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La deuxième épître aux CORINTHIENS

 

Arend Remmers avec des modifications par Philippe Laügt

 

1        Introduction

1.1      Auteur, destinataires et date de rédaction de l’épître

1.2      Thème de l’épître

2        Ch. 1 — Tribulations et consolations

2.1      Salutations (v. 1-2)

2.2      Action de grâces (v. 3-7)

2.3      Tribulations (v. 8-11)

2.4      Sujet de gloire (v. 12-14)

2.5      Fermeté (v. 15-24)

3        Ch. 2 — Restauration d’un pécheur

3.1      Préoccupation de l’apôtre (v. 1-4)

3.2      Pardon (v. 5-11)

3.3      Le triomphe de Dieu (v. 12-17)

4        Ch. 3 — Le ministère de la nouvelle alliance

4.1      Une lettre de Christ (v. 1-3)

4.2      Ministres de l’Esprit (v. 4-6)

4.3      Un ministère de gloire (v. 7-16)

4.4      La gloire du Seigneur (v. 17-18)

5        Ch. 4 — La source de puissance du ministère

5.1      La gloire (v. 1-6)

5.2      Des vases de terre (v. 7-15)

5.3      Tribulation et gloire (v. 16-18)

6        Ch. 5 — Les motifs du ministère

6.1      La maison céleste (v. 1-5)

6.2      Présents - absents (v. 6-9)

6.3      La crainte du Seigneur (v. 10-13)

6.4      L’amour du Christ (v. 14-17)

6.5      Le ministère de la réconciliation (v. 18-21)

7        Ch. 6 — Les caractères du ministère

7.1      Une exhortation (v. 1- 2)

7.2      Caractéristiques des serviteurs (v. 3-10)

7.3      Affection (v. 11-13)

7.4      Séparation (v. 14-17 ; 7:1)

8        Ch. 7 — Le but du ministère

8.1      La joie de Paul (v. 2-4)

8.2      Le but atteint (v. 5-16)

9        Ch. 8 — La grâce de la libéralité

9.1      L’exemple des Macédoniens (v. 1-6)

9.2      Un appel (v. 7-15)

9.3      L’envoi de Tite (v. 16-24)

10     Ch. 9 — La disposition d’esprit pour une vraie libéralité

10.1          La préparation de la libéralité (v. 1-5)

10.2          La vraie libéralité (v. 6-15)

11     Ch. 10 — Humilité et hardiesse

11.1          Combat spirituel  (v. 1-6)

11.2          Orgueil  (v. 7-11)

11.3          Se recommander soi-même ?  (v. 12-18)

12     Ch. 11 — Folie et gloire

12.1          Simplicité quant au Christ (v. 1-4)

12.2          Un ministère plein d’abnégation (v. 5-11)

12.3          De faux apôtres (v. 12-21a)

12.4          Les souffrances de Paul  (v. 21b-31)

13     Ch. 12 — Au troisième ciel et sur la terre

13.1          L’enlèvement de Paul  (v. 1-6)

13.2          L’écharde dans la chair (v. 7-10)

13.3          Derniers appels de l’apôtre  (v. 11-21)

14     Ch. 13 — Annonce d’une visite

14.1          Un avertissement (v. 1-2)

14.2          Paul et les Corinthiens (v. 3-10)

14.3          Conclusion (v. 11-13)

 

1        Introduction

1.1        Auteur, destinataires et date de rédaction de l’épître

L’assemblée à Corinthe avait été constituée à la suite du ministère de l’apôtre Paul dans cette région (2 Cor. 1:19), lors de son deuxième voyage missionnaire (env. 51-54 après Jésus Christ). Exceptionnellement riche en dons de grâce, elle se trouvait cependant dans un si mauvais état spirituel que Paul s’était vu dans la nécessité d’écrire successivement deux sévères épîtres sévères aux croyants qui vivaient là.

Lors de son troisième voyage missionnaire (env. 54-58 après Jésus Christ), Paul avait envisagé de revenir à Corinthe le plus vite possible après l’envoi de sa première épître (1 Cor. 16:5 ; 2 Cor. 1:15), mais à cause des mauvaises nouvelles rapportées par Timothée (1 Cor. 4:17 ; 16:10 ; 2 Cor. 1:1), il renonça à ce projet. Il envoya d’abord Tite à Corinthe. Celui-ci devait examiner l’évolution de l’état de l’assemblée et préparer la collecte déjà mentionnée dans la première lettre (16:1-4) pour les saints tombés dans la pauvreté en Judée et à Jérusalem (2 Cor. 8:6).

Entre-temps, Paul avait quitté Éphèse. Il prêcha d’abord l’évangile en Troade, mais n’étant pas tranquille, il continua vers la Macédoine, où il ne trouva pas non plus de repos jusqu’à ce qu’il y rencontre Tite (2:12-13 ; 7:5-6). À la suite de son rapport, Paul écrivit en Macédoine sa seconde épître (9:2-4), qui fut probablement transmise par Tite (8:6-18). On peut en situer la rédaction à la fin de la même année où fut écrite la première épître, c’est-à-dire 57 après Jésus Christ.

 

1.2        Thème de l’épître

La seconde épître aux Corinthiens est l’une des plus difficiles du Nouveau Testament. Comme celle aux Philippiens, elle compte parmi les témoignages les plus personnels de l’apôtre Paul. Elle contient peu d’enseignement doctrinal, mais beaucoup de passages dans lesquels l’auteur livre ses sentiments. Tandis que la première épître porte un caractère doctrinal et la marque de l’autorité, la seconde exprime beaucoup plus les motifs moraux de l’apôtre dans son service pour le Seigneur (1:12-14 ; 5:14 ; 12:19) et son profond désir de retrouver la communion avec les Corinthiens (2:8-11; 6:1, 11-13 ; 7:2-4). Dans les chapitres 1 à 7, après l’introduction, Paul présente le caractère, les motifs et le but de sa conduite et de son ministère, dont le Seigneur Jésus est la source (1:20-22 ; 2:14-17 ; 3 :18 ; 4:4-18 ; 5:7-21).

Le sujet de la deuxième partie (chap. 8 et 9) est la collecte pour les frères et sœurs pauvres en Judée, à laquelle Paul tenait beaucoup (comp. Gal. 2:10 ; Rom. 15:25-28). Il désire ranimer le cœur des Corinthiens pour ce service d’amour.

Dans la dernière partie (chap. 10 à 13:10) Paul est contraint de revenir sur un sujet déjà évoqué dans la première épître : sa mission et son ministère comme apôtre de Jésus Christ (comp. 1 Cor. 9). Alors qu’au début il ne s’agissait que de doutes sur l’authenticité de son appel, il avait affaire maintenant à une forte opposition de la part de certains Corinthiens qui mettaient en question son apostolat et se posaient eux-mêmes en apôtres. Ils réclamaient de Paul, même si ce n’était de loin pas encore à tous égards, des preuves écrites de sa qualité d’apôtre et de serviteur de Christ (3:1-6 ; 13:3). Ils revendiquaient pour eux-mêmes une autorité apostolique (10:10, 18 ; 11:5, 13-15 ; 12:10), se prévalaient de leur origine juive (11:22) et apportaient en même temps de fausses doctrines (10:2-5 ; 11:2-4). Paul se refuse à défendre son apostolat vis-à-vis de l’assemblée à Corinthe par des preuves extérieures, mais tente une nouvelle fois de toucher le cœur des Corinthiens en plaçant devant eux des détails tirés de sa vie et de son service pour son bien-aimé Seigneur (11:2, 7, 23-33 ; 12:1-10, 14-19).

 

2        Ch. 1 — Tribulations et consolations

2.1        Salutations (v. 1-2)

Comme au début de sa première épître, Paul se présente comme « apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu », mais en laissant de côté l’allusion à son appel. À la différence de la première lettre, il ne mentionne son nom que deux fois (1:1 ; 10:1). Ici aussi il s’adjoint un autre serviteur, mais cette fois il s’agit du frère Timothée qui, après sa visite à Corinthe (1 Cor. 16:10), est revenu vers lui. Les destinataires sont désignés de manière identique : « l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe ». Cependant, Paul ne le fait pas dans un sens aussi large que dans la première épître ; au lieu d’inclure « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ », seuls sont mentionnés les saints de la province d’Achaïe, dont Corinthe était la capitale. En revanche, le vœu : « Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ ! » est exactement le même que dans la salutation de la première épître.

 

2.2        Action de grâces (v. 3-7)

L’expression de reconnaissance de Paul porte un caractère particulier. Seules trois épîtres commencent par ces paroles «  Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » (comp. Éph. 1:3 ; 1 Pier. 1:3). Paul loue ici son Dieu, qu’il appelle « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » pour le merveilleux réconfort qu’il a expérimenté de sa part dans ses nombreuses tribulations. Jamais il ne se plaint de ses souffrances (comp. 1 Cor. 15:30-32 ; 2 Cor. 6:4-10 ; 11:23-28), mais les reçoit de la main de son Dieu et Père. Il rend grâces pour les encouragements que ses compagnons d’œuvre et lui-même avaient reçus, et ceci, dans le but de fortifier la foi d’autres croyants qui pourraient aussi connaître la détresse ou l’épreuve. Pour l’apôtre Paul, la venue de Tite, chargé de bonnes nouvelles de Corinthe (7:6-7), était une immense consolation.

Pourquoi Paul commence-t-il cette épître de manière si peu habituelle ? Probablement pour toucher le cœur des croyants à Corinthe, comme aussi la suite de la lettre le montre. Paul était « un homme ayant les mêmes penchants que nous » (Act. 14:15 ; Jac. 5:17). Il connaissait des peines non seulement extérieures, mais aussi intérieures, et avait besoin d’être encouragé. Il parle de ses propres souffrances comme étant les « souffrances du Christ », car elles étaient la conséquence de son service dévoué pour son bien-aimé Seigneur (v. 5). Il endurait tout, afin que des âmes soient sauvées, ou comme il le dit ailleurs : « pour les élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle » (2 Tim. 2:10). Il serait également mieux capable de consoler les saints (v. 6). Si donc les croyants à Corinthe avaient à souffrir pour quelque motif que ce soit, ils devaient savoir que Paul souffrait avec eux, les comprenait et pouvait leur apporter une consolation divine que lui-même avait goûtée. Avec amour et confiance pour eux, il espérait que ce serait de la main de Dieu qu’ils recevraient aussi bien les souffrances que la consolation, comme lui-même et ses collaborateurs le faisaient (v. 7). Nous voyons ici s’ouvrir un cœur rempli d’un amour véritable divin afin que l’amour des Corinthiens pour Dieu et pour son fidèle serviteur soit affermi.

 

2.3        Tribulations (v. 8-11)

Paul et ses compagnons s’étaient trouvés dans une situation particulièrement difficile en Asie Mineure. En 1 Corinthiens 15:32, l’apôtre compare les difficultés rencontrées à Éphèse à un combat « contre les bêtes », et au chapitre 16, il mentionne beaucoup d’adversaires dans cette ville (v. 8-9). Le point culminant des épreuves rencontrées là,a été sans aucun doute l’émeute suscitée par Démétrius, l’artisan en argenterie, suite à laquelle Paul partit en Macédoine (Act. 19:23-41). S’il s’agit effectivement de cette circonstance, nous apprenons ici seulement combien l’apôtre et ses compagnons en ont été affectés. Ils ne voyaient plus aucune issue pour leur vie (v. 8). Mais au milieu de souffrances presque insupportables, ces serviteurs du Seigneur réalisaient pour eux-mêmes, par la foi, le jugement de mort que Dieu porte sur l’homme naturel, et leur propre mort avec Christ (Gal. 2:19-20). Une telle conscience les amenait à regarder à Dieu qui ressuscite les morts. S’ils devaient perdre leur vie, ils perdraient effectivement la vie naturelle extérieure, mais peu leur importait, car ils étaient déjà morts avec Christ et connaissaient la puissance de Dieu en résurrection, pour une vie sans infirmité et sans péché (v. 9). Quelle foi triomphante ! Rétrospectivement, Paul pouvait constater avec reconnaissance que Dieu, qui les avait délivrés d’une si grande menace, les délivrait aussi continuellement de tous les dangers sur leur chemin ; et ces expériences de la foi, passées et présentes, les encourageaient à placer leur confiance en lui pour la suite du chemin et du service (v. 10).

Il se tourne alors vers les Corinthiens (v. 11), parmi lesquels il y avait encore beaucoup de choses à mettre en ordre, mais ceux-ci paraissaient se trouver maintenant sur la bonne voie. Il reconnaît leur coopération dans la prière pour lui et pour ses collaborateurs, car, comme il l’ajoute, il ne pouvait exercer le don de grâce confié par le Seigneur pour la bénédiction d’autrui qu’avec le soutien des prières des saints (comp. 1 Tim. 4:14). Combien les Corinthiens si soucieux d’honneur ont dû être surpris, en lisant sous la plume de l’apôtre, des paroles empreintes d’une telle humilité sous la plume de l’apôtre ! Ce Paul qu’ils attaquaient, s’appuyait dans son ministère, non pas comme plusieurs d’entre eux pouvaient le penser, sur ses propres capacités et sa propre force, mais sur les supplications des saints ! En les invitant d’autre part à ne pas oublier non plus de rendre grâce pour le service des apôtres, il resserre encore les liens de la communion avec eux.

Si le soutien des croyants par la prière avait déjà une telle importance pour Paul et son ministère, combien plus encore il en a aujourd’hui pour les serviteurs du Seigneur !

 

2.4        Sujet de gloire (v. 12-14)

Pour Paul, le seul motif de gloire était sa marche dans la droiture et la grâce ; cette déclaration était destinée à ceux qui, à Corinthe, adoptaient une attitude critique envers lui. Il ne manquait certes pas de sagesse ni d’aucune capacité intellectuelle humaine, mais préférait n’en faire aucun usage (1 Cor. 2:1-5). Ses lettres également étaient en harmonie avec ce qu’il avait affirmé oralement et qu’ils avaient reconnu ; et il espérait que tel serait encore le cas. Ils étaient venus par son moyen à la foi au Seigneur Jésus, ce dont aussi quelques-uns parmi eux se glorifiaient quand ils disaient par exemple : « Moi, je suis de Paul » ((1 Cor. 1:12). Quant à Paul et à ses compagnons, ils trouvaient dans les Corinthiens un motif de se glorifier dans la perspective du jour du Seigneur Jésus (v. 14), celui de son apparition en gloire avec tous les siens. Alors, tout ce qu’il aura approuvé sera manifesté publiquement devant le monde (comp. 1 Thes. 2:19, 20 ; 2 Thes. 1:10).

 

2.5        Fermeté (v. 15-24)

Dans la dernière partie du chapitre, Paul explique pourquoi il avait dû modifier ses projets alors qu’initialement s’il s’était proposé de leur rendre visite. À la fin de sa première lettre, il avait déjà communiqué aux Corinthiens son intention de se rendre auprès d’eux après avoir traversé la Macédoine (1 Cor. 16:5-7). Mais il avait changé d’avis. Avait-il alors fait preuve de légèreté ? Etait-il de ceux qui disent une fois : « oui, oui » puis ensuite : « non, non » ? Assurément pas, c’était par amour pour eux ; il voulait les épargner (voir v. 23). Non seulement son premier projet n’avait pas été établi à la légère, mais son intention présente n’était pas non plus conduite par des motifs charnels. La méfiance qu’aurait pu éprouver les Corinthiens était donc tout à fait infondée.

Cependant Paul ne se justifie pas, mais souligne la fidélité de Dieu qui a permis que, comme ses messagers,Sylvain, Timothée et lui-même prêchent la vérité sans hésitation ni versatilité (v. 18). « Le Fils de Dieu, Jésus Christ... a été prêché au milieu de vous par notre moyen... il y a toujours oui en lui » (v. 19). Le Fils de Dieu est et demeure le seul fondement inébranlable. Là non plus, ce n’était pas d’abord oui, puis non, mais le oui restait toujours un oui ! Il n’y a là, Dieu soit béni, ni incertitude ni doute. L’évangile est l’absolue vérité. Les hommes peuvent en douter, mais ils ne peuvent rien contre la vérité de l’évangile.

Mais ce n’est pas tout, car « pour toutes les promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen » (v. 20). Dieu avait donné à Abraham des promesses inconditionnelles et au peuple d’Israël des promesses conditionnelles qui ne sont pas encore accomplies. Mais Dieu a-t-il entre-temps changé ses pensées ? Non, car par Christ et son œuvre à la croix toutes ces promesses auront leur accomplissement. Celles aussi qui ne sont mentionnées que dans le Nouveau Testament, telles que la justice de Dieu, la vie éternelle, le Saint Esprit (Rom. 3:21 ; 2 Tim. 1:1 ; Act. 1:4), se fondent toutes sur Christ et sur son œuvre accomplie. Paul ne manque pas de faire remarquer que les croyants sont les objets de ces conseils et de ces promesses de Dieu et qu’ils servent à sa gloire.

Mais dans notre faiblesse et notre inconstance humaines, nous ne pourrions pas jouir des promesses inébranlables de Dieu, s’Il ne nous liait pas fermement à Christ (v. 21). Ceci s’opère par la foi donnée de Dieu dans le Seigneur Jésus Christ et son œuvre rédemptrice accomplie (comp. Col. 2:7). En outre, Dieu lui-même nous a donné le Saint Esprit, duquel nous sommes oints afin de recevoir l’intelligence de ses pensées (comp. Luc 4 :18 ; 1 Jean 2:20, 27). Dieu nous a de plus scellés du Saint Esprit, et par là confirmés comme étant sa possession ; et finalement, le Saint Esprit est, dans nos cœurs, les arrhes de Dieu pour la gloire future et l’accomplissement de toutes ses promesses (v. 22 ; comp. Éph. 1:13). Pourrait-il y avoir une plus grande certitude, une plus grande assurance ?

À la fin du chapitre, Paul revient encore une fois sur la visite projetée, dont le report avait donné lieu aux mauvais soupçons de certains Corinthiens, mais qui en réalité visait à épargner les frères, parce que Paul voulait venir non pas « avec le bâton », mais « avec amour et un esprit de douceur » (comp. 1 Cor. 4:21 ; 2 Cor. 12:20-21). Le désaccord de quelques-uns vis-à-vis de Paul était si profond que l’apôtre est contraint d’en prendre Dieu à témoin. Face au désordre régnant encore dans l’assemblée, il n’aurait pu venir qu’avec les reproches les plus sérieux, s’il l’avait fait à ce moment-là (comp. 12:20-21). C’est pourquoi il attendait jusqu’à ce que la parole de Dieu qu’il leur avait présentée et la grâce les aient amenés au jugement d’eux-mêmes et à l’humiliation, afin de ne pas devoir exercer une quelconque autorité sur leur foi, mais de pouvoir coopérer à leur joie. Dans son amour pour les Corinthiens, il ne pouvait pas souhaiter qu’ils agissent par crainte des frères ou par complaisance, mais désirait qu’ils le fassent par la foi. C’était par la foi qu’ils étaient debout, et c’est par la foi qu’ils devaient agir. Paul ne pouvait pas se réjouir avec eux tant que ce but n’avait pas été atteint.

 

3        Ch. 2 — Restauration d’un pécheur

3.1        Préoccupation de l’apôtre (v. 1-4)

Une visite de l’apôtre à Corinthe à ce moment-là aurait été, pour les uns et pour les autres, une cause de tristesse. Et cela, Paul voulait l’éviter. Il attendait donc avec patience (v. 1).

S’il était venu alors, il aurait été contraint de les attrister par des reproches, ce qui l’aurait attristé lui-même. Or son désir était de réjouir les croyants, comme il le souhaitait à l’égard de ceux de Philippes : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » (Phil. 4:4). C’est pourquoi il espérait trouver, lors d’une prochaine visite, non de la tristesse, mais de la joie, car s’ils étaient dans la tristesse, lui aussi l’était, et s’ils étaient dans la joie, lui aussi se réjouissait (v. 2- 3).

Il leur avait écrit sa première lettre dans une grande tristesse et avec beaucoup de larmes, non toutefois dans le but de les attrister, mais bien plutôt pour leur montrer son amour. Il est vrai que l’état des Corinthiens nécessitait alors de graves remontrances, mais la pensée qu’ils en seraient attristés l’affligeait beaucoup. Il avait cependant l’espoir qu’ils comprendraient que c’était par amour qu’il leur avait écrit (v. 4).

 

3.2        Pardon (v. 5-11)

Au chapitre 5 de sa première épître, Paul avait évoqué un grand sujet de tristesse pour son cœur. Il y revient maintenant et en parlera encore plus loin. On est en droit de supposer qu’il s’agit du même homme dans ces trois passages car l’écrivain inspiré n’introduit pas dans sa seconde épître une personne totalement étrangère, mais fait référence à des faits connus puisqu’il écrit : « Ce n’est pas moi qu’il a attristé… c’est vous tous » (v. 5).

Devant un cas de fornication tel qu’il ne s’en trouvait pas dans le monde, les croyants à Corinthe étaient restés enflés d’orgueil et n’avaient pas mené deuil, de sorte que l’apôtre avait dû leur ordonner d’ôter le méchant du milieu d’eux (1 Cor. 5). Il avait depuis lors appris de Tite que les Corinthiens avaient obéi dans une tristesse « selon Dieu » (2 Cor. 7:6-11). Ces croyants s’étaient donc repentis à la suite de l’exhortation si sérieuse de Paul. C’est pour cela qu’il ne voulait pas les accabler davantage de reproches. S’ils les avaient encore réprimandés maintenant qu’ils étaient dans la tristesse, il les aurait découragés.

La discipline de l’assemblée évoquée ici comme sanction, avait donc eu son effet. Celui qui était tombé si bas s’était repenti et était revenu de son péché ; le but de l’exclusion avait été atteint. C’est pourquoi Paul exhorte maintenant les Corinthiens à lui manifester leur amour en lui pardonnant et en l’encourageant, afin qu’un « tel homme » ne soit pas excessivement accablé par la tristesse au sujet de son péché et par la communion interrompue avec ses frères et sœurs dans la foi. Il avait parlé en 1 Corinthiens 5:11 de « quelqu’un appelé frère », et il ne le nomme pas « frère », aussi longtemps que l’assemblée ne lui a pas pardonné et ne l’a pas restauré dans la communion (v. 6-8). Combien cela nous montre la valeur qu’attribuait l’apôtre Paul à la sainteté de l’Assemblée de Dieu et à l’honneur du Seigneur ! D’un autre côté, nous voyons dans cette double nécessité de les inciter à agir selon Dieu, dans quel faible état spirituel se trouvaient les croyants à Corinthe qui avaient dû d’abord être exhortés à ôter le méchant du milieu d’eux, puis, plus tard, à le recevoir à nouveau lorsqu’il aurait manifesté une repentance sincère.

 

3.3        Le triomphe de Dieu (v. 12-17)

Lors de son voyage depuis Éphèse jusqu’en Macédoine (Act. 20:1), Paul était d’abord arrivé à Troas où il avait prêché l’évangile. C’est dans cette région qu’il s’était déjà arrêté lors de son deuxième voyage (Act. 16:8). Il espérait y rencontrer Tite de retour de Corinthe. Ne l’ayant pas trouvé, il n’eut aucun repos dans son esprit et partit pour la Macédoine, bien qu’il y ait eu à Troas une porte ouverte pour l’évangile.

Depuis le verset 14 jusqu’au chapitre 7 (v. 4), nous avons un exposé assez long concernant le ministère de l’apôtre Paul et de ses compagnons. C’est en quelque sorte le sujet de cette première partie. Il peut rendre grâces à Dieu qui les mène, lui et ses compagnons d’œuvre « toujours en triomphe dans le Christ » (v. 14). Paul fait allusion ici aux marches triomphales romaines qui avaient lieu en l’honneur d’un général victorieux, au cours desquelles on brûlait beaucoup d’encens. Il compare le parfum ainsi répandu avec « la bonne odeur de Christ » pour Dieu (comp. Éph. 5:2) qui était répandue par la prédication de l’évangile. Mais lors des marches triomphales romaines, l’odeur du parfum était, pour plusieurs prisonniers qui défilaient, le signe précurseur de la mort et pour d’autres qui étaient épargnés, au contraire celui de la vie. De même, l’évangile était « aux uns une odeur de mort pour la mort, et aux autres une odeur de vie pour la vie » (v. 15-16). Celui qui ne reçoit pas l’offre de grâce de Dieu dans l’évangile, reste spirituellement mort et s’en va dans la perdition éternelle, « la seconde mort » (Éph. 2:1 ; Apoc. 20:14) ; mais celui qui croit l’évangile dans une sincère repentance de ses péchés, reçoit le pardon et la vie éternelle (Jean 3:16). Mais, pour nous croyants, nos yeux se dirigent sur un Autre, sur celui qui a été le grand triomphateur, qui a remporté la victoire par son œuvre à la croix quand, « ayant dépouillé les pouvoirs et les autorités, il les a donnés en spectacle, triomphant d’eux en la croix » (Col. 2:15).

Il y a d’une part une immense responsabilité liée à la prédication de la Parole de Dieu, et d’autre part la faiblesse de ceux qui prêchent. La question de Paul : « Et qui peut suffire à cela ? » est dès lors bien compréhensible (comp. 3:5). Par ses propres forces aucun croyant n’est capable d’être un digne ambassadeur de Dieu devant le monde, mais Paul et ses compagnons ne s’appuyaient pas sur leurs propres capacités ; ils ne cherchaient pas non plus à altérer de quelque manière que ce soit le message qui leur avait été confié, ou à l’utiliser à leur avantage, comme le faisaient déjà à cette époque les faux docteurs « qui frelatent la parole de Dieu » (v. 17). Avec pureté et avec sincérité, ces fidèles serviteurs de Dieu annonçaient un message dont Dieu lui-même était la source, et cela dans la conscience de leur responsabilité devant lui, dans la puissance du Saint Esprit et la dépendance de Christ.

 

4        Ch. 3 — Le ministère de la nouvelle alliance

L’apôtre Paul pouvait craindre que certaines personnes à Corinthe puissent considérer la fin du chapitre précédent comme une intention de magnifier sa personne et son ministère d’une manière inconvenante afin de se recommander particulièrement lui-même aux Corinthiens. Mais ni lui ni ses compagnons ne désiraient se mettre en avant (comp. 10:18). Leur recommandation était le ministère pour leur Seigneur, qui est présenté dans ce chapitre dans toute sa gloire, et ceci en contraste avec le ministère de l’ancienne alliance, c’est-à-dire de la loi du Sinaï. Auparavant, Paul s’arrête un court moment sur la question des « lettres de recommandation ».

 

4.1        Une lettre de Christ (v. 1-3)

Il ressort du premier verset que, dès le commencement, il était nécessaire et habituel de donner aux frères et sœurs qui allaient dans un lieu où ils n’étaient pas connus, une lettre de recommandation de leur assemblée locale pour celle qui se rassemblait là où ils se rendaient. Le but d’une telle lettre est de transmettre un témoignage fiable à l’assemblée de Dieu. C’est donc un moyen important de maintenir l’ordre dans la maison de Dieu.

Paul et ses collaborateurs n’avaient cependant besoin de lettres de recommandation ni à l’intention des Corinthiens ni de leur part. Comment donc une assemblée aurait-elle pu exiger une telle lettre de ceux qui étaient à l’origine de son existence (comp. 1 Cor. 3:6 ; 4:15) ? Et quant aux autres assemblées, les Corinthiens étaient eux-mêmes une « lettre de recommandation » pour Paul et ses compagnons. En vertu de leur foi, ils étaient les preuves vivantes de la puissance divine de l’évangile que l’apôtre annonçait, et tous les hommes pouvaient voir cette lettre et la lire. Combien cela confirme la vérité de ces paroles : le monde ne lit pas la Bible, il lit la vie des croyants ! Puissions-nous toujours être conscients de ce fait et de la responsabilité qui y est liée ! Pour montrer aux Corinthiens son profond attachement et pour stimuler leur amour pour lui, Paul ajoute encore qu’ils sont gravés dans son propre cœur !

Par la foi dans le Seigneur Jésus, les Corinthiens étaient maintenant devant le monde entier une lettre de Christ, « rédigée » par Lui, mais dressée par le ministère de l’apôtre et de ses collaborateurs, qui en quelque sorte en étaient les « écrivains » (v. 3). « L’Esprit du Dieu vivant », non de l’encre, en avait été le moyen, car ils étaient « nés de l’Esprit » (Jean 3:6). Leurs propres cœurs étaient le matériau sur lequel était écrite la lettre, car « du cœur on croit pour la justice », et par la foi leurs cœurs avaient aussi été purifiés (Rom. 10:10 ; Actes 15:9).

Paul introduit ici la Loi, qui était en contraste avec la grâce de Dieu en Christ qu’il pouvait annoncer. La loi, écrite du propre doigt de Dieu sur des tables de pierre, avait dans un sens aussi été une lettre de Dieu (Ex. 31:18). Il y avait exprimé ses saintes exigences à son peuple terrestre. Mais l’homme faible et pécheur ne possède ni la capacité ni la force d’accomplir les exigences de Dieu qui lui sont communiquées par la Loi. Certes celle-ci a été donnée « pour conduire à la vie », mais elle ne fait que mettre en évidence combien l’homme est corrompu, et elle conduit à la mort (Rom. 7:10).

Mais ce qui est maintenant écrit sur « les tables de chair du cœur » par le Saint Esprit, c’est la nouvelle naissance, la justification par la foi, la fin du vieil homme, l’adoption et une bienheureuse et vivante espérance ! Notre Seigneur et Sauveur nous a acquis tout cela par sa mort à la croix, et c’est pourquoi tous ceux qui, par la foi en Lui, ont reçu ces bénédictions et en jouissent, sont « une lettre de Christ ».

 

4.2        Ministres de l’Esprit (v. 4-6)

Qu’est-ce qui donnait ainsi à l’apôtre et à ses compagnons une telle assurance quant à leur service et à ses effets ? C’était la confiance qu’ils avaient envers Dieu par leur Sauveur et Seigneur Jésus Christ (v. 4). Ils n’avaient aucune confiance en eux-mêmes. Ils ne s’appuyaient pas sur leurs propres capacités ou leurs forces, mais voyaient Dieu seul comme la source de leur aptitude pour servir (v. 5). Ils étaient conscients du risque de perdre aussitôt cette aptitude pour un ministère réellement spirituel s’ils ne restaient pas continuellement en contact avec la source. Ce principe demeure vrai pour tous les serviteurs du Seigneur et pour tous les temps. Souvenons-nous de l’exemple de Samson (Juges 16).

Le ministère qu’ils avaient reçu était celui de « la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit » (v. 6). Ce n’est pas la première fois que la « nouvelle alliance » est mentionnée dans le Nouveau Testament. Le Seigneur lui-même, lors de l’institution de la Cène, avait parlé du « sang de la nouvelle alliance » (Matt. 26:28 ; voir 1 Cor. 11:25). L’ancienne alliance a été établie par Dieu avec le peuple d’Israël à la montagne de Sinaï, et la nouvelle alliance, qui ne concerne pas non plus l’Assemblée ni les croyants de l’économie actuelle, est pour Israël dans le futur (Jér. 31:31-34). Mais l’œuvre qui en est le fondement a été accomplie par le Seigneur Jésus à la croix. C’est sur cette œuvre que doit se fonder toute foi véritable, aussi dans le temps présent. Même si la nouvelle alliance, selon la lettre, ne s’applique pas à nous, elle a cependant son importance selon l’Esprit, c’est-à-dire selon les principes spirituels qui y sont mis en évidence. C’est pourquoi Paul peut écrire qu’il est un « ministre de la nouvelle alliance ».

Cependant les expressions « la lettre » et « l’Esprit » ont encore une signification plus profonde. « La lettre » fait référence en premier lieu aux lettres de la loi mosaïque (comp. v. 7). L’observation rigoureuse de ces commandements établis par Dieu aurait signifié vie et justice (Lév. 18:5 ; Deut. 6:25). Mais Israël a failli et a ainsi fourni la démonstration que toute la race humaine est corrompue. « Le commandement, qui devait conduire à la vie, lui-même s’est trouvé me conduire à la mort » (Rom. 7:10). Telle est la signification des paroles : « la lettre tue » (v. 6). L’interprétation entendue parfois, qu’un attachement scrupuleux à la Parole de Dieu tuerait la vie spirituelle, est une grave méprise, à moins qu’elle ne cache une intention plus grave encore. Nous ne pouvons pas prendre la Parole de Dieu trop à la lettre ! L’esprit dont il est parlé ici est non seulement le principe spirituel divin de l’évangile, mais la personne du Saint Esprit. Comme nous l’avons vu au verset 3, il est Celui qui a opéré en nous la nouvelle naissance et par elle a donné la vie nouvelle, divine et éternelle, mais c’est lui aussi qui est notre avocat et nous conduit dans toute la vérité (Jean 16:13). Quelle riche bénédiction nous recevons en lui !

 

4.3        Un ministère de gloire (v. 7-16)

Nous trouvons maintenant une assez longue parenthèse sur la gloire du ministère selon le Nouveau Testament, en comparaison - ou plutôt en contraste - avec la nature de l’ancienne alliance. La période où la Loi « gravée en lettres sur des pierres » était en vigueur, est appelée « le ministère de la mort » (comp. v. 6). Comme nous l’avons vu, la mort n’était pas l’intention de Dieu lors du don de la Loi, mais elle était la conséquence de la transgression des commandements. Le début a même été marqué par la gloire de Dieu, qui déjà alors se manifestait en grâce et en miséricorde. Lors de la réception des secondes tables de la Loi sur la montagne de Sinaï, Moïse a pu voir la gloire de Dieu, même si ce fut de manière limitée. Son visage en reçut extérieurement et momentanément un tel rayonnement que les Israélites ne purent pas le supporter et lui demandèrent de le voiler (Ex. 33:18-23 ; 34:29-35).

Quelle différence avec « le ministère de l’Esprit » ! La prédication du message du Nouveau Testament est caractérisée non par une gloire extérieure, mais par une gloire intérieure, divine, qui n’est pas passagère, mais qui demeure éternellement (v. 8). Ce qui était impossible à la Loi, parce qu’elle était faible par la chair pécheresse en l’homme, Dieu l’a fait en envoyant son propre Fils qui a accompli à la croix l’œuvre de la rédemption pour le salut des pécheurs. Comme preuve de l’acceptation de cette œuvre, Dieu l’a ressuscité et l’a reçu dans la gloire céleste. Le Saint Esprit envoyé du ciel fait maintenant proclamer par les messagers de Dieu que quiconque croit au Fils de Dieu ne périt pas, mais a la vie éternelle.

Après avoir présenté le caractère du ministère actuel, l’apôtre en mentionne maintenant l’objet : c’est le « ministère de la justice » en contraste avec lequel la Loi est appelée « le ministère de la condamnation ». Si celui-ci possédait déjà une certaine gloire - car il venait de Dieu - combien plus celui-là « abonde-t-il en gloire » (v. 9) ! L’évangile de la gloire est fondé sur la justice de Dieu qui se révèle dans sa juste condamnation du péché à la croix de Golgotha, dans sa justice en acceptant l’œuvre de Christ, et dans la justification de pécheurs. C’est pourquoi la prédication de l’évangile est appelée « le ministère de la justice ». La gloire de ce ministère surpasse de beaucoup la gloire de la loi dont il a été fait mention (v. 10). Malgré tout l’émerveillement qu’on peut éprouver à la fin de la nuit devant la beauté du firmament, cette gloire doit cependant disparaître devant le rayonnement du soleil levant et de sa lumière. C’est ainsi qu’il faut considérer la Loi en comparaison de la grâce. La Loi a été introduite, il est vrai, avec gloire, mais elle devait prendre fin, parce que le message de la grâce avec ses résultats éternels bénis repousse dans l’ombre tout ce qui l’a précédé (v. 11). L’espérance de passer bientôt de la foi à la vue de cette gloire de Christ, donnait à l’apôtre Paul une grande liberté pour témoigner, car il savait Qui il avait cru et en était pleinement convaincu et rempli (v. 12).

Maintenant, la plénitude de la grâce de Dieu peut être annoncée dans l’évangile « sans voile ». Les fils d’Israël ne pouvaient discerner le but final de Dieu envers eux, parce que Moïse avait voilé son visage qui reflétait la gloire de Dieu, sa sainteté et sa miséricorde. Le visage voilé de Moïse est donc aussi une image du fait que la gloire de Dieu demeurait cachée aux fils d’Israël sous la Loi. Ils avaient devant eux les « ombres » passagères, sans pouvoir y discerner le « corps » et les « biens à venir », c’est-à-dire la réalité permanente et éternelle (v. 13 ; comp. Col. 2:16 ; Héb. 10:1).

La conséquence en a été qu’ils n’ont pas discerné la disparition de la gloire de Dieu, la fin de l’ancienne alliance. Ils avaient maintenant eux-mêmes un « voile sur leur cœur », leur entendement était endurci. Ils connaissaient l’Ancien Testament (« l’ancienne alliance »), en particulier la Loi (« Moïse »), et pourtant ils n’en comprenaient pas le sens profond. Quand le Seigneur Jésus, Celui qui a accompli toutes les promesses et tous les types de l’Ancien Testament, est venu, ils l’ont rejeté. Or ce n’est qu’en Christ que ce voile peut être enlevé des cœurs. Il s’y trouve jusqu’à maintenant. Mais tel ne sera pas toujours le cas, comme l’expose l’apôtre en Romains 9 à 11. Durant la grande tribulation qui suivra l’enlèvement de l’Église, un résidu d’entre le peuple d’Israël retournera au Seigneur et sera sauvé. Alors le voile sera ôté de dessus leurs cœurs (v. 14-16). Ici se termine cette parenthèse concernant le judaïsme et la grâce.

 

4.4        La gloire du Seigneur (v. 17-18)

Avec ces mots : « Or le Seigneur est l’esprit », l’apôtre revient au verset 6, où il avait parlé de la puissance vivifiante du Saint Esprit. Le but de la venue du Saint Esprit et sa mission est de rendre témoignage sur la terre au Seigneur glorifié à la droite de Dieu (Jean 16:12-15). Il existe une parfaite harmonie entre le Seigneur Jésus et le Saint Esprit, de même qu’entre le Père et le Fils. Là où agit l’Esprit, il y a la liberté à l’égard du joug de la Loi et du pouvoir du péché (comp. Gal. 5:1, 13, 16-18). C’est en même temps la liberté de faire la volonté de Dieu et la hardiesse pour aller au Père. Telles sont les merveilleuses conséquences de l’œuvre de Christ pour nous.

« Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (v. 18). C’est par ces paroles que culmine l’exposé sur les différences entre l’ancienne alliance et le ministère de l’Esprit et de la justice que le Seigneur Jésus a apporté par l’œuvre de la rédemption. À la différence de ceux qui ont « un voile sur leur cœur », ceux qui croient au Seigneur Jésus peuvent, par la puissance de la foi, contempler « à face découverte », c’est-à-dire sans aucune entrave, la gloire du Seigneur.

Ce n’est pas celle du Seigneur comme homme sur la terre (Jean 1:14) qui est évoquée ici, mais il s’agit de Sa gloire dans le ciel. Le rayonnement du visage de Moïse rappelait aux fils d’Israël les saintes et justes exigences de Dieu, qu’ils ne pouvaient pas accomplir, et qui conduisaient par conséquent à la condamnation ; la gloire de l’homme Christ Jésus à la droite de Dieu est la preuve que tous nos péchés sont pardonnés. Lui qui nous a tant aimés et s’est donné pour nous sur la croix de Golgotha, et qui viendra bientôt nous prendre auprès de Lui, veut diriger nos regards là où Il se trouve déjà. Ce doit être le motif dominant dans notre vie de foi, non une attitude occasionnelle, mais un processus continuel dans toute notre vie de foi. Nous sommes transformés « de gloire en gloire » : c’est d’abord la gloire du Seigneur en haut, et c’est ensuite le résultat en nous. La transformation s’opère maintenant dans notre esprit par l’intermédiaire du Saint Esprit ; lors de sa venue, le Seigneur transformera aussi notre corps « en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3:21) !

La contemplation de la gloire du Seigneur dans le ciel agit de deux manières :

●         elle nous détache des choses de la terre et nous unit plus étroitement à notre bien-aimé Seigneur dans la gloire (comp. Col. 3:1-4) ;

●         elle nous rend toujours plus semblables à Lui dans notre vie journalière et dans nos circonstances, tandis que nous suivons ses traces sur la terre (Col. 3:5 ; 4:1).

Un bel exemple nous est donné en Actes 7:56-60:Etienne regarda vers le ciel et vit le Seigneur dans la gloire ! Ses dernières paroles furent celles-ci : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ». Il ressemblait à son Seigneur qui, peu de temps auparavant, avait adressé cette prière à son Père alors qu’Il était sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23:34).

 

5        Ch. 4 — La source de puissance du ministère

5.1        La gloire (v. 1-6)

Paul ne cherchait pas seulement « ce qui est en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1), mais il avait aussi reçu par grâce le ministère de la prédication de « l’évangile de la gloire ». Cette mission, il voulait l’accomplir sans relâche et résolument (v. 1). Pour cela, il renonçait à toutes les pratiques et méthodes qui ne peuvent supporter la glorieuse lumière de la présence divine et qui falsifient la pure Parole de Dieu. Il ne prêchait rien d’autre que la vérité et ne voulait se recommander à ses auditeurs que par elle. Briller devant les hommes, récolter les applaudissements, former des partis, tout cela ne sont que des pièges pour un serviteur de Christ. Dans le service pour Lui, le Seigneur n’a besoin de rien et ne peut rien employer qui ne soit pas du Saint Esprit. Cela ne ferait qu’assombrir et voiler la gloire de l’évangile, et Paul et ses compagnons voulaient l’éviter (v. 2).

Ceci n’exclut toutefois pas qu’il puisse y avoir des obstacles en ceux qui entendent l’évangile. C’est pourquoi Paul revient au verset 3 sur le « voile » que Moïse, littéralement, et le peuple d’Israël, symboliquement, avaient porté, ou portent encore, tandis que le croyant peut contempler « à face découverte » la gloire du Seigneur (comp. 3:13-18). Si l’évangile qui révèle Sa gloire n’est pas reçu, il est alors « voilé » dans le cœur de ceux qui seront éternellement perdus. Ce sont les incrédules dont Satan, « le dieu de ce siècle », aveugle les pensées et qu’il rend insensibles au rayonnement de l’évangile de la gloire du Christ (v. 4). Telle est la grandeur du pouvoir intellectuel et de l’influence morale du diable, appelé aussi par le Seigneur « le chef du monde » (Jean 14:30 ) ! Ce n’est pas Dieu qui l’a fait tel ou l’a destiné à cela, mais il a obtenu cette place par ruse en séduisant les hommes, qui sont devenus volontairement ses esclaves en se détournant de Dieu. Ils préfèrent croire les mensonges du diable que la vérité pure du seul vrai Dieu.

L’évangile est appelé ici « l’évangile de la gloire du Christ ». Lui qui est l’image parfaite du Dieu invisible (Col. 1:15) est assis maintenant, après s’être abaissé et avoir accompli l’œuvre de la rédemption, à la droite de Dieu couronné de gloire et d’honneur - preuve merveilleuse de la parfaite acceptation de son œuvre par Dieu ! Paul avait vu cette gloire et ne connaissait désormais qu’une chose : consacrer sa vie à ce Seigneur dans la gloire et le servir de franche volonté comme son esclave. Par amour pour lui, il pouvait renoncer entièrement à lui-même et chercher à se faire même le plus humble serviteur des hommes qu’il désirait tant amener à Christ (v. 5). Ceci était bien différent de chercher à plaire aux hommes, ce qu’il condamne si sévèrement en Galates 1:10 (voir 1 Cor. 7:23).

Peut-être Paul pensait-il à sa propre conversion qui avait été provoquée par une lumière resplendissant du ciel plus éclatante que la splendeur du soleil (Act. 26:13). C’est par Christ lui-même que le voile avait été retiré de dessus son cœur (3:14). Il avait connu là ce qu’il exprime au verset 6. Le même Dieu qui, le premier jour, introduisit la lumière dans la création en disant « que la lumière soit », se sert de l’évangile pour éclairer le cœur de l’homme rempli de ténèbres par le péché, afin que, « dans la face de Christ » qui a accompli parfaitement l’œuvre de la rédemption, la gloire de Dieu puisse être connue et que l’homme reçoive une parfaite paix. « De sorte que, si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création » (5:17).

 

5.2        Des vases de terre (v. 7-15)

La lumière de « la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » est le plus grand trésor qu’un être humain puisse recevoir. Il n’y a rien de plus élevé que la conscience de notre parfaite acceptation devant Dieu en vertu de l’œuvre de Christ. Cependant en tant que faibles créatures, nous possédons ce trésor dans des « vases de terre » (v. 7). Cette expression désigne le corps humain terrestre, appelé aussi « l’homme extérieur » (v. 16). De même qu’une poterie n’est qu’un objet relativement fragile et souvent de peu de valeur, le corps humain est faible et périssable. Cependant la sagesse de Dieu l’a voulu ainsi, afin qu’il ne vienne à la pensée d’aucun croyant que « l’excellence de la puissance » liée au trésor se trouve dans le vase même, c’est-à-dire résidant en nous-mêmes.

Lorsque l’apôtre Paul regardait à lui-même, il pouvait dire que le vase était « dans les tribulations de toute manière », dans la « perplexité », « persécuté » et « terrassé ». Mais Dieu, avec toute sa puissance, était en lui et ses collaborateurs. Il était aussi avec eux, c’est pourquoi ils n’étaient jamais sans ressource, jamais abandonnés et ne périssaient pas (v. 8-9). En chacune de ces situations, il était évident qu’ils possédaient une force qui n’était pas humaine. C’était « l’excellence de la puissance » de Dieu.

Ce n’était toutefois pas seulement les circonstances extérieures - dont quelques-unes sont relatées dans le livre des Actes des apôtres - qui faisaient briller la puissance de Dieu dans les messagers du Seigneur. Par la foi, ils réalisaient aussi d’une manière pratique le jugement de mort sur le vieil homme (voir 1:9 ; Rom. 6:6). Ils étaient en permanence conscients de ce que signifiait pour leur vie de tous les jours la mort du Fils de Dieu pour le péché sous le jugement divin, afin qu’aussi la vie de Jésus, la vie éternelle puisse être reconnue dans ces « vases » (v. 10). On ne peut pas séparer l’un de l’autre. Dans la pratique, cela veut dire : plus nous nous laissons aller à nos désirs naturels, moins nous refléterons Christ dans notre vie. Mais plus nous les réprimerons, plus il peut agir en nous. Un jugement personnel total sur la vieille nature sans la conscience simultanée de la vie éternelle, serait un tourment sans fin. Mais en réalité c’est une libération, afin que la vie de Jésus que nous possédons, puisse être manifestée sans entrave dans notre chair mortelle (v. 11). Par amour pour les Corinthiens, Paul allait si loin qu’il pouvait dire : « Ainsi, la mort opère en nous, mais la vie en vous » (v. 12). Regardait-il à lui, il voyait sa mort avec Christ ; mais regardait-il à Dieu, il voyait la vie et les bénédictions liées à celle-ci qu’il pouvait transmettre à d’autres dans son ministère.

Le verset 13 cite le Psaume 116 (v. 10). Le psalmiste avait fait l’expérience du secours de l’Eternel au milieu de la plus grande détresse et pouvait maintenant l’attester avec foi : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ». C’est ce même esprit de foi que possédait Paul ; aussi les difficultés qu’il rencontrait ne pouvaient-elles pas l’empêcher de poursuivre son ministère. De plus, il avait toujours les yeux fixés sur le but. De même que Dieu avait ressuscité le Seigneur Jésus, ainsi, non seulement lui et ses compagnons d’œuvre, mais aussi les croyants à Corinthe - en fait, tous les croyants - seront ressuscités avec Lui et présentés devant Lui dans la gloire comme les objets de son bon plaisir éternel (v. 14). Mais alors, ce ne sera plus dans « des vases de terre », mais avec des corps glorifiés, qui seront conformes au corps de gloire de Christ ! Dans le verset 15, Paul va encore plus loin, en voyant sans aucun doute dans le « grand nombre » tous les membres du corps de Christ, de l’Assemblée. Maintenant déjà, ils donnent lieu - eux tous qui un jour comme les objets de la grâce divine seront tous là - à une multiplication des actions de grâces à la gloire de Dieu !

 

5.3        Tribulation et gloire (v. 16-18)

L’apôtre termine en disant : « C’est pourquoi nous ne nous lassons pas » (v. 16). Si même l’homme extérieur, le vase de terre, s’épuise et dépérit au service du Maître bien-aimé, toutefois l’homme intérieur - le cœur et l’âme purifiés (comp. Rom. 7:22 ; Éph. 3:16) - est renouvelé de jour en jour par la communion avec Christ, sa source dans le ciel. En comparaison avec « en mesure surabondante, un poids éternel de gloire », toute tribulation est pour la foi « légère... d’un moment » (v. 17). La gloire, décrite ici de manière si remarquable, a été préétablie par la sagesse cachée de Dieu dès avant les siècles pour nous dans son Fils bien-aimé (1 Cor. 2:7 ; comp. 2 Thes. 2:14 ; 2 Tim. 2:10). La tribulation, qui opère pour nous la gloire, est le chemin qui nous y conduit : au travers des souffrances vers la gloire !

Bien que les derniers versets de ce chapitre soient écrits à la première personne du pluriel, l’auteur inspiré par le Saint Esprit ne pense plus seulement à lui et ses compagnons. Tous les croyants peuvent déjà maintenant détourner leurs regards des choses visibles souvent si décourageantes pour les porter sur celles qui sont éternelles, même si elles demeurent invisibles, dans la gloire du ciel (v. 18). Paul vivait par la foi dans cet avenir glorieux ; ce qu’il pouvait voir de ses propres yeux des choses passagères n’avait pas d’importance, mais les yeux de son cœur étaient dirigés sur ce qui a une durée éternelle. Quelle part bénie !

 

6        Ch. 5 — Les motifs du ministère

6.1        La maison céleste (v. 1-5)

Quand l’apôtre pensait à « ce qui ne se voit pas » (4:18), il ne s’agissait pas pour lui de quelque chose d’imprécis ou d’incertain, car même en parlant de l’avenir, il pouvait dire : « nous savons » (comp. 4:14 ; Rom. 8:28). Le corps du croyant -  appelé, au chapitre 4, « un vase de terre » (v. 7) ou « l’homme extérieur » (v. 16), est désigné maintenant comme étant « une maison terrestre - simple tente » - elle aura un jour sa fin, lorsque la mort interviendra ; il sera même détruit. L’âme est certes alors auprès de Christ dans le paradis, ce qui « est, de beaucoup, meilleur » (Phil. 1:23), mais le corps terrestre périt et retourne à la poussière. Il sera remplacé, comme Paul l’avait déjà communiqué dans sa première épître, par un corps glorifié lors de la venue du Seigneur (1 Cor. 15:35-57). La conjonction « si » n’a pas ici le sens temporel de « lorsque, ou quand », mais un sens conditionnel (« le cas étant que... »). Les croyants qui meurent reçoivent leur corps de gloire lors de la résurrection pour être enlevés, c’est-à-dire au même moment que les vivants, qui alors sont « changés » (1 Cor. 15:52).

Paul appelle ici ce corps futur « un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux » (v. 1 ; comp. Phil. 3:21). C’est revêtus de ce corps glorifié et parfait que nous verrons le Seigneur Jésus comme il est (1 Jean 3:2). Si nous ne possédons pas encore cette « maison », mais la recevrons plus tard lors de l’enlèvement, nous savons cependant que selon le conseil de Dieu, elle nous est déjà assurée.

Dans notre condition présente, nous soupirons parce que le corps, avec ses faiblesses, nous empêche de jouir pleinement des bénédictions spirituelles. L’apôtre ne pense pas ici aux soupirs d’une âme qui ne possède pas encore la pleine assurance du salut, car il ne parlerait pas alors du désir ardent de « revêtir notre domicile qui est du ciel » (v. 2 ; comp. Rom. 8:23). Il emploie l’expression « revêtir » pour décrire la transmutation des croyants vivants lors de la venue du Seigneur. Puisque celle-ci aura lieu sur la terre, il nomme maintenant le corps futur, notre « domicile... du ciel », en contraste avec la « maison... dans les cieux » du verset 1. La vivante et bienheureuse espérance du croyant est donc l’enlèvement, non la mort !

Pourtant, l’apôtre ajoute une mise en garde : « Si toutefois, même en étant vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus » (v. 3). L’apparente contradiction entre « revêtus » et « nus » a conduit très tôt à la traduction erronée « dévêtus ».

Peut-on être à la fois « revêtu » et « nu » ? La difficulté disparaît lorsque nous tenons compte du fait que l’apôtre a devant ses yeux non seulement les croyants, mais tous les hommes. Tous ressusciteront « une fois », certes à des moments différents et dans des circonstances tout à fait distinctes. De même qu’il y aura une « résurrection de vie » lors de laquelle tous les croyants endormis seront ressuscités, de même il y aura aussi mille ans plus tard, après la fin du règne millénaire, une « résurrection de jugement » pour tous les incrédules (Jean 5:28, 29 ; 1 Thess. 4:16 ; Apoc. 20:12-15). Tous seront « revêtus » d’un corps, mais ceux qui auront vécu sans Christ et sont morts, seront « trouvés nus », parce que le « vêtement de la justice », Christ, leur manque. Une simple profession ne suffit pas pour avoir le salut éternel, comme en rendent témoignage maints passages du Nouveau Testament (Matt. 7:21 ; 1 Cor. 9:27).

Le verset 4 reprend la pensée du verset 2. Notre corps, la « tente » (comp. 2 Pierre 1:13, 14) fait partie de l’ancienne création, tandis que notre être intérieur appartient déjà à la nouvelle création (voir v. 17). « Nous gémissons, étant chargés » - non à cause de nos faiblesses et de nos péchés, mais parce que nous désirons que le Seigneur vienne et transforme « notre corps d’abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3:21). Personne n’a certes mieux compris et plus intensément réalisé que Paul, que pour lui, vivre c’était Christ. Aussi avait-il « le désir de partir et d’être avec Christ, car c’est, de beaucoup, meilleur » (Phil. 1:23 ; comp. 3:10). Mais tout aussi clairement il replace continuellement devant nos regards l’espérance de la venue imminente du Seigneur pour l’enlèvement des siens (1 Cor. 15:51 ; Phil. 3:20 ; 1 Thes. 4:15). Il n’y a là absolument aucune contradiction. Le Seigneur Jésus, qui a promis à ses disciples de revenir et de les prendre auprès de lui, a aussi dit : « Je viens bientôt » ; cela signifie que nous pouvons l’attendre à tout instant (Jean 14:3 ; Apoc. 3:11 ; 22:7, 12, 20). Mais s’il n’est pas encore venu, c’est premièrement parce qu’il veut que beaucoup d’hommes encore - oui, « tous les hommes » - soient sauvés (2 Pier. 3:9). Tous pourraient l’être, mais certains refusent la grâce offerte.

Paul désirait plutôt être « revêtu » que « dépouillé ». Être dépouillé signifie mourir, ce que Pierre appelle « déposer ma tente » (2 Pier. 1:14). Être revêtu veut dire, par contre, connaître, comme étant vivant, la transformation du corps, lors de la venue du Seigneur. Le corps mortel sera alors transformé aussitôt, sans passer par la mort, « en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3:21), de telle sorte que Paul peut dire avec justesse que ce qui est mortel sera absorbé par la vie (comp. 1 Cor. 15:54).

Combien la constatation qui suit est merveilleuse : Dieu nous a « formés pour cela même » (v. 5) ! Notre but dans la maison céleste du Père est non pas la mort, mais toute la plénitude de la vie éternelle ! Le plaisir de Dieu en son Fils bien-aimé est tel qu’il veut s’entourer pour l’éternité d’hommes sauvés qui soient « conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né parmi beaucoup de frères » (Rom. 8:29). Nous serons éternellement avec Celui sur qui le regard du Père repose continuellement avec délices, nous le verrons comme il est, et nous l’adorerons pour son amour. Non seulement il reviendra pour prendre tous les siens, qu’ils soient endormis ou encore vivants, auprès de lui dans la gloire inexprimable de la maison du Père, mais nous avons déjà reçu maintenant le Saint Esprit comme « arrhes ». Il est « l’acompte » donné de Dieu sur la gloire éternelle, la garantie divine de l’accomplissement de toutes les promesses données (comp. 1:22 ; Rom. 8:23 ; Éph. 1:14).

 

6.2        Présents - absents (v. 6-9)

Etant nés de nouveau, et possédant Christ comme vie et le Saint Esprit comme arrhes de la gloire future, nous pouvons donc avoir « toujours confiance » (v. 6). Même si nous passons par la mort, la vie divine demeure inaltérée en nous, car Christ lui-même, qui a triomphé de la mort par sa résurrection, est notre vie (Col. 3:4) ! Aussi longtemps que nous sommes encore « présents dans le corps », et vivons sur la terre, nous possédons tout uniquement par la foi, non par la vue, car nous ne verrons le Seigneur que lorsque nous serons présents auprès de Lui (v. 7). Nous sommes « présents avec le Seigneur » dès le moment où nous nous endormons, et non pas seulement quand Il prendra les siens à lui dans la maison du Père, lors de sa venue. Si Etienne a dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Act. 7:59), et si Paul avait « le désir de partir et d’être avec Christ, car c’est, de beaucoup, meilleur », nous aussi nous pouvons avoir confiance quant à notre délogement et désirer être « absents du corps et... présents avec le Seigneur » (v. 8). Notre âme et notre esprit peuvent alors jouir de la présence du Seigneur dans le paradis (comp. Luc 23:43). Telle est la part de tous ceux qui se sont endormis en Christ, même si notre bienheureuse et vivante espérance chrétienne ne trouvera son accomplissement définitif et parfait que lors de la venue du Seigneur Jésus pour l’enlèvement des siens.

Lorsque nous pensons à cette merveilleuse perspective, nous ne pouvons effectivement pas faire autre chose que nous appliquer avec ardeur à être agréables à notre bien-aimé Seigneur (v. 9). La condition dans laquelle il nous trouvera quand il viendra, que ce soit comme vivants, « présents dans le corps » (v. 6) ou comme endormis, « absents du corps » (v. 7), n’est pas déterminante, car que nous vivions ou que nous mourions, nous sommes et demeurons à Lui (comp. Rom. 14:8 ; 1 Thes. 5:10). Il est évident que ce n’est que durant notre vie ici-bas que nous pouvons nous appliquer avec ardeur à « lui être agréables », car comme le montre le verset suivant, le tribunal de Christ manifestera ce que nous aurons accompli « dans le corps », donc pendant notre vie sur la terre.

 

6.3        La crainte du Seigneur (v. 10-13)

De même qu’il l’a déjà fait au verset 3, Paul inclut tous les hommes, quand il mentionne que nous devons tous être manifestés un jour devant le tribunal de Christ (v. 10). Mais nous ne devons pas en tirer la conclusion que cela aura lieu pour tous au même moment. L’Ecriture sainte ne parle pas plus d’une « résurrection générale » de tous les hommes que d’un « jugement général ». Non seulement un intervalle de plus de mille ans sépare la manifestation des rachetés devant le tribunal de Christ de la comparution des incrédules devant le grand trône blanc, et il y a aussi une immense différence.

Après l’enlèvement, ceux qui croient au Seigneur Jésus seront manifestés devant le tribunal de Christ comme pécheurs justifiés. Ils connaissent déjà comme leur Sauveur le juge devant lequel ils se trouvent ! C’est lui qui a porté sur la croix tous leurs péchés et le jugement de Dieu sur ceux-ci. Aussi peuvent-ils voir venir avec confiance le jour du jugement (1 Jean 4:17). Ils seront manifestés devant le tribunal avec toutes leurs pensées, leurs paroles et leurs actes, dans des corps glorifiés, sans péché, et verront là dans la lumière toutes choses comme le Seigneur les juge (1 Cor. 4:5). Là aussi ils recevront de lui leur récompense et leur louange pour tout ce qu’ils auront fait par amour pour lui (1 Cor. 3:14, 15). Seul le bien opéré durant leur vie recevra une récompense ; il n’y aura là plus de châtiment pour les siens, car « le châtiment de notre paix a été sur lui » (Es. 53:5), une fois pour toutes, quand il est mort sur la croix pour nous. Grâce lui en soit rendue éternellement ! Quiconque croit en Dieu qui a envoyé son Fils unique pour le salut des pécheurs perdus, ne vient par conséquent pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie (Jean 5:24).

En revanche, ceux qui auront passé toute leur vie sans Dieu et sans son Fils, ne sortiront de leurs tombes qu’après le règne millénaire de Christ. Ils paraîtront alors devant le grand trône blanc sur lequel à nouveau le Seigneur Jésus sera assis, car Dieu lui a donné tout le jugement, parce qu’il est Fils de l’homme (Apoc. 20:11-15 ; comp. Jean 5:22, 27, 29). Il manque à ces hommes l’essentiel, leur nom n’est en effet pas écrit dans le livre de vie. Toutefois ils seront jugés non seulement pour cette raison, mais « selon leurs œuvres », qui ne méritent aux yeux saints du juge que la sanction de « mauvaises » (Rom. 3:10-20). Ils recevront ainsi la juste rétribution de leurs péchés : la perdition éternelle de devant la face du Seigneur, l’étang de feu, la seconde mort. « C’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (Héb. 10:31).

Le verset qui suit confirme que Paul pense ici également à des incrédules lorsqu’il ajoute : « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes » (v. 11). La gravité extrême de la condition de tout homme qui un jour devra se tenir devant son juge sans connaître la réconciliation, est pour l’apôtre un puissant argument et même le premier motif, en ce qui concerne la prédication du salut (comp. Act. 17:30, 31). Persuader les hommes souvent si indifférents ou si superficiels quant à l’éternité n’est pas un vain discours, mais c’est les convaincre (comp. Act. 18:4 ; 19:8:« persuader » ; Act. 13:43:« exhorter »). Cette conviction doit être cependant produite non seulement par des paroles, mais par notre vie vécue sous le regard de Dieu, auquel rien n’échappe - pour ainsi dire dans la lumière du tribunal. C’est un témoignage vivant aux yeux des hommes (comp. 1 Pierre 3:1-4). En cela aussi, Paul était un imitateur du Seigneur dont les paroles étaient toujours en parfaite harmonie avec ses actes (Jean 8:25) !

Même si les hommes pouvaient reconnaître dans ses paroles et ses actes les fruits de la nouvelle vie, et s’il était lui-même conscient, dans une parfaite paix intérieure, que Dieu le connaissait à fond, Paul n’était cependant pas encore sûr de la manière dont les Corinthiens le jugeaient maintenant. Il espérait toutefois aussi avoir été manifesté dans leurs consciences. Ah ! les croyants dans cette ville se trouvaient dans un état moral si mauvais qu’ils avaient nourri et exprimé de très graves soupçons sur lui et son ministère ! Mais il croyait cependant pouvoir nourrir l’espoir justifié qu’un changement était intervenu en bien et qu’ils reconnaissaient la réalité de son amour pour eux. C’est pourquoi, quant à ce qui concernait son ministère, il ne voulait pas se recommander une nouvelle fois lui-même et se faire valoir à leurs yeux (comp. 3:1). Non, il voulait leur donner une réelle occasion de se réjouir en constatant qu’il les aimait et avait pour seul but de leur rendre le Seigneur Jésus plus grand et les amener plus en accord avec ses pensées. Un tel motif de se glorifier est quelque chose de tout différent de la gloire que recherchaient ceux qui « tirent gloire de l’apparence extérieure et non de ce qui est dans le cœur » (v. 12). Sont visés ici les opposants à Paul, qui certainement avaient beaucoup de choses impressionnantes à première vue à leur actif (voir 11:22), mais dont le cœur était sombre, rempli de ténèbres. Ils ne cherchaient qu’à se mettre en avant et à avoir de l’influence sur les croyants.

Il n’en était pas ainsi de Paul. Les buts de son ministère étaient la glorification de Dieu et la bénédiction des hommes. Lorsqu’il parlait, étreint par la sagesse si diverse de Dieu, par le mystère du Christ, par les richesses insondables de sa grâce, et par son amour qui surpasse toute connaissance, il pouvait – comme plusieurs passages de ses épîtres le montrent – être transporté hors de lui et laisser éclater une soudaine louange à la gloire de Dieu (doxologie) (Rom. 11:33-36:2 Cor. 9:15 ; Éph. 3:20, 21). Dans de telles occasions, il est possible que quelques auditeurs aient pu penser ou dire : « Tu es fou, Paul » (Act. 26:24) ! Par ailleurs, le même Paul pouvait exposer avec la plus grande sobriété la volonté de Dieu quant à la relation entre mari et femme, parents et enfants, maîtres et esclaves, ainsi qu’en ce qui concerne les choses extérieures telles que le vêtement et la coiffure des sœurs. Il était alors « dans son bon sens », et cela, par amour et par sollicitude pour les croyants (v. 13).

 

6.4        L’amour du Christ (v. 14-17)

Le mobile des efforts de Paul non seulement pour les croyants, mais aussi pour les incrédules, était l’amour. Toutefois l’apôtre parle ici non pas de son amour à lui pour Christ, mais de l’amour de Christ pour les pécheurs. Alors qu’il a cité, au verset 11, « la crainte du Seigneur » comme raison de la prédication de l’évangile, il mentionne maintenant « l’amour du Christ » qui les étreignait lui et ses collaborateurs, comme un autre motif. Dans son amour pour les pécheurs, Christ est mort pour tous les hommes, soit Juifs soit païens (comp. 1 Tim. 2:6). Et pourquoi ? Parce qu’ils étaient « tous morts », plongés dans une mort  spirituelle ; de plus ils avaient devant eux la perdition éternelle, la seconde mort. Par sa mort, Christ a annulé la mort comme salaire du péché, et a fait briller la vie éternelle et l’incorruptibilité par l’évangile (v. 14 ; Rom. 6:23 ; 2 Tim. 1:10). En vertu de l’expiation accomplie par sa mort, Dieu offre maintenant le salut éternel à tous.

Mais si le Seigneur Jésus est mort pour tous les hommes, cela ne signifie pas que tous seront sauvés. Seuls ceux qui Le reçoivent par la foi, Lui et son œuvre expiatoire, obtiennent la vie éternelle (Jean 3:16). Par « ceux qui vivent », il faut donc entendre non pas « tous » les hommes comme au verset 14, mais seulement les rachetés. Ce n’est que pour eux que vaut la constatation, formulée avec une pointe de remontrance, qu’ils « ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (v. 15). La mort de Christ a été le jugement de Dieu sur le vieil homme. Sa résurrection n’est pas seulement la preuve de la parfaite acceptation de son œuvre par Dieu, mais est aussi le commencement de la nouvelle création, à laquelle appartiennent maintenant déjà tous ceux qui croient en Lui. Nous sommes vivifiés avec Lui et ressuscités avec Lui (Éph. 2:5, 6 ; Col. 2:12, 13). Dans l’épître aux Romains, qui ne va pas si loin dans son exposé doctrinal, l’exhortation est la suivante : « afin que, comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (Rom. 6:4). Avant notre conversion, nous vivions pour nous-mêmes et nos penchants coupables, maintenant nous pouvons vivre pour Celui qui, non seulement a porté dans sa mort notre châtiment, mais nous a transportés par sa résurrection dans une nouvelle sphère, céleste, et nous a rendus capables de Lui consacrer notre vie.

Ceux qui n’ont pas encore accepté le Seigneur Jésus font en revanche partie du groupe de ceux qui sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, qu’ils soient Juifs ou des nations, qu’ils jouent ou non dans ce monde un rôle important dans le domaine intellectuel, culturel, social, politique ou même religieux, qu’ils soient les voisins les plus aimables ou les meilleurs collègues de travail. Pour Dieu - et de ce fait aussi pour ceux qui Lui appartiennent - ils sont morts, bien qu’ils demeurent les objets des efforts pleins d’amour du Saint Esprit, pour les tirer au Fils. Nous ne devons évidemment pas, en tant que chrétiens, traiter nos semblables encore incrédules comme si nous ne les connaissions pas. Il convient de les considérer comme Dieu les voit, non pas selon leur position et leurs acquis sur la terre, si importants aux yeux du monde, et pour eux-mêmes, et pourtant si vains. Assurément, Paul réalisait cela plus que tout autre, mais ce n’est absolument pas une prérogative apostolique de ne connaître désormais « personne selon la chair », et de n’apprécier que ce qui témoigne de Celui qui est maintenant ressuscité et assis à la droite de Dieu. Même ceux qui ont connu Christ « selon la chair », c’est-à-dire comme le Messie des Juifs durant sa vie sur la terre, ne le connaissent plus maintenant selon ce caractère - bien que Paul ait estimé très haut les promesses messianiques futures, comme nous le savons par d’autres passages. Nos yeux sont fixés sur le Christ glorifié à la droite de Dieu et nous nous réjouissons dans la relation bénie qui nous unit à Lui (v. 16).

Cette relation céleste merveilleuse dépasse de beaucoup ce que possédaient les croyants de l’ancienne économie. Elle est définie de la manière suivante : « de sorte que, si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (v. 17). Tous ceux qui croient au Fils de Dieu sont maintenant « en Christ ». Non seulement notre vieil homme est crucifié, mort et enseveli avec Christ (Rom. 6:2-8), mais nous sommes aussi vivifiés avec Lui, ressuscités avec Lui, et même assis dans les lieux célestes en Lui (Éph. 2:4-6). Nous sommes si totalement identifiés à Christ que Dieu nous voit « en Lui », et nous pouvons aussi nous considérer ainsi ! Il ne s’agit pas d’une question de sentiment, mais c’est une réalité inébranlable, car après le jugement et la fin du vieil homme à la croix, une nouvelle création a commencé en Christ, dont nous sommes maintenant déjà « les prémices », car c’est là que fut créé « un seul homme nouveau » que nous avons « revêtu » par la foi (Éph. 2:15 ; 4:24 ; Jac. 1:18 ; Apoc. 3:14). Nous vivons encore, de par notre corps, dans l’ancienne création, mais « toutes choses sont faites nouvelles » - littéralement : « du nouveau est là ». Mais quand, après le règne millénaire, un nouveau ciel et une nouvelle terre seront créés, il peut être dit à bon droit : « ... car les premières choses sont passées... Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apoc. 21:4, 5).

 

6.5        Le ministère de la réconciliation (v. 18-21)

Celui qui fera un jour toutes choses nouvelles, mais qui nous voit déjà maintenant « en Christ », c’est « Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ » (v. 18). Ce n’est pas Dieu qui devait être réconcilié avec nous mais nous devions l’être avec Lui, car nous seuls étions les coupables. Nous ne l’avons pas aimé, mais Lui nous a aimés et a envoyé son Fils pour nous réconcilier avec Lui, nous qui étions ses ennemis, par la mort de son Fils (Rom. 5:10 ; Col. 1:22). Par la réconciliation, nous qui étions auparavant des ennemis de Dieu et des pécheurs, sommes introduits dans une relation avec Lui qui convient à sa sainteté et à son amour. Grâce inexprimable !

Paul n’en reste pas à cette merveilleuse bénédiction qui, par la réconciliation avec Dieu, est devenue sa part et celle de tous ceux qui croient au Seigneur Jésus. Il revient une fois encore sur son ministère pour lequel les Corinthiens charnels avaient si peu de compréhension. La mission que Dieu lui avait confiée, à lui et à tous ceux qui prêchent l’évangile, il l’appelle ici « le service de la réconciliation ». Puisque les hommes étaient dans l’incapacité de se réconcilier eux-mêmes avec Lui, Dieu a envoyé son propre Fils. Si les hommes n’avaient pas été irrémédiablement mauvais, il n’aurait pas eu besoin de l’envoyer. Mais quand le Seigneur Jésus était sur la terre, « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (v. 19 ; comp. Jean 3:17). Ainsi la réconciliation a été offerte non seulement aux Juifs, mais au monde entier ; toutefois elle a été refusée. Les Saintes Ecritures n’enseignent pas la réconciliation universelle, c’est-à-dire de tous les hommes. La différence entre les temps des verbes grecs dans les versets 18 et 19 est significative : au verset 18, où le fait accompli de notre réconciliation avec Dieu est présenté (« qui nous a réconciliés avec lui-même »), le verbe est à l’aoriste, katallaxantos qui exprime une action historique, mais au verset 19, où il s’agit du caractère de la présence de Dieu en Christ (« réconciliant le monde avec lui-même »), le verbe est au présent ordinaire, katallassôn. En Colossiens 1:20, il est bien parlé de la réconciliation de toutes choses avec Dieu, mais c’est là une autre pensée.

Après le rejet et la mort du Seigneur Jésus, « la parole de la réconciliation » a été confiée d’abord aux apôtres. Eux-mêmes (et tous ceux qui prêchent l’évangile) sont donc des « ambassadeurs pour Christ, - Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » (v. 20). Nous trouvons ici, après « la crainte de Dieu » et « l’amour du Christ », le troisième motif pour la prédication : Paul est un ambassadeur d’un Christ absent, siégeant maintenant dans le ciel !

Le seul moyen par lequel des hommes peuvent être réconciliés avec Dieu est décrit à la fin du chapitre : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (v. 21). Dans leur grandeur et leur profondeur, ces paroles dépassent notre intelligence. Par le fait même que le Seigneur Jésus, Celui qui n’a pas connu le péché, a été fait péché pour nous par Dieu à la croix, nous qui étions par nature et par nos actes des pécheurs, nous sommes devenus « justice » de Dieu en lui !

Le Seigneur Jésus n’a pas seulement « porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2:24) comme s’ils étaient les siens, mais Il a été là le parfait sacrifice pour le péché ; or dans l’hébreu de l’Ancien Testament, il y a un seul mot pour « le péché » et pour « le sacrifice pour le péché » (chattath). Aucun œil humain ne put percer les ténèbres d’où se sont élevées les paroles : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matt. 27:46), lorsque Dieu qui a les yeux trop purs pour voir le mal a condamné le péché dans la chair (comp. Rom. 8:3).

Et cependant, nous voyons précisément dans ce jugement de Dieu sur le péché sa parfaite justice. À cause de cela, le Seigneur Jésus ne pouvait pas rester dans le tombeau après avoir porté le jugement sur le péché. C’était aussi selon la justice de Dieu que le Seigneur ressuscité s’en aille au Père, ce dont le Saint Esprit rend témoignage sur la terre (Jean 16:10). Finalement, la justice de Dieu est manifestée en ceci, qu’il justifie celui qui croit en son Fils Jésus Christ (Rom. 3:22-24). Dans notre verset, il ne s’agit toutefois pas de la manifestation de la justice de Dieu en nous, ni de ce que nous sommes justifiés, c’est-à-dire déclarés justes, par la foi, mais il est dit que nous-mêmes sommes devenus « justice de Dieu » en Christ. Nous sommes pour l’éternité, mais déjà maintenant sur la terre, en Christ, les témoins vivants de la justice de Dieu !

 

7        Ch. 6 — Les caractères du ministère

Après avoir présenté au chapitre 4 les sources de puissance et au chapitre 5 les motifs de son service, Paul décrit maintenant les caractères moraux du ministère chrétien.

 

7.1        Une exhortation (v. 1- 2)

Dans la première épître, l’apôtre avait déjà parlé de lui et de ses compagnons comme de « collaborateurs de Dieu » (1 Cor. 3:9) ; il reprend ici la même pensée en relation avec leur service en commun pour Dieu et sous son autorité, afin de donner du poids à l’exhortation qu’il adresse aux Corinthiens : de ne pas avoir reçu en vain la grâce de Dieu qui leur avait été apportée par les « ambassadeurs pour Christ » et « le service de la réconciliation » (v. 1). Il ne laisse en aucune manière sous-entendre que quelqu’un qui est sauvé par la grâce peut de nouveau être perdu, mais il met en garde contre une illusion trompeuse ceux qui en apparence invoquaient le nom du Seigneur Jésus (comp. 1 Cor. 1:2), mais dont la marche ne s’accordait nullement avec l’appel de la grâce de Dieu.

L’apôtre appuie son exhortation par une citation d’un passage du prophète Esaïe, dans lequel l’Eternel dit à son Oint, le Messie, qu’il lui a répondu et l’a secouru (v. 2 ; Es. 49:8). L’exaucement et le secours accordés font allusion à sa résurrection. Paul fait l’application des expressions « le temps agréable » et « le jour du salut » à toute la période de la grâce, commencée par la résurrection de Christ. Mais le temps de la grâce prendra aussi fin un jour !

 

7.2        Caractéristiques des serviteurs (v. 3-10)

Paul reprend l’exhortation du verset premier et se l’applique à lui-même. Il savait mieux que quiconque l’importance d’une marche en harmonie avec la parole prêchée. C’est pourquoi il attachait une grande importance à ne donner « aucun sujet de scandale à personne, afin que le service ne soit pas blâmé » (v. 3). Quel contraste avec les docteurs de la loi et les pharisiens, à l’égard desquels le Seigneur a dû déclarer : « Tout ce qu’ils vous disent, faites-le et observez-le ; mais ne faites pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas » (Matt. 23:3).

Le caractère le plus important de ceux qui se présentent (ou se recommandent) comme serviteurs de Dieu est la patience ; en relation avec les signes d’un apôtre (12:12), elle est placée avant « les signes, les prodiges et les miracles ». Mais quant à Paul et à ses compagnons, ce n’était de loin pas tout. Trois groupes de neuf caractéristiques chacun sont mentionnés relativement au service de ces fidèles serviteurs de Dieu, qui nous montrent tout ce qu’ils enduraient par amour pour leur bien-aimé Seigneur.

Le premier groupe comprend aussi trois parties : d’abord les souffrances d’ordre général (tribulations, nécessités, détresses), puis celles de la part des ennemis de l’évangile (coups, prison, désordres), et finalement les privations qu’ils s’imposaient (labeurs, veilles, jeûnes) (v. 4-5). Nous en trouvons une grande partie dans les récits du livre des Actes, et Paul lui-même cite aussi dans ses épîtres certaines de ces expériences rencontrées dans son inlassable ministère pour Dieu.

Dans le deuxième groupe, neuf caractéristiques positives, en relation avec la marche et le travail des vrais serviteurs de Dieu, sont énumérées : « Par la pureté, par la connaissance, par la patience, par la bonté, par l’Esprit Saint, par un amour sans hypocrisie, par la parole de la vérité, par la puissance de Dieu, en usant des armes de justice de la main droite et de la main gauche », dans lesquelles on peut bien discerner le bouclier et l’épée, c’est-à-dire ces armes défensive et offensive (v. 6-7 ; comp. Éph. 6:16-17).

Le troisième groupe comprend neuf contrastes faisant partie des expériences rencontrées par l’apôtre et ses compagnons dans leur service : « Dans la gloire et le déshonneur, dans la mauvaise et la bonne renommée ; tenus pour imposteurs, et pourtant véridiques ; pour inconnus, quoique bien connus ; considérés comme mourants, et voici nous vivons ; comme châtiés, et non pas mis à mort ; comme attristés, mais toujours joyeux ; comme pauvres, mais enrichissant un grand nombre ; comme n’ayant rien, et possédant tout » (v. 8-10). La plupart de ces paires de mots opposés expriment d’un côté l’appréciation de Dieu et de l’autre, celle des hommes, on pourrait également dire : la spirituelle et la non spirituelle.

 

7.3        Affection (v. 11-13)

Un tout autre contraste se manifestait dans les appréciations réciproques des serviteurs du Seigneur et des Corinthiens. C’est celui qui existe entre la largeur et l’étroitesse du cœur. Paul et ses compagnons exposaient avec une grande liberté leurs circonstances, ce qui n’avait pas été le cas lors de la rédaction de la première lettre à cause de l’état de l’assemblée à Corinthe. Aussi Paul n’était-il maintenant plus à l’étroit, mais son cœur s’était élargi à leur égard, ce qui caractérisait en général toujours ce grand apôtre.

L’appréciation des Corinthiens à l’égard de l’apôtre était cependant tout autre, car ils estimaient ne pas occuper la place appropriée dans son cœur. Paul doit donc leur dire que, du fait de cette estimation erronée, ils étaient à l’étroit dans leurs propres affections. Dans son cœur plein d’amour pour tous les enfants de Dieu, il y avait aussi de la place pour eux ; mais dans le leur, il n’y en avait pas pour lui. Les considérant comme ses enfants, il les prie d’avoir envers lui la même largeur de cœur qu’il avait lui-même pour eux, et par là de lui rendre en quelque sorte la pareille.

 

7.4        Séparation (v. 14-17 ; 7:1)

Dans un autre sens, les croyants à Corinthe montraient cependant une « largeur » tout à fait fausse, à l’égard de laquelle l’apôtre devait leur adresser de sérieux avertissements ! Tandis qu’il y avait peu de place dans leurs cœurs pour un vrai amour pour leur Seigneur et Sauveur et pour ses serviteurs, ils étaient ouverts au monde et aux choses du monde. Si nos cœurs ne sont pas remplis du Seigneur Jésus, l’amour pour le monde s’y insinue.

L’avertissement du verset 14:« Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules » n’introduit ainsi pas un sujet réellement nouveau, mais il est directement lié à l’exhortation du verset 1, de ne pas avoir reçu la grâce de Dieu en vain. Il ne vise pas uniquement l’idolâtrie alors si répandue (1 Cor. 8 ; 10:14, 19-22), ni directement le mariage de croyants, développé en détail en 1 Corinthiens 7. Dans ce passage important, tous les enfants de Dieu sont mis en garde contre toute forme d’association avec le mal, s’ils veulent jouir d’une réelle communion avec Dieu le Père et être un témoignage vivant pour Lui et pour sa grâce.

L’image du « joug mal assorti » est tirée de la loi du Sinaï, qui interdisait aux Israélites d’atteler ensemble un bœuf et un âne à la charrue (Deut. 22:10). Le bœuf était un animal pur, l’âne un animal impur ; de plus, ils sont si dissemblables qu’ils ne peuvent pratiquement pas travailler ensemble. Paul applique cette figure tirée de l’Ancien Testament à l’union d’un chrétien avec un incrédule. Ils sont l’un et l’autre si totalement différents aux yeux de Dieu quant à leur position, qu’ils ont aussi des intérêts opposés à tous égards. Un tel « attelage » est une abomination pour Dieu et devrait l’être aussi pour nous.

Comme justification, Paul présente d’abord les principes caractéristiques de chacun d’eux, qui s’excluent réciproquement : il n’y a aucune relation entre la justice et l’iniquité, aucune communion entre la lumière et les ténèbres. Le croyant est justice de Dieu en Christ et lumière dans le Seigneur, tandis que l’incrédule vit dans l’injustice et dans les ténèbres, il est lui-même ténèbres (5:21 ; Éph. 5:8).

Deuxièmement, il signale que chacun d’eux a son chef : l’un Christ, l’autre Bélial (le diable). Existe-t-il une quelconque entente entre eux ? Non, car ils sont dans la plus grande opposition possible. Dans l’Ecriture sainte, le monde est en opposition et en contradiction avec Dieu le Père, le diable avec Christ, le Fils de Dieu, et la chair avec le Saint Esprit (comp. 1 Jean 2:15 ; Gal. 5:17).

Il en résulte une conséquence pratique pour le croyant. Un véritable enfant de Dieu a-t-il quelque relation que ce soit avec un incrédule, ou les croyants collectivement comme le temple de Dieu ont-ils quelque chose de commun avec les idoles ? En aucun cas ! Ce serait en flagrante contradiction avec leur appel ! Les chrétiens qui veulent être fidèles à leur appel ne peuvent donc pas se mettre sous un joug mal assorti avec des incrédules, poursuivre avec eux des intérêts et des buts communs, et tirer à la même corde. Ils seraient infidèles à leur Seigneur. Nous voyons là qu’il ne s’agit pas seulement d’une relation avec l’idolâtrie, qui n’est mentionnée qu’en dernier.

Mais ne devons-nous pas, cependant, faire du bien à tous, agir avec douceur envers tous les hommes, et marcher dans la sagesse envers ceux du dehors, afin que beaucoup soient encore gagnés pour le Seigneur Jésus (Gal. 6:10 ; Phil. 4:5 ; Col. 4:5) ? La réponse à ces questions est la suivante : Plus nous serons fidèlement séparés pour le Seigneur, plus puissant sera notre témoignage vis-à-vis d’un monde perdu et pour le Seigneur comme seul Sauveur. Les exemples de Lot et d’Abraham sont très explicites (Gen. 19:14 ; 23:6). Mais tel n’est pas le sujet des versets qui nous occupent. Il s’agit de quelque chose de beaucoup plus important : la communion pratique avec un Dieu saint !

Ceux qui croient au Seigneur Jésus constituent le temple du Dieu vivant. Ce temple est saint et il est l’habitation de Dieu (1 Cor. 3:16 ; Éph. 2:21). La pensée que Dieu ne peut et ne veut habiter qu’au milieu d’hommes rachetés et séparés du monde, parcourt toutes les Saintes Ecritures. Déjà lors de la délivrance du peuple d’Israël de dessous le pouvoir de l’Égypte, Moïse et les fils d’Israël chantèrent un cantique à l’Eternel disant : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (Ex. 15:13). Paul fait référence dans le verset 16 à deux passages de l’Ancien Testament. Le premier concerne le peuple d’Israël dans le désert, et se trouve en Lévitique 26:11, 12:« Et je mettrai mon tabernacle au milieu de vous, et mon âme ne vous aura pas en horreur ; et je marcherai au milieu de vous ; et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple ». Un autre passage tiré d’Ezéchiel 37:27 décrit la relation de Dieu avec Israël durant le règne millénaire : « Et ma demeure sera sur eux ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ». Comme tout ce qui a été écrit auparavant l’a été pour notre instruction (Rom. 15:4), le Saint Esprit peut appliquer cette relation d’Israël avec l’Eternel comme type à l’Assemblée dans le temps actuel.

Mais nous ne possédons pas seulement quant à notre position le privilège d’être spirituellement le temple saint de Dieu sur la terre ; de même que le peuple d’Israël à l’égard de l’Eternel, nous devons maintenant nous aussi sur le plan spirituel vivre et marcher en pratique dans la pureté et la séparation, afin de pouvoir vraiment réaliser et goûter nos privilèges. C’est pourquoi Paul évoque quelques autres citations de l’Ancien Testament et en premier lieu Esaïe 52:11:« Partez, partez ; sortez de là ; et ne touchez pas à ce qui est impur ! Sortez du milieu d’elle, soyez purs, vous qui portez les vases de l’Eternel ! ». Et encore une courte phrase tirée d’Ezéchiel 20:40:« Car en ma montagne sainte, en la haute montagne d’Israël... là me servira la maison d’Israël tout entière, dans le pays ; là je prendrai plaisir en eux » ; et finalement quelques paroles, modifiées, de l’Eternel à David : « Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils » (2 Sam. 7:14), ce qui nous fait peut-être aussi penser à Esaïe 43:6:« Ne retiens pas ; amène mes fils de loin, et mes filles du bout de la terre ». Le sujet essentiel et commun à toutes ces citations de l’Ancien Testament est la séparation pour Dieu.

Bien que ces citations (ou l’allusion qui y est faite) mettent en évidence l’étroite relation entre l’Ancien et le Nouveau Testament et l’invariabilité des pensées du Dieu éternel, elles laissent cependant apparaître des différences dans la manière dont Il se révèle aux hommes et agit envers eux. Dieu s’est révélé aux pères comme le Tout-puissant et à son peuple Israël comme l’Eternel, mais seule la venue de son Fils a ouvert l’accès jusqu’à lui comme Père (Ex. 6:2-3). Par la foi au Fils de Dieu, nous sommes devenus aussi bien enfants que fils de Dieu, et nous devons dans notre vie manifester en vérité que nous sommes « ses fils et ses filles » par la séparation de tout mal (comp. Jean 20:17 ; Rom. 8:15-17). Les chrétiens sont des enfants de Dieu parce qu’ils sont nés de Dieu par la foi en son Fils, et sont ainsi devenus participants de sa nature ; en revanche, ils sont fils parce que Dieu les a placés en Christ pour lui-même dans la position la plus privilégiée (Jean 1:12 ; Éph. 1:5).

Nous ne pouvons pas sortir du monde, mais nous pouvons nous tenir en dehors du milieu des injustes et des pécheurs. Dieu ne peut pas reconnaître les enfants de ce monde comme fils et comme filles, mais dans la pratique, il ne peut pas plus reconnaître comme tels de vrais croyants qui sont associés avec le monde. Et eux-mêmes ne peuvent pas jouir de la bénédiction de cette relation. C’est une question très sérieuse !

Cet appel solennel à sortir et à se séparer nous montre par ailleurs que ces versets ne s’appliquent pas à un mariage existant entre un enfant de Dieu et un incrédule. Ce passage peut évidemment être considéré comme un avertissement à l’égard du « joug mal assorti » dans le mariage. Mais quand une telle union existe déjà, le partenaire croyant ne peut pas se réclamer de ce verset pour se séparer de son conjoint ou pour tenter de justifier un divorce. Aux yeux de Dieu, tout divorce est un péché contre l’ordre divin de la création (Mal. 2:16 ; 1 Cor. 7:10).

Le premier verset du chapitre 7 est en quelque sorte la conclusion du chapitre précédent. Il confirme ce qui a été dit au début de cette section, à savoir qu’il ne s’agit pas seulement de l’idolâtrie. Il nous montre que les enfants de Dieu ne doivent pas seulement se tenir séparés du monde et de ses influences, mais que, en vertu de leur relation avec le Dieu de sainteté, ils doivent se purifier « de toute souillure de chair et d’esprit ». Aussi bien notre conduite extérieure, notre marche, que nos pensées doivent être pures et saintes. Les exhortations citées de l’Ancien Testament contiennent des promesses que nous pouvons nous appliquer et qui doivent nous encourager à ne laisser ni en pensées ni en paroles ou en actes le « champ libre » à notre vieille nature, mais à marcher en nouveauté de vie.

Il y a des enfants de Dieu qui, sur le plan personnel, mènent une vie pure et sainte, mais qui sont plutôt indifférents aux pensées de Dieu relativement à son Assemblée, comme si ce dernier aspect était moins important que le premier. D’autres se concentrent dans leur zèle uniquement sur la pureté de l’Assemblée de Dieu, mais sont moins minutieux quant à la séparation personnelle du monde et se trouvent en cela loin derrière bien des croyants dans les milieux ecclésiastiques. Les deux sont jugés dans ces versets, les uns par le chapitre 6 (v.14-18), les autres par le premier verset du chapitre 7.

Nous sommes appelés, comme enfants de Dieu, à être conscients que :

●         collectivement, nous formons le temple du Dieu vivant

●         vus individuellement, nous sommes ses fils et ses filles.

 

8        Ch. 7 — Le but du ministère

Après avoir présenté les motifs (chap. 5) puis les caractères de son ministère (chap. 7), l’apôtre en vient maintenant à son but. Un objectif essentiel de tout ministère spirituel est de conduire les croyants à une pleine harmonie avec les pensées de Dieu. Les chrétiens à Corinthe s’en étaient bien éloignés. Mais l’apôtre voyait des progrès chez eux et s’en réjouissait.

 

8.1        La joie de Paul (v. 2-4)

À la suite de ses paroles du chapitre 6 (v. 11-13), l’apôtre demande donc aux Corinthiens d’ouvrir maintenant aussi leur cœur, et de les recevoir, lui et ses collaborateurs. En eux, l’amour ne manquait pas ; ils n’avaient fait tort à personne, ils n’avaient ruiné personne, bien que de telles accusations aient pu être avancées par leurs opposants à Corinthe (v. 2). Mais Paul ne mentionne pas cela dans un esprit de jugement et de condamnation, car, comme il l’avait écrit déjà, ils portaient les Corinthiens pour toujours dans leurs cœurs : « Notre lettre, c’est vous : elle est écrite dans nos cœurs » (3:2) ; ce lien éternel ne pouvait pas non plus être interrompu – ou même rompu par la mort (v. 3). Remarquons qu’il n’est pas dit : vivre ensemble et mourir ensemble, mais l’inverse : mourir ensemble et vivre ensemble !

La confiance personnelle de Paul est renouvelée au sujet des Corinthiens ; elle s’exprime dans ces paroles : « Grande est ma franchise à votre égard, grand est le sujet de gloire que j’ai de vous ; je suis rempli de consolation ; ma joie surabonde au milieu de toute notre affliction » (v. 4).

 

8.2        Le but atteint (v. 5-16)

Le verset 5 fait suite au verset 13 du chapitre 2. Durant son troisième voyage missionnaire, Paul avait annulé sa visite projetée à Corinthe (1:15, 23) et y avait envoyé Tite, son collaborateur. Lui-même, venant d’Éphèse par la Troade, était allé seulement en Macédoine (voir Act. 20:1), dans l’attente anxieuse de Tite et de son compte rendu sur l’état de l’assemblée à Corinthe. De plus lui et ses compagnons rencontrèrent en Macédoine une grande opposition dans leur ministère, c’est-à-dire sans doute particulièrement dans la prédication de l’évangile. Tandis que Paul, malgré une porte ouverte en Troade pour le service, n’avait point eu de repos dans son esprit, parce qu’il n’y avait pas trouvé Tite (2:12, 13). Ses compagnons, dans les difficultés présentes, n’avaient non plus aucun repos pour leur chair – allusion à leur faiblesse, dont ils étaient très profondément conscients dans ces circonstances difficiles.

Mais alors Tite était revenu de Corinthe. Ces serviteurs du Seigneur, profondément éprouvés, reçurent son arrivée ardemment désirée comme une consolation de la part de Dieu (v. 6 ; comp. 1:4). Lorsque Tite put ensuite leur transmettre des nouvelles positives, qui l’avaient déjà encouragé lui-même, ils furent encore plus consolés. Le grand désir, les larmes, l’affection ardente des Corinthiens pour Paul rapportés par Tite, étaient la conséquence morale de la première lettre, produite par le Saint Esprit. Et Paul s’en réjouissait d’autant plus qu’il y discernait un signe de leur attachement pour lui (v. 7).

Les Corinthiens avaient reconnu que sa première épître, caractérisée par un grand sérieux et par l’autorité apostolique, avait été écrite dans un amour profond pour eux (comp. 2:4). Cette constatation avait produit un changement d’attitude à son égard, mais aussi quant au mal au milieu d’eux. Maintenant que Paul voyait les effets positifs de sa lettre, il pouvait leur faire savoir qu’il avait temporairement regretté d’avoir écrit, à vue humaine, si sévèrement bien qu’il ait été inspiré pour cela. Il confirmait en même temps, conduit par le Saint Esprit, la nécessité d’avoir attristé, pour un court moment, les destinataires (v. 8). Bien qu’il ait été l’instrument de l’inspiration divine, Paul n’était pas en lui-même infaillible, mais, comme homme, il était parfois animé de sentiments qui n’étaient pas à la hauteur de ce qu’il avait exprimé par écrit sous l’inspiration divine.

Mais maintenant l’apôtre se réjouissait de ce que les Corinthiens avaient été non pas simplement attristés, mais remplis d’une tristesse qui saisit le cœur et la conscience, et qui avait mené à la repentance. La repentance est le jugement profond de soi-même dans la présence de Dieu. Il accorde à l’âme qui se repent l’assurance de la foi et la garde du désespoir. Ce ne sont pas seulement les pécheurs perdus qui sont invités à la repentance envers Dieu et à la foi dans le Seigneur Jésus (Act. 20:21), mais tout croyant qui a péché doit aussi se repentir. La repentance n’est donc pas la même chose que la conversion, car on ne peut se convertir qu’une fois.

La tristesse des Corinthiens était selon Dieu, parce qu’elle a conduit à la repentance et par là à la restauration. Rien n’était plus éloigné de la pensée de Paul et de ses compagnons que de faire subir de quelque manière que ce soit un tort quelconque aux bien-aimés croyants à Corinthe (v. 9). Il savait que « la tristesse qui est selon Dieu produit une repentance salutaire dont on n’a pas de regret, mais la tristesse du monde produit la mort » (v. 10). La fin de Judas, celui qui a trahi le Seigneur, est un exemple connu et poignant de la tristesse du monde !

Paul peut maintenant dresser un beau tableau des effets spirituels de leur tristesse selon Dieu. L’indifférence concernant le mal avait été remplacée par l’empressement et les excuses, l’indignation à l’égard du déshonneur porté sur Dieu dans l’assemblée, à la crainte devant sa sainteté, à l’ardent désir de la restauration de la communion, au zèle pour la maison de Dieu et à la vengeance (ou : à la punition) du mal. Ils avaient reconnu combien, par la tolérance du mal manifestée au début, Dieu avait été attristé et déshonoré devant le monde, et l’assemblée souillée par l’action du levain, et ils en avaient mené deuil. Ils avaient alors, dans une profonde humiliation, ôté le mal du milieu d’eux, et montré ainsi à tous égards qu’ils étaient maintenant purs dans cette affaire (v. 11). Comme il a été déjà relevé à l’occasion des versets 5 et 11 du chapitre 2, Paul ne peut penser ici qu’au fornicateur mentionné en 1 Corinthiens 5. L’introduction d’un autre cas dont il n’aurait pas été fait mention auparavant serait tout à fait incompréhensible.

Bien que l’assemblée à Corinthe ait manqué d’expérience quant à la manière de traiter un problème aussi grave, l’instinct spirituel aurait dû porter les croyants à se tourner vers le Seigneur (comp. Nom. 15:32-41). Au lieu de cela, ils avaient été enflés d’orgueil de sorte que Paul avait dû leur écrire très clairement. Mais sa lettre avait eu des effets bénis, non seulement en ce qui concerne le règlement du cas du coupable, mais aussi relativement à l’état de leurs propres cœurs, qui se manifestait maintenant non seulement devant les hommes, mais aussi devant Dieu, en ce qu’ils montraient du zèle spirituel pour suivre les enseignements reçus (v. 12). Paul et ses compagnons ont été consolés par cet heureux changement. En outre, ils se réjouissaient particulièrement avec Tite dont l’esprit avait été réconforté par l’évolution spirituelle des Corinthiens et le comportement qui s’en est suivi (v. 13). Combien son cœur avait dû être serré quand il s’était mis en route pour sa démarche difficile à Corinthe ! En tant que compagnon de Paul, n’avait-il pas eu connaissance de tout ce qui concernait l’assemblée à Corinthe, et qui affligeait si profondément l’apôtre ?

Et pourtant Paul avait mis en pratique lui-même ce qu’il avait écrit aux Corinthiens au sujet de l’amour dans sa première épître : « L’amour... croit tout, espère tout » (1 Cor. 13:7). Dans un véritable amour divin pour ces croyants de Corinthe, et dans la confiance en Dieu, il avait annoncé à Tite une issue positive de sa visite, sans savoir si ce en quoi il s’était « glorifié » serait confirmé par le comportement des Corinthiens. Mais maintenant il était manifeste que Paul avait eu raison, et il ne peut pas s’empêcher de le leur dire, afin de leur confirmer son amour et sa confiance, mais aussi pour leur faire remarquer par là avec douceur la vérité de tout ce qu’il leur avait dit ou écrit (v. 14). Jamais il ne leur avait parlé autrement que dans la vérité, parce qu’il était conscient de sa responsabilité devant Dieu et qu’il aimait véritablement les enfants de Dieu. Quelle pureté et quelle noblesse d’esprit ! Ne sommes-nous pas encouragés à nous confier plus en notre Dieu et Père dans les situations difficiles ? Celui qui aime les siens et opère dans les cœurs par son Saint Esprit est le même encore aujourd’hui !

Tite lui aussi avait été consolé, réjoui et apaisé par ce qu’il avait vécu à Corinthe (v. 7, 13). Il y était venu avec anxiété et avec la crainte que les Corinthiens imbus d’eux-mêmes le repoussent avec hauteur. Ils l’avaient, au contraire, reçu « avec crainte et tremblement » et prêts à obéir à la Parole de Dieu telle qu’elle leur était parvenue dans la première lettre de l’apôtre. Tout cela avait profondément ému le cœur de Tite et avait fait déborder son affection pour eux jusqu’alors certainement retenue (v. 15). Ainsi Paul aussi pouvait se réjouir parce qu’en tout cela et à l’égard de tous les croyants à Corinthe, il pouvait maintenant être pleinement rassuré (v. 16). Il faut dire que dans ce chapitre, il n’est question que de ce qui concerne le cas déjà mentionné du fornicateur. Comme nous le verrons, il y avait à Corinthe d’autres problèmes encore non résolus. Toutefois, dans celui-ci, le service de l’apôtre et de son fidèle compagnon d’œuvre Tite avait eu un résultat et conduit à ce que les croyants à Corinthe soient de nouveau en accord avec les pensées de Dieu. C’était un motif de joie et de confiance que les autres problèmes seraient aussi clarifiés.

 

9        Ch. 8 — La grâce de la libéralité

Lors de son court séjour à Corinthe, Tite avait visiblement constaté que l’assemblée locale avait besoin d’une nouvelle stimulation pour procéder à ces collectes en faveur des croyants en Judée. Paul aborde maintenant avec délicatesse ce sujet.

 

9.1        L’exemple des Macédoniens (v. 1-6)

Il présente d’abord aux Corinthiens l’exemple des assemblées en Macédoine (Philippes, Thessalonique et Bérée). En même temps, il dirige leur attention sur la grâce de Dieu qui est devenue la part de tous les croyants et qui se déploie dans les circonstances les plus diverses de leur vie (v. 1). Contrairement aux croyants de la riche ville commerçante de Corinthe, les saints de Macédoine vivaient non seulement dans une grande pauvreté, mais avaient de plus à souffrir la persécution (Phil. 1:29 ; 1 Thess. 2:14). Mais au lieu de se plaindre ou de solliciter l’aide des autres, ils étaient pleins de joie dans leurs tribulations et faisaient, malgré leur pauvreté, preuve d’une grande générosité (v. 2). Ils ne possédaient que peu, mais Paul peut témoigner avec étonnement qu’ils étaient prêts, sans aucune influence de sa part, à donner « au-delà de leurs moyens » (v. 3). Cela ne pouvait être que l’opération de l’abondante grâce de Dieu !

Paul et ses compagnons n’avaient nullement besoin d’y encourager ces croyants apparemment démunis ; au vu de leurs circonstances, ils ne l’auraient certainement pas fait. Non, c’était exactement l’inverse : « avec beaucoup d’insistance », les frères en Macédoine demandaient de pouvoir se joindre à cette collecte qu’ils considéraient comme une occasion de manifester la grâce et la communion fraternelle avec les croyants en Judée. La grâce était la source, la communion (grec : koinônia ; le mot est traduit par « dons » en 2 Corinthiens 9:13 ; « contribution » en Romains 15:26 et par l’expression « faire part de vos biens » en Hébreux 13:16), l’expression pratique d’un service qu’ils désiraient remplir envers des croyants totalement inconnus pour eux, mais qu’en plein accord avec les pensées de Dieu ils considéraient comme des « saints » (v. 4). Avons-nous, nous aussi, une telle attitude spirituelle relativement aux nombreux enfants de Dieu d’autres pays qui vivent dans la plus grande pauvreté ?

Les frères de Macédoine voyaient manifestement le but le plus élevé et le plus beau de leurs biens terrestres dans leur emploi en faveur des besoins des saints. Ils dépassaient même les attentes de l’apôtre, qui pouvait témoigner : « Ils se sont donnés eux-mêmes, d’abord au Seigneur, puis à nous, par la volonté de Dieu » (v. 5). Ce faisant, ils étaient pratiquement les imitateurs de leur Seigneur et Sauveur, qui non seulement a donné tout ce qu’il avait, mais s’est donné lui-même. Il s’est offert lui-même à Dieu sans tache, et il s’est livré aussi pour nous et pour nos péchés (voir Gal. 1:4 ; 1 Tim. 2:6 ; Tite 2:14 ; Héb. 9:14). Non seulement ils agissaient en accord avec la volonté de Dieu, mais sa volonté était le mobile de leur abnégation ! Ils étaient réellement un exemple à imiter.

Paul et ses compagnons d’œuvre étaient tellement sous l’impression de la grâce de Dieu parmi les frères de Macédoine qu’ils avaient prié Tite d’achever maintenant aussi à l’égard des frères de Corinthe ce qu’il avait précédemment commencé. Nous ne savons pas quand ou à quelle occasion Tite avait entrepris cette démarche auprès d’eux (comp. v. 10). La même grâce qui avait opéré parmi les frères de Macédoine et avait aussi commencé d’agir parmi ces Corinthiens qui étaient dans des circonstances bien plus favorables. Tite devait maintenant mener à bonne fin la collecte de leurs dons matériels (v. 6).

 

9.2        Un appel (v. 7-15)

Par le « Mais » au début du verset 7, Paul s’adresse maintenant personnellement et directement aux destinataires de son épître. Déjà dans sa première lettre, il leur avait déclaré qu’ils avaient été enrichis « en toute parole et toute connaissance », de sorte qu’ils ne manquaient d’aucun don de grâce (1 Cor. 1:5-7). De plus, il relève ici élogieusement leur croissance perceptible récemment dans la foi, le zèle et l’amour pour lui et ses compagnons. Comme nous l’avons remarqué maintes fois dans le cours de l’épître, il avait confiance que les Corinthiens faisaient des progrès spirituels. C’est pourquoi il peut maintenant les exhorter à abonder dans cette grâce, dont ils avaient un si beau modèle dans les frères de Macédoine (v. 7). Il ne veut cependant pas leur donner des ordres. Il fait rarement usage de son autorité apostolique (voir 1 Cor. 4:21 ; 9:2 ; 2 Cor 1:24 ; 13:10). Le mobile de son ministère est l’amour pour son Seigneur et pour les siens. Afin de toucher maintenant le cœur des Corinthiens, il utilise deux arguments : d’une part, il place encore une fois devant eux le grand zèle des Macédoniens (comp. v. 1-5), d’autre part, il veut mettre à l’épreuve la sincérité de leur amour (v. 8).

Mais en outre, Paul leur présente le plus grand exemple de grâce, d’amour et de dévouement qui existe : « notre Seigneur Jésus Christ » (v. 9). Il n’y a aucune sphère de la vie de l’assemblée et des croyants individuellement qui ne doive être marquée et même déterminée par l’amour et la personne de notre Sauveur et Seigneur (comp. Matt. 11:29 ; Éph. 4:32 ; 5:25 ; Phil. 2:5). Il est notre plus grand modèle, celui que Paul plus que tout autre s’est attaché à suivre : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11:1).

La richesse du Fils éternel de Dieu était infiniment grande dans le ciel, avant qu’Il n’accepte de devenir, comme homme, pauvre pour nous ! Il était en forme de Dieu (Phil. 2:6), le resplendissement de sa gloire, l’empreinte de ce qu’il est (Héb. 1:3), et possédait de toute éternité la gloire auprès du Père (Jean 17:5). Mais ensuite, Il est descendu du ciel (Jean 6:38), s’est anéanti lui-même et a pris la forme d’esclave (Phil. 2:7). Il a connu la faim, la soif et la fatigue (Matt. 4:2 ; Jean 4:6, 8). Il n’avait pas de lieu où reposer sa tête (Matt. 8:20), et Il a été méprisé, trahi, renié et abandonné des hommes (És. 53:3 ; Luc 22:48, 55-61 ; Marc 14:50). Finalement, Il a aussi été abandonné de Dieu (Matt. 27:46), « fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21) et parvenu au point le plus bas de son abaissement, Il a connu la mort pour nous à la croix. Il a ainsi réalisé la parole prophétique du Psaume 40:17:« Et moi, je suis affligé et pauvre ». À lui soit la reconnaissance éternelle !

Et pour qui a-t-Il pris tout cela sur lui ? Pour de pauvres pécheurs perdus ! Nous étions étrangers et gens de passage (Éph. 2:19), sans force et impies (Rom. 5:6), sans Christ, sans espérance et sans Dieu dans le monde (Éph. 2:12). Nous avions notre intelligence obscurcie et étions étrangers à la vie de Dieu (Éph. 4:18), esclaves du péché (Rom. 6:17), tenus en esclavage toute notre vie par la crainte de la mort (Héb. 2:15) et morts dans nos fautes et dans nos péchés (Éph. 2:1).

Mais par la pauvreté de Christ, nous avons été rendus infiniment riches ! Par lui nous avons pu par grâce recevoir en partage une foi d’un grand prix (2 Pier. 1:1), nous avons en lui la vie éternelle (Rom. 6:23 ; 1 Jean 5:11), nous possédons le Saint Esprit (2 Cor. 1:21, 22 ; Éph. 1:13, 14 ; 1 Jean 2:20), nous sommes enfants, fils et héritiers de Dieu (Jean 1:12 ; Rom. 8:17). Nous sommes « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1:3). Une part, en vérité, unique, sans comparaison avec les richesses terrestres quelles qu’elles soient !

La grâce de notre Seigneur Jésus Christ avait déjà opéré d’une manière surabondante dans les frères de Macédoine et le souhait de Paul était que ceux de Corinthe désirent les imiter - et d’abord imiter l’exemple du Seigneur Jésus. Il n’exprime cependant ni un commandement ni un simple souhait, mais place devant eux son avis spirituel bien pesé (v. 10 ; comp. 1 Cor. 7:25, 40). Il leur fait remarquer qu’il leur est profitable de ne pas s’arrêter à mi-chemin, après avoir bien commencé dès l’année précédente non seulement dans ce qui est visible extérieurement, le « faire », mais aussi (ce qui est encore plus important) dans leur décision intérieure de participer aux collectes (comp. v. 6). Paul suppose avec confiance que leur « promptitude à vouloir » est toujours présente, bien que, quant au « faire », ils aient entre-temps pris du retard. Ils avaient en conséquence, besoin d’être encouragés à achever - selon la mesure de leurs possibilités et de leurs moyens (v. 11). Dieu apprécie la valeur d’un don non par son importance, mais par la disposition du cœur et les possibilités de celui qui donne (v. 12). Le Seigneur Jésus l’a montré clairement par l’exemple de la pauvre veuve, en Marc 12:41 à 44, qui, avec deux pites, n’offrait certes qu’une somme très petite, mais en l’occurrence il s’agissait de toute sa subsistance !

Ce n’était cependant pas dans l’intention de Dieu que les Corinthiens procurent du soulagement à des frères démunis et par là soient eux-mêmes plongés dans la pauvreté et la gêne. Ce n’aurait été qu’une transposition des besoins. Il recherche à cet égard « l’égalité » entre ses enfants, non pas l’inégalité (v. 13). L’abondance des uns, à savoir des Corinthiens, doit remédier à la pénurie des autres, en particulier ici les croyants à Jérusalem et en Judée. Si un jour les Corinthiens devaient se trouver dans le besoin, l’abondance d’autres leur profiterait. Mais il ne faut voir ici ni le cas improbable que les croyants en Judée pourraient se trouver un jour dans la situation d’aider les Corinthiens, ni, comme en Romains 15:27, que les Corinthiens doivent mettre à disposition leurs biens matériels parce qu’ils ont eu part aux biens spirituels du peuple terrestre de Dieu (comp. Rom. 9:5). Comme le montrent les expressions générales utilisées, il s’agit ici d’une question d’égalité. Ceux qui vivent dans l’abondance doivent toujours aider ceux qui sont dans le besoin (v. 14). En définitive, c’est Dieu qui attribue les biens matériels aux croyants, comme le montre la citation d’Exode 16:18:« Celui qui recueillait beaucoup n’avait pas trop, et celui qui recueillait peu avait assez ». Déjà quant à son peuple terrestre, Dieu avait pourvu à la merveilleuse répartition de la manne recueillie chaque jour par les fils d’Israël. Mais comme nous le voyons ici, Il veut maintenant se servir de ses enfants, pour qu’ils soient des instruments prêts à  manifester leur amour par les soins dont ils entourent leurs frères !

 

9.3        L’envoi de Tite (v. 16-24)

La première partie du chapitre 8 ne fait pas seulement connaître le zèle des assemblées de Macédoine pour l’œuvre du Seigneur, mais montre avant tout celui de Paul pour l’assemblée à Corinthe où il désirait tant voir des fruits de la foi. Dieu avait produit dans le cœur de Tite un zèle semblable pour les frères et sœurs à Corinthe, ce dont Paul était reconnaissant (v. 16). Lorsque l’apôtre l’invita à se rendre encore une fois à Corinthe pour rassembler les dons, Tite accepta immédiatement cette mission car il était déjà spontanément prêt à prendre sur lui ce service (v. 17). On peut déduire de la formulation de ce verset que c’est Tite qui a porté l’épître à Corinthe.

Toutefois Paul, toujours attentif à vivre et à agir honnêtement, aussi bien devant le Seigneur que devant les hommes, ne voulait pas laisser Tite voyager seul pour ce transport d’une somme d’argent si importante (v. 21 ; comp. Rom. 12:17 ; 1 Cor. 10:31-32). Il avait certes pleine confiance en lui, mais il ne voulait donner aucun motif de soupçons. C’est pourquoi lui et ses compagnons avaient envoyé deux frères avec Tite (v. 22). Du premier, il est dit qu’il est un serviteur « dont toutes les assemblées font l’éloge à cause de l’évangile » (v. 18). L’identité de ce frère dont le nom n’est pas donné, a fait l’objet de beaucoup de spéculations ; il était manifestement si connu et estimé qu’il fut aussi accepté des Corinthiens, plutôt méfiants. Ce frère avait été choisi par les assemblées pour accompagner Paul dans le transfert des dons vers Jérusalem.

C’était de la sagesse de la part de Paul de laisser les assemblées décider qui devait convoyer les dons rassemblés parmi elles (voir 1 Cor. 16:3). De la même manière, les apôtres à Jérusalem avaient laissé à l’assemblée le choix des « serviteurs » auxquels ils imposèrent les mains après avoir prié, en signe de leur accord (Act. 6:1-6). Mais quand il s’agit de l’appel des serviteurs de la Parole (évangélistes, pasteurs et docteurs), le Seigneur, comme chef de son Assemblée, est le seul qui décide : l’Assemblée n’a aucun « droit d’intervention » (voir Éph. 4:11). Cette distinction importante a été perdue de vue presque partout dans la chrétienté. La pensée prévaut qu’un véritable serviteur de la Parole doit avoir reçu une ordination ou une nomination, mais on oublie qu’il s’agit d’une ingérence indue dans les droits du Seigneur Jésus.

Paul appelle ici les dons une « grâce », car ils étaient le signe visible de ce que la grâce de Dieu avait opéré dans le cœur des croyants (v. 1, 4, 6-7). Le service de cette libéralité était assuré par l’apôtre et ses compagnons à la gloire du Seigneur lui-même. Il confirmait leur disposition à participer avec les saints aux besoins de leurs frères et sœurs en Judée (v. 19).

Comme nous l’avons déjà mentionné, Paul attachait beaucoup d’importance à éviter tout motif de soupçons ou de méfiance dans le cœur des croyants, quant à l’administration et au transfert de « cette large contribution » (v. 20). Lui et ses frères veillaient « à ce qui est honnête, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (v. 21). Et cela non seulement dans les choses matérielles ; il existe aussi beaucoup de situations où il ne suffit pas d’avoir une bonne conscience devant le Seigneur, mais où il est nécessaire de prendre soin d’agir honnêtement devant les hommes et d’éviter toute apparence de fausseté, afin que le nom du Seigneur ne soit pas blasphémé ! C’est pourquoi un autre frère avait été envoyé avec Tite et le frère déjà cité. Il est appelé, à la différence du premier, « notre frère ». Il avait non seulement été maintes fois mis à l’épreuve et approuvé, mais il était plein de zèle pour ce service et partageait pleinement la confiance de l’apôtre envers les Corinthiens (v. 22).

L’apôtre termine cette section par un éloge des envoyés et un appel aux saints à Corinthe. Quant à Tite, il était un de ses intimes, son « associé » (en grec, koinônos, racine du mot « communion »), et vis-à-vis des Corinthiens, son compagnon d’œuvre. Il appelle maintenant les deux autres serviteurs, « nos frères », et « envoyés (en grec, apostolos) des assemblées, la gloire de Christ » (v. 23). Le substantif grec apostolos, « envoyé », n’a donc pas partout dans le Nouveau Testament la signification officielle d’« apôtre », mais est parfois employé dans un sens général (comp. Phil. 2:25).

Remarquons la progression dans la description de ces hommes inconnus de nous ! Ils étaient des frères par la grâce de Dieu, les envoyés des assemblées en vertu de la confiance dont ils jouissaient, mais ils étaient la gloire de Christ parce qu’ils le glorifiaient par leur service en apparence si humble (comp. v. 19 ; 9:13). C’est envers ces hommes fidèles que les Corinthiens devaient montrer la preuve de leur amour pour le Seigneur, pour Paul, leur père spirituel, et pour les frères et sœurs dans le besoin en Judée. Ils devaient aussi être conscients que d’autres assemblées apprendraient dans quelle mesure ils avaient participé à la collecte des dons. Il leur rappelle encore sa grande confiance en eux, qui lui a donné occasion de se glorifier d’eux à ce sujet, et en quoi il désire ne pas être déçu (v. 24 ; comp. 7:14).

 

10 Ch. 9 — La disposition d’esprit pour une vraie libéralité

10.1   La préparation de la libéralité (v. 1-5)

Quelle assurance exprime Paul lorsqu’il affirme maintenant aux Corinthiens qu’il ne lui est pas nécessaire de leur écrire « concernant le service envers les saints » vivant dans la pauvreté à Jérusalem (v. 1 ; comp. 8:4). Il introduit ici une nouvelle pensée, celle du service (en grec : diakonia). Dans le chapitre précédent, il avait mis en avant la grâce de Dieu ; maintenant il évoque avec tact la responsabilité qui accompagne tout service.

Une fois encore l’apôtre souligne la « promptitude » et le « zèle » des saints en Achaïe, la province grecque où était située Corinthe ; elle était  déjà « prête » l’année précédente et il s’est glorifié d’une telle disposition auprès des frères de Macédoine (v. 2 ; voir 8:10). Nous ne devons pas nourrir la pensée très humaine - mais charnelle - que Paul avait l’intention d’inciter les assemblées à la concurrence, en présentant une fois les Macédoniens comme exemple aux Corinthiens et en faisant maintenant l’inverse (comp. 8:1-2). Non, son seul désir était de veiller sur les croyants si chers à son cœur, pour les « stimuler à l’amour et aux bonnes œuvres » (Héb. 10:24). Le zèle que les Corinthiens avaient montré au début, dans leur participation aux collectes, avait effectivement encouragé beaucoup d’autres personnes à la libéralité. Ils s’étaient eux-mêmes malheureusement refroidis depuis, tandis que les Macédoniens, malgré leurs circonstances extérieures difficiles, avaient donné en peu de temps une preuve surabondante de leur amour.

C’est pourquoi Paul envoie les trois frères déjà mentionnés, afin qu’ils aident les Corinthiens à passer de la promptitude « à vouloir » à la promptitude « à achever » (v. 3 ; voir 8:11). Si en effet cela en restait au vouloir, les éloges de l’apôtre se seraient alors manifestés excessifs ou même faux - ce en quoi il s’était glorifié des Corinthiens aurait été mis à néant. Quelle peine et quelle douleur non seulement pour lui, mais aussi pour eux, si, à la suite de la visite des trois frères, il venait à eux en compagnie de frères de Macédoine et qu’un tel manquement doive être constaté précisément chez ceux qu’il avait présentés aux autres comme un très beau modèle (v. 4) ! Quelle humiliation si ce dont il s’était glorifié auprès des frères de Macédoine et sa confiance dans les Corinthiens s’avéraient injustifiés, parce qu’à son arrivée rien n’aurait été collecté ! Il faudrait alors qu’il aille plus loin les mains vides !

Aussi Paul a-t-il estimé nécessaire d’envoyer au préalable les trois frères pour « concrétiser cette libéralité » qu’ils avaient promise (v. 5). Par les mots « votre libéralité » (en grec, « votre bénédiction »), l’apôtre introduit ici une autre manière de parler des fonds récoltés. Celle-ci trouve son origine déjà dans l’Ancien Testament (voir Gen. 33:11; 1 Sam. 25:27 ; 2 Rois 5:15). Les Corinthiens devaient considérer leurs dons comme une bénédiction qu’ils pouvaient communiquer à d’autres frères et sœurs. Leurs dons ne devaient pas porter le caractère de « chose extorquée » (ou, littéralement, de cupidité), c’est-à-dire être faits à contrecœur ou par contrainte. Si l’apôtre avait désiré expressément que les collectes ne se fassent pas seulement lorsqu’il serait arrivé, c’était assurément aussi parce qu’il voulait éviter toute pression que les Corinthiens auraient pu ressentir du fait de sa présence (voir 1 Cor. 16:2). Remarquons qu’il  ne peut s’agir ici de cupidité chez les frères visiteurs, vu que ceux-ci étaient seulement les porteurs des dons et non pas les bénéficiaires.

 

10.2   La vraie libéralité (v. 6-15)

Dans la dernière partie de cette section de l’épître, Paul montre que la vraie libéralité n’apporte pas seulement une aide à ceux qui sont dans le besoin, mais aussi une source de bénédiction pour ceux qui donnent (v. 6-11) et Dieu en est glorifié (v. 12-15). Il place au début un proverbe : « Celui qui sème chichement moissonnera aussi chichement, et celui qui sème largement moissonnera aussi largement » (v. 6), qui n’est, il est vrai, pas cité littéralement de la Parole de Dieu, mais dont la pensée principale se retrouve cependant tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau : « Tel disperse, et augmente encore ; et tel retient plus qu’il ne faut, mais n’en a que disette. L’âme qui bénit sera engraissée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé » (Prov. 11:24-25). « Donnez, et il vous sera donné : on vous donnera dans le sein bonne mesure, pressée, secouée, et débordante ; car de la même mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré en retour » (Luc 6:38). Les versets cités confirment à leur manière cette vérité divine que nous oublions souvent : « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7). Comme l’a écrit un frère et commentateur estimé des Saintes Ecritures, la meilleure explication de ce principe est notre propre expérience !

Dans le fait de donner, ce n’est pas l’ampleur du don qui compte en premier lieu, mais c’est la disposition de cœur. Il ne doit pas être rempli de regret ou de tristesse sur la perte apparente, ni se sentir contraint ou sous pression, mais doit plutôt être réjoui de pouvoir faire du bien, et prêt à donner de plein gré par amour pour Dieu et pour les siens, « car Dieu aime celui qui donne joyeusement » (v. 7). Ces paroles bien connues sont une allusion à une adjonction de la version des Septante (la traduction grecque de l’Ancien Testament) à Proverbes 22:8, où il est écrit : « Dieu bénit celui qui est joyeux et libéral ». Dieu aime tous ses enfants, et cependant une vie en harmonie avec sa volonté suscite particulièrement son amour (comp. Jean 14:23).

Dieu a manifesté sa riche grâce pour de pauvres pécheurs dans son Fils bien-aimé, le plus grand don qui soit (comp. v. 15). À tous ceux qui croient en lui, Il a donné dans sa grâce des bénédictions et des promesses glorieuses. Où que nous regardions, nous voyons partout la grâce surabondante de notre Dieu, dont nous pouvons faire chaque jour l’expérience renouvelée. Non seulement elle nous remplit de reconnaissance, mais elle nous rend capables d’agir d’une manière qui lui corresponde, afin, dit l’apôtre, que « vous abondiez pour toute bonne œuvre » (v. 8). En faisant ainsi allusion à la grâce de Dieu et aux richesses qui sont maintenant leur part, Paul encourage les frères de Corinthe à cette bonne œuvre de la libéralité et l’explique par une citation de l’Ancien Testament : « Il a répandu, il a donné aux pauvres, sa justice demeure éternellement » (v. 9 ; Ps. 112:9). Ce Psaume, qui envisage prophétiquement le règne millénaire, décrit la part bénie de ceux qui craignent l’Eternel et gardent sa Parole. Ils ne seront pas seulement richement bénis comme justifiés devant Dieu, mais ils administreront pour le bien des autres ce qu’ils auront reçu et se manifesteront ainsi comme des justes, c’est-à-dire comme ceux qui agissent en accord avec la relation dans laquelle ils ont été introduits par grâce (comp. Matt. 6:1).

Encore une fois, le Saint Esprit dirige nos regards vers Dieu, qui est la source de tout (comp. 8:1, 9 ; 9:8). S’Il « fournit de la semence au semeur et du pain pour se nourrir », c’est donc qu’il a donné déjà auparavant une abondante moisson, qui suffit aussi bien à rassasier de pain qu’à pourvoir à la nouvelle semence pour la prochaine moisson (v. 10) ! De la même manière, Il donnera également les moyens matériels en suffisance, non seulement pour les propres besoins, mais aussi pour servir de « semence » pour d’autres ; celle-ci produira les fruits abondants de la justice. Ici, comme au verset 9, la « justice » est le comportement qui convient à l’appel.

On ne s’appauvrit pas en donnant, mais on devient plus riche à tous égards ! Ce fait incite à une plus grande libéralité, qui produit de nouveau, chez l’apôtre et ses compagnons d’œuvre, la reconnaissance envers Dieu, parce qu’ils peuvent voir leurs efforts couronnés de succès (v. 11). Quelle plénitude de bénédiction peut procéder des choses matérielles périssables, si nous les considérons comme des dons de l’amour de notre Dieu et Père et les employons à sa gloire !

Ceci nous amène à considérer un nouvel aspect. Le service que les Corinthiens accomplissent avec leurs dons, ne pourvoit pas seulement à ce qui manque aux frères et sœurs pauvres de Judée, mais produit beaucoup d’actions de grâces envers Dieu. Non seulement Paul, mais également les destinataires des dons rendent grâces et glorifient Dieu pour la bonne disposition des donateurs qui est en accord avec l’évangile de Christ (v. 12-13). Mais la participation (grec : koinônia, c’est-à-dire « communion » ; voir 8:4) qui s’exprime dans une telle libéralité engendre les supplications des destinataires pour les donateurs. Ceux-ci expriment leur amour dans un élan spirituel vers ces frères et sœurs inconnus ; la grâce surabondante de Dieu a opéré de telle manière en eux qu’ils s’engagent en faveur des autres avec un très grand dévouement (v. 14).

Lorsque l’apôtre pense aux effets de la participation aux dons matériels, il est ramené de nouveau à l’origine, à la source de toutes choses. Au chapitre 8:9, pour stimuler les Corinthiens, il leur a présenté le Seigneur Jésus dans sa grâce, dans laquelle Il s’est livré lui-même. Ici, à la fin de ses explications sur la libéralité, il se répand en actions de grâces envers Celui qui nous a fait son « don inexprimable » (v.15). En son Fils, Dieu nous a donné le plus grand de tous les dons, mais de plus, il veut nous faire don aussi, « librement, de toutes choses avec lui » (Rom. 8:32) ! Tout ce que nous avons - que ce soient les bénédictions spirituelles ou les bien matériels - vient de lui, le grand Donateur (comp. Jean 4:10). Rendons-Lui grâces tous les jours pour son don inexprimable !

 

Tu nous as tout donné, ô Dieu,

En Jésus Christ, suprême don.

Par lui nous entrons au saint lieu,

Par lui nous bénissons ton nom.

O Père, fais-nous mesurer

De ton amour l’immensité,

Et que déjà, sans se lasser,

Nos cœurs célèbrent ta bonté.

 

11 Ch. 10 — Humilité et hardiesse

Dans les chapitres 10 à 13, Paul défend son apostolat. L’un des nombreux problèmes auxquels il a été confronté à Corinthe consistait dans l’attitude de personnes d’origine juive, assurément très cultivées et intelligentes, qui prétendaient être elles-mêmes apôtres et mettaient en question l’autorité et l’enseignement de l’apôtre des nations (voir 10:12 ; 11:4, 13, 20, 22). En répandant de fausses informations sur Paul et ses compagnons d’œuvre, elles tentaient d’attirer les croyants de Corinthe après elles et de les entraîner dans l’erreur. Visiblement, ceux-ci avaient déjà partiellement succombé aux procédés extrêmement rusés de ces « faux apôtres », ce qui mettait l’assemblée dans son ensemble en grand danger de s’écarter du droit chemin de la vérité divine.

Paul aborde maintenant ce grave problème qu’il a déjà effleuré dans sa première épître (1 Cor. 3:15-22 ; 4:2-5, 18-21 ; 9:1-3) et qu’il a aussi évoqué à plusieurs reprises déjà dans celle-ci (2:17 ; 3:1 ; 4:2). Il ne se réfère cependant pas à son autorité apostolique, mais il fait appel au discernement et à la bonne disposition des destinataires de sa lettre. Au vu du grand danger qui menaçait les croyants à Corinthe, il ne craint cependant pas d’appeler de tels hommes des « faux apôtres », des « ouvriers trompeurs », et même des serviteurs de Satan (11:13-15). Il s’applique en même temps à convaincre les croyants qu’il voulait leur bien en poursuivant le seul but de leur apporter toute la vérité de Dieu en Christ.

Dans le chapitre 10, les méthodes des adversaires de l’apôtre à Corinthe sont mises au grand jour. Ils combattent pour imposer leur influence avec les armes charnelles de l’intelligence humaine (v. 1-6) ; ils se réclament, comme Coré et son assemblée, de l’égalité de tous ceux qui appartiennent à Christ (v. 7-11 ; comp. Nom. 16:3) et se mettent en avant de manière indue (v. 12-18).

L’apôtre fait maintenant face à ces hommes prétentieux, non pas directement mais en adressant de sérieux appels à tous les croyants à Corinthe. Il évite ainsi tout ce qui pourrait lui attirer le reproche de ne pas se comporter mieux que ces séducteurs. Aussi s’exprime-t-il d’abord avec beaucoup de retenue et en partie par périphrase, parce qu’il ne veut blesser inutilement aucune personne. Ses déclarations reflètent son humilité personnelle et son amour profond pour le Seigneur et pour les siens.

 

11.1   Combat spirituel  (v. 1-6)

Paul se montre un fidèle disciple de son Maître, qui avait dit : « Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11:29). Il n’exhortait pas seulement les autres à manifester cette disposition (Phil. 2:5-11 ; 2 Tim. 2:24), mais il la réalisait lui-même dans sa propre vie. C’est pourquoi il commence par ces paroles : « Moi-même, Paul, je vous exhorte par la douceur et la bonté du Christ - moi qui, au milieu de vous, suis d’une apparence réservée, mais qui, absent, use de hardiesse envers vous… » (v. 1). Les qualités mentionnées par Paul ne doivent pas être identifiées ou confondues avec la mollesse de caractère, mais elles sont des traits du « nouvel homme ». Un chrétien qui est débonnaire ne réagit pas d’une manière blessante ou méchante lorsqu’il est traité injustement, et celui qui est humble ne se met pas lui-même en avant. De plus, la douceur nous garde de paroles dures.

Ces conducteurs autoproclamés à Corinthe avaient persuadé les croyants de ce lieu que Paul et ses compagnons d’œuvre ne poursuivaient, comme marchant « selon la chair », que des buts personnels et charnels. Lorsque l’apôtre pense à eux, il est prêt à leur résister en face. Mais par amour pour les autres Corinthiens, il espère et supplie Dieu que cela lui soit épargné. L’expression « selon la chair » s’applique ici à la vieille nature pécheresse de l’homme (v. 2 ; comp. Rom. 8:3-9).

Quand il ajoute ensuite avec une fine nuance, qu’ils marchaient certes « dans la chair », mais ne combattaient pas « selon la chair », il utilise le mot « chair » dans deux sens tout à fait différents. En disant « dans la chair », il pense ici à l’existence humaine sur la terre, tandis que « selon la chair » a le même sens qu’au verset 2 (v. 3 ; comp. Phil. 1:24). L’expression « dans la chair » peut cependant désigner dans d’autres passages l’état du pécheur avant sa conversion (par ex. Rom. 7:5 ; 8:8).

La vie de la foi est non seulement une marche, mais aussi un combat. Ici, l’image du combat ne se réfère pas au domaine du sport (comme par ex. en 1 Cor. 9:25 ; Héb. 10:32 ; 12:1), mais elle se rapporte à la guerre (comme en 1 Tim. 1:18). Partout où la vérité divine rencontre de l’opposition, le chrétien est appelé au combat spirituel. Mais celui-ci n’est pas « contre le sang et la chair », c’est-à-dire contre des hommes, mais il est contre les puissances de méchanceté (comp. Éph. 6:12), c’est-à-dire en fin de compte, contre Satan lui-même. C’est pourquoi nous sommes exhortés dans le Nouveau Testament à résister au diable, afin qu’il s’enfuie de nous (Jac. 4:7 ; 1 Pier. 5:8-9). C’est un tel combat spirituel que Paul voyait devant lui aussi dans l’assemblée à Corinthe.

Mais les armes de leur combat spirituel étaient aussi peu charnelles que leur manière de combattre. Paul aurait pu mieux que tout autre battre les faux apôtres à Corinthe avec leurs propres armes. Mais il aurait alors combattu « selon la chair ». Et il évitait justement cela. Les armes qu’il utilisait, comme il l’a écrit, n’étaient pas « charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, renversant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu » (v. 4-5).

À la différence d’Éphésiens 6:11-17 et de 1 Thessaloniciens 5:8, l’apôtre n’énumère pas ici les différentes armes spirituelles. Il déclare seulement qu’elles sont « puissantes par Dieu ». L’expression « par Dieu » peut aussi être rendue par « selon Dieu » ou « pour Dieu » (comp. Act. 7:20). Ce qui est agréable et bon pour Dieu paraît le plus souvent tout à fait méprisable aux hommes. Mais il peut couvrir de honte les sages et les forts de ce monde par les choses qui, à leurs yeux, sont folles, faibles et méprisées (1 Cor. 1:27-28).

Au verset 4, Paul utilise une image expressive. Les forteresses se trouvaient en général sur une hauteur, entourées d’imposantes murailles. Encore maintenant, ce qui en reste impressionne souvent les visiteurs par la puissance qui s’en dégage. L’apôtre compare à ces forteresses les raisonnements ou les arguments rationnels des opposants et toute hauteur intellectuelle qui s’élève contre la connaissance de Dieu. Nous ne savons pas exactement de quoi il s’agissait, mais nous pouvons supposer que, comme en Galatie, un évangile judaïsant était annoncé (comp. 2 Cor. 11:4, 22 avec Gal. 1:6-10), et qu’en outre une suprématie astucieusement justifiée était revendiquée. Les efforts pour combiner le christianisme avec le judaïsme et les connaissances de la philosophie grecque sont très anciens.

Actuellement, les dangers intellectuels qui menacent les croyants viennent plutôt du côté de la science, et cela non par des connaissances scientifiques irrécusables, mais en s’appuyant sur des théories non confirmées. On peut citer deux exemples dans des domaines tout différents : les théories du « big-bang » et de l’évolution, et la théologie moderne critique historique. Toutes deux partent de l’hypothèse qu’il ne peut pas y avoir un Dieu qui dirige ce qui se produit dans l’univers et la nature et intervienne. La théorie de l’évolution veut expliquer l’origine et le développement de la vie par le hasard et la sélection naturelle, et s’oppose ainsi au récit de la création dans la Parole de Dieu. Selon la méthode d’interprétation critique historique, la Bible doit être étudiée et expliquée en tenant compte de toutes les sources utiles comme tout autre livre de l’Antiquité et non pas comme un document unique inspiré par le Saint Esprit de Dieu. Dans la pratique, de telles « interprétations » partent souvent de la pensée qu’il ne peut en aucun cas en avoir été comme cela est dit dans la Bible ! Celui qui défend un point de vue différent, n’est pas pris au sérieux dans le monde scientifique. Ainsi ont été construites des forteresses et hauteurs intellectuelles qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu. Elles sont fondées sur l’hypothèse qu’il n’y a pas de Dieu qui se soit révélé dans la Bible, et rejettent la pensée que l’homme soit pécheur par nature et coupable par ses actes et ait besoin d’un Sauveur. Mais la Parole de Dieu dit à l’avance : « L’insensé a dit en son cœur : Il n’y a point de Dieu » (Ps. 14:1), et encore « Confie-toi de tout ton cœur à l’Eternel, et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Prov. 3:5). Il serait facile de compléter par d’autres exemples la liste de ces « forteresses, raisonnements et hauteurs ».

La connaissance de Dieu, contre laquelle s’élèvent les forteresses et toute hauteur intellectuelle (v. 5) n’est pas une simple compréhension ou une acceptation rationnelle, mais de même que la foi, elle est une affaire de cœur (comp. Rom. 10:10). Il est évident que notre intelligence est nécessaire. Nous ne pouvons assimiler et utiliser les paroles et les pensées - aussi sur le plan spirituel - que par l’activité de notre cerveau. Mais la connaissance spirituelle ne se limite pas au domaine de l’intelligence. Elle est le canal par lequel la connaissance atteint notre cœur et notre conscience.

Connaître Dieu signifie en tout premier lieu le reconnaître par la foi comme Celui qui s’est révélé dans la Bible. Cette connaissance demeure inaccessible à l’intelligence de l’homme naturel malgré toute sa sagesse (1 Cor. 1:21). La connaissance de Dieu ne découle donc pas de notre mérite, car c’est Dieu qui nous a d’abord connus, et même préconnus dès l’éternité, et qui nous rend capables, par la nouvelle naissance, de Le connaître (1 Cor. 8:3 ; Gal. 4:9). La vraie connaissance de Dieu n’est donc jamais théorique, mais est toujours une réalité saisie avec le cœur, et qui se manifestera dans la vie pratique (comp. 1 Cor. 1:10 ; 2 Pier. 1:2 ; 1 Jean 4:8). Elle s’appuie sur ce que la Parole de Dieu révèle et se soumet à cette révélation. Elle repoussera tout ce qui n’est pas en accord avec cette Parole.

Nous avons un exemple instructif dans le combat de David contre Goliath. Quand Saül voulut lui donner sa propre armure, David dut reconnaître : « Je ne puis marcher avec ces choses, car je ne l’ai jamais essayé » (1 Sam. 17:39). L’immense « forteresse » humaine, cette « hauteur » de six coudées et un empan (1 Sam. 17:4-7), devant laquelle tout le peuple d’Israël tremblait, ne devait pas être abattue avec « des armes charnelles », mais par l’humble et puissante confiance en Dieu d’un jeune homme d’apparence faible et méprisable. Goliath venait avec son épée, sa lance et son javelot, mais David venait au nom de l’Eternel des armées et il remporta la victoire !

L’application spirituelle est simple. S’il ne pouvait être répondu aux attaques intellectuelles qu’avec des arguments de même nature, bien peu d’enfants de Dieu en seraient capables. Mais notre Dieu et Père abandonnerait-Il les « petits de son troupeau » sans protection devant de telles attaques ? Jamais ! Ses puissantes armes divines sont à la disposition de tous ses enfants, et non pas de quelques-uns seulement. De même que le jeune David, inexpérimenté et faible d’apparence, vainquit le géant Goliath aguerri et bien armé par la foi, avec une arme à première vue totalement impropre au combat, de même aussi les humbles armes du combat spirituel peuvent paraître méprisables à ceux qui aiment les controverses intellectuelles. Mais elles sont à la disposition de tout enfant de Dieu et se manifestent tout aussi puissantes pour la destruction des forteresses que la fronde de David pour tuer Goliath.

Paul mentionne encore au verset 5 une autre arme qui est également à la disposition de tous les croyants : « amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ ». Au sens propre, il s’agit non pas d’une arme, mais d’un acte dans le combat : il s’agit de « capturer » nos pensées, afin que notre propre volonté soit remplacée par l’obéissance à Christ. Un proverbe populaire dit que les pensées sont libres. Paul nous montre cependant ici que les pensées et les raisonnements qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu sont des péchés. Nos pensées, dans leurs divagations, peuvent s’engager dans des chemins tout à fait impies. Elles deviennent alors comme des partisans ou des alliés de l’ennemi de nos âmes, le diable ; ces pensées font du tort à notre vie spirituelle, mais si elles sont « capturées », elles deviennent inoffensives. Prenons donc garde aux pensées qui ne sont pas en accord avec la Parole de Dieu !

Les pensées qui doivent être amenées captives à l’obéissance du Christ ne sont donc pas celles des opposants, mais celles des croyants qui sont exposés à se laisser séduire. Ainsi seulement les enfants de Dieu seront protégés des mauvaises suggestions et des attaques rusées du diable. Les « forteresses » et toute « hauteur » intellectuelle sont pratiquement « détruites » du moment qu’il n’y a personne qui s’y soumet.

Par l’expression « l’obéissance du Christ », il faut entendre notre obéissance envers Christ, bien que Son obéissance soit évidemment en toutes choses notre modèle parfait (comp. Phil. 2:5-8). Paul espérait que les Corinthiens retrouveraient le chemin de l’obéissance. Nous ne pouvons être gardés des influences de raisonnements impies et de leurs conséquences perverses sur notre vie personnelle et sur celle de l’assemblée, que si nous soumettons nos pensées à la Parole de Dieu et par là même à l’obéissance de Christ. Lui qui comme le bon berger marche devant ses brebis, dit d’elles : « Les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Mais un étranger, elles ne le suivront pas ; au contraire elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (Jean 10:4-5).

Si, comme Paul l’espérait, la majorité des Corinthiens revenait à une entière obéissance à leur Seigneur, la désobéissance des autres serait mise en évidence et aurait sa punition (grec : ekdikeo, signifie en fait : « punir de juste manière »). Mais il n’est pas dit de quelle façon cette punition s’exercerait (v. 6 ; comp. 3 Jean 10). La grâce de Dieu conduisait Paul à espérer et à attendre que les Corinthiens obéissent pleinement à la volonté de Dieu, mais d’un autre côté, la justice et la sainteté de Dieu le conduisaient à rejeter tout ce qui s’opposait volontairement à Sa volonté. N’oublions jamais que la sainteté sied à sa maison (Ps. 93:5) !

 

11.2   Orgueil  (v. 7-11)

Tandis que Paul avait prêché avec humilité, dans la crainte et un grand tremblement, même dans la faiblesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance « Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (1 Cor. 2:1-5), ses opposants à Corinthe se présentaient en faisant étalage d’intelligence et d’une grande éloquence afin d’attirer les croyants après eux. L’un de leurs arguments était que, comme appartenant à Christ, ils méritaient d’être reconnus et ils devaient l’être - ce qu’ils refusaient à Paul et à ses collaborateurs. On peut voir peut-être dans ce groupe qui avait la confiance en lui-même d’être « à Christ », ceux qui se réclamaient en 1 Corinthiens 1:12 d’être « le parti de Christ ».

Paul met à l’épreuve leur affirmation prétentieuse. Si « quelqu’un a la conviction d’appartenir à Christ », il doit admettre que le même Christ qui l’a appelé, a aussi appelé tous les autres (v. 7). S’il est véritablement la propriété de Christ, il reconnaîtra avec joie Paul comme associé dans la foi et comme frère. Si cependant il rejette Paul, il fait valoir abusivement sa relation avec Christ pour dénigrer ce fidèle serviteur et apôtre, et se révèle ainsi comme quelqu’un qui cherche sa propre gloire. Un serviteur de Christ gardé dans l’humilité reconnaîtra au contraire avec joie tous les autres serviteurs de son Seigneur, comme le faisait toujours Paul.

Comme apôtre appelé du Seigneur, Paul aurait bien eu des motifs de se glorifier - non de ses capacités humaines, mais de l’autorité que le Seigneur lui avait conférée. Les croyants à Corinthe pouvaient témoigner qu’il avait manifesté « les signes d’un apôtre » au milieu d’eux (12:12). Tout ce dont ses opposants se vantaient sans fondement devant les Corinthiens était une réalité chez lui. Non, il ne serait assurément pas confus s’il relatait ce que le Seigneur avait opéré par son moyen et celui de ses compagnons d’œuvre pour l’édification - et non la destruction - des assemblées (v. 8 ; comp. 13:10).

Paul renonce cependant volontairement à se prévaloir de cette manière de l’autorité que le Seigneur lui a donnée, afin de ne pas susciter en eux l’impression qu’il voulait les intimider de loin par ses lettres (v. 9). Il y avait cependant des voix qui s’élevaient pour dire que, quand il écrivait, Paul s’exprimait certes avec « du poids et de la force » ; mais on prétendait que lorsqu’il était présent au milieu des Corinthiens, il était « faible et sa parole méprisable » (v. 10). Effectivement, comme nous l’avons vu, il avait été au milieu d’eux « dans la faiblesse, et dans la crainte et dans un grand tremblement », et sa prédication n’avait « pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance » (1 Cor. 2:3-4 ; comp. Gal. 4:13-14).

Combien peu celui qui parlait ainsi, en décriant les lettres de l’apôtre comme étant des menaces creuses, discernait que leur auteur désirait venir à eux « avec amour et un esprit de douceur » plutôt qu’avec « le bâton » (1 Cor. 4:21) ! Il leur assure cependant qu’il pouvait également, étant présent, se manifester autrement. S’ils ne prêtaient pas attention à ses exhortations écrites, il confirmerait ses paroles lors de sa venue et agirait envers eux selon son autorité apostolique (v. 11).

 

11.3   Se recommander soi-même ?  (v. 12-18)

Avec une certaine ironie, Paul déclare alors que ses compagnons et lui-même n’osaient pas « se mettre au rang de certains qui se recommandent eux-mêmes », ni se « comparer à eux ». Les opposants de Paul à Corinthe n’avaient pas d’autre échelle de comparaison qu’eux-mêmes, leur recommandation n’émanait de personne d’autre. Remplis d’arrogance, ils n’étaient occupés que d’eux-mêmes, de leurs prétendues qualités et performances. Le jugement de Paul est formel : « mais eux, qui se prennent eux-mêmes pour mesure et se comparent à eux-mêmes, manquent d’intelligence » (v. 12). Aussi doués qu’ils puissent être, ils n’étaient spirituellement pas intelligents. Cela ne se trouve-t-il pas aujourd’hui encore parmi les croyants ? Si nous nous imaginons supérieurs à nos frères et sœurs, et pensons qu’ils doivent tous nous écouter, nous appliquons une fausse mesure. Ce n’est que lorsque nous contemplons dans le silence notre Seigneur, que nous nous voyons dans la vraie lumière et restons gardés de fausse présomption.

Paul était bien loin de se glorifier ainsi de ses capacités et de ses actes. Sa gloire consistait à vivre et travailler simplement, comme serviteur obéissant, dans la dépendance de Celui qui lui avait assigné sa sphère d’activité comme apôtre et docteur des nations (voir 1 Tim. 2:7). Lui est le « Dieu de mesure » qui attribue à chacun de ses serviteurs les mandats et les champs d’activité qui correspondent à ses capacités (comp. Matt. 25:15 ; 1 Cor. 7:7). Or annoncer l’évangile à Corinthe, ainsi que faire progresser les croyants et les édifier, faisait aussi partie du domaine d’activité de Paul (v. 13 ; Act. 18:10-11 ; 1 Cor. 3:5-9).

Il était maintenant parti plus loin pour le service du Seigneur, et de faux apôtres, désireux de prendre sa place, s’étaient introduits à Corinthe et avaient entre autres persuadé les croyants que Paul les avait abandonnés ; son ambition, disaient-ils, le poussait à étendre toujours plus loin son action en visitant de nouvelles régions, afin de devenir encore plus célèbre. Il est vrai que de loin, il écrivait des lettres graves et sévères, mais il n’osait plus revenir jusqu’à eux. Pourtant la prédication de l’évangile du Christ à Corinthe n’était-elle pas la preuve de l’accomplissement fidèle de sa mission dans des régions qui n’avaient pas encore été atteintes par la bonne nouvelle du salut (v. 14 ; comp. Rom. 15:20- 21) ?

Ces intrus effrontés, aux pensées charnelles, s’étaient dans un certain sens installés dans « un nid tout fait » et cherchaient une gloire douteuse dans « les travaux des autres », c’est-à-dire là où Paul et Apollos avaient déjà travaillé, en œuvrant contre l’apôtre et ses compagnons. Mais à leur différence, ceux-ci ne se glorifiaient pas dans ce qui « dépasse la mesure » (v. 15). Ils n’attachaient pas d’importance à leur propre honneur, mais avaient à cœur celui du Seigneur, ainsi que le bien spirituel et la croissance des assemblées - tout particulièrement quand ils devaient constater, comme à Corinthe, l’influence grandissante de faux conducteurs autoproclamés. Mais maintenant encore, alors que les Corinthiens se trouvaient en grand danger d’être entraînés dans un mauvais chemin, ils n’abandonnaient pas l’espoir qu’ils progresseraient dans la foi. Si les Corinthiens écartaient les intrus qui voulaient les dresser contre Paul, et lui rendaient la place qui lui revenait selon la volonté de Dieu, ce serait un signe de croissance dans la foi qui contribuerait à son grandissement parmi eux, et ceci conformément à la mission donnée par son Dieu. Il était bien l’apôtre des nations et leur père spirituel, celui qui les avait conduits au Seigneur et qui pouvait les considérer comme ses bien-aimés enfants dans la foi (comp. Rom. 11:13 ; 1 Cor. 4:14-16).

Quelle manifestation d’amour, et aussi quelle confiance dans le Seigneur ! Paul espérait que leur foi croîtrait, et que lui-même serait abondamment agrandi au milieu d’eux, c’est-à-dire serait reconnu dans sa position et son ministère au milieu d’eux, au lieu d’être accablé par le devoir de s’occuper du mal qui se propageait. Ce n’est que lorsque l’état spirituel de l’assemblée à Corinthe serait affermi qu’il pourrait être pleinement libre d’annoncer l’évangile dans d’autres régions, en veillant à ne pas se « glorifier dans ce qui est déjà préparé dans le champ des autres », comme le faisaient ses opposants à Corinthe (v. 16).

Et pourtant, il existe aussi des raisons de se glorifier pour un fidèle et humble serviteur du Seigneur, comme pour tout enfant de Dieu. Le chrétien qui trouve de quoi se glorifier lorsqu’il regarde à lui-même, succombe à une dangereuse illusion, comme les faux apôtres à Corinthe. Paul lui-même écrit en Romains 7:18:« Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ». Il n’y a donc là aucun motif de se glorifier. D’autre part, le Seigneur a dit à ses disciples : « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5). Tout bien qu’un enfant de Dieu peut faire, a sa source dans le Seigneur Jésus. Si donc il y a quelque motif de se glorifier, c’est dans notre Sauveur et Seigneur, auquel nous devons tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons. D’où la conclusion que Paul peut adresser ici pour la seconde fois aux Corinthiens : « Mais que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur » (v. 17 ; voir 1 Cor. 1:31).

Le Seigneur Jésus n’est cependant pas seulement la source de tout ce dont un chrétien peut se glorifier. Il est aussi Celui qui, en dernière instance, juge de tout. Ici aussi, la règle demeure : celui qui s’approuve soi-même sans se tenir dans la lumière divine, en arrive facilement à se recommander lui-même, comme le faisaient les faux apôtres à Corinthe (comp. v. 12). Mais celui qui se tient humblement dans la lumière du Seigneur ne se mettra jamais en avant, ne fera pas valoir ses qualités, ni ne cherchera par ce moyen à être reconnu par les hommes - même par les frères et sœurs dans la foi. Il appartient au Seigneur de montrer à sa manière quels sont ceux que Lui-même recommande (v. 18). Que cela n’arrive le plus souvent pas du jour au lendemain, est propre à nous exercer à l’humilité et à la patience, et à nous confier de plus en plus en Lui seul ! 

 

12 Ch. 11 — Folie et gloire

Face à l’attitude arrogante des faux docteurs et de leur grande influence dans l’assemblée à Corinthe, l’apôtre ne peut pas éviter de parler un peu de lui-même, de sa conduite et de ses souffrances. À l’inverse de ses contradicteurs dont il condamne fermement l’attitude, il ne le fait toutefois pas dans une fausse présomption, mais il y est amené par une sollicitude pleine d’amour pour les croyants à Corinthe, qui étaient en grand danger de perdre le Seigneur Jésus de vue.

 

12.1   Simplicité quant au Christ (v. 1-4)

Au chapitre 10, Paul avait déclaré que les « opposants » qui se propulsaient au premier plan manquaient d’intelligence (v. 12). Maintenant qu’il est obligé de parler de lui, il demande aux Corinthiens de supporter un peu de folie de sa part, et par là de le supporter lui-même (v. 1). Une telle chose lui répugne en fait, car il n’est animé que d’un seul désir, celui que les croyants vivent pour leur Sauveur dans la pureté intérieure et extérieure. Etant le père spirituel des Corinthiens, il sent sa responsabilité envers eux, et leur rappelle ainsi qu’il les a « fiancés à un seul mari », c’est-à-dire à Christ, pour les Lui présenter « comme une vierge chaste » (v. 2).

Il ne parle pas ici de l’Assemblée vue dans son ensemble, comme le fait l’apôtre Jean en Apocalypse 19:7 ; 21:2 (comp. Éph. 5:22-33), mais il veut diriger très pratiquement l’attention des Corinthiens sur leur relation avec Christ. Il utilise pour cela l’image de la relation de fiançailles des croyants avec Christ. La femme vierge est celle qui est restée pure intérieurement et extérieurement. Sur le plan humain, un tel état et un tel point de vue sont aujourd’hui considérés avec un sourire de pitié et presque inconnus dans le monde qui nous entoure. Pour tous les croyants, ils sont pourtant d’un grand prix et essentiels. Mais qu’en est-il sur le terrain de la foi pour nous ? Attachons-nous de l’importance à nous conserver « purs du monde » (Jac. 1:27) ?

Paul prend alors l’exemple d’Eve. Le premier couple est un type de la relation de Christ avec son assemblée - c’est ce qui ressort explicitement de la citation de Genèse 2:24 en Éphésiens 5:31-32. Au lieu de s’appuyer sur son mari et de se tenir près de lui, Eve s’est laissée séduire et tromper par Satan, le serpent ancien, et est ainsi tombée dans la transgression (comp. 1 Tim. 2:14). Elle ne s’est enquise ni de la volonté de Dieu ni même de la pensée de son mari.

Paul craint que la relation des Corinthiens avec Christ ne soit troublée de la même manière que celle d’Eve avec Adam. Il ne pense donc pas ici aux conséquences du péché pour le premier couple et pour l’humanité entière, mais il a en vue la perturbation de l’attachement qui devait unir Eve à Adam. Elle aurait dû « s’attacher » à lui, comme lui à elle (Gen. 2:24), et se soumettre à lui. Paul utilise la relation perturbée entre Eve et Adam comme comparaison pour montrer clairement aux Corinthiens dans quel danger ils se trouvaient quant au Seigneur Jésus (v. 3).

Par les influences auxquelles ils s’étaient ouverts, leurs pensées étaient corrompues et détournées du Christ. Leur amour profond et simple pour leur Sauveur et Seigneur, et leur dévouement pour lui étaient altérés. Cette « simplicité quant au Christ », la dépendance envers son bien-aimé Seigneur de l’âme croyante qui n’a qu’un désir, connaître et faire ce qui lui est agréable, voilà ce que Paul avait à cœur. Tous ses efforts dans son ministère visaient à conduire les saints à « s’attacher au service du Seigneur sans distraction » (1 Cor. 7:35).

Le Seigneur Jésus cherche des cœurs qui soient ses imitateurs et, de cette manière, des modèles pour d’autres (1 Thes. 1:6-7). Il désire que nous cherchions « ce qui est en haut », là où Il est, non pas à ce qui est sur la terre (Col. 3:2). Ce n’est que lorsque nous le considérons ainsi (comp. Héb. 2:9 ; 3:1 ; 12:2-3) et que nos cœurs sont remplis d’amour pour Lui et pour tous les siens, que nous serons gardés dans la simplicité quant au Christ.

D’où venaient donc les mauvaises influences à Corinthe ? Non pas de Paul, l’apôtre (c’est-à-dire l’« envoyé ») de Jésus Christ, mais d’hommes judaïsants qui étaient venus à eux sans mandat de la part de Dieu (comp. l’expression : « celui qui vient »). Et que prêchaient-ils aux Corinthiens ? Un « autre (grec : allos) Jésus », que Paul et ses compagnons d’œuvre n’avaient pas prêché ! Ils recevraient aussi un « esprit différent (grec : heteros) » et « un évangile différent (grec : heteros) », mais ils pouvaient bien, à leur avis, le supporter (v. 4 ; Gal. 1:6-7). L’original grec distingue nettement entre allos : autre de même nature, et heteros : différent, d’une nature différente. Les Corinthiens n’avaient ainsi pas discerné qu’une différence apparemment mineure dans la prédication peut conduire à un égarement grave de la foi !

Combien l’intelligence humaine peut être insensée ! Dans sa recherche d’une « connaissance supérieure », elle est incapable de discerner qu’elle s’éloigne de la Source, le Seigneur Jésus.

 

12.2   Un ministère plein d’abnégation (v. 5-11)

Lorsque Paul se compare à ces intrus qu’il qualifie avec ironie de « plus excellents apôtres », bien qu’ils soient en réalité de « faux apôtres », il peut constater en toute droiture qu’en rien il n’a besoin de se reconnaître inférieur à ceux-ci (v. 5 ; comp. v. 13). Bien qu’il n’ait pas vu le Seigneur sur la terre, il avait pourtant été appelé par Lui et s’était manifesté dans son ministère comme un vrai apôtre (comp. 12:11-12 ; 1 Cor. 9:1-2).

Nous pouvons déduire de ce qui suit que les adversaires de l’apôtre cherchaient à le discréditer, entre autres à cause de sa manière de parler, et parce qu’il n’avait accepté aucun soutien matériel des Corinthiens, bien qu’il ait déjà donné des explications pour l’un comme pour l’autre dans sa première épître (1 Cor. 2:1-5 ; 9:1-18).

La rhétorique semblait de première importance aux Grecs si imbus de leur culture, mais Paul y avait délibérément renoncé à Corinthe, afin que la foi « ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor. 2:5). La rhétorique est en effet très attrayante pour l’oreille et pour l’esprit, mais en même temps souvent artificiellement gonflée et orientée vers la recherche d’effets superficiels. La vraie et vivante prédication de la parole de Dieu peut renoncer à tout cela et elle atteint pourtant les cœurs et les consciences des auditeurs qui sont amenés ainsi dans la lumière de Dieu. Voilà ce que Paul, avec sa profonde connaissance de la pensée divine, cherchait à atteindre et qu’il avait atteint lors de sa première visite à Corinthe, bien que cela ait été « dans la faiblesse, et dans la crainte et dans un grand tremblement ». Sa parole et sa prédication n’avaient pas été « en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance » (1 Cor. 2:3-4). Le Seigneur Jésus lui-même, dans une vision de la nuit, l’avait encouragé par ces paroles : « Ne crains pas, mais parle, ne te tais pas, parce que Je suis avec toi ; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville » (Act. 18:9-10). C’est pourquoi Paul avait annoncé sans crainte l’évangile de la grâce de Dieu ; il avait montré alors, aussi bien que dans ses épîtres, que s’il était « un homme ordinaire pour le langage », il ne l’était pas « pour la connaissance » (v. 6).

Une autre critique de ses adversaires concernait son renoncement à tout soutien matériel de la part des Corinthiens durant son séjour. Tant la loi du Sinaï que le Seigneur Jésus lui-même avaient déclaré que les serviteurs de Dieu devaient vivre de leur service (Deut. 18:1-5 ; Matt. 10:10). De plus, il était habituel parmi les sages et les philosophes grecs d’exiger de l’argent pour leurs services. Pourtant Paul n’avait accepté aucun don, mais avait vécu du travail de ses mains, afin de ne pas s’exposer au soupçon de vouloir s’enrichir (comp. Act. 18:3). Et ses adversaires prenaient justement ce fait comme occasion de l’attaquer d’un autre côté, en tentant de mettre en doute son appel et sa qualification. Avait-il donc commis une faute en s’abaissant extérieurement, afin de pouvoir présenter gratuitement l’évangile de Dieu aux Corinthiens et les amener par ce moyen à la position la plus élevée pour des hommes, celle d’enfants de Dieu (v. 7) ?

Toutes les assemblées ne se comportaient pas comme celle à Corinthe. Lorsque Paul dit qu’il a « dépouillé  d’autres assemblées », cela ne signifie naturellement pas qu’il ait exigé quelque chose d’elles (v. 8). Bien au contraire, les assemblées de Macédoine (surtout celle à Philippes) lui avait transmis spontanément, par amour fraternel, un soutien bienvenu, lorsqu’il était dans le besoin à Corinthe, car il ne voulait en aucun cas être à charge aux Corinthiens (v. 9 ; comp. Phil. 4:15 ; 2 Cor. 8:1-5). Ceux-ci n’avaient-ils pas pu reconnaître qu’il n’avait rien à cacher devant eux, mais que c’était « la vérité de Christ » qui dictait son attitude dans toute sa vie et toute sa conduite ? Il ne se laisserait en aucun cas frustrer, en Achaïe, la contrée où se trouvait Corinthe, de la gloire de leur avoir annoncé « gratuitement » l’évangile (comp. 1 Cor. 9:18). Mais était-ce par manque d’amour pour eux ? À cette question, il répond lui-même par ces mots, qui en disent long : « Dieu le sait ». Le grand apôtre n’avait pas besoin d’en dire plus pour sa défense et sa justification, lui qui était manifesté de toute manière devant eux et qui révélait la vérité de Christ (v. 10-11).

 

12.3   De faux apôtres (v. 12-21a)

Paul était fermement décidé à poursuivre son ministère comme auparavant, afin de n’offrir aucune occasion à ses opposants qui cherchaient continuellement de nouveaux motifs pour l’accuser. Lorsque les Corinthiens auraient reconnu que les critiques à l’égard de l’apôtre étaient insoutenables, ces disputeurs seraient alors manifestés devant eux comme Paul et ses compagnons d’œuvre l’avaient toujours été. Et il apparaîtrait aussi combien leur prétendue gloire était creuse et vaine (v. 12 ; comp. v. 6, 10 ; chap. 5:12).         

Ces hommes prétendaient bien être des apôtres et des ouvriers dans l’œuvre du Seigneur, mais ils étaient en réalité « de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres de Christ » (v. 13). Alors qu’ils attaquaient la personne de l’apôtre Paul, il y a aujourd’hui dans la chrétienté beaucoup de gens qui se permettent d’attaquer sa doctrine ! Plus tard, de faux apôtres sont aussi apparus dans l’assemblée à Éphèse, mais ils ont été reconnus menteurs (Apoc. 2:2). Aujourd’hui en revanche, de telles personnes sont souvent tenues dans la plus haute estime et remplissent des fonctions non scripturaires.  

Si même Satan peut revêtir la forme d’un ange de lumière, il n’y a rien d’étonnant que ses serviteurs s’introduisent furtivement comme « serviteurs de justice ». Mais la fin sera « selon leurs œuvres » (v. 14-15). Il est sérieux de constater que Dieu ne mentionne jamais dans sa Parole des « circonstances atténuantes » pour une mauvaise marche ou de fausses doctrines. Il ne dit jamais à ceux qui confessent être chrétiens : vous êtes mes enfants, vous ne pouvez pas perdre votre salut, même si vous vivez dans le péché ! Au contraire, il est dit au sujet de ceux qui marchent  « comme des ennemis de la croix de Christ », malgré une belle profession pleine de sérieux, que « leur fin est la perdition » (Phil. 3:19). En parlant d’Alexandre qui a montré beaucoup de méchanceté envers lui, Paul déclare : « le Seigneur lui rendra selon ses œuvres » (2 Tim. 4:14). L’apôtre a déclaré aussi quant à lui-même : « de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Cor. 9:27), bien qu’il n’ait nullement craint de perdre son salut. Mais celui qui professe être sauvé, est aussi responsable de vivre dans la sainteté. Une simple confession ne suffit pas ; elle conduit à la perdition éternelle.        

Pour Paul, qui aurait de beaucoup préféré parler dans sa lettre du Seigneur et de sa gloire, c’était de la folie, comme déjà dit au verset 1, de s’occuper de sa propre personne. Mais à cause des graves accusations avancées contre lui et contre son ministère, il était maintenant contraint de se défendre. Il demande donc à ses lecteurs de ne pas le tenir pour un insensé qui aime à parler de lui-même. Et si toutefois ils estiment qu’il est un insensé, il leur demande d’avoir de la compréhension, s’il se glorifie un peu (v. 16).  

Parler de soi n’est « pas selon le Seigneur », c’est-à-dire n’est pas selon la nature et la volonté de Celui qui a dit de lui-même : « Je suis débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11:29), et duquel il est écrit : « Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé, en qui mon âme a trouvé son plaisir… Il ne contestera pas, il ne criera pas, et personne n’entendra sa voix dans les rues » (Matt. 12:18-19). Paul considérait une telle glorification de soi-même comme une folie, bien qu’il l’ait fait avec une certaine assurance - parce que ce qu’il disait correspondait à la vérité. Ses adversaires se glorifiaient, eux, « selon la chair », c’est-à-dire d’une manière qui doit être condamnée. Si donc il voulait maintenant se glorifier « un peu », ceci concernait des faits relatifs à sa personne et quant à sa vie et à son ministère, comme nous allons le voir (v. 17-18).     

Nous ne devons pas déduire des paroles : « Ce que je dis, je ne le dis pas selon le Seigneur », que l’apôtre n’ait pas été inspiré en parlant ainsi. Il a écrit cela aussi sous la direction absolue du Saint Esprit, bien que son cœur, entièrement consacré à la glorification de son Seigneur, ait répugné à le faire. Il le fallait pourtant, à cause des astuces des faux docteurs et de l’empressement avec lequel beaucoup de croyants leur prêtaient attention.    

Les paroles de l’apôtre qui viennent maintenant sont de nouveau pleines d’ironie. Il qualifie les Corinthiens de sages, parce qu’ils supportaient volontiers les insensés. En réalité, ils étaient insensés, puisqu’ils ne discernaient pas les faux apôtres qui se glorifiaient selon la chair (v. 19). L’énumération qui suit de cinq activités charnelles des intrus auxquels ils se soumettaient, montre jusqu’où même des croyants peuvent en venir lorsqu’ils ne vivent pas dans la « simplicité quant au Christ ». S’ils sont asservis, c’est-à-dire assujettis à une volonté humaine, s’ils sont dévorés, si on prend leur bien, si quelqu’un s’élève au-dessus d’eux et même - au sens figuré sans doute, bien que l’on puisse citer Actes 23:2 - si on les frappe au visage, ils peuvent le supporter (v. 20) !       

Aux yeux des Corinthiens, le comportement complètement différent de Paul et de ses compagnons d’œuvre était un signe de faiblesse (v. 21a). Au lieu d’asservir, ils étaient des serviteurs (6:4), au lieu de dévorer les autres, ils se dépensaient entièrement pour eux (12:15), ils n’avaient rien pris d’eux (v. 9), ils ne s’étaient pas élevés ni recommandés eux-mêmes (10:18), et plutôt que de frapper au visage les bien-aimés du Seigneur, ils avaient été maltraités - litt : souffletés (1 Cor. 4:11). Ils s’étaient ainsi montrés de fidèles disciples de leur Seigneur, qui est en toutes choses le parfait modèle et le parfait exemple pour les siens. Or les Corinthiens avaient, eux, interprété cela comme de la faiblesse et un signe de honte.

 

12.4   Les souffrances de Paul  (v. 21b-31)

L’apôtre entre maintenant dans quelques déclarations de ses arrogants opposants et se fait aussi « osé »  qu’eux, bien que cela lui répugne au plus haut point, car c’est « insensé » (v. 21b). Ces faux apôtres se vantaient ouvertement d’être Hébreux, mais Paul l’était aussi (v. 22 ; comp. Phil. 3:5). Lorsqu’ils prétendaient être serviteurs de Christ, il ne se laisse pas entraîner dans une comparaison (com. 10:12). Il s’excuse pour ainsi dire de parler « en insensé », c’est-à-dire de devoir s’exprimer contrairement à tout bon sens, et dit alors : « moi plus encore ». Y a-t-il un service plus élevé que celui pour Christ ? C’était la raison de vivre de Paul et il y mettait toutes ses forces. Dans les versets suivants, qui ne contiennent plus aucune comparaison avec les faux docteurs, il montre qu’un tel service n’apportait aucun honneur de la part des hommes, mais qu’il était lié à des souffrances indicibles.    

La plupart des expériences douloureuses qu’il mentionne ici ne sont pas rapportées dans le livre des Actes des Apôtres - ce qui nous montre combien peu nous savons effectivement de la vie de ce grand apôtre. Aucun autre serviteur de Christ n’a sans doute autant souffert que Paul. Le Seigneur Jésus avait dit à Ananias : « Car je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom » (Act. 9:16). Comme l’indique la longue énumération de ses épreuves même sans beaucoup d’explications, il a enduré au cours de ses voyages des peines indicibles : « Dans les travaux bien davantage, sous les coups excessivement, dans les prisons bien plus souvent, en danger de mort souvent » (v. 23). 

Il n’avait encore connu qu’un seul des cinq séjours en prison qui sont mentionnés dans le Nouveau Testament (Philippes : Act. 16 ; Jérusalem : Act. 22 ; Césarée : Act. 23 ; Rome, deux fois : Act. 28 ; 2 Tim. 1:8). Cependant, il écrit : « dans les prisons bien plus souvent », c’est-à-dire qu’il avait déjà alors été emprisonné plusieurs fois. Les versets 24-25 laissent entendre combien souvent il a connu les coups. La mention précise de « quarante coups moins un » renvoie à une ordonnance judaïque selon laquelle il fallait éviter d’enfreindre le commandement de Deutéronome 25:3 par un excès de coups. Paul a aussi souvent été exposé à la mort, tant de la part des hommes que par des catastrophes naturelles, comme le montre également le verset 25. « En voyages souvent, dans les dangers sur les fleuves, dans les dangers de la part des brigands, dans les dangers de la part de mes compatriotes, dans les dangers de la part des nations, dans les dangers à la ville, dans les dangers au désert, dans les dangers en mer, dans les dangers parmi de faux frères… » (v. 26). De toutes parts le guettaient des dangers dont toutefois le Seigneur a délivré son serviteur, pour qu’il puisse achever sa course. « En peine et en labeur, en veilles souvent, dans la faim et la soif, dans les jeûnes souvent, dans le froid et le dénuement… » (v. 27). Tel est le tableau des souffrances endurées au service de son Seigneur par cet homme fidèle !       

Mais il y a plus encore. Au verset 28, les mots « en plus de ces circonstances exceptionnelles » (grec : ton parektos) laissent entendre qu’il ne s’agit pas d’une énumération complète de ses tribulations ! À ce qu’il a nommé ou tu, s’ajoute finalement ce qui assiégeait journellement son âme : « la sollicitude pour toutes les assemblées ». Et après tout ce que nous avons vu dans cette épître, Paul se faisait tout particulièrement du souci pour l’assemblée à Corinthe.   

Partout où il rencontrait une âme croyante faible, il entrait dans ses difficultés avec amour, et si quelqu’un était scandalisé par le comportement désagréable d’autrui, son âme brûlait, pleine d’amour pour le Seigneur et pour les siens (v. 29 ; comp. Rom. 14 ; 1 Cor. 12:26). 

« S’il faut se glorifier, je me glorifierai dans ce qui est ma faiblesse » (v. 30) : cette affirmation est certes étroitement liée à la précédente (comp. v. 16), mais elle introduit aussi un nouveau paragraphe, qui atteint son point culminant au verset 9 du chapitre 12. Il appelle d’abord à témoin « le Dieu et Père du Seigneur Jésus (lui qui est béni éternellement) » que tout ce qu’il a à dire correspond à la vérité (v. 31). Puis il mentionne - moins comme complément à l’énumération de ses souffrances que comme introduction à ce qui va suivre - sa fuite de Damas (v. 32-33 ; comp. Act. 9:25). Quelqu’un qui chercherait sa gloire n’aurait guère rappelé cette circonstance dans ce contexte. Aucun ange ne lui avait ouvert la porte, ou n’avait rendu aveugles ses poursuivants. Non, c’est dans une corbeille que des amis avaient aidé le grand apôtre des nations à fuir par une fenêtre à travers la muraille de la ville ! Arétas IV (9 av. JC à 40 après JC) était roi des Nabatéens et beau-père d’Hérode Antipas.         

Ici non plus, Paul ne se vante pas de grands mots ou actes, dont son ministère étendu était en vérité loin d’être dépourvu, mais il se glorifie uniquement de sa faiblesse et de la grâce de son Seigneur et Maître. Ce n’est que pour ce motif qu’il mentionne le fait infamant qu’il a été dévalé par une fenêtre à travers la muraille de Damas immédiatement avant de décrire son glorieux « enlèvement » au troisième ciel dans le chapitre suivant.

 

13 Ch. 12 — Au troisième ciel et sur la terre  

Les contradicteurs de Paul ne pouvaient soutenir aucune comparaison avec lui devant l’énumération des souffrances et des tribulations qu’il avait connues durant son ministère. Pourtant l’apôtre en vient à parler encore d’une circonstance absolument sans pareille. Ce n’est plus maintenant son abaissement, mais une élévation unique : son enlèvement dans le ciel.

 

13.1   L’enlèvement de Paul  (v. 1-6)

Paul commence cette section par ces paroles : « Il est vrai qu’il est sans profit pour moi de me glorifier », et confirme ainsi encore une fois combien il est loin de se soucier de sa propre personne, contrairement aux faux docteurs à Corinthe. Il ne veut pas s’occuper de ce qui est « derrière », et encore moins de la chair, du vieil homme, mais veut avoir uniquement Christ devant les yeux (v. 1).

Paul avait déjà reçu auparavant plusieurs visions et révélations de la part du Seigneur (Act. 18:9 ; 22:15 ; 26:16 ; 1 Cor. 11:23 ; 1 Thes. 4:15). Mais il décrit maintenant une expérience extraordinaire qu’il lui avait été donné de faire, sans doute pour fortifier sa foi dans son ministère marqué de tant de privations. C’est ici la seule fois, alors que son appel comme apôtre de Jésus Christ est contesté, qu’il en fait mention. David n’avait jamais fait part de la mort du lion et de l’ours tant qu’il n’était qu’un berger insignifiant ; il n’en a parlé que lorsque cela a été nécessaire pour encourager le roi et le peuple (1 Sam. 17:34-37). De même Paul ne révèle sa merveilleuse expérience que quatorze ans plus tard, dans cette situation critique. D’autres, moins spirituels, tels que les Corinthiens et leurs conducteurs, s’en seraient probablement glorifiés à toute occasion.

Bien que l’apôtre parle ici à la troisième personne : « Je connais un homme en christ », il ressort clairement du verset 7 qu’il s’agit de lui-même. Il choisit cependant cette manière de s’exprimer, parce que pour lui il y va non pas de la gloire de sa propre personne (et donc de la chair), mais de ce qui a son origine en Dieu. Il ne se considère pas comme un éminent apôtre, mais se voit comme « un homme en Christ », c’est-à-dire dans la position dans laquelle tout chrétien se trouve par la foi (1 Cor. 1:30). Paul évite ainsi toute référence à sa propre personne.

Il ne sait pas non plus si ce fut « dans le corps » ou « hors du corps », si l’esprit était lié au corps ou s’il en était séparé. Dieu le lui avait caché. Mais il savait une chose : il avait été « enlevé jusqu’au troisième ciel (v. 2).

Dans l’Ancien Testament, le mot en hébreu pour « ciel » est toujours au pluriel (voir Gen. 1:1 ; 1 Rois 8:27). Etant donné que le sanctuaire terrestre de Dieu est vu dans le Nouveau Testament comme la « copie » du vrai sanctuaire, et que le Seigneur Jésus, comme souverain sacrificateur « a traversé les cieux » (Héb. 4:14 ; 9:24), nous pouvons discerner dans les trois parties de la tente d’assignation et du temple, des représentations des diverses sphères célestes. Ainsi le parvis correspond au ciel créé visible, le lieu saint au ciel créé invisible, et le lieu très saint au « troisième ciel », à la glorieuse présence de Dieu, où Christ, l’homme glorifié est assis à sa droite, où se trouvent maintenant les âmes des croyants endormis, et où seront réunis avec Lui, après leur enlèvement, tous les saints dans des corps glorifiés (comp. Apoc. 4-5). Comme le montre la place de l’autel de l’holocauste dans le parvis, l’œuvre de Christ à la croix, dans ce sens, n’a pas eu lieu sur la terre, car le Seigneur a été « élevé de la terre » (Jean 3:14 ; 8:28 ; 12:32-34). La « maison de mon Père » mentionnée en Jean 14, est la demeure éternelle incréée, donc en dehors de la création, de la Trinité : du Père, du Fils et du Saint Esprit. En s’en allant au Père, le Seigneur Jésus y a préparé une place pour les enfants de Dieu, objets de son amour, qui croient en lui et en son œuvre de rédemption accomplie. Les « cieux des cieux » et « la lumière inaccessible » semblent par contre désigner la présence immédiate et sainte du Dieu invisible (1 Rois 8:27 ; 1 Tim. 6:16). Par la foi en l’œuvre rédemptrice de Christ, nous avons maintenant déjà la liberté d’entrer en esprit au travers du voile déchiré dans le sanctuaire (c’est-à-dire dans le lieu très saint : comp. Héb. 10:19), mais Paul a pu être là comme un « homme en Christ », bien qu’il n’ait pas su si cela a été dans le corps ou hors du corps ! Le paradis mentionné au verset 3 est une autre manière de désigner le troisième ciel (comp. Luc 23:43 ; Apoc. 2:7). L’expression  « troisième ciel » nous montre la hauteur et l’élévation, tandis que celle de « paradis » parle de la gloire de la présence de Christ !

Là, Paul a entendu « des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer » (v. 4). Il parle uniquement de ce qu’il a entendu, non de ce qu’il a vu. Libéré de la chair, il a pu entendre et assurément aussi comprendre des paroles qui étaient si saintes, si élevées et si grandes que l’homme dans la chair, même croyant, n’était ni capable ni qualifié pour les répéter. Combien cette expérience unique a dû être merveilleuse pour Paul ! Elle lui a donné la force, le courage et la persévérance pour assumer son difficile ministère. Au milieu des plus grandes difficultés rencontrées sur le chemin qui mène au but céleste, il pouvait se souvenir : J’ai été là ! Nous comprenons alors dans quelle pensée il pouvait écrire aux croyants à Philippes : « Je fais une chose : oubliant ce qui est derrière et tendant avec effort vers ce qui est devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3:13-14).

Paul était bien loin de s’élever au-dessus des autres. Il voulait certes se glorifier « d’un tel homme », mais non de lui-même, sinon de ses faiblesses (v. 5 ; comp. 11:30 ; 12:9). Si même il était contraint par les circonstances de parler de lui-même et de ses expériences, il évitait soigneusement de susciter ne serait-ce que l’impression qu’il voulait se mettre en avant ou qu’il était fier de lui. Contrairement à ses adversaires, dont la vanterie était insensée, parce qu’elle reposait sur la fausse appréciation qu’ils portaient sur eux-mêmes, Paul aurait pu se glorifier en vérité. Mais il s’y refusait, afin que personne ne le considère au-dessus de ce que l’on pouvait voir ou entendre de lui (v. 6). C’est ici la seule fois qu’il parle de son enlèvement au troisième ciel, et cela sans ajouter aucun commentaire. Il aurait pu dire : Je suis le seul qui a été élevé d’une telle manière au ciel ! Mais il ne le fait pas.

 

13.2   L’écharde dans la chair (v. 7-10)

Dans la gloire du ciel, plus personne ne sera enflé d’orgueil. Mais pour Paul, avoir été là près du Seigneur glorifié, et « l’extraordinaire des révélations » qu’il avait reçues, représentaient un danger après son retour sur terre. Son « moi », la chair pécheresse, ce dangereux compagnon de tout chrétien, aurait pu s’en glorifier. Dieu voyait ce danger et Il a donné à son serviteur « une écharde pour la chair » afin qu’il ne s’enorgueillît pas. De même que pour Job, Dieu permit à Satan de faire « frapper au visage » l’apôtre Paul par un de ses anges, afin qu’il n’en tire pas orgueil (v. 7). Malgré beaucoup de tentatives d’explications, nous ignorons en quoi consistait cette écharde pour la chair (ici, il s’agit du corps). Un rapprochement avec « la faiblesse corporelle » et « ce qui était éprouvant pour vous dans mon corps » (Gal. 4:13-15) est possible mais sans certitude. C’était de toute façon pour l’apôtre quelque chose d’extrêmement douloureux et humiliant. Dieu voulait ainsi non seulement faire obstacle à toute glorification charnelle en Paul, mais l’amener à se glorifier dans la faiblesse.

De même qu’en Gethsémané le Seigneur Jésus a supplié trois fois son Père de faire passer, si possible, loin de lui la coupe amère de la souffrance à cause de notre péché, ainsi Paul supplia trois fois le Seigneur afin que cette écharde se retire de lui (v. 8). Il y a cependant une grande différence. Le Seigneur se tenait dans une perfection immaculée devant son Père et savait qu’il n’y avait aucun autre chemin pour manifester son amour et sa grâce envers des hommes perdus. Pour Paul, en revanche, cette forme de discipline préventive était imposée par le Seigneur dans sa sagesse divine, à cause du danger de se glorifier de sa chair incorrigible.

Bien qu’au début, il ait pensé que la souffrance était une entrave dans son ministère, il accepta, après sa triple supplication, la réponse du Seigneur. Il ne contesta pas son destin, mais se soumit aux voies de son Seigneur qui lui dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (v.9). Ainsi par l’écharde dans la chair et par la souffrance qui y était liée, Paul apprit que la puissance du Seigneur se montre le plus clairement lorsque la faiblesse de l’instrument humain est manifestée - une réalité qui traverse toute cette épître (comp. 4:7 ; 11:30). Il comprit que l’écharde était une preuve de la grâce prévoyante, de cette attention imméritée et pleine d’amour de son Seigneur, qui est aussi le « Dieu de toute grâce » (1 Pier. 5:10). Sa grâce pourvoirait à toutes les circonstances de sa vie.

Il est impossible à la nature humaine de prendre « plaisir dans les faiblesses, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ » (v. 10). Mais, à l’école de Dieu, Paul voyait dans ces choses qu’il avait déjà évoquées au chapitre 11:23-33, le chemin dans lequel la puissance de Christ s’appliquait dans son ministère pour lui. Tous les avantages de la chair n’étaient pour lui que des ordures (Phil. 3:8). Quand il se voyait dans sa faiblesse et son infirmité humaines, il était fort, car alors la puissance de Christ pouvait agir sans entrave et - ce qui était encore plus important - il était évident qu’il s’agissait uniquement de Sa puissance et non d’une puissance humaine (v. 10).

Parce qu’il avait reconnu cela, Paul préférait de beaucoup se glorifier dans ses faiblesses, afin que la puissance du Christ, qui s’unit à la faiblesse de l’homme, non à sa force, puisse demeurer sur lui. Si l’apôtre se glorifiait dans cette faiblesse, il était manifeste que toute puissance venait uniquement de Christ en haut (v. 9).

 

13.3   Derniers appels de l’apôtre  (v. 11-21)

Paul arrive progressivement à la fin de son épître et résume encore une fois sa position et son attitude à l’égard des frères et sœurs à Corinthe. Parce qu’ils s’étaient laissés entraîner par des séducteurs, il avait été contraint de parler comme un insensé (comp. 11:1, 16-23). Au lieu de recommander l’apôtre qu’ils connaissaient bien en raison de son séjour de dix-huit mois au milieu d’eux, ils s’étaient associés aux critiques de ses adversaires au sujet de sa personne. Les Corinthiens, dans leurs pensées charnelles (comp. 1 Cor. 3:3-4), s’étaient laissés accaparer par ces « plus excellents apôtres » qui ne faisaient que se mettre personnellement en avant. Cependant, comme nous l’avons vu dans ce qui précède, Paul n’avait besoin de le leur céder en aucune manière bien que n’étant rien, c’est-à-dire exactement le contraire de ce qu’ils prétendaient être eux-mêmes (v. 11).

Après sa résurrection, le Seigneur Jésus avait donné à ses apôtres la mission d’aller dans tout le monde et de prêcher l’évangile à toute la création. Il leur avait aussi promis les signes qui les accompagneraient : en son nom, ils chasseraient les démons, ils parleraient de nouvelles langues, surmonteraient les dangers et imposeraient les mains aux malades afin qu’ils guérissent (Marc 16:15-18). « Les signes d’un apôtre » avaient été opérés par Paul au milieu des croyants à Corinthe « en toute patience, par des signes, des prodiges, et des miracles » (v. 12). Ainsi la légitimité de son apostolat était pleinement démontrée (comp. 1 Cor. 9). Le seul « désavantage » des Corinthiens vis-à-vis des autres assemblées était le fait que Paul n’ait accepté aucun soutien matériel de leur part. Avec quelque ironie, il leur demande maintenant pardon pour « ce tort » (v. 13 ; comp. 11:7-9).

Pendant un certain temps, Paul avait envisagé une deuxième visite à Corinthe (voir 1 Cor. 4:19 ; 11:34 ; 16:5 ; 2 Cor. 1:15:« une seconde grâce »). Il avait cependant repoussé ce voyage à cause de leur triste état et leur avait envoyé son collaborateur Tite à Corinthe (1:23 ; 8:17). Maintenant, sur la base des informations encourageantes de Tite, Paul était disposé à faire cette visite, la troisième selon son intention, mais dans les faits seulement la deuxième. Si cette fois encore il ne voulait pas leur être à charge, il pensait par-là d’abord à un soutien matériel, mais comme le montre la suite, ses pensées allaient au-delà. Ses préoccupations pour les Corinthiens étaient caractérisées par un amour profond. Si difficile que ce soit dans ce cas, il cherchait cependant à atteindre leurs cœurs. Comme leur père spirituel (voir 1 Cor. 4:15), il désirait ardemment leur communiquer autant de richesses spirituelles que possible, et renonçait volontiers à son droit de vivre de l’évangile, si cela était mal interprété de leur part (v. 14).

Dans son dévouement et son amour, Paul désirait faire tout ce qui était à sa portée pour la prospérité spirituelle de leurs âmes, se dépenser entièrement, même s’il voyait que leur amour pour lui diminuait dans la mesure où l’amour qu’il leur manifestait surabondait (v. 15). On est tenté de se demander : Comment cela est-il possible ? Le mobile de Paul était l’amour du Christ. Son but était de stimuler la croissance spirituelle des croyants. Les Corinthiens étaient cependant encore si charnels qu’ils ne comprenaient pas cette sollicitude. Plus Paul leur présentait les pensées et les voies du Seigneur Jésus, plus ils se détournaient froidement de lui. L’Esprit et la chair sont opposés l’un à l’autre (Gal. 5:17).

On attribuait méchamment à Paul les motifs les plus faux et on lui reprochait de n’avoir, par ruse, rien accepté lui-même de leur part, mais d’avoir envoyé vers eux Tite pour obtenir, sous le couvert d’une collecte pour les pauvres à Jérusalem, de l’argent dont il voulait se servir pour lui-même (v. 16 ; comp. 8:6, 16-24) ! Quelle souffrance pour son cœur, totalement étranger à de si basses pensées, de devoir s’occuper de tels soupçons et d’être contraint de se justifier ! Tite et le frère qui l’accompagnait avaient-ils donc donné aux Corinthiens l’impression que l’apôtre voulait les tromper ? Non, dans leur visite ses compagnons d’œuvre avaient fait preuve du même esprit et agi de la même manière que lui (v. 17-18). Dans son grand amour pour les croyants à Corinthe, Paul supportait tout cela et s’efforçait de ramener ces cœurs si égarés à « la simplicité quant au Christ » (11:3).

Il ne cherchait cependant pas à se justifier devant eux, ni ne les reconnaissait comme juges de sa conduite. Non, lui et ses compagnons d’œuvre parlaient toujours dans la conscience de se tenir en Christ devant le Dieu saint, et en même temps dans l’intention de travailler à l’édification spirituelle des bien-aimés du Seigneur qu’ils aimaient eux aussi malgré tous leurs manquements (v. 19 ; comp. 2:17). L’apôtre  nourrissait cependant de grandes craintes lorsqu’il pensait à sa prochaine visite. Dans quel état trouverait-il les Corinthiens et quelle attitude devrait-il adopter à leur égard ? Il craignait que Dieu doive l’humilier quant à eux, s’il y avait encore parmi eux des péchés de l’esprit tels que « des querelles, des jalousies, des colères, des intrigues, des médisances, des insinuations, des enflures d’orgueil, des désordres » (v. 20 ; comp. 1 Cor. 2:3 ; 5:2 ; 6:7 ; 14:40) et s’ils ne s’étaient pas repentis des cas de péchés charnels survenus parmi eux, tels que « l’impureté … la fornication et des impudicités » (v. 21 ; comp. 7:1 ; 1 Jean 2:16). Il place l’humiliation et le deuil avant la discipline nécessaire le cas échéant (comp. 13:2). Un enseignement important réside en cela pour nous.

Au début de ce chapitre, nous voyons Paul enlevé au troisième ciel, et à la fin, des chrétiens tombés dans les pires péchés. Mais entre les deux, nous trouvons une ressource merveilleuse. C’est la conscience de la puissance de Christ sur nous et le jugement permanent de la chair en nous.

 

14 Ch. 13 — Annonce d’une visite

Dans le dernier chapitre, l’apôtre revient encore une fois sur son intention de visiter les croyants à Corinthe. Il les avertit à l’avance que cette visite pourrait avoir de sérieuses conséquences. Il possédait, comme apôtre appelé du Seigneur, une autorité qui n’existe plus actuellement dans les assemblées. Cette autorité apostolique avait cependant été contestée à Corinthe, alors que les croyants avaient tous les motifs de la reconnaître. Paul revient finalement encore une fois sur ce point avant de leur souhaiter, comme il le fait habituellement dans ses lettres, la paix et la grâce.

 

14.1   Un avertissement (v. 1-2)

Lorsque Paul parle de venir à Corinthe « cette troisième fois », il sous-entend son troisième projet, qu’il désire maintenant concrétiser (v. 1 ; comp. 12:14). Il avait dû renoncer à sa deuxième visite initialement projetée à cause de l’état de l’assemblée à Corinthe et l’avait remplacée par cette épître, dans laquelle il leur adresse tant de sérieuses exhortations. Lors de cette rencontre tout, y compris les péchés mentionnés dans le chapitre12 (v. 20-21), serait cependant clarifié, en accord avec les paroles du Seigneur Jésus (Matt. 18:16), avec l’appui des témoignages nécessaires et sans partialité. C’est là un principe fondamental dans toutes les questions qui peuvent surgir entre frères et sœurs et dans une assemblée. Soyons sur nos gardes contre tout jugement qui ne repose pas sur le témoignage de deux ou trois témoins fiables et fidèles. Les paroles « par la bouche de deux ou de trois témoins » ne peuvent guère se rapporter à la première visite et aux deux lettres de l’apôtre, vu qu’il s’agit du témoignage d’une seule personne.

L’apôtre répète et souligne encore une fois « comme si j’étais présent pour la seconde fois, et maintenant étant absent », qu’il n’épargnerait plus ni ceux qui avaient péché, ni tous les autres (v. 2 ; comp. 10:11 ; 1 Cor. 4:21). Il écrit comme s’il était venu une deuxième fois, bien qu’il ait alors été absent. Cette épître doit remplacer la deuxième visite.

 

14.2   Paul et les Corinthiens (v. 3-10)

Paul reprend une fois de plus la question de son appel et de son autorité comme apôtre. Puisque les Corinthiens cherchaient une preuve que Christ avait parlé par lui dans la prédication de la Parole de Dieu, il les somme de s’éprouver eux-mêmes. Si le Seigneur n’avait pas parlé par son moyen, ils ne seraient pas venus à la foi vivante, et Christ ne pourrait pas habiter en eux. Mais s’ils reconnaissaient que Christ était en eux, parce qu’ils l’avaient reçu par la foi, c’est qu’Il avait parlé par l’apôtre, car celui-ci avait été l’instrument de leur conversion. S’ils mettaient en doute l’apostolat de Paul, ils ébranlaient en même temps l’authenticité de leur foi. Or il n’existait pas le moindre doute à cet égard ni quant à eux ni quant à lui, bien qu’il ajoute cette réserve : « …à moins que vous ne soyez des réprouvés » (v. 5 ; comp. 1 Cor. 9:1-2). Le mot « réprouvé » (grec : adokimos) se retrouve dans d’autres passages tels que Romains 1:28 ; 1 Cor. 9:27 ; 2 Tim. 3:8 ; Tite 1:16 ; Héb. 6:8. Il ne s’agit donc pas seulement ici de la pratique, ou de la marche, mais de la question : sauvé ou perdu.

Les mots : « lui qui n’est pas faible envers vous, mais puissant au milieu de vous… », au milieu du verset 3, introduisent une parenthèse qui va jusqu’à la fin du verset 4. Paul y décrit son ministère, comme il l’a exposé au chapitre 12. On ne pouvait certes voir en lui et en ses compagnons d’œuvre que faiblesse et indignité, mais la puissance était en Dieu. Ainsi aussi Christ avait été crucifié en faiblesse, mais ressuscité par la puissance de Dieu (comp. Éph. 1:19-20). Si même leur service était caractérisé extérieurement par la faiblesse, en réalité la puissance de Dieu s’y manifestait - une puissance que les Corinthiens aussi avaient appris à connaître par la foi.

La pensée interrompue au verset 3 après les mots : « Puisque vous cherchez une preuve que Christ parle en moi », est reprise au verset 5:« examinez-vous vous-mêmes, et voyez si vous êtes dans la foi… ». Ces paroles ne doivent pas être retirées de leur contexte, pour en déduire que le croyant doit continuellement s’examiner pour savoir si Christ est en lui !

Si toutefois les Corinthiens n’étaient pas des chrétiens, il en serait de même pour l’apôtre et ses collaborateurs, qui leur avaient annoncé l’évangile. C’est pourquoi ceux-ci espéraient qu’ils reconnaîtraient qu’ils n’étaient pas des réprouvés » (v. 6). Pourtant, ils ne se préoccupaient pas d’eux-mêmes, mais de la bénédiction des croyants à Corinthe. Paul prie pour qu’ils se détournent du mal, non afin qu’ils fassent ce qui est bon. Si ce but est atteint, il leur est indifférent, à lui et à ses compagnons d’œuvre, qu’ils soient jugés approuvés ou réprouvés (v. 7).

Ils ne connaissaient qu’un seul critère : la vérité de Dieu. Elle était la règle et le contenu de leur ministère et ils savaient qu’ils ne pouvaient jamais agir contre la vérité, mais que Dieu était avec eux uniquement quand ils s’en tenaient à cette vérité (v. 8). C’était seulement alors qu’ils avaient de la puissance morale et de l’autorité. Combien cela est sérieux pour nous qui, si facilement, pouvons nous éloigner de la vérité. Mais si cela est arrivé, il y a toujours une issue. Nous pouvons confesser notre manquement dans l’humiliation et la repentance. Ceci vaut aussi bien pour un individu que pour toute une assemblée.

Pour l’apôtre et ses compagnons, ce serait une joie de voir les croyants dans un si bon état spirituel qu’ils n’auraient pas besoin de faire usage de leur autorité, et ainsi ils pourraient être « faibles », car ce serait un signe que les Corinthiens étaient « puissants » (ou « forts », grec : dunatos). Le perfectionnement des saints, tel était le sujet de leurs prières (v. 9). Ce perfectionnement diffère de la perfection pratique que nous trouvons par exemple en Phil. 3:15 et Héb. 5:14. Dans ces passages, il s’agit du résultat de la croissance spirituelle, qui peut être aussi rendu par « adultes ». Le mot traduit dans notre verset par « perfectionnement » (grec : katartisis), est tiré d’un verbe qui a le sens de « remettre en ordre » ; il est rendu, par exemple, en Matt. 4:21 par « réparer » (les filets) et en Gal. 6:1 par « redresser ».

Quel enseignement pour tout serviteur du Seigneur, qui ne doit pas avoir peur d’appeler le péché par son nom, mais - contrairement aux chefs et aux grands de ce monde - jamais non plus se montrer autoritaire ou arrogant. Selon les paroles et l’exemple du Seigneur Jésus, seul celui qui, à l’égard de ses frères et sœurs dans la foi, se présente comme serviteur et esclave, c’est-à-dire dans la faiblesse, est réellement grand (Matt. 20:25-28 ; Luc 22:27).

Au début de cette épître, l’apôtre avait déclaré vouloir coopérer à leur joie, et non  pas dominer sur leur foi (1:24). Maintenant, arrivé à la fin, il explique pourquoi il a dû leur écrire d’une manière parfois très ferme et même sévère. Il est animé du désir sincère de pouvoir renoncer le plus possible, lors de sa prochaine visite, à toute sévérité, et de pouvoir utiliser l’autorité que le Seigneur lui a conférée, non pour la destruction, mais pour l’édification des saints (v. 10 ; comp. 10:4, 8). C’est ainsi que se termine cette partie de sa lettre, commencée au début du chapitre 10, au sujet de son autorité comme apôtre.

 

14.3   Conclusion (v. 11-13)

Le vœu et encouragement final de l’apôtre pour les frères (c’est-à-dire tous les croyants) à Corinthe résume encore, en cinq exhortations, ce qui leur manquait tant :

●         au lieu de la jalousie, de l’irritation et des disputes, il leur fallait se réjouir dans le Seigneur (comp. Phil. 2:18 ; 3:1 ; 4:4) ;

●         au lieu d’être spirituellement des petits enfants, ils devaient se perfectionner (ou : se redresser) ;

●         ils devaient être ainsi consolés (comp. v. 9) ;

●         l’apôtre leur souhaite d’avoir un même sentiment ;

●         il désire qu’ils vivent en paix - un point sur lequel ils avaient justement tellement manqué (comp. 12:20).

 

Le souhait de l’unité de pensée se retrouve dans presque toutes les épîtres de l’apôtre Paul aux assemblées, ce qui nous montre d’une part l’importance pour la vie d’assemblée, mais d’autre part le constant danger de la désunion : Rom. 12:16 ; 1 Cor. 1:10 ; 10:16-22 ; 12:20-27 ; Éph. 4:1-3 ; Phil. 1:27 ; Col. 3:14-15). Si cependant ils demeuraient dans l’harmonie et la paix, le Dieu d’amour et de paix les conduirait en toutes choses, les fortifierait et les affermirait, ce qui était impossible dans l’état dans lequel ils se trouvaient (v. 11).

La salutation finale commence par le souhait que les croyants à Corinthe puissent se saluer les uns les autres « par un saint baiser ». Une telle salutation signifie plus que simplement tendre la main droite en signe de communion (comp. Gal. 2:9) ; mais pour pouvoir être l’expression de l’amour fraternel, il faut cependant que ce baiser soit saint, ce qui veut dire pur et sincère (v. 12). En signe de leur communion pratique, tous les saints en Macédoine faisaient saluer les croyants à Corinthe (v. 13). Bien que la plupart des croyants à Corinthe et en Macédoine ne se soient pas connus personnellement, ils exprimaient de cette manière leur unité en Christ comme membres de son corps par le Saint Esprit.

Le dernier verset, qui est devenu dans la chrétienté la « formule de bénédiction et d’adieu » habituelle termine cependant d’une manière très appropriée toutes les exhortations de l’apôtre dans cette épître. « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous ! » (v. 13). Paul leur souhaite l’accompagnement de « la grâce du Seigneur Jésus Christ », dont il jouissait lui-même journellement si abondamment (comp. 12:9), « l’amour de Dieu », qui se manifeste non pas seulement à l’égard des pécheurs perdus, mais d’une manière si particulière envers ses enfants, et finalement « la communion du Saint Esprit », non pas la communion avec le Saint Esprit, mais la communion avec le Père, le Fils et les autres enfants de Dieu, qui ne peut être produite que par l’Esprit et est toujours caractérisée par lui.