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1 Pierre

 

William  Kelly [entre crochets : ajouts de Bibliquest]

Cet écrit, comme souvent ceux de W.Kelly, sont un peu difficiles à lire, notamment par la longueur des phrases et des expressions. Le traducteur a souvent laissé subsister ces défauts, ne voulant pas tronquer la pensée de l’auteur. —  Le terme « église » a été en général laissé comme l’auteur l’utilise en anglais, mais il ne faut pas y voir un sens distinct de celui d’« assemblée » utilisé dans la version Darby de la Bible.

 

Traduction d’après l’édition de 1923 de C.A.Hammond

Table des matières abrégée :

1       Introduction [aux deux épitres]

2       1 Pierre 1

3       1 Pierre 2

4       1 Pierre 3

5       1 Pierre 4

6       1 Pierre 5

 

Table des matières détaillée :

1       Introduction [aux deux épitres]

1.1         [Sujet(s) des deux épitres]

1.2         [Destinataires de l’épitre]

1.3         [L’épitre s’adresse-t-elle aussi aux Gentils ?]

1.4         [Où était Pierre quand il a écrit ? Sa position par rapport à Paul]

2       1 Pierre 1

2.1         [Ch. 1 v.1]

2.1.1       [Ceux de la dispersion]

2.1.2       [élus]

2.1.3       [« qui séjournent en étrangers ». Pierre auteur de l’épitre]

2.1.4       [Territoires concernés]

2.2         [Ch. 1 v. 2]

2.2.1       [Élus]

2.2.2       [Selon la préconnaissance de Dieu le Père]

2.2.3       [En sanctification ou sainteté de l’Esprit]

2.2.4       [Pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus-Christ]

2.2.5       [Que la grâce et la paix soient multipliées]

2.3         [Ch. 1 v. 3]

2.3.1       [Béni soit le Dieu et Père. Comparaison avec Paul s’adressant aux Éphésiens]

2.3.2       [Régénérés… par la résurrection]

2.3.3       [La grande miséricorde]

2.3.4       [Une espérance vivante]

2.4         [Ch. 1 v. 4-5]

2.4.1       [1:4 — l’héritage conservé dans les cieux]

2.4.2       [1:5 — vous qui êtes gardés par la puissance de Dieu — par la foi]

2.4.3       [pour un salut qui est prêt à être révélé]

2.4.4       [révélé au dernier temps]

2.5         [Sommaire de 1:3-5]

2.6         [Ch. 1 v. 6-7]

2.6.1       [1:6 — vous vous réjouissez]

2.6.2       [1:6 — affligés pour un peu de temps]

2.6.3       [1:7 — l’épreuve de votre foi bien plus précieuse que celle de l’or qui périt]

2.7         [Ch. 1 v. 8-9]

2.7.1       [Le chrétien peut se réjouir au milieu d’épreuves sévères]

2.7.2       [Contraste entre le christianisme et les autres dispensations]

2.7.3       [1:8a — quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez]

2.7.4       [1:8b — se réjouir dès maintenant - d’une joie ineffable et glorieuse]

2.7.5       [1:9 — une joie ineffable et glorieuse, un salut d’âmes]

2.8         [Ch. 1 v. 10-12 — salut d’âmes et salut selon les prophètes de l’Ancien Testament]

2.8.1       [Difficulté à concilier gloire et souffrances]

2.8.2       [1:10 — Annonces du salut par les prophètes]

2.8.3       [1:11 — les prophètes étudiant leurs prophéties]

2.8.4       [1:11 — l’Esprit de Christ]

2.8.5       [Les prophéties sur les souffrances de Christ et les gloires qui suivraient]

2.8.6       [1:12 — l’Esprit de prophétie — autrefois et dans le futur]

2.8.7       [1:12 — la bonne nouvelle annoncée par l’Esprit envoyé du ciel]

2.8.8       [1:12 — les choses dans lesquelles les anges désirent regarder de près]

2.9         [Transition entre l’introduction et les exhortations]

2.10       [Ch. 1:13 — Début des exhortations]

2.10.1          [1:13a — Allusion à la Pâque]

2.10.2          [Les reins ceints]

2.10.3          [Sobres]

2.10.4          [1:13b — Espérez parfaitement]

2.10.5          [1:13b — la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus  Christ]

2.11       [Ch. 1:14-16 — ]

2.11.1          [1:14a — enfants d’obéissance]

2.11.2          [1:14b — abandonner les convoitises du temps de l’ignorance]

2.11.3          [1:15 — soyez saints comme votre Père est saint]

2.11.4          [1:16 — il est écrit : soyez saints… ]

2.12       [Ch. 1:17 — ]

2.12.1          [Si vous invoquez comme Père]

2.12.2          [Celui… qui juge — jugement du Père / jugement du Fils de l’homme]

2.12.3          [Conduisez-vous avec crainte]

2.13       [Ch. 1:18,19 — ]

2.13.1          [1:18a — rachetés. Rédemption]

2.13.2          [1:18b — la vaine conduite enseignée par vos pères]

2.13.3          [1:19 — le sang précieux de Christ, l’agneau sans défaut et sans tache]

2.14       [Ch. 1:20 — ]

2.14.1          [1:20 — préconnu]

2.14.2          [1:20 — manifesté à la fin des temps]

2.14.3          [1:20 — dès avant la fondation du monde]

2.15       [Ch. 1:21 — ]

2.15.1          [1:21 — pour vous qui par Lui croyez en Dieu]

2.15.2          [1:21 — Dieu qui l’a ressuscité des morts, afin que votre foi et votre espérance soient en Dieu]

2.16       [Ch. 1:22 — ]

2.16.1          [1:22 — purification de l’âme. L’âme par rapport à l’esprit]

2.16.2          [1:22 — pour… une affection fraternelle sans hypocrisie]

2.16.3          [1:22 — sans hypocrisie]

2.16.4          [1:22 — ardemment d’un cœur pur]

2.17       [Ch. 1:23 — ]

2.17.1          [1:23 — … vous êtes régénérés, ou engendrés de nouveau]

2.17.2          [1:23 — … régénérés par la Parole de Dieu]

2.18       [Ch. 1:24, 25 — ]

2.18.1          [1:24 — toute chair est comme l’herbe]

2.18.2          [1:25 — la Parole du Seigneur demeure éternellement — parole et langage, les mots]

3       1 Pierre 2

3.1         [Ch. 2:1-3]

3.1.1       [2:1 — rejetant toute malice]

3.1.2       [2:1 — rejetant toute… fraude]

3.1.3       [2:1 — rejetant… l’hypocrisie et l’envie]

3.1.4       [2:1 — rejetant toutes médisances]

3.1.5       [2:2 — désirez ardemment le pur lait intelligent [intellectuel] pour croitre à salut : ni le baptême ni la Cène, mais la Parole de Dieu]

3.1.6       [2:3b — si vous avez goûté que le Seigneur est bon]

3.2         [Ch. 2:4-5]

3.2.1       [2:4 — … duquel vous approchant]

3.2.2       [2:4 — Christ, une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu]

3.2.3       [2:5 et Matt. 16:16 — Je bâtirai mon Assemblée]

3.2.4       [2:4 — Christ la pierre vivante]

3.2.5       [2:5a — Christ pivot de toutes les bénédictions. Les croyants : des pierres vivantes]

3.2.6       [2:5a — Les croyants édifiés en maison spirituelle]

3.2.7       [2:5b — une sainte sacrificature]

3.3         [Ch. 2:6-8 — Christ, la pierre angulaire selon la prophétie de l’Ancien Testament]

3.3.1       [La prophétie d’Ésaïe 28 et 29]

3.3.2       [Il y a une jouissance présente dans la maison spirituelle et la sainte sacrificature]

3.3.3       [Application particulière d’Ésaïe 28 selon Rom. 10]

3.3.4       [2:6 — Sion la montagne de la grâce. Celui qui croit ne sera pas confus]

3.3.5       [2:6 — pas confus : les souffrances en attendant la gloire]

3.3.6       [2:6-7 — pierre précieuse, pierre qui a du prix]

3.3.7       [2:6-7 — les prophéties sur le rejet de Christ deviennent claires]

3.3.8       [2:7-8a — la pierre rejetée devenue maitresse pierre de coin]

3.3.9       [2:8b — étant désobéissants, à quoi aussi ils  ont été destinés]

3.4         [Ch. 2:9-10 — sacrificature royale]

3.4.1       [Privilèges de la sainte sacrificature : Culte et adoration]

3.4.2       [2:9 — Race élue]

3.4.3       [2:9 — Sacrificature royale]

3.4.4       [2:9 — Nation sainte]

3.4.5       [2:9 — Peuple acquis]

3.4.6       [2:9 — Annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés à Sa merveilleuse lumière]

3.4.7       [2:10 — … retournement du « pas un peuple, pas obtenu miséricorde »]

3.5         [Ch. 2:11-12 — Probité requise de la sacrificature]

3.5.1       [2:11a — « Bien-aimés », « forains et étrangers » ou « pèlerins et gens qui séjournent »]

3.5.2       [2:11b — S’abstenir des convoitises charnelles — abominations de Babylone]

3.5.3       [2:11b — S’abstenir des convoitises charnelles — Babylone dominatrice]

3.5.4       [2:11b — Les convoitises qui font la guerre à l’âme]

3.5.5       [2:12a — Appel à avoir une conduite honnête]

3.5.6       [2:12a — une conduite honnête parmi les nations]

3.5.7       [2:12b — des bonnes œuvres observées par ceux qui médisent de vous]

3.5.8       [2:12b — glorifier Dieu au jour de la visitation]

3.6         [Ch. 2:13-17 — diverses relations extérieures]

3.6.1       [2:13 — Soumission du résidu croyant qui remplace le peuple]

3.6.2       [2:13 — Motifs de soumission aux institutions humaines]

3.6.3       [2:13 — Les relations dans l’église sont d’une autre nature]

3.6.4       [2:13 — Soumission aux autorités pour l’amour du Seigneur dans un monde mauvais]

3.6.5       [2:14 — Soumission à toutes sortes d’autorité]

3.6.6       [2:15-16 — esclaves de Dieu]

3.6.7       [2:17a — Honorez tous les hommes]

3.6.8       [2:17b — Aimez tous les frères]

3.6.9       [2:17c — Craignez Dieu]

3.6.10          [2:17d — Honorez le roi]

3.7         [Ch. 2:18-20 — les domestiques]

3.7.1       [Importance de laisser Dieu s’adresser directement à l’homme]

3.7.2       [2:18 — difficultés rencontrées par les domestiques]

3.7.3       [2:19-20 — digne de louange]

3.7.4       [2:19-20 — attitude en face d’afflictions injustes]

3.8         [Ch. 2:21-23 — une position de souffrance]

3.8.1       [2:21 — opposition du monde]

3.8.2       [2:21 — instructions du Seigneur quant à l’attitude face à l’opposition du monde]

3.8.3       [2:22-23 — Christ le modèle]

3.9         [Ch. 2:24 — Les souffrances où Christ a été seul]

3.9.1       [2:24a — Il a porté nos péchés]

3.9.2       [2:24b — étant mort aux péchés]

3.9.3       [2:24c — par la meurtrissure duquel vous avez été guéris]

3.10       [Ch. 2:25 — ]

3.10.1          [2:25a — errant comme des brebis]

3.10.2          [2:25b — retournés au Berger et au Surveillant de leurs âmes]

3.10.3          [2:25b — l’Éternel, bon Berger, remplaçant les mauvais bergers]

4       1 Pierre 3

4.1         [3:1-6]

4.1.1       [3:1-2 — soumission : son effet pour gagner les cœurs]

4.1.2       [3:3-4 — parure : intérieure ou extérieure]

4.1.3       [3:5-6 — relations entre épouse et mari chrétiens]

4.1.4       [3:6b — devenues les enfants de Sara… ne craignant aucune frayeur]

4.2         [3:7 — exhortation aux maris]

4.2.1       [3:7a — selon la connaissance]

4.2.2       [3:7b — comme avec un vase plus faible, féminin, leur portant honneur]

4.2.3       [3:7c — ensemble héritiers de la grâce de la vie]

4.3         [3:8-12]

4.3.1       [Position et privilèges de ceux qui sont à Christ]

4.3.2       [Nouvelles responsabilités de ceux qui sont à Christ]

4.3.3       [3:8 — d’un même sentiment]

4.3.4       [3:8 — sympathisants]

4.3.5       [3:8 — fraternels]

4.3.6       [3:8 — compatissants]

4.3.7       [3:8 — humbles]

4.3.8       [3:9 — ne rendant pas mal pour mal ou outrage pour outrage]

4.3.9       [3:10-12 — gouvernement de Dieu envers les saints]

4.4         [3:13-16]

4.4.1       [3:13-14a — épargnés du mal ou souffrant pour la justice]

4.4.2       [3:14b — ni craintes ni troubles]

4.4.3       [3:15 — sanctifiez Christ comme Seigneur dans vos cœurs… donnant raison de l’espérance]

4.4.4       [3:16 — médisances, calomnies, souffrances du fait de Satan chef de ce monde]

4.5         [3:17-18 — souffrir en faisant le bien]

4.5.1       [3:17 — il vaut mieux souffrir en faisant le bien, qu’en faisant le mal]

4.5.2       [3:18a — Christ a souffert une fois pour les péchés]

4.5.3       [3:18b — le Juste pour les injustes]

4.5.4       [3:18c — afin qu’Il nous amenât à Dieu]

4.6         [3:19-20 — l’Esprit par lequel Christ est allé prêché]

4.6.1       [l’Esprit qui a vivifié Christ, l’Esprit par lequel Christ a prêché]

4.6.2       [Le sens direct du passage]

4.6.3       [Contre l’idée d’une « prédication de Christ aux enfers »]

4.6.4       [Pas de prédication aux saints décédés, mais contraste entre les croyants et les désobéissants]

4.6.5       [Les incrédules sont comme les désobéissants du temps du déluge qui ont rejetés les avertissements de l’Esprit de Christ]

4.6.6       [une erreur en amène d’autres et contribue à nier les réalités de l’Au-delà]

4.7         [3:21-22 — déluge et baptême]

4.7.1       [3:21a — le baptême : un antitype = une figure]

4.7.2       [Christ vivifie les morts. On est régénéré par la Parole de Dieu. La Parole est annoncée par l’Esprit]

4.7.3       [La vie nouvelle est en Christ. C’est une erreur de l’attribuer au baptême]

4.7.4       [Jean ne parle ni du baptême ni de la Cène — Jean 3 et 6]

4.7.5       [Le baptême est pour la mort de Christ, pas pour Sa vie]

4.7.6       [3:21a — Le baptême est pour la rémission des péchés ; il représente le passage à une nouvelle position de salut par la résurrection de Christ]

4.7.7       [3:21b-22 — Le baptême : ‘demande à Dieu d’une bonne conscience’ par ceux qui sont sauvés. Démonstration de notre acquittement par la gloire de Christ]

4.7.8       [3:21a — ‘vous sauve maintenant’ : le salut présent comme en Héb. 11:7]

4.7.9       [Le baptême n’est pas une garantie — Ce que Paul en dit en 1 Corinthiens]

4.7.10          [Ineptie du salut par le baptême]

4.7.11          [La foi voit un Christ céleste dans la gloire et c’est là qu’est notre part]

5       1 Pierre 4

5.1         [Ch. 4:1-6]

5.1.1       [Ch. 4:1-2]

5.1.2       [Ch. 4:3-5]

5.1.3       [Ch. 4:6]

5.2         [Ch. 4:7-11]

5.2.1       [Ch. 4:7a]

5.2.2       [Ch. 4:7b]

5.2.3       Ch. 4:8-9

5.2.4       Ch. 4:10

5.2.5       Ch. 4:11

5.3         Ch. 4:12-14

5.3.1       [Ch. 4:12]

5.3.2       [Ch. 4:13 — Trois catégories de souffrances]

5.3.3       Ch. 4:14

5.4         [Ch. 4:15-17]

5.5         Ch. 4:17-19

5.5.1       [Ch. 4:17a]

5.5.2       [Ch. 4:17b]

5.5.3       [Ch. 4:18]

5.5.4       [Ch. 4:19]

6       1 Pierre 5

6.1         [Ch. 5:1-4]

6.1.1       [Ch. 5:1a — Les soins du troupeau avaient été confiés à Pierre]

6.1.2       [Corruption de la nature du service et du caractère de serviteur]

6.1.3       [La charge d’ancien : origine et déviation loin de la Parole de Dieu]

6.1.4       [Ch. 5:1b — « Témoin des souffrances de Christ, et ayant part à la gloire qui va être révélée »]

6.1.5       [Ch. 5:2 — Le troupeau de Dieu]

6.1.6       [Ch. 5:2 — Manière de paître le troupeau]

6.1.7       [Ch. 5:3 — Contre l’esprit de domination]

6.1.8       [Ch. 5:4 — Ne pas cherchez des récompenses terrestres]

6.2         [Ch. 5:5-7]

6.2.1       [Ch. 5:5a — « Pareillement »]

6.2.2       [Ch. 5:5a — « Anciens » ou « plus âgés » ?]

6.2.3       [Ch. 5:5a — L’esprit clérical a remplacé les anciens par des évêques]

6.2.4       [Ch. 5:5a — Jeunes gens, soyez soumis aux anciens]

6.2.5       [Ch. 5:5b — L’obligation d’humilité]

6.2.6       [Ch. 5:5c — Besoin d’une vraie humilité. Ce qu’elle est, comment on y accède]

6.2.6.1         [Insistance sur l’humilité]

6.2.6.2         [Fausse humilité : deux manières de s’égarer]

6.2.6.3         [L’œuvre de Christ rend parfait sans nos œuvres]

6.2.6.4         [L’œuvre de Christ base de l’humilité chrétienne. En avoir fini avec le Moi]

6.2.7       [Ch. 5:6a … humiliez-vous sous la puissante main de Dieu…]

6.2.8       [Ch. 5:6b — … afin qu’Il vous élève quand le temps sera venu…]

6.2.9       [Ch. 5:7 — Rejetant sur Lui tout votre souci]

6.3         [Ch. 5:8-9]

6.3.1       [Ch. 5:8 — Satan, comme puissance du mal, dans les différentes épitres]

6.3.2       [Ch. 5:9a — Résister au diable]

6.3.3       [Ch. 5:9b — les même souffrances dans les frères dans le monde]

6.4         [Ch. 5:10-11 — Le Dieu de toute grâce… vous établira…]

6.5         [Ch. 5:12-14]

6.5.1       [Ch. 5:12 — Sylvain]

6.5.2       [Ch. 5:12 — Pierre a écrit brièvement]

6.5.3       [Ch. 5:12 — La vraie grâce de Dieu]

6.5.4       [Ch. 5:13 — Salutation de Babylone. La femme de Pierre]

6.5.5       [Ch. 5:13 — Service de Marc]

6.5.6       [Ch. 5:14 — Saint baiser ou baiser d’amour. Souhait de paix]

 

 

1         Introduction [aux deux épitres]

1.1       [Sujet(s) des deux épitres]

Ce n’est pas à l’apôtre de la circoncision, mais à celui que le Seigneur a envoyé aux Gentils qu’il a été donné de faire connaître le mystère, ou secret de Dieu, quant à Christ et à l’Église (l’Assemblée). Il n’est guère mentionné dans les écrits inspirés de Pierre, bien que nous sachions qu’il a été révélé depuis la rédemption aux saints apôtres et aux prophètes par l’Esprit [Éph. 3:5]. Mais Paul était serviteur de l’assemblée (Col. 1:24, 25) comme personne d’autre n’a été amené à se qualifier ainsi. C’est à lui tout spécialement que le mystère a été communiqué par révélation, comme c’est à lui qu’a été donnée la grâce d’annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ et de mettre en lumière l’administration du mystère qui, de tous temps, avait été caché en Dieu qui a créé toutes choses [Éph. 3:8-9]. Même le mot «église» inséré en 1 Pierre 5:13 par certaines versions [KJV] est une conjecture sans fondement. Il s’agissait d’une sœur individuelle.

Le sujet est le gouvernement de Dieu, abondamment traité dans les deux épîtres, mais sous un aspect différent dans chacune d’elles. C’est cependant le gouvernement de Dieu, non pas simplement comme les saints d’autrefois le connaissaient, mais comme il a été modifié par l’arrivée du Messie et l’accomplissement de la rédemption. D’où le contraste évident avec la position d’Israël sous la loi, et l’anticipation par la foi de ce que sera ce gouvernement à l’apparition de Christ ; il s’ensuit la différence que ceux auxquels Pierre s’adressait étaient étrangers et séjournaient parmi les nations, étant par conséquent affligés et saints sur la terre, attendant la louange et l’honneur et la gloire à la révélation de Jésus-Christ. La première épître est occupée avec ce juste gouvernement appliqué au chemin du chrétien jour après jour, ayant l’espérance du résultat brillant à la révélation de notre Seigneur. La seconde épitre poursuit ce sujet du gouvernement avec une énergie solennelle et détaillée jusqu’au jugement des faux enseignants (docteurs) qui rivalisent avec les faux prophètes d’Israël, travaillant pareillement à la corruption et la destruction ; et cela continue même jusqu’au jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous, et les éléments embrasés se fondront, et seront remplacés par de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera : ce sera l’état éternel. Le jugement des méchants est nettement précisé dans la seconde épitre, tandis que la première épitre met en relief les soins vigilants et le triomphe final des saints. Il n’y a aucun antagonisme ni même dissonance entre ces deux épitres qui se complètent l’une l’autre.

 

1.2       [Destinataires de l’épitre]

Il nous est donc dit au début de la première épître que l’apôtre Pierre s’adresse à «ceux de la dispersion qui séjournent [parmi les nations]», ce qui ne peut désigner que des Juifs, du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, d’Asie et de Bithynie. C’était des Juifs chrétiens, aussi sont-ils décrits comme «élus selon la préconnaissance de Dieu le Père par (ou, dans) la sanctification [ou : sainteté] de l’Esprit pour l’obéissance et l’aspersion de sang de Jésus-Christ». Les Gentils de cette vaste région d’Asie Mineure y étaient chez eux, bien installés ; les Juifs étaient des gens qui séjournaient là, étant dispersés depuis la terre d’Israël. Mais la description qui suit, de même que l’épître en général, montre qu’ils étaient pèlerins dans un sens plus élevé en tant qu’enfants de Dieu et gens qui confessaient Jésus-Christ. La deuxième épître (3:1) déclare qu’elle a été écrite aux mêmes personnes. Il n’y a donc pas lieu de revendiquer pour elle un caractère plus catholique [universel] que pour la première. On a beaucoup abusé du qualificatif de « catholique » pour ces épitres.

 

1.3       [L’épitre s’adresse-t-elle aussi aux Gentils ?]

Il est incontestable que les deux épîtres ont été données de Dieu pour le profit de tous les fidèles. Mais si elles sont pour tous les saints, il reste intéressant et important de se rendre compte à qui elles ont été écrites. Ce qu’en dit l’auteur inspiré lui-même est déterminant. Tout le monde, érudit ou non, se plait à avoir une opinion là-dessus ; le doyen Alford, avec tant d’autres, s’est efforcé de citer une série de versets pour nous persuader que, malgré les termes formels de l’adresse de l’épitre, l’apôtre s’adressait aux chrétiens aussi bien non-juifs que juifs (entre autres 1:14, 18 ; 2:9, 10 ; 3:6 ; 4:3). Ces passages fournissent-ils vraiment une preuve que ses avertissements s’adressaient à d’anciens païens convertis à la foi chrétienne ?

Prenons le premier d’entre eux (1:14) ; où a-t-on la trace d’un Gentil ? Ne s’agissait-il pas de Juifs, régénérés pour une espérance vivante [1:4], pour être des enfants d’obéissance, ne se conformant pas aux convoitises d’autrefois du temps de leur ignorance [1:14], mais se conformant au Saint qui les avait appelés à être saints dans toute leur conduite [1:15] ? Y a-t-il mention d’un paganisme antérieur ? Le v. 18, loin de faire allusion à des Gentils, implique qu’il s’agit de vrais Juifs. Car eux, plus que tous les autres, avaient un mode de vie transmis par leurs ancêtres, et ce mode était d’autant plus vain qu’ils se vantaient de connaître le Dieu vivant.

Le caractère spécifiquement Juif est encore plus clair aux v. 9 et 10 du ch. 2. Il est vrai que les Juifs avaient perdu leurs droits à des privilèges spéciaux par leur incrédulité et leur rébellion, commencées par leur idolâtrie et achevées par leur rejet de Christ. « Mais vous », dit l’apôtre, vous le résidu croyant, vous anticipez ce que la nation aura « dans ce jour-là » quand ils croiront eux aussi. Vous qui dans votre incrédulité leur apparteniez comme n’étant « pas un peuple », maintenant que vous croyez, vous êtes « le peuple de Dieu ». Vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, vous devenez maintenant des objets de miséricorde [Osée 1:10 ; 2:23]. Et ceci est entièrement confirmé par les versets qui suivent immédiatement [2:11-12]. Car ils sont exhortés, comme étrangers et forains, d’une manière encore plus élevée, à s’abstenir des convoitises charnelles, ayant une conduite honnête «parmi les nations [Gentils]», comme une classe étrangère à ceux qui médisent.

Le passage suivant (3:6), n’offre aucune difficulté, car après avoir mis en avant Sarah comme modèle d’obéissance, il dit aux femmes qu’elles étaient devenues ses enfants, non pas simplement par la chair et le sang, mais en faisant le bien et en n’ayant aucune frayeur. En quoi cela implique-t-il un paganisme antérieur ?

Le dernier passage est 4:3 ; c’est un rappel énergique qu’aux jours de leur incrédulité, ils avaient été moralement aussi corrompus que les païens. Vivant au loin parmi eux, ils étaient également coupables de leurs idolâtries impies — quelque chose d’ordinaire s’ils avaient été Gentils, mais honteux pour des Juifs. Dans tous ces passages, il n’y a pas la moindre preuve que l’épître aille au-delà de ceux auxquels elle est adressée.

 

1.4       [Où était Pierre quand il a écrit ? Sa position par rapport à Paul]

Il ne devrait pas y avoir de doute que Pierre était à Babylone, la Babylone littérale dans la plaine de Shinar, quand il a écrit la première épître. Cela est conforme à l’arrangement du commencement (Gal. 2:7, 8) où l’évangile de l’incirconcision a été confié à Paul, et celui de la circoncision à Pierre, Dieu travaillant dans chacun de ces domaines à des fins différentes. Il n’y avait pas de discorde, mais une communion heureuse ; on le voit par le fait que Pierre employait, comme intermédiaire, le même frère [Marc] qui avait été le choix de Paul lors d’une occasion remarquable dans une mission antérieure. Il semble probable que la femme de Pierre (1 Cor. 9:5) était la sœur co-élue dont il transmet la salutation, avec celle de Marc son fils dans la foi (à ce qu’il paraît). Nous pouvons être sûrs qu’il n’aurait pas associé à sa propre salutation celle de quelqu’un ayant attiré une censure mémorable, y compris de Barnabas, si la confiance n’avait pas été rétablie, comme le grand apôtre [Paul] l’a exprimée en Col. 4:10, Philémon 24, et 2 Tim. 4:11. Si l’apôtre Paul était empêché à cette époque de visiter les assemblées qu’il avait plantées dans ces pays, l’apôtre Pierre écrit pour fortifier ses frères ; mais, avec une délicatesse singulière, il s’adresse à ceux de la circoncision dont le soin lui avait été attribué, et il envoie la lettre par Silas [Sylvain], bien connu par ailleurs comme compagnon d’œuvre de l’apôtre des Gentils à l’origine des assemblées partout dans cette vaste région. Pas un mot n’implique que Pierre ait servi dans ces régions, bien qu’Origène et Eusèbe le déclarent par une déduction erronée mise au rang de tradition.

Il est à peine besoin de noter l’étrange erreur de beaucoup d’anciens et de modernes selon lesquels Babylone signifie Rome. Même si l’Apocalypse avait été connue quand l’épître fut écrite, alors qu’elle ne l’a été que longtemps après, il est difficile de concevoir qu’un terme mystique de prophétie soit introduit dans un écrit si simple et si direct, et encore plus dans une salutation d’amour. Que penser des théologiens qui s’accrochent à ce qui est chargé d’un jugement impitoyable à la fin, et en tirent un support imaginaire au rêve d’un épiscopat de Pierre dans la métropole du monde des Gentils ?

 

2         1 Pierre 1

2.1       [Ch. 1 v.1]

«Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux élus séjournant en étrangers (*) de la dispersion parmi le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie» (1:1).

 

[(*) NdT : « séjournant en étrangers » : c’est un seul et même mot en grec en 1:1 et 2:11. La version J.N. Darby l’a traduit par « qui séjournent [parmi les nations] » en 1:1 et par « étrangers » en 2:11.]

 

2.1.1        [Ceux de la dispersion]

Jacques, comme esclave de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, a écrit son épître aux douze tribus qui étaient dans la «dispersion». C’est une erreur d’appeler cela une adresse «catholique» [universelle], mais elle a un caractère expressément large quant à Israël, car elle s’adresse à eux avec la plus grande portée. On a quelque chose de semblable dans la circonstance mémorable où l’apôtre Paul dit devant le roi Hérode Agrippa : «Maintenant, je suis jugé pour l’espérance de la promesse faite par Dieu à nos pères, à laquelle nos douze tribus qui servent Dieu sans relâche jour et nuit espèrent parvenir» (Actes 26:7). Cette espérance est étroitement liée à la résurrection, comme les prophètes l’ont clairement indiqué, et la loi aussi, quand on la comprend correctement. C’est pourquoi dès le verset suivant il parle immédiatement (Actes 26:8) de Dieu qui ressuscite des morts, comme Il l’a prouvé par la résurrection du Seigneur Jésus. Dieu sera ainsi l’exécuteur et le donateur de toutes les bénédictions qu’Il a promises ; et Israël n’aura qu’à incliner son oreille pour revenir à Lui, dont ils se sont écartés depuis si longtemps, et qui les a finalement dispersés parmi les nations à cause de leur apostasie. Bientôt ils entendront, et leur âme vivra ; et Il conclura avec eux une alliance éternelle, les grâces assurées (fidèles ou inviolables) de David, en Celui qui est le vrai Bien-Aimé, un témoignage donné aux peuples, un chef et un commandant aux peuples bien au-delà du fils de Jessé [És. 55:3-4 ; Actes 13:22].

«La dispersion» est une expression évidemment familière aux Juifs ; elle apparaît premièrement en Jean 7:35, et elle signifie clairement l’ensemble des Juifs dispersés parmi les Grecs ou Gentils.

 

2.1.2        [élus]

Mais à l’expression «ceux de la dispersion», l’apôtre Pierre ajoute deux qualificatifs [‘élus’ 1:2 et ‘qui séjournent en étrangers’ 1:1] qui en limitent forcément la portée. Le premier, «élus», fait une restriction aux individus choisis de Dieu. Ils étaient élus parmi les Juifs, comme étant ceux qui croyaient que Jésus est le Christ et le Fils de Dieu, tandis que la plupart de leurs frères selon la chair, Le rejetaient. Ceux qui croyaient étaient les chrétiens.

Israël avait bénéficié du privilège d’être la nation choisie par l’Éternel comme aucun autre peuple ne l’était ; et à la fin de l’ère, dans ce jour qui approche rapidement, ils seront rétablis par la miséricorde souveraine sous le Messie et sous la nouvelle alliance, pour être bénis à toujours avec des faveurs plus riches qu’autrefois. Ce ne sera plus une condition mélangée comme dans la période la plus florissante du passé. « Et ton peuple, eux tous, seront justes ; ils posséderont le pays pour toujours, rejeton que j’ai planté, œuvre de mes mains pour me glorifier. Le petit deviendra mille, et le moindre, une nation forte. Moi, l’Éternel, je hâterai cela en son temps » (Ésaïe 60:21-22). Pareillement il fut dit à Daniel plus tard : «En ce temps-là, ton peuple sera délivré, tous ceux qui seront trouvés écrits dans le livre» (Daniel 12:1).

Mais ce moment n’est pas encore venu. Quand l’apôtre écrivait, Dieu choisissait du milieu du peuple juif des appelés, par un appel céleste par la foi en Celui que la nation rejetait et que Dieu a glorifié en haut. Ils sont actuellement Ses élus tandis que les cieux ont reçu le Seigneur Jésus. C’est à ceux-là seuls que Pierre écrit ici ; il ne s’adresse pas, comme Jacques, au cercle plus large des douze tribus dont certains n’étaient pas convertis. Il n’écrit qu’aux Juifs ayant confessé le Seigneur Jésus.

 

2.1.3        [« qui séjournent en étrangers ». Pierre auteur de l’épitre]

L’état des destinataires de l’épitre est rendu clair et certain par le second qualificatif de ceux de la dispersion. Ce qualificatif peut être traduit par « qui séjournent en étrangers » ou « gens qui séjournent » ou « étrangers » (2:11) ou « hôtes de passage » [ou « gens du voyage »]. Ils n’étaient pas les possesseurs primitifs des pays cités, ni simplement des «élus» d’entre les habitants qui y étaient établis. Ils n’étaient pas seulement des Juifs dispersés dans ces régions, mais des élus «pèlerins» ou «hôtes de passage». C’était un titre de grâce, alors que «dispersion» parle de jugement. Leur élection dans ce cas était liée au voyage vers un meilleur pays, un pays céleste. Juifs à l’origine, ils étaient maintenant chrétiens. Ceci est entièrement en accord avec l’auteur de l’épître. Pierre était un «apôtre de Jésus-Christ» comme il se présente ici ; et tandis que l’évangile de l’incirconcision avait été confié à Paul, celui de la circoncision avait été confié à Pierre (Galates 2:7). Voilà donc ce qu’étaient les destinataires de ces deux épîtres. 2 Pierre 3:1 avec 1 Pierre 1:1 montre le lien entre les deux épitres. Cela est certain, et c’est de l’incrédulité d’accepter d’autres déclarations en sens contraire. Un homme ordinaire ne serait pas aussi inconséquent : des hommes de foi pourraient-ils avoir des pensées aussi indignes de l’Écriture ? Ces personnes ont-elles une autre inspiration divine ?

C’est d’autant plus remarquable que, comme nous le savons, les églises par toute l’Asie Mineure avaient été fondées par l’apôtre Paul et étaient composées en grande partie de Gentils. La considération délicate de Pierre est d’autant plus frappante qu’il dirige ses appels aux Juifs chrétiens tombés sous son administration dans une partie de ce pays. Inutile de dire que son instruction n’entre pas en conflit avec ce que Paul leur avait prêché, enseigné et écrit, que ce soit aux Juifs ou aux Gentils. Personne ne savait mieux que Pierre combien les Juifs qui confessaient le Seigneur Jésus avaient besoin d’être établis dans la grâce ; personne ne sentait mieux que lui combien ils étaient enclins d’une part à se vanter de la loi et des ordonnances, et d’autre part à se conformer aux voies honteuses des païens qui les entouraient. Dans l’adresse même ou suscription de son épitre, il donne le ton. Dès le début, il leur rappelle qu’ils étaient des «élus» d’un nouveau genre, non pas nationalement, mais personnellement, et que cette élection découlait de la grâce de Dieu comme Père, pour être en association connue avec Christ, non pas sur terre, mais au ciel. En attendant, ils n’étaient donc que des «pèlerins» là où Lui avait été méprisé et rejeté et avait souffert plus que tout autre dans Sa vie (dans Sa mort expiatoire, Il avait été seul et sa souffrance avait été infinie), de sorte que, par la foi, ils pouvaient se réjouir de partager Ses souffrances dans la mesure du possible.

Car Pierre était jaloux à l’égard de leurs âmes d’une jalousie de Dieu, craignant que l’élection soit dissociée du sens profond de la grâce divine, et que la source soit oubliée en en revendiquant les résultats. Il va donc droit au but et dit clairement qu’ils sont à la fois «élus» et des «gens qui séjournent en étrangers». N’avait-il pas entendu le Fils de Dieu épancher Son cœur auprès du Père, et déclarer que les Siens à Lui (n’étaient-ils pas au Père ?) n’étaient pas du monde comme Lui n’en était pas ? Avait-il oublié ce que le Seigneur avait répété avec encore plus de force : «ils ne sont pas du monde, comme Moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:14, 16) ? Ici Pierre utilise une expression figurée, mais disant la même vérité. Ils étaient des pèlerins élus. Le monde qui est la demeure de l’homme n’était pas le leur, pas plus que Canaan, mais le ciel était à eux, la maison du Père en haut. Ce n’était pas un sentiment juif pour le pays de la promesse, mais c’était l’espérance chrétienne qui attend Christ et attend d’être avec Lui là où il est, et d’être comme Lui glorifié.

Aussi n’étaient-ils que des gens qui séjournaient ici-bas, attendant la gloire à la révélation de Jésus-Christ, et appelés à ceindre les reins de leur entendement et à être sobres et à espérer parfaitement dans la grâce qui leur serait apportée à cette révélation [1:7,13]. Leurs devoirs pratiques sont basés sur leurs nouvelles relations de grâce [1:14-21] ; et la vérité [1:22] est la connaissance qui leur a été communiquée de ces devoirs et de ces relations. Car c’est une caractéristique de la méthode et du style de Pierre de tout mélanger ensemble, de manière informelle et avec ferveur, de manière à agir sur l’entendement renouvelé, en exerçant la conscience et le cœur. Il n’y a pas chez Pierre l’immense portée de Paul parcourant les conseils de Dieu, il ne pénètre pas comme lui dans les racines de questions compliquées ni ne clarifie les principes en jeu ; il n’y a pas chez lui la dialectique de grande envergure de Paul, rigoureuse et subtile. Mais ce qui a été donné à personne plus admirablement qu’à Pierre, est de fortifier ses frères de manière concise, solennelle et affectueuse en exposant Christ et Son œuvre et en appliquant constamment le juste gouvernement de Dieu, quelle que soit Sa grâce en même temps.

 

2.1.4        [Territoires concernés]

Les noms des pays où étaient les Juifs chrétiens auxquels il s’adressait, ne nécessitent guère qu’on s’y arrête. D’autres ont montré que cela convenait bien à quelqu’un qui écrivait depuis Babylone à l’orient. Il ne s’agit pas de petits lieux ayant le même nom en Égypte, ni de la métropole symbolique de l’occident [Rome]. Le manque de personnes saluées sert à prouver que Pierre n’y était peu ou pas connu personnellement, quel que soit le juste poids de ses lettres inspirées. Ces diverses provinces avaient été la scène familière des travaux de Paul.

 

2.2       [Ch. 1 v. 2]

Ils étaient alors «élus, selon la préconnaissance de Dieu [le] Père, en (ou : par) sanctification [ou : sainteté] de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ : que la grâce et la paix vous soient multipliées» (1:2).

 

2.2.1        [Élus]

Israël était le peuple élu entre toutes les nations de la terre ; mais eux [les destinataires de l’épitre] étaient élus selon un modèle tout à fait différent. Ceci apparaît clairement en Exode 6:2-4 : « Et Dieu parla à Moïse, et lui dit : Je suis l’Éternel (Jéhovah ou Yahweh). Je suis apparu à Abraham, à Isaac, et à Jacob, comme le Dieu Tout-puissant ; mais je n’ai pas été connu d’eux par mon nom d’Éternel (Jéhovah ou Yahweh). Et j’ai aussi établi mon alliance avec eux, pour leur donner le pays de Canaan, le pays de leur séjournement, dans lequel ils ont séjourné ». Les désignations [de Dieu] étaient assez familières déjà auparavant ; mais les noms n’avaient pas été donné par autorité divine comme un titre de relation sur lequel on pouvait compter comme ce fut le cas quand Dieu se révéla à Israël, pour commencer aux pères comme El-Shaddaï [le Tout-Puissant], ensuite aux fils comme Jéhovah [l’Éternel]. Les pères, les vrais pères pèlerins, étaient ainsi assurés de Sa protection infaillible, si faibles qu’ils soient, au milieu des païens corrompus qu’ils étaient destinés à supplanter ; et les fils devaient Le connaître par l’intermédiaire de Moïse comme leur Gouverneur permanent qui ferait d’eux un peuple qu’Il posséderait en propre à travers tous les âges, Lui qui était et qui est et qui doit venir.

 

2.2.2        [Selon la préconnaissance de Dieu le Père]

Les Juifs chrétiens croyant en Jésus non seulement comme Seigneur et Christ, mais comme Fils du Dieu vivant, comme l’apôtre de notre confession, avaient été choisis [élus] selon la préconnaissance de Dieu le Père. C’est ce que notre Sauveur a révélé Lui-même en Jean 17 [v. 6,11,25,26] : «J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole ... Père Saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un, comme nous ... Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu ; et ceux-ci ont connu que tu m’as envoyé. Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux». Ainsi, au jour de la résurrection, Son message par Marie de Magdala fut : «Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20:17). Quelle immense avancée dans la gloire, et quelle proximité de la relation sont ainsi révélées !

C’est selon cette formule et cette réalité de la préconnaissance que le chrétien est élu. Cette gloire et cette proximité de relation appartenaient et appartiennent à Christ dans la plénitude de Sa dignité divine personnelle ; cela est devenu nôtre par grâce par le moyen de la rédemption. Le nom de «notre Père qui est dans les cieux» avait déjà brillé au début dans le discours du Seigneur sur la montagne, selon Matt. 5-7 et Luc 6 et ailleurs. Or c’est le Seigneur une fois ressuscité qui nous a donné ce nom pour nous l’approprier définitivement et pleinement ; et c’est ainsi que le Saint-Esprit conduit maintenant nos cœurs dans la joie et dans la peine. C’est ainsi que le droit nous est spécifiquement donné de le connaître, comme Christ l’a connu en perfection. Et c’est la sagesse de Dieu que l’apôtre de la circoncision l’ait fait connaître clairement au résidu croyant Juif, comme l’apôtre Paul l’a fait pleinement connaître aux croyants Gentils.

 

2.2.3        [En sanctification ou sainteté de l’Esprit]

Il s’ensuit que la «sanctification» ou «sainteté» dont il est question ici, a pris une autre forme, beaucoup plus profonde. Le peuple élu d’Israël avait été mis à part pour l’Éternel d’une manière extérieure. Leur circoncision dans la chair le huitième jour était individuelle et obligatoire. D’autres marques particulières étaient, comme le déclare l’épître aux Hébreux [9:10], «des ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement». Au contraire, le chrétien, qu’il soit juif ou grec, jouit de la sainteté de l’Esprit ; il est même né de l’Esprit (Jean 3:6, 8), et telle est la sanctification intérieure au plus haut degré. En conséquence, un tel chrétien est «saint» de par la première action vitale spirituelle de Dieu dans son âme. C’est ainsi qu’Ananias [Actes 9], instruit par le Seigneur, est allé vers Saul qui venait juste d’être converti, et l’a tout de suite abordé en disant «Saul frère», avant même qu’il soit baptisé, ce qui a eu lieu immédiatement après ; il en est de même dans le fond pour tous ceux qui sont engendrés par la parole de la vérité [Jacq. 1:18]. L’activité de l’Esprit est immédiate et persistante, elle est le fondement de la sainteté pratique qui s’ensuit, celle-ci n’étant que partielle et relative ; tandis que ce que l’apôtre introduit ici est un principe absolu, infaillible et personnel. En pratique hélas ! nous devons confesser, avec l’épître de Jacques, que «nous faillissons tous et de plusieurs manières». Seuls les hommes non spirituels se vantent de se comporter autrement. Nous avons trop souvent besoin du soin actif de l’Avocat béni que nous avons auprès du Père (1 Jean 2:1).

La sanctification pratique est un devoir constant et capital pour tout chrétien ; toute la Bible insiste dessus, spécialement les v. 15 et 16 de notre chapitre. Mais au v. 2 il s’agit uniquement d’une sanctification en principe, c’est-à-dire dans la vie donnée par grâce, plutôt que dans la marche qui est tenue de la manifester ; tous ceux qui sont pieux le reconnaitront facilement. «Comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, parce qu’il est écrit : Soyez saints, car Moi je suis saint» [1:15]. Interpréter ici [1:2] la sainteté (ou : sanctification) de l’Esprit comme une sanctification dans la marche, ne ferait que disloquer la phrase, et ne pourrait qu’insinuer une erreur destructrice de la vérité, et même destructrice de la vérité fondamentale de l’Évangile. Car ce qui nous est enseigné est que ces Juifs chrétiens étaient choisis [élus] en vertu de la sanctification de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion de sang de Jésus : la source originelle, la puissance et le processus nécessaires, et le résultat précis en tant que fait. Si l’on retient le sens de sainteté dans la pratique, ce serait avant de venir sous la vertu du sang du Christ. En d’autres termes, l’erreur doit se poursuivre en disant que la sainteté pratique est le moyen d’être justifié par Son sang ; ce qui pourrait convenir à un romaniste ignorant, mais doit être rejeté par les moins éclairés des protestants. C’est la négation de l’évangile de la grâce de Dieu et est en conflit avec toutes les Écritures qui traitent de la question.

 

2.2.4        [Pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus-Christ]

Mais si l’on comprend que le sens est que l’Esprit travaille dans les âmes une fois qu’elles sont nées de nouveau, pour les mettre à part pour Dieu de cette manière vitale et indélébile, tout est clair et cohérent. Car Sa mise à part est pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus-Christ. Nous sommes ainsi sanctifiés, non pas extérieurement, mais dans la nouvelle vie conférée pour obéir comme Christ a obéi, et pour être aspergés de Son sang précieux. Ainsi, le même Saul de Tarse, aussitôt après sa conversion, a dit : «Que dois-je faire, Seigneur ?» [Actes 22:10]. Le but premier de son cœur était d’obéir ; comme notre Seigneur Lui-même pouvait dire dans Sa perfection sans pareille : «Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté» [Héb. 10:7,9]. Le chrétien est enclin au même caractère d’obéissance. Ce n’est pas comme un Juif, obéir pour avoir la vie, étant sous la loi ; c’est obéir du fait de la vie qu’on possède déjà, parce qu’on croit en Jésus.

Même l’ordre [des choses], qui est une difficulté pour certains, colle strictement à la vérité. Car les âmes converties ont, en général et même peut-être toujours, cet instinct de la vie divine consistant à avoir le but d’obéir comme Christ a obéi ; il ne s’agit pas d’une obéissance légale, car ces âmes reconnaissent la grâce merveilleuse de Dieu avant de saisir ou pouvoir saisir pleinement l’efficacité de l’œuvre de Christ en sacrifice effaçant tous leurs péchés. L’intervalle peut être court quand l’Évangile est proclamé avec netteté ; mais comme cela est loin d’être habituel, il arrive que beaucoup d’âmes vraiment converties bataillent durant des semaines ou des mois, voire des années, sans la consolation d’avoir l’assurance que le sang de Christ les a rendues plus blanches que la neige aux yeux de Dieu. Saul de Tarse, lui encore, en fournit une illustration évidente. Y eut-il jamais une conversion plus éclatante ? Il fut cependant trois jours sans voir ni manger ni boire : signe évident d’un profond travail de jugement de soi, nullement de méfiance ou de doute, avant qu’il entre dans la paix établie de la délivrance par la foi de l’Évangile, ce qu’auparavant il n’avait regardé qu’avec une incrédulité sévère.

Il est indiscutablement fait allusion à Exode 24 où des holocaustes et des sacrifices de prospérités furent présentés à l’Éternel ; et Moïse prit la moitié du sang dans des bassins, et en aspergea l’autre moitié sur l’autel. Puis il lut le livre de l’alliance, et le peuple dit : «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons et nous obéirons» [écouterons] ; et Moïse fit aspersion du sang sur le peuple, et dit : «Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous selon toutes ces paroles». Le sang ici était la sanction [punition] spéciale de mort, signifiée par l’aspersion de sang, en cas de désobéissance. L’apôtre met ce ministère de condamnation légale pour le pécheur, en contraste avec le chrétien sanctifié par l’Esprit dès son point de départ, pour obéir comme Christ a obéi dans un amour filial, avec l’ajout immensément béni de l’aspersion de Son sang qui purifie de tout péché, au lieu qu’on soit sous la menace d’une mort inéluctable si nous faillissons. Voilà ce qu’était la loi dont les Juifs se vantaient, et voilà l’évangile dont Pierre n’avait pas honte, ni Paul non plus. L’obéissance qui en résulte, dont notre Seigneur est à la fois l’exemple et la puissance, est (en d’autres termes, mais dans le sens le plus vrai) notre sainteté pratique ; et cela confirme de la manière la plus forte la réfutation, déjà abondante, de l’idée que la sainteté de l’Esprit dans ce passage serait la même chose que la sainteté pratique. Ce serait vraiment mettre la confusion dans la phrase et détruire la vérité en général.

C’est un fait avéré que la théologie de toutes les écoles, papiste ou protestante, calviniste ou arminienne, a d’une manière ou d’une autre perdu et ignoré cette vérité capitale que l’Esprit met premièrement l’âme renouvelée à part pour Dieu, avant même la justification et en vue de la justification, en vue de cette obéissance qui est son effet inséparable. La seule personne que mon exposé public a un tout petit peu éclairé sur la distinction entre la sainteté de l’Esprit et la sainteté pratique (qui suit la justification comme tous les Réformés au moins sont d’accord) est l’excellent et compétent archevêque Leighton. Tous les autres, à ma connaissance, escamotent ce qu’ils n’ont pas compris, et c’est le moins qu’on puisse dire.

Je regrette d’ajouter que celui qui a le plus faussé impudemment cette Écriture, dans l’ignorance et dans le désir de défendre de simples vues dogmatiques, n’est autre que le célèbre traducteur et commentateur Théodore de Bèze. Le doyen Alford a été quelquefois assez hardi pour forcer le texte et sa traduction par excès de confiance dans les critiques allemands, et à cause de son réel désir d’être sans parti pris, sans toutefois avoir une connaissance suffisante de la vérité ni assez de soumission à l’autorité divine de la Parole écrite. Mais même sa témérité occasionnelle brille par rapport au successeur de Calvin au collège de Genève [de Bèze]. Car quel esprit déréglé peut concevoir une perversion pire ou plus éhontée de notre texte que son rendu «pour [réaliser] la sanctification de l’Esprit par le moyen de l’obéissance». On pourrait sourire d’erreurs si absurdes s’il s’agissait d’un chrétien savant, capable et zélé en train de traduire quelque auteur grec, mais un tel traitement de la parole de Dieu est exécrable. Pourtant, cette erreur flagrante reste non corrigée dans toutes les cinq éditions de son NT grec et latin de 1559 à 1598.

Si de Bèze et d’autres théologiens avaient été soumis à l’Écriture, ils auraient appris par grâce que ce que l’apôtre de la circoncision enseigne ici est ce qu’implique l’apôtre de l’incirconcision en 1 Cor. 6:11 : «Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu». Quand on a la crainte de Dieu, ose-t-on corriger l’Esprit qui inspire ? Se permet-on l’incrédulité audacieuse de pouvoir modifier la parole de l’apôtre, afin de soutenir son propre système de théologie ? Il est clair que Paul, le plus grand des docteurs inspirés, a fait savoir aux Corinthiens et à tous les croyants qu’il y a une sanctification réelle et vitale à Dieu qui accompagne la vivification initiale de l’âme, quand nous sommes nés d’eau et de l’Esprit, et purifiés de notre impureté naturelle par Sa puissance vivifiante, avant que nous jouissions du sentiment béni de notre justification par Dieu par la foi en Jésus et en Son œuvre. L’ordre de Paul est donc aussi nécessaire et aussi exact que celui de Pierre, tous deux véhiculant la même vérité, qui a disparu de toutes les théologies systématiques de tous les âges, pour autant que je sache. Le lecteur peut également comparer 2 Thess. 2:13. La sainteté en pratique demeure intacte, distincte et impérative, et la justification lui donne une puissante impulsion et approbation.

 

2.2.5        [Que la grâce et la paix soient multipliées]

L’apôtre ajoute ici : «Que la grâce et la paix soient multipliées». Le passage analogue le plus proche dans l’Ancien Testament se trouve curieusement en Dan. 4:1, bien que le repenti impérial dise seulement : «Que votre paix soit multipliée». Pierre parle encore plus complètement dans l’adresse de sa deuxième épître au même résidu dispersé de Juifs chrétiens. C’est caractéristique de sa ferveur. Jacques se contente d’écrire «Salut». Paul dit habituellement : «Grâce à vous et paix», bien qu’il ajoute presque toujours «de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ», avec «miséricorde» quand il s’adresse à un individu. La grâce est la source, la paix est ce qui découle.

 

2.3       [Ch. 1 v. 3]

2.3.1        [Béni soit le Dieu et Père. Comparaison avec Paul s’adressant aux Éphésiens]

En termes grandioses jaillissant d’un cœur ardent, notre apôtre débute sa lettre après une adresse d’une convenance admirable, comme nous l’avons vu. Cela rappelle l’introduction de l’apôtre encore plus grand et de son sujet plus élevé de l’épître aux saints d’Éphèse. Mais ce sont les différences profondes entre les deux épîtres, malgré les ressemblances évidentes, qui donnent la vraie clé des deux épîtres. Celui qui ne parvient pas à saisir la différence de portée et la propriété ou justesse divine de chacune, trahit sa propre incapacité spirituelle, et, s’il impose son ignorance aux autres, il n’est qu’un aveugle conducteur d’aveugles.

«Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» : ainsi commence la lettre aux saints qui étaient à Éphèse. Il est le Dieu de l’Homme Christ Jésus. Il est Son Père à Lui, Son Fils unique, éternel et bien-aimé. Il nous a bénis en conséquence dans Sa grâce souveraine en tant que «Dieu», dans Sa relation la plus intime en tant que «Père». Chaque bénédiction spirituelle est conférée ; aucune ne fait défaut. Ce n’est pas une bénédiction naturelle comme sur la terre pour Israël, jusqu’à ce qu’ils l’aient perdu par leur transgression. La nôtre est dans les lieux célestes où Christ est maintenant glorifié à la droite de Dieu ; et tout est garanti dans Sa puissance rédemptrice en vertu de laquelle tout l’univers subsiste (Col. 1:17). Notre bénédiction est en Christ de manière à être immuable, en contraste avec ceux qui se tenaient sous les conditions de la loi qui sont fatales à ceux qui sont pécheurs et stériles.

 

2.3.2        [Régénérés… par la résurrection]

Aucune pareille richesse de privilège, aucune élévation céleste semblable n’apparaissent dans notre texte ; il annonce pourtant ce qui est tout aussi important pour le saint et pour la gloire de Dieu. Toutes les autres bénédictions spirituelles auraient été vaines, si la miséricorde de Dieu ne nous avait pas régénérés comme le déclare notre épître. Être régénérés : aucune bénédiction n’est plus nécessaire, et même absolument nécessaire, pour un pécheur perdu et ruiné, dont l’ancienne vie est dépravée par le mal inné, par la propre volonté habituelle et par l’aliénation incurable de Dieu. D’où la précieuse assurance de notre apôtre dans des paroles ressemblant de façon frappante à celles de l’apôtre Paul. «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui selon sa grande miséricorde, nous a régénérés [litt. : engendrés de nouveau] pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts» (1:3) : une vie entièrement nouvelle et divine.

Ce n’est pas comme l’Éternel pour Israël, ni comme le Dieu Tout-Puissant pour les pères. Pour nous chrétiens, Dieu a opéré plus profondément pour Sa gloire et pour ceux qui croient : Il a opéré par la rédemption de Christ, en vue à la fois du présent et du futur sur la terre, et pour le ciel durant toute l’éternité. Car Christ est descendu sous le jugement de Dieu contre le péché, a brisé la puissance du péché et de la mort, et a procuré aux pécheurs la purification par Son sang, et a été ressuscité pour la justification des croyants. Tous les saints dès le commencement ont eu la vie dans le Fils de Dieu : il est impossible de vivre quant à Dieu, comme tous l’ont fait, sans avoir la vie dans le Fils. Or maintenant, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ a agi d’une manière plus triomphante par Celui qui a franchi, comme porteur du péché, les sombres portes du tombeau qui se fermaient sur tous les autres, et Il a tellement glorifié Dieu qu’Il n’a pu que Le ressusciter d’entre les morts en vertu d’une vie que la mort ne pouvait toucher, — une vie si complète que désormais nous n’appartenons plus à la mort, mais plutôt la mort est à nous [1 Cor. 3:21-22]. Ainsi Dieu, tel qu’Il est révélé ici, nous a régénérés par la résurrection de Christ d’entre les morts. Personne ne pouvait en parler ou le savoir jusqu’à ce puissant témoignage de la rédemption. Ce n’était pas ni ne pouvait être vrai, jusqu’à ce que Christ fût ainsi ressuscité.

 

2.3.3        [La grande miséricorde]

C’était vraiment «selon la grande miséricorde de Dieu». Si la mort n’a plus de pouvoir sur le Sauveur mort et ressuscité, le croyant reçoit une portion en harmonie déjà maintenant : au point que, s’Il vient du ciel pour nous, nous serons changés en un instant en la ressemblance du corps de Sa gloire. Le mortel sera englouti par la vie sans mourir. Nous ne serons pas dépouillés, mais revêtus de notre domicile qui est du ciel.

 

2.3.4        [Une espérance vivante]

C’est donc «pour une espérance vivante» que Dieu nous a régénérés. — Plusieurs anciennes versions traduisent « une vive espérance » : c’est incorrect, et cela induit en erreur. — Nous sommes vus comme des pèlerins encore sur terre dans nos corps mortels. Nous avons quitté le monde de l’Égypte, et avons traversé la mer Rouge ; l’aspersion du sang de Jésus, au lieu de signifier la mort pour nous, est la purification de nos péchés, tandis que Sa vie est la source de cette obéissance filiale qui a été vue en Lui dans une perfection absolue. Ici, nous ne sommes pas considérés en haut dans les lieux célestes, ressuscités avec Christ et assis là en Lui. Mais Christ est ressuscité pour notre délivrance, et nous sommes introduits dans le monde comme libérés de l’ancienne maison de servitude ; nous traversons ce monde comme Israël autrefois traversait le désert, conduits par Dieu sur le chemin de la Canaan céleste, comme Israël l’était vers la Canaan terrestre.

C’est donc sous cet aspect que l’épître contemple le chrétien. Il a à faire avec un Dieu de grâce, non pas le Dieu de la loi pour un Juif, et il est un objet de Son gouvernement ici-bas, jusqu’à ce que l’espérance vivante se réalise d’être avec Christ dans les cieux. Mais entre-temps, ce gouvernement divin pour chaque jour n’est pas celui du peuple élu comme autrefois, s’exerçant dans une puissance terrestre et avec des délivrances frappant l’œil et frappant les nations de terreur. Nous avons devant nous un gouvernement d’âmes alors que le mal prévaut encore dans le monde ; mais Dieu fait que toutes choses, y compris les épreuves et les souffrances de la foi, travaillent ensemble pour le bien de ceux qui L’aiment. Déjà la résurrection de Christ était manifestement la victoire du Sauveur pour les Siens sur la puissance de l’ennemi ; Le voici maintenant en haut pour les remplir de la sainte confiance qu’au temps voulu et selon la promesse, Il apparaitra pour leur donner une délivrance complète et la gloire.

Dans l’épître aux Éphésiens, nous trouvons l’association actuelle du chrétien et de l’église avec le ciel en Christ. Ici, c’est une espérance vivante d’atteindre bientôt le ciel par Christ dans un état glorifié. Ces deux aspects de la vérité sont d’un intérêt et d’une importance très profonds : nous sommes des rachetés sur la terre, pèlerins et étrangers, traversant un désert et attendant Christ ; nous sommes aussi déjà maintenant vivifiés ensemble avec Christ, ressuscités ensemble avec Lui, et assis en Lui dans les lieux célestes. Comme la lettre aux Éphésiens, du début à la fin, traite tous ses sujets sur cette base, pareillement la première épître de Pierre développe tout du long aux Juifs chrétiens la vie divine qui est la leur, étant soutenus par la puissance et la direction de grâce de Dieu, pour les guider à travers les hurlements effrayants de solitude du monde [Deut. 32:10].

Il n’y a pas de preuves plus belles et plus fermes des pensées inspirées de Dieu que les détails de la vérité divine que peut découvrir l’âme qui dépend de Dieu et honore Sa parole. Quelques indications, chacune caractéristique du livre particulier, peuvent apparaître quand on s’arrête un temps sur ceci ou sur cela ; mais que sont-elles parmi les nombreuses autres qui restent pour récompenser celui qui sonde diligemment ces oracles, nulle part trompeurs, jamais muets ?

La portée de notre épître exclut, comme nous l’avons vu, la grande vérité développée dans celle aux saints d’Éphèse, à savoir que nous sommes déjà bénis dans les lieux célestes (ἐν τοῖς ἐπουρανίοις) en Christ. Ceci est indissolublement lié au mystère de la volonté de Dieu, qui a fait asseoir Christ là-haut au-dessus des créatures les plus élevées, et L’a donné pour être chef [tête] sur toutes choses à l’église [assemblée], qui est seule à être Son corps [cf Éph. 1:20-23]. En conséquence, nous attendons une administration de la plénitude des temps fixés, quand Dieu coiffera ou réunira tout l’univers dans l’Homme Oint, les choses dans les cieux et celles sur la terre, en Lui en qui nous est aussi donné l’héritage [Éph. 1:9-11].

Nous n’avons pas ici la révélation d’une relation aussi élevée, ni l’annonce que l’héritage illimité de toute la création se rapporte à nous ou à Christ. L’héritage ici est simplement «dans les cieux» en contraste net avec la portion d’Israël dans le pays de Canaan. Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts. C’était donc une espérance supérieure à l’irruption de la mort. Si Christ est mort, c’est pour que nos péchés ne nous barrent pas l’accès à la félicité avec Lui, dans la mesure où Lui-même a porté ces péchés dans Son corps sur le bois [de la croix ; 2:24] ; et Il a été ressuscité pour que nous puissions jouir de Sa victoire, et profiter maintenant et pour toujours de ce qu’Il a souffert une fois pour toutes pour les péchés.

 

2.4       [Ch. 1 v. 4-5]

Mais l’apôtre poursuit le but inspiré avec plus de précision pour le futur — «pour un héritage incorruptible, sans souillure, inflétrissable, conservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps » (1:4, 5).

 

2.4.1        [1:4 — l’héritage conservé dans les cieux]

Ainsi, Christ ressuscité et monté en haut (au lieu de s’asseoir sur la sainte montagne de Sion, et de prendre le sceptre de justice sur Israël et les nations) a changé la perspective pour le croyant entre-temps. Lui aussi regarde par la foi Christ où Il est, et il attend la portion que l’Évangile lui garantit dans les cieux. C’est un héritage qu’aucune corruption ne peut détruire, qu’aucune souillure ne peut souiller, qui résiste à toute flétrissure dans le temps. Il demeurera immuable en lui-même, dans sa pureté et dans sa fraîcheur. Il subsiste en vertu de Celui qui non seulement a tout créé à l’origine, mais qui nous a réconciliés, et qui le fera encore plus largement par Son sang (Col. 1:20 ; Héb. 9:23).

La jouissance de l’héritage envisagé n’est pas maintenant, mais cet héritage est «conservé dans les cieux pour vous». On ne peut douter que ces paroles fussent destinées à élever les yeux spécialement de ces Juifs croyants, mais aussi des lecteurs en général, au-dessus de la «gloire qui demeure dans notre pays», selon Ps. 85:9. Cependant, le Rédempteur viendra à Sion, vers ceux qui en Jacob reviendront en ce jour-là de leur rébellion, quand (aussi surement que l’Éternel l’a dit) son Esprit et Ses paroles, selon Son alliance, ne se retireront pas de génération en génération, dès maintenant et à toujours [És. 59:20-21]. Mais en dehors de toute question de doute, ni la promesse finale d’És. 59 ni la vision ardente d’És. 60 et de tout ce qui suit jusqu’à la fin du livre, ne parlent d’un héritage «conservé dans les cieux» pour ceux qui croient maintenant en l’évangile. On n’y trouve qu’Israël et la gloire prédite pour la terre, bien que s’élevant dans les deux derniers chapitres jusqu’à «de nouveaux cieux et une nouvelle terre». Là, la promesse est appliquée à Jérusalem ; mais cela fournit la base pour Pierre dans sa deuxième épître pour regarder en avant vers son accomplissement dans le sens le plus vaste, quand le royaume fera place à l’état éternel, et que Dieu sera tout en tous. Avant cela, s’accomplira, au moins pour commencer, la part complète d’Israël dans ce qui ne connaîtra jamais ni changement ni éclipse.

Le langage ici rappelle Col. 1:5 où l’apôtre Paul parle de «l’espérance réservée pour vous dans les cieux». Là comme ici, les saints sont considérés comme étant sur la terre, au lieu d’être vus dans leur association céleste actuelle avec Christ. C’est l’espérance anticipant la gloire en haut, non pas comme déjà assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus selon Éph. 2:6. Il en est ainsi parce qu’il n’a pas été donné à Pierre comme à Paul : Celui-ci disait aux saints de Colosse dans son épître qu’ils étaient morts avec Christ et ressuscités avec Lui, qu’ils en avaient ainsi fini avec des ordonnances pour des hommes vivants dans le monde, et qu’ils devaient chercher et penser aux choses qui sont en haut où Christ est assis, non pas à celles sur la terre. L’apôtre Pierre (comme nous le voyons en 1 Pierre 2:24) ne s’élève pas plus haut que notre mort aux péchés d’une manière pratique, ce qui est vrai et important, mais n’est pas du tout au niveau de la doctrine de Rom. 6 de notre mort avec Christ au péché, qui est la racine, pas simplement l’effet manifeste ou le rejeton. Chaque nuance de variante prouve à quel point il est grave d’errer en pensant que l’Écriture parle de façon vague. En réalité une telle pensée trahit l’ignorance spirituelle de ceux qui prétendent la juger, alors que, malgré leur grande érudition extérieure (peut-être !), ils ont besoin d’apprendre les premiers rudiments des oracles de Dieu et sont devenus ceux qui ont besoin de lait plutôt que de nourriture solide [Héb. 5:12].

 

2.4.2        [1:5 — vous qui êtes gardés par la puissance de Dieu — par la foi]

L’espérance d’un tel héritage qui leur était conservé dans les cieux était très encourageante. Mais s’ils pensaient à eux-mêmes et au désert qu’ils traversaient, ils avaient besoin d’une autre source de consolation bénie, et ils l’avaient : «vous qui êtes gardés par (ou : dans) la puissance de Dieu». Quoi de plus approprié, quoi de plus précieux et bienvenu, qu’une telle assurance divine ? L’héritage était gardé ou conservé pour eux dans les cieux. C’est exactement ce qui était désirable tant qu’ils étaient sur la terre, attendant et apprenant à se connaître aussi bien qu’à connaître Dieu, et souffrant pour la justice ou pour le nom de Christ, ce qui est encore plus béni. Or en faisant l’expérience de leur propre faiblesse, de l’hostilité des hommes et de la méchanceté active de Satan, ils étaient constamment exposés aux difficultés, aux épreuves, aux afflictions et aux dangers. D’où leur besoin, en attendant, d’être gardés tout le long du chemin. Et c’est ce qu’ils étaient : gardés par la puissance de Dieu. Or si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui n’est-Il pas infiniment plus que tout ?

Cependant Dieu a Ses moyens, c’est ce que l’apôtre dit ensuite. C’est «par la foi». Pour un saint, aucun moyen sur la terre n’est comparable à la foi. Car beaucoup plus que tous les autres, la foi honore Dieu et la parole de Sa grâce, dans son besoin de dépendance du Bon Berger par l’Esprit Saint — l’Esprit Saint a été envoyé ici-bas pour habiter dans le chrétien, et pour le guider dans toute la vérité, et ainsi glorifier Christ, prenant de ce qui est à Lui et nous l’annonçant ou nous le communiquant. Ainsi est-ce «par la puissance de Dieu», mais «par la foi» qui Lui donne la place qui Lui est due, et nous garde, nous, à notre place de confiance en Lui selon Sa parole. Car nous marchons par la foi, non par la vue (2 Cor. 5:7). Ce n’était pas le cas d’Israël à travers le désert, car ils marchaient guidés de manière visible par la nuée ou la colonne de feu. Le chrétien maintenant, qu’il soit Juif ou Gentil, doit marcher par la foi, dont le Seigneur Lui-même a été le modèle béni et la perfection.

 

2.4.3        [pour un salut qui est prêt à être révélé]

Mais la fin est également ajoutée : «pour un salut». Dans notre épître, comme souvent dans les épîtres de Paul, le salut ne se limite pas au résultat final : voir Rom. 5:9, 10 ; 8:24 ; 1 Cor. 5:5 ; Heb. 1:14 ; 7:25 ; 9:28. C’est pourquoi lorsque notre apôtre parle de ce qui est maintenant donné et dont nous jouissons, il le qualifie de «salut d’âmes» (1:9). Sinon, il relie le salut à la pleine victoire de Christ y compris pour le corps, qui doit donc attendre un jour futur.

Ceci est entièrement confirmé par le contexte. Ici, par exemple, c’est un salut «prêt à être révélé». C’est tout à fait caractéristique de notre apôtre. Car la vérité qui court à travers toute la première épître sous une forme, et à travers la seconde sous une autre forme, est le juste gouvernement de Dieu donné à connaître au chrétien en Christ. Jean est occupé de la vie éternelle dans le Fils de Dieu ; son aboutissement est la maison du Père, là où Il est, et où nous serons lorsqu’Il viendra pour nous y amener (Jean 14:2, 3). 1 Jean 3:2, 3, ajoute que quand cela sera manifesté ou quand Lui sera manifesté, nous Lui serons semblables, car nous Le verrons comme Il est. À l’apôtre Paul, il a été donné, plus qu’à tout autre, de faire savoir comment les saints doivent être changés et enlevés pour être avec le Seigneur, afin d’être amenés avec Lui quand ce jour commencera (1 Thes. 3:13 ; 4:13-17).

 

2.4.4        [révélé au dernier temps]

Ainsi Pierre attire l’attention sur la révélation du salut au jour de l’apparition de Christ ; car ce n’est qu’alors que le royaume sera établi en puissance et en gloire et que la terre et le peuple terrestre en goûteront les effets bénis. La grâce sera montrée de la manière la plus riche par la venue du Seigneur pour nous recevoir afin d’être avec Lui dans la maison du Père : tous seront pris pareillement dans cette maison d’amour, comme le montre l’apôtre Paul. Mais il n’y a en cela aucune manifestation de gouvernement juste, alors qu’il le sera au plus haut degré dans la révélation au monde. Car à Son apparition et dans Son royaume, chacun sera vu comme ayant reçu sa propre récompense selon son propre travail. Et le Seigneur, le juste Juge, rendra en ce jour-là la couronne de justice non seulement au fidèle serviteur qui a déjà servi de libation [2 Tim. 4:6], mais aussi «à tous ceux qui aiment Son apparition» [2 Tim. 4:8]. Satan sera alors chassé non seulement des lieux célestes, mais aussi de la terre. Puis viendra le royaume du monde du Seigneur et de Son Christ, et non seulement la récompense pour les justes, mais la rétribution destructrice pour ceux qui corrompent la terre (Apoc. 11:15, 19).

Pierre insiste aussi beaucoup sur ce que Christ a si complètement opéré la rédemption à la gloire de Dieu que rien ne requiert plus de retardement, sinon la longue patience de Dieu qui amène encore des âmes à la repentance. Autrement, le salut est «prêt» à être révélé «au dernier temps», comme Christ est «prêt à juger les vivants et les morts» (4:5). Le salut et le jugement appartiennent tous les deux à ce jour de la manifestation, quand le mal sera abattu, et que le jugement retournera à la justice [Ps. 94:15], au lieu d’être exercé à tort comme souvent maintenant. Jamais plus le trône d’iniquité ne prétendra être uni à l’Éternel [Ps. 94:20]. «Car il vient, car il vient pour juger la terre» [Ps. 96:13]. Ceux dont les pensées sont aux choses terrestres ne peuvent pas aimer Son apparition qui établira le nouvel ordre divin de gouvernement juste dans lequel l’Éternel seul sera élevé.

 

2.5       [Sommaire de 1:3-5]

Ainsi la nouvelle vie communiquée, aussi abondante que la miséricorde qui nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Christ d’entre les morts, a un résultat non moins digne du Dieu et Père de notre Seigneur. C’est pour un héritage incorruptible, non souillé par le mal, et inflétrissable dans sa beauté. Il n’est pas sur la terre comme Israël qui y attendait sa part, mais il est conservé dans les cieux pour des saints qui, dans leur faiblesse, sont gardés au milieu des difficultés et des dangers par la foi jusqu’à un salut, fondé sur un sacrifice déjà accepté et donc prêt à être révélé, y compris pour le corps, au dernier temps qui manifestera le grand dessein de Dieu.

 

2.6       [Ch. 1 v. 6-7]

2.6.1        [1:6 — vous vous réjouissez]

L’apôtre se tourne maintenant vers le caractère spécial du christianisme qui contraste avec les espérances d’Israël : la co-existence d’une joie débordante, tout en traversant des afflictions aiguës de genres toujours variés. Il n’en sera pas ainsi quand l’Éternel règnera : le monde sera affermi de manière à ne pas être ébranlé, Lui exercera le jugement sur les peuples avec droiture, toute la création sera en harmonie, les cieux se réjouiront et la terre s’égayera, la mer bruira et tout ce qui la remplit, les champs et tout ce qu’il y a en eux se réjouiront, et les arbres mêmes de la forêt chanteront de joie (Ps. 96:10-12 ; 1 Chr. 16:30-32). Tant que le Seigneur Jésus demeure caché en haut, toute la création ensemble gémit et est en travail jusqu’à maintenant, malgré sa vive attente de la révélation des fils de Dieu (Rom 8:22, 19) ; car leur révélation dépend de la manifestation du Seigneur (Col. 3).

Alors, et pas avant, viendra le rétablissement de toutes choses (Actes 3:21), quand Dieu, qui a envoyé Jésus la première fois pour la rédemption (par le sang) de Ses héritiers [Éph. 1:7], L’enverra à nouveau pour la rédemption (par puissance) de l’héritage céleste et terrestre (Éph. 1:10). Alors Sion ne goûtera plus jamais la douleur et la honte ; Israël, rebelle au cou raide, sera doux sous l’Éternel et David leur roi, leur égarement sera guéri, ils seront aimés librement, quand Il sera pour eux comme la rosée (Osée 3:5 ; 14:4-5), et qu’eux seront au milieu de beaucoup de peuples comme une rosée de par l’Éternel, comme des ondées sur l’herbe, une bénédiction qui n’attend pas l’homme ni ne dépend des fils des hommes (Michée 5:7).

Or si par la foi nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la souffrance de la mort, couronné de gloire et d’honneur pour la même raison, nous ne voyons pourtant pas maintenant que toutes choses Lui soient assujetties [Héb. 2:8-9], comme on les verra quand Son royaume du monde viendra (Apoc. 11:15). Entre-temps, les souffrances prévalent durant le temps présent ; et Satan est le chef de ce monde, le dieu de ce siècle, bien que la foi le connaisse comme jugé à la croix de Christ ; il aveugle les pensées des incrédules pour que la lumière de l’évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu, ne resplendît pas pour eux [2 Cor. 4]. Le chrétien a donc la part de Christ, rejet et souffrance à la fois pour la justice et pour Son nom. «Si pour cette vie seulement nous avons espérance en Christ, nous sommes plus misérables que tous les hommes» (1 Cor. 15:19). Quelle différence avec le jour où «la paix de tes fils (ceux de Sion) sera grande. Tu seras établie en justice ; tu seras loin de l’oppression, car tu ne craindras pas, — et loin de l’effroi, car il n’approchera pas de toi». «Voici, ils s’assembleront, [mais] ce ne sera pas de par moi : celui qui s’assemble contre toi tombera à cause de toi» (Ésaïe 54:13-15). «Et les nations marcheront à ta lumière, et les rois, à la splendeur de ton lever» (Ésaïe 60:3). «Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront» (Ésaïe 60:12). «Ton soleil ne se couchera plus, et ta lune ne se retirera pas ; car l’Éternel sera ta lumière à toujours, et les jours de ton deuil seront finis » (Ésaïe 60:20).

Sans aucun doute, ce sont des expressions hautement figurées ; mais ce sont des figures qui expriment les bénédictions d’Israël au temps du royaume futur, quand «l’Éternel sera roi sur toute la terre. En ce jour-là, il y aura un Éternel, et son nom sera un» (Zach. 14:9). Alors les idoles d’argent et d’or seront jetées aux rats et aux chauves-souris (Ésaïe 2:20). Et les peuples afflueront à la montagne de la maison de l’Éternel, et beaucoup de nations iront, et diront : «Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l’Éternel. Et il jugera au milieu de beaucoup de peuples, et prononcera le droit à de fortes nations jusqu’au loin ; et de leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances, des serpes : une nation ne lèvera pas l’épée contre une [autre] nation, et on n’apprendra plus la guerre » (Michée 4:1-3).

Dans ces Écritures, il y a une vraie prévision du royaume à venir, mais nullement applicable au chrétien. Car maintenant, tout en ayant la paix en Christ, il doit avoir des tribulations dans le monde, il est appelé à souffrir comme un bon soldat de Christ ; il sait que, si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui, tandis que les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis, séduisant et étant séduits [2 Tim. 2:12 ; 3:13]. Comme le dit notre apôtre (2:20) : «Si vous souffrez en faisant le bien, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu». Voilà du christianisme pratique en contraste avec le royaume à venir, mais la chrétienté le contredit autant en principe qu’en pratique. Il est donc d’autant plus impératif, pour Sa gloire et pour la marche de la foi, de s’arrêter sur la vérité et d’exposer combien on s’en est écarté.

Nous avons de nouveau, sous forme d’application générale, ce que l’apôtre des Gentils dit du service chrétien de manière plus complète et plus solennelle en 2 Cor. 6:4-10. Si Paul connaissait cela surabondamment dans son ministère, lui comme Pierre appelle chaque chrétien à être «attristé (ou : affligé), mais toujours joyeux» [2 Cor. 6:10 ; 1 Pierre 1:6a].

 

2.6.2        [1:6 — affligés pour un peu de temps]

« … en quoi vous vous réjouissez, tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire, afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pierre 1:6,7).

Traduire depuis le v. 5 en disant «au dernier temps dans lequel vous vous réjouirez» apparaît pauvre au vu du résultat glorieux général. C’est même trompeur si on s’en sert pour nier le droit du chrétien à une joie débordante déjà maintenant dans la portion que Dieu nous a donnée en Christ. Jamais il n’y aura une œuvre capable de surpasser, ou égaler, ce qui a été fait à la croix. Nulle part ailleurs on ne trouve une telle concentration de ce qui autrement serait inconciliable, la majesté et l’humiliation, la sainteté et la miséricorde, la justice et le péché, l’amour et la haine, Satan victorieux en apparence mais en réalité vaincu pour toujours, l’homme à son pire degré et Dieu dans toute Sa grâce, Jésus abaissé au plus bas dans l’obéissance et pourtant glorifiant Dieu de manière absolue à l’égard du péché, — tout cela se terminant pour le croyant à la gloire de Dieu dans une acceptation parfaite et une délivrance éternelle, avec la réconciliation à venir de toute la création. «En quoi vous vous réjouissez» : Quel autre sentiment pouvons-nous ressentir par grâce ? Si nous croyons, nous n’attendons pas le jour où nous verrons, pour participer à cette joie débordante qui éclate en actions de grâces et en louanges. En ce jour-là, la joie ne sera certes pas mêlée de souffrance et de douleur. Il n’y aura plus la faiblesse du corps mortel, mais l’incorruptibilité, la gloire et la puissance : voilà le changement total qui sera le nôtre à la venue du Christ. Il n’y a pas de passage de l’Écriture, pas de raison valable, aussi hostile soit-elle, permettant de nier la réjouissance actuelle comme une caractéristique propre du chrétien déjà maintenant ; en tout cas, c’est cela ce que l’apôtre a voulu dire ici de manière précise.

Or cette réjouissance est accompagnée d’affliction, comme une épreuve passagère nécessaire dans le gouvernement de Dieu, tandis que la joie débordante peut et devrait être habituelle. Car elle repose sur une rédemption accomplie et une vie dans la puissance de la résurrection, et sur la grâce et la vérité qui sont venues par le Sauveur. Celles-ci demeurent immuables pour nos âmes, tandis que l’affliction est limitée de manière précise ; le temps du verbe [vous vous réjouissez] et celui du participe [affligés] impliquent, et les faits le garantissent, ce de quoi découlent à la fois la joie et l’affliction. Donc «maintenant pour un peu de temps» qualifie bien sûr le participe aoriste «affligés», et pas du tout notre réjouissance présente comme l’incrédulité le voudrait. Ceci est encore plus clairement enseigné par la courte expression «si cela est nécessaire», ou «s’il y a besoin». Combien cela est plein d’égards et bon ! Car le Père des esprits [Héb. 12:9] s’occupe ainsi de ce qui nous est profitable pour que nous participions à Sa sainteté. Aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais ensuite elle rend le fruit paisible de la justice pour ceux qui ont été exercés par elle. C’est ce que nous lisons en Héb. 12:10, 11.

En réalité, la doctrine de Pierre n’est pas différente : «tout en étant affligés maintenant (*) pour un peu de temps par diverses tentations». C’est aussi ce que dit triomphalement Rom. 8:34-35 : « C’est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ; qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? Tribulation, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée ? ». Il s’agissait là d’épreuves lourdes, mais il y en avait d’autres, nombreuses et variées. Mais si nous ne savons pas demander ce qu’il faut comme il convient, l’Esprit Saint qui habite en nous intercède selon Dieu qui L’écoute ; et nous savons que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein [Rom. 8:26,28].

 

(*) Le ἄρτι (maintenant) n’est nullement superflu du fait que ἀγαλλιᾶσθε (réjouissez) est un présent propre ; car ἄρτι (maintenant) se rapporte au participe (affligés) pour contrer tout mauvais usage de l’aoriste. La peine arrive transitoirement maintenant, et seulement où Dieu qui ne se trompe pas, l’estime nécessaire. Quand on a confiance à cet égard, cela donne beaucoup de courage dans l’épreuve.

 

2.6.3         [1:7 — l’épreuve de votre foi bien plus précieuse que celle de l’or qui périt]

Mais tandis que Heb. 12 vise un bon résultat maintenant, notre texte le vise pour plus tard : «afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, à gloire et à honneur dans la révélation de Jésus-Christ» (1:7).

Ainsi l’apôtre contemple le désert et notre voyage à travers. Dans le type, Moïse et Israël ont commencé par un chant d’allégresse ; et si Israël a failli à continuer de cette manière, nous ne sommes pas obligés de faire pareil, car Dieu a prévu pour nous des choses meilleures [Héb. 6:9] ; ce qui leur est arrivé est écrit pour notre avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints [1 Cor. 10:11]. Ceux qui rendent culte, étant une fois purifiés, n’ont plus aucune conscience de péchés [Héb. 10:2], et ce n’est pas étonnant, car Christ, par une seule offrande, a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés [Héb. 10:14] : c’est le cas des chrétiens. Le désert est par-dessus tout une scène de tentation. Le cœur y est mis à l’épreuve. Tout cela est d’autant plus nécessaire qu’en y passant, nous goûtons la confiance dans l’amour de Dieu pour nous. Nous constatons au cours de ces épreuves combien nous sommes faibles, et hélas! peut être aussi insouciants, légers et infidèles. Nous sommes passés au crible comme Simon Pierre, mais le Seigneur intercède pour nous comme pour lui, afin que notre foi ne défaille pas. Car c’est là le désir et le but, que l’épreuve de notre foi tourne à louange.

Notez encore que la louange, l’honneur et la gloire se rattachent à la révélation de Christ. Sa venue pour nous prendre et nous emmener dans la maison du Père n’est que grâce suprême ; c’est lors de Sa révélation que l’évaluation de la fidélité prendra place, ainsi que la récompense en conséquence. Les deux auront lieu assurément ; mais le juste gouvernement est tout à fait distinct de la grâce souveraine.

 

2.7       [Ch. 1 v. 8-9]

2.7.1        [Le chrétien peut se réjouir au milieu d’épreuves sévères]

L’apôtre explique comment il se fait que le chrétien soit capable de se réjouir au milieu d’épreuves sévères, mais qui ne sont pourtant jamais permises que parce qu’elles sont nécessaires dans le temps présent et pour un peu de temps. Car assurément, si la puissance de Dieu agit comme une garnison autour de ses saints pendant qu’ils traversent le monde, elle a assez d’énergie pour contenir toute influence hostile, malgré toutes les ruses malveillantes de l’adversaire le diable. C’est pourquoi nous pouvons dire hardiment que nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon Son propos [Rom. 8:28]. Et nous nous glorifions même dans les tribulations [Rom. 5], sachant ce qui, grâce à Dieu, en est le résultat béni à la fois ici-bas et plus tard. Toute la bénédiction le long du chemin dépend du fait d’avoir Christ comme objet devant nos âmes.

«… lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, un salut d’âmes» (1:8,9).

Quand le royaume se manifestera en puissance et en gloire à la révélation de Christ, alors l’Éternel punira l’armée d’en haut, en haut, et les rois de la terre, sur la terre [És. 24:21]. Il visitera de Son épée dure et grande et forte, le léviathan serpent fuyard et le léviathan serpent tortueux, et Il tuera le dragon qui est dans la mer [És. 27:1]. Il fera alors en Sion, à tous les peuples un festin de choses grasses, un festin de vins vieux, de choses grasses moelleuses, de vins vieux bien épurés. Et là, Il détruira en cette montagne la face du voile qui couvre tous les peuples, et la couverture qui est étendue sur toutes les nations. Il engloutira la mort en victoire ; et le Seigneur, l’Éternel, essuiera les larmes de dessus tout visage, et il ôtera l’opprobre de son peuple de dessus toute la terre ; car l’Éternel a parlé [És. 25:6-8].

 

2.7.2        [Contraste entre le christianisme et les autres dispensations]

Or tout ceci est pour le présent en contraste avec ce que le Nouveau Testament proclame partout, y compris dans cette épître du début à la fin ; son but spécial était d’instruire les Juifs chrétiens de peur que leur longue et vieille attente juive vienne se mêler et conduire à la déception. Car nous qui croyons en Christ rejeté, mais glorifié, nous avons à faire entre-temps aux «mystères du royaume des cieux» (Matt. 13:12), comme le Seigneur l’a dit aux disciples : «À vous il est donné de connaître le mystère du royaume de Dieu» (Marc 4:11). Dans son ensemble, et dans ses parties variées, c’était un secret auquel le peuple élu n’était pas préparé. Il cherchait surtout la manifestation de la justice, quand Israël fleurira et bourgeonnera, et qu’ils rempliront de fruits la face du monde [És. 27:6] ; alors on appellera Jérusalem le trône de l’Éternel ; et toutes les nations se rassembleront vers elle, au nom de l’Éternel, à Jérusalem ; et elles ne marcheront plus suivant le penchant obstiné de leur mauvais cœur [Jér. 3:17] ; les deux maisons d’Israël s’assembleront en un, et Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda, et Juda ne sera pas l’adversaire d’Éphraïm [És. 11:13]. Tout cela n’est pas étonnant, car Satan sera lié dans l’abîme [Apoc. 20:1], et l’Éternel-Jésus sera roi sur toute la terre, et non seulement cela, mais Il sera chef sur toutes choses, les célestes aussi bien que les terrestres [Éph. 1:22 ; Phil. 2:10].

Le christianisme est en contraste frappant avec la perspective glorieuse de l’univers dans les âges à venir. Car le diable, comme le montre notre épître (5:8), rôde alentour comme un lion rugissant, cherchant qui il peut dévorer. C’est encore un monde de désert sauvage, au lieu de fleurir dans l’abondance et de se réjouir avec chants de joie ; on ne voit pas encore la gloire de l’Éternel, la magnificence de notre Dieu [És. 35:2], quand toute la terre sera remplie de Sa gloire en ce jour-là [Ps. 72:19]. Les saints sont justement ceux qui sont affligés, selon que cela est nécessaire, par diverses tentations. En même temps, ils ont droit à des joies plus profondes que ce que peut offrir le royaume manifesté. Et ici, le fait ayant été clairement énoncé d’après l’expérience faite à la lumière de la vérité, l’apôtre en explique la source riche et infaillible. C’est Jésus, le crucifié ; Il n’est pas ici, mais Il est ressuscité, glorifié en haut. Il est la clé de tout.

 

2.7.3        [1:8a — quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez]

«Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez». Quelle différence par rapport au cas ordinaire des affections humaines, ou même par rapport à la promesse faite à Israël en ce jour ! «Tes yeux verront le Roi dans sa beauté» (Ésaïe 33:17). « Tu es plus beau que les fils des hommes ; la grâce est répandue sur tes lèvres ; c’est pourquoi Dieu t’a béni pour toujours ... Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité ; c’est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne. Tu as aimé la justice et haï la méchanceté ; c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons » (Ps. 45:2, 6, 7). Il ne s’agit pas là seulement de Son règne de bienfaisance en puissance et en majesté, mais de ce qu’à la fin Jérusalem commencera à regarder vers Celui qu’ils ont percé, et à se lamenter comme on se lamente sur un fils unique, un premier-né [Zach. 12:10]. Celui qui les délivrera apparaîtra quand leur danger sera à son comble, et leur contrition la plus amère sera engloutie dans une reconnaissance d’amour envers Celui dont la fidélité à leur égard n’aura pu être surmontée par aucun mal qu’ils auront commis.

Si bonne que soit leur part, celle du chrétien est bien meilleure. L’apôtre ne fait aucune allusion aux circonstances particulières des disciples qui ont contemplé le Seigneur dans les jours de sa chair. Il ne dit pas, «nous qui L’avons vu alors», mais «vous» comme s’adressant à ceux de la dispersion, comme à la masse de ceux qui croient l’évangile. «Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez». C’était un fait immense qu’Il soit venu, Homme obéissant et dépendant, Témoin fidèle de Dieu, manifestant le Père, comme nous le lisons dans les évangiles ; accomplissant la rédemption, et maintenant à la droite de Dieu en-haut. C’est pourquoi le Seigneur a déclaré que le moindre dans le royaume des cieux était plus grand que le plus grand avant Lui [Matt. 11:11] ; et l’Épître aux Hébreux (11:40) dit que Dieu a eu en vue «quelque chose de meilleur pour nous».

Quant aux paroles qui sont devant nous, il faut admettre que, quel que soit l’amour avec lequel les anciens chérissaient le Messie futur, il ne pouvait y avoir l’impulsion et la force données par Sa grâce infinie agissant sur des cœurs renouvelés, comme ce fut le cas de ceux qui ont suivi Ses pas, et se sont accroché à Ses paroles et ont trouvé leurs délices dans Ses voies ici-bas. Le Seigneur pouvait dire : «Bienheureux sont les yeux qui voient ce que vous voyez ! car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir les choses que vous voyez, et ne les ont pas vues, et entendre les choses que vous entendez, et ne les ont pas entendues» (Luc 10:24). Or il est clair que même ce merveilleux privilège était en-dessous de l’immense enrichissement procuré par Sa mort, Sa résurrection, Son ascension, et surtout le don du Saint-Esprit pour tout saisir pleinement et rendre témoignage en conséquence.

Ceux qui aspirent à un Messie visible sur la terre, ne savent pas la grandeur du privilège de Le connaître mort, ressuscité et glorifié, même en face du si grand profit qu’il y a à suivre Ses voies sur terre selon le récit que nous en avons. Car c’est à cette lumière que chacune de Ses parole, chacun de Ses pas et de Ses actes sont le mieux compris et appréciés. Là, Son amour brille au plus haut point ; et nous, nous aimons parce que Lui nous a aimés le premier, et assurément nous L’aimons plus que tout. C’est de cette manière que l’apôtre pouvait dire de façon caractéristique : «Lequel, quoique vous ne L’ayez pas vu, vous aimez». Voilà la manière dont le chrétien aime Christ. Il connaît Son amour comme personne ne pouvait le connaître avant l’Incarnation, et plus que tous ceux durant Son ministère. Le chrétien connait cet amour dans Son humiliation, dans Sa souffrance sans pareil et par-dessus tout dans Son rejet et Sa croix. Bien qu’il ne L’ait jamais vu, Lui, ici-bas, le chrétien commence par apprendre les profondeurs de cet amour, là où ceux qui L’ont suivi sur la terre ont terminé leurs difficultés, et ont commencé à avoir de l’intelligence spirituelle, quand Il a été ressuscité d’entre les morts. Personne n’est mieux placé que le chrétien pour aimer le Seigneur Jésus. Même les apôtres L’aimaient d’autant plus qu’ils se dégageaient des enveloppes et des voiles juifs et entraient dans cet état de lumière et de liberté.

 

2.7.4        [1:8b — se réjouir dès maintenant - d’une joie ineffable et glorieuse]

La phrase suivante ne fait que confirmer la bénédiction supérieure du christianisme : «et croyant en Lui, quoique maintenant vous ne Le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse». Notre Seigneur a déclaré positivement que croire a une valeur qui dépasse la vue. «Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru» (Jean 20:29). C’est précisément la différence entre les Juifs qui recevront leur bénédiction quand ils la verront, et le chrétien qui est encore plus béni moralement déjà maintenant ; et qu’en sera-t-il alors ? juste comme le ciel est au-dessus de la terre. Il est donc évident que, comme le christianisme approfondit l’amour, il purifie aussi et fortifie la foi. Ceux d’autrefois ont reçu témoignage par la puissance de la foi [Héb. 11:2] ; mais combien la portée de la foi est immensément élargie quand les secrets de Dieu ne sont plus cachés, mais révélés comme maintenant à ses saints apôtres et prophètes par l’Esprit ! [Éph. 3:5].

Le chrétien a bien de quoi «se réjouir d’une joie ineffable et glorieuse (ou : pleine de gloire)». Cela est si caractéristique que notre Seigneur s’en sert de point de départ de la réception du fils prodigue. Car Dieu comme tel est glorifié dans la croix de Christ qui en est le fondement, et comme Père Il est aussi glorifié dans l’amour de cette relation. «Apportez dehors la plus belle robe et l’en revêtez ; et mettez une bague à sa main, et des sandales à ses pieds ; et amenez le veau gras et tuez-le ; et mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé » [Luc 15:22-24]. Dieu Lui-même a Sa joie dans la grâce qui apporte le salut à des gens de cette sorte. Quelle consécration pour ceux qui en sont l’objet et pour tous ceux qui ont goûté à une pareille miséricorde ! Et de même que nous sommes appelés à grandir par la connaissance de Dieu et de Son Fils, de même nous sommes appelés à nous réjouir toujours dans le Seigneur, et à rendre grâces en toutes choses. Honte à nous si nous ne nous réjouissons pas maintenant d’une joie ineffable et glorieuse, voyant que, dans la gloire, Il est Celui de qui dépend notre bénédiction. Sans doute nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu [Rom. 5:2] ; mais ce qui en est notre meilleure et parfaite garantie, c’est qu’Il est là, Lui, y étant entré comme notre précurseur [Héb. 6:20].

 

2.7.5        [1:9 — une joie ineffable et glorieuse, un salut d’âmes]

En accord avec la joie ineffable à laquelle nous avons droit déjà maintenant, tout en attendant sa perfection quand nous serons glorifiés, il est ajouté, «recevant la fin de votre foi, un salut d’âmes». Nous ne recevrons pas le salut du corps avant Sa venue que nous attendons ; mais nous n’attendons pas le salut d’âmes, car l’Évangile l’annonce avec toute clarté et certitude. Christ a fait l’œuvre nécessaire pour cela, de sorte qu’il n’y a rien à y ajouter pour rendre ce salut plus complet en soi, ou plus efficace pour celui qui croit. Christ n’est pas comme les sacrificateurs terrestres qui se tenaient debout pour renouveler ce qui ne pouvait jamais être achevé. Une fois qu’il a offert le seul sacrifice pour les péchés, Il s’est assis à perpétuité (ou : sans pause) à la droite de Dieu ; dès lors Il attend que ses ennemis soient devenus le marchepied de ses pieds. Quoi qu’Il fasse d’autre, Il n’a rien à faire pour purifier les adorateurs. Car, par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés [Héb. 10:14] ; le fait qu’Il soit assis là où Il est, le proclame.

Mais voilà que certains nient que le passage qui est devant nous parle de ce fruit actuel de l’œuvre de Christ. Ils prétendent que le mot κομιζόμενοι interdit le sens d’une «réalisation présente», et que partout où on le trouve il dénote la réception ultime de la gloire ou de la condamnation de la part du Seigneur. Est-ce vrai ? Les textes sont 2 Cor. 5:10, Éph. 6:8, Col. 3:25, 1 Pierre 5:4, 2 Pierre 2:13 ; en fait ils réfutent l’allégation étrange. Car, indiscutablement, le premier [afin que chacun reçoive] n’est par nature qu’une scène future avec laquelle s’accorde le subjonctif aoriste. Le second [chacun… le recevra] et le troisième [recevra ce qu’il aura fait] non seulement présupposent ce jour, mais sont expressément au temps futur, comme le quatrième [vous recevrez la couronne]. Le cinquième est un participe futur [recevant la récompense], tandis que dans le cas contesté de notre texte il y a un participe présent, et le contexte confirme qu’il s’agit de maintenant. On prétend que l’expression «joie ineffable [= inexprimable] et glorieuse» a un sens futur. Mais sera-ce vraiment le cas dans ce jour où la perfection sera venue ? Quand nous connaitrons comme nous avons été connus, serons-nous dans l’incapacité d’exprimer, comme c’est le cas maintenant ?

«Glorieuse», ou ‘pleine de gloire’, est sans doute un mot inhabituel ; pourtant, qualifier ainsi une joie trop grande pour notre puissance d’expression actuelle, semble simplement correspondre à la ferveur de l’apôtre. Christ en haut comme source de cette joie, voilà qui peut facilement donner à la joie des chrétiens ce caractère de gloire avant qu’eux-mêmes y soient. Un salut d’âme, avant que nos corps soient rendus conformes au corps de Sa gloire [Phil. 3:21], est une fin de notre foi digne d’être reçue dès maintenant ; car indiscutablement l’homme extérieur fait suite à l’homme intérieur, et Dieu ne déçoit jamais le croyant dans son espérance. Le salut «des âmes» étant ainsi restreint aux âmes, il se prête bien à ce que le croyant reçoit maintenant, tandis que pour l’avenir, l’apôtre ne donne pas de qualificatif au «salut» [1:5], comme nous l’avons déjà remarqué.

 

2.8       [Ch. 1 v. 10-12 — salut d’âmes et salut selon les prophètes de l’Ancien Testament]

Les versets servant de conclusion à l’introduction se réfèrent au salut dans la mesure de ce qui en était révélé à l’origine aux prophètes, et qui est maintenant pleinement présenté comme la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel ; ce salut est la conséquence des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient ; et quant à nous, nous attendons cette puissance qui, même extérieurement, nous délivrera du mal à Son apparition.

 

2.8.1        [Difficulté à concilier gloire et souffrances]

Le bref exposé donné ici était d’une importance extrême pour le résidu croyant auquel l’apôtre s’adressait alors et pour tous ceux qui suivraient. Ils avaient un peu de difficulté à saisir qu’en ce jour-là, le Seigneur n’accomplira pas seulement les perspectives bénies et joyeuses pour la terre, mais aussi celles pour les cieux. Le salut prêt à être révélé au dernier temps [1:5], comprend, mais n’est pas limité à l’entrée dans un héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable, conservé pour eux en haut, tandis qu’ils ont besoin pendant ce temps d’être gardés par la puissance de Dieu par la foi. Maintenant le salut n’est qu’un salut de l’âme, le gage de ce qui est final, complet et glorieux en ce jour-là. Le rejet de Christ et Son absence pour être en-haut ont amené entre-temps une modification nécessaire qui met à l’épreuve toute âme d’homme, et spécialement [les Juifs] ceux qui ont eu les révélations premières et partielles de Dieu.

Les Juifs incrédules ont cherché à résoudre la difficulté par la fiction de deux Messies : l’un fils de Joseph, de la tribu d’Éphraïm ; l’autre fils de David, de la tribu de Juda ; le premier destiné à disputer et à souffrir la mort ; le second destiné à vaincre et régner glorieusement pour toujours. Le Talmud l’a enseigné ; un Targum tardif l’a appliqué à Cantique des cantiques 4:5 et 7:3 ; et les Rabbins Salomon Jarchi, Aben Ezra et D. Kimchi l’ont popularisé. Or, nous savons que l’Ancien Testament ne permet pas d’imaginer deux personnages de ce genre, mais il met un accent très fort sur deux états différents du même Oint de l’Éternel. Il était en effet Fils de David, non par Marie seulement selon Luc 3, mais aussi légalement par Joseph qui était de la souche royale de Salomon selon Matthieu 1. Et, ce qui était d’une importance infiniment plus profonde, Lui et Lui seul parmi les fils de David était Seigneur de David selon le Ps. 110 v.1 cité par Lui-même pour confondre Ses adversaires hautains qui doutaient et qui Le méprisaient. La foule d’alors, et probablement ses conducteurs, n’avait pas encore inventé l’illusion d’un double Messie ; mais ils ne laissaient aucune place à Ses souffrances, et ne se souciaient que de Sa gloire terrestre comme d’un droit dévolu qui leur revenait. Par conséquent, quand Il a dit (Jean 12:32), «Si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à Moi-même» (cela indiquait de quelle mort Il allait mourir), ils répondirent : «Nous avons appris de la loi que le Christ demeure éternellement, et comment dis-tu que le Fils de l’homme doit être élevé ? qui est ce Fils de l’homme ?».

 

2.8.2        [1:10 — Annonces du salut par les prophètes]

Nous aurons plus à dire quand nous regarderons de près le v. 11, mais commençons par examiner en détail ce qui précède dans l’ordre.

«… duquel salut les prophètes qui ont prophétisé de la grâce qui vous était destinée, se sont informés et enquis avec soin» (1:10).

C’est ce que nous apprenons en Genèse 49:18 [sur Dan : « j’ai attendu ton salut, ô Éternel »]. Le «salut» était identifié avec la venue et l’œuvre du Messie. Les croyants ne comprenaient guère, voire pas du tout, comment cela devait se faire ; mais ils n’avaient aucun doute sur la grâce salvatrice qui serait alors manifestée. Ils reconnaissaient entre-temps des actes de délivrance constituant des signaux, comme le passage miraculeux de la Mer Rouge aux jours de Moïse ; comme l’œuvre de l’Éternel accomplie par le moyen de Jonathan ; comme la destruction mutuelle des fils d’Ammon et Moab et ceux de la montagne de Séhir aux jours de Josaphat, ce qui sauva Juda de la ruine qui les menaçait. Mais ils attendaient le dernier jour qui verrait l’accomplissement de leurs espérances, quand le Messie établirait le plein salut pour toujours. Ce serait clairement «la grâce» prophétisée, et non pas des œuvres dont la chair pourrait se glorifier.

C’est pourquoi, dans les Psaumes, nous entendons des paroles comme celles du dernier verset du Ps. 14 : «Oh ! si de Sion le salut d’Israël était venu ! Quand l’Éternel rétablira les captifs de son peuple, Jacob s’égayera, Israël se réjouira». Dans le deuxième livre des Psaumes, le Ps. 53 se termine pareillement. Les temps étaient sombres, de plus en plus sombres ; mais si le résidu pieux avait recours à ce qu’est Dieu, Elohim, quand la jouissance des privilèges de l’alliance avait disparu, ils anticipaient par la foi que Dieu allait disperser l’ennemi pour sa ruine, et ils aspiraient au salut final venant de Sion comme le centre de l’Éternel, quand Son peuple dans son ensemble reviendrait avec une joie éternelle. Si l’on avait tenu compte de la Parole écrite, il est aussi certain selon le Ps. 67 que l’Esprit de prophétie considère la miséricorde de Dieu envers Israël comme Son moyen d’étendre Son «salut parmi toutes les nations» [67:2]. La grâce souveraine est à la fois sûre et déterminée, riche et libre. «Que les peuples te célèbrent, ô Dieu, que tous les peuples te célèbrent, que les nations se réjouissent et chantent de joie ; car tu jugeras les peuples avec droiture et tu gouverneras les nations sur la terre» [67:3-4]. Rien ne fait un contraste plus marqué avec l’étroitesse juive. Le salut n’est ni un droit consacré, ni un mérite personnel, mais une «grâce». Et ainsi dans un jour à venir, montera le chant à la fois des nations et de tout Israël qui sera sauvé [Rom. 11:26].

Il est profondément intéressant d’observer que le psaume suivant, 68, a pour vérité centrale le Seigneur monté en haut en puissant vainqueur qui a donné des dons aux hommes après avoir «reçu des dons dans l’homme» (c’est-à-dire l’homme en tant que tel) [Ps. 68:17-18 ; Éph. 4:8]. Aussi l’apôtre aurait pu ajouter, sans faire de citation des paroles qui attendent l’activité future de la grâce divine, «et même pour les rebelles, afin que Jah, Elohim, ait une demeure» [68:18]. Hélas ! les Juifs sont encore rebelles ; mais le jour se hâte où ils lèveront les yeux et diront : «Béni soit Celui qui vient au nom de l’Éternel» ; et quand Il viendra, ce sera assurément avec une bénédiction qui ne passera jamais. Leur Dieu est un Dieu du salut [Ps. 68:20] ; et c’est ce qu’ils éprouveront quand, en réponse à leur cri, Il fendra les cieux et descendra [És. 64:1], et qu’ils verront toutes leurs actions de justice comme un vêtement souillé [És. 64:6], et qu’Il les revêtira de vêtements de salut et de louange [És. 61:10-11]. Mais nous devons nous retenir de continuer à citer le livre des louanges.

Il ne faut pas s’étonner de ce que le prince des prophètes soit particulièrement riche en paroles sur un salut si divin. En És. 12 qui clôt la première partie de ses prophéties, Ésaïe prédit qu’Israël dira : «Voici, *Dieu est mon salut ; j’aurai confiance, et je ne craindrai pas ; car Jah, Jéhovah, est ma force et mon cantique, et il a été mon salut. Et vous puiserez de l’eau avec joie aux fontaines du salut». Cela fait suite sans aucun doute à l’introduction du Messie et de son règne futur en És. 11. En És. 25:9 où il termine la section suivante par une action de grâce sur des sujets variés, il dit : «Voici, c’est ici notre Dieu ; nous l’avons attendu, et il nous sauvera ; c’est ici l’Éternel, nous l’avons attendu. Égayons-nous et réjouissons-nous dans sa délivrance [ou : son salut]». Pareillement en És. 26:1, «Nous avons une ville forte : il a mis le salut pour murailles et pour remparts». Dans la troisième section, où le dernier ennemi d’Israël est révélé avec un «malheur à toi», És. 33:2 nous dit : «Éternel, use de grâce envers nous : nous nous sommes attendus à toi. Sois leur bras tous les matins, et notre salut au temps de la détresse» ; puis au v. 22 : «L’Éternel est notre juge, l’Éternel est notre législateur, l’Éternel est notre roi ; lui, nous sauvera». Et encore en És. 35:4 : «Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu : la vengeance vient, la rétribution de Dieu ! Lui-même viendra, et vous sauvera». Au milieu, c'est-à-dire dans la quatrième section historique, la référence la plus typique est És. 38:20. Mais dans la cinquième section où apparaît «Mon serviteur», il y a un ample témoignage sous la forme d’une grande variété de mots correspondant à «sauver» ou «salut». Il restaure, rachète, forme pour Lui-même, répand de l’eau et Son Esprit sur eux comme étant Ses témoins et Ses serviteurs à Lui le Dieu d’Israël, le Sauveur, «un Dieu juste et sauveur, il n’y en a point si ce n’est moi. Tournez-vous vers moi, et soyez sauvés, vous, tous les bouts de la terre» (Ésaïe 45:21, 22 ; voir aussi 45:8, 17 ; 46:13). Dans la sixième section, où le Messie est pleinement dévoilé, ainsi que Son rejet, le salut est encore plus visible, comme dans Ésaïe 49:6, 8, 25 ; 51:5, 6, 8 ; 52:7. Qui peut être surpris de discerner le Sauveur souffrant et exalté en Ésaïe 53 où nous avons le témoignage le plus complet et le plus clair rendu à Lui et à Son œuvre, même si les mots «sauver» et «salut» ne figurent pas ? Mais beaucoup d’autres mots dirigent vers cette vérité et vers cette cause méritoire et efficace, comme dans 53 :5, 6, 8, 10, 11, 12. Dans la septième ou dernière section, nous en avons des mentions expresses et abondantes, comme dans És. 59:1, 11, 16, 17 ; 60:18 ; 61:10 ; 62:1 ; 63:1, 5 ; 64:5.

En Jérémie, il suffit de se référer à Jér. 15:20 ; 30:10, 11 ; 46:27 ; en Ézéchiel, il y a 34:22 ; 36:29 ; 37:23 ; en Osée : 1:7 ; en Sophonie : 3:17, 19 ; en Zacharie : 8:7, 13 ; 9:16 ; 10:6 ; 12:7. Quant aux autres prophètes, ce serait une erreur de croire qu’ils ne prédisent pas la même chose en d’autres termes. Voir par exemple Daniel (9:24) qui confesse les péchés d’Israël et plaide pour la justice et le nom de l’Éternel. Dans la réponse un temps déterminé est donné pour clore la transgression, en finir avec les péchés et pour faire propitiation pour l’iniquité, et pour introduire la justice éternelle, et sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints. Cela concorde avec les autres prophètes, quoique chacun soit sous une forme différente.

Il résulte clairement de tout cela que les prophètes ont prédit concernant le salut à venir, lequel n’a pas manqué pour ceux qui ont cru l’évangile, comme ceux auxquels l’apôtre adressait cette épître. Car qu’arrive-t-il si la masse des Juifs n’a pas la foi ? Leur incrédulité ne rend pas sans effet la foi en Dieu [Rom. 9:6]. Ceux qui se soumettent à Sa justice en Christ récoltent la bénédiction [cf. Rom. 10:3].

 

2.8.3        [1:11 — les prophètes étudiant leurs prophéties]

Les prophètes d’autrefois, nous est-il dit, cherchaient et sondaient diligemment au sujet de ce salut. Le fait de prophétiser ne remplaçait pas le besoin ou le bénéfice d’une recherche assidue, mais il la stimulait plutôt. L’honneur de prophétiser ne dispensait pas ses auteurs de chercher à sonder soigneusement pour comprendre ce qui leur était donné de prédire au sujet de la plénitude qui est en Dieu. La dépendance est et a toujours été requise, avec la confiance dans Sa bonté et Sa tendre considération à l’égard de notre ignorance et de notre faiblesse. Mais le don de Sa parole nous encourage à nous attendre à Lui pour la comprendre autant qu’il Lui plait. C’est ce que firent les hommes inspirés, comme on le voit spécialement en Daniel dans une affaire toute proche et aussi dans un cas qui ne pouvait être qu’au temps de la fin. Aucune circonstance annexe ne peut non plus prouver plus nettement combien la vraie prophétie n’est pas issue de la volonté de l’homme, ni d’une perspicacité de l’esprit pour deviner, mais de Dieu, qui a parlé ou écrit par Son serviteur par l’Esprit. Car ce serviteur devait encore passer au crible ce qu’il avait divinement prononcé, en vue de le comprendre. Le salut était une riche bénédiction de la part de Dieu, dépassant tout ce qu’ils possédaient comme privilèges de grâce liés au jour du Messie, et Dieu seul avait donné aux prophètes de l’anticiper. Mais ce qu’ils prophétisaient, ils avaient besoin de le peser et de l’examiner en profondeur pour vraiment se l’approprier, quelle que soit la mesure d’intelligence avec laquelle ils le pouvaient.

 

2.8.4        [1:11 — l’Esprit de Christ]

Considérons maintenant ce qu’il nous est dit quant à l’objet de la recherche. «Cherchant quel temps ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ, et des gloires qui suivraient» (1:11).

Ce qui opérait intimement dans les prophètes, bien au-delà de leurs pensées, c’était «l’Esprit de Christ», une expression d’autant plus frappante que c’était peu avant que le Fils devienne le Christ. Mais ce que cet Esprit de Christ révélait, visait ce fait merveilleux et témoignait à l’avance de Christ sous ce caractère. C’est un peu comme dans Heb. 2:17 où l’apôtre parle de Lui comme Souverain Sacrificateur, alors qu’Il n’est devenu proprement sacrificateur qu’une fois ressuscité d’entre les morts et monté au ciel. Certains qui ne l’ont pas perçu ont été conduits par l’ennemi à jeter la précieuse vérité de la propitiation dans le chaos de leurs erreurs, refusant la gloire morale à Sa croix pour en faire une fable.

Notons la précision exceptionnelle du langage employé. Les souffrances ne sont pas simplement «de» Christ, mais «pour» Lui, est-il dit en grec [traduit en français par J. N. Darby par « les souffrances qui devaient être la part de Christ]. Les souffrances ne Lui sont pas simplement survenues comme un fait, mais elles lui ont été réservées ou assignées. De même que la grâce était «envers vous» ou «vous était destinée» [1:10], les souffrances étaient aussi «envers Christ» ou «destinées à Christ». Christ n’est jamais utilisé par Pierre d’une manière mystique comme dans 1 Cor. 12:12 [le corps est du Christ], mais comme visant exclusivement et strictement Sa personne. Comparer spécialement 1 Pierre 4:1, 13.

Nous ne laissons pas non plus planer le doute sur ce que signifie « l’Esprit de Christ qui était dans les prophètes d’autrefois » ; cet Esprit a témoigné auparavant non seulement des gloires de l’Oint qui était attendu par tous les saints, mais, ce qui semble à première vue tellement corsé, Il a témoigné des souffrances qui Lui étaient destinées et qui précèderaient les gloires. C’est ce que le Seigneur Lui-même enseigna aux disciples stupéfaits à la fois avant Sa mort et après Sa résurrection, et nulle part plus clairement que dans l’Évangile de Luc. «Ainsi sera le Fils de l’homme en Son jour (c’est-à-dire le jour de Son apparition en gloire), mais il doit d’abord souffrir beaucoup et être rejeté par cette génération» (Luc 17:24, 25). Et aussi après Sa résurrection, Il dit (Luc 24:26,27) : «Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire ? Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, Il leur expliquait dans toutes les Écritures les choses qui le regardent». Rien d’étonnant à ce qu’ensuite ils se disaient l’un à l’autre : «Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous lorsqu’il nous parlait par le chemin et lorsqu’Il nous ouvrait les Écritures ?» [Luc 24:32]. Maintenant qu’Il est parti, Son Esprit, l’Esprit de vérité, est venu pour nous guider dans toute la vérité [Jean 16:13].

 

2.8.5        [Les prophéties sur les souffrances de Christ et les gloires qui suivraient]

Les saints auxquels Pierre s’adressaient, comme tous les autres chrétiens, se situaient entre les souffrances qui devaient être la part de Christ, et la gloire, ou tout au moins la plus grande partie des «gloires» révélées qui suivraient. Car il est clair et certain que les scènes magnifiques des derniers jours, les temps de rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tous temps [Actes 3:21], attendent Sa venue des cieux pour prendre la terre et tout l’univers sous Sa domination directe et manifeste.

Le Messie, montant en haut en vainqueur, était clairement donné à connaître au Ps. 68, v.18, ainsi que Sa réception de dons en tant qu’homme, afin que Jah Elohim puisse avoir une demeure en Israël, encore considéré comme rebelle jusqu’à ce qu’Il fasse de Sion Sa demeure pour toujours. Alors, d’une part, Dieu brisera la tête de Ses ennemis [68:21], et d’autre part des princes sortiront d’Égypte, l’Éthiopie aura hâte d’étendre ses mains vers Dieu, et les royaumes de la terre chanteront les louanges du Seigneur [68:31-32]. La même grande vérité est répétée au Ps. 110, qui est le passage de l’Écriture que Christ Lui-même a cité pour confondre ceux qui niaient Sa dignité divine comme Seigneur de David. Les deux psaumes 68 et 110 passent de manière remarquable de Son exaltation dans les cieux, au jour de Sa colère. Alors l’Éternel enverra de Sion la verge de la force du Messie, qui dominera au milieu de Ses ennemis [Ps. 110:2].

Ce qui est fait entre-temps pour Ses amis n’est développé que dans le Nouveau Testament de manière générale, et ici en particulier. L’Ancien Testament laisse de la place pour cela. C’est la grâce qui parvient au résidu croyant, ainsi qu’à nous qui croyons d’entre les Gentils, avant que la génération à venir naisse de nouveau pour les jours du royaume manifesté. Sans aucun doute Christ est reçu dans la gloire (1 Tim. 3:16) ; mais cela fait partie du mystère de la piété, révélé par l’apôtre de l’incirconcision [Paul] qui l’explique et l’applique si largement dans ses épîtres, tandis qu’il en est fait un usage bref et puissant dans ce qui est placé devant nous (1:21 ; 3:22).

Mais il y a des «gloires» à venir qui sont l’objet de l’espérance et le sujet de son exercice ; celle-ci constitue une grande et brillante partie de la vérité si caractéristique du christianisme, et si difficile à saisir pour un Juif comme tel. Il est choquant pour un rabbin de lire en Dan. 9:26 qu’après un intervalle déterminé, le Messie le Prince n’allait tout simplement pas venir, mais «serait retranché et n’aurait rien», c’est-à-dire rien de Ses droits messianiques, ce qui est la vraie force du passage. C’était une ruine pour les gens incrédules, plongés dans les ténèbres de l’ignorance ; cela apportait la destruction sur la ville et le sanctuaire, comme le contexte le montre. Les faits et la prophétie qui ont révélé cela et davantage encore, ne peuvent pas le nier. Pourtant, ces gens sont encore impénitents, incrédules, privés de bénédiction, et disposés à désavouer un grand prophète qui a jeté de la lumière sur quel temps et quelle sorte de temps l’Esprit de Christ indiquait, comme Il l’a fait de diverses manières.

Or ceux qui croient en l’évangile, Juifs ou Gentils, ont part au nouveau principe de la grâce souveraine qui ne fait pas de discrimination pour sauver les âmes. Le Sauveur, rejeté par les Juifs dans leur ensemble, est monté en haut, non pas pour introduire d’un coup le royaume en puissance et en gloire, comme même les apôtres s’y attendaient au début, mais pour inaugurer les mystères du Royaume (celui-ci étant lui-même un mystère), tandis qu’Il est assis à la droite de Dieu dans la gloire en haut. C’est ce qui rendait perplexes les prophètes d’autrefois, et non pas seulement les souffrances qui Lui étaient destinées alors qu’Il aurait bien semblé être le dernier à devoir souffrir. Pourtant, c’est ce que disait la parole prophétique, et ce dont témoignait à l’avance l’Esprit du Christ qui était dans les prophètes : le Serviteur Juste, absolument sans pareil dans la justice, devait également être absolument sans pareil dans la souffrance. La souffrance est une énigme pour tous ceux qui ne croient pas ce qu’est le péché devant Dieu ; mais même pour ceux qui croyaient jadis, lequel d’entre eux lisant cette énigme, y voyait que le Christ devait en pénétrer les profondeurs ? Car Il devait souffrir, non seulement de la part de l’homme parce qu’Il était fidèle à Dieu, mais, plus encore, d’une manière accablante (il ne faut pas le contester) de la part de Dieu parce qu’Il était fidèle pour l’homme, pour l’homme pécheur ! Pourtant, Daniel est également clair [12:1] que le peuple doit être délivré après un temps, le dernier temps de détresse sans pareille, quand sera bienheureux celui qui parviendra à ces jours, et que le prophète se tiendra alors dans son lot ainsi que tous les justes morts. Cela fait partie des gloires de Christ qui suivraient, quand Il régnera, non pas seulement en tant que Fils de David, mais avec la domination vaste et éternelle du Fils de l’Homme.

Bien avant le prophète de la captivité [Daniel], le voyant humble de Moresheth-Gath [Michée], a témoigné (5:1-3) au sujet du Juge d’Israël frappé avec une verge sur la joue. Un rabbin même ne peut pas se méprendre sur le fait qu’Il devait naître à Bethléhem, même s’il méconnait d’une part Son rejet, et d’autre part Son origine d’ancienneté, dès les jours d’éternité. N’ayant pas connu [Jésus], ni les voix des prophètes qui se lisent chaque sabbat, ils ont accompli celles-ci en le jugeant [Actes 13:27]. «C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps où celle qui enfante aura enfanté» [Michée 5:3]. La naissance de l’Israël né de nouveau est ainsi différée, tandis que Christ est assis, rejeté par eux, mais exalté par la droite de Dieu [Actes 2:33] pour la bénédiction de gens tels que ceux auxquels Pierre écrivait. Quand ce jour sera venu (l’aboutissement prophétique de la gloire pour Israël et pour la terre), «le reste de Ses frères retournera vers les fils d’Israël» [Michée 5:3b], au lieu d’être ajoutés et réunis maintenant pour former l’église comme à la Pentecôte et ensuite. Alors Il se lèvera et les paîtra dans la force de l’Éternel, dans la majesté du nom de l’Éternel, son Dieu. Et, au lieu d’être dispersés comme maintenant, hors de leur pays, ils l’habiteront ; car alors Il sera grand jusqu’aux bouts de la terre. Et cet Homme sera la Paix [Michée 5:4]. Quand le dernier chef d’un grand pays, le leader des nations extérieures, entrera dans le pays, il n’y trouvera que de la puissance, au lieu de la faiblesse précédente [Michée 5:5]. Alors le pays de l’ennemi sera dévasté par rétorsion [Michée 5:6] ; et le résidu de Jacob ne sera pas seulement comme une rosée de bénédictions, au milieu de beaucoup de peuples, mais comme un lion parmi les bêtes de la forêt [Michée 5:7-8].

Ici encore, les souffrances à venir de Christ et les gloires qui suivraient n’étaient pas présentées de façon obscure. Quand on cherche diligemment et qu’on sonde comme les prophètes l’ont fait, il ne reste alors pas la moindre difficulté, spécialement pour ceux qui méditent les paroles merveilleuses d’Ésaïe 49:3-8, 50:4-9, 52:13-15, et Ésaïe 53 qui est le passage le plus détaillé et le plus lumineux de tous : les souffrances qui attendaient le Messie, et la gloire de Son peuple Israël. Il y a aussi dans És. 65:1, 2 une allusion cachée à un temps, une sorte singulière de temps, où Dieu serait trouvé par les Gentils insouciants, et trouverait en Israël un peuple rebelle et contredisant [Rom. 10:21], justement comme Moïse avait autrefois prédit (Deut. 32:21) que Dieu les exciterait à la jalousie par ce qui n’est pas un peuple, et les provoquerait à la colère par une nation insensée.

Or nous savons que même ceux qui furent bénis en voyant et entendant ce que beaucoup de prophètes et de rois avaient désiré voir et entendre [Matt. 13:17], ont très peu réalisé les indications claires et répétées du Seigneur au sujet de Sa mort prochaine dans le rejet et l’ignominie, au point qu’ils furent renversés quand cela arriva. Deux d’entre eux, qui n’étaient pas plus abattus que d’autres, disaient encore, le jour de la résurrection : «Nous espérions qu’Il était celui qui doit délivrer Israël» [Luc 24:21]. Ses souffrances pour la rédemption par son sang, étaient si loin d’entrer dans leur cœur, qu’elles étaient au contraire une pierre d’achoppement, alors que le Seigneur assurait à leurs âmes troublées que c’était le seul moyen compatible à la fois avec le caractère de Dieu et leurs nécessités morales à eux, et avec la vérité énoncée dans les Écritures. Il fallait un Christ souffrant et monté en haut : autant pour le chrétien en marche maintenant vers le ciel, que pour la bénédiction prochaine d’Israël et des nations sur la terre sous Son règne de gloire.

En fait, la première prédiction dans le premier livre de l’Écriture a déjà fait connaître à l’oreille instruite ce que les prophètes sondaient, et ce que l’apôtre déclare explicitement ici avec toute la clarté de la lumière de Christ mort, ressuscité, exalté et qui va bientôt apparaître en gloire. Les termes figuratifs [Gen. 3:15] sont compréhensibles et expressifs. La semence de la femme (en soi une expression aussi pleine de grâce que surprenante et unique) devrait avoir le talon brisé, mais elle-même briserait la tête du serpent : une victoire complète et définitive sur la puissance du mal, mais au travers d’une souffrance aiguë. Puis quand l’idolâtrie se fut répandue sur toutes les familles de la terre, la bénédiction pour elles fut promise dans la semence d’Abram en Genèse 12 ; et une lumière plus complète fut donnée en Gen. 22, où l’on voit le fils unique du père ressuscité des morts dans la même parabole qui commençait par le présenter comme l’agneau pourvu par Dieu comme holocauste. Là-dessus se rajoute le serment de l’Éternel qui permet de distinguer ce que l’apôtre Paul nous donne de comprendre : il y a d’une part la nombreuse semence qui possédera la porte de ses ennemis (selon la prophétie de l’Ancien Testament ; Gen. 22:17), et d’autre part la Semence sans nombre indiqué, «unique», en Laquelle toutes les nations de la terre seraient bénies [Gen. 22:18]. C’est cette dernière que Gal. 3 [v.16] applique à la grâce accordée maintenant aux Gentils comme à la fin aux Juifs qui auront cru. Quel témoignage rendu là aux «souffrances de Christ et aux gloires qui suivraient» !

Le même principe pourrait facilement être montré dans l’histoire de Joseph souffrant dans la fosse par la main de ses frères, puis vendu aux Gentils et incarcéré dans la prison des Gentils, à défaut d’être mis à mort ; puis exalté pour gouverner le monde, et exerçant alors sa puissance avec la même sagesse que celle manifestée dans l’humiliation précédente, et pour la gloire de celui qui était assis sur le trône. Nous sommes au minimum inexcusables si nous ne pouvons pas discerner clairement ce que les prophètes ont dûment recherché. Ajoutez à cela qu’il en fut ainsi avant qu’il se fasse connaître de ses frères coupables, dont il a pardonné les péchés en préservant leur vie autant que celle du monde égyptien qu’il gouvernait. Peut-on manquer de voir en cela une autre application de notre texte ? Il ne serait pas non plus difficile de retracer un nouveau témoignage anticipatif dans la bénédiction que Jacob mourant prononça sur ses fils, mais qui reste encore à accomplir pour la plus grande partie à la fin des jours, sans rentrer dans les détails.

La Genèse n’est pas seule à donner de tels témoignages. On pourrait en montrer dans les types d’Exode 12 et 14 et 15, et aussi tout le long des prophètes, des premiers aux derniers. Le livre des Psaumes est tout aussi riche du même témoignage rendu à l’avance à Christ. Les Psaumes 22 et 102 donnent un témoignage des plus profonds et des plus incontestables sur Ses souffrances et les gloires qui suivraient. Ceux-ci sont peut-être les plus complets, mais ils ne sont pourtant qu’une partie de ce qu’on trouve dans cette riche collection dont le Seigneur aimait à faire usage si parfaitement, et dans lesquels, en leur temps, les prophètes ne recherchaient pas en vain, malgré tout l’espace de temps qui les séparait.

 

2.8.6        [1:12 — l’Esprit de prophétie — autrefois et dans le futur]

Nous avons ensuite une indication intéressante sur les prophètes qui s’enquéraient ; son importance vaut autant pour nous que pour ceux auxquels l’apôtre s’adressait :

«et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous (*), qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel, dans lesquelles des anges désirent de regarder de près» (1:12).

 

(*) ὑμῖν («à vous» ou «pour vous») est attesté par les meilleures et les plus anciennes copies, avec la majorité des plus récentes et des versions bonnes et anciennes. « À nous » ou « pour nous » (ἡμῖν) semble si naturel qu’on n’a pas besoin d’être surpris que cette leçon apparaisse dans beaucoup de manuscrits cursifs, et certaines versions anciennes, repris par le Texte Reçu.

 

Il n’y a pas de distinction plus caractéristique que celle qui vient juste d’être mise en évidence. Le Saint Esprit a opéré dans ceux d’autrefois comme «l’Esprit de prophétie», et il opérera ainsi dans les jours à venir, comme nous l’apprenons en Apoc. 19:10. Nos frères qui auront le témoignage de Jésus à la fin de ce siècle au moment des conflits finaux, connaîtront l’action de l’Esprit d’une manière prophétique, non pas comme le seul Esprit qui nous a baptisés en un seul corps [1 Cor. 12:13], l’église, et qui demeure avec nous et en nous individuellement (Jean 14:17).

Ici le contraste [entre ces deux caractères de l’Esprit] est bien marqué. Il a été révélé aux prophètes de l’Ancien Testament que ce n’était pas pour eux, mais pour nous qu’ils administraient les choses annoncées maintenant aux fidèles par l’évangile. Ils ont prophétisé sur les privilèges dont nous jouissons maintenant. Le Saint-Esprit envoyé du ciel à la Pentecôte ne donne pas un témoignage prophétique à Jésus comme Il le fera alors. En tant que donné au chrétien, Il est un esprit de communion présente, d’une manière qui n’existait pas et ne pouvait pas exister jusqu’à ce que Christ soit venu et ait accompli la rédemption.

On admet pleinement que tous les saints d’autrefois étaient nés de Dieu. S’ils n’étaient pas nés d’eau et d’Esprit, ils n’auraient pas pu voir le royaume de Dieu ni y entrer, comme le Seigneur le dit à Nicodème. Or ceci n’est pas un privilège spécial au christianisme, comme le conçoivent certains hommes à courte vue. C’est aussi indispensable pour ce royaume de Dieu dans lequel beaucoup viendront d’Orient et d’Occident, et s’assiéront avec Abraham, Isaac et Jacob, ainsi qu’avec les anciens avant eux, et les prophètes et les saints après eux. La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité [1 Cor. 15:50]. Mais tous les enfants de Dieu sans exception y auront leur part, comme ceux qui sont de Christ seront ressuscités à Sa venue.

Les saints d’autrefois, avant la venue de Christ en chair et Sa souffrance une seule fois pour les péchés, ne pouvaient avoir davantage que «l’Esprit de prophétie». Il ressort de l’Apocalypse qu’il en sera de même pendant la crise apocalyptique, quand les saints célestes seront vus en haut, et que les saints Juifs et Gentils seront séparément appelés à rendre témoignage sur la terre durant la tribulation à venir. Tout ce qui est révélé d’eux dans ces scènes éprouvantes fait ressortir un témoignage et une expérience spécifiques, ressemblant dans le fond à ceux des fidèles d’autrefois à la foi desquels et par la foi desquels il était rendu témoignage ; mais ces fidèles de l’Apocalypse auront aussi la foi et le témoignage de Jésus, dans la mesure où cela leur sera donné. Leur attente sera Sa venue dans Son royaume. Mais rien n’indique qu’ils posséderont les privilèges individuels ou collectifs dont nous jouissons maintenant par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

Ils ne sauront pas que leurs corps sont membres de Christ (1 Cor. 6:15), ni qu’ils sont un temple du Dieu vivant (2 Cor 6:16) ; il ne pourront pas dire qu’ils ont revêtu Christ en qui ils sont tous un, ni qu’il ne peut y avoir ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni mâle ni femelle [Gal. 3:27, 28], ni qu’étant fils ils auraient l’Esprit du Fils de Dieu envoyé dans leur cœur criant « Abba, Père » (Galates 4:6). Ce serait un langage au-delà de leur intelligence d’entendre parler de la gloire de Sa grâce (dans laquelle nous sommes rendus agréables à Dieu dans le Bien-aimé), et encore plus de la plénitude de Celui qui remplit tout en tous (Éph. 1:23). Ils ne pourront pas non plus, comme Paul y exhortait les saints de Colosse, rendre grâces au Père qui les a rendus capables de participer à l’héritage des saints dans la lumière, qui les a délivrés du pouvoir des ténèbres et les a transportés dans le royaume du Fils de Son amour. Ils aspireront par la foi au futur glorieux qu’Il établira ; mais pour le présent ils devront jeûner et gémir. Les deux témoins prophétiseront (non pas prêcheront la grâce) vêtus de sacs, ayant le pouvoir de dévorer leurs ennemis par le feu, tuant ceux qui voudraient leur nuire — ayant aussi le pouvoir de fermer le ciel, le pouvoir sur les eaux et le pouvoir de frapper la terre jusqu’à la fin de leur témoignage. Ces actes sont symboliques et figurés, sans doute, mais ils relèvent d’un état de choses totalement étranger à celui du chrétien et de l’église.

 

2.8.7        [1:12 — la bonne nouvelle annoncée par l’Esprit envoyé du ciel]

Votre position est très différente, dit l’apôtre Pierre, car vous avez non seulement le témoignage prophétique d’autrefois, mais aussi la bonne nouvelle qui vous a été envoyée par le Saint-Esprit envoyé du ciel. Même les petits enfants de la famille ont une onction de la part du Saint et ils connaissent toutes choses (1 Jean 2:20) ; ils connaissent le Père, et savent que leurs péchés sont pardonnés pour l’amour du nom de Christ [JND : par Son nom]. Le chrétien demeure en Dieu et Dieu en lui : peut-il y avoir une bénédiction plus grande maintenant ? Le chrétien est scellé par le Saint-Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage. Nous sommes enfants de Dieu, rois et sacrificateurs. Nous sommes corps de Christ et Son épouse [fiancée]. Nous sommes célestes en droit, et sur le point de porter l’image du Céleste à Sa venue. Y a-t-il un privilège précieux, saint ou glorieux auquel nous n’avons pas accès ? Bref, comme le dit un autre apôtre, «toutes choses sont à vous» ; ce n’est pas que vous soyez quelque chose en vous-mêmes, mais Christ est toute la somme et la substance de la bénédiction. «Toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit monde, soit vie, soit mort, soit choses présentes, soit choses à venir : toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu» [1 Cor. 4:21-23]. Quel cercle, et quel centre !

Alors que le rejet de Christ prouvait que les Juifs revenus de Babylone étaient pires que leurs pères bannis et dispersés à cause de leur idolâtrie (selon la prédiction d’Ésaïe et d’autres), combien il est merveilleux que, à la croix, ce rejet ait été transformé par la grâce de Dieu en un pivot de toute bénédiction ! Et c’est de là que vient la justice de Dieu. Si elle est reçue par la foi maintenant (alors que le peuple est généralement aussi incrédule que les nations en général), le résidu selon l’élection de la grâce entre dans des bénédictions meilleures que si Christ avait été reçu et que Son royaume eût été manifesté. Car dans la sagesse divine, c’était la seule manière dont ces privilèges excellents pouvaient devenir la portion de croyants sur la terre, avec le privilège supplémentaire de souffrir, non seulement pour la justice, mais pour Son nom. Vraiment, comme dit l’épître aux Hébreux (11:40), Dieu a pourvu ou prévu «quelque chose de meilleur» pour nous.

Nous sommes dans l’intervalle de temps après que la propitiation a été faite, Christ a été exalté à la droite de Dieu, et le Saint-Esprit a été envoyé du ciel, — ce qui donne l’occasion et la base pour les privilèges spéciaux du chrétien et de l’église, aussi bien que pour l’évangile. Le Messie a été retranché et n’a rien eu (c’est-à-dire rien de Sa gloire messianique sur Sion et sur toute la terre) ; mais Il a été ressuscité des morts par la gloire du Père pour une gloire à Lui, nouvelle et supérieure ; et bientôt Il apparaîtra pour la gloire promise devant le monde. Le christianisme se situe dans cet intervalle entre Sa glorification et Son apparition (Cf. Jean 17:24, Apoc . 11:15).

Ainsi, les joies de la communion et la paix en Christ sont pleinement goûtées. L’amour a le champ entièrement libre, dans l’endurance de la souffrance pour le bien plutôt qu’à cause du mal, pour du service pris à cœur à la fois dans l’église et dans l’évangile. L’espérance acquiert à son tour son caractère le plus élevé, autant que l’intelligence spirituelle, tandis que nous attendons la venue de Christ et la gloire qui doit être révélée au dernier temps. Le nouvel état de bénédiction est si riche et si particulier que le Saint-Esprit, en plus d’éclairer les anciens oracles de Dieu, a édité un autre livre divin dans la langue principale des Gentils, et cette épître en fait partie. Il est écrit en grec, non pas en hébreu, alors même qu’il est adressé à des Juifs croyants ou aux douze tribus d’Israël. Il ne fallait rien moins que cela pour mettre correctement en évidence le nouvel ordre de choses qui commence par la venue et la mort expiatoire de Christ, et se termine par cette grande prophétie [de l’Apocalypse] ; celle-ci forme un couronnement de toutes les prédictions, et conclut de la meilleure manière toute la révélation de Dieu [le sens du mot Apocalypse est justement « Révélation »].

 

2.8.8        [1:12 — les choses dans lesquelles les anges désirent regarder de près]

Qui peut s’étonner de ce que le v. 12 se termine par «ces choses … dans lesquelles les anges désirent de regarder de près» ? Les anges ont été maintenus par le Fils. Ils ont été rendus capables de conserver leur premier état. Ils n’avaient pas besoin de rédemption comme les hommes coupables. Mais il leur fut permis, non seulement de crier de joie quand la pierre angulaire et les bases de la terre étaient posées [Job 38:6-7], mais aussi de louer Dieu dans la multitude de l’armée céleste à la naissance du Sauveur, en disant « Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts, et sur la terre, paix et bon plaisir dans les hommes ». Ce n’était pas qu’ils doutaient ; mais quel étonnement et quel effroi, et pourtant quel empressement en même temps, ont dû les remplir quand ils se penchaient pour comprendre ce que signifiaient Ses souffrances, et plus généralement Son humiliation, et les gloires qui suivaient ! Oh, quelles leçons à apprendre au sujet de Dieu dans des hommes, et par-dessus tout dans cet Homme unique qui a le mieux satisfait au plaisir divin dans l’humanité !

 

2.9       [Transition entre l’introduction et les exhortations]

L’exhortation commence ici et est fondée sur les versets précédents. Maintenant que Christ est venu et est monté au ciel, ayant porté nos péchés, les Juifs croyants étaient les objets d’une bénédiction riche et certaine, bien au-delà de ce dont leurs pères avaient joui avant ou depuis la loi.

La gloire n’était pas manifestée sur la terre comme les prophètes l’avaient prédite, mais cela aura un accomplissement effectif dans l’ère nouvelle. L’état actuel des saints sur la terre est un état intermédiaire avant cette ère nouvelle : la foi, l’amour et l’espérance ont leur plein exercice depuis que les souffrances qui devaient être la part de Christ se sont achevées et qu’Il a été reçu dans la gloire. Cet état se situe donc avant la révélation de Ses autres gloires à toute la terre, et même à l’univers. Notre vie est cachée en Dieu ; mais quand Lui sera manifesté, nous serons manifestés avec Lui en gloire. Les gloires après Ses souffrances ne sont donc pas complètes, mais dans une large mesure elles attendent Son apparition à la fin de l’ère présente, la fin de ce siècle.

Pourtant, la gloire dans laquelle Il siège déjà à la droite de Dieu a un impact considérable sur l’âme individuellement et sur l’église en tant que corps. C’est pourquoi déjà maintenant, nous nous réjouissons d’une joie ineffable et glorieuse ; car Christ, sa source, est glorifié, et nous, nous attendons de l’être, recevant déjà maintenant la fin de notre foi, un salut d’âmes, mais pas encore celui de nos corps. En attendant nous avons, pour notre profit, non seulement ce dont les prophètes ont témoigné auparavant, mais la lumière encore plus brillante de la vérité annoncée en Christ, et depuis Christ, par les apôtres et par d’autres lesquels ont annoncé la bonne nouvelle par la puissance de l’Esprit envoyé du ciel comme le Père et le Fils l’avaient promis. Voilà le christianisme, non pas une promesse, mais l’accomplissement de la rédemption par l’œuvre de Christ ; il est montré ailleurs que cette rédemption est pour les croyants Gentils autant que pour les Juifs, bien que, de manière appropriée, seuls ceux-ci soient ici destinataires du message de l’apôtre.

 

2.10  [Ch. 1:13 — Début des exhortations]

«C’est pourquoi, ayant ceint les reins de votre entendement et étant sobres, espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus-Christ» (1:13).

 

2.10.1    [1:13a — Allusion à la Pâque]

L’allusion du début de la phrase se rapporte à l’évidence à leurs ancêtres lors de la première pâque : un mémorial pour eux, une fête à l’Éternel à garder selon l’ordonnance pour toujours. «Vous en mangerez ainsi, vos reins ceints, vos sandales à vos pieds, et votre bâton à la main» [Ex. 12:11]. Ne sont-ce pas là des mots et des actes qui donnent une image très vivante d’un peuple préservé du jugement divin, et quittant à la hâte la maison de servitude pour un pays ruisselant de lait et de miel ? En Luc 12:35 le Seigneur employait la même figure, entre autres, pour inculquer à Ses disciples leur caractère de pèlerin en attendant Sa venue : sans prendre leurs aises, mais toujours prêts à faire de cœur Sa volonté selon l’image de leur ceinture à leurs reins.

 

2.10.2    [Les reins ceints]

En cas de service actif, on ne laissait pas flotter librement les vêtements, mais on les retroussait pour ne pas être gêné dans le travail. Il voulait maintenant que nos cœurs soient engagés sans que les affections vagabondent ni que les pensées soient distraites. La bénédiction est assurée à la foi ; nous aimons Celui qui nous a aimés le premier, et Lui nous a aimés avec un amour au-dessus de toute mesure ; pendant ce temps, la perspective qui est devant nous est glorieuse sans pareille.

L’expression de l’apôtre «les reins de votre entendement» [de leurs pensées] a été interprétée par certains pères de l’église comme faisant référence à la chasteté ; c’est inexcusable ; il faudrait pour cela une formule tout à fait différente. Il semble étrange que cette interprétation si inintelligente en soi et si impropre au contexte soit qualifiée par Calvin de réflexion philosophique raffinée sur les reins. C’est une importation d’idées impures, sans aucun fondement, peut-être naturelle chez des gens se piquant de beaux spectacles dans la chair, mais ne faisant que trahir un creux qu’on cherche à remplir par toutes sortes d’impuretés. Calvin quant à lui n’avait pas de doute sur un sens tout à fait différent, selon lequel le chrétien se dégage de tout obstacle au dévouement.

 

2.10.3    [Sobres]

Un autre terme suit immédiatement, de grande importance pratique : «étant sobre». D’après la forme de l’expression, il s’agit d’une habitude continuelle ; c’est d’autant plus fort que la formule de l’expression précédente, dont nous venons de nous occuper, implique précisément un acte fait et établi ; c’est également la force du terme «espérance» qui suit juste après. Ils avaient une fois pour toutes ceint les reins de leur entendement ; leur espérance était établie d’une manière décidée sur la grâce qui devait leur être apportée à l’apparition de Christ. La nature du cas demandait et expliquait que ces qualités soient des faits accomplis dans leurs âmes. La sobriété en question réclamait une diligence incessante.

Car dans l’évangile et dans la vérité maintenant pleinement révélée, il y a bien de quoi conduire naturellement à un très grand enthousiasme. Cela a frappé les observateurs extérieurs dès le jour de la naissance de l’église. Tous furent stupéfaits et perplexes en entendant les Galiléens annoncer dans les diverses langues des Gentils les choses magnifiques de Dieu. Certains se moquèrent en disant : « ils sont pleins de vin doux ». Outre cette manifestation frappante de la grâce, même si elle était désagréablement dénigrée, combien il y a dans le christianisme quand on le réalise, de quoi remplir les cœurs et les bouches jusqu’à les faire déborder ! Même Paul qui était si sage pouvait dire : «Si nous sommes hors de nous, c’est pour Dieu ; si nous sommes de sens rassis [= sobres], c’est pour vous» (2 Cor. 5:13). Sans doute, ce qui est exprimé ici est une pensée apparentée, celle de la discrétion ; mais c’est au fond la même vérité. Devant Dieu et envers Lui, le cœur peut justement éclater en extase ; mais quand nous pensons aux hommes et même aux saints, il nous convient d’être plus réservés.

C’est pourquoi le même apôtre exhortait les saints à Éphèse à se garder de causes excitantes. «Ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution, mais soyez remplis de l’Esprit» [Éph. 5:18]. Quand l’Esprit devient la source et la puissance de tout en nous, les actes extérieurs doivent être selon les pensées de Dieu. Notre chant même doit avoir un caractère qui plaise à Celui que nous louons, n’étant nullement détourné par la suavité du son, mais chanté avec l’esprit et avec l’intelligence.

Il s’ensuit qu’«être sobre» nous est imposé comme un devoir continu. C’est, comme tous l’admettent, une manière naturelle d’exprimer qu’on s’abstient de toute ivresse, autrement dit pour le chrétien qu’il évite tout ce qui peut exciter la chair ou l’esprit. Les jeunes croyants de Thessalonique sont ainsi exhortés : «Ne dormons donc pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres (le même mot qu’ici), car ceux qui dorment, dorment la nuit et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit ; mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtant la cuirasse de la foi et de l’amour, et pour casque, l’espérance du salut» [1 Thes. 5:6-8]. En 1 Pierre 4:7 cette même exhortation est donnée à cause de ce que la fin de toutes choses s’est approchée : «Soyez donc sobres, et veillez pour prier» (même chose en 5:8). La forme de la phrase n’implique pas alors [4:7] une habitude constante, mais une attitude de l’âme due à la solennité de la situation. Les deux appels ont leur importance. L’appel de 1:13 est fondé sur ce que notre part est une rédemption connue, tandis que nous voyageons à travers le désert de ce monde avec une attente digne de ce que Dieu nous a déjà donné en Christ.

 

2.10.4     [1:13b — Espérez parfaitement]

Il passe ensuite aux paroles suivantes : «Espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus-Christ». On ne peut douter que c’est la gloire qui est sur le point de nous être révélée, selon l’expression de l’épître aux Romains (8:18, 19) : « la révélation des fils de Dieu ». L’apôtre Pierre ne va pas au-delà de cette félicité suprême décrite comme «la grâce qui doit être apportée» en ce jour-là. Il ne s’étend pas, comme Paul le fait en 1 Thess. 4, sur le stade préliminaire et l’action spéciale du Seigneur descendant du ciel avec le cri de commandement qui rassemblera les Siens, morts ou vivants, pour Le rencontrer en l’air. Notre épître insiste sur la manifestation des saints avec Christ en gloire sans nous dire comment ce merveilleux résultat doit être effectué.

Cela est si béni en soi et si efficace déjà maintenant pour le bien-être de l’âme, que l’apôtre commande aux saints d’«espérer parfaitement» dans la grâce qui sera alors ainsi apportée. La version autorisée anglaise KJV dit : «Espérez jusqu’à la fin», et c’est ainsi que beaucoup le comprennent ; mais cela semble en deçà de ce que veut dire l’adverbe [parfaitement] ; il n’y a aucune raison suffisante pour s’écarter du sens simple. Il est probable que les traducteurs se sont retenus de faire le lien entre la perfection et une espérance qui fluctue trop souvent, ou même qui est souvent indéfinie et faible. Ils ont préféré «jusqu’à la fin».

Or le but de l’Esprit est apparemment de révéler la gloire à venir dans sa puissance, sa grandeur et sa félicité, afin qu’elle soit considérée comme faisant partie de la grâce que nous avons connue pour nos âmes dans la mort et la résurrection de Christ, et le repos que nous attendons pour nos corps. En effet, nous serons conformes à l’image du Fils de Dieu, le Premier-né entre plusieurs frères. La grâce qui nous sera apportée en ce jour-là est un objet convenable pour notre espérance, qu’il faut avoir une fois pour toutes et parfaitement ; tout comme en Heb. 10 (v. 22) nous sommes maintenant appelés à nous approcher avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’eau pure. Car le voile est déchiré ; et nous qui croyons avons pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus. Il se peut qu’aucun de ceux auxquels Pierre s’adressait, n’espérait «parfaitement» que cette grâce vienne, aussi sûrement que celle qui était déjà apparue ; mais le but de ce passage de l’Écriture était d’inviter, et même d’insister là-dessus. Pourquoi les saints ne devraient-ils pas chérir l’espérance pleinement et sans hésitation ? Celui qui a promis accomplira certainement ce qu’Il a promis. Toutes les carences dans l’espérance, traitons-les comme des torts faits à Sa grâce et à Sa vérité.

 

2.10.5    [1:13b — la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus  Christ]

Il peut sembler étrange qu’au sujet de la grâce qui sera apportée à la révélation de Christ, l’apôtre Pierre n’écrive ici qu’à ceux qui croient maintenant [ : qui vous sera apportée]. Les prophètes en parlent, comme on peut le voir avec toute clarté en És. 8:13-18. L’épître est tout du long dirigée vers cette grâce apportée à la révélation de Christ à ceux qui croient, plutôt que vers le témoignage prophétique beaucoup plus commun rendu à la bénédiction manifeste et largement répandue lorsque Christ entrera dans Son royaume en puissance et en gloire. Alors tout Israël sera sauvé ; leur réception et leur plénitude sera «la vie d’entre les morts» pour le monde entier [Rom. 11:15]. Mais cela n’aurait pas été de la nourriture au temps convenable [Matt. 24:45 ; Ps. 104:27] pour le résidu croyant auquel Pierre s’adressait ici. Par conséquent, il s’abstient de tout développement sur ce sujet qui remplit les prophètes, et il en reste simplement à leur propre portion chrétienne à la révélation de Christ. C’est ce dont ils avaient besoin, et ce que le Saint-Esprit lui a donné d’administrer. Comparez le [«vous» du] verset 4 qui précède. Ce qu’il en sera bientôt pour Israël et les nations sur la terre, les prophètes le déclarent pleinement d’Ésaïe à Malachie, on pourrait même dire depuis Moïse.

 

2.11  [Ch. 1:14-16 — ]

«Un si grand salut» [Héb. 2:3] réclame une décision ferme et une sobriété sérieuse [1:13], illuminées par une espérance parfaite qui ne fait pas honte. Or l’apôtre insiste ensuite sur une qualité [la sainteté] de la vie nouvelle que nous avons en Christ qui est à la fois indispensable pour le saint et due à Dieu.

«Comme des enfants d’obéissance, ne vous conformez pas à vos convoitises d’autrefois pendant votre ignorance, mais comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, parce qu’il est écrit : Soyez saints, car moi je suis saint» (1:14-16).

 

2.11.1    [1:14a — enfants d’obéissance]

Le chrétien est caractérisé comme étant un enfant d’obéissance. C’est beaucoup plus énergique que «enfants obéissants» de la version autorisée anglaise KJV, tandis qu’elle qualifie à juste titre des gens dans leur état irrégénéré d’enfants (ou plutôt de fils) de désobéissance (Éph. 2:2 ; Col. 3:6). La tendance habituelle de la nature déchue est de désobéir à Dieu. Or au contraire, une fois sanctifiés par l’Esprit, on est sanctifié pour l’obéissance, une obéissance d’enfant, comme on la voit en perfection dans notre Seigneur Jésus. Comme Il est à la fois notre modèle et notre vie, c’est pour Son obéissance que nous sommes mis à part, non moins que pour l’aspersion de Son sang [11:2]. Vivifiés par la foi de Christ, nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes comme les Gentils, ni placés sous la loi comme les Juifs ; mais nous sommes assujettis à Christ, et à Sa parole comme la loi parfaite de la liberté, comme Sa viande qui était de faire la volonté du Père qui L’avait envoyé.

Il était d’autant plus important de le dire ici, que l’apôtre s’adressait à ceux de la circoncision qui avaient cru. Il y a toujours le danger de réaction. Ils auraient pu glisser dans l’illusion que toute direction avait disparu parce que la loi elle-même avait disparu — dans une simple négation des directions pour ceux qui étaient délivrés de l’esclavage de la loi. Mais Christ libère de la loi seulement pour conduire à une obéissance constante beaucoup plus profonde et plus complète. Ainsi en Rom. 8, l’apôtre enseignait aux saints de Rome, Juifs ou Gentils, que si la loi de l’Esprit de vie en Jésus Christ (cet Esprit est notre loi) affranchit de la loi du péché et de la mort (loi contre laquelle Israël aussi bien que l’homme se débattaient en vain), c’est par la rédemption que la juste exigence de la loi (τὸ δικαιωμα) peut être accomplie en nous qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l’Esprit. Et cette marche est uniquement celle de l’obéissance. Nous ne sommes pas à nous-mêmes, mais nous avons été achetés à prix, et quel prix ! «Glorifiez donc Dieu dans votre corps» [1 Cor. 6:20]. Nous sommes les affranchis du Seigneur, alors que nous avions été esclaves ; nous sommes esclaves de Christ, même si nous avions été les plus libres des hommes libres. Le chrétien renie son maître et sa position, s’il revendique d’être indépendant de Son autorité et de Sa parole. Plus le chrétien connaît ses privilèges, plus il a l’obligation d’obéir. Juif ou Gentil, il était autrefois fils de la désobéissance ; il est maintenant enfant d’obéissance ; qu’il soit conséquent avec cela. «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres» [Jean 8:36]. L’apôtre Jean ne fait que confirmer et compléter Paul et Pierre.

 

2.11.2     [1:14b — abandonner les convoitises du temps de l’ignorance]

Voilà donc le grand principe directeur ; et il faut qu’il en soit ainsi, sinon les enfants de Dieu seraient dans une indépendance contre nature à l’égard de Dieu Lui-même ; ils deviendraient comme des maitres, renversant le plus haut de tous les droits. Or il est important de se méfier des habitudes anciennes dont on n’a pas suffisamment pesé le rôle quand il y a eu la nouvelle relation chrétienne ; car les habitudes sont susceptibles de reprendre de la vigueur et avoir une mauvaise influence quand la vérité a perdu dans l’âme la fraîcheur que l’Esprit maintient lorsqu’Il n’est pas attristé. C’est pourquoi il est ajouté ici : «ne vous conformez pas à vos convoitises d’autrefois pendant votre ignorance». Quand on ne voyait pas la Vraie Lumière, l’ignorance du cœur vis-à-vis de Dieu était extrême. Il ne s’agit pas ici d’une comparaison entre Juifs et païens, mais de l’état réel dévoilé devant Lui, lorsqu’on ne connaissait pas plus l’amour divin que la lumière. Quelle croissance nauséabonde des convoitises dans cette ignorance ! Ils avaient maintenant d’autant plus à veiller à ne pas se conformer à ce qui déshonore Christ, du fait qu’ils étaient eux-mêmes engendrés [régénérés] de Son Dieu et Père pour une espérance vivante [1:3]. Si la puissance de Dieu seule garde, c’est par la foi, ce qui implique un cœur simple et soumis à Sa parole. Ceux qui traversent encore le désert ont besoin d’être sur leurs gardes, dans la vigilance et le jugement de soi-même.

 

2.11.3    [1:15 — soyez saints comme votre Père est saint]

Une autre considération suit qui fait lever les yeux encore plus haut. «Mais comme Celui qui vous a appelés est saint, soyez saints dans toute votre conduite». Celui qui les avait appelés des ténèbres à Sa merveilleuse lumière (2:9) est saint. Celui qui les avait appelés par Sa grâce à Sa gloire éternelle dans le Christ Jésus (5:10) est saint. Il est exactement le Même à chaque étape du dangereux voyage qu’ils parcouraient. Ils étaient même, maintenant, dans une relation très proche avec Lui en tant qu’objets de Son amour, — relation dont le peuple d’autrefois n’avait qu’une ombre. La relation qu’avait ce peuple autrefois était nationale, charnelle et temporelle, bien que la foi individuelle ait percé jusqu’à Celui qui vient et jusqu’aux choses meilleures et durables. Maintenant la relation était nettement de caractère personnel et éternel. Pour le peuple, le pays et le monde, Jésus était le Christ rejeté ; on entrevoyait des gloires plus élevées et plus vastes, une grâce plus complète et plus intime. «Il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors. Quand Il a mis dehors toutes Ses propres brebis, Il va devant elles ; et les brebis Le suivent ; car elles connaissent Sa voix» [Jean 10:3-4]. Les plus haut-placés quant à leur position terrestre pouvait revendiquer ou appeler ailleurs ; mais ils n’étaient que des étrangers pour ceux qui avaient entendu la voix de Christ rejeté. «Et elles ne suivent pas un étranger ; car elles ne connaissent pas la voix des étrangers» [Jean 10:5]. Est-ce étonnant ? Lui est la porte qui ouvre à toutes les bénédictions. «Si quelqu’un entre par Moi, il sera sauvé ; il entrera, et il sortira et il trouvera de la pâture» [Jean 10:9]. Qui d’autre que Lui pouvait dire en vérité : «Je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance» ? [Jean 10:10]. C’est ce qui a lieu maintenant dans la puissance de Sa résurrection (1:3). Si Celui qui les a appelés est saint, combien il est essentiel qu’ils chérissent le même caractère de séparation du mal, et une séparation pour être vers Lui, sans restriction ni limite ? «Soyez saints dans toute votre conduite».

 

2.11.4     [1:16 — il est écrit : soyez saints… ]

Était-ce une exigence inouïe de la part de Dieu ? Loin de là. Même quand, comme Éternel, Il gouvernait un peuple selon la chair, il ne pouvait en être autrement : «Parce qu’il est écrit : Soyez saints, car Moi je suis saint». L’apôtre cite Lév. 11:44 ; voir aussi Lév. 19:2 ; 20:7, 26. Sans doute, selon Héb. 9:10, le système Lévitique ne consistait qu’en viandes, breuvages et ablutions diverses, des ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement. Christ a apporté en Sa personne la grâce et la vérité, et en conséquence la rédemption nous rend capables de marcher selon l’Esprit. Ce sont maintenant les enfants, non pas les enfants des pères, mais les enfants de Dieu le Père, et leur position n’est pas dans la chair, mais en Christ. La sainteté s’élève selon la position et la relation.

Si le principe en soi est ainsi invariable, le caractère de la sainteté est en rapport avec et en proportion de la bénédiction qui a été conférée. Du fait qu’il n’y a pas de limites à la grâce et à la vérité reçues quand on reçoit Christ, la sainteté doit donc être en rapport avec le Saint révélé dans le Fils de Dieu. Dieu est lumière, et en Lui il n’y a pas de ténèbres [1 Jean 1:5]. Christ est la lumière, non seulement des Juifs, mais du monde entier [Jean 8]. C’est pourquoi celui qui Le suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie [Jean 8:12]. L’homme naturel, quelle que soit son intelligence, ne s’élève jamais à ce niveau ; s’il professe le christianisme, ce qui est souvent le cas, c’est sans réalité. «Si nous disons que nous avons communion avec Lui et que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons et ne pratiquons pas la vérité» [1 Jean 1:6]. Le croyant seul a la réalité en Christ, d’où le contraste : «mais si nous marchons dans la lumière comme Lui est dans la lumière (et tout vrai chrétien y marche), nous avons communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché» [1 Jean 1:7].

Nous savons tous combien on argumente souvent que cette marche dans la lumière est une condition. Bien sûr, c’est le cas quand il est dit : «Si nous marchons», etc. Mais ce que la plupart de ceux qui parlent ainsi, méconnaissent, c’est que c’est la condition pour être un chrétien, non pas un chrétien de nom seulement, mais un chrétien en action et en vérité. L’apôtre Jean ne veut nullement parler de vrais saints par rapport à d’autres. C’est la condition de ceux qui sont amenés à Dieu. C’est le privilège incontestable de tous les fidèles qui suivent Christ, à moins qu’on ne prétende qu’aucune âme fidèle ne Le suit. Il n’est pas question de marcher selon la lumière, ce qui admet des degrés divers, mais de marcher dans la lumière, ce qui appartient pareillement à tous ceux qui étaient autrefois ténèbres, mais qui maintenant sont lumière dans le Seigneur [Éph. 5:8]. Ils sont donc exhortés à marcher comme des enfants de la lumière. Mais Jean exprime la condition nécessaire impliquée : si nous marchons dans la lumière comme Dieu est dans la lumière (ce qui est vrai de tous ceux qui suivent vraiment le Seigneur Jésus), alors nous avons ces autres privilèges. Car tous ces privilèges vont maintenant ensemble, comme un don de la grâce divine : nous avons communion les uns avec les autres ; et le sang de Jésus nous purifie de tout péché. Ils sont la jouissance constante de tous ceux qui marchent dans la lumière, comme le font tous ceux qui sont à Christ.

De même, dans cette épître de Pierre, l’exhortation à la sainteté s’adresse à tous. Si en principe tous sont pareillement sanctifiés de l’Esprit selon le v. 2, au v. 15 il est enjoint à tous d’être saint, parce que le Dieu qui les a appelés est saint. Ici, c’est la sainteté en pratique, sans laquelle personne ne verra le Seigneur (comme Héb. 12:14 l’assure solennellement). Si vous vivez selon la chair, vous mourrez (Rom. 8:13). Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu (1 Cor. 6:9) ? Celui qui sème pour sa propre chair, moissonnera de la chair la corruption (Gal. 6:8). Nous n’avons sûrement pas besoin de citer davantage ces avertissements solennels.

Il est bon de se garder d’un mauvais usage de ce texte et d’autres, comme si la parole de Dieu appuyait l’enseignement erroné de la perfection dans la chair, qu’on appelle aussi la sanctification sans péché, enseignée par Thomas A Kempis et d’autres Romanistes, par Jér. Taylor et W. Law, par John Wesley et ses adeptes, ou par l’école américaine de la soi-disant sainteté supérieure, avec ses variantes en Grande-Bretagne depuis qu’elle a été discréditée. Rien ne peut être plus clair que ce passage de l’Écriture qui exhorte le peuple de Dieu, ou Ses enfants comme nous disons maintenant, à être saints parce que Lui est saint. C’est un appel adressé à tous. La fausse déduction est qu’il existe un état atteint par une foi spéciale chez certains. Cela a conduit John Wesley, si ma mémoire est bonne, à citer à tort : «saint comme Dieu est saint». Ce qui est écrit est la raison que Dieu prescrit : Il requiert une cohérence pratique avec Lui chez ceux qui sont Siens. Rien ne peut être plus sûr, rempli de convenance, et nécessaire. Mais quant à être saints comme Lui est saint, c’est en tout cas une méprise, et c’est coupable des pensées les plus présomptueuses, si ce n’est d’erreur blasphématoire.

Peut-être que ce qui courait dans la tête du brave homme était l’injonction de notre Seigneur en Matt. 5:48 : «Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait». Mais ce texte n’a aucun lien réel avec le but pour lequel cela est produit. Car notre Seigneur insiste simplement sur la grâce envers les hommes méchants que Ses disciples doivent cultiver selon le modèle de leur Père céleste qui fait luire Son soleil sur les bons comme sur les méchants, et qui envoie la pluie sur les justes et sur les injustes. Qu’est-ce que cela a à voir avec la question du vieil homme chez les croyants ? Il y a une puissance dans l’Esprit qui nous est donné contre tous les maux ; mais cette affirmation est très distincte du fait d’admettre que le péché est éteint et a disparu de certains saints sur la terre. On devrait ne jamais le laisser agir.

 

2.12  [Ch. 1:17 — ]

Mais il est insisté sur d’autres considérations de caractère spécifiquement chrétien, qui ajoutent un poids et une puissance immenses à la nouvelle responsabilité et à la consolation et à la joie de ceux qui appartiennent à Christ.

«Et si vous invoquez comme Père celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’œuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas» (1:17).

 

2.12.1    [Si vous invoquez comme Père]

Comme l’Éternel était le nom divin en relation avec Israël, le Père l’est pour le chrétien ; et Il est Père, non pas dans le sens vulgaire de celui dont on tire le souffle, comme la paternité d’Adam vis-à-vis de sa race (Luc 3:38, Actes 17:29), mais dans le sens d’une proximité spirituelle spéciale dans laquelle Christ ressuscité a amené le croyant. «Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» [Jean 20]. Il avait préparé les disciples pour cela tout au long de Son ministère. Rejeté par les Juifs, Il se détourna de Sa parenté selon la chair, et dit : «Voici ma mère et mes frères, car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère» (Matt. 12:49, 50). Mais maintenant que la rédemption a été accomplie et acceptée comme un fait nouveau établi, maintenant que la purification des péchés est faite et que la vie est donnée en abondance par Sa résurrection, Il peut annoncer de manière précise que Ses frères entrent dans les mêmes relations qu’Il a eues comme ressuscité des morts et prenant Sa place en haut. C’est ce qu’Il avait anticipé en ouvrant Son cœur au Père seulement quelques jours avant, eux l’entendant : «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux» [Jean 17:26]. Ceci est le christianisme, non pas dans l’expiation (aussi vraie et nécessaire qu’elle soit à cause de nos péchés et de notre ruine), mais dans son excellence positive et dans notre place spéciale et appropriée selon les conseils et l’amour de Dieu.

Aux pères qui habitaient dans des tentes avec rien d’autre que Ses promesses, Il s’était révélé comme le Dieu Tout-Puissant, El-Shaddaï, leur Protecteur sûr et suffisant au milieu de peuples qu’ils devaient déposséder en temps voulu. Quand vint le temps de faire sortir Israël de la fournaise de fer, de l’Égypte, Il donna le nom d’Éternel comme leur Gouverneur immuable, Lui étant leur Dieu et eux étant Son peuple. « Car quelle est la grande nation (demandait Moïse) qui ait Dieu près d’elle, comme l’Éternel, notre Dieu, [est près de nous], dans tout ce pour quoi nous l’invoquons ? » — « Dieu a-t-il essayé de venir prendre pour lui une nation du milieu d’une nation, par des épreuves, par des signes, et par des prodiges, et par la guerre, et à main forte, et à bras étendu, et par de grandes terreurs, selon tout ce que l’Éternel, votre Dieu, a fait pour vous en Égypte, sous tes yeux ? Cela t’a été montré, afin que tu connusses que l’Éternel est Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui. Des cieux, il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire, et, sur la terre, il t’a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu. Et parce qu’il a aimé tes pères, et qu’il a choisi leur semence après eux, il t’a fait sortir d’Égypte par sa face, par sa grande puissance, pour déposséder devant toi des nations plus grandes et plus fortes que toi, pour t’introduire dans leur pays, afin de te le donner en héritage, comme [il paraît] aujourd’hui. Sache donc aujourd’hui, et médite en ton cœur, que l’Éternel est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas : il n’y en a point d’autre» (Deut. 4:7, 34-39).

C’était en effet la meilleure portion qu’une nation puisse avoir ici-bas jusqu’à ce que le Messie règne sur eux, et que la nouvelle alliance soit faite avec les maisons d’Israël et de Juda. Mais auparavant, le Messie est venu pour un but plus profond, plus saint et plus merveilleux — souffrir pour le péché, et pour les péchés de tous ceux qui croient, à la gloire de Dieu. La croix de Christ, où Il a souffert de la part de Dieu aussi bien que de la part de l’homme, a donné lieu à une œuvre divine dépassant tout ce qui a jamais été fait ou pourra être fait de nouveau. C’est de cette manière si étrange aux yeux des hommes, que non seulement le Fils de l’homme a été glorifié, mais que Dieu a été glorifié en Celui que l’homme méprisait et que la nation abhorrait [És. 49:7]. C’est pourquoi Dieu L’a glorifié en Lui-même, et L’a glorifié immédiatement [Jean 13:31-32], au lieu qu’Il soit glorifié dans Son royaume en manifestation de puissance, selon ce qu’Il attend en temps voulu. Mais dans et par Ses souffrances sur la croix, l’expiation a été faite ; et ressuscité d’entre les morts, Il a pu révéler et a révélé dans toute Sa plénitude le nom de Son Père et notre Père, de Son Dieu et notre Dieu, — de sorte que nous pouvons L’invoquer Lui-même comme tel, dans une proximité bénie que jusqu’alors les fidèles ne s’étaient jamais appropriée, une proximité qui n’avait même jamais été possible auparavant sinon pour notre Seigneur Lui-même.

Cependant il est extrêmement important de reconnaître que l’amour divin n’affaiblit jamais notre sens de la lumière divine, mais qu’il le fortifie réellement et puissamment. Cela effraie l’humanité déchue. L’état de péché conscient nous fait fuir Dieu, jusqu’à ce que nous sachions que nous avons été purifiés une fois pour toutes par un sacrifice. Combien tout est changé quand, non seulement nous nous repentons et croyons, mais nous nous reposons sur le sacrifice unique de Christ, par lequel Il a rendu parfait à perpétuité (εἰς τὸ διηνεκὲς) ceux qui sont sanctifiés ! Alors nous, en tant qu’enfants de lumière, nous marchons dans la lumière, et nous éprouvons que c’est aussi salutaire que merveilleux. Nous sommes donc reconnaissants pour la manière dont notre Dieu et Père est avec nous dans un monde de danger, de ténèbres, de tromperie, de propre volonté et de rébellion contre Sa volonté et Sa parole. Car Il «juge sans acception de personnes selon l’œuvre de chacun».

C’est ainsi que le Seigneur Lui-même a enseigné en Jean 15, en parlant de Lui-même comme le vrai cep de vigne, et de Ses disciples comme les sarments. «Mon Père est le vigneron ; et tout sarment en Moi qui ne porte pas de fruit, Il l’ôte ; et tout sarment qui porte du fruit, Il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit» [Jean 15:1-2]. Ceux qui restaient autour de Lui étaient déjà nets, à cause de la parole qu’Il leur avait dite [Jean 15:3] ; beaucoup s’étaient retirés et ne marchaient plus avec Lui [Jean 6:66] ; ils trébuchaient sur la Parole, étant désobéissants [1 Pierre 2:8]. Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui devait Le trahir. Le cep de vigne représente la relation extérieure, et les branches représentent ceux qui portent Son nom en vérité ou non. Ce n’est pas une question de vie éternelle ni d’union avec Lui glorifié. Il s’agit d’une position bénie sur terre où l’on s’attache à Lui et on porte du fruit, et tout vrai saint en fait l’expérience ; mais il se peut que ce soit seulement intellectuel ou extérieur, et on est alors incapable de supporter la parole et de vaincre le monde, et d’une manière ou d’une autre cela mène à la ruine. Le croyant, lui, accueille de bon cœur les soins du Père et porte plus de fruit. Même s’Il châtie, c’est une main de Père, et une preuve de Son amour, le contraire même du rejet de l’égaré. «Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le père ne discipline pas ? Mais si vous êtes sans [la] discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils» [Héb. 12:7-8]. Le Père des esprits ne peut faire aucune erreur, comme peuvent en avoir fait nos parents que nous respectons ; Il ne manque pas de nous châtier pour notre profit, afin que nous participions à Sa sainteté (Héb. 12:7-10). Homme ou femme, jeune ou vieux, pauvre ou riche, Il juge selon l’œuvre de chacun. Il n’y a pas de partialité chez Lui ; il y a un amour de Père dans la lumière.

 

2.12.2    [Celui… qui juge — jugement du Père / jugement du Fils de l’homme]

La forme verbale de l’expression «Celui… qui juge» [1:17] exprime ici, non le principe abstrait, mais Son action effective en rapport spécifiquement avec le temps de notre séjour ici-bas. Il est extraordinairement audacieux prétendre le contraire au vu de Jean 5:22 et de son contexte ; là notre Seigneur enseigne que le Fils vivifie en communion avec le Père, mais que tout jugement Lui a été confié parce qu’Il est Fils de l’homme. Lui seul, parmi les Personnes dans la Déité, est devenu homme et a souffert à l’extrême dans cette humiliation ; Il est donc seul à avoir l’autorité d’exécuter le jugement (au sens final et éternel) dans cette nature-là. Ceci est établi sans le moindre doute parce que le Seigneur déclare que le croyant ne vient pas en jugement, par un acte solennel dont Il parle, tandis qu’il est certain que tout croyant est soumis au jugement que le Père exerce pendant que nous sommes ici-bas. Il ne s’agit pas de cet acte futur du jugement de Dieu exercé sans aucun doute par Jésus Christ le Seigneur (Rom. 2:16 ; 14:10) ; cet acte n’est pas le fait du Père, mais du Fils de l’homme. Mais c’est le Père qui juge maintenant selon l’œuvre de chaque saint dans le temps de son séjour ici-bas.

 

2.12.3    [Conduisez-vous avec crainte]

Le fait que ce passage de l’Écriture ne va pas plus loin que l’examen actuel par le Père est évident d’après l’exhortation qui suit : «Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas». À l’apparition de Christ, il ne sera plus question de séjour pour ceux auxquels Pierre s’adressait ni pour d’autres comme eux. Tout temps de séjour sera terminé. Le pèlerinage dans le désert fera place à la demeure dans la cité qui demeure, la cité à venir. Il n’y aura plus ces afflictions qui nous sont nécessaires, mais la louange, la gloire et l’honneur, avec l’héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable. Mais maintenant notre responsabilité en tant que chrétiens est de nous conduire « avec crainte » vis-à-vis de notre Père et Dieu, dont la parole est vivante et opérante, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle discerne les pensées et les intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée à Ses yeux ; mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons affaire [Héb. 4:14-16].

Il peut être utile, même si ce n’est guère nécessaire, de dire que la crainte prescrite au croyant durant le temps de sa course terrestre, n’est pas du tout en contradiction avec la jouissance de l’amour de notre Père, mais au contraire elle l’accompagne de manière inséparable. «Il y a pardon auprès de Toi, afin que Tu sois craint» selon Psaume 130:4. C’est pourquoi «bienheureux l’homme qui craint l’Éternel et qui prend un grand plaisir en ses commandements» (Ps. 112:1). Non seulement «la crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse» (Prov. 1:7), mais «bienheureux est l’homme qui craint continuellement» (Prov. 28:14). C’est en contraste avec celui qui endurcit son cœur, qui tombera dans le malheur.

La peur naturelle de l’incrédulité se méfie de Dieu et Le déteste en réalité. Jean en parle dans sa première épître (4:18), comme étant incompatible autant avec l’amour qu’avec la foi et l’espérance, bref avec la connaissance de Dieu et de Son Fils. «Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait [le Sien, pas le nôtre] chasse la crainte, parce que la crainte porte avec elle du tourment ; et celui qui craint n’est pas consommé [rendu parfait] dans l’amour. Nous, nous L’aimons parce que Lui nous a aimés le premier» [1 Jean 4:18-19]. Un vrai esprit filial a de la crainte vis-à-vis du commandement ; quiconque méprise la Parole aura à en rendre compte. Dans la crainte de Dieu, il y a une grande confiance, car Il regarde à l’homme qui tremble à Sa parole [És. 66:2]. Aucun privilège de grâce n’est censé entraver ou affaiblir cette crainte et ce respect pieux. Nous rendrons compte de tout ce qui a été fait dans le corps devant le tribunal de Christ, et nous recevrons en conséquence. Mais pour nous qui croyons, ce n’est pas le jugement, car la grâce nous en préserve.

Avec ceux qui avaient reçu l’évangile à Corinthe, l’apôtre Paul parle d’être «dans la crainte et dans un grand tremblement» [1 Cor. 2:3], bien que dans une pleine assurance de foi et dans des travaux aussi abondants que son amour ; et dans la deuxième épître, il loue les saints d’avoir accueilli Tite avec crainte et tremblement (2 Cor. 7:15), pour la consolation et la joie de son compagnon d’œuvre. Quel contraste avec le serviteur méchant et paresseux de la parabole ! Ce dernier est décrit par le Seigneur comme ayant peur de son Maître plein de grâce, Le considérant comme «un homme dur», et c’est pourquoi il cacha son talent dans la terre, au lieu de l’utiliser fidèlement au service du Maître, pour le bien des autres et comptant sur Son amour !

Quelqu’un a écrit il y a plusieurs siècles : «Cette peur n’est pas de la lâcheté, elle ne dévalorise pas, mais elle élève les pensées ; car elle engloutit toutes les peurs de bas niveau et engendre la vraie force et le vrai courage pour faire face à tous les dangers dans l’obéissance à Dieu et avec une bonne conscience. «Les justes sont pleins d’assurance comme un jeune lion» (Prov. 28:1) : il ose faire n’importe quoi sauf offenser Dieu ; or pareille audace, c’est dans le monde la pire folie, vilénie et faiblesse. C’est de cette crainte de Dieu qu’ont jailli toutes les résolutions généreuses et les souffrances patientes des saints et des martyrs de Dieu, parce qu’ils n’osaient pas pécher contre Lui ; c’est pourquoi ils prirent le risque d’être emprisonnés, appauvris, torturés, et de mourir pour Lui. Le prophète (Ésaïe 8:12, 13) oppose ainsi la peur charnelle et la crainte pieuse, l’une excluant l’autre. Et notre Sauveur (Luc 12:4) disait : «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps ; mais craignez Celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne : oui, je vous dis, craignez-le !» N’ayez pas peur, mais craignez ; par conséquent, craignez de ne pas craindre» (R. Leighton in loco, Jerment’s ed. I, 133, 4).

La crainte dans laquelle les saints sont exhortés à passer le temps de leur séjour ici-bas est aussi éloignée que possible du doute quant à leur âme et de la méfiance à l’égard de la grâce de Dieu ; ces deux choses vont ensemble et, en un sens, ce sont juste deux côtés de la même incrédulité qui met de côté Christ comme révélé par l’évangile. Une telle crainte est totalement exclue par les paroles qui suivent, car elles fondent la crainte qu’elles inculquent sur le fait consolant et assuré d’avoir été racheté, et racheté par ce qui est le plus précieux de tout pour Dieu, et le plus efficace de tout pour les pécheurs.

 

2.13  [Ch. 1:18,19 — ]

«Sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache» (1:18, 19).

 

2.13.1    [1:18a — rachetés. Rédemption]

La rédemption aurait dû être bien connue des croyants juifs. Dans sa forme terrestre et temporelle, c’est la vérité centrale du livre de l’Exode : il commence par leur servitude et leur oppression amères, et il finit par Dieu demeurant au milieu d’eux dans le tabernacle, cette demeure étant fondée sur cette rédemption. Mais ils ont aussi été mis sous la loi à laquelle Israël a entrepris d’obéir. Ils lâchèrent ainsi les promesses faites aux pères, et négligèrent la grâce qui venait de leur être manifestée depuis la mer Rouge jusqu’au Sinaï. Ce fut fatal, non pas parce que la loi n’était pas bonne, mais parce qu’ils étaient faibles et impies, pécheurs et ennemis, comme un autre apôtre décrit l’état naturel de l’homme (Rom. 5). Vis-à-vis de telles personnes, même s’il est fait montre de toute longanimité et bonté, la loi ne peut que se faire voir comme un ministère de mort et de condamnation. C’est ce qui eut lieu pour la nation élue qui, dans l’aveuglement de la propre justice, offrit de se tenir sous des conditions légales.

Or c’est par grâce qu’on est ou peut être sauvé, et donc c’est par la foi. Cela a été attesté à leurs pères, aussi clairement que des ombres pouvaient le révéler, dans le type combinant la Pâque de l’Éternel et le passage de la Mer Rouge par Israël. Le sang de l’agneau répandu sur les montants et le linteau de la porte de chaque maison exprimait en figure le sacrifice du Christ (1 Cor. 5). Cela seul pouvait parfaitement satisfaire Son jugement moral, et cela mettait à l’abri le peuple qui était justement exposé à ce jugement, et de plus cela leur donnait de quoi célébrer la fête avec le corps de l’agneau. Ils devaient manger avec des herbes amères ; car la repentance envers Dieu devait accompagner la foi que Lui verrait le sang cette nuit-là et passerait par-dessus tout ce qui était à l’intérieur des portes marquées par le sang ; ils devaient aussi avoir les reins ceints, les sandales à leurs pieds, et le bâton à la main, comme des pèlerins tournant désormais le dos à l’Égypte pour aller en Canaan, et traversant entre-temps le désert. Or il y avait une grande circonstance supplémentaire : le passage de la mer Rouge, lequel, en figure, relie la résurrection à la mort du Seigneur Jésus pour nous. Ici, c’était la puissance divine s’exerçant avec justice en faveur de Son peuple ; c’était impossible sans le sang d’une victime, mais maintenant cette puissance annulait celle de l’ennemi et donnait au peuple le droit de chanter à l’Éternel comme étant délivré ; et l’Éternel n’était plus comme un juge fermé dehors, mais un juge les conduisant et combattant pour eux victorieusement. Christ n’a pas seulement été un propitiatoire par la foi en Son sang [Rom. 3:25], mais Il a été livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification [Rom. 4:25]. C’est Dieu pour nous (Rom 8), mais par Christ, qui s’est donné Lui-même pour nos péchés afin de nous retirer du présent siècle mauvais [Gal. 1:4]. Nous sommes ainsi amenés à Dieu, pas encore au ciel bien que nous soyons rendus capables d’y être selon ce que Col. 1:12 déclare nettement et catégoriquement.

C’est de cette rédemption que Pierre parle lorsqu’il dit aux saints qu’ils avaient été «rachetés», et qu’ils le savaient consciemment (εἰδότες = sachant [que vous avez été]). Ce n’était plus un fait simplement objectif : cela, ils avaient eu à le saisir par la foi, au commencement ; maintenant cela faisait partie de ce qu’ils réalisaient intérieurement par le Saint-Esprit. Et l’épître aux Hébreux (9:12) le caractérise comme «une rédemption éternelle», en contraste avec la figure antérieure. Et pour obtenir cette rédemption, il fallait une Personne éternellement divine, comme Lui qui a daigné s’incarner, et il fallait Sa mort expiatoire ; et l’ayant obtenu, Il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire céleste où nous Le connaissons maintenant en-haut. La rédemption est donc une position établie et riche de conséquences immédiates, d’une part pour Dieu qui est glorifié par elle, et d’autre part pour le croyant ; et la garantie de son acceptation n’est pas seulement la résurrection de Christ, mais aussi Sa séance à la droite de Dieu en-haut.

Il y a une autre application future de la puissance divine qui est appelée la «rédemption» ; on trouve cela en Rom. 8 [v. 23, JND a traduit par ‘délivrance’] pour «notre corps» quand il sera ressuscité ou changé à la venue de Christ (1 Cor. 15:23) ; et il est aussi parlé de la rédemption à l’égard de la possession acquise, «notre héritage» (Éph. 1:14 ; Rom. 8:19-22). Cette puissance de Sa gloire est fondée à la fois sur Son œuvre et sur Sa Personne. Le même principe s’applique à son utilisation très fréquente dans les Psaumes et les Prophètes en rapport avec la délivrance future d’Israël pour Son royaume terrestre. Voir Ps. 103:4 ; 106:10 ; 107:2 ; És. 35:9, etc. ; 41:14, etc. ; 43:1 ; 44:22, 23 ; 48:20 ; 52:9 ; 63:9. Un autre mot l’exprime aussi, comme dans És. 1:27 ; 29:22 ; 35:10 ; 51:11 ; Jér. 15:21 ; 31:11 ; Osée 13:14 ; Michée 6:4 ; Zach. 10:8. Tous reposent cependant sur l’effusion de Son sang. Le retour de Babylone était un échantillon et gage extérieur.

La vraie rédemption n’est pas une simple libération par des moyens de la créature, comme ce qu’ont connu les enfants d’Israël quand, lors du dénombrement, chacun d’eux dut donner une rançon de son âme à l’Éternel «afin qu’il n’y ait pas de plaie parmi eux». Il ne s’agissait pas ici de péchés ou de sacrifices, mais d’une rançon pour sa vie contre la plaie. Le principe établi pour cette rançon était le versement d’un demi-sicle sacré selon le sicle du sanctuaire. «Le riche ne donnera pas plus, et le pauvre ne donnera pas moins que le demi-sicle, lorsque vous donnerez l’offrande élevée de l’Éternel pour faire propitiation pour vos âmes» (Exode 30:12-15) (*). C’était un beau signe que chaque membre du peuple, tous pareils, appartenait à l’Éternel, leur Divin Gardien et Gouverneur. Mais en présence de Christ et de Sa rédemption déjà possédée, même l’argent qui était une ombre de la grâce, ou l’or qui représentait la justice divine, n’étaient que «des choses corruptibles», s’effaçant devant la gloire qui surpasse et qui demeure (2 Cor. 3:9-11).

 

(*) Pensez au zèle inintelligent de Pierre soutenant que son maître était un bon Juif qui payait cet impôt du temple, ainsi qu’à la réprimande pleine de grâce du Seigneur ordonnant à Pierre de jeter un hameçon et de prendre un poisson ayant un sicle dans sa bouche pour payer «pour Moi et pour toi» [Matt. 17:27].

 

2.13.2    [1:18b — la vaine conduite enseignée par vos pères]

Il est remarquable, qu’ici les saints sont dits être rachetés, et parmi les résultats multiples et merveilleux de ce rachat, ils sont rachetés de leur vaine conduite, ou mode de vie hérité de leurs pères. Un langage aussi précis ne vise pas les Gentils idolâtres, mais ne peut que viser les Juifs depuis les Maccabées dans leur ténacité à transmettre la tradition de père en fils. Dans les temps d’autrefois avant la captivité babylonienne, les rois, les prêtres, le peuple faisaient la course après les abominations des païens. Mais ils apprirent à se détourner de ces convoitises haïssables qui recherchaient les dieux étrangers ; même Antiochus IV Épiphane ne put imposer son hellénisme profane à Jérusalem et aux Juifs que pour un espace de temps limité, et ce fut par perfidie et violence, par pillage et massacre. Notre Seigneur Lui-même a formellement reproché aux plus orthodoxes et aux plus instruits d’entre eux de neutraliser les obligations les plus solennelles de la loi sur son côté humain, et ainsi de neutraliser la parole de Dieu, à cause de la tradition des anciens. Cela les rendait «hypocrites». «Ils m’honorent en vain» (citant Ésaïe 29:13), ce qui est une prophétie qui porte sur leur tribulation finale avant la délivrance, quand ils seront au plus bas où les aura amenés leur aveuglement dans le péché ; la tribulation disparaitra peu après, pour toujours, à la fin de l’ère.

Peut-il y avoir un commentaire plus autorisé que celui de l’apôtre sur la description de leur état avant d’être rachetés ? Leur manière de vivre, même dans son aspect religieux, n’avait ni but ni résultat. Sans doute on pourrait aussi le dire du paganisme, qui n’est que mensonge, avec des démons derrière ; mais quelle force a ce commentaire appliqué en vérité à des hommes convaincus d’être des conducteurs d’aveugles, des lumières pour ceux qui sont dans les ténèbres ! [Rom. 2:19]. C’est parmi les Juifs seulement, que des anciens pères avaient un titre privilégié de la part de Dieu. Mais c’était en rapport avec Ses promesses, non pas en rapport avec une quelconque des traditions imaginées par les fils. Car «un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux» [Matt. 23:9], voilà la vérité dite par le Seigneur aux disciples. Les Juifs mettaient leur confiance dans des ancêtres dont l’Écriture donne un récit fiable et bien triste, non pas dans le Dieu vivant. Ils étaient coupables, parce qu’ils étaient les seuls à connaître ces oracles sûrs et sans équivoques ; les païens ne les connaissaient pas, et ils remplissaient le vide par des mythes trompeurs de poètes. La religion des Gentils, comme leur sagesse, ne descendait pas d’en-haut, mais elle était terrestre, naturelle et démoniaque [Jacq. 3:15]. Quel contraste avec ce que nous avons, qui a son centre en Christ et sa base dans Sa rédemption, ses sujets de gloire en Dieu, sa norme dans Sa Parole, et sa puissance dans l’Esprit Saint envoyé du ciel !

 

2.13.3    [1:19 — le sang précieux de Christ, l’agneau sans défaut et sans tache]

Il est donc dit ici que la rédemption est «par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache». Le sang de Christ est précieux par-dessus tout. «Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission» ; par Son sang, notre conscience est purifiée des œuvres mortes pour que nous servions le Dieu vivant (Héb. 9 et 10). Non seulement les croyants sont rachetés par Son sang, comme ici ; mais c’est une rédemption éternelle, comme nous l’avons vu. En Christ, nous avons la rédemption par Son sang, pas encore du corps, mais la rémission des fautes (Éph. 1:7). Il n’y a pas seulement le pardon, mais la paix par le sang de Sa croix (Col 1:20) et la justification en vertu de ce sang (Rom. 5:9). En effet, Lui qui nous aime, nous a aussi lavés de nos péchés dans Son sang (Apoc. 1:6). Si maintenant nous buvons la coupe de la nouvelle alliance dans Son sang, dans le ciel le cantique nouveau est celui de l’Agneau immolé qui a acheté pour Dieu par Son sang de toute tribu et langue et peuple et nation. N’est-ce pas en effet un sang précieux ?

L’expression «comme d’un agneau sans défaut et sans tache» est une allusion claire. Ce peut-être à l’agneau pascal dont nous avons parlé. Il y avait aussi l’holocauste du matin, et surtout peut-être l’agneau du soir, offert entre les deux soirs, chaque jour, continuellement. C’était à l’entrée de la tente d’assignation, devant l’Éternel, «où Je me rencontrerai avec vous, pour y parler avec toi [le médiateur]. Et Je me rencontrerai là avec les enfants d’Israël, et [la tente] sera sanctifiée par ma gloire». C’est ce qu’on trouve en Exode 29:38-46, le livre de la rédemption. Ce n’est que de cette manière que l’Éternel pouvait habiter au milieu d’eux. Cela nous fait mesurer l’audace d’enlever au chef de l’armée l’offrande «journalière» ou sacrifice continuel (Dan. 8 et 8:11) ; car c’est retrancher le lien visible d’acceptation entre Dieu et Son peuple sur la terre — un affront plus impie que n’importe quelle oppression politique de Son peuple.

Pour le chrétien, le sanctuaire est en haut. «Car Christ n’est pas entré dans des lieux saints faits de main, figures des vrais, mais dans le ciel même pour paraître pour nous devant la face de Dieu» (Héb. 9:24) ; et là Il est entré une fois pour toutes par Son propre sang (Héb. 9:12). «Car un tel souverain sacrificateur nous convenait, saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux» (Héb. 7:26).

 

2.14  [Ch. 1:20 — ]

L’apôtre traite ensuite d’une vérité consolante pour affermir les saints sur ce que, malgré toute la nouveauté de l’Évangile pour eux, celui-ci était établi dans les pensées de Dieu avant la chute, et avant même la création. La rédemption n’était pas un remède après coup, bien qu’impliquée bien sûr dans la phrase de l’Éternel-Dieu à l’égard du serpent au paradis, et présente comme figure dans tous les sacrifices ultérieurs.

 

2.14.1    [1:20 — préconnu]

C’est pourquoi nous lisons ici au sujet de Christ « préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous, qui, par lui, croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance fussent en Dieu » (1:20-21).

Un tel langage n’est jamais employé en rapport avec ce que Dieu fait à l’égard d’Israël. Les promesses faites aux pères sont riches et vastes, mais elles ne remontent jamais jusque dans l’éternité comme ici. Les gens peuvent raisonner de manière abstraite sur la préconnaissance et l’omniscience ; mais le fait est clair que Dieu ne parlait pas aux pères, ni directement ni par l’intermédiaire des prophètes, au sujet de bénédictions avant la fondation du monde. Elles étaient dans le temps, même si elles étaient sur du long terme.

Ici nous apprenons ce qui transcende les promesses. Manifesté beaucoup plus tard, Christ comme l’Agneau de Dieu était préconnu avant la création. Le don de Son Fils pour souffrir et racheter était toujours dans les pensées de Dieu. Il savait ce que la créature serait si elle était mise à l’épreuve, et que personne ne pourrait tenir, sauf ceux qui seraient soutenus par la parole de Sa puissance [Héb. 1:3]. En attendant, tous les moyens pour instruire et diriger, pour encourager et retenir, pour avertir et faire craindre, ont été essayés ; et cela a été fait formellement et pleinement dans un Israël séparé des nations pour la grande expérience morale et religieuse de Dieu ; tout a été démontré vain. Dieu a montré tout du long à quel point Il connaissait la fin dès le commencement, bien qu’ils ne le crussent pas, cherchant à établir leur propre justice [Rom. 10:3] à partir de cette loi qui était censée en prouver l’impossibilité. Car par la loi est la connaissance du péché (Rom. 3:20), et le salut n’est que par la foi au Sauveur.

 

2.14.2    [1:20 — manifesté à la fin des temps]

«Préconnu» ne pouvait pas suffire. Christ a été «manifesté» au temps voulu ; et le temps voulu était «à la fin des temps». La patience de Dieu a été longue ; Ses actions en gouvernement moral ont été variées, cherchant quelque moyen qui permettrait d’avoir du fruit de l’homme qui Lui soit acceptable. Mais la chute, quoique qu’elle fût d’un homme unique, a été celle de toute la race ; et l’échantillon de la race, objet d’un soin spécial de Dieu, a démontré que l’arbre était sans valeur, produisant donc du fruit mauvais. Si on avait pu penser à quelqu’un capable de changer le résultat, c’est bien le Seigneur Jésus, le Messie d’Israël et le Fils de Dieu. Quand il fut envoyé, comme Lui-même le présente, les vignerons dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et possédons son héritage. Et l’ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent [Matt. 21:38-39]. Mais dans le rejet de Christ sur la croix, Dieu a fait péché pour nous Celui qui ne connaissait pas le péché, afin que nous devenions justice de Dieu en Lui [2 Cor. 5:21]. Car là seulement Dieu a été glorifié à l’égard du péché. Le Fils de l’homme a porté [subi] Son jugement sur le mal, ayant auparavant glorifié Son Père dans l’obéissance sans faille d’une vie consacrée à faire Sa volonté. C’est pourquoi, comme c’était la justice de Dieu de ressusciter Jésus d’entre les morts et de Lui donner la gloire à Sa droite, c’est aussi Sa justice de justifier quiconque croit en Jésus.

C’est pourquoi il est écrit «manifesté à la fin des temps pour vous». L’expression a une force semblable à «à la fin de ces jours-là» en Heb. 1:2. En fait, l’évangile a été envoyé aux Juifs premièrement, puis aux Grecs. Parmi ceux qui ont cru, les Juifs de la dispersion auxquels les apôtres ont écrit, l’ont reçu comme la puissance de Dieu en salut [Rom. 1:16]. Quand la vantardise est exclue et mérite d’être réduite au silence, Dieu parle, et Il parle en amour à tous ; car tous sont des pécheurs perdus. Quand nous étions encore sans force, au temps convenable Christ est mort pour des impies [Rom. 5:6]. Ceux qui ont reconnu leur culpabilité et leur ruine devant Dieu, se rejettent sur Christ et Son sang précieux, comme d’un agneau sans défaut et sans tache. Rien d’autre ne peut satisfaire correctement ni Dieu ni l’homme. Et comme ces Juifs croyants se soumettaient à la justice de Dieu [cf. Rom. 10:3], ils avaient droit à la bénédiction de l’Évangile.

 

2.14.3    [1:20 — dès avant la fondation du monde]

Une erreur souvent commise, est de confondre ce qui est dit ici avec la déclaration de Apoc. 13:8 telle qu’elle est formulée dans la version autorisée anglaise (KJV). Il ne faut pas comprendre que le texte de Apoc. 13:8 voudrait dire que l’Agneau a été immolé depuis la fondation du monde, une signification rendue seulement possible par une imagination mystique. Apoc. 17:8 confirme et fournit une preuve évidente que c’est le «nom écrit dans le livre de vie de l’Agneau immolé» qui est à relier avec «la fondation du monde», et non pas le fait que l’Agneau ait été alors immolé [il faut donc lire Apoc. 13:8 ainsi : « dont le nom n’a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’Agneau immolé »].

Mais ce n’est pas tout. «Dès» la fondation du monde n’a pas la même signification que «avant» la fondation du monde. Respectons les paroles exactes de Dieu et apprenons d’elles. Les saints [de Apoc. 13] qui seront préservés de la Bête à la fin de l’ère auront eu leur nom inscrits dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’Agneau immolé. On peut comparer à cela le langage du Roi [Matt. 25:34] aux bénis de toutes les nations, séparés comme des brebis d’avec les chèvres, pour hériter le royaume préparé pour eux «dès la fondation du monde». Mais la phrase utilisée en Éph. 1:4 comme en 1 Pierre 1:20 est nettement différente. Comme Christ a été préconnu et aimé par le Père (Jean 17:24) «avant la fondation du monde», ainsi, nous qui croyons maintenant, Dieu nous a choisi en Christ «avant» la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant Lui en amour. Il est facile pour un chrétien de comprendre que Christ a été préconnu avant que le temps commence ; mais combien est merveilleuse la grâce par laquelle Dieu nous a choisis pour être dans une telle association et pour un tel but ! Christ était connu avant la création, et Il avait une gloire au-dessus d’elle en droit personnel ; nous, par grâce, sommes les objets d’un conseil divin que Son œuvre accommode pour que nous puissions jouir de tout là où Il est et avec Lui.

 

2.15  [Ch. 1:21 — ]

2.15.1    [1:21 — pour vous qui par Lui croyez en Dieu]

L’apôtre définit ensuite avec soin qui sont ceux qui sont ainsi bénis, et ce n’est pas restreint au résidu croyant des Juifs : «pour vous qui par Lui croyez en Dieu». Le témoignage de l’évangile est sans limites. «Faites disciple toutes les nations», a dit le Seigneur (Matt 28:15) ; «prêchez l’évangile à toute la création» (Marc 16:15) ; «que la repentance et la rémission des péchés soient prêchées en son nom à toutes les nations» (Luc 24:47). Le Seigneur n’est pas moins explicite dans l’évangile de Jean : «Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle» ; ce résultat n’est pas moins illimité que dans les autres évangiles, mais le Seigneur restreint la vie et le salut à ceux qui croient le témoignage de Dieu.

Il y a des hommes qui parlent de s’élever «à travers la nature jusqu’au Dieu de la nature». Même si cela était vrai pour certains, comment cela pourrait-il servir à une âme déchue dont les péchés ont moralement contraint le Créateur à devenir un Juge ? Que pourrait faire Sa providence, si réelle, pleine de grâce et puissante, pour purifier le pécheur de sa culpabilité et pour lui donner la réconciliation avec Dieu et l’assurance de Son amour ? La loi, juste, sainte et bonne, ne pourrait qu’aggraver sa misère si sa conscience sentait justement son mauvais état, et le déplaisir juste et nécessaire de Dieu envers une créature, originellement droite, mais maintenant si aliénée, volontaire et rebelle. Non, c’est le Seigneur Jésus seul qui pouvait régler et a réglé cette difficulté autrement insurmontable. C’était à Lui de concilier ce qui, sans Lui, était inconciliable sur tous les plans de la vérité ; mais Lui ne le pouvait que par Sa mort en sacrifice pour nos péchés. À Sa croix, l’amour divin et la lumière, la grâce et la justice, la majesté et la miséricorde, se sont unis pour bénir ceux qui se repentent et qui croient l’évangile. Ainsi seulement la bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont embrassées [Ps. 85:10]. Par conséquent c’est «par Lui que nous croyons en Dieu» [1:21] comme le Dieu Sauveur qui a livré Son Fils bien-aimé pour nos fautes et L’a ressuscité pour notre justification [Rom. 4:25]. Il n’est pas dit ici «pour nous qui étions autrefois de simples pécheurs, et avons été attirés à Christ par le Père» ; mais maintenant, par Christ, nous croyons en Dieu de la manière profonde, intime et durable qui nous est révélée en tant que saints.

Personne n’a jamais vu Dieu : le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui L’a fait connaître. C’est par Christ que nous croyons en Dieu, comme Lumière et Amour, comme le Sauveur et la source de toute grâce, Lui qui a envoyé Christ et nous a attirés à Lui, qui a fait de nous Ses enfants, des fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ. Mais nous ne devons pas oublier qu’en recevant le témoignage de Dieu, l’âme croit en Christ. «En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle» (Jean 5:24). Christ étant reçu, Il fait connaître Dieu plus pleinement à la foi, comme Il pouvait dire une fois ressuscité : Je monte vers Mon Père et votre Père, et Mon Dieu et votre Dieu (Jean 20:17).

 

2.15.2    [1:21 — Dieu qui l’a ressuscité des morts, afin que votre foi et votre espérance soient en Dieu]

Ici, il est parlé de ceux qui «croient en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts […], en sorte que votre foi et votre espérance fussent en Dieu». La résurrection de Christ d’entre les morts et la gloire qui Lui a été donnée en-haut sont la preuve nette et puissante donnée par Dieu qu’Il est absolument pour le croyant pour toujours. Si quelque chose pouvait en faire douter, c’était nos péchés. Mais ils ont été mis sur Christ, ou plutôt Lui a fait tomber sur Christ (Ésaïe 53:6) l’iniquité de nous tous. Christ a porté nos péchés en Son corps sur le bois [2:24]. Où sont-ils maintenant ? Quand Il a fait la purification des péchés, Il s’est assis à la droite de la Majesté en haut [Héb. 1:3]. Dieu n’a pas laissé un seul péché sur le croyant ; Christ n’en a pas emporté un seul au ciel ; car ce qu’Il a ainsi fait était la volonté de Dieu, de sorte que notre foi et notre espérance sont en Dieu. L’enseignement est donc le même que celui de Rom. 4:24, 25. Nous ne pouvons pas plus douter de Dieu pour l’avenir que pour le passé, comme le déclare triomphalement l’apôtre en Rom. 8. Si Dieu est pour nous (et cela, Il l’a prouvé irréfutablement au maximum), qui sera contre nous ?

 

2.16  [Ch. 1:22 — ]

L’apôtre avait fait appel à leur connaissance consciente de la rédemption par ce qui est le plus précieux de tout pour Dieu : le sang de Christ comme d’un agneau sans défaut et sans tache. Alors que cela était éternellement devant Dieu, et que, pourtant, l’accomplissement en a été tardif, le fait que Dieu ait ressuscité Christ d’entre les morts avait agi sur eux de façon que leur foi et leur espérance étaient en Dieu. De Lui, ils attendaient tout bien, et rien que du bien, désormais et pour toujours. Il a maintenant d’autres considérations supplémentaires du plus grand poids pour exhorter les saints à l’amour mutuel ; car cette attente n’est que secondaire par rapport à la réception de Christ et de la vérité, sans lesquelles il n’y a pas d’amour selon la nature de Dieu.

« Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour [que vous ayez] une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur » (1:22)

 

2.16.1    [1:22 — purification de l’âme. L’âme par rapport à l’esprit]

Les saints sont ainsi enseignés avec autorité sur ce qu’est la véritable source de leur purification. Elle vient de Dieu et elle est vis-à-vis de Dieu, tout aussi certainement. Ce n’est pas un rituel sans effet sur la conscience, mais elle est personnelle au sens le plus complet du terme ; il ne s’agit pas seulement d’une purification des habitudes, ou même des pensées et des affections. Ils avaient purifié «leur âme», c’est-à-dire leur moi intérieur dans toute son étendue. Car l’âme d’un homme est essentiellement le siège de son individualité consciente, de sa volonté, de sa responsabilité vis-à-vis de Dieu. Sa capacité intérieure est dans son «esprit», pour lequel ou à l’égard duquel il est autant responsable que des choses faites avec son corps (celui-ci étant l’instrument externe) ; mais sa responsabilité réside dans l’âme. L’âme et l’esprit sont cependant si étroitement unis, qu’un seul des deux est généralement nommé, comme ici. Toutefois, celui qui est nommé seul dans l’Écriture, bien que l’autre ne soit pas exclu, est toujours nommé à juste titre, correctement et avec la propre force du mot. D’un autre côté, les hommes et en particulier les philosophes, reculant devant leur responsabilité vis-à-vis de Dieu, tendent constamment à considérer le «je» ou «moi» comme situé dans «l’esprit», dont ils sont fiers, plutôt que dans «l’âme», laquelle éveille des pensées qui ne sont pas à leur goût. À quelles profondeurs de péché et de honte la volonté de l’homme ne l’a-t-elle pas conduit ?

Or ceux à qui l’épître est adressée n’avaient pas plus d’hésitation à reconnaître la vérité quant à eux-mêmes, que l’apôtre n’en avait à les créditer de la grâce en question. Ce n’est pas un souhait ou une prière d’être purifiés, mais c’est plutôt un fait admis comme établi, aussi sûrement qu’ils étaient fidèles. Ceci est dit sans légèreté, et n’implique pas le moindre laisser-faire ; sauf qu’ils traversaient encore le désert de ce monde, exposés à un ennemi qui ne dort jamais. C’est pourquoi ils étaient dépendants de leur Dieu et Père qu’ils n’avaient pas vu, mais qui est d’une fidélité sans faille envers de pareils croyants. L’appel à s’aimer l’un l’autre [d’un cœur pur] est manifestement fondé sur l’assurance qu’ils avaient déjà purifié leur âme, ce qui implique la responsabilité d’être continuellement conséquent avec cet état de pureté, et de jugement de soi en cas de manquement. C’est la position chrétienne normale, qui peut varier dans la forme de son expression ; mais on la rencontre au fond dans toutes les épîtres apostoliques.

C’est pourquoi notre apôtre affirma la même grâce à l’égard des Gentils croyants, lorsqu’il plaida la cause de leur liberté à l’encontre des frères pharisaïques qui cherchaient à les mettre sous la loi : «Et Dieu qui connait les cœurs, leur a rendu témoignage, leur ayant donné le Saint-Esprit comme à nous-mêmes, et Il n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi» [Actes 15:8, 9]. Dans ce passage des Actes, la «foi» est déclarée être le moyen subjectif de purification, et notre passage de 1 Pierre va encore plus loin en disant que la purification était objectivement mise devant eux par les Juifs obéissant à la vérité. «L’obéissance à la vérité» n’était qu’une autre manière plus complète d’exprimer leur foi. Pour avoir un caractère solide et divin, il faut la soumission à la vérité.

 

2.16.2    [1:22 — pour… une affection fraternelle sans hypocrisie]

De plus, il est ensuite montré que la purification de leurs âmes était «pour une affection fraternelle sans hypocrisie». Avant que nos âmes soient purifiées, il y a tout pour entraver une telle affection, et même pour la rendre impossible. Le péché, les ténèbres, le moi, les convoitises charnelles et mondaines, et tout cela sous la puissance de Satan, rendent les hommes de plus en plus misérables, soulagés seulement par des plaisirs aussi vains que les efforts religieux d’une mauvaise conscience, tout cela à la place du bonheur. Quelle profondeur que celle de la ruine issue de la chute ! Dieu bon et saint, que l’homme a abandonné et perdu, a été remplacé par le menteur et le meurtrier ! Caïn premier-né d’Adam et Éve : quel témoignage de la religion naturelle et de l’affection fraternelle ! Abel témoigne de la grâce par la foi. Par naissance naturelle, nous sommes comme le premier ; par la nouvelle naissance, notre part est avec le second. «Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que Caïn» [Héb. 11:4].

Dieu nous a justifiés par la foi, nous donnant la rédemption par le sang de Jésus. Nos âmes n’ont pas été purifiées autrement, et par-là nous avons été rendus propres pour l’affection fraternelle que Dieu attend des chrétiens. Dans des circonstances ordinaires, tout autre sentiment déshonorerait et, en réalité, nierait la relation que la grâce a établie pour notre façon de se considérer mutuellement et présentement. L’Écriture indique clairement les cas exceptionnels, et comment nous devrions alors nous comporter ; mais il n’est pas utile d’en dire plus maintenant. Voici le commandement nouveau du Seigneur : «Par ceci, tous connaitront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous» [Jean 13:35].

 

2.16.3    [1:22 — sans hypocrisie]

Ainsi, l’Esprit met en garde contre de simples formes ou paroles, en qualifiant de « sans hypocrisie » l’affection fraternelle pour laquelle leurs âmes ont été purifiées. Prétendre à quelque chose de bon qui n’est pas ressenti de manière authentique est haïssable pour Dieu et indigne de Ses enfants. C’est pourquoi chérir le sens de Sa présence a une valeur qu’il faut garder de toute hypocrisie d’une manière ou d’une autre. N’oublions jamais Sa merveilleuse lumière dans laquelle Il nous a amené en nous faisant sortir des ténèbres [2:9]. «Ne savez-vous pas», dit l’apôtre Paul, «que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous» ? [1 Cor. 3:16].

 

2.16.4    [1:22 — ardemment d’un cœur pur]

D’où l’exhortation, qui n’est pas tautologique comme on l’a prétendu avec irrévérence : «aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur». C’est un devoir simple de faire très sérieusement attention à l’objet en vue. L’amour de Dieu pour nous est la source de toutes nos bénédictions, et il ne s’est jamais épanché aussi librement et aussi pleinement que lorsque le péché de l’homme a prouvé à quel point celui-ci était entièrement indigne, misérable et sans ressource. Quand le mal chez l’homme fut au niveau le plus bas, jusqu’à rejeter et mettre à mort le Fils de Dieu, Dieu tourna ce mal en une preuve de Sa propre bonté qui surmonte tout : Celui qui ne connaissait pas le péché, Il L’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en Lui [2 Cor. 5:21]. Par la foi en Lui et en Son sacrifice, nous avons purifié nos âmes, jusqu’ici plongées dans la souillure, pour avoir une affection fraternelle sans hypocrisie. Aimons donc ceux qui sont les objets du même amour divin, qui se reposent sur le même sacrifice purificateur du péché. Sans doute, ils étaient appelés à être saints dans toute leur conduite, parce que Celui qui les avait appelés est saint ; mais ils étaient tenus d’aimer leurs frères, non pour des raisons qui tenaient à eux ou aux autres, mais «d’un cœur pur» et «ardemment» : n’est-ce pas ainsi que Dieu avait ressenti les choses et avait agi envers avec eux ? L’apôtre pouvait même écrire à des païens quand ils avaient cru en Chris, (1 Thes. 4:9) : «vous êtes vous-mêmes enseignés de Dieu à vous aimer l’un l’autre».

 

2.17  [Ch. 1:23 — ]

Pourtant, la purification déjà effectuée sur l’âme du croyant, n’est pas tout ce qui rend l’affection fraternelle ardente et sans hypocrisie. Notre nouvelle naissance en tant que saints a essentiellement cet amour dans sa nature, aussi sûrement qu’elle provient de la parole de Dieu [Jacq. 1:18]. Le passage continue donc :

«… vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu» (1:23).

 

2.17.1    [1:23 — … vous êtes régénérés, ou engendrés de nouveau]

C’est intentionnellement que le participe du parfait actif est employé au v. 22 [ayant purifié], et du parfait passif au v. 23 [ayant été engendrés de nouveau = vous qui êtes régénérés]. Le calvinisme rigide ne semble guère compatible avec le premier, et l’arminianisme rigide ne semble compatible ni avec l’un ni avec l’autre. La vérité révélée, vaste et exacte, insiste dans les deux cas comme une position établie par grâce ; c’est sur cette position qu’est basé l’appel à être des imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et à marcher dans l’amour, comme nous y exhorte l’apôtre de l’incirconcision [Éph. 5:1]. Cela ne veut pas dire que dans les faits la purification précède la nouvelle naissance ; car la nouvelle naissance est la première action vitale de la grâce dans l’âme, et la purification l’atteste.

L’évangélisme est ici tout à fait boiteux et insuffisant, si l’on en juge par les manuels de théologie et autres discours accessibles au public [19ème siècle]. Bien sûr, on ne pouvait pas s’attendre à une doctrine saine de la part des théologiens romains ; mais les protestants considérés comme orthodoxes ne font guère mieux sur ce point. Leur idée est un changement sur l’homme par l’action de l’Esprit au moyen de la parole de Dieu agissant sur ses facultés, qui ne sont plus consacrées au moi et à Satan, mais orientées vers Son service. Or c’est là plutôt une description des effets qu’une déclaration de la cause ou des moyens qui opèrent par Ses soins. L’Écriture montre abondamment et clairement qu’une vie est donnée au croyant (et Christ est cette vie [Col. 3:4], comme l’ancienne vie provient d’Adam déchu), et que cette vie agit à travers nos facultés sur des objets révélés par Dieu et situés bien au-delà de ceux de la vie naturelle. Ainsi, comme notre Seigneur l’a enseigné, on voit le royaume [de Dieu] et on y entre, non seulement bientôt, mais déjà maintenant par la foi, ou comme le présente l’apôtre, on est transporté par le Père dans le royaume du Fils de Son amour [Col. 1:14].

Des professeurs incroyants, ou des saints égarés par la tradition, vilipendent cet ordre nouveau comme étant mystique. Car la vie à laquelle le saint participe était relativement cachée pour les croyants de l’Ancien Testament ; pourtant ils l’avaient, en Celui qui n’était pas encore apparu, mais qui était vraiment espéré. Maintenant, depuis que Christ est venu, ceci et beaucoup d’autres choses sont éclaircies ; et le croyant est assuré qu’il a cette vie comme une chose présente, quelle que soit la bénédiction supplémentaire à Son retour quand le corps sera englouti par la vie que l’âme a déjà en Christ. Car en effet cette vie est la vie éternelle, et elle est déclarée telle déjà maintenant ; et malheur à celui qui est enhardi par l’ennemi jusqu’à la nier ! Car elle est le terreau d’où croissent les fruits de l’Esprit qui agissent sur l’homme intérieur à la gloire de Christ qui en est la source même ; cette vie est déjà maintenant tout aussi réelle et incomparablement plus bénie et importante que l’ancienne vie adamique. Calvin est presque aussi vague que les autres à son sujet ; seul Leighton parle ici comme quelqu’un qui est enseigné de Dieu dans la mesure de ce qu’il en dit.

 

2.17.2    [1:23 — … régénérés par la Parole de Dieu]

Nous avons donc été engendrés de nouveau [régénérés] comme ne l’étaient pas les Juifs qui se vantaient d’être la semence d’Abraham et de n’avoir jamais été esclaves de quiconque [Jean 8:33], au moment même où ils étaient incontestablement esclaves des Romains et esclaves de leur père le diable — esclaves des Romains à cause de leur apostasie et esclaves du diable parce qu’ils croyaient ses mensonges contre Celui qui est le vrai Dieu et la vie éternelle [1 Jean 5:20]. Mais le croyant a été engendré, «non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible», non de la part de l’homme ni par l’homme [Gal. 1:1], mais par la vivante et permanente parole de Dieu. C’est ce que le Seigneur avait déclaré à Nicodème : à moins d’être né de nouveau (c’est-à-dire d’eau et d’Esprit), il ne peut ni voir ni entrer dans le royaume de Dieu (Jean 3:3-7). Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit. La chair ne devient pas esprit, pas plus que l’esprit ne devient chair. La vie donnée est de Dieu, en Christ, et par l’Esprit ; celui-ci, ici comme souvent, emploie la Parole sous la figure de «l’eau». Introduire ici le baptême est non seulement étranger au contexte, mais s’oppose à toutes les Écritures qui traitent du sujet. Jacques 1:18 va à l’encontre [de la régénération par le baptême], autant que Paul (1 Cor 4:15), et Jean (Jean 15:3) et aussi Pierre dans le texte qui est devant nous. Pratiquement tous les pères qui en discutent se rejoignent dans ce qui est une erreur grossière et superstitieuse ; Calvin a peut-être, selon Hooker, été le premier théologien à rejeter cette erreur ; leur honte en est d’autant plus grande. Il s’agit d’une vérité aussi sûre que manifeste.

 

2.18  [Ch. 1:24, 25 — ]

Quoi de plus approprié au but de l’apôtre que le passage du prophète qu’il cite ? [És. 40:6-8]. En exposant la bénédiction d’être né de nouveau, il fait sentir cette bénédiction plutôt par contraste avec la nature universelle, avec ce que la nature a de meilleur.

« Parce que toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe : l’herbe a séché et sa fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Or c’est cette parole qui vous a été annoncée » (1:24-25).

 

2.18.1    [1:24 — toute chair est comme l’herbe]

C’est la double leçon de repentance et de foi qui, de manière appropriée, est ainsi attachée au fait d’être né de nouveau. C’est pourquoi, en consolant Son peuple, il n’est pas seulement évoqué la venue d’un Libérateur, même si ce Libérateur est l’Éternel, mais la nécessité que le peuple se juge à Ses yeux. La voix de celui qui crie dans le désert [És. 40:3] a besoin d’être complétée par une seconde voix qui crie solennellement au sujet de l’homme déchu : «toute chair est de l’herbe, et toute sa beauté comme la fleur des champs» [És. 40:6]. Israël s’était flatté d’être tout différent des autres hommes. Mais une voix qui ne flatte pas, doit crier que ce ne sont pas simplement les Gentils qui périssent, mais «certes le peuple est de l’herbe» [És. 40:7 ; non repris par Pierre]. Où étaient les dix tribus ? pourquoi avaient-elles été chassées de la terre d’Emmanuel ? Où devaient être emportés les trésors et les fils de la maison de David selon l’annonce faite par Ésaïe au roi ? N’était-ce pas à Babylone, au centre des images taillées et des enchantements, des sorcelleries, à cause de l’idolâtrie obstinée de Juda ? Qui parmi les humains était aussi coupable que le peuple favorisé, et que sa tribu la plus favorisée ?

Ce n’était pas tout. Car le résidu dispersé à qui l’apôtre écrivait, connaissait un autre péché encore plus haïssable, dans lequel ils étaient récemment tombés, bien que longuement prédit par le même prophète (Ésaïe 49 à 57) avec son terrible aboutissement quand ils recevront «le roi», l’Antichrist des derniers jours ; cela s’accomplira sûrement en son temps. Oui, «toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme une fleur d’herbe». Il y a une différence : certains sont plus distingués que d’autres, raffinés, tendres, généreux, courageux, affectueux et religieux selon la chair. Il y a l’herbe en général, et d’un autre côté sa fleur. Les hommes ont tendance à admirer, et même à adorer, ce qui plait à leurs yeux, à leurs fantaisies et à leurs sentiments. Mais rien n’est vraiment comme il faut là où Dieu n’a pas Ses droits : Lui a clairement jugé le péché de l’homme, et Lui aussi a clairement présenté la seule espérance pour le pécheur : elle est dans la Semence de la femme, le Fils de la vierge, Emmanuel.

C’est pourquoi le seul salut est de croire en Lui, comme déjà venu, et mort et ressuscité et monté au ciel ; rien ne fait reconnaître plus impitoyablement sa ruine naturelle et ses péchés à l’âme repentante. Car ce n’est pas rien pour l’homme de s’asseoir dans le jugement moral de lui-même ; or c’est justement ce que l’Esprit de Dieu opère en lui (non pas d’abord la paix ou la liberté, bien loin de là, mais) le sens profond, non seulement de ce qu’il a fait, mais de ce qu’il est devant Dieu comme pécheur. Que le Fils de Dieu soit venu de Dieu, étant envoyé par Lui, non pas venu pour le condamner, mais venu comme Sauveur, voilà qui l’encourage à être intègre dans le jugement de soi. Sans aucun doute, il est profondément pénible, sous l’effet de la Parole et de l’Esprit de Dieu, d’être jeté dans la poussière de la mort, dans la conscience de son propre mal à Ses yeux ; et la vue de Christ, par Sa perfection même, augmente le dégoût de soi. Combien il est doux d’avoir le témoignage que le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché ! [1 Jean 1:7] ; qu’Il a fait la paix par le sang de sa croix ! [Col. 1:20] ; qu’Il n’est pas seulement le Pain Vivant, comme descendu du ciel [Jean 6:51], mais que par Sa mort Il nous donne à manger Sa chair et à boire Son sang, de sorte que je demeure en Lui, et Lui en moi ! [Jean 6:56].

L’enseignement paulinien, non seulement de Sa mort pour nous, mais de notre mort avec Lui, approfondit encore davantage la vérité ; mais même dans sa forme plus simple selon notre épître, nous sommes rendus capables d’inscrire la mort sur toute l’humanité, et nous nous abstenons de nous vanter de ce qui semble le plus éminent extérieurement. Ce n’est pas une idée ou un sentiment, mais une réalité personnelle et expérimentale, désormais pour notre profit éternel ; non seulement nous nous défions de nous-mêmes, mais étant pleins de tendresse envers les autres, nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ par qui maintenant nous avons reçu la réconciliation [Rom. 5:11].

 

2.18.2    [1:25 — la Parole du Seigneur demeure éternellement — parole et langage, les mots]

La raison aussi est certaine et forte. Toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme une fleur d’herbe. Il n’y a pas de stabilité dans la nature humaine, indiscutablement déchue ; sa fleur, comme la plante, est éphémère. Si l’herbe se flétrit, la fleur tombe. On ne peut ni se fier ni dépendre de la créature. Sommes-nous alors laissés à nous-mêmes, à nos péchés et à nos folies, alors que nous avons justement le plus grand besoin du seul vrai Dieu, à la fois bon et grand ? Non, ce n’est pas le cas. Nous n’avions rien à revendiquer ; nous L’avons abandonné sans honte alors qu’Il ne montrait que de la tendre miséricorde ; comme Adam, nous avons oublié Sa Parole et Lui avons désobéi, nous avons cru le menteur et le meurtrier, et espéré que nous pourrions pécher et ne pas mourir certainement. C’était alors la ruine, et pire encore, cela conduisait à la ruine éternelle. Car le péché engendre encore plus de péchés ; voilà l’histoire de la race. Mais, au moment même où Il a jugé le péché et condamné l’ennemi, Il a parlé de Celui qui vaincrait l’auteur de ces dégâts, de Celui qui vaincrait Satan, en souffrant douloureusement en tant que Semence de la femme, avec la compassion infinie de Dieu pour ceux pris au piège. Si la nature humaine est au mieux faible et défaillante, l’homme a besoin de ce qui demeure ; et ainsi, contrairement à ce qui disparait, «la parole du Seigneur (l’Éternel) demeure éternellement».

Ici, au v. 25, le terme grec pour «parole» n’est pas λόγος [logos] comme au v. 23 ; car ce mot est utilisé pour transmettre le sens ou les pensées de Dieu, alors que ῥήμα [rhema] est l’exprimé, ce qui a été réellement dit ou écrit. Comparez la distinction que notre Seigneur Lui-même établit entre son «langage» (λαλιὰ [lalia]) et sa «parole» en Jean 8:43 : ils ne connaissaient pas Son langage [ou : discours], parce qu’ils étaient incapables d’entendre Sa parole. Quand la vérité divine est reçue, les mots qui l’expriment deviennent compréhensibles, pas avant. Ici ῥήμα, «parole», va au-delà de «langage, discours» et est appliqué au message de l’Éternel, qui non seulement flétrit l’indépendance, mais donne Sa parole immuable et éternelle. «Or c’est cette parole qui vous a été annoncée». Quelle source de confiance pour ceux qui prêchent et pour ceux qui écoutent l’évangile !

Ce n’est pas seulement Ses pensées abstraites, mais ce qu’Il voulait leur exprimer pleinement et leur communiquer de façon indélébile dans les Écritures. Il voulait donner à Son peuple une solide assurance de la consolation qu’Il leur réservait avec tant d’insistance, avant même d’avoir énoncé par son prophète le double et terrible acte d’accusation de leur culpabilité. Car, comme en És. 40 à 48 Il attaque leurs idolâtries qui les ont envoyés captifs à Babylone, ainsi dans les ch. 49 à 57, Il prédit, après le retour, la culpabilité plus grave du rejet du Serviteur Juste, Son Oint, et la réception effective de l’Antichrist, le roi [És. 57:9] qui fait sa propre volonté au dernier jour [Dan. 11:36]. Mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé, comme le prouve triomphalement le résidu d’Ésaïe. Et le résidu élu à la fin de l’ère sera Sa possession pour toujours ; ils ne seront plus des esclaves, mais au-dessus de tout esclavage, ils seront d’autant plus vraiment Ses serviteurs : comme des Onésime [Philémon 11, 15, 16], autrefois séparés, mais désormais indissolublement unis à Lui ; autrefois inutiles, mais désormais utiles pour Lui, en bénédiction pour toutes les familles de la terre, selon la promesse infaillible [Gen. 12:3 ; Actes 3:15].

Mais l’apôtre montre aussi que le résidu des Juifs qui maintenant reçoivent Christ, font comme les fidèles d’entre les nations : ils anticipent la bénédiction dans l’évangile déjà prêché. Ils espèrent à l’avance dans le Christ, comme dit l’apôtre Paul en Éph. 1:12. Si la masse est maintenant aveuglée, si, malgré tout, la miséricorde l’emportera sur tous les obstacles aux jours les plus sombres de la consommation du siècle, ce ne sont pas là des raisons susceptibles d’entraver la grâce souveraine pendant le temps où Christ est assis à la droite de Dieu. Ceux des Juifs qui reçoivent maintenant la bonne nouvelle, voient leur espérance en Christ pleinement réalisée avant que le résidu ne devienne la nation forte de la nouvelle ère. Telle est la force de la confiance anticipée en Christ du résidu Juif actuel ; pour le moment leurs frères dans la chair Le refusent, avant que vienne le dernier jour où ils s’inclineront devant Lui dans la foi. Ils sont scellés avec le Saint-Esprit de la promesse. Nous sommes aussi ceux qui parmi les Gentils ont entendu et cru la parole de la vérité, la bonne nouvelle [l’évangile] de notre salut [Éph. 1:13]. Car comme il n’y a pas de différence dans la ruine, il n’y en a pas non plus dans le salut selon les richesses de la grâce de Dieu.

Ceci implique aussi l’immense supériorité de l’état de bénédiction chrétienne sur celui dont les Juifs se vantaient si fort. Ils avaient sans aucun doute des privilèges de la part de l’Éternel en tant que semence d’Abraham : ils étaient nés pour cela, si du moins ils étaient dûment circoncis en témoignage de l’impureté de la chair. Mais leurs privilèges étaient terrestres, extérieurs, temporels ; cela avait été ouvertement prouvé aux temps de l’Ancien Testament par la captivité babylonienne, puis de manière plus accablante par la dispersion romaine de beaucoup plus longue durée. Bien différente est la part du chrétien déjà maintenant, et plus brillante est son espérance. C’est pourquoi dans l’épître aux Hébreux, il est mis l’accent sur ce qui est «éternel» : le salut (Héb. 5:9), le jugement (6:2), la rédemption (9:12), l’Esprit (9:14), l’héritage (9:15) ; le sang est celui d’une alliance «éternelle» (13:20). À cela, sans se référer à d’autres preuves, on peut ajouter les bénédictions «meilleures» de Héb. 7:19, 22 ; 8:6 (deux fois) ; 9:23 ; 10:34 ; 11:16, 40.

Notre apôtre de la circoncision [Pierre] n’écrit pas aussi minutieusement, mais il a été conduit à baser la grandeur du don de Dieu au croyant sur le fait d’être né de nouveau [régénéré], non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu. C’est un caractère et une source de l’être [= de la vie] tout à fait au-dessus de la nature, en contraste avec la chair qui est transitoire, même en Israël ; l’être [la vie] est ainsi fondé sur Sa parole parlée et écrite qui demeure éternellement. C’est la parole même qui leur avait été annoncée avec toutes ses bonnes nouvelles, de sorte qu’ils pouvaient savoir qu’ils avaient reçu par elle une nouvelle nature aussi incorruptible et éternelle que cette parole ; Dieu avait communiqué les deux, Sa parole et cette nature. La ferveur du cœur de l’apôtre éclate dans la simple gravité avec laquelle il parle d’un privilège si nécessaire et si béni pour l’homme tel qu’il est. Il voulait que ses frères le sachent maintenant sans une ombre d’incertitude.

On comprend facilement qu’il y avait au moins autant de danger pour les chrétiens Juifs que pour les Gentils de laisser des questions surgir dans le cœur en présence des pièges et de l’incrédulité du monde. En 1 Cor. 15 [v. 1,2] l’apôtre Paul rappelle l’évangile qu’il leur avait prêché, qu’ils avaient reçu, et dans lequel ils étaient, et par lequel ils étaient sauvés, s’ils gardaient la parole qu’il leur avait annoncée, à moins qu’ils n’aient cru en vain. Car ils doutaient de la résurrection, qui est une vérité essentielle de l’évangile, car Christ est non seulement mort, mais est aussi ressuscité. Ainsi, l’apôtre Pierre rappelle à ses frères la parole qui demeure éternellement, — parole de l’évangile qui leur avait été annoncé, source de leur vie nouvelle et impérissable en tant que croyants.

 

 

 

3         1 Pierre 2

3.1       [Ch. 2:1-3]

Si le fléau de la lèpre était guéri chez un lépreux, quel qu’en soit le moyen (c’était au-delà du pouvoir de l’homme), il était requis que l’ex-lépreux soit déclaré pur par l’aspersion sur lui du sang d’un oiseau égorgé sur de l’eau courante, et on laissait un oiseau vivant trempé dans ce sang s’envoler dehors en plein air. Celui qui devait être purifié devait laver ses vêtements, raser tous ses poils et se baigner dans l’eau. C’était la seule façon d’être pur. Il en est de même ici. Le croyant sait, ressent et reconnait sa nature corrompue, desséchée et déchue, comme l’herbe sous le souffle de l’Éternel ; mais il lui a été donné une nature nouvelle, aussi incorruptible que la semence divine de Sa parole vivante et permanente [1:23]. C’est d’après elle qu’il est appelé à agir.

« Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie et l’envie, et toutes médisances, désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon » (2:1-3).

Il est bon que le lecteur qui ne connaît pas l’original grec sache la force de ces paroles débutant le chapitre ; elles se rapportent à un acte fait une fois pour toutes, selon ce qu’implique l’aoriste, qui est le temps des verbes par lequel on relate des faits, et non pas des processus graduels. Par ailleurs, les verbes ne sont pas à la voie active, mais à ce qu’on appelle la voie moyenne qui, dans les verbes transitifs, met l’accent sur l’agent plutôt que sur l’action, et la force de cet accent dépend de chaque mot. Nous pouvons comparer Jacques 1:21 : «C’est pourquoi, rejetant toute saleté et tout débordement de malice, recevez avec douceur la parole implantée qui a la puissance de sauver vos âmes». Ces exhortations concordent remarquablement, sur le fond de leur but pratique commun, tout en gardant les caractéristiques de chaque écrivain ; par ailleurs ces deux exhortations [1 Pierre 2 et Jacques 1] se distinguent de la manière dont l’apôtre Paul traite le grand principe de ce sujet par la mort de Christ et notre mort avec Lui. Les trois sont pareillement donnés de Dieu et pareillement nécessaires à Ses enfants.

 

3.1.1        [2:1 — rejetant toute malice]

L’apôtre commence par demander aux saints le rejet de «toute malice», littéralement d’avoir rejeté «toute malice» si on pouvait parler de cette manière. Ce mot a certes parfois le sens de «méchanceté» en général, mais ici il se rapporte manifestement à cette racine spéciale du mal, comme cela ressort à l’évidence des autres formes d’iniquité qui sont jointes. La malice débute la liste de façon appropriée comme étant le contraire de l’amour, de l’amour fervent qu’il leur avait enjoint comme convenant à des frères [1:22]. Toute espèce de malice est indigne de ceux qui sont nés de nouveau, nés de Dieu qui est amour ; la malice peut cacher un esprit de haine, et prendre toute sorte de déguisements pour arriver à ses fins infâmes. Quel contraste complet avec Christ, et quelle ressemblance étroite à son ennemi, le diable, qui passe son temps à tenter, persécuter et accuser !

 

3.1.2        [2:1 — rejetant toute… fraude]

La fraude vient à la suite de la malice, ce qui est selon la vérité morale ; il est même dit «toute fraude» en raison de ses objectifs multiples, et du désir des hommes d’éviter sa découverte. Car, quelle que soit leur habitude invétérée à tromper les autres, ils ont intérieurement honte d’une habitude si vile. La «fraude» fait naturellement suite à la «malice» pour faire le maximum de tort tout en passant inaperçu. C’est l’inverse de la transparence à laquelle nous sommes appelés en tant que représentant de Celui qui est la vérité, tandis que Satan est menteur et père du mensonge.

 

3.1.3        [2:1 — rejetant… l’hypocrisie et l’envie]

Cela ouvre la voie à l’«hypocrisie», la prétention à être ce qu’on n’est pas, et à ne pas être ce qu’on est. C’est l’inverse de la sincérité et revient à simplement jouer un rôle dans ce qui n’est qu’une fable — alors qu’on est dans la plus solennelle et la plus précieuse des réalités. Quelle horreur de faire de la vérité de Dieu un jeu humain pour un petit moment !

L’«envie» est l’inverse et vient à la suite. Tandis que l’hypocrisie a sa source en ce qu’on prétend avoir quelque chose qui nous manque, l’envie cherche à nier et diffamer quelque chose de bien qu’ont les autres. Dieu soit loué de ce qu’Il ne manque pas d’opérer ici et là dans des voies d’amour, de dévouement, de grâce patiente, de zèle pour la vérité, de plaisir à l’égard de Sa gloire, de compassion pour les misérables et les indignes. Il y a amplement matière à dénigrer chez ceux qui ne manifestent pas de telles qualités, et qui sont vexés de découvrir que d’autres sont crédités de ce qui est si excellent. Ici le croyant doit se garder de prêter l’oreille à ce mauvais esprit et d’en être souillé.

 

3.1.4        [2:1 — rejetant toutes médisances]

Enfin vient à point l’avertissement contre «toutes médisances» ; combien de formes variées elles peuvent revêtir ! Et avec quelle facilité de nombreuses personnes sont ainsi trompées sous prétexte de veiller à l’honneur du Seigneur et de reprendre ce qui ne va pas ! Comme l’«envie» ne convient pas du tout à ceux qui sont bénis par le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi aussi toute «calomnie» est une offense profonde à Ses yeux et ne peut que plaire au grand adversaire des âmes. Dressons-nous contre toutes les deux, et évitons de donner prise au moindre soupçon de l’une ou de l’autre, restant dans la fidélité à Dieu.

 

3.1.5        [2:2 — désirez ardemment le pur lait intelligent [intellectuel] pour croitre à salut : ni le baptême ni la Cène, mais la Parole de Dieu]

Nous entendons alors l’exhortation positive de «désirer ardemment comme des enfants nouveau-nés le pur lait intelligent (ou : intellectuel), afin que par lui vous grandissiez pour le salut». Personne ne peut douter que c’est le lait de la Parole de Dieu qui nourrit le croyant. C’est par la parole de Dieu que celui-ci est né de nouveau ; c’est par la même Parole qu’il est nourri. Il n’y a pas de contraste ici, comme en 1 Cor. 3 et Heb. 5, entre le lait pour nourrir les bébés et la nourriture solide des adultes, ni de blâme infligé à ceux qui n’ont pas profité de la Parole pour passer des premiers rudiments aux vérités supérieures. Ici, l’Esprit de Dieu insiste sur ce que la nourriture donnée aux nouveau-nés est appropriée ; et tous sont encouragés à désirer ardemment la pure nourriture que Dieu fournit si généreusement. C’est du lait pour l’intelligence du saint ; comme le sein d’une mère nourrit son bébé physiquement, ainsi la parole de Dieu est la nourriture de notre entendement spirituel.

Le sens général est très simple. La seule question est de trouver la meilleure façon de traduire le langage de l’apôtre. Le mot « intelligent » [traduit ici par « intellectuel » par JND] ne se retrouve qu’en Rom. 12:1, où il est traduit par «raisonnable» dans la version autorisée anglaise (KJV) [traduit par « intelligent » par JND], selon l’emploi fréquent des auteurs grecs ordinaires. «Intelligent» semble bien exprimer la force du terme dans les deux passages, et c’est mieux que «rationnel».

Laissons de côté ce point délicat de traduction qui ne change pas la vérité sur le fond. Il y a ici un appel de toute importance. Dieu met le plus grand honneur sur Sa parole, non seulement à cause de sa puissance vivifiante sous l’action du Saint Esprit, mais à cause du rafraîchissement et de l’affermissement constants de la nouvelle nature qu’Il apporte.

Mettre le baptême à la place de la puissance vivifiante de la Parole de Dieu, ou la Cène du Seigneur à la place du moyen d’affermissement, c’est s’écarter effrontément de ce qui est clairement révélé ici. Ces institutions précieuses ont comme but, l’une une confession initiale, l’autre la communion constante des saints. Mais transformer le baptême en moyen pour être né de Dieu, c’est fausser la vérité, contredire l’Écriture et effacer la nature du christianisme. «Vous êtes déjà nets à cause de la parole que je vous ai dite», dit le Seigneur en Jean 15:3. «Je vous ai engendré dans le Christ Jésus par l’évangile» dit l’apôtre en 1 Cor. 4:15, dans cette même épître où il rend grâce à Dieu de n’avoir baptisé personne hormis quelques individus ! De même Jacques nous dit (1:12) que «de sa propre volonté [le Père] nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures». Nous n’avons pas de mère terrestre, pas plus que le Seigneur n’avait de père terrestre, sinon légalement.

Le système des sacrements pèche contre la Trinité en usurpant la prérogative divine. Et notre apôtre ne diffère pas non plus des autres apôtres (1 Pierre 3:20).

●        Le baptême ne signifie pas le don de la vie, mais la mort de Christ pour laquelle nous sommes baptisés ; et pour ceux qui croient, Sa mort n’est pas seulement le salut, mais le privilège d’être identifié à Sa mort. Ainsi nous sommes morts au péché, et nous ne vivons plus dans le péché.

●        La vie nouvelle n’est pas maintenue par l’Eucharistie, le pain de la Cène, si béni soit-il, mais elle est maintenue en Celui qui est mort pour nous et vers qui ce pain dirige les regards. C’est de Lui que Jean 6 parle, de Lui qui est descendu du ciel, la Parole Incarnée, de Lui qui est mort pour donner la vie au monde, et qui est monté là où Il était auparavant ; Jean 6 ne parle nullement de la Cène.

●        Pierre ne va pas au-delà du signe du salut dans le baptême.

 

L’enseignement ici est que, comme nous sommes nés de nouveau par la parole de Dieu, non pas par le baptême, ainsi nous «croissons à salut» par elle, non pas par la Cène du Seigneur. Être né de nouveau est strictement individuel tout comme la croissance. Chacun a à faire avec Dieu directement en croyant et croissant par Sa parole, quel que soit le canal. Sans la foi ni l’un ni l’autre ne sont possibles ; et l’essentiel est de recevoir le témoignage directement de la Parole de Dieu pour sa propre âme. C’est pourquoi «celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au-dedans de lui-même», tandis que «celui qui ne croit pas Dieu, a fait Dieu menteur, car il n’a pas cru au témoignage que Dieu a rendu au sujet de Son Fils» (1 Jean 5:10). D’un autre côté, dans la Cène du Seigneur, il s’agit de communion après que le besoin individuel ait été réglé entre l’âme et Dieu ; et nous sommes là ensemble pour jouir de Sa grâce et de Sa présence. «La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ ; le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ; parce que nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous au même pain» (1 Cor. 10:16, 17).

Une étrange omission a prévalu depuis l’Édition polyglotte de Complutense et celle d’Erasme, suivies par de Bèze, Étienne, les Elzévirs et d’autres. Colinaeus (1534) est le seul des premiers éditeurs à avoir adhéré au grand corpus des textes les plus anciens et les meilleurs, tant les manuscrits, les versions et les citations des Pères ; il lit « afin que vous croissiez… à salut » (εἰς σωτηρίαν). Ce « à salut » a été abandonné ensuite, soit qu’on ait supposé qu’il s’agissait d’une addition scolastique, soit par peur de s’avancer sur le terrain de la grâce souveraine envers les pécheurs. Mais ici il est question de saints qui «croissent dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ», selon l’expression de la deuxième épître (2 Pierre 3:18). Il est certain qu’une quelconque difficulté à recevoir des mots si pleinement attestés, ne peut être due qu’à l’ignorance de la doctrine de notre apôtre. Car bien qu’il parle d’un «salut d’âmes» (1 Pierre 1:9) comme d’un privilège actuel, et dont le baptême est un symbole (1 Pierre 3:21), il considère encore plus fréquemment le salut comme un tout complet à la fois pour le corps et l’âme, et qui doit donc être révélé au dernier temps [1:5], dans la révélation de notre Seigneur [1:7] que nous attendons. Comparez 1 Pierre 1:5, 7, 13 ; 4:13.

 

3.1.6        [2:3b — si vous avez goûté que le Seigneur est bon]

Le verset 3 fait une réserve importante : «si vous avez goûté que le Seigneur est bon». C’est une référence évidente à Ps. 34:8 où il y a un appel des plus touchants de l’écrivain inspiré à partager sa joie en l’Éternel. «Goûtez et voyez que l’Éternel est bon ; bienheureux l’homme qui se confie en Lui». Ici, cela est d’autant plus doux pour le chrétien que l’apôtre identifie le Seigneur Jésus à l’Éternel, ce qui est la vérité. L’avoir reconnu pour nous, au tréfonds de notre âme, est la condition de la croissance dans la Parole ; or c’est une condition qui se vérifie assurément chez tous ceux qui croient en Lui. Oui, ils peuvent dire et disent dans leur cœur que le Seigneur est bon. Ils l’ont goûté tout le long de la Parole.

Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ nous a engendrés de nouveau pour une espérance vivante selon sa grande miséricorde, (non pas par l’incarnation, mais) par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts [1:3]. Ce n’est pas, comme les Juifs l’espéraient, pour un héritage de gloire terrestre, d’aisance et de puissance supérieure à tous les désastres et tous les adversaires, pour le royaume tel qu’il doit être ; mais c’est pour un héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable, conservé dans les cieux pour ceux qui sont gardés par la puissance de Dieu pour un salut prêt à être révélé [1:4-5]. Tout a été accompli intrinsèquement, au dernier temps, au temps voulu, en quoi ceux qui sont ainsi gardés se réjouissent, tout en étant maintenant affligés pour un peu de temps (si cela est nécessaire) par diverses tentations mettant leur foi à l’épreuve [1:6]. Après la mention de la rédemption par le sang de l’Agneau [1:18-19] et son aboutissement pratique [1:21], l’apôtre fait référence à ce que nous sommes régénérés [nés de nouveau] par une semence incorruptible par la vivante et permanente Parole de Dieu [1:23], et à ce que cette nouvelle nature est nourrie du lait pur [2:2], sans fraude [2:1] de la Parole pour le salut [2:3]. Tout est en contraste avec la loi du Sinaï qui menace toute désobéissance et transgression [Héb. 2:2], mais qui est impuissante à donner la vie ou la justice, dont l’homme pécheur a tant besoin. Or la grâce les a déjà abondamment fournies en Christ, et par conséquent à la foi qui Le reçoit, Lui que nous attendons pour un salut complet [2:3], ayant déjà goûté à quel point Il est bon, et ayant ainsi anticipé psaumes et prophètes qui proclament ce salut pour un jour à venir.

 

3.2       [Ch. 2:4-5]

Nous arrivons maintenant aux privilèges déjà conférés et représentés par des figures singulièrement intéressantes pour la pensée juive et ce qui s’y joint en matière d’honneur et de révérence. Car en parlant du Seigneur, l’apôtre dit : « … duquel vous approchant [comme] d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse (*) auprès de Dieu, vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (2:4-5).

 

(*) On aurait pu rendre ἔντιμν par « hautement apprécié » ou « tenu en honneur », à distinguer de τίμιον, correspondant à τιμὴ « qui a du prix » du v. 7.

 

Si sûrs et durables que soient les conseils de la grâce, Dieu ne permet à aucun raisonnement d’affaiblir le besoin et la valeur et le devoir d’une dépendance constante du Seigneur. Celui-ci disait Lui-même : «En vérité, en vérité, je vous dis : si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez Son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes» [Jean 6:53]. C’est vraiment un acte fait par la foi une fois pour toutes ; mais s’il est réel, il est suivi d’une participation continuelle. C’est pourquoi Il ajoute : «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est en vérité un aliment et mon sang est en vérité un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui » [Jean 6:54-56]. Il ne s’agit pas de la vie éternelle seulement, mais de la communion comme une chose constante : c’est ainsi que le chrétien demeure en Christ et Christ demeure en lui. Prétendre qu’avoir une fois mangé et bu remplace le manger et boire permanent, prouve que cette prétention est fausse, égoïste et contraire à Dieu.

 

3.2.1        [2:4 — … duquel vous approchant]

C’est ainsi qu’il est dit ici : «… duquel vous approchant» : dès qu’on s’approche, il y a une bénédiction réelle et pleine. Assurément, une âme n’est pas laissée libre et assurée, si l’on s’en retourne et qu’on ne marche plus avec Lui, comme firent certains de Ses disciples dont Jean 6 nous parle. Christ est le centre et la pierre de touche et le fondement du christianisme. Ceux qui Le quittaient, étaient des branches stériles du Cep de vigne. L’apôtre espérait des choses meilleures et qui tiennent au salut de ceux qui demeuraient (Héb. 6:9). L’inverse est écrit plus tard : «Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous ; mais c’est afin qu’ils soient manifestés comme n’étant aucun des nôtres» (1 Jean 2:19).

 

3.2.2        [2:4 — Christ, une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu]

Le Christ est alors appelé «une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu». «Vivante» est un mot proche au cœur de Pierre depuis qu’il avait été rendu capable de confesser Christ comme «le Fils du Dieu vivant» [Matt. 16:16], et qu’à cause de cela il avait été déclaré «bienheureux» par son Maître. «Le Christ» ou Messie était en effet vraiment donné de Dieu ; mais cette vérité ne s’élève pas au-dessus de la terre sur laquelle Il régnera de Sion, Son centre en Israël. Quand les Juifs reniaient Jésus, comme ils le font encore, Le confesser comme le Messie, c’était être né de Dieu. Or le Fils de Dieu tel que révélé dans l’évangile de Jean est souvent beaucoup plus que cela ; «le Fils du Dieu vivant» met l’accent très fortement sur notre Seigneur comme le vainqueur de celui qui a le pouvoir de la mort. C’est pourquoi la personne du Seigneur ainsi révélée est le roc sur lequel Il voulait bâtir Son église [ou : assemblée], maintenant que les Juifs, non pas la foule versatile seulement, mais les principaux sacrificateurs, les anciens et les scribes, Le rejetaient et voulaient Le livrer à la mort de la croix.

 

3.2.3        [2:5 et Matt. 16:16 — Je bâtirai mon Assemblée]

Le nouvel édifice de Dieu devait être dressé une fois que la nation élue aurait publiquement et définitivement été déchue de tout, pour un temps, quant à sa responsabilité ; une œuvre et un témoignage célestes devaient remplacer les terrestres. Et le nouvel édifice, appelé particulièrement «Mon église» [Mon assemblée], Il le déclare supérieur aux «portes du Hadès» [Matt. 16:18], ce qui est plus que la mort. Comme la résurrection Le distinguait comme Fils de Dieu en puissance [Rom. 1:4], pour être le commencement comme premier-né d’entre les morts (non pas seulement premier-né de la création) [Col. 1:18], ainsi ce que Christ bâtit est au-delà de la puissance de Satan pour détruire. La spécificité de ce que Christ bâtit est ainsi rendue claire et certaine, en contraste avec ce que l’homme bâtit, qui va à la corruption et va être objet du jugement divin de manière plus irrémédiable qu’Israël, comme on le voit partout dans le Nouveau Testament de Matt. 13 et 2 Thess. 2 et 2 Pierre et Jude à Apoc. 17. Car il est révélé que l’apostasie précédera le jour du Seigneur ; et il n’y a pas de restauration pour la chrétienté, tandis qu’il y en aura une pour Israël et pour toujours.

 

3.2.4        [2:4 — Christ la pierre vivante]

En attendant, si Israël ne Le reconnaît pas encore comme son Berger et Sa pierre, Lui l’est quand même ; et Il est une pierre vivante selon que Le désigne ici l’apôtre de la circoncision pour ceux qui viennent à Lui. L’incrédulité de la masse des Juifs rend-elle la foi de Dieu sans effet ? Loin de là : le résidu croyant est d’autant plus béni. Celui qui est une pierre vivante confère Sa propre vertu à ceux qui viennent à Lui. Les hommes, les bâtisseurs à Jérusalem, ont laissé éclater leur rejet méprisant de Celui qui venait dans le monde, non pas pour régner, mais pour témoigner de la vérité, pour y apporter Dieu et en ôter le péché ; Il a rencontré la haine comme personne d’autre, et malgré tout Il a opéré l’expiation sur la croix ! — Qu’a-t-Il toujours été par rapport à Dieu, surtout dans ce moment-là ? N’était-Il pas Son Élu ? Son serviteur qu’Il soutenait [És. 42:1], bien qu’Il fût même abandonné de Dieu comme personne ne l’a jamais été, ce qui était nécessaire pour qu’Il fût fait péché pour nous. Oui, Il est bien l’Élu de l’Éternel, en qui Son âme trouve Son plaisir ; et parce qu’Il a mis Son Esprit sur Lui, Jésus fera valoir Son jugement à l’égard des nations ; Il ne criera pas, et n’élèvera pas sa voix et ne la fera pas entendre dans la rue. Il ne brisera pas le roseau froissé, et n’éteindra pas le lin qui brûle à peine ; Il fera valoir le jugement en faveur de la vérité. Il ne se lassera pas ni ne se découragera, jusqu’à ce qu’il ait établi le jugement sur la terre ; et les îles s’attendront à Sa loi (És. 42:1-4). Cependant ceci est dit ici par parenthèse ; car l’Esprit de Dieu s’occupe d’un serviteur très différent, sourd et aveugle, pris au piège des idoles des païens avec toutes les conséquences désastreuses qui en découlent, au lieu d’être de vrais témoins, comme Son élu ; cet Élu devient, à partir d’És. 49, le grand sujet par Son rejet et ses résultats bénis ; l’un de ces résultats bénis est qu’à la fin, ceux d’Israël peuvent devenir en vérité Ses serviteurs pour la joie et la bénédiction de toute la terre.

 

3.2.5        [2:5a — Christ pivot de toutes les bénédictions. Les croyants : des pierres vivantes]

Mais l’apôtre écrit dans l’intervalle où Christ est rejeté, avant que se lève le jour de bénédiction et de gloire sur Israël, sur la terre et sur toutes les nations ; il nous montre Christ, mort, ressuscité et monté au ciel, objet des délices de Dieu, et pivot de toutes les bénédictions du croyant maintenant. Il est une pierre vivante, effectivement rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu. Pierre prêcha cela déjà à la Pentecôte : Christ livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu, — Lui vous L’avez cloué sur une croix et L’avez fait périr par la main d’hommes iniques, et Dieu L’a ressuscité… Que toute la maison d’Israël sache donc certainement que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié [Actes 2:23, 36]. Et comme Pierre a reçu un nouveau nom [Cephas, Pierre] du Roc qui est Christ, et Christ seul, de même les saints qui croient acquièrent une nouvelle nature de ce que Lui est, selon ce qu’il nous dit ici ; «vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle» [2:5].

Dans la nature, rien n’est plus manifestement dépourvu de vie qu’une pierre. Mais cela ne fait que rendre d’autant plus impressionnante la puissance de la grâce. Aux pharisiens et aux sadducéens orgueilleux qui se vantaient de descendre d’Abraham, Jean-Baptiste pouvait dire que Dieu était capable de susciter des enfants à Abraham à partir de pierres [Luc 3:8]. Ici, l’apôtre affirme au résidu croyant qu’ils étaient eux-mêmes des pierres vivantes dont Dieu se servait pour un édifice à Son usage et à Sa louange. Or tout se fait par le moyen d’Un seul, notre Seigneur Jésus. L’apôtre ne développe pas l’unité de l’Esprit comme Paul, l’apôtre de l’incirconcision ; mais il fait clairement allusion à l’association des saints ensemble. Leur édification en une maison spirituelle est en cours.

 

3.2.6        [2:5a — Les croyants édifiés en maison spirituelle]

Il ne s’agissait plus de la montagne sacrée de l’orgueil samaritain, ni de Jérusalem et de la maison où les Juifs disaient qu’il fallait adorer si l’on voulait qu’il y eût une adoration [Jean 4:20-21]. Cette heure-là s’est achevée en principe à la croix de Christ, comme l’épître aux Hébreux l’a démontré plus tard. Le seul temple que Dieu reconnaît est l’assemblée (église) vue comme un tout, sinon individuellement le temple du corps du chrétien ; car le Saint-Esprit, par Son habitation, constitue comme temple et l’un et l’autre (1 Cor. 3:16 ; 6:19). Ici, le langage est moins complet et moins précis. Le sens général suffit pour le but présent. En tant que pierres vivantes, ils composaient une maison spirituelle. Assurément, une relation si proche avec Dieu était un grand honneur pour eux déjà maintenant tandis qu’ils traversaient ce monde ; et nous allons voir que pour tous ceux qui ont une pareille position, il s’ensuit des devoirs en rapport.

 

3.2.7        [2:5b — une sainte sacrificature]

L’apôtre poursuit par un autre titre d’honneur et de proximité vivante de Dieu : «une sainte sacrificature». Aujourd’hui le Saint-Esprit ne reconnaît aucune autre sacrificature comme accréditée par Dieu. Tout le système religieux juif a pris fin avec la mort de Christ : temple, sacrifice, rite et sacrificature. Le paganisme est une imposture, une imitation perverse venant de Satan, un substitut illusoire. Christ n’est pas entré dans des lieux saints faits de main, correspondant aux vrais, mais Il est entré maintenant dans le ciel même, pour paraître pour nous devant la face de Dieu [Héb. 9:24]. Selon l’Écriture, Il est le seul grand Souverain Sacrificateur, Il est élevé plus haut que les cieux et est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux [Héb. 7:26 ; 8:1] ; Il n’y a qu’une seule maison sacerdotale (reconnue par la même Écriture), et celle-ci est constituée de tous les saints de Dieu [Héb. 3:6]. Ceux-ci sont pareillement lavés, sanctifiés, justifiés. Ils avaient et ont accès par la foi à la faveur de Dieu «dans laquelle nous sommes» [Rom. 5:2]. En Jésus Christ, ils ont été approchés par le sang de Christ [Éph. 2:13]. Quelle que soit la distance qui sépare Juifs et Gentils, ou qu’il y a entre Dieu et eux, nous qui croyons avons par Christ, les uns et les autres, accès au Père par un seul Esprit [Éph. 2:18].

Quoique la proximité avec Dieu soit la marque essentielle et la plus précieuse d’un sacrificateur, la preuve de cette proximité n’est pas simplement le principe qu’on trouve dans les épîtres aux Romains, Corinthiens et Éphésiens dont il vient d’être question. Dans notre texte, l’apôtre Pierre caractérise explicitement les chrétiens comme étant la seule «sainte sacrificature» reconnue dans le Nouveau Testament. L’apôtre Jean parle dans le même sens en Apoc. 1:6 ; quant à l’épître aux Hébreux qui traite à fond de ce qui suivait nécessairement le changement de sacrificature en Christ, elle traite du début à la fin les frères chrétiens, participants à l’appel céleste [Héb. 3:1], comme étant les véritables homologues de la famille d’Aaron pour le temps présent. Au début, nous lisons que Christ est Fils sur la maison de Dieu, et nous sommes Sa maison (Héb. 3:6). Plus loin (Héb. 10:19) nous lisons encore : «Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair, et ayant un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’eau pure » (Héb. 10:19-22).

Ici le privilège attribué à tous les saints est plus grand que tout ce dont les fils d’Aaron jouissaient, y compris Aaron lui-même ; car le privilège s’applique en permanence et avec une pleine liberté qu’Aaron n’a jamais connue. La foi a le droit de s’approcher là où Christ est maintenant, à travers le voile déchiré, en vertu de Son sang et de l’Esprit qui fait sentir son efficacité à notre cœur et à notre conscience comme étant un statut établi [Héb. 10:19 et suiv.]. C’est pourquoi nous lisons dans notre texte que nous avons à «offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ», et donc les fonctions de cette sacrificature nous sont ouvertes et nous y sommes tenus, bien au-delà des offrandes de bœufs, moutons, chèvres, gâteaux ou encens. Cela nous est confirmé en Heb. 13:15 : «Offrons donc par Lui sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom». La preuve de notre position sacerdotale est remarquablement complète. Il s’ensuit que l’existence d’une classe de sacrificateurs maintenant sur la terre en faveur des saints chrétiens et séparée d’eux, est une imposture ; non seulement elle n’est pas soutenu par l’Écriture, mais elle est complètement opposé au témoignage simple et suffisant de l’Écriture. Bien plus, elle sape à la fois l’essence et la nature de l’Église, et est même incompatible avec le caractère fondamental de l’Évangile et de la position chrétienne.

 

3.3       [Ch. 2:6-8 — Christ, la pierre angulaire selon la prophétie de l’Ancien Testament]

L’édifice saint dont l’apôtre vient de parler, consiste en des pierres vivantes qui dérivent de manière frappante d’une particularité de la Pierre Vivante. Ce point qui est en général familier à ceux qui connaissaient la Bible, l’apôtre le base sur une prophétie citée à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament.

« Parce qu’on trouve dans l’Écriture : ‘Voici, je pose en Sion une maîtresse pierre de coin, élue, précieuse ; et celui qui croit en elle ne sera point confus’. C’est donc pour vous qui croyez, qu’elle a ce prix ; mais pour les désobéissants, ‘la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin, et une pierre d’achoppement et un rocher de chute’, lesquels heurtent contre la parole, étant désobéissants » (2:6-8).

 

3.3.1        [La prophétie d’Ésaïe 28 et 29]

Ésaïe 28 passe des «ivrognes d’Éphraïm» et de leur jugement, au coup encore plus terrible qui doit tomber sur les hommes moqueurs et coupables qui gouvernent à Jérusalem. Car ceux-ci, pour échapper au fléau qui inonde, le roi du nord ou Assyrien, feront une alliance avec la mort et un pacte avec le Shéol. Mais les mensonges s’avéreront ne pas être un abri, et la fausseté ne les cachera pas. Car l’Éternel se lèvera, à la manière des victoires écrasantes qu’Il a données autrefois à David, et Il fera Son œuvre étrange, cette fois à une échelle extraordinaire ; ce sera la consomption, une consomption décrétée sur toute la terre [És. 28:14-22]. Ainsi au-dedans, le roi qui fait sa propre volonté, et son alliance, seront anéantis avec les apostats du peuple, ainsi qu’au dehors le roi du nord et la multitude des ennemis faisant le siège, selon És. 29. Mais face à cette tribulation sans pareille, dont tout ce qui est arrivé au peuple jusqu’ici n’est que des arrhes, le prophète déclare de la part du Seigneur, l’Éternel, qu’Il pose en Sion une pierre, une pierre éprouvée, une précieuse pierre angulaire, un sûr fondement : celui qui se fie à elle, ne se hâtera pas. Car ce jour prouvera la chute, définitive et irrémédiable, de toutes les puissances du monde, occidental ou oriental, aussi bien que de la masse incrédule des Juifs, tandis que le résidu pieux qui se confie en Emmanuel sera justifié pour toujours. Alors Celui dont le nom est Germe germera de Son propre lieu, et Il bâtira le temple de l’Éternel ; Il bâtira le temple de l’Éternel, et il portera la gloire, et s’assiéra et dominera sur Son trône ; et Il sera sacrificateur sur Son trône [Zach. 6:12-13], ce qu’aucun Fils de David n’a jamais été, sauf dans une petite mesure comme type, sinon Celui qui est aussi la racine de David.

 

3.3.2        [Il y a une jouissance présente dans la maison spirituelle et la sainte sacrificature]

Ici en 1 Pierre 2:6-8, il ne s’agit pas du temple de la gloire comme bientôt, mais d’une maison spirituelle, et d’une sainte sacrificature pour offrir des sacrifices spirituels durant le jour du rejet de Christ par Israël. Les Juifs croyants vont-ils tout perdre parce que la masse Le rejette ? Loin de là. Ils entrent dans la jouissance des promesses dans la mesure où celles-ci étaient compatibles avec les voies actuelles de Dieu ; et même s’ils ne reçoivent pas tout, Dieu a pourvu quelque chose de «meilleur» pour nous ou à notre égard, comme il est indiqué ailleurs (Héb. 11:39-40). Ils ont, dans une mesure, la bénédiction de croire sans avoir vu [1:8], tandis que la prophétie est, non pas simplement appliquée, mais accomplie à la lettre. Elle sera sûrement bénie, la confiance en Christ qui a refusé l’idolâtrie, l’antichrist et la puissance du monde qui paraît tout écraser ; à la fin ces Juifs croyants seront des objets de simple miséricorde s’ils n’ont pas la puissance de la foi pour franchir tous les obstacles en paix, comme ce devrait être le cas maintenant par la Parole.

 

3.3.3        [Application particulière d’Ésaïe 28 selon Rom. 10]

Il est intéressant de noter qu’en Rom. 9:30-33, l’apôtre Paul se sert de ce passage d’És. 28 pour expliquer l’échec d’Israël poursuivant une loi de justice, tandis que les Gentils qui ne la poursuivaient pas, l’ont déjà atteinte. Les Gentils ont cru, et ont ainsi rendu gloire à Dieu ; ceux d’Israël se sont cramponnés aux œuvres, loin pourtant de ce que la loi exigeait, et ont ainsi montré leur vaine propre-justice, et ils ont également trébuché sur la pierre d’achoppement, méprisant leur propre Messie. Car la loi n’est pas par la foi, tandis que la bénédiction l’est, et elle est donc accessible au Gentil qui croit, mais pas au Juif qui ne croit pas.

 

3.3.4        [2:6 — Sion la montagne de la grâce. Celui qui croit ne sera pas confus]

De plus, on voit l’introduction de Sion avec une signification remarquable. Car, utilisée ainsi figurativement, elle exprime la montagne de la grâce de Dieu en contraste avec Sinaï, la montagne de la responsabilité du peuple sous la loi, où tout fut manquement, non pas que la loi ne fût pas bonne, mais parce que l’homme est mauvais et ruiné au point de ne pas pouvoir se passer d’un Sauveur. Sion apparaît après l’effondrement complet du royaume sous Saül, qui était issu du choix de l’homme ; car Sion n’a été arrachée aux Jébusiens que pour être la ville de David, le choix de Dieu. Or il y a ici un plus grand que David, Christ, que l’Éternel pose comme pierre angulaire, élue, précieuse, au-delà de toute comparaison. Celui qui croit en Lui ne sera pas confus [2:6], contrairement à tous ceux qui se confient en un bras de chair [Jér. 17], surtout ceux d’Israël qui ont méprisé Celui vers qui la loi et les prophètes ont toujours dirigé les regards. Pour le royaume du monde [Apoc. 11:15], l’Éternel a oint son Roi sur Sion, la montagne de Sa sainteté ; et Christ demandera, non pas maintenant, mais en ce jour-là, et Il aura les nations pour Son héritage, et les bouts de la terre pour Sa possession, brisant avec un sceptre de fer tous ceux qui s’opposent, comme on brise les vases d’un potier [Ps. 2:6, 8-9]. « Car l’Éternel a choisi Sion ; il l’a désirée pour être son habitation : C’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée» (Ps. 132:13-14). La clé de tout cela, c’est que Sion sera le siège terrestre de Son Oint, Son Fils bien-aimé.

 

3.3.5        [2:6 — pas confus : les souffrances en attendant la gloire]

Mais Sion et la terre ont disparu pour le présent en tant que centre et sphère des opérations divines. Car Christ rejeté est dans les cieux à la droite de Dieu, anges et autorités et puissances lui étant soumis [3:22]. Et comme Lui a souffert pour nous dans la chair, les Juifs qui croient sont appelés à s’armer de la même pensée [4:1], tout comme les saints des Gentils, et à ne pas trouver étrange le feu ardent au milieu d’eux, venu pour les éprouver [4:12] ; mais comme nous avons part aux souffrances de Christ, nous sommes appelés à nous réjouir de ce que, lors de la révélation de Sa gloire, nous pourrons nous réjouir avec allégresse [4:13]. Voilà la véritable part du chrétien pour le présent, souffrant d’épreuves variées, afin que l’épreuve de notre foi, plus précieuse que celle de l’or qui périt, et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tournée à louange, à gloire et à honneur en ce jour-là [1:7].

 

3.3.6        [2:6-7 — pierre précieuse, pierre qui a du prix]

Assurément, la valeur précieuse de Christ sera alors manifeste. Des rois fermeront la bouche en Le voyant ; car ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, et ils comprendront ce qu’ils n’avaient pas entendu [És. 52:15]. Et les nations marcheront à la lumière de Sion, et les rois, à la splendeur de son lever [És. 60:3]. Pourtant, quelle miséricorde infinie maintenant, de ce que la ruine du peuple élu (non seulement sous la loi, mais bien pire en rejetant le Messie et l’évangile) n’a pas empêché le résidu croyant d’anticiper la bénédiction dans sa forme et sa plénitude chrétienne ! Tout est basé sur Christ mort et ressuscité et monté en-haut. «C’est donc pour vous qui croyez qu’elle a ce prix» [2:7]. Son rejet a été l’occasion d’accomplir à la gloire de Dieu tout ce qui avait été promis, et bien plus encore, selon ce qu’il a été donné à l’apôtre Paul de communiquer. Mais même ici, quelle richesse de grâce est déployée ! S’ils ne pouvaient qu’être tristes de l’incrédulité de leurs frères selon la chair, la grâce avait-elle été restreinte pour ceux qui croyaient ?

 

3.3.7        [2:6-7 — les prophéties sur le rejet de Christ deviennent claires]

Maintenant, ils comprenaient l’importance de beaucoup de passages de l’Écriture restés obscurs jusque-là parce qu’ils n’arrivaient pas à imaginer que les conducteurs du peuple et le peuple des Juifs puissent être si endurcis, si enténébrés et si rebelles contre l’Éternel. Non seulement ceux-ci méconnaissaient les avertissements solennels de Sa parole qu’ils avaient entre leurs mains ou qu’ils avaient entendues, mais ils accomplissaient la voix des prophètes en condamnant Son serviteur juste [Actes 13:27], désigné par ces oracles divins, et par des miracles de puissance et de bonté divines [Actes 2:22], surpassés seulement par Sa gloire personnelle et par Son excellence morale sans équivalent de tous côtés.

Prenons un exemple. Ésaïe 53 n’était plus une énigme pour eux ; au contraire, ce chapitre fournit l’explication tout à fait lumineuse de faits certains et importants arrivés sous leurs yeux. « Qui a cru à ce que nous avons fait entendre, et à qui le bras de l’Éternel a-t-il été révélé ? Il montera devant lui comme un rejeton, et comme une racine [sortant] d’une terre aride. Il n’a ni forme, ni éclat ; quand nous le voyons, il n’y a point d’apparence [en lui] pour nous le faire désirer. Il est méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur, et comme quelqu’un de qui on cache sa face ; il est méprisé, et nous n’avons eu pour lui aucune estime. Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs ; et nous, nous l’avons estimé battu, frappé de Dieu, et affligé ; mais il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris. Nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin, et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous » (Ésaïe 53:1-6).

 

3.3.8        [2:7-8a — la pierre rejetée devenue maitresse pierre de coin]

Les Juifs sont maintenant profondément incrédules, non seulement comme tous les hommes naturels, mais ils sont aveuglés judiciairement, car ils sont en face à la fois de la preuve la plus complète et de la patience la plus extrême. Mais leur jugement de soi finira par arriver au jour de la puissance du Messie et de leur délivrance nationale. Alors ils verront et confesseront tout, comme d’autres passages de l’Écriture l’attestent ; ils comprendront que l’Éternel a fait l’expiation pour tous leurs péchés au moyen de ce qui était leur péché suicidaire et inexcusable. Cette œuvre est déjà accomplie, et le résidu croyant y entre maintenant dans toute sa valeur, comme nous-mêmes d’entre les Gentils. Mais la masse reste encore insensible. « C’est donc pour vous qui croyez, qu’elle a ce prix ; mais pour les désobéissants, «la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin, et une pierre d’achoppement et un rocher de chute» [2:7-8a]. Combien la solution de l’énigme est évidente ! comment pourrait-il en être autrement à moins que Jésus ne soit le Christ et le Fils de Dieu ? Ps. 118:22 et És. 8:14 sont aussi clairement accomplis que la plus complète des prédictions. Tandis que le triomphe terrestre n’est à attendre que lorsqu’Israël Le reconnaitra entièrement, en attendant Jésus est fait la tête de l’angle dans le ciel ; et ceux qui croient maintenant, Juifs ou Gentils, jouissent de la bénédiction par la foi. Cela est maintenant plus excellent pour le cœur que la gloire visible quand elle apparaîtra, — ce qui arrivera certainement, pour ne rien dire de la gloire céleste qui sera également manifestée au-dessus du monde en ce jour-là.

 

3.3.9        [2:8b — étant désobéissants, à quoi aussi ils  ont été destinés]

L’état actuel des Juifs correspond au sombre arrière-plan du tableau. Les mots qui suivent sont aussi solennels moralement que certains dans les faits : «lesquels heurtent contre la parole, étant désobéissants, à quoi aussi ils ont été destinés». Ni ici ni ailleurs, on ne trouve le dogme de l’état réprouvé que tient l’école calviniste ; rien dans les Écritures ne le justifie, pas plus qu’elles ne justifient l’erreur contraire des Pélagiens au sujet de la puissance pour faire le bien. Tout le mal est du côté de l’homme, tandis que le bien vient exclusivement de la grâce de Dieu. Il n’a jamais fait l’homme pour être pécheur, et il ne prend pas plaisir à la mort du pécheur [Éz. 18:23], encore moins à sa destruction éternelle. Mais il est souverain et suprême ; et l’homme a beau être effronté dans la désobéissance volontaire, la volonté de Dieu demeure. Il présente Sa grâce et sa vérité en Christ ; et les hommes trébuchent sur la parole qui Le révèle. À ceci ils n’ont pas été destinés, ni destinés à être désobéissants, mais étant désobéissants, ils ont été destinés à trébucher de cette manière que Dieu, dans Sa sagesse, avait disposé comme épreuve. Ils refusent et méprisent la Parole, tandis que d’autres, par grâce, se jugent eux-mêmes et croient Dieu et reçoivent paix et joie dans leur salut. Comparez Jude 4.

 

3.4       [Ch. 2:9-10 — sacrificature royale]

Il n’y a pas seulement le fait que les chrétiens sont maintenant une maison spirituelle, une sainte sacrificature ; ils n’ont pas simplement ce titre, mais ils offrent des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ. Ils sont dans le contraste le plus complet avec, par exemple, ceux qui trébuchent sur la Parole, les désobéissants. La liste des privilèges bénis est alors déployée.

« Mais vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple acquis, pour que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ; vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde » (2:9, 10).

 

3.4.1        [Privilèges de la sainte sacrificature : Culte et adoration]

Il est vrai qu’en tant que «sainte sacrificature», l’exercice de foi du cœur est dirigé vers Dieu qui nous a amenés à Lui par Sa grâce en Christ, et qui a ainsi pu nous faire approcher par le sang de Christ. Nous nous approchons donc en dedans, et offrons des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ. Ce que les fils d’Aaron faisaient dans le sanctuaire était d’ordre matériel et tirait toute sa valeur du fait d’être une ombre de Christ et de Son acceptation par Dieu comme une odeur parfaite et permanente de repos [Gen. 8:21] ; les saints sont exhortés maintenant à faire pareil. L’épître aux Hébreux [13:15] l’exprime de cette manière : «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom ». Y a-t-il un privilège plus élevé et plus intime que d’être en Sa présence, marchant dans la lumière comme Lui-même est dans la lumière [1 Jean 1:7], étant délivré de l’égoïsme qui éclate sous la forme de la volonté propre et étant purifié par le sang qui efface tout péché ? … le privilège d’adorer le Père, le seul vrai Dieu ? … le privilège de répandre nos actions de grâce pour toutes les grâces que nous avons reçues ? … le privilège de Le louer en esprit avec tous les saints, pour tout ce qu’Il est et a fait, et ce qu’Il nous a donné de recevoir et de connaître ?

Christ est le fondement et la substance de tout cela, et donc sans variation ni ombre de changement [Jacq. 1:17], et le Saint-Esprit est donné en sorte que des vases encore terrestres contiennent une puissance et un caractère divins. C’est une assimilation merveilleuse au culte éternel qui sera rendu au ciel durant toute l’éternité ; or déjà maintenant nous le possédons et nous y sommes invités, non comme un simple droit, mais comme une occupation joyeuse, spécialement quand nous sommes rassemblés à Son nom. Ce sera parfait et sans mélange au jour de gloire que nous attendons ; mais il nous convient d’y abonder déjà ici-bas, au vu de ce qui est déjà notre part : la lumière, l’amour et l’accomplissement de l’œuvre de Christ que nous connaissons ; cette œuvre accomplie garantit la bénédiction de tous à la gloire de Dieu, et Christ nous est révélé dans cette gloire comme le témoignage le plus complet et le gage de ce qui est à nous.

Nous ne devrions jamais confondre l’adoration avec le ministère de la parole. Aussi précieux que soit celui-ci, il n’est que le moyen de nous communiquer la vérité qui, étant reçue par l’Esprit, nous rend propre pour louer et adorer notre Dieu. C’est un service de Lévite plutôt qu’un service de sacrificateur qui s’approche pour offrir. Les communications de bénédiction de la part de Dieu à notre foi sont certes essentielles, et elles en sont la base, mais aucune n’a la même nature, le même caractère et le même effet que l’adoration ; car celle-ci est le retour du cœur, rendu libre par Sa présence, et fortifié par Son Esprit, pour présenter nos actions de grâce et nos louanges agréables à Dieu par le Sauveur, dans la communion de tous les saints.

 

3.4.2        [2:9 — Race élue]

Pourtant, ce n’est pas tout. Les croyants sont également vus sous un autre angle. Eux et eux seuls sont une «race élue», au moment même où la nation élue s’était montrée plus que jamais coupable pour sa propre ruine. Or cette parole est adressée avant tout à un résidu Juif ; non pas que ce ne soit pas aussi vrai de tous ceux qui croient, mais il fallait que soient consolés ceux qui avaient été sauvés de cette génération perverse, sur laquelle un nouveau jugement était suspendu, et qui était sur le point d’être dispersée une fois de plus, et plus que jamais. Si la position d’Israël était perdue pour le moment, le résidu croyant obtenait la bénédiction et était déclaré être «une race élue». La distinction dans le christianisme a acquis un caractère plus élevé et plus personnel.

 

3.4.3        [2:9 — Sacrificature royale]

Ensuite ils étaient «une sacrificature royale» (ce que la sacrificature d’Aaron n’était pas), plutôt selon le modèle de Melchisédec dans le fait de répandre la bénédiction. Dans le jour à venir, Il exercera cette sacrificature en étant sacrificateur assis sur Son trône, au lieu de nous soutenir comme Il le fait maintenant à l’intérieur du voile. En attendant, ceux qui sont Siens sont considérés déjà maintenant comme une sacrificature royale pour manifester Ses vertus avant le jour de Sa puissance. Il ne s’agit évidemment pas de prêcher l’évangile aux perdus pour qu’ils soient sauvés, mais de raconter Ses vertus et Ses perfections, en témoignage à Celui qui seul est digne d’être exalté de Dieu au plus haut des cieux.

 

3.4.4        [2:9 — Nation sainte]

Ils sont en plus «une nation sainte», alors que la nation qui aurait dû être telle, avait sur elle l’empreinte du pire mal, non pas juste de l’idolâtrie, mais le mépris du Saint de Dieu, le Messie. Dans la folie de leur haine aveugle, n’avaient-ils pas crié « que Son sang soit sur nous et sur nos enfants » ? Au contraire, le résidu qui Le reconnaissait et dont les péchés étaient lavés dans Son sang, était maintenant «une nation sainte», agréable par Son nom.

 

3.4.5        [2:9 — Peuple acquis]

Enfin, ils étaient «un peuple acquis». Si Dieu était moralement tenu de mettre de côté ceux qui résistaient toujours au Saint-Esprit comme leurs pères [Actes 7:51], ceux d’entre eux qui croyaient en Christ devenaient «un peuple acquis». Ils étaient précieux parce que leur foi éclatait en franchissant les multiples obstacles de l’incrédulité, de l’orgueil et de l’aveuglement judiciaire qui enveloppaient la nation juive. Peu nombreux par rapport à la masse qui se précipitait vers la destruction, ils étaient «un peuple acquis» pour Dieu, afin qu’ils «annoncent les vertus [ou : perfections] de celui qui les avait appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière».

 

3.4.6        [2:9 — Annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés à Sa merveilleuse lumière]

Telle est la position chrétienne ici-bas. Bientôt Israël aura une position de pouvoir et de gloire devant toutes les nations quand les aveugles verront et les sourds entendront que le Messie rejeté, le Seigneur l’Éternel, est leur seul Sauveur. Alors il sera clair que « J’ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange » [És. 43:21]. Et les hommes sauront, du soleil levant au soleil couchant qu’il n’y en a point hors Lui, l’Éternel, il n’y en a point d’autre [És. 45:6] ; et les cieux d’en haut et les nuages feront ruisseler la justice, et la terre s’ouvrira et apportera le salut, et la justice germera [És. 45:8]. Mais déjà maintenant, tandis que Christ rejeté est assis sur le trône du Père, et que l’Esprit a été envoyé pour Le glorifier d’une manière spirituelle dans un monde de ténèbres et de rébellion contre Dieu, ceux qui confessent Christ sont là pour annoncer Ses vertus. Ils peuvent bien le faire, car ils voient qu’Il les a appelés des ténèbres à Sa merveilleuse lumière. Si ceux-ci se taisaient, les pierres crieraient immédiatement, selon ce que Lui a dit [Luc 19:40]. Autrefois ils étaient autant dans les ténèbres que les autres. Il en est de même pour tous ceux qui croient maintenant ; vous étiez autrefois ténèbres, dit l’apôtre Paul aux Éphésiens [5:8], mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Et en vérité c’est à une merveilleuse lumière que nous avons été appelés [2:9], Lui-même étant la vraie lumière qui ne trompe jamais et ne faiblit jamais [Jean 1:9]. Bien qu’elle ne soit pas encore apparue pour briller sur Sion, comme elle le fera sûrement, elle a fait luire, dans les cœurs de ceux qui croient, la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ [2 Cor. 4:6]. Maintenant ce n’est que du ciel et pour le ciel, comme nous L’attendons. Bientôt Il va revenir et apparaître dans une lumière manifeste et incontestable pour Sion et pour Israël repentant ; et la terre qui, maintenant, est encore couverte de ténèbres, sera pleine de la connaissance de l’Éternel et de Sa gloire comme les eaux couvrent le fond de la mer [És. 11:9 ; Hab. 2:14].

 

3.4.7        [2:10 — … retournement du « pas un peuple, pas obtenu miséricorde »]

En attendant, ceux qu’Il a appelés d’entre les Juifs sont consolés par l’assurance d’avoir en Christ, comme part assurée, tout ce qui peut être à eux, en accord avec la marche présente qui est par la foi et non par la vue. L’échec du terrain choisi en Ex. 19:5, 6 et 24:3-7 (leur obéissance) ne compromet pas ceux qui croient. Christ souffrant pour leur désobéissance, a établi ce qui ne pouvait pas déchoir. Leur foi repose sur Lui, non pas sur eux-mêmes ; quiconque croit en Lui ne sera pas confus [Rom. 9:33 ; 10:11] ; ils croient en Celui qui garantit tout pour le plus faible des Siens. C’est l’anticipation d’Osée 2:23 avant que ce verset se vérifie en Israël : c’est ce que prouve clairement le v. 10. Le droit de s’approprier les paroles du prophète leur est garanti déjà maintenant. Cela est dû à Christ que Dieu se plaît à honorer.

Il est plein d’intérêt et d’instruction de se rendre compte que Paul, écrivant à la fois aux croyants Juifs et Gentils, cite à la fois Osée 1:10 [en Rom. 9:26] et Os. 2:23 [en Rom. 9:25], tandis que Pierre, écrivant aux croyants Juifs de la dispersion, ne va pas plus loin que Osée 2:23. Les deux écrivains inspirés étaient parfaitement guidés par Dieu pour le but divin qui était le leur. C’est ce que Wiesinger a totalement manqué de discerner, et Alford, approuvant cette erreur, confond les deux vérités et détruit ainsi une distinction de toute importance pour l’intelligence spirituelle. Ceux qui précédemment n’étaient «pas mon peuple» sont désormais le peuple de Dieu ; ceux qui n’avaient pas obtenu miséricorde quant à leur état, avaient maintenant obtenu miséricorde. Combien est grande Sa miséricorde maintenant ! Il est bon et salutaire pour l’âme de ressentir habituellement qu’elle n’a besoin de rien d’autre au jour de la tentation dans le désert. C’est aussi ce que l’apôtre Paul rappelle aux Hébreux croyants à la fin de son ch. 4. En fait, c’est ce que la sacrificature de Jésus implique constamment. Tous les saints doivent chérir Sa sympathie et la miséricorde de Dieu tout au long de leur chemin terrestre.

 

3.5       [Ch. 2:11-12 — Probité requise de la sacrificature]

L’exhortation au début du chapitre est fondée sur le fait d’être né de nouveau [régénérés] par une semence incorruptible par la vivante et permanente Parole de Dieu [1:23]. C’est à cause de cela qu’eux, comme tout autre chrétien bien sûr, devaient rejeter toute malice et toute fraude et tout ce qui va avec et leurs effets [2:1], et ils devaient désirer ardemment le pur lait de la Parole [2:2], afin de croître jusqu’au salut [2:3] de gloire qui est prêt à être révélé [1:5]. Ici [2:11-12], c’est une autre exhortation non moins générale et nécessaire ; elle est basée sur ces hauts privilèges d’une sacrificature sainte et royale qui distinguent le chrétien déjà maintenant, bien que leur manifestation en gloire soit encore future selon Apoc. 1 et 4 et 5 et 20. Ce qu’Israël a perdu en rejetant Christ appartenait à ces croyants, mais à un degré plus excellent et avec une sphère bien plus élevée selon la grâce souveraine de Dieu. Cela conduit l’apôtre à insister sur la probité qui y correspond.

« Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et gens qui séjournent [JND : forains et étrangers], à vous abstenir des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l’âme, ayant une conduite honnête parmi les nations, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes œuvres qu’ils observent » (2:11, 12).

 

3.5.1        [2:11a — « Bien-aimés », « forains et étrangers » ou « pèlerins et gens qui séjournent »]

Pour la première fois l’apôtre s’adresse à ces saints en tant que «bien-aimés», car il n’y a pas lieu d’ajouter «chers bien-aimés» comme dans la version autorisée anglaise (KJV). L’expression est la même qu’en 1 Pierre 4:12 et 2 Pierre 1:17 & 3:1, 8, 14, 15, 17. Le mot d’affection [bien-aimés] est tout à fait approprié dans cette supplication de fuir les convoitises charnelles, comme plus loin celle de ne pas fléchir dans les épreuves ardentes. Il y a danger des deux côtés ; et les exhortations respectives venaient de son cœur vers le leur.

Mais il les appelle aussi «étrangers (ou : pèlerins) et gens qui séjournent [ou : voyageurs]», non pas au sens littéral de 1 Pierre 1:1, mais avec la vision plus profonde et plus spirituelle de 1 Pierre 1:17. Si la grâce les appelait au ciel, qu’avaient-ils à faire avec les objets, les poursuites et les intérêts de la terre ? Ils attendaient la révélation du Seigneur Jésus en gloire [1:7], appelés à être saints dans toute leur conduite, comme Celui qui les appelait est saint [1:15] — et tandis qu’ils avaient la liberté d’invoquer comme Père celui qui juge sans acception selon l’œuvre de chacun [1:17], ils étaient tenus de passer le temps de leur pèlerinage [ou : séjour] dans la crainte, quoiqu’il s’agît d’une crainte faite non pas de défiance mais de confiance ; car cette crainte est basée sur la connaissance consciente de la grâce divine ayant agi dans leur rédemption faite à un prix et une valeur infinis. Il leur avait parlé ici de leur proximité et de leur dignité inestimables devant Dieu, alors qu’Israël avait manifestement tout perdu pour le présent. C’était pour eux une bénédiction comme chrétiens, non pas une calamité en tant que Juifs, d’avoir été appelés à traverser le désert de ce monde en tant que pèlerins et voyageurs [gens qui séjournent]. S’abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme devait aussi donner d’autant plus de force à leur statut actuel d’étrangers. Même ce qui est légitime doit être utilisé avec mesure aux yeux de Dieu.

 

3.5.2        [2:11b — S’abstenir des convoitises charnelles — abominations de Babylone]

Quelle différence frappante entre la manière dont la grâce use des privilèges spirituels, comme ici, et le principe qu’on soutient de l’église-monde, et même l’ambition de l’être ! Babylone [Apoc. 17] est maintenant vêtue de pourpre et d’écarlate, ornée d’or et de pierres précieuses et de perles, avec, dans la main, une coupe d’or remplie des abominations et des impuretés de sa fornication ; il est écrit « mystère » sur son front, et elle est enivrée du sang du saints et du sang des témoins de Jésus. Exaltation présente sur la terre, puissance universelle et gloire visible, idolâtrie grossière, trahison la plus dévergondée et corrompue de la sainte séparation pour Christ, et haine meurtrière des saints de Dieu et des témoins de Jésus : voilà les caractéristiques horribles, indélébiles et incontestables de Babylone pour tous ceux qui sont enseignés de Dieu.

 

3.5.3        [2:11b — S’abstenir des convoitises charnelles — Babylone dominatrice]

Quel contraste déjà entre l’envie d’honneur extérieur et d’autorité des douze, et l’avertissement que leur adressait le Seigneur : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles, et que les grands usent d’autorité sur elles. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais quiconque voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et quiconque voudra être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave ; de même que le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Matt. 20:25-28). Dès le commencement de Son ministère, notre Seigneur a posé le principe, à ceux qui L’écoutaient, d’aimer leurs ennemis, de faire du bien à ceux qui les haïssaient, de bénir ceux qui les maudissaient, de prier pour ceux qui leur faisaient du tort. Pierre enseigne la même chose dans cette première épître, et cela a aussi été sa façon de vivre : bénir quand on souffre pour la justice, se réjouir maintenant quand on partage les souffrances de Christ afin de pouvoir se réjouir « avec transport » [4:13] en la révélation de Sa gloire. Bien avant que la domination mondiale du papisme s’impose, le système catholique n’a été que le développement du mystère d’iniquité — que la chair s’étalant dans le monde et à la suite du monde, à la joie de Satan — tout cela aussi loin de Christ connu par l’Esprit Saint qu’un théâtre ou un cirque est loin du ciel. Mais de plus grandes abominations que celles-là doivent arriver, jusqu’au jugement final éclatant qui ne sommeille pas [2 Pierre 2:4], car le Seigneur Dieu est puissant qui jugera Babylone pour toujours.

 

3.5.4        [2:11b — Les convoitises qui font la guerre à l’âme]

Selon les pensées de Christ, les grands privilèges de la foi ne devaient que renforcer la joie du croyant en Dieu et sa vigilance en tant qu’«étrangers et voyageurs» à se maintenir à l’écart des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme. Ces convoitises ne sont plus les sentiments malins et acharnés de l’homme déchu comme au v. 1, mais c’est ne rien se refuser et tout se permettre. Combien de fois, par manque de prière et de vigilance, les convoitises charnelles naissent d’une estime sincère et d’une affection pure qui glissent sans qu’on s’en rende compte vers ce qui est de la chair ; c’est comme les Galates déchus de la grâce qui avaient commencé par l’Esprit et étaient sur le point d’achever par la chair [Gal. 3:3] ! Avec quelle facilité de petites familiarités naïves évoluent peu à peu de l’intimité de l’amour chrétien à de la liberté profane, sinon le pire du mal. La convoitise peut prendre d’autres directions et d’autres formes, comme la cupidité ou tout autre laisser-aller étranger à Christ. Ces désirs charnels, dont beaucoup sont vantés comme de l’épanouissement personnel, font la guerre à l’âme et sont de l’abomination aux yeux de Dieu. Combien cela est contraire à la vie nouvelle et éternelle que nous avons en Christ, et est incompatible avec la merveilleuse lumière de Dieu dans laquelle nous marchons ! Combien cela est malfaisant et avilissant pour le chrétien ! Cela attriste le Saint-Esprit, déshonore Christ et fait la guerre à l’âme.

 

3.5.5        [2:12a — Appel à avoir une conduite honnête]

D’où l’appel d’avoir une conduite honnête (καλὴν) parmi les Gentils. Car ces Juifs chrétiens étaient dispersés au milieu d’eux. Bien que le ressort de la conduite soit la foi qui regarde au Père et l’invoque, c’est aussi une obligation de gagner les incrédules et les gens hostiles par une conduite pratique cohérente avec Christ, sans fournir d’occasion à ceux qui en cherchent. Car les gens du monde sont soupçonneux à l’égard des motifs et des manières de faire des fidèles, et ils ont un sens fort de ce que sont leurs responsabilités, même si ce n’est guère intelligent ; ils sont toujours à l’affût pour les prendre en faute. C’est pourquoi l’apôtre insiste sérieusement pour «que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes œuvres qu’ils observent».

 

3.5.6        [2:12a — une conduite honnête parmi les nations]

Un reproche ancien et commun fait aux chrétiens par les Gentils [nations] était de dire qu’ils étaient athées, puisqu’ils se détournaient des idoles, et qu’on ne trouvait, dans leurs assemblées, aucune image d’or, d’argent, de pierre ou de bois, ni de représentation d’instruments humains. Les Juifs savaient bien que c’était juste parce qu’un Dieu vivant et vrai les avait gagnés en les détournant de telles vanités pour Le servir Lui seul. Mais ils étaient d’une jalousie acharnée de ce que les chrétiens ne devenaient pas des prosélytes de la loi, mais qu’ils croyaient en Son Fils ressuscité, Jésus le Libérateur, et qu’ils attendaient Sa venue des cieux [1 Thes. 1:10] ; ils étaient d’autant plus furieux que tous les chrétiens de la race d’Abraham avaient la même foi et la même espérance que les incirconcis.

Chez les Grecs et les Romains, le service de l’État était haut-estimé : celui qui ne prenait pas sa part de ses charges et n’accordait aucune valeur à ses ambitions n’en finissait pas d’être méprisé. Ne pas avoir ici-bas de ville durable, mais chercher celle qui est à venir, déclarer que le bien commun du chrétien est dans les cieux d’où nous attendons aussi le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur [Phil. 3:20], semblait relever de la folie tant aux Juifs qu’aux Grecs, et était tout à fait odieux.

 

3.5.7        [2:12b — des bonnes œuvres observées par ceux qui médisent de vous]

L’amour aussi, en tant que lien de la perfection, les exposait à la suspicion éhontée et malveillante qui imputait des intentions perverses à la nouvelle fraternité qui étonnait le monde ; on accusait les femmes émancipées par la foi en Christ d’être de simples domestiques et jouets de l’autre sexe, et d’être dans une relation intime et communautaire impossible aux Juifs et Grecs, qu’ils soient esclaves ou libres, hommes ou femmes ; « car vous êtes tous un dans le Christ Jésus » [Gal. 3:28]. Il est facile de se faire une idée de ce que les hommes pensent et disent de ce qui n’est connu que de la foi et par la foi ; dans leur ignorance de la grâce et de la vérité, ils jugeaient qu’on ouvrait la porte aveuglément à la licence sans frein et à l’impureté. Mais l’apôtre exhorte qu’en observant les bonnes œuvres de ceux auxquels il s’adressait, même les gens qui parlaient d’eux comme des malfaiteurs puissent être amenés à s’élever au-dessus de leurs préjugés et à glorifier Dieu au jour de la visitation.

 

3.5.8        [2:12b — glorifier Dieu au jour de la visitation]

L’apôtre ne leur adresse pas d’éloges. En effet le Christ met en garde contre de telles louanges comme étant dangereuses [Luc 6:26]. En Matt. 5:16, Il commande davantage que l’effet produit ici : « Que votre lumière (c’est-à-dire celle consistant à confesser Christ) brille ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ». Notre apôtre ajoute ici «au jour de la visitation» ; mais ce n’est guère dans le sens d’être visité avec la même lumière et la même grâce que les chrétiens connaissent aujourd’hui, et c’est encore moins la visitation en un jour où les Gentils auraient une prédication plus claire de l’évangile qu’alors. Il semble plutôt que l’apôtre regarde au jour où Dieu jugera les secrets des hommes [Rom. 2:16], quand le Seigneur viendra mettre en lumière les choses cachées des ténèbres, et manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu [1 Cor. 4:5].

 

3.6       [Ch. 2:13-17 — diverses relations extérieures]

Ayant commencé par le jugement de soi comme source intérieure d’une conduite honnête devant les autres qui ont tendance à penser et à dire du mal des chrétiens, l’apôtre Pierre passe maintenant à diverses relations extérieures ; il nous exhorte à la conduite qui convient à ces relations.

« Soyez donc soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur, soit au roi comme étant au-dessus de tous, soit aux gouverneurs comme à ceux qui sont envoyés de sa part pour punir ceux qui font le mal et pour louer ceux qui font le bien ; car c’est ici la volonté de Dieu, qu’en faisant le bien vous fermiez la bouche à l’ignorance des hommes dépourvus de sens, comme libres, et non comme ayant la liberté pour voile de la méchanceté, mais comme esclaves de Dieu. Honorez tous les hommes ; aimez tous les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi » (2:13-17).

 

3.6.1        [2:13 — Soumission du résidu croyant qui remplace le peuple]

Vivre dans la soumission aux autorités était ressenti comme une tâche pénible moralement par les Juifs, spécialement du fait de la seule révélation de Dieu dont ils disposaient alors, et du fait que ces autorités étaient idolâtres et livrées à un esprit réprouvé. La masse n’a jamais accepté le joug des Gentils comme châtiment divin de leur méchanceté et de leur éloignement de Dieu qui avait daigné faire d’eux Son peuple. Et comme leur orgueil était irrité de ce qu’à la suite de leur rejet du Messie, Dieu, dans Sa grâce libre et indifférenciée, envoyait maintenant l’évangile aux nations autant qu’à eux, leur esprit rebelle a grandi jusqu’à attirer sur eux les jours de vengeance, de guerre et de désolation, comme prédit par Dan. 9:26 et par le Seigneur lui-même (Matt. 21:38-41 ; 22:7 ; Luc 21:20-24) ; en Luc le Seigneur fait clairement la distinction entre le siège romain sous Titus, et les événements beaucoup plus solennels qui doivent avoir lieu à la consommation du siècle (Luc 21:25-27, et plus complètement Matt. 24:15-31, et Marc 13:14-27).

À l’égard des chrétiens d’entre les Juifs dispersés auxquels l’apôtre écrivait, il était donc important de les exhorter à plaire à Dieu par une humble loyauté vis-à-vis des autorités, et par une attitude de grâce envers tous les hommes, se gardant de l’attitude contraire. Malgré le naufrage d’Israël, et plus que jamais celui de Juda aux yeux de Dieu parce qu’à leur ancienne iniquité ils ajoutaient le rejet ignominieux du Seigneur, le résidu qui croyait en Lui, non seulement recevait spirituellement ce que la nation cherchait selon la chair, mais il jouissait de nouvelles bénédictions en Christ qui allaient au-delà de tout ce que les saints d’autrefois possédaient. Les prophètes avaient déjà révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour le résidu croyant après les souffrances et la glorification du Christ, qu’ils administraient ces choses qui leur étaient annoncées par ceux qui les évangélisaient par le Saint Esprit envoyé du ciel [1:12].

 

3.6.2        [2:13 — Motifs de soumission aux institutions humaines]

Dans un pareil cas, la conscience d’une bénédiction aussi riche et imméritée adoucit le cœur devant Dieu, et ouvre et amplifie de nouvelles affections envers l’homme. Car, comme l’écrivait un autre apôtre, «les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ» (2 Cor. 10:4, 5). Ainsi il était d’autant plus convenable, simple et facile d’être soumis à toute institution humaine pour l’amour du Seigneur du fait que, d’un côté, ils étaient enfants de Dieu et connaissaient leur rédemption par le sang précieux de Christ, et d’un autre côté ils étaient étrangers et voyageurs en séjour, et non pas chez eux sur la terre.

 

3.6.3        [2:13 — Les relations dans l’église sont d’une autre nature]

L’église est une institution divine, non pas humaine, et tout chrétien en est une partie ou un membre vivant, quelle que soit sa position. Dieu en a établi certains dans l’église, d’abord des apôtres, en second lieu des prophètes, en troisième lieu des docteurs [ou : enseignants - 1 Cor. 12:28]. Après cela, il est parlé d’une autre classe, une classe inférieure : les miracles, puis les dons de guérisons, les aides, les gouvernements, diverses sortes de langues. Les dons-signes ont disparus, ainsi que, parmi les grands dons pour l’édification, ceux qui ont posé les fondements. Or Dieu est fidèle, quels que soient les changements dus à l’infidélité de l’homme ; et l’amour de Christ pour Son corps ne peut pas cesser Ses soins actifs et efficaces jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme adulte, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ [Éph. 4:13].

 

3.6.4        [2:13 — Soumission aux autorités pour l’amour du Seigneur dans un monde mauvais]

Ici c’est un appel extérieur aux institutions humaines à se soumettre à elles ; elles peuvent prendre différentes formes, mais toutes constituent une épreuve pour le chrétien. Or comme l’a écrit l’apôtre Paul aux saints de Rome (13:1) qui étaient surtout des Gentils, et où régnait un empereur cruel, sans scrupules et dépravé : «Que toute âme se soumette aux autorités qui sont au-dessus d’elle ; car il n’existe pas d’autorité, si ce n’est de par Dieu ; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu». Ce qui est placé devant nous dans ce passage, n’est pas la providence secrète, mais les faits concrets manifestes. Dans les deux cas [1 Pierre 2 et Rom.13], le devoir est de se soumettre ; ici c’est «pour l’amour du Seigneur», tandis qu’en Romains 13, c’est «à cause de la conscience». Une république a ses droits autant que la royauté. La seule relation révélée au croyant est la sujétion, sans qu’ici ou ailleurs dans le Nouveau Testament, il y ait un seul mot poussant à exercer l’autorité dans le présent siècle mauvais. La grâce de Christ est le modèle pour tout chrétien ; et l’expression «pour l’amour du Seigneur» n’a pas trait à Sa relation à la création humaine, bien que Lui soit effectivement Seigneur de tout [Gal. 4:1], mais cette expression se rapporte à Son appel aux saints eux-mêmes, pour qu’ils Lui obéissent dans la soumission aux autorités du monde.

 

3.6.5        [2:14 — Soumission à toutes sortes d’autorité]

Mais tout en enjoignant la soumission à tous, l’Esprit fait des distinctions : «soit au roi comme étant au-dessus de tous, soit aux gouverneurs comme à ceux qui sont envoyés de sa part pour punir ceux qui font le mal et louer ceux qui font bien» [2:14]. «Envoyé de sa part» se réfère à l’autorité royale en tant qu’autorité supérieure. S’il était fait référence à Dieu, je crois que la préposition utilisée aurait été ὑπὸ, «par», et non pas διὰ, «par le moyen de». Prêcher qu’il y ait une mission divine, non du roi, mais seulement des gouverneurs délégués, est une erreur aberrante que tous peuvent apercevoir.

Le but d’un gouvernement quelconque exprimé dans la dernière partie du v. 14 est très clair. C’est punir ceux qui font le mal et encourager ceux qui font le bien. L’obligation générale fut prescrite à Noé après le déluge. Dans le monde antédiluvien, il n’est question ni de roi ni de magistrat. Les gens imaginent et raisonnent de manière abstraite au sujet de l’époque d’Adam ; or le cas de Caïn laissé impuni aux mains de l’Éternel indique comment les choses se passaient alors. Ensuite vint ce qui est la première base du gouvernement humain : «De la main de l’homme, de la main du frère de chacun, je redemanderai la vie de l’homme. Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car à l’image de Dieu, il a fait l’homme» (Gen. 9:5, 6). La vie appartient à Dieu qui a ainsi communiqué ce principe à Noé. Désormais l’homme était responsable, en tant que serviteur de Dieu, d’exécuter la colère, y compris jusqu’au sang si le sang avait été versé ; car il ne doit pas porter l’épée en vain [Rom. 13:4]. Ce fut le commencement des dispensations ; car dans un sens absolu, l’état Adamique n’en était pas une, ni les nouveaux cieux et la nouvelle terre n’en seront une pendant les âges sans fin. Nimrod, le rebelle de la lignée de Cush, ne tarda pas à profiter de la dispersion pour s’attribuer de son propre chef un pouvoir despotique ; et le commencement de son royaume fut Babel, et Érec, et Accad, et Calné, au pays de Shinhar [Gen. 10:8-10].

Ceux qui sont du Christ n’ont rien à faire directement avec le gouvernement du monde. Il est dit expressément qu’ils ne sont pas du monde comme Lui n’en était pas (Jean 17:14, 16) : Il refusa même d’arbitrer un cas où on cherchait Son intervention informelle ; Il ne voulut pas être juge pour partager un héritage (Luc 12:13, 14). «Mon royaume n’est pas de ce monde : si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici» [Jean 18:36]. Il était venu dans le monde pour rendre témoignage de la vérité [Jean 18:37], et c’est là encore la mission des chrétiens. Durant l’âge à venir, on les verra, Lui et eux, régner sur la terre, quand le mal sera jugé infailliblement et que l’iniquité se cachera la tête. C’est maintenant le temps de souffrir avec Lui, en attendant d’être glorifié. Voilà pourquoi nous devrions être d’autant plus zélés à nous soumettre à tout ordre humain, et pas seulement à un roi comme étant au-dessus de tout, mais aussi aux gouverneurs envoyés de temps en temps de sa part pour s’occuper des malfaiteurs et pour louer ceux qui font bien. Voilà notre devoir pour l’amour du Seigneur, tandis que nos intérêts propres sont en haut.

 

3.6.6        [2:15-16 — esclaves de Dieu]

Une raison de poids suit : «Car c’est ici la volonté de Dieu (et ne sommes-nous pas sanctifiés pour l’obéissance — l’obéissance de Jésus ? [1:2]), qu’en faisant le bien vous fermiez la bouche (litt. : museliez) à l’ignorance des hommes dépourvus de sens, — comme libres, et non comme ayant la liberté pour voile de la méchanceté, mais comme esclaves de Dieu» [2:15-16]. Combien cela est du bon sens, salutaire, désintéressé et pieux ! La réponse vraie et convenable à la haine méchante du monde est une manière de vivre pieuse. Car les hommes en tant que tels, tous et non pas seulement certains, sont dépourvus de sens s’ils ne connaissent pas Dieu, et trouvent un malin plaisir à imputer leurs propres fautes à Ses enfants. L’habitude de faire le bien ne consiste pas à renoncer à la liberté dans laquelle Christ nous a libérés, mais à vivre par l’Esprit, et aussi à marcher par l’Esprit, au lieu de se vêtir de la liberté pour voiler la méchanceté, selon ce que prétendaient les ennemis. C’est notre bonheur et notre devoir chéri de nous comporter comme les esclaves de Dieu : voilà ce que nous sommes réellement ; nous trouvons que c’est la loi parfaite de la liberté, car cela découle de notre nouvelle nature.

 

3.6.7        [2:17a — Honorez tous les hommes]

Le paragraphe se termine par une conclusion précise et riche de contenu : «Honorez tous les hommes ; aimez tous les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi». La forme du premier honneur à rendre n’est pas la même que la seconde expression du même acte : faites-le quand vous êtes appelés à le faire, et non pas faites comme vous avez l’habitude. Le chrétien ne doit pas manquer de se souvenir que l’homme a été fait à l’image de Dieu comme nulle autre créature. Hélas ! depuis qu’il est déchu, il est enclin à oublier ce qui le reprend dans ses multiples inconséquences.

 

3.6.8        [2:17b — Aimez tous les frères]

«Aimer tous les frères» est un devoir constant ; mais l’amour prend des formes variables selon leur état. Aucun chrétien n’est appelé à aimer ce qui est charnel ou mondain ; ni non plus un chemin schismatique, hérétique ou sectaire ; mais il est appelé à se détourner de l’un, et à ne plus avoir affaire avec l’autre après une première et seconde admonestation [Tite 3:10], même s’il a pu un temps être honoré au service de Dieu. L’amour veut se donner de la peine envers ceux qui sont coupables de fautes mineures, avertissant les déréglés, consolant ceux qui sont découragés, soutenant les faibles, usant de patience envers tous [1 Thes. 5:14]. C’est juste le contraire de la recherche de soi, de l’indifférence et de l’indépendance sous toutes ses formes.

 

3.6.9        [2:17c — Craignez Dieu]

Alors combien il est nécessaire de cultiver habituellement la crainte de Dieu ! Il n’y a rien de juste quand elle manque. La sainte crainte de Dieu met dehors toute crainte de l’homme déshonorante et toute crainte de Dieu qui tourmente. Nous connaissons Sa majesté, Sa sainteté et Son caractère juste ; et nous savons aussi qu’Il nous aime au-delà de l’amour d’un père, avec la perfection du Père vis-à-vis du Fils. Puissions-nous tous approfondir notre crainte de Lui !

 

3.6.10    [2:17d — Honorez le roi]

Il reste les mots «honorez le roi». Cela aussi est continu. Quel que soit son caractère personnel, le roi représente Dieu dans les choses de la terre. Le chrétien, s’il est fidèle à son appel céleste, n’a rien qui l’aveugle ; car il ne recherche aucun intérêt personnel, ni faveur ou honneur, et n’a donc pas à ressentir les déceptions de ceux qui vivent pour les choses présentes. Il peut donc, dans la simplicité et une sincérité pieuse honorer le roi dans sa fonction comme provenant de Dieu dans Sa providence (car c’est de l’ignorance que de parler ici de Sa grâce) ; il peut le faire par ce qui est son habitude, les supplications, les prières, les intercessions et les actions de grâces, non seulement pour tous, mais spécialement pour les rois et les haut-placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille [1 Tim. 2:1-2]. Nos souffrances, nos peines et les conflits viennent de ce que nous avons Christ comme notre vie dans un monde que Satan a conduit à Le crucifier ; et ils viennent aussi de ce que nous avons à faire à des gens qui portent le nom du Seigneur tout en cherchant leurs propres intérêts et non pas ceux de Jésus-Christ [Phil. 2:21]. La fausse gloire du monde, l’égoïsme et la propre volonté charnels, l’antagonisme de Satan contre Christ et contre la vérité, voilà ce qui est à surmonter habituellement par la foi et dans la soumission de cœur à Dieu.

 

3.7       [Ch. 2:18-20 — les domestiques]

L’exhortation suivante est adressée aux domestiques (οἰκέται), interrompant l’appel sans restriction des versets 11-17. L’apôtre commence bien par les domestiques, mais il ne poursuit pas jusqu’aux maîtres comme l’apôtre Paul dans ses épîtres. Puis il écrit [ch. 3] aux femmes et aux maris, mais ne dit rien de spécial pour les enfants ou les pères. On peut remarquer que les «domestiques» sont désignés ici par un terme plus doux, voire plus étendu, que le terme d’«esclaves» des lettres à Éphèse et à Colosses. En tout cas ils sont mis en contraste avec les οἰκότριψ ou esclaves nés. On peut comprendre qu’il s’agissait de serviteurs d’origine juive embauchés par des Juifs.

« Vous, domestiques, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres (δεσπόταις), non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont fâcheux ; car c’est de la grâce [JND : une chose digne de louange], si quelqu’un, par conscience envers Dieu, supporte des afflictions, souffrant injustement. Car quelle gloire y a-t-il, si, souffletés pour avoir mal fait, vous l’endurez ? mais si, en faisant le bien (ἀγαθοποι.), vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est de la grâce [JND : digne de louange] devant Dieu » (2:18-20).

 

3.7.1        [Importance de laisser Dieu s’adresser directement à l’homme]

L’un des plaies les plus odieuses et destructrices dans le Romanisme a été l’interdiction de la parole de Dieu par ce qu’on appelle l’église, hormis dans les cas approuvés par elle. Personne hormis Satan ne lui a donné une telle autorité. Mais sur ce point, le protestantisme ne s’est jamais élevé jusqu’à la vérité ; car en s’opposant à l’arrogance des papes, il est tombé dans le piège de réclamer le droit de l’homme à la Bible, ce qui a conduit facilement aux principes pervers de la révolution française et du socialisme [sans Dieu] et d’autres iniquités de ce genre. Le chrétien connaît que c’est son vrai privilège et son obligation solennelle d’affirmer le droit de Dieu d’adresser Sa parole à Ses enfants maintenant, comme autrefois à Israël, sans oublier le droit qu’Il a de s’adresser à l’homme universellement dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament. C’est justement là que se situe la culpabilité apostate de ce qu’on appelle à tort la Haute-Critique, alors que ce terme n’est qu’un euphémisme pour de la vile incrédulité ; c’est par son moyen que de nombreuses personnes aimables et se voulant respectueuses sont prises au piège dans les églises nationales ou dissidentes ou dans le papisme.

Combien est saisissant le contraste entre le monde et la communication que Dieu commence par faire aux domestiques dont le sort parmi les Grecs et les Romains était bien difficile ! Les esclaves n’étaient en tout cas rien de plus que des outils vivants ou des possessions vivantes ; leur nombre était immense, tant dans le public que dans le privé.

 

3.7.2        [2:18 — difficultés rencontrées par les domestiques]

L’apôtre commence avec ceux qui servent à la maison en tant que classe. Il venait d’exhorter tous les croyants en rapport avec l’autorité publique ; il insiste ici sur la soumission dans la maison. Il est enjoint aux domestiques d’être soumis en toute crainte à leurs maîtres ; ils étaient chrétiens et obligés de servir bien des maîtres où le danger de provocation était extrême. Ils avaient donc besoin de marcher dans une grande crainte. Car selon Christ, leur soumission pieuse était due non seulement aux maîtres bons et doux, mais aussi à ceux qui étaient retors et pervers, ce qui était fréquent.

Où trouve-t-on parmi les hommes un principe aussi noble, moralement parlant ? Dans l’Ancien Testament on voit combien les chefs juifs agissaient égoïstement envers leurs propres frères selon la chair. Quels conflits, quelles humiliations en ressentait un Esdras, lévite, et un Néhémie, gouverneur ! Inutile de parler des cœurs durs et cruels des païens, y compris parmi les Grecs civilisés et encore plus les Romains ; la barbarie de ces derniers les amenait à devoir affronter des représailles, des rébellions et des guerres graves. L’élévation de cœur sur laquelle l’apôtre s’appuie, s’explique par la foi qui regarde à Christ, comme cela ressort du contexte qui suit. Ils devaient servir le Seigneur Christ dans un esprit de grâce, non pas de simple abnégation. Peu importe que leurs maîtres fussent sans valeur ; la grâce élève l’âme au-dessus des maîtres les plus chagrins, et permet d’obéir et de souffrir même un tort éhonté.

 

3.7.3        [2:19-20 — digne de louange]

Selon ce qu’explique l’apôtre, si, par conscience envers Dieu, on endure des afflictions, souffrant injustement, c’est de la «grâce» qui fait contraste avec le penchant naturel en faveur de réclamations légales. À la fin du v. 20, la version autorisée anglaise traduit le mot par « agréable », [JND traduit « digne de louange » à la fois au v. 19 et au v. 20], ce qui, à cet endroit, est un sens correct et défendable. Mais il me paraît plus simple et plus fort d’adopter le sens ordinaire du mot grec [grâce], en gardant à l’esprit qu’il ne s’agit pas de la grâce comme elle est en Dieu, mais de la réponse à celle-ci chez ceux qui croient. En ceci et selon leur mesure, ils sont imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et ils marchent dans l’amour comme Christ les a aimés [Éph. 5:1].

On a voulu traduire le mot par «digne de reconnaissance» ici comme en Luc 6:32-34 [JND traduit là par « savoir gré »]. Mais cela relève de la myopie, parce que le mot n’est pas suivi de ὑμῖν (à vous) en 1 Pierre 2 comme il l’est en Luc 6, et cela fait une différence notable. Nous pouvons facilement comprendre l’à-propos d’être reconnaissant « à vous », ou savoir gré « à vous », tandis qu’ici «grâce à vous» ne tient pas la route. Ici, dans le premier cas [début du v. 19], le mot [grâce pour WK ; digne de louange pour JND] est utilisé dans un sens absolu ; dans le second cas [fin du v. 20], les mots adjoints  παρὰ τῶ θεῶ (= « devant Dieu ») introduisent un sens très différent : Dieu se plaît à trouver dans Son enfant ce qui Le reflète Lui.

 

3.7.4        [2:19-20 — attitude en face d’afflictions injustes]

L’apôtre développe son argument plus en profondeur au v. 20. «Car quelle gloire y a-t-il, si, souffletés pour avoir mal fait, vous l’endurez (ou : le supportez) ?» Personne ne soutiendrait cela. On supporte les conséquences d’une faute reconnue. C’est la seule attitude naturelle dans de telles circonstances. «Mais si, en faisant le bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez (ou : le supportiez), ceci est de la grâce [JND : digne de louange] devant Dieu». N’est-ce pas surnaturel ? Pourtant, c’est ce que le Seigneur attend, non seulement de la part de Ses saints mûris et instruits, mais des plus humbles subalternes qui invoquent Son nom. Car Dieu ne méprise personne, et a choisi par Sa grâce les choses folles du monde pour couvrir de honte les sages ; et Il a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et les choses méprisées afin d’anéantir celles qui sont, afin qu’aucune chair ne se glorifie devant Dieu [1 Cor. 1:27-29]. Si un domestique était chrétien et objet d’une injustice, au lieu d’en être irrité il était exhorté à suivre Christ dans son chemin d’amour souffrant. Impossible de le faire à moins de demeurer en Lui ; mais celui qui dit demeurer en Lui doit marcher, comme Lui a marché [1 Jean 2:6].

 

3.8       [Ch. 2:21-23 — une position de souffrance]

La position de souffrance pour le chrétien est appuyée par celle de Christ Lui-même, pour la consolation spéciale des domestiques chrétiens ; c’est ce qui est dit ensuite.

« Car c’est à cela que vous avez été appelés ; car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (2:21-23).

 

3.8.1        [2:21 — opposition du monde]

Les relations du monde avec les saints, domestiques ou non, sont définies clairement, sans équivoque ; il en était déjà ainsi pour les apôtres [dans les évangiles] : «Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:14). «Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien, mais je vous ai choisis du monde : c’est pourquoi le monde vous hait. Aucun esclave n’est au-dessus de son maitre : s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre» (Jean 15:18-20). Cette opposition peut être éprouvante, bien sûr, mais combien grand est l’honneur moral d’une telle association avec Christ ! «Car c’est à cela que vous avez été appelés» [1 Pierre 2:21]. Dieu a permis cela, Dieu l’a dirigé en étant plus fort, Il l’a utilisé pour le bien de Ses enfants ici-bas.

 

3.8.2        [2:21 — instructions du Seigneur quant à l’attitude face à l’opposition du monde]

Auparavant, le Seigneur avait déjà fait connaître plus largement Sa volonté, la volonté de Dieu. « Mais à vous qui écoutez, je vous dis : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent ; bénissez ceux qui vous maudissent ; priez pour ceux qui vous font du tort. À celui qui te frappe sur une joue, présente aussi l’autre ; et si quelqu’un t’ôte ton manteau, ne l’empêche pas [de prendre] aussi ta tunique. Donne à tout homme qui te demande, et à celui qui t’ôte ce qui t’appartient, ne le redemande pas. Et comme vous voulez que les hommes vous fassent, vous aussi faites-leur de même. Et si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? car les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? car les pécheurs aussi en font autant. Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? car les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs, afin qu’ils reçoivent la pareille. Mais aimez vos ennemis, et faites du bien, et prêtez sans en rien espérer ; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-haut ; car il est bon envers les ingrats et les méchants. Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux » (Luc 6:27-36).

 

3.8.3        [2:22-23 — Christ le modèle]

Cette attitude, c’est Christ dans la pratique, c’est la manifestation du caractère du Père reproduit dans Ses enfants. Il serait évidemment absurde de s’attendre à un tel caractère chez l’homme déchu comme tel, c’est-à-dire dans le monde ; mais le Seigneur n’attend rien moins que cela de ceux qui sont à Lui. Qui est suffisant pour ces choses ? [2 Cor. 2:16]. Notre suffisance vient de Dieu. Ne doutez pas de Lui, ne laissez pas l’incrédulité estimer que ce sont des choses du passé. Elles conviennent au chrétien en tout temps, il y est même tenu. Et nous en lisons un motif : «car Christ a aussi souffert pour vous». Était-ce pour que nous échappions à la souffrance ? Au contraire, il a souffert pour vous, «vous laissant un modèle (ou : une copie) afin que vous suiviez ses traces».

Le saint a besoin d’un objet de la part de Dieu pour former nos âmes et façonner nos voies. Il met Christ devant nous. Quelque chose ou quelqu’un Lui est-il comparable ? Il y a eu des défauts chez les meilleurs des saints dans leur meilleur état ; pensez à Pierre, Paul et Jean. Christ «n’a pas commis de péché, et il n’a pas été trouvé de fraude dans sa bouche» [2:22]. Christ, «quand on l’outrageait ne rendait pas d’outrage ; quand il souffrait ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement» [2:23]. Parmi ses adversaires les plus acharnés qui cherchaient toutes les occasions, qui L’a jamais convaincu de péché ? [Jean 8:46]. Il a toujours fait les choses qui plaisaient à Son Père [Jean 8:29], et jamais il n’a fait d’autre volonté que la Sienne ; Il était le plus humble des hommes, et cependant au-dessus du plus élevé. Car il n’y a rien de si humble que l’obéissance ; il n’y a rien de si pur et moralement élevé que d’obéir à Dieu. Lui et Lui seul a été «Son serviteur juste» [És. 53:11], de manière absolue et parfaite.

 

3.9       [Ch. 2:24 — Les souffrances où Christ a été seul]

Jusqu’ici l’apôtre a parlé en général des souffrances du Seigneur pour nous, ces souffrances dans lesquelles Il reste l’exemple sans pareil d’un amour sans murmure et d’une justice inébranlable et patiente dans un monde mauvais ; maintenant l’apôtre laisse cette référence générale et il passe aux souffrances uniques dans leur caractère avant et après l’expiation de nos péchés ; elles sont exprimées ici en des termes d’une extrême simplicité. Dans l’expiation, Christ n’a eu personne pour L’accompagner ou Le suivre.

«Qui Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice ; par la meurtrissures duquel vous avez été guéris» (2:24).

 

3.9.1        [2:24a — Il a porté nos péchés]

Notre texte aussi bien que l’épître aux Hébreux (9:28) établissent que le sens du mot ἀνήνεγκεν («a porté») se rapporte strictement à un sacrifice, du fait que ce verbe a pour complément d’objet «nos péchés». Dans une formule groupant ces mots, c’est le sens simple et unique de « a porté ». C’est aussi l’usage régulier, sinon invariable, de la Septante, ce qui satisfera n’importe quel érudit. La notion d’un sens suggestif «élever à» ou «concernant» le bois qui équivaudrait à l’autel, est certainement une erreur. C’est même du n’importe quoi.

[Ici un texte non traduit : L’auteur WK fait ici une très longue justification de la traduction « a porté nos péchés SUR le bois » et non pas « a porté nos péchés AU bois ; cette mauvaise traduction conduit à nier l’expiation des péchés par Christ sur la croix].

C’est donc l’œuvre de Christ sur la croix qui est devant nous dans ce v. 24 ; c’est la réponse de la grâce divine aux besoins de l’homme et aux dangers qu’il court, et c’est aussi la base de la justice divine ; mais ce dernier sujet a été laissé à Paul qui l’a traité formellement et complètement. Ce qui est échu à la ferveur de Pierre, c’est le but pratique : «qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice». Les deux apôtres ont pris plaisir à ces merveilleuses antithèses qui glorifient Dieu et le Seigneur Jésus, Son Fils.

 

3.9.2        [2:24b — étant mort aux péchés]

Dans tout le Nouveau Testament, le mot ἀπογενόμενοι, «étant morts» n’apparait qu’une fois, ici. On le trouve chez les meilleurs auteurs classiques, et correspond à notre «décédé», plutôt qu’au mot ordinaire pour «mort». Ce dernier est utilisé par l’apôtre Paul pour le privilège dans lequel le chrétien est introduit, celui de connaître sa délivrance du péché, distincte de la rémission de ses péchés. Ce privilège supplémentaire est traité de Romains 5:12 jusqu’à la fin de Romains 8. Il est trop souvent confondu avec ce qui précède, bien qu’il s’agisse clairement de la grave question de l’état du chrétien qui surgit généralement quand l’âme découvre le pardon de ses péchés. Quand l’apôtre Pierre parle d’«être mort aux péchés», c’est tout autre chose que la doctrine de Paul. C’est simple et pratique (en avoir fini avec les péchés), comme l’était le domaine de sa mission en général. Il est vrai que parfois le mot signifie «n’avoir pris aucune part à» et «être absent ou à l’écart de» ; mais chez un écrivain correct, le contexte suffit toujours à déterminer le sens voulu. Ici, il prouve qu’il s’agit de la mort spirituellement, parce que c’est afin que nous puissions vivre à la justice. Aucun autre sens ne s’appliquerait ici. Cela ne veut jamais dire «étant libéré de», comme certains l’ont dit.

 

3.9.3        [2:24c — par la meurtrissure duquel vous avez été guéris]

L’apôtre ajoute un encouragement plein de grâce issu du résultat déjà accompli par Christ et accordé au croyant ; il reprend des paroles du même chapitre d’Ésaïe 53 où l’on trouve ce qui se rapporte exclusivement aux souffrances expiatoires de Christ : « par les meurtrissures duquel vous avez été guéris ». Quel étrange paradoxe, mais néanmoins quelle vérité bénie ! Le mot meurtrissure fait allusion aux coups de fouets. L’assurance du chrétien ne repose pas sur l’indignité faite par Pilate au Seigneur de gloire, mais sur ce que Dieu a opéré pour des impies par la mort ignominieuse, mais glorieuse, de Son Fils !

 

3.10  [Ch. 2:25 — ]

Le besoin de guérison pour les croyants revient ici : «Car vous vous étiez errants comme des brebis, mais maintenant vous êtes retournés au berger et au surveillant de vos âmes» (2:25).

 

3.10.1    [2:25a — errant comme des brebis]

La description convient admirablement à ceux des Juifs qui s’étaient repentis et avaient cru à l’Évangile. Cela est vrai dans le fond pour les pécheurs comme nous d’entre les nations. Car, comme disait le Bon Berger, « j’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène, elles aussi ; … et il y aura un seul troupeau, un seul berger » [Jean 10:16]. Voilà les moyens que la grâce souveraine a employés et rendus efficaces pour rassembler autour de Christ.

Rares sont en effet les épîtres qui ne présentent pas notre condition antérieure de perdus. Rom. 1 dans sa seconde moitié est un tableau terrible, mais exact, du monde des Gentils sous la domination des lettres grecques et de l’administration romaine. Les vestiges païens chez les poètes, dramatiques ou autres classiques, démontrent leur vilenie effective et inconsciente, que l’apôtre ne fait que toucher, mais d’une main sainte. Rom. 3 fait sentir leur ruine morale aux Juifs d’après leur propre loi, leurs psaumes et leurs prophètes, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde tombe tel quel sous le jugement de Dieu. C’est pourquoi l’homme n’avait aucune justice devant Dieu (c’est universel), et le besoin d’une justice de Dieu était absolu pour l’homme, si l’on voulait qu’il y ait quand même des sauvés. La rédemption qui est, par grâce, dans le Christ Jésus, a posé le fondement de cette justice justifiante de Dieu, qui est par la foi en Jésus-Christ, comme il est écrit, envers tous et sur tous ceux qui croient. Car il n’y a pas de différence, car tous ont péché ; et Dieu montre Sa justice dans le temps présent de l’évangile, afin qu’Il soit Lui-même juste et qu’Il justifie celui qui a foi en Jésus [Rom. 3:22-26].

En 1 Cor. 1 la prétention juive à des signes de puissance et la prétention grecque à la sagesse sont pareillement réduites à néant par Christ crucifié ; pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c’est Lui qui est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. L’homme tel qu’il est ne peut pas hériter du royaume de Dieu. Les Corinthiens auraient dû être les derniers à oublier leur dépravation éhontée. Et ces choses qu’on préfère ne même pas nommer, avaient marqué quelques-uns des saints, comme l’apôtre le leur rappelle : « mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu » [1 Cor. 6:11]. 2 Cor. 5 fournit un brillant témoignage de la même grâce à ceux qui étaient moralement morts et non-réconciliés ; d’autres écrits apostoliques sont également pleins de la même miséricorde pour les pécheurs. Ces écrits suffisent à prouver l’activité de l’amour divin en Christ envers un monde coupable. Combien est triste ce que le Seigneur disait aux Juifs, et qui est également vrai des Gentils : «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie» (Jean 5:40). Tout le mal est du côté de l’homme ; la bonté est entièrement du côté de Dieu, comme le Seigneur Jésus en est le parfait exemple. «Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi» (Jean 6:37).

 

3.10.2    [2:25b — retournés au Berger et au Surveillant de leurs âmes]

Les brebis errantes étaient retournées au Berger et au Surveillant de leurs âmes. Elles étaient à Lui, le Père les Lui avait données. Le Fils les aimait et leur prouva Son amour à tout prix ; et le Père les a aimées comme Il a aimé le Fils : un amour au-delà de tout ce que la créature peut concevoir, et garanti par Celui qui est la Vérité.

Ils ont bien fait de retourner à Celui dont l’amour dépasse tout autre amour. La gloire le prouvera et le manifestera devant le monde étonné, comme le Seigneur le leur a dit (Jean 17:22, 23) ; et l’apôtre l’atteste aussi pour « ce jour-là » où il sera question de justice rétributive (2 Thes. 1:10). Mais déjà maintenant Son amour est pleinement établi à leur égard et leur a été donné à connaître pour la joie de leur foi et l’affermissement de leurs âmes ; seule l’incrédulité en doute ; elle est un grand déshonneur pour Lui et une perte pour nous. Oh ! quel Berger et quel Surveillant que Jésus !

Qui peut mesurer la décadence, si les brebis se contentent de revenir, non au divin Berger à qui les brebis appartiennent, mais à l’église, même si celle-ci est véritable selon la parole de Dieu, et qu’elle a des articles [église anglicane] et des symboles sains et des instruments pieux pour raviver les braises de la foi et de l’amour dans l’âme ? Non, nous avons Celui que notre Dieu et Père nous a donné, qui est mort une fois pour toutes pour nos péchés, et qui est maintenant vivant pour prendre soin et veiller sur nos âmes dans Son amour impérissable, toute autorité Lui ayant été donnée dans le ciel et sur la terre ; Il prend soin et veille sur nos âmes afin que nous Lui plaisions dans un monde de ténèbres, comme Il faisait toujours ce qui plaisait au Père [Jean 8:29]. Il ne fait jamais défaut ne serait-ce qu’un instant, quand bien même les brebis, elles, font défaut, ce qui arrive sûrement si elles ne sont pas dépendantes et obéissantes. Pourtant, tous sont sanctifiés par l’Esprit pour l’obéissance de Jésus Christ [1 Pierre 1:2], non pas pour l’obéissance d’un Juif sous la loi, — et cette obéissance de Jésus est une obéissance dans la conscience de l’amour du Père [Jean 16:27]. Voilà notre part. Cependant, si nous sommes négligents ou pire, ne doutons pas de Sa grâce, mais humilions nos cœurs et restons dans le jugement de nous-mêmes. «Il restaure mon âme, il me conduit dans des sentiers de justice à cause de son nom» [Ps. 23].

 

3.10.3    [2:25b — l’Éternel, bon Berger, remplaçant les mauvais bergers]

Les Juifs apprenaient autrefois à considérer leurs rois comme des «bergers» ; mais la plupart d’entre eux ont été impies et égoïstes, et leurs voies ont été sordides selon la description du prophète Ézéchiel. « Malheur aux pasteurs d’Israël, qui se paissent eux-mêmes ! Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le troupeau ? Vous mangez la graisse, et vous vous habillez de la laine ; vous égorgez ce qui est engraissé ; vous ne paissez pas le troupeau. Vous n’avez pas fortifié les [brebis] faibles, et vous n’avez pas guéri celle qui était malade, et vous n’avez pas bandé celle qui était blessée, et vous n’avez pas ramené celle qui était égarée, et vous n’avez pas cherché celle qui était perdue ; mais vous les avez gouvernées avec dureté et rigueur. Et elles ont été dispersées, parce qu’il n’y avait pas de pasteur, et elles étaient la pâture de toutes les bêtes des champs, et elles ont été dispersées. Mes brebis ont erré dans toutes les montagnes et sur toute haute colline, et mes brebis ont été dispersées sur toute la face du pays, et il n’y a eu personne qui les ait recherchées, personne qui se soit enquis d’elles » (Ézéchiel 34:2-6).

C’est pourquoi les bergers devaient entendre la parole de l’Éternel : c’est Lui qui était contre eux et qui redemanderait Son troupeau de leurs mains. Lui-même rechercherait Ses brebis, et les sauverait de tous les lieux où elles ont été dispersées au jour de la nuée et de l’obscurité profonde, Il les rassemblerait des pays, et les ramènerait dans leur terre et les paîtrait sur les montagnes d’Israël auprès des ruisseaux et dans toutes les habitations du pays, dans un bon pâturage. Plus que tout, Il susciterait sur eux un berger qui les paîtrait, Son serviteur David, qui n’est pas moins l’Éternel que Lui-même (Ézéchiel 34:11-24).

Mais le résidu croyant à qui l’apôtre s’adressait n’avait pas à attendre ce jour-là ; ils étaient, comme il est dit dans Éph. 1:12, de ceux qui espéraient à l’avance en Christ ; non seulement ils anticipaient la repentance du dernier des derniers jours, mais ils étaient introduits dans de meilleures bénédictions durant le temps de l’éclipse d’Israël, quand Dieu a ressuscité d’entre les morts Christ rejeté, et Lui a donné la gloire en-haut, en sorte que leur foi et leur espérance fussent en Dieu [1:21]. Et s’il n’y a pas encore de puissance et de gloire visibles, ils trouvent d’autant plus touchantes leurs bénédictions en Lui, par les meurtrissures de qui ils ont été guéris, et dont la grâce qui les recevait sans leur faire de reproches, leur faisait juger leur folie aveugle d’avoir erré, et les attachait avec fermeté de cœur au berger et au surveillant de leurs âmes.

 

 

 

4         1 Pierre 3

4.1       [3:1-6]

L’apôtre n’exhorte pas les maîtres comme dans les épîtres aux saints d’Éphèse ou de Colosses ; mais il s’adresse aux épouses, puis aux maris, sans rien dire de particulier aux enfants et aux parents. La relation des femmes, comme celle des domestiques, était une relation de soumission.

« Pareillement, vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans [la] parole, par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte, — vous, dont la parure ne doit pas être [une parure] extérieure qui consiste à avoir les cheveux tressés et à être paré d’or et habillé de [beaux] vêtements, mais l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu ; car c’est ainsi que jadis se paraient aussi les saintes femmes qui espéraient en Dieu, étant soumises à leurs propres maris, comme Sara obéissait à Abraham, l’appelant seigneur, de laquelle vous êtes devenues les enfants, en faisant le bien et en ne craignant aucune frayeur » (3:1-6).

 

4.1.1        [3:1-2 — soumission : son effet pour gagner les cœurs]

Il est facile de comprendre tant pour les servantes que pour les épouses, que la position de subordination créait de fréquentes difficultés avec les supérieurs païens ou Juifs dont elles étaient si proches. Car la pensée de la chair est inimitié contre Dieu [Rom. 8:7] ; et elle est provoqué par ce qui est de l’Esprit chez ceux qu’elle commande. Une femme chrétienne ne peut pas abandonner sa conscience envers Dieu dans les questions de bien et de mal ; elle a des objets de foi plus chers à son âme que la vie, et ces objets réclament de sa part soumission et pratiques en public et en privé qui répugnent tout à fait aux incrédules en tout genre.

De telles épouses croyantes liées à des maris incroyants sont d’autant plus responsables d’être soumises à leurs maris, dans la mesure où cela est compatible avec l’obéissance à la volonté de Dieu. Déjà dans l’Ancien Testament, quand de telles unions existaient, la femme avait l’obligation devant Dieu d’être soumise, quelle que soit la rigueur de ce que la loi exigeait, et quelle que soit l’horreur inspirée par l’idolâtrie. Elles savaient que les yeux de l’Éternel sont tournés vers les justes et ses oreilles ouvertes à leurs supplications [3:12]. La face de l’Éternel est contre ceux qui font le mal, pour retrancher de la terre leur mémoire [Ps. 34:12-16].

Or le Nouveau Testament fortifie grandement le cœur du croyant par la révélation de la grâce de Christ qui est allé bien au-delà de ce qu’elle pouvait faire autrefois. Non seulement elle fortifie pour souffrir pour la justice et souffrir pour Son Nom, mais la grâce souveraine qui nous a sauvés encourage la foi à regarder à notre Dieu et Père en faveur de ceux qui sont bien autant dans le besoin que nous dans le passé. S’Il m’a cherché et sauvé, moi un pécheur perdu, ne puis-je pas prier pour mon mari qui est dans les ténèbres et mort spirituellement, d’autant plus que je suis dans une relation si étroite avec ce Dieu et Père ?

Ici aussi l’apôtre donne une sage mise en garde. Un chrétien peu spirituel est trop enclin à oublier les voies de la grâce divine pour amener à Dieu, et à considérer la conversion comme le simple effet de la vérité, méconnaissant les diverses opérations de l’Esprit pour enraciner la Parole dans le cœur. L’incroyant, en tant que tel, néglige la Parole et n’a aucune idée de sa puissance lorsque, par l’Esprit, elle révèle Christ à l’âme. Le comportement pratique a un poids immense auprès de quelqu’un qui ignore tout de Dieu et de lui-même. Sa conscience peut apprécier grandement la genillesse, l’humilité, la patience, l’obéissance chez un autre, surtout chez sa femme. Il sait bien combien il a souvent été déraisonnable et désagréable avec elle ; pourtant elle l’a supporté, elle ne s’est jamais plainte, elle n’a jamais fait de reproches, mais elle a continué à être aimante et dévouée. Il est forcé de sentir qu’il doit y avoir quelque chose qui fait la différence dans sa foi dont il s’est souvent moqué. C’est pourquoi il est dit «que même si il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils peuvent être gagnés sans parole, par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de leur conduite dans la crainte».

Cela ne veut pas dire qu’on peut être engendré de Dieu sans la parole : 1 Pierre 1:23 interdit une telle pensée aussi nettement que Jacques 1:18 et beaucoup d’autres passages de l’Écriture. Mais le poids moral et la conduite de grâce de la femme parlent au mari malgré sa dureté ; et il est gagné et porté à écouter, d’autant plus qu’elle ne lui prêche pas, comme on dit. Combien ont été ainsi gagnés pour écouter l’évangile, le jour le fera connaître. Le mari connaît et apprécie beaucoup la pureté modeste, et cela dans la crainte, non pas dans l’impudence ou la confiance en soi, mais dans la retenue par crainte d’offenser Dieu ou le mari. Cela semble être exprimé ici d’une manière très générale.

 

4.1.2        [3:3-4 — parure : intérieure ou extérieure]

Ensuite, l’apôtre se tourne vers les habitudes extérieures de la femme chrétienne, et l’exhorte à éviter les ornements frivoles ou somptueux. Certains peuvent s’en moquer : ils sont gouvernés par un caractère charnel ou par la mondanité. Le chrétien n’a-t-il pas à plaire à Christ et à tout faire en Son nom ? Nos corps doivent être présentés en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu ; et nous ne devons pas nous conformer à ce siècle [Rom. 12:1-2] avec ses modes changeantes de luxe et de splendeur, quel que soit notre rang naturellement. Christ a plus de prix, Il est plus proche et est plus que tout. Les épouses chrétiennes n’échappent pas à cette règle. Leur ornement n’est pas une parure extérieure faite de coiffure, de bijoux en or ou de beaux habillement, choses étrangères à Christ et sujets de honte pour les saints. Le véritable ornement est l’homme caché du cœur que Lui voit, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu (dans ce qui est extérieur, tout est corruptible). Aucun des objets voyants n’est de grand prix, et tout l’or d’Ophir ne peut acheter cet homme caché du cœur.

 

4.1.3        [3:5-6 — relations entre épouse et mari chrétiens]

C’est pourquoi Pierre a été amené à parler d’anciens témoins de Dieu sur ce sujet. «Car c’est ainsi que jadis se paraient aussi les saintes femmes qui espéraient en Dieu, étant soumises à leurs propres maris, comme Sara obéissait à Abraham, l’appelant seigneur, dont vous êtes devenues les enfants, en faisant le bien et en ne craignant aucune frayeur» [3:5-6]. Leur espérance reposait sur Dieu, non pas sur elles-mêmes. Sara est en tête de ces pieuses mères en Israël ; elle n’a pas été la seule (beaucoup de saintes femmes avaient ce même esprit), elle savait bien quel était le vrai ornement qui convenait à de saintes femmes.

Du fait de la faveur qui est la part des chrétiens en Christ et de la rédemption qui est intervenue, les épouses ne devraient pas manquer ni quant à leur parure morale ni quant à leur soumission. Sara obéissait à son mari et s’adressait à lui avec révérence (Gen. 18:12) ; elle n’était pas entrainée par le courant ordinaire vers la vanité, bien qu’elle fût plus belle que la plupart. Ces femmes devenaient maintenant ses enfants, en faisant le bien et en ne craignant aucune frayeur à propos des convenances. Pourquoi auraient-elles peur, elles qui savent que le Père de Christ est leur Père, et que le Dieu de Christ est le leur ? Pourquoi être perturbées puisqu’Il envoyait Ses serviteurs pour les réconforter avec la même paix qu’Il leur avait donnée ? L’ennemi travaille par le moyen de la peur ; Dieu, par Son amour en Christ, est contre toute source d’alarme.

Déjà avant que l’amour fût pleinement manifesté, quand on l’espérait simplement avec confiance, les âmes « de faibles qu’elles étaient, furent rendus vigoureuses, devinrent fortes dans la bataille, firent ployer les armées des étrangers. Les femmes reçurent leurs morts par la résurrection ; et d’autres furent torturées, n’acceptant pas la délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection » (Héb. 11:34-35).

L’apôtre cite ainsi (3:5-6) des exemples tirés des premiers jours en rapport avec ceux qui avaient été appelés à être pèlerins, lesquels avaient un grand poids pour le résidu chrétien des Juifs.

Il y avait déjà eu l’exhortation à fuir toute manifestation de vanité et de mondanité, et à veiller à ce que l’habillement extérieur exprime «l’homme caché du cœur». Sans doute l’homme responsable de la maison, le conjoint prédominant, avait le droit d’enjoindre à l’épouse de porter des bijoux ou autre attirail coûteux dans sa sphère. Mais dans ce domaine, les femmes n’ont généralement pas besoin de commandement du mari, et la parole qui leur est adressée ici est faite pour toucher leur conscience. Il n’y a pas seulement le fait que Dieu, contrairement à l’homme, regarde au cœur : Sa merveilleuse lumière à laquelle Il nous a appelés [2:9] donne à la femme chrétienne une norme très haute, et lui permet de juger par grâce tout ce qui ne s’accorde pas avec l’incorruptibilité d’une esprit doux et paisible [3:4]. Ceci est certes étranger à la nature humaine, mais il ne faut pas y déroger, même à l’égard d’un mari dur et exigeant, Juif ou Gentil ; les deux cas pouvaient se trouver parmi ceux et celles auxquels l’apôtre s’adressait, le plus souvent des Juifs, mais tant les uns que les autres étaient à l’affût des fautes d’une chrétienne. En tout cas, un esprit humble tel qu’il a été vu dans toute sa perfection en Christ, est d’un grand prix devant Dieu ; voilà ce qui est spécialement consolant pour celles dont la fidélité est mise à l’épreuve.

Des changements nombreux et formidables se sont succédés dans le monde. Mais cette fidélité était la ligne de conduite dans les temps anciens où les grands patriarches d’Israël habitaient dans des tentes. Pourtant Sara savait, à la honte de son mari, que sa beauté lui avait fait, un temps, obtenir les faveurs d’une cour et d’un palais royal qui avaient prodigué des cadeaux royaux au mari qui l’avait exposée au déshonneur par crainte égoïste ; cependant le Protecteur Tout-Puissant l’avait gardée. Les saintes femmes d’autrefois se paraient comme il convient à celles dont l’espérance est en Dieu [3:5], au lieu de suivre la mode du monde qui passe [1 Cor. 7:31]. Sara est mise en avant comme ayant été obéissante à Abraham, et lui ayant rendu un honneur remarquable, alors que la familiarité de la vie conjugale a trop souvent l’effet contraire. Cet exemple a bien de quoi frapper les épouses chrétiennes.

 

4.1.4        [3:6b — devenues les enfants de Sara… ne craignant aucune frayeur]

Les termes employés méritent d’être notés : «De laquelle vous êtes devenues les enfants, en faisant le bien et ne craignant aucune frayeur». Elles étaient bien loin de là quand elles étaient dans l’état non renouvelé [pas nées de nouveau]. Le Seigneur Jésus ne trouve pas chez nous ce qui plaît à Dieu, mais Il le fait produire. La volonté propre règne chez ceux qui sont loin de Lui, toujours prête à s’offenser de tous les torts qu’on peut lui infliger ; sa soumission est induite par la peur, par l’intérêt personnel ou au mieux par l’amabilité. Quel changement quand il y a la foi en la grâce de Dieu en Christ ! La sanctification de l’Esprit, qui met à part pour Dieu dans une nouvelle vie qui est maintenant donnée, voilà ce qui produit l’obéissance, — non pas une obéissance légale, mais une obéissance selon le modèle de Jésus et la foi en l’aspersion de Son sang [1:2]. C’est ainsi que ces épouses juives devenaient des enfants de Sara en obéissant et en honorant chacune leur propre mari. C’était un devoir divin imprimé sur le cœur par leur Sauveur. En devenant chrétiennes, elles devenaient enfants de Sara en action et en vérité. Elles n’étaient plus de simples descendants selon la lignée généalogique, comme les Juifs incrédules auxquels le Seigneur reprochait, en Jean 8, d’être la semence d’Abraham, mais non pas ses enfants : sinon ils auraient fait les œuvres d’Abraham. Elles étaient devenues les enfants de Sara, «en faisant le bien et en ne craignant aucune frayeur». De ce côté-là, la femme est portée à être faible.

Y a-t-il ici quelque allusion à la circonstance où Sara a ri par incrédulité après avoir entendu en cachette l’Éternel promettre qu’elle aurait un fils (Gen. 18:10-15) ? Avec quelle grâce, à ce moment-là, l’Esprit parle ouvertement de sa digne grossesse à son mari ! Pourtant, Il ne l’a pas épargnée quand elle nia avoir ri. Il n’enregistre ici que sa bonne conduite, et appelle ses enfants à s’en souvenir : «en faisant le bien et ne craignant aucune frayeur» ; la frayeur est une cause de fausseté aussi fréquente que d’autres. Or une agitation inquiète et soudaine de quelque nature que ce soit est une infidélité chez une femme qui professe la piété. Faute de dépendance envers Dieu et de communion, elles craignent de reconnaître la vérité, notamment sous l’effet de la pression. La mise en garde parait bien de saison, et salutaire.

 

4.2       [3:7 — exhortation aux maris]

L’exhortation aux maris est beaucoup plus courte, mais dense, ce qui est facile à comprendre.

« Pareillement, vous, maris, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, [c’est-à-dire] féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues » (3:7).

 

4.2.1        [3:7a — selon la connaissance]

Tandis que la femme est appelée à se soumettre à son mari, le mari doit demeurer avec elle «selon la connaissance». Ainsi, l’apôtre rappelle aux saints de Corinthe que «nous avons tous de la connaissance» (1 Cor. 8:1). Il est caractéristique de Christ de donner de l’intelligence spirituelle, ce qui est beaucoup plus. Nous n’attendons pas le jour du Seigneur pour avoir la lumière divine. Nous marchons dans la lumière en suivant Celui qui est la Lumière de la vie ; nous sommes déjà, tous les chrétiens, fils de lumière et fils du jour [1 Thes. 5:5] ; nous ne sommes pas ce que nous étions : «de la nuit et des ténèbres». Le Fils de Dieu est venu et nous a donné une intelligence afin que nous connaissions Celui qui est le Véritable [1 Jean 5:20]. Étant aimés par Lui, nous avons à marcher dans le même amour [Éph. 5:2] ; étant lumière dans le Seigneur, nous avons à marcher en enfants de lumière, car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité. D’une part nous devons éprouver ce qui plait au Seigneur ; de l’autre, ne pas avoir de communion avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt les reprendre quand elles sont manifestées par la lumière, car ce qui manifeste tout, c’est la lumière [Éph. 5:8-13].

Favorisés comme l’étaient les Juifs d’autrefois par rapport aux païens (aussi civilisés ou raffinés fussent-ils comme en Grèce et à Rome), le christianisme était un immense progrès. L’apôtre [Paul] qui avait intérieurement toute connaissance plus que tous ceux qui se vantaient de la leur, insistait sur ce qu’il n’était rien s’il n’avait pas d’amour : pareillement notre apôtre [Pierre] insiste sur la nécessité de «demeurer ensemble» [litt. en grec : « cohabiter »] avec sa femme. Aimer sa femme vient donc en premier pour les croyants et a une grande place dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Manquer à un tel amour est une brèche dans la relation : c’est indigne d’un chrétien. Vivre en étranger est un déni pratique de la place de mari. Il peut y avoir des fautes, de la hâte, de l’oubli, diverses carences ; mais ici comme ailleurs, l’amour est dans une position de telle proximité, si tendre et si particulière, qu’il devrait faire preuve de longue patience et être plein de tendresse ; ne pas chercher à être prodigieux, pas plus qu’insolent ou inconsidéré, ni vantard, ni inconvenant, ni provocateur ni n’imputant le mal ; ne se réjouissant pas avec l’iniquité, mais avec la vérité. L’amour n’est pas fluctuant ni ne se lasse ; mais inutile d’en dire plus ici. Gardons seulement à l’esprit qu’en «demeurant ensemble» [cohabitant], il faut que ce soit «selon la connaissance». La vanité de notre savoir, qui s’enfle, est en contraste avec l’amour qui édifie. Quelle source d’instruction trouve-t-on dans l’Écriture à l’égard des difficultés tant à la maison que sur le chemin ! Christ Lui-même, comme l’a souligné l’autre apôtre, est la norme.

 

4.2.2        [3:7b — comme avec un vase plus faible, féminin, leur portant honneur]

Les quelques mots qui suivent méritent toute notre attention. Le mari, ayant la place de l’autorité, est exposé au danger de présomption et de manque de considération. D’où la force de l’expression « comme avec un vase plus faible, [c’est-à-dire] féminin, leur portant honneur ». Le fait même que la nature de la femme soit telle par rapport à celle du mari, est le motif sur lequel l’Esprit base Son appel à celui qui lui est donné comme protecteur. N’a-t-il jamais appris sa propre faiblesse devant Dieu, et n’a-t-il jamais fait l’expérience qu’on trouve la puissance par la grâce de Christ quand on ressent cette faiblesse par la foi ? Il lui appartient donc de ne jamais mépriser sa femme, mais de la guider et de la chérir, non pas dans un esprit soupçonneux, mais dans la vigilance de l’amour et avec la grâce qui rend honneur. — Appliquer cela comme signifiant «accorder à la femme de quoi vivre honorablement», selon ce que prétend Doddridge, cela ne correspond pas plus à la pensée de Dieu que dans le cas des anciens de 1 Tim. 5:17 [estimés dignes d’un double honneur].

 

4.2.3        [3:7c — ensemble héritiers de la grâce de la vie]

Une autre considération fournit un argument de plus haut niveau : «comme étant ensemble héritiers de la grâce de la vie, afin que vos prières ne soient pas interrompues». Bien que l’état de marié se rapporte essentiellement à la terre, ceux ici en vue sont des rachetés de Dieu, de Ses enfants. «Et si enfants, héritiers aussi, héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ» [Rom. 8:17]. Le mari et la femme, étant chrétiens, sont appelés à être comme dans une relation par grâce qui ne passera jamais. Quand Christ, notre vie, sera manifesté, alors la situation présente où on est exposé à la douleur et à la souffrance et où on rend grâces à Dieu, sera échangée contre un poids éternel de gloire, — cette gloire dans laquelle Christ est entré comme notre précurseur, pendant que nous L’attendons. Ô chers frères, reconnaissez votre bonheur, et comptez la tribulation la plus lourde comme une légère affliction d’un moment. Ne regardez pas aux choses se voient, mais aux choses qui ne se voient pas ; car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles [2 Cor. 4:17-18].

 

4.3       [3:8-12]

Une exhortation plus générale fait suite.

« Enfin, soyez tous d’un même sentiment, sympathisants, fraternels, compatissants, humbles, ne rendant pas mal pour mal, ou outrage pour outrage, mais au contraire bénissant, parce que vous avez été appelés à ceci, c’est que vous héritiez de la bénédiction ; «car celui qui veut aimer la vie et voir d’heureux jours, qu’il garde sa langue de mal, et ses lèvres de proférer la fraude ; qu’il se détourne du mal et qu’il fasse le bien ; qu’il recherche la paix et qu’il la poursuive ; car les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont [tournées] vers leurs supplications ; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal». » (3:8-12).

 

4.3.1        [Position et privilèges de ceux qui sont à Christ]

C’est Christ seul qui rend ces désirs possibles chez les Siens. L’apôtre ne pouvait se satisfaire de moins, même en face de la faiblesse ou des contrariétés. Ils étaient appelés à se détourner du péché, de la ruine et de la misère, et à se tourner vers la bénédiction, et ils avaient donc à être des témoins et des canaux de la grâce dans un monde et une race déchus, sous la malédiction. Ils étaient déjà engendrés selon la grande miséricorde du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, par Sa résurrection d’entre les morts, pour une espérance vivante, pour un héritage incorruptible, sans tache et sans souillure, conservé pour eux dans les cieux [1:3-4] ; ils étaient en outre bénis avec des privilèges d’amour, de sainteté et de dignité au plus haut degré, comme nous l’avons vu, selon la plénitude de Christ. Celui qui n’a pas épargné Son propre Fils, mais qui L’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-Il pas don aussi librement de toutes choses avec Lui ? [Rom. 8:32].

 

4.3.2        [Nouvelles responsabilités de ceux qui sont à Christ]

Il est donc clair que nos devoirs découlent des relations qui nous ont été conférées par la grâce souveraine en Christ, selon la gloire de Sa personne et selon l’efficacité de Son œuvre rédemptrice. Ces relations sont donc non seulement d’un prix inestimable, mais elles sont immuables ; et elles sont la raison de nos nouvelles responsabilités. Christ par Sa mort a fait face à nos anciennes responsabilités dans lesquelles nous étions perdus, et y a mis fin ; et nous qui croyons, Il nous a introduit, par Sa résurrection, dans une position entièrement nouvelle de salut d’âme et de bénédiction de l’âme, une position, étant encore ici-bas, d’attente de l’achèvement de Son œuvre de grâce pour nos corps et pour la gloire céleste. C’est donc en toute sincérité et par l’Esprit que nous pouvons bénir Dieu, et que nous sommes une sainte sacrificature pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ [2:5]. Car Il est toujours vivant pour intercéder pour les Siens [Héb. 7:25]. Qui nous séparera de l’amour de Christ ? [Rom. 8:35]. Celui qui a porté nos péchés en Son corps sur le bois alors que nous étions perdus et morts, plongés dans le mal, Il est vivant pour rendre agréable à Dieu le fruit de nos vies, nos louanges. Dans ce qui sort de nos cœurs et de nos bouches par l’Esprit, peut-il y quelque chose d’aussi élevé et d’aussi important que notre adoration à Dieu et à l’Agneau ? Sans doute l’amour fait son œuvre ici-bas par le même Esprit ; mais si nous sentons les choses correctement, nous ne pouvons que reconnaître que Dieu a droit à ce qui est le premier et le plus intime.

 

4.3.3        [3:8 — d’un même sentiment]

Et s’il en est ainsi, Son œuvre ne sera-t-elle pas d’autant plus puissante et plus pure à l’égard de nos relations les uns avec les autres, sans parler de ce que réclame l’amour compatissant envers ce monde qui périt ? L’apôtre appelle tous ceux qui croient, à être «d’un même sentiment». La rivalité, l’égoïsme, le penchant à différer ou même à contrecarrer, ne sont pas de Christ, mais du premier Adam déchu. Quand l’œil de la foi repose sur tous, tant sur Lui que sur ceux qu’Il aime, il n’y a pas de difficulté. Nous sommes enclins naturellement à voir les fautes des autres et à négliger les nôtres : c’est là le vieil homme, l’inverse de Christ qui est notre nouvelle vie, et que nous sommes appelés à vivre. Étant membres l’un de l’autre, membres de Christ, combien il est indigne de ne pas être «d’un même sentiment» ? Si la nature est opiniâtre, quel est le but et l’effet de l’Esprit qui habite en nous ? Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit, n’étant pas désireux de vaine gloire, ni ne nous provoquant les uns les autres, ni nous portant envie [Gal. 5:26].

 

4.3.4        [3:8 — sympathisants]

Étant dans la scène si misérable de ce monde et avec des corps qui ne sont pas encore rachetés et dans lesquels nous gémissons [soupirons], nous sommes exhortés à être aussi «sympathisants». Sans doute nous pouvons et devons nous réjouir avec ceux qui se réjouissent, mais il est beaucoup plus fréquent d’avoir à prendre notre part de la peine qui abonde, surtout celle pour la justice ou pour l’amour de Christ. C’est la part commune des chrétiens d’avoir à souffrir avec Lui, même si nous ne faisons pas l’expérience de souffrir pour Lui. En tout cas, la sympathie dans ces saintes douleurs est douce et fortifiante.

 

4.3.5        [3:8 — fraternels]

«Fraternels» ou «aimant les frères» est un appel clair à ceux qui appartiennent à la même famille, celle de Dieu. Ne devons-nous pas les aimer personnellement, plus que de l’affection pour la parenté naturelle, car le lien est plus profond et de nature divine et éternelle ? Assurément, l’ennemi s’efforce continuellement d’amener des querelles et des incompréhensions, et toutes autres sortes d’entraves ; mais le devoir est aussi incontestable que la relation. La manière dont il doit être exercé dépend de chaque cas, et nous avons besoin pour cela de la Parole et de l’Esprit de Dieu. Jean montre clairement que ce n’est pas une simple impulsion humaine et que cela ne doit pas entrer en conflit avec la vérité de Dieu ou avec l’obéissance.

 

4.3.6        [3:8 — compatissants]

«Compatissants» suit avec à-propos. Aimer en paroles ou en langues, et non pas en action et en vérité, est sans valeur aux yeux de Dieu. Nous devons apprendre de Celui qui n’a jamais soulagé par puissance seulement, mais Son Esprit entrait dans les infirmités et les maladies qu’Il guérissait et Il les portait devant Dieu.

 

4.3.7        [3:8 — humbles]

Même si elle vient en dernier, l’humilité n’est pas la moindre des qualités que l’apôtre demandait qu’on exerce. Où peut-on la trouver en perfection, sinon dans notre Seigneur et Sauveur ? On ne peut pas rappeler les jours de Sa chair sans se souvenir de manière criante et humiliante du triste contraste déjà avec les Douze ; ils étaient honorés, pourtant ils se sont souvent disputé, y compris jusqu’au dernier moment, pour savoir lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand. «Je suis doux et humble de cœur», disait-Il, et c’était toujours vrai. L’ambition de l’homme Lui était complètement étrangère. « Il n’en sera pas ainsi de vous ; mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert » [Luc 22:26].

 

4.3.8        [3:9 — ne rendant pas mal pour mal ou outrage pour outrage]

De nouveau, l’apôtre appelle les saints à ne pas rendre mal pour mal, ni outrage pour outrage, mais au contraire à bénir, «car c’est à ceci que vous avez été appelés pour que vous héritiez de la bénédiction». Voilà le contraste si marqué entre les chrétiens et ceux d’Israël : ces derniers cherchaient à gagner la bénédiction en observant la loi, selon ce que l’apôtre Paul a présenté aux Galates comme une même triste erreur : «Car tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous la malédiction» (Gal. 3:10) : ce n’est pas tous ceux qui ont violé la loi, mais tous ceux qui sont tenus par ce principe.

C’est par la grâce seule que nous, chrétiens, sommes sauvés, ou que qui que ce soit peut l’être ; c’est par la foi, et non par les œuvres. Appelés à un héritage de gloire, ne sommes-nous pas des témoins de la bénédiction ? L’un de nos poètes exprime ce que presque tous ressentent avec autant d’incrédulité que lui : «L’homme n’est jamais béni, mais toujours en quête de bénédiction». Le christianisme est la preuve formelle de leur ignorance de la vérité. Ce n’est guère étonnant de la part de A. Pope qui ne s’est jamais détaché de la superstition et des formes rituelles mortes, ne serait-ce que pour saisir l’évangile de la grâce de Dieu.

 

4.3.9        [3:10-12 — gouvernement de Dieu envers les saints]

Or la grâce permet au chrétien de comprendre et de saisir le gouvernement moral que Dieu exerce envers Ses enfants. Dans les v. 10 à 12, l’apôtre fait une citation du Ps. 34 sur ce point justement pour le temps présent, tandis qu’Israël doit attendre un temps futur lorsque leur cœur se tournera vers Celui qu’ils ont rejeté dans leur incrédulité. Le mal et la fraude sont totalement hors de place dans la vie des croyants. Si quelqu’un déshonore le Seigneur comme les Corinthiens, il tombe sous Son châtiment, lequel peut prendre la forme d’une maladie ou de la mort. Ce n’est pas un avertissement seulement contre des paroles. L’apôtre se sert de ce passage de l’Écriture pour les inciter à se détourner du mal et à faire le bien, à rechercher la paix dans la pratique, et à le faire sérieusement parce que les yeux de l’Éternel sont sur les justes, et ses oreilles sont tournées vers leurs supplications, tandis que Sa face est contre ceux qui font le mal. Autant la pensée des saints est agréable à Dieu, autant l’esprit charnel ne l’est pas et ne peut pas l’être. Le croyant est en relation vivante avec Christ ; le devoir s’ensuit, et le Saint-Esprit travaille en puissance pour Sa gloire.

 

4.4       [3:13-16]

Le zèle pour ce qui est bon est propre à désarmer celui qui est hostile, mais honnête ; cependant si cet effet n’a pas lieu, il y a de la bénédiction à souffrir pour la justice ! Christ était parfait à cet égard ; en quoi ne l’était-Il pas ?

« Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de Celui qui est bon ? Mais, si même vous souffrez pour la justice, vous êtes bienheureux ; «et ne craignez pas leurs craintes, et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez le Seigneur le Christ dans vos cœurs»; et soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, ayant une bonne conscience, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ceux qui calomnient votre bonne conduite en Christ, soient confus » (3:13-16).

«L’homme né de femme est de peu de jours et rassasié de trouble», selon Job 14:1 ; il est déchu et pécheur, avec la mort bientôt devant lui, et après cela, le jugement éternel. Impossible de faire face consciemment à son état réel sans être malheureux continuellement et sans un terrible pressentiment quant à l’éternité. Rien en lui ou autour de lui ne peut lui procurer une satisfaction solide, encore moins le rendre agréable à Dieu qui est bon et qui fait le bien. Sa bonté pousse à la repentance [Rom. 2:4], qui n’est efficace qu’en Christ ; car en ceci l’amour de Dieu a été manifesté envers nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui [1 Jean 4:9]. Il est clair que, si nous sommes spirituellement morts comme tous les pécheurs perdus, notre premier grand besoin est de recevoir une vie nouvelle afin que nous vivions pour Dieu ; et cette vie qui a été vue en perfection et en plénitude en Christ, est donnée par Lui à tous ceux qui entendent Sa parole et qui croient Celui qui L’a envoyé. Le Fils vivifie qui Il veut ; et ainsi le croyant a la vie éternelle, et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie [Jean 5:24].

Mais l’amour de Dieu tel que connu par l’évangile va beaucoup plus loin, déjà maintenant ; car le croyant peut avoir la vie, la vie éternelle, tout en étant chargé par le sentiment de ses péchés passés et de sa faiblesse et de son indignité actuelles. Dans l’évangile, Dieu ôte cette détresse en purifiant sa conscience, et Il le remplit de paix par la foi dans le sacrifice de Christ. C’est pourquoi il est ajouté en 1 Jean 4:10 « c’est ici l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu (ce que nous faisons certainement comme vivant maintenant en Christ), mais en ce que Lui nous aima, et a envoyé Son Fils comme propitiation pour nos péchés ». Voilà ce qui seul est parfaitement efficace, et en vertu de quoi l’Esprit nous scelle, de sorte que nous sommes amenés dans la liberté et la puissance spirituelle par grâce.

 

4.4.1        [3:13-14a — épargnés du mal ou souffrant pour la justice]

Désormais, délivrés du mal, nous devenons zélés pour le bien ; et qui nous fera du mal s’il en est ainsi ? Les pires des humains sont frappés quand ils voient les orgueilleux devenir humbles, les violents devenir doux, les querelleurs devenir pacifiques, les frivoles et amateurs de plaisirs devenir graves, les corrompus devenir purs, les cupides devenir généreux, les insouciants ou même blasphémateurs devenir pieux. Sans doute un œil mauvais sous l’influence de Satan peut refuser toute preuve morale, et toujours imputer à l’hypocrisie un changement en bien si réel, et haïr d’autant plus ceux qui quittent les rangs des misérables et des méchants pour suivre Christ. Ces derniers chercheront donc à attirer dans des voies mauvaises, anciennes ou nouvelles, ceux qui confessent Christ ; et s’ils échouent à prendre au piège, ils ne manquent pas de dénigrer et de persécuter ; en effet tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécuté [2 Tim. 3:12], ou (comme le dit notre texte) «souffrent pour l’amour de la justice» [3:14]. «Mais vous êtes bienheureux» dit la Parole. C’est la miséricorde de Dieu et l’honneur de ceux qui ont été retirés par Christ du présent siècle mauvais selon la volonté de notre Dieu et Père [Gal. 1:4].

 

4.4.2        [3:14b — ni craintes ni troubles]

En accord avec cela, les saints sont exhortés à ne pas «craindre leurs craintes, ni n’être troublés». Pourquoi le seraient-ils, eux qui sont maintenant rachetés par le précieux sang de Christ, et qui sont appelés des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu [2:9] ? Invoquant comme Père (car c’est ce qu’Il est vraiment) Celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’œuvre de chacun [1:17], iraient-ils passer le temps de leur séjour ici-bas dans la [mauvaise] crainte ? en effet, ne sont-ils pas si favorisés et bénis, bien qu’encore dans un désert d’épreuves et d’embûches et de dangers ? Le Sauveur les a libérés de «leurs craintes» qu’ils avaient autrefois de la part de ceux qui haïssent et calomnient ; ils doivent à Son honneur de ne pas être troublés, voyant ce qu’il Lui en a coûté qu’eux soient bénis souverainement par Son Dieu et Père qui est aussi le nôtre. Au lieu d’avoir des craintes et des troubles d’incrédulité, ce qui serait naturel, ils peuvent être maintenant dans l’allégresse, pour un peu de temps, tout en étant mis à l’épreuve, si cela est nécessaire, par diverses épreuves [1:6], dont Sa grâce se sert pour travailler pour le bien (Rom. 8:28) de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon Son propos.

 

4.4.3        [3:15 — sanctifiez Christ comme Seigneur dans vos cœurs… donnant raison de l’espérance]

Quelle est alors la ressource et le remède ? «Mais sanctifiez Christ comme Seigneur [JND : le Seigneur Christ] dans vos cœurs». Les allures extérieures de petit saint, dans la manière ou dans les actes extérieurs, loin d’être utiles, sont un piège et une honte indignes d’un chrétien, aussi éloignées qu’il est possible de ce qui plait à Dieu, même si, sans s’en rendre compte, on se trompe soi-même et les autres avec. Mais donner à Christ la sainte place qui Lui est due dans nos cœurs, la place suprême comme Seigneur, cela plaît vraiment à Celui qui voudrait que nous honorions le Fils comme nous honorons le Père [Jean 5:23]. Si donc nous ne L’avons pas constamment, Lui, établi et en réserve dans nos cœurs, nous sommes exposés à n’importe laquelle de toutes les idoles par lesquelles l’ennemi trompe le monde ; mais avec Christ comme objet de nos affections les plus intimes, combien nous en sommes gardés et sommes bénis ! Nous voyons donc le fruit et l’accompagnement dans les paroles qui suivent [3:15b] : «soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à tous ceux qui vous demandent raison (ou : compte) de l’espérance qui est en vous». Quelle raison la créature peut-elle donner d’aussi satisfaisant, y compris pour Dieu, que le Seigneur Jésus et Sa rédemption ? En Lui nous trouvons la justice comme nulle part ailleurs ; nous sommes même devenus justice de Dieu en Lui, de sorte que, comme le dit le même apôtre (Gal. 5:5), «nous, nous attendons par l’Esprit sur le principe de la foi», non pas la justice comme si nous n’étions pas justifiés, mais «l’espérance de la justice», c’est-à-dire la gloire céleste avec Christ. Or cette bénédiction, si imméritée par quiconque, nous appelle à la douceur et à la crainte quand nous la confessons, de peur qu’un esprit grossier ou présomptueux ne déshonore le Dieu de toute grâce ou nous déshonore nous-mêmes en tant que bénéficiaires de Sa riche miséricorde.

 

4.4.4        [3:16 — médisances, calomnies, souffrances du fait de Satan chef de ce monde]

Dans un monde déchu et avec une nature pécheresse, avec Dieu d’un côté et Satan de l’autre, il y a forcément des souffrances, surtout pour les saints, jusqu’à ce que Christ prenne Sa grande puissance et qu’Il règne. Satan est toujours le chef de l’autorité de l’air, de l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance [Éph. 2:2]. L’ennemi est tellement loin d’avoir perdu sa prééminence mauvaise, bien qu’il ait été vaincu par notre Seigneur parfaitement dépendant et obéissant, qu’il est devenu le chef du monde par le rejet de Christ par le monde [Jean 12:31 ; 14:30], et il est aussi devenu le dieu de ce siècle selon 2 Cor. 4:4. Sans doute en incitant le monde à crucifier le Seigneur de gloire il a dépassé son titre, et a, pour ainsi dire, scellé sa propre ruine éternelle dans ce sang précieux. C’est dans ce but, et encore d’autres plus importants, que Christ est mort « afin que par la mort il rendît impuissant celui qui avait la pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » [Héb. 2:14]. Mais l’exécution complète de la sentence attend (pas seulement le siècle à venir, quand le Seigneur régnera et que le diable sera enfermé dans l’abîme, mais) elle attend la fin, quand le diable sera jeté dans l’étang de feu et de soufre, où la Bête et le Faux Prophète auront été jetés mille ans auparavant ; et ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles [Apoc. 20].

 

4.5       [3:17-18 — souffrir en faisant le bien]

Dans le présent siècle mauvais (Gal. 1:4) le chrétien est tout spécialement appelé à souffrir, non pas simplement sous la discipline divine quand il a commis une faute, mais parce qu’il a une nouvelle nature puisqu’il possède la vie en Christ, et est fidèle à Dieu. Pourquoi ce fait semble-t-il dur à accepter ? C’est ce que l’apôtre traite ici et qu’il explique.

«Car il vaut mieux, si la volonté de Dieu le voulait, souffrir en faisant le bien, qu’en faisant le mal ; car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, [le] juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu, ayant été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit» (3:17, 18).

 

4.5.1        [3:17 — il vaut mieux souffrir en faisant le bien, qu’en faisant le mal]

Combien l’Écriture est simple, et pourtant forte et percutante ! Qui, après avoir considéré ce qui est déclaré, peut douter qu’il vaut mieux souffrir en faisant le bien que mériter d’être châtié pour avoir mal fait ? Pourtant au premier abord et pour celui qui ressent l’iniquité qu’on lui fait, il n’est nullement évident que cela vaut mieux ; il serait plutôt enclin à se plaindre des difficultés. Le Christ a souffert tout le temps pour la justice, pour la vérité, pour l’amour ; c’est un privilège pour nous de partager Ses souffrances, et l’apôtre Paul a aussi insisté là-dessus auprès de ses chers Philippiens : «à vous, il a été gratuitement donné, par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui, ayant à soutenir le même combat que vous avez vu en moi et que vous apprenez être maintenant en moi» (Phil. 1:29, 30). Au ch. 2 v. 21, Pierre aussi avait déjà présenté Christ comme modèle en ceci ; or dans ces deux passages des ch. 2 et 3, il fait la distinction entre le fait de suivre Ses pas, et le fait de poser le fondement de tout (ce que Lui seul pouvait faire) quand Il a porté nos péchés en Son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice (2:24). Pareillement ici, l’apôtre se tourne vers ce qui est et doit être uniquement Sa part : «car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes» [3:18].

 

4.5.2        [3:18a — Christ a souffert une fois pour les péchés]

Pour les péchés, il n’y a que Lui qui pouvait souffrir. Il n’a souffert qu’une fois de cette manière expiatoire où personne ne pouvait Le suivre ; car Il ne souffrait pas de la part de l’homme par fidélité à Dieu, mais de la part de Dieu à cause de Sa grâce envers l’homme, quel que fût le coût de porter le juste jugement de Dieu sur les péchés de l’homme. C’est sur Sa tête sainte que l’Éternel a mis au grand jour l’iniquité de nous tous. «Il a plu à l’Éternel de le meurtrir», non seulement pour le soumettre à la souffrance, mais «pour livrer son âme en sacrifice pour le péché» [És. 53:10]. C’était le seul moyen pour que nous puissions être pardonnés avec justice, et être sauvés. Le châtiment de notre paix a été sur Lui, et par Ses meurtrissures nous sommes guéris [És. 53:5]. Quelle émotion touchante, mais aussi quelle force dans l’encouragement de l’apôtre à souffrir en faisant le bien et non le mal, de sorte que Lui ait souffert pour nos péchés une fois et une fois seulement ! Que cela soit suffisant : cela a été fait si parfaitement, car Lui seul pouvait porter ce fardeau, et malgré que ces péchés Lui fussent spécialement intolérables, Il les a pourtant portés et emportés loin pour tous ceux qui sont Siens. Quant à nous, souffrons donc maintenant seulement pour ce qui est du bien.

 

4.5.3        [3:18b — le Juste pour les injustes]

Mais il y a plus. Christ a aussi souffert une fois pour les péchés, le Juste pour des injustes. Il était seul dans cet acte unique de souffrance suprême de la part de Dieu. C’était pour des hommes injustes. Hélas ! ici-bas tous étaient injustes, tous étaient pécheurs ; et ceux qui par la foi sont au bénéfice de la grâce, sont les premiers à le reconnaître pour eux-mêmes. Désormais, ils sont justes, et par la foi ils vivent comme des justes, de même que c’est par la foi qu’ils sont devenus justes ; ils n’oublient pas non plus qu’ils ont cru en Celui qui justifie les impies [Rom. 4:5], et ainsi leur foi est mise en compte comme justice. Voilà Sa grâce.

 

4.5.4        [3:18c — afin qu’Il nous amenât à Dieu]

Pensez aussi à l’efficacité de Sa souffrance, «afin qu’il nous amenât à Dieu», — pas encore effectivement au ciel, mais déjà prêts pour y être, et donc amenés «à Dieu», ce qui est bien plus que le ciel. Christ sur la croix nous a lavés de nos mauvaises œuvres, et de ce qui en est la racine et la sève mauvaises, c’est-à-dire le péché dans la chair qui les produit. Nous ne sommes donc plus loin de Dieu, mais approchés, étant, comme il est dit au ch. 2, une sacrificature sainte et royale dans une réelle proximité de Dieu par le sang de Christ — une proximité meilleure que celle qu’avait le sacrificateur aaronique en type. Affirmer qu’il y a une classe sacerdotale sur la terre maintenant entre le chrétien et Christ, c’est nier l’évangile. Cette proximité n’a rien d’étonnant pour celui qui croit en la gloire de la personne de Celui qui a été mis à mort en chair, et vivifié par l’Esprit. Sa mort a roulé le mal de devant Dieu [Josué 5:9], et Sa résurrection a proclamé la victoire à la foi.

Une discussion plus complète de ces expressions remarquables et de ce qui suit se trouver dans un petit traité intitulé : «Prédication aux esprits en prison» (WK).

 

4.6       [3:19-20 — l’Esprit par lequel Christ est allé prêché]

4.6.1        [l’Esprit qui a vivifié Christ, l’Esprit par lequel Christ a prêché]

Nous avons ici besoin de vigilance pour ne pas céder à l’imagination, et rester soumis aux paroles du Saint-Esprit dans leur portée exacte et en accord avec le contexte. Car elles sont souvent reprises de manière vague et partiale en faveur d’idées préconçues ou en vue d’un but choisi d’avance. Pour avoir de la lumière, il faut un œil simple ; et cela ne peut être que là où Christ est l’objet qui gouverne. Le pronom relatif traduit par « par lequel » [début de 3:19] se réfère à l’Esprit en vertu duquel Christ a été rendu vivant (= vivifié) après Sa mort [3:18]. Il est rajouté ensuite un fait, bien sûr très différent, mais qui se rapporte également à l’Esprit.

«… par lequel (ou : en vertu duquel) aussi il est allé et a prêché aux esprits en prison, qui ont été autrefois désobéissants, quand la patience de Dieu attendait dans les jours de Noé, tandis que l’arche se construisait, dans laquelle un petit nombre, savoir huit personnes, furent sauvées à travers l’eau » (3:19, 20).

Il nous est donné ici de comprendre que Christ en Esprit a prêché à ceux dont les esprits sont emprisonnés parce qu’ils ont été désobéissants après avoir entendu Ses avertissements ; l’époque où cela a eu lieu est déterminé comme antérieur au déluge qui les a punis, et ils sont maintenant gardés, comme d’autres, pour un jugement ultérieur.

 

4.6.2        [Le sens direct du passage]

La préposition grecque ἐν [débutant la phrase, 3:19] est ici nécessaire pour exprimer avec exactitude «dans» ou «par» quoi Christ est allé prêcher aux esprits en prison. Ce n’était pas en personne, mais en vertu de l’Esprit. Ceci est remarquablement confirmé par le langage de Genèse 6:3 : «Et l’Éternel dit : Mon Esprit ne contestera pas à toujours avec l’homme, puisque lui n’est que chair ; mais ses jours seront de cent vingt ans ». C’est là que nous apprenons ce à quoi l’apôtre fait allusion, d’abord Christ en Esprit (et nous savons qu’Il était l’Éternel sans aucun doute), et ensuite la durée de la longue patience de Dieu aux jours de Noé. Car la déclaration divine ne se rapporte pas à la durée de vie de l’homme qui, même après le déluge, a été encore beaucoup plus longue, mais elle se rapporte à Ses sollicitations patientes pendant la construction de l’arche. 2 Pierre 2:5 et 1 Pierre 1:11 aident beaucoup à clarifier le sens voulu, car Noé, mieux que tout homme d’autrefois, est qualifié de «prédicateur de justice», de sorte que nous pouvons nous attendre à ce que la puissance agissante en lui fût le même Esprit de Christ qui a rendu par avance témoignage, dans les prophètes, des souffrances de Christ et des gloires qui suivraient.

La vérité visée dans ce passage est ainsi rendue assez simple et cohérente, non seulement avec les exigences du contexte, mais avec le reste de l’Écriture. C’est même moins difficile qu’avec Éph. 2:17 où il est dit de Christ qu’«Il est venu et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin, et la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient près». Aucune personne sensée n’y voit plus que Christ, non pas personnellement mais en Esprit, prêchant aux Gentils aussi bien qu’aux Juifs après Son ascension. Ce passage d’Éph. 2 est déjà assez clair ; mais dans notre texte de 1 Pierre 3, à moins de comprendre de travers sous l’effet de l’imagination ou de la superstition, la grâce a fourni l’indication de ce par quoi Il procédait pour annoncer : «par lequel» [l’Esprit] ; le texte dit littéralement «dans lequel» et certains ont imaginé à tort que cela voulait dire «dans la prison». En fait Il a prêché aux esprits qui sont en prison maintenant. Ils étaient des hommes vivants sur terre quand l’Esprit les implorait aux jours où Noé préparait l’arche.

 

4.6.3        [Contre l’idée d’une « prédication de Christ aux enfers »]

Ceci est en accord avec l’expression qui fait suite : «qui ont été autrefois désobéissants» pendant ce long temps de patience, de compassion et de témoignage. Encore une fois la structure de la phrase est spécialement propre à exprimer la cause ou la raison morale pour laquelle ils sont maintenant en prison. Au lieu de manifester repentance et foi quand l’Esprit de l’Éternel faisait Ses efforts, ils ont été désobéissants : notre Seigneur (Matt. 24:38, 39) tourna ce fait en avertissement comme l’apôtre ici. Un sort semblable frappera les insouciants à la venue du Fils de l’homme en la consommation du siècle. Que ce soit dans la doctrine ou dans les faits ou dans la formulation de la phrase de Pierre, il n’y a aucune place pour l’étrange notion des anciens et des modernes d’une descente de Christ en personne en Hadès [« aux enfers », dit-on] après Sa mort pour y prêcher aux esprits. L’étrangeté est renforcée par le fait que les seuls auditeurs de Sa prédication seraient cette génération de l’humanité qui a été favorisée par les supplications de Son Esprit en Noé. Une pareille faveur quand ils étaient vivants est bien plus naturelle que la prétendue visite après la mort, d’autant plus que d’autres écritures sont là pour en prouver l’inutilité pour les saints et l’absence pour les pécheurs.

La vérité est que la notion fabuleuse d’une telle prédication par Christ en Hadès après la mort contrevient à toute la vérité biblique par ailleurs, et on la tire du seul passage qui est devant nous en faisant violence tant aux morceaux de phrase qu’à la portée du texte dans son ensemble, — en ne poursuivant pas l’argumentation divine et en préférant interpoler une interruption totalement incongrue. Car le seul caractère donné à ceux qui entendirent la prédication est d’avoir été désobéissants, ceci étant le motif de leur emprisonnement : une étrange raison pour justifier la faveur du Seigneur de se rendre en prison pour eux.

 

4.6.4        [Pas de prédication aux saints décédés, mais contraste entre les croyants et les désobéissants]

C’est donc déjà faire outrage à la doctrine orthodoxe de supposer une telle prédication à un tel auditoire dans un tel lieu, dans un tel état et à un tel moment ; mais c’est s’opposer encore plus clairement aux expressions de l’apôtre que d’imaginer une prédication du Seigneur aux saints décédés de l’Ancien Testament. Pas un seul mot n’implique qu’un croyant pût être parmi les esprits en prison. Toutes les tentatives dans cette direction sont entièrement vaines, depuis Augustin jusqu’à Calvin, et près de nous Horsley, et d’autres encore plus récents. La portée évidente de l’enseignement est de mettre en contraste la masse des esprits désobéissants (dans la prison de l’état séparé) avec le petit nombre de ceux qui, dans l’arche, ont été sauvés à travers l’eau.

 

4.6.5        [Les incrédules sont comme les désobéissants du temps du déluge qui ont rejetés les avertissements de l’Esprit de Christ]

Il était ainsi puissamment répondu aux Juifs incrédules qui s’opposaient au petit nombre de chrétiens, et cela contrait leur mépris de la prédication qu’ils estimaient sans effet sérieux, qu’on la croie ou qu’on la rejette. Christ agissait maintenant par l’Esprit, et non pas par cette manifestation de puissance et de gloire qu’ils attendaient ; ils étaient, eux, dans l’incrédulité de ce que Dieu opère par l’évangile. Ils avaient à se souvenir comment Dieu avait opéré avant le déluge, et ce qui était arrivé à ceux qui ont désobéi à Son avertissement.

Il n’y a donc aucune difficulté réelle dans le passage quand on saisit l’analogie générale avec les jours de Noé — pas plus que dans les détails du texte le plus correct, quand on fait très attention à la fois au rendu grammatical et à la saine doctrine. Aucun événement de l’Ancien Testament ne pouvait être plus pertinent pour avertir les Juifs moqueurs de l’époque de l’apôtre, que ce qui était arrivé aux désobéissants des jours de Noé quand il préparait l’arche. Quelle différence d’effet dans le cas de la prédication de Jonas aux hommes de Ninive ! Et pourtant leur repentance ne fut que transitoire, et la fin de la grande ville s’ensuivit. Mais le déluge ne fut pas tout pour ceux qui rejetèrent l’Esprit de l’Éternel qui avertissait par Noé. Leurs esprits sont en prison, attendant le jugement, — un jugement où personne n’est trouvé juste devant Dieu. Ils sont perdus pour toujours. Ce n’est que par la foi qu’un pécheur est justifié. La désobéissance de l’incrédulité est sans appel ; elle brave à la fois la miséricorde de Dieu et Sa colère ; le pire est pour ceux qui ont les Écritures.

 

4.6.6        [une erreur en amène d’autres et contribue à nier les réalités de l’Au-delà]

Admettre une prédication de Christ aux défunts en hadès est un rêve qui se heurte non seulement à la vérité en général, mais à ce contexte en particulier, le rendant à la fois bancal et incohérent dans tous les moindres détails quand on y regarde de près. Il en résulte une allégation extraordinaire qui suggère une doctrine en conflit avec tout le reste de la parole de Dieu. En effet elle attribue à Christ une œuvre superflue tant pour les saints que pour les pécheurs ; pour ces derniers elle tend à étayer une fausse espérance, incompatible avec tout ce que notre Seigneur ici-bas a déclaré à l’égard de ceux qui meurent dans l’incrédulité, et également incompatible avec ce que le Saint-Esprit a enseigné depuis la rédemption. Un autre effet pervers de cette interprétation erronée est d’aider des esprits ingénieux à tenter une confirmation obscure de certains textes de l’Ancien Testament tels que Ps. 68:18, Ésaïe 45:2 et 49:9, pour nier que le paradis est céleste dans le Nouveau Testament. Une erreur conduit à une autre, et peut-être à beaucoup d’autres. Il est bon de maintenir l’espérance sainte et bénie de la «première résurrection» à la venue du Christ ; et il est très nuisible de nier la béatitude intermédiaire des saints délogés pour être avec Christ. L’Écriture est parfaitement claire et certaine sur ces deux points.

 

4.7       [3:21-22 — déluge et baptême]

4.7.1        [3:21a — le baptême : un antitype = une figure]

L’eau du déluge conduit au sens spirituel du baptême au v. 21 : le symbole de la mort judiciairement, aussi bien pour le monde qui a péri ainsi, que pour le salut du croyant par la grâce — le salut par le moyen de Celui qui y est descendu pour nos péchés et a été ressuscité pour être la vraie arche pour nous. L’eau était l’instrument du jugement de Dieu en destruction. Ceux qui étaient dans l’arche ont été sauvés à travers l’eau, mais seulement parce qu’ils se sont soumis à la parole de Dieu et ont été mis à l’abri par l’arche. L’arche préfigurait Christ, non pas l’église comme certains l’imaginent en vain ; car rien de tel n’existait alors ; et même si cela avait existé, cela n’aurait pas pu sauver ; mais on a là plutôt l’image de ceux qui avaient besoin du salut, celui qui existe en vertu de la mort et de la résurrection de Christ.

« Or cet antitype ((*) ou : cette ‘figure’) vous sauve aussi maintenant, [c’est-à-dire] le baptême, non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la requête d’une bonne conscience envers Dieu, par la résurrection de Jésus Christ, qui est à la droite de Dieu (étant allé au ciel), anges, et autorités, et puissances lui étant soumis » (3:21-22).

 

(*) Le seul autre passage du Nouveau Testament où on trouve ce mot est Héb. 9:24 [traduit par JND par « copie »]. Le sens est le même, ‘figure’, dans les deux cas.

 

 

4.7.2        [Christ vivifie les morts. On est régénéré par la Parole de Dieu. La Parole est annoncée par l’Esprit]

Il est de toute importance de comprendre la pensée de l’Esprit ; car la superstition s’est saisie des mots ici pour soutenir son erreur. Mais si nous voulons marcher dans la vérité, nous devons lire chaque passage de l’Écriture à la lumière des autres passages de l’Écriture, aussi bien que du contexte. Toute l’Écriture, peut-on dire, vise le Sauveur et la foi en Lui pour le salut de l’âme. Ce n’est nulle part plus clair que dans la doctrine qui précède dans l’épître qui est devant nous. Christ est montré comme Celui qui vivifie les morts, ceux qui étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, — Christ le Fils en communion avec le Père, révélé dans la puissance du Saint Esprit par la Parole (Jean 3:5 ; 5:21-25). Ainsi, dans le premier chapitre de notre épître, l’apôtre dit : «Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sincère, aimez-vous les uns les autres ardemment d’un cœur pur» [1:22]. Comment cela peut-il se faire, sachant ce qu’est l’homme naturellement ? «vous qui êtes régénérés [engendrés de nouveau], non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu, parce que toute chair est comme l’herbe et toute sa gloire comme une fleur d’herbe : l’herbe sèche et sa fleur tombe ; mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Or c’est cette parole qui vous a été annoncée» [1:23-25]. C’est pourquoi en Jacques 1:12, il est écrit: «De sa propre volonté, Il (le Père) nous a engendrés par la parole de la vérité, afin que nous soyons une sorte de prémices de Ses créatures».

 

4.7.3        [La vie nouvelle est en Christ. C’est une erreur de l’attribuer au baptême]

Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux passages de l’Écriture que l’on peut citer, tirés des Évangiles et des épîtres ; mais ils montrent amplement que, comme la vie est dans le Fils, ainsi c’est Lui qui donne la vie au croyant, et ceci dès maintenant, non seulement pour la communion avec le Père et avec le Fils, mais pour marcher dans la lumière, étant purifié par le sang de Jésus. Le baptême a sa place d’un profond intérêt et d’une grande importance ; mais l’Écriture ne lui attribue jamais le fait de donner la vie [vivifier]. C’est une erreur très ancienne et invétérée de la chrétienté. Tous ceux qu’on appelle Pères de l’Église, quand ils parlent de donner la vie, ils l’attribuent au baptême. C’était l’erreur des temps sombres longtemps avant le papisme ; et on en fondait la nécessité sur les paroles tout à fait mal comprises de notre Seigneur en Jean 3:3, 5. C’était tellement universel après les apôtres que Hooker établit, en opposition à Cartwright (Eccles. Poll. 5 §59), «que, de tous les Anciens, il n’y en a pas un qu’on puisse nommer qui ait jamais fait autrement qu’exposer ou alléguer ce passage comme impliquant le baptême externe».

 

4.7.4        [Jean ne parle ni du baptême ni de la Cène — Jean 3 et 6]

Il est frappant de constater qu’au-delà de l’allusion aux disciples qui baptisaient [Jean 3:22, 26 ; 4:1] comme Jean, bien avant la mort et la résurrection de notre Seigneur et Sa mission ultérieure de baptiser toutes les nations, l’Évangile de Jean évite toute mention du baptême chrétien et de la Cène du Seigneur. Son dessein était de faire ressortir, non pas les institutions sacrées du christianisme, mais la vie éternelle et le don du Saint-Esprit avec leurs précieux résultats. Il n’est jamais dit d’aucune institution qu’elle donne la vie, ni qu’aucune d’elles ne peut restaurer la communion interrompue par la tolérance du péché. En Jean 3, le Seigneur insiste sur la nécessité absolue d’être né de nouveau, c’est-à-dire d’eau et d’Esprit, pour voir ou entrer dans le royaume de Dieu. Étant par nature enfant de colère, une nouvelle nature est requise. L’eau, comme en Jean 15:3 et Éph. 5:26, se réfère à la parole de Dieu que l’Esprit fait comprendre dans la foi et la repentance. Nicodème en tant que docteur Juif aurait dû le savoir [Jean 3:10], spécialement d’après Ézéc. 36:25, etc., alors que ni lui ni personne d’autre ne pouvait avoir connu le baptême chrétien institué des années après.

Il en va de même avec Jean 6:53, etc., qui parle de la communion par la foi avec Christ mort pour la rédemption, tandis que les v. 32 et suiv. parlent de Lui dans Son incarnation. Le langage de Jean 3 va bien au-delà du baptême, comme celui de Jean 6 dépasse de loin la Cène du Seigneur. Ceci devrait être évident pour quiconque s’incline devant l’Écriture. Si quelqu’un veut appliquer ce passage à la Cène, il est obligé d’affirmer que nul ne peut avoir la vie éternelle sans la Cène, et qu’aucun de ceux qui participent à la Cène ne peut manquer d’avoir la vie éternelle : les deux déclarations sont aussi dangereuses que fausses.

 

4.7.5        [Le baptême est pour la mort de Christ, pas pour Sa vie]

Le baptême est l’expression et la confession d’avoir part à la mort de Christ ; ou, comme l’a dit l’apôtre Paul, «ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour Sa mort ? Nous avons donc été ensevelis avec Lui par le baptême pour la mort» [Rom. 6:3-4]. Voilà sa signification : la mort de Christ, non pas la vie, deux choses qui sont par la foi en Lui. De même dans la Cène du Seigneur, nous annonçons Sa mort jusqu’à ce qu’Il vienne [1 Cor. 11:26] ; c’est comme une fête constamment récurrente, tandis que le baptême chrétien n’a lieu qu’une seule fois. Christ a dû venir, non seulement par la naissance, mais par l’eau et le sang avec l’Esprit donné comme témoin [1 Jean 5:6]. Jusque-là, il ne pouvait pas y avoir de christianisme, parce que Dieu n’avait pas été glorifié et le péché n’avait pas été jugé dans Sa mort. Il était à l’étroit, malgré la grandeur de Sa grâce, de Sa gloire et de Ses perfections morales, jusqu’à ce que ce baptême soit accompli [Luc 12:50]. L’institution chrétienne est venue ensuite.

 

4.7.6        [3:21a — Le baptême est pour la rémission des péchés ; il représente le passage à une nouvelle position de salut par la résurrection de Christ]

Le baptême tel que Pierre l’enseignait était «pour la rémission des péchés», selon Actes 2:38. C’est pourquoi Ananias a été envoyé au «frère Saul» qui avait déjà la vie en Christ ressuscité, et l’a invité à se lever et à se faire baptiser, et à être lavé de ses péchés, invoquant le nom du Seigneur. De même ici, «or cet antitype» (cette figure, car c’est de cela qu’il s’agit) «vous sauve maintenant aussi, le baptême». Mais l’apôtre prend bien soin d’ajouter : «non pas le dépouillement de la saleté de la chair, mais une requête (ou : demande) à Dieu d’une bonne conscience». Car la vie de Christ donnée à l’âme, cherche cela, et ne peut se satisfaire de moins. Et comme Celui qui est et nous donne la vie éternelle, a souffert pour les péchés, nous recevons aussi la riche bénédiction de Sa mort dans toute sa valeur. Il ne s’agit donc pas d’une figure de la vie, comme le dit la tradition toujours obscure et trompeuse, mais du salut, le salut actuel de nos âmes, et le gage du changement glorieux pour nos corps à la venue du Christ. Le baptême présente notre passage de l’état déchu à la nouvelle position du salut «par la résurrection de Jésus-Christ» [3:21]. Tout était saint et acceptable en Lui dans son incarnation ; mais notre culpabilité, notre ruine étaient telles que rien moins que Sa résurrection ne pouvait nous amener au salut. « En vérité, en vérité, je vous dis : À moins que le grain de blé ne tombe dans la terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » [Jean 12:24]. La rémission des péchés et le salut font donc partie de notre bénédiction. Le baptême comme institution initiatique le proclame ; de même la Cène du Seigneur le fait pendant tout le temps que nous attendons Christ ; mais tout dépend de l’efficacité de Sa mort et de Sa résurrection pour notre foi.

 

4.7.7        [3:21b-22 — Le baptême : ‘demande à Dieu d’une bonne conscience’ par ceux qui sont sauvés. Démonstration de notre acquittement par la gloire de Christ]

Nous pouvons ainsi voir la cohérence de la vérité en Christ. Car en Lui Dieu est descendu vers les pauvres pécheurs perdus, pour que, croyant en Lui, ceux qui étaient morts puissent vivre. Mais en Lui mort et ressuscité, nous venons à Dieu, purifiés par Son sang expiatoire, et dans la puissance et l’acceptation de Sa résurrection. Et c’est ici que le christianisme trouve sa base et son caractère. Nous ne sommes donc pas seulement en sécurité, comme tous ceux qui ont la vie ; mais maintenant nous «sommes sauvés» et devenons justice de Dieu en Lui. C’est pourquoi le baptême chrétien suit la mort et la résurrection de Christ. Une bonne conscience envers Dieu, c’est la chose demandée, quand nous sommes vivants à Dieu en Christ : avoir notre acquittement par Son œuvre de rédemption. «Requête» ou «demande» est la vraie force du mot ἐπερώτημα (ce n’est pas «réponse»). Or nous en avons une grande démonstration en Christ à la droite de Dieu [3:22], — le même Christ qui a souffert une fois (c’était suffisant) pour nos péchés et les a enlevés, et qui est entré dans le ciel même, à la plus haute place d’honneur, anges et autorités et puissances Lui étant soumis (au lieu de Lui disputer Son titre juste). Ils lui rendent en effet un hommage divin selon ce que déclare Héb. 1 en accord avec la prophétie de l’Ancien Testament ; et l’Apocalypse le publie dans ses visions de la gloire céleste, vues par Jean et qui nous ont été données à connaître pour que cela agisse maintenant sur nos âmes. Car toutes choses sont à nous, les choses présentes et les choses à venir [1 Cor. 3:22]. Puissions-nous profiter d’un privilège si merveilleux !

 

4.7.8        [3:21a — ‘vous sauve maintenant’ : le salut présent comme en Héb. 11:7]

Nous pouvons aussi remarquer que les paroles de Héb. 11:7 concordent avec «vous sauve maintenant» (bien que Dieu se soit plu à donner un aspect plus avancé des privilèges et de la vérité par Paul en Rom. 6 et Col. 2, par comparaison avec le témoignage de Pierre dans le présent texte). «Par la foi, Noé, prévenu divinement des choses qui ne se voyaient pas encore, prépara une arche pour le salut de sa maison». C’est la figure. Mais le vrai salut dont le baptême est la figure, est d’un caractère divin et éternel sur la base de la mort et de la résurrection de Christ.

 

4.7.9        [Le baptême n’est pas une garantie — Ce que Paul en dit en 1 Corinthiens]

Il est nécessaire de dire que quel que soit la place et la valeur du baptême, le même Paul remercie Dieu en 1 Cor. 1 de ce qu’il n’a baptisé que quelques-uns des Corinthiens, de peur que quelqu’un dise avoir été baptisé pour son nom. Comment aurait-il pu dire cela si le baptême avait été un moyen d’obtenir la vie éternelle ? Il ajoute plus loin que Christ ne l’a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l’évangile, par lequel, en 1 Cor. 4:15, il dit qu’il les a engendrés dans le Christ Jésus. En 1 Cor. 10:1-12 il les avertit par des exemples tirés de l’histoire d’Israël, que ni le baptême ni la Cène du Seigneur n’empêchent de tomber dans le désert par incrédulité et par les péchés auxquels il expose. Voir aussi Héb. 3 et 4.

 

4.7.10    [Ineptie du salut par le baptême]

Ce qui est vraiment étonnant, c’est comment un saint peut être tellement ensorcelé par des prétentions humaines, et si obtus devant l’œuvre infinie de la grâce (où toute la Trinité s’engage pour sauver un homme coupable et pécheur), au point de recevoir une tromperie si évidente de l’ennemi [, à savoir le salut par le baptême]. De même que Dieu en Christ était seul à pouvoir sauver, rien moins que Sa puissance ne peut garder les âmes par la foi pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps. Le salut ici (1:5), comme souvent ailleurs, signifie le salut du corps, et pas seulement de l’âme comme dans 1 Pierre 1:9.

 

4.7.11    [La foi voit un Christ céleste dans la gloire et c’est là qu’est notre part]

Pour ces incrédules qui méconnaissaient l’évangile par leur zèle pour une gloire du Messie manifestée sur la terre, il était important de souligner ce qui est beaucoup plus important, à savoir la gloire céleste dans laquelle le chrétien se réjouit de voir Christ aujourd’hui. Lui «est à la droite de Dieu, monté au ciel, anges et autorités et puissances lui étant soumis». En temps voulu, Il s’assiéra sûrement comme Fils de David sur le trône de David en Sion ; et en ce jour-là tout Israël se repentira, croira et sera sauvé. Mais les Juifs, et les Gentils aussi, qui maintenant Le voient par la foi, ont une part meilleure, du fait qu’Il est monté dans une gloire plus élevée. Les Juifs incrédules ne peuvent pas contredire le fait que David en Esprit l’a attesté, en disant : «Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis comme marchepied de tes pieds». S’il est assis, selon ce que ce Ps. 110 assure, les anges et les autorités et les puissances ne sont pas désobéissants à la vision céleste comme les Juifs sur la terre [Actes 26:19], mais, Lui étant soumis, ils éclatent en acclamations joyeuses et bruyantes. Et les chrétiens, déjà ici-bas et maintenant, adorent en Esprit Celui qui est ainsi élevé en-haut. Eux croient et Le connaissent là.

 

 

5         1 Pierre 4

5.1       [Ch. 4:1-6]

5.1.1        [Ch. 4:1-2]

Ici comme au ch. 2 v.24, notre apôtre insiste sur la mort aux péchés dans sa réalité pratique. Ce n’est pas (comme l’enseigne l’apôtre Paul en Rom. 6 et ailleurs) le privilège chrétien d’être mort avec Christ au péché, mais c’est le devoir qui découle de Sa mort comme un fait du domaine spirituel, c’est-à-dire que nous ne continuions pas à servir le péché, mais que nous marchions comme des hommes justes selon l’exemple de Christ. Les deux apôtres parlent avec le même but final.

« Christ donc ayant souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée, que celui qui a souffert dans la chair s’est reposé du péché, pour ne plus vivre le reste de [son] temps dans la chair pour les convoitises des hommes, mais pour la volonté de Dieu. Car il nous suffit d’avoir accompli, dans le temps déjà écoulé, la volonté des nations, alors que nous marchions dans la débauche, les convoitises, l’ivrognerie, les excès dans le manger et le boire et les criminelles idolâtries, en quoi ils trouvent étrange que vous ne couriez pas avec eux dans le même bourbier de corruption, [vous] disant des injures ; et ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. Car c’est pour cela qu’il a été évangélisé à ceux aussi qui sont morts, afin qu’ils fussent jugés, selon les hommes, quant à la chair ; et qu’ils vécussent, selon Dieu, quant à l’esprit » (1 Pierre 4:1-6).

L’apôtre tourne le cœur de ses frères vers le Messie, le plus grand de tous ceux qui ont souffert. Cela faisait d’autant plus impression que, dans le cas de Christ, cette mort aux péchés a été prouvée jusqu’à la perfection, et à la croix par-dessus tout. Car jusqu’à ce que le voile soit ôté du cœur du résidu juste, les Juifs ne voyaient pour Lui que triomphe et gloire, comme aussi pour Son peuple. Une grande partie de l’Écriture Sainte n’en témoigne-t-elle pas ? Néanmoins Sa mort a été la preuve la plus simple, la plus claire et la plus irréfragable que l’incrédulité avait caché à leurs yeux le témoignage divin rendu à Sa souffrance à travers tout l’Ancien Testament, la Loi, les Psaumes et les Prophètes. Ressuscité d’entre les morts, Il a ouvert l’intelligence de Ses disciples pour comprendre les Écritures et juger leur sinistre parti pris. Comme Il le dit à deux d’entre eux le jour de la résurrection, « Ô gens sans intelligence et lents de cœur à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses et qu’Il entrât dans sa gloire ? » (Luc 24). Bien avant Sa crucifixion, Il avait dit à Ses disciples (Luc 17:24, 25) qu’en Son jour le Fils de l’homme serait comme l’éclair qui brille d’un des côtés de dessous le ciel jusqu’à l’autre côté, à la surprise d’un monde coupable, mais qu’auparavant il fallait qu’Il souffre beaucoup et qu’Il soit rejeté de cette génération.

Il était révélé qu’il y aurait quelqu’un souffrant sans pareil, et que ce n’était ni Job, ni Joseph, ni Moïse, ni David, ni Jérémie, ni aucun des prophètes — tous ceux-là étant peut-être dans une mesure des préfigurations de Celui qui était encore à venir et qui devait souffrir. Mais tout cela est infiniment loin d’atteindre la vérité merveilleuse de la croix. Car Lui, le Saint de Dieu qui n’a pas connu le péché, a été fait péché pour nous ; et Il a souffert, non pas pour la justice comme les saints peuvent le faire et le font, mais pour nos péchés de la part de Dieu, comme Lui seul pouvait le faire. Quand Il a été rejeté par le peuple, trahi par un apôtre, renié par un autre, abandonné par tous, Dieu L’a abandonné, comme Il l’a déclaré de Sa propre bouche. Il fallait qu’il en soit ainsi pour que le péché soit jugé de manière adéquate et pour qu’une base parfaite soit établie dans Sa mort pour réconcilier le pire pécheur avec Dieu, le purifiant de tout péché par Son sang. Comme l’apôtre a rendu témoignage à Son sang (1:18-21), ainsi il rend maintenant témoignage à la puissance pratique de Ses souffrances pour donner de la puissance contre le péché : « Armez-vous de cette même pensée ». Il n’a jamais cherché à plaire à Lui-même [Rom. 15:3], bien qu’en Lui il n’y eût pas de péché [1 Jean 3:5]. « Voici, Je viens, ô Dieu, pour faire Ta volonté » [Héb. 10:7], telle était Sa vie dans les moindres détails ; c’était une pure offrande de gâteau, une sainte offrande à Dieu Son Père, dont Il chercha la gloire dans la moindre des choses jusqu’à la plus grande, ainsi que de la manière la plus humble, la plus vraie et la plus profonde de toutes : dans l’obéissance. Et c’est dans Sa mort expiatoire à laquelle rien n’est comparable, que Dieu a été glorifié dans toute Sa nature, même vis-à-vis du péché, et Dieu L’a fait péché pour nous afin que nous devenions justice de Dieu en Christ [2 Cor. 5:21].

Les résultats de Sa souffrance sont grands, variés et infinis ; cependant, l’apôtre n’en parle pas ici comme moyen efficace de nous amener à Dieu sans tache et irréprochables comme Lui, mais il parle de sa puissance pratique contre le péché chaque jour. « Christ donc ayant souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée ». Christ n’a jamais cédé, mais Il a souffert étant tenté ; saint Lui-même, Il a maintenu le péché dehors. Il n’avait pas de péché dans la nature humaine qu’Il a prise. Mais comment pouvait-on s’occuper de nous, nous qui avions le péché au-dedans et étions coupables au-dehors ? Il est mort pour nous, oui, pour nos péchés ; Il a été abandonné de Dieu pour que ce jugement soit complet ; et dans ce jugement, l’apôtre Paul ajoute que Dieu a condamné la racine de tout, c’est-à-dire le péché dans la chair, — Il l’a condamné en Lui comme sacrifice pour le péché, afin que la juste exigence de la loi soit accomplie en nous qui ne marchons pas selon la chair mais selon l’Esprit [Rom. 8:3-4].

Pierre tire ici de Christ, pour le chrétien, le grand principe abstrait « que celui qui a souffert dans la chair s’est reposé du péché [ou : en a fini avec le péché], pour ne plus vivre le reste de son temps dans la chair pour les convoitises des hommes, mais pour la volonté de Dieu » [4:1b]. Tout en reconnaissant toute la différence qu’il y a entre le Sauveur et les sauvés, cela s’applique vraiment à ceux qui Le suivent. Lorsque nous péchons, c’est notre propre volonté qui est active, pour Son déshonneur. On souffre en refusant de pécher ; on juge et déteste et bloque la volonté de la chair, et on souffre, mais on ne pèche pas. Si, par grâce, nos pensées sont fixées sur la volonté de Dieu à tout prix, le péché n’entre pas. C’est souffrir dans la chair, et en cela est la séparation du péché. C’est l’état simple et normal du chrétien, avec le cœur en repos sur Celui qui est descendu plus bas que tout pour lui. Quand le cœur Le perd de vue, on se soustrait à la souffrance, et la volonté impose l’activité charnelle, et le péché effectif s’ensuit. Or nous sommes sanctifiés par l’Esprit pour l’obéissance de Jésus, non moins que pour l’aspersion de Son sang [1:2]. Nous sommes laissés ici-bas pour faire la volonté de Dieu, maintenant que nous sommes à Christ.

 

5.1.2        [Ch. 4:3-5]

L’apôtre présente alors devant nous une autre considération vraiment humiliante : « Car il nous suffit d’avoir accompli, dans le temps déjà écoulé, la volonté des nations, alors que nous marchions dans la débauche, les convoitises, l’ivrognerie, les excès dans le manger et le boire et les criminelles idolâtries, en quoi ils trouvent étrange que vous ne couriez pas avec eux dans le même bourbier de corruption, [vous] disant des injures ; et ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts » (4:3-5).

Il ne fait aucun doute que ces mauvaises voies caractérisaient les Gentils, mais pas les Juifs ; cependant ceux de la dispersion vivaient parmi les païens et avaient tendance à être corrompus par leur environnement. Comme leurs pères de jadis, les descendants, au moins ceux qui échappaient à la surveillance stricte de ceux de Judée, étaient trop facilement entraînés dans les convoitises et les passions grossières ; ils avaient alors mauvaise conscience et mettaient de côté Dieu et Son jugement, adoptant des idolâtries profanes comme les amulettes, les fétiches, etc. C’est ce que l’apôtre présente comme la réalité des temps précédents, et il le met à charge sur ceux qui portaient maintenant le nom du Seigneur. Cette manière de vivre était naturelle pour les païens ; il était choquant que ceux qui reconnaissaient l’Éternel aient marché pareillement : ils savaient maintenant qu’ils n’étaient pas meilleurs que les autres. Tout en les exhortant à être cohérent avec le saint Nom, l’apôtre rappelle aux saints que leurs voisins païens trouvaient étrange de ne pas les voir suivre la même course d’abandon aux plaisirs impurs et égoïstes, très généralement liée aux coutumes idolâtres. Au lieu d’approuver le changement, ces Gentils se complaisaient à insulter, comme le fait encore le monde sous sa forme chrétienne. En cela, ils ne faisaient que suivre le chef de ce monde, menteur et meurtrier, en contraste complet avec Celui qui est la Vérité et le Donateur de la vie, à qui ils devront rendre compte. C’est dit avec une force impressionnante, quand Celui-ci est décrit ici comme « prêt à juger les vivants et les morts ». Y aurait-il un quelconque événement visible susceptible d’entraver Sa venue ?

C’est en effet une vérité toute simple, mais certaine et solennelle, que le Seigneur Jésus-Christ est ordonné, ou désigné exactement par Dieu pour cette fonction de juge. Pierre l’a prêché à Césarée [Actes 10:42], et Paul a déclaré à Athènes que « Dieu ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent ; parce qu’il a établi un jour auquel Il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’Il a destiné à cela-, de quoi Il a donné une preuve certaine à tous, L’ayant ressuscité d’entre les morts » [Actes 17:30-31]. Au ch. 1 v. 21, Pierre enseigne au croyant que la résurrection de Christ doit lui donner foi et espérance en Dieu, étant délivré de toute crainte du jugement. Pour les incroyants, Paul à l’Aréopage a prêché que la résurrection était là pour donner l’assurance de la part de Dieu que le jour se hâte où Christ jugera les vivants aussi bien que les morts : les premiers quand il viendra dans Son royaume, les seconds juste avant de laisser le royaume au profit de l’état éternel (Apoc. 20). Car Celui qui a porté nos péchés en Son corps sur le bois [2:24] est Le Même qui est maintenant ressuscité d’entre les morts ; parce que Dieu a été glorifié en ce que le péché a été ôté par le sacrifice de Lui-même qui est notre précurseur pour entrer à l’intérieur du voile [Héb. 6:20] ; de même Il viendra nous recevoir auprès de Lui, afin que là où Il est, nous nous soyons aussi [Jean 14:3].

Or Il est prêt à juger, non pas ceux qui Lui sont associés déjà maintenant, mais « les vivants et les morts » [4:5], ceux qui ne L’ont pas cru et L’ont méprisé. Il apporte le salut aux premiers, le jugement aux seconds. Combien la parole de Dieu balaie non seulement le doute, mais la remise à plus tard ! « Le Seigneur tarde » est le langage du cœur des simples professants. Combien il est triste que les croyants cherchent des excuses pour l’incrédulité que notre Seigneur stigmatise ! Les cœurs vrais aiment Son apparition et voudraient plutôt hâter le jour, aussi solennel qu’il soit.

 

5.1.3        [Ch. 4:6]

Le v. 6 [« c’est pour cela… »] se rattache à Son jugement, et ce rattachement aide à débarrasser ce verset des difficultés dont la superstition le charge et l’obscurcit. « Car c’est pour cela qu’il a été évangélisé à ceux aussi qui sont morts, afin qu’ils fussent jugés, selon les hommes, quant à la chair ; et qu’ils vécussent, selon Dieu, quant à l’esprit » (4:6). Dès l’instant où l’homme est tombé par le péché sous la mort et le jugement, Dieu a eu dans Sa grâce un évangile pour abriter et donner la vie selon Dieu — ce qui est appelé « un évangile éternel » dans le dernier livre de l’Écriture [Apoc. 14:6]. La foi s’y est accrochée dès le début ; tout au long de l’Ancien Testament, des ajouts lui ont été faits et il a été clarifié progressivement jusqu’à ce que la mort, la résurrection et la gloire de Christ lui aient donné sa plénitude. Ceux qui sont morts maintenant, et qui ont entendu l’évangile au cours des siècles, ont eu une responsabilité d’autant plus accrue. S’ils sont demeurés dans leurs péchés par incrédulité, ils seront jugés par le Seigneur à Sa venue comme des hommes dans la chair. La grâce délivre de cette condition douloureuse par la foi en l’évangile, la bonne nouvelle, et la vie est en Christ pour tous ceux qui croient et qui donc vivent quant à Dieu dans l’esprit. Car Christ donne la vie aussi bien que le pardon. Ceux qui sentent le besoin de la grâce de Dieu se soumettent aussi au sentiment humiliant qu’ils méritent le jugement. C’est ainsi que la repentance et la foi vont de pair.

On peut ajouter ceci : le passage de 1 Pierre 3:19, 20 qui est pareillement compris de travers, ne parle pas de « bonnes nouvelles » [l’évangile] comme celui-ci, et a donc une autre portée. Il s’agissait simplement de l’annonce du déluge prochain par Noé comme « prédicateur de justice », et il concernait ceux qui ont péri pour leur désobéissance et qui sont gardés pour le jugement. Mais ici [4:6] il est parlé de « bonnes nouvelles », l’évangile ; et comme le contexte le prouve, cela s’applique à tous ceux qui ont entendu l’évangile dans le passé. Ceux qui l’ont refusé ont été laissés dans leur état naturel d’hommes dans la chair, des hommes déchus, destinés au jugement ; tandis que ceux qui, par grâce, ont écouté l’évangile qui leur était envoyé, vivent selon Dieu en esprit en vertu de cette parole qui vivifie par la foi en Christ, et produit le bon fruit pratique propre à cette vie. Le langage utilisé par l’apôtre Pierre est d’une extrême précision, bien qu’il ne fût pas un homme de lettres.

 

5.2       [Ch. 4:7-11]

Du fait que le Seigneur va bientôt procéder au jugement, avec toute la solennité que cela présente pour l’homme, il est rappelé la fin prochaine de toutes les choses qui subsistent. C’est ce qui est implicite dans l’avertissement relatif à cette intervention.

« Mais la fin de toutes choses s’est approchée ; soyez donc sobres et veillez pour prier ; mais, avant toutes choses, ayant entre vous un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés ; étant hospitaliers les uns envers les autres, sans murmures. Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu. Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen » (4:7-11).

 

5.2.1        [Ch. 4:7a]

L’Esprit Saint garde brillante l’espérance constante de la prochaine venue du Seigneur pour les saints ; mais Il donne aussi le sentiment que la fin du jour de l’homme pour la terre est proche [4:7a]. Le monde refuse ou ridiculise l’avertissement. Même les saints l’oublient en tant que parole vivante de Dieu pour chaque jour ; et quand on se mêle des intérêts des hommes et de leurs pensées, on se lasse de la vérité, on en a honte, on cherche à s’en excuser ou on épilogue sur les paroles du Seigneur et des apôtres, et on finit par dire dans son cœur comme le méchant esclave : « mon maître tarde à venir » [Matt. 24:48]. C’est à la fois la cause et la conséquence d’une mondanité croissante. Même guetter les événements dans lesquels la providence s’exerce, a pour effet de saper et détruire la puissance de séparation et d’élévation du cœur produite par l’attente de Christ.

 

5.2.2        [Ch. 4:7b]

Or la parole qui découle de la foi en la fin imminente de toutes choses est : « Soyez donc sobres » [4:7b], autrement dit ‘ayez du bon sens spirituel’ ; « et veillez pour prier », ce qui est une attitude très différente de ceux qui s’absorbent dans la lecture des journaux [= l’écoute des medias] ou qui se passionnent dans l’observation de tous les mouvements [entre pays] à l’ouest et à l’est ; et bien souvent, cela s’estompe et déçoit les lecteurs superficiels de la prophétie. L’espérance, tout comme la foi, regarde à Dieu, attend avec patience et ne rend point honteux [Rom. 5:5]. Le chrétien ne doit jamais oublier qu’il est un chrétien et qu’il suit Le crucifié, qui est néanmoins glorifié, étant content — et même se réjouissant — de souffrir jusqu’au moment de régner ensemble avec Lui à Son apparition et dans Son royaume. Ce n’est pas à nous de tonner et de lancer des éclairs, comme devaient le faire ceux qui étaient sous la loi en face des révoltes d’Israël et des énormités passagères des puissances des nations. Quand nous serons enlevés, le résidu pieux sur la terre reprendra une fois de plus le cri : « Jusques à quand, ô Souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas et ne venges-tu pas notre sang sur ceux qui habitent sur la terre ? » [Apoc. 6:10]. Ce seront des saints bienheureux, mais pas plus chrétiens au sens plein que les saints de l’Ancien Testament avant nous.

Les saints sont maintenant exhortés à veiller pour prier ; un autre apôtre commandait à ses chers Philippiens de ne s’inquiéter de rien, sachant que le Seigneur est proche, mais en toutes choses il faut exposer à Dieu ses requêtes par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; ainsi, la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence garde les cœurs et les pensées dans le christ Jésus [Phil. 4:4-7]. Voilà la vraie expérience chrétienne. En Éph. 6 [v.18], la parole est plus vaste et plus profonde ; l’apôtre dit là de « prier par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, y veillant avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints ».

 

5.2.3        Ch. 4:8-9

« Mais avant toutes choses », ajoute-t-il, (car il s’agit d’une exhortation qui devrait en pratique avoir la préséance sur tout) « ayant entre vous un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés » (4:8) : ce dernier membre de phrase est une application de Prov. 10:12. Tandis que la haine amène tout au pire, l’amour a le droit de tout enterrer pour le mettre hors de vue ; et Dieu y souscrit comme répondant à Sa propre nature. Inutile de dire que la sainte discipline garde son activité qui est nécessaire, même si elle est douloureuse.

Ensuite (4:9), l’apôtre veut, comme une autre forme d’amour, que les saints soient « hospitaliers les uns envers les autres, sans murmures ». Il est certain que grogner et avoir de l’animosité ne convient pas à une sacrificature sainte et royale. L’épanchement pratique du cœur de cette forme sacerdotale favorise la communion et renforce les liens de la grâce. Cela fait un beau contraste avec l’égoïsme de l’homme, qui cherche ses propres intérêts et se plaint de tout le reste.

 

5.2.4        Ch. 4:10

Un don de grâce (4:10,11), utilisé selon Dieu, aide dans le même but, avec de bien plus grands objectifs, comme le perfectionnement des saints, l’œuvre du service (ou : ministère) et l’édification du corps de Christ [Éph 4:12]. Mais comme d’habitude, notre apôtre est éminemment direct et pratique : « Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu ». C’est justement ce qu’une organisation humaine entrave. Quelle tristesse pour les saints d’autoriser qu’on se mêle en aucune manière dans ce qui est la volonté et les voies de Dieu ! Il ne s’agit pas de défendre les droits de chacun, mais que les dons aient l’obligation de servir en se sentant responsable devant Lui. « Ce qui est requis d’un administrateur est qu’il soit trouvé fidèle » (1 Cor 4:2), et cela est requis du plus grand au plus petit : sinon les droits de Dieu sont violés, et Sa grâce annulée dans cette mesure.

 

5.2.5        Ch. 4:11

L’apôtre divise les dons de grâce en deux catégories générales, ceux qui parlent et ceux qui servent autrement. « Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu ». Cela ne signifie pas simplement parler en accord avec l’Écriture : on peut être mal orienté et même faire du mal, comme par exemple encourager quand il est besoin de réprimander, ou l’inverse. Même un homme ayant un don ne devrait pas parler sans avoir l’assurance de la pensée de Dieu pour le moment et pour le cas qui se présente. Combien on serait épargné de beaucoup de choses si cette règle divine était vraiment ressentie !

Et encore : « Si quelqu’un sert [exerce un ministère], qu’il serve comme par la force que Dieu fournit ». Les talents ou facilités d’une créature peuvent être un piège de deux côtés. Même dans le service temporel qui est distingué ici du service de la parole, la force correcte est celle qui vient de Dieu, et non pas l’aptitude humaine, ni ce qui a été acquis, ou le rang ou la richesse. Le « ministère » temporel, ici, peut être mis en parallèle avec « distribuer » et « exercer la miséricorde » de Rom. 12 et avec les « aides » de 1 Cor. 12. Il est remarquable combien, comme d’habitude, l’Écriture diffère des pensées et du langage de la chrétienté. Car l’Écriture est tellement méconnue, y compris par les hommes zélés pour la répandre dans toutes les versions possibles à travers le monde, qu’ils confinent le « ministère » au fait de parler en public, et ils ne considèrent jamais que Dieu donne ainsi de la dignité à tout vrai service qui n’a pas ce caractère oral.

Mais dans les deux cas, les « dons [de grâce] » sont ainsi nommés par inspiration ; et leur exercice libre et saint est réclamé du fait qu’ils proviennent d’un tel donateur : « qu’en toutes choses, Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, à qui est (et non pas simplement « soit ») la gloire et la puissance aux siècles des siècles. Amen ». Voilà la manière dont la ferveur de l’apôtre se répandait tandis qu’il écrivait ces choses aux saints d’Asie mineure ; et Dieu nous les a aussi conservées.

 

5.3       Ch. 4:12-14

L’apôtre se tourne ensuite avec précision vers la souffrance du genre le plus sévère qu’on soit appelé à endurer, — non pas des souffrances comme tout frère intègre affronte à tort ou à raison, ou peut avoir à affronter, — mais des souffrances pour le nom du Christ, ce qui implique davantage de foi.

« Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire ; mais, en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport. Si vous êtes insultés pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux, car l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur vous : [de leur part, il est blasphémé, mais quant à vous, glorifié] » (4:12-14).

 

5.3.1        [Ch. 4:12]

Bienheureux est l’homme qui endure la tentation ou l’épreuve ; et plus celle-ci est ardente, plus il est bienheureux, parce qu’éprouvé ainsi, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui L’aiment [Jacq. 1:12]. Le danger est quand on entre dans la tentation, comme l’apôtre lui-même le savait bien tristement depuis la fois où il L’avait renié trois fois, ayant oublié la mise en garde du Seigneur contre la confiance en son propre amour. Mais la grâce commença son œuvre de restauration quand le Seigneur rappela à Son pauvre serviteur Ses paroles d’avertissement, et n’eut pas de cesse jusqu’à ce qu’Il ait pu le rétablir devant ses frères et lui confier ses brebis et ses agneaux. Mais ce n’est pas tout. Car l’œuvre rédemptrice de Christ l’a complètement purifié, comme elle le fait pour tous ceux qui rendent culte (Héb. 10:2), au point qu’il a pu hardiment accuser les hommes d’Israël d’avoir, eux, renié le Saint et le Juste [Actes 3:14]. Purifié une fois pour toutes, il n’avait plus aucune conscience de péchés : ce péché, comme tous les autres, était effacé pour toujours. Tel est le privilège par lequel le chrétien commence.

 

5.3.2        [Ch. 4:13 — Trois catégories de souffrances]

Qui, plus que cet apôtre de la circoncision, était propre à fortifier le cœur de ses frères face au feu venu sur eux pour les éprouver ? Ils ne devaient pas le considérer comme étrange, mais comme un honneur de Dieu, surtout du fait qu’ils avaient le Saint-Esprit habitant en eux (comme fruit de l’œuvre accomplie de Christ), ce que l’apôtre n’avait pas quand il a été mis à l’épreuve. Le Seigneur n’avait-Il pas dit à Ses disciples : « Vous êtes bienheureux quand les hommes vous haïront, et quand ils vous retrancheront [de leur société], et qu’ils vous insulteront et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du fils de l’homme » ? [Luc 6:22]. Ne les avait-Il pas invités à « se réjouir en ce jour-là et à tressaillir de joie, car voici, votre récompense est grande dans les cieux, parce que leurs pères en ont fait de même aux prophètes » ? [Luc 6:23].

L’apôtre les avait déjà exhortés (2:20, 21) à endurer des afflictions comme une grâce et un honneur si, par conscience envers Dieu, on souffrait injustement [souffrances pour la justice]. Car, comme il l’a admirablement démontré, quel honneur y a-t-il si on endure des souffrances en étant souffleté pour avoir mal fait ? Mais si on souffre en faisant le bien [ndT : deuxième catégorie de souffrances], et qu’on le supporte, c’est une grâce, et c’est digne de louange devant Dieu. Au ch. 2 l’apôtre montre aussi Christ souffrant pour nous, comme étant le grand modèle à suivre. Ceci est continué brièvement, mais avec une forte acuité au ch. 3 v.17,18, où il est dit qu’il vaut mieux, si la volonté de Dieu le veut, souffrir en faisant le bien plutôt qu’en faisant le mal, avec, devant nos cœurs, le même modèle de Christ qui a souffert une fois pour les péchés, comme Lui seul pouvait le faire. Ici (4:12-13), l’apôtre va plus loin que la souffrance pour la justice ou comme faisant le bien ; s’agissant de persécution ardente, il leur rappelle que participer aux souffrances de Christ [ndT : troisième catégorie de souffrances], ou avoir communion avec elles, est une raison de se réjouir, afin qu’au jour de la révélation de Sa gloire ils se réjouissent avec exultation [4:13]. L’Esprit appliquait de nouveau ce que le Seigneur avait établi au début [dans le sermon] sur la montagne [Matt. 5:11], à savoir l’excellence supérieure à Ses yeux (pas de meilleur juge !) d’être injurié et persécuté en disant toute espèce de mal en mentant contre eux à cause de Lui. Bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, parce que le royaume des cieux est à eux (Matt. 5:10) ; mais dans les versets suivants 11 et 12, le Seigneur s’élève plus haut, et s’adresse personnellement à « vous » qui souffrez à cause de Lui, et non plus comme précédemment dans l’abstrait [ceux qui]. « Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux » [Matt. 5:12].

 

5.3.3        Ch. 4:14

Ici il a encore été donné à Son serviteur d’ajouter : « Si vous êtes insultés pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux, parce que l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur vous » [4:14]. Christ n’est plus ici, mais dans la gloire de Dieu ; et c’est de là qu’est venu l’Esprit, envoyé par le Père en Son nom, et envoyé par Christ d’auprès du Père pour demeurer avec eux et être en eux (Jean 14 et 15). Quel rappel approprié et plein de consolation ! L’Esprit était le sceau de leur rédemption accomplie, et les arrhes de la gloire à venir. Il est l’Esprit de Dieu, plus et meilleur que la gloire. Tel était l’Esprit qui reposait sur eux, source à la fois d’énergie pour endurer les souffrances, et de joie maintenant et à jamais. Sans doute, cela est vrai en général de tous les fils de Dieu, car il est l’Esprit d’adoption que les croyants reçoivent depuis la rédemption (Gal. 4:4 ; Éph. 1:13, 14) ; mais cela est dit ici avec insistance pour soutenir ceux qui souffrent pour le nom du Christ.

La dernière partie du verset [« de leur part il est blasphémé, mais quant à vous glorifié »] est tout à fait vraie, et au fond la même chose se trouve aussi ailleurs ; mais les meilleurs manuscrits omettent cette phrase. Certains manuscrits et versions ajoutent en plus « et de puissance » à l’Esprit de gloire et de Dieu, mais de bons témoins s’opposent, et cela ne semble guère en accord avec le contexte.

L’apôtre avait mis en avant les souffrances des saints en tant que communion avec les souffrances de Christ. Ils ne pouvaient pas partager Sa grâce sans partager ce qu’elle a impliqué pour Lui  dans un monde mauvais où Dieu est détesté autant qu’Il est redouté par la conscience mauvaise et le cœur incrédule. Ils avaient donc à ne pas compter la persécution comme une chose étrange, mais à s’y attendre là où le péché a pénétré et prévaut, là où les ténèbres sont tenues pour de la lumière et la lumière pour des ténèbres, là où on appelle le mal bien et le mal bien, où le doux est compté comme de l’amer et l’amer comme le doux. Si les fondements sont détruits, que peut être la part des justes [Ps. 11:3], sinon le rejet qui a été celui du Seigneur ? Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni l’esclave au-dessus de son seigneur. Tout homme accompli sera comme son maître [Luc 6:40]. La souffrance du rejet était un saint privilège, et il fallait l’accepter avec actions de grâce et exultation. C’était porter l’opprobre en Son nom, l’Esprit de gloire et de Dieu reposant sur eux, afin que leurs soupirs [ou : gémissements] puissent avoir un caractère divin sans égoïsme [Rom. 8:23], et qu’eux-mêmes soient fortifiés en toute force selon la puissance de Sa gloire pour toute patience et constance avec joie [Col. 1:11].

 

5.4       [Ch. 4:15-17]

Puis l’apôtre se tourne vers le côté moral, après une exhortation sérieuse contre les dangers que court le chrétien placé au milieu des pires exemples [4:15-16]. Assurément, si Dieu juge, c’est pour de bonnes raisons ; et s’Il juge, Il doit le faire selon Sa nature sainte, jugeant ce qui est incompatible avec elle, et qui se dresse contre Lui avec un esprit orgueilleux et rebelle. Les hommes dormaient déjà, et l’ennemi semait l’ivraie [Matt. 13:25], et le mal ne peut être ôté avant la consommation du siècle quand le Fils de l’homme prendra tout en main avec puissance et gloire. Le Saint-Esprit a été envoyé pour l’évangile (la bonne nouvelle), pour les saints, pour l’église, mais pas pour porter remède à la ruine. Ceci est réservé au Seigneur qui, à Son apparition, apportera les temps de restauration de toutes choses, comme les prophètes en ont parlé [Actes 3:21], et Dieu à travers eux, dès le commencement du temps. 2 Thess. 2, l’une des premières communications faites à l’église, dit explicitement que le mystère d’iniquité opérait déjà. Il a poursuivi son œuvre selon une succession jamais interrompue, bien qu’il soit freiné et retenu par l’Esprit de Dieu jusqu’au départ de Celui-ci ; alors l’apostasie s’ensuivra, et culminera dans celui qui est appelé « l’inique » pleinement manifesté par son audace qui le mènera jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se présentant comme étant Dieu.

 

5.5       Ch. 4:17-19

« Car le temps [est venu] de commencer le jugement par la maison de Dieu ; mais s’il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu ? Et si le juste est sauvé difficilement, où paraîtra l’impie et le pécheur ? Que ceux donc aussi qui souffrent selon la volonté de Dieu, remettent leurs âmes en faisant le bien, à un fidèle créateur » (4:17-19)

 

5.5.1        [Ch. 4:17a]

C’est ce qui avait eu lieu dans le jugement terrible qui frappa Jérusalem et les Juifs, comme Ézéchiel le décrit. « Commencez par mon sanctuaire » dit l’Éternel [Éz. 9:6], alors que l’homme présume son indestructibilité : voilà la vaine confiance de la tradition, en face des évangiles, des épîtres et de l’Apocalypse, où des témoignages très clairs annoncent l’inverse. La gloire de l’Éternel refusait de demeurer dans Sa maison souillée par les abominations, et de plus grandes encore dont la dernière était de se tourner vers l’orient [Éz. 8:15-16] ce qui a toujours marqué les idolâtres, mais jamais les vrais adorateurs de notre Dieu et Père. Sans doute le salut a toujours été de Dieu, en grâce souveraine ; et le christianisme le rend plus évident et plus indiscutable que jamais. Mais dès le commencement, Dieu a maintenu Son droit à juger toute distanciation d’avec Lui ; et personne ne devrait être aussi prêt à confesser la totalité de ses péchés que ceux qui reconnaissent que tout ce dont ils jouissent et se glorifient est par Sa grâce. La peste dans la chrétienté comme en Israël, est de revendiquer l’immunité pour un état ultra-coupable et ultra-apostat, alors que l’immunité appartient aux propos de la grâce de Dieu. Jamais Juda n’a eu de plus hautes prétentions et un sentiment de sécurité clamé plus fort qu’à la veille de son jugement impitoyable. Ce même fait se retrouve maintenant dans la chrétienté, ce qui est encore plus coupable.

C’est dans ce domaine que même de vrais disciples échouent tristement. L’esprit de parti aveugle ; car qu’est-ce que la chrétienté sinon un éparpillement de partis ? Comme un autre apôtre l’enseigne, il y avait des schismes déjà à l’époque ; et il faut qu’il y ait des hérésies, ou des sectes (au sens réel), ce qui est inévitable si le jugement de soi-même n’est pas là pour corriger ; nous en voyons tout autour de nous sans que les gens en ait honte. Ceux qui gardent la tête très haute ne peuvent guère le nier. Chacun est sûr que son groupe est le vrai, voire sans la moindre tache à leurs yeux ; or ils devraient savoir qu’il y a sur terre des âmes plus soumises qu’eux à la Parole et à l’Esprit de Dieu, des âmes dévouées au nom de Christ et séparées du monde. Cela est propre à transpercer la conscience et à conduire par la grâce à découvrir la ruine écrasante dissimulée sous les préjugés les plus hautains. Mais l’entrée de la lumière divine dans les âmes est bloquée par les ténèbres qui enveloppent tous ceux qui succombent à la supposition fatale de l’indéfectibilité qui règne dans la profession chrétienne.

Pourtant, le Seigneur dans Matt. 13 avait abondamment averti que le royaume des cieux qu’Il allait établir, serait caractérisé par la ruine sous l’effet de la ruse de l’ennemi, de même que s’était effondré le royaume terrestre d’autrefois confié à Israël. Seul le jugement lors de l’apparition du Fils de l’homme sera à même de débarrasser de l’ivraie le champ ici-bas. Mais le blé [froment] emmené au grenier céleste, brillera comme le soleil dans une sphère supérieure.

Le témoignage de Paul a été cité ; ici nous avons celui de Pierre. Jude est dans une vision prophétique distincte et dense, car il est bref. « Malheur à eux, car ils ont marché dans le chemin de Caïn, et se sont livrés à l’erreur de Balaam pour une récompense, et ont péri dans la contradiction de Coré » [Jude 11]. C’est Jean qui pénètre le plus avant dans ce qu’il appelle « la dernière heure », avec ses nombreux antichrists, les hérauts de l’antichrist.

Mais où cela est-il ressenti par les saints en général, et confessé avec douleur devant Dieu et avec honte devant les hommes ? S’il leur arrive d’aller jusqu’à protester contre tel ou tel mal, ils se contentent de ces protestations, même si, dans les faits, ils se joignent à ce qu’ils qualifient de déplorable, ou hélas ! cherchent à trouver des explications pour justifier.

Si seulement ils faisaient attention à la voie des hommes pieux en Israël ! même si le chrétien est tenu d’aller plus loin et de juger plus profond, du fait qu’il a beaucoup plus de lumière. De Moïse à Samuel, il y a beaucoup à apprendre en voyant le peuple en lutte contre Dieu. De Jérémie à Daniel, d’Esdras à Néhémie, quelle angoisse à cause des carences du résidu, quelle charge quand ils portaient tous les péchés d’Israël, du peuple, des sacrificateurs et des rois ! L’église ne doit-elle pas avoir ce même sens des responsabilités ? Le fait d’avoir la vie éternelle et d’être justifié, doit-il exempter le chrétien de la douleur à cause du beau troupeau de Christ ravagé et dispersé, et à cause des inconséquences, des virulences et de la propre volonté qui en sont souvent la cause ?

Sans aucun doute, l’Écriture fournit à la foi et à la fidélité un chemin net de toute souillure collective ou individuelle. Mais si on ne s’y engage pas avec un esprit de deuil et de brisement, et qu’ensuite on ne continue pas à le maintenir, il surviendra une propre justice dure et froide, — preuve certaine de la défaillance qui ne fait qu’accumuler d’autant plus les péchés, et qui présage le pire. Si nous faisons partie de l’église, corps de Christ, c’est être sans cœur que de ne sentir que le mal commis par nous. Le vrai principe est que, si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; et ceux qui sont spirituels sont profondément sensibles à cette souffrance. Mais s’il y a de l’autosatisfaction, on y est complètement indifférent. On a ce qui nous revient et on s’en contente. En Christ, nous voyons la perfection de Son amour à cet égard, comme dans tous les autres domaines. Il portait dans Son esprit le fardeau de tous les maux qu’Il soulageait par Sa puissance : cela Lui faisait d’autant plus sentir tout l’égoïsme indigne qui entravait et écrasait Ses bien-aimés ! Nous avons le droit de partager cette affection divine avec Lui, et la grâce nous en fait un devoir. La foi qui refuse le péché, agit par amour pour avertir les saints qui s’y laissent entrainer, et elle intercède aussi en leur faveur. Christ voudrait que nous nous lavions les pieds l’un l’autre ; mais quelle humilité et quel amour nous avons besoin pour le faire correctement !

 

5.5.2        [Ch. 4:17b]

Or si le jugement commence par la maison de Dieu, comme il le fait et le doit (comp. Amos 3:2), quelle doit être la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu ? C’est la seule obéissance à laquelle celui qui n’est pas pardonné est appelé. Quelle preuve de méchanceté aveugle chez les pécheurs qui refusent ! Car l’évangile de Dieu est la bonne nouvelle de la rémission complète de leurs péchés dans le sang de Jésus. Pourtant des milliers et des millions bravent l’enfer plutôt que de croire en Lui. Quelle sera leur fin ?

 

5.5.3        [Ch. 4:18]

Pas étonnant que l’apôtre parle des justes sauvés difficilement. Oui, les obstacles sont nombreux et immenses ; et il n’y a rien de bon en eux, c’est-à-dire chez eux naturellement, même que ce soient des saints, — quelle faiblesse et quelle déclaration franche ! « Qui donc peut être sauvé ? », disaient les disciples quand ils entendirent parler de la difficulté particulière pour les riches d’être sauvés, alors qu’ils pensaient que cela leur donnait un avantage sur tous les autres. Mais Jésus, les regardant avec Son amour indéfectible, répondit : « Pour les hommes, cela est » non pas difficile, dit-il, mais « impossible ; mais (grâces Lui soit rendu éternellement !) toutes choses sont possibles pour Dieu » [Marc 10:27]. Le salut est de Dieu, comme l’est l’Évangile qui le proclame à tous ceux qui croient, pauvre ou riche. Or le sort de ceux qui, non seulement violent Sa loi, mais méprisent ou négligent Son Évangile, sera d’autant plus terrible. Où paraîtra l’impie et le pécheur ?

 

5.5.4        [Ch. 4:19]

Dieu n’est pas seulement Celui qui ressuscite les morts, comme Il l’a déjà montré en Christ pour la délivrance de nos âmes ; à ceux qui souffrent sur terre, Il ne cesse de prouver qu’Il est « un fidèle Créateur ». « Que ceux donc qui souffrent selon la volonté de Dieu Lui remettent leurs âmes en faisant le bien ». Il a une affection attentive pour Ses créatures ; combien plus pour Ses enfants qui souffrent injustement pour un peu de temps ? Ce sentiment est en accord étroit avec le témoignage rendu à ces Juifs devenus chrétiens.

 

 

6         1 Pierre 5

Maintenant l’apôtre se tourne vers ceux qui sont à la tête des soins gouvernementaux parmi les saints ; il avait déjà exhorté les personnes ayant un don (4:10, 11), après avoir lancé un appel plus général à l’amour fervent et à une hospitalité de bon gré (4:8, 9).

 

6.1       [Ch. 5:1-4]

« J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée : paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant [les] modèles du troupeau ; et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire » (5:1-4).

 

6.1.1        [Ch. 5:1a — Les soins du troupeau avaient été confiés à Pierre]

Déjà au début du ch. 2, le cœur de l’apôtre peut avoir bondi quand il a rappelé le passage mémorable de sa vie quand le Sauveur lui a donné son nouveau nom ; de même ici, en écrivant aux anciens, n’a-t-il pas dû être rempli de la plus profonde gratitude et de la plus humble louange en se rappelant la grâce qui l’avait restauré devant ses frères après son triple reniement ? Pais mes agneaux ; sois berger de mes brebis ; pais mes brebis (Jean 21:15, 17, 18). Oui, Pierre avait été amené à sentir et à reconnaître que son amour pour le Sauveur, dont il s’était précédemment vanté, avait si complètement manqué, que seul le Seigneur, qui connaissait toutes choses, pouvait quand même voir son amour au fond de sa confiance en lui-même. Malgré tout ce qui était arrivé, le Seigneur savait vraiment qu’il L’aimait tendrement ! Et c’est à lui, Pierre, que dans ces circonstances, le Seigneur avait confié ce qui Lui était le plus cher, Ses agneaux et Ses brebis, pour paître et nourrir Son troupeau.

Avec un amour semblable, mais dans sa mesure, Pierre fait appel aux anciens en tant qu’ancien avec eux. Bien qu’apôtre, il se place dans la même position qu’eux, autant que cela était possible, car c’est ainsi que la grâce se plait à poursuivre ses buts de manière désintéressée. Le vrai service, en règle générale, est fondé sur l’amour ; et l’amour du serviteur découle de celui du Sauveur. Mais le moi a besoin d’être jugé dans son orgueil, sa vanité et son inutilité, pour que l’amour soit divin et pur.

 

6.1.2        [Corruption de la nature du service et du caractère de serviteur]

Les hommes ne tardèrent pas à pervertir le service pour en faire une dignité de seigneur, bien que notre Seigneur eût pris soin d’anticiper et d’avertir du danger, et d’implanter le principe de la grâce qui convient ; encore faut-il que cette grâce soit vécue dans la foi, pour préserver des égarements et former le cœur selon Dieu. Ce mal est si effronté et invétéré qu’il suivit les apôtres eux-mêmes jusqu’à la dernière Pâque et à la Cène du Seigneur. « Et il arriva aussi une contestation entre eux [pour savoir] lequel d’entre eux serait estimé le plus grand. Et il leur dit : Les rois des nations les dominent, et ceux qui exercent l’autorité sur elles sont appelés bienfaiteurs ; mais il n’en sera pas ainsi de vous ; mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert » (Luc 22:24-26). Seigneur Jésus Bien-Aimé, Tu es Toi-même au milieu d’eux comme Celui qui sert ! — dans ce temps-là sur la terre, maintenant au ciel, bientôt dans la gloire, — non seulement dans ce jour-là, mais pour toujours. Même quand le royaume sera laissé pour être remis au Père, toutes choses ayant été assujetties, alors le Fils Lui-même sera assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous ! (1 Cor. 15:28). Ce sera la perfection en plénitude, et c’est Ta grâce de la rendre effective et sans fin.

Quelle corruption dans la chrétienté, en contradiction flagrante avec le christianisme, quand elle a transformé le service du Seigneur en une dignité et des moyens mondains, quand elle a rivalisé d’orgueil de la vie en revendiquant une supériorité sur les grands personnages rivaux, au nom du Crucifié qui n’avait pas ici-bas où reposer Sa tête, et qui a établi qu’il suffit au disciple d’être comme son maître, et à l’esclave d’être comme son seigneur ! (Matt. 10:25).

 

6.1.3        [La charge d’ancien : origine et déviation loin de la Parole de Dieu]

Ce n’est pas seulement s’éloigner de l’Écriture par la mondanité, c’est aussi et autant sur le plan ecclésiastique. Car la tradition acceptée dans les systèmes les plus anciens, tant catholiques que protestants, est que l’évêque ou surveillant possède l’autorité de procéder à l’ordination, de consacrer les personnes et les lieux, et d’excommunier. Or la Parole écrite attribue positivement ce qu’on appelle ordination uniquement aux apôtres ou à un délégué apostolique, comme Timothée ou Tite, ce délégué ayant reçu mission de le faire en temps et lieu donnés. Même lorsque l’église a recherché des hommes craignant Dieu pour les services extérieurs ou diaconaux, comme les sept à Jérusalem, ce furent les apôtres qui les établirent sur cette affaire (Actes 6:3). Mais dans l’Écriture, l’église n’a jamais choisi des anciens ; les anciens ne l’ont pas non plus fait, mais seulement un apôtre ou un envoyé de par son autorité. C’est pourquoi nous lisons (en Actes 14:23) que les apôtres Paul et Barnabas, à leur retour de voyage, ont choisi des anciens dans chaque assemblée de saints. Plus tard, Timothée et Titus ont suivi ce modèle, lorsqu’ils ont été autorisés à agir de la même façon alors que Paul ne pouvait pas être présent. Les instructions qu’ils ont reçues sont simples et claires, comme nous pouvons le voir ; et ils ont été fidèles.

Même les défenseurs compétents de l’Épiscopat reconnaissaient que dans les temps apostoliques il y avait des anciens dans chaque assemblée locale, et que ces anciens étaient des évêques, la distinction qu’on trouve au deuxième siècle étant inconnue au premier, pas même pour dire que l’un était un conducteur principal parmi des égaux. L’évêque commence à apparaître dans les lettres d’Ignace ; s’il n’est pas l’inventeur de cette fonction officielle (jusque-là inconnue) au mépris de tous les faits bibliques et de l’ordre biblique, il est le premier à avoir assumé son existence et sa haute position. Sa juridiction était limitée à ceux de la ville. Plus tard, l’évêque diocésain a été un autre pas considérable éloignant de l’Écriture, avec également d’autres dignitaires supérieurs ; l’Église perdait son caractère, et sombrait ou s’élevait dans le monde, jusqu’à ce que la rivalité des évêques de Rome et de Constantinople devienne une lutte pour la primauté en honneur de l’ancienne ou nouvelle Rome, en tant que maîtresse de la terre ; la fonction présentée par la parole de Dieu était depuis longtemps oubliée et méprisée. (*)

 

(*) Tous sont, ou peuvent être, conscients de l’effort de tirer parti des « anges » des églises de l’apocalypse. Mais ce n’est pas et n’a jamais été un titre ministériel, sauf parmi les Irvingites, bien que les épiscopaliens, presbytériens et congrégationalistes se soient tous efforcés (en l’honneur et en soutien de théories opposées) de détourner cette appellation de sa place d’exception dans cette grande prophétie. L’« ange » était un homme réel si représentatif dans chacune des sept églises d’Asie, que le Seigneur le considérait comme identifié avec le bien ou le mal de ces différentes communautés. Il pouvait être un ancien, ou un docteur (enseignant), ou les deux ou ni l’un ni l’autre ; mais il devait en quelque mesure être responsable de l’état de l’assemblée au point d’être appelé son « ange »: c’était un homme, bien sûr, et pas un être invisible, pas plus qu’un nouveau titulaire d’une nouvelle fonction.

 

Dans la Parole de Dieu, la position d’ancien n’est jamais confondue avec un don, que ce soit le charisme (χάρισμα) de Rom. 12, 1 Cor. 12 et 1 Pierre 4 ou le don (δόμα) d’Éph. 4. Car ceux-là dépendent soit de Christ comme donateur, soit du Saint Esprit comme puissance, et il n’a jamais fallu de choix humain ou de nomination humaine pour les établir, comme pour les anciens. Le Seigneur donnait les dons directement. Ni les évangélistes, ni les pasteurs ni les docteurs (enseignants) ne supposaient une intervention intermédiaire, pas plus que les apôtres ou les prophètes (eux n’ont pas été continués parce qu’ils constituaient le fondement, Éph. 2:20). La succession apostolique n’est que du roman, conçu en l’honneur de l’évêque une fois érigé après le départ des apôtres, dans l’oubli des surveillants, pour ne rien dire de tous les autres dont l’évêque est en fait créateur. C’est ainsi que se présente cette triple singularité dont tant se sont amourachés : l’évêque, les anciens (presbytre) et les diacres ; ce triplet a subi une autre transformation, celle d’anciens en prêtres, changement encore plus opposé au christianisme et à l’église.

La prétention à pouvoir faire des ordinations comme un apôtre ou son délégué a surgi très tôt. Consacrer des personnes et des lieux a suivi sans tarder, bien que ce soit absolument étranger au Nouveau Testament, et emprunté plutôt au paganisme qu’au judaïsme, celui-ci ne reconnaissant qu’un seul centre sacré. Le droit d’excommunier est en contradiction effrontée à la volonté et à la parole du Seigneur qui confie cette responsabilité solennelle aux saints assemblés et jugeant en Son nom (1 Cor 5). L’apôtre Pierre a traité personnellement le cas d’un mari et sa femme coupables d’un mensonge hypocrite sur lequel les deux s’étaient mis d’accord (Actes 5). L’apôtre Paul a livré des blasphémateurs ou autres grands outrageux à Satan. Mais nous pouvons être assurés que ni l’un ni l’autre ne voulait usurper la fonction d’exclure qui appartient à l’assemblée, après avertissement préalable, — l’exclusion concernant des membres coupables de persister sans repentance dans des péchés incompatibles avec la présence du Seigneur. C’est pourquoi Paul enjoint aux assemblées l’action spéciale de purifier les saints de ce qui a été fait, et a eu pour effet de les souiller eux, et de déshonorer le Seigneur. Bien qu’étant à distance, Paul avait un témoignage fiable et suffisant pour juger l’acte ; mais il insiste sur la nécessité que c’était à eux, l’assemblée, de procéder au jugement de ce genre de mal de la manière indiquée. « Ôtez le vieux levain, afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain, car notre pâque, Christ, a été sacrifiée ; c’est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de sincérité et de vérité... Car que dois-je faire de juger ceux qui sont dehors ? Vous, ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ? Mais ceux de dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5:7-13). Tel est le commandement du Seigneur à l’assemblée, non pas aux « évêques », ni aux anciens, ni aux nombreux dons qu’il y avait alors à Corinthe, mais à toute l’assemblée de Corinthe. Qui peut le nier ?

 

6.1.4        [Ch. 5:1b — « Témoin des souffrances de Christ, et ayant part à la gloire qui va être révélée »]

Les anciens sont alors exhortés par l’apôtre Pierre comme étant ancien avec eux, mais surtout comme « témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui va être révélée ». C’est une description adéquate et précise des faits, et tout à fait en harmonie avec l’épître. Il était vraiment l’un des « apôtres de l’Agneau », comme nous l’entendons en Apoc. 21:14. On a bien remarqué combien la place que la grâce divine a donnée à Paul était spéciale ; dans la souveraineté de Dieu, c’était à lui qu’il revenait d’être témoin de la gloire de Christ, et participant de ses souffrances, plus que n’importe quel autre, sur ces deux plans.

 

6.1.5        [Ch. 5:2 — Le troupeau de Dieu]

Il était et est de toute importance de considérer le « troupeau » comme étant celui de Dieu ; et ce d’autant plus qu’il est habituel, même chez des âmes excellentes, d’oublier cette vérité et de considérer comme acquis que les brebis qu’elles paissent et nourrissent sont leur troupeau. Une telle pensée trahit un déni involontaire des droits de Dieu, et fausse la relation avec Ses brebis, et engendre une interprétation erronée de Sa parole au détriment aussi bien de Ses serviteurs que des saints. Prenez le mauvais usage ordinaire qu’on fait de Héb. 13:17, impliquant que les conducteurs ont à rendre compte des âmes qui sont exhortées à leur obéir. La vérité est que les conducteurs sont appelés à veiller en leur faveur comme ayant à rendre compte, non pas des brebis, mais de leur propre conduite envers elles devant le Seigneur. Et encore, l’unité du troupeau de Dieu est sapée par tous ceux qui parlent sans aucune base de ce que le troupeau est composé de beaucoup de bergeries. Le Seigneur montre, au contraire, en Jean 10, que non seulement Il quitte la bergerie juive, et mène Ses brebis dehors, mais qu’Il a d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie, les croyants Gentils ; et que tous deux, croyants Juifs et Gentils, allaient constituer un seul troupeau dont Lui serait le seul berger. Il n’y aurait plus désormais de bergerie, encore moins de plusieurs bergeries, mais il y aurait Son nouveau troupeau. Le seul troupeau de Christ contient tous les chrétiens. Les brebis peuvent se rassembler à Son nom, ici, là et partout, avec beaucoup de sous-bergers ; mais comme Il dit : « Elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (Jean 10:16). Voilà la vérité chrétienne.

 

6.1.6        [Ch. 5:2 — Manière de paître le troupeau]

« Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non pas par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré ». Ce n’est pas sous la loi, mais sous la grâce ; et le zèle de l’amour brille et encourage et fortifie par la couronne de réjouissance chez les objets des soins de berger, en présence du Seigneur Jésus à Sa venue ; quel contraste avec le gain honteux dans cette vie !

 

6.1.7        [Ch. 5:3 — Contre l’esprit de domination]

Ils sont aussi avertis d’un autre danger : « ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau ». Ce que la chair compte comme sa propriété, en vérité l’homme de foi ne le voit pas ainsi, mais il voit plutôt que les biens du maître lui ont été confiés pour qu’il en soit l’administrateur ; combien plus les anciens doivent-ils se garder de dominer sur la charge qui leur a été attribuée ! Non, ils doivent être les modèles du troupeau, se souvenant constamment que c’est le troupeau de Dieu, et qu’ils devront rendre compte au Seigneur d’une part comment ils auront conduit Ses brebis, et d’autre part de leur propre marche, jour après jour.

 

6.1.8        [Ch. 5:4 — Ne pas cherchez des récompenses terrestres]

« Qui donc », a dit le Seigneur, « est cet économe fidèle et prudent que le maître établira sur les domestiques de sa maison pour leur donner leur ration de blé au temps convenable ? Béni soit ce serviteur que son maître, quand il viendra, trouvera faisant ainsi. Je vous dis en vérité, qu’il l’établira sur tous ses biens » (Luc 12:42-44). L’apôtre parle ici de la même manière : « Quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire ». Hélas ! Il ne fallut pas attendre longtemps pour que la bienheureuse espérance se flétrisse dans leurs cœurs, et que le travail de surveillance soit changé en un droit à un honneur terrestre rémunéré, et que la position soit changée en une domination seigneuriale, avec éventuellement une intronisation. S’il avait été possible que Pierre voie les choses telles qu’elles sont maintenant, il n’aurait pas reconnu la fonction selon Dieu dans ce qu’elle est devenue selon l’homme dans la chrétienté. Est-ce exagéré de dire la vérité dans l’amour ? Quelle profonde chute en réalité !

 

6.2       [Ch. 5:5-7]

6.2.1        [Ch. 5:5a — « Pareillement »]

L’apôtre aimait le mot « pareillement » dans un esprit de grâce quand la nature n’y aurait jamais pensé, mais qu’elle aurait plutôt pris les choses en mauvaise part.

Ainsi, la dernière partie du ch. 2 s’adresse aux domestiques ; et comme il avait insisté auprès des saints pour qu’ils soient soumis en général à toutes les institutions humaines pour l’amour du Seigneur, ainsi il exhorte particulièrement les domestiques à être soumis en particulier à leur maître, en toute crainte, non seulement envers ceux qui sont bons et doux, mais aussi envers ceux qui sont fâcheux [2:18-24]. Car c’est là la grâce ; nous sommes tous appelés à marcher dans la grâce comme nous avons été sauvés par la grâce. Comme la loi caractérisait Israël, la grâce devrait marquer le chrétien de son empreinte, comme Christ était plein de grâce et de vérité ; et qui a marché soumis comme Lui ? Endurer quand on a été souffleté pour avoir péché, quelle gloire y a-t-il ? Mais si vous faites du bien et qu’alors vous souffrez, c’est une grâce devant Dieu. Et là aussi, tout au long de Sa vie, Christ a été le modèle, et par-dessus tout dans Sa mort, où Lui-même a porté nos péchés en Son corps sur le bois, étant mort aux péchés afin que nous vivions à la justice : c’est une question de toute importance pour convaincre ceux qui dénaturent, haïssent et ridiculisent la grâce.

« Pareillement, femmes, soyez soumises à vos propres maris » (3:1), dit l’apôtre, et au v. 7, « Pareillement, vous maris, de même, demeurez avec elles selon la connaissance ». Tel est l’ordre auquel le Saint Esprit appelle chacun.

 

6.2.2        [Ch. 5:5a — « Anciens » ou « plus âgés » ?]

Ici, l’exhortation a d’abord été de la part de l’apôtre comme ancien à ceux qui étaient anciens avec lui ; ensuite il rajoute : « Pareillement, vous jeunes gens, soyez soumis aux anciens (ou : plus âgés) », ce qui va évidemment au-delà de ceux ayant une position officielle et s’adresse à tous ceux dont les années les ont revêtus d’un droit au respect moral si elles ont été passées à servir fidèlement le Seigneur. En effet, il faut noter que parmi les saints Juifs, et à Jérusalem même, nous n’avons aucune trace d’une introduction formelle d’anciens par l’autorité apostolique telle que commandée dans les assemblées des Gentils (Actes 14:23, Tite 1:5). Leur existence est mentionnée pour la première fois en Actes 11:30 et ils sont reconnus dans leur position par Barnabas et Saul. Le fait est confirmé de manière frappante en Actes 15 où ils sont mentionnés à plusieurs reprises de manière honorable.

Il y a une particularité dans le test critique du v. 23 d’Actes 15, qui est la phrase introductive de la décision du concile. La version autorisée anglaise [et la version J.N.Darby] donnent « Les apôtres, et les anciens, et les frères ». Or si nous suivons les manuscrits du Vatican, l’Alexandrin, le Sinaiticus, le Rescrit de Paris et celui de Bèze de Cambridge avec d’autres bons supports, nous lisons « les apôtres et les anciens frères ». Ceci est adopté dans la version révisée anglaise, et par Alford, Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Westcott et Hort, etc. La leçon des copies ultérieures semble due à une volonté de se conformer au v. 22. L’affirmation expresse « avec toute l’assemblée » du v. 22 n’est qu’implicite au v. 23. Il est improbable que les copistes ecclésiastiques aient osé introduire une phrase si étrangère [par la suppression des anciens] à leur habitude d’aider à la distinction hiérarchique. Même Luther et Calvin et d’autres jusqu’à nos jours se sont sentis contraints de céder au sens plus large d’anciens et de jeunes dans ce contexte.

 

6.2.3        [Ch. 5:5a — L’esprit clérical a remplacé les anciens par des évêques]

« Pareillement, vous, jeunes gens, soyez soumis aux anciens ; et tous à l’égard les uns des autres, soyez revêtus d’humilité l’un envers l’autre ; car Dieu résiste aux orgueilleux, et il donne la grâce aux humbles » (1 Pierre 5:5).

Les deux exhortations sont trop souvent tombées dans l’oreille d’un sourd. Lorsque les apôtres eurent disparu, les anciens se persuadèrent facilement, que l’ordre voulait que l’un d’entre eux reçoive ou prenne une position de chef sur ses compagnons dans une ville — d’autant plus que les anges des sept églises d’Asie de l’Apocalypse pouvaient être facilement interprétés, à tort, de cette manière ; cela continua jusqu’à ce qu’on passe peu à peu des églises aux diocèses de n’importe quelle taille. Un « ancien » [ou : presbytre], dit un commentateur grave, n’est pas appelé « évêque » par les anciens écrivains ecclésiastiques, mais un « évêque » est souvent appelé un « ancien ». Avait-il oublié le fait que le Saint Esprit dans Actes 20:17, 28 appelle effectivement les anciens de l’église à Éphèse « évêques » (ἐπισκόπους ; ou : surveillant) ? L’inspiration ne l’emporte-t-elle pas sur tous les écrivains ecclésiastiques réunis, et ne démontre-t-elle leur inanité quand ils osent différer d’elle ? Ainsi, l’apôtre s’adresse aux saints « à Philippes avec les évêques et les diacres ». Tite 1:5-7 est presque aussi clair. Sans doute cela s’oppose autant à la dissidence [qui rejette l’épiscopat] qu’à l’épiscopat, — « le ministre » [des dissidents] étant aussi contraire à l’Écriture que le trio traditionnel évêque - prêtres - diacres. Après la mort des apôtres, l’iniquité qui était secrètement à l’œuvre auparavant, se mit à grandir rapidement et devint de plus en plus hardie. L’autorité divine sur ces sujets s’attache seulement à ce que les apôtres ont authentifié dans les Écritures.

 

6.2.4        [Ch. 5:5a — Jeunes gens, soyez soumis aux anciens]

À mesure que, par un développement de l’incrédulité, les anciens sombraient dans divers dérèglements d’ordre clérical, les plus jeunes perdaient tout sens de la position de soumission qui était la leur. Une première erreur fut de commencer par choisir des évêques en se servant du cas des diacres comme justificatif : la multitude des disciples avait en effet la permission de choisir des hommes pleins de l’Esprit Saint et de sagesse pour que les apôtres les établissent dans leur travail de diacre [Actes 7]. Or dans le cas des nominations d’anciens ou évêques pour les églises des nations, les disciples n’ont jamais choisi, mais les apôtres ont choisi pour eux, comme en Actes 14:23 ; si un apôtre ne pouvait pas aller sur place, il écrivait (non pas à quelque église), mais à un homme délégué de l’apôtre comme Timothée ou Tite, pour qu’il nomme des anciens. Le principe est à la fois clair et important. Comme l’église contribuait par ses moyens propres [cas des diacres selon Actes 7], il lui était permis de choisir ceux en qui elle avait confiance pour l’administration. Mais dans le cas des anciens, c’était les apôtres, et non pas l’église, qui avaient le discernement spirituel des qualités propres à présider ou à gouverner ; ce sont donc eux qui ont choisi les anciens. À côté de ces anciens, il y avait des hommes ayant reçu de la puissance, spécialement les dons de Christ, tels que les évangélistes, les pasteurs, les docteurs (enseignants), etc. ; eux n’étaient jamais nommés dans leur fonction, mais ils agissaient librement dans leur œuvre, étant conduits par l’Esprit dans l’unité du corps de Christ, l’église ou assemblée.

De nos jours, l’esprit clérical et l’esprit démocratique s’infiltrent partout, de sorte qu’il est d’autant plus nécessaire de tenir compte des appels de grâce de l’apôtre. Que ceux qui conduisent n’oublient jamais que le troupeau n’est pas le leur, mais celui de Dieu ; et qu’ils soient les modèles du troupeau, au lieu de le dominer. Que les plus jeunes soient soumis par principe aux anciens, au lieu de chercher leur propre volonté ou des innovations si naturelles à la jeunesse. Il ne fait aucun doute que quand un aveugle conduit, ça se termine dans le fossé [Luc 6:39] ; mais une telle direction n’est pas celle qui a un caractère chrétien ; la conduite de type chrétien est plutôt un voyant conduisant un voyant, avec l’œil et le cœur fixés sur Christ ; Lui donne l’unicité de but.

 

6.2.5        [Ch. 5:5b — L’obligation d’humilité]

« Et tous les uns à l’égard des autres, obligez-vous à l’humilité » [Traduction WK ; la traduction Darby dit : « Et tous les uns à l’égard des autres, soyez revêtus d’humilité ». La version autorisée anglaise, KJV dit : « Oui, soyez tous soumis les uns aux autres, et soyez revêtus d’humilité »].

La majorité des manuscrits faisant autorité lisent « vous tous, étant soumis les uns aux autres, obligez-vous à l’humilité », mais certains des meilleurs manuscrits et versions omettent « étant soumis », ce qui aboutit à la traduction donnée ci-dessus.

« Soyez revêtus » est trop vague ici. C’est un mot unique par son usage dans le Nouveau Testament ; on le trouve ailleurs, mais rarement. La figure est tirée du tablier dont un esclave se ceint pour faire son travail avec sérieux sans salir sa robe. Le Seigneur, pour un tout autre motif, s’est abaissé encore plus bas quand Il s’est ceint d’un linge pour essuyer les pieds des Siens qu’Il avait lavé de la souillure. C’était un amour saint ; et c’est cela seul qui nous contraint à nous obliger à l’humilité, à laquelle nous sommes tous exhortés par l’apôtre ; lui n’avait pas oublié sa triste ignorance et son erreur en cette occasion mémorable et touchante (Jean 13:6-10).

 

6.2.6        [Ch. 5:5c — Besoin d’une vraie humilité. Ce qu’elle est, comment on y accède]

6.2.6.1       [Insistance sur l’humilité]

Il renforce ensuite l’appel à l’humilité par l’avertissement solennel que Dieu résiste aux orgueilleux, et donne la grâce aux humbles ; il s’agit de la même citation, mot pour mot, qu’en Jacques 4:6. Voir Prov. 3:34, et Rom. 12:16. C’est en effet des deux côtés un principe moral qui traverse toute l’Écriture ; et c’est pour toute âme dans l’Église une leçon journalière que personne ne peut se permettre de négliger. Cette leçon est d’autant plus nécessaire qu’il y a le danger spontané d’être hautain sous l’effet d’idées déplacées sur la position et le devoir, quand on perd la grâce que Dieu est si désireux de donner — on la perd en manquant de chérir cette humilité qui ne se trouve en perfection qu’en Christ.

 

6.2.6.2       [Fausse humilité : deux manières de s’égarer]

L’humilité est une qualité précieuse chez les saints ; et, comme d’autres vertus, elle est susceptible d’être avilie par l’ennemi, et mal comprises par les saints suivant leurs propres pensées. Il est de toute importance que nous saisissions sa vraie nature montrée avec certitude et clarté en Christ. Car c’est Lui la vraie lumière qui manifeste toute personne et toute chose ; sans Christ, le caractère chrétien de l’humilité n’est pas réalisé. On croit trop souvent que l’humilité consiste à être amené à voir et détester le mal qui est en nous ! Mais c’est loin de la norme du christianisme. Car nous sommes alors occupés de nous-mêmes, aussi juste que ce soit de se lamenter sur nos nombreux manquements et nos tristes carences. Certes c’est quand même mieux que de se tromper en s’imaginant que nous avons atteint un stade élevé de sainteté, remerciant Dieu que nous ne sommes pas comme les autres hommes. Dans sa forme la plus grossière, l’erreur est alimentée par le recours à un directeur de conscience, à l’oreille duquel on déverse sa confession et on cherche à tirer profit de ses conseils spirituels, — même si on ne va pas jusqu’à l’extrémité de chercher un soulagement périodique par une absolution au nom du Seigneur. Encore une fois, tandis que des âmes s’accrochent à l’invention d’une séance hebdomadaire où un conducteur communique des conseils sur l’expérience répétée du bien et du mal, d’autres se situent à l’opposé et s’efforcent de recueillir un maigre réconfort en s’appesantissant sur leur indignité pour trouver l’humilité dans toutes les attitudes et les mesures d’auto-condamnation.

 

6.2.6.3       [L’œuvre de Christ rend parfait sans nos œuvres]

Or, l’œuvre de Christ, sur laquelle l’âme éveillée est amenée à se reposer, n’est pas seulement parfaite en elle-même, mais elle rend parfait, selon ce que Héb. 10:14 déclare explicitement, en accord avec beaucoup d’autres passages de l’Écriture de forme différente, mais d’importance similaire. Par une seule offrande, Christ a rendu parfait à perpétuité — non seulement pour toujours, mais sans interruption — ceux qui sont sanctifiés, ou mis à part du monde, pour Dieu, par la foi de Christ. C’était difficile à accepter pour un Israélite, habitué à se reposer sur un sacrifice pour le péché ou pour le délit, et sur l’action du sacrificateur faisant aspersion du sang, offrant la graisse et mangeant sa part de la victime, tandis que le reste était brûlé au feu sans rien épargner. C’était un type très important, identifiant celui qui offrait par le fait qu’il posait sa main sur la tête de la victime offerte ; et l’autorité de l’Éternel était donnée au sacrificateur pour faire propitiation pour lui et pour assurer du pardon. Il s’ensuit qu’on comprend le besoin d’une extrême certitude pour renoncer à l’ombre [les sacrifices de la loi de Moïse] au profit de la réalité [l’efficacité du sacrifice de Christ]. Mais dans cette réalité on trouve la volonté expresse de Dieu le Père, et l’œuvre accomplie du Fils, et l’application du témoignage du Saint Esprit en Jer. 31:33, 34 — c’était l’annonce d’une rémission des péchés si complète, qu’il n’y a maintenant plus d’offrande pour le péché.

 

6.2.6.4       [L’œuvre de Christ base de l’humilité chrétienne. En avoir fini avec le Moi]

La portée du sacrifice de Christ et son efficacité sont aussi immenses pour la foi, que la gloire de Sa personne et la profondeur de Sa souffrance pour le péché. C’est ce qui pose la base de l’humilité chrétienne : parce que cela donne une conscience purifiée devant Dieu. Jusque-là, il n’y avait pas plus qu’une conscience exercée, et par-là un processus humiliant à la mesure de notre sentiment spirituel. Mais dans l’œuvre de Christ, Dieu condamne le péché dans la chair, non pas moralement seulement comme dans tout ce qu’Il est et fait, mais comme sacrifice pour le péché, de sorte que ce péché est entièrement effacé à Ses yeux, et que nous devenons justice de Dieu en Christ. C’est pourquoi les adorateurs sont purifiés une fois pour toutes, et n’ont plus conscience de péchés. Ils ont le droit, et c’est ce qu’ils sont censé faire, de se voir si clairement dans Sa lumière qu’ils en ont fini avec eux-mêmes ; et ils sont libres de jouir de la plénitude de Christ, ayant une conscience pure et un cœur en paix. Quelle délivrance d’en avoir fini avec soi-même ! C’est humiliant de ressentir et de devoir reconnaître à quel point nous sommes vils. N’est-ce pas une humilité plus vraie et plus profonde de savoir dans Sa lumière que notre insouciance, peut-être, et nos manquements indignes certainement, Lui ont coûté d’être pour ainsi dire consumé en cendres [Héb. 9:13] sous le jugement impitoyable de Dieu sur notre iniquité mise à Sa charge ? voilà ce que nous sommes, voilà ce que je suis, — ne valant pas la peine qu’on pense à nous, à moi, ni qu’on en parle. Combien cela doit rendre facile à chacun d’estimer l’autre comme meilleur que lui-même ! Telle est la base de l’humilité d’esprit du chrétien. Elle est issue de la foi donnée divinement.

 

6.2.7        [Ch. 5:6a … humiliez-vous sous la puissante main de Dieu…]

« Humiliez-vous donc (ou : soyez humiliés) sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu, rejetant sur Lui tout votre souci, car Il a soin de vous » (5:6, 7).

C’est par cette main puissante de Dieu, que Jésus sans péché a été fait péché pour nous, quand Il a été blessé pour nos transgressions et meurtri pour nos iniquités. C’est ce que confessera Israël, la génération à venir, quand cette génération incrédule et adultère aura passé ; la vérité des paroles de Christ sera constatée plus largement et plus manifestement que jamais. Nous qui croyons maintenant, Juifs ou Gentils, tandis que Lui est invisible, prenons plaisir à voir la vérité comme devant Dieu ; et bienheureux, comme Il l’a dit lui-même, sont ceux qui ne voient pas et qui croient. Nous nous reposons sur la profondeur de l’œuvre expiatoire quand les ténèbres ont enveloppé la croix comme un linceul, et que Sa voix a attesté que Dieu avait caché Sa face et L’avait abandonné Lui, le Messie rejeté, le Fils de l’homme donnant Sa vie en rançon pour plusieurs, oui pour tous — de sorte que nous, qui croyons, soyons guéris par Ses meurtrissures, et que nous soyons rendus propres à avoir part au lot des saints dans la lumière.

C’est sous cette main puissante qui a ainsi opéré et qui nous a donné une rédemption éternelle, que nous sommes appelés à nous humilier. Nous manquons, hélas ! à avoir le sens permanent de cette merveilleuse lumière à laquelle Dieu nous a appelés. Or c’est notre privilège d’y marcher, comme 1 Jean 1:7 nous le dit ; et c’est seulement de notre faute si nous n’y marchons pas de manière consciente. C’est là le moyen d’assurer l’humilité à laquelle nous sommes exhortés ici. Y aurait-il quelque chose de défectueux si nos âmes réalisaient cette présence si solennelle, et pourtant si pleine de grâce ? Pourtant, c’est dans cette grâce que la foi en notre Seigneur Jésus nous a amenés, et nous donne de nous tenir (Rom. 5:2).

Ce n’est pas moins que cela la position propre et constante du chrétien. C’est une honte pour nous d’oublier ou de mésestimer une telle faveur. Et ceux qui nient le nouveau privilège (par jalousie puritaine en faveur des saints de l’Ancien Testament) sont des serviteurs indifférents à l’honneur de Christ ou à la foi chrétienne. Il peut sembler humble pour le croyant de crier: « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » [Rom. 7:25]. Mais c’est ignorer qu’il s’agit d’un état passager, et que « la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » [Rom. 8]. Ainsi ma confession actuelle à la suite d’un manquement devient un dégoût de soi plus profond. Ô, bienheureux l’homme que la grâce a fait de moi, quelle honte pour Lui comme pour moi que de souiller maintenant mes pieds ! ayant fait l’objet d’une parfaite expiation, quelle honte de pécher contre la grâce aussi bien que contre la sainteté ! quelle honte d’avoir besoin de l’aspersion par l’eau de séparation pour restaurer ma communion ! Quelles agonies ma folie pécheresse a coûté au Sauveur !

 

6.2.8        [Ch. 5:6b — … afin qu’Il vous élève quand le temps sera venu…]

Dans la présence bénie de Dieu, soyons toujours humiliés, d’autant plus que cette présence nous est toujours accessible à travers le voile déchiré. Nous n’avons rien apporté à la croix de Christ sinon nos péchés : la grâce en cela a été la grâce souveraine de Dieu. L’effet de l’œuvre de Christ est cette justice divine que nous sommes devenus en Lui [2 Cor. 5:21] ; et nous nous glorifions (car c’est plus que « se réjouir ») dans l’espérance de la gloire de Dieu [Rom. 5:2]. Et en effet Il nous élèvera quand le temps sera venu. Car ce sera le jour où Christ sera manifesté, et nous aussi serons manifestés avec Lui en gloire [Col. 3:4]. Tandis que notre vie est cachée, il est incohérent et incongru de rechercher maintenant une quelconque gloire dans ce monde, surtout que les princes ce monde ont crucifié le Seigneur de gloire [Col. 3:1-4 ; 1 Cor. 2:8]. En tant que fidèles au Crucifié, nous attendons l’apparition de Sa gloire pour la partager avec Lui. Car ne nous a-t-Il pas dit que la gloire que le Père lui avait donnée, Il l’a donnée aux Siens, afin qu’ils soient un comme le Père et le Fils sont un, afin qu’ils soient rendus parfaits [consommés] en un, et que le monde connaisse (non pas croie, comme maintenant) que le Père a envoyé le Fils, et a aimé les saints comme Il a aimé le Fils ? [Jean 17:22-23]. Alors le monde Le verra, Lui et ceux qui sont dans la même gloire céleste [Jean 17:24]. Jamais nous ne serons dans la perfection de l’unité avant ce moment-là, et le Seigneur n’en parle qu’en rapport avec ce jour futur. En vérité, Dieu nous exaltera quand le temps sera venu. Notre appel est de souffrir avec Christ en attendant, et aussi de souffrir pour Son nom, afin que nous soyons aussi glorifiés ensemble [Rom. 8:17].

 

6.2.9        [Ch. 5:7 — Rejetant sur Lui tout votre souci]

Or l’apôtre nous rappelle ici un autre privilège en rapport avec le fait d’être humilié maintenant et d’attendre la gloire de Christ au jour de Christ. Il dit : « Rejetant sur Lui tout votre souci, car il a soin de vous ». Il admet comme établi qu’on rejette, par la foi, toutes nos inquiétudes sur notre Dieu et Père qui aime porter les fardeaux trop lourds pour les Siens qui sont faibles ; Il a pour eux des joies et des services qui exigent la liberté d’esprit pour atteindre correctement leur objectif. Combien elle affaiblit, l’incrédulité qui s’imagine que nous avons le devoir d’être accablés extérieurement et intérieurement ! Pourquoi, chrétien, n’as-tu pas fait rouler sur Lui le poids qui t’oppresse ? Sa parole n’est-elle pas claire et certaine ? Ne se soucie-t-Il pas de toi, Lui qui a donné Son Fils pour tes péchés, Lui qui compte tous les cheveux de ta tête ?

 

6.3       [Ch. 5:8-9]

Ici encore l’apôtre exhorte à être vigilant [Darby : sobres] et à veiller. Dans sa précédente injonction semblable (4:7), le motif donné était que la fin de toutes choses s’est approchée ; ici c’est le danger qui émane de leur grand adversaire.

« Soyez vigilants [Darby : sobres], veillez : votre adversaire le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, étant ferme en foi [Darby : dans la foi], sachant que les mêmes souffrances s’accomplissent dans vos frères qui sont dans le monde » (5:8-9).

 

6.3.1        [Ch. 5:8 — Satan, comme puissance du mal, dans les différentes épitres]

Il est intéressant de noter à quel point l’ennemi est spécifiquement présenté comme la puissance du mal à laquelle nous avons à faire, et à cause de laquelle notre Dieu et le Seigneur Jésus prennent soin de nous. Ici l’apôtre ne nous regarde pas comme l’épître aux Hébreux « en vue du sanctuaire » ; mais comme il nous voit exposé au stress particulier du désert, il présente, bien à sa place, notre adversaire le diable rôdant comme un lion rugissant, cherchant qui il peut dévorer.

Aux saints de Rome, exhortés à être sages quant au bien et simple quant au mal, la Parole annonce que le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous leurs pieds, et qu’entre-temps la grâce de Christ sera avec eux (Rom. 16:19-20). Quelle bénédiction s’ils avaient continué ainsi, au lieu d’agir par sagesse humaine et par ambition, laissant la place, le moment venu, au système le plus répugnant d’impureté, d’imposture, d’orgueil et d’effusion de sang !

À l’assemblée de Corinthe qui n’était pas sevrée de la sagesse philosophique et des paroles persuasives des beaux discours, il est donné l’avertissement que, comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, leurs pensées risquaient d’être corrompues et détournées de la simplicité quant à Christ. Les faux apôtres pouvaient ainsi passer pour des ministres de justice, faisant comme Satan qui se transforme en ange de lumière.

Aux saints d’Éphèse, amenés sur un plan très élevé, il est rappelé de façon typique la victoire sur le chef de l’autorité de l’air, sur l’esprit qui travaille maintenant dans les fils de la désobéissance, maintenant menés captifs ; ces autorités de l’air usent de leurs artifices, avec des prétentions démesurées dans les lieux célestes ; nous avons besoin contre elles de toute l’armure de Dieu.

L’avertissement aux saints de Colosse est quelque peu similaire, mais beaucoup plus court.

Nous n’avons pas besoin d’insister ici sur les entraves mises par  Satan contre l’apôtre, ni sur les tentations opposées aux les saints de Thessalonique, mentionnées dans la première épître (3:5) ; ni sur la terrible annonce de la puissance future de Satan à la fin du siècle selon la deuxième épitre.

On remarque en passant ce à quoi sont spécialement exposés les conducteurs, à savoir la faute du diable et le piège du diable qui mettent en danger les surveillants selon 1 Tim. 3:6-7, et la possibilité d’échapper à ce piège selon 2 Timothée (2:22,26) pour les adversaires qui se repentent.

En Héb. 2:14, 15, Satan est celui qui a le pouvoir (la force) de la mort annulé par la mort du Sauveur ; dans l’Apocalypse, Satan est montré pleinement à la fois quant à l’église et quant au monde, pour sa ruine totale.

 

6.3.2        [Ch. 5:9a — Résister au diable]

Nous avons le droit de lui résister comme l’épître de Jacques (Jacq. 4:7) nous y exhorte aussi, même s’il rugit bien fort, et menace de destruction. Il est un ennemi vaincu, et la foi le sait ; le nom de Celui que nous confessons est amplement suffisant pour le terrifier. Mais la confiance en notre sagesse ou notre justice, nous expose à une défaite inévitable. Notre force est en Christ, dont la grâce suffit et la puissance s’accomplit dans l’infirmité (2 Cor. 12). C’est pourquoi il nous est commandé de résister, tenant ferme « en foi ». Certains comprennent « dans la foi » ; mais je doute que, dans un tel contexte, la force du mot « foi » soit à considérer seulement objectivement. Il semble plutôt que ce soit un encouragement donné à notre foi subjective dans le Seigneur. Notre apôtre est éminemment pratique, aussi important soit-il que nous soyons sains dans « la foi ».

 

6.3.3        [Ch. 5:9b — les même souffrances dans les frères dans le monde]

Ce n’est donc pas une chose étrange d’être ainsi assailli. Alors il nous rappelle que nous savons que les mêmes souffrances s’accomplissent dans les frères qui sont dans le monde. Ils ont des relations semblables avec Dieu et cela les expose à la persécution à cause de la méchanceté de Satan contre Christ, plus encore que contre eux-mêmes.

 

6.4       [Ch. 5:10-11 — Le Dieu de toute grâce… vous établira…]

Si l’apôtre ne cache pas au pèlerin la puissance et la méchanceté de l’ennemi dans le désert de ce monde, quelle ferveur le caractérise quand il met Dieu devant nous dans cet amour qui est au-dessus de tout danger et de toute difficulté, tournant tout pour le bien de ceux qui L’aiment !

« Mais le Dieu de toute grâce qui vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus, lorsque vous aurez souffert un peu de temps, vous rendra lui-même accomplis, vous affermira, vous fortifiera, et vous établira sur un fondement : à lui la gloire et la puissance aux siècles des siècles. Amen » (5:10-11).

C’est plus qu’une prière de clôture, c’est une assurance très confiante basée sur la pleine connaissance de Dieu tel que révélé en Christ, et sur l’œuvre de rédemption déjà accomplie et manifestée dans la puissance de Sa résurrection. Pierre conclut l’épitre comme il l’a commencée. Comme Paul à l’égard de ses frères Philippiens bien-aimés, Pierre avait justement confiance en ce que Celui qui avait commencé en eux une bonne œuvre, l’achèverait jusqu’au jour de Jésus-Christ. Satan pourrait rugir et dévorer. Mais, comme Paul écrivait aux saints de Rome (Rom. 8:31-39) : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Celui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-Il pas don aussi, librement, de toutes choses avec Lui ? Qui portera accusation contre les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie : qui est celui qui condamne ? Christ est Celui qui est mort, ou plutôt qui a été ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui intercède aussi pour nous : qui nous séparera de l’amour de Christ ? Tribulation, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou danger, ou épée ? Selon ce qui est écrit : Pour l’amour de toi, nous sommes mis à mort tout le jour ; nous étions considérés comme des brebis de tuerie [des moutons pour l’abattage]. Au contraire dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis persuadé que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature, ne pourront nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur ».

L’apôtre de la circoncision [Pierre] a suivi l’apôtre de l’incirconcision [Paul] en faisant remonter toute bénédiction au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ ; il ne s’élève pas à la hauteur qu’on trouve dans les Éphésiens, mais il pointe vers la même source dans ses premières paroles. La résurrection était la puissante idée-clé de l’un, l’ascension a donné la marque céleste à l’autre. Tous les deux ont été conduits par l’Esprit à présenter la source divine qui coule dans les plus riches flots de bonté adaptés aux circonstances variées des saints auxquels ils s’adressent. Personne n’est aussi caractéristique que Paul en ce qu’il révèle les immenses conseils éternels de Dieu pour l’univers avec Christ glorifié à la tête de toutes choses, célestes et terrestres, et l’église (qui est Son corps) au-dessus de toute question de Juif ou de Grec, — ce corps partageant comme Son épouse tout ce qui Lui a été donné.

Pourtant, Pierre a été inspiré ici [5:10] à parler du « Dieu de toute grâce », un titre d’une signification particulière, pour tous les saints, où qu’ils soient et quels qu’ils soient — mais un tire divinement sage et adapté aux élus chrétiens de la dispersion juive ! Beaucoup d’entre eux avaient, sans doute, entendu Paul et ses compagnons qui travaillaient depuis longtemps dans leur partie d’Orient à un point que Pierre n’avait pas fait. Paul fut en effet appelé à écrire de façon élaborée et puissante aux Hébreux croyants pour les sortir définitivement des anciens éléments légaux qui les avaient tellement contraints et entravés, avant que le jugement tombe effectivement sur la ville et le sanctuaire terrestres. C’est à Pierre qu’échut la tâche de nourrir et paître, par ses épitres, ces brebis qui avaient besoin de consolation et de confirmation, maintenant que leur grand docteur n’était plus là pour voir leur visage [Actes 20:25].

Ainsi, bien qu’il y ait des marques d’identité très claires entre ce que Pierre écrit et ses prédications du livre des Actes, il enseigne aussi ici, comme nous l’avons déjà vu, bien au-delà de ce qui était nécessaire et adapté à l’époque. Ce résumé merveilleusement beau qui est devant nous, reflète cette avancée avec toute la convenance due, malgré ce qui est inévitable pour un condensé. Ce n’est pas le Dieu de nos pères qui a glorifié Son serviteur Jésus [Actes 3:13], mais « le Dieu de toute grâce qui vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus ». Ce n’est pas seulement le Dieu des promesses à Abraham, Isaac et Jacob, mais le Dieu de tout l’amour vainqueur, manifesté dans le Christ Jésus, supérieur, non pas seulement à la faiblesse et aux défaillances, mais supérieur à la haine de l’ennemi qui paraissait avoir entièrement réussi à la croix ; or Sa grâce a tourné cette croix pour être le fondement du jugement profond et juste du péché, faisant même des croyants des êtres sans tache à Ses yeux, comme l’Agneau, par le moyen de Son sang précieux. Et il n’y a pas que cela ; car Il nous a appelés, non pas seulement à un salut d’âmes (1:9), aussi grand que soit cette grâce, mais à Sa gloire éternelle en Christ. Car c’est une gloire qui dépasse de loin le royaume terrestre, avec ses mille ans de règne de justice, et Satan réduit au silence, et la création se réjouissant après sa longue servitude de vanité et de gémissement [Rom. 8].

Le Dieu de toute grâce, qui a appelé des saints à Sa gloire éternelle dans le Christ Jésus, est la meilleure garantie contre tout ce que la créature peut ou ne peut pas faire entre-temps — d’autant plus que, comme Père, il exerce un gouvernement constant, vigilant et juste de Ses enfants tout le long du désert (1:13-17)).

Mais une autre considération est nécessaire, et elle est de poids. En tant que Juifs, ils auraient pu penser qu’une immunité contre la souffrance se rattachait à Christ, ainsi que quelque promotion à un plus grand honneur ; mais en tant que chrétiens, leur part est de partager Ses souffrances pour la justice, l’amour et la vérité. Aucune erreur n’est plus commune dans la chrétienté que de chercher à avoir immédiatement des récompenses, des distinctions et de la facilité par le moyen de l’évangile et de l’église. Or c’est un mensonge détestable de Satan. Les saints de Corinthe avaient glissé facilement dans ce piège, causant douleur et horreur à l’apôtre Paul (1 Cor. 4:8-14) ; c’était encore plus naturel chez ceux qui avaient été Juifs. C’est pourquoi l’apôtre Pierre cherche partout à graver le sentiment que la souffrance est le chemin inévitable du chrétien, et à graver l’expression « lorsque vous aurez souffert un peu de temps » ; il faisait ainsi comme son bien-aimé frère Paul à l’égard des Hébreux (Héb. 10:32-39) ; celui-ci fortifiait par l’exemple de nombreux fidèles d’autrefois (Héb. 11:35-38), mais il se servait surtout du cas du Parfait Modèle qui résume tout (Héb. 12:2, 3). C’est par la souffrance dans la foi et la patience que nous sommes disciplinés et portons du fruit à Celui qui daigne ainsi tailler les sarments de la vigne.

Et quoi de plus éminent que la déclaration encourageante à laquelle celui qui écrivait mettait son sceau ; il avait lui-même tellement fait l’épreuve dans sa propre expérience que le Dieu de toute grâce « rendra accompli, affermira, fortifiera, et établira sur un fondement (inébranlable) ». Ceux auxquels il s’adressait pouvaient-ils perdre un seul de ces encouragements puissants ? Nous, à  notre tour, le pourrions-nous ? Laisserions-nous ces encouragements perdre leur sens très précis, ou les prendrions-nous en bloc comme un tas de fagots tirant sa valeur du groupage d’éléments faibles ? Chacun de ces encouragements n’est-il pas fort et expressif, pour donner à lui tout seul la plus grande confiance possible dans Son amour pour nous, un amour pleinement suffisant ? — C’est déjà beaucoup qu’Il rende accomplis ceux qui, en eux-mêmes, manquent de tout, au sens de provisions et arrangements complets. — C’est davantage quand Il « affermira » ceux qui ont besoin d’être retournés intérieurement, comme Pierre qui, autrefois plein de confiance en lui-même, a eu besoin de s’appuyer sur le Seigneur et Sa parole, par la foi. — Il est précieux de savoir qu’Il « fortifiera » ceux qui se savent aussi faibles que l’eau répandue par terre, et changeants comme le vent. — Et c’est encore plus, si cela est possible, que, sur le Rocher qui ne bouge jamais, Il « établira sur un fondement inébranlable » ceux qui apprennent à fond leur néant, et pire encore.

 

[Un paragraphe n’est pas traduit ici. Il traite seulement de savoir si le v.11 doit dire « À Lui la gloire et la puissance ou seulement « À Lui la puissance »]

 

6.5       [Ch. 5:12-14]

L’épître conclut ainsi.

« Je vous écris brièvement par Silvain, qui est un frère fidèle, comme je le pense, vous exhortant et témoignant que cette grâce dans laquelle vous êtes, est la vraie grâce de Dieu. Celle qui est élue avec vous à Babylone vous salue, et Marc, mon fils. Saluez-vous les uns les autres par un baiser d’amour. Paix soit à vous tous qui êtes en Christ » (5:12-14).

 

6.5.1        [Ch. 5:12 — Sylvain]

Il est intéressant d’apprendre que Silas, ou Silvanus, le compagnon de travail de Paul en Achaïe et en Macédoine, était le messager par lequel Pierre a envoyé sa première épître aux saints de la Dispersion. Il était arrivé à Pierre [Gal. 2] d’avoir manqué de fidélité à la vérité chrétienne de la liberté pour les Gentils au même niveau que pour les Juifs croyant à l’évangile ; Paul lui avait résisté en face. Car ce n’était pas marcher droit selon l’évangile, mais c’était le compromettre au déshonneur du Seigneur. Maintenant, Pierre écrit sans crainte pour confirmer de son témoignage apostolique le témoignage encore plus audacieux et plus profond que l’apôtre de l’incirconcision [Paul] avait porté en Asie Mineure. Écrire par le moyen de Silvain, c’était utiliser un lien approprié entre lui, Pierre, et Paul ; en effet Silvain était un frère fidèle selon l’estimation à la fois de Pierre et de Paul. C’était aussi tenir ferme la Tête, de laquelle tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu [Col. 2:19].

 

6.5.2        [Ch. 5:12 — Pierre a écrit brièvement]

Il a parlé brièvement, mais ses paroles avaient du poids de la part de quelqu’un qui était justement respecté par ces chrétiens Juifs qui avaient déjà profité de celui [Paul] dont ces terres païennes étaient spécialement la province. Or Dieu a veillé à ce qu’un pilier de la circoncision aussi visible que Céphas écrive sans hésitation et avec ferveur dans la même veine de grâce [que Paul] aux brebis que le Seigneur avait confiées à son amour et à ses soins. Qui peut manquer de reconnaître une largeur [de cœur] sans jalousie que la chrétienté hautaine a vite oubliée, ou plutôt n’a jamais connue, — cette chrétienté hautaine reste avec ses petites barrières toujours croissantes, ficelée dans son orgueil officiel, qu’elle qualifie à tort de droits, aussi loin qu’il est possible de la pensée du Seigneur.

 

6.5.3        [Ch. 5:12 — La vraie grâce de Dieu]

C’est une description très exacte de l’épître que de dire qu’elle consiste à « exhorter et témoigner que c’est la vraie grâce de Dieu » dans laquelle Pierre les appelle à se tenir. Tout saint intelligent ne peut manquer de discerner cette caractéristique distinctive de la lettre de Pierre, au-delà de Jacques, Jude, Jean ou même Paul, bien que chacun ait écrit de tout cœur, avec un sens solennel de l’autorité divine et un amour abondant pour les saints ; et chacun d’eux s’est employé à écrire avec l’excellence particulière qui lui était propre, comme un bon dispensateur de la grâce variée de Dieu [4:10], comme par la force que Dieu fournit [4:11]. Combien Pierre a exhorté avec ardeur ! Combien il témoigne franchement et avec justesse de l’évangile de la vraie grâce de Dieu, parlant de la part de son Maître, plein de grâce et de vérité ! Ses paroles sont brûlantes, mais sans exagération. Il adhère à ce dont il a rendu témoignage lors de la grande crise antérieure (Actes 15). Il croyait, et voulait qu’ils croient que « par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, nous sommes sauvés de la même manière qu’eux » (Actes 15:11), pas simplement eux comme nous : c’était alors un noble témoignage à Jérusalem par-dessus tout.

Pierre continuait à croire à la même grâce. Il ne s’agissait pas de concéder ou de céder, ni d’avoir peur ni de plaire à l’homme. C’est la vraie grâce de Dieu, dans laquelle, dit-il, « vous êtes », et le texte dit même davantage : « dans laquelle vous vous tenez debout », ce dont il ne doutait pas. Il n’était pas inutile d’exhorter ainsi comme un dernier appel.

L’un de nos poètes exprime ainsi ce qui devrait être le cas de chaque saint :

« Inébranlable, jamais séduit, jamais terrifié

Il maintient intact sa loyauté, son amour, son zèle,

Ni le grand nombre, ni l’exemple extérieur n’ont d’effet sur lui

Pour s’écarter de le vérité  ou pour changer la constance de sa pensée ».

 

Nous tenir debout dans la grâce, nous le devons à Dieu et à notre Seigneur Jésus ; mais Sa grâce peut seule nous maintenir debout.

 

6.5.4        [Ch. 5:13 — Salutation de Babylone. La femme de Pierre]

La salutation qui suit est remarquablement instructive. Pierre n’écrit pas depuis la Babylone apocalyptique, mais de la grande ville d’Orient en ruine, à laquelle les Juifs se cramponnaient étrangement, alors que les autochtones la quittaient. Beaucoup de Juifs y vivaient encore comme ils l’avaient fait et le firent encore pendant des siècles. Il y avait là une célèbre école de traditions rabbiniques, qui aboutit à leur Talmud le plus copieux, achevé vers 500 après Jésus-Christ. Il apparaît que Cephas avait là une sœur pour femme, comme les autres apôtres et les frères de notre Seigneur (1 Cor 9:5, 6). L’Écriture ne manque pas de nous en informer, et dément ainsi la tradition fausse et démoralisante que le Romanisme préfère à la simple et sainte parole de Dieu. Car cela semble être la vraie portée du terme « la [sœur] co-élue (*) à Babylone », qui salue les destinataires de l’épitre, de même que Marc son fils.

 

(*) Il est intéressant et juste de noter que, parmi les manuscrits primaires faisant autorité, seul le Sinaiticus lit ici ἐκκλησία, ou « église ». Qu’il soit le seul est presque impossible, si la chose était vraie ; mais on l’explique facilement, si elle est fausse. Les anciennes versions dans une telle question ne comptent pas ou presque.

 

L’apôtre, nous le voyons, a pris soin de ne pas parler de « l’église » [ou : assemblée] comme telle dans aucune de ses épîtres : elles sont essentiellement individuelles dans leur caractère. C’est donc une bévue d’interpoler le terme « église », même en italique. Nous n’avons aucune raison de penser qu’il y avait là une assemblée, et nous pouvons facilement concevoir que l’apôtre (avec sa femme, et Marc prenant soin de tous les deux à cause de leur âge avancé) devait aspirer à communiquer l’évangile aux Juifs plongés dans l’ignorance dans cette région lointaine et qui lui étaient si chers ; tout cela est bien loin du fabuleux épiscopat dont la tradition a rêvé pour Pierre en Occident. Il est forcé et artificiel d’emprunter le futur symbole [Babylone] de Jean en Apocalypse 17 pour le mettre dans une épître si simple, fervente et factuelle, comme l’est incontestablement celle de Pierre !

 

6.5.5        [Ch. 5:13 — Service de Marc]

On aime aussi à penser à Marc dans un service heureux et dévoué accompli justement par celui dont l’échec précoce est enregistré dans l’Écriture : il avait alors manifesté un zèle dépassant sa foi, en accompagnant Barnabas et Saul dans leur premier voyage parmi les Gentils. Il se lassa bien vite ou se découragea, mais plus tard il devint un serviteur utile pour le ministère à un moment où ce fut doux à l’apôtre des nations [Paul] (2 Tim 4:11), et auparavant il avait déjà regagné la confiance de Paul (Col. 4:10). La maison de sa mère avait été une maison de prière, alors que la vie de son père spirituel était en danger extrême (Actes 12), et maintenant il était l’assistant de ceux qui lui avaient été si longtemps si chers, et il partageait leur visite d’amour pour l’évangile et pour les saints, là où autrefois leurs ancêtres avaient été envoyés en captivité. On se serait attendu que l’Écriture distingue tout autre que Marc, un Silas ou autre, parmi ceux qui nous sont familiers dans l’Écriture ; mais ceux que nous avons déjà connus, apparaissent dans cette nouvelle phase de l’œuvre de manière tout à fait naturelle et appropriée.

 

6.5.6        [Ch. 5:14 — Saint baiser ou baiser d’amour. Souhait de paix]

Dans ce monde d’égoïsme et de péché, il était convenable que l’apôtre Paul invite les saints de Rome, de Corinthe et de Thessalonique à se saluer l’un l’autre par un saint baiser ; et pareillement Pierre commande aux Juifs chrétiens, dispersés dans des pays consacrés au ténèbres du paganisme, de se saluer d’un baiser d’amour. Les affections ont tendance à se refroidir, à mesure que l’esprit du monde prévaut ; et les Juifs avaient besoin de cette recommandation aussi bien que les Grecs et les Romains.

Combien est précieux ce souhait que la « paix » soit la part de tous ceux qui sont en Christ ! Quelle inconvenance chez eux, que les différends et les disputes, l’égoïsme et les conflits ? Si Christ est l’objet comme Il a le droit de l’être, ces choses ne devraient pas avoir lieu. Pierre n’avait pas oublié Ses paroles si bienvenues dans les cœurs, au jour de la résurrection [Jean 20] : « Paix vous soit, et après avoir dit cela, il leur montra ses mains et son côté, et les disciples se réjouirent quand ils virent le Seigneur. Il leur dit donc encore une fois : Paix vous soit ! Comme le Père m’a envoyé, Moi aussi je vous envoie ».