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Exposé de l’Évangile de Jean

William Kelly

 

Traduit de l’anglais selon l’édition de 1908 de E.E.Whitfield. Les observations sur la traduction du texte biblique grec n’ont pas été traduites quand elles paraissaient mineures.
Les titres, sous-titres et tables des matières ont été ajoutés par Bibliquest.

Les citations du texte biblique traduit par W.K. sont généralement identiques à celles de J.N.Darby, mais on a conservé la traduction de W.K. quand les variantes sont significatives, auquel cas celles-ci sont en général soulignées. L’expression « Son of man » a été régulièrement traduite par « Fils de l’homme », quoique littéralement on devrait traduire « Fils d’homme »

À titre informatif, on a indiqué occasionnellement les choix de leçons et de traductions du texte Biblique de Carrez (Maurice Carrez, seul Nouveau Testament interlinéaire grec-français, 1993), et ceux de la TOB (traduction œcuménique de la Bible) et du Nouveau Testament en français courant, que Carrez donne en marge. Il a paru utile d’en rendre compte dans les cas où W.K. justifie sa manière de traduire.

 

 

Table des matières abrégée :

1     Introduction

2     Chapitre 1

3     Chapitre 2 — Noces de Cana et nettoyage du temple

4     Chapitre 3 — Royaume de Dieu, nouvelle naissance, choses célestes, pardon et croix + Témoignage de Jean le Baptiseur au Seigneur

5     Chapitre 4 — En Samarie

6     Chapitre 5 — À Jérusalem au réservoir de Béthesda

7     Chapitre 6 — Fête de Pâque. Le pain du ciel, le pain de vie

8     Chapitre 7:1-52 — Fête des Tabernacles. Saint Esprit

9     Chapitre 7:53 et chapitre 8

10       Chapitre 9

11       Chapitre 10

12       Chapitre 11

13       Chapitre 12

14       Chapitre 13

15       Chapitre 14

16       Chapitre 15

17       Chapitre 16

18       Chapitre 17

19       Chapitre 18

20       Chapitre 19

21       Chapitre 20

22       Chapitre 21

 

Table des matières détaillée :

1     Introduction

1.1          Caractères de l’évangile de Jean

1.2          Sommaire du contenu de l’évangile de Jean

2     Chapitre 1

2.1      Jean 1:1-5

2.1.1             Jean 1:1 — La Déité

2.1.2             Jean 1:2

2.1.3             Jean 1:3 — Création

2.1.4             Jean 1:4 — Source de vie

2.1.5             Jean 1:5 — la lumière luit dans les ténèbres, les ténèbres ne l’ont pas comprise

2.2      Jean 1:6-8 — Jean rendant témoignage de la lumière

2.3      Jean 1:9 — La lumière qui éclaire tout homme

2.4      Jean 1:10-13

2.4.1             Jean 1:10-11 — Pas connu, pas reçu, rejeté

2.4.2             Jean 1:12-13 — Le droit d’être enfant de Dieu

2.4.3             Distinction enfants / fils

2.4.4             Christ est notre vie

2.5      Jean 1:14-18 — L’Incarnation

2.5.1             Jean 1:14 — Devenu chair, une gloire comme d’un fils unique d’auprès du Père

2.5.2             Plein de grâce et de vérité

2.5.3             Jean 1:15 — Jésus présenté au monde par Jean le baptiseur

2.5.4             Jean 1:16 — Nous avons reçu et grâce sur grâce

2.5.5             Jean 1:17 — La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ

2.5.6             Jean 1:18 — Dieu connu dans le Fils unique qui est dans le sein du Père

2.6      Jean 1:19-28 — Qui est Jean ?

2.6.1             Fin de la préface, début de l’introduction à cet évangile

2.6.2             Jean 1:19-28 — Nature de la mission de Jean le baptiseur

2.6.3             Jean 1:19-20 — Jean n’était pas le Messie

2.6.4             Jean 1:21 — Jean était-il Élie ou ne l’était-il pas ?

2.6.5             Jean 1:23 — Jean était la voix qui crie dans le désert

2.6.6             Jean 1:21 — Jean n’est pas le prophète

2.6.7             Jean 1:25-28 — Baptême de Jean et baptême chrétien

2.7      Jean 1:29-34 — L’œuvre de Christ dans toute l’étendue de puissance en grâce

2.7.1             Jean 1:29 — L’Agneau qui ôte le péché du monde

2.7.2             L’Agneau

2.7.3       Le péché ôté : portée de l’expression

2.7.4       Le péché ôté : l’accomplissement ultime

2.7.5       Le péché du monde, non pas les péchés

2.7.6             Jean 1:30-31 — Dignité du Seigneur Jésus. Jean ne Le connaissait pas

2.7.7             Jean 1:32-34 — L’Esprit comme une colombe. Baptême du Saint Esprit

2.7.8             Jean 1:34 — Témoignage rendu au Fils de Dieu

2.8      Jean 1:35-40 — Effet du ministère de Jean

2.9      Jean 1:41-43 — Centre de rassemblement

2.10     Jean 1:44-52

2.10.1             Jean 1:44-45 — Suivre Christ, Christ le chemin

2.10.2             Jean 1:46 — Les préjugés qui entravent

2.10.3             Jean 1:47-48 — Pas de fraude dans le cœur

2.10.4             Jean 1:49 — Ne pas résister à la lumière qui émane de Christ

2.10.5             Jean 1:50 — Jésus confessé comme Messie

2.10.6             Jean 1: 51-52 — De plus grandes choses à voir

3     Chapitre 2 — Noces de Cana et nettoyage du temple

3.1      Jean 2:1-11 — L’eau transformée en vin

3.1.1             Jean 2:1-4 — Place de Marie, la mère de Jésus. Rien du premier Adam, tout par grâce

3.1.2             Jean 2:5-10 — Signification du miracle

3.1.2.1             Spécificités de l’évangile de Jean

3.1.2.2             Les noces de Cana, une ombre des choses futures

3.2      Jean 2:12

3.3      Jean 2:13-17 — Les marchands du temple chassés

3.4      Jean 2:18-22 — Le temple rebâti en trois jours

3.5      Jean 2:23-25 — Jésus connaissait ce qui était dans l’homme

3.5.1.1             La ruine complète de l’homme

3.5.1.2             Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Se soumettre au témoignage de Dieu quant à son état

3.5.1.3             Religion traditionnelle : un doctrine chrétienne qu’on a adaptée au monde

3.5.1.4             Déduction logique devant les miracles, sans effet sur l’état de l’homme

4     Chapitre 3 — Royaume de Dieu, nouvelle naissance, choses célestes, pardon et croix + Témoignage de Jean le Baptiseur au Seigneur

4.1      Jean 3:1-21 — Nicodème, la nouvelle naissance et la croix

4.1.1             Jean 3:1-3

4.1.1.1             L’état de Nicodème

4.1.1.2             Ce qui manquait à Nicodème

4.1.1.3             Le royaume de Dieu était là en Christ

4.1.2             Jean 3:4 — Nouvelle naissance : un changement de nature

4.1.3             Jean 3:5 — Être né d’eau et d’Esprit pour entrer dans le royaume de Dieu

4.1.3.1             Un passage souvent perverti

4.1.3.2             L’eau ne figure pas ici le baptême

4.1.3.3             Raisonnements erronés pour appuyer l’idée du baptême

4.1.3.4             L’eau : la parole de Dieu appliquée par Son Esprit

4.1.3.5             Être né d’eau et d’Esprit : être engendré de Dieu, rendu participant de la nature divine

4.1.4             Jean 3:6 — Deux natures totalement distinctes

4.1.5             Jean 3:7-8 — Les païens / Gentils comme les Juifs ont besoin de naître de l’Esprit

4.1.6             Jean 3:9-10 — Ce que l’Ancien Testament disait déjà de ces choses

4.1.7             Jean 3:11 — Le Fils de Dieu rendait témoignage de ce qu’Il connaissait et avait vu

4.1.7.1             Le Fils connaissait le Père

4.1.7.2             Différence entre le témoignage de Christ et celui d’un prophète

4.1.7.3             Un témoignage précieux et divin, mais rejeté par l’homme

4.1.7.4             Le besoin des Juifs d’être entièrement renouvelés

4.1.7.5             La prophétie d’Ézéchiel 36

4.1.8             Jean 3:12

4.1.8.1             Au-delà des choses terrestres

4.1.8.2             La révélation de choses nouvelles et célestes

4.1.8.3             Le royaume du Père est la sphère céleste du royaume

4.1.9             Jean 3:13

4.1.9.1             L’homme aveugle rejette le Fils de l’homme

4.1.9.2             Compétence unique pour parler de tout ce qu’Il connaît, y compris les choses célestes

4.1.9.3             Monté au ciel, descendu du ciel. Le Fils de l’homme qui est dans le ciel

4.1.10             Jean 3:14-16 — L’œuvre puissante que le Seigneur venait accomplir pour les pécheurs

4.1.10.1              Jean 3:14 — La croix : une nécessité pour le pardon et pour la vie éternelle. Christ la seule victime possible

4.1.10.2              Jean 3:14-15 — Jésus Christ crucifié : en croyant en Lui on a la vie éternelle

4.1.10.3              Jean 3:16 — Révélation de l’amour souverain de Dieu

4.1.10.4              La vérité que Dieu a tant aimé le monde

4.1.11             Jean 3:17-21 — Sauvés ou jugés. Le croyant et l’incrédule

4.1.11.1              3:17 — Sauveur pour le monde entier

4.1.11.2              Jean 3:17-18a — Le croyant n’est pas jugé

4.1.11.3              Jean 3:18 — La Personne de Christ : un test

4.1.11.4              Jean 3:18 — Gravité du refus du Fils de Dieu

4.1.11.5              Jean 3:19-21 — Motif du jugement : est-ce la loi ?

4.1.11.6              Jean 3:19 — Le rejet n’a pas pour cause l’ignorance. Ne pas différer une décision

4.1.11.7              Jean 3:19-20 — Le jugement sera selon les œuvres

4.1.11.8              Jean 3:21 — Le croyant cherche à marcher selon la lumière. Les deux résurrections

4.2      Jean 3:22-34 — Hommage de Jean le baptiseur au Seigneur

4.2.1             Rappel sur les v. 12 à 21

4.2.2             Jean 3:22-24 — Les disciples baptisant avant le ministère du Seigneur

4.2.3             Jean 3:25-26 — Zèle des disciples de Jean pour leur maître

4.2.4             Jean 3:27-28 — Jean répond dans un esprit de dépendance et de soumission

4.2.5             Jean 3:29-30 — Jean content de sa position d’ami de l’époux et achevant sa course

4.2.6             Jean 3:31 — Jésus est à la fois d’en haut et au-dessus de tous. Il est Dieu

4.2.7             Jean 3:32-33 — Le témoignage reçu ou non reçu

4.2.7.1             Le témoignage des choses divines, célestes et éternelles : personne ne le reçoit

4.2.7.2             Pourquoi l’homme ne croit pas à la grâce de Dieu

4.2.7.3             Différences entre la vraie foi et une foi humaine sans valeur

4.2.7.4             Jean 3:33 — La grâce efficace et refusée, la haine. Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai

4.2.7.5             Caractère de la foi réelle et vivante

4.2.8             Jean 3:34 — Un témoignage qui découle de l’Esprit

4.3      Jean 3:35-36

4.3.1             Jean 3:35 — Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains

4.3.2             Jean 3:36 — Pour la foi, la vie éternelle dès maintenant ; pour l’incrédulité, la mort et la colère de Dieu

5     Chapitre 4 — En Samarie

5.1      Jean 4:1-3

5.1.1             Jésus ne baptisait pas

5.1.2       Le Fils de Dieu forcé de quitter le peuple de Dieu

5.2      Jean 4:4-6 — Sujets de lassitude

5.3      Jean 4:7-10

5.3.1       Le Seigneur accède au cœur

5.3.2             Chassé par la jalousie, la haine et le mépris, le Seigneur va s’occuper d’une Samaritaine malheureuse

5.3.3             L’œuvre dans une âme sans opérer de miracle

5.3.4       La grâce ne passe pas légèrement sur le péché

5.3.5             Faire connaître Dieu comme le Donateur

5.3.6             Connaître la dignité personnelle du Fils de Dieu

5.3.7             Produire la confiance dans la grâce

5.3.8       Ce qu’est le don de Dieu (4:10)

5.4      Jean 4:11-12 — Raisonnements, mais ignorance de la Personne du Seigneur et de la vérité

5.5      Jean 4:13-14 — Don du Saint Esprit et de la puissance pour adorer

5.6      Jean 4:15-19 — Travail du Seigneur dans la conscience

5.6.1             Jean 4:15 — Des besoins terre à terre

5.6.2             Jean 4:16a — Le Seigneur éveille l’âme à autre chose que les besoins matériels

5.6.3             Jean 4:16b — Le Seigneur usant de grâce lorsqu’Il touche la conscience

5.6.4             Jean 4:17-19 — Une démonstration de l’Esprit et de puissance qui produit la confession

5.7      Jean 4:20-26 — La femme en recherche

5.7.1             Différences religieuses. Celles qui bénéficient d’une haute antiquité

5.7.2       Le texte de Jean 4:20-26

5.7.3             Jean 4:20-21 — L’adoration du Père à la place de Garizim et Jérusalem

5.7.4             Jean 4:22 — Le salut vient des Juifs

5.7.5             Jean 4:22 — Vous adorez, vous ne savez quoi

5.7.6             Jean 4:23 — L’heure vient, et elle est maintenant, où les vrais adorateurs…

5.7.7             Jean 4:23 — Adorer en esprit et en vérité

5.7.8             Jean 4:23 — Le Père en cherche de tels qui L’adorent

5.7.9             Jean 4:24 — Dieu est esprit… ceux qui L’adorent, L’adorent en esprit et en vérité

5.7.10             Jean 4:25 — Le Messie

5.7.11             Jean 4:26 — Je le suis, moi qui te parle

5.8      Jean 4:27 — Étonnement des disciples

5.9      Jean 4:28-30 — Changement moral de la femme

5.10     Jean 4:31-34 — Faire la volonté du Père renouvelle la force

5.11     Jean 4:35-38 — État de la moisson

5.11.1             Quand est-ce que la moisson est mûre ?

5.11.2             S’agit-il de semer ou de moissonner ?

5.12     Jean 4:39-45a — Les hommes de Samarie

5.12.1             Jean 4:39-42 — Le travail divin opéré chez les Samaritains

5.12.2             Jean 4:43-46a — Voyage vers la Galilée

5.13     Jean 4:46b-54 — La guérison du fils du courtisan

5.13.1             Jean 4: 46b-48 — Foi étriquée

5.13.2             Luc 7:1-10 — Contraste avec l’esclave du centurion de Capernaüm

5.13.3             Jean 4:49-50 — Guérison, mais avec exercice de la foi

5.13.4             Jean 4:51-54 — Le moment où le Seigneur intervient

6     Chapitre 5 — À Jérusalem au réservoir de Béthesda

6.1      Jean 5:1-9

6.1.1             Jean 5:1

6.1.2             Jean 5:2-6 — Un témoignage de la grâce en puissance avant le ministère du Seigneur

6.1.3             Jean 5:7-9 — Le Seigneur surmonte l’impuissance de l’homme à être sauvé

6.1.3.1             Image de l’homme sous la loi

6.1.3.2             Excellence du Fils

6.1.3.3             Sentir son besoin pour être guéri, même un jour de sabbat

6.1.3.4             Il porte son lit en public

6.2      Jean 5:10-18

6.2.1             Jean 5:10-13 — Qui a fait le miracle ? un homme ?

6.2.2             Jean 5:14-15 — Ce qui est important dans la vie

6.2.3             Jean 5:16 — Le miracle source de reconnaissance et source de haine

6.2.4             Jean 5:17 — Le Père ne peut pas se reposer au milieu du péché

6.2.5             Jean 5:18 — Être Fils de Dieu c’est être égal à Dieu

6.3      Jean 5:19-30

6.3.1             Jean 5:19 — Parfaite dépendance, parfaite humanité

6.3.2             Jean 5:20 — Relations dans la Déité. Foi qui étonne, foi qui croit.

6.3.3             Jean 5:21-23 — Le Fils de Dieu ressuscite, le Fils de l’homme juge

6.3.4             Jean 5:24 — Comment avoir la vie ?

6.3.4.1             La foi : croire Christ

6.3.4.2             Le croyant ne vient pas en jugement

6.3.5             Jean 5:25 — L’homme naturel : un mort

6.3.5.1             Les hommes dans leur généralité : des morts

6.3.5.2             La vie éternelle en écoutant le Fils

6.3.5.3             Incrédulité religieuse, incrédulité profane

6.3.6             Jean 5:26-27 — Toute la vérité est centrée sur la Personne de Christ

6.3.6.1             Homme, mais parfaitement Dieu

6.3.6.2             Le Fils de l’homme recevant l’autorité de juger

6.3.7             Jean 5:28-29 — Distinction entre les deux résurrections. Importance de les différencier

6.3.8             Jean 5:30 — Le Seigneur à la hauteur de Sa tâche comme homme humble dépendant du Père

6.4      Jean 5:31-47

6.4.1             Jean 5:31-35 — Témoignage de Jean le baptiseur

6.4.2             Jean 5:36 — Témoignage rendu par les œuvres de Christ

6.4.3             Jean 5:37-38 — Témoignage de la voix du Père

6.4.4             Jean 5:39-40 — Témoignage des Écritures

6.4.5             Jean 5:41-43 — Ceux qui seront testés par la présence de l’antichrist

6.4.6             Jean 5:44 — L’idolâtrie est la mort de la foi

6.4.7             Jean 5:45-47 — Autorité des Écritures et des écrits de Moise

7     Chapitre 6 — Fête de Pâque. Le pain du ciel, le pain de vie

7.1      Jean 6:1-15

7.1.1             Jean 6:1-9

7.1.1.1             Jean 6:1-4

7.1.1.2             Jean 6:5-9

7.1.2             Jean 6:10-15

7.2      Jean 6:16-21

7.3      Jean 6:22-51

7.3.1             Jean 6:22-29

7.3.1.1             Jean 6:26

7.3.1.2             Jean 6:27

7.3.1.3             Jean 6:28-29 — Une seule œuvre peut être faite : croire = confiance parla foi

7.3.1.4             L’homme croit toujours être capable de faire les œuvres de Dieu

7.3.1.5             Justification par grâce, donc par la foi. Le travail de l’homme est exclu

7.3.2             Jean 6:30-33

7.3.3             Jean 6:34-36

7.3.4             Jean 6:37-38

7.3.5             Jean 6:39-40

7.3.6             Jean 6:41-42

7.3.7             Jean 6:43-46

7.3.8             Jean 6:47-48

7.3.9             Jean 6:49-51

7.4      Jean 6:52-59

7.4.1             Jean 6:52 et texte de 6:52-59

7.4.2             Jean 6:53-55 — Deux sens de manger et boire

7.4.3             Jean 6:56-57 — Demeurer en Christ et Christ en nous

7.4.4             Manger la chair et boire le sang, est-ce la cène ou eucharistie ?

7.4.4.1             Changement de sujet au v. 51

7.4.4.2             Le changement de sujet est au v. 51, non pas au v. 47

7.4.5             Jean 6:56 — La mort du Seigneur objet de foi

7.4.6             Manger et boire continuellement

7.4.7             Jean 6:57-58

7.5      Jean 6:59-65

7.5.1             Jean 6:63

7.6      Jean 6:66-71

8     Chapitre 7:1-52 — Fête des Tabernacles. Saint Esprit

8.1      Jean 7:1-13

8.1.1             Jean 7:1-5

8.1.2             Jean 7:6-8

8.1.3             Jean 7:9-13

8.2      Jean 7:14-36

8.2.1             Jean 7:14-18

8.2.2             Jean 7:19

8.2.3             Jean 7:20-24

8.2.4             Jean 7:25-29

8.2.5             Jean 7:30-31

8.2.6             Jean 7:32-34

8.2.7             Jean 7:35-36

8.3      Jean 7:37-52

8.3.1             Jean 7:37-39

8.3.1.1             Comparaison avec Jean 4

8.3.1.2             Ceux qui ont soif

8.3.1.3             La fête des Tabernacles et le témoignage à Christ glorifié

8.3.1.4             … de son ventre

8.3.1.5             L’Esprit n’était pas encore

8.3.1.6             La chrétienté infidèle à cette caractéristique du christianisme

8.3.2             Jean 7:40-44

8.3.3             Jean 7:45-49

8.3.4             Jean 7:50-52

9     Chapitre 7:53 et chapitre 8

9.1      Jean 7-53 à 8:11

9.1.1             Qualité médiocre des textes originaux pour ce passage

9.1.2             Jean 7-53 à 8:2

9.1.3             Jean 8:3-6

9.1.4             Jean 8:7-9

9.1.5             Jean 8:10-11

9.2      Jean 8:12-20

9.2.1             Jean 8:12

9.2.2             Jean 8:13-16

9.2.3             Jean 8:17-18

9.2.4             Jean 8:19-20

9.3      Jean 8:21-30

9.3.1             Jean 8:21-24

9.3.2             Jean 8:25-26

9.3.3             Jean 8:27-30

9.4      Jean 8:31-59

9.4.1             Jean 8:31-47

9.4.1.1             Jean 8:31-33

9.4.1.2             Jean 8:34

9.4.1.3             Jean 8:35-36

9.4.1.4             Jean 8:37-41a

9.4.1.5             Jean 8:41b-47

9.4.1.6             Jean 8:42-45

9.4.1.7             Jean 8:46-47

9.4.2             Jean 8:48-51

9.4.3             Jean 8:52-59

10       Chapitre 9

10.1     Jean 9:1-12

10.1.1             Jean 9:1-5

10.1.2             Jean 9:6-7

10.1.3             Jean 9:8-12

10.2     Jean 9:13-34

10.2.1             Jean 9:13-14

10.2.2             Jean 9:15-16

10.2.3             Jean 9:17

10.2.4             Jean 9:18-23

10.2.5             Jean 9: 24-25

10.2.6             Jean 9:26-29

10.2.7             Jean 9:30-34

10.3     Jean 9:35-41

10.3.1             Jean 9:35-38

10.3.2             Jean 9:39-41

11       Chapitre 10

11.1     Jean 10:1-6 — le Berger des brebis

11.1.1             Jean 10:1-2

11.1.2             Jean 10:3-4

11.1.3             Jean 10:5

11.1.4             Jean 10:6

11.2     Jean 10:7-21

11.2.1             Jean 10:7-10 — la Porte

11.2.1.1              Jean 10:7-8

11.2.1.2              Jean 10:9

11.2.1.3              Jean 10:10 — les voleurs, la vie en abondance

11.2.2             Jean 10:11-13 — le bon Berger

11.2.2.1              Jean 10:11

11.2.2.2              Jean 10:12-13

11.2.3             Jean 10:14-15

11.2.4             Jean 10:16

11.2.5             Jean 10:17-18

11.2.6             Jean 10:19-21

11.3     Jean 10:22-30

11.3.1             Jean 10:22-24

11.3.2             Jean 10:25-26

11.3.3             Jean 10:27

11.3.4             Jean 10:28

11.3.5             Jean 10:29-30

11.4     10:31-33

11.5     10:34-36 « vous êtes des dieux »

11.6     10:37-38

11.7     10:39-42

12       Chapitre 11

12.1     Jean 11:1-3

12.2     Jean 11:4-10

12.2.1             Jean 11:4-6

12.2.2             Jean 11:7-8

12.2.3             Jean 11:9-10

12.3     Jean 11:11-16

12.4     Jean 11:17-29

12.5     Jean 11:30-32

12.6     Jean 11:33-37

12.7     Jean 11:38-44

12.8     Jean 11:45-54

12.9     Jean 11:55-57

13       Chapitre 12

13.1     Jean 12:1-8

13.2     Jean 12:9-11

13.3     Jean 12:12-19

13.3.1             Jean 12:12-15

13.3.2             Jean 12:16

13.3.3             Jean 12:17-19

13.4     Jean 12:20-26

13.4.1             Jean 12:20-24

13.4.2             Jean 12:25-26

13.5     Jean 12:27-28

13.6     Jean 12:28b-29

13.6.1             Jean 12:28b

13.6.2             Jean 12:29

13.7     Jean 12:30-36a

13.8     Jean 12:36b-43

13.8.1             Jean 12:37-40

13.8.2             Jean 12:41

13.8.3             Jean 12:42-43

13.9     Jean 12:44-50

14       Chapitre 13

14.1     Jean 13:1-5

14.1.1             Jean 13:1a

14.1.2             Jean 13:1b

14.1.3             Jean 13:2-4

14.1.4             Jean 13:5

14.2     Jean 13:6-11

14.2.1             Jean 13:6

14.2.2             Jean 13:7

14.2.3             Jean 13:8

14.2.4             Jean 13:9

14.2.5             Jean 13:10-11

14.2.6             Erreurs dénoncées. Pas de renouvellement de la réconciliation ni de ré-application du sang

14.3     Jean 13:12-17

14.3.1             Jean 13:12

14.3.2             Jean 13:13-14

14.3.3             Jean 13:15-17

14.4     Jean 13:18-22

14.4.1             Jean 13:17-18a

14.4.2             Jean 13:18-19

14.4.3             Jean 13:20

14.4.4             Jean 13:21

14.4.5             Jean 13:22

14.5     Jean 13:23-30

14.5.1             Jean 13:23-26a

14.5.2             Jean 13:26b

14.5.3             Jean 13:27

14.5.4             Jean 13:28-29

14.5.5             Jean 13:30

14.6     Jean 13:31-38

14.6.1             Jean 13:31

14.6.1.1              Le Fils de l’homme glorifié pour être centre d’attrait — 12:23

14.6.1.2              Le Fils éternel du Père glorifié comme homme — 17:1-5

14.6.1.3              Dieu glorifié du fait de la gloire du Fils de l’homme — 13:31

14.6.1.4              Dieu glorifié à la croix comme nulle part ailleurs — 13:31

14.6.1.5              Gloire de Jésus et Dieu glorifié en Lui — 13:31

14.6.1.6              Dieu « redevable » au Fils de l’homme de L’avoir glorifié

14.6.1.7              La mort de Christ pour nous

14.6.2             Jean 13:32

14.6.3             Jean 13:33

14.6.4             Jean 13:34-35

14.6.5             Jean 13:36-38

14.6.6             Jean 13:37

14.6.7             Jean 13:38

15       Chapitre 14

15.1     Jean 14:1-4

15.1.1             Jean 14:1

15.1.2             Jean 14:2 — la maison du Père

15.1.3             Jean 14:3

15.1.4             Jean 14:4

15.2     Jean 14:5-7

15.2.1      Le Chemin

15.2.2      La Vérité

15.2.3      La Vie

15.2.4             Jean 14:6b

15.2.5             Jean 14:7

15.3     Jean 14:8-14

15.3.1             Jean 14:8

15.3.2             Jean 14:9 / 9-12

15.3.3             Jean 14:10-11

15.3.4             Jean 14:12

15.3.5             Jean 14:13-14

15.4     Jean 14:15-19

15.4.1             Jean 14:15-16a

15.4.2             Jean 14:16b-17

15.4.3             Jean 14:17

15.4.4             Jean 14:18-19

15.5     Jean 14:20

15.6     Jean 14:21

15.7     Jean 14:22-24

15.7.1             Jean 14:22-23

15.7.2             Jean 14:23-24

15.8     Jean 14:25-31

15.8.1             Jean 14:25-26

15.8.2             Jean 14:27 — la paix laissée

15.8.3             Jean 14:28-29

15.8.4             Jean 14:30

16       Chapitre 15

16.1     Jean 15:1-4

16.1.1             Jean 15:1

16.1.2             Jean 15:2

16.1.3             Jean 15:3

16.1.4             Jean 15:4

16.2          Sommaire de ce début de chapitre 15

16.3     Jean 15:5

16.4     Jean 15:6

16.5     Jean 15:7-8

16.6     Jean 15:9-11

16.6.1             Jean 15:9

16.6.2             Jean 15:10

16.6.3             Jean 15:11

16.7     Jean 15:12-17

16.7.1             Jean 15:12-13

16.7.2             Jean 15:13-14

16.7.3             Jean 15:15

16.7.4             Jean 15:16-17

16.7.5             Jean 15:17

16.8     Jean 15:18-21

16.8.1             Jean 15:18

16.8.2             Jean 15:19

16.8.3             Jean 15:20

16.8.4             Jean 15:21

16.9     Jean 15:22-23

16.10       Jean 15:24-25

16.11       Jean 15:26-27

17       Chapitre 16

17.1     Jean 16:1-6

17.1.1             Jean 16:1

17.1.2             Jean 16:2

17.1.3             Jean 16:3

17.1.4             Jean 16:4

17.1.5             Jean 16:5-6

17.2     Jean 16:7

17.3     Jean 16:8-11

17.3.1             Jean 16:8

17.3.2             Traduction de έλέγξει fournir la preuve, convaincre

17.3.3             Jean 16:9

17.3.4             Jean 16:10

17.3.5             Jean 16:11

17.4     Jean 16:12-15

17.4.1             Jean 16:12

17.4.2             Jean 16:13-14

17.4.3             Jean 16:14-15

17.5     Jean 16:16-22

17.6     Jean 16:23-24

17.6.1             Jean 16:23 — Sens de « demander » ; à qui adresser les prières

17.6.2             Jean 16:24 — La prière du « notre Père »

17.7     Jean 16:25-28

17.7.1             Jean 16:25

17.7.2             Jean 16:26a

17.7.3             Jean 16:26b-27

17.7.4             Jean 16:28

17.8     Jean 16:29-30

17.9     Jean 16:31-33

18       Chapitre 17

18.1     Jean 17:1-5

18.1.1             Jean 17:1

18.1.2             Jean 17:1-2

18.1.3             Jean 17:3

18.1.4             Jean 17:4-5

18.2     Jean 17:6-8

18.2.1             Jean 17:6

18.2.2             Jean 17:6b

18.2.3             Jean 17:7-8

18.3     Jean 17:9-11

18.3.1             Jean 17:9

18.3.2             Jean 17:10-11a

18.4     Jean 17:11b-13

18.5     Jean 17:14-16

18.5.1             Jean 17:14

18.5.2             Jean 17:15

18.5.3             Jean 17:16

18.6     Jean 17:17-19

18.6.1             Jean 17:17

18.6.2             Jean 17:18

18.6.3             Jean 17:19

18.7     Jean 17:20-21

18.7.1             Jean 17:20

18.7.2             Jean 17:21

18.7.3             Jean 17:22-23

18.7.4             Jean 17:23

18.8     Jean 17:24-26

18.8.1             Jean 17:24

18.8.2             Jean 17:25

18.8.3             Jean 17:26

19       Chapitre 18

19.1     Jean 18:1-11

19.2     Jean 18:11

19.2.1             Sens de Gethsémané

19.2.2             Omission de la souffrance du Seigneur à Gethsémané

19.3     Jean 18:2-3

19.4     Jean 18:4-6

19.5     Jean 18:7-9

19.6     Jean 18:10-11

19.7     Jean 18:12-27

19.7.1             Jean 18:12-14

19.7.2             Jean 18:15-17

19.7.3             Jean 18:18-23

19.7.4             Jean 18:24-27

19.8     Jean 18:28-40

19.8.1             Jean 18:28-31

19.8.2             Jean 18:32

19.8.3             Jean 18:33-34

19.8.4             Jean 18:35

19.8.5             Jean 18:36

19.8.6             Jean 18:37

19.8.7             Jean 18:37c-40

20       Chapitre 19

20.1     Jean 19:1-15

20.1.1             Jean 19:1-5

20.1.2             Jean 19:6-11

20.1.3             Jean 19:12-15

20.2     Jean 19:16-30

20.2.1             Jean 19:16-22

20.2.2             Jean 19:23-24

20.2.3             Jean 19:25-27

20.2.4             Jean 19:28-30

20.3     Jean 19:31-37

20.3.1             Jean 19:31-34

20.3.2             Jean 19:35 — L’eau et le sang coulant du côté du Seigneur

20.3.3             Jean 19:36-37

20.4     Jean 19:38-42

21       Chapitre 20

21.1     La croix et la résurrection : Ce que l’homme a vu et ce qu’il n’a pas vu

21.2          Importance de la résurrection ; le témoignage qui lui a été rendu

21.2.1             Prédication de la résurrection par les apôtres

21.2.2      La résurrection selon les différents évangélistes

21.2.3      La résurrection renverse le scepticisme

21.2.4             Rejeter la résurrection, c’est rejeter Dieu

21.2.5             Une conviction progressive

21.3     Jean 20:1-18

21.3.1             Jean 20:1-2

21.3.1.1              Jean 20:1 — Des cœurs qui ne répondent pas en vain à l’amour du Seigneur

21.3.1.2              Jean 20:2 — Marie de Magdala s’adresse à Pierre et Jean

21.3.1.3              Comparaison et concordance des récits de la résurrection dans les divers évangiles

21.3.1.4              Diversité des évangiles : Infirmité humaine ou sagesse divine ?

21.3.2             Jean 20:3-10

21.3.2.1              Jean 20:3-7

21.3.2.2              Jean 20:6, 7, 10

21.3.2.3              Jean 20:8 — La foi et les conclusions humaines

21.3.2.4              Jean 20:9 — Voir et croire. Foi basée sur la vue ou sur la Parole de Dieu

21.3.2.5              Jean 20:10

21.3.3             Jean 20:11-16

21.3.3.1              Jean 20:11-13 — Nature de la tristesse de Marie

21.3.3.2              Jean 20:14-15 — Marie reconnaît Jésus

21.3.4             Jean 20:17-18

21.3.4.1              Jean 20:17a — Toucher ou ne pas toucher le Seigneur : comparaison avec Matt. 28

21.3.4.2              Jean 20:17c — Va vers mes frères

21.4     Jean 20:19-23

21.4.1             Jean 20:19a – Premier jour de la semaine

21.4.2             Jean 20:19b — Portes fermées et corps ressuscités

21.4.3             Jean 20:20-21 — Paix vous soit

21.4.4             Jean 20:22-23 — Il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint

21.4.5             Jean 20:23 — Remettre ou retenir les péchés

21.5     Jean 20:24-29 — Thomas

21.5.1             Jean 20:24-25 — Thomas absent

21.5.2             Jean 20:26-29 — Thomas huit jours après, le Résidu juif futur

21.6     Jean 20:30-31 — Interruption du fil du récit

21.6.1             Croire sans voir

21.6.2      Ce livre écrit par Jean est inspiré par l’Esprit, au sujet de Christ

21.6.3             Jean 20:30-31 n’est pas la fin de cet évangile

21.6.4             Jean 20:30-31 suggéré par le cas de Thomas. Ne pas découper l’évangile selon des apparences superficielles

21.6.5             Jean 20:30-31 — Style de Jean. Continuité des ch. 20 et 21

22       Chapitre 21

22.1     Lien entre les ch. 20 et 21

22.2     Jean 21:1-14

22.2.1             Jean 21:1-6

22.2.2             Comparaison avec la pêche de Luc 5. La puissance vient toujours du Seigneur

22.2.3             Image du millénium. Suite de la comparaison avec Luc 5

22.2.4             Anciennes interprétations, la plupart erronées

22.2.4.1              Augustin et Grégoire le grand

22.2.4.2              Ceux qui voient dans Jean 21 une image de la résurrection

22.2.4.3              Ceux qui confondent l’église et le millénium

22.2.5             Jean 21:7-14

22.2.5.1              Jean 21:7

22.2.5.2              Jean 21:8

22.2.5.3              Jean 21:9

22.2.5.4              Jean 21:10-11

22.2.5.5              Jean 21:12-14

22.3     Jean 21:15-17

22.3.1             Jean 21:15 — Le premier m’aimes-tu ?

22.3.2             Jean 21:16 — Le second m’aimes-tu ?

22.3.3             Jean 21:16 — Les brebis sont celles de Christ

22.3.4             Jean 21:17 — Le troisième m’aimes-tu ?

22.4     Jean 21:18-19

22.4.1      La grâce qui rétablit au-delà de ce qui a été perdu

22.4.2      La communion des souffrances de Christ et la conformité à sa mort

22.4.3      la grâce exclut toute possibilité de se vanter

22.4.4      La mort même de Christ, avec ses souffrances

22.4.5      Ni héroïsme, ni ascétisme pour le chrétien, mais l’obéissance

22.5     Jean 21:20-23 — Toi, suis-moi

22.5.1             Jean 21:20-21 — Pierre questionne sur Jean par affection

22.5.2             Jean 21:22 — L’énigme

22.5.3             Jean 21:23 — La tradition égare ; la norme est la Parole de Dieu écrite

22.6     Jean 21:24-25

 

 

1                        Introduction

1.1   Caractères de l’évangile de Jean

Aucun chrétien intelligent ne peut mettre en doute que le quatrième évangile est caractérisé par la présentation du Seigneur Jésus comme la Parole, le Fils unique, Dieu Lui-même, sur la terre. Il n’est pas présenté comme le Messie, fils de David et d’Abraham, pourtant en même temps l’Éternel (Jehovah) d’Israël, et Emmanuel [Matthieu] ; ni encore comme le Fils adonné au service de Dieu, surtout au service dans l’Évangile [Marc] ; Il n’est pas non plus présenté comme la Sainte Chose née de la vierge par l’opération miraculeuse du Saint Esprit, et dans ce sens aussi Fils de Dieu [Luc], — selon qu’Il est présenté dans chacun des autres récits inspirés respectivement par Matthieu, Marc et Luc. Dans l’Évangile de Jean, Sa nature divine brille de dessous le voile de chair, quand Il va ici ou là, manifestant toujours le Père dans Sa personne, dans Ses paroles et dans Ses voies ; puis, une fois remonté au ciel, donnant et envoyant le Saint Esprit pour être avec et dans les Siens éternellement.

Voilà pourquoi Il est donné à connaître comme Celui qui donne la vie éternelle au croyant, lequel a droit, en vertu de cette vie nouvelle, de devenir enfant de Dieu. Car il n’est pas question ici de voies dispensationnelles, ni de témoignage rendu à la créature, ni même des perfections morales de l’homme Christ Jésus. Tous ces éléments ont la place qui leur convient ailleurs ; mais ici l’Esprit de Dieu s’occupe d’une tâche plus profonde — la manifestation du Père dans le Fils, et ce en tant que la Parole faite chair et tabernaclant ici-bas, avec les conséquences immenses qui en résulte pour toute âme, et même pour Dieu Lui-même, glorifié à la fois dans les exigences de Son être moral, et dans les profondeurs intimes de Sa relation comme Père.

On remarque aussi la sagesse divine qui a écrit et donné un tel Évangile à une date relativement tardive, lorsque l’ennemi cherchait à corrompre et détruire, non pas par des adversaires Pharisiens ou Sadducéens, ni par les Gentils idolâtres, mais par des docteurs [enseignants] apostats et antichrétiens. Ceux-ci, armés des plus hautes prétentions en matière de connaissance et de puissance, sapaient la vérité de la Personne de Christ, à la fois sur le plan de Sa Déité propre et sur le plan de Son humanité réelle, — tout cela menant l’homme à la ruine et jetant sur Dieu le déshonneur le plus ingrat et le plus effronté. Aucun témoignage n’était plus approprié que celui de Jean qui, comme auteur du premier des évangiles, fut un témoin oculaire, et qui même, si l’on peut dire cela en toute révérence, était plus que tout autre familier avec le Seigneur Jésus comme homme sur la terre. Néanmoins, il fut plus que tout autre l’instrument attestant de Sa gloire divine. La portée de ces deux caractères [témoin oculaire et défenseur de la gloire divine] sur les derniers efforts de Satan, prédominants alors et dès lors (1 Jean 2:18), est tout à fait évidente et d’une importance extrême. D’un autre côté, le Seigneur fit face, comme toujours dans Sa grâce, aux efforts de Satan en affirmant plus complètement « ce qui était dès le commencement », pour la gloire divine, et pour la clarification, la consolation et l’affermissement de la famille de Dieu — y compris des petits enfants. Car quelle plus grande sécurité que d’être les objets de l’amour du Père, aimés comme le Fils a été aimé, Lui-même en eux, et eux en Lui, et d’avoir au moment où Il les quittait l’assurance de Sa part de la présence à demeure de cet autre Paraclet, l’Esprit Saint ? — une bénédiction si grande qu’Il déclare que Sa propre absence, tant regrettée, leur serait avantageuse, afin de leur assurer cette autre présence.

Par conséquent, en même temps que la réalité et la manifestation de la vie éternelle dans l’homme, en Christ le Fils, il est procédé avec soin à l’abolition complète et nette des relations de l’homme dans la chair avec Dieu, qu’elles soient juives ou autres, et il est montré clairement à la fois dans l’introduction et à la fin de l’évangile, que les dispensations de Dieu ne sont pas méconnues, ni non plus la relation de Christ avec elles, — Sa personne, divine mais pourtant homme, étant le pivot sur lequel tout tourne.

Cela a été en effet une grande bévue des écrivains ecclésiastiques anciens de considérer Jean comme l’évangéliste qui voyait le Seigneur ou les Siens dans leurs relations célestes ; cela est aussi erroné que de voir l’aigle (Apoc. 4:7) comme symbole d’une telle chose, même si Augustin lui-même en a accepté l’idée, qui semble avoir été suggérée en premier par Victorinus. Mais les théologiens ne sont pas du tout d’accord ; car Irénée pense que Marc est l’aigle, et Andreas suit cette ligne. Williams, récemment — et il n’est pas seul — a relancé l’interprétation d’Augustin, qui, de manière étrange, appliquait l’homme à Marc et le bœuf à Luc, alors que l’inverse aurait au moins été plus plausible. Il y a encore beaucoup d’autres applications aussi folles, mais elles ne valent guère la peine d’être rapportées.

Car les quatre animaux [ou : « êtres vivants »] d’Apoc. 4, et d’ailleurs, n’ont aucune relation réelle ni voulue avec les quatre évangiles. Ceux-ci nous présentent la grâce de Dieu apparue en Christ parmi les hommes, et la rédemption qu’Il a accomplie dans le Messie rejeté. Les chérubins, au contraire, sont révélés quand le trône en haut prend un caractère judiciaire en châtiments, — ce qui est une phase préparatoire à la prise en main du royaume du monde par le Seigneur, et à Son apparition du ciel pour régner. Ils symbolisent les attributs divins par des figures tirés des têtes de la création. Des analogies ingénieuses, mais superficielles, ne peuvent prévaloir contre toute la portée morale de ce qui leur est associé, car l’opposition est aussi forte que celle de la grâce par rapport au jugement.

La vérité caractéristique qu’on ne peut guère ignorer chez Jean, avec quelques légères exceptions ici et là, c’est Dieu se manifestant dans Son Fils, pourtant homme sur la terre ; non pas l’homme dans Christ exalté en haut, ce qui est la ligne suivie par l’apôtre Paul, et qu’on trouve aussi dans les récits inspirés au sujet du Seigneur à la fin de Luc, et même, dans une certaine mesure, à la fin de Marc. C’est pourquoi, on peut remarquer que la scène de l’Ascension ne figure pas dans Jean (bien qu’elle y soit abondamment supposée), pas plus que dans Matthieu, mais pour des raisons entièrement différentes. Car le premier évangile nous montre le Seigneur dans Sa présentation finale, certes ressuscité, mais conservant Ses liens de relations avec les disciples et le résidu juif en Galilée, où Il leur donne leur grande mission, et les assure de Sa présence avec eux jusqu’à la consommation du siècle. Le dernier évangile nous Le montre réunissant dans Sa personne non seulement la gloire de l’homme ressuscité et la gloire de Fils de Dieu, le dernier Adam, mais aussi la gloire du Seigneur Dieu, — qui, comme l’esprit vivifiant souffle dans Ses disciples la respiration d’une vie meilleure en puissance de résurrection, et là-dessus ce dernier évangile donne une vue mystique du siècle à venir, avec les places spéciales données à Pierre et à Jean.

C’est donc Dieu sur la terre qui apparaît dans le récit sur notre Seigneur ici, non pas l’homme glorifié dans le ciel (sauf pour des buts tout à fait spéciaux) comme dans les écrits de Paul. C’est pourquoi dans le premier chapitre, si remarquable pour la plénitude avec laquelle les titres de Christ sont placés devant nous, il ne nous est parlé de Lui ni comme sacrificateur, ni comme tête de l’assemblée — relations qui se rattachent exclusivement à Son exaltation en-haut et à Son service à la droite de Dieu. Jean présente tout ce qui est divin dans la personne et l’œuvre de Christ sur la terre ; et puisqu’il nous donne la mise de côté du premier homme sous sa meilleure forme, il y a aussi par conséquent le besoin absolu de la nature divine pour que l’homme puisse voir le royaume de Dieu ou y entrer. Ce qui est essentiel et qui demeure découle naturellement de la présence d’une Personne divine se révélant ici bas en grâce et en vérité.

De plus le caractère de la vérité que le Saint Esprit a en vue exclut évidemment toute généalogie comme on en trouve dans les évangiles selon Matthieu et Luc, qui suivent la lignée en descendant depuis Abraham et David, ou en remontant à Adam « qui était [le fils] de Dieu ». Ici Jean ne donne aucune liste de naissances ; car comment retracer la lignée de Celui qui, au commencement et avant qu’aucune créature existe, était auprès de Dieu et était Dieu ? Marc, de son côté, se consacre aux détails de Son service, spécialement Son service dans l’évangile accompagné par des miracles et signes appropriés (car Il voulait réveiller l’homme et faire appel aux incrédules selon la patiente bonté de Dieu), et il fut donc conduit, selon la sagesse du même Esprit qui a conduit Jean, à supprimer toute mention de Sa filiation terrestre et des débuts de Sa vie sur la terre, et à commencer de suite par Son œuvre, en ne la faisant précéder que par une brève revue du travail de Son héraut, Jean le baptiseur. C’est pourquoi, du fait que le Seigneur était le parfait Serviteur, il s’ensuit que le récit parfait qu’en fait Marc ne mentionne aucune généalogie ; car qui s’intéresserait à la lignée d’un serviteur ? Ainsi, si Son service semble exclure toute généalogie de Marc, c’est Sa Déité, en tant que vérité primordiale, qui rend toute généalogie impropre au but de l’Esprit par Jean. Ce n’est qu’à partir de tous les quatre évangélistes que nous recevons la vérité dans la plénitude de sa variété : C’était la seule manière pour Dieu de pouvoir nous révéler de manière adéquate notre Seigneur Jésus Christ. Dans les évangiles, Il nous est donné de voir non seulement nos besoins, mais l’amour divin et la gloire divine.

 

1.2   Sommaire du contenu de l’évangile de Jean

Le contenu de cet évangile peut être plus facilement appréhendé par le sommaire qui suit (*). Les chapitres 1-4 précèdent le ministère en Galilée de notre Seigneur donné par les trois évangiles synoptiques. Jean le héraut baptisait encore, et était encore libre (3:23-24), tandis que le Seigneur était en route pour la Galilée (ch. 4) à travers la Samarie. Jean 1 à 2:22 est un préliminaire, Jean 1:1-18 étant la préface merveilleuse et appropriée à Sa gloire personnelle, vue tout au long du chapitre. Ensuite, dans les versets 19-43, on a le témoignage de Jean historiquement, non seulement un témoignage à d’autres au sujet de Jésus, mais un témoignage rendu à Lui-même, avec le fruit de ce témoignage. À partir du verset 44, Christ appelle individuellement et rassemble, tandis qu’Il passe de la vérité de Sa position comme le Christ selon le Psaume 2 à la gloire plus vaste et plus élevée de Fils de l’homme selon le Psaume 8. Puis nous avons en Jean 2:1-22 les noces de Cana de Galilée, qui manifestent Sa gloire, et Son exécution du jugement dans la purification du temple, comme ressuscité d’entre les morts.

 

(*) Voir « L’inspiration par Dieu des Écritures » (Dessein divin, § 31. Jean), pages 347-357 de l’édition anglaise]

 

À partir de Jean 2:23 il nous est montré l’impossibilité pour Dieu de se fier à l’homme tel qu’il est, et en Jean 3 la nécessité d’être né de nouveau pour voir ou entrer dans le royaume de Dieu, même sous son côté terrestre. La croix du Fils de l’homme n’en est pas moins nécessaire ; mais le Fils unique de Dieu est donné dans Son amour pour sauver le monde. Seulement la foi en Son nom est indispensable. Il ne s’agit pas d’une accusation de violation de la loi, mais il s’agit de la lumière venue et haïe, les œuvres des hommes étant mauvaises. Jean, l’ami de l’Époux, se réjouit d’être éclipsé par la gloire de Celui qui vient du ciel et est au-dessus de tout, de Celui qui est non seulement l’Envoyé avec les paroles de Dieu, mais le Fils de Son amour entre les mains duquel le Père a mis toutes choses. C’est pourquoi, croire en Lui, c’est avoir la vie éternelle ; Lui désobéir dans l’incrédulité, c’est avoir la colère de Dieu demeurant sur soi. Voilà l’introduction.

Jean 4, c’est le Fils de Dieu s’humiliant en grâce pour attirer à Dieu une Samaritaine rejetée, pour qu’elle L’adore, Lui et le Père, en esprit et en vérité, — Jérusalem étant maintenant finie, tandis que sa rivale [Samarie] n’était rien. Car Il est le Sauveur du monde. Et encore, le courtisan de Capernaüm prouve que sa foi dans le Sauveur à l’égard de son fils malade n’avait pas été vaine, quoiqu’elle fût sous une forme juive. Le Sauveur ne méprise pas la foi faible.

Jean 5 nous montre Jésus le Fils de Dieu, qui ne se borne pas à guérir, mais qui vivifie les âmes mortes qui L’écoutent maintenant, et qui ressuscitera pour une vie de résurrection à Sa venue — tandis que ceux qui n’écoutent pas et vivent dans le mal, Lui le Fils de l’homme les ressuscitera en résurrection de jugement. Les bases de la foi sont ensuite ajoutées dans le reste du chapitre.

En Jean 6, le signe du pain qu’Il a donné à la grande foule introduit l’enseignement sur Lui-même : incarné, Il est le vrai Pain descendu du ciel ; dans la mort, Sa chair est la vraie nourriture et Son sang le vrai breuvage ; tout cela est suivi de Son ascension. Il est ainsi l’objet de la foi, comme Il était Celui qui vivifie au chapitre précédent.

De là, Jean 7 nous dévoile Son envoi du Saint Esprit d’auprès de Lui en gloire, avant que la fête des tabernacles soit littéralement accomplie. Voilà la puissance pour témoigner, comme en Jean 4 pour adorer. Dans ces quatre chapitres, le Seigneur est établi comme étant Lui-même la vérité dont Israël avait eu les formes.

Dans Jean 8 et Jean 9 respectivement, Sa parole et Son œuvre sont rejetées de manière absolue. Néanmoins, les brebis, qui reçoivent l’une et l’autre pour leur bénédiction, non seulement Il les garde, mais Il les conduit en dehors de la bergerie pour être mieux encore, un seul troupeau et un seul Berger. Rien ne peut nuire. Elles sont dans la main du Père et dans celle du Fils (Jean 10).

Jean 11 et Jean 12 nous donnent le témoignage rendu à Christ comme Fils de Dieu en puissance de résurrection, comme Fils de David selon la prophétie, et comme Fils de l’homme introduisant par Sa mort une gloire nouvelle, infinie et éternelle, que Ses cohéritiers doivent partager avec Lui.

De Jean 13 à Jean 17 la position du Seigneur dans les cieux est dévoilée, ainsi que ce qu’Il est dès lors pour nous dans cette position — une chose entièrement nouvelle pour les disciples qui s’attendaient au royaume ici et maintenant. Il est notre Avocat (1 Jean 2:1), et lave par la Parole nos pieds souillés dans le chemin ; quand Judas est sorti, Il expose Sa mort comme Le glorifiant moralement, en glorifiant Dieu de toute manière, et Sa glorification en Lui comme conséquence immédiate. Mais (Jean 14) il va recevoir les Siens auprès de Lui dans la maison du Père : c’est l’espérance chrétienne proprement dite. En attendant Christ promet un autre Avocat, ou Paraclet, pour demeurer avec eux et être en eux éternellement : Il est la puissance actuelle du christianisme, et travaille à former l’obéissance du chrétien. Dans Jean 15, nous avons la position chrétienne sur la terre en contraste avec le judaïsme. Ce n’est pas l’union, mais la communion avec Christ pour porter du fruit, et rendre témoignage à Sa gloire : il est question de gouvernement moral plutôt que de grâce souveraine. Jean 16 traite de la présence de l’Esprit, ce qu’elle prouve au monde, et comment Il s’occupe des croyants qui demandent maintenant au Père au nom de Christ. Jean 17, où Christ s’épanche auprès du Père, nous donne notre place auprès de Lui, et en dehors du monde, dans une unité passée, présente et future, à la fois un privilège dans le ciel avec Lui bientôt, et notre merveilleuse bénédiction déjà maintenant.

Jean 18 et Jean 19 dépeignent de manière caractéristique les scènes finales de Ses divers simulacres de procès après Sa reddition volontaire, et l’expérience humiliante de Ses disciples ; puis la mort de la croix, et ses fruits, ainsi que le témoignage du disciple bien-aimé, à qui Il confie Sa mère. Jean 20 présente Christ ressuscité, Son message par l’intermédiaire de Marie de Magdala, et Sa manifestation aux disciples rassemblés le jour de la Résurrection, et huit jours après à Thomas, type d’Israël qui voit pour croire. Jean 21 ajoute l’image mystique de l’âge millénaire, quand les Gentils se mettent à appartenir à Christ, et que le filet ne se rompt pas comme par le passé. En annexe, nous avons Pierre restauré et rétabli, avec l’assurance que dans la faiblesse de l’âge la grâce le fortifierait pour mourir pour son Maître, qu’il avait manqué de glorifier de cette manière, au jour où il avait davantage la confiance en soi de la jeunesse. Jean est laissé avec une apparence non moins mystérieuse, bien qu’il ne soit pas dit qu’il ne mourrait pas, mais la question est laissée en suspens : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi ». Nous savons ainsi que la même plume, que Dieu a employée pour présenter le Fils de Dieu dans Sa gloire personnelle et dans Sa grâce ineffable, devait nous donner, après l’élévation dans les lieux célestes en haut, le tableau du gouvernement divin qui à la fin donnera à Christ et aux disciples la charge du royaume du monde, — au jour où Il sera le centre manifeste de toute gloire, céleste et terrestre. C’est ce que nous trouvons, et plus encore, dans l’Apocalypse.

 

2                        Chapitre 1

2.1   Jean 1:1-5

2.1.1        Jean 1:1 — La Déité

« Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu » (1:1). La Parole, l’expression de la Déité, a une existence éternelle, une personnalité distincte et la Déité propre, non pas simplement Θειότης (Rom. 1:20 ; « divinité »), mais Θεότης (Col. 2:9 ; « Déité »). Nous voyons Celui qui était avant que le temps commence. Ce n’est même pas le début de la création, mais antérieurement, quand la Parole était auprès de Dieu avant que toutes choses soient faites par Lui. Regardez en arrière, si c’est possible, avant la création, la Parole était — non pas έγένετο = existait, comme quelqu’un qui eût commencé à être, mais ήν, était, la Parole incréée — oui, le Créateur. De plus, Il « était auprès de Dieu », non pas exactement auprès du Père comme tel ; car l’Écriture ne parle jamais d’une telle corrélation. « La Parole était auprès de Dieu ». Le Père, le Fils et le Saint Esprit étaient là ; mais la Parole était auprès de Dieu, « et la Parole était Dieu ». Il (Elle) n’était pas une créature, mais essentiellement Divin, bien qu’Il ne fût pas seul à être Divin. D’autres personnes étaient là dans la Déité.

 

2.1.2        Jean 1:2

« Elle était au commencement auprès de Dieu » (1:2) ; non pas à une date ultérieure, mais « au commencement », quand aucune créature n’avait commencé à exister. Pour cette vérité nous sommes entièrement redevables à Dieu. Qui pouvait parler de choses pareilles sinon Dieu ? C’est Lui qui se sert de Jean pour écrire, et tout ce qu’Il dit est implicitement digne de foi. La Parole « était au commencement auprès de Dieu ». Sa personnalité était éternelle, tout autant que Sa nature et Son être. Il n’était pas une simple émanation, selon le rêve des Indo-Aryens dans leur forme de pensée la plus ancienne que nous connaissions. Car alors Dieu ne serait pas vraiment suprême ni libre, mais soumis à des restrictions nécessairement incompatibles avec la souveraineté, et tendant toujours vers ce panthéisme qui, faisant de l’univers Dieu, nie le seul vrai Dieu. Dans cette manière de penser, Il serait simplement Tad (ou : That), une énergie abstraite, qui ne se suffirait pas à elle-même, mais attendrait ardemment d’autres pour pouvoir émaner : Brahma, Vishnou et Shiva, le Créateur, le Préservateur et le Destructeur. Dans le système hindou développé plus tard, du fait que la divinité se ramenait, dans leur imagination, à des émanations, l’univers également était, de manière panthéiste, une émanation plutôt qu’une création formée par la volonté, la puissance et le dessein divins. Tout est des flux et de l’illusion. Quel contraste entre sa Triade et la Trinité — le Père, et le Fils et le Saint Esprit, un seul Dieu ! Et ses Avatars, même celui de Krishna, dont la légende naquit tardivement, combien ils sont loin de l’Incarnation ! Dans celle-ci Dieu et l’homme sont unis pour toujours en une seule Personne, qui, par Sa mort, est le Réconciliateur de toute la création, céleste et terrestre, et de ceux qui par grâce doivent régner avec Lui sur toutes choses à la gloire de Dieu le Père (*).

 

(*) « Je ne peux faire autrement que de considérer Jean 1:2 comme la mise de côté frappante et complète de la distinction Alexandrine et patristique de λόγος ένδιάθετος [parole résidant dans l’esprit] et λόγος  προφορικός [parole proférée]. Certains des premiers pères grecs, de platonisme, considéraient que le λόγος  avait été conçu dans la pensée de Dieu dès l’éternité, et seulement énoncé, pour ainsi dire, dans le temps. Cela a donné prise aux Aryens qui, comme d’autres incrédules, cherchent avidement les traditions des hommes. L’apôtre affirme ici, par le Saint-Esprit, la personnalité éternelle de la Parole auprès de Dieu » (« Conférences sur les Évangiles », p. 409, note).

 

2.1.3        Jean 1:3 — Création

Puis, comme si c’était une communication rajoutée après coup, il nous est dit que « Toutes choses furent faites par elle, et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait » (1:3). La Parole n’a pas été faite, mais c’est Lui, la Parole, qui a tout fait (*). La Parole est le Créateur de tout ce qui a eu une existence dérivée. Il (Elle) a tout créé. Aucune créature n’a reçu l’existence en dehors de Lui. La Parole était l’agent. S’il n’avait pas été Dieu, cela aurait été pour Lui une tâche impossible. S’Il n’avait pas été « au commencement auprès de Dieu », la création n’aurait pas pu Lui être attribuée en aucune manière particulière, à Lui la Parole éternelle. Mais la création est ici affirmée comme étant Son œuvre, non pas seulement d’une manière positive, mais sans exception pour aucune créature. Ainsi, en Colossiens 1:16-17 il nous est dit que « par (έν, en vertu de) Lui ont été créées toutes choses, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, les visibles et les invisibles, soit trônes, ou seigneuries, ou principautés, ou autorités : toutes choses ont été créées par Lui et pour Lui ; et Lui est avant toutes choses, et toutes choses subsistent (ou : sont maintenues ensemble) par (έν) Lui ». Quelles preuves répétées et irréfutables de la Déité ! (**)

 

(*) On a prétendu qu’implicitement, le mal lui-même (et non pas toute matière seulement) a été fait par la Parole. Je pense que cette idée est non seulement malheureuse, mais elle mérite d’être réprouvée. C’est de la fausse philosophie, de l’Hégélianisme, même si beaucoup de ses tenants s’opposent à Hegel. Le mal n’a rien à faire avec la création, sauf qu’il est en contradiction avec elle. La question maintenant n’est pas celle du mal au sens de châtiment physique ; car celui-ci est avant tout envoyé par Dieu. Mais le mal moral dans un être quelconque est en contradiction avec la relation dans laquelle Dieu a placé cet être. Il n’est donc ni en Dieu ni de Dieu, étant l’échec par rapport à ce qui existait auparavant comme fruit du plaisir de Dieu, qui néanmoins le permet en vue du gouvernement et de la rédemption. Ainsi des anges ont abandonné leur premier état (Jude 6). Satan n’a pas persévéré dans la vérité (8:44), et Adam est déchu de son innocence originelle. Il n’y a là nullement une limitation de la puissance divine ; mais, au contraire, l’erreur que je combats limite Sa bonté ou Sa vérité. Il est impossible qu’en Dieu ou de la part de Dieu, il y ait le contraire de ce qu’Il est : or Il est bon, Lui seul ; dans la créature, il peut facilement y avoir, et il y a, le contraire de ce que Dieu est, là où la création n’est pas soutenue par Dieu, ni délivrée par Sa grâce.

(**) Voir « Notes sur Colossiens », p 19-21.

 

Chacun de ces passages nous donne un enseignement précis de la plus haute importance. Genèse 1 ne commence qu’avec Jean 1:3, même si les versets 1 et 2 de Gen. 1 concernent des états de la création antérieurs à Adam sans précision de temps. Aucune écriture ne nous donne des informations aussi complètes sur les détails qui suivirent dans le temps. Ce qui était avant la création est complètement omis par Moïse. Jean 1:1-2 nous montre l’éternité avant la création, ainsi que la création elle-même (1:3) dans des termes tout à fait précis.

 

2.1.4        Jean 1:4 — Source de vie

Mais il y a bien plus que la puissance d’un Être éternel ; car nous en venons maintenant à une chose plus élevée et plus intime : non pas à ce qui a été amené à l’existence par Lui, mais à ce qui était en Lui. « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle » (1 Jean 5:20). « En elle [la Parole] était la vie » (*) (1:4a). La seule vie notée ici est celle qui, étant éternelle, est capable de connaître, de jouir, de servir et d’adorer Dieu, — celle qui est appropriée à Sa présence, et qui doit y être pour toujours. Les croyants ont la vie ; mais la vie est dans le Fils : non pas en eux, mais en Lui. Ici cependant on ne dépasse pas la source de la vie en Lui ; la communication de la vie suivra bientôt, en temps voulu. L’Esprit est occupé par le caractère de Sa personne. Il ajoute seulement à ce moment-là l’annonce très intéressante : « et la vie était la lumière des hommes » (1:4b). Ce ne sont pas les anges, mais les hommes qui étaient l’objet en vue. Il ne dit pas la vie, mais la lumière des hommes. La vie n’était que pour ceux qui croient en Son nom ; la lumière va bien au-delà. Ce qui manifeste tout, c’est la lumière (Éph 5:13). Ainsi, en Proverbes 8, la belle introduction de la Sagesse (que l’Éternel possédait au commencement de Sa voie, avant Ses œuvres d’ancienneté, 8:22), Ses délices tout autant que les délices de la Sagesse étaient avec les fils des hommes (Prov. 8:31).

 

(*) L’arrangement des versets 3, 4, que Lachmann, Tregelles, et Westcott et Hort [« Notes sur des leçons choisies » p 73 et suiv.] préfèrent (en partie à cause de l’absence de ponctuation dans certains manuscrits très anciens, en partie parce que certaines copies, versions, et pères le prennent expressément ainsi), est ό γέγονεν έν αύτώ ζωή ήν [ce qui a été en elle, était la vie]. Il en est ainsi dans les manuscrits A C D G L, Vulgate, etc.. Mais avec Tischendorf et d’autres [comme Weiss et Blass], je décide catégoriquement pour une virgule ou un point après γέγονεν, et je commence une nouvelle phrase avec έν αύτώ ζωή ήν. Il y a un contraste voulu entre ce qui a été créé ou amené à l’existence par la Parole d’une part, et la vie en Elle (Lui) d’autre part ; ce contraste est perdu quand la nouvelle phrase commence par ό γέγονεν. N’est-ce pas une fausse doctrine de réduire ainsi la vie dans la Parole ? De plus ce n’est pas conforme au caractère des écrits de Jean, si même c’est correct grammaticalement, de prendre γέγονεν έν αύτώ [a été en elle, ou : a existé en elle] comme « fait par elle ». Et encore, cette vie, ce qui signifierait l’univers vivant (ce qui est déjà en soi une phrase étrange, non scripturaire, et dépourvue de sens), doit alors être la lumière des hommes, contrairement à l’enseignement exprimé formellement juste après, que la Parole était la lumière à titre exclusif. D’un autre côté, la phrase telle qu’on la prend d’habitude, est en parfaite harmonie avec le style de l’évangéliste ailleurs, comme le Doyen Alford l’a souligné.

— Note Bibliquest : Carrez et le Nouveau Testament en français courant découpent les v. 3 et 4 comme ce que critique W.Kelly. La TOB, par contre, découpe comme WK.

 

2.1.5        Jean 1:5 — la lumière luit dans les ténèbres, les ténèbres ne l’ont pas comprise

Mais les hommes étaient dans une condition déchue, et éloignés de Dieu ; et il est donc indiqué ici que l’obscurité qui régnait était pire que les ténèbres qui couvraient l’abîme avant le commencement de l’œuvre des six jours. « Et la lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise » (1:5).

Les ténèbres ne sont ni la mère de tout, comme disent les païens, ni un Démiurge malin, l’adversaire inlassable du bon Seigneur de lumière. Les ténèbres sont vraiment l’état moral de l’homme, de l’homme déchu ; elles sont la négation de la lumière, et elles diffèrent totalement de la réalité physique, en ce qu’elles-mêmes ne sont pas affectées par la lumière. La grâce seule, comme nous allons le voir bientôt, peut agir efficacement contre cette difficulté.

On peut remarquer ici que Jean ne parle pas de la vie dans l’absolu, mais de la vie dans la Parole, et c’est cette vie qui est affirmée être la Lumière des hommes. Elle exclut tout autre objet — en tout cas la proposition ne va pas au-delà des hommes. Ainsi en Colossiens 1, Christ est dit être l’image du Dieu invisible, qui, ici seulement, est révélée à la perfection dans l’homme et aux hommes. Il est la lumière des hommes, et il n’y en a pas d’autre : car si l’homme a ce que l’écriture appelle la lumière, il ne l’a que dans la Parole, qui est la vie. Sans contredit Dieu est lumière, et en Lui il n’y a pas du tout de ténèbres (1 Jean 1:5) ; or Il habite la lumière inaccessible, et aucun des hommes ne L’a vu, ni ne peut Le voir (1 Tim. 6:16). Il n’en est pas ainsi de la Parole selon ce que nous lisons. « Et la lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise ». Notez la précision frappante des phrases. La lumière apparaît dans les ténèbres — voilà sa nature ; « elle luit », non pas « elle luisait » ; tandis que la forme abstraite est changée en expression historique quand il nous est dit que les ténèbres ne l’ont pas comprise.

Ainsi, nous avons eu la déclaration de l’Esprit au sujet de la Parole, en relation d’abord avec Dieu, puis avec la création, enfin avec les hommes ; et nous avons eu une phrase solennelle sur l’état moral des hommes en rapport avec la lumière, et non pas seulement en rapport avec la vie.

 

2.2   Jean 1:6-8 — Jean rendant témoignage de la lumière

Il nous est ensuite présenté Jean envoyé par Dieu pour rendre témoignage de la lumière. « Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Celui-ci vint pour [rendre] témoignage, pour rendre témoignage de la lumière, afin que tous crussent par lui. Lui n’était pas la lumière, mais pour rendre témoignage de la lumière » (1:6-8).

Dieu, qui est amour, était actif dans Sa bonté pour attirer l’attention sur la Lumière ; car les besoins de l’homme étaient profonds. C’est pourquoi il y eut un homme envoyé par Lui ; il s’appelait Jean. Comme il nous est dit ailleurs, il était la lampe ardente et brillante (5:35) (ό λύχιος) ; mais la Parole était la Lumière (τό φως) concernant Celui à qui Jean venait rendre témoignage. Car sa mission n’est vue ici ni en relation avec la loi ni en relation avec un but légal, mais en relation avec la Lumière (c’est pourquoi sa portée dépasse de loin Israël) afin qu’il pût témoigner de la Lumière, afin que tous crussent par lui. C’est une question de foi personnelle dans le Seigneur, non pas simplement d’exhortation morale à la multitude, aux collecteurs d’impôts, aux soldats, ou autres, comme dans l’évangile de Luc. Toute écriture est parfaite, et parfaitement adaptée au propos divin de glorifier Jésus.

 

2.3   Jean 1:9 — La lumière qui éclaire tout homme

La Lumière est ici l’objet du dessein de grâce de Dieu. Jean n’est qu’un instrument et un témoin ; lui n’était pas la Lumière, mais il était envoyé afin de pouvoir témoigner de la Lumière. « La vraie Lumière était celle (ou : Il était la vraie Lumière), qui, venant dans le monde, éclaire tout homme » (1:9), ce qui exclut le Philonisme et le Platonisme, comme nous l’avons vu plus haut au sujet de la matière éternelle et du manichéisme. La loi s’occupait de ceux qui étaient sous elle, c’est-à-dire Israël ; la lumière, en venant dans le monde — un point cardinal dans l’enseignement de l’apôtre (1 Jean 1:1-4 ; 2:8, 14, etc.) — répand sa lumière sur tout homme. Venir, ou venu au monde est une expression utilisée par les rabbins pour la naissance d’un homme, et c’est justement pour cette raison que ce ne serait absolument qu’une tautologie si on considérait « venant dans le monde » comme une apposition avec π. άνθρ. c’est-à-dire « tout homme » (*). Cette expression qualifie le rapport, et affirme que, en tant qu’incarnée, la vraie lumière éclaire tout homme, c’est-à-dire répand sa lumière sur lui.

 

(*) Il semble n’y avoir aucune force à prendre ήν avec έρχόμενον comme équivalent d’un « venu » imparfait, même si une proposition indépendante telle que ό φ. π. άνθρ. peut légitimement s’intercaler entre le verbe et le participe, ce dont on n’a encore aucun exemple, pour autant que je sache — Marc 2:18 (que Lücke avance et qu’Alford approuve) n’est en aucune manière parallèle. Mais s’il en était ainsi, en quoi est-il approprié de nous dire dans ce prologue merveilleux (où chaque phrase courte, et même chaque mot, regorge de la plus profonde vérité), que la vraie Lumière qui éclaire tout homme était en train de venir dans le monde (non pas en train de se manifester Elle-même, ce qui est une tout autre pensée) ? D’autre part, la construction donnée dans la Version Autorisée [« … la vraie Lumière qui éclaire tout homme qui vient dans le monde »], bien qu’attestée par des traductions anciennes, occidentales et orientales, et même par des pères grecs, ne semble réellement pas acceptable. Il faudrait l’article avec έρχόμενον. Le participe sans article ne veut pas dire « qui vient», mais «en tant que venant» ou «en venant», ce qui ne peut avoir aucun sens propre en relation avec άνθρωπον (hommes). Car combien serait étrange la doctrine qui en résulte, que tout homme en venant dans ce monde de ténèbres a ou reçoit la lumière de Christ ! Avec ό on a une vérité capitale, qui anéantit, et non pas suggère, l’idée Quaker. Car c’est la Parole dans sa propre nature, non pas une lumière intérieure, qui se répand sur tout homme. Elle (Lui) seule, en venant ici-bas, est la vraie Lumière pour l’homme, et la répand sur tous, petit ou grand, Juif ou Grec. C’est comme la lumière du soleil pour toute l’humanité, mais d’une manière spirituelle.

 

2.4   Jean 1:10-13

2.4.1        Jean 1:10-11 — Pas connu, pas reçu, rejeté

Cependant, du fait de l’opposition de nature, le résultat en soi est, et ne peut être, que la condamnation ; car il a été dit : « Il était dans le monde, et le monde fut fait (ou : amené à l’existence) par Lui ; et le monde ne L’a pas connu. Il vint chez soi ; et les siens ne L’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, [savoir] à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme (άνδρός), mais de Dieu » (1:10-13).

Quelle infinie condescendance pleine d’amour que Lui, la Parole éternelle, la vraie Lumière, soit dans le monde — le monde qui Lui devait son existence ! Quelle ignorance épaisse que celle du monde, de ne pas Le connaître, Lui son créateur ! Il y avait un endroit sur terre qu’il Lui plaisait de considérer comme le Sien propre (τά ίδια) : c’est là qu’Il est venu, et les Siens (οί ίδιοι) [ou : Son propre peuple] ne L’a pas reçu (il n’est pas dit qu’il ne L’a pas connu, mais qu’il ne L’a pas reçu) ! C’était un rejet, et non pas de l’ignorance.

 

2.4.2        Jean 1:12-13 — Le droit d’être enfant de Dieu

Ceci ouvrait la voie à la manifestation de quelque chose de nouveau : des hommes issus du monde ruiné séparés en vue d’une relation nouvelle et incomparablement plus proche avec Dieu, auxquels ayant reçu Christ (car il n’est pas question de «tout homme» ici), Il donne le droit d’entrer dans la position d’enfant de Dieu, savoir à ceux qui croient en Son nom. Ce n’est pas une simple position extérieure honorifique, dans laquelle la souveraineté peut choisir de faire entrer, de manière à maintenir par l’adoption le nom de famille et la grandeur. Il s’agit d’une véritable communication de la vie et de la nature, un lien vivant par naissance. Ils étaient [et : sont] τέκνα Θεου, enfants de Dieu. Ce n’est pas qu’ils aient été meilleurs que d’autres. Ils étaient autrefois étrangers, et ennemis quant à leur entendement et dans les mauvaises œuvres (Col. 1:21). Ils ont cru au nom de Christ, ils sont nés de Dieu. Cela a été une oeuvre de la grâce divine par la foi. En recevant la Parole, ils étaient nés de Dieu. L’engendrement naturel quel qu’il soit, l’effort personnel, l’influence d’autrui même de haut niveau, tout cela n’a aucune place ici.

 

2.4.3        Distinction enfants / fils

Jean ne décrit nulle part les croyants comme υιοί (fils) mais comme τέκνα (enfants), car son sujet, c’est la vie en Christ plutôt que les conseils de Dieu par la rédemption. Inversement Paul (comme dans Rom. 8), nous appelle tantôt υίούς (fils) tantôt τέκνα Θεου (enfants de Dieu), parce qu’il met aussi bien en avant d’une part la position élevée qui nous est donnée aujourd’hui en contraste avec la servitude sous la loi, et d’autre part l’intimité de notre relation en tant qu’enfants de Dieu. Par ailleurs, il est remarquable que Jésus ne soit jamais appelé τέκνον = enfant (bien que comme Messie, il est qualifié de παις, ou Serviteur), mais υίός. Il est le Fils, le Fils unique qui est dans le sein du Père, mais non pas τέκνον comme s’Il était né de Dieu comme nous. Ainsi, τέκνα (enfants) est un nom de relation très proche, mais dérivée. C’est tout à fait confirmé par la déclaration de Jean, qui suit immédiatement : « lesquels sont nés… de Dieu ». C’est ce qu’on trouve partout ailleurs, en dépit de la Version Autorisée, qui traduit à tort τέκνα par « fils » dans 1 Jean 3. Ils croient en Son nom, d’après la manifestation de ce qu’est la Parole. Toute source propre à la créature est exclue, et toutes les relations précédentes sont closes et terminées ; une nouvelle race est introduite. C’était des hommes bien sûr, et ils ne cessaient pas d’être des hommes en fait ; mais ils sont nés de nouveau spirituellement, nés de Dieu au sens le plus vrai, participants de la nature divine (2 Pierre 1) en ce sens que leur nature découle de leur nouvelle vie provenant de Dieu.

 

2.4.4        Christ est notre vie

La vie, comme on peut toujours l’observer tout au long des écrits de Jean et de Paul, est entièrement distincte de la simple existence. C’est la possession de ce caractère divin de l’être, qui dans le Fils n’a jamais eu de commencement, car Il était la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée. Il est notre vie ; parce qu’Il vit, nous aussi nous vivons. Cela est vrai en Lui et en nous : en lui de manière essentielle, en nous de manière dérivée par grâce ; il n’en est pas ainsi au point que nous soyons indépendants de Lui, ne serait-ce qu’un instant, mais nous avons la vie en Lui. Et encore, nous avons la vie maintenant ; nulle part il est enseigné que nous serons nés de Dieu, mais uniquement que, comme croyants, nous le sommes. Distinguer « engendrés » aujourd’hui, par opposition à « nés », est faux, absurde, et sans l’ombre d’un passage de l’Écriture pour le justifier.

 

2.5   Jean 1:14-18 — L’Incarnation

2.5.1        Jean 1:14 — Devenu chair, une gloire comme d’un fils unique d’auprès du Père

De la révélation de la Parole dans Sa nature intrinsèque, nous passons maintenant à Sa manifestation effective comme homme ici-bas. L’Incarnation est placée devant nous, la pleine révélation de Dieu à l’homme et dans l’homme. « Et la Parole devint chair, et tabernacla [habita] au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique d’auprès du Père), pleine de grâce et de vérité » (1:14). Ici ce n’est pas ce que la Parole était, mais ce qu’Il (Elle) est devenu. Il était Dieu ; Il devint chair et habita parmi nous, plein de grâce et de vérité.

Ce n’était pas une vision passagère, aussi importante soit-elle, comme sur la montagne sainte. C’était une contemplation de Sa gloire accordée à Ses témoins, non pas celle d’un conquérant terrestre, ni même messianique, mais la gloire d’un fils unique d’auprès (παρά) d’un père. Aucune épée ne ceint ses reins, pas de chevauchée vers la victoire, pas de choses terribles en justice : la Parole incarnée habita parmi nous, pleine de grâce et de vérité. Tel est Celui qui était au commencement et dès le commencement, et qui a été connu comme tel. Il était sans aucun doute le Roi, mais n’est pas dépeint de cette manière ici. Il est infiniment plus que Roi, Dieu Lui-même, et Dieu sur la terre, homme habitant parmi les hommes, plein de grâce et de vérité. Dieu ne pouvait être manifesté que de cette manière, hormis en jugement ce qui n’aurait laissé aucun espoir, mais n’aurait fait que détruire définitivement, sur-le-champ et sans réserve. Or Il était venu pour un but infiniment différent, comme ce passage le déclare, au temps propre et en connaissant et ressentant parfaitement le mal universel de l’homme. Il a « tabernaclé » au milieu de nous, plein de grâce et de vérité. Ce n’était pas une simple visite ou une théophanie [manifestation], comme dans les expériences de l’Ancien Testament. C’est ainsi qu’Il manifesta ici-bas Dieu qui est amour. Mais la grâce est plus que cela ; c’est l’amour au milieu du mal, l’amour  qui s’élève au-dessus du mal, descendant en dessous, et le surmontant par le bien.

 

2.5.2        Plein de grâce et de vérité

Tel était Jésus, séjournant sur la terre, et en même temps plein de vérité ; car autrement la grâce n’aurait plus été la grâce, mais une imitation grossière, et très ruineuse tant pour Dieu que pour l’homme. Jésus n’était pas ainsi, Il était plein de grâce et de vérité aussi, et dans cet ordre. Car la grâce introduit la vérité, et rend les âmes capables de recevoir la vérité et de la supporter, elles-mêmes, comme pécheurs, étant jugées par la vérité. Lui, et Lui seul était plein de grâce et de vérité. Il vint pour les faire connaître, pour faire connaître Dieu Lui-même de cette manière. Car comme la grâce est l’activité de l’amour divin au milieu du mal, ainsi la vérité est la révélation de toutes choses telles qu’elles sont réellement, depuis Dieu Lui-même et Ses voies et Ses conseils jusqu’à l’homme et toutes ses pensées et ses sentiments, ainsi que la parole et l’œuvre de l’homme, — et notamment la révélation de toute action invisible en bien ou en mal dans tous les temps, et dans toute l’éternité (*). C’est ainsi qu’Il habita parmi nous, plein de grâce et de vérité.

 

(*) Voir plus loin l’exposé sur Jean 14:6.

 

2.5.3        Jean 1:15 — Jésus présenté au monde par Jean le baptiseur

Dieu n’a pas manqué de Lui rendre ainsi témoignage. « Jean rend témoignage de Lui, et a crié, disant : C’était Celui-ci duquel je disais : Celui qui vient après moi prend place avant moi ; car Il était avant moi » (1:15). Jean est introduit de manière très frappante, avec son témoignage, dans chacune des grandes divisions de ce chapitre. Précédemment, c’était pour la révélation abstraite de la Lumière. Ici c’est pour Sa présentation effective au monde, et comme c’est historique, nous avons ainsi ce que Jean crie, non pas simplement une description comme précédemment. Il dit : « C’était Celui-ci duquel je disais », etc. La venue de Jésus après Jean ne faisait pas déroger à Sa gloire, bien au contraire. Aucun prophète plus grand que Jean le baptiseur n’a été suscité d’entre ceux qui sont nés de femmes (Matt. 11:11). Mais Jésus est Dieu. S’il Lui a plu de venir après Jean dans le temps, Il était devenu incomparablement avant lui quant à la position et au titre ; oui, Il était vraiment avant lui, mais seulement parce qu’Il est divin.

 

2.5.4        Jean 1:16 — Nous avons reçu et grâce sur grâce

Le verset 15 semble être une parenthèse, bien qu’elle soit riche d’enseignement. Mais la ligne directe de la vérité se poursuit en sautant de la fin du v. 14 au début du v. 16 : « pleine de grâce et de vérité… car, de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce ». Voilà une vérité étonnante ! Il est le don et le Donateur : plein de grâce et de vérité ; et de Sa plénitude nous avons tous reçu (*). Telle est la part du moindre croyant. Le plus fort n’est plus fort que parce qu’il L’apprécie mieux. Car il n’y a pas de bénédiction en dehors de Lui, et par conséquent, l’âme qui possède Jésus ne manque de rien. Si les saints à Colosses, ou partout ailleurs, cherchaient à ajouter quelque chose au Seigneur, c’était une vraie perte, et non pas un gain. C’est seulement ajouter ce qui Le rabaisse. Car Christ est tout (τά π.) et en tous (Col. 3:11).

 

(*) Le gnosticisme a semé ses funestes semences avant la mort de l’apôtre Jean, et même avant la mort de l’apôtre Paul, semble-t-il. Au début du deuxième siècle, nous savons que Basileides avait développé le système jusqu’à séparer Jésus de Christ, ce dernier étant une émanation [« Eon »] de Dieu unie à Jésus lors de Son baptême, et retournant à la Plénitude en haut avant Sa mort sur la croix. Ainsi l’incarnation était annulée, tout autant que l’expiation. Or dans cette rêverie impie, Christ n’était même pas le vrai Dieu, mais seulement une émanation, envoyée pour faire connaître le Dieu bon, et présenter le Démiurge (l’Éternel) qui avait fait le monde, avec tous ses maux, inséparables de la matière. On voit aisément comment la doctrine des apôtres barre la voie par anticipation à ce mensonge irrévérencieux et destructeur en établissant la vérité simple de la Personne et de l’œuvre de Christ, bien que seuls les germes de ces mensonges aient pu alors apparaître.

 

L’expression « et grâce sur grâce » a embarrassé plusieurs, mais sans grande raison, car on trouve assez souvent une expression analogue, même chez les auteurs profanes, ce qui devrait suffire à tout demandeur : cela signifie simplement « grâce sur grâce », l’une succédant à une autre sans restriction ni manquement — une surabondance de la grâce, et non pas une simple notion littérale de la grâce en nous en réponse à la grâce en Lui. On remarquera, en outre, que l’écriture parle de grâce sur grâce, non pas de vérité sur vérité, ce qui serait tout à fait inapproprié ; car la vérité est une, et on ne peut pas parler d’elle de cette manière. Le même apôtre écrivit aux petits enfants, non pas parce qu’ils ne connaissaient pas la vérité, mais parce qu’ils la connaissaient, et qu’aucun mensonge ne vient de la vérité (1 Jean 2:21). L’onction qu’ils avaient en effet reçue de Lui, les enseigne sur toutes choses, et elle est vraie, et n’est pas un mensonge. Mais comme la grâce apporte la vérité, de même la vérité s’exerce en grâce. Combien il est précieux que nous tous ayons reçu de Sa plénitude, et grâce sur grâce !

 

2.5.5        Jean 1:17 — La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ

Ce qui a été vu au Sinaï était totalement différent, « car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (1:17). Cela ne veut pas dire que la loi est péché. Loin de nous cette idée ! La loi est sainte, et le commandement saint et juste et bon (Rom. 7:12). Mais la loi est tout à fait impuissante pour délivrer l’homme ou révéler Dieu. Elle n’a pas de vie à donner ni d’objet à faire connaître. Elle requiert de l’homme ce qu’il devrait rendre à Dieu et à ses semblables ; mais requérir de l’homme est vain, car il est déjà pécheur avant que la loi ne soit donnée. Car le péché est entré dans le monde par Adam aussi sûrement que la loi a été donnée par Moïse. L’homme est tombé et a été perdu ; personne ne pouvait apporter la vie éternelle sinon Jésus Christ le Seigneur. Même celle-ci était tout à fait inaccessible à l’homme sans Sa mort en expiation du péché. Ici, cependant, nous ne sommes pas encore arrivés à l’œuvre de Christ, ni au message de la grâce diffusé dans le monde dans l’évangile, et qui est basé sur cette œuvre, mais nous en sommes ici seulement à Sa Personne dans le monde ; et à cet égard, le témoignage est : « la grâce et la vérité vinrent (έγένετο) par Jésus Christ ». Là, et là seulement, l’amour divin s’est trouvé supérieur au mal de l’homme ; là et là seulement, tout a été révélé, et révélé dans sa relation avec Dieu, car telle est la vérité. Jésus est véritablement un Sauveur divin.

 

2.5.6        Jean 1:18 — Dieu connu dans le Fils unique qui est dans le sein du Père

Mais il y a encore plus que cela. Dieu Lui-même doit être connu, non pas simplement la plénitude de la bénédiction venue en Christ, et les âmes introduites dans la bénédiction par la rédemption. Pourtant, l’homme comme tel est incapable de connaître Dieu. Comment cette difficulté va-t-elle être résolue ? « Personne ne vit jamais Dieu ; le (*) Fils unique (**), qui est dans le sein du Père, Lui, l’a fait connaître » (1:18). C’est seulement de cette manière que Dieu peut être connu comme Il est, car Christ est la vérité, le révélateur et la révélation de Dieu et de tout ce que Dieu a en vue. Il n’est dit nulle part dans l’écriture que Dieu est la vérité, selon ce que disent les rationalistes, et également les théologiens (c’est triste à dire). Il n’en est pas ainsi : Dieu est le «JE SUIS», Celui qui subsiste par Lui-même ; Il est lumière, Il est amour. Mais Christ est la vérité objectivement, comme l’Esprit l’est en puissance, opérant dans l’homme. Et Christ a fait connaître Dieu, comme Quelqu’un qui, en tant que Fils, est dans le sein du Père, non pas y était, comme s’Il l’avait quitté, — comme Il a quitté la gloire et est maintenant retourné dans la gloire comme homme. Il n’a jamais quitté le sein du Père. C’est Sa place constante, Son mode particulier de relation avec le Père. C’est pourquoi nous, par le Saint Esprit, nous avons le privilège, par grâce, de connaître Dieu, et même de Le connaître comme le Fils L’a fait connaître, Lui qui jouissait parfaitement et infiniment de l’amour dans cette relation d’éternité en éternité. Dans quel cercle d’association divine ne nous a-t-Il pas introduits ! Ce n’est pas la Lumière des hommes, pas encore la Parole en action, ou devenant chair, mais le Fils unique qui est dans le sein du Père, Le faisant connaître selon Sa propre compétence de nature et selon la plénitude de Sa propre intimité avec le Père. Jean le baptiseur, ayant son origine sur la terre, était de la terre et parlait comme étant de la terre (3:31). De Jésus seul parmi les hommes, il pouvait être dit qu’Il venait du ciel et était au-dessus de tous (3:31b), témoignant de ce qu’Il avait vu et entendu, ce que l’Esprit Saint fait aussi. C’était à Lui de faire connaître Dieu, et de le faire dans la relation qui Lui était propre.

 

(*) l’article est omis par aleph, B, C, L.

(**) aleph B C L, 33, et les versions syriaques et éthiopiennes ont ici l’étrange leçon Θεός, Dieu, adoptée par Tregelles, Westcott et Hort. Ce dernier a écrit une monographie érudite pour la défendre. [Weiss et Zahn vont dans le même sens]. Comme la variante semble n’avoir absolument aucune corrélation avec «le Père», le poids de la preuve va contre cette leçon. [Blass lit « le Fils unique, qui » etc., avec aleph, A, etc.] —

Note Bibliquest : Carrez et la TOB et le Nouveau Testament en français courant suivent cette leçon rejetée par W.Kelly.

 

 

2.6   Jean 1:19-28 — Qui est Jean ?

2.6.1        Fin de la préface, début de l’introduction à cet évangile

Si les versets qui précèdent comprennent la préface divine, les sections qui suivent peuvent être considérées comme une introduction. Jean le baptiseur, en réponse aux questions d’une délégation, donne un témoignage explicite au Seigneur Jésus, bien qu’il commence par un témoignage de forme négative. Il fut un vase de témoignage au Messie tout spécialement approprié, étant rempli par l’Esprit dès le ventre de sa mère, et il n’y en a guère d’autres qui furent pareillement soutenus ; lui l’a été pour exercer une seule fonction : faire droit le chemin de l’Éternel.

 

2.6.2        Jean 1:19-28 — Nature de la mission de Jean le baptiseur

« Et c’est ici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ? Et il confessa, et ne nia pas, et confessa : Moi, je ne suis pas le Christ. Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il dit : Je ne le suis pas. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non. Ils lui dirent donc : Qui es-tu, afin que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dis-tu de toi-même ? Il dit : Moi, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Faites droit le chemin de l’Éternel, comme dit Ésaïe le prophète. Et ils avaient été envoyés d’entre les pharisiens. Et ils l’interrogèrent et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ? Jean leur répondit, disant : Moi, je baptise d’eau ; [mais] au milieu de vous il y en a un que vous ne connaissez pas, celui qui vient après moi, duquel moi je ne suis pas digne de délier la courroie de la sandale. Ces choses arrivèrent à Béthanie (*), au delà du Jourdain, où Jean baptisait » (1:19-28).

 

(*) La meilleure leçon selon les anciennes autorités est Béthania (aleph ABCEFGHLMSVXΓΔΠ et plus de cent trente cursives, et beaucoup d’anciennes versions), non pas Bethabara ni Betharaba. Ce n’était pas le village bien connu proche de Jérusalem, mais un autre district du même nom au-delà du Jourdain.

 

2.6.3        Jean 1:19-20 — Jean n’était pas le Messie

Dieu a donc pris soin de réveiller une attente générale du Messie dans les esprits de Son peuple, et de leur envoyer le témoignage le plus complet. Et il n’y eut jamais un témoin plus strictement indépendant que Jean, né et élevé et gardé jusqu’au moment convenable pour témoigner du Messie. Car les questions détaillées de ceux qui avaient été envoyés par les Juifs de Jérusalem montrent comment les esprits des hommes étaient alors exercés, comment ils souhaitaient vérifier le caractère réel et l’objectif de ce mystérieux Israélite (étant lui-même de lignée sacerdotale, ils auraient dû savoir que cela l’excluait du titre messianique) : en face de tout cela, il n’y eut rien de vague dans la réponse. Jean n’était pas l’Oint. C’était le but principal de leur recherche ; et notre évangile présente sa réponse, très simplement et complètement.

 

2.6.4        Jean 1:21 — Jean était-il Élie ou ne l’était-il pas ?

Il y a une certaine difficulté dans la réponse suivante. Car quand on lui demande : «Es-tu Élie?» il dit : « je ne le suis pas ». Comment cette négation des lèvres de Jean lui-même peut-elle être conciliée avec le témoignage du Seigneur rendu à Son serviteur en Matthieu 17:11-13 ? « En effet, Élie vient premièrement, et il rétablira toutes choses ; mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu ; mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; ainsi aussi le fils de l’homme va souffrir de leur part. Alors les disciples comprirent qu’il leur parlait de Jean le baptiseur ». Or ils avaient raison. La clé semble se trouver en Matthieu 11:14 : « Et si vous voulez le recevoir [c’est-à-dire recevoir ce que je vous dis — dit le Seigneur en défendant Jean à un moment où Jean lui-même semblait hésiter dans son témoignage ; car qui, hormis Un seul, est le Témoin fidèle ?], celui-ci est Élie qui devait venir — littéralement : qui doit venir ». Une telle parole, cependant, nécessitait des oreilles pour entendre. Le témoignage et le sort de Jean devaient être à l’unisson avec une venue dans la honte et la douleur aussi bien qu’en puissance et en gloire, comme celle du Seigneur (Fils de l’homme, non moins que Messie). Les Juifs naturellement ne se souciaient que de la venue en puissance et en gloire ; mais, pour servir pour Dieu, et en même temps répondre aux vrais besoins de l’homme, Jésus devait d’abord souffrir avant d’être glorifié et revenir en puissance. Ainsi pour la foi, Élie était venu («si vous voulez le recevoir») dans Jean le baptiseur, mais il avait témoigné dans l’humiliation, et les résultats étaient maigres et fugaces aux yeux humains. Mais Élie viendra d’une manière en accord avec le retour du Seigneur pour délivrer Israël et bénir le monde sous Son règne. Pour les Juifs, qui ne regardaient qu’à l’extérieur, il n’était pas venu. Désigner Jean le baptiseur comme étant Élie aurait paru être de la moquerie ; car s’ils ne saisissaient rien des secrets de Dieu ni de Ses voies, s’ils ne voyaient aucune beauté dans l’humilité du Maître, à quoi bon parler du serviteur ? Les disciples, tout faibles qu’ils aient pu être, entraient dans les vérités cachées aux hommes, et il leur était donné de voir sous la surface le véritable caractère du serviteur et du Maître pour la foi.

 

2.6.5        Jean 1:23 — Jean était la voix qui crie dans le désert

Néanmoins Jean prend sa position de témoin de Jésus, en témoignant de Sa gloire personnelle et divine ; et à cette fin, quand on lui demande de dire vraiment qui il est, il s’applique à lui-même dans chaque évangile l’oracle prophétique qui le concerne : « Moi, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Faites droit le chemin du Seigneur ». Jésus était le Seigneur, l’Éternel ; Jean n’était qu’une voix dans la désolation de la terre, oui, la désolation d’Israël — pour préparer le chemin devant Lui.

 

2.6.6        Jean 1:21 — Jean n’est pas le prophète

Ils s’enquièrent en outre pourquoi il baptisait s’il n’était ni le Messie, ni Élie (c’est à dire, le précurseur immédiat du royaume en puissance et en gloire sur la terre - Malachie 4), ni le prophète (c’est à dire le prophète selon Deutéronome 18, ce que l’apôtre Pierre applique clairement au Seigneur Jésus en Actes 3:22-23, alors que les Juifs semblaient avoir refusé cette qualité au Messie). Cela donne à Jean l’occasion de rendre un nouveau témoignage à la gloire de Christ, car sa réponse est que lui-même baptisait d’eau ; mais il se trouvait parmi eux, Quelqu’un qui leur était encore inconnu, qui venait après lui, et dont il n’était pas digne de délier les sandales.

 

2.6.7        Jean 1:25-28 — Baptême de Jean et baptême chrétien

Il est évident que le baptême de Jean avait une sérieuse importance dans l’esprit des hommes puisque, sans aucun autre signe ou miracle, il suscitait la question de savoir si Jean le Baptiseur était le Christ. Le baptême de Jean signifiait la fin de l’ancien état de choses et une nouvelle position, au lieu d’être la pratique familière que les traditionalistes voudraient en faire. D’un autre côté, l’écriture est également claire que ce baptême est tout à fait distinct du baptême chrétien : au point que des disciples précédemment baptisés du baptême de Jean durent être baptisés pour Christ quand ils reçurent la pleine vérité de l’évangile (Actes 19). Les Réformateurs et d’autres manquent singulièrement d’intelligence en niant cette différence, qui est non seulement importante, mais claire et certaine. Pensez à Calvin qui qualifie de « bêtise dans laquelle certains ont été amenés », le fait de supposer que le baptême de Jean était différent du nôtre ! La confession d’un Messie à venir diffère largement de celle de Sa mort et de Sa résurrection ; or c’est là la racine de différences lourdes de conséquences.

 

2.7   Jean 1:29-34 — L’œuvre de Christ dans toute l’étendue de puissance en grâce

Dans les versets 19 à 28, Jean le baptiseur ne s’élève pas au-delà de ce qui était juif et dispensationnel. Le paragraphe suivant place devant nous le témoignage qu’il a rendu quand il vit Jésus s’approcher. Et nous avons alors l’œuvre de Christ considérée dans toute l’étendue de puissance en grâce à laquelle on peut s’attendre dans cet évangile, qui est consacré à faire voir la gloire de Sa Personne.

 

2.7.1        Jean 1:29 — L’Agneau qui ôte le péché du monde

« Le lendemain, il voit Jésus venant à lui, et il dit : Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (1:29).

 

2.7.2        L’Agneau

Il n’y avait pas d’image plus familière à l’esprit des Juifs que celle de l’agneau. C’était le sacrifice journalier d’Israël, matin et soir. En outre, l’agneau pascal était le gage de la paix fondamentale de l’année, et son institution à l’origine coïncidait avec le départ des enfants d’Israël de la maison de servitude. Nous pouvons donc comprendre les pensées et les sentiments qui ont dû s’accumuler sur le cœur de ceux qui attendaient alors un Sauveur, quand Jésus a été désigné par ces paroles de Son précurseur : « Voilà l’Agneau (άμνός) de Dieu ». Dans le livre de l’Apocalypse, Il est fréquemment vu comme l’Agneau, mais là avec un mot différent (άρνίον) et d’une manière significative : il s’agit de Celui qui a souffert, saint et rejeté de la terre, en contraste avec les bêtes sauvages voraces, instruments civils ou religieux de la puissance de Satan dans le monde (Apoc. 13). Ici, l’idée semble centrée non pas tant sur Celui qui a été immolé et exalté en haut, mais plutôt sur le sacrifice : «Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».

 

2.7.3        Le péché ôté : portée de l’expression

Jean ne dit pas « qui ôtera », et encore moins « qui a ôté » ; la notion qu’Il fût alors en train d’ôter le péché ne semble pas non plus du tout défendable. Comme souvent chez Jean et ailleurs, c’est la manière abstraite de parler ; et la signification doit être comprise dans toute son étendue, indépendamment du moment de son accomplissement. Voilà la Personne, et voici Son œuvre. Ainsi le témoignage regarde vers l’avenir aux effets de la mort de Christ globalement ; mais ces effets n’allaient pas apparaître tous d’un coup. Le premier résultat allait être l’évangile, le message de rémission des péchés à tout croyant. Au lieu qu’il y ait seulement le péché du monde devant Dieu, le sang de l’Agneau est mis devant Lui ; Dieu pouvait dès lors rencontrer le monde en grâce, et non en jugement. Non seulement l’amour était venu dans la Personne de Christ comme il a été durant Sa vie, mais désormais il y avait le sang versé par lequel Dieu pouvait purifier les plus souillés ; l’évangile est pour toute créature la proclamation de Dieu qu’Il est prêt à toutes les recevoir, et qu’Il purifie parfaitement tous ceux qui reçoivent effectivement Christ. En fait, seuls ceux qui sont les Siens maintenant, l’Église, Le reçoivent, mais le témoignage est communiqué à toute la création.

 

2.7.4        Le péché ôté : l’accomplissement ultime

Lorsque le Christ reviendra dans son royaume, il y aura un résultat supplémentaire : toute la création sera alors délivrée de la servitude de la corruption (Rom. 8:21), et Israël regardera enfin le Messie qu’ils ont percé dans leur incrédulité aveugle. La bénédiction résultant du sacrifice de Christ s’étendra alors partout, mais ne sera pas complète. Seuls les nouveaux cieux et la nouvelle terre verront l’accomplissement ultime (cela dépasse la portée limitée des prophètes Juifs, mais c’est la pleine signification que les apôtres chrétiens donnent aux divers passages de la Parole) ; et c’est alors qu’on verra en effet combien Jésus a été véritablement « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Car alors, et alors seulement, le péché aura absolument disparu avec toutes ses conséquences actives. Les méchants ayant été jugés et jetés pour toujours dans l’étang de feu, ainsi que Satan et ses anges, la justice sera alors la base de la relation de Dieu avec le monde, non pas l’innocence comme au commencement, ni les voies de Dieu en Christ en vue du péché depuis que le péché est intervenu et jusqu’à maintenant, mais toutes choses seront faites nouvelles.

 

2.7.5        Le péché du monde, non pas les péchés

Notez cependant, que Jean le baptiseur ne dit pas « les péchés » du monde. Que d’erreurs fatales courent parmi les hommes lorsque ceux-ci se permettent de traiter la vérité de Dieu à la manière humaine ! Cette bévue banale et grave ne se trouve pas seulement dans des sermons ou dans des livres. Les liturgies solennelles du catholicisme et du protestantisme sont pareillement dans l’erreur sur ce point. Elles altèrent et falsifient inconsciemment la parole de Dieu quand elles font référence directement à ce passage. En parlant des croyants, les apôtres Paul et Pierre montrent tous les deux que le Seigneur Lui-même a porté leurs péchés sur la croix. Sans cela, en effet, il ne pourrait y avoir ni paix assurée pour la conscience, ni une base juste pour adorer Dieu, selon l’efficace de l’œuvre de Christ. Le chrétien est exhorté à entrer en pleine liberté dans les lieux saints par le sang de Jésus, qui l’a, dans le même temps, lavé de ses péchés et l’a approché (Héb. 10:19 et suiv.) ; mais cela n’est vrai que du croyant. L’état et la condition de l’incrédule, et de tout homme dans son état naturel, se trouvent en contraste total avec la part du chrétien. Il est loin, dans la culpabilité, dans les ténèbres, dans la mort. Le langage des liturgies confond tout ceci dans la pratique de leur culte ; car le monde est traité comme l’Église, et l’Église comme le monde. Si Christ était l’Agneau qui ôte les péchés du monde, tous les hommes se tiendraient absous devant Dieu, et pourraient donc s’approcher en pleine liberté pour rendre culte ; mais il n’en est rien. Le sang est maintenant répandu pour le péché du monde, de sorte que l’évangéliste peut aller prêcher l’évangile, et assurer du pardon de Dieu tous ceux qui croient ; mais tous ceux qui refusent, doivent mourir dans leurs péchés, et être jugés de manière d’autant plus terrible qu’ils ont refusé le message de la grâce.

 

2.7.6        Jean 1:30-31 — Dignité du Seigneur Jésus. Jean ne Le connaissait pas

Mais Dieu n’oublie jamais ici la dignité personnelle du Seigneur Jésus. C’est pourquoi Jean le baptiseur ajoute : « C’est de celui-ci que moi, je disais : Après moi vient un homme qui prend place avant moi (ou, qui a préséance sur moi), car il était avant moi (*). Et pour moi, je ne le connaissais pas ; mais afin qu’il fût manifesté à Israël, à cause de cela, je suis venu baptiser d’eau (έν) » (1:30-31). Il n’est pas fait référence ici à Son jugement en tant que Messie, comme dans les autres évangiles, qui inversement sont muets quant à un témoignage comme celui-ci rendu à Sa gloire. Sans doute Jean appelait aussi les âmes en Israël à se repentir en vue du royaume qui était proche ; mais ici le seul objet de ce témoignage est de manifester Jésus à Israël. C’est en effet un sujet majeur de cet évangile. Le fait que Jean le Baptiseur ne connaissait pas Jésus jusque-là rendait son témoignage d’autant plus solennel et manifestait par excellence qu’il était de Dieu ; quelle que fût la conviction intime qu’il avait quand le Seigneur vint se faire baptiser, elle n’a pas empêché le signe extérieur, ni le témoignage rendu à Sa Personne et à Son œuvre, comme il l’avait déjà rendu auparavant.

 

(*) Il est intéressant et instructif de noter que, vis-à-vis des pharisiens, Jean est silencieux (1:27) quant à l’éternité préexistante de Christ comme raison de Sa préséance sur lui-même, bien que Jésus fût né après lui. Comparez les versets 15, 30.

 

2.7.7        Jean 1:32-34 — L’Esprit comme une colombe. Baptême du Saint Esprit

C’est pourquoi nous lisons : « Et Jean rendit témoignage, disant : J’ai vu l’Esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui. Et pour moi, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau (έν), celui-là me dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise de (έν) l’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu » (1:32-34).

Tel était le signe approprié pour le Sauveur. Les corbeaux ont pu être employés dans la sagesse de Dieu pour nourrir le prophète affamé en un autre jour sombre ; mais telle n’a pas été l’apparence de l’Esprit descendant du ciel pour demeurer sur Jésus. La colombe seule pouvait être la forme convenable, comme emblème de la pureté immaculée de Celui sur lequel l’Esprit vint. Pourtant, l’Esprit vint sur Lui comme homme, mais Jésus était un homme sans péché — aussi véritablement homme que n’importe quel autre homme, mais combien différent de tous les autres, avant et après ! Il était le second Homme en contraste brillant avec le premier. Et Il est le dernier Adam : c’est en vain que l’incrédulité cherche un développement supérieur, en négligeant Celui en qui toute la plénitude de la Déité habitait corporellement (Col. 2:9).

Notez encore que l’Esprit vint avant la mort du Seigneur Jésus. Si Christ est mort, Il est mort pour les autres. S’Il a souffert et est devenu un sacrifice, ce n’était pas pour Lui-même. Jésus n’avait pas besoin de sang pour être ensuite oint d’huile sainte. Il était, Lui, le Saint de Dieu dans cette nature même qui, dans tous les autres cas, avait déshonoré Dieu.

Or si l’Esprit est demeuré sur Lui comme homme, c’est Lui qui baptise de l’Esprit Saint. Nul autre ne pouvait baptiser ainsi, sinon Dieu. Ce serait un blasphème de dire autrement. C’est la pleine prérogative d’une Personne Divine d’agir ainsi ; et c’est pourquoi Jean le baptiseur dément tout à fait que lui le fasse, et dans tous les évangiles il désigne Jésus comme le seul qui baptise par (έν) le Saint Esprit, comme lui-même était venu baptiser d’eau. C’est l’œuvre puissante de Jésus depuis le ciel, après avoir été l’Agneau de Dieu sur la croix.

Ainsi, bien que l’objectif immédiat de la mission de Jean, avec le baptême qui s’y rattachait, fût de manifester Jésus à Israël, il Lui rend témoignage comme l’Agneau de Dieu en relation avec le monde, comme Celui qui est Éternel quel que soit le temps où Il vînt (et sûrement c’était le bon moment, «la plénitude [JND : l’accomplissement] du temps», comme le grand apôtre nous l’assure - Galates 4:4), — non pas simplement comme l’objet de la descente du Saint-Esprit pour demeurer sur Lui (1:33a), mais comme baptisant du Saint Esprit (1:33b).

 

2.7.8        Jean 1:34 — Témoignage rendu au Fils de Dieu

« Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils (*) de Dieu » (1:34). Telle était Sa relation éternelle : non pas le Fils de l’homme qui doit être élevé pour que nous ayons la vie éternelle, mais l’Agneau de Dieu et le Fils de Dieu. D’un autre côté, ce n’est pas ici le Père donné à connaître par Son Fils unique, ou se révélant Lui-même dans Son Fils unique, mais c’est Dieu en face du fait immense du péché du monde, et Jésus Son Agneau qui doit l’ôter. Ainsi le baptême du Saint Esprit ne vivifie pas, mais cette puissance de l’Esprit qui agit sur la vie déjà possédée par le croyant, le sépare de tout ce qui est de la chair et du monde, et le met en communion avec la nature et la gloire de Dieu telles que révélées en Christ. Comme homme sur la terre, Il était non seulement le Fils de Dieu, mais Il en était toujours conscient ; nous, en devenant tels par la foi en Lui, nous sommes rendus conscients de notre relation par le Saint Esprit qui nous a été donné. Néanmoins, Lui aussi a été placé dans une nouvelle position ici-bas par la descente de l’Esprit qui L’oignit (les divers Évangiles le montrent). Tout ici est une annonce publique qui a pour résultat d’atteindre le monde.

 

(*) aleph et d’autres manuscrits insèrent « choisi » après « Fils ».

 

2.8   Jean 1:35-40 — Effet du ministère de Jean

Nous avons eu devant nous le témoignage de Jean allant bien au-delà du Messie en Israël ; nous voyons maintenant l’effet de son ministère. « Le lendemain encore, Jean se tint là, et deux de ses disciples ; et regardant Jésus qui marchait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu ! Et les deux disciples l’entendirent parler, et ils suivirent Jésus. Et Jésus se retournant, et voyant qu’ils le suivaient, leur dit : Que cherchez-vous ? Et ils lui dirent : Rabbi (ce qui, interprété, signifie maître), où demeures-tu ? Il leur dit : Venez et voyez. Ils allèrent donc, et virent où il demeurait ; et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là : c’était environ la dixième heure » (1:35-40).

Ce n’est pas l’énonciation la plus complète et la plus claire de la vérité qui a le maximum d’effet sur les autres. Rien ne parle aussi puissamment que l’expression de la joie et des délices du cœur à l’égard d’un objet qui en est digne. C’est ce qui se passa alors. « Regardant Jésus qui marchait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu ! » Le plus grand parmi ceux qui sont nés de femme reconnaît le Sauveur avec un hommage des plus sincères ; et ses propres disciples l’ayant entendu parler, ils suivent Jésus. « Il faut que Lui croisse, et que moi je diminue » (3:30). Il fallait qu’il en soit ainsi. Le centre n’est pas Jean, mais Jésus : non pas un homme, mais Dieu, car nul autre ne peut être un centre sans qu’il soit dérogé à la gloire divine. Jésus garde cette place, y compris comme homme. Quelle vérité merveilleuse, et combien elle est précieuse et réjouissante pour l’homme ! Jean était le serviteur du propos de Dieu, et la meilleure exécution de sa mission a eu lieu quand ses disciples ont suivi Jésus. L’Esprit de Dieu supplante les motifs humains et terrestres. En effet comment pourrait-il en être autrement quand on croit réellement que Lui dans Sa Personne était Dieu sur la terre ? Il faut qu’Il soit le seul centre exclusif d’attraction pour tous ceux qui Le connaissent ; et la mission de Jean était de préparer le chemin devant Lui. Ainsi ici son ministère rassemble auprès de Jésus, envoyant d’auprès de lui vers le Seigneur.

Mais si dans l’évangile de Matthieu (9:1) le Seigneur a une ville à lui, voire une maison qu’on peut nommer, ici dans l’évangile de Jean, le lieu où il demeurait n’est pas indiqué. Les disciples entendirent Sa voix, vinrent et virent où Il demeurait, et demeurèrent avec Lui ce jour-là ; mais pour les autres, le lieu n’est pas nommé et reste inconnu. Nous pouvons comprendre qu’il fallait qu’il en soit ainsi pour Celui qui était Dieu dans l’homme sur la terre, alors que ce fait était entièrement rejeté par le monde. Et la vie divine a le même effet sur ceux qui sont à Lui : « c’est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne L’a pas connu » (1 Jean 3:1).

 

2.9   Jean 1:41-43 — Centre de rassemblement

Et le travail ne s’arrête ni là ni à ce moment-là. « André, le frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui l’avaient ouï dire par Jean, et qui l’avaient suivi. Celui-ci trouve d’abord son propre frère Simon, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui, interprété, est Christ). Et il le mena à Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, le fils de Jonas (ou : Jean) ; tu seras appelé Céphas, qui est interprété Pierre » (1:41-43).

Il y a un profond intérêt à considérer ces aperçus de la première introduction auprès de Jésus de ces âmes qui, en Le recevant, trouvaient la vie éternelle en Lui, et furent ensuite appelées à être les fondements de ce nouvel édifice qui devait remplacer l’ancien, — l’habitation de Dieu par [ou : dans] l’Esprit. Mais tout ici se concentre dans la Personne de Jésus, à qui Simon est amené par son frère, l’un des deux premiers dont l’âme fut attirée à Lui, même s’ils appréciaient encore bien peu Sa gloire. Mais c’était une œuvre divine, et il est répondu à la venue de Simon par une connaissance du passé, du présent et du futur qui disait Qui était et ce qu’était Celui qui parlait maintenant à l’homme sur la terre en grâce.

Ici le même principe réapparaît. Jésus, l’image du Dieu invisible, la seule manifestation parfaite de Dieu, est le centre reconnu au-delà de toute rivalité. Il devait mourir, comme cet évangile le relate (11:52), pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés ; et bientôt toutes choses dans les cieux et sur la terre vont être réunies en un sous Sa primauté (Éph. 1:10). Mais alors Sa Personne ne pouvait être que le seul centre d’attraction pour tous ceux qui voyaient par la foi ce qu’Il avait le droit d’être pour toute créature. Mais Il n’était pas venu seulement pour faire connaître Dieu, et nous montrer le Père en Lui-même le Fils, mais pour se charger de tout sur la base de Sa mort et de Sa résurrection, ayant parfaitement glorifié Dieu à l’égard du péché qui avait tout ruiné ; et à la suite de cela, pour prendre Sa place dans les cieux, celle de tête glorifiée sur toutes choses à l’assemblée qui est Son corps sur la terre, comme nous le savons maintenant (fin de Éph 1). Mais sur ce point, nous n’allons pas plus loin, car cela implique la révélation des conseils de Dieu et du mystère caché dès les siècles et dès les générations, — et cela nous amènerait plutôt vers les épîtres de l’apôtre Paul, le vase choisi pour la révélation de ces merveilles célestes.

Ce qui nous occupe maintenant c’est Jean en train de nous faire voir le Seigneur sur la terre, un homme mais véritablement Dieu, attirant ainsi à Lui les cœurs de tous ceux qui sont enseignés de Dieu. S’Il n’avait pas été Dieu, cela aurait été du vol, non seulement à l’encontre de Dieu, mais parfois aussi à l’encontre de l’homme. Mais ce n’est pas le cas : toute la plénitude habitait en Lui — habitait en Lui corporellement. Il était donc dès le commencement le centre divin des saints sur la terre, comme plus tard, quand Il fut l’homme exalté, il a été le centre en haut, à qui, en tant que tête, l’Esprit a uni ces saints en tant que membres de Son corps. Ce dernier ne pouvait pas exister jusqu’à ce que la rédemption le rende possible selon la grâce, mais sur la base de la justice. Ce que nous voyons dans Jean attache à la gloire de sa Personne divine : autrement amener à Jésus aurait eu pour effet de séparer de Dieu, au lieu de séparer vers Dieu, comme c’est le cas. Mais, en vérité, Il était et Il est le seul centre révélé, comme il a été et est le seul révélateur complet de Dieu, et cela parce qu’il est le vrai Dieu et la vie éternelle, bien qu’Il soit aussi Celui qui a été manifesté en chair, et qu’ainsi Il a trouvé et gagné l’homme pour Dieu par Sa mort.

 

2.10                      Jean 1:44-52

2.10.1    Jean 1:44-45 — Suivre Christ, Christ le chemin

« Le lendemain, Il voulut s’en aller en Galilée. Et Jésus trouve Philippe, et lui dit : Suis-moi. Or Philippe était de Bethsaïda, de la ville d’André et de Pierre » (1:44-45).

C’est une chose immense d’être délivré par Jésus du gaspillage de sa propre volonté, ou de l’attachement du cœur à la volonté d’un homme plus fort que nous — une chose immense de savoir que nous avons trouvé en Lui, non pas simplement le Messie, mais le centre de toutes les révélations de Dieu, de Ses plans et de Ses conseils, de sorte que nous sommes rassemblés avec Lui parce que nous nous rassemblons auprès de [ou : vers] Lui. Tout le reste, quelles que soient les excuses ou les prétentions, ne fait que disperser, et c’est donc du travail en vain, voire pire.

Or il nous faut davantage, et nous trouvons davantage en Jésus, qui daigne en effet être, non seulement notre centre, mais aussi notre « chemin » sur la terre, sans être du monde, comme Lui n’en est pas. Car Il est bien le chemin, autant que la vérité et la vie. Quelle bénédiction dans un tel monde ! C’est maintenant un désert où il n’y a pas de chemin (Ps. 107:40). Lui est le chemin. Avons-nous peur de savoir où il faut marcher, et quel pas faire ? Voici ici des pièges pour séduire, là des dangers pour effrayer. Au-dessus d’eux, la voix de Jésus dit : « Suis-moi ». Aucun autre n’offre la sécurité. Les meilleurs de Ses serviteurs peuvent se tromper, comme tous l’ont fait. Mais même si ce n’était pas le cas, Lui dit : «Suis-moi ». Chrétien, n’hésite plus. Suis Jésus. Tu trouveras une communion plus profonde et meilleure avec ceux qui sont à Lui ; mais ceci a lieu en suivant Celui qu’ils suivent. Seulement veille bien à Le suivre selon la Parole, non pas selon tes propres pensées et sentiments ; car ceux-ci sont-ils meilleurs que ceux des autres ? Considère tes motifs selon la lumière où tu marches. « Si donc ton oeil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière » (Matt. 6:22). Or la simplicité de l’œil est assurée en regardant à Jésus, non pas à nous-mêmes ni aux autres. Nous avons assez vu de nous-mêmes quand nous nous sommes jugés devant Dieu. Suivons Jésus : cela n’est dû qu’à Lui, et absolument qu’à Lui, une Personne divine sur la terre. C’est la vraie dignité d’un saint ; c’est la seule sécurité pour celui qui doit encore veiller contre le péché qui est en lui ; c’est le chemin de la véritable humilité, et du vrai amour, et de la foi. Dans ce chemin nous serons sûrs de la conduite de l’Esprit qui est ici pour Le glorifier, prenant de ce qui est à Lui pour nous le communiquer (16:14).

 

2.10.2    Jean 1:46 — Les préjugés qui entravent

Celui qui a trouvé Christ et qui Le suit, en cherche bientôt d’autres, et en trouve. Mais ils ne sont pas toujours préparés à suivre tout de suite. C’est ce que montre Philippe ici avec le fils de Talmai, qui n’est pas appelé ici Barthélémy, mais Nathanaël (cf Matt. 10:3 & Luc 6:14 & Jean 21:2). Nous apprenons aussi par-là qu’un homme par ailleurs excellent peut être entravé par des préjugés de taille. C’est une leçon salutaire de ne pas être pressés dans nos attentes, ni abattus si un homme de bien est lent à écouter, comme on en fait souvent l’expérience.

« Philippe trouve Nathanaël et lui dit : Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth » (1:46). Nathanaël n’était pas du tout préparé à cela. Très certainement son cœur cherchait Celui duquel Moïse et les prophètes avaient écrit ; mais il fallait encore qu’il apprenne que le Christ était Jésus de Nazareth, le fils de Joseph. Il croyait à la gloire de la Personne du Messie, selon ce que l’Ancien Testament en avait révélé auparavant : il ne lui était jamais venu à l’esprit que le Messie pût être « de Nazareth », sans parler de ce qu’Il fût « le fils de Joseph ». Car ce village était méprisable, même aux yeux d’un Galiléen méprisé, car sa propre piété pratique lui faisait sans doute ressentir d’autant plus la réputation morale misérablement basse de ce village. Si Philippe lui avait dit : «de Bethléem, le Fils de David », l’attente de ce Juif n’aurait pas reçu pareil choc. Mais en vérité, le Seigneur est considéré ici comme entièrement au-dessus de toutes les relations terrestres, et c’est pourquoi Il pouvait descendre jusqu’aux plus basses. Car Il était le Fils de Dieu venu à Nazareth, et c’est seulement ainsi qu’il pouvait être considéré comme étant « de Nazareth », plus que « fils de Joseph ».

 

2.10.3    Jean 1:47-48 — Pas de fraude dans le cœur

Quoi qu’il en soit, Nathanaël ne cache pas son hésitation. « Et Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : Viens et vois » (1:47). Or il y en avait un autre qui voyait. Car Jésus, voyant Nathanaël venant à Lui, lui fit entendre dans Sa salutation des paroles de grâce sur lui-même qui avaient bien lieu de le surprendre : « Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude » (1:48). L’Esprit de prophétie opérait déjà selon le Ps. 32 (cf v. 2), et il allait bientôt connaître l’Esprit d’adoption et la liberté par laquelle le Fils rend libre.

 

2.10.4    Jean 1:49 — Ne pas résister à la lumière qui émane de Christ

« Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus répondit et lui dit : Avant que Philippe t’eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais » (1:49). Jésus est Dieu toujours et partout dans cet évangile. Inaperçu Lui-même, Jésus avait vu Nathanaël. Il l’avait vu là où, de toute évidence, il pensait que personne ne le voyait ; mais Celui qui entendait les méditations de son cœur dans ce lieu-là, « sous le figuier », le voyait lui : c’était la preuve irréfragable de Sa gloire, de Son omniscience et de Son omniprésence. Pourtant Celui qui l’avait vu, était de toute évidence un homme de chair et de sang. Il ne pouvait être que le Messie promis, Emmanuel, le compagnon de l’Éternel (Zach. 13:7), « Celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité » (Michée 5:2). Son préjugé disparaît instantanément comme la brume devant le soleil dans sa force. Il pouvait ne pas être en mesure d’expliquer le rapport avec Nazareth ou avec Joseph ; mais un homme bon ne voulait pas (seul un homme mauvais le pourrait) résister à la lumière positive de Celui qui connaissait ainsi toutes choses, et les révélait en grâce pour gagner le cœur de Nathanaël, et de quiconque entend Sa parole et craint Dieu depuis ce jour-là jusqu’à maintenant.

 

2.10.5    Jean 1:50 — Jésus confessé comme Messie

Mais il nous est dit davantage ici. Certes, le figuier n’est pas une circonstance matérielle ou isolée, mais il revêt une signification trouvée habituellement dans l’écriture. Dans la grande prophétie de notre Seigneur, le figuier est utilisé comme le symbole de la nation, et on ne peut douter qu’il en soit de même ici. Si Nathanaël étaient là en train de méditer dans son cœur devant Dieu au sujet du Messie attendu et au sujet des espoirs du peuple élu (comme c’était le cas de beaucoup à cette époque, et même de tous les hommes, sous l’impulsion de Jean le baptiseur, se demandant si Lui ne serait pas le Christ, Luc 3:15), on conçoit d’autant mieux la force étonnante par laquelle les paroles de Jésus ont fait appel au cœur et à la conscience de cet Israélite sans fraude. Ceci apparaît puissamment confirmé par le caractère de sa confession : « Nathanaël répondit et lui dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu ; tu es le roi d’Israël » (1:50). C’était justement une confession du Messie selon le Psaume 2. Il pouvait être Jésus de Nazareth, le fils de Joseph ; mais Il pouvait être — Il n’était rien d’autre que — « mon roi » [le roi de l’Éternel], « le Fils » (Ps. 2:6,12), bien qu’Il ne fût pas encore oint sur Sion, la montagne de la sainteté de l’Éternel. Nathanaël était rapide et net maintenant, autant il avait été précédemment lent et prudent.

 

2.10.6    Jean 1: 51-52 — De plus grandes choses à voir

Le Seigneur ne freina pas le flux de grâce et de vérité, et Nathanaël dut emprunter des vases, pas en petit nombre, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus pour recevoir la bénédiction qui débordait encore (2 Rois 4:3-6). « Jésus répondit et lui dit : Parce que je t’ai dit que je te voyais sous le figuier, tu crois ? tu verras de plus grandes choses que celles-ci. Et il lui dit : En vérité, en vérité, je vous dis : [Désormais] (*) vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l’homme » (1:51-52). La gloire messianique était-elle l’horizon de ce que l’âme de Nathanaël voyait et confessait en Jésus ? Non pas « plus tard », mais selon la parole ici « à partir du moment présent » les disciples devraient voir les cieux ouverts (même si la puissance terrestre était encore différée), et l’hommage de ses glorieux habitants au Messie rejeté, le Fils de l’homme. Lui que tous les peuples, et nations et langues devront servir, quand Il entrera dans Sa domination qui ne doit jamais disparaître, et dans Son royaume qui ne doit jamais être détruit (Dan. 2:44 ; 6:26). En vérité voilà les « plus grandes choses », la garantie de ce que Nathanaël verrait désormais dans l’assistance fournie par les anges de Dieu à Celui que l’homme méprisait et que la nation abhorrait (à leur propre honte et pour leur ruine, mais pour l’accomplissement des conseils célestes et pour une sphère de bénédiction et de gloire incomparablement plus vaste qu’Israël ou le pays). Le lecteur peut voir ces choses au Psaume 8, spécialement s’il consulte l’usage qui en est fait en 1 Corinthien 15 (v. 27), Éphésiens 1 (v. 22) et Hébreux 2 (v. 6-8).

 

(*) Les plus anciennes copies [aleph, B L] et versions omettent άπ άρτι qui, s’ils sont lus, doivent être rendus par « à partir de maintenant », ou « désormais », non pas « plus tard ». [Ces mots sont rejetés par Weiss et Blass].

 

 

3                        Chapitre 2 — Noces de Cana et nettoyage du temple

3.1   Jean 2:1-11 — L’eau transformée en vin

Le second chapitre s’ouvre sur un miracle frappant, l’eau transformée en vin. Il n’est donné qu’ici. Jésus est Dieu, le Dieu de la création. Il avait montré Son omniscience à Nathanaël, maintenant Il montre Son omnipotence à d’autres. C’était « le troisième jour » (*), peut-être le troisième depuis la première fois qu’Il avait vu Nathanaël. Mais le passage est si significatif que l’on ne se sent pas disposé à douter de la pensée qu’ici, de manière figurée, l’Esprit peut avoir voulu donner le type d’un jour encore à venir où la gloire apparaîtra, en le distinguant du jour du témoignage de Jean le baptiseur, et de celui du Seigneur et de Ses disciples. Car, comme la lumière a brillé dans la Galilée méprisée quand Il vint en humiliation, ainsi elle brillera sur les pauvres en esprit quand Il apparaîtra en gloire ; et le jugement tombera sur les orgueilleux et les hautains, sur Jérusalem avec ses prétentions religieuses, si grandes et si creuses, jusqu’à ce que la grâce la rende humble devant Lui.

 

(*)  note de E.E.Whitfield : La prééminence du chiffre trois dans cet évangile mérite d’être notée. Outre les trois jours ici, nous avons le Seigneur allant trois fois en Galilée, trois fois vers la Judée ; on admet généralement que trois pâques sont mentionnées effectivement, et trois autres fêtes ; le discours du dernier jour de la fête des Tabernacles se divise en trois parties ; Judas est désigné trois fois comme traître ; le Seigneur subit trois séances de tribunal ; Pilate essaie trois fois de Lui épargner la crucifixion ; Jean rapporte trois paroles prononcées sur la croix. Mais on trouve aussi des « triades » dans l’évangile de Matthieu. Le chiffre sept se retrouve aussi souvent dans l’évangile de Jean : « les sept miracles » ; « ces choses que je vous ai dites » revient sept fois ; il y a sept témoignages ; on trouve sept fois « Je suis », si on inclut le « Je suis la résurrection et la vie » et « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». On trouve bien d’autres arrangements numériques dans la Bible, en sorte que ceux de cet évangile n’ont rien de très spécial, et encore moins sont-ils artificiels.

 

3.1.1        Jean 2:1-4 — Place de Marie, la mère de Jésus. Rien du premier Adam, tout par grâce

« Et le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée, et la mère de Jésus était là. Et Jésus fut aussi convié à la noce, ainsi que ses disciples » (2:1-2). C’est la figure de choses se passant sur la terre : ce n’est pas une image des cieux ouverts. C’est pourquoi dans cette scène, nous trouvons la mère de Jésus mise spécialement en avant et se trouvant comme chez elle. « Et le vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin » (2:3). Le premier Adam échoue toujours, et là où il échoue le plus, c’est quand on a le plus de besoin. Mais Jésus veut répondre à tous les besoins, même si Son temps n’est pas encore venu. La foi, cependant, ne regarde jamais à Lui en vain, et « Jésus lui dit : Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? Mon heure n’est pas encore venue » (2:4). C’est une réponse remarquable, que les théologiens catholiques trouvent très difficile à faire cadrer avec leur doctrine et leur pratique. Il ne dit pas « Mère ». Il n’est plus question du premier Adam : ce n’est pas là un manque de respect, mais c’est que la Mariolâtrie est sans fondement et est un péché. Jésus était là pour faire la volonté de Dieu. Il voulait montrer que la bénédiction descend du Père par le Fils. La chair et ses relations n’ont rien à faire en la matière. Tout doit être par grâce.

 

3.1.2        Jean 2:5-10 — Signification du miracle

« Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira. Or il y avait là six pots à eau en pierre, pour tenir de l’eau, placés là selon [l’usage de] la purification des Juifs, pouvant recevoir chacun deux ou trois mesures » (2:5-6). Le système juif était un témoignage de la présence de la souillure ; et ses ordonnances ne pouvaient rien faire de plus que sanctifier pour la purification de la chair. C’était humain. Jésus était ici dans un but divin, — à ce moment-là en témoignage, bientôt en puissance. « Jésus leur dit : Emplissez d’eau les pots. Et ils les emplirent jusqu’au haut. Et il leur dit : Puisez maintenant, et portez-en au maître de la fête. Et ils lui en portèrent. Mais lorsque le maître de la fête eut goûté l’eau qui était devenue du vin (et il ne savait point d’où celui-ci venait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient), le maître de la fête appelle l’époux, et lui dit : Tout homme sert le bon vin le premier, et puis le moins bon, après qu’on a bien bu ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » (2:7-10).

C’est ainsi que fera Jésus à bien plus grande échelle au jour à venir. Il inversera la douloureuse histoire de l’homme. Le vin ne manquera pas quand Il règnera. Il y aura de la joie pour Dieu et pour l’homme en heureuse communion ensemble. Jésus fournira tout à la gloire de Dieu le Père. En ce jour-là, aussi, Il sera à la fois l’époux et le maître de la fête ; et la joie de ce jour-là trouvera sa racine non seulement dans la gloire de Sa Personne, mais dans la profondeur de cette œuvre d’humiliation faite sur la croix auparavant. Plus rien ne sera secret alors. Ce ne seront pas seulement les serviteurs qui seront au courant alors, mais tous sauront, du plus petit au plus grand. « Jésus fit ce commencement de [ses] miracles à Cana de Galilée, et il manifesta Sa gloire ; et Ses disciples crurent en lui » (2:11). La foi croît là où elle est réelle (2 Thes. 1:3).

 

3.1.2.1                 Spécificités de l’évangile de Jean

On remarquera que notre évangile donne des détails très importants, ignorés par tous les autres évangiles, et qui eurent lieu avant le commencement de Son ministère en Galilée lorsque Jean fut jeté en prison. Ainsi, nous avons le témoignage de Jean en rapport avec la gloire personnelle du Seigneur, au sujet de Son œuvre sur la terre en faveur de l’univers jusque dans l’éternité même, et au sujet de Son œuvre céleste avec le baptême du Saint Esprit. Nous avons eu le témoignage de Christ «le lendemain» après celui de Jean, et ici c’est «le troisième jour ».

 

3.1.2.2                 Les noces de Cana, une ombre des choses futures

L’heure de Jésus n’est pas encore venue. Les noces de Cana ne sont qu’une ombre, non pas la vraie image. Pour les vraies noces ici-bas comme en haut, il nous faut encore attendre. La mère de Jésus, la mère du vrai Fils mâle (cf Apoc. 12:5), sera là quand la fête arrivera. Ce qui a été n’est qu’un témoignage, un commencement de miracles (2:11), pour manifester Sa gloire. Le jour de l’Éternel pour Israël viendra.

 

3.2   Jean 2:12

« Après cela, il descendit à Capernaüm, lui et sa mère et ses frères et ses disciples ; et ils y demeurèrent peu de jours » (2:12). Il faut noter que Joseph n’apparaît nulle part depuis la fin de Luc 2 quand le Seigneur avait douze ans. Sans doute s’était-il endormi entre-temps. Marie est de nouveau vue avec le Seigneur. Son absolue séparation pour faire la volonté et l’œuvre de Son Père (Luc 2:49) n’interfère en aucune façon avec les relations terrestres qu’Il avait prises en grâce. Et il en sera ainsi avec ce qu’Il représente.

Les noces [de Cana] ne constituent qu’une partie de la manifestation prochaine de Sa gloire dans le royaume ; quant au jugement qui doit être exécuté, Il en donne un gage dans la scène qui suit, et ce, lors de la première Pâque mentionnée depuis celle de son enfance. Notre évangéliste prend soin de mentionner cette fête tout au long du parcours [terrestre] de notre Seigneur (6:4 ; 11:55). Hélas! Combien peu les Juifs entraient dans sa signification !

 

3.3   Jean 2:13-17 — Les marchands du temple chassés

« Et la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Et il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs et de brebis et de colombes, et les changeurs qui y étaient assis ; et ayant fait un fouet de cordes, il les chassa tous hors du temple, et les brebis et les bœufs ; et il répandit la monnaie des changeurs et renversa les tables ; et il dit à ceux qui vendaient les colombes : Ôtez ces choses d’ici ; ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. Et ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : «Le zèle de ta maison me dévore » (2:13-17).

Non seulement ce nettoyage du temple est distinct de celui rapporté par les évangiles synoptiques dans le cadre de Sa dernière visite à Jérusalem, mais il est instructif de remarquer que Jean ne donne que le premier, tandis qu’eux ne donnent que le dernier. C’est un témoignage frappant, par un fait significatif, de ce que nous avons déjà vu doctrinalement dans l’introduction : Jean commence là où les autres évangélistes finissent, non pas d’une manière strictement littérale, mais dans toute la profondeur de ce que Jésus est, dit et fait. L’état du temple, l’égoïsme qui y régnait, l’indifférence vis-à-vis de la vraie crainte de Dieu, de Son honneur et de Sa sainteté, alors qu’on était très méticuleux dans un rituel-spectacle de leur propre invention, — voilà des caractéristiques de l’état de ruine d’un peuple appelé au privilège terrestre le plus élevé par la faveur de Dieu.

Salomon avait agi avec vigueur au début de son règne en chassant le souverain sacrificateur indigne ; lorsque le royaume fut divisé, Ézéchias et Josias, descendants de David, avaient chacun cherché à défendre la gloire de l’Éternel. Néhémie, protégé par les Gentils, n’y avait pas manqué non plus, quand, hélas! le résidu revenu avait si vite manifesté que ni la captivité ni la miséricorde de Dieu n’avaient réussi à les amener à la repentance. Maintenant le Fils donne à la Jérusalem orgueilleuse et religieuse un signe ; et ce signe est d’une grande solennité, comme le miracle de l’eau changée en vin était plein d’un espoir brillant pour la Galilée méprisée.

Il agit bien en tant que Seigneur ayant des droits divins, mais aussi en tant qu’envoyé humble et que serviteur. Néanmoins, Il ne refrène pas le témoignage à la gloire de Sa Personne, justement dans le commandement de ne pas faire de la maison de Son Père une maison de trafic. Il était le Fils de Dieu, annoncé comme tel, déjà reconnu tel par Nathanaël, agissant judiciairement non seulement pour des raisons d’ordre moral, comme tout Israélite pieux aurait pu le faire, mais ouvertement comme celui qui s’identifiait aux intérêts de Son Père ; or c’était Sa maison. L’Esprit de prophétie lui aussi parlait du Messie rejeté, et les disciples s’en souvinrent ultérieurement.

 

3.4   Jean 2:18-22 — Le temple rebâti en trois jours

« Les Juifs donc répondirent et lui dirent : Quel miracle nous montres-tu, que tu fasses ces choses ? Jésus répondit et leur dit : Détruisez ce temple (ναόν), et en trois jours je le relèverai. Les Juifs donc dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et toi, tu le relèveras en trois jours ! Mais lui parlait du temple de son corps. Lors donc qu’il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela ; et ils crurent à l’écriture, et à la parole que Jésus avait dite » (2:18-22).

Le signe qu’Il donnerait était celui de Sa propre puissance de résurrection, ne ressuscitant pas simplement les autres, mais aussi Son propre corps, le véritable temple, le seul dans lequel Dieu était (car la Parole était Dieu). Celui dont ils se vantaient n’en avait que le nom, mais sans Dieu ; il allait bientôt être formellement qualifié de « leur » maison (Matt. 23), et livré à la destruction (Matt. 24). C’est la résurrection qui Le détermine comme Fils de Dieu en puissance (Rom.1:4). Quand Il fut ressuscité, les disciples se souvinrent de ce qu’Il avait dit, d’autant plus qu’ils trouvèrent encore davantage la meilleure confirmation de leur foi, à la fois dans l’Écriture et dans Sa parole. Sa résurrection est la vérité fondamentale à la fois de l’évangile et de notre position spéciale comme chrétiens. Il n’est pas étonnant que les Juifs en fussent jaloux, et que les Gentils s’en moquassent ou l’éludent. Puissions-nous toujours nous en souvenir, et nous souvenir de Celui qui donne ainsi à l’Écriture toute sa grâce et toute sa puissance.

 

3.5   Jean 2:23-25 — Jésus connaissait ce qui était dans l’homme

Nous arrivons maintenant à une nouvelle division de l’évangile (ch. 3), introduite par une sorte de préface au sujet de l’homme et de son état, qui forme la conclusion du ch.f 2. L’arrivée de Nicodème avec ses questions donne lieu au témoignage de notre Seigneur quant à la nécessité de la nouvelle naissance pour le royaume de Dieu, et quant à la croix, la vie éternelle, l’amour de Dieu, et la condamnation du monde, et le chapitre se termine par le témoignage de Jean le baptiseur rendu à la gloire de Sa Personne.

« Et comme il était à Jérusalem, à la Pâque, pendant la fête, plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous [les hommes], et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme » (2:23-25).

 

3.5.1.1                 La ruine complète de l’homme

C’était la ville des fêtes solennelles ; c’était une fête de l’Éternel, et même la plus fondamentale des fêtes sacrées. Le Messie était là, objet de foi, opérant en puissance, et manifestant Sa gloire par des signes appropriés. Beaucoup crurent donc en Son nom. C’était l’homme faisant et ressentant de son mieux dans les circonstances les plus favorables. Pourtant Jésus ne se fiait pas à eux. Certainement ce n’était pas du manque d’amour ni de pitié de sa part ; car qui aimait et pouvait aimer comme Lui ? Mais la raison donnée calmement, est vraiment accablante : « parce qu’il connaissait tous [les hommes], et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme ». Quelle sentence ! et venant de Quelle Personne, et accompagnée de quelles raisons ! Il est bon de peser cela avec gravité : qui oserait prétendre ne pas être concerné ? C’est le Juge établi des vivants et des morts (Actes 10:42) qui prononce ainsi la sentence. Tout n’est-il pas terminé quant à l’homme ?

 

3.5.1.2                 Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Se soumettre au témoignage de Dieu quant à son état

Un grand fait, une vérité, conduit à l’explication : c’est le mal total, la ruine irrémédiable, de l’homme en tant que tel. Les voies du Seigneur sont dans la plus stricte conformité avec les paroles de l’Esprit par l’apôtre Paul : « la pensée de la chair » — voilà tout ce qui est dans l’homme — « est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas ». Par conséquent « ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » (Rom. 8:7-8). Ses faits et gestes et ses souffrances sont égoïstes et sans valeur à l’égard de Dieu. Sa foi, comme ici, ne vaut pas mieux, car ce n’est pas l’âme soumise au témoignage de Dieu, mais l’esprit jugeant qu’une preuve est satisfaisante pour lui. On conclut que Jésus doit être le Messie ; ce n’est ni la soumission au témoignage divin, ni sa réception : dans un tel cas, l’esprit s’assied sur le trône de jugement, et se prononce pour ou contre, selon son estimation des raisons favorables ou défavorables, au lieu que l’âme mette son sceau sur le fait que Dieu est vrai (en face de toutes les apparences, cela peut être vraiment très difficile). Sur quelle base peut-on espérer l’amour du Saint pour des êtres vils et rebelles ? Sur la seule base de Christ reçu selon le témoignage de Dieu, Christ en grâce pour les perdus et mourant pour les impies et ceux qui sont sans force (Rom. 5:6) : c’est Lui qui explique tout et qui manifeste tout, et non pas du tout les miracles et les signes. Ceux-ci arrêtent l’œil, exercent les pensées, et peuvent même toucher et gagner les affections. Mais rien sinon la parole de Dieu juge l’homme, ou révèle ce qu’il est en Christ une fois ainsi jugé ; voilà ce qui seul est de l’Esprit, comme nous le verrons, car Lui seul, non pas l’homme, a devant Lui le véritable objet, le Fils de l’amour de Dieu donné en grâce pour un monde ruiné et coupable.

La vérité est que nos jugements découlent de nos affections. Ce que nous aimons, nous le croyons facilement ; ce qui ne tient pas compte de nous, nous y résistons naturellement, et nous le rejetons. Tant que Jésus était considéré comme un agent d’amélioration de l’humanité, il semble avoir reçu l’accueil le plus prompt et le plus cordial. L’homme veut bien accréditer Jésus s’il pense que Jésus accrédite l’homme. Mais comment recevoir ce qui ne tient pas compte de l’homme, ce qui le condamne moralement, ce qui maintient devant lui l’avertissement solennel du jugement éternel et de l’étang de feu ? Non, il hait le témoignage, et la Personne qui en est l’objet central, et la vérité qui se rapporte à ce témoignage et à cette Personne. Mais quand l’homme est brisé devant Dieu et est rendu disposé à reconnaître son état de péché, et à reconnaître qu’il est totalement dans les péchés, et des péchés inexcusables, la question est tout à fait différente ; Celui qui était redouté et à l’égard duquel on éprouvait de la répulsion, c’est vers Lui qu’on se tourne comme le seul espoir de la part de Dieu, Jésus qui nous délivre de la colère qui vient (1 Thes. 1:10). Voilà en effet la conversion, et seule la grâce par sa puissance vivifiante l’accomplit.

 

3.5.1.3                 Religion traditionnelle : un doctrine chrétienne qu’on a adaptée au monde

Voilà ce qui arrive quand on adapte la doctrine chrétienne pour qu’elle convienne au monde, en l’émasculant et l’altérant, en vue de bâtir et affermir ce qu’en vérité elle juge. Alors, en effet, elle n’est plus une semence qui prend racine et croît et porte du fruit, mais elle n’est que du levain qui se propage, et contamine largement. Telle est la chrétienté, lorsque la volonté de l’homme est engagée à son côté, et que la religion devient traditionnelle.

 

3.5.1.4                 Déduction logique devant les miracles, sans effet sur l’état de l’homme

Mais ici, c’est le témoignage saint et terrible de Jésus quant à l’homme dans son meilleur état, où il n’y a pas d’inimitié, et que tout semble empli de promesse humaine. Ici de nouveau, nous voyons Jean commencer là où les autres évangiles s’achèvent. Ce n’est pas le Messie rejeté, mais Jésus le Fils de Dieu, qui connaît la fin dès le commencement, qui traite l’homme comme n’étant que vanité et péché — parce que dans ses pensées Dieu n’a aucune place, mais seulement le moi, sans qu’il n’ait aucune peine réelle ni honte d’être en opposition avec Dieu, sans qu’il n’ait aucun sens de ce que le péché mérite, ni qu’il s’en soucie aucunement. Les miracles qui étaient devant lui étaient pour lui une preuve l’amenant à conclure que personne d’autre que le Messie ne pouvait les avoir opérés ; mais cette déduction n’avait pas d’effet sur son état moral, ni par rapport à Dieu, ni par rapport à l’homme. Il restait comme il avait été avec tout ce qui avait occupé et fait travailler son esprit, — et sa nature demeurait non jugée, Dieu n’étant pas mieux connu, et l’ennemi conservant toujours le même pouvoir sur lui. Jusqu’alors, seul l’homme était en action, et non pas Dieu ; car il n’y a pas d’œuvre de Dieu tant que la Parole n’a pas été reçue comme étant la Sienne (ce qu’elle est en vérité), révélant Sa grâce à l’homme qui a conscience d’en avoir besoin. Ici en Jean 2, il n’y avait là rien de la sorte, mais un simple processus des pensées et des sentiments de l’homme, sans qu’il soit question de ses péchés ni de son état devant Dieu, et sans qu’il ressente le moindre besoin d’un Sauveur. Jésus en savait la valeur, et ne se fiait pas à l’homme, même quand il croyait en Lui de cette manière. C’était une foi humaine, dont les exemples ne sont pas rares dans cet évangile ni ailleurs, tandis qu’il est clair que la foi que nous avons est donnée de Dieu et a la vie éternelle : cette foi a à faire avec Dieu, tandis que l’autre est de l’homme, et ne s’élève pas au-dessus de sa source. « Soyez en garde contre les hommes » (Matt. 10:17), dira-t-Il plus tard à Ses disciples, au moment où Il sera sur le point de prouver à la croix combien Il connaissait, véritablement et depuis le début, ce qui était en l’homme.

 

 

4                        Chapitre 3 — Royaume de Dieu, nouvelle naissance, choses célestes, pardon et croix + Témoignage de Jean le Baptiseur au Seigneur

4.1   Jean 3:1-21 — Nicodème, la nouvelle naissance et la croix

Nous avons vu combien croire en Christ à partir de preuves est sans valeur. Mais dans la foule de ceux qui avaient ainsi cru, il pouvait y avoir des âmes éveillées au sentiment de leurs besoins, ce qui les conduisait à Jésus personnellement. En Lui était la vie : ce n’est pas simplement que toutes choses aient été amenées à l’existence par Lui, et que les signes opérés et les choses faites par Jésus, s’ils étaient écrits un par un dans des livres, le monde même ne pourrait pas contenir ces livres (21:25) — mais, bien au-dessus de tout, la vie pour le croyant est dans le Fils (1 Jean 5:11). Voilà le fait relaté ici en détail.

 

4.1.1        Jean 3:1-3

« Mais il y avait un homme d’entre les pharisiens, dont le nom était Nicodème, qui était un chef des Juifs. Celui-ci vint à lui de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui. Jésus répondit et lui dit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » (3:1-3).

 

4.1.1.1                 L’état de Nicodème

C’était un chef d’entre les plus orthodoxes du peuple élu — suffisamment sincère pour chercher Jésus afin de connaître la vérité, mais appréciant encore assez le monde pour craindre sa condamnation et son mépris. Aussi vint-il à Jésus de nuit ; cependant il se place sur le terrain d’une conviction partagée avec ses confrères et issue du fait des miracles opérés par le Seigneur. Il ne savait pas qu’un travail plus profond était en route intérieurement, qui l’attirait à Jésus, lui mais pas les autres. Lui, le docteur d’Israël, reconnaissait en Jésus un docteur venu de Dieu, et que Dieu était avec Lui : pour tout autre né d’une femme, cela aurait été un honneur insigne ; mais pour Jésus c’était la preuve que Sa véritable gloire était inconnue. Nicodème était donc encore égaré quant à lui-même, quant aux Juifs et quant à Jésus. En bref, le vrai Dieu lui était inconnu.

 

4.1.1.2                 Ce qui manquait à Nicodème

Le Seigneur l’arrête donc tout de suite avec la déclaration que tout homme a besoin d’être né de nouveau dès le départ, dès l’origine. Pour voir le royaume de Dieu, ce qui manque n’est pas un enseignement, mais une nouvelle nature, une nouvelle source de l’être spirituellement. Aucune déduction, aussi logique soit-elle, n’est de la foi. Même une conviction de la conscience n’en est pas. Il peut y avoir une conclusion tirée honnêtement de prémisses saines, à partir de faits tangibles du plus grand poids dans nos pensées ; mais voilà que Dieu n’est pas connu, et l’esprit ne s’est pas jugé. Le nouveau caractère de vie qui convient au royaume de Dieu n’existe pas encore pour l’âme. Enseigner quand on est dans un tel état ne ferait qu’aggraver le danger, ou exposer à un nouveau mal. La Parole de Dieu n’avait jamais pénétré le cœur de Nicodème. Il ne se savait pas entièrement souillé, spirituellement mort dans ses péchés. Ce dont il avait besoin, c’était d’être vivifié, non pas d’avoir un nouvel aliment pour exercer ses pensées. Alors Jésus, au lieu de commenter ses paroles, répond à son vrai besoin, ce qu’il aurait aussi cherché lui-même s’il l’avait seulement connu.

Si Nicodème considérait alors comme indiscutable sa propre capacité (dans l’état où il était) à profiter de la vérité et à servir Dieu et à hériter de Son royaume, le Seigneur lui assure avec une solennité incomparable, que la nouvelle naissance est indispensable pour voir le royaume. Car Dieu n’enseigne ni n’améliore la nature humaine. Il avait déjà essayé patiemment, et l’épreuve qui en était faite allait sous peu être entièrement achevée.

 

4.1.1.3                 Le royaume de Dieu était là en Christ

Il est question du royaume de Dieu, et non pas de quoi que ce soit dans l’homme déchu. Le royaume n’était pas encore établi ni manifesté en puissance sur la terre, comme il le sera à l’apparition de Jésus. Il n’était pas encore prêché aux Gentils comme il le fut après la croix. Mais pour la foi, il était venu dans la Personne de Christ, et c’était le gage qu’il serait bientôt mis en place dans toute son étendue, à la fois dans les choses terrestres et dans les choses célestes qui lui appartiennent. Le royaume de Dieu était parmi eux en Christ, qui manifestait la puissance de ce royaume, les ennemis eux-mêmes visibles ou invisibles en étant juges. Pourquoi donc Nicodème ne le voyait-il pas ? car il n’y avait aucune carence dans l’objet de foi, ni dans Son témoignage, et il suffisait d’une condamnation et d’une confession générales ; et il ne manquait pas non plus de signes attestant la présence et la puissance de Dieu. Hélas, la carence est dans l’homme, et pour l’homme, c’est incurable, car qui peut changer sa nature ? En fait, si cela était possible, cela n’aurait servi à rien. « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Dieu ne peut que donner une nouvelle nature, et une nature appropriée à Son royaume. Sans cela, nul ne peut le voir.

 

4.1.2        Jean 3:4 — Nouvelle naissance : un changement de nature

« Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? » (3:4).

Nous apprenons par-là ce que le Seigneur donnait à entendre : il ne s’agissait pas que la naissance nécessaire soit d’en haut, mais qu’elle soit nouvelle ; s’il en était autrement, la difficulté formulée par Nicodème n’aurait pas eu lieu d’être. Toutefois il y avait encore à préciser : car en vérité, même si la conversion fabuleuse d’un homme vieux en un homme de nouveau jeune pouvait être véritable, même si le cas étrange suggéré par le pharisien étonné pouvait avoir été opéré dans un fait réel miraculeux (comme Jonas sorti vivant du grand poisson qui l’avait avalé), cela n’aurait pas suffi pour répondre aux exigences du royaume de Dieu, comme nous allons le voir expressément dans les explications supplémentaires de notre Seigneur. Car ce serait encore la nature humaine, même si elle était renouvelée dans sa jeunesse, ou répétée dans sa naissance jusqu’à ce point, et aussi souvent qu’on veut. Une chose pure ne peut pas sortir d’une chose impure ; or telle est la nature de l’homme depuis la chute. Ce n’est pas non plus la manière de renouveler de Dieu ; mais Sa manière consiste à donner une nature entièrement nouvelle en commençant à la source ; car le croyant est né de Dieu, non pas d’une semence corruptible, mais d’une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu (1 Pierre 1:23).

 

4.1.3        Jean 3:5 — Être né d’eau et d’Esprit pour entrer dans le royaume de Dieu

« Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (*). Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (3:5-6).

 

(*) note de E.E. Whitfield : c’est la leçon de la plupart des éditeurs appuyés par la majorité des manuscrits. Blass lit : « des cieux », comme dans aleph. Les preuves internes supportent « Dieu ». Quant au « royaume », W.Kelly dans ses «Méditations sur l’évangile de Matthieu » (ch. 17) estime qu’« Il parle d’un royaume dans lequel nous entrons maintenant ».

 

4.1.3.1                 Un passage souvent perverti

Ce sont des paroles d’une importance incalculable pour l’homme, et d’une profonde bénédiction chez ceux à qui la grâce donne des oreilles pour entendre, et un cœur pour recevoir et garder. Pourtant, je ne connais guère de passages de l’Écriture qui ait été autant perverti que celui-ci, pour en faire le baptême, ni de passage où la tradition qui s’y rapporte est la plus dangereusement fausse, bien qu’elle ait été tenue et crue « toujours, partout et par tous » (quod semper, quod ubique, quod ab omnibus) comme bien d’autres interprétations de l’Écriture. De cette interprétation, il s’ensuivrait le double résultat suivant : 1. aucune âme ne pourrait entrer dans le royaume de Dieu sinon ceux qui ont été baptisés, et, 2. comme le contexte prouverait l’identification de la nouvelle nature avec la vie éternelle, aucun des baptisés ne pourrait périr — Voilà une déclaration que tous (sauf les plus grossièrement ignorants ou pleins de préjugés) avouent être, dans ses deux parties, opposée à d’autres passages clairs de l’Écriture, et à un fait notoire.

 

4.1.3.2                 L’eau ne figure pas ici le baptême

Le baptême chrétien (c’est ce que traditionnellement on pense être la signification visée, non pas le baptême de Jean, ni celui des disciples) n’était pas alors institué, et les faits qu’il symbolise n’existaient pas, jusqu’à ce que le Seigneur meure et ressuscite. Comment alors Nicodème aurait-il eu une possibilité quelconque de les anticiper ou de comprendre ce que le Seigneur donne comme éclaircissement de la difficulté relative à être né de nouveau ? Pourtant, le Seigneur lui reproche comme « docteur d’Israël » sa lenteur à comprendre. Autrement dit, il aurait dû savoir ces choses (justement comme enseignant les Juifs), mais il n’avait aucune possibilité de les connaître si le Seigneur faisait allusion à une institution chrétienne non encore divulguée.

 

4.1.3.3                 Raisonnements erronés pour appuyer l’idée du baptême

Le raisonnement de Hooker (*) («Works» ii. 262, etc., 5eme édition de Keble), comme d’autres avant et après lui, est à côté du sujet, et démontre simplement l’inattention vis-à-vis de l’Écriture, et la connaissance superficielle de la vérité. Il n’est pas vrai que « né d’eau et d’Esprit », si on l’interprète littéralement, signifie le baptême. Ce rite n’est jamais présenté comme figurant la vie, mais la mort, comme en Rom. 6, Col. 2, et 1 Pierre 3 : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour Jésus Christ, nous avons été baptisés pour sa mort ? ». Le baptême n’est jamais un signe de vivification, mais plutôt d’identification de ceux qui sont vivifiés avec la mort de Christ, afin qu’en vertu de Lui, ceux-ci puissent prendre la place d’hommes morts au péché, mais vivants pour Dieu, et se compter tels par grâce, car c’est bien sous la grâce que nous sommes, non pas sous la loi. Voilà la doctrine apostolique. Les paroles de notre Seigneur n’enseignent pas autrement, et ne le peuvent pas, alors qu’elles le devraient si Jean 3:5 s’appliquait au baptême. Prenez l’eau ici comme une figure de la parole que l’Esprit utilise pour vivifier, et tout est clair, cohérent, et vrai. S’il était dit dans l’Écriture que nous sommes nés de l’Esprit par le moyen de l’eau, nous nous rapprocherions de ce que les Pères en ont tiré, et de ce qui est nécessaire pour supporter la construction bâtie dessus dans l’Anglicanisme et d’autres formulaires de liturgie qui l’appliquent au baptême. La manière dont ils traitent cette expression « né d’eau et de l’Esprit » semble être vraiment « licencieuse », « induisant en erreur » et « dangereuse », — et en opposition avec ce que notre Seigneur dit même au verset 5, et encore plus avec son omission de l’« eau » au verset 6, et par-dessus tout avec la place du baptême donnée partout ailleurs dans l’Écriture. Le baptême peut être l’expression formelle d’un lavage qui ôte les péchés, mais il n’exprime jamais la communication de la vie : ceci est sans équivoque un faux enseignement.

 

(*) Cartwright avait dit que le baptême irrégulier s’était développé à partir d’une fausse interprétation de Jean 3:5, «où certains interprètent le mot «eau» comme l’eau en tant que matière physique, alors que Christ notre Sauveur prend l’eau ici comme signifiant l’Esprit, selon un langage d’emprunt ». Le lecteur verra que cela est imparfait ; car l’eau est ici la figure de la parole qui apporte la sentence de mort sur la chair ; et ainsi l’homme pécheur est purifié par Celui du côté duquel ont coulé du sang et de l’eau, selon le témoignage de Jean.

Sur un plan général, Hooker dit : « je tiens pour une vérité tout à fait infaillible quand on expose l’Écriture sacrée, que, là où une interprétation littérale tient la route, plus on s’éloigne de la lettre du texte, plus on fait mal en général. Rien n’est plus dangereux que cet art licencieux et trompeur consistant à changer le sens des mots (comme l’alchimie le fait ou voudrait le faire avec la substance des métaux, faisant ce qui semble bon de n’importe quoi), et qui finalement réduit toute vérité à néant… Pour masquer l’orientation générale de l’antiquité qui s’accorde avec l’interprétation littérale, ils affirment habilement que «certains» ont pris ces mots comme signifiant l’eau matérielle, alors qu’ils savent qu’on ne peut citer aucun de tous les anciens qui n’ait jamais exposé ou soutenu ce passage comme impliquant autre chose qu’un baptême externe » (E. P., V. lix. 2, 3).

L’antiquité a été peut-être aussi unanime pour appliquer Jean 6 à la Cène du Seigneur, avec des raisons aussi peu solides. Dans aucun de ces deux cas, ceux qui interprètent ainsi depuis l’antiquité ne font une interprétation littérale, mais ils s’accrochent à une ressemblance superficielle ; dans les deux cas, il en résulte une hétérodoxie très dangereuse pour les âmes, et qui a énormément contribué à la ruine de la chrétienté et à celle d’individus trompés. Il est impossible de nier que le Seigneur a souvent employé ailleurs l’eau au sens figuré ; maintenir qu’Il l’entendait littéralement ici, c’est abaisser le sens immensément et impliquer les pires conséquences, comme celle d’une ordonnance sauvant ex opere operato (**). Je voudrais ajouter qu’il est remarquable que l’évangile de Jean omet l’institution à la fois du baptême et de la Cène du Seigneur, s’appesantissant plus que tous les autres sur la vie et l’Esprit.

(**) note Bibliquest : en doctrine catholique, ex opere operato désigne l’efficacité du sacrement inhérente à sa seule administration, indépendamment de l’état de celui qui l’administre et de celui qui le reçoit.

 

4.1.3.4                 L’eau : la parole de Dieu appliquée par Son Esprit

Il en est ainsi en Jean 13 et 15 [13:7-10 & 15:3], pour ne pas parler de Jean 4 et 7. Pour la figure de l’eau, comparer Éph. 5:26 ; pour la vérité sous-jacente à cette figure, voir 1 Cor. 4:15, Jacq. 1:18, 1 Pierre 1:23. Ce n’est pas un rite donnant un honneur à une classe officielle, mais la parole de Dieu appliquée par Son Esprit, apportant la mort sur la nature, afin que nous puissions vivre quant à Dieu en Christ.

 

4.1.3.5                 Être né d’eau et d’Esprit : être engendré de Dieu, rendu participant de la nature divine

Car Christ est venu par l’eau et par le sang ; Il purifie et expie (1 Jean 5). Il est la vérité, que la parole de Dieu applique dans la puissance de l’Esprit, jugeant la vieille nature et introduisant la nouvelle. « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). On est la même personne, mais une vie est communiquée qu’on n’avait pas auparavant, non pas la vie d’Adam, mais celle de Christ, le second Homme. On est engendré de Dieu, rendus participants de la nature divine par les très grandes et très précieuses promesses, ayant échappé à la corruption qui est dans le monde par la convoitise (2 Pierre 1:4). Voilà ce que c’est qu’être né d’eau et d’Esprit — une chose infiniment plus profonde que toute formule de la vérité correspondante, aussi précieuse soit-elle à sa place et dans le but que le Seigneur avait en vue lorsqu’il l’a instituée. Le baptême était l’admission formelle ; c’était la confession de Christ sur la base de Sa mort et de Sa résurrection, non pas sur la base d’une vivification, ce qui était vrai de tous les saints avant Christ, quand il n’y avait pas de baptême chrétien. Si le baptême était vraiment le signe et le moyen d’avoir la vie, la cohérence voudrait qu’on dénie la vie aux saints de l’Ancien Testament, ou bien il aurait fallu qu’ils soient baptisés du baptême chrétien, ce qu’ils n’étaient pas. C’est là un terrain évidemment faux. Il n’y a aucune raison d’estimer que les douze aient été baptisés du baptême chrétien ; ils ont baptisé les autres, sans l’être eux-mêmes, semble-t-il. N’étaient-ils pas, alors, nés de nouveau ? La circoncision non plus ne signifiait pas la vie ; or nous savons que les âmes étaient nées de nouveau avant même que la circoncision ait été imposée à Abraham déjà justifié par la foi.

 

4.1.4        Jean 3:6 — Deux natures totalement distinctes

C’est pourquoi aussi, il est important d’observer que celui qui est ainsi né de nouveau, est dit être né de l’Esprit, l’eau étant omise au verset 6 : « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (3:6).

Sans l’Esprit, la Parole (ou l’eau, de manière figurée) ne peut rien pour vivifier, car Il est l’agent efficace dans la communication de la vie de Christ. L’eau purifie, mais par elle-même, elle n’est pas capable de vivifier ; elle est la mort pour la chair. Il n’y avait eu que la chair auparavant ; maintenant, comme croyant en Christ, l’homme est né de Dieu (1 Jean 5) ; et chaque nature garde ses propres caractéristiques. Comme la chair ne devient jamais esprit, ainsi l’esprit ne dégénère jamais en chair. Les natures demeurent distinctes, et ce que le croyant a à faire pratiquement, c’est de se tenir pour mort vis-à-vis de l’une afin de pouvoir vivre dans l’autre, par la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est donné pour lui (Gal. 2:20).

 

4.1.5        Jean 3:7-8 — Les païens / Gentils comme les Juifs ont besoin de naître de l’Esprit

Nicodème n’avait pas non plus à s’étonner que lui et les autres Juifs aient besoin d’être nés de nouveau, et non pas simplement les païens (ce à quoi ils auraient consenti tout de suite). « Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il vous faut être nés de nouveau » (3:7).

Si la grâce souveraine satisfaisait ce besoin, pouvait-elle s’arrêter là, le voudrait-elle ? Certainement pas. Elle voulait exhaler la bénédiction aussi largement que les ravages du péché, selon le choix de Dieu. « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (3:8). Ainsi dans « tout homme », il y a la place pour tout homme déchu, un Gentil tout autant qu’un Juif. Quel que soit ce qui les distingue selon la chair, l’Esprit peut affluer librement et bénir ceux qui sont les plus éloignés, tandis que le plus proche n’est rien sans Lui.

 

4.1.6        Jean 3:9-10 — Ce que l’Ancien Testament disait déjà de ces choses

En outre, il a déjà été remarqué que, dans tout cela, il n’y a pas de privilège qui fût si spécial qu’il ait été hors de portée d’un Juif intelligent. C’est pourquoi quand « Nicodème répondit et lui dit : Comment ces choses peuvent-elles se faire ? Jésus répondit et lui dit : Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? » (3:9-10). N’avait-il jamais lu la promesse faite à Israël dans l’un des prophètes ? : « Car je verserai de l’eau sur celui qui a soif, et des ruisseaux d’eau sur la terre sèche ; je verserai mon Esprit sur ta semence, et ma bénédiction sur ceux qui sortent de toi » (Ésaïe 44:3). Avait-il aussi oublié les paroles d’un autre prophète ? : « Et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez. Et vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu » (Ézéchiel 36:25-28).

On ne peut s’y tromper : Israël aura besoin de la nouvelle naissance même pour recevoir bientôt les bénédictions terrestres du royaume de Dieu et pour en jouir correctement, — et Dieu dans Sa grâce le leur accordera dans ce but. Nicodème n’avait donc pas à être surpris de la nécessité universelle de la nouvelle naissance, y compris pour les Juifs, selon que le Seigneur la proclamait ; mais comme la bénédiction n’est pas de la chair, mais de l’Esprit, la grâce ne mettra personne à l’écart de cette bénédiction pour des raisons susceptibles de donner du poids à l’homme. Les Gentils ne seront pas laissés en dehors d’une miséricorde si riche et si indispensable pour le royaume de Dieu, — lequel est par grâce, et ne provient pas de la loi ni de la chair comme les Juifs étaient enclins à l’admettre. « Ho ! quiconque a soif, venez aux eaux, et vous qui n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez ; oui, venez, achetez sans argent et sans prix du vin et du lait » (Ésaïe 55:1). N’est-ce pas là la grâce, et exprimée de manière à ouvrir la porte à toute personne des nations au sens du besoin, du besoin sans ressource, où qu’il soit ? Pourtant qui était celui qui tirait, ou pouvait tirer des prophètes le principe, et lui donner sa forme absolue, comme ici, à Nicodème, si ce n’est Celui qui parlait ? D’autres inspirés par l’Esprit allaient bientôt suivre, et parmi eux aucun plus nettement que l’apôtre Paul.

Jusque-là donc, Nicodème en tant que Juif et que docteur d’Israël, aurait dû connaître la nature autant que la nécessité de la nouvelle naissance. Les anciens prophètes n’étaient pas silencieux sur son application à Israël, même pour les jours où la bénédiction sera versée en abondance sur eux de la part de Dieu selon Sa promesse. Non seulement les païens sont décrits comme impurs, mais aussi Son peuple (quelle que fût leur présente autosatisfaction et l’orgueil qui s’enveloppait d’ignorance), et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’Il fasse aspersion de l’eau pure sur eux, et qu’Il mette Son Esprit en eux. Sans aucun doute, le Seigneur, comme cela était dû à Sa gloire personnelle, présente la vérité avec une clarté et une profondeur incomparablement plus grandes, ainsi qu’une portée qui embrasse tout ; mais ce qui était présenté n’aurait pas dû être étrange à Nicodème sur son propre terrain. La nouvelle chose suit la croix, soit dans ce que le Seigneur établit, soit dans les faits, comme nous le verrons impliqué au ch. 4.

 

4.1.7        Jean 3:11 — Le Fils de Dieu rendait témoignage de ce qu’Il connaissait et avait vu

4.1.7.1                 Le Fils connaissait le Père

Or même ici le Seigneur parle d’une connaissance à communiquer, comme en fait elle l’était, d’abord par Lui-même en Personne, puis par le Saint Esprit à travers des témoins choisis, transcendant le témoignage des prophètes et tout à fait différente à la fois dans son caractère et dans sa mesure. « En vérité, en vérité, je te dis : Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage » (3:11). Ce n’est pas une vision de choses situées hors de la sphère ordinaire de celui qui était inspiré pour être prophète, ni un message fondé sur l’autorité de Celui qui a envoyé Son serviteur avec un «Ainsi dit l’Éternel». Jésus seul, vrai homme parmi les hommes, pouvait néanmoins dire, parce qu’Il n’en était pas moins Dieu : « Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ». Il savait ce qui était dans l’homme, n’ayant besoin d’aucun témoignage au sujet de l’homme (Jean 2) ; Il savait ce qui était en Dieu, et Il était le seul homme à pouvoir témoigner de Dieu sans [avoir besoin d’aucun] témoignage au sujet de Lui (Jean 3). «Moi je t’ai connu», dit-Il Lui-même au Père plus loin dans cet évangile (17:25). Mais le monde ne connaissait pas le Père ; encore moins le Père et le Fils étaient-ils connus par ceux qui, en persécutant les disciples, pensaient faire le service de Dieu (16:2-3). Mais, béni soit Son nom, si personne ne connaissait le Père, si ce n’est le Fils, ils ne manquaient pas de gens à qui le Fils révélait le Père (Matt. 11:27) ; et ainsi le Saint Esprit, qui sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu (1 Cor. 2:10), révèle ce qui était auparavant caché (y compris aux prophètes), et Il donne aux chrétiens la pensée, ou l’intelligence, de Christ (1 Cor. 2:16).

 

4.1.7.2                 Différence entre le témoignage de Christ et celui d’un prophète

Car une Personne Divine connaît en Elle-même, toutes choses en elles-mêmes ; non pas comme les prophètes qui connaissaient de la part de Quelqu’un d’extérieur et d’en haut, Qui donnait une mission, une vision, un message. Ceux-ci pouvaient donc souvent parler de ce qu’ils ne connaissaient pas, et apprendre en recherchant, que « ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par (έν) l’Esprit Saint envoyé du ciel » (1 Pierre 1:12). Mais Jésus parlait de ce qu’Il connaissait. Venant de Dieu, et étant Lui-même Dieu, Il connaissait parfaitement la nature divine, et était ici un homme pour la révéler aux hommes. Si personne n’avait jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, L’a fait connaître (1:18) ; Il était le seul né de femme à avoir cette compétence, à la fois en tant que Fils et en tant qu’image du Dieu invisible : Il était et est cette image dans un sens non seulement prééminent, mais exclusif, comme l’enseignent formellement les épîtres aux Colossiens (Col. 1:18.) et aux Hébreux (Héb. 1:3). Et Il parlait avec une grâce ineffable, exprimant la grâce et la vérité de Celui qui est Dieu et Père, à travers le cœur d’un homme et s’adressant aux cœurs des hommes. Il témoignait aussi de la gloire, qui lui était familière auprès du Père avant que le monde fût. Car qu’est-ce que l’amour divin retenait caché à ceux qui allaient partager avec Lui la gloire dans laquelle Lui et eux seront manifestés au monde, — à ceux qui allaient contempler Sa gloire comme personne d’autre ne la verra ? (17:24). Dans le ciel, oui, dans la gloire la plus brillante du ciel, Il était chez Lui ; et de même qu’Il allait préparer une place dans la maison du Père pour les Siens (14:3), ainsi ce qu’Il était seul à avoir vu, Il en rendait témoignage à ceux que la grâce souveraine voulait appeler pour les rendre aptes à être avec Lui dans cette maison.

 

4.1.7.3                 Un témoignage précieux et divin, mais rejeté par l’homme

Et quel témoignage cette double connaissance rend à la Personne de Jésus, dans l’absolu, et pourtant aussi dans une relation ! Il est en effet le vrai Dieu, mais en même temps la vie éternelle. Ce n’était pas empirique, mais intrinsèque. Comme une Personne divine seule le pouvait, Il connaissait à la fois l’homme et Dieu ; et après avoir insisté sur le besoin indispensable d’être né de nouveau, Il parle de Dieu connu en haut, en nature et en gloire, comme précédemment nous avions Sa connaissance de ce qui est dans l’homme. Combien il est précieux qu’une telle connaissance nous soit communiquée, comme elle l’est maintenant en Christ et dans le christianisme ! L’homme dans le besoin, ignorant, aveugle, ne voulait-il pas accueillir un tel privilège ? Hélas, non : même pas quand la grâce le fait descendre jusqu’à tout nous expliquer avec les expressions du langage humain. « Et vous ne recevez pas notre témoignage » (3:11). Ce témoignage fait connaître Dieu, et révèle le Père. Il ne laisse pas de place pour recevoir de la gloire l’un de l’autre. Il condamne l’homme tel qu’il est, rempli de propre volonté et orgueilleux, non seulement sans cœur pour Dieu, mais ne voulant pas croire ce qui est dans le cœur de Dieu pour l’homme, et qui a été exprimé dans chaque mot et acte de Jésus. Comme l’apôtre nous le dit : « Personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu… L’homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement » (1 Cor. 2:11, 14).

Il y a une répulsion naturelle dans les pensées de l’homme à l’égard du témoignage divin. Le jugement dépend des affections, et les affections de l’homme sont étrangères par rapport à Dieu. Les privilèges n’y changent rien, ni la responsabilité qui découle de la relation dans laquelle on peut être vis-à-vis de Dieu. Il faut être né de nouveau. Une nature divine s’attache à Dieu ; la vie qui provient de Lui en tant que source, s’élève vers Lui dans ses désirs, si ce n’est pas même toujours (jusqu’à ce que la rédemption soit connue) en confiance de cœur.

 

4.1.7.4                 Le besoin des Juifs d’être entièrement renouvelés

Or, dans Sa déclaration solennelle, le Seigneur n’était pas allé au-delà de la nécessité universelle de l’homme en vue du royaume de Dieu, et le docteur juif était donc inexcusable d’en avoir ainsi méconnu la vérité au point de s’étonner de l’affirmation du Seigneur à son sujet. Il aurait dû connaître les anciennes écritures, spécialement des Psaumes et des prophètes, qu’Israël doit être renouvelé pour entrer dans la jouissance de la portion qui leur a été promise sur la terre. « Certainement Dieu est bon envers Israël », comme le royaume messianique le manifestera ; mais ce n’était pas assuré à tous. C’était en faveur de « ceux qui sont purs de cœur » (Ps. 73:1). La masse des Juifs sera si loin d’être prête pour le royaume, que l’Esprit de Christ dans le résidu pieux n’hésitera pas à demander le jugement de Dieu et à plaider sa cause contre une nation sans piété et sans miséricorde (Ps. 43). Ils n’étaient pas meilleurs que les Gentils, mais plus coupables. Ils y avaient des ennemis au-dedans comme au dehors. « Et j’ai dit : Oh ! si j’avais des ailes comme une colombe, je m’envolerais et je demeurerais tranquille ; voici, je m’enfuirais loin, et je me logerais au désert. Sélah. Je me hâterais de m’échapper loin du vent de tempête, loin de l’ouragan. Engloutis-[les], Seigneur ! divise leur langue ; car j’ai vu la violence et les querelles dans la ville. Jour et nuit ils font la ronde sur ses murailles ; et l’iniquité et le tourment sont au milieu d’elle ; les perversités sont au milieu d’elle, et l’oppression et la fraude ne s’éloignent pas de ses rues. Car ce n’est pas un ennemi qui m’a outragé, alors je l’aurais supporté ; ce n’est point celui qui me hait qui s’est élevé orgueilleusement contre moi, alors je me serais caché de lui ; mais c’est toi, un homme comme moi, mon conseiller et mon ami : nous avions ensemble de douces communications ; nous allions avec la foule dans la maison de Dieu » (Ps. 55:6-14). Ainsi dans la pensée des saints, la ville (la sainte cité en titre, et en fait la cité tout à fait profane) est pire que le désert, aussi désolé soit-il. Ce ne sont pas seulement les Gentils qui ont besoin d’être nés de nouveau, mais les Juifs aussi, autrement le nom de Dieu est blasphémé parmi les Gentils à leur sujet, comme il est écrit (Rom. 2:24).

 

4.1.7.5                 La prophétie d’Ézéchiel 36

Il est frappant de noter que le chapitre d’Ézéchiel, déjà cité en partie et naturellement utilisé pour illustrer ces paroles de l’apôtre Paul, déclare dans des termes tout à fait clairs et inconditionnels que Dieu sanctifiera Son grand nom qui a été blasphémé parmi les païens, et « que vous avez profané au milieu d’elles ; et les nations sauront que je suis l’Éternel, dit le Seigneur, l’Éternel, quand je serai sanctifié en vous, à leurs yeux. Et je vous prendrai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre terre ; et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez. Et vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu. Et je vous délivrerai de toutes vos impuretés. Et j’appellerai le blé, et je le multiplierai, et je ne vous enverrai pas la famine ; et je multiplierai le fruit des arbres et le produit des champs, afin que vous ne portiez plus l’opprobre de la famine parmi les nations. Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos abominations. Ce n’est point à cause de vous que je le fais, dit le Seigneur, l’Éternel : sachez-le. Soyez honteux et soyez confus à cause de vos voies, maison d’Israël ! Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Au jour où je vous purifierai de toutes vos iniquités, je ferai que les villes seront habitées, et les lieux désolés seront rebâtis ; et le pays désert sera labouré, au lieu d’être une désolation aux yeux de tous les passants. Et ils diront : Ce pays qui était désolé, est devenu comme le jardin d’Éden ; et les villes ruinées et désertes et renversées sont fortifiées et habitées. Et les nations qui demeureront de reste autour de vous, sauront que moi, l’Éternel, j’ai rebâti les [villes] renversées, j’ai planté ce qui était désolé. Moi, l’Éternel, j’ai parlé, et je le ferai » (Ézéchiel 36:23-36).

 

4.1.8        Jean 3:12

En outre, ces paroles du prophète donnent une illustration des « choses terrestres » dont parle notre Seigneur dans Son entretien avec Nicodème : « Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ? » (3:12).

 

4.1.8.1                 Au-delà des choses terrestres

En parlant comme Il l’avait fait de la nécessité d’être né de nouveau — né d’eau et d’Esprit — le Seigneur n' était pas allé au-delà «des choses terrestres». On ne pouvait voir le royaume de Dieu ni y entrer sans cette nouvelle naissance. Bien sûr, elle est indispensable pour les cieux ; mais le Seigneur va plus loin, et insiste sur ce qu’elle est essentielle même pour la province inférieure du royaume de Dieu. Même les Juifs ont besoin d’être nés de nouveau, tant pour les bénédictions milléniales que pour l’éternité. Cela est si vrai que « tous ceux qui sont [issus] d’Israël ne sont pas Israël » et aussi parce qu’ils sont « la semence d’Abraham, ils ne sont pas tous enfants » (Rom. 9:6-7).

 

4.1.8.2                 La révélation de choses nouvelles et célestes

Nous allons voir aussi, quand notre Seigneur se met, dans Son discours, à évoquer Sa croix et l’amour de Dieu donnant Son Fils, qu’être né de nouveau n’est pas une description adéquate de ce qui est donné au croyant, mais il y a la vie éternelle. Substantiellement, sans doute, c’est la même nouvelle nature que tous les saints ont et doivent avoir ; mais maintenant que la gloire et l’œuvre de Christ sont révélées, son caractère complet brille. Il y a encore plus, comme nous le savons, et le chapitre suivant le montre : l’Esprit donné, et la jouissance de la relation d’enfants de Dieu, et les résultats de la mort et de la résurrection et de l’ascension de Christ qui sont notre part déjà maintenant. Mais je ne m’étends pas davantage là-dessus pour le moment. Nous apprenons seulement ici que le royaume de Dieu a des «choses célestes», tout autant que «les choses terrestres» dont les prophètes avaient parlé. Jésus, le Fils, aurait pu dévoiler les choses célestes, mais la condition d’un Nicodème ne le permettait pour le moment. Toutes ces profondeurs de Dieu, et d’autres encore, ont été révélées amplement par l’Esprit après que le sang versé a justifié Dieu et purifié leurs consciences. Alors seulement, les disciples ont été libres de tout apprendre dans la puissance de la résurrection de Christ et dans la lumière du ciel. Telle est la connaissance chrétienne.

 

4.1.8.3                 Le royaume du Père est la sphère céleste du royaume

Mais même quand Christ était ici-bas, Il a indiqué nettement que le royaume du Père était une sphère céleste où les saints ressuscités ont à resplendir comme le soleil, par contraste au royaume du Fils de l’homme, qui est clairement le monde, duquel les anges, à Sa venue auront mission d’ôter tout scandale et ceux qui commettent l’iniquité (Matt. 13:41-43). Dans la prière donnée aux disciples (Matt. 6:10), on peut reconnaître une distinction semblable, quoique moins tranchée, quand Il leur commande de prier pour le royaume à venir de leur Père, où eux et tous les saints ressuscités seront glorifiés ; et ensuite, que Sa volonté soit faite comme dans le ciel, aussi sur la terre, ce qui ne sera assuré qu’à la fin de l’ère, quand le Fils de l’homme viendra dans son royaume. Ces deux royaumes (du Père et du Fils de l’homme) constituent ensemble le royaume de Dieu, qui comprend, par conséquent, comme le Seigneur l’assure ici, «les choses célestes» et «les choses terrestres». Le lecteur trouvera une abondante confirmation en Éph. 1:10, Col. 1:20, et Héb. 12:22-24.

 

4.1.9        Jean 3:13

4.1.9.1                 L’homme aveugle rejette le Fils de l’homme

Il nous est ensuite donné d’apprendre qui est Celui qui pouvait parler des choses célestes avec une connaissance et une autorité compétentes. C’est le Fils de l’homme, la même Personne, sans aucun doute, qui a daigné naître de la vierge, le Fils de David, le Messie. Mais comme Messie, Il a à juger en justice le peuple de l’Éternel, et à régner avec une puissance qui ne saurait être contestée, sauf à conduire à la ruine, ce qui sera le cas de tous les rebelles. Car «l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. Et son plaisir sera la crainte de l’Éternel ; et il ne jugera pas d’après la vue de ses yeux, et ne reprendra pas selon l’ouïe de ses oreilles ; mais il jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre » (Ésaïe 11:2-4). C’est ainsi qu’Il s’est présenté à Israël, mais Il a été rejeté ; et comme nous le savons, ils Le rejettent jusqu’à ce jour. Car l’homme, étant perdu, prouve qu’il est totalement aveugle, et parmi les hommes, nul ne l’a davantage prouvé qu’Israël à l’encontre de leur gloire la plus vraie et de leur trésor le meilleur : Christ, le Seigneur. C’est ce que nous avons vu dès le début de l’évangile selon Jean, qui a été donné pour traiter les choses comme elles sont, et comme elles sont en présence de la grâce et de la vérité dans Sa Personne qui révèle le Père.

 

4.1.9.2                 Compétence unique pour parler de tout ce qu’Il connaît, y compris les choses célestes

Nous n’avons donc pas ici un prophète en train de révéler l’avenir du royaume de l’Éternel sur la terre, ou des jugements qui l’introduiront, ou des maux qui devront être jugés avant l’établissement de la bénédiction en ce jour-là. C’est plus qu’un prophète qui fait connaître ce qu’il a reçu, avec la responsabilité de le communiquer à l’homme de la part de Dieu. Jésus n’a pas simplement la connaissance de ce qui est dans l’homme sur la terre, comme personne ne l’a jamais connu, comme seule la Parole faite chair l’a connu, mais Jésus connaît ce qui est en Dieu en haut comme seule une Personne divine le pouvait, et maintenant comme homme aussi. Aucun prophète n’a jamais parlé, n’a jamais pu parler comme Lui ; nul autre n’a connu comme Lui, et n’a donc témoigné comme Lui. Lui pouvait donc parler des choses célestes, aussi bien que des terrestres, non pas comme quelqu’un inspiré pour dire ce qui était inconnu auparavant, mais Lui pouvait parler de ce qu’Il connaissait et avait vu dans la communion de la Déité. Le fait de devenir homme n’a rien enlevé à Sa capacité divine ni à Ses droits divins ; c’était une grâce indicible pour ceux pour l’amour desquels Il était venu d’auprès de Dieu et s’en allait à Dieu (13:1, 3), — étant non seulement la vérité et le témoin de ce qu’Il connaissait et avait vu, comme Lui seul pouvait l’être, mais étant témoin sur le point de mourir de manière expiatoire, comme nous allons le voir bientôt dans ce même contexte, afin que le croyant puisse vivre éternellement et justement.

 

4.1.9.3                 Monté au ciel, descendu du ciel. Le Fils de l’homme qui est dans le ciel

À quoi pouvaient être utile un homme, un ange, ou toute autre créature, pour connaître ces choses ? C’était Sa gloire, Son œuvre. L’homme, Adam, que l’Éternel Dieu a formé, avait été mis par Dieu en Éden, chef de toutes les créatures autour de lui, et Dieu avait déclaré que cela était très bon. Mais le ciel est le trône de l’Éternel, bien que ni le ciel, ni les cieux des cieux ne puissent Le contenir (1 Rois 8:27). « Et personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme qui est (*) dans le ciel » (3:13). Des hommes ont été, et seront enlevés au ciel ; des anges ont été envoyés du ciel. À Jésus seul il appartenait de monter, comme Lui seul en est descendu. Car Il était une Personne divine, et Il est venu par amour ; et l’amour est toujours libre aussi bien que saint. « Voici, je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Ps. 40:7). Dans le rouleau du livre il n’était écrit que de Lui seul. Et Celui qui s’était plu à être trouvé en figure comme un homme, prenant le corps que Dieu Lui avait préparé, se réjouissait toujours de parler de Lui-même comme l’Envoyé, l’homme Christ Jésus, descendu du ciel pour faire non pas Sa volonté propre, mais la volonté de Celui qui L’avait envoyé (4:34). Il s’est fait serviteur, mais Il n’a pas cessé d’être Dieu, Il ne pouvait pas cesser. Mais il est en même temps homme, aussi véritablement qu’Adam ; oui, Il est ce qu’Adam n’était pas : un Fils d’homme, issu d’une femme.

 

(*) Le manuscrit Alexandrin et une cursive des évangiles (4949 au British Museum) omettent ών. Bien plus sérieuse est l’omission de ό ών έν τω ούρανω [= qui est dans le ciel] dans le Sinaïticus, le Vaticanus, deux autres onciaux [L, T.], une cursive de valeur, de Paris [33], etc. Il n’y a toutefois pas matière à hésitation pour accepter la masse des autorités [y compris Latt. et Syrr] contre ces témoignages. Cela illustre le danger d’être entraîné par quelques favoris, aussi vénérables soient-ils et dignes de confiance en général. Je suis heureux de voir que le Dr Tregelles [comme Tischendorf] insère ce membre de phrase, mais il est difficile de comprendre avec quelle cohérence il le fait dans son système de recension.

Note Bibliquest : Carrez, la TOB et le Nouveau Testament en français courant omettent tous « qui est dans le ciel ».

 

Et c’est ainsi que dans la forme de l’expression utilisée, Il est caractérisé comme Celui qui est monté au ciel, Lui qui est le seul à en être descendu : άναβέβηκεν (*) [est monté]… ό έκ του ούρανου καταβάς [celui qui est descendu du ciel]. Car, comme l’apôtre Paul le demande, « Or, qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses » (Éph. 4:9-10). Seulement, tandis que l’apôtre Paul nous le dit en relation avec Son œuvre et avec les conseils de Dieu, Jean le présente dans les paroles de notre Seigneur en relation avec la vérité de Sa Personne, « le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». Or c’est une vérité étonnante. Dire « le Fils de Dieu qui était dans le ciel » aurait été vrai ; mais quelle vérité infinie que de dire ce qui est dit, « le Fils de l’homme qui est dans le ciel » ! Ceci aurait été impossible à dire s’Il n’avait pas été Dieu, le Fils du Père, et pourtant (ce qui était de la plus grande importance), cela est dit de Lui comme homme, le Messie rejeté, « le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». L’incarnation n’était pas une simple émanation de la divinité ; ce n’était pas non plus une Personne auparavant divine qui a cessé de l’être en devenant homme (en soi c’est une absurdité impossible), mais l’incarnation c’est Celui qui, pour glorifier le Père, et dans l’accomplissement des propos de grâce à la gloire de Dieu, a pris l’humanité en union avec la Déité dans Sa Personne. C’est pourquoi Il a pu dire, et de Lui seul cela pouvait être dit : « le Fils de l’homme qui est dans le ciel », de même qu’Il est le Fils unique qui est (pas simplement qui était (2*)) dans le sein du Père. C’est Lui qui a répondu, et même plus que cela, au défi d’Agur (Prov. 30:4), parlant prophétiquement à Ithiel et Ucal : « Qui est monté dans les cieux, et qui en est descendu ? Qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains ? Qui a serré les eaux dans un manteau ? Qui a établi toutes les bornes de la terre ? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais ? » C’est Dieu, et non pas l’homme, qui peut relever le défi ; mais c’est Dieu fait homme, oui, le Fils de l’homme. Combien est-Il adapté autant que compétent pour dévoiler toutes choses, célestes, terrestres, humaines et divines ! Il est, en effet, la Vérité.

 

(*) Nous ne devons pas supposer άναβήσεται [montera] ici. Le futur de l’ascension est parfaitement juste en Jean 6. Mais ici il y a un caractère anticipatif attaché à la Personne du Seigneur ; et donc pour exprimer cela, aucun temps n’était plus approprié que le parfait, c’est-à-dire la continuité dans le présent d’un acte passé. Les anomalies apparentes de l’Écriture sont très instructives quand on les comprend.

(2*) Il est surprenant que Bengel suive Raphelius en préférant « qui était » à « qui est », alors que presque tous les anciens, Grecs et Latins insistent à juste titre là-dessus.

 

 

4.1.10    Jean 3:14-16 — L’œuvre puissante que le Seigneur venait accomplir pour les pécheurs

Nous avons vu que l’ascension du Seigneur est basée sur Sa descente du ciel, et que les deux découlent de et appartiennent à Sa Personne comme le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Mais le Seigneur poursuit cela en présentant l’œuvre puissante qu’Il venait accomplir pour les pécheurs, afin qu’ils aient la vie éternelle — par grâce, en effet, mais sur la base de la justice divine.

« Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui (ne périsse pas, mais qu’il (*)) ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son (2*) Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (3:14-16).

 

(*) Le membre de phrase entre parenthèse μή άπόληται άλλ’ manque ici dans quatre manuscrits onciaux de très haut niveau, sept cursives et de nombreuses versions, etc. [non pas la syriaque] ; mais presque tous le lisent au verset 16.

(2*) Le Sinaïticus et le Vaticanus (B) omettent αύτου, « son ».

 

4.1.10.1             Jean 3:14 — La croix : une nécessité pour le pardon et pour la vie éternelle. Christ la seule victime possible

On a déjà insisté sur la nécessité de la nouvelle naissance pour que l’homme voie le royaume de Dieu et y entre. Mais la croix est pareillement une nécessité pour que l’homme coupable reçoive le pardon de Dieu et ait la vie en Lui. Tous deux (la nouvelle naissance et la croix) sont pareillement indispensables. Comparez 1 Jean 4:9-10. Christ a été envoyé comme propitiation pour nos péchés (Lui seul pouvait l’être). Le Seigneur illustre ici cette dernière vérité par la scène bien connue dans le désert, où Dieu ordonne à Moïse, dans sa détresse pour les Israélites coupables et mordus par les serpents brûlants, et mourant de tous côtés, de mettre un serpent d’airain sur une perche, afin que celui qui le regardait puisse vivre. C’était une image de Celui, qui n’a pas connu le péché, mais qui a été fait péché pour nous (2 Cor. 5:21) et a été identifié, dans le traitement divin, aux conséquences de notre mal dans le jugement sur la croix. Le péché ne pouvait pas autrement être expié de manière adéquate. Il fallait que ce soit par le jugement du péché par Dieu sur Une Personne capable de porter ce qu’il méritait de Sa part, et il fallait que ce soit sur un homme, sur le Fils de l’homme, pour que cela profite à l’homme. Si cela avait été sur tout autre que Jésus, cela aurait été une offense pour Dieu, et n’aurait pas été efficace pour l’homme, car Lui seul était le Saint ; dans aucun sacrifice, il n’y avait un soin plus jaloux pour que la victime soit sans défaut. « C’est une chose très sainte », dit la loi du sacrifice pour le péché (Lév. 6:22 et 7:1). Adam tomba, et tous les autres hommes ont été enfantés dans l’iniquité, et conçus dans le péché (Ps. 51:5).

En Lui seul né de femme il n’y avait pas de péché, non seulement aucun péché commis (1 Pierre 2:22), mais il n’y avait pas de péché en Lui (1 Jean 3:5). C’est pourquoi un corps Lui a été préparé comme pour personne d’autre quand l’Esprit Saint est venu sur la vierge Marie, et que la puissance du Très-haut l’a couverte de Son ombre. C’est pourquoi cette Sainte Chose qui naquit fut appelée Fils de Dieu (Luc 1:35) ; non seulement Fils de Dieu avant d’être envoyé du Père, mais aussi une fois que la Parole fut devenue ainsi chair (en grâce), un homme parfait, et néanmoins véritablement Dieu. Car il n’y avait pas d’autre façon pour qu’il fût remédié à la situation désespérée de l’homme devant Dieu. Ce ne pouvait être fait en justice que par l’expiation, et le Fils de l’homme était la seule victime convenable. Car il est impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte les péchés, quoique de tels sacrifices aient pu être instructifs à l’avance quant aux besoins de l’homme et au moyen de Dieu. « C’est pourquoi, en entrant dans le monde, il dit : «Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas pris plaisir aux holocaustes ni aux sacrifices pour le péché ; alors j’ai dit : Voici, je viens, (il est écrit de moi dans le rouleau du livre) pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Héb. 10:5-7, citant Ps. 40:6 et suiv.).

 

4.1.10.2             Jean 3:14-15 — Jésus Christ crucifié : en croyant en Lui on a la vie éternelle

C’est ainsi que l’homme Christ Jésus, qui est en même temps le Fils de Dieu, oui, Dieu sur toutes choses béni éternellement (Rom. 9:5), daigna souffrir une fois pour les péchés, le Juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu (1 Pierre 3:18). Il ne pouvait en être qu’ainsi, car Dieu ne pouvait pas traiter le péché à la légère, même s’il est certain qu’Il peut pardonner aux pécheurs, et qu’Il le fait ; mais sans le sang de la croix, Dieu ne pouvait pardonner en restant cohérent avec Lui-même et avec Sa Parole, et avec la vraie bénédiction de la créature. C’est pourquoi le Seigneur dit ici à Nicodème, qui connaissait la loi, même s’il ne connaissait guère les prophètes : «Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé» (3:14). C’est ainsi qu’Il a racheté de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous (Gal. 3:13). Ce n’est pas un Messie vivant régnant sur Son peuple sur la terre, mais c’est Lui, rejeté par eux, pécheurs et perdus comme il y en avait maintenant la preuve ; c’est Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié, — dans ce caractère ou ce titre qui Le rattache au seul objet dont a besoin un homme pécheur : ou, comme Il le dit Lui-même ici, « afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (3:15). Par Lui seul ainsi présenté, on vient à Dieu avec tous les péchés jugés et portés sur Sa croix. C’est pourquoi, c’est en croyant en Lui qu’on a la vie éternelle. Le croyant ne regarde plus à lui-même mais au Seigneur Jésus.

 

4.1.10.3             Jean 3:16 — Révélation de l’amour souverain de Dieu

Mais s’il n’y avait que cela, l’âme, même en regardant à Christ par la foi, pourrait rester sans liberté ni paix, bien qu’elle soit vraiment bénie jusque-là. C’est pourquoi le Seigneur révèle une autre vérité. « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (3:16). Ce n’est plus le besoin abject et absolu de l’homme coupable, qu’il soit Juif ou non. Il y a maintenant la révélation de l’amour souverain de Dieu, qui ne se confine pas dans des limites quelconque, telles que la loi ou l’homme sous la loi les avait vues, mais il y a cet amour qui s’épanche librement et pleinement vers le monde, où Il était inconnu et haï, — un amour non pas en création ou en grâces providentielles, mais un amour d’une sorte telle qu’il est allé jusqu’à donner Son Fils, Son unique, « afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (3:16). C’est la grâce à l’extrême. Il n’est pas question ici d’un besoin existant. Il n’y avait aucune nécessité morale que Dieu donne Son Fils ; c’était Son amour, non pas une obligation de Sa part, ni une réclamation de la part de l’homme. Quel que soit le besoin inhérent à l’état de l’homme, il y a été amplement répondu dans la croix du Fils de l’homme, et c’est là que s’est accomplie l’expiation ou la propitiation pour les péchés de ceux qui croient. Mais il y a incomparablement plus dans le Fils unique donné par le Dieu d’amour, non pas au peuple élu, mais au monde. Ainsi l’amour divin a été manifesté aussi parfaitement que l’a été Son exigence juste et sainte de juger le péché ; et cela en Christ, le Fils unique de Dieu, le Fils de l’homme souffrant, mais maintenant glorifié, — ces deux choses (l’amour et la sainte exigence) étant aussi à la fois déployées dans, et goûtées par, cette vie éternelle que le croyant a en Lui.

 

4.1.10.4             La vérité que Dieu a tant aimé le monde

La grande vérité a été mise au clair : non seulement l’homme, l’homme pécheur, avait besoin d’une expiation adéquate ainsi que d’une nouvelle naissance, mais Dieu a tant aimé le monde, le monde coupable et perdu des Gentils tout autant que des Juifs, et Il l’a tant aimé qu’Il a donné son Fils unique, afin que tous ceux qui croient en Lui ne périssent pas, mais aient la vie éternelle. C’est dans le Fils de Dieu que les deux lignes de la vérité se rencontrent, car Il est incarné et crucifié. En conséquence, la vraie lumière brille, la vie éternelle est donnée, l’amour de Dieu est connu, la rédemption est accomplie, le salut est venu. Il y a davantage en Lui et par Lui maintenant, que si le royaume avait été établi en puissance, — ce royaume qu’attendaient ceux dont les espérances étaient formées et limitées par l’Ancien Testament. « La bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées » ; et bien que personne ne puisse dire, peut-être jusqu’à « ce jour-là », que « la vérité germera de la terre, et la justice regardera des cieux » (Ps. 85:10-11), pourtant l’on sait assurément que « la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (1:17), et que la justice est établie et manifestée en Lui exalté sur le trône et glorifié en Dieu Lui-même en haut. Dans les jours brillants du ciel sur la terre, Il jugera avec justice Son peuple et le monde (Ps. 72:2 et 96:13), et ôtera très tôt le méchant ; car les vivants doivent être jugés par Lui à Sa venue (Matt. 25:31 et suiv.), ainsi que les morts enfin (Apoc. 20 fin), avant qu’Il ne remette le royaume à Dieu (1 Cor. 15:24).

 

4.1.11    Jean 3:17-21 — Sauvés ou jugés. Le croyant et l’incrédule

4.1.11.1             3:17 — Sauveur pour le monde entier

Mais des desseins plus profonds étaient en route, maintenant que le Messie est considéré comme rejeté par les Juifs : la vie éternelle dans le Fils de Dieu, et le salut par Lui, qui meurt en expiation sur la croix. « Car Dieu n’a pas envoyé Son (*) Fils dans le monde afin qu’Il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par Lui » (3:17). Et comme une œuvre incomparablement plus profonde et avec des conséquences éternelles était devant Dieu, ainsi les objets de Sa grâce ne sont plus dans les limites circonscrites du pays d’Israël. S’Il a à se manifester maintenant comme un Dieu Sauveur dans Son Fils, il convient à Son amour d’envoyer la bonne nouvelle au monde dans son entier. « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (2 Cor. 5:19). Il est vrai que Christ présent de cette manière a été rejeté ; mais le message d’amour n’a nullement été abandonné ; il est plutôt entré sur un nouveau fondement d’où il pouvait se diffuser dans la puissance de l’Esprit. Car Celui qui ne connaissait pas le péché, Dieu L’a fait péché pour nous (c’est-à-dire, à la croix), afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui (2 Cor. 5:21).

 

(*) Le mot αύτου (Son) est omis par aleph,B L T, cinq cursives et quelques pères, mais lu par toutes les autres autorités.

note Bibliquest : ce mot est rejeté par Carrez mais accepté par TOB et le Nouveau Testament en français courant.

 

4.1.11.2             Jean 3:17-18a — Le croyant n’est pas jugé

Ainsi Christ comme Sauveur, non pas comme Juge, exprime le témoignage caractéristique de Dieu, donné maintenant à connaître à l’homme, et déclaré ici par notre Seigneur, en contraste avec Sa gloire prédite de Messie et de Fils de l’homme gouvernant, comme Il le fera bientôt sur la terre, dans l’ère à venir. Cela est suivi par le résultat pour celui qui reçoit Christ maintenant : « Celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (3:18). Non seulement le croyant n’est pas condamné, mais il n’est pas l’objet d’un jugement. Il rendra des comptes, mais il n’est jamais mis en accusation. Cela est explicitement enseigné en Jean 5 (v. 24), où la double issue est rattachée au mystère de la Personne de Christ. Comme Il est Fils de Dieu et Fils de l’homme, ainsi Il donne la vie et exercera le jugement, le premier côté pour la bénédiction des croyants qui reconnaissent Sa gloire, l’autre côté en revendication [de Ses droits] sur ceux qui L’ont déshonoré.

 

4.1.11.3             Jean 3:18 — La Personne de Christ : un test

Ainsi, comme Son abaissement pour devenir homme fit de Lui la cible de l’incrédulité, c’est comme Fils de l’homme qu’Il jugera ceux qui L’ont méprisé ; il est clair que ceci ne s’applique pas au croyant, dont la joie est, déjà maintenant et pour l’éternité, de L’honorer Lui comme il honore le Père (5:23). Et comme dans ce ch. 5 de Jean le croyant est déclaré avoir la vie éternelle et ne pas venir en jugement, mais être passé de la mort à la vie (5:24), ainsi ici « celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (3:18). Car Jean présente le Seigneur comme faisant savoir que tout est décidé par le test de Sa propre Personne reçue par la foi ou rejetée dans l’incrédulité. Le bien ou le mal sous tous les autres aspects tournent autour de cela, comme Il le montre peu après. C’est une pierre de touche sans équivalent, pas même la loi de Dieu malgré son importance et son caractère incisif. C’est là que nous voyons l’erreur des plus anciens théologiens qui ramènent la loi ici, comme partout, et en font seulement une question de condamnation morale ; tandis que le point clé de l’enseignement est que c’est Christ Lui-même cru ou non, bien que, sans doute, la conduite pratique s’ensuive en conséquence.

 

4.1.11.4             Jean 3:18 — Gravité du refus du Fils de Dieu

Ici il ne s’agit pas de la mort en conséquence de ne pas avoir fait les commandements de Dieu, mais de l’incrédule déjà jugé par Celui qui voit la fin d’une chose dès son commencement, et qui prononce la sentence sur toutes les personnes et les choses selon ce qu’elles sont devant Dieu. Un Seul peut être utile à celui qui est mort dans ses fautes et dans ses péchés : c’est le Fils, qui est la vie et qui donne la vie au croyant ; la loi ne lui est d’aucune utilité, car elle ne peut que condamner celui dont la marche ne s’accorde pas avec elle. Quant à l’incrédule, c’est le Fils de Dieu qu’il refuse : qu’il le fasse par négligence ou délibérément, par orgueil hautain ou par adhésion couarde à d’autres espérances, plaisirs ou intérêts, il n’y a dans tout cela que des différences de forme ou de degré. Car il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu, dont le nom n’est pas caché, mais prêché. Ce qu’Il est, et ce qu’Il est vis-à-vis des pécheurs, a été pleinement donné à connaître, de sorte que toutes les excuses sont vaines et ne font que rajouter péché sur péché. Son nom même indique, et assure, qu’Il est le Sauveur, un Sauveur divin, et pourtant un Homme, et donc Sauveur pour des hommes. On ne peut pas non plus honnêtement avancer qu’il reste quelque doute quant aux sentiments et aux pensées de Dieu, car il vient d’être dit que Dieu L’a envoyé dans le monde dans le but de le sauver, — quel que doive être le caractère de Sa venue dans un autre jour, lorsqu’Il demandera des comptes à ceux qui voudraient ne Lui en rendre aucun. Mais qu’est-ce pour Dieu que des pécheurs misérables, coupables et ruinés, osent mépriser et rejeter Celui qui est à la fois l’unique Sauveur de l’homme, et le Fils unique de Dieu ! Quand ceux qui ont le plus besoin de la miséricorde en ressentent le moins le besoin, quand dans leur totale dégradation ils refusent le Très-haut, descendu vers eux en amour immense pour bénir, — que reste-t-il sinon le jugement pour ceux qui ont ainsi rendu la grâce de Dieu nulle à leur égard, alors que cette grâce est rehaussée par la gloire de Celui qui est venu en amour à cause d’eux, et est approfondie par l’humiliation dans laquelle Il a daigné venir ?

 

4.1.11.5             Jean 3:19-21 — Motif du jugement : est-ce la loi ?

Je sais bien que les théologiens puritains ramènent la loi même ici, et soutiennent que Christ, en illustrant la certitude du salut pour ceux qui croient en Lui, montre au contraire que la condamnation des incrédules est double, une fois par la loi et une autre fois par l’évangile. Leur idée est que, si les incrédules sont déclarés ici être déjà condamnés, c’est par la sentence de la loi, et qu’ils restent sous cette sentence, et qu’elle est confirmée par l’évangile, puisqu’ils n’ont pas saisi par la foi le seul remède offert en Christ.

Or il n’y a trace d’un tel schéma ni ici ni ailleurs dans l’Écriture ; elle enseigne expressément que «tous ceux qui ont péché sans loi, périront aussi sans loi ; et tous ceux qui ont péché sous [la] loi, seront jugés par [la] loi… au jour où Dieu jugera par Jésus Christ les secrets des hommes» (Rom. 2:12-16). La doctrine de Paul exclut donc l’hypothèse que tout incrédule est déjà sous la loi ; on comprendrait bien que cela impliquerait qu’il soit condamné par elle, la loi n’affectant que ceux qui sont sous elle, tandis que ceux qui ne l’ont pas sont traités sur leur propre terrain. Le langage de notre évangile s’accorde entièrement avec ce que dit Paul ; notre évangile ne dit pas un mot de la loi, alors même qu’un docteur de celle-ci était devant le Seigneur pour s’enquérir de la vie éternelle et du salut. Il n’est question que de Christ. « Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière ; car leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises ; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu » (3:19-21).

Vu que la vraie lumière luit maintenant (et non plus la loi en Israël, mais la lumière venue dans le monde), il y a un critère en vigueur qui décide pour tout homme. Il y a une question beaucoup plus profonde que l’état d’un homme ou sa conduite. En effet, cela, aussi, est déjà décidé ; l’homme n’est plus en période probatoire, comme l’était le Juif sous la loi. Il est perdu : qu’il soit Juif ou Gentil, il est pareillement perdu. C’est pourquoi il est question de croire en Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, qui (comme nous l’avons vu plus haut) a été envoyé de Dieu, non pas comme Il va bientôt l’être pour juger les vivants et les morts, mais afin que le monde (non pas la nation élue maintenant, mais le monde en dépit de sa ruine, dans Sa grâce) soit sauvé par Lui (3:17). Ceci fait subir un test jusqu’au for intérieur. Tout dépend ainsi du fait de croire en Lui. Si on ne croit pas, on est déjà jugé (3:18b). Ce n’est pas simplement faillir à une obligation, mais lutter contre la grâce et la vérité venues par Jésus Christ. C’est rejeter la vie éternelle, et l’amour parfait de Dieu, dans le Fils unique de Dieu, au nom duquel on ne croit pas ou dont on fait pas cas.

 

4.1.11.6             Jean 3:19 — Le rejet n’a pas pour cause l’ignorance. Ne pas différer une décision

Il est totalement vain de se plaindre d’un manque de lumière. C’est même l’inverse qui est vrai. « C’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (3:19). Quelle terrible révélation de leur état ! Hélas, c’était notre état : nos affections étaient corrompues à l’extrême, au point de préférer les ténèbres à la lumière, et cela pour la raison la plus coupable et avec mauvaise conscience : car nos actes étaient mauvais. Assurément la trompette ne donne pas un son incertain. Avons-nous entendu son avertissement clair au-dessus et au-dessous du vacarme de ce monde ? Nous sommes-nous soumis à la sentence de Celui qui sait ce qui est dans l’homme, tout autant que ce qui est en Dieu ? Ou sommes-nous encore raidis dans notre propre justice et notre propre suffisance ? Osons-nous contester les paroles du Seigneur, solennelles et claires — trop claires pour mal les interpréter ? Voudrions-nous différer la décision jusqu’au grand trône blanc ? Et quel sera alors le jugement du Juge sur l’incrédulité qui Lui attribue pratiquement le mensonge ? Car nul homme qui a cru à Ses paroles maintenant voudrait différer jusqu’à ce moment-là, mais il rejetterait sûrement son âme sur Celui qui, s’Il sera alors le Juge, est Sauveur, et rien d’autre qu’un Sauveur, pour le perdu qui croit maintenant en Son nom.

 

4.1.11.7             Jean 3:19-20 — Le jugement sera selon les œuvres

Mais quand le jugement éternel viendra, il est faux de dire que la seule question alors soulevée sera celle de l’incrédulité de l’homme. De la description divine qui nous est donnée, nous apprenons que les morts seront jugés selon leurs œuvres. Il n’y a jamais quelque chose qui ressemble à un salut selon nos œuvres ; pour tous ceux qui rejettent Christ, il y aura le jugement selon leurs œuvres. Ils auront refusé le Sauveur, ils auront méprisé la grâce de Dieu par suite de leur religion ou de leur irréligion, par opposition ou par indifférence. Ils ne sont pas trouvés écrits dans le livre de vie, ils sont jugés selon ce qui est écrit de leurs œuvres dans le livre. Ils sont jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu, la fin de tous ceux qui ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Car leurs œuvres étaient mauvaises : leur jugement n’est-il pas juste ? Quelle est l’analyse morale du Seigneur ? « Car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises » (3:20). Comment une telle personne pourrait-elle convenir au lot des saints dans la lumière ? (Col. 1:12). Cette personne hait la lumière qui est venue ici-bas : correspondrait-elle mieux à cette lumière en haut, ou aimerait-elle mieux cette lumière en haut ? Elle est intérieurement fausse et malhonnête, préférant délibérément et résolument continuer dans ses péchés, au lieu de se soumettre à ce que la lumière les détecte complètement, afin qu’ils puissent être effacés et pardonnés par la foi au sang de Christ. Est-ce là de la vérité dans l’homme intérieur ? Cela ne prouve-t-il pas plutôt que ceux qui refusent Christ ont le diable pour père, et qu’ils désirent suivre leurs passions, au lieu d’écouter la parole de Dieu en étant soumis à Son Fils ?

 

4.1.11.8             Jean 3:21 — Le croyant cherche à marcher selon la lumière. Les deux résurrections

D’un autre côté, « celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu » (3:21). Car la foi de l’élu de Dieu (Tite 1:1), n’est jamais impuissante, mais vivante, et non seulement elle produit des résultats vus parmi les hommes, mais des résultats qui ont la saveur de leur source et de leur sphère divines. Personne ne fait davantage cas de la vérité et de la connaissance de Dieu que Jean ; personne n’a une horreur plus profonde du gnosticisme. C’est la vie, la vie éternelle, que de connaître le Père, le seul vrai Dieu, et Jésus Christ qu’Il a envoyé (17:3) ; or Son commandement est la vie éternelle (12:50), comme notre Seigneur a pu dire de Celui qui Lui donnait ce qu’Il devait dire et comment Il avait à parler (12:49).

Si nous connaissons ces choses, nous sommes bénis si nous les faisons. L’auditeur oublieux n’est pas béni, ni celui qui ne pratique pas la vérité, ni ne vient à la lumière, mais qui s’est plutôt éloigné après s’être considéré lui-même, et qui perd aussitôt tout souvenir de ce qu’il était (Jacq. 1:22-24). N’est-il pas évident que ses œuvres sont, au mieux, impulsives et naturelles ? Mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière ; marchant dans la lumière, il cherche à marcher selon la lumière, éprouvant par elle ses pensées intérieures et ses sentiments, ses motifs et ses buts, ses paroles et ses voies. La présence de Dieu réalisée donne sa couleur à ses œuvres. Elles sont manifestement faites en Dieu (3:21). Elles portent Son image et Son empreinte. C’est pourquoi, lorsque tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Seigneur et s’en iront, pour ceux qui ont pratiqué le bien ce sera une résurrection de vie, et pour ceux qui auront fait le mal ce sera une résurrection de jugement (5:29). Il y a eu la vie dans un cas, pas dans l’autre. Celui qui a entendu la parole du Sauveur et a cru le Dieu qui L’a envoyé, a la vie éternelle, et par suite il pratique le bien. Celui qui rejette le Fils de Dieu n’a pas d’autre motif que l’homme, et ne peut pas avoir d’autre puissance que celle de Satan ; il a refusé Celui qui est la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu (1 Cor. 1:24). Il peut ne pas aimer être perdu et jugé ; mais il méprise le seul moyen de salut offert à tous, le Fils de l’homme crucifié, le Fils de Dieu qui donne la vie. Tout à l’heure, il ne sera pas en mesure de refuser ou de mépriser Son jugement.

 

4.2   Jean 3:22-34 — Hommage de Jean le baptiseur au Seigneur

4.2.1        Rappel sur les v. 12 à 21

Le paragraphe suivant a pour objet l’hommage rendu par Jean le baptiseur au Seigneur. L’Esprit de Dieu l’introduit en nous parlant de l’occasion de cet hommage. La conversation avec Nicodème avait eu lieu à Jérusalem, et c’est alors qu’Il dévoila le besoin absolu à la fois de la nouvelle naissance et de la croix. Seulement, lorsque le Seigneur a parlé de ces choses, Il ne pouvait que nous faire savoir que c’est la vie éternelle que le croyant reçoit, et que Lui-même était tout aussi sûrement le Fils de l’homme qui doit être élevé pour le cas désespéré de l’homme, que le Fils unique de Dieu donné au monde dans l’amour divin. Le salut était dans Sa pensée, non pas le jugement, bien que celui qui ne croit pas en Lui doive être jugé, et même il l’est déjà — et le motif de ce jugement est le plus profond de tous : avoir préféré les ténèbres (afin de pouvoir faire leurs mauvaises œuvres à l’aise) à la Lumière venue dans le monde en Christ. Dès lors, le cas de tous ceux qui Le rejettent est ainsi décidé solennellement.

Il est évident que la Personne de Christ est la clé de tout, et brille de plus en plus dans la scène secrète avec Nicodème. Néanmoins, le Saint Esprit ayant donné un témoignage encore plus complet à Sa gloire par Jean dans un moment critique, il Lui a paru bon de le reproduire de manière permanente pour nous, avec les circonstances qui y ont conduit. Certains pourraient penser que le Seigneur ne faisait que poursuivre l’œuvre de Son prédécesseur et la surpasser. Il convenait, par conséquent, que Jean le baptiseur donne un dernier témoignage au Seigneur, là où la nature humaine était portée à être très réticente.

 

4.2.2        Jean 3:22-24 — Les disciples baptisant avant le ministère du Seigneur

« Après ces choses, Jésus et ses disciples vinrent dans le pays de Judée ; et il séjourna là avec eux, et baptisait. Et Jean aussi baptisait en Énon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau ; et on venait, et on était baptisé car Jean n’avait pas encore été jeté en prison » (3:22-24).

Il s’agit là d’une description de ce qui se passait avant le ministère public de notre Seigneur en Galilée selon les trois évangiles synoptiques. Ceux-ci ne montrent aucune œuvre de Sa part avant l’emprisonnement de Jean, tandis que les premiers chapitres du quatrième évangile sont consacrés à ce sujet, après la révélation de Sa Personne et de Ses gloires au commencement.

 

4.2.3        Jean 3:25-26 — Zèle des disciples de Jean pour leur maître

« Il y eut donc une discussion entre quelques-uns des disciples de Jean et un Juif, touchant la purification. Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Rabbi, Celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, à qui tu as toi-même rendu témoignage, voilà, Il baptise, et tous viennent à Lui » (3:25-26).

Le raisonnement d’un Juif ne les trouble pas, car leurs âmes ne pouvaient que sentir la supériorité morale de l’appel de Jean à la repentance et de son baptême pour la repentance dans la foi au Messie qui venait ; mais la proximité de Jésus et Sa puissance d’attraction, aussi voilée soit-elle, les déconcertaient, bien que l’appel adressé à leur maître prît la forme d’un zèle pour celui qui avait été prompt à reconnaître la dignité de Jésus quand Il était venu à Jean pour être baptisé. Mais maintenant, Il baptisait, et tous affluaient vers Lui : c’est ce dont les disciples de Jean se plaignaient.

 

4.2.4        Jean 3:27-28 — Jean répond dans un esprit de dépendance et de soumission

Pesons bien la réponse. « Jean répondit et dit : Un homme ne peut rien recevoir, à moins qu’il ne lui soit donné du ciel. Vous-mêmes, vous me rendez témoignage que j’ai dit : Ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais je suis envoyé devant lui » (3:27-28). C’était à la fois humble et sage ; comme la vérité le fait toujours, cette réponse mettait chacun à sa juste place, à la fois Dieu et nous ; elle permettait d’assurer pareillement à la fois la reconnaissance de ce que Dieu dispose souverainement de tout, et le contentement de chacun avec son propre sort, et, peut-on ajouter, la tranquille fermeté dans l’accomplissement du devoir qui en découle. Car il n’y a pas de plus grande erreur que de penser que notre propre volonté est réellement forte. Même si c’était le cas, l’obéissance est encore plus forte. « Celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2:17). C’est dans cet esprit de dépendance et d’heureuse soumission à Dieu que Jean répond à ses disciples. S’il était éclipsé comme l’étoile du matin par l’aube du jour, c’était l’achèvement de sa mission, et non pas son échec. Lui, le serviteur et le précurseur, ne s’était jamais mis en avant pour être le Maître, comme ils pouvaient tous en témoigner s’ils le voulaient.

 

4.2.5        Jean 3:29-30 — Jean content de sa position d’ami de l’époux et achevant sa course

Puis Jean applique à lui-même une image tirée de la circonstance d’une fête de noces pour illustrer sa relation avec le Seigneur, en magnifique harmonie avec l’usage même qu’en fait le Seigneur ailleurs. Ici, bien sûr, tout se rattache à Israël, bien que, lorsque l’église prit la place de cette nation, l’Esprit Saint applique librement cette image à la nouvelle relation constamment devant nous dans les épîtres et dans l’Apocalypse. « Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui assiste et l’entend, est tout réjoui à cause de la voix de l’époux ; cette joie donc, qui est la mienne, est accomplie. Il faut que lui croisse, et que moi je diminue » (3:29-30). Jean était en effet le serviteur le plus favorisé, «l’ami» même de l’Époux. C’était donc sa joie que l’épouse soit à Christ, non pas à lui ; quant à lui, sa plus haute distinction était d’être Son héraut et précurseur immédiat, qui voyait ces jours que les rois et les prophètes avaient si ardemment désirés voir, et qui voyait Celui qui donnait leur éclat à ces jours. C’était sa plus grande joie d’entendre Sa voix d’amour et de satisfaction en ceux qu’Il daignait aimer comme son épouse. Sa propre mission était achevée. Si Siméon pouvait aller en paix, Jean le baptiseur pouvait dire que sa joie était accomplie. Il était juste et nécessaire que Lui, Jésus, croisse et que lui, Jean, décroisse, bien que personne de plus grand ne fût né de femme. Au lieu de ressentir un serrement, son cœur s’inclinait et trouvait là son sujet de joie. Bientôt, quand Christ viendra en puissance et en gloire, et s’assiéra sur le trône de David et de la domination encore plus vaste qui est celle du Fils de l’homme, il n’y aura pas de fin à l’accroissement de Son empire, comme le prophète le déclare (Ésaïe 9:7). Mais Jean pouvait le dire maintenant aux jours de Son humiliation, tandis que son âme se reposait sur la gloire de Sa Personne, et que l’Esprit le poussait dans le sens de ce qui Lui était dû.

 

4.2.6        Jean 3:31 — Jésus est à la fois d’en haut et au-dessus de tous. Il est Dieu

La gloire de la Personne de Christ brille ici d’un riche éclat. Ce n’est pas simplement la proximité de Sa relation avec Son peuple qui Le distingue de Jean, ni Son accroissement tandis que le plus grand parmi ceux qui sont nés de femme décroît. Il est au-dessus de toute comparaison. « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous » (3:31a). Ni Adam ni Abraham, ni Énoch ni Élie, ne pouvaient prendre une telle position. Eux, tout comme Jean, ne venaient pas d’en haut, et il ne pouvait être dit d’aucun d’eux qu’il était au-dessus de tous. Notre précieux Seigneur Lui-même, en tant que né de Marie et héritier de David, n’aurait pas pu être ainsi décrit s’Il n’avait pas été Dieu — ce qui est le grand thème de cet évangile. Voilà le grand but de cet évangile : montrer qui Il est : une vérité de la plus grande importance, nous pouvons le dire hardiment, non seulement pour nous les enfants, mais pour Dieu le Père. Car c’est ainsi et maintenant que doivent être résolues toutes les questions qui ont été, à quelque moment, soulevées entre Dieu et l’homme, — elles étaient insolubles jusqu’à ce qu’Il apparaisse, et qu’Il apparaisse comme un homme véritable, qui n’en est pas moins vraiment Dieu, à la fois d’en haut et au-dessus de tous.

Il convenait que Jean le baptiseur énonce de sa bouche même la suprématie incontestable du Seigneur Jésus, et qu’il le fasse en présence de ses propres disciples, jaloux de l’honneur de leur leader. Et alors l’explication suit : « Celui qui est de la terre est de la terre, et parle [comme étant] de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous » (3:31bc). Le Seigneur peut justifier Jean, mais Jean affirme la gloire de Jésus, qui n’avait rien perdu de Sa dignité intrinsèque et suprême en daignant, en amour divin, devenir homme. Comme tous les autres hommes, Jean ne pouvait pas prétendre avoir une origine naturelle autre que de la terre. Jésus seul est du ciel ; car la vertu de Sa Personne est telle qu’Il a élevé la nature humaine pour la mettre en union avec Sa nature divine, au lieu d’être abaissé par la nature humaine jusque dans la dégradation du péché, comme certains l’ont vainement et méchamment rêvé.

 

4.2.7        Jean 3:32-33 — Le témoignage reçu ou non reçu

4.2.7.1                 Le témoignage des choses divines, célestes et éternelles : personne ne le reçoit

Ce n’est pas sur Sa seule personne que nous sommes enseignés ici. Son témoignage est revêtu d’une valeur analogue. « Et de ce qu’Il a vu et entendu, de cela Il rend témoignage ; et personne ne reçoit Son témoignage » (3:32). Son témoignage est la perfection ; car y avait-il quelque chose que le Fils n’avait pas vu ou entendu en rapport avec Dieu, en rapport avec le Père, et cela dans les cieux ? On ne pouvait concevoir de défaut dans la gloire d’où Il venait, et dans la grâce avec laquelle Il faisait tout connaître à l’homme. Combien ce triste résultat est donc desséchant ! Car bien sûr, on aurait partout prévu que tous, sauf les plus abrutis, auraient accueilli avec empressement un tel témoignage des choses divines, célestes et éternelles. Mais voilà l’état de l’homme par suite du péché, non seulement chez le sauvage et la brute, non seulement chez l’idolâtre ou le sceptique, mais chez ceux qui sont fiers de leur religion, que ce soit de la théorie ou de la pratique, des ordonnances ou de la tradition, de l’effort, de l’extase ou de l’expérience — « personne ne reçoit Son témoignage ». Quelle phrase solennelle ! d’autant plus que c’est un oracle dépassionné sur la sainteté. Sans doute ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient dans leur aversion, ou leur indifférence à Son témoignage ; mais dans quel état faut-il que soit l’homme pour n’avoir jamais découvert la valeur du Témoin et du témoignage, alors qu’il était en présence du céleste et divin Sauveur en train de rendre témoignage des choses qui lui étaient le plus profondément nécessaires en rapport avec Dieu, le ciel et l’éternité ! Certes la grâce a ouvert quelques cœurs, ici et là, maintenant et en ce temps-là ; mais le point noté ici est le rejet de Son témoignage par l’homme, et non pas la réserve de la miséricorde souveraine quand tout était perdu dans le péché et la ruine.

 

4.2.7.2                 Pourquoi l’homme ne croit pas à la grâce de Dieu

La foi n’est en aucune façon une croissance naturelle pour le cœur de l’homme pécheur. Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11:6) ; et sans Sa grâce, la foi est impossible, au moins une foi qui Lui plaise. Car ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu (Rom. 8:8) ; mais qui n’est pas dans la chair avant d’être amené à Dieu ? L’homme conscient du péché et qui recule face au jugement divin, n’aime pas le Dieu dont il redoute le châtiment. Il ne voit aucune raison de croire à Sa grâce, en ce qui le concerne ; il n’est pas étonnant qu’il n’en voie aucune, car ce ne serait pas la grâce de Dieu s’il y avait en lui-même une base pour elle. La grâce exclut le mérite de celui à qui elle est montrée, et donc à la fois elle est une offense contre son autosatisfaction, et à la fois elle suppose l’amour chez Celui dont il sait encourir le déplaisir. Ainsi, il n’y a aucune disposition dans son cœur pour croire à la grâce de Dieu, et il y a largement de quoi le faire douter — d’autant plus qu’il raisonne sur ce que Dieu doit être, et sur ce qu’il a lui-même été envers Dieu. Christ n’est pas vu comme Celui qui change tout, ni comme la manifestation de l’amour, ni Sa mort comme le fondement de la justice de Dieu qui justifie le croyant, en dépit des péchés et de l’impiété passés.

 

4.2.7.3                 Différences entre la vraie foi et une foi humaine sans valeur

Le témoignage de Dieu met donc le cœur entièrement à l’épreuve ; car il dit la vérité sur le pécheur aussi résolument qu’il annonce la grâce de Dieu, et le cœur résiste à l’un et se méfie de l’autre. La dernière chose à laquelle le cœur est prêt à se soumettre, c’est de penser du mal de soi, et du bien de Dieu. Mais c’est justement l’effet de recevoir le témoignage de Christ. Quand cela arrive, on commence alors à prendre le parti de Dieu contre soi-même ; car s’il y a une foi authentique, il y a une repentance sincère, sans laquelle, en effet, la foi est humaine et sans valeur, comme dans Jean 2, où les hommes croyaient en voyant les signes opérés, et Jésus ne se fiait pas à eux. Une telle foi n’est pas de l’Esprit de Dieu, mais simplement de l’esprit qui tire une conclusion à partir des probabilités du cas. Avec ce genre de foi, l’homme juge ce qui lui plaît, au lieu d’être moralement jugé, ce qui est humiliant et outrageant. Il ne voit pas de raison suffisante pour rejeter les preuves [quand il voit les miracles] et, sa volonté allant de pair avec ce genre de foi, il croit en accord avec cela. Comme c’était le cas de beaucoup de ceux qui étaient à Jérusalem pour la Pâque, c’est encore aussi le cas maintenant et toujours pour des multitudes dans toute la chrétienté. La croyance vague qui prévaut généralement ne réveille ni assez d’intérêt ni assez d’opposition pour mettre les hommes à l’épreuve. Mais quand n’importe quelle grande vérité, même celles du credo, est exposée avec force à la conscience ou se dresse nettement devant le cœur, on voit alors combien peu d’hommes croient ce qu’ils approuvent en paroles : il en est ainsi parce qu’ils ne l’ont jamais sérieusement appliqué à leurs âmes devant Dieu.

Prenez par exemple la vérité simple de notre évangile de Jean, la Parole, qui était Dieu, devenue chair et habitant parmi nous ; ou encore la rémission des péchés en Son nom, un message communiqué à toutes les âmes, la possession de tout croyant : personne n’en doute tant que cela reste au niveau du prêche abstrait en chaire. Mais dès l’instant où un homme les reçoit pour sa propre âme, et qu’il sent ses péchés et les reconnaît plus que jamais, et qu’il bénit Dieu pour le pardon et qu’il se réjouit en Christ en même temps qu’il adore Dieu et l’Agneau, — voilà les autres qui se rétractent et crient à la présomption ! Ils font comme si de telles vérités n’avaient jamais été prévues pour le cœur et la vie et les bouches de tous les jours, mais seulement comme un service religieux ou, plutôt, comme un rite pour les multitudes célébrant des jours fériés.

 

4.2.7.4                 Jean 3:33 — La grâce efficace et refusée, la haine. Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai

Le fait est cependant que la grâce et la vérité qui vinrent par Jésus Christ éprouvent l’homme de manière absolue, «et personne ne reçoit Son témoignage» (pourtant la grâce et la vérité sont parfaites en elles-mêmes et en Lui, dont la gloire est appropriée pour les manifester et les faire opérer chez l’homme, du fait qu’elles sont parfaitement adaptées à l’homme, dans sont état de pécheur perdu). Là où la puissance vivifiante de l’Esprit agit, il en est tout autrement. Elle est si appropriée pour gagner le cœur, que celui qui n’est pas gagné montre que sa volonté est contre Dieu et contre Sa grâce et contre la vérité en Christ, et sa haine suit naturellement et rapidement. Celui qui s’incline, étant engendré par la parole de vérité (Jacq. 1:18), se juge lui-même. Il a reçu non pas la parole de l’homme, mais comme elle est réellement, la parole de Dieu (1 Thes. 2:13) qui opère efficacement dans le croyant ; ou comme c’est dit ici, « celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai » (3:33).

 

4.2.7.5                 Caractère de la foi réelle et vivante

Voilà le caractère essentiel de la foi réelle et vivante. Le témoignage de Christ est reçu parce que Lui le donne : rien de plus simple, mais nous ne sommes pas simples ; rien de plus juste et qui Lui soit dû, mais nous avons tous tort, et hautement tort envers Lui. Son témoignage est reçu parce qu’Il le dit, non parce qu’il semble raisonnable, ou sage ou bon ou à cause d’une quelconque preuve — bien qu’on n’ait pas besoin de dire qu’il y a les preuves les plus complètes, et que le témoignage est celui qui seul pouvait convenir à Dieu et à l’homme, l’un étant un pécheur, l’autre étant un Sauveur quand Son témoignage est reçu. Une foi divine est due à un témoignage divin ; mais une foi fondée sur des motifs humains n’est pas divine : seule celle fondée sur la parole de Dieu sonde véritablement le cœur et la conscience. Quand un homme est brisé en sentant son état de péché, et tout ce qu’il a fait contre un pareil Dieu, le cœur désire que la bonne nouvelle de l’évangile soit la vérité, au lieu de céder à l’indifférence ou à une répulsion naturelle et active ; c’est cela croire du cœur (Rom. 10:9-10).

 

4.2.8        Jean 3:34 — Un témoignage qui découle de l’Esprit

En outre, la raison d’avoir confiance est établie clairement et exprimée pleinement. Nous ne sommes pas laissés à faire des suppositions : « Car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure » (3:34). Recevoir les paroles de Jésus, c’est donc recevoir celles de Dieu. Quelle raison y aurait-il d’hésiter ? La foi seule a des certitudes absolues. Et l’Esprit en est la puissance, en Christ parfaitement, et en nous et par nous dans la mesure où la chair est jugée. Il était le vase saint de l’Esprit, de sorte que le témoignage en a découlé aussi pur qu’il y avait été versé, ou plutôt, tel qu’il est en Celui qui est Lui-même la vérité. Quant à ce que des hommes inspirés ont écrit, c’est juste la même chose : « Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont le commandement du Seigneur » (1 Cor. 14:37). Dans tous les autres hommes, quelle que soit la puissance, il n’y a pas une telle garantie contre l’infirmité ou l’erreur, bien qu’on puisse être parfaitement gardé et guidé, si on est seulement et simplement dépendant, tellement le lien entre la vérité et l’Esprit est réel.

 

4.3   Jean 3:35-36

4.3.1        Jean 3:35 — Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains

Nous avons eu la suprématie de Jésus, et Son témoignage, qui le distinguent si complètement de tous les autres. Mais il y a plus. Il est « le Fils », et l’objet spécial de l’affection et de l’honneur divins. C’est ce qui suit ; et ici, par conséquent, nous nous élevons bien au-dessus de Sa position soit comme Messie ou Époux d’un coté, soit comme prophète céleste d’un autre coté, — Son témoignage détectait absolument tout enfant d’Adam, tandis qu’il amenait celui qui le recevait à la connaissance de Dieu et de Ses pensées avec une certitude divine. C’est pourquoi il est parlé du Père et du Fils. « Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains » (3:35). Jésus est l’héritier de tout, comme le Fils du Père dans un sens qui Lui est particulier, le vrai Isaac (Gen. 25:5) qui demeure pour toujours, le Fils bien-aimé qui a tout ce que le Père Lui-même a, et a tout donné pour être dans Ses mains, les mains du Fils.

 

4.3.2        Jean 3:36 — Pour la foi, la vie éternelle dès maintenant ; pour l’incrédulité, la mort et la colère de Dieu

Par conséquent, il n’est pas question ici de bénédiction pour un temps limité ou pour la gloire terrestre sous Son règne comme Roi. Tout vient à point d’un coup et pour toujours devant Lui, qui est l’objet du témoignage, et non pas simplement le témoin. « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (3:36). On n’a pas besoin donc d’attendre la bénédiction dans les jours du royaume. Sans doute, l’Éternel commandera alors la bénédiction, et la vie pour l’éternité (Ps. 133:3). Mais celui qui croit au Fils a la vie éternelle dès maintenant. Pour la même raison, la chose la plus fatale est de refuser de se soumettre à Sa Personne maintenant. Par conséquent, il est ajouté, « et qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (3:36). Si la désobéissance est voulue, c’est la désobéissance à Lui-même et à Ses paroles ; de la même manière, chez l’apôtre Paul, l’obéissance de la foi ne signifie pas l’obéissance pratique, si importante soit-elle à sa place et en sa saison, mais la soumission à Christ, à la vérité révélée en Lui. Celui qui Le refuse dans l’incrédulité demeure dans la mort et sous la colère de Dieu, qui ne peut que ressentir une telle insulte de cœur faite à Son Fils.

 

 

5                        Chapitre 4 — En Samarie

Il s’agit ici de cette partie de notre évangile qui précède le ministère en Galilée de notre Seigneur tel que le présentent les trois évangiles synoptiques, bien que ce voyage à travers la Samarie amenât le Seigneur au point de départ de ce ministère. On aura noté que selon Jean 3:24, Jean le baptiseur n’était pas encore jeté en prison. Quand il fut emprisonné (Marc 1:14), et que Jésus l’apprit (Matt. 4:12), Jésus vint en Galilée et commença à prêcher. Notre chapitre parle d’un moment antérieur et, comme d’habitude, nous mène dans une vue plus profonde de tout ce qui était à l’œuvre.

 

5.1   Jean 4:1-3

« Quand donc le Seigneur connut que les pharisiens avaient entendu dire : Jésus fait et baptise plus de disciples que Jean (toutefois Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples), il quitta la Judée, et s’en alla [encore](*) en Galilée » (4:1-3).

 

(*) A, B, E, Δ, etc. [comme Weiss et Blass], omettent « encore ». Aleph, C, D, L, M, T, 1, 33, 69, et de nombreuses versions anciennes [y compris la syriaque] l’insèrent.

 

5.1.1        Jésus ne baptisait pas

Les disciples connaissaient peu la profondeur de la gloire qui était en Lui, ni la bénédiction qui s’ensuivait pour l’homme, même s’ils baptisaient avec zèle et exposaient donc leur Maître au dépit de ceux qui supportaient mal Sa notoriété grandissante. On remarquera que ce n’était pas Lui, mais Ses disciples, qui baptisaient. Il savait la fin dès le commencement, et c’est bien ce qui avait lieu ici. Ils pouvaient baptiser pour Lui comme Messie ; mais Lui, le Fils de Dieu, savait dès le début qu’il Lui faudrait souffrir et mourir comme le Fils de l’homme : c’est ce qu’Il avait déjà déclaré à Nicodème, avec les résultats bénis qui en découleraient pour le croyant. Le baptême qu’Il institua se situait, par conséquent, après Sa mort et Sa résurrection et était pour Sa mort et Sa résurrection. Le Fils de Dieu savait ce qu’il y avait dans l’homme, même quand l’homme était disposé à Lui rendre hommage à cause des miracles qu’Il opérait. Aussi connaissait-Il l’effet de l’activité de Ses disciples sur les hommes religieux de l’époque.

 

5.1.2        Le Fils de Dieu forcé de quitter le peuple de Dieu

C’est donc la jalousie des Pharisiens qui en réalité amena le Seigneur à quitter la Judée. Qu’était ce pays dorénavant ? Qu’était-il sans Lui, par-dessus tout, quand il Le rejetait et que Lui l’abandonnait ? Ils pouvaient se vanter de la loi, mais ils ne l’avaient pas gardée ; ils pouvaient proclamer les promesses, mais Lui — à la fois Celui qui était promis et Celui qui allait accomplir toutes les promesses, — avait été là, et ils ne Le connaissaient pas, ni ne L’aimaient, mais ils prouvaient de plus en plus qu’ils Lui étaient étrangers de cœur, à Lui leur Messie. À quoi donc pouvait servir la première alliance maintenant ? Elle ne pouvait qu’assurer leur condamnation ; elle ne pouvait aucunement les délivrer. Les Juifs n’allaient récolter que ruine et mort selon les termes de cette alliance. Nous allons voir bientôt davantage ; et pourtant ici au début de ce chapitre, à cause des mauvais sentiments de ceux qui auraient dû le plus apprécier Sa présence, on voit le Fils de Dieu forcé, peut-on dire, de quitter le peuple de Dieu et la scène de Ses institutions, mais dans la puissance de la vie éternelle, malgré toute l’humiliation mise sur Lui par les gens religieux arrogants, — eux qui ne voyaient en Lui qu’un homme, sans se douter qu’Il était la Parole devenue chair.

 

5.2   Jean 4:4-6 — Sujets de lassitude

« Et il fallait qu’il traversât la Samarie. Il vient donc à une ville de la Samarie, nommée Sichar, près de la terre que Jacob donna à Joseph son fils. Et il y avait là une fontaine de Jacob. Jésus donc, étant lassé du chemin, se tenait là assis sur la fontaine ; c’était environ la sixième heure ». Il est aussi véritablement homme que Dieu, mais toujours et seulement le Saint. Lassé et rejeté, Il s’assied là dans un amour jamais lassé. Les fausses prétentions devant Lui ne peuvent pas plus entraver maintenant que l’iniquité orgueilleuse qu’Il venait de laisser derrière. Jérusalem et Samarie s’effacent pareillement. Que pourraient-elles faire, l’une ou l’autre, en faveur d’un cœur misérable, d’un pécheur coupable ? Et voilà qu’un tel cœur s’approche.

 

5.3   Jean 4:7-10

« Une femme de la Samarie vient pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire (car ses disciples s’en étaient allés à la ville pour acheter des vivres). La femme samaritaine lui dit donc : Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire à moi qui suis une femme samaritaine ? (Car les Juifs n’ont point de relations avec les Samaritains). Jésus répondit et lui dit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive » (4:7-10).

 

5.3.1        Le Seigneur accède au cœur

Celui qui a fait le cœur connaît parfaitement la voie d’accès à ses affections. Et quelle grâce ne peut-Il pas montrer, Lui qui est venu donner une nature nouvelle et divine, et révéler Dieu en amour, là où il n’y avait rien que péché, égocentrisme et malaise ? Dieu, avec l’humilité d’un homme, demande une faveur, un peu d’eau, à la femme samaritaine, mais c’était pour ouvrir son cœur à ses besoins, et lui donner la vie éternelle dans la puissance du Saint Esprit, la communion avec le Père et Son Fils Jésus-Christ.

 

5.3.2        Chassé par la jalousie, la haine et le mépris, le Seigneur va s’occuper d’une Samaritaine malheureuse

« Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu vient ! » C’est ainsi que parlait l’Esprit de prophétie par Ésaïe autrefois (Ésaïe 52:7) ; et c’est ce qui sera bientôt accompli dans sa plénitude, et qui l’est déjà maintenant en principe. Quel spectacle pour Dieu, et certes aussi pour la foi, que le Fils de Dieu, chassé par la jalousie, la haine et le mépris de l’homme (de Son propre peuple qui ne Le recevait pas !) et s’occupant ainsi Lui-même d’une Samaritaine malheureuse qui avait épuisé sa vie à la recherche d’un bonheur jamais trouvé ! Surprise, elle demande comment un Juif pouvait demander quelque chose d’une personne comme elle : Qu’avait-elle senti ? Avait-elle alors imaginé qui Il était, et qu’Il savait tout ce qu’elle était ? Combien ce fut rassurant pour elle, par la suite, en regardant en arrière au chemin par lequel Dieu l’avait conduite ce jour-là, dans Sa sagesse pleine de grâce, afin qu’elle puisse Le connaître pour toujours !

 

5.3.3        L’œuvre dans une âme sans opérer de miracle

Il se met à lui parler seul à seul, commençant dans son âme Son œuvre pour le ciel, pour l’éternité, pour Dieu. Aucun miracle extérieur n’est opéré devant ses yeux, il n’est besoin d’aucun signe du dehors. Le Fils de Dieu parle dans Son amour divin, bien que, comme nous le verrons, il n’y ait pas d’intelligence tant que la conscience n’est pas atteinte et exercée. La loi est bonne, si on en use légitimement, sachant ceci, que [la] loi n’est pas pour le juste, mais pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs, pour les gens sans piété et les profanes, et, en bref, à tout ce qui s’oppose à la saine doctrine (1 Tim. 1:8-10). Mais Christ est ce qu’il y a de mieux en matière de révélation de Dieu en grâce, donnant tout ce qui est nécessaire, produisant (non pas cherchant) ce qui doit être, non pas pour se passer de la leçon absolument nécessaire sur ce que nous sommes, mais nous rendant capable de la supporter, maintenant que nous connaissons combien Dieu Lui-même prend vraiment soin de nous en amour parfait, malgré tout ce que nous sommes.

 

5.3.4        La grâce ne passe pas légèrement sur le péché

C’est cela la grâce, la vraie grâce de Dieu. Aucune erreur n’est plus complète ni plus dangereuse que la notion que la grâce attache peu d’importance au péché. Était-ce faire peu de cas de nos péchés quand Christ les a porté en Son corps sur le bois ? La loi a-t-elle jamais frappé d’un pareil coup aucun pécheur, quand Dieu, envoyant Son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair, et a donc permis qu’il n’y ait aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ? (Rom. 8:1-3). Non, c’est justement ce que la loi ne pouvait pas faire. La loi pouvait condamner le pécheur pour ses péchés, mais Dieu a condamné ainsi en Christ non pas seulement les péchés, mais la racine du mal — le péché dans la chair — et cela dans un sacrifice pour le péché, afin que ceux qui, autrement, n’auraient rien eu d’autre que de la condamnation, pour l’intérieur et pour l’extérieur, pour le passé et pour le présent, pour leur nature comme pour leurs voies, — que ceux-là n’aient désormais par la grâce « aucune condamnation ». Tout ce qui pouvait être condamné a été condamné ; et ils sont en Christ, et ils ne marchent pas selon la chair, mais selon l’Esprit. Voilà désormais la loi de la liberté.

 

5.3.5        Faire connaître Dieu comme le Donateur

Ici dans ce ch. 4, sans doute, une telle position n’existait pas encore, et personne donc ne pouvait l’avoir. Mais le Fils était là agissant et parlant dans la plénitude de la grâce qui allait bientôt tout accomplir pour le croyant, et tout lui donner. Pourtant, il fait comprendre à la Samaritaine qu’elle ne savait rien. Car, quelle que soit Sa bonté (et elle est sans limites), la grâce n’épargne pas les théories de l’homme ; et la révélation qu’elle apporte de la part de Dieu et au sujet de Dieu ne pénètre jamais réellement tant que le moi n’est pas jugé. La Samarie et Jérusalem ignoraient toutes les deux la grâce ; et seul Christ par l’Esprit peut ouvrir le cœur pour qu’il s’incline et la reçoive. « Si tu connaissais le don de Dieu » : voilà la réalité et le caractère de Dieu dans l’Évangile. Il n’est pas un exacteur, mais un donateur. Il n’ordonne pas à l’homme de L’aimer, mais Il proclame Son amour pour l’homme — oui, au plus misérable des pécheurs. Il ne requiert pas la justice de la créature, mais Il révèle la Sienne. Mais l’homme est lent à croire, et l’homme religieux est le plus lent à comprendre ce qui ne fait aucun cas de lui, et compte en tout sur Dieu. Or telle était la parole de vérité, l’évangile de notre salut, tel est le don gratuit de Dieu, que le Seigneur manifestait alors, et faisait connaître à la femme samaritaine.

 

5.3.6        Connaître la dignité personnelle du Fils de Dieu

Mais il y avait plus, et il y a plus. La connaissance du don de Dieu, en contraste avec la loi d’un côté, et avec l’ignorance totale de Son amour actif de l’autre, est inséparable de la foi en la dignité personnelle du Fils de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur, aussi humble qu’Il fût, ajoute : « et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ». Car, sans cela, on ne connaît rien correctement. Jésus est la Vérité, et demeure toujours le critère pour l’âme, qui reconnaît avec d’autant plus de décision et d’actions de grâce pleine d’adoration la gloire de Celui qui, vrai Dieu, s’est fait homme en amour infini, afin que nous ayons la vie éternelle en Lui. Car autrement, on peut le dire hardiment, cela ne pouvait pas être. La vérité est exclusive et immuable ; elle n’est pas seulement la révélation de ce qui est, mais de ce qui seul peut et doit être, en accord avec la vraie nature de Dieu et l’état de l’homme. Mais Dieu agit dans Sa propre liberté, car Son amour est toujours libre et toujours saint ; et la vérité ne peut qu’être ce qu’elle est ; car c’est Lui qui a apporté ici-bas cet amour dans un homme et pour les hommes dans tout leur péché et la mort et les ténèbres.

 

5.3.7        Produire la confiance dans la grâce

C’est la révélation de Dieu à l’homme en Celui qui, quoique Fils de Dieu, s’est abaissé si bas pour bénir les plus nécessiteux, et les plus souillés, et les plus éloignés de Dieu, jusqu’à demander un peu d’eau afin de trouver là l’occasion de donner l’eau vivante (= vive) à une telle personne. À cause de cela aussi, Il ne manque pas en conséquence de dire : « Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive » (4:10). Car la grâce, véritablement connue en Christ, produit la confiance dans la grâce, et pousse le cœur à demander la plus grande faveur de Celui qui ne sera jamais en dessous, mais au-dessus de la position la plus élevée qui peut Lui être conférée. Jamais la foi de l’homme ne pourra égaler, encore moins surpasser, les richesses de la grâce de Dieu. Si les hommes, malgré leur mauvais état, savent donner de bonnes choses à leurs enfants, combien plus le Père qui est du ciel donnera-t-Il l’Esprit Saint à ceux qui le Lui demandent ? (Luc 11:13). S’il est vrai qu’une Samaritaine coupable est assurée par le Fils de Dieu que, connaissant le don de Dieu et qui est Celui qui lui a demandé à boire alors qu’Il était las auprès de la fontaine, elle n’avait qu’à Lui demander pour recevoir l’eau vive, encore aucun de ceux qui demandèrent cela et le reçurent n’avait le moindre sens adéquat de cette bénédiction infinie : le Saint Esprit donné pour être dans le croyant.

 

5.3.8        Ce qu’est le don de Dieu (4:10)

Telle est l’eau vive dont Christ parle ici, non pas de la puissance dans un don, ni non plus simplement la vie éternelle, mais l’Esprit donné par le Fils pour être dans le croyant comme la source de communion avec Lui et avec le Père.

Il n’est donc pas tout à fait correct, comme certains l’ont dit, que «le don de Dieu», ici, fasse allusion à Christ, la proposition suivante étant alors considérée comme simplement explicative. Sans doute, Lui était le moyen de manifester ce don ; mais la première propositions [« si tu connaissais le don de Dieu] de cette riche parole de notre Seigneur met en avant la pensée si étrange pour l’homme, de ce que Dieu donne gratuitement. La nature comme telle, ne le comprend jamais ; la loi le rend encore moins compréhensible. Seule la foi résout la difficulté dans la Personne, la mission et l’œuvre de Christ, qui en est le témoin, la preuve, et la substance ; mais c’est la grâce gratuite de Dieu qui est le sens visé par « le don de Dieu ». Par conséquent, la deuxième proposition [et qui est Celui qui te dit : donne-moi à boire] au lieu d’être simplement l’explication de la première, dirige l’attention vers Celui qui était là, dans l’humiliation extrême (fatigué de Son voyage, et demandant un peu d’eau à boire à quelqu’un qu’Il savait être la plus indigne des Samaritains), et pourtant Il était le Fils du Père dans la plénitude sans borne de la gloire divine et de la grâce pour la plus misérable. Et c’était si vrai que cette Samaritaine qui était encore aveugle quant à tout cela, n’avait qu’à Lui demander, pour obtenir le plus beau et le plus grand don que le croyant peut recevoir : l’eau vive, non seulement la vie, mais le Saint Esprit. Ainsi, alors que Christ en est le chemin, la Trinité est vraiment impliquée pour rendre effective ces paroles de notre Seigneur chez la Samaritaine, toute la Déité étant à l’œuvre dans la bénédiction prononcée.

 

5.4   Jean 4:11-12 — Raisonnements, mais ignorance de la Personne du Seigneur et de la vérité

« La femme lui dit : Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où as-tu donc cette eau vive ? Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné le puits ; et lui-même en a bu, et ses fils, et son bétail ? » Elle ne comprenait aucune des paroles de grâce qu’elle avait entendues ; elles n’étaient pas mêlées de foi dans son cœur. Elle raisonne donc contre elles. Si l’eau devait être tirée du puits de Jacob, où était le seau pour puiser, puisque le puits était profond ? Prétendait-Il être plus grand que Jacob, ou Son puits était-il meilleur que celui-ci qui avait autrefois fourni de l’eau à Jacob et à sa maison, — ce puits qui était le leur maintenant ? Ainsi, les pensées raisonnent contre le Seigneur, selon les sens naturels ou la tradition, tellement l’ignorance de Sa personne et de la vérité est funeste. Les circonstances mettent à l’épreuve la foi, et sont le marais de l’incrédulité, qui prend plaisir à se servir (à tort ou à raison) d’un grand nom et de ses dons, hélas ! pour négliger un plus grand don, et même le plus grand des dons.

 

5.5   Jean 4:13-14 — Don du Saint Esprit et de la puissance pour adorer

Notez maintenant la grâce du Sauveur. À cette âme dans les ténèbres, Il développe le don ineffable de Dieu dans toute son ampleur, en contraste avec ses propres pensées, et celles de l’homme en général. « Jésus répondit et lui dit : Quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais (*) ; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle ».

 

(*) Ce n’est pas simplement ού μήπώποτε, mais ού μή… εις τόν αιωνα [sûrement pas… pour l’éternité], c’est-à-dire l’exclusion la plus forte possible de ce qui est en question, et une exclusion pour l’éternité.

 

L’eau, issue de la meilleure des sources de la nature, peut rafraîchir, mais la soif revient ; Dieu a fait qu’il en soit ainsi pour la créature. Mais il n’en est pas ainsi quand il nous est donné de boire dans l’Esprit. Christ donne le Saint Esprit au croyant afin qu’Il soit en lui une source fraîche de jouissance divine, non seulement la vie éternelle de la part du Père dans la personne du Fils, mais la communion du Saint Esprit, et donc la puissance d’adorer, comme nous le verrons plus loin dans cette même conversation. Ainsi, ce n’est pas seulement la délivrance d’une avidité de plaisir, de vanité et de péché, mais c’est une source vivante de joie inépuisable et divine, se réjouissant en Dieu par notre Seigneur Jésus, et ceci dans la puissance de l’Esprit. Cela suppose la possession de la vie éternelle dans le Fils, mais aussi l’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rom. 5:5).

 

 

5.6   Jean 4:15-19 — Travail du Seigneur dans la conscience

Même avec cela, la Samaritaine reste toujours aussi insensible. « La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser. Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici. La femme répondit et dit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu as bien dit : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai. La femme lui dit : Seigneur, je vois que Tu es un Prophète » (4:15-19).

 

5.6.1        Jean 4:15 — Des besoins terre à terre

Elle voudrait bien apprendre la manière d’être délivrée de ses besoins et de son travail pour ce monde. Pour l’instant pas un rayon de lumière céleste n’est encore entré en elle. Ne pas avoir soif et ne pas venir ici pour puiser, voilà les limites de ce qu’elle désire de la part du Sauveur qu’elle ne connaît pas encore comme Sauveur, et encore moins comme le Fils unique.

Ceci clôt la première partie de l’entretien de notre Seigneur avec elle. Il était inutile de parler davantage que ce qui avait été dit. Jésus avait déjà mis devant elle le principe selon lequel Dieu agit, et Sa propre compétence en grâce pour lui donner de l’eau vive, si elle en demandait ; Il avait également montré la supériorité incomparable de Son don, du fait qu’il était un don divin, par rapport à tous les bienfaits laissés par Jacob. Mais son cœur ne s’élève pas au-dessus de la sphère de ses besoins journaliers, et de désirs terrestres. Elle était sourde à Ses paroles qui, pourtant, étaient esprit et vie (6:63), et qui révélaient ce qui est éternel.

 

5.6.2        Jean 4:16a — Le Seigneur éveille l’âme à autre chose que les besoins matériels

Avait-il donc été vain alors, de lui avoir parlé, comme Il l’avait fait dans la plénitude de l’amour de Dieu ? Loin de là. Il était de toute importance, une fois que la porte était ouverte de l’intérieur, de réfléchir pour constater quelles richesses de grâce lui avaient été apportées alors qu’elle ne les avait pas du tout cherchées. Mais il était inutile d’en rajouter davantage. De là l’appel abrupt du Seigneur, apparemment sans lien avec ce qui précède : «Va, appelle ton mari, et viens ici ». Était-ce une digression s’écartant de la question de son salut ? Pas du tout. C’était le second moyen, un moyen nécessaire, à l’égard d’une âme, si l’on veut qu’elle soit bénie divinement. C’est par une conscience éveillée que la grâce et la vérité entrent, et c’était parce que sa conscience n’avait pas été atteinte jusqu’alors, que la grâce et la vérité n’étaient pas du tout comprises.

D’un côté, il était de toute importance qu’elle et nous et tous, nous ayons la preuve la plus claire que le témoignage de la grâce du Sauveur s’épanche avant que nous soyons en état en aucune mesure de le recevoir ; en cela, ce témoignage de la grâce à la fois magnifie Dieu et le fait qu’Il donne gratuitement, et en même temps il humilie et dévoile l’état entièrement mauvais et effroyablement dangereux de l’homme.

D’un autre côté, il était tout aussi important que cette femme soit amenée à ressentir le besoin qu’elle avait de cette grâce merveilleuse et gratuite que le Sauveur lui assurait, dans toutes ses profondeurs et son amplitude et sa continuation éternelle, avant même qu’elle se soit jugée comme pécheresse devant Dieu. C’est à cela que le Seigneur la conduit maintenant ; car si d’un côté il est impossible de plaire à Dieu sans la foi, d’un autre côté, sans la repentance, la foi est intellectuelle et sans valeur : ce second coté, c’est l’homme discernant des preuves, et acceptant ce qu’il juge le meilleur selon sa sagesse — et ce n’est pas le pécheur qui, placé en face de la grâce souveraine, est jugé, reconnaissant qu’il est dans ses péchés, mais il est aussi trop heureux de ce que, en Jésus Christ le Seigneur, il trouve, le Sauveur, le seul Sauveur.

 

5.6.3        Jean 4:16b — Le Seigneur usant de grâce lorsqu’Il touche la conscience

Pourtant, le Seigneur s’en tient encore à la grâce. Il ne dit pas simplement : «Va, appelle ton mari », mais Il ajoute : « et viens ici ». Il ne se repent pas de Sa bonté, parce que la femme ne comprenait rien ; au contraire, Il use de ce nouveau moyen nécessaire pour arriver à faire sentir le besoin d’une telle bonté. Combien la grâce se donne de la peine, opérant dans l’âme pour y entrer et y demeurer, maintenant qu’il lui a été rendu témoignage dans toute sa plénitude, sans davantage de préparation pour elle que le vide chez l’homme

 

5.6.4        Jean 4:17-19 — Une démonstration de l’Esprit et de puissance qui produit la confession

La femme répond « je n’ai pas de mari », et est alors stupéfaite d’entendre la réponse sèche : « Tu as bien dit : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai ». Elle était démontrée coupable. C’était une démonstration de l’Esprit et de puissance (1 Cor. 2:4). Pourtant, les mots étaient simples et peu nombreux, et aucun d’entre eux n’était dur ou fort. C’était la vérité de son état et de sa vie, que le Seigneur lui faisait sentir de manière tout à fait inattendue, comme Dieu sait le faire, et le fait sous une forme ou sous une autre chez toutes les âmes converties. La vérité ne l’épargnait pas, et mettait ses péchés à nu devant Dieu et devant sa propre conscience. Elle ne douta pas un instant de ce qui rendait tout manifeste. Elle le reconnut comme la lumière de Dieu. Elle reconnaît que Ses paroles ne sont pas la sagesse de l’homme, mais la puissance de Dieu. Elle tombe sous la conviction, et confesse tout de suite : «Seigneur, je vois que tu es un prophète». Ce n’était pas seulement le fait en lui-même, mais la vérité de la part de Dieu.

Il est donc clair que « prophète » ne signifie pas seulement celui qui prédit le futur, car il n’en est pas question ici, mais quelqu’un qui dit la pensée de Dieu — quelqu’un qui parle sous la direction évidente de l’Esprit en disant ce qui ne peut pas être connu naturellement, mais qui par conséquent place d’autant l’âme devant Dieu et Sa lumière. Ainsi Abraham est un prophète (Gen. 20:7), et les pères en général (Ps. 105:15), et les prophètes de l’Ancien Testament dans tout leur ministère et leurs écrits, non pas simplement dans ce qui était prédit. La même chose est vraie par excellence avec le don de prophétie du Nouveau Testament, comme on peut le voir en 1 Cor. 14:24-25. C’est ce qui est communiqué de Dieu, ce qui juge la vie, et même qui juge les secrets du cœur devant Lui.

 

5.7   Jean 4:20-26 — La femme en recherche

5.7.1        Différences religieuses. Celles qui bénéficient d’une haute antiquité

Reconnaissant la puissance divine de Ses paroles, la Samaritaine saisit l’occasion d’avoir de la lumière de la part de Dieu sur ce qui avait été un sujet de perplexité et d’intérêt, y compris pour elle : quelle était la différence religieuse entre sa race et la nation élue, non pas simplement dans l’hommage rendu à Dieu, mais dans l’adoration exprimée publiquement et formellement. Elle veut que la question, si ancienne soit-elle, soit réglée pour elle maintenant. La Samaritaine, comme tant d’autres installés dans une erreur grave, pouvait parler de ce qui bénéficiait d’une haute antiquité. Heureuse l’âme qui, en matière d’antiquité, a recours à Jésus ! Lui seul est la Vérité. Les autres peuvent tromper, étant eux-mêmes trompés.

Jésus était né pour ceci, et était venu dans le monde pour ceci, afin de rendre témoignage à la vérité (18:37). Qui plus est : « Quiconque est de la vérité, écoute Sa voix » (18:37). Hélas ! combien il en a été différemment dans la chrétienté, corrompue d’abord, puis déchirée sans espoir, d’autant plus arrogante qu’elle a davantage de raison d’avoir honte ! Que dans un tel état de ruine, notre part soit de garder Sa parole et de ne pas renier Son nom (Apoc. 3:8).

Un temps de déclin éprouve l’âme plus que tout autre chose, car il semble que c’est de l’orgueil de se distinguer des excellents de la terre, surtout s’ils sont nombreux, et que ceux qui s’attachent à la Parole de Dieu sont peu nombreux, et n’ont pas de quoi se vanter. Pour cette raison même, une telle position est précieuse aux yeux de Dieu, et n’est pas un petit témoignage rendu au Maître absent. Et encore, il convient à tous ceux qui diffèrent de la masse, qu’ils soient sûrs des raison qui sont les leurs, comme cette femme qui se met à chercher, et qui fait appel à Jésus ; le chrétien n’a pas besoin de chercher quelqu’un d’autre que Jésus parlant par Sa parole et Son Esprit : il est même coupable et entêté s’il tient compte de quelqu’un d’autre, dans le moment où l’incertitude des hommes est si grande et si grave.

 

5.7.2        Le texte de Jean 4:20-26

« Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Jésus lui dit : Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, vous adore, vous ne savez quoi ; nous, nous savons ce que nous adorons ; car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. La femme lui dit : Je sais que le Messie qui est appelé le Christ, vient ; quand celui-là sera venu, il nous fera connaître toutes choses. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle » (4:20-26).

 

5.7.3        Jean 4:20-21 — L’adoration du Père à la place de Garizim et Jérusalem

Le Seigneur fait plus que répondre à tous les désirs du cœur de la Samaritaine. Car ici nous avons, non seulement la justification du culte israélite par rapport à son rival samaritain, mais la première révélation du culte chrétien jamais donnée par Dieu à l’homme, et remplaçant non seulement le samaritanisme, mais aussi le judaïsme — un changement total très proche. Tout est communiqué dans un langage assez clair, y compris pour l’âme à laquelle cela s’adressait, alors qu’il y a là une profondeur de vérité qu’aucun saint n’a jamais sondée, aussi profond qu’il ait jamais pu atteindre, et en jouir.

C’est «le Père» qui serait dorénavant adoré : en soi, quelle révélation ! Il n’est plus question de l’Éternel Dieu d’Israël, ni même du Tout-Puissant, selon le nom sous lequel Il s’était fait connaître aux pères. Il y a une manifestation plus riche de Dieu, et bien plus intime. Ce n’est pas en tant qu’Éternel qui s’est mis en alliance et qui gouvernait, — qui accomplira sûrement Ses voies avec Israël, comme Il les a châtiés à cause des leurs. Ce n’est pas non plus le Dieu qui était le bouclier de Ses pauvres pèlerins (Gen. 15:1) qui s’accrochaient à Ses promesses dans leurs pérégrinations au milieu d’étrangers hostiles, avant que leurs enfants aient formé une nation et aient reçu Sa loi. C’était Dieu comme le Fils Le connaissait, et Le faisait connaître dans la plénitude d’amour et de communion, qui par conséquent introduirait les Siens qui étaient dans le monde dans la relation consciente d’enfants nés de Lui (comparez Jean 1:12-13, 18 ; Jean 14:4-10, 20 ; 16:23-27 ; 20:17-23).

Il n’est pas étonnant qu’en présence d’une telle proximité et de l’adoration qui lui convient, la montagne de Garizim s’évanouit, et le sanctuaire de Jérusalem s’efface. Car l’un n’était que l’effort de la propre volonté, et l’autre était le test et la preuve de l’incapacité du premier homme à rencontrer Dieu et vivre. L’adoration chrétienne est basée sur la possession de la vie éternelle dans le Fils, et sur le don de l’Esprit comme puissance d’adoration.

 

5.7.4        Jean 4:22 — Le salut vient des Juifs

Au verset 22 le Seigneur ne laisse pas la Samaritaine conclure que, si l’adoration chrétienne était allait être la seule acceptable pour Dieu, indépendamment du lieu et de la race, le culte Samaritain avait été jusque-là aussi bon que le culte juif. Il n’en était pas ainsi. Les Samaritains adoraient ils ne savaient quoi, les Juifs savaient ce qu’ils adoraient, « car », ajoute-t-Il, « le salut vient des Juifs ». Ils avaient « l’adoption, et la gloire, et les alliances, et le don de la loi, et le service [divin], et les promesses ; auxquels sont les pères, et desquels, selon la chair, est [issu] le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen ! » (Rom. 9:4-5). Les Samaritains n’étaient que de simples imitateurs, des Gentils jaloux d’Israël et hostiles à leur égard, sans crainte de Dieu sinon ils se seraient soumis à Ses voies et à Sa parole.

Ainsi le Seigneur prend la défense des privilèges accordés par Dieu à Israël ; or à ce moment-là Il était pourtant chassé par la jalousie des pharisiens, et malgré tout Il mettait de côté toute prétention à une bénédiction issue de la tradition ou d’une succession. Il était là pour donner des communications de la part de Dieu, non pas pour accréditer l’homme ; et comme Il était rejeté, Jérusalem et Samarie disparaissent pareillement. Les choses vieilles sont jugées ; toutes choses doivent devenir nouvelles (2 Cor. 5:17). Maintenant que ceux qui avaient les institutions divines rejetaient Son conseil contre eux-mêmes, Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même (2 Cor. 5:19). Et si cette incrédulité allait jusqu’à l’extrême dans la haine du Père et du Fils, cela ne ferait que mettre en évidence la plénitude de la grâce et de la justice divines, laissant Son amour absolument libre d’agir souverainement au-dessus de tout mal pour Sa propre gloire ; et nous savons que c’est ce qui a eu lieu en Christ crucifié, puis ressuscité.

 

5.7.5        Jean 4:22 — Vous adorez, vous ne savez quoi

Il est remarquable donc que le Seigneur ne dit pas « vous ne savez pas qui vous adorez », mais « vous adorez, vous ne savez quoi ». Dans le judaïsme, Dieu demeurait dans d’épaisses ténèbres, et le témoignage rendu par tout le système lévitique (avec ses sacrifices et sacrificateurs, la porte, le voile, l’encens, en bref tout) faisait que le chemin dans les lieux saints n’avait pas encore été rendu manifeste (Héb. 9:8). Quand Christ mourut, il le fut : le voile fut déchiré de haut en bas, et la rédemption éternelle trouvée ; les adorateurs une fois purifiés, n’ont plus conscience de péchés, et sont invités à s’approcher (Héb. 10:22, 2). Voilà le christianisme, Dieu s’étant révélé comme le Père dans le Fils par l’Esprit. Le connaître Lui, le seul vrai Dieu, et Celui qu’Il a envoyé pour Le révéler, Jésus, voilà la vie éternelle. Et l’œuvre immense qui a été faite à la croix a traité tout notre mal, de sorte que nous sommes libres de jouir de Lui. Nous, nous savons donc Qui nous adorons, et non pas seulement « quoi ». Quand Dieu était caché dans les profondes ténèbres, et que seule l’unité de Sa nature était proclamée, la Déité restait vague. Quand le Père est révélé comme aujourd’hui dans le Fils par l’Esprit, quelle différence !

 

5.7.6        Jean 4:23 — L’heure vient, et elle est maintenant, où les vrais adorateurs…

C’est pourquoi cette bénédiction immense est ouverte dans son caractère positif aux versets 24 et 25. Car voilà une heure où la forme est répudiée, comme elle ne pouvait pas l’être dans le judaïsme. La réalité seule est avalisée. Un culte national est donc aujourd’hui une illusion évidente, n’étant qu’un effort pour ressusciter ce qui a disparu après n’avoir plus été reconnu par Dieu. Le culte national était reconnu en Israël, sous la loi, dans un but spécial ; il le sera de nouveau à plus grande échelle plus tard durant le millénium ; mais il ne l’est pas actuellement, si nous croyons le Sauveur, durant cette heure qui était alors à venir et qui est maintenant. L’heure maintenant est celle où les vrais adorateurs adorent le Père. Qui sont-ils et que sont-ils ? Les déclarations doctrinales des apôtres répondent d’un commun accord que ce sont des enfants de Dieu, nés de Lui par la foi en Christ, et en conséquence scellés par l’Esprit du fait qu’ils se reposent sur Sa rédemption. Ainsi, l’apôtre dit (Phil. 3:3) que nous (en contraste avec les simples Juifs ou judaïsants), nous sommes la vraie circoncision, qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, et nous glorifions dans le Christ Jésus, et n’avons pas confiance en la chair. Mais il faut citer le Nouveau Testament dans son ensemble pour donner la preuve complète, si quelqu’un demande davantage de preuves que ce que le Seigneur fournit dans ce contexte, bien que je sois assuré que celui qui ne s’incline pas devant un tel témoignage ne serait pas gagné par dix mille autres témoignages. Un seul mot de la part de Dieu a plus de poids pour le croyant que toute autre preuve : combien en faudrait-il pour convaincre un incrédule ?

 

5.7.7        Jean 4:23 — Adorer en esprit et en vérité

De plus, ce qui est dit de l’adoration exclut toute personne autre que les vrais croyants. Car ils ont à adorer en esprit et en vérité. Comment quelqu’un le pourrait-il s’il n’a pas l’Esprit ni ne connaît la vérité ? Il est vrai que l’article manque [en esprit et vérité]. Mais dans un cas tel que celui qui est devant nous, cela ne fait qu’ajouter à la force de la déclaration, car cela affirme un caractère spirituel et vrai de l’adoration. Autrement dit, les paroles du Seigneur expriment davantage que la nécessité d’avoir le Saint Esprit ou la connaissance de la vérité, bien que tout cela implique déjà des chrétiens ayant leurs privilèges distinctifs. Mais le Seigneur dit qu’ils adorent sous ce caractère, non pas simplement qu’ils ont l’Esprit et la vérité pour pouvoir adorer. Or, évidemment, même un vrai chrétien peut agir de manière non spirituelle et non pas selon la vérité. Pierre et Barnabas eux-mêmes, manquèrent de marcher selon la vérité de l’évangile lors d’une crise grave (Gal. 2:14). Un adorateur, si vrai soit-il, s’il attriste l’Esprit ou déshonore le Seigneur, ne peut adorer en esprit et en vérité. Mais il est encore plus évident que personne hormis « les vrais adorateurs » ne peut adorer ainsi, même si, dans telle circonstance ou dans tel état donné, ceux-ci peuvent, en fait, ne pas adorer comme ils le devraient.

 

5.7.8        Jean 4:23 — Le Père en cherche de tels qui L’adorent

En outre, il est dit « car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent ». Pesons cela. Il fut un temps où tout Juif montait à Jérusalem pour chercher l’Éternel ; le temps viendra où toutes les nations afflueront à ce même centre quand le Fils de l’homme viendra en puissance régner en gloire. Mais l’œuvre caractéristique de la grâce est que le Père cherche de vrais adorateurs. Sans doute, une fois qu’ils sont trouvés, ils se rassemblent au nom du Seigneur, et jouissent de Sa présence par l’Esprit. Il ne suffit pas qu’ils soient lavés, ni qu’ils soient lavés par l’eau seulement, mais il faut qu’ils soient lavés par l’eau et le sang, et qu’ainsi ils soient propres en tous points ; ce n’est pas seulement qu’ils ont l’Esprit comme le témoin du seul sacrifice efficace, et comme la source de louange et de puissance d’actions de grâces continuelles, « car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent ». Quelle confiance cela leur donne ! Quelle grâce en Lui ! Et encore, Sa recherche d’adorateurs est vraie pour tout chrétien. Puissent-ils répondre à Sa grâce en s’abstenant de tout ce qui en est indigne en ce jour mauvais !

 

5.7.9        Jean 4:24 — Dieu est esprit… ceux qui L’adorent, L’adorent en esprit et en vérité

Mais il y a d’autres paroles de profonde importance. « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité ». C’est de la nature de Dieu qu’il est question ici, non pas de la relation de grâce qu’Il révèle maintenant en Christ et par Christ. C’est de la plus grande importance pour nous. Car Dieu doit être adoré de manière qui corresponde à Sa nature, et Il y a tout à fait pourvu, vu que la nouvelle vie dont nous jouissons est par l’Esprit, et est esprit, non pas chair (3:6), — comme, en effet, Il nous a engendré de Sa propre volonté par la parole de la vérité (Jacq. 1:18), et nous sommes donc nés de nouveau, non pas d’une semence corruptible, mais d’une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu (1 Pierre 1:23). Assurément nous devrions marcher et adorer dans [ou : par] l’Esprit, si nous vivons dans [ou : par] l’Esprit. L’Esprit nous est donné afin que nous jugions et rejetions le premier Adam, ne glorifiant que le Second homme, notre Seigneur Jésus. De plus, comme Dieu est Esprit, une adoration spirituelle est tout ce qu’Il accepte. Ses adorateurs doivent adorer en esprit et en vérité. C’est une nécessité morale découlant de Sa nature — une nature pleinement révélée en Celui qui est l’image du Dieu invisible, et nous qui sommes nés de Lui comme croyants en Christ, nous ne devrions pas ignorer cette nature, ni ignorer son caractère.

 

5.7.10    Jean 4:25 — Le Messie

La femme, frappée par ces paroles effectivement simples, mais qui la dépassaient sans doute (car elles s’élèvent jusqu’à Dieu, aussi sûrement qu’elles descendent jusqu’à l’homme), pense de suite au Messie, et affirme sa confiance en Sa venue, et la certitude que, quand il sera venu, Il nous dira toutes choses (4:25). Puissent tous ceux qui croient en Lui, croire la même chose de Lui ! Puissent-ils, quand Il leur a parlé de paix, ne pas retourner à la folie ! (Ps. 85:8). Et y a-t-il une folie plus grande que de se détourner de Ses paroles sur ce sujet, et selon ce qu’on trouve par exemple dans ce même chapitre, de suivre les traditions des hommes et les voies du monde dans le culte rendu à Dieu ?

 

5.7.11    Jean 4:26 — Je le suis, moi qui te parle

Et c’est maintenant que résonnent à son oreille et dans son cœur les dernières paroles nécessaires pour confirmer tout le reste, et assurer sa bénédiction pour toujours : « Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle » (4:26). C’est peut-être la forme la plus basse pour présenter le Seul qui peut être à profit à un pécheur, mais il demeure toujours vrai du commencement à la fin que quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu (1 Jean 5:1). Or la Samaritaine l’avait cru. Son cœur était touché, sa conscience sondée, et maintenant la grâce et la vérité qui vinrent par Jésus Christ étaient tout pour elle. Toute la bénédiction était à elle dans la personne de Celui qui était là présent et reçu par elle par la foi.

Quel moment : un Messie présent, et Il parle à une femme samaritaine, et le sujet est l’adoration chrétienne !

 

5.8   Jean 4:27 — Étonnement des disciples

« Et là-dessus ses disciples vinrent ; et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme ; toutefois nul ne dit : Que lui demandes-tu ? ou, de quoi parles-tu avec elle ? »

Leur étonnement venait de ce qu’Il parlait avec une femme : Quel devait être son étonnement à elle, elle qui savait que tous les secrets de son cœur étaient à nu et à découvert devant Celui avec qui elle avait à faire ? (Héb. 4:13). Sa grâce, cependant, avait entièrement préparé la voie. Celui qui sondait tous les recoins de son âme l’avait déjà encouragée en lui révélant la très riche grâce de Dieu le Père, étant Lui-même le seul vrai Révélateur de cette grâce, et étant sur le point de donner l’Esprit Saint qu’elle pourrait recevoir (même elle !), et dont elle pourrait vraiment jouir. En tout cas, de son côté, il n’était pas question de chercher : c’est le Père qui cherchait de tels ; il n’était pas non plus question de parler avec elle, mais de lui révéler. Les disciples avaient beaucoup à apprendre. S’ils avaient su le sujet de la conversation, ils auraient été surpris bien davantage.

 

5.9   Jean 4:28-30 — Changement moral de la femme

« La femme donc laissa sa cruche et s’en alla à la ville, et dit aux hommes : Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il point le Christ ? Ils sortirent de la ville, et ils venaient vers lui ».

Le changement moral était immense. Un nouveau monde s’ouvrait pour elle, qui éclipsait le monde présent avec de nouvelles affections, de nouveaux devoirs, et dont la puissance s’affirmait en l’élevant entièrement au-dessus des choses visibles, — quel qu’en soit l’effet ordinaire, qui est de fortifier pour mieux accomplir le labeur terrestre présent. Mais la révélation de Christ pour son âme l’absorbait entièrement et était à la fois le plus puissant stimulant pour Le faire connaître aux autres. Quand l’œil est simple, le corps est plein de lumière. Elle sentait qui avait le plus besoin de Lui, et elle s’en occupa sur-le-champ. Elle laissa sa cruche, s’en alla à la ville, et parla aux hommes de Jésus. Combien elle Le comprenait bien ! Il ne l’avait pas formellement envoyée, et pourtant elle alla hardiment faire son invitation. Or ce n’était pas une simple invitation : « Venez, voyez un Homme ». Elle voulait aller avec eux. Son cœur était dans le courant de Sa grâce, et comptait que les autres bénéficieraient du même accueil, même si cela ne lui paraissait pas certain, quant à elle. Telle est la puissance de l’amour divin, même dès le tout début.

Pourtant, Sa grâce n’était pas une source d’affaiblissement de la vérité. Eux aussi, devaient se préparer à ce qui avait sondé cette femme : « Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il pas le Christ ? » Eux savaient bien ce qu’elle avait été ; et si Lui l’avait traitée ainsi, ne pourraient-ils pas eux aussi Le voir et L’entendre ? Une telle expérience personnelle a une grande puissance, et elle est aussi sans risque, lorsqu’elle ne fait pas seulement appel aux affections, mais que la conscience est en même temps sondée.

 

5.10                      Jean 4:31-34 — Faire la volonté du Père renouvelle la force

« Pendant ce temps, les disciples le priaient, disant : Rabbi, mange. Mais il leur dit : Moi, j’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas. Les disciples donc dirent entre eux : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre ».

Comme il est humiliant dans un tel moment, de trouver Ses disciples occupés du corps et de ses besoins. Le Seigneur le leur fait sentir dans Sa réponse. Tout disciples qu’ils fussent, ils ne connaissaient pas une telle nourriture. Ce n’est pas comme les hommes le citent souvent : « Sa viande et Sa boisson », car en supplément de faire la volonté du Père et d’accomplir Son œuvre, il y avait une source intérieure d’amour et de jouissance dans Son Père. Or faire Sa volonté et accomplir Son œuvre était Sa nourriture. Il était venu pour faire Sa volonté. Pour cela, Il n’était jamais fatigué, et nous, nous ne devrions pas non plus l’être maintenant, quelle que soit la fatigue du corps. Car « Il donne de la force à celui qui est las, et il augmente l’énergie à celui qui n’a pas de vigueur ». Sans Lui « les jeunes gens seront las et se fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants ; mais ceux qui s’attendent à l’Éternel renouvelleront leur force ; ils s’élèveront avec des ailes, comme des aigles ; ils courront et ne se fatigueront pas, ils marcheront et ne se lasseront pas » (Ésaïe 40:29-31). Jésus connaissait cela Lui-même en perfection, et nous en avons ici un échantillon.

 

5.11                      Jean 4:35-38 — État de la moisson

« Ne dites-vous pas, vous : Il y a encore quatre mois, et la moisson vient ? Voici, je vous dis : Levez vos yeux et regardez les campagnes ; car elles sont déjà (*) blanches pour la moisson. (2*) Celui qui moissonne reçoit un salaire et assemble du fruit en vie éternelle, afin que à la fois (3*) celui qui sème et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble. Car en ceci est [vérifiée] la vraie parole : L’un sème, et un autre moissonne. Moi, je vous ai envoyés moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leur travail » (4:35-38).

 

(*) Tischendorf, etc., sépare ήδη (déjà) d’avec le verset 35, et le fait commencer le verset 36, à la suite de quelques autorités anciennes ; mais les plus anciennes (aleph, B, M, Π, etc.) laissent les deux possibilités, et la plupart [comme Weiss] donnent le texte comme on l’a mis ici, ce qui semble être le seul en harmonie avec le contexte.

note Bibliquest : Carrez, la TOB et le NT français courant rattachent « déjà » au v. 36.

(2*) Le Texte Reçu met la conjonction « et » = καί appuyé par beaucoup d’autorités, mais les plus anciens manuscrits onciaux, et quelques bons cursifs, etc., y sont hostiles.

note Bibliquest : Carrez, la TOB et le NT français courant omettent cette conjonction.

(3*) Certaines bonnes autorités anciennes omettent καί [= « et », traduit ici par « à la fois »].

note Bibliquest : Carrez, la TOB et le NT français courant omettent cette conjonction.

 

5.11.1    Quand est-ce que la moisson est mûre ?

Quels que fussent les temps et les saisons de la moisson naturelle, les champs étaient spirituellement mûrs pour le moissonneur. L’homme, le monde, méritaient sans aucun doute le jugement ; mais l’état même du péché, qui appelle le jugement, Dieu l’utilise pour Son appel de grâce. L’évangile vient expressément sur le terrain de la ruine totale de l’homme, et donc nivelle toutes les distinctions. Juifs, Samaritains, Gentils, que sont-ils sinon des pécheurs ? Les Juifs avaient été en probation, mais ils rejetaient maintenant le Messie, le Fils de Dieu. Tous étaient perdus, mais le Christ rejeté est le Sauveur, et maintenant il y a le salut pour quiconque, et la grâce l’apporte au milieu de gens tels que ces Samaritains.

Cela ne veut pas dire que la grâce n’ait pas œuvré pendant les temps de probation passés. L’homme avait sombré entièrement ; mais Dieu préparait la voie pour le moment où il ne s’agirait plus de faire l’expérience de l’homme, ni de chercher une justice de l’homme, mais où la justice de Dieu serait révélée (Rom. 1:17) en vertu de l’œuvre de Christ. Ses témoins n’avaient pas travaillé en vain, malgré la petitesse des résultats constatés entre temps. Or la vraie lumière brillait maintenant, et les choses apparaissaient comme elles sont à l’œil de la grâce. Quel spectacle pour Christ de voir les Samaritains venir à Lui, venir écouter Celui qui nous dit tout ce que nous avons fait ! Les champs étaient effectivement blancs pour la moisson.

 

5.11.2    S’agit-il de semer ou de moissonner ?

Il est remarquable que le Seigneur parle de moissonner maintenant, plutôt que de semer, bien que les semailles se poursuivent bien sûr, et aient leur place ailleurs, comme en Matt. 13. Autrefois il s’agissait plutôt de semer que de récolter ; maintenant au jour de la grâce, il y a une récolte caractéristique : du fruit non seulement issu des œuvres de Dieu dans le passé, mais du fruit de Son œuvre puissante à venir, Lui qui parle à Ses disciples en disant : « Celui qui moissonne reçoit un salaire et assemble du fruit en vie éternelle ; afin que, et celui qui sème et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble » (4:36). Il en sera ainsi dans le jour de gloire, et l’esprit de cela se trouve déjà maintenant dans le cœur de l’Église et du chrétien. « Car en ceci est [vérifiée] la vraie parole : L’un sème, et un autre moissonne » (4:37). Mais tandis qu’il y a encore ces différences, il reste que les apôtres sont caractérisés par le fait de récolter plutôt que de semer ; et il en est aussi de même, bien sûr, des autres ouvriers. « Moi, je vous ai envoyés moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leur travail ». Combien ceci s’est vérifié par excellence à la Pentecôte et ensuite.

 

5.12                      Jean 4:39-45a — Les hommes de Samarie

5.12.1    Jean 4:39-42 — Le travail divin opéré chez les Samaritains

« Or plusieurs des Samaritains de cette ville-là crurent en lui, à cause de la parole de la femme qui avait rendu témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. Quand donc les Samaritains furent venus vers lui, ils le priaient de demeurer avec eux. Et il demeura là deux jours ; et beaucoup plus de gens crurent à cause de sa parole. Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ton dire que nous croyons ; car nous-mêmes nous [l’]avons entendu, et nous connaissons que celui-ci est véritablement le Sauveur du monde ».

Il est réconfortant de voir comment Dieu a honoré le simple témoignage de la femme. Plusieurs de cette ville crurent en Lui à cause de son témoignage. Il est encore répété qu’elle a rendu témoignage de ce que sa conscience avait été sondée par Sa parole : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ». C’est une bonne garantie que le travail est divin quand on ne recule pas devant le fait d’être scruté ; autrement la grâce est susceptible d’être utilisée abusivement pour couvrir le péché ou pour ménager le pécheur, au lieu de juger tout à la lumière de Dieu. Mais la foi, quand elle est réelle, s’élève au-dessus de l’instrument [humain] utilisé jusqu’à Celui qui daigne s’en servir, et Dieu aime honorer la parole de Jésus Lui-même. C’est pourquoi il nous est dit que, quand il accéda en grâce au désir des Samaritains, et y demeura deux jours : « beaucoup plus de gens crurent à cause de sa parole » (4:41). Combien ce dut être doux pour la femme de les entendre dire : « Ce n’est plus à cause de ton dire que nous croyons ; car nous-mêmes nous [l’]avons entendu, et nous connaissons que celui-ci est véritablement le Sauveur du monde » (4:42). Dieu les conduisit aussi à ne plus s’occuper de Son caractère de Messie, titre que des copistes ont inséré sans raison valable. L’ancienne autorité semble concluante pour affirmer que les mots «le Christ» [avant « le Sauveur du monde »] doivent disparaître. Leur confession était beaucoup plus simple et plus solennelle lorsqu’on écrit comme indiqué ici. Maintenant ils connaissaient et confessaient la vérité — la grâce et la vérité qui vinrent par Jésus Christ (comparez 1 Jean 4:14).

Ainsi, sans miracle, le Seigneur a été reconnu en Samarie, d’abord comme prophète par une personne, finalement comme le Sauveur du monde par tous ceux qui ont cru là en Lui. Là où l’on se serait le moins attendu à de l’intelligence, c’est là que fut trouvée la confession la plus complète de Sa grâce ; la foi donne une sagesse nouvelle si différente de l’ancienne, que ceux qui sont sages doivent devenir fous s’ils veulent être sages selon Dieu. Combien cela est béni pour ceux qui n’ont pas de sagesse en laquelle se vanter, et que la grâce forme en toute simplicité selon sa propre puissance ! Tels étaient les Samaritains parmi lesquels le Seigneur demeura pour ce court espace de temps.

 

5.12.2    Jean 4:43-46a — Voyage vers la Galilée

Passages correspondants : Matthieu 4:12-17 ; Marc 1:14-16 ; Luc 4:14-16.

« Or, après les deux jours, il partit de là (*) en Galilée ; car Jésus lui-même rendait témoignage qu’un prophète n’est pas honoré dans son propre pays ».

 

(*) Le Texte Reçu, avec la plupart des onciaux et des cursives, etc., a aussi καί άπηλθεν [et s’en alla], contrairement à aleph, B, C, D, T, 13, 69, et quelques autres autorités excellentes.

 

Il reprend sa place parmi les méprisés et les humbles. Le premier évangile souligne que ce domaine de Son ministère était conforme à la prophétie, car Ésaïe, en exposant les péchés et le jugement d’Israël du premier au dernier, avait parlé de la lumière qui brillerait en Galilée quand les ténèbres enveloppaient les centres favorisés du pays. Tous les évangélistes, en effet, pour une raison ou pour une autre, s’étendent spécialement sur Son ministère en Galilée ; Jean est le seul à mettre en avant quelques incidents caractéristiques à Jérusalem. Marc parle beaucoup de la Galilée, parce que son service était de décrire le ministère du Seigneur, et c’est là en fait qu’il faut Le suivre si l’on veut en retracer les détails. Luc, encore une fois, le donne à titre d’illustration des voies morales de Dieu dans la grâce de notre Seigneur Jésus, et des activités de Celui qui est allé de lieu en lieu faisant le bien et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable (Actes 10:38). Jean, d’autre part et comme d’habitude, place Son ministère sur un terrain qui se rapporte plus strictement à Sa Personne.

C’est le témoignage propre du Seigneur qu’un prophète n’est pas honoré dans son propre pays. Il n’était pas descendu chercher Son propre honneur, mais l’honneur de Celui qui L’avait envoyé. Il avait à dispenser des richesses de grâce et de vérité. Il avait été envoyé, Il était venu, pour faire la volonté de Son Père ; satisfait de n’être rien, de ne rien recevoir des hommes, Il s’en va en Galilée. Mais si les Galiléens ne Lui rendaient aucun honneur quand Il était au milieu d’eux, ils n’étaient pas insensibles à la renommée qui s’était répandue, spécialement par l’impression qu’Il avait faite dans la capitale. « Quand donc il fut venu en Galilée, les Galiléens le reçurent, ayant vu toutes les choses qu’il avait faites à Jérusalem pendant la fête ; car eux aussi allaient à la fête » (4:45). La Galilée n’était pas seulement le lieu où Il avait passé la plus grande partie de Sa vie terrestre dans l’humiliation et l’obéissance, mais c’est là qu’Il avait commencé à se faire connaître aux disciples, et où Il avait d’abord opéré un signe en témoignage de Sa gloire. « Il vint donc encore à Cana de Galilée, où il avait, de l’eau, fait du vin » (4:46a). Ce premier miracle fournissait la promesse, le gage et les arrhes de la joie future d’Israël et de sa bénédiction future ; et Lui-même, dans le jour à venir, sera là dans le pays, non plus comme invité, ni comme maître de la fête seulement, mais comme l’Époux. Et la stérile connaîtra Celui qui l’a faite comme son mari, Son nom est l’Éternel des armées, le Rédempteur, le Saint d’Israël : il sera appelé non seulement le Dieu du pays, mais le Dieu de toute la terre (Ésaïe 54:5).

Or ce n’est pas encore le jour de chanter, mais celui de la tristesse ; pas encore le jour d’élargir le lieu de la tente d’Israël, ni d’étendre les tentures de leur habitation, ni d’affermir les pieux ; ni de s’étendre à droite ou à gauche, ni d’hériter des Gentils, ni de rendre habitées les villes désertes (Ésaïe 54:2-3). Au contraire, le Messie n’est-Il pas venu chez Lui, et les Siens ne l’ont pas reçu ? Ils étaient alors sur le point de consommer leur péché à Sa croix, et de sceller leur incrédulité dans le rejet de l’évangile, interdisant à Ses serviteurs de parler aux Gentils pour qu’ils soient sauvés, pour combler toujours la mesure de leurs péchés, de sorte que la colère était venue sur eux à son dernier terme (1 Thes. 2:16), même si la grâce peut transformer leur chute en salut et en richesse des nations (Rom. 11:12). Néanmoins, la grâce a encore à accomplir tous les signes annoncés à Israël, et le Seigneur ajoute à cette occasion une manifestation nouvelle de Sa puissance, adaptée à leurs circonstances et à leurs besoins présents.

 

5.13                      Jean 4:46b-54 — La guérison du fils du courtisan

5.13.1    Jean 4: 46b-48 — Foi étriquée

« Et il y avait à Capernaüm un certain courtisan dont le fils était malade ; celui-ci, ayant ouï dire que Jésus était venu de Judée en Galilée, s’en alla vers lui, et le pria de descendre et de guérir son fils ; car il allait mourir. Jésus donc lui dit : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez point ».

Quel contraste frappant avec les âmes simples de Samarie ! Il y avait la foi en la puissance de Jésus, mais c’était une foi de type juif. Le courtisan avait sans doute entendu parler de miracles opérés par Lui personnellement présent. Sa foi ne s’élevait pas plus haut, mais évidemment, si c’était la puissance de Dieu, elle ne pouvait pas avoir de limites. L’absence ou la présence ne jouent pas — ce ne sont que des circonstances, tandis que l’essence même d’un miracle, c’est que Dieu s’élève au-dessus de toutes les circonstances. C’est illogique, aussi bien que de l’incrédulité, de mesurer un miracle par l’expérience de quelqu’un. C’est uniquement une question de volonté de Dieu, de Sa puissance et de Sa gloire, et c’est pourquoi le Seigneur reproche à juste titre, l’incrédulité de tout ce genre de pensées.

 

5.13.2    Luc 7:1-10 — Contraste avec l’esclave du centurion de Capernaüm

Combien aussi la grâce qui opéra dans le centurion Gentil dont le serviteur était malade (Luc 7:1-10) fait un contraste admirable avec les attentes limitées de ce courtisan juif ! Là, juste pour exercer et manifester la puissance de sa foi, le Seigneur proposa d’aller avec les anciens des Juifs, qui le priaient de venir sauver son serviteur. Mais bien qu’il ne fût pas loin de la maison, le centurion Lui envoya des amis expressément pour ne pas Le déranger, car il n’était pas digne qu’Il vienne sous son toit, pas plus qu’il ne s’estimait lui-même digne de venir à Lui. Il n’avait qu’à dire un mot, et son serviteur serait guéri. Ceci par conséquent suscita une forte approbation de la part du Seigneur, et non pas une censure comme ici. Jésus n’avait pas trouvé alors une si grande foi, même en Israël (Luc 7:9).

 

5.13.3    Jean 4:49-50 — Guérison, mais avec exercice de la foi

Néanmoins, la grâce du Seigneur ne manque jamais, et la petite foi reçoit sa bénédiction aussi sûrement que la plus grande reçoit une réponse plus grande. « Le courtisan lui dit : Seigneur, descends avant que mon enfant meure ». Là encore, combien la foi est étriquée, même si l’appel est urgent ! Pourtant la foi doit avoir une assurance en grâce. « Jésus lui dit : Va, ton fils vit ». C’était mieux pour l’âme du courtisan de toute manière, et davantage à la gloire de Dieu, que Jésus lui dise d’aller, au lieu d’aller avec lui. Si cela allait à l’encontre des pensées et des paroles de l’homme, c’était destiné à exercer d’autant plus sa foi. « Et l’homme crut la parole que Jésus lui avait dite, et s’en alla ». Il n’eut pas à attendre longtemps avant de connaître la bénédiction.

 

5.13.4    Jean 4:51-54 — Le moment où le Seigneur intervient

« Et, déjà comme il descendait, ses esclaves vinrent au-devant de lui, et lui rapportèrent que son fils vivait. Alors il s’enquit d’eux à quelle heure il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. Le père donc connut que c’était à cette heure-là à laquelle Jésus lui avait dit : Ton fils vit. Et il crut, lui et toute sa maison » (4:51-53).

Ainsi Dieu prit soin d’arrêter l’attention des esclaves, qui étaient d’autant plus intéressés et responsables que leur maître était absent. Ils voulaient surveiller le cas et noter l’évolution de la maladie du patient, et ils avaient donc été les premiers à voir quand il avait commencé à mieux aller. Ils purent dire au maître l’heure précise à laquelle la fièvre avait quitté l’enfant : c’était l’heure même, comme le maître put le leur dire, où Jésus avait prononcé la parole de puissance en guérison.

« Jésus fit encore ce second miracle, quand il fut venu de Judée en Galilée » (4:54).

N’est-ce pas un signe de ce qu’Il va faire au jour où, ranimant la fille morte de Sion, Il changera l’eau de purification en vin de joie pour Dieu et pour l’homme ? En attendant, Il soulage celui qui est prêt à périr en Israël, là où il y a de la foi pour chercher ce soulagement de la part de Christ, même si cette foi est faible. Déjà à ce moment-là, c’était vrai de Son ministère dans tout son sens et toute sa force. Au ch. 5, les droits de Sa Personne sont affirmés avec encore plus de force par le moyen d’effets présents et futurs. Ici, il s’agit plutôt d’arrêter la puissance de la mort, que de donner la vie. Même cela, Lui seul pouvait le faire, et Il le faisait là où il y avait la foi.

 

 

6                        Chapitre 5 — À Jérusalem au réservoir de Béthesda

L’une des particularités de notre évangile c’est de voir fréquemment le Seigneur à Jérusalem, tandis que les évangiles synoptiques s’occupent de Son ministère en Galilée. Le miracle au réservoir de Béthesda en est un exemple : seul Jean le relate. Tant l’événement lui-même que le discours qui a suivi font ressortir Sa personne au plus haut degré. Ceci seul demeure, et c’est tout pour le croyant, avec l’œuvre infinie qui Lui doit son infini. Dans les autres évangiles, le processus de mise à l’épreuve est considéré comme toujours en cours ; dans Jean, tout est vu dès le début, comme clos devant Dieu. C’est pourquoi nous voyons Son jugement moral de Jérusalem au début de Jean, comme aussi Son rejet. C’est ce qui, dans l’évangile de Jean, explique à mon avis le récit de l’œuvre du Seigneur à Jérusalem ainsi qu’en Galilée. Si tout était considéré comme une scène de naufrage et de ruine moralement, l’endroit où Il œuvrait aurait été sans importance. Du point de vue de la mise à l’épreuve, tout était fini ; la grâce pouvait et voulait opérer également partout : la Galilée et Jérusalem étaient semblables. Le péché nivelle tout : l’une comme l’autre avait besoin de la vie de Dieu. C’est ce que notre évangile développe.

 

6.1   Jean 5:1-9

6.1.1        Jean 5:1

« Après ces choses, il y avait la (*) fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem » (5:1).

 

(*) Ici les autorités sont à peu près également divisées pour et contre l’insertion de l’article. Si on accepte l’article, il ne peut guère s’agir que de la fête de Pâque, la première fête de l’année sainte juive, la fête fondamentale. Certains ont pensé qu’il pourrait s’agir de la fête de Pourim, mais on ne s’expliquerait pas que Jésus soit monté à Jérusalem pour une fête qui n’était pas une exigence divine.

 

6.1.2        Jean 5:2-6 — Un témoignage de la grâce en puissance avant le ministère du Seigneur

« Or il y a à Jérusalem, près de la porte des brebis (*), un réservoir d’eau, appelé en hébreu Béthesda, ayant cinq portiques. Dans ceux-là étaient couchés une (2*) multitude d’infirmes, d’aveugles, de paralytiques et de gens qui avaient les membres secs, [attendant le mouvement de l’eau. Car de temps en temps un ange descendait dans le réservoir et agitait l’eau. Le premier donc qui entrait après que l’eau avait été agitée, était guéri, de quelque maladie qu’il fût pris]. Or il y avait là un homme infirme depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et sachant qu’il était dans cet état déjà depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? » (5:2-6)

 

(*) Il y a beaucoup de confusion dans les manuscrits, même si le texte est sûr ici. Ainsi, tandis que έπί τη προβατικη (à la porte des brebis, Néhémie 3 selon les Septante) est lu par Vaticanus, le Rescrit de Paris, et plus de treize onciaux et la majorité des cursives, confirmé par la plupart des anciennes versions, [W. et H., Weiss] ; pourtant aleph (corr), A, D, G, L, etc., ont έν τη προβατικη, probablement avec le sens de la Version Autorisée (le marché aux brebis) ; tandis que aleph (pm) et quelques autres autorités inférieures omettent έπί τη ou έν τη, et semblent donc exprimer le « réservoir des brebis » : ainsi la Vulgate et les versions éthiopienne et slavonne. — note Bibliquest : D’autres variations secondaires sont aussi signalées par l’auteur.

(2*) Dans les versets 3-4, il y a des différences plus graves… La grande omission est celle de la phrase ‘attendant le mouvement de l’eau… et tout le verset 4’ (aleph B, C, L, 18, 157, 314, etc.)… Il est certain que le texte donné ordinairement a dû être lu par Tertullien (de Bapt. 5) ; et la réponse de l’infirme dans le texte critique, au verset 7, implique sinon exige, une telle explication. Le fait peut avoir été trop renversant pour que les copistes croient qu’il ait pu avoir lieu dans les jours allant jusqu’au ministère de Christ (ils pouvaient le croire plus facilement dans l’ère chrétienne). Les catholiques ont du mal à accepter toute preuve de bonté de Dieu envers les Juifs en tant que tels, et dans les temps où cela se passait. Même Lachmann garde le passage. Je ne pense pas qu’il y ait un poids réel dans l’argument d’Alford contre son authenticité fondé sur le fait que sept mots ne sont utilisés qu’ici, ou seulement ici dans ce sens ; car un fait aussi remarquable et singulier appelle naturellement des mots appropriés. Il y a des variations parmi les manuscrits qui contiennent le passage omis, mais pas plus, peut-être, que d’habitude. Voir Westcott, «note complémentaire sur le chapitre V», et Hort «Note sur des leçons particulières». Weiss et Blass abandonnent le verset.

Note Bibliquest : Carrez et la TOB rejettent ce passage (de la fin du v. 3 au v. 4 inclus). Le NT en français courant le conserve.

 

6.1.3        Jean 5:7-9 — Le Seigneur surmonte l’impuissance de l’homme à être sauvé

« L’infirme lui répondit : Seigneur, je n’ai personne qui, lorsque l’eau a été agitée, me mette dans le réservoir ; et, pendant que moi je viens, un autre descend avant moi. Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton petit lit, et marche. Et aussitôt l’homme fut guéri, et il prit son petit lit, et marcha. Or c’était sabbat ce jour-là » (5:7-9).

 

6.1.3.1                 Image de l’homme sous la loi

Cette scène est une image frappante de l’homme, des Juifs sous la loi. Ils gisaient là sans force, et bien que la grâce de Dieu pût intervenir occasionnellement, plus leur besoin était grand, moins les âmes pouvaient profiter de Sa miséricorde. C’était « ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair » (Rom. 8:3). L’homme impotent en était le témoin jusqu’à ce que Jésus vienne le chercher sans que l’homme le cherche. Aucun mouvement de l’eau par l’ange ne pouvait être utile à un homme incapable de descendre sans une aide pour le plonger dans le réservoir. Celui qui était plus fort arrivait toujours à passer avant l’impotent. Mais maintenant la grâce, en Jésus le Fils de Dieu, regarde celui qui a si longtemps souffert ; la grâce lui parle ; la grâce opère pour lui, d’une parole, sans tarder ; car la parole était accompagnée de puissance. « Et aussitôt l’homme fut guéri, et il prit son petit lit, et marcha. Or c’était sabbat ce jour-là » (5:9).

Mais comment le Sabbat pouvait-il être gardé ou imposé en ce jour de misère de l’homme ? Jésus était venu travailler (5:17), non pas se reposer ; quoi que les pharisiens pussent avancer, Il ne voulait pas enfermer l’homme dans un repos brisé devant Dieu par le péché et la ruine.

 

6.1.3.2                 Excellence du Fils

Ainsi le miracle opéré en ce jour de sabbat poursuit l’accomplissement de ce qu’on voit le Seigneur faire tout au long de ces chapitres de l’évangile : se substituer à tous les objets de confiance et tous les moyens de bénédiction, d’autrefois ou d’alors, en-dehors d’Israël ou en Israël. Même les anges s’inclinent devant le Fils ; pourtant Il était incarné, travaillant dans l’humiliation, et allant tout droit à la croix. La loi ne pouvait pas délivrer de la culpabilité, ni de la puissance et des effets du péché ; aucune intervention extraordinaire de Dieu par le moyen des créatures les plus élevées ne pouvait répondre de manière adéquate à ce besoin — rien ni personne, sauf Jésus, le Fils de Dieu. Mais nous avons aussi la preuve la plus évidente que les Juifs étaient si satisfaits d’eux-mêmes dans leur misère, par un mauvais usage de la loi qui les aveuglait quant à leur péché et quant au Fils, qu’ils se contentaient de continuer avec un tel sabbat, irrités par Celui qui opérait un miracle qui proclamait aussi sûrement Sa grâce que leur ruine (5:16). Leur situation était sans espoir puisqu’ils rejetaient le remède et qu’ils se complaisaient dans leur propre justice.

 

6.1.3.3                 Sentir son besoin pour être guéri, même un jour de sabbat

Observez toutefois que le Seigneur fait sentir à l’infirme plus que jamais son impuissance, avant de prononcer les mots qui le firent se lever (5:6-7). Il éveille le désir d’être guéri, tandis qu’Il regarde avec une compassion infinie et une connaissance du cas à fond ; mais le désir ressenti alors s’exprime dans la conviction qu’a l’homme de sa propre misère. C’était comme ce que dit l’âme en Rom. 7:24 : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » Combien peu l’infirme connaissait Celui qui avait daigné être son «prochain», et jouer le rôle du bon Samaritain, et même infiniment mieux ici où le besoin est ressenti plus profondément. Ici, il y a Celui qui vivifie les morts. « Lui a parlé, et la chose a été » (Ps. 33:9), même que ce fût un jour de sabbat ; mais le péché et la misère peuvent-ils observer un sabbat agréable à Dieu ? Dieu merci ! Jésus fit ce miracle ; mais ils estimèrent que s’Il avait raison, c’en était fini d’eux. C’est pourquoi ils Le jugèrent, sans se juger eux-mêmes, comme nous le verrons, — pour le déshonneur de Dieu et leur propre perdition.

 

6.1.3.4                 Il porte son lit en public

C’était sans doute étrange en Judée de voir un homme transporter son lit un jour de sabbat, surtout à Jérusalem. Mais cela venait, bien sûr, d’une injonction délibérée de la part du Seigneur. Il soulevait une question chez les Juifs qui, Il le savait bien, entraînerait une rupture avec leur incrédulité. C’était un coup frappé délibérément à l’observation du sabbat à laquelle ils se complaisaient, alors qu’ils étaient aveuglés, non seulement par volonté propre pour violer la loi, mais par incrédulité contre leur propre Messie, en dépit des preuves les plus complètes de Sa mission et de Sa Personne. Dieu pouvait-Il agréer l’observation du sabbat par un peuple dans un état pareil ? Ici donc, le Seigneur commande un acte expressément public le jour du sabbat à Jérusalem.

 

6.2   Jean 5:10-18

6.2.1        Jean 5:10-13 — Qui a fait le miracle ? un homme ?

« Les Juifs donc dirent à celui qui avait été guéri : C’est [un jour de] sabbat, et il ne t’est pas permis de prendre ton petit lit. Il leur répondit : Celui qui m’a guéri, celui-là m’a dit : Prends ton petit lit, et marche » (5:10-11).

L’homme guéri était simple, et sa réponse porte le cachet de la droiture et de la vérité. La puissance divine qui avait opéré au-delà même des limites et de la mission d’un ange, et sans elle, était sa garantie d’agir selon la Parole. « Ils lui demandèrent donc : Qui est l’homme qui t’a dit : Prends ton petit lit, et marche ? Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ; car Jésus s’était retiré de là, une foule se trouvant dans ce lieu » (5:12-13). Les Juifs parlaient avec malveillance et mépris : « Qui est l’homme ? » On ne peut guère concevoir qu’ils fussent ignorants de ce qu’il y avait plus [qu’un homme] au milieu d’eux, ni de Qui Il était. Ils connaissaient Ses œuvres, s’ils ne Le connaissaient pas Lui-même ; et Ses œuvres ainsi que Ses voies proclamaient une mission plus qu’humaine. Le miracle opéré devant eux, qu’ils ne pouvaient pas nier, dépassait celui d’un ange ; et pourtant ils demandent à la personne guérie : « Qui est l’homme qui t’a dit : Prends ton petit lit, et marche ? » Le Seigneur avait ordonné les choses de telle sorte que l’homme guéri n’en sache pas plus ; Il s’était retiré inaperçu, une foule se trouvant là.

 

6.2.2        Jean 5:14-15 — Ce qui est important dans la vie

« Après ces choses, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voici, tu es guéri ; ne pèche plus, de peur que pis ne t’arrive. L’homme s’en alla et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri » (5:14-15).

C’était une parole pleine de grâce, mais en même temps solennelle. Vivre maintenant, et jouir de la vie présente, n’est pas le plus important. Aucune guérison, même annonciatrice de la puissance et de la bonté de Dieu, ne pouvait répondre aux besoins profonds de l’homme, car le péché subsistait encore. Une guérison n’était que provisoire. L’homme guéri, bien que guéri par Jésus, devait être mis en garde : « ne pèche plus, de peur que pis ne t’arrive ». Il ne semble pas avoir alors jugé de manière adéquate la méchanceté des Juifs. Ils avaient probablement caché leurs sentiments réels. Il en est souvent ainsi avec les hommes vis-à-vis de Jésus, surtout les hommes réputés religieux. Ils ne croient pas en Lui, ni ne L’aiment. Ainsi l’homme guéri, dans sa simplicité, n’a pas sondé leur but, mais il semble avoir plutôt supposé qu’ils avaient hâte de connaître son bienfaiteur merveilleux. C’est pourquoi il partit leur dire que c’était Jésus qui l’avait guéri. Il n’y a aucune raison, je pense, de supposer qu’il partageait les sentiments des Juifs, ni qu’il voulait trahir Jésus auprès de ceux qui Le haïssaient.

 

6.2.3        Jean 5:16 — Le miracle source de reconnaissance et source de haine

Ils avaient maintenant confirmation du fait qu’ils avaient sans doute soupçonné dès le début, à savoir que le malade avait eu à faire avec Jésus. Leur informateur aurait normalement dû mieux le savoir, car ils avaient demandé : « Qui est l’homme qui t’a dit : Prends ton petit lit, et marche ? » Il leur dit maintenant que c’était Jésus qui l’avait guéri. Son cœur était plein de la bonne et puissante action qui avait été faite, tandis que leurs cœurs à eux ne pensaient qu’à la Parole qui avait porté atteinte à leur observation du Sabbat. « Et à cause de cela les Juifs persécutaient Jésus (*), parce qu’il avait fait ces choses en un jour de sabbat » (5:16). C’était l’aveuglement des hommes qui, perdus dans les formes, ne connaissaient pas la réalité de Dieu, et par conséquent ne se savaient pas être eux-mêmes en Sa présence. Tôt ou tard, de tels hommes se trouvent en conflit avec Jésus ; qu’allaient-ils bientôt ressentir ?

 

(*) Le Texte Reçu ajoute καί έζήτουν αύτόν άποκτειναι [et cherchaient à le faire mourir] avec quatorze onciaux, la plupart des cursives et quelques versions, contrairement à aleph, B, C, D, L, 1, 22, 33, 69, 249, quelques vieilles versions Latines, la Vulgate, etc.  et des premières versions Grecques.

Note Bibliquest : ce membre de phrase se trouve dans la version J.N. Darby, mais dans aucune des versions Carrez, TOB, NT en français sourant.

 

6.2.4        Jean 5:17 — Le Père ne peut pas se reposer au milieu du péché

« Mais Jésus leur répondit : Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » (5:17).

C’était une réponse accablante. Ils ne connaissaient rien de la communion avec le Père. Lui Jésus, et non pas eux, pouvait appeler Dieu «Mon Père», et Il aimait à dire qu’Il « travaillait jusqu’à maintenant ». Car le Père ne pouvait pas se reposer au milieu du péché, Il ne voulait pas se reposer au milieu de la misère. Ce n’est pas encore Dieu en train de juger. Par conséquent Il travaillait en tant que Père, et Il travaillait encore jusqu’à maintenant, bien que ce ne fût que maintenant qu’Il se faisait connaître comme Père dans et par le Fils. Pourtant même auparavant, Il ne s’était pas laissé sans témoignage à Jérusalem même, comme en témoignait la foule de malades en attente autour du réservoir de Béthesda. Mais ce n’était que partiel et transitoire. Le Fils était là pour faire connaître le Père complètement, et Le faire connaître comme Quelqu’un qui ne pouvait plus garder Son sabbat, malgré tout ce que pouvaient vouloir dire ou faire les Juifs ignorants à Son égard. « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille ». Jésus, le Fils, avait une communion ininterrompue et parfaite avec Son Père.

 

6.2.5        Jean 5:18 — Être Fils de Dieu c’est être égal à Dieu

Or ces paroles prononcées étaient encore plus choquantes que l’œuvre qu’ils venaient de voir ; et la manière par laquelle Jésus avait ouvertement fait pour l’opérer et la faire voir, heurtait tous leurs préjugés, et remuait les profondeurs de leur incrédulité. Car en parlant ainsi, Sa gloire personnelle ne pouvait que briller à l’entour.

À la fois le Père et le Fils travaillaient, et ne se reposaient pas. « À cause de cela donc les Juifs cherchaient d’autant plus à le faire mourir, parce que non seulement il violait le sabbat, mais aussi parce qu’il disait que Dieu était Son propre Père, se faisant égal à Dieu » (5:18).

Ils ne se trompaient pas, au moins en tirant cette conclusion. Lui avait donc chargé expressément l’homme guéri de faire ce qu’Il savait devoir amener une rupture, et maintenant Il ne nie pas, mais confesse que Dieu était Son propre Père dans un sens qui n’était vrai d’aucun autre, sinon de Lui-même. Voilà la vérité, et une vérité due à Dieu plus que toute autre parmi toutes les vérités, et le pivot central de toute bénédiction pour l’homme. Par elle, le croyant connaît Dieu, et a la vie éternelle ; sans elle, on est un ennemi de Dieu, comme les Juifs se montraient l’être en ce jour-là, et toujours depuis. Ils étaient des hommes endurcis, aveuglés fatalement dans la perversité, et qui, dans un prétendu zèle pour Son honneur, cherchaient d’autant plus à tuer Jésus, Son propre Fils, venu en amour infini pour faire connaître le Père, et réconcilier l’homme avec Dieu. Mais Dieu est sage et infiniment bon dans Son œuvre ; car en les laissant faire preuve de méchanceté à l’extrême, jusqu’à mettre Jésus à mort le moment venu, Il prouvait Son propre amour jusqu’à ce sommet qu’est l’expiation, faisant que Christ, ‘qui n’a pas connu le péché, soit fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui’ (2 Cor. 5:21).

 

6.3   Jean 5:19-30

6.3.1        Jean 5:19 — Parfaite dépendance, parfaite humanité

Le Seigneur note le rejet incrédule de Sa Personne, et révèle la vérité qui met tout à sa place. « Jésus donc répondit et leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu’il ne voie le Père faire quelque chose ; car quelque chose que celui-ci fasse, cela, le Fils aussi le fait de la même manière » (5:19-20).

Ceci exprime qu’il était entièrement exclu que Sa volonté fût distincte de celle de Dieu le Père. Il parle de Lui-même comme homme sur la terre, mais en même temps Dieu : c’est le sujet spécial de notre évangile. Il était ici manifestant Dieu, lequel, autrement, n’avait été vu ni pu être vu par personne ; Lui Le manifestait comme le Père, même si les disciples étaient bien obtus pour Le discerner jusqu’à ce que la rédemption eut ôté le voile de devant leurs yeux et le sentiment de culpabilité de la conscience, et jusqu’à ce que leur cœur eut saisi l’amour qui L’a donné. Or Il avait daigné prendre la place d’homme, sans perdre un instant Sa nature divine et Ses droits divins ; et c’est comme tel qu’Il rejette la moindre nuance d’auto-exaltation, ou d’indépendance par rapport à Son Père. Ceci, la chair ne peut le comprendre aujourd’hui, pas plus qu’alors ; et comme alors, cela conduisait les Juifs à répudier le Fils, ainsi aujourd’hui cela conduit une large partie de la chrétienté à nier ouvertement Sa gloire divine ou à le ramener en pratique au niveau de l’homme. De la vient l’effort de tant de personnes de se débarrasser d’un symbole tel que le credo d’Athanase (*), et l’approbation oiseuse d’un nombre encore bien plus grand, qui ne croient pas plus qu’eux en Lui. La vérité est que l’Écriture va au-delà de tout credo qui ait jamais été formulé pour maintenir Son honneur ; et ceci à la fois dans la doctrine de Ses serviteurs inspirés, et dans le récit qu’ils ont fait de Ses propres paroles, comme ici.

 

(*) note Bibliquest : le 8ème article des trente neuf articles de la confession de foi anglicane requiert l’acceptation du credo d’Athanase qui insiste beaucoup sur la Trinité.

 

Cependant, en dehors du fait d’être l’Éternel, Dieu sur toutes choses béni éternellement (Rom. 9:5), Il parle de Lui-même comme étant un homme dans ce monde, et pourtant le Fils, et comme tel ne faisant que ce qu’Il voit le Père faire : faire autre chose ne serait pas révéler le Père. Or Il était ici pour cela. Et encore, Il est si véritablement divin que toutes les choses que le Père fait, le Fils les fait pareillement. Il est l’image du Dieu invisible, et seul compétent pour nous montrer le Père. Quelle perfection dans le travail conjoint du Père et du Fils ! Nous apprenons ainsi ici leur unité, comme en Jean 10. Ce n’est pas seulement que le Fils fait tout ce que le Père fait, mais Il le fait de la même manière. Quelle communion bénie !

 

6.3.2        Jean 5:20 — Relations dans la Déité. Foi qui étonne, foi qui croit.

Les raisons que le Seigneur en donne sont aussi à considérer. « Car le Père aime (φιλει) le Fils, et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’admiration » (5:20).

S’il y a quelque chose de réel, c’est bien les Personnes dans la Déité ; et comme la nature divine est moralement parfaite, les affections qui y règnent ne le sont pas moins. Le travail en commun du Père et du Fils, notre précieux Seigneur, s’explique par le fait que le Père aime le Fils et qu’Il Lui montre tout ce qu’Il fait Lui-même (5:20a) ; et même (5:20b), Il leur fait savoir, comme Il le savait Lui-même, que des œuvres plus grandes Lui seraient montrées par le Père, selon que la dernière partie de cet évangile en témoigne, « afin que vous soyez dans l’admiration » — Il ne dit pas « afin que vous croyez ». Car Il parle, non pas de grâce, mais de puissance manifestée en témoignage aux Juifs, dont l’effet serait, non pas la foi qui honore Dieu, mais l’étonnement [ou ici : admiration] qui est le compagnon fréquent et stupide de l’incrédulité.

 

6.3.3        Jean 5:21-23 — Le Fils de Dieu ressuscite, le Fils de l’homme juge

Le Seigneur met ensuite en relief l’immense miracle de la résurrection. « Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut ; car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé » (5:21-23).

Il n’y a pas de doute que donner la vie aux morts revient à Dieu et Le caractérise ; mais si le Père le fait, le Fils le fait tout autant, et non pas en tant qu’instrument, mais souverainement : « le Fils aussi vivifie ceux qu’il veut ». Il est une Personne divine aussi véritablement que le Père, de plein droit et avec toute la puissance. Mais il y a plus : Lui seul juge. Le jugement dans son ensemble, et sous toutes ses formes, est remis au Fils par le Père (qui dans ce sens ne juge personne), avec le but explicite que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Et il en est ainsi réellement ; car ceux qui n’honorent pas l’Envoyé du Père, le Fils, non seulement n’honorent pas le Père, mais Le méprisent. C’est au Fils, de par le bon plaisir du Père, qu’il est dévolu de juger ; on va voir un peu plus loin qu’il y a une raison morale à cela. En bref, nous apprenons que le Fils vivifie en communion avec le Père, et que Lui seul juge. Son honneur est ainsi mis à l’abri de tous les hommes, soit qu’ils soient vivifiés s’ils croient, soit qu’ils soient jugés s’ils ne croient pas.

 

6.3.4        Jean 5:24 — Comment avoir la vie ?

6.3.4.1                 La foi : croire Christ

Comment une âme peut-elle savoir qu’elle est vivifiée et ne sera pas jugée ? Celui qui révèle la part qui appartient à certains et ce qui attend les autres, n’a pas laissé dans l’obscurité ni dans le doute ce qui est de toute importance ; Il a fait savoir ce qui concerne si profondément tout fils des hommes. L’incrédulité seule ne sait pas, ou a des incertitudes, bien que ce soit sans raison, car sa fin douloureuse est trop évidente pour les autres, si elle ne l’est pas pour elle-même. Défiant Dieu, elle doit être jugée par Celui qu’elle ne pourra plus continuer à déshonorer. D’autre part, qu’y a-t-il de plus marqué spécialement par la grâce que la portion accordée par notre Seigneur à la foi ? » En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (*) (5:24). Il ne s’agit plus d’une question de loi, mais d’écouter la parole de Christ, de croire Celui qui a envoyé Christ (non pas ‘croire en Dieu’, comme dit la Version Autorisée, quel que soit le sens dans lequel on le prend), en croyant Son témoignage. Il avait envoyé Son Fils dans le but qu’Il donne la vie éternelle. Par conséquent celui qui Le croit « a la vie éternelle ». C’est un don présent de Dieu et une possession présente du croyant ; sans doute il n’en jouira parfaitement que dans le ciel, mais c’est néanmoins une possession vraiment donnée déjà maintenant, et exercée ici où Christ était alors.

 

6.3.4.2                 Le croyant ne vient pas en jugement

 

(*) Le contraste de la vie et du jugement ici, comme du salut et du jugement en Hébreux 9:27-28, est révélé si nettement, et sur une base aussi solennelle que celle de l’honneur et du déshonneur du Fils, que l’on s’étonne du préjugé du professeur Knightsbridge de l’Université de Cambridge (pourtant compétent) qui s’oppose à M. Gr. Guinness, là où celui-ci a raison alors que lui-même a tort, sur le jugement d’Apoc 20.

Quant au fait que le fidèle ne vienne absolument jamais en jugement, M. T.R. Birks n’y voyait « aucune base, sinon la traduction altérée d’Alford de Jean 5:24, que je crois être une erreur » («Réflexions sur le Temps et les Saisons de la Prophétie sacrée » p . 65, 1880) : c’est une déclaration surprenante, non seulement du point de vue philologique, puisque le grec n’admet aucun autre sens, mais non moins certainement aussi du point de vue de la grâce et de la vérité divines, et de la justice divine. Ce n’est rien moins qu’une offense hétérodoxe ou incrédule contre l’évangile, et même contre ce qu’un saint de l’Ancien Testament pouvait dire avant la venue du Seigneur, comme au Psaume 143 v. 2. Si la manifestation de tous de manière absolue devant le tribunal de Christ avait été affaiblie, c’est avec raison qu’il y aurait eu lieu d’adresser l’avertissement le plus sévère. Mais on est d’accord que chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu, et recevra les choses accomplies dans le corps selon qu’il aura fait soit bien soit mal (2 Cor. 5:10). Ceci, cependant, ne donne pas du tout le droit de nier la parole de Christ, ni le privilège spécifique du croyant de ne pas venir en jugement et de n’avoir pas besoin d’«acquittement» en ce jour-là, du fait qu’il a déjà été justifié. Doctrinalement, cela déshonore le Seigneur et Son œuvre, encore plus que la foi du saint ; cela replonge dans le doute et dans les ténèbres ceux que la grâce a sauvés parce qu’ils ont cru ; cela ramènerait la détresse dans des cœurs exercés, et ébranlés par le mauvais rendu de Jean 5 et de 1 Cor. 11. Ce mauvais rendu dans la Version autorisée anglaise [Jean 5:24 « ne vient pas en condamnation » au lieu de « ne vient pas en jugement » ; 1 Cor. 11:29 « mange et boit une damnation contre lui-même » au lieu de « mange et boit un jugement contre lui-même »] est corrigé sans hésitation par la Version révisée anglaise.

Quant à la traduction prétendument altérée d’Alford, il y a lieu de remarquer que la Version autorisée anglaise de Jean 5:22 [« il a donné tout le jugement au Fils »] et 5:27 [« autorité d’exécuter le jugement »] corrige l’erreur des versets 5:24 [« ne viendra pas en condamnation »] et 5:29 [« résurrection de damnation »]. C’est partout le même mot κρίσις, qui signifie incontestablement «jugement», et non pas « damnation » ni «condamnation» comme κατάκριμα ; le verbe des v. 22 et 30 signifie «juger». Il est important de remarquer l’ignorance qu’il y a à parler de cette manière du Doyen Alford, vu que la version peut-être la plus influente de toutes les versions, la Vulgate de Jérôme, est tout à fait correcte à la fois en Jean 5:24 et 1 Cor. 11:29, alors que la Version autorisée anglaise est erronée de manière lamentable et inexcusable. Dans l’évangile (Jean 5:24), les vieux manuscrits latins Vercell. Veron. Brix., etc. sont corrects. Beaucoup de versions orientales sont correctes ; certaines sont flottantes comme la Version autorisée anglaise, ce qui ruine une vérité bien déterminée sur un point de grande importance. Mais là où la doctrine sur les peines éternelles est erronée, il n’est pas surprenant d’apprendre qu’il y a un manque de foi quant à la vie éternelle et à l’exemption du jugement.

Note Bibliquest :  pour 5:24, Carrez dit « ne va pas en jugement », la TOB dit « ne vient pas en jugement », et le Nouveau Testament en français courant dit « ne sera pas condamné ». Tous les trois ont « il est passé de la mort à la vie », et le Nouveau Testament en français courant dit même « il est déjà passé de la mort à la vie ».

 

Mais il y a plus que la communication effective d’une nouvelle vie par la foi, une vie dont Christ, non pas Adam, est la source et le caractère : celui qui a la vie ne vient pas en jugement (κρίσιν). La Version Autorisée anglaise a «condamnation» ; mais le Seigneur dit davantage : le croyant « ne vient pas en jugement ». Il sera manifesté devant le tribunal de Christ où il rendra compte de tout ce qu’il aura fait dans le corps ; mais, si on doit croire Christ, il ne vient pas en jugement. Il ne sera jamais jugé pour déterminer s’il doit être perdu ou non. Notion étrange ! Après être éventuellement passé par l’état séparé [séparation de l’âme d’avec le corps] et être délogé pour « être avec Christ, ce qui est de beaucoup meilleur » (Phil. 1:23), en tous cas après avoir été changé en la conformité de Sa gloire (Phil. 3:21), nous devrions être jugés ! Pensez au «disciple bien-aimé», quand glorifié, il devrait comparaître dans un procès aussi terrible ! C’est autant incohérent pour tout autre croyant, car la vie éternelle est la même pour tous. Le salut ne varie pas de l’un à l’autre, pas plus que Christ ne varie. Non ! Une telle idée est de la théologie, c’est la doctrine trop commune dans la chrétienté, protestante ou papiste, arminienne ou calviniste ; mais elle se heurte directement aux paroles simples et sûres de Christ.

Toutes les grandes traductions anglaises sont erronées sur ce point, Wyclif, Tyndale, Cranmer, et Genève, ainsi que la Version Autorisée. Il est singulier de noter que la version de Reims est la seule correcte, suivant en cela la Vulgate : un simple accident sans aucun doute, car personne n’est aussi éloigné que les docteurs de Rome, de la vérité transmise par leur propre traduction, ni aussi éloigné de saisir l’exemption du jugement. Et personne d’autre n’est aussi infidèle dans la proposition qui suit, car ils font réellement comme si le Seigneur avait dit : «passera de la mort à la vie» [au lieu de « est passé de la mort à la vie »]. Il a vraiment dit « άλλά μεταβέβηκεν έκ τ. θ. είς τ. ζ., c’est-à-dire « mais il est passé (ou : a passé — c’est le résultat présent d’un acte passé) de la mort à la vie ». Ici les versions protestantes sont justes, Wyclif faible, la version de Reims fausse, et il n’y a même pas l’excuse de la Vulgate, qui dit «transiit».

Quoi qu’il en soit, la vérité énoncée par notre Sauveur est de toute importance : puisse tout croyant la connaître et se réjouir en elle avec simplicité et dans sa plénitude, comme ce verset la présente ! C’est la parole de Christ qui est entendue par une foi donnée de Dieu, et ceci vivifie l’âme : il n’y a pas la moindre pensée, ici ou n’importe où ailleurs, d’une quelconque vertu de ce genre dans un rite administré [note Bibliquest : c’est-à-dire baptême, sacrement]. Certes la foi ne néglige pas Son jugement ; au contraire, le croyant se courbe moralement maintenant devant ce jugement dans Sa parole ; il reçoit le témoignage de Dieu à l’égard de Son Fils, et il est passé de la mort à la vie.

Le Seigneur a ainsi répondu à la question que Ses paroles solennelles voulaient susciter chez toute âme qui craint Dieu. Il avait montré que ce n’était pas une question de loi ou de rite, mais d’entendre Sa parole et de croire Le Père qui L’avait envoyé. Ceux-là seuls ont la vie éternelle ; mais celui qui croit l’a maintenant. Combien sa part est bénie et assurée en Christ !

 

6.3.5        Jean 5:25 — L’homme naturel : un mort

Ensuite Il passe à un état de choses plus général. « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront » (5:25).

 

6.3.5.1                 Les hommes dans leur généralité : des morts

Voilà en effet la triste vérité : les hommes dans toutes les activités du monde sont ici « les morts ». Ce n’est pas une question d’une moralité plus stricte ou d’une religion plus sainte. Ils peuvent avoir l’une ou l’autre ou les deux, sans pour autant avoir la vie. Le dogme ne peut pas donner la vie, pas plus que la pratique. Elle provient du Fils de Dieu, qui vivifie qui Il veut ; mais c’est par la foi, et aussi par la parole que l’Esprit applique de manière vivante.

C’est ici que l’évangélisme (*) est faible et le sacramentalisme (*) est faux. Ce dernier, par superstition, donne aux ordonnances (rites) de la créature l’honneur qui n’appartient qu’à une personne divine ; l’évangélisme ignore et abaisse la vérité en parlant d’un caractère converti et de consacrer à Dieu ce qui était autrefois abandonné au moi et au péché ; mais ni l’un ni l’autre n’a une estimation adéquate de la ruine totale de l’homme, ni par conséquent de son besoin absolu de la grâce divine, ni de la puissance réelle de cette grâce. « Les morts », ce sont les hommes en général (universellement), jusqu’à ce qu’ils soient nés de Dieu. Ce n’est pas une image de la résurrection future, soit des justes soit des injustes, comme on la trouve aux versets 28-29, mais c’est le tableau du moment actuel, comme le Seigneur l’indique ; car « l’heure… est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu » (5:25b). Sa voix s’adresse dans l’évangile à « toute créature » ; « et ceux qui l’auront entendue vivront » (5:25c). Voilà les moyens et la condition de la vie. C’est par la foi afin que ce soit selon la grâce (Rom. 4:16). L’extrême impuissance de l’homme est aussi manifeste et certaine que l’énergie glorieuse du Fils de Dieu.

 

(*) note Bibliquest : Évangélisme : ici, il s’agit de la doctrine de la partie évangélique de l’église anglicane en fin du 19ème  siècle. Sacramentalisme : il s’agit de la doctrine de la partie ritualiste de l’église anglicane qui donnait une importance croissante aux sacrements, comme l’église catholique.

 

6.3.5.2                 La vie éternelle en écoutant le Fils

Ceux donc qui l’auront entendue vivront. Hélas ! La masse de l’humanité a des oreilles, mais ils n’entendent pas ; quand les Juifs Le virent, ils n’ont pas vu de beauté pour Le faire désirer (És 53:1). Que l’homme soit superstitieux ou sceptique, il ne se soumet à la sentence de Dieu sur son propre état, ni ne sent, par conséquent, la nécessité de la miséricorde souveraine en Christ, Qui seul peut donner la vie dont l’homme manque pour Dieu maintenant et durant toute l’éternité. Mais quelle que soit la miséricorde de Dieu, Il veut que Son Fils soit honoré, et cela dès maintenant en écoutant Sa parole et en croyant le témoignage de Celui qui L’a envoyé. Cela teste l’homme à fond, ce que la loi n’a fait que partiellement. Car le pécheur ne fait jamais confiance à Dieu pour la vie éternelle jusqu’à ce que la grâce lui fasse voir ses péchés et l’amène à perdre toute confiance en lui-même. Alors, combien il est heureux d’apprendre que la bonté de Dieu donne la vie éternelle en Christ, et qu’Il L’a envoyé afin qu’il puisse le savoir ! Combien [ce pécheur gracié] se reconnaît volontiers comme l’un des «morts», ce que personne n’admet vraiment jusqu’à ce qu’il vive de la vie nouvelle qui est en Christ ! Combien il s’incline de tout cœur devant le Fils de Dieu, et bénit le Dieu qui L’a envoyé en amour et compassion, ne voulant pas la mort du pécheur, mais plutôt qu’il ait la vie par Son nom ! (20:31 ; Éz. 18:23 ; 33:11).

 

6.3.5.3                 Incrédulité religieuse, incrédulité profane

Or l’incrédulité qui autrefois chez les Juifs violait la loi et convoitait les idoles, est la même qu’on retrouve maintenant chez les Gentils, mettant sa confiance dans une ordonnance (rite), exaltant ceux qui s’arrogent le droit exclusif et prétendument valide de l’administrer ; on retrouve aussi cette incrédulité chez ceux qui se méfient ouvertement de Dieu et manquent d’égards pour Son Fils, se confiant en eux-mêmes sans Lui. Voilà l’incrédule religieux et le profane. Ce sont «les morts» ; ils n’ont jamais entendu la voix du Fils de Dieu, mais seulement celle de leurs prêtres ou de leurs philosophes. Quelles que soient leurs vanteries, ils ne vivront pas, car ils n’ont pas Christ ; ils n’ont que des idées imaginatives ou rationnelles ; ils n’ont pas la vérité qui est inséparable de Christ reçu par la foi à la gloire de Dieu et pour l’anéantissement des prétentions humaines.

 

6.3.6        Jean 5:26-27 — Toute la vérité est centrée sur la Personne de Christ

Il est capital de voir que toute la vérité est centrée sur la Personne de Christ, qui, étant Dieu d’éternité en éternité, a daigné se faire homme, sans déchoir d’aucune gloire divine, mais acceptant loyalement la position propre à l’humanité. D’où les propos suivants du Seigneur, dont la mauvaise compréhension a entraîné bien des théologiens éminents au bord, sinon dans la fosse de l’hétérodoxie fondamentale. « Car comme le Père a la vie en Lui-même, ainsi Il a donné au Fils aussi d’avoir la vie en Lui-même ; et Il Lui a donné autorité de juger aussi, parce qu’Il est fils de l’homme » (5:26-27).

 

6.3.6.1                 Homme, mais parfaitement Dieu

Le Seigneur parle évidemment ici comme Celui qui est descendu, un homme, l’Envoyé de Dieu et le Serviteur des propos divins, — non pas comme Celui qui est sur toutes choses, Dieu béni éternellement (Rom. 9:5), bien que les deux soient vrais de Lui dans Sa Personne. Comme Fils éternel, Il vivifie qui Il veut ; comme venu en humiliation, il Lui est donné du Père d’avoir la vie en Lui-même. Né d’une femme, Il est encore Fils de Dieu (Luc 1:35). Mais les hommes méprisent l’homme Christ Jésus. Certains se confient en eux-mêmes comme étant justes (Luc 18:9), tous détestent Celui qui ne faisait pas Sa propre volonté, mais celle de Celui qui l’avait envoyé. Ceux qui vivent pour eux-mêmes trouvent ennuyeux Celui qui vivait à cause du Père (6:57), et ceux qui cherchent la gloire l’un de l’autre (5:44) le trouvent odieux. Ils se servent à tort de Son humanité pour nier Sa divinité. Ils n’ont pas la vie, car ils n’ont pas la foi. Mais ils ne peuvent pas échapper au jugement, et un jugement exécuté dans cette nature même d’homme pour laquelle ils ont rejeté le Fils de Dieu.

 

6.3.6.2                 Le Fils de l’homme recevant l’autorité de juger

C’est comme Fils de l’homme que le Seigneur Jésus s’assiéra sur le trône. Certes Il manifestera Sa connaissance divine en jugeant ; mais, comme Il le dit expressément, l’autorité Lui a été donnée par le Père pour exécuter le jugement, parce qu’Il est Fils de l’homme. Comme Fils de Dieu, Il vivifie ; comme Fils de l’homme, Il jugera. Combien c’est solennel ! S’Il n’avait été que Fils de Dieu, qui aurait osé Le mépriser ? La lumière de Sa gloire aurait consumé instantanément devant Lui tout adversaire orgueilleux. C’était Sa grâce, donc, en devenant homme, de sauver des hommes qui L’exposèrent au mépris dans Son chemin d’humble obéissance et de souffrance en amour. L’archange est un serviteur ; Lui s’est abaissé pour en devenir un (Phil. 2:6-7). Mais le dieu de ce monde les aveuglait pour ne voir qu’un homme dans Celui qui n’a jamais mieux démontré être Dieu à ceux qui, par grâce, avaient des yeux pour voir. S’ils L’insultaient dans Son œuvre de grâce, qu’arrivera-t-il quand Il exécutera le jugement, et cela en tant que Fils de l’homme ? Telle est la rétribution de Dieu.

 

6.3.7        Jean 5:28-29 — Distinction entre les deux résurrections. Importance de les différencier

« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les tombes entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement » (5:28-29)

Ainsi, une autre heure est annoncée, distincte de celle qui « est maintenant » (5:25), une heure dont il est dit seulement qu’« elle vient », une heure non pas de vivification des morts qui entendent la voix de Christ, mais une heure de résurrection de «tous ceux qui sont dans les tombes ». C’est l’heure de résurrection proprement dite ; le Seigneur réfute soigneusement l’idée populaire d’une résurrection générale. Il n’en est pas ainsi ; ici, comme ailleurs, il nous est parlé de deux résurrections entièrement distinctes et de caractères nettement opposés, comme elles le sont aussi dans le temps, selon ce qu’on voit en Apoc. 20 : il y a le millénium, et même davantage, entre deux.

Il n’entrait pas dans la portée du discours du Seigneur, ni dans la portée du dessein de l’Esprit dans l’évangile, de révéler en détail l’ordre chronologique des événements [se rapportant aux résurrections]. Cela a sa place dans la grande prophétie du Nouveau Testament [Apocalypse]. Mais la différence bien plus profonde de la relation de ces deux résurrections à Christ Lui-même, considéré comme Fils de Dieu et Fils de l’homme, est placée devant nous en quelques mots du plus profond intérêt — une différence qui resterait vraie si moins de dix minutes séparaient ces deux résurrections, mais qui est rendue bien plus nette et impressionnante, dans la mesure où l’Apocalypse nous laisse voir un intervalle de plus de mille ans. Quelle grande confusion est celle de la théologie des écoles et des chaires, qui suppose une seule résurrection mélangeant justes et injustes, en se basant principalement sur une exégèse aussi absurde que celle qui applique Matthieu 25:31-46 à la résurrection ! Car c’est certainement là un jugement des vivants, de «toutes les nations», devant le Fils de l’homme quand Il reviendra en gloire ; ce n’est pas le jugement des morts méchants et de leurs œuvres devant le grand trône blanc, après que le ciel et la terre se soient enfuis, et où toute question de retour du Seigneur sera close. Il y a un autre dommage résultant de cette interprétation : elle tend à insinuer que le juste et l’injuste viennent en jugement, ce qui détruit la vérité capitale de l’évangile, où la vie et le jugement sont mis en contraste l’un avec l’autre, comme nous l’avons vu dans les paroles de notre Seigneur et comme on peut le trouver ailleurs encore.

Une différence essentielle entre les deux « heures » est celle-ci : dans la première, seuls un certain nombre entendent par grâce Sa voix et ont la vie ; dans la seconde tous ceux qui sont dans les tombes l’entendront et sortiront. Mais il n’y a plus aucune confusion entre justes et injustes. Ils avaient été plus ou moins mélangés dans le monde. Dans le champ où le bon grain était semé, l’ennemi avait semé de l’ivraie ; et, malgré la suggestion des esclaves, le Seigneur décida de les laisser croître ensemble toutes deux jusqu’à la moisson (Matt. 13:23-43). Mais dans l’heure à venir, il n’y aura plus de mélange : la séparation solennelle de tous prend place : « ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement ». Car la vie éternelle en Christ n’est jamais inopérante, et le Saint Esprit (qui est donné au croyant en conséquence de la rédemption accomplie et de l’ascension de Christ) opère dans cette vie, afin qu’il y ait le fruit de la justice par Jésus Christ à la gloire de Dieu et à Sa louange (Phil. 1:11). C’est pourquoi ceux qui ont cru sont caractérisés ici comme « ceux qui auront pratiqué le bien », et comme cela aura eu sa source dans la vie, alors l’issue est la résurrection de vie ; tandis que ceux qui n’avaient pas la vie, ayant rejeté Celui qui en est la source, sont décrits comme « ceux qui auront fait le mal », et leur fin est la résurrection de jugement. Dans l’heure qui est maintenant, ils n’ont pas voulu du Fils de Dieu dans toute Sa grâce ; ils doivent alors être jugés dans l’heure qui vient par le Fils de l’homme. Les deux résurrections sont aussi différentes que les caractères de ceux qui ressuscitent dans l’une et dans l’autre. Or Jésus est Seigneur de tous, bien que sur des principes différents, dans des classes différentes, et pour une fin différente.

La revendication par le Fils des pouvoirs les plus caractéristiques de Dieu le Père, à savoir de vivifier et de ressusciter les morts, est tout à fait nette et précise ; la résolution du Père de maintenir l’honneur de Son Fils incarné est tout à fait décidée. Tous les titres et formes de jugement sont remis au Fils de l’homme, et dans le but exprès, qui s’exécutera sûrement, que tous doivent honorer le Fils comme ils honorent le Père. Or donner la vie est une action de la grâce dans son caractère le plus complet, tandis que le jugement est la défense de l’honneur du Fils sur ceux qui L’ont traité sans considération, et n’ont jamais eu ni la vie éternelle ni le salut. Confondre les deux, c’est l’inintelligence de l’homme et de sa tradition, en opposition totale avec la révélation claire. C’est une erreur énorme.

 

6.3.8        Jean 5:30 — Le Seigneur à la hauteur de Sa tâche comme homme humble dépendant du Père

Le Seigneur parle encore en tant que Fils, mais comme homme sur la terre ; et au verset 30, Il rattache ce qu’Il a déjà révélé aux différents témoignages rendus à Sa gloire dans ce qui suit. Il était à la hauteur de la tâche de juger, bien qu’Il fût le plus humble des hommes, et Il l’était parce qu’en aucune de Ses voies ni de Ses pensées Il était indépendant du Père. C’est la perfection de l’homme ; Lui seul était comme cela, ne regardant pas comme un objet à ravir d’être égal à Dieu (Phil. 2:6). Mais étant Dieu, Il était devenu homme pour la gloire de Dieu ; et ainsi Il dit : « Je ne puis rien faire, moi, de moi-même ; je juge selon ce que j’entends, et mon jugement est juste ; car je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui (*) qui m’a envoyé » (5:30).

 

(*) Le Texte Reçu ajoute πατρός, « Père », avec de nombreuses autorités, mais pas les plus anciennes.

 

Il voyait et Il entendait comme l’homme parfaitement dépendant et obéissant, et personne n’aurait pu arriver à ce niveau à moins d’être une personne divine. Il avait une volonté, mais elle était utilisée dans la soumission entière au Père. Il voyait tout ce que le Père faisait pour faire la même chose ; Il entendait avec une oreille ouverte et éveillée, matin après matin, pour écouter comme ceux qu’on enseigne (És. 50:4), et ainsi Il jugeait, et Son jugement était juste. Rien n’était susceptible de Le distraire ou de L’induire en erreur, bien qu’il y en eût un qui cherchait à le faire avec toute subtilité. Mais celui-ci fut déjoué, et échoua complètement, car il ne faisait pas l’assaut du premier homme, mais du Second, venu pour faire la volonté de Dieu. Une telle décision de cœur maintient à la fois l’œil simple et la fidélité sans faille. C’est ainsi que l’Envoyé a toujours marché. Qui était aussi compétent et apte à juger l’humanité, et ceci en tant qu’Homme ?

 

6.4   Jean 5:31-47

6.4.1        Jean 5:31-35 — Témoignage de Jean le baptiseur

Nous avons ensuite la présentation des témoins qui Lui rendent témoignage. « Si moi je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai. C’est un autre qui rend témoignage de moi ; et je sais (*) que le témoignage qu’il rend de moi est vrai. Vous, vous avez envoyé auprès de Jean, et il a rendu témoignage à la vérité ; mais moi, je ne reçois pas témoignage de l’homme, mais je dis ces choses afin que vous, vous soyez sauvés. Celui-là était la lampe ardente et brillante ; et vous, vous avez voulu vous réjouir pour un temps à sa lumière » (5:31-35).

 

(*) Le Sinaïticus et le manuscrit de Cambridge de Bèze, avec quelques autres bonnes autorités, lisent « vous savez », mais presque tout le reste supporte la lecture commune.

 

Jean le baptiseur est donc le premier témoin auquel le Seigneur fait appel dans cet amour prêt à agir et éternel, qui ne dit rien de Son propre témoignage, si quelque autre moyen pouvait les convaincre et les amener à croire la vérité. Il était né pour cela, et c’est pour cela qu’Il était venu dans le monde (18:37). Il vivait à cause du Père (6:57), qui témoignait à Son sujet (5:37). Jamais Son témoignage ne fut intéressé ou isolé ; mais il renonça à la faire valoir (5:31), et désigna Son précurseur comme témoin à Son égard (5:32-33). Jean avait été incontestablement suscité à cet effet, et on ne pouvait pas concevoir un témoignage d’homme qui fût plus inattaquable. Sa naissance, sa vie, sa prédication, sa mort, tout portait l’empreinte de la véracité ; et jamais on n’en avait signalé d’autre que lui comme témoin du Seigneur Jésus. Les Juifs  avaient aussi cherché solennellement sa mort, et il n’avait pas bronché. Qui d’autre que lui avait toujours témoigné pareillement avant et après la venue de l’objet du témoignage ? Il n’était pas le Christ, comme il l’avait confessé et ne l’avait pas nié, alors que les hommes étaient prêts à lui donner la gloire due au Maître (1:20). D’un autre coté, Christ ne cherchait pas de témoignage de la part de l’homme (5:34) ; et pourtant jusqu’où ne s’est-Il pas abaissé afin que des âmes puissent être sauvées ? Si, cependant, il y avait un homme qui dut être utilisé en quelque mesure, aucun plus grand que Jean ne s’était levé d’entre ceux nés de femmes, comme dit le Seigneur (Matt. 11:11). La lampe ardente et brillante avait été une source de joie pour un temps (5:35) ; mais les hommes sont inconstants, et le témoignage de celui qui était véritablement «une voix dans le désert », fut refusé.

 

6.4.2        Jean 5:36 — Témoignage rendu par les œuvres de Christ

Le second témoignage, plus grand que le premier, nous le voyons dans les œuvres de Christ. « Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que le Père m’a données pour les accomplir, ces œuvres mêmes que je fais rendent témoignage de moi, que le Père m’a envoyé » (5:36). De toute manière les œuvres de Christ témoignent, non pas tant de la puissance manifestée, mais plutôt de leur caractère. Quelle grâce et quelle vérité brillent à travers elles comme en Lui !

 

6.4.3        Jean 5:37-38 — Témoignage de la voix du Père

Le troisième témoin est la voix du Père. « Et le Père qui m’a envoyé, lui, a rendu témoignage de moi. Jamais vous n’avez entendu sa voix, ni vu sa figure ; et vous n’avez pas sa parole demeurant en vous ; car celui-là que lui a envoyé, vous, vous ne le croyez pas » (5:37-38). Ce témoignage de la relation et de la gloire du Fils s’élève encore plus haut — on aurait pu penser au plus haut sommet, si notre Seigneur n’avait pas encore ajouté un autre témoignage suprême dans ce que la chrétienté dégénérée est en train d’apprendre à abandonner avec mépris, — pour sa propre ruine et son jugement rapide.

 

6.4.4        Jean 5:39-40 — Témoignage des Écritures

Le quatrième et suprême témoignage est celui des Écritures. « Sondez (ou : vous sondez) les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi : - et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (5:39-40).

La différence pratique entre l’indicatif et l’impératif (sondez / vous sondez) n’est pas grande parce que le contexte décide qu’il s’agit d’un appel plutôt que d’un commandement, comme on l’a déjà fait remarquer. Ils n’étaient pas imbus d’eux-mêmes au point de supposer qu’ils avaient la vie éternelle en eux-mêmes ; ils la cherchaient dans les Écritures, et ils avaient donc l’habitude de les sonder, comme ils le font plus ou moins jusqu’à ce jour. Mais bien que les Écritures témoignent au sujet du Seigneur Jésus, ils n’ont pas la volonté de venir à Lui pour avoir la vie que Lui seul peut donner. Car les Écritures ne peuvent pas donner la vie en dehors de Lui, et le Père ne le veut pas ; pourtant les Écritures sont le témoin permanent de Christ, le présentant continuellement comme la ressource révélée pour l’homme et pour le triomphe pour Dieu, — et ce, en bonté, non pas simplement en jugement, à la confusion totale de l’ennemi et de tous ceux qui prennent parti avec lui contre Dieu. La présence de Christ met à l’épreuve, non pas seulement l’homme dans sa misère et son éloignement universel de Dieu, mais aussi ceux auxquels les oracles de Dieu ont été confiés ; et le Fils Sauveur, méprisé par les Juifs, n’a qu’à prononcer la sentence sur ceux qui ainsi méconnaissent volontairement leurs meilleurs témoignages à Son sujet : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (5:40).

 

6.4.5        Jean 5:41-43 — Ceux qui seront testés par la présence de l’antichrist

Le Seigneur Jésus cherchait-Il donc présentement de l’honneur ? Toute Sa vie, de Sa naissance à Sa mort, a fait savoir le contraire avec une netteté sur laquelle personne ne pouvait se méprendre. Qu’en était-il avec Ses adversaires ? « Je ne reçois pas de gloire des hommes ; mais je vous connais, [et je sais] que vous n’avez pas l’amour de Dieu en vous. Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez » (5:41-43).

La gloire des hommes, voilà le tremplin du monde : non seulement Jésus ne la cherchait pas, mais Il ne la recevait pas (5:41). Il faisait toujours les choses qui plaisaient au Père, qui Lui-même commandait ce qu’Il avait à dire et ce sur quoi Il avait à parler. Il gardait les commandements de Son Père, et demeurait dans Son amour. En aucune façon les Juifs n’avaient l’amour de Dieu en eux (5:42) : ambitieux de gloire humaine, se complaisant en eux-mêmes, leur âme abhorrait Jésus, comme Son âme était à l’étroit pour eux. Sa venue les avait de nouveau mis à l’épreuve, et bien plus complètement. Il avait apporté Dieu trop près d’eux, oui, le Père même ; mais ils ne connaissaient ni Christ ni le Père : s’ils avaient connu l’un, ils auraient dû connaître l’autre (8:19).

Mais il fallait encore un autre test : non pas Sa venue au nom du Père dans le simple but de faire Sa volonté et de Le glorifier, mais un autre devait venir en Son nom propre. Cela conviendrait aux Juifs, à l’homme. L’exaltation de soi est son poison, et l’appât de Satan, et en cela la ruine totale et irrémédiable sous le jugement divin. C’est l’homme de péché, en contraste avec le Fils de Dieu, l’Homme obéissant et juste ; et, selon que nous avons entendu dire que l’Antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists (1 Jean 2:18). Mais la présence de l’Antichrist sera selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés (2 Thes. 2:9-10). Ils n’ont pas voulu du vrai Dieu ni de la vie éternelle dans le Fils fait homme et souffrant par amour pour l’homme ; ils recevront l’homme de Satan quand il s’assiéra pour être Dieu. C’est le grand mensonge de la fin, et ils seront perdus en lui, eux qui ont rejeté la vérité en Christ.

 

6.4.6        Jean 5:44 — L’idolâtrie est la mort de la foi

Il n’y a rien d’étrange dans une telle fin pour ceux qui connaissent les voies de l’homme dès le commencement. « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez de la gloire l’un de l’autre et qui ne cherchez pas la gloire qui [vient] de Dieu seul ? » (5:44). Tel est le monde, la scène où l’homme marche dans un spectacle vain, bénissant son âme tant qu’il vit, et loué par ses camarades quand il s’est fait du bien à lui-même ; mais de tels ne verront jamais la lumière (Ps. 49:18-19). Ce chemin qu’ils tiennent est leur folie, et ceux qui viennent après eux prennent plaisir aux propos de leur bouche. Ils gisent dans le shéol comme des brebis : la mort se repaît d’eux, et au matin les hommes droits domineront sur eux » (Ps. 49:13-14). S’il est dit aux « enfants » de Dieu de se garder des idoles (1 Jean 5:21), il n’est pas étonnant que l’idolâtrie de l’homme — ou du moi — soit la mort de la foi. Tout objet et tout but est le bienvenu, pourvu qu’il ne soit pas le Dieu vrai et unique « qui rendra à chacun selon ses œuvres : à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire et l’honneur et l’incorruptibilité, — la vie éternelle ; mais à ceux qui sont disputeurs et qui désobéissent à la vérité, et obéissent à l’iniquité, — [il y aura] la colère et l’indignation ; tribulation et angoisse » (Rom. 2:6-9).

 

6.4.7        Jean 5:45-47 — Autorité des Écritures et des écrits de Moise

Le Seigneur se met-Il donc en position d’accuser les Juifs ? Non : ils se vantaient de Moïse, mais ils trouveront en lui le témoignage qui leur sera fatal. « Ne pensez pas que moi, je vous accuserai devant le Père ; il y en a un qui vous accuse, Moïse en qui vous espérez. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (5:45-47).

Jamais un tel honneur n’a été mis sur la parole écrite. Jésus avait, plus que tout autre, la parole de Dieu demeurant en Lui. Personne n’a jamais eu les paroles du Père et Sa parole comme Lui ; personne ne les citait invariablement, et en tout temps, comme Lui ; pourtant Il place les écrits de la Bible au-dessus de Ses propres paroles, comme un témoignage à la conscience juive. Il n’était pas question qu’ils prétendent à une supériorité en eux-mêmes, ou dans le caractère de la vérité transmise ; car aucune parole d’autrefois ne pouvait rivaliser avec les paroles de Christ. Le Père sur la sainte montagne avait répondu Lui-même aux folles paroles de Pierre, qui voulait mettre Moïse, Élie, et le Seigneur dans trois tentes et dans une gloire du même genre. Il n’en est pas ainsi : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Marc 9:7). Le législateur, le prophète, doivent s’incliner devant Jésus. Ils avaient leur place comme serviteurs ; Lui est le Fils et Seigneur de tous. Ils se retirent, Le laissant comme seul objet du bon plaisir du Père, et de notre communion avec le Père en écoutant le Fils Jésus Christ notre Seigneur.

Néanmoins, c’est le Fils lui-même qui donne ici aux écrits de Moïse une place de témoignage dépassant Ses propres paroles, non pas que le serviteur approchât le Maître, ni que le décalogue approchât le sermon sur la montagne, mais parce que l’Écriture, en tant que telle, a un caractère de permanence en témoignage qui ne peut s’attacher qu’à la Parole écrite. Et Moïse en tant que prophète (et donc nécessairement par la puissance divine) écrivit au sujet de Christ comme du « prophète qui doit venir dans le monde », comme du Prophète qui est incomparablement plus que prophète, le Fils de Dieu, qui vivifie tout croyant, et qui jugera tous ceux qui méprisent, les ressuscitant de la tombe, — ces derniers pour une résurrection de jugement, et les croyants pour une résurrection de vie. Si donc les Juifs avaient cru Moïse, ils auraient cru Christ : voilà des paroles qui nous enseignent que la foi n’est pas l’exercice superflu auquel certains voudraient la réduire ; car les Juifs ne mettaient pas du tout en cause ses écrits, ils les recevaient comme divins. Mais ‘ne pas douter’ est loin de ‘croire’ ; dans aucun de ses livres, ils ne voyaient le grand objet de témoignage (alors qu’il s’y trouve dans tous), Jésus le Messie, un homme, mais beaucoup plus qu’un homme, un Sauveur divin pour les pécheurs et le Sacrifice pour les péchés, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. S’ils croyaient Moïse, ils L’auraient cru Lui, car Moïse a écrit de Lui. Mais s’ils ne croyaient pas ses écrits, le Sauveur ne s’attendait pas à ce qu’ils croient Ses propres paroles.

Quelle estimation de l’autorité des écritures ! ces même écritures que des hommes vaniteux ont attaquées comme indignes de confiance ! Ils osent nous dire qu’elles ne proviennent pas de Moïse, qu’elles ne rendent pas un témoignage messianique, mais qu’elles sont un ramassis de légendes qui ne sont même pas cohérentes avec les pauvres rapports humains de l’antiquité. D’un autre coté, le Juge des vivants et des morts déclare que les Écritures témoignent de Lui, et que Moïse a écrit de Lui, mettant la parole écrite à un niveau d’autorité supérieur à celui de Ses propres paroles. Comme le Sauveur et le rationalisme sont ainsi en opposition frontale, le chrétien n’a aucune hésitation pour savoir lequel recevoir et lequel rejeter, car on ne peut servir deux maîtres. Ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Il en est et doit en être ainsi, et devrait en être ainsi, car Christ et le rationalisme sont inconciliables. Ceux qui prétendent servir les deux n’ont pas de principe, ni vis-à-vis de l’un ni vis-à-vis de l’autre, et ils sont les pires corrupteurs de dogmes de tous les hommes. Non seulement ils ne possèdent pas la vérité, mais ils rendent l’amour de la vérité (2 Thes. 2:10) impossible, — ennemis de Dieu et de l’homme.

 

 

7                        Chapitre 6 — Fête de Pâque. Le pain du ciel, le pain de vie

7.1   Jean 6:1-15

Voir Matthieu 14:13-21 ; 15:32-39 ; Marc 6:32-44 ; 8:1-10 ; Luc 9:10-17.

L’évangile de Jean donne maintenant le grand miracle, ou signe plutôt, commun aux quatre évangiles ; et ceci, comme d’habitude, à titre d’introduction au discours qui suit : Christ incarné et dans la mort, la nourriture de la vie éternelle pour ceux qui croient en Son nom. Ici, Il est vu comme le Fils de l’homme abaissé et monté [au ciel], tandis qu’au ch. 5, Il était le Fils de Dieu vivifiant ceux qui entendaient, et bientôt le Fils de l’homme sur le point de juger ceux qui ne croient pas.

 

7.1.1        Jean 6:1-9

« Après ces choses Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée, [qui est la mer] de Tibérias, et une grande foule le suivit, parce qu’ils voyaient les signes [JND : miracles] qu’il faisait sur ceux qui étaient malades. Mais Jésus monta sur la montagne, et Il s’assit là avec Ses disciples ; or la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus donc, ayant levé les yeux, et voyant qu’une grande foule venait à Lui, dit à Philippe : D’où achèterons-nous des pains, afin que ceux-ci mangent ? Mais Il disait cela pour l’éprouver, car Lui savait ce qu’Il allait faire. Philippe lui répondit : Pour deux cents deniers de pain ne leur suffirait pas, pour que chacun d’eux en reçût quelque peu. L’un de Ses disciples, André, le frère de Simon Pierre, Lui dit : Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » (6:1-9)

 

7.1.1.1                 Jean 6:1-4

La scène a tout à fait changé par rapport à celle de Jérusalem. Nous voyons le Seigneur en Galilée, dans cette partie du lac nommée d’après la ville de Tibérias et d’après la province bordant son côté ouest. Une grande foule le suit à cause des miracles (signes) qu’Il opérait sur les malades. Le Seigneur se retire sur la hauteur, où Il s’assied avec Ses disciples, la Pâque étant alors proche. Nous ne trouvons ici aucun des motifs mentionnés dans les récits des évangiles synoptiques : ni la décapitation de Jean le baptiseur, ni le retour des apôtres de leur mission, ni le besoin de repos après les fatigues d’avoir enseigné ou fait d’autres travaux. Jésus remplit le tableau : tout est dans Sa main. C’est Lui qui prend l’initiative ; certes les disciples avaient de quoi être perplexes, et Jean l’avait su autant que Matthieu et les autres, mais il a plu au Saint Esprit de présenter Christ Lui-même seul maître de la situation, comme toujours dans cet évangile. La proximité de la Pâque est notée, comme à plusieurs reprises dans cet évangile. Ici la raison en était qu’il fallait que le discours qui suit, et le miracle (signe) opéré, soient fondés sur le fait de manger et boire comme signe de communion.

 

7.1.1.2                 Jean 6:5-9

« Jésus donc, ayant levé les yeux, et voyant qu’une grande foule venait à lui, dit à Philippe : D’où achèterons-nous des pains, afin que ceux-ci mangent ? » (6:5). L’évangéliste cependant est soucieux de Sa gloire, et il ne perd pas du temps à nous faire savoir qu’il ne s’agissait pas d’une quelconque incertitude dans Son esprit, mais il s’agissait de tester Philippe : Lui savait ce qu’Il allait faire (6:6). Néanmoins, Il attend les paroles désespérées de celui qui habitait la même ville que Philippe, c’est-à-dire André, pour enseigner à tous ce que Sa puissance en grâce aime faire avec ce qui est petit et méprisé, même en face du plus grand besoin. Le frère de Simon Pierre (André), qui avait vu le Messie avant même son frère, pense à un petit garçon qui avait cinq pains d’orge et deux poissons, au lieu de penser à Jésus. Mais où était Pierre ? où était Jean, le disciple qu’Il aimait ? Ils n’étaient allés nulle part par la foi. En vérité, la chair ne peut pas se glorifier en Sa présence.

 

7.1.2        Jean 6:10-15

Tournons-nous vers Celui en qui nous pouvons et devons nous glorifier, et nous honorerons le Père en L’honorant Lui. « Et Jésus dit : Faites asseoir les gens (άνθρώπους). Or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu-là. Les hommes (άνδρες) donc s’assirent, au nombre d’environ cinq mille. Et Jésus prit les pains ; et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; de même aussi des poissons, autant qu’ils en voulaient. Et après qu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Amassez les morceaux qui sont de reste, afin que rien ne soit perdu. Ils les amassèrent donc et remplirent douze paniers des morceaux qui étaient de reste des cinq pains d’orge, lorsqu’ils eurent mangé. Les hommes (οί άνθρωποι) donc, ayant vu le miracle (signe) que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète qui vient dans le monde. Jésus donc, sachant qu’ils allaient venir et l’enlever afin de le faire roi, se retira encore sur la montagne, lui tout seul » (6:10-15).

Il est effrayant de voir que, malgré la pauvre intelligence de la foule de Galilée, ils avaient mieux compris l’importance de ce grand miracle (signe) que la chrétienté des dix-neuf derniers siècles. Ils étaient, sans doute, assez obtus quant à leurs besoins les plus profonds, et ils n’appréciaient pas la grâce du Sauveur en humiliation et en rédemption, — que Lui met pleinement en évidence dans le discours qui suit. Ils avaient quand même quelques pensées à peu près correctes sur le royaume que Dieu va mettre en place ici-bas, même si ces pensées étaient humaines et plutôt courtes. Depuis de nombreux siècles et jusqu’à maintenant, la théologie s’est laissée aller à une sorte de rêve mystique dans lequel l’évangile ou l’église sont le royaume de Christ, un royaume de grâce qui finit par devenir Son royaume de gloire. Mais ils n’ont aucune idée de Sa venue dans le royaume qu’Il recevra (Luc 19:12), où non seulement Israël, mais tous les peuples, nations et langues Le serviront, dans une domination éternelle qui ne passera point, dans Son royaume qui ne sera pas détruit (Dan. 7:14). Il y a là une double erreur, qui d’une part laisse échapper l’unité du corps de Christ, l’Église, avec sa Tête glorifiée en haut, et qui d’autre part nie la miséricorde et la fidélité de Dieu pour Israël, qui est le centre arrêté des plans terrestres de l’Éternel pour le royaume, tandis que nous, changés en la conformité de la gloire de Christ (Phil. 3:21), nous régnerons avec Lui.

La foule était frappée par la réalisation de ce nouveau miracle (signe) prodigieux. Ils n’avaient pas encore abandonné leurs espérances. Ils savaient que l’Éternel a choisi Sion ; qu’Il l’a désirée pour Son habitation ; qu’Il bénira abondamment ses vivres et rassasiera de pain ses pauvres (Ps. 132:13-15). Celui qui manifestait maintenant cette puissance de l’Éternel, n’était-ce pas Lui le Fils de David promis, que l’Éternel établira sur Son trône ? Telle était leur conclusion : « Celui-ci est véritablement le prophète qui vient dans le monde ». Ils reliaient ainsi ensemble la loi, les Psaumes et les prophètes dans leur témoignage rendu au Messie ; et jusque-là ils avaient tout à fait raison. Mais ils ne l’étaient pas dans leur désir, que le Seigneur connaissait, de le forcer à être roi. Car ceci n’aurait pas été le royaume de Dieu, mais un royaume de l’homme, — ni un royaume des cieux, mais de la terre. Il n’en est pas ainsi : comme Lui-même l’enseigna par la suite (Luc 19:12), Il devait se rendre dans un pays éloigné pour recevoir pour Lui-même un royaume et en revenir. Le royaume de Dieu n’apparaîtra pas avant cela.

Jusque-là, le royaume est pour nous une question de justice et paix et joie dans le Saint Esprit (Rom. 14:17), et le royaume n’est pas en parole, mais en puissance (1 Cor. 4:20) ; la foi le connaît, mais il n’est pas encore manifesté. Il ne sera pas toujours caché, comme aujourd’hui, et il ne sera pas non plus le domaine d’une énergie purement spirituelle. Christ viendra dans Son royaume et règnera jusqu’à ce qu’Il ait mis tous Ses ennemis sous Ses pieds (1 Cor. 15:25), après avoir demandé à l’Éternel de Lui donner les nations pour héritage et les bouts de la terre pour Sa possession (Ps. 2:8). Il ne sera plus question alors, comme aujourd’hui, de travailler patiemment par l’évangile, mais de briser les nations avec une verge de fer et de les mettre en pièces comme le vase d’un potier (Ps. 2:9).

L’incrédulité cherche ou bien à avoir le royaume avant le temps, s’efforçant de le mettre en place aujourd’hui par la volonté de l’homme, ou bien elle le met de côté au profit de l’illusion du progrès humain, — sans avoir égard au propos de Dieu qui est de l’établir par Christ le second homme, lorsque le premier sera jugé. La foi l’attend patiemment entre-temps. Le Seigneur déclina donc alors cette offre de royaume, et monta en-haut [sur la montagne] — tout seul cette fois-ci. C’était la figure de la réalité présente. Reconnu comme prophète, il refuse d’être le roi de l’homme, et monte en-haut exercer Son intercession, comme Il le fait actuellement, en tant que souverain sacrificateur dans la présence de Dieu.

Le Seigneur accorde un autre miracle (signe) à ce peuple qui, pourtant très peu après, en demande encore un autre afin de pouvoir voir et croire (6:30). L’homme est tellement aveugle, alors même que la grâce multiplie ces aides pour ceux qui la discernent ! Ce qui leur manquait en réalité, c’était la soumission à Dieu, et non pas des miracles (signes) supplémentaires.

 

7.2   Jean 6:16-21

Matthieu 14:22-33 et Marc 6:45-52

« Et quand le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer. Et étant montés sur une barque, ils allèrent de l’autre côté de la mer, à Capernaüm. Et il faisait déjà nuit, et Jésus n’était pas encore venu à eux. Et la mer s’élevait par un grand vent qui soufflait. Ayant donc ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils voient Jésus marchant sur la mer et s’approchant de la barque ; et ils furent saisis de peur. Mais il leur dit : C’est moi, n’ayez point de peur. Ils étaient donc tout disposés à le recevoir dans la barque ; et aussitôt la barque prit terre au lieu où ils allaient » (6:16-21).

Combien est frappant le contraste avec cette autre tempête sur le même lac, où les flots se jetaient contre la barque de sorte qu’elle s’emplissait, et Lui était à bord, mais endormi, et les disciples L’avaient réveillé d’un cri égoïste et incrédule : « Maître, ne te mets-tu pas en peine que nous périssions ? », et Il s’était levé et avait repris le vent et dit à la mer, « Fais silence, tais-toi », et les deux avaient obéi au Créateur de tout, que l’homme était seul à mépriser parce que Son amour faisait de Lui le serviteur de tous à la gloire de Dieu !

Ici on a l’image du peuple du Seigneur tandis que Lui est en haut : ils sont exposés aux tempêtes que l’ennemi sait exciter, et font peu de progrès malgré la peine énorme qu’ils se donnent. Il en sera ainsi aussi pour ceux qui nous suivent à la fin de notre ère. Ils feront l’expérience de tribulations des plus rigoureuses et inouïes, avec très peu de réconfort et très peu d’intelligence des circonstances, sauf que les «méchants» les comprendront encore bien moins. Les ténèbres se seront déjà installées ; mais au milieu de leurs difficultés croissantes, Jésus apparaîtra, bien qu’alors ils ne seront pas encore délivrés de leurs craintes, car la lumière glorieuse aura plutôt tendance à les augmenter, jusqu’à ce qu’ils entendent Sa voix et sachent qu’Il est en effet leur Sauveur, longtemps absent, et maintenant revenu. Reçu dans la barque, il fait qu’elle atteint immédiatement le port désiré. Il en sera bientôt ainsi avec le résidu juste. Que ce soit pour eux ou pour nous, tout tourne autour de Christ, et c’est le rôle particulier de notre évangile de l’illustrer.

Matthieu, qui est le seul à nommer spécifiquement l’assemblée comme prenant maintenant la place du peuple désavoué après le rejet du Messie, est aussi le seul à nous montrer Pierre quittant la barque pour marcher sur l’eau vers Jésus, marcher là où rien sinon la foi ne pouvait le soutenir, et où nous le voyons bientôt enfoncer par incrédulité, comme l’église l’a fait de manière encore plus déplorable ; mais le Seigneur, fidèle dans Ses soins, garde malgré tout. C’est seulement quand Jésus et Pierre montent dans la barque (la position juive à proprement parler) que le vent cesse, et Il est accueilli avec toute Sa puissance bienfaisante dans le pays d’où autrefois on L’avait supplié de se retirer hors de leurs frontières (Matt. 14).

Cependant, notre évangéliste n’évoque pas ces bénédictions terrestres qui doivent attendre « ce jour-là », mais il passe aux circonstances et aux questions qui vont fournir au Seigneur l’occasion du discours merveilleux qui suit. Il s’attache à sa tâche de manifester la grâce et la vérité qui vinrent par Jésus Christ (1:17).

 

7.3   Jean 6:22-51

7.3.1        Jean 6:22-29

« Le lendemain, la foule qui était de l’autre côté de la mer, voyant qu’il n’y avait point là d’autre barque sauf une (*), et que Jésus n’était pas entré dans le bateau avec ses disciples, mais que ses disciples s’en étaient allés seuls — mais (d’autres) barques étaient venues de Tibérias, près du lieu où ils avaient mangé le pain, après que le Seigneur eut rendu grâces — lors donc que la foule vit que Jésus n’était point là, ni ses disciples, ils montèrent eux-mêmes sur les bateaux, et vinrent à Capernaüm, cherchant Jésus ; et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Rabbi, quand es-tu venu ici ? Jésus leur répondit et dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles [signes], mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez, non point pour la nourriture qui périt, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, laquelle le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, Dieu, a scellé. Ils lui dirent donc : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? Jésus répondit et leur dit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en Celui qu’Il a envoyé » (6:22-29).

 

(*) aleph A B L, quelques cursives, et d’excellentes versions, supportent ce qui est retenu ici, mais le Texte Reçu, suivant au moins une douzaine de manuscrits onciaux, la plupart des cursifs, etc., ont « celle-là sur laquelle ses disciples étaient montés ».

 

Les détails relatés servent à montrer combien la foule était frappée par la disparition mystérieuse du Seigneur. Ils savaient qu’Il n’avait pas accompagné les disciples dans leur barque, et qu’il n’y en avait pas d’autre dans laquelle Il aurait pu traverser le lac quand Il avait dû quitter la montagne. Ils mettent en avant leur curiosité quant à Son mode de traversée pour couvrir leur désir de profiter, comme précédemment, de la satisfaction miraculeuse de leurs besoins. Dans Sa réponse, le Seigneur leur enlève leur déguisement, et les confronte à leur égoïsme. C’est cela qui les poussait à Le chercher, non pas leur intérêt vis-à-vis des miracles (signes) qu’Il venait de faire. Il fait précéder ce dévoilement par la formule d’une solennité inhabituelle qu’Il réservait à l’énonciation de grandes vérités (« en vérité, en vérité », 6:26). Ils Lui disent : « Rabbi, quand es-tu venu ici ? » Ils avaient cherché Jésus, ils avaient pris de la peine pour Le trouver ; et une fois trouvé, ils s’adressent à Lui avec honneur. Mais ils manifestent par leur question que ce qui les attiraient, n’était pas Lui-même, ni même les miracles (signes) qu’Il avait opérés. Il n’y avait pas de foi dans leur cœur, mais seulement de la curiosité sur le moment et le mode de Sa venue, et au fond l’envie des commodités de vie présente par Son moyen. Le Fils de Dieu était-Il ici-bas pour assouvir tout cela ?

 

7.3.1.1                 Jean 6:26

« En vérité, en vérité, je vous dis : Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés ».

Ici le Seigneur sonde ceux qui L’avaient cherché, et Il les sonde en profondeur, car un acte de belle apparence, mais unique, peut présenter un caractère creux et vil. Il regardait attentivement et écoutait, et ne se fiait pas à eux, parce qu’Il connaissait tous les hommes, et n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme (2:25). Faire de Lui un roi, afin de jouir de Ses faveurs terrestres promises n’était rien à Ses yeux, — cela Le contraignait même de leur faire sentir ce qu’Il détectait de vraiment grave chez eux. Il n’était pas question maintenant du Messie pour Israël, mais d’un Sauveur pour les pécheurs. Il était rejeté comme Christ, par ceux qui avaient le plus le devoir de L’accueillir avec joie, mais ils ne le faisaient pas parce que la manière dont Il venait ne faisait aucun cas d’eux ni de leur religiosité, alors que c’est tout ce qu’ils appréciaient. Et si cette pauvre foule affamée semblait sentir les choses tout à fait différemment, et souhaiter Lui donner l’honneur qui Lui était dû, il fallait démontrer qu’ils ne valaient pas mieux d’un iota, mais qu’ils cherchaient leur propre profit, et non pas la gloire de Dieu en Lui. Il était vraiment venu dans un monde de mort sur lequel le jugement était suspendu, afin que les plus pauvres des pécheurs puissent se nourrir de Lui et vivre éternellement : que pensaient-ils de Son amour, et quel cas en faisaient-ils ? Ils ne pensaient qu’à eux-mêmes, à leur façon, juste comme leurs chefs et comme leurs docteurs à leur façon aussi. Dieu n’était dans aucune de leurs pensées. Les grands comme les petits n’avaient aucun sens ni de leurs péchés ni de leur ruine, ni aucune connaissance de Dieu et de Sa grâce. Un Messie pour leur bien temporel, voilà ce qu’ils voulaient, non pas un Jésus pour sauver Son peuple de leurs péchés. Mais le Messie comme Personne divine ne pouvait que mettre à nu leur aliénation et leur éloignement de Dieu ; et ainsi Il leur devenait toujours plus odieux, jusqu’à ce que leur haine s’achève à Sa Croix. Ceci faisait comprendre le propos profond de la grâce qui L’avait envoyé dans le monde, non pas pour Israël seulement, mais étant maintenant rejeté par eux, afin que nous vivions par Lui et qu’Il soit la propitiation pour nos péchés.

 

7.3.1.2                 Jean 6:27

C’est pourquoi Il ajoute : « Travaillez, non point pour la nourriture qui périt, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, laquelle le fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, Dieu, a scellé ».

Il n’est pas question d’honneur ou de bénédiction messianiques, mais de ce que le Fils de l’homme a à donner ; et du fait qu’Il donne la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, c’est de rien moins que cela que l’homme a besoin. C’est comme tel, [comme donnant la nourriture jusque dans la vie éternelle], que Dieu le Père a scellé le Fils. Se donner de la peine ne suffira pas, ni aucune sincérité apparente. Le Messie humilié, le Fils de l’homme, est à la fois l’objet (*) de Dieu lorsqu’Il L’a scellé du Saint Esprit, et en même temps Il est le Donateur de la seule nourriture qui demeure jusqu’en la vie éternelle ; et rien moins que cela ne peut subvenir aux besoins de l’homme perdu, qu’il soit Juif ou Gentil.

(*) note Bibliquest : « objet de Dieu » : le terme « objet » est pris dans le sens de ce qu’on possède et à quoi on tient et qui est le but pour lequel on agit. Bien sûr cet « objet » est ici une Personne.

 

7.3.1.3                 Jean 6:28-29 — Une seule œuvre peut être faite : croire = confiance parla foi

Mais l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, et il ne peut les connaître parce qu’elles se discernent spirituellement (1 Cor. 2:14). C’est pourquoi ces hommes appliquent mal l’exhortation du Seigneur « travaillez, non point pour la viande qui périt, mais pour la viande qui demeure jusque dans la vie éternelle » : ils en déduisent qu’ils ont une capacité personnelle à faire quelque chose d’acceptable pour Dieu. « Ils lui dirent donc : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? Jésus répondit et leur dit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui que Lui a envoyé » (6:28-29). Jésus est l’objet de la foi. Croire en Lui est la seule œuvre qui convient à l’homme pécheur, si on peut appeler cela une œuvre. C’est en vérité l’œuvre de Dieu, car l’homme ne lui fait pas confiance, et refuse de se confier en Lui pour la vie éternelle. Il voudrait mieux se confier en ses propres performances pitoyables, ou dans sa misérable expérience, c’est-à-dire se confier en n’importe quoi plutôt qu’à Jésus seul. Mais Dieu ne veut pas permettre aux hommes de mélanger leur « moi » avec Jésus, — quel que soit ce « moi », aussi bien qu’on l’imagine bon ou qu’on l’avoue mauvais. C’est le Fils de l’homme que le Père a scellé, et Il est la seule base que le Père pouvait accepter pour permettre au pécheur de s’approcher de Dieu, et c’est Lui seul qu’Il fournit comme la nourriture qui demeure jusqu’en la vie éternelle. C’est pour cela qu’Il L’a envoyé, non pas pour que l’homme fasse de Lui un roi sur un peuple encore dans ses péchés, mais pour être la vraie Pâque, et la seule nourriture qu’Il garantisse. La foi, cependant, est la seule manière par laquelle on peut se nourrir de Lui — non pas par les œuvres, auquel cas ce serait par la loi, et alors pour les Juifs seulement. Au contraire, c’est par la foi afin que ce soit par la grâce, et donc que ce soit ouvert aux Gentils aussi librement qu’aux Juifs. En vérité, ce n’est pas là la manière de l’homme (2 Sam. 7:19), mais l’œuvre de Dieu, que nous croyions en Celui qu’Il a envoyé (6:29).

 

7.3.1.4                 L’homme croit toujours être capable de faire les œuvres de Dieu

La foule n’était pas ignorante au point de ne pas savoir que le Seigneur revendiquait une position d’importance quand Il parlait de Lui-même comme le Fils de l’homme. Les Psaumes et les prophètes avaient parlé d’un tel Homme, et de Sa gloire vaste et exaltée. Par ailleurs, le témoignage de l’Ancien Testament étant mis à part, et différemment de lui, Il venait de leur dire que le Fils de l’homme était le Donateur de la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, et que le Père, Dieu Lui-même, L’avait scellé. « Ils lui dirent donc : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? Jésus répondit et leur dit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui qu’Il a envoyé » (6:28-29). Ainsi, tandis qu’Il parlait clairement, ils manifestaient de nouveau l’opinion invétérée des hommes, de toute condition, de toute époque et de tout pays, à savoir que l’homme déchu est capable de faire les œuvres de Dieu. Ils ignoraient tout à la fois leur propre péché, Sa sainteté et Sa majesté. C’est le chemin de Caïn, et la chrétienté professante en est autant infectée que le judaïsme et le paganisme. C’est le mensonge universel de l’homme, tant que le Saint Esprit ne l’a pas amené à la repentance. Alors dans la nouvelle vie, il ressent et juge la vie ancienne, et trouve, comme on le voit en Rom. 7, que ce n’est pas une question d’œuvres, mais de ce qu’il est ; et qu’il n’y a aucune ressource pour lui, sinon la délivrance de tout, en Christ par la foi.

 

7.3.1.5                 Justification par grâce, donc par la foi. Le travail de l’homme est exclu

C’est ainsi que le Seigneur répond ici que l’œuvre de Dieu, c’est de croire en Celui qui L’a envoyé (6:29). L’apôtre raisonne de la même manière en Rom. 4, à savoir que, si Abraham avait été justifié par des œuvres, il aurait eu de quoi se vanter, mais non pas devant Dieu que cela aurait rabaissé. L’Écriture met en garde contre de tels malentendus, et dit clairement qu’il a cru Dieu, et que cela lui a été compté à justice. Le principe est donc évident : à celui qui fait des œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais de chose due ; mais à celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en Celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice (Rom. 4:4-5). L’homme peut être béni pleinement et de manière sûre, mais c’est seulement par grâce, et donc par la foi, qui donne la gloire à Dieu, étant elle-même Son don. La foi est donc l’œuvre de Dieu, et exclut le travail de l’homme, — non pas le travail de l’homme en tant qu’effet de la foi (car la foi produit des œuvres, et des bonnes œuvres en abondance), mais en tant que précédant la foi, ou en tant que placé au même rang qu’elle ; et il est juste qu’il en soit ainsi, sinon il faudrait que Dieu soit un partenaire de l’homme, ce que le croyant serait le premier à éviter. L’Envoyé du Père est un objet de foi.

 

7.3.2        Jean 6:30-33

Les gens sentirent tout de suite que, du côté de Dieu, c’était là demander de plus en plus, bien qu’Il eût refusé d’être fait roi par l’homme. « Ils lui dirent donc : Quel miracle fais-tu donc, toi, afin que nous le voyions, et que nous te croyions ? Quelle œuvre fais-tu ? Nos pères ont mangé la manne au désert, ainsi qu’il est écrit : «Il leur a donné à manger du pain venant du ciel». Jésus donc leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Moïse ne vous a pas donné le pain qui vient du ciel, mais mon Père vous donne le véritable pain qui vient du ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde » (6:30-33).

Voilà l’incrédulité, toujours insatisfaite des miracles (signes) admirablement appropriés et magnifiques de Dieu, — refusant peut-être de demander un signe quand Dieu en offre (És. 7:12), mais méprisant ceux qu’Il donne. Ils ne dirent pas ouvertement ce qu’ils voulaient dire à cette occasion, mais il semble y avoir eu une pensée comme celle-ci : «Tu nous demandes de croire, mais après tout, qu’était le miracle des pains comparé à celui de la manne ? Donne-nous la nourriture du ciel, comme le fit Moïse, pendant quarante ans ; et alors il sera temps de parler de croire. Fais une œuvre équivalente, si tu ne peux la surpasser ». — Le Seigneur répond que ce n’est pas Moïse qui a donné le pain du ciel, mais que Son Père leur donnait le vrai Pain du ciel. Le pain de Dieu, c’est Jésus Lui-même, et voilà deux grandes caractéristiques qui Lui sont propres, à Lui tout seul parmi tous les hommes : Il descend du ciel, et Il donne la vie au monde. Il est une personne divine, et pourtant un homme ici-bas, le Pain de Dieu pour tous ceux qui en ont besoin. Il ne s’agit plus simplement d’Israël au désert : Il donne la vie au monde. Moins que cela, ce n’est pas la vérité, ni ne convient à Dieu.

 

7.3.3        Jean 6:34-36

« Ils lui dirent donc : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. Et Jésus leur dit : Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais je vous ai dit qu’aussi vous m’avez vu, et vous ne croyez pas » (6:34-36).

C’était leur dernière tentative d’obtenir ce qu’ils cherchaient, à savoir du pain pour ce monde, du pain pour toujours, soit par eux en quelque manière, soit au moins de Sa part. Mais l’incrédulité a tort de toutes manières. C’est la vie que Dieu donne, et rien moins ne répond au vrai besoin de l’homme ; et cette vie est en Christ, non pas de Lui. En dehors de Lui, donné en dehors de Lui, et donc indépendamment de Lui, il n’existe pas de vie. En lui était la vie, et ce n’est qu’en Lui qu’on trouve la vie. Il est le Pain de vie. Il n’est pas vu ici comme le Fils de Dieu, vivifiant qui Il veut, de même que le Père. Ici Il est le Fils de l’homme scellé, objet de la foi. « Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; et celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (6:35). Hélas ! La foule qui Le voyait n’avait pas foi en Lui. Le privilège qu’ils avaient de Le voir ne faisait qu’augmenter leur incrédulité coupable ; et il faut ajouter que, maintenant que l’œuvre expiatoire a été faite, et qu’Il est mort, ressuscité, glorifié et a été prêché parmi les Gentils, c’est un péché encore plus grand de ne pas croire, là dans le monde. Pourtant les hommes ne croient pas plus en Lui que ceux qui Le suivaient alors, et les motifs de ceux Le professent et Le prêchent ne sont pas plus purs que les motifs de ceux qui auraient voulu Le faire roi en Galilée.

 

7.3.4        Jean 6:37-38

Dans les paroles qui suivent, le Seigneur se met à expliquer ce qui était derrière et au-dessus des propos précédents : « Tout ce que le Père me donne viendra à moi [a] ; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi [b] ; car je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (6:37-38).

Voilà donc la clé, et elle est double ; et ce n’est qu’avec cette étendue [a+b] que nous connaissons la vérité. Si l’un des côtés est pris à l’exclusion de l’autre, l’enseignement est imparfait, et les conséquences sont susceptibles d’être une erreur d’une manière ou de l’autre. Les réprobationistes [qui considèrent qu’il y a des gens réprouvés d’avance — calvinistes selon TULIP,] insistent sur la première phrase, les Arminiens sur la seconde. Ni les uns ni les autres ne donnent le poids qu’elle mérite à la phrase qu’ils omettent. Le théologien qui ne voit que les décrets divins [a] ne tient guère compte de l’encouragement donné par le Seigneur à l’individu qui vient à Lui. Le défenseur de ce qu’on appelle le libre-arbitre [b] cherche à neutraliser, voire ignorer absolument, la déclaration que tout ce que le Père donne à Christ viendra à Lui ; et ce n’est pas étonnant, car c’est une affirmation de Sa souveraineté, laquelle est inexplicable par la théorie qui est la sienne. Mais la ligne dure du réprobationisme ne peut pas davantage admettre de bon gré l’assurance du Seigneur qu’Il accueillera celui qui vient à Lui.

Le propos du Père [a] est aussi certain que la réception par le Fils de tous ceux qui viennent à Lui [b]. L’incrédulité d’Israël, pourtant si favorisé, n’affaiblit pas les conseils du Père [a] : et le Fils ne voulait pas refuser les plus vils ni les plus hostiles qui venaient à Lui [b]. La raison donnée est aussi très touchante. Il était entièrement serviteur de Dieu dans cette affaire. Que vienne à Lui qui que ce soit, car Il était descendu du ciel pour servir, non pour faire Sa propre volonté. Il revenait au Père de choisir et de donner. Lui [le Fils] était descendu pour servir, et ne chasserait en aucune façon même l’homme qui L’aurait le plus vilipendé. Il était le serviteur du Père pour le salut comme pour tout le reste. Le serviteur ne voulait pas choisir, mais recevoir celui qui venait à Lui, sachant que tout ce que le Père Lui donnait viendrait à Lui. Il est descendu du ciel pour faire la volonté du Père qui L’a envoyé, non pas pour faire Sa propre volonté.

 

7.3.5        Jean 6:39-40

Ceci est développé encore plus pleinement dans les v. 39 à 40 où le Seigneur dit : « Or c’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé : que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Car c’est ici la volonté de mon Père : que quiconque contemple (*) le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour ».

 

(*) Note Bibliquest : W.K. traduit « contemple » tandis que JND traduit « discerne », mais JND met en note que ce sens retenu par WK est une alternative possible.

 

Ainsi, d’une part, rien ne fait défaut à la volonté de Celui qui a envoyé Christ, et qui L’a donné dans Sa grâce souveraine, car Christ n’en laisse rien perdre [a] ; et d’autre part, Christ demeure le test pour toute âme d’homme qui reçoit la vie éternelle en Lui, par la foi seule [b ], — et en rapport avec ces deux points, soit qu’il s’agisse de l’ensemble soit qu’il s’agisse de chaque individu, Christ ressuscite lorsque le jour de l’homme est fini pour toujours. Tout espoir de délivrance présente sous le Messie était vain, alors qu’ils aimaient en rêver comme hommes dans la chair et morts qu’ils étaient. La volonté du Père pour Ses enfants collectivement ou individuellement, demeurera : [a] tout ce qu’Il a donné au Fils sera préservé, et [b] quiconque croit en Lui a la vie éternelle, — comme la résurrection de Christ le prouvera vis-à-vis de ces deux points, lorsque le dernier jour viendra.

Le Seigneur met ainsi en contraste Sa gloire comme Messie sur la terre et le fait qu’Il ressuscitera le croyant au dernier jour. Même alors l’incrédulité utilisait le premier point pour méconnaître le second ; mais le Seigneur met ici en relief ce qui est invisible et éternel, et Il le fait parce que, à cause de la gloire de Dieu et par amour, Il avait pris une place de serviteur pour accomplir des desseins encore plus profonds. S’Il avait cherché Sa propre volonté ou Sa propre renommée, Il aurait mieux tenu que les Juifs à Son règne comme Messie. Mais non ! Il cherchait la gloire et la volonté de Son Père et, tandis qu’Il se livrait pour souffrir, Il n’allait rien perdre, car Il le ressusciterait au dernier jour. Pour l’individu tout tourne autour du fait de contempler le Fils et de Le croire : quiconque le ferait aurait la vie éternelle, et Christ le ressusciterait au dernier jour. Ceux qui ne recherchent rien d’autre que le règne du Messie périront inévitablement. Ils ne reconnaissent pas leurs péchés, ils sont insensibles à la violation de la majesté et de la sainteté de Dieu, ils ne croient pas au Sauveur et, ne croyant pas, ils n’ont pas la vie. Celui qui croit sait qu’Il est davantage que le Messie, le Fils du Père ; il sait qu’il n’a la vie éternelle qu’en Lui seul, et qu’il aura sa part avec Christ en résurrection au dernier jour. Il n’est question ni de l’homme ni du monde tels qu’ils sont aujourd’hui, mais de Christ à ce moment-là.

 

7.3.6        Jean 6:41-42

Ceci était particulièrement étrange pour le peuple de Judée et de Jérusalem, qui se reposait sur la tradition ; d’où ce qui suit : « Les Juifs donc murmuraient contre lui, parce qu’il avait dit : Moi, je suis le pain descendu du ciel ; et ils disaient : N’est-ce pas ici Jésus, le fils de Joseph, duquel nous connaissons le père et la mère ? Comment donc celui-ci dit-il : Je suis descendu du ciel ? » (6:41-42).

À la vérité de Christ, ils opposaient les circonstances telles qu’ils les connaissaient (or ils les connaissaient de travers). C’était juger selon les apparences, et par conséquent c’était un jugement injuste. Il était fils de Marie : véritablement et proprement un homme ; sans cela Son œuvre n’aurait pas été utile à l’homme. Il n’était fils de Joseph que légalement ; mais cela, Il l’était afin qu’Il fût Messie selon la loi. S’Il avait vraiment été fils de Joseph, comme de Marie, il n’aurait pas été Fils de Dieu, ni une personne divine ; or ceci était le fondement de tout le reste, et sans cela l’incarnation était un mensonge, et l’expiation inexistante. Il était vraiment le Fils, le Fils unique du Père, qui avait daigné devenir fils de Marie, et légalement par conséquent fils de Joseph, qui l’avait épousée (ce point est de toute importance pour son droit au titre de Messie, car Il n’aurait pas pu être proprement Messie à moins d’être héritier des droits de Joseph). Mais comme Fils de Dieu, la Parole incarnée, Il était le Pain descendu du ciel : c’est ainsi que l’homme pouvait se nourrir de Lui par la foi et être béni pour toujours.

 

7.3.7        Jean 6:43-46

« Jésus donc répondit et leur dit : Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : «Et ils seront tous enseignés de Dieu» [És. 54:13]. Quiconque a entendu (*) du Père et a appris [de lui], vient à moi. Non pas que quelqu’un ait vu le Père, sinon celui qui est de Dieu ; celui-là a vu le Père » (6:43-46).

(*) Participe aoriste.

L’incrédulité ne peut que détruire et troubler ; elle ne peut ni donner la vie ni consoler. L’homme, sous l’emprise de Satan est la source de l’incrédulité, qui éloigne toujours de Christ, et n’en rapproche jamais. Mais comme le Père a envoyé Christ, de même Il tire le croyant à Christ, qui le ressuscitera au dernier jour. Ce par quoi on vient à Christ n’est donc pas la valeur de l’homme ni son travail ni sa volonté, mais la grâce du Père. En bref, toute la bénédiction provient de la miséricorde souveraine, et c’est ce que les prophètes ont écrit. Tout vrai enseignement vient de Dieu, et tous sont enseignés de Dieu, qui n’oublie jamais ce qui est dû à Christ. « Quiconque a entendu le Père et a appris [de lui] », vient à Christ. Non pas que le Père ait été vu par l’homme. Il est connu dans le Fils. « Celui qui est de Dieu, celui-là a vu le Père » (6:46) ; c’est Christ seul qui l’a vu.

 

7.3.8        Jean 6:47-48

Le Seigneur répète alors solennellement : « En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit [en moi (*)], a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de vie » (6:47-48).

 

(*) aleph, B L T, etc. omettent « en moi », bien que cela figure dans A C D E Δ, etc., les cursives, etc.

 

En vérité, en tant que Celui qui était promis, Il avait toujours été l’objet de la foi ; et comme Fils éternel, Il avait toujours vivifié le croyant. Mais maintenant, Il était la Parole faite chair, Il était le Fils de Dieu, et cela comme homme dans le monde ; et, comme rejeté par Israël, Il annonce qu’Il est le donateur de la vie éternelle. Voilà le grand point : non pas simplement le royaume bientôt, mais la vie éternelle maintenant dans le Fils, et inséparable de Lui, mais en Lui maintenant, Lui qui est homme.

 

7.3.9        Jean 6:49-51

Le Seigneur poursuit ce sujet : « Vos pères ont mangé la manne au désert, et sont morts ; c’est ici le pain qui descend du ciel, afin que quelqu’un en mange et ne meure pas. Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; or le pain aussi que moi je donnerai, c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde » (6:49-51).

Ainsi, dans la mesure où le Seigneur était typifié par la manne, Il allait incomparablement au-delà de sa vertu. Les pères des Juifs mangèrent la manne dans le désert ; mais elle ne put pas les préserver de la mort, car ils sont morts comme les autres. Christ est le pain qui descend du ciel afin qu’un homme puisse en manger et ne pas mourir. La vie éternelle est dans le Fils de Dieu, et il n’en était pas moins ainsi du fait qu’Il était alors le Fils de l’homme. La grâce de Dieu n’en était que plus manifeste en Lui ; car, s’Il était un homme, n’était-ce pas pour que les hommes en mangent et ne meurent pas ? Il était le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mangeait de ce pain, il vivrait éternellement.

Ceci, nous le verrons, implique une autre vérité outre l’incarnation : Sa mort en expiation ; car le pain qu’Il donnerait, c’est Sa chair pour la vie du monde. Il fait allusion ici à ce qu’Il allait révéler davantage un peu plus loin : Sa mort expiatoire. Quand Sa vie est donnée, ce n’est pas pour la vie d’Israël seulement, mais pour celle du monde. La grâce de Dieu qui était sur le point de descendre si bas ne pouvait pas être circonscrite aux seuls Juifs. «Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle» (3:16). Cependant, Il s’étend davantage sur ce point dans ce qui suit. Contestaient-ils contre Ses paroles dans l’incrédulité ? Il met en avant la vérité, de manière à offenser encore davantage l’orgueil de l’homme et Son opposition contre Dieu, mais de manière à nourrir et à fortifier la foi chez Ses élus.

 

7.4   Jean 6:52-59

7.4.1        Jean 6:52 et texte de 6:52-59

De telles paroles de la part de notre Seigneur, Sa chair donnée pour la vie du monde, étaient assez choquantes pour ceux qui les entendaient, mais des déclarations encore plus claires suivent. Il insiste sur la nécessité de boire Son sang : « Les Juifs disputaient donc entre eux, disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? Jésus donc leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : à moins que vous ne mangiez la chair du fils de l’homme et ne buviez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est en vérité un aliment, et mon sang est en vérité un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme le Père [qui est] vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, non pas comme les pères mangèrent et moururent : celui qui mangera ce pain vivra éternellement. Il dit ces choses dans la synagogue, enseignant à Capernaüm » (6:52-59).

Ainsi, comme le Seigneur s’est présenté Lui-même incarné sous la forme du pain descendu du ciel pour être mangé par la foi, de même ici nous avons Sa mort sous la figure de la chair qui doit être mangée, et du sang qui doit être bu. C’est la vie livrée, le sang bu comme une chose séparée, ce qui est par excellence le signe de la mort. La foi y participe, et y trouve expiation et communion. Sans cela, il n’y a pas de vie. C’était d’autant plus important que certains professaient Le recevoir comme le Christ, mais achoppaient sur Sa mort. Le Seigneur montre que telle n’est pas la foi des élus de Dieu (Tite 1:1), car celui qui L’accueille comme descendu du ciel veut se glorifier dans Sa croix ; et bien que personne ne pût anticiper Sa mort, tous ceux qui croient vraiment allaient se réjouir une fois qu’elle serait connue, et que son objet et son efficace seraient révélés. Ceux qui reçoivent l’incarnation par la foi, reçoivent aussi Sa mort avec une foi semblable ; et ceux-là seuls ont la vie éternelle. Car ceux qui acceptent l’incarnation selon une manière humaine ont tendance à disputer sur Sa mort. Les deux sont des objets de foi et des tests pour la foi ; mais le plus déterminant des deux, c’est Sa mort.

 

7.4.2        Jean 6:53-55 — Deux sens de manger et boire

On peut observer que, comme il y a deux figures dans la partie centrale de ce chapitre, de même dans la dernière, il y a deux formes d’expression à distinguer : l’acte d’avoir mangé [φάγητε] Sa chair et bu [πίητε] Son sang comme au v. 53 ; et le manger [τρώγων] et le boire [πίνων] en continu comme au v. 54. C’est important pour ôter toute occasion à ceux qui raisonnent pour et ceux qui objectent contre le fait de séparer la vie éternelle d’avec sa source. L’Écriture ne laisse aucune place pour cette idée. Le croyant a la vie éternelle, mais elle est dans le Fils (1 Jean 5:11), et non pas séparée de Lui. Le croyant mange Sa chair et boit Son sang. Il ne se satisfait pas de le faire une fois : s’il s’en satisfaisait, pourrait-on supposer qu’une telle personne ait la vie en lui ? Assurément non. Si sa foi était réelle, il voudrait toujours manger Sa chair et toujours boire Son sang ; et celui qui le fait a la vie éternelle, et le Seigneur le ressuscitera au dernier jour. L’amour qui est descendu du ciel est précieux, et le cœur reçoit Christ ainsi humilié avec reconnaissance, ne doutant pas, mais désirant que ce soit la vérité. Et si cet amour va plus loin, et descend même jusqu’à la mort, la mort de la croix, le cœur est élargi et presque submergé ; et il estime que rien n’est trop grand, et rien n’est trop beau pour le Fils de Dieu et le Fils de l’homme. Il s’incline et bénit Dieu pour le fait que Christ soit mort pour accomplir la rédemption. Pour la même raison, s’il a goûté que le Seigneur est ainsi plein de grâce, il persévère, il ne peut jamais se lasser, et il recommence toujours à se nourrir de Lui. Car il a éprouvé que Sa chair est vraiment de la nourriture, et Son sang est vraiment un breuvage (6:55).

 

7.4.3        Jean 6:56-57 — Demeurer en Christ et Christ en nous

C’est pourquoi il est ajouté: «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui» (6:56). Ce fait de « demeurer en Christ et Christ en lui » est l’un des privilèges caractéristiques du chrétien dans les écrits de Jean. Ce n’est pas simplement la sécurité pour le chrétien, mais c’est Christ la demeure de l’âme, puisque celle-ci est de Christ. Quelle proximité indicible ! Et comme la vie de communion est ainsi bénie, pareillement béni est l’effet de cette vie de communion sur le motif et sur le but qui l’accompagnent : « Comme le Père [qui est] vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi » (6:57). Comme la volonté et la gloire du Père étaient toujours devant le Seigneur ici-bas, de même Il est Lui-même devant le croyant. Sinon, on vit pour soi ou pour le monde. «Pour moi vivre c’est Christ» (Phil. 1:21), dit l’apôtre Paul, et c’est là l’expérience proprement chrétienne. Quand le Christ est le motif, voilà le résultat.

 

7.4.4        Manger la chair et boire le sang, est-ce la cène ou eucharistie ?

Il est bien connu que beaucoup se sont efforcé de prouver que « manger la chair et boire le sang » signifie la cène, sachant que notre Seigneur insiste sur le fait que boire le sang est distinct de manger le pain. Ceci est sans fondement, non seulement parce que l’Eucharistie n’a été instituée que longtemps après, mais surtout parce que, ce qui est affirmé ici sur « manger la chair et boire le sang » est totalement inconciliable avec la participation à la cène du Seigneur, tant positivement que négativement. Car il s’ensuivrait qu’avec cette formule extrêmement impressionnante de la vérité, le Seigneur établirait d’une part l’impossibilité d’avoir la vie sauf pour ceux qui y ont ainsi participé, et d’autre part, la certitude d’avoir la vie éternelle déjà maintenant et au dernier jour de participer à la bienheureuse résurrection, pour celui qui y participe habituellement — oui, le plus grand privilège du christianisme serait nécessairement attaché à la célébration constante de la cène. Une doctrine aussi absolue que celle-ci doit être répudiée par tous les catholiques et les protestants, sauf par ceux qui sont entièrement aveuglés par la superstition. Mais cette formule de « manger la chair et boire le sang » n’est pas un iota trop forte lorsqu’on l’applique à se nourrir par la foi de la mort de Christ, ce qui est réellement ce dont elle parle.

 

7.4.4.1                 Changement de sujet au v. 51

Il n’est pas correct de dire que le même sujet se poursuit, avant et après le v. 51. On retrouve le manger à la fois avant et après ; et on admet de toutes parts que « manger le pain descendu du ciel » doit être compris comme une affaire de foi. Il est dès lors tout à fait discordant de prétendre que « manger la chair et boire le sang » signifie autre chose qu’une participation par la foi — que ce serait figuratif dans un cas, et littéral dans l’autre. Le minimum de cohérence veut que, comme manger dans la première partie du discours signifie incontestablement la communion par la foi, ainsi ce sens doit se poursuivre dans la seconde partie. Les deux parties du discours font clairement référence à ce qui était littéral, à savoir le fait de manger le pain fourni miraculeusement à la multitude. Mais la doctrine, bien qu’apparentée d’une manière vitale, n’est pas la même dans les deux parties, car le sujet et l’objet de la foi dans la première partie sont l’incarnation du Seigneur, tandis que c’est Sa mort dans la seconde. C’est la manière de Jean de partir de faits ou miracles extérieurs, et d’y accrocher quelque vérité essentielle de la personne ou de l’œuvre de Christ ; et c’est le cas ici. Il commence par Lui-même comme le pain incarné, correspondant plus directement aux pains fournis de manière divine ; puis, tandis que l’incrédulité ergote, il poursuit en révélant la vérité de Lui-même mourant, — quelque chose d’encore plus répugnant pour la nature, surtout pour un Juif.

Ainsi, tout s’accorde simplement et en profondeur. Christ fait savoir aux Juifs (car le discours s’adressait à eux, non pas aux disciples) qu’Il n’était pas venu pour être roi selon la chair, mais pour qu’on se nourrisse de Lui dans Son humiliation — et même dans Sa mort : la seule nourriture de la vie éternelle aboutissant en la résurrection au dernier jour, non pas dans un pouvoir temporel ni dans une gloire présente, comme le peuple aimait l’espérer (souhaitant même Le couronner sur le champ). Introduire l’Eucharistie ici, c’est y importer un élément étranger qui ne convient ni à la portée du chapitre dans son ensemble, ni à l’une quelconque des sections de ce discours. Et c’est d’autant plus absurde que nous voyons un autre sujet suivre le raisonnement principal pour en constituer la conclusion appropriée : l’ascension du même Fils de l’homme dont l’incarnation et la mort viennent d’être présentées comme la nourriture de la foi, et cela comme un point culminant pour la foi alors que l’incrédulité achoppait d’abord sur Sa descente du ciel, et encore plus sur Sa mort. Comme il est dit ensuite : « Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce fils de l’homme ? » (12:34). « Ceci vous scandalise-t-il ? » dit le Seigneur à Ses disciples quand eux aussi se mirent à murmurer (6:61). « Si donc vous voyez le fils de l’homme monter où il était auparavant... ? » (6:62). Ce n’est pas une institution que le Seigneur suggère d’établir. Tout au long de Son discours, Il est Lui-même l’objet de la foi comme le Fils de l’homme incarné, mort et élevé.

 

7.4.4.2                 Le changement de sujet est au v. 51, non pas au v. 47

Je sais bien qu’un controversiste célèbre s’est efforcé de persuader les gens que la première partie s’achève au v. 47. Mais c’est arbitraire au plus haut degré. Le v. 51 est la véritable transition, où le pain est déclaré être la chair de Christ qu’Il devrait donner pour la vie du monde. C’est ce que le Seigneur développe dans les v. 53-58 en réponse à la question incrédule du v. 52. Car la question du pain en tant que tel se poursuit dans les v. 48-50, ce qui ne devrait pas être le cas si nous étions réellement passés à la deuxième partie. « Manger Sa chair et boire Son sang » ne commence proprement qu’au v. 53. C’est clair et positif dans le chapitre ; et c’est bien audacieux d’affirmer autre chose ; ainsi donc, « manger le pain » appartient à la première partie aussi clairement et certainement que « manger la chair et boire le sang » appartient à la seconde partie. En fait, manger est supposé dès le début (6:32-35), mais affirmé franchement avant la fin (6:48-50). Il n’y a pas de doute que le langage est plus fort lorsqu’il est insisté sur la nécessité de la foi en Sa mort au v. 53 et suivants. Mais cela ne fait que prouver avec certitude l’exclusion de l’Eucharistie, sauf pour ceux qui peuvent imaginer que notre Seigneur fasse de la cène quelque chose de plus important que Son œuvre et que la foi en Son œuvre. Qu’Il veuille parler plus fortement de laisser Sa vie que de Sa descente du ciel pour devenir un homme, aucun chrétien ne pourrait en douter, - ni douter non plus du danger plus grave pour l’homme de mépriser Sa mort, - ni douter de la bénédiction encore plus profonde pour le croyant d’avoir communion avec elle.

J’ajouterai qu’il n’est pas totalement vrai que, dans la première partie, on voit le Père seul en train de donner, tandis que dans la seconde ce serait le Fils de l’homme ; car au début de la première partie (6:33), il est dit du pain de Dieu qu’il est Celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde, non pas seulement « qui doit être donné ». Mais ce qui est vraiment dit, correspond tout à fait à la différence réelle entre ces deux parties. Le Père a donné le Fils pour être incarné ; le Fils se donne pour mourir, et par conséquent Il donne Sa chair pour qu’elle soit mangée et Son sang pour qu’il soit bu. En outre, il n’est pas vrai que les conséquences s’opposent ; car comme dans la première partie la vie éternelle aboutit à la résurrection au dernier jour, ainsi cela est soigneusement répété dans la seconde (6:54).

 

7.4.5        Jean 6:56 — La mort du Seigneur objet de foi

Il est vrai, comme nous pouvons facilement l’observer, que quelque chose de plus s’attache au fait de « manger Sa chair et boire Son sang » : celui qui le fait demeure en Christ et Christ en lui (6:56) ; or il est certain que ceci est une conséquence de la foi en la mort de Christ, car nulle part dans l’Écriture ce n’est attribué à l’Eucharistie. Les passages qui s’en rapprocheraient le plus seraient Jean 15, où Christ parle de Lui-même, et 1 Jean 4:13-16, où l’apôtre parle de Dieu ; mais ni l’un ni l’autre ne fait allusion à la Cène du Seigneur ; l’un présente Christ comme la seule source pour porter du fruit par une dépendance continuelle de Lui, tandis que l’autre affirme que toute âme qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu. Cela fait que ces passages confirment la conviction qu’en Jean 6:56, le Seigneur décrit le privilège dont jouit celui qui se nourrit de Sa propre mort par la foi. Sans doute celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui (1 Jean 4:16) ; mais tout découle d’une vie nouvelle, qui ne vient que par la foi en Christ ; car sans la foi il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11:6). Ceci montre donc un pas en avant, non pas un thème nouveau et différent, mais le même Christ vu non pas dans Sa vie mais dans Sa mort, avec des conséquences approfondies pour le croyant.

Étant Lui-même la vie qui était auprès du Père avant que tous les mondes fussent, Il devint chair afin de pouvoir non seulement montrer le Père et être le parfait modèle de l’obéissance comme homme, mais afin de mourir en grâce pour nous et afin de régler pour toujours la question du péché, en glorifiant Dieu à la croix de manière absolue et à tout prix. À moins que le grain de blé (comme Lui-même l’a enseigné) ne tombe en terre et meurt, il reste seul ; s’il meurt il porte beaucoup de fruit. Sa mort n’est pas considérée ici comme une offrande à Dieu (comme souvent ailleurs), mais sous la forme de l’appropriation de cette mort par le croyant dans son être propre. C’est pourquoi ce qui était relativement vague quand Il parlait du pain donné d’en haut, devient plus précis quand Il fait allusion à Sa mort. C’était dans le dessein du Père et dans le cœur du Fils de l’homme de ne pas régner sur Israël maintenant, mais de donner Sa chair pour la vie du monde : car, Juifs ou Gentils, tous sont ici considérés comme des réprouvés, perdus, et morts. Lui seul est la vie ; pourtant Il ne l’est pas en vivant, mais en mourant pour nous, afin que nous puissions avoir la vie en Lui et avec Lui, comme fruit de Sa rédemption : la vie éternelle — la vie éternelle comme une chose présente, mais vue pleinement seulement en puissance de résurrection, — la vie éternelle déjà constatée et vue en Lui lorsqu’Il a été élevé comme homme là où Il était auparavant comme Dieu, et qui doit être bientôt vue en nous, au dernier jour, quand nous serons manifestés avec Lui en gloire.

 

7.4.6        Manger et boire continuellement

Il est donc dit ici du croyant qu’il mange Sa chair et boit Son sang, et ceci non pas une fois seulement lorsqu’il a cru en Lui et en l’efficacité de Sa mort, mais il le fait continuellement puisant dans la profondeur et la force de cette mort, en tant que mort au monde et à l’état de l’homme (qui est constitué étranger vis-à-vis de Dieu). Boire Son sang donne d’autant plus d’importance à l’expression de la pleine réception de Sa mort par le croyant. S’il avait simplement quitté le monde comme quelqu’un qui lui a été toujours étranger, nous aurions été définitivement laissés en arrière, des objets du jugement de Dieu. Mais, en mourant au monde, et pour nous par la grâce de Dieu, Il a donné, à nous qui croyons, ce qui nous a séparés pour Dieu et qui nous a purifiés de nos péchés. Si cela avait été simplement notre mort, cela aurait été notre jugement et il n’y aurait pas eu d’honneur pour Dieu, mais plutôt le triomphe de l’ennemi. Béni soit Dieu, ce dont Il parle ici, c’est de Sa mort, et de notre entrée par la foi dans Sa mort dans toute sa réalité et sa valeur. Il ne parle pas de la cène ; mais la cène, comme signe, montre la mort de Christ, et ces versets parlent de la même mort. Cependant, ils parlent de la réalité efficace de cette mort, non pas de son symbole, lequel, quand on le confond avec la vérité, ne devient pas meilleur qu’une vanité idolâtre ; et quand ce symbole est dépouillé de la vérité pour l’essentiel, il devient alors ouvertement, même comme signe, un objet de culte. C’est ce que nous voyons dans le catholicisme, où leurs fidèles sont condamnés à ne pas boire le sang. Christ est contenu tout entier, disent-ils, sous l’espèce du pain : de sorte que tout est là ensemble, chair et sang, âme et divinité ; mais dans ce cas, le sang n’est pas versé, et la messe est pour le catholique qui communie un témoin tellement vrai de la non-rémission de ses péchés. Voilà ce que montrent leur propre doctrine officielle et leurs théologiens auxquels on fait le plus confiance.

 

7.4.7        Jean 6:57-58

On peut ajouter que, après le riche témoignage rendu à Sa mort comme objet de foi et qui devait suivre avec toutes ses conséquences, le Seigneur, au v. 57, me semble fermer la porte à toute excuse pour ceux qui méconnaîtraient Ses intentions. Ce dont Il parlait ici, c’était Lui-même, et non pas un acte symbolique, comme cela devrait être clair d’après l’expression «celui qui me mangera».

En outre, il unit les deux parties du discours par le verset suivant (6:58) qui clôt la partie sur Sa chair et Son sang en utilisant de nouveau l’image du «pain descendu du ciel», et de «celui qui mangera ce pain vivra éternellement» : une déclaration absolument vraie lorsqu’elle est appliquée à la foi en Lui, et absolument fausse lorsqu’elle est appliquée à l’Eucharistie, quel que soit le sens où on la prend.

 

7.5   Jean 6:59-65

Le Seigneur avait maintenant achevé Son discours dans la synagogue de Capernaüm, dont les sujets principaux étaient Son incarnation et l’expiation, comme nourriture indispensable de la foi, malgré tout le mépris dont les hommes pourraient les entourer — et malgré toutes leurs réclamations après la manne ou autre chose, qui n’avait ni une telle source divine et céleste, ni un tel effet éternel, et qui laisse finalement les hommes mourir ; car en Lui, et en nul autre, était la vie.

« Plusieurs donc de ses disciples, l’ayant entendu, dirent : Cette parole est dure ; qui peut l’ouïr ? Et Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient là-dessus, leur dit : Ceci vous scandalise-t-il ? Si donc vous voyez le fils de l’homme monter où il était auparavant... ? C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne profite de rien : les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie ; mais il y en a quelques-uns d’entre vous qui ne croient pas ; car Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croiraient pas, et qui était celui qui le livrerait. Et il dit : C’est pour cela que je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, à moins qu’il ne lui soit donné du Père » (6:60-65).

Une forme très grave d’incrédulité se révélait maintenant, non pas parmi ceux de Judée ou d’ailleurs seulement, mais au sein des disciples, dont beaucoup murmuraient, achoppant sur Ses paroles. S’ils trouvaient déjà difficile d’accepter Sa descente du ciel ou Sa mort, qu’allait-il arriver s’ils contemplaient le Fils de l’homme montant là où Il était auparavant ? C’était implicite dans les Psaumes 8, 80, 110 et dans Daniel 7. Mais depuis longtemps la volonté juive ne s’était intéressée qu’à l’espérance d’Israël dans leur pays, et elle n’aimait ni ce qui avait un aspect plus élevé, ni ce qui en avait un plus bas. La croix et le ciel étaient pareillement hors de leur champ de vision. C’est pourquoi le Seigneur les confronte ici à Sa propre ascension comme une vérité très dure à digérer. Or c’est une vérité qui fait suite de manière tout à fait appropriée à Sa mort, et elle cadre également bien avec Sa descente pour être un homme par l’incarnation. Il est monté comme un Sauveur en justice, ayant glorifié Dieu à l’extrême quant au péché, et cela est aussi certain que Sa descente pour servir en amour. Tout se tient ensemble ici ; et en fait, c’est pendant qu’Il est ainsi monté en haut, que la foi se nourrit de Lui dans la vie et la mort ici-bas. Puis comme des disciples murmuraient à l’ouïe de Ses paroles d’humiliation, Il se met à parler de Son exaltation ; mais il est triste à dire que l’effet en a été de les scandaliser davantage. S’ils avaient été fidèles, s’ils avaient connu et aimé la vérité, cela aurait été leur joie ; mais ils préféraient le premier homme au Second, et étaient de plus en plus scandalisés.

 

7.5.1        Jean 6:63

Telle est la chair, même chez des disciples. Elle ne profite de rien. C’est l’Esprit qui vivifie, et Il le fait par Christ et en Christ, jamais en dehors de Lui, et encore moins à Son déshonneur. Ses paroles ont donc un caractère essentiellement divin et une efficacité divine ; elles sont esprit et vie, comme Il le dit Lui-même à propos de ce dont Il venait de parler dans Ses discours, et malgré le scandale qu’ils pouvaient en éprouver. Peu de paroles ont été perverties à un point aussi désastreux que celles-ci jusqu’à ce jour, transformant le signe en idole, à la honte de Celui que ce signe représente comme étant venu mourir en amour suprême, et Qui bénit la foi en conséquence. Mais hélas, «il y en a quelques-uns d’entre vous qui ne croient pas». Ne pas croire est fatal à tous, mais c’est tout à fait incohérent chez un disciple. Christ doit être tout ou rien. S’Il est tout, Ses paroles ne sont pas un opprobre pour le croyant, mais un délice, et elles sont puissantes tout du long — et même de plus en plus, à mesure que Christ est mieux connu par elles. Jésus connaissait leur incrédulité, non pas par observation ni par expérience, mais dès le commencement (6:64). Il est Dieu, et Il ne l’est pas moins parce qu’Il est devenu homme : c’est la thèse constante de notre évangéliste. Pourtant Il faisait la distinction entre ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le trahirait ; mais qui l’aurait jamais deviné sinon maintenant d’après Ses propres paroles ? Qui avait jamais vu chez Lui la grâce vaciller dans Ses voies envers tous ? Combien la patience de l’amour divin est solennelle ! D’autre part, ceux qui croyaient n’avaient pas de quoi se vanter car, bien qu’ils restassent attachés à Jésus, nul ne pouvait venir à Lui à moins qu’il ne Lui ait été donné par le Père. C’était la grâce souveraine de Dieu.

 

7.6   Jean 6:66-71

« Dès lors plusieurs de ses disciples se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui. Jésus donc dit aux douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondit : Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous avons cru et su que toi, tu es le Saint de Dieu. Jésus leur répondit : N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les douze, et l’un d’entre vous est un diable ? Or il parlait de Judas, [fils] de Simon Iscariote ; car c’était lui qui allait le trahir, lui qui était l’un des douze » (6:66-71).

Ainsi, les avertissements du Seigneur précipitent le départ des incrédules, tandis qu’ils attachent plus étroitement les fidèles à Lui, et font ressortir leur sentiment de ce qu’Il est pour leurs âmes. La cause résidait dans leur propre volonté qui donnait le pouvoir à Satan. Pourtant, le Seigneur n’hésite pas à faire savoir aux douze que, tandis que l’un d’entre eux confessait de la part de tous qu’Il était le Saint de Dieu, l’un d’eux Le trahirait. Quel contraste avec tous sauf avec Lui-même et avec ceux qui ont appris de Lui ! Combien différents sont ceux qui cherchent à attirer des disciples après eux ! Et encore, Ses paroles voulaient affermir les Siens, surtout ceux qui l’étaient réellement. Plus ils étaient libres, plus ils étaient attachés. Il est seul digne, Il est le Saint de Dieu.

Je suis conscient qu’un érudit allemand, très sûr de lui, déclare que «le Saint» n’est pas une expression typique de Jean. Mais c’est un jugement téméraire et ignorant. Il s’agit d’un titre donné à notre Seigneur une fois dans sa première épître et une fois dans son évangile, ici. Il est le seul écrivain du Nouveau Testament à l’avoir utilisé à l’égard du Seigneur en relation avec les saints. C’est donc davantage caractéristique de Jean que de tout autre apôtre. Marc et Luc parlent de mauvais esprits qui, en tremblant, Le reconnaissent ainsi. Ils faisaient bien de se courber devant le Saint qui doit s’occuper d’eux en jugement. Qu’il est précieux d’entendre un saint confesser de la part de tous leur foi en Lui sous ce caractère, s’attachant à Lui et à Ses paroles de vie éternelle en toute confiance ! Quelle grâce d’entendre un autre réconforter les petits enfants de la famille de Dieu avec la réflexion qu’ils avaient reçu l’onction de la part du Saint et qu’ils connaissaient toutes choses ! (1 Jean 2:20). Des antichrists pouvaient sortir d’entre ceux qui portaient le nom de Christ, mais ils n’étaient pas de la famille de Dieu : s’ils l’avaient été, ils seraient sûrement restés, comme Pierre l’a fait ici, et comme Judas ne l’a pas fait au moment critique à la fin. Au commencement comme à la fin, ils sortaient afin qu’il soit manifeste qu’ils n’étaient aucun des « nôtres » — de la famille (1 Jean 2:19). Pour les enfants de Dieu, le Saint est la source de toute joie et de toute paix ; Il est une source de répulsion pour les incrédules, de terreur pour les démons. Les petits enfants réprouvent l’orgueil de la simple intelligence humaine incrédule qui nie le Père et le Fils, et qui nie que Jésus soit le Christ ; et ils périssent loin de Celui qui seul a la vie et la donne à tout croyant. Il en est ainsi dans l’évangile comme dans l’épître.

Mais nous voyons ici aussi la très grande importance de marcher avec Lui, de s’identifier ouvertement à Lui de cette manière devant les hommes, aussi bien que devant Dieu, et nous voyons le danger et la ruine qu’il y a à s’écarter. La foi, si importante soit-elle, n’est pas tout : on doit marcher avec Lui ici-bas. Peut-on trouver ailleurs les paroles de la vie éternelle ? Sans elles, il peut y avoir la religion, la philosophie, le bien-être présent, l’honneur et la puissance. Avec Lui sont ceux qui pensent à l’appréciation du Fils par le Père, et qui agissent pour l’éternité.

L’apostolat même, comme le Seigneur le montre ici, ne donne pas un terrain sûr pour y construire dessus — rien, si ce n’est Lui-même, n’est un terrain sûr. Ainsi, Son serviteur très honoré fait savoir aux Corinthiens (trop entichés de dons) qu’il pourrait prêcher à d’autres, et cependant, s’il ne gardait pas son corps assujetti, il serait lui-même un réprouvé (1 Cor. 9: 27). La vie éternelle maintenant, et la résurrection au dernier jour, ne sont assurées que par le Fils de l’homme, dans Sa vie et dans Sa mort que la foi s’approprie.

 

 

8                        Chapitre 7:1-52 — Fête des Tabernacles. Saint Esprit

8.1   Jean 7:1-13

Le Seigneur avait ainsi exposé à l’avance Son humiliation et Sa mort et Son ascension au ciel, mettant complètement de côté les attentes charnelles qui prévalaient alors quant à Son royaume. Il avait même fait davantage ; Il avait enseigné la nécessité absolue de s’approprier Lui-même, à la fois incarné et mourant, pour avoir la vie éternelle. Il avait déterminé tous les espoirs de résurrection en les plaçant au dernier jour, — ce qui était incompréhensible pour les Juifs, et repoussant même pour beaucoup de Ses disciples. Ils cherchaient l’honneur et la gloire présentement par le moyen du Messie ; ils ne pouvaient supporter la mort avec Lui, ouvrant sur la vie de résurrection et la gloire.

 

8.1.1        Jean 7:1-5

« Et après ces choses, Jésus se tenait en Galilée, car il ne voulait pas se tenir en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir. Or la fête des Juifs, celle des tabernacles, était proche. Ses frères lui dirent donc : Pars d’ici et va en Judée, afin que tes disciples aussi voient les œuvres que tu fais ; car nul ne fait quelque chose en secret et ne cherche à être lui-même publiquement connu ; si tu fais ces choses, montre-toi au monde toi-même. Car ses frères ne croyaient pas en lui non plus » (7:1-5).

Ainsi, nous voyons le Seigneur être la Vraie Lumière dans le lieu méprisé, non pas dans la ville des [fêtes] solennelles, où l’obscurité était d’autant plus épaisse qu’on l’y suspectait le moins ; et en Galilée, il allait ça et là dans Sa mission d’amour. Il n’attend pas que les âmes Le cherchent ; c’est Lui qui les cherche afin qu’en croyant, elles puissent avoir la vie en Lui. Il évite la Judée, sachant que le peuple de cette partie du pays s’identifiait à la haine meurtrière de ses dirigeants, et cherchait à le tuer. Il ne voulait pas parcourir cette région, mais ce n’était pas par peur, inutile de dire. Il était soumis à la volonté de Son Père en cela. Il lui fallait achever l’œuvre qui Lui avait été donnée à faire (17:4). Comme Il le dit à certains pharisiens qui cherchaient à Le faire partir en Lui indiquant le désir d’Hérode de Le tuer : « Voici, je chasse des démons et j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour je suis consommé [c’est-à-dire, j’atteint la fin de ma course]. Mais il faut que je marche aujourd’hui et demain et le jour suivant, car il ne se peut qu’un prophète périsse hors de Jérusalem » (Luc 13:32-33). Il savait parfaitement la fin dès le commencement. Il ne craignait pas l’homme. Il monte au moment déterminé pour faire et souffrir toute la volonté de Dieu, ainsi que tout de la part des hommes et de Satan.

La fête des tabernacles qui était proche est de nouveau un test pour l’homme, ou plutôt notre Seigneur le teste par ce moyen. Ceux qui Lui étaient attachés par parenté naturelle, Ses frères (*), s’impatientaient en face de Son séjour en Galilée, et de Sa séparation d’avec le centre de la vie religieuse et des honneurs religieux. Comme la Pâque se rattachait étroitement à la vérité du ch. précédent, ainsi aussi la fête des Tabernacles fournissait l’occasion pour ce que le Seigneur révèle ici. Au ch. 6 le sang de l’agneau, lui-même mangé par les Israélites, désigne Sa mort, qu’ils L’écoutent ou non. Ici, le rassemblement du peuple pour se réjouir avait lieu après la moisson et la vendange, types des différentes formes du jugement divin à la fin de l’ère quand Israël, en repos dans sa terre, se souviendra de ses jours anciens de pèlerinage ; c’était par excellence une période de triomphe, qui proclamait les promesses accomplies.

 

(*) «Ses frères » : il s’agissait de fils de Marie après Sa naissance. Bien sûr nous comprenons que les catholiques se sont donnés toute peine pour établir qu’ils étaient fils de Joseph sans être fils de Marie, mais ils étaient bien fils de Marie et de Joseph. Les catholiques voudraient prouver qu’il s’agissait de fils d’un précédent mariage de Joseph. Or il n’y a aucune indication qu’il y eût un précédent mariage, et les catholiques n’ont aucun commencement de preuve dans ce sens. Ce que nous savons, c’est que l’Écriture est tout à fait claire» — Extrait des Exposés publics (Lectures, WK) sur Jude.

 

Mais en était-il vraiment ainsi maintenant ? Du fait que Jésus, le Messie, était là, opérant des œuvres telles que les Siennes, le temps était-il venu pour l’accomplissement des espérances d’Israël ? Ses frères le pensaient, parce qu’ils en avaient envie pour eux-mêmes, bien qu’ils missent en avant [comme prétexte] Ses disciples, et leur besoin de voir Ses œuvres, et de les voir en Judée. Ils n’avaient aucune égards à Dieu, et pas la moindre idée que dans l’obscurité de la Galilée, Jésus fût en train de glorifier le Père, et de manifester le nom du Père à ceux que le Père Lui donnait (17:6). Ils trahissaient leur état, - leur ignorance de Dieu, - leur manque de jugement de soi, - l’inconscience qui était la leur, non seulement de leur propre ruine, mais aussi de celle du monde, - leur incrédulité vis-à-vis de Celui qui avait daigné naître dans leur famille : Qui était-Il, et qu’était-Il venu faire ? - cela n’était dans aucunes de leurs pensées. Ils raisonnaient à partir d’eux, non pas à partir de Dieu, et en conséquence ils se trompaient d’autant plus désespérément en ce qui concerne le Seigneur. « Nul ne fait quelque chose en secret et ne cherche à être lui-même publiquement connu ; si tu fais ces choses, montre-toi au monde toi-même », disaient ces frères. C’est ce qu’ils auraient fait. Ils imaginaient que tout homme sage doit rechercher la gloire présente. N’avaient-ils jamais entendu Celui qui enseignait à Ses disciples à faire leurs aumônes, à jeûner et à prier dans le secret leur Père, Lequel rendrait en conséquence ? S’ils l’avaient entendu, la vérité et la volonté de Dieu ne les avaient certainement pas impressionnés. Le véritable motif de leur désir et de leurs paroles provenait de ce que ses frères même ne croyaient pas en Lui, selon ce que l’évangéliste ajoute solennellement. Tel est l’homme naturel, même s’il est un proche parent.

 

8.1.2        Jean 7:6-8

« Jésus donc leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt. Le monde ne peut pas vous haïr ; mais il me hait, parce que moi je rends témoignage de lui, que ses œuvres sont mauvaises. Vous, montez à la fête ; moi, je ne monte pas à cette fête, car mon temps n’est pas encore accompli » (7:6-8).

La chair ne profite en aucune manière, et l’amitié du monde est inimitié contre Dieu (Jacq. 4:4), Satan prenant avantage des deux contre l’homme aussi bien que contre Dieu. Jésus demeure dans la dépendance parfaite (pour ne parler que de cela). Ses mouvements étaient invariablement dans l’obéissance. En tout, il n’était question pour lui que du Père. Son œil simple voyait que Son temps de se montrer au monde n’était pas encore là, et ne pouvait pas l’être. La mort, comme Il l’avait laissé entendre avant même que Son ministère en Galilée ait commencé (2:19-22), et comme elle est révélée de manière encore plus absolue en Jean 6, intervenait avant qu’Il soit manifesté au monde. Cela aura lieu en son temps ; mais ici, comme toujours, l’ordre est : les souffrances qui devaient être la part de Christ, puis les gloires qui suivraient (1 Pierre 1:11). Premièrement, il devait souffrir beaucoup et être rejeté par cette génération (Luc 17:25). Le temps de l’homme, au contraire, était toujours prêt. Ils parlaient comme étant du monde, et le monde les écoutait. Ils aimaient le monde, et les choses du monde, et l’amour du Père n’était pas en eux ; mais, ce qu’ils appréciaient davantage, c’était d’être aimés par le monde comme lui appartenant. Quelle situation terrible pour ses frères, mais aussi terrible que vraie ! Comment le monde pouvait-il haïr ceux qui prisaient tant ses honneurs ? Le monde haïssait Jésus d’une haine mortelle, parce qu’Il rendait témoignage que ses œuvres sont mauvaises, — un témoignage blessant plus que tout autre chose pour le monde religieux, pour les hommes de Judée et de Jérusalem. Le Seigneur leur dit donc de monter à cette fête, tandis qu’Il leur dit que Lui n’y allait pas ; Son temps n’était pas encore accompli (7:8).

 

8.1.3        Jean 7:9-13

La signification de cela est renforcée par le fait qu’Il agit d’une manière opposée à la leur, surtout d’après ce qui est rapporté quant à la lumière de Son témoignage ultérieur lors du grand jour de la fête. « Leur ayant dit ces choses, il demeura en Galilée. Mais lorsque ses frères furent montés, alors lui aussi monta à la fête, non pas publiquement, mais comme en secret. Les Juifs donc le cherchaient à la fête et disaient : Où est cet [homme] ? Et il y avait une grande rumeur à son sujet parmi les foules. Les uns disaient : Il est homme de bien. D’autres disaient : Non, mais il séduit la foule. Toutefois personne ne parlait ouvertement de lui, par crainte des Juifs » (7:9-13).

Le ch. 7 de Jean a ce point de vue, car la vérité qui y est enseignée est basée sur le ch. 6 ; elle suppose le Seigneur, non seulement mort, mais monté au ciel. Il y a une rupture manifeste avec le monde ; et comme il a été démontré qu’il n’est plus possible qu’il y ait association ou communion avec la chair, celle-ci est traitée en conséquence. En réalité cela n’avait jamais été possible, mais maintenant la chair va son propre chemin, et le Seigneur se retire. Ses frères montent à la fête des Tabernacles sans Lui ; Lui ne monte pas, mais reste en Galilée. C’est seulement après leur départ que Lui monte, et alors Il ne le fait pas ouvertement comme eux le souhaitaient, mais comme en secret, plus que jamais auparavant. Il est content d’être, si l’on peut dire, caché : c’est un type de ce qu’Il est vraiment maintenant, et nous avec Lui, quant à notre vie, qui est cachée en Dieu.

Cela donne lieu à des questions et des rumeurs à Son sujet parmi les foules, certains parlant avec condescendance, d’autres avec la plus grande malveillance et le plus grand mépris ; mais même ainsi, il n’y eut pas de discours public et franc. Les dirigeants de la Judée tenaient les hommes par la peur.

Il devint bien vite manifeste que le Seigneur avait en vue un dessein plus profond. Il avait refusé d’aller avec Ses frères ; Il avait affirmé que le moment approprié pour se manifester au monde n’était pas venu. Mais Dieu avait une mission présente pour Son Fils, et Il va à Jérusalem pour la remplir.

 

8.2   Jean 7:14-36

8.2.1        Jean 7:14-18

« Mais, comme on était déjà au milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait. Les Juifs donc s’étonnaient, disant : Comment celui-ci connaît-il les lettres, vu qu’il n’a point appris ? Jésus donc leur répondit et dit : Ma doctrine n’est pas mienne, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si moi je parle de par moi-même. Celui qui parle de par lui-même cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui » (7:14-18).

Il n’y avait plus de secret maintenant. Jésus enseignait dans le temple. C’était Son travail effectif. Il allait bientôt souffrir en expiation, mais maintenant c’était le moment d’annoncer la vérité à ceux qui vivaient dans le domaine de la loi et des ordonnances ; ceux-ci en étaient surpris et ne pouvaient que se demander comment Il le pouvait, puisqu’Il n’avait pas appris. Ils ne Le connaissaient pas, et ne s’élevaient pas au-dessus des ressources humaines. Jésus était prompt et attentif à défendre son Père. L’homme est fier de ce qu’il a appris de l’homme. Lui ne voulait pas permettre que Sa doctrine fût considérée comme la Sienne, dans le sens qu’Il serait indépendant, ou qu’elle serait dérivée d’un enseignement humain, — ce que Ses auditeurs reconnaissaient être hors de question. Elle ne venait pas de l’homme, mais de Celui qui L’avait envoyé. Était-ce une haute prétention, facile à atteindre ? Tous ceux qui avaient un œil simple allaient bien vite en voir la réalité. Seule la foi donne un œil simple. Les autres spéculent et errent. Dieu guide et enseigne celui qui désire pratiquer Sa volonté, et Christ donne l’assurance positive que celui-ci saura si la doctrine est de Dieu ou s’Il parle de Lui-même. Combien cela est réconfortant, et la vérification en est certaine ! Le Fils faisait connaître le Père ; et Dieu est fidèle dans ce chemin comme dans toute autre voie. Lui qui compte chaque cheveu de nos têtes, et sans qui aucun passereau ne tombe en terre, — Lui prend soin de Ses enfants.

Quiconque est de la vérité entend la voix de Christ. Quelles que soient leurs prétentions, tous les autres ne sont pas de la vérité : sinon ils sauraient que Son enseignement est de Dieu. Quand nous ne savons pas, il nous faut porter nos soupçons sur nous-mêmes, et non pas blâmer Dieu : si nous désirons réellement faire la volonté de Dieu, nous apprendrons bientôt à la connaître. Certes, Il ne parlait pas de Lui-même. Pourtant, parmi tous les hommes, c’est Lui qui en avait le plus le droit. Mais s’Il est le vrai Dieu, Il est le vrai homme, et Il était venu exalter Son Père, non pas Lui-même. Il Le servait, mais ce n’était pas pour des motifs privés. Seigneur de tous, Il était devenu serviteur de tous, et par excellence le serviteur de Dieu. C’est le moi qui aveugle la race, y compris les fidèles, dans la mesure où on le laisse agir. Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais Jésus ne l’a jamais fait — Il a toujours servi pour la gloire de Celui qui L’avait envoyé. Il n’y a pas, il ne peut y avoir aucune garantie solide de vérité là où l’on ne recherche pas la gloire de Dieu et où celle-ci n’est pas assurée. En ceci Christ fut parfait ; et c’est ainsi qu’Il déclare ici qu’Il est vrai, et il n’y a pas d’injustice en Lui. Comme le moi est ce qui entrave la vérité, il n’est donc juste ni pour Dieu ni pour l’homme. Jésus est à la fois vrai et juste.

 

8.2.2        Jean 7:19

En outre, quand les hommes se vantent, ils sont sûrs de se tromper, non seulement dans d’autres domaines, mais surtout là où ils sont le plus orgueilleux. Les Juifs se glorifiaient-ils de la loi de Moïse ? Combien était-il vain de se vanter de cette loi qu’aucun d’eux ne pratiquait ! Pourtant, c’est ce qu’ils faisaient ici dans le moment où le Seigneur pesait sur leurs consciences. Ils raisonnaient, mais comment marchaient-ils ? « Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? Et nul d’entre vous n’observe la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? » (7:19). Jésus est toujours la pierre de touche. On aurait pu ne jamais avoir appris leur méchanceté meurtrière, si Lui n’avait pas apporté Dieu de près et ne les avait pas convaincus de péché. C’est ce qu’ils ne pouvaient supporter, et qui les faisait chercher à se débarrasser de Lui, dans leur zèle pour la loi qu’ils violaient entièrement ; et dans leur sombre esprit de rébellion, ils rejetaient Celui qui avait donné cette loi par Moïse. Mais est-ce maintenant si rare de se glorifier dans la loi et de haïr la vérité ?

 

8.2.3        Jean 7:20-24

Pourtant, le peuple en général n’était pas conscient à quel point la haine poussait les chefs, et il ne soupçonnait pas leur désir de la mort de Jésus. « La foule répondit et dit : Tu as un démon ; qui cherche à te faire mourir ? Jésus répondit et leur dit : J’ai fait une œuvre, et vous vous étonnez tous. Moïse vous a donné la circoncision (non qu’elle soit de Moïse, mais elle est des pères), et vous circoncisez un homme en un jour de sabbat. Si un homme reçoit la circoncision en un jour de sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, êtes-vous irrités contre moi de ce que j’ai guéri un homme tout entier en un jour de sabbat ? » (7:20-23).

Dans son ignorance, la foule parlait avec un irrespect grossier et avec violence contre le Seigneur. Celui-ci ne s’arrête pas à en faire la remarque, mais Il attire l’attention sur l’absurdité à la fois de leur motif de dispute, et de leur étonnement à l’égard de l’une de Ses œuvres, la guérison de l’infirme de Béthesda un jour de sabbat. Pourtant, il était courant de circoncire un enfant mâle le huitième jour même si c’était jour de sabbat, et ceci par égard à la loi de Moïse, bien qu’en fait, la circoncision fût plutôt des pères. Le Seigneur termine Ses reproches par une exhortation qui touche à la racine de leurs chicanes. « Ne jugez pas sur l’apparence, mais portez un jugement juste » (7:24). Ils n’avaient pas introduit Dieu, et avaient tort par conséquent, non pas de manière superficielle seulement, mais absolument sur le fond. Si les leçons du texte original (comme dans le texte de Tischendorf) sont κρίνετε… κρίνατε, le premier [« ne jugez pas »] met en garde contre la mauvaise habitude en général, le second [« portez un jugement »] insiste sur le jugement juste qu’ils devaient suivre dans le cas présent. Il est clair qu’on a besoin de direction divine, si l’on ne veut pas juger selon l’apparence ; mais c’est ce que Dieu est tellement  disposé à accorder à Ses enfants, — non pas de l’enseignement seulement, mais des directions et du jugement. Sachant tout, Il sait aussi comment communiquer ce qui est nécessaire aux Siens.

 

8.2.4        Jean 7:25-29

Le franc-parler du Seigneur surprend, même si la multitude comme telle ne connaissait pas l’hostilité des chefs du peuple. « Quelques-uns donc de ceux de Jérusalem disaient : N’est-ce pas celui qu’ils cherchent à faire mourir ? Et voici, il parle librement, et ils ne lui disent rien : les chefs auraient-ils vraiment reconnu que celui-ci est le Christ ? Mais nous connaissons celui-ci, [et nous savons] d’où il est ; mais lorsque le Christ viendra, personne ne sait d’où il est. Jésus donc criait dans le temple, enseignant et disant : Et vous me connaissez, et vous savez d’où je suis : et je ne suis pas venu de par moi-même, mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais, car je viens de lui, et c’est lui qui m’a envoyé » (7:25-29).

Les hommes de Jérusalem, connaissant trop bien leurs dirigeants pour accepter d’emblée leurs décisions, se laissent aller à l’ironie ; mais eux aussi montrent leur ignorance comme les autres. Ils ne savaient pas d’où venait Jésus, alors qu’ils auraient dû savoir où et quand le Messie devait naître. Ésaïe 7 et Michée 5 en disent beaucoup plus.

 

8.2.5        Jean 7:30-31

Jésus leur réplique en soulignant le contraste entre, d’une part, leur connaissance présumée de Lui et de Son origine, et d’autre part leur ignorance positive du Père qui L’avait envoyé. Il connaissait bien sûr le Père, puisqu’Il venait de Lui et était envoyé par Lui. Et le Père n’était pas seulement fiable, mais véritable, comme le Fils pourrait l’attester de manière absolue, contrairement aux Juifs qui ne connaissaient pas le Père. — Cela attira contre Lui le désir ouvert de L’arrêter Lui et Ses accusations. Combien l’homme se connaît peu lui-même, pas plus qu’il ne connaît Dieu ! et c’est ce que Jésus montre : « Ils cherchaient donc à le prendre ; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue. Et beaucoup de la foule crurent en lui, et disaient : Le Christ, quand il sera venu, fera-t-il plus de miracles que celui-ci n’en a fait ? » (7:30-31).

Ceux qui rejetaient le Seigneur volontairement et à cause de leur tradition, étaient d’autant plus exaspérés par la vérité ; mais ils étaient impuissants jusqu’à ce que Son heure fût venue. Dieu demeure Dieu, malgré l’homme et Satan. Son propos demeure, malgré ce que les ennemis trahissent et commettent ; mais même au pire de ce qu’ils font, ils ne font qu’accomplir les Écritures qu’ils nient, et la volonté de Dieu qu’ils détestent. Un autre effet apparaît aussi : «beaucoup de la foule crurent en Lui». La vérité pouvait ne pas pénétrer la conscience, et le résultat pouvait n’être qu’humain, mais au moins on sentait et reconnaissait qu’il n’y avait pas à attendre davantage de miracles de la part du Messie. Pourtant, dans le chemin vers Dieu, tout est vain sauf Christ et la foi qui Le reçoit de la part du Père qui L’a envoyé.

 

8.2.6        Jean 7:32-34

Les chefs religieux sont perturbés par la moindre impression faite sur la multitude, petite ou grande, et ils montrent leur peur, ainsi que leur inimitié. Ils n’aiment pas la vérité qu’ils ne possèdent pas, et seraient contents de se débarrasser de Celui qui la disait ouvertement. « Les pharisiens entendirent la foule murmurant ces choses de lui ; et les pharisiens et les principaux sacrificateurs envoyèrent des huissiers pour le prendre. Jésus donc dit : Je suis encore pour un peu de temps avec vous, et je m’en vais à celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas ; et là où moi je serai, vous, vous ne pouvez venir » (7:32-34).

Le Seigneur parle avec un calme solennel. Tous les efforts pour Le saisir seraient vains jusqu’au moment déterminé ; ils n’avaient donc pas besoin de se presser. Il ne Lui restait qu’un peu de temps pour être avec eux, puis Il allait à Son Père. Il en est toujours ainsi dans cet évangile. Il n’est pas seulement question du rejet par les hommes et du mépris de la part des Juifs, bien que les deux fussent vrais et largement exposés par les évangiles synoptiques ; mais l’Esprit nous montre ici quelqu’un pleinement conscient de là où Il allait, et parlant de cette manière à tous, afin que, si ce fût quand même possible par grâce, certains croient et voient la gloire de Dieu en Lui. Bientôt l’incrédulité Le chercherait et ne Le trouverait pas. Qu’est-ce que le monde connaît du Père ? Pour lui, le ciel est plus aride que la terre. «Là où moi je serai, vous, vous ne pouvez venir», et ils ne le voudraient pas, s’ils le pouvaient. Rien n’est plus répugnant pour un pécheur que la lumière, la présence et la gloire de Dieu.

 

8.2.7        Jean 7:35-36

« Les Juifs donc dirent entre eux : Où celui-ci va-t-il aller que nous ne le trouverons pas ? Va-t-il aller à la dispersion [au milieu] des Grecs, et enseigner les Grecs ? Quelle est cette parole qu’il a dite : Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas ; et là où moi je serai, vous, vous ne pouvez venir ? » (7:35-36).

Ils étaient bien aveugles, et il n’y a pas de ténèbres aussi épaisses que celles de l’incrédulité. Mais il est frappant de voir que ce que l’orgueil incrédule des Juifs jugeait incroyable, c’est ce que Dieu a rendu vrai en Christ exalté à Sa droite. Qu’Il soit monté en-haut, cela est tout aussi certain que le fait d’être venu prêcher la paix aux nations qui étaient loin et la paix à ceux qui étaient près (les Juifs), donnant à tous les deux accès au Père par un seul Esprit (Éph. 2:17-18). Les dispersés parmi les Grecs (*) sont ceux que Pierre montre avoir trouvé en Lui l’objet de leur foi (1 Pierre 1:8-9), croyant en Jésus dans la maison du Père, comme ils croyaient en Dieu (Jean 14:3) ; et Paul, tout aussi clairement, montre qu’il enseigne les Grecs. Pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu — Christ crucifié, que les autres tiennent pour un scandale ou une folie (1 Cor. 1:23-24). Mais il est néanmoins le Seigneur de gloire, qu’aucun des princes de ce siècle n’a connu : s’ils L’avaient connu, ils ne L’auraient pas crucifié (1 Cor. 2:8). Et c’est ainsi que l’Écriture a été vérifiée, que l’homme a été humilié, et que Dieu a été glorifié ; de même que ceux qui habitaient à Jérusalem et leurs chefs, ne connaissant ni Lui, ni la voix des prophètes qui étaient lus chaque sabbat, accomplirent ces écritures en Le jugeant (Actes 13:27). Et il a plu maintenant à Dieu de faire connaître les richesses de la gloire de ce mystère parmi les nations, qui est Christ parmi vous l’espérance de la gloire (Col. 1:27). Entre temps, Il est perdu pour les Juifs qui, ne Le cherchant pas avec foi, ne peuvent ni Le trouver ni venir où il est ; car Il est dans les cieux, et eux, abandonnés de plus en plus à des pensées terrestres, rampent après un gain honteux.

 

(*) Le doyen Alford dit (le Testament grec, in loco) que la diaspora ne doit pas être interprétée comme désignant « les Juifs Hellénistes », car les Héllénistes sont toujours distingués des Juifs ; et cela n’aurait guère de sens. Le sens de diaspora (épîtres de Jacques et de 1 Pierre) est « le pays où les Juifs étaient dispersés ». — Cela semble une mystification singulière du grec qui est clair. Le sens est incontestablement « les Juifs dispersés parmi les Grecs, en tant que représentants des nations en général ». Le pays n’est pas précisé.

 

8.3   Jean 7:37-52

8.3.1        Jean 7:37-39

Mais le Témoin Fidèle parle : « Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (7:37-39).

 

8.3.1.1                 Comparaison avec Jean 4

Ce n’est pas la nouvelle naissance, mais le Saint Esprit en puissance de témoignage, plutôt que d’adoration. Cela se distingue ainsi non pas simplement de Jean 3, mais aussi de Jean 4, même si l’Esprit est donné en même temps pour être une fontaine d’eau vive jaillissant en vie éternelle dans le croyant, et pour être des fleuves d’eau vive s’écoulant au-dehors, et que cela suppose que l’âme est déjà née de nouveau. Cependant, ce n’est pas ici la communion avec le Père et le Fils dans l’énergie de l’Esprit qui monte en adoration, mais le même Esprit qui, à partir des affections intimes du croyant, s’écoule au-dehors pour rafraîchir abondamment ceux qui sont fatigués et desséchés dans le désert. Les deux images sont étonnamment vraies, mais différentes, bien que ce soit le même individu qui en jouisse. Les deux sont la puissance et le privilège caractéristiques du chrétien, non seulement la vie divine, mais cette vie dans la puissance de l’Esprit remontant à sa source en louange, ou bien s’écoulant effectivement au-dehors en témoignage à Christ dans une terre sèche et assoiffée. Ici c’est l’Homme glorifié qui est l’objet considéré, tandis qu’au chapitre 4 le Fils de Dieu est le donateur.

 

8.3.1.2                 Ceux qui ont soif

Même ainsi il y a une mise en garde très soigneuse contre le danger de venir au Seigneur simplement pour de l’enseignement comme un érudit, ou pour du terre-à-terre en tant que professeur : dans les choses divines, ces deux attitudes sont dangereuses pour l’âme. «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive» (7:37). C’est le cœur rencontré dans son propre besoin, — non pas des gens invités à puiser pour les autres, mais à boire pour eux-mêmes ; et c’est là la manière d’apprendre sûrement et mieux, de façon à instruire aussi les autres. «Des fleuves d’eau vive couleront de son ventre» (7:38). Tel est le témoignage général des écritures de l’Ancien Testament, mais le Seigneur insiste ainsi plus nettement. Or ceci ne fait pas suite seulement à la venue de Jésus, mais à Sa glorification fondée sur Son œuvre. Ce n’est qu’alors que les fleuves pourraient découler ainsi abondamment des « parties intérieures», la vérité y étant déjà, et Dieu, de Son côté, étant parfaitement glorifié dans la croix. Le Saint Esprit pourrait agir librement et en puissance, sur la ruine reconnue du premier homme, à la gloire de Celui qui est à la droite de Dieu, et dans ceux qui sont à Lui pour un peu de temps dans une terre aride et desséchée, dépourvue d’eau par ailleurs. Mais maintenant l’eau est donnée, à la louange de Celui que l’Esprit est ici-bas pour glorifier, non pas seulement la fontaine pour rafraîchir à l’intérieur (ch. 4), mais des fleuves pour s’écouler au-dehors. Les Israélites ne se sont jamais élevés à ce niveau, même en figure. Ils burent l’eau du rocher frappé ; et après, lorsque la verge du pouvoir sacerdotal eut bourgeonné, il n’y avait qu’à parler au rocher pour fournir l’eau en abondance. Mais aucun Israélite, pas même un Moïse ni un Aaron, ne pouvait être un canal pour de l’eau vive, comme tout croyant l’est maintenant ; et ceci est donné, répétons-le, non pas en récompense aux chrétiens, mais seulement en témoignage du délice de Dieu en Christ et de Son appréciation de l’œuvre de Christ, dans laquelle comme Il est, Lui, ainsi nous sommes nous aussi dans ce monde (1 Jean 4:17).

 

8.3.1.3                 La fête des Tabernacles et le témoignage à Christ glorifié

La fête et le jour de ces paroles du Seigneur sont notés, et la signification en est profonde. Ce n’était pas la Pentecôte, comme on l’aurait pensé naturellement au vu du don de l’Esprit, mais c’était la fête des Tabernacles. En effet, si la fête des semaines a toujours été l’époque des actes et discours de notre Seigneur dans le quatrième évangile, cette fête est ici soigneusement gardée hors de vue ; et ceci parce qu’elle relève de la sphère de Paul, plutôt que de Jean, dont la vérité caractéristique est la révélation de Dieu et du Père dans l’homme Jésus Christ sur la terre, non pas la Tête du corps en haut. Ce n’est donc pas l’Esprit baptisant en un seul corps dont il s’agit ici, mais la puissance de témoignage, et ce à partir de la jouissance la plus intime de l’âme, par cet Esprit qui provient de Jésus glorifié.

Nous ne sommes pas encore au ciel, mais nous traversons le désert. Le jour de gloire n’est pas venu ; mais Celui qui est mort en expiation est dans la gloire, et de là Il envoie l’Esprit sur nous ici-bas afin que nous soyons en association divine avec Lui là-haut. Qu’est-ce qui pourrait donner une telle force au témoignage ? Il y a plus que la plus brillante espérance ; car l’Esprit est un lien présent avec Celui qui est en haut ; cependant il y a toute la puissance d’espérance nous portant en-avant et au-dessus des circonstances environnantes. Car la gloire elle-même n’apparaît pas encore, bien que Celui qui l’introduira y soit déjà (Il en est le centre) et dans sa plus haute sphère. Son heure viendra de se montrer au monde. Entre temps, nous sommes dans le secret de Son exaltation et nous attendons Sa manifestation — tandis que nous avons le Saint Esprit envoyé par Lui depuis cette gloire qu’Il nous donne à connaître, ce qui fait d’autant plus ressentir le triste désert que nous traversons. Celui-ci n’est pas notre lieu de repos ; il est pollué ; et nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons celle à venir (Héb. 13:14). Or nous n’attendons pas la justice ni l’Esprit de gloire, mais, par l’Esprit sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice (Gal. 5:5 — c’est à dire la gloire de Dieu). Et Celui qui n’est pas seulement dans la gloire, le Chef et l’Héritier de toutes choses, mais qui viendra bientôt pour nous amener à être comme Lui-même là-bas, Lui nous donne l’Esprit comme des fleuves d’eau vive pour nous remplir intérieurement et pour s’écouler au-dehors, laissant le désert toujours aussi desséché.

 

8.3.1.4                 … de son ventre

Je ne connais pas d’expression plus forte de l’intimité de l’habitation de l’Esprit en nous, en contraste avec Son travail d’autrefois, même si c’était par des saints. Mais ici, il est supposé y avoir une imbrication profonde avec les affections et pensées de l’homme intérieur qui est éminemment caractéristique de la possession de l’Esprit par le chrétien, et d’autant plus remarquable que c’est en vue d’une riche effusion du témoignage rendu à Christ en haut. C’est pourquoi il ne pouvait y avoir un pareil privilège avant que Jésus ne soit glorifié, à la suite de ce que Lui ait glorifié Dieu moralement par la mort de la croix (13:31-32).

 

8.3.1.5                 L’Esprit n’était pas encore

La phraséologie du v. 39 [« l’Esprit n’était pas encore parce Jésus n’avait pas encore été glorifié »], bien qu’étrange au premier abord, est strictement exacte et appropriée. L’Esprit est sans aucun doute une personne, mais Il est vu ici comme le fait caractéristique d’un état n’existant pas encore. C’est pourquoi il y a πνευμα (esprit) sans article. Encore une fois, il y a ήν (était), et non pas έγένετο (existait). Il n’a jamais commencé à exister, car Son être était (est) divin et éternel. Mais ce n’était pas encore un fait pour l’homme sur terre. À la Pentecôte, Il a été envoyé du ciel. Comparez Actes 19, où la question était : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint après avoir cru ? » Et la réponse est : « Mais nous n’avons même pas ouï dire si l’Esprit Saint est ». Le sens ne se rapporte pas du tout à l’existence de l’Esprit, mais à Son baptême, dont Jean le baptiseur avait d’avance rendu témoignage à Ses disciples.

 

8.3.1.6                 La chrétienté infidèle à cette caractéristique du christianisme

Nous avons eu alors, la déclaration anticipative du Seigneur de la puissance de l’Esprit que le croyant allait recevoir, et qu’il a reçu effectivement à la Pentecôte et qu’il reçoit désormais : non pas la vivification de l’incrédule, ni encore la puissance s’élevant en adoration, mais l’effusion abondante en témoignage depuis l’homme intérieur, les deux étant éminemment caractéristiques du christianisme. Qu’il est douloureux que la chrétienté, maintenant et depuis des siècles, se montre incrédule et hostile ! Mais il en est ainsi pour que l’avertissement de Dieu soit vérifié dans le moindre trait de plume. Entre les mains de l’homme, chaque dispensation rend manifeste par-dessus tout l’infidélité à ses propres privilèges spéciaux et à sa responsabilité spéciale. Ainsi Israël, non seulement s’est rebellé contre la loi, mais a renoncé à l’Éternel au profit de vanités païennes, — ceux qui revinrent de captivité allant même jusqu’à rejeter leur propre Messie. L’Esprit est-Il maintenant envoyé d’en haut et est-il présent depuis Jésus a été glorifié ? La chrétienté, depuis les temps apostoliques, a couru avidement après la loi et des formes, rétablissant ainsi le premier homme, reniant la croix sur la terre, et le Second Homme dans le ciel sur le point de revenir. Il n’y a pas de vérité à laquelle elle s’oppose si expressément que celle à laquelle elle est par-dessus tout appelée à témoigner en paroles et en actes.

 

8.3.2        Jean 7:40-44

Les paroles de notre Seigneur firent une certaine impression, mais tout est en vain si la conscience n’est pas atteinte devant Dieu. « Des gens de la foule donc, ayant entendu cette parole, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète. D’autres disaient : Celui-ci est le Christ. D’autres disaient : Le Christ vient-il donc de Galilée ? L’écriture n’a-t-elle pas dit que le Christ vient de la semence de David et de la bourgade de Bethléhem, où était David ? Il y eut donc de la division dans la foule à cause de lui. Et quelques-uns d’entre eux voulaient le prendre ; mais personne ne mit les mains sur lui » (7:40-44).

Les hommes n’unissent pas seulement ce que Dieu sépare, mais séparent ce que Dieu unit. Certains L’appelaient le prophète, d’autres le Christ, comme nous l’avons vu depuis le début de cet évangile : cette distinction prévalait alors, mais n’est pas fondée. Les objections dues à un manque de connaissance révèlent une ignorance que l’enquête la plus élémentaire aurait pu dissiper. Quand il y a la foi, il peut y avoir aussi, et il y a souvent, un manque de lumière ; mais, malgré les obstacles, la foi s’accroche à ce qu’elle discerne être de Dieu, au lieu d’achopper à cause d’une difficulté qu’une connaissance plus approfondie aurait montré être inexistante. Bartimée, quand il entendit que Jésus de Nazareth était tout près, ne manqua pas de crier : «Fils de David, aie pitié de moi» ; et sa foi récolta la bénédiction immédiatement. Le fait qu’il était le prophète méprisé de Galilée, n’empêchait nullement qu’Il fût le Messie de Bethléhem, issu de la lignée de David. Mais l’incrédulité est aveugle à Sa gloire ; et elle ne voit qu’une occasion de division dans le seul centre d’union. Pourtant, quelle que fût l’hostilité des hommes, ils ne purent pas Le prendre jusqu’à ce que l’heure fût venue pour Dieu d’accomplir la réconciliation par Sa croix, ce à quoi ils ne pensaient guère.

 

8.3.3        Jean 7:45-49

Il y avait cependant chez les chefs religieux des traits plus sombres que dans la foule ; c’est ce que l’Esprit place ensuite devant nous. « Les huissiers donc s’en vinrent vers les principaux sacrificateurs et les pharisiens ; et ceux-ci leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? Les huissiers répondirent : Jamais homme ne parla comme cet homme. Les pharisiens donc leur répondirent : Et vous aussi, êtes-vous séduits ? Aucun d’entre les chefs ou d’entre les pharisiens, a-t-il cru en lui ? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi est maudite » (7:45-49).

Ici la conscience des huissiers répondit aux paroles du Seigneur d’une manière qui faisait au moins jaillir devant leurs maîtres une confession involontaire de la puissance avec laquelle Il parlait. Ce n’était pas comme les scribes. Mais les pharisiens, avec une dureté inflexible, ripostèrent en accusant leur faiblesse, les mettant au défi de produire un seul des chefs ou des pharisiens qui auraient cru, et faisant ressortir le mépris qu’ils avaient pour la masse de leurs compatriotes. En même temps qu’ils se glorifiaient de la loi, ils la transgressaient, et bien pire, ils déshonoraient Dieu. Mais Dieu met en avant parmi eux un témoin inattendu, quoique faible ; non seulement il était pharisien, mais c’était un chef.

 

8.3.4        Jean 7:50-52

« Nicodème, qui était l’un d’entre eux, leur dit : Notre loi juge-t-elle l’homme avant de l’avoir entendu et d’avoir connu ce qu’il fait ? Ils répondirent et lui dirent : Et toi, es-tu aussi de Galilée ? Enquiers-toi, et vois qu’un prophète n’est pas suscité de Galilée » (7:50-52).

Incapable de résister aux justes exigences de leur propre loi, ils démontrent, par leur mépris hautain, que leur insoumission avait une racine plus profonde ; ce n’était plus le mépris de la populace ignorante, mais celui d’un de leurs chefs, et non des moindres. Comme d’habitude, ils manifestent que les hommes ne sont jamais aussi sûrs de se tromper que lorsqu’ils sont les plus confiants dans un bras de chair. En effet, c’est la fatalité des tenants de la tradition d’être toujours égarés, aussi bien dans le judaïsme que dans la chrétienté. L’Écriture seule est fiable ; et ceux qui professent être gouvernés par l’Écriture interprétée par la tradition, se révèlent être comme tous ceux qui servent deux maîtres : ils s’accrochent à la tradition et à son incertitude, et méprisent l’Écriture malgré son autorité divine, étant aveuglés vis-à-vis de leur propre état de manière vraiment pitoyable, mais non moins condamnable. Ainsi Eusèbe de C., loin d’être le moins capable ou le plus superstitieux des pères de l’église, fait les erreurs les plus grossières quand il rapporte des faits ecclésiastiques des Actes des Apôtres, ou d’ailleurs.

Ainsi ici les pharisiens admettent qu’aucun prophète n’est suscité de Galilée. Ils se trompaient de toutes les manières possibles. Étaient-ils prophètes pour parler pour Dieu en ce temps-là ? N’avaient-ils jamais entendu parler de Jonas ou de Nahum ? Le plus grand des prophètes jamais suscité (mais il n’a laissé aucun écrit) et qui doit de nouveau se lever — le mystérieux Thishbite —  était de Galaad, une contrée, située à l’est du Jourdain, encore plus éloignée que la Galilée du siège de l’orgueil religieux. Mais la vérité est, que Celui que leur âme abhorrait, que les pauvres du troupeau attendaient, était sorti de Bethléem Éphrata ; Il était Celui dont les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité (Michée 5:2). Ils étaient profondément ignorants de Lui, bien que la loi et les prophètes aient partout témoigné de Lui ; mais la colonne de nuée qui L’entourait ne donnait aucune lumière aux hommes orgueilleux de Jérusalem. Leurs ténèbres n’ont pas compris la vraie lumière (1:5).

 

 

9                        Chapitre 7:53 et chapitre 8

9.1   Jean 7-53 à 8:11

9.1.1        Qualité médiocre des textes originaux pour ce passage

Nous sommes maintenant arrivés à une section de notre évangile pour laquelle la condition extérieure des manuscrits fournit à celui qui réfléchit une preuve solennelle de l’incrédulité humaine, — autant effrontée que d’habitude elle est hésitante. Aucun évangéliste n’a autant souffert sur ce plan, pas même Marc, dont la fin disparaît de deux des plus anciens manuscrits. Nous avons déjà vu que la visite de l’ange pour agiter les eaux de Béthesda était malvenue pour de nombreux copistes de Jean 5, et ici de nouveau, l’incrédulité a indisposé certains à reproduire l’histoire de la femme adultère. Ceci est évident pour certaines copies (comme L et Δ), qui laissent un blanc — ce qui serait tout à fait inexplicable sauf de la part d’un scribe connaissant l’existence d’un certain paragraphe, mais estimant qu’il méritait d’être omis pour des raisons qui lui était propre. D’autres encore, comme les cursives 1, 19, 20, 129, 135, 207, 215, 301, 347, 478, etc., ont déplacé ce paragraphe pour le renvoyer à la fin de l’évangile (ou après Jean 7:36 dans le cas de la cursive 225), ou même dans un autre évangéliste, comme 13, 69, 124, 346 et 556, alors que ce texte est, par son ton, étranger partout ailleurs que dans Jean, et dans Jean sa place ne convient qu’ici, conformément à la masse des autorités. Plusieurs manuscrits l’omettent tout simplement (aleph, A, B, C, T, X, avec de nombreuses cursives et versions anciennes) ; il figure dans D, F (défectueux), G, H, K, U, Γ (défectueux), plus de 330 cursives, et de nombreuses versions. Il est distingué par un astérisque, ou obelus, dans E, M, S, Λ, Π, etc. Les variations des copies qui le donnent sont considérables. Ce bref aperçu peut suffire pour le lecteur en général, et est plus que suffisant pour prouver la particularité extérieure de ce texte.

En ce qui concerne les preuves internes, certains ont allégué à l’encontre de ce passage un style entièrement différent de celui du reste de l’évangile — et ce, non seulement quant à des mots et des expressions que Jean n’utilise jamais ailleurs, mais dans l’ensemble des tournures et des caractères ; il y aurait plutôt ressemblance avec les évangiles synoptiques, dit-on.

Tout ceci, cependant, ne parvient pas à porter atteinte au poids positif de la vérité dans ce passage ; et il est tout à fait impossible d’expliquer par une falsification ou une tradition à quel point ce passage convient à cet endroit précis de l’évangile. Le Seigneur manifeste la vraie lumière dans Sa Personne, par contraste avec les autres qui se glorifiaient dans la loi. Nous avons vu leur discussion dépourvue de conscience dans le chapitre précédent.

 

9.1.2        Jean 7-53 à 8:2

« Et chacun s’en alla dans sa maison. Et Jésus s’en alla à la montagne des Oliviers » (7:53 à 8:1). Le Fils de Dieu se retire loin de l’incertitude de l’homme et de son mépris, pour jouir de la communion du Père. Puis Il retourne au service. « Et au point du jour il vint encore au temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait » (8:2). L’habitude du Seigneur à cet égard, rapportée par Luc (Luc 21:37-38 ; 22:39), est une raison étrange pour discréditer la mention que fait Jean de ce fait particulier. Il n’apparaît non plus aucune raison valable pour mettre en doute que ce ne fût pas simplement «la foule» (όχλος), mais «le peuple» au sens large (λαός), qui affluait ici vers l’enseignement du Seigneur dans le temple.

 

9.1.3        Jean 8:3-6

« Et les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en adultère ; et l’ayant placée devant lui, ils lui disent : Maître, cette femme a été surprise sur le fait même, commettant adultère. Or, dans la loi, Moïse nous a commandé de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? Or ils disaient cela pour l’éprouver, afin qu’ils eussent de quoi l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre » (8:3-6).

Tel est l’homme à son meilleur niveau quand il voit et entend Jésus, mais refuse la grâce et la vérité qui vinrent par Lui. Ce n’était pas des ignorants, mais des érudits vis-à-vis de l’Écriture ; ce n’était pas la foule qui ne connaissait pas la loi, mais ils possédaient la plus haute réputation en matière de religion. En outre il n’y avait aucun doute quant à la culpabilité et à la dégradation de la femme. On ne voit pas pourquoi ils n’avaient amené qu’elle, et non pas son amant. Elle, ils l’avaient amenée non seulement pour mettre le Seigneur dans l’embarras, mais dans l’espoir de trouver de quoi L’accuser. Cela leur semblait être un dilemme sans échappatoire. Moïse, disaient-ils, commandait aux Juifs de lapider de pareilles femmes. Qu’en disait Jésus ? S’Il confirmait seulement le décret de la loi, où était la grâce tellement vantée ? S’Il laissait aller la femme, ne se mettait-Il pas en opposition évidente non seulement avec Moïse, mais avec l’Éternel ? Quelle iniquité profonde que la leur ! Pas d’horreur du péché, même le plus noir, mais une perversion dépourvue de sentiments vis-à-vis de la femme adultère exposée de manière à piéger le Saint de Dieu.

Mais si le Seigneur écrivait sur le sol, ce n’était en aucune manière comme s’Il ne les entendait pas. C’était plutôt pour leur donner le temps de peser leur question coupable et leur motif encore plus coupable, tandis que leur espoir de Le piéger les trahissait de plus en plus, les poussant à se compromettre davantage comme Il se baissait jusqu’au sol.

 

9.1.4        Jean 8:7-9

« Et comme ils continuaient à l’interroger, s’étant relevé, il leur dit : Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant encore baissé, il écrivait sur la terre. Et eux, l’ayant entendu, (*) sortirent un à un, en commençant depuis les plus anciens jusqu’aux derniers ; et Jésus fut laissé seul avec la femme devant lui » (8:7-9).

 

(*) La portion de phrase traduite par « et étant convaincus par leur conscience » qui figure dans le Texte Reçu est supportée par EGHKS, etc., mais elle est omise par de meilleures autorités.

 

Le Seigneur se montrait, ainsi, être Lui-même la vraie lumière qui éclaire tout homme. Occupés par la loi qui condamne la femme adultère et, essayant surtout de condamner le Seigneur Lui-même, leurs ténèbres sont mises à nu par ces quelques mots solennels. Dieu juge le péché, non pas les péchés grossiers, mais tout péché, quel qu’il soit ; et le Juge des vivants et des morts était Celui qui les sondait jusque dans leurs tréfonds. Il n’était plus question de la loi pour aucun d’eux maintenant : ils reculent décontenancés par la lumière, même si Jésus se baissait de nouveau pour écrire sur le sol. Assurément, Il avait entendu leurs questions, et discerné leur but inique, si voilé soit-il ; et maintenant ils L’entendaient, et se faisaient tout petits devant Ses paroles cinglantes de lumière. Condamnés par leurs consciences, mais nullement repentants, ils cherchaient la fuite, honteux de voir la face de Celui qui s’était de nouveau baissé, et qui leur donnait donc le temps de se retirer s’ils refusaient de s’incliner avec un esprit brisé et une confession sincère.

Cependant ce n’est pas cela que le passage cherche à illustrer, mais plutôt la suprématie de la lumière divine en Jésus, toujours si humble, même en présence des plus orgueilleux. Ils partirent un par un, en commençant par les plus âgés jusqu’aux derniers, c’est-à-dire en commençant par ceux qui redoutaient le plus d’être exposés ; les plus jeunes ne pouvaient pas davantage le supporter, mais ils sentaient moins la honte devant leurs semblables que devant Jésus qui avait éveillé ce sentiment. Quel terrible contraste avec le psalmiste d’Israël qui, malgré ses péchés, a pu dire par grâce : « Tu es mon asile ! » (Ps. 32:7) un asile en Dieu, non pas loin de Lui, alors qu’il avait devant lui Celui qui pouvait et voulait couvrir toutes ses iniquités, et ne rien lui imputer. En effet, notre effort de couvrir nos péchés, ou d’échapper à Sa présence, est vain. Mais l’incrédulité se fie à elle-même, et non pas à Lui, et elle trahit sa volonté de s’éloigner de Sa lumière, autant que possible pour un peu de temps, jusqu’à ce que le jugement vienne. Mais qu’en sera-t-il alors ? Ce sera à eux de se baisser dans la honte et le mépris éternel, quand ils ne pourront échapper même pas pour un instant, et que tout sera fixé pour toujours.

 

9.1.5        Jean 8:10-11

Jésus fut alors laissé seul, au moins en ce qui concerne les scribes et pharisiens tentateurs, avec la femme au milieu, car il semble que « tout le peuple » soit resté à l’entour ; et il s’adresse à eux dans le discours suivant qui semble être fondé sur l’incident précédent, comme lui en ayant donné l’occasion (voir le v. 12 et suivants). « Et Jésus, s’étant relevé et ne voyant personne que la femme, lui dit : Femme, où sont-ils, ceux-là, tes accusateurs ? Nul ne t’a-t-il condamnée ? Et elle dit : Nul, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, - dorénavant ne pèche plus » (8:10-11). C’est l’erreur d’Augustin, et d’autres des temps modernes comme anciens, d’estimer que nous avons ici « misera » en présence de « Misericordia » (la misère en présence de la miséricorde), ce qui est beaucoup plus vrai de la scène de la fin de Luc 7.

Ici, le Seigneur agit en tant que lumière, non seulement pour détecter Ses adversaires propre-justes et pécheurs, mais vis-à-vis de tout. Il n’était pas nécessaire qu’Il expose la femme prise en flagrant délit de péché. C’est pourquoi l’ignorance des scribes qui mirent ce récit de côté est aussi criante que leur impiété est sans excuse. Il n’y a pas le moindre semblant de légèreté dans la manière dont le Seigneur a traité le mal de la femme. Le Seigneur fait simplement ressortir le fait que ses accusateurs ont fui la lumière qui avait condamné leur conscience, tandis que la loi avait été entièrement incapable de l’atteindre ; et comme ils ne pouvaient pas condamner la femme du fait qu’ils étaient non moins pécheurs qu’elle, Lui non plus ne la condamne pas. Ce n’était pas Son travail de traiter de causes criminelles, pas plus que civiles (Luc 12:14). Mais s’il est vrai que par Lui vinrent la grâce et la vérité, Lui n’en est pas moins la vraie lumière, et Il garde ce caractère ici. Comme nous n’entendons pas de repentir ni de foi chez la femme, nous n’entendons rien de la part du Seigneur, du genre « Tes péchés sont pardonnés », ou « Ta foi t’a sauvée », ou « Va en paix ». Il est pourtant la lumière, et ne va pas au-delà de « Va et ne pèche plus ». Bientôt Il agira en tant que Roi, et jugera avec justice ; selon le propre propos des scribes et pharisiens, Il parle en tant que docteur (enseignant), non pas en tant que magistrat. Et ce qui était en cause était le péché, mais de manière très inattendue les leurs autant que ceux de la femme, du fait qu’ils se trouvaient placés dans la lumière de Dieu.

Ceux qui supposent que dans Sa réponse aux accusateurs ou à l’accusée, le Seigneur a réduit le péché dont la femme était coupable à une infraction contre la pureté, — ceux-là rabaissent complètement les paroles de notre Seigneur. Le sens de Ses propos est que tout péché est intolérable pour Dieu, qui est lumière, et en qui il n’y a point du tout de ténèbres.

 

9.2   Jean 8:12-20

Le Seigneur continue à enseigner le peuple, en faisant allusion à l’incident qui venait de se passer, ou plutôt au caractère qu’Il avait pris pour le traiter. Rien ne saute davantage aux yeux que la Vraie Lumière qui, alors, brillait et éclairait tout homme. C’est d’autant plus frappant que le mot « lumière » ne se trouve pas dans cet épisode, mais le fait est parfaitement en harmonie avec ce qui suit immédiatement.

 

9.2.1        Jean 8:12

« Jésus donc leur parla encore, disant : Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (8:12). Son rejet par les Juifs Le manifeste toujours dans un caractère encore plus grand de bénédiction et de gloire pour les autres. Dans notre évangile, cependant, l’Esprit parle de ce qu’Il est personnellement et indépendamment de toutes les circonstances, et au-dessus de toutes les dispensations. Il est « la lumière du monde ». Sa gloire, Sa grâce, ne pouvaient être confinées à Israël. Il est venu délivrer de la puissance de Satan, et donner la jouissance de Dieu et du Père. Ainsi, quelles que soient les ténèbres dans lesquelles se trouvent les hommes — et elles étaient désormais profondes parmi les Juifs — « celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Le chrétien n’est pas seulement appelé des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu, mais il devient lumière dans le Seigneur, enfant de lumière, et il marche dans la lumière, étant amené à Dieu qui est lumière ; et dans la lumière, comme le dit Jean, nous avons communion les uns avec les autres, car en lui est la vie aussi bien que la lumière, ou, comme il est dit ici, celui qui Le suit a « la lumière de la vie ». Il a Christ, qui est les deux.

 

9.2.2        Jean 8:13-16

Un témoignage aussi énergique suscita l’orgueil et l’inimitié de ceux qui écoutaient. Ils ne pouvaient que sentir qu’Il parlait d’un privilège et d’une bénédiction dont ils ne jouissaient pas. « Les pharisiens donc lui dirent : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n’est pas vrai » (8:13). Ils retournent Ses propres paroles du ch. 5 v. 31 contre Lui-même, mais très injustement. Car là Il parlait du témoignage seul et humain, tel que la vanité se donne à elle-même ; ici Il se met à montrer qu’Il a le soutien absolument le plus élevé en Dieu Lui-même. « Jésus répondit et leur dit : Quoique moi je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu et où je vais ; mais vous, vous ne savez pas d’où je viens et où je vais » (8:14). Ils étaient totalement ignorants du Père comme du Fils. Ils ne pensaient jamais au ciel. Le Seigneur avait la conscience constante de la vérité de Sa Personne et de Sa mission ; et Son témoignage était inséparable de celui du Père. Comme Il le dit ailleurs : « Moi et le Père, nous sommes un » — ce qui était tout aussi vrai dans la nature divine que dans le témoignage rendu à l’homme. Il n’a jamais perdu un instant le sentiment d’où Il venait et où Il allait, tandis qu’eux n’avaient aucune idée ni de l’un ni de l’autre. Ils étaient complètement dans les ténèbres, même si la lumière était là en train de briller en Lui. Combien Il pouvait dire alors véritablement : « Vous, vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne. Et si aussi moi, je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul, mais moi et le Père qui m’a envoyé » (8:15-16).

 

9.2.3        Jean 8:17-18

Le moi est la source et l’objet de toute l’activité de la chair ; or les Juifs jugeaient selon la chair. Christ apportait à la fois l’amour et la lumière dans le monde. Il ne jugeait personne ; Il était au service de tous. C’est ce qui Le rendait intolérable pour ceux qui se complaisent en eux-mêmes. Mais Il doit être le juge de tous. Dans Sa résurrection Dieu a donné la promesse qu’Il doit juger le monde (Actes 17:31) ; dans Sa propre Personne, Il est Celui qui est approprié pour le faire, étant à la fois Fils de l’homme et Fils de Dieu. « Et si aussi moi, je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul, mais moi et le Père qui m’a envoyé » (8:17). C’était un principe admis que par la bouche de deux ou trois témoins toute parole est établie. C’est ce à quoi le Seigneur fait appel ici : « Et il est écrit aussi dans votre loi, que le témoignage de deux hommes est vrai » (8:17). Combien plus alors le témoignage du Père et du Fils ! « Moi, je rends témoignage de moi-même ; et le Père qui m’a envoyé rend aussi témoignage de moi » (8:18). Le Seigneur en avait déjà parlé au ch. 5, mais ils avaient écouté pour Le mépriser et non pas pour le recevoir.

 

9.2.4        Jean 8:19-20

« Ils lui dirent donc : Où est ton père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous m’aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père » (8:19). Une telle ignorance de l’unique vrai Dieu et de Jésus qu’Il a envoyé, c’est la mort, la mort éternelle ; et c’est d’autant plus solennel que ce n’était pas dit à des païens, mais à des Juifs qui avaient les oracles de Dieu. Ils disaient ces choses parce qu’ils ne connaissaient ni le Père ni le Fils ; et l’heure viendrait où ils penseraient rendre service à Dieu en tuant les disciples de Christ. Leurs faits et gestes trahissaient leur état d’aliénation totale du Père, et leur complète ignorance du Père. Tout ce qui suivit en matière de persécution et de haine, que ce soit envers Christ ou envers l’église, n’en était que la conséquence. « Il dit ces paroles dans le trésor, enseignant dans le temple ; et personne ne le prit, parce que son heure n’était pas encore venue » (8:20). Leur méchanceté était aussi manifeste que mortelle ; et elle était contre le Père autant que contre le Fils.

Mais, malgré leur volonté, ils étaient impuissants jusqu’à ce que l’heure soit venue. Alors Il serait abandonné à leur iniquité meurtrière ; alors, aussi, des conseils encore plus profonds s’accompliraient dans le sacrifice de Lui-même. Si d’un côté Il allait être retranché et ne rien avoir de Ses droits messianiques (Dan. 9:26) au milieu des Juifs dans le pays, d’un autre côté il fallait qu’Il souffre pour les péchés, le Juste pour les injustes, afin d’amener à Dieu tous ceux qui croient (1 Pierre 3:18), et afin d’être glorifié en haut, et d’avoir une épouse qui Lui soit associée dans Sa suprématie sur toutes choses. Mais ceci nous transporterait dans l’enseignement de l’apôtre Paul. Poursuivons la ligne donnée à Jean, où nous contemplons la Parole faite chair, et Sa gloire divine qui brille à travers le voile de l’humiliation, spécialement dans ce chapitre, d’abord comme lumière qui convainc de péché, puis comme lumière de vie possédée par ceux qui Le suivent ; mais si Sa parole était rejetée, Il n’en était pas moins le Fils qui seul peut rendre libre — oui, le JE SUIS — même si les hommes se prévalent de Son humanité pour Le mépriser et Lui jeter des pierres et Le crucifier comme ils peuvent.

 

9.3   Jean 8:21-30

Le discours suivant tourne autour de l’annonce que notre Seigneur fait de Son départ — une vérité de la plus solennelle importance, en particulier pour Israël qui était responsable de Le recevoir comme son Messie.

 

9.3.1        Jean 8:21-24

« Il leur dit donc encore : Moi, je m’en vais, et vous me chercherez ; et vous mourrez dans votre péché : là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir. Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il, qu’il dise : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir ? Et il leur dit : Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut : vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas que c’est moi, vous mourrez dans vos péchés » (8:21-24).

Le départ de Jésus après Sa venue est le renversement du judaïsme et la condition nécessaire du christianisme. Ne soyons donc pas surpris si notre Seigneur y revient à de multiples reprises, ainsi qu’à ses associations et conséquences morales, et par-dessus tout, à sa portée sur Lui-même personnellement, ce qui est toujours la pensée supérieure de notre évangéliste. Il s’en allait, et ils Le chercheraient et mourraient dans leur péché. Ils cherchaient mal, et ne Le trouvaient pas. Ils cherchaient un Messie qui leur permette d’assouvir leurs ambitions et convoitises mondaines : or tel n’est pas le Messie de Dieu, lequel est maintenant trouvé par ceux qui ne Le cherchaient pas, après qu’Il ait étendu Ses mains tout le jour vers un peuple rebelle qui marchait dans une voie qui n’est pas bonne, après leurs propres pensées (Rom. 10:20-21 ; És. 65:1-2). Mais on ne se moque pas de Dieu, et celui qui sème pour la chair moissonnera la corruption (Gal. 6:8) : si ce n’est pas par un jugement public, c’est néanmoins la récompense du mal dans le sein du coupable. « Vous mourrez dans votre péché » (8:21). Ils rejetaient Christ et s’accrochaient à leur propre volonté et à leur propre voie. Il n’y avait pas de communion entre eux et Lui. « Mon âme fut ennuyée d’eux, et leur âme aussi se dégoûta de moi » (Zach. 11:8). L’issue le rendrait encore plus apparent : « Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir ». Ils ne pouvaient Le suivre.

Le Seigneur allait au ciel, à Son Père. Leur trésor n’était pas là, et leur cœur non plus par conséquent, tandis que les deux (le ciel et le Père) étaient Sa part. Et aussi, de même que la grâce attire le cœur du croyant à Christ, la foi Le suit là où Il est, et Il viendra et nous y amènera au temps voulu, afin que, là où Il est, là nous puissions être aussi (14:3). L’incrédulité s’accroche au moi, à la terre, pour présenter les choses ; c’est ce qui en était, et qui en est des Juifs : « Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir » (8:22). Ils rejetaient le seul qui pouvait sevrer de la terre ou rendre prêt pour le ciel, en ayant affaire avec eux dans leur péché afin qu’ils ne meurent pas dans ce péché, mais qu’Ils vivent par Lui. Mais Lui, ils ne voulaient pas L’avoir, et ils sont perdus, et ils le prouvaient par leur estimation complètement fausse de Lui et d’eux-mêmes, que ce soit dans le présent ou dans le futur, comme nous le voyons dans ce qui suit. « Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il, qu’il dise : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir ?» Il n’y avait rien de trop mauvais à imputer à Celui qu’ils haïssaient de plus en plus.

Mais Il leur révèle davantage. « Et il leur dit : Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut : vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés » (8:23-24a). Ici le Seigneur dévoile solennellement les sources des choses. Être de ce monde maintenant, ce n’est pas simplement être de la terre, mais d’en bas. Tels sont les Juifs qui rejettent Jésus, Lequel n’est pas de ce monde mais d’en haut. Ils mourraient donc dans leur péché : leur nature étant mauvaise autant que leurs œuvres, et comme ils refusaient l’unique lumière de vie, comment pourraient-ils finir autrement ? « Car si vous ne croyez pas que c’est moi, vous mourrez dans vos péchés » (8:24b). La vérité brille pleinement d’un Christ rejeté — non pas seulement Sa gloire personnelle, mais leur soumission à Satan, qui les emploie pour Le déshonorer. Mais Son rejet est leur ruine éternelle. Ils meurent dans leurs péchés, et ont comme juge Celui qu’ils ont refusé de croire pour la vie éternelle.

 

9.3.2        Jean 8:25-26

« Ils lui disaient donc : Toi, qui es-tu ? Et Jésus leur dit : Absolument (*) ce qu’aussi je vous dis » (8:25). Jésus n’est pas simplement le chemin et la vie, mais Il est la vérité. Il est, dans le principe de Son être, ce qu’aussi Il dit. Il ne pouvait y avoir de réponse moins attendue et plus flétrissante vis-à-vis de ce qu’ils pensaient d’eux-mêmes et de Lui. Lui seul de tous les hommes pouvait en dire autant ; et pourtant Il était le plus humble des hommes. Son chemin et Ses paroles étaient en parfait accord ; et tout exprimait la pensée de Dieu. Ce n’est pas simplement qu’Il faisait ce qu’Il disait, mais Il est totalement et essentiellement ce qu’aussi Il expose en parole. La vérité est la réalité des choses dites. Nous ne pouvons connaître Dieu que par Lui, ni ne pouvons connaître l’homme que par Lui. Le bien et le mal sont manifestés et détectés seulement par Lui, et Il s’identifie Lui-même à Son discours.

 

(*) La Version Autorisée ici est fautive, comme beaucoup d’autres anciennes et modernes. Il est vrai que άρχήν avec ou sans article peut être utilisé en grec courant pour « en premier » ou « précédemment ». C’est le cas dans la Septante en Genèse 13:4 et 43:18, 20, etc. ; et c’est ainsi que Nonnus a compris le langage de notre évangéliste dans ce passage. Cependant dans cette phrase remarquable, le sens du mot n’est pas le sens temporel, mais un sens à caractère d’archétype, ou de premier principe. [Suit une discussion des traductions de Tyndale (1534), de Cranmer (1539), de la version de Reims, de la Vulgate, du codex Vero, du codex Brix, de la version de Genève]. — [Note Bibliquest : Carrez, le Nouveau Testament en français courant et la TOB donnent le sens temporel rejeté par l’auteur, et par JND]

Comme le quatrième évangile emploie ostensiblement έν άρχή, άπ’ άρχής [au commencement, dès le commencement] (et dans deux cas έξ άρχής), il y a d’autant moins de raison de confondre la seule occurrence (8:25) de τήν άρχήν avec l’un d’eux. Le Seigneur utilise la phrase d’une manière marquée comme réponse à la question : «Toi, qui es-tu?» posée par les pharisiens incrédules et méprisants. Il avait déjà déclaré être la lumière du monde, mais qu’ils ne connaissaient ni Lui ni Son Père, et qu’ils allaient mourir dans leur péché à cause de leur incrédulité. Il n’avait pas encore divulgué en paroles Son Être éternel comme au v. 58, mais Il s’en rapproche progressivement à partir de l’épisode qui ouvre le chapitre de manière si appropriée. La loi de mort dans la main de l’homme est impuissante devant la Lumière de la Vie, qui est d’en haut, et non pas de ce monde. Il est la Parole de Dieu. Lui, et Lui seul, quand Il était contesté, pouvait dire : « Je suis absolument [kuinoel], entièrement, ce qu’aussi je vous dis ». Son discours exprime parfaitement qui Il est. Ce qu’Il est essentiellement [Alford], précisément [Godet], c’est ce qu’Il dit. Ces alternatives, suggérées par divers interprètes, diffèrent sans aucun doute en degré d’exactitude ; mais en substance, elles s’accordent pour identifier le Seigneur avec ce qu’Il prononce, car Lui est la vérité. Elles semblent meilleures que « originellement », qui n’est guère mieux que « au début », ou « au commencement », et qui, bien que souvent légitime, semble tout à fait hors de place lorsqu’on l’applique à Christ, le témoin fidèle, qui est « le même hier, aujourd’hui et éternellement ». Lui seul pouvait dire qu’Il était entièrement ce qu’aussi Il disait. M. McClellan a raison de soutenir que la parole du Christ révèle Son Être éternel ; mais « originellement » ne manque-t-il pas de transmettre cette pensée ?

[L’auteur continue en discutant la traduction fournie par toute sorte d’auteurs, remontant même au sanscrit]. « Absolument [ou, en principe] ce qu’aussi je vous dit », reflète d’une manière juste la langue, l’ordre des mots, la grammaire, et par-dessus tout la portée du contexte et de cette phrase en particulier. Il n’est pas nécessaire, par conséquent, de faire un lien entre la fin du v. 25 et le début du 26, comme Bengel, Raphelius, et Wakefield le suggèrent..

 

Tel était Celui que les Juifs étaient en train de rejeter. C’est là et alors qu’ils ont perdu la vérité. Impossible d’avoir la vérité en dehors de Jésus, qui ajoute : « J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger ; mais celui qui m’a envoyé est vrai, et les choses que j’ai ouïes de lui, moi, je les dis au monde » (8:26). Bien que Fils, Il était serviteur, et disait la vérité nécessaire qu’il plaisait au Père de dire, non pas selon l’abondance de ce qu’Il avait à dire et à juger à l’égard des Juifs (8:26).

 

9.3.3        Jean 8:27-30

Il n’est possible de connaître le Père qu’en recevant le Fils ; et Lui, ils L’ont rejeté, et ont continué jusqu’à la croix. « Ils ne connurent pas qu’il leur parlait du Père. Jésus donc leur dit : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez que c’est moi, et que je ne fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses. Et celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent » (8:27-29). Il est la vérité effectivement, la vérité présentée par Dieu qui teste l’âme. Un témoignage précédent, pourtant vrai, ne provoque pas d’opposition de la même manière. Souvent, en effet, l’incrédulité se prévaut du passé pour renforcer son antagonisme présent à ce que Dieu est en train de faire. Ainsi, les Juifs se prévalaient de l’unité de Dieu pour nier le Fils et le Père, car ils ne savaient pas de qui Jésus parlait. Sa croix pourrait ne pas les convaincre divinement ni gagner leur cœur à Dieu ; mais elle les convaincrait d’un rejet délibéré et volontaire du Messie, et prouverait que ce qu’Il disait était prononcé de la part de la plus haute autorité. Comme Il avait été envoyé, ainsi Il avait été enseigné. Le Père était avec Lui aussi, car Christ faisait toujours les choses qui Lui plaisent. Si nous connaissons cela dans notre mesure, combien était-ce vrai de manière bien plus pleine et ferme pour Celui qui ne péchait pas, et dans la bouche duquel on ne trouvait pas de fraude !

Combien il est solennel de peser la force de « Quand vous aurez élevé le fils de l’homme, alors vous connaîtrez que c’est moi, et que je ne fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses ! » Car le Fils de l’homme équivaut à Son titre comme Messie rejeté, et comme juge établi des vivants et des morts (Actes 10:42). C’est avec ce titre qu’Il a été crucifié, et aussi qu’Il reviendra pour le royaume de la gloire universelle selon le Psaume 8 et Daniel 7. Qu’il est terrible de savoir cela trop tard, quand l’orgueil ferme la porte à la repentance pour reconnaître la vérité (2 Tim. 2:25) !

C’est un fait encourageant de constater qu’un moment de dénigrement incrédule peut être utilisé par Dieu pour travailler intensivement dans les âmes. « Comme il disait ces choses, beaucoup [ou : plusieurs] crurent en lui » (8:30). Or la foi, lorsqu’elle est donnée divinement, est inséparable de la vie, elle s’exerce en toute liberté, et elle est soumise au Fils de Dieu ; quand elle est humaine, elle se lasse vite de Sa présence, et elle abandonne Celui qu’elle n’a jamais réellement apprécié, pour laisser libre cours aux pensées et aux voies de rébellion contre Lui. D’où l’urgence de l’appel solennel du Seigneur. Continuer en Lui et avec Lui est de Dieu.

 

9.4   Jean 8:31-59

9.4.1        Jean 8:31-47

« Jésus donc dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez rendus libres ? Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous dis : Quiconque pratique le péché est esclave du péché. Or l’esclave ne demeure pas dans la maison pour toujours ; le fils y demeure pour toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. Je sais que vous êtes la postérité d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole n’a pas d’entrée auprès de vous. Moi, je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; vous aussi donc, vous faites les choses que vous avez entendues de la part de votre père. Ils répondirent et lui dirent : Abraham est notre père. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham ; mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai ouïe de Dieu : Abraham n’a pas fait cela. Vous, vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent donc : Nous ne sommes pas nés de la fornication ; nous avons un père, Dieu. Jésus leur dit| : Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi je procède de Dieu et je viens de lui ; car je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. Pourquoi n’entendez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole. Vous, vous êtes de votre père le diable, et vous voulez faire les convoitises de votre père. Lui a été meurtrier dès le commencement, et il n’a pas persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et le père du mensonge. Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. Qui d’entre vous me convainc de péché ? Si je dis la vérité, vous, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous, vous n’entendez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu » (8:31-47).

 

9.4.1.1                 Jean 8:31-33

Demeurer dans Sa parole est donc la condition pour être en vérité disciple de Christ. D’autres peuvent être très intéressés, mais ils se lassent vite, ou se tournent rapidement vers d’autres objets. Le disciple de Christ s’attache à Sa parole, et trouve de nouvelles sources dans ce qui a commencé à l’attirer. Sa parole se démontre être ainsi divine, comme l’est la foi qui demeure en elle, et ainsi la vérité n’est pas seulement apprise mais connue. Le vague et l’incertitude disparaissent, tandis que la vérité, au lieu d’engendrer la servitude comme la loi, rend l’âme libre [ou : l’affranchit] quel que soit son esclavage précédent. Il y a croissance dans la vérité et liberté par elle. La loi s’occupe de la volonté de l’homme, corrompue et orgueilleuse, pour la condamner de la part de Dieu, et cela est juste ; la vérité communique la connaissance de Christ selon qu’Il est révélé dans Sa Parole, et ainsi elle donne la vie et la liberté : des privilèges incompréhensibles à l’homme naturel, qui déteste la grâce souveraine de Dieu autant qu’il s’exalte et s’aime lui-même, tandis qu’il méprise les autres et s’en méfie. L’homme donc, pour obtenir la justice, n’a pas d’autre pensée que la loi. Les hommes ne connaissent pas la vertu de la vérité, et redoutent la liberté comme si elle devait se terminer dans la licence ; tandis qu’en même temps, ils sont fiers de leur propre position, comme si elle était inaliénable, et comme si Dieu était leur serviteur, au lieu que ce soient eux qui sont tenus d’être Ses serviteurs. C’est pourquoi les Juifs répondirent à Jésus : « Nous sommes la postérité d’Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez rendus libres ? » (8:33).

La vérité était loin de cela. Même extérieurement, pour ne pas parler de l’âme, les Juifs étaient, et avaient été depuis longtemps, dans la servitude des nations. Ainsi Esdras avouait à l’offrande du soir : « Dès les jours de nos pères jusqu’à ce jour, nous avons été grandement coupables ; et à cause de nos iniquités, nous, nos rois, nos sacrificateurs, nous avons été livrés en la main des rois des pays, à l’épée, à la captivité, et au pillage, et à la confusion de face, comme [il paraît] aujourd’hui ; et maintenant, pour un moment, nous est arrivée une faveur de la part de l’Éternel notre Dieu, pour nous laisser des réchappés et pour nous donner un clou dans son saint lieu, afin que notre Dieu éclaire nos yeux et nous redonne un peu de vie dans notre servitude, car nous sommes serviteurs ; mais, dans notre servitude, notre Dieu ne nous a pas abandonnés, et il a étendu sa bonté sur nous devant les rois de Perse », etc. (Esdras 9:7-9). De même Néhémie confessait aussi : « Et tu différas à leur égard pendant beaucoup d’années, et tu rendis témoignage contre eux par ton Esprit, par le moyen de tes prophètes ; mais ils ne prêtèrent pas l’oreille, et tu les livras en la main des peuples des pays… Voici, nous sommes aujourd’hui serviteurs ; et quant au pays que tu donnas à nos pères pour qu’ils en mangeassent le fruit et les bons produits, voici, nous y sommes serviteurs ; et il rapporte beaucoup aux rois que tu as établis sur nous à cause de nos péchés ; et ils dominent à leur gré sur nos corps et sur notre bétail, et nous sommes dans une grande détresse » (Néh. 9:30, 36-37).

 

9.4.1.2                 Jean 8:34

Ainsi des hommes de conscience le ressentaient alors qu’ils se trouvaient sous des conquérants bien plus doux que les Romains qui dominaient maintenant. Ce n’est pas que les Juifs alors aient reçu un soulagement, mais ils étaient tellement habitués au joug qu’ils l’oubliaient et le niaient complètement. Et quant à ce que la cause en fût le juste gouvernement de Dieu extérieurement, leur estimation de leur véritable état devant Dieu était encore bien moins correcte, et c’est cet état que le Seigneur Jésus faisait ressortir maintenant. Leur esprit hautain fut piqué au vif par Sa parole qui mettait à nu leur asservissement à l’ennemi. « Nous sommes la postérité d’Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez rendus libres ? » Jésus, dans Sa réponse, apporte la lumière de Dieu, pour l’éternité certes, mais aussi pour le présent. « En vérité, en vérité, je vous dis : Quiconque pratique le péché est esclave du péché ». Combien cela est vrai, solennel et humiliant ! Il n’y a pas d’esclavage aussi réel et aussi dégradant que celui du péché : pouvaient-ils sérieusement contester que ce fût leur cas ? L’incrédulité aveugle vraiment quant à l’état moral, et même vis-à-vis des simples faits. Seule la grâce délivre, et par la vérité lorsqu’on la croit.

 

9.4.1.3                 Jean 8:35-36

Mais le Seigneur en dit davantage. Personne sous le péché n’est en droit de parler de permanence. Celui-là n’existe que par tolérance jusqu’au jugement. Il n’y avait pas d’esclavage quand Dieu créa, et fit tout selon Sa pensée ; et il n’y en aura pas quand Il fera toutes choses nouvelles. L’esclave, dans tous les sens du terme, n’appartient qu’au règne éphémère du péché et de la douleur. C’est ainsi que le Seigneur parle : « Or l’esclave ne demeure pas dans la maison pour toujours ». Il y a une autre relation qui convient à la volonté de Dieu, mais elle est en contraste complet : « le fils y demeure pour toujours ». Mais il y a infiniment plus en Christ. Il n’est pas seulement Fils, mais « le Fils ». Il est le Fils dans Son propre droit et titre, comme Dieu et quand Il fut homme, dans le temps et dans l’éternité. Il n’est donc pas seulement « libre », comme tous les fils le sont, mais Sa gloire est telle qu’Il peut rendre libre, et qu’Il rend effectivement libre, en vertu de la grâce qui est de Son seul ressort. Ainsi, ce n’est pas seulement la vérité qui rend libre, là où la loi ne pouvait que condamner, mais le Fils donne et confirme le même caractère de liberté selon Sa propre plénitude. C’est une question de ce qui convient non pas simplement à eux, mais à Lui. Il pouvait affranchir ceux qui L’écoutaient et demeuraient dans Sa parole, et ainsi Il rendait libre et rien d’autre que libre. C’est digne de Lui de délivrer du péché et de Satan ; et « si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres ». Il rend libre selon une manière divine. Il sort de la servitude du péché et introduit dans une relation selon Son propre caractère, tandis que le premier homme fit du péché notre triste héritage. Le dernier Adam est un esprit vivifiant et un Libérateur. Tenons ferme dans Sa liberté, et ne nous laissons pas de nouveau entraver sous un quelconque joug de servitude, selon l’exhortation que l’apôtre adresse aux Galates à l’encontre du mauvais usage de la loi, quelle qu’en soit la forme (Gal. 5:1).

 

9.4.1.4                 Jean 8:37-41a

Être la postérité d’Abraham, comme le Seigneur le fait savoir aux Juifs, est une triste sauvegarde. On pouvait être d’Abraham, et être le pire ennemi de Dieu. Tels étaient alors les Juifs, qui cherchaient à tuer Christ, parce que Sa parole n’avait pas d’entrée auprès d’eux. Chacun agit selon sa source ; le caractère s’ensuit. C’est ainsi que notre Seigneur daigne dire : « Moi, je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; vous aussi donc, vous faites les choses que vous avez entendues de la part de votre père ». Être d’Abraham ne sauve pas de Satan. Écouter le Fils, croire en Lui, c’est tirer sa propre nature de Dieu et avoir la vie éternelle. Ils se glorifiaient beaucoup d’Abraham, alors qu’ils étaient encore dans les ténèbres de l’incrédulité et sous la puissance de l’ennemi. C’est pourquoi « ils répondirent et lui dirent : Abraham est notre père. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham ; mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai ouïe de Dieu : Abraham n’a pas fait cela. Vous, vous faites les œuvres de votre père » (8:39-41a). Il était admis qu’ils descendaient du père des fidèles ; mais ressemblaient-ils à la famille ? N’était-ce pas aggraver leur mal que d’être mis en contraste avec celui dont ils se vantaient d’être issus ? Abraham crut, et cela lui fut compté à justice. Eux ne croyaient pas, mais cherchaient à tuer l’Homme, quoique qu’Il fût le Fils de Dieu qui leur disait la vérité qu’Il avait entendue de Dieu le Père. De qui ces œuvres étaient-elles ? Certainement pas d’Abraham, mais d’un père très différent. Ils étaient corrompus et violents.

 

9.4.1.5                 Jean 8:41b-47

Les Juifs sentirent ce que cela impliquait, et le prirent de suite de haut. « Ils lui dirent donc : Nous ne sommes pas nés de la fornication ; nous avons un père, Dieu. Jésus leur dit : Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi je procède de Dieu et je viens de lui ; car je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. Pourquoi n’entendez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole. Vous, vous avez pour père le diable, et vous voulez faire les convoitises de votre père. Lui a été meurtrier dès le commencement, et il n’a pas persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et le père du mensonge. Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. Qui d’entre vous me convainc de péché ? Si je dis la vérité, vous, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous, vous n’entendez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu » (8:41b-47).

 

9.4.1.6                 Jean 8:42-45

L’affaire est donc close en ce qui concerne les Juifs. Ils étaient du diable sans aucun doute, comme cette controverse solennelle le prouvait. C’est vraiment la condamnation de l’homme comme étant contre Christ, dans tous les pays, toutes les langues et tous les âges. Il ne se manifeste pas autrement lorsqu’il est testé par la vérité, par le Fils ; même si les circonstances diffèrent, voilà l’aboutissement, et cela se révèle le pire là où l’apparence est la meilleure. S’il y avait une famille sur la terre qui semblait la plus éloignée de l’impureté, c’était bien les Juifs ; s’il y en avait qui pouvaient prétendre avoir Dieu comme leur Père, c’était eux par-dessus tous. Mais Jésus est la pierre de touche ; et cela démontre qu’ils sont ennemis de Dieu, et non pas ses enfants ; sinon ils auraient aimé Celui qui était venu de Dieu, et qui était alors présent au milieu d’eux, — qui n’était pas venu de Sa propre initiative, mais avait été envoyé par Dieu (8:42). Il vint, et fut envoyé dans un amour au-delà de la pensée et de la mesure de l’homme ; et ils se levèrent contre Lui dans la haine, cherchant à Le tuer.

Les Juifs ne connurent même pas Son discours, tant ils étaient totalement étrangers à Lui et à Dieu qui parlait par Lui. La raison est très grave : ils ne pouvaient pas entendre Sa parole (8:43). C’est par la compréhension de la pensée, de la portée et de l’esprit de la personne qui parle que l’on connaît le langage, et non l’inverse. Si le but interne n’est pas reçu, la forme extérieure reste inconnue. C’est ce qui arrivait avec Jésus parlant aux Juifs ; c’est ce qui en est au plus haut point avec le témoignage dans les écrits de Jean maintenant. Les hommes se plaignent du mysticisme dans l’expression, parce qu’ils n’ont aucune idée de la vérité qu’il veut exprimer. L’obstacle est dans la puissance d’aveuglement du diable, qui est la source de leurs pensées et de leurs sentiments aussi sûrement qu’il est l’adversaire de Christ. Les jugements des hommes proviennent de leur volonté et de leurs affections ; or celles-ci sont sous l’emprise de Son ennemi. Et comme il pousse les hommes, surtout ceux qui sont les plus responsables de se courber devant Christ (comme les Juifs d’alors), — comme il les pousse à pratiquer les convoitises de leur père, il en résulte naturellement de la violence et du mensonge. Car Satan est meurtrier dès le commencement, et ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui (8:44), le grand adversaire personnel du Fils.

Seul parmi les hommes, Jésus est la Vérité ; Il n’est pas seulement Dieu, mais Il est Celui qui révèle Dieu à l’homme. En Lui il n’y a pas de péché, et Il n’a pas péché, ni la fraude n’a pas été trouvée dans Sa bouche (1 Pierre 2:22). Il était le contraire évident du diable, à tous égards, car le diable, lorsqu’il profère le mensonge, parle de son propre fonds, parce qu’il est menteur et le père du mensonge. Jésus est la vérité, et la fait connaître à ceux qui, autrement, ne pourraient pas la connaître. « Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas » (8:45). Combien est terrible le jugement de Dieu sur de telles personnes, et pourtant combien il est juste ! Car nous sommes sûrs que le jugement de Dieu est selon la vérité ; quelle peut être la fin de ces choses sinon la mort et le jugement ?

 

9.4.1.7                 Jean 8:46-47

Finalement, le Seigneur les défie, afin de mettre à nu leur méchanceté sans fondement. « Qui d’entre vous me convainc de péché ? Si je dis la vérité, vous, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous, vous n’entendez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu » (8:46-47). Il était le Saint, autant que la Vérité, et sûrement les deux vont ensemble. Et c’est ainsi qu’ils étaient démontrés être, en paroles et en actes, en pensée et sentiment, totalement étrangers à Dieu, et rebelles contre Lui. Ils n’étaient pas de Dieu, sauf dans une prétention hautaine qui rendait encore plus criants leur éloignement de Lui et leur opposition contre Lui. Au lieu de convaincre Christ de péché, ils étaient eux-mêmes esclaves du péché ; au lieu de dire la vérité, ils rejetaient Celui qui est la Vérité ; au lieu d’entendre les paroles de Dieu, ils haïssaient Celui qui les disait parce qu’ils n’étaient pas de Dieu mais du diable. Terrible image de Ses adversaires que la lumière infaillible ne manquait pas de faire paraître et de laisser marquée à jamais de manière ineffaçable ! Ne pas être de Dieu, c’est être totalement dépourvu de bien, et laissé dans le mal, exposé à ses conséquences, selon le jugement de Celui qui ne changera pas et ne peut pas changer quant à Son horreur du mal. Voilà ce qu’étaient et ce que sont, ceux qui rejettent Jésus.

Il n’y a rien qu’un homme admette autant à contrecœur que le mal en lui-même ; il n’y a rien qui l’indigne autant que quelqu’un dise du mal de lui, et le laisse sans échappatoire. Il en était ainsi maintenant avec les Juifs que le Seigneur niait être de Dieu, tandis qu’ils n’entendaient pas Ses paroles. Leur propre-suffisance n’avait jamais été autant troublée auparavant. Le mépris des païens n’était rien comparé à une telle qualification, d’autant plus sévère qu’elle était une vérité évidente. Car sa base était indiscutable. Qui pourrait douter que celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ? Qu’il était solennel, alors, d’être en face du fait que Celui qui parlait comme jamais personne ne parla, déclarait avec un calme rempli de sainteté qu’ils n’étaient pas de Dieu puisqu’ils n’entendaient pas ! La conscience pouvait se crisper, mais elle refusait de se courber. La volonté seule se manifestait, — la mauvaise volonté, — sauf, en effet, qu’elle était animée d’en bas.

 

9.4.2        Jean 8:48-51

« Les Juifs répondirent et lui dirent : Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as un démon ? Jésus répondit : Moi, je n’ai point un démon, mais j’honore mon Père, et vous, vous jetez du déshonneur sur moi. Mais pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il y en a un qui cherche, et qui juge. En vérité, en vérité, je vous dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra point la mort, à jamais » (8:48-51). Dès lors les Juifs, incapables de réfuter la vérité, et refusant de la reconnaître, se réfugièrent dans une réplique insolente et des invectives. Ils justifient et répètent ouvertement leur utilisation à Son égard du terme « Samaritain » ; car à leurs yeux, qu’est-ce qui pouvait mieux démontrer l’inimitié que de refuser leur revendication d’être par excellence le peuple de Dieu ? S’Il les déclarait être de leur père, le diable, ils n’hésitaient pas à répliquer qu’Il avait un démon. Ils osaient impliquer qu’Il était en dehors de l’Israël de Dieu et du Dieu d’Israël. Pourtant, Il était le véritable Israël et le vrai Dieu.

Aucun chrétien n’a jamais souffert davantage que Christ dans ce chemin de déshonneur. Le disciple n’est pas au-dessus de son Seigneur, et ne peut s’attendre à y échapper. Et personne n’est aussi enclin à blâmer faussement les autres que ceux qui sont eux-mêmes de réels esclaves de l’ennemi. Mais apprenons de Celui qui était débonnaire et humble de cœur, et qui repousse maintenant tranquillement leur accusation d’avoir un démon. Il n’en était pas ainsi, mais Il honorait Son Père, et eux Le déshonoraient. Pourtant, il n’y avait pas de rancune personnelle de Sa part, comme c’est le cas chez ceux qui, aujourd’hui, cherchent leur propre honneur, ou cherchent à blesser quand ils peuvent, jusqu’à insulter. « Mais pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il y en a un qui cherche, et qui juge » (8:50). Il laisse tout à Son Père, étant content de servir, pouvant sauver et étant prêt à le faire. « En vérité, en vérité, je vous dis : Si quelqu’un » — même s’il était le plus vil de ses ennemis — « garde ma parole, il ne verra point la mort, à jamais » (8:51). Une telle déclaration était digne d’être dite en toute solennité de Sa part, et d’être reçue en toute acceptation de la leur.

 

9.4.3        Jean 8:52-59

« Les Juifs donc lui dirent : Maintenant nous connaissons que tu as un démon : Abraham est mort, et les prophètes, et toi, tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera point la mort, à jamais. Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? et les prophètes sont morts. Qui te fais-tu toi-même ? Jésus répondit : Si moi je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui de qui vous dites : Il est notre Dieu. Et vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais : et si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur, semblable à vous ; mais je le connais, et je garde sa parole. Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour ; et il l’a vu, et s’est réjoui. Les Juifs donc lui dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ! Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Avant qu’Abraham fût, je suis. Ils prirent donc des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple, passant au milieu d’eux; et ainsi Il s’en alla » (8:52-59).

L’incrédulité raisonne d’après ses propres pensées, et n’est jamais aussi confiante que quand elle a complètement tort. Aussi les Juifs, interprétant de travers les paroles fidèles du Seigneur Jésus, s’en prévalent triomphalement comme la preuve qu’Abraham et les prophètes ne pouvaient pas avoir été de son école, car eux, indiscutablement, étaient déjà morts. Il devait donc être possédé pour parler ainsi (8:52). Se présentait-Il pour être plus grand qu’eux ? Qui se faisait-Il Lui-même ? (8:53). Hélas, c’est ici que l’homme, Juif ou Gentil, est aveugle. Jésus ne se faisait rien, Il s’anéantissait, prenant la forme d’esclave, devenant homme bien qu’étant Dieu sur toutes choses, béni éternellement (Rom. 9:5), et devenant un homme abaissé et exalté par Dieu le Père. Si l’œil est simple, tout le corps est plein de lumière. Il en était ainsi de Lui qui vint ici-bas et devint homme pour faire la volonté de Dieu en qui Il pouvait se confier, et en qui Il se confia effectivement pour Le glorifier. Son chemin était un chemin de communion et d’obéissance ininterrompues. Il ne cherchait jamais Sa propre gloire, Il gardait toujours la parole de Son Père ; Il pouvait dire, du début à la fin, je Le connais ; en tout Il nous a laissé un exemple afin que nous suivions Ses traces (1 Pierre 2:21). Nous pouvons apprendre de Lui : car si c’était la plus grossière présomption pour les hommes du monde d’affecter de connaître Dieu le Père, c’est le plus grand tort pour un de Ses enfants de le nier. « Si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur, semblable à vous » (8:55b). Mais Celui qui prétend Le connaître garde Sa parole, et par-là donne le témoignage de la réalité de cette affirmation. L’Esprit de vérité est l’Esprit Saint, et là où Il communique la vérité, Il travaille aussi efficacement en sainteté, selon la volonté de Dieu.

Mais le Seigneur n’hésita à affronter leur défi sur Abraham, et fit savoir aux Juifs que le père des fidèles exultait de voir Son jour (comme toujours, je présume qu’il s’agit de Son apparition en gloire, qui est le jour où les promesses seront accomplies), et il l’a vu et s’est réjoui (8:56). Dans le contexte, c’était, bien sûr, par la foi, comme le fait de ne pas voir ou de ne pas goûter la mort ; mais les Juifs prirent tout sous l’angle matériel et physique ; et en réponse à leur argument basé sur Son âge relativement jeune pour nier qu’Abraham ait pu Le voir, Il prononce cette déclaration encore plus profonde : « En vérité, en vérité, je vous dis, avant qu’Abraham fût, je suis » (8:58), c’est-à-dire « Je suis Celui qui subsiste à toujours ».

C’était dit : la belle confession (1 Tim. 6:13) devant les Juifs, la vérité suprême, l’infini mystère de Sa Personne, dont la connaissance consiste à connaître le vrai Dieu et la vie éternelle, puisqu’Il est les deux. Tel Il était, tel Il est, d’éternité en éternité. L’incarnation n’a en aucune façon porté atteinte à ce qu’Il est, mais a plutôt donné l’occasion de le révéler aux hommes dans l’homme. Lui qui était Dieu est devenu homme ; et comme Il ne peut cesser d’être Dieu, de même Il ne cessera pas d’être homme. Il est l’Éternel, mais aussi un homme, et a pris la condition d’homme en union avec Lui-même, le Fils la Parole, non pas seulement auprès de Dieu, mais Dieu également. « Avant qu’Abraham fût (γενέσθαι), je suis (είμί) » (8:58). Abraham est né. Jésus est Dieu, et Dieu est. « Je suis » est l’expression de l’existence éternelle, l’expression de la Déité. Il aurait aussi pu dire en vérité « Avant qu’Adam fût, je suis » ; mais la question portait sur Abraham, et avec cette dignité calme qui ne va jamais au-delà de la vérité nécessaire, Il l’affirme, sans plus ; mais ce qu’Il affirme ne pouvait pas être vrai, s’Il n’était pas Le toujours-présent et immuable, le JE SUIS avant Adam, avant les anges et avant toutes choses ; car en effet, c’est Lui qui les avait créés. Toutes choses furent faites par Lui, et sans Lui pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait (1:3).

L’ignorance fatale du monde, c’est de ne pas Le connaître ; Le renier, c’est le mensonge incrédule des Juifs, comme de tous ceux qui prétendent connaître Dieu de façon indépendante, et à l’exclusion de Sa gloire divine. Et c’est la mort en vivant, la mort éternelle, qui sera bientôt la seconde mort, non pas l’extinction, mais le châtiment dans l’étang de feu. En attendant l’incrédulité peut montrer sa malveillance en toute impunité. « Ils prirent donc des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple » (8:59). Les paroles restantes [passant au milieu d’eux; et ainsi Il s’en alla] sont probablement tirées de Luc 4:30, bien que de nombreux témoins (A, C, E, L, K, Δ, etc., avec certaines versions très anciennes) les insèrent.

 

10                  Chapitre 9

La lumière de Dieu avait brillé en Jésus (lumière non pas seulement des Juifs, mais du monde) ; pourtant Il était rejeté, de plus en plus et complètement, et avec une haine mortelle. Il n’y avait aucun miracle opéré. C’est par-dessus tout Ses paroles que nous entendons, mais affirmant constamment la gloire divine de Sa Personne. Cela réveillait, comme c’est toujours le cas, la rancœur de l’incrédulité. Ils ne croient pas en Lui, parce qu’ils ne se courbent ni devant leur propre ruine, ni devant la grâce de Dieu, descendue ainsi à la rencontre de l’homme, et révélant le Dieu qui est inconnu. Mais Jésus poursuit Son chemin d’amour, et le déploie sous une forme nouvelle et appropriée, seulement avec le résultat d’essuyer à nouveau un rejet du même genre, comme on va le voir dans les ch. 9 et 10.

 

10.1                      Jean 9:1-12

10.1.1    Jean 9:1-5

« Et comme il passait, il vit un homme aveugle dès sa naissance. Et ses disciples l’interrogèrent, disant : Rabbi, qui a péché : celui-ci ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ni celui-ci n’a péché, ni ses parents ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour ; la nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (9:1-5).

C’était un acte de pure grâce que le Seigneur allait faire. Personne n’avait fait appel à Lui, pas même l’aveugle ni ses parents. Les disciples posent seulement une question, l’une de ces spéculations de curiosité auxquelles se plaisaient les Juifs d’alors : était-ce le péché de cet homme ou de ses parents qui lui avait valu cette cécité congénitale ? En Judée, on ne trouvait pas encore répandu ce genre de fantaisie pythagoricienne selon laquelle un homme pouvait avoir péché dans une vie antérieure sur la terre, et être puni pour cela dans une vie ultérieure sur terre. Il n’y a pas non plus de raison suffisante pour endosser la vue d’un auteur pieux et savant selon laquelle les disciples auraient envisagé la notion de péché avant la naissance, que les rabbins tirèrent par la suite de Genèse 25:22.

Il semble facile de comprendre, même si c’est étrange, qu’ils imaginaient un châtiment infligé à l’avance à quelqu’un dont le péché éventuel était prévu par Dieu. C’était sans doute un principe faux, mais il n’y a pas de difficulté à ce que cette question ait surgi de cette manière, car combien de questions ou assertions erronées de la part des disciples ont suscité une correction infaillible de notre Seigneur, si précieuse pour eux et nous ! Il expose maintenant le cas selon son but réel dans la pensée divine — afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. C’est aujourd’hui le jour de la grâce : c’est pour cela que Jésus était venu ; et ce cas était juste une occasion de manifester Sa puissance en grâce. Pourtant, l’homme ne comprend la grâce que par la foi, et même les croyants ne la comprennent que dans la mesure où la foi est en exercice. Le gouvernement est la pensée naturelle quand on voit que la connaissance de Dieu porte sur tout et tous ici-bas. Mais ce n’était pas alors, ni maintenant, le temps de Son gouvernement du monde. C’est là l’erreur des disciples comme autrefois celle des amis de Job : une erreur qui conduit les âmes non seulement à un esprit de censure ou de jugements erronés, mais qui fait oublier ses propres péchés et la nécessité de la repentance en s’occupant de ce qu’on estime être la vengeance de Dieu sur les autres.

Ici, cependant, le Seigneur ne met pas en avant le côté de propre-justice, dépourvue de charité, du pharisaïsme. Il parle de l’activité de la grâce et du propos de la grâce comme étant la clé. Il n’était pas question de péché, ni chez l’aveugle ni chez ses parents, mais de Dieu manifestant Ses œuvres au travers d’un besoin douloureux et affligeant. Dans ce monde, Il était la lumière du monde. Il était l’Envoyé et le Serviteur en faisant Son œuvre, et en disant Sa parole. Parfaitement Dieu, Il était parfaitement homme, ne déviant jamais de la place qu’Il avait prise ici-bas.

En outre, notre Seigneur ressentait la pression de son rejet, quel que soit le calme saint qui, chez Lui, pouvait si rapidement se détourner de la haine meurtrière de l’homme pour passer au travail de l’amour divin. « Il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour ; la nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler ». Il était la « lumière » du « jour » qui brillait alors pour Lui pour faire la volonté de Celui qui L’avait envoyé et pour manifester Son amour — oui, pour faire connaître Dieu (voir 1:18), que l’homme est autrement incapable de voir. En vérité le besoin était grand, car l’homme, comme celui de ce chapitre, était totalement aveugle. Mais Jésus était le Créateur, bien qu’Il fût homme parmi les hommes. S’Il était dans le monde, Il en était la lumière. Elle s’attachait aussi bien à Sa mission qu’à Sa Personne, en vertu de Sa nature divine.

 

10.1.2    Jean 9:6-7

« Ayant dit ces choses, il cracha en terre et fit de la boue de son crachat, et mit la boue comme un onguent sur ses yeux, et lui dit : Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (ce qui est interprété Envoyé). Il s’en alla donc, et se lava, et revint voyant » (9:6-7). Ce n’était pas un acte vide de sens de la part de Christ, ni simplement un test d’obéissance de la part de l’homme. C’était un signe de la vérité que ce chapitre révèle ou, du moins, un signe en harmonie avec elle. Car Celui qui manifestait là les œuvres de Dieu, était Lui-même un homme, et Il avait daigné prendre le corps préparé pour Lui — un corps très saint, sans aucun doute, comme il convenait au Fils de Dieu qui n’a pas connu le péché, et qui allait être fait péché pour nous sur la croix, mais néanmoins réellement né de femme, et participant au sang et à la chair comme les enfants (Héb. 2:14). Mais l’incarnation, si précieuse soit-elle, comme la grâce du Seigneur en elle, est en elle-même tout à fait insuffisante pour le besoin de l’homme ; elle semble même, au premier abord, ajouter plutôt à la difficulté, tout comme l’argile sur les yeux de l’homme. L’Esprit doit travailler par la parole, ainsi que le Fils envoyé dans le monde, Jésus Christ venu en chair. Sans le travail efficace de l’Esprit Saint dans l’homme, celui-ci ne peut pas voir. Comparez Jean 3. Il en est ainsi ici : l’homme doit aller au réservoir de Siloé, et s’y laver. L’attention est d’autant plus fixée là-dessus par l’interprétation donnée pour le mot Siloé. Il signifie la reconnaissance par l’âme de ce que Jésus était l’envoyé de Dieu, envoyé pour accomplir Sa volonté et achever Son œuvre, étant également le Fils pourtant serviteur, envoyé pour accomplir le grand salut de Dieu. Le cœur est ainsi purifié par la foi. Maintenant l’homme a des yeux pour voir, non pas quand l’argile y a été mise dessus, mais quand il les a lavés au réservoir de Siloé. Il faut Christ ici-bas, et il faut qu’Il soit un homme aussi [c’est l’incarnation], en contact avec les hommes dans toutes leurs ténèbres, mais ils reçoivent la vue seulement lorsque le Saint Esprit applique la parole à la conscience, et qu’ils Le reconnaissent comme l’Envoyé de Dieu. L’incarnation seule est nécessaire, mais non pas suffisante ; en plus de l’incarnation, le travail efficace de l’Esprit est aussi nécessaire pour que l’homme puisse voir selon Dieu. « Il nous sauva… selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, qu’il a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur, afin que, ayant été justifiés par sa grâce, nous devinssions héritiers selon l’espérance de la vie éternelle » (Tite 3:5-7).

 

10.1.3    Jean 9:8-12

« Les voisins donc, et ceux qui, l’ayant vu auparavant, [savaient] qu’il était mendiant, dirent : N’est-ce pas celui qui était assis et qui mendiait ? Quelques-uns disaient : C’est lui. D’autres disaient : Non, mais il lui ressemble. Lui dit : C’est moi-même. Ils lui dirent donc : Comment donc tes yeux ont-ils été ouverts ? Il répondit et dit : Un homme, appelé Jésus, fit de la boue et oignit mes yeux, et me dit : Va à Siloé et lave-toi. Et je m’en suis allé, et je me suis lavé, et j’ai vu. Et ils lui dirent donc : Où est cet [homme] ? Il dit : Je ne sais » (9:8-12).

Ceux qui étaient habitués au mendiant aveugle, ne pouvaient cacher leur surprise et leur perplexité ; car les yeux éteints sont une défiguration de premier ordre du visage humain, et les yeux vivants changeaient de manière inattendue toute l’expression de l’homme. Il n’est donc pas étonnant qu’ils fussent surpris ; pourtant le fait était certain, et l’évidence incontestable. Dieu prit soin qu’il y eût de nombreux témoins, et Il voulut rendre le témoignage d’autant plus sensible qu’il fut discuté et analysé. S’ils avaient su qui était Jésus, et pour quelle raison Il avait été envoyé, ils auraient compris la convenance de l’œuvre opérée ce jour-là. Or celui sur qui l’œuvre avait été opérée n’était pas flou dans ce qu’il disait. C’était lui l’homme qu’ils avaient l’habitude de voir assis et mendier. Son témoignage pour Jésus est tout à fait explicite. Il n’en savait pas encore beaucoup, mais ce qu’il savait, il le déclare de manière tout à fait décidée. Comment pouvait-il douter, lui dont les yeux avaient été ouverts ? Demandaient-ils comment cela s’était passé ? Sa réponse était prête et sans réserve : « Un homme, appelé Jésus, fit de la boue et oignit mes yeux, et me dit : Va à Siloé et lave-toi ». L’effet puissant s’ensuivi immédiatement : « Et je m’en suis allé, et je me suis lavé, et j’ai vu ». Ils demandaient où était Jésus ; alors l’homme est aussi franc dans la reconnaissance de son ignorance qu’il l’avait été auparavant dans la confession de ce qui avait réellement eu lieu. Qu’il ne soit pas revenu à Jésus en remerciement de la grâce de Dieu pourrait ne pas être à son honneur ; mais Dieu voulut utiliser cela pour montrer combien l’ouvrier et l’objet de l’œuvre étaient entièrement au-dessus de toute collusion. Combien peu ont l’honnêteté de dire « Je ne sais pas » quand ils savent aussi peu que celui qui reconnaît ici son ignorance ! Pourtant il n’y a rien de misérable à apprendre davantage.

Ensuite nous voyons que non seulement le Seigneur voulait attirer l’attention par le moyen des débats des hommes, et par le témoignage franc de l’homme, mais nous voyons qu’Il laisse l’homme temporairement afin que, par sa propre réflexion sur ce qui avait été fait et sa réponse à leurs questions, il soit préparé à la fois pour l’épreuve qui allait venir, et pour la bénédiction encore meilleure qui allait provenir de Lui et qui serait trouvée en Lui. L’agitation parmi les voisins allait être suivie rapidement par l’inquisition plus sérieuse des chefs religieux. Ceux-ci, comme nous le verrons, trouvèrent facilement, dans la bonne action, matière à alimenter leur malveillance habituelle envers ce qui honorait Dieu indépendamment d’eux. La religion mondaine, quelle que soit sa profession, est, réellement et toujours, un effort systématique pour faire de Dieu le serviteur de l’orgueil et de l’égoïsme de l’homme. Elle ne connaît pas l’amour, et n’apprécie pas la sainteté ; elle est offensée par la foi qui, se nourrissant de la Parole, rend culte par l’Esprit de Dieu et se glorifie en Jésus Christ, et n’a pas confiance en la chair (Phil. 3:3). Elle déteste marcher constamment dans la lumière, car elle ne veut de la religion qu’en temps utile pour servir de protection contre le jour de la mort et l’heure du jugement. Il était donc intolérable que le Fils de Dieu soit ici sur la terre, un homme présenté aux yeux des hommes — aveugles comme ils sont, — et qu’Il les envoie là où ils peuvent se laver et voir, en dehors de la religion établie selon les règles du pays, et sans l’intermédiaire de guides accrédités. C’est ce qui ressort clairement du récit instructif qui suit, une leçon puissante et intentionnelle, je n’en doute pas : C’était le Témoin de Dieu en œuvres, comme précédemment (ch. 8) en paroles.

Chaque fois que Dieu agit, les hommes religieux se dressent pour juger, et les voisins ont plus de crainte de leur déplaire que de compassion pour l’aveugle ou de joie au sujet de la guérison. Certains hommes sont accrédités par le monde, et pensent que c’est à eux qu’il revient de décider de telles questions, tandis que les autres aiment qu’il en soit ainsi. Alors que vont dire les pharisiens ? Auparavant, ils avaient ergoté.

 

10.2                      Jean 9:13-34

10.2.1    Jean 9:13-14

« Ils amenèrent aux pharisiens celui qui auparavant avait été aveugle » (9:13). Les pharisiens détectent vite une faille, à leurs yeux du moins. Ce n’était pas que l’homme n’avait pas été aveugle, ni que Jésus ne lui avait pas rendu la vue ; mais n’avaient-ils pas tous les deux violé la loi, spécialement Jésus ? « Or c’était un jour de sabbat que Jésus fit la boue, et qu’il ouvrit ses yeux » (9:14). Combien les hommes, en particulier ceux que l’opinion publique considère comme des piliers, sont peu enclins à penser que leur volonté les expose à Satan ! Or il est bien ainsi, surtout là où le Fils de Dieu est en cause, Lui qui a été manifesté afin de détruire les œuvres du diable (1 Jean 3:8), et nous donner une intelligence afin que nous connaissions Celui qui est le Véritable (1 Jean 5:20). Pourtant, ceux qui, se confiant dans leurs traditions, osent accuser le Sauveur, ceux-là se compromettent d’autant plus avec l’ennemi qu’ils se flattent d’être les défenseurs de la cause de Dieu. Ainsi sont-ils pris au piège pour leur propre destruction et celle de tous ceux qui les écoutent. « Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé » (5:23).

 

10.2.2    Jean 9:15-16

« Les pharisiens donc aussi lui demandèrent encore comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit : Il a mis de la boue sur mes yeux, et je me suis lavé, et je vois. Quelques-uns donc d’entre les pharisiens dirent : Cet homme n’est pas de Dieu, car il ne garde pas le sabbat. D’autres disaient : Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? Et il y avait de la division entre eux » (9:15-16). Ils sont mal à l’aise, même s’ils affectent une sainteté supérieure et du zèle pour l’honneur de Dieu. La puissance qui avait donné la vue là où la cécité avait toujours régné jusqu’ici, les surprenait et excitait leur curiosité, avec le désir de découvrir une source mauvaise, et d’éventuellement effrayer l’homme. Mais la grâce opérait en lui, et lui donna un courage tranquille pour confesser la bonne action opérée, quoique ce fût un jour de sabbat, mais sans dire un mot à ce sujet. « Il a mis de la boue sur mes yeux, et je me suis lavé, et je vois ». Dieu nous appelle tous, quand nous sommes bénis par Christ, à être des confesseurs, mais nous ne sommes pas tous appelés à être des martyrs ; or être des confesseurs est certainement le moins que nous Lui devions en louange, et en amour pour notre prochain.

Toute vraie confession est odieuse au monde religieux et à ses conducteurs. « Quelques-uns donc d’entre les pharisiens dirent : Cet homme n’est pas de Dieu, car il ne garde pas le sabbat » (9:16). Ce prétexte malveillant avait déjà été réfuté ; mais le pharisaïsme n’a pas de cœur pour la vérité, et ne s’y soumet pas. Elle n’avait jamais pénétré leurs consciences, ou bien ils l’avaient oubliée dans leur zèle pour les formes et les traditions. Mais combien est triste le fait de se tromper soi-même chez des hommes dépourvus de vraie sainteté, ou de réelle obéissance, osant accuser le Saint de Dieu !

Mais d’autres parmi eux n’étaient pas aussi aveuglés par l’esprit de parti ou l’envie personnelle, et ils s’aventurèrent à dire un mot, même s’ils ne firent rien de plus. « D’autres disaient : Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? » Tout ce qu’ils voulaient dire, c’était que Celui qui agissait ainsi ne pouvait être un trompeur ou un imposteur comme les autres l’imaginaient. Ils n’avaient pas de vue juste de Lui-même, ni de Sa Personne, ni de Sa relation avec Dieu. Ils n’avaient pas la moindre idée qu’Il était Dieu manifesté en chair ; mais ils se demandaient s’Il ne devait pas être « de Dieu », puisqu’Il faisait de tels miracles. « Et il y avait de la division entre eux ». Ainsi, comme ils n’étaient pas encore d’une même pensée, il y eut un retard au dessein de Satan.

 

10.2.3    Jean 9:17

Dans leur nervosité, ils examinent l’homme une nouvelle fois, et sont utilisés sans le vouloir par le Dieu de grâce pour l’aider à saisir et reconnaître la vérité qui est selon la piété (Tite 1:1). « Ils disent donc encore à l’aveugle : Toi, que dis-tu de lui, sur ce qu’il t’a ouvert les yeux ? Et il dit : C’est un prophète » (9:17). Le premier examen concernait le fait et la manière. Maintenant, ils veulent forcer l’homme à dire ce qu’il pense de son Bienfaiteur, désirant par malice trouver de quoi les condamner tous les deux. D’autre part, la grâce de Dieu est aussi manifeste que douce en ce qu’elle utilise à Sa propre gloire l’épreuve douloureuse et l’exercice de l’âme, par le moyen de l’homme qui n’en est que d’autant plus encouragé et béni. Il connaissait leur haine de Jésus, mais il répond hardiment à leur défi : « C’est un prophète » : voilà un progrès décisif par rapport à sa confession précédente, même si elle est loin de la vérité comme il va bientôt l’apprendre. Il reconnaît que Jésus a la pensée de Dieu aussi bien que Sa puissance.

 

10.2.4    Jean 9:18-23

Déconcertés par sa fermeté tranquille, les inquisiteurs religieux se tournèrent vers d’autres moyens d’attaque auxquels ils étaient habitués. Comme les voisins dans leur perplexité en avaient appelé aux pharisiens, ceux-ci continuèrent, en se servant des relations naturelles. Ils voulaient essayer si certaines réfutations ne pouvaient pas être tirées de ses parents. Il est clair que l’incrédulité se trouve dans le fond chez tous. L’homme, déchu et mauvais, n’est pas disposé à croire en la bonté de Dieu — par-dessus tout, dans Sa grâce envers lui. Si les voisins s’étaient inclinés devant la preuve claire de l’intervention de Dieu, ils n’auraient pas amené l’homme aux pharisiens ; si les pharisiens s’étaient inclinés, ils n’auraient pas persisté à faire leurs examens répétés, au-delà de la constatation du fait ; encore moins auraient-ils éveillé les craintes de la famille. « Les Juifs donc ne crurent pas qu’il avait été aveugle et qu’il avait recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue. Et ils les interrogèrent, disant : Celui-ci est-il votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ? Ses parents donc [leur] répondirent et dirent : Nous savons que celui-ci est notre fils, et qu’il est né aveugle ; mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas, nous ; il a de l’âge, interrogez-le, il parlera de ce qui le concerne. Ses parents dirent ces choses, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car les Juifs étaient déjà convenus que si quelqu’un le confessait comme le Christ, il serait exclu de la synagogue. C’est pourquoi ses parents dirent : Il a de l’âge, interrogez-le » (9:18-23).

La question de fait est donc à nouveau la question cardinale, comme elle l’était vraiment ; et à celle-ci les parents répondirent de façon concluante. Il était indéniable que l’homme voyait maintenant, et qu’il voyait par l’intermédiaire de Jésus, comme il l’avait déclaré. Par ailleurs les parents maintinrent sans hésitation le fait que l’homme était leur fils et qu’il était aveugle de naissance. La conclusion était irrésistible, si l’incrédulité ne résistait pas à tout quand il s’agit de Dieu. Les parents ne répondirent que sur ce qui les concernait. Ce n’était pas qu’eux, ou aucune personne raisonnable, doutassent que Jésus ait accompli le miracle, mais à cause de l’inimitié pharisaïque, ils redoutaient la conséquence de dépasser leur propre cercle de connaissance naturelle, et ils plaidèrent l’ignorance sur la façon dont cela s’était fait, et sur la personne par qui cela avait été fait. Intimidés par la crainte des pharisiens, ils oublient même l’affection qui aurait autrement protégé leur progéniture du coup imminent ; et ils rejettent tout le fardeau sur leur propre fils. « Il a de l’âge, interrogez-le, il parlera de ce qui le concerne » (9:21b). Ainsi leurs craintes mêmes, sur lesquelles les pharisiens comptaient pour nier les faits, Dieu les utilisait pour en faire uniquement une controverse entre les pharisiens et l’homme lui-même, après avoir été contraints par la preuve provenant des parents à accepter comme un fait certain que celui qui voyait maintenant avait toujours été aveugle, et aveugle jusqu’à ce moment-là.

Une autre chose ressort aussi très clairement, à savoir que l’inimitié des Juifs envers le Seigneur Jésus était connue auparavant pour aller jusqu’à la menace d’excommunication envers quiconque confesserait qu’Il était le Christ. La volonté de l’homme est aveugle quant aux preuves ; et comme ceci découle de la corruption, cela finit par la destruction

 

10.2.5    Jean 9: 24-25

C’est pourquoi il est une fois de plus fait appel à l’homme, et toute question de miracle est abandonnée. « Ils appelèrent donc, pour la seconde fois, l’homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Donne gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un pécheur. Il répondit donc : S’il est un pécheur, je ne sais ; je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois » (9:24-25). Ils prétendent maintenant être sur le terrain le plus élevé ; eux au moins tiennent au côté divin, même si d’autres sont entraînés par le bien apparent fait à l’homme. En conséquence, ils lui demandent de donner gloire à Dieu, alors qu’ils affirment leur assurance catégorique que Jésus était un pécheur. Depuis ce jour-là jusqu’à aujourd’hui, il est devenu fréquent, chez les hommes, de professer honorer Dieu au détriment de son Fils ; le Seigneur aussi avertissait Ses disciples d’attendre le pire là où le Père et le Fils ne sont pas connus. Mais l’homme dans sa simplicité met en avant le fait qu’il sentait profondément, et qu’eux voulaient faire semblant de cacher. « S’il est un pécheur, je ne sais ; je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois » (9:25). Aucun argument ne peut tenir face à la logique de la réalité — par-dessus tout, quand il s’agit d’une réalité pareille. Il ne savait certainement pas ce qu’ils prétendaient savoir ; mais que Jésus fût un pécheur, cela ne pouvait pas être : il allègue la preuve la plus nette et la plus irrécusable ; et cela sur leur propre terrain en rapport avec ce qui était devant tous. Si le raisonnement est inopportun et impuissant, qu’en est-il de l’antipathie religieuse en présence d’un fait indéniable qui prouve la toute puissance et la bonté de Dieu ? Leurs efforts prouvaient leur mauvaise volonté à l’égard de Celui qui avait ainsi œuvré : la réalité bénie restait, malgré toutes les insinuations et tous les assauts de l’incrédulité.

Il est bon aussi de remarquer que la foi s’accompagne d’une opération puissante de Dieu, avec ses effets propres caractéristiques ; et dans toute âme qui croit l’évangile, cette opération est plus importante que même ce miracle, auquel était si sensible l’homme, autrefois aveugle mais maintenant voyant. Ceux qui croient sont vivifiés de la mort dans leurs fautes et dans leurs péchés, et donc ils vivent pour Dieu. Crucifiés avec Christ, ils vivent néanmoins, mais non pas eux à proprement parler, mais Christ vit en eux. Ils sont ainsi participants d’une nature divine, étant nés de Dieu. Ce n’est pas une amélioration de leur vieille nature comme hommes. Ils sont nés d’eau et de l’Esprit ; ils sont engendrés par la parole de vérité. La foi s’accompagne de cette vie nouvelle, qui se montre dans des pensées et des affections tout à fait différentes, ainsi que dans les voies ou dans la marche. L’histoire de cet aveugle, qui voyait maintenant, est une bonne illustration de ces progrès graduels de la vie nouvelle au milieu de l’opposition et de la persécution.

 

10.2.6    Jean 9:26-29

L’acharnement des pharisiens trouve en l’homme un courage tranquille qui forme un contraste marqué avec les craintes de ses parents, et qui insiste même sur la défense de Celui qui avait opéré un acte si bon et si grand, en en faisant une application auprès de Ses adversaires d’une manière à laquelle ils ne pouvaient résister. S’ils pressent l’homme avec la question comment ? il répond avec la question pourquoi ?

« Et ils lui dirent donc encore : Que t’a-t-il fait ? Comment a-t-il ouvert tes yeux ? Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous encore l’entendre ? Voulez-vous aussi, vous, devenir Ses disciples ? Ils l’injurièrent et dirent : Toi, tu es le disciple de celui-là ; mais nous, nous sommes disciples de Moïse. Pour nous, nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais, pour celui-ci, nous ne savons d’où il est » (9:26-29). C’était du mépris incrédule, et non pas une ignorance véritable.

Celui qui était autrefois aveugle, mais qui voyait maintenant, discernait l’état véritable de l’affaire, contrairement à ceux qui n’avaient jamais fait l’expérience de Sa puissance en grâce. Il s’accommodait de leur opposition invincible. Ceux qui méprisaient la grâce, l’apôtre de la grâce les avertit, non pas d’autant moins - mais d’autant plus, de leur incrédulité volontaire et du danger où ils sont de périr (Actes 13:41). Le même esprit de foi s’exprime chez celui qui, tout à l’heure, n’était encore qu’un mendiant aveugle, — tandis qu’à ceux qui n’avaient pas, cela même qu’ils semblaient avoir, devrait leur être ôté (Luc 8:18). Christ est le rocher de la force pour l’un, et la pierre d’achoppement pour les autres. Ils s’exposent donc à la réprimande sévère de leur folie par l’homme qu’ils affectaient de mépriser. Zélés pour le serviteur [Moïse] qu’ils établissaient comme maître, ils avouaient leur ignorance de Celui qui est Seigneur de tous.

 

10.2.7    Jean 9:30-34

« L’homme répondit et leur dit : En ceci pourtant il y a une chose étrange, que vous ne sachiez pas d’où il est, et il a ouvert mes yeux. Or, nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs ; mais si quelqu’un est pieux envers Dieu et fait sa volonté, celui-là il l’écoute. Jamais on n’ouït dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. Ils répondirent et lui dirent : Tu es entièrement né dans le péché, et tu nous enseignes ! Et ils le chassèrent dehors » (9:30-34).

La réponse de l’homme était aussi solide que pertinente. Il ignore l’attaque personnelle contre lui, et la traite comme une question entre chefs religieux, qui avouaient ne pas pouvoir dire d’où venait Celui qui avait opéré une œuvre absolument sans pareille de manifestation de la puissance de Dieu. Il était difficile, voire impossible, de croire qu’un tel homme pût être mauvais, comme ils l’avaient imputé. « Nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs ; mais si quelqu’un est pieux envers Dieu et fait sa volonté, celui-là Il l’écoute » (9:31). Car y a-t-il un principe général plus sûr que « Ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime » (1 Sam. 2:30) ? En effet, c’était clairement un problème entre Jésus (pour prendre le terrain le plus bas) et les pharisiens, dont l’incapacité morale étonnait l’homme. Que restait-il donc pour ses adversaires ? Rien que la rage méprisante, et le coup extrême du bras ecclésiastique. « Ils le chassèrent dehors », mais pas avant d’avoir inconsciemment témoigné de la force de ses paroles : «Tu es entièrement né dans le péché, et tu nous enseignes ! » Ils étaient trop orgueilleux pour apprendre.

 

10.3                      Jean 9:35-41

10.3.1    Jean 9:35-38

Mais ils le chassent droit dans les bras et le sein du Seigneur. Car il nous est dit ensuite : « Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé dehors, et l’ayant trouvé, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ? Il répondit et dit : Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? Et Jésus lui dit : Et tu l’as vu, et celui qui te parle, c’est lui. Et il dit : Je crois, Seigneur ! Et il lui rendit hommage » (Jean 9:35-38). Voilà l’étape finale de la grâce de Dieu dans ses opérations envers l’aveugle. Il est poussé hors du judaïsme pour l’amour de la vérité, à la suite de l’œuvre opérée sur sa personne ; là il est trouvé par Christ, et conduit à Le connaître et à croire en Lui, bien au-delà de toute pensée, si vraie fût-elle, qu’il aurait déjà conçue. C’était la foi en Son propre témoignage et en Sa propre Personne.

C’est vraiment l’histoire d’une âme qui avance sous la direction de Dieu, Qui fait briller la grâce du Seigneur et Sa gloire d’autant plus complètement après qu’elle est sortie de la religion du monde, — soit chassée soit sortant d’elle-même. Et tel est le caractère du christianisme, comme les croyants finirent par l’apprendre de l’épître aux Hébreux, spécialement son dernier chapitre. L’Esprit de grâce était si patient avec ceux de l’ancien peuple de Dieu, malgré leur lenteur à apprendre la chose nouvelle que Dieu a introduite par et dans notre Seigneur Jésus. Mais, aussi tardive qu’elle soit, la rupture avec la religion terrestre doit se produire. Sortons donc vers lui hors du camp, portant son opprobre ; et ce d’autant plus que nous avons une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’Il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire Sa chair (Héb. 13:13 & 10:19-20). Mais au moment de notre chapitre, l’œuvre qui a ouvert ce chemin n’était pas encore faite, et l’Esprit n’avait pas encore été répandu pour donner aux âmes la conscience d’une position à laquelle elles avaient droit de manière juste. C’est pourquoi nous n’avons pas encore quelqu’un qui avance en progressant de cette manière, mais quelqu’un chassé par la haine, une haine dirigée bien plus contre le nom de Jésus que contre l’homme, — cette haine contre l’homme étant uniquement à cause de Jésus, qui avait entendu parler de la brebis, qui avait ressenti pour elle, et avait trouvé celle-ci fatiguée des hommes.

Mais il y a ensuite une différence troublante de lecture du texte original, qui demande davantage qu’une simple remarque critique. « Crois-tu au Fils de l’homme? » disent les manuscrits Sinaïticus, Vaticanus, et de Cambridge [de Bèze], soutenus par les versions syriaques, sahidique, l’édition romaine de la version éthiopienne, [note Bibliquest : idem Carrez, TOB et NT français courant] etc, tandis que plus d’une douzaine d’onciaux [A, L, etc], toutes les cursives, et le reste des anciennes versions, etc, donnent « crois-tu au Fils de Dieu » [Lachmann et Tregelles]. Tischendorf, dans sa huitième édition, et Weiss et Blass adoptent Fils de l’homme. On ne peut pas nier qu’en règle générale, le Seigneur en grâce aimait habituellement se présenter en relation avec l’homme ; de même il est clair que ce chapitre, en particulier, Le présente non seulement comme la Lumière, la Parole, et Dieu, comme le chapitre précédent, mais comme l’Incarné qui a été envoyé pour manifester les œuvres de Dieu, et le Messie rejeté sur le point de souffrir, mais qui doit être exalté au-dessus de tout. D’autre part, nul ne peut négliger le fait que le Fils de Dieu soit le grand témoignage spécial de notre évangile ; et nous pouvons bien comprendre comment la lumière de cette glorieuse vérité l’amène à rendre hommage au Seigneur — cette lumière éclatant graduellement sur l’âme en train de progresser, malgré l’hostilité aveugle des pharisiens, et en un certain sens par le moyen de cette hostilité. C’était, en tout cas, le Fils de Dieu en grâce, un homme sur la terre, Qui avait été vu par celui qui avait expérimenté Sa puissance qui donnait de la lumière, et Qui parlait avec lui.

 

10.3.2    Jean 9:39-41

« Et Jésus dit : Moi, je suis venu dans ce monde pour [le] jugement, afin que ceux qui ne voient pas, voient ; et que ceux qui voient deviennent aveugles. Et quelques-uns d’entre les pharisiens qui étaient avec Lui entendirent ces choses, et Lui dirent : Et nous, sommes-nous aussi aveugles ? Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais maintenant vous dites : Nous voyons ! — votre péché demeure » (9:39-41).

Là-dessus le Seigneur montre comment Sa venue agissait, et était censée agir sur les âmes. Elle avait un but plus élevé et un résultat plus permanent que toute autre énergie opérant sur le corps, aussi puissante et douce qu’elle fût. Il était la vie pour ceux qui Le recevaient, si enténébrés fussent-ils : ceux qui Le rejetaient scellaient leur propre ruine éternellement, quelle que soit l’estimation qu’ils avaient d’eux-mêmes ou que les autres avaient d’eux. Les Juifs, spécialement les pharisiens, pouvaient avoir beaucoup de confiance en eux, et s’estimer guide d’aveugles et lumière de ceux qui étaient dans les ténèbres (Rom. 2:19) ; mais la venue de la seule Vraie Lumière anéantissait de manière évidente toute prétention orgueilleuse, aussi sûrement qu’elle donnait des yeux à ceux qui reconnaissaient leur cécité. Aucune chair par conséquent ne se glorifiera : celui qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur (1 Cor. 1:31 ; 2 Cor. 10:17) qui était venu comme homme, mais Dieu sur terre, pour le retournement des pensées de l’homme déchu, et la manifestation de Sa propre grâce. L’orgueil pharisien refuse de s’incliner devant Jésus qui leur imputait la cécité, comme ils le pensaient ; mais s’il parle, il est obligé d’entendre la sentence la plus flétrissante du Juge de toute l’humanité. Pour la cécité, il y a toute la grâce et la puissance en Christ ; mais quelle peut être la part de ceux qui, complètement aveugles, disent qu’ils voient ? Leur péché demeure, ainsi que leur cécité, laquelle en soi n’est pas du péché, mais est la conséquence du péché.

 

11                  Chapitre 10

Le Seigneur continue à exposer, sous des formes diverses, les conséquences de Son rejet, malgré Sa dignité. C’est la révélation de Sa grâce envers les brebis et pour elles (à partir de Son abaissement comme homme et comme serviteur, allant même jusqu’à laisser Sa vie dans toute son excellence intrinsèque), et la révélation de Sa gloire comme un avec le Père. Le côté lumineux de la vérité apparaît.

 

11.1                      Jean 10:1-6 — le Berger des brebis

« En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, celui-là est un voleur et un larron ; mais celui qui entre par la porte, est le berger des brebis. À celui-ci le portier ouvre, et les brebis écoutent sa voix ; et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors. Quand il a mis dehors toutes ses propres [brebis], il va devant elles ; et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ; mais elles ne suivront point un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. Jésus leur dit cette similitude ; mais ils ne comprirent pas ce que c’était qu’il leur disait » (10:1-6).

 

11.1.1    Jean 10:1-2

Le mode d’expression est allégorique ; il s’écarte assez loin du langage ordinaire, tout en adoptant une figure très familière à la loi, aux psaumes et aux prophètes (Genèse 49 ; Psaume 80 ; Ésaïe 40 ; Ézéchiel 34 ; Zacharie 11 et 13). L’application aux pasteurs de l’église est ridiculement hors de place et de temps. C’est le berger d’Israël, en contraste avec ceux qui prétendaient guider l’ancien peuple de Dieu. Même Lui est entré de la manière prescrite, quoiqu’Il fût une Personne divine. Les autres étaient à la fois dépourvus de compétence, de qualification et de mission. La Semence de la femme, le Fils de la Vierge, la Semence d’Abraham, le Fils de David, le Dieu puissant, le Père du siècle à venir, celui qui est issu de Bethléhem, celui qui est d’ancienneté, de toute éternité, et pourtant qui devait être retranché après la soixante-neuvième des soixante-dix semaines de Daniel, le serviteur juste, rabaissé au-delà de toute expression, mais devant être exalté au-dessus de tout, — qu’est-ce qui manquait à Son signalement et à l’exclusion de tout rival ? Oui, le Christ rejeté est Celui qui est entré par la porte, le Berger des brebis — il n’y en a pas d’autre.

Tous les autres cherchaient à monter d’une autre manière. Theudas se vantait d’être quelque chose (Actes 5:36), Judas le Galiléen entraîna des gens après lui (Actes 5:37), les pharisiens aimaient les premiers sièges (Luc 11:43), les scribes et les docteurs de la loi chargeaient de lourds fardeaux sur les hommes (Luc 11:46). Mais les brebis, enseignées de Dieu, entendent Sa voix, non pas la leur ; même s’il a plu à l’Esprit, dans Son soin pour la gloire de Dieu, de faire le travail de portier, ouvrant la porte à Lui seul, comme on le voit dès le début avec les Siméon et Anne et tous ceux qui attendaient la rédemption à Jérusalem. Les autres, petits ou grands, conformes à l’ordre ou révolutionnaires, n’avaient aucun droit sur les brebis ; ils ne valaient en rien mieux que des voleurs ou des bandits s’ils revendiquaient (comme ils le faisaient) les brebis qui étaient à Lui. Lui seul est le berger, et les brebis écoutent Sa voix. Elles sont à lui, et Il les appelle comme telles par leur nom. Qui pourrait, qui voudrait, si ce n’est Lui ? Il les connaît et Il les aime, leur faisant sentir Son intérêt pour elles, comme Dieu seul peut sentir, et selon un droit sur elles que Dieu seul avait et donnait.

 

11.1.2    Jean 10:3-4

De plus Christ entre, mais Il mène dehors (10:3). Le judaïsme est condamné. L’Israël de Dieu Le suit dehors. Il n’était pas question maintenant de ramener et rassembler dans le pays les exilés d’Israël, ou les dispersés de Juda ; cela doit attendre un jour futur. Maintenant Il appelle Ses propres brebis par leur nom, et Il les conduit dehors. « Et quand Il a mis dehors toutes Ses propres [brebis] » — car si tel était le principe de Son action maintenant, ce devait être encore l’effet nécessaire de Sa mort sur la croix — Il va devant elles ; et les brebis Le suivent, car elles connaissent Sa voix » (10:4). C’est la sagesse de Dieu pour les simples.

 

11.1.3    Jean 10:5

Précieuse Parole de Dieu, l’écoute de Sa voix ! Elle est due à Sa Personne, elle est le fruit de Sa grâce, elle est leur vraie sauvegarde, et la meilleure. « Et elles ne suivront point un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (10:5). L’« étranger » n’a rien à voir avec elles ; même s’il les cherche, qu’ont-elles à faire avec lui ? Leur sagesse est de suivre Jésus, à qui elles sont, et dont elles entendent et connaissent la voix. Comme c’est simple, si nous étions seulement simples ! Combien cela honore le Fils ! C’est ce qui plait le mieux au Père. C’est par la foi que nous sommes gardés, non pas en discernant les nuances du scepticisme et de la superstition, bien que ce puisse être un devoir pour certains, un appel de l’amour pour d’autres, — mais en adhérant à la vérité.

Pourtant, de telles paroles n’ont aucune puissance sur les raisonneurs ou les traditionalistes. Car ils cherchent leur propre honneur, ils le donnent ou le reçoivent l’un de l’autre. Jésus vint au nom du Père, et Lui, ils ne Le reçoivent pas. Ils s’avouent eux-mêmes être des étrangers vis-à-vis de Lui ; ils nient que qui que ce soit puisse connaître Sa voix. S’ils l’avaient entendue eux-mêmes, ils ne douteraient pas qu’elle puisse être connue. Ils préfèrent suivre un étranger. Les superstitieux exaltent leur église ; si elle était l’église de Dieu, elle répudierait une telle exaltation au détriment de Christ. Les sceptiques exaltent l’homme comme il est. Et les deux s’accordent pour ignorer la voix du Berger. Il en est ainsi maintenant, comme il en était alors.

 

11.1.4    Jean 10:6

« Jésus leur dit cette similitude (*) ; mais ils ne comprirent pas ce que c’était qu’il leur disait ». Ses paroles sont comme Lui-même : s’Il est apprécié, Ses paroles le sont ; si on ne Le croit pas, Ses paroles ne sont pas comprises. Il est la lumière et la vérité. Tout ce qu’Il dit, dépend de la foi en Lui pour être saisi. Et c’est ainsi que, dans 1 Jean 2, il est dit des petits enfants eux-mêmes, dans la famille de Dieu, qu’ils connaissent toutes choses. Connaissant Christ, ils ont une onction de la part du Saint. Ce n’est pas par l’étude ni par la logique, pas plus que par le sentiment, l’enthousiasme, ou la bigoterie, mais c’est par la possession de Christ qu’ils refusent les erreurs qui ont piégé d’innombrables docteurs en théologie. Ils sont ainsi gardés lumineux et frais, simples et sûrs, car ils dépendent de Lui. Ceux qui se croient sages, se risquent à juger par eux-mêmes, et périssent dans leur présomption incrédule. Écouter Sa voix est la place la plus humble au monde, et pourtant cela s’accompagne de la puissance et de la sagesse de Dieu. Ce que les brebis ont entendu dès le commencement, cela demeure en elles (1 Jean 2:24), mais pour l’étranger, elles n’ont ni oreille ni cœur. Elles sont satisfaites de la voix de Christ. Elles connaissent la vérité en Lui, et qu’aucun mensonge ne vient de la vérité (1 Jean 2:21). Elles sont heureuses de toute aide qui leur rappelle Ses paroles, et qui les leur fait goûter dans leurs âmes. Elles se méfient de la voix d’un étranger, et fuient loin de lui. Elles ont raison : Dieu ne voudrait pas que nous ayons de l’estime pour une autre voix.

 

(*) L’évangile de Jean n’utilise pas le mot ordinaire de « parabole » comme les synoptiques le font fréquemment pour les narrations basées sur des comparaisons que faisait notre Seigneur lorsqu’Il illustrait la vérité (les synoptiques n’utilisent pas d’autre mot que le mot parabole). Jean a été conduit à employer le mot [παροιμια] donné dans la Septante [Proverbes 1:1] pour un « proverbe » au sens d’une « allégorie », ou pour une déviation d’avec la façon commune de parler, tandis que parabole signifie une comparaison.

 

11.2                      Jean 10:7-21

11.2.1    Jean 10:7-10 — la Porte

« Jésus donc leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous dis que moi je suis la porte des brebis. Tous, autant qu’il en est venu avant moi, sont des voleurs et des larrons ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture. Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire : moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance » (10:7-10)

 

11.2.1.1             Jean 10:7-8

Dans la précédente allégorie, le Seigneur parle de Lui en général comme étant le Berger des brebis, qui a en vue de les mettre dehors, allant à leur tête tandis qu’elles Le suivent. Maintenant, Il emploie une figure différente de Lui-même en termes directs, et avec non moins de solennité : « En vérité, en vérité, je vous dis que moi je suis la porte des brebis » (10:7). Il n’y a pas de confusion avec la relation précédente. Il n’est pas question maintenant de la bergerie. Dans celle-ci, Il était entré avec toutes les preuves désirables pour l’homme et fournies par Dieu — preuves personnelles, morales, preuves dans son ministère et par ses miracles et selon la prophétie ; mais l’esprit charnel est d’une incrédulité irréductible, et en même temps, étant en inimitié contre Dieu, il est (pour autant que cela soit possible) moins soumis à Sa grâce (qu’il ne comprend pas, mais suspecte) qu’à Sa loi, que la conscience sent être juste et droite. Lorsqu’on s’incline ou qu’on est brisé dans le sentiment du péché contre Dieu, combien il est doux d’entendre la voix de Jésus ! disant : « Je suis la porte des brebis », non pas la porte de la bergerie, mais la porte de ceux qui sont de Dieu, qui aspirent après la connaissance de Lui et après la délivrance du moi. « Tous, autant qu’il en est venu avant moi, sont des voleurs et des larrons ; mais les brebis ne les ont pas écoutés » (10:8). Ils n’étaient pas envoyés, mais étaient venus sans mandat ; ils cherchaient leurs propres intérêts, et non pas ceux de Jésus Christ (Phil. 2:21), ni des autres, donc. Corrompus ou violents, comment pouvaient-ils profiter aux brebis, ou à la gloire de Dieu ? À eux, le portier n’a pas ouvert, et si l’adversaire trompait, les brebis n’écoutaient pas ; elles étaient préservées, même en étant éprouvées.

 

11.2.1.2             Jean 10:9

Mais un tout autre était là. « Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture » (10:9). Combien est frappante, et pourtant parfaitement simple, la plénitude de la grâce abordée dans Ses paroles ! Ce n’est plus l’enclos étroit, mais comme principe, « quiconque » peut entrer ; et si l’on est entré par Christ, il y a le salut, la liberté et la nourriture — la bénédiction sûre, libre, et riche du christianisme. Tout est basé sur Sa Personne glorieuse. La grâce qui apporte le salut est apparue à quiconque, à tous (Tite 2:11). Lorsque la loi enfermait un peuple pour le préserver de la dépravation d’une race rebelle et idolâtre, quand elle instruisait ceux qui en tenaient compte, nous pouvons voir pourquoi la sagesse de Dieu a choisi une nation unique pour cette grande expérience morale. Mais quand la plénitude [ou : l’accomplissement, version JND] du temps est venue, Dieu a envoyé Son Fils, né de femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi, afin que nous (les brebis de la bergerie) nous puissions recevoir la condition de fils [ou : l’adoption]. Mais parce que vous êtes fils (vous, les Gentils qui croyez l’Évangile), Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant « Abba, Père » (Gal. 4:4-6). Le don était trop précieux, le bienfait trop efficace, pour être renfermé dans les limites étroites d’Israël, surtout que la Lumière manifestait les ténèbres universelles tout autour.

Quiconque, alors, est entré par Christ sera sauvé ; il entrera et sortira, et il trouvera tout ce qui lui manque. Dieu « qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui ? » (Rom. 8:32). La loi condamnait le pécheur, le plaçait dans la servitude, et le condamnait à mort. Celui qui est immuable change tout pour le croyant, quel qu’il puisse être. C’est la grâce, ainsi que la vérité, et les deux vinrent par Christ le Seigneur et en Lui. Quel Sauveur ! Qu’Il est digne de ce Dieu qui L’a donné et L’a envoyé dans le monde, Lui Son Fils unique, afin que nous vivions par Lui !

 

11.2.1.3             Jean 10:10 — les voleurs, la vie en abondance

En dehors de Christ, on a le péché et la misère. Tel est le monde ; et de tout le monde aucune partie n’est aussi illusoire, aussi égoïste, aussi funeste pour elle-même et totalement gouvernée par lui, que le monde religieux et ses conducteurs, — qui sont maintenant les chefs de l’incrédulité et de la superstition. Voici le témoignage de Christ, de Celui qui est la vérité : « Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire » (10:10a). Aucune créature ne peut s’élever au-dessus de son niveau ; que peut faire, alors, la créature qui est plongée dans un mal et un égoïsme persistants ? Elle peut s’enfoncer indéfiniment ; elle ne peut pas s’élever au-dessus d’elle-même. La haine du monde peut devenir plus mortelle, ses ténèbres peuvent s’épaissir ; et pourtant aucune idée ni aucun sentiment, aucune aide ni aucune ordonnance ne peuvent changer sa nature. Mais la prétention d’être de Dieu, quand on ne l’est pas, peut précipiter et précipite dans les profondeurs de l’avarice et de la cruauté. C’est d’autant plus destructeur que la fausse revendication de Son nom ferme toutes les voies d’accès de la pitié humaine ordinaire ; et la réalité de ce qui est de Dieu provoque, dans ce qui n’est pas de Lui en réalité, la détermination de se débarrasser de ce qui le condamne.

Combien le contraste avec Christ est béni ! « Moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance » (10:10b). Il était la vie, et la vie était en Lui — non pas la lumière seulement, mais la vie. Tous en dehors de Lui gisaient dans les ténèbres et la mort. Non seulement Lui était envoyé du Père, mais Il est venu, et est venu pour que les brebis aient la vie ; et Il voulait la donner en abondance, comme cela était dû par excellence à Sa gloire personnelle et à Son œuvre — une œuvre qu’Il avait toujours devant Lui ici-bas. C’est pourquoi ce n’est qu’en résurrection qu’Il a soufflé dans les disciples (20:22). Comme l’Éternel Dieu souffla en Adam, et l’homme devint une âme vivante, d’une sorte différente de tous les autres êtres vivants sur terre, — de même Lui, qui était à la fois et pareillement l’Homme ressuscité et le vrai Dieu, souffla une vie meilleure en ceux qui croyaient en Lui. C’est la vie éternelle, et ceci après que toute question du péché et de loi ait été réglée pour la foi par Sa mort.

 

11.2.2    Jean 10:11-13 — le bon Berger

Le Seigneur se présente ensuite sous le beau caractère du bon Berger — une preuve très touchante et expressive de Son humble amour quand nous pensons à Qui Il est et à ce que nous sommes. « Moi, je suis le bon berger : le bon berger met sa vie pour les brebis ; mais l’homme qui reçoit des gages, et qui n’est pas le berger, à qui les brebis n’appartiennent pas en propre, voit venir le loup, et laisse les brebis, et s’enfuit ; et le loup les ravit, et il disperse les brebis. Or l’homme à gages s’enfuit, parce qu’il est un homme à gages et qu’il ne se met pas en souci des brebis » (10:11-13).

 

11.2.2.1             Jean 10:11

Voilà en effet l’amour ; non pas que nous L’ayons aimé, mais que Lui nous aima, et qu’Il est mort pour être la propitiation pour nos péchés (1 Jean 4:10). Laisser sa vie pour d’autres aurait été, en tout cas, la manifestation la plus complète de l’amour : combien plus dans Son cas à Lui, à qui les brebis appartenaient, au sujet duquel il avait été promis dès les temps anciens qu’il se tiendrait et paîtrait avec la force de l’Éternel, dans la majesté du nom de l’Éternel, son Dieu (Mich. 5:4) ! La grandeur jusqu’aux bouts de la terre (Ps. 72:8) est peu de chose par comparaison avec le bon Berger mettant (ou : laissant) Sa vie pour les brebis. C’est le même Messie ; mais combien le témoignage rendu à Son amour est infiniment plus grand en mourant ainsi, qu’en régnant, aussi glorieux que soit jamais Son règne, — et cela même que ce règne soit convenable pour Lui et qu’il Lui soit dû, et dû à la gloire de Dieu, et béni pour l’homme lorsque le royaume viendra !

 

11.2.2.2             Jean 10:12-13

Une autre phase de la prétention humaine dans les choses de Dieu apparaît ensuite, non pas celle des voleurs et des larrons comme auparavant, mais « l’homme à gages », l’homme qui se mêle des brebis, sans avoir de meilleur motif que le lucre et la cupidité. « Les brebis affamées regardent, et ne sont pas nourries », comme l’un de nos poètes [Lycidas de Milton] a chanté à juste titre. Ici donc ce que le Seigneur décrit d’abord, n’est pas leurs épreuves, mais le caractère de celui qui revendique ce n’est pas à lui, mais qui appartient à Christ : il abandonne ouvertement les brebis à l’heure du danger. Il « voit venir le loup, et laisse les brebis, et s’enfuit » (10:12b). C’est l’adversaire, quels que soient les moyens ou les instruments par lesquels il travaille. Puis suit le danger qu’elles courent, et le mal effectif qui est fait. « Et le loup les ravit, et il disperse les brebis. Or l’homme à gages s’enfuit, parce qu’il est un homme à gages et qu’il ne se met pas en souci des brebis » (10:12c-13). Dans la mort de Christ, l’amour divin a opéré comme il œuvrait déjà dans le propos de Dieu et dans Sa volonté ; or il n’y a rien de bon ni d’acceptable quand l’amour n’est pas le motif. C’est la seule et vraie source du service ; c’est ce que le Seigneur indiquait à Son serviteur (Pierre), une fois pleinement restauré et rétabli, après qu’il L’eut renié : « Pais mes agneaux — pais mes brebis » (21:15, 17). Certes Il propose les récompenses les plus glorieuses pour encourager le serviteur qui est déjà sur le chemin de Christ, et qui est susceptible d’être abattu par les difficultés qu’il y rencontre ; mais l’amour seul est reconnu comme ce qui le force à servir. Christ était la perfection de l’amour qui se sacrifie ; et c’est Satan, comme le loup, qui saisit et disperse ce qui Lui est si précieux, par le moyen de l’égoïsme de ceux qui abandonnent les brebis dans leur pire danger, du fait que l’homme à gages (un mercenaire) ne se soucie pas des brebis. Le caractère de l’homme et celui de Satan sont aussi clairs que celui de Christ, — lequel ressort pour d’autres aspects dans les versets suivants. Chez Lui l’égoïsme était totalement absent ; il n’y avait que de l’amour.

 

11.2.3    Jean 10:14-15

« Moi, je suis le bon berger, et je connais les miens et je suis connu des miens, comme le Père me connaît et moi je connais le Père ; et je mets ma vie pour les brebis » (10:14-15).

Ici Sa bonté est manifestée dans la connaissance mutuelle du Berger et des brebis ; et celle-ci (c’est merveilleux à dire) est selon le modèle de la connaissance du Père par le Fils, et du Fils par le Père. C’est une connaissance d’un genre divin, aussi vraie en l’absence du Berger qu’en Sa présence. Ce n’était pas des soins protecteurs comme ceux que le Messie pouvait déployer et déploiera envers Son peuple, si tendres soient-ils ; car « Comme un berger il paîtra son troupeau ; par son bras il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein ; il conduira doucement celles qui allaitent » (Ésaïe 40:11). Or auparavant il n’y avait jamais eu entre le Berger et Son peuple une intimité transparente, telle que celle existant entre Son Père et Lui lorsqu’Il était sur la terre ; mais c’est selon ce modèle, et aucun autre, que devait être l’intimité entre Lui en haut et les brebis ici-bas. Cette réciprocité de connaissance disparaît presque entièrement dans la Version anglaise Autorisée à cause du point malheureux entre les v. 14 et 15, et à cause de l’erreur de traduction qui s’ensuit à la première phrase du v. 15.

Le Seigneur revient au fait de mettre [ou : laisser] Sa vie pour Ses brebis. Ce n’est pas étonnant ; car comme Il ne pouvait pas donner une plus grande preuve d’amour, il n’y a donc rien qui fortifie autant nos âmes, tout en étant humiliant pour elles, rien qui glorifie autant Dieu, et aucun tournant aussi décisif pour la bénédiction de l’univers. À ce stade, cependant, c’est l’amour du bon Berger pour les brebis.

 

11.2.4    Jean 10:16

Ici, le Seigneur peut parler distinctement pour la première fois d’autres objets de Son amour. Il pouvait venir comme ministre de la circoncision pour les brebis perdues de la maison d’Israël (Matt. 15:24). Mais Son amour ne pouvait pas être aussi restreint, lorsque Sa mort ouvre les vannes. La mention de Sa mort L’amène à parler de ce qui était tout à fait en dehors d’Israël. « Et j’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie » — qui ne sont pas du peuple juif à l’intérieur de l’enclos de la loi et des ordonnances ; « il faut que je les mène, elles aussi ; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (10:16).

Ce n’est pas, comme dans la Bible anglaise (version autorisée) et d’autres, à la suite de la Vulgate, « il y aura une seule bergerie », mais « il y aura un seul troupeau ». Dieu ne reconnaît pas maintenant quelque chose comme une bergerie. C’est exclusivement Juif ; l’idée en est venue parmi les chrétiens à travers la judaïsation de l’Église, tandis que la vérité de l’église (ou : assemblée), quand on l’a saisie, rend intolérable de lui appliquer une telle pensée ou un tel mot. La vérité est, comme nous l’avons entendu, que le Seigneur allait mettre dehors toutes Ses brebis, Lui marchant devant elles, et les brebis Le suivant (10:4). C’était donc en dehors de la bergerie juive. Or Il avait d’autres brebis qui ne faisaient pas partie de celle-ci. « Il faut que je les mène, elles aussi ; et elles écouteront Ma voix » (10:16b). Ce devait être d’entre les Gentils, et là les croyants entendent Sa voix, croyant l’évangile. Mais ils ne forment pas un nouvel enclos, clôturée par la loi comme la bergerie d’Israël. La liberté de Christ fait partie de l’essence du christianisme, non seulement la vie et le pardon, mais la liberté ainsi que la nourriture. Car si Christ est tout, que peut-il manquer là ? Les brebis juives ont été menées dehors, les brebis Gentiles sont rassemblées, et les deux forment un seul troupeau, aussi véritablement qu’il y a un seul berger.

L’une des pires causes qui a engourdi les saints à la perception de la vérité, est l’existence du grand nombre d’enclos dénominationnels où ils se trouvent. Est-ce dur d’affirmer qu’un tel état de choses, construit par les réformateurs, et par d’autres doués d’une énergie particulière depuis la Réformation, n’est pas autorisée par l’Écriture ? Mais que dit celle-ci qui est notre seule norme ? « Un seul troupeau, un seul berger » (10:16c). Combien il est douloureux de trouver des personnes si remplies de préjugés qu’elles enseignent : « beaucoup de bergeries, mais un seul troupeau » ! Or ceci, c’est pervertir la parole de Dieu plutôt que l’exposer ; la Parole de Dieu n’admet aucune bergerie, maintenant que l’esprit et la lettre en refusent la justification.

Un autre élément qui a opéré puissamment en faveur d’« une bergerie » c’est la confusion nuisible de l’Église avec Israël, Sion, etc., qui est répandue non seulement dans la théologie ordinaire, mais même dans les en-têtes de la Version Autorisée anglaise, et est par suite constamment devant tous les yeux. Par conséquent, si nous sommes maintenant identifiés ainsi avec l’ancien peuple de Dieu au point d’être autorisés à interpréter tout ce qui est dit d’eux dans l’Ancien Testament comme notre part actuelle, on ne peut pas être surpris que cela tende à produire un même résultat dans le Nouveau Testament.

 

11.2.5    Jean 10:17-18

Mais mort de Christ a un aspect par rapport à Son Père, qui est d’être un délice et une satisfaction des plus profonds, outre qu’elle est la base de la rédemption et du christianisme. « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir [ou : l’autorité] de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père » (10:17-18). Le Seigneur n’ajoute pas ici que Sa vie est laissée « pour les brebis », et nous ne devons pas non plus limiter Sa mort à son effet pour nous. Le Seigneur nous laisse voir la valeur que le fait de laisser Sa vie avait en soi. C’était un nouveau motif pour l’amour du Père ; et ce n’est pas étonnant, si ce motif n’était déjà que la profondeur insondable à laquelle Son propre dévouement pouvait descendre. Or personne si ce n’est le Père sait tout ce qu’Il a trouvé dans cette mort en fait d’amour, de confiance en Lui, d’abandon de soi, et d’excellence morale de toute manière, le tout étant couronné par la dignité personnelle de Celui qui, se trouvant dans une relation ineffablement proche avec le Père Lui-même, s’est donc plus à mourir. Par conséquent, il ne pouvait être autrement que le Fils puisse reprendre Sa vie, non pas maintenant en relation avec la terre et avec l’homme qui y vit, mais comme ressuscité d’entre les morts, et devenant ainsi la puissance et le modèle du christianisme.

Dans cette profonde humiliation à laquelle le Seigneur s’est soumis en grâce, il est pris le plus grand soin pour qu’on soit gardé de tout soupçon susceptible de rabaisser Sa gloire comme le Fils et comme Dieu. Ce n’est pas, comme dans Matthieu (où Il est vu comme le Messie rejeté, le Fils de l’homme, non pas simplement Celui qui est destiné à être chef de toutes nations et tribus, et langues, mais aussi Celui qui est à la tête des saints anges — Ses anges) : Il n’avait qu’à faire appel à Son Père, qui Lui fournirait plus de douze légions d’anges. Et à quoi auraient servi toutes les légions de Rome en face de ces êtres célestes, puissants en force, qui exécutent Sa parole ? (Ps. 103:20). Mais comment, alors, ajoute-t-Il d’une manière bénie, pourraient être accomplies les écritures qui disent qu’il doit en être ainsi ? (Matt. 26:54).

Bien qu’Il fût une personne divine, Il était venu pour mourir ; Il était la vie éternelle qui était auprès du Père avant qu’il n’y eût ni homme ni terre, et pourtant Il avait daigné devenir homme afin de pouvoir ainsi laisser Sa vie et la reprendre. Mais ici Il parle autant en amour humble, que dans la conscience d’être Dieu : « Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père » (10:18). D’une part il y a l’affirmation tranquille du droit ainsi que du pouvoir de laisser Sa vie et de la reprendre. Comme personne hormis le Créateur ne pouvait reprendre sa vie, aucune créature n’est en droit de laisser sa vie. Personne sinon Dieu n’a le pouvoir et le droit de faire les deux ; et la Parole, sans bien sûr cesser d’être divine (en effet, elle ne pourrait pas cesser de l’être), devint chair afin de pouvoir ainsi mourir et ressusciter. D’autre part, même en cela qui pourrait avoir été à juste titre considéré comme le plus strictement personnel de tous les actes, Il demeure l’homme obéissant et ne voulait faire que la volonté de Son Père. Il était venu pour faire la volonté de Dieu. C’est la perfection, et elle ne se trouve qu’en Jésus seul. Eh bien, puissions-nous L’adorer avec le Père qui L’a donné. Il en est digne.

 

11.2.6    Jean 10:19-21

Ces merveilleuses paroles ne furent pas sans effet, même alors parmi les Juifs. Un amour inconnu auparavant, l’humilité d’un serviteur, la dignité de Quelqu’un qui est consciemment divin, — cela opérait dans certaines consciences, tandis que, chez d’autres, cela réveillait une haine profonde. Il en est ainsi, et il faut qu’il en soit ainsi dans un monde d’hommes pécheurs, où Dieu et Satan sont tous les deux à l’œuvre dans le conflit gigantesque du bien et du mal.

« Il y eut encore de la division parmi les Juifs à cause de ces paroles ; et plusieurs [ou : beaucoup] d’entre eux disaient : Il a un démon, et il est fou ; pourquoi l’écoutez-vous ? D’autres disaient : Ces paroles ne sont pas d’un démoniaque ; un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ? » (10:19-21). Plus la grâce est grande, et plus la vérité est profonde, moins l’esprit naturel apprécie Christ. Il est, en effet, le test de toute âme qui entend Sa parole. Mais si certains imputaient ce qui était infiniment au-dessus de l’homme à un démon, et au délire résultant de cette possession, il y en avait d’autres qui sentaient à quel point ces paroles étaient éloignées de celles d’un démoniaque, et qui s’inclinaient devant la puissance divine qui les scellait. Les paroles et les œuvres avaient un autre caractère et une autre importance pour leurs consciences.

 

11.3                      Jean 10:22-30

« Or la fête de la Dédicace se célébrait à Jérusalem, (et) c’était en hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, au portique de Salomon. Les Juifs donc l’environnèrent et lui dirent : Jusques à quand tiens-tu notre âme en suspens ? Si toi, tu es le Christ, dis-le nous franchement. Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que moi je fais au nom de mon Père, celles-ci rendent témoignage de moi ; mais vous, vous ne croyez pas, car vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un » (10:22-30).

 

11.3.1    Jean 10:22-24

Nombre d’entre nous sont familiers avec l’effort que font certains qui se servent de passages comme le début du v. 22 pour soutenir la tradition et l’autorité humaine dans les choses divines. Mais l’argument est vraiment futile. Car ici, nous n’apprenons rien au sujet d’une éventuelle et quelconque participation de notre Seigneur à des observances des hommes. Nous y voyons seulement le Seigneur se trouvant alors à Jérusalem, alors que c’était l’hiver, et Il se promenait dans le portique de Salomon, lorsque les Juifs L’entourèrent, et Lui dirent : Jusques à quand (ou : combien de temps) exciteras-tu notre âme (ou : tiens-tu notre âme en suspens) ? Même si l’incrédulité des Juifs était misérable et coupable, ceux-ci ne tiraient aucune conclusion de Sa présence effective là et alors. Ils étaient mal à l’aise, en dépit de leur opposition à Son égard. «Si toi, tu es le Christ, dis-le nous franchement ».

 

11.3.2    Jean 10:25-26

Mais l’heure fatale était proche, ainsi que la puissance des ténèbres (Luc 22:53) ; et la lumière était sur le point de s’éloigner d’eux, après avoir été pleinement manifestée au milieu d’eux (12:35). « Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas » (10:25a). Prenez seulement Ses paroles rapportées en Jean 5, 6 et 8. Il ne pouvait y avoir de témoignage plus clair et plus riche. Mais un témoignage ne dure pas toujours. Il est donné librement, pleinement, patiemment, et peut alors être ôté à ceux qui rejettent, et être remis à ceux qui écoutent. C’est ainsi que Dieu a l’habitude d’agir, et c’est ainsi que le Seigneur répond en cette occasion : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas ».

Mais il y avait plus que des paroles, bien qu’elles fussent véritablement divines — des paroles de grâce et de vérité selon Sa Personne. Il y avait des œuvres de caractère similaire ; et les Juifs étaient habitués à chercher des signes. S’ils cherchaient honnêtement, ils pouvaient voir plus de signes que l’homme n’en peut compter ou faire l’estimation. « Les œuvres que moi je fais au nom de mon Père, celles-ci rendent témoignage de moi » (10:25b). Comment expliquer une telle dureté dans un cœur quel qu’il soit ? « Mais vous, vous ne croyez pas, car vous n’êtes pas de mes brebis » (10:26a). Voilà l’explication solennelle d’une difficulté, d’une résistance à la vérité, d’un rejet de Christ, aussi vrai aujourd’hui que toujours !

Les hommes se fient à eux-mêmes, à leurs propres sentiments, à leurs propres jugements. Ceux-ci ne les ont-ils jamais induits en erreur ? Ont-ils toujours été vrais devant Dieu ? Quelle folie suicidaire de ne pas se méfier de soi-même, au lieu de regarder à Dieu, de crier à Dieu, de demander de Dieu quel est Son chemin, Sa vérité, Son Fils ! Mais non : ce serait croire et être sauvé ; et ils ne le veulent pas. Ils sont trop orgueilleux. Ils ne veulent pas s’incliner devant la Parole qui les accuse d’être pécheurs, même si elle leur envoie le message de rémission des péchés pour la foi. Ils estiment qu’une telle grâce de la part de Dieu suppose une culpabilité totale et la ruine de leur côté ; et cela, ils sont trop durs, trop orgueilleux pour le reconnaître. Ils ne croient pas ; ils ne sont pas les brebis du Sauveur. Les criminels, les païens, peut-être, peuvent avoir besoin d’un Sauveur ; non pas des hommes comme eux, des gens convenables, moraux et religieux ! Ils ne croient pas, ne veulent pas croire, et sont perdus, non pas parce qu’ils sont de trop grands pécheurs pour Christ, mais parce qu’ils refusent Christ comme Sauveur, et nient leur ruine comme pécheurs. Ils préfèrent continuer comme ils sont, comme la grande masse des hommes : Dieu, pensent-ils, est trop miséricordieux, et ils espèrent s’améliorer un jour s’ils ne se sentent pas tout à fait justes aujourd’hui. C’est ainsi qu’ils sont perdus. Voilà le chemin et la fin d’un grand nombre d’incrédules maintenant, comme des Juifs alors.

 

11.3.3    Jean 10:27

Comment sont alors caractérisées les brebis de Christ ? Il n’y a pas lieu d’hésiter pour la réponse, car voici ce que Lui en dit : « Mes brebis écoutent ma voix » : une qualité incomparablement meilleure que de faire ceci ou cela, ou toutes choses sans elle. C’est l’obéissance de la foi, le saint parent de tous les saints résultats. Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11:6) ; or voici la caractéristique présente de ceux qui sont de la foi : ils écoutent la voix de Christ, et sont vraiment humbles, et pourtant fermes. Il n’y a pas d’affirmation du moi, ni d’oubli de leur propre état de péché, ni d’oubli de Sa gloire. C’est la simple reconnaissance de Sa grâce, et de leur propre besoin ; et c’est ainsi seulement que les âmes sont bénies par le moyen de Christ à la gloire de Dieu.

Cependant ceci n’est pas leur seul privilège. « Et moi je les connais », dit le Seigneur. Il n’est pas dit ici qu’elles connaissent Christ, bien que ce soit vrai par grâce. Mais Il les connaît, avec toutes leurs pensées et leurs sentiments, toutes leurs paroles et leurs voies, tous leurs dangers et leurs difficultés, tout leur passé, leur présent et leur futur. Il les connaît en bref parfaitement, et dans un amour parfait. Quelles faveurs et bénédictions infinies ! Quelle ressource et quelle joie !

Mais il y a plus. Non seulement les brebis entendent la voix de Christ, mais Il ajoute : « et elles me suivent ». Car la foi est vivante et pratique, — sinon pire qu’inutile. Et s’il est dû à Christ que Ses brebis Le suivent, c’est aussi ce dont elles ont besoin du fait qu’elles sont exposées à des ennemis innombrables, visibles et invisibles. Voilà leur sécurité, quelles que soient les circonstances qu’elles traversent : Christ qui conduit les brebis ne peut pas manquer, et comme Il les connaît, elles Le suivent. Ainsi, Il les garde dans le chemin, et le chemin c’est Lui.

 

11.3.4    Jean 10:28

« Et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main » (10:28). Ainsi le Seigneur leur garantit Sa propre vie, non pas la vie d’Adam qui introduisit la mort, et mourut, et laissa le triste héritage à tous ses descendants ; tandis que le second Homme et le dernier Adam (1 Cor. 15:47, 45), étant le Fils de Dieu, vivifie ceux qu’Il veut (5:21), et vivifie avec et pour la vie éternelle. Dit-on, cependant, que les brebis sont faibles ? C’est incontestable, mais, ici, Il exclut la peur et l’anxiété pour tous ceux qui croient en Lui, car il ajoute aussitôt qu’« elles ne périront jamais » (« elles ne seront en aucune manière jamais perdues »). Aucune faiblesse intrinsèque, par conséquent, ne compromettra leur sécurité pour un moment ; ni aucune force hostile ou ruse ne les mettra en danger ; car « personne ne les ravira de ma main ».

 

11.3.5    Jean 10:29-30

L’amour pouvait-il donner davantage d’assurances à ceux qui sont ses objets ? Son amour voulait leur conférer la certitude de Sa joie la plus profonde, l’amour de Son Père aussi sûr que le Sien ; et c’est donc par cela qu’Il termine Sa communication : « Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un » (10:29-30). Ici nous nous élevons dans cette hauteur de l’amour saint et de la puissance infinie dont personne ne pouvait parler, sinon le Fils ; et Il parle des secrets de la Déité avec la familiarité intime propre au Fils unique qui est dans le sein du Père (1:18). Il n’avait besoin de personne pour témoigner de l’homme, car Il savait ce qui était dans l’homme (2:25), étant Lui-même Dieu ; et Il savait ce qui était en Dieu pour la même raison. Le ciel ou la terre, le temps ou l’éternité, ne faisaient aucune différence. Aucune créature n’est cachée devant Lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de Celui auquel nous avons à faire (Héb. 4:13). Et Il déclare que le Père qui avait fait le don résiste à tout ce qui peut menacer de nuire ; et comme Il a donné à Christ, alors Il est plus grand que tous, et personne ne peut ravir de Sa main. En effet, le Fils et le Père sont un, non pas une seule personne (ce qui est réfuté par έσμεν, avec toutes les autres écritures qui s’y rapportent), mais une chose, έν, une nature ou essence divine (comme d’autres écritures le prouvent pareillement). Le plus humble des hommes, le Berger des brebis, Lui est le Fils du Père, vrai Dieu et vie éternelle (1 Jean 5:20). Et Lui et le Père sont réellement un, autant en essence divine que dans la communion de l’amour divin pour les brebis.

Ainsi le Seigneur assume et implique la gloire divine comme étant Sienne, pas moins que celle du Père, malgré la place d’homme qu’Il avait prise dans l’humiliation de l’amour, afin de détruire les œuvres du diable, et de délivrer de l’esclavage du péché et du très juste jugement de Dieu les pécheurs coupables qui écoutent Sa voix. Cela suscita à nouveau la haine meurtrière de Ses auditeurs.

 

11.4                      10:31-33

« Les Juifs donc levèrent encore des pierres pour le lapider. Jésus leur répondit : Je vous ai fait voir plusieurs bonnes œuvres de la part de mon Père : pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? Les Juifs lui répondirent : Nous ne te lapidons pas pour une bonne œuvre, mais pour blasphème ; et parce que toi, étant homme, tu te fais Dieu » (10:31-33).

Hélas ! il y a la volonté de l’homme et sa confiance en lui-même ! Ils avaient raison de dire que Jésus était un homme ; ils n’avaient pas tort de comprendre qu’Il revendiquait être Dieu. Mais l’insinuation de Satan opère sur l’incrédulité de l’homme vis-à-vis de tout ce qui dépasse ses sens et ses pensées ; il insinuait que Celui qui était Dieu ne voudrait pas daigner devenir homme pour accomplir la rédemption, dans son amour pour les hommes et en vue de la gloire de Dieu. Était-ce incroyable que Dieu s’abaisse si bas à des fins si excellentes ? Jésus n’avait-Il pas donné des preuves suffisantes de Sa gloire et de Sa relation avec le Père, en puissance et en bonté, autant qu’en vérité ? Il avait montré une vie de pureté inconnue jusque-là, de dépendance de Dieu sans pareille, de bonté active et inlassable, d’humilité et de souffrance, et cette vie était d’autant plus surprenante qu’Il disposait d’une puissance illimitée en témoignage au Père, et pouvant accomplir toute la chaîne des types et prophéties de l’Écriture ; tout cela se combinait pour rejeter l’imputation d’imposture sur le serpent ancien, le menteur et père du mensonge, dont le grand mensonge est de supplanter Dieu en tant qu’objet de foi, de service et d’adoration de la part de l’homme, au profit de faux objets, ou au profit du moi tout seul sans autre objet, ce qui n’est rien d’autre que le service de Satan, même si on ne s’en rend guère compte.

Rien n’éveille donc autant la fureur de Satan que Dieu ainsi présenté, dans et par le Seigneur Jésus, manifestant Sa débonnaireté parfaite et l’inimitié de l’homme, sans pour autant intervenir en puissance pour échapper aux insultes et aux blessures. « Mais auparavant il faut qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette génération » (Luc 17:25), une génération qui subsiste encore moralement, et qui continuera jusqu’à Son retour en gloire pour juger. Ils prirent donc des pierres pour Le lapider, car Satan est meurtrier autant que menteur, et rien ne suscite autant la violence, même jusqu’à la mort, que la vérité qui condamne l’homme dans ses prétentions religieuses. Pour leurs esprits aveuglés et en fureur, c’était un blasphème de dire qu’Il donnait la vie éternelle à ceux qui Le suivaient, indépendamment de la faiblesse ou de la force de la créature, et un autre blasphème de dire qu’Il était un avec le Père, — alors que c’est une vérité si vitale et si nécessaire qu’on ne peut être sauvé si on la rejette. Ses paroles étaient aussi bonnes que Ses œuvres, et même plus importantes pour l’homme, et elles provenaient toutes deux du Père. Celui que Dieu avait envoyé parlait les paroles de Dieu, comme Jean en a rendu témoignage (3:34). C’était eux qui blasphémaient en niant qu’Il fût Dieu, Lui qui, en grâce à leur égard, avait condescendu à devenir homme.

 

11.5                      10:34-36 « vous êtes des dieux »

Alors le Seigneur fait face aux Juifs sur leur propre terrain par un argument « a fortiori » qui laisse intact Sa gloire personnelle. « Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : «Moi j’ai dit : Vous êtes des dieux» ? S’il appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu est venue (et l’écriture ne peut être anéantie), dites-vous à celui que le Père a sanctifié, et qu’il a envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? » (10:34-36). Il raisonne de manière très probante en partant du moindre pour aller au plus grand ; les Juifs savaient bien que leurs livres inspirés, par exemple le Ps. 82, appelaient leurs juges elohim (dieux) en tant qu’ils étaient commis par Dieu et responsable de juger en Son nom. Si un tel titre pouvait être utilisé dans l’Écriture à l’égard d’un simple magistrat (et l’autorité de l’Écriture ne peut pas être anéantie), combien était-il déraisonnable de taxer de blasphème Celui que le Père avait mis à part (*) et envoyé dans le monde, au motif qu’Il avait dit être Fils de Dieu ! En cela, Il n’affirme ni ne démontre ce qu’Il est, mais Il les convainc simplement de perversité sur la base de leur loi. Ils n’avaient pas la moindre excuse alors qu’ils prétendaient tenir à leur loi d’autorité divine. Si Dieu appelait les juges par Son nom (elohim) comme étant Ses représentants, combien plus cela était-il dû à Celui qui avait une place aussi unique ?

 

(*) [Sur les termes sanctification et sanctifier] Il est bon de noter que le Seigneur parle de se « sanctifier » Lui-même en 17:19 comme « mis à part » maintenant dans le ciel, Lui l’Homme modèle dans la gloire, — et ici comme « mis à part » [= sanctifié, selon la version JND] par le Père pour Sa mission dans le monde. Cet usage du terme « sanctifier » est tout à fait différent de son application à nous qui sommes pécheurs, et sommes même morts dans nos péchés. La sanctification, dans le cas de Celui qui est le Saint, se ramène au sens pur et abstrait de « mise à part ».

 

11.6                      10:37-38

 « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ; mais si je les fais, alors même que vous ne me croiriez pas, croyez les œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi, et moi en lui » (10:37-38). La force irrésistible de cet appel n’était pas niée. Le caractère des œuvres rendait témoignage non seulement à la puissance divine, mais à la puissance divine en plénitude d’amour. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent de Lui, les œuvres ne permettaient pas de se tromper, et elles amenaient à apprendre à connaître l’unité du Père et du Fils. Il n’affaiblissait pas la dignité de Sa personne, ni la vérité de Ses paroles ; mais Il plaidait avec eux, et travaillait leurs consciences par ces œuvres qui attestaient autant la puissance que la grâce de Dieu, et en conséquence Sa gloire à Lui qui les a écrites. Mais la propre volonté se dresse contre toutes les preuves.

 

11.7                      10:39-42

« Ils cherchaient donc encore à le prendre ; mais il échappa de leur main et s’en alla encore au-delà du Jourdain, à l’endroit où Jean avait baptisé au commencement, et il demeura là. Et plusieurs vinrent à lui, et ils disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci étaient vraies. Et plusieurs crurent là en lui » (10:39-42). On ne pouvait pas dire que leur incrédulité n’était pas encore complète, mais Son heure n’était pas encore venue.  Le Seigneur se retire donc jusqu’au moment voulu de Dieu, et entre temps, il retourne à la scène de l’œuvre de Jean au commencement, et Il demeure là, où la grâce gagne bien des âmes qui reconnaissent en Lui la vérité du témoignage de Jean Baptiste.

 

12                  Chapitre 11

Le Seigneur était rejeté, rejeté dans Ses paroles et rejeté dans Ses œuvres. Elles étaient parfaites toutes les deux, mais l’homme sentait que Dieu s’approchait de lui par les paroles comme par les œuvres ; alors, comme ennemi de Dieu, il accumulait de plus en plus la haine contre Son Fils, Son image.

Mais la grâce de Dieu attend encore l’homme coupable, et elle voulait donner un nouveau témoignage, complet et final, à Jésus. Et nous commençons ici par ce qui caractérise par-dessus tout notre évangile : Sa condition divine de Fils manifestée en puissance de résurrection. Tout est public maintenant, tout se passe près de Jérusalem, ou à Jérusalem. Le dessein de Dieu gouverne ici, comme partout. Tous les évangélistes présentent le témoignage rendu à Sa gloire comme Messie, le second de ces trois témoignages, quoique aucun ne le fasse avec autant de détails que Matthieu, dont la fonction était par excellence de Le montrer comme Fils de David selon la prophétie, mais maintenant rejeté et sur le point de revenir en puissance et en gloire. C’est la place de Jean, par-dessus tout, de Le signaler comme Fils de Dieu, et c’est ce que le Saint Esprit fait en nous donnant par Son Évangile la résurrection de Lazare. Christ est en résurrection l’Esprit vivifiant, en contraste avec Adam (1 Cor. 15:45) ; mais Il est le Fils éternellement, et le Fils vivifie ceux qu’Il veut (5:21), avant la mort autant qu’après la résurrection ; c’est ce qui est manifesté ici avec toute la richesse de détails que cela méritait.

 

12.1                      Jean 11:1-3

« Or il y avait un certain homme malade, Lazare, de Béthanie, du village de Marie et de Marthe sa sœur. (Et c’était la Marie qui oignit le Seigneur d’un parfum et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, de laquelle Lazare, le malade, était le frère). Les sœurs donc envoyèrent vers lui, disant : Seigneur, voici, celui que tu aimes (φιλεις) est malade » (11:1-3).

C’est ainsi que Jean introduit son récit. Cela nous met tout de suite en présence de tous ceux qui étaient concernés — le foyer où Il avait l’habitude de se retirer loin des partis stériles et coupables de Jérusalem. Qui n’a pas entendu parler de la femme qui oignit le Seigneur avec un parfum, et essuya Ses pieds avec ses cheveux ? (12:3). Partout où l’évangile a été prêché dans le monde entier, ceci a été raconté en mémoire d’elle. Mais son nom n’avait pas encore été rendu public. C’est à Jean qu’il revenait de mentionner ce qui touchait de si près la Personne du Seigneur. Jean nomme les personnes autres que lui, mais il cache son propre nom. Il s’agissait donc de Marie. Elle et sa sœur envoyèrent un message au Seigneur, comptant sur la promptitude de Son amour. Elles ne furent pas déçues. Son amour dépassa toutes leurs pensées, comme Sa gloire dépassait leur foi, pourtant bien réelle. Mais leur foi fut mise à l’épreuve, comme elle l’est toujours.

 

12.2                      Jean 11:4-10

« Jésus, l’ayant entendu, dit : Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. Or Jésus aimait (ήγάπα) Marthe, et sa sœur, et Lazare. Après donc qu’il eut entendu que Lazare était malade, il demeura encore deux jours au lieu où il était. Puis après cela, il dit à ses disciples : Retournons en Judée. Les disciples lui disent : Rabbi, les Juifs cherchaient tout à l’heure à te lapider, et tu y vas encore ! Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière de ce monde ; mais si quelqu’un marche de nuit, il bronche, car la lumière n’est pas en lui » (11:4-10).

 

12.2.1    Jean 11:4-6

Les premières apparences dans ce monde sont toujours à l’encontre de ce qui est bon, saint et vrai. Ceux qui cherchent des occasions contre ce qui est selon Dieu peuvent facilement trouver des excuses pour le mal qui est le leur. L’objectif moral de Dieu, comme de Sa Parole, teste toutes les âmes qui entrent à son contact. Ainsi le Seigneur connaissait la fin depuis le commencement quand Il dit : « cette maladie n’est pas à la mort ». Mais celui qui se hâte de juger selon le commencement se trompera inévitablement dans son jugement. Quel aurait été le jugement de celui qui, ensuite, L’entendit dire « Lazare, sors dehors ! », et qui vit le mort sortir de la grotte servant de sépulcre ?

La résurrection manifeste par-dessus tout la puissance glorieuse de Dieu. Elle arrête l’homme (c’est son but) qui sait que trop bien ce qu’est la maladie, et combien la mort le sépare sans espoir de toutes ses activités. Et c’est justement parce qu’elle allait se poursuivre jusqu’à la mort, que la maladie de Lazare allait fournir une occasion appropriée pour la gloire de Dieu, et elle allait le faire aussi en glorifiant Son Fils par ce moyen.

Il y a des gens qui prennent leur plaisir dans ce qu’ils appellent « le règne de la loi ». Mais quel est le sens de telles pensées ou de telles paroles quand elles sont mises en contact avec la pierre de touche de la résurrection ? Ressusciter des morts ne démontre-t-il pas la suprématie de la puissance de Dieu sur tout ce qui est une loi, alors qu’un sort immuable est assigné à l’homme pécheur ici-bas, celui de la loi de la mort ? Car certainement la cause de la résurrection n’est pas la mort, mais le Fils est Celui qui exerce la puissance de vie. Il vivifie ceux qu’Il veut (5:21), car Il est Dieu ; mais Il le fait comme l’Envoyé, le Serviteur dépendant et obéissant, car Il est homme. Tel était Jésus ici-bas dans ce monde, et ceci se manifesta pleinement peu de temps avant qu’Il laisse Sa vie pour les brebis.

L’homme est un pauvre juge de l’amour divin, et même les saints ne l’apprennent que par la foi. Jésus veut que nous ayons confiance en Son amour. Car en ceci est l’amour, non en ce que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima, et Il l’a démontré en mourant comme propitiation pour nous (1 Jean 4:10). Même ici, combien il est significatif que Jean l’évangéliste dise que Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare, juste avant l’indication de Son séjour de deux jours supplémentaires au lieu où Il était quand Il reçut le message ! Si un homme ordinaire avait le pouvoir de guérir et aimait un malade, combien se hâterait-il d’aller guérir le patient ! Or Jésus avait déjà montré son pouvoir de guérison sur-le-champ. Quelle que soit la distance, et même si celui qui souffrait n’en était pas conscient, pourquoi ne pas dire une parole en faveur de Lazare ? Aimait-Il le seigneur noble de Capernaüm et son fils (ch. 4) mieux que Lazare ? aimait-Il le centurion Gentil et son serviteur mieux que Lazare ? Assurément non ; mais c’était pour la gloire de Dieu que le Fils de Dieu soit glorifié justement par cette maladie, et par le fait que cette maladie ne soit pas arrêtée, et qu’il lui soit permis de faire son oeuvre.

 

12.2.2    Jean 11:7-8

Le Seigneur allait ressusciter Lazare, et ceci en l’absence de toute loi ; au contraire, par grâce, il s’agissait de faire échapper quelqu’un à la loi de la mort. Combien le résultat fut vraiment pour la gloire de Dieu ! L’homme n’aurait pas du tout agi de cette manière, il aurait agi sur-le-champ s’il avait pu. Celui qui était Dieu et qui aimait comme aucun homme n’a jamais aimé, demeura deux jours de plus là où il était, puis Il dit calmement aux disciples : « Retournons en Judée ». Les disciples s’étonnèrent. Ne savait-Il pas mieux qu’eux la rancœur des Juifs ? Avait-Il oublié leurs efforts répétés pour le lapider ? Pourquoi proposait-Il d’y retourner ? C’était pour faire la volonté de Son Père, et ici c’était une œuvre à faire pour Sa gloire. Son œil était certainement toujours simple, Son corps plein de lumière.

 

12.2.3    Jean 11:9-10

« Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière de ce monde ; mais si quelqu’un marche de nuit, il bronche, car la lumière n’est pas en lui » (11:9-10). Si c’était la volonté du Père, il faisait jour ; et comme Jésus n’était pas seulement envoyé par le Père vivant, mais qu’Il vivait à cause de Lui (6:57), ainsi pour le disciple, Lui est la lumière, la nourriture et le motif d’action. La volonté de Dieu connue et la Parole de Dieu, voilà la lumière du jour. Être sans cette lumière, c’est marcher dans la nuit, et broncher en est le résultat certain. Si Christ est devant nous, la lumière sera en nous, et nous ne broncherons pas. Puissions-nous toujours davantage tenir compte de Sa Parole !

Le Seigneur voulait exercer les cœurs des Siens. Tarder deux jours au même endroit n’était pas une impulsion de sentiments humains, et pareillement, aller là où il y avait la haine mortelle était selon la lumière dans laquelle Il était et dans laquelle Il marchait. Il avait davantage à leur dire pour qu’ils y réfléchissent. Il demeurait dans la dépendance ; Il attendait la volonté de Son Père. Celle-ci étant donnée, elle Le décide immédiatement à aller.

 

12.3                      Jean 11:11-16

« Il dit ces choses ; et après cela il leur dit : Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais pour l’éveiller. Les disciples donc lui dirent : Seigneur, s’il s’est endormi, il sera guéri. Or Jésus avait parlé de sa mort ; mais eux pensaient qu’il avait parlé du dormir du sommeil. Jésus leur dit donc alors ouvertement : Lazare est mort ; et je me réjouis, à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez. Mais allons vers lui. Thomas donc, appelé Didyme, dit à ses condisciples : Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui » (11:11-16).

Le Seigneur commence à leur faire savoir ce qu’Il allait faire ; mais ils étaient trop stupides pour penser à Sa mort, ou à Sa puissance de résurrection. Prévenir la mort, guérir les maladies est loin d’être le triomphe sur la mort. Il fallait que les disciples soient fortifiés par la vue de la résurrection avant qu’Il meure sur la croix et qu’Il ressuscite.

Il est important de noter qu’ici comme partout, il est parlé du sommeil en rapport avec le corps. C’est le mot que la foi considère comme approprié pour désigner la mort : quelles ténèbres que celles de l’incrédulité qui le pervertissent pour matérialiser l’âme ! Celui qui est la vérité parle comme les choses sont en réalité. Il savait qu’Il allait ressusciter Lazare.

Mais le Seigneur qui éprouve la foi répond à la faiblesse de Ses disciples, et solutionne la difficulté. Il leur dit ouvertement « Lazare est mort », et Il exprime Sa joie à leur égard de ce qu’Il n’était pas là (c’est-à-dire pas là pour guérir) afin qu’ils croient une fois qu’ils auraient mieux connu Sa puissance pour vivifier et ressusciter les morts. Quand le Seigneur propose d’aller en Judée, le sombre Thomas n’y voit rien d’autre qu’une ruée vers la mort, quoique son amour pour le Seigneur l’amène à dire : « allons aussi afin que nous mourions avec Lui ». Combien les pensées des disciples sont pauvres, même quand il y a une vraie affection pour le Maître, qui effectivement allait pour mourir volontairement en grâce pour eux, pour leurs péchés, afin qu’ils vivent éternellement, étant justifiés de tout ; mais Il était aussi ce Maître qui voulait prouver, avant de mourir en sacrifice, que non seulement Il vivait, mais qu’Il pouvait donner la vie aux morts comme Il voulait, tout en restant dans l’obéissance à Son Père et dans la communion avec Lui ! Tel est notre Sauveur.

 

12.4                      Jean 11:17-29

« Jésus étant donc arrivé trouva qu’il était déjà depuis quatre jours dans la tombe. Or Béthanie était près de Jérusalem, à une distance d’environ quinze stades. Et plusieurs d’entre les Juifs étaient venus auprès de Marthe et de Marie, pour les consoler au sujet de leur frère. Marthe donc, quand elle eut ouï dire que Jésus venait, alla au-devant de lui ; mais Marie se tenait assise dans la maison. Marthe donc dit à Jésus : Seigneur, si tu eusses été ici mon frère ne serait pas mort ; [mais] même maintenant je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera. Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour. Jésus lui dit : Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? Elle lui dit : Oui, Seigneur, moi je crois [j’ai cru et je crois] que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde. Et ayant dit cela, elle s’en alla et appela secrètement Marie, sa sœur, disant : Le maître est venu, et il t’appelle. Celle-ci, aussitôt qu’elle l’eut entendu, se lève promptement et s’en vient à lui » (11:17-29).

L’intervalle entre la mort et l’enterrement est précisé avec soin, ainsi que la proximité du lieu où Jésus était par rapport à Jérusalem, et le nombre de Juifs qui à ce moment-là s’étaient joints à Marie et Marthe pour les consoler dans leur douleur. Dieu disposait tout pour qu’il y ait un témoignage brillant rendu à Son Fils. Le païen Eschyle exprime (Eum. 647) le sentiment universel des païens, à savoir qu’une fois l’homme mort, il n’y a pas de résurrection pour lui. Qu’est-ce que Dieu réserve pour ceux qui croient en Jésus ? Qu’est-ce que Jésus réserve ? Qu’est-Il sinon la résurrection et la vie ? Il ne s’agissait pas seulement du dernier jour. Jésus était là, vainqueur de la mort et de Satan.

Quand elle entend que Jésus approchait, Marthe toujours prompte, va à Sa rencontre, tandis que Marie reste assise dans la maison avec un sens plus profond de la mort, mais prête à aller tout de suite si on l’appelait. Entre temps, elle attend, comme le Seigneur le savait bien et l’appréciait. Quand Marthe rencontre le Seigneur, elle confesse Sa puissance pour préserver de la mort par Sa présence. Elle Le reconnaît comme Messie, et comme tel, elle a confiance que, maintenant encore, tout ce qu’Il peut « demander » à Dieu, Dieu le Lui donnera. Sans doute pense-t-elle que c’est là une expression forte de sa foi. Mais c’est pour corriger cette erreur, pour donner une intelligence infiniment plus complète, que le Seigneur venait maintenant ressusciter Lazare. Elle applique au Seigneur un langage bien en-dessous de Sa véritable relation avec le Père : « tout ce que tu demanderas à Dieu… » [όσα άν αιτήση τόν Θεόν]. Si elle avait dit [έρωτήση τόν πατέρα] « … la demande que tu feras à ton Père », cela aurait été beaucoup plus convenable. Il est tout à fait juste, pour nous, d’utiliser le verbe « αιτέω » [demander], car la place de suppliant, de requérant nous convient ; mais le terme plus familier « έρωτάω » est convenable pour Lui. Bien qu’elle fût croyante, c’est une leçon qu’elle avait à apprendre.

Quand Jésus dit à Marthe que son frère ressusciterait, elle répond sur-le-champ : « Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour ». Mais le Seigneur était ici non pas pour enseigner des vérités déjà connues, mais pour donner ce qui était encore inconnu, et ceci à l’égard de la gloire de Sa propre Personne. Jésus dit donc à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie », et Il le dit dans cet ordre comme étant strictement applicable au cas présent, puisque Lazare était mort et enterré. Jésus est la Résurrection non moins que la Vie, et ceci en plénitude de puissance. « Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? » Voilà la supériorité de vie en Christ au-dessus de tous les obstacles ; elle sera manifestée à Sa venue. « Car nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés » (1 Cor. 15:51-52). Ainsi à la venue du Seigneur, « les morts en Christ ressusciteront premièrement, puis nous les vivants qui demeurons », sans être passé par la mort, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thes. 4:17). C’est ainsi qu’Il sera démontré être la résurrection et la vie : la résurrection parce que les croyants morts ressusciteront immédiatement, obéissant à Sa voix ; la vie, parce qu’au même moment la mortalité de tous ceux qui vivent et qui croient en Lui sera engloutie en vie.

C’était un test pour Marthe. À la question du Seigneur « crois-tu cela ? », elle ne peut donner qu’une réponse vague : « Oui, Seigneur, moi j’ai cru et je crois [πεπιστευκα] que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde ». Cette parole contenait de la vérité sans doute, mais elle ne répondait pas réellement à la question. Elle éprouvait le malaise habituel, même chez les saints, de ceux qui entendent quelque chose qui les dépasse ; alors elle pense à sa sœur comme susceptible de bien mieux comprendre qu’elle ; alors sans rester pour chercher à apprendre, elle se hâte d’aller appeler secrètement Marie pour lui dire « le Maître est là, et Il t’appelle ». Marie, quand elle l’entend, se lève rapidement et arrive. Quelle douceur pour son cœur dans cet appel !

Il n’y a pas la moindre hâte dans les mouvements de notre Seigneur. Nous pouvons même plutôt noter Son calme en présence d’une sœur si prompte à aller avant d’être appelée, et de l’autre sœur si prompte à venir quand elle est appelée. Jésus demeure le même, un homme, mais dans toute la dignité paisible du Fils de Dieu.

 

12.5                      Jean 11:30-32

« (Or Jésus n’était pas encore arrivé dans le village ; mais il était au lieu où Marthe l’avait rencontré). Les Juifs donc qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, ayant vu que Marie s’était levée promptement et était sortie, la suivirent, disant : Elle s’en va au sépulcre pour y pleurer » (11:30-31).

Or ce n’était pas le cas, mais la grâce de Christ voulait rencontrer Marie là, et voulait qu’elle contemple bientôt un éclat brillant de la gloire de Dieu dans son bien-aimé Seigneur. Combien ils étaient étrangers à Jésus, tous ces vains consolateurs qui prétendaient la consoler en présence de la mort !

Marie n’était pas sous la pression de la mort plus que d’autres. Elle répète ce que Marthe a dit, mais dans un tout autre état d’esprit. « Marie donc, quand elle fut venue là où était Jésus, et qu’elle l’eut vu, se jeta à ses pieds, lui disant : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. » (11:32). Mais si elle ne voyait encore chez Lui que la puissance pour préserver, si elle avait à apprendre qu’Il est la résurrection et la vie, au moins elle tombe à Ses pieds, contrairement à Marthe. Et si le Seigneur ne dit rien, Il va bientôt répondre en action et en vérité. Mais la conscience de la gloire divine au moment où elle va se manifester supérieure à la mort en présence de tous, ne Le détache en aucune manière des sensibilités de Son esprit. Au contraire, le verset suivant nous fait savoir à quel point les émotions de notre précieux Seigneur en ce moment-là étaient grandes.

 

12.6                      Jean 11:33-37

« Jésus donc, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient venus avec elle, pleurer, frémit en [son] esprit, et se troubla, et dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui disent : Seigneur, viens et vois. Jésus pleura. Les Juifs donc dirent : Voyez comme il l’affectionnait (έφ.). Mais quelques-uns d’entre eux dirent : Celui-ci, qui a ouvert les yeux de l’aveugle, n’aurait-il pas pu faire aussi que cet homme ne mourût pas ? » (11:33-37).

Le mot traduit par « frémit » figure ailleurs avec le sens d’une contrainte sévère, comme en Matt. 9:30 et Marc 1:43, ou des propos courroucés comme en Marc 14:5. Ici c’est plutôt le sentiment intérieur, plus que son expression ; il semble que si on le traduisait par « gémit », on approcherait de près le sens, selon l’usage fait par Lucian (Nec.20). Il s’agit de l’affection forte du Seigneur, peut-être indignée, en face de la puissance de la mort non seulement sur les Juifs, mais sur Marie elle-même, cette puissance étant encore maniée par l’ennemi. Ceci est encore exprimé plus loin dans la proposition qui suit [« et se troubla »], ainsi que par le v. 38. Sa tendre sympathie apparaît plutôt dans les pleurs (11:35) après qu’Il eût demandé où on avait mis Lazare, et qu’on l’ait invité à venir voir. Son sens indigné de la puissance de Satan par le moyen du péché n’interférait nullement avec Sa profonde compassion. Ce que nous voyons ici correspond à ce qu’Il faisait habituellement quand Il portait les maladies et prenait nos langueurs, selon l’application que Matt. 8:17 fait de Ésaïe 53:4. Ce n’était jamais de la puissance seulement, ni de la sympathie seulement, mais Il entrait en esprit dans tous les cas qu’Il guérissait, portant sur Son cœur devant Dieu le poids de tout ce qui oppressait l’homme frappé par le péché. Ici on était en présence du ravage encore plus grand causé par la mort dans la famille qu’Il aimait.

Notons que, dans le cas de notre Seigneur, aussi profonde que fût Sa douleur, elle Lui était comme servante. « Il se troubla ». Elle ne prit pas le dessus, comme nos affections ont tendance à le faire avec nous. Tous les sentiments de Christ étaient parfaits dans leur genre, dans leur mesure et dans le moment où Il les éprouvait : Son frémissement, Son trouble, Ses pleurs, que n’étaient-ils pas aux yeux de Dieu ! Combien ils devraient nous être précieux ! Même les Juifs sont contraints de s’exclamer : « Voyez comme il l’affectionnait » (11:36). Qu’auraient-ils pensé s’ils avaient su qu’Il était justement sur le point de ressusciter le mort ? Comme ils ne se souvenaient pas de Sa puissance, ils avaient seulement le regret que, Lui qui avait guéri l’aveugle, n’avait pas agi pour empêcher la mort de Lazare (11:37). Ils étaient entièrement dans l’erreur au sujet de la maladie, et aveugles à la fois vis-à-vis de la gloire de Dieu et de la manière dont elle se manifesterait, pour que le Fils de Dieu soit glorifié à l’occasion de cette maladie. Seule la foi en la gloire de Sa Personne interprète correctement, et saisit dans sa mesure la profondeur de Son amour. « Jésus pleura ». Quelle différence dans l’effet produit par ces paroles sur ceux qui ne voient qu’un homme, et sur ceux qui savent qu’Il est le Dieu puissant, le Fils unique ! Le croyant ne peut pas manquer dans ce cas de reconnaître Son amour ; mais si immense que soit cet amour, il est encore rehaussé par Sa dignité divine, et par la conscience qu’Il allait agir dans la puissance de la vie divine au-dessus de la mort !

Il est de toute importance que nous croyions et sachions, sans aucun doute, que tout ce que Jésus se montrait être en ce jour en faveur de Lazare, Il l’est pour les Siens, et encore bien plus, — et qu’Il le prouvera pour chacun de nous à Sa venue. Car il y a maintenant aussi le fruit du travail de Son âme, et la puissance de Sa résurrection, après le plein jugement du péché à la croix. C’est pourquoi tout Son amour et toute Sa puissance peuvent agir sans empêchement en notre faveur, comme ils le feront sûrement à la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par-là. Ce que les hommes apercevaient n’était qu’un témoignage, mais un témoignage vraiment divin ; mais à Sa venue, la vérité sera pleinement déployée en puissance. Maintenant est le temps de croire et de confesser la vérité au milieu d’une génération tortue et perverse. Puissions-nous être capables en toute humilité d’esprit, d’apparaître comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie ! (Phil. 2:15-16).

 

12.7                      Jean 11:38-44

« Jésus donc, frémissant encore en lui-même, vient au sépulcre (or c’était une grotte, et il y avait une pierre dessus). Jésus dit : « Ôtez la pierre ». Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà, car il est [là] depuis quatre jours ». Jésus lui dit : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut et dit : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as entendu. Or moi je savais que tu m’entends toujours ; mais je l’ai dit à cause de la foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que toi, tu m’as envoyé ». Et ayant dit ces choses, il cria à haute voix : « Lazare, sors dehors ! ». Et le mort sortit, ayant les pieds et les mains liés de bandes ; et son visage était enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller » (11:38-44).

Ce n’était plus le moment pour des paroles, et Jésus, réalisant de nouveau pour Lui-même la puissance qui cache à l’homme la gloire de Dieu, vient à la grotte qui servait de tombe et qui avait une pierre posée dessus. Là l’incrédulité de Marthe se met à s’opposer à la parole du Seigneur qui demandait qu’on ôte la pierre (que ne ferait-elle pas cette incrédulité !) : Lui voulait que tous soient au clair ; elle s’oppose parce que Ses paroles décevaient sa hâte, si tant est qu’elle attendît quoi que ce soit. Mais si Marthe ne pouvait pas s’élever au-dessus des effets humiliants de la mort, qu’elle voulait cacher aux autres, Jésus ne voulait pas cacher ce qui était dû à Dieu agissant en grâce envers l’homme. Combien la parole du Seigneur est vite oubliée en présence des tristes circonstances de la ruine humaine ! La foi tient compte de la Parole, et récolte la bénédiction en son temps. Écoutez Jésus. On L’entend déjà. Il sait à l’avance qu’Il aura ce qu’Il a demandé, qu’Il est entendu comme toujours auparavant. Le Père était concerné non moins que le Fils, et Il prononça ces paroles afin que ceux qui les entendaient crussent que le Père L’avait envoyé.

Là-dessus vient la parole de puissance : « Lazare, sors dehors ! ». Il avait prié le Père (11:41), étant jaloux par-dessus tout de Sa gloire, et n’oubliant jamais la place où Lui-même était descendu vers l’homme. Mais Il était le Fils, et Il pouvait vivifier qui Il voulait (5:21) ; c’est ce qu’Il fit. Pourtant même dans la majesté de cette manifestation divine, Il entremêle ensuite, comme avant, ce qui attire l’attention des hommes, afin qu’ils ne soient pas incrédules mais croyants (11:44c et 42b). Quelle difficulté y avait-il avec la pierre ? Car Lui-même n’avait rien besoin d’ôter. C’était à cause d’eux. Voyez l’homme dans le caractère repoussant de l’état de mort avant qu’il ressuscite ! Mais pour Christ, qu’importe qu’il soit lié avec des bandes et avec un suaire ? La grâce du Seigneur, tant par les bandes que par le suaire, voulait simplement donner aux assistants la meilleure confirmation de ce qu’Il avait opéré. Il aurait pu libérer Lazare aussi facilement qu’il aurait pu faire disparaître la pierre ; Il aurait pu tout faire sans crier à voix haute ; mais Lui, qui voulait que nous nous ayons confiance dans la puissance de Sa parole, Il voulait aussi que nous notions la corruption qui précédait la vivification, et la servitude qui s’y rattache maintenant. Il y a besoin de liberté autant que de vie ; mais il est anormal que quelqu’un rendu à la vie soit encore assujetti à la servitude.

Aussi puissante que soit l’œuvre de résurrection de Lazare, nous voyons ici comme partout combien l’homme dépend de la grâce. Le péché fait de lui l’esclave de Satan, même s’il ne s’en doute pas. Sa volonté est opposée à Dieu, aussi bien vis-à-vis de Sa bonté que vis-à-vis de Son jugement, vis-à-vis de Sa Parole et vis-à-vis de Ses œuvres ; plus Sa miséricorde est grande, moins l’homme aime ce qui est si contraire à ses pensées et qui humilie son orgueil. Si beaucoup furent frappés et crurent, quelques-uns allèrent malicieusement informer l’ennemi.

 

12.8                      Jean 11:45-54

« Plusieurs donc d’entre les Juifs qui étaient venus auprès de Marie, et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui ; mais quelques-uns d’entre eux s’en allèrent auprès des pharisiens et leur dirent ce que Jésus avait fait. Les principaux sacrificateurs et les pharisiens donc assemblèrent un sanhédrin, et dirent : Que faisons-nous ? car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons ainsi [faire], tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ôteront et notre lieu et notre nation. Et l’un d’entre eux, [appelé] Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit : Vous ne savez rien, ni ne considérez qu’il nous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation entière ne périsse pas. Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés. Depuis ce jour-là donc, ils consultèrent [ensemble] pour le faire mourir. Jésus donc ne marcha plus ouvertement parmi les Juifs ; mais il s’en alla de là dans la contrée qui est près du désert, en une ville appelée Éphraïm ; et il séjourna là avec les disciples » (11:45-54).

Les principaux sacrificateurs et les pharisiens furent immédiatement mis en alerte. Ils s’assemblent pour tenir conseil ; ils s’étonnent de leur inaction en présence de tant de signes opérés par Jésus ; ils craignent qu’en Le laissant faire, Il ne devienne acceptable universellement, et que les Romains en soient provoqués à les détruire — l’Église et l’État, comme les gens disent maintenant. Combien il est affligeant de voir la puissance de Satan aveuglant la plupart de ceux qui ont les plus hautes places dans le zèle pour Dieu selon la chair ! C’était leur intention de Le mettre à mort, une intention acharnée dans la méchanceté et dans la volonté d’aboutir, qui mena à la croix dans laquelle Il devint le centre d’attrait pour les hommes de toute classe, de toute nation et de toute condition morale ; et c’est leur culpabilité sur ce point spécialement (mais pas seulement ce point) qui attira sur eux la colère du « roi » qui envoya ses forces, détruisit ces meurtriers et brûla leur ville (Matt. 22:7). Tout le sang juste vint sur eux (Matt. 23:35), et leur maison a été laissée déserte jusqu’à ce jour (Matt. 23:38-39) — ceci a été opéré par la main terrible des Romains, qu’ils prétendaient se rendre propices par la mort de Jésus. Telle est la voie et la fin de l’incrédulité.

Il est extrêmement solennel de voir que finalement Dieu endurcit ceux qui se sont longtemps endurcis contre la vérité. C’est ainsi qu’Il enverra bientôt aux hommes « une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thes. 2:11-12), et ceci justement « parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés » (2 Thes. 2:10). C’est Lui qui parlait par Balaam, contre sa volonté, pour bénir le peuple, bien qu’il eût été engagé par Balak pour les maudire ; Balaam prouva par la suite par le moyen de ses ruses corruptrices, et jusqu’à sa propre destruction, combien peu ses prophéties provenaient de lui-même. C’est Lui qui parlait maintenant par Caïphe dont la fonction de souverain sacrificateur cette année-là donnait d’autant plus de poids officiel à ses paroles. Qu’il y eut de telles transmissions de fonction parmi les souverains sacrificateurs, n’était pas une marque d’ordre. Mais telle était la confusion générale quand le Fils de Dieu vint ici-bas, et telle elle était encore au temps de Sa mort. Il n’est pas étonnant que Dieu, resté longtemps silencieux, ait parlé par le moyen du souverain sacrificateur de l’année. Il est souverain Lui-même. Il peut employer le mal autant que le bien — les uns de bon cœur, les autres malgré eux, et si leur volonté est engagée dans cette action, ils agissent avec des sentiments aussi méchants qu’eux-mêmes.

Tel était le cas de Caïphe quand il dit : « Vous ne savez rien, ni ne considérez qu’il nous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation entière ne périsse pas » (11:49-50). Ce qui était dans ses pensées, ce n’était pas Dieu, mais le moi sans conscience. Jean fait le commentaire qu’« il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (11:51-52). Les sentiments qui se trouvaient dans le cœur de Caïphe étaient dépourvus de principes ; dans la pensée de l’Esprit, il n’y avait pas seulement la plus grande sainteté, mais l’expression du fondement de la justice de Dieu en Christ. L’espoir futur d’Israël est basé sur Sa mort, de même que le rassemblement actuel des enfants de Dieu dispersés, l’Église. À partir de ce jour-là, des mesures concertées furent prises pour comploter pour parvenir à la mort de notre Seigneur ; alors Il se retira au nord du désert de Judée, et y demeura quelque temps avec les disciples dans la localité dénommée Éphraïm. L’heure s’approchait.

 

12.9                      Jean 11:55-57

« Or la Pâque des Juifs était proche, et plusieurs montèrent de la campagne à Jérusalem, avant la Pâque, afin de se purifier. Ils cherchaient donc Jésus, et se disaient l’un à l’autre, comme ils étaient dans le temple : Que vous semble ? [Pensez-vous] qu’il ne viendra point à la fête ? Or les principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient donné ordre que si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin qu’on le prît » (11:56-57).

On approche de la scène finale ; Jésus poursuit Son service dans une retraite durant le court intervalle séparant de la Pâque, — la dernière Pâque qui allait bientôt être accomplie dans Sa mort. Ils montaient pour se purifier avant la fête, ce qui les amenait à Le chercher et à faire des suppositions sur Son éventuellement absence. Car des ordres avaient été donnés pour les informer de ce qui Le concernait, afin de l’arrêter. Aucun de Ses amis ni de Ses ennemis n’imaginait trouver l’un des douze pour indiquer l’endroit fréquenté par le Seigneur. Mais Lui savait que ceci Lui arriverait. Combien l’homme est loin d’imaginer que tout se joue entre Satan et Dieu, et que, si le mal semble l’emporter, pour la foi le bien triomphe même maintenant, comme il le fera sous peu aux yeux de tous dans le jugement du mal.

Mais si le Seigneur se retire des machinations des hommes endurcis dans leur inimitié contre Lui à cause de leur fausse prétention à sentir et agir pour Dieu, Il avait toujours devant Lui Sa propre mort sur la croix à la gloire de Dieu. Elle n’allait pas avoir lieu dans un coin retiré, ni ne resterait une information secrète. Elle devait avoir lieu à cette fête, et à aucune autre — à la Pâque qui approchait, quand tous les chefs religieux se compromettraient entièrement, les anciens, les principaux sacrificateurs et les scribes ; quand toute la nation, hormis le petit résidu croyant, jouerait leur rôle aveugle ; quand tous Le livreraient aux Gentils pour qu’on se moque de Lui, qu’on Le fouette et Le crucifie. Tous ces gens, dans toute leur faiblesse et leur infidélité, ne pensaient guère à Lui comme le Fils de Dieu, et comme le Fils de l’homme venu non pas pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs ! (Marc 10:45). Puis Il devait rapidement, mais dans un temps mesuré et prédit, ressusciter dans une puissance de résurrection transcendant celle de Lazare au-delà de toute comparaison ; puis dorénavant Il allait œuvrer spirituellement dans tous ceux qui croient, vivifiés avec Lui et ressuscités ensemble, et placés assis ensemble dans les lieux célestes en Lui (selon l’enseignement d’un autre apôtre, Éph. 2:5, 6), avant qu’arrive le moment glorieux de Sa venue pour nous, lorsque nous serons tous changés (1 Cor. 15:51).

 

13                  Chapitre 12

13.1                      Jean 12:1-8

Tel était le témoignage que Dieu donna au Seigneur Jésus comme Fils dans la puissance de résurrection, avec le résultat manifeste d’une haine mortelle chez ceux qui ne se courbaient pas avec foi. Avant qu’un nouveau témoignage soit donné, il nous est permis de Le voir dans la maison de ceux qu’Il aimait à Béthanie, où l’Esprit nous donne une nouvelle preuve de grâce dans la reconnaissance de Sa gloire, et ceci en vue de Sa  mort. Là se reposait l’homme si récemment ressuscité d’entre les morts avec Celui qui l’avait ressuscité.

« Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie où était Lazare, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts. On lui fit donc là un souper ; et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. L’un de ses disciples donc, Judas Iscariote, [fils] de Simon, qui allait le livrer, dit : Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers et donné aux pauvres ? Or il dit cela, non pas qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’il avait la bourse et portait ce qu’on y mettait. Jésus donc dit : Permets-lui d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture. Car vous avez les pauvres toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours » (12:1-8).

En présence du Seigneur chacun se dévoile. Jésus personnellement, comme partout, est l’objet de Dieu, la lumière qui manifeste tout. Mais il fait davantage. Comme Il a apporté la vie dans la scène de la mort, les témoins de Sa puissance et de Sa grâce sont là à leur place, selon leur mesure ; un seul de ces témoins a le discernement spécial que confère l’amour qui est de Dieu, quoique la grâce puisse l’interpréter selon sa propre puissance. Ils firent là un souper pour Lui, Marthe servant, Lazare étant à table et Marie oignant les pieds du Seigneur avec le nard pur ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Le Seigneur en ressentit la signification, et l’expliqua, selon Sa sagesse et Son amour.

D’un côté on voit un membre de la famille bénie, guidée par une sagesse au-dessus de sa sagesse naturelle, et conduite à faire un acte extrêmement approprié et significatif à ce moment-là ; son dévouement était celui d’un œil simple. Mais d’un autre côté on voit un des disciples donnant prise au travail de l’ennemi, qui ne fait aucun cas de Jésus. Tout ce qui est bien ou mal revient au fond à l’estimation fausse ou vraie qu’on a de Lui. Nous pouvons être, et nous sommes lents à apprendre cette leçon, bien qu’elle soit plus importante que toutes les autres ; mais l’objet de l’Esprit dans toute l’Écriture est de nous l’enseigner, et nulle part de manière si visible et si profonde aussi que dans cet évangile. Ainsi Judas Iscariote, un des disciples qui était sur le point de le livrer, dit : pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu pour 300 deniers et donné aux pauvres ? Il ne pensait pas du tout à Jésus ! Pourtant l’acte de Marie aurait pu réveiller naturellement ses affections. Que n’était-Il pas pour elle ? Judas calcule froidement le prix minimum du nard ; il met faussement les pauvres en avant (12:5), dont il ne se souciait pas en réalité ; il aurait voulu que cette somme s’ajoutât à ses gains illicites. Le v. 6 est un commentaire du Saint Esprit : rien de plus calmement vrai, mais rien de plus flétrissant. Or que dit Jésus ? (12:7) « Permets-lui d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture. Car vous avez les pauvres toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours ».

Voilà la vérité dite dans l’amour divin. Marie n’avait pas reçu d’indication par prophétie. C’était l’instinct spirituel d’un cœur qui a trouvé le Fils de Dieu en Jésus, d’un cœur qui sentait le danger suspendu au-dessus de Lui comme homme. D’autres pouvaient penser à Ses miracles et espérer que les intentions meurtrières puissent disparaître à Jérusalem comme à Nazareth. Marie n’était pas aussi facile à satisfaire, bien qu’elle ait été témoin de Sa puissance de résurrection avec des sentiments aussi profond que ceux de toute autre âme. Elle était conduite par Dieu à faire ce qui avait, de loin, beaucoup plus d’importance aux yeux du Seigneur qu’à ses propres yeux. L’amour qui l’avait animée pour agir était de Dieu, et ceci était au-dessus de tout prix. « Si un homme donnait tous les biens de sa maison pour l’amour, on l’aurait en un profond mépris » (Cant. d. Cant. 8:7). Ce sont les paroles de celui [Salomon] qui connaissait, mieux que tous les fils des hommes, la vanité de l’amour humain, alors qu’il disposait des moyens les plus vastes jamais accordés à un chef de maison. Or le parfum de Marie, ou l’amour qui avait poussé à l’utiliser (le parfum avait été gardé, et maintenant elle savait pourquoi, à ce moment critique), qu’étaient-ils comparés à Son amour à Lui, qui la défendait, et qui allait mourir pour tous, même pour Judas ?

C’est en effet une scène sur laquelle il faut s’arrêter, tellement elle est instructive et touchante, soit qu’on considère la famille dans son ensemble, ou Marie en particulier, soit qu’on pense aux disciples (Matthieu et Marc montrent qu’aucun n’appréciait le geste, et que quelques-uns étaient même indignés), ou à celui dont l’influence ténébreuse était si néfaste sur les autres, et par-dessus tout quand on regarde et écoute Celui dont la grâce avait formé le cœur de Marie selon Sa propre nature et Ses propres voies.

 

13.2                      Jean 12:9-11

« Une grande foule d’entre les Juifs sut donc qu’il était là, et vint, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare qu’il avait ressuscité d’entre les morts. Mais les principaux sacrificateurs tinrent conseil, afin de faire mourir aussi Lazare ; car, à cause de lui, plusieurs des Juifs s’en allaient et croyaient en Jésus » (12:9-11).

On a souvent remarqué que l’expression « les Juifs » ne désigne pas simplement des Israélites, mais des habitants de Judée, subissant grandement l’influence de leurs chefs dans leur hostilité à Jésus, et dans d’autres domaines. Mais ils étaient distincts de leurs chefs, et ces versets font bien voir la différence. La grande foule, cependant, semble avoir été influencée autant par la curiosité que par des motifs meilleurs. Voir Lazare qui avait été ressuscité d’entre les morts, c’est tout à fait différent de croire Dieu. Pourtant il y avait de la réalité chez certains, et il s’ensuivait une malice plus profonde et plus délibérée chez les principaux sacrificateurs, parce que beaucoup de Juifs les quittaient et croyaient en Jésus.

Marie n’avait pas du tout mal interprété la position du Seigneur. La crise s’approchait. Lui comprenait parfaitement vers où chaque courant s’orientait. Il savait ce qui est dans l’homme, dans Satan et en Dieu ; Il savait aussi que, comme la malice de la créature poussait à l’extrême dans la haine rebelle, Dieu voulait aller encore plus loin dans Son amour rédempteur, mais en même temps dans le plus solennel jugement du péché. Combien peu les cœurs présents concevaient ou pouvaient concevoir quelque chose de cette gloire morale ! Cependant les affections de Marie étaient conduites par Dieu pour deviner l’inimitié qui croissait rapidement et sans relâche contre Celui qui, plus que jamais, possédait l’hommage et l’amour de Son cœur.

Mais le témoignage final devait être complet. Jésus s’était déjà montré comme Fils de Dieu en puissance en ressuscitant Lazare du tombeau où il gisait mort : témoignage spécifique et caractéristique de l’évangile de Jean. Les hommes ont soulevé des objections qui ne font que prouver leur incapacité spirituelle ; car ce témoignage convient exactement, mieux que partout ailleurs, et au bon moment et au bon endroit. Tout est divinement agencé.

 

13.3                      Jean 12:12-19

Le témoignage suivant est rendu à Son titre de Messie, et c’est pourquoi il est convenable qu’on le trouve dans tous les évangiles. Il ne pouvait manquer à aucun d’eux ; c’est le fait suivant relaté par notre évangéliste.

« Le lendemain, une grande foule qui était venue à la fête, ayant ouï dire que Jésus venait à Jérusalem, prit les rameaux des palmiers et sortit au-devant de lui, et criait : Hosanna ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Et Jésus, ayant trouvé un ânon, s’assit dessus, selon qu’il est écrit : «Ne crains point, fille de Sion ; voici, ton roi vient, assis sur l’ânon d’une ânesse» ». Or ses disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de lui et qu’ils avaient fait ces choses à son égard. La foule donc qui était avec lui, [lui] rendait témoignage, parce qu’il avait appelé Lazare hors du sépulcre, et qu’il l’avait ressuscité d’entre les morts. C’est pourquoi aussi la foule alla au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle. Les pharisiens donc dirent entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici, le monde est allé après lui » (12:12-19).

 

13.3.1    Jean 12:12-15

Ainsi la foule L’accueille comme Messie, Lui appliquant très justement le langage du Ps. 118 ; en Matt. 22, le Seigneur déclare que ces expressions seront utilisées par le résidu repentant qui Le verra quand Il reviendra régner. Leur maison autrefois sanctifiée par l’Éternel et porteuse de Son nom, n’est plus que leur maison, et leur est laissée déserte ; en effet ils en avaient fait une maison de trafic et une caverne de voleurs. Il ne s’agissait pas d’un simple enthousiasme chez la foule, mais Dieu était à l’œuvre ; et le Seigneur Lui-même s’assied sur l’ânon selon la prophétie de Zacharie 9. Il est remarquable que, à la fois Matthieu et Jean omettent la phrase [« Il est juste et ayant le salut »] qui ne s’appliquait pas alors, même si elle est certaine pour bientôt ; car Il savait bien qu’Il devait souffrir à ce moment-là, afin d’apporter le salut quand Il reviendra en gloire. Ce n’était qu’un témoignage pour la foi à ce moment-là et selon la Parole ; quand Il reviendra, ayant le salut pour les Siens, ce sera en jugement destructif de tout ce qui s’oppose.

 

13.3.2    Jean 12:16

Il est de nouveau noté à notre intention que même Ses disciples ne connaissaient pas ces choses au début ; mais quand Jésus fut glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de Lui, et qu’ils Lui avaient fait ces choses. Lui n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage de Lui-même ou de l’homme (2:25). Passé, présent, futur, terre et ciel, tout était ouvert à Son regard. Lui qui a tout fait, connaît tout : c’est ce que Jean montre constamment en harmonie avec la gloire de Sa Personne, ce qui ressort partout, — sauf ce qu’il Lui a plu, en Sa qualité de serviteur, de ne pas savoir, le laissant à l’autorité du Père (Marc 13). À la lumière de Sa glorification, les disciples apprirent l’importance de la Parole et des faits.

 

13.3.3    Jean 12:17-19

C’était Sa puissance de résurrection qui impressionnait la foule si fortement. Ils ne tiraient pas complètement la leçon que la foi tire, mais ils concluaient qu’Il devait être le Fils de David promis, et Le traitaient comme tel, tandis que les pharisiens, entre eux, ne pouvaient que reconnaître à l’évidence l’inutilité de leur position et de leur opposition, vu que le monde (l’objectif visé par l’incrédulité) allait après Lui. Ils ne savaient guère ce qui est proclamé juste après : « Maintenant est le jugement de ce monde » (12:31). En se trompant dans le jugement à Son égard, la sentence sur le monde était scellée ; Lui cherchait le salut du monde, non pas la popularité ; Il cherchait la volonté de Dieu.

 

13.4                      Jean 12:20-26

Une autre scène complète la chaîne de témoignages donnés ici avant la fin.

« Or il y avait quelques Grecs, d’entre ceux qui étaient montés pour adorer pendant la fête. Ceux-ci donc vinrent à Philippe qui était de Bethsaïda de Galilée, et ils le priaient, disant : Seigneur, nous désirons voir Jésus. Philippe vient, et le dit à André ; et puis André vient, et Philippe, et ils le disent à Jésus. Et Jésus leur répondit, disant : L’heure est venue pour que le fils de l’homme soit glorifié. En vérité, en vérité, je vous dis : À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui affectionne sa vie (âme), la perdra ; et celui qui hait sa vie dans ce monde-ci, la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (12:20-26).

 

13.4.1    Jean 12:20-24

Il s’agissait de Gentils, de Grecs, non pas des Hellénistes. Ils désiraient voir le Seigneur et Philippe les signale au Seigneur. Cela suffisait. Le Seigneur dévoile la grande vérité. Il ne s’agit plus maintenant du Fils de Dieu vivifiant ou ressuscitant des morts, ni du Fils de David venant à Sion selon la prophétie, mais il s’agit du Fils de l’homme glorifié. C’est ce qu’Il explique après la formule d’affirmation solennelle [En vérité, en vérité] qu’on trouve si souvent dans cet évangile, et Il l’explique en se servant de la figure bien connue de la mort et de la résurrection qu’on trouve dans la nature : « En vérité, en vérité, je vous dis : À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Lui-même était le vrai grain de blé qui allait produire du fruit en abondance, mais cela ne pouvait avoir lieu que par la mort et la résurrection. Il ne s’agissait pas, il ne pouvait pas s’agir d’un manque de puissance en Lui. C’est à cause de l’état de l’homme qu’il ne pouvait pas en être autrement avec justice devant Dieu. Seule la mort peut remédier au péché, ou remplir le vide, et Sa mort seule. Toutes les autres morts étaient vaines, et même fatales. La mort pour les autres, c’était périr. Lui seul pouvait sauver, mais Il le pouvait par Sa mort et Sa résurrection ; car s’Il mourait, Il pourrait ressusciter, et par la valeur infinie de Sa mort, Il profiterait aux autres de manière à les ressusciter avec justice. Demeurant vivant, Lui (même Lui !) ne pouvait que rester seul ; mourant, Il porterait beaucoup de fruit dans l’énergie de Sa résurrection.

Ainsi c’était Lui, le Fils de l’homme glorifié. C’était pour le péché qu’Il allait être glorifié, afin que Dieu fût finalement glorifié ; et maintenant Il l’était. Le péché a introduit la mort ; qu’Il meure pour le péché, cela posait la base, par la grâce de Dieu et à Sa gloire, pour le changement de toutes choses, y compris les nouveaux cieux et la nouvelle terre dans l’état éternel ; combien plus cela posait-il la base pour tous ceux qui croient, pour être entre temps bénis dans une vie nouvelle, avant d’être changés en la ressemblance de Sa gloire, quand Il viendra les chercher ! « Il verra une semence ; il prolongera ses jours, et le plaisir de l’Éternel prospérera en sa main. Il verra [du fruit] du travail de son âme, [et] sera satisfait » (Ésaïe 53:10-11). C’est ce que dit le premier des prophètes, et ceci est fondé sur Sa mort : « S’il livre son âme en sacrifice pour le péché » (Ésaïe 53:10), en accord avec Ses propres paroles prononcées bien des siècles après, quand approchaient cette heure prodigieuse et l’acte coupable de l’homme où Il n’allait avoir que douleur et ignominie, et où Dieu, dans Son jugement impitoyable et insondable, allait L’affliger de manière incomparablement pire. Pour Lui, l’heure était venue où le Fils de l’homme devait être glorifié. Quel parfait sacrifice de soi-même ! Quel dévouement pour Dieu ! Quel amour envers l’homme, y compris Ses ennemis les plus acharnés ! Voilà comment Jésus allait à la mort — à la mort même de la croix ; et tel était le fruit qui ne manquerait pas.

 

13.4.2    Jean 12:25-26

Le principe devient désormais un principe de base, non pas la facilité et l’honneur et l’avancement pour soi (ce qui est en vérité la plus grande perte), mais la souffrance et la honte, et si nécessaire, la mort, maintenant dans ce monde à cause de Christ. Tel est le christianisme pratique. « Celui qui affectionne sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa vie dans ce monde-ci, la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (12:25-26). Et quel honneur ! Il sait assurément ce qu’est cet honneur et comment le donner. Mais cela ne passe pas par un abaissement conçu soi-même ou qu’on s’impose à soi-même, ni dans des flagellations du dos ; ce n’est pas lécher la poussière, ni des efforts comme ceux du paganisme, qui déshonorent le corps pour la satisfaction de la chair (Col. 2:23). C’est dans le chemin où le Saint Esprit seul peut guider et soutenir, dans le service de Christ — un service inséparable du fait de Le suivre, son commencement étant la vie éternelle dans le Fils, sa fin étant la même vie dans la gloire avec Lui ; car celui qui Le sert et Le suit, le Père l’honorera. Puissions-nous être fortifiés pour discerner et faire la vérité !

 

13.5                      Jean 12:27-28

Le Seigneur revient aux pensées sur Sa mort qui approchait. Il ne cherche pas à éviter de la voir en face, et cela faisait partie de Sa perfection de la ressentir comme personne ne l’a jamais fait. Il l’apprécie justement et pleinement comme auparavant, au lieu de la braver comme font les gens qui ne peuvent lui échapper. Il n’y avait pas de sentence inévitable à Son encontre, mais il y avait l’amour divin, afin que Dieu soit glorifié dans un monde coupable, et que des pécheurs soient sauvés avec justice, et que toute la création du ciel et de la terre (je ne dis pas ceux sous la terre, les êtres infernaux de Phil. 2) puissent être réconciliés et bénis pour toujours. Lui, et seulement Lui, avait l’autorité de laisser Sa vie (ψυχήν) et l’autorité de la reprendre (10:18). Lui est la Résurrection et la Vie (ζωή), de sorte que personne ne Lui ôte la vie qu’Il a dans ce monde, mais Il la laisse de Lui-même, bien qu’Il le fasse aussi dans l’obéissance à Son Père et pour la gloire éternelle de Dieu (10:18), comme la plénitude de Sa Personne Le rend capable de faire. Mais Il ressentait d’autant plus, et non pas d’autant moins, la gravité, l’humiliation et la souffrance de ce qui était devant Lui. Il y avait là le sens le plus profond de la mort, non seulement comme homme et comme Messie, mais le sens de sa signification comme de la part de la main de l’homme comme de la part du jugement de Dieu. Aucun élément de douleur, peine, honte et horreur n’était absent de Son cœur, et tous étaient compatibles avec la perfection de Sa Personne et de Sa relation avec Dieu.

« Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom » (12:27-28a). Il était la vie, et pourtant Il vint pour mourir ; Il était lumière et amour, et pourtant Il a été rejeté et haï comme aucun homme ne l’a jamais connu ni ne le connaîtra jamais. La réalité de Son humanité, la gloire de Sa déité, n’empêchaient nullement Sa douleur ; étant qui Il était et ce qu’Il était, et parfait en tout, cela ne faisait que Lui donner une capacité infinie de sentir et de sonder ce qu’Il a enduré, d’autant plus qu’Il était venu pour tout endurer, et qu’Il l’avait comme perspective immédiate, quoique personne ne s’en rendît compte sinon Lui. Il n’aurait pas été un homme parfait si son âme n’avait pas été troublée, de manière à ressentir, « et que dirai-Je ». Il n’aurait pas été Fils de Dieu comme homme s’Il n’avait pas prié dans le trouble de Son âme « Père, délivre-moi de cette heure », et aussi brièvement « mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure », couronné par « Père glorifie ton nom ». Avoir senti et exprimé la première demande convenait parfaitement à Celui qui était homme dans de telles circonstances ; avoir ajouté la seconde phrase était digne de Celui qui était Dieu non moins qu’homme dans une seule Personne non divisée ; avoir dit les deux phrases était une perfection dans toutes les deux, en douleur comme en joie, en rapport avec la mort comme en rapport avec la vie.

 

13.6                      Jean 12:28b-29

13.6.1    Jean 12:28b

Le Père apprécie et donne une réponse bien en harmonie : « Il vint donc une voix du ciel : Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau. La foule donc qui était là et qui avait entendu, dit qu’un coup de tonnerre avait eu lieu ; d’autres disaient : Un ange lui a parlé » (12:28-29). Augustin et Jérôme confondent ceci avec Jean 17:5, alors que c’est tout à fait différent — on peut bien le montrer ; mais nous ne devons jamais nous attendre à de l’intelligence spirituelle chez ceux qu’on appelle les pères de l’église, ni même nous attendre à de l’orthodoxie ordinaire. En Jean 17:5 il s’agit du Fils demandant au Père d’être glorifié comme l’Homme ressuscité, ayant achevé l’œuvre, en conformité avec les droits de Sa Personne, auprès du Père Lui-même dans la gloire que le Fils avait auprès de Lui avant que le monde fut.

Le passage devant nous se rapporte à ce qui venait d’être fait dans ce monde, et à ce qui allait se faire ; car comme le Père avait glorifié Son nom dans la résurrection de Lazare, ainsi Il voulait le glorifier infiniment plus en ressuscitant d’entre les morts Son propre Fils. Les commentateurs modernes, comme le doyen Alford, passent à côté du sujet autant ou plus que les anciens, avec des pensées maigres, vagues et même erronées. Combien il est pauvre de nous dire que « pour cela » [v. 27b,  διά τουτο = ίνα σωτώ έκ τής ώρας ταύτης ; c’est pour cela que je suis venu à cette heure], c’est « pour être délivré de cette heure » (v. 27a) ! — « pour cela », c’était entrer dans cette heure, dans cette coupe, et l’épuiser jusqu’à son terme : voila ce qui était justement le moyen destiné à Ma glorification, ou comme Meyer le dit, le moyen que Ton nom soit glorifié, ce qui correspond à anticiper ce qui suit. C’était réellement mourir, quoique, sans doute, à la gloire du Père par le Fils. – Ainsi, de nouveau, έδόξασα = « je l’ai glorifié » (v. 28b) vise quelque chose de beaucoup plus précis que « dans la manifestation du Fils de Dieu jusqu’ici, si imparfaite fut-elle (voir Matt. 16:16, 17) ; dans tous les types et la prophétie de l’Ancien Testament, dans la création, et même (Augustin) avant que le monde fut » (in Joan. 52.4). – Finalement c’est perdre la force exacte du texte que de traiter πάλιν [= de nouveau, v. 28b, je le glorifierai de nouveau] comme un simple moyen d’accentuer δοξάζειν [= je le glorifierai], — au lieu de voir une manifestation distincte et plus haute de la puissance de résurrection.

 

13.6.2    Jean 12:29

Quant à la question de savoir pourquoi il est dit que la voix venant du ciel était comme un tonnerre, tandis que d’autres parlent de la voix d’un ange s’adressant au Seigneur, il semble vain de chercher une réponse. Ce n’était que des spéculations de la foule, qui étaient toutes en deçà de la vérité. L’incrédulité vis-à-vis de Lui peut aller jusqu’à affaiblir ou éliminer tout témoignage jusqu’à ce qu’Il vienne pour juger.

 

13.7                      Jean 12:30-36a

Or en réalité cette voix venue du ciel était en grâce envers eux, car « Jésus répondit et dit : Cette voix n’est pas venue pour moi, mais pour vous. Maintenant est le jugement de ce monde ; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors. Et moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même. Or il disait cela pour indiquer de quelle mort il allait mourir. La foule lui répondit : Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce fils de l’homme ? Jésus donc leur dit : Encore pour un peu de temps la lumière est au milieu de vous ; marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne s’emparent pas de vous ; et celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez fils de lumière » (12:30-36a).

Ces paroles sont sûrement de l’importance la plus solennelle, d’autant plus que la chrétienté, maintenant comme toujours, ignore leur vérité. Car les gens, les chrétiens ne croient pas du tout que « maintenant est le jugement de ce monde » (12:31), même si certains d’entre eux s’attendent à ce que le chef de ce monde soit jeté dehors en son temps. La gloire du Fils de l’homme est fondée sur la mort. Le rejet du Messie donne occasion à ce qui est incomparablement plus vaste et plus profond ; et ainsi la gloire de Dieu est assurée de manière immuable, et beaucoup de fruit est porté, et il y a également la bénédiction de ceux qui auraient été autrement perdus, et qui maintenant sont bénis avec Christ et en Christ, non pas simplement par Christ. Mais si le ciel est par-là ouvert (car la croix et le ciel se répondent l’un à l’autre), le monde est jugé. Devant Dieu et pour la foi, son jugement est déjà maintenant, et non pas seulement quand son exécution prendra place publiquement et en puissance. Mais maintenant le monde est jugé pour celui qui a la pensée de Christ, qui partage Son rejet et attend la gloire avec Lui en haut. Que signifie moralement la croix ?

Un Messie vivant aurait dû rassembler les douze tribus d’Israël autour de Lui comme leur chef, suscité par Dieu selon la promesse ; mais il fallait qu’Il soit élevé de la terre, crucifié comme une victoire apparente de Satan, alors que c’était sa défaite réelle et éternelle, et connue comme telle pour la foi ; mais aujourd’hui nous attendons le jour où cette défaite sera déclarée sans conteste. Christ sur la croix est quelque chose de très différent de Christ régnant sur Son peuple en grâce, et demeurant éternellement ; pourtant ils auraient dû le savoir en lisant la loi, car cela s’y trouve, même si c’est obscurément. Or la grâce montre ouvertement Christ dans cet état élevé, centre d’attraction pour tous, Gentils ou Juifs, malgré leurs péchés, qu’Il allait porter en Son corps. Un Fils de l’homme souffrant n’était pas, et n’est pas, un article de la foi juive, quoiqu’Il soit certainement révélé dans leurs Écritures. Le Seigneur répond à l’ignorance qu’ils expriment, en leur disant combien brève allait être la présence de la lumière, en les avertissant des ténèbres qui allaient les saisir, et en les exhortant à la foi dans la lumière, si échappant aux ténèbres, ils voulaient être caractérisés par la lumière.

 

13.8                      Jean 12:36b-43

La fin était proche, et un signe leur fut alors donné que la lumière n’allait pas toujours rester là. « Jésus dit ces choses, et s’en allant, il se cacha de devant eux. Et quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui ; afin que la parole d’Ésaïe le prophète, qu’il prononça, fût accomplie : «*Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu’il a entendu de nous, et à qui le bras du *Seigneur a-t-il été révélé ?» C’est pourquoi ils ne pouvaient croire, parce qu’Ésaïe dit encore : «Il a aveuglé leurs yeux et il a endurci leur cœur, afin qu’ils ne voient pas des yeux, et qu’ils n’entendent pas du cœur, et qu’ils ne soient pas convertis, et que je ne les guérisse pas». Ésaïe dit ces choses parce qu’il vit sa gloire et qu’il parla de lui. Toutefois plusieurs d’entre les chefs mêmes crurent en lui ; mais à cause des pharisiens, ils ne le confessaient pas, de peur d’être exclus de la synagogue ; car ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu » (12:36b-43).

 

13.8.1    Jean 12:37-40

Voilà le résultat du seul témoignage absolument parfait qui ait jamais été rendu dans ce monde, celui des paroles et des voies et des signes du Fils de Dieu ; et ce témoignage avait été rendu non pas là où l’on aurait pu plaider l’ignorance pour atténuer son rejet, mais là où Dieu avait fait tout Son possible pour préparer le chemin par prophétie, et pour attirer l’attention par signe — la grâce et la vérité au milieu d’un peuple habitué à l’intervention divine. Mais l’incrédulité de l’homme, laissée à elle-même et à Satan, ne peut pas faire disparaître tout ce qu’on voit et ce qu’on entend de la part de Dieu. Il en était ainsi parmi les Juifs aux jours du Seigneur, et cela perdure jusqu’à ce jour. C’est encore « cette génération » qui ne passera pas jusqu’à ce que toutes les menaces de Dieu soient accomplies. Pourtant Jean ne parle pas de jugements extérieurs ; ce sont les évangiles synoptiques qui en parlent. Jean parle de ne plus avoir Celui qui est tout. Car qu’est-ce que perdre la lumière, qu’être abandonné à ces ténèbres où celui qui marche ne sait pas où il va ? Or c’était précisément l’état des Juifs, d’autant plus aggravé qu’ils avaient encore la lumière pour un petit bout de temps parmi eux, et qu’ils ne croyaient pas, de sorte qu’ils ne pouvaient devenir enfants de lumière, et que les ténèbres s’emparaient d’eux (12:36). Ainsi le prince des prophètes [Ésaïe] se trouvait accompli par leur incrédulité amenant leur ruine, et ceci dans les deux parties de sa prophétie, la plus ancienne (12:40 = És. 6:9-10) et la plus récente (12:38 = És. 53:1), que les spéculations des critiques ont tenté en vain de séparer. Mais nous croyons l’évangéliste inspiré plutôt que le professeur présomptueux, et nous sommes assurés que les deux prophéties émanent d’Ésaïe, et qu’elles ont été données divinement et accomplies maintenant dans les Juifs restés si longtemps incrédules.

Tandis que la première citation (12:38) prouve la culpabilité du rejet du témoignage de Dieu, la seconde (12:40), bien qu’antérieure, montre le fait solennel de l’aveuglement judiciaire, qui n’a jamais été prononcé et encore moins exécuté par Dieu, jusqu’à ce que la patience ait eu son œuvre parfaite (Jacq. 1:4) et que l’homme eut comblé la mesure  de sa culpabilité au-delà de toute mesure (Matt. 23:32). Sous une telle sentence d’endurcissement, certes ils ne pouvaient pas croire, mais la sentence était venue à cause de la méchanceté consommée dans le rejet volontaire de Dieu et de Sa volonté ; ils ne croyaient pas malgré les appels les plus complets à leurs cœurs et à leurs consciences. La première citation montre la totale incrédulité vis-à-vis de Christ venu en humiliation et souffrant pour faire l’œuvre de l’expiation, de sorte que la seconde citation prononce la terrible parole qui les renferme dans l’aveuglement vis-à-vis de la lumière qu’ils avaient si longtemps méprisée.

 

13.8.2    Jean 12:41

Cette citation est suivie du commentaire inspiré (12:41) qu’Ésaïe dit ces choses quand il vit la gloire de Christ et qu’Il parla de Lui. C’est l’Éternel dans la prophétie, Christ dans l’Évangile ; mais ils sont un, et Actes 28:25-27 nous autorise à  inclure le Saint Esprit. Combien cela est confirmé, et combien cela confirme l’oracle encore plus ancien de Deut. 6:4 : « l’Éternel notre Dieu est un, l’Éternel ! ». Jean 12 et Actes 28 ne l’affaiblissent nullement, mais ajoutent à sa force et à son caractère expressif, en ce qu’ils montrent toujours plus la patience de Dieu et les ténèbres des Juifs après des siècles de légèreté vis-à-vis de Sa miséricorde et de Ses menaces. Et les ténèbres se sont accrues à mesure que la lumière brillait davantage.

 

13.8.3    Jean 12:42-43

Mais l’impiété se trahit non seulement dans son insoumission de cœur à croire, mais dans la lâcheté quand il s’agit de confesser le Seigneur (voir les ‘timides’ de Apoc. 21:8) ; pareillement ici, nous voyons « beaucoup d’entre les chefs crurent en Lui, mais à cause des pharisiens, ils ne le confessaient pas afin qu’on ne puisse pas les exclure de la synagogue ». Et le motif, ou la raison morale, sont donnés : ils ont mieux aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu. Ils craignaient le monde religieux, étant vivement sensibles à la gloire humaine, mais insensibles à celle qui vient de Dieu. Or nous ne devons pas oublier que, si « du cœur on croit à justice, de la bouche on fait confession à salut » (Rom. 10:10). Dieu attache beaucoup d’importance à la confession de Son Fils, et autrement nous ne pouvons pas posséder le salut avec certitude.

 

13.9                      Jean 12:44-50

Nous avons ensuite le témoignage public final de notre Seigneur selon ce qui est donné dans cet évangile. « Et Jésus s’écria et dit : Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. Moi, je suis venu dans le monde, [la] lumière, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Et si quelqu’un entend mes paroles et ne les garde pas, moi, je ne le juge pas ; car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde. Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a qui le juge ; la parole que j’ai dite, celle-là le jugera au dernier jour. Car moi, je n’ai pas parlé de moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé, lui-même m’a commandé ce que je devais dire et comment j’avais à parler ; et je sais que son commandement est la vie éternelle. Les choses donc que moi je dis, je les dis comme le Père m’a dit » (12:44-50).

Le Seigneur parlait avec ferveur comme partout et toujours. Selon Sa grâce, il le fallait pour les hommes au vu des questions solennelles qui étaient en jeu, et de la gloire divine concernée. Ce dont il s’agissait, c’était Son Père qui L’avait envoyé, non moins que Lui-même. Croire au Fils et Le discerner, c’était discerner le Père et croire en Lui. Ils étaient inséparablement un, comme Il l’avait déjà déclaré ; et celui qui avait le Fils, avait aussi le Père. De plus le Seigneur était venu comme la lumière dans le monde (car il n’était pas question d’Israël seulement) afin que quiconque croit en Lui ne demeure pas dans les ténèbres (11:46) ; celui-là a la lumière de la vie (8:12), et non pas la vie seulement ; il est lumière dans le Seigneur (Éph 5:8). C’était donc une ruine d’avoir entendu et de ne pas avoir gardé Ses paroles (12:47) ; mais telle était la grâce dans laquelle Il était venu, qu’Il pouvait ajouter « Moi, je ne le juge pas ; car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde ». Comment dès lors Sa gloire serait-elle défendue dans Son cas vis-à-vis de ceux qui Le tiennent pour rien et ne reçoivent pas Ses paroles ? Celui-là a qui le juge, c’est-à-dire la Parole (10:48). « La parole que j’ai dite, celle-là le jugera au dernier jour », et d’autant plus sûrement que Jésus n’a pas parlé de Lui-même comme s’Il cherchait Sa propre volonté ou Sa propre gloire, mais Il était simplement et continuellement soumis au Père, qui non seulement L’avait envoyé, mais en outre Lui avait commandé ce qu’Il devait dire et comment Il avait à parler (10:49) ; Il savait que le commandement du Père est la vie éternelle (10:50 – Ps. 133:3). Jésus était aussi soumis à Lui dans ce qu’Il prononçait que dans ce qu’Il faisait, car Il était ici pour Le faire connaître et faire Sa volonté.

 

 

14                  Chapitre 13

Nous entrons maintenant dans une nouvelle section de notre évangile, celle des dernières communications du Seigneur à Ses disciples, se terminant par la prière où Il ouvre Son cœur au Père à leur sujet. Le sens général de cette section est partout et en tout de conduire les Siens dans une vraie intelligence spirituelle de leur nouvelle position devant Dieu le Père, en contraste net avec celle d’Israël dans le monde. Il ne s’agit pas de la position en tant qu’Église, mais de la position chrétienne, très complète et très nette, en vertu de Christ, qui met Israël de côté à tous égards. Il allait auprès du Père en haut, et ici Il révèle ce que, dans cette gloire, Il allait faire pour eux tandis qu’ils étaient encore ici-bas. Il fallait que Son amour prenne une forme nouvelle, tout en restant fidèle, immuable et parfait.

 

14.1                      Jean 13:1-5

14.1.1    Jean 13:1a

« Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (13:1).

Il était le seul homme que rien ne prenait par surprise. Tout était lu et connu et senti dans la présence de Dieu Son Père. Il était constamment conscient de la mort qui L’attendait, et de ce que serait cette mort dans sa forme, dans son caractère et dans son but dans le dessein de Dieu, ainsi que dans la malice de l’homme et de Satan ; et en outre nous voyons ici que la proximité immédiate de cette mort était dans Ses pensées avec ses immenses conséquences. Pourtant en Jean, il ne s’agit pas du fait qu’Il soit abandonné par l’homme ou par Dieu dans cette crise aiguë ; mais l’heure de Son départ de ce monde pour aller au Père arrive, au lieu qu’Il demeure ici-bas selon l’attente des Juifs en rapport avec leur Messie selon l’Ancien Testament. Les autres évangiles mettent en avant les preuves de Son rejet par le peuple, tandis que notre évangéliste Le voit rejeté d’emblée, et à la fin il Le montre en train de prépare les disciples au changement proche et inattendu, lorsque Christ serait dans le ciel, — et que le Saint Esprit serait envoyé ici-bas pour être dans et avec les Siens sur la terre, — et que le Père serait le caractère de Dieu dans Sa relation non pas seulement avec Christ, mais avec eux aussi, en son temps et à sa manière.

 

14.1.2    Jean 13:1b

Il voulait ensuite montrer Son amour sous des formes nouvelles et appropriées. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde », Il les aima non pas simplement jusqu’à la fin comme une question de temps, si vrai que ce fût, mais Il les aima en se chargeant de chaque besoin, endurant tout ce qu’il y avait de travail pénible pour eux, sans relâche et sans vaciller, malgré tout ce qui pesait sur Lui. Tel est l’amour de Jésus pour les Siens dans le monde, où ils en ont constamment besoin. Nous savons quel amour Il leur a exprimé lors de la dernière Pâque (Luc 22:15), et combien cet amour fut mis à l’épreuve et démontré comme étant infini, dans Son sang et dans Sa mort pour eux, comme un Agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour ceux qui croyaient (1 Pierre 1:19-21). Mais maintenant Il voulait leur montrer un amour aussi actif pour eux chaque jour quand Il serait parti auprès du Père, que quand Il accomplirait la Pâque en mourant pour eux.

 

14.1.3    Jean 13:2-4

« Et le souper étant venu, le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, [fils] de Simon, de le livrer, — [Jésus], sachant que le Père lui avait mis toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu, se lève du souper et met de côté ses vêtements ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit » (13:2-4).

La version autorisée anglaise regarde la phrase comme ayant trait à la fin du repas ; mais je suis d’accord avec ceux qui estiment qu’elle veut dire que le moment du repas était arrivé, ce qui est confirmé par l’action surprenante dont il est parlé. Je ne doute pas qu’il était habituel d’avoir les pieds lavés avant le repas et non pas après.

Mais si Jésus avait des voies d’amour infini dans Son cœur, le diable avait déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote la terrible trahison contre son divin Maître, qu’aucun siècle ne pourra jamais effacer. C’est ce qui eut lieu avec Jésus : la haine de l’ennemi éclata au grand jour au moment où l’amour de Dieu se manifestait dans et par Lui ; le fait que le diable ait opéré dans un homme, et même un disciple, combien cela flétrit les prétentions humaines, d’autant plus que ce disciple avait l’honneur de suivre étroitement et personnellement le Seigneur Jésus ! « Mais c’est toi, un homme comme moi, mon conseiller et mon ami » (Ps. 55:13). Dans cette sainte compagnie, il avait joué avec le péché, — ce péché d’habitude qui était la cupidité. Et maintenant le diable en accélérait la rétribution par la trahison du Fils de Dieu. Le Seigneur, comme nous le verrons plus tard, ressentait cela profondément, mais Il poursuit ici Son dessein d’amour dans la conscience des desseins et des plans d’amour du Père, dans la conscience aussi qu’Il retournait au Père dans la même pureté absolue dans laquelle Il était venu d’auprès de Lui. Il ne s’agissait pas simplement du cadre messianique, ni de celui du Fils de l’homme. Le Père avait mis toutes choses entre les mains de Son Fils, et Il s’en retournait en tant qu’homme sans qu’aucune ombre ne vienne déparer la sainteté intrinsèque qui avait marqué Sa venue d’auprès de Dieu pour devenir un homme. Il demeurait toujours le Saint de Dieu, cependant Il se lève du souper, met de côté Ses vêtements et prend un linge et se ceint.

 

14.1.4    Jean 13:5

Jésus s’occupe d’un nouveau service, requis par la proximité des disciples avec Dieu en tant que Ses enfants : il s’agissait d’ôter les souillures des Siens dans leur marche comme saints à travers le monde. C’est le sens de ce qui suit. « Puis il verse de l’eau dans le bassin, et se met à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (13:5). Notons soigneusement qu’il s’agit d’eau ici, non pas de sang. Le lecteur de l’évangile de Jean n’aura pas manqué de voir que le Seigneur fait beaucoup intervenir « l’eau » et le « sang ». Le Seigneur le fit effectivement en présentant la vérité aux Siens, et c’est Jean qui le montre le mieux. Sa première épître caractérise aussi le Seigneur comme étant venu par (δι) l’eau et par le sang ; non pas dans (εν) l’eau seulement, mais dans l’eau et le sang (1 Jean 5:6). Il purifie aussi bien qu’Il expie. Il emploie la Parole pour purifier ceux qui sont lavés de leurs péchés dans Son sang. Les apôtres Paul, Pierre et Jacques insistent sur l’effet de la Parole, comme Jean. Il est désastreux et dangereux au plus haut degré de méconnaître la purification par le lavage d’eau par la Parole. Si « le sang » est vis-à-vis de Dieu (quoique pour nous), « l’eau » est vis-à-vis du saint, pour ôter l’impureté en pratique, aussi bien que pour donner une nouvelle nature qui juge le mal selon Dieu et selon Sa Parole, dont l’eau est le signe, lui ajoutant la mort de Christ, laquelle donne sa mesure et sa force. C’est de Son côté percé qu’ont jailli le sang et l’eau (ch. 19).

Vis-à-vis de cette vérité sérieuse et bénie, il y a lieu de craindre que la chrétienté demeure autant dans l’obscurité que Pierre quand il refusa l’action du Seigneur en grâce. Pierre ne pénétra qu’ultérieurement la vérité communiquée par l’action de portée si riche du Seigneur : ce fut quand le Saint Esprit vint pour leur montrer ce qui concernait Christ. Dans cette circonstance-ci, il se trompa complètement, et les hommes sont enclins à faire de même aujourd’hui, alors que la lumière divine a été pourtant pleinement apportée. C’est une perversion que de limiter cet acte du Seigneur à un enseignement sur l’humilité, comme le font les hommes. Pierre ne voyait effectivement rien d’autre que cette humilité, d’où son erreur de considérer comme excessif l’abaissement du Seigneur allant jusqu’à lui laver les pieds ; mais une fois alerté par l’avertissement du Seigneur, il tomba dans l’erreur opposée. Nous ne sommes en sécurité que lorsque nous nous soumettons à Sa Parole en n’ayant aucune confiance en nous-mêmes.

Le fait est que, depuis les temps apostoliques, la vérité sur ce lavage des pieds (hormis peut-être quant au fondement) a été ou bien mal comprise, ou souvent pervertie pour en faire des ordonnances sans vie. Les évangéliques l’ignorent en général, ou bien la confondent avec le sang de Christ. Les catholiques (grecs, orientaux, romains ou anglicans) l’appliquent à tort au baptême. Il s’ensuit que, non seulement ils perdent la leçon spéciale du Seigneur relative au lavage dans l’eau, mais ils affaiblissent la propitiation. En conséquence la non-imputation du péché a été tout à fait inconnue déjà depuis le temps des premiers pères de l’église jusqu’à nos jours. Les Réformateurs n’ont pas apporté de délivrance à cet égard, et les Puritains ont augmenté la confusion et l’obscurité en insistant, non pas sur des ordonnances, mais sur la loi comme règle de vie, au lieu de ramener, par l’Esprit du Seigneur, à Christ comme l’objet d’après lequel le chrétien est transformé ici-bas. Le Seigneur a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes (1 Pierre 3:18). L’efficace pour le croyant est aussi parfaite que l’est Sa Personne ; et l’unicité de Son sacrifice est par suite le grand argument d’Hébreux 9 et 10 par contraste avec la répétition des sacrifices juifs. Par Son seul sacrifice, nous sommes non seulement sanctifiés (Héb. 10:10), mais aussi rendus parfaits à perpétuité (Héb. 10:14). N’y a-t-il aucune défaillance chez les saints dans la suite ? Trop souvent peut-être. Quelle est dès lors la ressource pour eux ? c’est le lavage d’eau par la Parole que le Saint Esprit applique en réponse au service d’avocat auprès du Père. C’est ce dont Christ donnait ici le signe.

 

14.2                      Jean 13:6-11

Le Seigneur se met alors à effectuer le travail commencé. « Il vient donc à Simon Pierre ; et celui-ci lui dit : Seigneur, me laves-tu, toi, les pieds ? Jésus répondit et lui dit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite. Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête. Jésus lui dit : Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds ; mais il est tout net ; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. Car il savait qui le livrerait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous nets » (13:6-11).

 

14.2.1    Jean 13:6

Dans les choses divines, la sagesse du croyant consiste à se soumettre à Christ et à Lui faire confiance. Nous sommes appelés à accepter ce qu’Il fait avec reconnaissance de cœur, et à dire comme Marie aux serviteurs aux noces de Cana : « Faites tout ce qu’Il vous dira » (2:5). Or voilà que Pierre fait le contraire, et objecte quand le Seigneur s’approche de lui « en forme d’esclave » (Phil. 2:7). La foi opérante par l’amour ne se trouvait-elle pas chez Pierre ? (Gal. 5:6). Sans doute il y avait la foi et l’amour chez Pierre, sans être pourtant en action à ce moment-là, car ils étaient ensevelis sous un tas de sentiments humains ; sinon il ne se serait pas permis de mettre en doute l’opportunité de ce que le Seigneur estimait approprié. Il se serait plutôt incliné devant l’amour de Christ, et aurait cherché à apprendre selon que Lui sait enseigner, — à apprendre le grand besoin qui était le sien et celui de ses compagnons au point de susciter un service aussi humble, mais si nécessaire de la part de son Maître. Ah ! il ne savait pas encore que Jésus devait aller plus loin que s’abaisser à laver les pieds de Ses disciples, — qu’Il devait aller jusqu’à la mort même de la croix pour que Dieu soit glorifié et que l’homme soit justifié et délivré en bénéficiant d’un droit incontestable. Mais la grâce qui entreprenait cette œuvre infinie de propitiation (la base pour répondre à toutes les exigences de la nature, de la majesté et de la justice divines, d’une manière qui soit à la gloire de Dieu, étant donné notre culpabilité), — cette grâce voulait aussi pourvoir à chaque pas du chemin où la souillure abonde. Nous pouvons ainsi jouir de la communion malgré la puissance et les ruses de Satan et malgré notre faiblesse ; et en dépit des défaillances nous pouvons être restaurés à la communion avec Lui dans la lumière et la gloire de Dieu dans laquelle Il allait retourner et dans laquelle nous Le suivrons au moment convenable.

Pierre croyait, mais il ne croyait pas encore « toutes les choses que les prophètes ont dites » (Luc 24:25). Il entrait faiblement dans ce que lui-même appellera ultérieurement « les souffrances de Christ et les gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11). Il continuait à regarder le Seigneur beaucoup trop exclusivement comme le Messie ; ce n’est que plus tard qu’il saura estimer les profondeurs qui sont dans le Fils du Dieu vivant, bien que, de sa bouche, il ait déjà confessé cette gloire auparavant (Matt. 16:16). La nature était trop peu jugée chez Pierre, de sorte qu’il n’appréciait pas encore la signification de cette gloire, ni son application ni ses résultats, comme il le fera plus tard sous l’effet de l’enseignement divin, quand la croix aura démontré la valeur de la nature, ou plutôt son absence de valeur, devant Dieu et les hommes. Pierre était trop confiant en lui-même, et il était effectivement ignorant à la fois de lui-même et de ce qu’était la scène de souillure qui l’entourait, et il était également ignorant des profondeurs et de la constance de l’amour de Christ ; c’est pourquoi il dit au Seigneur : « Me laves-tu, toi, les pieds ? » (13:6). Certes il ne pouvait pas savoir ce qui n’était pas encore révélé ; mais était-il convenable de sa part, était-ce respectueux de mettre en question ce que le Seigneur était en train de faire ? Il a pu penser que refuser un service d’aussi bas niveau de la part du Seigneur, c’était de l’humilité chez lui, et c’était rendre honneur au Seigneur. Mais Pierre n’aurait jamais dû oublier que Jésus n’avait jamais dit une parole, ni fait aucun acte, sinon ce qui était digne de Dieu et ce qui démontrait le Père ; et maintenant plus que jamais, Ses paroles et Ses voies manifestaient Sa grâce divine, alors que le mal humain actionné par Satan à la fois chez ceux du dehors et chez ceux du cercle plus restreint des Siens, réclamait de se clarifier davantage et de montrer davantage d’ardeur à cause de son départ prochain.

La vérité est que nous avons besoin d’apprendre de la part de Dieu comment L’honorer et comment aimer selon Sa pensée. Si quelqu’un pense savoir quelque chose, il ne connaît rien comme il faut connaître (1 Cor. 8:2). Ceci aussi était une faute de la part de Pierre. Il aurait dû se méfier de ses pensées et s’attendre en toute soumission à Celui qui fait toutes choses bien (Marc 7:37 ; ce titre était confessé par beaucoup, alors qu’ils Le connaissaient bien moins bien que Pierre), et qui était absolument ce qu’Il disait, vérité et amour dans la même Personne bénie (8:25). Les pensées de l’homme ne sont jamais comme les nôtres, et les saints glissent dans les pensées humaines, s’ils ne sont pas enseignés de Dieu par la foi, en détail aussi bien qu’en gros ; car nous ne pouvons, ni ne devons, nous confier nous-mêmes en quoi que ce soit. Dieu veut que Son Fils soit honoré, et Il est honoré avant tout quand on Le croit et qu’on Le suit dans Son humiliation. Quand Pierre dit : « Me laves-tu, toi, les pieds ? », il sortait autant de sa place que lorsqu’il se permettait de reprendre le Seigneur pour avoir osé parler de Ses souffrances et de Sa mort.

 

14.2.2    Jean 13:7

Mais dans Sa débonnaireté, le Seigneur répond par une plénitude de grâce : « Ce que je fais, tu ne le sais (οιδας) pas maintenant, mais tu le sauras (γνωση) dans la suite » (13:7). N’était-ce pas une indication solennelle, mais pleine de compassion adressée à Pierre, s’il avait été en état de cœur pour apprendre ? Si même il ne s’était pas incliné tout de suite devant l’action du Seigneur, Il aurait dû conclure de Ses paroles qu’il y avait une signification digne de Lui, digne de Celui qui estimait que laver les pieds aux enfants était dû au Père, dans l’amour le plus vrai et le plus humble envers eux ; il aurait dû conclure encore davantage, à savoir que ce qu’il ne savait pas maintenant sur lui-même, il l’apprendrait plus tard : je présume que ce « plus tard » signifie « après les choses qui étaient en train d’avoir leur cours, après Son rejet et Sa mort, après la résurrection et l’ascension, une fois que le Saint Esprit serait là pour les conduire dans toute la vérité » (16:13).

 

14.2.3    Jean 13:8

Mais Pierre ne faisait pas encore partie de ceux qui sont guidés par l’œil du Seigneur (Ps. 32:8) ; il ne sentait pas le besoin d’être enseigné et instruit sur le chemin où il devait marcher. Il y avait trop du cheval ou du mulet en lui, trop besoin d’être refréné par la bride et le mors (Ps. 32:9) ; et faute d’accepter de la part du Seigneur qu’il fallait se soumettre maintenant et apprendre plus tard, il s’enfonce davantage et plus hardiment dans l’erreur sur son propre compte. « Tu ne me laveras jamais les pieds » : c’est le refus le plus absolu de ce lavage, non seulement pour cette vie, mais pour celle à venir, — pour toujours.

C’était sentimental, sans doute de l’ignorance ; mais avait-il à se confier en lui-même jusqu’à exprimer des paroles aussi fortes au sujet de la manière d’agir de son Maître, et de Ses voies de grâce ? Combien il est précieux qu’il ait eu à faire, que nous ayons à faire à Celui qui ne retient pas Sa paix au point de maintenir l’âme sous une obligation, — à Celui qui sait quand et comment désavouer la parole insensée ou celle qui déshonore Dieu, de manière que la parole par laquelle on s’oblige ne subsiste pas, et que l’âme soit pardonnée (voir Nombres 30). Le Seigneur rendit les paroles de Pierre entièrement inopérantes dès l’instant où Il les entendit, comme nous allons le voir ; Il agissait avec cette grâce qui corrige toutes nos fautes et a porté toute notre iniquité.

« Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi » (13:8). Solennelle assurance, non seulement pour Pierre, mais pour tous ceux qui négligent cette ressource de grâce de Sa part, qui oublient ou qui n’ont même jamais réalisé le besoin qu’ils en ont. Ce n’est pas tant une question de vie, mais une question de communion, de part avec Christ et non pas en Christ, même si cela n’est guère séparable. Christ s’en retournait à Dieu en haut ; Pierre et les autres restaient sur la terre, environnés de souillures dans le chemin. Christ ne voulait pas restreindre Son amour pour les Siens, ni faire peu cas de leurs manquements. D’où le besoin de laver les pieds des disciples, prompts à être souillés au cours de leur marche dans ce monde. Et ceci s’effectue par la Parole appliquée à la conscience par l’Esprit. Le croyant se courbe, se juge, et est pratiquement purifié. Sa communion est restaurée, et il peut jouir des choses de Christ. Il a une part avec Lui.

 

14.2.4    Jean 13:9

Alerté par l’avertissement du Seigneur, Son serviteur vire instantanément à l’autre extrême : « Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête » (13:9). Plus rien ne suffit pour contenter Pierre maintenant. Il cherche à être baigné en entier, comme si la valeur du précédent lavage s’était évaporée, comme s’il avait besoin qu’il soit recommencé, comme s’il n’y en avait jamais eu. Mais il n’en est jamais ainsi. Pour voir le royaume de Dieu et y entrer, il faut être né de nouveau, né d’eau et de l’Esprit (3:3-7). Or cela ne se répète jamais. La nouvelle naissance n’admet pas de répétition. Cependant il était faux d’imaginer qu’étant né de Dieu, on n’a plus besoin d’autre chose, et que les souillures ou bien ne peuvent atteindre le croyant, ou bien, si elles l’atteignent, c’est sans conséquence.

Ce que Simon Pierre a pensé et dit dans son ignorance, une école de théologie l’a formulé dans sa présomption. Mais ce n’est pas de la vraie connaissance de Dieu. Si la loi punit la transgression, la grâce condamne le péché encore bien plus profondément. Aucun système de théologie ne peut être de Dieu s’il passe légèrement par-dessus le mal ou l’ignore. Or Simon Pierre, convaincu du danger de ce côté-ci, tombe dans un autre de ce côté-là ; rendu attentif au besoin de lavage pour avoir une part avec Christ, il réclame le lavage complet aussi bien pour le croyant que pour l’homme naturel. Ceci correspond à une autre école de théologie, opposée à la précédente, et dont le dogme est le suivant : il nie la position du croyant si, par malheur, il contracte une souillure, et il insiste sur le fait qu’il doit tout recommencer, plusieurs fois dans sa vie peut-être. La vie éternelle comme possession présente disparaît donc, de même que la responsabilité constante qui découle de la relation constante d’enfant de Dieu. Ainsi, on peut être souvent perdu et souvent sauvé spirituellement !

 

14.2.5    Jean 13:10-11

En corrigeant Pierre, le Seigneur corrige les deux écoles par anticipation. « Celui qui a tout le corps lavé (λελουμενος) n’a besoin que de se laver (νιψασϑαι) les pieds ; mais il est tout net ; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. Car il savait qui le livrerait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous nets » (13:10-11). De manière simple et parfaite, Il met chaque vérité à sa place et dans sa relation avec tout le reste. La grâce est maintenue, mais aussi la justice. Aucun péché n’est pris à la légère. Aucun croyant n’a raison de se décourager ; chacun de ses manquements fait l’objet d’une nouvelle attention de la part du Seigneur, avec une preuve renouvelée de l’amour qui ne le laisse pas aller sans l’avoir béni, malgré toute la négligence qui laisse aller le Seigneur. Mais Lui ne veut pas s’en aller. Il lave les pieds de celui qui a déjà tout le corps lavé, afin qu’il soit tout net. Ainsi la nouvelle naissance demeure et n’est jamais renouvelée, parce qu’elle demeure vraie et bonne ; tandis que le manquement de celui qui est né de nouveau fait l’objet de l’amour actif de Christ et de Son service d’avocat, et l’âme est amenée à se juger elle-même pour que la communion soit restaurée. Le cas de Judas n’est pas celui de quelqu’un qui perd la vie, mais celui de quelqu’un qui n’est jamais né de Dieu, et effectivement aucun passage n’appuie une nouvelle naissance chez lui. Il n’était pas une brebis de Christ devenue impure, mais un chien retournant à son vomi (2 Pierre 2) — et même bien pire, à cause de la proximité et de l’intimité desquelles il a abusé par amour de l’argent, jusqu’à Le trahir auprès de Ses ennemis.

Il est d’importance capitale de tenir fermement à la fois à l’expiation et au lavage d’eau par la Parole. Sinon le sang de Christ est détourné de son véritable but et de son effet devant Dieu, et il est utilisé en pratique comme la ressource en cas de manquement.

 

14.2.6    Erreurs dénoncées. Pas de renouvellement de la réconciliation ni de ré-application du sang

Écoutons ce que dit Calvin en tant que témoin de poids de l’erreur dont il vient d’être parlé, quand il traite de la parole de réconciliation en 2 Cor. 5:20 (« soyez réconciliés avec Dieu ») ; selon lui, Paul s’adresse là à des croyants, au lieu d’y voir une illustration du message de grâce adressé au monde. « Il leur déclare chaque jour cette mission d’ambassadeur. Christ donc n’a pas simplement souffert pour expier nos péchés une fois, et l’Évangile n’a pas été déterminé simplement en vue du pardon des péchés commis avant le baptême, mais comme nous péchons chaque jour, c’était pour que nous soyons reçus dans la faveur de Dieu par le moyen d’une rémission journalière. Car c’est là un message continuel d’ambassadeur qui doit être proclamé avec assiduité dans l’église jusqu’à la fin du monde ; et l’évangile ne peut pas être prêché sans que la rémission des péchés soit promise. Nous avons ici une déclaration exprès et appropriée pour réfuter la confiance impie des papistes qui nous appellent à chercher la rémission des péchés après le baptême de quelque source autre que l’expiation effectuée par la mort de Christ. Or cette doctrine est communément admise dans toutes les écoles du papisme, à savoir qu’après le baptême, nous méritons la rémission des péchés par le moyen de la pénitence et à l’aide des clefs (Matt. 16:19) — comme si le baptême pouvait nous conférer la rémission sans pénitence. Par ce terme « pénitence », ils entendent « satisfaction ». Mais qu’est-ce que Paul dit ? Il nous appelle à aller, autant après qu’avant le baptême, à la seule expiation faite par Christ, afin que nous sachions que nous l’obtenons toujours gratuitement. En outre, toutes leurs balivernes sur l’administration des clefs ne servent à rien dans la mesure où ils conçoivent les clefs à part de l’évangile, alors qu’elles ne sont rien d’autre que le témoignage rendu à une réconciliation gratuite qui nous est faite par l’évangile » (Commentaire sur les épîtres aux Corinthiens, Calvin Soc. ii.240, 241).

Cet enseignement [de Calvin] est clairement erroné, non seulement en ce qu’il est fondé sur une application erronée aux saints, du ministère de l’évangile adressé aux pécheurs, mais aussi en ce qu’il ébranle la réconciliation des saints comme si elle n’était pas un grand acte achevé. Il est faux de dire que l’apôtre déclare ce message d’ambassadeurs tous les jours aux croyants. Il déclare au contraire que l’œuvre est accomplie, et que les adorateurs sont purifiés une fois pour toutes de manière à n’avoir plus aucune conscience de péché (Héb. 10:2). Il n’est pas question d’imputer des péchés ou des erreurs, ni de jugement de Dieu sur eux bientôt. L’erreur sape ou exclut une relation constante du chrétien sur la base de la paix faite par le sang de la croix, et de l’aptitude présente et permanente à avoir part à l’héritage des saints dans la lumière (Col. 1:12).

Le sacrifice unique de Christ ne se borne pas à expier une fois pour toutes nos péchés, mais il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés (Héb. 10:14). Les romanistes remédient au besoin créé par les manquements après le baptême au moyen de la pénitence aidée des clefs. Les protestants font un appel répété au sacrifice de Christ : les uns comme les autres ignorent le lavage des pieds souillés au moyen de la Parole en réponse au service d’avocat de Christ auprès du Père. Le message continuel d’ambassadeurs est communiqué par les serviteurs du Seigneur dans la proclamation de l’Évangile au monde. La réception du croyant par Dieu, dans Sa faveur, grâce à une rémission journalière des péchés est quelque chose qui n’existe pas. Il peut y avoir la nécessité d’ôter la souillure de chair et d’esprit qui empêche la communion ; mais ceci suppose qu’il y ait le fondement comprenant une propitiation immuable et la faveur dans laquelle nous sommes (Rom. 5:2). Soutenir que le chrétien a besoin d’être réconcilié de nouveau, et soutenir également que l’appel « soyez réconciliés avec Dieu » s’adresse à des croyants en faute, cela prouve que Calvin ignorait la vérité élémentaire et caractéristique de l’Évangile, malgré toute ses capacités et bien qu’il fût un saint personnellement. Ceci ouvrait la porte à l’erreur opposée de l’Arminianisme, qui se base sur la même erreur, mais de manière plus cohérente, comme si la vie éternelle n’avait pas de sens, et que le sang de Christ était dépourvu d’efficace éternelle. Les deux systèmes sont fautifs.

La vérité met tout à sa place. Le sang de Christ demeure dans sa valeur immuable devant Dieu sacrificiellement et judiciairement ; or le croyant en faute est inexcusable ; il a besoin de laver ses pieds. La Parole doit s’occuper de lui moralement, produisant le jugement de soi-même et la confession ; et le Seigneur regarde à cela dans Sa grâce toujours vigilante en se chargeant de Sa cause dans un amour vivant avec le Père. L’Esprit aussi a Sa fonction propre et appropriée qui consiste à produire, non pas la joie de la communion avec Christ dans les choses de Christ, mais l’affliction et la honte, la peine et l’humiliation, par le rappel à l’homme de ses voies : la précipitation, la légèreté, l’orgueil, la vanité, et peut-être la corruption et la violence ; car de quoi la chair non jugée n’est-elle pas capable ? Par cette Parole de vérité, il a été engendré de Dieu, éveillé au jugement de soi sous Son regard ; c’est par la même Parole que chaque souillure est jugée jour après jour, rendant ce jugement d’autant plus douloureux que l’Esprit rappelle à l’âme ce que Christ a souffert pour les péchés que la chair ressent si légèrement.

Mais loin de dissoudre la relation, le sentiment d’avoir été inconséquent avec cette relation et avec la grâce qui a créé cette relation à un tel prix et par un amour souverain, voilà ce qui, par-dessus tout, éprouve et humilie celui qui s’est égaré. La chair aime par-dessus tout avoir le champ libre et la tolérance de ses plaisirs, et l’âme recommence ; mais Dieu maintient le croyant dans une relation qui, si elle est réelle, est éternelle, et fait de tout écart de conduite un péché d’autant plus profond qu’il n’est pas seulement contre la conscience et contre la justice, mais contre la grâce la plus riche que Dieu pouvait montrer en Christ. Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de Son Fils. Il n’y a pas plus de répétition de la réconciliation que de répétition de la nouvelle naissance. La rémission des péchés par Son sang est complète, et c’est pourquoi il n’y a plus de sacrifice pour le péché. Le seul et unique sacrifice qui pouvait être efficace a été offert et accepté. Mais chaque fois que cela est nécessaire, il y a une nouvelle application de « l’eau par la Parole ». Et c’est avec l’âme que ceci a à faire. La Parole détecte, puis ôte la souillure, appliquant ainsi la mort de Christ à l’homme, tandis que le sang s’occupe des péchés devant Dieu. Ainsi l’œuvre s’effectue de manière sainte sans affaiblir le seul fondement qui soit pour la paix de l’homme pécheur et pour la gloire divine.

 

14.3                      Jean 13:12-17

« Quand donc il eut lavé leurs pieds et qu’il eut repris ses vêtements, s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis ; si donc moi, le Seigneur et le Maître, j’ai lavé vos pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez. En vérité, en vérité, je vous dis : L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’envoyé plus grand que Celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites (ou : pratiquez) » (13:12-17).

 

14.3.1    Jean 13:12

L’humilité du Seigneur est sans doute incontestable dans Son lavage des pieds des disciples, et Il voulait qu’ils la cultivent, ce sur quoi Il a solennellement insisté auprès d’eux en termes tout à fait clairs, comme on le voit dans tous les évangiles synoptiques. Mais il y a une autre instruction plus profonde. Au moment où Il va les quitter, Ses pensées se portent vers le renouvellement de leurs souillures dans leur marche à travers ce monde. Et c’est sur cela qu’Il voulait exercer leurs cœurs par la question : « Savez-vous ce que je vous ai fait ? ». C’est en effet Sa manière d’enseigner : Il nous enseigne après coup, le bien qu’Il nous a déjà fait ; et à mesure que nous croissons dans la vérité, nous apprécions mieux ce que nous n’avons compris qu’un peu au commencement. La grâce nous instruit, et à la fois elle agit en notre faveur ; et c’est humiliant de découvrir combien nous l’avons peu compris, alors que son activité n’a jamais cessé. Mais combien il est bon et fortifiant d’apprendre ses voies et ses leçons !

 

14.3.2    Jean 13:13-14

Le Seigneur appuie ensuite ce qu’Il a dit en faisant appel aux titres qu’ils lui donnaient habituellement : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis ». Il était unique pour obéir aussi bien que pour instruire : il ne pouvait pas en être autrement là où Sa gloire personnelle est connue. Si Lui s’est abaissé en amour jusqu’à laver leurs pieds, que ne devaient-ils pas faire l’un à l’autre ? Il ne s’agit pas seulement de servir le Seigneur dans l’Évangile. « À ceci tous connaîtront » dit-il un peu plus loin dans ce même chapitre, « que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous ». Ici cependant, c’est un appel précis — car nous sommes tous enclins à manquer — à partager Sa grâce en cherchant la restauration l’un de l’autre quand un manquement est arrivé. D’un côté il faut de la foi, du renoncement et des affections divines. L’indifférence à ce sujet manifeste notre propre manquement. D’un autre côté la justice qui censure l’autre est aussi loin que possible du lavage des pieds, et ressemble plus au fouet qu’à l’usage du linge et du bassin. Assurément, s’il y a besoin de grâce pour supporter le lavage, il faut l’activité d’une bien plus grande mesure de grâce pour effectuer le lavage. C’est la raison pour laquelle l’apôtre dit : « Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur » (Gal. 6:1). Quand la chair est jugée, l’amour peut agir avec davantage de puissance, et avec un sens plus profond que tout est grâce. Le Moi est le grand obstacle pour s’occuper des fautes les uns des autres.

 

14.3.3    Jean 13:15-17

Le service d’amour sous toutes ses formes, voilà la pensée qui était dans le Christ Jésus. C’est pourquoi Il les appelle ici à peser ce qu’ils venaient de voir. « Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez. En vérité, en vérité, je vous dis : L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni un apôtre [envoyé] plus grand que Celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites ». Le Seigneur connaissait la fin dès le commencement, et Il savait avec quelle rapidité Son ministère dégénérerait en une institution mondaine, devenant un sujet d’orgueil, au lieu d’être une œuvre de foi et un travail d’amour. D’où le besoin de cette formulation solennelle, comme un témoin immuable vis-à-vis de tous les Siens si prompts à oublier Sa Parole et à s’écarter de Son chemin, dans un monde de vaines apparences et d’égoïsme. Or là Son avertissement demeure ; refuser Son service de lavage des pieds des Siens, c’est se mettre au-dessus du Seigneur, et c’est réclamer une place plus grande que la Sienne, Lui qui a envoyé même les apôtres. Oh ! quelle bénédiction de faire et à la fois de connaître ces choses ! C’est la communion de Son amour dans l’une de ses formes les plus intimes ; et « l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7).

 

14.4                      Jean 13:18-22

L’allusion qui termine le v.10 est maintenant développée dans les indications en paroles et en actes qui suivent et dont la solennité va croissant. Ce n’est plus l’amour de Christ prenant soin des Siens, soit une fois pour toutes dans le sacrifice expiatoire de Lui-même à Dieu pour eux, dont l’efficacité est éternelle — soit dans une purification incessante par la Parole à l’égard de ceux pour lesquels Il est mort sur la terre, vivant pour eux dans le ciel, afin que, malgré les souillures du chemin, ils soient pratiquement à l’unisson avec la relation de grâce dans laquelle ils ont été amenés. Ici [ces versets traitent du cas de Judas], c’est l’indifférence de nature dépourvue de foi, avec une conscience de plus en plus cautérisée par la tolérance d’un péché d’habitude, que Satan était en train de séduire et d’aveugler jusqu’à une haute trahison contre Christ, profitant de l’intimité très étroite pour vendre le Maître et Seigneur, le Fils de Dieu, pour le prix minable d’un esclave — et de Le vendre entre les mains d’ennemis assoiffés de Son sang. Il ne s’agit pas de la haine de la part de ceux-là ; c’est l’absence complète d’amour, trahissant Celui qui, à ce moment-là, montrait et prouvait plus que jamais Son amour, non seulement jusqu’à la mort et dans la mort, mais dans la vie au-delà, pour toujours. Or l’incrédulité qui, malgré les yeux et le cœur qu’elle a, ne voit ni ne sent un tel amour, c’est elle qui, par-dessus tout, précipite dans la tromperie de Satan et sous sa puissance. C’est ce que nous contemplons tristement en Judas ; et personne n’en sentait la douleur autant que le Seigneur.

« Je ne parle pas de vous tous ; moi, je connais ceux que j’ai choisis ; mais c’est afin que l’écriture soit accomplie : «Celui qui mange le pain avec moi a levé son talon contre moi». Je vous le dis dès maintenant, avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous croyiez que c’est moi. En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui reçoit quelqu’un que j’envoie, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Ayant dit ces choses, Jésus fut troublé dans [son] esprit, et rendit témoignage et dit : En vérité, en vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me livrera. Les disciples se regardaient donc les uns les autres, étant en perplexité, [ne sachant] de qui il parlait » (13:18-22).

 

14.4.1    Jean 13:17-18a

Le Seigneur attendait des Siens, et attend encore, l’activité de l’amour parmi eux. Comme ils étaient les objets d’un amour indéfectible, Il voulait qu’à leur tour ils en soient des instruments ou des canaux l’un envers l’autre, à l’égard du mal à ôter, le légalisme ne pouvant, quant à lui, que condamner. Lui-même qui était le Fils, et pourtant serviteur en amour, Il voulait exercer les Siens au service d’amour, là où la souillure repousserait sinon. Mais de même qu’Il était venu souffrir pour nos péchés, ainsi Il s’en allait pour nous former, durant notre séjour sur la terre, à Ses propres pensées et à Ses propres affections, par le moyen de la vérité ; et en le faisant, Il voulait nous purifier de toute voie susceptible d’attrister le Saint Esprit par lequel nous avons été scellés pour le jour de notre rédemption (Éph. 1:13-14). Car il n’est pas question ici de simplement ôter la culpabilité du pécheur, mais il s’agit de restaurer la communion d’un saint chaque fois qu’elle a été interrompue par la tolérance du mal. Et dans cette dernière action d’amour, Il voulait que les Siens prennent soin les uns des autres. Mais Il ne parlait pas de tous les disciples présents là : triste présage de ce qui serait tellement plus commun ultérieurement ! Il savait qui Il avait choisi ; Judas n’en était pas, bien qu’il fût appelé apôtre. Il n’avait jamais connu le Seigneur, il ne connaissait en réalité rien de Sa grâce et de Ses pensées, et il n’était pas né de Dieu. Pourquoi donc l’avait-Il choisi pour cette place d’honneur, l’apostolat, cette place de service direct et constant auprès du Seigneur ici-bas ?

 

14.4.2    Jean 13:18-19

Le Seigneur n’était pas inconscient du caractère de Judas, de sa conduite et de la catastrophe qui allait survenir, mais celui qui mangeait le pain avec Lui avait levé son talon contre Lui afin que l’Écriture fût accomplie (Ps. 41:9). Jeshurun autrefois s’était engraissé, et avait regimbé ; et il avait abandonné le Dieu qui l’avait fait, et il avait méprisé le Rocher de son salut » (Deut. 32:15). Judas était allé incomparablement plus loin dans son indifférence coupable vis-à-vis du Fils de Dieu descendu en amour et en humiliation ; et dans son ardeur à se servir lui-même à tout prix, il trahissait son Maître plein de grâce pour quelque chose de dérisoire. Il n’y avait jamais eu pareil amour, et il n’y avait jamais eu pareil manque d’égards et abus de cet amour, et ceci chez quelqu’un qui avait spécialement la responsabilité d’être fidèle. Sans doute il y avait l’effet de la puissance de Satan, mais c’est à cela que la chair s’expose, d’autant plus quand extérieurement il y a davantage de proximité du Seigneur et que Celui-ci n’est pas cru pour être sauvé. Et c’est ainsi que survient, de manière tout à fait tangible et fatale, la bassesse dure du cœur irrégénéré, à l’encontre même de la grâce de Celui qui est Seigneur au-dessus de tout. — D’un côté les disciples étaient en danger d’achopper sur une pareille défection, et d’un autre côté l’accomplissement évident de l’Écriture était là pour fortifier leur foi en chaque parole écrite de Dieu. Par ceci l’homme vit pour Dieu : par du pain, de l’argent, et tout ce qui, ici-bas, peut être l’occasion de sa ruine. Qu’elle est merveilleuse la patience qui, sachant toutes choses dès le commencement, supporte tout jusqu’à la fin, sans un signe de désapprobation ni de recul vis-à-vis du traître ! Mais la sentence de jugement n’en sera que plus foudroyante quand elle viendra de la bouche du Seigneur de gloire, l’homme haï et méprisé.

Le Seigneur montre la précision des anciens oracles, qu’on appliquait jusqu’alors seulement à d’autres, ici à David souffrant de la part d’Akhitophel. Or c’est du Seigneur que le Saint Esprit écrivait par-dessus tout ; et Lui aussi, le Seigneur, cite avant l’événement, la parole qui allait s’accomplir littéralement dans la trahison à Son encontre. Le Seigneur prouve ainsi Sa parfaite et divine connaissance à la fois de ce qui était encore futur (tout en enseignant la valeur inestimable de l’Écriture) et des prédictions non encore accomplies, répondant ainsi à toutes les formes d’incrédulité, aussi bien des croyants que des incroyants. Car bien des maximes courantes attribuent un caractère obscur et douteux aux prophéties non accomplies, ce qui refuse le caractère prophétique non seulement aux prophètes, mais encore plus aux Psaumes et à la loi. Les hommes devraient au moins craindre de faire menteur Celui qui se déclare Lui-même comme étant la vérité (14:6) et qui parlait comme jamais aucun homme ne parla (7:46). Ils ont effectivement lieu de craindre s’ils se détournent de Christ pour aller aux vanités mensongères (Jonas 2:9) qui, loin de sauver leurs sectateurs au jour du besoin, ne peuvent que brûler comme du chaume et mettre pareillement le feu à tous ceux qui s’y fient. Jésus au contraire n’est jamais plus évidemment le Messie que quand il désigne à l’avance la parole de l’Écriture sur le point de s’accomplir dans Son rejet et Sa mort à la croix, et qu’Il fournit par-là une base plus solide pour la bénédiction des plus misérables pécheurs, que celle tirée de toutes les gloires du royaume qui doivent être accomplies en leur temps.

 

14.4.3    Jean 13:20

Ensuite, avec la profonde solennité qui Le marque habituellement, le Seigneur rattache la réception de Ses envoyés à Lui-même et au Père : « En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui reçoit quelqu’un que j’envoie, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé ». Il était spécialement important de le préciser à ce moment-là, car certains pouvaient remettre en cause leur position devant Dieu à cause de la terrible sentence qui allait tomber sur Judas, une fois qu’elle serait connue. Le Seigneur console de pareilles personnes, et les détourne de s’occuper du serviteur déchu, pour les occuper du Maître qui demeure le même à toujours, comme le Père. Que Judas trahisse le Seigneur, cela scellait son sort, mais ne portait atteinte ni à l’autorité ni à la grâce de Christ, ni à celles de Dieu Lui-même. Si on recevait quelqu’un que Christ envoyait, quelle que soit sa fin, c’était recevoir le Fils, et pareillement le Père, au lieu de participer à la culpabilité et au danger de la punition du serviteur qui déshonorait son Maître jusqu’à la perdition.

 

14.4.4    Jean 13:21

Le Seigneur alors, manifestant une émotion très profonde, se met à faire sentir profondément le péché, tout en limitant sa pire forme à un seul de Ses disciples. « Ayant dit ces choses, Jésus fut troublé dans [son] esprit, et rendit témoignage et dit : En vérité, en vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me livrera ». C’était de la sainteté et de l’amour, que de prendre ainsi à cœur l’iniquité imminente de Judas. Le Seigneur la ressentait à tout point de vue, — en soi, dans ce qu’elle avait de contraire à Dieu, — dans sa portée sur les autres et sur Lui-même, — et dans ce qu’elle avait de terrible pour le misérable coupable. C’est l’amour, non pas le moi, qui se joint à la plus grande sensibilité ; et le Seigneur l’exprime comme un témoignage : « En vérité, en vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me livrera ». Les disciples étaient tous déficients, mais un et un seul était en train de devenir la proie de Satan, et l’instrument de sa malice contre le Seigneur. Leurs doutes étaient honnêtes, car la place de Judas au milieu d’eux était désormais un mensonge contre la vérité. S’il se joignait aux autres pour se regarder les uns les autres en cherchant le coupable, c’était de l’hypocrisie, car il ne pouvait pas douter sérieusement de qui Jésus parlait. Pourtant ni rougeur ni pâleur ne trahissaient Judas. Les disciples durent avoir recours à d’autres moyens pour connaître la triste vérité.

 

14.4.5    Jean 13:22

L’annonce d’un traître parmi les douze troubla les disciples, et suscita de l’anxiété à mesure qu’ils se regardaient les uns les autres. Quel témoignage à la parfaite grâce de Celui qui avait connu cela tout le temps, et n’avait donné aucun signe de méfiance ou de répulsion ! Combien cela était solennel pour les saints qui avaient à faire avec le même Christ qui ne change jamais, jour après jour ! Rien ne précipite davantage dans les griffes de l’ennemi que l’abus de la grâce et la tolérance du péché, tandis qu’on est extérieurement dans la présence du seul dont la vie en est le blâme absolu. Voyons de plus près cette scène.

 

14.5                      Jean 13:23-30

« Or l’un d’entre ses disciples, que Jésus aimait, était à table dans le sein de Jésus. Simon Pierre donc lui fait signe de demander lequel était celui dont il parlait. Et lui, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, lequel est-ce ? Jésus répond : C’est celui à qui moi je donnerai le morceau après l’avoir trempé. Et ayant trempé le morceau, il le donne à Judas Iscariote, [fils] de Simon. Et après le morceau, alors Satan entra en lui. Jésus donc lui dit : Ce que tu fais, fais-le promptement. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui avait dit cela ; car quelques-uns pensaient que, puisque Judas avait la bourse, Jésus lui avait dit : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête ; ou, qu’il donnât quelque chose aux pauvres. Ayant donc reçu le morceau, il sortit aussitôt ; or il était nuit » (13:23-30).

 

14.5.1    Jean 13:23-26a

On voit souvent Pierre et Jean ensemble. Ainsi dans leur perplexité, Simon Pierre fait signe à Jean qui était à table penché sur le sein de Jésus ; car il ne fait aucun doute que ce disciple favorisé fût Jean, et aucun autre ; cela ressort des chapitres 19:26 et 20:2 et 21:7, 20, 24. Combien cela provient véritablement de l’Esprit que celui qui jouissait d’une pareille faveur se décrive, non pas comme aimant Jésus (bien que ce fût évidemment le cas), mais comme aimé de Jésus. De plus en se nommant « le disciple que Jésus aimait », il omet son nom, ici et dans d’autres passages moins importants ; pourtant à la fin il est décrit sans ambiguïté car c’était nécessaire, et il est nommé là où les hommes risqueraient de nier sa qualité d’auteur, ce qu’ils n’ont pas manqué de faire ! C’est l’intimité avec Jésus qui recueille les secrets, mais qui les communique pour le bien des autres. Se penchant là où il était justement, sur la poitrine de Jésus, Jean demande qui c’est ; et le Seigneur répond, non par une parole seulement, mais par un signe correspondant de manière frappante au Ps. 41:9, bien que ce soit une marque d’intimité plus particulière.

 

14.5.2    Jean 13:26b

Dans un état tel que celui de Judas, ce gage d’amour ne fait qu’endurcir le cœur cautérisé depuis longtemps par un péché secret, qui soustrait le cœur à tout sentiment d’amour. Il lui était familier de voir Christ passer à travers les pièges et les dangers d’un monde hostile, et cela peut lui avoir suggéré que cela arriverait une fois de plus à son Maître, tout en lui permettant de récolter le fruit de sa trahison. Et encore, la connaissance de Sa grâce, sans que son cœur en fût touché, peut l’avoir conduit à espérer une miséricorde qu’il n’avait jamais vu refusée au pire des coupables. Le moment vient où l’amour saint devient insupportable à celui qui ne l’avait jamais goûté ; et le péché qu’il préfère aveugle ses pensées et endurcit son cœur à ce qui normalement aurait dû toucher le plus insensible.

 

14.5.3    Jean 13:27

« Après le morceau, Satan entra en lui ». Le diable avait déjà mis dans son cœur de livrer le Seigneur ; maintenant qu’il a reçu sans horreur et sans jugement de soi le dernier gage de l’amour de son Maître, l’ennemi entre. Le fait d’avoir été pareillement désigné peut avoir suscité de l’irritation, et quand l’irritation est contenue, elle laisse du champ libre à l’ennemi, même dans les cas ordinaires, et bien plus dans ce cas où Judas a joué avec la grâce qui ne fait point défaut, et où il a ainsi entièrement oublié Sa gloire, ayant toujours été insensible à la nature de Dieu et à son propre péché. « Jésus donc lui dit : ce que tu fais, fais-le promptement » — autrement dit plus rapidement que ce que suggérait sa prétention à partager les doutes des autres disciples ou à partager ce qui était devant leurs cœurs.

Jamais Dieu n’abandonne ainsi à Satan un pauvre homme, aussi méchant et pécheur soit-il, tant qu’il n’a pas rejeté Son amour, Sa  sainteté et Sa vérité, surtout telles que montrées dans le Seigneur Jésus et dans cet évangile. Il peut y avoir et il y a de l’endurcissement judiciaire, et même jusqu’à une ruine irrémédiable, mais seulement après que le cœur se soit cuirassé contre tous les appels de Sa bonté la plus patiente. L’endurcissement judiciaire est une réalité de la part de Dieu, malgré tous les arguments que peuvent développer ceux qui semblent ne pas vouloir accepter franchement et complètement l’activité de Dieu d’un côté, et celle de Satan de l’autre. Il y a une école de pensée qui n’est pas un brin meilleure : c’est l’école opposée qui semble bannir de la conscience le fait solennel de la responsabilité, aussi bien chez l’homme que chez le chrétien, ou comme ici, chez quelqu’un qui, bien qu’il fût dans les ténèbres propres à l’homme, a été si proche du Fils de Dieu, Celui qui est l’expression personnelle dans l’homme de toute la lumière de Dieu et de tout Son amour.

 

14.5.4    Jean 13:28-29

Nous avons déjà vu combien notre Seigneur a ressenti profondément le péché de Judas tandis que le moment de ce péché approchait, et où Judas laissait son dessein se développer dans son cœur. Maintenant est prononcée la sentence qui ferme la porte de la vie pour la terre au Sauveur, et la porte de la colère éternelle à Judas. Pourtant les disciples regardent et écoutent  sans savoir le caractère terrible de ce qui se trame. Même Jean ne pénètre pas le sens des paroles qui vont bientôt être claires pour tous. Il ne s’agissait pas d’acheter des biens ou des denrées nécessaires, mais il s’agissait de vendre leur Seigneur et Maître ; il ne s’agissait pas de préparatifs de la fête, mais il s’agissait de ce qui avait été toujours contemplé d’avance (sauf par eux), l’accomplissement des pensées et du dessein de Dieu, bien que ce fussent les Juifs qui crucifièrent leur propre Messie par la main d’hommes iniques (Actes 2:23) ; il ne s’agissait pas de Judas donnant aux pauvres, la dernière chose susceptible d’occuper son esprit, mais il s’agissait de Celui qui, quoique riche, était devenu pauvre à cause d’eux, afin que par Sa pauvreté ils fussent enrichis (2 Cor. 8:9). Il s’agissait du pire péché d’un homme, d’un disciple, et en même temps il s’agissait de l’amour infini de Dieu, les deux se rencontrant dans la mort du Seigneur sur la croix ; mais là où la péché a abondé, la grâce a surabondé (Rom. 5).

 

14.5.5    Jean 13:30

Judas « ayant donc reçu le morceau, sortit aussitôt ». Quelles ténèbres régnaient désormais sur cette âme ! « Or il était nuit » dit notre évangéliste. Cette nuit s’épaississait en horreur sur l’homme sans foi, à qui il fut donné de voir son mal irréparable seulement après l’avoir commis, et cette nuit s’acheva quand il alla en son propre lieu (Actes 1:25).

 

14.6                      Jean 13:31-38

14.6.1    Jean 13:31

Le Seigneur sentait la gravité du moment ; il voyait le chemin et son aboutissement depuis le commencement. Toutes les conséquences merveilleuses et éternelles s’étalaient devant Lui. Et maintenant que Judas était parti, Il donne libre cours à l’expression de la vérité par des paroles divinement parfaites : « Lors donc qu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (*) (13:31). Sa propre croix était en vue, pleinement, et c’est là qu’était posée la base de toute vraie gloire durable — pour Dieu certes, car il n’y a réellement aucune vraie gloire sans qu’Il soit en premier, mais aussi pour l’homme dans la personne du Seigneur, le Fils de l’homme, qui est le seul à avoir montré ce que devrait être l’homme pour Dieu, comme Il a montré, en Lui le Fils, ce que Dieu est, y compris le Père.

 

(*) Ce n’est pas tellement le fait que l’aoriste représente toujours le présent et le futur, comme ici, mais le fait qu’en grec, l’acte dont il est parlé est vu comme complet et résumé du début à la fin. Voir également 15:6 et Apoc. 10:7.

 

C’est en effet un sujet d’une profondeur incomparable, le Fils de l’homme glorifié, et Dieu glorifié en Lui. On ne trouve nulle part ailleurs, même dans Ses propres propos, une affirmation censée le présenter et le sonder, bien que tout ce qu’Il exprimât fût parfait quant à son but, comme aussi ce qu’Il affirme ici.

 

14.6.1.1             Le Fils de l’homme glorifié pour être centre d’attrait — 12:23

Au chapitre 12, on voit certains Grecs venir à  Philippe l’apôtre, avec le désir de voir Jésus, et André et Philippe le disent à Jésus qui répondit en disant : « l’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié » (12:23), à la suite de quoi Il parle avec la plus grande solennité de Sa mort comme condition de bénédiction pour d’autres. Ce n’est que par ce moyen qu’Il porterait du fruit, sinon le grain de blé demeurerait seul. Un Messie vivant est la couronne de gloire pour Israël ; un Messie rejeté, le Fils de l’homme, ouvre la porte par le moyen de la mort aux choses célestes, y compris pour les Gentils, et à partir de là Il est désormais le modèle. Cela est si vrai, qu’aimer sa vie dans ce monde, c’est la perdre ; et la haïr ici-bas, c’est la conserver pour la vie éternelle » (12:25) ; et par conséquent suivre Celui qui est mort est le chemin pour Le servir, pour assurer l’honneur du Père, et pour être avec le Maître et Seigneur céleste. La place qu’Il prend, Il la prend par la mort, et cette place n’est pas celle de Fils de David selon les promesses (bien qu’Il la prenne aussi en grâce, selon l’évangile de Paul), mais c’est la place de Fils de l’homme, et ainsi Il possède toutes choses et tous les hommes, Grecs autant que Juifs, selon les conseils de Dieu, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ. Il n’y avait pas d’autre moyen pour effacer la culpabilité, ni pour ouvrir le ciel à ceux qui n’étaient autrefois que des pécheurs perdus, et pour qu’ils en jouissent. Ainsi la gloire céleste suit la gloire morale ; et toute espérance dépend de l’obéissance de Christ jusqu’à la mort (c’est spécialement manifeste pour les Gentils), dans laquelle la puissance de Satan a été entièrement brisée, et le jugement de Dieu parfaitement satisfait. Car si par-là, le monde a été jugé, et son chef jeté dehors, Christ élevé sur la croix devient le centre d’attrait de la grâce pour tous, malgré la déchéance, les ténèbres et la mort.

 

14.6.1.2             Le Fils éternel du Père glorifié comme homme — 17:1-5

Au ch.17 le Fils regarde au Père qu’Il a glorifié afin que le Père Le glorifie dans le ciel. Il était Fils avant que le temps commençât ; Il avait donc bien sûr de la gloire avec le Père avant que le monde fût. Mais Il avait pris la place d’un serviteur dans l’humanité sur la terre, et maintenant Il demande que le Père Le glorifie auprès de Lui de la gloire qu’Il avait auprès de Lui éternellement. Étant homme pour l’éternité, Il voulait tout recevoir de la part du Père, bien qu’Il fût Fils de toute éternité ; et une fois glorifié, c’était pour qu’Il pût glorifier le Père. Voilà la perfection de l’amour et du dévouement.

 

14.6.1.3             Dieu glorifié du fait de la gloire du Fils de l’homme — 13:31

Ici au ch. 13 Il parle du Fils de l’homme glorifié et de Dieu glorifié en Lui. Cela a une force particulière. Le premier homme fut un objet de honte et de jugement à cause du péché ; le second Homme, Jésus Christ le juste, fut glorifié et Dieu fut glorifié en Lui. Il voit que tout se résume dans la croix, et c’est ainsi qu’Il parle aux disciples, maintenant que le départ du traître laisse Son cœur libre de communiquer tout ce qui le remplit. Il ne s’agit pas du Père, comme tel, glorifié de manière vivante par Son Fils dans une obéissance sans limite hormis la volonté de Son Père, mais il s’agit d’un homme, le Messie rejeté, le Fils de l’homme, se dévouant à tout prix pour la gloire de Dieu. C’était en effet la gloire du Fils de l’homme que Dieu soit glorifié en Lui, comme Il l’était. Précieux Sauveur ! quelle pensée, et maintenant quel fait et quelle vérité ! — la vérité qui nous est donnée à connaître afin que nous ne connaissions pas simplement Dieu venu à nous, mais nous-mêmes amenés à Dieu, et ceci dans la paix et la joie, parce que l’homme est glorifié dans la Personne de Christ, et que Dieu est glorifié en Lui comme Homme, l’homme Christ Jésus.

 

14.6.1.4             Dieu glorifié à la croix comme nulle part ailleurs — 13:31

Car Dieu est glorifié en action et en vérité à la croix comme nulle part ailleurs — Son amour, Sa vérité, Sa majesté, Sa justice. « En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui ; en ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’il envoya son Fils comme propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4:9-10). Sa vérité, Sa majesté et Sa justice ont été maintenues, tout autant que Son amour ; car si Dieu a menacé de mort et de jugement l’homme coupable, Jésus a porté tout cela comme personne ne le pouvait, afin que Sa parole soit pleinement justifiée. Jamais l’homme n’a autant prouvé son inimitié contre Dieu, jamais Satan n’a autant prouvé sa puissance sur l’homme, que dans cette croix où le Fils de l’homme s’est livré Lui-même en dévouement suprême et en amour qui se sacrifie à la gloire de Dieu. Nulle part la sainteté de Dieu n’a autant été démontrée, ainsi que l’impossibilité qu’il y avait à ce qu’Il tolère le péché ; nulle part il n’y a eu un pareil amour pour Dieu et un pareil amour pour le pécheur. Le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en Lui.

 

14.6.1.5             Gloire de Jésus et Dieu glorifié en Lui — 13:31

Quand et où Jésus a-t-Il été autant glorifié, sinon dans Son extrême abaissement quand Dieu L’a fait péché, « Lui qui n’avait connu aucun péché, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui » ? (2 Cor. 5:21). Où Jésus, sentant la vérité de la mort et du jugement comme personne ne le pouvait, a-t-Il courbé la tête, non pas devant la haine arrogante de l’homme et devant la ruse et la malice de Satan, mais devant l’indignation de Dieu contre le péché (alors qu’Il était méprisé des hommes, abhorré par la nation (És. 49:7), délaissé par les disciples, abandonné de Dieu, dans le moment où Il avait le plus besoin de consolation, et où Il faisait parfaitement Sa volonté et souffrait pour la faire dans la seule forteresse de la puissance de l’ennemi qui n’avait pas encore été prise) à la gloire de Dieu et dans Sa grâce ? Non, il n’y a rien de pareil à cela, même là où tout était perfection, et où seulement il y avait la perfection : dans la vie de Christ. Dans la vie de Christ, il s’agissait de glorifier le Père quant au bien dans un dévouement et une dépendance incomparables —  dans la croix, il s’agissait de glorifier Dieu quant au mal en endurant tout ce que le Saint de Dieu pouvait souffrir de la part de Dieu d’entre tout ce que Dieu pouvait infliger et infligea dans Son jugement impitoyable — l’un et l’autre [glorifier le Père quant au bien, et Dieu quant au mal] ont été accomplis dans une obéissance et un amour absolus et dans l’abnégation pour Sa gloire. Et tout cela, et davantage encore, — béni soit Dieu ! — nous le voyons dans un Homme, le Fils de l’homme, afin que Dieu soit glorifié en Lui, dans cette nature qui avait causé un déshonneur et une rébellion infectes contre Dieu du début à la fin. « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui ».

 

14.6.1.6             Dieu « redevable » au Fils de l’homme de L’avoir glorifié

Dans cette Personne et par cette œuvre, tout était inversé. Le fondement était posé, la semence était semée, pour un ordre de choses entièrement nouveau.  Auparavant Dieu patientait, non seulement avec l’homme, mais même avec les saints, regardant vers Celui qui devait venir. Les péchés n’étaient pas remis, à proprement parler, mais supportés (Rom. 3:25), si nous voulons nous exprimer correctement au point de vue doctrinal. L’homme était simplement et seulement un débiteur vis-à-vis de la miséricorde de Dieu.  Nous ne voulons pas affaiblir un seul instant la pensée que l’homme est encore un débiteur de Sa miséricorde, et qu’il le sera toujours. Mais en vertu de la mort de Christ, il y a maintenant une révélation, une vérité nouvelle, différente et infinie, que Dieu est redevable au Fils de l’homme de L’avoir glorifié quant au mal autant que quant au bien, non seulement en accomplissant toute justice (Matt. 3:15), mais en souffrant pour toute injustice. On ne trouve cela qu’à la croix, c’est ce qui constitue sa gloire spéciale, qui échappe toujours aux yeux de l’homme dans sa faiblesse, avant qu’ils soient remplis de la lumière venant de Christ en gloire ; cela n’est jamais oublié de Dieu le Père qui, en réponse au cri « glorifie ton nom », déclare « je l’ai glorifié et je le glorifierai de nouveau » (12:28). Et c’est ce qu’Il fait et fera toujours, même si pour un petit moment, les apparences peuvent sembler contraires.

 

14.6.1.7             La mort de Christ pour nous

Sa justice, un mot autrefois tellement redouté, armée contre nous (à un point où elle ne pourrait pas l’être sans Christ), — voilà que, par Sa mort, cette justice est désormais franchement pour nous, comme l’est la source de cette justice, la grâce qui règne par la justice pour la vie éternelle (Rom. 5:21). Et nous nous glorifions dans l’espérance de Sa gloire qui, par la mort de Christ, avait été auparavant la destruction immédiate et éternelle pour nous ; et c’est avec autant de certitude que nous avons accès par la foi à cette faveur dans laquelle nous sommes présentement (Rom. 5:2). Oh ! cette mort de Christ, que n’a-t-elle pas fait pour Dieu et pour nous ?

 

14.6.2    Jean 13:32

C’est pourquoi le Seigneur ajoute : « Si Dieu est glorifié [litt.: a été glorifié] en lui (*), Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et il le glorifiera immédiatement » (13:32). S’il est permis de parler ainsi avec révérence, c’est Dieu maintenant qui est devenu le débiteur pour défendre Sa gloire à l’homme qui a souffert sur la croix. N’était-Il pas Dieu d’éternité en éternité, tout autant que le Père ? Cependant Il est devenu véritablement un homme ; et comme homme, le Fils de l’homme — ce qu’Adam n’était pas — Il a apporté de la gloire à Dieu, y compris par rapport au péché. C’est pourquoi Dieu, ayant été glorifié en Lui, ne pouvait que Le glorifier en Lui-même. C’est ce qu’Il a fait en Le faisant asseoir sur Son propre trône dans le ciel (non pas celui de David), la seule réponse valable à la croix. Il est seul à avoir cette place sur le trône de Dieu, le Fils, mais un homme ; et ceci « immédiatement ». Dieu ne pouvait pas, ne voulait pas attendre et n’a pas attendu le royaume, qui arrivera certainement, et Christ avec, en son temps. Mais l’œuvre de Christ était trop précieuse pour permettre un retard, et Dieu avait depuis longtemps des conseils cachés à faire connaître entre temps. C’est pourquoi il fallait glorifier Christ immédiatement, et c’est ce qui a eu lieu comme nous le savons tous maintenant, même si cela paraissait étrange alors à l’attente des Juifs.

 

(*) Les manuscrits les plus anciens et les meilleurs omettent cette phrase, mais douze manuscrits à lettres onciales et la masse d’autres manuscrits et versions et citations montrent que ce passage fait partie indiscutablement de l’Écriture. C’est une répétition de valeur, et très frappante.

 

Non seulement le Seigneur avait devant Lui Sa mort, mais aussi Son départ de ce monde, ce qui était une notion absolument nouvelle pour un esprit Juif par rapport au Messie. Plus une âme croyait qu’Il était l’objet des promesses, plus elle était convaincue qu’Il ne devait pas quitter la scène où Il était venu pour la bénédiction. C’est peu de temps auparavant que le peuple avait répondu : « Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce fils de l’homme ? » (12:34). Là aussi Il avait indiqué aux Juifs non seulement qu’Il allait mourir et être retiré d’au milieu d’eux, mais de quelle mort il mourrait. Une nouvelle création et une gloire céleste dépassaient leur champ de vision. Mais ici le Seigneur prépare ses disciples plus complètement à ce qui allait bientôt arriver et qui est maintenant arrivé : des faits suffisamment simples pour nous qui avons à faire avec eux chaque jour, mais qu’on n’attendait pas du tout en Israël : ils s’attendaient à une parution immédiate du royaume (Luc 19:11), et ils n’imaginaient nullement des choses invisibles et éternelles, que notre foi est appelée à considérer de manière courante.

 

14.6.3    Jean 13:33

« Enfants, je suis encore pour un peu de temps avec vous : vous me chercherez ; et, comme j’ai dit aux Juifs : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir, je vous le dis aussi maintenant à vous » (13:33). Personne n’avait passé par ce chemin auparavant. Il fallait que ce soit un chemin nouveau et vivant, et seule Sa mort pouvait le rendre possible, d’une manière qui soit compatible à la fois avec Dieu et avec l’homme. Vis-à-vis des Siens, Il utilise un titre de tendresse ; puisqu’Il n’allait plus être longtemps avec eux, ils allaient Le chercher. Cependant le ciel n’était nullement accessible à l’homme comme la terre dont la poussière est la matière constituant son corps. Christ était venu de la part de Dieu, et s’en allait à Dieu (13:3), et Il va bientôt venir et nous recevoir auprès de Lui, afin que là où Il est, nous nous soyons aussi (17:24). Mais le chrétien n’est pas plus capable d’aller là que n’importe qui ; Christ seul peut y amener quelqu’un, et Il le fera certainement avec les Siens à Sa venue.

 

14.6.4    Jean 13:34-35

Entre temps, Il donne un ordre caractéristique à Ses disciples ici-bas : « Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (13:34-35).

La nation disparaît. Il n’est plus question d’aimer son prochain, mais il est question des disciples de Christ et de leur amour réciproque qui est selon Son amour. De nouvelles relations allaient se faire jour avec de plus en plus de clarté quand Il serait ressuscité d’entre les morts et qu’Il aurait envoyé le Saint Esprit ; et ce nouveau devoir, de s’aimer l’un l’autre, découlerait de la nouvelle relation : une preuve convaincante pour tous les hommes, montrant de Qui ils seraient, car Lui seul a montré cela tout au long de Sa vie et de Sa mort, et aussi quand Il a vécu de nouveau — un amour sans faille. Combien les Juifs étaient loin d’un pareil amour ! Les Gentils, quant à eux, n’en avaient même pas la pensée, ce qui n’est pas étonnant : L’amour est de Dieu, non pas de l’homme, qui a compté pour rien jusqu’à ce que soit venu Celui qui, quoique Dieu, a manifesté l’amour dans l’homme et envers l’homme, et qui devait ainsi porter beaucoup de fruit par Sa mort et Sa résurrection. Leur amour devait être, si l’on peut dire, du même matériau et du même moule que Lui, pour qu’il demeure quand Il serait parti (s’il n’avait pas encore commencé). Car comme il est écrit en 1 Jean 2:8, le nouveau commandement maintenant est « vrai en Lui et en vous ; parce que les ténèbres s’en vont et que la vraie lumière luit déjà ». Tant qu’Il était ici-bas, cela était parfaitement vrai, mais seulement en Lui ; quand Il leur a donné la rédemption en Lui par Sa mort et Sa résurrection, cela est devenu vrai également en eux. Les ténèbres s’en allaient (c’est trop fort de dire « sont passées »), et la vraie lumière luit déjà. Ce n’est pas ici l’activité du zèle à la recherche des pécheurs, si précieuse qu’elle soit, mais c’est la recherche sans égoïsme du bien des saints comme tels, dans l’humilité d’esprit et dans l’amour de Christ.

 

14.6.5    Jean 13:36-38

Un disciple impossible à contenir, curieux comme d’habitude, passe de ce que le Seigneur vient de commander, et revient aux paroles précédentes : « Simon Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu ? Jésus lui répondit : Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard. Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi. Jésus répond : Tu laisseras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te dis : Le coq ne chantera point, que tu ne m’aies renié trois fois » (13:36-38). Pierre connaissait le Seigneur et L’aimait réellement, mais combien il se connaissait peu lui-même ! C’était bien d’être sensible à l’absence du Seigneur, mais il aurait dû tenir davantage compte de l’avertissement doux mais solennel, selon lequel il ne pouvait pas suivre maintenant le Seigneur là où Il allait ; il aurait du apprécier l’assurance consolante qu’il Le suivrait plus tard. Hélas quelle perte nous faisons tout de suite, quelle que soit la souffrance ultérieure, quand nous ne prenons pas à cœur la vérité profonde des paroles de Christ ! Nous allons vite voir les conséquences amères dans l’histoire de Pierre ; mais nous savons d’après d’autres paroles du Seigneur à la fin de cet évangile, combien la grâce assure à la fin la faveur compromise précédemment par la confiance en soi, et contre laquelle il est ici averti.

 

14.6.6    Jean 13:37

Or nous sommes enclins à avoir une haute estime de nous-mêmes, de notre amour, de notre sagesse, de notre puissance, de notre courage moral et de toutes les autres bonnes qualités, alors que nous nous connaissons si peu, et que nous nous jugeons si peu dans la présence de Dieu ; ainsi nous voyons ici Pierre impatient à la suite de l’indication donnée par le Seigneur, et il fait jaillir une question pleine de confiance en soi : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi ». Pierre dut apprendre, comme nous aussi, par une expérience douloureuse, ce qu’il aurait mieux compris par la foi s’il avait soumis son cœur aux paroles du Seigneur. Quand Lui donne un avertissement, c’est téméraire et fautif de le mettre en question ; et la témérité d’esprit n’est qu’un élément qui, en fait, précède la chute par laquelle nous devons être instruits si nous refusons de l’être autrement. Celui qui néglige l’avertissement quand le Seigneur parle est exposé à avoir peur d’une servante. Le vrai courage chrétien n’est jamais présomptueux, mais il s’accorde tout à fait avec la crainte et le tremblement ; car sa confiance n’est pas dans ses propres ressources ni dans les circonstances des autres, mais en Dieu, et elle se joint à un sens convenable de la puissance de Satan et de notre propre faiblesse.

 

14.6.7    Jean 13:38

Quand l’ignorance dérive vers la présomption, comme elle le fait souvent, le Seigneur n’épargne pas la réprimande. « Tu donneras ta vie pour moi ? » Était-ce la résolution de Pierre ? Ce cœur vaillant allait bientôt reculer devant l’ombre de la mort. Pourtant qu’est-ce que la mort elle-même pour le saint par comparaison avec celle de Christ, quand Il a goûté le rejet comme personne ne l’avait jamais fait, et quand Il a porté nos péchés en Son corps sur le bois comme Il était seul à avoir à souffrir pour eux de la part de Dieu ! C’était le jugement aussi bien que la mort, mais enduré comme Lui seul pouvait le  faire.

Mais l’ignorance opère souvent d’une autre manière. On ne veut pas croire à sa propre faiblesse malgré tous les avertissements nets de Christ, et on réclame de la lumière pour que soit prouvé qu’Il dit vrai et qu’on se trompe. Et ce n’est pas tout. On admet que, si un croyant commet une fois une faute, il doit se repentir immédiatement dans la poussière et dans la cendre. Combien peu se connaît-on soi-même, et combien peu a-t-on tiré profit de l’Écriture ! « En vérité, en vérité, » dit le Maître plein de patience, « Le coq ne chantera point, que tu ne m’aies renié trois fois ». Nous rappelons le reniement répété de Pierre à l’égard de son Seigneur, avec serments, dans des circonstances extrêmement solennelles ; et nous le faisons non pas pour le rabaisser, mais pour le profit de nos âmes, et pour exalter Celui qui seul en est digne. Quelle grâce infinie qui se servit de la mesure de son péché [*] comme signal [2*] et moyen de la repentance [3*], le Seigneur se servant de Sa propre parole [4*] et agissant en une miséricorde opérant des prodiges. Et ce qu’Il est pour Pierre, Il l’est pour nous, et rien moins que cela.

 

(*) Note Bibliquest : (*) 3 reniements — (2*) chant du coq à la troisième fois — (3*) Pierre l’entend — [4*] Pierre se souvient de ce que le Seigneur a dit.

 

 

15                  Chapitre 14

15.1                      Jean 14:1-4

La voie était maintenant ouverte pour révéler l’espérance chrétienne. La mort dans son aspect le plus solennel et le plus béni avait été placée devant les disciples, même si ceux-ci n’étaient pourtant encore guère capables de suivre leur Maître en pensée ; et c’était même alors impossible de Le suivre dans aucune de Ses voies, comme le Seigneur le laisse entendre à Pierre qui avait trop de confiance, – ce qu’il n’apprit qu’après avoir fait l’expérience de son impuissance totale par le reniement le plus vil de Celui qu’il aimait. Combien nous avons à apprendre par des expériences personnelles tout à fait douloureuses et humiliantes pour avoir manqué à être continuellement soumis à notre Seigneur et à dépendre de Lui ! Mais maintenant, ceci étant mis au clair, le Seigneur se tourne vers ce qui brille d’un éclat sans faille, parce que centré sur Lui. Il ne s’agit pas de venir comme Fils de l’homme pour juger, ni d’apparaître en gloire pour redresser tout ce qui est tordu et tout gouverner en justice. Il s’agit de Sa propre venue pour les Siens, Ses bien-aimés, afin qu’ils soient avec Lui là où Il est, dans la maison du Père en haut.

« Que votre cœur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s’il en était autrement, je vous l’aurais dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. Et où moi je vais, vous en savez le chemin » (14:1-4).

 

15.1.1    Jean 14:1

Il ne pouvait pas y avoir de plus grande rupture par rapport aux sentiments juifs sinon par une telle espérance, — c’était assurément un choc puisque cela changeait tout ce à quoi ils s’étaient attendu, mais il s’agissait seulement de supplanter une perspective terrestre, si bénie soit-elle, au moyen d’une perspective céleste incomparablement plus bénie. Leur cœur avait certes de quoi être troublé par la perspective de Son départ par une mort qui n’était encore comprise, ni dans sa profondeur de souffrance ni dans son efficace, et qui était considérée comme un simple départ d’avec eux sur la terre. Il commence donc à en expliquer l’importance extrême qui consistait à ouvrir un chemin pour la foi. Il n’allait plus être le Messie d’Israël sur la terre, selon les indications des prophètes, encore moins le Messie manifesté sur la terre en gloire incontestable et en puissance irrésistible. Il était sur le point d’aller au ciel comme homme et en restant un homme, et d’y être comme objet de la foi, n’étant plus visible, comme Dieu n’est pas visible. « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». C’était une pensée tout à fait nouvelle quant au Messie, rejeté ici-bas, glorifié dans le ciel, cru sur la terre : une pensée qui paraît assez simple maintenant, mais qui résonnait étrangement alors, et qui impliquait un ordre de relations entièrement nouveau, mettant de côté pour un temps tout ce que les saints et prophètes avaient attendu. Il s’agissait de beaucoup plus que simplement différer ces choses ; il s’agissait de ce que ces choses, à la fois sans précédent et inattendues, allaient avoir lieu par le moyen de l’ascension du Seigneur après la rédemption ; l’Ancien Testament en contenait juste assez (comme par exemple le v. 1 du Ps. 110) pour fermer la bouche des Juifs s’ils se mettaient à pervertir la loi afin de nier l’évangile.

 

15.1.2    Jean 14:2 — la maison du Père

Voilà le fait désormais central pour les chrétiens comme pour l’Église : Christ ne régnant pas sur la terre, mais glorifié en haut comme fruit de Son rejet ici-bas. C’était loin d’être tout, mais tout le reste n’en était que des conséquences en grâce ou en justice divines. La chose suivante qu’Il se met à dévoiler est qu’il y a de la place en haut, là où Il est pour les saints qui suivent leur Seigneur rejeté. « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit, car je vais vous préparer une place » (14:2). Il ne voulait pas que soit suscitée une espérance impossible à réaliser pour ces saints. S’Il annonçait Sa demeure éclatante avec le Père, il y avait amplement de place tant pour eux que pour Lui ; et Son amour qui se donnait Lui-même pour eux, ne voulait pas que rien leur soit retenu. Son amour et l’amour du Père (car en effet, ils étaient Un, à la fois dans leur nature et dans leurs desseins) voulaient les avoir auprès de Lui, là. Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père. Dans le royaume, il n’est pas question de couronnes, ni de cités, ni de place. Il y aura des récompenses selon la marche, quoique la grâce préservera ses droits souverains. Mais ici les différences s’estompent devant l’amour infini qui veut nous avoir auprès de Lui devant Son Père. Si c’était trop ou non, Il nous l’aurait dit, car Il allait nous préparer une place. L’amour ne peut jamais décevoir sciemment son objet, et il ne le fait pas.

 

15.1.3    Jean 14:3

Il y a autre chose de grande importance qui dépend de cela : cela étant pleinement révélé, nous ne sommes pas réduits à faire des déductions. Il va venir chercher les Siens pour les amener au ciel. Et cela était censé agir toujours sur leur cœur, comme on le voit par l’enseignement subséquent du Saint Esprit à travers tout le Nouveau Testament. Notre nouveau lieu de résidence, notre chez nous, est là où Christ est, là où Il va bientôt nous enlever, nous ne savons quand. Les durées, les dates, les signes et les circonstances sont volontairement omis ; le chrétien les comprend par une saine intelligence de la Parole qui traite de tout, mais il n’en sait rien par rapport à son espérance propre ; il les lit en rapport avec les Juifs ou les Gentils sur la terre, mais ses affaires sont les choses célestes, où de telles mesures n’ont pas cours. Il regarde au-dessus du soleil, de la lune et des étoiles, là où Christ est assis à la droite de Dieu, et Il sait que Christ revient, aussi sûrement qu’Il s’en est allé ; et s’Il s’en est allé, c’est pour nous préparer un place. Notez bien qu’Il n’envoie pas ses anges pour nous rassembler en haut. Ce serait quelque chose de grand, mais il y a infiniment plus d’amour et d’honneur à ce que Lui, le Fils de Dieu, revienne et veuille nous recevoir auprès de Lui, afin que là où Il est, nous nous soyons aussi ! Il est venu pour nous, pour mourir pour nos péchés à la gloire de Dieu ; Il va revenir pour nous avoir dans la même demeure de l’amour divin et de la proximité du Père où Lui-même se trouve. Il ne pouvait pas faire plus, Il ne voulait pas faire moins. Aucun amour n’est semblable à cet amour de notre Seigneur Jésus ; et l’exaltation prédite pour Israël — et encore bien moins celle d’autres nations — ne lui est pas comparable, pas plus que la terre est comparable au ciel.

 

15.1.4    Jean 14:4

« Et là où moi je vais, vous en savez le chemin » (14:4). Sa propre Personne, le Fils du Père, en grâce et en vérité, présentée à l’homme et révélant le Père, voilà le chemin qui ne peut conduire qu’au ciel. Il était venu de Dieu et s’en allait à Dieu. Aucune bénédiction terrestre ne pouvait exprimer correctement Sa gloire : Il pouvait et voulait la prendre, et glorifier Dieu en gloire aussi bien qu’en humiliation ; mais le saint éprouve constamment qu’il y a et qu’il doit y avoir quelque chose de plus et de plus grand. Le ciel Lui appartient, à Lui qui peut communiquer avec Son Père et avoir à sa disposition les ressources de ce ciel, quand bien même, lorsqu’Il était ici-bas, il n’ait jamais abandonné la place du plus humble des hommes, la place du serviteur de tous ceux qui en avaient besoin. Cependant, du fait qu’Il était consciemment le Fils, les saints savaient ainsi qu’Il devait aller au Père vers lequel Il était et est le chemin.

 

15.2                      Jean 14:5-7

Le Seigneur avait établi la connaissance intérieure consciente des disciples selon Dieu, et la gloire de Sa propre Personne qu’ils confessaient, — et, par la rédemption et le don du Saint Esprit, celles-ci allaient bientôt resplendir en pleine intelligence. Mais dans ces choses, ils n’arrivaient pas, pour le moment, à comprendre ce qu’Il voulait dire ; et celui qui se distinguait parmi eux pour ses pensées enténébrées exprime, de la part de tous, la difficulté qui est la sienne.

« Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas ; et comment pouvons-nous en savoir le chemin ? Jésus lui dit : Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi. Si vous m’aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père ; et dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu » (14:5-7).

Non ! Les pensées de Thomas limitaient le Seigneur à cet horizon terrestre qui formait la limite de ses propres espoirs de voir Israël regroupé autour de leur Messie. Thomas donc, et les autres disciples autant que lui, ne pouvaient concevoir que le Seigneur se retirât maintenant qu’Il était venu à Son peuple et au pays qu’Il s’était engagé à bénir richement et pour toujours. Dès lors, comment connaître le chemin ? Ses pensées étaient encore terrestres. Du fait qu’il n’avait aucune idée du ciel pour le Seigneur Jésus, il en méconnaissait le chemin. Mais ceci donna l’occasion au Seigneur d’annoncer en paroles simples et profondes : « Je suis le chemin, et la vérité, et la vie ». Beaucoup du contenu de ces paroles pouvait avoir été glané dans les témoignages qui Lui avaient été rendus, et dont la plupart se trouvent dans les discours antérieurs figurant dans cet évangile lui-même ; mais on ne trouve nulle-part autant de substance condensée dans une expression aussi brève que celle-ci. C’était digne de Lui, en ce moment-là par-dessus tout.

 

15.2.1    Le Chemin

Un chemin est un grand privilège, spécialement à travers un désert où normalement il n’y a pas de chemin. Ni Eden ni la création avant la chute n’avaient de chemin, car ils n’en avaient pas besoin. Car toutes choses étaient partout bonnes, et tant que l’homme ne mangea pas de l’arbre défendu, il n’y avait pas d’égarement. Tout le reste était pour que l’homme en jouisse, rendant grâces à Dieu. Mais le péché est intervenu, et la mort qui est le précurseur du jugement ; tout fut alors changé en désert, et les hommes errèrent dans toutes les directions, hélas ! toutes éloignaient de Dieu et étaient irrémédiablement mauvaises : le monde était véritablement désertique, une place vide, où il n’y avait pas de chemin. La promesse contenait certes plus ou moins l’espoir de choses meilleures, et la loi, en son temps, fit entendre son tonnerre et briller ses éclairs ; mais le chemin de Dieu n’était pas connu, du fait que seule Sa grâce pouvait le faire connaître. Maintenant il est connu ; car Christ est le Chemin, le seul Chemin certain, pour le plus égaré des pécheurs, un Chemin ouvertement destiné aux perdus qu’Il est venu chercher et sauver ; et Il est le chemin vers le Père, non pas vers Dieu manifesté en puissance et en gloire sur la terre, comme les Juifs doivent l’attendre dans le jour à venir, lorsque le Messie rejeté reviendra en tant que Fils de l’homme en gloire. Mais Il est beaucoup plus que cela, Il est au-dessus de tous les temps et tous les changements, — le profond rejet ne faisant que faire ressortir ce qui était toujours là, Sa gloire personnelle de Fils de Dieu supérieur à toutes les dispensations. Et dans la pleine conscience de cela, Il dit à Thomas qui ne voyait qu’obscurément : « Je suis le chemin ».

Pourquoi devrait-on attendre le temps où le désert se réjouira (És. 35:1) à cause de Sa présence et de Sa puissance ? Alors sans doute « le mirage deviendra un étang, et la terre aride, des sources d’eau… Et il y aura là une grande route et un chemin, et il sera appelé le chemin de la sainteté : l’impur n’y passera pas, mais il sera pour ceux-là. Ceux qui vont [ce] chemin, même les insensés, ne s’égareront pas » (Ésaïe 35:7-8). Or c’est Lui qui est cela, et davantage encore maintenant pour tous ceux qui croient en Lui ; et la foi se réjouit de reconnaître tout ce qu’Il est, comme Dieu se réjouit de le faire connaître, — tandis que l’incrédulité Le méconnaît, n’en tient pas compte et Le rejette. Il est donc le seul chemin divin ; et comme il n’y en a pas d’autre, Il est tout à fait suffisant pour celui qui n’a ni force ni sagesse ni mérite d’aucune sorte. Mais Christ est le chemin maintenant pour les étapes de ceux qui Le connaissent, la sagesse de Dieu dans un monde mauvais — Lui-même étant l’expression la plus haute et la plus parfaite de cette sagesse, la quelle est ainsi ouverte autant au petit enfant dans la foi qu’à un apôtre.

 

15.2.2    La Vérité

Ensuite Il est la Vérité, la pleine expression de chacun et chaque chose comme ils sont. Il nous dit dans Sa propre Personne ce que Dieu est ; Lui-même étant le Fils, Il nous montre le Père. Mais c’est Lui, et non pas Adam, qui nous montre ce qu’est l’homme. Adam sans doute, nous montre l’homme en chute ou déchu ; Christ seul est l’homme selon Dieu, à la fois moralement (comme autrefois ici-bas) et dans Son dessein, en tant que maintenant ressuscité et dans le ciel. De plus, comme Il nous montre la sainteté et la justice, ainsi aussi il fait ressortir le péché sous son vrai jour ; comme Il le dit Lui-même : « Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père » (15:22-24). C’est pourquoi Lui et Lui seul, dévoile Son adversaire le diable personnellement, le prince de ce monde, l’ennemi constant du Fils.

Même la loi n’est pas la vérité, aussi saint, juste et bon que soit le commandement ; car elle est plutôt, du côté de Dieu, l’exigence de ce que l’homme devrait être ; mais Christ exprime, non seulement ce qu’il devrait être, mais ce qu’il est. La loi proclame son devoir ; Christ déclare que tout est fini, et qu’il est perdu. Or Christ nous montre aussi un Sauveur dans Sa Personne, et ceci de la part de Dieu et avec Dieu. Certes Il est aussi un juge, car Il jugera les vivants et les morts ; cela est aussi certain que Son apparition pour établir Son royaume ; mais maintenant Il est Sauveur, et Il sauve jusqu’à l’achèvement (Héb. 7:25). En effet il serait impossible de dire en quoi Il n’est pas bon et glorieux, ni de quel mal Il ne délivre pas. Il est la vérité, la manifestation de la vraie relation de toutes choses avec Dieu, et en conséquence de tout écart d’avec Dieu. Lui et Lui seul, en face du défi « Qui es-tu », a pu répondre « absolument ce qu’aussi je vous dis » (8:25). Il est ce qu’Il dit ; Il est la Vérité comme aucun autre ne l’a été ; et ceci, comme Il l’indique dans le même chapitre 8 de notre évangile, parce qu’Il n’est pas homme seulement, mais Dieu.

 

15.2.3    La Vie

Mais Il est plus que le chemin et la vérité ; Il est la Vie, et ceci parce qu’Il est le Fils. En communion avec le Père, Il vivifie. En jugement, il n’en est pas ainsi ; car le Père ne juge personne, mais Il a donné tout jugement au Fils, parce qu’Il est Fils de l’homme (5:22-23) ; et comme les hommes ont jeté du déshonneur sur Lui parce qu’Il a daigné en amour devenir homme, ainsi le Père veut que le Fils soit honoré, non seulement comme Dieu, mais comme homme en jugement. Les croyants L’honorent d’une manière très différente et bien plus excellente. Ils se courbent devant Lui maintenant ; tandis qu’Il est rejeté par le monde, ils L’exaltent volontairement et avec bonheur. Ils sont ainsi par grâce en communion avec Dieu, qui L’a fait asseoir en haut à Sa droite, et qui va bientôt contraindre toute créature à se courber et à Le reconnaître comme Seigneur à Sa propre gloire (Phil. 2). Mais ceux qui croient ont maintenant en Lui la vie qui, par la puissance du Saint Esprit, a pour résultat la pratique du bien ; et ensuite ils jouiront de la résurrection de vie à Sa venue, tandis que ceux qui ont fait du mal devront, le jour venu, ressusciter dans la résurrection de jugement.

Ainsi le croyant a Christ pour tous les besoins possibles, et pour toute la bénédiction que notre Dieu et Père peut accorder. On ne peut pas L’avoir comme le Chemin et la Vérité sans L’avoir aussi comme la Vie, car Il est en effet la Résurrection et la Vie ; et cette vie que nous avons en Lui, le Fils, le Saint Esprit la fortifie et l’exerce, tandis que Sa Parole la nourrit, Le révélant toujours comme tout à nouveau à nos âmes. Le don de Dieu est la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur (Rom. 5:21) ; et comme le chemin en Christ est un chemin d’amour, de liberté et de sainteté, ainsi la fin en est la vie éternelle.

 

15.2.4    Jean 14:6b

Il n’y a pas d’autre moyen d’être béni : « Nul ne vient au Père que par moi » (14:6) dit le Seigneur. Il y a la garantie la plus certaine, le bien le plus vaste et le plus élevé, mais c’est absolument exclusif. On ne peut venir au Père par personne, sinon par le Fils ; par Lui, n’importe qui peut venir, le Juif le plus fier comme le Gentil le plus vil. Par Lui nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par un seul Esprit, comme l’apôtre le dit expréssément (Éph. 3:18) en montrant la nature de l’Église qui prend la place maintenant de l’ancien peuple de Dieu. Et observons qu’il ne s’agit pas seulement d’un accès auprès de Dieu en grâce souveraine s’élevant au-dessus du péché, sauvant les plus coupables et les plus misérables ; mais c’est un accès au Père comme tel ; il y a dans cet accès, la relation de grâce que le Fils a connue éternellement de Son plein droit et de par Son propre titre de Fils, — relation qui était néanmoins, mais d’autant plus à l’honneur de Son Père quand Il Le glorifiait sur la terre en tant qu’homme parfaitement dépendant et obéissant. Combien il est merveilleux que nous puissions venir au Père, Son Père et notre Père, Son Dieu et notre Dieu ! Que toute gloire soit à Lui et à Son œuvre de rédemption : c’est par elle seule que cet accès a pu être nôtre, à nous qui croyons.

 

15.2.5    Jean 14:7

Le Seigneur leur fait ensuite savoir que la connaissance du Père est inséparable de celle du Fils : « Si vous m’aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père ; et dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu » (14:7). Il est l’image du Dieu invisible ; le Père est connu dans le Fils ; et c’est ce qui est désormais donné aux disciples d’apprendre objectivement

 

15.3                      Jean 14:8-14

15.3.1    Jean 14:8

Il n’y a aucune capacité pour entrer dans les choses divines, pas plus chez le disciple brillant et à l’esprit actif, que chez le disciple le plus réservé et sombre [Thomas]. « Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit » (14:8). Ce désir semble excellent à beaucoup de ceux qui lisent ces paroles, surtout venant d’un disciple qui à la fois avait vu Jésus et aidé les autres dans le désir de Le voir (12:21-22). Mais c’était de la triste incrédulité chez Philippe, surtout après les paroles de grâce patiente qui venaient juste de leur être exprimées pour leur montrer la voie.

 

15.3.2    Jean 14:9 / 9-12

« Jésus lui dit : Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ? Celui qui m’a vu, a vu le Père ; et comment toi, dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que moi je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que moi je vous dis, je ne les dis pas de par moi-même ; mais le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres. Croyez-moi, que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ; sinon, croyez-moi à cause des œuvres elles-mêmes. En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes que celles-ci ; parce que moi, je m’en vais au Père » (14:9-12).

Le Seigneur déverse ainsi un flot de lumière sur la perplexité des disciples. Le Messie Lui-même n’était pas un simple homme, fût-il doué et honoré de Dieu. Il était réellement homme, et le plus humble des hommes ; mais qui était-Il celui qui s’était plu à naître de la Vierge ? Il était le Fils — Il était Dieu non moins que le Père, et en Lui le Père se manifestait comme tel. C’était Dieu en grâce, formant et façonnant Ses enfants par la manifestation de Ses affections et de Ses pensées et de Ses voies en Christ, le Fils, un homme sur la terre. Ils avaient connu cela, et pourtant ils ne l’avaient pas connu. Ils étaient familiers avec Lui, et avec les faits de Ses actes et de Ses paroles journaliers, mais ils ne sentaient encore guère que c’était des paroles et des actes du Créateur agissant pour l’éternité et en train de se manifester sous une forme incomparablement plus profonde que dans les merveilles de Sa création ou de Son gouvernement en Israël.

« Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui L’a fait connaître » (1:18). C’est pour cela qu’Il est venu, non seulement pour abolir le péché par le sacrifice de Lui-même (Héb. 9:26), mais pour manifester la vie éternelle qui était auprès du Père, et ceci comme Fils révélant le Père (1 Jean 1:2). Pour les disciples, quelle existence d’un genre nouveau, quelle gamme de pensées étranges ! Pourtant c’est ce que Jésus avait toujours été en train de faire ici-bas, occupé des affaires de Son Père (Luc 2:49) longtemps avant le commencement de Son ministère.

 

15.3.3    Jean 14:10-11

« Ne crois-tu pas que moi je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? » Tout tournait autour de la gloire de Sa Personne ; et l’unité même de la Déité, la vérité cardinale dont Israël avait à témoigner, constituait une difficulté pour l’esprit de l’homme occupé à raisonner, et incapable de s’élever au-dessus de sa propre expérience. Non seulement la loi et les prophètes avaient préparé le chemin et le témoignage de Jean le baptiseur, mais les paroles que Jésus prononçait ne ressemblaient à celles d’aucun autre homme. Elles n’étaient pas de simples choses humaines, ni n’étaient prononcées indépendamment de Son Père. Il était devenu chair, mais n’avait jamais cessé d’être la Parole, le Fils ; et les œuvres qu’Il faisait portaient l’empreinte indubitable de la même Personne pleine de grâce : le Père. C’était Lui qui faisait les œuvres (ou : Ses œuvres). Les disciples étaient donc appelés à croire qu’Il était dans le Père, et que le Père était en Lui — un état de l’être qui n’est possible que dans la nature divine, et auquel les œuvres elles-mêmes rendaient un témoignage laissant l’incrédule sans excuse.

 

15.3.4    Jean 14:12

Le Seigneur poursuit avec une formule d’une solennité spéciale au v. 12 où Il indique le témoignage qui serait rendu à la gloire de sa Personne quand et parce qu’Il serait allé auprès du Père ; la puissance dont les croyants seraient investis et qui les rendrait capables de faire non seulement ce qu’ils avaient vu Jésus faire, mais des choses encore plus grandes, en l’honneur de Son nom. Ceci a été accompli à la lettre. Car nous ne voyons jamais que l’ombre du Seigneur ait guéri des malades, ni que des mouchoirs pris de dessus Son corps (sauf dans des légendes mensongères) aient guéri des maladies, ou chassé des démons, sans parler des multitudes amenées, nombreuses et de partout, par la prédication apostolique. Quelle grande preuve de puissance divine d’opérer comme Il l’a fait, et encore davantage d’opérer par Ses serviteurs ! et cette preuve a été encore encore plus grande quand Il est monté en haut, que quand Il les envoyait d’auprès de Lui présent sur la terre ! Mais si la puissance manifestée, si les œuvres devaient être plus grandes, qui pourrait se comparer avec le Seigneur en amour qui se renonce, en dépendance et en obéissance ? Certainement aucun de ceux qui croyaient en Lui, aucun de ceux qui, par Lui, œuvraient si puissamment.

 

15.3.5    Jean 14:13-14

Le Seigneur avait ainsi garanti la promesse solennelle et encourageante que le fait de s’en aller auprès du Père n’allait pas retenir ni tarir le puissant courant de puissance en grâce dans lequel Il avait opéré ici-bas. Celui qui croyait en Lui allait faire ce qu’Il faisait et des choses plus grandes encore. Il poursuit maintenant ce sujet et l’explique par la place donnée à l’exercice de foi qui s’épanche en prière, pour avoir désormais son plein caractère dans Son nom qui avait glorifié le Père au degré suprême.

« Et quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai » (14:13-14). Les disciples devaient ainsi compter sur une puissance infaillible, si elle était cherchée en Son nom ; car Jésus n’était pas un simple homme dont le départ devait terminer ce qu’Il avait l’habitude de faire étant présent. Absent, Il démontrerait qu’Il était divin, et non moins intéressé à leurs requêtes du fait qu’Il était ressuscité d’entre les morts. Tout ce qu’ils demanderaient, Il le ferait afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Et Il ne se contentant pas de l’assurance générale du v. 13 : malgré toute la difficulté, Il la répète au v. 14 en rapport avec n’importe quelle requête particulière qu’ils feraient, avec une garantie encore plus solennelle de Son intervention personnelle.

 

15.4                      Jean 14:15-19

Mais le Seigneur ajoute beaucoup plus, et ce qu’Il ajoute est de la plus grande importance.

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements ; et moi, je prierai (*) le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour être avec vous éternellement, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez ; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (14:15-19).

 

(*) Jean 14:16a : Il vaut la peine, et c’est même important de souligner la différence entre « erotaô » utilisé pour Christ en rapport avec le Père et « aiteô » utilisé pour les disciples. L’Écriture n’utilise jamais ce terme « aiteô » pour Christ ; ce terme est une expression de supplication. Il y a quand même une exception et une seule en 11:22 où ce terme se trouve dans la bouche de Marthe, mais justement sa foi était de bas niveau, quoique réelle. Christ utilise « erotaô » en parlant au Père, tandis que les disciples utilisent « aiteô » en parlant au Père, et les deux termes quand ils parlent à Christ. « Erotaô » est aussi utilisé dans le sens d’interroger ou de questionner.

 

15.4.1    Jean 14:15-16a

La manière de montrer leur affection et leur dévouement à leur Maître serait l’obéissance ; car quelle que soit Sa grâce, Il ne leur dissimule pas Son autorité. Obéir à Ses commandements démontrerait leur amour bien mieux que du zèle dans l’œuvre ou de la douleur en rapport avec Son absence ; car Son absence, si triste soit-elle, était tournée par la bonté et la sagesse de Dieu en des bénédictions meilleures et des voies plus profondes pour les saints, en ce qu’elle fournissait même l’occasion de mettre en lumière les conseils (desseins) cachés de Dieu à Sa propre gloire infinie en Christ. La place des disciples était d’obéir à Ses commandements, du fait qu’ils L’aimaient, tandis qu’Il prierait le Père pour qu’Il leur envoie quelqu’un d’autre, un Paraclet ou un Avocat, comme Il avait été Lui-même, quelqu’un qui pourrait se charger de leur cause et mener leurs affaires, comme autrefois les patrons à Rome avec leurs clients, ou aujourd’hui les chargés d’affaires, dans une petite mesure. « Consolateur » (*) paraît être un terme trop restrictif et fait une séparation injustifiée entre l’Esprit et le Seigneur qui ne pourrait guère être qualifié de la sorte en 1 Jean 2:1 où le terme Paraclet est appliqué à Son action en haut, comme ici au Saint Esprit sur la terre

 

(*) Philologiquement il est difficile, voire impossible, de concevoir que le terme grec signifie « consolateur ». Sa structure et son usage visent tous les deux « quelqu’un appelé à aider » ; c’est une forme différente, mais de même racine, qui signifie « un consolateur ». Un paraclet peut être un consolateur, mais Christ est beaucoup plus que cela, et il est fait appel à Lui pour toute difficulté et tout besoin. Il en est ainsi du Paraclet, et d’une manière infinie, du fait qu’Il est une Personne divine. « Consoler » n’est qu’une petite partie de Ses fonctions. « Être avocat » peut aussi en faire partie comme en 1 Jean 2:1.

 

15.4.2    Jean 14:16b-17

Ensuite cet autre Paraclet donné par le Père en réponse à Christ ne devait pas être présent pour une brève période de temps, comme le Seigneur ici-bas : « Il vous donnera un autre Paraclet, pour être avec vous éternellement ». Voilà une vérité profondément consolante, mais très solennelle pour la chrétienté. Qui le croit ? Certainement pas ceux qui se vantent de vues évangéliques, et qui pourtant proclament leur incrédulité inconsciente par des prières répétées au début de chaque année pour que Dieu déverse à nouveau Son Saint Esprit sur Ses enfants dans leur bas état. Cela signifie-t-il que la masse de gens contents d’eux-mêmes dans la chrétienté soit plus réellement croyante (ces gens ne prononcent pas de telles requêtes spéciales, mais admettent que le Saint Esprit agit nécessairement et infailliblement au travers des papes ou patriarches ou autres officiels de ce genre) ? Loin de là. Ils sont enflés d’orgueil, comme si Dieu soutenait et approuvait leur position ; un aveuglement complet ferme leurs yeux, de sorte qu’ils ne peuvent pas voir que leur état est de s’être écartés de la volonté, de la vérité et de la grâce de Dieu. Mais l’opposé d’une erreur peut aussi être une erreur ; pour remédier à l’erreur consistant à admettre que le Saint Esprit dirige Babylone, laquelle confond le monde et l’Église, il ne faut pas nier pratiquement la présence et l’habitation de l’Esprit dans des requêtes périodiques demandant un renouvellement de l’effusion sur nous.

Il serait bon de demander un œil simple et un esprit d’humiliation, afin de cesser de mal faire et apprendre à bien faire (És. 1:16), et ceci avec un cœur vraiment contrit (És. 57:15 & 66:2), et un sens profond de là d’où on est déchu, et de la venue prochaine de Christ. Il serait bon de nous juger nous-mêmes à l’aide de la Parole de Dieu, non seulement dans notre marche individuelle, mais dans nos voies et notre adoration collectives, pour nous assurer que nous n’attristons ni n’éteignons l’Esprit, – pour désirer ardemment « d’être fortifiés en puissance par l’Esprit quant à l’homme intérieur » (Éph. 3:16), si en effet nous n’avons pas aussi besoin premièrement d’être éclairés par Lui pour que nous sachions « quelle est l’espérance de son appel, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons » (Éph. 1:18-19). Voilà les vrais besoins, même là où on jouit de la paix avec Dieu individuellement ; car il n’y a rien de si peu connu en général chez les chrétiens et dans l’église que ce que sont réellement le chrétien et l’église ; or comment les fonctions peuvent-elles être remplies et les devoirs accomplis quand les relations sont ignorées ou mal comprises ?

Or tout tourne autour des grandes vérités placées devant nous dans ces chapitres de notre évangile : l’absence de Christ dans le monde, l’ayant quitté pour prendre place comme Homme ressuscité dans le ciel sur la base de la rédemption, et la présence du Saint Esprit envoyé d’en haut pour être avec les saints éternellement. Dès lors, il est évident que ce n’est pas la foi qui considérerait que le Saint Esprit commet une faute en ce qu’Il demeure malgré nos manquements, et qui se mettrait à prier pour une nouvelle effusion, comme s’Il avait fui par dégoût et qu’Il aurait besoin d’être envoyé de nouveau — mais la foi se montre en se séparant de tout mal condamné par la Parole, et en faisant la volonté de Dieu pour autant qu’on l’ait apprise, comptant sur la présence assurée de l’Esprit selon la promesse du Sauveur. La bénédiction et la puissance suivent l’obéissance, justement comme le Seigneur le présente ici. Rien de plus faux moralement que de demeurer dans ce que nous savons être erroné, attendant de la puissance, et obéissant ensuite. Il n’en est pas ainsi, d’autant plus encore que cette vaine excuse nie le privilège spécifique du chrétien d’avoir déjà le Saint Esprit du fait qu’il est chrétien. Et de même l’Église de Dieu a le Saint Esprit : sinon, c’est une quelconque autre église, non pas Son église, car ce n’est que par la présence du Saint Esprit que l’Église est réellement telle, responsable toujours et en tout d’être guidée par Lui, par « l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous » (14:17).

 

15.4.3    Jean 14:17

Le Seigneur dans ce passage continue à porter Ses regards en avant vers la présence du Saint Esprit avec les saints, non seulement en les assurant qu’elle sera perpétuelle, mais expliquant pourquoi le monde ne peut avoir aucune part en Lui, — tandis que les hommes voient et connaissent le Messie objectivement, quoique extérieurement et en vain pour la vie éternelle. Qu’est-ce que le monde pourrait avoir de commun avec le Saint Esprit tel qu’Il est donné maintenant ? Par Sa présence avec les saints en dehors du monde, le Saint Esprit ne peut que démontrer le péché, la justice, le jugement (16:8). Or le Saint Esprit n’est pas un objet pour la vue ou pour la connaissance, et le monde n’a pas de foi (sinon Il ne serait pas le monde), tandis que les saints, les chrétiens désormais sont caractérisés par le fait qu’Ils le connaissent, malgré qu’Il soit invisible, « parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous ».

Il y a une pensée erronée qu’il ne faut pas suivre, comme beaucoup l’ont fait jusqu’à ce jour à la suite de Euthymius Zigabenus : Selon lui, la présence du Saint Esprit selon la fin de ce v. 17 signifie Sa présence en Jésus qui était parmi eux ; le sens de ce v. 17 est que, une fois donné, le Saint Esprit allait demeurer avec eux, au lieu de faire un bref séjour comme le Seigneur Jésus ; et non seulement Il demeurerait avec eux, mais Il serait en eux, ce que le Messie, comme tel, ne pouvait pas, même quand Il les accompagnait. Ce devait être une présence de Dieu nouvelle, spéciale et intime, dans et avec les saints, en contraste avec le monde qui a rejeté Christ. Il n’y pas de signe plus certain de l’apostasie finale dans sa forme complète, ou de la préparation de cette apostasie, que l’éloignement incrédule d’avec Dieu qui lie les saints au monde : soit dans la considération papiste que le Saint Esprit l’approuve, soit dans l’incrédulité protestante quant à la présence du Saint Esprit. On peut comprendre cette dernière incrédulité, à cause de leur expérience de ce qui a le nom de vivre et qui est mort (Apoc. 3:1), autour d’eux et en leur sein, ce qui les amène à crier pour avoir le Saint Esprit comme s’Il était parti, au lieu de tout quitter ce qui L’attriste, et qui empêche la manifestation de Son action en grâce.

 

15.4.4    Jean 14:18-19

Or le Seigneur dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous » (14:18). Il ne s’agit pas ici de Sa venue future, mais de Sa venue par le don du Saint Esprit. Ainsi Il les consolerait durant Son absence. « Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez ; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (14:19). Rien n’était plus opposé à leurs pensées au sujet du Messie, et à leurs attentes de la part de ce Messie — un Messie d’Israël, visible de tout œil, mais dans une proximité particulière avec Son peuple sur la terre. Désormais par le Saint Esprit, Ils allaient voir Celui que le monde avait rejeté et perdu et qu’il ne verrait plus sinon en jugement. Et les saints ne se borneraient plus à Le voir, mais ils vivraient de la même vie, ayant Christ vivant en eux, comme dit l’apôtre Paul (Éph. 3:17), ou comme dit le Seigneur ici : « parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (14:19b). Christ est leur vie, et ceci en puissance de résurrection, ce qui parait visé par le temps du verbe au futur.

Or il y a là plus que la vie, si bénie soit-elle : c’est vivre parce que Christ vit, Lui-même étant leur vie, non pas simplement comme Fils, mais comme ressuscité et monté au ciel. L’Esprit est puissance pour voir et pour connaître, en contraste avec la chair et le monde. Et ici le Saint Esprit est supposé être donné, connu, demeurant avec eux et en eux. Une chose très solennelle est la puissance du Saint Esprit quand Christ n’est pas la vie : elle est au contraire indiciblement bénie quand nous vivons de Sa vie.

 

15.5                      Jean 14:20

« En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous » (14:20). Ce n’est pas ici simplement la gloire de Sa Personne, comme aux v. 10 et 11. Ceci était vrai, et un objet de foi alors. « Ne crois-tu pas » dit le Seigneur à Philippe, « que moi je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? » Les paroles et les œuvres l’attestaient. « Croyez-moi » dit-Il à tous « que je suis dans le Père, et que le Père est en moi » (14:11). Le fait qu’Il était homme n’empêchait ni n’abaissait en aucune manière Sa dignité, ni Son unité d’essence avec le Père ; et pour les croyants, c’était et c’est encore de toute importance de le maintenir de manière inébranlable, en adorant. Le Fils est Dieu, comme le Père. Mais maintenant il allait y avoir davantage, et davantage à connaître ; c’était impossible sans Sa gloire personnelle, mais cela dépendait de Son œuvre et du don du Saint Esprit. Ce don, nous l’avons maintenant, car ce jour est venu. Ce n’est pas la gloire future, mais la grâce présente qui nous met dans la plus étroite association de vie avec Celui qui est monté dans la gloire céleste, et qui est cependant un avec nous ici-bas, comme nous, nous sommes un avec Lui là-haut, par l’Esprit qui a été donné afin que nous connaissions tout cela.

Dans cette connaissance, les saints, de vrais saints de Dieu, sont tristement obtus, non seulement en ce que cela les prive par d’innombrables manières de la plus grande importance, mais en ce qu’il y a du déshonneur sur Celui qui ne peut être correctement servi et adoré qu’en Esprit et en vérité. Le jour des formes et des ombres est fini ; la vraie lumière luit déjà (1 Jean 2:8) en Christ seulement, dont Ses saints sont les luminaires responsables de diffuser la parole de vie (Phil. 2:15-16). Mais il y a plus ici, quoique tout se rattache à Lui. Ce n’est pas Christ présent dans le monde, et régnant sur le pays, ou même sur toute la terre. Il est ici le méprisé et le rejeté des hommes, mais glorifié en haut. « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père » (14:20) — une relation et une sphère incomparablement plus glorieuses que le trône de Son Père David. Ce n’est pas céleste seulement, mais cela exprime la proximité infinie du Père ; et ceci donne son caractère au christianisme. Toute sa bénédiction est basée sur qui, quoi et où est Christ. L’incrédulité dans les saints, marchant avec le monde et engourdis par la tradition, traite tout comme des faits sans vie, non pas comme une vérité qui forme et guide l’âme par le Saint Esprit ; l’incrédulité chez les hommes apprend vite à nier et à se moquer même des faits. C’est un appel d’autant plus pressant adressé à ceux qui croient par grâce, pour qu’ils poursuivent leur marche dans la lumière céleste ; et cela d’autant plus que nous savons non seulement qu’Il est dans le Père, mais que nous sommes en Lui et Lui en nous, comme le Seigneur le dit dans les paroles déjà citées.

Il n’y a guère de contraste plus frappant entre la position et la relation de Christ et des Siens décrites ici, et celles du Messie et de Son peuple selon ce que ceux ici présents avaient compris à partir des anciens oracles de Dieu (non pas à partir de la tradition des anciens). Dieu est souverain, tout en étant toujours sage et jamais arbitraire. Toutes Ses voies sont bonnes et glorieuses, car elles tournent toutes autour de Christ Son image et centre de Ses voies, l’objet excellent qui est devant Ses yeux pour le ciel et la terre. En rapport avec le gouvernement de la terre, Il était et Il sera le but ; pour le ciel, la grâce règne, mais en premier lieu au travers de la souffrance à Sa gloire, et dans une supériorité morale infinie vis-à-vis du mal, — bientôt elle régnera de manière suprême quand le mal serait traité et aura disparu sous le jugement divin. Entre l’humiliation de la croix et le retour du Fils, il y a la place de Fils comme connu maintenant dans le Père, et nous en Lui et Lui en nous.

Aucun saint de l’Ancien Testament ne pouvait ni ne savait parler ainsi ; jamais l’idée d’attendre ces choses ne germa dans aucun cœur d’autrefois. Aucun saint du millénium ne connaîtra jamais une relation semblable avec Christ ni avec ceux qui seront alors sur la terre. Cela fait entièrement et nécessairement partie de ce que Dieu opère maintenant intermédiairement pour la gloire du Seigneur ; et si la foi Le contemple dans une telle élévation d’intimité divine, c’est qu’elle reconnaît la grâce incomparable qui nous a placés en Christ, et qui nous fait sentir la responsabilité sérieuse du fait que Christ est en nous. Qu’est-ce qui peut davantage exprimer notre proximité qu’une pareille identification de vie nouvelle et de nature, et ceci en puissance par le Saint Esprit ? En vérité « celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit [avec lui] » (1 Cor. 6:17) ; et l’union est d’autant plus réelle et plus permanente par rapport aux unions naturelles, que l’Esprit est plus puissant et plus proche et demeure davantage que la chair. Mais si l’on est un avec Lui et en Lui par l’Esprit, Il est en nous par le même Esprit. Il y a ainsi à la fois un privilège très élevé et une obligation très forte ; gardons-nous de séparer ce que le Seigneur a uni. Si nous avons la vie dans le Fils, nous avons besoin de rappeler à nos âmes que Christ vit en nous, et que ce que nous avons à manifester, c’est Lui et non pas nous. Sans doute ceci demande un constant jugement de soi-même, vrai et profond, et il faut la foi qui porte toujours dans le corps le mourir de Jésus ; et Dieu nous aide par des épreuves de toutes sortes, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle (2 Cor. 4:10). Ce n’est qu’ainsi que la pratique chrétienne découle des principes et des privilèges chrétiens ; et tout est de Christ par le Saint Esprit en nous. Combien il est consolant que notre devoir comme chrétien implique notre bénédiction ! Combien il est humiliant que le don du Saint Esprit rende nos fautes inexcusables !

 

15.6                      Jean 14:21

Mais entre temps, et spécialement en relation avec Christ en nous, il y a, non pas un gouvernement de la terre par Christ régnant en justice et en puissance, mais un gouvernement moral de nos âmes dans l’obéissance, qui a une forme double : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui » (14:21). Il peut paraître étrange à un esprit superficiel, que notre Seigneur parle d’avoir Ses commandements, et non pas seulement de les garder comme preuve qu’on l’aime ; mais c’est profondément vrai. Le méchant, le désobéissant, le négligent, ne comprennent pas cela, mais le sage le comprend, — tous ceux dont la sagesse ne finit pas, mais commence avec la crainte du Seigneur. L’œil simple est plein de lumière. Le désir de faire Sa volonté trouve et sait ce que c’est. Ainsi le cœur qui aime a et garde Ses commandements ; et du fait qu’il L’aime, il attire l’amour de Son Père, qui honore le Fils et ne veut pas être exalté à Ses dépens. L’obéissance ayant sa source dans l’amour, elle est ainsi la condition des disciples qui assure l’amour de Jésus et la manifestation de Lui-même à nous ici-bas.

 

15.7                      Jean 14:22-24

15.7.1    Jean 14:22-23

Une telle manifestation prit les disciples par surprise ; et l’un d’eux, Jude, soigneusement distingué du traître, ne peut pas s’empêcher de demander des explications : « Jude (non pas l’Iscariote) lui dit : Seigneur, comment se fait-il que tu vas te manifester à nous, et non pas au monde ? Jésus répondit et lui dit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé » (14:22-24). Quand le Messie se manifestera au monde, lorsque le royaume du monde de notre Seigneur et de Son oint (Christ) sera venu (Apoc. 11:15), beaucoup rendront une obéissance feinte, étant tenus en bride par la manifestation de Sa puissance et de Sa gloire. L’obéissance maintenant qu’Il est absent est davantage mise à l’épreuve, et elle Lui est précieuse car elle est réelle ; et elle doit croître comme étant la vie dans l’Esprit, à mesure que la connaissance de Sa volonté progresse. Comparer Col. 1:9-10. C’est pourquoi il y a un approfondissement en passant de Ses commandements à Sa Parole. Ses commandements ne sont pas pénibles (1 Jean 5:3) ; Sa Parole est estimée comme un trésor parce que c’est Lui-même qui est aimé. C’est ainsi que le Seigneur le met en compte ; et l’on jouit d’une manifestation plus complète du Père et du Fils, et de manière plus durable.

 

15.7.2    Jean 14:23-24

On notera qu’au v. 23 il est dit « ma parole », non pas « mes paroles » comme dans la version anglaise autorisée. Celui qui aime le Seigneur garde Sa Parole comme un tout, parce que c’est la Sienne, et Il ajoute au v. 24 que celui qui ne L’aime pas ne garde pas Ses paroles, c’est-à-dire ce qu’Il dit ; ce n’est ni son habitude ni sa manière de garder aucune d’elles en détail. La désobéissance trahit une absence d’amour pour Jésus, et ceci est d’autant plus sérieux qu’il n’est pas simplement question du Fils, mais du Père qui L’a envoyé ; c’est Lui dont la Parole est négligée. Rien ne caractérise autant un saint aujourd’hui que l’obéissance. C’est ce qui a eu lieu en perfection avec notre Seigneur Lui-même. Il est venu pour faire la volonté de Dieu ; Il l’a faite et en a souffert à l’extrême. Ce n’est qu’ainsi que Dieu est connu de manière croissante par Ses enfants, et de manière tout à fait intime, comme le Seigneur le déclare ici. Nous devons Le connaître pour faire Sa volonté ce qui ne peut avoir lieu qu’en connaissant Jésus Christ qu’Il a envoyé ; mais en gardant Sa Parole (comme expression de Sa volonté, non pas comme expression de Sa seule autorité, quoique celle-ci nous soit chère d’emblée), nous croissons par la connaissance de Dieu, continuellement tant que nous sommes ici-bas, — même si c’est toujours avec un jugement de nous-mêmes impitoyable et dans une dépendance confiante de Lui. Combien il est encourageant pour le cœur d’avoir le sentiment continuel de la présence du Père et du Fils avec nous dans une telle marche ! Puissions-nous connaître davantage ce sentiment ! Une manifestation, c’est bien — quelque chose qui demeure, c’est mieux.

 

15.8                      Jean 14:25-31

15.8.1    Jean 14:25-26

La valeur de ce qui dirige la vie, et qui est aussi le moyen de la révéler, ne saurait être trop exagérée ; c’est ce que nous avons vu dans les commandements et les paroles de notre Seigneur Jésus, par lesquels Il exerce la vie qu’Il a donnée au croyant, puisqu’Il est en effet leur vie. Mais maintenant Il ajoute une consolation et une bénédiction supplémentaires en rapport avec l’Avocat ou Paraclet (car maintenant ce terme non seulement caractérise l’Esprit, mais c’est ainsi qu’Il est nommé) : « Je vous ai dit ces choses demeurant avec vous ; mais le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites » (14:25-26). Quelle bénédiction que le même Saint Esprit qui a oint Christ et a demeuré en Lui durant Son ministère sur la terre, allait enseigner toutes choses aux disciples, et leur restituer les paroles de Jésus ! C’est ce qui fut accompli, et davantage même, comme Il convient à une Personne divine [le Saint Esprit] qui daigne servir en amour, étant envoyée par le Père au nom du Fils. Ce n’est pas ici le Fils faisant requête au Père, et le Père donnant comme au v. 16, mais c’est le Père envoyant au nom du Fils Celui qui pouvait et voulait leur enseigner toutes choses, en plus de leur faire souvenir de tout ce que Jésus leur avait dit. Cela ouvrait la porte à la fois à ce qu’Il ravive dans leur mémoire tous les commandements de Christ, mais aussi à Son enseignement sans limites.

 

15.8.2    Jean 14:27 — la paix laissée

Mais il y a plus que de la doctrine. « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne. Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif » (14:27). Le Seigneur suppose continuellement Sa mort. Elle était nécessaire à la paix ; Sa propre paix va encore plus loin. C’est la paix dont Il jouissait tandis qu’Il était ici-bas, une paix qui n’est pas troublée par les circonstances, et est dans une communion ininterrompue avec Son Père ; une paix aussi éloignée qu’il est possible du cœur de l’homme, dans un monde tel que celui-ci, ignorant du Père et en conflit avec Lui en tout point. Or elle caractérise le second Homme qui nous la donne. Ayant la foi en Celui qui nous a aimés parfaitement et jusqu’à la fin, qui a tout accompli à la gloire de Dieu et pour nous, nous avons droit à cette paix, et le Saint Esprit voudrait que nous en jouissions selon Sa parole. Celui qui la donne, ne s’en est pas démuni, par le fait que nous la recevions. Comme tout le reste de ce qu’Il donne, on en jouit sans ombre dans sa divine plénitude, et tous ceux qui la partagent ne font qu’y ajouter au lieu d’en retrancher quelque chose. Il ne s’agit pas simplement de réalité, mais de son cours et de son caractère. « Je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne. Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif ». En effet, ayant la paix, pourquoi le cœur devrait-il être confus ou craintif ?

 

15.8.3    Jean 14:28-29

Or le Seigneur s’attend maintenant à ce que les cœurs purifiés par la foi se réjouissent dans Sa gloire. « Vous avez entendu que moi je vous ai dit : Je m’en vais, et je viens à vous. Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père, car mon Père est plus grand que moi. Et maintenant je vous l’ai dit avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous croyiez » (14:28-29). Ainsi malgré toute Sa gloire personnelle et essentielle, Il n’oublie jamais qu’Il est un homme sur la terre. Comme tel, Il s’en va et va revenir auprès de Ses disciples. Comme tel Il les appelle à se réjouir de ce qu’Il s’en va au Père. Ce n’était pas peu de chose qu’un homme, dans Sa Personne, entrât dans la gloire ; il y a à peu près autant d’incrédulité dans la chrétienté quand elle prend cela comme allant de soi, et qu’elle est entièrement indifférente à sa valeur, que chez les Juifs qui le considère comme incroyable, voire impossible. Les Juifs comme tels s’attendent à ce que l’homme (l’homme pour lui-même) soit béni au plus haut degré par Dieu sur la terre ; et c’est sans doute ce qui aura lieu bientôt dans le royaume au-delà de toutes leurs pensées. Mais le Seigneur voudrait que les chrétiens se réjouissent dans le second Homme, monté déjà maintenant dans le paradis de Dieu, la sure garantie de ce que nous Le suivrons quand Il reviendra pour nous. C’est pourquoi Il attire de la manière la plus pressante l’attention non pas sur le fait seulement, mais sur le fait que Lui le mentionne avant que cela arrive, afin que quand ce sera arrivé, ils croient (14:29). Lui-même dans la gloire, voilà l’objet vivant de la foi, lourd de conséquences et de fruits bénéfiques pour nous. C’est bien de donner à Sa mort la plus profonde valeur. Nous ne pouvons jamais, sans perte incalculable pour nos âmes, perdre de vue Sa profonde humiliation dans un amour qui se sacrifie à la gloire de Dieu, et qui porte le fardeau de nos péchés et du jugement ; mais nous faisons bien d’avoir les yeux fixés sur Lui « reçu dans la gloire », et de toujours L’attendre comme étant sur le point de venir et de nous prendre avec Lui dans la maison du Père.

 

15.8.4    Jean 14:30

« Je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car le prince de ce monde vient, et il n’a rien en moi ; mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais. Levez-vous, partons d’ici ! » (14:30-31). Le Seigneur indique ainsi qu’Il n’a plus beaucoup de choses à leur dire. Il avait une autre tâche en charge ; car l’ennemi venait, caractérisé maintenant comme le prince de ce monde qui a rejeté le Fils de Dieu, démontrant par-là son opposition au Père et son assujettissement à Satan ; mais qu’il vienne n’importe quand, il ne trouvait rien de plus en Christ à la fin qu’au commencement. Il aurait bien voulu séduire le Sauveur pour Le faire sortir du chemin de l’obéissance en Lui offrant des récompenses ; il s’efforce maintenant de Le remplir de peur et d’horreur de la mort qui était devant Lui. Mais en vain : « la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » En nous naturellement, il y a tout ce qui donne prise à Satan ; en Christ il n’avait rien. Ce ne pouvait donc être qu’à cause de la gloire et de la perfection sans tache de Sa Personne, vrai Dieu et Homme irréprochable ; et il fallait pour nous qu’Il boive cette coupe, si nous devions avoir la vie éternelle en Lui, et s’Il devait ôter nos péchés, et tout ceci dans l’obéissance et à la gloire de Dieu Son Père. C’est pourquoi Il ajoute : « mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (14:31). C’était en effet l’amour du Fils jusqu’à l’extrême ; c’était une obéissance sans pareille.

Le Seigneur termine ici cette partie de Ses communications et le fait ressortir par la phrase finale : « Levez-vous, partons d’ici ! »

 

 

16                  Chapitre 15

16.1                      Jean 15:1-4

Le changement de sujet vient d’être mis en relief. Alors le Seigneur se met à exprimer Ses pensées par une de ces allégories particulières à notre évangile.

« Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’ôte ; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit. Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure dans le cep, de même vous non plus [vous ne le pouvez pas], à moins que vous ne demeuriez en moi » (15:1-4).

 

16.1.1    Jean 15:1

Le Seigneur met ainsi Israël de côté comme n’étant absolument plus susceptible de porter du fruit. Il y avait longtemps que les prophètes avaient dénoncé la nation comme produisant des raisins sauvages, comme une vigne déserte, ou juste bonne à être brûlée. Mais le Seigneur met en lumière qu’Il est Lui-même le seul vrai porte-greffe acceptable pour Dieu. C’était une immense vérité qu’il fallait que les Juifs apprennent. En Israël il y avait tout ce en quoi ils avaient mis leur confiance en matière de religion. Il y avait le temple, la sacrificature, les sacrifices, les fêtes, toutes les ordonnances publiques ou privées, grandes ou petites, instituées de Dieu. En dehors d’Israël, il y avait les païens qui ne connaissaient pas Dieu. Maintenant le Seigneur ne se borne pas à dévoiler l’état trompeur du peuple élu, mais il fait connaître le secret. C’est Lui le Cep, le vrai Cep. Il n’est pas seulement une branche qui porte du fruit, tandis que les autres sont stériles ; Il est Lui-même le vrai Cep. Nous avons ainsi un objet positif devant nous, la source unique de ce qui porte du fruit.

« Et mon Père », ajoute-t-il, « est le cultivateur ». Une autre vérité était nécessaire, la révélation de Son Père (pas encore pleinement révélé comme leur Père, quoique cela allait bientôt l’être dans Sa résurrection), non plus la révélation de l’Éternel comme autrefois dans la vigne de la nation, ni comme le Tout-Puissant connu par leurs pères. En tant que Père, Il s’occupe des sarments du cep qui est Christ Lui-même sur la terre, et qui est l’objet de tout l’intérêt actif et vigilant de Son Père qui cherche à avoir du fruit. Mais il ne s’agit pas de Lui tout seul ; il y a des branches en Lui. Et c’est ici que leur responsabilité entre en jeu : car ils étaient les disciples du Seigneur, autrefois simplement des Juifs dans leur condition naturelle, mais ils sont désormais appelés à porter du fruit pour Dieu.

 

16.1.2    Jean 15:2

Quelles sont les conditions posées ? « Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’ôte ; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit ». Il s’agit manifestement du gouvernement du Père vis-à-vis de ceux qui portent le nom du Seigneur. Il ôte les professants sans fruits ; ceux qui portent du fruit, Il les nettoie afin qu’ils portent plus de fruit. C’est le Père qui juge selon l’œuvre de chacun (1 Pierre 1:17). C’était d’abord les disciples qui étaient en vue, mais bien entendu le principe s’applique à nous, maintenant qu’Israël est mis de côté de manière encore plus évidente. Comme l’apôtre l’enseigne en Héb. 12:10, le Père nous châtie pour notre profit, afin que nous participions à Sa sainteté. En Jean 15, si nous ne sommes pas ôtés, nous sommes nettoyés pour porter plus de fruit. C’est un état de choses entièrement différent de celui du règne du Messie en puissance sur la terre, où Son peuple ne sera environné que de prospérité, où Satan sera enfermé, et où le désert se réjouira et la rose fleurira (És. 35:1). Sans doute dans cet état de choses de Jean 15, il n’y a pas d’union avec Christ dans le ciel, ni même de privilèges de grâce qu’on trouve en Lui en général, mais c’est l’appel à faire en sorte que, dans les voies journalières, Lui soit tout sur la terre, si nous voulons vraiment porter du fruit. C’est Lui, non pas la loi, qui est la règle de vie, et la source de productivité ; il n’y en a pas d’autres que Lui pour le chrétien, pas même l’Esprit qui se sert de la Parole pour glorifier Christ.

 

16.1.3    Jean 15:3

Les disciples avaient déjà fait l’expérience de la puissance purifiante de la Parole. « Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite » (15:3). Ils avaient reçu cette parole, et savaient qu’Il était venu de Dieu, bien qu’ils ne connussent le Père qu’imparfaitement, si même ils Le connaissaient tout court. Cependant la Parole de Christ avait opéré dans leurs âmes ; elle avait nettoyé leurs voies, elle avait jugé leurs pensées mondaines, elle avait mis à nu leurs désirs charnels : l’effet dans leurs consciences était réel. Judas était maintenant parti, de sorte que le Seigneur n’a pas besoin de leur dire « vous êtes nets, mais non pas tous » (13:10). Au contraire Il leur dit « vous êtes déjà nets », avant même que le Saint Esprit ait été donné comme puissance d’en haut. L’efficacité purifiante de la Parole est une vérité majeure de l’Écriture qui tend à être oubliée, non pas simplement par les Romanistes qui se fient aux ordonnances, mais aussi par les protestants qui parlent exclusivement du sang du Sauveur « qui purifie de tout péché ». Que Dieu nous préserve de dire la moindre des choses tendant à obscurcir la valeur justificatrice du sang, ou tendant à en détourner les âmes. Mais du côté du Seigneur sont sortis l’eau et le sang, et nous avons besoin des deux. Le sang expie, l’eau purifie ; et comme le sang demeure répandu et efficace une fois pour toutes, en contraste avec les nombreux sacrifices inefficaces des Juifs, le lavage d’eau par la Parole est non seulement appliqué dès le départ, mais il est tout le temps nécessaire pour purifier. Quand on ne voit pas cela, on est dans la confusion totale, et la vérité fondamentale est affaiblie, sinon détruite.

 

16.1.4    Jean 15:4

Le Seigneur insiste ici davantage sur la nécessité et l’importance de dépendre de Lui et d’avoir de l’intimité avec Lui. Voilà ce qu’est demeurer en Christ, et la parole qu’Il prononce : « Demeurez en moi, et moi en vous ». Ce n’est pas la grâce souveraine envers le pécheur, mais un appel au disciple ; et c’est pourquoi le fait que Lui demeure en nous, en tant qu’affaire de communion journalière, dépend de ce nous nous demeurons en Lui. « Comme le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure dans le cep, de même vous non plus [vous ne le pouvez pas], à moins que vous ne demeuriez en moi ». Rien n’est plus simple que le fait extérieurement ; et dans notre expérience, rien n’est plus certain qu’il en est ainsi intérieurement. Lui et Lui seul est la demeure pour l’âme dans ce monde de pièges et de dangers, dans ce désert sans eau. Faites de Lui la ressource, faites de Lui le but recherché, et ça sera comme si la sève coulait sans empêchement, et le fruit sera porté. Sans Lui, l’enseignement n’est d’aucun profit, et toute excitation religieuse est un échec ; introduisez-Le Lui, confiez-vous en Lui, et quels que soient la difficulté, la peine, la honte, l’opposition ou le dénigrement, Lui soutiendra le cœur, et le fruit porté suivra. Séparés de Lui nous ne pouvons rien faire, avec Lui nous pouvons tout. C’est ainsi que s’exprimait quelqu’un qui l’avait bien appris : « Je puis toutes choses en Celui qui me fortifie » (Phil. 4:13).

Il ne semble guère nécessaire d’observer que la relation entre la tête et le corps sert à un tout autre dessein dans l’Écriture, et doit être maintenue totalement à part. La grâce céleste forme le seul corps uni par le seul Esprit à la tête glorifiée ; de ce côté-là il n’est question ni de déchirement, ni de mutilation ni de retranchement. L’église y est vue comme l’objet de l’amour infaillible de Christ, jusqu’à ce qu’Il se la présente à Lui-même en gloire. La responsabilité sur la terre sous le gouvernement divin est une autre affaire, et c’est elle qui est enseignée par le Cep et les sarments : il ne s’agit pas de la relation céleste et infaillible de l’Église. C’est pourquoi les expédients calvinistes sont aussi déplacés que les attaques arminiennes qu’ils sont censés prévenir. Il est incontestable que la profession peut faillir. La vie est éternelle en face de tout cela ; et en Christ il n’y a rien moins que la vie éternelle ; mais ce n’est pas ce qu’enseigne le Cep ; il n’enseigne pas non plus l’unité du corps. Il est triste que des commentateurs instruits ne lisent pas l’Écriture avec soin et avec foi quand ils cherchent à la commenter.

 

16.2                      Sommaire de ce début de chapitre 15

Les premiers versets ont posé le principe selon lequel Christ est la source du fruit, en contraste avec Israël, sous les soins vivants et vigilants du Père. C’est entièrement différent du gouvernement de la chair par la loi devant l’Éternel, et différent également d’une nation choisie à laquelle appartiennent tous les sarments. Christ met de côté ici les anciennes relations. Il a montré que le fruit est tellement indispensable aux yeux du Père, que n’en pas porter implique d’ôter le sarment, tandis que ce qui porte du fruit est nettoyé pour en porter davantage. Il a déjà déclaré que les disciples étaient nets à cause de Sa Parole (15:3), et Il a insisté auprès d’eux pour qu’ils demeurent en Lui, comme Lui en eux, et ceci parce qu’ils ne pourraient pas porter du fruit sinon en demeurant en Christ : le sarment non plus ne peut pas en porter à moins qu’il ne demeure dans le cep.

 

16.3                      Jean 15:5

Il résume ensuite, et applique cette vérité capitale de la communion avec Lui dans ses grands éléments positifs, en contraste absolu avec l’abandon de Lui. « Moi, je suis le cep, vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (15:5). Rien de plus précis. Le Seigneur ne laisse planer aucune incertitude sur un sujet qui Le touche de si près et nous aussi. Ils étaient les sarments aussi sûrement que Lui est le Cep. Il n’y a pas de manquement de Sa part, et il ne peut pas y en avoir. Il est facile pour nous de manquer de dépendance et de confiance en Lui. Demeurer en Lui implique non seulement de nous défier de nous-mêmes, mais de Lui rester attachés et de compter sur Lui. Toutes les influences qui nous entourent tendent à l’effet contraire, de même que tous les sentiments naturels. Seule la foi opérante par l’amour produit cet effet, car dans ce cas le moi et le monde sont pareillement jugés à la lumière de Dieu. Ce n’est pas seulement que nous avons besoin de Lui, et que nous ne pouvons rien faire Sans Lui, ni du grand ni du petit ; mais Lui nous attire par Son excellence positive. S’Il est la seule source de fruit agréable au Père, on ne peut Le négliger impunément, et ceux qui Le confessent le peuvent encore moins. Ce dont parle le Seigneur dans tous ces versets n’est pas la grâce qui donne la vie éternelle en Lui, mais la responsabilité des disciples. C’est pourquoi comme nous allons le voir, il y a danger de ruine, autant que de manque de fruit, quand on ne demeure pas en Lui.

C’est donc ceci le secret pour porter du fruit : Il ne réside pas plus dans les saints que dans nous-mêmes, mais dans le fait de demeurer en Christ et Christ en nous. Il y a alors plus que des bourgeons prometteurs : le fruit arrive. Quand quelque chose s’interpose entre Lui et notre regard, ou quand nous regardons ailleurs, il n’y a pas de puissance pour porter du fruit : nous manifestons notre nature, non pas celle de Christ. Le caractère des circonstances n’affecte pas davantage le résultat : Christ est supérieur à tout, malgré notre faiblesse. En demeurant en Christ, nous pouvons faire face en sécurité à ce qu’il y a de plus hostile ; et si des pièges sont posés, ou si l’on rencontre de la provocation, qu’importe si, selon Sa Parole, nous sommes trouvés demeurant en Christ, et que Christ demeure en nous, comme Il le fait dans ce cas ? Car les deux sont corrélatifs, nous garantit-Il, et nous le savons. Et encore : le fruit découle-t-il de ce nous sommes avec de chers enfants de Dieu ? Hélas ! c’est le contraire qui est si souvent démontré ! et la légèreté dans le cœur, sinon l’amertume, surgissent d’autant plus que nous sommes des saints qui ne demeurons pas en Christ. Car le bavardage de saints au sujet de saints est même plus douloureux qu’il ne l’est parmi les fils de ce siècle, car beaucoup d’entre eux semblent être au-dessus de cela, bien qu’ils soient sur le terrain de la nature — pas sur le terrain de Christ, bien sûr. Et encore : si nous demeurons en Christ et que Christ demeure en nous, les épreuves ne peuvent pas faire tomber le fruit spirituel, ni faire s’insinuer les influences flétrissantes ; mais plus la pression est grande, plus il y a de fruit quand nous demeurons ainsi en Christ. Et le cœur sent bien qu’il faut qu’il en soit ainsi. Car tandis que les ordonnances échouent, et que la loi est la puissance du péché (1 Cor. 15:56 — non pas la puissance de la sainteté, la chair étant ce qu’elle est), alors ici comme partout, la gloire revient à Christ par la foi et pour la foi, « parce que séparés de moi, vous ne pouvez rien faire ».

 

16.4                      Jean 15:6

D’un autre côté, le danger est proportionnellement plus grand. « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche : et on les amasse, et on les met au feu, et ils brûlent » (15:6). Christ étant la seule source de fruit, L’abandonner est fatal. Et s’il en est ainsi finalement, c’est d’autant plus grave qu’Il devrait être d’autant plus précieux du fait qu’on apprend pratiquement la vanité de tout le reste, et que la foi connaît mieux l’excellence de Christ. Il en était ainsi avec Judas, et il en est ainsi en général de ceux qui ne sont pas nés de Dieu et qui essaient de suivre Jésus. L’occasion d’abandonner Christ peut être fournie par les convoitises, mais aussi par Ses paroles, comme nous le voyons en Jean 6. Il est vain et pernicieux de distinguer entre la personne et l’œuvre comme le font des théologiens, et d’autres, qui raisonnent sur les deux côtés de l’équation de la vérité. Les calvinistes craignent de faire des compromis sur leurs doctrines de la grâce, et les arminiens sont soucieux de prendre avantage du côté de l’apostasie. Du coup, les calvinistes sont enclins à éluder les avertissements solennels de la ruine personnelle et du jugement final qui sont présentés ici, tandis que les arminiens argumentent qu’une âme sauvée peut finalement se retrouver perdue. Les deux confondent l’image du Cep avec celle du corps d’Éphésiens 2 à 4, et en conséquence tous les deux ont tort, et sont bien sûr incapables d’expliquer ces passages de l’Écriture de manière satisfaisante, de manière à maintenir toute la vérité sans sacrifier une partie aux dépens d’une autre.

L’erreur vient au grand jour dans la liturgie anglicane du baptême : « Voyant que cet enfant est régénéré et est greffé sur le corps de l’église de Christ ». Être greffé sur l’olivier de Romains 11 équivaut, selon cet enseignement, à être fait membre du corps de Christ ; le résultat d’une telle confusion est toujours favorable aux adversaires de la vérité. La réponse est que le Corps est l’expression de l’unité par le Saint Esprit ; le Cep insiste sur la communion comme condition pour porter du fruit. En aucun cas l’appartenance à ces arbres (olivier ou vigne) n’implique la vie, mais elle implique la possession du privilège dans le cas de l’olivier, et la responsabilité de porter du fruit dans le cas de la vigne. Laisser Christ mène à une ruine complète, non seulement à la stérilité, mais au brûlement par le feu. Il ne s’agit pas simplement de souffrir une perte comme en 1 Cor. 3:15, mais d’être manifestement perdu comme en 1 Cor. 9:27. Ainsi chacun de ces passages de l’Écriture rend son propre témoignage, et a sa propre valeur, et aucun d’eux ne peut être anéanti, même si les hommes achoppent sur la parole, étant désobéissants, selon l’avertissement d’un autre apôtre (1 Pierre 2:7-8).

 

16.5                      Jean 15:7-8

Le Seigneur laisse maintenant le triste cas de l’homme qui Le quitte, et Il revient à Ses disciples et avec une simplicité et une plénitude divines, il indique le chemin de la bénédiction et du fruit abondant. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait. En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ; et vous deviendrez mes disciples » (15:7-8). Ainsi chaque chose est mise à sa place. Le premier besoin du chrétien est de demeurer en Christ ; le besoin suivant est d’avoir les paroles de Christ demeurant en lui ; alors il est enhardi à demander avec assurance que les ressources de la puissance divine opèrent en conséquence. Car ainsi Christ a la première place, et le saint est gardé dans la dépendance aussi bien que dans la confiance. Alors Ses paroles dirigent aussi bien qu’elles corrigent ; or nous avons besoin des deux, et nous les avons, bien que, sans doute, quand on demeure ainsi, ce qui caractérise ici c’est la direction, plutôt que la sainte correction dont nous avons tant besoin durant notre marche à travers ce monde impur et glissant. Si nous sommes ainsi conduits, la prière est encouragée à attendre une réponse tout à fait certaine, car le cœur est en communion avec Celui qui suscite le désir en vue de l’accomplir dans Son amour et Sa fidélité. En outre, c’est en cela que le Père est glorifié, que nous portions beaucoup de fruit, et que nous devenions Ses disciples. Combien le cœur est élargi quand il peut en être ainsi au milieu de ce qui, en dehors de Lui, ne serait que douleur et inquiétude, sinon pire ! Avec Christ tout est changé, et même les soucis les plus troublant tournent à produire du fruit, de sorte que vivre dans la chair au lieu d’être avec Lui dans la gloire, cela en vaut bien la peine, mais seulement quand vivre c’est Christ (Phil. 1:21-22). Ainsi Son Père est glorifié dès maintenant, et nous devenons des disciples de Christ en action et en vérité.

 

16.6                      Jean 15:9-11

Un autre élément de valeur incalculable dans le sentier du disciple est la conscience de l’amour du Sauveur. C’est ce qui est placé juste après. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie » (15:9-11).

 

16.6.1    Jean 15:9

Nous devons garder à l’esprit que le sujet traité est « porter du fruit durant le passage du disciple à travers ce monde ». Ce n’est pas un propos éternel, ni non plus cet amour dans la relation qui garantit infailliblement d’un bout à l’autre, mais c’est l’amour de Christ envers chacun dans sa marche et ses épreuves journalières. Il savait ce que c’était de la part du Père envers Lui comme homme, bien qu’Il ne cessât jamais d’être le Fils ici-bas. Tel a été Son propre amour envers les disciples ; et maintenant Il les appelle à demeurer dans cet amour, — non pas à demeurer en Lui seulement, mais à demeurer dans Son amour, ce qui est davantage ; demeurer dans Son amour est une source immense et infaillible de consolation dans le courant nécessairement douloureux et décevant des circonstances terrestres, si fortement adverses à cause de Lui. « Donnez de la boisson forte » dit le livre des Proverbes (31:6) « à ceux qui ont l’amertume dans le cœur », mais son amour est meilleur que le vin (Cant. des cant. 1:2), encourageant et fortifiant sans exciter la chair. Il y a ainsi non seulement la dépendance de Lui, mais la confiance en Lui que son amour est présumé inspirer.

 

16.6.2    Jean 15:10

Mais ensuite, il y a quelque chose de plus : l’obéissance elle-même : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (15:10). Il est évident que cela n’a aucun rapport avec la grâce souveraine de Dieu qui va vers les perdus, et réconcilie des ennemis par la mort de Son Fils. Car comme par la désobéissance d’un seul (Adam) beaucoup ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l’obéissance d’un seul (Christ), beaucoup seront constitués justes (Rom. 5:19). La grâce en Christ surmonte tous les obstacles, et règne avec justice, au-dessus de tout mal, soit de l’individu soit de la race. Il ne s’agit pas ici de la ruine et de la délivrance du pécheur, mais du sentier du disciple ; et son obéissance est la condition pour qu’il demeure dans l’amour de son Maître. Celui qui a et doit avoir en toutes choses la prééminence, a foulé le même sentier et a accepté la même condition comme homme ici-bas ; bien qu’il n’eût pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, il est devenu obéissant, jusqu’au niveau le plus bas, à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2:6-8). Dans une perfection inébranlable, Il a fait la volonté de Celui qui L’avait envoyé, et Il a joui de son fruit dans une même perfection ; nous Le suivons, bien qu’avec des pas inégaux, et assurément celui qui dit demeurer en Lui doit marcher comme Lui a marché (1 Jean 2:6). C’est l’obéissance qui en est le chemin. Rien d’autre ne nous convient moralement ; et c’est ce qui prouve notre amour pour Lui, et le sens que nous avons de notre relation avec Dieu. Rien n’est si humble, rien n’est si ferme que l’obéissance. Elle délivre du sentiment de sa propre importance, et d’autre part de l’assujettissement aux opinions et traditions des hommes. Elle nous met en face de la Parole de Dieu, et teste notre désir de Lui plaire au milieu des aises, des honneurs, des convoitises et des passions du temps présent. Ici aussi il s’agit de garder les commandements de Christ, comme étant ce qui assure Son amour, comme au ch. 14 nous avons vu que cela prouvait l’amour pour Lui.

 

16.6.3    Jean 15:11

Le dernier motif que le Seigneur apporte pour inciter les disciples à l’obéissance est au verset suivant : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie » (15:11). Il n’y a pas de meilleur critère de notre état, et par conséquent de notre défaillance ou de notre réussite à entrer dans Ses pensées. Si nous prenons les paroles de ce chapitre de manière légaliste, il n’y a guère de parole de la Bible plus apte à plonger une âme droite dans la douleur et la dépression ; mais si nous les comprenons selon Son intention, elles sont expréssément données pour nous donner la joie et rendre notre joie complète. Sa joie, quand Il était ici-bas, était de plaire à Son Père ; obéir à Ses commandements n’était pas pénible (1 Jean 5:3). Cette joie qui était la Sienne, intacte dans Son chemin, Il voudrait qu’elle soit nôtre maintenant.

Quel contraste avec le gémissement stérile d’une âme sous la loi, même si elle est vivifiée, selon la fin de Rom. 7 ! Quelle grâce si nous avons goûté une pareille amertume, de savoir maintenant que notre joie dans l’obéissance est accomplie ! La dernière partie de Rom.7 est un processus salutaire par lequel nous avons à passer, mais c’est un misérable terrain de position : ce n’est pas ce que Dieu a en vue pour nous. Le chapitre 8 montre le chrétien délivré, saint et abondant en bon fruit. Pouvons-nous être sur les deux terrains à la fois ? Celui qui l’affirmerait montrerait par-là qu’il n’est pas encore affranchi. Regardez-y de près, théologiens, et vous aussi, qui les écoutez et ne goûtez pas la joie de Christ.

Ceci est clairement Son désir à notre égard. Ceux qui l’ignorent ou le nient voudraient nous priver de Sa joie, alors qu’eux-mêmes ne l’ont évidemment pas. Il n’y a pas lieu de s’étonner ; car comme la philosophie ne peut jamais concevoir l’amour divin, ainsi la théologie, de connivence avec la science humaine, manque toujours la joie du Sauveur, cherchant le plaisir et les applaudissements dans les écoles du monde, ce qui ne connaît pas plus le Père maintenant qu’autrefois. « Père juste » dira le Seigneur un peu plus loin, « le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu ; et ceux-ci (les disciples) ont connu que toi tu m’as envoyé. Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (17:25-26).

Quelle ineffable bonté ! Toutes ces pensées, ces sentiments, ces paroles, ne montrent-ils pas chacun leur caractère divin ? Une paix bien établie est quelque chose de grand comme fondement de l’âme, quelque chose qui ne sera jamais ôté, et Dieu voudrait que nous le connaissions simplement et de manière immuable. Mais il ne faut pas oublier la joie de l’obéissance et la faveur du Seigneur comme une chose présente dans nos voies journalières. Ceci a été trop souvent méconnu par les enfants de Dieu, — à peine plus au travers du laxisme débraillé de l’évangélicalisme qu’au travers de la dureté morose des légalistes, ignorant pareillement le terrain de la grâce et le vrai caractère du gouvernement de Dieu qui s’y rattache comme quelque chose de présent.

 

16.7                      Jean 15:12-17

Le Seigneur précise maintenant un caractère spécial du fruit, toujours précieux, relatif aux relations mutuelles des disciples, tandis que nous venons de voir la relation de Christ et du Père avec eux.

« C’est ici mon commandement : Que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne n’a un plus grand amour que celui-ci, qu’il laisse sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande. Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ; afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Je vous commande ces choses, c’est que vous vous aimiez les uns les autres » (15:12-17).

L’amour est par excellence l’injonction du Seigneur à Ses disciples, l’amour de l’un pour l’autre. Il ne s’agit pas du devoir moral général d’aimer son prochain, mais de l’amour réciproque des chrétiens, dont la norme est Son propre amour à Lui envers eux. La nature de ce dont il s’agit ici exclut que cet amour soit l’amour de Dieu qui s’est épanché envers eux quand ils étaient dans leur culpabilité, leur inimitié et leur faiblesse et qu’ils ont été des objets de la grâce souveraine. Ils étaient maintenant nés de Dieu, et donc ils aimaient ; car l’amour, du fait qu’il est de Dieu qui est amour, est l’énergie de la nouvelle nature. C’est pourquoi, si même le Seigneur enjoint bien d’autres choses par ailleurs, voici Son commandement : Il les aimait, et voulait qu’ils s’aiment l’un l’autre en conséquence. Ainsi Paul écrit aux Thessaloniciens qu’il n’avait pas besoin de leur écrire à ce sujet, car bien que jeunes dans les choses divines, ils étaient enseignés de Dieu à s’aimer l’un l’autre (1 Thes. 4:9). C’était aussi le chemin bien plus excellent qu’il voulait montrer aux saints à Corinthe, alors que ceux-ci étaient, à leur détriment, préoccupés de puissance plutôt que d’amour, et au mieux de la manifestation de la victoire du Seigneur sur Satan dans Sa création plutôt que de l’énergie intérieure qui jouit de Sa grâce envers nos âmes ou celle des autres, à la gloire de Dieu. Quant aux saints de Rome, il est insisté auprès d’eux à plusieurs reprises sur l’amour afin qu’il soit sans hypocrisie, et comme ce qui accomplit partout la loi en pratique sans même y penser. Inutile de parcourir toutes les épîtres où le Saint Esprit déploie la place immense de l’amour et sa puissance.

Les croyants qui ont l’habitude du Nouveau Testament se souviennent de la grande place que l’amour occupe dans la première épître de Jean, — non pas que l’amour soit Dieu, mais Dieu est amour comme Il est lumière ; celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu (1 Jean 4:7). Car les hommes, comme alors, ont fait de la connaissance comme si elle était tout, tandis que pour certains auparavant, c’est la puissance qui était tout ; or il est question de vie dans le Fils de Dieu, et le Saint Esprit opère dans cette vie en vertu de la rédemption, et ceux qui ont la vie marchent dans l’amour, comme ils marchent dans la lumière. Quant à la connaissance, il n’y en a pas de vraie sauf en Celui qui est vrai, dans Son Fils Jésus Christ (1 Jean 5:20). Il est le vrai Dieu et la vie éternelle : tout objet en dehors de Lui est une idole, dont nous avons à nous garder (1 Jean 5:21), qu’il s’agisse de connaissance, de puissance, de position, d’amour, de vérité ou de n’importe quoi ou n’importe qui d’autre. Car quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; et celui qui confesse le Fils a aussi le Père (1 Jean 2:23). Et comme le Père nous a octroyé l’amour au-delà de toute mesure, nous donnant maintenant d’être même enfants de Dieu, ainsi l’amour des frères marque ceux qui sont passés de la mort à la vie (1 Jean 3:13). Le commandement ancien est la parole de Christ nous enjoignant de nous aimer l’un l’autre, mais c’est aussi un commandement nouveau en ce qu’il est vrai en Lui et en nous (1 Jean 2:7-8). Si Christ vit en moi, je vis par la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré Lui-même pour moi (Gal. 2:20) : et cette vie est caractérisée non seulement par l’obéissance, mais par l’amour selon sa source.

 

16.7.1    Jean 15:12-13

Et c’est ce qu’on a ici. Le Seigneur l’a établi comme un commandement nouveau qui devait les distinguer et qu’Il leur a donné au ch. 13 (v. 34). Il reparle ici de l’amour l’un pour l’autre selon le modèle de Son amour pour eux. Combien il était pur et sans limites ! Croyons-nous que c’est là Sa volonté à notre égard ? Aimons-nous comme si nous Le croyons et apprécions Son amour ? Y a-t-il quelque chose de plus creux, de plus dangereux ou nauséabond que des paroles très élevées jointes à une marche de bas niveau et inconséquente ? Le « gnosticisme » dévorait le cœur du christianisme du commencement, et sinon il tombait dans la superstition et le formalisme, devenant toujours plus sombre et plus froid ; le même esprit est encore plus destructif aujourd’hui parce qu’il dispose de beaucoup plus de matière, et qu’il s’endurcit dans l’incrédulité jusqu’à l’agnosticisme. S’aimer l’un l’autre, non pas simplement aimer ceux qui pensent pareil, et pire encore, aimer ceux qui pensent pareil sur une question assez pointue et extérieure, — mais aimer ceux qui sont de Christ, en dépit de dix mille choses éprouvantes pour notre nature, voilà qui, avec la vérité, est de toute importance — cet amour étant protégé comme il l’est ici, en ce que l’on s’aime l’un l’autre comme Lui nous a aimés. Il s’est plu à aimer jusqu’à la mort.

 

16.7.2    Jean 15:13-14

Personne n’a un plus grand amour que celui qui laisse sa vie pour ses amis. L’amour de Dieu en Jésus est allé infiniment plus loin, mais il demeure nécessairement unique, et il est convenable qu’il en soit ainsi. Nous, nous devons laisser nos vies pour les frères selon ce que nous sommes enseignés ailleurs (1 Jean 3:16). Mais où est la valeur d’une telle théorie si nous manquons à aller chaque jour au-devant des besoins et souffrances ordinaires des enfants de Dieu (1 Jean 3:16-18). Le Seigneur rattache immédiatement l’amour à l’obéissance, sans laquelle l’amour n’est que de l’autosatisfaction, qui n’a pas de place pour Lui, et où Lui n’est pas devant l’âme. « Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande » (15:14). Il ne parle pas de réconcilier des ennemis, mais de la raison pour laquelle Il nous appelle Ses amis. L’obéissance en est le caractère et la condition. Il n’indique pas ici non plus comment Il s’est tenu comme notre ami quand nous étions ennemis, mais Il nous appelle Ses amis si nous pratiquons ce qu’Il a enjoint à Ses disciples.

 

16.7.3    Jean 15:15

Est-ce tout ? Bien loin de là ! Il nous traite en amis selon Son amour parfait, car Il nous fait entrer dans Ses secrets au lieu de simplement faire peser sur nous nos obligations. « Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père » (15:15). Celui qui autrefois était appelé « ami de Dieu » [Abraham] jouissait de cette intimité avec son protecteur Tout-Puissant, au milieu des races condamnées parmi lesquelles il vivait en pèlerin séparé et circoncis (Gen. 17) ; or il en va de même avec les Siens maintenant que le Seigneur agit avec une grâce encore plus surabondante ; car a-t-Il retenu quelque chose ? Dans un autre sens, c’est notre sujet de gloire d’être Ses esclaves, comme disait un de Ses serviteurs mis à part de manière pré-éminente pour l’évangile de Dieu (Rom. 1:1). Néanmoins, et même avec beaucoup plus de réalité, nous entrons dans la libre communication de Son amour (et nous l’apprécions et agissons en conséquence), si nous avons l’habitude d’être obéissants, comme nous le voyons en Joseph autrefois et en Daniel plus tard. Ce devrait être, et c’est en principe, le privilège précieux de l’Église de connaître ainsi Ses pensées, et d’interpréter par leur moyen l’écheveau embrouillé de la vie humaine et des fortunes changeantes du monde ; mais en pratique, si l’on veut que ce privilège soit une réalité vivante et non pas un simple droit, nous devons être exercés constamment à l’obéissance. La chrétienté l’a cessé, l’estimant n’être que de la présomption, et elle se contente de marcher par la vue et non par la foi, niant pratiquement son privilège.

 

16.7.4    Jean 15:16-17

Or Dieu est fidèle, et il y en a qui, marchant dans l’obéissance à Sa Parole, entrent dans ce qu’Il a fait connaître, et y trouvent la bénédiction. Sans doute la responsabilité n’est pas moindre que le privilège ; et c’est pourquoi les Siens ont besoin d’être encouragés par la grâce qui est à la base de tout. C’est pourquoi Il ajoute : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ; afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Je vous commande ces choses, c’est que vous vous aimiez les uns les autres » (15:16-17).

La bénédiction vient toujours du Seigneur Jésus et de la grâce qui est en Lui. L’obéissance suit, et doit suivre une faveur tellement imméritée, mais il est certain que dans l’obéissance il y a une bénédiction supplémentaire. Or le cœur a besoin de se tourner de notre obéissance et de la bénédiction qui s’y rattache, vers Celui qui bénit, s’il veut échapper aux dangers nouveaux et au mal positif ; la source de puissance n’est jamais connue qu’en Lui, et en la grâce qui cherche et trouve, qui sauve et qui bénit. C’est pourquoi il était de la plus grande importance, en insistant sur le gouvernement divin des saints, de les faire se souvenir toujours que la source de tout ce qui les distingue, c’est Lui et Sa volonté souveraine. Ce n’est pas eux qui ont choisi Christ, mais Christ qui les a choisis. Et ce n’était pas seulement pour connaître et suivre leur Maître. Il les a établis pour qu’ils aillent porter du fruit, et que leur fruit demeure. Bien qu’ils fussent apôtres, ils étaient Ses amis pour Lui obéir d’autant plus.

Ainsi tandis que la responsabilité est maintenue intacte, il est montré que la grâce est la source de tout ce qui est recherché et accompli ; en outre, il est montré la relation des deux (la responsabilité et la grâce) avec la dépendance du Père qui seul fait réussir tout ce qu’ils ont pu demander au nom de Jésus. Plus la bénédiction est profonde et élevée, plus il y a besoin de prières ; mais alors le caractère et la confiance de la prière doivent croître avec le sens de la grâce en Christ, et celui du propos inébranlable du Père de mettre de l’honneur sur le nom de Christ, Celui par lequel ils se sont approchés avec leurs requêtes. Son nom, par la foi en lui, peut rendre fort le faible, et le Père est ainsi glorifié dans le Fils qui Le glorifie (14:13). La méfiance et la négligence sont pareillement exclues.

Il n’est guère besoin de s’étendre beaucoup pour réfuter l’exposé de Calvin et d’autres, qui font de ceci une question de choix et d’ordination à l’apostolat, et qui prennent par conséquent le fruit qui demeure comme signifiant que l’Église durera jusqu’à la fin du monde comme étant le fruit du travail apostolique continué aussi dans leurs successeurs. Selon ce schéma, l’amour qui est ordonné ici est restreint à l’affection réciproque parmi les serviteurs [ministres]. Sans doute un courant franc et libre de confiance avec amour est essentiel à un bon état, spécialement parmi ceux qui travaillent, tandis que les carences dans ce domaine sont tout à fait déplorables ; mais le Seigneur ne limite pas Ses paroles aux apôtres, ni même à ceux qui les suivraient dans le service public de Son nom.

 

16.7.5    Jean 15:17

S’aimer l’un l’autre est le nouveau commandement de Christ aux Siens, et Il le répète. Aimer est l’exercice propre, positif et constant de la nouvelle nature sous l’effet du ministère de l’Esprit au service de Christ ; ce n’est pas toujours l’exercice de la bienveillance fraternelle, mais c’est l’amour qui ne fait jamais défaut. Or cette affection elle-même, étrangère ici-bas, expose ceux chez qui elle se trouve à l’action de Satan les contrecarrant directement, car il est menteur et meurtrier dès le commencement. Conscients que l’absence d’égoïsme dans une affection selon Dieu est une impossibilité pour la nature, les hommes considèrent toute manifestation de cela comme de la pure hypocrisie, qu’il faut mépriser et détester chez les chrétiens. Car comment ceux-ci pourraient-ils être différents des autres gens ?

 

16.8                      Jean 15:18-21

« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que moi je vous ai dite : L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé » (15:18-21).

 

16.8.1    Jean 15:18

Être de Christ suffit à soulever l’animosité du monde. Il peut falloir des circonstances spéciales pour la faire sortir au grand jour, mais elle est là quoi qu’il en soit. Le monde hait ceux qui ne sont plus du monde, du fait qu’ils sont Siens. Or le Seigneur veut que nous sachions que le monde L’a haï avant nous, aussi sûrement qu’il nous hait. N’est-ce pas doux et consolant qu’il en soit ainsi, si terrible que ce soit en soi d’avoir une pareille conviction à l’égard du monde ? Car il nous hait à cause de Lui, non pas Lui à cause de nous. Ce ne sont donc pas nos fautes qui sont la vraie cause, mais Sa grâce et Son excellence morale, Sa nature et Sa gloire divines ; c’est la répugnance et l’inimitié du monde à l’égard de ce qui est de Dieu et à l’égard de Celui qui est Dieu. Le monde hait le Père manifesté dans le Fils ; c’est pourquoi il hait les enfants qui sont ceux du Père et qui ont été donnés au Fils. C’est Christ qui a été haï en premier, et eux ensuite, à cause de Lui.

 

16.8.2    Jean 15:19

Le monde aime à sa manière ceux qui sont du monde, en contraste flagrant avec la grâce qui s’étend à l’étranger, au misérable et au perdu, à ceux qui nous ont fait du tort ou nous ont outragés. Mais la grâce est honnie par-dessus tout par le monde, qui peut aimer la nature dans son état déchu. Même la justice, qui implique la condamnation du pécheur, n’est pas aussi répugnante pour le monde que ne l’est la grâce qui peut s’élever au-dessus des péchés qu’elle condamne, en ayant de la compassion envers le pécheur pour le sauver par Christ et en Christ. Il en est ainsi parce la grâce traite l’homme comme rien, et donne toute la gloire à Dieu : l’indignité est intolérable pour la chair, dont la pensée est inimitié contre Dieu. C’est pourquoi le monde a haï et rejeté Christ qui a révélé parfaitement Dieu, et L’a parfaitement glorifié dans toute Sa nature et toutes Ses voies. C’est pourquoi aussi le monde nous hait, nous qui confessons Christ, non seulement parce que nous ne sommes pas du monde, mais parce que nous avons été choisis par Christ et tirés de lui, ce qui implique qu’il est sans valeur et condamné. Pour le monde, l’amour divin est aussi odieux que la lumière divine.

 

16.8.3    Jean 15:20

Le Seigneur rappelle alors à leurs pensées Sa parole qu’aucun esclave n’est plus grand que son Maître. Ils devaient plutôt s’attendre à avoir Sa position, Lui qui a été méprisé et rejeté des hommes. À cause de Lui, eux et leur enseignement seraient également odieux à ceux du monde. S’ils M’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé Ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Sa Personne et Sa Parole apportent Dieu trop près de leurs âmes ; alors ils se retirent, ne voulant ni reconnaître leurs péchés, ni être débiteurs à la seule grâce qui pardonne et délivre. Or cette aversion prend sa forme la plus forte là où la religion est honorée, et où les hommes ont quelque caractère à perdre ; comme ces choses étaient vraies au plus haut degré parmi les Juifs, c’est chez eux qu’a éclaté au plus haut degré un ressentiment tel qu’il prétendait que leur devoir envers Dieu était de persécuter le Maître d’abord, les disciples ensuite. Le Seigneur les avertit à l’avance en grâce, afin qu’aucune peine ne leur tombe dessus par surprise.

 

16.8.4    Jean 15:21

Mais Il fait davantage. Il donne aux Siens la consolation de savoir qu’en de tels moments, ce pourrait être une affliction amère (comme déjà auparavant), de réaliser que tout le mépris et la souffrance qu’ils endureraient de la part du monde serait à cause de Lui, en raison de l’ignorance du monde au sujet de Celui qui L’avait envoyé, l’ignorance du Père. Combien cela est profondément vrai ! Il est impossible qu’une religion professante puisse persécuter si elle connaissait réellement Celui qui a envoyé Christ.

Il peut y avoir de la discipline selon Sa Parole, et il faut qu’il y en ait dans ce qui porte le nom du Seigneur : autrement la grâce même qui y est connue tend à sombrer en dessous du niveau du monde par manque de vigilance, de persévérance et de sainte discipline. Mais la discipline est mondaine, et n’est jamais sainte, lorsqu’elle prend la forme de persécution. Que faut-il penser quand ce qui s’attribuait le nom le plus élevé, faisait appel au bras civil [séculier] pour exécuter le châtiment sur les corps des hommes pour le prétendu bien de leurs âmes ? Que faut-il penser quand ceux-là cherchaient et trouvaient des moyens pour débuter les séances de tribunaux ecclésiastiques par des tourments acharnés jusqu’au bout, dans le secret et dans une cruauté implacable qui n’a jamais eu rien de comparable même dans ce monde de ténèbres ? En vérité c’est absolument le même esprit de haine mondaine qui avait animé au début les Juifs contre le Seigneur et Ses disciples, qui opéra plus tard dans l’église-monde, lorsqu’elle changea son habit païen pour revêtir l’habit papal, et que le baptême fut adopté plus facilement que la circoncision. « Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé » (15:21).

Non ! Les formes ne servent à rien : Dieu veut avoir de la réalité, et jamais de manière plus claire et plus absolue que depuis Christ et la croix, laquelle démontre le caractère vain de l’homme religieux et des sanctuaires mondains. Le christianisme est venu à l’existence et a été manifesté quand il a été démontré que l’homme, dans son meilleur état, n’était pas seulement sans valeur devant Dieu, mais ne voulait avoir Dieu à aucun prix, pas même Dieu dans la Personne et la mission de Son propre Fils venu en grâce. « Père juste, le monde ne T’as pas connu » (17:25). Pourtant il n’y a pas de vie éternelle pour l’homme sinon dans la connaissance du seul vrai Dieu, le Père, et de Jésus Christ qu’Il a envoyé (17:3). Le monde est perdu, et nulle part ce n’est plus évident et plus coupable que quand, dans son orgueil religieux, il hait Christ et ceux qui sont Siens.

La présence et le témoignage du Fils de Dieu ont eu les plus lourdes conséquences possibles. Il n’y a pas seulement eu une bénédiction infinie en soi, et à la gloire de Dieu, mais les hommes, et spécialement Israël, ont été laissés à l’état de réprouvés. La loi avait démontré la faiblesse de l’homme et son péché, et elle met sous malédiction tous ceux qui se placent sur un principe légal. Il n’y a pas de justes, personne qui recherche Dieu, personne qui fasse le bien, non pas même un seul (Rom. 3:10-12). Les païens étaient mauvais de manière évidente, mais les Juifs ont montré qu’ils l’étaient aussi par le moyen de la sentence incontestable de la loi. Ainsi toute bouche a été fermée, et tout le monde est passible du jugement de Dieu. Mais la présence de Christ a manifesté non seulement l’incapacité à satisfaire aux obligations sous la loi, mais aussi la haine de la bonté divine descendue vers l’homme en parfaite grâce. Comme le dit l’apôtre, Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes (2 Cor. 5:19). Quel changement immense ! Combien cela était digne de Dieu de se révéler dans Son Fils, comme Homme parmi les hommes ! mais ils ne purent pas supporter Ses paroles ni Ses œuvres, et même de moins en moins, jusqu’à ce que la croix démontre un rejet absolu de l’amour sans limites de Dieu. Ce n’est ici ni le lieu ni le moment de montrer, comme Paul l’a fait, comment l’amour divin s’est élevé par une victoire complète au-dessus du mal et de la haine de l’homme, comme l’atteste le ministère de la réconciliation fondé sur la croix (2 Cor. 5:19). Ici le Seigneur affirme la position et l’état solennels du monde dans son antagonisme contre les disciples, après les avoir préparés à la persécution au vu de sa haine d’eux et de Lui, et de son ignorance de Celui qui a envoyé leur Maître.

 

16.9                      Jean 15:22-23

« Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père » (15:22-23). Le péché d’autrefois ou de toute manière a été englouti dans ce péché suprême par lequel a été rejeté le Fils venu en amour, et qui parlait comme jamais homme ne parla (7:46), — et non pas simplement cela, mais qui parlait comme jamais Dieu ne parla ; car par qui aurait-Il parlé comme Il l’a fait dans le Fils ? Il était convenable que Celui qui est l’image du Dieu invisible, le Fils unique qui est dans le sein du Père, parlât de manière bien plus excellente que tous, comme Il est Lui-même au-dessus de tous, Dieu béni éternellement (Rom. 9:5). Des esclaves avaient été envoyés, des prophètes avaient parlé ; et leurs messages avaient une autorité divine ; mais ils étaient partiels. La loi n’a rien amené à la perfection. Maintenant Celui qui a ainsi parlé autrefois à plusieurs reprise et en plusieurs manières, nous a parlé dans le Fils (Héb 1:1). Il était leur Messie, le Fils de David, né là où et quand ils L’attendaient, témoignage lui étant rendu non seulement par les signes et les prophéties, mais par les miracles de puissance du monde à venir (Héb. 6:5) ; mais Il était davantage, et même infiniment plus ; Il était le Fils de Dieu, inaccessible dans sa gloire propre, et pourtant ici-bas le plus accessible des hommes, énonçant les paroles du Père comme jamais personne n’avait parlé depuis le commencement du monde. Il n’y avait jamais eu sur la terre d’objet approprié susceptible de faire jaillir de telles communications ; mais maintenant il y en avait un, approprié à la fois en dignité personnelle, en intimité de relation et en perfection morale comme homme. Les disciples en récoltaient le bénéfice ; les Juifs, le monde qui L’avait sous les yeux et à leurs oreilles, en avaient la responsabilité. Il y avait eu des défauts et des imperfections chez tous les autres qui avaient parlé pour Dieu et de la part de Dieu (sauf quand ils parlaient dans la Parole inspirée), et cela avait affaibli l’effet de leur témoignage quand les hommes regardaient à l’homme et oubliaient le Dieu qui les avait envoyés.

Mais maintenant le Père avait envoyé le Fils qui était venu et avait parlé non pas selon la loi, mais en amour, la vraie Lumière brillant dans un monde de ténèbres qui ne la comprenait pas (1:5), et le péché apparut comme jamais auparavant. Quel prétexte pouvaient-ils plaider maintenant ? Il n’était pas question de l’homme et de sa faiblesse, ni d’aucune exigence de devoir déterminée par les dix commandements, ou par quelque autre statut ou jugement quelconque. Il y avait le Fils, la Parole devenue chair habitant au milieu des hommes, pleine de grâce et de vérité, dans un amour divin qui s’élevait au-dessus de toutes les fautes et tous les choses mauvaises, pour donner ce qui est de Dieu pour l’éternité, — mais qui ne trouva en face de Lui que haine croissante jusqu’à son point culminant. Leur ignorance de Celui qui avait envoyé Christ était sans doute à la base de leur haine à Son égard, mais elle était inexcusable. Car Il était Dieu aussi bien que Fils du Père, et ainsi parfaitement capable de présenter la vérité, et de rendre l’homme entièrement et manifestement coupable s’il ne se courbait pas. Mais ne pas se courber, qu’est-ce que cela prouvait sinon le péché (sans excuse), ainsi que la haine du Père dans le fait de haïr le Fils ?

 

16.10                 Jean 15:24-25

Il y avait un autre facteur aggravant de leur péché : les œuvres qu’Il avait opérées. Certains homme sont affectés puissamment par des paroles appropriées, d’autres le sont davantage par des œuvres qui expriment non la puissance seulement, mais la bonté, la sainteté et l’amour. Ici ils avaient eu des œuvres et des paroles, en parfaite harmonie, qui se confirmaient réciproquement, comme jamais il n’y en eut, sinon en Jésus le Fils de Dieu. Mais quel fut l’effet ? « Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père. Mais c’est afin que fût accomplie la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause » (15:24-25).

Voilà la reconnaissance de l’homme en présence de la grâce divine. La pleine manifestation de la grâce ne peut avoir d’autre résultat. La pensée de la chair est inimitié contre Dieu (Rom. 8:7). Non seulement il y a insoumission à Sa loi, mais haine de Son amour ; et ceci était maintenant démontré. Cette démonstration n’aurait pas été complète s’il y avait eu là moins que Jésus (même très peu moins que Lui), — Jésus présent, parlant et oeuvrant parmi les hommes comme Lui l’a fait. Le témoignage était complet ; Celui qui est la somme, la substance, le sujet et l’objet de tout témoignage divin, était là ; et ils L’ont vu, et ont vu le Père en Lui ; et ils ont haï tous les deux ! Eux qui autrefois étaient le peuple de Dieu n’avaient que du péché : ils étaient perdus. Tels ils étaient alors, tels ils demeurent encore, même si la grâce fera en un autre temps des merveilles pour sauver la génération à venir. Mais la haine du Père et du Fils est en soi irréparable, complète et finale.

La loi dont ils se vantaient pour rejeter leur Messie ne parle pas autrement ; au contraire elle est accomplie dans la parole qui y est écrite à Son sujet ; elle a été longtemps en suspens au-dessus d’eux, et maintenant elle était appliquée de Sa propre bouche à Sa propre Personne : Ils M’ont haï sans cause. Combien cela est vrai et solennel ! « Ô Jérusalem, Jérusalem ! » (Matt. 23:37). Ô Israël, que n’as-tu pas perdu dans le Messie rejeté, dans le Père et le Fils également vus et haïs ! Et que n’avons-nous pas gagné, nous qui étions autrefois de pauvres pécheurs d’entre les Gentils !? Nous avons gagné la vie éternelle dans la connaissance d’un Dieu qui ne demeure plus dans l’obscurité profonde, mais qui est pleinement révélé en Christ, et qui est dans la proximité la plus étroite avec le croyant, Son Père et notre Père, Son Dieu et notre Dieu. En vérité la chute d’Israël s’est avérée être la richesse du monde, et leur perte la vraie richesse des nations. Mais les nations si bénies se vantent et sont hautaines : elles ne seront pas plus épargnées que les Juifs qui, ne restant plus dans l’incrédulité, seront greffés de nouveau, et ainsi tout Israël sera sauvé (Rom. 11:26). Entre temps, ils ont perdu leur Messie pour leur ruine, et leur péché ne peut être caché.

Le Seigneur a ainsi préparé les Siens à la haine du monde, non seulement parce qu’Il l’a connue avant eux, mais parce qu’elle est tombée sur Lui avec une intensité et une absence de cause dépassant tout ce qui avait été vécu auparavant. Du fait que même leur loi en avait donné l’avertissement à l’avance, ils étaient d’autant plus inexcusables. Mais rien n’est si aveugle que l’incrédulité, ni si cruel que sa volonté irritée par la lumière de Dieu qui la traite comme étant du péché, — et du péché refusant Dieu en grâce souveraine, le Père et le Fils. Car, comme dit Paul quelque part, « ceux qui habitent à Jérusalem et leurs chefs, n’ayant pas connu [Jésus], ni les voix des prophètes qui se lisent chaque sabbat, ont accompli celles-ci en le condamnant », « c’est pourquoi la colère est venue sur eux au dernier terme » (Actes 13:27-28 & 1 Thes. 2:16).

 

16.11                 Jean 15:26-27

Il semblait que tout dût être balayé par la rancœur meurtrière de l’homme, spécialement de l’homme religieux. Mais il n’en fut pas ainsi. Certes le Seigneur devait mourir et souffrir, et ceux qui Le suivaient dans la faiblesse ne devaient pas échapper au sort de leur Maître, dans la mesure où il plaisait à Dieu de le leur laisser goûter ; et Lui était sur le point de quitter le monde pour la gloire en haut, et depuis là, d’envoyer le Saint Esprit ici-bas comme un témoin nouveau, divin et céleste.

« Mais quand le Consolateur [Paraclet] sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi » (15:26-27).

Le Saint Esprit est vu ici comme envoyé d’auprès du Père par Christ monté au ciel, et par conséquent témoin de Sa gloire céleste. Ceci est un pas de plus par rapport à ce que nous avons vu au ch. 14 où Christ demande, et le Père donne le Paraclet pour être avec eux éternellement, L’envoyant au nom du Fils. Ici le Fils Lui-même envoie, même si bien sûr,  c’est d’auprès du Père. L’Esprit de vérité est ainsi le témoin approprié de Christ tel qu’Il est en haut ; les disciples aussi rendent témoignage, comme étant Ses compagnons et choisis pour cela dès le commencement. Pour la première fois il est dit : « quand le Paraclet sera venu » (15:26a), non pas simplement « sera donné » ou « sera envoyé ». Il est une Personne divine dans le sens le plus complet, non seulement pour demeurer, enseigner et faire souvenir, mais pour rendre témoignage de ce qui concerne Christ et dont les compagnons choisis du Seigneur, les apôtres, ne pouvaient pas rendre témoignage. Car comme tels, ils ne pouvaient pas aller au-delà de ce qu’ils avaient vu et entendu, en tout cas de ce qui relevait du domaine de leur vécu avec Lui dès le commencement. L’Esprit de vérité qui procède du Père ne voulait pas simplement les fortifier pour qu’ils puissent accomplir parfaitement leur tâche, mais en tant qu’envoyé par Christ personnellement d’auprès du Père, Il voulait ajouter un témoignage tout autre, relatif à une bénédiction jusque-là inconnue.

Ainsi la position des disciples est clairement définie, et ils pourraient désormais être appelés chrétiens, le moment venu : non pas du monde, mais choisis par Christ du milieu de ce monde, — ayant reçu le commandement de s’aimer l’un l’autre comme Christ les a aimés, et haï du monde, — avec le Paraclet l’Esprit de vérité envoyé par Christ pour rendre témoignage de Lui, de Qui ils rendraient aussi témoignage comme étant avec Lui dès le commencement. Qui est assez compétent pour dire la gloire de Christ auprès du Père sinon l’Esprit de vérité qui procède du Père et est envoyé par Christ exalté ? C’est ainsi qu’a été assuré le plein témoignage — à Sa gloire moralement sur terre par les disciples (non pas toute fois sans la puissance déjà garantie du Saint Esprit), et — à Sa gloire actuellement dans le ciel comme l’Homme glorifié par Celui [le Saint Esprit] qui de toutes manières pouvait le mieux le faire connaître.

Il est évident que ceux qui avaient personnellement suivi le Seigneur avaient une place spéciale dans le témoignage rendu à Sa manifestation sur la terre ; et nous avons ce témoignage dans les Évangiles aussi pleinement qu’il a plu à Dieu de le préserver de manière permanente pour tous les saints. De même le témoignage du Saint Esprit à Sa gloire céleste a été présenté par excellence dans les épîtres inspirées de Paul pour un usage également permanent, bien que sans doute ce témoignage ne soit nullement limité à lui ou à elles.

Assurément la place de témoignage demeure en principe pour ceux qui sont de Christ, quel que soit le changement de circonstances, et hélas ! d’état. Aussi certainement que Christ demeure en haut et que le Saint Esprit est venu pour ne plus nous quitter jamais, non seulement nous connaissons par la foi la relation du Fils avec le Père, et notre bénédiction en vertu de cette relation, et en Celui qui est dans le Père comme Il est en nous (14:20), — mais nous avons tout le bénéfice de Sa place comme le Vrai Cep sur la terre, du fait que nous Le connaissons monté en haut et exalté, quelque chose de tout nouveau. Et du fait que nous avons la joie de Sa relation avec le Père et avec nous, nous sommes appelés à Lui rendre témoignage de toute manière. Merveilleuse consolation dans notre faiblesse ! Lui, l’Esprit de vérité devait rendre témoignage de Jésus, et spécialement de Jésus là où personne ne peut être avec Lui, personne sinon le Paraclet Lui-même, qui est compétent. Il n’était pas nécessaire de répéter ici ou plus tard qu’Il demeure : ceci a été dit d’emblée en rapport avec nous (ch. 14), là où Sa présence garantie avec nous a été mentionnée avec tant de grâce, de peur que nous ne nous sentions orphelins. Mais si nous avons l’assurance consolante de Sa présence avec nous pour toujours, c’est sans doute beaucoup plutôt pour rendre témoignage à la gloire de Christ que pour notre consolation. Nous allons entendre parler davantage de cela dans ce qui suit, où le Seigneur reprend ce sujet plus complètement.

 

 

 

17                  Chapitre 16

17.1                      Jean 16:1-6

Le Seigneur explique ensuite pourquoi Il parlait maintenant, et non pas auparavant, des choses qui occupaient Son cœur et qu’Il faisait connaître aux disciples.

« Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous excluront des synagogues ; même l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu. Et ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi. Mais je vous ai dit ces choses, afin que, quand l’heure sera venue, il vous souvienne que moi je vous les ai dites ; et je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous. Mais maintenant je m’en vais (ύπάγω) à celui qui m’a envoyé, et aucun d’entre vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur » (16:1-6).

 

17.1.1    Jean 16:1

Beaucoup allaient être scandalisés parmi les Juifs qui s’attendaient à tout sauf à ce que la tristesse, la honte et la haine sans fondement soient la part de ceux qui suivent le Messie. Mais le Seigneur considère les Siens en grâce ; et tandis qu’Il utilise l’épreuve pour la bénédiction des forts, Il voulait protéger et fortifier les faibles, à la fois en les prévenant de l’indéfectible mauvaise volonté du monde, et de la venue du Saint Esprit pour ajouter Son témoignage au leur, face à la persécution des serviteurs comme de leur Maître. Combien ce qu’Il a dit ainsi est précieux !

 

17.1.2    Jean 16:2

On chercherait à se débarrasser des chrétiens et de leur témoignage de deux manières : la première, en bloc par des hommes affectant le plus grand zèle pour l’autorité et la sainteté divines ; l’autre contre des individus, allant jusqu’au point extrême de la mort pour exterminer les malfaiteurs qui ne sont pas dignes de vivre. « Ils vous excluront des synagogues ; même l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu » (16:2). Impossible de concevoir une rancœur plus meurtrière (pourtant approuvée de tous) que celle où tous ceux qui en auraient envie pourraient prendre sur eux de tuer un disciple de Christ (y compris avec le sceau et la loi des autorités), non seulement en toute impunité, mais en prétendant rendre ainsi un service religieux à Dieu. Saul de Tarse en fournit un exemple notoire jusqu’à ce que la grâce souveraine le choisit pour porter le nom du Seigneur devant tous, et souffrir de grandes choses par amour pour Lui.

Sans doute, il y a une disposition chez les hommes en général à se battre pour leur religion, quelle qu’elle soit. Mais il y a une raison spéciale pour accentuer l’inimitié du monde, et des Juifs en particulier, contre les chrétiens. Toute mesure de vérité possédée par quelqu’un est, pour la chair, le plus puissant motif pour détester, et s’offenser de ce qui revendique avoir davantage de lumière ; or le christianisme ne peut que confesser la vérité dans toute sa plénitude en Christ par le Saint Esprit envoyé du ciel. Celui qui confesse le Fils a aussi le Père, tandis que celui qui renie les deux est l’antichrist (1 Jean 2:23). Et c’est ce vers quoi tend toujours l’incrédulité orgueilleuse du judaïsme quand elle est confrontée au témoignage de Christ. Ils dressent leur connaissance partielle et préparatoire contre cette révélation complète qui ne pouvait pas exister avant que vienne Celui qui montre le Père, et qu’Il accomplisse la rédemption éternelle. Quelle bénédiction pour les petits enfants de la famille de Dieu que, si ce qu’ils ont entendu dès le commencement demeure en eux, eux aussi demeureront dans le Fils et dans le Père ! (1 Jean 2:24).

Et ce qui se passait avec les Juifs, se passe aussi avec tous les systèmes ecclésiastiques de la chrétienté qui, afin d’embrasser le plus grand nombre possible, se satisfont de la confession la plus réduite et la plus basse, et sont donc exposés au piège du diable qui se met à l’encontre de tout ce qui va au-delà de l’ABC chrétien. Ainsi, même les corps réformés se sont placés au niveau de ce que leurs fondateurs ont appris quand ils sortaient du papisme, et sous prétexte de refuser les innovations, ils s’opposent à tout le travail de l’Esprit qui ramène à la plénitude de Christ dans la parole écrite qui existait longtemps avant la Réforme comme avant la papauté. Eux aussi ont persécuté quand ils avaient quelque confiance en leurs propres confessions, jusqu’à ce que, plus récemment, ils aient été tellement ravagés par l’indifférence et l’activité du scepticisme qu’ils ne se soucient plus guère de quoi que ce soit pour aller encore persécuter quelqu’un. Mais là où on tient ferme une mesure de vérité traditionnelle au point de s’arroger le nom d’orthodoxie, il y a toujours de la jalousie vis-à-vis de l’action de l’Esprit qui insiste sur Christ et sur une connaissance plus riche de Christ avec une puissance nouvelle sur les cœurs des hommes, et qui en conséquence, revendique que la foi soit en exercice.

 

17.1.3    Jean 16:3

Comme les Juifs invoquaient l’unité de la Déité pour nier le Père et le Fils et l’Esprit, de même maintenant les hommes résistent à la vérité du seul corps et du seul Esprit, se consacrant à l’unité charnelle de Rome, ou se vantant de la rivalité active des sociétés protestantes. Mais plus ils détiennent ne serait-ce qu’une part de vérité, comme une forme, moins ils sont disposés à accepter l’activité de l’Esprit par la parole de Dieu comme un tout. « Et ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi » (16:3). Pourtant, connaître le Père et le Fils, c’est là la vie éternelle, qui est la possession caractéristique de tout chrétien par l’évangile, bien que les plus avancés soient marqués par la connaissance approfondie de Celui qui est dès le commencement (1 Jean 2:14). Quand et où régnaient les idoles, il fallait l’énergie de la grâce pour se tourner vers Dieu, le Dieu vivant et vrai ; là où Dieu se fait connaître dans le Fils, la chair peut se prévaloir de la vérité ancienne qui n’est plus contestée, ni ne coûte plus aucun sacrifice, et en même temps avoir sa langue animée du feu de l’enfer pour blasphémer la pleine révélation qui teste la réalité de la foi et de la fidélité ; la chair cherche à exterminer ceux qui rendent témoignage à son sujet. Le principe est valable dans les petites choses comme dans les plus grandes, maintenant comme toujours.

 

17.1.4    Jean 16:4

Mais comme le Seigneur préparait ainsi les disciples à des choses de la part du peuple de Dieu professant plus dures que de la part des hommes totalement ignorants, de même maintenant Il leur fait savoir ce qu’ils devront subir, afin que, l’heure venue, ils trouvent du réconfort en se souvenant de Ses paroles. Comme l’épreuve qui arrivait était connue de Lui et qu’Il la leur faisait connaître, ils pouvaient maintenant se fier à Son assurance d’amour et de bénédiction, de délivrance et de gloire. Par ailleurs, Il explique pourquoi Il n’avait pas dit ces choses auparavant. Il était avec eux, — leur bouclier et leur Paraclet ; quel besoin y avait-il alors d’en parler ? Mais comme Il était sur le point de les quitter, il était bon de leur annoncer ces choses ; cela les aiderait tous à travailler pour le bien.

 

17.1.5    Jean 16:5-6

« Mais maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et aucun d’entre vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur » (16:5-6).

Cette tristesse relevait plus de la nature humaine que de la foi. Il n’est pas étonnant qu’ils aient été surpris d’apprendre que leur divin Maître allait les laisser avec une telle perspective devant eux, avec si peu de manifestation des effets de Sa venue dans le monde ou même en Israël. Ils avaient tout abandonné pour Le suivre : qu’est-ce que cela pouvait signifier ? Il les avait déjà assurés qu’Il ne les laisserait pas orphelins, mais qu’Il venait à eux (14:18). Si leur foi avait été plus simple, ils n’auraient pas seulement compté sur Ses soins d’amour pour eux, mais ils auraient demandé où Il allait, et en auraient appris la portée sur Sa gloire et sur leur bénédiction. C’est l’ignorance de Ses pensées qui remplit le cœur de tristesse à l’ouïe de Ses paroles, car celles-ci sont esprit et vie (6:63), même si nous devons nous attendre à Dieu pour nous en emparer intelligemment. Mais le Seigneur continue en révélant tout clairement dans ce qui suit.

 

17.2                      Jean 16:7

Cela ouvre la voie à la vérité principale et spéciale que le Seigneur leur indique : la présence et l’action du Saint Esprit envoyé du ciel. Le Fils voulait L’envoyer.

« Toutefois, je vous dis la vérité : Il vous est avantageux que moi je m’en aille ; car si je ne m’en vais, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai » (16:7).

Le Seigneur leur avait déjà dit que, s’ils L’avaient aimé, ils se seraient réjouis de ce qu’Il s’en allait au Père (14:28). Que n’était-ce pas pour le Fils de l’homme humble, saint et souffrant, de quitter la scène de Ses douleurs inégalées pour retrouver la présence de Son Père en haut ? Maintenant, Il montre la relation entre Son départ et leur bénédiction nouvelle et plus profonde. Il pouvait sembler étrange, surtout pour eux, de dire que la perte de Sa présence corporelle devrait être un gain pour eux. Or il allait bien en être ainsi. La vérité n’est pas ce qui semble être, mais la manifestation de ce qui est réellement ; et cela ne se trouve pas dans le premier homme, mais dans le Second ; et nous ne pouvons le savoir que par l’Esprit. Dorénavant, ce devait être établi et goûté plus que jamais. Car Christ allait au ciel sur la base d’une rédemption accomplie, et de là Il allait envoyer le Saint Esprit aux saints sur la terre. Dès lors, il leur était profitable que Christ s’en aille. Celui qui seul accomplissait tout bien spirituel ne voudrait pas venir autrement. La volonté de Dieu devait d’abord être faite (Héb. 10: 5-10).

Et maintenant que le Seigneur s’en allait en haut, ayant obtenu une rédemption éternelle, le Saint Esprit allait non seulement travailler comme Il ne l’avait jamais fait chez les enfants des hommes ou chez les enfants de Dieu, mais le Saint Esprit allait venir personnellement et prendre en charge entièrement les disciples et leurs affaires. Car tel est le sens de παράκλητος (Paraclet), que le terme « Consolateur » (*) traduit imparfaitement. Il était venu en personne demeurer en Jésus ; Il avait scellé le Fils de l’homme (6:27) ; Il L’avait oint de puissance. Personne d’autre ne pouvait L’avoir ainsi jusqu’à ce que le jugement de Dieu sur le péché ait eu son cours à la croix. Non pas que la compassion ou la fidélité de la bonté, ou toute autre forme ou voie de l’amour divin ait fait défaut dans le passé ; mais cette présence de l’Esprit ne pouvait pas avoir lieu jusqu’alors. Lors du baptême de Jésus, l’Esprit était ainsi descendu et avait demeuré sur Lui, — sur Lui en tant qu’homme parfait sans qu’il y ait eu effusion de sang, car Il ne connaissait pas le péché (2  Cor. 5:21). Mais les autres étaient des pécheurs, et ceux qui croyaient avaient une nature pécheresse, malgré leur foi. La chair restait encore, et la chair et l’Esprit sont contraires l’un à l’autre. Voici qu’intervient l’efficace de l’œuvre de Christ. Dieu fut glorifié là et alors dans Sa croix, y compris quant au péché. Son sang purifie de tout péché. Dieu « l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui ». « Ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour [le] péché, a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3). Non seulement les mauvais fruits ont disparu, mais la racine du mal qui les portait a été jugée et la sentence exécutée. L’Esprit pouvait désormais venir et habiter en nous comme jamais auparavant, non pas comme si nous étions meilleurs que les saints des siècles passés, mais en vertu de la mort de Christ et de sa valeur infinie aux yeux de Dieu, et dans l’accomplissement du conseil divin.

 

(*) Il est frappant de voir comment presque tous les traducteurs anciens se sont sentis obligés d’adopter le mot grec plutôt que de le traduire ; car il en est ainsi dans des langues différentes comme le syriaque, le sahidique et le memphitique, le latin (l’ancienne version Itala comme la Vulgate), l’éthiopien, l’arabe, le gothique, et le perse. La traduction arménienne donne le « Consolateur » suivi par le géorgien et le slavon et, semble-t-il, par l’anglo-saxon à sa manière, et certainement par Wyclif et son disciple-traducteur ; mais en 1 Jean 2:1, ils ont « Avocat » comme la Vulgate et la version syriaque et d’autres.

 

Ceci est donc le caractère distinctif du christianisme. Ce n’est pas le royaume, avec Christ régnant en tant que l’Éternel, en puissance et gloire, et l’Esprit répandu sur toute chair ; mais Christ s’en allant pour être dans le ciel, et l’Esprit comme Paraclet envoyé et demeurant avec les saints sur la terre.

 

17.3                      Jean 16:8-11

« Et quand celui-là sera venu, il fournira au monde la preuve de péché, et de justice, et de jugement : de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ; de justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus ; de jugement, parce que le chef de ce monde est (ou a été) jugé » (16:8-11).

 

17.3.1    Jean 16:8

Le monde ne peut recevoir l’Esprit de vérité parce qu’il ne Le voit pas et ne Le connaît pas. Il n’est perçu ni par les sens ni par l’intelligence. Quels que soient les effets ou manifestations de Son énergie, Il demeure invisible en Lui-même et hors de la portée du monde. Mais les saints Le connaissent, et savent que leur corps sont Son temple (1 Cor. 6:19), de même que c’est par Lui qu’ils connaissent tout ce qu’ils connaissent réellement. Dieu nous a révélé par Son Esprit ce qui est au-delà de l’intelligence humaine comme telle ; car l’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu ; et de même que l’esprit de l’homme connaît les choses de l’homme, de même personne ne connaît les choses de Dieu si ce n’est l’Esprit de Dieu (1 Cor. 2:10-11). Et cet Esprit, nous, en tant que chrétiens, nous L’avons reçu, — non pas l’esprit du monde, mais l’Esprit de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous sont librement données de Dieu (1 Cor. 2:12). Et non seulement cela, mais elles nous sont communiquées en paroles par Lui, et elles sont reçues par Sa puissance dans le croyant, aussi véritablement qu’elles sont révélées par Lui : tout est par le Saint Esprit de Dieu (1 Cor. 2:13-15).

 

17.3.2    Traduction de έλέγξει fournir la preuve, convaincre

Ici nous avons Sa relation présente, non pas avec les saints, mais avec ce monde au-dehors. Et le Seigneur nous dit que, quand il reviendra, Il έλέγξει le monde. Il est difficile de rendre justement la force de ce verbe. « Réprouver », comme dans la Version Autorisée anglaise, est un sens trop étroit, voire faux. « Réprimander » est ici hors de question. « Déclarer coupable » s’applique difficilement, même à la première phrase, et pas du tout à la deuxième et à la troisième ; « déclarer coupable » suppose un effet produit, qui peut ne pas réellement exister, dans tous les cas. On ne peut pas non plus être satisfait de « convaincre », sauf dans le sens de « fournir la preuve par Sa présence », plutôt que par Son action. Car, par Sa venue et Sa demeure dans les saints à part du monde, Il donne à ce dernier une preuve démonstrative de péché, de justice et de jugement.

 

17.3.3    Jean 16:9

La loi traitait avec Israël comme étant sous la loi. Mais maintenant, c’est l’Esprit qui manifeste le « péché » du monde ; et ce n’est pas parce qu’ils violent telle mesure divine du devoir de l’homme, mais parce qu’ils rejettent le Fils de Dieu : « [Il convaincra le monde] de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ». Il était venu en grâce ; rejeter cela était fatal. Ce n’est pas simplement manquer à une obligation, mais c’est manquer en dépit de l’amour de Dieu. Voilà la jauge véritable et effective du monde devant Dieu, Qui teste et démontre la culpabilité de tout le système qui s’oppose à Lui par son ignorance incrédule et par le refus de Son Fils, malgré un témoignage tout à fait complet. C’est le péché démontré.

 

17.3.4    Jean 16:10

En outre, l’Esprit fournit une démonstration de « justice ». Où est-elle ? Dans la race du premier homme ? Au contraire, il n’y a point de juste, non, pas même un seul. Et quant au seul Juste, Jésus, nous avons vu qu’Il a été méprisé et rejeté des hommes, — rejeté par personne de manière aussi vigoureuse que par les Juifs, et rejeté par le monde de manière extrême. Où donc est la preuve de justice fournie par l’Esprit ? « Parce que je m’en vais à mon (ou au) Père, et que vous ne me voyez plus ». La justice n’est que du côté de Dieu. L’homme a condamné et a mis à mort le Juste ; Dieu L’a ressuscité d’entre les morts et L’a fait asseoir à Sa droite. C’est là, et non pas ici-bas, que le Fils « allant au Père » est le témoin permanent de la justice. Selon l’homme, Celui qui est venu dans le monde en amour, est purement et simplement parti. Ils ne voulaient pas de Lui, et « vous ne me verrez plus » (Matt. 23:39). Il va revenir pour le monde en tant que juge, mais cela est une affaire totalement différente et très solennelle. Pour les hommes, Il est perdu quant à Sa présence en grâce comme à Sa première venue ; tout est clos pour Sa mission dans le monde de la manière dont Il est venu. Et l’Esprit témoigne, et Il ne démontre que de la justice divine, d’une part en Lui en haut, et d’autre part dans le fait que l’homme qui Le rejette est perdu, tandis que Lui ne sera plus vu comme auparavant ici-bas.

 

17.3.5    Jean 16:11

Mais encore, l’Esprit donne une preuve « de jugement » ; et ceci «parce que le chef de ce monde est (ou a été) jugé ». Là encore, ce n’est pas une question du royaume en puissance et en gloire quand l’Éternel punira l’armée d’en haut, en haut, et mettra à bas les rois de la terre sur la terre, et tuera le dragon qui est dans la mer (Ésaïe 24:21 ; 27:1). Le chrétien sait ce qui sera pour la délivrance du peuple terrestre et la joie de toutes les nations, mais il voit déjà par la foi que Satan est jugé dans la mort et la résurrection et l’ascension de Christ. Le Saint Esprit résume tout dans la personne de Christ ; et c’est là la grande démonstration pour le monde. Son chef est déjà jugé en rejetant Celui qui a fait connaître le Père, qui a glorifié Dieu, et qui est glorifié par Dieu. Tout est clos pour le monde en Celui qui est venu en amour, et est monté en justice. Le maître du monde est jugé dans Sa croix.

 

17.4                      Jean 16:12-15

Les hommes sont enclins à se tromper doublement dans leur estimation de la relation du Saint Esprit avec nous. Ou bien ils négligent l’immense effet de Sa présence et de Son enseignement, ou bien ils Lui attribuent ce qui peut être simplement le fruit de la conscience naturelle et de l’information diffuse. Notre Seigneur explique ici à Sa manière parfaite ce que l’Esprit ferait une fois envoyé du ciel ici-bas, non pas maintenant en démonstration extérieure pour le monde, mais en bénédiction positive et en aide aux disciples.

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant. Mais quand Celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, Il vous conduira dans toute la vérité ; car Il ne parlera pas de par Lui-même ; mais Il dira tout ce qu’Il aura entendu, et Il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car Il prendra de ce qui est à Moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à Moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’Il prend du mien, et qu’Il vous l’annoncera » (16:12-15).

 

17.4.1    Jean 16:12

Il a été montré à maintes reprises — et dans ce chapitre très expressément — que la présence de l’Esprit dépendait du départ de Christ au ciel, à la suite de la rédemption accomplie. Cela a changé tout le fondement, outre le fait que cela a mis les saints dans l’état convenable pour la vérité nouvelle, l’œuvre, le caractère et l’espérance du christianisme. Les disciples n’étaient pas ignorants de la promesse que l’Esprit serait donné pour inaugurer le règne du Messie. Ils connaissaient le jugement sous lequel demeurait le peuple élu « jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu d’en haut sur nous, et que le désert devienne un champ fertile, et que le champ fertile soit réputé une forêt » (Ésaïe 32:15) ; le changement si vaste extérieurement, ne le sera pas moins intérieurement, quand Dieu manifestera Sa puissance pour le royaume de Son Fils. Ils savaient qu’Il répandrait Son Esprit sur toute chair ; non seulement sur les fils et filles, les vieillards et les jeunes gens d’Israël, qui jouiraient d’une bénédiction au-delà de toutes les faveurs temporelles, mais sur les serviteurs et les servantes — en bref, toute chair y ayant part, et non pas les Juifs seulement (Joël 2:28-29).

Mais ici il s’agit du son entendu quand le grand Souverain Sacrificateur pénètre dans le sanctuaire devant l’Éternel, et non pas seulement quand Il sort pour la délivrance et la joie d’Israël repentant dans les derniers jours. C’est l’Esprit donné lorsque le Seigneur Jésus est monté au ciel, et qui a été envoyé par Lui une fois qu’Il est parti. Cela, ils n’y étaient absolument pas préparés, car en effet, c’est l’une des caractéristiques essentielles du témoignage de Dieu entre le rejet des Juifs et leur réception ; l’Esprit, lorsqu’Il serait donné, devait fournir ce que l’état des disciples ne pouvait pas supporter à ce moment-là. Car l’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu (1 Cor. 2:10) (et Il est un esprit, non pas de crainte, mais de puissance, d’amour et de sobre bon sens, 2 Tim. 1:7), outre les faits incalculables de l’œuvre de Christ dans la mort, la résurrection et l’ascension, dont Il témoigne. Vraiment le Seigneur avait beaucoup de choses à dire, réservées au Saint Esprit pour le moment où les disciples auraient leur conscience purifiée et pourraient entrer en pleine liberté dans les lieux saints (Héb. 10:19-22), et où un Homme glorifié dans le ciel donnerait occasion à la manifestation de tout ce qui est en Dieu, y compris pour le mystère caché dès les siècles en Dieu (Éph. 3:9), dont seul l’apôtre Paul, et non pas Jean ni aucun autre, devait être l’administrateur.

 

17.4.2    Jean 16:13-14

Mais quel que soit l’instrument, quand l’Esprit de vérité sera venu, comme le Seigneur l’indique ici : « Il vous conduira dans toute la vérité ». Deux raisons principales sont indiquées pour cela, outre Sa compétence nécessaire comme personne divine. D’abord, Il n’agira pas indépendamment, mais Il accomplira la mission pour laquelle Il a été expressément envoyé. « Car Il ne parlera pas de par Lui-même ; mais Il dira tout ce qu’Il aura entendu, et Il vous annoncera les choses qui vont arriver » (16:13). Deuxièmement, Son objectif premier sera d’exalter le Seigneur Jésus, et c’est ce qu’Il réalisera certainement en témoignage auprès des disciples. « Celui-là me glorifiera ; car Il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (16:14).

Le lecteur doit faire attention de ne pas tomber dans l’erreur populaire, facilement suggérée par la Version Autorisée anglaise au v. 13, comme si le sens signifiait que l’Esprit ne parlerait pas au sujet de Lui-même. Car ce n’est pas vrai dans les faits, et bien sûr ce n’est pas le sens voulu ici. L’Esprit parle largement sur Lui-même dans cet évangile, et en particulier dans la section que nous étudions. Il le fait aussi en Romains 8, en 1 Cor. 2 et 12, en 2 Cor. 3, en Éphésiens 1, 2, 3 et 4, et de nombreux autres passages de l’Écriture. Cela rend d’autant plus étrange que même les plus simples n’aient pas appris que le sens à retenir ici, à savoir qu’il ne parlera pas de par Lui-même, mais comme la phrase suivante l’explique, tout ce qu’Il entendra Il le dira. Comme le Fils n’est pas venu pour agir de manière indépendante (quelle que soit Sa gloire), mais pour servir Son Père — de même l’Esprit est venu pour servir le Fils, et tout ce qu’Il entendra, Il le dira.

Mais il y a plus. Non seulement Il peut parler du Fils dans le ciel comme étant Lui-même envoyé par Lui, et ainsi porter le témoignage le plus élevé à Sa dignité intrinsèque et à la nouvelle position de Christ là-haut, — mais aussi Il n’a pas cessé d’être l’Esprit de prophétie. Il allait même opérer ainsi abondamment en rapport avec la ruine totale du monde qui est en vue, et en rapport avec la bénédiction qui attend le retour du Seigneur. « Et il vous annoncera les choses qui vont arriver » (16:13c). On trouve abondamment la parole prophétique dans le Nouveau Testament, non seulement dans les évangiles, mais aussi dans les épîtres, et par-dessus tout dans le merveilleux livre de l’Apocalypse. L’effet en a été immense pour détacher les saints du monde, celui-ci étant comme sous le jugement, bien que ce dernier puisse tarder. Ils connaissaient ces choses auparavant, et tenaient donc bon leur fermeté. Néanmoins la prophétie concernant la terre, même quand elle va jusqu’au royaume de Dieu sur terre, elle n’est qu’une petite partie du témoignage de l’Esprit, et même une partie inférieure, si étonnante et précieuse qu’elle soit en elle-même aux yeux de l’homme.

 

17.4.3    Jean 16:14-15

La propre gloire de Christ, maintenant en haut, est l’objet directement en vue, de toutes manières. « Celui-là me glorifiera ; car Il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (16:14). Ici aussi tout est en contraste avec la lumière messianique ou la domination terrestre, si grandes et justes soient-elles. « Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’Il prend du mien, et qu’Il vous l’annoncera » (16:15). Il est envoyé ici-bas, pour glorifier non pas l’église, mais Christ ; et Il le fait en recevant et rapportant ce qui est à Christ (et tout ce que le Père a est à Christ, 16:15 et 17:10), et non pas en exagérant l’importance de l’homme ou en permettant la volonté de l’homme. Ainsi, ce qui est à Christ n’était pas seulement l’univers créé par Dieu, mais aussi la nouvelle création en relation avec le Père, et même tout spécialement cette création.

 

17.5                      Jean 16:16-22

Mais il y a une autre annonce sur laquelle il fallait insister : le « peu de temps » avec son résultat de tristesse et de joie.

« Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez, (parce que je m’en vais au Père). Quelques-uns donc d’entre ses disciples se dirent les uns aux autres : Qu’est-ce que ceci qu’il nous dit : Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez, et : Parce que je m’en vais au Père ? Ils disaient donc : Qu’est-ce que ceci qu’il dit : Un peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il dit. Jésus donc savait qu’ils voulaient l’interroger (έρωτάν), et il leur dit : Vous vous enquérez entre vous touchant ceci, que j’ai dit : Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous dis, que vous, vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ; et vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse sera changée en joie. La femme, quand elle enfante, a de la tristesse, parce que son heure est venue ; mais après qu’elle a donné le jour à l’enfant, il ne lui souvient plus de son angoisse, à cause de la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. Et vous donc, vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira : et personne ne vous ôte votre joie » (16:16-22).

Le « peu de temps », quel qu’en soit le sens et dans tous les sens, sonnait étrangement à des oreilles de Juifs, de même que Son départ vers le Père. Il n’est pas question ici de leur Messie perdu ni du Fils de l’homme souffrant. Bien sûr, ceci est vrai et important à sa place, et entièrement traité dans les dernières scènes des évangiles synoptiques. Mais ici nous voyons et entendons le Fils de Dieu conscient, un homme mais aussi une personne divine, qui était venu du Père, et était maintenant en train de retourner au Père. C’est dans l’esprit de ceci que nous avons surtout besoin d’être, pour apprécier ce « peu de temps », et aussi pour apprécier le christianisme, en contradiction avec qui était et ce qui sera. La résurrection a introduit les disciples dans l’intelligence de ce « peu de temps », bien que ce ne puisse pas être totalement tiré au clair avant Son retour. Les Juifs pensaient de manière certaine que quand le Christ viendrait, Il demeurerait pour toujours. Le « peu de temps » était donc une autre énigme que Sa mort et Son ascension ont résolue, et l’Esprit a montré ensuite que c’était lié à tout ce qui est caractéristique de l’œuvre de Dieu présente pour la gloire de Christ. Nous anticipons par la foi ce qui va venir, et qui sera manifeste à Son apparition.

Il est très frappant de voir combien le Seigneur évite ici d’introduire Sa mort en tant que telle ; et c’est d’autant plus remarquable que cette mort est si importante dans les ch. 1, 2, 3, 6, 8, 10 et 12. Ici, elle est sans aucun doute partout sous-jacente, et la joie aurait été en effet bien pauvre sans Sa tristesse infinie sur la croix. Mais cette heure solennelle est ici passée sous silence de la manière suivante : « Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous dis, que vous, vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ; et vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse sera changée en joie » (16:19b-20). Ce fut sûrement vrai quand Il ressuscita après Sa courte absence, mais ce sera entièrement confirmé quand Il viendra pour eux pour ne plus se séparer jamais. Et Il illustre cela par la plus familière de toutes les images de la tristesse se terminant dans la joie (16:21-22). L’absence du Seigneur, c’est pour le monde qui cherche à se débarrasser de Lui ; mais même maintenant, Sa résurrection est une joie que nul n’enlève. Que sera-ce quand Il viendra pour nous recevoir auprès de Lui ?

Le Seigneur continue à présenter encore plus pleinement la bénédiction et le privilège qui allaient découler de Son ascension au ciel, faisant ainsi ressortir l’amour du Père pour eux.

 

17.6                      Jean 16:23-24

« Et en ce jour-là vous ne me ferez pas de demandes. En vérité, en vérité, je vous dis, que toutes les choses que vous demanderez au Père, il vous les donnera en mon nom. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie » (16:23-24).

 

17.6.1    Jean 16:23 — Sens de « demander » ; à qui adresser les prières

Il est bien connu que les mots grecs que nous sommes à peu près obligés de traduire par « demander » au v. 23 ne sont pas les mêmes, le premier (έρωτάω ; traduit en français par JND par « faire des demandes ») exprime plutôt une sollicitation familière, le deuxième (αίτέω ; traduit en français par JND par « demander ») une pétition humble. Ainsi, notre Seigneur utilise souvent dans cet évangile le premier mot quand Il demande au Père en faveur des disciples (17:9), mais Il n’utilise jamais le second mot. Il s’est abaissé bien bas en grâce, mais Il a toujours été conscient d’être Fils de Dieu en chair, et néanmoins une personne divine ; tandis que Marthe montre son appréciation superficielle de Sa gloire en supposant qu’Il pourrait opportunément et avec succès faire appel à Dieu avec une supplication (11:22 ; le second des deux mots ci-dessus).

Mais il semble excessif de dire que tout juge compétent admet que le « vous ferez des demandes » de la première moitié du v. 23 n’a rien à voir avec le « vous demanderez » de la seconde moitié, — ou qu’avec le premier, Christ revient au désir des disciples du v. 19 de l’interroger. Pourtant c’est ce que pensent Euthymius Z., ainsi que la Vulgate et une foule de modernes de Bèze à Trench, y compris de nombreux théologiens allemands et britanniques. Mais si le mot έρωτάω se trouve souvent dans le Nouveau Testament, et même dans ce chapitre, avec le sens ordinaire classique de « questionner » (interrogo), il est utilisé tout aussi souvent ou plus pour « faire une requête » ou « supplier », etc. (rogo), comme dans la Septante ; ce mot est donc comme le mot français « demander » [ask en anglais] qui signifie « faire une requête » autant que « questionner » ou « s’informer ». L’expression « s’enquérir de Dieu » dans l’Ancien Testament est, en fait, plus proche de la prière pour quelqu’un ou quelque chose que d’une question. Il semble donc que faire varier le mot dans la langue de traduction pour le v. 23 n’est pas la vraie solution (*), bien qu’assez évidente à première vue et superficiellement ; les commentateurs grecs du début étaient ainsi plus proches de la vérité, sauf Origène qui, comme les erroristes plus tard, a perverti le passage pour nier la bienséance de prier en s’adressant à notre Seigneur, ce qui contredit franchement les disciples au commencement (Actes 1:24), Étienne (Actes 7:59), et l’apôtre Paul (2 Cor. 12:8). Dans les affaires relatives à Son service et Son assemblée, il est d’ailleurs plus approprié, selon l’Écriture, de prier le Seigneur plutôt que le Père, vers qui nous nous tournons instinctivement pour tout ce qui concerne la famille de Dieu en général.

 

(*) note Bibliquest : le texte original de WK dit ici : « Il semble donc que faire varier le mot anglais au v. 23 n’est pas la vraie solution », en conséquence de quoi le texte anglais de WK utilise « ask » dans tous les cas pour ce verset 23 et dans tout ce passage. — Or pour le français, JND a quand même choisit de faire ressortir la différence des deux mots grecs en traduisant « faire des demandes » dans le premier cas (έρωτάω) et « demander » dans le second (αίτέω).

 

Le Seigneur veut réellement faire connaître le grand changement entre a) le recours à Lui comme leur Messie sur la terre pour chaque difficulté, non pas seulement pour des questions, mais pour tous les besoins journaliers, et b) cet accès au Père, dans lequel Il voulait les introduire comme l’Homme agréé et le Sauveur glorifié en haut. Jusqu’à ce que la rédemption soit connue, et que l’âme par grâce soit établie dans la justice, les croyants eux-même ont peur de Dieu, et se cachent, pour ainsi dire, derrière Christ. Ils s’approchent en esprit, comme les disciples le faisaient en fait, de Celui qui par amour est descendu du ciel pour les bénir et les réconcilier avec Dieu. Mais ils ne savent pas vraiment ce que c’est de s’approcher en toute liberté du trône de la grâce afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce (Héb. 4:16 et 10:19-22). Ils ne sont pas dans la conscience distincte d’enfants devant leur Père, jouissant de la liberté en Christ par l’Esprit d’adoption.

Ceci (il me semble que c’est ce que le Seigneur donne à connaître aux disciples) devait suivre Sa résurrection et Son départ « en ce jour-là » : c’est un jour déjà venu, le jour de grâce, non pas un jour de gloire, sauf dans la mesure où nous y entrons en vertu de Celui qui est monté et a envoyé d’en-haut l’Esprit pour être en nous. Il leur avait déjà dit pleinement ce que l’Esprit de vérité ferait en les guidant dans toute la vérité (16:12-15). Ici, Il substitue l’accès auprès du Père pour tout dans la prière, aux demandes personnelles faites à Lui-même comme leur Maître, toujours prêt à aider sur la terre. Il n’est donc pas question d’une déclaration d’après laquelle on serait tellement enseigné de l’Esprit qu’on n’aurait plus à s’enquérir de rien ; il s’agissait seulement de ne plus avoir à portée de main Celui à qui ils avaient eu l’habitude de faire appel pour chaque difficulté qui survenait. Le Fils de Dieu sur le point de partir voulait provoquer la confiance du cœur dans le Père.

D’où la solennité de faire connaître leur nouvelle ressource. « En vérité, en vérité, je vous dis, que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera (en mon nom) » (16:23). Le texte diffère dans les manuscrits et autres autorités ; mais les meilleurs d’entre eux placent « en mon nom », après l’assurance que le Père donnera, non pas après que les saints demandent au Père : cette dernière leçon est pourtant mieux soutenue par les anciennes versions. Il ne fait aucun doute, comme nous allons le voir, que les saints sont encouragés à préférer faire leurs demandes au Père, et ils y ont droit sur la base de la valeur de la révélation de Christ ; mais si la leçon plus ancienne est retenue au v. 23, nous avons la vérité collatérale que le Père donne, en vertu de ce nom, tout ce que les saints Lui demanderont. Combien cela est béni et réconfortant pour les saints ! Quel plaisir pour le Père, et quel honneur pour le Fils ! Le rejet du Messie ne fait que tourner à Sa plus grande gloire et à de meilleures bénédictions pour les Siens.

 

17.6.2    Jean 16:24 — La prière du « notre Père »

Et cela continue au v. 24 : « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie ». L’importance de ceci ne peut guère être exagérée : Je ne veux pas parler simplement de la conséquence à en tirer sur l’utilisation de la prière bénie [le « Notre Père »] donnée longtemps auparavant aux disciples, mais sur la question plus large de leur abord d’une nouvelle relation, et d’une nouvelle position par la rédemption et le don de l’Esprit. Au vu de ces paroles, cependant, il est clair que se servir de cette prière [le Notre Père] ce n’est pas demander au Père au nom de Christ. Les disciples avaient, sans doute, l’habitude de l’utiliser journellement ; pourtant jusqu’à présent ils n’avaient rien demandé en Son nom. Car demander ainsi au Père au nom du Fils, ce n’est que là qu’on a une prière chrétienne dans le vrai sens plein. Ceux donc qui insistent pour revenir à la prière des disciples [le Notre Père], ceux-là n’entrent pas dans la nouvelle position où le Seigneur établit ici tous ceux qui sont à Lui. Cela peut être fait avec révérence ; mais est-ce la foi qui entre vraiment dans les pensées de Dieu et qui honore le Maître ? Je ne le crois pas. Comme prière à utiliser lorsque les disciples ne savaient pas comment prier, c’était la perfection ; comme modèle, elle demeure toujours pleine de profondes instructions. Mais le Seigneur, maintenant à la fin de Sa carrière ici-bas, leur fait connaître les lacunes du fondement et de l’objectif de leurs requêtes précédentes, et Il leur dit ce que devrait être à l’avenir le caractère approprié de leurs requêtes grâce à leur nouvelle bénédiction toute proche, et grâce à la rédemption et à l’ascension.

Dans le passé, il aurait été déplacé et présomptueux de la part des disciples de s’approcher du Père comme le Fils le faisait, alors que Celui-ci, dans Sa sagesse et Sa bonté, leur avait donné une prière parfaitement adaptée à leur condition du moment, quand l’œuvre de l’expiation n’avait pas encore été faite, et que le Saint Esprit n’avait donc pas encore été donné. Mais maintenant, comme nous l’avons déjà vu si souvent dans ce contexte, à la suite de la glorification de Dieu par Christ sur la terre par Sa mort et Son ascension, le Saint Esprit allait venir pour être en eux et avec eux. C’était le grand résultat du côté de Dieu, tandis que nous avons déjà largement vu le résultat du côté des saints : ils demanderaient au nom de Christ, et ils sont appelés à demander et à recevoir, afin que leur joie soit accomplie. La vie en Christ s’écoulerait dans des désirs appropriés, auxquels le Saint Esprit conférerait puissance et intelligence ; et assurément, en se tenant devant Lui avec un fondement et un motif tel que le Fils de l’homme qui s’était consacré Lui-même à tout prix pour Sa gloire, le Père ne ferait défaut en rien pour Sa part. Leur joie serait en effet absolument accomplie.

 

17.7                      Jean 16:25-28

« Je vous ai dit ces choses par des proverbes (allégories) (*) : l’heure vient que je ne vous parlerai plus par proverbes (*), mais je vous parlerai ouvertement du Père. En ce jour-là, vous demanderez (αίτήσεσθε) en mon nom, et je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes (έρωτήσω) au Père pour vous ; car le Père lui-même vous aime tendrement [ou : avec affection], parce que vous m’avez aimé tendrement [ou : avec affection] et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès (μαρά) de Dieu. Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père » (16:25-28).

 

(*) note Bibliquest : JND traduit « par des similitudes »

 

17.7.1    Jean 16:25

C’est dû, je présume, au sens large et varié du mot hébreu « mashal » que nous avons deux mots en grec : παροιμία [JND traduit par « similitude »] ainsi que παραβολή [JND traduit par parabole] ; ces deux mots sont utilisés également, non seulement dans la Septante, mais dans le Nouveau Testament ; les Évangiles synoptiques utilisent toujours le deuxième terme et Jean seulement le premier, comme dans Jean 10 et ici. Peut-être « allégorie » pourrait être plus approprié, ou même un « propos obscur » dans notre chapitre où les termes « parabole » et « allégorie » ne peuvent guère s’appliquer. Un examen attentif de l’usage de ces mots révèle que les deux mots grecs sont employés avec une latitude considérable dans les quatre évangiles, comme ailleurs.

Ici, le Seigneur était conscient que ce qu’Il exprimait ressemblait à des énigmes aux oreilles de Ses disciples. Sa simple déclaration ou information au sujet du Père serait entièrement clarifiée en son temps. Y a-t-il quelque chose qui soit resté non clarifié par Sa résurrection, Ses apparitions et Ses conversations du premier au dernier jour des quarante jours après celle-ci, ainsi que par Son ascension ? Prenez seulement le message communiqué par Marie de Magdala, au premier jour de la semaine. N’a-t-Il pas clairement parlé au sujet du Père, qui était désormais le Sien et le leur ? Le fait qu’Il était Son Dieu et leur Dieu, n’était-ce pas un signe profond de bénédiction ? Mais par-dessus tout, quand Il a témoigné par le Saint Esprit envoyé du ciel, la vérité n’a-t-elle pas éclaté plus que jamais ? Il leur a alors fait connaître le nom de Son Père ; une fois monté en haut, Il devait le faire connaître (17:26), et Il l’a fait connaître de manière encore plus effective depuis là-haut.

 

17.7.2    Jean 16:26a

Cela s’est aussi tourné chez eux (c’était le but) en une appréciation croissante de la valeur du nom de Christ. « En ce jour-là, vous demanderez (αίτ.) en mon nom ». Demander en Son nom, ce n’est pas simplement à cause de Christ comme motif, mais dans la valeur de ce qu’Il est Lui-même et de Son acceptation. Sa valeur est mise en totalité au compte de ceux qui demandent ainsi ; et combien, aux yeux du Père, cela est précieux et prévaut sur tout ! Combien cela glorifie à la fois le Père et le Fils ! Combien cela est humiliant et néanmoins fortifiant pour les saints eux-mêmes ! C’est ce à quoi tout chrétien a droit maintenant ; personne n’en avait jamais joui auparavant. Il n’y a jamais eu une âme bénie sur terre en dehors de Lui et de l’œuvre qu’il était prévu qu’Il fasse ; mais ici il y a une proximité et une acceptation connues et appliquées même à nos demandes, en vertu de ce que Lui-même a été pleinement révélé, une fois que Son œuvre a été achevée et agréée [ou : acceptée] dans une efficace infinie.

 

17.7.3    Jean 16:26b-27

« Et je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes (έροτ.) au Père pour vous ; car le Père lui-même vous aime tendrement [ou : avec affection], parce que vous m’avez aimé tendrement [ou : avec affection] et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de Dieu ». C’est une autre de ces phrases sur lesquelles achoppent les hommes et les érudits, mais aussi des saints, parce que nombre de croyants ne jouissent même pas de cette vérité ; et pour comprendre ce dont traitent l’évangile et les épîtres de Jean, il faut vraiment y entrer dedans. Ce v. 26 ne nie nullement l’intercession de Christ pour nous, et de même, le v. 23 n’interdit pas au serviteur de prier son Seigneur au sujet de Son travail et de Sa maison. Ce n’est pas une déclaration absolue, et il n’est pas du tout nécessaire de faire appel à la technique de la prétérition, comme on l’appelle, pour transformer une négation en affirmation forte, auquel cas cela voudrait dire : « Je n’ai pas à vous assurer que je vais faire des demandes au Père pour vous ». Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais c’est tout simplement une ellipse, que les mots suivants expliquent : « Je ne dis pas que je ferai des demandes au Père pour vous, comme s’Il ne vous aimait pas ; car le Père Lui-même (proprio motu, de son propre mouvement) vous aime tendrement, etc. ». Ceci aussi explique les mots d’affection spéciale, φιλεί et πεφιλ., qui suivent. C’était la grâce, l’attraction du Père, qui leur faisait entendre la voix du Fils et croire en Lui ; cependant le Seigneur parle de ce que le Père les aime tendrement et de ce que eux ont tendrement aimé Celui à qui ils s’accrochaient en vérité, quoique faiblement. Ils avaient cru qu’Il était sorti d’auprès de Dieu. Ils croyaient vraiment qu’Il était le Christ de Dieu, et né de Dieu. C’était l’enseignement divin, et la grâce divine, pour sa part.

 

17.7.4    Jean 16:28

Mais c’était bien en deçà de la pleine vérité qu’Il se met à leur révéler : « Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père » (16:28). Ici, ils étaient tout à fait pris de court. Ils ne comprenaient encore que peu, ou rien, de Sa pleine gloire divine et éternelle comme le Fils du Père. Dieu le Père était pleinement révélé, sans doute, dans le Fils ; mais il fallait la présence et la puissance de l’Esprit, envoyé en personne, pour leur donner la communion avec Lui donné ainsi à connaître. C’est cela qui introduit dans une heureuse liberté, quand la conscience est purifiée. Voilà donc ce dont tant de saints sont encore ignorants, étant dans l’état d’âme à peu près identique à celui où les disciples étaient alors ; car bien qu’ils voient plutôt mieux la gloire du Fils, ils manquent à voir en Lui et en Son œuvre leur droit à se reposer dans l’amour du Père.

Il est frappant de remarquer le contraste tout au long de cette série de discours avec les évangiles synoptiques, où la mort de Christ est placée comme le sujet le plus important ; ici c’est le fait d’aller au Père. Combien cela est fidèle au dessein que le Saint Esprit a imprimé sur le récit de Jean !

Il serait difficile de trouver un verset de Jean qui présente de manière à la fois plus laconique et plus complète le caractère de son évangile que celui que nous avons devant nous (16:28) ; ni un verset moins bien réellement saisi par les disciples, tant aujourd’hui qu’alors. Sa relation divine et Sa mission de la part du Père sont clairement révélées sur terre avant que ces disciples ne Le rejoignent en haut. Sa présence comme homme dans le monde, autant que Son départ du monde, et Son retour au Père ; Sa qualité néanmoins de Fils, maintenant devenu homme, avec les immenses résultats de tout cela pour Dieu, et plus particulièrement pour les saints — voilà de grandes vérités qui transcendent totalement toute gloire messianique remplissant encore les esprits de ceux qui Le suivaient ; ceux-ci prouvaient combien peu ils connaissaient, par le fait même qu’ils pensaient tout connaître clairement.

 

17.8                      Jean 16:29-30

« Ses disciples lui disent : Voici, maintenant tu parles ouvertement, et tu ne dis aucune parabole. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et que tu n’as pas besoin que personne te fasse des demandes ; à cause de cela, nous croyons que tu es venu de Dieu » (16:29-30).

Leur propre langage les trahissait. Ses paroles étaient toutes simples, et ils n’en avaient pas saisi la profondeur. Ils n’avaient aucune idée du changement puissant qui allait intervenir, partant des pensées qu’ils avaient tirées et amassées au sujet du royaume tel que révélé dans l’Ancien Testament, et arrivant au nouvel état de choses qui suivrait Son absence auprès du Père en haut, avec la présence de l’Esprit ici-bas. Tout semblait clair à leurs oreilles ; mais même jusqu’à l’Ascension, ils n’en eurent qu’un faible aperçu, si tant est qu’ils en aient même eu un. Jusqu’au dernier moment, ils s’accrochèrent aux espérances d’Israël, et celles-ci, sans doute, restent encore à accomplir un jour. Mais ils ne comprenaient pas ce qu’était ce jour-là, au cours duquel les Juifs seraient traités comme des réprouvés, du fait qu’ils Le rejetaient, tandis que ceux qui sont nés de Dieu allaient être placés dans une relation immédiate avec le Père, en vertu de Christ et de Son œuvre. Son retour au Père était encore une parabole, bien que le Seigneur ne corrigeât pas leur erreur, car c’était en effet inutile : ils apprendraient assez vite combien ils étaient ignorants. Mais au moins, ils avaient déjà la conscience intime que Lui savait tout, et que, comme Il pénétrait leurs pensées, Il n’avait pas besoin qu’on Lui fasse des demandes. « À cause de cela, nous croyons que tu es venu de Dieu ». Indiscutablement : mais combien ce qu’ils confessaient ainsi était en dessous de la vérité qu’Il venait de confesser ! L’Esprit de Son Fils envoyé dans leur cœur leur donnerait en temps voulu de connaître le Père : la rédemption accomplie et agréée pouvait seule en jeter les bases nécessaires.

 

17.9                      Jean 16:31-33

« Vous croyez maintenant ? Voici, l’heure vient, et elle est venue, que vous serez dispersés chacun chez soi, et que vous me laisserez seul ; — et je ne suis pas seul, car le Père est avec moi. Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix. Vous avez (*) de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (16:31-33).

 

(*) « vous aurez » est l’erreur du manuscrit D et de beaucoup de cursives, ainsi que la plupart des copies latines, suivis par les Elzévirs, mais non pas par Étienne (sauf dans son édition de 1550). « Vous avez » est donné par aleph, A, B, C, L et plus d’une douzaine de manuscrits onciaux. Beaucoup des anciennes versions sont erronées sur ce point, sauf quelques-unes (syriaque, Memph, quelques anciennes latines). — Note Bibliquest : Carrez et la TOB donnent « vous avez » tandis que le Nouveau Testament en français courant donne « vous aurez ».

 

Leur foi était réelle, mais ils allaient bientôt montrer combien elle s’avèrerait petite à l’heure de l’épreuve une fois venue. Le doute n’étant jamais justifiable, il est bon, dans notre faiblesse, de vivre dans une dépendance constante. Quand nous sommes forts à nos propres yeux, nous sommes faibles en pratique ; quand nous sommes faibles, nous sommes forts dans la grâce de notre Seigneur Jésus. Mais ! Quel Sauveur ! et quels disciples ! Ils se dispersèrent chacun chez soi, et Il fut laissé seul à l’heure où Il avait le plus grand besoin ! Quel cœur autre que le Sien se serait empressé d’ajouter après une telle désertion de leur part : «et je ne suis pas seul, car le Père est avec moi » ? Qui d’autre que Lui aurait pu ajouter, spécialement à de tels saints et dans de telles circonstances : « Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix » ? ou qui d’autre que Lui aurait pu donner un fondement suffisamment solide pour avoir la paix, au moment même où ils allaient être en face de leur portion de trouble dans ce monde ? « Ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde ». Christ était le seul à pouvoir sentir et bénir de cette manière, et ainsi ces paroles sont dignes de Lui. On ne sait ce qu’on doit le plus admirer, leur autorité divine ou leur grâce incomparable qui concorde à notre besoin ici-bas. Comme Il est absolument ce qu’Il dit (8:25), ainsi il dit ce qu’Il est, pour le réconfort sans faille du croyant.

Une caractéristique frappante de notre évangile est l’omission des douleurs de Gethsémané, et encore plus de Son abandon par Dieu sur la croix. Or ni l’un ni l’autre ne cadraient avec le récit de Jean qui fait ressortir la gloire de Sa personne, qui avait à faire la volonté de Celui qui L’avait envoyé, et à accomplir Son œuvre. D’autres font ressortir Son rejet complet et Son humiliation [Matthieu], le service que Lui a accompli [Marc], et la profondeur de Sa sympathie comme l’Homme parfait [Luc]. Jean voit, entend et relate le Fils au-dessus de toutes les circonstances, l’objet du Père et Celui qui révèle le Père, même quand est venue cette tribulation qui les a dispersés, et cet abandon de Dieu, insondable sauf pour Lui.

Avec tout cela devant Lui, Il prononça ce qu’Il dit ici afin qu’en Lui ils puissent avoir la paix ; et Lui-même marchait ainsi dans la paix. Dans le monde, la tribulation allait être leur part, non pas comme pour les Juifs, en rétribution à une heure spécifiée et déterminée (Jér. 30:7 ; Dan. 12:1 ; Matt. 24:21 ; Marc 13:19) au temps de la fin, ni non plus à titre préparatoire en attendant (Luc 21:22-24), mais de manière habituelle pour ceux qui ne sont pas du monde, et qui peuvent donc être une proie. Pourtant, ils sont appelés à avoir bon courage, comme connaissant Celui qu’ils ont cru, et Sa gloire et Sa grâce qui a vaincu le monde. Quelle source et quel encouragement, pour permettre de surmonter un ennemi déjà vaincu ! Lui seul a vaincu en effet ; nous, nous nous attendons à Celui qui donne la puissance pour toutes choses. « Et c’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi. Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 5:4-5).

 

18                  Chapitre 17

On peut dire qu’un caractère du chapitre 17 est d’être sans égal dans toutes les Écritures quant à la profondeur et à la portée. La sainteté, le dévouement, la vérité, l’amour, la gloire y règnent tout du long. Qui s’en étonnerait au vu de sont caractère unique : il s’agit du Fils ouvrant Son cœur au Père peu avant de mourir et de laisser les Siens pour aller au ciel ? Cependant, aussi intéressant et important que cela soit, le privilège si extraordinaire qui est le nôtre est d’entendre le Fils s’adresser ainsi au Père. Tout ceci peut bien remplir nos cœurs du sens de notre totale insuffisance pour parler convenablement sur de telles communications. Néanmoins, comme le Seigneur a prononcé tout cela aux oreilles des disciples, le Saint Esprit s’est plu également à reproduire Ses paroles avec une précision divine. Ces paroles sont donc maintenant pour nous, comme elles l’étaient alors pour les favorisés qui suivaient le Seigneur. Encouragés par cette grâce, nous désirons compter sur l’intérêt réel et vivant que le Seigneur a pour nous, et sur la fidélité de Celui qui habite encore en nous pour Le glorifier en prenant de ce qui est à Lui et en nous le montrant (16:14-15).

 

18.1                      Jean 17:1-5

« Jésus dit ces choses, et leva ses yeux au ciel, et dit, Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, [quant à] tout ce que tu lui as donné, il leur donne la vie éternelle. Et ceci est la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ; et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (17:1-5).

 

18.1.1    Jean 17:1

Le Seigneur a fini Ses instructions d’adieu à Ses disciples ; ils avaient désormais à rendre témoignage de Lui et pour Lui, du fait qu’Il allait les quitter, Son propre témoignage personnel étant maintenant achevé. Il leur avait parlé non seulement de manière complète, mais Il leur avait promis d’envoyer le Saint Esprit du ciel après Son départ afin qu’il y ait à la fois de la puissance et de la vérité. Sous le ciel donc, le Sauveur lève les yeux en s’adressant à Son Père. Lui qui, même comme Fils de l’homme, est dans le ciel en tant que Personne divine (3:13), Il allait y aller et y être présent corporellement une fois l’œuvre de la rédemption effectuée. En vertu de cette œuvre accomplie dans la mort, et démontrée en résurrection, Il allait s’asseoir là-haut, Témoin du caractère infiniment agréable de cette œuvre. Son ministère propre sur la terre s’était pleinement exercé à la fois envers les hommes et envers les disciples. Il se tourne vers le Père comme toujours, mais en laissant les Siens L’écouter, car Il voulait ouvrir Son cœur ; Il le voulait certes au sujet de Lui-même et de Son œuvre, mais encore plus à leur sujet, car Il restait toujours l’Envoyé et le Serviteur en amour divin, quoiqu’Il fût Seigneur de tout. Il avait regardé vers le ciel quand Il avait béni et rompu les cinq pains pour nourrir les cinq mille (Marc 6:41). Il avait regardé vers le ciel en soupirant lorsqu’Il avait donné au bègue-sourd d’entendre et de parler (Marc 7:34). C’est en haut qu’Il regarda au tombeau de Lazare, et Il dit : Père, je te rends grâce de ce que tu m’as entendu (11:41). Et ici Il lève une fois de plus les yeux et dit : « Père l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie » (17:1). Il est toujours une Personne Divine, le Fils, mais Il est en chair ; Il n’est pas ici comme dans les autres évangiles, le rejeté qui souffre en agonie, mais Il est le parfait exécutant des desseins de Dieu, célestes et éternels, et comme Fils, la manifestation du Père.

 

18.1.2    Jean 17:1-2

C’est pourquoi, quelle que soit la nécessité et l’importance extrême de Sa mort sans laquelle tout le reste aurait été vain pour la gloire de Dieu en présence du péché et de la ruine, Il n’en parle nulle part ici ; Il ne demande pas non plus la résurrection, mais seulement la glorification. En outre, le nom du Père, tellement mis en avant dans cet évangile, et spécialement dans ces discours finaux à Ses disciples, est à l’évidence encore plus abondant dans ce chapitre. C’est en effet la caractéristique du chrétien ; même dans la forme la plus simple de Sa bénédiction, les plus jeunes, les petits enfants sont décrits par notre apôtre comme ayant la connaissance du Père (1 Jean 2:13) : c’est un privilège merveilleux, rendu possible seulement par le fait de la venue du Fils de Dieu et de la rédemption opérée, dont on ne peut jouir que par le Saint Esprit qui est donné, l’Esprit d’adoption. Or comme au commencement le zèle de la maison de Son Père Le dévorait (2:17), ainsi ici Son cœur est occupé à glorifier Son Père dans ce ciel vers lequel Ses yeux se lèvent. « Père l’heure est venue : glorifie Ton Fils », mais même dans ces conditions, c’est encore « afin que ton Fils te glorifie » (17:1). Devenu homme, Il demande au Père de Le glorifier ; Il est Fils, et une fois glorifié au ciel, c’est encore pour glorifier le Père. « Comme tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, [quant à] tout ce que tu lui as donné, il leur donne la vie éternelle » (17:2). Bien qu’Il fût Dieu, Il n’exerce aucun pourvoir de son propre chef ; Il tient fidèlement la place dans laquelle Il s’est plu à venir, et comme homme Il reçoit l’autorité de la part du Père, mais une autorité inconcevable s’Il n’était pas Dieu, à la fois à cause de l’universalité de la sphère où elle s’exerce, et à cause de la particularité de Son objet. Car l’autorité qui Lui a été donnée est « sur toute chair » ; et le but spécial maintenant, quant à tout ce que le Père Lui a donné, c’est de leur donner la vie éternelle. Ainsi le droit de notre Seigneur s’étend sans limite, le Gentil n’en étant pas plus écarté que le Juif, tandis que la vie éternelle n’est la part que de ceux que le Père Lui a donnés, comme ailleurs il est dit qu’elle n’appartient qu’au croyant.

 

18.1.3    Jean 17:3

Ceci conduit à l’explication de la « vie éternelle » en question. La vie pour toujours, la vie pour l’éternité, était déjà la bénédiction commandée par l’Éternel sur les montagnes de Sion (Ps. 133:3) ; et d’entre les nombreux Juifs qui dorment dans la poussière de la terre, quelques-uns se réveilleront pour la vie éternelle, tandis que d’autres seront un objet de honte et de mépris éternel (Dan. 12:2). Or ces deux passages de l’Écriture évoquent ce grand virage pour la terre, le royaume au moment où il viendra en puissance et en gloire. Le Seigneur parle de la vie comme donnée en Lui à la foi maintenant. « Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (17:3). Si on veut la distinguer d’avec ce qui doit être goûté dans le royaume bientôt manifesté, elle réside, quant à son caractère, dans la connaissance non pas du Très-Haut, possesseur des cieux et de la terre, avec le vrai Melchisédec sacrificateur sur Son trône (Gen. 14 ; Zach. 6:13 ; Héb.7), mais dans la connaissance du Père et de Celui qu’Il a envoyé, le seul vrai Dieu maintenant pleinement révélé dans le Fils, le seul médiateur entre Dieu et l’homme (1 Tim. 2:5). Si l’on distingue du passé, ce n’est plus le Dieu Créateur donnant des promesses aux pères protégés et logeant à l’ombre du Tout-Puissant (Ps. 91:1) ; ce n’est pas encore les fils d’Israël en relation avec le nom de l’Éternel, le gouverneur moral de cette nation élue. Mais les enfants de Dieu possèdent maintenant la révélation du Père et de Jésus Christ qu’Il a envoyé ; et cette connaissance est identifiée, non avec des promesses ni avec du gouvernement, mais avec la « vie éternelle » comme une chose présente en Christ, la part de tout croyant. Il n’est pas possible que Dieu accorde ni que l’homme reçoive une bénédiction plus profonde ; car c’est exactement ce qui a caractérisé le Seigneur Lui-même, qui est la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée (1 Jean 1:2). De Christ seul on peut dire qu’il est cette vie ; nous comme croyants, nous ne sommes pas la vie éternelle, mais nous l’avons en Lui ; et comme elle n’est reçue que par la foi, c’est pareillement par la foi qu’elle est exercée, soutenue et fortifiée.

On peut noter en outre, que comme la vie éternelle se rattache à la connaissance du Père, le seul vrai Dieu, en contraste avec les nombreux faux dieux des Gentils, ainsi elle ne peut être que là où Christ est connu comme Celui que le Père a envoyé, en contraste avec Son rejet par les Juifs qui a produit leur profonde culpabilité et leur ruine. Ni le Fils ni le Saint Esprit ne sont exclus de la Déité, comme cela est prêché et admis ailleurs, en égalité avec le Père, tant pour le Fils que pour le Saint Esprit. Le but de ce v. 3 est d’affirmer la Déité du Père et de spécifier la place prise ici-bas par Celui qui n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais qui s’est anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave (Phil. 2:7). Il était ici pour obéir, pour faire la volonté du Père qui L’a envoyé. Mais avoir pris une telle place dans un amour humble, c’est la preuve la plus forte, même si elle est indirecte, de Sa Déité propre et éternelle ; car même l’archange est un serviteur, et ne peut jamais s’élever hors de sa position ou de sa relation de serviteur. Par contre, le Fils s’est plu à prendre cette position pour assurer la pleine bénédiction de la rédemption à la gloire de Dieu le Père. Ainsi la vie était en Lui, et Il était la vie éternelle avant tous les âges ; mais Il est vu ici comme descendant pour conférer la vie éternelle dans une scène qui s’est écartée de Dieu, et la conférer à une créature qui autrement devait connaître la mort sous sa forme la plus terrible de jugement, et la connaître maintenant du fait de sa culpabilité.

 

18.1.4    Jean 17:4-5

Ensuite le Seigneur présente Son œuvre : nous avons vu Sa Personne comme cela a déjà été évoqué. Mais maintenant Il insiste sur ce qu’Il a fait ici-bas. « Moi, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ; et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (17:4-5). Le langage ici est davantage celui d’une relation entretenue, tandis qu’au ch. 13:31-32 il était plutôt question de glorifier Dieu devant qui le péché tombe sous un jugement impitoyable. Ici il s’agit de glorifier Son Père, et il n’est donc pas particulièrement envisagé ce traitement final où tout ce que Dieu est et ressent sortira contre le mal qui a été imputé sur la tête du Fils de l’homme. Ici on a un sommaire de tout le chemin de Christ sur la terre se donnant Lui-même pour obéir et plaire à Son Père. C’est pourquoi il était d’autant plus nécessaire de préciser son achèvement : « j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire » (17:4b). Il parle autant comme serviteur fidèle que comme Fils de Dieu conscient de l’être et qui voit tout achevé à la gloire du Père, qui Lui avait donné à faire l’œuvre que Lui seul pouvait faire. Et là-dessus Il demande au Père de Le glorifier, non pas seulement à cause de Sa gloire et de Sa relation personnelles, mais en vertu de l’œuvre achevée ici-bas à Sa gloire afin de pouvoir nous assurer un droit sûr et valable de nous joindre à Lui dans la même bénédiction céleste.

Il n’a jamais cessé d’être Dieu ni ne pouvait cesser de l’être, et pareillement après l’incarnation Il n’a pas cessé ni ne cessera jamais d’être homme ; mais étant descendu ici-bas en amour divin pour être un serviteur et un homme qui glorifie Dieu le Père et qui soit un bon canal de justice pour tous les desseins de grâce divine, Il demande à être glorifié par le Père auprès de Lui de la gloire qu’Il avait auprès de Lui avant que le monde fût. C’est là qu’Il avait été dès l’éternité comme le Fils ; c’est là qu’Il demande à être pour l’éternité comme le Fils, mais maintenant aussi comme homme, la Parole faite chair mais ressuscitée. C’était Sa perfection comme homme de demander cette glorification. Il ne se glorifie pas Lui-même, même pas comme ressuscité. Il s’est anéanti et s’est abaissé pour la gloire du Père ; Il demande au Père de Le glorifier, bien qu’Il déclare Sa qualification divine et éternelle en demandant d’être glorifié de la gloire qu’Il avait auprès du Père avant que le monde fût. Jamais il n’y eut une requête si lourde de contenu, jamais de base aussi solide pour la justice, jamais de grâce aussi exquise et infinie.

 

18.2                      Jean 17:6-8

Le Seigneur explique alors comment des âmes ont été amenées dans une telle proximité de relation avec Lui devant le Père, ayant déjà posé la base de cette relation dans Sa Personne et dans Son œuvre.

« J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de (παρα) toi ; car je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues ; et ils ont vraiment connu que je suis sorti d’auprès de toi, et ils ont cru que toi tu m’as envoyé » (17:6-8).

 

18.2.1    Jean 17:6

La manifestation du nom du Père est ainsi posée en premier. C’est une vérité caractéristique et très influente, et le Fils était seul qualifié pour manifester ce nom, quoique, bien sûr, personne ne puisse entrer dans cette vérité même ainsi manifestée, sinon par l’Esprit, comme nous le savons et comme cela est enseigné ailleurs (1 Cor. 2:14-15). Le Fils pouvait manifester le nom de Son Père, et Il l’a fait dans un amour sans jalousie, afin que les disciples, les hommes que le Père Lui avait donnés du monde, puissent connaître ce que le Père est, comme le Fils Le connaît ; inutile de dire que ce ne pouvait pas être cette connaissance infinie qui est le propre du Fils unique, mais une connaissance à la manière d’enfants de Dieu à qui le Fils communique ce qui est entièrement en dehors de l’homme et au-dessus de l’homme, et qui est intrinsèquement de Dieu pour la famille de Dieu.

Car bien que le Seigneur soit venu vers les Juifs comme leur Messie promis sur la terre, ils ne voulurent pas L’avoir, et même ils Le rejetèrent, ce qu’ils étaient justement en train de faire, jusqu’à la mort même de la croix. De là, quelle que soit la rétribution divine qui arrivera au jour où Dieu redemandera le sang, et par-dessus tout le sang qu’ils ont mis sur leur tête et sur la tête de leurs enfants par une imprécation aveugle (Matt. 27:25), cette mort de la croix est devenue entièrement une affaire de grâce souveraine et céleste qui, venant dans la Personne du Fils, a manifesté le nom de Son Père comme aucun saint n’en avait jamais joui, ni aucun prophète ne l’avait tant prédit, sauf peut-être de manière à cadrer avec, et confirmer l’annonce de ce si précieux privilège en son temps. Même Osée 1:10 est relativement vague. Ici tout est complet et précis. C’est le côté positif de ce que le Seigneur a entrepris avec les Siens ici-bas, dans son caractère le plus élevé : non pas remédier au péché et à la misère en grâce, ni même déployer l’excellence en tant que Juste, que Serviteur ou qu’Homme, et donc comme Fils de Dieu ; mais c’est la manifestation de ce que le Père était et est comme Lui L’a connu, et comme l’apprenaient ceux que le Père avait donnés du monde au Fils. Car maintenant le monde est défini et jugé comme étranger et opposé au Père. Quelle bénédiction pour les disciples de s’entendre être pareillement distingués et désignés comme étant les Siens par le Fils s’adressant au Père !

 

18.2.2    Jean 17:6b

Mais ce n’est pas tout. « Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole » (17:6b) (λογον). Cette description que le Seigneur fait de ceux qui le suivaient, certains la rattachent simplement au fait qu’ils faisaient partie d’Israël jusque-là, et qu’ils marchaient dans tous les commandements et ordonnances du Seigneur sans reproche : il me semble que c’est une erreur. Ils étaient Ses élus tirés de la nation élue, tandis que ceux qui étaient pour le moment Ses ennemis ne devaient être restaurés que dans un jour futur. Le Père avait un dessein à l’égard de ceux-ci, et ainsi ils Lui appartenaient, et à Son tour Il les avait donnés à Son Fils, l’objet de Son amour et l’exécuteur de Ses conseils, du fait qu’Il est aussi Celui qui accomplit la rédemption, à Sa gloire. Et comme les hommes qui Lui avaient été donnés du monde sont ainsi vus sur un terrain divin en dehors des liens juifs, ainsi ce qui formaient leurs âmes et leurs voies était tout à fait différent ; ils avaient gardé la Parole du Père, selon ce que dit le Fils, — cette Parole qu’Il leur avait fait connaître quand Il était avec eux sur la terre. C’est ce que nous avons d’une manière générale dans les évangiles avec beaucoup de ce qu’ils ne pouvaient pas supporter alors, et qui se trouve dans les épîtres. Tout se rapporte au Père : le Fils, un homme sur la terre, est toujours en train de L’exalter ; et en vue de Son propre départ, Il voulait les rendre chers au Père et leur en donner l’assurance.

 

18.2.3    Jean 17:7-8

Ceci est développé encore plus dans ce qui suit. « Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi » (17:7). Ils étaient entrés dans le secret dont le monde ne connaissait rien : le Père était la source de tout ce qui était donné au Fils. Certains s’étonnaient en face de Ses paroles et de Ses œuvres ; d’autres remplis d’inimitié, blasphémaient en attribuant à Satan ce qui était surnaturel. Les disciples avaient appris qu’ils étaient tous du Père, comme le Fils désirait qu’ils soient. Leur droit à la bénédiction avec le Fils devant le Père ne provenait pas seulement de ce qu’Il était venu d’auprès du Père, ni de ce qu’Il avait achevé l’œuvre que le Père Lui avait donnée à faire ; mais les moyens mêmes de les amener dans la bénédiction étaient aussi du Père ; « car je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues ; et ils ont vraiment connu que je suis sorti d’auprès de toi, et ils ont cru que toi tu m’as envoyé » (17:8). Ainsi le Seigneur retransmettait à Ses disciples ces communications intimes de grâce que le Père Lui avait données. Il n’était plus question des dix paroles données à Moïse (Ex. 34:28 ; Deut. 4:13 ; 10:4), c’est-à-dire de la mesure de la responsabilité de l’homme pour prouver son péché et sa ruine qu’il ne reconnaissait pas, ni ne ressentait.

Les paroles (ρηματα) que le Père donnait au Fils étaient l’expression de la grâce et de l’amour divins selon cette relation bénie dans laquelle se trouvait le Fils, bien qu’Il fût homme ; et les disciples, qui étaient autrefois simplement des hommes, mais qui maintenant étaient nés de Dieu, avaient la vie éternelle en Lui, et il leur était donné ces paroles par le Fils afin qu’ils connaissent la nouvelle relation que la grâce leur avait conférée, et qu’ils en jouissent. Et ce n’était pas en vain, même s’ils étaient lents de cœur à les croire toutes. Car s’Il leur avait donné les paroles que le Père Lui avait données, les disciples recevaient réellement la vérité, même si c’était sans doute imparfaitement. Le résultat était qu’ils avaient été amenés à connaître vraiment que Christ le Fils était venu du Père, et qu’ils croyaient aussi que le Père L’avait envoyé. Tout est attribué à la grâce ici, il n’y a pas de mesure de degrés, mais il est fait grand cas de la réalité, comme peut bien le faire Celui dont l’amour donne, approfondit et met en sûreté du début à la fin. Son cœur ne se contente même pas de ce qu’eux sachent avec assurance que le Fils est venu du Père, car, dans le fait de venir ainsi, ceci ne prouverait pas nécessairement davantage que Son propre amour à Lui le Fils ; mais les disciples croyaient la vérité supplémentaire que le Père L’avait envoyé, ce qui est une preuve de l’amour personnel du Père envers eux. Combien chaque mot de Sa grâce est riche et indispensable !

 

18.3                      Jean 17:9-11

« Moi, je fais des demandes pour eux ; je ne fais pas de demandes pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi (et tout ce qui est à moi, est à toi ; et ce qui est à toi est à moi), et je suis glorifié en eux. Et je ne suis plus dans le monde, et ceux-ci sont dans le monde, et moi, je viens à toi » (17:9-11a).

 

18.3.1    Jean 17:9

Il fait une requête concernant les disciples, non pas concernant Israël, ni les nations, ni le pays, ni la terre en général, mais concernant ceux que le Père Lui a donnés. Il n’est pas question de prendre en main le monde pour le gouverner ou assurer sa bénédiction maintenant : Le Seigneur est occupé des cohéritiers, et non pas encore de l’héritage. Bientôt, comme le Ps.2 nous le fait savoir, l’Éternel dira : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et les bouts de la terre pour ta possession ». Mais le Fils régnera sur Sa sainte montagne de Sion, au lieu d’être rejeté sur la terre et d’être reçu en haut. Alors, au lieu de soutenir la famille de Dieu souffrante qui porte Son opprobre ici-bas et qui attend la gloire céleste avec Lui, Il brisera les nations « avec un sceptre de fer, et les mettra en pièces comme un vase de potier ». Ce ne sera pas la période intermédiaire de l’Évangile comme maintenant, mais le jour du royaume en puissance et en gloire. Le Seigneur prie ici pour les Siens comme le don précieux qu’Il a reçu du Père, tandis qu’Il est retranché et qu’Il n’a rien de ce qui Lui a été promis ici-bas (Dan. 9:26) ; et Il demande d’autant plus qu’ils appartenaient au Père.

 

18.3.2    Jean 17:10-11a

Mais il est bon de dire que cela donne lieu à une déclaration sous forme de parenthèse qui jette beaucoup de lumière sur la gloire personnelle du Seigneur : « et tout ce qui est à moi, est à toi ; et ce qui est à toi est à moi » (17:10). Comme Fils de David, le Messie, aurait-il été possible d’exprimer cette réciprocité ? N’est-il pas évident que c’est en vertu de ce qu’Il est le Fils éternel du Père, un avec le Père, et seulement en vertu de cela, qu’ils ont des droits et des intérêts à la fois liés et communs ? Cependant après ceci, Il en revient (17:11a) aux saints comme étant ceux en qui Il est glorifié, ce dont Il parle comme d’un fait, non pas passé, mais comme d’un fait qui demeure, remettant au Père les soins à leur égard, parce qu’Il voit qu’Il ne va plus être avec eux dans ce monde, et qu’ils sont d’autant plus exposés dans ce monde du fait qu’Il retourne au Père. C’est la raison d’un nouvel appel.

 

18.4                      Jean 17:11b-13

« Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous. Quand j’étais avec eux, moi je les gardais en ton nom que tu m’as donné ; et je [les] ai gardé, (*) et aucun d’entre eux n’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie. Et maintenant je viens à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux-mêmes » (17:11b-13).

 

(*) note Bibliquest : JND traduit le v. 12 : « je les gardais en ton nom ; j’ai gardé ceux que tu m’as donnés ». Carrez traduit comme W.Kelly.

 

Le Seigneur s’adresse au Père comme le Père saint, et Lui demande de garder les disciples en Son nom afin qu’ils soient un, comme sont le Père et le Fils. Ceci a été accompli par la puissance du Saint Esprit précisément en ceux qui se tenaient là autour de Lui. Jamais auparavant ni depuis, une telle unité n’a été produite chez des êtres humains sur terre. Pourtant les Évangiles sont bien la preuve très nette qu’ils en étaient loin, du temps où le Seigneur était avec eux ici-bas. Ce devait être un des fruits de Sa grâce par la rédemption après qu’Il fût monté en haut et qu’Il eût envoyé le Saint Esprit ici-bas pour produire ce fruit. Or c’était essentiel comme base pratique pour le christianisme. Car la doctrine ne suffit pas s’il n’y a pas de réalité dans la vie, et ce point est spécialement critique chez ceux que Dieu a suscités pour poser le fondement. Leur œuvre et leurs écrits ont tous été compris dans un laps de temps ne dépassant pas une génération, en contraste frappant avec ceux de l’Ancien Testament.

Il est vrai qu’ils étaient des hommes ayant les même passions que nous (Actes 14:15 ; Jacq. 5:17) ou que tout autre ; il est vrai qu’ils manifestèrent des infirmités diverses, et non des moindres, y compris sous les yeux de leur Maître et durant Son ministère sur la terre ; il est vrai que d’un bout à l’autre ils firent voir leurs préjugés minables et l’étroitesse de leur cœur et une grande jalousie l’un à l’égard de l’autre, même en présence de l’amour et de l’humilité les plus profonds, et en présence de paroles et de voies qui faisaient contraste avec leurs discordes (et l’égoïsme qui les suscitait toutes) de manière si humiliante et douloureuse : tout ceci, et plus encore, ne fait qu’ajouter à la bénédiction de ce que Dieu a opéré chez ces hommes par Son Esprit en réponse à la requête du Seigneur. La puissance du nom du Père que le Seigneur connaissait si bien ici-bas, a été manifeste chez eux, et les douze [sic ; onze ?] ont été un précisément comme le Père et le Fils. Personne, sinon Christ, n’aurait osé décrire cela ainsi ; or Lui qui l’a fait, Il est la vérité ; et en fait avec qui ou avec quoi d’autre leur unité peut-elle être comparée selon ce qu’on en voit dans les Actes et les épîtres ? Nulle part ailleurs on a vu des hommes sur la terre s’élever à ce point au-dessus du moi, à la fois dans les objectifs, les mesures, les objets, dans leur vie et dans leur service ; jamais on n’a vu un tel dévouement commun à la volonté de Dieu, et une telle concentration pour faire cette volonté, en vue de magnifier Jésus ressuscité et glorifié.

Ensuite le Seigneur, en remettant au Père les Siens qu’Il gardait en ce nom tandis qu’Il était ici-bas, parle du fait qu’Il les a gardés en sécurité, sauf un voué à la destruction. Terrible leçon, que même la présence constante du Seigneur n’arrive pas à gagner là où l’Esprit ne fait pas sentir la vérité à la conscience ! Cela affaiblit-il l’Écriture ? au contraire, cela accomplissait l’Écriture. Le ch. 13 parlait du cas de Judas afin que personne ne soit scandalisé par une telle fin du ministère du Seigneur. Ici c’est plutôt afin que personne ne doute des soins du Seigneur ni de l’Écriture. Il n’était pas l’un de ceux donnés à Christ par le Père, bien qu’il fût appelé à être apôtre : de ceux qui avaient été ainsi donnés, Il n’en avait perdu aucun. Judas n’était qu’une exception apparente, non pas réelle, puisqu’il n’était pas un enfant de Dieu, mais le fils de perdition. Voir la fin terrible du déroulement d’une vie sans cœur, cela ne fait que donner davantage de force à l’œuvre de grâce de Celui qui, s’Il laissait le monde pour s’en aller au Père, était en train de les introduire dans Ses propres relations devant le Père. Judas pouvait n’avoir jamais pensé au pire, contrairement à Satan qui entra en lui ; mais il pensait satisfaire à tout prix son amour de l’argent, ayant confiance que Celui qui avait jusque-là déjoué Ses ennemis, serait capable une fois de plus de s’en sortir. Mais il se fiait à ses propres pensées à l’égard de la mort de son Maître, pour sa ruine éternelle, tandis que Jésus agissant en amour dans l’obéissance à Son Père, voulait par Sa mort amener les Siens à la gloire en haut, là où Lui-même serait, — et Il l’exprimait ici-bas afin qu’ils puissent avoir déjà maintenant Sa joie accomplie en eux-mêmes. Car maintenant que le Seigneur s’en allait au Père, Il parlait de ces choses dans le monde dans ce but. Le Père prouverait la valeur de Son nom quand le Fils ne serait plus ici-bas en personne pour veiller sur eux ; et la ruine même de Judas, comprise correctement, ne devrait que rendre l’Écriture encore plus solennelle et plus certaine pour leurs âmes.

 

18.5                      Jean 17:14-16

À partir du v. 14 le Seigneur plaide dans un autre but en faveur des disciples. Il avait prié pour eux pour qu’ils soient établis dans Son amour en présence du Père ; Il demande maintenant qu’ils aient Sa place en présence du monde. Comme Il avait déjà cherché dans le premier cas à ce qu’ils Lui soient associés, Il voulait dans le second cas qu’ils Lui soient non moins associés. Dans le premier cas c’était pour que Sa joie soit accomplie en eux ; dans le second cas c’était pour que le témoignage du Père soit en eux et par eux. C’était Sa propre place sur la terre comme au ciel.

« Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (17:14-16).

 

18.5.1    Jean 17:14

Il ne s’agit pas ici comme au v. 8 « des paroles » (ou « mots ») (ρηματα) données par le Père au Fils et que le Fils avait données aux disciples, les communications d’amour qui leur avaient fait vraiment connaître qu’Il était venu du Père et croire pour leur propre joie que le Père L’avait envoyé. C’est ici, comme au v. 6 la parole (λογος) du Père, l’expression de Ses pensées. Celle-ci, comme cela a déjà été dit (17:6), ils l’avaient gardée. Mais le Seigneur en reprend la mention en relation avec le témoignage dans le monde qui se terminait pour Lui. Ils devaient être des témoins de Lui dans le monde ; Il leur avait donné la parole du Père, et le monde les haïssait, non pas seulement à cause de la Parole, si offensante pour le monde, mais parce qu’eux, les disciples, qui avaient cette Parole, n’étaient pas du monde, comme leur Maître n’en était pas non plus. C’est la vraie mesure de l’absence de mondanité, et elle est intolérable aux yeux du monde, nulle part autant que dans le monde religieux. Que des hommes sur la terre se sachent en possession de la vie éternelle, voilà ce qu’estiment présomptueux ceux qui ne connaissent ni Christ ni Son œuvre. Et rajoutez encore à cela qu’ils ne sont pas du monde, et le monde devra manifester la pire intolérance.

Pourtant rien n’est aussi humble que la foi, et la foi opère par l’amour, ce qui est juste l’inverse du mépris des autres et de la confiance en soi et en sa propre justice. Christ est tout pour le croyant, comme Il l’est pour le Père ; et comme Il n’est pas du monde, eux n’en sont pas non plus. Le fait de ne pas être du monde dépend de la vérité préalable, à savoir qu’ils sont du Père et ont été donnés au Fils, qui leur a manifesté le nom du Père et les a gardés en ce nom, — comme Il suppliait le Père de les garder encore durant Son absence du monde. En Jean, Christ est dès le commencement inconnu du monde et rejeté ; ceux du monde ne connaissent ni le Père ni le Fils. Ainsi en est-il des enfants de Dieu. « C’est pourquoi le monde ne nous connaît pas parce qu’il ne L’a pas connu » (1 Jean 3:1). La rupture est complète. « Le monde les a haï » comme il a haï et le Père et le Fils (15:19, 23-24).

Jamais il n’y avait eu pareille rupture auparavant. Il n’y avait pas eu cela autrefois du temps où Dieu agissait en rapport avec Israël, ni au temps de leur ruine, c’est-à-dire au temps des nations qui a suivi. L’homme était encore à l’épreuve ; et tandis que le Seigneur était ici-bas, le caractère de Son ministère était que Dieu était en Lui réconciliant le monde avec Lui-même (2 Cor. 5:19). Mais le monde n’a rien voulu de Lui, et est jugé dans son chef [ou : prince]. Et comme l’homme est déclaré perdu à la lumière de la croix, ainsi le saint est crucifié au monde et le monde lui est crucifié (Gal. 6:14). Ils ne sont pas du monde comme Christ n’est pas du monde (17:14). C’est un fait, et non pas simplement une obligation, bien que ce soit la base la plus solide d’une obligation. Ils ne sont pas du monde : ce n’est pas simplement qu’ils ne devraient pas en être ; car, s’ils ne sont pas du monde, c’est une grave inconséquence même de paraître en être ; c’est être faux vis-à-vis de notre relation, car nous sommes du Père et donnés au Fils rejeté qui en a fini avec le monde. Mais si l’on disait qu’en avoir fini avec le monde, c’était pour introduire des relations célestes et éternelles déjà maintenant, d’accord, qu’il en soit ainsi ; c’est exactement la portée du christianisme en principe et en pratique. C’est la foi qui possède Christ, qui donne au croyant Sa propre place de relation et d’acceptation en haut, — aussi bien qu’ici bas de témoignage à part du monde et rejeté par lui ; c’est ce que le croyant a à réaliser en paroles et dans ses voies, en esprit et dans ses relations, tandis qu’il attend le Seigneur.

C’est pourquoi, comme revenir à la loi et à la chair comme les Galates, c’est déchoir de la grâce, c’est une chute non moins profonde qui caractérise le chrétien qui cherche le monde dont il n’est pas. Prétendre que le monde s’améliore pour Christ ou pour les Siens, c’est aussi faux que de dire que la chair peut s’améliorer. C’est la lumière qui devient ténèbres, et combien grandes sont ces ténèbres (Matt. 6:23) ! Elles peuvent ne pas aller au point de la fin de Romains 1, mais elles correspondent au début de 2 Tim. 3. C’est l’homme naturel qui en sait assez pour renoncer à ce qui est éhonté, et qui revêt tout d’un voile religieux ; c’est le monde qui s’occupe des choses de Dieu essentiellement comme profession, alors qu’elles sont en réalité du monde, où le sens commun suffit pour le service et le culte, et où la pensée de Christ est tout à fait inapplicable. Quel triomphe de l’ennemi ! C’est juste ce que nous voyons dans la chrétienté ; et rien n’irrite autant que de refuser de marcher, de rendre culte et de servir. Peu importe si vous dénoncez ou protestez très fort ; si vous vous joignez au monde, ils ne se soucieront pas de vos paroles, et vous serez infidèles à Christ. Peu importe également que vous montriez beaucoup de grâce et de patience : si vous vous tenez à part comme n’étant pas du monde, vous encourrez l’inimitié, la haine et le mépris. Un disciple n’est pas au-dessus de son Maître, mais tout homme accompli sera comme son Maître (Luc 6:40). Agir comme n’étant pas du monde est ressenti comme la pire des condamnations, et aucune douceur ni aucun amour ne peut le rendre acceptable. Ce n’est pas non plus la pensée de Dieu de le rendre acceptable, car Il considère qu’agir comme n’étant pas du monde fait partie du témoignage rendu à Son Fils. Et comme le monde ne reçoit ni ne comprend la Parole du Père, ainsi il hait ceux qui ont cette parole et qui agissent en conséquence.

 

18.5.2    Jean 17:15

Sans doute il y a un moment où ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air, quand le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec [la] trompette de Dieu, descendra du ciel ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thes. 4:14-18). Mais le Seigneur ne demande pas encore que le Père ôte les Siens du monde, mais qu’Il les garde du mal. C’est ce qu’Il fait par Sa grâce par Sa Parole, comme nous allons le voir tout de suite.

 

18.5.3    Jean 17:16

Seulement, avant que le Seigneur explique comment le Père garde les Siens, Il répète Son affirmation sous une nouvelle forme de manière à insister beaucoup dessus : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (17:16). C’est quelque chose qu’on oublie très vite, quand on n’a pas les yeux fixés sur Christ en haut avec une vigilance continuelle quant à nos motifs, nos voies et nos objectifs, avec en même temps un jugement de soi impitoyable. Il était de toute importance que soit affirmé fermement et clairement que le monde et le chrétien n’ont rien en commun, et que Christ Lui-même (selon la grâce et pour la gloire duquel nous sommes en communion avec le Père ici-bas) est le modèle de notre absence de mondanité. Y a-t-il une séparation qui soit aussi absolue ? Y a-t-il une séparation qui dépende aussi étroitement de la relation avec le Père, sauf la Sienne à Lui qui en est le modèle le plus excellent ? Car le monde (au sens utilisé ici) est ce vaste système que le l’homme a construit en dehors de Dieu, dans l’indépendance et la confiance en soi, à l’exclusion de toute soumission réelle à Sa justice, à Sa volonté, à Sa Parole et à Sa gloire, même si un honneur est rendu pour la forme. Cela a été pleinement manifesté dans le rejet et la croix de Son Fils, qui a révélé par là, combien étaient entièrement distincts dans leur source, leur nature, leur caractère et leur but, ceux que le Père reconnaît comme Siens dans le monde, et dont la communion est en effet avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. De ce monde-là, ils ne sont pas, comme Lui n’en est pas. Ils sont de Christ.

 

18.6                      Jean 17:17-19

Nous arrivons maintenant à la puissance formative, qui est totalement nouvelle et au-dessus de l’homme, et non pas simplement de Dieu, mais du Père. « Sanctifie-les par [ou : dans] la vérité ; ta parole est la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés dans la vérité » (17:17-19).

 

18.6.1    Jean 17:17

Il est impossible de surestimer les paroles du Sauveur à Ses disciples ; il est facile pour les hommes de les comprendre de travers, comme le font ceux qui rabaissent et rétrécissent cette parole à une séparation en vue du ministère. Mais le Seigneur avait à cœur un besoin plus personnel et plus intime des disciples, celui d’être imprégnés de la vérité, et formés et façonnés par elle. La loi ne suffisait pas, ni même la loi au sens large qui comprend les prophètes et les psaumes. Car Christ est venu, le Fils unique qui a fait connaître Dieu qui autrement était absolument invisible. Il a révélé le Père, qui voulait une révélation nouvelle et complète, et néanmoins permanente, comme nous l’avons non seulement en Lui, mais aussi dans l’ensemble des Écritures. La sanctification ou mise à part était donc à la fois nouvelle et complète. C’est au Père que le Fils a exposé Sa requête pour des hommes dont aucun n’était païen, mais tous de la semence sainte. Cependant c’est pour de tels qu’Il dit : « Sanctifie-les par la vérité ». La vérité était révélée comme elle ne l’avait jamais été auparavant. « Ta parole » (la parole du Père) « est la vérité » (17:17b). Des vérités avaient été données à connaître, mais jamais la vérité, jusqu’à ce que Jésus vint, Lui qui est la vérité. Car c’est Lui le premier, Lui seulement comme manifestation objective, qui a dévoilé chacun, Dieu, l’homme, Satan même, et toutes choses, le ciel, la terre, l’enfer et tout ce qu’ils contiennent et tout ce qu’ils sont réellement ; car Sa Personne seule (la Parole faite chair) était qualifiée pour le faire. Sa venue et la rédemption ont fourni la bonne occasion et l’objet nécessaire pour une pleine révélation, du fait qu’Il était le Fils de l’homme, et en même temps le vrai Dieu et la vie éternelle. Les disciples devaient être sanctifiés par la vérité, la Parole du Père. Le Père révélé non seulement dans le Fils personnellement, mais en détail dans Sa Parole, cela changeait tout pour l’âme. Personne si ce n’est le Fils, et le Fils homme sur la terre, glorifiant parfaitement le Père dans Sa vie, glorifiant Dieu comme tel dans Sa mort, pouvait fournir les motifs appropriés à l’amour du Père, objet pour Ses voies, centre de Ses conseils et manifestation de Sa gloire. En conséquence, tout est visible et en perfection : c’est en vain qu’on attendrait un témoignage plus élevé, plus profond, plus complet, comme le savent ceux qui, reconnaissant le Fils, ont aussi le Père (1 Jean 2:23), et ne sont pas du monde.

 

18.6.2    Jean 17:18

Leur mission est alors présentée ; elle est tirée de la même source hors du monde, et est caractérisée par elle. « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » (17:18). Moïse a disparu, même comme modèle, et les prophètes aussi. Même Jean Baptiste (et parmi ceux nés de femme, aucun prophète n’a été plus grand) n’a été qu’un homme en mission de la part de Dieu ; mais le moindre dans le royaume est plus grand que Jean. Celui qui venait d’en haut (du ciel) est au-dessus de tout (3:31). Tel a été Jésus ; et comme le Père L’a envoyé, ainsi Il a envoyé ceux qui L’entouraient à ce moment-là, et leur mission était aussi nouvelle que la Parole qui formait et équipait leurs âmes. Cette mission découlait de Celui qui était à part du monde et au-dessus du monde, de Celui qui y avait été envoyé avec une mission d’amour infini à la gloire du Père, et qui en esprit n’était plus ici-bas, mais dans le ciel, où Il allait effectivement bientôt monter. C’est ainsi que le Fils envoyait les disciples, associés à Lui dans le ciel et chargés du témoignage du Père envers le monde. Du fait qu’ils n’étaient pas du monde comme Lui n’en était pas, ils pouvaient être envoyés dans le monde, vers le monde, et ils l’ont été. S’ils avaient été du monde, ils n’auraient pas pu être envoyés dans le monde, vers le monde ; mais tirés du monde par grâce en Christ, ils n’étaient pas du monde, et pouvaient être envoyés.

 

18.6.3    Jean 17:19

Ceci est suivi de manière appropriée d’un autre moyen de sanctification, qui en est un couronnement ; le Seigneur en parle ainsi : « Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés dans la vérité » (17:19). Ce n’est pas maintenant la Parole du Père qui leur est donnée ici-bas, et qui Le révèle dans chaque détail selon que les disciples en avaient besoin, — bien que cette Parole fût inséparable de la Personne de Christ venu dans ce monde où eux-mêmes étaient envoyés. Cela était essentiel à la fois pour eux et pour leur œuvre. Mais la grâce fait davantage, et le Seigneur continue en montrant comment Il s’est mis à part en haut, Lui le Fils comme toujours, mais l’homme modèle devant le Père dans le ciel, de manière à compléter leur sanctification en Le voyant ainsi dans la gloire.

Ainsi ce n’est pas seulement la vérité mise en lumière ici-bas dans toute son application, mais la vérité dans Christ glorifié comme l’objet approprié pour animer, fortifier et transformer, tandis qu’on Le contemple à face découverte : Dieu révélé dans l’homme, le Fils de l’homme — le Fils de l’homme maintenant glorifié par Dieu en Lui-même, et ceci immédiatement (13:32), afin que les disciples soient sanctifiés « dans la vérité », celle-ci ayant effet à la fois sur leur nature et sur leur marche. Car sans un tel objet en haut, la démonstration la plus complète de la justice et de la puissance de Dieu manquaient, et aussi, peut-on ajouter, la démonstration de l’amour et de la gloire du Père, aussi bien que ce qui était dû à Sa propre Personne, non seulement comme Personne divine, mais comme homme, et homme glorifié selon les conseils de Dieu. Les disciples aussi avaient besoin de Sa Personne bénie ainsi devant eux à la droite de Dieu afin de fixer et de remplir leurs affections, outre la Parole qui révèle parfaitement toutes les pensées de Dieu en grâce. Car ce n’est simplement comme incarné que le Seigneur se sanctifie en leur faveur ; ce n’est pas non plus en mourant comme sacrifice, selon Chrysostome et Cyril d’Alexandrie, et une foule d’autres à leur suite. Car sur la croix pour nous, Dieu L’a fait péché, Lui qui n’avait pas connu le péché. C’est comme glorifié, en conséquence de Sa mort et de Sa résurrection, qu’Il est devenu le modèle des Siens. En Le contemplant ils sont transformés à Son image de gloire en gloire comme par le Seigneur en Esprit (2 Cor. 3:18) ; et quand Il sera manifesté, ils Lui seront semblables, Le voyant comme Il est (1 Jean 3:2), et rendus conformes à l’image du Fils en gloire de résurrection (Rom. 8:29). Dieu Lui-même ne pouvait donner de position aussi bénie que celle où Christ sera Premier-né entre plusieurs frères.

 

18.7                      Jean 17:20-21

18.7.1    Jean 17:20

Le Seigneur se met maintenant à prier pour ceux qui seraient amenés à la foi par le témoignage apostolique, afin qu’eux aussi puissent former une unité selon Dieu et rendre témoignage devant le monde à Sa mission de Fils. Le v. 11 envisageait seulement les disciples qui étaient alors autour de Lui en vue d’une grâce spéciale et en vue de la responsabilité qui se rattachait à eux en conséquence. Ceux qui allaient suivre étaient l’objet d’un intérêt nouveau et particulier.

« Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croient en moi par leur parole ; afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi tu m’as envoyé » (17: 20-21).

 

18.7.2    Jean 17:21

Il allait y avoir, comme nous l’avons vu, une manifestation étonnante d’unité chez les apôtres. Or il s’agit ici d’une autre unité, plus vaste. Ceux qui croiraient en Lui par leur parole sont maintenant présentés au Père « afin qu’ils soient un ». Il y a place là pour des multitudes de croyants, de gens qui confesseraient Son Nom, Juifs et Grecs, barbares, Scythes, esclaves ou hommes libres (Col. 3:11) — pour ceux qui auparavant s’étaient accrochés tenacement aux formes légales, refusant ce qui en faisait le fond du fait de leur incrédulité à Son égard — pour ceux qui auparavant également avaient été presque autant obstinés en s’attachant aux rêveries du paganisme et à son immoralité grossière, dans l’ignorance complète du seul vrai Dieu connu vraiment par Celui qu’Il avait envoyé. L’Évangile allait se répandre en tout pays et toute langue, comme le Saint Esprit en rendit témoignage au jour de la Pentecôte ; et ce fut d’autant plus frappant en ce jour-là qu’il n’y avait jusqu’alors que des Juifs, soit qu’ils viennent des pays des nations, soit de la Palestine. Le miracle ne fut pas, en effet, quelque chose de dépourvu de signification et relativement facile, comme s’il s’était agi de faire comprendre les œuvres merveilleuses de Dieu exprimées en hébreu à tous les fils d’Israël, de Palestine ou de l’étranger ; c’était l’inverse : chaque personne entendit les disciples parler dans sa langue maternelle. Dieu avait autrefois frappé l’orgueil des hommes et les avait divisés en tant de langages différents. La grâce s’élevait maintenant au-dessus du jugement, sans les ramener à une seule langue avec les mêmes mots, mais en allant au-devant de chacun là, où ils subissaient l’effet de cette confusion et de cette dispersion.

Mais ce ne fut pas tout ; la puissance du Saint Esprit baptisa tous les croyants en un seul corps, l’Église. Toutefois l’unité ici en Jean 17, bien que produite par le même Esprit chez ceux qui composaient ce corps, n’est pas ce qui saisit l’apôtre Paul au commencement. De nature spirituelle, l’unité ici se déploie dans ce que le monde peut voir et apprécier dans une mesure. Ce n’est pas exactement « un comme nous », c’est-à-dire comme le Père et le Fils, ce que le v. 11 affirme au sujet des disciples. Comme le Père et le Fils n’ont qu’une pensée et une affection, un dessein et une voie, ainsi ce genre d’unité était désiré pour les apôtres dans leur œuvre et dans leur vie ; et ce fut merveilleusement réalisé en eux comme nous l’avons déjà noté. Ici l’ensemble des saints sont en vue, ceux qui allaient croire par leur parole ; et ce qui faisait l’objet de la requête était que « tous soient un » « comme toi, Père, en Moi, et Moi en Toi, afin qu’eux aussi soient un en nous » — non pas « comme nous », mais « en nous » dans le Père et le Fils. C’est une communion en vertu du Père donné à connaître dans le Fils, et du Fils l’objet de l’amour et des délices du Père, dans lesquels nous sommes introduits par le Saint Esprit. Avec le Père, nous partageons le Fils ; avec le Fils nous partageons le Père. Les saints allaient maintenant être introduits pour la première fois dans cette bénédiction, et d’une manière telle qu’ils soient un, comme le Père dans le Fils, et le Fils dans le Père, de sorte qu’ils soient aussi un dans le Père et le Fils.

Ceci devait être un témoignage au monde, non pas seulement de la prédication, mais cette unité effective si étrangère à la terre, si inouïe parmi les hommes, l’unité effective dans la joie de la grâce divine qui attire l’une vers l’autre des âmes si diverses, — qui attire par la puissance d’objets, d’affections et de motifs divins ceux qui avaient été autrefois entièrement indifférents ou violemment opposés, haïssant et haïs. Quel appel pour le monde à croire que le Père a envoyé le Fils ! C’est pour cela et cela seulement qu’Il L’envoya, mais cela en donna la justification tout à fait suffisante, quand le Saint Esprit envoyé du ciel donna l’énergie de la vérité dans des cœurs purifiés par la foi. Car comme la chair tend à disperser par l’affirmation de sa propre volonté, ainsi l’Esprit opère pour unir dans le Père et le Fils ; et quand le monde voit les fruits d’une puissance si pleine de grâce et si sainte dans l’unité effective d’hommes par ailleurs étrangers les uns aux autres, et étrangers de manière si aiguë et implacable sous l’effet de leurs diverses religions, — quelle démonstration que le Père a envoyé le Fils ! Car ici au moins il n’y a eu ni puissance de l’épée, ni flatterie des convoitises, ni motivation par les richesses et les honneurs mondains, ni acceptation du péché et de la justice humaine, ni orgueil tiré de la philosophie, de l’étalage religieux ou du ritualisme. Personne ne peut nier que ce qui a été construit sur le fondement des Apôtres et prophètes a été exposé constamment et sans résistance au mépris et à la violence du monde. L’amour qui se sacrifie a régné, la grâce aussi a régné, et on peut dire par la justice (Rom. 5:21) dans le dévouement au nom de Jésus, et dans une séparation céleste vers Celui qu’ils attendaient ouvertement des cieux. Alors, qu’est-ce qui expliquait un changement si étonnant d’avec tout ce qui a caractérisé auparavant l’humanité, à la fois chez les Gentils et même en Israël, même au temps de leur état le plus florissant ? Qu’est-ce qui en a été l’attestation sinon que le Père avait envoyé le Fils ? Combien de grâce et de vérité, de rédemption parfaite et éternelle, de relation intime et céleste tout cela implique !

Car si le Père a envoyé le Fils, ce ne pouvait être que pour des buts impossibles à atteindre autrement, et dignes du vrai Dieu se révélant en grâce souveraine, et en amour intime autant que dans la lumière qui manifeste tout. Et il n’y avait que le Fils pour donner à connaître la vérité, pour communiquer la nature divine, la vie éternelle capable de recevoir la lumière et d’en jouir, et de marcher en elle par l’Esprit de Dieu. Une œuvre incomparablement solennelle, et pourtant bénie, devait être accomplie à la gloire de Dieu et pour le besoin profond de l’homme et pour son salut éternel : le péché devait être porté en jugement, la propitiation faite pour nos péchés devait être si complète que Dieu fût juste en justifiant le croyant (Rom. 3:26) et que les croyants devinssent justice de Dieu en Christ (2 Cor. 5:21). Ainsi lavés, sanctifiés, justifiés, ayant la conscience d’être enfants de Dieu, et le Saint Esprit leur étant donné, ils trouvent d’autres dans la communion de la même bénédiction. Ils sont tous un, comme le Père dans le Fils et le Fils dans le Père, et ils sont tirés des préjugés les plus forts pour être amenés dans une communauté de bénédictions goûtées, dans une unité effective dans le Père et le Fils. Qu’est-ce qui pouvait rendre au monde un plus puissant témoignage que le Père a envoyé le Fils ?

 

18.7.3    Jean 17:22-23

Il y a encore une autre unité du plus profond intérêt que notre Seigneur étend ensuite devant le Père : non pas l’unité des disciples ou Apostolique, qui a été si merveilleusement maintenue — ni l’unité de témoignage en grâce qui allait embrasser tous les chrétiens, et qui après un déploiement brillant au commencement a depuis longtemps été douloureusement brisée — mais l’unité en gloire où tout est stable et selon Dieu en perfection.

« Et la gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu’ils soient un, comme nous, nous sommes un ; moi en eux, et toi en moi ; afin qu’ils soient rendus parfaits [JND : consommés] en un, et que le monde connaisse que toi tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (17:22-23).

Ceci est complètement distinct de ce que nous avons déjà vu, quoique tout soit à la gloire de Christ. C’est une unité exclusivement future, bien que la gloire soit donnée à notre foi maintenant, et que la grâce nous la fait saisir et sentir et marcher en conséquence. Car tout est révélé pour agir sur nos âmes maintenant. Cette unité sera en gloire quand nous serons un comme sont le Père et le Fils. C’est pourquoi ici la défaillance n’est pas possible ici. La faiblesse de l’homme, la puissance de Satan ne peuvent plus faire tort.

La manière de cette unité est aussi à noter. Ce n’est pas la réciprocité décrite au v. 21 afin que nous soyons un dans le Père et le Fils, comme le Père dans le Fils et le Fils dans le Père. Telle est l’admirable manière dont le Sauveur a disposé ce à quoi nous sommes appelés maintenant par l’Esprit, afin que le monde croie que le Père a envoyé le Fils. Mais bientôt, quand la gloire sera révélée, et tandis que les saints seront un comme le Père et le Fils sont un, il y aura ce nouveau caractère, à savoir Christ le Fils en eux et le Père en Lui. Ceci concorde exactement avec Apocalypse 21 comme le caractère de l’unité qui précède concordait avec 1 Jean 1:3.

Car comme la sainte cité, nouvelle Jérusalem, est l’épouse, la femme de l’Agneau, le symbole de nous-mêmes quand nous seront glorifiés en ce jour-là, ainsi il nous est montré que la cité a « la gloire de Dieu », et l’Agneau pour sa lampe, tandis que les nations marchent à sa lumière (Apoc. 21:11, 23, 24). Ainsi les bénis sur la terre jouiront de la gloire céleste, non pas directement comme ceux qui seront glorifiés en haut et qui auront le Seigneur Dieu le Tout-Puissant et l’Agneau comme leur temple, et n’auront besoin d’aucun autre, tandis que ceux qui seront sur la terre n’auront la gloire que par intermédiaire. Pourtant combien la preuve que le Père a envoyé le Fils sera devant eux de manière constante et impressionnante ! Sans cela, comment pourrait-il se faire qu’un tel temple saint dans le Seigneur ait eu de la croissance (Éph. 2:21) ? Et qu’est-ce qui pourrait valablement expliquer que des hommes soient ainsi à la fois appelés hors de la terre et glorifiés en haut ? La grâce souveraine leur a donné cette portion céleste comme le fruit de Sa mission qui a glorifié Dieu sur la terre quoi qu’il Lui en coûtât à Lui. Et maintenant ils partagent Sa gloire en haut, et sont ainsi manifestés devant le monde émerveillé.

La grâce qui apporte le salut est apparue à tous les hommes (Tite 2:11) et a fait l’œuvre appropriée qui lui était assignée en rachetant et purifiant ces hommes pour Dieu comme peuple de Sa possession, et ensuite cette grâce-là cèdera sa place à l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ (Tite 2:13) ; or ceci aura lieu par l’église régnant dessus la terre, en tout cas comme le moyen ordinaire et normal de sa manifestation durant le royaume. Tandis que nous voyons par la foi le Père dans le Fils pour la vie éternelle, eux dans ce jour-là les contempleront et apprendront à Les connaître dans l’Église, le vase glorieux de la lumière de Christ en qui brille la gloire de Dieu (2 Cor. 4:6). Car alors la fausse gloire de l’homme sera jugée pour toujours, et elle ne sera plus jamais là pour égarer les cœurs ; et Satan ne retrouvera plus jamais sa mauvaise place éminente dans les lieux célestes par laquelle il a réussi efficacement à défigurer la représentation de Dieu, à s’opposer à Christ, à accuser les saints et à tromper le monde. Ce sera dès lors la gloire de Dieu qui sera établie devant tous les yeux, de sorte que les hommes la « connaîtront » dans et par les saints glorifiés, au lieu d’être les objets de leur témoignage afin qu’ils « croient ». Car la terre sera pleine de la gloire de l’Éternel (Nomb. 14:21), et pleine de la connaissance de l’Éternel (És. 11:9) et pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel (Habak. 2:14), comme les eaux couvrent la mer. Christ sera auparavant venu pour être glorifié dans Ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru (2 Thes. 1:10).

 

18.7.4    Jean 17:23

C’est pourquoi nous entendons parler la première fois d’être rendus parfaits [JND : être consommés] en un. L’unité Apostolique dont il a été parlé en premier (17:11), l’unité en conseil et en action selon le modèle du Père et du Fils, était à la fois bénie et de toute importance pour la place que les apôtres avaient à tenir et l’œuvre qu’ils avaient à faire dans le témoignage de Christ. Cependant cette unité était relativement partielle, et forcément à petite échelle. Beaucoup plus large était la seconde unité de communion dans le Père et le Fils manifestée dans l’ensemble de l’assemblée de la Pentecôte, quand des milliers d’âmes ont marché ensemble au-dessus des  influences égoïstes, et qu’une grande grâce étant sur eux tous, et que d’entre les autres, personne n’osait se joindre à eux, mais le peuple les louait hautement ; et des croyants d’autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une multitude tant d’hommes que de femmes » (Actes 5:13-14). Mais ceci n’était que transitoire. La troisième unité sera parfaite en gloire, et ainsi à la fois permanente et complète.

L’effet sera immense et immédiat ; il serait en effet inconcevable qu’il en soit autrement. Le monde contemplera avec stupéfaction l’Église en gloire et la gloire de Dieu dans l’Église, ou (comme le Seigneur le dit), le Père en Lui et Lui en eux glorifiés. C’est l’unité parfaite à la fois en relation avec sa source et dans la manifestation de la gloire divine. Quelle démonstration que le Père a envoyé le Fils et a aimé les saints comme Il L’a aimé ! Car comment le Fils pourrait-Il être là comme l’Homme glorifié sans au préalable avoir été envoyé ici-bas en amour ? et comment pourrions-nous être manifestés ensemble avec Lui en gloire, sans être aimés du même amour ? Il ne sera plus question alors de « croire », mais seulement de faits indéniables à constater. Le monde alors « connaîtra ». Aujourd’hui nous ne pouvons connaître que ce qui est révélé à notre foi dans la Parole ; mais en ce jour-là il y aura un déploiement de la gloire divine.

 

18.8                      Jean 17:24-26

La dernière section des paroles de notre Seigneur est tout à fait distincte dans son caractère, et encore plus intime, comme cela ressort de l’usage de l’expression « Je veux » (ou « je désire »), pour la première et seule fois dans toute cette prière.

« Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, bien que le monde ne t’ait pas connu, mais moi je t’ai connu ; et ceux-ci ont connu que toi tu m’as envoyé. Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (17:24-26).

 

18.8.1    Jean 17:24

En premier lieu, le Seigneur exprime au Père le désir que ceux qu’Il Lui a donnés soient avec Lui là où Il est. Il est en esprit en haut devant le Père, et voudrait avoir les Siens avec Lui là. Il ne s’agit pas de manifestation en gloire devant le monde, même si c’était en étroite association avec Lui ; il s’agit d’être avec Lui là où aucun étranger ne peut le voir ni les voir (je dis bien « voir » et non pas simplement se mêler dans la joie avec Lui ou avec eux) dans la scène cachée que l’amour divin aura formée pour sa profonde satisfaction. C’est là que le Père a le Fils, après qu’Il L’ait glorifié dans toutes les difficultés possibles, et les souffrances suscitées non seulement par l’opposition et la malice de la créature, mais par le jugement divin de Dieu sur ce mal — jugement dont les conséquences durent être portées impitoyablement par Celui qui voulait à la fois justifier Dieu et délivrer entièrement les coupables, selon ce qui convenait au dessein de grâce de Dieu. C’est ce que Jésus a fait dans une obéissance absolue, et en devenant Lui-même un homme, dans une grâce sans mesure quoi qu’il en coûte ; Il a fait ceci dans une souffrance infinie à la louange de Son Père, qui a acquis une gloire nouvelle et éternelle et a pu dès lors agir à la fois librement et justement selon Sa nature et Son amour.

Et comme nous avons vu au commencement du chapitre le Seigneur allant monter au ciel sur la base non de Son droit personnel seulement, mais de Son œuvre, Il exprime maintenant Son désir que les Siens aussi, les disciples que le Père Lui a donnés, soient avec Lui en haut « afin qu’ils voient Ma gloire ». D’un côté ce n’est pas ce qui est personnel d’éternité en éternité, qui dépasse la créature, ce que nul, je présume, ne connaît réellement dans le Fils ni ne peut connaître, sinon le Père dont il n’est pas dit qu’Il Le révèle (Matt. 11:27) — d’un autre côté, ce n’est pas non plus la gloire donnée au précieux Seigneur qui doit être manifestée au monde en ce jour-là, cette gloire dans laquelle nous serons manifestés avec Lui (Col. 3:4). Ici c’est une gloire qui Lui est propre, à Lui en haut, et pourtant elle Lui est donnée par le Père et nous sommes dans Sa parfaite faveur pour la contempler : une gloire bien plus élevée que n’importe quelle gloire partagée avec nous, — une gloire que le Seigneur (comptant sur des affections sans égoïsme formées divinement en nous) attend que nous apprécions d’autant plus qu’elle a ce caractère, étant davantage bénis en Le contemplant que si la moindre partie nous en était conférée. C’est une joie pour nous seuls, entièrement en dehors du monde et au-dessus du monde, et donnée parce que le Père L’a aimé avant la fondation du monde. Personne hormis l’Éternel ne pourrait être glorifié ainsi, mais c’est la gloire secrète que personne, hormis les Siens, n’est admis à contempler (réponse bénie à l’opprobre et à la honte), et qui n’est pas la gloire publique dans laquelle tout œil Le verra. Rien moins que cela ne peut contenter Sa volonté à notre égard. Combien nos cœurs peuvent, déjà maintenant et en vérité, dire qu’Il est digne !

 

18.8.2    Jean 17:25

Le Seigneur trace ensuite nettement la ligne départageant le monde d’avec les Siens, le critère n’étant par le rejet de Lui-même, mais l’ignorance de Son Père. C’est pourquoi il est question ici de jugement dans ce qui en résulte, même si la grâce peut retarder le jugement et faire monter des supplications ; c’est pourquoi il dit « Père juste », et non pas « Père saint » comme au v. 11 où Il Lui demandait de les garder en Son Nom, comme Lui-même l’avait fait pendant qu’Il était avec eux (17:12). Il ne fait pas ressortir ici l’iniquité du monde, ni sa haine meurtrière contre Lui-même ou contre Ses disciples, ni non plus contre la grâce et contre la vérité révélées dans l’Évangile ; Il ne fait pas non plus ressortir les corruptions de la chrétienté et de l’église (mises à nu devant Ses yeux qui voient tout, nous en sommes sûrs), — mais Il fait ressortir que d’un côté le monde n’a pas connu le Père, et que d’un autre côté le Fils L’a connu, tandis que les disciples ont connu que le Père a envoyé le Fils : paroles simples et brèves, mais combien solennelles dans leur caractère et leurs résultats !

Jamais il n’y eut un témoin de quoi que ce soit ou de qui que ce soit, qui soit aussi qualifié que Christ à l’égard du Père. Cependant le monde ne L’a pas connu, ni n’a reçu Son témoignage ne serait-ce qu’un instant, mais il s’est dressé de plus en plus contre ce témoignage jusqu’à ce que tout s’achève à la croix. Dès lors Il est caché dans le ciel, et ceux qui croient en Lui sont célestes. Une fausse prétention à cet égard, c’est du sel qui a perdu sa saveur. Et tous ceux qui sont vrais sont les premiers à reconnaître que le pivot central pour eux est la connaissance que le Fils a du Père, et la connaissance qu’ils ont de ce que le Père a envoyé le Fils. Il ne s’agit pas du tout d’eux, mais du Père ; et le Père est seulement connu dans le Fils qu’Il a envoyé ; et ceci est la vie éternelle, soit que nous l’ayons maintenant en Christ, soit que nous en jouissions sans mélange quand nous verrons Sa gloire en haut. Inversement, l’ignorance du Père implique le rejet coupable du Fils, qui mène à la perdition éternelle du monde, et non pas simplement à un jugement passager.

 

18.8.3    Jean 17:26

Or finalement, là où Christ est connu comme l’envoyé du Père, la bénédiction la plus profonde et les privilèges les plus excellents sont donnés déjà maintenant ; il n’y a pas simplement ce qui attend les saints à la venue de Christ. « Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (17:26). Si jamais il y eut quelqu’un capable d’estimer quelqu’un d’autre, ce fut le Fils par rapport au Père ; et il a été également parfaitement qualifié pour nous faire connaître Son nom, c’est-à-dire l’expression de ce qu’Il est. Il l’a fait sur la terre envers les disciples ; Il a voulu le faire pareillement du ciel où Il allait ; et ceci afin de pouvoir leur donner, et nous donner, la conscience du même amour du Père que celui qui a toujours reposé sur Lui ici-bas. Puis, comme si c’était pour retrancher l’hésitation naturelle des disciples, Il ajoute l’assurance bénie de ce que Lui-même sera en eux, leur vie. Car ils pouvaient comprendre que, s’ils vivaient de Sa vie, et pouvaient être en quelque manière comme Lui devant le Père, le Père pourrait les aimer comme Lui. C’est juste ce qu’Il donne et assure en s’identifiant à eux, ou plutôt comme Il l’exprime : « et Moi en eux ». Christ est tout et en tous.

 

19                  Chapitre 18

Le Seigneur avait achevé Ses paroles adressées à Ses disciples et à Son Père. Il avait eu devant Lui Son œuvre sur la terre, maintenant sur le point de s’achever, ainsi que Son départ pour en haut, et conditionnée par ces deux points, la prochaine mission du Saint Esprit qui allait demeurer avec les Siens à part du monde. Le rejet du Sauveur, qui a été en vue tout au long de cet évangile, allait maintenant atteindre son point culminant à la croix ; mais son ombre sombre, loin d’obscurcir, ne servait qu’à faire jaillir plus nettement la vraie Lumière. Il est homme, mais une Personne divine, le Fils partout où Il va.

 

19.1                      Jean 18:1-11

Voir Matt. 26:36, 47-56 ; Marc 14:32, 43-52 ; Luc 22:39, 47-53.

« Ayant dit ces choses, Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent du Cédron, où était un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. Et Judas aussi, qui le livrait, connaissait le lieu ; car Jésus s’y était souvent assemblé avec ses disciples. Judas donc, ayant pris la compagnie [de soldats], et des huissiers, de la part des principaux sacrificateurs et des pharisiens, vient là, avec des lanternes et des flambeaux et des armes. Jésus donc, sachant toutes les choses qui devaient lui arriver, s’avança et leur dit : Qui cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Jésus le Nazaréen. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas aussi qui le livrait était là avec eux. Quand donc il leur dit : C’est moi, ils reculèrent, et tombèrent par terre. Il leur demanda donc de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus le Nazaréen. Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci, — afin que fût accomplie la parole qu’il avait dite : De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun. Simon Pierre donc, ayant une épée, la tira et frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui coupa l’oreille droite ; et le nom de l’esclave était Malchus. Jésus donc dit à Pierre : Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ?» (18:1-11).

 

19.2                      Jean 18:11

19.2.1    Sens de Gethsémané

C’était le même verger ou jardin qui, dans les autres évangiles est appelé Gethsémané. Ce mot est formé à partir de deux mots hébreux signifiant « un pressoir » et « huile », mais il n’y a aucune base réelle pour dire, comme certains le font selon le style des pères de l’église et médiéval, qu’il y a là par excellence un accomplissement de ces paroles sombres : « J’ai été seul à fouler le pressoir », comme Ésaïe 63:3 le prédit, et comme le nom l’indique. Car le foulage de la cuve aura lieu quand le Seigneur viendra juger, non pas souffrir, selon que cela est établit clairement par le texte qui se rapporte à ce foulage (Apoc. 14:20). En effet, aucun lecteur, sauf à être perverti par la tradition théologique, ne peut se méprendre ni sur le prophète ancien (Ésaïe), ni sur le plus récent (Jean dans l’Apoc.). Ce qui est décrit dans ces prophéties n’est pas de l’agonie, mais de la vengeance, — non pas la sueur sanglante avec de grands cris et des larmes (Héb. 5:7), mais le Seigneur foulant aux pieds les peuples dans Sa colère, et répandant leur sang sur Ses vêtements.

 

19.2.2    Omission de la souffrance du Seigneur à Gethsémané

Mais un lecteur intelligent et réfléchi remarque l’absence frappante de cette scène surprenante où ceux même qui aimaient le Seigneur — oui, Pierre, Jacques et Jean — ne purent veiller une heure avec Lui. Car Son âme était saisie de tristesse jusqu’à la mort, et bien qu’Il leur eût demandé de demeurer là et de veiller, tandis qu’Il s’en allait un peu plus avant pour prier, Il les trouva endormis de tristesse, et même à plusieurs reprises. Il est notoire que certains copistes n’ont pas inclus dans leurs exemplaires de Luc les versets qui rapportent l’apparition d’un ange du ciel pour Le fortifier, et l’intensité du combat telle que Sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant sur la terre (Luc 22:43-44), comme si le Seigneur eût été abaissé par une telle expression de réelle humanité et de chagrin indicible, — au lieu de voir combien il s’agit de faits caractéristiques de cet évangéliste, et de l’adoration de Celui qui pouvait aimer et souffrir au point où cela est dépeint. Pourtant, de tous les quatre écrivains des évangiles, Jean était le seul à être proche du Seigneur (plus que Matthieu), et il est le seul à ne pas du tout décrire ce combat : la raison n’en est pas que ce ne fût pas infiniment précieux pour son esprit, ni que les autres l’avaient déjà rapporté, mais ce qu’il donnait, comme les trois autres évangélistes, était donné par inspiration, et ce n’était nullement une question de jugement ou de sentiment humains. Jean rapporte, autant que Matthieu, Marc et Luc, le miracle des cinq pains d’orge, et il le fait parce que, pour l’œuvre qui lui avait été donnée à faire, c’était aussi essentiel que pour les autres évangélistes dans leur œuvre. Pour la même raison Jean, conduit par le Saint Esprit, ne donne pas l’angoisse du combat dans le jardin : elle ne tombait pas dans sa sphère d’attribution. Il la connaissait, bien sûr, et dans son esprit profondément méditatif, il avait dû souvent s’y arrêter au-delà même de tous les autres ; et pourtant il garde le silence sur ce sujet.

 

19.3                      Jean 18:2-3

Qu’est-ce qui peut davantage témoigner de la sagesse et de la puissance dominantes de l’Esprit qui inspirait ? Oui, cela est attesté de toute part et dans tous les détails, dans l’un autant que dans l’autre ; et cela est presque aussi évident, si nous n’étions pas aussi engourdis à écouter, vis-à-vis de ce qui est omis, que vis-à-vis de ce qui est inséré par la grâce infinie. Voyez ce que notre évangéliste rapporte ensuite. Il place devant nous le spectacle effroyable de Judas se prévalant de sa connaissance intime des habitudes du Sauveur et des lieux qu’Il fréquentait, pour guider ceux qui souhaitaient Le prendre et Le tuer. Judas guide la compagnie de soldats et des huissiers envoyés par Ses ennemis vers l’endroit de la prière nocturne ; ils ont des lanternes, des flambeaux et des armes pour s’assurer de leur proie, bien que la pleine lune brillât et qu’Il n’eût jamais porté un coup pour se défendre. Mais en réalité Judas ne Le connaissait pas plus que ne Le connaissaient ses compagnons. Combien il est terrible de voir une âme aussi aveuglée, à la fois vis-à-vis de la méchanceté meurtrière en action, que vis-à-vis de la gloire et de l’amour du Sauveur ! Bien sûr Satan était entré en lui quand on le voit se tenir avec eux pour Le trahir !

 

19.4                      Jean 18:4-6

Jésus, sachant toutes les choses qui devaient Lui arriver, s’avance et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Et eux ayant répondu « Jésus le Nazaréen » (*), Le Seigneur confesse que c’est Lui, ce qui les fait reculer et tomber par terre. Quelle preuve manifeste de Sa gloire divine intrinsèque ! Un homme envoyé et venu en amour, et qui est pourtant le vrai Dieu, voilà le témoignage spécifique et constant de Jean, la véritable clé pour ce qu’il ne dit pas, autant que pour ce qu’il dit. Pourtant, il n’y a aucun effort, mais la simplicité la plus attirante jointe à ce profond et divin courant de fond. Toute la trahison de Judas, toute la haine et l’inimitié des Juifs, et toute la puissance de Rome, n’auraient pas pu saisir le Seigneur si le moment n’était pas venu pour qu’Il se livre (7:30 ; 8:20). Son heure était maintenant venue. Il aurait pu détruire le groupe qui cherchait à Le saisir, aussi facilement qu’Il les fit tomber par terre devant Son nom, et comme bientôt, en vertu de Son nom, tout genou des êtres célestes et terrestres et infernaux se ploiera, et toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2:10-11).

 

(*) Il semble désirable de noter que le terme « Nazaréen » aux v. 5, 7, et en Jean 19:19, is Ναζωραίος. Il en est de même en Matthieu 2:23 et 26:71 et Marc 10:47 et Luc 18:37 (bien qu’il y ait un doute pour ces deux dernières références) et en Actes 2:22 et 3:6 et 4:10 et 6:14 et 9:5 (bien que les meilleurs l’omettent) et Actes 22:8 et 24:5 et 26:9. C’est le nom de honte et de mépris. — Ναζαρηνός (Nazarénien), comme έκ Ναζαρέτ (provenant de Nazareth) est un habitant de Nazareth, que ce soit un sujet d’opprobre ou non ; on le trouve en Marc 1:24 et 14:67 et 16:6 et Luc 4:34. Notre Seigneur est caractérisé comme τόν άπο Ν « celui de Nazareth » en Jean 1:45-46 et Actes 10:38.

 

19.5                      Jean 18:7-9

Et quand Il leur demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous ? » et qu’ils Lui dirent « Jésus le Nazaréen », la grâce brilla, non pas la puissance : la grâce maintenant, comme la puissance auparavant, exprimaient le vrai Dieu qui se manifestait maintenant sur la terre dans Sa propre Personne. « Si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci, — afin que fût accomplie la parole qu’il avait dite : De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun » (18:8-9). Comme l’arche dans le Jourdain, Il voulait aller seul dans les eaux de la mort, et que les Siens passent à sec. Il se donne librement pour eux. Le grand salut, qui est infaillible, inclut toutes les délivrances intermédiaires et de moindre portée, lesquelles conviennent et contribuent à la gloire de Dieu entre temps. Et il est béni de retracer, jusqu’à la source même de la puissance en grâce en Christ, toutes les miséricordes transitoires dont nous faisons l’expérience et où Ses mains nous protègent de la malice de l’ennemi. Il se met Lui-même en avant pour tout subir. Les Siens s’en vont libres ; Sa parole est accomplie de toute manière. Ceux que le Père donne, le Fils n’en perd aucun. Quel réconfort et quelle assurance devant un monde hostile !

 

19.6                      Jean 18:10-11

Mais même Ses serviteurs les plus honorés faillissent, et sont aptes à faillir davantage là où ils se portent en avant par du zèle naturel et par leur propre sagesse, trop confiants en eux-mêmes pour prendre garde à Ses voies et tenir compte de Sa parole et ainsi apprendre de Lui. Ainsi Simon Pierre manifeste alors sa hâte, en désaccord total avec la grâce de Christ ; car, ayant une épée, il la tira, et frappa Malchus, le serviteur du souverain sacrificateur, le mutilant de son oreille droite. Si Pierre avait veillé et prié au lieu de dormir, il aurait pu en être autrement ; quand nous manquons de prier, nous entrons en tentation.

Luc seul, fidèle au témoignage qu’il rend à la grâce de Dieu, nous dit la réponse du Seigneur : « Laissez faire jusqu’ici », et Il guérit l’homme blessé en touchant son oreille. Matthieu seul, en harmonie avec le Messie rejeté pourtant vrai roi d’Israël, donne le reproche qui avertissait Son serviteur de ce que c’est, pour des saints, de résister charnellement. Marc mentionne le fait, sans plus. Jean, en accord heureux avec le propos de Dieu dans son domaine, présente le Seigneur dans l’obéissance indéfectible à Son Père, comme précédemment en puissance et grâce divines. Rien de plus calme que Sa façon de corriger l’énergie de Pierre, rien de plus net que Sa soumission à la volonté du Père, quel qu’en soit le coût. « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? »

C’est le même Jésus en Jean que dans Luc et dans les autres évangiles, pourtant quelle différence ! Digne partout, jamais un mot ou un pas indigne du Saint de Dieu, mais ici par-dessus tout le Fils avec une dignité parfaite et en même temps une soumission entière de cœur dans la souffrance comme dans l’œuvre. Pouvons-nous imaginer ce qu’était pour Lui de boire [la coupe] maintenant en endurant Sa volonté, comme ce qu’était auparavant Sa viande en faisant cette volonté ? Certainement l’épreuve intérieure, pour ne rien dire de toute la souffrance extérieure, était bien plus profonde ; pourtant Son cœur se courbait devant tout, quand se courber dans l’obéissance était la perfection infinie. Comme le Père qui est vivant L’a envoyé, et qu’Il a vécu à cause du Père (6:57), de même Il laisse Sa vie afin de la reprendre (10:17) ; mais s’Il dit : « J’ai le pouvoir [l’autorité] de la laisser, et j’ai le pouvoir [l’autorité] de la reprendre », Il ajoute : « J’ai reçu ce commandement de mon Père » (10:18). Jamais il n’y eut un conflit aussi profond et saint que celui que le second Homme a connu dans le jardin ; mais rien n’en transparaît dans Jean. Ici c’est toute la puissance et la grâce et le calme du Fils n’ayant d’autre motif que la volonté du Père. Il n’y eut jamais quelque chose d’approchant à ce point le fait de glorifier Dieu le Père.

Le croyant notera la prestance de notre Seigneur dans toutes ces scènes finales, Son humilité et Sa dignité, Son infinie supériorité sur tous ceux qui L’entouraient, amis ou ennemis, Son entière soumission et en même temps Sa puissance intacte. Il est un homme, l’Envoyé mais tout du long le Fils de Dieu. C’est Lui qui abrite et met Ses disciples en sécurité ; c’est Lui qui S’offre librement. Le traître et la compagnie [de soldats], les flambeaux et les armes, auraient tous échoué, s’il ne S’était pas plu à laisser les Siens L’abandonner. C’était en effet pour cela qu’Il était entré dans le monde, et Son heure était maintenant venue. Mais c’était de Son propre fait, et en accord avec la volonté de Son Père, quelles que fussent la méchanceté de l’homme et les ruses malveillantes de Satan. C’est aussi sûrement la puissance de Son nom qui renversa la foule armée de ceux qui voulaient le prendre, que Sa grâce seule qui explique Sa soumission ensuite à leur volonté.

 

19.7                      Jean 18:12-27

Matthieu 26:57-75 ; Marc 14:53-72 ; Luc 22:54-71.

« La compagnie [de soldats] donc, et le commandant (chiliarque), et les huissiers des Juifs, se saisirent de Jésus et le lièrent, et l’amenèrent premièrement à Anne ; car il était beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là. Or Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs le conseil, qu’il était avantageux qu’un seul homme pérît pour le peuple. Or Simon Pierre suivait Jésus, et l’autre (*) disciple [aussi] ; et ce disciple-là était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans le palais du souverain sacrificateur ; mais Pierre se tenait dehors à la porte. L’autre disciple donc, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit, et parla à la portière, et fit entrer Pierre. La servante qui était portière dit donc à Pierre : Et toi, n’es-tu pas toi aussi des disciples de cet homme ? Lui dit : Je n’en suis point. Or les esclaves et les huissiers, ayant allumé un feu de charbon, se tenaient là, car il faisait froid, et ils se chauffaient ; et Pierre était avec eux, se tenant là et se chauffant. Le souverain sacrificateur donc interrogea Jésus touchant ses disciples et touchant sa doctrine. Jésus lui répondit : Moi, j’ai ouvertement parlé au monde ; j’ai toujours enseigné en synagogue, et dans le temple où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge sur ce que je leur ai dit ceux qui m’ont entendu ; voilà, ils savent, eux, ce que moi j’ai dit. Or comme il disait ces choses, un des huissiers qui se tenait là donna un soufflet à Jésus, disant : Réponds-tu ainsi au souverain sacrificateur ? Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? Anne donc l’avait envoyé lié à Caïphe, le souverain sacrificateur. Et Simon Pierre se tenait là, et se chauffait ; ils lui dirent donc : Et toi, n’es-tu pas de ses disciples ? Il le nia, et dit : Je n’en suis point. L’un d’entre les esclaves du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu, moi, dans le jardin avec lui ? Pierre donc nia encore ; et aussitôt le coq chanta » (18:12-27).

 

(*) L’article est omis par certains des meilleurs manuscrits [aleph, A, B, et aussi Tischendorf, Westcott et Hort, Weiss] — note de l’éditeur E.E. Whitfield.

 

19.7.1    Jean 18:12-14

Notre évangéliste note le fait que la compagnie conduisit notre Seigneur, non seulement à Caïphe le souverain sacrificateur, mais avant cela à Anne, son beau-père, qui l’avait précédé dans cette fonction, mais à qui Caïphe succéda avant sa mort. Toutes choses se déroulaient hors du cours « normal », et cela est surtout évident dans les dernières scènes du Sauveur. Et l’évangile rappelle donc ce qui avait déjà été rapporté en Jean 11, où la plus haute fonction religieuse se mélangeait à l’opportunisme le plus vil, et l’Esprit prophétique opérait dans le méchant souverain sacrificateur, comme autrefois dans le prophète de Pethor [Balaam] dépourvu de principes. En règle générale, le Saint Esprit fait agir de saints hommes pour la volonté et la gloire de Dieu ; mais exceptionnellement, il peut utiliser, et il a utilisé effectivement pour cette gloire, ceux que Satan employait pour la contrecarrer autant que possible. Rien n’est plus frappant dans le cas de Caïphe que la manière dont son sentiment sans cœur est transformé par la grâce en l’expression d’une grande vérité qui échappait totalement à son entendement.

 

19.7.2    Jean 18:15-17

Encore une fois nous voyons Simon Pierre suivre le Seigneur, mais pas par l’Esprit ; l’autre disciple y était aussi, mais ce n’était pas non plus à son honneur, et encore moins à celui du Seigneur. Car il trouve accès au palais du souverain sacrificateur du fait qu’il connaissait la portière, et en aucune façon comme disciple de Jésus. Combien il dut bientôt être affligé de l’influence bienveillante qu’il avait exercée pour arriver à faire entrer Pierre, qui sans cela aurait été obligé de rester dehors ! Il ne pensait guère que ses quelques mots adressés à la portière fourniraient l’occasion de la chute terrible et répétée de son bien-aimé condisciple ! Mais toutes les paroles du Seigneur devaient être accomplies. Il semblerait que la servante qui gardait la porte n’était pas ignorante de ce que Jean était un disciple, car elle dit à Pierre : « Et toi, n’es-tu pas toi aussi des disciples de cet homme ? » Or la question éprouvante ne fut pas posée à Jean, mais à Pierre ; et Pierre, si hardi dans le jardin, tremble maintenant complètement devant cette femme. Voilà l’homme, bien qu’il soit un saint : Qu’est-ce que l’homme pour qu’on fasse cas de lui ? (Job 7:17). Aux yeux de Christ, l’énergie charnelle n’est pas meilleure que la faiblesse charnelle, qui non seulement mentit, mais renia son Maître en niant sa relation de disciple avec Lui. Or il s’agissait du Pierre chaleureux, fervent et courageux ! Oui, mais c’était Pierre mis à l’épreuve de l’ombre de la croix qui approchait. La mort est une épreuve écrasante pour le disciple, tant qu’il ne sait pas ce que c’est que d’être mort avec Christ au péché et à la loi, crucifié au monde qui L’a crucifié, et capable donc de se glorifier dans la croix (Gal. 6:14). Il n’en était pas encore ainsi avec Pierre, c’est pourquoi il tomba ; nous ne pouvons dire davantage sur Jean et les autres, sinon qu’ils ne furent pas éprouvés de cette manière. Auraient-ils mieux résisté à l’épreuve ? certainement pas, si l’on croit ce que Dieu dit d’eux et de l’homme en général.

 

19.7.3    Jean 18:18-23

Le souverain sacrificateur poursuit son investigation : Pierre renouvelle son péché. Et ce n’est pas étonnant. Car il dormait quand il aurait dû veiller et prier, et il s’était aventuré sur la scène de la tentation au lieu de tenir compte des avertissements du Seigneur. « Or les esclaves et les huissiers, ayant allumé un feu de charbon, se tenaient là, car il faisait froid, et ils se chauffaient ; et Pierre était avec eux, se tenant là et se chauffant » (18:18). Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs ; et confesser Jésus devant des amis est très différent de Le confesser devant des ennemis sanguinaires. Pierre doit apprendre par une expérience douloureuse ce qu’il ne pouvait réaliser à partir des paroles de Christ, étant trop peu spirituel pour le faire. Il est béni d’apprendre notre néant, et même pire, quand on est dans la présence de Celui qui empêche de tomber ; mais si on ne l’apprend pas là, on doit l’apprendre par soi-même dans l’humiliation amère de ce que nous sommes quand nous L’oublions, et cela est vrai de tous les saints, surtout des serviteurs. Puissions-nous demeurer en Lui, et que Ses paroles demeurent en nous, et qu’ainsi nous demandions ce que nous voulons, et ce sera fait pour nous (15:7) ! Pierre n’aurait pas failli ainsi devant les hommes, s’il n’avait pas failli au préalable avec son Maître. Sans doute, c’est par la puissance de Dieu que nous sommes gardés, mais c’est par la foi (1 Pierre 1:5).

« Le souverain sacrificateur donc interrogea Jésus touchant ses disciples et touchant sa doctrine » (18:19). Il désirait avoir des motifs contre le Seigneur. Était-ce là une procédure de justice minutieuse ordinaire ? — on ne va pas demander la grâce alors qu’elle aurait dû caractériser un sacrificateur ! Car ce n’était pas pour se protéger que le Seigneur signale Son témoignage public et constant. D’autres, contrairement à Lui, peuvent cultiver des groupes de pression privés et des instructions secrètes, sans parler de conseils plus noirs incitant à des actes qui fuient toute lumière du jour. « Jésus lui répondit : Moi, j’ai ouvertement parlé au monde ; j’ai toujours enseigné en synagogue (*), et dans le temple où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge sur ce que je leur ai dit ceux qui m’ont entendu ; voilà, ils savent, eux, ce que moi j’ai dit » (18:20-21). C’était irréfutablement vrai et juste. La seule réponse fut une insulte brutale d’un subalterne juif qui n’avait pas d’autre moyen pour soutenir le souverain sacrificateur (18:22). Mais le Seigneur répondait aux subalternes comme à ceux de rang élevé, avec une dignité infiniment au-dessus d’eux tous : « Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (18:23).

 

(*) « en synagogue » sans l’article, car il y en avait beaucoup. « Dans le temple » avec l’article, car il n’y en avait qu’un.

 

19.7.4    Jean 18:24-27

Voilà pour le Seigneur avec le souverain sacrificateur : quel douloureux contraste avec le disciple en train de se chauffer avec les esclaves ! Plusieurs l’assaillent avec la question cruciale : « Et toi, n’es-tu pas de ses disciples ? » (18:25). De nouveau la crainte de l’homme prévaut, et celui qui croyait vraiment en Lui ne le confesse pas, mais le renie, disant : « Je n’en suis point ». Mais ce n’était pas tout. Car « l’un d’entre les esclaves du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu, moi, dans le jardin avec lui ? Pierre donc nia encore ; et aussitôt le coq chanta » (18:26-27). Oh ! combien la crainte de l’homme tend un piège ! (Prov. 29:25). Quelle puissance d’aveuglement a l’ennemi pour arriver à entraîner un saint dans du mensonge direct et outrecuidant, à la honte de Celui qui était sa vie et son salut ! Mais de quoi le cœur n’est-il pas capable quand le Seigneur n’est pas devant lui, mais plutôt la peur ou la convoitise ou tout ce par quoi Satan séduit ? Cependant, Dieu prit soin que la crainte de l’homme qui Le déshonorait couvrît le disciple coupable par du remords et du mépris et une profonde humiliation au moyen de ce témoin oculaire qui put le flétrir devant tous en dévoilant ses mensonges réitérés reniant son Maître.

On remarquera que, dans cet évangile, nous n’avons ni le Seigneur priant par avance pour Pierre, ni l’assurance de sa restauration, ni le Seigneur se tournant et regardant Pierre après son dernier reniement, ni Pierre se souvenant de la parole du Seigneur et sortant et pleurant amèrement. Tous ces détails sont donnés de manière explicite dans le seul évangile dont le caractère leur correspond et est soutenu par eux (voir Luc 22:31-32, 61-62). Ici tout tourne, non pas sur la découverte de ce que sont le cœur de l’homme et la grâce du Seigneur, mais sur la Personne de Christ comme l’objet central et unique, — non pas tellement sur Sa Personne en tant que second Homme méprisé par l’homme, ni sur l’énergie d’amour agissant envers un disciple en dépit de son extrême défaillance, — mais plutôt en tant que Fils de Dieu glorifiant le Père au milieu d’une ruine complète et universelle, avec des amis ou des ennemis.

 

19.8                      Jean 18:28-40

Matthieu 27:2, 11-30 ; Marc 15:1-19 ; Luc 23:1-25.

Le Seigneur a comparu devant l’autorité religieuse. Il doit maintenant passer devant le pouvoir civil. C’était partout un simulacre ; voilà ce qui devait être manifesté à l’encontre de la Personne de Celui qui, un jour, retranchera celui qui calomnie en secret son prochain, et ne supportera pas l’homme qui a les yeux hautains et le cœur orgueilleux, pas plus que le menteur et le trompeur, et qui détruira dès le début tous les méchants de la terre, et en particulier de la ville de l’Éternel (Ps. 101:5-7). Sa gloire, ils ne la connaissaient pas, ni par conséquent Sa grâce ; pourtant ils n’auraient pas dû être aveugles quant à Ses voies saintes et justes ; mais l’homme, religieux ou profane, comblait la coupe de son iniquité, d’autant plus que Dieu agit avec une grande patience.

« Ils mènent donc Jésus de chez Caïphe au prétoire (or c’était le matin) ; et eux-mêmes, ils n’entrèrent pas au prétoire, afin qu’ils ne fussent pas souillés ; mais qu’ils pussent manger la Pâque. Pilate donc sortit vers eux, et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? Ils répondirent et lui dirent : Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’eussions pas livré. Pilate donc leur dit : Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre loi. Les Juifs donc lui dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir personne ; afin que fût accomplie la parole que Jésus avait dite, indiquant de quelle mort il devait mourir. Pilate donc entra encore dans le prétoire, et appela Jésus, et lui dit : Toi, tu es le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Dis-tu ceci de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? Pilate répondit : Suis-je Juif, moi ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs (ύπηρέται) auraient combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici. Pilate donc lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis que moi je suis roi. Moi, je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix. Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Et ayant dit cela, il sortit encore vers les Juifs ; et il leur dit : Moi, je ne trouve aucun crime en lui ; mais vous avez une coutume, que je vous relâche quelqu’un à la Pâque ; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? Ils s’écrièrent donc tous encore, disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand » (18:28-40).

 

19.8.1    Jean 18:28-31

L’activité d’une volonté hostile caractérisait les Juifs, et leur zèle était aussi grand que leur souci du protocole et leur manque de conscience. Tard dans la nuit et tôt le matin, ils étaient à l’œuvre, d’un souverain sacrificateur à l’autre, pour peser sur le gouverneur romain. Résolus à faire couler le sang du Messie, ils avaient des scrupules à entrer dans le prétoire ; ils ne voulaient pas se souiller, car ils voulaient manger la Pâque et ne l’avaient pas encore fait (18:28). Ils étaient loin de penser qu’ils étaient en train de préparer la mort du vrai agneau pascal, et d’accomplir ainsi, par une incrédulité coupable, la voix de la loi à leur propre destruction, quel que soit par ailleurs le propos de Dieu dans Sa mort. Le païen endurci semble d’abord correct et juste comparé à la nation élue : nous allons voir comment Satan a trouvé finalement le moyen d’exciter son injustice et de le décider, comme eux, au mal irrémédiable en rejetant Christ. Pilate sentait que le cas n’était pas sérieux à son avis, et il demande une accusation tangible (18:29). Ils esquivent cette demande en la qualifiant d’affront, que ce soit réel ou affecté, comme s’il était impossible qu’ils soient injustes (18:30). Le gouverneur aurait été heureux de rejeter la responsabilité sur les Juifs, qui laissent paraître leur conclusion décidée d’avance : Jésus doit mourir ; et comme légalement la mort ne pouvait pas être dans leurs mains, il faut qu’elle soit aux mains d’hommes sans loi. Il doit mourir de la mort de la croix.

 

19.8.2    Jean 18:32

Ainsi la parole de Jésus qui indiquait de quelle mort Il devait mourir, devait être accomplie (18:32). Comparez 3:15 et 8:28 et 12:32-33 (pour Pierre, 21:18-19), et aussi Matthieu 16:21 et 17:12,22-23. Étienne a été lapidé par les Juifs dans une explosion de fureur religieuse, Jacques a été mis à mort par l’épée d’Hérode, mais le Fils de l’homme devait être condamné par les chefs des sacrificateurs et les scribes du côté juif, et être crucifié par les Gentils. « Car en effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites » (Actes 4:27-28). L’homme doit prouver universellement sa culpabilité au dernier degré, et la parole divine doit être accomplie à la lettre, Dieu Lui-même (on peut dire dans la Personne de Son Fils) étant chassé de Sa propre terre dans la honte ; tout ceci, et davantage encore, était impliqué dans l’acte délibéré et fatal. Pourtant, c’était la gloire morale la plus profonde. Maintenant le Fils de l’homme était glorifié, et Dieu était glorifié en Lui (13:31). L’obéissance jusqu’à la mort, le dévouement absolu, la souffrance au-delà de toute mesure à la fois pour la justice et pour le péché, se rencontraient d’un côté ; et de l’autre la vérité, la justice, la grâce et la majesté de Dieu, ne furent pas seulement défendues, mais glorifiées. Là aussi la puissance de Satan et ses prétentions ont été pour toujours annulées, et une base parfaite et éternelle à la gloire de Dieu a été posée pour la bénédiction de l’homme et de la création en général. Voilà les fruits de la mort du Christ à la croix. Combien l’aveuglement des instruments de cette mort a été profond ! Combien l’intelligence a été obscurcie même chez ceux qui en sont d’habitude pourvus ! Combien le Père et le Fils ont été, en amour et en sainteté, des objets de bénédiction, achevant tout en dépit de tout !

 

19.8.3    Jean 18:33-34

À nouveau, le Romain (dont le bon sens caractéristique voyait bien l’envie et la malice des Juifs, et repoussait toute inquiétude quant à l’honneur ou à la sécurité de César) entra dans le prétoire, et appela le Seigneur, et dit : « Toi, tu es le roi des Juifs ? » Lui, qui était resté muet devant le souverain sacrificateur jusqu’à l’adjuration par le Dieu vivant, répondit à Pilate par une question : « Dis-tu ceci de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? » (18:33-34). Ce fut le tournant. Si le gouverneur avait été mal à l’aise vis-à-vis des droits et des intérêts de César, le Seigneur aurait pu lui faire voir Son attitude constante comme dans Jean 6:15, et Son enseignement invariable comme dans Luc 20:25, pour prouver parfaitement le contraire, et réassurer pleinement Pilate. Mais si la question avait son origine chez les Juifs, comme c’était le cas (Luc 23:2), le Seigneur n’avait rien à dire d’autre que la vérité face à l’incrédulité et à la contradiction d’Israël, et Il n’avait rien d’autre à faire que de témoigner par la « bonne confession » devant Ponce Pilate (1 Tim. 6:13 [JND traduit « belle confession »]), et c’est ce qu’Il a fait en toute simplicité.

 

19.8.4    Jean 18:35

La réponse du gouverneur faisait comprendre ce qui était déjà certain, à savoir que le vrai Fils de David était rejeté par les Juifs définitivement infidèles à la seule espérance divine de la nation. « Suis-je Juif, moi ? » dit Pilate, « Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? » Il n’avait rien fait à l’encontre d’aucune loi quelconque : chacune de ses paroles, chacune de ses voies témoignaient de Dieu. Il parlait, Il était la vérité, qui non seulement faisait ressortir ce qu’était l’homme, mais qui présentait le Père, et les deux étaient intolérables. Ils ne voulaient rien de Lui, non pas faute d’avoir donné toutes les preuves possibles d’être le Messie, mais parce qu’Il les mettait en présence de Dieu et de leurs péchés, et il n’y avait pas moyen d’échapper à ce témoignage, sinon en Le rejetant Lui. D’où la toute importance du contenu de la question. Le peuple et les prêtres refusaient pareillement leur propre Messie, et Il s’inclinait devant ce rejet. Des choses plus profondes étaient en train de s’accomplir entre-temps ; et la gloire infinie de Sa Personne, déjà confessée par les disciples, ainsi que Son œuvre de rédemption éternelle, étaient sur le point d’être proclamées dans l’évangile et de supplanter les espérances juives. Car le rassemblement en un des enfants de Dieu dispersés devait remplacer la nation désavouée, jusqu’à ce qu’à la fin de ce siècle ils disent : Béni soit Celui qui vient au nom de l’Éternel (Luc 13:35). Alors Jésus, si longtemps rejeté, les appellera de nouveau comme étant Siens, une fois de plus et pour toujours, et Il les bénira immuablement, et fera d’eux une bénédiction pour toutes les familles de la terre.

 

19.8.5    Jean 18:36

Ensuite « Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici » (18:36). Quand les Juifs se repentiront, et que le Seigneur reviendra en puissance et en gloire, non seulement Il sera révélé du ciel en flammes de feu, exerçant la vengeance (2 Thes. 1:8), mais Jérusalem sera une pierre pesante pour tous les peuples (Zach. 12:3), et Il bandera pour Lui Juda comme son arc, et remplira cet arc avec Éphraïm (Zach. 9:13). Mais nous avons ici le christianisme, introduit avant ce jour-là avec Son royaume qui n’est pas de ce monde, ni d’ici, mais d’en haut, où tout exhale Christ rejeté mais glorifié, et tout est selon la connaissance révélée du Père, — les Juifs comme tels étant dehors et des ennemis manifestes.

 

19.8.6    Jean 18:37

Le gouverneur, tout en étant satisfait de ce qu’il n’y avait rien à craindre politiquement, ne pouvait que considérer une telle revendication comme incompréhensible. « Tu es donc roi ? » Cela, le Seigneur ne pouvait le nier. C’était la vérité, et Il la confessa, quoi qu’il Lui en coûtât. Mais l’ayant fait, il met en avant ce qui s’applique maintenant. « Tu le dis que moi je suis roi. Moi, je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité » (18:37). La loi avait été donnée par Moïse, et Jésus était le roi des Juifs, né pour l’être. Mais Il était conscient d’une autre gloire, plus élevée, liée à Sa Personne en tant que Fils de Dieu : la grâce et la vérité vinrent par Jésus-Christ (1:17). « Quiconque est de la vérité, écoute ma voix » (18:37). Quel témoignage solennel et résolu ! Les Juifs étaient zélés pour la loi, non pas parce qu’elle était de Dieu, mais parce que c’était la leur ; les Romains cherchaient ce monde et sa puissance. Tous les deux étaient aveugles vis-à-vis de ce qui est éternel et invisible. Jésus était la vérité, aussi bien que le témoin fidèle et véritable à l’égard de la vérité.

Pour certains lecteurs il peut être utile de remarquer que « Roi de Son Église » est une idée, certes favorite de la théologie puritaine, mais à la fois dépourvue de fondement et opposée à tout le témoignage de l’Écriture. Même le « Roi des saints » d’Apoc. 15:3 selon le Texte Reçu doit être abandonné par tous ceux qui connaissent la meilleure leçon. On doit lire « Roi des nations », même si « Roi des siècles » a une excellente autorité. Mais qu’on prenne l’un ou l’autre, il est certain que « Roi des saints » n’a presque aucun support, car cette expression est autant étrangère à l’Écriture qu’à la pensée de Christ dans l’Écriture. « Rois des nations » semble clairement tiré de Jérémie 10:7, ou tout au moins en plein accord avec ce passage. Christ est le roi d’Israël en Sion ; comme Fils de l’homme, tous les peuples et nations et langues Le serviront ; et comme l’Éternel, Il sera roi sur toute la terre. Mais comme tête (ou : chef), il est écrit qu’Il est ainsi donné « à l’Assemblée », Son corps, « et sur toutes choses » (Éph. 1:22) — jamais « sur l’Église », comme des hommes l’ont dit, ayant mal compris Ses relations telles qu’elles sont révélées.

 

19.8.7    Jean 18:37c-40

Il ajoute, et cela est étrange aux oreilles d’homme, spécialement à des oreilles de Romains : « Quiconque est de la vérité, écoute ma voix ». Si quelqu’un ne l’écoutait pas, il n’était pas de la vérité. Comment pouvait-il en être autrement puisqu’Il était le Fils unique, et pourtant un homme sur la terre ? Pouvait-Il être venu dans un but autre que celui-ci, puisqu’Il était venu en grâce et non en jugement ? Et Pilate, après un « Qu’est-ce que la vérité ? » retourne vers les Juifs. Il n’a pas sérieusement cherché une réponse : seule une conscience éveillée le fait ; et la grâce qui produit le désir chez le pécheur, donne aussi la réponse en bien de la part de Dieu. Il n’en a pas été ainsi avec Pilate qui, après avoir dit cela, sortit de nouveau vers les Juifs, en disant: « Moi, je ne trouve aucun crime en lui » ; et suggérant comme solution à la difficulté, la libération d’un prisonnier à la fête selon la coutume, il proposa de laisser aller leur roi. Mais ceci eut pour seul résultat de faire jaillir la profondeur de leur haine, et tous crièrent : «Non pas celui-ci, mais Barabbas » (18:40). Or Barabbas était un brigand, comme l’évangéliste l’ajoute. Ainsi les Juifs choisirent le « fils du père » (car c’est ce que le nom signifie) de Satan. Combien il est évident que l’homme qui rejette Jésus est esclave de Satan !

Mais les Juifs dans leur incrédulité sont plus outrecuidants dans le mal que le sombre procurateur païen. Celui-ci, comme le reste du monde, ne connaissait rien de la « vérité » ; ils avaient d’abondantes spéculations, moins satisfaisantes les unes que les autres, sans aucune vérité certaine, et encore moins au sujet de Dieu. Les Juifs savaient davantage ; et le Seigneur les obligeait à entendre ce qu’ils ne pouvaient pas nier, mais qu’ils ne voulaient pas recevoir. C’est pourquoi, tous finirent pour le présent, dans la haine contre Lui jusqu’à la croix, et dans la préférence ouverte en faveur d’un voleur et meurtrier. Aucune chair ne se glorifie en Sa présence.

 

 

20                  Chapitre 19

La dureté de cœur et l’insulte s’ensuivirent parce que Son heure était venue. Pilate prit Jésus, le Seigneur de gloire, et Le fit fouetter ; les soldats traitèrent leur prisonnier débonnaire avec le mépris sans cœur qui leur était naturel vis-à-vis de quelqu’un qui ne résistait pas ; pourtant c’est des Juifs que venait la haine extrême et implacable.

 

20.1                      Jean 19:1-15

20.1.1    Jean 19:1-5

« Alors donc Pilate prit Jésus et Le fit fouetter. Et les soldats, ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur Sa tête, et Le vêtirent d’un vêtement de pourpre, et vinrent à Lui et dirent : Salut, roi des Juifs ! Et ils Lui donnaient des soufflets. Et Pilate sortit encore et leur dit : Voici, je vous L’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en Lui aucun crime. Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre. Et il leur dit : Voici l’homme ! » (19:1-5).

Le Romain discernait la bassesse du peuple, et l’habileté et la malice meurtrière des chefs religieux ; et il semble avoir eu recours à la tactique injuste de fouetter le Seigneur, puis de permettre, voire de prescrire aux soldats de Le tourner en dérision, comme un moyen de satisfaire les Juifs et de laisser aller Jésus. Contrairement à la vérité et à la justice, il voulait complaire à leurs sentiments contre Jésus, mais il voulait, si possible, sauver un innocent sans que cela lui nuise. Tel est l’homme en position d’autorité ici-bas — au moins quand cela concerne Christ ou ceux qui sont de Christ. C’était le lieu du jugement, mais la méchanceté était là, - le lieu de la justice, mais l’iniquité était là (Eccl. 3:16). Il n’y avait pas une seule étincelle de conscience chez le juge, pas plus que chez les accusateurs ni dans la foule maintenant tout à fait excitée. L’homme était là, trompé par Satan ; et Dieu n’était dans aucune de leurs pensées. Pilate espérait probablement que la soumission sans murmure à une moquerie et une flagellation aussi cruelles sous leurs yeux pourrait peut-être incliner la foule et ses meneurs à la compassion, tandis que l’exposition publique de la futilité des revendications royales de Jésus éveillerait naturellement leur mépris, et qu’ainsi ces deux mouvements contribueraient à accomplir son propre désir de relâcher le prisonnier, chez lequel il avouait ne voir aucune culpabilité quelle qu’elle soit. Mais, non ! Tous doivent se montrer sous leur vrai jour — les sacrificateurs et le peuple, les érudits et les ignorants, les civils et les soldats, le juge et le prisonnier. C’était leur heure et la puissance des ténèbres (Luc 22:53). Mais si l’homme et Satan étaient là, Dieu de Son côté était là, les jugeant moralement tous par Celui qu’ils jugeaient à tort.

Cependant dans cette foule aveugle et endurcie, le Romain, malgré son injustice, brille en comparaison des Juifs de tous rangs. Tandis que croissait la difficulté de délivrer l’Innocent de leur volonté déterminée à détruire, nous voyons un homme impressionné de plus en plus, et malgré lui, par la dignité inexplicable de Celui qui semblait être à sa merci. Nous lisons ailleurs, au sujet du rêve de sa femme qui le fit avertir tandis qu’il siégeait au tribunal ; mais ici c’est Sa Personne, autant par Son silence que par Ses paroles, qui augmentait le désir de Pilate de Le soustraire à Ses adversaires sans scrupules et meurtriers, toujours méprisés à ses yeux, jamais aussi abjects que maintenant.

Cependant l’effort de Pilate fut vain. Son exclamation : « Voici l’homme ! » n’a eu pour effet ni la pitié ni le mépris escomptés pour détourner la foule de son intention tragique, mais cela ne fit qu’enrager davantage la foule en train de pousser des clameurs pour réclamer la mort du Seigneur. Dans les voies de Dieu, Il ne veut pas laisser l’iniquité prospérer, encore bien moins là où Christ est en cause. Le juge inique pouvait abuser et insulter le Seigneur, dans l’espoir de satisfaire les Juifs dans une mesure, puis de les détourner d’un but qui révoltait même son esprit sévère et impitoyable comme étant un crime inutile. Mais Dieu, qui abhorrait l’iniquité horrible d’eux tous, permet à Satan de tous les piéger dans les conséquences de leur incrédulité totale, et de leur état habituellement mauvais : surdité à tous les avertissements et aveuglement au plein témoignage de la bonté morale, et de la gloire divine, et de la grâce parfaite dans la sainte Victime qui était devant eux. Comme le juge reconnaissait Son innocence, sans vouloir rien risquer en Sa faveur, ainsi tous se commettent et se condamnent pour leur propre ruine, trébuchant sur la précieuse pierre d’angle et le sûr fondement comme une pierre rejetée par les bâtisseurs (Ps. 118:22).

 

20.1.2    Jean 19:6-11

« Quand donc les principaux sacrificateurs et les huissiers Le virent, ils s’écrièrent, disant : Crucifie, crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le, vous, et Le crucifiez ; car moi, je ne trouve pas de crime en lui. Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi Il doit mourir, car Il s’est fait Fils de Dieu. Quand donc Pilate entendit cette parole, il craignit davantage, et il entra de nouveau dans le prétoire, et dit à Jésus : D’où es-tu ? Et Jésus ne lui donna pas de réponse. Pilate donc Lui dit : Ne me parles-tu pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir [autorité] de te relâcher, et que j’ai le pouvoir [autorité] de te crucifier ? Jésus répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir [autorité] contre moi, s’il ne t’était donné d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a plus de péché » (19:6-11).

Comme l’accusation contre le Seigneur d’être hostile aux puissances du monde tombait, Ses accusateurs se réfugient désormais dans le cri encore plus solennel : Il doit mourir parce qu’Il s’est fait Fils de Dieu. Pilate eut d’autant plus peur, mais n’en était pas pour autant davantage prêt à se ranger à leur dessein, bien qu’il fût un païen et eux les blasphémateurs de l’Espérance d’Israël, le Saint de Dieu ! Oui, Il va mourir, mais pas pour les mensonges que certains ont faussement jurés contre Lui, mais pour la vérité de Dieu, la vérité capitale pour l’homme, l’objet de la foi, et la seule source de vie éternelle. S’étant anéanti, Il s’est abaissé Lui-même ; mais Il était et est Fils de Dieu, de toute éternité et pour toute éternité. Que l’homme soit un pécheur mort vis-à-vis de Dieu, cela est aussi certain le fait que Jésus est Son Fils ; et la vie éternelle n’est qu’en Lui (1 Jean 5:11), mais pour que l’ait toute âme qui croit en Lui. « Celui qui croit [en moi], a la vie éternelle » (Jean 5:24). Il n’y a de salut en aucun autre que Jésus ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés (Actes 4:12). Mais ceux qui auraient le plus le devoir de L’accueillir, et de faire connaître Sa gloire au loin, c’était ceux qui ne craignaient pas de dire : « Selon notre loi il doit mourir, car il s’est fait Fils de Dieu » ! (19:7). Oh, combien la puissance de Satan était réelle, combien elle répandait de ténèbres, quand les Juifs Le blasphémaient hardiment, et que le procurateur païen « craignait » devant Lui !

La peur, cependant, n’est pas la foi ; et chez Pilate elle n’allait pas plus loin qu’une crainte vague de l’Homme mystérieux en train d’être jugé, et un sentiment très net que l’inimitié à Son encontre n’avait pas d’autre cause que leur volonté féroce. Aussi, rentrant dans son palais, il s’enquiert : « D’où es-tu ? » (19:9) et, mortifié de ne recevoir aucune réponse, il vante son pouvoir de Le relâcher aussi bien que de Le crucifier. Le Seigneur ne répondit pas à la première question qui n’avait pas de meilleur motif que la curiosité, et était en dehors de la crainte de Dieu et de Son amour ; mais le Seigneur répondit à la seconde question en termes dignes de Sa personne, pleine de grâce et de vérité. En vérité l’heure était venue où le Fils de l’homme devait être glorifié, et Dieu glorifié en Lui (13:32). Quelle était l’autorité d’un gouverneur romain, sans la volonté de Dieu pour la sanctionner ? Ses voies, Sa nature, doivent prévaloir ; Ses paroles, en vue du plus profond des propos, étaient maintenant sur le point d’être accomplies pour Sa propre gloire éternellement ; et Jésus s’inclinait absolument devant tout.

Néanmoins, l’accomplissement des conseils divins en Christ ne sanctifie pas la volonté de l’homme qui Le rejette et Le met à mort ; Dieu est juste en jugeant le mal. « C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a plus de péché » (19:11). Le Gentil était méchant, le Juif pire ; si Ponce Pilate était injuste de manière inexcusable, combien plus terrible était la position de Caïphe ou de Judas Iscariote et de tous ceux qu’ils représentaient ce jour-là ? Si Dieu envoya Son Fils dans une grâce infinie, Il n’a pas manqué de présenter des preuves adéquates de qui Il était et de ce qu’Il est, et de laisser inexcusables tous ceux qui ne Le perçoivent pas ni ne Le reçoivent : non seulement ceux qui avaient l’autorité extérieure de Dieu dans ce monde, mais encore plus ceux qui avaient Ses oracles vivants qui rendaient témoignage de Son Fils, lequel est le centre et l’objet de tous ces oracles. N’étaient-ils pas des témoins de ces œuvres et de ces paroles et de ces voies comme jamais on n’en avait vu sur la terre, ce qui aggravait d’autant plus la culpabilité de ceux qui, après une telle grâce, rejetaient Celui qui était si glorieux ?

 

20.1.3    Jean 19:12-15

« Dès lors Pilate cherchait à Le relâcher ; mais les Juifs criaient, disant : Si tu relâches celui-ci, tu n’es pas ami de César ; quiconque se fait roi, s’oppose à César. Pilate donc, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors, et s’assit sur le tribunal, dans le lieu appelé le Pavé (*), et en hébreu Gabbatha ; (or c’était la Préparation (2*) de la Pâque, c’était environ la sixième heure (3*) ;) et il dit aux Juifs : Voici votre roi ! Mais ils crièrent : Ôte, ôte ! Crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons pas d’autre roi que César » (19:12-15).

 

(*) En grec tardif τό λιθόστρωτον [le Pavé de pierre] était dit des ouvrages en damier ou en mosaïque utilisés pour les sols de bâtiments publics ou domestiques, et tout particulièrement pour le tribunal d’un Romain dans l’exécution de sa fonction. Ainsi Jules César, dans ses expéditions militaires, portait régulièrement une telle mosaïque avec lui, selon Suétone (cap. 46). Le mot Gabbatha semble provenir d’une racine hébreue, « être élevé » (voir Guéba, Guibha, Gabaon, etc.). L’un (le Pavé) se réfère au sol, l’autre (Gabbatha) à la plateforme élevée, — à moins que l’idée de Lightfoot soit bien fondée qui dérive Gabbatha d’un mot signifiant « une surface », et considère donc les mots grec et hébreu comme équivalents.

(2*) Aucun fait dans l’évangile n’a été débattu plus vivement et avec autant de divergences entre des hommes pieux et érudits que celui de παρασκευή τού πάσχα (la préparation de la Pâque) en rapport avec Jean 18:28. Ce dernier verset dispose sans doute un lecteur moderne ou Gentil à concevoir, à première vue, que le Seigneur aurait observé la Pâque et institué Son propre repas (Cène) un jour avant celui que les Juifs observaient. D’un autre côté, il n’est pas moins clair, selon les trois évangiles synoptiques, que le Seigneur participa à la Pâque avec Ses disciples à la date normale du 14 Nisan. Par conséquent, il n’a pas manqué de gens osant rejeter le récit de Jean, tandis qu’un plus grand nombre encore sont tombés dans l’erreur opposée, et ont traité les premiers évangélistes comme s’ils confondaient la Cène et la Pâque. D’autres, comme le Doyen Alford, ont abandonné la question comme étant insoluble pour nous. La vérité est que tous ces partis disputant la question commencent par l’erreur consistant à oublier le fait évident et certain que les Juifs comptent les jours d’un soir au soir suivant, et que par conséquent c’est tout à fait une erreur de croire que le Seigneur a pris la Pâque avec Ses disciples un jour et a souffert le lendemain [Neander, Meyer, Godet, Weiss, Ellicott, Westcott, Sanday]. Il en serait ainsi selon notre habitude de pensée occidentale, mais non pas selon les Juifs, nourris de la loi. Ils ont mangé le jour de notre jeudi, et Il a souffert le jour de notre vendredi, mais pour les Juifs, c’était un seul et même jour. Par conséquent, il était encore temps pour ceux des Juifs qui avaient été trop occupés avec le simulacre de procès et la condamnation de notre Seigneur de manger la Pâque, si entre-temps ils ne se rendaient pas légalement impurs. La préparation de la Pâque ne veut pas dire le 13 Nisan, mais le 14 Nisan. C’était le jour avant le sabbat pascal, qui, à cette occasion, était double, et donc d’une sainteté particulière. Ainsi Matthieu, parlant de ce sabbat, dit « qui est après la Préparation » (27:62), et Marc explique que la Préparation est l’avant sabbat, ou jour qui précède un sabbat (15:42). Cela semble décisif pour concilier les déclarations du quatrième évangile avec celles des trois autres. Le fait douloureux est l’incrédulité qui a exposé tant de personnes éminentes par leur érudition et même par leur piété, à de telles discussions hâtives et peu soigneuses de l’Écriture. S’ils avaient tenu fermement au caractère inspiré des saintes Écritures, ils auraient au moins évité l’erreur et l’irrévérence, s’ils n’étaient pas en mesure de lever la difficulté.

(3*) Il est bien connu que Nonnus dans sa paraphrase poétique de notre évangile écrit la « troisième » heure, et il n’est pas le seul à l’avoir fait, mais aussi cinq manuscrits onciaux et quatre cursives, soit dans le texte original soit sous forme de correction, pour ne pas parler d’autorités moins directes. Pourtant, le poids des témoignages en faveur de la « sixième » (έκτη) est irrésistible. Il semblerait que notre évangéliste a adopté un système de comptage des heures à partir de minuit jusqu’à midi, comme nous le faisons. Il est certains que les Romains le faisaient pour leur jour civil (voir Pline, « N.Hist. » ii.79 ; Censorinus de « Die. Nat.», XXIII ; Aul. Gell., « N. Att», iii.2 ; et Macrob., « Sat. » i.3). Cela vaut de manière excellente pour toutes les mentions d’heures dans l’évangile de Jean, outre le fait que cela cadre avec les heures (troisième, sixième et neuvième) du jour naturel d’après le soleil de l’évangile de Marc. Cela sert à expliquer le message de la femme de Pilate, qui autrement serait étrange (Matt. 27:19), dans lequel elle dit avoir beaucoup souffert « aujourd’hui à son sujet dans un songe ». Pour Procula, qui était Romaine, la journée était comptée à partir de minuit, comme les heures semblent toujours l’être dans notre évangile, mais pas dans les synoptiques.

Une citation singulière de Jérôme montre la perplexité dans les esprits, autrefois comme aujourd’hui : dans son bréviaire sur le Psaume 77, il dit qu’il est écrit dans Matthieu et dans Jean que notre Seigneur a été crucifié à la sixième heure, mais qu’inversement Marc dit qu’Il a été crucifié à la troisième heure ; que cela a été une erreur des scribes, beaucoup prenant le sigma des grecs pour un gamma, ou écrivant Ésaïe à la place d’Asaph (Hier. Opp., vii., 1046, ed. Migne). — La solution de Jérôme était donc de corriger le texte, non pas de Jean (comme Wesley écrit troisième), mais de Marc, alors que cette correction n’est supportée que par un seul manuscrit cursif du 11ème siècle, et par les versions syriaque et éthiopienne. Or la juste rétribution de ces falsifications de l’écriture est qu’elles n’atteignent pas le but recherché ; car Jean connecte sa sixième heure avec ce qui était avant (peut-être des heures auparavant) les heures indiquées par Marc, que ce soit la sixième ou la troisième. Ainsi la violence faite à l’autorité certaine de Marc ne réconcilie pas plus les affirmations que la violence similaire proposée sur Jean 19:14 ; car Marc précise le moment où notre Seigneur a été crucifié comme étant la troisième heure, alors que Jean parle du moment où Pilate s’assit sur le tribunal pour donner la sentence comme étant environ la sixième heure. Changer Jean pour mettre la troisième heure, ou changer Marc pour mettre la sixième heure (en supposant que ce soit correct malgré les plus fortes preuves en sens contraire), n’éclairerait pas la vérité, mais ne ferait que donner naissance à une nouvelle confusion [Voir Westcott et Hort, « Lectures Sélectionnées », p. 90].

 

Combien est impuissante la lutte pour faire le bien, quand on aime le monde, qu’on n’a pas jugé ses péchés, et que la grâce est inconnue ! Les Juifs pénétraient les intentions de Pilate comme lui les leurs. Qu’il est misérable de ne pas avoir Christ pour vie éternelle ! Pilate préféra l’amitié du monde au Fils de Dieu, comme les Juifs n’ont vu aucune beauté dans Celui qu’ils devraient admirer ; et les deux contribuèrent à Le crucifier. Pilate peut bien chercher à relâcher Jésus, entrer et ressortir, parler à Jésus et verser du mépris sur les Juifs. Mais le mot de la fin de l’incrédulité apostate sort de leur bouche et ferme celle de Pilate, qui ne veut pas être en retard sur les Juifs pour clamer son allégeance à César. Tout est fini maintenant. Le prince du monde vient, et bien qu’il n’ait rien en Christ, Christ meurt rejeté par l’homme, abandonné de Dieu, le Juste pour nos péchés ; il n’y eut jamais une telle haine et une telle injustice comme celles de la part du monde envers Lui ; jamais un tel amour et une telle justice comme ceux de la part de Dieu envers le monde en vertu de Lui.

La parole rejetant Christ a été prononcée. Leur allégeance à Rome était un mensonge, et leur folle culpabilité était manifeste en ce qu’ils se débarrassaient du Messie et de Dieu Lui-même, et de toute leur foi et toute leur espérance. Les Juifs avaient horreur de la sujétion à César ; ils ne reconnaissaient ni son droit ni leur propre péché, qui était l’occasion de sa suprématie. Mais ils abhorraient davantage le Messie, non pas l’idée qu’ils s’en faisaient, mais la réalité selon Dieu. Ils n’avaient aucune pensée, aucun sentiment, aucune parole, aucune voie ni aucun but en commun avec Jésus ; et cela parce qu’Il rapprochait Dieu d’eux en grâce, parce qu’Il manifestait un homme dans une dépendance et une obéissance parfaites à Dieu ; et leur volonté, avec une mauvaise conscience, rejetait tous les deux. C’est pourquoi la croix était pour eux tout à fait répugnante. « Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce Fils de l’homme ? » (12:34). Pourtant, la loi était assez claire que le Messie devait être rejeté par l’homme, en particulier par les Juifs, et mourir de cette mort de malédiction, qui serait le terrible péché de l’homme, et pourtant le sacrifice expiatoire de Dieu pour le péché. Mais la volonté, régie par Satan pour servir un objectif présent poursuivant les convoitises et les passions de l’homme, les aveuglait à l’égard de Sa parole et de leur propre méchanceté suicidaire ; c’est ainsi qu’ils allaient bientôt prouver leur caractère rebelle vis-à-vis de César, et les Romains viendraient détruire leur ville et ôter leur nation (11:48), mais au préalable, ils allaient remplir Jérusalem du spectacle de leur propre châtiment jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place libre pour planter davantage de croix, et que le bois manquât pour les faire : c’est ce que raconte Josèphe.

 

20.2                      Jean 19:16-30

20.2.1    Jean 19:16-22

Matthieu 27:31-50 ; Marc 15:20-37 ; Luc 23:26-46.

« Alors donc il Le leur livra pour être crucifié ; et ils prirent Jésus, et L’emmenèrent. Et Il sortit portant la croix, [et s’en alla] au lieu appelé [lieu] du crâne, qui est appelé en hébreu Golgotha, où ils Le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Et Pilate fit aussi un écriteau, et le plaça sur la croix ; et il y était écrit : Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs. Beaucoup des Juifs donc lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était près de la ville ; et il était écrit en hébreu, en grec, en latin. Les principaux sacrificateurs des Juifs donc dirent à Pilate : N’écris pas : Le roi des Juifs ; mais que lui a dit : Je suis le roi des Juifs. Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit » (19:16-22).

La foi seule préserve de la puissance et des ruses du diable. Pilate et les Juifs étaient totalement opposés dans leurs pensées et leurs désirs ; mais Dieu n’était dans les pensées ni de l’un ni des autres. Ils allaient chacun leur propre chemin, mais tous étaient égarés ; et maintenant ils se montraient les ennemis déclarés de la justice ainsi que de la grâce, incapables de discerner les voies, les marques et les preuves les plus nettes que Dieu était présent en amour pour l’homme, quand bien même Il était descendu extrêmement bas. La croix de Christ manifeste chacun. Pilate sous la pression de la crainte pour ses propres intérêts mondains abandonna Jésus à leur méchanceté, tout en Le sachant innocent ; et Lui, portant Sa croix, sortit vers le lieu du crâne (en grec), Golgotha en hébreu, et le « Calvaire » en latin. Là Il fut crucifié avec une indignité particulière, puisqu’Il avait un brigand de chaque côté, et qu’un brigand (Barrabas) Lui avait été préféré. Pourtant, Dieu prit soin que même là un témoignage convenable Lui fût rendu par le moyen de l’inscription sur la croix, quel qu’ait été le motif intime de Pilate ; l’homme méprisé de Nazareth était le Messie. Où en étaient les Juifs si Lui était leur roi ? Ils étaient les adversaires les plus acharnés du vrai Dieu, accomplissant aveuglément Ses terribles prophéties sur leur incrédulité et leur méchanceté, dans l’autosatisfaction d’un zèle pour Son nom et pour Sa loi. Il y avait là Son titre, lu par beaucoup, car le lieu était près de la ville, écrit dans les langues non pas seulement des officiels (latin), ni du monde poli (grec), mais aussi des Juifs (hébreu) ; et tous les efforts des souverains sacrificateurs ne firent que fixer plus solidement ce titre sur la croix, sous l’effet de l’esprit tenace et irrité et méprisant du procurateur.

Mais les gens du plus bas niveau eurent leur rôle à la croix aussi bien que ceux du plus haut rang, les hommes d’armes autant que les ministres du sanctuaire ; et chaque classe, chaque homme, manifesta là ce que chacun était, dans l’indifférence égoïste vis-à-vis de la grâce et de la gloire du Fils de Dieu, qui acceptait la souffrance d’être mis au rang des malfaiteurs.

 

20.2.2    Jean 19:23-24

« Les soldats donc, quand ils eurent crucifié Jésus, prirent Ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. [Ils prirent] aussi la tunique. Or la tunique était sans couture, tissée tout d’une pièce depuis le haut [jusqu’en bas]. Ils dirent donc entre eux : Ne la déchirons pas, mais jetons-la au sort, à qui elle sera, — afin que l’écriture fût accomplie, qui dit : « Ils ont partagé entre eux mes vêtements, et ils ont jeté le sort sur ma robe ». Les soldats donc firent ces choses » (19:23-24).

Les soldats en charge de l’exécution ne pensaient guère au-delà de leurs pauvres gratifications. Mais l’œil de Dieu était maintenant comme toujours sur Son Fils, et Il avait pris soin dans Sa parole de l’indiquer. Car dans l’un des psaumes les plus manifestement messianiques (Ps. 22:18) il avait été écrit, un millier d’années auparavant, la prédiction détaillée sur le partage des vêtements du Sauveur par les soldats, et cela d’une manière qui Lui soit applicable sans le moindre doute. Il est l’objet de l’Écriture, même si l’incrédulité ne le voit pas et se dresse contre elle, parce que Sa Personne est inconnue autant que notre besoin de la miséricorde divine à la croix. Avec quel intérêt le Saint Esprit considérait, comme nous le devrions, chaque détail de Sa souffrance et du comportement de l’homme à cette heure ! Dieu ne Le comptait pas moins digne parce qu’Il était l’objet de telles indignités. Il était de toute importance de les faire connaître à l’avance. La minutie même de ce qui est mentionné témoigne de la réalité exacte de la prophétie. Il est démontré être le Messie autant qu’Il est le Messie rejeté. Sa gloire exigeait que soient mentionnés les détails, et ces détails rendaient témoignage à la profondeur de Sa grâce dans l’humiliation, afin que Dieu et l’homme puissent être chacun pleinement manifestés, et que les paroles du psalmiste soient prouvées être Sa parole face à tous les contradicteurs.

 

20.2.3    Jean 19:25-27

Or la foi et l’amour réunissaient près du Sauveur mourant des personnes dans un état d’esprit très différent. « Or, près de la croix de Jésus, se tenaient Sa mère, et la sœur de Sa mère, Marie, [femme] de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant Sa mère, et le disciple qu’Il aimait se tenant là, dit à Sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis Il dit au disciple : Voilà ta mère. Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui » (19:25-27). Elles faisaient partie des femmes qui L’avaient suivi dans Son ministère et L’avait servi dans la vie. Elles se tenaient là, dans Son rejet, auprès de la croix, où le Seigneur montre combien peu l’ascétisme s’élève jusqu’à la vérité. Le Seigneur avait été absorbé par l’œuvre pour laquelle le Père L’avait envoyé ; aucun miel ne s’était mêlé au sacrifice, pas plus que du levain : le sel ne fut jamais absent, ni l’onction du Saint Esprit (Lév. 2:1, 11-13). Tout avait été dans la puissance de consécration de la Parole et de l’Esprit de Dieu, et à Dieu. Mais il y avait des affections humaines, même si l’œuvre entreprise en communion avec le Père avait rempli le cœur et les lèvres et les mains avec un objet plus élevé à la gloire de Dieu. Pourtant les intérêts éternels, ainsi entrepris, n’effacent pas ni ne déshonorent la nature ni les relations naturelles selon Dieu ; et le Seigneur le marque ici en recommandant de la manière la plus solennelle et la plus touchante Jean à Sa mère comme fils, et Marie à Jean comme mère : une confiance aimante qui a été honorée immédiatement. Qu’il est doux pour le disciple aimé de s’en rappeler et de le raconter ! Et quel contraste fort avec la superstition, autant qu’avec l’ascétisme, comme nous l’avons vu ! Et quel témoignage rendu en tout à Son entière supériorité vis-à-vis de circonstances accablantes !

 

20.2.4    Jean 19:28-30

« Après cela Jésus, sachant que toutes choses étaient déjà accomplies, dit, afin que l’écriture fût accomplie : J’ai soif [Ps. 69:21]. Il y avait donc là un vase plein de vinaigre. Et ils emplirent de vinaigre une éponge, et, l’ayant mise sur de l’hysope, ils la lui présentèrent à la bouche. Quand donc Jésus eut pris le vinaigre, Il dit : C’est accompli. Et ayant baissé la tête, Il remit son esprit » (19:28-30). Il ne se borne pas, par tendresse humaine, à pourvoir aux besoins de tous ceux qu’Il laissait dans ce moment suprême, mais Il pense à l’Écriture qui n’avait pas encore été accomplie dans la lettre ou dans l’esprit. Il y a sans doute l’effet physique de détresse exprimé par tout ce que l’esprit et le cœur et le corps avaient enduré jusque-là ; mais Sa dernière requête se rattache, non pas seulement à un désir personnel, mais à Son zèle impérissable pour la Parole, si jamais une seule chose manquait pour la rendre honorable. Toute parole qui sort de la bouche de Dieu doit être accomplie ; et n’avait-Il pas dit du Messie : « Ma langue est attachée à mon palais », et « dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre » ? Alors, ayant bu, le Sauveur dit : « C’est accompli », avec un calme divin et parfait ici, tandis qu’ailleurs on trouve l’expression de Sa souffrance insondable.

Ce n’est que de Jésus qu’il est dit, ou pouvait être dit, qu’Il remit (παρέδωκεν) Son esprit, ce qui est tout à fait distinct de « expira » (έξέπνευσεν) de Marc et Luc, confondu avec le premier par les traducteurs de la version autorisée anglaise. Expirer peut s’appliquer à la mort de n’importe qui, y compris le précieux Seigneur qui était homme aussi véritablement que quiconque ; remettre Son esprit, comme le dit Jean, exprime Sa gloire divine tout en étant un homme mourant, comme Celui qui avait le pouvoir de laisser Sa vie comme de la reprendre (10:18). Matthieu, en disant « rendit l’esprit » (άφήκε τό πν.), implique Qui était le Messie mourant. Et aucune parole ne peut être plus caractéristique de Luc que l’expression : « Père ! Entre tes mains je remets mon esprit », ni de Jean que la phrase : « C’est accompli ». Il était homme, bien qu’étant Dieu ; Il était Dieu bien qu’étant homme ; et tous les deux en une seule Personne.

Le lecteur remarquera combien le récit de la mort du Seigneur s’accorde parfaitement au caractère général et spécial du dessein de l’évangile de Jean, et de nul autre que lui. Ici, Jésus est le Fils conscient de qui Il est, la Personne divine qui a fait toutes choses, mais devenu chair afin de pouvoir non seulement donner la vie éternelle, mais mourir comme propitiation pour nos péchés. C’est pourquoi c’est ici seulement qu’Il dit : « C’est accompli. Et ayant baissé la tête, il remit son esprit » (19:30). Il y a des témoins, comme nous le verrons, mais ils sont de Dieu, non pas de l’homme ni de la créature, et ils découlent intimement de Sa propre Personne. Aucunes ténèbres ne sont mentionnées, aucun cri en rapport avec l’abandon de Son Dieu, aucune déchirure du voile, aucun tremblement de terre, aucune confession de centurion — rien de toutes ces choses qui se sont unies pour proclamer le Messie rejeté (Matt. 27). En Marc 15, hormis le tremblement de terre, nous avons en substance le Serviteur Fils de Dieu obéissant jusqu’à la mort. Luc 23 ajoute le témoignage rendu à Sa grâce par le moyen du brigand crucifié (Ses prémices dans le Paradis), et le témoignage du centurion rendu à « Jésus Christ le Juste », après qu’Il eut remis Son esprit entre les mains de Son Père. Il était réservé à Jean de mettre en avant la mort de Celui qui était aussi sûrement Dieu que homme (de mettre en avant Sa mort comme homme). Le Créateur, pourtant homme, élevé de la terre pouvait dire en mourant pour le péché à la gloire de Dieu : « C’est accompli ». L’œuvre, l’œuvre infinie, était faite pour l’abolition du péché par Son sacrifice. D’elle dépend non seulement la bénédiction de toute âme qui doit être justifiée par la foi, mais aussi celle des nouveaux cieux et de la nouvelle terre où la justice habitera. « C’est accompli », τετέλεσται : un seul mot ! Mais quel mot a jamais eu un contenu aussi vaste ?!

Mais aucun païen n’était plus aveugle et obstiné que l’ancien peuple de Dieu qui s’est mis en tête pour se dresser contre Jésus dans une religiosité incrédule, sans vraie crainte de Dieu, et qui, par conséquent, n’a pas vu qu’ils ne faisaient qu’accomplir Sa Parole dans leur rejet coupable du Messie de Dieu, leur Messie.

 

20.3                      Jean 19:31-37

« Les Juifs donc, afin que les corps ne demeurassent pas sur la croix en un jour de sabbat, puisque c’était la Préparation (car le jour de ce sabbat-là était grand), firent à Pilate la demande qu’on leur rompît les jambes, et qu’on les ôtât. Les soldats donc vinrent et rompirent les jambes du premier, et de l’autre qui était crucifié avec Lui. Mais étant venus à Jésus, comme ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais l’un des soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui l’a vu rend témoignage ; et son témoignage est véritable ; et lui sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez. Car ces choses sont arrivées afin que l’écriture fût accomplie : «Pas un de ses os ne sera cassé». Et encore une autre écriture dit : «Ils regarderont vers celui qu’ils ont percé» » (19:31-37).

 

20.3.1    Jean 19:31-34

Dans la loi, les psaumes et les prophètes, l’Esprit de Dieu avait Christ devant Lui, à la fois dans les souffrances qui viendraient sur Lui, et dans les gloires qui suivraient (1 Pierre 1:11). Mais la pensée de la chair, comme elle répugne aux souffrances, est disposée à les méconnaître et à se débarrasser des témoignages qui s’y rapportent, surtout si les souffrances sont le résultat et la preuve du mauvais état de l’homme, car c’est cela qui est par-dessus tout inacceptable. Ainsi les Juifs temporisaient pour voir ce qui les condamnait et les ramenait moralement à la condition de n’importe quel autre pécheur ; et rejetant les preuves les plus complètes et la présence même de Christ en grâce et en vérité divines, et enfin rejetant l’évangile, ils furent abandonnés à l’endurcissement judiciaire quand la colère vint sur eux au dernier terme (1 Thes. 2:16). Christ seul donne la clé de l’agneau pascal ; Christ est l’objet principal des Psaumes. Aucun raisonnement des sceptiques, même s’ils sont théologiens, ne peut effacer la vérité, bien qu’elle fasse ressortir leur incrédulité ; et assurément, si le cœur était rendu droit par la grâce, il désirerait que ce qui est la vérité soit vrai, au lieu d’achopper sur la parole en étant désobéissants (1 Pierre 2:8), ou en la négligeant par indifférence. C’est en vain que des Rosenmüller ou autres hésitent ou avouent leur aversion pour les types et les allusions aux types. La foi y trouve sa nourriture, sa force et sa joie ; car si la parole de Dieu est remplie de Son délice vis-à-vis de Christ se livrant pour mourir, Dieu l’a exprimé aussi sous toute sorte de formes à l’avance afin que les faits mêmes survenus à l’occasion de Sa mort expiatoire, cette grande pierre d’achoppement, rendissent le témoignage le plus irréfragable à la vérité de cette mort expiatoire et à Sa gloire, quand celles-ci seraient manifestées ici-bas dans la honte, — pour la honte de l’homme et son mépris éternel.

 

20.3.2    Jean 19:35 — L’eau et le sang coulant du côté du Seigneur

Combien il est merveilleux de voir se rencontrer à la croix l’inimitié orgueilleuse des Juifs, la main inique des Gentils, le conseil défini et la préconnaissance de Dieu (Actes 2:23), et cela dans une grâce parfaite pour les plus coupables des Juifs et des Gentils ! Car du côté percé de Christ sont sortis du sang et de l’eau (*). Jean n’était pas préoccupé par la charge que le Sauveur mourant lui avait confié en rapport avec Marie au point de ne pas remarquer ce fait. Il nous fait savoir de la manière la plus forte, que ce qu’il a vu et dont il rend témoignage n’était pas un simple fait transitoire, mais était d’un intérêt et d’une importance permanentes, étant devant nos esprits comme une chose présente. Dans sa première épître (1 Jean 5:6), il caractérise le Seigneur sous ce rapport. « C’est lui qui est venu par (διά) [l’]eau et par [le] sang, Jésus le Christ, non seulement dans (έν) [la puissance de] l’eau, mais dans [la puissance de] l’eau et du sang ; et c’est l’Esprit qui rend témoignage, car l’Esprit est la vérité ». La purification morale, bien que nécessaire et précieuse, ne suffit pas ; il doit y avoir aussi l’expiation des péchés ; et les deux se trouvent par la foi dans la mort de Christ, non pas autrement ni ailleurs. Au niveau des faits, dans l’évangile l’ordre est le sang puis l’eau ; appliqué à nous dans l’épître, c’est l’eau et le sang, et l’Esprit suit comme Quelqu’un donné personnellement. D’Adam, il ne découle rien d’autre que la mort pour l’homme ; Christ, le second Homme qui est mort pour le péché et les pécheurs, est la source à la fois de la purification et de l’expiation pour le croyant, qui a besoin des deux et est mort devant Dieu s’il n’a pas les deux. Car, bien qu’étant le Fils de Dieu avec la vie en Lui-même, Il est seul jusqu’à ce qu’il meure ; en mourant, Il porte beaucoup de fruit. Il vivifie, purifie et expie ; et le Saint Esprit, donné en conséquence de cela, nous introduit dans la valeur de Sa mort ainsi que dans la bénédiction qui en découle. Car elle est le jugement prononcé et exécuté par Dieu à la croix sur la chair, mais en notre faveur, parce que ce jugement a été exécuté en Lui qui était le sacrifice pour le péché.

 

(*) Euthymius Zigabenus (Comm. in. quat. Evv. III. 619, ed. C. F. Matthaei) écrit ceci : « Le fait était surnaturel, et enseigne clairement que Celui qui était percé était plus qu’un homme. Car d’un homme mort, si même on le perçait dix mille fois, il n’en sortirait jamais du sang ». Ce qui suit est un pauvre effort de le rattacher à Genèse 2, ou c’est même de la fausse doctrine quand il parle de deux baptêmes : l’un par le sang, le martyre ; l’autre par l’eau, la régénération, dont le flot engloutit le flot du péché. — On est toujours déçu par ces ecclésiastiques grecs et latins ! Comme les Galates (Gal. 3:3), s’ils commencent par l’Esprit, combien ils passent vite à un effort vain tendant à la perfection par la chair ! Pas un seul même des plus capables et des plus orthodoxes n’adhère simplement et entièrement à l’évangile de la grâce de Dieu, un évangile qui délivre. Pourtant beaucoup d’entre eux aimaient le Seigneur et haïssaient l’erreur connue ; mais la pleine efficacité de la rédemption était inconnue à tous, pour autant que je sache.

 

Il n’est dès lors pas étonnant que Jean ait été inspiré à enregistrer le fait, aussi merveilleux en soi que dans ses conséquences données maintenant à connaître au croyant. Le salut doit convenir au Sauveur et être digne de Lui. Si Lui est éternel, le salut est éternel ; si le jugement divin est tombé sur une telle victime, c’était afin que ceux qui croient en Lui ne viennent point en jugement, mais qu’ils aient la vie, étant pardonnés de toutes leurs fautes et étant rendus capables de participer à l’héritage des saints dans la lumière (Col. 1:12). Telle est la position déclarée de tout vrai chrétien, mais c’est en vertu de Christ, qui est tout et en tous. Les credo et systèmes théologiques affaiblissent et entravent la jouissance ; mais tout cela (et nous ne pouvons pas développer davantage ici) est clairement et nettement révélé à la foi dans les Écritures, comme c’est, en effet, dû à la gloire de Christ dans Sa Personne et dans Son œuvre.

 

20.3.3    Jean 19:36-37

D’où le soin avec lequel la parole de Dieu est citée et démontrée avoir été ponctuellement accomplie. « Car ces choses sont arrivées afin que l’écriture fût accomplie : «Pas un de ses os ne sera cassé». Et encore une autre écriture dit : «Ils regarderont vers celui qu’ils ont percé» » (*) (19:36-37 — Exode 12:46 , Zach. 12:10). Les circonstances naturelles de la crucifixion, plus particulièrement le fait qu’elle ait lieu un vendredi, et surtout un vendredi veille du sabbat de la semaine pascale, auraient requis qu’on procède à la rupture des jambes comme coup de grâce. Et, de fait, telle fut la part des deux malfaiteurs. Mais Jésus Qui, au chapitre précédent, s’était démontré être le Captif consentant, était maintenant la Victime consentante ; et ce fut rendu manifeste dans Sa manière de mourir et dans le moment où Il mourut. Car Sa mort surprit non seulement les Juifs et les soldats, mais aussi Pilate, comme nous l’apprenons ailleurs ; et cela fit qu’il fut inutile dans Son cas de lui briser les jambes. Mais cela marquait l’Agneau de Dieu mis à part, le Juste, Celui dont l’Éternel garde les os, dont pas un seul d’entre eux n’est rompu.

 

(*) Le Dr. Thomas Randolph, dans son petit ouvrage sur les Prophéties et autres textes cités dans le Nouveau Testament en comparaison avec l’original hébreu et avec la Septante (4to., Oxford, 1782), fait les remarques suivantes (p. 32) : « l’évangéliste ici lit clairement וילא (= vers Celui) au lieu de ילא (vers Moi, selon Zach. 12:10) en hébreu ; et que c’est ainsi que lisent quarante manuscrits hébreux. Et que ce soit la vraie leçon [de Zach. 12:10] apparaît dans ce qui suit : ‘et ils se lamenteront sur lui’. La version Syriaque le rend ainsi : ‘ils regarderont à Moi à travers Celui qu’ils ont percé’. Je n’arrive pas à comprendre le sens de la Septante ».

[note Bibliquest : il s’agit donc de savoir si Zach. 12:10 est à lire « Ils regarderont vers celui qu’ils auront percé » ou bien « ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont percé »]

Or, il n’y a vraiment pas de doute sérieux que la vraie leçon de Zach. 12:10 est la dernière («vers Moi»), et non pas la première («vers Celui»), et qu’ainsi les meilleurs et la plupart des manuscrits et versions sont corrects. À l’origine, ce n’était en fait qu’une correction en marge du texte, due (1) en partie au désir d’éliminer un témoignage aussi fort rendu à la déité du Seigneur Jésus ou à Son droit au nom d’Éternel (Jehovah, Yahweh), (2) en partie au désir d’aider à ce que le texte du verset coule mieux en éliminant la concurrence entre «Moi» et «Lui». Même le Targum et le Talmud, comme les plus anciens manuscrits, et toutes les anciennes versions grecques, réfutent l’idée de Randolph. La plupart des meilleurs commentateurs juifs font de même, en dépit de leur controverse avec les chrétiens et au cours de celle-ci.

De Rossi suggère que «vers lui» peut avoir été introduit par accident par un scribe ayant le Psaume 34:5-6 à l’esprit. Il aurait donc été beaucoup mieux et plus sage d’avoir adhéré à l’ancienne et bonne autorité, malgré la difficulté apparente, que d’avoir adopté ce « keri » juif [annotations et rectifications ajoutées en marge ; Keri signifie « ce qui doit être lu », par contraste avec le texte biblique lui-même, désigné par Chetib = « ce qui est écrit »] comme Newcome et Boothroyd, et d’aider ainsi un humanisant comme Ewald.

Même R. Isaac, dans son «Chizzuk Emunah» où il fait de la controverse avec ceux qu’il appelle les Narazéens [= chrétiens], admet la leçon ילא « vers moi », bien qu’il essaie d’en affaiblir la force en interprétant דשא חא comme « à cause de celui qu’ils ont percé » et en l’appliquant à la guerre de Gog et Magog. Or il est vrai que דשא חא peut vouloir dire, et parfois signifie effectivement « à cause de » (et c’est ce qu’a retenu la Septante) ; mais le sens ne peut pas être « à cause de Celui que », car ce serait laisser le verbe sans un objet contrairement à la manière idiomatique hébreue invariable. C’est pourquoi, la traduction de Radak (ou de R.D.Kimchi) est aussi un échec : « parce qu’ils ont percé », bien qu’elle soit peut-être moins critiquable du fait qu’elle n’intercale pas un objet expressément faux. Mais tous deux dévient du véritable objet ; et donc Abarbanel, Aben Ezra, Alshech, etc., condamnent [cette traduction], et ainsi confirment la Version Autorisée anglaise [et celle de W. Kelly et de J.N.Darby].

Rachi (c’est à dire R. Solomon) est une bonne preuve de la perplexité dans laquelle la phrase met la pensée juive, car de manière illogique il applique la phrase au Messie ben-Joseph dans son commentaire sur le Talmud, alors que dans son « Commentaire sur la Bible », il s’en débarrasse en l’appliquant à quelqu’un des Juifs percés et tués par les Gentils. …

En définitive, la conclusion est que l’évangéliste Jean n’a pas lu l’hébreu ordinaire de Zach. 12:10 autrement que nous le faisons, et que le Saint Esprit dans cet évangile et dans l’Apocalypse n’en fait pas une citation à proprement parler, mais en suit le texte de manière implicite, et l’a appliqué spécifiquement au fait soigneusement enregistré dans l’histoire, et doctrinalement employé dans la première épître de Jean.

 

Pourtant, le fait même de ne pas avoir rompu les jambes du Seigneur, a amené sans doute l’acte du soldat, dont la lance perça, non pas les malfaiteurs, mais seulement le corps mort du Sauveur, ignorant totalement qu’il devait en être ainsi, car Dieu l’avait dit par Son prophète. Tout était ordonné et mesuré ; même ces différences de détail avaient été révélées à l’avance ; les hommes et Satan laissaient libre cours à leur inimitié contre le Fils de Dieu. Et en face d’un tel amour et d’une telle lumière, les hommes ont combiné à la fois l’ignorance (*) et le savoir pour échapper à la vérité et s’enfoncer dans les ténèbres une fois de plus. Mais nous n’avons pas besoin ici de nous étendre sur de telles choses. C’est le même esprit qui entourait la croix : « Ton amour, si douloureusement éprouvé par l’homme, / S’est montré plus fort que la tombe ; / La lance même qui perça Ton côté / Fit jaillir le sang qui sauve ».

 

(*) Il peut être utile de mentionner un cas spécial de l’importance de connaître l’original : Zigabenus Euthyme, dans son commentaire sur le v. 37, parle de l’Écriture comme étant probablement nettoyée par les Juifs postérieurement à l’évangile. « Car nulle part on ne le trouve [le texte de l’AT correspondant à Jean 19:37] maintenant ; ou bien fait-il allusion à une autre écriture tirée des livres apocryphes ? » (vol. III, 621). — C’est un peu fort de tenir de tels propos malgré Zacharie 12:10. Comment cela s’explique-t-il ? Ce moine grec lisait le prophète dans la Septante, où la phrase correspondant au mot « percé » est misérablement fausse : « parce qu’ils (m’)ont insulté » ( !!)… . C’est pourquoi l’Esprit de Dieu ne cite la version des Septante ni dans l’évangile de Jean ni dans l’Apocalypse, mais Il y fait allusion en des termes qui représentent la phrase de manière exacte.

 

20.4                      Jean 19:38-42

Matthieu 27:57-61 ; Marc 15:42-47 ; Luc 23:50-56.

« Or, après ces choses, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, en secret toutefois par crainte des Juifs, fit à Pilate la demande d’ôter le corps de Jésus ; et Pilate le permit. Il vint donc et ôta le corps de Jésus. Et Nicodème aussi, celui qui au commencement était allé de nuit à Jésus, vint, apportant une mixtion de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linges, avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir. Or il y avait, au lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, dans lequel personne n’avait jamais été mis. Ils mirent donc Jésus là, à cause de la Préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche » (19:38-42).

Dieu utilise un moment périlleux pour faire appel à ceux qui étaient Siens en secret. Joseph d’Arimathée ne peut plus continuer à être disciple en secret. Il était un homme riche (Matthieu 27) et un conseiller honorable (Marc 15), mais la richesse et la position ne font que rendre la confession de Christ plus difficile. Jusque-là la crainte des Juifs avait prévalu. La mort de Jésus, qui poussait d’autres à la peur, enhardit Joseph. Il n’avait pas consenti, en effet, au conseil et à l’action des Juifs (Luc 23:51). Maintenant, il va à Pilate et demande le corps du Seigneur. Il n’était pas seul non plus : Nicodème, connu depuis plus longtemps, mais sans avoir une heureuse réputation de courage moral au début, avait quand même osé faire ensuite une remontrance aux pharisiens orgueilleux mais injustes (7:51) ; il se joint aux ultimes manifestations d’amour avec une riche offrande de myrrhe et d’aloès. La croix de Christ qui est un tel sujet d’achoppement pour l’incrédulité, exerce et manifeste sa foi ; et les deux, rendus braves par grâce, remplissent le manque de service des douze. Ils prennent le corps de Jésus et l’enveloppent de linges, avec des aromates, à la manière des Juifs pour préparer un ensevelissement. L’Égypte avait sa coutume d’embaumer ; les Juifs avaient aussi la leur dans une mesure, dans l’espoir de la résurrection des justes. Aucune prophétie n’est citée ici, mais qui peut oublier les paroles d’Ésaïe : « Et on lui donna son sépulcre avec les méchants [hommes], mais il a été avec le riche [homme] dans sa mort » (És. 53:9) — c’est-à-dire après avoir été mis à mort : une étrange combinaison, qui a été pourtant réalisé avec Lui ; et qui pourrait s’étonner, vu qu’Il n’avait fait aucune violence et qu’il n’y avait pas de fraude dans sa bouche ? Et maintenant nous voyons dans le jardin de Joseph, tout près de la scène fatale, un tombeau neuf, qui n’avait jamais abrité de corps. C’est ce que Dieu avait pourvu, en l’honneur du corps de Son Fils et dans une sagesse jalouse de la vérité ; c’était taillé dans le roc (comme Matthieu, Marc et Luc le disent). Là, le Seigneur fut mis en attendant l’ensevelissement plus formel une fois le sabbat passé. Les disciples anticipaient si peu ce que la gloire du Père avait à cœur, bien que le Seigneur l’eût si souvent révélé clairement, jusqu’à ce que la résurrection devînt un fait, au temps propre et prédit !

 

 

 

21                  Chapitre 20

21.1                      La croix et la résurrection : Ce que l’homme a vu et ce qu’il n’a pas vu

Comme aucun œil de créature ne vit ce qu’il y a eu de plus profond à la croix de Christ, de même ce ne fut pas à l’homme de regarder le Seigneur en train de ressusciter d’entre les morts. Il devait en être ainsi. Les ténèbres Le voilèrent quand Il Se livrait pour nous en expiation. L’homme n’a pas vu cette œuvre infinie dans Sa mort ; pourtant elle n’était pas seulement pour glorifier Dieu, mais pour que nos péchés soient portés et ôtés avec justice. Nous avons vu l’activité du monde, spécialement des Juifs, en train de Le crucifier ; haut placés ou bas dans la société, religieux et profanes, tous ont joué un rôle ; même un apôtre L’a renié, tandis qu’un autre Le trahissait auprès des sacrificateurs et des anciens meurtriers. Mais l’Éternel fit tomber sur Lui l’iniquité de nous tous ; l’Éternel Le meurtrit et L’a soumis à la souffrance ; l’Éternel livra Son âme en sacrifice pour le péché (Ésaïe 53:10) ; et comme tout cela était le côté de Dieu, ce fut invisible aux yeux humains ; et Dieu seul put rendre, par qui Il voulut, un témoignage juste de la rédemption éternelle ainsi obtenue, qui laissait l’amour divin libre d’agir, même dans un monde perdu et impie.

Il en fut de même avec la résurrection de Christ. Il fut ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père (Rom. 6:4) ; Dieu a ressuscité Jésus que les Juifs avaient mis à mort, le pendant au bois (Actes 5:30 ; 10:39). Il a laissé Sa vie afin de la reprendre (10:17), relevant en trois jours le temple de Son corps qu’ils avaient détruit (2:19-20). Mais s’il ne fut donné à personne de voir l’acte de Sa résurrection d’entre les morts, il devait en être rendu témoignage dans le monde entier, ainsi qu’à Sa mort expiatoire. « Prêchez l’évangile », dit-Il ressuscité, « à toute la création » (Marc 16:15). Assurément celui qui cache Sa résurrection mutile la bonne nouvelle de sa preuve triomphante et de son caractère triomphant, et il compromet la liberté du croyant et son introduction dans la nouvelle création, et il cache l’immense gloire du Seigneur : de même nier la résurrection, c’est taxer virtuellement le témoignage de Dieu de mensonge, et rendre la foi vaine. L’apôtre insiste là-dessus en 1 Cor. 15. Si la mort avait retenu solidement le Sauveur, tous étaient perdus ; si seul Son Esprit s’était frayé un chemin vers la présence de Dieu, y aurait-il eu même une demi-délivrance ? Sa résurrection est, en vérité, une délivrance complète, dont le Saint Esprit est pour nous le sceau.

 

21.2                      Importance de la résurrection ; le témoignage qui lui a été rendu

21.2.1    Prédication de la résurrection par les apôtres

C’est pourquoi nous trouvons que Sa résurrection est la grande vérité fondamentale de l’évangile. Être témoin de Sa résurrection était la condition principale pour être apôtre (Actes 1) ; la vérité sur laquelle Pierre insista le plus, était que Dieu avait ressuscité Jésus que les Juifs avaient crucifié (Actes 2). Ultérieurement, il insista à nouveau là-dessus au portique de Salomon (Actes 3), et une fois de plus devant le sanhédrin, et encore après (Actes 4 et 5). Il en fut pareillement dans la prédication aux Gentils (Actes 10), et par Paul encore plus que par Pierre (Actes 13). Ce témoignage irrita particulièrement les chefs sadducéens (Actes 4) ; voilà ce qui suscite le mépris et l’opposition sans relâche de l’incrédulité partout dans le monde. Et ce n’est pas étonnant, car si la résurrection est la source de joie et la base du salut assuré pour le croyant, si c’est le secret de sa marche sainte comme expression de la vie qu’il a en Christ ressuscité, et la puissance d’une espérance vivante, c’est aussi la mesure de l’état réel de l’homme comme mort dans ses péchés ; et c’est aussi la garantie présente, déterminée et permanente que le jugement est suspendu sur toute la terre habitée, car l’Homme que le monde a mis à mort, Dieu L’a ressuscité d’entre les morts pour en faire son juge désigné (Actes 17:31). La résurrection, par conséquent, est autant répugnante pour l’homme, que susceptible de n’être guère prise en compte par l’esprit charnel des chrétiens qui recherchent les choses terrestres.

 

21.2.2    La résurrection selon les différents évangélistes

Comme la résurrection est donc manifestement une vérité d’importance capitale, l’Esprit de Dieu a pris soin que le témoignage qui lui a été rendu soit aussi précis que complet. Ainsi Matthieu qui, conformément au but de son évangile, omet l’ascension, ne manque pas de donner ouvertement et très clairement la preuve de la résurrection de Christ ; de même Marc ; et Luc, avec plus de détails que ceux-là, nous montre le Seigneur ressuscité gardant tout Son intérêt d’amour envers les Siens. Il est un homme aussi réellement que jamais, avec de la chair et des os, capable de manger avec eux, mais ressuscité. Jean, comme d’habitude, présente le Fils de Dieu conscient de l’être, la Parole devenue chair, mais maintenant en résurrection. Ici les preuves sont typiquement intérieures et personnelles, là où les autres évangélistes présentent de manière appropriée ce qui était extérieur, mais non moins nécessaire.

 

21.2.3    La résurrection renverse le scepticisme

Contre le scepticisme philosophique, la résurrection se dresse comme un rempart ferme et imprenable ; car elle résiste et réfute péremptoirement le sophisme qui ignore Dieu, et réduit l’idée de causes à l’existence antérieure invariable de phénomènes qu’on observe constamment et qui se répètent en se succédant — une théorie tranquillement assumée et diligemment inculquée de manière à mettre de côté la possibilité même d’intervention divine, que ce soit en grâce ou en jugement, en miracles ou en prophétie, ou en aucune relation allant au-delà d’une nature avec un Dieu. Avec Dieu, dis-je ? En effet, si l’on poursuit ce système de manière logique, Dieu est, et doit être inconnu. Mais s’Il est inconnu, qui peut dire s’Il existe ? et finalement, tout ne se ramène-t-il pas à une simple déification de la nature ? — Or, comme cela a souvent été montré, la résurrection de Christ repose sur une preuve bien plus complète, et sur des bases meilleures et plus sûres que tout autre évènement de l’histoire ; et il en est ainsi parce qu’à l’époque elle a été passée au crible par les amis et les ennemis comme rien d’autre ne l’a jamais été, et parce que Dieu Lui-même a donné une multiplicité de témoignages, proportionnelle à son importance incalculable, — non pas seulement son importance pour nous, mais pour Sa propre gloire. Or, s’agissant d’un fait et non pas d’arguments, elle renverse d’elle-même et instantanément toute opposition à la vérité provenant de la science ou de la connaissance faussement ainsi nommée (1 Tim. 6:20) ; car ce serait le comble de l’absurde que de supposer que la mort de Jésus fut la cause de Sa résurrection. Quelle en était alors la cause ? Quel en a été l’antécédent dans la séquence ? Si quelque chose désigne la puissance de Dieu, c’est bien la résurrection autant que la création.

 

21.2.4    Rejeter la résurrection, c’est rejeter Dieu

La vérité est que l’effort pour réduire la cause et l’effet à un simple antécédent avec sa conséquence jaillit du désir de se débarrasser entièrement de Dieu ; car la cause implique réellement une volonté, un dessein, et une puissance en activité, bien qu’il nous faille distinguer entre la cause causante (cause produisant des effets) et les causes causées (causes produites comme effet d’une cause précédente). Ces causes sont dans la nature du fait de ce que Dieu a constitué, mais c’est Lui qui vit, veut et agit. C’est pourquoi la résurrection de Christ se dresse au milieu de l’histoire de ce monde pour juger toute incrédulité, cette résurrection étant considérée maintenant comme un simple fait prouvé de la manière la plus complète. On en verra plus loin les conséquences dans la mesure où notre chapitre les présente. Le Seigneur avait souvent et nettement parlé de Sa mort et de Sa résurrection durant Sa vie. Il était mort et avait été enseveli ; et ici, nous apprenons qu’aucune puissance ni aucune précaution ne prévalait contre Sa parole. La tombe avait perdu son occupant, et c’est tout ce que Marie prenait à cœur, la perte du corps mort du Seigneur. Oubli déplorable, mais oubli d’un cœur absorbé par ce trésor triste ici-bas, et voilà qu’il avait disparu !

 

21.2.5    Une conviction progressive

Ainsi même ici, par la sagesse de Dieu, la preuve a été graduelle et la croissance des apôtres eux-mêmes dans la vérité a été lente. Il a été fourni la démonstration la plus évidente que, comme la puissance en elle-même n’était que de Lui et de Lui directement, — une puissance au-dessus de tout le cours de la nature et de l’expérience humaine, — ceux qui furent ensuite ses témoins extrêmement compétents, énergiques et souffrants, ne cédèrent à la certitude de la vérité de Sa résurrection que par degrés, — des degrés qui nous font voir que personne ne fut autant surpris que les apôtres. Même les ennemis du Seigneur avaient une peur ou un malaise indéfinis qui conduisit à ce que Pilate accorde une garde militaire et un sceau sur la grande pierre, pour rendre le sépulcre sûr. Aucun disciple, pour autant que nous le sachions, ne s’attendait à Sa résurrection.

Néanmoins, Christ est ressuscité le troisième jour selon les Écritures. Sur ce point précis (ce qu’enseignait la parole de Dieu), les disciples étaient faibles ; non pas seulement Marie de Magdala qui n’était pas instruite, mais tous les disciples, comme nous le verrons, — ils étaient sans intelligence et lents de cœur à croire tout ce que les prophètes avaient dit (Luc 24:25) ; tous étaient aussi prompts à oublier les paroles claires par lesquelles le Seigneur Lui-même avait annoncé à plusieurs reprises, non seulement Sa mort, mais aussi Sa résurrection le troisième jour.

En conséquence, les premiers versets de ce chapitre ont pour objet de nous montrer comment la vérité a commencé à poindre dans les cœurs. Non seulement il n’y eut pas de collusion pour feindre la résurrection du Maître, mais on ne peut mentionner pratiquement aucun cœur où ait germé l’anticipation de l’espérance. Les ténèbres de la croix avaient enveloppé tous les cœurs ; la peur de l’homme pesait sur les hommes encore plus que sur les femmes. Même là où le fait de la résurrection aurait dû être patent, celle qui vit le fait, interpréta de travers sa portée, et elle fut encore plus affligée que jamais.

 

21.3                      Jean 20:1-18

21.3.1    Jean 20:1-2

Matthieu 28:1-10; Marc 16:1-11; Luc 24:1-12.

« Et le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit ; et elle voit la pierre ôtée du sépulcre. Elle court donc, et vient vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait (έφ.), et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis » (20:1-2).

 

21.3.1.1              Jean 20:1 — Des cœurs qui ne répondent pas en vain à l’amour du Seigneur

Marie de Magdala semble avoir été seule le premier jour ; même s’il est possible que d’autres femmes aient été avec elle ou près d’elle, comme d’autres témoignages peuvent l’impliquer (sans parler du pluriel au v.2 : «nous ne savons», qui peut avoir simplement un caractère général), il est néanmoins certain qu’elle seule a attiré l’attention de l’Esprit de Dieu. Il dépeint un cœur, d’abord attiré irrésistiblement vers une scène à la fois accablante et sacrée, — un cœur attiré par son amour pour Celui dont le corps avait été déposé dans la tombe, puis ensuite ce cœur rencontré et béni par le Seigneur quand les meilleures ressources parmi les saints ont échoué, comme on va le voir en son temps.

Avant Sa mort Marie, la sœur de Lazare, avait oint le Seigneur, Sa tête et Ses pieds, dans la plénitude de son affection qui prodigua sur Lui ce qu’elle avait de plus précieux, juste au moment où elle sentait instinctivement la menace d’un danger imminent ; et en réponse à l’indifférence sans cœur qui se transforma vite dans l’impiété la plus meurtrière, Marie entendit Son amour la justifier en donnant à son acte un sens qui allait au-delà de ses pensées. Oh ! combien cela dut satisfaire son cœur en attendant d’être avec Lui ! C’était une affection profonde et vraie que rencontra l’affection de Jésus, non pas parfaite seulement, mais divine.

Et ici aussi, ce ne fut pas en vain que Marie de Magdala fut attirée ainsi de bonne heure, alors qu’il faisait encore nuit, jusqu’au tombeau, le tombeau vide de Jésus. Elle avait été là, mais non pas seule, après la fin du sabbat, au crépuscule (non pas «l’aube», bien que le mot s’applique aux deux) au premier jour de la semaine, car c’est là le vrai sens de Matt. 28 ; comparez Marc 16 avec Matt. 28 ; comme Luc 23:54 montre qu’elles avaient été au tombeau la veille au soir, quand le vendredi s’achevait et que le sabbat approchait.

 

21.3.1.2             Jean 20:2 — Marie de Magdala s’adresse à Pierre et Jean

Il est remarquable que Marie de Magdala ait couru dire que la pierre avait été ôtée, et que ce qu’elle en déduisait quant au corps du Seigneur, elle l’ait dit non pas à Jean seulement, mais aussi à Pierre, alors que ce dernier avait notoirement et gravement déshonoré le Seigneur juste avant Sa mort. Sans doute sa repentance était-elle bien connue, au moins des saints. Pourtant, le récit rapporte qu’elle a fait appel à lui sans hésiter. Le cœur de Marie jugeait qui, parmi les disciples, aurait le plus de cœur pour répondre à la question anxieuse qui remplissait son âme. Car assurément ce n’était pas le manque d’amour qui avait exposé ce disciple ardent à renier son Maître, mais le manque de jugement de soi. Il était tombé à cause de sa confiance dans son propre amour pour Lui, jointe à une profonde ignorance de lui-même, et sans la dépendance due à Dieu, face à un monde hostile et à l’ombre de la mort devant ses yeux. Dans le chapitre suivant, le Maître manifeste à l’extrême Sa grâce envers Son serviteur, tout en mettant à nu la racine pécheresse qui l’avait poussé à une telle chute honteuse. En fait, Marie avait beaucoup plus raison quand elle comptait sur la sympathie de Pierre et Jean à l’égard de ce qui la troublait, que quand elle concluait par ignorance que les hommes avaient enlevé le corps du Seigneur au jour de la résurrection. Même l’amour le plus ardent ne peut pas se passer de la Parole pour concevoir des pensées justes au sujet de Celui qui est mort pour nous. Son idée à elle était totalement indigne de Christ ou des soins de Dieu envers Lui. Or l’incrédulité chez un saint n’est pas meilleure que chez un pécheur, et la force même de son amour pour le Seigneur ne fait que mettre d’autant plus en évidence combien la foi est nécessaire pour comprendre justement les choses divines. Lui, cependant, « donne une plus grande grâce » (Jacq. 4:6).

 

21.3.1.3             Comparaison et concordance des récits de la résurrection dans les divers évangiles

Quant aux récits de la résurrection, que personne ne croie qu’il est stérile soit de les comparer, soit d’accepter l’exactitude parfaite de chacun. Qu’on essaie de les harmoniser ou qu’on méprise une harmonie, le résultat sera totalement faux si on commence par interpréter Matthieu 28 comme se déroulant à l’aube du dimanche matin au lieu du crépuscule du soir du Sabbat, lequel était, et est pour les Juifs (surtout Matthieu qui a les Juifs en vue) le vrai début du premier jour, même si les préjugés occidentaux penchent vers le sens païen de la journée. Cette erreur fausse toute compréhension juste de ces passages, autant pour celui qui étudie que pour celui qui cherche à harmoniser. Lisons en tant que croyants.

On a prétendu qu’un événement aussi stupéfiant survenant à divers disciples et groupes de disciples issus de milieux divers et sous diverses formes, s’il est rapporté par quatre témoins indépendants, ne peut l’être que de manière « éparse et fragmentaire » comme c’est le cas présent. Certes, c’est ce qui serait arrivé si Dieu n’avait pas assuré la parfaite vérité par tous Ses témoins choisis, dans tous leurs récits. La remarque est donc de l’incrédulité pure, et tout à fait indigne d’un chrétien intelligent. — « Éparse et fragmentaire », ce n’est pas la manière de faire du Saint Esprit, qui n’emploie pas quatre hommes évangélistes comme des gens qui communiquent des preuves à un tribunal, chacun sur ce qu’il a vu et entendu. Non seulement cela est inapplicable à Marc et Luc [qui ne sont pas des témoins directs], mais cela ne cadre pas avec les faits selon Jean et Matthieu, car Il conduit chacun d’eux à omettre ce que tous les deux ont vu et entendu, et à n’insérer qu’une sélection propre à illustrer la portée et l’intention de chaque évangile particulier. Matthieu n’était-il pas un observateur rivé au Seigneur au milieu des disciples à Jérusalem le soir du jour où Il ressuscita d’entre les morts ? Jean n’était-il pas avec le reste des disciples à la montagne indiquée en Galilée ? (Jean 20 et Matt. 28:16).

 

21.3.1.4             Diversité des évangiles : Infirmité humaine ou sagesse divine ?

Il est certes vrai que dans le fond, malgré la variété d’apparence des divers récits, le grand fait central de la résurrection elle-même demeure intouché et intouchable (alors que cela pourrait arriver s’il s’agissait de récits purement humains), mais il y a plus : l’Esprit qui inspirait chacun des quatre évangiles avait dans chacun un objet ou but spécial, qui est mené à bien sans erreur, tant dans le plan général que dans les moindres détails. L’objection [soutenant des récits épars et fragmentaires] admet l’honnêteté des témoins chrétiens, mais laisse Dieu en dehors de leurs écrits : or c’est là l’essence de l’incrédulité, d’autant plus douloureuse quand l’opposant [Alford, «Prolégomènes», Sect. v.] est vraiment un croyant, mais ayant une théorie tout à fait inadéquate et dangereuse de l’inspiration. Le fait est que personne ayant l’information dont disposait chacun des évangélistes, n’aurait jamais écrit comme ils l’ont fait ; et rien n’explique leur forme particulière, sinon la volonté de Dieu de donner un témoignage en parfaite harmonie avec chaque évangile, tout en fournissant par eux un ensemble complet. Dans les commentaires qui ne voient dans les évangiles que des hommes de Dieu sans rien de plus qu’une direction de l’Esprit comme dans la prédication ordinaire ou choses équivalentes, quel fléau que cette incrédulité ! Appeler cela de l’inspiration ne fait qu’ajouter à l’illusion. Les récits des évangiles sont-ils, ou non, parole de Dieu ?

On reconnaît volontiers que la résurrection était ce dont les apôtres ont rendu témoignage par-dessus tout ; mais, comme nous l’avons vu, et on pourrait le montrer encore davantage, c’est méconnaître l’évidence que de supposer que chacun a élaboré fidèlement le récit des faits particuliers qu’il avait sous les yeux, ou qui lui étaient signalés par d’autres. C’est une hypothèse a priori, misérable et trompeuse. La diversité des évangélistes ne provient pas de l’infirmité humaine, mais de la sagesse divine.

 

Tournons-nous pour quelques instants vers l’effet de la tombe vide sur ceux qui s’en sont rendu compte en premier. Certainement on ne peut pas parler d’intelligence spirituelle chez Marie de Magdala ; mais elle s’accrochait avec une profonde affection à la Personne du Seigneur ; Lui ne le méconnaissait pas. Elle a été la première, comme nous le verrons, à se réjouir en Lui, et Lui l’honore. Pourtant, combien sa conclusion hâtive à propos du tombeau vide est peu digne de Christ ! « On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis » (20:2). Elle ne peut penser à Lui que sous l’emprise de la mort. Elle juge par la vue de ses yeux, et dans sa pensée l’homme a jusque-là la haute main. L’assurance qu’Il avait donné de Sa résurrection n’avait laissé aucune trace, comme sur du sable mou. Qui peut se glorifier dans l’homme pareillement accablé devant la puissance encore inaperçue, mais glorieuse de Dieu, qui L’avait déjà ressuscité d’entre les morts ? Néanmoins, son cœur à elle Lui était fidèle, et elle le montre, ne serait-ce que par sa nouvelle visite à une telle scène alors qu’il faisait encore nuit, et par son extrême agitation quand elle voit la pierre ôtée, et le corps disparu de la tombe. Que peut-elle faire, si ce n’est courir apprendre la nouvelle aux cœurs animés des mêmes sentiments ?

 

21.3.2    Jean 20:3-10

« Pierre donc sortit, et l’autre disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre. Et ils couraient les deux ensemble ; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ; et s’étant baissé, il voit les linges à terre ; cependant il n’entra pas. Simon Pierre donc, qui le suivait, arrive ; et il entra dans le sépulcre ; et il voit les linges à terre, et le suaire qui avait été sur sa tête, lequel n’était pas avec les linges, mais plié en un lieu à part. Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit [είδεν], et crut ; car ils ne connaissaient pas encore l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts. Les disciples s’en retournèrent donc chez eux » (20:3-10).

 

21.3.2.1             Jean 20:3-7

Ce ne fut pas seulement Jean qui sortit après la nouvelle apportée par Marie. L’amour, réveillé par des paroles qui leur semblaient étranges, poussa Pierre à courir avec Jean, avec un désir aussi fort, même si c’était moins vite. Il avait sommeillé, quand il aurait dû veiller et prier ; et une fois la crise arrivée, il avait renié son Maître de manière d’autant plus grave qu’il avait été averti solennellement. Mais il n’était pas un Judas, tant s’en fallait. Il aimait le Seigneur qui savait qu’il L’aimait ; et donc, malgré son péché profond et honteux, son cœur était ému par la nouvelle si inexplicable (pour lui) de la disparition du corps de la tombe. Alors les deux disciples (qui avaient été souvent vus ensemble, mais pour d’autres raisons) firent tout pour arriver à la tombe en premier. Aucun espoir se rapprochant, même de loin, de ce qui était effectivement arrivé, n’avait encore traversé leur esprit ; pourtant ils étaient aussi loin que possible d’être indifférents à la moindre circonstance, même concernant simplement Son corps. Qu’il ne fût plus là où il avait été déposé, surtout avec toutes les précautions prises contre les dangers imaginables, c’était suffisant pour les remuer tous deux profondément ; et ils arrivent sur la scène sans délai, Jean devançant Pierre. Et comme il était arrivé le premier au tombeau, il se baissa et vit les linges comme ils avaient été déposés (*) ; mais il n’entra pas. Pierre, bien que moins agile, alla plus loin une fois arrivé, car il entra dans le tombeau, et inspecta les linges tels qu’ils étaient, et le suaire qui était sur Sa tête, n’était pas avec eux, mais plié dans un lieu à part.

 

(*) Le lecteur attentif notera l’insistance particulière sur l’emplacement et la disposition des linges tel que Jean les vit, comparé à ce que Pierre a vu, le suaire pour la tête étant placé dans un endroit à part et plié. Je rejette la pensée irrévérencieuse de Wetstein que Jean se retint d’entrer par crainte d’être souillé (Nombres 19:16), et que cela aurait ensuite empêché Jean d’entrer (v. 8), aussi bien que Pierre. C’est l’ardeur de Pierre, plus brûlant que jamais à cause du sentiment de sa faute récente, qui le poussa non seulement à jeter un coup d’œil, mais à entrer et à tout contrôler de près.

 

21.3.2.2             Jean 20:6, 7, 10

Luc le raconte aussi (Luc 24:12), mais avec moins de détails que Jean. Jean décrit non seulement le double examen de sa part, mais il ajoute le regard [θεωρεί] attentif de Pierre observant la particularité du suaire plié à part. C’était une preuve claire laissant présumer que le corps n’avait été enlevé ni par des ennemis ni par des amis ! Car pourquoi les uns ou les autres auraient-ils laissé après leur passage les linges qui L’enveloppaient ? Qui d’autre que quelqu’un se réveillant du sommeil disposerait ce qui Le revêtait de cette façon calme et ordonnée ? Ce devait être ce qu’Il a fait quand Il ressuscita d’entre les morts : Il a mis de côté ce qui ne convenait pas à Son nouvel état, et qui était désormais inutile. On voit le contraste fort entre la façon dont Lazare apparut lorsqu’il fut ressuscité par le Seigneur : cela indique un caractère différent de leur résurrection. Par ailleurs, il n’y a pas eu de conviction profonde chez Pierre ; car il rentra chez lui (c’est le vrai sens), se demandant ce qui s’était passé. L’étonnement n’est en aucune façon l’expression de l’intelligence que la foi donne ; il implique plutôt un manque d’intelligence marqué. Il semble bien étonnant que des hommes tels que Bengel et Stier aient suivi Érasme et Grotius dans l’idée que Jean n’a pas dépassé l’idée de Marie du v. 2.

 

21.3.2.3             Jean 20:8 — La foi et les conclusions humaines

« Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et crut » (20:8). C’était la foi, mais la foi fondée sur des preuves, et non pas sur la Parole écrite. La conclusion tirée par Marie était renversée par les constatations de Jean et Pierre. Leur conclusion était solide, fondée sur un jugement raisonnable des faits observés ; mais en soi, ce n’était qu’une déduction humaine, si juste fût-elle en soi, au lieu d’être la soumission du cœur au témoignage de Dieu. Et c’est Jean lui-même qui, ici comme ailleurs (2:23-25), nous apprend à faire cette distinction extrêmement importante. Pierre, bien que stupéfait, semble avoir assimilé l’importance de ce qu’il avait observé, ainsi que Jean. Ils allaient tous les deux au-delà du niveau de Marie de Magdala, et concluaient qu’Il avait dû ressusciter, et non pas que le corps du Seigneur avait été enlevé par Joseph et Nicodème, ou par les Juifs ou par les Romains. Sur la base des faits apparents, ils expliquaient correctement la disparition de Son corps. Mais ni chez l’un ni chez l’autre ne se trouvait ce caractère de la foi en Sa résurrection qui jaillit du fait qu’on s’empare de la parole de Dieu. Croire par la vue est humain, croire par la foi est divin, parce qu’alors seulement Dieu est cru, et on Lui donne Sa vraie place, et nous, nous sommes mis à la nôtre. C’est ainsi que l’âme est purifiée en vertu de la Parole, ce qui n’est pas moins nécessaire que la purification par le sang ; et donc la repentance accompagne toujours la foi. Nous ne pouvons pas être rendus propres pour l’héritage des saints dans la lumière, si nous ne connaissons pas expérimentalement le lavage d’eau par la parole aussi bien que la purification de nos péchés par le sang de Christ.

 

21.3.2.4             Jean 20:9 — Voir et croire. Foi basée sur la vue ou sur la Parole de Dieu

Quant à la vérité de la résurrection qui allait bientôt être le témoignage caractéristique des apôtres Jean et Pierre, ce n’est pas aller trop loin que de dire qu’elle ne leur avait pas encore été enseignée de Dieu. Jusque-là, ils n’avaient pas encore fait la liaison entre le fait de la résurrection et le témoignage de Dieu dans la loi, les psaumes et les prophètes, ni même avec les paroles simples et récentes de notre Seigneur Jésus. Il n’y a guère de vérité dans le jugement de Lampe selon lequel, à partir de ce moment, dans l’obscurité même de la tombe, l’esprit de Jean fut illuminé par la foi salvatrice de la résurrection de Jésus, comme par un nouveau rayon du « Soleil de justice» ressuscité. Dans les choses divines, tout ce qui est beau est vrai ; or cette opinion de Lampe est non seulement fausse, mais elle est le renversement de la vérité inculquée par Jean lui-même dans son commentaire inspiré sur ce fait. Ils croyaient tous les deux en Christ, sur la base non pas des faits seulement, mais de la parole de Dieu ; mais aucun d’entre eux ne croyait en Sa résurrection au-delà des faits constatés par la vue, et d’après lesquels elle devait bien avoir eu lieu. « Car ils ne connaissaient pas encore l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts ».

Nous avons eu un bon exemple de théologie protestante (je ne dis pas réformée), qui montre leur idée vague et humaine de la foi. Les vues romanistes, et peut-être catholiques, ne sont pas meilleures. D’où la dévalorisation de la foi par le concile de Trente ; d’où l’effort pour introduire l’amour et l’obéissance et la sainteté, afin d’avoir la justification. Ils sentent qu’il doit y avoir un élément moral, et que celui-ci est exclu par leur manière de réduire la foi à une réception intellectuelle de certaines propositions ; de sorte qu’ils sont amenés à ajouter d’autres éléments à la foi dans le but de se satisfaire eux-mêmes. Tout cela tourne autour de la grande erreur fondamentale selon laquelle le papiste consciencieux fait de la foi en l’Église le lieu de repos de son âme et sa règle de foi, au lieu de trouver cela dans les Écritures, ou en Dieu révélé en Christ par elles. S’ils poussaient l’erreur jusqu’au bout, aucun romaniste ne pourrait être sauvé ; car il ne croit pas la parole de Dieu sur la base de l’autorité de Dieu, mais il croit l’Écriture et la tradition sur la base de la parole de l’Église. Par son propre principe, il exclut la foi en Dieu, et ne pourrait pas du tout croire en vérité de manière à avoir la vie. Seulement par grâce, les hommes peuvent être meilleurs que leurs principes, tandis que beaucoup sont, hélas ! pires lorsque le principe est de Dieu. Croire l’Écriture en tant que parole de Dieu, croire Dieu en elle, cela est d’une importance vitale.

Les faits sont du plus haut intérêt et d’une réelle importance. Les Israélites pouvaient les désigner comme étant la base de leur religion, spécialement l’appel d’Abram par Dieu, la délivrance du peuple élu hors d’Égypte et à travers le désert jusqu’à entrer en Canaan ; de même le chrétien peut désigner les faits incomparablement plus profonds et plus immuables de l’incarnation, la mort, la résurrection et l’ascension du Fils de Dieu, avec la présence conséquente du Saint Esprit envoyé du ciel. Mais pour que la foi ait une valeur morale, pour qu’elle ait à faire avec la conscience, pour qu’elle purifie le cœur et le fasse s’épancher, elle ne peut être une pure et simple acceptation de faits à partir d’une base raisonnable, mais elle est l’accueil du cœur fait au témoignage de Dieu dans Sa Parole. Voilà qui teste l’âme beaucoup plus que tout, car l’intelligence spirituelle consiste en la croissance vers Christ dans une perception et une jouissance croissantes de tout ce que la parole de Dieu a révélé, et qui sépare pratiquement le saint pour Lui-même et pour faire Sa volonté dans le jugement du moi et du monde. On a dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau, qui est renouvelé en pleine connaissance, selon l’image de Celui qui l’a créé (Col. 3:9-10).

« Voir et croire » est donc totalement en deçà de ce que l’opération de Dieu donne ; c’est ce à quoi correspond, dans la chrétienté actuelle, la foi traditionnelle ou les preuves traditionnelles. C’est humain, et cela laisse la conscience non purifiée, et le cœur sans communion. On peut le trouver dans celui qui n’est pas né de Dieu (comparez 2:23-25), mais aussi chez le croyant, comme ici : si c’est le cas, ce n’est pas ce que l’Esprit scelle, et cela ne délivre en aucune manière des choses présentes. Or il semble que c’est là l’objet que Dieu nous fait connaître par le récit qui est devant nous. La foi, pour qu’elle ait de la valeur et de la puissance, ne repose pas sur la vue ou sur des déductions, mais sur l’Écriture. Ainsi, comme les disciples manifestaient une mémoire très défaillante à l’égard des paroles du Seigneur avant qu’Il soit ressuscité d’entre les morts (2:22), de même ils étaient insensibles à la force et à l’application de la Parole écrite : après qu’ils aient cru tous les deux, ils entrèrent dans la bénédiction d’en haut qui demeure et s’étend. Selon ce que nous dit Pierre dans sa première épître (1 Pierre 1:8), ceci est caractéristique de la foi d’un chrétien qui, quoique n’ayant pas vu Christ, il L’aime ; et, croyant en Lui, quoique maintenant il ne Le voie pas, il se réjouit d’une joie ineffable et glorieuse. La foi qui est fondée sur des preuves peut fortifier contre le déisme, le panthéisme, ou l’athéisme ; mais elle n’a jamais donné la rémission des péchés, ni n’a jamais amené quelqu’un à crier : « Abba, Père », ni n’a jamais rempli le cœur de la grâce et de la gloire de Celui qui est l’objet de la satisfaction de Dieu et de Son délice éternel.

 

21.3.2.5             Jean 20:10

Ici aussi, nous avons un autre témoignage remarquable de l’impuissance de cette foi fondée sur les preuves visibles ; car il nous est dit (20:10) : « Les disciples s’en retournèrent donc chez eux ». Le fait était connu sur des bases indiscutables à leur esprit, mais pas encore apprécié selon la pensée de Dieu telle qu’elle est révélée dans Sa Parole ; et du coup, ils retournent à leurs anciennes associations restées intactes.

 

21.3.3    Jean 20:11-16

Marie n’a pas pris, et ne pouvait pas prendre les choses aussi tranquillement que les deux disciples. Quel « chez elle » avait-elle désormais ? Qu’est-ce qu’était le monde ? Rien, sinon un tombeau vide où Jésus avait été couché. D’autres pouvaient repartir à leurs propres maisons, mais pour son cœur, c’était impossible.

« Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. Comme elle pleurait donc, elle se baissa dans le sépulcre ; et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. Et ils lui disent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis. Ayant dit cela, elle se tourna en arrière, et elle voit Jésus qui était là ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai. Jésus lui dit : Marie ! Elle, s’étant retournée, lui dit en hébreu : Rabboni (ce qui veut dire, maître) » (20:11-16).

 

21.3.3.1             Jean 20:11-13 — Nature de la tristesse de Marie

La tristesse de l’amour pour Jésus, qui pleure Son absence, ou qui sent le tort qu’on Lui a fait quelle qu’en soit la manière, est bien différent de la tristesse du monde qui opère la mort (2 Cor. 7:10). Elle fait bientôt place à la vie et la paix par la grâce de Jésus. La douleur de Marie ne fut pas vaine, ni longue. D’autres serviteurs du Seigneur, et le Seigneur Lui-même, qu’elle ne voyait pas, la regardaient. Alors qu’elle pleurait à l’extérieur, elle entra en se baissant dans le sépulcre, et vit deux anges vêtus de blanc. Mais Lui n’était pas là ; ils étaient assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. Pourtant, il n’y a pas de panique, pas d’étonnement de la part de Marie, tant son cœur était absorbé par cette Personne unique, — perdue pour elle selon toutes les apparences, Son corps même ayant disparu, ce qui l’empêchait de pleurer dessus. Elle ne leur parle pas, mais c’est eux qui lui disent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Ils étaient dans le secret. Elle n’avait pas encore saisi correctement les signes du tombeau. Son cœur affligé n’allait pas tarder à recevoir de meilleures nouvelles, encore plus claires. En attendant, elle leur explique pourquoi elle pleurait : « Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis ». Elle ne voit pas du tout le caractère étrange de l’apparition angélique à l’intérieur du tombeau, et prend pour acquis que tout le monde doit savoir qui était Celui dont le corps avait disparu. Mais la pensée de Sa résurrection n’a même pas encore traversé son esprit. Le Seigneur était son Seigneur ; elle L’aimait par-dessus tout, mais dans sa pensée, des gens L’avaient pris et mis dans un lieu qu’elle ignorait. Une âme peut aimer le Seigneur, et être pourtant dans l’ignorance quant à Sa gloire de ressuscité, comme nous ne pouvons manquer de le lire ici.

 

21.3.3.2             Jean 20:14-15 — Marie reconnaît Jésus

La grâce allait maintenant intervenir. « Ayant dit cela, elle se tourna en arrière, et elle voit Jésus qui était là ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus » (20:14). Combien souvent il en est de même pour nos cœurs engourdis ! Mais Lui n’agit jamais d’une manière indigne de Son nom, et Il parle afin que nous puissions Le reconnaître. « Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (20:15a). Cette dernière question était une question pour aiguiller. Jusqu’à ce qu’Il soit connu, il y a encore les ténèbres, même s’il y a de l’amour. « Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai » (20:15b). Un seul mot dissipe alors toute difficulté et doute, — un mot qui est l’expression, non pas de notre amour pour Lui, mais de Son amour pour nous. « Jésus lui dit : Marie ! » (20:16a). L’œuvre était accomplie, la grande découverte faite. Il avait été mort, Il était maintenant ressuscité, et Il apparut d’abord à Marie de Magdala. Elle qui avait semé avec des larmes, moissonnait maintenant dans la joie. Le Seigneur appréciait qu’elle soit restée au tombeau dans la douleur, même si c’était un tombeau vide. Son cœur était maintenant rempli de joie et, comme nous allons le voir, la joie allait déborder pour réjouir d’autres cœurs, les cœurs de tous ceux qui croyaient.

C’était le bon berger appelant Sa brebis par son nom (10:3). Elle était pour Lui la même qu’avant ; Il était dans la puissance de la résurrection ; mais Son amour pour elle était le même, certainement pas moindre que quand Il avait chassé d’elle sept démons. Sans doute il y avait une similitude dans l’expression de son nom, qui lui alla droit au cœur et la sortit de son rêve sur Sa Personne, auparavant morte, mais maintenant en vérité vivante de nouveau pour toujours. Bientôt, elle allait apprendre que, comme Lui vivait, elle aussi était vivante pour Dieu en Jésus Christ son Seigneur (Rom. 5:21). Mais pour l’instant, Le savoir vivant, L’entendre prononcer son nom avec un amour inexprimable, voilà le fruit de la grâce divine qui toucha son cœur et le remplit de la satisfaction.

Marie avait connu Christ selon la chair, et évidemment elle pensait qu’elle allait continuer à Le connaître de cette manière. Mais ce n’était pas le cas. Désormais nous ne connaissons personne de cette manière (2 Cor. 5:16). Christ était mort et ressuscité, et sur le point de prendre Sa place dans le ciel selon les conseils de Dieu. Le chrétien est appelé à Le connaître comme homme dans le ciel, toujours le Fils, mais maintenant l’Homme glorifié en haut. D’où la force de ce qui suit. Marie devait apprendre à considérer le Seigneur d’une manière totalement nouvelle, non pas dans une présence corporelle ici-bas, mais comme un objet de foi reçu en haut dans la gloire. Elle est ainsi délivrée de toutes ses associations précédentes, et elle nous est donnée comme l’exemple du résidu juif destiné dorénavant à devenir chrétien.

 

21.3.4    Jean 20:17-18

« Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala vient rapporter aux disciples qu’elle a vu le Seigneur, et qu’il lui a dit ces choses » (20:17-18).

 

21.3.4.1             Jean 20:17a — Toucher ou ne pas toucher le Seigneur : comparaison avec Matt. 28

Il est très frappant de comparer Matt. 28:9 avec l’interdiction du Seigneur faite à Marie dans notre évangile. Les deux incidents se sont produits à peu près au même moment. Pourtant, le Seigneur a permis aux autres femmes de s’approcher et de saisir Ses pieds, et de Lui rendre hommage, alors que très peu de temps auparavant Il interdisait à Marie de Magdala de Le toucher. Nous savons que, comme toujours, Il était divinement parfait dans ces deux occasions ; et que, bien qu’homme et le Fils de l’homme, ce n’était pas à Lui à se repentir (Nombres 23:19), car Lui est la vérité. Mais il nous est permis, et je pense que nous devons nous demander comment il se peut que des manières de faire si différentes et qui se suivent de si près, soient chacune absolument juste à sa place. La différence de but des deux évangiles aide beaucoup à éclairer la question.

Dans Matthieu, le Seigneur ressuscité reprend Ses relations avec le résidu juif, et permet à ces femmes, comme échantillons de ce résidu, de jouir de Sa présence sur la terre. Pour cette même raison, il n’y a à la fin de Matthieu ni scène de Son ascension, ni même aucune allusion à l’ascension ; en effet, cela gâcherait la perfection du tableau, qui nous montre le Seigneur présent avec les Siens jusqu’à la consommation du siècle. Dans Jean, inversement, le sentiment juif est immédiatement corrigé ; de nouvelles relations sont annoncées, et l’ascension vers le Père prend la place de tout ce qui était attendu pour les nations sur la terre avec les Juifs comme centre et témoins du Seigneur. « Ne me touche pas », dit Jésus à Marie, « car je ne suis pas encore monté vers mon Père » (20:17b). Désormais le Seigneur doit être connu par le chrétien de manière caractéristique comme étant au ciel. Les Juifs s’étaient attendus à Lui sur la terre, à juste titre ; et pareillement les Juifs L’auront bientôt régnant sur la terre, quand Il reviendra en puissance et grande gloire. Entre les espoirs brisés et restaurés d’Israël, nous trouvons notre place comme chrétiens. Nous sommes baptisés pour Sa mort, et nous manifestons Sa mort jusqu’à ce qu’Il vienne, nous souvenant de Lui dans la fraction du pain ; mais nous Le connaissons en haut, non plus mort, mais ressuscité et glorifié.

Oui, bien que nous ayons connu Christ selon la chair, pourtant maintenant nous ne Le connaissons plus ainsi (2 Cor. 5:16). En effet, sans nous vanter, en toute vérité, mais par la grâce qui surpasse tout, on peut dire, et comme croyants, nous sommes tenus de dire que nous sommes en Lui. « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous » (14:20). « Ce jour-là » du Nouveau Testament est le jour d’aujourd’hui, déjà arrivé, — pour le monde le jour de grâce dans l’évangile, pour les saints le jour de grâce dans leur union avec Christ. « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par [Jésus] Christ » (2 Cor. 5:17-18). Voilà le christianisme ; et ceci n’était pas encore développé dans ce jour de la résurrection, mais c’était implicite dans la relation de notre Seigneur avec Marie de Magdala et dans les paroles qu’Il lui adresse. « Ne me touche pas » était une parole très significative, et encore plus quand elle est interprétée par les mots qui l’accompagnent. Ce n’est pas, comme dans Col. 2:21 μή άψη (« ne touche pas » au sens d’une seule action transitoire), mais μή μου άμτου = « Ne continue pas à Me toucher », ce qui est une interdiction générale et permanente, pour montrer que ceux du résidu étaient enlevés de leurs associations en tant que Juifs et introduits dans de nouvelles relations, non seulement avec Christ dans le ciel, mais par Lui avec Son Père et Son Dieu — étant ainsi distingués de ceux du résidu autorisés à se saisir de Lui, comme un signe de Son retour pour le royaume avec une présence corporelle.

 

21.3.4.2             Jean 20:17c — Va vers mes frères

Mais il y a plus. « Va vers mes frères » (20:17c). Il n’a pas honte d’appeler les disciples Ses frères. Il avait préparé la voie pour cela ; à la suite du rejet rebelle par Israël de son Messie, Il avait dit : « car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (Matt. 12:50). Maintenant, à la suite de l’accomplissement de Son œuvre expiatoire, Il en reconnaît spécifiquement ce fruit béni, — non seulement les péchés pardonnés pour la foi en vertu de Son sang versé, mais les croyants placés dans la relation la plus intime avec Lui, l’Homme ressuscité et le Fils de Dieu. Ils sont Ses frères, et selon le Psaume 22:22, Il s’occupe de leur faire connaître le nom du Père, non pas simplement le nom de l’Éternel. Car maintenant ils n’étaient pas seulement vivifiés, mais vivifiés avec Christ. Ils se tenaient en Lui ressuscité d’entre les morts, ayant le pardon de toutes leurs fautes. Et ils apprennent qu’ayant cette relation avec Christ dans Sa nouvelle position et dans la condition d’Homme selon les conseils divins pour l’éternité, — toute question de péché étant réglée triomphalement à la croix, non pas pour Lui qui n’en avait pas besoin, mais pour le croyant qui avait tous les besoins possibles à cause de sa culpabilité et de sa mauvaise nature et de l’ennemi en train d’accuser et du Juge saint et juste, — ils entrent dans Sa propre relation bénie et éternelle avec Son Père et Son Dieu. « Et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (20:17c).

C’était un moment d’une profondeur sans égal : le Fils ressuscité, — après avoir porté le jugement de nos péchés en Son corps sur le bois, et avoir glorifié Dieu en ce qui concerne non seulement l’obéissance dans la vie, mais jusqu’à la mort pour le péché, — envoyant un message à Ses disciples au matin de la résurrection, par le moyen de celle dont Il avait précédemment chassé sept démons ; de plus, ces disciples étaient découragés par incrédulité, et le message portait sur une bénédiction nouvelle et incomparable qu’Il avait acquise pour eux par Sa mort et Sa résurrection. Sans doute, Il est le Messie ressuscité de la semence de David, et les grâces de David sont assurées par Sa résurrection (Actes 13:34), comme cela sera démontré dans le royaume rétabli pour Israël en son temps. Mais dans la sagesse de Dieu cela devait être différé, et céder la place au propos bien plus profond mis entre temps en évidence : l’appel d’enfants de Dieu, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, à la connaissance et à la jouissance et au témoignage de Dieu Lui-même et de Son Fils par le Saint Esprit, ce qui est généralement qualifié de « christianisme ». Cela ne pouvait pas être auparavant d’abord (1) parce qu’Il avait des relations selon la chair et par promesse avec Israël jusqu’à ce que, par incrédulité, mais coupablement et sans excuse, ils aient entièrement méprisé et délibérément rejeté leur Roi infiniment béni, et (2) en outre, ce n’est que sur le terrain de la rédemption par Sa mort que Dieu pouvait être libre de former et rassembler en un Ses enfants libérés de leurs péchés et vivifiés ensemble avec Lui, qu’ils soient Juifs ou Gentils. Maintenant, étant mort, Il pouvait porter beaucoup de fruits (12:24) ; et ici, Il annonce le fait, autant digne de Lui-même que de Dieu qui L’a envoyé en amour au-delà de toute pensée de l’homme. « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ».

Combien les rêves des hommes sont pauvres et pâles, même dans leurs plus hautes aspirations, en comparaison de la simple vérité dite par le Seigneur et communiquée aux Siens ! Pourtant rien moins que cela ne pouvait satisfaire Son amour, qui a dû manifester sa puissance, d’abord en descendant avec nos péchés pour souffrir pour eux de la part de Dieu, et ensuite en montant dans la gloire, et en nous donnant autant qu’il était possible Sa propre position comme fils et saints, tout mal et toute culpabilité étant ôtés pour toujours devant Dieu, des adorateurs purifiés n’ayant plus conscience de péchés. Ce n’était pas simplement un espoir à réaliser quand Il reviendra nous recevoir auprès de Lui, mais c’était la vérité d’une relation existant réellement en ce jour de la résurrection et annoncée dès ce jour-là, — une vérité envoyée pour être communiquée à Ses disciples afin qu’ils puissent la connaître et en jouir pleinement, comme étant garantie par Sa propre ascension vers la présence du Père dans le ciel. Elle est pour tous les saints jusqu’à ce qu’Il revienne : Que tous connaissent cela comme leur seule vraie place en Lui ! Pourtant, la grâce a donné à la vérité une puissance nouvelle de nos jours, bien que ce soit par des messagers qui n’ont pas plus de raison de se vanter que Marie de Magdala lorsqu’elle vint alors vers les disciples avec la nouvelle qu’elle a vu le Seigneur, et qu’Il lui a dit ces choses (20:18). Mais nous pouvons et nous devons nous glorifier en notre Seigneur ressuscité, et de la place que le croyant a en Lui. « Je me glorifierai d’un tel homme », dit un plus grand que chacun d’entre nous, « mais je ne me glorifierai pas de moi-même, si ce n’est dans mes infirmités » (2 Cor. 12:5). Il est bien de se glorifier d’un homme en Christ, seulement on ne peut pas s’attendre à ce que le fassent ceux qui ne conçoivent même pas ce que cela signifie, et qui sont vraiment lents à apprendre tellement ils ont été dépravés par un jargon de notions juives et non-juives de ce qu’on appelle la théologie systématique. Si nous connaissons la vérité, puissions-nous avoir la grâce non seulement de marcher en elle, mais de la communiquer à ceux qui ne la connaissent pas, attendant si, peut-être, la grâce et la vérité parviendraient finalement à faire apprendre aux saints leur vraie béatitude en Christ.

Le message du Seigneur ne fut pas vain. Les disciples se réunirent en ce jour de la résurrection, les portes donnant accès au monde étant fermées, et Jésus se tint au milieu d’eux. C’est un beau tableau anticipatif de l’assemblée, comme on pourra le voir plus pleinement quand on sera entré dans les détails.

 

21.4                      Jean 20:19-23

Marc 16:14-18 ; Luc 24:36-49.

« Le soir donc étant [venu], ce jour-là, le premier de la semaine, et les portes [du lieu] où les disciples étaient, par crainte des Juifs, étant fermées, Jésus vint, et se tint au milieu d’eux. Et il leur dit : Paix vous soit ! Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur. Jésus donc leur dit encore : Paix vous soit ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit : Recevez [l’]Esprit Saint. À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; [et] à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus » (20:19-23).

 

21.4.1    Jean 20:19a – Premier jour de la semaine

Combien de choses, et des choses lourdes de sens spirituel sont introduites ici en si peu de mots et communiquées sous une forme si simple ! Ce jour-là, qui en son temps allait recevoir l’appellation appropriée de « jour du Seigneur » ou « journée dominicale » (Apoc. 1:10), aussi caractéristique des chrétiens que le sabbat l’est pour les Juifs, — ce jour fut marqué, non seulement par le rassemblement des saints, mais par la présence du Seigneur au milieu d’eux. Il en fut de même au début de la semaine suivante (20:26) ; et ainsi par la suite le Saint Esprit le distingue comme le jour où la fraction du pain est observée (Actes 20:7), et où les besoins des saints pauvres sont rappelés au souvenir devant Lui et devant eux (1 Cor. 16:2). C’était en effet une direction divine, bien qu’elle ne prît pas la forme d’un commandement ; mais elle est néanmoins précieuse et fait autorité pour tous ceux qui apprécient Sa présence particulière dans la communion avec les Siens et l’annonce de Sa mort jusqu’à ce qu’Il vienne. Ce n’est pas le jour du repos après la création (Ex. 20:11) ni celui de la loi imposée (Deut. 5:15), mais c’est le jour de la résurrection et de la grâce qui associe le croyant à ses résultats riches et durables ; c’est ce jour-là que tous ceux qui sont bénis pareillement se réunissent pour jouir en commun de cette mort du Seigneur, qui est la base juste de ces privilèges et de tous les autres.

 

21.4.2    Jean 20:19b — Portes fermées et corps ressuscités

Ce jour-là, le Seigneur donna aux disciples rassemblés un témoignage éclatant de la puissance de la vie en résurrection ; car là où ils étaient, les portes étant fermées par crainte des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu [d’eux]. La faiblesse s’attache au corps naturel, qui, à moins d’un miracle, est arrêté par un mur ou une porte fermée ou une chaîne ou mille autres obstacles. Il n’en est pas ainsi du corps ressuscité en puissance, comme le Seigneur le montre ici dans le silence. Il apparaît que ce qui est affirmé ici, et une seconde fois plus bas, a pour but de nous indiquer que le corps ressuscité peut entrer par des portes fermées, non pas par miracle (aussi merveilleux que cela nous paraisse à nous qui considérons et mesurons les choses selon la condition effective de notre vie), mais normalement comme dans la puissance de la résurrection, dans laquelle tout est en effet surnaturel. Il n’y a aucune raison ici de supposer, que les portes aient été amenées à s’ouvrir d’elles-mêmes, bien au contraire. Il en fut ainsi (Actes 5:19), quand l’ange fit sortir les apôtres Pierre et Jean de prison ; de même, quand Pierre fut délivré une seconde fois (Actes 12:10), la porte de fer s’ouvrit d’elle-même, non pas pour laisser entrer l’ange, qui n’en avait pas besoin, mais pour laisser sortir Pierre. Ce n’est pas une affaire d’omnipotence, mais de corps ressuscité, lequel n’a pas plus besoin d’une porte ouverte qu’un ange. Les anciens semblent avoir eu sur ce sujet une foi beaucoup plus simple que la plupart des modernes qui laissent transparaître le matérialisme (*) croissant de notre époque. Parler de difficultés philosophiques est de la prétention puérile : qu’est-ce que la philosophie connaît de la résurrection ? C’est une question de Dieu et de Son Fils, non pas de simples causes et de leurs effets, et encore moins d’expérience. Le chrétien croit la Parole, et sait ce que Dieu révèle. Laissez la philosophie avouer son ignorance, non pas s’en vanter : si elle est muette devant la création, la résurrection est pour elle encore plus déconcertante.

 

(*) Même Calvin a été conduit à mal comprendre ce passage de l’Écriture par sa crainte de la papauté et des efforts de cette dernière pour prouver le dogme de la présence réelle partout dans la messe. Sa foi dans la résurrection, ou au moins sa compréhension de la résurrection, était bien petite.

 

21.4.3    Jean 20:20-21 — Paix vous soit

Alors donc, Jésus vint et se tint au milieu d’eux, disant aux disciples : « Paix vous soit ». Il leur avait laissé la paix en héritage avant la croix ; maintenant de nouveau vivant d’entre les morts, Il l’annonce aux Siens : quelle douce annonce dans un monde en guerre avec Dieu ! or cette annonce est doublement douce pour les âmes sincères qui se sont vainement efforcé de faire la paix pour elles-mêmes avec Dieu, malgré leurs soupirs, leurs larmes, leurs gémissements, malgré leurs prières, leurs aspirations et leurs combats dans l’angoisse, malgré leurs efforts pour éviter le mal et s’attacher au bien. Ceux-là savent mieux que la conscience et le cœur ne peuvent trouver aucune paix solide dans le jugement de soi-même ou dans l’abnégation, dans la contemplation de Dieu ou dans les travaux pour Lui ; au contraire, plus ils sont sincères, moins ils ont la paix. Ils ne sont pas du tout sur la bonne route. La paix pour un homme pécheur ne peut être faite que par le sang de la croix de Christ, que la foi reçoit par Sa parole. Et c’est ce que le Seigneur dit à Ses disciples ce jour-là, l’œuvre puissante sur laquelle la paix est fondée étant achevée et acceptée par Dieu, comme Sa résurrection le fait savoir : « Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur » (20:20).

Certains ont pensé que le deuxième « Paix vous soit » serait une sorte d’adieu ou « portez-vous bien », comme le premier serait un salut (*). Déjà le premier « paix vous soit » était bien autre chose : il était la bénédiction profonde qui caractérise ceux qui sont justifiés par la foi, et il revient à maintes reprises sous une forme ou sous une autre tout au long du Nouveau Testament. Quant au second « paix vous soit », il se rattache à la mission que le Seigneur confère ensuite à Ses disciples. Ils ont d’abord reçu la paix pour eux-mêmes, et ils sont ensuite chargés d’aller au dehors avec l’évangile de paix pour les autres. « Comme le Père m’a envoyé (άπέστ.), moi aussi je vous envoie (π.) ». Ce sont eux les vrais légats « a latere » [= représentants personnels extraordinaires chargés de missions spéciales] de Christ : les autres ne sont que des voleurs et des brigands que les brebis font bien de ne pas écouter. Étrangers eux-mêmes à la paix, comme leur propre langue ne peut que le confesser, comment peuvent-ils parler à d’autres d’une paix en laquelle les pauvres pécheurs pourraient se confier avec assurance ?

 

(*) On a de la peine à croire que Calvin n’ai pas vu davantage qu’un souhait de prospérité dans ces paroles de notre Seigneur ressuscité.

 

21.4.4    Jean 20:22-23 — Il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint

Mais le Seigneur continue ensuite par un autre signe hautement significatif d’un privilège nouveau et durable : « Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit : Recevez [l’]Esprit Saint (*). À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; [et] à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus » (20:22-23). C’était Lui qui, avant de s’incarner, avait soufflé la respiration [ou : souffle] de vie dans les narines d’Adam, et maintenant il insuffle dans Ses disciples le souffle d’une vie meilleure et éternelle, Sa propre vie, — comme étant maintenant les deux en une seule personne (c’est-à-dire l’Éternel-Dieu et le second Homme ressuscité). Jamais Il n’avait fait ainsi auparavant. Le moment approprié était venu. Il avait été livré pour leurs fautes, et était ressuscité pour leur justification (Rom. 4:25). La vie ressuscitée est la délivrance de la loi du péché et de la mort, ainsi que le témoignage éclatant d’une rémission complète des péchés ; et cela non pas comme une vérité abstraite pour tous les croyants, mais comme une vérité destinée à être connue et goûtée par chacun. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le christ Jésus ; car la loi de l’Esprit de vie dans le christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom. 8:1-2). Juste avant, en Rom. 7, à partir du v. 7, nous lisons combien le « moi » a été éprouvé et criblé et misérable jusqu’à ce qu’il s’abandonne pour trouver la grâce en Christ, non seulement pour le passé, mais pour le présent et, bien sûr, pour toujours.

 

(*) C’est là un caractère de l’action du Saint Esprit, qui consiste en la vie en résurrection ; il est donc exprimé sans article. Ce n’était pas encore le Saint Esprit donné personnellement, le baptême de l’Esprit, comme à la Pentecôte.

 

Qu’y a-t-il de plus intensément personnel que cette délivrance de la misère ? Et aussi, combien il est évident qu’il s’agit non seulement d’une vie nouvelle et divine, mais que celle-ci vient après que le jugement du péché et la malédiction de la loi soient tombés sur Christ, et qu’Il soit ressuscité victorieusement — communiquant une vie au-delà du péché, de la loi ou du jugement, et le faisant comme ayant tout porté et emporté loin en justice en faveur du croyant ? C’est de cela que Son souffle en eux était le signe, et Il dit : « Recevez [l’]Esprit Saint » : non pas encore l’Esprit envoyé d’en haut par le Seigneur et Christ monté au ciel, pour baptiser en un seul corps et donner la puissance et le témoignage, mais c’est l’énergie de Sa propre vie de ressuscité. Car l’Esprit prend toujours Sa part de la manière la plus étroite dans toutes les bénédictions ; et comme pour le royaume de Dieu chacun est né d’eau et de l’Esprit, sans quoi personne ne peut ni le voir ni y entrer, de même ici avec la vie en résurrection, l’Esprit prend Sa part pour s’occuper des âmes qui ont entendu et cru l’évangile.

 

21.4.5    Jean 20:23 — Remettre ou retenir les péchés

Mais ce n’est pas tout. Les disciples ainsi délivrés sont investis d’un nouveau privilège et d’une responsabilité solennelle à l’égard des autres. Ceux du dehors sont vus maintenant comme des pécheurs, la vieille distinction temporelle Juifs / Gentils disparaissant dans la vraie lumière. Mais si celle-ci était le jugement du monde (3:19), on était au jour de la grâce ; et les disciples en ont l’administration, l’Esprit de vie en Christ leur en donnant la capacité. C’est pourquoi le Seigneur leur dit : « À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; [et] à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus ». C’est ainsi que les âmes repentantes furent baptisées pour la rémission des péchés, tandis qu’un Simon le magicien fut déclaré être dans un fiel d’amertume et dans un lien d’iniquité (Actes 8:23). Et aussi le méchant fut ôté du milieu des saints (1 Cor. 5), et le même homme après avoir jugé son mal et éprouvé une profonde tristesse quant à son péché a dû être assuré de l’amour par la nouvelle réception de l’assemblée obéissante à Paul (2 Cor. 2 et 7) ; Paul avait pris l’initiative dans l’action afin de produire un travail de conscience, et non pas simplement pour faire peser son autorité ou son influence. C’était l’action de l’assemblée. « À celui à qui vous pardonnez quelque chose, moi aussi [je pardonne] ; car moi aussi, ce que j’ai pardonné, si j’ai pardonné quelque chose, [je l’ai fait] à cause de vous dans la personne de Christ » (2 Cor. 2:10). Paul ne voulait rien de forcé, mais une communion ininterrompue dans la discipline : il ne dictait pas et ils ne suivaient pas aveuglément ou par peur, comme dans les églises mondaines ; mais ils suivaient l’autorité de Christ, et Lui aussi, dans une véritable communion de l’Esprit.

 

21.5                      Jean 20:24-29 — Thomas

21.5.1    Jean 20:24-25 — Thomas absent

Le jour de la résurrection, les apôtres n’étaient pas tous présents. « Or Thomas, l’un des douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux quand Jésus vint. Les autres disciples donc lui dirent : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : À moins que je ne voie en ses mains la marque des clous, et que je ne mette mon doigt dans la marque des clous, et que je ne mette ma main dans son côté, je ne le croirai point » (20:24-25).

L’état de l’âme de Thomas coïncidait avec son absence ce jour-là. Il résistait aux nouvelles bénies de la résurrection, et ne se joignait pas au rassemblement des disciples pour partager la joie de la présence du Maître au milieu d’eux. Lent de cœur à croire, il manqua le premier goût de la bénédiction, et demeura dans les ténèbres de sa propre incrédulité, tandis que le reste des disciples était rempli de joie. Il devient donc, non pas un type des Juifs, ou de la masse incrédule qui recevra celui qui viendra en son propre nom, mais un type du pauvre résidu affligé qui s’accrochera à l’espérance du Messie dans les derniers jours, et qui n’entrera dans le repos et la joie que quand ils Le verront apparaître pour leur délivrance.

 

21.5.2    Jean 20:26-29 — Thomas huit jours après, le Résidu juif futur

« Et huit jours après, ses disciples étaient de nouveau dans la maison, et Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant fermées ; et il se tint au milieu d’eux et dit : Paix vous soit ! Puis il dit à Thomas : Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant. Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru » (20:26-29).

C’est une image bénie du fruit de la résurrection de Christ au dernier jour : non pas l’église, mais « la grande congrégation » (Ps. 22:25) amenée dans une grâce infinie à reconnaître et louer le Seigneur quand Il ne sera plus caché, mais qu’Il régnera de manière visible. Ceux qui les auront précédés (l’église) auront eu la bonne part, qui ne leur sera pas ôtée (Luc 10:42) : ils n’ont pas vu, mais ils ont cru ; Israël verra et croira : ce sera béni, certes, mais selon une mesure de bénédiction moins élevée. Il n’y aura pas pour eux [comme pour l’église] une telle révélation du Père, ni une telle association avec le Fils, ni un lien conscient avec le ciel par Son ascension. Le Rejeté sera revenu régner en puissance et en gloire ; et le cœur d’Israël, longtemps desséché et dans les ténèbres, sera enfin illuminé par l’éclat de leur espérance accomplie dans la présence du Seigneur venu réaliser toutes les promesses ; et alors, ils ne se vanteront plus de leur propre justice, mais ils baseront leur position sur la miséricorde qui demeure à toujours. Ils reconnaîtront le Juge d’Israël qui a été frappé avec une verge sur la joue, et le fait qu’ils auront été abandonnés par Lui jusqu’à l’enfantement du grand propos final de Dieu en leur faveur, quand Il sera grand jusqu’aux bouts de la terre, et eux comme une rosée de bénédiction de l’Éternel au milieu des nations, tous leurs ennemis étant retranchés  (Mich. 5:1, 3, 4, 7, 9). « Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui », dans l’amertume de leurs remords, mais avec un esprit de grâce et de supplication versé sur eux. Car véritablement Il a été blessé dans la maison de ses amis, mais blessé pour leurs transgressions (comme ils l’apprendront ensuite), meurtri pour leurs iniquités, frappé pour les transgressions du peuple de l’Éternel (voir Zacharie 12 et 13, et Ésaïe 53).

C’est pourquoi sont omises maintenant (20:26-29) l’instruction de ne pas toucher le Seigneur à cause de Son ascension vers Son Père, et celle d’aller vers Ses frères et de leur dire : «Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Au contraire, la grâce daignera répondre à ceux qui auront demandé des signes et des gages avant de croire ; et ils seront accablés et abasourdis de la plénitude de preuve visible quand le Messie reviendra ici-bas. Il y aura la paix pour eux : « Lui sera la paix » en ce jour-là aussi (Mich. 5:4), quels que soient l’orgueil et la puissance de l’ennemi. Mais il n’y aura pas la même mission de paix dans la puissance de Sa vie ressuscitée ; toutes leurs iniquités seront pardonnées, toutes leurs maladies seront guéries, mais ce n’est pas la place qu’a l’Église pour remettre (pardonner) ou retenir les péchés au nom du Seigneur.

C’est pourquoi il y a l’exclamation, qui est à la fois une confession, caractéristique de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (*). C’est ce que dira Israël dans le royaume. « Et il sera dit en ce jour-là : Voici, c’est ici notre Dieu ; nous l’avons attendu, et il nous sauvera ; c’est ici l’Éternel, nous l’avons attendu. Égayons-nous et réjouissons-nous dans sa délivrance » (Ésaïe 25:9). Voilà la vérité, et la vraie bénédiction qu’Israël doit posséder et reconnaître de manière bénie, surtout ceux qui L’avaient si longtemps méprisé à leur propre honte et à leur propre ruine ; mais cette exclamation n’a pas l’intimité de la communion à laquelle les chrétiens sont appelés aujourd’hui. « Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3). « Nous marchons par la foi, non par la vue » (2 Cor. 5:7) ; et n’ayant pas vu Christ, nous L’aimons : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et…vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8).

 

(*) Il fallait s’attendre à ce que Gilbert Wakefield, vu son hétérodoxie, nie qu’il y ait là une confession, et qu’il amalgame tout en une simple exclamation, ou plutôt en deux : « Ô! mon Seigneur! et ô! mon Dieu! ». Mais une telle notion est à la fois incohérente par rapport au contexte et irrévérencieuse, et bien sûr il lui manque toute la force de la vérité. Car on observera que l’évangile ne dit pas simplement que Thomas a dit ces paroles, mais qu’il les a dites à son Maître. Il est vrai que, si c’était une simple affirmation, l’article serait absent, du fait qu’elle serait simplement prédicative. La forme emphatique de la phrase est due à la combinaison d’une exclamation au vocatif selon l’usage du Nouveau Testament avec une confession, et cela en s’adressant au Seigneur Jésus ; ceci explique aussi la double occurrence du pronom possessif, dont le premier ne pourrait assurément pas être utilisé si l’exclamation avait été adressée à l’Éternel, en tant que tel.

 

21.6                      Jean 20:30-31 — Interruption du fil du récit

Ici l’évangéliste, selon sa manière de faire à l’occasion, interrompt un moment le fil du récit divin pour dire quelques mots sur la manière pleine de grâce du Sauveur de faire abonder les signes et miracles importants qui jonchaient Son ministère ici-bas, ainsi que sur le propos de bénir que le Saint Esprit avait en vue, en choisissant dans cette multitude innombrable ce qui était le plus approprié pour rendre un témoignage permanent à la grâce de Dieu. Deux objectifs sont mis en relief : d’abord et avant tout, la gloire de la Personne du Seigneur, à savoir que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ; deuxièmement, que le croyant ait la vie par Son nom.

« Jésus donc fit aussi devant les (*) disciples beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom » (20:30-31).

 

(*) « Ses » figure dans de nombreuses copies, mais non pas les plus anciennes et les meilleures.

 

21.6.1    Croire sans voir

Nul doute que c’était ici un moment approprié pour faire une pause, et pour parler de cette manière. L’incrédulité d’un croyant, celle même d’un apôtre [Thomas], avait fourni l’occasion pour le Seigneur de s’abaisser en allant à la rencontre de Son serviteur égaré et en le recevant avec des signes visibles et les preuves tangibles sur lesquelles il avait insisté dans sa folie, et qui lui auraient causé un tort irréparable si la grâce n’était intervenue, comme nous l’avons vu. C’était une faveur inestimable de voir les choses que les disciples virent. C’est encore mieux de croire sans voir. Et à ceux qui, par la nature des choses, ne peuvent pas voir, la grâce voulait fournir le nécessaire pour qu’ils puissent entendre et vivre. C’est la raison pour laquelle ce livre précieux a été écrit. Il devait être un témoignage à Jésus, et il fallait qu’il soit connu et lu de tous les hommes. Non pas que l’Écriture puisse jamais épuiser son thème merveilleux, quel qu’il soit ; et ici, par-dessus tout, ce thème est infini dans la Personne qu’il décrit, comme la bénédiction est éternelle pour ceux qui croient. Dieu choisit dans Sa grâce quelques miracles parmi beaucoup d’autres, dans une bonté prévenante qui sait précisément ce que nous pouvons supporter. Car si l’Écriture est bien Sa parole, elle est donnée à l’homme, y compris à nous qui croyons, dans le but que nous jouissions de cette bénédiction dans son Fils (la bénédiction la plus profonde qu’Il pouvait donner) : la communication de cette nature qui, venant de Dieu, va toujours à Lui, et donne la communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ notre Seigneur.

 

21.6.2    Ce livre écrit par Jean est inspiré par l’Esprit, au sujet de Christ

Mais comme le test suprême et décisif maintenant est la personne de Jésus Christ venu en chair (1 Jean 4:2-3), c’est à cette Personne que se rattache le témoignage divinement donné et préservé, rendu à la grâce de Dieu et à la gloire de Christ, par lequel la famille de Dieu, si faible soit-elle, est victorieuse de la puissance adverse du monde et de son prince — parce que Celui qui est en eux est plus grand que celui qui est dans le monde (1 Jean 4:4). Et ceux qui sont de Dieu font la sourde oreille à ceux qui sont du monde et qui parlent comme étant du monde et que le monde écoute (1 Jean 4:5) ; mais n’ont-ils personne de spécial à écouter ? Grâce à Dieu, ils connaissent Dieu et écoutent ceux qui sont de Dieu, Ses témoins choisis, que le Saint Esprit devait conduire, et a conduits dans toute la vérité (16:13), et qui, en temps voulu, ont écrit « ce livre » (20:30), comme d’autres l’ont fait, qui n’étaient pas moins inspirés que Jean pour l’œuvre. D’un autre côté, ceux qui ne sont pas de Dieu n’écoutent pas les apôtres, préférant leurs pensées ou celles d’autres hommes, pour leur ruine irrémédiable. « À cela nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur » (1 Jean 4:6).

 

21.6.3    Jean 20:30-31 n’est pas la fin de cet évangile

Après cette brève interruption, digne et pleine de grâce, l’évangéliste se tourne vers «la troisième» (21: 14) des grandes manifestations de Jésus ressuscité, qu’il avait pour tâche de décrire, avant de terminer par les places respectives et particulières que le Seigneur voulait donner à Pierre et à Jean dans leur service ici-bas. Que des gens intelligents aient pu dire que nos deux versets, qui forment la conclusion du ch. 20, seraient formellement la fin de l’évangile, ce serait inconcevable, si ce n’était un fait positif. Grotius semble avoir été le premier homme d’importance à avoir formulé et fait circuler cette supposition incompatible avec le rattachement manifeste des deux premiers jours de la semaine du ch. 20 avec la scène du ch. 21, — et tout autant incompatible avec la réelle compréhension de l’évangile globalement. L’Allemagne moderne a repris cela avec d’autres notions néfastes de cet érudit hollandais, non seulement Ewald, Lücke et Tholuck, mais même Meyer, Néander et Stier. Il est douloureux d’ajouter que Alford, Scrivener, Westcott et d’autres encore, ont cédé à la théorie injustifiée que Jean 20 aurait terminé originellement l’évangile, et que Jean 21 serait un ajout tardif de la propre main de l’apôtre, beaucoup allant même plus loin, jusqu’à refuser complètement que l’apôtre en soit l’auteur.

 

21.6.4    Jean 20:30-31 suggéré par le cas de Thomas. Ne pas découper l’évangile selon des apparences superficielles

Quand nous entrerons dans les détails du dernier chapitre, nous seront en mesure de montrer encore plus combien cette pensée est sans fondement. En attendant, il suffit ici de souligner brièvement l’erreur de considérer comme une fin véritable ces deux versets 30 et 31 qui viennent de nous occuper. En fait, ils sont un commentaire instructif fait en passant, - avec un coup d’œil sur les miracles opérés par le Seigneur tout du long, avec une déclaration spéciale du but de Dieu qui a en vue la gloire de Christ et la bénédiction des fidèles, — ceci étant suggéré par le cas de Thomas, en évitant délicatement toute allusion directe inutile à quelqu’un si honoré par le Seigneur. Si l’on admettait plusieurs fins de l’évangile en Jean 20 et 21, on pourrait tout autant voir plusieurs commencements de l’évangile en Jean 1. Dans ce genre de raisonnements humains faits à partir d’apparences superficielles, il serait encore plus plausible de trouver au moins deux suppléments, sinon trois, à l’épître aux Romains. On ne manque pas non plus de gens faisant autorité et qui désirent transporter la doxologie de la fin de Rom. 16 à la fin de Rom. 14. Pourtant, cela est douteux, car cette hypothèse au sujet de l’épître aux Romains est aussi peu naturelle qu’ici en Jean, si l’on séparait la troisième manifestation du Seigneur ressuscité des deux qui l’ont précédée, ou également si l’on admettait qu’elle fût un ajout ultérieur, nécessaire pour compléter le tableau. Or c’est un vrai complément, et non pas du tout un simple supplément, comme les hommes l’ont pensé, car il constitue une partie essentielle d’un tout organique ; pareillement Jean 2:1-22 est à sa place comme faisant suite à Jean 1, et n’a jamais pu en être justement détaché, comme s’il s’agissait d’une pensée fournie après coup à une date ultérieure, même si c’était par la même main.

 

21.6.5    Jean 20:30-31 — Style de Jean. Continuité des ch. 20 et 21

Mr. J.B. McClellan dans son « Nouveau Testament » (I. 744-747) fait honorablement exception à la mode du jour, qui subordonne la saine critique aux idées subjectives. D’une part, l’autorité externe (tirée des manuscrits) est complète et irréprochable ; de l’autre, la manière spéciale de l’évangéliste Jean n’a pas été correctement prise en compte par tous ceux qui se sont laissés aller à l’hypothèse que Jean aurait écrit une annexe à son évangile. Jean a été conduit par l’Esprit à intervenir de temps en temps en laissant son cœur s’exprimer sur ce qui affectait son divin Maître en bien ou en mal, ou sur le témoignage rendu par Ses paroles, Ses voies et Ses miracles qui les accompagnaient, comme ici. Aller au-delà, c’est faire une fausse déduction qui détache le ch. 21 de la place qui lui est due. Quel discrédit porté aux « critiques modernes » et à leur autosatisfaction, qui permettent à leurs propres pensées de s’égarer librement malgré l’autorité écrasante et les témoignages concordants ! Et ce n’est pas tout. Car la véritable preuve interne est déterminante pour conclure à la continuité du texte tel qu’il est, car elle exige le chapitre suivant pour compléter la portée de cet évangile en général, et spécialement la portée de ce qui a été commencé dans la dernière partie du chapitre 20.

 

 

22                  Chapitre 21

22.1                      Lien entre les ch. 20 et 21

Il est impossible honnêtement de séparer la manifestation de Jésus au bord du lac de Tibériade des deux scènes précédentes dont elle est le complément ; le v. 14 nous permet en effet de l’affirmer de manière décisive. Il est donc tout à fait impropre de parler de ce ch. 21 comme étant un appendice, et encore plus de spéculer sur le fait qu’il aurait été écrit à une époque plus tardive que le reste de l’évangile : cette supposition a été due principalement, sinon totalement, à une mauvaise compréhension des deux derniers versets de Jean 20, comme on l’a déjà souligné.

Le lecteur notera que le lien du ch. 21 avec les deux manifestations précédentes du Seigneur ressuscité est direct et bien marqué. Nous L’avons d’abord vu (après s’être fait connaître à Marie de Magdala et l’avoir envoyée transmettre un message très caractéristique à Ses disciples) se tenant au milieu d’eux alors qu’ils étaient assemblés, sans L’avoir vu entrer, le premier jour de la semaine ou jour de la résurrection, — dans leur jouissance de la paix et de la mission de paix dans la puissance de l’Esprit pour remettre et retenir les péchés en Son nom. Nous l’avons ensuite vu huit jours après, rencontrant à nouveau Ses disciples en présence de Thomas, celui-ci représentant Israël des derniers jours, sauvé mais ne croyant qu’en Le voyant ressuscité. Maintenant nous avons le beau tableau de la moisson millénaire tirée de la mer des Gentils, à la suite du retour au Seigneur des Juifs en tant que tels, selon ce que toute la prophétie amène à attendre. La troisième scène suit en bon ordre la seconde ; la vérité future véhiculée par cette troisième scène se rattache à la seconde scène comme en étant une conséquence, ce qu’indique l’expression « après ces choses ».

 

22.2                      Jean 21:1-14

22.2.1    Jean 21:1-6

« Après ces choses, Jésus se manifesta encore aux disciples près de la mer de Tibérias ; et il se manifesta ainsi : Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme [c’est-à-dire Jumeau], et Nathanaël de Cana de Galilée, et les [fils] de Zébédée, et deux autres de ses disciples étaient ensemble. Simon Pierre leur dit : Je m’en vais pêcher. Ils lui disent : Nous allons aussi avec toi. Ils sortirent, et montèrent dans la nacelle : et cette nuit-là ils ne prirent rien. Et le matin venant déjà, Jésus se tint sur le rivage ; les disciples toutefois ne savaient pas que ce fût Jésus. Jésus donc leur dit : Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui répondirent : Non. Et il leur dit : Jetez le filet au côté droit de la nacelle, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le tirer, à cause de la multitude des poissons » (21:1-6).

 

22.2.2    Comparaison avec la pêche de Luc 5. La puissance vient toujours du Seigneur

Pierre, avec son énergie habituelle, propose d’aller pêcher, et six autres l’accompagnent. Mais le résultat n’est pas meilleur que quand certains de ces mêmes disciples avec le même Pierre avaient essayé d’attraper des poissons avant que Lui les aient appelés à le faire (Luc 5:1-11). Même dans les jours du royaume, la puissance devra venir manifestement du Seigneur, et non pas de l’homme ni des saints eux-mêmes. Pierre dut et voulut apprendre la leçon, même si la secte catholique romaine qui prétend faussement se réclamer de Pierre, le refuse par orgueil. Ce n’était pas encore le royaume manifesté en puissance et en gloire, mais il était révélé en mystère pour ceux qui ont des oreilles pour entendre. Et bien que la grâce opérât ses merveilles, le filet se rompit, et les bateaux menacèrent de couler quand leurs partenaires vinrent partager la tâche de prendre la grande multitude de poissons.

 

22.2.3    Image du millénium. Suite de la comparaison avec Luc 5

Ici Jésus n’est pas à bord, et les filets ne sont pas jetés en eau profonde [ou : en pleine eau] (Luc 5:4) ; mais juste à l’aube, Jésus se tient sur le rivage, et étant encore inconnu, Il leur pose une question qui amène la confession de leur échec. Puis vient la parole : « Jetez le filet au côté droit de la nacelle, et vous trouverez » (21:6). Et c’est ce qui arrive ; mais l’ayant fait, ils sont maintenant incapables de tirer le filet à cause de la multitude de poissons. C’est l’image du grand coup de filet du millénium parmi les nations, quand le salut de tout Israël se révélera être une bénédiction incomparable pour les Gentils. Si la « chute » d’Israël a été si riche en bien par la grâce divine, combien plus le sera leur « plénitude » (Rom. 11:12) dont ces sept Israélites sont le gage ? Christ autrefois rejeté, mais maintenant ressuscité doit être tête (chef) sur les païens, non seulement tête de l’église maintenant en haut, mais bientôt celle des nations sur la terre, étant reconnu comme leur Seigneur et leur Dieu par Israël auparavant incrédule (20:28). Alors les Juifs chanteront : « Dieu nous bénira, et tous les bouts de la terre le craindront » (Ps. 67:7), et encore : « Des grands viendront d’Égypte ; Cush [l’Éthiopie] s’empressera d’étendre ses mains vers Dieu. Royaumes de la terre, chantez à Dieu, chantez les louanges du Seigneur » (Ps. 68:31-32). Dans l’image de ce jour futur, les filets ne se rompent pas, et il ne vient pas à l’idée de mettre les poissons dans le bateau (Luc 5:7), encore moins de collecter les bons dans des récipients et de jeter loin les mauvais (Matt. 13:48). La faiblesse de l’homme et des circonstances terrestres s’efface devant la puissance présente du Seigneur qui dirige tout.

 

22.2.4    Anciennes interprétations, la plupart erronées

22.2.4.1             Augustin et Grégoire le grand

Augustin peut être considéré sans risque comme le plus capable et le plus éclairé des premiers écrivains sur ce miracle, qu’il compare à celui qui a précédé l’appel de Simon Pierre et des fils de Zébédée. Il distingue à juste raison entre la prise des poissons qui suivit la résurrection et la pêche miraculeuse avant celle-ci. Aucun autre chez les anciens n’ajoute à la vérité de ses observations ; Grégoire le Grand obscurcit plutôt la force de notre passage de l’Écriture par son effort d’exagérer la part de Pierre afin d’asseoir les prétentions papales qui étaient alors en pleine croissance. Il considère le premier miracle comme représentant le bien et le mal dans l’église, telle qu’elle est maintenant ; et le second miracle représenterait le bien seulement, qui sera possédé pour toujours une fois que la résurrection des justes sera accomplie à la fin de cette ère [ou : siècle] (Serm. ccxlviii.-cclii., etc.)

 

22.2.4.2             Ceux qui voient dans Jean 21 une image de la résurrection

On en a peut-être déjà suffisamment dit pour corriger d’avance cette interprétation si erronée du miracle placé devant nous. Il n’y a pas la pensée d’une scène de pêche dans la résurrection, qu’elle soit des justes ou des injustes ; il est faux que les Juifs ou d’autres hommes soient employés à assembler les justes ressuscités pour leur repos céleste et éternel. Les pères [de l’église] n’ont rien vu de la restauration future du royaume à Israël, ni de la bénédiction générale de toutes les nations comme telles sous le règne du Seigneur dans le siècle à venir. Les modernes sont en général autant ignorants, car bien que certains voient et admettent la restauration d’Israël sur sa terre, et l’accomplissement de la gloire, promise si largement tout le long de l’Ancien Testament, par une étrange incohérence ils fusionnent tout dans le présent siècle. Ils ne s’aperçoivent pas que ceux de cet Israël restauré font partie de ce qui constitue le siècle à venir, avant l’état éternel où il n’y aura absolument aucune différence entre Juifs et Gentils, comme il n’y en a aucune déjà maintenant pour les chrétiens et l’église.

 

22.2.4.3             Ceux qui confondent l’église et le millénium

Mais voici une autre source de cette idée profondément erronée, qui a la vie dure et qui est fort répandue. Les hommes, y compris des hommes de bien, manquent de voir la vraie nature de l’église, car ils ne croient pas aux aspects spécifiques du millénium. Combien d’erreurs pourraient être évitées s’ils discernaient le caractère particulier et le privilège sans pareil du corps de Christ uni à sa Tête céleste depuis la rédemption, tandis que Lui est assis à la droite de Dieu ! Combien plus encore d’erreurs seraient évitées, s’ils attendaient Son retour avec Son épouse (déjà complète et enlevée pour être avec Lui en haut), pour faire de Ses ennemis le marchepied de Ses pieds (Ps. 110:1), et de Juda Son cheval de gloire dans la bataille (Zach. 10:3) qui introduit l’Éternel-Jésus comme Roi sur toute la terre, — un seul Éternel et Son nom unique en ce jour-là ! (Zach. 14:9). C’est une énormité de confondre l’église en laquelle il n’y a ni Juif ni Grec, avec toute cette bénédiction spécifique à Israël et aux nations sur la terre sous le règne du Seigneur, et c’est aussi énorme de fusionner les deux à la fin de ce siècle ou dans l’éternité qui, supposent-ils, doit suivre. Ils effacent le nouvel âge à venir, qui doit être caractérisé par le règne du second Homme, le Seigneur Jésus, l’absence de Satan, l’exaltation des saints glorifiés en puissance en haut, et la bénédiction de toutes les familles de la terre ici-bas.

Mais tout ceci est écrit de manière indélébile dans les Écritures ; et aucune lutte de l’incrédulité ne peut se débarrasser d’une vérité qui peut être, et est blessante pour l’orgueil naturel et pour l’esprit mondain, tandis qu’elle se révélerait d’un grand secours et d’une grande valeur pour les chrétiens souvent rendus perplexes parce qu’ils lisent de travers la révélation et qu’ils ont, par conséquent, une conception erronée de ce qui doit être recherché et attendu dans le temps présent. Car toute erreur porte des fruits nuisibles, et l’erreur en question, bien que n’attaquant pas la vérité fondamentale, affecte à une grande échelle la compréhension correcte du passé, du présent et de l’avenir. Ainsi les principales différences caractéristiques sont brouillées, et un vague méli-mélo est présentée, tandis que la Parole de Dieu offre la lumière la plus complète sur les diverses dispensations, ainsi que sur ce mystère à l’égard de Christ et de l’église qui s’intercale entre les dispensations et leur est supérieur.

 

22.2.5    Jean 21:7-14

L’amour qui est de Dieu rend l’œil simple, et par suite le corps tout entier est plein de lumière. Jean fut prompt à discerner le Seigneur. « Ce disciple donc que Jésus aimait, dit à Pierre : C’est le Seigneur. Simon Pierre donc, ayant entendu que c’était (litt.: c’est) le Seigneur, ceignit sa robe de dessus, car il était nu, et se jeta dans la mer. Et les autres disciples vinrent dans la petite barque (car ils n’étaient pas loin de terre, mais à environ deux cents coudées), traînant le filet de poissons. Quand ils furent donc descendus à terre, ils voient là de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. Simon Pierre donc monta, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois gros poissons ; et quoiqu’il y en eût tant, le filet n’avait pas été déchiré. Jésus leur dit : Venez, dînez. Et aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant que c’était le Seigneur. Jésus vient et prend le pain, et le leur donne, et de même le poisson. Ce fut là la troisième fois déjà que Jésus fut manifesté aux disciples, après qu’il fut ressuscité d’entre les morts » (21:7-14).

 

22.2.5.1             Jean 21:7

Si Jean fut le premier à percevoir qui était Celui qui leur parlait, Pierre avec sa promptitude caractéristique est le premier à agir pour se trouver en Sa présence, non pas nu toutefois, mais convenablement vêtu. Il avait manqué misérablement, profondément et à plusieurs reprises, mais sa foi n’avait pas défailli ; le Sauveur avait en effet prié pour lui pour qu’elle ne défaille pas. Le désespoir à cause d’une très grave faute n’est pas plus de la foi que l’indifférence qui n’entend pas la voix du Sauveur, et qui, ne connaissant jamais Sa gloire ou Sa grâce, n’a jamais conscience de sa propre culpabilité. Il apprend ainsi expérimentalement à se confier dans le Seigneur, après avoir fait trop confiance à son propre amour pour son Maître ; et Christ doit être tout pour le cœur de celui qui doit affermir ses frères.

 

22.2.5.2             Jean 21:8

Cependant le Seigneur ne méprise personne, et les autres disciples suivent dans la petite barque, tirant le filet plein de poissons, car Il n’avait pas donné une telle prise pour la laisser en arrière. La grâce fait faire des différences, mais jamais pour se comporter de manière inconvenante. Pierre agit comme il convient envers le Seigneur, et les autres aussi à leur place ; car en effet ils avaient tous un même cœur, et une même intention de plaire au Seigneur.

Ainsi en sera-t-il quand l’abondance de la mer se tournera vers Sion (És. 60:5). Quel ne sera pas l’effet que tout Israël soit sauvé ? « Or, si leur chute est la richesse du monde, et leur diminution, la richesse des nations, combien plus le sera leur plénitude… quelle sera leur réception, sinon la vie d’entre les morts » (Rom. 11:12, 15). L’Éternel détruira le voile qui s’étend sur toutes les nations, et Israël ne sera pas seulement l’instrument de la vengeance divine sur leurs ennemis, mais l’instrument de la miséricorde et de la bénédiction de Dieu envers toutes les familles de la terre. « Et le résidu de Jacob sera, au milieu de beaucoup de peuples, comme une rosée de par l’Éternel, comme des ondées sur l’herbe, - qui n’attend pas l’homme, et ne dépend pas des fils des hommes. Et le résidu de Jacob sera, parmi les nations, au milieu de beaucoup de peuples, comme un lion parmi les bêtes de la forêt, comme un jeune lion parmi les troupeaux de menu bétail, qui, s’il passe, foule et déchire, et il n’y a personne qui délivre » (Michée 5:7-8).

 

22.2.5.3             Jean 21:9

On remarque ce fait remarquable que, quand les disciples débarquèrent, ils virent un feu allumé, et du poisson mis dessus et du pain. Le Seigneur avait opéré devant eux et sans eux, bien qu’Il voulût leur faire partager la communion avec les fruits de l’activité de Sa grâce. Il aura préparé Lui-même un résidu Gentil avant d’employer Son peuple à rassembler la grande prise millénaire tirée de la mer des nations. La grâce de Dieu opèrera d’une manière beaucoup plus variée et vigoureuse que ne pensent les hommes ; et tandis qu’Il daigne utiliser son peuple, il est bon pour eux d’apprendre précisément à ce moment-là qu’Il peut travailler de façon autonome, et qu’Il le fait. « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! » (Rom. 11:33). Combien cela se vérifie à la fois en Israël et parmi les Gentils !

 

22.2.5.4             Jean 21:10-11

Mais le Seigneur voulait que les Siens entrent dans la communion de ce qu’Il a opéré tout en jouissant de leur propre travail. « Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. Simon Pierre monta, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois gros poissons ; et quoiqu’il y en eût tant, le filet n’avait pas été déchiré. Jésus leur dit : Venez, dînez » (21:10-11).

Le contraste avec tout ce qui caractérise le travail actuel de Ses serviteurs est très clair. La parabole de Matthieu 13:47-50 nous montre que, même jusqu’à la fin du siècle actuel, le filet contient de bons et de mauvais poissons, et qu’en même temps les pêcheurs (hommes) sont spécialement appelés à mettre les bons poissons dans des vaisseaux et à rejeter les mauvais ; tandis que lorsque arrive le temps du jugement à l’apparition du Seigneur, les anges, comme nous le savons, font le travail inverse, celui de séparer les méchants du milieu des justes. La pêche miraculeuse de Luc 5:4-7, décrit le travail actuel, et montre les filets qui se rompent, et les bateaux où l’on met les poissons commençant à couler. Rien de tout cela n’apparaît ici avec la présentation des jours du royaume, lorsque le Seigneur sera avec les Siens sur la terre. Il y a beaucoup de grands poissons, mais aucun n’est mauvais ; le filet reste intact, cela est dit expressément ; on ne trouve pas la pensée de bateaux en train de sombrer, et le filet est tiré à terre au lieu qu’on remplisse le bateau. C’est donc un état de chose tout à fait différent et futur qui est dépeint après la fin du présent siècle et avant que l’éternité commence.

Il est sûr que le Seigneur veut encore dans ce temps futur renouveler Ses relations avec Son peuple sur la terre : je ne parle pas de la maison du Père en haut et de ses relations célestes, mais de ceux qui seront bénis sur la terre et qui y seront eux-mêmes une bénédiction. C’est une perspective incontestablement conforme à l’Écriture, et très encourageante, que cette terre-ci doive être « affranchie de la servitude de la corruption, pour [jouir de] la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rom. 8:21). Car c’est la révélation des fils de Dieu qui est l’espérance de la vive attente de la création, bien que, comme nous le savons, toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant (Rom. 8:19, 22). Mais il n’en sera pas toujours ainsi. Le Seigneur Lui-même vient, et le jour de Son apparition verra la délivrance de toute la création, non pas, bien sûr, comme nous qui avons les prémices de l’Esprit (Rom. 8:23) et sommes introduits maintenant dans la liberté de la grâce par la foi, mais la création elle-même aussi sera affranchie en puissance pour être introduite dans la liberté de la gloire. Ce sera le royaume de Dieu, non plus un secret (ou : mystère) pour la foi, mais le royaume manifesté en puissance et dans toute son étendue de bénédiction, avec ses choses terrestres et ses choses célestes, selon ce que le Seigneur laissa entendre à Nicodème, et comme Éphésiens 1 et Colossiens 1 nous l’enseignent en rapport avec la primauté de Christ et Sa réconciliation.

 

22.2.5.5             Jean 21:12-14

Ici, en rapport avec ce jour-là, le Seigneur donnait le gage d’une bénédiction future largement répandue, quand le monde Gentil procurera une joie commune à Son peuple, et l’occasion de la manifestation de Sa puissance et de Sa présence en tant que ressuscité. Nul autre que Lui ne pouvait ni ne voulait agir de la sorte. On ne peut pas se tromper sur Sa grâce. « Et aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant que c’était le Seigneur. Jésus vient et prend le pain, et le leur donne, et de même le poisson. Ce fut là la troisième fois déjà que Jésus fut manifesté aux disciples, après qu’il fut ressuscité d’entre les morts » (21:12-14). C’était le jour, préfiguré par les prophètes et attendu par les saints dès les temps anciens, quand ils Le connaîtront tous depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux, aucun n’ayant plus besoin de dire : Connais le Seigneur (Héb. 8:11). « Dans ce temps-là on appellera Jérusalem le trône de l’Éternel ; et toutes les nations se rassembleront vers elle, au nom de l’Éternel, à Jérusalem ; et elles ne marcheront plus suivant le penchant obstiné de leur mauvais cœur. En ces jours-là, la maison de Juda marchera avec la maison d’Israël ; et ils viendront ensemble du pays du nord au pays que j’ai donné en héritage à vos pères » (Jér. 3:17-18).

Il y aurait un vide extrême pour ce monde et la gloire de Dieu en lui, un vide que rien d’autre ne pourrait combler pour celui qui a une vision large et attentive des relations de Dieu avec le monde, s’il n’y avait pas une période de bénédiction divine ici-bas pour Israël et les nations par le moyen de la grâce et à la louange du Seigneur Jésus ressuscité. Cela n’interfère pas le moins du monde avec les choses plus profondes et plus élevées au-dessus du monde auxquelles le chrétien et l’église sont maintenant appelés. Au contraire, quand on ne voit pas la réalité et le vrai caractère du royaume à l’apparition de Christ, on fait de la confusion entre ce royaume et l’espérance propre de l’église, et cette confusion est ruineuse pour la bénédiction propre à l’église d’une part, et à Israël et les Gentils d’autre part.

 

22.3                      Jean 21:15-17

Mais notre évangile, tout en révélant pleinement Dieu en Christ sur la terre, et tout en traçant les voies de Dieu en Christ ressuscité dans ces derniers chapitres, ne perd jamais de vue la grâce opérant dans l’âme individuelle, d’abord pour les chrétiens et l’assemblée, ensuite pour Israël, et enfin les Gentils. Ainsi, Pierre doit être restauré entièrement, et publiquement rétabli ; c’est ce que le Seigneur voulait. Il avait été déjà spécialement distingué (Marc 16:7) à un moment où une telle distinction était de toute importance, à la fois pour lui et devant ses frères, car naturellement ceux-ci se seraient profondément défiés de l’homme qui avait si gravement renié son Maître, malgré un avertissement complet. Et avant que les onze aient vu le Seigneur se tenir au milieu d’eux, Il était apparu à Simon (Luc 24:34 ; 1 Cor. 15:5). Mais Il voulait poursuivre le travail en grâce en profondeur dans le cœur de Pierre, et nous faire entrer dans les secrets de cette discipline vraiment divine.

« Lors donc qu’ils eurent dîné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes[agapas]-tu plus que [ne font] ceux-ci ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime [phileô (*)]. Il lui dit : Pais mes agneaux. Il lui dit encore une seconde fois : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes[agapas]-tu ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime [phileô]. Il lui dit : Sois berger (2*) de mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes[phileis]-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui disait pour la troisième fois : M’aimes[phileis]-tu ? Et il lui dit : Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime [phileô]. Jésus lui dit : Pais mes brebis [ou : petites brebis] » (21:15-17).

 

(*) Note Bibliquest : WK traduit « phileô » par « aimer avec affection » ou « aimer tendrement » (dearly love). D’autres traduisent « avoir de l’affection ».

22.3.1    Jean 21:15 — Le premier m’aimes-tu ?

Le Seigneur va à la racine de l’affaire. Il ne parle pas de ce que Pierre L’a renié, mais Il pénètre jusqu’à ce qui en est la cause. Pierre est tombé par sa confiance en lui-même, au moins par sa confiance dans son amour pour son Maître. Il jugeait qu’il pourrait aller en toute sécurité là où les autres ne pouvaient pas aller sans danger, et qu’il tiendrait bon pour confesser Son nom jusqu’en prison et à la mort. Le résultat, nous le connaissons tous trop bien. Le plus grand des douze renia le Seigneur à plusieurs reprises, allant jusqu’à jurer ne pas Le connaître, malgré un avertissement récent et solennel. Mais une restauration peut ne pas être complète, même quand on reconnaît pleinement le fruit. Pour que la bénédiction soit complète, le Seigneur veut que, comme Pierre ici, nous discernions la source cachée. Il n’avait pas encore atteint ce point : le Seigneur le fait connaître à Son serviteur. Il n’y a pas de hâte ; Il attend jusqu’à ce qu’ils aient rompu leur jeûne (*), et puis il dit à Simon Pierre : «Simon (fils) de Jean, m’aimes-tu (agapas) plus que [ne font] ceux-ci ? » Il l’appelle par son nom naturel, car Il savait bien où gisait le secret qui avait donné prise à l’ennemi ; et Il voulait en éveiller un sentiment véritable dans l’âme de l’apôtre. Dans l’assurance d’avoir davantage d’affection, il n’avait pas simplement eu confiance en lui-même par rapport aux autres, mais il n’avait pas tenu compte de la parole du Seigneur. S’il avait eu Ses paroles à cœur avec prière, il ne serait pas tombé quand il fut mis à l’épreuve, mais il aurait enduré la tentation et souffert. Mais il n’en fut pas ainsi. Il était sûr d’aimer le Seigneur plus que tous les autres ; et si eux ne pouvaient pas supporter un tel passage au crible, lui le pourrait ; et cette confiance dans son propre amour sans égal pour Christ fut précisément la cause de sa chute, tandis que l’occasion en fut les questions posées par ceux qui avaient assisté à la scène. Et maintenant le Seigneur met la racine à nu pour Pierre, qui avait déjà pleuré sur le fruit manifeste.

(*) Note Bibliquest : Il semble qu’on pourrait traduire « jusqu’à ce qu’ils aient déjeuner » : dé-jeuner correspond à cesser le jeûne. Mais cela implique de traduire le texte biblique de manière à ce qu’il utilise le terme de « déjeuner » aux versets 11 et 15, et non pas « diner » comme dans la version JND. WK utilise aussi le terme « to dine » et non pas « to have breakfast » (break-fast comme dé-jeuner contient l’idée de rompre un jeûne)..

Pourtant, au premier abord, Pierre ne découvre pas le but du Seigneur. Il évite bien la comparaison imprudente avec les autres ; il fait simplement appel à la connaissance intérieure consciente du Seigneur : « Oui, Seigneur, Tu sais que je t’aime tendrement (phileô) ». Loin de nier sa profession de tendre affection, le Seigneur en révèle Sa propre appréciation, et la confiance qu’Il a en Pierre. Car Lui, le bon Berger, sur le point de quitter le monde, confie à Son serviteur ce qui était indiciblement précieux à Ses yeux, et qui avait, plus que tout, besoin de Ses soins : « Pais mes agneaux ». C’est ainsi qu’Il met à l’épreuve notre amour par la réponse que nous faisons à Son amour pour les plus faibles des saints. « Quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui » (1 Jean 5:1). Nous aimons parce que Lui nous a aimés le premier ; mais ce n’est pas que nous L’aimons Lui seulement, mais aussi ceux qui sont Siens, — non pas ceux qui nous aiment naturellement, mais ceux qu’Il aime divinement. « Celui qui dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n’est pas en lui » (1 Jean 2:4) ; et « si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, il est menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons ce commandement de sa part, que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère » (1 Jean 4:20-21).

Pierre n’a t-il pas profondément et de plus en plus senti la confiance d’amour que le Seigneur faisait reposer en lui, plus que même qu’avant sa chute ? L’administration du royaume des cieux, les clefs (non pas de l’église, ni du ciel, mais) du royaume, avaient été promises à Pierre, et cela a été réalisé en son temps. Ici, c’est quelque chose de plus tendre et de plus intime, bien qu’il n’y ait aucune raison d’étendre le troupeau qui lui est confié ici au-delà de ceux de la circoncision (voir Gal. 2:7). Ne se souvenait-il pas d’Ésaïe 40:11, en communion avec le Messie béni dans Son travail de paître ce troupeau comme un berger, rassemblant les agneaux avec Ses bras, et les portant sur Son sein, tout en menant doucement les brebis qui allaitent ?

 

22.3.2    Jean 21:16 — Le second m’aimes-tu ?

Le Seigneur l’interpelle une fois de plus, mais en omettant toute référence aux autres. « Il lui dit encore une seconde fois : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes tu ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime tendrement (ou : avec affection). Il lui dit : Sois berger de mes brebis ». Il est douloureusement instructif de voir qu’un érudit aussi mûr que Grotius ait soutenu l’opinion si indigne selon laquelle ces changements remarquables d’expressions ne correspondraient à aucune distinction substantielle de la vérité. — Quant à Pierre, même s’il a cessé de sous-estimer les autres, il ne peut abandonner son assurance que le Seigneur était intérieurement conscient de la réalité de son affection pour Lui. Et le Seigneur lui demande maintenant d’être berger ou de gouverner Ses brebis, comme auparavant de paître Ses agneaux. C’est la même chose que, plus tard, Pierre recommandera aux anciens parmi les chrétiens d’origine juive auxquels il s’adressera, ceux de la dispersion de la région du Pont et d’autres districts de l’Asie Mineure : « Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant [les] modèles du troupeau » (1 Pierre 5:2-3).

 

22.3.3    Jean 21:16 — Les brebis sont celles de Christ

On remarquera avec profit dans les paroles du Seigneur, comme dans celles de l’apôtre, combien il est soigneusement précisé que les agneaux et les brebis sont ceux de Christ, et non pas ceux des anciens, ni même de l’apôtre. Le troupeau est le troupeau de Dieu. Celui qui traite les chrétiens comme sa congrégation est coupable du même oubli de la grâce divine et de l’autorité divine que la congrégation qui regarde le ministre du culte comme son ministre, au lieu qu’il soit celui de Christ. Si certains pensent que ce sont des distinctions de peu d’importance, ils ne saisissent manifestement pas correctement une différence qui est aussi profonde quant à la vérité que lourde de conséquences pratiques très importantes, soit pour le bien soit pour le mal. Saisir cette différence donne de l’élévation morale, et découle de la foi ; c’est ce qui délivre du moi et donne la vraie relation et le vrai caractère, celui de Christ, que ce soit à ceux qui exercent le ministère comme à ceux envers qui s’exerce le ministère.

 

22.3.4    Jean 21:17 — Le troisième m’aimes-tu ?

Mais le Seigneur s’adresse encore à lui. « Il lui dit pour la troisième fois : Simon, [fils] de Jean, m’aimes-tu tendrement ? » Ici la sonde atteint le fond. Pas un mot de blâme ni de reproche, mais le Seigneur pour la troisième fois le questionne, et pour la première fois Il reprend ses propres termes d’affection spéciale. Son triple reniement n’apparaissait-il pas à la lumière de cette triple interpellation et, surtout, de ce mot exprimant de l’amour affectueux ? « Pierre fut attristé de ce qu’il lui disait pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui dit : Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime tendrement. Jésus lui dit : Pais mes brebis » ; ou, si l’on préfère la lecture des manuscrits Alexandrin, Vaticanus ou le Palimpseste de Paris, etc., « mes petites brebis », un diminutif de tendresse et d’affection.

Le travail de restauration était maintenant complètement terminé. Pierre abandonne toute pensée de soi, et ne peut trouver refuge qu’en la grâce. Seul Celui qui, de Lui-même, sait tout sans effort, pouvait donner crédit au cœur de Pierre, malgré ses propos et toutes les apparences ; pourtant ne savait-Il pas que Son pauvre serviteur qui L’avait renié L’aimait tendrement ? La réponse du Seigneur, lui confiant à nouveau ce qui Lui était le plus cher sur la terre — ce que l’amour du Père Lui avait donné — scelle la restauration de Pierre, non pas dans l’âme seulement, mais dans sa relation aux brebis de Sa pâture. « Pais [nourris] mes brebis », dit le Seigneur. En être le berger, ou les gouverner pastoralement n’est pas oublié ; mais les nourrir positivement comme les agneaux au début, cela reste jusqu’au bout la tâche permanente du berger, le besoin constant des brebis ; mais cela exige un amour endurant et profond, non pas pour réprimander s’il le faut, ou pour gouverner, mais pour nourrir, et nourrir tout spécialement la moindre de toutes les brebis de Christ. Seul l’amour de Christ peut faire que quelqu’un mène cette tâche à bien.

 

22.4                      Jean 21:18-19

22.4.1    La grâce qui rétablit au-delà de ce qui a été perdu

Mais ce n’est pas tout. Il ne suffit pas pour le Seigneur de restaurer pleinement l’âme de Pierre et, de faire plus que le réintégrer dans sa relation avec les brebis qui aurait pu, sinon, sembler compromise. La grâce voulait lui donner au moment voulu de Dieu ce qu’il avait non seulement perdu, mais qu’il avait tourné à sa propre honte et au déshonneur de son Maître : la confession de Son nom jusqu’en prison et à la mort.

« En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas. Or il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu. Et quand il eut dit cela, il lui dit : Suis-moi » (21:18-19).

 

22.4.2    La communion des souffrances de Christ et la conformité à sa mort

Ici les actions et les paroles sont voilées, comme dans ce qui précède et ce qui suit, et pourtant elles sont très significatives. Il y avait l’intention de transmettre une vérité importante et intéressante, mais seulement à ceux qui pesaient tout et restaient dans le cadre de l’écoute correcte des paroles ou actions du Seigneur. Pierre était alors dans sa vigueur première et naturelle. Lorsqu’il était jeune (il était alors loin d’être vieux), il était prêt à agir énergiquement, et était disposé à se servir de sa liberté avec trop peu de défiance de lui-même. Il venait de se hasarder à aller où il voulait, jusque dans la maison du souverain sacrificateur ; et d’après les paroles fortes qu’il avait proférées, on se serait attendu à ce qu’il eût ceint au préalable ses reins comme un homme prêt à faire de grands exploits de bravoure, et à supporter un grand combat d’afflictions pour son Maître trahi et insulté. L’issue, nous ne la connaissons tous que trop bien ; et Pierre avait été amené à la voir et la sentir de plus en plus, jusqu’à descendre maintenant à la racine et à la juger entièrement devant Dieu. Mais maintenant le Seigneur lui fait aussi savoir que la grâce voulait lui rendre ce qu’il semblait avoir perdu pour toujours, la communion des souffrances de Christ et la conformité à Sa mort (Phil. 3:10), bien plus en fait que ce que Pierre, dans son excès de confiance en son amour et sa force, avait proféré avant de s’effondrer misérablement.

 

22.4.3    la grâce exclut toute possibilité de se vanter

Voyez comment la grâce exclut tout motif de se vanter, alors qu’elle assure l’honneur au-delà de ce que nous aurions jamais anticipé dans nos désirs les plus fous. N’est-ce pas digne de Dieu et convenable pour Ses saints ? Quand Pierre est allé de l’avant selon ses propres paroles, il en est arrivé à pire que rien : lui le serviteur le plus favorisé, reniant le Saint et le Juste, son propre Maître plein de grâce. C’était la plus profonde humiliation, et pourtant il était un vrai saint et un disciple plein d’amour ; mais cela avait eu lieu parce qu’il était entré en tentation à ses propres dépens, au lieu de l’endurer selon Dieu, lorsqu’il était mis à l’épreuve. Ainsi sa chute était inévitable, car personne ne peut tenir sauf dans la foi et le jugement de soi. Être un croyant et aimer le Seigneur ne préserve pas le moins du monde dans de telles circonstances, aussi étrange que cela puisse paraître pour beaucoup, qui ne pensent guère combien en pratique ils renient le Seigneur souvent et profondément, dans les affaires petites ou grandes auxquelles Il attache Son nom. Nous devons être réduits à avoir honte dans les choses dont nous sommes fiers ; et combien ce gain est encore meilleur, plutôt que de se laisser aller à une autosatisfaction sans frein ?

 

22.4.4    La mort même de Christ, avec ses souffrances

Mais le Seigneur promet à Pierre que, quand il sera devenu vieux, il étendrait les mains, et un autre le ceindrait et le conduirait où il ne voudrait pas. Ainsi, quand il ne sera plus possible de se vanter de sa propre force ou de son courage, comme un vieillard impuissant, Pierre jouirait de la part de Dieu du privilège singulier, non seulement de la mort pour l’amour de Christ que, dans les jours de sa jeunesse, il avait essayé d’affronter et à quoi il avait honteusement échoué, — mais il aurait même le privilège de cette mort même que le Seigneur avait soufferte avec l’agonie prolongée et la honte qui s’y rattache. Car il nous est dit expressément que ces paroles du Seigneur signifiaient non pas tant la mort elle-même que le genre de mort par lequel Pierre devrait glorifier Dieu ; et ayant dit cela, Il lui dit : Suis-moi.

 

22.4.5    Ni héroïsme, ni ascétisme pour le chrétien, mais l’obéissance

On ne pouvait guère se méprendre sur cette allusion. Dans ces jours-là, où le châtiment de la crucifixion était assez courant pour les plus bas esclaves et les criminels les plus coupables, tous comprenaient ce que voulait dire être « élevé » (12:32-33) ou étendre les bras par la force d’autrui (21:18). Encore une fois, la manière imagée d’appeler Pierre à Le suivre, tandis qu’Il faisait quelques pas sur le rivage, rendait clair son propos solennel. Pourtant, même alors et ainsi, le fait que quelqu’un d’autre le conduirait et le mènerait où il ne voudrait pas, cela prouve combien peu il y aurait du moi dans la mort de Pierre sur la croix ; cela est en contraste avec ceux qui, plus tard et dans des jours incomparablement plus décadents, chercheraient la mort en martyr pour gagner cette couronne. Non ! La fin de Pierre sur la terre devait être de souffrir et de mourir pour Christ, qui lui donnerait de le supporter le moment venu. Ni l’héroïsme, ni l’ascétisme, ne sont l’insigne du chrétien, mais l’obéissance.

La leçon de Sa grâce qui surpasse tout, demeure pour nous qui aimons le même Sauveur, et avons une nature qui n’est pas meilleure que celle du disciple. Cette leçon nous a-t-elle été enseignée ? Peut-on l’apprendre en toute sécurité et sûrement sinon en suivant Christ ? « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (12:26). Pierre, lorsqu’il serait appelé, devrait suivre le Maître ; et c’est ce qu’il fit. Que cette même grâce nous fortifie et nous guide dans le même chemin pour la vie et pour la mort ! Suivre Christ selon Son appel, c’est notre meilleur service.

 

22.5                      Jean 21:20-23 — Toi, suis-moi

22.5.1    Jean 21:20-21 — Pierre questionne sur Jean par affection

L’âme ardente de Pierre, enflammée par l’indication solennelle du Seigneur, saisit l’occasion pour se renseigner sur celui qui lui était si étroitement lié, le disciple bien-aimé. On ne peut guère, dans cette question posée, discerner la jalousie de quelqu’un d’actif par rapport à la vie contemplative, ce dont les premiers écrivains et les écrivains médiévaux parlent beaucoup. Mais le Seigneur rectifie comme il en avait besoin.

« Pierre, se retournant, voit suivre le disciple que Jésus aimait (qui aussi, durant le souper, s’était penché sur sa poitrine, et avait dit : Seigneur, lequel est celui qui te livrera ?) ; Pierre donc, le voyant, dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, que [lui arrivera-t-il] ? Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. Cette parole donc se répandit parmi les frères, que ce disciple-là ne mourrait pas. Et Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas, mais : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » (21:20-23).

C’était vraiment chez Pierre de l’intérêt affectueux pour quelqu’un qui lui était plus étroitement proche que son propre frère André, par le lien d’une affection commune pour Jésus et de Jésus. Cela rendait Pierre curieux d’apprendre au sujet de Jean, maintenant que son propre sort terrestre venait d’être révélé.

 

22.5.2    Jean 21:22 — L’énigme

Mais le Seigneur plein de grâce, s’Il reprenait avec douceur l’esprit indiscret de Son serviteur, fournit ample matière à réflexion dans l’énigme qu’Il place devant Pierre. Il est facile de voir combien est superficielle la notion d’Augustin, et de nombreux autres depuis lors, selon laquelle le Seigneur ne voulait rien dire de plus que Jean allait vivre jusqu’à un âge avancé et serein, en contraste avec les mises à mort violentes soit de Pierre dans sa vieillesse, soit de son propre frère Jacques dans sa jeunesse. Pierre devait par excellence suivre le Seigneur, même dans Sa mort pour autant que cela fût possible. Il n’en était pas ainsi de Jean, qui devait demeurer dans la dépendance de la volonté du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne. «Si je veux qu’il demeure, etc. ».

Inutile de dire qu’il y a un mystère évident et intentionnel dans la manière dont cela était dit ; et certains ont supposé qu’il est fait ici allusion à la destruction de Jérusalem et au jugement de l’administration politique juive, estimant qu’il y a certainement dans cette pensée davantage qu’une mort simplement paisible à un âge avancé. Car la mort n’est en aucun sens vrai la venue du Seigneur, mais plutôt l’inverse, nous allant à Lui. Nous savons, en tout cas, qu’il a été donné à Jean de voir le Fils de l’homme jugeant les assemblées, et d’avoir des visions non seulement sur la manière d’agir providentielle de Dieu avec le monde Juif et Gentil, mais aussi sur le retour du Seigneur avec le jugement des puissances apostates de la terre, et de l’homme de péché (Son retour afin d’établir le royaume de Dieu annoncé depuis longtemps) et sur les temps de rétablissement de toutes choses, avec la gloire encore plus élevée dans la Nouvelle Jérusalem.

C’est à partir de ces paroles du Seigneur qui ont été rapidement perverties, que la synagogue semble avoir eu sa fable du Juif errant, et la chrétienté celle du Prêtre Jean, pour nourrir les esprits qui avaient perdu la vérité soit par le rejet de Christ soit en se tournant vers la superstition.

 

22.5.3    Jean 21:23 — La tradition égare ; la norme est la Parole de Dieu écrite

Mais le v. 23 nous apprend une leçon d’une grande importance pratique, à savoir combien il est dangereux de faire confiance à la tradition, même la plus ancienne, et combien il est béni d’avoir la norme infaillible de la parole écrite de Dieu. La parole répandue parmi les frères aux temps apostoliques semblait une déduction très naturelle, voire nécessaire, des paroles de notre Seigneur. Mais nous ne faisons pas bien d’accepter sans réserve une déduction, et encore moins de nous laisser entraîner dans un système bâti sur de telles déductions. Nous avons la parole du Seigneur, et la foi se courbe devant elle pour sa joie et son repos à la gloire de Dieu. L’erreur s’insinue facilement dès qu’on prend la moindre distance d’avec ce qu’Il dit, selon ce que l’apôtre enseigne ici : le Seigneur n’a pas affirmé que ce disciple ne devait pas mourir, mais qu’Il avait dit : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ». Pourtant, ceux qui ont laissé s’introduire cette erreur primitive n’étaient pas des ennemis, ni des loups redoutables, ni des gens annonçant des doctrines perverses pour entraîner les disciples après eux (Actes 20:29-30). C’est « parmi les frères » que se répandit cette tradition sans fondement et trompeuse. Rien ne l’a empêché, ni les miracles, ni les dons, ni la puissance, ni l’unité. L’erreur est née de ce qu’on a raisonné, au lieu de coller à la parole du Seigneur. Les frères, par manque de soumission à Dieu et de méfiance à l’égard d’eux-mêmes, ont donné aux paroles une signification, au lieu de simplement recevoir d’elles leur teneur véritable. Il n’est pas étonnant qu’un autre grand apôtre nous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce (Actes 20:32) ; car si l’on peut pleinement tirer du profit par Sa parole dans la simple dépendance de Lui, nous ne pouvons pas L’honorer correctement si nous manquons d’égard pour Sa parole. Bien que nous soyons ainsi gardés et bénis par le Saint Esprit, même Celui-ci n’est en aucune sorte la norme de la vérité (*) (tandis qu’Il est la puissance de toute manière), mais c’est Christ tel qu’Il est révélé dans la parole écrite.

 

(*) Note Bibliquest : ceci ne contredit certainement pas 1 Jean 5:6 : « c’est l’Esprit qui rend témoignage, car l’Esprit est la vérité ».

 

22.6                      Jean 21:24-25

En dernier vient le sceau personnel ou l’attestation de l’écrivain. « C’est ce disciple-là qui rend témoignage de ces choses, et qui a écrit ces choses, et nous savons que son témoignage est vrai. Et il y a aussi plusieurs autres choses que Jésus a faites, lesquelles, si elles étaient écrites une à une, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qui seraient écrits » (21:24-25).

C’était Jean, et nul autre. Tous les écrivains inspirés préservent malgré tout leur propre style et leur manière, et Jean plus que tous, il n’y a pas de doute à cet égard. Pourtant, ce qui était écrit n’était qu’un échantillon, sélectionné selon la sagesse divine, et avec un plan spécifique contribuant à la grande portée et au propos de la révélation divine. Si tout ce qu’avait fait Jésus avait été écrit, l’évangéliste suppose en adorant que le monde lui-même serait trop petit pour les livres nécessaires.

On peut remarquer à quel point la fin de l’évangile répond de manière frappante à son début, ou du moins à la dernière partie des ch. 1 et 2. Car, bien que le sujet de cet évangile soit la Personne du Fils manifesté sur terre, puis envoyant le Saint Esprit après être monté auprès du Père, tandis que ce sujet est ainsi fait par-dessus tout de vérité éternelle et du privilège le plus élevé, pourtant il est pris soin, avant et après que ce soit relaté historiquement, de montrer que les voies dispensationnelles de Dieu ne sont nullement négligées. La dernière partie de Jean 20 et le début de Jean 21 sont la contrepartie de ce qui a été noté au début. On peut ajouter que les épîtres de Jean sont, bien sûr, consacrées à la tâche plus profonde de suivre à la trace la vie éternelle et la communion qu’elle donne avec le Père et le Fils, dont la parole, par les Apôtres, est la révélation, et le Saint Esprit est la puissance. Le livre de l’Apocalypse, d’autre part, est le déploiement complet et final des voies dispensationnelles de Dieu ; mais il révèle aussi ce qui est au-dessus d’elles toutes, et leur lien avec le ciel et l’éternité, qui est placé devant nous beaucoup plus complètement et de façon plus vivante que partout ailleurs dans le témoignage de Dieu.