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Exposé sur la

 

 

Deuxième épître de Jean

 

William Kelly

Original en anglais publié en 1905 et réimprimé en 1970 par Bible Truth Publishers

 

Tables des matières :

1     Verset 1a

2     Verset 1b

3     Verset 2

4     Verset 3

5     Verset 4

6     Versets 5-6

7     Verset 7

8     Verset 8

9     Verset 9

10     Verset 10-11

11     Versets 12-13

 

 

1                        Verset 1a

Note WK : Dès les temps suivant les apôtres jusqu’à nos jours, il y a eu toutes sortes de point de vue sur l’adresse de cette épître. Pour les uns, Eclecta est un nom propre ; pour d’autres c’est Kyria ; une troisième classe penche pour dire qu’il s’agit de l’église de manière voilée, pour ne rien dire de ceux qui y voient la vierge Marie. Il me semble que c’était une sœur en Christ, vivante, à qui l’Esprit Saint a voulu qu’une lettre soit écrite par l’apôtre sans que son nom soit donné. L’expression « ta sœur élue » au v. 13 en est une forte confirmation, alors qu’elle démolit la notion selon laquelle il s’agirait de « l’église » (cette notion plaisait à Jérôme (Ep. 123 à Ageruchiam), le Schol. I. dans Matthaei et Cassiodorus ; parmi les modernes, Calovius, Hammond, Michaelis, etc.). Je suis même enclin à penser que l’intention de l’auteur était celle du sens le plus littéral « à une dame élue », bien que je n’insiste pas car il ne semble pas que d’autres aient eu cette pensée.

 

Tout lecteur attentif de l’Écriture doit être frappé de voir une épître apostolique adressée expressément à une femme et à ses enfants. Sachant l’attitude réservée des apôtres et le caractère inhabituel d’une telle adresse, il faut certainement se demander pourquoi le Saint Esprit se démarque de Sa manière habituelle, surtout si l’on considère la portée expressément générale et vaste de la première épître de Jean, qui s’adresse à toute la famille de Dieu, pour autant qu’on puisse déterminer des destinataires. Elle ne vise aucune association locale, il n’y a rien de personnel au sens ordinaire de ce qui est individuel, autrement dit de ce qui appartient à des personnes spécifiques. La première épître de Jean est assez large pour embrasser tout membre de la famille de Dieu, où qu’il se trouve, plus que toute autre épître, sauf peut-être celle de Jude. Or le même Jean a été conduit à s’adresser, ultérieurement semble-t-il, à une personne individuelle, et même pas à un homme, mais à une femme et ses enfants. Plus tard encore, dans sa troisième épître, il écrit à une homme, et il est facile de voir combien ceci est approprié, tout comme le sujet traité pour son bien et le nôtre. Le nom de cet homme est donné, tandis que la seconde épître est adressée à la dame comme telle, sans indication de nom, en quoi nous percevons de la délicatesse de convenance. Bien que cela corresponde sans aucun doute aux besoins de cette dame, il lui était pourtant épargné la peine d’une publicité inutile, tout en permettant de partager avec tous les saints d’alors et de tous les temps cette épître inspirée de la plus grande valeur.

En tout cas, il y a là des faits, et nous avons le droit d’exprimer un jugement qui ne sera pas nécessairement suivi si l’on n’est pas convaincu que l’explication s’impose à la compréhension. C’est une lettre brève, mais l’une des plus solennelles du Nouveau Testament, plus fondamentale que l’épître si intéressante et instructive adressée à Gaïus ultérieurement. Pourtant cette lettre a été écrite à une femme avec ses enfants. Des raisons d’importance permanente et urgente ont donc dû l’emporter sur d’autres considérations ordinaires pour que le Saint Esprit, par le moyen de l’apôtre, envoie une épître si spécialement sérieuse à la dame élue et à ses enfants ; c’est ce que nous sommes forcés de discerner dans le contenu de l’épître. Or celui-ci corrobore ce fait que le Saint Esprit est sorti des sentiers battus, et pour des raisons décisives s’est adressé à une femme et à ses enfants, les rendant responsables directement et au plus haut degré d’agir selon la vérité transmise par cette lettre.

Un vrai Christ ou un faux, c’était là la question. Qu’y a-t-il de plus important que cela dans toute la Bible, spécialement depuis que Christ a été manifesté ? Avant qu’Il apparaisse, le but de l’ennemi était d’occuper les pensées des croyants avec des objets présents ou accessoires. Or maintenant le vrai Christ était présenté selon la promesse ; maintenant il était rendu au Fils de Dieu un témoignage irréfragable, portant aussi bien sur la grâce que sur la vérité de sa Personne, et Il avait donné une intelligence pour que nous connaissions le Véritable, Celui qui a aussi été déclaré être « le vrai Dieu et la vie éternelle » (1 Jean 5:20). Satan savait très bien cela, et a osé induire des chrétiens professants à falsifier la vérité au sujet de Christ, pour opposer une idole à Christ, comme autrefois il faisait des idoles pour les opposer à l’Éternel, quand il avait à faire à Israël selon la chair et sous la loi. Maintenant que le Fils de Dieu était venu en grâce et en vérité, l’activité de Satan devint une entreprise très subtile, mais du même genre, consistant à décrier la vérité comme trop élémentaire, et à présenter un Christ entièrement faux pour polluer la source de toute bénédiction, et pour détruire les âmes égarées vers un Christ qui n’est pas le bon, un autre que Celui qui est non seulement vrai, mais qui est aussi la vérité. C’est exactement ce que Satan essayait de faire en ce lieu et en ce temps-là au moyen de plusieurs antichrists, et c’est la raison de l’appel extraordinaire du Saint Esprit dans cette épître.

L’apôtre se présente comme l’ « ancien ». Il descend ainsi de la première place dans l’église de Dieu, qu’il était tout à fait en droit d’occuper, mais l’amour choisit instinctivement le chemin bien plus excellent (1 Cor. 12:31), et le Saint Esprit a inspiré cette épître pour répondre à un besoin spécial. C’est ce que l’apôtre Paul faisait alors, et aussi l’apôtre Jean dans toutes ses épîtres. C’est ainsi aussi que Dieu se sert même du moindre changement dans l’Écriture, tant dans ce qui est dit que dans ce qui ne l’est pas, — et Il nous enseigne ainsi plus parfaitement que par aucune autre manière. Nous ne devons donc pas douter qu’il y avait une raison particulièrement sage et valable pour l’apôtre Jean de se présenter lui-même sous l’appellation d’ « ancien » plutôt que d’apôtre, à la fois à la dame élue et à Gaïus.

Notons un autre point. Il ne dit pas « la dame bien-aimée ». Certains chrétiens aiment beaucoup des expressions chaudes envers les individus, même en l’absence d’occasion suffisante pour le faire. Ce n’est pas une bonne habitude, spécialement quand une femme est en cause. Ce n’est pas imprudent d’écrire ainsi à un frère. Quand on sait ce que sont les hommes et les femmes, on se rend compte de la sagesse de Dieu par laquelle l’ « ancien », si âgé soit-il, évitait ce genre d’expression envers une femme, et donnait le bon exemple aux autres à cet égard. S’il avait agi autrement que de cette manière aussi sainte, beaucoup l’auraient imité. Mais en l’état de ce verset, tout est ordonné avec sagesse ; il est bon pour nous de tirer profit de ce que nous lisons ici.

« L’ancien à la dame élue ». Il fait attention d’écrire avec respect, mais sans flatterie. Il ne se recommande pas lui-même, il n’y a pas de recherche de soi. Il préfère qu’on le considère comme froid plutôt que de se tromper en matière d’expressions fortes.

« L’ancien à la dame élue ». La position de la dame n’est pas minimisée, mais ce que l’un et l’autre estimaient, c’était le titre donné par la grâce divine, non pas ce qui était dû à la providence. Elle était élue de Dieu, choisie en Christ par et pour Dieu Lui-même. Y a-t-il aucune considération plus touchante pour le cœur purifié par la foi ? L’apôtre était conduit à se servir d’une expression qui reconnaissait l’action souveraine de Dieu. Dieu avait choisi la dame en dehors de toutes ses associations naturelles, et l’apôtre se plait à reconnaître que même sur la terre elle était introduite dans une relation nouvelle et divine. Qu’il est précieux de savoir qu’il en est encore ainsi pour tout vrai chrétien ! On peut noter même dans ces paroles introductives combien chaque épître est vraie vis-à-vis de ce que Dieu vise en elle. Le but ici est de préserver la dame élue et ses enfants des pièges séducteurs d’un antichrist. Le but dans l’épître à Gaïus est de l’encourager, en face des obstacles, à persévérer dans le chemin de grâce où il s’était engagé. « Élue » mettait Dieu devant la dame, comme « le bien-aimé » encourageait Gaïus à ne pas faire attention aux désapprobations de Diotrèphe. Souvent les gens se lassent de faire le bien quand ils découvrent qu’ils sont trompés par ceux qu’ils auraient pu servir en amour, et qu’ils sont rabroués par les critiques de ceux qui ont l’habitude de s’opposer sans faire d’efforts sérieux pour aider dans les difficultés. Christ nous rend capables de résoudre ces énigmes.

« L’ancien à la dame élue et à ses enfants ». Qui peut douter qu’à l’occasion de leurs rencontres dans des circonstances ordinaires, l’apôtre Jean abordait ces enfants avec affection, et eux connaissaient la tendresse de ses sentiments à leur égard. Mais il était en train d’écrire sur un sujet très solennel en face duquel une dame et ses enfants se réduisaient à peu de chose, si l’enjeu n’avait été le nom du Seigneur et le titre donné par la grâce. L’apôtre met ici devant eux avec une extrême insistance l’obligation de veiller jalousement à la gloire de Christ. Cela n’admettait aucun compromis. Satan était réellement en train de saper la vérité de Christ. Ils étaient en danger, l’apôtre le savait, et écrit pour les mettre en garde. Tout ce qui est ordinaire devenait accessoire par rapport à l’honneur de Dieu. Ce qui était en cause était la réalité de Christ, et Jean craignait le danger de négliger involontairement la gloire de Christ. C’est pourquoi il parle relativement peu, mais de manière claire et décidée. Il arrive vite au cœur du sujet et parle de manière qu’un chrétien ne devrait jamais le comprendre mal. Cependant il les assure de son amour dans la vérité, car ceci manque toujours là où Christ est perdu. « Que j’aime en vérité ».Quel poids dans cette expression, et combien elle nous sonde ! Ce n’est pas des qualités personnelles qui le faisaient aimer. Il pouvait n’avoir jamais vu pareille douceur que la leur, mais il n’en dit rien, sauf qu’il « aimait en vérité ». Cela va plus loin qu’aimer « dans la vérité » ; il aimait « en vérité ». Sans aucun doute, ils avaient la vérité. Comme il ne peut jamais y avoir de vérité sans la vérité, en vérité signifie vraiment.

 

2                        Verset 1b

Au milieu du vide créé par l’affaiblissement de la vérité, l’apôtre ressentait l’importance de les assurer de la réalité divine de son amour. Il y avait des âmes que Dieu avait amenées à Lui par la vérité ; « et non pas moi seul, mais aussi tous ceux qui connaissent la vérité » (v. 1b). Quelle chose merveilleuse que de compter sur l’amour qui est de Dieu dans un monde de vaines apparences comme le nôtre ! Jean pouvait se porter garant de l’amour inchangé de tout chrétien. Comme Christ était leur vie, il pouvait compter avec assurance que tout chrétien aimait cette dame élue et ses enfants, comme lui-même le faisait. Son autorité apostolique n’empêchait nullement son amour pour ces enfants avec leur mère. Ils étaient enfants de Dieu, pas seulement de la dame, et l’apôtre disait les « aimer dans la vérité » ; il pouvait rajouter que non seulement lui les aimait, mais aussi tous ceux qui connaissent la vérité. Chers frères, n’est-ce pas là les liens qu’il faut retenir et apprécier ? L’apôtre pouvait alors compter que tous ceux qui connaissaient la vérité aimeraient la dame et ses enfants dans la vérité. Cela aurait été impossible sans la vie en Christ, et sans l’Esprit qui nous a été donné après la rédemption pour la manifester en dépit de tous les obstacles. Cette vie a été vue en perfection en Christ, et elle est reproduite dans le chrétien.

 

3                        Verset 2

« À cause de la vérité qui demeure en nous et qui sera avec nous à jamais » (v. 2).

C’est une manière bien frappante de parler de la vérité. L’apôtre personnifie ici la vérité comme l’apôtre Paul le fait pour l’évangile en Phil. 1. L’apôtre était ministre de l’assemblée aussi bien que de l’évangile, et bien qu’il écrivît au sujet de l’assemblée comme nul autre ne l’a jamais fait, néanmoins il  prêchait aussi l’évangile comme nul autre ne l’a jamais fait. Il trouvait ses délices dans la bonne nouvelle de la grâce de Dieu et celle de la gloire de Christ. Il n’a jamais opposé ni l’une ni l’autre à la vérité de l’église. Au contraire, il les a administrées toutes les deux dans la profondeur de la grâce et dans l’élévation de la gloire. Il avait les sentiments de l’apôtre Jean exprimés ici « à cause de la vérité qui demeure en nous et qui sera avec nous à jamais ». Ces deux apôtres n’auraient jamais dit cela d’aucune institution chrétienne aussi importante soit-elle. Une institution a sa place que personne ne peut mépriser ou méconnaître sans en éprouver une perte réelle ; mais qu’y a-t-il de comparable à « la vérité » ? L’institution n’est que pour un peu de temps, et peut se terminer définitivement dans un instant. Mais la vérité ! Elle, elle demeure en nous et sera avec nous à jamais. Elle est supposée avoir une puissance croissante sur le cœur pendant tout le temps que nous sommes ici-bas, et ce n’est que dans le ciel et dans l’éternité que nous l’aurons pour en jouir en perfection.

 

4                        Verset 3

On a ensuite sa salutation bien appropriée : « La grâce, la miséricorde, la paix, seront avec vous » : « La grâce », la source de l’amour divin envers le pécheur ; « la paix », le fruit de l’œuvre de Christ en faveur des croyants — les deux sont en général souhaités aux saints ; « la miséricorde » répond aux besoins individuels dans la faiblesse et dans l’épreuve. C’était le cas ici pour la dame élue et ses enfants. Nous voyons combien elle est à sa place ici, car le fait même de lui écrire à elle et à ses enfants, l’impliquait. Chaque fois qu’on pense à nous individuellement, on ressent le besoin de la miséricorde de Dieu. Quand nous parlons de l’église, et de ses privilèges, et de l’élévation dans la gloire à laquelle elle est destinée en Christ et avec Christ, le besoin est absorbé dans la gloire de la grâce de Dieu. Mais l’individu a des besoins qui font encore appel à la « miséricorde » de manière évidente.

La grâce et la paix sont pour l’église dans son ensemble tant qu’elle est ici-bas. « La grâce, la miséricorde, la paix, seront avec vous de la part de Dieu le Père et de la part du seigneur Jésus Christ le Fils du Père » : cette affirmation a dû être d’autant plus encourageante pour la dame et ses enfants qu’elle a la forme d’une assurance donnée, plutôt que d’un vœu ou d’une prière. Il est dit « le Fils du Père » : pourquoi seulement ce titre ? Au déni de Sa gloire par l’ennemi, il était répondu par une affirmation inhabituelle de cette gloire. L’Esprit de Dieu brandit la bannière éclatante en face de Satan pour fortifier la famille chrétienne appelée à rester loyale. « Le Fils du Père », quel titre glorieux ! Les chrétiens sont souvent appelés des fils ou des enfants, mais nul, en dehors de notre Seigneur n’est appelé « le Fils du Père ». Pour eux tout leur est assuré en vérité et en amour, mais c’est Lui seul qui l’assure. Sans Lui nous n’aurions jamais été amenés des ténèbres à la lumière de Dieu. C’est à Lui que nous sommes redevables de la connaissance du Père et de Lui-même. Il est la plénitude de vérité et d’amour, que, par Sa grâce et par son œuvre, Il nous a fait connaître et posséder, nous établissant aussi dans leur jouissance.

 

5                        Verset 4

« Je me suis fort réjoui d’avoir trouvé de tes enfants ».

Il ne dit pas seulement tes enfants : pourquoi ? Parce qu’un ou plusieurs d’entre eux pouvaient ne pas avoir encore confessé le Sauveur et Seigneur. Peut-être aussi qu’un ou plusieurs avait glissé sous l’influence néfaste des séducteurs. L’apôtre a quelque bonne raison pour ne pas en dire plus que « de tes enfants marchent dans la vérité ». C’est un point majeur, parce qu’une limite est nécessaire, et celle-ci n’est pas simplement de connaître la vérité, mais d’y marcher, ou comme l’apôtre le dit dans l’évangile, « celui qui pratique la vérité » (Jean 3:21).

L’apôtre poursuit : « comme nous en avons reçu le commandement de la part du Père ». Comme certains chrétiens sont enclins à penser qu’un commandement doit nécessairement être légal, il est bon qu’ils en soient détrompés. Personne ne parle plus de commandements que notre Seigneur, y compris dans l’évangile de Jean, qui répète souvent ce mot dans ses épîtres, alors que la loi est entièrement laissée de côté, et qu’il n’y est jamais fait allusion. Le Fils de Dieu brille là comme nulle part ailleurs, et pourtant le Fils de Dieu aimait parler de commandements tant pour Lui que pour nous sur la base de principes entièrement différents de la loi, comme en Jean 10:18 ; 12:49 ; 13:34 ; 14:15, 21, 31 ; 15:10.

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce qu’Il a pris la position d’homme, c’est-à-dire une position d’entière dépendance et même d’obéissance. Quoiqu’Il fût le Fils du Père, Il « s’est anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et, étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Philippiens 2:7-8). Il n’a pas renoncé à Sa Déité, et Il ne le pouvait pas, mais Il a renoncé à la gloire propre à Sa dignité personnelle dans le but de justifier Dieu et de bénir l’homme ; et pour accomplir cette œuvre, Il a été le serviteur parfait, l’homme dépendant, recevant tout de Dieu Son Père. C’est pourquoi comme il est dit au Ps. 40 « Tu m’as creusé des oreilles » en devenant incarné. En outre, Ses oreilles étaient ouvertes chaque matin (És. 50:4) pour écouter ce que Son Père avait à Lui dire. Et finalement, comme le vrai serviteur hébreu d’Exode 21, au lieu de sortir libre, Il est resté serviteur à toujours, ce dont l’oreille percée devant le juge était le signe, mais pour le Seigneur le signe a été celui plus profond de la mort. Il a été seul à être tel. Mais nous qui étions autrefois des pécheurs perdus, nous avons reçu la vie de Christ et l’onction du Saint Esprit ; nous aimons Ses commandements, comme Il a aimé ceux du Père (Jean 15:10), et nous sommes ainsi censés manifester Ses perfections excellentes. Pour quoi d’autre sommes-nous laissés ici-bas ? Le Seigneur Jésus a toujours dépendu du commandement de Son Père (Jean 14:10). En Lui, l’amour et l’obéissance ont été absolument parfaits ; et nous Le suivons, mais avec des pas tellement irréguliers !

Le Seigneur Jésus a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes (Héb. 5:8). Nous, nous apprenons à obéir, tout en jugeant notre réticence à le faire ; et le Saint Esprit fait de cela la liberté au moyen de la grâce de Christ. Christ a appris l’obéissance, parce que, comme Dieu, c’était quelque chose d’entièrement nouveau pour Lui. Nous, nous apprenons l’obéissance parce que nous sommes naturellement désobéissants, ce qui est tout autre chose. Par grâce nous aimons la Parole, et nous honorons de tout notre cœur le Dieu qui nous aime. Maintenant, c’est avec reconnaissance que nous recevons un commandement du Père. Y a-t-il quelque chose de bon qui ne soit pas basé sur une autorité divine ? Faire disparaître cette autorité divine produirait une perte inexprimable. Certes, il y a plus que l’autorité divine, il y a l’amour divin ; mais tandis que l’amour a toujours été en Dieu et nous a été manifesté lorsque nous étions impies et méchants (Rom. 5:8), nous commençons toujours, après la conversion, par l’autorité divine et la soumission de cœur, étant horrifiés de notre état précédent de rébellion. Dans la conversion, l’homme se soumet vraiment à Dieu pour la première fois de sa vie, et il le fait, selon la volonté de Dieu, en s’inclinant devant le Seigneur Jésus.

 

6                        Versets 5-6

« Or maintenant, ô dame, je te prie, non comme t’écrivant un nouveau commandement, mais celui que nous avons eu dès le commencement, que nous nous aimions les uns les autres » (v. 5).

Il y a moins à dire sur ce sujet parce que nous l’avons déjà tellement considéré. Il est quand même toujours bon de se rappeler que s’aimer les uns les autres est non seulement une grande caractéristique de la nouvelle nature et de l’enseignement divin, mais que c’est inséparable de l’obéissance, qui caractérise pareillement ceux qui sont engendrés de Dieu, comme le v. 6 l’établit : « et c’est ici l’amour, que nous marchions selon ses commandements ». Il n’y a que la méchante propre volonté de l’homme déchu que l’apôtre cherche à séparer. Non seulement les deux [s’aimer les uns les autres et l’obéissance] sont des commandements de Dieu, et aussi de Christ, mais ils sont identifiés dans ces expressions frappantes au point d’être inséparables de la vie que nous avons en Christ. À nouveau dans la suite du verset, ils sont tous liés ensemble dans ce que Christ enjoint à Ses disciples : « C’est ici le commandement, comme vous l’avez entendu dès le commencement, afin que vous y marchiez ». Cette expression « entendu dès le commencement » est rajoutée pour rappeler à tous de tous les temps que cette injonction datait du temps où Christ a été manifesté ici-bas.

Adam a été le commencement de la race humaine sur la terre. Mais pour le chrétien, le commencement c’est Christ : c’est avec Lui que vinrent la grâce et la vérité, et la source de l’obéissance chrétienne et de l’amour mutuel. Avant que Christ vînt et avant Sa manifestation ici-bas, comment aurait-on pu connaître la vérité sur Lui ? Certes le fidèle regardait à l’avance vers Sa venue pour la bénédiction de l’homme et de la terre ; mais combien cela restait vague pour leur foi ! Les précisions étaient réservées pour le futur. Les esprits mondains pensent à Lui en rapport avec leurs aspirations humaines et terrestres ; mais ce n’est que dans la révélation de Dieu que ceux qui étaient nés de Dieu trouvaient plus ou moins l’attente de la foi. Avant la venue de Christ, même les saints ne pouvaient qu’être vagues dans leurs anticipations. Mais quand le Fils de Dieu est venu et a été manifesté en chair comme prédit, la grâce et la vérité vinrent en Lui. La lumière a jugé tout ce qui était incompatible avec la nature de Dieu, et la vérité a manifesté tout homme et toutes choses selon leur état réel. « C’est ici le commandement, comme vous l’avez entendu dès le commencement, afin que vous y marchiez ».

 

7                        Verset 7

Mais les pires maux nous pressent de tous côtés. Non content de corrompre, Satan était en train de nier la vérité par le moyen de ceux qui l’avaient professée un temps. D’où l’appel urgent à l’affirmer clairement et à vivre fidèlement plus que jamais. « Car plusieurs séducteurs sont sortis dans le monde » (non pas « entrés » comme dit le Texte Reçu et la version autorisée du Roi Jacques). Ils avaient été un temps dans l’église, puis en étaient sortis pour poursuivre leur œuvre profane, bravant la Parole de Dieu et niant le Fils. « Entrés dans le monde » n’exprime nullement ce fait, et n’est juste en aucun sens. Une fois trompés par Satan pour nier la vérité de Christ, ils abandonnaient ceux qui confessaient Christ. Ils portaient le terrible caractère de séducteurs « qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair ». « Celui-là est le séducteur et l’antichrist ». Dans l’épître de Jude, le mal mortel provenait de ceux qui étaient dedans, tout en se tenant à part ; mais les épîtres de Jean envisagent un temps ultérieur, « la dernière heure », où ils sortaient pour résister comme des opposants ouverts. Quelqu’un qui entre dans l’église de Dieu, et y participe pour un temps comme chrétien, en ressort bien pire qu’il n’y est entré. Désormais il hait la vérité et ceux qui y tiennent. Égarer les saints, diffamer la vérité et nier Christ, voilà ce qui devient son activité positive.

Nous apprenons ici que ceux qui sont sortis dans le monde étaient « ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair ». La venue de Christ est exprimée maintenant de manière présente et abstraite, plutôt qu’au passé comme en 1 Jean 4:2 (le présent résulte de l’action passée). Cela ne change rien pratiquement quant à la vérité, qui dans les deux cas est la confession de Sa personne ainsi désignée. En conséquence, il est mieux, dans ces deux passages, de ne pas reprendre les mots « Jésus Christ qui est venu » [mais d’écrire « Jésus Christ venu en chair » en 1 Jean 4:2 et « Jésus Christ venant en chair » en 2 Jean 7] : la force du passage est ainsi mieux rendue qu’en utilisant ces expressions comme dans la version autorisée du Roi Jacques, et la version Révisée. Ces séducteurs ne croyaient pas à la vérité de Sa personne. Ils ne le confessaient pas. Peut-être ne niaient-ils pas forcément le fait historique de Sa naissance, mais ils ne confessaient pas la personne de Christ venue ou venant en chair. Car la vérité profonde et merveilleuse est que Celui qui était le Fils de Dieu de toute éternité devait ainsi venir en chair. Telle est la confession de tous ceux qui ont la vie et qui sont oints de l’Esprit de Dieu. Il aurait pu venir comme un ange, ou de n’importe quelle autre manière, mais pour la volonté et la gloire de Dieu, Il s’est plus à venir en chair. C’est ce contre quoi s’opposaient les séducteurs. C’est la confession de Celui dont les natures humaine et divine étaient unies en une seule personne. Ce n’est pas tout ce que signifie le christianisme, mais c’est la base sans laquelle aucune rédemption n’est possible. Car quelqu’un qui ne confesse pas Jésus venu de cette manière est le séducteur et l’antichrist.

 

8                        Verset 8

« Prenez garde à vous-mêmes, afin que nous ne perdions pas ce que nous avons opéré, mais que nous recevions un plein salaire » (v. 8).

Ce n’est pas seulement un avertissement sérieux, mais un appel à l’amour, entièrement selon la manière de l’apôtre, comme en 1 Jean 2:28. En ne s’apercevant pas de cela, les copistes anciens, et les éditeurs et traducteurs modernes n’ont pas saisi le point-clef de l’argument, et l’ont réduit à un lieu commun. La version autorisée du Roi Jacques, à la suite du Texte Reçu, est bien soutenue par le texte original, et fait une allusion extrêmement touchante : « Veillez à vous-mêmes afin que nous (non pas vous) ne perdions pas… » etc. C’est un appel émouvant à leur amour. De la même manière 1 Jean 2:28 fait appel à toute la famille de Dieu, comme ici l’apôtre à la dame élue et à ses enfants.

 

9                        Verset 9

La version autorisée du Roi Jacques fait commencer ce verset par « Quiconque transgresse » ; ceci n’exprime pas le sens du passage ; la loi n’a rien à y voir, et le mot « transgresser » n’est pas bon. Il faut traduire « Quiconque va en avant » ou « au-delà » de la vérité de Christ. C’est un coup supplémentaire porté à ceux qui sont entichés de progrès, comme si la vérité révélée pouvait être susceptible de développement, comme les sciences humaines. Au contraire, celui qui n’est pas content de la vérité que Dieu a donnée en Christ, et qui par conséquent va au-delà de cette vérité, en réalité il abandonne la vérité et la perd au profit de produits de l’imagination de l’esprit humain. « Quiconque va en avant (*) et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n’a pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine, celui-là a le Père et le Fils ». Quelles que soient les prétentions à une lumière ou une vérité plus élevées, quelle que soit la confiance mise en ces conceptions nouvellement brouillées, celui qui s’avance hors de la Parole inspirée dans des idées tirées de sa propre tête ou de l’imagination des autres, « n’a pas Dieu ». Il est en dehors de toute relation présente avec Dieu, mais de nature très distante. À l’inverse, « celui qui demeure dans la doctrine [de Christ], celui-là a le Père et le Fils » — la révélation de la Déité la plus haute, la plus profonde et la plus intime qui soit.

 

(*) note Bibliquest : JND traduit « [vous] mène en avant » là où Kelly traduit « va en avant ».

 

10                  Versets 10-11

« Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres ».

C’est bien là l’un des devoirs les plus affligeants dont un chrétien ait jamais été chargé, ou dont il puisse être chargé ; or le voilà mis à charge de façon péremptoire sur une dame et ses enfants. Prenons un exemple. Il y a bien des années, une de mes chères amies fut peinée de ce qu’elle était dans une assemblée chrétienne qui évitait de juger une erreur de ce genre. Cette sœur vint vivre en un lieu où l’assemblée jugeait entièrement ce mal ; mais elle fut lente à admettre sa responsabilité à cet égard, plaidant qu’elle n’était qu’une femme, et que pouvait-elle dire ou faire ? De telles excuses ont belle allure et paraissent raisonnables ; les femmes peuvent agir ainsi de manière louable dans des questions où d’habitude elles n’ont pas toute la réserve qu’elles pourraient. Qui espérerait ou s’attendrait à voir le mal dûment jugé sur cette base ? Je lui rappelai la « dame élue » de 2 Jean. Elle arrêta d’argumenter, car elle était intelligente et avait de l’expérience aussi bien que de la crainte de Dieu. Le résultat fut qu’elle fut convaincue d’avoir manqué au devoir auquel elle était tenue.

Quand la doctrine de Christ est en jeu, il ne faut pas hésiter : un compromis est une trahison du Seigneur ; si nous ne sommes pas vrai vis-à-vis de Christ, nous ne le serons jamais en rapport avec rien de ce que Dieu nous a révélé. L’honneur de Dieu est centré sur Celui par qui la grâce et la vérité sont venues à nous. C’est pourquoi, si quelqu’un venait et n’apportait pas cette doctrine, même si auparavant il avait été le plus cher ami chrétien de la terre, la dame et ses enfants avaient l’obligation la plus solennelle de l’ignorer par égard à Christ. C’est là ce à quoi Dieu appelle présentement. Si l’on n’apporte pas la doctrine de Christ, fermez la porte et n’ayez rien à faire avec un antichrist. À ceux qui n’attribuent pas de valeur au nom et à la Parole de Christ, cela doit paraître outrageant, spécialement dans ces temps de libéralisme, où l’homme est tout et Christ peu de choses, voire rien du tout ; même les chrétiens professants sont prêts à n’en rien dire. « Quel dommage de perturber l’unité par ce genre de questions ! N’est-ce pas notre devoir principal de tenir ensemble et d’éviter la dispersion qui est le mal qui choque ? De plus cet homme est un cher et bon frère, qui serait prêt à laisser ses notions particulières, si vous ne souffliez pas dessus pour en faire tout un feu ». Voilà les neutres, plus dangereux encore que les séducteurs trompés.

Non mes frères, par grâce nous devons tout au Fils de Dieu et au Père qui L’a envoyé et L’a donné. S’il y a quelque chose sur quoi nous sommes appelés comme chrétiens à être résolus et inflexibles à tout prix, c’est bien quand la gloire et la vérité de Christ sont sapées et renversées.

 

11                  Versets 12-13

Les derniers versets sont un beau témoignage à l’amour saint et sincère qui liait ensemble les saints du commencement, comme nous le voyons ici entre cet apôtre âgé et ce foyer chrétien. « Ayant beaucoup de choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec du papier et de l’encre, mais j’espère aller vers vous et vous parler bouche à bouche, afin que notre joie soit accomplie. Les enfants de ta sœur élue te saluent ».

Cet espoir d’aller vers eux et cette salutation font tous les deux penser que l’apôtre comptait bien que ceux à qui ils s’adressaient auraient à cœur de mettre en œuvre sans faille l’exclusion du traître à Christ qui allait ça et là piéger les autres dans ses mauvaises œuvres. Aucune menace n’était faite quant aux conséquences, sinon l’avertissement que faire un compromis dans un tel cas c’était avoir communion avec celui qui faisait le mal. L’apôtre ne cherche non plus à obtenir que ses interlocuteurs se conforment à son injonction en faisant appel à sa position ou à leur amitié intime jusqu’alors. Tout dépend de savoir si la grâce nous a fait sentir ce qui est dû à Christ. Même le plus jeune peut être inébranlable, alors que d’autres qui auraient dû le sentir bien plus profondément se sont impliqués dans de petites choses mauvaises, et sont devenus progressivement insensibles à la valeur infinie de Christ, jouant l’amitié au moment où il fallait rigueur et décision pour Son nom. Car en réalité le choix est entre le Fils et Satan. On voit bien que l’apôtre s’attendait à ce qu’ils restent fidèles à Christ, car il dit qu’il désirait leur parler de leur joie accomplie lorsqu’il viendrait vers eux. Il n’aurait pas pu leur parler ainsi s’il avait eu des doutes sur leur fidélité.

Il peut être bon d’ajouter ici qu’il n’est pas du tout selon l’Esprit de Dieu d’appliquer à des différences mineures du domaine de la discipline, la rigueur qui est un devoir absolu lorsqu’il est question d’un vrai Christ ou d’un faux Christ. Une telle erreur est utilisée par le grand ennemi pour disperser ceux pour lesquels Christ est mort afin de les réunir en un. Même la doctrine en général, à moins d’être fondamentale, n’est pas une base scripturaire pour une mesure aussi extrême. Encore moins la faut-il quand il s’agit de différence sur les institutions chrétiennes, que ce soit le baptême ou la Cène. Mais la doctrine de Christ requiert que tous les saints y adhèrent, et celui qui sape Sa personne doit être à tout prix mis à l’écart, non seulement publiquement, mais même dans la considération à accorder de manière privée.