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Histoire de RUTH

 

Adrien Ladrierre (probable)

 

Table des matières :

1     La décision

2     Le dévouement

3     Les soins de Dieu

4     La rémunération et le repos

 

 

1                        La décision

Bonne Nouvelle 1889 pages 61 à 68

 

Je désire m’entretenir avec vous, chers lecteurs, d’une touchante histoire qui se passa au temps des Juges. C’est celle d’une jeune femme moabite appelée Ruth. Ce nom signifie « satisfaite », et nous verrons comme il lui convenait bien.

Ruth est mentionnée dans la généalogie du Seigneur Jésus (Matt. 1:5). Et le fait qu’elle se trouve parmi les ancêtres du Sauveur est une manifestation frappante de la grâce souveraine de Dieu, puisque les Moabites, d’après la loi de Moïse, n’avaient aucune part avec les Israélites (Deut. 23:3). Nous verrons comment Dieu amena Ruth à faire partie de son peuple ; mais rappelons-nous que c’est la même grâce qui introduit maintenant un misérable pécheur dans la famille de Dieu.

Au temps où commence notre histoire, la famine désolait le pays d’Israël. Cela semble étrange, n’est-ce pas, que le peuple de Dieu soit frappé d’un tel fléau. C’est que Dieu est juste et saint, et ne peut passer sur les péchés de son peuple. Il les juge et les châtie. L’Éternel avait promis que, si les enfants d’Israël étaient obéissants, ils jouiraient de l’abondance au pays que Dieu leur donnait ; mais leur désobéissance devait être châtiée de toutes sortes de maux, la famine en particulier (Deut. 28:1-12, 16, etc.). Or vous vous rappelez, cher lecteur, combien souvent le livre des Juges nous fait voir les rébellions du peuple d’Israël. C’est dans une de ces périodes de jugement que nous transporte notre histoire.

Il y avait alors à Bethléem, dans la tribu de Juda, un homme qui portait le beau nom d’Élimélec, ce qui veut dire « mon Dieu est roi ». Sa femme s’appelait Naomi, c’est-à-dire « agréable » ou « mes délices », et ils avaient deux fils, dont l’un se nommait Makhlon, et l’autre Kilion. Malgré la famine, ils auraient pu demeurer en paix au pays d’Israël en s’attendant à l’Éternel qui aurait certainement pris soin d’eux. Mais, comme autrefois Abraham qui, dans un temps de famine, quitta la terre où Dieu l’avait conduit et descendit en Égypte (Gen. 12:9-20), Élimélec aussi laissa le pays de Juda et s’en alla avec sa famille demeurer aux campagne de Moab, parmi des idolâtres ennemis de Dieu.

Abraham ne trouva pas Dieu en Égypte ; au contraire, il y eut là pour lui péché, douleur et honte. De même Élimélec et sa famille ne rencontrèrent en Moab que la mort, le deuil, la pauvreté et les larmes. On ne gagne rien à s’éloigner de Dieu pour chercher l’aide et les ressources du monde.

Élimélec mourut et Naomi resta veuve sur la terre étrangère. Elle avait bien encore deux fils, mais ceux-ci, élevés au milieu d’un peuple idolâtre, n’hésitèrent pas à prendre en mariage des femmes moabites et à s’unir avec ceux dont l’Éternel avait dit qu’ils étaient exclus de la congrégation d’Israël. L’une de ces jeunes femmes se nommait Ruth, et l’autre Orpa. Ainsi la faute d’Élimélec, en quittant la terre de Canaan, contribua à éloigner encore plus ses enfants de leur peuple et de leur Dieu. Quel avertissement pour les parents chrétiens à rester fidèlement séparés du monde dans leur marche ! Toutefois, il y a dans la grâce de Dieu des ressources infinies. Il avait des desseins d’amour envers Naomi et Ruth, et, en dépit de tout, il les accomplit, mais à travers des épreuves.

Naomi souffrait, sans doute, de cet état de choses. Elle n’avait oublié, au pays de Moab, ni Juda, ni Bethléem, ni l’Éternel, le Dieu de ses pères, et elle parlait de Lui à ses belles-filles, car « de l’abondance du cœur la bouche parle » (Matt. 12:34). Dieu préparait ainsi le cœur de Ruth, en s’adressant aussi en même temps à Orpa.

Mais l’épreuve continuait à s’appesantir sur Naomi. Dix ans s’étaient écoulés depuis qu’Élimélec était venu demeurer en Moab. Lui était mort, ainsi que ses deux fils, sans doute peu après leur mariage, et sans laisser d’enfants. Pauvre Naomi, n’est ce pas ? La voilà veuve, privée de fils, pauvre, dénuée de tout et loin de son pays : qui prendra soin d’elle ? Quelle douloureuse position ! C’est celle où se trouve actuellement le peuple d’Israël à cause de ses péchés, et c’est aussi celle du pécheur loin de Dieu comme nous le voyons dans la parabole du fils prodigue (Luc 15:13-16). Mais quand les ressources sont à bout, qu’il soit pauvre, misérable et nu, alors Dieu intervient dans sa grâce souveraine.

Naomi apprit que la famine avait cessé et que l’Éternel avait donné du pain à son peuple. C’était probablement durant les années de repos qui suivirent la victoire de Déborah sur Sisera (Jug. 5:31). Que fera t-elle ? Comme le prodigue qui se leva et quitta le pays éloigné pour revenir dans la maison de son père où il y avait du pain en abondance (Luc 15:17-19), Naomi laissa les champs de Moab et se mit en route pour le pays de Juda. C’est ainsi que le temps approche où  Israël reviendra à l’Éternel et rentrera dans sa terre pour y être béni (Jér. 31:6-14). Quel heureux retour ! Heureux retour aussi quand le pécheur converti revient vers son Père ! Est-ce votre cas, vous qui lisez ces lignes ?

Orpa et Ruth partirent avec leur belle-mère. Que Naomi retournât aux pays de Juda, c’était naturel. Mais ses belles-filles étaient Moabites, elles avaient encore leurs parents, elles avaient leur peuple et leurs dieux. Jeunes comme elles l’étaient, elles pouvaient encore trouver à se remarier au pays de Moab et avoir une famille. En suivant Naomi, il fallait tout laisser pour être avec elle dans la pauvreté. C’est ainsi que, pour suive le Seigneur, il faut aussi renoncer à tout, Luc 14:33 ; voyez aussi l’exemple d’Abraham (Gen. 12:1).

Naomi ne se sentait pas le droit d’emmener ainsi Orpa et Ruth pour partager son triste sort. Elle les presse de s’en retourner. « Allez, » leur dit-elle, « retournez chacune dans la maison de sa mère. Que l’Éternel use de bonté envers vous, comme vous avez fait envers les morts et envers moi ! L’Éternel vous donne de trouver du repos, chacune dans la maison de son mari ! » (Ruth 1:8-9). On voit le caractère aimable de ces deux jeunes femmes, auquel Ruth rend témoignage. Elles aimaient leur belle-mère et souffraient de la voir s’en aller solitaire ; aussi, en recevant ses baisers d’adieu, elles pleurèrent et lui dirent : « Non, mais nous retournerons avec toi vers ton peuple » (v. 10). Toutes deux étaient sincères ; mais, cher lecteur, avant de rien entreprendre, il faut bien calculer la dépense, et ne pas agir par un entraînement inconsidéré (Luc 14:28-33).

Vous rappelez-vous l’histoire de ce scribe qui vint à Jésus et lui dit : « Maître, je te suivrai où que tu ailles. Et Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des demeures ; mais le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » (Matt. 8:18-20). C’est comme si Jésus lui eût dit : « Peux-tu me suivre là » ?

Naomi fait de même. Elle place devant ses belles-filles sa condition de veuvage, son dénuement auquel elle devront s’associer, sans espoir pour elles d’avoir une famille, avec l’unique perspective de la pauvreté. C’était un moment décisif pour Orpa et Ruth. Et il y a aussi pour nous, cher lecteur, un moment décisif où il s’agit de choisir entre Jésus et le monde. Heureux celui qui se décide pour Christ !

Que feront Orpa et Ruth ? Elles balancent dans leur esprit les deux alternatives. D’un côté c’est la triste Naomi, le pays d’Israël qui leur est inconnu, un avenir austère de pauvreté et de renoncement, le culte du Dieu saint ; de l’autre, ce sont leurs parents et leurs amis, les riantes campagnes de Moab, les joies de la famille et les fêtes entraînantes du cultes des idoles. Pour Orpa, c’est décidé. Elle aime Naomi, sans doute, mais elle aime mieux Moab ; elle pleure en quittant sa belle-mère et s’en va toute triste, mais bientôt elle aura tout oublié au milieu de son peuple. Oh ! quel choix, mes enfants ! Elle n’a vu que la terre et ses avantages, et elle perd les bénédictions divines. Prenez garde de faire comme elle.

Un jour, un aimable jeune homme, riche, moral, religieux, désireux d’être sauvé vint se jeter aux pieds de Jésus en lui disant : « Bon maître, que ferais-je afin que j’hérite de la vie éternelle ? » (Marc 10:17). Il était sincère, et Jésus l’aima. Il lui dit : « Va, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi, ayant chargé la croix » (10:21). Que fit le jeune homme ? Il tenait à ses grands biens, et, pour eux, il laissa le Sauveur et le trésor dans le ciel et il s’en alla tout triste. A-t-il hérité de la vie éternelle ? L’Écriture ne dit plus rien de lui ; Dieu seul sait où il est maintenant. Mes chers lecteurs, gardez-vous de l’imiter.

Et Ruth, que fit-elle ? Orpa s’en est allée, mais elle est restée auprès de sa belle-mère. Naomi insiste et lui dit : « Voici, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux ; retourne-t’en après ta belle-sœur » (Ruth 1:15). Mais si Orpa a fait son choix, Ruth aussi a fait le sien, et, comme Marie plus tard, elle a choisi la bonne part (Luc 10:42). Il y avait pour elle quelque chose de plus précieux que Moab et ses dieux, que l’abondance et les joies de la terre. C’était Naomi, c’était le peuple d’Israël, c’était l’Éternel lui-même, dont Naomi lui avait dit les œuvres merveilleuses. Aussi répond-elle sans hésitation : « Ne me prie pas de te laisser, pour que je m’en retourne d’avec toi ; car où tu iras, j’irai, et où tu demeureras, je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. Là, où tu mourras, je mourrai et j’y serai enterrée. Ainsi me fasse l’Éternel, et ainsi il y ajoute, si la mort [seule] ne me sépare de toi ! » (v. 16-17). Quelle décision arrêtée, n’est-ce pas, cher lecteur ? Quel profond attachement, quel dévouement entier, jusqu’à la mort ! Voilà Ruth, « satisfaite » d’abandonner tout pour suivre Naomi.

Chers lecteurs, il y a quelqu’un d’infiniment plus digne que nous nous attachions à Lui pour le suivre, pour que son peuple soit notre peuple et son Dieu notre Dieu. Vous le connaissez, c’est Jésus qui est venu du ciel pour nous faire connaître Dieu et son amour. Il est la vie éternelle et vous invite à croire en Lui et à tout quitter pour le suivre afin que nous possédions cette vie bienheureuse avec Lui dans le ciel pour l’éternité. Il nous a aimés jusqu’à la mort, il nous aime ; ne l’aimerions-nous pas ? Il a un peuple ici-bas, peuple souvent ignoré et méprisé, ce sont ceux qui s’attachent à Lui pour le servir. Il a un Dieu, qu’il a servi sur la terre, auquel il a été obéissant jusqu’à la mort et duquel il a dit à Ses disciples : « Mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17). Ne Voulez-vous pas vous attacher à Jésus, comme Ruth à Naomi, faire partie de Son peuple et avoir pour votre Dieu et Père le Dieu et Père du Seigneur Jésus ? Ne voulez-vous pas imiter Ruth dans sa décision ? C’est le moment. Oh ! N’hésitez pas et surtout ne faites pas comme Orpa. Vous perdriez le ciel sans être heureux dans ce monde.

Faites plutôt comme Rebecca qui répondit sans hésiter : « J’irai », ou comme Lévi qui à l’appel du Seigneur quitta tout et le suivit (Gen. 24:58 ; Luc 5:27-28). Comme Moïse, choisissez Christ et l’opprobre de Christ de préférence à toutes les joies et tous les plaisirs frivoles et passagers du monde (Héb. 11:25-26). Paul aussi estimait tout comme une perte en comparaison de Christ. Pour Lui, il laisse tout et sa vie même ne lui est pas précieuse (Phil. 3:7-9, Actes 20:24). Oh ! Suivez son exemple !

Tous ceux-là, comme Ruth, se sont décidés pour Dieu et pour son peuple. Qu’ont-ils obtenu ? Rien de la part du monde, mais de la part de Dieu, ce qui est bien meilleur, sa bénédiction et bientôt la perfection et la gloire dans le ciel. Que ferez-vous ? Comme Orpa, préfèrerez-vous le monde ? Mais après, qu’aurez-vous quand il faudra rendre compte à Dieu ? Dieu veuille que vous choisissiez la bonne part qui n’est jamais ôtée !

 

2                        Le dévouement

Bonne Nouvelle 1889 pages 88 à 93

Ruth avait pris la décision de s’exiler loin de son pays pour suivre Naomi. Le trajet était long des campagnes de Moab jusqu’aux portes de Bethléhem. Sans doute, nos voyageuses remontèrent-elles vers le nord jusqu’aux gués qui se trouvaient en face de Jéricho, et là, elles traversèrent le Jourdain. Que de choses merveilleuses Naomi pouvait raconter à sa jeune compagne touchant la bonté et la puissance de l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui avait conduit son peuple à travers le désert et lui avait enfin fait passer le Jourdain à pied sec, pour le conduire dans la terre promise !

Pendant ce long et pénible voyage qui pouvait donner à Ruth une idée des traites des enfants d’Israël dans le désert, son cœur se reportait peut-être vers les champs de Moab où elle aurait pu mener une vie tranquille comme sa belle-sœur Orpa. Mais elle ne regrettait pas sa décision. Le vrai dévouement ne compte pas avec les difficultés et les peines ; au contraire, c’est là qu’il se montre dans sa réalité. Le dévouement, c’est le renoncement à soi-même pour une autre personne.

Un homme vint un jour dire à Jésus : « Maître, je te suivrai où que tu ailles ». Jésus le met à l’épreuve et lui répond : « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des demeures ; mais le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » (Matthieu 8:19-20). C’est comme s’il lui avait dit : Ton dévouement pour moi va-t-il jusque là ?  Tel était celui de Ruth. Elle aimait Naomi, son peuple et son Dieu. L’amour est la source de tout vrai renoncement. Rappelez-vous cela et contemplez Celui qui a été dévoué jusqu’à la mort, savoir Jésus.

Ruth supporta donc les fatigues du voyage sans que son cœur faiblît, soutenant sans doute de son jeune bras sa compagne âgée, et lui épargnant toute peine autant qu’elle le pouvait. Car il ne s’agissait pas, pour faire ce trajet, de chars ou de bêtes de transport. Elles étaient pauvres, il fallait aller à pied, n’avoir pas souvent de toit sous lequel reposer, et elles devaient demander leur pain à ceux qu’elles rencontraient. C’est ainsi qu’ « elles marchèrent les deux jusqu’à ce qu’elles arrivent à Bethléhem », longues journées de marche sous l’ardent soleil. Mais Ruth ne se découragea pas ni ne retourna en arrière. Jeunes lecteurs qui vous êtes mis à la suite de Jésus,  ne vous lassez pas, ne regardez pas en arrière vers le monde, quelque ardu que puisse vous sembler le chemin (Luc 9:62).

Enfin les voilà à Bethléhem, « la maison du pain ». Naomi avait sans doute souvent parlé à sa jeune compagne de la ville où elles se rendaient. Ce n’était pas une cité considérable, mais pour Naomi, que de souvenirs s’y rattachaient, que de sentiments se pressaient dans son cœur en la revoyant ! C’est là qu’heureuse elle avait passé ses jeunes années ; c’est de là qu’elle était partie, appuyée sur le bras de son mari avec ses deux fils, la joie de sa vie. Et elle y revenait, dénuée de tout. Oh ! Comme son âme était déchirée par la douleur ! Mais, d’un autre côté, c’était la terre de Juda, le pays de l’Éternel et cela n’était pas à comparer avec les campagnes de Moab. Il est bon d’être sur le terrain de Dieu.

Dans un petit endroit, vous le savez, on s’émeut de tout. Le bruit de leur arrivée se répandit bientôt. Qui sont ces deux femmes étrangères, fatiguées, couvertes de la poussière d’un long voyage, l’une âgée et l’autre dans la force de la jeunesse ?  On regarde, on rassemble ses souvenirs : Mais nous l’avons connue autrefois, cette femme âgée. Combien elle est changée ! Est-ce bien Naomi, la femme d’Élimélec ? Mais qui est cette jeune femme qui l’accompagne ?

Oui, c’était bien Naomi qu’ils avaient connue jeune, riche et heureuse. C’est ainsi que les années amènent bien des changements dans ce monde passager, bien des épreuves aussi. Dieu les permet pour notre bien, et de l’épreuve fait sortir la bénédiction. Naomi en fit l’expérience. Mais en ce moment, reconnue par ces anciennes compagnes, l’épreuve lui parut plus douloureuse que jamais. « Ne m’appelez pas Naomi » (mes délices), leur dit-elle » « appelez-moi Mara » (amertume), « car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume » (Ruth 1:20). Le souvenir des biens dont elle avait joui dans cet endroit et qui n’étaient plus, comparés avec son dénuement actuel, la remplissait de douleur. Elle sentait tout ce qu’elle avait perdu, et ne pensait pas à ce qui  lui restait, à ce que Dieu lui avait donné — Ruth, satisfaite en s’oubliant et en se dévouant, Ruth qui devait lui tenir lieu de tout. C’est ainsi, cher lecteur, que souvent dans l’épreuve nous ne considérons que ce qui nous afflige, et nous oublions Celui qui nous reste et nous vaut infiniment plus que tout le reste.

Naomi était revenue à Bethléem, avec Ruth, la Moabite, sa belle-fille, au commencement de la moisson des orges. Mais l’épreuve pesait toujours sur elles. Naomi n’avait pas de champs d’orge à faire moissonner. La « maison du pain » était pour elle la maison de la pauvreté et de la disette. À qui s’adresser, de quel côté se tourner dans sa misère ? Élimélec, son mari, avait bien à Bethléem un parent riche et puissant nommé Boaz, ce qui signifie « en Lui est ma force » ; mais comment approcher de lui ? Quels sentiments sont les siens ? Ne repoussera-t-il pas une pauvre veuve ? Elle ne connaissait pas Boaz. Et cela me fait penser, cher lecteur, à ceci : aussi longtemps que le pécheur ne connaît pas le cœur de Dieu, comment s’approcherait-il de Lui ? Ruth, l’étrangère dévouée, devint ici la ressource de la pauvre Naomi.

Ruth prit l’initiative ; le cœur qui aime trouve toujours des moyens de venir en aide même au prix de la souffrance. Ruth, qui aurait pu être à l’aise en restant dans son pays, ne craint pas de se ranger parmi les plus pauvres dans ce pays étranger, pour secourir sa belle-mère ? Elle a tout quitté pour la suivre, l’abandonnerait-elle dans le besoin ? Ruth n’est pas une figure de Christ, cher lecteur, mais Dieu avait formé dans son âme le trait qui, d’une manière parfaite, caractérisait Christ. Elle s’abaissait pour aider Naomi et ne pensait pas à elle-même, et le Seigneur s’est fait pauvre pour nous afin de nous enrichir (2 Cor. 8:9).

Ruth dit à Naomi : « Je te prie », car elle demeure à l’égard de sa belle-mère dans une entière soumission ? Oh ! Jeunes filles, soyez soumise à vos mères ; en rien n’agissez sans leur consentement : c’est votre sécurité. « Je te prie, j’irai aux champs, et je glanerai parmi les épis, à la suite de celui aux yeux duquel je trouverai grâce » (Ruth 2:2). C’était un rude labeur que celui qu’entreprenait la jeune femme. Courbée vers la terre sous le brûlant soleil pour ramasser un à un les rares épis laissés par les moissonneurs, être exposée aux grossiers propos des uns, aux railleries des autres, au mauvais vouloir et à l’envi de ceux qui glanerait comme elle, voilà ce qui attendait Ruth. Mais, comme je vous l’ai dit, chers lecteurs, le vrai dévouement ne regarde pas à la peine, il se renonce avec joie. Ruth n’hésite pas en ce cas, pas plus qu’elle n’a hésité pour suivre sa belle-mère. Oh ! Chers lecteurs ; pour l’amour de vos parent âgés ou faibles, êtes-vous disposés, afin de leur épargner une peine, afin de leur venir en aide, êtes-vous disposés, comme Ruth à vous sacrifier pour eux ? Et vous est-il doux de le faire ? Hélas ! Combien n’en est-il pas, au contraire, qui laisse leurs parents s’user pour eux, afin de jouir dans le monde ou de s’y acquérir une meilleure place. Combien d’enfants qui rechignent s’il s’agit de rendre un service à leurs parents, tandis que, comme Ruth, ils devraient aller au-devant de leurs désirs. Ah ! Dieu prend garde à toutes ces choses.

Ruth alla, et entra, et glana dans un champ après les moissonneurs, sans s’inquiéter de sa fatigue, ni des désagréments qui pouvaient lui arriver. Mais l’Éternel, le Dieu de Naomi, duquel elle avait dit : « Ton Dieu sera mon Dieu », avait les yeux arrêtés sur ce cœur simple et dévoué. Il la dirigeait lui-même, de sorte que, sans qu’elle le sût, le champ où elle était entrée appartenait précisément à Boaz, le parent d’Élimélec. Ainsi la grâce de Dieu veillait sur elle, et la rapprochait de celui en qui était la force. Et c’est toujours ce qui a lieu. Le Seigneur a les yeux sur ceux qui marchent avec simplicité dans le chemin du dévouement et du renoncement pour l’amour de Lui, et il les bénira certainement. Ceux-là n’agissent pas pour être récompensés ; Ruth ne pensait même pas à une autre récompense que la joie d’apporter à sa belle-mère le fruit de son labeur. Mais Dieu est un Dieu rémunérateur. Si quelqu’un s’oublie lui-même pour suivre et servir Christ, Dieu le lui rendra dans la gloire.

 

3                        Les soins de Dieu

Bonne Nouvelle 1889 pages 112 à 120

Je vous ai parlé d’abord, chers lecteurs, de la décision de Ruth qui laisse tout pour s’attacher à Naomi et au Dieu d’Israël et ensuite de son dévouement sans réserve à sa belle-mère. Nous verrons maintenant comment Dieu, qui est fidèle, répond par ses soins envers la jeune Moabite, à son renoncement à toutes choses en attendant qu’il lui donne une position glorieuse. Et c’est ainsi que Dieu agit toujours : « Il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent » (Héb. 11:6) ; et le Seigneur a dit : « Quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou soeurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou champs, pour l’amour de mon nom, en recevra cent fois autant, et héritera de la vie éternelle » (Matt. 19:29).

Ruth avait quitté le pays des idoles pour le pays de l’Éternel ; Dieu ne pouvait l’abandonner, et le premier effet de ses soins miséricordieux fut, comme nous l’avons vu, de la conduire dans un champ appartenant à Boaz.

Là, Dieu avait incliné le cœur du serviteur établi sur les moissonneurs. Ruth était venu solliciter humblement auprès de lui, et sans se prévaloir d’aucun droit (voyez Lev. 19:9-10, Deut. 24:19), la permission de glaner dans ce champ : « Permettez », avait-elle dit, « que je glane et que je ramasse entre les gerbes, après les moissonneurs » (Ruth 2:7). Et le serviteur qui connaissait et avait appris son dévouement pour sa belle-mère, le lui avait accordé volontiers.

Et vous, chers lecteurs, ne voulez-vous pas venir glaner dans le champ du Seigneur quelque épis de « la semence incorruptible », « la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pierre 1:23) ? Avec quel empressement vous serez accueillis par les serviteurs du Seigneur qui seront heureux de vous aider à comprendre cette bonne parole qui peut sauver vos âmes (Jacq. 1:21) !

Mais être dans le champ de Boaz n’en faisait pas connaître à Ruth le possesseur. Elle pouvait voir l’étendue de son domaine, l’abondance de la moisson, le grand nombre des ouvriers, tout ce qui montrait la richesse du maître ; elle pouvait jouir de la bonté des serviteurs et recueillir quelques épis ; mais ce qui valait beaucoup mieux, c’était de faire la connaissance du Boaz, de savoir « quel il était » (Luc 19:3). Ruth ne pensait sans doute pas à une si grande faveur. Elle s’estimait trop peu de chose pour que cet homme riche et puissant n’abaissât jamais ses regards sur une pauvre Moabite comme elle. Mais l’Éternel y pensait et voulait lui accorder cette bénédiction.

C’est ainsi, chers lecteurs, que Dieu ne veut pas que vous vous contentiez d’entendre sa parole, d’y trouver même du plaisir et de jouir de l’affection des chrétiens. Plusieurs ne réclament pas d’avantage. Mais Dieu désire que vous fassiez la connaissance personnelle de Jésus, votre Sauveur, afin que vous vous attachiez à Lui de tout votre cœur. Ne le désirez-vous pas aussi ? C’est la seule chose qui rende parfaitement heureux. L’apôtre Paul le savait bien, aussi disait-il : « Je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du christ Jésus, mon Seigneur » (Phil. 3:8). Si Ruth n’avait pas fait la connaissance de Boaz, elle n’aurait jamais été qu’une pauvre glaneuse, ne mourrant pas de faim, mais voilà tout. De même il y a des chrétiens qui végètent toujours, sans abondance de joie, sans cette joie ineffable et glorieuse qui est le privilège de ceux qui aiment Jésus (1 Pier. 3:8). Et pourquoi sont-ils dans cet état ? C’est qu’ils ne connaissent qu’imparfaitement le Seigneur.

Dieu avait en réserve pour Ruth des bénédictions merveilleuses, afin qu’elle fût pleinement « satisfaite ». Mais tout dépendait pour elle du fait de connaître Boaz, et Dieu amena Boaz auprès d’elle.

L’homme riche et puissant vint de Bethléem visiter ses moissonneurs, et, dès son arrivée, nous apprenons à connaître son caractère. Ce n’était pas l’orgueil de la richesse mais la bienveillance et la crainte de Dieu. « L’Éternel soit avec  vous ! » dit-il aux ouvriers, sachant bien que c’est Dieu qui donne au travailleur la force, et que sans lui, le labeur est pénible et stérile (Ps. 137:1-2). Et les serviteurs, répondant à la pensée de leur maître, disent : « L’Éternel te bénisse ! ». Ils aiment et respectent Boaz. Heureux les serviteurs qui ont des maîtres pieux ! Heureuse la maison où le nom du Seigneur est invoqué par les uns et les autres !

Si Boaz était un maître rempli de bienveillance, il était aussi un maître vigilant, examinant tout ce qui ce passait sur son domaine. Il ne regardait pas seulement si les gerbes étaient nombreuses et soigneusement arrangées. Son abondance de biens et le travail de ses ouvriers ne l’occupaient pas seuls. Il passait aussi en revue les personnes qui se trouvaient dans son champ, moissonneurs et glaneurs, et bientôt ses yeux s’arrêtèrent sur Ruth. Il y avait, sans doute, bien des glaneuses ; pourquoi donc fait-il surtout attention à elle ? Était-ce à cause de son air étranger, ou bien de la modestie et de la grâce de sa personne ? Je ne saurais vous le dire ; mais ce que je sais avec certitude, chers lecteurs, s’est que Dieu lui-même inclinait le cœur de l’homme puissant vers la pauvre Moabite (Prov. 21:1). C’était un autre effet des soins de Dieu pour Ruth. Ne vous est-il pas doux de penser que ce même Dieu a aussi les yeux sur vous, désirant vous bénir en vous transportant dans le royaume du Fils de son amour (Col. 1:13) ?

Boaz, montrant Ruth, demanda au serviteur établi sur les moissonneurs : « À qui est cette femme ? »… « C’est », répondit le serviteur, « la jeune Moabite qui est revenue avec Naomi des champs de Moab ; et elle nous a dit : Permettez que je glane et que je ramasse entre les gerbes, après les moissonneurs. Et elle est venue, et est demeurée depuis le matin jusqu’à cette heure ; ce qu’elle a été assise dans la maison est peu de chose » (Ruth 2:6-7).

On voit par ces paroles que le serviteur était favorable à Ruth, et je pense, mes chères jeunes lectrices, que la modestie qui parait Ruth était ce qui lui attirait les cœurs. Elle avait ce que l’apôtre Pierre recommande : non « une parure extérieure… mais l’homme caché du coeur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pier. 3:4). Telle était Ruth avec ses pauvres vêtements de glaneuses, ornées d’humilité ; puissiez-vous, chères jeunes amies, être aussi belles ! Mais les paroles du serviteur montrent aussi l’activité de Ruth. Elle avait travaillé « depuis le matin », et s’était peu reposée de son labeur ingrat et pénible. Elle était ce que la parole de Dieu appelle « une femme vertueuse », dont « le prix est bien au-delà des rubis » (Prov. 31:10). Boaz sut l’apprécier.

Il avait bien entendu parler d’elle mais ne la connaissait pas de vue. Aussi, quand il eut appris qui était cette glaneuse, il ne la traita ni avec indifférence ni avec dédain, bien qu’elle fût une Moabite. Il se souvenait que l’Éternel avait ordonné d’aimer l’étranger et de lui faire du bien (Lev. 19:10, 34, Deut. 10:19-20) ; et il n’ignorait pas la conduite sage de Ruth et son dévouement pour Naomi. Il lui adressa donc des paroles remplies de bienveillance : « Tu entends, n’est-ce pas, ma fille ? ne va pas glaner dans un autre champ, et ne t’en va pas non plus d’ici, mais tiens-toi ici auprès de mes jeunes filles. Aie les yeux sur le champ qu’on moissonne, et va après elles. N’ai-je pas commandé aux jeunes hommes de ne pas te toucher ? Et si tu as soif, tu iras aux vases, et tu boiras de ce que puisent les jeunes hommes » (Ruth 2:8-9).

Ce devait être bien doux pour l’oreille de Ruth, l’étrangère, d’entendre Boaz lui dire : « Ma fille », de recevoir de lui ce nom d’affection et en même temps de voir ces soins paternels. Il ne veut pas qu’elle s’écarte de son champ, et lui donne pour compagnes ses jeunes servantes. Il étend sur elle sa protection afin que personne ne lui nuise, et il pourvoit à ces besoins. Voilà ce que Ruth a gagné à faire la connaissance de Boaz. Et combien plus vous gagnerez à faire la connaissance du Seigneur Jésus ! Si vous demeurez près de Lui, il vous paîtra dans des parcs herbeux, vous conduira le long des eaux tranquilles, remplira votre âme de bonheur et vous protègera contre le monde et Satan (Ps. 23).

Vous comprenez aisément l’étonnement profond qui saisit Ruth en présence de cette grande bonté d’un homme riche et puissant comme Boaz. Qu’était-elle en comparaison de lui ? Elle se prosterne à ses pieds et lui dit : « Pourquoi ai-je trouvé grâce à tes yeux, que tu me reconnaisses, et je suis une étrangère ? » (v. 10). Remarquez que Ruth ne pense qu’a sa petitesse et nullement à ce qu’elle a fait pour Naomi. Mais Boaz savait qu’elle avait tout quitté pour elle, patrie et parents, et qu’elle avait pris pour son Dieu le Dieu d’Israël. C’était ce qui avait attiré son cœur vers elle. Elle n’était plus une étrangère pour lui. Il lui répondis donc : « Tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari, m’a été rapporté, et comment tu as quitté ton père et ta mère, et le pays de ta naissance, et tu es venue vers un peuple que tu ne connaissais pas auparavant » (v. 11). À ces paroles qui dépeignent combien Boaz appréciait le dévouement de Ruth, il ajouta ce souhait qui devait s’accomplir : « Que l’Éternel récompense ton œuvre, et que ton salaire soit entier de la part de l’Éternel, le Dieu d’Israël, sous les ailes duquel tu es venue t’abriter ! » (v. 12). Le Dieu d’Israël était puissant et fidèle, juste et rémunérateur. Ruth ne devait rien perdre à être venue au milieu de son peuple, s’abriter sous ces ailes. Il voulait la récompenser au-delà de toutes ses pensées. Le Seigneur fera de même à tout ceux qui viennent s’abriter près de Lui. Il donne à ses brebis la vie éternelle et elles ne périront jamais.

Les paroles de Boaz tombèrent dans le cœur de Ruth comme une rosée rafraîchissante. « Mon seigneur », dit-elle, « tu m’as consolée ». C’était le commencement de la récompense de son œuvre et un signe de la protection de l’Éternel.

En effet, la bonté de Boaz ne s’arrêta pas là. Au temps du repas, il appela la pauvre glaneuse à venir prendre place avec lui et ses serviteurs. On voit qu’elle n’était plus une étrangère. Lui-même la servit et avec une telle abondance qu’elle en eut de reste. N’est-ce pas une belle image de ce que fait le Seigneur Jésus. Il nous accueille dans sa grâce et nous introduit dans sa communion et celle des siens. Nous ne sommes plus des étrangers (Éph. 2:19). Puis il nourrit notre âme et nous comble des bénédictions. Il nous sert lui-même en attendant de le faire dans le ciel (Luc 12:37). Quelle gratitude dans le cœur de la pauvre Ruth ! Que soulagement ! Le pays d’Israël ne lui est plus étranger, elle y a trouvé un ami.

Et l’ami que Ruth avait trouvé était bien fidèle. Ses soins la suivaient même sans qu’elle le sût. Lorsqu’elle fut retournée à son travail, Boaz dit à ses jeunes gens : « Qu’elle glane même entre les gerbes, et ne lui en faites pas de reproches ; et vous tirerez aussi pour elle quelques épis des poignées, et vous les laisserez ; et elle les glanera, et vous ne l’en reprendrez pas » (Ruth 2:15-16). Quelle délicatesse dans la manière dont Boaz faisait du bien à Ruth ! Il agissait comme le Seigneur le recommandait plus tard à ses disciples : « que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite » (Matt. 6:3).

Tels furent les soins de l’Éternel pour Ruth. Il lui a fait trouver un ami puissant qui ne lui manquera pas. Tels seront aussi les soins de Dieu pour vous si vos cœurs sont attachés à Jésus. Il ne vous laissera jamais, il l’a promis (Héb. 13:5-6).

Le soir venu, après sa journée de labeur mais journée heureuse aussi, Ruth, comblée de biens et de consolation, revint auprès de sa belle-mère et lui fit part de tout ce qui lui était arrivé. Naomi fut aussi remplie de reconnaissance envers le bienveillant et généreux Boaz et envers l’Éternel qui avait incliné le cœur de Boaz vers Ruth. « Béni soit-il de l’Éternel », s’écria-t-elle,  « qui n’a pas discontinué sa bonté envers les vivants et envers les morts ! » (Ruth 2:20). Au lieu de se plaindre comme auparavant Naomi reconnaissait maintenant qui l’Éternel est un Dieu fidèle qui ne change pas et que la bonté dont il avait usé envers Élimélec, il l’exerçait envers elle. Cela me rappelle, chers lecteurs, que le peuple d’Israël, plus tard, quand il sera rétabli dans son pays, reconnaîtra aussi la gratuité permanente de son Dieu et chantera : « Célébrez l’Éternel ! Car il est bon ; car sa bonté demeure à toujours » (Ps. 118:1).

Naomi apprit alors à Ruth que Boaz était leur proche parent, autrefois ami de son mari Élimélec, et qu’il était un de ceux qui, selon la loi de Moïse, avait le droit de racheter les terres qui avaient appartenu à Élimélec (voyez Lev. 25:25), etc. Dieu avait donc entouré Ruth de ses soins, et, sans qu’elle le sût, l’avait conduite au lieu qui convenait pour elle, et où elle n’avait qu’à rester jusqu’à que la moisson fût finie, ainsi que Boaz le lui avait dit. Et c’est ce qu’elle fit, retournant chaque soir auprès de sa belle-mère.

Chers lecteurs, si une fois vous avez été amenés au Seigneur Jésus, et que vous le connaissez comme Celui qui vous aime, restez auprès de Lui et dans la compagnie de ceux qui le servent. C’est la place où l’on est en sûreté.

 

 

4                        La rémunération et le repos

Bonne Nouvelle 1889 pages 124 à 132

La moisson des orges et celle des froments une fois achevées, Naomi et Ruth avaient repris leur pauvre vie solitaire. Mais l’Éternel, sous les ailes duquel Ruth était venue s’abriter, n’oubliait pas la jeune femme Moabite et son dévouement. Il avait déjà commencé à lui montrer ses soins, et il allait couronner son travail. Dieu est fidèle, chers lecteurs, il ne cesse pas d’avoir les yeux sur ceux qui le servent dans le renoncement à eux-mêmes et, quand le temps sera venu, ils jouiront de la rémunération. « Dieu », dit l’apôtre, « n’est pas injuste pour oublier votre oeuvre et l’amour que vous avez montré pour son nom, ayant servi les saints et les servant encore » (Héb. 6:10). Ruth devait en faire l’expérience.

Elle continuait à servir sa belle-mère ; mais celle-ci avait à cœur de tirer sa belle fille de la position de pauvreté et de dénuement où elle s’était placée pour elle. « Ma fille », lui dit-elle, « ne te chercherai-je pas du repos, afin que tu sois heureuse ? » (Ruth 3:1). C’était une pensée bien légitime de la part de Naomi, mais où trouver ce repos et ce bonheur pour Ruth ? C’est une question, chers lecteurs, que je voudrais aussi vous adresser. Où trouverez-vous un vrai repos et un vrai bonheur ? N’est-ce pas une question de la plus haute importance ?

Eh bien, Dieu mit au cœur de Naomi une pensée pour procurer à Ruth ce qu’elle désirait pour elle. « Boaz, avec les jeunes filles duquel tu as été », lui dit-elle, « n’est-il pas de nos amis ? » (3:2). Par ces quelques mots, elle rappelle d’abord à Ruth toute la bonté et les soins de Boaz, puis elle lui fait voir dans son affection une ressource. « N’est-il pas de nos amis » ? Ne l’a-il pas montré ?

Chers lecteurs, n’avez-vous pas éprouvé les soins du Seigneur qui vous a gardés et vous a donné des parents ou des amis pieux et, en pensant à ce que Jésus a fait pour vous, ne voyez-vous pas qu’il est votre Ami suprême ? C’était à Boaz que Naomi regardait pour donner à Ruth repos et bonheur ; c’est à Jésus, chers lecteurs, et à Lui seul, qu’il faut que vous regardiez pour être en paix et heureux.

Mais comment la pauvre Ruth parviendra-t-elle jusqu’à Boaz ? Naomi le lui indique. Après la moisson, comme vous le savez, on bat le blé, puis on le vanne pour séparer le grain de la balle. Cela se faisait, dans les contrées qu’habitaient Boaz et Ruth, sur de grand espaces découverts nommés aires, souvent situés sur une hauteur. Le vent emportait la balle et le grain restait sur le sol. Cela rappelle, n’est-ce pas, ce qui est dit des méchants : « Ils sont comme la balle que le vent chasse » (Ps. 1:4), sans utilité, sans repos.

Boaz présidait à ce travail du vannage et, comme il arrive encore de nos jours dans ces contrées, il dormait la nuit dans l’aire. Naomi dit à Ruth d’aller dans l’aire et d’observer l’endroit ou Boaz se coucherait. Puis, ajoute-t-elle, « Tu entreras, et tu découvriras ses pieds, et tu te coucheras ; et lui, te fera connaître ce que tu auras à faire » (Ruth 3:4).

Ruth obéit docilement, comme toujours,  à sa belle-mère. Couverte sans doute de son voile, elle put voir sans être reconnue ce que Boaz ferait. Il prit son repas du soir et alla se coucher au bout du tas de gerbes qui attendaient d’être battues. Alors Ruth s’approcha doucement et, ayant découvert les pieds de Boaz, elle se coucha. Elle prenait ainsi la place de servante aux pieds de son maître. Et n’est-ce pas la bonne place, l’heureuse place pour être béni (Luc 10:39, 42) ?

Ruth l’éprouva. Au milieu de la nuit, Boaz se réveilla et, sentant une personne couchée à ses pieds, il eut peur. « Qui es-tu ? », dit-il. « Je suis Ruth, ta servante ; et étends ton aile sur ta servante, car tu as le droit de rachat » (3:9). Naomi avait appris à Ruth que Boaz, comme proche parent d’Élimélec et de ses fils, avait, selon la loi de Moïse, le droit de racheter les terres de la famille, pour qu’elles ne passassent pas en mains étrangères. Mais, en même temps, Boaz acquérait Ruth et devait l’épouser. Ruth demandait comme une grâce que Boaz usât de ce droit. « Étends ton aile sur ta servante », dit-elle, c’est-à-dire, « accorde moi la faveur de ta protection ».

Savez-vous, chers lecteurs, ce que cela me rappelle ? C’est que le Seigneur nous a rachetés. Comme Ruth, nous pouvons nous réclamer du droit qu’il a sur nous ? Ce rachat, il l’a fait au prix de sa vie ; nous pouvons donc lui dire avec confiance : « Étends ton aile sur moi ». « Fais-moi jouir de ta faveur ». Et c’est ainsi que nous serons vraiment heureux.

La réponse de Boaz ne se fit pas attendre. Elle fut pour Ruth une louange et une approbation : « Bénie sois-tu de l’Éternel, ma fille ! Tu as montré plus de bonté à la fin qu’au commencement, en ce que tu n’es pas allée après les jeunes hommes, pauvres ou riches » (v. 10). Ruth, encore jeune, aurait pu se laisse entraîner à prendre pour mari un jeune homme qui lui aurait offert une vie agréable. Mais, de même qu’au commencement elle avait préféré Naomi pauvre, veuve et âgée, et le Dieu d’Israël à tout ce que Moab pouvait lui offrir, ainsi, à la fin, elle consent à devenir l’épouse de Boaz, un homme déjà avancé en âge, et se dévoue pour le servir, comme elle s’était dévouée pour Naomi.  Et nous, ne sommes-nous pas appelés à préférer le Seigneur et son service au monde et à ses avantages ? Vous en particulier, chères jeunes lectrices, vous aurez peut-être un jour à faire un choix. Qui prendrez-vous pour  compagnon de votre vie ? Prenez garde, de peur que vous ne cédiez à quelque entraînement de cœur et que vous choisissiez selon vos propres désirs. Que votre choix soit selon le Seigneur et se porte sur celui qui, par sa piété sérieuse, sera pour vous un aide pour marcher dans le sentier de Dieu.

Boaz accueillit la requête de Ruth. « Et maintenant, ma fille », lui dit-il, « ne crains pas ; tout ce que tu [me] dis, je le ferai pour toi ; car toute la porte de mon peuple sait que tu es une femme vertueuse » (v. 11). « Toute la porte de mon peuple » veut dire tous ceux qui passaient par la porte, tous les habitants de la ville. Quel beau témoignage en faveur de Ruth ! Bethléem n’était qu’un village, et vous savez que dans un village, tout se sait. Eh bien, Ruth n’avait à Bethléem donné prise à aucun blâme ; la sagesse de sa conduite était connue et approuvée de tous. Ah ! Chers jeunes amies, tous, là où vous vivez, peuvent-ils rendre de vous le même témoignage ? Puissiez-vous être dévouées, modestes, séparées du monde, vertueuses, comme Ruth !

Boaz dit aussi à Ruth de ne pas craindre, qu’il fera pour elle tout ce qu’elle lui demande. Ne connaissez-vous pas quelqu’un de plus grand que Boaz et qui nous dit aussi, quand nous nous approchons de Lui : « Ne crains pas ; tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai ? » Oui, n’est-ce pas ? Et ce quelqu’un, c’est Jésus le Sauveur (Jean 14:14).

Cependant il y avait un obstacle à ce que Boaz fît valoir ses droits sur Ruth. Un plus proche parent d’Élimélec existait, et il fallait savoir s’il voulait user de son droit de rachat. Boaz promit à Ruth que, si ce plus proche parent y renonçait, lui, Boaz, la rachèterait. « L’Éternel est vivant », dit-il, « que je le ferai, moi ! » (Ruth 3:13). Ruth pouvait être tranquille et n’avait qu’à se confier en l’Éternel.

Elle  demeura là, aux pieds de Boaz, le reste de la nuit et, le matin venu, avant que l’obscurité fût dissipée, elle se leva. Il fallait que personne ne sût qu’elle était venue dans l’aire. Elle avait obéi à ce que Naomi lui avait commandé, mais cela devait demeurer un secret entre elle et Boaz, jusqu’à ce que celui-ci eût fait ce qu’il lui avait promis. La bonne réputation de Ruth ne devait pas souffrir. Toutefois Boaz ne voulut pas qu’elle partît sans avoir reçu une marque de sa bonté envers elle et sa belle-mère. Il lui donna six mesures d’orge qu’elle enveloppa dans son manteau, puis elle retourna vers Naomi. C’est ainsi, chers lecteurs, que, si nous nous sommes approchés de Jésus, il ne nous renverra pas à vide, mais encouragera nos cœurs par quelque promesse et quelque bénédiction.

Ruth raconta à Naomi tout ce qui s’était passé et Naomi lui dit d’attendre avec patience l’issue de l’affaire, que Boaz certainement terminerait le jour même. En effet, le matin, Boaz monta à la porte de la ville et s’y assit. C’est là que se traitaient les affaires importantes, là que les anciens s’asseyaient pour discourir entre eux, là que les juges écoutaient les parties et rendaient leurs sentences (voyez entre autres Gen. 19:1, 23:18, Deut. 25:7, Prov. 31:23). Lorsque vint à passer celui qui avait le droit de rachat, Boaz l’arrêta et, ayant pris pour témoins dix anciens de la ville, lui exposa la question, lui demanda s’il voulait acheter la terre qui avait appartenu à Élimélec et épouser Ruth la Moabite. Celui qui avait le droit de racheter répondit : « Je ne puis pas le racheter pour moi, de peur que je ne ruine mon héritage ; use, toi, de mon droit de rachat » (Ruth 4:6).

L’affaire fut ainsi conclue et, devant les anciens et tout le peuple qui, à l’ouïe de ce qui se passait, s’était sans doute arrêté à la porte, Boaz acquit de la main de Naomi tout ce qui avait appartenu à Élimélec et ses fils et, de plus, prit pour épouse Ruth, la pauvre mais heureuse Moabite. Les anciens et tout le peuple, pris à témoins par Boaz, dirent : « [Nous en sommes] témoins. Fasse l’Éternel que la femme qui entre dans ta maison soit comme Rachel, et comme Léa, qui toutes deux ont bâti la maison d’Israël ! » (4:11). Ruth avait maintenant ce que Naomi lui avait souhaité, le repos et le bonheur. Elle était tout à fait ce que son  nom indique, « satisfaite ». De la pauvreté et du dénuement, elle passait à l’honneur et à la richesse car Boaz était le petit fils du prince de Juda Nakhshon (Nomb. 2:3).

N’est-ce pas une histoire merveilleuse que celle de la pauvre jeune femme moabite ? Naomi aussi, qui autrefois avait voulu être appelée Mara, était maintenant heureuse. Quel contraste avec son triste retour ! Les femmes de Bethléem qui s’étaient apitoyées sur elle quand elle était revenue pauvre et veuve, se réjouissent avec elle : « Béni soit l’Éternel », disent-elles, cet enfant « sera pour toi un restaurateur de ton âme, et un soutien de ta vieillesse. Un fils est né à Naomi » (v. 14-16).

Et ce qu’il y a de plus merveilleux, c’est que le fils de la Moabite, auquel on donna le nom d’Obed, fut le grand père du roi David, dont vous savez l’histoire, et aussi un des ancêtres du Seigneur Jésus, Matt. 1. Quelle récompense glorieuse pour Ruth ! Elle avait tout quitté pour s’attacher à l’Éternel et à son peuple, et voilà  ce que Dieu lui donne.

Telle est l’histoire de la grâce de Dieu, chers lecteurs. « De la poussière il fait lever le misérable, de dessus le fumier il élève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles : et il leur donne en héritage un trône de gloire » (1 Sam. 2:8). Il avait appelé une Moabite hors de son pays pour que d’elle descendît le roi s’Israël, le Messie, le Sauveur du Monde ; et maintenant il veut vous tirer de vos péchés, chers lecteurs ; il vous appelle à suivre Jésus et, pour l’amour de son Fils, à cause de sa mort sur la croix, il veut vous donner une place dans la gloire. Ne voulez-vous pas faire comme Ruth, vous attacher à Christ ?

Écoutez ce qu’il disait à ses apôtres qui avaient tout quitté pour le suivre : « Vous qui m’avez suivi, - dans la régénération, quand le fils de l’homme se sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël » (Matt. 19:28, lire v. 27-29).

Ah ! Direz-vous, cela est pour les apôtres mais nous, qu’aurons-nous ? Jésus a aussi dit : « Il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou soeurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou champs, pour l’amour de moi et pour l’amour de l’évangile, qui n’en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant, maisons, et frères, et soeurs, et mères, et enfants, et champs, avec des persécutions, et dans le siècle qui vient, la vie éternelle » (Marc 10:29‑30).

Après avoir suivi et servi Jésus ici-bas, nous serons avec Lui dans la gloire.

« Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12:26).