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Isaac
William Kelly [ajouts bibliquest entre crochets]
Edition T.Weston, 1901
Table des matières abrégée: (table des matières détaillée)
1 Introduction [Sommaire de l’histoire d’Isaac selon la Genèse]
2 Événements antérieurs — Genèse 12 à 20
3 La naissance du fils et héritier — Genèse 21:1-7
4 Isaac demeure. Agar et Ismaël sont renvoyés — Genèse 21:8-21
5 L’Éternel, le Dieu d’éternité — Genèse 21:22-34
6 Isaac mort et ressuscité en figure — Genèse 22:1-14
7 Isaac : la semence nombreuse et la semence unique — Genèse 22:15-24
8 Sara morte et ensevelie — Genèse 23
11 Les dons faits à l’épouse. [Son départ] — Genèse 24:50-60
12 La rencontre et le mariage — Genèse 24:61-67
13 Isaac l’héritier — Genèse 25:1-6
14 Abraham meurt, et Isaac est béni — Genèse 25:7-11
15 Les générations d’Ismaël — Genèse 25:12-18
1 Introduction [Sommaire de l’histoire d’Isaac selon la Genèse]
2 Événements antérieurs — Genèse 12 à 20
3 La naissance du fils et héritier — Genèse 21:1-7
3.1.1 [Précision des noms de Dieu utilisés]
3.1.2 [Prédictions multiples de la naissance de Christ]
3.1.3 [Préfiguration de la nouvelle alliance]
3.1.4 [Joie de voir le jour de Christ]
3.1.5 [Circoncision : La nouvelle alliance implique la mort pour la chair]
3.1.6 [La foi se réjouit de l’aboutissement de son attente]
3.1.7 [Encore l’exactitude des noms de Dieu]
4 Isaac demeure. Agar et Ismaël sont renvoyés — Genèse 21:8-21
4.1.1 [L’interprétation donnée par l’épître aux Galates]
4.1.2 [Ajouter la grâce à la loi n’ôte pas la malédiction]
4.1.4 [Bonté de Dieu envers Ismaël]
5 L’Éternel, le Dieu d’éternité — Genèse 21:22-34
5.1.1 [Bénédiction des Gentils]
5.1.2 [Changement de la position d’étranger d’Abraham]
6 Isaac mort et ressuscité en figure — Genèse 22:1-14
6.1.1 [Épreuve extrême pour un cœur d’homme]
6.1.2 [Résultats extrêmes pour la gloire de Dieu ]
6.1.3 [Exactitude de ce que rapporte l’épître aux Hébreux]
6.1.5 [Parfaite soumission dans l’épreuve]
7 Isaac : la semence nombreuse et la semence unique — Genèse 22:15-24
7.1.1 [Promesse d’une semence nombreuse]
7.1.2 [Promesse de la semence unique en laquelle toutes les nations seront bénies]
7.1.3 [L’usage que Galates 3 fait de cette promesse]
7.1.4 [D’où vient la force du passage de Galates 3 ?]
7.1.5 [Correspondance du type de la Genèse avec le Nouveau Testament]
8 Sara morte et ensevelie — Genèse 23
8.1.1 [Raisons de l’achat de la caverne]
9.1 Rappel de Genèse 23 et de ce dont la mort de Sara est le type]
9.2 Genèse 24:1-9 — [Le dessein de Dieu : tirer du monde une épouse pour Son Fils]
9.2.1 [Ch. 24:3-4 — Droits universels du Dieu des cieux et de la terre]
9.2.2 [Ch. 24:7-6 — Isaac image de Christ ressuscité et monté au ciel]
9.2.3 [Ch. 24:7-8 — La Tête céleste donnée à l’église – Le mystère caché révélé dans le type]
9.3.1 [La marche par la foi implique la prière]
9.3.2 [Confiance totale de la foi]
9.3.3 [La vraie foi n’est pas surprise par les réponses de Dieu]
9.3.4 [L’étonnement du serviteur en silence est de l’émerveillement]
9.3.5 [La foi en exercice est une caractéristique du croyant né de Dieu]
9.4 Genèse 24:22-27 — [La réponse de l’Éternel au désir d’Abraham et à l’action du serviteur]
9.4.1 [Des témoignages des richesses de la grâce]
9.4.2 [Obtention d’une confirmation que c’est bien le Dieu de vérité qui a guidé le chemin]
9.4.3 [Premier effet sur le serviteur : l’adoration]
9.4.4 [Adoration intelligente qui reconnaît le Dieu Véritable et Son Fils Jésus Christ]
9.4.5 [Anticipation de l’adoration en Esprit comme dans le christianisme]
9.5 Genèse 24:28-33 — [La réponse de Rebecca]
9.5.1 [Promptitude et dépendance de Rebecca comme un reflet de la grâce de Christ]
9.5.2 [Les vrais motifs de la réception offerte par Laban]
10.1.1 [Les types ou images de l’épouse dans l’Écriture]
10.1.2 [L’épouse appelée d’un pays lointain et d’une manière unique]
10.1.3 [Nouvelle représentation des événements devant la famille]
10.1.4 [Image complète et exceptionnelle des soins pour gagner l’épouse]
10.1.5 [Effet présent de ces scènes sur nous chrétiens]
11 Les dons faits à l’épouse. [Son départ] — Genèse 24:50-60
11.1 [Un serviteur concentré sur sa mission]
11.2 [Ch. 24:50-53 — Ce que représentent les dons offerts]
11.2.1 [Les dons du serviteur comme types des dons de Christ au chrétien et à l’église]
11.2.2 [L’acceptation des dons]
11.2.3 [Détails sur la signification des dons]
11.3 [Retour sur ch. 24:33-49 et le récit historique des détails de l’affaire]
11.4 [Ch. 24:54-60 — La décision de Rebecca, type de l’attente de l’église]
11.4.1 [Comparaison avec la parabole des dix vierges]
11.4.2 [Le départ de Rebecca pour rejoindre l’époux, encore une image de l’église]
11.4.4 [Ce qui a été perdu jusqu’à aujourd’hui quant à nos relations avec Christ glorifié]
12 La rencontre et le mariage — Genèse 24:61-67
12.1 [Insistance sur les détails de la rencontre à cause de la valeur de ce que le type représente]
12.3 [Les pensées durant l’attente et à la rencontre]
12.4 [Application pour nous : Cœur pour Christ et attente de Sa venue]
13 Isaac l’héritier — Genèse 25:1-6
13.2 [Héritier de toutes choses]
14 Abraham meurt, et Isaac est béni — Genèse 25:7-11
14.1 [Passage du temps de la promesse au temps du mystère caché]
14.2 [Ensevelissement d’Abraham. La part des « anciens » en résurrection]
14.3 [Isaac et Ismaël joints pour l’ensevelissement]
14.4 [Nouvelle bénédiction spéciale d’Isaac. Son habitation au puits de Lakhaï-roï]
15 Les générations d’Ismaël — Genèse 25:12-18
15.1 [Générations d’Ismaël avant celles d’Isaac]
15.2 [Multiplication d’Ismaël et Accomplissement rapide des promesses]
Ayant déjà cherché à approfondir l’histoire d’Abraham, je désire considérer ce que l’Écriture nous donne d’apprendre par Isaac. Il est vrai qu’il est beaucoup moins parlé de lui que d’Abraham ou de Jacob, et moins encore que de Joseph parmi les nombreux fils de Jacob. Pourtant, dans le compte-rendu spirituel d’Isaac qui est intervenu entre les deux principaux patriarches, il y a beaucoup de choses qui le distinguent par sa façon d’être régulière, retirée et paisible, et qui indiquent de grands principes de la Parole de Dieu et de Ses voies, non seulement dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau.
Isaac fut le modèle de l’état de fils, l’enfant de la promesse, tandis qu’Abraham en était le dépositaire, élu et appelé hors de son état précédent, béni, et destiné à devenir une bénédiction universelle pour la terre à la fin, même si, quant à lui-même, il regardait plus haut par la foi. La grâce souveraine opéra envers tous les deux, père et fils. « Car ce n’est pas par la loi que la promesse d’être héritier du monde a été faite à Abraham ou à sa semence, mais par la justice qui est de la foi » (Rom. 4:13). Car il ne pouvait pas en être autrement, et cela a été par grâce — afin que la promesse fût assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est de la loi, mais aussi à celle qui est de la foi d’Abraham, — lui qui est notre père à tous, devant Dieu qu’il a cru, lequel fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient (Rom. 4:17).
Or le caractère progressif de la révélation à cet égard est aussi intéressant qu’instructif. C’est lorsque le choix de Lot pour la plaine bien arrosée du Jourdain l’a séparé de celui à qui tout le pays était promis, que l’Éternel a renouvelé l’assurance que tout cela serait non seulement à Abraham, mais à sa postérité (Gen. 12:7 ; 13:15). Le patriarche devait encore attendre ; et quand, après avoir manifesté son désintéressement à l’occasion de sa victoire (Gen.14), il plaça devant l’Éternel le fait qu’il n’avait pas d’enfant, la parole vint que ce n’était pas Éliézer, son intendant, qui serait son héritier, mais celui qui sortirait de ses entrailles, une postérité nombreuse comme les étoiles (Gen. 15). Puis, après l’épisode d’Agar en Genèse 16, vient la révélation du Dieu tout-puissant, El-Shaddaï, en Genèse 17, et sous le rite extérieur de la circoncision, la mort de la chair imposée à lui et à sa descendance, — avec un nouveau nom pour sa femme comme pour lui-même ; car elle aussi a la promesse du fils dont le nom était donné. Ainsi, même s’Il donnerait grandeur et fécondité à Ismaël, Son alliance devait être établie en Isaac, dont le temps de naissance était déterminé.
Un témoignage encore plus frappant de l’intérêt exceptionnel porté par l’Éternel à la naissance d’Isaac, est rendu en Genèse 18. Là, sous l’apparence d’un homme, l’Éternel Lui-même apparaît à Abraham avec deux anges (Gen. 19:1) et daigne prendre part au repas préparé et mis devant eux sous l’arbre de Mamré. C’est ainsi et alors qu’Il précisa avec certitude le moment où Sara aurait un fils. Car la difficulté résidait, humainement parlant, plus dans la femme que dans le mari, et son incrédulité fut réprouvée. Mais Abraham, en tant qu’«ami» de Dieu, ne reçut pas seulement l’annonce de la naissance de son fils, mais aussi du jugement du monde, ce qui poussa son âme à intercéder pour son parent juste et sa maison dans la Sodome impie et débridée. Si son plaidoyer s’arrêta, «Dieu se souvint d’Abraham et tira Lot de la destruction».
Après un nouveau manquement en Genèse 20 (plus coupable que le premier, en Genèse 12), l’Éternel visita Sara comme Il l’avait dit, et l’Éternel fit à Sara ce qu’Il avait dit. Car Sara conçut et enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé. Abraham donna le nom d’Isaac au fils qui lui était né et que Sara lui avait enfanté. Le huitième jour, Abraham le circoncit ; et le rire de Sara était maintenant celui d’une joie et d’une reconnaissance débordantes. Mais la grande fête du sevrage de l’enfant attira les moqueries d’Ismaël, et l’expulsion de la servante et de son fils sur les remontrances de Sara, allégorie dont Galates 4 nous donne la clé.
Genèse 21 : Le grand changement est alors mis en évidence. En effet, au lieu qu’Abimélec réprimande Abraham à juste titre, Abraham réprimande maintenant le roi Gentil, lequel, avec le chef de son armée, reconnaît que Dieu est avec lui dans tout ce qu’il fait. Cependant Abraham jure pour lui montrer sa bonté, et ils concluent une alliance. Et si le puits du serment a déjà une signification importante, le bosquet (ou tamarisc) qui y est planté en a aussi, ainsi que l’invocation du nom de l’Éternel, le Dieu d’éternité. Le jour était prévu où «dans le désert, les eaux jailliront» et «la gloire du Liban lui sera donnée». On a là en type la bénédiction de l’ère à venir pour la terre.
Après ces choses, et de manière tout à fait distincte, Dieu éprouva Abraham (Gen. 22). Combien cela est riche dans sa portée pour Dieu comme pour l’homme ! C’est l’image (seule l’incrédulité aveugle ne le voit pas) du Fils unique donné, de l’Agneau que Dieu allait se pourvoir pour l’holocauste. Ici, Isaac s’est livré à la mort, tandis qu’Abraham était prêt, sur la parole de Dieu, à sacrifier son fils bien-aimé : le signe d’une chose bien meilleure que Dieu prévoyait.
Mais l’Éternel arrête sa main quand son cœur a été éprouvé, et confirme au fils, ressuscité des morts en figure, qu’en Christ, l’Antitype, toutes les nations de la terre seraient bénies, selon le raisonnement de l’apôtre en Galates 3.
Puis, après le décès de Sara (la mère selon l’alliance de l’enfant de la promesse — Genèse 23), nous avons (Genèse 24) l’appel de l’épouse pour l’époux et héritier de tout. Ensuite sont donnés certains détails de l’histoire d’Isaac, que nous examinerons ultérieurement. Cependant, nous pouvons remarquer ici la «modération» d’Isaac, donnée à connaître à tous les hommes, dans la question des puits que ses serviteurs ont trouvés (Gen. 26) ; et la crise de ses voies quand son pied a presque glissé dans l’affaire de ses deux fils (Gen. 27). La grâce l’emporte ici, et il est sauvé comme à travers le feu. Combien il est frappant qu’une telle scène soit présentée pour sa louange en Hébreux 11.20 ! «Par la foi qu’Isaac bénit Jacob et Ésaü au sujet des choses à venir». Isaac vécut de nombreuses années après cela ; mais l’Écriture ne rapporte que sa mort et son ensevelissement.
Isaac a été un homme doux, aimable, occupé de sa maison, remarquable de prière et de méditation, exempt d’à coup d’émotion qu’on trouve trop souvent chez les grands de la terre, ce qui inflige douleurs et affliction aux autres, et encore plus à eux-mêmes. Il montre beaucoup plus que les autres patriarches une patience qui est rare même chez les saints de Dieu. Cela peut rendre méprisable parmi les hommes, mais c’est la première marque d’un grand serviteur de notre Seigneur Jésus.
Isaac est le seul des Pères à n’avoir jamais quitté le pays de Canaan, et ceci est très caractéristique et instructif du point de vue des types. Selon la figure de la mort et de la résurrection, il était celui qui ne quitte jamais le pays représentant les lieux célestes ; il ne devait aller ni en Mésopotamie, ni en Égypte ni ailleurs.
Isaac fait nettement contraste avec Abraham, bien que Jacob et lui soient «cohéritiers de la même promesse» (Héb. 11:9). Mais Abraham se présente à nous comme l’objet inattendu de la grâce souveraine. Les récits, si nombreux chez les Juifs et les Musulmans, de ses capacités et ses accomplissements, surnaturels de sagesse et de bonté, antérieurs à son appel, ne sont que des fables et sont incompatibles avec l’Écriture. Abraham correspondait d’autant plus à l’élection divine. Aucune parole prophétique n’a salué sa naissance comme celle de Noé, dont le père a dit : «Il nous consolera à l’égard de notre ouvrage et du travail de nos mains, à cause du sol que l’Éternel a maudit» (5:29). Pourtant, il n’a été donné à aucun homme de tenir une place de «père de tous ceux qui croient», comme Abraham, une place en tête de caractère plus élevé que celle d’Adam. Mais Isaac a une particularité qui lui est propre, bien qu’il soit personnellement, et quant à sa position, éclipsé par son père si honoré, en ce qu’il a été introduit progressivement avant sa naissance, plus fréquemment et plus significativement que quiconque, — hormis Celui qui a été Fils d’Abraham et Fils de David et Fils de Dieu comme personne d’autre ne pouvait l’être, le grand Antitype d’Isaac.
Il peut être intéressant d’en donner les preuves. En Genèse 12:7 «L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta semence ; et Abraham bâtit là un autel à l’Éternel qui lui était apparu». Longtemps auparavant, à Ur des Chaldéens, l’Éternel avait dit à Abraham : «Va-t’en de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai ; et je te ferai devenir une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction ; et je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et en toi seront bénies toutes les familles de la terre» (Gen. 12:1-3). Abram a manqué dans un premier stade en ne quittant pas son père, mais en le suivant jusqu’à Charan, d’où il ne sortit qu’à la mort de son père (Actes 7:4).
C’est alors, et pas avant, qu’«Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, le fils de son frère, et tout leur bien qu’ils avaient amassé, et les âmes qu’ils avaient acquises à Charan, et ils sortirent pour aller au pays de Canaan, et ils arrivèrent au pays de Canaan» (12:5). L’obéissance avait maintenant son œuvre parfaite, et son résultat en conséquence. La nouvelle apparition de l’Éternel n’était pas seulement un appel à la séparation, mais à la marche de la foi, un appel fait à un pèlerin et un adorateur dans le pays qui n’était le sien qu’en espérance. «Par la foi il demeura dans la terre de la promesse, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse ; car il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur» (Héb. 11:9-10). Qu’était la possession d’un siège terrestre comparée au siège céleste qui était présent pour sa foi ? Il apprenait maintenant que l’Éternel voulait la donner à sa «semence (postérité)». Il adora et fut content d’être un étranger ; et lorsqu’il déplaça sa tente ailleurs dans le pays, il construisit un autel à l’Éternel et invoqua Son nom (Gen. 12:8).
La «semence» était encore vague, comme l’explique Romains 9:7 et cela apparaît aussi en Jean 8:33-39. Mais le temps n’était pas encore venu. Abram manqua dans son nouvel emplacement, s’écartant de la révélation qui avait si heureusement opéré dans sa marche et son adoration. Il descend en Égypte pour demander de l’aide, alors que la famine sévit dans le pays ; là, il n’est question ni d’autel ni de tente. Il y renie sa femme, qui fut emmenée dans la maison d’un prince de ce monde, et il s’enrichit par cela à sa honte. L’Éternel ne fit pas défaut, et envoya des plaies au Pharaon et délivra Saraï. Ce n’était pas la réalisation de «toutes les familles de la terre seront bénies» en lui : comment pourrait-il arriver autre chose qu’une malédiction quand le dépositaire de la bénédiction quitte sa vraie place auprès de l’Éternel et compromet sa femme ? Délivré par la miséricorde qui l’emporte, il retourne dans le sud, ou Négueb, et de là jusqu’à Béthel, «au lieu où était sa tente au commencement, entre Béthel et Aï, au lieu où était l’autel qu’il y avait fait auparavant, et là Abram invoqua le nom de l’Éternel» (Gen. 13:3-4). L’humiliation précédente a été une bénédiction pour celui dont le premier faux pas a conduit au pire ; mais son cœur se tourna vers Celui qui les avait sauvés, et il retrouva son privilège sans qu’une nouvelle apparition lui soit faite.
Dans la querelle qui suivit entre leurs bergers respectifs, Abram montra un complet désintéressement tandis que son neveu trahissait sa sagesse mondaine (13:5-13). Et «l’Éternel dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : Lève tes yeux et regarde, du lieu où tu es, vers le nord et vers le sud, vers l’orient et vers l’occident ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta semence pour toujours. Et je ferai que ta semence soit comme la poussière de la terre», etc. (13:14-18). Lot n’avait aucun droit à faire valoir. Une vue complète du pays est donnée à celui qui regardait en haut : elle lui est assurée à lui et aux siens pour toujours. Abraham se déplace de nouveau et va à Hébron et y construit un autel à l’Éternel. Son adoration s’élève à nouveau.
Ensuite, après l’épisode merveilleux (Gen. 14) de la victoire d’Abram sur les puissants de la terre, qui avaient puni leurs rois vassaux et enlevé Lot, et après la scène encore plus merveilleuse du mystérieux Roi-sacrificateur du Dieu Très-Haut (Melchisédec), nous avons (Gen. 15 ; dans une nouvelle série de l’histoire d’Abram) la parole de l’Éternel venant dans une vision, pour lui assurer que ce n’est pas Éliézer, mais «celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier», et que, comme les étoiles innombrables, «ainsi sera ta semence». Abram crut l’Éternel, qui le lui reconnut comme une justice, ce dont le Nouveau Testament fait un usage fécond. Il doit en être ainsi pour la semence terrestre comme pour la semence céleste : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu. C’est la semence terrestre qui est visée ici, puisque c’est ce que recherchait Abram, et que Dieu se lie par une alliance fondée sur la mort des victimes ; en outre il y a une prophétie et une définition des limites du pays selon les races païennes qui le possédait à ce moment-là.
Mais si le fils et l’héritier sont maintenant précisés comme issus d’Abram, il n’en va pas de même pour la mère. En effet, en Genèse 16, Sara manifeste une hâte qui n’est pas due à la foi, mais un artifice de la nature, pour obtenir la bénédiction à sa manière, au détriment de tous et surtout d’elle-même. L’apôtre applique cela allégoriquement à Israël sous la loi.
En Genèse 17, l’Éternel se révèle Lui-même, non pas seulement Ses dons, sous le nouveau nom d’El-Shaddai (Dieu tout-puissant) ; Il le fait non pas par Sa parole dans une vision, mais c’est Dieu qui parle avec celui qui a et Son alliance et la promesse élargie d’être père d’une multitude de nations et de rois qui sortiront de lui. La circoncision — la mort, non pas de victimes, mais de la chair — est imposée ; et de même que le nom d’Abram est maintenant élargi, de même celui de Saraï est élevé : Le fils d’Abram, Dieu le donnerait d’elle. «Tu appelleras son nom Isaac ; et j’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa semence après lui» (17:19). Dieu n’oublierait pas Ismaël, mais Son alliance serait avec Isaac, que Sara enfanterait à cette époque précise de l’année suivante. L’affaire est ainsi rendue de plus en plus complète et claire.
Ces notifications préparatoires sont couronnées en Genèse 18 où l’Éternel apparaît à Abraham près des térébinthes de Mamré, avec deux anges ; sous une apparence humaine Il daigne l’honorer comme ses invités. Il souligne ainsi l’importance à accorder à la naissance d’Isaac, dont Sara se moque déjà comme d’une chose trop merveilleuse. Mais le fils et l’héritier viendront certainement au moment prévu, et l’Éternel l’annonce personnellement pour la dernière fois avant son accomplissement. Et nous notons la preuve qu’Il donne d’avoir fait d’Abraham Son ami en lui annonçant, non seulement le détail de ce qui le concernait si intimement, lui et Sara, mais le jugement des villes coupables de la plaine, pour l’exécution duquel Il envoyait les anges. Cela amène Abraham, non pas à demander pour lui-même, mais à intercéder, et l’Éternel répond au-delà de sa foi.
Pourtant, Abraham commet une fois de plus une faute, malgré une faveur si éclatante. Combien souvent il en est ainsi ! La chair s’enfle, et n’est pas jugée : nous ne sommes plus sur nos gardes, au lieu de veiller pour prier. Aucune chair ne se glorifiera, mais, comme il est écrit, « que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ». L’incrédulité du croyant conduit à la tromperie ; et le péché d’Abraham maintenant avec Abimélec était pire que celui, longtemps auparavant, avec Pharaon. Il nie sa relation avec sa femme, après que l’Éternel lui eut fait connaître la naissance prochaine du fils promis par elle. Pourtant, bien qu’il soit inexcusable et réprimandé par le roi philistin, Dieu n’oublie pas la relation d’Abraham, mais Il la maintient, et oblige Abimélec à rechercher ses prières.
Combien il est précieux pour la foi, et aussi pour le cœur, qu’il y en a Un qui s’est tenu dépendant et sans faute là où tous les autres ont failli, qui a toujours été dans les pensées de Dieu et dans Ses promesses, et qui est maintenant venu nous donner une intelligence pour connaître Celui qui est le Véritable, notre vie et notre justice.
Le temps fixé était maintenant arrivé. L’enfant de la promesse était à portée de main. D’un côté les annonces préliminaires avaient été nombreuses et variées, d’un autre côté il n’avait pas manqué de freins et blocages ; mais finalement, malgré la faiblesse et les revers, malgré l’incrédulité, la grâce a surabondé, et la parole divine est démontrée, telle qu’elle est, infaillible et digne de toute confiance.
«Et l’Éternel visita Sara comme Il l’avait dit, et l’Éternel fit à Sara comme Il en avait parlé. Sara conçut et enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé. Abraham appela le nom de son fils qui lui était né, que Sara lui avait enfanté, Isaac. Et Abraham circoncit son fils Isaac à l’âge de huit jours, comme Dieu le lui avait commandé. Abraham était âgé de cent ans lorsqu’Isaac lui naquit. Et Sara dit : Dieu m’a donné lieu de rire ; quiconque l’entendra rira avec moi. Et elle dit : Qui aurait dit à Abraham : Sara allaitera des fils ? car je lui ai enfanté un fils dans sa vieillesse» (21:1-7).
Ici, l’usage des désignations divines apparaît de manière remarquable. Imputer cette différence à des auteurs distincts est la ressource désespérée ou malveillante de l’ignorance incrédule. Tout d’abord, «l’Éternel» est répété avec insistance (21:1). La relation gouvernementale était en question ; et comme l’Éternel avait promis, ainsi Il s’est montré fidèle pour l’exécuter. Mais en second lieu, il n’était pas moins important d’indiquer que Celui qui parlait ainsi était Dieu dans la suprématie de Sa nature (21:2). C’est pourquoi le terme «Elohim» est employé, et cela tout au long du chapitre, jusqu’au v. 33 où les rapports relatifs exigent à juste titre le nom de «l’Éternel Dieu» ou «Yahweh Elohim», comme nous le montrerons en temps voulu.
Mais au-delà de toute controverse, il s’agissait de la naissance de celui qui est le type du Fils dont parle le Psaume 2:7, 12. Ceci explique pourquoi il y a eu tant d’annonces prophétiques pour préparer la voie à cette naissance. Cela explique les graves conséquences qui ont suivi pour ceux qui L’ont méprisé quand Il est venu. Ainsi, il a été donné au prophète de dire, plus de sept siècles avant l’événement (Ésaïe 9.6 et suiv.) : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; et le gouvernement sera sur son épaule. Et on appellera son nom Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père d’éternité, Prince de la paix». La prédiction, aussi éclatante et glorieuse soit-elle, n’a rien à voir avec le fait qu’Il soit Premier-né d’entre les morts, Tête du corps, de l’église, Le commencement. Ces titres appartiennent à Son autre qualité de tête/chef, en tant que né dans le monde, Premier-né de toute la création. Car en toutes choses, Il doit avoir la place suprême.
Nous voyons donc que Calvin ne fait qu’exprimer la confusion qui prévaut entre ces deux relations, lorsqu’il dit que, dans ce chapitre, Dieu nous a présenté une image vivante de Son église.
Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas «le mystère» qui est ici préfiguré, mais la nouvelle alliance ; c’est la mère (*), et non l’épouse. Par conséquent, le chrétien a déjà la bénédiction de la nouvelle alliance dans la mort du Sauveur ; mais l’Écriture qui nous l’explique le plus complètement (2 Cor. 3) insiste pour dire que c’est en esprit plutôt que dans la lettre ; elle aura lieu formellement avec les deux maisons d’Israël dans le jour qui approche rapidement, et pour toujours. Mais Israël, si richement béni qu’ils soient en ce jour-là, n’aura pas l’union avec Christ comme Son corps, qui est la nôtre dès maintenant avec Celui qui est Chef/tête sur toutes choses. Ceci implique des différences extrêmement importantes, aussi éloignées que le ciel l’est de la terre, dont ce n’est pas le lieu de parler plus particulièrement. La distinction, cependant, ne peut être surestimée.
(*) On peut remarquer ici que l’erreur en question a donné lieu à la leçon sans fondement de πάντων à la fin de Galates 4:26, et à l’interprétation erronée non moins infondée de «Israël de Dieu» dans Galates 6:16, comme si l’expression signifiait tous les saints, bien que deux classes soient ici distinguées.
Au v. 3, Abraham appelle son fils nouveau-né Isaac. Il existait en réalité maintenant, quoi qu’il se soit passé avant, et quoi qu’il puisse se passer après. Tout rire de doute avait fait place à la joie de la grâce. Abraham attendait certainement avec joie des résultats vastes, profonds et durables ; il se réjouissait de voir le jour de Christ, et il le vit et se réjouit (Jean 8:56). Combien ce jour sera béni pour Israël, pour la terre, pour toutes les nations et pour toutes les créatures de Dieu ! Quelle différence avec le jour de Massa et de Meriba dans le désert, quand l’homme endurcit son cœur et que l’Éternel fut affligé durant de longues années par une génération qui errait dans son cœur et qui ne connaissait pas Ses voies ! En ce jour-là, le jour de Christ, que de chants à haute voix vers l’Éternel, que de cris de joie vers le Rocher du salut, et quelle venue devant Sa face avec des actions de grâces et des psaumes ! Les cieux se réjouiront et la terre sera dans l’allégresse, la mer mugira et tout ce qu’elle contient, les champs exulteront et tout ce qu’ils renferment. Alors tous les arbres de la forêt chanteront de joie devant l’Éternel, car Il vient, — car Il vient juger la terre ; Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon Sa fidélité (Ps. 96:11-13). Ésaïe rend le même témoignage à plusieurs reprises du premier chapitre jusqu’au dernier, notamment dans les ch. 11, 12, 24 à 27, 30, 32, 35, 40 à 45, 49 à 55, 60 à 62 et 65. Nous pouvons donc dire qu’en général tous les prophètes en ont parlé. Il est d’autant plus lamentable de voir l’incrédulité tout mêler aux bénédictions de l’église, avec pour résultat direct de perdre sa place d’épouse céleste, tout finissant par être obscurci par cette confusion sans fondement.
Mais la joie d’Abraham n’a nullement affaibli son devoir de soumettre son fils au signe de la mort pour la chair. Il circoncit Isaac comme il le devait, à l’âge de huit jours, «comme Dieu le lui avait commandé» (21:4). Le huitième jour parle de la résurrection en contraste avec la nature. La circoncision fut instituée, non pas à la naissance d’Ismaël, mais en vue d’Isaac, comme sceau de l’alliance (Gen. 17). Le principe était la justice de Dieu. L’homme était jugé comme mauvais et la chair doit être mortifiée.
Il est noté au v. 5 qu’Abraham était âgé de cent ans quand Isaac naquit. La foi a dû effectivement attendre, mais n’a nullement été déçue : Dieu est fidèle. Sara dit : «Dieu m’a fait rire ; et quiconque l’entendra rira avec moi» (21:6). Elle avait ri d’abord quand l’Éternel lui avait annoncé le temps fixé pour être mère, et elle avait ajouté la honte de son mensonge quand l’Éternel lui en a fait le modeste reproche (Gen. 18:13-15). Mais tout est ici changé par la grâce. Dieu, reconnait-elle, l’a fait rire maintenant. Ce n’était plus un rire en elle-même (18:12), mais un rire venant de Lui ; et quiconque l’entendrait partagerait sa joie. Et elle dit : «Qui aurait dit à Abraham : Sara allaitera des fils ? Car je lui ai enfanté un fils dans sa vieillesse» (21:7). Sara, toute vieille qu’elle était, est devenue désormais un enfant de la sagesse ; et la sagesse est justifiée par tous ses enfants (Luc 7:35).
Il est bon d’observer l’usage des noms divins dans ces versets, comme ailleurs. « L’Éternel » visita Sara comme Il avait dit et l’Éternel fit à Sara comme Il en avait parlé » (21:1). Le but est d’attirer l’attention sur Sa fidélité dans la relation. D’un autre côté (21:2), Sara conçut et enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse au temps fixé dont « Dieu » lui avait parlé. Ici ce qui est en vue n’est pas le gouvernement moral, mais Dieu (Elohim) dans Sa nature, et simplement une vue historique. L’homme aurait été incapable tant de parler que d’agir dans ce cas. Ainsi également (au v.4), il nous est dit qu’Abraham a circoncis son fils Isaac âgé de huit jours comme Dieu le lui avait commandé. La chair est impure, et la nature de Dieu exige qu’elle soit ainsi jugée. À nouveau, ensuite, il est écrit que Sara dit que Dieu lui a donné lieu de rire. Ce n’est pas seulement dans une question de relation, mais il s’agit du Dieu suprême en contraste avec l’homme.
Le chrétien comprend que si, partout, il avait été utilisé le même mot, soit l’Éternel, soit Dieu, la vérité aurait subsisté quant au fond. Mais l’emploi de chacun a un but divin ; et la foi reçoit et apprend en conséquence. Le Saint Esprit fait ressortir un côté différent de ce qu’Il présente, à sa place et pour que nous pénétrions mieux la vérité. Il n’y a aucune preuve que des écrivains différents soient intervenus ; une pareille supposition constituerait un obstacle majeur à notre compréhension des pensées de Dieu.
Il n’y a pas que les rationalistes modernes qui inventent des hypothèses sans fondement pour expliquer ce qui, tel quel, est simple et instructif pour la foi. Les traducteurs aussi sont susceptibles d’errer s’ils ne s’en tiennent pas de manière inflexible au texte tel quel, dont ils s’occupent. Ainsi les Septante ont utilisé correctement le mot l’Éternel au v.1 , mais ont continué à tort à le faire aux v. 2, et 6. La Vulgate omet l’Éternel la seconde fois au v.1, mais suit le changement de façon correcte aux v. 2, 4, et 6. Luther, dans sa version, a fait pareil.
Le devoir du croyant est clairement d’accepter sans réserve la parole écrite, n’hésitant que lorsqu’il y a conflit dans les leçons, et regardant alors aux preuves externes ou internes pour décider. Les conjectures ne servent à rien. « Toute chair est de l’herbe, et toute sa beauté comme la fleur des champs. L’herbe est desséchée, la fleur est fanée ; car le souffle de l’Éternel a soufflé dessus. Certes, le peuple est de l’herbe. L’herbe est desséchée, la fleur est fanée, mais la parole de notre Dieu demeure à toujours » (Ésaïe 40:6-8).
Dieu sait comment rectifier la fausse position qui découle de l’incrédulité. Nous pouvons donc nous tourner vers Lui et Sa Parole, et n’avons qu’à obéir. Mais si cela coûte toujours beaucoup à la chair, la bénédiction suit sûrement la soumission à Sa volonté qui se renonce soi-même.
«L’enfant grandit et fut sevré ; et Abraham fit un grand festin le jour où Isaac fut sevré. Et Sara vit que le fils d’Agar l’Égyptienne, qu’elle avait enfanté à Abraham, se moquait. Et elle dit à Abraham : Chasse cette servante et son fils ; car le fils de cette servante ne sera pas héritier avec mon fils, Isaac. Et la chose fut très mauvaise aux yeux d’Abraham, à cause de son fils. Et Dieu dit à Abraham : Que ce ne soit pas mauvais à tes yeux à cause de l’enfant et à cause de ta servante : Écoute la voix de Sara dans tout ce qu’elle t’a dit, car en Isaac te sera appelée une semence. Et je ferai aussi devenir une nation le fils de la servante, car il est ta semence. Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre d’eau et les donna à Agar, en les mettant sur son épaule, ainsi que l’enfant, et il la renvoya. Et elle s’en alla et erra dans le désert de Beër-Shéba. Et l’eau de l’outre étant épuisée, elle jeta l’enfant sous un des arbustes. Elle alla s’asseoir vis-à-vis, à une portée d’arc, car elle disait : Je ne veux pas voir mourir l’enfant. Elle s’assit vis-à-vis, et elle éleva la voix et pleura. Dieu entendit la voix de l’enfant ; et l’Ange de Dieu appela des cieux Agar, et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Ne crains pas, car Dieu a entendu la voix de l’enfant là où il est. Lève-toi, relève l’enfant, et prends-le de ta main, car je ferai de lui une grande nation. Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d’eau ; elle alla remplir d’eau l’outre, et donna à boire à l’enfant. Et Dieu fut avec l’enfant, et il grandit et habita dans le désert, et devint un tireur d’arc en grandissant. Il habita dans le désert de Paran, et sa mère lui prit une femme du pays d’Égypte» (21:8-21).
Comme l’enfant né et le fils donné représentaient en type le Fils du Très-Haut, il était normal que l’occasion soit marquée par des conséquences des plus graves. Qu’est-ce qui peut caractériser l’inspiration plus que la leçon que l’apôtre, en Galates 4:22-26, tire de ce qui semble à première vue un simple événement domestique ? «Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre. Or, celui de la servante naquit selon la chair, et celui de la femme libre naquit par la promesse. Ces choses ont un sens allégorique ; car ces femmes sont deux alliances : l’une du mont Sinaï, enfantant pour la servitude, et c’est Agar. Car Agar est le mont Sinaï en Arabie, et correspond à la Jérusalem de maintenant ; car elle est dans la servitude avec ses enfants ; mais la Jérusalem d’en haut est libre, et c’est notre mère».
Tel était le dessein de Dieu, même si personne ne le comprend, sauf ceux qui ont les pensées de Christ. Les Juifs incrédules occupent donc la place, non pas d’Isaac, mais d’Ismaël. Ils sont aussi loin que possible de se douter qu’ils ne sont nés que selon la chair, et ils persécutent celui qui est né selon l’Esprit. Pourtant, ils ne peuvent nier que leur mère est l’alliance du Sinaï, et qu’ils ont été chassés par Dieu. Ils sont sous la malédiction de la loi en tant que transgresseurs ; ils n’ont pas un morceau de promesse pour couvrir leur nudité. Leurs propres prophètes (cf. Osée) déclarent qu’ils ne sont pas le peuple de Dieu, et s’ils n’ont pas de faux dieu, ils n’ont pas le Vrai, car ils n’ont manifestement ni terre ni prince ; et cela parce qu’ils ont rejeté, d’abord l’Éternel, ensuite Son Christ.
Mais l’apôtre va beaucoup plus loin ; et bien qu’il ne confonde pas les Gentils croyants avec Israël, comme les théologiens de la chrétienté, il montre que tous ceux qui s’appuient sur la loi tombent sous la malédiction (Gal. 3:10). Ainsi, le principe s’applique dans toute sa force, et même avec insistance, aux Gentils, qui n’ont pas l’excuse de préjugés juifs invétérés. C’est être déchu de la grâce, par laquelle seule les âmes peuvent être sauvées. La loi ne peut pas sauver, mais seulement condamner les pécheurs ; et si la grâce est mélangée à la loi, le mélange est inutile : c’est seulement la grâce qui peut sauver les coupables et les perdus. Les Galates avaient été ensorcelés pour ajouter la loi à la grâce ; ils sont avertis solennellement par l’apôtre de la ruine totale, et cela est si sûr, que tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de la loi sont sous la malédiction. Après avoir commencé dans l’Esprit, quel non-sens pour eux de chercher la perfection dans la chair ! La loi elle-même, avec l’histoire des deux fils d’Abraham, convainc de folie ceux qui abusent ainsi de la loi. Son application légitime (1 Tim. 1:9) ne s’adresse pas au juste, mais à l’inique et à l’insubordonné, à l’impie et au pécheur, au profane, en bref à tout ce qui s’oppose à la saine doctrine enseignée par Paul.
D’où le ton péremptoire de l’apôtre s’adressant aux Galates en danger. Il veut que ce «levain» soit extirpé, à tout prix. C’était un danger plus grave que le «levain» dont les Corinthiens avaient à se purifier selon les injonctions de l’apôtre. Aucun homme moral ne pouvait défendre l’incohérence flagrante, par rapport à Christ et son sacrifice, de la présence du méchant au milieu des Corinthiens. Mais le spectacle aimable de la chair établie dans les églises de Galatie était plus subtil, et constituait un déni de la grâce que l’évangile proclame, alors qu’il avait été prouvé que la loi était simplement un ministère de mort et de condamnation. Mais «que dit l’Écriture ? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre». Les Gentils judaïsants sont encore plus blâmables que les Juifs. Hélas ! le ritualisme actuel est incomparablement plus mauvais encore et de plus en plus apostat ; car non content des formes légales d’Israël, il incorpore aussi les idolâtries des païens, comme dans l’adoration des éléments des sacrements, etc.
Pourtant, il est touchant de voir la bonté de Dieu envers la semence d’Abraham selon la chair. Lorsque la mère céda au désespoir et déposa son fils pour qu’il meure loin d’elle, «Dieu entendit la voix de l’enfant», et son ange commanda à Agar de le prendre par la main. L’Éternel n’avait-Il pas appelé son nom Ismaël, parce qu’Il avait entendu son affliction (16:11) ? Et de même qu’elle se trouvait alors près du puits de Beër-Lakhaï-roï, le puits du vivant qui se révèle, d’après le nom de Celui qui lui avait parlé (16:13-14), de même Dieu lui ouvrit maintenant les yeux pour qu’elle voie un puits d’eau d’où elle donna à boire à l’enfant. Si elle avait oublié l’assurance divine qu’une multitude innombrable sortirait d’elle, et qu’Ismaël habiterait en présence de tous ses frères, Dieu se souvint de lui et déclara qu’Il ferait de lui une grande nation. Il en a été ainsi. Ils sont là, avec les mêmes caractéristiques, jusqu’à ce jour.
Bien que le nom d’Isaac n’apparaisse pas dans cette section, il ne s’agit nullement d’une digression, mais de la stricte poursuite des voies divines à l’occasion de sa naissance, du renvoi d’Agar et de son fils, et de la reconnaissance du fils de Sara comme unique héritier d’Abraham.
«En ce temps-là, Abimélec et Picol, chef de son armée, parlèrent à Abraham en disant : Dieu est avec toi dans tout ce que tu fais. Et maintenant, jure-moi ici par Dieu que tu n’agiras pas faussement avec moi, ni envers mes enfants, ni envers mes petits-enfants. Selon la bonté dont j’ai agi envers toi, tu agiras envers moi et envers le pays dans lequel tu as séjourné. Et Abraham dit : Je le jurerai. Et Abraham reprit Abimélec à cause d’un puits d’eau dont les serviteurs d’Abimélec s’étaient emparé de force. Abimélec dit : Je ne sais pas qui a fait cette chose-là, et aussi tu ne m’en as pas averti, et je n’en ai entendu parler qu’aujourd’hui. Et Abraham prit du menu et du gros bétail, et les donna à Abimélec ; et tous deux firent alliance. Et Abraham mit à part sept jeunes brebis du troupeau. Abimélec dit à Abraham : Que signifient ces sept jeunes brebis que tu as mises à part ? Il répondit : Tu prendras de ma main ces sept jeunes brebis, pour me servir de témoignage que j’ai creusé ce puits. C’est pourquoi il appela ce lieu Beër-Shéba (puits du serment), parce qu’ils y jurèrent tous les deux. Et ils firent alliance à Beër-Shéba ; et Abimélec se leva, avec Picol, chef de son armée, et s’en retourna au pays des Philistins. Et Abraham planta un tamarisc (ou : bosquet) à Beër-Shéba et invoqua le nom de l’Éternel, le Dieu d’éternité. Et Abraham séjourna longtemps dans le pays des Philistins» (21:22-34).
Ce n’est pas seulement le maintien du bon ordre de la maison assuré par l’expulsion de l’Égyptienne et de son fils moqueur, afin que l’enfant de la promesse demeure sans rival ; mais un événement extérieur suit avec une signification telle que le Saint Esprit lui donne ici une place impérissable. La bénédiction marquée qui en résulte attire le cœur du Gentil ; le Philistin, avec la forme qui s’impose (car le commandant en chef l’accompagne), recherche une promesse d’amitié de la part d’Abraham. Il en sera de même dans les jours à venir, lorsque les promesses s’accompliront dans le Messie, dont Isaac est le type jusqu’ici. Il en fut tout autrement lorsque le Seigneur vint la première fois, et que même les Juifs Le rejetèrent dans une sombre incrédulité et dans une haine acharnée contre le fait de prêcher aux nations la grâce qu’ils refusaient. Malheureux et impies, ils ne plaisent pas à Dieu et sont opposés à tous les hommes ; et la colère est venue sur eux jusqu’à l’extrême (1 Thes. 2:15-16). Mais le jour approche où, se jugeant eux-mêmes, ils accueilleront par la foi Celui en qui les promesses sont Oui et Amen à la gloire de Dieu. Alors les rois Gentils seront les pères nourriciers de Sion, et les reines ses mères nourricières (Ésaïe 49:23) ; alors dix hommes, de toutes les langues des nations, saisiront la robe de celui qui est Juif, en disant : Nous irons avec toi, car nous avons appris que Dieu est avec toi (Zacharie 8).
Abraham ne repousse pas du tout les Gentils. La Semence de la promesse reçue et honorée conduit à un nouvel état de choses pour la terre. Abraham donne son accord au roi et conclut une alliance avec serment et autres solennités. C’est dans la Semence que les Gentils seront bénis. Malheur à ceux qui maudiront en ce jour-là ! La réprimande d’Abraham à l’égard d’Abimélec témoigne du changement qui doit s’opérer à grande échelle. Il ne parle que du mal commis par les serviteurs d’Abimélec qui s’étaient violemment emparés d’un puits creusé par Abraham. Et Abimélec s’incline docilement. En ce jour-là, la justice régnera, et les princes gouverneront avec droiture (És. 32:1) ; oui, la droiture habitera dans le désert, et la justice demeurera dans le champ fertile (És 32:16). Car alors l’Esprit sera répandu d’en haut sur Israël (És. 32:15), et c’est Lui qui maintiendra le sceptre inflexible sur toute la terre ; le Serviteur juste et Celui qui a souffert pour l’expiation sera exalté en ce jour-là, et élevé très haut (És. 52:13). La semence d’Israël sera connue parmi les nations, et ses descendants parmi les peuples ; tous ceux qui les verront reconnaîtront qu’ils sont la semence que l’Éternel a bénie (Ésaïe 61:9). Le boiteux ne sera pas repoussé, mais la domination première reviendra à la fille de Jérusalem (Mich. 4:6-8).
Le puits du serment est le nom qu’Abraham donne au signe permanent de l’alliance conclue là à ce moment-là. Il s’agit typiquement d’un changement total de la position d’étranger à celle de celui qui a de la possession, comme ce sera effectivement le cas aux jours du Royaume à venir. Nous n’entendons plus parler de tente maintenant, bien que l’invocation par Abraham du nom de l’Éternel implique un nouvel autel ici. Seulement, il ne s’agit pas maintenant de Celui qui lui est apparu dans un pays lointain, et qui l’a finalement conduit, séparé pour Lui, jusqu’en Canaan ; ce n’est pas non plus l’autel qu’il a construit à Béthel, pas plus qu’à Sichem, ni encore à Hébron. Ce n’est qu’ici que se trouve le changement frappant, dont seule l’inspiration peut rendre compte, en «Dieu d’éternité». Car il en sera ainsi lorsque le Royaume visible viendra en puissance et en gloire. Les choses qui tombent et se fanent feront alors place à la permanence, à la paix et à la bénédiction. Car «Tu es le même, et tes années ne finiront pas. Les fils de tes serviteurs demeureront, et leur semence sera établie devant toi» (Ps. 102:27-28).
La plantation d’un bosquet (ou tamarisc) de la part d’Abraham va de pair avec tout cela. C’est ici seulement que nous lisons d’un tel acte, belle préfiguration de «ce jour-là» où la terre stérile fleurira abondamment (És. 35:2), et où tous les arbres de la forêt chanteront de joie (Ps. 96:12).
Ici commence une section du livre entièrement nouvelle, que nous pouvons considérer comme s’étendant au-delà de la mort d’Abraham en Genèse 25, bien que plus d’une fois des versets semblent ajoutés pour compléter l’histoire plutôt que des vues plus élevées. Il ne peut y avoir de principe plus profond que celui qui est introduit comme base dans notre chapitre ; car il s’agit de la mort et de la résurrection dans la personne d’un fils bien-aimé, d’un fils unique. On ne peut pas se tromper sur un tel type, sauf si l’on est aveugle. Les détails mêmes sont pleins de force vive : quel est donc l’antitype ? Tout est impressionnant, beau et instructif au plus haut degré. Comme la figure d’Abraham occupe une place prépondérante dans la scène, et comme nous avons déjà traité de lui il y a des années, il nous reste à parler d’Isaac.
«Et il arriva, après ces choses, que Dieu éprouva Abraham et lui dit : Abraham ! et il dit : Me voici. Et Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t’en au pays de Morija, et là, offre le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. Et Abraham se leva de bon matin, sella son âne et prit avec lui deux de ses jeunes hommes, et Isaac son fils ; et il fendit du bois pour l’holocauste, et se leva et s’en alla au lieu que Dieu lui avait dit.
Le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit le lieu de loin. Abraham dit à ses jeunes hommes : Restez ici, vous, avec l’âne ; et moi et l’enfant, nous irons et nous adorerons ; et nous reviendrons vers vous. Abraham prit le bois de l’holocauste, et le mit sur Isaac, son fils ; et il prit dans sa main le feu et le couteau ; et ils allaient les deux ensemble. Et Isaac parla à Abraham son père, et dit : Mon père ! Et il dit : Me voici, mon fils. Et il dit : Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? Et Abraham dit : Mon fils, Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste. Et ils allaient les deux ensemble. Et ils arrivèrent au lieu que Dieu lui avait dit. Et Abraham bâtit là l’autel, et arrangea le bois, et lia Isaac, son fils, et le mit sur l’autel, sur le bois. Et Abraham étendit sa main et prit le couteau pour égorger son fils. Mais l’Ange de l’Éternel lui cria des cieux, et dit : Abraham ! Abraham ! et il dit : Me voici. Et il dit : N’étends pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car maintenant je sais que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. Et Abraham leva ses yeux, et vit, et voici il y avait derrière lui un bélier retenu à un buisson par les cornes. Et Abraham alla et prit le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. Et Abraham appela le nom de ce lieu-là : Jéhovah-Jiré (l’Éternel y pourvoira), comme on dit aujourd’hui : En la montagne de l’Éternel, il y sera pourvu» (22:1-14).
Il faut tenir compte du fait que «l’enfant» avait au moins atteint sa majorité, comme nous disons ; Josèphe (Antiquités I.13 §2) lui donne 25 ans. Son entière soumission à son père en effet, mais aussi à la volonté de Dieu, est tout à fait en harmonie avec sa piété. Si c’était beau dans le type, combien plus encore dans ce qu’il préfigure ! Car c’est l’amour infini et hors norme à la fois chez le Père et chez le Fils.
Ici, il ne s’agissait pas seulement d’un test de la plus forte demande jamais faite à un cœur d’homme, demande infiniment renforcée par le fait
● qu’elle allait à l’encontre de la promesse si longtemps attendue et si singulièrement accomplie,
● qu’elle allait à l’encontre de la conviction de recevoir une bénédiction mondiale centrée justement sur ce fils même,
● que la bénédiction attendue semblait être rendue impossible par l’acte intensément douloureux auquel Abraham était appelé.
Qu’est-ce qui a été souffert, pleinement et sans ménagement, non plus en test ?
● pour que Dieu soit glorifié,
● pour que le péché soit condamné dans un sacrifice de bénédiction pour les pécheurs, sans limite et sans fin,
● pour que le bien puisse surpasser là où le mal surabondait,
● pour que l’amour triomphe là où l’inimitié avait fait le pire de son œuvre,
● pour que Satan soit vaincu là où il avait été un prince et un dieu,
● pour que l’homme soit amené, non plus comme un enfant de la colère mais comme un enfant de Dieu, à sortir de toute iniquité, et de la misère intense et du jugement éternel,
● pour que l’homme soit amené dès maintenant à la paix et à la justice devant Dieu, et ensuite à la gloire céleste avec Christ, en présence du Père, pour toujours ?
Le père et le fils, mis en scène de façon si frappante, fournissaient l’occasion sans pareille de montrer, par une figure, selon le terme de Hébreux 11:19, la mort réelle et la résurrection réelle du Seigneur Jésus. L’interprétation donnée, comme l’ont cru tous les saints du temps du Nouveau Testament, ne repose pas sur une probabilité, si forte soit-elle, ni sur une tradition humaine, si ancienne soit-elle. Celui qui contesterait devra rendre compte de son incrédulité inexcusable au Seigneur Lui-même, lorsque nous serons manifestés devant Son tribunal. L’exactitude minutieuse de ce commentaire du Nouveau Testament (Héb. 11:17-19) est très belle : «Par la foi Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses, était en train d’offrir son fils unique, à l’égard duquel il avait été dit : En Isaac te sera appelée une semence, ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, en figure, il le reçut».
Nous ne pouvons pas, dans notre langue, exprimer facilement le temps du verbe rendu par « a offert Isaac » en premier lieu ; mais la force du terme est évidente et indique que le résultat de cet acte subsiste. Moralement, c’était fait, et l’effet demeure. Le second emploi du mot offrir corrige tout abus possible de cette expression, car il indique que, littéralement, Abraham « était en train d’offrir » son fils unique lorsqu’il fut arrêté par l’Ange de l’Éternel, comme le rapporte la Genèse [ndT : Darby traduit simplement « offrit »]. L’épreuve spirituelle était terminée, même si l’acte n’était pas achevé. C’est ainsi que la sagesse divine en avait ordonné et a accompli.
Ce nouvel épisode, bien que seulement en figure, n’est pas non plus un fait ponctuel et passager, mais il est lié, dans les déclarations et les événements qui suivent, à des conséquences de la plus haute importance, comme on le verra. C’est là la preuve la plus puissante et la plus déterminante que l’Écriture est inspirée de Dieu, au sens le plus complet de l’expression. Ce n’est pas seulement qu’un sommet moral est atteint ici, comme jamais auparavant ; mais la mort et la résurrection de Christ qui y sont préfigurées, font rejaillir sur ce qui suit une lumière qui montre que ce qui est relaté est à la fois en parfaite harmonie avec cet événement infini, et à la fois est l’ombre de ce que nous trouvons dans le Nouveau Testament, en conformité avec les conseils de Dieu et le développement de Ses voies.
La réponse du père au fils (22:7, 8) est d’en haut et est d’une sagesse entièrement supérieure à celle de l’homme ; le fait que Dieu se soit pourvu de l’agneau pour l’holocauste est la base de la nouvelle justice, la seule justifiante, la justice de Dieu. Dans la réalité infinie, c’est le Fils devenu homme et en faveur des hommes, et pourtant à la gloire de Dieu ; après avoir démontré qu’Il était le Serviteur juste, Il a été fait péché pour nous, afin que, nous qui croyons, nous devenions justice de Dieu en Lui (2 Cor. 5:21). Ainsi ont été maintenus l’amour, aussi pleinement que la sainteté, ainsi que cette nouvelle justice, la justice de Dieu qui peut justifier absolument celui qui croit au Seigneur Jésus, au lieu de condamner le pécheur comme il le mérite. C’était la volonté du Père, l’œuvre du Fils et le témoignage du Saint Esprit, comme nous le lisons en Hébreux 10.
D’un point de vue purement historique, quelle admirable acceptation de l’autorité de Dieu en train de mettre le cœur à l’épreuve au maximum ! Quelle confiance inébranlable en Dieu et en Sa parole, que l’abandon de ce qu’on possède de plus cher et dont on espérait qu’il en résulterait un rétablissement total et sans pareil ! C’est ce résultat qui fut effectif à la fin, au-delà de toute attente de l’homme tel qu’il est. Encore une fois, du côté du fils, quelle soumission absolue au père !
Dans tout le reste de l’Ancien Testament, on ne peut pas trouver une préfiguration d’une telle grâce, en plein accord avec les conseils divins, comme ce qui est présenté ici en Abraham et Isaac. C’était nécessaire ici pour que le type reflète ce qui était au-delà de tout ce que l’homme pourrait anticiper, tandis que le dessein était de le présenter relativement en ordre, et exact autant qu’il était possible. Ce n’est qu’ici que le type fait tout paraître à la fois pleinement et de manière précise, dans la sagesse de Dieu. Lui fait ces choses connues de toute éternité.
À la suite du type merveilleux du sacrifice du Seigneur Jésus, lui-même encore bien plus merveilleux, nous avons l’ange de l’Éternel annonçant à Abraham Son serment solennel sur ce qui concerne profondément les Juifs et les Gentils, et, nous pouvons ajouter, ce qui touche Dieu Lui-même de tout près, ainsi que Son titre à bénir, non seulement en gouvernement juste, mais aussi en grâce souveraine selon Sa nature.
«L’ange de l’Éternel cria du haut des cieux une seconde fois à Abraham, et dit : J’ai juré par moi-même, dit l’Éternel : Parce que tu as fait cette chose-là, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton fils unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai abondamment ta semence comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est au bord de la mer ; et ta semence possédera la porte de ses ennemis. Et toutes les nations de la terre seront bénies en ta semence, parce que tu as écouté ma voix.
Et Abraham retourna vers ses jeunes hommes ; et ils se levèrent et s’en allèrent ensemble à Beër-Sheba ; et Abraham habita à Beër-Sheba.
Et il arriva après ces choses, qu’on rapporta à Abraham : Voici, Milca, elle aussi, a enfanté des enfants à ton frère Nakhor : Uts, son premier-né, et Buz, son frère, et Kemuel, père d’Aram, et Késed, et Hazo, et Pildash, et Jidlaph, et Bethuel. Or Bethuel engendra Rebecca. Milca enfanta ces huit à Nakhor, frère d’Abraham. Et sa concubine, nommée Reüma, elle aussi enfanta Tebakh, Gakham, Thakhash, et Maaca» (22:15-24).
À cause de la valeur que l’Éternel attribua au fait qu’Abraham Lui abandonna sans réserve ce qui était le plus précieux pour son cœur, ce qui vient en premier est l’assurance d’une riche bénédiction et d’une grande multiplication de sa semence selon la chair. Elle devrait être une multitude comme les étoiles des cieux et comme le sable du bord de la mer. Et non seulement cela, mais il s’y joindrait la puissance sur leurs adversaires, comme il convient au peuple terrestre que Lui a choisi. Indiscutablement c’est Israël qui est ainsi en vue (22:17).
Mais voici qu’au v. 18, une promesse est intentionnellement distinguée et formulée de manière à désigner la Vraie Semence en laquelle toutes les nations de la terre seraient bénies. Et ici, il n’est fait aucune allusion à une postérité nombreuse, car le but évident était d’indiquer Celui seul dont dépendait la bénédiction d’un ordre bien supérieur, et cela pour «toutes les nations de la terre». Ceci nous rappelle la promesse originelle faite au patriarche et rapportée dans la seconde moitié de Genèse 12:3 : «En toi seront bénies toutes les familles de la terre». Là, comme ici, cela suit la bénédiction nationale du peuple terrestre. C’est pourquoi elle était laissée ouverte et elle débouche sur une grâce illimitée comme dans l’évangile. Seul pouvait parler ainsi Celui qui connaissait la fin dès avant le commencement.
C’est ce dont se sert l’apôtre, dans la puissance du Saint Esprit, lorsqu’il écrit aux Galates (Gal. 3), qui étaient alors séduits par la judaïsation de la vérité céleste — ce qui a été et est encore le fléau de la chrétienté. Les œuvres de loi sont un principe ruineux pour l’homme pécheur ; la promesse est par la foi, et c’est par la foi seule que les croyants sont bénis avec le croyant Abraham. Car tous ceux qui sont sous le principe des œuvres de loi sont sous la malédiction (Gal. 3:10), non seulement ceux qui violent la loi, mais tous ceux qui se tiennent devant Dieu sur le terrain de la loi. Tant qu’ils le font, ils tombent sous la malédiction, étant pécheurs. C’est pourquoi Gal. 3:10 cite Deutéronome 27, où le Saint Esprit passe sous silence les bénédictions des six tribus sur le mont Garizim, et ne donne en détail que les malédictions des six autres sur le mont Ebal. Seules ces malédictions furent effectives. Il ne peut pas y avoir de bénédictions pour l’homme coupable sur ce terrain. C’est par la foi, dit le prophète, que le juste vivra ; et la rédemption de la malédiction est nécessaire pour ceux qui sont sous la loi, afin que la bénédiction d’Abraham parvienne aux nations dans le Christ Jésus (Gal. 3:14), comme le déclare l’évangile. Et ce n’est pas tout. Car la Semence est arrivée, et l’alliance a été confirmée, comme elle le fut en type en Isaac, mort et ressuscité en figure. C’est pourquoi l’apôtre poursuit : «Or c’est à Abraham que les promesses ont été faites, et à sa semence» (Gal. 3:16a) — au père en Genèse 12 (« en toi seront bénies »), et à son fils en Genèse 22 (« seront bénies en ta semence »). «Il ne dit pas : «Et aux semences», comme parlant de plusieurs, mais comme parlant d’un seul ; — et à ta semence, qui est Christ» (Gal. 3:16b — l’allusion à la multiplication de la semence comme les étoiles et le sable, selon Gen. 22:17 est omise en Gal. 3:16).
Le raisonnement de l’apôtre, ici comme ailleurs, n’apparaît faible qu’aux hommes présomptueux, qui sont incrédules et ne peuvent donc pas comprendre les pensées de Dieu dans ce sujet. Quand les âmes acceptent l’autorité divine, non seulement de l’épître aux Galates, mais de la Genèse que l’épître présuppose, tout apparaît lumineux, profondément vrai, et d’un intérêt vivant. Il ne s’agit pas d’une simple question de grammaire, mais du contexte qui envisage différemment Israël et les Gentils : dans la promesse concernant Israël, il est fait grand cas du nombre, tandis que dans la promesse qui introduit les Gentils dans la bénédiction, il n’y a rien de la sorte, mais il n’est question que d’un seul, «ta semence». C’était une alliance confirmée d’avance par Dieu ; et la loi, qui est venue quatre cent trente ans après, ne l’annule pas, ce qui rendrait la promesse sans effet. La loi n’est pas non plus en conflit avec la promesse : chacune a son objet propre ; l’une a un ministère de mort et de condamnation ; l’autre a un ministère de bénédiction par la foi. C’est le mélange des deux qui fait du mal ; et c’est exactement ce à quoi l’homme est enclin, et ce que l’Écriture écarte toujours explicitement.
À la lumière des faits du Nouveau Testament, combien les types de la Genèse ressortent ! La Semence de la femme est assurément un homme, mais plus qu’un homme, meurtri pour briser totalement et à toujours le serpent ancien, le diable, cet ange déchu. La Semence d’Abraham, préfigurée en Isaac mort et ressuscité, représente le Libérateur dans la condition entièrement nouvelle de l’homme au-delà de la mort, capable de bénir les Gentils en grâce souveraine non moins que les Juifs, et de les unir à Lui dans la gloire céleste. Or c’est précisément ce que l’Évangile révèle maintenant à la foi.
Les derniers versets du chapitre nous présentent une brève esquisse de la lignée de Nakhor, frère d’Abraham, dont le fils Bethuel était père de Rebecca par sa femme Milca, et non par sa concubine Reüma. Nous verrons en temps voulu combien cette lignée est étroitement liée à l’avenir d’Isaac, pour exécuter le dessein de Dieu.
Il est question ici de la mort de Sara et de son ensevelissement, auxquels le texte inspiré consacre une place considérable. N’y a-t-il aucune instruction au-delà de la morale touchante qui est sous les yeux de tous ? Où, dans tout l’Ancien Testament, peut-on trouver une telle image de la douleur d’un mari occupé à fournir un lieu de sépulture à sa femme défunte ? Où peut-on voir le soin et la foi d’un père dans la recherche d’une épouse pour son fils, comme dans le ch. 24 qui suit ? Nous avons examiné les profondes leçons typiques du ch. 22 qui précède, et nous espérons peser justement ce qui n’est pas à sous-évaluer dans le ch. 23 qui va maintenant nous occuper. Supposerait-on que notre chapitre est totalement dépourvu de vérités similaires sous la surface ? Cherchons au moins à apprendre de Dieu par Sa Parole.
«Et la vie de Sara fut de cent vingt-sept ans : ce sont là les années de la vie de Sara. Et Sara mourut à Kiriath-Arba, qui est Hébron, au pays de Canaan. Et Abraham vint pour mener deuil sur Sara, et pour la pleurer.
Et Abraham se leva de devant son mort ; et il parla aux fils de Heth, disant : Je suis étranger, habitant parmi vous ; donnez-moi la possession d’un sépulcre parmi vous, et j’enterrerai mon mort de devant moi. Et les fils de Heth répondirent à Abraham, lui disant : Écoute-nous, mon seigneur : tu es un prince de Dieu au milieu de nous ; enterre ton mort dans le meilleur de nos sépulcres ; aucun de nous ne te refusera son sépulcre pour enterrer ton mort. Et Abraham se leva et se prosterna devant les gens du pays, devant les fils de Heth, et il leur parla, disant : Si c’est votre volonté que j’enterre mon mort de devant moi, écoutez-moi, et intercédez pour moi auprès d’Éphron, fils de Tsokhar, afin qu’il me donne la caverne de Macpéla, qui est à lui, qui est au bout de son champ ; qu’il me la donne au milieu de vous, pour sa pleine valeur, comme possession d’un sépulcre. Or Éphron habitait parmi les fils de Heth. Et Éphron, le Héthien, répondit à Abraham aux oreilles des fils de Heth, devant tous ceux qui entraient par la porte de sa ville, en disant : Non, mon seigneur, écoute-moi. Je te donne le champ, et la caverne qui s’y trouve, je te la donne ; je te la donne sous les yeux des fils de mon peuple : enterre ton mort. Et Abraham se prosterna devant le peuple du pays, et il parla à Éphron aux oreilles du peuple du pays, disant : Si seulement tu voulais bien m’écouter. Je donne l’argent du champ ; prends-le de moi, et j’y enterrerai mon mort. Et Éphron répondit à Abraham et lui dit : Mon seigneur, écoute-moi : Une terre de quatre cents sicles d’argent, qu’est-ce que cela entre toi et moi ? Enterre donc ton mort. Et Abraham écouta Éphron, et Abraham pesa à Éphron l’argent dont il avait parlé aux oreilles des fils de Heth : quatre cents sicles d’argent au cours du marché.
Et le champ d’Éphron, qui était à Macpéla, devant Mamré, le champ et la caverne qui y était, et tous les arbres qui se trouvaient dans le champ, dans toutes ses limites tout à l’entour, furent assurés à Abraham en propriété sous les yeux des fils de Heth, devant tous ceux qui entraient par la porte de sa ville. Après cela, Abraham enterra Sara, sa femme, dans la caverne du champ, à Macpéla, en face de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan. Et le champ et la caverne qui s’y trouve furent assurés à Abraham par les fils de Heth comme possession d’un sépulcre» (23:1-20).
L’histoire est si simple et rendue si concrète que peu de mots sont nécessaires. La douleur d’Abraham est vivante devant nous, de même que, en pareilles circonstances, sa noble attitude avec les fils de Heth pour avoir une caverne pour enterrer son mort. C’était une affaire délicate. Car les Héthiens étaient émus, courtois et amicaux, tandis qu’Abraham était résolu à plaider pour l’affaire ; il n’était pas moins résolu qu’en Genèse 14:24 à ne rien s’approprier. Même en présence de la mort, il voulait préserver sa place de pèlerin et d’étranger au milieu d’eux. Il voulait payer le plein prix de la possession, — non pas d’un manoir ou d’un domaine, mais d’un sépulcre. Éphron, à la manière orientale, fixa son prix très haut pour l’époque ; et Abraham le pesa en présence de tous, selon le mode de transmission légal et certain de ce temps-là ; c’est aussi une anticipation curieuse des particularités modernes. Autrement, le patriarche n’avait pas d’héritage dans la terre promise, pas même de quoi y poser le pied, quels que soient les arguments contraires avancés par certains. Même pour une tombe, il ne voulait pas se mettre sous un joug inégal (mal assorti) avec les incroyants ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? Abraham voulait rester séparé et ne rien toucher à ce qui est impur (2 Cor. 6:14-17). Était-ce du mépris ou de l’orgueil ? Non, mais de la soumission à Dieu, et le maintien de Son honneur par Ses enfants, même s’ils sont faibles et indignes, comme certains le sont.
D’un point de vue des types, Sara était la mère libre de l’enfant de la promesse, en contraste avec la servante et son fils, déjà chassés, selon la doctrine de Galates 4. Maintenant que le Fils est vu mort et ressuscité, cette alliance, que Sara représente, est aussi passée, afin d’introduire un dessein encore plus élevé du Père, lequel voulait appeler une épouse pour Son Fils dans les lieux célestes. Si Sara meurt, elle ressuscitera ; et alors seulement, cette alliance de promesse et de liberté sera valable pour Israël, lequel entre-temps est aveuglé par l’incrédulité et trouve son modèle dans Agar et son fils. C’est ainsi que les Juifs ont perdu leurs privilèges pour cette si longue période ; car ils sont les fils des prophètes et de l’alliance conclue par Dieu avec Abraham. Mais en rejetant la seule vraie Semence, leur propre Messie, par Qui seul tous et toutes pouvaient être bénis, ils ont imprimé sur eux, plus profondément que jamais, la marque Lo-Ammi. Oui, Sara est morte ; et, dans le prochain développement de nouveaux desseins, nous verrons Rebecca appelée d’un pays lointain et conduite à travers le désert pour devenir l’épouse d’Isaac en Canaan.
Genèse 22 nous a donné la position nouvelle et unique de celui qui est fils et héritier, mort et ressuscité, une figure de la réalité infinie où l’Antitype est aussi l’Agneau que Dieu se pourvoyait en holocauste ; à ce point des voies de Dieu, Genèse 23 a donné le décès de Sara, la mère de l’enfant de la promesse — image de ce qui est arrivé quand ceux qui auraient dû accueillir le Messie mort et ressuscité ont trébuché sur la pierre d’achoppement ; et dans l’aveuglement de leur insoumission, ils ont repoussé temporairement l’application d’une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et la maison de Juda. Quant à l’ancien peuple, il est mort par son incrédulité, bien que la grâce ne devrait pas manquer pour un résidu pieux et pour ceux des nations qui croiraient à l’évangile. Ce sang, par lequel les Juifs ont lancé, en imprécation, une malédiction sur eux et sur leurs enfants (Matthieu 26:28), est pour les chrétiens la coupe de bénédiction qu’ils bénissent, le sang de Christ de la nouvelle alliance qui a été versé pour beaucoup en vue de la rémission des péchés. Les termes exacts et la pleine portée de cette alliance sur la terre attendent la nation élue à laquelle elle est promise par Celui qui ne manquera pas de l’accomplir un jour. Sara ressuscitera aussi sûrement que l’alliance de la grâce s’accomplira pour Israël, malgré tout ce qu’ils ont fait, lorsqu’ils diront : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur (Matt. 23:39). Alors l’Éternel exercera le jugement et la justice dans le pays (Jér. 33:15), et l’Éternel sera roi sur toute la terre ; en ce jour-là, il y aura un Éternel et Son nom sera un (Zach. 14:9).
Mais il s’agit ici d’une perspective tout à fait différente, la figure très nette de la nouvelle relation céleste que la grâce forme tandis que les Juifs demeurent dans l’incrédulité et qu’ils repoussent ainsi les magnifiques scènes de la gloire prédite pour Israël et pour tous les Gentils en ce jour-là. C’est l’appel d’une épouse pour Isaac, hors du monde d’où Abraham avait été appelé. Le fidèle serviteur, décrit en termes tout à fait exceptionnels comme «le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement de tout ce qui était à lui», est chargé de la mission délicate de la trouver selon Dieu et de la guider à travers le désert jusqu’à l’époux.
«Abraham était vieux, avancé en âge, et l’Éternel avait béni Abraham en toute chose. Abraham dit à son serviteur, le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement sur tout ce qui était à lui : «Mets, je te prie, ta main sous ma cuisse, et je te ferai jurer par l’Éternel, le Dieu des cieux et le Dieu de la terre, que tu ne prendras pas de femme pour mon fils d’entre les filles des Cananéens au milieu desquels j’habite ; mais tu iras dans mon pays et vers ma parenté, et tu prendras une femme pour mon fils, pour Isaac. Et le serviteur lui dit : Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci ; me faudra-t-il faire retourner ton fils dans le pays d’où tu es sorti ? Et Abraham lui dit : Garde-toi d’y faire retourner mon fils. L’Éternel, le Dieu des cieux, qui m’a pris de la maison de mon père et du pays de ma parenté, et qui m’a parlé et qui m’a juré, disant : Je donnerai ce pays à ta semence ; Lui-même enverra son ange devant toi, et tu prendras de là une femme pour mon fils. Et si la femme ne veut pas te suivre, alors tu seras dégagé envers moi de ce serment ; seulement, tu ne feras pas retourner là mon fils. Et le serviteur mit sa main sous la cuisse d’Abraham, son seigneur, et lui jura au sujet de ces choses» (24:1-9).
Personne ne nie que ce père âgé réfléchissait dans un esprit grave et pieux à aider son fils Isaac pour l’étape la plus importante d’une vie ; cette étape était non seulement importante pour la postérité juive qui avait la promesse divine d’une bénédiction terrestre, mais sur le plan le plus élevé, cette promesse était encore pour toutes les familles de la terre et liée pour cela à une bénédiction encore meilleure envers sa propre semence. Abraham ne se contenta pas de la fidélité longtemps éprouvée de celui qui, dès les premiers jours, avait gagné et mérité sa confiance. Ce n’est qu’ici et maintenant qu’il exige d’Éliézer (Gen. 15:2) un serment d’une solennité particulière, celui de prendre pour épouse, non pas une personne de la race maudite de Canaan, mais une personne du pays d’où il avait lui-même été appelé, et de sa parenté. Quiconque pèse le sens typique que le Nouveau Testament donne avec autorité à l’histoire qui précède, selon ce que nous avons vu, ne sera pas disposé à le nier ici ; le caractère extrêmement complet et particulier du récit suggère une signification plus profonde, qui est elle-même la vérité certaine de Dieu, et qui ici, comme nulle part ailleurs, correspond précisément à la nouvelle histoire, et à son application plus élevée pour le lecteur chrétien, qui y trouve aussi un intérêt plus direct.
«Je te ferai jurer par l’Éternel, le Dieu des cieux et le Dieu de la terre, que tu ne prendras pas pour mon fils une femme d’entre les filles des Cananéens parmi lesquels j’habite ; mais tu iras dans mon pays et vers ma parenté et tu prendras une femme pour mon fils Isaac» (24:3-4).
Il est bon de remarquer le titre divin le plus remarquable qui est donné ici, outre qu’il prouve l’absence de fondement des conjectures des esprits rationalistes sur la multiplicité d’auteurs de la Genèse. Ce qui se rapproche le plus de ce titre dans le livre de la Genèse (sans parallèle dans le Pentateuque) se trouve en Genèse 14. Là, le nom de «Dieu Très-Haut» est associé au titre de «Possesseur des cieux et de la terre» ; et le type vise à l’évidence les jours du royaume encore futur, quand le vrai Melchisédec exercera Sa sacrificature en réalité, non pas simplement «selon l’ordre» de Melchisédec ni «selon l’ordre» d’Aaron ; Il l’exercera en bénissant les vainqueurs à la fin de l’ère, et les cieux et la terre seront unis au lieu d’être séparés comme ils le sont encore.
Cette expression de Genèse 24 «le Dieu des cieux et le Dieu de la terre», présente les droits universels du seul vrai Dieu, révélé pleinement et seulement quand le Fils de Dieu est venu, et qu’une fois mort et ressuscité Il a fait ressortir nettement toute la vérité en rapport avec l’appel de l’église, l’épouse de Christ. C’est pourquoi, en Éphésiens 3, l’apôtre parle du mystère caché en Dieu qui a créé toutes choses (3:9) et du Père duquel est nommé toute famille dans les cieux et sur la terre (3:14-15) ; et en Éph. 4:6 il parle d’un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout et partout et en nous (ou, vous) tous. Ainsi, ce n’est pas seulement la vie et l’incorruptibilité qui sont maintenant mises en lumière en Jésus Christ (2 Tim. 1:10), mais les droits les plus élevés et les plus vastes de Dieu dans Sa suprématie universelle, Sa providence universelle, et cependant dans l’intimité la plus vraie de relation avec Ses enfants, seulement eux, mais eux tous. Or, si Dieu avait l’intention de communiquer cela sous la forme d’un type (qui n’est intelligible qu’avec l’antitype), où pouvait-Il l’introduire de manière appropriée si ce n’est ici ? En vérité, les voies de Dieu sont aussi merveilleuses que bénies ; et Sa Parole en est la révélation, comme c’est le cas ici, et elle révèle aussi Ses conseils et Sa nature. Le rationalisme est profondément ignorant de tout cela, et il ne peut en être autrement parce qu’il est du rationalisme et non de la foi ; il est l’ennemi de Dieu, minable mais effronté.
La réponse du serviteur et la réplique confirment la force d’une autre vérité qui s’y rattache. «Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays : me faudra-t-il faire retourner ton fils dans le pays d’où tu es sorti ? Et Abraham lui dit : Garde-toi d’y faire retourner mon fils» (24:5-6).
On voit ici que l’accent est mis fortement (et cela est répété une fois de plus) sur le fait qu’Isaac devait demeurer en Canaan. C’est là seulement qu’il devait être trouvé, et lui seul l’a été de tous les patriarches. Car si son père est sorti de Mésopotamie, il est descendu en Égypte pour un temps ; si son fils Jacob est retourné en Mésopotamie, il est aussi descendu en Égypte et y est mort. Mais Isaac seul ne devait jamais quitter le pays de Canaan, et y est effectivement resté. En cela, il représente de la manière la plus frappante Christ après être mort, ressuscité et monté au ciel, condition dans laquelle Il est devenu chef de l’église et l’Époux. Il est emphatiquement Le Céleste (ό έπουράυιος). Dieu rend les chrétiens «célestes», non pas comme un fait affiché (car nous portons encore l’image de l’homme qui est poussière), mais comme un titre et une réalité spirituelle, selon lesquels nous sommes appelés à marcher en étant dans le monde, mais sans être du monde, comme Lui n’en était pas. Comparer Éph. 1:3-23 ; 2:6 ; 3:10 ; 4:8-16 ; 5:25-32 ; 6:12 ; aussi 1 Cor. 15:48-49.
Ainsi donc Abraham continue en disant : «L’Éternel, le Dieu des cieux, qui m’a pris de la maison de mon père et du pays de ma parenté, qui m’a parlé et qui m’a juré, disant : «Je donnerai ce pays-ci à ta semence ; Lui-même enverra son ange devant toi ; et tu prendras de là une femme pour mon fils. Et si la femme ne veut pas te suivre, alors tu seras dégagé de ce serment envers moi ; seulement, mon fils n’y retournera pas» (24:7-8).
Et le serviteur jura ainsi. La Tête donnée à l’église reste céleste en des termes absolument exclusifs et selon le propos le plus net et ineffaçable. Telle est la doctrine claire et certaine dont l’apôtre a été le vase inspiré pour la communiquer. C’était un mystère ou secret révélé (Éph. 3:6) aux saints apôtres et prophètes par l’Esprit ; mais Paul a été serviteur de l’assemblée ou église (Col. 1:25) selon l’administration qui lui a été donnée pour compléter la Parole de Dieu à cet égard ; en fait aucun autre n’a écrit sur l’église comme lui l’a fait. Christ est glorifié dans le ciel pour être la Tête de l’église ; et Il n’est là que pendant que le corps est formé dans la puissance du Saint Esprit envoyé dans ce but. «Comme Il est Lui, nous sommes nous aussi dans ce monde» (1 Jean 4:17). Les chrétiens, l’église, sont appelés à manifester les pensées du ciel sur la terre. Mais le fondement de cela est que nous sommes déjà unis au Seigneur, un seul esprit avec Lui qui est en haut. C’est ainsi que nous Le connaissons de manière caractéristique, non plus selon la chair, mais comme étant mort, ressuscité et monté au ciel (2 Cor. 5).
Il y a ici une carence générale dans la chrétienté, due à l’incrédulité, bien que sous des formes différentes. Certains sont si obscurcis qu’ils ne comprennent pas ce qui répond à Agar et à son enfant chassés de la maison d’Abraham. L’alliance de servitude du Sinaï [la loi] est encore leur règle de vie, bien qu’ils ne nient pas la naissance du véritable fils et héritier [Jésus]. D’autres n’avancent pas plus loin que l’alliance de la promesse en Sara et Isaac, bien qu’ils voient que le fils de la servante ne peut être héritier avec le fils de la femme libre. Ils croient à l’expiation, mais ils n’ont pas une juste appréhension de la nouvelle place du Fils comme mort, ressuscité, et associé seulement avec le ciel. Pourtant, comme nous l’avons vu dans la figure, cela seul donne la bénédiction propre du chrétien en union avec Christ (en vertu du Saint Esprit qui nous a été donné sur la base de Sa mort comme sacrifice), là où Il est, en haut jusqu’à ce qu’Il vienne nous prendre pour la maison du Père. Dès lors, du fait que la relation céleste de l’église comme corps et épouse de Christ est inconnue, et que la vérité d’être mort avec Christ, ressuscité avec Lui et assis en Lui dans les lieux céleste est quelque chose de tout à fait vague et sans effet, — la porte est ouverte aux rudiments du monde, ainsi qu’à la philosophie et aux vaines déceptions du rationalisme. Dès lors, les baptisés déterminent leurs pensées en tant que Juifs ou Gentils sur les choses de la terre au lieu de celles d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Ils sont si ignorants de la puissance de la résurrection de Christ et de Sa montée au ciel, qu’ils ne peuvent en lire la merveilleuse préfiguration dans ce livre de la Genèse. Grâce à Dieu, ils ne nient pas Sa mort esquissée dans Isaac, bien qu’elle ne soit effective et pour toujours efficace que dans la croix de Christ. Mais ils ne s’approprient pas du tout la nouvelle position préfigurée par Isaac ressuscité et ne quittant jamais Canaan, tandis que l’épouse est appelée hors du monde pour Le rejoindre.
Rappelons la belle conformité des Actes des Apôtres, et des voies de Dieu à cet égard. Après que Christ fut monté au ciel, Pierre prêcha aux Juifs au portique de Salomon, selon Actes 3, et leur montra comment le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob avait glorifié Son serviteur Jésus qu’ils avaient renié et mis à mort. Il leur assura cependant que, s’ils se repentaient et se convertissaient, non seulement leurs péchés seraient effacés, mais Dieu enverrait Jésus, qui avait été préordonné pour eux, afin d’amener des temps de rétablissement de toutes choses, comme Ses prophètes l’avaient toujours annoncé. Mais les Juifs ont scellé leur incrédulité ; et ainsi la nouvelle alliance a été mise de côté en ce qui concerne le peuple ; et un apôtre a été appelé par le Seigneur dans le ciel pour prêcher aux Gentils et révéler pleinement la place céleste de l’église, une avec Christ en haut. C’est ce qui est appelé «le mystère», ou le secret autrefois caché, lorsque Dieu donnait des promesses et des prophéties. Dans les épîtres de Paul, le mystère est révélé quant à Christ et l’église. Dans les Actes les faits sont rapportés de manière à préparer cette révélation, et cette préparation est en plein accord avec « le mystère » une fois qu’il a été révélé. Mais même les faits ainsi rapportés, ne révèlent pas plus que les types de l’Ancien Testament qui le préfigurent. L’apôtre de l’incirconcision devait être l’instrument honoré pour faire connaître ce qui était caché en Dieu dans l’éternité, quand la croix de Christ brisa pour un temps le dernier lien avec les Juifs, et ouvrit la porte pour proclamer l’évangile à toute la création, et a fourni l’occasion à Dieu en grâce souveraine de faire connaître le nouvel appel de l’église, faite de croyants d’Israël et des Gentils, baptisés par l’Esprit en un seul corps, le corps de Christ, dans lequel tout disparait hormis le nouvel homme. Car alors Christ est tout et en tous.
Dans les premiers versets, nous avons des instructions tout à fait spécifiques données par le père pour l’épouse de son fils. Nous apprenons maintenant à quel point «son serviteur, le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement sur tout ce qui était à lui», a été fidèle pour accomplir sa volonté. C’est lui qui devient le personnage le plus en vue tout au long du chapitre, jusqu’à ce que l’épouse rejoigne l’époux. On ne peut pas se tromper sur ce qu’il représente du point de vue des types. Autant il est certain que nous voyons le Père chercher une épouse, l’église de Dieu pour Christ Son Fils (qui, pendant tout ce temps, est seulement dans les lieux célestes), autant nous reconnaissons l’envoi du Saint Esprit et Son action dans ce serviteur honoré et fidèle. En fait, sa soumission indéfectible et inébranlable, loin d’être une difficulté ou une objection, est ce que le type exigeait. En effet, de même que le Fils est devenu serviteur pour accomplir la volonté du Père et assurer Sa gloire, de même le Saint Esprit est au service du Fils aussi bien que du Père. C’est ce que nous lisons en Jean 14 à 16 et dans d’autres Écritures. Par exemple : «Il ne parlera pas de par lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera, car il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi» (Jean 16:14-15), etc. Pour le chrétien, pour l’église, nous avons besoin du Saint Esprit, et nous L’avons ainsi que la Parole. L’Esprit donné est notre privilège et notre puissance caractéristique.
«Et le serviteur prit dix chameaux des chameaux de son seigneur et s’en alla ; or il avait tout le bien de son seigneur sous sa main. Et il se leva et alla en Aram-Naharaïm (Syrie des deux fleuves), à la ville de Nakhor. Et il fit agenouiller les chameaux en dehors de la ville, auprès d’un puits d’eau, au temps du soir, au temps où sortent celles qui vont puiser de l’eau. Et il dit : Éternel, Dieu de mon seigneur Abraham, fais-moi faire, je te prie, une heureuse rencontre aujourd’hui, et use de grâce envers mon seigneur Abraham. Voici, je me tiens près de la fontaine d’eau, et les filles des gens de la ville sortent pour puiser de l’eau. Qu’il arrive donc que la jeune fille à laquelle je dirai : Abaisse ta cruche, je te prie, pour que je boive, et qui dira : Bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux, soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac ; et à cela je connaitrai que tu as usé de grâce envers mon seigneur.
Et il arriva, comme il n’avait pas fini de parler, que voici sortir Rebecca, sa cruche sur son épaule : elle était née à Bethuel, fils de Milca, femme de Nakhor, frère d’Abraham. Et la jeune fille était très belle de visage, vierge, et nul ne l’avait connue. Et elle descendit à la fontaine, remplit sa cruche, et remonta. Et le serviteur courut à sa rencontre et dit : Permets-moi, je te prie, que je boive un peu d’eau de ta cruche. Et elle dit : Bois, mon seigneur. Et vite elle abaissa sa cruche sur sa main, et lui donna à boire. Et après qu’elle eut fini de lui donner à boire, elle dit : Je puiserai aussi pour tes chameaux, jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire. Et elle se hâta et vida sa cruche dans l’auge, et courut de nouveau au puits pour puiser, et puisa pour tous ses chameaux. Et l’homme la regardait avec étonnement sans rien dire, pour savoir si l’Éternel aurait fait prospérer son voyage ou non» (24:10-21).
Quel beau tableau, tout simple, de la marche par la foi et non par la vue ou par l’apparence, à laquelle l’église est appelée, et tous ceux qui la composent ! Nulle part ailleurs dans la Genèse, ni même dans l’Ancien Testament, on ne trouve une scène si capable de préfigurer cette marche par la foi, comme celle que nous avons devant nous. La prière dépendante et confiante la caractérise. Nous la trouvons à plusieurs reprises dans les Actes. Même lorsque nous ne prions pas exactement «par le Saint Esprit», nous sommes encouragés à faire connaître en toute chose nos demandes à Dieu. Comparez Ananias en Actes 9:10-17, et Paul en Actes 22:17-21 ; «s’adresser ainsi librement» est la portée exacte du mot traduit par «prière» en 1 Timothée 4:5. Christ qui est venu, et Son œuvre, nous font entrer dans la réalité de ce qui nous convient devant Dieu. Même si nous n’étions pas aussi faibles et ignorants que nous avons appris à l’être, quelle bénédiction d’avoir un Dieu proche et fidèle avec un amour pleinement démontré, afin que nous puissions Lui apporter «toute chose», grande ou petite ! Quel déshonneur pour Lui de se fier à notre sagesse ou à notre bon sens ! Voyez aussi comment le serviteur garde devant lui les promesses faites à Abraham et les met en avant, ainsi que la relation spéciale déjà formée par grâce dont il se sert comme argument en rapport avec le besoin présent, et surtout en rapport avec ce qui lui avait été demandé avec insistance comme étant de la plus grande importance. La direction de l’Esprit est précieuse, mais n’est pas garantie. Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu (Rom. 8:14). Il ne demandait pas simplement un signe comme Gédéon en Juges 6 et 7, mais il demandait la personne même de l’épouse, celle qu’il recherchait, non pas pour lui-même, mais pour le fils de son seigneur. L’honneur et l’amour de la foi remplissaient son cœur.
Il n’eut pas à attendre longtemps. «Avant qu’il ait achevé de parler» (24:15), la jeune fille arrive. Il avait demandé librement, il s’était aventuré à prescrire audacieusement et minutieusement. Or compter sur Dieu Lui est très agréable, tandis que l’incrédulité ose le nier sous prétexte que c’est de la présomption. C’était vraiment une prière d’une simplicité rare, et combien appropriée ! basée sur une confiance totale. Le caractère immédiat de la réponse anticipait le jour où la justice régnera, et où l’Éternel exaucera pendant que Son peuple parle encore (És 65:24). Il en est de même maintenant, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus, alors que nous avons la nouvelle alliance en esprit sinon dans la lettre ; et il est vrai maintenant que le Messie n’est pas présent en puissance et en gloire terrestres, mais Il est mieux connu en haut dans une gloire encore plus élevée.
Acceptant la réponse, «le serviteur courut à la rencontre» de Rebecca (24:17). Il n’y eut pas d’hésitation, mais de l’empressement ; car il savait Qui il avait cru, et il lui demanda ce qu’il avait requis de la part du Dieu d’Abraham, l’Éternel. Et Rebecca, avec non moins d’empressement, répondit en grâce à la demande qu’il lui adressait, et à celle qu’il n’avait exprimée qu’à Dieu de prendre soin de «tous ses chameaux». Il n’est pas étonnant (24:21) qu’il la regardait avec étonnement, attendant en silence une pleine assurance (car il n’était que le type d’un plus grand Serviteur) si l’Éternel ferait prospérer sa voie ou non. — Cela fait penser à notre Seigneur lorsqu’Il exprimait pleinement Son appréciation de la foi de la femme syro-phénicienne, et s’étonnait de celle du centurion païen, bien que ce soit Sa propre grâce qui avait produit la foi chez tous les deux. — Le serviteur ne pouvait et ne voulait pas dissimuler dans son cœur que Dieu avait agi selon le désir de son cœur pour son seigneur et le fils de son seigneur ; et il attendit encore davantage pour Sa gloire.
Il y eut de l’étonnement dans l’esprit du serviteur devant la réponse immédiate et précise à sa prière. Il est injustifié d’appeler cela de l’incrédulité. C’est l’image de l’opération du Saint Esprit dans l’homme : Il n’a jamais agi aussi pleinement que depuis la rédemption, et Il n’agira plus jamais ainsi tant qu’Il sera sur la terre. Mais si le serviteur a bien senti la gravité du serment fait à son seigneur, et la délicatesse de la tâche pour le fils de son seigneur, il a été profondément impressionné par l’accomplissement rapide de tout ce qu’il avait requis de l’Éternel, le Dieu de son seigneur. La première vision qu’il a eue de la jeune fille ne put que l’impressionner. Il fut encore plus frappé, lorsque, courant à sa rencontre, et demandant ce qui l’y avait conduit, elle répondit simplement et complètement à sa requête telle qu’il l’avait exposée devant Dieu.
Même notre Seigneur, homme parfait comme Lui seul l’était, «s’étonnait» de la foi du centurion païen. Si cela exprimait Sa joie là où il ne pouvait y avoir la moindre trace d’incrédulité, nous n’avons pas à dénigrer l’«étonnement» du serviteur devant la jeune fille, alors qu’il recevait un gage de faveur si marqué et si prêt pour sa mission, «restant silencieux pour savoir si l’Éternel rendait son voyage prospère ou non». Son action qui suit (24:22 et suiv.) est la meilleure preuve de sa foi. «Celui qui croit ne se hâtera pas» (És. 28:16) ; et cette absence de hâte, en contraste avec la précipitation de la chair, est ce qui se manifeste chez celui qui est content de faire un seul pas à la fois, comme il convient à l’homme même s’il est béni.
Il y a toujours eu l’exercice de la foi chez les âmes nées de Dieu, dès le début. Hébreux 11 fait une brillante énumération des anciens qui ont reçu témoignage en portant eux-mêmes ce témoignage. Ceux qui sont ainsi énumérés ne sont pas plus qu’un simple échantillon, mais ils ont évidemment été choisis par la sagesse divine pour nous instruire dans ses voies remarquables et ses traits variés, comme il a plu à Dieu de donner ce qui était profitable à l’homme.
L’apôtre Pierre aussi, avec son style caractéristique et fervent, a été inspiré pour présenter dans sa première épître l’occasion admirable que l’évangile fournit pour la foi, comme aussi pour l’espérance et l’amour. « … Lequel (notre Seigneur Jésus), quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et croyant en Lui, quoique maintenant vous le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes ». Le chrétien a un aperçu de ces œuvres de l’Esprit en lui, tel que, selon l’Écriture et dans la nature des choses, il n’y a jamais eu dans le passé et il n’y aura jamais dans le futur à un même degré.
Il était donc approprié que le type le plus complet dans l’Ancien Testament, de l’appel de l’église et de l’état chrétien dans l’énergie de l’Esprit, soit nettement présenté dans le cadre d’une opération de la foi. C’est ce qui apparaît visiblement ici.
« Et il arriva, quand les chameaux eurent fini de boire, que l’homme prit un anneau d’or du poids d’un demi-sicle, et deux bracelets de dix sicles d’or, et dit : De qui es-tu fille ? dis-le moi, je te prie. Y a-t-il dans la maison de ton père un lieu où nous puissions loger ? Elle lui répondit : Je suis fille de Bethuel, fils de Milca, qu’elle a enfanté à Nakhor. Et elle lui dit : Il y a chez nous de la paille et du fourrage en abondance, et de la place pour loger. Et l’homme s’inclina et se prosterna devant l’Éternel, et dit : Béni soit l’Éternel, le Dieu de mon seigneur Abraham, qui n’a pas retiré sa miséricorde et sa vérité envers mon seigneur ; j’étais en chemin, et l’Éternel m’a conduit à la maison des frères de mon seigneur» (24:22-27).
Quel témoignage des «richesses de la grâce» nous avons ici dès le début ! Où, dans toute la Bible, trouverions-nous quelque chose de comparable à ces dons précieux en une telle occasion ou à un stade aussi précoce de celle-ci ? Le lecteur chrétien peut lire la contrepartie en Éphésiens 1. Là, comme ici, nous avons le propos de Dieu dans les premiers versets, suivi du grand privilège de la rédemption au v. 7 — le pardon des péchés, selon les richesses de la grâce de Dieu, avant qu’il soit question des privilèges propres à l’union avec Christ, ou de ces dons particuliers qu’Il a donnés en montant au ciel, et dont nous verrons le type plus loin. Ainsi, anticipant l’évangile de la grâce de Dieu, notre Seigneur montre comment le Père reçoit le prodigue qui revient : la plus belle robe, un anneau à sa main, des chaussures à ses pieds, et un festin pourvu d’une joie plus grande pour Lui que pour le fils si merveilleusement reçu ou pour tous les autres participants au festin. L’évangile accompagne l’église, mais la précède, et l’appel de la grâce est marqué de manière différente dans chacun d’eux. Quiconque a l’esprit ouvert ou intelligent peut-il ne pas retrouver dans notre chapitre le dessein divin, qui est le témoignage constant et indubitable de l’Écriture inspirée, et qui la rend différente de tout autre livre ?
Mais dans l’histoire qui nous occupe, quelle confirmation donne la réponse de la jeune fille à la demande du serviteur ! Dépendant de Dieu en vérité, il fait l’épreuve du plus éclatant concours de circonstances par le moyen de la parole qui a guidé son chemin et défini son but. Ceci ne convient pas à la confiance en soi naturelle de l’homme, mais n’est-ce pas l’unique voie, le devoir inaliénable du saint ? Car nous marchons par la foi, et non par la vue. Le Saint Esprit, qui a toujours et parfaitement conduit le Seigneur Jésus ici-bas, daigne maintenant nous conduire selon le même modèle béni. Ce qu’a dit Rebecca correspondait tout à fait et précisément aux exigences d’Abraham pour l’épouse qu’il cherchait pour son fils Isaac. Il n’y avait aucun doute que son caractère, même par cette courte entrevue, avait brillé d’amour et d’humilité, avec un respect sincère et un service extrêmement prompt, trahissant une belle-fille de choix pour Abraham, une épouse pure et douce pour Isaac. Pourtant, ce n’était pas tout ce que le serviteur recherchait, fidèle aux intérêts du fils et aux paroles prononcées par le père. «De qui es-tu la fille ?» Était-elle de la famille d’Abraham ? Sa réponse était exactement ce qu’il cherchait, et elle lui assure, ainsi qu’à sa suite, une réception appropriée.
Cela fait ressortir une autre caractéristique du récit. En effet, l’homme s’incline et se prosterne devant l’Éternel. L’adoration, l’adoration en esprit et en vérité, distingue le chrétien et l’église. C’est ce que le Seigneur a dit à la Samaritaine. L’heure est venue et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, ce qui était en contraste autant avec Jérusalem qu’avec la montagne de Garizim. Un peuple dans la chair, un sanctuaire mondain, des prêtres terrestres, des sacrifices et des offrandes matérielles, sont inacceptables. Le Père cherche des enfants et Il en a. Ce sont des fils, non pas des esclaves lointains ni des enfants en bas âge, mais des rachetés qui, avec l’Esprit d’adoption, crient : «Abba, Père». Cela n’est pas moins vrai de l’église que de l’individu, comme nous le lisons en 1 Corinthiens 14 où le Seigneur enjoint que tout soit fait avec l’esprit et avec l’intelligence, — les prières, le chant, les bénédictions et les actions de grâce. Car ce n’est pas la circoncision littérale qui compte maintenant ; mais nous, chrétiens, qui sommes la circoncision, c’est nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui n’avons aucune confiance dans la chair (Phil. 3:3). Les formes ne servent à rien ; rien ne compte que Christ, et que notre vie soit guidée par le Saint Esprit.
Et l’homme dit, car c’est un hommage intelligent : «Béni soit l’Éternel, le Dieu de mon seigneur Abraham, qui n’a pas retiré à mon seigneur sa miséricorde et sa vérité ; Lorsque j’étais en chemin, Il m’a conduit à la maison des frères de mon seigneur». C’est reconnaître Sa fidèle bonté en confiance et en adoration. Ainsi, dans notre cas, le Fils de Dieu est venu et nous a donné une intelligence pour Le connaître comme le Véritable ; et nous sommes en Lui, c’est-à-dire dans le Véritable, dans son Fils Jésus-Christ. Lui est le Dieu Véritable et la vie éternelle (1 Jean 5:20) ; sans cette vie éternelle et sans le Saint Esprit qui nous a été donné maintenant que Lui est parti, nous ne pourrions en aucun cas nous élever à un tel culte. Mais quelle merveilleuse préfiguration en est la scène qui est devant nous ! Elle est exactement là où elle doit être, et il n’y a pas de scène semblable ailleurs.
On a ici un témoignage instructif et irréfutable à la puissance vivante de l’inspiration. Car la scène appartient historiquement aux jours du premier père d’Israël, longtemps avant que la dispensation juive commence avec Moïse, et encore bien plus longtemps avant le christianisme, dont une partie tellement vaste et importante est formée par le culte divin. Imaginer qu’elle ait été introduite ici sans un dessein spécial de Dieu ne vaut pas mieux que ce qu’on appelle philosophie, et qui n’est que le véritable scepticisme de l’école épicurienne, dont les rationalistes sont les représentants. On pourrait tout aussi bien prétendre que l’univers, avec toutes les créatures du ciel, de la terre et des eaux, est le résultat d’un concours fortuit d’atomes. On pourrait tout aussi bien nier l’existence réelle, et l’œuvre de la Déité dans la création et la providence. On peut rester silencieux quant à l’œuvre de la rédemption, n’attendant rien de satisfaisant de leur part. Car même si quelques rationalistes la reconnaissent d’une manière vague, leur système doit en exclure la puissance bénie ainsi que les conseils de grâce avant que le monde fût, et l’aboutissement en gloire vers laquelle ces conseils tendent en tant que but de Dieu. Car ceci repose entièrement sur Christ, le Fils de l’homme, et sur Sa glorification morale de Dieu à la croix — laquelle est le fondement sur lequel tout est construit maintenant et pour toujours. Qui peut être surpris de ce que, quand Son œuvre de rédemption a été opérée, révélée et proclamée, l’adoration en Esprit a été la réponse donnée au Père et au Fils de la part de cœurs purifiés par la foi, comme maintenant dans l’église et dans le chrétien ! On a ici le type clair, exact, complet et définitif.
Jusqu’à présent, nous avons vu la belle préfiguration du dessein du Père d’appeler du monde une épouse pour Son Fils. Sur ce point, avec quel soin et quelle solennité le Fils est tenu à l’écart de toute relation directe avec le monde. Il est vu dans une position exclusivement céleste. La place accordée au principal serviteur de la maison dans l’exécution de cette charge de dévouement total, de dépendance excellente dans la prière de foi et dans l’attitude prête à l’adoration — tout cela est également clair. Ce sont exactement les qualités recherchées et adaptées à l’action de l’Esprit dans le corps et l’épouse de Christ. La manière dont Rebecca a répondu à ce dessein, immédiatement et de manière insigne et dès le début, doit nous apprendre comment tout ce qui suit a été le fruit de la grâce dans le même but.
«Et la jeune fille courut et rapporta ces choses dans la maison de sa mère. Or Rebecca avait un frère, et son nom était Laban ; et Laban courut vers l’homme, dehors, au puits. Et il arriva que, lorsqu’il vit l’anneau et les bracelets aux mains de sa sœur, et qu’il entendit les paroles de Rebecca, sa sœur, disant : Ainsi m’a parlé l’homme, il vint vers l’homme. Et voici il se tenait près des chameaux, au puits. Et il dit : Entre, béni de l’Éternel ; pourquoi te tiens-tu dehors ? car j’ai préparé la maison, et de la place pour les chameaux.
Et l’homme entra dans la maison et détacha les chameaux ; il donna aux chameaux de la paille et du fourrage, et pour lui, de l’eau pour laver ses pieds et les pieds des gens qui étaient avec lui. On lui servit à manger, mais il dit : Je ne mangerai pas avant d’avoir dit mon affaire. Et Laban dit : «Parle donc» (24:28-33).
La promptitude simple de Rebecca est ici aussi manifeste que sa courtoisie et sa gentillesse réfléchies auparavant. Cela devrait aussi caractériser l’église et le chrétien aujourd’hui. Bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, ne sommes-nous pas tenus, individuellement et collectivement, de refléter la grâce de Celui à qui nous appartenons dans Sa bonté souveraine ? Nous avons reçu gratuitement, nous devons donner gratuitement. Loin de nous l’indépendance orgueilleuse et faite d’interdits des Juifs, la convoitise revendicatrice et toujours insatisfaite des Gentils. Pourtant, la jeune fille discerna rapidement les signes de la crise qui l’attendait, et courut prévenir «la maison de sa mère». Cela était conforme à la bienséance, même si son père ne se tenait pas complètement en arrière : à tel point que certains se sont risqués à penser que le nom de Bethuel suivant celui de Laban (v. 50) serait peut-être celui d’un frère cadet plutôt que celui du père. Il est certain que Laban était l’homme actif à la tête de la maison d’un bout à l’autre. Ici, il se précipite vers l’homme près du puits ou de la fontaine.
Ce n’est pas non plus par hasard que nous lisons que Laban offrit l’hospitalité lorsqu’il vit l’anneau et les bracelets aux mains de sa sœur, et lorsqu’il entendit le rapport des propos que l’envoyé d’Abraham lui avait tenus. Il s’approcha alors de l’homme qui se tenait encore près des chameaux à la fontaine, et lui fit un accueil non moins cordial que pieux, comme ce genre de personnes ont tendance à le faire lorsqu’ils sont sûrs d’obtenir des honneurs et des avantages. L’histoire montre ensuite que Laban était un homme visant loin et idolâtre. Nous sommes donc obligés de déduire du langage employé ici que la vue des bijoux donnés à sa sœur, et les paroles de l’homme sur son seigneur, ont puissamment agi sur celui dont les motifs étaient loin d’être désintéressés. Sa salutation fut néanmoins engageante : « Entre, béni de l’Éternel, pourquoi restes-tu dehors ? car j’ai préparé la maison et de la place pour les chameaux ».
Le procédé remarquable du serviteur d’Abraham est ce que nous devons remarquer pour notre édification. Il entre dans la maison, détache les chameaux, se fait donner de la paille et du fourrage, ainsi que de l’eau pour se laver les pieds et ceux de ses compagnons. Mais quand on lui propose de la viande, il refuse de manger jusqu’à ce qu’il ait raconté son histoire. Ce n’est pas du tout conforme à la manière habituelle, surtout en Orient et après un si long voyage. Son voyage l’absorbe tout entier. Il ne veut pas que ses aises ou les coutumes des hommes passent en premier ou fassent obstacle à ce qu’il a à cœur. Il était là pour l’amour de son seigneur. La parole et le serment l’obligent, ainsi que l’honneur et l’amour pour le fils de son seigneur. Il ne voudrait même pas sembler laisser leurs intérêts au second rang. «Je ne mangerai pas avant d’avoir dit ce que j’ai à dire».
C’est donc très exclusivement et d’une manière tout à fait digne du Père et du Fils, que l’Esprit Saint se consacre à Sa recherche et au soin de l’Épouse. Nous savons que toutes choses concourent pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon Son dessein, comme le dit l’apôtre en Romains 8. Mais quelle devrait être notre confiance quand nous connaissons aussi la Personne divine du Paraclet envoyé par le Père au nom du Fils pour nous enseigner toutes choses, et nous rappeler tout ce que Christ a dit (Jean 14:26), les paroles qui sont esprit et qui sont vie (Jean 6:63), et bien d’autres choses qui ne pouvaient être supportées avant la rédemption ? (Jean 16:12). Quelles relations nouvelles et célestes, en tant que corps et épouse de Christ ! Quelle lumière de Sa gloire céleste ! Quelle annonce des choses à venir ! Si la viande du Sauveur était de faire la volonté de Celui qui L’a envoyé et d’accomplir Son œuvre (Jean 4:34), le bienheureux Esprit de Dieu n’est pas moins assidu pour parler, non pas de Lui-même, mais de tout ce qu’Il a entendu (Jean 16:13) ; car c’est Lui qui, ici et maintenant, glorifie le Fils.
Cette partie est entièrement consacrée à l’intervention de celui que le père a envoyé chercher une épouse convenable pour le fils et l’héritier.
«Et il dit : Je suis serviteur d’Abraham. Or l’Éternel a béni abondamment mon seigneur, et il est devenu grand ; il lui a donné du menu bétail et du gros bétail, de l’argent et de l’or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. Et Sara, femme de mon seigneur, a dans sa vieillesse enfanté un fils à mon seigneur, et il lui a donné tout ce qu’il a. Mon seigneur m’a fait jurer, en disant : Tu ne prendras pas pour mon fils une femme parmi les filles des Cananéens, dans le pays duquel j’habite ; mais tu iras à la maison de mon père et vers ma famille, et tu prendras une femme pour mon fils. Et je dis à mon seigneur : Peut-être la femme ne me suivra-t-elle pas. Et il me dit : L’Éternel devant qui j’ai marché enverra son ange avec toi, et fera prospérer ton voyage, et tu prendras une femme pour mon fils, une femme de ma famille et de la maison de mon père. Quand tu seras arrivé auprès de ma famille, alors tu seras quitte du serment que je te fais faire ; et si on ne te la donne pas, tu seras quitte du serment que je te fais faire. Et je suis venu aujourd’hui à la fontaine, et j’ai dit : Éternel, Dieu de mon seigneur Abraham, si tu veux bien faire prospérer le voyage que je fais, voici que je me tiens près de la fontaine d’eau : qu’il arrive que la jeune fille qui sortira pour puiser, et à qui je dirai : «Donne-moi, je te prie, à boire un peu d’eau de ta cruche, et qui me dira : «Bois donc, et je puiserai aussi pour tes chameaux», ce celle-là soit la femme que l’Éternel a désignée pour le fils de mon seigneur. Avant que je finisse de parler en mon cœur, voici que Rebecca sortit avec sa cruche sur l’épaule, et elle est descendue à la fontaine et a puisé ; et je lui ai dit : Donne-moi à boire, je te prie. Et elle s’est hâtée et a abaissé sa cruche, et a dit : Bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux. Et j’ai bu, et elle a donné aussi à boire aux chameaux. Et je l’ai interrogée et lui ai dit : « De qui es-tu la fille ? » Elle a répondu : Je suis fille de Bethuel (fils de Nahor) que Milca lui a enfantée. Et j’ai mis l’anneau à son nez, et les bracelets à ses mains. Et je me suis incliné et je me suis prosterné devant l’Éternel, et j’ai béni l’Éternel, le Dieu de mon seigneur Abraham, qui m’a conduit par le vrai chemin, pour prendre la fille du frère de mon seigneur pour son fils. Et maintenant, si vous voulez user de grâce et de vérité envers mon seigneur, déclarez-le moi ; et sinon, déclarez-le moi, et je me tournerai à droite ou à gauche» (Gen. 24:34-49).
Il est bon de remarquer la place immense que l’Écriture accorde à celui qui a été envoyé par le père et le fils pour accomplir le dessein de trouver et ramener l’épouse choisie.
Divers types présentent l’épouse dans les Écritures de l’Ancien Testament. Dans le dernier livre de l’Écriture (Apocalypse 19), le Nouveau Testament la présente dans sa place céleste avant le millénium en tant qu’épouse de l’Agneau, et dans l’état éternel (Apocalypse 21:2) ; elle est aussi présentée comme la sainte Jérusalem descendant du ciel d’auprès de Dieu dans sa relation millénaire avec les nations et les rois de la terre (Apoc. 21:9).
Au début de la Genèse, nous avons le type d’Ève avec ses caractéristiques admirables comme contrepartie d’Adam, et à la fin de la Genèse, nous avons la femme que Pharaon donna à Joseph dans son rejet et la séparation d’avec ses frères selon la chair, une fois qu’il fut exalté pour administrer le royaume. C’est ce que nous voyons également en Moïse (Exode 2) avant que vienne le moment de leur délivrance du roi et du pays d’Égypte. Jacob s’en va lui-même et se marie d’une manière tout à fait particulière à Charan, et par la ruse de Laban, il se fait refiler une autre épouse avant de recevoir la Rachel de son cœur, qui ne préfigure en rien l’église, mais Israël, une Rachel pleurant ses enfants, mais ayant espoir pour sa fin. Sara ne représente pas du tout l’appel de l’épouse, mais la mère de l’enfant de la promesse. Ruth aussi est une figure spéciale, mais non pas de l’église, comme ne l’est pas non plus l’objet de l’amour du roi dans le Cantique des Cantiques, les Psaumes ou les Prophètes.
Ici on a la figure unique d’une épouse, non seulement appelée d’un pays lointain en contraste avec toutes les femmes de la race cananéenne, mais appelée par la mission extraordinaire du serviteur du père – le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement sur tout ce que possédait le père, et avait reçu l’engagement et la mission en toute solennité, — tout est sans pareil dans aucun autre type. Nous avons déjà attiré l’attention sur la place qu’occupe cet appel, pour lequel aucun autre mariage dans l’Écriture ne pouvait fournir un pareil type. En effet, il fait suite à la mort et à la résurrection du fils dans la «parabole» du ch. 22, ainsi qu’à la mort de Sara, figure de l’alliance de la promesse et de la liberté par opposition à celle qui est dans la servitude avec ses enfants. Mais même elle, la femme libre, disparaît pour laisser la place à l’épouse qui fait ici l’objet de l’appel.
Encore une fois, combien l’accent est mis avec force et de manière complète sur le fidèle serviteur, et à quel point il est absorbé à répondre aux intérêts du père et du fils ! Tout le terrain parcouru est placé à nouveau devant la famille de l’épouse, faisant ressortir le dessein du père pour le fils comme nulle part ailleurs, et le dévouement remarquable et exclusif de la part de celui qui a été envoyé pour l’accomplir ! Où peut-on trouver, dans aucun autre type de la Parole de Dieu, une approche de cette présence et de cette action personnelles du Saint Esprit qui distingue l’église ? Le temps, le lieu, l’action, l’intérêt personnel, la grâce qui donne, la place éminente donnée à la prière et à l’adoration, l’exécution absolue de la parole ou de la mission, — tout cela est en parfaite harmonie à ce qu’il a plu à Dieu de représenter ici, et ici seulement dans une telle plénitude. Y a-t-il là rien issu du hasard, en tout ou partie ?
Examinez toute la gamme des types (et il n’y en a pas beaucoup qui mettent en évidence l’objet de l’amour de Christ pour le ciel) ; mais où y en a-t-il un qui présente aussi pleinement et nettement son appel, comme le fait Rebecca ? Et encore, où, sauf ici, avons-nous associé étroitement à l’épouse le représentant vivant de cet autre Avocat, qui s’identifie à l’honneur et aux intérêts du Père et du Fils, pour gagner efficacement l’épouse, puis pour la guider et la protéger à travers les nombreuses épreuves et les dangers immédiats du désert, afin qu’elle puisse rejoindre l’Époux en toute sécurité ? Combien il plaide admirablement pour les absents, dont il était l’envoyé ! De même qu’il n’a pas perdu un instant pour gagner le cœur de la jeune fille pour le fils de son seigneur, de même il ne tarde pas à dévoiler sa mission à ceux qui auraient pu naturellement retenir, voire tout bloquer. Aucune description dans les autres Écritures n’est comparable à celle-ci, avec l’intention divine, comme nous le croyons assurément, de montrer, non seulement une opération efficace, mais une présence et un soin personnels au plus haut degré. Nulle part ailleurs dans l’Ancien Testament, cela n’était aussi nécessaire et significatif que dans la scène qui nous est présentée ici.
Oui, il y a un intérêt pour nos cœurs de discerner dans ce beau récit l’ombre de ce qui concerne si directement tout membre de l’église. Mais n’oublions jamais combien ce doit être bien davantage pour Celui qui exécute la mission qu’Il a reçue pour consommer l’amour de Christ selon le dessein de grâce du Père. Si nous dirigeons nos yeux sur l’état présent des saints de Dieu, quelle est la réponse qui se dégage ? N’est-ce pas l’inconscience douloureuse et générale quant à la ressource divine pour le chemin, ainsi que l’espérance si glorieuse au bout du chemin ? Les saints ne sont-ils pas toujours appelés à regarder à cet aboutissement de Sa venue prochaine ? Même si nous pensons à ceux qui ont salué avec joie la lumière céleste, et ont abandonné ce que, selon l’Écriture, ils jugeaient incompatible avec leur relation avec Christ qu’ils connaissaient mieux — ont-ils continué à garder Sa parole et à ne pas renier Son Nom ? Beaucoup n’ont-ils pas reconstruit ce qu’ils avaient précédemment détruit ? Beaucoup ne sont-ils pas retournés en Égypte ou ont été transportés à Babylone ? Pour ceux qui sont, en quelque mesure, gardés vrais, est-ce Christ seul qui est devant leur cœur ? ou bien Son Nom est-il partagé et voilé par d’autres objets étrangers et indignes ? Puissions-nous considérer cela en marchant dans la lumière et nous juger en conséquence.
Nous pouvons observer comment Éliezer agit avec la décision donnée par un œil simple. Non seulement nous avons la prière en Esprit et l’adoration, mais il y a une marche uniquement consacrée à la volonté et à la parole de son seigneur qui l’a envoyé dans cette mission pour son fils. C’est à cela qu’il se consacre exclusivement. C’était tout à fait en dehors du monde et de ses objets. Éliézer ne s’écarte pas de sa course ; il ne permet à aucun besoin du corps de l’empêcher d’avoir devant lui sa mission pour premier objectif : c’est vis-à-vis de cela que tout le reste doit se plier.
«Et Laban et Bethuel répondirent : La chose vient de l’Éternel ; nous ne pouvons te dire ni mal ni bien. Voici Rebecca devant toi, prends-la et va-t’en, et qu’elle soit la femme du fils de ton seigneur, comme l’Éternel l’a dit. Et il arriva, lorsque le serviteur d’Abraham entendit leurs paroles, qu’il se prosterna à terre devant l’Éternel. Et le serviteur sortit des objets d’argent et des objets d’or, et des vêtements, et les donna à Rebecca ; il donna aussi à son frère et à sa mère de riches présents» (24:50-53).
Il en est de même pour l’église et les chrétiens. Le Saint Esprit qui est donné et qui habite dans le croyant, agit par la volonté du Père pour la gloire de Christ dont l’épouse est l’église, et duquel tout chrétien est un membre. Il n’est pas un Esprit de crainte ou d’indifférence, mais de puissance, d’amour et de sobre bon sens ; par-dessus tout, Il est donné pour être, avec nous éternellement, et en nous pour glorifier Celui qui a glorifié le Père.
Va-t-on objecter que cela revient à confondre le Saint Esprit avec l’église et le chrétien ? Or il s’agit bien d’une vérité scripturaire et non d’une confusion. L’objection vient de ce que l’on ne discerne pas que l’essence de l’action de l’Esprit est de se fondre, pour ainsi dire, dans l’instrument qu’Il emploie ou dans lequel Il demeure. Ainsi, tout bon fruit, dont Il est la source et la puissance, est mis au compte de l’instrument. Le cas est d’ailleurs également vrai pour les personnes possédées par des esprits mauvais. Ainsi, les deux démoniaques de Matthieu 8:29 s’écrièrent : «Qu’avons-nous à faire avec toi, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ?». Plus claire encore est la quasi-identification exprimée dans Marc 5:9, où, lorsqu’on lui demande son nom, le démoniaque répond : «Légion est mon nom, car nous sommes nombreux». Cela apparaît tout aussi clairement en Luc 8, 28-29, où le possédé dit : « Je te supplie, ne me tourmente pas » ; et l’évangéliste poursuit : «Car il avait ordonné à l’esprit impur de sortir de cet homme». Nous voyons donc combien il est profondément correct dans l’histoire de Gen. 24 de dire qu’Éliezer, typifiant l’action de l’Esprit Saint, représente aussi l’église et le chrétien.
Nous ne pouvons manquer de noter également comment Dieu contrôle les cœurs ainsi que les circonstances dans la poursuite de Son dessein. Ce n’est pas que les difficultés ou les dangers aient manqué. Ils étaient nombreux et multiples, pour exercer la foi en Celui qui, en face d’apparences contraires, sait tout d’avance, et opère toutes choses selon le conseil de Sa volonté. Nous n’avons aucune raison de mettre au crédit de Laban et de Béthuel d’avoir du zèle pour la gloire divine ; pourtant, ils se rallièrent aussitôt à ce qui leur était proposé, confessant que la chose était de l’Éternel, ce qui les laissait sans un mot à opposer. Leur soumission immédiate, leur reconnaissance que la parole d’Abraham était l’œuvre de l’Éternel, suscitèrent une nouvelle adoration d’Éliézer.
Ensuite celui-ci procède au don de cadeaux de mariage appropriés, en argent et en or, avec des vêtements pour Rebecca, ainsi que des objets précieux pour les siens. L’usage symbolique dans l’Écriture (par exemple dans la construction du tabernacle) fait comprendre que l’argent correspond à la grâce divine, tandis que l’or correspond à la justice divine. Cela apparaît clairement dans l’antitype d’Éphésiens 4 où il est dit que la grâce a été donnée à chacun de nous selon la mesure du don de Christ. «C’est pourquoi il dit : Étant monté en haut, il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes ... Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, et les autres comme évangélistes, et les autres comme pasteurs et docteurs ; en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ» (Éph. 4:8-12). Un autre type préfiguratif pourrait-il être plus approprié à cet endroit ? Il est donné avec un soin remarquable, ici seulement où c’était si nécessaire pour compléter le tableau. Jamais des dons n’ont été accordés qui découlent si distinctement de la grâce de Dieu en Christ, et qui sont fondés sur la justice de Dieu.
La puissance de la victoire de Christ sera pleinement et de bien d’autres manières manifestée, au ciel et un jour sur la terre. En attendant, ces dons sont le témoignage de Son amour pour le chrétien et pour l’église, déjà délivrés de la puissance de l’ennemi. Lui, l’Homme monté au ciel, les a donnés aux hommes ; et cela en vertu de ce qu’Il est préalablement descendu dans l’humiliation, et Il les a donnés à ceux qui étaient des victimes humaines de la malice de Satan et de leur propre folie et péché. Tout est destiné au perfectionnement des saints, en vue de l’exercice du ministère et de l’édification du corps de Christ ; tout est tourné vers l’avenir radieux où Christ se présentera à Lui-même l’église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable.
Dans le type qui nous est donné, il y a des détails très inhabituels pour un mariage déjà tout à fait extraordinaire. Après un long voyage, et même sans un tel voyage, combien il est étrange de refuser de manger, avant d’avoir raconté ce qui s’était passé ! Un commentateur distingué déclarait que ce récit semble superflu. Loin de là ! le récit du serviteur est en parfaite harmonie avec l’affaire en cours, et chaque partie de son récit dans cette maison faisait connaître des motifs d’intérêt très direct et de la plus grande importance.
S’il était le serviteur du père et dévoué à l’honneur du fils, c’était Dieu dans Son nom d’alliance (l’Éternel) qui était devant son cœur du premier moment jusqu’au dernier. C’est Lui, l’Éternel, qui avait si grandement béni ; Il avait dirigé son seigneur dans le serment exigé pour ne prendre pour son héritier aucune fille des Cananéens, mais seulement de la maison de son père et de sa parenté. Si l’élection gardait ainsi la prééminence, la miséricorde providentielle devait contrôler les cœurs et les circonstances, comme cela avait été le cas tout au long de l’histoire. La prière fut ainsi stimulée et promptement exaucée. La jeune fille désirée vint avant qu’il ait fini de parler dans son cœur, elle répondit positivement à tous les tests avec la grâce qui lui était propre, et elle donna au serviteur la conviction qu’elle n’était autre que la femme que l’Éternel avait désignée pour le fils de son seigneur. La réponse qu’elle donna à la question sur sa filiation scella l’affaire, de sorte qu’il ne put hésiter à lui accorder les ornements appropriés, et se prosterna une fois de plus en adorant l’Éternel. Lorsque les gens de la maison acquiescèrent à ce qui venait de Lui et accordèrent à l’homme de prendre Rebecca comme épouse d’Isaac, le serviteur se prosterna à nouveau devant l’Éternel, et les dons affluèrent encore plus vers l’épouse en particulier, mais aussi en abondance vers tous les autres. C’est une scène unique en elle-même et dans ce qu’elle préfigure de manière appropriée.
«Et ils mangèrent et burent, lui et les hommes qui étaient avec lui, et ils logèrent là. Et ils se levèrent le matin, et il dit : «Renvoyez-moi à mon seigneur». Son frère et sa mère dirent : Que la jeune fille reste avec nous, au moins dix jours, après quoi elle s’en ira. Il leur dit : Ne me retardez pas, quand l’Éternel a fait prospérer mon voyage ; renvoyez-moi et que je m’en aille chez mon seigneur. Et ils dirent : Appelons la jeune fille, et interrogeons sa bouche. Ils appelèrent Rebecca et lui dirent : Iras-tu avec cet homme ? Elle répondit : J’irai. Et ils firent partir Rebecca, leur sœur, et sa nourrice, et le serviteur d’Abraham et ses hommes. Et ils bénirent Rebecca, et lui dirent : Toi notre sœur, deviens des milliers de myriades, et que ta postérité possède la porte de ceux qui les haïssent !». (24:54-60).
La figure de la communion par laquelle s’ouvre cette portion du récit est simple et appropriée : combien elle est aussi en harmonie frappante avec l’appel de l’église ! En fait, il ne pouvait jamais y avoir de pleine communion des saints avant que les chrétiens soient délivrés par l’œuvre efficace de Christ et par les relations nouvelles fondées sur elle. D’où l’image donnée en Actes 2 au jour de la Pentecôte. «Et ils persévéraient dans la doctrine des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et les prières» (Actes 2:42) ; «Et tous les jours, ils persévéraient d’un commun accord dans le temple, et rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur» (Actes 2:46). Dans la Cène du Seigneur, il s’agit de la communion du corps et du sang de Christ ; mais cette communion imprégnait leur nouvelle relation jusque dans les choses les plus ordinaires de la vie terrestre. Et cela n’a rien d’étonnant : de même que Christ était leur vie, de même l’Esprit Saint était une puissance contre la chair, de sorte que la foi et l’espérance, la paix et l’amour, étaient en exercice actif et les remplissaient de joie. Leurs relations étaient basées sur Christ qui était venu, et leur couronne devait être en Sa venue de nouveau.
C’est ce que Lui-même a enseigné et établi. Voyez Luc 12:21-38. Et aussi dans la parabole des dix vierges, nous avons le même principe modifié par le but spécial de l’Esprit dans l’évangile de Matthieu. Elle se situe au milieu de la grande prophétie de notre Seigneur, dans la section sur la chrétienté, la première partie de cette prophétie (Matthieu 24:1-44) présentant l’avenir des Juifs jusqu’à la fin du siècle, et la troisième partie (Matthieu 25:31 et suivants) celui des nations à l’ouverture de l’ère nouvelle. Il ne s’agit pas non plus du service dans son aspect collectif comme à la fin de Matthieu 24, ou dans la variété des dons comme en Matthieu 25. C’est la responsabilité individuelle des chrétiens, vrais ou faux, spécialement vue en ce que, après avoir pris leurs flambeaux, ils sont allés à la rencontre de l’époux. Pour cela, rien ne sert sinon l’onction, la puissance de l’Esprit. L’attente de l’époux devint l’épreuve lorsque tous s’assoupirent et dormirent. Ils ont toutes failli dans ce qui était justement l’objectif les attirant à Christ, les retirant de tout lien avec la chair ou le monde. Où était leur espérance, s’ils n’allaient plus à la rencontre de Christ ? Quand le cri de minuit les réveilla, les prudents seuls reprirent l’attitude initiale juste. Car ils étaient les seuls à avoir de l’huile dans leurs vases ; et, étant prêts, ils Le rejoignirent à Sa venue, tandis que les insensés allaient à la recherche de ce qu’ils n’avaient jamais possédé. Comment des gens comme ceux-là pouvaient-ils attendre Sa venue ? Seulement ceux qui avaient de l’huile dans leurs vases. Hélas, tous ont failli dans leur attente de Sa venue, tous se sont endormis. Mais seuls les prudents avaient la puissance et la présence de l’Esprit — l’huile dans leurs vases. Les insensés n’avaient que les flambeaux de la profession sans Son énergie vitale, et n’étaient donc pas préparés pour quand Christ vient.
Seulement, nous devons garder à l’esprit que, pour représenter la chrétienté, les exigences de la parabole nécessitaient, non pas l’épouse, mais le cortège de jeunes filles prudentes et folles ; le type exigeait non pas un tel cortège, mais l’épouse. Rebecca devient maintenant le personnage principal, comme l’est le fidèle serviteur du père et du fils, qui fait mettre de côté les sentiments naturels de la famille. Sa seule pensée est de remplir sa mission. Ceux de la famille voulaient qu’elle reste un certain temps. Lui, plus il prospérait dans sa mission, moins il voulait entendre parler de délai. Ce fut à l’épouse de décider. «Ils appelèrent Rebecca et lui dirent : Iras-tu avec cet homme ? Et elle répondit : J’irai». Son cœur est décidé.
Il en est ainsi, ou du moins il doit en être ainsi, pour celle qui est fiancée à Christ comme une vierge chaste, fiancée à Celui qu’elle aime sans L’avoir vu, et à l’égard duquel, croyant sans voir, elle exulte d’une joie ineffable et glorieuse, recevant le but de la foi, le salut de l’âme. Qu’est-ce que le pays, la parenté, la maison du père, ou tous les autres objets réunis, en comparaison de son Époux ? Que pouvait-elle dire d’autre que «j’irai» ? Elle se rallie au zèle d’Éliézer. Son rapport suscité sa foi, son espérance et son amour. Il en est résulté une décision sans hésitation. Elle part à la rencontre de l’époux, et le fidèle serviteur qui avait gagné son cœur à Isaac, continue ses soins, et la guide à travers le désert. «Et ils firent partir Rebecca, leur sœur, et sa nourrice, et le serviteur d’Abraham et ses hommes» (24:59), avec d’abondantes bénédictions, aussi peu conscients qu’ils fussent de sa position réelle. Mais l’image est sans équivoque. Il s’agit de l’épouse, retirée du présent siècle mauvais selon la volonté de Dieu notre Père (Gal. 1:4), pour appartenir à Celui qui est dans les cieux, pour L’y rejoindre bientôt, selon le type (symbole) de la jeune fille élue qui entreprend son voyage de pèlerin à la rencontre de celui à qui elle est fiancée.
L’église devrait avoir le sens de sa position d’épouse, mais ce sens manque visiblement, non pas simplement aujourd’hui, mais de tout temps depuis les temps apostoliques. Pour s’en rendre compte, il faut regarder les écrits des Pères et du moyen-âge, aussi bien que ceux du temps de la Réformation jusqu’à nos jours. Cette carence indique la triste page blanche qui fait que la gloire céleste de Christ n’est pas présentée comme un objet précis pour la foi des chrétiens. Pourtant ce sont eux qui composent le « grand mystère » ou secret qui constitue une caractéristique si spécifique de l’administration confiée au grand apôtre (Éph. 3:2-7), — ce chapitre de la Parole de Dieu qui était un grand blanc au temps de l’Ancien Testament, et qu’il a été donné à l’apôtre Paul de compléter. Ce n’est qu’ainsi qu’en saisissant ce « mystère caché » qu’on peut comprendre un type comme celui de Rebecca. Si l’on ne comprend pas ce que l’apôtre communique, on ne peut pas mieux comprendre le type. Même les Réformateurs n’ont pas été dans la position spirituelle d’entrer avec intelligence sur ce terrain céleste. Ils combattaient pour la liberté d’accès à la Bible, ils ont lutté pour répondre au besoin de l’âme d’avoir la rémission des péchés par le sang de Christ. Au mieux ils ont vu dans la résurrection de Christ, la promesse et la preuve que le croyant est justifié par la foi, et a la paix avec Dieu.
Or la Parole de Dieu, par le ministère de l’apôtre Paul, parle de relations étroites qui sont établies, mais qui ne sont pratiquement comprises par personne : il s’agit des relations célestes des chrétiens en vertu de leur union avec Christ, comme Il est maintenant devant Dieu, + le seul corps, qui, en vertu du Saint Esprit envoyé sur la terre répond ici-bas à l’exaltation de la Tête à la droite de Dieu en haut – et ce corps est tel qu’il n’y a dedans aucune distinctions entre Juifs, Gentils, hommes libres, hommes dans la servitude. Ces relations ou liens associatifs n’ont pas davantage été compris au moyen-âge ni avant, ni dans les controverses qui ont suivi la Réformation parmi les Protestants. Comment un état spirituel convenable pour jouir des choses d’en-haut, pouvait-il exister quand les gens en étaient au stade de se disputer sur la nouvelle naissance, ou sur le caractère éternel de la vie que le chrétien reçoit en Christ ?
Même quand Christ et Son œuvre sont retenus par la foi, il reste au Saint Esprit de nous faire saisir intérieurement la gloire de Christ en haut et notre nouvelle position de relations avec Lui, individuelles et collectives, et notre espérance bénie de Sa venue pour nous recevoir auprès de Lui. Sa Personne dans ses diverses positions est le grand pivot dont dépend l’intelligence spirituelle. Nous croyons en Lui, et en Lui crucifié ; cette vérité est essentielle pour régler la question de nos péchés et de notre culpabilité, pour nous séparer du monde qui L’a crucifié, et pour nous établir dans la grâce de Dieu. Comme chrétiens, nous Le voyons en haut, non seulement couronné de gloire et d’honneur, notre grand souverain sacrificateur qui a été éprouvé en faiblesse ici-bas (Héb. 2 fin), mais qui a été donné comme chef sur toutes choses à l’assemblée qui est Son corps (Éph. 1 fin). Nous attendons Sa venue pour nous recevoir auprès de Lui en haut, après quoi Il restaurera Israël, Il bénira les nations, et remplira la terre de Sa gloire, de Sa puissance et de Sa paix.
Comment s’étonner que le Saint Esprit s’attarde sur des circonstances telles que celles que nous avons considérées, si elles préfiguraient l’appel de l’épouse, la femme de l’Agneau ? C’est toujours, et à juste titre, un sujet du plus grand intérêt spirituel pour tous, sauf pour les irréfléchis. Que n’est-ce pas non plus pour Dieu du fait que c’est donné pour illustrer la consommation de l’amour de Son Fils pour l’église ? Quel émerveillement, quel amour, quelle joie n’a-t-Il pas prévu pour nous qui le lisons dans la communion avec Ses pensées et Sa grâce – que la foi donne à ceux qui sont si directement et si profondément concernés ? Cela se poursuit ici jusqu’au bout.
«Et Rebecca se leva, avec ses filles, et elles montèrent sur les chameaux et s’en allèrent avec l’homme. Et le serviteur prit Rebecca et s’en alla. — Et Isaac venait d’arriver du puits de Lakhaï-roïi, car il habitait dans le pays du midi. Et Isaac était sorti pour méditer dans les champs, à l’approche du soir. Et il leva les yeux et regarda, et voici des chameaux qui venaient. Et Rebecca leva ses yeux, et vit Isaac ; et elle descendit du chameau. Or elle avait dit au serviteur : Qui est cet homme qui se marche dans les champs à notre rencontre ? Et le serviteur répondit : C’est mon seigneur. Et elle prit le voile et se couvrit. Et le serviteur raconta à Isaac toutes les choses qu’il avait faites. Isaac la conduisit dans la tente de Sara, sa mère ; il prit Rebecca, et elle fut sa femme, et il l’aima ; et Isaac fut consolé quant à sa mère» (24:61-67).
Jusqu’ici, Rebecca répond, plus clairement que tout autre dans l’Écriture, à ce qu’exige le fait d’être type de l’église ; quant à Isaac, nous avons vu, sous forme de parabole selon Hébreux 11:19, qu’il représente le Fils ressuscité d’entre les morts, qui, est ainsi et doit être la Tête de l’église. Cette dernière section de Gen. 24 (v. 61-67) continue tout à fait ces deux analogies. La décision de Rebecca a été simple et vraie. De même que le serviteur insistait pour un départ immédiat, de même l’épouse n’a pas eu la moindre hésitation («J’irai») en dépit de tous les liens forts d’affection naturelle. Une distance inhabituelle la séparait d’Isaac, il fallait se lancer dans un long voyage, avec des dangers de toutes sortes à affronter, des déserts à traverser ; et elle était une jeune fille sous la direction d’un homme entièrement nouveau pour elle, sans autre visage familier sur la route que celui de ses filles.
«Et Rebecca se leva, avec ses filles, et elles montèrent sur les chameaux et s’en allèrent avec l’homme. Et le serviteur prit Rebecca et s’en alla». Quelle foi simple, quelle confiance dans l’amour, quelle espérance en abondance dans sa poitrine ! Dans tout l’Ancien Testament, on ne peut trouver aucune pareille combinaison d’affections convenables chez une épouse. Ce qui a soutenu son cœur, c’était la dépendance de son conducteur, tout le long du chemin morne, regardant à celui qui était sur le point de l’introduire dans la jouissance la plus attachante de toutes les relations. Nous pouvons et nous devons supposer que le sage et fidèle serviteur lui a fait des rapports abondants et fiables pour détacher ses pensées de son ancienne demeure, pour l’empêcher de regarder en arrière, et pour la remplir de la digne attente d’un tel père et d’un tel fils qui l’attendaient !
C’est justement ainsi, quant à nos âmes renouvelées : le Saint Esprit daigne les former avec l’amour de Christ, la grâce de Sa vie et de Sa mort, la gloire qui était la Sienne éternellement en tant que Personne divine, et Son exaltation présente en tant qu’Homme ressuscité et Tête de l’église, chef sur toutes choses (Éph. 1 fin) ; avec Sa manifestation prochaine en gloire lorsqu’Il réalisera Ses droits et Ses titres, et que Lui seront assujetties toutes choses, ayant aboli toute principauté et toute autorité et toute puissance (1 Cor. 15:24-28), – sans jamais rien changer au dessein et à la proximité de l’amour qu’Il a pour Son épouse.
«Et Isaac venait d’arriver du puits de Lakhaï-roï, car il habitait dans le pays du midi», le Néguev. C’était Canaan, mais sa partie méridionale en bordure du désert. C’est là qu’il se rendait pour méditer dans les champs à l’approche du soir. On ne peut douter de ce qui occupait les pensées de cet esprit doux, calme, contemplatif. «Il leva les yeux et regarda, et voici des chameaux qui venaient».
Mais une autre personne a également été rapide à percevoir alors qu’ils approchaient de la terre de la promesse. En effet, «Rebecca leva ses yeux, et vit Isaac ; et elle descendit du chameau. Or elle avait dit au serviteur : Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre ? Et le serviteur répondit : C’est mon seigneur. Et elle prit le voile et se couvrit».
Oui, l’Époux vient ! et l’Esprit crie : Venez à sa rencontre. Il est bon de travailler pour Lui ; il est bien meilleur de L’attendre ; et il n’y a pas de garde plus nécessaire, ni de guide et de ressort plus précieux pour nous par l’Esprit pour notre travail, que cette espérance bénie. Nous en avons besoin dans un monde de séduction d’un côté, et de destruction de l’autre, pour nous purifier comme Lui est pur ; nous en avons besoin avec une affection consacrée et céleste, même si nous croyons vraiment en Lui et en Son amour, et que même nous L’aimons. Rien ne peut suppléer à cette espérance, si elle est absente ou faible. «Je suis jaloux pour vous», dit l’apôtre, «d’une jalousie de Dieu ; car je vous ai fiancés à un seul mari, afin de vous présenter au Christ comme une vierge chaste» (2 Cor. 11:2).
Rebecca s’est couverte de son voile ; l’instinct est d’être sûr de n’être que pour Lui. Alors tout le reste est plus vrai et plus saint. Notre Époux n’a pas besoin d’entendre, comme Isaac, ce que le serviteur avait à raconter (24:66), dans la communion du Saint Esprit, on n’en doute pas, Notre Époux prend tout intérêt à celle qu’Il a aimée comme la Sienne pour le ciel. Il a eu ses douleurs sur la mort actuelle d’Israël, et a eu l’espérance de sa fin, ou plutôt de son vrai commencement. Mais Il a aimé l’église, pour laquelle Il s’est livré et qu’Il se présentera à Lui-même glorieuse.
Nous ne pouvons pas maintenant méditer sur toute cette scène finale de la vie d’Abraham, car nous sommes occupés d’Isaac. Cependant, elle présente un grand intérêt en elle-même, et dans son rapport avec les races orientales qui doivent jouer leur rôle dans les jours glorieux du royaume futur, comme elles l’ont fait dans le passé. Quoi qu’en dise la tradition, Ketura n’était pas une servante comme Agar, ni la mère de la semence promise, mais de six fils nés du père des croyants.
«Abraham prit encore une femme, nommée Ketura. Elle lui enfanta Zimran, Jokshan, Medan, Madian, Jishbak et Shuakh. — Et Jokshan engendra Sheba et Dedan. Et les fils de Dedan furent Ashurim, Letushim et Leümmim. Et les fils de Madian furent Epha, Epher, Hénoch, Abida et Eldaa ; tous ceux-là furent les fils de Ketura. — Et Abraham donna tout ce qui lui appartenait à Isaac. Et aux fils des concubines qu’eut Abraham, Abraham fit des dons ; et pendant qu’il vivait encore, il les renvoya d’auprès d’Isaac son fils, vers l’orient, au pays d’Orient» (25:1-6).
Abraham n’a été indifférent à aucun, et le Dieu d’Abraham non plus : Il se souviendra d’eux dans l’ère à venir de joie et de bénédiction de la terre. Mais Isaac a une place tout à fait distincte. Aux autres, Abraham fit des dons et les éloigna d’Isaac, son fils ; à celui-ci Abraham «donna tout ce qu’il avait».
Ainsi, Isaac se dresse devant nous comme l’héritier manifeste de toutes choses (Héb. 1:2). Ce titre, bien sûr, n’appartient dans son sens plein qu’à Jésus, le Fils de Dieu. En tant que Créateur de tout, il est normal qu’Il hérite de tout (Héb. 1) ; et par la rédemption et l’achat (Héb. 2), Il prendra tout, au jour du déploiement de Sa gloire, en tant que Fils de l’homme exalté. Celui qui s’est humilié comme nul autre n’a jamais pu le faire, est au-dessus de tout, couronné de gloire et d’honneur : bien que cela Lui soit déjà donné maintenant, nous ne voyons pas encore toutes choses placées sous Son autorité. Mais, sans que l’homme le voit, Il a déjà cette suprématie en position et en titre, selon le Psaume 8:6 auquel le Nouveau Testament fait trois fois référence ; une suprématie si universelle que seul en est exclu Celui qui Lui a assujetti toutes choses. Dieu n’a rien laissé qui ne soit assujetti à Christ, comme l’atteste qu’Il soit effectivement assis sur le trône de Dieu, le trône du Père. Mais ceci est tout à fait distinct de ce qu’indique le Psaume 110 v.2, etc., lorsque le Seigneur régnera sur Son propre trône et soumettra activement tous les ennemis dont l’Éternel aura fait Son marchepied. Car c’est le Seigneur qui dominera au milieu de Ses ennemis et qui brisera les rois au jour de Sa colère (Ps. 110:2,5). C’est en contraste évident avec tout ce qu’Il fait maintenant à la droite de la Majesté en haut, où jusqu’à ce jour Il est assis durant ce jour de salut par grâce.
[4 pages de l’original n’ont pas été reprises. Elles ne traitent pas d’Isaac, mais de la suprématie glorieuse de Christ selon le Ps. 8 et les citations qu’en font les épîtres]
Nous avons vu la mort de Sara suivie de l’appel de l’épouse. On n’allait plus s’occuper de «notre mère», la femme libre, mais on passe à l’église, la femme de l’Agneau. L’héritier de toutes choses, mort et ressuscité, a maintenant une épouse appelée hors du monde et amenée dans ce qui figure les lieux célestes. Le mystère, ou le secret, est grand, dit l’apôtre, «mais je parle relativement à Christ et à l’assemblée (ou église)» (Éph. 5:32), les deux parties de ce mystère. Bien que la grâce et la gloire soient intrinsèquement à Lui seulement, cependant nous sommes d’autant plus appelés à nous réjouir, car nous nous réjouissons que ce qui précieux soit à Lui seul, et c’est ce qui rend toute notre sécurité à la gloire de Dieu.
Maintenant un autre lien du passé, important et honoré, disparait.
«Et ce sont ci les jours des années de la vie d’Abraham qu’il vécut, 175 ans. Et Abraham expira et mourut dans une bonne vieillesse, âgé et rassasié de jours, et il fut recueilli vers ses peuples. Isaac et Ismaël, ses fils, l’enterrèrent dans la caverne de Macpéla, dans le champ d’Ephron, fils de Tsokhar le Héthien, qui est en face de Mamré, le champ qu’Abraham avait acheté des fils de Heth ; Là furent enterrés Abraham et Sara, sa femme. Et il arriva, après la mort d’Abraham, que Dieu bénit son fils Isaac. Et Isaac habitait près du puits de Lakhaï-roï» (25:7-11).
Ici, le dépositaire de la promesse quitte cette vie. Il n’y a rien eu d’importance divine à enregistrer durant de nombreuses années. L’épisode de l’envoi de son serviteur avait eu lieu longtemps auparavant ; une grande place avait été donnée à cet envoi par le moyen du serviteur honoré et digne de confiance au plus haut degré, car il s’agissait d’appeler et conduire l’épouse choisie par Dieu pour son fils. Et le fils était non seulement dans une nouvelle position depuis le jour de Morija, mais il était exclusivement associé à la terre céleste. La promesse maintenant, comme l’alliance auparavant, s’effacent devant la lumière plus brillante du mystère [Rebecca type de l’église] et de sa relation spéciale [l’église, femme de l’Aneau]. Les progéniteurs de nombreuses nations qui avaient Abraham pour père quant à la chair sont nés, ont été reconnus, ont reçu des dons appropriés, et tant qu’il vivait, ils ont été renvoyés, afin qu’Isaac demeure l’héritier incontesté de tout ce qu’il possédait [25:1-6]. Maintenant, dans un âge avancé, Abraham aussi doit expirer et mourir. Les choses nouvelles devaient recevoir leur honneur sans rival.
Il n’est pas dit grand-chose des funérailles d’Abraham, si ce n’est pour marquer le lien avec la tombe de Sara, dont l’Esprit Saint a tant parlé en Genèse 23. Elle avait sa juste place pour un souvenir d’amour. La foi se tourne vers la vraie espérance des « anciens ». C’est la résurrection d’entre les morts, qui sera la part de tous les justes décédés. C’est sans fondement que l’incrédulité les imaginait dans la morosité, l’insensibilité ou toute autre carence, indignes de la grâce de Dieu qui veillait avec amour sur leur faible pèlerinage pour Son nom ici-bas. L’amour de Celui qui, en son temps, est devenu chair, est mort pour leurs péchés et est monté au ciel dans une vie de résurrection, n’a pas été une chose passagère mais éternelle. De plus, leur résurrection à Sa venue, pour être non seulement avec Lui, mais comme Lui, là où Il est, sera pour eux comme pour Lui une accession bénie, à la louange de Dieu ; et ils attendent cela dans une espérance assurée et pleine de gloire.
Dans l’état de choses à ce moment-là, il ne pouvait y avoir de sympathie spirituelle entre Isaac et les autres qui se vantaient d’être de la postérité d’Abraham. Mais il nous est dit ici qu’«Isaac et Ismaël, ses fils, l’enterrèrent dans la grotte de Macpéla», dans le champ qu’Abraham avait acheté d’Ephron, où reposait déjà Sara. Il n’était nullement interdit au fils de la servante d’honorer ainsi son père. Il avait dû être «chassé», et il le fut en présence de l’enfant de la promesse ; cependant, la relation dans la chair a sa place, et le fils de la femme libre ne la conteste nullement, mais il agit en grâce. Les sentiments des deux devant Dieu peuvent avoir été aussi différents que l’esprit et la chair, selon ce qui les caractérisait respectivement ; mais là au moins, autour de la tombe, ils étaient ensemble dans la douleur du deuil, et dans le souvenir affectueux de celui qui était réuni à ses peuples, «l’ami de Dieu».
La conclusion de cette déclaration est qu’après cela Dieu bénit Isaac, le fils du patriarche défunt, et qu’il habita au puits de Lakhaï-roï, le puits du vivant qui me voit. Ainsi Isaac, laissé seul (parmi les cohéritiers de la même promesse, avant lui), a cette distinction marquée que « Dieu le bénit » : réalité précieuse dans un monde de malédiction par le péché ; et ceci non pas sous la forme générale qui a été étendue à ceux qui sont nés d’Abraham, mais en tant qu’héritier. Il est noté le fait remarquable qu’il habitait à l’endroit d’abord signalé par une fontaine d’eau dans le désert, où Agar fut trouvée par l’ange de l’Éternel, qui lui annonça la naissance d’Ismaël et sa destinée singulière. En effet, Il est un Dieu qui voit, aussi sûrement qu’Il vit. Mais combien étaient différents les chemins qui attendaient Ismaël et Isaac ! Ici, l’Éternel avait entendu l’affliction d’Agar ; ici, Isaac, déjà béni, est béni par Dieu sur un plan encore plus élevé et avec de meilleures bénédictions en espérance.
Maintenant la sagesse de Dieu en mystère (1 Cor. 2:7) n’étant plus cachée, mais révélée, nous pouvons dire sans présomption que le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a béni de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ. Nous pouvons avoir été tirés et rassemblés d’entre les plus dégradés des Gentils, mais c’est à la louange de la gloire de Sa grâce dans laquelle Il nous a rendus agréables dans le Bien-Aimé : Lui et Lui seul en est la raison et la justification.
Dans l’Écriture, le Saint Esprit note les liens familiaux selon le principe bien connu énoncé par l’apôtre (1 Cor. 15:46) : ce qui est spirituel n’est pas le premier, mais ce qui est selon la nature. De même que nous avons eu la progéniture issue de Kétura, et Isaac à leur place distincte, de même nous avons maintenant (25:12) les fils d’Ismaël avant la lignée de la promesse (25:19).
«Et ce sont ici les générations d’Ismaël, fils d’Abraham, qu’Agar l’Égyptienne, servante de Sara, avait enfanté à Abraham. Et voici les noms des fils d’Ismaël, par leurs noms selon leurs générations : Le premier-né d’Ismaël, Nebaïoth ; et Kedar, et Adbeël, et Mibsam, et Mishma, et Duma, et Massa, Hadar, et Théma, Jetur, Naphish, et Kedma. Ce sont là les fils d’Ismaël, et ce sont là leurs noms dans leurs villages et leurs campements : douze princes de leurs tribus. Et ce sont ici les années de la vie d’Ismaël : 137 ans ; e il expira et mourut, et fut recueilli vers ses peuples. Et ils habitèrent depuis Havila jusqu’à Shur, qui est en face de l’Égypte, quand tu viens vers l’Assyrie. Il s’établit (ou mourut ; litt. tomba) à la vue de tous ses frères» (25:12-18), ou, peut-être, «à l’est de tous ses frères».
La chair a rapidement ses privilèges. C’était déjà le début de ce à quoi l’ange de l’Éternel avait préparé Agar à s’attendre : «Je multiplierai beaucoup ta semence, et elle ne pourra pas se comptée à cause de sa multitude» (Gen. 16:10). L’Éternel prêta attention à son affliction, et ne pouvait oublier Abraham. Ismaël devait être un homme comme un âne sauvage, sa main serait contre tous, et la main de tous contre lui, et il devait habiter à la vue de tous ses frères (Gen. 16:10-12). Ceci aussi, comme nous pouvons facilement le constater, s’est accompli avec précision depuis le début jusqu’à maintenant ; s’est accompli aussi encore plus minutieusement et très tôt, la promesse de tout ce qui devait suivre selon Genèse 17, où Dieu a dit : «Pour Ismaël, je t’ai exaucé : voici, je l’ai béni, je le ferai fructifier et multiplier extrêmement. Il engendrera douze chefs, et je le ferai devenir une grande nation» (17:20). Il en est ainsi maintenant. Ils sont énumérés dans leur ordre, comme plus tard (Gen. 28:9) nous lisons au sujet de Mahalath, fille d’Ismaël, sœur de Nebaioth, qu’Ésaü prit pour femme, outre celles de Canaan.
L’Écriture nous montre clairement le gouvernement de Dieu en providence, et en dehors de Son alliance, dans les mêmes livres qui révèlent les opérations de Sa grâce agissant en élection. Et ce ne sont pas seulement les Juifs qui sont enclins à le négliger. L’incrédulité s’élève contre Dieu dans ce domaine comme dans tous les autres. Pourtant, Sa Parole reste digne de toute confiance pour tout ce qu’elle concerne. Il n’y a jamais eu de croquis plus explicite que celui qui est donné de la postérité d’Ismaël (voir Gen. 16:12 et Job 39, 5-8).
[2 pages de l’original n’ont pas été reprises ; elles évoquent un accomplissement des prophéties sur les descendants d’Ismaël au vu des événements ultérieurs de l’histoire profane de ces descendants, jusqu’à aujourd'hui]