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Que dit l’ÉCRITURE ? (Rom. 4:3)

 

 

Réponse à 150 questions touchant divers sujets bibliques ou de la vie chrétienne, posées par les lecteurs du périodique «le Salut de Dieu» entre 1873 et 1917 (par W.J.Lowe puis Élie Périer)

 

 

 «Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi» Jean 5:39

 

«Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre» 2 Timothée 3:16, 17

 

«Et ils reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi» Actes 17:11

 

Sommaire

 

40.          Luc 14:26 ; Marc 10:29, 30 ; Éphés. 6:1-4 ; Col. 3:20. Faut-il vraiment haïr son père, sa mère, sa propre vie ?

81.          Éphés. 1:4 ; Col. 1:22, 1 Jean 4:17. Comment ces passages s’appliquent-ils à nous ?

 

40.       Comment faut-il comprendre le passage : «Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses soeurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple» (Luc 14:26), et les passages parallèles dans Matthieu et dans Marc ? Doit-on voir quelque modification de ces paroles dans les directions apostoliques à l’adresse des parents et des enfants (Éphésiens 6:1-4 ; Colossiens 3:20) ?

A — Les Écritures étant toutes inspirées de Dieu (2 Timothée 3:16), il n’y a en elles aucune contradiction. Nous ne devons pas voir non plus dans les passages indiqués des épîtres de Paul, une modification de ce que le Seigneur dit dans les évangiles. Si l’on examine les chapitres 19 de Matthieu, 10 de Marc, on voit que les relations entre mari et femme sont clairement établies par le Seigneur, avant que la question de Pierre l’amène à faire ressortir le privilège de consentir à des sacrifices «pour son nom». De même il insiste sur la bénédiction préparée pour les enfants, montrant combien son coeur était tourné vers eux, et avertissant chacun de ne rien faire qui pût les empêcher de venir à lui. Dans l’évangile de Matthieu surtout, on découvre la large place qu’ont les enfants dans les pensées du Père ; ils sont au bénéfice de l’oeuvre du Fils qui est venu accomplir la volonté du Père en sauvant ce qui était perdu (chapitre 18:1-14). Il ne s’agit nullement d’être indifférent quant aux enfants ou de négliger de les élever dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur, bien au contraire. Et les enfants sont tenus d’obéir à leurs parents : leur obéir en toutes choses est «agréable dans le Seigneur».

Il faut donc chercher ailleurs l’explication des passages en question. Le Seigneur venait de montrer l’influence qu’ont les richesses sur le coeur de l’homme et il veut que rien ne nous empêche de le suivre. Le coeur ne fait pas tout naturellement l’abandon des choses qu’il aime. Il faut pour cela l’intervention divine ; ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. Dans sa bonté il ne nous laisse pas à nous-mêmes. Des cieux il a considéré la terre (Psaume 102:19), et il a envoyé son Fils bien-aimé pour nous sauver. De plus, il nous attire à Christ (Jean 6:44). En même temps, le Seigneur nous avertit des obstacles qui s’opposent à la marche de la foi, des barrières élevées soit par notre propre coeur, soit par l’Ennemi de nos âmes, et il veut que nous pesions ces choses dans sa présence dès le début de notre carrière chrétienne. En Matthieu, le motif que le Seigneur place devant nous est «son nom». Dans l’évangile de Marc, le sujet est un peu développé du côté du service de la Parole, en ce que «l’évangile» y a sa place, aussi bien que sa personne. Le Seigneur déclare : «En vérité, je vous dis : il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou soeurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou champs, pour l’amour de moi et pour l’amour de l’évangile, qui n’en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant, maisons, et frères, et soeurs, et mères, et enfants, et champs, avec des persécutions, et dans le siècle qui vient, la vie éternelle» (Marc 10:29, 30). On comprend qu’il ne s’agit pas de se soustraire à sa responsabilité, mais bien de faire des sacrifices, de faire comme pendant les temps de persécution. On entre alors pleinement dans le sens de cette écriture pour y puiser la force et la consolation dont on a besoin. Le principe moral demeure et a son application pour tous les temps, et l’âme pieuse qui suit le Seigneur dans un monde qui l’a rejeté, éprouve la réalité de ses paroles, et peut ajouter son témoignage à celui de tant d’autres à la gloire de Christ. Ce que l’on perd ici-bas, on le retrouve d’une manière plus excellente en communion avec un Christ souffrant et rejeté, et la récompense sera infiniment augmentée dans la gloire de son règne.

Luc, comme toujours, insiste sur le principe au point de vue de la conscience, dans des termes incisifs. Il ajoute : «Et même aussi sa propre vie» (Luc 14:26), faisant ainsi ressortir qu’il ne faut rien permettre au coeur qui l’empêcherait de suivre le Seigneur. Il faut porter la croix, en suivant Christ, si l’on veut être son disciple.

B — Il est évident que l’on ne doit nullement chercher à diminuer la force de ces paroles du Seigneur. Ce n’est que dans l’évangile de Luc que nous trouvons le mot «haïr» introduit en rapport avec les relations naturelles ; Luc va plus loin que les autres évangélistes en montrant comment Dieu met fin à tout ce qui tient au «vieil homme». Il s’agit de le dépouiller, car il se corrompt selon les convoitises trompeuses (Éphésiens 4:22). Il faut un renoncement complet : la vérité qui est en Jésus suppose un changement radical, un renouvellement de l’esprit de notre entendement. Les vieilles choses passent, toutes choses deviennent nouvelles. Ce qui retenait le coeur et dominait les affections doit être soumis à une puissance supérieure où tout se règle selon Dieu et selon son amour parfait. Pour opérer ce changement en nous, il faut nécessairement que Dieu intervienne. Nous sommes par nature ténèbres ; et les ténèbres ne peuvent produire la lumière. Mais le chrétien est «lumière dans le Seigneur» (Éphésiens 5:8). Chez le vieil homme, le «moi» domine et règle tout ; chez le nouvel homme, le «moi» est mis de côté et remplacé par Christ (voyez Galates 2:20, 21). Or, nous avons beaucoup de peine à saisir la nécessité absolue pour nous de ce changement moral. Les foules croyaient qu’elles pouvaient suivre Jésus, jouissant de tous les bienfaits dont sa grâce les comblait sans que leur coeur fût changé. Voilà pourquoi le Seigneur montre toute la gravité de ce qu’elles avaient si légèrement entrepris. Il est facile de dire : «Seigneur, je te suivrai» ; mais plusieurs se retirent dès qu’ils commencent à s’apercevoir des difficultés de la course (Jean 6:66) ; ou bien on veut poser des conditions ; et lorsque Jésus dit : «suis-moi», on trouve des difficultés imprévues dans le chemin (Luc 9:57-62). L’homme croit qu’il peut se rendre agréable à Dieu et s’approcher de Lui : c’était la pensée de Caïn, qui apporta à Dieu les fruits de la terre maudite. Le Seigneur nous fait voir que le coeur est entièrement mauvais, en sorte qu’il faut haïr même sa propre vie : «Quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple» (14:33). Il n’est pas question ici de remplacer une affection et une responsabilité par une autre qui est plus forte, comme dans le cas du mariage (Matthieu 19:5). Il s’agit d’entrer dans une sphère nouvelle où tout est de Dieu et non pas de l’homme. On aime alors non pas pour la satisfaction personnelle qu’on tire de l’affection, mais selon la révélation que Dieu a faite de lui-même en Christ, puisant à la source intarissable de l’amour parfait dans la lumière de sa présence, et trouvant un objet divin et éternel pour le coeur dans la personne du Sauveur. Le Saint Esprit est le mobile de cet amour dans le coeur : toutes les relations naturelles se trouvent introduites dans cette sphère divine, car elles sont établies de Dieu ; mais elles sont assises sur une base nouvelle : le coeur y entre selon Dieu et ses pensées, et non pas d’une manière volontaire et charnelle.

Pour réaliser tout cela, il faut avant tout la nouvelle naissance ; puis, il faut être délivré de soi-même, afin de servir Dieu en nouveauté d’esprit (Romains 7:6) ; il faut ensuite de la vigilance afin de rester dans la dépendance de Dieu et résister aux séductions de l’adversaire : nous avons à revêtir l’armure complète de Dieu, à nous servir de l’épée de l’Esprit, à prier sans cesse. Dans l’évangile de Luc, il est précisé que l’on doit prendre sa croix chaque jour (9:23).

 

81.       De quelle manière et jusqu’à quel point s’appliquent à nous actuellement les trois passages : Éphésiens 1:4 ; Colossiens 1:22 ; 1 Jean 4:17 ?

Le point de départ de l’enseignement, dans l’épître aux Éphésiens, est Dieu, ses pensées et ses conseils. «La bénédiction», comme on l’a dit, «tire son origine de Dieu lui-même : Dieu en est la source et l’auteur ; son propre coeur, si nous pouvons nous exprimer ainsi, sa pensée à lui, en sont l’origine et la dimension. C’est pourquoi nous avons en Christ seul quelque mesure de ce qui ne se mesure pas ; car Christ fait d’une manière complète les délices de Dieu ; le coeur de Dieu se déploie parfaitement et l’amour infini de Dieu s’exerce dans sa plénitude à son égard. La bénédiction donc est de Dieu, mais, en outre, elle est avec lui-même et devant lui, afin que Dieu satisfasse à son propre amour. Lui nous a choisis, lui nous a prédestinés, lui nous a bénis, mais dans le but de nous avoir devant lui, adoptés pour être ses enfants».

Dans l’épître aux Colossiens, le point de vue est un peu différent. L’homme qui vit dans le mal, sous le pouvoir des ténèbres, ennemi de Dieu quant à l’entendement, est envisagé comme étant l’objet de la grâce dont la source et le caractère sont développés avec beaucoup de détails dans l’épître aux Éphésiens. Par conséquent, la présentation des croyants, «saints et irréprochables», est ici une conséquence directe de la réconciliation qui, pour ce qui regarde les saints, a déjà eu lieu (*) par la mort de Christ. Seulement, une condition est ajoutée ici, condition bien propre à agir sur les consciences des Colossiens : «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, et ne vous laissant pas détourner de l’espérance de l’évangile».

(*) La réconciliation de «toutes choses», qui fait aussi partie du dessein de Dieu, comme conséquence de la mort de Christ, n’a pas encore eu lieu.

Dans les deux cas, il est évident que l’accomplissement définitif de ces desseins de la grâce de Dieu ne saurait avoir lieu avant que Christ soit manifesté en gloire au milieu des siens. Mais la foi saisit ces choses dès à présent, et de même que nous jouissons dès maintenant de la relation avec le Père, nous avons aussi Christ comme modèle, afin de marcher devant Dieu comme lui a marché (1 Jean 2:6), afin que nous soyons «sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse», parmi laquelle nous avons à reluire «comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie» (Philippiens 2:15). Dans ce sens aussi, on trouve l’exhortation adressée à tous les chrétiens dans l’épître aux Éphésiens : «Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (chap. 5:1-2).

La première épître de Jean nous occupe de la vie telle qu’elle doit se manifester dans le chrétien. Les épîtres de Paul présentent la dispensation de Dieu dans laquelle cette vie se déploie ; les écrits de Jean nous font voir ce qui est déployé, la vie divine dans la communion du Père et du Fils. C’est ici donc que l’expression se trouve : «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde». Et remarquez-le bien, il est dit : «Comme il est...», non pas «comme il était». Christ était sans péché comme homme dans ce monde, — nous avons le péché en nous ; toutefois nous sommes appelés à marcher comme il a marché», et Dieu nous a donné de son Esprit pour que cela nous soit possible. Mais actuellement Christ est dans le ciel, et en attendant qu’il soit «manifesté» en gloire, nous sommes «comme il est». Dieu nous voit comme ayant Christ pour notre vie et comme étant identifiés avec lui. C’est là une position parfaite qu’il nous a donnée. Pour ce qui regarde l’effet de l’oeuvre de Christ, on voit quelque chose de semblable dans Hébreux 10:14 ; mais dans l’épître de Jean, il s’agit de la vie divine et de sa manifestation pratique. Or la foi saisit le témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils ; on possède ainsi le Fils de Dieu et la vie qui est en lui ; puis, en se nourrissant de Christ, on manifeste cette vie en pratique, marchant par l’Esprit.

Être comme est Christ n’est pas un compte-rendu de la vie ou du service de tel ou tel chrétien, ni non plus un objectif que l’on doive s’efforcer d’atteindre, mais c’est une position acquise, selon la grâce de Dieu, et qui est vraie devant Dieu pour tous les croyants, et, par conséquent, le point de départ de la marche pratique, la mesure divine pour l’exercice de la conscience quant aux détails de la vie journalière chez ceux qui croient ce que Dieu dit. Si le dessein de Dieu et le résultat divin de l’oeuvre de Christ sont de nous placer devant lui «saints et irréprochables», le coeur du croyant, pénétré de cette grâce, comprend qu’il s’agit d’être saint et irréprochable dans la marche. Si, dans ce monde, nous sommes comme Christ est, il s’agit de reproduire la vie de Christ, ou, en d’autres termes, de marcher comme il a marché. Dieu nous a placés «en Christ». Il faut donc que Christ soit manifesté en nous. Paul pouvait dire : «Christ vit en moi» (Galates 2:20, et comparez Jean 14:20).