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Introduction à l’Étude de la Prophétie

 

 

Marc Tapernoux

 

Le plan a été complété par Bibliquest par des ajouts et modifications de sous-titres.

 

Tables des matières résumée de l’ensemble du livre :

1      Étude de la prophétie : pourquoi et comment

2      Première partie : Histoire d’ISRAËL, des NATIONS et de l’ÉGLISE jusqu’au retour de Christ

3     L’enlèvement des croyants

4     De l’enlèvement de l’Église jusqu’à l’apparition du Seigneur en gloire

5     Le règne millénaire

6     L’état éternel

7     Conclusion : effets de l’attente du Seigneur

 

 

Table des matières détaillée de ce document (Introduction et première partie) :

1     Étude de la prophétie : pourquoi et comment

1.1      Pourquoi devons-nous étudier la prophétie ?

1.2      Comment devons-nous étudier la prophétie ?

2     Première partie : Histoire d’ISRAËL, des NATIONS et de l’ÉGLISE jusqu’au retour de Christ

2.1      Introduction

2.1.1      Trois groupes d’hommes

2.1.2      Chute de l’homme

2.1.3      L’appel de mise à part : Abraham

2.1.4      Les nations

2.1.5      L’Église

2.1.6      Centre de la prophétie : Christ et sa glorification

2.2      ISRAËL

2.2.1      Chapitre 1 — La vocation d’Israël

2.2.1.1    Promesses faites à Abraham

2.2.1.2    Promesses pour la descendance d’Abraham

2.2.1.3    Promesses pour les nations par le moyen d’Abraham

2.2.2      Chapitre 2 — De l’entrée en Canaan jusqu’à la captivité

2.2.2.1    Un peuple consacré à l’Éternel

2.2.2.2    Méchanceté d’Israël et châtiment de l’Éternel

2.2.2.3    Condition d’Israël sous le temps des nations

2.2.2.3.1   La gloire partie

2.2.2.3.2   Lo-Ammi = pas mon peuple

2.2.2.3.3   Le trône de l’Éternel quitte Jérusalem ; le pouvoir aux nations

2.2.3      Chapitre 3 — Le retour de Babylone et les soixante-dix semaines de Daniel

2.2.3.1    Dieu ramène son peuple

2.2.3.2    Pourquoi le retour partiel après 70 ans

2.2.3.3    Les 70 semaines d’années

2.2.3.3.1   7 premières semaines d’années

2.2.3.3.2   62 semaines d’années suivantes

2.2.3.3.3   La dernière semaines d’années

2.2.4      Chapitre 4 — Le rejet et la dispersion d’Israël

2.2.4.1    Le rejet

2.2.4.2    La dispersion des Juifs

2.2.4.3    Israël subsistera

2.2.4.4    Châtiment de ceux qui persécutent Israël

2.2.4.5    Le temps de la malédiction

2.2.4.6    Jusqu’à ce qu’ils retrouvent Christ

2.2.4.7    La dévastation de la terre de Palestine

2.2.5      Chapitre 5 — Israël et le retour du Seigneur

2.2.5.1    Les temps de rafraîchissement différés

2.2.5.2    L’état d’Israël depuis 1948

2.2.5.3    La non intervention de l’Éternel

2.2.6      Appendice

2.3      LES NATIONS

2.3.1      Chapitre 1 — L’état embryonnaire des nations

2.3.1.1    Opposition au peuple de Dieu

2.3.1.2    La première ville

2.3.1.3    Le commencement des nations en Genèse 10

2.3.1.4    Caractères généraux des nations

2.3.2      Chapitre 2 — Les temps des nations dans le passé

2.3.2.1    Premier royaume : Babylone

2.3.2.2    Deuxième royaume : Les Mèdes et les Perses

2.3.2.3    Troisième royaume : La Grèce

2.3.2.4    Quatrième royaume : L’Empire romain

2.3.3      Chapitre 3    Le chef de ce monde : Satan

2.3.3.1    Les différents noms de Satan

2.3.3.2    Origine de Satan

2.3.3.3    Activité de Satan

2.3.3.4    Avenir de Satan

2.3.3.5    La victoire du chrétien sur Satan

2.3.4      Chapitre 4 — Les nations et le retour du Seigneur

2.3.4.1    Développement du mal

2.3.4.2    Extension de l’erreur

2.3.4.3    Rébellion contre Dieu et haine contre le peuple de Dieu

2.3.4.4    Catastrophes : guerres, famines et pestes

2.3.4.5    Retour des Juifs

2.4      L’ÉGLISE

2.4.1      Chapitre 1 — L’origine et la position de l’Église

2.4.1.1    Les croyants avant l’Église

2.4.1.2    Fondation de l’Église

2.4.1.3    Caractère céleste de l’Église : appel, destinée, bénédictions et espérance

2.4.1.4    Des relations plus étroites avec le Seigneur qu’Israël avec Dieu

2.4.1.4.1   Christ chef de l’Assemblée, tête du corps

2.4.1.4.2   L’Assemblée, épouse de Christ

2.4.1.4.3   L’Assemblée, maison de Dieu

2.4.1.5    Soins de Christ pour l’Église

2.4.2      Chapitre 2 — Les caractères et les fonctions de l’Église

2.4.2.1    Sainteté

2.4.2.2    Unité

2.4.2.3    Présence du Saint Esprit

2.4.2.4    Colonne et soutien de la vérité

2.4.2.5    Place de l’Église dans les desseins de Dieu

2.4.2.6    Une sainte sacrificature

2.4.2.7    Disparition de la distinction Juifs-Nations

2.4.3      Chapitre 3 — L’espérance de l’Église

2.4.4      Chapitre 4 — L’histoire de l’Église professante et responsable sur la terre

2.4.4.1    Éphèse

2.4.4.2    Smyrne

2.4.4.3    Pergame

2.4.4.4    Thyatire

2.4.4.5    Sardes

2.4.4.6    Philadelphie

2.4.4.7    Laodicée

 

 

1                    Étude de la prophétie : pourquoi et comment

1.1   Pourquoi devons-nous étudier la prophétie ?

 

La prophétie occupe une place considérable dans la parole de Dieu. Sur les trente-neuf livres de l’Ancien Testament, dix-sept sont des livres prophétiques, et presque tous les autres contiennent un grand nombre de passages concernant la prophétie. Le Nouveau Testament a également de très nombreux fragments prophétiques, aussi bien dans les évangiles que dans les épîtres, et il se termine par l’Apocalypse qui est consacrée tout entière à la prophétie. C’est dire l’importance de la Parole prophétique et combien il est nécessaire que nous y portions attention. En effet, «toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre» (2 Tim. 3:16, 17). Nous sommes aussi exhortés à être attentifs à la parole prophétique «comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur» (2 Pierre 1:19).

Gardons-nous donc de négliger l’étude de la prophétie. Au contraire, puisque Dieu nous a révélé ses desseins quant à l’avenir de son peuple céleste (l’Église) et de son peuple terrestre (Israël), ainsi que du monde (les nations), nous considérerons comme un devoir et un privilège de sonder les Écritures où ces plans divins sont consignés. Nous en retirerons une riche bénédiction pour notre âme, car le grand sujet de la prophétie, c’est Christ lui-même, dont Dieu nous entretient tout au long de sa Parole. Pierre déclare que l’Esprit de Christ était dans les prophètes et les a poussés à rendre «par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient» (1 Pierre 1:11). Comment pourrions-nous demeurer indifférents au récit des manifestations futures de la puissance que Dieu déploiera quand il enverra son Fils pour juger ses ennemis et établir son règne glorieux ?

Pour ceux qui appartiennent au Seigneur, il n’y a rien de plus merveilleux que la perspective du retour de Celui qui a donné sa vie pour eux et a promis qu’il viendrait les chercher bientôt, afin qu’ils soient pour toujours avec lui. Ce retour marquera non seulement la fin des épreuves qui sont le lot de chaque enfant de Dieu sur cette terre, mais il sera surtout le moment où nous verrons enfin le Roi dans sa beauté. Transformés à son image, revêtus de corps glorieux semblables au sien et unis à tous les bienheureux rachetés, nous célébrerons les louanges de Dieu avec une allégresse inexprimable au langage humain actuel. Puis, après les noces de l’Agneau, nous régnerons avec lui, «quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru» (2 Thess. 1:10).

Cette espérance est bien propre à réjouir nos coeurs et à les détacher des choses de cette terre pour nous faire attendre, avec toujours plus de réalité, «la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur» (Héb. 11:10). L’étude de la prophétie a donc une valeur pratique pour le croyant, car elle l’amène à se séparer du monde, à lever les yeux en haut et à s’écrier, avec tous ceux qui l’attendent : «Amen ; viens, seigneur Jésus !» (Apoc. 22:20).

De plus, la Parole contient de précieuses promesses à l’adresse de ceux qui ont à coeur de méditer la prophétie avec le secours du Saint Esprit. Il nous est dit, en effet, en Apoc. 1:3 : «Bienheureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche !» — et, en Apoc. 22:7 : «Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre». Le Seigneur lui-même, s’adressant à ses disciples, déclare : «Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant» (Luc 12:37). Enfin, l’apôtre Paul, arrivé au terme de sa carrière, s’écrie dans la dernière lettre qu’il écrivit avant de subir le martyre : «Le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition» (2 Tim. 4:6-8).

Ne voudrions-nous pas connaître le bonheur dont ces passages nous parlent, et recevoir la couronne de justice promise à tous ceux qui attendent fidèlement le Seigneur ?

 

1.2   Comment devons-nous étudier la prophétie ?

Au moment d’aborder l’étude des révélations que Dieu nous a faites quant à l’avenir de son peuple et des nations, nous devons nous pénétrer de la nécessité d’être conduits et instruits par le Saint Esprit. Cette condition est d’ailleurs valable pour l’étude de toute vérité biblique. Seul le Saint Esprit peut nous faire comprendre les Écritures et rendre cette étude profitable pour nos âmes. C’est ainsi seulement que nous serons gardés des spéculations de l’esprit humain. Puisque Christ est au centre de la prophétie, c’est lui que nous nous efforcerons toujours de découvrir et de considérer. La contemplation de sa glorieuse Personne sera le plus sûr moyen de nous préserver d’une vaine curiosité.

L’apôtre Pierre déclare qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même (ou n’est d’une interprétation particulière) (2 Pierre 1:20). Cela signifie que, lorsqu’on étudie la prophétie, on doit se garder de l’isoler de l’ensemble des pensées de Dieu, qui se rapportent toutes à Christ. La prophétie fait donc partie de ce Tout magnifique qui est la parole de Dieu. Aussi, pour comprendre la pensée de Dieu sur un point particulier, devrons-nous toujours relier celui-ci aux passages traitant du même sujet, de manière à bien saisir la vérité fondamentale que l’Esprit désire nous communiquer. Cela nous amènera à examiner le développement de cette vérité dans les livres de la Parole qui la mentionnent, peut-être à des points de vue divers, mais non contradictoires. Rappelons, à ce propos, l’image si juste à laquelle on a recouru pour expliquer les différences que l’on peut constater entre les prophéties de l’Ancien Testament, des Évangiles, des Épîtres et de l’Apocalypse : ceux qui habitent un pays montagneux ont souvent remarqué que, vus de loin, deux sommets paraissent appartenir à une seule et même chaîne de montagnes. Lorsqu’on s’en approche, on s’aperçoit qu’ils sont séparés par une profonde vallée et éloignés de plusieurs kilomètres l’un de l’autre. Si l’on s’avance davantage, on découvre d’autres reliefs plus différenciés encore, dont on ne pouvait soupçonner l’existence lorsqu’on était au pied de la première chaîne. De même, les prophètes de l’Ancien Testament nous présentent souvent la vérité prophétique sans faire ressortir les différents plans successifs qui la composent, tandis que le Nouveau Testament mettra en lumière les multiples perspectives : c’est toujours le même panorama, mais vu de plus près, ce qui permet d’en mieux distinguer les éléments tout d’abord confondus. Cela explique aussi la difficulté que nous éprouvons parfois à établir l’ordre chronologique de certains faits prophétiques.

Au reste, il faut nous souvenir que la parole prophétique est «une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans nos coeurs» (2 Pierre 1:19). Cette lampe éclairant la nuit nous donne juste la clarté qui nous est nécessaire, mais ce n’est pas encore le soleil qui dissipe entièrement l’obscurité. Il est des choses révélées que nous ne pouvons expliquer ; nous prophétisons en partie parce que nous connaissons en partie (1 Cor. 13:9). Mais bientôt la lumière se fera en nous sur tout et «ce qui est en partie aura sa fin». Alors nous connaîtrons à fond comme aussi nous avons été connus (v. 12).

En attendant ce jour glorieux, contentons-nous de méditer humblement ce que Dieu a bien voulu, dans sa grâce, nous révéler de ses desseins merveilleux, et demandons-lui le secours de son Esprit qui «sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu» (1 Cor. 2:10).

 

2                    Première partie : Histoire d’ISRAËL, des NATIONS et de l’ÉGLISE jusqu’au retour de Christ

2.1   Introduction

Avant d’aborder l’étude détaillée de l’histoire d’Israël, des nations et de l’Église, nous croyons utile d’exposer, dans une brève introduction, les grandes lignes du sujet.

 

2.1.1       Trois groupes d’hommes

Les desseins de Dieu à l’égard des hommes concernent trois groupes distincts : Israël, les nations, l’Église (1 Cor. 10:32).

Fait remarquable, l’histoire de ces trois groupes converge sur le retour du Seigneur. Ce retour apportera le bonheur terrestre aux deux premiers pendant le millénium, tandis que l’espérance de l’Église est d’être enlevée à la rencontre du Seigneur, son céleste époux, pour être avec lui.

 

2.1.2       Chute de l’homme

Lorsque Dieu eut créé l’homme, il le plaça dans le jardin qu’il avait planté pour lui, et le combla de bénédictions. Malheureusement, par sa chute, l’homme se rendit indigne de cette faveur et Dieu dut le chasser d’Eden. La descendance d’Adam, s’étant entièrement pervertie, fut anéantie par le déluge.

Quant aux générations issues des fils de Noé, nous les voyons sombrer dans l’idolâtrie et attirer sur elles le jugement de Dieu, à la tour de Babel (Gen. 11).

 

2.1.3       L’appel de mise à part : Abraham

De Babel, l’Éternel dispersa les hommes sur la face de toute la terre (Gen. 11:9) ; mais il appela Abraham, lui disant : «Va-t’en de ton pays, et de ta parenté, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai ; et je te ferai devenir une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction... et en toi seront bénies toutes les familles de la terre» (Gen. 12:1-3).

Ainsi, en vertu d’un décret de sa grâce souveraine, Dieu appelle Abraham hors de son pays, fait alliance avec lui et lui promet trois choses :

·       un pays, la Palestine ;

·       une postérité innombrable, qui constituera une grande nation — le peuple d’Israël ;

·       par le canal de ce peuple, toutes les familles de la terre seront bénies : cette bénédiction universelle consistera dans la révélation de Dieu par sa Parole et par la venue du Sauveur sur la terre.

Hélas ! Israël ne demeura pas fidèle, de sorte que Dieu dut le châtier. Ce furent les captivités successives et, après qu’Israël eut rejeté son Messie, la destruction de Jérusalem et la dispersion des Juifs parmi les nations. Mais Dieu reprendra ses relations avec son peuple, lorsque l’histoire de l’Église sur la terre sera terminée. Il le ramènera en Palestine et le fera passer par une grande tribulation qui conduira une partie du peuple (le résidu) à s’humilier d’avoir rejeté et mis à mort son Messie. Cette histoire d’Israël s’achève par l’apparition en gloire du Seigneur Jésus qui, après avoir anéanti ses ennemis et jugé les nations, entrera dans son règne.

 

2.1.4       Les nations

Quant aux nations, leur histoire, nous l’avons dit, est orientée également vers le retour de Christ, dont le règne de justice et de paix apportera enfin la bénédiction aux peuples déchirés par des siècles de guerre et de haine.

Lorsque Israël, ayant abandonné l’Éternel, fut emmené en captivité, Dieu attribua un rôle aux nations dans ses voies quant à la terre. Alors débutèrent les «temps des nations» (607 av. J. C)., période qui s’étendra jusqu’à la venue du Seigneur en gloire.

 

2.1.5       L’Église

Quand Israël eut rejeté son Messie, Dieu commença à tirer «un peuple pour son nom» (Actes 15:14), aussi bien d’entre les nations que d’entre les Juifs. Ce nouveau peuple, appelé l’Église ou l’Assemblée, est composé de tous ceux qui, depuis la Pentecôte et jusqu’au retour de Christ, en croyant au Seigneur Jésus, sont scellés de l’Esprit Saint et deviennent membres du corps de Christ.

Cette Église, unie à un Christ glorifié, est céleste : ceux qui la composent sont appelés hors du monde, l’objet de leur coeur est dans le ciel, l’espérance de l’Église est d’être bientôt enlevée à la rencontre de son céleste Époux. Son histoire sur la terre se terminera donc par la venue du Seigneur. Précisons que cette venue ne fait pas partie des événements prophétiques, puisqu’elle marque l’achèvement de l’ère de la grâce. La période prophétique s’arrête à la mort du Seigneur et ne reprendra son cours qu’après l’enlèvement de l’Église.

 

2.1.6       Centre de la prophétie : Christ et sa glorification

Avant d’aller plus loin, rappelons encore que Christ est au centre du plan divin à l’égard d’Israël, des nations et de l’Église. Le grand but des dispensations de Dieu, c’est de se glorifier lui-même en Christ. Par conséquent, ni le peuple juif, ni les nations, ni l’Église ne sont les objets directs de la prophétie, pas plus qu’aucun des personnages que nous serons appelés à considérer au cours de notre étude.

L’objet suprême de la prophétie, c’est Christ.

Les divers sujets que nous venons d’énumérer se rattachent à lui, constituent la sphère de sa gloire et ne présentent un intérêt pour nos âmes que parce qu’ils sont en relation avec lui. Christ est le centre, et en lui, tout sera uni un jour, dans le ciel et sur la terre.

Il importe que nous ayons constamment cette vérité devant les yeux, si nous voulons comprendre ce que l’Écriture nous révèle concernant Israël, les nations et l’Église. C’est à cette condition aussi que l’étude de la prophétie fortifiera nos âmes en les nourrissant de Christ, réjouira nos coeurs en leur révélant les gloires de sa Personne, et affermira notre marche en nous amenant à attendre avec toujours plus de réalité notre bien-aimé Seigneur et Sauveur.

 

2.2   ISRAËL

2.2.1       Chapitre 1 — La vocation d’Israël

Les prophéties concernant le peuple d’Israël sont tellement liées à son histoire passée qu’il n’est pas possible de les étudier sans examiner les étapes principales de cette histoire.

 

2.2.1.1              Promesses faites à Abraham

Celle-ci est précédée de l’appel d’Abraham.

Les hommes, ayant abandonné leur Créateur pour se vouer au culte des idoles, Dieu les abandonna eux-mêmes à leur propre infamie. Mais, ne voulant point rester sans témoins sur la terre — et nous verrons qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin — il se choisit, d’entre les nations, un peuple à lui, issu d’un homme qu’il appela à sortir de son pays. «Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Vos pères, Térakh, père d’Abraham et père de Nakhor, ont habité anciennement au-delà du fleuve, et ils ont servi d’autres dieux ; et je pris votre père Abraham d’au-delà du fleuve, et je le fis aller par tout le pays de Canaan, et je multipliai sa semence» (Josué 24:2, 3).

Les promesses que Dieu fit à Abraham n’étaient soumises à aucune condition. Par le rejet du Messie, Israël a perdu tout droit à ces promesses. Mais «Dieu n’est pas un homme pour mentir» et, en grâce, il les accomplira. Examinons-les d’un peu plus près.

Par la première promesse, Dieu donne à Israël un pays — Canaan. Cette promesse fut confirmée à plusieurs reprises à Abraham. «Et l’Éternel apparut à Abram, et dit : Je donnerai ce pays à ta semence» (Gen. 12:7). «Et l’Éternel dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : Lève tes yeux, et regarde, du lieu où tu es, vers le nord, et vers le midi, et vers l’orient, et vers l’occident ; car tout le pays que tu vois, je te le donnerai, et à ta semence, pour toujours... Lève-toi, et promène-toi dans le pays en long et en large, car je te le donnerai» (Gen. 13:14-17).

Dieu confirma cette promesse par une alliance solennelle : «En ce jour-là, l’Éternel fit une alliance avec Abram, disant : Je donne ce pays à ta semence, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate» (Gen. 15:18). «Et Dieu parla avec lui, disant : Quant à moi, voici, mon alliance est avec toi, et tu seras père d’une multitude de nations... Et je te donne, et à ta semence après toi, le pays de ton séjournement, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle ; et je serai leur Dieu» (Gen. 17:3-8).

 

2.2.1.2              Promesses pour la descendance d’Abraham

La promesse et l’alliance furent transférées à Isaac, à Jacob (Israël) et à leurs descendants. «Et l’Éternel... dit (à Isaac) : Ne descends pas en Égypte ; demeure dans le pays que je t’ai dit ; séjourne dans ce pays-ci, et je serai avec toi, et je te bénirai ; car à toi et à ta semence je donnerai tous ces pays, et j’accomplirai le serment que j’ai juré à Abraham, ton père, et je multiplierai ta semence comme les étoiles des cieux, et je donnerai tous ces pays à ta semence» (Gen. 26:2-4).

À Jacob qui s’enfuyait loin d’Ésaü, Dieu déclara de même : «La terre, sur laquelle tu es couché, je te la donnerai, et à ta semence ; et ta semence sera comme la poussière de la terre ; et tu t’étendras à l’occident, et à l’orient, et au nord, et au midi ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta semence» (Gen. 28:13, 14).

 

2.2.1.3              Promesses pour les nations par le moyen d’Abraham

Cette dernière citation nous rappelle les deux autres promesses que Dieu fit à Abraham, savoir qu’il deviendrait une très grande nation et que le peuple d’Israël serait le canal par lequel Dieu bénirait toutes les familles de la terre. Tel fut effectivement le cas : c’est à ce peuple que Dieu révéla ses pensées en lui donnant sa Parole, et il lui envoya aussi le Messie, qui devint le Sauveur du monde.

Malgré les prétentions des Juifs, la Bible et le Sauveur n’étaient pas pour eux seuls, mais pour tous les hommes. Si «le salut vient des Juifs» (Jean 4:22) parce que le Sauveur est issu d’eux, selon la chair, il vient, par leur moyen, pour toutes les familles de la terre. Et la promesse de bénédiction s’étend de la période actuelle jusqu’au millénium, car alors, sous le règne de Christ, toutes les nations jouiront de la prospérité et de la paix.

 

2.2.2       Chapitre 2 — De l’entrée en Canaan jusqu’à la captivité

 

2.2.2.1              Un peuple consacré à l’Éternel

Plus de 400 ans s’écoulèrent avant que les descendants d’Abraham devinssent réellement une nation. Il fallut, pour cela, qu’ils fussent délivrés de l’esclavage du pays d’Égypte et cet événement, suivi de la traversée du désert et de l’entrée en Canaan, marqua le début de leur histoire nationale.

Cette nation devait être le peuple de Dieu sur la terre — ses témoins — et demeurer entièrement séparée des païens. «Voici, c’est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations» (Nomb. 23:9). «Car tu es un peuple saint, consacré à l’Éternel, ton Dieu ; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, afin que tu sois pour lui un peuple qui lui appartienne en propre, d’entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre» (Deut. 7:6).

D’autre part, Dieu avait promis à Israël de le combler de bénédictions s’il observait ses commandements. «Si vous marchez dans mes statuts, et si vous gardez mes commandements et les pratiquez, je vous donnerai vos pluies en leur temps, et la terre donnera son rapport, et l’arbre des champs donnera son fruit. Le temps du foulage atteindra pour vous la vendange, et la vendange atteindra les semailles ; et vous mangerez votre pain à rassasiement, et vous habiterez en sécurité dans votre pays. Et je donnerai la paix dans le pays ; et vous dormirez sans que personne vous épouvante ; et je ferai disparaître du pays les bêtes mauvaises, et l’épée ne passera pas par votre pays... Et je vous ferai fructifier, et je vous multiplierai, et je mettrai à effet mon alliance avec vous. Et vous mangerez de vieilles provisions, et vous sortirez le vieux de devant le nouveau. Et je mettrai mon tabernacle au milieu de vous, et mon âme ne vous aura pas en horreur ; et je marcherai au milieu de vous, et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple» (Lév. 26:3-12).

 

2.2.2.2              Méchanceté d’Israël et châtiment de l’Éternel

Mais, hélas ! Israël ne se montra pas longtemps à la hauteur de sa vocation : oubliant l’appel de Dieu qui faisait de lui «un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte» (Ex. 19:6), il s’éloigna de Jéhovah et se voua au culte des faux dieux, de sorte que l’Éternel dut le châtier à maintes reprises. Israël finit par rejeter le Dieu de ses pères et demanda un roi, afin que l’Éternel ne régnât plus sur lui. Dieu lui donna, pour son jugement, le roi Saül.

Puis vint David, «l’homme selon le coeur de Dieu», avec qui l’Éternel fit une alliance, aux termes de laquelle sa maison et son royaume seraient rendus stables à jamais, et son trône serait affermi pour toujours (2 Sam. 7:16). Mais Dieu l’avertit en même temps que si ses descendants commettaient l’iniquité, ils seraient châtiés «avec une verge d’hommes et avec des plaies des fils des hommes» (v. 14). Cela ne tarda pas à se produire et, après le règne de Salomon, dix tribus se révoltèrent et constituèrent un royaume séparé, dont Samarie devint la capitale. Les livres des Rois et des Chroniques contiennent le récit des iniquités toujours plus graves qui marquèrent, de façon ininterrompue, la triste histoire de ce royaume, jusqu’au jour où sous le roi Osée (2 Rois 17), Shalmanéser, roi d’Assyrie, s’empara de Samarie, la détruisit et emmena les dix tribus en captivité (721 av. J. C.). Elles ne rentrèrent plus jamais en Canaan.

Dieu usa de patience durant 130 ans encore envers le royaume de Juda (capitale : Jérusalem). Mais la méchanceté et l’idolâtrie s’accrurent tant que cette patience arriva, là aussi, à son terme : Jérusalem fut prise et rasée, le temple détruit, le roi Sédécias et les habitants du pays emmenés captifs à Babylone, par le roi Nebucadnetsar (2 Rois 25). Dieu abolit alors la royauté en Israël et transféra la puissance aux nations, qui la détiennent maintenant encore.

 

2.2.2.3              Condition d’Israël sous le temps des nations

Ainsi commencèrent les «temps des nations». Dès lors et jusqu’à aujourd’hui, trois faits caractérisent la condition d’Israël :

 

2.2.2.3.1        La gloire partie

La gloire de Dieu s’est retirée du temple. Tout ce qui manifestait la présence de l’Éternel en Israël est perdu : l’arche et son contenu, les ustensiles du temple, la nuée qui avait accompagné le peuple depuis la traversée de la mer Rouge (Ézéch. 10:18 et 11:23). «Car les fils d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni théraphim» (Osée 3:4).

 

2.2.2.3.2        Lo-Ammi = pas mon peuple

Lors des châtiments qu’il leur infligeait précédemment pour les ramener à lui, Dieu les considérait encore comme son peuple. Mais il leur dénie désormais ce titre qui les distinguait des nations païennes. «Et il dit : Appelle son nom Lo-Ammi (pas mon peuple), car vous n’êtes pas mon peuple, et je ne serai pas à vous» (Osée 1:9).

 

2.2.2.3.3        Le trône de l’Éternel quitte Jérusalem ; le pouvoir aux nations

Le trône de David est renversé, l’Éternel ne règne plus à Jérusalem, mais le pouvoir est transféré aux nations.

Ces trois caractères principaux de la condition d’Israël subsistent aujourd’hui encore et ne disparaîtront que lorsque ce peuple sera converti et restauré. Sans doute, une petite partie de Juda remonta-t-elle de Babylone, soixante-dix ans plus tard, comme nous allons le voir dans notre prochain chapitre. Mais ce retour partiel ne modifia aucunement la position nationale du peuple : «la gloire de l’Éternel» ne revint pas, la sentence «Lo-Ammi — pas mon peuple» ne fut point annulée, et le trône de David ne fut pas restauré.

 

2.2.3       Chapitre 3 — Le retour de Babylone et les soixante-dix semaines de Daniel

 

2.2.3.1              Dieu ramène son peuple

Le prophète Jérémie avait annoncé que Dieu ramènerait en Canaan les captifs de Babylone après une période de soixante-dix ans (Jér. 29:10 ; cf. également Dan. 9:2). Nous voyons, en Esdras 1, que l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse (536 av. J. C.). Et celui-ci publia un édit par lequel il autorisa tous ceux de Juda qui le désiraient (*) à rentrer à Jérusalem, sous la conduite de Zorobabel, pour reconstruire le temple (515 av. J. C., Esdras 6:15) (**). C’est seulement Néhémie qui, selon la prophétie annoncée à Daniel (9:25), fut chargé par le roi Artaxerxès 1, dit Longue-Main, de rebâtir Jérusalem et ses murailles (Néh. 2 ; 455 av. J. C.).

(*) En fait, moins de 50 000 âmes retournèrent en Israël.

(**) Il y a lieu de relever, à ce propos, que le prophète Ésaïe a annoncé la chose près de deux siècles d’avance, en désignant Cyrus par son nom (És. 44:28 ; 45:13).

 

Cette preuve de la miséricorde de Dieu envers un petit nombre de captifs n’a cependant pas modifié son décret antérieur : la nation comme telle ne fut pas restaurée, et les bénédictions dont elle avait été privée à cause de son infidélité ne lui furent jamais plus accordées. Bien que le temple fût reconstruit, l’arche de l’alliance n’y revint pas, la nuée de gloire n’y apparut plus et, dans les trois livres prophétiques écrits après le retour de Babylone, Dieu ne s’adresse plus à Israël comme à son peuple.

 

2.2.3.2              Pourquoi le retour partiel après 70 ans

Pourquoi donc ce retour partiel de Juda après soixante-dix ans de captivité ? Certainement parce que Dieu voulait qu’il y eût un reste d’Israël en Palestine lors de la venue du Messie sur la terre. Nous l’avons dit : Christ est au centre des conseils de Dieu. Il est l’espérance d’Israël, ne l’oublions pas.

Quand il vint ici-bas, Dieu avait donc préparé tout ce qu’il fallait pour qu’il pût être reçu par son peuple comme le Messie promis, la Semence d’Abraham, le Fils de David, le Prophète. Certes, Israël était depuis longtemps déchu de ses prérogatives de peuple élu : les Romains occupaient le pays et avaient placé un Iduméen sur le trône de David ; la descendance royale était si appauvrie que la mère du Seigneur dut le mettre au monde dans une étable, avec une crèche pour berceau.

Malgré ces tristes conditions, le Messie était maintenant au milieu de son peuple. Celui-ci allait-il le recevoir ? Dieu «ayant donc encore un unique fils bien-aimé, ... le leur envoya, lui aussi, le dernier, disant : Ils auront du respect pour mon fils» (Marc 12:6). Quelles bénédictions eussent été la part de ce peuple s’il avait reconnu et accueilli son Roi ! Nous l’entendons lui-même évoquer avec larmes cette heureuse, mais alors irréalisable vision, lorsque, arrivé près de Jérusalem, il s’écrie : «Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux» (Luc 19:42). Les yeux d’Israël étaient incapables de discerner «les choses qui appartenaient à sa paix».

Après avoir méprisé les appels que Dieu lui avait adressés durant des siècles par ses messagers, il jeta l’héritier hors de la vigne et le tua. «Celui-ci est l’héritier, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous» (Luc 20:14). Ils ont crié : «Ôte, ôte, crucifie, crucifie-le... Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !» C’est du sang de leur Messie qu’ils se chargèrent ainsi délibérément et ce péché, en portant à son comble l’iniquité nationale d’Israël, lui attira une succession ininterrompue de tribulations durant les dix-neuf siècles qui se sont écoulés depuis la croix. Il lui attirera les châtiments plus terribles encore de la grande tribulation à venir.

 

2.2.3.3              Les 70 semaines d’années

Les événements que nous venons de résumer ont été annoncés prophétiquement à Daniel par l’ange Gabriel. «Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville, pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l’iniquité, et pour introduire la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints. Et sache, et comprends : Depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem, jusqu’au Messie, le prince, il y a sept semaines et soixante-deux semaines ; la place et le fossé seront rebâtis, et cela en des temps de trouble. Et après les soixante-deux semaines, le Messie sera retranché et n’aura rien» (Dan. 9:24-26).

Il s’agit de semaines d’années, soit quatre cent quatre-vingt-dix ans au total. Cette période se subdivise en trois phases :

 

2.2.3.3.1        7 premières semaines d’années

Une première phase de sept semaines, soit quarante-neuf années, pendant lesquelles la ville de Jérusalem fut reconstruite. Esdras et Néhémie relatent l’accomplissement de cette portion de la prophétie.

 

2.2.3.3.2        62 semaines d’années suivantes

 

La deuxième phase, succédant immédiatement à la première, compte soixante-deux semaines, soit quatre cent trente-quatre ans. À la fin de cette période, le Messie devait être retranché. Effectivement l’échéance de soixante-neuf semaines — quatre cent quatre-vingt-trois ans — nous amène à la fin de la vie du Seigneur sur la terre. Au lieu de s’asseoir sur le trône de David, et de régner sur Israël et sur la terre entière, le Messie fut crucifié et ne reçut aucune des gloires auxquelles son titre lui donnait droit.

Entre la soixante-neuvième et la soixante-dixième semaine s’insère une période, d’une durée indéterminée, qui correspond approximativement à l’histoire de l’Église sur la terre. Quant au peuple juif, il fut emmené en captivité par les Romains qui détruisirent Jérusalem en l’an 70 de notre ère. Comme l’annonce la deuxième partie du verset 26 : «Et jusqu’à la fin il y aura guerre, un décret de désolations».

Durant cette période, «le peuple de Daniel» et sa «sainte ville» sont entièrement laissés de côté, de sorte qu’on a pu dire que, pendant cet intervalle, l’horloge prophétique s’était arrêtée.

 

2.2.3.3.3        La dernière semaines d’années

La troisième phase ne comporte donc plus qu’une semaine, soit sept années. Cette période commencera après l’enlèvement de l’Église. Dieu reprendra alors ses relations avec Israël, qui traversera les terribles jugements de la grande tribulation.

 

2.2.4       Chapitre 4 — Le rejet et la dispersion d’Israël

2.2.4.1              Le rejet

Dans la parabole des cultivateurs qui tuèrent l’héritier, le Seigneur prononce contre eux ce jugement : «Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra et fera périr les cultivateurs et donnera la vigne à d’autres» (Marc 12:9). «C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et sera donné à une nation qui en rapportera les fruits» (Matt. 21:43).

Dieu a donc rejeté son peuple pour un temps et s’est tourné vers les nations. Pendant ce temps, Dieu a donné à Israël «un esprit d’étourdissement, des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre, jusqu’au jour d’aujourd’hui... Mais par leur chute, le salut parvient aux nations... Un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé...» (Rom. 11:8-26).

Par conséquent, lorsque nous parlons du rejet d’Israël, gardons-nous d’oublier que ce rejet n’est pas définitif et qu’un jour, qui paraît très proche, les promesses faites quant à la restauration de ce peuple s’accompliront. Mais, en attendant ce jour, Israël est dispersé parmi les nations et privé de toutes les bénédictions que Dieu lui avait promises s’il demeurait fidèle. Nous allons examiner sa condition actuelle à la lumière de la Parole.

 

2.2.4.2              La dispersion des Juifs

Les Juifs s’étant révoltés contre Rome, les armées de Titus envahirent le pays en l’an 70, détruisirent Jérusalem, massacrèrent des milliers d’habitants, emmenèrent les rescapés et les vendirent comme esclaves. Dès lors, le peuple juif fut dispersé dans le monde entier, ainsi que Dieu l’avait annoncé déjà par la bouche de Moise. «Et l’Éternel vous dispersera parmi les peuples ; et vous resterez en petit nombre parmi les nations où l’Éternel vous mènera» (Deut. 4:27). «Et l’Éternel te dispersera parmi tous les peuples, d’un bout de la terre jusqu’à l’autre bout de la terre» (28:64). Le prophète Jérémie avait, lui aussi, annoncé cette dispersion sur la terre entière. «Et je les disperserai parmi les nations qu’ils n’ont pas connues, eux et leurs pères ; et j’enverrai après eux l’épée, jusqu’à ce que je les aie consumés» (Jér. 9:16). Enfin, le Seigneur avait averti ses disciples de ce châtiment qui s’abattrait sur la nation rebelle. «Et ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et seront menés captifs parmi toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis» (Luc 21:24).

Toutes ces prophéties ont été réalisées à la lettre : il n’y a pas un pays au monde où l’on ne trouve actuellement des Juifs. D’autres passages de l’Écriture nous décrivent les tourments qui sont leur part dans l’exil. «Et parmi ces nations tu n’auras pas de tranquillité, et il n’y aura pas de repos pour la plante de ton pied ; et l’Éternel te donnera là un coeur tremblant, et des yeux languissants, et une âme défaillante. Et ta vie sera en suspens devant toi ; et tu seras dans l’effroi, nuit et jour, et tu ne seras pas sûr de ta vie. Le matin tu diras : Qui donnera le soir ? et le soir tu diras : Qui donnera le matin ? à cause de l’effroi de ton coeur dont tu seras effrayé, et à cause des choses que tu verras de tes yeux» (Deut. 28:65-67. Cf. également Lév. 26:36-39). Là encore, la précision de l’Écriture est impressionnante : au cours des siècles de notre ère, des millions de Juifs ont été persécutés, torturés, expulsés, pillés et massacrés. Pendant la seule guerre de 1939-1945, six millions de Juifs furent mis à mort.

 

2.2.4.3              Israël subsistera

Et pourtant, malgré ces terribles épreuves, Israël subsiste comme peuple. Cela, Dieu l’avait aussi annoncé dans sa Parole, des milliers d’années à l’avance. «Même alors, quand ils seront dans le pays de leurs ennemis, je ne les mépriserai pas et je ne les aurai pas en horreur pour en finir avec eux, pour rompre mon alliance avec eux ; car moi, je suis l’Éternel, leur Dieu ; et je me souviendrai en leur faveur de l’alliance faite avec leurs ancêtres, lesquels j’ai fait sortir du pays d’Égypte, sous les yeux des nations, pour être leur Dieu. Moi, je suis l’Éternel» (Lév. 26:44, 45). C’est ainsi que Dieu se sert des persécutions dont son peuple est victime pour le tenir à part des nations parmi lesquelles il l’a dispersé.

 

2.2.4.4              Châtiment de ceux qui persécutent Israël

Au reste, des châtiments ont été prononcés — et en partie déjà exécutés — contre les nations qui persécutent Israël. Nous lisons, en Zacharie 2:8 : «Car celui qui vous touche, touche la prunelle de son oeil». Quand bien même certains de leurs exacteurs disent, pour justifier leurs violences : «Nous ne sommes pas coupables, parce qu’ils ont péché contre l’Éternel» (Jér. 50:7), Dieu est fidèle à la promesse qu’il a faite à Abraham : «Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront» (Gen. 12:3). Jérémie déclare de même : «Je détruirai entièrement toutes les nations où je t’ai dispersé» (Jér. 30:11). L’histoire confirme ces sentences : les nations qui ont persécuté le peuple de Dieu ont été sévèrement châtiées à leur tour.

 

2.2.4.5              Le temps de la malédiction

Cela nous amène à aborder une autre caractéristique des relations d’Israël avec les nations chez lesquelles il se trouve : ce peuple exilé est en malédiction aux autres nations. «Et je les livrerai pour être chassés çà et là par tous les royaumes de la terre... pour être... un objet de malédiction, dans tous les lieux où je les chasserai» (Jér. 24:9). «Comme vous étiez une malédiction parmi les nations, maison de Juda, et maison d’Israël, ainsi je vous sauverai, et vous serez une bénédiction» (Zach. 8:13).

 

2.2.4.6              Jusqu’à ce qu’ils retrouvent Christ

C’est que ce peuple persiste à rejeter son Messie et demeure privé de toute relation avec Dieu : il n’a ni roi, ni prince, ni sacrificateur, ni prophète (Osée 3:4). «Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai une famine dans le pays ; non une famine de pain, ni une soif d’eau, mais d’entendre les paroles de l’Éternel. Et ils erreront d’une mer à l’autre, et du nord au levant ; ils courront çà et là pour chercher la parole de l’Éternel, et ils ne la trouveront pas» (Amos 8:11, 12). L’apôtre Paul fait, lui aussi, allusion à cet état d’endurcissement et d’aveuglement spirituel qui caractérise Israël aujourd’hui. «Mais leurs entendements ont été endurcis, car jusqu’à aujourd’hui, dans la lecture de l’ancienne alliance (c’est-à-dire de l’Ancien Testament), ce même voile demeure sans être levé, lequel prend fin en Christ. Mais jusqu’à aujourd’hui, lorsque Moïse est lu, le voile demeure sur leur coeur ; mais quand il se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté» (2 Cor. 3:14-16).

 

2.2.4.7              La dévastation de la terre de Palestine

Durant le long exil d’Israël, la Palestine est devenue inculte et désertique, alors qu’elle était autrefois «un pays découlant de lait et de miel». La malédiction décrétée par Dieu sur son peuple à cause de son infidélité et du rejet de Christ, s’est étendue jusqu’au sol et au climat, ainsi que l’avaient annoncé les prophètes. Le pays, vidé d’habitants, ne fut bientôt plus qu’une terre désolée. «Votre pays sera mis en désolation, et vos villes seront un désert. Alors le pays jouira de ses sabbats tous les jours de sa désolation : quand vous, vous serez dans le pays de vos ennemis, alors le pays se reposera, et jouira de ses sabbats» (Lév. 26:33, 34. Cf. également Deut. 29:22-29). Ésaïe décrit aussi prophétiquement la dévastation de Canaan : «Jusqu’à ce que les villes soient dévastées, de sorte qu’il n’y ait pas d’habitants, et les maisons, de sorte qu’il n’y ait pas d’hommes, et que le sol soit réduit en entière désolation, et que l’Éternel en ait éloigné les hommes, et que la solitude soit grande au milieu du pays» (És. 6:11, 12). «Et le pays fut désolé derrière eux, de sorte qu’il n’y avait ni allants ni venants ; et ils rendirent désolé le pays désirable» (Zach. 7:14). Lire également : Deut. 11:16, 17 ; Ésaïe 5:6 ; Jér. 3:2, 3.

Ces prophéties se sont réalisées à la lettre : alors que la Palestine était jadis une contrée prospère et possédant une agriculture florissante, elle devint en peu de temps une région désertique, sans cultures, déboisée, aux pluies rares, dont les villages peu nombreux abritaient une population pauvre et ne comptant presque plus aucune famille juive.

 

Telle est la condition du peuple d’Israël et de sa terre durant son long exil. Nous allons examiner maintenant à la lumière de la Parole, ce qu’il adviendra de ce peuple jusqu’au retour du Seigneur.

 

2.2.5       Chapitre 5 — Israël et le retour du Seigneur

 

2.2.5.1              Les temps de rafraîchissement différés

Au début de son ministère à Jérusalem, Pierre exhortait les Juifs à se repentir et à se convertir, «pour que», disait-il, «vos péchés soient effacés : en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du Seigneur, et qu’il envoie Jésus Christ, qui vous a été préordonné, lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps» (Actes 3:19-21). Il liait ainsi la repentance et la conversion du peuple d’Israël à la promesse du retour de Christ. Hélas ! les Juifs restèrent sourds à cet ultime appel. Au contraire, ils jetèrent Pierre en prison, tuèrent Jacques et lapidèrent Étienne, envoyant ainsi, après Christ, une ambassade, disant : «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous» (Luc 19:14). Comme nous l’avons vu, Dieu les abandonna alors : Jérusalem fut détruite, des milliers d’entre eux furent massacrés et les rescapés, emmenés en captivité.

Le retour du Seigneur pour enlever les siens n’apportera donc pas à Israël ces «temps de rafraîchissement», dont parlait l’apôtre Pierre. Il faudra que ce peuple passe tout d’abord par de terribles épreuves qui auront précisément pour but de l’amener, par la grâce de Dieu, à s’humilier et à se tourner enfin vers son Seigneur qu’il a rejeté et crucifié. Par conséquent, le premier acte du retour de Christ — l’enlèvement des saints — ne concerne pas Israël et ne le délivrera pas en tant que nation. Seul le deuxième acte de ce retour — la venue glorieuse du Fils de l’homme — est lié à la délivrance et à la restauration du peuple d’Israël, sujet dont nous nous entretiendrons dans la troisième partie de notre exposé.

 

2.2.5.2              L’état d’Israël depuis 1948

Néanmoins, depuis quelques années, un certain nombre de Juifs rentrent en Palestine. Ils y ont même constitué, en 1948, l’État d’Israël, avec Jérusalem comme capitale, en dépit de très nombreux obstacles et de l’hostilité des Arabes qui occupent le pays. Mais il s’agit là uniquement d’un mouvement politique sans relation avec la conversion et la restauration annoncées par les prophètes.

Nous lisons, en Ézéchiel 37, le récit bien connu de la vision des os secs répandus sur une plaine. Selon l’ordre qui lui en est donné, le prophète s’adresse à ces ossements : «Et comme je prophétisais, il y eut un bruit, et voici, il se fit un mouvement, et les os se rapprochèrent, un os de son os. Et je vis, et voici, il vint sur eux des nerfs et de la chair, et de la peau les recouvrit par-dessus ; mais il n’y avait pas de souffle en eux» (v. 7, 8). Nous percevons ce «bruit» et nous constatons ce «mouvement» parmi les ossements desséchés d’Israël. Les «os» se rapprochent les uns des autres, sous nos yeux étonnés. Ils se regroupent, s’efforcent de rentrer en Palestine, de s’y organiser politiquement, d’y recréer des villes et des villages, d’exploiter le pays (*). Mais il n’y a pas encore de souffle en eux ; ils demeurent éloignés de Dieu et plongés dans l’incrédulité la plus profonde, ne voulant rien savoir de Christ. Or, quand ils seront restaurés et convertis, il en sera tout autrement. «Ainsi dit l’Éternel des armées : Voici, je sauve mon peuple du pays du levant, et du pays du coucher du soleil, et je les amènerai, et ils demeureront au milieu de Jérusalem, et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu, en vérité et en justice» (Zach. 8:7, 8). Ce n’est certes pas ce que l’on constate aujourd’hui parmi les Juifs rentrés en Palestine.

(*) Nous donnons quelques renseignements à ce sujet dans l’appendice qui suit le présent chapitre.

 

Au contraire, on peut leur appliquer le passage d’Ésaïe 17:10, 11 : «Car tu as oublié le Dieu de ton salut, et tu ne t’es pas souvenue du rocher de ton lieu fort ; c’est pourquoi tu planteras des plantations agréables, et tu les sèmeras de ceps étrangers ; le jour même où tu planteras, tu feras croître, et le matin tu feras pousser ta semence ; mais au jour de l’entrée en possession, la moisson sera un monceau (ou : un tas de ramilles), et la douleur, incurable». La fin de ce passage nous fait entrevoir les châtiments qui atteindront bientôt ce peuple rebelle. Mais, auparavant, il continuera à retourner en Palestine, et les habitants du monde sont rendus attentifs à ce fait étonnant : «Vous tous, habitants du monde, et vous qui demeurez sur la terre, quand l’étendard sera élevé sur les montagnes, voyez ; et quand la trompette sonnera, écoutez !» (És. 18:3). L’étendard qu’on lève et la trompette qui sonne sont des signaux de départ ; ce passage fait donc manifestement allusion au début du retour d’Israël en Palestine, événement annoncé selon la Parole il y a plus d’un siècle par nos précieux frères et auquel nous assistons. Combien cela doit affermir en chacun de nous l’attente du retour du Seigneur ! En effet, ces faits nous montrent avec une évidence éclatante que nous nous acheminons rapidement vers la fin du temps de la grâce qui sera clos par la venue du Seigneur. Que ceux qui ne le connaissent pas encore comme leur Sauveur s’empressent donc de venir à lui aujourd’hui, tels qu’ils sont, et d’accepter le salut qu’il leur offre gratuitement ! Pour cela, il suffit de croire en Lui, car lui-même a dit : «En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit en moi, a la vie éternelle» (Jean 6:47, 48) ; et «Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi» (v. 37).

 

2.2.5.3              La non intervention de l’Éternel

La Parole tient d’ailleurs à préciser que, lors de cette première phase du retour d’Israël auquel nous assistons depuis quelques années, Dieu n’interviendra pas (sauf, bien entendu, par sa providence, comme il fait à l’égard de tous les hommes). En effet, nous lisons en Ésaïe 18:4 : «Car ainsi m’a dit l’Éternel : Je resterai tranquille, et je regarderai de ma demeure, comme une chaleur sereine sur la verdure, comme une nuée de rosée dans la chaleur de la moisson». C’est bien ce que nous constatons aujourd’hui : Dieu reste apparemment impassible et regarde de sa demeure ce rassemblement d’hommes, de femmes et d’enfants venant de tous les pays du monde et qui s’efforcent de reconstruire leur foyer national détruit il y a dix-neuf siècles. Cette «chaleur sereine sur la verdure» est sans doute une image de la période actuelle où règne l’apparente tranquillité précédant l’effroyable tempête des jugements qui, après le retour de Christ, s’abattront sur les Juifs rentrés en Palestine et soumis à l’Antichrist.

Le Seigneur Jésus lui-même a dit : «Mais apprenez du figuier la parabole qu’il vous offre : Quand déjà son rameau est tendre et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche. De même aussi vous, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que cela est proche, à la porte» (Matt. 24:32, 33). Le figuier est l’image d’Israël. Pendant des siècles, le tronc de ce peuple était comme mort. Aujourd’hui, nous voyons ses rameaux bourgeonner et pousser des feuilles, ce qui nous annonce que «l’été est proche», c’est-à-dire que le Seigneur est à la porte. Bientôt, Dieu interviendra avec puissance pour ramener son peuple dans le pays de ses pères, comme nous le verrons dans la troisième partie de ce travail. Ces événements, auxquels nous assistons, ne constituent qu’un début ; c’est le simple bourgeonnement du figuier, auquel succédera l’épanouissement vigoureux et complet de toutes les feuilles, puis — après l’épreuve — l’apparition des fruits que Dieu a attendus en vain durant les siècles de sa patience envers son peuple.

 

Nous avons résumé ainsi l’histoire d’Israël jusqu’au retour du Seigneur. Nous examinerons plus loin les prophéties relatives à la «détresse de Jacob» et à sa conversion immédiatement avant l’établissement du millénium. Puis nous retrouverons encore ce peuple lorsque nous étudierons le règne millénaire, durant lequel il sera appelé à jouer un rôle de premier plan sous le sceptre de Christ.

 

2.2.6       Appendice

 

Note Bibliquest : Cet appendice a été maintenu bien que datant des années 1960 environ. La situation a passablement évolué depuis. Il existe assez d’information partout sur ces questions pour qu’il ne soit pas nécessaire de faire une mise à jour

 

Nous n’avons pas voulu mêler des détails profanes au récit biblique se rapportant à l’histoire passée ou prophétique d’Israël. Cependant, nous pensons que cela intéressera nos lecteurs de connaître d’une manière plus détaillée les événements qui se sont produits en Palestine, ces dernières années.

Aperçu historique. De tout temps, les Juifs ont gardé la nostalgie de leur patrie et, déjà au 19° siècle, un certain nombre s’y établirent. Réuni à Bâle en 1897, sur l’initiative de Théodore Herzl, promoteur du sionisme, le premier congrès sioniste proclama le droit du peuple juif de reconstituer un État en Palestine. Ce droit fut confirmé le 2 novembre 1917 par Lord Balfour, ministre des affaires étrangères du Gouvernement britannique, ainsi que dans le mandat que la Société des Nations confia à l’Angleterre sur la Palestine en 1922. Le 29 novembre 1947, l’assemblée générale des Nations Unies adopta une résolution recommandant l’établissement d’un État juif et enjoignant aux nations qui occupaient la Palestine de mettre tout en oeuvre à cet effet.

À la fin du 19° siècle, on comptait déjà vingt colonies agricoles juives en Palestine. Par la suite, sous l’effet des persécutions dont ils étaient les objets dans divers pays, de nouveaux immigrants arrivèrent par vagues successives, et se mirent à exploiter le sol qui était racheté aux Arabes à l’aide des fonds fournis par les Juifs du monde entier (*).

(*) Aujourd’hui, 90 pourcent du sol appartiennent à l’État et au Fonds national juif. Ce dernier le loue pour 49 ans aux colonies, dont les principaux types sont les kibboutzim et les moshawim.

 

En 1914, la population israélite comptait 85 000 âmes, réparties en cinquante centres, dont plus de quarante colonies agricoles.

Sous le régime du mandat britannique, les Arabes, dirigés par le mufti de Jérusalem, s’opposèrent avec acharnement à l’immigration juive. Il en résulta des troubles sanglants, que les Anglais furent incapables de réprimer. Voulant se concilier la faveur des États arabes, détenteurs des puits de pétrole, le gouvernement britannique capitula toujours plus devant leurs exigences et finit par restreindre sévèrement l’immigration et l’achat des terres par les colons juifs (Livre blanc de 1939).

Après la Seconde Guerre mondiale, les Anglais décidèrent de maintenir en vigueur ces restrictions et contingentèrent strictement l’immigration. Il en résulta de nouvelles violences de part et d’autre, et des drames d’autant plus lamentables qu’ils concernaient le plus souvent des gens ayant passé de longues années dans des camps de concentration. Pour finir, le Gouvernement britannique résilia le mandat sur la Palestine et laissa à l’organisation des Nations Unies le soin de régler la question.

Le 29 novembre 1947, l’ONU se prononça pour le partage de la Palestine en un État juif et un État arabe, Jérusalem devant recevoir un statut international. Mais les Arabes refusèrent de se soumettre à cette décision et se livrèrent une fois de plus à des actes terroristes, mettant le pays à feu et à sang. En quelques jours, la Palestine fut plongée dans une anarchie complète. Bien que son mandat dût expirer le 15 mai 1948, le Gouvernement britannique ne fit rien pour assurer la transmission des pouvoirs au nouvel État juif. Dès le mois de février 1948, une armée arabe dite de libération envahit la Palestine et on assista à de véritables batailles dans le nord du pays et dans les montagnes environnant Jérusalem. L’armée juive, composée de volontaires peu nombreux, mais courageux et bien entraînés, résista vaillamment et parvint à occuper certaines régions.

Le 14 mai 1948, veille de l’échéance du mandat britannique, l’État d’Israël fut proclamé. Aussitôt, des troupes régulières d’Égypte, de Jordanie, de Syrie, du Liban et d’Irak envahirent la Palestine par le nord, l’est et le sud. Les gouvernements de ces pays avaient, au préalable, recommandé aux Arabes de Palestine de se réfugier dans les États voisins, afin de faciliter leurs opérations militaires (*). Après des combats acharnés qui durèrent quatre semaines, les envahisseurs furent complètement défaits. Seule la Jordanie parvint à occuper une partie de l’ancienne Palestine et à s’assurer la possession de la vieille ville de Jérusalem. Des conventions de cessez-le-feu furent conclues à plusieurs reprises sous les auspices des Nations Unies ; mais elles furent chaque fois violées par les Arabes qui, chaque fois aussi, subirent une nouvelle défaite. Pour finir, des armistices furent signés, de février à juillet 1949, avec les États agresseurs, excepté l’Irak. Ces conventions prévoyaient expressément qu’elles seraient remplacées par des traités de paix, mais en dépit des efforts d’Israël, ce but n’a pu être atteint jusqu’ici (**).

(*) C’est donc à cet ordre qu’est due la création des camps de réfugiés arabes qui existent aujourd’hui encore et comptent plus de 500 000 réfugiés. D’ailleurs, les membres de la Ligue arabe ne désirent aucunement que ce problème soit résolu, car ils peuvent entretenir ainsi la haine de leurs ressortissants contre Israël.

(**) Sauf en ce qui concerne l’Égypte (voir un peu plus loin).

 

Au contraire, les Arabes continuèrent à proclamer hautement qu’ils anéantiraient Israël dès que leur puissance militaire le leur permettrait. Ils décrétèrent la guerre économique contre lui, boycottant ses produits et toutes les entreprises qui font du commerce avec lui, interdisant le canal de Suez à tous les bateaux transportant des marchandises provenant d’Israël ou qui lui sont destinées (*). En outre, l’Égypte bloqua l’accès au port d’Eilat, dans le golfe d’Aqaba. Ces mesures s’accompagnèrent d’une intense propagande destinée à entretenir la haine du monde arabe envers Israël. Coups de main, actes de sabotage, assassinats se multiplièrent. Pour finir, l’Égypte, la Syrie et l’Arabie Saoudite conclurent un pacte militaire, auquel la Jordanie adhéra en mai 1956. Armées et instruites par l’URSS, les troupes égyptiennes se concentrèrent dans la presqu’île du Sinaï, avec l’intention d’envahir de nouveau Israël par le sud-ouest du pays.

(*) Violant ainsi la convention de Constantinople de 1888, qui garantit le libre passage du canal à tous les navires, en temps de paix comme en temps de guerre. L’accès au canal fut rétabli après la guerre des 6 jours (1967) et garanti par l’Égypte en vertu des accords dits de Camp-David du 26 mars 1979.

 

Mais l’armée israélienne déjoua à temps ces desseins en fonçant à l’improviste, le 29 octobre 1956, contre les positions égyptiennes. En une semaine, elle anéantit ses adversaires, s’emparant d’un matériel considérable, occupant le territoire de Gaza et la péninsule de Sinaï, et mettant fin au blocus du golfe d’Aqaba. Au bout de quelques mois, elle retira ses troupes, à la demande des Nations Unies dont les contingents militaires occupèrent la frontière égypto-israélienne occidentale. Il en résulta une diminution des raids meurtriers des Arabes contre la population israélienne ; d’autre part, la navigation fut rétablie dans le golfe d’Aqaba, ce qui permit de développer considérablement le trafic du port d’Eilat. En revanche, le canal de Suez resta fermé à Israël et les pays arabes continuèrent à proférer les plus graves menaces contre le jeune État.

Encouragés par l’URSS, ils se livrèrent à des incursions de plus en plus meurtrières à partir de la Syrie, du Liban et de la Jordanie. En 1967, l’Égypte concentra ses troupes dans le Sinaï, exigea le retrait des forces de l’ONU de Gaza et de Sharm-el-Sheikh, et signa un pacte militaire avec la Syrie, la Jordanie et l’Irak. Le 23 mai 1967, elle commit un acte de guerre flagrant en fermant les détroits de Tiran à la navigation israélienne. Faisant front à ce qu’il considérait comme une agression, Israël passa à l’attaque le 5 juin 1967. La Jordanie, la Syrie et l’Irak entrèrent aussitôt en guerre, appuyés par l’Arabie Saoudite et l’Algérie. Mais, en moins d’une semaine, les armées arabes furent anéanties. Le territoire de Gaza, le Sinaï tout entier, la vieille ville de Jérusalem et le plateau syrien de Golan tombèrent aux mains des Israéliens.

 

À l’abri du cessez-le-feu imposé par les Nations Unies, les États arabes continuèrent à refuser obstinément de reconnaître Israël et de négocier la paix avec lui. Ils maintinrent leur intention de l’exterminer et organisèrent, en attendant d’être en mesure de reprendre les hostilités, des actes de terrorisme en territoire israélien.

Cette situation persista pendant trois ans, jusqu’au 6 octobre 1973, jour du Kippour (*). C’est ce jour-là que l’Égypte et la Syrie lancèrent une offensive combinée sur le canal de Suez et sur les hauteurs du Golan.

(*) Appelé le jour des propitiations en Lévitique 23:27.

 

Après avoir contenu l’assaut de l’adversaire jusqu’à la mobilisation des réserves, les troupes israéliennes parvinrent à repousser les agresseurs et à les acculer à la défensive. Sous l’égide des Nations Unies, les belligérants conclurent un cessez-le-feu, auquel succédèrent des accords entre Israël et l’Égypte, d’une part, et Israël et la Syrie, d’autre part.

En exécution des premiers accords, un traité de paix fut signé le 26 mars 1979 par Israël et l’Égypte, mettant fin à trente années de guerre entre ces deux pays. Le traité prévoit, en outre, la normalisation de leurs relations, le retrait des forces israéliennes du Sinaï et la négociation de l’autonomie des Arabes palestiniens habitant la Judée, la Samarie et le district de Gaza.

En dépit de toutes ces épreuves, Israël poursuivit son oeuvre constructive : des centaines de milliers d’immigrants furent intégrés dans la nation ; l’industrie, l’agriculture et les voies de communication, ainsi que l’exploitation des sources d’énergie et des richesses minières furent développées.

L’État a à sa tête un président nommé pour cinq ans par le Parlement (Knesseth). Le gouvernement exerce le pouvoir exécutif à l’aide d’une administration comptant environ 60 000 fonctionnaires. Au début, Tel-Aviv était le siège des autorités, mais Israël a toujours considéré la cité de David comme la capitale. En novembre 1949, la Knesseth décida donc, contrairement à l’avis de l’ONU, d’y transférer le siège de l’État. Depuis la Guerre des Six Jours, Jérusalem est entièrement sous administration israélienne. Elle compte 366 000 habitants.

L’armée est issue des organisations de volontaires créées à l’époque du mandat britannique, et de la Brigade juive qui combattit dans le camp allié durant la Deuxième Guerre mondiale. Tous les hommes de 18 à 26 ans sont tenus d’y accomplir une période de service de deux ans et demi ; cette période est de vingt mois pour les femmes célibataires de 18 à 26 ans. Ces dernières ne sont affectées qu’aux services auxiliaires. L’armée joue un rôle considérable dans la vie nationale, car elle est un véritable creuset où les divers éléments constituant le peuple israélien sont fondus en un tout homogène.

Développement économique. Israël a une surface de 20 700 km-2 (non compris les territoires placés sous administration israélienne depuis la Guerre des Six Jours), dont 445 km-2 sont recouverts d’eau.

Israël compte plus de 3 millions et demi d’habitants. La plus grande partie de la population est établie dans la plaine qui s’étend à proximité de la côte méditerranéenne, où le climat se prête à la culture des fruits, des céréales et du coton, à condition qu’on irrigue le sol. Lors de la fondation de l’État, en 1948, il y avait environ 650 000 habitants. L’accroissement survenu depuis lors est imputable avant tout au grand nombre d’immigrants juifs (1 600 000 en chiffre rond). Lorsqu’on songe qu’en 1882, il n’y avait que 24 000 Juifs en Palestine, on mesure l’ampleur extraordinaire de l’évolution qui s’est produite ces dernières années.

La plupart des immigrants sont rapatriés aux frais de l’Agence juive, qui reçoit les contributions volontaires des Juifs du monde entier. Un grand nombre d’entre eux sont dans un dénuement complet et ne possèdent ni instruction ni formation professionnelle. Il faut donc dépenser des sommes considérables pour les loger, les instruire et les intégrer dans l’activité nationale. L’État doit créer de nouveaux villages, développer sans cesse les institutions existantes et en organiser de nouvelles. C’est ainsi qu’on a construit, depuis 1948, plus de 500 000 logements pour les immigrants. Des efforts particuliers sont accomplis, afin de leur apprendre l’hébreu le plus rapidement possible.

Vu les difficultés considérables entraînées par la remise en culture d’étendues incultes depuis des siècles, parfois même marécageuses ou désertiques, les immigrants furent contraints de se grouper en colonies, afin de mieux conjuguer leurs efforts et, aussi, d’assurer leur protection. La surface cultivée a passé de 165 000 ha. en 1948 à 485 000 ha. en 1977 et celle des terres irriguées de 30 000 à 182 000 ha. La production agricole a septuplé et couvre 80 pourcent des besoins de la consommation, en valeur. Israël est cependant une société très industrialisée et la population rurale ne cesse de diminuer. Des forêts ont été plantées sur 40 000 ha. Le problème primordial est celui de l’irrigation, vu le climat sec qui règne en Israël, surtout dans le sud du pays. Les neuf dixièmes des réserves d’eau sont déjà affectés à ce but et à l’approvisionnement en eau de consommation. Cependant, même une utilisation intégrale des réserves ne permettrait d’irriguer que 40 pourcent des terres irrigables. Aussi, l’État espère pouvoir exploiter un jour de manière rentable le procédé découvert par un savant israélien, permettant d’assainir l’eau de mer et les eaux saumâtres.

La plupart des ressources minières se trouvent dans le Néguev (*). Auparavant, seules les potasses de la mer Morte étaient exploitées ; la production s’élève à plus de 600 000 t. par an et s’accroît sans cesse. On exploite également le gaz naturel. Du pétrole a été découvert, mais en petite quantité ; les prospections se poursuivent.

(*) Territoire de 11 000 km² qui s’étend de Beersheva à Eilat et, en largeur, de Gaza à la mer Morte.

 

L’industrie se développe et se diversifie considérablement. L’État s’efforce d’accroître surtout la fabrication de produits destinés à l’exportation, afin de réduire le déficit de la balance commerciale. Néanmoins, 85 pourcent de la production industrielle sont encore affectés au marché intérieur et seulement 15 pourcent à l’exportation. Le nombre des personnes occupées dans l’industrie a passé de 73 000 en 1949 à 290 000 en 1974. Les industries principales sont, par ordre d’importance, les suivantes : produits alimentaires, métallurgie, construction de machines, textiles et confection, produits chimiques et pétroliers, matériel de transport, industrie du diamant. À cela s’ajoute le tourisme qui est devenu une branche majeure de l’économie, avec plus d’un million de touristes par année.

Les transports ont subi une évolution semblable à celle des autres branches économiques. Le réseau routier de première catégorie s’étend sur plus de 10 000 km. En revanche, les lignes de chemins de fer sont peu développées, car 95 pourcent des transports se font par camions et autos. La marine marchande s’est aussi beaucoup développée. Le port principal est Haïfa, dont l’équipement est sans cesse perfectionné. Le second port en eau profonde est Ashdod, à une trentaine de kilomètres de Tel-Aviv. Eilat, le troisième port, est situé sur le golfe d’Aqaba. L’aviation commerciale est également en plein essor.

 

Le commerce international se développe d’année en année, malgré l’opposition de la Ligue arabe. La valeur des produits exportés a passé de 29,7 millions de dollars en 1949 à près de 7 milliards en 1978. L’essentiel du commerce extérieur israélien se fait avec les pays industrialisés, savoir le Marché commun et les États-Unis. Les produits les plus exportés sont les agrumes et les diamants.

L’état d’Israël voue une grande attention à l’instruction et à l’éducation de la jeunesse. En dépit des charges écrasantes que lui imposent la défense nationale, l’immigration et le développement des moyens de production, il est parvenu à créer un ensemble scolaire complet, allant de l’école enfantine à l’université. L’instruction primaire est obligatoire et gratuite pour les enfants de 5 à 16 ans. Les études secondaires durent quatre ans. L’enseignement supérieur est donné dans sept institutions comptant 54 000 étudiants.

 

2.3   LES NATIONS

Nous abordons maintenant l’examen des voies de Dieu envers un second groupe d’hommes : les nations. Il n’est d’ailleurs pas possible d’étudier leur histoire sans revenir constamment à celle du peuple d’Israël. En effet, ce peuple, composé de descendants de Sem, est au centre de l’histoire des nations. Il fut distingué de celles-ci par l’immense faveur d’être seul le peuple de Dieu et par l’honneur insigne de posséder le trône de Dieu «qui siège entre les chérubins» (1 Sam. 4:4). C’est là ce qui a caractérisé le système des nations jusqu’à Nebucadnetsar. Durant cette période, Dieu a pris le titre de «Seigneur de toute la terre» (*), ce titre étant lié à la présence de l’arche, trône de Dieu, en Israël (Josué 3:11).

(*) Le nom de «Seigneur de toute la terre» est incompatible avec le pouvoir absolu et universel, conféré dès l’an 607 av. J. C. aux nations. À ce moment, ainsi que nous l’avons vu, Dieu s’est retiré du milieu de son peuple et a pris le titre de «Dieu des cieux». (Voir en particulier les livres de Daniel, Esdras et Néhémie).

 

On peut diviser l’histoire des nations en trois phases, savoir :

L’état embryonnaire des nations, période qui va de Caïn à la tour de Babel (Gen. 4 à 11). Pendant cette période, les hommes se sont multipliés sur la terre sans système politique.

L’histoire des nations de Babel à Nebucadnetsar, période que nous avons décrite dans notre section précédente, où nous avons exposé le commencement de l’idolâtrie sur la terre (Josué 24:2), l’appel d’Abraham, la délivrance du peuple d’Israël de l’Égypte, son entrée en Canaan, la transportation. Nous n’y reviendrons pas.

Les temps des nations [expression de Luc 21:24], période qui s’étend du règne de Nebucadnetsar à l’apparition en gloire du Seigneur. Il convient de la subdiviser en deux parties : la première concerne l’histoire passée des nations, telle que les prophéties de Daniel nous la rapportent ; la seconde concerne leur histoire future, que nous étudierons dans la troisième partie de ce travail, car elle est postérieure à l’enlèvement de l’Église et s’achève lors de l’instauration du règne millénaire.

 

2.3.1       Chapitre 1 — L’état embryonnaire des nations

 

2.3.1.1              Opposition au peuple de Dieu

Dieu avait placé l’homme dans le jardin d’Eden, mais dut l’en chasser après la chute. Il prononça alors son verdict contre Satan, la femme, Adam et le sol (Gen. 3:14-18). Dieu dit : «Et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence» (v. 15). La semence de Satan, ce sont tous ceux qui lui obéissent, à commencer par Caïn, assassin de son frère, et après lui la méchante génération que Dieu dut anéantir par le déluge, les hommes de la tour de Babel, tous les royaumes humains — qu’ils s’appellent Babylone, l’Égypte, Ninive ou Rome — et, pour finir, les nations sous la domination de la Bête romaine et de l’Antichrist. Dans un certain sens, nous pouvons donc dire que l’histoire des nations est celle de la semence de Satan. Il n’est donc pas surprenant que les nations s’opposent constamment au peuple de Dieu et le persécutent, jusqu’au jour où le Seigneur interviendra en personne et les détruira.

 

2.3.1.2              La première ville

Caïn, bâtisseur de la première ville (Gen. 4:17), fut le père d’une lignée d’hommes impies qui créèrent une civilisation remarquable, dont il nous est parlé aux versets 20-24. On en a retrouvé, paraît-il, des vestiges étonnants. Cette civilisation était toutefois marquée du sceau de Satan. «Et l’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son coeur n’était que méchanceté en tout temps. Et l’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il s’en affligea dans son coeur. Et l’Éternel dit : J’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai créé» (Gen. 6:5-7). Ce fut le déluge.

 

2.3.1.3              Le commencement des nations en Genèse 10

L’histoire des nations a commencé, à proprement parler, après le déluge. «Ce sont là les familles des fils de Noé, selon leurs générations, dans leurs nations ; et c’est d’eux qu’est venue la répartition des nations sur la terre après le déluge» (Gen. 10:32). C’est à cette répartition que se réfère le passage de Deut. 32:8 : «Quand le Très-Haut partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël».

Le gouvernement post-diluvien fut confié à Noé et à ses fils. «Et Dieu bénit Noé et ses fils, et leur dit : Fructifiez et multipliez et remplissez la terre. Et vous serez un sujet de crainte et de frayeur pour tout animal de la terre, et pour tout oiseau des cieux... ; ils sont livrés entre vos mains» (Gen. 9:1, 2). Le premier royaume a été établi par Nimrod, petit-fils de Cham. «Lui, commença à être puissant sur la terre ; il fut un puissant chasseur devant l’Éternel... Et le commencement de son royaume fut Babel, et Erec, et Accad, et Calné, au pays de Shinhar» (Gen. 10:9, 10).

À leur tour les descendants de Noé ne tardèrent pas à se corrompre. Pleins d’orgueil, ils lancèrent un défi à Dieu en construisant une nouvelle ville et une tour dont le sommet devait s’élever jusqu’aux cieux (Gen. 11:4). Dieu les châtia en confondant leur langage et en les dispersant sur la face de toute la terre (v. 7 et 8). Dès lors, il laissa les nations marcher dans leurs propres voies (Actes 14:16). Mais il tira d’entre elles son peuple Israël, par lequel le salut devait être apporté un jour aux nations. (En effet, Christ ayant été rejeté par Israël, est prêché aujourd’hui aux nations). Après qu’Israël, ayant abandonné l’Éternel, fut emmené en captivité, Dieu confia un rôle nouveau aux nations dans le gouvernement de la terre.

 

2.3.1.4              Caractères généraux des nations

Avant d’examiner cette deuxième période de l’histoire des nations, il nous paraît utile de considérer ce que la Parole enseigne quant à leurs caractères de tout temps. Ces caractères sont la corruption, la vanité, la méchanceté, la violence, l’idolâtrie, ainsi que le déclarent les quelques passages suivants : «L’Éternel a regardé des cieux sur les fils des hommes, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui recherche Dieu : Ils se sont tous détournés, ils se sont tous ensemble corrompus ; il n’y a personne qui fasse le bien, non pas même un seul» (Ps. 14:2, 3). «Ayant connu Dieu, ils ne le glorifièrent point comme Dieu, ni ne lui rendirent grâces ; mais ils devinrent vains dans leurs raisonnements, et leur coeur destitué d’intelligence fut rempli de ténèbres : se disant sages, ils sont devenus fous, et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image d’un homme corruptible et d’oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles. C’est pourquoi Dieu les a aussi livrés, dans les convoitises de leurs coeurs, à l’impureté... eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, qui est béni éternellement. Amen !» (Rom. 1:21-25). «Toutes les nations sont comme un rien devant lui ; elles sont réputées par lui comme moins que le néant et le vide» (És. 40:17).

Dieu garde néanmoins la haute main sur les nations : «Il agrandit les nations, et les détruit ; il étend les limites des nations, et les ramène. Il ôte le sens aux chefs du peuple de la terre, et les fait errer dans un désert où il n’y a pas de chemin ; ils tâtonnent dans les ténèbres où il n’y a point de lumière ; il les fait errer comme un homme ivre» (Job 12:23-25). «Que toute la terre craigne l’Éternel ; que tous les habitants du monde le redoutent ! Car, lui, il a parlé, et la chose a été ; il a commandé, et elle s’est tenue là. L’Éternel dissipe le conseil des nations, il met à néant les desseins des peuples. Le conseil de l’Éternel subsiste à toujours, les desseins de son coeur, de génération en génération» (Ps. 33:8-11).

Tout au long de notre étude, nous pourrons constater l’exactitude de ces déclarations divines, aussi bien en ce qui concerne les caractères moraux des nations que leur subordination aux desseins de Dieu quant au gouvernement de la terre.

 

2.3.2       Chapitre 2 — Les temps des nations dans le passé

Avec l’apparition de Nebucadnetsar sur la scène, commencent les «temps des nations» (Luc 21:24), qui désignent la période pendant laquelle le gouvernement du monde est confié aux nations. Ces temps subsisteront jusqu’à l’apparition en gloire du Seigneur Jésus. La chute de l’Empire romain n’en a pas interrompu le cours.

Le livre du prophète Daniel expose l’histoire des nations sous la forme symbolique d’une statue (chap. 2) et d’animaux (chap. 7 et 8). Il mentionne, il est vrai, seulement les grands empires jouant un rôle prophétique en relation avec Israël. Bien que ces prophéties soient déjà accomplies en partie, elles n’en restent pas moins instructives, car elles permettent de constater la précision étonnante des révélations de Dieu, ce qui encourage le croyant à étudier d’autant plus attentivement celles qui ne sont pas encore réalisées. Elles passent entièrement sous silence la période actuelle de l’Église, dont le mystère n’a été révélé que par le Seigneur et ses apôtres. Cela se comprend aisément, si l’on songe que ces prophéties exposent les voies de Dieu dans l’ordre politique, tandis que l’histoire de l’Église ressortit au domaine religieux, donc à un tout autre ordre de choses.

Au chapitre 2 du livre de Daniel, les royaumes sont figurés par une grande statue que le roi Nebucadnetsar vit en songe. La tête en était d’or, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses d’airain, les jambes de fer et les pieds de fer et d’argile. Au chapitre 7, Daniel décrit la vision qu’il eut lui-même des quatre royaumes sous forme de quatre grandes bêtes : un lion portant des ailes d’aigle, un ours, un léopard ayant quatre ailes et quatre têtes, une bête effrayante armée de grandes dents de fer et portant dix cornes. Enfin, dans une vision ultérieure, le prophète vit deux autres bêtes représentant les deuxième et troisième empires, savoir un bélier à deux cornes d’inégale longueur et un bouc portant, entre les yeux, une corne puissante, mais qui fut subitement brisée (chapitre 8).

Pour faciliter la compréhension de ces trois visions et des événements qu’elles annoncent, nous en donnons un tableau synoptique.

 

Nom des quatre royaumes

Symboles les représentant

Caractéristiques

Leurs relations avec Israël

Durée (*) dans le cadre des temps des nations

Statue de Daniel

ch. 2

Animaux de Daniel

ch. 7

Animaux de Daniel

ch. 8

1

Babylone

Tête d’or

Lion portant des ailes d’aigle

 

Pouvoir royal absolu

Jérusalem prise et détruite.

Le peuple emmené en captivité à Babylone

606 - 538 av. J.C. = 68 ans

2

Les Mèdes et les Perses

Poitrine et bras d’argent

Ours se dressant sur un côté et ayant trois côtes dans la gueule

Bélier à deux cornes inégales

Pouvoir royal moins absolu.

 

Déséquilibre des deux éléments constitutifs.

 

Conquêtes dans trois directions

Édit de Cyrus en faveur du retour des captifs de Juda en Palestine.

Darius, fils d’Hystaspe et Artaxerxès Longue-Main font reconstruire le temple et la ville de Jérusalem.

Les Juifs ne retrouvent pas leur indépendance

538-331 = 207 ans

3

La Grèce

Ventre et cuisses d’airain

Léopard ailé à quatre têtes

Bouc ayant une grande corne entre les yeux

Rapidité des conquêtes. Domination plus étendue que les deux premiers royaumes. Division de l’empire en 4 parties

La Palestine est envahie plusieurs fois et ravagée par les successeurs d’Alexandre le Grand dont le plus acharné est Antiochus Épiphane, roi de Syrie

331-168 = 163 ans

4

Empire   romain

Jambes de fer et pieds de fer et d’argile

Bête effrayante ayant de grandes dents de fer et des ongles d’airain, et portant dix cornes

 

Force brutale. Domination de fer s’étendant à l’Orient et à l’Occident. Sera reconstitué après la venue du Seigneur, mais pour être détruit par Lui à son apparition en gloire.

Les Romains occupent la Palestine et y prélèvent un tribut.

Ils crucifient le Messie, détruisent la ville et le temple de Jérusalem, et dispersent les Juifs dans le monde entier

168 av. J.C. jusqu’à la fin

 

(*) On remarquera que la durée de chaque royaume est proportionnelle à la longueur des parties de la statue qui les représente

 

2.3.2.1              Premier royaume : Babylone

La tête d’or de la statue et le lion ailé représentent l’empire de Babylone et son roi Nebucadnetsar, auquel Dieu avait remis la domination. L’or (métal très précieux) et le lion (roi des animaux) expriment la prééminence de cet empire sur les trois autres. Ils soulignent aussi le caractère absolu du pouvoir royal de Nebucadnetsar. «Toi, ô roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire ; et partout où habitent les fils des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a mis entre tes mains et t’a fait dominer sur eux tous» (Dan. 2:37, 38).

Cependant, l’empire babylonien ne subsista pas très longtemps après Nebucadnetsar. Son dernier successeur, Belshatsar, fit un festin sacrilège à mille de ses grands, tandis que les armées de Darius le Mède, conduites par Cyrus, assiégeaient Babylone. Au milieu du festin apparut une main mystérieuse qui écrivit ces mots sur la paroi : «Mené, Thekel, Upharsin». Seul Daniel put lire et interpréter cette inscription (voir Dan. 5). Il annonça à Belshatsar que son royaume allait être divisé et donné aux Mèdes et aux Perses (v. 28). La nuit même, la ville fut prise par Cyrus et le roi de Babylone fut tué (538 av. J. C.). Ainsi fut brisée pour toujours la puissance babylonienne, la tête d’or.

 

2.3.2.2              Deuxième royaume : Les Mèdes et les Perses

En Dan. 5:31, nous lisons qu’après la destruction de l’empire babylonien, «Darius, le Mède, reçut le royaume, étant âgé d’environ soixante-deux ans». Cyrus, roi de Perse, neveu et beau-fils de Darius lui succéda bientôt, réunissant les deux nations sous son sceptre. Cette dualité est représentée par la poitrine et les deux bras d’argent (2:32), par l’ours qui se dresse sur un côté (7:5) et par le bélier à deux cornes inégales (8:3).

Mais examinons de plus près les diverses caractéristiques de ce royaume. Tout d’abord, il fut «inférieur» au précédent (2:39) ; en effet, l’argent a moins de valeur que l’or, et l’ours n’a pas la réputation du lion, bien qu’il soit fort, entêté et féroce. L’ours se dressait sur un côté (ce qui fait ressortir le rôle inégal que les Mèdes, puis les Perses, jouèrent dans l’empire), et tenait trois côtes entre ses dents ; et on lui dit : Lève-toi, mange beaucoup de chair (ce qui est une allusion aux conquêtes de ce royaume, dans trois directions : à l’ouest, la Mésopotamie et l’Asie Mineure ; au nord, l’Arménie et les pays s’étendant jusqu’au Turkhestan ; au sud, la Syrie, la Palestine et l’Égypte (Dan. 8:4).

Israël demeura assujetti à cet empire, comme il l’avait été à l’empire babylonien. Le plus puissant de ses monarques fut Cyrus, dont il nous est beaucoup parlé dans le livre d’Esdras. C’est lui qui, comme nous l’avons vu, donna le premier l’ordre aux captifs de Juda de retourner en Palestine (Esdras 1:1-3), tandis que ses successeurs, Darius, fils d’Hystaspe et Artaxerxès Longue-Main firent rebâtir le temple et la ville de Jérusalem (Esdras 6:14 ; Néh. 2:1-8). Mais les Juifs ne recouvrèrent pas l’arche, trône de Dieu, ni leur indépendance, et les temps des nations poursuivirent leur cours, selon le décret divin.

 

2.3.2.3              Troisième royaume : La Grèce

L’Empire grec est représenté par le ventre et les cuisses d’airain de la statue de Daniel 2, par le léopard ailé de Daniel 7, et en Daniel 8 par un bouc ayant une grande corne entre les yeux. Cette dernière vision est particulièrement intéressante.

Daniel vit ce bouc arriver d’occident et détruire rapidement le bélier à deux cornes. «Et le bouc devint très grand ; et lorsqu’il fut devenu fort, la grande corne fut brisée, et quatre cornes de grande apparence s’élevèrent à sa place, vers les quatre vents des cieux» (v. 8). L’ange Gabriel expliqua cette vision à Daniel : «Le bélier que tu as vu, qui avait deux cornes, ce sont les rois de Médie et de Perse. Et le bouc velu, c’est le roi de Javan (la Grèce) ; et la grande corne qui était entre ses yeux, c’est le premier roi ; et qu’elle ait été brisée et que quatre autres cornes se soient élevées à sa place, c’est que quatre royaumes s’élèveront de la nation, mais non avec sa puissance» (v. 20-22).

Le chapitre 11 contient aussi des détails intéressants sur ce sujet : «Et un roi vaillant se lèvera et exercera une grande domination, et il agira selon son bon plaisir. Et quand il se sera levé, son royaume sera brisé et sera divisé vers les quatre vents des cieux, et ne passera pas à sa postérité» (v. 3, 4).

Voyons maintenant comment cette prophétie s’accomplit, quelque trois cents ans plus tard. Alexandre-le-Grand, roi à 20 ans, conquit en quelques années l’Asie Mineure, la Syrie, Tyr et Sidon, la Palestine, l’Égypte, la Mésopotamie, la Perse et parvint presque aux Indes. L’image du léopard ailé rend avec une grande force d’expression la rapidité incroyable avec laquelle Alexandre constitua son fabuleux empire. Mais il mourut à 33 ans (323 av. J. C.), au faîte de sa puissance, ce qui est symbolisé par la grande corne qui fut brisée tout à coup. Quatre de ses généraux se partagèrent ses conquêtes et firent périr ses descendants. L’histoire profane confirme ainsi, une fois de plus, et jusqu’en leurs détails, l’exactitude des faits annoncés des siècles d’avance par la Parole. Bien que la foi en Dieu n’ait nul besoin de semblables confirmations, elle trouve là une preuve irréfutable de l’inspiration des Écritures.

Durant le troisième empire, les Juifs continuèrent à être assujettis aux nations, leur sort passant par des alternatives d’allègement et d’aggravation. Ils eurent particulièrement à souffrir des persécutions d’un roi de Syrie, nommé Antiochus Épiphane (175-164 av. J. C.). Il nous est parlé de lui en Daniel 8:9 à 14, ainsi qu’au chapitre 11:21 à 27, comme d’un envahisseur qui mettra «le pays de beauté» — la Palestine — à feu et à sang. Les verset 28 à 33 de ce chapitre annoncent aussi clairement une autre invasion : «Des forces... profaneront le sanctuaire de la forteresse, et ôteront le sacrifice continuel, et elles placeront l’abomination qui cause la désolation». Pour finir, les Juifs de Palestine cherchèrent à s’allier aux Romains, dans l’espoir de se protéger des agressions incessantes dont ils étaient les victimes de la part des successeurs d’Alexandre. Cette alliance ne fit que précipiter leur assujettissement au pouvoir de Rome.

 

2.3.2.4              Quatrième royaume : L’Empire romain

Le quatrième royaume est figuré, dans la statue de Nebucadnetsar, par les jambes de fer et les pieds de fer et d’argile, tandis que, dans la vision que Daniel rapporte au chapitre 7 de son livre, ce royaume est représenté par une bête effrayante. Ce quatrième empire est celui de Rome, bien que, à la différence des trois premiers, le livre de Daniel ne le nomme pas expressément. Cependant, nous savons que cet empire succéda de fait à l’Empire grec. D’autre part, les caractéristiques des jambes et des pieds de la statue, et surtout le comportement de la quatrième bête reflètent exactement les caractères moraux du pouvoir de Rome. On peut même dire que Rome a accompli jusqu’ici ce qui est dit de la quatrième bête avec une exactitude plus grande encore — s’il est possible — que les trois autres empires ne l’ont fait. Les «grandes dents de fer» dont cette bête était armée, de même que les «jambes de fer» de la statue symbolisent clairement le régime autoritaire que les Romains instituèrent dans tout leur empire.

L’importance de ce quatrième et dernier empire est considérable, à en juger d’après la place qui lui est réservée dans la prophétie de Daniel, sans parler de ce que nous révèle l’Apocalypse (chap. 13 et 17). Le rôle qu’il a joué et qu’il sera appelé à jouer encore dans les voies de Dieu à l’égard de son peuple et du monde confirme cette constatation. Il manifestera, à l’avenir encore, les mêmes caractères de force brutale et de volonté infrangible qui furent les siens dans le passé. «Et le quatrième royaume sera fort comme le fer. De même que le fer broie et écrase tout, et que le fer brise toutes ces choses, il broiera et brisera» (Dan. 2:40). «Et voici une quatrième bête, effrayante et terrible et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer : elle dévorait et écrasait ; et ce qui restait, elle le foulait avec ses pieds. Et elle était différente de toutes les bêtes qui étaient avant elle» (7:7). Le verset 19 de ce chapitre répète cette description et, au verset 23, Daniel en reçoit l’explication : «La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, qui sera différent de tous les royaumes, et dévorera toute la terre, et la foulera aux pieds et l’écrasera». Tel fut bien le cas : l’Empire romain étendit sa domination non seulement sur l’Orient comme les trois royaumes précédents, mais aussi sur toute l’Europe méridionale et occidentale, jusqu’à l’Elbe, au Danube et aux rives de la mer Noire.

Cependant, jadis uni et compact, cet empire s’est «divisé» assez tôt en deux (ce que symbolisent les deux jambes de la statue du chapitre 2:33) — division qui donna naissance à l’Empire romain d’Orient et à celui d’Occident. Puis, il s’effondra sous le choc répété des invasions barbares et ses fragments constituèrent la plupart des pays d’Europe. À la fin des temps, ces nations seront de nouveau réunies sous un pouvoir unique, celui du «huitième roi» (Apoc. 17:11), le chef de l’Empire romain reconstitué, dont nous nous occuperons plus tard. Les tentatives d’unifier l’Europe, auxquelles nous assistons aujourd’hui, sont peut-être les signes avant-coureurs de cette renaissance. En tout cas, les «matériaux» nécessaires existent et, lorsque le moment fixé par Dieu sera arrivé, ils se regrouperont en un tout plus ou moins homogène, mais ce sera pour être jugés et détruits par la pierre qui se détachera sans mains, frappera la statue dans ses pieds et la broiera tout entière. Alors le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit et subsistera à toujours (Dan. 2:34, 35, 44, 45). C’est donc le retour de Christ qui mettra fin à l’Empire romain.

Daniel ne mentionne pas l’éclipse prolongée de cet empire, depuis sa chute au quatrième siècle de notre ère. En revanche, l’Apocalypse nous en parle clairement en ces termes : «La bête que tu as vue était (c’était l’ancien Empire romain), et n’est pas (c’est l’éclipse actuelle de l’empire), et va monter de l’abîme et aller à la perdition (l’empire sera rétabli pour être détruit définitivement) ; et ceux qui habitent sur la terre... s’étonneront, en voyant la bête, — qu’elle était, et qu’elle n’est pas, et qu’elle sera présente» (17:8).

Nous avons constaté que l’état de sujétion d’Israël ne s’était pas modifié sensiblement sous les trois premiers royaumes. En revanche, sous la domination romaine, s’exécuta le jugement final annoncé en Daniel 9:26 : «Et après les soixante-deux semaines, le Messie sera retranché et n’aura rien ; et le peuple du prince qui viendra, détruira la ville et le lieu saint, et la fin en sera avec débordement». Les Romains crucifièrent le Messie à la demande des Juifs ; puis, en l’an 70, ils détruisirent la ville et le temple de Jérusalem et emmenèrent les rescapés du peuple en captivité dans toutes les parties de l’empire. À la fin des temps, Rome interviendra de nouveau dans la vie nationale d’Israël rentré en Palestine, tout d’abord sous la forme d’une alliance diabolique entre le chef de l’Empire romain et le peuple juif, puis par les terribles persécutions de la grande tribulation (Dan. 9:27), jusqu’au jour où le Seigneur délivrera son peuple (7:21, 22). On peut donc dire que, des quatre royaumes dont l’Écriture nous entretient, le dernier — l’Empire romain — jouera le rôle le plus important, et aussi le plus dramatique, dans l’histoire du peuple d’Israël. Cela explique la place considérable que l’Esprit Saint lui accorde dans la prophétie et les termes expressifs dont il se sert pour le décrire, «bête, effrayante et terrible et extraordinairement puissante» (7:7).

 

Nous avons résumé ainsi l’histoire des nations jusqu’au retour du Seigneur, telle qu’elle nous est exposée dans la Parole. Nous reprendrons, dans notre troisième partie, l’examen de ce qu’il doit advenir de ces nations après l’enlèvement de l’Église et jusqu’à l’apparition en gloire du Fils de l’homme. Anticipant cette période, nous avons fait de brèves allusions aux jugements qui les atteindront avant l’établissement du règne millénaire. Puisse la merveilleuse précision des prophéties confirmée par le cours déjà révolu de l’histoire contribuer à accroître notre intérêt à l’égard de celles qui ne sont pas encore réalisées et augmenter en nous le désir de sonder les révélations divines, avec le secours du Saint Esprit ! Que le Seigneur nous accorde d’être diligents dans cette étude si propre à occuper nos coeurs de son prochain retour !

 

2.3.3       Chapitre 3    Le chef de ce monde : Satan

 

2.3.3.1              Les différents noms de Satan

On ne peut guère décrire l’histoire des nations, sans dire quelques mots de celui qui les conduit et qui est appelé par le Seigneur lui-même «le chef du monde» (Jean 14:30). Nous aurons à considérer à plusieurs reprises, au cours de notre étude, les manifestations de sa puissance maléfique parmi les hommes, comme aussi les jugements que Dieu exécutera contre lui et contre ses anges, avant et après le millénium. Aussi, pour bien comprendre les événements de la fin, est-il nécessaire de connaître ce que la Parole nous enseigne au sujet de Satan, dont le nom signifie «accusateur, adversaire» (le mot «diable» est tiré d’un terme grec ayant un sens analogue : calomniateur). L’Écriture lui donne d’ailleurs plusieurs noms ou titres faisant ressortir ses divers caractères : le tentateur (Matt. 4:3) ; le grand dragon, le serpent ancien (Apoc. 12:9) ; le meurtrier dès le commencement, le menteur, le père du mensonge (Jean 8:44).

 

2.3.3.2              Origine de Satan

Deux passages de l’Ancien Testament contiennent des indications sur l’origine de ce terrible ennemi du genre humain. Ézéchiel 28:12-17 : «Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Toi, tu étais la forme accomplie de la perfection, plein de sagesse, et parfait en beauté ; tu as été en Eden, le jardin de Dieu ; toutes les pierres précieuses te couvraient, le sardius, la topaze et le diamant, le chrysolithe, l’onyx et le jaspe, le saphir, l’escarboucle et l’émeraude, et l’or ; le riche travail de tes tambourins et de tes flûtes était en toi ; au jour où tu fus créé ils étaient préparés. Tu étais un chérubin oint, qui couvrait (c’est-à-dire qui protégeait), et je t’avais établi tel ; tu étais dans la sainte montagne de Dieu, tu marchais parmi les pierres de feu. Tu fus parfait dans tes voies depuis le jour où tu fus créé, jusqu’à ce que l’iniquité s’est trouvée en toi. Par l’abondance de ton trafic, ton intérieur a été rempli de violence, et tu as péché ; et je t’ai précipité de la montagne de Dieu comme une chose profane, et je t’ai détruit du milieu des pierres de feu, ô chérubin qui couvrait ! Ton coeur s’est élevé pour ta beauté, tu as corrompu ta sagesse à cause de ta splendeur ; je t’ai jeté à terre, je t’ai mis devant les rois, afin qu’ils te voient». Enfin, Ésaïe 14:12-15 contient une description analogue : «Comment es-tu tombé des cieux, astre brillant, fils de l’aurore ? Tu es abattu jusqu’à terre, toi qui subjuguais les nations ! Et toi, tu as dit dans ton coeur : Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, et je m’assiérai sur la montagne de l’assignation (ou du rassemblement), au fond du nord. Je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-Haut. Toutefois, on t’a fait descendre dans le shéol, au fond de la fosse».

Certes, ces deux prophéties concernaient les rois de Tyr et de Babylone, mais il est évident qu’elles visaient celui qui avait fait d’eux ses instruments. Nous apprenons ainsi que Satan avait été créé par Dieu et doté d’une perfection, d’une beauté et d’une sagesse extraordinaires. Investi du rôle de chérubin protecteur sur la sainte montagne, il détenait une autorité et une gloire telles qu’il est permis de penser qu’il occupait une position pareille à celle de l’archange Michel. Enfin, il fut parfait dans ses voies jusqu’au jour où l’iniquité s’est trouvée en lui et où il «corrompit sa sagesse à cause de sa splendeur». L’orgueil remplit son coeur et le poussa à vouloir détrôner Dieu : «Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu... Je serai semblable au Très-Haut».

Il fut alors «jeté à terre» et précipité «dans le shéol, au fond de la fosse», images de la chute qui suivit sa révolte insensée contre Dieu. Satan avait réussi à associer à ses plans les anges qui lui sont soumis ; il les entraîna dans sa chute : ils devinrent des démons, ces «principautés, autorités, dominateurs des ténèbres, cette puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» dont il est parlé en Éphésiens 6:12, et contre lesquels le chrétien doit mener une lutte incessante, mais qui est victorieuse dans la mesure où il est revêtu «de l’armure complète de Dieu». Ce passage montre que, tout en exerçant leur funeste activité parmi les hommes, le diable et ses anges n’en sont pas moins dans les lieux célestes. Dans l’Ancien Testament, nous le voyons à deux reprises se présenter devant Dieu pour accuser Job (Job 1:6-12 ; 2:1-7) et une troisième fois pour s’opposer à Joshua, le grand sacrificateur (Zach. 3:1-3).

 

2.3.3.3              Activité de Satan

Son rôle principal est d’égarer les hommes, de les détourner de Dieu et de les asservir à sa propre puissance, en vue de les précipiter dans le malheur éternel. Il s’acharne aussi d’une manière toute particulière contre les enfants de Dieu, afin de les priver de la jouissance de leur position en Christ, de les troubler par mille artifices destinés à détacher si possible leur coeur de leur bien-aimé Seigneur et Sauveur. Enfin, souvent au cours des âges, il les a persécutés et mis à mort dans l’espoir d’anéantir le témoignage de l’Église ici-bas.

Pour accomplir ses funestes desseins, il se sert des hommes qui, ayant rejeté la Lumière, ont préféré les ténèbres (Jean 1:5, 9, 10). Il entre en eux et les dirige à sa guise comme des marionnettes. La Parole nous rapporte de nombreux cas de possession démoniaque et le plus effrayant n’est-il pas celui de Judas ? Satan entra en lui, nous est-il dit en Luc 22:3, au moment où il s’apprêtait à livrer son Maître aux chefs du peuple. De nos jours encore, il en est de même et il suffit de considérer ce qui se passe dans le monde pour vérifier les conséquences effrayantes de cette puissance diabolique : ce ne sont partout que guerres, crimes, violences, haine, asservissement de l’homme, angoisse, rapine, etc. Mais qu’est-ce que cela, comparé aux manifestations futures du pouvoir de Satan incarné dans l’Antichrist ? Celui-ci sera son représentant sur la terre, l’instrument humain dont le diable se servira pour asservir entièrement les hommes, l’«homme de péché», qui se fera adorer publiquement. L’Église étant auprès du Seigneur, l’humanité se livrera, dans une sorte de frénésie collective, au pouvoir de l’inique, «duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonges, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice» (2 Thess. 2:9-12). La méchanceté de l’ennemi se manifestera alors dans toute son étendue et son incommensurable horreur. À cet effet, il démasquera complètement son abominable système, jusque-là si habilement camouflé : son faux Christ (Apoc. 13:11-18), ses fausses doctrines (1 Tim. 4:1 ; Apoc. 2:24), ses adorateurs (2 Thess. 2:4 ; Apoc. 13:8), ses anges (Apoc. 12:8 ; És. 24:21), ses ministres (2 Cor. 11:15), son royaume (Luc 4:6), sa puissance (2 Thess. 2:9 ; Apoc. 13:2 et 13-15).

 

2.3.3.4              Avenir de Satan

Mais le Seigneur interviendra lui-même et anéantira tout ce système diabolique. «Et je vis la bête (c’est-à-dire le chef de l’Empire romain reconstitué), et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour livrer combat à celui qui était assis sur le cheval et à son armée (c’est-à-dire Christ et les rachetés). Et la bête fut prise, et le faux prophète (c’est-à-dire l’Antichrist) qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles par lesquels il avait séduit ceux qui recevaient la marque de la bête, et ceux qui rendaient hommage à son image. Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre ; et le reste fut tué par l’épée de celui qui était assis sur le cheval, laquelle sortait de sa bouche, et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair. — Et je vis un ange descendant du ciel, ayant la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. Et il saisit le dragon, le serpent ancien qui est le diable et Satan, et le lia pour mille ans ; et il le jeta dans l’abîme, et l’enferma ; et il mit un sceau sur lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ; après cela, il faut qu’il soit délié pour un peu de temps» (Apoc. 19:19-21 ; 20:1-3).

Ainsi, durant le règne de Christ, Satan sera lié dans l’abîme, afin de ne plus séduire les hommes. Mais, à la fin du millénium, il sera délié «pour un peu de temps». C’est ce que nous lisons en Apoc. 20:7 et suivants : «Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison ; et il sortira pour égarer les nations... Gog et Magog, pour les assembler pour le combat... Et du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora. Et le diable qui les avait égarés fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles».

 

2.3.3.5              La victoire du chrétien sur Satan

Telle est la fin de Satan et de tous ceux qui lui auront obéi (Apoc. 20:15).

Pour nous, enfants de Dieu, il est dès maintenant un ennemi vaincu, quelque redoutable que soit sa puissance. «Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde» (1 Jean 4:4). «Mais grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ» (1 Cor. 15:57). «Vous avez vaincu le méchant» (1 Jean 2:13, 14). «Nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés» (Rom. 8:37). Néanmoins, nous sommes exhortés, eu égard à la puissance et aux ruses de Satan, à nous fortifier «dans le Seigneur et dans la puissance de sa force» et à nous revêtir «de l’armure complète de Dieu», afin que nous puissions «tenir ferme contre les artifices du diable» (Éph. 6:10 et suiv.). Bientôt nous n’aurons plus rien à redouter de sa puissance et notre victoire sur lui sera définitive : «Or le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous !» (Rom. 16:20).

 

2.3.4       Chapitre 4 — Les nations et le retour du Seigneur

Nous examinerons, dans ce chapitre, l’état moral des nations au moment du retour de Christ, tel que cet état est décrit dans la Parole. Cette étude est particulièrement instructive, car elle permet de déceler, aujourd’hui déjà, certains faits précurseurs de la fin. Nous trouverons ainsi, dans quelques événements contemporains, la confirmation de la proximité du retour du Seigneur. Cette constatation sera bien propre à fortifier notre foi, à réjouir nos coeurs et à nous rendre vigilants.

 

Vers Jésus élevons les yeux ;

Bientôt ce Sauveur glorieux

Redescendra du haut des cieux.

Dans cette bienheureuse attente,

Que notre âme soit vigilante

Soyons prêts, craignons de dormir.

Chrétiens, le Sauveur va venir.

 

2.3.4.1              Développement du mal

La première caractéristique des temps de la fin est le fait que le mal empire. Voici ce que nous lisons à ce sujet en 2 Tim. 3:1-5 : «Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance». Qui ne reconnaîtrait, dans cette description, le tableau de la société actuelle ? Point n’est besoin d’en reprendre les termes et de les confronter en détail avec ce que chacun de nous peut constater journellement. Même si l’humanité a manifesté ces caractères tout le long de son histoire, ces signes n’ont jamais été aussi accusés qu’aujourd’hui. Du reste, le mal s’aggravera toujours plus, comme il est dit au verset 13 de ce même chapitre. Nul ne saurait contester que le désordre moral, social et économique, le mensonge, l’égoïsme, l’âpreté au gain, l’orgueil, le mal sous toutes ses formes n’ont jamais atteint un degré aussi étendu qu’aujourd’hui. C’est donc que la fin est proche et que le Seigneur va bientôt venir...

 

2.3.4.2              Extension de l’erreur

Un deuxième trait caractéristique des nations, avant le retour de Christ, consiste dans l’extension de l’erreur, signe avant-coureur de l’apostasie totale qui se produira après l’enlèvement de l’Église. «Or l’Esprit dit expressément qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, ayant leur propre conscience cautérisée» (1 Tim. 4:1, 2). Que constatons-nous, aujourd’hui déjà ? Une abondance de faux prophètes, de fausses doctrines, de sectes pernicieuses. L’idolâtrie et le paganisme se répandent de plus en plus. Même certains membres du clergé se disant chrétien propagent les erreurs les plus graves concernant la personne et l’oeuvre de Christ, n’hésitant pas à mettre en doute, voire à nier les vérités fondamentales de la foi. On retranche et on ajoute aux Écritures, selon sa fantaisie, enseignant que tous les hommes et même le diable finiront par être sauvés, affirmant que la matière, la maladie, la mort ne sont qu’illusions, et prédisant l’avenir par des moyens mensongers. Enfin, le spiritisme se répand toujours davantage, les hommes «s’attachant à des esprits séducteurs». En effet, la prétendue évocation des morts n’est, en réalité, qu’un commerce avec les démons. Ceux qui se mettent ainsi au service de Satan nous sont décrits par la parole de Dieu comme «de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, se transformant en apôtres de Christ ; et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se transforme en ange de lumière : ce n’est donc pas chose étrange si ses ministres aussi se transforment en ministres de justice, desquels la fin sera selon leurs oeuvres» (2 Cor. 11:13-15). Et que dire de la déification de certains chefs d’État ? L’homme se met à la place même de Dieu, exigeant un culte odieux qui préfigure celui que les peuples rendront de gré ou de force à l’image de la bête romaine (Apoc. 13:15). Comme la Parole nous le déclare : Ils «ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, qui est béni éternellement. Amen !» (Rom. 1:25).

Au milieu de cette ruine, les élus sont invités à affermir leur témoignage, tout en se rappelant que tous ces faits sont autant de signes de la fin très proche du temps de la grâce. «Mais vous, bien-aimés, souvenez-vous des paroles qui ont été dites auparavant par les apôtres de notre Seigneur Jésus Christ... Mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, priant par le Saint Esprit, conservez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle» (Jude 17 et 20).

 

2.3.4.3              Rébellion contre Dieu et haine contre le peuple de Dieu

Il n’est pas surprenant qu’un pareil état de rébellion contre Dieu et contre son Oint s’accompagne d’une haine implacable contre les élus. En effet, la Parole annonce que les temps de la fin seront marqués par des persécutions religieuses. Déjà le Seigneur avait averti ses disciples qu’ils seraient exposés à la haine du monde : «Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que moi je vous ai dite : L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi» (Jean 15:18-20). Ces paroles du Seigneur se sont réalisées au cours de l’histoire de l’Église, dont d’innombrables témoins furent persécutés et mis à mort. Mais, durant les temps qui précéderont le retour du Seigneur, les persécutions reprendront dans une mesure beaucoup plus étendue. «Alors ils vous livreront pour être affligés, et ils vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom» (Matt. 24:9). «Mais, avant toutes ces choses, ils mettront les mains sur vous, et vous persécuteront, vous livrant aux synagogues et vous mettant en prison» (Luc 21:12). Bien que ces prophéties concernent avant tout le résidu juif fidèle appelé à traverser la grande tribulation, elles n’en sont pas moins applicables à l’ensemble des «temps de la fin», lesquels comprennent également la période qui précède le retour du Seigneur. D’ailleurs, là encore, il suffit d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe aujourd’hui dans de nombreux pays pour constater que les persécutions religieuses sont de plus en plus à l’ordre du jour. Le diable redouble ses coups contre les élus, car il sait qu’il n’a plus beaucoup de temps et, dans sa rage, il s’efforce de faire disparaître le témoignage du Seigneur. Dans certains pays, les chrétiens sont traqués, emprisonnés, privés de travail, de cartes de ravitaillement ; les lieux de culte sont fermés, détruits, transformés en musées de «sans-dieu». Même dans les pays où la paix confessionnelle et la liberté religieuse ont été sauvegardées jusqu’ici, l’intolérance aurait tôt fait de réapparaître si le Seigneur, dans sa grâce, ne protégeait les siens.

 

2.3.4.4              Catastrophes : guerres, famines et pestes

Le passage de l’évangile de Luc que nous venons de citer annonce également, pour les temps de la fin, des guerres, des famines et des pestes (Luc 21:10, 11). Hélas ! à peine sommes-nous sortis d’une terrible guerre mondiale, que les hommes se préparent à une nouvelle mêlée, plus sanglante encore. L’essentiel de leur activité est orienté vers la guerre et leurs ressources matérielles et intellectuelles sont mises au service de ce Moloch. C’est qu’ils se sont livrés à Satan, qui est meurtrier dès le commencement. La Première Guerre mondiale a coûté la vie à dix millions d’hommes ; la seconde, à trente millions, dit-on. Quant à la famine et aux épidémies, elles règnent dans plusieurs régions du globe.

Tous ces fléaux nous ont été annoncés par la Parole, non pour que nous en soyons effrayés, mais afin que nous y discernions les signes infaillibles du prochain retour du Seigneur. «Et quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne vous épouvantez pas ; car il faut que ces choses arrivent premièrement» (Luc 21:9).

 

2.3.4.5              Retour des Juifs

Un dernier signe annonciateur de la venue de Christ, signe auquel nous avons d’ailleurs déjà fait allusion, c’est le retour des Juifs en Palestine. Certes, ce signe est sans rapport avec l’état moral des nations, mais il est si caractéristique que nous ne voulons pas le passer sous silence. Le Seigneur annonce à ses disciples : «Mais apprenez du figuier la parabole qu’il vous offre : Quand déjà son rameau est tendre et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche... à la porte» (Matt. 24:32, 33). Nous avons vu que ce figuier qui «pousse des feuilles» est une image du peuple juif qui commence à rentrer en Palestine. Le Seigneur déclare expressément que cet événement annonce que «cela est proche, à la porte» ; en d’autres termes, même si nous n’avions pas les autres «signes», celui-là suffirait à lui seul à nous convaincre de l’imminence du retour de Christ.

Certes, il en est de ce signe-là comme des autres : nous assistons aujourd’hui à un commencement et le plein accomplissement de l’ensemble des signes aura lieu après l’enlèvement de l’Église. C’est alors que le mal atteindra son comble, que l’apostasie deviendra totale, que les persécutions, les guerres, les famines et les pestes seront universelles et qu’Israël rentrera de toutes les régions du monde dans son pays, tandis qu’aujourd’hui ce rétablissement n’est qu’embryonnaire.

Néanmoins, l’étude de ces signes prophétiques nous amène à la conviction que le Seigneur va revenir d’un instant à l’autre. Il nous invite d’ailleurs à ne pas négliger cette étude, mais au contraire à «discerner les signes des temps» (Matt. 16:3), afin que nous prenions garde et soyons vigilants (Marc 13:37), et que nous nous réjouissions à la pensée de le voir bientôt. Il nous dit : «Voici, je viens bientôt... Moi, je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin. Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens... Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt. — Amen ; viens, Seigneur Jésus !» (Apoc. 22:12 et suiv.).

 

2.4   L’ÉGLISE

2.4.1       Chapitre 1 — L’origine et la position de l’Église

 

2.4.1.1              Les croyants avant l’Église

Le mot «Église» est tiré d’un terme grec qui signifie «appelé hors de». L’Église est, en effet, composée de tous ceux qui, croyant au Seigneur Jésus, sont «appelés» hors du monde pour devenir membres du corps de Christ, par la puissance du Saint Esprit (1 Cor. 12:27). Il n’y a plus de distinction entre Juifs et nations, car Dieu tire «un peuple pour son nom» (Actes 15:14) d’entre les Juifs et d’entre les nations. «Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres» (1 Cor. 12:13). Le baptême du Saint Esprit a eu lieu une fois pour toutes le jour de la Pentecôte (Actes 2). L’histoire de l’Église ici-bas a donc commencé à la Pentecôte et ne s’achèvera qu’au retour du Seigneur, lorsqu’il viendra l’enlever à sa rencontre en l’air.

Auparavant, il y avait des croyants dont les noms et l’histoire nous sont rapportés dans l’Ancien Testament : Abel, Énoch, Abraham, etc. Bien que ces hommes fussent, par anticipation, au bénéfice de l’oeuvre de Christ, ils n’étaient pas unis en un seul corps. Il y avait bien une nation que Dieu avait mise à part pour lui — le peuple d’Israël — mais la plupart des individus qui la composaient étaient infidèles à Dieu, de sorte qu’il dut les châtier à maintes reprises et même, pour finir, rompre ses relations avec eux. L’Église est, au contraire, composée exclusivement de rachetés du Seigneur, appelés hors du monde pour être unis en un seul corps par la croix et former ainsi «une habitation de Dieu par l’Esprit» (Éph. 2:16 et 22). Mais si l’Église est composée seulement de ceux qui sont nés de nouveau, il faut bien entendre que tous les croyants, sans exception, font partie de l’Assemblée de Dieu, même s’ils ne rendent pas témoignage à l’unité du corps de Christ à la Table du Seigneur. En effet, cette part est conférée à tous les croyants en vertu de l’oeuvre de Christ et de la foi en lui ; elle ne dépend pas de la fidélité ecclésiastique (*). Ainsi, toutes les âmes que Dieu appelle hors du monde se trouvent, dès leur nouvelle naissance, unies par l’Esprit entre elles et au Seigneur Jésus glorifié, constituant ainsi le corps de Christ sur la terre.

(*) Cependant, il est évident que le racheté subit une perte lorsqu’il se tient éloigné de la Table du Seigneur.

 

2.4.1.2              Fondation de l’Église

La première mention de l’Église se trouve en Matthieu 16. Le Seigneur demande à ses disciples : «Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ?» Aucun ne le connaissait ni ne savait distinguer en lui le Fils de Dieu, le Messie promis. «Et vous», ajoute alors Jésus, «qui dites-vous que je suis ? Et Simon Pierre, répondant, lui dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et Jésus, répondant, lui dit : Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle» (v. 13-18). Christ lui-même, le Fils du Dieu vivant, était ce rocher sur lequel il allait bâtir son assemblée. Celle-ci serait ainsi fondée sur Celui qui a vaincu la mort et brisé les «portes du hadès». Elle n’aurait donc rien à craindre du pouvoir de la mort.

Remarquons encore que le Seigneur déclare : «Je bâtirai mon assemblée». C’était donc, à ce moment-là, une chose encore future, une oeuvre à venir, qui exigerait sa mort sanglante à la croix, sa résurrection, son assomption et la venue du Saint Esprit ici-bas. L’Église est donc bâtie non seulement sur Christ, mais sur Christ mort et ressuscité : par sa mort, il a expié nos péchés ; par sa résurrection, il a annulé la mort. Puis, étant monté au ciel, il a envoyé le Saint Esprit sur la terre (Jean 16:7) ; l’Église a été formée par l’union, en un seul corps, de tous ceux qui ont cru en son nom.

Dieu avait, de toute éternité, formé le dessein de manifester, maintenant, sa sagesse par le moyen de l’Église, aux autorités et aux principautés dans les lieux célestes. Nous lisons, en effet, en Éphésiens 3:10 : «Afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée, selon le propos des siècles». Mais il voulait aussi montrer ainsi à tous, dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus (Éph. 2:7).

 

2.4.1.3              Caractère céleste de l’Église : appel, destinée, bénédictions et espérance

L’Église est donc, par son essence même, hors du monde et sa destinée est céleste. Séparée du monde, elle n’a pas d’objet sur la terre pour son coeur, mais cet objet est dans le ciel. Dès maintenant, ceux qui ont le bonheur de faire partie de l’assemblée de Dieu sont donc invités à se souvenir que leur part est céleste, savoir :

a) Leurs bénédictions : «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Éph. 1:3).

b) Leur position : «Dieu... nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Éph. 2:6).

c) Leur héritage : «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour vous» (1 Pierre 1:3, 4).

d) Leurs noms : «Réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux» (Luc 10:20).

e) Leur bourgeoisie : «Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur» (Phil. 3:20).

f) L’objet de leurs pensées et de leurs affections : «Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre» (Col. 3:1, 2).

g) Leur espérance : (partager sa gloire et lui être semblables) : «Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée» (Jean 17:24). «Nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est» (1 Jean 3:2).

Ainsi, à la différence d’Israël, dont les bénédictions sont terrestres, l’appel et l’espérance de l’Église sont essentiellement célestes. Bien que composée d’hommes tirés de tous peuples, langues et nations, elle constitue un peuple nouveau qui n’est pas du monde, mais appelé hors du monde et que Dieu «a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes» en Christ (Éph. 2:6). Dans quelle mesure les chrétiens ne sont-ils pas du monde ? Le Seigneur lui-même répond : «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:16). Ainsi, l’origine même de l’Église est entièrement différente de celle d’Israël. Celui-ci avait été choisi par Dieu comme peuple parmi les autres peuples de la terre. Les rachetés de l’économie actuelle sont appelés individuellement, étant morts et ressuscités avec Christ. Par la foi au nom de Jésus, nous sommes nés de Dieu par l’Esprit Saint, et devenons ainsi une nouvelle création, participant de la nature de Celui qui nous a régénérés (engendrés de nouveau). «Tel qu’est le céleste (Christ), tels aussi sont les célestes (les rachetés)» (1 Cor. 15:48). Comme Adam a été le chef d’une race d’hommes pécheurs, Christ — le dernier Adam — est le chef d’une nouvelle race qui, semblable à Lui, est composée d’êtres célestes, de citoyens des cieux, «concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu» (Éph. 2:19).

 

2.4.1.4              Des relations plus étroites avec le Seigneur qu’Israël avec Dieu

Nous sommes ainsi dans une relation infiniment plus intime avec le Seigneur que ne l’était Israël avec Dieu. Les images dont se sert le Nouveau Testament pour exprimer cette relation entre Christ et l’Assemblée font ressortir cette différence. Certes, dans l’Ancien Testament, le Seigneur manifeste aussi sa grâce, sa fidélité et sa sollicitude envers son peuple Israël. Cependant, il reste avant tout le Roi qui sauvegarde ses droits si souvent méprisés. Dans le Nouveau Testament, en revanche, nous trouvons l’image d’un corps, dont Christ est la tête, image qui fait ressortir l’union indissoluble qui lie les rachetés à Christ et Christ aux rachetés, membres de ce corps. Parmi les passages qui expriment cette précieuse vérité, nous citerons les suivants :

 

2.4.1.4.1        Christ chef de l’Assemblée, tête du corps

«Dieu... l’a donné pour être chef (c’est-à-dire tête) sur toutes choses à l’Assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (Éph. 1:22, 23). (Remarquez la force de cette expression désignant l’Assemblée comme étant la «plénitude» de Christ, c’est-à-dire son complément).

«Il (le «Fils de son amour») est le chef (ou la tête) du corps, de l’Assemblée, lui qui est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il tienne, lui, la première place» (Col. 1:18). Conf. également Col. 2:10 et 19.

«Car de même que le corps est un et qu’il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps... Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier» (1 Cor. 12:12, 13, 27).

Cette image dont se sert l’apôtre Paul pour désigner l’Église — le corps de Christ — fait ressortir d’une manière particulièrement expressive la force et la nature du lien qui unit l’Église à Christ : ce n’est pas une simple relation, mais bien une union vitale. Un corps privé de tête est mort et rien ne peut remplacer cet élément constitutif. D’autre part, la tête conduit le corps, c’est elle qui commande, il y a relation de subordination. Enfin, tête et corps vivent de la même vie, participent aux mêmes peines et aux mêmes joies, sont, en un mot, indissolublement unis. Tel est bien le cas de Christ, Tête glorifiée dans le ciel, et de l’Église son corps sur la terre, unis par un même Esprit. «Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel» (Éph. 4:4). C’est ce qui explique que le Seigneur pouvait dire à Saul, sur le chemin de Damas : «Je suis Jésus que tu persécutes» (Actes 9:6) ; en effet, il considérait ses rachetés, que Saul persécutait, comme unis à Lui.

 

2.4.1.4.2        L’Assemblée, épouse de Christ

Une autre image, dont la Parole se sert pour faire ressortir la merveilleuse intimité et la force du lien qui unit le Seigneur à son Église, est celle d’un époux et d’une épouse. «Le mari est le chef (ou la tête) de la femme, comme aussi le Christ est le chef (ou la tête) de l’Assemblée, lui, le sauveur du corps... Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la Parole ; afin que lui se présentât l’Assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable... Nous sommes membres de son corps, — de sa chair et de ses os» (Éph. 5:23-30). Merveilleux amour du céleste Époux pour l’épouse qu’il a acquise au prix de son sang versé à la croix ! Combien nous comprenons le désir de son coeur d’introduire auprès de lui, dans sa propre gloire, cette épouse bien-aimée. Son bonheur pourrait-il être parfait et son amour, satisfait s’il n’avait avec lui pour toujours celle qui est chair de sa chair et os de ses os, et aussi la «perle de très grand prix» pour laquelle il a tout sacrifié ? Certes non ! Mais l’épouse, elle aussi, aspire de tout son être à cette union avec son glorieux et divin Époux, en répondant avec l’Esprit : «Viens !», lorsqu’elle l’entend dire : «Je viens bientôt» (Apoc. 22:17).

 

2.4.1.4.3        L’Assemblée, maison de Dieu

La Parole emploie encore une autre image pour désigner l’Assemblée : une maison spirituelle composée de pierres vivantes. «Duquel (c’est-à-dire le Seigneur) vous approchant comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu, vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2:4, 5). C’est sur un Christ rejeté du monde que repose l’Église. Il n’est donc pas surprenant que l’Église soit, à son tour, méprisée et rejetée par le monde, partageant ainsi la portion de son Chef.

Cette comparaison de l’Église avec un édifice se trouve en plusieurs autres passages. Tous les rachetés sont «gens de la maison de Dieu» dont Jésus Christ lui-même est la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ; en qui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit (Éph. 2:20-22). Il s’agit de l’Assemblée bâtie sur le roc inébranlable dont Christ parle lui-même en Matt. 16:18. Tous ces termes font ressortir la stabilité et la pérennité de l’Église, contre laquelle «les portes du hadès ne prévaudront pas». Édifiée par Christ, vainqueur de la mort, elle n’a rien à redouter, malgré la haine de Satan et du monde.

Mais si, maintenant, l’Église est associée à la réjection de Christ dans le monde, elle partage aussi sa gloire par la foi, en attendant d’y entrer en pleine réalité. Son titre d’Épouse lui confère une part à l’héritage de l’Époux, c’est-à-dire à sa gloire (*). Position unique et bénie, qui lui donne une prééminence sur les saints des autres économies, et qui procède de son union avec Christ. De cette union découlent aussi des affections réciproques, une communion de coeur et d’esprit, une joie mutuelle que ne peuvent connaître ni éprouver les saints des autres économies. Quelle grâce merveilleuse pour de pauvres pécheurs que d’être introduits dans une telle position !

(*) À l’exclusion de sa gloire personnelle et essentielle comme Fils de Dieu, cela va de soi.

 

2.4.1.5              Soins de Christ pour l’Église

Cela nous amène à considérer encore ce que Christ fait maintenant pour son Église. En effet, si celle-ci est vue dans sa perfection en Christ, d’un autre côté, elle est préparée sur la terre pour le jour glorieux de sa rencontre avec Christ dans le ciel. Cette préparation est l’oeuvre du Seigneur qui, par le Saint Esprit, lui communique les grâces indispensables à l’accroissement du corps et la purifie de toute souillure «par le lavage d’eau par la parole». Ainsi, l’Église n’est pas un organisme pétrifié, mais un corps vivant qui croît et qui, «bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour» (Éph. 4:16). À cet effet, Christ accorde tous les dons et confie tous les ministères pour édifier et nourrir son Assemblée (Éph. 4:7-16 et 1 Cor. 12). Le but final, la perfection absolue, ne sera atteint qu’au ciel, où tous ceux qui composent l’Église auront revêtu un corps glorieux semblable à Christ. Alors, elle apparaîtra, dans toute sa beauté, comme sainte cité, nouvelle Jérusalem, épouse de Christ et habitation de Dieu (Apoc. 21). Mais toutes ses perfections seront le fruit du travail et de l’amour de Christ.

 

2.4.2       Chapitre 2 — Les caractères et les fonctions de l’Église

Nous avons vu, dans le chapitre précédent, quelles étaient l’origine et la position de l’Église. Nous allons examiner maintenant ses caractères et sa mission sur la terre. Pourquoi l’Église est-elle ici-bas et quels caractères doit-elle manifester ? Quelles sont ses fonctions ?

Tout comme le chrétien individuel est appelé à glorifier Dieu en glorifiant Christ, l’Église n’a pas d’autre vocation, et toutes ses attributions, tous les caractères qu’elle doit manifester visent à ce but élevé.

 

2.4.2.1              Sainteté

Le premier caractère de l’Église est la sainteté. «Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : «J’habiterai au milieu d’eux, ... et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai»... Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu» (2 Cor. 6:16-18 ; 7:1). Unie étroitement et indissolublement à son Seigneur, l’Église ne peut faire autrement que posséder Ses caractères propres, dont le premier est la sainteté. Il importe que nous réalisions ce caractère dans notre marche quotidienne.

 

2.4.2.2              Unité

Un deuxième caractère que l’Église de Christ possède et est appelée à manifester est son unité. «Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel» (Éph. 4:4). «Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre» (Rom. 12:5). «Car de même que le corps est un et qu’il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Cor. 12:12, 13). L’Église est donc une ; Christ n’a qu’une épouse, dont font partie tous ses bien-aimés rachetés, quelle que soit la manière dont ils réalisent leur position ecclésiastique. Un petit nombre d’entre eux seulement, hélas ! ont compris cette vérité et rendent témoignage de cette unité à la Table du Seigneur.

 

2.4.2.3              Présence du Saint Esprit

Un troisième caractère de l’Église de Christ, c’est la présence en elle du Saint Esprit. Ce caractère est particulièrement important à considérer, car c’est de cette présence du Saint Esprit dans l’Église que découlent sa sainteté et son unité. Il y a eu des rachetés sur la terre avant la descente du Saint Esprit ; des âmes, réveillées par l’Esprit manifestaient la vie et le fruit de l’Esprit ; elles étaient donc nées de l’Esprit, comme les rachetés de l’économie actuelle. Cependant, c’est la descente du Saint Esprit en tant que Personne de la Trinité, le jour de la Pentecôte, qui forma l’Église. Auparavant, les croyants étaient dispersés et il fallut la mort et la résurrection de Christ, suivie de la Pentecôte, pour qu’ils fussent «rassemblés en un» (Jean 11:52). Envoyé par le Chef glorifié de l’Église, le divin Consolateur put alors animer, gouverner, sanctifier et unir les membres de la famille de Dieu, comme il fait aujourd’hui encore. «L’Esprit de vérité... demeure avec vous, et... sera en vous... Le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites» (Jean 14:17 et 26). «Mais quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi» (Jean 15:26). «Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera» (Jean 16:13, 14).

Il fallait donc, pour unir les rachetés en un seul corps, la puissance du Saint Esprit, le divin Consolateur, lequel ne pouvait toutefois venir avant que Christ fût glorifié. Nous trouvons, dans le deuxième chapitre des Actes, le récit de la descente du Saint Esprit et de l’union des premiers chrétiens constitués en un corps : l’Église. Ce corps pouvait paraître bien insignifiant, puisqu’il ne comptait initialement que cent-vingt disciples environ (Actes 1:15). Mais l’Esprit manifeste aussitôt sa puissance, par la prédication de Pierre, et environ trois mille âmes furent baptisées au nom de Jésus (2:41). Le chapitre s’achève d’ailleurs par ces mots : «Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’Assemblée (ou l’Église) ceux qui devaient être sauvés» (v. 47).

Ainsi fut formée l’Église par l’Esprit, qui a continué, au cours des âges, et continue aujourd’hui encore à édifier ce corps de Christ, jusqu’au jour où le dernier des élus ayant été manifesté, Christ viendra chercher son Épouse bien-aimée, pour l’introduire dans sa propre gloire.

 

2.4.2.4              Colonne et soutien de la vérité

L’Église est, sur la terre, la dépositaire de la vérité, ainsi que nous le lisons en 1 Tim. 3:15, où elle est appelée «l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité». Possédant la Parole et le Saint Esprit, l’Église a reçu la vérité, la manifeste publiquement et la maintient intacte, en dépit des efforts de Satan pour l’altérer ou la faire tomber dans l’oubli. Il y a lieu de relever, à ce propos, que si l’Église est la colonne et le soutien de la vérité, elle n’est pas elle-même la vérité. La vérité ne procède pas d’elle, mais

de Christ : «Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie» (Jean 14:6),

de la Parole : «Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité» (Jean 17:17),

de l’Esprit Saint : «C’est l’Esprit qui rend témoignage, car l’Esprit est la vérité» (1 Jean 5:6).

Il n’est dit nulle part que l’Église (ou l’Assemblée) soit la vérité, mais elle la défend et la manifeste, de manière que la vérité soit vue en elle.

 

2.4.2.5              Place de l’Église dans les desseins de Dieu

Parmi les caractéristiques de l’Église, il convient de citer un cinquième fait, savoir la place spéciale qu’elle occupe dans les desseins de Dieu. Bien qu’elle eût été appelée la dernière, dans l’accomplissement de ces desseins, elle existait de toute éternité dans sa pensée et dans son conseil. «Selon qu’il nous a élus en lui (c’est-à-dire en Christ) avant la fondation du monde» (Éph. 1:4). Ce mystère est appelé le «mystère caché dès les siècles en Dieu» (3:9). Mais il nous a été révélé et l’instrument choisi pour cela fut l’apôtre Paul (3:3-5). Précédemment il n’avait pas été «donné à connaître aux fils des hommes». En effet, on ne trouve aucune révélation concernant l’Église dans l’Ancien Testament, à la différence des conseils de Dieu touchant la venue de Christ sur la terre, de ses souffrances, de sa réjection, de sa mort, de sa résurrection, de son règne, des bénédictions du millénium. Ces conseils-là se trouvent révélés clairement dans l’Ancien Testament. Rien de semblable quant à l’Église, dont le mystère était resté «caché en Dieu» et ne fut dévoilé par l’Esprit qu’aux apôtres et prophètes du Nouveau Testament. Ce mystère consistait en ceci, que «les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l’évangile» (3:6). C’est celui de l’appel distinct et de la gloire spéciale de l’Église, savoir son unité vivante en Christ par le Saint Esprit et sa part glorieuse d’Épouse de Christ. Dès maintenant, l’Église est bénie de «toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (1:3), tandis que, comme nous l’avons déjà dit, Israël recevait des bénédictions temporelles (Deut. 28:1-14). De même, les promesses qui sont faites à ce peuple en rapport avec le millénium annoncent une prospérité matérielle extraordinaire (Ézéch. 34:23-31). Les bénédictions de l’Église sont d’une tout autre nature, car elles découlent de son union avec un Christ ressuscité et glorifié. Ces bénédictions, qui sont la part de chacun des rachetés, ne peuvent être toutes énumérées et nous nous bornerons à en citer les principales, toutes étant également précieuses :

·       La rédemption. Nous avons été rachetés «non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ» (1 Pierre 1:18, 19). «En qui nous avons la rédemption par son sang» (Éph. 1:7).

·       Le pardon des péchés. «En qui nous avons... la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce» (Éph. 1:7). «Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes» (Col. 2:13).

·       L’acceptation. «Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé» (Éph. 1:6). «Car, par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés» (Héb. 10:14).

·       L’adoption (*). «Nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté» (Éph. 1:5). «Vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, Père !» (Rom. 8:15). «Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père» (Gal. 4:6).

(*) L’adoption est la position de fils conférée aux rachetés (cf. Gal. 4:4, 5).

 

·       L’héritage avec Christ. «En lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers» (Éph. 1:11). «Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ» (Rom. 8:17). «Tu n’es plus esclave, mais fils ; et, si fils, héritier aussi par Dieu» (Gal. 4:7).

·       Le sceau du Saint Esprit. «Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage» (Éph. 1:13). «Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos coeurs» (2 Cor. 1:21, 22).

·       La connaissance de la pensée et de la volonté de Dieu. «Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu’il s’est proposé en lui-même» (Éph. 1:9).

 

Ces bénédictions, l’Église les trouve «dans les lieux célestes» où Christ est maintenant entré, et non point sur la terre où il a été rejeté et mis à mort.

 

2.4.2.6              Une sainte sacrificature

Nous avons déjà vu, dans le chapitre précédent, que l’Église était considérée comme une «maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2:5). Si nous relevions alors la comparaison de l’Église avec un édifice solide et inébranlable, nous voulons mettre maintenant l’accent sur sa position de «sainte sacrificature», qui implique le service de la louange et de l’adoration. Privilège combien élevé et précieux : «Écoute, fille ! et vois, et incline ton oreille ; et oublie ton peuple et la maison de ton père ; et le roi désirera ta beauté, car il est ton seigneur : adore-le» (Ps. 45:10, 11). Christ, sujet et objet, avec le Père, de cette adoration, est présent au milieu de l’Église, ne fût-elle représentée que par les «deux ou trois réunis en Son Nom». «À Lui gloire dans l’Assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen» (Éph. 3:21). L’Église rend culte à Dieu le Père par Jésus qui entonne lui-même la louange au milieu de ses rachetés, réunis autour de Sa Table.

C’est, en effet, dans l’Assemblée que se trouve la Table du Seigneur et c’est à cette Table que l’Église célèbre la Cène, ce précieux mémorial des souffrances et de la mort de Christ (1 Cor. 10:16:17 ; 11:23-29).

 

2.4.2.7              Disparition de la distinction Juifs-Nations

Un septième caractère de l’Église consiste en ce qu’il n’existe plus aucune des distinctions terrestres entre ceux qui la composent. Il y avait, autrefois, une différence considérable entre Juifs et nations, différence établie par Dieu lui-même qui voulait faire d’Israël son peuple particulier. Les Juifs étaient donc «le peuple de Dieu», tandis que les nations étaient «sans Dieu dans le monde». Depuis la constitution de l’Église, cette distinction, qui était liée au gouvernement de Dieu quant à la terre, a entièrement disparu : «Dieu a renfermé tous, Juifs et nations, dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous» (Rom. 11:32). La grâce s’adresse donc aussi bien aux pécheurs des nations qu’aux ressortissants d’Israël et même si, au début de son existence, l’Église se composait de chrétiens juifs, elle n’en a pas moins aboli entièrement la distinction entre Juifs et nations qui subsistait précédemment. C’est pourquoi l’apôtre, s’adressant aux Éphésiens, pouvait leur dire : «Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, qui des deux (c’est-à-dire des Juifs et des nations) en a fait un et a détruit le mur mitoyen de clôture... afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix ; et qu’il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix... ; car par lui nous avons, les uns et les autres (c’est-à-dire les rachetés juifs et les nations), accès auprès du Père par un seul Esprit» (Éph. 2:13 et suiv.). Cet «homme nouveau», c’est le «corps de Christ», dont les rachetés juifs et des nations sont membres sans aucune distinction dans leur position. Ils n’ont qu’un seul et même titre à invoquer : celui de pécheurs sauvés et rachetés par le sang de Jésus, devenus ainsi : «membres de Christ».

Si tous les croyants réalisaient leur position, cette unité totale en Christ, ils ne pourraient laisser subsister les différences qu’ils ont créées entre eux et qui se traduisent par d’innombrables dénominations. Alors que la croix de Christ a détruit le mur mitoyen qui séparait Juifs et nations, les hommes ont établi des cloisons de toutes sortes, trahissant ainsi le caractère fondamental de l’Église, savoir son unité en Christ. Mais, malgré l’infidélité de l’homme, cette unité subsiste, car elle découle de l’oeuvre de Christ à la croix, grâce à laquelle l’Esprit de vérité put être envoyé sur la terre, afin de baptiser en un seul corps tous les rachetés. Du reste, comme nous l’avons déjà vu, les soins de Christ pour son Église ne cessent point : il la purifie par le lavage d’eau par la Parole, afin de la rendre parfaite pour le jour très proche où il se la présentera à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable (Éph. 5:26, 27).

 

2.4.3       Chapitre 3 — L’espérance de l’Église

Au moment de quitter les siens, le Seigneur leur dit : «Que votre coeur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14:1-3). Le Seigneur a donné ainsi aux siens une espérance glorieuse : celle de son prochain retour. Telle est l’espérance de l’Église. Écrivant aux Thessaloniciens, l’apôtre Paul leur dit : «Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient» (1 Thess. 1:9, 10) (*). Le racheté a donc une double mission à remplir ici-bas : servir Dieu et attendre la venue du Seigneur. Cette espérance a diverses conséquences pour l’enfant de Dieu.

(*) Lire également Phil. 3:20 ; 1 Cor. 1:7 ; Tite 2:13 ; Jude 21.

 

La certitude d’être bientôt auprès du Seigneur, dans la joie de sa présence et dans la gloire de la maison du Père, délivrés des épreuves de la terre, nous remplit de joie. Mais l’attente de son retour a un effet sanctifiant sur nos vies : «Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. Et quiconque a cette espérance en Lui se purifie, comme Lui est pur» (1 Jean 3:2, 3). Nous trouvons dans le Nouveau Testament de nombreuses et sérieuses exhortations concernant la manière dont nous devons attendre le Seigneur : non point «en théorie» seulement, mais pratiquement et de façon vivante. Ce que l’Église attend, ce n’est pas seulement un événement, mais aussi une Personne, le Seigneur Jésus, tel que la Parole le révèle, tel aussi que chacun de nous apprend à le connaître dans la communion journalière avec lui.

Le chrétien qui vit près de son Sauveur, jouit de lui toujours davantage et réalise mieux chaque jour que Christ est sa vie, sa paix, sa joie, son tout. Et pourtant, il ne l’a jamais vu et c’est seulement par la foi qu’il le connaît, qu’il jouit de lui ; aussi est-il compréhensible et normal que plus il le connaît et plus il jouit de lui, plus aussi il désire le voir. «Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes» (1 Pierre 1:8, 9). Cette joie ineffable et glorieuse est la part du croyant, dès maintenant. Mais voir Christ, lui être semblable, contempler sa gloire auprès du Père, paraître avec lui en gloire lorsqu’il viendra pour établir son règne, régner avec lui, être associé à lui lorsque tous lui rendront hommage et fléchiront le genou devant lui, voilà notre espérance, voilà l’espérance de l’Église. C’est pourquoi, l’épouse s’associe à l’Esprit, en Apocalypse 22:17, pour exprimer son ardent désir de voir son Seigneur. «Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens». Et, plus loin encore, lorsque le Seigneur répète : «Oui, je viens bientôt», l’Église répond de nouveau : «Amen ; viens, Seigneur Jésus !» (v. 20). Touchant dialogue, qui traduit bien la sainte attente de l’Épouse d’être enfin unie à son Bien-aimé, dans la gloire. Mais, ne l’oublions pas, c’est dans le coeur des croyants que cette précieuse espérance doit être constamment entretenue. Aussi est-il écrit : «Que celui qui entend dise : Viens». Il y a donc identité parfaite entre l’espérance de l’Église et celle du racheté. La réalisation de l’espérance individuelle du croyant lui apportera tout ce qu’il aura attendu ; mais elle apportera aussi à l’Église la félicité et la gloire qui lui sont promises en tant qu’Épouse de Christ. Elle attend, en effet, le Seigneur comme l’Époux bien-aimé qui l’enlèvera à sa rencontre et l’introduira dans la gloire du ciel, pour les noces de l’Agneau, et non comme le Fils de l’homme qui va venir exécuter les jugements contre ses ennemis. Elle a donc la certitude que le Seigneur Jésus ne viendra pas pour elle comme un juge, mais que lorsqu’il apparaîtra en gloire comme tel, elle lui sera associée, participant à son triomphe sur ses adversaires et partageant ses gloires. Elle sera le reflet de sa magnificence, «quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru» (2 Thess. 1:10). Elle attend aussi l’apparition de Christ en gloire, car elle sait que ce jour amènera la délivrance de la création du joug du péché et le règne de la justice et de la paix sur la terre. «Car la vive attente de la création attend la révélation des fils de Dieu. Car la création... elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Romains 8:19-21).

Mais l’attente de l’Église va plus loin encore, car elle sait que Satan sera lié pour mille ans et enfermé dans l’abîme, et que le monde sera converti, Israël restauré, la souveraineté de Christ reconnue de tous, d’où découleront d’immenses bénédictions pour l’humanité. Celle-ci goûtera enfin la justice, la paix et la joie qu’elle n’a pu instaurer elle-même et que Christ seul lui apportera lorsqu’il établira son règne, règne auquel l’Église sera associée comme l’Épouse du Roi de gloire. Unis à Christ dans l’exercice du pouvoir, nous aurons l’honneur insigne d’être les instruments par lesquels il manifestera sa gloire, distribuera sa munificence royale, exercera sa justice, répandra sa bénédiction. Mais, ce qui réjouira le coeur de l’Épouse davantage encore, ce sera la présence même de l’Époux, car c’est lui qui est notre espérance (1 Tim. 1:1). Sans lui, le ciel ne serait pas le ciel, a-t-on dit. Oui, ce que le chrétien attend, ce que l’Église attend, c’est le Seigneur lui-même. Puissent nos coeurs être réellement remplis de cette attente au point que les choses de la terre perdent tout attrait pour nous ! Que la joie produite par cette espérance efface aussi tous les chagrins dont notre sentier terrestre est si souvent semé et qu’ainsi nous courrions avec patience la course qui est devant nous, fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi ! C’est lui qui, avant de clore le saint Livre, nous adresse ces ultimes paroles d’encouragement : «Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt». Que chaque saint unisse sa voix à celle de l’Esprit et de l’Église et s’écrie avec ferveur : «Amen ; viens, Seigneur Jésus !».

 

2.4.4       Chapitre 4 — L’histoire de l’Église professante et responsable sur la terre

Dans ce chapitre, nous étudierons l’histoire de l’Église responsable sur la terre, et comprenant tous ceux qui professent le christianisme. Parmi ces professants figurent de vrais chrétiens et des gens qui, tout en portant le nom de chrétiens, ne sont pas vraiment des disciples de Christ.

Les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse nous donnent un aperçu de cette histoire qui s’achèvera par le rejet de l’Église professante après la venue du Seigneur. Cette Église professante subsistera quelque temps encore après l’enlèvement des vrais croyants, et finira par être entièrement détruite par la Bête, savoir le chef de l’Empire romain reconstitué (Apoc. 17:16, 17). Mais ces événements, qui sont postérieurs au retour du Seigneur, feront l’objet de notre étude dans la troisième partie de ce travail. Pour l’instant, nous examinerons seulement ce qu’est devenue l’Église responsable ici-bas et ce qu’il adviendra d’elle jusqu’au retour du Christ.

Hélas ! l’Église ne tarda pas à abandonner son premier amour et à présenter des signes de son déclin. Ce déclin est décrit dans les lettres aux sept assemblées d’Asie (Apoc. 2 et 3). Ces sept assemblées, qui existaient réellement, furent choisies par le Seigneur parce que leur état spirituel donnait une image complète de l’histoire de l’Église ici-bas, jusqu’à sa venue. En les étudiant, nous pouvons donc découvrir ce que la Parole annonce sur l’évolution de l’Église ou des systèmes ecclésiastiques qui se réclament de ce nom.

 

2.4.4.1              Éphèse

La première assemblée à laquelle le Seigneur s’adresse est celle d’Éphèse, qui manifeste les caractères de l’Église à la fin du ministère des apôtres. Le déclin, qui avait déjà commencé au temps des apôtres, s’est accentué après leur départ, bien qu’il y eût encore de la fidélité et de l’activité pour le Seigneur. Celui-ci se plaît à le reconnaître : «Je connais tes oeuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants». Il n’oublie pas non plus de mentionner le dévouement et la persévérance dont cette assemblée faisait preuve et qui caractérisèrent de fait l’Église durant la période que nous venons de préciser. «Tu as patience, et tu as supporté des afflictions pour mon nom, et tu ne t’es pas lassé». Toutefois, le Seigneur doit relever aussi ce qui le déshonore et constitue la cause secrète du déclin : «Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour». Telle fut la cause initiale qui amena peu à peu la ruine de l’Église. Christ cessa d’occuper, dans les coeurs, la place qui lui revenait et cet abandon du premier amour ouvrit la porte à tous les égarements qui se produisirent par la suite au sein de l’Église.

 

2.4.4.2              Smyrne

Pour arrêter ce déclin, le Seigneur dut permettre les persécutions contre son assemblée. C’est ce qu’il annonce à Smyrne, qui symbolise l’état de l’Église durant la période des persécutions organisées par la Rome impériale. Mais le Seigneur encourage ses rachetés : «Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir. Voici, le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés : et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie» (2:10).

 

2.4.4.3              Pergame

Pergame nous présente l’étape suivante de l’histoire de l’Église, époque caractérisée par l’établissement du «trône de Satan» au sein de la chrétienté. Ce «trône de Satan» c’est le trône impérial qui, sous Constantin I, (274-337) se déclara le protecteur de la religion chrétienne, devenue religion officielle de l’empire (édit de Milan, 313). Le Seigneur, tout en constatant que l’Église «habitait» là où était le trône de Satan — c’est-à-dire s’était placée sous la protection du pouvoir humain — reconnaît néanmoins la fidélité des siens, durant cette période. «Tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi» (v. 13). De fait, c’est à cette époque que le concile de Nicée (325), convoqué sur l’ordre de l’empereur, établit et promulgua le dogme de la Trinité, et publia le «symbole de Nicée», dont l’objet était d’affirmer la divinité de Christ. Certes, les croyants n’avaient et n’ont, aujourd’hui encore, aucunement besoin de ces confirmations humaines des vérités révélées dans la parole de Dieu. Cependant, nous pouvons bénir Dieu de la miséricorde dont il usait en sauvegardant par ce moyen, face aux attaques de Satan, la vérité fondamentale de la divinité de Christ. Hélas ! à côté de cela, le monde, les fausses doctrines et l’incrédulité pénétrèrent de plus en plus au sein de l’Église, où le ministère devint l’apanage d’un groupe d’hommes, le clergé, qui en tirèrent profit. Et même, les témoins fidèles furent persécutés et mis à mort au milieu de l’Église. C’est pourquoi le Seigneur lui adresse un sérieux avertissement : «Repens-toi donc ; autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche» (v. 16).

 

2.4.4.4              Thyatire

L’état de l’Église au Moyen Age est décrit sous les traits qui caractérisaient Thyatire, à laquelle le Seigneur s’adresse en ces termes : «Je connais tes oeuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières oeuvres qui dépassent les premières» (v. 19). Bien que les ténèbres de l’ignorance régnassent durant le Moyen Age quant aux vérités essentielles du christianisme, on y trouve de nombreux témoignages d’amour et de dévouement envers le Seigneur. «Mais j’ai contre toi, que tu laisses faire la femme Jésabel qui se dit prophétesse ; et elle enseigne et égare mes esclaves en les entraînant à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles» (v. 20). C’est la forme romaine de l’église où le clergé s’arroge le droit de parler au nom de Dieu (Jésabel se dit prophétesse) et prétend posséder une autorité qui lui permettrait de promulguer des dogmes dérogeant aux saintes Écritures. C’est ce que fit et fait encore l’église catholique. Le Seigneur prononce un jugement inexorable contre pareille hérésie (v. 21-23). Mais, même au milieu de cet état de choses, il y a un témoignage pour le Seigneur, composé d’âmes qui n’ont pas pactisé avec le mal, un résidu demeuré fidèle au nom de Christ. Le Seigneur s’adresse spécialement à ce résidu, en des termes pleins de grâce : «Mais à vous je dis, aux autres qui sont à Thyatire, autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine, qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan... : je ne vous impose pas d’autre charge ; mais seulement, ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne» (v. 24, 25). Suivent les précieuses promesses faites à celui qui vaincra et sera fidèle jusqu’à la fin.

Ces quatre premières assemblées d’Asie, auxquelles le Seigneur s’adressait par l’intermédiaire de l’apôtre Jean, nous donnent ainsi un tableau complet de la chrétienté jusqu’à la venue de Christ. Nous avons eu d’abord la description de l’état général de l’Église au début de son déclin ; puis l’époque des persécutions suscitées par la Rome païenne ; ensuite l’Église cherchant la protection du pouvoir politique et s’alliant au monde ; enfin le romanisme qui subsistera jusqu’à la fin.

 

2.4.4.5              Sardes

Les trois dernières des sept assemblées — dont l’état nous est décrit au chapitre 3 de l’Apocalypse — nous présentent également des phases successives de l’Église, mais subsistant ensemble jusqu’à la fin, en même temps que Thyatire.

La première est Sardes, à laquelle le Seigneur s’adresse en ces termes : «Je connais tes oeuvres, — que tu as le nom de vivre, et tu es mort. Sois vigilant, et affermis ce qui reste, qui s’en va mourir, car je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu» (v. 1, 2). Nous avons là une description exacte du protestantisme actuel, qui a le nom de vivre, mais est mort. Il ne s’agit point de la réformation qui, malgré les faiblesses des hommes dont Dieu se servit pour l’accomplir, remit en lumière la parole de Dieu, plongée dans l’oubli durant le Moyen Age. C’est pourquoi le Seigneur invite les représentants actuels de ce mouvement à retourner aux origines : «Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi» (v. 3). Du reste, il se plaît à reconnaître les âmes fidèles qui se trouvent encore au milieu de cet état de choses : «Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes» (v. 4).

 

2.4.4.6              Philadelphie

Philadelphie est l’image des rachetés qui, hors des systèmes ecclésiastiques représentés par Thyatire et Sardes, animés de l’amour fraternel (*), gardent la parole du Véritable et ne renient pas le nom du Saint, malgré la faiblesse qui les caractérise. Mais le Seigneur y supplée : «J’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer» (v. 8). À la différence de Sardes qui avait accompli jadis de grandes oeuvres, Philadelphie n’a rien fait qui attire l’attention du monde et provoque l’admiration des hommes. Néanmoins, le Seigneur reconnaît ce qu’elle fait : «Je connais tes oeuvres... tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom». Apparemment, c’est peu de choses, et pourtant rien n’est plus précieux au coeur du Seigneur que de voir ses rachetés garder sa parole et ne pas renier son nom. C’est ce qu’il attend de chacun de nous. La récompense promise à la fidélité de Philadelphie est bien propre à accroître son zèle : «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre» (v. 10). L’Église, composée de tous les rachetés du Seigneur, sera donc gardée hors de l’heure de l’épreuve, et non à travers l’épreuve. L’heure de l’épreuve est celle des jugements apocalyptiques qui frapperont les hommes après la venue du Seigneur. En vain s’efforceront-ils d’y échapper : cette heure les atteindra où qu’ils se trouvent. Seuls les rachetés de Christ, enlevés à sa rencontre, lors de sa venue, en seront préservés. Ils l’accompagneront lorsqu’il apparaîtra en gloire, ce qui prouve bien qu’ils auront été enlevés auprès de lui auparavant.

(*) Philadelphie signifie «l’amour des frères»

 

Cela ne signifie pas, d’ailleurs, que les saints ne soient pas appelés à souffrir sur la terre avant la venue de Christ. L’histoire de l’Église nous enseigne que nombreux sont ceux qui ont subi le martyre et nous savons que la persécution sévit dans plusieurs pays. Elle pourrait sévir aussi dans nos contrées, si le Seigneur le permettait, sans parler des épreuves issues des jugements qui s’abattent sur divers pays, épreuves dont les chrétiens ont aussi leur part. Mais ces circonstances, si douloureuses soient-elles, n’ont rien de commun avec «l’heure de l’épreuve» dont il nous est parlé ici et dont l’Église sera gardée.

Le Seigneur lie cette promesse à celle de son prochain retour : «Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne» (v. 11). Il fait revivre ainsi dans le coeur de ses bien-aimés l’espérance glorieuse de sa venue, ce qui est particulièrement propre à affermir leur foi et à attacher leurs coeurs à sa Personne.

 

2.4.4.7              Laodicée

Nous arrivons maintenant à la dernière des sept assemblées, Laodicée, qui représente l’état moral de la chrétienté, aux temps de la fin : glorification de l’homme, activité religieuse destinée à satisfaire la chair, aucune affection réelle pour Christ, mépris de sa Parole qui n’a plus d’autorité sur le coeur, recherche de l’approbation du monde et de ses faveurs. «Je connais tes oeuvres, — que tu n’es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède... je vais te vomir de ma bouche» (v. 15, 16). Que chacun de nous veille, afin d’être gardé d’un tel état d’esprit, fait d’indifférence et de formalisme religieux sans vie ! Cette tiédeur s’accompagne d’orgueil spirituel : «Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et que tu ne connais pas que, toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu : je te conseille d’acheter de moi de l’or passé au feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies» (v. 17, 18). Tout en se croyant riches, les Laodicéens étaient pauvres, nus et aveugles. Pauvres : ils avaient besoin de l’or, symbole de la justice divine en Christ. Nus : il leur manquait «des vêtements blancs», image de la justice des saints. Aveugles : il leur fallait acheter un collyre qui leur permît de recouvrer la claire vision de leur état moral devant Dieu et des exigences de sa sainteté.

Et malgré tout, le Seigneur adresse également des paroles d’exhortation pleines de grâce à ceux qui se trouvent au milieu d’une telle ruine : «Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi» (v. 19, 20). Ainsi, le Seigneur reste fidèle, en dépit de la ruine générale de la chrétienté professante et il encourage la foi individuelle qu’il y découvre. Mais cela ne modifie aucunement la sentence prononcée sur ce corps sans vie : il le vomira de sa bouche.

 

Telle est, brièvement, l’histoire de l’Église, considérée quant à sa responsabilité sur la terre. Si les trois premiers états qui sont décrits sous les caractères d’Éphèse, de Smyrne et de Pergame comportent pour nous un enseignement historique et moral, les quatre derniers — Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée — ont en outre une portée prophétique, car ils subsisteront jusqu’à la venue du Seigneur.

Malgré l’humiliante histoire de l’Église responsable ici-bas, les desseins de Dieu envers l’Église véritable s’accompliront entièrement. Avant même que la fausse Église soit vomie de la bouche de Christ, l’Église véritable, l’Épouse de Christ, sera ravie à la rencontre de son Époux. Quelle part glorieuse pour ceux qui appartiennent à cette Église et quel hommage ne doivent-ils pas rendre à leur Seigneur !

 

Hommage à toi, Chef de l’Église !

L’Épouse, objet de ta faveur,

À tes côtés bientôt assise,

Sans fin bénira son Seigneur.

Ô saints transports ; joie ineffable !

Nous jouirons de ta beauté,

Et de l’amour inexprimable

Qui remplira l’éternité.