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Le sermon sur la montagne — Matthieu 5 à 7

 

Arend Remmers

 

Table des matières abrégée : (Table détaillée)

1        Introduction

2        Bienheureux les humbles en esprit

3        Bienheureux ceux qui mènent deuil

4        Bienheureux les débonnaires

5        Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice

6        Bienheureux les miséricordieux

7        Bienheureux ceux qui sont purs de cœur

8        Bienheureux ceux qui procurent la paix

9        Bienheureux ceux qui sont persécutés

10     Le sel de la terre

11     Vous êtes la lumière du monde

12     Christ et la Loi

13     La loi et le royaume

14     Haïr son frère (Matt. 5:21-26)

15     Adultère (Matt. 5:27-30)

16     Divorce et remariage (Matt. 5:31-32)

17     Jurer — oui ou non ? (Matt. 5:33-37)

18     Œil pour œil (Matt. 5:38-42)

19     Aimez vos ennemis (Matt. 5:43-48)

20     L’aumône (Matt. 6:1-4)

21     La prière (Matt. 6:5-15)

22     Le jeûne (Matt. 6:16-18)

23     Deux sortes de trésors (Matt. 6:19-21)

24     L’œil simple et l’œil méchant (Matt. 6:22-23)

25     Personne ne peut servir deux maîtres (Matt. 6:24)

26     Ne soyez pas en souci (Matt. 6:25-34)

27     L’esprit de jugement (Matt. 7:1-5)

28     « Jeter les perles devant les porcs » (Matt. 7:6)

29     À nouveau la prière (Matt. 7:7-12)

30     Le chemin spacieux et le chemin resserré (Matt. 7:13-14)

31     Vous les reconnaîtrez à leurs fruits (Matt. 7:15-20)

32     Une confession sans valeur (Matt. 7:21-29)

33     Entendre et mettre en pratique (Matt. 7:24-29)

 

Table des matières détaillées :

1        Introduction

2        Bienheureux les humbles en esprit

3        Bienheureux ceux qui mènent deuil

4        Bienheureux les débonnaires

5        Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice

6        Bienheureux les miséricordieux

6.1      Miséricorde et grâce

6.2      La miséricorde de Dieu apporte la vie

6.3      « Bienheureux les miséricordieux... »

6.4      « ...car c’est à eux que miséricorde sera faite »

7        Bienheureux ceux qui sont purs de cœur

8        Bienheureux ceux qui procurent la paix

8.1      La paix vient de Dieu

8.2      Discorde

8.3      Ceux qui procurent la paix

8.4      Des fils de Dieu

8.5      « La politique de paix »

9        Bienheureux ceux qui sont persécutés

9.1      Rejet

9.2      Justice

9.3      Persécution

9.4      Bienheureux

9.5      Souffrances pour Christ

9.6      Témoignage rendu à Jésus

9.7      Joie

9.8      Des exemples

9.9      Conclusion

10     Le sel de la terre

10.1          Le sel

10.2          Plus bon à rien

10.3          Un avertissement

11     Vous êtes la lumière du monde

11.1          Dieu est lumière

11.2          Vous êtes la lumière

11.3          Que votre lumière luise

11.4          Les bonnes œuvres

12     Christ et la Loi

12.1          La loi du Sinaï

12.2          Abolir — accomplir

12.3          Iota et trait de lettre

13     La loi et le royaume

13.1          Mépris de la Parole de Dieu

13.2          Justice

14     Haïr son frère (Matt. 5:21-26)

14.1          Le sixième commandement : « Tu ne tueras pas »

14.2          « Mais moi, je vous dis »

14.2.1     Premier exemple : « Réconcilie-toi avec ton frère »

14.2.2     Deuxième exemple : Mets le temps à profit

15     Adultère (Matt. 5:27-30)

15.1          « Mais moi, je vous dis »

15.2          Commettre adultère dans son cœur

15.3          « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute… »

15.4          Le jugement de soi-même

16     Divorce et remariage (Matt. 5:31-32)

16.1          La lettre de divorce

16.2          Le mariage est une union pour la vie

16.3          Le divorce conduit à l’adultère

16.4          La seule exception

17     Jurer — oui ou non ? (Matt. 5:33-37)

17.1          Jurer — selon la Loi

17.2          Jurer à la légère

17.3          Ne pas jurer du tout

17.4          Un chrétien peut-il jurer ?

18     Œil pour œil (Matt. 5:38-42)

18.1          Juste châtiment

18.2          Grâce et miséricorde

18.3          Quatre exemples

19     Aimez vos ennemis (Matt. 5:43-48)

19.1          Altération de la Parole de Dieu

19.2          Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis

19.3          « Vous, soyez donc parfaits »

20     L’aumône (Matt. 6:1-4)

20.1          Justice pratique

20.2          Trois exemples

20.3          Aumônes : miséricorde envers les indigents

20.4          Dieu regarde au cœur

21     La prière (Matt. 6:5-15)

21.1          Des prières hypocrites

21.2          Des prières redondantes

21.3          Le « notre Père »

21.4          L’esprit de pardon

22     Le jeûne (Matt. 6:16-18)

22.1          Pas de commandement

22.2          Le jeûne dans l’Ancien Testament

22.3          Le jeûne dans le Nouveau Testament

22.4          « Et quand vous jeûnez… »

22.5          Le jeûne : une pratique toujours actuelle ?

23     Deux sortes de trésors (Matt. 6:19-21)

23.1          Des trésors terrestres

23.2          Apparente sécurité

23.3          Des trésors permanents

23.4          Le plus grand trésor

24     L’œil simple et l’œil méchant (Matt. 6:22-23)

24.1          L’œil, reflet du cœur

24.2          Le cœur simple

24.3          Le cœur mauvais

25     Personne ne peut servir deux maîtres (Matt. 6:24)

25.1          Le disciple, esclave de Dieu

25.2          L’état de nos cœurs

25.3          Dieu ou les richesses

26     Ne soyez pas en souci (Matt. 6:25-34)

26.1          Prévoyance ou souci

26.2          Deux exemples

26.3          «Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu»

26.4          « D’abord… »

27     L’esprit de jugement (Matt. 7:1-5)

27.1          La nécessité de juger

27.2          Le mauvais esprit de jugement

27.3          Avec quelle mesure mesurons-nous ?

27.4          Paille et poutre dans l’œil

28     « Jeter les perles devant les porcs » (Matt. 7:6)

28.1          Bénédictions divines

28.2          Que représentent les « chiens » et les « porcs » ?

28.3          Quelles personnes le Seigneur a-t-Il en vue ?

28.4          L’évangile ne s’adresse-t-il pas à tous ?

28.5          Une application à la chrétienté

29     À nouveau la prière (Matt. 7:7-12)

29.1          La fervente prière

29.2          Une comparaison

29.3          Une règle d’or

30     Le chemin spacieux et le chemin resserré (Matt. 7:13-14)

30.1          L’alternative

30.2          Le chemin du disciple de Jésus

30.3          Le chemin spacieux

31     Vous les reconnaîtrez à leurs fruits (Matt. 7:15-20)

31.1          Les faux prophètes

31.2          Que représentent les fruits ?

31.3          Le jugement de Dieu

32     Une confession sans valeur (Matt. 7:21-29)

32.1          Fausse et véritable confession

32.2          Le diable peut-il opérer des miracles ?

32.3          Le jugement

33     Entendre et mettre en pratique (Matt. 7:24-29)

33.1          La maison bâtie sur le roc

33.2          La maison bâtie sur le sable

33.3          La conclusion du Sermon sur la montagne

 

 

ME 1994 p. 23-30

1        Introduction

On donne communément le nom de « sermon sur la montagne » au discours que le Seigneur Jésus prononça au début de son ministère, discours qui occupe les chapitres 5 à 7 de l’Evangile selon Matthieu. Il commence par une série de déclarations qu’on appelle les béatitudes : « bienheureux ceux qui... ; bienheureux les... ».

 

Ces béatitudes contiennent des instructions très pratiques, nécessaires à tous ceux qui appartiennent au royaume de Dieu. Elles s’appliquent à trois catégories de personnes :

●         aux disciples, à l’époque du rejet du Seigneur Jésus

●         aux croyants de nos jours, alors que le Seigneur est absent

●         au résidu juif futur dans les temps de tribulations qui précéderont l’apparition du Seigneur Jésus comme roi.

 

Les qualités mentionnées par le Seigneur dans ces béatitudes ne sont pas celles de l’homme naturel : elles impliquent la nouvelle naissance. Le Seigneur Jésus dit à Nicodème : « Si quelqu’un n’est pas né de nouveau, il ne peut pas voir le royaume de Dieu » (Jean 3:3). Seul l’homme qui a reçu la vie nouvelle, la vie éternelle, par la foi en Jésus, et qui se laisse constamment enseigner et former par Lui, peut manifester ces qualités de Christ dans sa vie.

Le mot « bienheureux », mentionné une cinquantaine de fois dans le Nouveau Testament, évoque bien davantage que la simple joie que l’on peut ressentir dans certaines circonstances. Etre bienheureux a une portée plus importante. Il s’agit de l’état que le Seigneur Jésus lui-même attribue aux âmes qui réalisent Ses principes dans leur vie.

 

2        Bienheureux les humbles en esprit

« Bienheureux les humbles (litt. : pauvres) en esprit, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux » (Matt. 5:3).

 

La pauvreté en esprit est l’équivalent moral de la pauvreté extérieure. Mais il ne s’agit pas, comme on le pense quelquefois, d’un manque de facultés spirituelles ou d’intelligence. Certes, la Bible s’adresse parfois aux petits enfants et les encourage, mais ici il est question d’autre chose.

Le « pauvre en esprit » est un croyant qui n’a pas une grande opinion de lui-même, qui se place dans la lumière divine et réalise ainsi l’humilité. Cette attitude est déjà évoquée dans l’Ancien Testament par les expressions « esprit abattu » et « esprit brisé » (Ps. 34:18 ; 51:17). En Esaïe 57:15, une promesse est liée à un tel état d’esprit : « J’habite le lieu haut élevé et saint, et avec celui qui est abattu et d’un esprit contrit, pour revivifier l’esprit de ceux qui sont contrits, et pour revivifier le cœur de ceux qui sont abattus ».

Lorsque, dans la présence et la lumière de Dieu, nous nous voyons tels que nous sommes réellement, nous devenons humbles en esprit ; car la gloire et la grandeur humaines ne peuvent subsister devant son regard. Abraham, Job, Esaïe, le publicain dans le temple, Pierre, sont des exemples d’une telle attitude (Gen. 18:27 ; Job 42:5-6 ; Es. 6:1-5 ; Luc 18:13 ; Luc 5:8). Lorsque nous nous considérons nous-mêmes, ou que nous nous comparons à d’autres croyants, nous croyons toujours trouver une raison d’être contents de nous-mêmes. Ce qui importe dans le monde — et malheureusement parfois aussi parmi les chrétiens — ce sont les signes extérieurs de la réussite, une position élevée, la considération. Mais la plupart du temps, il en résulte de l’orgueil et de la présomption. C’est seulement en nous tenant constamment dans la présence de Dieu que nous serons et resterons « humbles en esprit ».

Le Seigneur Jésus l’était, dans toute la force de l’expression. Il ne cherchait ni sa propre volonté ni sa gloire, mais uniquement la gloire de son Père. Il existe pourtant une grande différence entre Lui et nous : c’est en quelque sorte la différence qu’il y a entre l’humilité et l’humiliation. Le Seigneur Jésus était « humble de cœur » (Matt. 11:29), et ainsi, Il n’avait jamais besoin de s’humilier, contrairement à nous.

Notre vrai bonheur consiste non seulement à imiter notre Seigneur, mais aussi à nous tenir dans sa présence et à y rester.

 

3        Bienheureux ceux qui mènent deuil

« Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés » (Matt. 5:4).

 

Personne ne trouve son bonheur dans le deuil ! Souvent on préfère même se détourner des personnes affligées ; il est si difficile d’apporter quelques paroles de consolation à une âme qui connaît le deuil d’un proche.

Toutefois, dans cette deuxième béatitude, en qualifiant de bienheureux ceux qui mènent deuil, le Seigneur Jésus ne pense pas au deuil suscité par la perte d’un être cher. Ses paroles ont une signification toute différente.

Ce verset nous parle du royaume de Dieu, que le Seigneur, en tant que Roi, était venu annoncer (comp. 12:28). Mais quel accueil son peuple Lui avait-il réservé ! « Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11). À sa naissance, il n’y eut pas de place pour Lui dans l’hôtellerie et le roi Hérode chercha à Le tuer. Plus tard, ses proches Le déclarèrent hors de sens. Même ses disciples, qui L’ont pourtant connu de si près durant les trois années de son service, ne Le comprenaient pas toujours ; l’un d’eux Le renia, un autre alla jusqu’à Le livrer à ses ennemis !

Oui, notre Seigneur eut bien des motifs de tristesse. Il pleura sur Jérusalem et s’écria à son sujet : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous le dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Matt. 23:37-39). Il ne recevra de consolation de la part de son peuple qu’après son apparition glorieuse, lorsque, reconnu et salué avec joie, Il viendra établir le règne millénaire.

Le résidu juif croyant connaîtra lui aussi un deuil profond durant la grande tribulation, peu avant l’apparition de Christ ; il mènera deuil sur l’état d’une partie du peuple, dont le cœur sera endurci et soumis à l’Antichrist, comme aussi sur la culpabilité du peuple juif et sa complicité lors de la mort du Messie. Mais eux aussi seront consolés par le Seigneur lui-même : « L’Eternel consolera encore Sion, et choisira encore Jérusalem » (Zach. 1:17). « Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai ; et vous serez consolés dans Jérusalem » (Es. 66:13 ; comp. 40:1 ; 49:13 ; 51:3-12 ; 61:2).

Et de nos jours, n’y a-t-il pas lieu de mener deuil parmi le peuple de Dieu ? Réalisons-nous combien le Seigneur Jésus est déshonoré dans la chrétienté ? Beaucoup de vrais chrétiens ne prennent plus au sérieux la Parole de Dieu ; on voit de plus en plus la dureté de cœur au lieu de l’amour, la volonté propre au lieu de l’obéissance, le formalisme au lieu de la dépendance du Seigneur, la mondanité au lieu de la séparation du mal. Restons-nous indifférents à un tel état de choses, ou le considérons-nous avec hauteur en le jugeant de façon pharisaïque ? Ou au contraire faisons-nous ce qui est juste et agréable devant le Seigneur en menant vraiment deuil sur un état qui révèle le rejet et le mépris de notre bien-aimé Seigneur ?

L’Ancien Testament nous montre l’exemple d’un tel deuil dans la personne de Néhémie. Il dit au roi Artaxerxés : « Pourquoi mon visage ne serait-il pas triste, quand la ville, le lieu des sépulcres de mes pères, est dévastée, et que ses portes sont consumées par le feu ? » (Néh. 2:3). Daniel et Esdras également mènent deuil sur l’infidélité du peuple de Dieu et ses conséquences (voir Dan. 9 ; Esd. 9:10). Ces exemples renferment un enseignement important. À considérer leur âge, aucun de ces hommes ne pouvait être personnellement tenu pour coupable du péché qui avait causé la déportation. Mais ils ne s’élevaient pas au-dessus du peuple comme des pharisiens. Ils confessaient les péchés du peuple et s’identifiaient avec lui. Ils reconnaissaient qu’ils n’étaient pas meilleurs et qu’ils faisaient partie de ce peuple. C’est pour cette raison que Dieu pouvait les exaucer et les approuver. Ils furent ainsi consolés.

Si nous manifestons une telle attitude dans les temps actuels, la déclaration de notre Seigneur s’appliquera à nous : « Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés ». Certes, cette consolation ne sera entière qu’à la venue du Seigneur, mais déjà maintenant, nous pouvons la goûter dans la perspective du moment où Dieu lui-même essuiera toute larme de nos yeux, quand il n’y aura plus de deuil (Apoc. 21:4).

 

4        Bienheureux les débonnaires

« Bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre » (Matt. 5:5).

 

Telle est la troisième déclaration du Seigneur. Alors que la promesse attachée à la première béatitude est : « car c’est à eux qu’est le royaume des cieux », il est précisé ici : « car c’est eux qui hériteront de la terre » (ou : du pays). Pour les auditeurs du Seigneur, qui étaient alors sous la domination des Romains, il y avait là une allusion au temps futur du règne millénaire (comp. Ps. 37:11).

Le mot « débonnaire » veut dire à la fois « doux, aimable, indulgent ». Dans le monde, la débonnaireté, souvent mise au même rang que la faiblesse, est peu estimée. Ceux qui réussissent dans ce monde suscitent l’admiration pour leur audace, et même pour leur absence de scrupules ! La débonnaireté que le Seigneur approuve ici n’est pourtant ni de la faiblesse ni une soumission servile. Un enfant de Dieu débonnaire supportera la méchanceté et la dureté sans penser à se venger, parce qu’il se sait porté par un plus fort que lui : c’est le Seigneur lui-même qui donne ce trait de caractère à ceux qui sont véritablement ses disciples.

Le modèle parfait de la débonnaireté est en effet le Seigneur Jésus lui-même. Il dit en Matt. 11:29:« Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes ». Et pourtant, il venait d’être traité par les conducteurs d’Israël de « mangeur » et de « buveur » (v. 19), il venait de réprimander les villes dans lesquelles la plupart de ses miracles avaient été opérés et qui ne s’étaient pas repenties (v. 20-24) ! Mais néanmoins il pouvait lever ses yeux et dire : « Je te loue, ô Père... » (v. 25).

Le Seigneur Jésus était débonnaire, et nous ne pouvons apprendre une telle vertu qu’en Le suivant. Si nous sommes irrités par notre entourage, prions : « Seigneur, accorde-moi de manifester tes sentiments ».

Moïse, cet homme de Dieu de l’Ancien Testament, a appris la débonnaireté auprès de Dieu durant les quarante ans où il paissait le bétail de Jéthro en Madian. Dans sa jeunesse, il s’était laissé emporter par la colère, et avait tué un Égyptien qui maltraitait un homme israélite (Ex. 2:11, 12 ; Act. 7:23-24). Mais plus de quarante ans après, lorsque sa sœur Marie et son frère Aaron parlent contre lui, le Saint Esprit peut lui rendre ce témoignage : « Et cet homme, Moïse, était très doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre » (Nom. 12:3). Cette débonnaireté de Moïse était le résultat de la discipline à l’école de Dieu. Cependant, bien que Moïse ait été le plus doux de tous les hommes, il n’a pas pu entrer dans le pays promis, contrairement aux débonnaires de notre verset, qui, eux, hériteront du pays.

Remarquons qu’il n’est pas dit : ils acquerront la terre, mais ils l’hériteront. On entend parfois interpréter le sermon sur la montagne d’une façon qui rapporte tout à l’homme naturel, aux temps actuels et au monde. Les personnes qui appliqueraient les enseignements de ce sermon obtiendraient la victoire et posséderaient en paix la terre. Mais cela est impossible. Le Seigneur Jésus parle ici de ses vrais disciples, de ceux qui L’ont accepté par la foi et qui Le suivent. L’héritage leur sera remis sur la base de l’œuvre de la rédemption qu’Il a accomplie (comp. Ps. 2:7-8 ; Héb. 1:2 ; Éph. 1:10-11).

Les fidèles du résidu juif qui persévéreront lors de la tribulation à venir et qui seront gardés par Dieu lui-même, auront pour héritage la terre d’Israël durant le règne millénaire. Chacun d’eux s’assiéra « sous sa vigne et sous son figuier » (Mich. 4:4). Mais l’héritage des disciples vivant à l’époque du Seigneur, et ces croyants du temps de la grâce, est bien plus étendu : ce sera la terre tout entière, toute la création (Héb. 2:7-8). L’assemblée recevra et possédera cet héritage parce qu’elle est unie à Christ qui le possédera.

Certains croyants ont peut-être de la peine à comprendre que, tout en étant du côté du Vainqueur, ils doivent néanmoins endurer des souffrances ou être injustement traités. Mais bientôt, nous partagerons avec Lui sa position de force. C’est par cette pensée que, dans notre verset, le Seigneur console les disciples, tout comme Il consolera plus tard les Thessaloniciens en leur faisant dire par le moyen de l’apôtre Paul : « ...si du moins il est juste pour Dieu de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et de vous donner, à vous qui la subissez, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus venant du ciel avec les anges de sa puissance » (2 Thes. 1:6-7).

Le Seigneur Jésus lui-même a marché dans ce chemin. En Esaïe 53:7, il est dit de Lui : « Il a été opprimé et affligé, et il n’a pas ouvert sa bouche. Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n’a pas ouvert sa bouche ». Et les conséquences en sont indiquées au verset 12:« C’est pourquoi je lui assignerai une part avec les grands, et il partagera le butin avec les forts ».

 

5        Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice

ME 1994 p. 47-55

« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car c’est eux qui seront rassasiés » (Matt. 5:6).

En Luc 6, le Seigneur s’adresse personnellement à ses disciples en leur disant : « Bienheureux, vous qui maintenant avez faim, car vous serez rassasiés » (v. 21) ; la faim est envisagée d’une façon générale. Mais la quatrième béatitude de Matthieu 5 parle d’une faim et d’une soif particulières : celles de la justice.

La faim et la soif sont des manifestations du besoin fondamental, instinctif, de se maintenir en vie. Mais en même temps, elles naissent de la carence des éléments qui sont nécessaires pour cela.

N’y avait-il donc pas de justice sur la terre ? Lorsqu’au Sinaï, Dieu avait donné la Loi à Israël, il avait dit : « Tu jugeras ton prochain avec justice » (Lév. 19:15). Mais que fit ce peuple du Seigneur Jésus, le seul juste ? Pierre a dû leur dire : « Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier ; vous avez mis à mort le Prince de la vie » (Act. 3:14-15). Les Romains, qui occupaient en ce temps-là la Palestine, étaient fiers de leur loi séculaire des « Douze Tables ». Aujourd’hui encore, la législation de nombreux Etats européens repose sur le droit romain. Mais lorsque le Seigneur Jésus eut à comparaître devant Ponce Pilate, le gouverneur romain, ce dernier dit : « Je suis innocent du sang de ce juste » (Matt. 27:24) ; puis il fit fouetter Jésus et le livra lâchement à la foule excitée qui réclamait sa crucifixion. L’injustice du monde a atteint son paroxysme dans le traitement infligé au Fils de Dieu, notre Seigneur et notre Rédempteur.

Aujourd’hui on conçoit généralement la justice comme un droit à l’équité accordé à tout homme. Dans la Bible cependant, la justice a toujours Dieu lui-même comme point de référence. Dieu est le juste parfait et agit toujours justement, c’est-à-dire en conformité avec sa propre nature (Rom. 3:5 ; Héb. 6:10). Il agit comme « conservateur de tous les hommes » (1 Tim. 4:10), pour leur bien et leur bénédiction (Act. 14:17), même si beaucoup n’en sont pas conscients, et L’estiment quelquefois injuste.

La justice de Dieu implique le châtiment du péché, car celui-ci est toujours commis en premier lieu contre Lui. Mais sa justice a été parfaitement démontrée à la croix de Golgotha, où un homme, Jésus Christ, a été puni parce qu’Il représentait des êtres coupables, afin que Dieu puisse accorder sa justice à tous ceux qui accepteraient l’œuvre de réconciliation qui s’accomplissait alors.

En conséquence, il n’existe de véritable justice pour l’homme que si, par la foi, il reconnaît ces faits. Ayant reçu de Dieu une intelligence et la conscience de sa responsabilité, il cherche souvent à définir une justice humaine ; mais en fait, il en est incapable et souvent peu disposé à pratiquer la justice dans les différents domaines de la vie, à cause du péché qui habite en lui. Actuellement, nous vivons une époque où l’on s’efforce peut-être plus qu’autrefois d’établir la justice sur la terre. Il suffit de penser aux législations fiscales et sociales au sein d’un Etat, ainsi qu’aux actions internationales pour réduire les inégalités entre états industriels et pays en voie de développement.

Le sermon sur la montagne ne contient toutefois aucune instruction pour l’amélioration de la situation mondiale ; il n’est pas un programme politique. Il décrit plutôt les caractères et la part de ceux qui, par la foi, participeront au royaume de Dieu (ou royaume des cieux). Ici le Seigneur a particulièrement en vue le résidu juif et les croyants d’entre les nations, dans le temps futur de la grande tribulation. Ils subiront l’injustice, une injustice qui, de manière extrême, caractérisera l’Antichrist (2 Thes. 2:10) ; et ils la connaîtront pour eux-mêmes, quand, à la suite de leur Seigneur, ils seront injustement persécutés et opprimés. Leurs cœurs renouvelés éprouveront un profond et ardent désir de justice, désir qui sera parfaitement satisfait à l’apparition du Seigneur comme roi dans le règne millénaire (Es. 51:1, 6).

« Voici, un roi régnera en justice, et des princes domineront avec droiture » (Es. 32:1). Lorsque, sous la domination de Christ, Dieu mettra la terre en accord avec ses pensées, alors tous ceux qui auparavant auront eu faim et soif de la justice seront rassasiés (Es. 28:17).

Aujourd’hui cependant, nous n’en sommes pas là. Soyons bien convaincus que la justice ne règnera dans ce monde que lorsque le Seigneur Jésus l’aura introduite lui-même dans le règne millénaire. La course des hommes vers la justice et la paix — alors que celles-ci s’éloignent d’eux toujours plus — est comme le signe annonciateur de l’imminence de ce temps. Si seulement les hommes voulaient reconnaître l’inutilité de leurs propres efforts à cet égard, et comprendre que seules la justice et la paix de Dieu peuvent les y mener !

Les chrétiens de la période actuelle sont aussi concernés par ce verset. En tant qu’enfants de Dieu, nous voyons toute l’injustice de ce monde. Beaucoup d’enfants de Dieu doivent souffrir injustement, non seulement à cause de leur foi au Seigneur Jésus, mais simplement à cause de leur conduite. Et parfois, ne doit-on pas déplorer de l’injustice même chez les chrétiens ? D’une façon ou d’une autre, combien d’enfants de Dieu souffrent de se sentir injustement traités ! Leur désir de justice est bien compréhensible. Un jour cependant, cette faim et cette soif seront parfaitement et éternellement assouvies. Selon la promesse divine, « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habite » (2 Pier. 3:13). Durant le règne millénaire, le Seigneur Jésus régnera en justice, alors que dans l’éternité, la justice habitera dans la nouvelle création. Alors les voies de Dieu envers les hommes auront atteint leur but.

Mais ne pouvons-nous pas dire que notre faim et notre soif de la justice sont déjà satisfaites à maints égards ? Dieu ne nous a-t-il pas compté notre foi à justice (Rom. 4:5-22) ? Ne sommes-nous pas les témoins vivants de la justice divine parce que nous croyons en Celui qui a été fait péché pour nous ? – nous sommes « justice de Dieu » en Christ (2 Cor. 5:21). Et ne pouvons-nous pas dès à présent nous réjouir des caractères moraux du royaume de Dieu : « Car le royaume de Dieu... est... justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint » (Rom. 14:17) ? Et non seulement nous en réjouir, mais également les réaliser dans notre vie avec nos frères et sœurs, et dans le monde. En Matthieu 6:33, le Seigneur dit à ses disciples : « Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus ». N’est-ce pas ce que les chrétiens désireux d’être fidèles au Seigneur doivent rechercher avec soin ? – en se souvenant aussi de l’injonction de Paul à Timothée : « Poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:22).

 

6        Bienheureux les miséricordieux

« Bienheureux les miséricordieux, car c’est à eux que miséricorde sera faite » (Matt. 5:7).

Nous lisons dans les Proverbes de Salomon : « Qui méprise son prochain pèche, mais bienheureux celui qui use de grâce envers les malheureux » (Prov. 14:21). Dans sa cinquième béatitude, le Seigneur Jésus prononce des paroles semblables, mais il y ajoute une promesse : « ...car c’est à eux que miséricorde sera faite ».

 

6.1        Miséricorde et grâce

La miséricorde désigne tout à la fois le sentiment du cœur touché par la misère d’autrui, et l’aide que ce sentiment conduit à apporter. La miséricorde n’est pas à confondre avec la grâce, qui est plutôt la faveur imméritée qu’obtient une personne indigne. L’Ecriture les distingue. Dans l’Ancien Testament, Dieu dit à Moïse : « L’Eternel, l’Eternel ! Dieu, miséricordieux et faisant grâce » (Ex. 34:6), et dans le Nouveau Testament, nous lisons : « Grâce, miséricorde, paix de la part de Dieu le Père... » (1 Tim. 1:2 ; 2 Tim. 1:2 ; voir aussi Héb. 4:16 ; 2 Jean 3).

Le livre de Ruth fournit un magnifique exemple de la miséricorde divine à l’égard d’une femme païenne, et le prophète Jonas doit reconnaître, bien qu’à contrecœur, la miséricorde de Dieu envers les habitants de Ninive.

 

6.2        La miséricorde de Dieu apporte la vie

À celui qui croit, Dieu accorde toute la richesse de sa miséricorde, en vertu du sacrifice du Seigneur Jésus à la croix. La plus grande misère de l’homme réside dans le fait qu’il est mort spirituellement, et incapable de se sortir lui-même de son état. Dans sa miséricorde, Dieu lui accorde la vie — et Lui seul peut le faire. En 1 Timothée 1:13, 16, Paul rappelle la miséricorde que le Seigneur lui a faite afin qu’il soit « un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle ». Et il écrit aux Éphésiens : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ » (Éph. 2:4-5). En Tite 3:4-5, il dit : Dieu nous a sauvés « selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint ». Pierre enfin écrit : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante » (1 Pier. 1:3).

 

6.3        « Bienheureux les miséricordieux... »

Le Seigneur Jésus parle ici de ceux qui ont été les objets de cette miséricorde de Dieu et qui désormais suivent leur modèle comme de vrais disciples de leur Seigneur et Maître. Combien souvent nous lisons dans les évangiles que le Seigneur a été ému de compassion ! Plein de miséricorde et de sympathie, Il guérissait les malades, nourrissait les affamés, ressuscitait des morts. Il était celui que représentait le miséricordieux Samaritain de la parabole, et pouvait bien dire, à l’issue de son entretien avec le docteur de la Loi venu pour l’éprouver : « Va, et toi fais de même » (Luc 10:37).

L’exhortation « Ayez donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus » (Phil. 2:5) nous concerne tous. Notre exercice de la miséricorde consiste à transmettre ce que nous avons appris auprès du Seigneur Jésus, aussi bien dans le domaine spirituel que dans le domaine matériel. Si nous sommes conscients de l’œuvre du Seigneur pour nous, nous aurons non seulement les sentiments qui conviennent face à la souffrance, à la misère et la détresse, mais nous chercherons aussi à les traduire en actes. Que le Seigneur ouvre nos cœurs et fortifie nos mains, afin que nous manifestions sa miséricorde !

La leçon de l’esclave impitoyable de la parabole de Matthieu 18:23-35 est très sérieuse : il doit 10 000 talents à son roi (une somme fabuleuse), mais jette en prison celui qui lui doit 100 deniers (salaire de cent jours). Nous pouvons nous demander si nous sommes conscients de la valeur du grand pardon qui nous a été fait et si nous le prouvons par notre comportement. Mais, pour peu que nous ouvrions les yeux, nous verrons, dans notre proche voisinage, des frères et des sœurs qui ont besoin d’aide ; nous trouverons de nombreuses occasions de manifester d’une manière pratique la sympathie et la miséricorde : visiter les malades, accompagner les personnes âgées, venir en aide à celui-ci ou à celui-là.

Mais ne pensons pas exclusivement à nos frères et sœurs dans la foi, avec un esprit étroit. Paul écrivait aux Galates : « Ainsi donc, tandis que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi » (Gal. 6:10). La force de notre témoignage pour le Seigneur réside davantage dans notre comportement que dans nos paroles ! Le monde n’étudie guère la Bible, mais il sait souvent apprécier très justement notre attitude. Combien d’âmes en difficulté ont été gagnées, non seulement par le pur évangile, mais aussi par la miséricorde qui leur a été témoignée !

Il est vrai que dans certaines sphères de la chrétienté, la bonne nouvelle du Nouveau Testament a été réduite à une affaire essentiellement sociale. En lieu et place de la repentance et de la foi au Seigneur Jésus, on prêche la bienfaisance, souvent même avec une connotation politique. Mais de cette manière, on ne donne pas leur juste portée au sermon sur la montagne et à l’évangile de la grâce de Dieu ! D’autre part, estimer que la prédication de l’évangile est le seul devoir que le chrétien ait à accomplir envers le monde, c’est méconnaître le témoignage à la grâce et à la miséricorde de notre Dieu. Tout comme notre Seigneur aidait les personnes auxquelles Il annonçait la bonne nouvelle, nous sommes appelés non seulement à parler de Lui à nos semblables, mais aussi à leur montrer pratiquement la force et les fruits de notre foi.

Bien entendu, l’exercice de la miséricorde exige de la sagesse. S’agit-il des difficultés et des besoins matériels, la plupart du temps, il est bon d’intervenir rapidement. Mais il existe aussi des occasions où il convient d’être plus retenu. Manifester sans délai de la miséricorde vis-à-vis de quelqu’un qui vient de pécher n’est peut-être pas à propos. Il peut s’avérer nécessaire d’attendre un certain temps afin qu’une profonde et véritable restauration de l’âme soit produite. À cet égard, l’attitude de Joseph envers ses frères est un bel exemple. C’est seulement lors de la troisième rencontre qu’il se fait connaître à eux, lorsque leur conscience a été labourée. Il peut alors user d’une entière miséricorde envers eux.

 

6.4        « ...car c’est à eux que miséricorde sera faite »

En suivant ainsi les traces de notre Seigneur, dans le chemin de la foi, nous ferons de jour en jour l’expérience croissante de sa miséricorde. L’encouragement d’Hébreux 4:16 est d’une beauté particulière : en nous approchant du trône de la grâce par la prière, nous recevons miséricorde et trouvons grâce pour avoir du secours au moment opportun. Là, siège le Seigneur Jésus, notre miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur (Héb. 2:17). Dans sa miséricorde, Il nous accompagne durant toute notre vie ici-bas, jusqu’à ce qu’Il revienne et nous introduise auprès du Père. Jude met même cette venue en relation avec la miséricorde : » attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle » (v. 21).

La promesse faite par le Seigneur ne concerne pas seulement la miséricorde que Lui nous témoignera, mais aussi celle que nous recevrons de la part de personnes placées sur notre chemin, « car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7).

Enfin, notre manifestation devant le tribunal de Christ sera sans doute la suprême occasion où nous éprouverons l’étendue de la miséricorde de notre Seigneur. L’apôtre Paul a souhaité que son frère Onésiphore trouve « miséricorde de la part du Seigneur dans ce jour-là » (2 Tim. 1:18). Cette relation entre la miséricorde et notre manifestation devant le tribunal de Christ ne doit étonner personne. Il n’est pas question de mettre en doute notre salut éternel. Cette miséricorde se rapporte au service accompli pour le Seigneur sur la terre. Au moment où chacun recevra sa louange de la part de Dieu, c’est encore sa miséricorde qui triomphera.

           Là-haut, joyeux, dans l’immense avenir,

           J’exalterai ton amour qui déborde,

           Car, dans le ciel, il n’est qu’un souvenir,

           Le souvenir de ta miséricorde !

 

7        Bienheureux ceux qui sont purs de cœur

ME 1994 p. 77-87

« Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car c’est eux qui verront Dieu » (Matt. 5:8).

Cette sixième béatitude montre à nouveau que le sermon sur la montagne n’établit pas un programme social ou politique, comme on le présente quelquefois aujourd’hui. Le Seigneur Jésus ne s’adresse pas non plus à des incrédules pour les inviter à la repentance et à la foi, même si, en parlant à ses disciples, Il s’adresse également aux foules qui le suivent. Tous ceux qui l’entendaient appartenaient au peuple d’Israël, peuple terrestre attendant son Messie, c’est-à-dire le roi promis par Dieu. C’est pour eux en premier lieu que les principes du royaume de Dieu sont énoncés. Cependant ils s’appliquent aussi aux disciples du Seigneur dans tous les temps.

Disciple signifie en fait « élève, apprenti ». Un bon élève s’efforce toujours d’apprendre autant que possible de son maître, en vue de mettre en pratique par la suite ce qu’il a appris. En même temps, il se soumet volontiers au maître, et reconnaît son autorité. Ceux qui ont suivi le Seigneur Jésus sur la terre ont d’abord été appelés disciples, et ce ne sont pas uniquement les douze apôtres (voir Luc 6:13). Nous rencontrons aussi le terme disciple dans le livre des Actes, et même très souvent. Au commencement, c’était manifestement une désignation courante des chrétiens. À la différence des autres appellations — enfants de Dieu, saints et frères -, qui sont souvent utilisées dans les Épîtres pour attirer notre attention sur nos bénédictions, le terme disciples exprime une relation de dépendance ; il implique l’idée d’un maître à imiter ; il engage notre responsabilité.

Pour cette raison, le terme disciple est très approprié pour désigner la relation entre le croyant et le Seigneur dans le royaume de Dieu. En effet, nous sommes appelés à davantage qu’à une soumission purement extérieure ou forcée comme « sujets ». Reconnaître le Seigneur et se soumettre à son autorité doivent aller de pair avec la foi et le dévouement. Et si la domination de Christ sur la terre n’est actuellement que très peu reconnue- on voit plutôt le contraire -, le temps est proche où le royaume de Dieu sera visible pour chacun. Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur précise donc les caractères que ses disciples, ses « élèves », doivent manifester. Et il présente aussi bien la bénédiction immédiate que la récompense ultérieure qui sont attachées à ce titre de disciple.

En parlant de ceux qui sont purs de cœur, le Seigneur ne dit pas comment le cœur de l’homme est purifié. La Parole de Dieu le précise ailleurs. En Actes 15:9, Pierre dit que Dieu a purifié nos cœurs par la foi (voir aussi Héb. 10:22 ; Jac. 4:8 ; 1 Pier. 1:22). Ici le Seigneur dit simplement : « Bienheureux ceux qui sont purs de cœur » ; il parle de ceux dont les cœurs sont déjà purifiés.

Dans l’Ecriture, le cœur est le siège des pensées, des inclinations et de la volonté (Matt. 9:4 ; 12:34 ; 24:48) ; c’est la « commande centrale » de l’homme. C’est pour cette raison que l’auteur des Proverbes écrit : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues (ou : les résultats) de la vie » (4:23). Quel avertissement !

Par nature, personne ne possède un cœur pur, pas même un enfant. Dieu le dit déjà en Genèse 8:21:« L’imagination du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse ». Pour qu’un homme puisse voir Dieu, son méchant cœur naturel doit être entièrement purifié.

Le Seigneur Jésus appelle « bienheureux » ceux qui ont purifié leur cœur par la foi en Lui et qui le gardent ensuite pratiquement pur : « bienheureux ceux qui sont purs de cœur ». C’est la première leçon de ce verset. Et de même qu’un cœur ne peut être purifié aux yeux de Dieu que par la foi au Seigneur Jésus et en son œuvre, il ne peut être maintenu dans un état de pureté pratique que s’il demeure dans sa présence.

On pourrait alors objecter : ne s’agit-il pas ici du fait que ceux dont le cœur a été purifié par la foi en l’œuvre rédemptrice de Christ, verront un jour Dieu dans la gloire ? Car si ceux-là seuls verront Dieu qui ont toujours eu pratiquement un cœur pur, qui pourrait espérer voir Dieu. Dieu soit béni, cette espérance ne se fonde pas sur notre comportement si souvent défectueux, mais exclusivement sur Dieu lui-même. Cependant, gardons-nous de séparer ces deux points de vue. Le fait d’avoir été une fois pour toutes parfaitement purifiés en vue de l’éternité doit précisément nous amener à rechercher cette pureté de cœur dans notre vie quotidienne.

Quelques remarques concernant cette purification pratique sont à leur place ici. En Jean 13, lorsque le Seigneur Jésus s’apprête à laver les pieds de ses disciples, Pierre s’y oppose. Le Seigneur lui répond : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi ». Alors Pierre désire aussi le lavage de ses mains et de sa tête, mais le Seigneur lui répond : « Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds : il est net (ou : pur) tout entier ; et vous, vous êtes nets » (v. 8-10). D’une part, le Seigneur fait une nette différence entre le lavage initial, qui est unique, et la purification qui suit. D’autre part, il montre la nécessité de ce lavage des pieds toujours renouvelé.

C’est seulement dans la présence du Seigneur que les vrais motifs de notre cœur se manifestent et que nous sommes amenés, si besoin est, à les juger. C’est là que se forme ce désir exprimé par David : « Crée-moi un cœur pur, ô Dieu ! » (Ps. 51:10). Pour que cela puisse avoir lieu, il est important qu’il y ait, dans notre vie de foi, des moments de recueillement, des moments où nous sommes seuls avec Dieu ! Cela ne signifie pas que nous ne puissions pas avoir communion avec Lui lors de nos occupations journalières. Mais pour l’examen et la purification de nos cœurs, nous avons besoin d’être seuls dans sa présence. De cette manière seulement, nous pourrons conserver notre juste relation avec Lui et avec nos frères et sœurs. Ce n’est pas sans raison que Paul engage Timothée à chercher la communion avec les croyants qui « invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:22), et que Pierre appelle les chrétiens à s’aimer « l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur » (1 Pier. 1:22). Un cœur pur sera par conséquent aussi un cœur heureux, cherchant la gloire de Dieu et le bien de ses frères et sœurs en Christ.

Là encore, le Seigneur, en prononçant le mot « bienheureux », ajoute une merveilleuse promesse : « car c’est eux qui verront Dieu ». À présent, nous vivons et marchons encore par la foi et non par la vue. Mais le moment est très proche où tous ceux dont le cœur a été purifié par la foi verront Dieu.

Le verset 16 de 1 Timothée 6, où il est dit que Dieu « habite la lumière inaccessible » et qu’aucun homme ne L’a vu ni ne peut Le voir, n’est pas en contradiction avec notre verset. Dans sa nature, Dieu est Esprit ; il est invisible. Plusieurs passages de l’Ecriture le disent clairement (Jean 4:24 ; Col. 1:15 ; 1 Tim. 1:17). Mais elle dit aussi que le Fils éternel de Dieu est l’image du Dieu invisible (Col. 1:15). Il est également le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance (Héb. 1:3). Il est aussi la Parole de Dieu (Jean 1:1-18). Ces passages montrent que le Fils, qui lui-même est Dieu, est l’expression parfaite de la déité. Dieu a été manifesté en chair (1 Tim. 3:16). C’est en Lui, le Fils de Dieu, devenu homme pour manifester Dieu, et en qui toute la plénitude de la déité habite corporellement, que nous verrons Dieu dans une gloire parfaite et jamais troublée, et que nous adorerons éternellement. Nous serons non seulement pour toujours avec lui, mais « nous le verrons comme il est » (1 Jean 3:2).

Pour les croyants juifs du temps du Seigneur et pour ceux qui le verront bientôt comme leur Messie, les paroles : « car c’est eux qui verront Dieu », ont une signification particulière. Déjà au Psaume 24, la question est posée : « Qui est-ce qui montera en la montagne de l’Eternel ? et qui se tiendra dans le lieu de sa sainteté ? » (v. 3). Et la réponse est : « Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur... ». Des questions et des réponses semblables se trouvent en Esaïe 33:14-16 ; le verset 17 ajoute : « Tes yeux verront le roi dans sa beauté ; ils contempleront le pays lointain ».

Quel moment ce sera lorsque les croyants verront pour la première fois le Fils de Dieu comme leur Rédempteur ou comme leur Messie ! Puis ils le contempleront à toujours.

 

8        Bienheureux ceux qui procurent la paix

« Bienheureux ceux qui procurent la paix, car c’est eux qui seront appelés fils de Dieu  » (Matt. 5:9).

 

8.1        La paix vient de Dieu

Dans les temps actuels, il n’est guère de pensée qui préoccupe davantage les esprits que la paix dans le monde. Et pourtant, malgré tous les efforts qui sont faits pour obtenir cette paix, nous entendons constamment parler de guerre, et beaucoup d’hommes vivent dans une angoisse continuelle. La Bible nous enseigne qu’une paix universelle s’établira un jour — bientôt peut-être. Cette paix ne sera pas le résultat d’efforts humains, mais sera introduite par Dieu lui-même au commencement du règne millénaire. Le royaume de Dieu sous la domination visible du Seigneur Jésus sera un royaume de paix (Es. 9:6-7).

En dehors de la politique de ce monde, la discorde n’épargne pas non plus les hommes, ni même les croyants. Qu’il est difficile pour les humains de vivre ensemble en paix ! Selon les pensées de Dieu, la paix doit caractériser les relations entre ceux qui font partie de son royaume. « Car le royaume de Dieu, ce n’est pas manger et boire, mais justice, paix et joie dans l’Esprit Saint : celui qui en cela sert le Christ est agréable à Dieu et approuvé des hommes » (Rom. 14:17-18). La paix est donc une caractéristique permanente du royaume de Dieu, que ce soit à l’heure actuelle ou dans les temps futurs.

Mais la paix n’est pas seulement l’absence de guerre, de querelle ou de division, elle est aussi un effet de la présence de Dieu dans la vie de l’homme. Il est le « Dieu de paix » (Rom. 15:33), et son message est l’évangile de paix (Éph. 6:15). Cette paix vient de Golgotha, où le Seigneur Jésus a « fait la paix par le sang de sa croix » (Col. 1:20). Il est ainsi devenu « notre paix ». Il est venu et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient près (Éph. 2:14-17), afin que des hommes pécheurs et inquiets puissent recevoir la « paix avec Dieu » dans leur conscience (Rom. 5:1) et la « paix de Dieu » dans leur cœur (Phil. 4:7).

Cette paix personnelle est donc un don de la grâce de Dieu à celui qui croit. Elle est aussi la condition de la vraie paix sur la terre. Mais la paix mutuelle, en particulier entre les croyants, dépend essentiellement de l’état de notre cœur et de notre conduite. C’est pour cette raison que nous sommes si souvent exhortés à poursuivre la paix (Rom. 14:19 ; 2 Tim. 2:22 ; Héb. 12:14 ; 1 Pier. 3:11). Dans l’original grec, le même mot apparaît dans tous ces versets, avec le sens de « poursuivre, courir, pourchasser ». Éphésiens 4:3 souligne en outre la nécessité d’une application, pour « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix ». Dieu n’aurait pas consigné ces exhortations dans sa Parole, si elles n’avaient pas été nécessaires ! Quand le Seigneur Jésus dit à ses disciples : « Soyez en paix entre vous » (Marc 9:50), nous sommes tous concernés.

Les prophètes de l’Ancien Testament ont déjà beaucoup parlé de la paix sur la terre. Le mot paix (hébreu : « shalom ») désigne le salut complet de Dieu sur la terre, tel qu’il sera réalisé durant le règne de paix du Messie. Actuellement, ce salut et cette paix n’existent pas encore d’une manière universelle, mais on doit pouvoir les déceler déjà dans la vie des disciples du Seigneur. Les croyants peuvent manifester aujourd’hui les caractères du royaume de Christ (Rom. 14:17), comme le fera le résidu juif croyant durant la tribulation à venir, avant l’établissement du royaume de dieu en puissance et en gloire sur toute la création.

 

8.2        Discorde

Malheureusement, la paix ne règne pas toujours parmi les croyants. Au lieu d’avoir les pieds chaussés de la « préparation de l’évangile de paix » (Éph. 6:15), il arrive qu’on aille çà et là dans un esprit critique, et même parfois sous le couvert de zèle pour la vérité et la sainteté divines. Ainsi, une erreur chez un frère est interprétée comme un délit, et une expression imprécise comme une fausse doctrine ! De tels reproches, en s’accumulant, peuvent charger lourdement un frère qui n’a pas conscience d’avoir manqué, et le conduisent à se défendre. Bien souvent, il ne s’agit pas de questions doctrinales essentielles, mais plutôt d’imperfections et de faiblesses humaines. Qui, dans un tel cas, est en mesure de rétablir la paix, alors que chacun pense avoir raison ?

La discorde peut même naître dans le service pour le Seigneur : l’exemple des sœurs Evodie et Syntyche, de l’assemblée à Philippes, nous le montre (Phil. 4:1).

Quel bienfait s’il se trouve alors quelqu’un qui « procure la paix », un vrai pacificateur qui avec sagesse, patience, amour et compréhension pour les faiblesses humaines, s’attendant au Seigneur, peut aider l’accusé et dissiper les doutes de l’accusateur !

L’esprit de parti parmi les croyants est aussi une grave source de discorde. Un manque d’estime de la part des frères et sœurs, une frustration, un amour-propre blessé, peuvent amener quelqu’un à se retirer, à rassembler autour de lui des partisans : et voilà la discorde consommée ! Qui est alors capable de réconcilier les partis ?

 

8.3        Ceux qui procurent la paix

Notre verset nous parle en effet non seulement de ceux qui cherchent et poursuivent la paix, mais aussi de ceux qui la procurent. Il existe bien des personnes paisibles et aimant la paix, mais incapables de procurer la paix lorsque la discorde est là. C’est ainsi que, dans de tels cas, un homme pacifique par nature est en danger d’être infidèle au Seigneur, s’il pense qu’une querelle est réglée dès qu’on n’en parle plus. Mais une telle façon de faire ne peut pas procurer une paix véritable.

Lorsque la paix entre les croyants ou dans une assemblée est troublée, la grâce de notre Seigneur doit agir pour calmer les passions humaines qui souvent se révèlent à ce moment-là. Pour réconcilier, conformément à la pensée de Dieu, des caractères, des sentiments, des convictions et des intérêts opposés les uns aux autres, un grand renoncement à soi-même et une constante dépendance du Seigneur sont nécessaires !

Mais ces soins affectueux ne doivent jamais s’exercer au détriment de la sainteté et de la justice divines. Celui qui désire procurer la paix a besoin d’un sain jugement spirituel. Il doit donc d’abord s’examiner lui-même dans la lumière de Dieu : a-t-il ce cœur pur dont il est question dans la béatitude précédente ? Jacques écrit que « la sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite paisible » (3:17). Par conséquent, pour procurer une paix selon Dieu, il faut joindre la vérité à la grâce. Cela ne peut être accompli qu’accompagné de prière, pour demander à Dieu la clarté de vue, l’impartialité, la sagesse et l’amour. Alors seulement, bonté et vérité, justice et paix se rencontreront en pratique dans nos vies. Il faut souvent du temps pour que Dieu puisse agir dans les consciences et les cœurs ; la paix ne peut pas être obtenue de force.

 

8.4        Des fils de Dieu

Ceux qui procurent la paix sont donc appelés ici des bienheureux. Le titre de « fils de Dieu » est leur récompense. Un peu plus loin, le Seigneur Jésus mentionne à nouveau le même titre : « Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis… priez pour ceux qui vous persécutent ; ainsi vous serez les fils de votre Père qui est dans les cieux » (Matt. 5:44-45 ; verset semblable en Luc 6:35).

Dans l’Ecriture, « être fils de Dieu » n’a pas toujours la même signification. Dans le sermon sur la montagne, où les croyants sont considérés comme disciples dans le royaume de Dieu, ce terme de « fils » a une signification pratique et morale. Un fils ressemble à son père et agit selon sa pensée. Il y a un autre sens de ce mot en ce qui concerne la position du chrétien. Dans la famille et la maison de Dieu, quiconque croit au Seigneur Jésus est par grâce un fils pour toujours (Éph. 1:5 ; Rom. 8:14-15 ; Gal. 4:5-6).

Mais ici sont appelés « fils de Dieu » les disciples du Seigneur qui suivent l’exemple de Dieu lui-même. Ainsi, en agissant selon la pensée de Dieu, nous lui ressemblons moralement, c’est-à-dire que nous manifestons son caractère et le représentons dans ce monde. Nous en avons été rendus capables par la nouvelle naissance, et nous entrons dans les pensées de Dieu par le Saint Esprit qui nous a été donné. Dieu est le grand pacificateur, et en tant que vrais disciples du Seigneur, nous pouvons, nous aussi, procurer la paix.

Le moment viendra où ceux qui procurent la paix seront appelés fils de Dieu, c’est-à-dire officiellement reconnus comme tels. Aujourd’hui, de tels efforts ne sont souvent pas reconnus. Mais un jour, notre Dieu lui-même les reconnaîtra !

 

8.5        « La politique de paix »

Il est bon de préciser que le chrétien ne doit pas abuser de ce verset afin de justifier une participation — même avec des intentions louables — à des actions politiques telles que des initiatives pour la paix ou des marches pacifiques par exemple, dans le but de maintenir ou de créer la paix dans le monde. Certes, nous sommes dans ce monde — pour combien de temps encore ? — mais nous ne sommes plus du monde (Jean 17:11, 14, 16). Le Seigneur Jésus peut venir à chaque instant. Par conséquent, notre responsabilité envers un monde qui rejette notre Seigneur et va ainsi au-devant de sa perte, n’est pas « politique », mais seulement spirituelle.

Cette responsabilité consiste :

●         à prier pour tous les hommes, afin qu’ils soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité (1 Tim. 2:1-4) ;

●         à être personnellement un témoignage pour notre bien-aimé Sauveur devant tous les hommes (1 Pier. 3:15) ;

●         pour autant que cela dépend de nous, à vivre en paix avec tous les hommes (Rom. 12:18).

 

9        Bienheureux ceux qui sont persécutés

ME 1994 p. 106-113

« Bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux » (Matt. 5:10).

Dans cette huitième béatitude, le Seigneur Jésus reprend la promesse de la première : « c’est à eux qu’est le royaume des cieux ». La justice apparaissait déjà dans la quatrième béatitude. Là, il s’agissait de ceux qui ont faim et soif de la justice ; ici, il est question de ceux qui sont persécutés à cause de la justice.

 

9.1        Rejet

Sur un point cependant, cette béatitude se différencie des sept précédentes. Alors que ces dernières traitent des vertus et de la conduite des vrais disciples de Jésus, le Seigneur attire maintenant l’attention sur les conséquences de cette conduite. Tant qu’Il ne règne pas comme roi de justice, ceux qui vivent selon les principes et les pensées de Dieu seront persécutés et souffriront. Le Seigneur savait dès le commencement que son peuple le rejetterait, et que le monde s’élèverait contre lui et contre tous ceux qui l’accepteraient.

Le fait que des hommes aient faim et soif de la justice prouve que l’injustice règne dans ce monde : c’est l’une des leçons du verset 6. Ici, l’enseignement va plus loin. Ceux qui désirent vivre justement doivent s’attendre à la persécution. Pierre, l’un des douze disciples qui avaient entendu ces paroles du Seigneur, emploiera plus tard des expressions semblables. Dans sa première épître, il traite particulièrement des souffrances des enfants de Dieu et leur dit : « Mais, si même vous souffrez pour la justice, vous êtes bienheureux » (1 Pier. 3:14).

 

9.2        Justice

La justice pratique — car c’est d’elle qu’il s’agit ici — est une caractéristique de la nouvelle nature du croyant. La parole de Dieu dit que Noé était un homme juste, parfait, et qui marchait avec Dieu (Gen. 6:9). Justice pratique, reconnaissance et maintien de l’autorité et de tous les droits de Christ comme roi, voilà aussi des conditions pour entrer dans le royaume des cieux (Matt. 5:20). Ces signes distinctifs marquaient les vrais disciples du temps du Seigneur, et les caractériseront aussi dans les temps futurs de la tribulation. De nos jours aussi, Lui, le juste parfait, nous instruit par sa grâce, afin que, séparés de l’impiété et des convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, justement et pieusement (1 Pier. 3:18 ; Tite 2:12).

Donner à chacun ce qui lui est dû n’est pas le seul aspect de cette justice. La justice pratique implique une vie selon la parole de Dieu et ses principes. L’amour de la vérité, la sincérité, la fidélité et le respect des hommes sont des vertus reconnues même par le monde. Pour cette raison, des hommes comme Joseph et David, dans l’Ancien Testament, ou comme les premiers chrétiens, dans le Nouveau Testament, jouissaient de la faveur de leurs contemporains. Même un employeur incrédule est en général satisfait d’un collaborateur fidèle et honnête, sur lequel il peut compter. Mais si le patron demande à son employé de mentir ou de participer activement à une affaire trouble, et que ce dernier lui dise : « Je ne peux pas le faire, la Parole de Dieu me l’interdit », alors le contentement de l’employeur cédera facilement la place à la colère, surtout si son prestige ou son argent sont en jeu. Plus d’un croyant a perdu son emploi, pour ne pas avoir voulu s’associer à l’injustice qui a cours dans ce monde.

 

9.3        Persécution

En reconnaissant les droits de notre Seigneur dans notre vie, en Lui obéissant en toutes choses et en recherchant sa volonté, que ce soit dans notre famille, au travail ou durant nos loisirs, nous ne recueillerons pas toujours l’approbation du monde. Ou même, nous apprendrons à connaître la persécution. Tous ne feront pas l’expérience de cette élève infirmière que l’on menaçait de congédier parce qu’elle refusait d’assister à un avortement. Mais c’est aussi une forme de persécution lorsqu’une élève chrétienne est l’objet des moqueries de ses camarades parce qu’elle porte une tenue féminine, n’a pas la télévision à la maison, ou refuse de s’associer à une fraude. Dans l’Ancien Testament, il est simplement parlé du rire d’Ismaël, le fils d’Agar, mais le Nouveau Testament nous apprend qu’il persécutait Isaac (Gen. 21:9 ; Gal. 4:29).

 

9.4        Bienheureux

Quel bonheur, dans de telles circonstances, de pouvoir regarder, non aux persécuteurs et aux moqueurs, mais à Celui à cause duquel ces choses nous arrivent ! Le Seigneur disait à ses disciples : « L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre » (Jean 15:20). S’il nous arrive de souffrir à cause de la justice, souvenons-nous que ce sont les droits et l’honneur du Seigneur qui sont attaqués. Au lieu d’être déçus et découragés, nous jouirons alors du bonheur que Jésus promet ici. Le chemin de notre Seigneur a été des souffrances à la gloire. Nous n’avons pas à en rechercher un autre pour nous-mêmes. Paul encourageait les Thessaloniciens en leur faisant remarquer que les persécutions et les tribulations qu’ils enduraient démontraient qu’ils étaient dignes du royaume de Dieu. Lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra avec les siens, Dieu manifestera sa justice en rendant la tribulation à ceux qui la faisaient subir aux croyants, et en donnant du repos à ces derniers (2 Thes. 1:4-10).

 

9.5        Souffrances pour Christ

« Bienheureux, vous l’êtes quand on vous injuriera, qu’on vous persécutera et qu’on dira, en mentant, toute espèce de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous » (Matt. 5:11-12).

La dernière des neuf béatitudes constitue en même temps la transition avec la suite du sermon sur la montagne. Maintenant, le Seigneur Jésus s’adresse directement à ses disciples en employant le pronom personnel « vous », comme Il le fait en Luc 6:20-26 pour chaque béatitude. Il sait à l’avance ce que ses disciples devront endurer, et Il leur fait une merveilleuse promesse.

Cette béatitude poursuit la pensée de la précédente, mais avec une différence significative : le Seigneur ne parle pas ici de souffrance à cause de la justice, mais d’injures, de persécutions, de mauvaises paroles à cause de Lui-même. Il s’agit donc de la Personne de notre Seigneur et de la confession de son Nom. Les persécutions à cause de la justice résultent de notre comportement moral et de nos actions, les souffrances à cause de Jésus sont une conséquence du témoignage rendu à sa Personne.

 

9.6        Témoignage rendu à Jésus

Il est vrai que nous ne connaissons pas, dans nos pays gouvernés démocratiquement, de persécutions officielles des chrétiens, telles qu’elles existent encore aujourd’hui dans quelques pays. Selon les lois de nos pays, personne ne doit être lésé à cause de sa foi ou de ses opinions religieuses; les libertés de conscience, de religion ou d’idéologie sont inaliénables. Mais cela ne signifie pas que tous les hommes soient bien disposés à l’égard des chrétiens. Combien de jeunes croyants ont subi les moqueries et les insultes de leurs camarades quand ils ont témoigné : « Je crois au Seigneur Jésus, il est mon Sauveur » ! Il peut arriver même que ces persécutions n’en restent pas au stade verbal, mais soient suivies par des actes. En utilisant le terme « quand » (v. 11), le Seigneur n’indique pas seulement une éventualité, mais un fait auquel il faut s’attendre. Celui qui se range publiquement et courageusement du côté de notre Seigneur et Sauveur subira le mépris et la moquerie. Ainsi les persécutions à cause de Jésus et à cause de la justice se superposent souvent.

Satan cherche toujours à empêcher les disciples du Seigneur de proclamer son Nom. Il nous souffle : « Est-ce vraiment nécessaire de parler du Seigneur Jésus en ce moment ? Tu n’as pas besoin de parler de l’évangile à tout propos ». Il veut empêcher la confession de Christ comme Seigneur, aussi bien que la propagation de la bonne nouvelle de sa grâce. Mais celui qui aime vraiment le Seigneur ne peut pas et ne doit pas se taire ; il n’a pas à tenir compte de sa propre position, de la réussite matérielle de ses enfants ou de quoi que ce soit d’autre. Le Seigneur n’est-il pas digne que nous Lui rendions un témoignage clair, même si cela peut entraîner quelques désagréments ?

Les apôtres offrent un bel exemple de ces souffrances pour le Seigneur Jésus en Actes 4 et 5. Après avoir guéri et amené beaucoup de personnes au Seigneur, ils sont arrêtés par les chefs des Juifs et sommés de ne plus parler au nom de Jésus (Act. 4:18 ; 5:28). Mais ils ne peuvent se taire. Et quand, après leur deuxième arrestation et la merveilleuse délivrance dont ils sont les objets, ils sont de nouveau opprimés et même battus, comment quittent-ils le sanhédrin ? « En se réjouissant d’avoir été estimés dignes de souffrir des outrages pour le Nom » (Act. 5:41).

 

9.7        Joie

Ainsi, le Seigneur Jésus ajoute à sa déclaration : « Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux ». Il n’y a rien de plus beau que de posséder Christ comme son Sauveur et son Seigneur. Il est digne que nous le confessions publiquement. Pour une âme craintive et pour la chair, les conséquences — réelles ou imaginaires — d’un fidèle témoignage rendu à notre Sauveur peuvent peser lourdement. Mais le Seigneur dit autre chose : « Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux ». Les disciples du Seigneur ne doivent pas se réjouir malgré les souffrances liées au témoignage de leur foi, mais à cause d’elles (voir Rom. 5:3 ; Jac. 1:2). Et même si la confession du nom du Seigneur devait entraîner des préjudices temporels — ce qui n’est pas toujours le cas -, la récompense qu’Il promet Lui-même dans le ciel est incomparablement supérieure ! Avoir conscience que l’on marche sur les traces du Seigneur Jésus, cela procure déjà de la joie. Et cette joie est accrue par la récompense promise, qui est pour le ciel et non pour la terre (voir. Matt. 6:19).

 

9.8        Des exemples

Le Seigneur donne ensuite l’exemple des prophètes de l’Ancien Testament. Ils ont été persécutés parce qu’ils rendaient témoignage à Dieu, tels Elie (1 Rois 19:2), le prophète Zacharie du temps du roi Joas (2 Chr. 24:21), Jérémie (Jér. 20:2) et bien d’autres (voir Néh. 9:26 ; Act. 7:52 ; 1 Thes. 2:15). Moïse également, qui se nomme lui-même prophète (Deut. 18:15-18), souffrit pour son Dieu, de la part des Égyptiens et de la part de son propre peuple. Mais le Nouveau Testament nous dit qu’il a estimé « l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la récompense » (Héb. 11:26).

Les persécutions qu’a subies le Seigneur Jésus lui-même, et sa mort, ne sont pas mentionnées dans ces versets. Cependant, chacun de ses disciples peut toujours se rappeler ce grand modèle de souffrances et de persévérance. En comparant ses disciples persécutés à cause de Lui avec les prophètes persécutés à cause de Dieu, le Seigneur rend implicitement témoignage de sa divinité. Il donne par là le plus important motif pour endurer des persécutions à cause de son Nom.

 

9.9        Conclusion

Cette dernière béatitude achève la première partie du sermon sur la montagne, dans lequel le Seigneur Jésus, qui va être bientôt rejeté comme roi par son propre peuple, présente les principes du royaume de Dieu comme règle de conduite et comme encouragement pour ses disciples. En considérant la succession des béatitudes, nous remarquons un ordre bien défini. Dans les trois premières, le Seigneur montre à ses disciples la nécessité d’un état de cœur convenable devant Dieu et celle de l’humiliation. Les quatre suivantes engagent à la poursuite de la justice et d’une vie de piété agréable à Dieu ; et finalement, dans les deux dernières, nous trouvons l’épreuve, résultat de la vie avec le Seigneur Jésus et des souffrances pour Lui.

 

10 Le sel de la terre

ME 1994 p.154-157 ; 177-181

« Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel a perdu sa saveur, avec quoi sera-t-il salé ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et à être foulé aux pieds par les hommes » (Matt. 5:13).

Les versets 13 à 16 forment une petite parenthèse dans laquelle le Seigneur parle de la position des disciples. En disant « vous », il ne s’adresse pas seulement à ses disciples ou à de futurs conducteurs dans le royaume de Dieu, mais, comme dans les béatitudes, à tous ses disciples de toutes les époques — y compris la nôtre !

Le Seigneur Jésus se sert ici de deux images faciles à comprendre : le sel et la lumière. De par sa nature, le sel est salé ; et naturellement, la lumière brille. Mais dans la vie spirituelle, rien n’est automatique. Il arrive, hélas ! bien trop souvent, que la force divine en nous soit entravée par notre activité charnelle. C’est précisément pour cela que le Nouveau Testament nous donne tant d’exhortations. Cependant, sans la vie divine en nous, ces exhortations seraient vaines. Ainsi le Seigneur ne dit pas ici : « Vous devez être le sel et la lumière », mais « vous êtes le sel de la terre… la lumière du monde ».

 

10.1   Le sel

Depuis l’Antiquité, le sel s’utilise pour assaisonner et conserver les aliments. Il a une saveur forte, mais il conserve ce qui est bon ; il empêche la décomposition et la corruption. Dans l’Ancien Testament, le « sel de l’alliance » devait, selon l’ordonnance divine, être présenté sur toutes les offrandes (Lév. 2:13). Ainsi, le sel est une image de la force divine, sanctifiante et protectrice, qui doit être manifestée en nous. Nous ne sommes pas sucre ni miel, mais le sel de la terre. Si, à l’école, au travail, ou à d’autres occasions, nous entendons que l’on se moque des choses de Dieu et que nous reprenons les moqueurs au lieu de rester indifférents, si nous ne rions pas de certaines plaisanteries, alors nous sommes, pratiquement, le sel de la terre. Et ensuite, notre seule présence exerce une retenue sur les incrédules.

Deux passages de l’Ecriture nous montrent que le « sel » ne doit pas être confondu avec la sévérité, encore moins avec l’agressivité. Le Seigneur dit à ses disciples en Marc 9:51: « Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous ». Paul écrit aux Colossiens : « Que votre parole soit toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel » (4:6). La grâce et la paix ne sont donc pas en opposition avec le sel, au contraire, ils se complètent mutuellement.

Le sel est un ingrédient simple et discret, dont on ne se rend pas toujours compte de la grande utilité. Cependant, il agit dans le secret, et avec le temps. Il peut nous sembler vain d’être les seuls dans notre entourage à défendre la volonté et les pensées de notre Seigneur, mais encourageons-nous par ces paroles : « Vous êtes le sel de la terre ».

Contrairement au verset suivant, le Seigneur parle ici de la terre. La terre n’est pas la même chose que le monde. Le mot grec peut signifier aussi bien « pays » que « terre ». Dans notre verset, il s’agit de la scène sur laquelle le témoignage de Dieu est rendu. Cela a d’abord été le pays d’Israël, dans lequel les disciples vivaient. Mais cela comprend sans doute le vaste domaine du témoignage de Dieu dans la chrétienté actuelle, ce qui correspond à la sphère du royaume des cieux. Or c’est précisément là où la lumière de la vérité et de l’évangile de Dieu a brillé de son plus grand éclat que se manifestera dans l’avenir la plus grande apostasie de tous les temps. Le Seigneur l’indique dans les paroles qui suivent.

 

10.2   Plus bon à rien

« Mais si le sel a perdu sa saveur, avec quoi sera-t-il salé ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et à être foulé aux pieds par les hommes ». Le sel de l’Antiquité n’avait pas la pureté du sel de cuisine utilisé aujourd’hui. En particulier, le sel qui était extrait de la mer Morte contenait de nombreux minéraux. Si l’on ne prenait pas de précautions pour son stockage, il devenait humide, se délavait, perdait sa saveur, car seuls subsistaient les composants sans valeur. On le jetait alors, et son sort était d’être foulé aux pieds par les hommes.

Le Seigneur parle dans ce passage de la position des disciples dans le royaume de Dieu. Le sel évoque l’influence du témoignage rendu à la sainteté de Dieu. Celui dont le témoignage n’a pas cette puissance n’est plus bon à rien. Ainsi Jérusalem, la ville qui a rejeté son propre roi, sera foulée aux pieds par les nations (Luc 21:24). La chrétienté, qui a détenu durant des siècles le message de la grâce et du salut en Christ, apostasiera et subira un jugement en conséquence.

Il n’est pas question ici de savoir si un chrétien régénéré peut perdre ou non son salut. À ce sujet, la parole de Dieu est très claire: celui qui croit au Fils de Dieu a la vie éternelle et personne ne peut le ravir de la main du Fils ni de la main du Père (Jean 3:36 ; 10:28, 29).

 

10.3   Un avertissement

Ces paroles du Seigneur contiennent néanmoins une sérieuse exhortation pour chacun de nous. Notre vie spirituelle et notre témoignage ne sont-ils pas souvent faibles et fades ? Nous ne sommes alors pratiquement plus bons à rien pour le Seigneur ! Nous ressemblons à du sel qui a perdu sa saveur et sa force. Il nous faut être quotidiennement en communion avec le Seigneur par la prière et la lecture de la Parole de Dieu, sans quoi notre vie spirituelle se desséchera, sera sans joie et sans force.

Si, dans nos relations avec nos semblables, nous pensons devoir manifester uniquement la douceur, la patience et l’amabilité, la saveur du sel nous manquera. Il y a des situations où nous devons intervenir pour défendre les droits du Seigneur, même si cela doit faire mal. Nous avons déjà dit que, dans de tels moments, nous ne devons oublier ni la grâce, ni la paix.

Le plus grand danger demeure cependant la conformité au monde. Lot, le neveu d’Abraham, était un croyant qui s’était installé dans la ville impie de Sodome. Lorsqu’il avertit ses gendres du jugement imminent de Dieu sur la ville, ils eurent le sentiment qu’il plaisantait (Gen. 19:14).

Bien des chrétiens concluent de ce verset 13 que nous devons nous associer avec la chrétienté et ses organisations, ou même avec le monde, afin de renforcer l’influence chrétienne sur les autorités, sur les lois et sur la société en général. Mais telle n’est pas la pensée du Seigneur quand il dit : « Vous êtes le sel de la terre ». Notre influence sur notre entourage et notre témoignage pour le Seigneur ne résultent pas de la force du nombre, mais de notre attitude morale dans la séparation du mal (comp. Rom. 12:2 ; 2 Cor. 6:14-18 ; 7:1 ; 2 Tim. 2:21 ; Héb. 13:13).

D’autre part, la séparation indispensable d’avec le monde ne doit pas non plus dégénérer en un isolement charnel. Car alors nous ne pourrions assumer la responsabilité à laquelle nous sommes appelés: être le sel de la terre.

 

11 Vous êtes la lumière du monde

 » Vous êtes la lumière du monde : une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Aussi n’allume-t-on pas une lampe pour la mettre ensuite sous le boisseau, mais sur le pied de lampe ; et elle luit pour tous ceux qui sont dans la maison » (Matt. 5:14-15).

Le deuxième caractère des vrais disciples du Seigneur est la lumière : « Vous êtes la lumière du monde ». Notre vie quotidienne est si dépendante de la lumière que chacun en comprend le sens et l’importance. La lumière évoque la vue et le discernement, comme aussi la chaleur et la vie. Le soleil est la source de cette lumière dont dépend toute existence sur notre planète. Sans lui, tout serait sombre, froid et inerte. Il en est ainsi dans le domaine moral.

 

11.1   Dieu est lumière

Dans la Bible, la lumière est souvent mentionnée en rapport avec Dieu. Déjà au Psaume 36, il est dit : « En ta lumière, nous verrons la lumière » (verset 9). Mais lorsque le Seigneur Jésus enseignait ses disciples sur la montagne, ceux-ci ne connaissaient évidemment pas encore les paroles simples et puissantes que l’un d’entre eux serait conduit à écrire plus tard : « Dieu est lumière » (1 Jean 1:5). 

La nature divine ne peut pas être décrite plus brièvement et plus clairement. Et le fait que Dieu habite « la lumière inaccessible » (1 Tim. 6:16) met encore davantage en évidence la pureté, la sainteté et la gloire absolue de notre Dieu. La lumière de Dieu est merveilleuse: elle apporte la vie. Les ténèbres, par contre, dans le Nouveau Testament, caractérisent toujours le péché et l’éloignement de Dieu. Lorsque le Seigneur Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde », il était lui-même ici-bas la vraie lumière. Le Fils éternel de Dieu, « le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance », était venu dans le monde comme la lumière, afin de manifester Dieu (comp. Jean 1:4-9 ; 8:12 ; 9:5 ; 12:46).

Tous ceux qui l’acceptent par la foi sont amenés des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu ; bien plus encore, autrefois ténèbres, ils sont maintenant lumière dans le Seigneur (1 Pier. 2:9 ; Éph. 5:8).

 

11.2   Vous êtes la lumière

Lorsque le Seigneur Jésus déclarait : « Vous êtes la lumière du monde », les disciples ne connaissaient certainement pas encore toute la signification morale du mot « lumière ». Ils pouvaient néanmoins comprendre que le Seigneur parlait de leur témoignage dans ce monde. Tandis que le sel agit à l’intérieur et de manière imperceptible, la lumière est visible de loin.

« Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ». Qu’un ennemi voulût l’attaquer ou un voyageur s’y réfugier, une ville située sur une montagne en Israël se remarquait immédiatement, de jour par la blancheur de ses édifices et de nuit par la lumière de ses habitations. De même la conduite des disciples du Seigneur doit être dans ce monde une lumière perceptible pour tous les hommes.

« Aussi n’allume-t-on pas une lampe pour la mettre ensuite sous le boisseau, mais sur le pied de lampe; et elle luit pour tous ceux qui sont dans la maison ». Les petites lampes à huile de l’Antiquité, trouvées par milliers dans les lieux de fouilles, ne pouvaient émettre qu’une faible lumière. Pour cette raison, on les plaçait sur un support suspendu au plafond, fixé au mur, ou posé par terre. Dans le tabernacle, le chandelier d’or à sept branches comportait également un pied de lampe. On augmentait de cette manière la lumière rayonnée.

Quelle absurdité ce serait de placer une telle lampe sous un boisseau, c’est-à-dire de la cacher ! Un boisseau était un récipient d’une capacité d’environ 8,75 litres, utilisé par exemple pour mesurer les quantités de céréales. Si on en avait retourné un sur la lampe, la petite flamme serait devenue invisible et se serait bientôt éteinte !

En Marc 4:21, en plus du boisseau, le Seigneur Jésus mentionne le lit. Les deux peuvent obscurcir la lumière. Il y a là un double avertissement : d’une part la mise en garde contre une activité purement humaine (la lumière sous un boisseau), et d’autre part le danger de l’indolence et du sommeil spirituel (la lumière sous le lit).

11.3   Que votre lumière luise

« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre père qui est dans les cieux » (verset 16).

Comme la ville située sur la montagne, la clarté de la lampe doit donc être visible pour tous. Cette lumière est la profession de foi du disciple du Seigneur. C’est ainsi qu’il manifeste son appartenance à Christ. Confessons donc le Seigneur partout et en toutes circonstances.

Quand nous mangeons au restaurant, avons-nous le courage de rendre grâces avant le repas, à côté de voisins de table peut-être incrédules qui continuent leur conversation ou même pourraient se moquer de nous ?

Quand des personnes nous parlent de leurs distractions mondaines, ou évoquent des questions morales d’actualité (union libre, avortement, etc.) et sollicitent notre avis, savons-nous saisir l’occasion de mentionner la parole de Dieu et d’inviter à s’y soumettre ?  

Sommes-nous justes, aimables, serviables et pacifiques envers nos collègues de travail, nos voisins et tous ceux que nous côtoyons ? S’il en est ainsi, nous faisons luire notre lumière devant les hommes. « Faites toutes choses sans murmures et sans raisonnements, afin que vous soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie » (Phil. 2:14-15). Nous ferons luire cette lumière morale si nous laissons agir notre nouvelle nature. Par notre conduite, nous montrerons alors au monde que nous sommes des enfants de Dieu et des témoins de notre Seigneur.

 

11.4   Les bonnes œuvres

Dans ces versets, le Seigneur Jésus ne parle pas de l’évangile qui apporte le salut aux hommes perdus. Le sermon sur la montagne ne traite pas de cette question, mais donne des instructions aux disciples du Seigneur concernant leur conduite. Bien que les hommes du monde y soient souvent mentionnés, le but de l’enseignement du Seigneur n’est pas leur bénédiction ou leur salut, mais la manifestation des caractères du royaume de Dieu par ses disciples. Nous sommes donc directement concernés.

Dans ce passage, les bonnes œuvres résultent de l’action de la lumière divine dans l’âme. Si notre lumière brille, les bonnes œuvres l’accompagnent. Toutefois, l’accent n’est pas mis ici sur les œuvres, mais sur la lumière.

Dans le monde également, beaucoup de bonnes œuvres sont accomplies, que ce soit par des personnes dévouées ou par des collectivités. Ces derniers temps précisément, les organisations humanitaires ont pu faire beaucoup de bien à des gens dans la détresse. Si, étant enfants de Dieu, nous nous engageons dans de telles œuvres, nous ne sommes pas forcément un témoignage pour notre Seigneur, car nous nous trouvons pratiquement au même niveau que les gens du monde. Mais le Seigneur désire que nous soyons un témoignage pour LUI. C’est pourquoi il ne nous exhorte pas ici aux bonnes œuvres, mais à faire luire notre lumière devant les hommes. Nous devons penser à LUI et non pas à « nos » œuvres. Celles-ci suivront. L’apôtre Paul parle du fruit de la lumière, qui consiste en toute bonté, et justice, et vérité (Éph. 5:9).

« …et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ». Si nos bonnes œuvres portent le caractère de la lumière divine, les hommes ne diront pas seulement de nous : « Voilà un homme de bien », mais ils pourront être conduits eux-mêmes dans la vraie lumière, et être amenés à glorifier Dieu. Lorsque la lumière luit, les actions sont vues dans leur relation avec cette lumière.

Pour la première fois dans le Nouveau Testament, Dieu est appelé « votre Père ». Il est vrai que l’Ancien Testament mentionne aussi le nom de « Père » en parlant de Dieu. Cependant cette appellation ne se rapporte pas à la relation personnelle d’un Israélite ou d’un croyant avec Dieu, mais à celle du peuple terrestre de Dieu dans son ensemble. Dans un sens, l’Eternel était le Père d’Israël (comp. Ex. 4:22-23 ; Deut. 32:6 ; Es. 63:16).

C’est seulement lorsque le Fils de Dieu est venu sur la terre pour révéler le Père, que les croyants ont pu être amenés personnellement dans cette merveilleuse relation filiale. « Vous avez reçu l’Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba Père ! » (Rom. 8:15). Mais pour cela, il fallait la mort et la résurrection du Seigneur. C’est après sa résurrection qu’il chargera Marie de Magdala du merveilleux message : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17). Ce moment était encore futur. Pourtant, le Seigneur parle déjà à ses disciples de « votre Père qui est dans les cieux », bien qu’ils n’aient pu connaître ni le fondement de cette nouvelle relation — son œuvre à la croix -, ni sa profondeur et sa puissance — ce qu’ils comprendraient après la venue du Saint Esprit.

 

12 Christ et la Loi

ME 1994 p. 210-216

« Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir » (Matt. 5:17).

Les enseignements du Seigneur Jésus différaient tellement de ceux des scribes et des pharisiens que quelques-uns de ses auditeurs pouvaient penser que le Seigneur mettait fin à tout ce qui avait été enseigné à Israël jusqu’alors. Dans ce passage qui traite de la Loi (v. 17-48), et qu’on ne trouve que dans l’Evangile de Matthieu, le Seigneur répond à cette pensée.

 

12.1   La loi du Sinaï

En relation avec l’Ancien Testament, le mot Loi peut désigner :

●         la loi du Sinaï (Act. 7:53 ; Gal. 3:17),

●         le Pentateuque (c’est-à-dire les cinq livres de Moïse, en hébreu: la Thora), qui, selon la division juive, constitue la première des trois parties de l’Ancien Testament (Luc 24:44),

●         l’Ancien Testament lui-même (Jean 10:34) — dans ce sens, le mot est parfois utilisé conjointement avec « les prophètes » (Matt. 5:17 ; 7:12 ; 11:13).

 

Dieu avait donné la Loi du Sinaï à Israël après l’avoir délivré du pays d’Égypte. Cette Loi, avec ses commandements juridiques, cérémoniels et moraux, concernait uniquement le peuple d’Israël (Deut. 4:8 ; Rom. 9:4), tout comme l’ancienne alliance n’a été conclue qu’avec ce peuple. C’est ce que les chrétiens oublient trop souvent.

La loi du Sinaï était un ensemble d’exigences et de promesses donné par Dieu à son peuple terrestre. Les lois de caractère moral étaient pour ainsi dire les exigences minimales de Dieu envers l’homme naturel, irrégénéré. Les lois cérémonielles réglementaient le culte du peuple et étaient en même temps des « ombres » des choses à venir — des ombres qui sont devenues des réalités en Christ (Col. 2:17 ; Héb. 10:1).

Puisque la Loi provenait de Dieu, elle était sainte, juste et bonne (Rom. 7:12). Si les Israélites avaient pu la garder, elle les aurait conduits à la vie et à la justice (Lév. 18:5 ; Deut. 5:29). Mais ce résultat était impossible à obtenir, parce que la force nécessaire pour répondre aux exigences divines manque à l’homme naturel. Ainsi, la Loi ne pouvait conduire qu’à la connaissance plus exacte du péché (Rom. 3:20). Elle manifestait le péché, mais ne donnait aucune force pour l’éviter ; elle conduisait par conséquent à la malédiction et à la mort, bien qu’elle ait été donnée « pour la vie » (Rom. 7:10 ; 8:3) !

Sur la croix, le Seigneur Jésus a pris sur Lui la malédiction de la Loi. Il a ainsi racheté ceux qui étaient sous cette malédiction. Il s’ensuit que tout Juif qui croit en Lui échappe à la malédiction de la Loi (Gal. 3:13); il est affranchi de la loi, « car Christ est la fin de la Loi pour justice à quiconque croit » (Rom. 6:14 ; 7:4 ; 10:4 ; Gal. 3:24-25).

Pour cette raison, il est contraire à la volonté de Dieu révélée dans sa parole que des chrétiens se placent sous la loi. Sans doute, ceux qui le font ne retiennent-ils le plus souvent que ses prescriptions morales, c’est-à-dire les dix commandements, et laissent-ils de côté les commandements juridiques et cérémoniels. On justifie l’obligation d’observation de ces commandements par le fait que le chrétien ne doit évidemment pas tuer, ni voler, etc. Mais si celui qui est né de nouveau fuit le péché sous toutes ses formes, ce n’est pas afin d’observer la Loi, mais parce qu’il a reçu une nouvelle vie ; c’est parce qu’il possède le Saint Esprit comme source de puissance et Jésus comme modèle.

 

12.2   Abolir — accomplir

En Matthieu 5:17, le Seigneur Jésus s’adresse au peuple terrestre de Dieu. Ses disciples, tout comme les foules qui l’entouraient, étaient des Juifs. Le royaume des cieux leur était promis comme à des « fils du royaume ». C’est pourquoi, à ce moment-là, le Seigneur s’adressait exclusivement à ce peuple (Matt. 15:24). En considérant les béatitudes, nous avons pu voir que ses paroles ont aussi une application pour les temps actuels, ces temps des « mystères du royaume des cieux ». Mais n’oublions pas que le Seigneur Jésus s’adresse tout d’abord à son propre peuple, auquel Dieu avait autrefois donné la loi au Sinaï.

Jésus dit qu’il n’était « pas venu pour abolir, mais pour accomplir ». La prédication de Jean le Baptiseur et ses appels à la repentance, ainsi que les discours du Seigneur Jésus lui-même, annonçaient quelque chose de tout à fait nouveau. Mais cela ne signifiait pas pour autant l’annulation de ce qui existait jusque-là. La Loi et les Prophètes (tout l’Ancien Testament) n’ont pas été abolis par Christ, c’est-à-dire jugés sans valeur (comp. Jean 10:35). Au contraire, le Seigneur était venu pour les accomplir. Accomplir ne signifie pas seulement obéir à la parole de Dieu — expression qui pourrait s’appliquer à la Loi, mais pas aux Prophètes. Accomplir veut dire confirmer et amener à exécution. Tout l’Ancien Testament témoignait de Christ, et Lui en était l’accomplissement (Jean 5:39).

 

12.3   Iota et trait de lettre

« Car, en vérité, je vous le dis : Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera pas de la Loi, que tout ne soit accompli » (Matt. 5:18 ; comp. Luc 16:17).

À la fin du règne millénaire de Christ, le ciel et la terre passeront (2 Pier. 3:11). Alors apparaîtra une nouvelle création, avec de nouveaux cieux et une nouvelle terre (2 Pier. 3:13 ; Apoc. 21:1). Mais auparavant, durant ce règne, Dieu reconnaîtra à nouveau Israël comme son peuple, sur la base de la nouvelle alliance (Jér. 31:31-35 ; Ézé. 36:24-27). Dieu mettra sa Loi au-dedans d’eux et l’écrira sur leur cœur. En ce temps-là, ils l’observeront de bon gré, contrairement aux temps précédents. Les ordonnances concernant les fêtes solennelles et les sacrifices seront à nouveau respectées. Mais, au lieu d’être séparé des nations comme ce fut le cas autrefois, Israël deviendra le centre et le modèle de tous les peuples (Es. 2:2-4 ; Zach. 2:2-4 ; Zach. 14:16).

Le iota est la plus petite lettre de l’alphabet grec et le trait de lettre est un crochet ou une « petite corne » qui, en hébreu, différencie des lettres autrement identiques. En disant que ces éléments infimes de la Loi écrite ne passeront pas, notre Seigneur rend un témoignage explicite à l’inspiration textuelle de cette partie de la Parole de Dieu. Rien ne disparaîtra de la loi jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le règne millénaire. Et elle s’accomplira d’une manière qui ne s’est jamais vue dans l’histoire d’Israël. L’expression « que tout ne soit arrivé » (Luc 21:32) attire l’attention sur les temps futurs du glorieux règne de Christ, où toutes les prophéties de l’Ancien Testament trouveront leur accomplissement et où toutes les paroles de la Loi seront observées.

 

13 La loi et le royaume

« Dès lors, quiconque aura supprimé l’un de ces plus petits commandements et aura enseigné ainsi les hommes, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais quiconque l’aura pratiqué et enseigné, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux » (Matt. 5:19).

 

13.1   Mépris de la Parole de Dieu

Après avoir expliqué, dans les versets 17 et 18, quels étaient ses rapports avec la Loi et les Prophètes, le Seigneur Jésus adresse à tous un très sérieux appel : « Quiconque donc aura supprimé… ». Mais quels sont donc ces « plus petits commandements » dont parle le Seigneur ?

Il y avait, parmi les Juifs, des scribes et des pharisiens qui attachaient plus d’importance à leurs propres traditions qu’aux commandements de Dieu. Le Seigneur leur dira plus tard : « Vous avez annulé le commandement de Dieu à cause de votre tradition » (Matt. 15:6). Aussi longtemps que le régime de la Loi était en vigueur, c’est-à-dire jusqu’à la mort de Christ (comp. Rom. 10:4 ; Gal. 3:24 ; Éph. 2:15 ; Col. 2:14), les Juifs étaient tenus de l’observer dans sa totalité. Il était bien précisé en Deutéronome 27:26:« Maudit qui n’accomplit pas les paroles de cette loi, en les pratiquant ! ».

Les scribes avaient dénombré en tout 613 commandements dans l’Ancien Testament, et les avaient classés selon l’importance qu’ils leur attribuaient. Le Seigneur lui-même distingue, en Matthieu 22:36-40, le grand et premier commandement, celui d’aimer Dieu, mais Il y associe immédiatement celui d’aimer son prochain. En Matthieu 23:23, Il doit reprocher aux scribes d’avoir délaissé les choses les plus importantes de la loi : le jugement, la miséricorde et la fidélité, tout en respectant scrupuleusement le paiement de la dîme des petites herbes qui poussaient dans leur jardin !

D’une part, les pharisiens et les scribes plaçaient donc leurs traditions humaines au-dessus des commandements divins, et d’autre part, ils insistaient sur l’accomplissement « extérieur » des plus petits détails de la Loi. Mais le Seigneur distingue entre l’observation purement extérieure de la Loi et l’état du cœur, beaucoup plus important. Or les commandements qui demandent l’amour de Dieu et du prochain mettent en évidence l’impossibilité pour l’homme naturel de vivre d’une manière qui soit agréable à Dieu. Ils montrent ainsi que la foi, et non la Loi, est le seul chemin vers Dieu.

 

13.2   Justice

« Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (v. 20).

Depuis la captivité babylonienne, les docteurs juifs avaient ajouté à la Loi une quantité de commentaires et de prescriptions, le Talmud, appelé dans le Nouveau Testament « la tradition des anciens ». Les scribes étaient les meilleurs connaisseurs de la Loi et de ces prescriptions humaines, et les pharisiens en étaient les plus sévères observateurs. En Matthieu 23, le Seigneur Jésus prononce un septuple « malheur » sur ces hommes hypocrites et remplis d’eux-mêmes, soucieux de leur apparence extérieure (v. 5-7 ; v. 25-28). Devant les hommes ils paraissaient peut-être pieux et justes, mais leur attitude tout extérieure ne résistait pas à l’appréciation de Dieu.

C’est pourquoi le Seigneur dit ici : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens… ». Il n’est évidemment pas question ici de la justice divine, part de tous les croyants. Le Seigneur Jésus, dans le sermon sur la montagne, n’annonce pas l’évangile aux âmes perdues ; Il s’adresse à ses disciples. « Votre justice » est donc la justice pratique de ceux qui, par la foi en Lui, ont été justifiés, et qui Le suivent en faisant la volonté de Dieu (Matt. 7:21).

« Entrer dans le royaume des cieux » signifie être lié au Seigneur comme son vrai disciple et être reconnu par Lui comme tel. Dans le Nouveau Testament, il est question au moins 14 fois de l’entrée dans le royaume (Matt. 5:20 ; 7:21 ; 18:3 ; 19:23 ; 21:31 ; 23:13 ; Marc 9:47 ; 10:23-24 ; Luc 16:16 ; 18:24 ; Jean 3:5 ; Act. 14:22 ; 2 Pier. 1:11). Plusieurs de ces passages montrent clairement qu’il s’agit d’une chose future, les autres ne le précisent pas. Cependant, tous montrent que l’entrée dans le royaume est réservée aux vrais disciples de Jésus. Les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu (1 Cor. 6:9).

Une simple profession religieuse et l’accomplissement de certaines « bonnes œuvres », même si elles impressionnent fortement les hommes, ne suffisent pas pour subsister devant Dieu. En revanche, celui qui se repent sincèrement de ses péchés, celui qui croit que Christ a subi pour lui sur la croix le juste châtiment de Dieu, et qui mène ensuite une « vie nouvelle » en suivant le Seigneur et en obéissant à la Bible, celui-là fera partie des justes qui resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père (Matt. 13:43).

 

14 Haïr son frère (Matt. 5:21-26)

ME 1994 p. 244-252

 

Du verset 21 au verset 48, le Seigneur Jésus développe six exemples dans lesquels — sans dénigrer la Loi — il dénonce la fausse interprétation qu’en ont donnée les scribes et les pharisiens. En même temps, il explique à ses disciples quelques points importants.

Premièrement, il leur rappelle que de nombreux commandements donnés par Dieu à Israël ne se rapportent qu’au comportement extérieur de l’homme.

Deuxièmement, il leur fait remarquer que, par leurs interprétations souvent subtiles, les scribes avaient tellement restreint l’application de ces commandements que, parfois, il ne restait presque plus rien de leur véritable signification.

Troisièmement, il leur montre que la chose la plus importante n’est pas le respect simplement formel de la Loi, mais le désir du cœur de vivre à la gloire de Dieu, en conformité avec ses pensées.

 

14.1   Le sixième commandement : « Tu ne tueras pas »

Le premier de ces six exemples commence ainsi : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens… » (v. 21). Ici, les anciens ne sont pas seulement les contemporains de Moïse, mais également les ancêtres des scribes, car le texte qui suit ne contient pas seulement le sixième commandement (Ex. 20:13), mais aussi une adjonction. Les auditeurs du Seigneur Jésus avaient entendu deux choses différentes : tout d’abord le commandement : « Tu ne tueras pas », qui avait été donné par Dieu, puis les mots ajoutés par les scribes, sans doute depuis la captivité babylonienne : « Et quiconque tuera sera passible du jugement ». Ce jugement est probablement celui que rendaient les juges et les magistrats qui devaient être établis dans toutes les villes en Israël, selon Deutéronome 16:18.

 

14.2   « Mais moi, je vous dis »

À ce commandement et à ce que les hommes lui avaient ajouté, le Seigneur Jésus oppose ses propres paroles : « Mais moi, je vous dis » — expression répétée six fois jusqu’à la fin du chapitre. Il parle avec la même autorité que Celui qui avait autrefois donné la Loi, car Il est le Fils de Dieu. Par ses paroles, Il n’abolit pas la Loi, mais Il étend son application à l’état du cœur de l’homme. Tandis que le commandement n’interdisait que l’extrême manifestation de la haine, le meurtre, le Seigneur montre que même la colère contre son frère (il s’agit ici en premier lieu d’un « frère » juif) mérite le même châtiment.

Ainsi, celui qui se mettait en colère contre son frère méritait, selon les paroles du Seigneur, le même châtiment que celui qui, selon l’avis des rabbins, était un meurtrier. Celui qui disait à son frère « Raca » (en araméen « insensé ») était passible du jugement du sanhédrin — le tribunal suprême juif — et celui qui le qualifiait de « fou » était passible de la géhenne de feu, de la condamnation éternelle. Si le dernier de ces trois péchés, qui en fait ne se distinguent guère l’un de l’autre, conduit à la condamnation éternelle, il en est de même pour les deux autres. Car Dieu ne voit pas seulement l’aspect extérieur, Il regarde à notre cœur.

Les deux exemples suivants (v. 23-26) traitent du cœur en bon état. Le premier souligne la nécessité d’une bonne conscience, le deuxième nous enseigne que le temps pour se réconcilier a des limites.

 

14.2.1    Premier exemple : « Réconcilie-toi avec ton frère »

« Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord, réconcilie-toi avec ton frère ; et alors viens présenter ton offrande » (v. 23-24).

Nous nous souvenons que le Seigneur Jésus s’adresse en premier lieu à ses disciples d’alors. Il parle ici des sacrifices offerts dans le temple. Toutefois, ses paroles nous concernent également.

Dieu ne peut approuver que nous venions l’adorer sans avoir réglé nos « différends » avec nos frères et nos sœurs. Et pourtant, ne nous arrive-t-il pas de manquer à cet égard ? Il ne s’agit parfois que d’un malentendu, mais il se peut aussi que j’aie blessé sciemment un enfant de Dieu, un frère ou une sœur. Chaque fois que l’un ou l’autre a quelque chose contre moi, l’exhortation du Seigneur est claire : « Va d’abord, réconcilie-toi avec ton frère ».

Seule la réconciliation, qui bien sûr est impossible sans une sincère confession, peut rétablir une relation normale entre croyants. L’amour fraternel pourra alors de nouveau se manifester librement, et notre communion avec notre Dieu et Père sera rétablie : « Et alors viens présenter ton offrande ».

 

14.2.2    Deuxième exemple : Mets le temps à profit

Le Seigneur ajoute un second exemple : « Mets-toi rapidement d’accord avec ta partie adverse pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, que le juge ne te livre au gendarme et que tu ne sois jeté en prison ; en vérité, je te le dis : Tu ne sortiras pas de là jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quart d’un sou » (v. 25-26).

Dans l’Antiquité, il était d’usage de garder en prison un débiteur condamné, jusqu’à ce qu’il ait payé toutes ses dettes (comp. Matt. 18:30-34). Le Seigneur emploie ici un langage figuré : avant qu’il ne soit trop tard, il faut saisir l’occasion offerte de se réconcilier paisiblement avec sa partie adverse, même si d’abord on n’en a pas envie. Le temps de la réconciliation est « compté ». Celui qui refuse la réconciliation en portera les conséquences. En Matthieu 18:34-35, le Seigneur donne le même avertissement.

De fausses applications du verset 26, comme aussi de Luc 12:57-59, ont conduit à bien des confusions, notamment la doctrine du « purgatoire ». Il n’est enseigné nulle part dans les Saintes Ecritures que l’homme doive endurer après sa mort un châtiment temporaire de la part de Dieu, pour connaître ensuite une rédemption éternelle. Non, quand la mort intervient, on est soit pleinement et éternellement sauvé, soit éternellement perdu ! Par conséquent, ce verset ne peut se rapporter qu’aux circonstances de la terre.

Ces paroles du Seigneur s’accordent avec plusieurs prophéties de l’Ancien Testament concernant le peuple d’Israël. Quand, dans l’avenir, la détresse de Jacob aura cessé, la parole du prophète Esaïe s’accomplira : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée ; car elle a reçu de la main de l’Eternel le double pour tous ses péchés » (Es. 40:1-2). Lorsque leur Roi et Sauveur était parmi eux pour les racheter, les Juifs n’étaient pas prêts à l’accepter et à répondre à son appel à la repentance. C’est pourquoi Dieu a dû rejeter son peuple incrédule (Rom. 11:25). Cette mise de côté d’Israël atteindra son point culminant lors de la grande tribulation, et durera jusqu’au moment où Dieu « aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem » (Es. 10:12 ; Zach. 13:8-9).

 

15 Adultère (Matt. 5:27-30)

« Tu ne commettras pas d’adultère »

Parmi les exemples qu’Il prend dans la Loi, le Seigneur Jésus cite maintenant le septième commandement : « Tu ne commettras pas d’adultère » (Ex. 20:14 ; Deut. 5:18). Depuis la création, le mariage — qui unit deux êtres pour la vie — est une institution sur laquelle Dieu veille particulièrement. Dans le Nouveau Testament ; il est une image de la relation de Christ avec son Assemblée, relation caractérisée par son amour divin et son dévouement comme homme.

Mais le péché a tout gâté ! Lémec, Abraham, Jacob, Salomon et d’autres hommes de l’Ancien Testament ont vécu dans la polygamie, mais cela ne correspondait nullement à la volonté de Dieu et a entraîné des difficultés dans leurs familles. Combien l’adultère commis par le roi David avec Bath-Shéba a été lourd de conséquences ! Et aujourd’hui, qu’en est-il de la morale conjugale — non seulement dans le monde, mais même parfois parmi ceux qui se disent chrétiens ! Dans ce domaine, au cours des dernières décennies, les principes bibliques ont été systématiquement rejetés par la société.

Cependant, Dieu a une telle horreur de l’immoralité que Paul doit écrire aux Éphésiens : « Mais que ni la fornication, ni aucune forme d’impureté ou de cupidité ne soient même nommées parmi vous, comme il convient à des saints… » (5:3). Cela signifie que nous ne devons pas parler légèrement de ces péchés ni les minimiser. Quand la Bible nous donne l’appréciation de Dieu à leur égard, elle parle un langage très clair. Fornication ne signifie pas seulement prostitution, mais toute relation extra-conjugale, même si on a l’intention de se marier, et même si cela n’a lieu qu’une seule fois (comp. Gen. 34 et 38). Selon le langage du Nouveau Testament, l’union libre est de la fornication ou, lorsqu’elle met en cause des personnes mariées, de l’adultère. Dans les deux cas, cette relation est condamnée comme péché (Matt. 15:19 ; 1 Cor. 6:9 ; Héb. 13:4).

 

15.1   « Mais moi, je vous dis »

Avec une autorité qui n’appartient qu’à Lui, le Seigneur Jésus met en regard du commandement « Tu ne commettras pas d’adultère » ses propres paroles : « Mais moi, je vous dis ». Il ne dénonce pas, comme au verset 22, une interprétation qui, pour convenir à l’homme, cherche à affaiblir le commandement divin. Encore moins n’abroge-t-Il le commandement lui-même. Il n’était pas venu pour abolir, mais pour accomplir.

Il déclare : « Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur » (v. 28). Sur la base des enseignements dispensés par les scribes et les pharisiens, les Juifs pensaient que l’observance purement extérieure de la Loi conduisait à la justification devant Dieu. Mais Jésus sonde maintenant le cœur de l’homme, et montre que c’est là que l’adultère a sa source. Le Seigneur révèle ici pour la première fois une chose dont chaque honnête Israélite aurait dû se rendre compte par expérience : la convoitise, qui le conduisait à désobéir au commandement de Dieu, était dans son cœur, et il n’avait pas la force de la surmonter. Le commandement éveillait même la convoitise, comme Paul l’écrit en Romains 7:7:« je n’aurais pas eu conscience de la convoitise, si la Loi n’avait dit : Tu ne convoiteras pas ».

Certes, la loi du Sinaï contenait également des commandements concernant l’état intérieur : « Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain » (Ex. 20:17), « tu ne haïras point ton frère dans ton cœur… mais tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lév. 19:17-18), « tu aimeras l’Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur… » (Deut. 6:4). Mais les Israélites ne percevaient guère dans ces commandements que des préceptes pour leur comportement extérieur. 

 

15.2   Commettre adultère dans son cœur

Le Seigneur Jésus affirme donc que l’adultère se trouve non seulement dans le fait accompli, mais déjà dans le regard de convoitise porté sur une femme.

Il n’est pas question de regards fortuits, involontaires, qui peuvent difficilement être évités, mais du regard conscient de convoitise : « quiconque regarde une femme pour la convoiter ». La pensée coupable dans le cœur accompagne le regard volontaire.

Cette distinction est très importante. À peine faisons-nous quelques pas dans la rue, que nous voilà les témoins de la corruption morale de notre temps. C’est ainsi que nous sommes involontairement souillés. Mais le regard délibérément impur est tout à fait autre chose. De même, aucun chrétien ne peut éviter que des pensées impures surgissent dans son esprit. Mais celles-ci ne le rendront coupable que si, au lieu de s’en détourner, il s’en nourrit. D’un autre côté, si les regards charnels et les pensées impures sont des péchés, que penser d’une tenue ou d’un comportement provocants de femmes et de jeunes filles croyantes, qui attireraient de tels regards ?

 

15.3   « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute… »

Le verset 29 montre avec quel sérieux le Seigneur Jésus jugeait les regards et les pensées de convoitise : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un de tes membres périsse et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne ». Puis, au verset suivant, il répète presque les mêmes paroles concernant la main droite (comp. Matt. 18:8).

En disant cela, le Seigneur ne demande ni mutilation volontaire, ni ascétisme. Le Créateur ne demandera jamais à sa créature de mutiler le corps qu’elle a reçu de Lui. Et même si quelqu’un arrachait ses yeux, la convoitise demeurerait dans son cœur. D’ailleurs, le Seigneur étend ici son enseignement à toute la question du jugement de soi-même.

 

15.4   Le jugement de soi-même

L’œil, la lampe du corps, peut aussi être considéré comme le «miroir de l’âme» (comp. Matt. 6:22-23 ; Prov. 21:4 ; Ecc. 11:9 ; Ézé. 6:9 ; 18:12 ; 20:8 ; 2 Pier. 2:14). La Bible présente plusieurs fois l’œil droit comme un membre précieux (1 Sam. 11:2 ; Zach. 11:17), et la main droite, celle de l’action, est très souvent mentionnée (par ex. : Gen. 48:17 ; Ex. 29:20 ; Ps. 73:23 ; 121:5 ; Apoc. 1:16 ; 10:5 ; 13:16).

La Parole de Dieu ne connaît pour l’homme que deux chemins : celui qui mène à la vie et celui qui mène à la perdition. C’est ce que confirme plus loin le sermon sur la montagne (Matt. 7:13-14). Le Seigneur Jésus n’indique ni le moyen d’entrer dans le chemin de la vie, ni celui d’y marcher, mais en décrit seulement les caractères. Plus tard, après la croix, l’apôtre Paul enseignera que ce qui était impossible auparavant — appliquer la mort à la chair et vivre — se réalise maintenant dans le croyant, identifié avec Christ dans sa mort. Et il montrera l’exemple d’une entière consécration : « Je mortifie mon corps et je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Cor. 9:27). Il écrit à l’assemblée de Dieu réunie à Corinthe : « Ne vous y trompez pas : ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères… n’hériteront du royaume de Dieu » (1 Cor. 6:9-10), et aux Colossiens : « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre : fornication, impureté, affections déréglées, mauvais désirs, et la cupidité…» (3:5).

 

16 Divorce et remariage (Matt. 5:31-32)

ME 1994 p. 281-284

Dans son enseignement, le Seigneur aborde des sujets qui sont toujours d’actualité. Ainsi en est-il malheureusement du divorce et du remariage.

 

16.1   La lettre de divorce

Il est écrit en Deutéronome 24:1-4:« Si un homme prend une femme et l’épouse, et qu’il arrive qu’elle ne trouve pas grâce à ses yeux, parce qu’il aura trouvé en elle quelque chose de malséant, il écrira pour elle une lettre de divorce, et la lui mettra dans la main, et la renverra hors de sa maison. Et elle sortira de sa maison et s’en ira, et elle pourra être à un autre homme ».

La mention de la lettre de divorce dans ce passage ne signifie nullement que Dieu avait ordonné le divorce, ou même qu’il l’approuvait. En Matthieu 19:8, le Seigneur Jésus explique aux Juifs que Moïse leur avait permis de répudier leurs femmes, à cause de leur « dureté de cœur » ; il ajoute : « mais au commencement (c’est-à-dire selon l’ordre de la création), il n’en était pas ainsi ». Lorsque le peuple d’Israël reçut la Loi, la pratique du divorce par le moyen d’une lettre de divorce existait manifestement déjà. Moïse s’en tint là — peut-être pour protéger une femme d’un homme au cœur dur et insensible qui aurait pu lui infliger de grandes souffrances au cours de leur vie commune.

Les Juifs avaient interprété cette concession de Deutéronome 24 comme une autorisation de divorcer et un commandement de remettre une lettre de divorce. Ceci ressort également de la question des pharisiens en Matthieu 19:7:« Pourquoi alors Moïse a-t-il commandé de donner une lettre de divorce en la répudiant ? ».

 

16.2   Le mariage est une union pour la vie

À cette légèreté des Juifs — et aujourd’hui celle des chrétiens — quant au divorce, le Seigneur Jésus répond sévèrement : « Mais moi, je vous dis que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause de fornication, l’expose à commettre l’adultère ; et celui qui épousera une femme répudiée commet l’adultère » (Matt. 5:32).

Faisons d’abord remarquer que ces paroles ne concernent pas seulement le mari, mais aussi l’épouse. En Marc 10:11-12, le Seigneur, dans le même contexte, mentionne expressément l’épouse : « Et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet l’adultère ».

Selon la volonté de Dieu, le mariage ne doit pas être rompu. Le Seigneur le dit clairement en Matthieu 19:6:« Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ». Ceci n’est pas seulement valable pour les mariages contractés « dans le Seigneur », mais pour tous les mariages. Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu avait fait dire aux Juifs qui répudiaient leurs femmes : « Car je hais la répudiation, dit l’Eternel, le Dieu d’Israël » (Mal. 2:16).

D’après l’ordre divin, toute union, pas seulement celle des chrétiens, est valable pour toute la vie. Un divorce est dans tous les cas une manifestation du péché et une déviation de la règle divine. De nos jours, un mariage sur trois ou quatre se solde par un divorce : l’impiété du monde croît aussi dans ce domaine. Un divorce parmi les enfants de Dieu manifeste donc d’une façon particulièrement affligeante la conformité avec le monde !

Aussi adressons-nous un sérieux conseil aux jeunes croyants : avant de vous marier, assurez-vous par la prière — et en sondant la Parole de Dieu — que le mariage que vous projetez peut vraiment être contracté « dans le Seigneur », c’est-à-dire en accord avec sa volonté (1 Cor. 7:39). Un mariage contracté à la légère est valable devant Dieu pour toute la vie, et doit être honoré par chaque conjoint, même s’il implique beaucoup de souffrances. « Que le mariage soit tenu en honneur à tous égards, et le lit conjugal sans souillure; car les fornicateurs et les adultères, Dieu les jugera » (Héb. 13:4).

 

16.3   Le divorce conduit à l’adultère

Le Seigneur balaie par une seule phrase les déclarations subtiles des scribes : « Quiconque répudiera sa femme… l’expose à commettre l’adultère ». Quelles que soient les fautes et les faiblesses de la femme, celui qui la répudie, c’est-à-dire divorce d’elle, l’expose à se lier par la suite avec un autre homme, ce qui serait une union adultère, preuve que, devant Dieu, la première union existe encore. En l’absence d’infidélité, le mariage contracté devant Dieu et les hommes n’est pas rompu par le divorce — prononcé par des hommes devant un tribunal -, mais plutôt par l’union adultère qui suit ! La même conséquence a lieu quand c’est la femme qui veut divorcer ou en cas de consentement mutuel.

Le Seigneur ajoute : « …et celui qui épousera une femme répudiée commet l’adultère ». Celui qui épouse une femme divorcée commet l’adultère, selon l’estimation de Dieu, parce qu’il s’introduit dans une union toujours existante pour Lui. En accord avec ces paroles du Seigneur, l’apôtre Paul écrit aux Corinthiens : « Quant à ceux qui sont mariés, je leur enjoins, non pas moi mais le Seigneur : que la femme ne soit pas séparée du mari ; (et si elle est séparée, qu’elle demeure sans être mariée, ou qu’elle se réconcilie avec son mari ;) et que le mari n’abandonne pas sa femme » (1 Cor. 7:10-11).

 

16.4   La seule exception

Nous n’avons pas évoqué jusqu’ici la seule exception admise par le Seigneur Jésus, et qui en exclut toute autre : « Quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause de fornication… ». Cette unique exception est absente en Marc 10:11-12 et Luc 16:18. Nous la retrouvons seulement en Matthieu 19:9, sans doute en des termes quelque peu différents : « sauf pour cause de fornication ». L’Ecriture n’entend pas, par le péché de fornication, la seule prostitution, mais toute relation sexuelle extraconjugale. Le Seigneur ne dit pas que la fornication commise par l’un des conjoints doive conduire au divorce, mais que le remariage de l’autre conjoint n’est pas, en cas de divorce, de l’adultère.

Ceci n’est donc pas un commandement, mais une exception par laquelle Dieu vient à la rencontre de la faiblesse spirituelle ou morale du conjoint trompé. Même le péché d’adultère peut et devrait être pardonné, lorsqu’une confession franche a eu lieu ; il ne doit donc pas obligatoirement conduire au divorce.

Combien sérieuses, mais aussi claires, sont les paroles de notre Seigneur par rapport au comportement dans son « royaume » ! L’apôtre Paul écrit également que les fornicateurs et les adultères n’hériteront pas du royaume de Dieu (1 Cor. 6:9-10 ; Gal. 5:19-21 ; Éph. 5:5). Se pourrait-il que sa volonté révélée ne s’accomplisse pas dans son royaume ? Alors que le monde dominé par Satan se révolte contre les commandements de Dieu, le désir profond de tous les vrais disciples de Jésus devrait être, non seulement de discerner sa volonté, mais aussi de la faire.

 

17 Jurer — oui ou non ? (Matt. 5:33-37)

ME 1994 p. 308-316

Dans notre société actuelle, le fait de jurer, de prêter serment, ne nous est plus guère familier. C’est tout au plus devant un tribunal ou devant certaines autorités officielles qu’un serment est exigé. Dans la vie quotidienne, personne n’est tenu de jurer.

Mais dans le sermon sur la montagne, son premier grand discours dans l’évangile de Matthieu, le Seigneur Jésus aborde ce sujet. Il y reviendra de manière plus détaillée au chapitre 23:16-22.

 

17.1   Jurer — selon la Loi

Le Seigneur introduit un quatrième exemple de ce qui avait été enseigné aux Juifs : « Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras pas, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments » (v. 33). Il ne s’agit pas ici d’un commandement divin formel, mais de l’une des traditions des anciens et des scribes, qui avaient, pour la plupart, pris naissance après la captivité à Babylone. Ces traditions se voulaient seulement des interprétations des commandements divins, mais les Juifs y attachèrent progressivement plus d’importance qu’à la Parole de Dieu elle-même (Marc 7 ; 8 ; 9) !

Le troisième commandement : « Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain », puis le neuvième : « Tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain », contiennent le fondement moral de la prescription de ne pas se parjurer, c’est-à-dire de ne pas faire un faux serment. D’autres passages de l’Ancien Testament exhortent aussi le peuple à ne pas jurer à la légère. En Lévitique 19:12, il est dit : « Et vous ne jurerez pas par mon nom, en mentant ; et tu ne profaneras pas le nom de ton Dieu » (comp. Nom. 30:3 ; Deut. 23:22 et suivants ; Zach. 8:17).

Mais d’autre part, Dieu engageait son peuple à jurer par son nom, et, en différentes occasions, la Loi ordonnait de prêter serment (Deut. 6:13 ; comp. Ex. 22:11 ; Lév. 5:1 ; Nom. 5:19-21). Le serment ne servait pas seulement à l’affirmation de la vérité, il accompagnait aussi un vœu solennel dans la conscience de la présence de Dieu, celui qui, lui-même, jura un jour à Abraham (Gen. 22:16 ; Héb. 6:13-20).

Tout ceci est résumé dans la déclaration : « Tu ne te parjureras pas, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments ».

 

17.2   Jurer à la légère

Les Juifs prêtaient serment à tout propos. Ils juraient par le ciel, par la terre, par Jérusalem, par le temple, etc. Les scribes enseignaient que seuls les serments formulés expressément au nom de Dieu obligeaient ceux qui les avaient prononcés. En outre, ils faisaient des différences selon que l’on jurait par le temple ou l’or du temple, entre l’autel et le don qui se trouvait dessus, etc. (Matt. 23:16-22). Prêter serment à la légère, faire des vœux et des promesses et ne pas les tenir, n’était pas considéré par les Juifs comme des péchés, pourvu que le nom de Dieu ne soit pas mentionné.

Mais examinons un instant notre cœur naturel : n’y découvrons-nous pas les « deux poids » dont il est question en Proverbes 20:10, 23 ? Ne faisons-nous pas parfois une différence entre le langage courant — dans lequel chaque mot n’est pas vraiment pesé, et où s’introduisent les demi-mensonges (qui sont en fait des mensonges entiers !) — et les circonstances sérieuses dans lesquelles nous devons engager notre parole ? Combien y a-t-il de promesses et d’affirmations qui auraient été évitées, si nous avions pensé au jour futur où nous aurons à rendre compte de toutes les paroles vaines que nous aurons dites (Matt. 12:36) !

 

17.3    Ne pas jurer du tout

L’enseignement humain supprime ici, ajoute là, quelque chose à la Parole de Dieu. Non seulement il lui ôte son tranchant et sa force, mais il empêche le contact direct et personnel de l’âme avec cette parole de grâce. C’est à cet enseignement que le Seigneur oppose sa divine parole : « Mais moi, je vous dis de ne pas jurer du tout » (v. 34).

Les disciples du Seigneur doivent apprendre que ni « le flot de paroles » ni l’exagération ne donnent du poids aux mots ! Mais Dieu veut la vérité aussi bien dans l’homme intérieur (Ps. 51:6) que dans les paroles qu’il exprime. Paul écrit aux Éphésiens : « C’est pourquoi, ayant renoncé au mensonge » (c’est-à-dire tout ce qui est faux et contraire à la vérité), « parlez la vérité chacun à son prochain » (Éph. 4:25).

Dans les versets suivants, le Seigneur fait allusion aux différentes formules dont se servaient les Juifs dans leurs nombreux serments : « Mais moi, je vous dis de ne pas jurer du tout ; ni par le ciel, car il est le trône de Dieu ; ni par la terre, car elle est le marchepied de ses pieds ; ni par Jérusalem, car elle est la ville du grand Roi. Tu ne jureras pas non plus par ta tête, car tu ne peux pas faire blanc ou noir un cheveu » (v. 34-36). Ils se trompaient grandement lorsqu’ils pensaient qu’on pouvait utiliser ces formules sans se sentir obligé, parce qu’elles ne contenaient pas le nom de Dieu. Le ciel est bien le trône de Dieu, la terre est le marchepied de ses pieds (Es. 66:1), et Jérusalem est la ville de Dieu et de son roi (Ps. 48:1-2). Celui qui jurait par sa tête, donnait sa vie en gage, et devait bien se rappeler que Dieu seul est Seigneur sur la vie et la mort, et qu’il n’est pas même au pouvoir de l’homme de changer la couleur de ses cheveux.

« Mais que votre parole soit oui : oui, et votre non : non ; car ce qui est de plus provient du mal » (v. 37). Si nos paroles sont vraies, elles n’ont besoin d’être confirmées que par oui et non. Le passage de Jacques 5:12:« que votre oui soit oui, et votre non, non » exprime clairement la même pensée. « Ce qui est de plus » ne peut qu’altérer la stricte vérité, et ainsi « vient du mal ».

 

17.4   Un chrétien peut-il jurer ?

Certains ont pensé que l’ordre du Seigneur « de ne pas jurer du tout » signifiait qu’un chrétien ne devait en aucun cas prêter serment. Et jusqu’à ce jour, il y a des chrétiens qui refusent tout serment. Est-ce ce que le Seigneur nous demande ?

N’ajoutons aucun serment pour donner de la force à nos propos, sous prétexte qu’autrement ils ne seraient pas crus. Mais si c’est le gouvernement ou le tribunal qui exigent un serment, la situation est différente. Dans le monde, le mensonge est chose courante. Devant un tribunal, une déposition de témoins doit généralement être confirmée par un serment, et cette exigence souligne l’importance légitime que l’on attache à l’établissement de la vérité. Même si le gouvernement ne reconnaît pas Dieu, le chrétien doit néanmoins reconnaître l’autorité ordonnée de Dieu (Rom. 13:1 et suivants).

Un serment que des fonctionnaires de l’Etat ou des militaires sont obligés de faire est certainement à considérer de cette façon. Lorsque notre Seigneur se tient devant le sanhédrin, Il ne répond à aucune des fausses accusations portées contre lui. Mais lorsque le souverain sacrificateur Lui dit : « Je t’adjure, par le Dieu vivant… », Il ne garde plus le silence. Il se soumet à l’autorité instituée par Dieu, et rend témoignage à la vérité : « Tu l’as dit » (Matt. 26:63-64 ; comp. Lév. 5:1).

 

18 Œil pour œil (Matt. 5:38-42)

18.1   Juste châtiment

La « loi du talion » est le cinquième exemple que le Seigneur Jésus puise dans la Loi et les traditions des anciens. « Vous avez entendu qu’il a été dit : oeil  pour œil, et dent pour dent » (v. 38 ; cf. Ex. 21:24 ; Lév. 24:20 ; Deut. 19:21). Ce principe de rétribution est souvent considéré comme la caractéristique distinctive de la loi de Moïse. Mais c’est un aspect seulement de cette loi du Sinaï, qui a été donnée par Dieu lui-même et que Paul qualifie non seulement de juste, mais aussi de sainte et de bonne (Rom. 7:12).

Il ne s’agit pas d’une règle de conduite pour l’individu, mais d’une ordonnance pénale pour les juges en Israël. Des passages tels que Exode 21:22 et Deutéronome 19:18, dans lesquels les juges sont expressément mentionnés, le montrent clairement. Ces châtiments sévères se fondaient sur le principe d’une justice absolue et devaient servir d’avertissement pour les autres (Deut. 19:20).

Il était interdit à l’individu d’agir personnellement selon le principe « œil pour œil, et dent pour dent ». La vengeance ne lui était pas permise : « Tu ne te vengeras pas, et tu ne garderas pas rancune aux fils de ton peuple; mais tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lév. 19:18).

 

18.2    Grâce et miséricorde

Le Seigneur Jésus ne relève pas la fausse interprétation du commandement de l’Ancien Testament « œil pour œil, et dent pour dent », mais lui oppose un tout autre principe : « Mais moi, je vous dis : Ne résistez pas au mal ; au contraire, si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre ; à celui qui veut plaider contre toi et prendre ta tunique, laisse-lui aussi le manteau ; et si quelqu’un veut te contraindre à faire un mille, fais-en deux avec lui. Donne à qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi » (v. 39-42).

Dans sa grâce, le Seigneur Jésus non seulement n’envisage pas des représailles atténuées ou même un complet renoncement à la vengeance, mais il enseigne à ne pas rendre le mal pour le mal, et à surmonter le mal par le bien (Rom. 12:17-21). Dans un monde rempli d’injustice, les disciples de Jésus doivent manifester la même attitude de grâce et de miséricorde que celle que leur Seigneur, le Roi rejeté, a montrée dans sa vie. Nous avons déjà pu le voir en méditant les béatitudes ; elles nous ont montré les qualités de ceux qui, par la nouvelle naissance, sont entrés dans le royaume de Dieu.

Ces paroles de notre Seigneur montrent clairement que le sermon sur la montagne ne fournit en aucune manière des directives pour les autorités de ce monde. Quel chaos ce serait, dans une société composée de pécheurs, si la grâce régnait à la place de la justice ! Par ces paroles, le Seigneur Jésus n’entend nullement supprimer l’exercice de la justice dans ce monde. Selon Romains 13:4, le magistrat est aujourd’hui encore serviteur de Dieu, vengeur pour punir celui qui fait le mal.

Quant à la règle de conduite indiquée ici par le Seigneur, il y a des chrétiens qui voudraient en limiter l’application à certaines circonstances, de façon à éviter chez autrui des comportements qui sont insupportables pour la chair. Le Seigneur Jésus n’a-t-Il pas réprimandé l’huissier qui L’avait souffleté, sans lui présenter l’autre joue (Jean 18:22-23) ? Et Paul n’a-t-il pas revendiqué ses droits à plusieurs reprises (Act. 16:35-40 ; 25:11) ? Mais le Seigneur a simplement adressé une remontrance légitime sous la forme d’une question, alors qu’Il a supporté en silence tous les autres outrages (Matt. 27:37-31 ; Jean 19:1-3). Quant au comportement de l’apôtre Paul à Philippes ou devant Festus, était-il entièrement conforme à la volonté du Seigneur ? Si un chrétien peut faire remarquer avec douceur les torts qui lui sont faits, il ne doit pas oublier qu’il est retiré du monde (Gal. 1:4) et n’a pas la mission d’y faire régner la justice. Nous ne devons pas nous soustraire à nos obligations envers autrui si les autorités l’exigent : pour aller témoigner par exemple. Mais nous le faisons alors par soumission à tout ordre humain, pour l’amour du Seigneur (1 Pier. 2:13).

Dans notre passage le Seigneur dit : « Ne résistez pas au mal ». Le mot grec traduit ici par « mal » peut désigner aussi bien ce qui est mal, c’est-à-dire le péché (Luc 3:19 ; 1 Thes. 5:22), que celui qui fait le mal, c’est-à-dire le méchant (Luc 6:35 ; 1 Cor. 5:13). Comme partout ailleurs dans le Nouveau Testament, il nous est dit ici de ne pas résister, de ne pas revendiquer nos droits, lorsque des méchants nous font personnellement du mal. La grâce nous rend capables de suivre les traces du Seigneur, « qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas l’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2:23 ; cf. 2:19 ; 3:14, 17 ;  4:13). Et le principe est le même lorsqu’il s’agit de nos rapports avec les croyants. Paul dit aux Corinthiens : « C’est, de toute manière, déjà une faute de votre part d’avoir des procès entre vous. Pourquoi ne supportez-vous pas plutôt des injustices ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt causer du tort ? » (1 Cor. 6:7).

Nous qui nous appelons disciples de Jésus, ne devons-nous pas confesser à notre honte combien peu nous manifestons cette attitude de patience et d’amour lorsqu’on nous cause du tort ? Et pourtant notre Dieu voudrait voir se refléter l’humilité, la douceur, la longanimité, la grâce et la miséricorde de Christ dans la vie de ceux qu’Il a rachetés pour lui-même et qui disent suivre leur Seigneur. Il veut et peut nous donner la force d’apprendre de Celui qui dit : « Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11:29).

 

18.3    Quatre exemples

Le Seigneur Jésus illustre ses propos au moyen de quatre exemples. Voici le premier : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre » (v. 39). Déjà dans ces temps-là, une gifle était une grave insulte. Elle était spécialement humiliante lorsque le coup était donné avec le dos de la main, donc sur la joue droite. Administrée de la sorte, la gifle comptait double, selon le talmud juif. Au lieu de demander réparation de telles offenses, les disciples du Seigneur doivent les endurer (cf. 1 Pier. 2:20). À ce propos, nous nous souvenons de la prophétie d’Esaïe, concernant notre Seigneur : « J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil; je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats » (Es. 50:6).

« À celui qui veut plaider contre toi et prendre ta tunique, laisse-lui aussi le manteau » (v. 40). À un exemple tiré de la vie privée, en succède un relevant du domaine juridique. Mais la règle de conduite est la même. La Loi interdisait de prendre en gage pendant la nuit le manteau d’un débiteur pauvre. Son gage devait lui être rendu le soir, pour qu’il puisse se couvrir pendant la nuit (Ex. 22:26 ; Deut. 24:12-13). Le Seigneur fait probablement allusion à cette ordonnance. Il enseigne ici ses disciples à ne pas refuser ce qui est demandé et même à donner plus que ce qui est exigé. Voilà la grâce !

« Et si quelqu’un veut te contraindre à faire un mille, fais-en deux avec lui » (v. 41). Même si un service pouvait paraître pénible, incongru et désagréable, les disciples devaient non seulement l’accomplir de bon cœur, mais faire encore plus qu’il ne leur était demandé.

Le dernier exemple montre encore une fois clairement que le Seigneur s’adresse au cœur de ses disciples : « Donne à qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi » (v. 42). D’après la Loi déjà, il était interdit à un Israélite de prêter à intérêt à un autre Israélite (Lév. 25:35-37 ; Deut. 23:19). Il devait prêter aux pauvres libéralement sur gage (Deut. 15:7-8). Mais le Seigneur retire ici toute réserve quant au don ou au prêt. Dieu, le grand donateur, n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous. Lui qui veut nous faire don librement de toutes choses avec Lui, aime celui qui donne joyeusement (Rom. 8:32 ; 2 Cor. 9:7).

 

19 Aimez vos ennemis (Matt. 5:43-48)

ME 1994 p. 340-348

« Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi » (v. 43).

Le Seigneur introduit le dernier de ses six exemples comme les précédents : « Vous avez entendu qu’il a été dit…». Il ne dit jamais : « il est écrit», pas même lorsqu’Il cite textuellement un commandement de l’Ancien Testament, comme aux versets 27 et 38. Le Seigneur en effet n’avait pas pour but d’annuler les commandements inspirés de Dieu, mais de dénoncer, en les condamnant, les fausses interprétations et les altérations que les scribes avaient apportées, ainsi que les « traditions des anciens », dont ils faisaient grand cas (voir Marc 7:3).En outre, Il présente à ses disciples l’état intérieur et l’attitude extérieure auxquels Dieu prend plaisir.

Le commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lév. 19:18) est le verset de l’Ancien Testament le plus souvent cité dans le Nouveau (voir Matt. 19:19 ; 22:39 ; Marc 12:31 ; Luc 10:27 ; Rom. 13:9 ; Gal. 5:14 ; Jac. 2:8). La loi du Sinaï, « sainte, juste et bonne » (Rom. 7:12), atteint son sommet dans les deux commandements : aimer Dieu et aimer son prochain (Matt. 22:35-40), qui la résument tout entière.

 

19.1   Altération de la Parole de Dieu

La question posée par un docteur de la loi en Luc 10:29:« Et qui est mon prochain ? » montre que les Juifs avaient restreint le champ d’application de ce commandement. Ils ne voulaient pas reconnaître en chacun leur prochain, mais seulement parmi les gens de leur propre nation. Les « incirconcis », les païens, n’étaient pas de ceux que l’on devait aimer. Les scribes et les pharisiens, dans leur dureté, faisaient encore un pas de plus en refusant de voir leur prochain parmi les gens du commun. Ils les considéraient comme maudits parce qu’ils ne connaissaient pas la Loi (Jean 7:49). Finalement, les ennemis personnels étant aussi exclus, seuls quelques privilégiés pouvaient être considérés et traités comme « prochains ».

Par ailleurs, les rabbins estimaient que si le « prochain » devait être aimé, on pouvait haïr ses « ennemis », c’est-à-dire tous les autres hommes : les nations, le peuple ignorant, et ses ennemis personnels. Pour le justifier, ils s’appuyaient sur des passages comme Deutéronome 7:2, où Dieu commande au peuple d’Israël de ne pas traiter alliance avec les habitants du pays de Canaan, de ne pas user de grâce envers eux, mais de les détruire. Du commandement d’amour désigné en Romains 13:10 comme « le tout de la Loi », on avait tiré un commandement de haine. Il suffisait d’aimer ceux qui avaient les mêmes opinions, et on pouvait éprouver de l’orgueil, du mépris et de la haine pour les autres hommes.

 

19.2   Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis

Les Juifs fermaient volontairement les yeux sur le fait que, dans la Loi, Dieu leur avait aussi commandé la bienveillance envers leurs ennemis (Ex. 23:4-5). Le Seigneur enseigne : « Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » (v. 44). En disant cela, Il s’oppose à l’application étroite et charnelle de l’ancien commandement et à ce que les hommes y avaient ajouté. Selon les pensées de Dieu, tout homme que nous rencontrons est notre prochain, même si son comportement est celui d’un ennemi.

Le Seigneur Jésus a été la révélation de l’amour de Dieu : « Mais Dieu met en évidence son amour à lui envers nous en ceci : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous… étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils… » (Rom. 5:8-10). À la croix, Jésus a prié pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34). Notre Seigneur a ainsi parfaitement accompli le commandement qu’Il a donné lui-même : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent ».

« Ainsi vous serez (ou : deviendrez) les fils de votre Père qui est dans les cieux » (v. 45a). Quel but élevé ! Comme nous l’avions déjà remarqué à propos des versets 9 et 16 dans le sermon sur la montagne, le terme « fils » a une signification pratique. Il ne s’agit pas ici de l’évangile, c’est-à-dire de la manière par laquelle on devient un enfant ou un fils de Dieu. Le Seigneur Jésus montre à ses disciples, déjà nés de nouveau, qu’en aimant leurs ennemis, ils deviennent imitateurs de leur Père qui est dans les cieux, et peuvent ainsi pratiquement être manifestés comme ses fils. La véritable position de fils, telle que le Nouveau Testament nous la présente, n’a pu être révélée qu’après l’œuvre expiatoire de Christ (Rom. 8:14-15 ; Gal. 4:5-7 ; Éph. 1:5).

Le Seigneur leur rappelle ensuite comment agit le Créateur et Conservateur de tous les hommes : « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes » (v. 45b). Certes, l’amour de Dieu envers ses créatures a trouvé son expression suprême dans le don de son Fils bien-aimé (Jean 3:16). Mais pour celui qui veut bien le reconnaître, son amour envers tous les hommes se manifeste dans le fait qu’Il fait lever le soleil chaque matin sur les méchants et sur les bons, et envoie la pluie, indispensable à la vie, sur les justes et sur les injustes. Dieu aurait des raisons pour condamner les méchants et les injustes. Au lieu de le faire, Il témoigne sa divine bonté à tous, durant leur existence sur la terre. L’amour du Dieu créateur à l’égard de ses ennemis ne pouvait pas être présenté d’une manière plus saisissante. Les disciples de Jésus sont invités à suivre cet exemple. Remarquons toutefois que Dieu ne témoigne pas son amour sans faire de distinctions. Il est « le conservateur de tous les hommes, surtout des fidèles » (1 Tim. 4:10). De même, les croyants sont exhortés à « abonder en amour les uns envers les autres (c’est l’amour fraternel) et envers tous » (c’est l’amour du prochain) (1 Thes. 3:12 ; comp. Gal. 6:10). Et le jour vient où ceux qui auront méprisé la bonté de Dieu qui pousse l’homme à la repentance (Rom. 2:4) subiront un châtiment éternel.

 

19.3   « Vous, soyez donc parfaits »

Dans les versets 46 et 47, le Seigneur montre par deux exemples qu’aimer son prochain à la manière des pharisiens ne diffère en rien de ce que fait le monde. Les publicains aussi, ces gens méprisés, ces collaborateurs des Romains, qui s’enrichissaient aux dépens de leurs propres compatriotes, nouaient des amitiés. Les païens également saluaient leurs frères, c’est-à-dire tous leurs proches. Il n’y avait rien là qui mérite une rétribution quelconque. Ni de tels exemples, ni l’enseignement des scribes et des pharisiens ne peuvent guider les disciples de Jésus. Ceux-ci ont besoin d’un exemple infiniment supérieur.

Cet exemple va clore ce paragraphe, dans lequel le Seigneur a présenté la justice pratique de ses vrais disciples, en contraste avec la fausse justice des pharisiens. Dieu donne l’exemple suprême du véritable amour envers ses ennemis. « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (v ; 48). Comme Père céleste, Il est notre modèle en toutes choses. Dans le passage parallèle de Luc 6:36, il est dit : « Soyez miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux », et en 1 Pierre 1:16:« Soyez saints, car moi je suis saint ». Dieu est amour et lumière (1 Jean 4:8, 16 ; 1:5). La miséricorde est une forme d’expression de l’amour, et la sainteté une caractéristique de la lumière. Dans notre verset, ces deux vertus sont résumées ainsi : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ».

Reconnaître que Dieu est parfait ne présente aucune difficulté pour la foi. Mais comment des êtres faibles et pécheurs par nature peuvent-ils être parfaits comme Lui ? L’épître aux Hébreux nous fait part de la glorieuse vérité que le Seigneur Jésus a rendu tout croyant « parfait à perpétuité » (Héb. 10:14). Mais dans notre passage, il n’est pas question de la perfection fondée sur l’œuvre de la rédemption. Il ne s’agit pas non plus d’un degré de croissance dans la foi, comme en 1 Corinthiens 2:6 ou en Philippiens 3:15.

Déjà dans l’Ancien Testament, des hommes de foi comme Noé et Job (Gen. 6:9 ; Job 1:1) sont appelés « parfaits », et Dieu encourage Abraham en lui disant : « Marche devant ma face, et sois parfait » (Gen. 17:1). Pourtant, ces hommes avaient leurs faiblesses et péchaient. Mais ils avaient dans leur cœur le profond désir de marcher devant Dieu et de se conduire parmi les hommes d’une manière honnête et irréprochable. C’est de cette perfection pratique qu’il s’agit dans ce verset de Matthieu. Elle ne peut être réalisée que par la foi, et dans un dévouement sans réserve. Le Seigneur Jésus place ici devant les yeux de ses disciples, comme but de ses enseignements pratiques, une vie de foi et de dévouement à sa suite. L’apôtre Paul a réalisé cela, lui qui écrira aux Corinthiens : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11:1) et qui exhortera les Éphésiens : « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants » (Éph. 5:1).

 

20 L’aumône (Matt. 6:1-4)

20.1   Justice pratique

En Matthieu 6:1-18, le Seigneur Jésus reprend le sujet de la justice pratique déjà abordé au chapitre 5 (v. 20), où nous avons lu : « Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ». Dans le Nouveau Testament, les pharisiens et les scribes sont souvent dépeints comme des hommes aux actes religieux extérieurs (Marc 12:40), et qui aiment la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu (Jean 5:44 ; 12:43). En Matthieu 23, le Seigneur les qualifie à plusieurs reprises d’hypocrites. L’hypocrisie est le désir de paraître meilleur que ce que l’on est réellement. C’était le grand péché des pharisiens, ce que le Seigneur appelle le levain des pharisiens (Luc 12:1). Leur justice n’était qu’apparente, et n’avait aucune valeur devant Dieu.

 

20.2   Trois exemples

Dans la première partie du chapitre 6, le Seigneur Jésus présente la justice qui « surpasse celle des scribes et des pharisiens », la vraie justice pratique. Il donne trois exemples : l’aumône, la prière et le jeûne. Ces trois passages présentent une structure identique :

●         Dans chacun d’eux, le Seigneur Jésus mentionne d’abord ce que les disciples ne doivent pas faire. Il les met en garde contre la manière d’agir des hypocrites, pour qui seule importe l’éloge des hommes.

●         Suit alors toujours le même verdict : « En vérité, je vous le dis: ils ont déjà leur récompense ! ».

●         Ensuite, le Seigneur donne un enseignement positif, qu’Il introduit par l’adresse personnelle : « Mais toi ».

●         Enfin, chacun des trois exemples se termine par les paroles encourageantes : « Et ton Père qui voit dans le secret, te récompensera ».

 

Le premier verset est comme le titre de l’ensemble : « Gardez-vous de faire votre aumône devant les hommes, pour être vus par eux ; autrement vous n’avez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux ». Le Seigneur appelle tout d’abord ses disciples à veiller sur leurs pensées et sur les motifs de leurs actions. Ceux qui accomplissent leurs bonnes œuvres de manière à être vus par les hommes montrent qu’ils ne recherchent que l’approbation humaine. C’est là leur « salaire ». Mais le Seigneur déclare que celui qui compte sur la louange des hommes n’obtient aucune récompense du Père qui est dans les cieux !

Comment concilier ceci avec ce que le Seigneur avait dit précédemment : « Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (5:16) ? Là Il exhortait ses disciples à agir comme étant le sel de la terre et la lumière du monde, sans rechercher l’approbation des hommes. Alors ceux-ci verraient leurs bonnes œuvres et glorifieraient Dieu, non pas l’homme.

Nos motifs étant souvent mélangés, il ne nous est pas toujours facile de distinguer une œuvre faite pour le Seigneur d’une action visant à obtenir l’approbation humaine. Nous avons à veiller sur nos propres cœurs, et à nous juger nous-mêmes constamment.

 

20.3   Aumônes : miséricorde envers les indigents

Le Seigneur Jésus développe l’avertissement du verset 1 au moyen de trois exemples. Le premier concerne l’aumône : « Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne le claironne devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, pour être glorifiés par les hommes. En vérité, je vous le dis : ils ont déjà leur récompense ! » (v. 2). Le terme « aumône » n’a jamais, dans la Parole de Dieu, la signification péjorative d’une pièce de monnaie qu’on jette à un mendiant. Les aumônes de Dorcas sont mentionnées avec ses bonnes œuvres (Act. 9:36) ; les nombreuses aumônes offertes par Corneille, centurion romain, aux indigents du peuple juif, étaient « montées pour mémorial devant Dieu » (Act. 10:2-4).

Malgré les institutions sociales d’aujourd’hui, que de misères découvre celui qui veut bien ouvrir ses yeux et son cœur ! Et si nous ouvrions davantage nos portefeuilles, quel bien nous pourrions faire ! (comp. Gal. 2:10 ; Éph. 4:28 ; Jac. 2:15-17 ; 1 Jean 3:17).

Cependant le Seigneur Jésus ne donne pas un commandement. Il dit simplement : « Quand tu fais l’aumône… ». Il montre aux siens qu’Il pense aux indigents avec sollicitude. Sachons nous aussi leur ouvrir nos cœurs.

 

20.4   Dieu regarde au cœur

Quand nous faisons du bien, faisons-le comme Dieu le désire, sans bruit. Le Seigneur Jésus appelle hypocrites ceux qui font sonner la trompette devant eux — figure bien compréhensible ! — de manière à être honorés par les hommes. Ce verdict sévère montre combien le Seigneur déteste une telle attitude.

Dès l’instant où ces personnes ont la considération de leurs semblables, elles ont déjà la récompense qu’elles désirent. Dieu ne leur en accorde pas d’autre. Car Il juge moins les effets — si bienfaisants soient-ils — que les motifs de nos actes. Il aimerait tant que notre amour pour Lui, et pour notre prochain dans le besoin, soit le mobile de nos bonnes œuvres.

En contraste avec ce comportement hypocrite, le Seigneur présente dans les versets suivants les sentiments qui doivent animer chacun de ses disciples : « Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit faite dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te récompensera » (v. 3-4). Chacun est personnellement appelé à examiner s’il peut aider son prochain, et comment il peut le faire. Mais si nous faisons un don matériel, la discrétion s’impose. Le Seigneur Jésus se sert d’une image extrême : si ma main gauche ne doit pas savoir ce que fait ma droite, combien moins mes frères, mes sœurs et ceux qui m’entourent !

Cependant il y a Celui qui prend connaissance de mes actes cachés et des dispositions de mon cœur : « Ton Père qui voit dans le secret, te récompensera ». Tout comme Il l’avait déjà fait au chapitre 5 (v. 16, 45), le Seigneur Jésus présente à ses disciples leur nouvelle relation avec Dieu : Il est leur Père. Même s’ils ne pouvaient pas encore comprendre toute la profondeur de cette relation, ils pouvaient déjà apprendre que l’Eternel de l’Ancien Testament était devenu maintenant leur Père, un Père plein d’amour et de bonté, mais aussi un Père juste, qui prend connaissance de toutes les activités et de toutes les pensées de ses fils. Un jour, « pour chacun, l’approbation viendra de Dieu » (1 Cor. 4:5).

 

21 La prière (Matt. 6:5-15)

ME 1995 p. 26-32

Dans les versets 1 à 18, le Seigneur Jésus parle de la justice pratique des siens, c’est-à-dire de l’attitude qui convient à ses disciples dans leur vie de foi quotidienne. Il fait tout d’abord mention de l’aumône (v. 2-4), exemple de l’attitude à avoir vis-à-vis de notre prochain dans le besoin, ensuite de la prière (v. 5-15), qui manifeste nos relations avec Dieu, et finalement du jeûne, qui nous concerne individuellement. Dans chacun de ces domaines, un danger nous guette, un danger qui ne provient pas de l’extérieur, mais de nous-mêmes, de notre propre moi. C’est l’hypocrisie, et le Seigneur nous met en garde contre elle.

 

21.1   Des prières hypocrites

« Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, car ils aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. En vérité, je vous le dis: ils ont déjà leur récompense ! » (v. 5).

La prière a été appelée « la respiration de l’âme ». Par elle, nous rendons grâces à Dieu notre Père pour ses bienfaits et ses bénédictions (Col. 1:12). Nous pouvons lui exposer nos requêtes et rejeter sur lui tous nos soucis (Phil. 4:6 ; 1 Pier. 5:7) ; nous pouvons prier pour nous-mêmes, pour tous les saints, et pour tous les hommes (Éph. 6:18 ; 1 Tim. 2:1). Nous exprimons dans nos prières notre communion avec Dieu, mais aussi notre complète dépendance. C’est pourquoi la prière est aussi importante pour notre vie de foi que la respiration pour le corps.

Pourtant, la prière, cette « conversation » de l’âme avec Dieu, peut devenir un simple exercice religieux, voire même l’occasion de se mettre en valeur. Ce danger concerne avant tout la prière en public, déjà dans la famille, mais surtout dans l’assemblée. Un enfant disait à son père : « Lorsque nous avons des visites, tu pries tout autrement que d’habitude ! ». Bien des prières exprimées dans les réunions sur un ton cérémonieux et avec un flot surabondant de paroles font naître la question : celui qui prie ne s’adresse-t-il pas à l’assistance plutôt qu’à Dieu ?

Le Seigneur attire l’attention de ses disciples sur de tels dangers, en leur parlant des hypocrites qui aimaient prier en public pour être vus des hommes et admirés pour leur dévotion. En ce temps-là, la coutume voulait que les Juifs récitent des prières bien déterminées à certaines heures de la journée (comp. Act. 3:1). Cela se passait habituellement au temple ou à la synagogue. En cas d’empêchement, on pouvait aussi prier à l’endroit où l’on se trouvait. Le Seigneur Jésus fait sans doute allusion à ces coutumes. Ce qu’il dit ne signifie pas qu’il taxe d’hypocrisie toute prière publique. Notre Seigneur a lui-même prié en public (Matt. 14:19 ; 15:36). Les premiers chrétiens l’ont fait aussi (Act. 12:5 ; 20:36 ; 27:35 ; 1 Tim. 2:8). Dans ces paroles du Seigneur Jésus, il ne s’agit donc pas du cadre extérieur, mais de notre attitude intérieure et du motif de la prière. Dieu connaît tous les recoins de nos cœurs. « Car la pensée n’est pas encore sur ma langue, que voilà, ô Eternel !  tu la connais tout entière » (Ps. 139:4). Puisque nous savons que nous ne pouvons pas Le tromper par des apparences, ne cherchons pas à le faire avec nos auditeurs. À une prière simple et sobre, ils pourront toujours dire un amen sincère et fervent.

« Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et, après avoir fermé ta porte, prie ton Père qui demeure dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera » (v. 6).

Nous le répétons : par ces paroles, le Seigneur ne condamne nullement la prière en public pour ne vouloir que la prière personnelle. Au danger de l’hypocrisie, qui peut naître pendant la prière en public, il oppose la prière sans témoins. Seuls avec notre Père, nous pouvons prier sans détours, suivre les élans de notre propre cœur, sachant qu’il connaît nos pensées, nos misères et nos soucis cachés. Cependant nous devons avoir la même sincérité lorsque nous prions en public. Bien sûr, nous ne pouvons pas présenter alors tout ce que nous exposons dans le secret de notre chambre. Parfois, cette différence entre la prière personnelle et la prière présentée en commun n’est pas bien comprise, ou est oubliée. Mais la sincérité et la simplicité devraient caractériser et l’une et l’autre.

 

21.2    Des prières redondantes

« Quand vous priez, ne répétez pas de vaines paroles, comme ceux des nations, parce qu’ils s’imaginent qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez » (v. 7- 8).

Si le Seigneur dénonce publiquement l’hypocrisie des Juifs, il accuse les nations païennes d’user de vaines répétitions et de beaucoup de paroles dans leurs prières (comp. 1 Rois 18:26-29). En outre, il met aussi en garde ses disciples contre les prières superficielles. Il savait à l’avance ce qu’il se produirait dans la chrétienté. La répétition constante de prières toutes faites n’est pas seulement le propre des religions païennes, elle se pratique également dans des églises chrétiennes.

Cela ne signifie pas pour autant que, dans nos prières, nous ne puissions pas répéter souvent certaines demandes qui nous tiennent particulièrement à cœur. Nous devons distinguer entre les vaines répétitions de formules toutes faites et la prière intense et persévérante d’un croyant qui, dans sa détresse, présente plusieurs fois la même requête. Le Seigneur Jésus n’a-t-il pas donné lui-même à ses disciples l’exemple de la veuve et du juge inique pour leur montrer qu’ils devaient toujours prier et ne pas se lasser ? À cette occasion, il dit expressément : « Et Dieu ne ferait-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, lui qui use de patience avant d’intervenir pour eux ? » (Luc 18:1-8 ; cf. Act. 12:5 ; Rom. 12:12 ; Éph. 6:18).

« Car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez ». D’une part, notre Père sait de quoi nous avons besoin ; d’autre part il veut nous amener à la conscience de notre propre faiblesse, entretenir en nous le sentiment de notre dépendance de Lui, et nous maintenir dans la jouissance de sa communion. La prière personnelle, en toute confiance, est le meilleur moyen de le réaliser.

 

21.3   Le « notre Père »

« Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite, comme dans le ciel, aussi sur la terre. Donne-nous aujourd’hui le pain qu’il nous faut ; remets-nous nos dettes comme nous aussi nous remettons à nos débiteurs ; et ne nous expose pas à la tentation, mais délivre-nous du mal » (v. 9-13).

Après les avoir mis en garde contre l’hypocrisie et la superficialité, le Seigneur montre à ses disciples comment prier. À leur demande : « Seigneur, enseigne-nous à prier », Il donne, en Luc 11:2-4, un modèle de prière très proche de celui qu’Il donne ici, mais plus bref et en d’autres termes. Bien que cette prière sorte de la bouche du Fils de Dieu, et soit par conséquent parfaite, ces différences devraient nous garder d’en faire une prière figée. Néanmoins, cette prière communément appelée le « notre Père », est devenue dans la chrétienté la prière la plus souvent récitée : dans l’église catholique, c’est la forme de Luc 11 qui est en vigueur, tandis que dans l’église protestante, on se sert de Matthieu 6. Comme le prouvent de nombreux manuscrits grecs du Nouveau Testament, des copistes ont très tôt complété la prière de Matthieu 6 par une doxologie, afin de lui donner une digne conclusion : « car à toi est le règne, et la puissance, et la gloire, à jamais. Amen ».

Il ne faut pas non plus oublier à quelle époque le Seigneur Jésus a enseigné cette prière à ses disciples. Le Messie était présent, mais la loi du Sinaï était encore en vigueur ; le résidu d’Israël attendait le royaume de Dieu, mais Christ n’avait pas encore accompli son œuvre expiatoire à la croix, et le Saint Esprit n’était pas encore venu. Cette prière correspondait à la situation d’alors. Il est vrai que le Seigneur a aussi institué la cène et le baptême durant son séjour sur la terre, et que ceux-ci étaient destinés à subsister. Toutefois il y a une différence essentielle entre ces deux institutions et le « notre Père » : les premières portent nos pensées sur son œuvre rédemptrice, tandis que celle-ci n’est nullement mentionnée dans le « notre Père ».

Comme chrétiens, nous pouvons aujourd’hui nous adresser à Dieu, notre Père en Christ, dans la puissance et sous la direction du Saint Esprit (Éph. 6:18 ; Jude 20). Par Jésus, nous avons une pleine liberté pour exposer nos requêtes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces (Phil. 4:6). Jadis, les disciples ne connaissaient pas un tel privilège.

Pour nous aujourd’hui, l’enseignement le plus important du « notre Père » réside dans sa structure. Les trois premières demandes ont en vue les intérêts de Dieu, notre Père qui est dans les cieux (comp. 5:16, 45, 48) : son nom, son royaume et sa volonté sont au premier plan. C’est seulement ensuite que viennent les quatre demandes relatives à nos besoins: notre nourriture, nos dettes, nos tentations, notre délivrance. Comme nos prières sont souvent différentes ! Combien peu nous pensons à l’honneur et à la gloire de notre Seigneur et de notre Dieu ! Par contre, nous sommes beaucoup occupés de nos propres misères, grandes ou petites. Soyons davantage attentifs à Lui apporter la louange et l’adoration, que ce soit dans nos prières personnelles ou collectives.

 

21.4    L’esprit de pardon

« Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi à vous ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos fautes » (v. 14-15).

Dans ces versets, le Seigneur revient à la cinquième demande du « notre Père ». Dans ses voies gouvernementales, le Père qui est dans les cieux ne peut pas supporter chez ses enfants un cœur qui n’est pas prêt à pardonner. Comme il nous est souvent difficile de pardonner de tout cœur les fautes d’autrui — que nous exagérons peut-être, ou même, que nous imaginons ! Et cela peut nous rendre très malheureux. Mais ce qui est encore beaucoup plus grave, c’est que le Père qui est au ciel ne pardonne pas à ses enfants s’ils ne sont pas disposés à pardonner les fautes à leurs semblables.

Quel pardon merveilleux et parfait nous avons reçu de la part de Dieu, alors que nous étions pécheurs ! Lui avons-nous, lors de notre conversion, confessé toutes nos fautes ? C’est impossible. Pourtant Dieu, en Christ, nous a pardonné tous nos péchés, à toujours.

L’apôtre Paul présentera plus tard aux Éphésiens ce pardon parfait et éternel de Dieu comme le modèle des sentiments devant caractériser leurs relations mutuelles : « Mais, les uns à l’égard des  autres, soyez bons, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné » (Éph. 4:32). À ce moment-là, le Seigneur n’avait pas encore accompli son œuvre, et ne pouvait pas encore parler du pardon divin et éternel. Mais Il exhorte ses disciples — et nous aussi — à être toujours disposés à pardonner, de manière que notre Père céleste puisse aussi nous pardonner et que nous demeurions en communion pratique avec Lui.

 

22 Le jeûne (Matt. 6:16-18)

ME 1995 p. 49-57

22.1   Pas de commandement

Le jeûne est souvent mentionné dans la Bible, et il est pratiqué encore de nos jours par bien des chrétiens. On ne trouve cependant aucun commandement à ce sujet, ni dans l’Ancien, ni dans le Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus n’ordonne pas plus à ses disciples de jeûner, qu’il n’a ordonné de faire l’aumône dans les versets précédents. Il suppose tout simplement que ses disciples pratiquent le jeûne.

Mais quelle est la véritable signification du jeûne biblique ? Pour la plupart d’entre nous, nous devons sans doute avouer que nous nous sommes peu préoccupés de cette question. Nous ne pouvons cependant pas passer simplement à côté. Voyons donc de près la portée de ce court passage du sermon sur la montagne.

 

22.2   Le jeûne dans l’Ancien Testament

En Exode 34:28, nous lisons que Moïse ne mangea ni ne but durant quarante jours, lorsqu’il fut sur la montagne de Dieu pour recevoir la loi pour Israël. C’est la première fois qu’il est parlé du jeûne dans la Parole de Dieu. On peut aussi remarquer que le Seigneur Jésus commença son service sur la terre par un jeûne de quarante jours (Matt. 4:2). En tant que peuple, Israël jeûna pour la première fois lors du combat fratricide contre la tribu de Benjamin (Jug. 20:26).

 Dans bien des passages nous voyons que si des hommes pieux jeûnaient, c’était pour prier instamment (Néh. 1:4 ; Dan. 9:3), ou pour s’humilier dans l’affliction et la repentance (1 Sam. 7:6 ; 1 Rois 21:27 ; 2 Chr. 20:3 ; Esd. 8:21). Après la captivité babylonienne, différentes périodes annuelles de jeûne furent instituées en mémoire de la transportation de Juda (voir Zach. 7:5 ; 8:19).

 Le verset 13 du Psaume 35 montre clairement la signification du jeûne : « Mais moi, quand ils ont été malades, je me vêtais d’un sac; j’humiliais mon âme dans le jeûne ». Le jeûne que Dieu appréciait était donc la manifestation publique d’une profonde humiliation intérieure. C’est pourquoi, bien que cela ne soit pas demandé expressément, les Juifs ont de tout temps interprété les paroles de Lévitique 16:29:« vous affligerez vos âmes », comme un commandement de Dieu de jeûner lors du grand jour des propitiations.

 Mais le prophète Esaïe, déjà, doit dénoncer publiquement l’abandon du vrai sens du jeûne et rappeler le peuple à un jeûne selon Dieu et à une vraie repentance (Es. 58:1-7). Les Israélites jeûnaient et pratiquaient en même temps les pires péchés. Dieu haïssait ces comportements hypocrites.

 

22.3   Le jeûne dans le Nouveau Testament

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons aussi la coutume du jeûne en usage parmi les Juifs. La prophétesse Anne servait Dieu en jeûnes et en prières nuit et jour (Luc 2:37). Contrairement aux disciples du Seigneur, ceux de Jean le baptiseur et les pharisiens jeûnaient fréquemment (Matt. 9:14).

Dans la parabole de Luc 18:11-12, le Seigneur Jésus prête au pharisien satisfait de lui-même les paroles suivantes : « O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères ; ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tout mon revenu ». Il ressort de ces versets que le jeûne était un exercice religieux en vogue, comme il l’est aujourd’hui dans certaines églises chrétiennes et dans diverses religions (par exemple l’Islam).

 

22.4   « Et quand vous jeûnez… »

Ce même passage montre que le Seigneur Jésus n’interdit pas le jeûne, mais ne l’ordonne pas non plus. Il le laisse relever d’un exercice de cœur personnel, mais il met en garde — comme pour l’aumône et la prière — contre toute forme d’hypocrisie. Pour paraître aussi pieux que possible, l’hypocrite prend un air morne ou triste, afin que les hommes prennent sa piété au sérieux. Mais comme nous l’avons déjà constaté aux versets 2 et 5, notre Dieu et Père ne pourra ni ne voudra nous récompenser si nous recherchons l’approbation de notre prochain, et surtout si c’est par une piété qui n’est qu’apparente.

La vraie source d’une vie de foi se trouve dans la relation intime avec notre Dieu et Père. Nous ne pouvons pas servir publiquement le Seigneur, si nous n’avons pas, dans le secret, nos genoux ployés devant lui. C’est pourquoi le Seigneur condamne si sévèrement cette tendance à vouloir impressionner nos frères et nos sœurs, ou notre prochain en général, par un comportement n’ayant de la piété que l’apparence, et n’étant pas en accord avec l’état de notre âme et de notre cœur.

Dieu dit un jour à Samuel : « Car l’Eternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Eternel regarde au cœur » (1 Sam. 16:7). Le Seigneur Jésus dit ici : « Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage, pour ne pas laisser voir aux hommes que tu jeûnes, mais seulement à ton Père qui demeure dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera » (v. 17-18). Le Seigneur ne précise pas quand et comment le Père récompensera. Mais nous savons que Dieu « récompense ceux qui le recherchent » (Héb. 11:6).

 

22.5   Le jeûne : une pratique toujours actuelle ?

Le fait que le jeûne soit devenu aujourd’hui, dans certains milieux de la chrétienté, un simple exercice religieux, ne doit pas nous faire oublier que les premiers chrétiens le pratiquaient avec beaucoup de sincérité et de sérieux (cf. 2 Cor. 6:5). Avant le premier voyage missionnaire de Paul et de Barnabas, les frères jeûnèrent et prièrent (Act. 13:3). Et lorsque ces deux serviteurs, durant leur voyage de retour, eurent choisi des anciens dans chaque assemblée de l’Asie Mineure, ils prièrent avec jeûne, et recommandèrent les croyants au Seigneur (Act. 14:23).

Les paroles du Seigneur en Matthieu 17:21 au sujet du jeûne en rapport avec la prière sont également très instructives. Citons à ce sujet un extrait d’un article paru dans le Messager Evangélique de 1864 :

      « Le jeûne implique l’oubli, l’éloignement des choses naturelles et terrestres ; la prière implique un cœur occupé des choses spirituelles et célestes. Le jeûne est un moyen d’obstruer le canal de communication entre notre être naturel et le monde qui nous entoure; la prière est un moyen d’ouvrir le canal entre l’homme spirituel et le ciel. Le jeûne renferme l’idée d’une saine abnégation du vieil homme; la prière, l’idée de l’état de complète dépendance du nouvel homme. Toutefois, nous devons nous garder soigneusement de tout ce qui, dans le jeûne, ressemblerait à l’esprit monastique, ascétique ou légal, à ce qui ne tendrait qu’à élever ce qui doit être tenu dans l’abaissement ».

 

23 Deux sortes de trésors (Matt. 6:19-21)

Dans les versets 19 à 34 du chapitre 6, le Seigneur aborde un nouveau sujet: la position de ses disciples dans ce monde. Il les met d’abord en garde contre la poursuite des richesses terrestres (v. 19-24). Ils n’ont pas à chercher à satisfaire des intérêts ou des penchants qui sont opposés à leur confession et à leur mission. Ils ne peuvent amasser deux sortes de trésors, avoir un œil double — c’est-à-dire deux « champs visuels » différents — et servir deux maîtres.

D’autre part, le Seigneur veut décharger ses disciples des soucis liés aux nécessités de la vie de tous les jours (v. 25-34). Pour cela, il attire leur attention sur la tendre sollicitude de leur Père céleste et sur la valeur qu’ils ont à ses yeux. Mais Il veut aussi toucher leur cœur lorsqu’Il leur dit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus » (v. 33).

 

23.1   Des trésors terrestres

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la mite et la rouille détruisent, et où les voleurs font effraction et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la mite ni la rouille ne détruisent, et où les voleurs ne font pas effraction ni ne dérobent ; car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » (Matt. 6:19-21). Les trésors, ce sont des objets ou des biens précieux auxquels on attribue une grande valeur. Autrefois, ils se composaient essentiellement de vêtements, d’étoffes et de métaux précieux. On se constituait ainsi des réserves pour pouvoir faire face à un avenir incertain, mais aussi pour exhiber sa richesse (voir 2 Rois 20:13 ; Luc 12:16-21).

Les Juifs admettaient facilement qu’une grande fortune était nécessairement une preuve de la bénédiction de Dieu et que la poursuite de ces biens lui était agréable. En Deutéronome 28:1-14, Dieu avait promis à Israël prospérité, richesse et pratiquement toutes les bénédictions terrestres, si le peuple gardait ses commandements. Dans ce passage, le ciel, d’où descend la pluie nécessaire à la croissance et à la vie, est appelé de façon significative le « bon trésor » de Dieu (v. 12).

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre ». L’avertissement que le Seigneur Jésus adressait à ses disciples n’avait nullement en vue la recherche de la bénédiction divine pour la terre, mais bien la poursuite avide de la richesse et de la sécurité matérielle. Le livre des Proverbes en parlait déjà : « Ne te fatigue pas pour acquérir des richesses, finis-en avec ta prudence. Jetteras-tu tes yeux sur elles ?… Déjà elles ne sont plus ; car certes elles se font des ailes, et, comme l’aigle, s’envolent vers les cieux » (23:4-5).

 

23.2   Apparente sécurité

Les richesses et les trésors terrestres sont fragiles, et par conséquent tout à fait incertains. C’est l’enseignement que le Seigneur Jésus présente à ses disciples. La mite, petit papillon insignifiant, peut détruire en très peu de temps les plus précieuses étoffes ; la rouille peut endommager les objets apparemment les plus durables et les plus précieux (voir Jac. 5:2-3) ; et les voleurs peuvent d’un seul coup tout emporter. Durant la première moitié de notre siècle, combien de personnes — y compris des enfants de Dieu — à cause de la guerre, de l’exil ou de l’inflation, ont dû faire l’expérience de la fragilité de leurs biens terrestres ! L’apôtre Paul, lui aussi, avertit sérieusement les croyants riches de la précarité de leurs richesses (1 Tim. 6:17).

Mais les biens matériels ne sont pas les seuls trésors auxquels on peut s’attacher ; il y a aussi l’estime et les honneurs du monde, tout ce qui fascine notre cœur et nous éloigne des traces de notre Seigneur. Si la poursuite de ces trésors occupe nos pensées, le véritable état de notre cœur se manifestera. « N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde : si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ; parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2:15-17).

Tous ces prétendus trésors sont passagers et vains. Celui qui se laisse attirer par eux cède à une illusion dangereuse. Et, chose plus triste encore, son cœur est détourné des vrais trésors.

 

23.3   Des trésors permanents

« Mais amassez-vous des trésors dans le ciel ».  Les trésors permanents et véritables ne se trouvent pas sur la terre, c’est-à-dire dans ce monde, mais dans le ciel. Le Seigneur Jésus oriente maintenant le regard de ses disciples dans cette direction.

Il existe sans doute des trésors célestes que la grâce de Dieu seule nous assure. Lui-même « a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ », et chaque croyant possède déjà actuellement ce « trésor » (2 Cor. 4:6-7). Dieu nous a aussi régénérés pour une espérance vivante et pour « un héritage incorruptible, sans souillure, inaltérable, conservé dans les cieux pour nous » (1 Pier. 1:3-4). Mais ces bénédictions chrétiennes n’étaient pas encore connues lorsque le Seigneur était sur la terre. C’est donc d’autre chose qu’il parle quand il dit : « amassez-vous des trésors dans le ciel ». Il parle de trésors que chaque disciple d’alors, ou d’aujourd’hui, peut amasser lui-même.

Mais comment amasser de tels trésors dans le ciel ? En Matthieu 19:21, le Seigneur Jésus dit au jeune homme riche : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens, suis-moi ». De la même manière, Paul écrit à Timothée : « Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent siècle… qu’ils fassent du bien ; qu’ils soient riches en bonnes œuvres ; qu’ils soient prompts à donner, généreux, s’amassant comme trésor un bon fondement pour l’avenir, afin de saisir ce qui est vraiment la vie » (1 Tim. 6:17-19). Ces paroles de l’Ecriture contiennent un enseignement clair et simple. Celui qui veut suivre le Seigneur et ne considère pas ses biens terrestres comme un vrai « trésor » personnel, mais les administre selon les pensées de Dieu et pour sa gloire, en faisant du bien, acquiert ainsi d’autres trésors, bien meilleurs. Aux yeux de Dieu, il ne devient pas plus pauvre, mais plus riche !

Tout croyant qui donne aux nécessiteux, ou pour l’œuvre du Seigneur, acquiert un trésor dans le ciel : c’est le bon plaisir de Dieu, car « Dieu aime celui qui donne joyeusement » (Héb. 13:16 ; 2 Cor. 9:7). Mais Dieu ne trouve pas son plaisir seulement en ceux qui font du bien. Il le trouve aussi, et davantage, en tous ceux qui l’aiment, accomplissent sa volonté, et marchent d’une manière digne de lui (voir Jean 14:23 ; Col. 1:10).

 

23.4    Le plus grand trésor

Toutefois, les plus grands trésors que nous pouvons amasser sont en Christ lui-même. Plus nous serons occupés de Lui, plus nous considérerons son amour dans toutes nos circonstances, plus nous Le connaîtrons, plus Il deviendra notre vrai trésor dans le ciel. Paul aurait pu se vanter de posséder bien des avantages, auxquels il avait attaché une grande importance avant sa conversion. Mais depuis l’heure du chemin de Damas, où le Seigneur Jésus s’était révélé à lui, il considérait tous ces « trésors » comme une perte et comme des ordures, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus son Seigneur (Phil. 2:7-8). Il comparait dès lors toutes choses avec Lui, mesurait tout par rapport à Lui, son bien-aimé Sauveur et Seigneur. Il désirait Le connaître toujours mieux, et souhaitait que ce soit aussi la part des Colossiens, à qui il écrivait : « … unis ensemble dans l’amour, ils parviennent à toutes les richesses de la pleine certitude d’intelligence, à la connaissance du mystère de Dieu dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col. 2:2-3). Ce mystère de Dieu n’est autre que le Christ glorifié, le chef (ou la tête) de l’assemblée.

« Car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur ».  Les trésors ont un attrait irrésistible sur le cœur humain. Et ainsi, ce sont nos propres pensées qui indiquent l’endroit où nous cherchons notre trésor. Si nous nous occupons beaucoup des choses de la terre et laissons nos pensées fixées aux choses du monde, nous montrons où se trouvent nos trésors. Mais si nous vivons comme ayant été ressuscités avec le Christ, et n’occupons pas nos cœurs des choses qui sont sur la terre, mais de celles qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu (Col. 3:1-2), nous amassons vraiment des trésors dans le ciel.

 

24 L’œil simple et l’œil méchant (Matt. 6:22-23)

ME 1995 p. 90-96

24.1   L’œil, reflet du cœur

« La lampe du corps, c’est l’œil » (v. 22). Dans les versets précédents (v. 19-21), le Seigneur Jésus avait parlé de deux sortes de trésors auxquels le cœur humain peut s’attacher. Ici, dans les versets 22 et 23, il parle de deux états du cœur de l’homme. Pour cela, il se sert de l’image de l’œil, qu’il compare à une lampe.

La similitude entre la lampe et l’œil réside dans le fait que le bon fonctionnement de l’un et de l’autre permet aux hommes de voir clairement ce qui les entoure. Une bonne lampe éclaire bien et un œil sain permet de bien voir. Inversement, une mauvaise lampe donne une faible lumière, et celui dont les yeux sont malades, ou même aveugles, voit mal, ou ne voit rien du tout, au grand détriment de tout son corps. Telle est la première signification de cette parole du Seigneur : « La lampe du corps, c’est l’œil ».

Cependant, le Seigneur Jésus ne donne pas ici à ses disciples un enseignement sur l’œil de l’homme, mais sur son cœur, dont il a déjà parlé au verset 21:« Car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur ». Dans la Bible, l’œil est souvent l’image de l’état intérieur de l’homme. La Parole de Dieu parle des yeux hautains (Ps. 18:27 ; 101:5), des yeux aveuglés (1 Jean 2:11), des yeux dépourvus de crainte de Dieu (Ps. 36:1), de l’œil méchant (Matt. 20:15 ; Marc 7:22), de l’œil qui n’est pas rassasié par la richesse (Ecc. 4:8), mais aussi des yeux illuminés (Ps. 19:8) et de l’œil bienveillant (Prov. 22:9). L’œil ne reçoit pas seulement des impressions de l’extérieur, mais il reflète aussi, et souvent de manière très explicite, l’état du cœur. Voici quelques passages qui mettent en évidence cette relation entre le cœur et l’œil : « Celui qui a les yeux hautains et le cœur orgueilleux, je ne le supporterai pas » (Ps. 101:5) ; « Eternel ! mon cœur n’est pas hautain, et mes yeux ne s’élèvent pas » (Ps. 131:1) ; « l’élévation des yeux et un cœur qui s’enfle, la lampe des méchants, c’est péché » (Prov. 21:4). L’œil est donc considéré ici comme le miroir et l’expression du cœur de l’homme.

 

24.2   Le cœur simple

« Si donc ton œil est en bon état, ton corps tout entier sera plein de lumière » (v. 22). L’expression « en bon état » — littéralement : « simple » — signifie « droit, sincère, sans duplicité ». Dans le Nouveau Testament, ce terme n’apparaît que dans notre passage et dans le passage parallèle de Luc 11:34-36. En revanche, nous rencontrons souvent le substantif qui lui correspond : « simplicité ». En Éphésiens 6:5 et en Colossiens 3:22, il est parlé de simplicité de cœur, et en 2 Corinthiens 1:12 ; 11:3, de la simplicité à l’égard de Dieu et de Christ. Ces passages donnent la signification de ces deux termes « simple » et « simplicité ». Un cœur simple et pur est caractérisé par l’amour et la confiance, et il ne tolère pas qu’un péché, ou même qu’une seule pensée de doute ou de méchanceté vienne troubler nos rapports avec notre Seigneur et avec notre Dieu et Père. Lorsque notre vue est bonne, notre corps tout entier en bénéficie, et quand notre cœur est simple à l’égard de Christ, notre vie spirituelle est pleine de lumière. Cette lumière vient de Dieu. Elle aide le plus jeune croyant à comprendre la Parole de Dieu et à la mettre en pratique dans sa vie. Elle nous éclaire pour discerner le chemin qui plaît à Dieu, et nous donne la force pour y avancer pas à pas. Dans les difficultés de la vie, qui n’épargnent aucun disciple du Seigneur, elle nous aide à reconnaître Sa direction et Sa main. Le Seigneur accordera cette lumière divine à chacun de ses disciples qui a le désir sincère de le suivre fidèlement, et dont le cœur est rempli « de la simplicité à l’égard de Christ » (2 Cor. 11:3).

Dans sa prière pour les Éphésiens, l’apôtre Paul pensait certainement à la simplicité de cœur, lorsqu’il dit : « les yeux de votre cœur étant éclairés, pour que vous sachiez quelle est l’espérance de son appel, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (Éph. 1:18).

Nous trouvons aussi cette simplicité de cœur en 2 Corinthiens 8 et 9, lorsque Paul exhorte ses lecteurs à la bienfaisance. Dans ce passage, le mot « libéralité » — littéralement « simplicité » — est utilisé trois fois (8:2 ; 9:11, 13). Cela ne jette-t-il pas une lumière particulière sur notre chapitre, où les disciples sont mis en garde contre le désir d’amasser des trésors terrestres et encouragés à mettre leur confiance dans leur Père céleste ?

 

24.3   Le cœur mauvais

« Mais si ton œil est en mauvais état, ton corps tout entier sera ténébreux ; si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles grandes ténèbres ! » (v. 23). Ces paroles nous rappellent le verset déjà cité de Proverbes 21:4, où il est dit que l’élévation des yeux et un cœur qui s’enfle sont « la lampe » des méchants, c’est-à-dire des pécheurs. Quel pitoyable sort lorsqu’un homme en est réduit à voir son entourage avec cet éclairage !

À d’autres occasions, le Seigneur Jésus emploie également l’expression « œil méchant » (voir Matt. 20:15 ; Marc 7:22). Dans ces passages, l’œil méchant est la preuve évidente d’un cœur envieux et malveillant. Hélas, si notre cœur est rempli d’envie, d’orgueil ou d’autres choses mauvaises, alors notre vie tout entière est obscurcie. Non seulement nous nous privons nous-mêmes de toute vraie joie dans le Seigneur, mais nous perdons aussi la capacité d’avoir un sain jugement de nous-mêmes ou de notre entourage. C’est la signification de ces paroles imagées : « Mais si ton œil est en mauvais état, ton corps tout entier sera ténébreux ».

« Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles grandes ténèbres ! » (v. 23). Tout disciple né de nouveau a reçu de Dieu la lumière de la vie. Cette lumière éclaire sa propre vie, et elle rayonne au-dehors en témoignage rendu à Dieu. Mais pour qu’elle puisse luire, il faut que le cœur soit simple. Si le cœur du croyant est rempli de mauvaises pensées, alors les ténèbres règnent au lieu de la lumière. Pratiquement la lumière qui est en lui est devenue ténèbres.

Selon la Parole de Dieu, les incrédules se trouvent dans les ténèbres et sont eux-mêmes ténèbres. Mais chez le croyant, qui par grâce a reçu la lumière divine et se trouve dans cette « merveilleuse lumière » (1 Pier. 2:9), un état de cœur en contradiction avec cette lumière est d’autant plus condamnable qu’il sait, ou devrait savoir, que Dieu le réprouve. L’expérience enseigne, hélas ! qu’un enfant de Dieu en qui la lumière est devenue ténèbres est capable d’accomplir des actes qu’un incrédule respectueux des principes moraux aurait honte de commettre.

 

25 Personne ne peut servir deux maîtres (Matt. 6:24)

Dans les versets 19 à 24, le Seigneur Jésus met ses disciples en garde contre la poursuite des biens terrestres, et les avertit du danger des affections partagées. Il résume cet enseignement par la déclaration : « Personne ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre : vous ne pouvez servir Dieu et les richesses — littéralement : Mammon ».

Ce verset de la Bible — et il n’est pas le seul — est pratiquement devenu un proverbe dans ce monde. Tout homme sensé sait bien qu’on ne peut orienter ses intérêts et son énergie simultanément vers deux buts opposés.

 

25.1   Le disciple, esclave de Dieu

Dans notre passage, le Seigneur Jésus parle de maîtres et de service. Le passage parallèle de Luc 16:13 précise : « Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres ». Le Seigneur montre par là que l’homme n’est pas son propre maître, mais serviteur ou esclave. Chaque homme est par nature esclave du péché (Rom. 6:17) et incapable de servir Dieu. Mais celui qui a cru au Seigneur Jésus a été racheté par lui et lui appartient. Il est ainsi son « esclave » et celui de Dieu.

Pourtant, la relation du disciple avec son Seigneur n’a rien de servile. Le Seigneur l’avait déjà déclaré à ses disciples avant sa mort sur la croix : « Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père » (Jean 15:15). Après son œuvre rédemptrice, Il donna même à ses disciples le nom de frères, parce que tous ceux qui l’acceptent par la foi deviennent des enfants de Dieu et des fils de son Père. Quel privilège extraordinaire ! Mais c’est aussi le grand motif, pour tout vrai disciple de Jésus, de « servir le Dieu vivant et vrai » (1 Thes. 1:9).

 

25.2    L’état de nos cœurs

« Personne ne peut servir deux maîtres » est un principe général dont le Seigneur Jésus montre ensuite les conséquences. Dans la dernière partie du verset, il s’adresse personnellement à ses disciples en leur disant explicitement ce que cela signifie pour eux : « Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses ».

Comme le mentionne déjà le verset 21, il ne s’agit pas ici en premier lieu de ce qui est visible extérieurement, mais du cœur. C’est pourquoi le Seigneur Jésus parle tout d’abord de haine et d’amour, ensuite de mépris et d’attachement. Haine et amour caractérisent l’état du cœur, et celui-ci se manifeste soit par le mépris, soit par l’attachement. Il n’existe pas de compromis possible.

Le prophète Elie interpelle sévèrement les Israélites qui confessaient l’Eternel comme leur Dieu mais qui voulaient en même temps servir Baal : « Combien de temps hésiterez-vous entre les deux côtés ? Si l’Eternel est Dieu, suivez-le ; et si c’est Baal, suivez-le ! » (1 Rois 18:21). Dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul prononce un avertissement sérieux à l’égard de tout joug mal assorti : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle relation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? et quelle compatibilité y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » (2 Cor. 6:14-16). Et Jacques écrit : « Ne savez-vous pas que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu ? Ainsi, quiconque donc voudra être ami du monde se constitue ennemi de Dieu » (Jac. 4:4).

Le Seigneur Jésus parle ici de haine et d’amour parce qu’Il a en vue l’état du cœur. Preuve de la nouvelle vie, l’amour pour le Seigneur s’exprime par l’obéissance et par la disponibilité au service. Il n’y a alors plus de place pour un autre maître, et lorsque l’adversaire présente des offres séduisantes pour la chair, il est haï. Cette haine n’est cependant pas une réaction de la vieille nature, mais de la nouvelle, qui se manifeste dans l’horreur qu’elle a de tout mal (voir Rom. 7:15 ; Jude 23) ! À l’inverse, un homme vivant dans les ténèbres loin de Dieu ne peut pas L’aimer ; il ne peut que Le haïr, tout comme il hait sa lumière (Jean 3:20 ; 15:24).

 

25.3    Dieu ou les richesses

À la fin du verset 24, il est dit : « Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses ». Le disciple du Seigneur Jésus est appelé à Le suivre et à servir Dieu. Cet appel est si élevé qu’il est absolument impossible de servir simultanément Mammon, ou un autre seigneur. Dieu n’accepte pas de compromis. Certes, le cœur de l’homme a toujours tendance à rechercher un tel chemin ; et si nous sommes sincères, nous devons confesser que notre expérience le confirme, hélas ! Mais la Parole de Dieu nous avertit de ce danger, afin que nous soyons sur nos gardes.

L’origine exacte du mot « Mammon » n’est pas claire. Généralement, on l’explique à partir d’un mot araméen signifiant « possession, fortune ». En tout cas il ne s’agit pas du nom d’une idole, mais d’une expression répandue autrefois chez les Juifs, et personnifiant l’argent et la fortune.

Dans les versets 19 à 21, le Seigneur Jésus avait déjà mis ses disciples en garde contre le désir d’amasser des biens terrestres. En leur disant maintenant : « Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses », Il montre que la tendance à accumuler de l’argent et des biens est le signe d’un mauvais état de cœur et constitue une forme d’idolâtrie (voir Col. 3:5). Et le disciple qui, par incrédulité, se met en souci pour le lendemain, sert — peut-être inconsciemment — Mammon. Le Seigneur reviendra sur ce sujet.        

 

26 Ne soyez pas en souci (Matt. 6:25-34) 

ME 1995 p. 124-128

Le Seigneur Jésus vient de mettre ses disciples en garde contre le danger de poursuivre les biens terrestres, concluant par ces mots : « Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses » (v. 24). Les enseignements suivants sont en relation directe avec ce qui précède : « C’est pourquoi je vous dis : Ne soyez pas en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus : la vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » (v. 25).

 

26.1   Prévoyance ou souci

Aujourd’hui plus que jamais, soucis et peur de l’avenir accablent beaucoup d’hommes. L’inquiétude semble être quelque chose de naturel pour l’homme, et combien plus, lorsque la stabilité économique et politique est ébranlée.

Le Seigneur Jésus dit à ses disciples que ces soucis caractérisent les nations qui ne connaissent pas Dieu (v. 32). C’est pourquoi, à plusieurs reprises dans ce passage touchant, il invite ses disciples à ne pas se mettre en souci (v. 25, 27, 28, 31, 34). Celui qui se met en souci pour ses besoins terrestres et pour son avenir est semblable à celui qui veut devenir riche ; ses pensées sont orientées de la même façon ! Une telle conclusion peut paraître excessive, mais elle ressort clairement des mots « c’est pourquoi » par lesquels le Seigneur introduit cet enseignement. Puisque Dieu ne veut pas que nous servions Mammon (les richesses), nous ne devons pas, nous, disciples de Jésus, nous mettre en souci pour notre nourriture et notre vêtement, c’est-à-dire pour les besoins légitimes de notre vie terrestre. Car nous ne vivons pas uniquement pour manger et nous vêtir. Si nous sommes disciples du Seigneur, nous pouvons et devons nous tenir, corps et âme, à Sa disposition, et le servir.

Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas travailler diligemment pour pourvoir à notre subsistance. Mais nous ne devons pas confondre la prévoyance que nous demandent nos responsabilités personnelles, familiales ou autres, avec des soucis inquiets concernant notre profession, notre avancement ou notre avenir. Paul écrira plus tard aux Éphésiens : « Que celui qui volait ne vole plus, mais plutôt qu’il travaille en faisant de ses propres mains ce qui est bon, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin » (Éph. 4:28). Dans ce domaine comme dans les autres, il donnait lui-même le bon exemple (2 Thes. 3:7-12).

 

26.2   Deux exemples

« Observez les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup mieux qu’eux ? » (v. 26). Le Seigneur prend l’exemple des oiseaux pour montrer à ses disciples les soins de Dieu envers ses créatures. Le fait que les oiseaux ne sèment, ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers ne signifie pas que nous devions agir comme eux. En Proverbes 6:6, la fourmi est présentée au paresseux comme un exemple de diligence. Les oiseaux aussi sont obligés de chercher leur nourriture, mais ils ne sont pas en souci pour autant. Dieu qui les nourrit (Ps. 147:9) n’est pas nommé « leur », mais « votre » Père céleste. Ici, il n’est pas le Père de tous les hommes, encore moins des animaux, mais le Père de ses enfants (voir Matt. 5:16, 45, 48).

« Qui d’entre vous, par le souci qu’il se donne, peut ajouter- une coudée à sa taille ? » (v. 27). Personne ne peut, par ses efforts ou ses soucis, y changer quoi que ce soit, ce qui serait d’ailleurs complètement inutile.

Le Seigneur cite un second exemple, qu’il tire également de la nature, mais cette fois-ci du monde végétal. « Et pourquoi êtes-vous en souci du vêtement ? Etudiez les lis des champs, comment ils croissent : ils ne travaillent ni ne filent ; mais je vous dis que même Salomon dans toute sa gloire n’était pas vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs qui est là aujourd’hui, et qui demain est jetée au four, ne le fera-t-il pas à plus forte raison pour vous, gens de petite foi ? » (v. 28-30).

Les oiseaux sont obligés de faire quelque chose pour trouver leur nourriture ; en revanche, les lis ne contribuent aucunement à leur habillement ! Ils poussent et s’épanouissent pour ainsi dire d’eux-mêmes. Nous voyons en eux la glorieuse grandeur du Créateur, qui se manifeste dans la riche variété des couleurs, dans toute la beauté et les merveilles du monde végétal — et cela pour notre joie. Même la gloire pourtant renommée du roi Salomon, telle qu’elle est décrite en 1 Chroniques 9, ne peut pas être comparée avec la beauté de ces fleurs. Et pourtant, cette splendide floraison — surtout dans les climats chauds de l’orient — ne dure que peu de temps. Les tiges et les feuilles des fleurs fanées étaient souvent utilisées pour chauffer les fours.

Dieu, comme Créateur, a pourvu à tout, et entretient d’une manière admirable le monde animal et végétal. Combien plus, comme Père, accordera-t-il aux siens, qui sont bien au-dessus de simples créatures, la nourriture et le vêtement qui leur sont nécessaires ! Mais quelles gens de petite foi sommes-nous souvent à cet égard !

 

26.3   «Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu»

Le Seigneur Jésus conclut : « Ne soyez donc pas en souci, disant : Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous habillés ? Car tout cela, les nations le recherchent ; et votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela » (v. 31-32).

Dans le monde, c’est ce qui est visible qui compte. Il faut se démener pour avancer, prospérer et être considéré. Il en était ainsi autrefois et il en est de même aujourd’hui. Contrairement aux nations païennes, les Juifs possédaient des promesses divines concernant des bénédictions matérielles et spirituelles, particulièrement pour le royaume de Dieu qui devait venir. Mais quel était l’état de ce peuple ? L’avidité à amasser les choses terrestres, et les soucis qui s’y rattachent, ne les avaient pas plus épargnés que les autres peuples.

Nous aussi, chrétiens, devons confesser qu’à cet égard nous ne nous distinguons guère des personnes qui nous entourent. Et pourtant nous avons des bénédictions bien plus grandes que celles d’Israël. En plus, nous avons au ciel un bon Père qui connaît nos besoins, qui prend soin de nous et qui veut nous faire librement don de toutes choses avec son Fils bien-aimé, lui, le don par excellence (Rom. 8:32 ; 1 Pier. 5:7) !

C’est pourquoi, dans le verset suivant, le verset capital de ce passage, le Seigneur Jésus dirige le regard de ses disciples vers la chose essentielle : « Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus » (v. 33). Le Seigneur Jésus ne dit pas : cherchez uniquement le royaume de Dieu… mais : cherchez premièrement le royaume de Dieu… car Il ne veut pas que nous négligions nos autres devoirs. Mais Il montre clairement à ses disciples ce qui doit occuper la première place dans leur vie.

 

26.4   « D’abord… »

Que signifient pratiquement pour nous les paroles : « Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu » ? Elles nous invitent à donner au Seigneur Jésus la première place dans nos circonstances, dans nos devoirs et dans nos occupations terrestres. Qu’il s’agisse de notre temps, de nos forces ou de notre argent, en toutes choses, Il désire occuper la première place:

Consacrons-nous du temps chaque jour à la prière, à la lecture de la Parole de Dieu, à la communion avec nos frères et sœurs ? Saisissons-nous l’occasion quand les siens se réunissent au nom du Seigneur ?

Comment employons-nous les moyens matériels qu’Il met à notre disposition ?

Et voici la question la plus importante : Prenons-nous nos décisions, grandes et petites, dans sa dépendance, avec prière, nous attendant à Lui ? Le laissons-nous véritablement régner dans notre vie ?

C’est seulement de cette façon que nous pouvons chercher le royaume de Dieu et sa justice. Ici, la justice de Dieu (à la différence de ce qu’on trouve dans l’épître aux Romains) est le comportement pratique répondant à l’autorité et à la suprématie de Dieu, ou du Seigneur Jésus, dans notre vie (voir 5:20).

Mais cette recherche ne nous conduira-t-elle pas à négliger nos devoirs terrestres, ce qui pourrait nous mener à la misère et augmenter nos soucis ? Relisons la promesse du Seigneur : « et tout cela vous sera donné par-dessus ». À celui qui a reconnu ce qui est le plus important et le recherche, le Seigneur ajoute tout le reste, « tout cela » ! Il s’agit seulement de bien placer ses « priorités ».

Le Seigneur termine ce sujet d’une manière qui rappelle la façon dont Il l’avait introduit au verset 25:« Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain, car le lendemain sera en souci de lui-même : à chaque jour suffit sa peine » (v. 34). Combien souvent les difficultés et les soucis que nous nous étions nous-mêmes créés se sont dès le lendemain avérés complètement injustifiés ! Combien souvent avons-nous été ainsi confus et avons nous dû confesser au Seigneur notre manque de foi ! C’est pourquoi, à la fin de ce passage, il nous rappelle encore une fois, à nous ses disciples, de ne pas nous mettre en souci aujourd’hui pour demain.         

 

27 L’esprit de jugement (Matt. 7:1-5)

ME 1995 p. 155-159

Les versets 1 à 6 du chapitre 7 traitent des relations du disciple avec son prochain. Le Seigneur Jésus parle tout d’abord d’un mauvais esprit de jugement (versets 1-5), puis de la capacité de juger (verset 6).

 

27.1   La nécessité de juger

« Ne jugez pas » (v. 1). Ce verset bien connu a, comme d’autres versets de la Parole, un caractère presque proverbial. Mais il est parfois mal compris et mal appliqué, même par des croyants. En effet, le Seigneur Jésus n’interdit nullement à ses disciples d’avoir un jugement spirituel et sain. Au contraire, dans ce qu’il dit ensuite (v. 6), il fait appel à leur capacité de juger entre ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire. L’apôtre Paul également invite ses lecteurs à juger de ce qu’il leur écrit (1 Cor. 10: 15).

Le terme original grec traduit ici par juger ouvre un large éventail de nuances, depuis « faire la distinction » jusqu’à « condamner », en passant par « porter un jugement », « juger ».

Comme disciples du Seigneur, nous devrions non seulement nous éprouver nous-mêmes dans la lumière de Dieu et nous juger si nécessaire (Rom. 14:13 ; 1 Cor. 11:31), mais encore éprouver ce qui se présente à nous dans le domaine spirituel (1 Cor. 12:10 ; 1 Jean 4:1). Par ailleurs, l’assemblée de Dieu a la responsabilité de condamner fermement le mal et de juger ceux qui persistent à manifester un mauvais état d’esprit ou à marcher dans un mauvais chemin : « Vous, ne jugez-vous pas ceux du dedans ? Mais ceux du dehors, Dieu les juge. Otez le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5:12-13).

Toutes ces manières de juger sont absolument nécessaires dans la vie des croyants, pour la réalisation de leur communion, pour leur prospérité et leur croissance, comme aussi pour le maintien de la gloire et de la sainteté de Dieu. L’absence de ce jugement spirituel conduit à l’indifférence et à la mondanité.

 

27.2   Le mauvais esprit de jugement

Le devoir de s’occuper du mal est toujours pénible, et il doit être réalisé dans un esprit d’amour, de grâce et d’humilité. Son premier but est d’atteindre et de gagner le cœur et la conscience. Si des frères, appelés à s’occuper de quelqu’un qui a péché, n’accomplissent pas ce service dans de telles dispositions, mais avec un esprit de jugement, ils ne sont pas une aide, ils ne font qu’aggraver la situation. Il en résulte souvent de l’amertume et de l’endurcissement. Galates 6:1 nous enseigne comment nous devons agir dans un tel cas : « Frères, même si un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, relevez un tel homme dans un esprit de douceur, — prenant garde à toi-même de peur que toi aussi tu ne sois tenté » (voir Matt. 18:15-18).

En disant « Ne jugez pas », le Seigneur Jésus ne parle pas de ce jugement du péché qui est réalisé dans un bon esprit et dans l’attitude qui convient. Il condamne ici l’esprit de jugement, la tendance « pharisaïque » à s’élever constamment au-dessus des autres, et à considérer non seulement leurs actes, mais aussi prétendre discerner leurs motifs, et cela d’une manière négative, pour les juger ensuite sans charité.

 

Cet esprit de jugement manifeste :

●         de la légèreté d’esprit, parce qu’on juge avant de connaître exactement le contexte ;

●         de l’injustice, parce qu’on ne peut pas connaître les motifs d’autrui sans l’avoir averti dans l’amour fraternel ;

●         de l’orgueil, parce que celui qui juge ainsi s’élève au-dessus de son frère ;

●         de l’hypocrisie, parce qu’on invoque l’amour et le zèle pour le Seigneur alors qu’on sert sa propre réputation ;

●         de la dureté de cœur, parce qu’on qualifie rapidement de « mal » ce qui est une faiblesse évidente.

 

Le Seigneur nous met ici en garde avec beaucoup d’insistance contre ces dangers. L’apôtre Paul lui aussi avertissait les Corinthiens de ne pas prononcer de jugement avant le temps (1 Cor. 4:5) et engageait les Romains à ne pas juger leurs frères avec étroitesse de cœur (Rom. 14:3, 10, 13), les invitant en même temps au jugement d’eux-mêmes.

 

27.3   Avec quelle mesure mesurons-nous ?

Le Seigneur Jésus ajoute : « afin que vous ne soyez pas jugés ». On pourrait peut-être comprendre par là que celui qui juge indûment autrui ne doit pas s’étonner s’il reçoit la pareille de la part de son prochain. Mais la suite du texte montre que la pensée exprimée ici va plus loin et qu’en fin de compte c’est Dieu qui est le juge.

Pour celui qui refuse d’accepter le Fils de Dieu comme son Sauveur, il ne reste plus qu’une attente terrible du jugement et de la condamnation éternelle. Au contraire, celui qui croit en Lui sait qu’il ne vient pas en jugement. Mais il sait également que Dieu, comme Père, discipline les siens pendant leur vie ici-bas et juge sans partialité (Héb. 12:4-11 ; 1 Pier. 1:17 ; 1 Cor. 11:32). Un jour, tous les croyants seront manifestés devant le tribunal de Christ ; ils obtiendront alors une récompense ou subiront une perte (1 Cor. 3:15 ; 2 Cor. 5:10).

Ces pensées sérieuses doivent garder tous les disciples du Seigneur de l’orgueil et de l’esprit de jugement, « car, dit-il, du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré » (v. 2). Bien entendu, cette déclaration ne signifie pas que Dieu jugera avec injustice, mais sans doute avec une sévérité particulière, celui qui aura jugé injustement. Elle contient aussi l’assurance que le disciple qui a jugé son prochain avec amour et avec grâce, goûtera tous les soins affectueux de la part de son juge céleste. C’est pourquoi, inversement, nous devrions mesurer de la mesure dont Dieu nous mesure et juger du jugement dont Dieu nous juge. C’est précisément en cela que se manifeste pratiquement la position d’enfant de Dieu : « Bienheureux les miséricordieux, car c’est à eux que miséricorde sera faite… Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5:7, 48). « Mais, les uns à l’égard des autres, soyez bons, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné » (Éph. 4:32).

 

27.4   Paille et poutre dans l’œil

« Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et ne t’aperçois-tu pas de la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Permets, je vais ôter la paille de ton œil ; et voici, la poutre est dans ton œil ?» (v. 3-4).

Par cette image très claire, le Seigneur Jésus montre à ses disciples combien est insensé celui qui croit pouvoir juger de haut son prochain. La paille nous parle des fautes que nous pensons apercevoir chez notre frère. La poutre, par contre, représente le mal dans notre propre cœur, mal évident, mais que nous ignorons de propos délibéré. Un frère expérimenté disait : « De personne je ne connais autant de mal que de moi-même. Cela me rend prudent dans mes jugements envers autrui ».

Tout comme aux versets 22 et 23 du chapitre 6, l’œil est ici une image du cœur. Il semble que le Seigneur fait particulièrement allusion au discernement spirituel. Comment un croyant dont le discernement serait gravement entravé par un péché personnel non jugé, pourrait-il être en aide à une personne qui, par négligence peut-être, a été surprise par quelque faute ? C’est impossible.

Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur a déjà employé à trois reprises le terme « hypocrite » (6:2, 5, 16). Chaque fois, Il avait mis ses disciples en contraste avec les hypocrites religieux d’entre les Juifs. Mais ici, nous voyons que les disciples eux-mêmes ne sont pas à l’abri de ce danger. « Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère » (v. 5).

Pour que nous soyons en mesure de porter un juste jugement sur quelqu’un, il faut d’abord que nous ayons reconnu et confessé nos propres péchés dans la lumière de Dieu. Si nous vivons dans la conscience de la grâce par laquelle Dieu, notre Père, nous a pardonné tous nos péchés, et continue à le faire, nous pourrons, de la bonne manière, être spirituellement en aide à nos frères et sœurs défaillants.          

 

28 « Jeter les perles devant les porcs » (Matt. 7:6)

ME 1995 p. 177-186

« Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu’ils ne les piétinent et que, se retournant, ils ne vous déchirent ».

Ce verset est une contrepartie des cinq premiers versets du chapitre où le Seigneur Jésus a mis en garde ses disciples contre les mauvais jugements et contre l’esprit de jugement ; ici, en revanche, Il les exhorte à ne pas manquer de discernement spirituel dans certaines situations qu’ils peuvent rencontrer dans leur service à la suite de leur Maître.

 

28.1   Bénédictions divines

Le Seigneur Jésus parle d’abord de « ce qui est saint » et des « perles ». La sainteté est en premier lieu un attribut de Dieu, une caractéristique de sa nature éternelle, pure et glorieuse (Es. 6:3 ; Apoc. 4:8). Par conséquent, tout ce qui provient de Lui est saint. C’est ainsi que Jude désigne la foi chrétienne comme « votre très sainte foi » (Jude 20).

Parallèlement à « ce qui est saint », le Seigneur parle des « perles ». Dans l’Ecriture, celles-ci symbolisent ce qui est précieux et beau. Rappelons-nous la « perle de très grand prix » mentionnée dans la cinquième parabole du royaume des cieux en Matthieu 13:45-46, où nous voyons toute la valeur qu’a l’Assemblée du Dieu vivant aux yeux du Seigneur. En Apocalypse 21:21, il y a douze portes pour la nouvelle Jérusalem, la sainte cité, qui n’est autre que « l’épouse, la femme de l’Agneau », et chaque porte est une seule perle.

« Ce qui est saint » et les « perles » désignent, dans notre contexte du royaume de Dieu, les vérités et les bénédictions divines. Sans doute le temps de la révélation des bénédictions spirituelles particulières au christianisme n’était-il pas encore venu. Mais le Seigneur y faisait déjà allusion, tout comme il avait déjà mentionné le nom du Père (5:16, 45) et parlerait un peu plus tard de la perle de très grand prix. Ainsi les bénédictions et privilèges spécifiques de la période de la grâce sont aussi inclus dans « ce qui est saint » et dans les « perles ».

Christ s’est offert en sacrifice sur la croix pour des hommes perdus et pour la gloire de Dieu. En lui, le Père a fait don aux rachetés de toutes les bénédictions spirituelles et célestes, ainsi que des « très grandes et précieuses promesses » (Éph. 1:3 ; 2 Pier. 1:4).

Il nous a donné une vie nouvelle et éternelle : Il a fait de nous ses enfants bien-aimés et nous a introduits en Christ dans la position élevée de fils.

Il nous a donné le Saint Esprit pour conducteur, comme arrhes et sceau, et gage aussi de la réalisation de toutes ses promesses à notre égard.

Par le Saint Esprit, tous les croyants ont été ajoutés à l’Assemblée de Dieu et forment maintenant le corps de Christ, le temple de Dieu et l’épouse de l’Agneau.

Voilà quelques-unes des merveilleuses bénédictions spirituelles dont le Père nous a fait don en Christ. Toutes ces richesses et les privilèges qui s’y rattachent sont des trésors saints et précieux que nous devons garder et administrer fidèlement, pour en jouir pleinement et constamment.

 

28.2   Que représentent les « chiens » et les « porcs » ?

Selon la loi du Sinaï, les chiens et les porcs étaient des animaux impurs. Il était strictement interdit aux Israélites de manger de la viande de porc, et le prix d’un chien ne pouvait être apporté dans la maison de l’Eternel (Lév. 11:7 ; Deut. 23:18). Les Grecs, qui ne connaissaient pourtant pas les normes divines, considéraient aussi ces deux animaux comme des symboles de l’impureté et de la voracité.

C’est surtout l’image du chien qui, dans la Parole de Dieu, décrit les hommes impurs, méchants et détestables (voir Ps. 22:16 ; Phil. 3:2 ; Apoc. 22:15). Pierre cite le proverbe suivant, à propos de ceux qui ont connu le christianisme et s’en sont détournés : « Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi lui-même, la truie lavée va se vautrer au bourbier » (2 Pier. 2:22). Le chien et le porc représentent là l’homme naturel qui ne change pas, même s’il a eu une certaine connaissance extérieure de la grâce de Dieu. Tout à l’opposé, la Parole de Dieu compare très souvent le croyant avec la brebis ; elle est docile, calme, dépendante des soins du Berger (voir Ps. 23 ; Jean 10).

 

28.3   Quelles personnes le Seigneur a-t-Il en vue ?

En interprétant la Loi à leur manière, les Juifs considéraient comme impurs et éloignés de Dieu, tous ceux qui faisaient partie des nations païennes, de même que les publicains juifs engagés au service de l’occupant romain (voir Matt. 11:19 ; Act. 10:28). Ils évitaient donc tout contact avec eux. Mais le Fils de Dieu agissait-Il ainsi ?

Un jour, une femme cananéenne, une païenne, supplie le Seigneur Jésus d’user de miséricorde envers sa fille tourmentée par un démon. Certes, le Seigneur dit d’abord à ses disciples : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël », et à la femme : « Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens » ; mais en voyant la grande foi de cette pauvre femme, il répond en grâce à sa requête (Matt. 15:21-28). Un autre jour, le Seigneur entre chez Zachée, le publicain, pour manger avec lui ; « voyant cela, tous murmuraient » (Luc 19:7).

En tant que roi promis à Israël, le Seigneur Jésus envoie tout d’abord ses douze disciples vers les brebis perdues de la maison d’Israël et leur interdit d’aller sur le chemin des nations ou d’entrer dans une ville des Samaritains (Matt. 10:5-6). En les envoyant, il leur dit : « Et si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne à vous. Et si quelqu’un ne vous reçoit pas et n’écoute pas vos paroles, — quand vous partirez de cette maison ou de cette ville, secouez la poussière de vos pieds » (v. 13-14). Plus tard, il enverra soixante-dix autres disciples en leur disant : « Allez ; voici, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Et il leur donnera les mêmes règles de conduite pour le chemin (Luc 10:3, 8-11).

En parlant de chiens et de porcs, le Seigneur Jésus ne vise donc pas certains groupes de personnes reconnaissables à des caractères extérieurs, contrairement à ce que les Juifs, et peut-être même ses disciples, pouvaient penser. L’évangile du royaume s’adresse à tous les hommes, quelle que soit leur origine. Il en était ainsi jadis et il en sera ainsi dans l’avenir (Matt. 24:14). De nos jours, il en est de même pour l’évangile de la grâce. À Corinthe, il y avait parmi les croyants d’anciens fornicateurs, adultères et ivrognes, mais Paul pouvait leur écrire : « Et quelques-uns de vous, vous étiez tels ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Cor. 6:11). Le critère d’après lequel Dieu juge un homme n’est donc pas son origine ni son passé, mais l’état de son cœur devant Lui.

 

28.4   L’évangile ne s’adresse-t-il pas à tous ?

Quiconque accepte le jugement de Dieu sur le péché et reçoit par la foi le message qu’Il fait proclamer est reçu par Lui, tel qu’il est. Mais sur celui qui refuse ce message ou même le traîne dans la boue, les messagers de Christ ne doivent pas exercer de pression. Ni « ce qui est saint », ni les « perles » de Dieu ne sont destinés à de telles personnes.

Quand le Seigneur Jésus dit : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens », cela ne signifie nullement que l’évangile ne doive pas être annoncé à tous les hommes. L’ordre du Ressuscité est encore aujourd’hui le même : « Allez dans le monde entier, et prêchez l’évangile à toute la création » (Marc 16:15).

Mais ce que le Seigneur avait prévu en envoyant les douze et les soixante-dix, les apôtres le vécurent plus tard dans leurs voyages missionnaires. À Antioche, les Juifs blasphémèrent, de sorte que Paul et ses compagnons quittèrent la ville ; la même chose leur arriva à Corinthe (Act. 13:45-51 ; 18:6). Ils secouèrent la poussière de leurs pieds et de leurs vêtements. Cela signifiait qu’ils ne pouvaient avoir dans ces lieux aucune communion spirituelle. S’ils avaient continué à annoncer le précieux message du salut en dépit de ce refus manifeste, ils auraient donné ce qui est saint aux chiens et jeté leurs perles devant les pourceaux.

Là où l’on se moque de l’évangile et où l’on blasphème, les perles sont piétinées. Les persécutions qu’endurèrent les apôtres, et qu’endurent jusqu’à ce jour bien des serviteurs du Seigneur, montrent la signification des paroles du Seigneur : « de peur qu’ils ne les piétinent, et que, se retournant, ils ne vous déchirent ».

Cela veut-il dire que là où il y a moquerie, nous ne devions pas être des témoins pour notre Seigneur ? Certainement pas. Mais c’est précisément à ce moment que nous avons le plus grand besoin de discernement spirituel pour savoir ce qu’il convient de faire. Supplions le Seigneur de nous donner la sagesse nécessaire. Il se peut qu’il nous conduise à dire aux moqueurs : « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu » (Gal. 6:7). Mais il se peut aussi que nous devions supporter la moquerie en silence, ou encore que nous soyons obligés de nous détourner avec tristesse, parce que le Seigneur nous rappelle ses paroles : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu’ils ne les piétinent et que, se retournant, ils ne vous déchirent ».

 

28.5   Une application à la chrétienté

Ce n’est certainement pas par hasard que Pierre utilise la même image des chiens et des porcs pour décrire ce qui arrive aux personnes qui ont connu la voie du salut et s’en sont détournées. Dans l’histoire du christianisme, les choses saintes qui n’étaient destinées qu’aux enfants de Dieu ont été données à des incrédules, à ceux qui ne possédaient qu’une foi extérieure. Combien de personnes ont été baptisées sans être nées de nouveau, et combien participent à la Cène sans être des membres du corps de Christ ! Comment est souvent comprise dans la chrétienté la responsabilité de faire « paître le troupeau de Dieu » (1 Pier. 5:2) ?

Hélas ! des choses saintes ont été données aux chiens et des perles jetées devant les porcs. La vérité de Dieu a été profanée et le Seigneur a été méprisé. Dans les pays où le christianisme est répandu depuis plus d’un millénaire et où Dieu a accordé, il y a quelque cinq cents ans, de si grandes bénédictions par la Réformation, les théologiens piétinent les précieuses perles de la vérité en répandant de fausses doctrines dans le monde entier ; et ils méprisent ceux qui, dans la simplicité de la foi, désirent tenir ferme. Ainsi l’avertissement de notre Seigneur garde toute son actualité.

 

29 À nouveau la prière (Matt. 7:7-12)

Dans ce passage, le Seigneur Jésus parle à nouveau de la prière. Au chapitre 6, Il avait déjà enseigné ses disciples à ce sujet et, à cette occasion, avait prononcé l’oraison dominicale (v. 5-13). Il les avait mis en garde contre l’apparence extérieure ; ici Il leur montre la confiance qu’il convient d’avoir. Il leur indique quelle est la source de la puissance ainsi que les moyens dont ils disposent en le suivant dans le chemin de l’obéissance.

 

29.1   La fervente prière

« Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert » (v. 7). Bien que le Seigneur Jésus n’utilise pas ici le mot « prier », mais « demander », « chercher » et « heurter », il ressort clairement du contexte qu’Il encourage ses disciples — à qui ces paroles sont adressées en premier lieu — à prier avec persévérance. Luc, qui rapporte toujours les choses dans un ordre moral, introduit cet enseignement du Seigneur par la demande des disciples : « Seigneur, enseigne-nous à prier » (Luc 11:1-13).

Dans les trois verbes « demander, chercher, heurter », on remarque une intensité croissante :

●         « demander » apparaît dans différents passages de la parole de Dieu comme une forme spéciale de la prière (par ex. Jean 11:22 ; 14:13 ; Col. 1:9 ; Jac. 1:5) ;

●         « chercher » implique une application sérieuse de la part de celui qui veut trouver quelque chose (voir Ps. 34:4 ; Es. 55:6) ;

●         « heurter » suggère qu’il peut être nécessaire de surmonter des obstacles extérieurs ainsi que sa propre timidité.

 

Demander est simplement l’expression du désir de celui qui prie. Chercher et heurter laissent entendre que nos prières ne sont pas toujours immédiatement exaucées ; or souvent nous sommes en danger de nous lasser de prier.

À tout cela, le Seigneur attache une promesse positive : « il vous sera donné… vous trouverez… il vous sera ouvert ». Voilà la réponse divine à l’» instante prière », à la « fervente supplication » (Act. 12:5 ; Jac. 5:16). Ces promesses n’étaient pas seulement pour les disciples d’autrefois, elles sont valables pour tous ceux qui suivent vraiment le Seigneur.

C’est ce que nous montre le verset 8:« Car quiconque demande reçoit ; et celui qui cherche trouve ; et à celui qui frappe il sera ouvert ». Ce n’est pas une simple répétition du verset précédent, mais l’application s’étend à tous les croyants. Souvenons-nous que c’est à eux que le Seigneur s’adresse dans le Sermon sur la montagne.

 

29.2   Une comparaison

« Ou quel est l’homme parmi vous qui, si son fils lui demande un pain, lui donnera une pierre ou, s’il demande un poisson, lui donnera un serpent ? » (v. 9-10). Le Seigneur Jésus se sert ici d’une image que chacun peut aisément comprendre. Il rappelle la relation normale entre un fils et un père, caractérisée par l’amour et la confiance. Le fils est dans le besoin et demande à son père un pain ou un poisson, c’est-à-dire des choses nécessaires à la vie quotidienne. Il n’exige pas, contrairement au fils prodigue de Luc 15. Il ne demande rien de « mauvais », rien qui soit pour satisfaire ses convoitises charnelles (selon Jac. 4:3). Il sait qu’il a des besoins et prie son père en toute confiance. Les questions que pose le Seigneur contiennent déjà les réponses. Le père ne décevra pas la confiance de son fils en lui donnant une pierre, et il ne le mettra pas en danger en lui donnant un serpent.

Le Seigneur conclut : « Si donc vous, qui êtes méchants, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » (v. 11).

Depuis la chute d’Adam et d’Eve, l’homme est méchant dans sa nature même. Déjà du temps de Noé, Dieu avait déclaré : « l’imagination du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse » (Gen. 8:21). David montre sa profonde connaissance de ce jugement divin sur l’homme, quand il dit au Ps. 51:« Voici, j’ai été enfanté dans l’iniquité, et dans le péché ma mère m’a conçu » (v. 5). Mais toute la corruption de la nature humaine a été pleinement démontrée à la croix, lorsque le seul homme qui était sans péché a été condamné comme un malfaiteur. La nature de l’homme, la chair, étant incorrigible, Dieu donne à tout croyant une vie nouvelle, éternelle, et une nouvelle nature.

Les disciples ne pouvaient guère entrer dans ces choses tant que leur Maître n’avait pas accompli son œuvre rédemptrice. Ici, Il évoque la méchanceté de l’homme pour faire ressortir la différence entre l’amour du père le plus bienveillant et l’amour parfait de Dieu. Si déjà des hommes imparfaits, méchants par nature, aiment répondre aux demandes de leurs enfants, combien plus le fera Dieu, le grand donateur ! Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent de Lui, qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches (Jac. 1:5, 17).

Ce Dieu, le Seigneur Jésus Le présente à ses disciples comme leur « Père qui est dans les cieux ». Il l’a déjà fait à plusieurs reprises dans le Sermon sur la montagne (5:16, 48, etc.), même si toute la richesse de cette relation ne pouvait être manifestée qu’après l’œuvre de la croix (Jean 20:17 ; Rom. 8:14-17). Mais les disciples pouvaient déjà commencer à s’en réjouir.

 

29.3   Une règle d’or

« Ainsi tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, vous, faites-leur de même ; car c’est cela, la Loi et les Prophètes » (v. 12). Ce verset, qu’on a appelé la « règle d’or » de l’amour du prochain, termine non seulement la première partie du chapitre 7, mais aussi l’ensemble de pensées développé à partir du verset 17 du chapitre 5:« Ne pensez pas que je sois venu pour abolir La loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir ».

L’expression « la Loi et les Prophètes », qui encadre cette partie du Sermon, désigne tout l’Ancien Testament et ses enseignements (comme en d’autres passages, par ex. Luc 16:16 ; Act. 13:15). Contrairement à ce que la plupart des scribes et des pharisiens en avaient fait, le Seigneur Jésus a présenté ces enseignements dans toute leur plénitude. Il a indiqué à plusieurs reprises que la justice apparente et extérieure des docteurs de la Loi n’avait aucune valeur. 

Une grande partie des enseignements donnés par le Seigneur concerne les rapports de ses disciples avec leur prochain. Il les résume au verset 12:« Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, vous, faites-leur de même ».

Quel contraste avec le proverbe bien connu : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse », que les rabbins juifs et les Grecs connaissaient déjà ! Ce proverbe-là ne contient que l’avertissement négatif de ne pas faire de mal à son prochain. Mais le Seigneur Jésus résume sa doctrine par un appel positif, celui de faire à son prochain tout ce que l’on aimerait recevoir soi-même. Cela ne peut être réalisé que dans la puissance de l’amour de Dieu. Paul écrira plus tard aux Romains : « L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour donc est le tout de la Loi » (Rom. 13:9-10). Que ces paroles nous encouragent à exercer cet amour divin, afin que nous soyons réellement des disciples de notre Seigneur !

 

30 Le chemin spacieux et le chemin resserré (Matt. 7:13-14)

ME 1995 p. 220-223

« Entrez par la porte étroite ; car large est la porte, et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux sont ceux qui s’y engagent ; car étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent » (Matt. 7:13-14).

 

30.1   L’alternative

L’image est facile à comprendre : pour chacun, il n’existe que deux portes, deux chemins et deux buts. Il n’y a que deux catégories d’hommes. La signification des deux portes et des deux chemins n’est pas directement donnée, mais leurs issues respectives — la perdition ou la vie — ne sauraient être plus clairement précisées.

Une direction doit être prise au départ ; le Seigneur nous invite à entrer par la porte étroite et à nous engager dans le chemin étroit de l’obéissance qui conduit à la vie. Que faisons-nous de son invitation ? Il est plus facile, mais infiniment dangereux, de suivre la grande foule par la porte large et le chemin spacieux de la désobéissance, qui mène à la perdition ! Le mot employé ici pour « perdition » signifie condamnation éternelle.

 

30.2   Le chemin du disciple de Jésus

L’appel du Seigneur est clair : « Entrez par la porte étroite ». Et après avoir averti du danger qu’il y a à suivre le chemin large, il explique : « Car étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent » (v. 14).

Chacun est donc appelé à entrer par la porte étroite. Le chemin du disciple est sans doute « resserré », car c’est un chemin d’abnégation et de dévouement, mais aussi d’adversités, voire de persécutions. Mais il mène à la vie. Le Seigneur avait déjà dit au chapitre 5:« Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (v. 20). De même, Paul et Barnabas avertiront plus tard les croyants de l’Asie Mineure que « c’est par beaucoup d’affliction qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Act. 14:22).

En Luc 13:24, le Seigneur dit simplement : « Luttez pour entrer par la porte étroite ; parce que beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas ». La mise en garde contre le chemin spacieux n’apparaît pas. Dans notre passage, l’appel du Seigneur est particulièrement solennel.

Ne perdons pas de vue que, dans le Sermon sur la montagne, il ne s’agit pas encore de recevoir l’évangile de la grâce, mais de suivre le Seigneur en fidèle disciple. Ici le Seigneur Jésus ne présente pas la grâce de Dieu ni le moyen du salut, mais la responsabilité de l’homme et le chemin à la suite de Christ. La grâce de Dieu et la responsabilité de l’homme sont comme les deux rails de cette voie, et en dehors d’elle, il ne reste que le chemin menant à la perdition. La responsabilité du disciple du Seigneur ne saurait être soulignée de façon plus solennelle.

La déclaration : « Car étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent », est sans doute dure pour la chair. Mais elle attire l’attention sur une question essentielle, vitale : celle d’un chemin dont l’issue a des conséquences éternelles. Il ne faut pas chercher à mettre ces paroles de Jésus en contradiction avec celles qu’il prononcera en Matthieu 11:30:« Car mon joug est facile à porter et mon fardeau est léger ». Selon Romains 5:6-10, l’homme naturel, irrégénéré, est sans force, impie, pécheur et ennemi de Dieu. Pour un tel homme, la décision de suivre Christ a des conséquences difficiles à supporter. C’est pourquoi il a besoin d’être attiré par l’amour, la grâce et la miséricorde de Dieu. En revanche, pour celui qui est né de nouveau, il est facile de suivre le Seigneur. En effet, il a reçu de Dieu une nouvelle nature, dont le seul désir est de faire la volonté divine, même si la chair, l’ancienne nature de l’homme, est encore présente et résiste toujours.

 

30.3   Le chemin spacieux

Pour l’homme irrégénéré, sans relation avec Dieu, suivre le chemin large est une chose qui va de soi. Là il n’y a aucune limitation; on fait ce qu’on veut. Mais ce chemin aboutit à la perdition éternelle; et ce que le Seigneur décrivait jadis se voit encore aujourd’hui : beaucoup se laissent éblouir et séduire par l’entrée large et attrayante de ce chemin. Et ils ferment volontairement les yeux sur son aboutissement.

Normalement, on ne monte pas dans un train ou dans un avion sans savoir quelle est sa destination. Mais lorsqu’il s’agit du plus important des voyages, le chemin de la vie sur cette terre, beaucoup ne se soucient ni de son terme ni de son but, ou bien se bercent dans une fausse sécurité. Encore une fois, n’oublions pas qu’il n’est pas question ici du salut gratuit, mais de la responsabilité du disciple de Christ. Lui aussi est en danger de se laisser séduire par les attraits trompeurs du chemin spacieux. Que celui qui confesse appartenir au Seigneur ne se trompe pas lui-même en pensant que sa marche n’a pas beaucoup d’importance, l’essentiel étant d’avoir la foi. Dans toute l’Ecriture, il n’existe aucun passage qui soutienne l’idée qu’une vie de péché, c’est-à-dire une marche dans le chemin large, aboutisse à la gloire. Au contraire, la Parole de Dieu déclare clairement qu’une marche dans le mal conduit à la perdition éternelle (1 Cor. 6:9-10 ; Gal. 5:19-21 ; Éph. 5:5 ; Phil. 3:18-19).

N’en tirons pas la conclusion que de vrais chrétiens, qui sont nés de nouveau, puissent perdre leur salut. Lorsque le Seigneur parle de personnes sauvées par la grâce de Dieu, il dit : « Personne ne peut les arracher de la main de mon Père » (Jean 10:29). Et lorsqu’il s’agit de notre profession chrétienne, la Bible montre que ce que nous disons être doit être confirmé par notre marche à la suite du Seigneur. Ce sont les deux côtés de notre relation avec Dieu. Ils constituent ensemble le sceau divin de 2 Timothée 2:19:« Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ».

La déclaration du Seigneur Jésus dans ces versets est donc très sérieuse. Elle concerne tous ceux qui confessent Jésus comme Seigneur.

 

31 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits (Matt. 7:15-20)

ME 1995 p. 239-248

31.1   Les faux prophètes

« Soyez en garde contre les faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais qui au-dedans sont des loups ravisseurs » (Matt. 7:15).

Déjà alors, le Seigneur Jésus met ses disciples en garde contre les faux prophètes. Mais cela ne signifie pas qu’ils se soient manifestés à ce moment-là ; la Parole les présente plutôt comme un signe des « derniers jours ». Dans son discours sur le mont des Oliviers, où il mentionne aussi les faux prophètes, le Seigneur parle des temps de la fin (Matt. 24:11, 24). Les loups redoutables contre lesquels l’apôtre met en garde les anciens d’Éphèse n’entrèrent dans le troupeau qu’après son départ (Act. 20:29). Et l’apôtre Jean parle de faux prophètes dans un temps où les premières déviations de la vérité de l’évangile étaient déjà visibles (1 Jean 4:1).

Le Seigneur indique un signe auquel on peut reconnaître les faux prophètes : ils viennent déguisés en brebis, alors qu’ils sont en réalité des loups ravisseurs. Ils se font passer pour des croyants et quelques-uns le sont peut-être ; mais leur véritable intention se manifeste seulement lorsqu’ils sont entrés dans le troupeau : ils viennent pour voler et disperser (Jean 10:12). Par des ruses subtiles, ils réussissent à tromper les enfants de Dieu qui ne veillent pas assez (2 Cor. 11:13-15).

Il y a des faux prophètes qui prétendent apporter de nouvelles « révélations ». Cependant, le fait que toutes ces prétendues révélations des prophètes modernes ne se réalisent pas devrait faire réfléchir. À plusieurs reprises, par exemple, certains chefs de sectes ont indiqué le début de la période de la grande tribulation, l’arrivée de l’Antichrist ou la date de la venue du Seigneur. Dans une fausse espérance, des milliers de personnes ont quitté maison et famille — et ont été amèrement déçues ! La Parole de Dieu ne nous laisse pourtant aucun fondement pour de tels calculs. Nous devons attendre notre Seigneur à tout moment. Mais hélas! de faux prophètes réussissent à induire en erreur d’authentiques enfants de Dieu.

Le Seigneur Jésus nous avertit : « Soyez en garde contre les faux prophètes ». Dans le domaine spirituel, le meilleur moyen pour distinguer le vrai du faux, ce n’est pas la connaissance exacte du faux, mais celle du vrai ! Le croyant n’a pas besoin d’être capable de réfuter chaque fausse doctrine. Mais lorsqu’il remarque que quelque chose ne glorifie pas son Seigneur et Sauveur, il doit s’en détourner. Pour reconnaître un faux prophète, il faut savoir qu’un vrai prophète parle en étant dans une réelle communion avec Dieu, qu’il s’adresse au cœur et à la conscience des auditeurs, qu’il les amène dans la lumière divine, à une connaissance plus profonde de Dieu lui-même et à une communion plus étroite avec lui. Le service du prophète est caractérisé par le fait qu’il « parle comme oracle de Dieu » (1 Pier. 4:11), atteignant le cœur et la conscience des auditeurs et produisant l’édification, l’exhortation et la consolation (1 Cor. 14:3).

 

31.2   Que représentent les fruits ?

« Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on du raisin sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits, mais l’arbre mauvais produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits, ni un arbre mauvais produire de bons fruits » (v. 16-18). Pour faire comprendre sa mise en garde contre les faux prophètes, le Seigneur se sert d’une image de la création. Si ceux qui sont familiers avec la nature peuvent souvent reconnaître un arbre de loin, grâce à sa forme et son aspect, tout le monde peut l’identifier au vu de ses fruits. Il en est de même des prophètes.

Les fruits, ce sont tout d’abord leurs paroles. Dans leur marche et dans leurs actes, de vrais prophètes de Dieu peuvent aussi faillir. Les faux prophètes, quant à eux, se font souvent remarquer par une conduite particulièrement aimable. C’est pourquoi, ici, les fruits ne sont pas particulièrement des œuvres, mais surtout les enseignements qui sont présentés. En entendant ces enseignements, les disciples de Jésus peuvent discerner si ceux qui les apportent sont conduits par l’Esprit de Dieu ou par un mauvais esprit. La Parole de Dieu dit : « Éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde» (1 Jean 4:1) et : « Celui qui demeure dans la doctrine, celui-là a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas » (1 Jean 4:1 ; 2 Jean 9:10).

Les épines et les chardons sont, depuis la chute de l’homme, les symboles du sol que Dieu maudit, tandis que la vigne et le figuier sont mentionnés à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament comme signes de la bénédiction divine (voir Zach. 3:10). Il ne faut pas attendre de ces mauvaises plantes des figues ou des raisins réconfortants. Seul un bon arbre peut produire de bons fruits, un mauvais arbre ne produira que de mauvais fruits.

Le Seigneur rappelle ici un principe universel : de la qualité de l’arbre dépend la qualité du fruit. « Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits, mais l’arbre mauvais produit de mauvais fruits » (v. 17). Pour en souligner le caractère absolu, le Seigneur ajoute qu’il n’y a pas d’exception : « Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits, ni un arbre mauvais produire de bons fruits » (v. 18). Mais ce principe de la nature a une portée spirituelle. Dans notre contexte, il s’applique aux faux prophètes contre lesquels le Seigneur a d’emblée averti ses disciples. C’est un critère simple et clair qui doit permettre au disciple du Seigneur de discerner de quelle source proviennent les messages qu’il entend.

 

31.3   Le jugement de Dieu

« Tout arbre qui ne produit pas de bon fruit est coupé et jeté au feu » (v. 19). Jean le baptiseur avait déjà prononcé les mêmes paroles lorsqu’il avertissait le peuple juif de fuir la colère qui vient, les appelant à la repentance (3:10). Cette double mise en garde contre le jugement de Dieu souligne le sérieux des paroles du Seigneur Jésus ! Le jugement qui atteindra les faux prophètes correspond à la sainteté et à la justice de Dieu ; mais il doit aussi servir d’avertissement à ceux qui l’entendent afin qu’eux non plus ne soient pas surpris par le jugement éternel.

Faut-il en conclure que tous les faux prophètes sont perdus, y compris ceux dont le message n’était faux qu’en partie, tandis qu’à plusieurs égards ils s’en sont tenus fermement à la parole de Dieu ? La considération du sceau divin de 2 Timothée 2:19 nous vient en aide : « Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ».

Parce que nous sommes des hommes, nous ne pouvons pas toujours discerner avec certitude si celui qui enseigne de fausses doctrines est un enfant de Dieu ou pas. Mais le Seigneur le sait. Il voit le fond du cœur et sait si le mal résulte d’un égarement ou s’il est la preuve que la nouvelle naissance n’a pas eu lieu. C’est le côté divin de ce sceau. Si de tels hommes sont vraiment nés de nouveau, ils ne seront pas éternellement perdus. Leur avenir est décrit en 1Corinthiens 3:12-15:leur œuvre sera consumée, et eux-mêmes seront sauvés, toutefois comme à travers le feu.

L’autre côté de ce sceau a trait à notre responsabilité en tant qu’hommes confessant le nom du Seigneur. Il requiert de nous que nous nous tenions éloignés de toute iniquité, c’est-à-dire de tout ce qui déplaît à Dieu, et que nous portions pour lui le fruit qui est la manifestation de notre relation avec Lui. Personne ne peut vivre en contradiction avec la volonté de Dieu et se consoler à la pensée qu’il est sauvé. C’est pourquoi, ce paragraphe se termine en répétant : « Ainsi vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (v. 20).

 

32 Une confession sans valeur (Matt. 7:21-29)

32.1   Fausse et véritable confession

« Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (v. 21).

Nous parvenons maintenant à la fin du sermon sur la montagne ; et le Seigneur s’adresse d’une façon particulièrement sérieuse à la conscience de ses disciples. Il avait déjà parlé de l’entrée dans le royaume des cieux au chapitre 5 (v. 20), et maintenant il revient à cette question essentielle. Une confession des lèvres n’est pas suffisante pour participer aux bénédictions du royaume, maintenant sur la terre, ou plus tard dans le ciel. Connaître simplement le nom du Seigneur ou prononcer plus ou moins fréquemment ce nom ne suffit pas. Pas plus que la religiosité. Par elle, beaucoup d’âmes ont été trompées et perdues pour l’éternité.

Notre foi et notre amour pour le Seigneur se montrent en ce que nous gardons sa Parole, et que nous faisons de cœur sa volonté ainsi que celle du Père (voir Jean 14:21-23 ; Éph. 6:6). Tous ceux qui désirent sincèrement suivre le Seigneur ne pourront que reconnaître leurs défaillances à cet égard. Mais le Seigneur voit ce qui se passe dans nos cœurs et Il y discerne le désir ou non de le servir.

Il nous est quelquefois difficile d’affirmer de manière certaine si quelqu’un qui confesse le Seigneur est un croyant authentique ou non. Mais le Seigneur Jésus n’est pas seulement le Sauveur des pécheurs, il est également celui qui connaît les cœurs, et il sera un jour le juge infaillible. Il ne regarde pas simplement nos actes, il sonde aussi les motifs de nos cœurs.

Cela ne signifie pas pour autant que la confession de son nom soit sans importance : « Car du cœur on croit pour la justice, et de la bouche on en fait la déclaration pour le salut » (Rom. 10:10). Un disciple fidèle confesse le Seigneur dès que l’occasion se présente. Dans notre passage cependant, il s’agit d’une confession sans foi véritable.

À plusieurs reprises, le Seigneur avait parlé de Dieu à ses disciples en le désignant comme leur Père (5:16, 45...), mais ici, Il l’appelle pour la première fois « mon Père ». Pour les disciples, c’était une grâce d’être placés dans cette relation dont le Seigneur révèlera toute la richesse après l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption. Lui, par contre, en tant que Fils de Dieu, était le seul qui connaissait Dieu comme son Père dès l’éternité. Il est et reste éternellement le Fils de son amour ; et Il l’est resté lorsqu’Il est descendu du ciel sur la terre, vivant comme homme dans le plus profond abaissement, pour y révéler Dieu et pour accomplir l’œuvre de la rédemption nécessaire à notre salut.

 

32.2   Le diable peut-il opérer des miracles ?

« Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom, et n’avons-nous pas chassé des démons en ton nom, et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? » (v. 22).

Le Seigneur Jésus met ici en garde contre des hommes qui mènent une vie religieuse, accomplissant même en son nom des œuvres puissantes, et qui sont pourtant perdus pour l’éternité. Plusieurs auront fait des choses extraordinaires en invoquant son nom, mais seront néanmoins condamnés par le Seigneur à cause de leur iniquité.

Bien des croyants, lecteurs de la Bible, se demandent comment une telle chose est possible. Des personnes non régénérées, revêtues des habits de la piété, peuvent-elles accomplir des miracles au nom du Seigneur ?

Le Seigneur avait déjà mentionné l’existence de faux prophètes dans les versets 15-20. Balaam (2 Pier. 2:15-16), Saül (1 Sam. 10:11) et Caïphe (Jean 11:51-52) étaient des prophètes qui n’avaient pas la vie de Dieu. Parmi ses propres disciples, à qui Il avait donné l’autorité de chasser les esprits immondes (Matt. 10:1), se trouvait aussi Judas Iscariote ! De même, Matthieu 12:27 nous rappelle que certains Juifs chassaient des démons. En Actes 19:13-16, il nous est dit que des fils du souverain sacrificateur juif Scéva essayaient d’invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits malins. Dans ce cas l’esprit ne leur était pas soumis, mais s’opposait à eux. Combien de personnes le diable n’a-t-il pas séduites ! L’apôtre Paul parle de certains hommes comme étant « de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, se transformant en apôtres de Christ ; et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se transforme en ange de lumière : ce n’est donc pas chose étrange si ses ministres aussi se transforment en ministres de justice, desquels la fin sera selon leurs œuvres » (2 Cor. 11:13-15).

Ces choses ne se sont pas limitées à la période du commencement du christianisme. De nos jours également, il existe dans la chrétienté des faux prophètes, des guérisseurs et des personnes qui prétendent faire des miracles « au nom de Christ », et qui pourtant ne sont pas convertis. La source de ces miracles, si toutefois miracle il y a, n’est autre que Satan. Cela devrait rendre les enfants de Dieu très prudents et pondérés dans l’appréciation de phénomènes extraordinaires dans le domaine spirituel ! Toutefois, il ne faudrait pas conclure que tous ceux qui accomplissent des choses sensationnelles sont des inconvertis. Satan peut aussi tromper le cœur d’un croyant.

 

32.3   Le jugement

Ceux qui ont accompli des miracles spectaculaires « au nom du Seigneur Jésus », mais qui n’ont pas passé par la conversion, comparaîtront un jour devant leur Juge. Alors sera manifestée leur véritable relation avec le Seigneur.

« Ce jour-là » ne se limite pas ici à une seule journée, mais comprend toute la période pendant laquelle Christ, comme le Fils de l’homme, exercera le juste jugement. Dans l’Ancien Testament, il est appelée le jour de l’Eternel (Es. 2:11 ; Zach. 14:1-9). Le Nouveau Testament montre que « ce jour-là » comprend toute la période allant de la manifestation des croyants devant le tribunal de Christ jusqu’à la fin du règne millénaire :

Les croyants enlevés lors de la venue du Seigneur seront en « ce jour-là » manifestés devant le Tribunal de Christ (2 Tim. 1:12, 18 ; 4:8).

Puis le Seigneur Jésus apparaîtra en « ce jour-là » en gloire sur la terre, au milieu de ses saints (2 Thes. 1:10).

En « ce jour-là », le Seigneur exercera le jugement des vivants sur la terre (Luc 10:12). Parmi ceux-là se trouveront aussi de simples professants n’ayant pas la vie de Dieu, et qui recevront alors leur sentence (Matt. 25:31-46).

« Ce jour-là » inclut aussi le règne millénaire de Christ, le règne de justice, avec ses bénédictions et ses joies (Matt. 26:29 ; voir Marc 14:25).

Finalement, tous les incrédules recevront en « ce jour-là » leur juste et éternelle condamnation (Matt. 7:22).

« Et alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité » (v. 23).

« Alors » correspond au moment terrible où ces professants sans vie paraîtront devant le trône de Christ pour recevoir leur condamnation définitive (Apoc. 20:11-15).

Le juge sera le Seigneur Jésus, à qui le Père a donné tout le jugement, « parce qu’il est fils de l’homme » (Jean 5:22, 27). Il ne sera plus alors pour l’homme pécheur le Sauveur plein de grâce, mais le Juge assis sur un grand trône blanc.

 

La sentence sera : « Je ne vous ai jamais connus ». Le Seigneur, qui sait tout, n’ignore rien de ces personnes ni de leurs œuvres, mais il ne peut les reconnaître comme lui appartenant. Peut-être auront-elles souvent prononcé son nom, mais il leur montrera alors qu’elles n’ont pas eu la foi, et par conséquent qu’elles sont sans relation avec lui.

Ces paroles sont la preuve qu’un croyant authentique ne peut pas perdre son salut, sinon le Seigneur aurait dit à ces personnes : « Certes, il est vrai que je vous ai connus autrefois, mais maintenant, je ne vous connais plus ». Non, il leur dira : « Je ne vous ai jamais connus ». Pour tous ceux qui se sont par la foi réfugiés auprès de lui, il a d’autres paroles, dont la valeur est éternelle : « Je connais les miens et je suis connu des miens » (Jean 10:14).

« Retirez-vous de moi » est le terrible châtiment que le juste juge prononcera. Par leur fausse profession, ils ont simulé une proximité avec Christ. Eux qui dans leur for intérieur se tenaient toujours loin de lui, ils reçoivent maintenant leur châtiment : la destruction éternelle, être pour toujours loin de Dieu et de sa gloire (2 Thes. 1:9).

L’expression « vous qui pratiquez l’iniquité » désigne ici ceux qui sont condamnés pour l’éternité. Ce sont ceux qui ont voulu être sans loi aucune. Pour les Juifs qui écoutaient le Seigneur à ce moment-là, l’iniquité signifiait la transgression et le mépris de la loi du Sinaï. En Hébreux 10:17, où il est utilisé conjointement au mot « péché », et dans d’autres passages, le mot « iniquité » revêt un sens plus large ; par exemple, dans l’expression de 1 Jean 3:4:« Le péché est l’iniquité ». Là l’iniquité est l’action de la volonté propre, sans frein, qui s’oppose à la volonté de Dieu, à laquelle tout homme devrait se soumettre (voir Es. 53:6). L’iniquité est donc le vrai caractère de tout péché. Dans ce « vous qui pratiquez l’iniquité », il ne faut pas seulement voir les malfaiteurs, mais tous les hommes qui ont refusé de se soumettre à la volonté de Dieu, même si, durant leur vie, ils ont accompli de grandes choses au nom du Seigneur. Sérieux avertissement pour la chrétienté tout entière !

 

33 Entendre et mettre en pratique (Matt. 7:24-29)

ME 1995 p. 264-268

Le Seigneur Jésus conclut ses enseignements avec l’image bien connue de la maison bâtie sur le roc ou sur le sable (voir le passage parallèle de Luc 6:47-49). Ici, il met en opposition un homme insensé et un homme prudent. Plus tard, dans la parabole des vierges prudentes et des vierges folles, nous retrouvons ce même contraste (Matt. 25:1-13). Et Paul exhorte les Éphésiens : « C’est pourquoi ne vous montrez pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur » (5:17). Celui qui connaît et fait la volonté du Seigneur Jésus est prudent ou intelligent ; en revanche, celui qui entend les paroles du Seigneur et ne les met pas en pratique est un insensé.

 

33.1   La maison bâtie sur le roc

« Ainsi, quiconque entend ces paroles que je dis, et les met en pratique, je le comparerai à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc » (v. 24).

Le paragraphe précédent nous a montré qu’il ne suffit pas de confesser le Seigneur de ses lèvres pour être accepté de lui. Ici, le Seigneur indique quel est le point véritablement important pour le disciple : non seulement entendre ses paroles, mais les mettre en pratique. Jacques, dont l’enseignement rappelle si souvent celui du Seigneur, écrit : « Seulement, mettez la Parole en pratique, et ne vous contentez pas de l’écouter, vous abusant vous-mêmes… » (Jac. 1:22-27).

Le Seigneur Jésus se sert ici d’une maison comme image de la vie humaine. De même qu’une maison doit avoir de solides fondations pour tenir debout, l’homme a besoin, lui aussi, d’un sûr fondement pour sa vie. Et le terrain idéal pour bâtir une maison, c’est le rocher.

Le terrain rocheux sur lequel l’homme prudent bâtit la maison de sa vie, c’est Christ. Il est le « Rocher » qui accompagna le peuple d’Israël durant son voyage à travers le désert (1 Cor. 10:4) ; il est également le « Roc » sur lequel est bâtie son assemblée (Matt. 16:18), et il est la « pierre vivante » pour celui qui croit en Lui (1 Pier. 2:4). Ici, à la fin du sermon sur la montagne, où il est question de vie pratique, le Seigneur Jésus se présente aussi comme étant le fondement inébranlable de la vie de la foi. L’homme prudent bâtit la maison de sa vie sur Jésus Christ : c’est le rocher qui lui procure une stabilité éternelle. L’homme prudent, pour toutes les questions de sa vie, se réfère au Seigneur Jésus et à sa parole. C’est d’ailleurs la seule manière de montrer notre amour pour lui : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime… Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:21-23).

« Et la pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé, ils se sont jetés contre cette maison ; et elle n’est pas tombée, car elle avait été fondée sur le roc » (v. 25).

Une maison peut donner l’impression d’avoir été construite d’une façon sûre, mais seule l’épreuve révélera si elle a été bâtie sur un terrain ferme et résistant.

Dans certains pays du sud, en Israël notamment, il n’est pas rare de voir de violentes chutes de pluie changer des rivières desséchées en torrents impétueux. Lorsque la pluie tombe à verse, que la crue baigne de tous côtés les soubassements de la maison et que la tempête s’acharne contre elle, alors quoi de plus essentiel que ses fondations ? Si la maison est établie sur un rocher surélevé, la tourmente peut certes l’endommager, mais non la détruire.

« Car le juste tombe sept fois, et se relève » (Prov. 24:16). Même un disciple qui désire être fidèle au Seigneur et obéir à sa parole peut faillir. Les épreuves ne lui sont pas épargnées. Il y a des expériences et des événements qui peuvent secouer de fond en comble la vie du croyant le plus vigoureux. Mais, à travers tout, il a l’assurance que sa maison est bâtie sur des fondations solides. Elle ne s’écroulera pas. Et au regard de l’éternité, il possède une pleine et inébranlable certitude quant à son salut.

 

33.2   La maison bâtie sur le sable

« Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ; et la pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé, ils ont battu cette maison ; et elle est tombée, et sa chute a été grande » (v. 26-27).

L’homme insensé ne réfléchit manifestement pas beaucoup. Il construit sa maison comme il lui plaît, sans prendre garde à la nature du sous-sol. Hélas ! la tentation est grande, en construisant sa vie, de n’accorder d’importance qu’aux choses visibles et de négliger le fondement absolument indispensable d’une vie pour Dieu. C’est ce que fait celui qui, tout en écoutant et en connaissant les commandements du Seigneur, n’y obéit pas.

La pluie tombe à verse sur le toit, les torrents en crue rongent les soubassements et les vents soufflent contre les murs de la maison. Elle ne résiste pas, elle s’écroule : « …et sa chute a été grande ».

Il apparaît clairement ici qu’il ne s’agit pas simplement de manquements dans la vie quotidienne, mais de quelque chose de bien plus essentiel. Le roc sur lequel l’homme prudent bâtit sa maison n’est pas quelque chose de temporel, mais le Fils éternel de Dieu et ses paroles éternelles. Pour cette raison, la maison résiste aux assauts des intempéries et reste debout. Mais celle de l’insensé s’écroulera complètement, et sa chute sera grande. Les deux avaient entendu les paroles du Seigneur, mais un seul les a observées !

Cette parabole n’enseigne pas que l’homme est sauvé par ses œuvres. On ne peut se tenir devant Dieu en vertu de ses propres œuvres, mais uniquement par une foi vivante — une foi qui produit, ensuite seulement, des œuvres de foi. Tel est l’un des enseignements du Sermon sur la montagne. Une confession sans foi est sans valeur, et de même il n’y a pas de vraie foi sans œuvres.

Le fait que le Seigneur termine ce long discours en indiquant le triste sort de l’homme insensé fait ressortir le poids éternel de ses paroles. La responsabilité placée autrefois avec tant d’insistance et de sérieux sur les cœurs des auditeurs est placée de la même manière sur les cœurs des lecteurs d’aujourd’hui.

 

33.3   La conclusion du Sermon sur la montagne

 « Quand Jésus eut achevé ces discours, il arriva que les foules étaient frappées par son enseignement » (v. 28).

Le discours du Seigneur est terminé. Bien que ses paroles aient été en premier lieu adressées à ses disciples (voir 5:1), une foule importante l’écoutait. Beaucoup, ayant entendu ces enseignements clairs et sérieux, s’en étonnaient. D’autres passages font également allusion à cet étonnement des auditeurs à l’égard de la doctrine de notre Seigneur, en particulier Matthieu 13:54 ; 22:33. Jésus ne parlait pas comme les scribes, que les Juifs avaient l’habitude d’entendre. Il enseignait comme ayant autorité, ses paroles étaient pleines de sagesse et de grâce (Marc 1:22 ; 6:2 ; Luc 4:22).

De nos jours, beaucoup de personnes sont aussi impressionnées par les paroles du Sermon sur la montagne et pensent que celui-ci pourrait indiquer à l’humanité la voie lui permettant de sortir le monde actuel de la misère et de l’injustice! On admire encore aujourd’hui la grandeur humaine de Jésus de Nazareth, sans l’accepter par la foi comme Sauveur et Seigneur, lui, le Fils de Dieu ! Beaucoup s’étonnent de l’élévation, de la grandeur et de la valeur littéraire de la Bible, sans reconnaître en elle la Parole de Dieu, qui indique le chemin conduisant des ténèbres de l’éloignement de Dieu à sa merveilleuse lumière !

« Car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes » (v. 29).

Cette autorité incontestable Lui était propre. Ses paroles étaient les paroles de Dieu, et par conséquent elles étaient plus pénétrantes qu’aucune épée à deux tranchants (voir Héb. 4:12). Comme Fils de Dieu, Il révélait les pensées de Dieu, mais Il connaissait également le cœur de l’homme, dans lequel ses paroles pénétraient comme une épée.

Les scribes juifs, en revanche, fondaient leur enseignement sur l’autorité de rabbins connus ayant vécu avant eux. Leurs déclarations étaient souvent touffues et sèches. Durant les quatre siècles ayant suivi les derniers prophètes de l’Ancien Testament s’étaient développées différentes écoles. Les pharisiens, les sadducéens et d’autres, défendaient leurs théories. Ils étaient divisés, non seulement sur des questions de principe, mais souvent à propos de futilités. Leurs raisonnements stériles étaient d’ailleurs difficiles à comprendre. Et certaines allocutions bibliques de nos jours ne valent guère mieux.

Certainement y a-t-il eu des auditeurs, qui, bien qu’étonnés des paroles du Seigneur, restèrent incrédules. Ils furent comme autrefois leurs pères, à l’époque où le prophète Esaïe devait dire avec tristesse : « Qui a cru à ce que nous avons fait entendre, et à qui le bras de l’Eternel a-t-il été révélé ? » (53:1). Cependant nous pouvons penser qu’après ces discours, bien des personnes se sont sérieusement examinées. Elles ont alors eu de sérieuses pensées quant à leur vie, se sentant atteintes au plus profond d’elles-mêmes par les paroles du Seigneur. Ce sont « les paroles de la vie éternelle » (Jean 6:68) et les recevoir, c’est notre bénédiction !