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Un Christ céleste, d’où une Église céleste

W.J. Hocking

 

The Bible Treasury, vol. N.1 – 1896 p.45 & 77

 

1        [L’association de l’église avec Christ dans le ciel est un sujet méconnu]

2        [Espérances terrestres dans l’Ancien Testament en rapport avec le Messie]

3        [Contrastes entre les espérances d’Israël et celles de l’église]

4        [Le mystère de la bénédiction céleste de l’Église en Éphésiens 1]

5        [Les trois sujets de prières de l’apôtre dans Éph. 1]

6        [Christ au ciel et les conséquences de Son exaltation actuelle pour nous]

6.1      [Un sujet cher à l’apôtre Paul à cause de la vision de Christ dans la gloire qu’il avait eue]

6.2      [La puissance de Dieu en résurrection et en exaltation de Christ surpasse celle en création]

6.3      [La domination au-dessus de tout donnée à Christ]

6.4      [Une résurrection plus excellente que celles de l’Ancien Testament]

6.5      [Christ établi chef (tête) sur toutes choses À l’assemblée (église)]

6.6      [L’association de l’église à Christ ne sera jamais vue sur la terre]

6.7      [Conséquences sur l’église quand son appel céleste est saisi]

 

 

1        [L’association de l’église avec Christ dans le ciel est un sujet méconnu]

L’esprit humain a toujours tendance à dissocier pratiquement Christ de l’Église, en particulier quant aux intimes relations d’unité que les Écritures révèlent et disent être la caractéristique de l’appel chrétien. Qui, dans les grandes sections de la chrétienté, soutient réellement que l’église est tellement unie à Christ dans le ciel au point que cela imprime son caractère essentiel à sa constitution ? Aucune des communautés romaine, anglicane, dissidente, et même grecque, ne discerne que le lien vivant entre l’Église et sa Tête (son Chef) ressuscité en haut est un principe vital qui doit se concrétiser dans toutes ses actions, et n’est pas une simple notion abstraite, purement théorique et sans application pratique.

Il est impossible de comprendre la nature céleste de l’appel de l’Église indépendamment de Christ, car la raison d’être de l’église est Christ. Nous ne parlons pas ici de l’œuvre expiatoire du Sauveur ni de la rédemption. Cette œuvre incomparable a sans aucun doute fourni le fondement immuable sur lequel reposent les manières d’agir de Dieu avec l’homme. Que ce soit par anticipation ou rétrospectivement, la mort de Christ constitue dans tous les temps la seule base de bénédiction pour les enfants de la foi. Cela ne veut pas dire que la bénédiction accordée a toujours eu le même caractère depuis le commencement. Non, au contraire, le caractère et la mesure de la bénédiction ont varié en fonction du dessein de Dieu à l’époque, du fait qu’il a été révélé progressivement selon les gloires variées du Fils.

 

2        [Espérances terrestres dans l’Ancien Testament en rapport avec le Messie]

Pour parler en gros, l’Ancien Testament traite de la promesse de la venue du Messie pour le peuple d’Israël, et de la prophétie concernant cette venue — ce Messie devant venir pour le peuple élu d’Israël en tant que Prophète, Sacrificateur et Roi, et comme Celui qui élèverait la descendance d’Abraham au-dessus de toutes les nations de la terre. Les bénédictions que les saints d’autrefois étaient enseignés à attendre étaient des bénédictions de nature terrestre. La fille de Sion devait attendre la venue de son Roi, qui régnerait en justice. L’oppresseur serait mis en pièces et ses ennemis lécheraient la poussière. La paix coulerait comme un fleuve, et la terre serait remplie de la connaissance de l’Éternel comme les eaux couvrent le fond de la mer. Une longue vie et des jours prospères seraient la part heureuse de tout sujet du glorieux royaume du Seigneur de David. En bref, dans l’Ancien Testament, Christ est présenté comme le souverain terrestre et l’exécutant de la justice divine sur la terre, spécialement en relation avec Israël. En conséquence, les bénédictions du peuple revêtent un caractère terrestre et national, en parfait accord avec ces promesses.

 

3        [Contrastes entre les espérances d’Israël et celles de l’église]

Or, comme les caractères distinctifs des espérances d’Israël dérivent de ce que le Messie, le Prince, doit venir régner ici-bas, de même ceux des espérances et de l’appel de l’église dérivent de la position de Christ maintenant en haut. C’est ce qui fait la différence la plus vaste entre Israël et l’Église. Pour Israël, la bénédiction est terrestre et charnelle, pour l’Église, elle est céleste et spirituelle. Dans l’Ancien Testament, nous trouvons partout le même genre d’anticipations. En Égypte et dans le désert, ils attendaient le pays de la promesse et ses abondantes ressources et provisions. Quand ils gémissaient en Canaan sous la domination idolâtre de rois apostats, ou lorsqu’ils pleuraient au bord des fleuves de Babylone, les fidèles soupiraient après la venue du Rédempteur à Sion pour bénir chacun sous sa vigne et sous son figuier.

Mais le Nouveau Testament ne consacre pas de telles attentes pour les chrétiens. Les Juifs étaient en droit d’espérer ici-bas des bénédictions de nature mondaine ; le croyant a des bénédictions célestes et spirituelles, dont on jouit seulement par la foi. Elles tiennent leur caractère de Christ, non pas de Christ comme roi d’Israël et chef des nations, mais comme Tête glorifiée de l’église.

 

4        [Le mystère de la bénédiction céleste de l’Église en Éphésiens 1]

L’épître aux Éphésiens déploie le mystère de la bénédiction céleste de l’Église d’une manière très complète, mais toujours en relation avec Christ. La fin du ch.1 établit la vérité de l’exaltation actuelle de Christ en haut, et lie à ce fait capital la position de l’église dans les lieux célestes en même temps que Lui. Voyons comment cette doctrine est présentée.

Éph. 1:1-14 contient un sommaire des vérités relatives aux saints, faisant ressortir leur place dans la pensée et le propos de Dieu. Une remarque s’impose. Un des principes de la Parole de Dieu est de toujours présenter les bénédictions et les responsabilités personnelles avant les bénédictions et les relations collectives. Ce principe se voit de façon extrêmement frappant dans cette épître. Celle-ci surpasse toutes les autres par la plénitude des révélations divines concernant l’église dans son aspect le plus large. En effet, elle est présentée dans sa totalité : dès l’éternité « cachée en Dieu », « maintenant donnée à connaître », et bientôt présentée à Christ toute entière dans sa perfection. Cependant, cette épître ne fait pas exception au principe général observé dans tout l’exposé de la révélation, à savoir d’énoncer d’abord ce qui concerne l’individu. Il est parlé non seulement de l’élection et de l’héritage en Christ, mais aussi de ce qui peut sembler très élémentaire, le pardon des péchés et l’écoute de l’évangile. C’est assez significatif. L’individualité du croyant ne doit pas être noyée dans les généralités de l’église. Il est bon, voire impératif, que l’âme soit assurée de sa relation personnelle avec Dieu, pour être capable de mieux prendre sa place dans l’église. La connaissance des privilèges du corps de Christ ne doit pas faire oublier ou sous-estimer la position individuelle que l’on occupe par grâce.

 

5        [Les trois sujets de prières de l’apôtre dans Éph. 1]

Après avoir exposé aux saints d’Éphèse la place bénie qu’ils occupent individuellement devant Dieu en Christ, il leur fait part de ses prières en leur faveur, afin qu’ils en sachent davantage. Il demande « que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, leur donne l’esprit de sagesse et de révélation dans Sa connaissance, les yeux de leur cœur étant éclairés ». Sa requête en leur faveur est triple, à savoir qu’ils sachent :

1. quelle est l’espérance de Son appel,

2. quelles sont les richesses de la gloire de Son héritage dans les saints,

3. quelle est l’excellente grandeur de Sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de Sa force, qu’il a opérée dans le Christ, lorsque :

(3a) Il L’a ressuscité d’entre les morts,

(3b) Il L’a établi à Sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir, et

(3c) Il a assujetti toutes choses sous Ses pieds, et

(3d) Il L’a donné pour être chef (tête) sur toutes choses, à l’assemblée, qui est Son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous (Éph. 1:16-23).

 

Voici donc les vœux inspirés de l’apôtre pour les saints d’Éphèse. Il cherche à ce que ceux-ci grandissent dans la connaissance divine.

(1) En premier lieu concernant leur appel ; celui-ci leur a déjà été présenté dans les premiers versets, mais avaient-ils saisi l’espérance de cet appel ? L’espérance est la consommation (ou : finalité), la couronne, le point culminant de ce dont nous jouissons maintenant par la foi. En fait, nous sommes déjà bénis dans les lieux célestes, déjà agréables dans le Bien-aimé. Mais l’espérance doit encore être réalisée, quand le Seigneur nous prendra dans la maison du Père, en haut, et que le propos de Dieu à notre égard sera pleinement accompli. L’appel est individuel ; l’espérance nous englobe tous, car elle considère l’unité dans laquelle Christ se présentera l’Église à Lui-même dans la gloire. L’apôtre prie que les saints puissent entrer maintenant pleinement dans cette perspective.

(2) En outre il demande qu’ils connaissent « les richesses de la gloire de l’héritage de Dieu dans les saints ». Ce n’est pas tant que les saints eux-mêmes forment cet héritage, mais que Dieu en Christ prenne l’héritage par le moyen des saints (à travers eux). Christ est « héritier de toutes choses » (Héb. 2), et lorsqu’Il entrera dans Son droit, l’église partagera la gloire de cet héritage en tant que cohéritiers (Rom. 8:17 ; 2 Tim. 2:12).

Christ n’entrera pas dans Sa gloire sans Son épouse. Il dit Lui-même : « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée » (Jean 17:22). L’apôtre désire que les saints puissent maintenant saisir, par la foi, leur haute destinée au jour de gloire à venir.

(3) Enfin la troisième demande de l’apôtre est qu’ils puissent connaître l’excellente grandeur de la puissance de Dieu déjà exercée envers les croyants pour les élever à partager l’exaltation de Christ.

 

6        [Christ au ciel et les conséquences de Son exaltation actuelle pour nous]

6.1       [Un sujet cher à l’apôtre Paul à cause de la vision de Christ dans la gloire qu’il avait eue]

Cette dernière et troisième demande introduit un sujet sur lequel l’apôtre s’étend très largement de façon caractéristique. Il s’agit d’un sujet particulièrement cher au cœur de Paul : Christ au ciel et les conséquences de Son exaltation actuelle pour nous qu’Il met au premier plan dans presque toutes ses épîtres. Paul n’a pas connu Christ aux jours de sa chair. Il ne L’a pas rencontré, comme Jean ou Pierre, sur les bords du Jourdain. C’est un Christ céleste qui a arrêté le persécuteur acharné, et c’est le souvenir de cette vision de la gloire de Dieu dans la face de Christ qui a toujours été comme un phare brillant à l’horizon de la vie de l’apôtre, façonnant son parcours et animant son zèle. Il aimait penser à Christ dans la gloire, et quand il parle de la puissance qui opère maintenant en nous, il déploie aussitôt le lien avec la puissance qui avait placé Christ dans cette gloire. La même puissance qui a opéré en Lui, opère en nous.

Ainsi, la vérité doctrinale repose comme toujours sur la solide base structurelle des faits. Cependant, seul l’esprit spirituel peut l’apprécier, et c’est ce que l’apôtre a en vue. Il invite de telles personnes à considérer la manifestation récente de la toute-puissance de Dieu dans la résurrection de Christ, dévoilant sa portée profonde pour l’Église.

 

6.2       [La puissance de Dieu en résurrection et en exaltation de Christ surpasse celle en création]

Au commencement, Dieu a manifesté Sa puissance dans la création des cieux et de la terre. Dans l’histoire d’Israël, Il a manifesté Sa puissance par la rédemption de l’Égypte. Mais le plus grand exemple de la puissance de Dieu pour le chrétien se trouve dans la résurrection et l’exaltation de Christ. Elle surpasse la puissance exercée dans la création de l’univers matériel, ainsi que celle qui a écrasé la puissance militaire du Pharaon et a surmonté les lois de la nature pour délivrer Son peuple en esclavage. Car ici, nous avons l’annulation du dernier ennemi de l’homme — la mort, Dieu ressuscitant Celui qui était sous son pouvoir, et ne se bornant pas à Lui donner la vie, mais L’élevant à la plus haute place d’autorité et de gloire.

 

6.3       [La domination au-dessus de tout donnée à Christ]

Dans cette position suprême, la domination Lui est donnée, et une domination sur toutes choses ; « Il a mis toutes choses sous ses pieds ». Il est Seigneur de tous. Bien que cette domination de portée universelle ne soit pas encore visible, le temps de son administration publique n’étant pas encore venu, la glorification de Celui qui était couché dans le tombeau du riche n’est pas un secret pour la foi, car elle a été révélée. Pour le croyant, c’est l’opération la plus manifeste de la puissance divine. Les puissantes forces invisibles de la nature qui agissent sur les orbes grandioses des galaxies lointaines, comme dans les innombrables formes de vie minuscule qui peuplent les fossés, sont merveilleuses. Mais la gloire du Père dans la résurrection et l’élévation du Fils surpasse infiniment la gloire de Dieu en création.

Elle la surpasse au même degré que les choses spirituelles surpassent les naturelles, et que les choses éternelles surpassent les temporelles. Les lois de l’univers, l’ouverture de la mer Rouge, — que c’est peu de chose comparé à ce qu’Il a fait pour le Fils de l’homme, celui qui a été « crucifié en faiblesse » et qui est « ressuscité en puissance ». Celui qui a ignoré les dignités célestes en s’abaissant à prendre l’humanité, puis en allant à la honte et à la mort de la Croix, les a maintenant ignorées en montant siéger à la droite de la Majesté dans les cieux, « au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ».

 

6.4       [Une résurrection plus excellente que celles de l’Ancien Testament]

Quel exemple super-éminent de l’opération de la toute-puissance de Dieu ! La vie d’entre les morts, c’est beaucoup, mais l’exaltation au plus haut niveau, c’est encore beaucoup plus ! Les cas de résurrection au temps de l’Ancien Testament sont rares ; et ceux qui sont sortis des tombeaux grâce à l’intervention divine directe y sont vite retournés. Mais là, Il est vraiment ressuscité, mais ressuscité pour ne plus mourir ; Il a été élevé hors de l’atteinte et hors du domaine de la mort, dans les lieux célestes où la mort ne peut jamais entrer. C’est là que demeure déjà le Fils de l’homme ; pour la foi c’est la démonstration permanente d’une intervention Toute puissante.

 

6.5       [Christ établi chef (tête) sur toutes choses À l’assemblée (église)]

Après avoir contraint nos pensées au plus haut degré en présentant la hauteur de l’exaltation de Christ ressuscité, l’apôtre présente un fait du plus grand intérêt pour l’église. Dans ce lieu de gloire, l’église Lui est associée ; Il n’est pas seulement « chef (tête) sur toutes choses », mais « chef (tête) sur toutes choses à l’assemblée (l’église) ». La même puissance, qui a opéré en Christ pour L’établir en haut, opère en nous pour nous y établir en même temps que Lui. Nous sommes destinés à partager la position de chef (tête) qui Lui a été accordée en tant que Fils de l’homme dans la résurrection ; nous sommes dépeints comme Lui étant déjà associés là, par dessein et en pratique.

Le lien intime de l’église à Christ est imagé par la figure du corps — « l’église (assemblée) qui est Son corps ». Il n’y a pas de relation sujets / souverain, même s’il est également vrai que l’église est soumise à Christ. Mais cette image expressive implique la merveilleuse vérité que le propos éternel de Dieu ne serait pas réalisé si l’église n’était pas unie à l’Homme Ressuscité dans la place de gloire où Il a été élevé. C’est bien le sens de l’expression « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». L’Église est appelée à être le complément, nécessaire pour que soit complété l’Homme mystique en haut.

 

6.6       [L’association de l’église à Christ ne sera jamais vue sur la terre]

Nous avons donc là le dessein révélé de Dieu quant à Christ et l’église. Nous sommes amenés à être associés indissolublement et de la manière la plus intime à Christ, non pas comme homme ici-bas, car cela ne pourrait pas être, mais comme homme ressuscité et exalté à la droite de Dieu. Ce fait (car ce n’est pas une théorie) confère un caractère unique à l’église. Les grands buts et desseins de Dieu à son égard ne seront jamais accomplis sur la terre. La scène où elle sera consommée dans la gloire est en haut ; ce secret est complètement caché au monde aujourd’hui autant que le fait de la gloire actuelle de Christ.

 

6.7       [Conséquences sur l’église quand son appel céleste est saisi]

C’est pourquoi, là où la vraie nature de l’appel de Dieu est saisie, les aspirations de l’Église sont exclusivement célestes, le monde étant considéré comme un lieu de séjour temporaire où toute disposition n’est que provisoire, et en aucun cas une affaire d’importance primordiale.

Inutile de dire combien l’Église professante est loin de mettre ceci en pratique, aujourd’hui.