élie ne comprit pas davantage, et fit la même réponse, répétant les mêmes plaintes. Pauvre Élie ! Il voulait bien être un messager de jugement, mais non de grâce. Il ressemblait à Jonas qui s’irritait parce que Dieu ne détruisait pas Ninive (Jonas 4). Alors Dieu lui donne ses ordres. Il lui dit : « Va, retourne par ton chemin, vers le désert de Damas, et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour qu’il soit roi sur la Syrie ; et Jéhu, fils de Nimshi, tu l’oindras pour qu’il soit roi sur Israël, et tu oindras Élisée, fils de Shaphath, d’Abel-Mehola, pour qu’il soit prophète à ta place ». Tels devaient être les instruments de Dieu pour châtier, l’un Israël coupable, et l’autre, la maison d’Achab, ce roi pervers. C’était comme le vent violent, le tremblement de terre et le feu. Quant à Élisée, il exécuta un seul acte de jugement (2 Rois 2:23-24). Mais dans sa carrière au milieu d’Israël, il fut plutôt la voix douce et subtile, le messager de la grâce et de miséricorde. Élie était comme Jean le baptiseur, dénonçant le jugement ; Élisée est un type bien beau du Seigneur Jésus qui allait de lieu en lieu faisant du bien et proclamant la grâce (Matthieu 3:7-12 ; Actes 10:38 ; Luc 4:16-21 ; 7:31-34). Et pour montrer à Élie que sa grâce s’exerçait encore au milieu de son peuple et qu’il n’était pas seul serviteur de Dieu en Israël, comme il le pensait, l’Éternel ajouta : « Je me suis réservé en Israël sept mille hommes, tous les genoux qui n’ont pas fléchi devant Baal, et toutes les bouches qui ne l’ont pas baisé ». Il y avait donc un résidu fidèle qu’Élie ne connaissait pas !
— Cela a dû le consoler et le réjouir d’apprendre qu’il n’était pas aussi solitaire qu’il le croyait, et il aura sans doute recherché ces Israélites fidèles.
— Cela ne nous est pas dit, mais nous pouvons l’espérer. En tout cas, il avait appris de précieuses leçons en Horeb. L’Éternel s’était montré à lui comme à Moïse, quand il passa devant celui-ci et cria le nom de l’Éternel : « L’Éternel, l’Éternel ! Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité » ! (Exode 34:6). Qu’il est bon de connaître un tel Dieu !
Bonne Nouvelle 1897 n° 12 pages 229 à 236
— Élie accomplit-il les trois choses dont l’Éternel l’avait chargé ?
— Non, Élie n’exécuta sa mission qu’à l’égard d’Élisée. L’Éternel voulut encore montrer sa patience et sa bonté envers Achab et son peuple, et répondre à ce que ce dernier l’avait reconnu pour Dieu. C’est pourquoi il différa d’envoyer ceux qui devaient exécuter ses jugements. Ce fut Élisée qui plus tard, comme remplaçant d’Élie, fut chargé des deux autres parties de la mission qui avait été confiée à Élie en Horeb.
— Quand Élie quitta Horeb, retourna-t-il par le même chemin, et fut-il nourri comme la première fois ?
— Cela ne nous est pas dit, mais nous pouvons être sûrs que l’Éternel prit soin de son serviteur. Quant au chemin qu’il suivit, il devait aller au désert de Damas qui était au sud-est de cette ville. Ainsi Élie était de l’autre côté du Jourdain qu’il dut traverser pour arriver à Adel-Mehola où était Élisée. C’est une ville de la tribu d’Issachar, à environ 25 kilomètres au sud de Beth-Shan (1 Samuel 31:10). Elle est mentionnée en Juges 7:22 et 1 Rois 4:12. En suivant cette route, il évitait ses ennemis.
— Élie connaissait-il déjà Élisée ?
— Cela ne nous est pas dit, mais c’est probable. Élie trouva Élisée occupé à labourer avec douze paires de bœufs. Il était avec la douzième, près de la charrue. Élie, passant vers lui, jeta sur lui son manteau. C’était un acte qui indiquait qu’Élisée serait prophète à sa place, revêtu de la même charge que lui, et qu’il devait le suivre. Élisée le comprit bien car il abandonna ses bœufs, courut après Élie et lui dit : « Que je baise, je te prie, mon père et ma mère, et je m’en irai après toi ». Élie lui répondit : « Va, retourne ; car que t’ai-je fait ? » (19:20). Élisée s’en retourna d’auprès de lui, tua la paire de bœufs et en fit un sacrifice, et en fit cuire la chair qu’il donna au peuple de la ville. Tous connurent ainsi que Dieu l’appelait à être prophète. Puis, ayant pris congé de ses parents, il alla après Élie et il le servait. Nous verrons plus tard la suite de l’histoire d’Élie. Pour le moment, nous nous occupons d’Achab. Pauvre Achab ! Après avoir souffert de la famine, le voilà frappé d’un autre fléau, la guerre. Nous ne savons sous quel prétexte Ben-Hadad, roi de Syrie, vint avec une puissante armée assiéger Samarie. Trente-deux rois étaient avec lui, et des chevaux et des chars de guerre. Achab n’avait qu’une petite armée de sept mille hommes, et se sentait incapable de résister. Aussi quand l’insolent Ben-Hadad lui fit dire par des messagers : « Ton argent et ton or sont à moi, et tes femmes, et tes fils, les plus beaux, sont à moi » (20:3), le malheureux Achab ne sut que répondre : « Selon ta parole, ô roi, mon seigneur, je suis à toi, moi et tout ce que j’ai ». Il se déclarait le vassal et serviteur d’un roi païen.
— Que c’était triste et humiliant pour un roi d’Israël, le peuple de Dieu ! Achab aurait dû s’adresser à l’Éternel pour être secouru, lui qui avait vu le feu du ciel descendre à la prière d’Élie.
— Ni son cœur ni sa conscience n’avaient été touchés et atteints. Il continuait à suivre sa mauvaise voie, et ainsi était sans force devant l’ennemi. Ben-Hadad, rendu plus insolent et plus orgueilleux par la faiblesse et la lâcheté d’Achab, envoya de nouveaux messagers pour lui dire : « Tu me donneras ton argent et ton or, et tes femmes, et tes fils ; mais demain à cette heure, j’enverrai mes serviteurs vers toi, et ils fouilleront ta maison et les maisons de tes serviteurs, et ils mettront dans leurs mains tout ce qui est désirable à tes yeux, et l’emporteront ». C’était un pillage en règle. Cette fois Achab ne pouvait répondre sans consulter le peuple. Il lui était permis de donner ce qui était à lui, mais non le bien des autres. Il assembla les anciens du peuple qui tous, avec le peuple entier, répondirent : « Ne l’écoute pas, et ne consens pas ».
— Ceux-là au moins étaient braves, n’est-ce pas ?
— Oui, et il faut espérer qu’ils comptaient sur l’Éternel pour les délivrer. Achab répondit à Ben-Hadad : « Tout ce que tu as mandé à ton serviteur la première fois, je le ferai ; mais cette chose-ci, je ne puis la faire ». À l’ouïe de cette réponse, Ben-Hadad fit dire à Achab qu’il détruirait Samarie de fond en comble. À quoi le roi d’Israël, plus courageux cette fois, répondit : « Que celui qui se ceint ne se vante pas comme celui qui délie sa ceinture », c’est-à-dire que celui qui marche au combat ne se glorifie pas comme s’il avait déjà remporté la victoire. Ben-Hadad était dans ses tentes, occupé à boire avec les trente-deux rois, quand on lui rapporta cette réponse. Il rangea aussitôt sa puissante armée en bataille contre la ville.
— Achab et ses serviteurs durent avoir peur à ce moment. Ont-ils demandé à Dieu de les secourir ?
— Non, mais l’Éternel eut compassion de ce peuple auquel il avait montré sa gloire, et il intervint en sa faveur. Il ne voulait pas qu’un roi païen se glorifiât contre Lui et crût que ses dieux étaient plus puissants que le Dieu d’Israël. Un prophète, dont le nom ne nous est pas dit, « s’approcha d’Achab, roi d’Israël, et dit : Ainsi dit l’Éternel : Vois-tu toute cette grande multitude ? Voici, je l’ai livrée aujourd’hui en ta main, et tu sauras que moi, je suis l’Éternel ». Et le roi demanda par qui elle serait livrée. Le prophète répondit : « Ainsi dit l’Éternel : Par les serviteurs des chefs des provinces », c’est-à-dire non par des hommes de guerre éprouvés, mais par des jeunes gens, leurs serviteurs. « Qui engagera le combat ?» demanda encore Achab. « Toi », répondit le prophète.
— Pourquoi l’Éternel voulait-il que cela fût ainsi ?
— Afin de bien montrer, par la faiblesse et le petit nombre des combattants, que la délivrance venait de Lui seul. Ces serviteurs étaient au nombre de deux cent trente-deux, une petite poignée de jeunes hommes contre une multitude de guerriers. Ils sortirent de la ville à midi, et on le rapporta à Ben-Hadad qui buvait et s’enivrait dans ses tentes avec les trente-deux rois qui l’aidaient. Quels ordres sensés pouvait-on attendre d’un homme ivre ? « Saisissez-les vivants », leur dit-il. Mais ceux qui étaient sortis de la ville frappèrent chacun son homme, et les Syriens, saisis de terreur, s’enfuirent. Alors le roi d’Israël, avec sa petite armée, poursuivit et frappa les chevaux et les chars, et infligea aux Syriens une grande défaite. Ben-Hadad, accompagné de quelques cavaliers, échappa sur un cheval. Le bras de l’Éternel avait rendu forts les faibles, et avec un petit nombre avait triomphé d’une multitude. Combien cela est beau quand on pense que c’était envers un peuple et un roi si rebelles que Dieu agissait ainsi.
— Achab devait être bien reconnaissant, non ? Comment ne s’est-il pas tourné de tout son cœur vers l’Éternel ?
— Il ne nous est rien dit des sentiments d’Achab mais, quels qu’ils soient, Dieu voulait continuer à montrer sa grâce envers son pauvre peuple. Le prophète dit au roi d’Israël : « Va, fortifie-toi, et sache et vois ce que tu dois faire ; car au retour de l’année le roi de Syrie montera contre toi ». C’est bien ce qui arriva. Les serviteurs du roi de Syrie, en pauvres païens ignorants qu’ils étaient, lui dirent : « Leurs dieux sont des dieux de montagnes ; c’est pourquoi ils ont été plus forts que nous ; mais si nous les combattons dans la plaine, certainement nous serons plus forts qu’eux. Et fais ceci : ôte les rois chacun de sa place, et mets en leur lieu des capitaines ». Les païens croyaient que chaque localité avait ses dieux dont le pouvoir ne s’étendait pas au-delà de la localité.
— Sais-tu pourquoi ils lui donnaient ce conseil ?
— Ils pensaient que Ben-Hadad aurait plus d’autorité sur des capitaines qu’il établirait que sur des rois qui buvaient et s’enivraient avec lui. Ben-Hadad fit comme ses serviteurs lui disaient et, au retour de l’année, ayant rassemblé une nombreuse armée, il alla camper à Aphek dans une grande plaine. Aphek était située dans la plaine, ou plateau, à l’est du Jourdain, non loin du lac de Kinnéreth ou Génésareth, sur la route de Damas. Achab, de son côté, réunit son armée qu’il approvisionna, ce qui semble bien indiquer qu’il s’éloignait du centre de son royaume. Il campa vis-à-vis des Syriens mais, en comparaison de ceux-ci qui remplissaient le pays, l’armée israélite ne paraissait pas plus que deux petits troupeaux de chèvres.
— Les Israélites n’avaient-ils pas peur en se voyant si peu nombreux ? Mais peut-être étaient-ils encouragés par le souvenir de leur première victoire et pensaient-ils que l’Éternel les secourrait encore.
— Oui. Dieu est jaloux de sa gloire. Il voulait qu’Israël sût qu’il était l’Éternel, le Dieu qui ne change pas, et aussi que les païens aient un témoignage de la grandeur et de la puissance du Dieu d’Israël, le seul vrai Dieu qui a fait toutes choses, les montagnes aussi bien que les plaines, et qui domine sur tout. Les deux armées restèrent en présence l’une de l’autre durant sept jours. Le septième jour, le combat s’engagea et les Syriens furent complètement battus. Les Israélites en tuèrent cent mille. Le reste s’enfuit à Aphek. Mais là, probablement par l’effet d’un tremblement de terre, la muraille s’écroula sur eux, et vingt-sept mille hommes furent écrasés. Les remparts des cités d’orient étaient très élevés et très massifs. Ils étaient munis, de distance en distance, de hautes tours, et souvent une double rangée de murailles intérieures ajoutaient à leur force. À leur pied, il y avait toujours un espace nu. C’est là, sans doute, que s’étaient rassemblés et pressés les restes de l’armée syrienne. On comprend donc que, les murailles et les tours s’écroulant, il fut impossible d’échapper.
— Quelle terrible catastrophe !
Que devint le malheureux Ben-Hadad ?
— Il avait fui dans la ville et cherché refuge dans l’une des chambres intérieures d’une maison. Alors ses serviteurs lui dirent : « Voici, nous avons entendu dire que les rois de la maison d’Israël sont des rois doux et cléments ; mettons, je te prie, des sacs sur nos reins et des cordes à nos têtes, et sortons vers le roi d’Israël : peut-être qu’il laissera vivre ton âme ». C’est ce qu’ils firent, et ils vinrent vers Achab et lui dirent : « Ton serviteur Ben-Hadad dit : Je te prie, laisse vivre mon âme ».
— Combien, à son tour, Ben-Hadad devait être humilié de se dire le serviteur de celui qu’il avait voulu dépouiller et d’être obligé de lui demander la vie ! Que dit Achab ?
— Achab répondit : « Vit-il encore ? Il est mon frère » (20:32). Les messagers de Ben-Hadad augurèrent du bien de cette parole et dirent : « Ton frère Ben-Hadad ! ». Achab ajouta : « Allez, amenez-le ». Et Ben-Hadad sortit vers lui et Achab le fit monter sur son char. Alors Ben-Hadad lui dit : « Les villes que mon père a prises à ton père, je les rends, et tu feras pour toi des rues à Damas, comme mon père en a fait à Samarie ». C’étaient des rues concédées à telle ou telle nation où les ressortissants de cette nation avaient leur propre juridiction. Ainsi, par la convention faite avec Achab, Ben-Hadad donnait aux Israélites des rues où ils ne seraient assujettis qu’à leurs propres lois. Achab fit cette alliance avec lui et le renvoya.
— Achab était bien généreux et bien bon envers Ben-Hadad.
— Aux yeux des hommes, cela peut en effet paraître ainsi, mais pas aux yeux de Dieu. Achab n’entrait pas du tout dans les pensées de Dieu. L’Éternel avait livré Ben-Hadad entre ses mains, il ne devait pas épargner un ennemi de l’Éternel et de son peuple. Un vrai Israélite ne pouvait pas appeler frère un païen. Aussi l’Éternel fit-il connaître son déplaisir à Achab par le moyen d’un prophète qui lui dit : « Ainsi dit l’Éternel : Parce que tu as laissé aller d’entre tes mains l’homme que j’avais voué à la destruction, ta vie sera pour sa vie, et ton peuple pour son peuple ». Nous verrons comment s’accomplit cette terrible parole.
— Achab ne fut-il pas bien fâché d’avoir agi contre la volonté de Dieu ?
— Non. Il s’irrita à cause de la réprimande, mais ne s’humilia pas, ce qui est toujours la preuve d’un cœur endurci.
Bonne Nouvelle 1898 n° 1 pages 11 à 19
— La dernière fois, nous avons vu qu’Achab n’avait pas eu le cœur touché et humilié par la réprimande du prophète qui lui reprochait d’avoir laissé échapper Ben-Hadad. L’histoire qui nous occupera aujourd’hui montre bien qu’en effet il était toujours aussi pervers et sans conscience. Achab avait un palais à Jizreël, et près de ce palais se trouvait une vigne appartenant à un homme nommé Naboth. Le roi voulut avoir cette vigne pour en faire un jardin attenant à son palais.
— Y avait-il du mal à cela ?
— Achab n’avait pas besoin de cette vigne. En la possédant, il voulait satisfaire une fantaisie, et au fond ce qui était dans son cœur était la convoitise que Dieu condamne dans sa loi sainte. Lis Exode 20:17.
— « Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni rien qui soit à ton prochain ».
— Le commandement est très positif, et la suite de l’histoire nous fera voir que c’était vraiment un désir coupable chez Achab. Mais d’abord, en apparence, il se montre équitable et même généreux comme dans le cas de Ben-Hadad. « Donne-moi ta vigne », dit-il à Naboth, « et je te donnerai à sa place une meilleure vigne que celle-là, ou, si cela est bon à tes yeux, je te donnerai l’argent que vaut celle-ci ».
— Mais cela n’est-il pas juste et ne fait-on pas cela quand on désire acheter ?
— Oui, mais il faut que celui à qui on désire acheter consente à vous céder ce qu’on lui demande. Or Naboth ne voulait pas vendre sa vigne, et il avait pour cela une excellente et suprême raison. Naboth était un de ces fidèles Israélites comme il y en avait encore quelques-uns dans le pays. Il craignait l’Éternel et ne voulait rien faire contre sa loi. C’est pourquoi il répondit à Achab : « Que l’Éternel me garde de te donner l’héritage de mes pères ».
— L’Éternel l’avait-il défendu ?
— Oui. En Nombres 36:7, 9, il est écrit : « Que l’héritage ne passe point de tribu en tribu chez les fils d’Israël ; car les fils d’Israël seront attachés chacun à l’héritage de la tribu de ses pères ».
— Achab aurait dû comprendre cela. Mais que dit-il ?
— Achab, l’adorateur de Baal, ne se soumettait pas à la loi de l’Éternel. Il s’en alla tout triste de n’avoir pu obtenir ce qu’il convoitait, et irrité contre Naboth qui s’était opposé à lui au nom de l’Éternel. Brave Naboth ! Il aurait pu faire un excellent marché, tandis qu’en refusant il s’attirait la colère du roi, mais la loi de son Dieu lui était plus précieuse que l’or (Psaume 119:72). Quant à Achab, il rentra dans son palais, s’étendit sur son lit, la face vers le mur, et refusa de manger. Rien ne lui semblait plus désirable puisqu’il n’avait pas la vigne de Naboth. Ne voyons-nous pas en cela que son désir était mauvais ? C’était au fond ce que l’apôtre Paul appelle « cupidité » (Colossiens 3:5), et en tout cas une extrême propre volonté.
— Oui, mais Achab me semble bien ridicule. Lui, le roi d’Israël, agit comme un enfant qui boude parce qu’on lui refuse quelque chose. C’était honteux pour un homme et encore plus pour un roi.
— Tu as raison. N’agissons donc jamais comme Achab. Ne désirons pas au-delà de ce que Dieu a donné, mais soyons reconnaissants pour ce que nous tenons de sa main (Colossiens 3:15). Achab n’aurait pas osé s’emparer de force de la vigne de Naboth, mais la méchante Jézabel, sa femme, n’avait pas tant de scrupules. Elle demande à Achab la cause de son abattement, et le roi lui dit : « Parce que j’ai parlé à Naboth, le Jizreélite, et lui ai dit : Donne-moi ta vigne pour de l’argent, ou, si cela te plaît, je te donnerai une vigne en sa place. Et il a dit : Je ne te donnerai pas ma vigne ». Jézabel lui répondit : « Es-tu donc ou non roi sur Israël » ?
— Elle voulait dire que, comme roi, il pouvait faire tout ce qu’il voulait, n’est-ce pas ?
— Oui, même ce qui était injuste, ce qui est horrible car les rois et les princes, qui doivent rendre la justice envers tous, doivent aussi être justes eux-mêmes. Jézabel dit ensuite à Achab : « Lève-toi, mange du pain, et que ton cœur soit gai ; moi, je te donnerai la vigne de Naboth, le Jizreélite ». Achab ne lui demanda pas comment elle le ferait, et laissa agir sa méchante femme qui, sans doute, haïssait Naboth parce qu’il était un Israélite fidèle. Jézabel écrivit aux anciens et aux principaux de la ville de Naboth et mit sur les lettres le sceau ou cachet du roi pour les revêtir de l’autorité royale. Et dans ces lettres elle disait : « Proclamez un jeûne et mettez Nabotb en tête du peuple, et mettez deux hommes, fils de Bélial, en face de lui, et qu’ils témoignent contre lui, disant : Tu as maudit Dieu et le roi. Et menez-le dehors et lapidez-le, et qu’il meure ».
— Quelle horrible méchanceté ! Les anciens obéirent-ils à cet ordre injuste et cruel ?
— Hélas, oui. Soit parce qu’ils redoutaient de désobéir au roi et surtout à la reine dont ils connaissaient la méchanceté, soit parce qu’ils n’aimaient point Naboth qui était juste et condamnait leur idolâtrie, ils n’hésitèrent pas à prêter les mains à cet affreux complot, et obéirent sans aucune objection aux ordres reçus. Et ce qu’il y a de plus épouvantable, c’est qu’ils agirent sous des apparences religieuses et une forme de justice, avec hypocrisie par conséquent. Un jeûne était un acte où l’on s’humiliait devant Dieu, en élevant son cœur à Lui. Mais dans ce cas, c’était un acte d’hypocrisie (Ésaïe 58:3-7). Naboth ne pouvait pas refuser d’y prendre part, mais il le faisait avec sincérité et sans se douter de ce qui se tramait contre lui. Et on le mettait en tête du peuple comme pour lui faire honneur ! La loi de Moïse prescrivait que, dans une accusation contre un homme, il fallait que deux témoins au moins déposent contre lui (Deutéronome 19:15). Et ici on a soin qu’il y en ait deux, mais ce sont des fils de Bélial.
— Qu’est-ce que cela veut dire ?
— Cela veut dire des fils d’iniquité et désigne des hommes méchants, iniques, qui n’ont pas peur de dire des mensonges comme Satan, le père du mensonge. Et enfin, on choisit pour accusation contre le pauvre Naboth un crime qui entraînait la peine de mort par lapidation. Lis Lévitique 24:16.
— « Celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera certainement mis à mort : toute l’assemblée ne manquera pas de le lapider ».
— Et en Exode 22:28, il est dit : « Tu ne maudiras pas le prince de ton peuple ». De sorte que, quoi qu’eût pu dire Naboth pour sa défense, cela n’aurait servi à rien. Il y avait deux témoins, faux il est vrai, et des juges iniques qui pourtant le savaient innocent. Il lui fallu subir ce supplice cruel, mourir accablé d’une grêle de pierres. « Les hommes de Bélial témoignèrent contre lui, contre Naboth, devant le peuple, disant : Naboth a maudit Dieu et le roi. Et ils le menèrent hors de la ville, et l’assommèrent de pierres, et il mourut ». Et chose non moins horrible, ses fils périrent avec lui, comme nous pouvons le conclure des paroles de Jéhu : « N’ai-je pas vu hier le sang de Naboth et le sang de ses fils, dit l’Éternel ? » (2 Rois 9:26).
— Cela fait frissonner. Pourquoi faire mourir les fils de Naboth aussi ? On ne les accusait pas d’avoir blasphémé.
— C’est parce qu’ils étaient héritiers de leur père. On les tua afin qu’ils ne puissent pas réclamer l’héritage de Naboth.
— Cela me rappelle que le Seigneur Jésus a été traité comme Naboth. Il fut aussi accusé par deux faux témoins, et il fut condamné à mort sous prétexte qu’il avait blasphémé en disant qu’il était le Fils de Dieu (Matthieu 26:60-66).
— C’est vrai, et c’était aussi pour s’emparer de l’héritage que les principaux des Juifs le firent mourir (Matth. 21:38), c’est-à-dire pour continuer à dominer religieusement sur la nation juive. Et ils savaient bien que Jésus n’était pas coupable. Dans toute l’histoire de Naboth, nous voyons la perversité du cœur de l’homme, chez Achab et Jézabel, chez les faux témoins et les anciens de la ville qui cèdent lâchement à la demande inique de Jézabel. Ils ressemblent à Pilate qui connaissait l’innocence du Seigneur Jésus mais qui, pour plaire aux Juifs, le livra à la mort (Matth. 27:23-24). Et tu vois aussi ce que peut amener un désir, une convoitise qui n’est pas réprimée.
— Achab savait-il ce que Jézabel avait fait ?
— S’il ne le sut pas d’abord, Il l’apprit ensuite et en profita. Les anciens de Jizreël envoyèrent dire à Jézabel : « Naboth est mort », et cette méchante femme dit à Achab : « Prends possession de la vigne de Naboth, le Jizreélite, qu’il refusa de te donner pour de l’argent, car Naboth n’est pas vivant, mais il est mort ». Et c’est ce que fit Achab, s’associant ainsi au crime abominable commis par sa femme. « Quand Achab apprit que Naboth était mort, Achab se leva pour descendre à la vigne de Naboth, le Jizreélite, pour en prendre possession ». Le désir de son cœur était satisfait, mais le sang de Naboth criait vengeance contre lui. Quel bonheur pouvait-il trouver dans cette vigne ?
— Cela est terrible, en effet. L’Éternel punit-il ces deux méchants ?
— Oui, Il ne tient pas le coupable pour innocent, Il a en abomination l’homme de sang et le fourbe, et les mains qui versent le sang innocent (Exode 34:7 ; Psaume 5:6 ; Proverbes 6:17). Il ne pouvait laisser impuni le meurtre de Naboth. Ce fut Élie, le prophète de jugement, que l’Éternel chargea de dénoncer à Achab son crime et le châtiment qui l’atteindrait. « Lève-toi », dit-il à Élie, « descends à la rencontre d’Achab, le roi d’Israël, qui est à Samarie : voici, il est dans la vigne de Naboth, où il est descendu pour en prendre possession. Et tu lui parleras, disant : Ainsi dit l’Éternel : As-tu tué, et aussi pris possession ? ». Tu vois que l’Éternel tient Achab pour coupable parce qu’il a laissé faire le mal et en a profité. Les soldats romains, qui crucifiaient Jésus, étaient coupables, mais combien plus l’étaient les anciens des Juifs et Pilate ! Puis l’Éternel dit encore : Tu parleras à Achab, et tu lui diras : « Ainsi dit l’Éternel : Au lieu où les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lécheront ton sang, à toi aussi ». Tu vois par là combien la mort de Naboth avait été cruelle.
— Combien Achab dut être effrayé en voyant Élie ! Sa joie d’avoir la vigne de Naboth fut sans doute bien troublée.
— Oui. « Il n’y a point de paix pour le méchant » (Ésaïe 48:22). En apercevant le prophète, la mauvaise conscience d’Achab se réveilla et lui fit sentir ses aiguillons. Élie était là devant lui, son accusateur avant même d’ouvrir la bouche. « M’as-tu trouvé, mon ennemi ? » s’écria le malheureux roi. Tel sera l’effroi de ceux qui, au moment où ils diront : « Paix et sûreté », seront surpris par une ruine subite (1 Thessaloniciens 5:3). Cependant le jugement divin ne frappa point Achab immédiatement. Élie lui dit : « Je t’ai trouvé, parce que tu t’es vendu pour faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel ».
— Le prophète voulait dire qu’Achab s’était rendu esclave du péché en faisant le mal, n’est-ce pas ?
— C’est bien cela. Le Seigneur Jésus dit : « En vérité, en vérité, je vous dis : Quiconque pratique le péché est esclave du péché » (Jean 8:34 ; Romains 6:16 ; 7:14). Élie dénonça alors à Achab le jugement qui l’attendait et qui devait tomber aussi sur sa postérité : « J’ôterai ta postérité… et je ferai de ta maison comme de la maison de Jéroboam, fils de Nebath, et de la maison de Baësha, fils d’Akhija, à cause de la provocation par laquelle tu m’as provoqué et tu as fait pécher Israël ». Puis il ajouta une parole terrible contre Jézabel : « Et aussi à l’égard de Jézabel, l’Éternel parla, disant : Les chiens mangeront Jézabel à l’avant-mur de Jizreël », à l’endroit même où elle avait fait répandre le sang innocent de Naboth. Et cette reine idolâtre et cruelle devait aussi recevoir le juste châtiment de tout le mal qu’elle avait fait en poussant Achab au mal et en tuant les prophètes de l’Éternel. Achab n’était pas seul quand Élie lui adressa ces paroles foudroyantes. Il était venu à la vigne de Naboth dans son char, et à sa suite se trouvaient deux chefs de son armée, nommés Jéhu et Bidkar, qui avaient entendu Élie et qui plusieurs années après s’en souvinrent, comme nous le verrons (2 Rois 9:25-26).
— Achab ne fut-il pas saisi en entendant le prophète ? Cela devait lui traverser le cœur et l’épouvanter ?
— En effet. Quand il eut entendu ces paroles, il déchira ses vêtements, mit un sac sur sa chair, et jeûna en signe d’affliction ; il marchait en se traînant comme accablé sous le poids du jugement.
— Et l’Éternel eut pitié de lui, n’est-ce pas ?
— Oui. L’Éternel est miséricordieux et lent à la colère (Exode 34:6). Il envoya dire par Élie au roi humilié que le mal ne viendrait pas durant sa vie, mais tomberait sur son fils et toute sa maison.
— Penses-tu qu’Achab fut vraiment repentant et que son cœur fut changé ?
— Je ne le crois pas, et la suite de son histoire nous le montre toujours le même. Il n’était pas fâché d’avoir péché contre Dieu, mais parce qu’il craignait le châtiment. Il n’avait pas dit comme David : « J’ai péché contre l’Éternel », aussi Élie ne lui dit pas comme Nathan à David : « L’Éternel a fait passer ton péché » (2 Samuel 12:13).
Bonne Nouvelle 1898 n° 2 pages 21 à 31
— Comme nous l’avons vu précédemment, Achab avait épargné le roi de Syrie contrairement à la volonté de l’Éternel, et avait fait alliance avec lui. Ben-Hadad devait lui rendre les villes que son père avait prises à Israël, mais il ne tint pas sa parole, ce qui est un des caractères du méchant (Romains 1:31). Parmi ces villes se trouvait Ramoth de Galaad, ville forte bien située, et qui était une des cités données aux Lévites, et en même temps une ville de refuge (Josué 20:7-8 ; 21:38). Elle était située en Galaad comme son nom l’indique et se trouvait de l’autre côté du Jourdain. Après trois années passées sans guerre contre les Syriens, Achab résolut de leur reprendre Ramoth de Galaad.
— Ne craignait-il pas de les combattre puisque le prophète lui avait dit que sa vie répondrait pour celle de Ben-Hadad ?
— Achab ne tenait pas compte de l’Éternel, ni de sa parole. Il suivait toujours sa propre volonté. Et puis il était arrivé une chose qui, sans doute, le décida. À cette époque régnait sur Juda un bon roi nommé Josaphat. Malheureusement il était faible et s’était allé à s’associer à Achab. Son fils Joram avait épousé Athalie, fille d’Achab et de Jézabel (2 Chroniques 18:1 ; 2 Rois 8:18 et 26).
— C’était bien mal, n’est-ce pas ?
— Sans doute, car Dieu défend aux fidèles de s’allier avec des infidèles (2 Corinthiens 6:14-15 ; Deutéronome 7:2-3). Un pieux Israélite comme Josaphat ne devait pas avoir de rapport avec des idolâtres méchants et persécuteurs tels qu’Achab et Jézabel. Josaphat fut donc en paix avec le roi d’Israël. Il aurait dû se borner à cela et rester tranquille à Jérusalem, occupé au service de l’Éternel et au bien de son peuple. Au lieu de cela, il alla à Samarie voir Achab, et celui-ci lui fit, ainsi qu’à ses serviteurs, un magnifique accueil et une grande fête (vois 2 Chroniques 18:2). Était-ce la place d’un roi de Juda, serviteur de l’Éternel d’être à la table d’un Achab et d’une Jézabel ?
— Oh, non ! Élie n’aurait pas fait cela. Et Josaphat ne devait pas être heureux. Peut-être y avait-il même des prêtres de Baal et des faux prophètes.
— C’est très probable. Dans une pareille société, Josaphat ne pouvait pas parler de ce qu’il aimait, c’est-à-dire de ce qui concernait l’Éternel et son service. Il ne pouvait qu’être mal à l’aise. C’est ainsi qu’un chrétien ne saurait être heureux dans la société et à la table des gens du monde. Ce n’est pas la place d’un citoyen du ciel (Philippiens 3:20).
— Je le sais. Une fois, tu m’as permis d’aller à un goûter d’anniversaire. C’était un beau goûter, il y eut de la musique et l’on dansa. Mais je n’étais pas heureuse. Je sentais que le Seigneur Jésus n’était pas là.
— Que le Seigneur te garde toujours d’aimer le monde et les choses qui sont dans le monde (1 Jean 2:15-17). Mais reprenons l’histoire d’Achab. Désirant s’assurer l’appui de Josaphat, il commença à parler devant lui à ses serviteurs de Ramoth de Galaad. « Savez-vous », dit-il, « que Ramoth de Galaad est à nous ? Et nous nous taisons, sans la reprendre de la main du roi de Syrie ! ». Et se tournant vers le roi de Juda, il lui demanda : « Viendras-tu avec moi à la guerre, à Ramoth de Galaad » ?
— J’espère bien que Josaphat refusa.
— Une fois qu’on a fait un premier mauvais pas, que l’on s’est mêlé avec les gens du monde, qu’on a accepté leurs présents, qu’on s’est associé à leurs fêtes, c’est bien difficile de refuser une chose qu’ils demandent. Et l’on trouve pour cela toutes sortes de bonnes raisons. Josaphat se disait peut-être : « Les Syriens ne sont-ils pas des ennemis du peuple de Dieu ? Quel mal y a-t-il à les combattre ? Et puis c’est pour reprendre une ville des Lévites, une ville de refuge. N’est-ce pas une bonne œuvre ? ». Oui, mais le mal c’était de s’associer à Achab. C’est ainsi que des chrétiens, qui oublient qu’ils ne sont pas du monde, s’associent avec le monde pour de soi-disant bonnes œuvres. Le pauvre Josaphat se laissa donc persuader (2 Chroniques 18:2). Il dit à Achab : « Moi, je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple, mes chevaux comme tes chevaux », c’est-à-dire que lui et son peuple ne faisaient qu’un avec Achab et son peuple.
— Mais de tels propos étaient bien mauvais, n’est-ce pas ?
— Tout à fait mauvais. C’était associer le temple de Dieu avec Baal. Et nous devons bien prendre garde de ne pas faire comme Josaphat. Il pensait peut-être : « Il faut montrer aux ennemis que nous ne cessons pas d’être un seul et même peuple ». Mais la question était de savoir si lui, Josaphat, pouvait s’unir à Achab, même dans un bon but. Eh bien, il ne le devait pas. Si de nos jours un chrétien marche dans l’infidélité à la parole de Dieu, pouvons-nous nous associer à lui sous prétexte qu’il est chrétien ? Non, la parole de Dieu dit : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce (ou invoque) le nom du Seigneur » (2 Timothée 2:19). Il nous est dit aussi qu’il faut se séparer des vases à déshonneur, c’est-à-dire de ceux qui n’honorent pas le Seigneur en lui obéissant. Josaphat cependant n’avait pas entièrement oublié sa place de serviteur de l’Éternel qui ne doit agir que selon son commandement. Avant de partir pour Ramoth de Galaad, il dit au roi d’Israël : « Enquiers-toi aujourd’hui, je te prie, de la parole de l’Éternel ».
— C’est ce que lui-même aurait dû faire avant de venir trouver Achab, n’est-ce pas ?
— Certainement, nous ne devrions rien faire, pas même un pas, sans avoir demandé à Dieu de nous diriger.
— Et que répondit Achab à Josaphat ?
— Il ne fut pas embarrassé. Il avait quatre cents prophètes sous la main, et il les assembla.
— Mais n’était-ce pas des prophètes de Baal ?
— Il ne semble pas, car ils prophétisent au nom du Seigneur, de l’Éternel, mais ils n’étaient pas moins des faux prophètes. Il y eut plus d’une fois des faux prophètes qui, pour plaire au peule, prophétisaient au nom de l’Éternel. On peut se référer à Jérémie 14:14-15 ; 23:16-17 ; 27:14-15 ; Ézéchiel 13:1-7 ; 22:28. Le roi d’Israël leur demanda s’il devait aller à la guerre contre Ramoth de Galaad, ou non, et tous dirent : « Monte ; et le Seigneur la livrera en la main du roi ». Mais Josaphat ne se fiait point à eux, et il demanda à Achab : « N’y a-t-il pas ici encore un prophète de l’Éternel, pour que nous nous enquérions auprès de lui ? ». Achab répondit : « Il y a encore un homme, pour consulter l’Éternel par lui ; mais je le hais, car il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais du mal ; c’est Michée, fils de Jimla ».
— Cela ne m’étonne pas. Si Michée était un vrai prophète de l’Éternel, il ne pouvait pas prophétiser du bien à ce méchant Achab. Il était comme Élie. Achab le fit-il venir ?
— Oui, pour faire plaisir à Josaphat il le fit chercher par un messager. Pendant qu’il y allait, un des quatre cents prophètes, nommé Sédécias, s’étant fait des cornes de fer, dit à Achab : « Ainsi dit l’Éternel : Avec celles-ci tu heurteras les Syriens, jusqu’à les exterminer ». Il voulait dire que rien ne pourrait résister à Achab, et tous ses compagnons dirent comme lui de sorte que le pauvre Achab était flatté et encouragé à suivre son dessein ; mais c’était un mensonge, comme nous le verrons.
— Est-ce que Michée vint ?
— Oui, il obéit à l’ordre du roi. Pendant qu’ils étaient en chemin, le messager d’Achab, ignorant qu’il était un vrai serviteur de l’Éternel, crut donner un bon conseil à Michée en lui disant : « Voici, les paroles des prophètes, d’une seule bouche, annoncent du bien au roi ; que ta parole soit, je te prie, comme la parole de l’un d’eux, et annonce du bien » (1 Rois 22:13). C’était une tentation que le prophète fidèle repoussa en répondant : « Ce que l’Éternel me dira, je l’annoncerai ». Achab posa à Michée la même question qu’aux autres prophètes : « Irons-nous à la guerre à Ramoth de Galaad, ou nous en abstiendrons-nous ? ». Et Michée répondit comme les autres : « Monte et prospère ; et l’Éternel la livrera en la main du roi ».
— Je suis toute étonnée de voir Michée d’accord avec les faux prophètes.
— Achab ne s’y trompa pas. Au ton de Michée, il comprit bien que c’était par ironie qu’il parlait ainsi, et il l’adjura de ne lui dire que la vérité. Alors Michée fit connaître à Achab la vérité solennelle que l’Éternel lui avait révélée dans deux visions : l’une disait ce qui se passerait sur la terre, et l’autre ce qui avait eu lieu dans le ciel. « J’ai vu », dit d’abord Michée, « J’ai vu tout Israël dispersé sur les montagnes, comme un troupeau qui n’a pas de berger ; et l’Éternel a dit : Ceux-ci n’ont pas de seigneur ; qu’ils s’en retournent en paix chacun à sa maison ». Comprends-tu le sens de cette vision ?
— Je crois que oui. Cela signifiait qu’Achab serait tué à Ramoth de Galaad, et que le peuple, n’ayant plus de chef, serait dispersé et n’aurait qu’à retourner dans son pays.
— Oui, et l’image est d’autant plus frappante que Ramoth est située dans un pays de montagnes. Achab aussi comprit bien ce que voulait dire le prophète car il dit à Josaphat : « Ne t’ai-je pas dit qu’il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais du mal ? ». Mais Michée avait encore à faire savoir au roi ce qui s’était passé dans le ciel, et c’était un dernier avertissement pour Achab. « Écoute la parole de l’Éternel », dit-il. « J’ai vu l’Éternel assis sur son trône, et toute l’armée des cieux se tenant près de lui, à sa droite et à sa gauche ; et l’Éternel dit : Qui persuadera Achab, afin qu’il monte et qu’il tombe à Ramoth de Galaad ? Et celui-ci dit ainsi, et celui-là dit ainsi. Et un esprit sortit, et se tint devant l’Éternel, et dit : Moi, je le persuaderai. Et l’Éternel lui dit : Comment ? Et il dit : Je sortirai, et je serai un esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes. Et l’Éternel dit : Tu le persuaderas, et aussi tu réussiras : sors, et fais ainsi. Et maintenant, voici, l’Éternel a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous tes prophètes que voilà, et l’Éternel a prononcé du mal à ton sujet ».
— Quelle scène solennelle ! Achab était maintenant bien averti, et il aurait dû abandonner son dessein et remercier Dieu.
— Sans doute, car l’Éternel avait été bien patient envers lui. En entendant Michée, le faux prophète Sédécias fut irrité de voir qu’il contredisait ses paroles, et il frappa le serviteur de Dieu sur la joue en lui disant : « Par où a passé l’Esprit de l’Éternel, d’avec moi, pour te parler ? ». Et Michée dit : « Voici, tu le verras ce jour-là, quand tu iras de chambre en chambre pour te cacher », c’est-à-dire quand ce que j’ai annoncé s’accomplira.
— Achab crut-il Michée ?
— Non, il préféra croire les prophètes de mensonge. Il était aveuglé et endurci, et s’opposa nettement à la parole de Dieu. Il donna ordre de conduire Michée en prison et de le traiter durement « jusqu’à ce que je revienne en paix ». Et Michée répondit : « Si jamais tu reviens en paix, l’Éternel n’a point parlé par moi ». Et il prit tout le peuple à témoin, en disant : « Peuples, entendez-le tous ! ». Achab est un exemple de ce qui arrivera aux derniers jours. Ceux qui n’auront pas reçu la vérité pour être sauvés, croirons aussi le mensonge et périront (2 Thessaloniciens 2:9-12).
— Et Josaphat, ne crut-il pas le prophète de l’Éternel ? Resta-t-il avec Achab ?
— Hélas ! Le pauvre Josaphat était entré dans une mauvaise voie et n’eut pas le courage de s’en retirer. Peut-être se fit-il un faux point d’honneur de ne pas abandonner Achab, mais il eut tort. Il n’est jamais trop tard pour se retirer du mal. Ils montèrent donc à Ramoth de Galaad. Achab était cependant troublé, ou peut-être voulait-il faire mentir Michée en employant un moyen d’échapper à la mort. Comme si l’on pouvait tromper Dieu ! « Je me déguiserai », dit-il à Josaphat car il pensait bien que les Syriens chercheraient avant tout à le tuer. Mais il ajouta : « Toi, revêts-toi de tes robes ». Il voulait ainsi attirer le danger sur Josaphat.
— Cela n’est pas bien généreux, mais cela répondait à ce que Josaphat lui avait dit : « Moi, je suis comme toi », n’est-ce pas ?
— En effet. Le roi de Syrie avait donné ordre aux trente-deux capitaines de ses chars de combattre contre le roi d’Israël seul. Lorsqu’ils virent Josaphat avec son vêtement royal, ils le prirent pour Achab et tous se dirigèrent contre lui. Que faire dans ce péril extrême ? Josaphat cria, sans doute pour faire connaître qu’il n’était pas le roi d’Israël. Il ne voulait plus dire : « Moi, je suis comme toi ». Il voyait bien le danger qu’il y a de s’associer aux méchants. Mais Dieu eut compassion de lui, comme autrefois de Lot qui était venu habiter à Sodome (Genèse 19:16). Son cri n’aurait servi de rien, mais l’Éternel le secourut, et Dieu les porta à s’éloigner de lui.
— Combien il dut être reconnaissant et quelle sérieuse leçon pour lui !
— Nous voyons dans les entretiens sur les rois de Juda s’il sut en profiter. Quant à Achab, malgré son déguisement, le jugement de Dieu contre lui devait s’exécuter. Si les Syriens ne pouvaient le reconnaître, Dieu le voyait. Le méchant ne peut échapper, comme il est dit : « Si le méchant ne se retourne pas, Dieu aiguisera son épée : il a bandé son arc, et l’a ajusté, et il a préparé contre lui des instruments de mort, il a rendu brûlantes ses flèches » (Psaume 7:13). Achab allait en faire l’expérience. Un homme de l’armée syrienne tira de l’arc à l’aventure, sans dessein d’atteindre l’un plutôt que l’autre, et le même Dieu, qui avait secouru Josaphat, dirigea la flèche contre Achab qu’elle frappa au défaut de la cuirasse, et lui fit une blessure mortelle. « Tourne ta main », dit-il au conducteur de son char, « et mène-moi hors de l’armée, car je suis blessé ».
— Pauvre Achab, comme il devait regretter d’avoir méprisé les paroles de Michée !
— C’était trop tard. Le combat se renforça et le roi, malgré sa blessure, fut soutenu debout sur son char vis-à-vis des Syriens, tandis que son sang coulait dans le foin de son char. Audacieux jusqu’au bout, peut-être espérait-il encore pouvoir être guéri de sa blessure mais le soir, au coucher du soleil, il mourut et en même temps on fit proclamer dans le camp : « Chacun à sa ville, et chacun à son pays ! »
— Ainsi s’accomplit la prophétie de Michée.
— Oui, et aussi la parole qui avait tant irrité Achab à propos de Ben-Hadad qu’il avait laissé échapper : « Parce que tu as laissé aller d’entre tes mains l’homme que j’avais voué à la destruction, ta vie sera pour sa vie, et ton peuple pour son peuple » (1 Rois 20:42). Tôt ou tard, ce que Dieu a dit, promesses ou menaces, a son effet. Combien cela est sérieux ! On amena le roi mort sur son char à Samarie où il fut enterré. Comme il s’était humilié à la parole d’Élie, le mal prononcé par l’Éternel (21:24) ne s’accomplit pas sur lui. Mais quand on lava son char ensanglanté à un étang près de Samarie, les chiens léchèrent son sang, selon la parole que l’Éternel avait prononcée. Telle fut, après vingt-deux ans de règne, la fin de ce méchant roi, le pire de ceux qui avaient régné et qui régnèrent sur Israël, celui à qui Dieu avec patience multiplia les avertissements, mais qui ne voulut pas les écouter !
Bonne Nouvelle 1898 n°3 pages 45 à 51
— Qui fut roi après la mort d’Achab ?
— Achab avait plusieurs fils. Ce fut l’un d’eux, nommé Achazia, qui lui succéda.
— Était-il aussi méchant que son père ?
— Voici ce que la parole de Dieu dit de lui : « Et il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et il marcha dans la voie de son père, et dans la voie de sa mère, et dans la voie de Jéroboam, fils de Nebath, qui fit pécher Israël. Et il servit Baal, et se prosterna devant lui, et provoqua à colère l’Éternel, le Dieu d’Israël, selon tout ce que son père avait fait » (1 Rois 22:53-54).
— Il ne valait pas mieux qu’Achab. Il avait eu de mauvais parents qui lui avaient enseigné le mal par leur exemple. Combien il est heureux d’avoir de bons parents qui nous apprennent à connaître, aimer et servir le Seigneur Jésus !
— Oui, c’est une grande grâce et il faut en profiter, comme le dit Salomon : « Mon fils, garde le commandement de ton père, et n’abandonne pas l’enseignement de ta mère ; tiens-les continuellement liés sur ton coeur, attache-les à ton cou. Quand tu marcheras, il te conduira ; quand tu dormiras, il te gardera ; et quand tu te réveilleras, il s’entretiendra avec toi » (Proverbes 6:20-22). Les enfants qui ont des parents qui les ont élevés « dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (Éphésiens 6:4), sont d’autant plus coupables s’ils se détournent du bien et suivent le monde et ses convoitises (1 Jean 2:15-16).
— Mais le pauvre Achazia avait connu les miracles d’Élie, et entendu les paroles de Michée, et vu la triste fin de son père. Cela aurait dû l’avertir sérieusement de ne pas irriter l’Éternel en continuant à être idolâtre.
— Tu as raison. Le mauvais exemple des autres ne nous excuse pas si nous le suivons, même si ce sont nos parents qui nous l’ont donné. Le pauvre Achazia, comme tu l’appelles avec raison, ne jouit pas longtemps de sa royauté, et son règne si court fut marqué par deux évènements fâcheux. Il avait fait alliance avec Josaphat mais les navires, qu’ils avaient équipés pour aller chercher de l’or à Tarsis, furent brisés par la tempête (2 Chroniques 20:35-37), et Moab, qui était tributaire d’Israël, se révolta contre lui. Cela montrait bien que l’Éternel était irrité à son sujet.
— Il est bien étonnant de voir Josaphat s’allier encore une fois avec un méchant roi, après ce qui lui était arrivé. Mais tu m’as dit qu’Achazia ne régna pas longtemps. Fut-il tué dans une bataille ?
— Achazia régna à peine deux ans, mais ne fut pas tué dans une bataille. Il était sur le toit en terrasse de sa chambre haute à Samarie, et tomba par le treillis et se blessa grièvement.
— Qu’est-ce que c’était que ce treillis ?
— D’après la loi de Moïse, les terrasses devaient être entourées d’un parapet afin qu’on ne risquât pas d’en tomber. On voit cela en Deutéronome 22:28. C’était une prescription qui montre combien Dieu prenait soin, dans les moindres détails, de ce qui concernait son peuple. On remplaçait quelque fois ce parapet par une balustrade plus légère en treillis. Achazia s’appuya probablement contre ce treillis qui céda, et le roi tomba d’une assez grande hauteur.
— Était-ce un châtiment de Dieu à cause de ses péchés ?
— Je crois plutôt que c’était un nouvel avertissement que l’Éternel lui donnait pour qu’il se détourne de sa mauvaise voie. Élihu dit à Job : « Car Dieu parle une fois, et deux fois … pour détourner l’homme de ce qu’il fait » (Job 33:14-17). Mais Achazia n’écouta pas la voix de l’Éternel. Bien au contraire ! Au lieu de se tourner vers Dieu, il envoya des messagers pour consulter Baal-Zebub, dieu d’Ékron, afin de savoir s’il se rétablirait.
— C’est étrange. N’avait-il pas les prophètes de Baal auprès de lui ? Et qui était Baal-Zebub ?
— Le culte de Baal était très répandu. On l’adorait en divers lieux et l’on ajoutait à son nom celui de l’endroit, ou une désignation qui indiquait le fléau contre lequel il était invoqué. Ainsi il y avait Baal-Péor, du lieu où était son temple (Nombres 25:3), Baal-Thamar ou Baal des palmiers parce que sans doute Baal y était adoré dans un bocage de palmiers. Quand à Baal-Zebub, ce nom signifie le Baal ou seigneur des mouches, probablement parce qu’on l’invoquait contre le fléau des mouches venimeuses. On peut aussi penser qu’on le représentait sous la forme d’une mouche. Dagon, le dieu d’Asdod, avait un visage et un tronc d’homme et se terminait par une queue de poisson. Un scarabée était une divinité égyptienne. Pourquoi Achazia s’adressait-il à Baal-Zebub de préférence ? Chez les païens, telle ou telle divinité avait plus de renommée que d’autres pour rendre des oracles ou opérer des miracles, par exemple l’Apollon de Delphes. Baal-Zebub jouissait sans doute d’une semblable réputation. Hélas ! Ne voit-on pas de nos jours des superstitions pareilles ? Les pauvres catholiques romains ont Notre-Dame de Lourdes, d’Einsiedeln ou de Lorette, et d’autres lieux de pèlerinage plus ou moins célèbres. Le cœur de l’homme est toujours le même. Il préfère les idoles, qu’il s’est faites, au vrai Dieu.
— Les Juifs accusaient Jésus de chasser les démons par Béelzébul. Était-ce le même que Baal-Zebub ?
— Je le pense, mais avec un changement d’orthographe. Les Juifs donnaient par mépris à Satan le nom de cette fausse divinité.
— Quelle réponse le dieu d’Ékron donna-t-il aux messagers d’Achazia ?
— Aucune car ils n’allèrent pas à Ékron. L’Éternel lui-même donna la réponse. Comme ils se mettaient en route, ils rencontrèrent Élie. L’ange de l’Éternel avait dit à celui-ci d’aller au-devant d’eux et de leur dire : « Est-ce parce qu’il n’y a point de Dieu en Israël que vous allez consulter Baal-Zebub, dieu d’Ékron ? Et c’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel : Tu ne descendras pas du lit sur lequel tu es monté, car tu mourras certainement » (2 Rois 1:3-4). Il y avait, comme encore souvent en Orient, au bout de chaque chambre une sorte d’estrade avec une balustrade. On y montait par quelques marches, et c’est là qu’on plaçait les lits. De là ces paroles : « le lit sur lequel tu es monté ». Il est fait allusion à cela au Psaume 132:3, et en d’autres endroits. Élie transmit son message et les envoyés d’Achazia vinrent le lui rapporter.
— Cela dut frapper Achazia qui devait savoir que les paroles du prophète s’accomplissaient toujours.
— Oui, c’était encore un avertissement. Mais Achazia ne sut pas en profiter. Il semble qu’au contraire, dans sa méchanceté, il voulut se venger du prophète. « Quelle manière d’homme était-ce, qui est monté à votre rencontre et vous a dit ces choses ? » demanda-t-il aux messagers qui répondirent : « Un homme vêtu de poil, et ceint sur ses reins d’une ceinture de cuir ». Et aussitôt, à ce portrait Achazia reconnut Élie. « C’est Élie, le Thishbite », dit-il, et il envoya cinquante hommes pour prendre Élie et l’amener vers lui.
— Pourquoi n’envoyait-il pas simplement un messager dire à Élie de venir ?
— C’était pour employer la force si Élie refusait de venir.
— Mais l’Éternel gardait Élie et personne n’aurait pu lui faire de mal.
— Sans doute. Mais Achazia ne craignait pas l’Éternel. Le capitaine, avec ses cinquante hommes, monta vers le prophète qui était assis au sommet d’une montagne et, sans respect pour le caractère d’Élie, il lui dit impérieusement : « Homme de Dieu, le roi dit : Descends ! ». Élie n’avait pas d’ordre de l’Éternel pour descendre, et il discernait la méchanceté de ceux qui lui étaient envoyés, et qui étaient prêts à user de violence s’il ne venait pas. Alors, armé de la même puissance qu’il avait sur le Carmel en présence d’Achab, il dit : « Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende des cieux, et te dévore, toi et ta cinquantaine ! ». Et il en fut ainsi. Les instruments d’Achazia, méchants comme lui, trouvèrent leur châtiment.
— C’est terrible ! Achazia fut-il effrayé quand il apprit cette nouvelle ?
— Non ! Il semble en cela avoir dépassé la méchanceté de son père. De nouveau, il envoya une troupe de cinquante hommes avec leur chef. Mais comme ils vinrent dans les mêmes sentiments que les premiers, ils subirent le même sort.
— Achazia aurait dû comprendre cette fois.
— Il ne le fit pas, ce qui montre combien il était endurci dans le mal. Il envoya encore le même nombre d’hommes avec leur chef. Celui-ci comprit le respect qu’il devait à un homme de Dieu. En arrivant auprès d’Élie, il se mit à genoux devant lui et le supplia d’épargner sa vie et celle de ses hommes. Il trouva ainsi grâce aux yeux de Dieu et l’ange de l’Éternel, le divin Conseiller du prophète, dit à Élie : « Descends avec lui ; ne le crains pas ».
— Qu’on est heureux quand on est sous la garde et la conduite de Dieu, comme Élie !
— Oui, et c’est le privilège de tous les enfants de Dieu. Élie vint donc vers le roi et lui répéta le message solennel : « Tu mourras certainement ». Et la parole de l’Éternel prononcée par le prophète s’accomplit. Achazia fut enterré à Samarie, et son frère Joram lui succéda. Maintenant, te rappelles-tu un passage du Nouveau Testament où il est parlé du feu qui descendit des cieux à la parole d’Élie ?
— Oui. C’est quand Jésus n’a pas été reçu dans un village de Samaritains. Alors Jean et Jacques, irrités contre eux, demandèrent à Jésus : « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel et les consume, comme aussi fit Élie ? » (Luc 9:51-55). Mais Jésus ne le voulut pas parce qu’il aimait même ces pauvres Samaritains, n’est-ce pas ?
— Oui. Élie, le représentant de la loi, était le prophète du jugement. Mais Jésus était venu, non pour juger, mais pour sauver (Jean 3:17). Mais le temps viendra où de nouveau le jugement s’exercera contre ceux qui voudront nuire aux prophètes du Seigneur. Nous lisons en Apocalypse 11:3-5, que le feu sortira de la bouche des témoins de Dieu et dévorera leurs ennemis. « Dieu est un feu consumant », est-il dit, et c’est « une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant » (Hébreux 12:29 ; 10:31). Combien ces paroles devraient frapper ceux qui ne sont pas convertis !
Bonne Nouvelle 1898 n°4 pages 66 à 76
— Nous parlerons aujourd’hui, non du règne de Joram, mais d’un évènement merveilleux qui eut lieu sous son règne et qui concerne Élie, le fidèle serviteur de Dieu. Après tous les travaux d’Élie et les peines de cœur qu’il avait ressenties à cause de l’infidélité d’Israël et de la méchanceté de ses rois, l’Éternel voulut lui donner un éclatant témoignage de sa faveur en l’enlevant au ciel sans qu’il eût à passer par la mort.
— C’est en effet bien remarquable. Et ce fut aussi le cas d’Hénoc, n’est-ce pas ?
— Oui, mais ce qui nous est dit d’Hénoc est très court. La manière dont il fut enlevé ne nous est pas racontée ; tandis que, pour Élie, nous avons un récit long, intéressant et instructif. Lis Genèse 5:24, puis Hébreux 11:5.
— « Et Hénoc marcha avec Dieu ; et il ne fut plus, car Dieu le prit ». Et puis : « Par la foi, Énoch fut enlevé pour qu’il ne vît pas la mort ; et il ne fut pas trouvé, parce que Dieu l’avait enlevé ; car, avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d’avoir plu à Dieu ».
— Tu vois que l’épître aux Hébreux explique le verset de la Genèse. En peu de mots, la parole de Dieu nous dit de grandes choses. Hénoc fut un homme de foi, et cette foi, au milieu d’un monde méchant et corrompu, le fit marcher avec Dieu à part du mal. C’est ainsi qu’il fut agréable à Dieu, et Dieu le prit directement à Lui, hors du monde, sans que la mort le touchât.
— C’est bien beau d’aller ainsi au ciel. Mais je sais que c’est de cette manière que Jésus, quand Il viendra, prendra avec Lui tous ceux qui croient en Lui. Combien j’aimerais être encore vivante quand cela arrivera, et voir le cher Sauveur venir du ciel et nous appeler à aller à sa rencontre. Comme nous serons heureux si nous vivons à ce moment-là !
— C’est vrai, mais ceux qui sont délogés, ne seront pas moins heureux. À la voix du Sauveur, lorsqu’il descendra du ciel, les morts en Christ ressusciteront premièrement avec des corps glorieux, et les vivants seront changés, c’est-à-dire que leurs corps seront transformés à la ressemblance du corps glorieux du Seigneur, et nous nous en irons tous ensemble avec Lui dans le ciel (1 Thessaloniciens 4:15-18 ; 1 Corinthiens 15:51-53 ; Philippiens 3:20-21).
— Quelle belle espérance ! Mais Comment Élie fut-il enlevé au ciel ? Savait-il que l’Éternel allait le prendre ?
— Oui, il le savait, ainsi qu’Élisée à qui peut-être il l’avait dit. Il savait aussi où l’Éternel l’envoyait pour accomplir son merveilleux dessein à son égard. Il était avec Élisée à Guilgal. Te rappelles-tu quelque chose de cet endroit ?
— N’est-ce pas là que les Israélites campèrent pour la première fois après avoir traversé le Jourdain (Josué 4:19) ?
— C’est bien cela ; et c’est là que le peuple fut consacré à l’Éternel, avant de ne livrer aucun combat aux habitants de Canaan ? Élie partit de Guilgal. Élisée voulut l’accompagner, mais Élie lui dit : « Reste ici, je te prie ; car l’Éternel m’envoie jusqu’à Béthel ». Mais Élisée ne voulait pas laisser son cher maître et il lui dit : « L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point ». Ainsi ils allèrent à Béthel.
— C’est là que Jacob eut un songe merveilleux. Il vit les anges montant et descendant sur une échelle dont le sommet touchait au ciel. Et l’Éternel se tenait sur l’échelle et fit à Jacob de magnifiques promesses. C’était de donner la terre de Canaan à lui et à ses descendants pour toujours (Genèse 28:15). Et Béthel veut dire : « maison de Dieu », n’est-ce pas ? Quel bel endroit !
— Arrivés à Béthel, ils rencontrèrent des fils de prophètes qui dirent à Élisée : « Sais-tu qu’aujourd’hui l’Éternel va enlever ton maître ? ». « Je le sais, moi aussi », répondit Élisée, « taisez-vous ». Il ne voulait pas être distrait dans les pensées sérieuses que faisait naître dans son esprit le départ de son maître.
— Qui étaient ces fils des prophètes ?
— Il faut comprendre par-là les disciples des prophètes. C’était des hommes qui se rassemblaient pour vivre ensemble, afin de lire et d’étudier la parole de Dieu, et de servir l’Éternel qui les employait de diverses manières. Vois par exemple 1 Rois 20:35 ; 2 Rois 9:1-10. Nous les voyons déjà au temps de Samuel. Une troupe de prophètes rencontra Saül après que Samuel l’eut oint pour être roi, et Saül prophétisa (1 Samuel 10:5-10). Plus tard, quand Saül envoya des messagers pour se saisir de David, « ils virent une assemblées de prophètes, et Samuel les présidait » (1 Samuel 19:20). Nous voyons par ce passage, et par d’autres, qu’ils se réunissaient autour de quelque prophète reconnu comme tel, par exemple Samuel et Élisée (2 Rois 4:38), et ceux-ci, sans doute, les enseignaient. Tu comprendras par-là comment il y avait tant de prophètes dans le pays d’Israël, qu’Abdias en pouvait cacher cent pour les soustraire à la mort, quand la méchante Jézabel persécutait les serviteurs de Dieu (1 Rois 18:4).
— Que firent Élie et Élisée à Béthel ?
— Élie dit à Élisée : « Élisée, je te prie, reste ici ; car l’Éternel m’envoie à Jéricho ». Mais Élisée fit la même réponse, et ils vinrent à Jéricho. Peux-tu me dire quelque chose de cet endroit ?
— Oui. C’était la première ville, très forte avec de hautes murailles, que les Israélites rencontrèrent en entrant dans le pays de Canaan, et qui leur ferma ses portes. Mais l’Éternel fit tomber ses murailles, et les Israélites y entrèrent et la détruisirent avec tous ses habitants. Rahab seule fut sauvée avec sa famille parce qu’elle avait cru Dieu (Josué 6).
— À Jéricho aussi, il y avait des fils des prophètes qui parlèrent à Élisée comme ceux de Béthel, mais ils reçurent la même réponse. Dieu leur avait fait connaître ce qu’il allait faire de son grand serviteur Élie, et comment Élisée l’aurait-il ignoré ? Alors Élie éprouva une troisième fois Élisée en lui disant : « Reste ici, je te prie ; car l’Éternel m’envoie au Jourdain ». Mais Élisée répondit encore : « L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point ». L’épreuve de sa fidélité était complète, et ils s’en allèrent ensemble.
— Cela me fait penser que nous devrions faire, à l’égard du Seigneur Jésus, comme Élisée à l’égard d’Élie, et lui dire : « Seigneur, je ne te laisserai pas ».
— Tu as raison. C’est ce que l’apôtre Pierre exprimait quand il répondait au Seigneur : « Auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 7:67-68). Pierre ne voulait pas quitter le Seigneur parce qu’il l’aimait.
— Pourquoi l’Éternel avait-il fait passer Élie par ces trois endroits au lieu de le diriger tout de suite vers le Jourdain ?
— C’était pour rappeler tout ce que Dieu avait fait pour Israël, son peuple, et l’ingratitude de celui-ci. À Guilgal, il s’était consacré ce peuple pour qu’il soit à Lui. À Béthel, il avait donné à Jacob les promesses qui assuraient à Israël la possession du pays de Canaan, et à Jéricho il avait montré sa puissance pour détruire ses ennemis. Mais en tous ces endroits, les Israélites avaient montré leur méchanceté et leur incrédulité. À Guilgal, ils avaient dressé des autels à des idoles (Osée 9:15 ; 12:12 ; Amos 4:4) ; à Béthel leur roi avait établi le veau d’or, et malgré la parole de l’Éternel un Israélite, Hiel de Béthel, avait relevé les murailles maudites de Jéricho (1 Rois 16:34). Élie, le prophète de la loi qui avait à cœur la gloire du Dieu d’Israël, ne pouvait rester au milieu de ce peuple transgresseur de la loi. Mais ce voyage d’Élie et d’Élisée nous représente aussi le passage du Seigneur Jésus et du chrétien dans ce monde. Jésus était saint et consacré à Dieu dès sa naissance, et il fut reconnu publiquement Fils de Dieu à son baptême ; et nous, nous sommes mis à part pour Dieu quand nous croyons au Seigneur (1 Corinthiens 6:11). Sanctifié signifie « mis à part ». Jésus, Lui, hérite de toutes les promesses de gloire et nous avec Lui comme ses cohéritiers (2 Corinthiens 1:20 ; Galates 3:16 ; Romains 8:17). En traversant ce monde, Jésus a rencontré la puissance de Satan et a vaincu ce terrible adversaire, et nous le rencontrons aussi. Mais, par la foi en Jésus, nous sommes plus que vainqueurs (Romains 8:37 ; 1 Jean 5:5). Et puis, à la fin, nous nous en allons pour être avec le Seigneur.
— Que firent les deux prophètes quand ils arrivèrent au Jourdain ?
— Élie devait laisser là tout à fait le peuple et le pays où il avait exercé son ministère comme prophète de la loi. Les idoles étaient toujours là et le peuple était par conséquent rejeté. Mais pour quitter le pays souillé par l’idolâtrie, il fallait traverser le Jourdain. Comment faire ? La puissance de Dieu était là et le prophète, plein de foi, était revêtu de cette puissance et pouvait s’en servir. Élie prit son manteau, le plia, frappa les eaux du fleuve. Elles se divisèrent et ils passèrent tous deux à pied sec. C’était comme si Élie avait passé par la mort et s’était trouvé ressuscité de l’autre côté avant de monter au ciel. C’est ainsi qu’il en fut pour le Seigneur Jésus, mais Il passa réellement par la mort.
— Élisée était-il toujours avec lui ?
— Oui, Élisée avait une belle et grande pensée que Dieu avait mise dans son cœur, mais il attendait le moment favorable pour la faire connaître. Lorsqu’ils eurent passé, Élie dit à Élisée : « Demande ce que je ferai pour toi, avant que je sois enlevé d’avec toi ».
— Je suis sûre qu’Élisée fera comme Salomon et ne demandera pas des richesses.
— Tu as raison. Élisée désirait quelque chose de meilleur. Il répondit : « Qu’il y ait, je te prie, une double mesure de ton esprit sur moi ». Élisée désirait donc être un grand et fidèle prophète comme Élie au milieu du peuple d’Israël afin que le nom de l’Éternel y soit glorifié.
— Mais Élie pouvait-il donner de cet esprit ? N’est-ce pas à Dieu seul que cela appartenait ?
— Sans doute. Aussi Élie ne dit pas qu’il le ferait, mais il lui dit : « Tu as demandé une chose difficile ; si tu me vois [quand je serai] enlevé d’avec toi, il en sera ainsi pour toi ; sinon, cela ne sera pas ».
— Pourquoi était-ce une chose difficile ?
— Je pense que, puisque le peuple d’Israël n’avait pas reçu le témoignage d’Élie, il était difficile que Dieu lui envoie un autre prophète. Mais la grâce, la miséricorde et la patience de Dieu sont grandes, et Il pouvait les exercer en faveur de son pauvre peuple, comme Il le fait encore à l’égard du monde : « Le Seigneur est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:9). Élisée pouvait être, et fut, le prophète de la grâce auprès d’Israël. Voir enlever Élie était le signe que Dieu agréait Élisée comme prophète et qu’il recevrait ce qu’il avait demandé. Car cette vue était une chose divine qui n’était pas pour les yeux du monde. Quand le Seigneur est monté au ciel, ses disciples seuls l’ont vu. Ainsi, comme Élie et Élisée marchaient ensemble, tout à coup un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent, et Élie monta au ciel dans un tourbillon.
— N’était-ce pas bien terrible ? N’eurent-ils pas peur ? Et qu’étaient ce char et ces chevaux de feu et ce tourbillon ?
— Je ne crois pas qu’ils eurent peur. Ils connaissaient l’Éternel, leur Dieu, et ils avaient confiance en Lui. Ils comprenaient que c’était ses anges qu’Il envoyait prendre Élie et le conduire au ciel. Tu sais que les anges, puissants en force, sont les serviteurs de l’Éternel qui obéissent à son commandement (Psaume 103:20). Il est dit aussi : « Il fait ses anges des esprits, et ses serviteurs des flammes de feu » (Psaume 104:4). Il est encore écrit que le Seigneur Jésus, à son apparition pour juger les méchants, viendra « avec les anges de sa puissance en flammes de feu » (2 Thessaloniciens 1:7-8). Et aussi, quant au tourbillon, il est dit : « Il fait des nuées son char ; il se promène sur les ailes du vent » (Psaume 104:3). L’Éternel parlait à Job du milieu d’un tourbillon (Job 38:1), voir aussi Ézéchiel 1:47. Le tourbillon indiquait donc la présence de l’Éternel qui prenait avec Lui son cher serviteur.
— Et Élisée vit Élie monter au ciel, n’est-ce pas ?
— Oui, et il s’écria en le voyant : « Mon père ! Mon père ! Char d’Israël et sa cavalerie ! ». Il éprouvait de la douleur d’être séparé de son maître qu’il aimait comme un père. Mais pourquoi dit-il : « Char d’Israël et sa cavalerie » ?
— Les chars et les chevaux désignent la puissance, la force d’une nation (Psaume 20:7 ; Ésaïe 31:1). Élisée considérait Élie comme celui qui soutenait le peuple par son énergie, comme prophète, et il déplorait son départ.
— Élisée le vit-il longtemps ?
— Non, après ses paroles d’affection et de regret, il ne le vit plus.
— Je pense qu’il y a une grande différence entre l’ascension d’Élie et celle de Jésus, n’est-ce pas ?
— Oui. Lis d’abord Luc 24:50-52.
— « Et il les mena dehors jusqu’à Béthanie, et, levant ses mains en haut, il les bénit. Et il arriva qu’en les bénissant, il fut séparé d’eux, et fut élevé dans le ciel. Et eux, lui ayant rendu hommage, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ».
— Il n’y a là ni char, ni chevaux de feu, ni tourbillon. Le Seigneur monte paisiblement au ciel par sa propre puissance et celle du Père, sans qu’il y ait d’anges, et va s’asseoir à la droite de Dieu. Il bénit ses disciples qui lui étaient si chers, et remplit leur cœur de joie. Et dix jours après, il leur envoie l’Esprit Saint pour demeurer avec eux éternellement, pour réjouir leur cœur, soutenir leur âme et les instruire en leur révélant les choses qui se rapportent à ce cher sauveur. Élisée fut seul à avoir de l’esprit d’Élie ; mais tous les disciples reçurent l’Esprit Saint, le jour de la Pentecôte, et maintenant il vient demeurer dans tous ceux qui croient au Seigneur Jésus (Jean 14:16-17 et 26 ; 16:13-14 ; Actes 2:1-4 et 38 ; 5:31 ; 8:17 ; 10:44 ; Éphésiens 1:13).
Bonne Nouvelle 1898 n° 5 et 6, pages 82 à 88 et 101 à 109
— Nous avons laissé Élisée contemplant Élie qui montait au ciel. Lorsqu’il ne le vit plus, il déchira en deux ses vêtements en signe de deuil, et il releva le manteau d’Élie qui était tombé de dessus lui, et qui devint maintenant le sien. Par comparaison, tu noteras ce qui est dit des disciples après l’ascension du Seigneur : « Et eux, lui ayant rendu hommage, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie » (Luc 24:52). Quelle différence, n’est-ce pas ? La demande d’Élisée avait été exaucée puisqu’il avait vu Élie monter au ciel, et il était revêtu de l’esprit d’Élie. Ses vieux vêtements sont déchirés et il les laisse et, à leur place, il a le manteau du prophète. Et nous pouvons voir là une figure de ce qui est propre au chrétien. Lis Éphésiens 4:22-24.
— « En ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses, et d’être renouvelés dans l’esprit de votre entendement, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité ».
— Tu vois par-là que, lorsqu’on a cru au Seigneur, non seulement on est sauvé mais on laisse de côté sa conduite précédente, les convoitises, la vanité, la légèreté, l’amour du monde et de ses plaisirs, le mensonge, la désobéissance, l’envie, la colère, les mauvaises pensées, tout ce qui n’est pas selon la sainteté, la justice et la vérité de Dieu ; c’est là avoir dépouillé le vieil homme. Et en revanche, on a revêtu le nouvel homme. Lis Colossiens 3:12-15, nous y verrons les traits du nouvel homme.
— « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même. Et par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection. Et que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos coeurs ; et soyez reconnaissants ». Comme cela est beau ! Que l’on doit être heureux quand on a revêtu le nouvel homme ! Mais comment peut-on se conduire ainsi ? Je sens encore tant de mauvaises choses en moi !
— Il nous faut prendre la parole de Dieu comme elle nous est présentée et la croire. Elle dit au chrétien qu’il a dépouillé le vieil homme et qu’il a revêtu le nouveau. C’est un fait. Mais ensuite nous avons à réaliser, c’est-à-dire à montrer cela dans notre vie. Et pour cela Dieu nous a donné son Saint Esprit qui produit en nous la force nécessaire pour renoncer à tout ce qui est du vieil homme, et à pratiquer ce qui est du nouveau. C’est pourquoi il est écrit : « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre », et « renoncez à toutes ces choses » (Colossiens 3:5 et 8), c’est-à-dire à celles qui sont du vieil homme et, au contraire, « revêtez-vous », comme tu l’as lu, de tout ce qui appartient au nouvel homme, c’est-à-dire pratiquez-le. Et en Galates 5:16, l’apôtre Paul dit : « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair », c’est-à-dire les désirs du vieil homme.
— Penses-tu qu’il y ait quelqu’un qui ait montré toujours dans sa vie les choses si belles que j’ai lues ?
— Oui, c’est le Seigneur Jésus, le divin modèle que nous avons à suivre. Et c’est en nous attachant à lui, en pensant à son amour et à tout ce qu’Il a été, et à ce qu’Il a fait pour nous, que nous Lui ressemblerons toujours plus. En même temps, il nous faut veiller afin de repousser toute mauvaise pensée et tout mauvais désir, et prier afin d’être soutenus et fortifiés. Maintenant continuons l’histoire d’Élisée. Après avoir relevé le manteau d’Élie, il s’en retourna et se tint sur le bord du Jourdain. Mais comment le traverser pour aller accomplir sa mission de prophète au milieu d’Israël ?
— Puisqu’il a le manteau d’Élie, il n’a qu’à faire comme lui, et en frapper les eaux.
— C’est en effet ce qu’il fit en disant : « Où est l’Éternel, le Dieu d’Élie ? ». Alors les eaux se divisèrent et il passa.
— Pourquoi dit-il cela ?
— Il invoquait ainsi Celui qu’Élie avait servi, et qui avait manifesté sa puissance par le moyen de son serviteur. Le Dieu d’Élie devait être aussi celui d’Élisée. Combien Dieu se montrait miséricordieux envers son méchant peuple ! Il n’avait pas écouté Élie, et Dieu avait pris Élie au ciel, et maintenant Il lui envoie un nouveau prophète, qui ne devait pas être le prophète de la loi, mais de la grâce, et exercer son ministère par des actes de bonté. Élie était comme le fut Jean le baptiseur, et Élisée est un type du Seigneur Jésus qui allait de lieu en lieu faisant du bien, tu pourras lire plus tard (Malachie 4:4-6 ; Luc 1:17 ; Matthieu 17:11-13). Tu te rappelles que cinquante hommes d’entre les fils des prophètes, qui étaient à Jéricho, s’étaient tenus à distance pendant qu’Élie et Élisée traversaient le Jourdain. Lorsqu’ils virent Élisée revenir seul et portant le manteau d’Élie, ils comprirent ce qui était arrivé, et que l’Éternel s’était choisi un autre prophète, successeur d’Élie, dans la personne d’Élisée. Ils se dirent : « L’esprit d’Élie repose sur Élisée », et ils vinrent se prosterner devant lui.
— Ils devaient être heureux d’avoir un nouveau maître pour les enseigner, et Dieu était bon de le leur avoir donné.
— Sans doute. Et Dieu a toujours pris soin qu’il y eût des moyens d’instruire ceux qui désiraient le connaître et connaître sa volonté. Il a donné des prophètes à son ancien peuple, puis le Seigneur Jésus a annoncé le grand salut qu’il venait accomplir, ensuite les apôtres et d’autres serviteurs de Dieu ont prêché la parole par l’Esprit Saint (Hébreux 1:1 ; 2:3-4). Et nous, nous avons la parole de Dieu, la bible, l’Écriture divinement inspirée (2 Timothée 3:16-17), le Saint Esprit pour nous la faire comprendre (1 Jean 2:20 et 27), et aussi des serviteurs que le Seigneur suscite, des évangélistes, des pasteurs et docteurs, pour annoncer l’évangile, pour exhorter et instruire les chrétiens (Éphésiens 4:11-12).
— Élisée resta-t-il avec les fils des prophètes à Jéricho ?
— Oui, au moins quelque temps. Mais avant d’y entrer, les fils des prophètes lui firent une étrange demande. « Voici, il y a avec tes serviteurs cinquante hommes, des hommes vaillants ; qu’ils aillent, nous te prions, et qu’ils cherchent ton maître : l’Esprit de l’Éternel l’aura peut-être emporté et l’aura jeté sur quelque montagne ou dans quelque vallée ».
— Ils ne croyaient donc pas que Dieu avait enlevé Élie au ciel.
— Non. Cela était pour eux une chose incroyable qu’un homme ne passe pas par la mort. Ils étaient comme ceux qui, de nos jours, se rient des chrétiens qui attendent la venue du Seigneur. Ils disent que nous devons tous mourir, tandis que l’Écriture dit : « Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés » (1 Corinthiens 15:51).
— Mais Élisée ne leur permit pas d’aller, n’est-ce pas ?
— D’abord il leur dit : « N’y envoyez pas », car il savait bien ce qu’il en était. Mais pressé par eux, il leur dit : « Envoyez », et pendant trois jours, ils cherchèrent mais en vain. Et ils retournèrent auprès d’Élisée qui leur dit pour tout reproche : « Ne vous avais-je pas dit : N’y allez pas ? »
— Ils étaient un peu comme ce pauvre Thomas qui voulait voir pour croire (Jean 20:24-29).
— En effet, et il faut que nous nous rappelions ce que le Seigneur dit à ce propos : « Bienheureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ». Thomas aurait dû croire sur le témoignage des autres disciples. Nous n’avons pas vu le Seigneur, mais nous avons la parole de Dieu qui nous le fait connaître, et nous sommes bienheureux si nous croyons ce qu’elle nous dit. « La foi », dit Paul, « vient de ce que l’on entend, et de ce que l’on entend par la parole de Dieu (Romains 10:17). Et comme le dit Pierre à ceux à qui il écrivait, à nous par conséquent : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8). Puissions-nous nous réjouir ainsi ! Élisée demeura donc quelque temps à Jéricho.
— Les fils des prophètes devaient donc être heureux de l’avoir avec eux pour les enseigner.
— C’est sûr. C’est ainsi que les disciples jouissaient de la présence de Jésus (Luc 24:32), que les premiers chrétiens aimaient à avoir Paul au milieu d’eux (Actes 16:15 ; 28:14), et que nous aussi nous sommes heureux quand un serviteur de Dieu passe quelque temps avec nous, pour nous entretenir du Seigneur et des choses du ciel. Et il y a toujours en cela une bénédiction, comme l’éprouvèrent non seulement les fils des prophètes mais aussi tous les habitants de Jéricho.
— Comment cela ?
— Te souviens-tu de ce qui est arrivé à Jéricho ?
— Elle avait été détruite par Josué qui avait déclaré que la ville était anathème, et que celui qui la rebâtirait serait maudit. Hiel la rebâtit, mais ses deux fils moururent à cause de sa désobéissance (Josué 6:17 et 26 ; 1 Rois 16:34).
— C’est bien cela. Mais Jéricho portait toujours les traces de la malédiction, et tous les efforts des hommes n’avaient pas pu les faire disparaître. C’est ce que vinrent dire les habitants de Jéricho à Élisée : « Tu vois que l’emplacement de la ville est bon, comme mon seigneur le voit ; mais les eaux sont mauvaises, et la terre est stérile ».
— Ils avaient donc confiance en Élisée et croyaient qu’il pourrait remédier à ce mal.
— Oui, car ils le reconnaissaient comme un homme de Dieu et comme un prophète, c’est-à-dire comme quelqu’un qui représente Dieu. Et leur confiance ne fut pas trompée, car Dieu honore ceux qui honorent ses serviteurs (Matthieu 10:40-41). Élisée leur dit : « Apportez-moi un vase neuf, et mettez-y du sel. Et ils le lui apportèrent. Et il sortit vers le lieu d’où sortaient les eaux, et y jeta le sel, et dit : Ainsi dit l’Éternel : « J’ai assaini ces eaux ; il ne proviendra plus d’ici ni mort ni stérilité. Et les eaux furent assainies jusqu’à ce jour, selon la parole qu’Élisée avait prononcée ».
— On peut remarquer qu’Élisée n’accomplit pas ce miracle par lui-même, mais au nom de l’Éternel. Il rendait ainsi honneur à Dieu qui seul peut faire des miracles. Les habitants de Jéricho devaient être heureux et bien reconnaissants envers Dieu, n’est-ce pas ?
— Nous n’en pouvons douter. Mais Dieu a fait pour nous des choses bien plus merveilleuses, et que ce miracle nous rappelle. Te souviens-tu de ce qui nous est dit quand Dieu vit toute l’œuvre de la création sortie de ses mains ?
— Oui, Dieu vit que c’était très bon. Tout dans la nature était bon et parfait, et l’homme l’était aussi. Il était innocent et ne connaissait pas le mal, aussi était-il heureux. Mais cela n’a pas duré.
— C’est comme à Jéricho. L’emplacement de la ville était bon, mais les eaux étaient mauvaises et la terre stérile. D’où venait cela ? Du péché qui avait attiré la malédiction sur le territoire de cette ville. De même, le péché de l’homme a amené la ruine et la désolation sur la terre, dans le monde, et surtout chez l’homme. Tu sais ce que fit Adam après sa désobéissance, n’est-ce pas ?
— Oui, le sol devait être maudit à cause de lui. Au lieu de porter de beaux fruits comme dans le paradis, le sol devait produire des épines et des ronces et Adam, pour avoir du pain, aurait à travailler péniblement jusqu’à ce qu’il meure.
— Ainsi le péché de l’homme a amené la malédiction, la peine, les souffrances et la mort. Et n’est-ce pas ce que nous voyons autour de nous ? Les eaux sont amères et la mort règne. L’homme ne trouve pas dans ce monde de quoi se désaltérer, je veux dire de quoi être vraiment heureux ; la terre est stérile, c’est-à-dire le monde et ce qui s’y trouve, et elle ne peut satisfaire vraiment aux désirs du cœur. On souffre et puis l’on meurt. Mais cela est vrai surtout de chacun de nous dans son état naturel. Qu’est notre pauvre et misérable cœur ? À cause du péché, il est devenu comme une source empoisonnée d’où sortent toutes sortes de mauvaises choses. Lis ce que Dieu dit en Genèse 6:5.
— « Et l’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son coeur n’était que méchanceté en tout temps » (Genèse 6:5).
— Après le déluge, l’Éternel répète cette triste vérité (Genèse 8:21). Lis encore ce que le Seigneur Jésus déclare en Matthieu 15:18-19.
— « Mais les choses qui sortent de la bouche viennent du coeur, et ces choses-là souillent l’homme. Car du coeur viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les injures ». C’est bien, en effet, une source empoisonnée. Il arrive que des mauvaises pensées montent dans mon cœur. Alors je demande au Seigneur Jésus de les chasser.
— Tu fais bien. Il est notre ressource et notre force, et Il nous écoute toujours quand nous venons à Lui. Quant aux fruits que produit ce méchant cœur naturel, comment pourraient-ils être bon ? Un mauvais arbre ne peut porter de bon fruits, dit Jésus (Matt 8:1). Ainsi nous sommes à l’égard de Dieu comme une terre stérile. Même les plus belles actions aux yeux des hommes ne comptent pour rien devant Dieu parce qu’elles sont souillées par le péché. Ce sont des œuvres mortes, dit la Parole (Hébreux 9:14).
— De même qu’Élisée se trouva à Jéricho pour rendre les eaux saines de la part de l’Éternel, Dieu a envoyé Jésus, son Fils, pour nous tirer de notre triste état, n’est-ce pas ?
— Tu as raison. Il nous est dit que « le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu’il détruisît les œuvres du diable » (1 Jean 3:8).
— Que signifient ce vase neuf et le sel qu’Élisée demanda ?
— Le sel garantit de la corruption. Il agit avec énergie et sa saveur se sent et se répand partout où l’on en a mis. Il est donc l’image de ce qui est incorruptible, purifiant et durable. On en mettait sur toutes les offrandes présentées à l’Éternel, et on l’appelait le « sel de l’alliance de ton Dieu » (Ézéch. 43:24 ; Lév. 2:13), pour montrer que rien du côté de Dieu ne pouvait altérer son alliance avec son peuple. C’est ce que signifie l’expression : une « alliance de sel » (Nom. 18:19 ; 2 Chron. 13:5), une alliance durable. Le parfum consacré uniquement à l’Éternel et qui représentait les grâces qui se trouvent dans la personne du Seigneur, la saveur de ces grâces, ce parfum était pur, saint et salé (Ex. 30:35). Et l’apôtre, écrivant aux Colossiens, leur dit : « Que votre parole soit toujours dans [un esprit de] grâce, assaisonnée de sel » (Colossiens 4:6). Nous pouvons donc voir dans le sel qu’Élisée jette dans le lieu d’où sortaient les eaux, une image de la puissance énergique et purifiante de la grâce qui nous a été apportée par le Seigneur Jésus, qui nous sépare du mal et nous délivre de la mort. Lis dans l’épître de Tite le beau passage du chapitre 2, verset 11 et 12.
— « Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement » (Tite 2:11-12).
— Et il ajoute plus loin : « Notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes oeuvres » (Tite 2:13-14).
— Oui, la grâce de Dieu nous sauve, puis elle agit sur nos méchants cœurs naturels et nous purifie, et alors nous pouvons faire ce qui est agréable à Dieu.
— Cette grâce ôte la malédiction qui pèse sur le pécheur, de sorte que du cœur, qui était autrefois une source empoisonnée, coule maintenant comme un fleuve d’eau vive (Jean 7:37-39), de louanges, d’actions de grâce, de bénédictions produites par l’Esprit Saint qui habite dans le croyant. Et ce même Esprit produit aussi en nous les fruits qui sont « l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité » (Galates 5:22 ; Col. 3:12-15), à la gloire de Dieu. Il n’y a plus alors ni mort ni stérilité. Celui qui croit en Jésus a au-dedans de lui-même une source intarissable de bonheur (Jean 4:13-14).
— Et le vase, pourquoi devait-il être neuf ?
— Tu sais qu’il est parlé dans l’Écriture du vieil homme et du nouvel homme. Le vieil homme, c’est ce que nous sommes par nature. Le nouvel homme est ce que nous devenons quand nous avons cru au Seigneur Jésus. « Les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17). C’est ce que la parole appelle aussi « le renouvellement de l’Esprit Saint » (Tite 3:5), parce que c’est l’Esprit Saint qui produit cette œuvre merveilleuse. Et c’est là, je pense, ce dont ce vase neuf est la figure. Pour pouvoir servir Dieu véritablement, il faut être comme un vase neuf, sans souillure, et le chrétien est racheté de toute iniquité, purifié par le sang de Jésus, doué d’une vie nouvelle par le Saint Esprit, et il est ainsi un vase neuf. Il se sépare du mal, étant transformé par le renouvellement de son entendement (Rom. 12:2), et il devient « un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 2:21).
— Merci ; je voudrais être ainsi un petit vase neuf qui contienne la grâce de Dieu et qui puisse servir au cher Maître, le Seigneur Jésus.
— La puissance de la grâce qui a déjà opéré dans le cœur de celui qui croit pour le transformer et y faire toute choses nouvelles se manifestera pleinement dans l’état à venir, l’état de résurrection. Là, nous est-il dit, il n’y aura plus de malédiction. Un fleuve d’eau vive, éclatant et pur comme du cristal sortira du trône de Dieu et de l’agneau, arrosant la sainte cité et l’arbre de vie, planté sur ces rives, donnera son fruit pour la nourriture des saints (Apoc. 22:1-5 ; 2:7). Ah ! comme toutes choses seront belles, quand elles auront été faites nouvelles ! Il n’y aura plus ni mort, ni stérilité ; la mort ne sera plus ; les rachetés seront avec Dieu ; ils verront sa face et jouiront pour l’éternité d’un bonheur sans mélange (lis Apoc. 21:2-5).
— J’aime tant que tu me parles de ces choses ! Je suis si heureuse de penser au ciel où nous serons avec Jésus ! On a peine à croire que nous jouirons d’un tel bonheur.
— C’est vrai ; mais nous serons certainement là. Maintenant, te rappelles-tu un fait qui s’est passé à Jéricho et qui nous fait comprendre l’œuvre du Seigneur dans un cœur ?
— Je pense que tu veux parler de Zachée (Luc 19:1-10).
— Oui. Le Seigneur Jésus passait dans cette ville et il y avait là un pauvre cœur qui n’avait pas été « assaini », dans lequel il y avait « mort et stérilité ». Il n’avait trouvé le bonheur, ni dans sa position, ni dans ses richesses, ni dans ses œuvres. Alors Jésus, qui connaissait son état, ses besoins et ses désirs, vint lui apporter la grâce divine, le salut. « Aujourd’hui », dit Jésus en entrant chez Zachée, « [le] salut est venu à cette maison » (v. 9). C’était comme le sel bienfaisant et purificateur jeté autrefois dans les eaux de Jéricho et qui transforma tout. Quand Jésus est reçu dans un cœur – et il se tient à la porte et frappe – tout est changé, tout est purifié, il n’y a plus ni mort, ni stérilité, mais joie, paix et bonheur. Et remarque encore que lorsque les eaux furent rendues saines, ce fut une chose durable. Il est dit : « jusqu’à ce jour ». Ainsi, quand on est à Jésus, c’est pour l’éternité (Jean 10:28-29).
Bonne Nouvelle 1898 n° 7, pages 122 à 129
— Continuons l’histoire d’Élisée. La dernière fois nous avons vu un touchant exemple de la grâce envers les habitants de Jéricho, et aujourd’hui nous allons voir un terrible exemple de jugement.
— Élisée n’était donc pas resté à Jéricho.
— Non, il se rendit à Béthel où il y avait aussi des fils des prophètes. Il refaisait ainsi, en sens inverse, le chemin qu’il avait fait avec son cher maître Élie. Maintenant il le faisait seul et il pensait sans doute à cet évènement merveilleux, le départ d’Élie vers le ciel. Il était prophète en Israël à sa place et c’était une grande responsabilité. Mais Béthel était le lieu où Jacob s’était arrêté, et où il avait vu les anges de Dieu montant et descendant, et où il avait entendu la voix de l’Éternel lui donnant les consolantes promesses : « Je suis avec toi ; je te garderai partout où tu iras… je ne t’abandonnerai pas », et l’Éternel lui avait aussi donné des promesses pour sa postérité (Genèse 28:13-15).
— Élisée pouvait s’approprier ces promesses, et penser que Dieu serait avec lui pour faire du bien au peuple d’Israël, n’est-ce pas ?
— Sans doute. Nous pouvons prendre pour nous les encouragements que Dieu donnait à ses serviteurs. Vois par exemple l’apôtre appliquant aux chrétiens ce que Dieu avait dit à Josué, 1:5, et compare avec Hébreux 13:5-6. Élisée pouvait aussi se souvenir des paroles de Jacob : « L’Éternel est dans ce lieu », et qu’il avait donné à cet endroit le nom de Béthel qui signifie : « la maison de Dieu ».
— Mais le méchant roi Jéroboam avait profané cet endroit en y mettant une idole, le veau d’or. Cela devait faire beaucoup de peine à Élisée.
— Assurément. Mais Élisée était un témoin pour l’Éternel au milieu du mal, et il y en avait d’autres, comme les fils des prophètes, qui n’adoraient pas l’idole. Élisée exerçait un ministère de grâce en Israël, comme Jésus dont il était un type. Mais il eut bientôt l’occasion de voir la méchanceté qui existait même dans le cœur des plus jeunes, et la fâcheuse influence de l’idolâtrie qui attire sur l’homme le jugement de Dieu.
— Comment cela ?
— Comme Élisée approchait de la ville, une troupe de jeunes garçons en sortait. Élisée était déjà âgé, et ses cheveux étaient tombés. Mais son âge même et son caractère de prophète le rendaient respectable. Et il était connu à Béthel puisqu’il y avait été avec Élie. La nouvelle de l’enlèvement au ciel d’Élie y était sans doute parvenue, d’autant plus que les fils des prophètes connaissaient ce merveilleux évènement. On aurait pu s’attendre à ce que ces jeunes garçons, en le voyant, eussent du respect pour lui, et même soient réjouis de le voir venir dans leur ville, n’est-ce pas ?
— Oh oui, on est toujours heureux quand un serviteur de Dieu vient nous voir et nous parle du Seigneur. Cela me rappelle ce beau verset : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix » (Ésaïe 52:7).
— Élisée était en effet un de ceux-là. Il venait à Béthel avec des pensées de paix. Mais la première chose qu’il rencontra fut l’incrédulité et l’impiété.
— Veux-tu donc dire que ces jeunes gens étaient incrédules et impies ?
— Hélas, oui ! Et rien n’est plus triste que de voir ce mal se manifester chez des jeunes. Mais rappelle-toi ce que Dieu a déclaré : « L’imagination du coeur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse » (Genèse 8:21). Ces enfants de Béthel le montrèrent. Lorsqu’ils virent Élisée, loin de le saluer avec respect, ce qui aurait attiré sur eux sa bénédiction, ils se mirent à se moquer de lui. Peut-être y en eut-il un qui commença et, comme on le voit fréquemment, les autres suivirent le mauvais exemple. Cela montre bien que ces malheureux enfants ignoraient, ou avaient mis de côté, le précepte divin : « Tu te lèveras devant les cheveux blancs, et tu honoreras la personne du vieillard » (Lévitique 19:32). Et c’est un triste signe des temps fâcheux quand le jeune garçon use d’insolence contre le vieillard (Ésaïe 3:5). Hélas, ce manque de respect pour les vieillards, pour les parents et pour toute autorité, est très répandu de nos jours. La jeunesse est souvent arrogante, et les jeunes chrétiens ont à être mis en garde contre cette tendance fâcheuse et dangereuse (2 Timothée 3:2). « Rendez à tous ce qui leur est dû : à qui le tribut, le tribut ; à qui le péage, le péage ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur » (Romains 13:7). Il nous est dit que « Les cheveux blancs sont une couronne de gloire s’ils se trouvent dans la voie de la justice » (Proverbes 16:31), et c’était le cas pour Élisée. Malgré cela, ces jeunes garçons se moquaient de lui.
— C’est toujours très vilain de se moquer, mais surtout d’un vieillard, serviteur de Dieu. Il y a un verset qui dit : « Bienheureux celui qui ne s’assied pas au siège des moqueurs », n’est-ce pas ?
— Oui, c’est au Psaume 1:1, et il est aussi écrit : « Les jugements sont préparés pour les moqueurs » (Proverbes 19:29).
— Peut-être que leurs parents ne leur avaient pas enseigné ce qui est dit dans la parole de Dieu.
— C’est bien probable. Ils avaient oublié les commandements de l’Éternel relatifs à l’idolâtrie et ce qu’Il recommandait aux parents d’enseigner à leurs enfants : « Mettez ces miennes paroles dans votre coeur et dans votre âme… et vous les enseignerez à vos fils, en leur en parlant » (Deutéronome 11:19) ; et « Élève le jeune garçon selon la règle de sa voie » (Proverbes 22:6). De même aujourd’hui, il est dit aux parents d’élever leurs enfants « dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (Éphésiens 6:4). C’est sans doute ce que n’avaient pas fait les parents à Béthel. Mais il y avait des faits qui s’étaient passés à Béthel, qui ne pouvaient pas encore être oubliés, et qui auraient dû inspirer la crainte de l’Éternel aux enfants, comme aux parents. Te les rappelles-tu ?
— Je crois. Quand le roi Jéroboam avait voulu faire saisir l’homme de Dieu qui l’avait repris au sujet du veau d’or, son bras s’était séché et l’autel s’était fendu. Puis l’homme de Dieu avait désobéi et un lion l’avait tué. Mais il y avait longtemps de cela. Ne l’avait-on pas oublié ?
— Il n’y avait guère plus de quatre-vingts ans. Des vieillards de Béthel pouvaient avoir été témoins de ces faits, ou les avoir entendus raconter par leurs pères qui les avaient vus. Et puis le tombeau de l’homme de Dieu désobéissant était à Béthel, et plus de 260 ans après sa mort, les habitants de cette ville se souvenaient de cet évènement. Compare avec 2 Rois 23:16-18. Peut-être était-ce dans le même chemin par où Élisée montait à la ville que le lion avait tué l’homme de Dieu. Mais ces jeunes garçons étaient insouciants et incrédules, et n’avaient pas la crainte de Dieu dans leurs cœurs. Or, « par la crainte de l’Éternel on se détourne du mal » (Proverbes 16:6).
— De quelle manière se moquaient-ils d’Élisée ? Cela est-il dit ?
— Oui. Ils lui disaient : « Monte, chauve ! Monte, chauve ! ». Ainsi ils se raillaient de son infirmité due à sa vieillesse et peut-être à sa vie austère, et il y avait aussi une moquerie d’incrédulité. C’était comme s’ils avaient dit : Tu prétends qu’Élie est monté au ciel, eh bien montes-y aussi.
— Cela me rappelle comme les Juifs se moquaient du Seigneur sur la croix quand ils disaient qu’Il descende de la croix et alors ils croiraient en Lui (Matthieu 27:41, 42).
— Oui. Le méchant cœur naturel de l’homme se moque de ce qu’il ne comprend pas. Et ce qu’il comprend moins que tout, c’est la puissance et la grâce de Dieu (Matthieu 11:24 ; Actes 17:32). Ainsi les Juifs, qui s’étaient moqués du Seigneur, se moquent des apôtres lorsque le Saint Esprit descendit sur eux (Actes 2:13). Et il est dit qu’aux derniers jours, et nous y sommes arrivés, « des moqueurs viendront, marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises et disant : Où est la promesse de sa venue ? » (2 Pierre 3:3-4). Mais quelle a été et sera la fin des moqueurs ? Le jugement.
— Que fit Élisée ? Ne fut-il pas très fâché contre ces enfants ?
— Oui, mais ce ne fut pas à cause de l’insulte personnelle qu’il recevait, mais parce que l’Éternel n’était pas craint et était méprisé dans ce qu’Il avait fait, et outragé dans la personne de son serviteur. Le châtiment ne tarda pas à tomber sur les moqueurs. Élisée montait donc le chemin, et les jeunes moqueurs, n’osèrent sans doute pas l’insulter en face, attendirent qu’il soit passé et alors le poursuivirent de leurs clameurs. Élisée « se tourna en arrière et les vit, et il les maudit au nom de l’Éternel ».
— Quelle terrible chose ! Élisée venait exercer la grâce, et il maudit.
— Hélas ! Il en est ainsi. Si la grâce de Dieu est méprisée, il ne reste que le jugement. C’est ce qui est arrivé aux malheureux Juifs qui rejetèrent le Seigneur. Vois l’histoire du figuier que le Seigneur maudit. Cet arbre représentait Israël qui, avec une belle apparence de piété, ne voulut pas de la grâce apportée par Jésus, et qui fut maudit. Et qu’arrivera-t-il en ce jour de jugement ? De la même bouche, d’où sortaient des paroles de grâce envers les pécheurs, sortiront des paroles terribles pour ceux qui n’auront pas reçu le Sauveur : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui est préparé » (Matthieu 11:28 ; 25:41).
— Les enfants durent être saisis de terreur en entendant la voix d’Élisée.
— Ils le furent bien plus lorsque, comme à l’appel du prophète mais en réalité sur l’ordre de Dieu, de la forêt voisine, près de laquelle ils avaient peut-être souvent joué, sortirent tout à coup deux ourses furieuses qui se précipitèrent sur eux et les déchirèrent.
— C’est bien terrible. Il me semble voir ces horribles bêtes étreindre les enfants de leurs puissantes pattes, les étouffer et puis les déchirer de leurs dents aiguës. Quelle épouvante et quels cris de douleur !
— Oui, c’était le jugement de Dieu sur ces enfants impies. Il vint soudainement sur eux. Combien sera plus terrible le jugement exercé sur ceux qui n’auront pas cru quand Jésus viendra avec les anges de sa puissance, en flammes de feu. Il n’y aura aucun moyen d’échapper (2 Thessaloniciens 1:7 ; 5:2-3). Ils étaient sortis insouciants de chez eux afin, sans doute, de s’amuser et une mort subite tomba sur eux à cause de leur péché. Tels étaient les hommes au temps du déluge et au temps de Lot. Oh ! Quel avertissement pour ceux qui sont insouciants et légers. La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse, et elle est une fontaine de vie, pour faire éviter les pièges de la mort (Proverbes 9:10 ; 14:27).
— Ces enfants, étaient-ils nombreux ?
— La Parole nous dit que quarante-deux périrent ainsi. Y en eut-il d’autres qui échappèrent, nous l’ignorons. Mais quel deuil dans les familles de ces enfants quand la terrible nouvelle se répandit à Béthel. Quel avertissement solennel pour ces parents négligents qui n’avaient pas appris à leurs enfants à craindre l’Éternel !