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RENOUVELLEMENTS

 

 

Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création (2 Cor. 5:17)

 

André Gibert

 

ME 1963 p. 85

Table des matières :

1       Renouvellement définitif.

1.1      Le chrétien né de nouveau

1.2      Le nouvel homme renouvelé en connaissance

1.3          L’entendement renouvelé selon Rom. 12:2

1.4      Le renouvellement de l’Esprit Saint

2       Renouvellement progressif.

2.1      Le développement de la vie nouvelle

2.2      Le renouvellement de l’esprit de votre entendement

2.3          L’homme intérieur renouvelé de jour en jour

 

 

1                    Renouvellement définitif.

1.1   Le chrétien né de nouveau

Le chrétien, par grâce, est né de nouveau, né de l’Esprit (Jean 3:3, 6, 8), né de Dieu (1 Jean 5:1), afin de participer de la nature divine (2 Pierre 1:4) . Il en a été et il en sera ainsi pour les croyants de tous les temps ; les saints de l’Ancien Testament avaient cette vie comme nous. Mais de plus, à la différence de ces derniers, le chrétien est «en Christ». Christ est venu, a accompli la rédemption, et sa vie devient la vie du croyant. Dieu «nous a vivifiés ensemble avec le Christ», «ressuscités ensemble». Celui qui est venu manifester la vie éternelle, qui a glorifié Dieu sur la terre, qui est mort et a été ressuscité, a été glorifié auprès du Père afin de donner cette vie aux siens : «et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent, seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ» (Jean 17:2, 3) .

Un nouvel homme (*) existe désormais, que tout croyant «a revêtu». Il est entièrement neuf (Éph. 4:24), il n’a rien de commun avec le «vieil homme» étranger à la vie de Dieu, il n’a et n’a jamais eu aucune part à sa souillure. D’autre part il est d’une nouveauté incorruptible, d’une jeunesse éternelle par rapport à ce vieil homme (Col. 3:10), lequel durait depuis la chute et qui, mis à l’épreuve pendant tant de siècles, n’a cessé de se dégrader et de se corrompre, jusqu’à ce qu’enfin Dieu le jugeât à la croix. Le nouveau, lui, a commencé à la suite de l’oeuvre de la croix, dont la résurrection de Christ proclame la parfaite efficacité, telle que la nouvelle nature peut être communiquée aux croyants. Pour chacun de ceux-ci, la vie nouvelle commence quand il croit au Seigneur Jésus ; même s’il ne prend conscience de la chose que plus tard, le nouvel homme est «créé» en lui, «créé selon Dieu» (Col. 3:10, Éph. 4:24), et lui, porteur de cette création nouvelle, peut être désormais «scellé par le Saint Esprit de Dieu pour le jour de la rédemption» (Éph. 4:30).

 

(*) Sans vouloir aucunement occuper nos lecteurs de questions de mots, nous pensons que les sommaires indications suivantes, puisées à des sources autorisées, pourront être utiles à quelques-uns.

La langue française n’a qu’un mot, nouveau (et ses dérivés, renouveler, etc.) là où le grec en emploie au moins deux, kainos et néos (avec leurs dérivés respectifs). Ces deux termes sont parfois équivalents, mais quand ils différent le premier accentue le sens de : qui n’existait pas jusque là, ou, qui est nouveau dans sa nature, en contraste avec quelque chose de complètement mis au rebut ; — le second donne davantage l’idée de quelque chose de jeune, de récent, en contraste avec âgé, vieux. Ainsi le vin nouveau est néos (le vin de l’année) en Matth. 8:17, et kainos en Matth. 26:29 (comme symbole d’une joie éprouvée pour la première fois, dans ce royaume de Dieu jamais établi jusqu’alors).

«Renouveler» (et renouvellement) est en rapport :

·                  avec kainos en Col. 3:10 («renouvelé en connaissance») ; 2 Cor. 4:16 («l’homme intérieur est renouvelé de jour en jour») ; Rom. 12:2 («le renouvellement de votre entendement») ; Tite 3:5 («le renouvellement de l’Esprit Saint) ;

·                  avec néos en Éph. 4:23 («être renouvelés dans l’esprit de votre entendement»).

Le «nouvel homme» est kainos en Éph. 4:24, et néos en Col. 3:10. Mais le croyant renouvelé est, en Éph. 4:23, maintenu jeune (néos), à l’état frais si l’on peut dire, par une opération continue de ce nouvel homme (kainos) ; alors qu’à l’inverse, en Col. 3:10, le nouvel homme (néos) est «renouvelé», dans le sens de «fait nouveau» (kainos), pour une connaissance qui n’était pas donnée jusque là, et il l’est de façon absolue, définitive. Les temps auxquels sont employés les verbes soulignent encore la chose.

Cf. la note sur Col. 3:10 dans l’éd. de 1872 du Nouv. Test. Darby / Pau-Vevey. — Voir aussi «L’Épître aux Colossiens», Vevey, 1912, p. 117-118.

En Éph. 2:15, l’union des Juifs et des nations en un même corps, l’Église, équivaut à un «homme nouveau» (kainos). II n’avait jamais existé ni même été révélé.

 

1.2   Le nouvel homme renouvelé en connaissance

Ce nouvel homme «est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé» (Col. 3:10). La vie de ce nouvel homme est Christ, et Christ est l’image de Dieu (Col. 1:19 ; 2 Cor. 4:4) . Le nouvel homme n’est pas plus à l’image du premier Adam que Christ ne l’a été ; il est selon le second Adam, selon cette humanité parfaite que Jésus est venu prendre ici-bas et qu’il garde comme ressuscité et glorifié. Il possède en Christ qui est sa vie les traits divins qui ont été vus chez Lui en tant qu’homme, tels que sainteté, justice, vérité (Éph. 4:24) . Ce renouvellement est donc en fait une innovation, car le premier homme n’avait évidemment rien de cela, et les croyants de l’Ancien Testament eux-mêmes, tout nés de Dieu qu’ils étaient, espéraient seulement à l’avance dans le Christ. Il est aussi effectif, aussi définitif, que l’existence du nouvel homme, et il demeure ( «est renouvelé», le verbe est au présent). Il confère entre autres au nouvel homme l’accès à une vraie connaissance. «Le nouvel homme est fait nouveau pour la connaissance, pour connaître. C’est le chrétien vu dans sa personne renouvelée par la présence de la nouvelle vie» (J. N. D.) . Cette connaissance est toute différente de ce qu’enseignent les hommes, quelles que soient leurs prétentions. Il s’agit fondamentalement de la connaissance de Dieu, des choses divines, des bénédictions et de l’espérance célestes, de tout ce que nous avons en Christ, de «tous les trésors de la sagesse et de la connaissance» qui sont «cachés dans le mystère de Dieu» (Col. 2:3) .

 

1.3   L’entendement renouvelé selon Rom. 12:2

Mais par là le croyant est à même de considérer toutes choses et toutes circonstances d’un point de vue nouveau, qui est celui de Dieu même, et de porter sur elles un jugement conforme au jugement divin. Il a la capacité de discerner la volonté de Dieu, son entendement est d’accord avec Dieu : c’est un «entendement renouvelé» (Rom. 12:2) en vue d’un tel discernement. Il en est ainsi de façon absolue. C’est un élément constitutif de l’homme nouveau, et à ce point que, même non affranchi, le croyant encore en lutte avec la chair qu’il découvre en lui, éprouve que son entendement, celui de l’homme intérieur nouveau, est d’accord avec la loi de Dieu et se trouve ainsi en conflit avec la chair (Romains 7:23, 25) . Ce «renouvellement de l’entendement» forme la base du renouvellement de «l’esprit de votre entendement» (Éph. 4:23) : l’entendement, dans son activité, est éclairé et orienté de façon nouvelle.

 

1.4   Le renouvellement de l’Esprit Saint

L’acquisition de la vie divine et le renouvellement qu’elle entraîne sont attribués en Tite 3:5 à l’Esprit Saint. C’est «le renouvellement de l’Esprit Saint» ; il faut entendre le renouvellement opéré par l’Esprit Saint. C’est Lui qui communique à l’être moral nouveau du croyant la puissance de la vie nouvelle, avec des mobiles, des désirs, des pensées entièrement nouveaux et opposés à ceux du vieil homme.

 

Tous ces passages nous parlent ainsi d’une oeuvre faite, d’une création complète et définitive, ils posent des fondements immuables. La Parole prend le chrétien à ce point de départ : «les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ». Il est nécessaire que la foi soit bien au clair là-dessus : nous sommes si hésitants à nous emparer des certitudes qui nous sont données, et cela même quand il nous semble les avoir saisies ; et que d’âmes pourtant sauvées n’ont que des pensées vagues sur ces points capitaux ! S’adressant à des chrétiens la Parole ne les invite nulle part à dépouiller le vieil homme et à revêtir le nouveau, ou à faire mourir le vieil homme et à faire vivre le nouveau : c’est chose accomplie, sinon nous ne serions pas nés de nouveau. En Col. 3:9, 10 comme en Éph. 4:22, 23, le verbe est au passé : «ayant dépouillé... ayant revêtu...». L’action est faite, il n’y a pas à revenir sur elle. L’existence du nouvel homme, avec le renouvellement de son entendement, par l’Esprit Saint, n’est pas mise en question, elle ne le sera jamais ; ce serait mettre en cause la nouvelle création, la création de Dieu dont Christ est le commencement.

Mais c’est là précisément que nous attendent les exhortations. Vous êtes placés par la grâce dans des relations nouvelles qui sont merveilleuses, vous avez dès lors une responsabilité en rapport avec ces relations, des devoirs que vous n’aviez pas comme enfants d’Adam. Il s’agit de rendre visible dans ce monde la vie divine que vous avez reçue.

 

2                    Renouvellement progressif.

2.1   Le développement de la vie nouvelle

La nouvelle nature est enclose dans un corps qui appartient encore à la vieille création. Ce corps, avec les facultés qui s’y lient, était au service du péché ; maintenant le croyant, tiré de servitude, a le privilège de l’employer au service de Dieu ; mais la vieille nature bien que moralement jugée y subsiste encore, en attendant la plénitude de la rédemption, «la délivrance de notre corps».

La vie chrétienne n’est autre chose que la mise en évidence de l’homme nouveau, marchant et croissant, et dans cette marche et cette croissance portant aux yeux de tous, comme un vêtement, l’image de Celui selon l’image duquel il a été créé. «Vous avez revêtu Christ» (Galates 3:27), eh bien, «revêtez le Seigneur Jésus Christ» (Rom. 13:14), montrez-le pratiquement en vous, «et ne prenez pas soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises». «Vous êtes morts avec Christ», alors «mortifiez» non le vieil homme (il est mort, tenez-le pour mort) mais ses membres moraux, «vos membres qui sont sur la terre» (Col. 2:23 ; 3:3, 5) . Si vous êtes ressuscités avec Christ, «cherchez les choses qui sont en haut» (3:1). Vous avez «revêtu le nouvel homme», aussi vous est-il dit : «revêtez-vous donc» de tout ce qui lui est propre (3:12 et suiv.).

Une telle vie est en renouvellement constant et progressif, précisément parce qu’elle existe et qu’elle doit normalement se développer. S’il s’agit de la vie naturelle, il est évident que tout homme l’a reçue une fois pour toutes en naissant et que cependant cette vie est continuée, recommencée sans cesse tout au long de son existence terrestre ; de même pour le nouvel homme, il a reçu une fois pour toutes la vie nouvelle à la nouvelle naissance, et elle se renouvelle sans cesse dans ses manifestations. La grâce nous enseigne, nous avertit, nous stimule, nous discipline, pour qu’il en soit ainsi.

 

«Soyez transformés par le renouvellement de votre entendement» nous est-il dit (Rom. 12:2). Ayant eu l’entendement renouvelé afin de pouvoir discerner la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite, le croyant est appelé à calquer sa conduite sur celle du divin modèle, dans l’obéissance à cette volonté, fournissant ainsi un «service intelligent». Il ne sera plus «conforme» à ce siècle qui ne connaît pas la vie de Dieu.

Le «renouvellement du Saint Esprit» qui accompagne la réception de la vie produit ensuite ses effets dans la pratique, comme l’eau coule de la source, dans la mesure où elle n’est pas empêchée de couler. L’Esprit Saint est là pour nous occuper de Christ ; habitant dans le croyant il prend de ce qui est à Christ pour le lui annoncer, il éclaire pour lui les beautés de cette Personne, lui fait désirer de lui être semblable lorsque la foi sera changée en vue. Il opère par toutes sortes de moyens, les dons de grâce, la Parole, la prière, le rassemblement des saints, de façon à nourrir l’âme de Christ, «fortifiant en puissance l’homme intérieur», l’amenant dans la même puissance à contempler la gloire du Seigneur à face découverte et à transformer par là le croyant de gloire en gloire.

 

2.2   Le renouvellement de l’esprit de votre entendement

Reprenant ici Éph. 4:24, nous y trouvons que le fait présent «avoir dépouillé le vieil homme», chose passée, entraîne celui d’ «être renouvelés dans l’esprit de votre entendement», chose qui se continue, par cette opération du Saint Esprit. Il y a rénovation constante après qu’il y a eu innovation. La marche doit le montrer, se poursuivant sous la même impulsion, dans la même direction, et avec une intelligence sans cesse en éveil, pour faire face aux circonstances les plus variées. L’épître aux Éphésiens nous présente tout particulièrement cette marche, en rapport avec la position assurée du croyant que le Saint Esprit lie à la Tête glorifiée du corps. Renouvellement et dépouillement du vieil homme ont conjointement leur effet pratique, le vieil homme étant tenu pour ce que Dieu l’a fait en le jugeant à la croix de Christ. Ainsi est manifesté au dehors l’homme intérieur renouvelé en «justice et sainteté de la vérité». Qu’en est-il de nous ? Voit-on ainsi Christ dans notre vie quotidienne ? Si nous le contemplions à face découverte, comme nous en avons la capacité, la transformation de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit, se ferait d’elle-même. Il n’y a pas de voile de son côté à Lui. Qu’est-ce donc qui nous détourne d’une telle contemplation ? À chacun de nous de répondre, ayant affaire pour cela avec Celui aux yeux duquel toutes choses sont nues et découvertes.

 

2.3   L’homme intérieur renouvelé de jour en jour

Un serviteur de Dieu fidèle comme l’était l’apôtre Paul manifestait Christ dans sa vie parce que rien ne dérobait à sa vue la gloire de Christ. La vie de Jésus opérait la vie par lui, Paul, pour d’autres, tandis que lui-même «portait toujours partout dans son corps la mort de Jésus», et était «livré à la mort pour l’amour de Jésus» (2 Cor. 4:10-12). Il «mourait chaque jour» (1 Cor. 15:31), mais à mesure que la mort imprimait davantage sa marque sur l’homme extérieur dépérissant, l’homme intérieur, nouveau pourtant dès la nouvelle naissance, était «renouvelé de jour en jour» (2 Cor. 4:16). Chaque jour il était fait «nouveau». Ce n’était pas une pauvre remise en état pour pallier une décrépitude, comme on ravale et consolide tant bien que mal un édifice délabré ou qu’on prolonge par un fortifiant un corps usé, mais une «recréation» continue, une mue intérieure. La puissance victorieuse de la résurrection agissait alors que «la mort opérait en lui», et chaque lendemain le trouvait plus vivant, plus près de Christ que la veille. «Comme mourants, et voici, nous vivons» (6:9). Ne désirons-nous pas une mue semblable ? Trop souvent, chez nous, à l’opposé de Paul, l’homme intérieur dépérit, hélas, au point que nous perdons le goût des choses d’en haut, tandis que nous portons toute notre préoccupation sur l’homme extérieur, sa santé et son bien-être. Et pourtant cet homme extérieur est de toutes façons appelé à dépérir et à disparaître, la maison terrestre à être détruite (sans quoi nous n’aurions pas d’édifice éternel dans les cieux), alors que l’homme intérieur est appelé à croître, «jusqu’à Lui».

 

Ainsi, «l’homme en Christ est la base de toute notre marche, mais cela ne suffit pas pour la puissance. Celle-ci ne s’acquiert qu’en marchant dans une dépendance constante, humiliés en nous-mêmes, afin que Christ soit glorifié, et la chair pratiquement annulée» (*).

(*) J. N. D. Un homme en Christ (2 Cor. 12).

 

Se dire chrétien, c’est affirmer qu’on a dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau ; c’est dire que Christ est notre vie. Mais dire est une chose, vivre en est une autre. Vivre en chrétien, c’est exprimer Christ, prouver ce nouvel homme en le montrant à l’oeuvre dans un bienheureux renouvellement à l’image de Celui vers lequel les regards du fidèle sont tournés.

La foi n’a rien d’autre à faire qu’accepter la position bénie que Dieu nous a faite en Christ, avec tout ce que cette position comporte : les plus hauts privilèges appartiennent à une telle position, mais elle entraîne ici-bas les luttes et les souffrances, dans le dépouillement de nous-mêmes. La chair ni le monde ne peuvent supporter en effet que le croyant la manifeste, car elle les crucifie, eux qui ont crucifié Christ.

«Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création. Les choses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont faites nouvelles...»