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Le chemin de la croissance spirituelle
Remmers Arend
Ed. EBLC 2013 – traduit de l’allemand
Table des matières :
3 Des types pleins d’enseignement
5 La traversée de la mer Rouge (Exode 14)
5.5.1 Séparation d’avec le monde
5.6.1 Le baptême – un ensevelissement
5.6.4 Morts au péché et aux éléments du monde
6.3 Les quarante ans de la traversée du désert
6.3.1 Le motif d’un long voyage
6.3.2 Leçons pratiques pour nous
7 Le serpent d’airain (Nombres 21)
7.3 Le serpent d’airain – Christ sur la croix
7.3.1 « Le péché jugé dans la chair »
7.3.2 Faire des efforts sur soi-même ?
7.3.3 Mer Rouge et serpent d’airain
7.4 Des sources dans le désert
7.4.1 Le Saint Esprit et la vie éternelle
8 La traversée du Jourdain (Josué 3 et 4)
8.1 Canaan – une image des lieux célestes
8.1.2 Bénédictions spirituelles
8.3.3 En Christ, dans les lieux célestes
9 Guilgal – la circoncision (Josué 5)
9.1 Signification de la circoncision
9.2 La réalité dans le Nouveau Testament
9.3 Le type dans l’Ancien Testament
9.4 Affermissement spirituel pour le peuple de Dieu
9.5 Ennemis spirituels et combat spirituel
Qui donc est un chrétien « adulte » ou « parfait » ? Est-ce celui qui possède une grande connaissance de la Bible, la Parole de Dieu ? Ou bien un chrétien vers lequel les autres lèvent les yeux parce qu’il possède un don spirituel remarquable, qu’il tient des méditations prenantes et qui vont au cœur, ou qu’il fait des œuvres de foi exceptionnelles ? Ou peut-être quelqu’un qui – prétendument – a atteint dans sa vie un niveau où il ne pèche plus ?
Rien de tout cela ! Cependant, nombreux sont les enfants de Dieu qui pensent – surtout parmi les nouveaux convertis – qu’un chrétien « adulte » est caractérisé par la connaissance de la Bible, par beaucoup d’activité pour son Sauveur et par des actes de foi exceptionnels. C’est pourquoi, au commencement, ils s’appliquent beaucoup à « croître » dans cette direction, mais, au bout d’un certain temps, ils doivent constater qu’ils se sont fixé un but qu’ils ne peuvent atteindre. La conséquence en est souvent qu’ils deviennent abattus et commencent à perdre courage.
Lorsque des enfants de parents croyants se convertissent, c’est parfois le contraire. Ils se disent : « Ce qui est important, c’est être converti ! » et se satisfont de cela. Ils assistent, il est vrai, régulièrement aux réunions des croyants, mais pensent que cela suffit d’en faire maintenant partie. Ils acquièrent aussi, avec le temps, une certaine connaissance de la Parole de Dieu et de la vie chrétienne, mais ceci n’est en rien une croissance spirituelle.
Les deux cas mettent en évidence une conception superficielle de ce qu’est la vraie croissance spirituelle. La première chose et la plus importante dans la vie de la foi est et demeure ceci : vivre près du Seigneur Jésus et apprendre à connaître toujours mieux et lui et son œuvre. L’intelligence de son œuvre de rédemption donne une paix vraie et profonde pour la conscience et pour le cœur, et la connaissance de sa merveilleuse personne comme l’homme maintenant glorifié dans le ciel, lui qui a été autrefois sur cette terre, produit le désir de mieux lui ressembler pratiquement, et nous fait trouver le repos pour notre âme. Nous trouvons deux étapes essentielles de la foi en Matthieu 11:28-30 : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes ».
Le Seigneur désire, en premier lieu, nous avoir comme ses rachetés près de lui afin que nous trouvions en lui la paix et la joie. Lorsque nous avons goûté combien notre Seigneur est bon, nous pouvons apprendre auprès de lui et réellement croître. Nous recevons ainsi également la force spirituelle pour faire quelque chose pour lui. Toute autre chose n’aboutit en pratique qu’à de l’activisme, ou bien à une certaine forme de légalisme dans lequel on pense devoir faire ceci ou cela pour être un bon chrétien. Or l’apôtre Paul priait pour que les croyants puissent porter du fruit en toute bonne œuvre, et croître par la connaissance de Dieu (Col. 1:10). Une croissance spirituelle réelle produit du fruit pour Dieu ; mais la croissance ne s’arrête jamais pour autant, elle se poursuit aussi longtemps que nous sommes sur la terre.
L’essentiel est cependant d’apprendre à connaître le Seigneur Jésus comme homme glorifié à la droite de Dieu dans la gloire, et de savoir ce que signifie être « en Christ », c’est-à-dire avoir été rendus agréables dans le Bien-aimé du Père (voir Éph. 1:6). Dans le Nouveau Testament, ceux qui sont nés de nouveau sont décrits, quant à leur développement spirituel, comme « hommes faits » (adultes), ou « parfaits » (grec : teleios), lorsqu’ils sont parvenus au repos en Christ et trouvent en lui seul leur pleine suffisance. Ils ont saisi par la foi qu’ils sont retirés du monde par son œuvre rédemptrice et qu’en lui, l’homme glorifié à la droite de Dieu, ils sont déjà introduits dans une nouvelle et merveilleuse position céleste. Tel est le niveau le plus élevé que nous pouvons atteindre dans notre vie chrétienne pratique, indépendamment de tout ce que nous faisons pour lui.
Cependant, beaucoup d’enfants de Dieu sont encore plus ou moins loin d’être spirituellement des « adultes ». C’est à eux que ces lignes sont en premier lieu destinées. Celui qui les lit attentivement fera la constatation que, tous, nous avons encore à croître comme chrétiens. C’est exactement cela que l’apôtre Pierre souhaite à ses lecteurs au début de sa première épître, ainsi qu’à la fin de sa seconde épître : « Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pierre 2:2–3). – « Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. À lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité ! Amen » (2 Pierre 3:18).
Comme chrétiens, nous devons bien tous reconnaître que nous n’avons pas d’un coup compris toute la vérité du salut sous toutes ses glorieuses « facettes » et peut-être même ne la comprenons pas encore maintenant. Notre compréhension imparfaite, notre faible foi et notre défaillance ne changent rien à notre parfaite acceptation auprès de Dieu. Lorsque nous avons cru au Seigneur Jésus et en son œuvre accomplie de la rédemption, nous avons reçu le salut de notre âme. Nous avons ce salut déjà maintenant comme une possession présente, éternelle et inaliénable (1 Pierre 1:9 ; comp. Éph. 2:5, 8). Mais il y a une grande différence entre se déclarer satisfait de posséder le pardon de ses péchés, ou connaître réellement la perfection de l’œuvre de la rédemption du Seigneur Jésus, sa grandeur et sa gloire, et y trouver la source intarissable de notre joie et de notre force.
Le Nouveau Testament parle de deux sortes différentes de perfection spirituelle en ceux qui croient au Seigneur Jésus :
● Celui qui croit en lui et en son œuvre de la rédemption, est rendu parfait pour toujours aux yeux de Dieu. « Car, par une seule offrande, il a rendu parfaits (grec teleioô) à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10:14). Cette perfection se réfère à la position éternellement inaltérable en Christ, que nous avons reçue par la grâce de Dieu. Elle est le résultat de l’œuvre parfaite de notre Sauveur à la croix, et de notre acceptation de cette œuvre par la foi, mais ne dépend pas de la mesure de notre foi. Ainsi, chaque croyant est rendu propre, aussitôt qu’il a cru au Seigneur Jésus, à entrer dans la gloire du ciel. Nous ne pouvons pas, nous-mêmes, y contribuer en quoi que ce soit, à part notre foi en l’œuvre de rédemption de notre Sauveur accomplie une fois pour toutes.
● De même qu’un enfant grandit depuis sa naissance jusqu’à ce qu’il ait atteint sa pleine stature, de même aussi le chrétien doit devenir effectivement parfait – ou adulte – c’est-à-dire apprendre à connaître sa position en Christ mentionnée ci-dessus, et y vivre (voir 1 Cor. 2:6 ; 14:20 ; Phil. 3:15 ; Col.1:28 ; 4:12 ; Héb. 5:14). Cette perfection ne sous-entend ni un état où l’on serait sans péché, ni une connaissance exceptionnelle de la vérité biblique. Un chrétien est parfait – ou adulte – (grec teleios), lorsque non seulement il connaît le Seigneur Jésus comme Celui par lequel il a reçu le pardon des péchés, mais lorsqu’il se voit comme mort et ressuscité avec lui et ainsi « en Christ » (Rom. 6:1‑11 ; Éph. 1:3 à 2:10). En Christ, le second homme, nous sommes placés dans une position entièrement nouvelle. Celui qui par la foi en sa Parole prend consciemment cette position est, selon l’enseignement du Nouveau Testament, un chrétien parfait et adulte, un homme fait.
Un des premiers pas importants dans la vie de la foi est la connaissance et le discernement de ces deux formes de perfection (*). La perfection de la position des croyants, résultat de la pleine efficace de l’œuvre de Christ, est ce que Dieu opère envers un pécheur autrefois perdu. Nous la recevons de Dieu par la foi dans le Seigneur Jésus comme Sauveur. En revanche, la perfection quant à la croissance, l’âge adulte spirituel, est le résultat d’un développement. Nous n’atteignons cependant pas cette perfection par une simple connaissance de la vérité concernant la rédemption. Il s’agit de saisir aussi par la foi cette vérité et de la vivre, afin de parvenir à un état de paix intérieure et de maturité, dans lequel nous ne sommes plus continuellement accaparés par le monde, les préoccupations terrestres et nous-mêmes, mais sommes occupés de Christ notre Seigneur dans la gloire. Nous avons le privilège de nous voir comme un avec lui qui est glorifié à la droite de Dieu, et de jouir d’une joie et d’un contentement parfaits en lui, en qui le Père trouve éternellement ses délices.
(*) Une troisième forme de perfection, la délivrance entière et éternelle de l’infirmité et du péché, nous l’atteindrons lorsque le Seigneur Jésus nous introduira dans la maison du Père (1 Cor. 13:10). Alors tous les croyants seront transformés en la conformité du corps de sa gloire et seront rendus parfaits de corps, d’âme et d’esprit (Phil. 3:12, 21).
Un tel état de perfection spirituelle en Christ, est celui qu’ont atteint les « pères », auxquels l’apôtre Jean peut écrire : « Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement ». Ils trouvent pleine satisfaction en Christ, qui a parfaitement révélé Dieu et sa grâce sur la terre, et ils ont trouvé en lui et en son œuvre une pleine paix. Les pères n’ont rien besoin de plus que lui-même et la communion intime avec lui ! En comparaison avec lui, tout le reste a perdu sa valeur pour eux. Ils sont occupés non plus d’eux-mêmes, de leurs faiblesses et de leurs expériences, ou encore de leurs « performances », mais de lui. Il est devenu leur tout. Quant à la foi, ils ne sont plus des « enfants », qui sont exposés à être influencés par de fausses doctrines, ni des « jeunes gens » qui doivent être mis en garde contre les dangers du monde, mais ils sont devenus des « pères » en Christ spirituellement adultes et mûris (voir 1 Jean 2:13‑27). Paul pensait quelque chose de semblable lorsqu’il dit de lui-même : « Pour moi, vivre c’est Christ ; et mourir, un gain » (Phil. 1:21). Christ était le centre et le contenu de sa vie de foi, et c’est pourquoi il se réjouissait d’être bientôt pour toujours auprès de lui. Et cependant il s’appliquait en même temps continuellement à encourager d’autres chrétiens dans leur croissance spirituelle, « exhortant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, afin que nous présentions tout homme parfait en Christ » (Col. 1:28). Cette perfection dépend de notre intelligence et de notre jouissance de l’œuvre accomplie de Christ et de ses résultats bénis.
Mais chacun de ceux qui croient au Seigneur Jésus et en son œuvre, possède-t-il cette connaissance et en jouit-il ? La réponse est malheureusement : non. Rares sont les croyants qui ont compris dès leur conversion toutes les conséquences bénies de l’œuvre de la rédemption. Nombreux sont ceux qui se déclarent satisfaits du pardon de leurs péchés et n’entrent pas plus loin dans la connaissance de leur salut et de leur délivrance parfaits. Pour d’autres, c’est simplement le manque d’enseignement biblique. Ils demeurent ainsi en arrière dans leur compréhension, bien que le Saint Esprit puisse donner à de tels croyants une merveilleuse paix qui « surpasse toute intelligence » (Phil. 4:7).
Ce n’est, en fait, pas seulement une question de connaissance de la vérité du salut et de tout ce qui la concerne. Il s’agit, au fond, de savoir si nous avons trouvé la paix dans le Seigneur Jésus et dans son œuvre, et s’il nous suffit. Celui qui conduit ainsi sa vie avec le Seigneur Jésus, possède tout ! Il ne peut probablement pas tout expliquer exactement, mais là n’est pas l’essentiel. Le plus important est de posséder et de jouir par la foi du plein salut en Christ. Et cependant, il est bon de connaître les bases divines de toutes choses. La connaissance de la vérité nous assure, en effet, consolation et force dans notre vie de foi.
Le but de l’enseignement des Saintes Écritures, des efforts du Saint Esprit et du ministère des dons donnés par le Seigneur Jésus est le « perfectionnement des saints... jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait [grec teleios], à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (*) (Éph. 4:12, 13). Et le chemin par lequel nous pouvons parvenir à cet état de maturité spirituelle nous est aussi montré : « Que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ » (Éph. 4:15). La croissance spirituelle consiste donc en ce que nous nous approchions par la foi de Christ, que nous trouvions une pleine paix en lui, et lui ressemblions plus. Nous avons, dans ce but, besoin de la vérité et de l’amour. comme lui les a toujours parfaitement manifestés durant son ministère ici-bas.
(*) Lorsque figure dans les épîtres du Nouveau Testament comme titre « le Christ » (avec l’article), ceci désigne le Seigneur Jésus comme Celui qui a accompli tout le conseil divin et qui siège maintenant glorifié à la droite de Dieu.
Cette croissance ne peut pas se produire sans que nous soyons occupés de la parole inspirée de Dieu ; l’exhortation de Pierre adressée à tous les croyants nous le montre : « Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut » (1 Pierre 2:2). Nous ne devons pas confondre cette exhortation adressée à tous les chrétiens avec les passages apparemment semblables de 1 Corinthiens 3:1, 2 et Hébreux 5:11‑14. Là, en effet, le lait est la nourriture spirituelle pour les petits enfants en Christ, donc pour ainsi dire les petits enfants spirituellement, tandis que les chrétiens adultes dans la foi peuvent déjà supporter une « nourriture solide » plus consistante (1 Cor. 3:1‑2 ; comp. Héb. 5:11‑14). Jean fait aussi la différence entre les petits enfants, les jeunes gens et les pères dans la foi, comme nous avons déjà vu (voir 1 Jean 2:13 et suiv.). Mais Pierre compare tous les croyants à des enfants nouveau-nés, qui doivent désirer le pur lait intellectuel de la Parole de Dieu, afin de croître spirituellement. S’il désigne le salut comme but de la croissance, cela ne doit pas nous étonner, car il s’agit ici non pas du salut de l’âme, que nous possédons déjà par la foi en l’œuvre de la rédemption de Christ, mais d’un salut du corps, de l’âme et de l’esprit à la fin de notre cheminement terrestre (comp. 1 Pierre 1:5). En nous occupant des choses célestes, dont notre Seigneur bien-aimé est le centre, c’est maintenant déjà durant notre vie, et non pas seulement lors de sa venue, que nous sommes attirés à lui et toujours plus séparés intérieurement et extérieurement de tout ce qui n’est pas en harmonie avec lui et sa nature.
Nous trouvons les éléments nécessaires pour la croissance spirituelle surtout dans les épîtres du Nouveau Testament. C’est pourquoi la lecture et l’étude de ces épîtres sont si importantes et nécessaires. L’examen des types de l’Ancien Testament – et particulièrement de la marche d’Israël de l’Égypte vers Canaan – peut cependant être aussi une aide. Si le Seigneur et son œuvre en deviennent pour nous plus précieux et si nous sommes ainsi conduits à trouver un plein repos dans son œuvre et dans son amour, ces considérations auront eu un résultat béni ! La croissance dans la foi et l’intelligence de la vérité de la rédemption nous sont effectivement exposées clairement dans les types que nous voulons considérer maintenant.
Avant de nous occuper de ces modèles ou « types » dans l’Ancien Testament, nous devons savoir ce qu’il faut entendre par cette expression. Des personnes, des objets ou des circonstances de l’Ancien Testament peuvent, à côté de leur signification concrète, faire symboliquement, ou sous forme de type, allusion à un fait futur, révélé seulement dans le Nouveau Testament.
Le Nouveau Testament contient de nombreuses mentions du fait que, dans l’Ancien Testament, beaucoup de choses possèdent une signification symbolique. Quelques exemples mettront cela en évidence :
● Quand en Galates 4:24, l’apôtre Paul mentionne Ismaël et Isaac, les fils d’Abraham, il ajoute : « Ces choses doivent être prises dans un sens allégorique (grec allégoroumena) », car Ismaël symbolise ici le peuple d’Israël sous la loi, Isaac au contraire, ceux qui sont sous la grâce.
● En Colossiens 2:16 et 17, les jours de fête, de nouvelle lune et de sabbats, qui selon la loi du Sinaï devaient être respectés, sont appelés « une ombre des choses à venir ; mais le corps est du Christ » (comp. Héb. 8:5 ; 10:1). De la même manière qu’une ombre ne laisse deviner que les contours d’une silhouette, ces ordonnances de l’Ancien Testament indiquent des choses qui ont trouvé leur réalisation et leur accomplissement spirituels en relation avec Christ.
● Nous trouvons des indications claires et particulièrement utiles pour notre sujet dans les onze premiers versets de 1 Corinthiens 10, où Paul rappelle diverses circonstances de l’histoire du peuple d’Israël durant le voyage d’Égypte vers Canaan. Puis il donne l’explication au verset 6 : « Or ces choses arrivèrent comme types (grec tupoi) de ce qui nous concerne » et au verset 11 : « Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types (grec tupikôs), et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints ».
Les récits de l’Ancien Testament ne présentent donc pas seulement des enseignements historiques et moraux, mais ils ont aussi une signification symbolique (typique) pour nous. On peut ainsi appeler avec justesse l’Ancien Testament le « livre d’images » du Nouveau Testament. La portée symbolique est la véritable clé donnée par le Saint Esprit pour une compréhension plus profonde des récits de l’histoire de l’humanité, et particulièrement du peuple d’Israël. Les nombreuses figures (types) que nous y trouvons sont des représentations anticipées des divers éléments de la vérité chrétienne révélés dans le Nouveau Testament. C’est pour cette raison qu’elles demeuraient encore incompréhensibles pour les croyants du temps de l’Ancien Testament. Elles ne peuvent en fait être interprétées justement qu’avec la connaissance de la vérité du Nouveau Testament.
Dans la description du voyage dans le désert d’environ quarante ans du début de l’histoire du peuple terrestre de Dieu, nous trouvons une abondance de types qui évoquent l’œuvre de la rédemption du Seigneur Jésus. Chacun d’eux nous montre un nouvel aspect et ainsi une nouvelle beauté de l’œuvre et de la personne de notre Rédempteur. Beaucoup de ces types ont cependant un but très particulier. Ils ne préfigurent pas simplement la vérité du Nouveau Testament, mais l’illustrent sous un point de vue pratique. Cela signifie : ils ne sont pas seulement des analogies imagées de la vérité chrétienne, mais ils montrent comment celle-ci est – ou devrait être – réalisée. Leur grande valeur réside précisément dans ce rapport avec notre vie de foi pratique.
Nous devons, en fait, distinguer deux sortes différentes de types. Nous les appellerons « types de principe » et « types de pratique ». Il y a entre les deux une différence importante, facilement ignorée. Si l’on ne tient pas compte de cette différence, on perd beaucoup de l’enseignement des types.
Nous trouvons des exemples de « types de principe » surtout dans les enseignements de la loi. Pensons simplement aux ordonnances concernant les divers sacrifices et les fêtes à l’Éternel ! Dans cette sorte de types, les membres du peuple d’Israël, qui figurent les croyants de l’époque actuelle, ne participent pas activement. Dieu y donne des enseignements fondamentaux. À la lumière du Nouveau Testament, nous y voyons l’œuvre du Seigneur Jésus considérée du point de vue de Dieu – on pourrait dire aussi : de façon objective. L’holocauste continuel, par exemple, est une image du fait que Dieu habite au milieu des siens parce qu’il a été glorifié par le sacrifice du Seigneur Jésus (Ex. 29:38‑46). Ou prenons le grand jour des propitiations en Lévitique 16, qui nous montre, dans le premier des deux boucs (v. 5, 15‑19), que le sang de Christ a fait propitiation et par là, a parfaitement satisfait les justes et saintes exigences de Dieu ; dans l’image du second bouc appelé Azazel (v. 20‑22) par contre, qu’il a pris sur lui, en substitution, les péchés de tous ceux qui croient en lui, et que troisièmement, par son sang, toutes choses (*) seront réconciliées un jour avec Dieu. On peut ajouter le type du serviteur hébreu, qui aime son maître, sa femme et ses enfants et en conséquence servira à toujours – une merveilleuse image de l’amour de notre Seigneur, le vrai serviteur de Dieu, pour son Père, son épouse et ses rachetés (Ex. 21:1-6).
(*) En Lévitique 16, ceci n’est cependant représenté en type que relativement au côté céleste (le sanctuaire), voir Héb. 9:23. – Pour compléter, remarquons que la réconciliation « de toutes choses » (Col. 1:20) ne concerne pas les hommes mais s’applique en réalité uniquement à « toutes les choses ».
Au second groupe, appartiennent principalement les types dans lesquels les ressortissants du peuple d’Israël eux-mêmes devaient intervenir. À la différence du premier groupe, Dieu n’est pas le seul à agir dans ces «types de pratique », mais le peuple agit aussi. Pensons par exemple aux sacrifices qui devaient être offerts par les Israélites (particulièrement ceux de Lévitique 1 à 7). Ils nous montrent non pas l’œuvre de Christ en elle-même, mais l’intelligence et l’expression de l’appréciation de cette œuvre précieuse par les croyants, c’est-à-dire d’un point de vue subjectif. On peut aussi discerner cette différence dans le Nouveau Testament. Nous lisons en Hébreux 9:14 que, par l’Esprit éternel, Christ s’est offert à Dieu sans tache (comp. chap. 10:10, 12‑14). Mais au chapitre 13:15, ce sont les croyants qui offrent des « sacrifices (holocaustes) de louange », en ce que, comme sacrificateurs, nous offrons l’adoration dont le sujet est l’œuvre et la personne de notre Seigneur (comp. 1 Pierre 2:5).
Au début de son histoire, le peuple d’Israël fut conduit hors d’Égypte et dut exécuter dans l’obéissance et la foi les directives de Dieu afin d’être délivré de ses ennemis, gardé dans le désert et finalement introduit dans le pays de Canaan. C’est de ces types que nous voulons nous occuper. Les étapes les plus importantes sont la Pâque, la mer Rouge, le serpent d’airain et le Jourdain. Dans chacune de ces étapes, Dieu fit quelque chose qui nous présente un certain aspect de l’œuvre de rédemption de Christ. Mais chaque fois le peuple devait aussi faire quelque chose pour entrer dans la jouissance des conséquences qui s’y rattachaient. Ceci correspond à notre foi et aux progrès que nous y faisons, c’est-à-dire que nous croissons spirituellement.
Le fait qu’il s’agit bien ici essentiellement de progresser et de croître dans la foi ressort aussi clairement de ce que, dans ces types, nous ne trouvons aucune allusion à la nouvelle naissance et au don du Saint Esprit. L’un et l’autre procèdent de Dieu seul et ne dépendent pas de notre croissance spirituelle. La nouvelle naissance est, en fait, l’opération initiale du Saint Esprit dans un homme, et le croyant reçoit le sceau, l’onction et les arrhes du Saint Esprit lorsqu’il a cru l’évangile et qu’il a reçu le pardon des péchés (Jean 3:3, 5 ; Éph. 1:13). On peut voir une allusion symbolique à la nouvelle naissance dans le fait qu’avant la Pâque déjà, Dieu nomme Israël « mon peuple » et « mon fils » (Ex. 3:7 ; 4:23). Dieu avait déjà une relation avec Israël avant que soit sacrifié l’agneau de la Pâque, qui apportait la délivrance du jugement.
Chaque détail des Saintes Ecritures a son importance et nous avons à nous demander non seulement ce que signifient les diverses images, mais aussi ce que veut nous dire l’ordre dans lequel elles sont présentées. Il est vrai que ce qu’elles ont en commun, c’est de nous montrer ce que, dans son dévouement, le Seigneur a fait pour nous à la croix. Mais il s’agit non seulement de divers aspects de l’œuvre de la rédemption en soi, mais de l’appropriation progressive de cette œuvre par la foi. Dieu n’est pas le seul acteur, mais à chaque « étape », le peuple devait donner suite à sa volonté avec foi et obéissance. Ce point de vue, facilement ignoré, est des plus importants pour l’intelligence de ces types. Israël s’approchait à chaque pas du pays de la promesse. Dans son application pour nous, cela veut dire : nous ne saisissons pas, normalement, toute la portée de l’œuvre du Seigneur Jésus d’un coup, mais y entrons progressivement. Comme l’écrit Pierre, dans notre vie spirituelle, nous croissons à salut (1 Pierre 2:2). En saisissant avec foi les vérités du salut qui correspondent à ces types, nous avançons dans notre croissance spirituelle, individuellement et collectivement vers « l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (Éph. 4:13).
Maintenant, quelqu’un pourrait demander : Le salut se réalise-t-il donc par « étape » ? Ne suis-je donc pas sauvé dès le moment où j’ai cru au Seigneur Jésus ? Dois-je donc faire différents pas de foi pour être réellement sauvé ? N’est-il pas écrit : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Actes 16:31) ? Toutes ces questions trouvent dans les Saintes Ecritures des réponses sans ambiguïté. Assurément, quiconque se reconnaît pécheur perdu devant Dieu et confesse sincèrement devant lui ses péchés, est sauvé complètement et pour toujours dès le moment où il croit au Seigneur Jésus comme son rédempteur. « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16 ; comp. Éph. 2:8 ; 1 Pierre 1:9). Le salut de l’âme ne se réalise pas par étapes, mais il est un fait accompli dès ce moment-là pour celui qui croit au Seigneur Jésus et en son œuvre à la croix. À Dieu la gloire éternellement !
Concrètement, cela signifie : celui qui se repent de ses péchés et qui croit au Seigneur Jésus se trouve – objectivement parlant – dès ce moment non seulement à l’abri de son sang, comme la Pâque le montre, mais possède aussi toutes les autres bénédictions qui découlent de l’œuvre de la rédemption de notre Seigneur (*). Aux yeux de Dieu, tous ceux qui croient au Seigneur Jésus et en son sang sont non seulement réconciliés avec lui, mais aussi séparés du monde, délivrés du pouvoir de Satan et morts avec Christ. Tous sont aussi vivifiés avec Christ, ressuscités avec lui, et sont assis en lui dans les lieux célestes. Ces vérités immuables ne reposent ainsi nullement sur la connaissance ou sur l’intelligence que nous en avons, mais sont fondées uniquement et exclusivement sur la sagesse et sur l’amour de Dieu ainsi que sur l’œuvre de Christ en laquelle nous croyons. Dans tous les passages qui nous décrivent les bénédictions découlant de l’œuvre de Christ à la croix, les verbes sont à la forme grammaticale du passé. Ce qui signifie : il s’agit de faits accomplis (Rom. 5:9 ; Col. 3:13 ; Gal. 2:19 ; Éph. 2:5, 6).
(*) Celui qui croit dans le sang expiatoire de Christ (l’agneau pascal) est réconcilié à perpétuité avec Dieu (Rom. 3:25 ; Éph. 1:7 ; Héb. 9:14). Les autres types tels que la mer Rouge et le Jourdain n’ont rien à voir en soi avec le salut de l’âme, mais concernent la réception par la foi des résultats de l’œuvre de Christ, sans apporter pour autant plus de certitude. Mais il est vrai que l’assurance du salut et la jouissance de toutes les bénédictions en sont alors stimulées. Même le type de la Pâque ne nous montre pas toutes nos bénédictions, mais seulement l’aspect de la sécurité devant le jugement éternel.
C’est une tout autre chose cependant de savoir – sous un aspect subjectif – si nous connaissons et jouissons de ces grands et glorieux résultats de l’œuvre rédemptrice de Christ. Quant à la connaissance, l’intelligence et la jouissance de la délivrance en Christ, il y a par conséquent certainement progrès et croissance. Et cela justement nous est présenté de manière très expressive dans les types déjà mentionnés. Nous y voyons non seulement ce que Dieu a fait par Christ pour nous et en nous, mais surtout l’appropriation progressive de cette œuvre dans la pratique de notre vie de foi. C’est là l’enseignement spécifique que nous transmettent ces types. À la différence des exposés pas toujours faciles des épîtres du Nouveau Testament, nous y trouvons des représentations anticipées de la vérité chrétienne et de sa réalisation pratique par nous. Il faut cependant remarquer que nous ne devons tirer des types que les déductions doctrinales qui ont un équivalent clair et évident dans le Nouveau Testament. Lui seul contient la doctrine chrétienne ; nous ne la trouvons pas dans l’Ancien Testament.
Comme nous l’avons vu, le caractère symbolique (typique) du récit du voyage d’Israël au travers du désert ressort clairement de 1 Corinthiens 10:1-11. De plus, dans le Nouveau Testament, deux des types sont expressément appliqués au Seigneur Jésus et à son œuvre : la Pâque et le serpent d’airain. Les autres types, c’est-à-dire la traversée de la mer Rouge et du Jourdain, complètent les enseignements que nous trouvons dans le Nouveau Testament concernant les divers aspects et conséquences de l’œuvre de la croix.
Au début, il y a la Pâque en Égypte, décrite en Exode 12, qui est une image de la mise à l’abri du jugement éternel par le sang de Christ. Elle est mentionnée dans le Nouveau Testament en 1 Corinthiens 5:7 : « Car aussi notre Pâque, Christ, a été sacrifiée... « (comp. 1 Pierre 1:18, 19).
Ensuite la traversée de la mer Rouge nous présente la mort et la résurrection de Christ comme le moyen et le chemin pour notre parfaite délivrance. Par sa mort, nous sommes séparés du monde, délivrés de la sphère de puissance de Satan et de la mort, et sortis de la position de pécheurs pour être introduits dans la position de justes. Ce n’est cependant possible que parce que nous sommes morts avec lui. La fin de notre « vieil homme » est préfigurée dans le type du baptême, dans lequel nous sommes ensevelis avec Christ, et pour sa mort. Ceci est particulièrement développé en Romains 5:12 à 6:11 (comp. Ex. 14 ; Gal. 1:4 ; Héb. 2:14).
Maintenant, le voyage au travers du désert commence, vers le pays de la promesse, Canaan. Le désert est une figure de nos circonstances terrestres dans le monde, dans lesquelles nous sommes conduits et gardés par Dieu, mais aussi mis à l’épreuve (voir 1 Cor. 10:1-11). Les épîtres du Nouveau Testament considèrent les croyants sous ce point de vue, surtout celles aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, aux Philippiens et aux Hébreux, ainsi que les épîtres de Pierre.
C’est durant le voyage au travers du désert qu’a lieu l’épisode du serpent d’airain (Nomb. 21:4‑9), que le Seigneur Jésus rapporte à lui-même en Jean 3:14 à 16. Nous apprenons ici dans la pratique que le Seigneur Jésus a porté aussi à la croix le jugement de Dieu contre le péché dans la chair et nous a ainsi rendus capables de jouir réellement de la vie éternelle que nous avons reçue.
Le pays de Canaan, but du voyage, représente finalement « les lieux célestes » avec les bénédictions spirituelles présentes accordées (non la gloire future de la maison du Père comme but de l’espérance chrétienne, voir Éph. 1:3 ; 6:12). Pour cela, le peuple devait encore franchir le Jourdain. Ici, nous avons de nouveau devant nous une image de la mort et de la résurrection de Christ, mais maintenant, non seulement de notre mort avec lui, ce que rappellent les douze pierres au fond du Jourdain, mais aussi de notre résurrection avec lui, qui trouve son expression dans les douze pierres sur l’autre rive. À cela s’ajoute alors l’introduction du « nouvel homme » (Josué 3 et 4 ; Éph. 2:1‑12). Cette position est présentée dans l’épître aux Éphésiens et en partie dans celle aux Colossiens.
Alors seulement est atteint le but que Dieu s’était proposé pour son peuple et qu’il avait mentionné à son serviteur Moïse du milieu du buisson ardent : « Et l’Éternel dit : J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs ; car je connais ses douleurs. Et je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel... » (Ex. 3:7, 8). L’antitype de ce bon pays, dans le Nouveau Testament, ce sont les lieux célestes. Là se trouvent toutes nos bénédictions spirituelles, parce que notre bien-aimé Seigneur s’y trouve à la droite de Dieu dans la gloire. Mais si nous voulons jouir de ces bénédictions, il y a alors un combat contre les puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes, car Satan ne se repose pas. Nous pouvons cependant résister et vaincre par la force du Seigneur et dans la puissance de sa force (Éph. 6:10‑18).
La relation, et même l’unité de ces types, est soulignée de manière frappante par les détails suivants :
● Le début et la fin de l’ensemble tombent sur une seule et même date. La préparation de la Pâque commence le dixième jour du premier mois, avec l’agneau sans défaut que devait prendre chaque Israélite (Ex. 12:1‑5). Quarante ans plus tard, le peuple de Dieu entre le même jour dans le pays de la promesse. « Et le peuple monta hors du Jourdain, le dixième jour du premier mois » (Josué 4:19).
● La mer Rouge et le Jourdain sont deux aspects d’une même chose. En Exode 14:22 et 29, il est écrit: « Et les fils d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec... Et les fils d’Israël marchèrent à sec au milieu de la mer, et les eaux étaient pour eux un mur à leur droite et à leur gauche », mais nous ne lisons rien de leur sortie de la mer. En Josué 3:16, 17 et 4:19, par contre, l’entrée dans le Jourdain n’est pas mentionnée, mais bien leur traversée et leur sortie du Jourdain.
● Pour nous certes, il n’est pas besoin que quarante ans se passent jusqu’à ce que nous connaissions notre position en Christ dans les lieux célestes, et en jouissions. Mais si nous désirons croître spirituellement, et atteindre la perfection chrétienne biblique, nous devons suivre Israël « depuis l’Égypte jusqu’en Canaan ». Notre Dieu et Père veut voir en nous des enfants heureux, qui trouvent la paix dans l’œuvre et dans la personne de son Fils Jésus Christ.
Dieu ne veut pas que nous restions à mi-chemin dans notre vie de foi. Si nous nous déclarons satisfaits, symboliquement, avec la Pâque, nous restons dans le monde, dont l’Égypte est une image. N’est-ce pas le problème de beaucoup de chrétiens ? Ils croient au Seigneur Jésus, mais ne peuvent pas, ou ne veulent pas, se séparer du monde. Peut-on ainsi être un enfant de Dieu heureux ?
De même, si nous avons, symboliquement, traversé la mer Rouge, et donc réalisé par la foi la séparation du monde, il peut arriver qu’ensuite, comme les Israélites dans le désert, nous soupirions après l’Égypte. Dieu n’a pas pris plaisir en eux et « ils tombèrent dans le désert » (1 Cor. 10:5). Cela signifie que, si comme croyants nous nous tournons vers le monde, nous ne connaîtrons pas dans notre vie spirituelle les bénédictions de Canaan et n’atteindrons pas le but fixé par Dieu. Mais si, à l’exemple de Josué et de Caleb, nous sommes remplis du « bon pays », la traversée du désert nous sera adoucie, et nous progresserons dans la jouissance des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Combien souvent cependant ne manquons-nous pas, comme les Israélites autrefois, de foi et de discernement !
Il faut cependant encore mentionner une différence essentielle entre les types de l’Ancien Testament et la doctrine chrétienne du Nouveau Testament. Elle réside en ceci qu’Israël a été successivement en Égypte, dans le désert et en Canaan, tandis que le chrétien est vu simultanément dans ces trois domaines :
● Extérieurement, en Égypte, le monde méchant qui l’environne, avec ses tentations, mais aussi avec son hostilité contre Christ (Jean 17:11; Tite 2:12) ;
● dans sa vie de foi journalière, comme étranger dans le désert des circonstances terrestres, dans lesquelles il est nourri et fortifié par Dieu (1 Cor. 10:5, 6 ; 1 Pierre 1:17 ; 2:11) ;
● de par sa position spirituelle, en Canaan, c’est-à-dire dans les lieux célestes, où se trouvent ses bénédictions chrétiennes spécifiques, mais aussi les puissances spirituelles de méchanceté, auxquelles il convient de résister (Éph. 2:6 ; 6:12).
C’est ainsi que nous sommes considérés selon la doctrine du Nouveau Testament. Que nous le comprenions ou non, ne change rien à ces faits divins. Mais nous voyons déjà : plus nous nous en occupons, plus nous en comprendrons, et plus nous progresserons dans notre vie spirituelle. Nous allons en voir plus dans les pages qui suivent.
Le premier type dans cette série est la Pâque. Sa signification est soulignée de manière impressionnante par les paroles de l’Éternel : « Ce mois-ci sera pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année » (Ex. 12:2). En image, cela souligne la nécessité d’un nouveau commencement dans la vie de tout homme. Moïse et Aaron, selon Hébreux 3:1, un double type du Seigneur Jésus comme « apôtre et souverain sacrificateur de notre confession », sont ainsi ceux qui enseignent et qui conduisent le peuple de Dieu (*).
(*) On trouve encore de tels doubles types en Joseph et Benjamin, qui typifient le Seigneur Jésus comme Messie, glorifié et d’abord méprisé, de même que David et Salomon comme types du roi rejeté puis sur le trône.
Avant qu’un homme puisse faire le premier pas sur le chemin de la croissance, il doit d’abord faire un tout nouveau commencement. Celui-ci peut être vu de deux côtés : du côté de Dieu, c’est la nouvelle naissance ; du côté de l’homme, c’est la conversion. Ici, il s’agit du second, le côté de l’homme. Conversion signifie retour – retour vers Dieu, d’un chemin erroné dans le péché et la propre volonté. Le demi-tour précède la connaissance d’être un pécheur perdu. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’homme peut revenir à Dieu, se repentir de ses péchés et croire au Seigneur Jésus, qui par amour pour nous a porté le châtiment de Dieu pour nos péchés. La vérité de la Bible qui s’y rattache : le pardon de la culpabilité, la justification du pécheur et la mise à l’abri du jugement éternel, nous est présentée en image dans la Pâque. La Pâque est par conséquent un merveilleux type du Seigneur Jésus comme l’Agneau de Dieu, dont le sang nous a apporté la rédemption éternelle.
Le terme hébreu à la racine du mot Pâque, pessach, signifie « passer par-dessus ». L’occasion en a été la dernière des dix plaies en Égypte. Dans la nuit du quatorzième jour du premier mois, Dieu voulut faire mourir tous les premiers-nés dans tout le pays d’Égypte et exercer « des jugements sur tous les dieux de l’Égypte » qui étaient aussi honorés par les Israélites (Ex. 12:12 ; Josué 24:14 ; Ezéch. 20:8). Non seulement les maisons des Égyptiens, mais aussi celles des Israélites étaient sous la menace de ce jugement. Il n’est en effet pas dit, au verset 5 du chapitre 11 : « tous les premiers-nés des Égyptiens... », mais « tout premier-né dans le pays d’Égypte mourra ». Les premiers-nés, dont Dieu avait déjà annoncé l’arrêt de mort en Exode 4:23, sont ici les représentants de l’ensemble, car dans le verset précédent, Dieu avait dit de l’ensemble de son peuple : « Israël est mon fils, mon premier-né », et en Hébreux 12:22, l’assemblée néotestamentaire (*) est appelée « l’assemblée des premiers-nés ». La sanctification pour l’Éternel de tous les premiers-nés, ordonnée dans le chapitre suivant (Ex. 13:2), doit aussi être comprise sous ce seul point de vue. Les premiers-nés représentent tout le peuple.
(*) Le concept néotestamentaire Assemblée (grec : ekklesia) englobe toujours tous les croyants de l’époque actuelle, que ce soit selon le conseil de Dieu de toute éternité, universellement ou localement pour le temps présent.
Mais Dieu indiqua lui-même un moyen de salut : l’agneau pascal. Tout Israélite devait tuer un agneau pour lui personnellement et pour sa maison. Puis il devait en mettre le sang sur les deux poteaux et sur le linteau de sa maison et finalement tous les membres de la famille devaient manger la chair de l’agneau rôtie au feu.
La mise à mort de l’agneau et son sang évoquent deux choses qui sont de la plus haute importance dans les Saintes Ecritures : la mort et l’effusion du sang. Elles parlent du fait que le Seigneur Jésus est mort pour nous. Tous deux sont inséparablement unis l’un à l’autre, mais sont cependant différenciés l’un de l’autre dans le Nouveau Testament. Par la mort du Seigneur Jésus, nous sommes réconciliés avec Dieu (Rom. 5:10 ; Col. 1:22), par son sang, nous sommes justifiés, sauvés et purifiés (Rom. 5:9 ; Éph. 1:7 ; Héb. 9:14 ; 1 Pierre 1:19 ; 1 Jean 1:7).
Nous voyons dans l’agneau pascal immolé et dans son sang répandu, un type de Christ et du don de lui-même à la croix (*). Paul nomme expressément le Seigneur Jésus : « notre Pâque » (1 Cor. 5:7), mais plutôt sous l’aspect du principe. Il ne dit pas : « Nous avons sacrifié et mangé Christ, notre Pâque », c’est-à-dire : accepté personnellement pour nous par la foi (comme cela est décrit de manière si expressive dans le type d’Exode 12), mais « Car aussi notre pâque, Christ, a été sacrifiée... ».
(*) Bien que des milliers d’agneaux aient dû être sacrifiés, il est toujours écrit dans tout le chapitre 12 « l’agneau », au singulier. Tous les agneaux évoquent le seul «Agneau de Dieu ».
En Exode 12:5 il est parlé d’un agneau « sans défaut », mais Pierre dit du Seigneur Jésus : « un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1:18, 19), car il est à tous égards parfait. Il est « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). Il paraîtra à nos yeux dans la gloire au milieu du trône de Dieu tel « un agneau comme immolé », et sera l’objet éternel de notre adoration parfaite et ininterrompue (Apoc. 5:6).
La description de la Pâque en Exode 12 nous montre différentes choses importantes. Premièrement, c’est « la pâque de l’Éternel » (Ex. 12:11). On oublie facilement le fait exprimé dans ces paroles. Nous pensons trop souvent à nous et oublions que la première place revient à Dieu et à sa gloire. N’est-ce pas éloquent que, lors de la première mention d’un agneau dans la Bible, il soit dit : « Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste » (Gen. 22:8) ? Abraham ne dit pas : « Dieu pourvoira », mais « Dieu se pourvoira ». L’œuvre du Seigneur Jésus à la croix était premièrement pour la gloire de Dieu et pour la satisfaction de ses justes exigences concernant le péché. Par la mort et par l’effusion du sang de Christ, non seulement toutes ses saintes revendications à l’égard des hommes pécheurs ont été accomplies, mais par elles, il a aussi été glorifié. Dieu y a trouvé une base parfaitement juste pour offrir le salut à tous les hommes.
Deuxièmement, Dieu montrait pour la première fois aux hommes, dans la Pâque, qu’ils ne pouvaient trouver que par le sang un abri contre le jugement : « Sans effusion de sang il n’y a pas de rémission » (Héb. 9:22 ; comp. Lév. 17:11). Ce principe se discerne déjà dans les vêtements de peau dont Dieu revêtit Adam et Eve et dans l’offrande d’Abel, bien qu’il n’y soit pas encore mentionné. À partir de maintenant, il prend une place importante dans les Saintes Ecritures. Il n’a trouvé cependant sa pleine révélation que lorsque le sang précieux de Jésus Christ fut répandu. Lors de l’institution de la cène, le Seigneur tendit aux onze disciples la coupe avec ces paroles : « Buvez-en tous. Car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés » (Mat. 26:27, 28).
Cependant le sang de Christ n’a pas été répandu seulement pour le pardon des péchés. Il a plus à nous dire. C’est aussi le prix que le Seigneur Jésus a payé pour nous délivrer du jugement éternel (Éph. 1:7 ; Tite 2:14 ; Héb. 9:11, 12; 1 Pierre 1:18, 19). Par « l’aspersion du sang de Jésus Christ » (1 Pierre 1:2), nous sommes pour toujours purifiés de la souillure du péché, car Dieu nous voit en quelque sorte sous l’aspersion du sang de Christ, par le sacrifice duquel il a été si parfaitement glorifié. Finalement, le sang de Christ nous a ouvert l’accès jusqu’à Dieu comme à notre Père (Éph. 2:13 ; Héb. 10:19). Toute la valeur du sang précieux de Christ, l’Agneau de Dieu, ne pouvait pas encore être déployée entièrement dans le type de la Pâque. L’enseignement essentiel de la Pâque demeure la délivrance du jugement de Dieu par le sang de l’agneau. Qu’il en soit béni éternellement !
Les versets de Romains 3:21 à 5:11 traitent aussi de la valeur immense du sang de Christ et de ses effets bénis, et nous pouvons les comparer avec la Pâque. Nous y lisons que Dieu a présenté Christ « pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice... dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus » et que nous sommes « maintenant justifiés par son sang » (Rom. 3:25, 26 ; 5:9). Être justifié signifie que, pour celui qui confesse ses péchés devant lui et qui croit au Seigneur Jésus, il n’y a plus de jugement mais qu’il est considéré comme juste par Dieu, comme s’il n’avait jamais commis de péché. La justification, de même que le pardon, concerne donc nos péchés, c’est-à-dire nos actes coupables. Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, une paix que le Seigneur Jésus a faite « par le sang de sa croix » (Col. 1:20). Étant justifiés, nous possédons aussi la vie de résurrection du Seigneur Jésus. Notre justification est une « justification de vie », parce que Christ n’a pas seulement été livré pour nos fautes, mais il a aussi été ressuscité pour notre justification (Rom. 4:25 ; 5:18 ; 6:4, 11).
La célébration de la Pâque en Exode 12 est ainsi une image de l’acceptation de l’œuvre de la rédemption de Christ par une foi sincère. Dans chaque maison, l’agneau devait être immolé et chaque premier-né en Israël devait personnellement chercher refuge sous le sang pour être à l’abri du jugement de Dieu. Le destructeur passait uniquement par-dessus les maisons où l’on voyait le sang sur les portes. Chose merveilleuse : Dieu annonce le jugement, mais il indique aussi le moyen par lequel les Israélites peuvent rester épargnés de ce jugement. Un agneau innocent doit mourir à la place du premier-né et son sang protège celui-ci du juste châtiment de Dieu.
Par la suite, la fête de la Pâque fut renouvelée chaque année, mais avec une différence fondamentale : le sang ne devait plus être appliqué sur les portes (comp. Lév. 23:5). Le fait que la première Pâque en Exode 12 est une image de l’œuvre de la rédemption accomplie de Christ est ainsi mis en évidence. Toutes les fêtes qui suivirent avaient pour but de maintenir le souvenir de la rédemption et sont, en cela, une image appropriée de la cène du Seigneur, que nous pouvons célébrer chaque premier jour de la semaine, jusqu’à son retour.
Beaucoup d’Israélites ont peut-être tremblé dans leur maison malgré la présence du sang, et craint malgré tout de ne pas être épargnés du terrible jugement. Mais Dieu n’avait pas dit: « vous verrez le sang... », mais « je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous » (Ex. 12:13). Le plus important était non pas leur compréhension ou leur appréciation du sang, mais l’obéissance de la foi avec laquelle ils faisaient ce que Dieu leur avait commandé. Ils étaient en sécurité parce que Dieu le leur avait promis, non en raison de ce qu’ils ressentaient.
Aujourd’hui aussi, beaucoup d’enfants de Dieu se tourmentent en se demandant s’ils sont réellement sauvés pour l’éternité, parce qu’ils regardent à eux-mêmes, et non au sang de l’Agneau de Dieu. En revanche, qu’il est heureux celui qui, par la foi, a trouvé son refuge dans le sang précieux de Christ, l’Agneau immolé ! Notre rédemption par son sang est une « rédemption éternelle » (Éph.1:7 ; Héb. 9:12). La valeur de son sang ne sera jamais oubliée. Dans la gloire du ciel, les rachetés loueront un jour dans une paix parfaite l’Agneau au milieu du trône de Dieu : « Tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu... » (Apoc. 5: 9, 10; comp. 1:5, 6).
Cependant, ce que la Pâque nous enseigne n’est pas tout ce que Dieu veut donner en Christ à ceux qui croient en lui. Celui qui croit au sang du Seigneur Jésus est certes parfaitement sauvé pour l’éternité (Éph. 1:7). Mais pour notre vie de foi sur la terre, le sang de Christ tout seul ne nous donne pas une véritable délivrance. Pour jouir d’une paix réelle et d’une communion permanente avec le Seigneur Jésus et avec le Père, nous avons besoin de quelque chose de plus. Nous devons savoir non seulement que, par le sang de Jésus, nous sommes justifiés devant Dieu quant à nos péchés, mais aussi que, par sa mort et par sa résurrection, nous avons été retirés du monde et avons passé de la position de pécheurs à la position de justes (Rom. 5:19).
Lorsque, à l’occasion de la Pâque, les Israélites se nourrissaient de l’agneau, dont le sang avait mis les premiers-nés à l’abri de la mort, ils étaient encore en Égypte. Dieu allait les conduire, certes, durant cette nuit vers une délivrance définitive. Mais aussi longtemps qu’ils ne se trouvaient pas en liberté, les pains sans levain mêmes qu’ils mangeaient – en fait, une image de la sainteté et de la pureté de Christ – étaient pour eux des « pains d’affliction » (Ex. 12:8 ; Deut. 16:3 ; 1 Cor. 5:8).
Pour les croyants qui se contentent de « la Pâque », la conscience est dans un premier temps apaisée parce qu’ils regardent au sang de Christ – et nous l’affirmons fermement : c’est assurément le seul moyen par lequel nous pouvons subsister devant Dieu. Mais bien qu’ils croient réellement, ils voient encore souvent Dieu comme le juge impitoyable. En conséquence, ils ne jouissent pas d’une paix solide. Au moment où ils perdent de vue le sang, ils voient en outre la puissance de l’ennemi qui essaie toujours de les lier à lui par les anciennes chaînes et attaches. Ils tombent alors dans un état tel que celui d’Israël lors de sa sortie d’Égypte : devant lui la mer Rouge et la mort, derrière lui le Pharaon avec son armée.
Aussi longtemps qu’un chrétien se limite au sang de Christ et au pardon de ses péchés, il ne va pas plus loin dans sa vie spirituelle qu’Israël en Égypte – bien qu’il appartienne pour toujours à Dieu. Cependant, pour Israël, la Pâque n’était pas le but, elle était seulement la première étape sur le chemin d’une bénédiction merveilleuse et complète. Lorsque l’Éternel avait parlé à Moïse du milieu du buisson ardent, il avait promis de conduire Israël « dans un pays ruisselant de lait et de miel » (Ex. 3:8). Il n’avait rien mentionné de tout ce qui se trouvait entre l’Égypte et Canaan. Nous voyons là quelle était l’intention spécifique de Dieu pour son peuple terrestre. Il voulait non seulement sauver, mais aussi bénir. Il n’en est pas autrement dans le temps actuel.
Pourquoi tant de chrétiens se trouvent-ils dans un tel état d’incertitude et d’insécurité ? Ils n’ont pas encore compris la signification de la mort et de la résurrection de Christ. Comme pécheurs, ils se sont réfugiés à l’abri de son sang, mais ils n’ont pas encore compris que seule la foi en sa mort et en sa résurrection donne une réelle délivrance. En quelque sorte, la résurrection est le sceau que Dieu a imprimé sur l’œuvre accomplie de son Fils, elle est la preuve de l’expiation de tous les péchés. Tout ce qui pouvait nous condamner est resté dans le tombeau de Christ.
Le plein évangile du salut inclut non seulement notre justification par le sang de Christ, mais aussi les conséquences bénies de sa mort et de sa résurrection. Là où ceci n’est pas prêché ou pas connu, une lacune très importante subsiste. Le Seigneur Jésus est mort pour nous, mais le fait que par sa propre mort, il a vaincu pour toujours la mort comme telle, n’a été révélé que par sa résurrection : par elle il « a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1:10). C’est un état au-delà du péché et de la mort, qui était jusqu’alors tout à fait inconnu de l’homme. Le péché et la mort n’ont plus aucun pouvoir sur cette « vie de résurrection ».
Ce plein évangile, nous le trouvons en 1 Corinthiens 15 :1‑4 : « Or je vous fais savoir, frères, l’évangile que je vous ai annoncé, que vous avez aussi reçu, et dans lequel vous êtes, par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous tenez ferme la parole que je vous ai annoncée, à moins que vous n’ayez cru en vain. Car je vous ai communiqué avant toutes choses ce que j’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il a été ressuscité le troisième jour, selon les écritures ». D’autres passages confirment la signification de la résurrection de notre Seigneur, tels que Romains 4:24 à 5:1 : « ...nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification. Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ », et Romains 6:4 : « ...comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père... » (comp. en outre Actes 17:18 ; Rom. 8:34 ; 2 Cor. 5:15 ; 1 Thess. 4:14; 1 Cor. 15:17 ; 1 Pierre 1:3).
C’est pourquoi la compréhension de la traversée de la mer Rouge, qui nous est présentée dans le type qui suit, est si importante pour notre croissance spirituelle et pour une vie spirituelle heureuse et vigoureuse. Malheureusement, la vérité néotestamentaire qu’elle renferme n’est pas comprise par beaucoup de croyants. Il s’agit ici de la délivrance du monde, domaine de la puissance de Satan, et de la fin de notre position précédente comme pécheur. Tout cela est le résultat de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus.
Sur le chemin d’Égypte jusqu’en Canaan, Israël devait en premier lieu traverser un bras de la mer Rouge. Dieu ordonna à Moïse d’étendre sa verge ; alors l’eau de la mer se retirerait, afin que les Israélites puissent traverser à pied sec. Grâce à un fort vent d’orient, les eaux « se fendirent ». Simultanément, la nuée, image de la présence de Dieu, se plaça entre le peuple de Dieu et les ennemis égyptiens. Les fils d’Israël traversèrent la mer de nuit. Lorsque les Égyptiens voulurent les poursuivre, ils se noyèrent dans les flots refluant sur eux. Maintenant, le peuple de Dieu était délivré pour toujours de sa captivité.
Le pays d’Égypte, où se trouvait le peuple d’Israël au moment de la Pâque, nous montre en image le monde avec sa culture et sa civilisation, mais aussi avec son indépendance vis‑à‑vis de Dieu et son opposition contre lui (comp. Ex. 5:2 ; Deut. 11:10). Le Pharaon est une figure du diable, qui dirige le monde. Le Seigneur Jésus l’appelle « le chef de ce monde » (Jean 12:31 ; 14:30 ; 16:11). Bien que le monde exerce une grande force d’attraction sur l’homme naturel, il est en réalité une « maison de servitude » (Ex. 13:3). Quelqu’un a dit une fois avec à-propos : « Parce que Satan dore souvent les chaînes avec lesquelles il s’attache les hommes, ceux-ci ne se rendent pas compte de leur servitude, ou même s’en glorifient ».
Après la Pâque, Israël devait être délivré de la sphère du pouvoir du Pharaon. Ce dont le croyant a besoin pour posséder et jouir consciemment de son salut éternel, ce n’est pas seulement du sang de Christ, mais aussi de la délivrance du pouvoir de Satan et de la puissance du péché. C’est ce dont parle la mer Rouge. Elle est une image de la mort, que le Seigneur Jésus a prise sur lui, et qu’il a vaincue par sa résurrection. C’est cela qui est devenu pour nous le moyen d’une délivrance parfaite. Seulement lorsque nous avons accepté cela par la foi, nous pouvons nous réjouir durablement de notre salut. Il ne s’agit là pas uniquement de ce que Dieu a fait pour nous en Christ, mais de ce qu’il a fait en nous et de nous.
Avec la sortie d’Égypte, commence le parcours du peuple d’Israël. Ils sont maintenant « les armées de l’Éternel », car il va devant eux et les conduit hors d’Égypte (Ex. 12:41, 51). Au début, tout va très bien. Mais quoique Dieu, dans sa puissance et dans sa grâce, marche devant eux dans la colonne de nuée et de feu, ils sont saisis de crainte et de frayeur lorsqu’ils voient les Égyptiens se lever et les poursuivre.
Celui qui s’est mis à l’abri du sang de Christ, peut encore être tenaillé par des doutes angoissants et se demander s’il est réellement sauvé, lorsqu’il voit le pouvoir et l’influence du monde et du diable qui, maintenant encore « comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer » (1 Pierre 5:8). Celui aussi qui regarde à lui-même et doit, en conséquence, nécessairement reconnaître qu’il n’habite point de bien en lui, peut désespérer, comme l’homme décrit en Romains 7, qui est né de nouveau, mais qui n’a pas la paix avec Dieu, et qui se voit prisonnier d’un « corps de mort », duquel il désirerait être délivré (Rom. 7:24).
C’est dans une situation semblable que se trouvaient les Israélites face à la mer Rouge. Les flots devant eux et les Égyptiens derrière eux, les amenèrent dans une telle détresse, qu’ils se laissèrent aller à ce cri dicté par l’incrédulité « Il nous vaut mieux servir les Égyptiens que de mourir dans le désert » (Ex. 14:12) (*). Cependant Moïse les encouragea de la part de Dieu : « Ne craignez point ; tenez-vous là, et voyez la délivrance de l’Éternel, qu’il opérera pour vous aujourd’hui ; car les Égyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus, à jamais. L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles » (v. 13, 14). Ils devaient maintenant faire l’expérience dans les faits, que Dieu était pour eux non plus un juge, mais un Sauveur. Il fallait un combat, mais eux-mêmes n’avaient pas à combattre, ils pouvaient demeurer tranquilles. Un autre combattrait pour eux.
(*) Le fait que la chair dans l’homme ne peut pas être améliorée ressort de ce que, quarante ans plus tard, ils prononcèrent encore une fois presque les mêmes paroles (Nomb. 21:5).
Mais comment se présentait ce combat ? Aucune arme visible ne fut brandie, sinon que Moïse leva sa verge, étendit sa main vers la mer Rouge menaçante et ainsi la fendit, afin « que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à sec » (v. 16). La mer, qui signifiait une mort certaine, devint pour le peuple de Dieu le chemin vers une parfaite délivrance. Comment cela était-il possible, et qu’est-ce que cela signifie pour nous ?
L’eau, dans le langage symbolique des Saintes Ecritures a différentes significations. C’est une image de la Parole de Dieu (Éph. 5:26), comme « eau vive », elle parle de la vie éternelle dans la puissance du Saint Esprit (Jean 7:38), et de grandes masses d’eau et de grandes mers sont parfois des images de masses de peuples impies (Apoc. 17:15). Mais l’eau parle aussi de la mort. En 2 Samuel 22:5, David se souvient des « vagues de la mort » et des « torrents de Bélial » (*). Dans les Psaumes, il est souvent fait mention de l’eau comme une image de la mort. Pensons simplement à la plainte prophétique du Seigneur Jésus dans le psaume 69:15 : « Que le courant des eaux ne me submerge pas, et que la profondeur ne m’engloutisse pas, et que le puits ne ferme pas sa gueule sur moi ».
(*) Le mot hébreu : Bélial (inique), désigne parfois, dans la Bible, le diable.
La mer Rouge est une image du jugement et de la mort. Selon la Parole de Dieu, la mort est le salaire du péché. Il l’avait déclaré au premier couple humain. Par leur péché, la mort est entrée dans le monde et « a passé à tous les hommes » (Gen. 2:17 ; Rom. 5:12 ; 6:23 ; Jacq. 1:15). Personne n’en est épargné. Mais le Nouveau Testament ne parle pas seulement de la mort corporelle, il parle aussi de la « seconde mort ». Ceci sous-entend la condamnation éternelle (Apoc. 2:11 ; 20:6, 14) (*).
(*) Troisièmement, il y a encore l’état de mort spirituelle, dans lequel se trouvent par nature tous les hommes. Bien que vivants, pour Dieu ils sont morts dans [leurs] fautes et dans [leurs] péchés » (Éph. 2:1 ; Col. 2:13).
La mort signifie séparation : séparation de l’âme et du corps lors de la mort corporelle, et séparation éternelle d’avec Dieu dans la « seconde mort », la condamnation. Mais, Dieu soit béni ! les paroles de Moïse : « l’Éternel combattra pour vous », ont connu leur accomplissement réel et complet à la croix de Golgotha. Là, notre Seigneur « par la grâce de Dieu... [a goûté] la mort pour tout » (Héb. 2:9). Par sa mort volontaire, il a vaincu et mis de côté tout ce qui autrefois dominait sur nous et nous séparait de Dieu. La preuve de la victoire, c’est sa résurrection. La division des eaux de la mer Rouge est une image de la victoire sur la mort par la mort et la résurrection du Seigneur Jésus.
« La verge de Dieu » que Moïse devait étendre sur la mer Rouge était la verge de la puissance et du jugement (Ex. 4:2, 20). Elle est une image du fait qu’un jour, Satan serait vaincu. Car lorsque, sur l’injonction de l’Éternel, Moïse l’avait jetée à terre, elle était devenue un serpent. Ce geste montre symboliquement que Satan s’est attribué l’autorité sur la terre. Mais Dieu est plus fort ! Lorsque, sur sa parole, Moïse saisit le serpent, il redevint une verge. De même que Moïse, qui est un type du Seigneur comme rédempteur et conducteur du peuple de Dieu, fit venir avec cette verge plusieurs des dix plaies sur l’Égypte (Ex. 7:9 ; 8:5 ; 9:23 ; 10:13), de même le Seigneur Jésus est entré déjà durant sa vie sur la terre, avant sa mort sur la croix, comme le « plus fort » dans la « maison de l’homme fort », il a lié « l’homme fort », le diable, et a pillé « sa maison » (Mat. 12:29).
Mais le fait que Moïse fendit alors la mer avec « la verge de Dieu », parlait en image de l’exécution d’un jugement fondamental et définitif, par lequel le chemin d’une délivrance parfaite était ouvert pour Israël. Ce type a trouvé son accomplissement à la croix de Golgotha. En considérant la Pâque, nous avons vu que, sur la croix, le Seigneur Jésus a porté le châtiment de Dieu pour nos péchés (1 Cor. 15:3 ; comp. 1 Pierre 3:18). Dans l’image de la mer Rouge, nous voyons ce que sa mort et sa résurrection ont opéré pour nous. Satan et la mort sont anéantis, le monde est jugé et notre vieil homme crucifié avec lui ; c’est là aussi que fut posé le fondement pour l’abolition définitive du péché (Rom. 6:6 ; 2 Tim. 1:10 ; Héb. 2:14 ; 9:26). Pour ceux qui croient en lui, tout ce qui les séparait de Dieu est totalement vaincu et mis de côté. Ces immenses conséquences du plan d’amour de Dieu et de l’œuvre de notre Seigneur à la croix ont une signification non seulement pour l’éternité, mais déjà maintenant pour notre vie de foi. C’est dans la mesure où nous le saisissons par la foi et le vivons, que nous croîtrons jusqu’à lui. Nous pouvons alors chanter comme Israël sur l’autre rive de la mer Rouge : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (Ex. 15:13).
Considérons maintenant, sous les différents aspects rappelés, la croix sur laquelle notre Sauveur a été crucifié par amour pour son Dieu et Père et par amour pour nous, pécheurs perdus. Plus nous le ferons, mieux nous comprendrons que la croix de Golgotha forme le centre du conseil de Dieu et de l’histoire de l’humanité. Nous y voyons le jugement du Dieu saint sur le péché et sur le monde, mais en même temps l’amour du Dieu de grâce envers les pécheurs perdus. Tout cela a trouvé sa parfaite expression dans la personne de notre Rédempteur et Seigneur Jésus Christ !
À la mer Rouge, nous ne voyons cependant pas de jugement sur un innocent, pas de souffrance et pas la mort d’une victime comme lors de la Pâque. Le jugement est indiqué seulement dans le fait que Moïse étendit sa main avec la verge de Dieu sur la mer et sur les eaux de la mort, et qu’il y avait des ténèbres – comme lors des trois dernières heures de Golgotha. Mais nous cherchons en vain, à la mer Rouge, un type du Christ souffrant et mourant. Pour quelle raison ? Il fallait qu’il boive seul et caché des regards humains, la coupe que le Père lui avait donnée à boire. Il devait prendre seul sur lui le châtiment de notre paix, abandonné de Dieu dont les yeux sont trop purs pour voir le mal. Aucun cœur humain ne peut sonder dans toute leur profondeur la signification de ces paroles : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais nous pouvons éternellement l’adorer pour tout ce qu’il a pris sur lui dans ces heures-là.
Aucun œil humain ne pouvait percer les ténèbres qui vinrent sur la terre, pour poser le regard sur le Christ souffrant sous le jugement de Dieu. Un voile divin couvre cette scène la plus solennelle et la plus sainte de l’histoire universelle. Nous retrouvons un fait semblable lors du jour des propitiations, le grand type de l’œuvre expiatoire de Christ. Mis à part le souverain sacrificateur, personne n’était autorisé à être « dans la tente d’assignation quand il y entrera pour faire propitiation dans le lieu saint, jusqu’à ce qu’il en sorte » (Lév. 16:17). De même, regarder dans l’arche, qui est un type du Seigneur Jésus et de son œuvre expiatoire, encourait la peine de mort (voir Nomb. 4:20). Ainsi, aucune créature ne contempla la souffrance de notre Rédempteur à la croix. Le Seigneur Jésus a dû porter seul le juste châtiment pour nos péchés et le jugement sur le péché. Il fut abandonné même de son Dieu, lorsque le jugement tomba sur lui.
Il nous est très peu parlé dans le Nouveau Testament des sentiments profonds de notre Sauveur dans ses souffrances à la croix. Dans le récit de son cheminement vers Gethsémané, nous apprenons bien quelque chose de ses pressentiments, mais non pas quant à ses souffrances expiatoires à cause du péché. Sur la croix, nous n’entendons que le cri solitaire au milieu des ténèbres et de l’abandon les plus profonds : « Éli, Éli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat. 27:46 ; comp. Ps. 22:2). Mais dans les paroles prophétiques des Psaumes, nous trouvons l’expression de ce qu’ont signifié pour lui les eaux de la mort : « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42:7). « Que le courant des eaux ne me submerge pas, et que la profondeur ne m’engloutisse pas, et que le puits ne ferme pas sa gueule sur moi » (Ps. 69:15). « Tu m’as mis dans une fosse profonde, dans des lieux ténébreux, dans des abîmes. Ta fureur s’est appesantie sur moi, et tu m’as accablé de toutes tes vagues » (Ps. 88:6, 7).
À la mer Rouge, nous ne voyons que les résultats du jugement : résultats merveilleux pour le peuple de Dieu, terribles pour ses ennemis. « Et Moïse étendit sa main sur la mer : et l’Éternel fit aller la mer toute la nuit par un fort vent d’orient, et mit la mer à sec, et les eaux se fendirent ; et les fils d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec ; et les eaux étaient pour eux un mur à leur droite et à leur gauche » (Ex. 14:21, 22 ; comp. Héb.11:29). L’obstacle immense et apparemment infranchissable était écarté par l’intervention de Dieu. Précisément ce en quoi les ennemis ont connu leur fin terrible, devint pour Israël le chemin vers la vie. Ils traversèrent à pied sec la mer, dans les flots de laquelle le Pharaon et toute son armée furent engloutis et finalement furent trouvés morts sur le rivage.
Considérons maintenant à la lumière du Nouveau Testament ce que cela signifie pour nous individuellement.
Le Seigneur Jésus a annoncé prophétiquement, en parlant de sa mort : « Le chef de ce monde sera jeté dehors » (Jean 12:31). Ce n’est personne d’autre que Satan (comp. Jean 14:30 ; 16:11). Celui-ci avait conduit le premier couple humain, par la ruse et le mensonge, à le croire lui, plus que Dieu. Ils transgressèrent le seul commandement qui leur avait été donné, quoique Dieu ait prédit à Adam la mort en cas de désobéissance. Ils se livrèrent de ce fait à l’influence et à la puissance de Satan. Et ainsi, par le péché, la mort est entrée dans le monde (Gen. 2:17 ; Rom. 5:12). Depuis lors, Satan se sert de la mort avec ses terreurs pour tenir toujours plus les hommes en son pouvoir, de sorte qu’ils sont toute leur vie assujettis à la servitude par la crainte de la mort (Héb. 2:15).
Contrairement au premier Adam, Satan ne put trouver aucune disposition pour la tentation de pécher chez le second homme et dernier Adam, le Seigneur Jésus. Il osa certes, lors de la tentation au désert, prétendre : « Je te donnerai toute cette autorité et la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été donnée », mais c’était là l’un des nombreux mensonges de celui qui est appelé le « père du mensonge » (Luc 4:6 ; comp. Jean 8:44). Personne ne lui avait donné l’autorité sur les royaumes du monde, mais il se l’était attribuée par la ruse. Toutefois le Seigneur le nomme, en relation avec sa mort sur la croix, « le chef de ce monde » (grec kosmos) », et même il est désigné par l’apôtre Paul comme « le dieu de ce siècle (grec aiôn) » (2 Cor. 4:4). Nulle part l’influence de Satan sur les hommes du monde ne fut plus évidente qu’à la croix, où il les excita à l’extrême contre le seul juste. Mais il n’avait aucun pouvoir contre Celui qui, déjà en Luc 10:18, avait vu à l’avance Satan précipité du ciel comme un éclair. Lorsque le Seigneur vit son heure s’approcher, il dit : « Le chef du monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30). Pas plus au début qu’à la fin de son chemin sur la terre, il n’offrit la moindre prise à Satan !
Par sa mort, le Seigneur Jésus a vaincu pour toujours ce puissant ennemi. Il a rendu « impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » ; et il a délivré « tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude ». Il a « délivré du pouvoir des ténèbres », domaine du diable, tous ceux qui croient en lui (Héb. 2:14, 15 ; comp. Luc 22:53 ; Éph. 4:8 ; Col. 1:13 ; 2:15 ; 1 Jean 3:8). Le Seigneur Jésus, le seul qui, étant sans péché, n’était pas sous la sentence divine de mort, ni sous le pouvoir du diable, est entré par sa mort volontaire dans le domaine de l’ennemi, la mort, et a vaincu celui qui « a le pouvoir de la mort ». Comme David tua le puissant Goliath avec la propre épée de celui-ci, ainsi le Seigneur Jésus a vaincu pour toujours le diable avec sa propre arme (1 Sam. 17:51). Par sa résurrection, il a été manifesté qu’il était le vainqueur. Et en vertu de cette victoire, il a pu dire de plein droit à ses disciples : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Mat. 28:18).
À la différence du Pharaon, figure du chef de ce monde, qui fut précipité dans la mer Rouge avec son armée et mourut (Ps. 136:15), le jugement sur Satan est bien prononcé, mais non encore exécuté. Il se trouve maintenant encore dans les lieux célestes avec ses vassaux (Éph. 6:11, 12), mais il sera précipité sur la terre au temps de la fin (Apoc. 12:9). Sa sphère d’activité sera certes réduite, mais cela ne fera qu’augmenter sa violence, car il sait « qu’il a peu de temps » (Apoc. 12:12). Au début du règne de mille ans, il sera lié et jeté dans l’abîme (Apoc. 20:1‑3). Ensuite il sera libéré pour un peu de temps, pour enfin être jeté définitivement dans l’étang de feu, dans le feu éternel préparé pour lui et ses anges (Mat. 25:41 ; Apoc. 20:7‑10). Cependant, soyons assurés : malgré ses activités apparemment ininterrompues, Satan est pour nous un ennemi vaincu. Pour tous ceux qui, par la foi, se trouvent du côté de Christ, le Vainqueur, la domination de l’ennemi est maintenant déjà terminée pour toujours.
Que, dans le temps présent, son pouvoir ne soit pas complètement brisé, nous le voyons en 1 Pierre 5:8 et 9 : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, étant fermes dans la foi » (comp. Apoc. 2:10). Mais nous possédons en Christ, le Vainqueur, une force plus grande que celle de l’ennemi. Nous pouvons donc le vaincre par la foi, comme aussi cela est dit des jeunes gens spirituellement forts en 1 Jean 2:13 : « Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le méchant ».
Cependant le combat de la foi contre l’adversaire prendra fin un jour, lorsque le Seigneur Jésus viendra, pour nous recueillir dans la maison du Père. Sa puissance ne sera certes pas encore définitivement brisée ; ce n’est qu’après le dernier assaut contre le camp des saints et contre la ville bien-aimée, Jérusalem, qu’à la fin du règne de mille ans, il sera jeté pour toujours dans l’étang de feu et de soufre (Apoc. 20:7‑10). Alors sera accomplie la prophétie de l’apôtre Paul en Romains 16:20 : « Or le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds ». Cette victoire aussi sera un résultat de l’œuvre de Christ à la croix, car selon la promesse de Dieu dans le jardin d’Eden, la vraie semence de la femme devait, par sa mort à la croix, briser la tête du serpent ancien (Gen. 3:15).
C’est seulement lors de la traversée de la mer Rouge, et non par le sang de l’agneau pascal, qu’Israël fut délivré de la « maison de servitude ». Nous aussi, nous sommes délivrés de la servitude de Satan et de toute crainte de la mort, par la foi dans la mort et la résurrection de Christ. Nous sommes maintenant certes « esclaves de Dieu » et « esclaves de Christ », mais c’est quelque chose de tout différent. Cela équivaut à la vraie liberté chrétienne (Rom. 6:22 ; 1 Cor. 7:22). L’homme est certes destiné à servir Dieu. « Toutes choses ont été créés par lui et pour lui » (Col. 1:16). Cela signifie que l’homme ne trouve un vrai accomplissement de sa vie que dans une relation non troublée avec Dieu. Mais par la ruse de l’ennemi, il a été éloigné de Dieu et est devenu un esclave de Satan. Ce n’est qu’une fois délivré de cette servitude par Christ, qu’il est capable comme serviteur acquis pour Dieu de répondre à son appel initial – mais maintenant comme un racheté qui a appris à connaître l’amour et la grâce de Dieu, dans une mesure incomparablement supérieure !
Ne pensons pas que seuls les gens notoirement asservis au péché, tels que les toxicomanes (citons l’alcool et les drogues), ou ceux adonnés à l’occultisme, sont sous le pouvoir de Satan. Non, tous les incrédules se trouvent dans cette condition, sans exception. Dans leur aveuglement moral, ils croient les insinuations du diable qui leur dit qu’ils sont libres, alors qu’en réalité, ils sont ses serviteurs. C’est pourquoi tous les hommes sont appelés par l’évangile à se tourner « des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent la rémission des péchés et une part avec ceux qui sont sanctifiés, par la foi » en Jésus Christ (Actes 26:18). Quelle grâce, que le Fils nous ait délivrés de la servitude de Satan et du péché, ainsi que de toute crainte de la mort (Jean 8:36 ; Héb. 2:14, 15) ! De même qu’au travers de la mer Rouge, Israël a été délivré de la maison de servitude du Pharaon, de même le chrétien croyant, par la mort de Christ, est délivré de la sphère de pouvoir et de la puissance du diable.
Le triomphe sur la mort elle-même est étroitement lié à la victoire sur celui qui a le pouvoir de la mort, le diable. Par sa propre mort, le Seigneur Jésus a « annulé la mort », et dans sa résurrection, il « ...a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1:10). Pour les croyants, la mort n’est plus « le roi des terreurs » (Job 18:14), mais elle est le chemin qui conduit au Seigneur Jésus dans le paradis (Luc 23:43), même si parfois elle est accompagnée de grandes souffrances. Mais le vainqueur, ce n’est pas la mort, c’est le Seigneur Jésus ! Il a vaincu la mort, et lors de sa venue pour prendre les siens auprès de lui, cela sera aussi manifesté quant à nous. Les morts en Christ (c’est-à-dire tous les croyants endormis jusqu’à ce moment-là) seront ressuscités du milieu de tous les autres morts (1 Cor. 6:14 ; Phil. 3:11) et les croyants vivants ne subiront pas la mort, mais seront transformés en la conformité du corps de gloire du Seigneur Jésus (Phil. 3:21 ; 1 Thess. 4:16). Alors la mort sera pour nous aussi éternellement engloutie en victoire, c’est-à-dire complètement vaincue (1 Cor. 15:54, 55).
Selon 1 Corinthiens 15:26, la mort, en tant que dernier ennemi, ne sera abolie (*) qu’après le règne de mille ans : ceci n’est nullement en contradiction avec ce qui vient d’être dit. La mort existera encore jusqu’à la fin du Millénium. Durant la grande tribulation, beaucoup de martyrs connaîtront la mort, et pendant le règne de mille ans, tous les pécheurs mourront (Apoc. 13:15 ; Ps. 101:8 ; Es. 66:24). La mort et le hadès ne seront définitivement ôtés qu’après le Millénium, en ce qu’ils seront jetés dans l’étang de feu (Apoc. 20:14).
(*) En grec, le verbe traduit par « abolir » en 1 Corinthiens 15:26 est traduit en 2 Timothée 1:10 par « annuler» (grec : katargeô).
Le monde, que nous voyons ici typifié par l’Égypte, lui aussi est tombé sous l’influence et le pouvoir du péché, parce que le premier couple humain se laissa séduire par Satan. Caïn, le meurtrier de son frère, « sortit de devant l’Éternel », et édifia avec ses descendants son propre monde d’incrédulité, qui vit jusqu’à aujourd’hui dans l’inimitié contre Dieu (Gen. 4:16 ; Jean 15:18 ; 17:25).
Nous trouvons bien dans l’Ancien Testament une séparation rigoureuse entre Israël, le peuple de Dieu, et les nations. Mais le caractère, corrompu par Satan et par le péché, du monde n’y est pas encore manifesté. Dans le Nouveau Testament seulement, la notion « monde » est employée dans une nouvelle signification. À l’origine, l’expression « monde » désignait la création et l’ensemble des êtres humains qui y vivent (Actes 17:24 ; 1 Tim. 6:7 ; Jean 3:16). D’un autre côté, depuis la chute, le monde est aussi le système mauvais, déchu loin de Dieu, dominé par le diable qui, comme nous l’avons vu, est appelé le chef de ce monde (1 Jean 2:15‑17 ; 5:19). Le même mot (grec kosmos) est employé pour les deux significations. De plus, il y a encore un autre mot (grec aiôn) qui signifie « monde, siècle, époque », et qui dépeint plutôt le caractère moral corrompu du monde (Gal. 1:4). Il est donc important, en lisant la Parole de Dieu, de discerner selon le contexte la signification particulière du mot « monde », afin d’être gardé d’erreur.
Lorsque le Fils de Dieu est venu dans le monde, son peuple terrestre (les Juifs) ne l’a pas reçu, et le monde tombé loin de Dieu ne l’a pas connu (Jean 1:10). Plus encore : Juifs et nations – c’est-à-dire le monde entier – ont manifesté leur méchanceté par le rejet du seul qui soit sans péché. L’entière corruption et la totale inimitié contre Dieu du monde religieux, culturel et politique furent manifestées lors de la crucifixion du Seigneur. L’écriteau méprisant sur la croix, « Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs » fut ainsi rédigé en hébreu, en grec et en latin (Jean 19:20). Par là même, le monde, qui condamnait Celui qui voulait le sauver, a prononcé sa propre condamnation. Mais il a été alors aussi définitivement condamné du côté de Dieu (comp. Jean 3:19). C’est pourquoi, concernant sa mort sur la croix, le Seigneur avait annoncé à l’avance : « Maintenant est le jugement de ce monde ; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors » (Jean 12:31).
Pour celui qui croit au Seigneur Jésus, il ne peut y avoir aucune communion avec un monde qui a rejeté le Seigneur Jésus et se trouve par conséquent sous la condamnation de Dieu. De même qu’Israël était séparé de l’Égypte par la mer Rouge, de même aussi tous ceux qui lui appartiennent sont, par sa mort, retirés « ...du présent siècle (grec aiôn) mauvais » (Gal. 1:4). Corporellement, nous nous trouvons certes encore « dans le monde (grec kosmos) » de la création, et nous expérimentons journellement que le « présent siècle (grec aiôn) » nous entoure (Jean 17:11 ; Tite 2:12). Mais, comme notre Seigneur, nous ne sommes « plus du monde (grec kosmos) », c’est-à-dire que nous ne faisons plus partie de ce système mauvais jugé par Dieu (Jean 15:19 ; 17:14‑16 ; Col. 2:20). Nous ne lui appartenons tout simplement plus. Nous recevons par la foi non seulement le jugement de Dieu sur Satan et sur le monde, mais aussi le fait que nous appartenons au Christ ressuscité et glorifié. Par son élévation au ciel, il a quitté le monde, et c’est ce que nous ferons lors de notre enlèvement dans la maison du Père, chose que nous pouvons attendre à tout instant. Mais déjà maintenant nous n’appartenons plus au monde, bien que nous y soyons encore corporellement (Jean 17:6). De même que la mer Rouge faisait barrière entre les Israélites délivrés et l’Égypte, de même la mort de Christ sépare maintenant ses rachetés du monde – et cela entièrement et éternellement.
Ce fait est d’une grande importance pour notre vie de foi. Beaucoup d’enfants de Dieu végètent dans leur vie spirituelle parce qu’ils ne franchissent pas ce pas par la foi, et ne vivent pas dans la séparation du monde. Ils souffrent parce qu’ils veulent servir deux maîtres. Cependant le Seigneur Jésus a déclaré que c’était impossible : « Nul ne peut servir deux maîtres » (Mat. 6:24). Aussi longtemps que nous n’acceptons pas notre séparation d’avec le monde, et que nous ne la réalisons pas par la foi, nous ne pouvons faire aucun progrès spirituel. C’est pourquoi nous sommes exhortés avec tant d’insistance, dans le Nouveau Testament, à faire nôtre le jugement de Dieu sur le monde et à nous séparer de lui de corps et d’esprit.
● Paul met instamment en garde les croyants à Rome : «Et ne vous conformez pas à ce siècle [grec aiôn] ; mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite » (Rom. 12:2).
● Jacques déclare : « Ne savez-vous pas que l’amitié du monde [grec kosmos] est inimitié contre Dieu ? Quiconque donc voudra être ami du monde, se constitue ennemi de Dieu » (Jacq. 4:4).
● Pierre exhorte ainsi les chrétiens sortis du judaïsme : « Bien-aimés, je vous exhorte, comme forains et étrangers, à vous abstenir des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l’âme, ayant une conduite honnête parmi les nations, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes œuvres qu’ils observent » (1 Pierre 2:11, 12). « Car, si, après avoir échappé aux souillures du monde [grec kosmos] par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus Christ, étant de nouveau enlacés, ils sont vaincus par elles, leur dernière condition est pire que la première » (2 Pierre 2:20).
● Jean écrit : « N’aimez pas le monde [grec kosmos], ni les choses qui sont dans le monde : si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ; parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2:15‑17).
Dans sa dernière épître, Paul dut constater avec tristesse : « Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle [grec aiôn] « (2 Tim. 4:10). Pour être gardés d’une telle défaillance, il s’agit de laisser une fois pour toutes le monde derrière nous, de nous attacher avec conviction de cœur à notre Seigneur, de l’aimer et de le chérir, lui, sa gloire et ses richesses ! Celui qui a accepté par la foi l’œuvre de la rédemption de Christ ne doit pas seulement regarder le monde comme crucifié (c’est-à-dire comme jugé par Dieu), mais il doit aussi se considérer lui-même comme quelqu’un de crucifié quant au monde – et cela par la croix de Christ (Gal. 6:14).
Que de discussions n’y a-t-il pas eues parmi les chrétiens sur le thème « monde ». Sont-elles réellement nécessaires ? Est-il si difficile de répondre à la question : « Qu’est-ce que le monde » ? Même en tenant compte du fait que dans de nombreux pays, le monde était et reste encore en partie imprégné de formes chrétiennes, le fait demeure : tout ce que l’humanité s’est aménagé dans le but de mieux vivre sans Dieu, c’est là le monde. II s’agit donc non pas de la nature créée par Dieu, mais de la culture et de la civilisation développées par les hommes. Cette affirmation peut susciter à première vue l’étonnement, mais si nous nous posons la question quant à ce que signifient et recouvrent d’une manière générale les notions de « culture » et de « civilisation », nous le comprenons mieux. La culture est présentée comme étant « l’ensemble des prestations intellectuelles, artistiques, éducatives d’une société, comme expression d’un développement humain supérieur » (dictionnaire Duden), ou plus explicitement comme « l’ensemble des formes intellectuelles, sociales et matérielles des manifestations vitales de l’humanité, par lesquelles celle-ci produit un propre environnement, et développe, embellit et surpasse la nature humaine ; dans l’emploi le plus large de cette notion, ce que l’homme a créé, ce qui n’est donc pas naturel ». Dans le domaine intellectuel, y sont inclus « la science, l’art, l’éthique, la religion, le langage, et l’éducation », dans le domaine social « la politique et la société » et dans le domaine matériel, « la technique et l’économie » (Lexique de Meyer).
La notion de « civilisation » ne se distingue que peu de ce qui précède ; elle est définie comme suit : « l’ensemble des conditions de vie sociale et matérielle produites et améliorées par le progrès technique et scientifique » (Duden), ou bien selon une autre définition : « science, technique et formes définies de vie et de relations » (Meyer).
La culture concerne ainsi plutôt les domaines intellectuels, la civilisation en revanche, plutôt les domaines matériels de la vie des hommes. La comparaison toutefois montre que ces notions se recouvrent partiellement. On ne peut pas ainsi simplement dire : Nous ne devons nous tenir à l’écart que des influences prétendues culturelles, nous pouvons par contre faire sans autre usage des réalisations matérielles du monde. Par exemple, les moyens de transport et autres systèmes techniques n’ont rien de mal en eux-mêmes, mais ils peuvent servir à de bons ou à de mauvais buts. La médecine rend aujourd’hui possibles la dialyse et les opérations cardiaques, mais aussi des contraceptions faciles et des avortements sans risques. Dans les moyens de communication, la séparation, et même la différenciation, devient encore plus difficile et plus dangereuse. Il suffit de mentionner les thèmes télévision et internet avec tout l’éventail de leurs possibilités. Par un habile mélange d’informations concrètes et de divertissements et endoctrinement mondains et immoraux, le monde s’introduit dans les maisons et dans les cœurs. La distinction entre la lumière et les ténèbres est ainsi diluée, et l’entrée dans le monde facilitée et tout simplement préparée.
Nous oublions trop facilement que tout ce qui est dans le monde a été et est élaboré par des hommes sans Dieu. Leurs motifs sont en général la recherche du plaisir, l’orgueil, la poursuite de l’argent et du pouvoir, si ce n’est pas pire encore (comp. Rom. 1:29‑31 ; 2 Tim. 3:2‑5). Dieu et sa gloire n’y jouent aucun rôle. Les inventions les plus utiles et les plus agréables servent en première ligne aux inventeurs et aux producteurs, pour l’accomplissement de leurs ambitions et comme source de gain.
On entend parfois dire qu’il faut pourtant distinguer entre choses terrestres et choses mondaines. On devrait jouir sans autre préoccupation des choses terrestres, et se tenir éloigné seulement des choses mondaines. La Parole de Dieu s’exprime cependant autrement. En Philippiens 3:18 et 19, on trouve ceux qui sont « ennemis de la croix du Christ, dont la fin est la perdition, dont le dieu est le ventre et dont la gloire est dans leur honte, qui ont leurs pensées aux choses terrestres ». Jacques appelle la sagesse qui ne vient pas d’en haut « une sagesse terrestre, animale, diabolique » (Jacq. 3:15). D’un autre côté, le sanctuaire de Dieu de l’Ancien Testament est appelé un « sanctuaire terrestre » (Héb. 9:1). Une distinction stricte entre les notions bibliques « terrestre » et « mondain » ne peut donc pas être maintenue. Tout ce qui est mondain est terrestre, et tout ce qui est terrestre peut entraîner à la mondanité. Celui qui persiste à faire une différence entre ces deux notions doit s’attendre à ce qu’on lui demande s’il ne cherche pas de cette manière à « élargir » le chemin de la foi. La faute en est à notre cœur dont le prophète Jérémie dit qu’il « est trompeur par-dessus tout, et incurable ; qui le connaît ? Moi, l’Éternel, je sonde le cœur, j’éprouve les reins ; et cela pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses actions » (Jér. 17:9, 10). Notre Seigneur revendique tout notre cœur pour lui. Non pas à demi, mais en entier !
Lorsque Paul décrit les croyants comme « ...ceux qui usent du monde (grec kosmos), [mais] comme n’en usant pas à leur gré », il exprime bien par ces paroles inspirées de l’Esprit de Dieu, une appréciation nuancée du monde dans lequel nous vivons (1 Cor. 7:31). Nous ne pouvons bien sûr pas sortir du monde (1 Cor. 5:10), mais comme chrétiens, nous n’avons rien en commun avec lui, et par conséquent, nous ne pouvons pas non plus avoir communion avec lui. « Quelle communion [y a-t-il] entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Cor. 6:14) (*).
(*) Voir à ce sujet aussi: «Leçons pratiques pour nous » dans le chapitre «Le désert».
Pour Israël, Dieu voyait dès le commencement le danger du regret de l’Égypte. C’est pourquoi il fit d’abord faire au peuple un parcours dépourvu de menaces et de difficultés, « de peur que le peuple ne se repente lorsqu’ils verront la guerre, et qu’ils ne retournent en Égypte » (Ex. 13:17). À peine avaient-ils franchi la mer Rouge, et commencé la traversée du désert, qu’ils murmurèrent contre Moïse et contre Aaron, et ne se souvinrent plus que des pots de chair de l’Égypte, mais pas de leur détresse sous l’esclavage du Pharaon (Ex. 16:3). Dieu leur donna des cailles et la manne, « le pain du ciel », comme nourriture, mais bien vite après cela, le « ramassis de peuple » qui était au milieu d’eux entraîna les fils d’Israël à regarder en arrière et à se souvenir des poissons, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et de l’ail qu’ils avaient mangés en Égypte. La manne fut, avec le temps, de plus en plus méprisée (Nomb. 11: 4‑6 ; 21:5). Dieu leur donna à nouveau des cailles à manger, mais il leur fit aussi connaître les conséquences de leurs convoitises : « Et il leur donna ce qu’ils avaient demandé, mais il envoya la consomption dans leurs âmes « (Ps. 106:15). Lorsque ensuite, peu de temps après, dix des douze espions revenant de Canaan découragèrent le peuple par leurs comptes rendus, ils voulurent même retourner en Égypte (Nomb. 14:3, 4) ! Même à la fin de la traversée du désert, prêts d’atteindre le but, les Israélites posèrent avec défi la question à Moïse : « Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour mourir dans le désert ? » (Nomb. 21:5).
Nous aussi, comme chrétiens, nous ne sommes pas à l’abri du danger de retourner dans le monde, comme nous en avons vu un exemple en Démas, le compagnon de l’apôtre Paul. Notre chair, la vieille nature en nous, n’a pas changé. Mais tenons ferme par la foi, et réalisons-le : par la mort de notre Rédempteur, nous avons été retirés du monde et nous n’en faisons plus partie. Nous n’avons pas besoin de laisser errer nos regards dans le monde. Nous avons l’objet le plus glorieux pour nos cœurs, le but le plus glorieux devant nos yeux : notre Seigneur dans la gloire.
Plus d’un demande alors peut-être : « Une séparation aussi radicale du monde est-elle possible » ? Pour beaucoup d’enfants de Dieu, la séparation du monde est un fait gênant, qu’ils ne peuvent guère accepter. Ils cherchent de diverses manières à maintenir et à justifier au moins une certaine relation avec le monde.
Sans un changement fondamental dans le croyant lui-même, la séparation d’avec le monde est impossible. L’homme naturel, qui n’est pas né de nouveau, ne peut pas vivre sans le monde. Il ne connaît et n’aime que le monde. Si on le lui retire, il n’a plus rien. Pourtant à sa mort, il laisse pour toujours derrière lui le monde et tout ce qu’il contient. On ne peut quitter le monde que par la mort. Ceci est aussi vrai pour chacun de ceux qui croient au Seigneur Jésus. À la croix, Dieu a jugé non seulement le monde, mais aussi le vieil homme, c’est-à-dire ce qui, dans l’homme, est attaché au monde et finalement lui appartient. Celui qui croit au Seigneur Jésus peut donc, non seulement considérer le monde comme crucifié, mais aussi se voir lui-même comme un homme qui, quant au monde, est crucifié – et cela par la croix de Christ (Gal. 6:14) (*) Il est maintenant mort avec Christ et séparé du monde par la mort. Il a par-là quitté le monde en tant que système. Celui qui croit au Seigneur Jésus est, spirituellement parlant, retiré du « présent siècle (grec, aiôn) mauvais ». Dans la mort de Christ, non seulement le monde a été jugé, mais aussi ce qui dans l’homme appartient au monde, le vieil homme. Il est crucifié, mort et enseveli avec Christ. Dans le baptême, nous avons manifesté visiblement que nous sommes ensevelis avec Christ.
(*) Selon Colossiens 2:12, notre résurrection spirituelle avec Christ se fonde sur notre foi en l’opération de la puissance de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Il en est de même de notre crucifixion, de notre mort et de notre vivification avec Christ, c’est-à-dire que nous possédons tout par la foi.
En 1 Corinthiens 10, la traversée de la mer Rouge par Israël est désignée comme étant un « baptême ». Paul mentionne là, en rappelant la traversée du désert d’Israël, « que nos pères ont tous été sous la nuée, et que tous ils ont passé à travers la mer, et que tous ils ont été baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer » (1 Cor. 10:1, 2). Aussi bien la relation du peuple d’Israël avec la nuée de la gloire de Dieu que la traversée (à sec) de la mer Rouge, sont désignées après coup comme un « baptême ». Bien qu’il ne s’agisse pas du baptême chrétien, il y est visiblement fait allusion. Par le « baptême » dans la nuée et dans la mer, les fils d’Israël furent identifiés extérieurement avec Moïse (*). La mer Rouge les séparait de l’Égypte, et la nuée les liait à Dieu.
(*) Bien que, lors de la traversée de la mer Rouge, les Israélites ne soient nullement entrés en contact avec l’eau, ils ont cependant été « baptisés », et ceci sans que personne n’ait été présent pour les baptiser. Cela apparaît dans la forme grammaticale du « moyen » en grec du verbe « baptiser » (grec ebaptisanto), attestée par le manuscrit P46 (env. 200 ans apr. J.C.) ainsi que par le Texte Reçu. Cette forme verbale inconnue dans nos langues, qui rapporte l’action au sujet, est en général traduite sous forme pronominale, ce qui n’est guère possible ici (« se baptiser »). En Actes 22:16, où cette forme grecque du « moyen » est aussi utilisée, elle est traduite correctement en français par « sois baptisé ». Le Nouveau Testament grec de Nestle-Aland suit en revanche d’autres manuscrits, qui ont la forme passive plus courante ebaptisthésan (comp. Actes 10:47, 48). Il semble que ni les copistes anciens, ni les éditeurs modernes qui les suivent, n’ont remarqué la particularité de cette manière de s’exprimer.
De même qu’au commencement de leur pèlerinage dans le désert, les Israélites furent symboliquement « baptisés pour Moïse » lors de la traversée de la mer Rouge, de même, dans le baptême chrétien, on est « baptisé pour le Christ Jésus ». En même temps, celui qui est baptisé, est « baptisé pour sa mort » et est ainsi « enseveli avec lui ». Il manifeste par-là « avoir été identifié avec lui dans la ressemblance de sa mort » (Rom. 6:3‑5). Il confesse ainsi ouvertement lui appartenir. Le baptême d’eau chrétien, à l’occasion duquel celui qui est baptisé devrait être entièrement plongé dans l’eau, est une figure du fait d’être enseveli avec Christ. Or seuls des morts sont ensevelis.
Par le baptême, nous exprimons ainsi notre identification avec le Christ mort. Comme le monde le voit, il doit aussi nous voir ! Nous savons bien – quoique cela ne soit pas exprimé dans le baptême lui-même – que le Seigneur n’est pas demeuré dans le tombeau, mais qu’il est ressuscité, et qu’il est monté au ciel, où il intercède maintenant pour nous et nous attend – et d’où nous l’attendons. Mais pour le monde, nous devons être des « morts » et des « ensevelis ». Et nous aussi, nous devons nous considérer ainsi, comme cela nous est montré dans plusieurs passages du Nouveau Testament.
Le passage le plus important est assurément Romains 6:1 à 11, car il décrit de la manière la plus détaillée notre état de mort avec Christ et son témoignage visible, le baptême. Paul pose d’abord la question : « Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? » (v. 2). Tout racheté est autorisé à se considérer, quant au péché, comme mort. C’est pourquoi Paul peut continuer : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ? » (v. 3). Dans le baptême, nous sommes ensevelis avec Christ, pour mener avec lui, le Ressuscité, une nouvelle vie. Logiquement, Paul ajoute par conséquent : « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (v. 4). Le baptême est le signe visible que notre vie précédente comme pécheur a trouvé sa fin par la mort de Christ. Selon le jugement de Dieu, nous sommes morts avec lui et nous témoignons dans le baptême de notre ensevelissement avec lui. Le baptême a donc une grande signification pour notre vie de foi pratique. Ceci est trop souvent ignoré. Cependant, tel n’est pas seulement le cas pour nous aujourd’hui, car il en était visiblement de même pour les premiers chrétiens. Presque tous les passages dans les épîtres du Nouveau Testament qui parlent du baptême rappellent aux destinataires ce qu’ils ont exprimé dans cet acte (voir aussi Gal. 3:27 ; Col. 2:12 ; 1 Pierre 3:21). Ces rappels répétés indiquent la grande signification du baptême pour la vie pratique du chrétien. Et pourquoi ? Parce que le baptême chrétien est la figure d’un fait des plus importants, l’ensevelissement d’un mort. Ce mort est toutefois non pas notre corps, mais notre ancienne vie sans Dieu, notre position comme « vieil homme ». Si la mer Rouge est – comme nous l’avons vu – une image du baptême, elle l’est aussi de ce qui précède un ensevelissement, c’est-à-dire de la mort, de la fin du vieil homme.
De même qu’après la traversée de la mer Rouge, la vie antérieure des Israélites en Égypte avait pris fin pour toujours, de même le chrétien, en vertu de la mort et de la résurrection de Christ, a abandonné définitivement sa position comme pécheur. Par la mort de notre Sauveur sur la croix, non seulement Satan et le monde, mais aussi notre vieil homme a été jugé. Selon la Parole de Dieu, l’expression le « vieil homme » désigne rétrospectivement, donc relativement à la rédemption, notre ancienne position comme descendants d’Adam et comme pécheurs. Comme la chair, il fait partie du monde caractérisé par le péché et l’inimitié contre Dieu, et est donc vu semblablement à celui-ci comme crucifié.
Cette présentation paraît à beaucoup bien abstraite. Lorsque le Seigneur Jésus a été jugé à notre place par Dieu, il était entièrement seul. Mais n’a-t-il pas porté là, à notre place, le jugement de Dieu sur des hommes pécheurs ? Dans un dévouement, un amour et une sainteté insondables, il a porté non seulement le châtiment pour nos péchés, mais aussi le jugement sur notre condition et notre nature pécheresses. C’est pourquoi Dieu considère maintenant celui qui se place par la foi sous le jugement exécuté sur Christ, et par là de son côté, comme crucifié avec lui.
La crucifixion était bien la sorte la plus cruelle d’exécution. Les Romains, autant que nous sachions, se servaient de ce châtiment humiliant uniquement pour les esclaves et les étrangers, non pour des citoyens romains. Apparemment, c’étaient en effet les hommes qui voulaient mettre à mort d’une manière si cruelle le Seigneur Jésus, tout à fait injustement mais avec le consentement de Dieu. En réalité, notre Seigneur ne subit pas seulement l’humiliation d’une condamnation injuste alors que son innocence avait été reconnue, mais il prit sur lui, durant les trois heures de ténèbres, le juste jugement de Dieu qui aurait dû, en fait, nous atteindre nous, hommes pécheurs. Jamais ne se manifesta plus clairement l’état irrémédiablement mauvais de l’homme naturel que lors de la condamnation et la crucifixion du Seigneur Jésus.
L’homme naturel (en fait : homme animal, ou l’homme animé seulement par son âme créée, grec, psuchikos) créé par Dieu s’est éloigné de Lui par la chute, et est conduit par les tendances naturelles et les convoitises de son âme impure. La Parole de Dieu définit par conséquent tant l’homme non régénéré que ses sentiments, sa pensée et son comportement, comme « naturel » ou « animal » (Jacq. 3:15) (*).
(*) Par la nouvelle naissance, nous ne sommes certes plus des hommes « naturels », mais nous conservons notre corps « naturel » aussi longtemps que nous vivons sur la terre. Ce n’est que lors de la venue du Seigneur que nous recevrons un corps « spirituel » (1 Cor. 15:44, 46). Parallèlement à cela, nous avons bien dépouillé notre « vieil » homme, mais la « chair » nous accompagne toute notre vie sur la terre.
Dans la société des hommes naturels, il y a bien les catégories et les groupes les plus variés, qui procèdent en partie de l’ordre de Dieu (hommes et femmes, Israël et les nations), mais en partie aussi des hommes eux-mêmes (par exemple hommes libres et esclaves), et à la reconnaissance desquels on attribue souvent dans le monde une grande importance. Mais aussi différemment prédisposés ou avantagés que puissent être les hommes, ils ont en commun la même nature humaine corrompue et la condition de pécheur qui y est liée.
C’est pourquoi il est toujours parlé du vieil homme au singulier, jamais au pluriel. Paul écrit aux croyants à Rome « que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché » ; à ceux d’Éphèse, « en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses » ; et à ceux de Colosses : « ...Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions » (Rom. 6:6 ; Éph. 4:22 ; Col. 3:9). Face à ces déclarations de la Parole, il ne peut y avoir aucune ambiguïté sur le fait que devant Dieu, tous les hommes sont sur le même terrain comme pécheurs ; mais aussi, que selon la pensée de Dieu, le vieil homme devait être entièrement mis de côté, et qu’il l’a été à la croix.
Aussi longtemps que l’état corrompu et irrémédiable de la descendance d’Adam, du « premier homme » tombé dans le péché (1 Cor. 15:45) n’avait pas été pleinement démontré, il ne pouvait pas être parlé d’un « vieil homme ». Ce ne fut possible qu’après la venue du Seigneur Jésus, « le second homme », et la création du « nouvel homme ». C’est pourquoi la mention du « vieil homme » ne paraît que dans le Nouveau Testament. Alors seulement, la différence entre l’homme naturel non régénéré et le croyant est aussi clairement établie (1 Cor. 2:14 ; Jude 19). l’expression « homme naturel » décrit la nature du pécheur, « le vieil homme » présente en revanche la position antérieure du racheté.
Et pourquoi le vieil homme doit-il trouver sa fin ? Parce qu’il est irrémédiablement mauvais. Dieu a fait l’épreuve de l’homme de toutes les manières possibles, afin de voir s’il y avait quelque chose de bon en lui. Israël, le peuple terrestre élu de Dieu a été l’exemple par excellence de cette mise à l’épreuve, et le moyen en a été la loi du Sinaï. Le résultat fut accablant : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul... nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi, car par la loi est la connaissance du péché... il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ». Ce jugement est valable indistinctement pour tous les hommes, qu’il s’agisse de Juifs ou de païens, d’hommes libres ou d’esclaves, de barbares ou de scythes, d’hommes ou de femmes (Rom. 3:9‑23 et autres passages). L’homme pécheur par nature, comme il a été prouvé, est incorrigible et ne peut, tel qu’il est, être agréé du Dieu dont les yeux sont trop purs pour voir le mal (Hab. 1:13). En conséquence, le verdict de Dieu est la mort (Rom. 6:23 ; Héb. 9:27).
Ce jugement apparemment sévère est cependant le seul qui soit logique. Est-il concevable que Dieu, dans la sainte atmosphère de sa gloire céleste, puisse être entouré un jour d’hommes qui soient des pécheurs, quant à leur position et à leur nature ? De tels hommes pourraient-ils se sentir à l’aise dans l’atmosphère pure et sainte de sa présence ? Les deux choses sont impensables et confirment la nécessité d’une fin radicale et d’un commencement entièrement nouveau. Que Dieu soit éternellement béni, il l’a précisément prévu dans son conseil et il a payé le prix le plus élevé pour cela !
Le temps de mise à l’épreuve de l’homme accordé par Dieu a pris fin quand « l’accomplissement du temps est venu », à « la fin de ces jours-là », «à la fin des temps » (Gal. 4:4 ; Héb. 1:1 ; 1 Pierre 1:20). Alors le Seigneur Jésus est venu comme « le second homme » sur la terre (1 Cor. 15:45‑47). Il était Dieu de toute éternité, et il est devenu réellement et véritablement homme. À la croix, il a porté en substitution le jugement de Dieu sur les hommes, dont il avait pris la forme, lui qui était sans péché. Ce n’est que depuis ce moment-là que la position antérieure de ceux qui croient au Seigneur Jésus, à laquelle il a été mis fin une fois pour toutes, est appelée « le vieil homme ». Depuis la mort et la résurrection de Christ, du « dernier Adam », il existe un « nouvel homme » (Éph. 2:15 ; 4:24 ; Col. 3:10). Nous en parlerons encore plus tard.
Bien des lecteurs se seront déjà posé la question : « Qu’est-ce donc qui est mort avec Christ ? Comme homme, je vis encore, et je suis, malheureusement, même en état de pécher ! Je ne ressens pas, en fait, que je suis mort ! » Il semble en effet que nos expériences journalières contredisent la doctrine selon laquelle le croyant est mort avec Christ. Effectivement, la chair présente en nous n’est nullement morte. Elle nous accompagne tout le long de notre parcours terrestre. Comment puis-je alors obtenir la certitude que je suis véritablement mort avec Christ ?
Il en va de même pour notre mort avec Christ que pour notre certitude du pardon de nos péchés par son sang. Souvenons-nous des premiers-nés assis dans leurs maisons durant la nuit de la Pâque. Comment pouvaient-ils savoir qu’ils resteraient épargnés du jugement ? Était-ce sur la base de leurs propres sentiments ou sur celle de la déclaration de Dieu : «Je verrai le sang et je passerai pardessus » ? Manifestement seulement sur la base de la Parole de Dieu. De même nous aussi, quant au vieil homme, nous ne devons pas regarder à ce que nous ressentons ou expérimentons, mais nous devons recevoir sa Parole avec foi et nous y confier. Nous comprenons alors que notre mort avec Christ est non pas la fin de notre vieille nature, mais la fin de notre position précédente comme pécheur. Lorsque nous croyons et comprenons ce fait, nous avons fait un pas important dans la croissance spirituelle.
Paul déclare en Colossiens 3:3 : « Car vous êtes morts ». C’est à nous maintenant de recevoir ce fait et ses conséquences par la foi à sa Parole et de nous l’appliquer. Paul le fait en Romains 6:2 et 11, lorsqu’il écrit : « Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? » et « ...de même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus ». En 2 Corinthiens 4:10, nous voyons la réalisation pratique de cette vérité dans notre vie : « ...portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ». Paul vivait continuellement dans la conscience de ce que signifiait pour lui-même la mort du Fils de Dieu sous le jugement de Dieu : Je suis mort avec Christ ! Ce n’est qu’ainsi que la vie de Jésus, la vie éternelle, pouvait se discerner dans sa vie. Si nous ne jugeons et ne condamnons, si nécessaire, pas journellement, même à chaque heure, toutes choses à la lumière de la mort de Christ, nous en venons facilement à attrister le Saint Esprit en nous. Il ne peut plus alors nous remplir de la joie en Christ, mais doit nous amener à nous juger nous-mêmes et à confesser nos manquements, afin que nous puissions de nouveau goûter la joie de la foi.
Selon Romains 6:6, « notre vieil homme a été crucifié avec lui », et en Galates 2:20, Paul écrit : «Je suis crucifié avec Christ ». L’ancien « moi » du croyant est donc identique au vieil homme. L’un et l’autre ont trouvé leur fin dans la mort de Christ à la croix. Nous ne sommes cependant ni crucifiés physiquement, ni morts, car nous continuons à vivre devant Dieu comme êtres responsables. Mais nous nous sommes appliqué à nous-mêmes par la foi le jugement de Dieu exécuté sur le Seigneur Jésus. En contraste avec le passé, nous vivons maintenant par la foi au Seigneur mort et ressuscité pour nous. C’est non pas notre vie terrestre qui est terminée, mais notre ancienne position comme pécheur, parce que « ...nous avons été identifiés (littéralement : avons crû ensemble) avec lui dans la ressemblance de sa mort », comme cela est exprimé d’une manière visible dans le baptême pour le Christ Jésus et pour sa mort (Rom. 6:5). Celui qui croit au Seigneur Jésus a le droit de se considérer comme crucifié avec lui et mort (Rom. 6:8 ; 2 Cor. 1:9 ; Col. 2:20 ; 3:3 ; 2 Tim. 2:11).
Le « changement d’identité » lié à cette étape spirituelle apparaît d’une manière particulièrement claire en Galates 2:19 et 20. Le pronom « je » a ici, en fait, trois significations différentes :
● « Je suis crucifié avec Christ » : C’est le vieil homme, ou notre position comme pécheur avant notre conversion.
● « ...afin que je vive à Dieu » : C’est le nouvel homme avec la nouvelle nature et la nouvelle vie.
● « Ce que je vis maintenant dans la chair... » : c’est la personne responsable, le croyant comme homme sur la terre, dans lequel ce changement divin s’est accompli.
Lorsque nous avons accepté cela par la foi, et qu’ainsi nous avons fait un pas en avant dans notre développement spirituel, nous pouvons goûter une paix profonde et durable. Nous comprenons maintenant que Dieu ne nous considère plus comme des pécheurs, mais qu’il nous voit en Christ, son Fils bien-aimé, et nous aussi avons le droit de nous considérer ainsi sur le fondement de sa Parole immuable. « De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6:11).
Beaucoup de chrétiens parlent, quant à la « vieille nature » pécheresse qui se trouve en eux, du « vieil homme ». Ils confondent celui-ci avec « la chair » qui est encore présente en chaque croyant. Par la notion souvent utilisée, mais qui ne se trouve pas dans les Ecritures, de « vieille nature », il faut cependant comprendre non pas le vieil homme, mais la chair.
Depuis la création de l’homme, la « chair », comme expression de l’existence corporelle, est inséparablement liée avec notre vie sur la terre. Dans ce sens originel, le mot « chair » ne fait aucune référence au péché et est aussi souvent utilisé ainsi dans le Nouveau Testament (par ex. 2 Cor. 5:16 ; Phil. 1:22, 24).
Lorsqu’il est parlé de « chair » quant au Seigneur Jésus, c’est toujours dans ce sens, car il était sans péché (Rom. 1:3 ; 1 Jean 4:2). Quand il est dit : « la Parole devint chair, et habita au milieu de nous » (Jean 1:14), nous voyons sa parfaite incarnation. D’un côté, il est venu « à la ressemblance des hommes » (Phil. 2:7). Cela signifie qu’il est devenu semblable à nous. La manière de l’exprimer en Romains 8:3 : « en ressemblance de chair de péché » le confirme, car le Seigneur n’est précisément pas venu « dans la chair de péché ». Le substantif « ressemblance » (grec homoiôma) est l’équivalent de « copie, représentation exacte » en contraste avec « l’original ». D’autre part il subsistait dans toute la ressemblance de l’homme Jésus avec les autres hommes une différence essentielle. Il n’avait pas de nature pécheresse. Trois apôtres rendent témoignage de la parfaite absence de péché caractérisant notre Seigneur Jésus. Pierre écrit qu’il « n’a pas commis de péché », Paul l’appelle « Celui qui n’a pas connu le péché » et Jean déclare pourquoi il en était ainsi : « et il n’y a point de péché en lui » (1 Pierre 2:22 ; 2 Cor. 5:21 ; 1 Jean 3:5).
Depuis la chute, la chair est, pour tous les hommes, non seulement l’instrument, mais aussi le vase ou le support, du péché qui habite en eux. Dans ce sens, « la chair » est devenue la personnification de la nature pécheresse humaine (Rom. 7:18 ; Gal. 3:3). Le péché est le signe spécifique aussi bien de la chair que du vieil homme, qui appartiennent tous deux à la création déchue tombée sous le jugement de Dieu. Ils font partie du monde, du système édifié par Satan, qui est en inimitié contre Dieu et l’ordre divin.
Il n’y a rien de bon dans cette chair (Rom. 7:18). Elle hait Dieu, car sa pensée est inimitié contre lui (Rom. 8:7). Ceci n’est pas seulement vrai pour tous ceux qui sont encore loin de Dieu, mais aussi pour tous ceux qui sont nés de nouveau ! La chair s’oppose à tout ce qui vient de Dieu, et tend toujours vers ce que Satan invente. Elle ne se manifeste pas seulement dans ce qui est immoral, « la convoitise de la chair », dans ce qui est mauvais et violent, mais aussi dans la propre volonté, « la volonté de la chair » (Éph. 2:3). La propre volonté, justement, est souvent bien difficile à discerner comme étant une manifestation de la chair, car elle peut se revêtir d’une apparence de piété. Le roi Saül dut entendre de la bouche de Samuel : « Car la rébellion est comme le péché de divination, et l’obstination (propre volonté) comme une idolâtrie et des théraphim » (1 Sam. 15:23). Qu’avait fait Saül ? Au lieu de tuer les animaux enlevés aux Amalékites selon l’ordre de l’Éternel, il les lui avait offerts en sacrifice !
La chair est la nature du vieil homme ; d’où la désignation « dans la chair » pour ceux qui ne croient pas au Seigneur Jésus (Rom. 7:5 ; 8:8, 9). L’expression « dans la chair » est, dans ce contexte, un nom pour le caractère moral de l’homme qui est né pécheur et qui vit dans le péché.
À la différence du vieil homme, qui a trouvé sa fin dans la mort de Christ, la chair, la nature pécheresse de l’homme, reste le compagnon permanent de chaque croyant aussi longtemps qu’il vit sur la terre. Si même nous ne sommes plus considérés moralement comme « dans la chair » quant à notre position, nous sommes malheureusement encore à même de vivre, dans la pratique, « selon la chair », si nous cédons à la « convoitise de la chair » (Rom. 8:12 ; 2 Cor. 10:2 ; Gal. 5:16 ; 1 Jean 2:16).
Combien de déceptions n’avons-nous pas déjà rencontrées, et combien de tourments ne pouvons-nous pas connaître intérieurement, à cause de cela ! Dieu veut cependant nous amener à reconnaître qu’en nous, c’est-à-dire en notre chair incorrigible, il n’habite pas de bien (Rom. 7:18). Par la foi, nous sommes maintenant rendus capables, comme étant morts et ensevelis avec Christ, de nous tenir pour morts au péché, afin de vivre dans le Christ Jésus à la gloire et à la joie de notre Dieu (Rom. 6:11). Ceci est un pas important dans notre vie de foi.
Quelques remarques encore sur cette affirmation que le Seigneur Jésus « est mort une fois pour toutes au péché » (Rom. 6:10). Cet aspect de sa mort ne se rapporte pas à l’expiation du péché et des péchés, mais au fait que, par la mort, il a quitté pour toujours, et par là mis de côté, le domaine où règne le péché. Il est vrai qu’il n’a jamais eu aucun contact intérieur avec le péché, quoique, dans une grâce insondable, il soit venu à nous « en ressemblance de chair de péché ». Mais il a été durant toute sa vie sur la terre environné par le péché. Les hommes, dont il avait pris « la forme », n’étaient que pécheurs. Quelles ont dû être les souffrances de Celui qui était absolument pur et saint au milieu d’un tel état de choses !
Par sa mort, il a mis fin à toute relation avec ce domaine du péché. Telle est la portée de ces paroles : « Il est mort une fois pour toutes au péché ». Dans l’expiation de nos péchés, il demeure seul. En revanche, dans sa mort en ce qui concerne le péché en tant que principe mauvais, Dieu voit les croyants associés avec lui, et en conséquence, nous pouvons nous considérer comme étant aussi bien « morts au péché » (Rom. 6:2) que « morts aux péchés » (1 Pierre 2:24). Remarquons bien : ce n’est pas le péché en nous qui est mort, mais nous, comme croyants, qui sommes morts « au péché » et « aux péchés ».
En raison de notre mort avec Christ, nous sommes maintenant exhortés à nous tenir pour morts quant au péché (Rom. 6: 11). Si nous n’étions pas morts avec lui, cette exhortation serait une torture sans fin pour nous. Mais nous avons maintenant le droit de nous considérer comme morts avec Christ et donc comme étant morts. On peut placer devant un mort les plus grandes tentations ; il ne réagit pas, car il est mort. On pourrait lui faire les pires outrages, mais il ne ferait pas le moindre mouvement, car il est mort. Est-ce là aussi le résultat de notre mort avec Christ ? Nous continuons à faire l’expérience des séductions du péché. Mais comme étant morts au péché, nous n’y sommes plus exposés sans défense et sans secours, mais nous appartenons maintenant à notre Seigneur ressuscité, dont nous avons reçu la vie, afin de porter du fruit pour Dieu (voir Rom. 6:11 ; 7:4). Il est vrai que, dans l’épître aux Romains, nous sommes considérés non pas comme ressuscités avec Christ, mais bien cependant comme vivifiés par lui.
Avec lui, nous sommes aussi morts « aux éléments du monde », c’est-à-dire aux diverses composantes de ce monde, y compris celles qui sont religieuses (Col. 2:20). À ces éléments religieux du monde appartient aussi la loi du Sinaï. Le chrétien a été mis à mort et est mort à la loi (Rom. 7:4, 6 ; Gal. 2:19). C’est une chose difficile à comprendre pour beaucoup, parce que la loi a été donnée par Dieu, et comme telle, elle est « sainte, et juste, et bonne » (Rom. 7:12). Mais on oublie là qu’elle n’est pas une règle pour des « justes », c’est-à-dire ceux qui sont justifiés par la foi, mais qu’elle a été donnée pour les hommes naturels, pécheurs (1 Tim. 1:9) (*). Un chrétien n’est cependant plus un homme naturel, car il est mort à cet état, auquel s’appliquait la loi (Rom. 7:6). On ne peut plus demander des comptes à un mort pour quelque péché, quelque délit que ce soit, car la loi n’est applicable qu’à des vivants. Un mort ne peut pas être poursuivi en justice (**).
(*) Israël était bien le peuple terrestre de Dieu, mais en réalité, la grande partie était incrédule. Malgré cela, le peuple considéré comme un tout est un type du peuple néotestamentaire de Dieu, composé uniquement de vrais rachetés.
(**) Voir à ce sujet le paragraphe «La loi »
Pour beaucoup de croyants, la fin du vieil homme est une doctrine inconnue, pour d’autres, elle est difficile à comprendre et encore plus difficile à mettre en pratique. Ils se tourmentent sans fin à combattre contre le péché qui habite en eux, combat qu’ils ne peuvent jamais gagner. Une image permettra peut-être de clarifier la doctrine de notre mort avec Christ, si importante pour une vie de foi affranchie. En Matthieu 7:17 à 20, le Seigneur Jésus fait déjà, dans un contexte un peu différent, la comparaison avec un arbre. Un arbre mauvais produit de mauvais fruits, tandis qu’un bon arbre produit de bons fruits. Même si l’on détruit tous les fruits d’un arbre mauvais, rien n’est changé : il va continuer à produire les mêmes mauvais fruits. Une seule solution existe : éliminer complètement l’arbre afin qu’il ne puisse plus produire de fruits. Si nous appliquons cela à nous-mêmes, Dieu, en Christ, ne nous a pas seulement pardonné tous nos péchés, et a supprimé ainsi les mauvais « fruits », mais il a aussi exécuté le jugement sur le vieil homme. Les péchés peuvent être pardonnés ; mais pour la source d’où ils viennent, il n’y a pas de pardon, il y a seulement la mort. Par notre mort, spirituellement parlant, avec Christ, le vieil homme, « l’arbre » qui produisait les mauvais fruits, est fondamentalement mis de côté – fondamentalement, parce que Dieu le voit bien comme tel, et que nous pouvons, par la foi, aussi le faire, alors que d’un autre côté la chair, c’est-à-dire notre vieille nature pécheresse, est encore en nous aussi longtemps que nous vivons sur la terre. Il nous a toutefois donné la nouvelle vie, divine, capable de porter du fruit pour lui.
Le cinquième chapitre de l’épître aux Romains nous montre, à partir du verset 12, qu’Adam, tombé dans le péché, est devenu le chef de file d’une famille de pécheurs, et que tous les hommes, comme membres de cette famille, doivent s’attendre à la mort et à la perdition éternelle. Aucun homme ne peut, par ses propres forces, se libérer de cet état. C’est pourquoi le Fils de Dieu, comme homme, prit volontairement à la croix sous le jugement de Dieu la place qui nous revenait comme descendants d’un Adam déchu. Il est mort en substitution pour tous ceux qui croient en lui, et par là, a parfaitement glorifié Dieu. Après avoir achevé cette œuvre, il a été ressuscité (Rom. 6:4) et, comme « le dernier Adam », « le second homme », il est maintenant les prémices d’une nouvelle famille, Celui qui vivifie tous ceux qui croient en lui. De même que, par la désobéissance d’Adam nous avons été « constitués pécheurs », de même, par l’obéissance du Seigneur Jésus, nous sommes « constitués justes » (Rom. 5:19). À la place du mauvais «arbre », quelque chose de nouveau est introduit. « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17).
Il est vrai que la chair n’est pas éliminée avec le vieil homme, comme nous l’avons vu, mais « le corps du péché » (Rom. 6:6) l’est bien, comme aussi « le corps de la chair », que nous avons dépouillé selon Colossiens 2:11. Il ne s’agit cependant pas là de notre corps physique. Dans ce contexte, le mot « corps » a le sens figuré de « machinerie », de « mécanisme » du péché dans l’être humain, qui ne peut rien produire d’autre que le péché (*). En d’autres termes, c’est la contrainte de pécher. En tout croyant, par la foi au Seigneur Jésus, cette contrainte a disparu. Dieu a éliminé le vieil « arbre » qui ne produisait que des mauvais fruits.
(*) En revanche, « le corps de sa chair » en Colossiens 1:22 désigne bien le corps physique du Seigneur Jésus.
Comprendre que le Seigneur Jésus nous a délivrés par sa mort de notre position de pécheur et nous a introduits dans celle de juste est un progrès important pour notre vie de foi. Quant à nos péchés, nous sommes justifiés devant Dieu par le sang de Christ ; tel est l’enseignement de Romains 3 et 4. En revanche, nous ne pouvions être sauvés de notre position de pécheurs que par sa mort et par notre mort avec lui ; tel est l’enseignement de Romains 5 et 6.
La fin de notre vieil homme par la mort de Christ est décrite en Romains 6 en trois étapes (*) :
● Notre vieil homme a été crucifié, c’est-à-dire a été jugé, avec Christ (v. 6).
● Nous sommes morts avec Christ, c’est-à-dire notre ancien « moi » et notre ancienne vie ont pris fin (v. 2 et 8).
● Par le baptême pour le Christ Jésus et pour sa mort, nous avons confessé que nous sommes ensevelis avec lui (v. 3 et 4).
(*) L’épître aux Romains ne va pas aussi loin que les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, dans lesquelles nous sommes considérés comme ressuscités avec Christ (Éph. 2:6 ; Col. 2:12 ; 3:1). Nous ne trouvons cet aspect de la vérité que dans l’image du Jourdain.
De quelle manière simple et claire est ainsi réfutée, par l’enseignement de la Parole de Dieu selon lequel nous sommes morts avec Christ, l’opinion erronée que le chrétien doit dans sa vie de foi « mourir » progressivement au péché ! La Parole de Dieu n’affirme pas seulement : « Nous sommes morts avec Christ » (Rom. 6:8), mais établit aussi que nous sommes « morts au péché » et « morts aux péchés » (Rom. 6:2 ; 1 Pierre 2:24). Dans ces trois citations, le verbe est au passé. Il s’agit donc d’un fait accompli que nous pouvons nous approprier par la foi. D’un autre côté, nous avons reçu la vie de Dieu et nous pouvons ainsi « marcher en nouveauté de vie » (Rom. 6:4, 13). Le contenu et le but de notre nouvelle vie, c’est Christ dans la gloire. Nous avons le droit de nous considérer comme morts quant au péché, mais quant à Dieu, comme vivants dans le Christ Jésus (Rom. 6:11).
Il est vrai que, dans d’autres passages, nous sommes exhortés à mortifier « nos membres qui sont sur la terre », tels que la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité (Col. 3:5) (*). À la différence de l’épître aux Romains, nous sommes considérés dans celle aux Colossiens comme des personnes qui, non seulement ont dépouillé le vieil homme, mais qui ont aussi revêtu le nouvel homme, et qui vivent et agissent en vertu de cette nouvelle position (Col. 3:9, 10). « Les membres » que nous devons mortifier sont ceux du vieil homme, en quelque sorte les restes de notre position précédente comme pécheurs, qui ont trouvé leur fin dans la mort de Christ et dans notre mort avec lui. En d’autres termes : ce sont les activités de la chair qui nous accompagne dans toute notre vie terrestre et qui s’oppose continuellement à la vie nouvelle et au Saint Esprit. La vie nouvelle, divine, qui trouve sa joie et sa parfaite expression dans le Seigneur Jésus est cependant, par la puissance et par la direction du Saint Esprit, plus forte que la chair. Si nous marchons par l’Esprit, nous surmonterons la convoitise de la chair (Gal. 5:16).
(*) Il en est de même quant au « rejet » des œuvres des ténèbres, du mensonge, colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses, impureté, etc. (Rom. 13:12 ; Éph. 4:25 ; Col. 3:8 ; comp. Héb. 12:1 ; Jacq. 1:21 ; 1 Pierre 2:1).
● Pour cela, il faut avant tout de la vigilance spirituelle. « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation » (Marc 14:38). Nous devons déjà contrôler nos sentiments et nos pensées et ne pas nous laisser entraîner par notre chair, la vieille nature, à des choses souillées.
● Lorsque nous sommes pris par les tentations qui nous guettent presque continuellement et partout, il s’agit de fuir ! « Fuyez la fornication » – « Fuyez l’idolâtrie » – « Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses (l’amour de l’argent) » (1 Cor. 6:18 ; 10:14 ; 1 Tim. 6:11).
● La condition essentielle pour réaliser cela est de « demeurer attachés au Seigneur de tout [son] cœur » (Actes 11:23).
C’est une tout autre chose que de penser que nous devrions comme croyants mourir encore au péché. Combien de vrais enfants de Dieu se tourmentent dans leurs efforts pour maîtriser par eux-mêmes le péché habitant en eux – et cela sans succès.
Romains 7 nous donne la description d’un tel état. Nous y voyons un homme qui possède la vie de Dieu, car il considère sa vie passée comme « dans la chair » et il prend plaisir à la loi de Dieu « selon l’homme intérieur » (Rom. 7:5, 22). Seul un homme né de nouveau peut parler ainsi. Mais celui qui est présenté en Romains 7 n’a pas encore saisi par la foi le fait merveilleux décrit au chapitre 6, que notre vieil homme a été crucifié avec Christ et qu’il est mort avec Christ.
Nous avons donc ici la description d’un état qui n’est « pas naturel », dans lequel on peut se trouver, pour divers motifs. L’un de ceux-ci est la prétendue nécessité de garder la loi, avec la découverte qui s’ensuit de l’impossibilité de le faire. Mais cela peut aussi être la conséquence d’une présentation incomplète de l’évangile. Finalement, c’est peut-être dû à une compréhension insuffisante de l’œuvre parfaite de la rédemption accomplie par notre Seigneur Jésus. Romains 7 est le chapitre du « je », qui est le pronom le plus souvent répété surtout dans la seconde partie. Dans les versets 1 à 13, il est clairement établi que la loi n’est pas censée être la règle de vie pour ceux qui croient au Seigneur Jésus. Les versets 14 à 24 exposent les tristes expériences d’un croyant qui n’a pas encore compris le fait merveilleux d’être mort avec Christ, et s’achèvent par l’exclamation désespérée : « Misérable homme que je suis... » !
Quel état terrible de savoir qu’on est venu comme pécheur perdu au Seigneur Jésus, qu’on lui a confessé ses péchés et qu’on a cru en son œuvre afin de trouver la paix avec Dieu, et cependant de devoir continuellement constater : « Car le bien que je veux, je ne le pratique pas ; mais le mal que je ne veux pas, je le fais » (Rom. 7:19). Quelles expériences accablantes, lorsque chaque matin, on décide de ne plus tomber à nouveau dans tel ou tel péché mais de suivre le Seigneur Jésus, et que le soir, on doit une fois de plus se dire, découragé : je n’ai pas réussi ! Il n’y a rien d’étonnant qu’une telle personne en vienne finalement à s’écrier : «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom. 7:24).
Les causes de cet état déplorable d’un croyant sont la prétendue nécessité de garder la loi du Sinaï et l’ignorance de la perfection de l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix. Peut-être que quelqu’un demandera alors avec étonnement : « Le salut dépend-il donc de ma connaissance ou de la force de ma foi ? » Certainement pas ! Il n’est absolument pas question, dans cette situation, du salut éternel, mais il s’agit de notre certitude à son sujet, et de la force pour marcher en nouveauté de vie. Cependant l’homme né de nouveau de Romains 7 ne possède pas la force pour surmonter les tendances de sa vieille nature pécheresse, et il peut même en venir ainsi à douter de son salut (*).
(*) Celui qui s’exprime ainsi en Romains 7 n’est cependant pas Paul personnellement. En tant que Juif strict, il n’avait jamais vécu dans un état « sans loi » (Rom. 7:9). Il n’y a non plus aucun motif de penser que, après sa conversion radicale, il ait connu les difficultés décrites ici d’une âme non affranchie.
Symboliquement, les Israélites se trouvaient dans une situation semblable avant d’avoir traversé la mer Rouge. Mais ils ont alors appris que Dieu combattait pour eux. Ils n’ont pas eu à s’engager eux-mêmes dans les profondeurs des eaux, mais ils ont pu voir et réaliser calmement la délivrance de l’Éternel. Et quand tout fut terminé, ils se réjouirent, car « ils crurent à l’Éternel, et à Moïse son serviteur » (Ex. 14:31). Il s’ensuivit le cantique de la délivrance du chapitre 15. Israël y célébra non seulement la puissance et la gloire de l’Éternel, mais aussi sa bonté.
Le croyant aussi peut ainsi voir maintenant que le jugement de Dieu sur le monde, sur Satan et sur le vieil homme, a été exécuté dans la mort du Seigneur Jésus. De même que les Israélites traversèrent de pied sec la mer Rouge, de même le chrétien peut considérer la mort de Christ sous le jugement de Dieu comme le moyen par lequel il est lui-même crucifié avec Christ, mort avec lui et enseveli avec lui dans le baptême.
Celui qui se place sous le jugement de Dieu sur le vieil homme et reçoit dans la repentance et avec une foi sincère, que le Seigneur Jésus a porté ce jugement, doit savoir que Dieu ne le considère plus comme un homme naturel pécheur. Le vieil homme est crucifié avec Christ et Dieu voit le croyant non plus « dans la chair », mais comme «vivant... dans le Christ » (Rom. 6:11). Il sait que : « il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8:1).
Avant la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, personne ne pouvait être « dans le Christ ». Lui seul a parcouru cette terre parfaitement sans péché et saint, et lui seul a souffert et est mort sur la croix. Il avait bien dit : « En vérité, en vérité, je vous dis : À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12:24). Mais maintenant, après sa mort pour nous et sa résurrection par la gloire du Père, nous pouvons, par la foi, avoir part à sa vie et à sa gloire dans le monde de la résurrection. Nous nous trouvons dans la grâce de Dieu, qui nous voit non plus dans notre misérable état de pécheur, mais comme faits un avec son Fils, et cela signifie : « en Christ », en quelque sorte « enveloppés » dans sa perfection et dans sa gloire comme homme à la droite de Dieu.
Il y a dans l’Ancien Testament un beau type de notre identification spirituelle avec Christ. Selon la loi du Sinaï, le sacrificateur qui présentait l’holocauste d’un Israélite, recevait la peau de l’animal offert (Lév. 7:8). La victime était fumée tout entière sur l’autel, « c’est... un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel » (Lév. 1:9, 13). Toutefois la peau appartenait non pas à celui qui offrait, mais au sacrificateur, à celui qui s’occupait le plus intensément de l’holocauste. Il pouvait s’en revêtir (bien que ce ne soit pas expressément dit ici). Dieu n’avait-il pas lui-même fait au premier couple humain « des vêtements de peau », après la chute (Gen. 3:21) ? Le sacrificateur qui était chargé de présenter l’holocauste pouvait s’envelopper dans la peau du sacrifice ! De même nous aussi, par la foi, pouvons nous considérer selon la volonté de Dieu comme un avec Christ, comme « en Christ » qui, à la croix, s’est livré lui-même d’une manière si parfaite à la gloire de Dieu « comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur ». Nous savons que Dieu « nous a rendus agréables dans le Bien-aimé » (Éph. 5:2 ; 1:6).
Cette merveilleuse position n’est nullement comparable avec celle d’Adam avant la chute. S’il en était ainsi, il subsisterait comme pour Adam le danger de la perdre à nouveau. Non, la Parole de Dieu nous montre clairement la différence : « Tel qu’est celui qui est poussière (c’est-à-dire Adam), tels aussi sont ceux qui sont poussière ; et tel qu’est le céleste (c’est-à-dire Christ), tels aussi sont les célestes. Et comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste » (1 Cor. 15:48, 49). Nous ne portons pas encore, il est vrai, « l’image du céleste » – ceci n’aura lieu que lors de notre enlèvement mais nous avons maintenant déjà sa vie et nous sommes en outre un avec lui, c’est-à-dire « en Christ ».
Notre position éternellement sûre et bénie en Christ n’est pas la conséquence de notre intervention ou de la force de notre foi, elle est le résultat de son œuvre de la rédemption. Après avoir accompli l’œuvre et être ressuscité, il a pris comme l’homme glorifié une toute nouvelle place dans le ciel, qu’avant lui jamais personne n’a possédée. Celui qui croit en lui est maintenant « un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6:17). Mais pour pouvoir jouir de ce fait, il faut le connaître. Notre position en Christ est pleinement assurée dès le moment où nous croyons en son sang (Rom. 3:25). Nous ne pouvons cependant en avoir conscience que quand nous nous considérons comme morts avec Christ. Lorsque nous acceptons cela par la foi, nous recevons une paix vraiment affermie. Nous nous identifions non plus avec notre vieil homme, mais avec notre Seigneur mort et ressuscité. Nous pouvons maintenant avoir une joie réelle dans la nouvelle vie que nous avons reçue en Christ par la grâce de Dieu. Nous considérons notre vieil homme comme quelque chose qui appartient au passé, et nous-mêmes comme morts avec Christ. « De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6:11).
Cependant, pour combien d’enfants de Dieu n’en va-t-il pas de même que pour ces quelques soldats japonais qui, des années durant après la Seconde Guerre mondiale, sont restés prêts au combat sur une île isolée du Pacifique, parce qu’ils ne savaient pas que la guerre était terminée depuis longtemps ! De même que ceux-ci vivaient en état d’alerte perpétuel bien que totalement inutile et probablement dans la crainte continuelle d’attaques ennemies, de même de tels croyants vivent dans une grande crainte de leurs propres manquements et peut-être même de ne pas atteindre le but de leur vie de foi, parce qu’il leur manque la certitude que Dieu les voit « en Christ », son Fils bien-aimé. Non seulement il est mort, mais nous sommes morts avec lui (c’est ce que nous avons exprimé dans le baptême, figure de notre ensevelissement avec lui) et nous vivons maintenant par lui et avec lui.
Nous n’avons certes pas encore atteint le but de notre vie de foi, nous nous trouvons dans un sens comme Israël, encore « dans le désert ». Mais de même que, sur l’autre rive de la mer Rouge, le peuple d’Israël entonna avec Moïse le cantique de la délivrance, ainsi nous pouvons nous aussi déjà sur la terre apporter à notre Sauveur, et par lui à Dieu, notre Père, la louange et l’adoration pour la délivrance parfaite qui est notre part (Ex. 15) !
Les expériences que fit Israël dans le désert ont cependant mis fin à leur chant de louange. Au lieu de la reconnaissance, ce furent bientôt les murmures. ‘Durant tous les quarante ans de leur pèlerinage, il n’est mentionné plus qu’un seul cantique, qu’ils chantèrent après avoir été délivrés des serpents brûlants (Nomb. 21:17, 18). Malheureusement, nous ressemblons en cela à bien des égards au peuple terrestre de Dieu. Alors que comme rachetés, nous devrions toujours à nouveau nous encourager à la reconnaissance et à la louange : « Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13:15).
Après la traversée de la mer Rouge, le peuple d’Israël trouva devant lui un « grand et terrible désert ». Il était bien délivré de l’Égypte, mais il n’avait pas encore atteint le but que Dieu s’était proposé. Sur le chemin qui y menait, il ne conduisit pas les Israélites « par le chemin du pays des Philistins, qui est pourtant proche ; car Dieu dit : De peur que le peuple ne se repente lorsqu’ils verront la guerre, et qu’ils ne retournent en Égypte » (Ex. 13:17). Ce chemin était le plus court, car il longeait immédiatement la rive de la mer Méditerranée, mais au travers d’un pays hostile. Aussi Dieu les mena-t-il d’abord en direction du sud-est, dans la péninsule du Sinaï, où il fit alliance avec son peuple.
Jusqu’au moment où le peuple d’Israël reçut la loi, il se trouvait uniquement sous la grâce de Dieu. Mais au lieu de continuer à se confier dans la grâce et dans les promesses de l’Éternel à leurs pères, les fils d’Israël se placèrent sous la loi dans une confiance charnelle avec ces paroles : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (Ex. 19:8 ; 24:3, 7). Ainsi commença pour Israël la longue période d’environ 1500 ans de la loi. Elle fut achevée seulement par Christ. La loi de Sinaï trouva sa fin à la croix (Rom. 10:4 ; Col. 2:14). Dieu l’avait ainsi prédéterminé : « Elle (la loi) a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que vint la semence à laquelle la promesse est faite » (Gal. 3:19).
Étant donné que, dans le Nouveau Testament, il y a plusieurs déclarations, et apparemment en partie différentes, concernant la loi, et que beaucoup de chrétiens ont des notions incertaines sur la loi, sa signification et sa valeur, nous devons aussi traiter ce sujet. Une compréhension claire de la place qu’occupe la loi dans les voies de Dieu envers les hommes, et de la relation de Christ avec cela, est de toute importance pour notre croissance spirituelle.
Les chrétiens en Galatie, qui étaient en danger de se mettre sous la loi, durent être avertis par ces questions : «Je voudrais seulement apprendre ceci de vous : avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? Etes-vous si insensés ? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? » (Gal. 3:2, 3). L’écrivain de l’épître aux Hébreux est encore plus clair. Comme le titre le dit, les destinataires étaient des Juifs convertis (Hébreux = Israélites). Comme quelques-uns d’entre eux, sous la pression des persécutions en Palestine, voulaient retourner au judaïsme et donc à la loi, il fallait les avertir : « Car lorsque vous devriez être des docteurs, vu le temps, vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu, et vous êtes devenus tels, que vous avez besoin de lait et non de nourriture solide ; car quiconque use de lait est inexpérimenté dans la parole de la justice, car il est un petit enfant ; mais la nourriture solide est pour les hommes faits, qui, par le fait de l’habitude, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal. C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits (grec : teleiotés) » (Héb. 5:12 à 6:1). Un chrétien qui se place sous la loi du Sinaï est donc, selon l’appréciation du Nouveau Testament, charnel, immature et bien éloigné d’être spirituellement un « adulte ». Ceci est surprenant pour beaucoup de croyants, et même peut-être choquant, mais c’est la vérité.
Il faut d’abord observer que la loi du Sinaï, qui consiste non seulement en ce qu’on appelle les « dix commandements » mais, selon le décompte des rabbins, en un total de 613 commandements, n’a jamais été destinée à l’ensemble de l’humanité. Elle n’a été donnée qu’à Israël, le peuple terrestre élu de Dieu (Deut. 4:8 ; Rom. 3:2 ; 9:4). Ce peuple était constitué non pas uniquement de croyants, mais dans la majorité, d’hommes naturels, c’est-à-dire pas nés de nouveau. C’est à eux que fut communiquée la volonté de Dieu par la loi. Aussi Paul écrit-il à Timothée que « [la] loi n’est pas pour le juste, mais pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs... » (1 Tim. 1:9‑11). Quand, dans l’original, le mot « loi » figure sans article, comme c’est le cas ici, la notion ne se limite pas à la loi du Sinaï, mais englobe toutes les prescriptions légales. Comme la loi s’adressait à des hommes naturels dans ce monde, elle est comptée en Galates 4:3 et Colossiens 2:20 au nombre des « éléments du monde ». Ses ordonnances concernaient les choses perceptibles de ce monde et mettaient les Israélites dans la servitude.
La loi contient des règles éthiques-morales (dont font partie les dix commandements) (*), des prescriptions civiles et pénales (qui réglementaient la vie communautaire) et des commandements religieux-cultuels (par ex. les ordonnances concernant les sacrifices). Si les Israélites avaient pu garder la loi, ils auraient effectivement été justifiés et auraient reçu la vie (Lév. 18:5 ; Deut. 6:25). Mais ceci se manifesta impossible, ce qui n’est toutefois révélé que dans le Nouveau Testament.
(*) Le sabbat constitue une exception. Le commandement si souvent répété dans le Pentateuque de garder le sabbat (Ex. 16:23 ; 20:8‑11 ; 23:12 ; 31:13‑17 ; 34:21 ; 35:2, 3 ; Lév. 19:3, 30 ; 23:3 ; 26:2 ; Deut. 5:12‑15) avait bien pour but de donner aux Israélites un repos hebdomadaire, mais ne comportait aucune signification éthique-morale comme les autres des « dix commandements ». Ne pouvait-on pas se reposer aussi chaque autre jour de la semaine ? Cela exigeait donc en premier lieu de l’homme quelque chose qui lui est très difficile : une obéissance inconditionnelle envers Dieu.
La loi
● exige l’obéissance (Rom. 7:7 ; Gal. 3:12),
● donne la connaissance du péché (Rom. 3:20),
● maudit le transgresseur (Gal. 3:10),
● conduit à la mort (Rom. 7:10 ; 2 Cor. 3:6),
● mais ne peut pas justifier (Rom. 3:20 ; Gal. 2:16 ; 3:11).
Ayant été donnée par Dieu, la loi est « sainte et juste et bonne » (Rom. 7:12 ; comp. 1 Tim. 1:8). Elle est même appelée « spirituelle », en contraste avec l’homme charnel, vendu au péché (Rom. 7:14). Mais il est impossible à l’homme naturel de répondre aux exigences de Dieu qui y sont enjointes, à cause de sa nature pécheresse. C’est pourquoi elle ne peut pas mener à la justification ou au salut, parce qu’elle est faible par la chair (Rom. 8:3).
On pourrait maintenant poser la question : « Pourquoi donc la loi ? ». Selon Romains 5:20, « la loi est intervenue afin que la faute abondât » et selon Galates 3:19, « elle a été ajoutée à cause des transgressions ». Ces deux expressions, « est intervenue » et «a été ajoutée » sont des affirmations significatives qui sont souvent négligées lors d’entretiens sur ce sujet et de jugement porté sur la loi. Le don de la loi au Sinaï ne correspondait pas à l’intention initiale de Dieu. C’est le peuple d’Israël qui, après sa délivrance de l’Égypte, s’est engagé à faire tout ce que l’Éternel commandait, au lieu de se confier comme auparavant à sa grâce (Ex. 19:8 ; 24:3, 7). Il donna alors la loi à son peuple, mais finalement dans le seul but de prouver que l’homme est incapable de garder une loi parfaite donnée par Dieu. La conclusion, tirée il est vrai seulement dans le Nouveau Testament, déclare aussi : « Nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi, car par la loi est la connaissance du péché » (Rom. 3:20). Ainsi la démonstration est faite, d’un côté, de la complète corruption de l’homme, mais aussi de l’inanité de toute religion (*). Si une religion donnée de Dieu lui-même ne peut sauver, aucune autre ne le pourra.
(*) Contrairement à la foi chrétienne dans le Seigneur Jésus comme Sauveur, il faut comprendre par « religion » un culte avec certaines ordonnances que l’homme doit respecter strictement s’il veut pouvoir entrer en relation avec Dieu et parvenir à la félicité éternelle.
Un autre but de la loi, lié au précédent, est mentionné en Galates 3:23 à 25. Elle était pour Israël un « conducteur » qui protégeait le peuple et veillait sur lui. Cela ne signifie pas qu’il a été ainsi gardé du péché. Comme nous l’avons vu, ce fut le contraire. Mais par la loi, il fut mis à part des nations. Il était le seul peuple de la terre qui possédait le privilège de connaître Dieu (comp. Deut. 4:8). Mais comme « conducteur jusqu’à Christ », la loi ne servit pas à préparer les Israélites en vue de « la foi ». Elle pouvait seulement produire la connaissance du péché et donc le désir de la délivrance. Nous voyons ici de nouveau clairement que la validité de la loi cessa avec l’introduction de la foi chrétienne. « Mais, la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un conducteur, car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus » (Gal. 3:25, 26 ; 4:3‑5).
Il est vrai que la loi contient des directives éthiques-morales de portée générale, comme par exemple les interdictions de tuer ou de voler. Les principes à la base de ces commandements se retrouvent non seulement dans le Nouveau Testament, mais dans les recueils de lois de presque toutes les cultures et formes de société. Ils doivent évidemment aussi être mis en pratique dans le christianisme. Mais pour le chrétien, le fondement pour cela n’est pas la loi et le respect des ordonnances de l’Ancien Testament, mais c’est parce que le Seigneur Jésus et sa vie parfaite comme homme sont notre règle de conduite et notre modèle (1 Cor. 11:1 ; Gal. 5:18). Nous voyons dans sa vie la révélation parfaite et sainte de l’amour de Dieu.
L’exigence la plus élevée de la loi du Sinaï était l’amour de Dieu et l’amour du prochain (Mat. 22:37‑40 ; Rom. 13:10). Ceci conserve évidemment toute sa validité aujourd’hui. Mais le critère selon lequel le chrétien agit est bien plus élevé. Il est appelé dans l’épître aux Galates « la loi du Christ » (Gal. 6:2 ; comp. avec la « loi de la liberté » en Jacq. 1:25 ; 2:12). Celui qui, étant né de nouveau, vit et agit sous la direction du Saint Esprit, accomplit non seulement les exigences de la loi, c’est-à-dire tout ce que la loi requiert de l’homme, mais aussi les commandements de notre Seigneur (Jean 14:21 ; Rom. 8:4).
On pourrait maintenant objecter : « Il y a donc bien dans le Nouveau Testament une loi et des commandements pour les chrétiens » ! Si cependant nous examinons en quoi ils consistent, nous constatons qu’ils ont une tout autre signification. Quand nous sommes exhortés en Galates 6:2 : « Portez les charges les uns des autres, et ainsi accomplissez la loi du Christ », il est facile de reconnaître qu’il s’agit ici de quelque chose de tout à fait différent de la loi du Sinaï. Il en est de même du commandement du Seigneur à ses disciples et à nous, de s’aimer les uns les autres (Jean 13:14). Le mot « commandement » a dans le Nouveau Testament une signification tout autre que dans l’Ancien Testament. Les commandements néotestamentaires sont l’expression de la volonté de Dieu, le Père, pour ses enfants. La loi du Sinaï était l’expression de la volonté d’un Dieu saint pour des hommes naturels, pécheurs. S’ils la gardaient, il leur était promis vie et bénédiction. Les commandements du Nouveau Testament sont donnés à des hommes nés de nouveau, pour conduire et diriger la nouvelle vie en eux (*).
(*) Les quatre « commandements » en Actes 15:20, 29, (interdiction de l’idolâtrie, de la fornication, de ce qui est étouffé et du sang) ne sont pas des commandements spécifiquement chrétiens, mais sont valables pour tous les hommes. Ils renvoient à l’ordre de la création et aux commandements de Dieu à Noé (Gen. 9:1 et suiv.). En les respectant, on reconnaît l’autorité et la sainteté de Dieu.
Comme déjà dit, les exigences éthiques-morales de Dieu exprimées dans la loi du Sinaï ont une validité universelle. Par contre, la loi elle-même avec ses nombreuses exigences détaillées et leurs conséquences, s’appliquait seulement à la vie du peuple d’Israël.
Les autres hommes, selon Romains 1 et 2, seront jugés et condamnés non pas d’après la loi du Sinaï, mais pour s’être détournés délibérément du Créateur et avoir transgressé la conscience présente en tout homme. Le Juif qui pèche sous la loi se trouve sous une responsabilité plus grande, et tous ceux qui se nomment chrétiens sont, eux, les plus responsables, parce qu’ils peuvent connaître les pensées de Dieu dans sa Parole, et particulièrement dans le Nouveau Testament.
Par la mort de Christ, la loi a perdu sa validité. Il a « aboli... la loi des commandements qui consiste en ordonnances » (Éph. 2:15). « Ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix » (Col. 2:14). Le motif nous en est donné en Hébreux 7:18 et 19 : « Car il y a abrogation du commandement qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité (car la loi n’a rien amené à la perfection), et introduction d’une meilleure espérance par laquelle nous approchons de Dieu ».
Mais si le Seigneur Jésus est la fin de la loi, il l’est non seulement relativement au salut, mais aussi à la manière de vivre des rachetés. Nous n’avons pas à effectuer une séparation des domaines d’application de la loi. Si elle s’est montrée incapable de sauver les pécheurs perdus et a été abrogée, on ne peut pas la rétablir comme guide de la vie de foi des rachetés. Et cependant, des docteurs de la loi juifs (appelés « judaïsants ») ont tenté dès le début d’introduire la loi du Sinaï dans la foi chrétienne. Les deux passages les plus connus du Nouveau Testament qui traitent de ce problème sont Actes 15 et l’épître aux Galates. Dans ces deux textes, il est clairement déclaré que le mélange de la loi et de la grâce est contraire à la volonté de Dieu. Et cependant, dans de vastes sphères de la chrétienté, l’observance de la loi – c’est-à-dire pratiquement, des « dix commandements » – est devenue un élément de la vie de foi. Les conséquences en sont que le formalisme et le traditionalisme ont pris la place de la liberté et de la direction du Saint Esprit. Et ce qui est encore pire : des chrétiens qui se placent sous la loi (et combien le nombre en est malheureusement grand !) restent bloqués dans l’état décrit en Romains 7. Ils ne voient pas que la loi a trouvé sa fin dans la croix de Christ, ni qu’ils sont morts à la loi (Rom. 7:4, 6 ; comp. le paragraphe : « Morts au péché et aux éléments du monde »).
À côté de sa position propre dans les relations de Dieu avec son peuple terrestre Israël, la loi du Sinaï contient aujourd’hui encore un grand nombre de prescriptions qui ont une signification typologique pour nous. « Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des écritures, nous ayons espérance » (Rom. 15:4). Elles ne sont cependant qu’une « ombre des choses à venir ; mais le corps est du Christ » (Col. 2:17 ; Héb. 10:1). Les ordonnances de la loi concernant le sanctuaire, la sacrificature, les sacrifices, la vie journalière et bien d’autres choses, contiennent de profondes instructions spirituelles, sans doute encore en partie incomplètement sondées et reconnues, pour nous. La tente d’assignation, que nous trouvons dans la deuxième partie du livre de l’Exode en est un exemple particulièrement beau et important.
Dans le cantique de la délivrance, qu’Israël chanta après la traversée de la mer Rouge, il n’est pas fait mention de la loi (voir Ex. 15). Comme nous l’avons vu, le don de la loi n’était pas dans l’intention initiale de Dieu. Ce que nous trouvons en revanche dans ce cantique, c’est l’habitation de Dieu au milieu de son peuple racheté. « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté... Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (Ex. 15:13, 17). « L’habitation » au verset 13, désigne la tente d’assignation, tandis qu’au verset 17, il s’agit du temple à Jérusalem. Elle est une image de l’Assemblée de Dieu du Nouveau Testament, comme on le voit dans plusieurs passages (voir 1 Cor. 3:16, 17 ; Éph. 2:21, 22 ; 1 Pierre 2:5 ; Apoc. 21:3). La tente et le temple étaient caractérisés par la sainteté de Dieu qui y habitait. La partie antérieure s’appelait « le lieu saint », la partie postérieure était « le lieu très saint », littéralement « le saint des saints ».
L’intention de Dieu est d’habiter avec les hommes. Cela implique – comme l’Ancien Testament le présente en type – que la rédemption est accomplie et que, par elle, des pécheurs ont été mis dans un état qui est en accord avec le Dieu saint. C’est pourquoi Dieu n’habitait ni avec Adam dans le jardin d’Eden, ni avec Noé sur la terre purifiée par le déluge, ni avec Abraham, son ami. La première mention de son « habitation » se trouve seulement après que son peuple terrestre Israël a été délivré de l’esclavage en Égypte, et que, par la traversée de la mer Rouge, il en a aussi été complètement séparé et mis à part pour Dieu. Combien devait être importante pour lui cette habitation avec les siens, pour qu’il inspire Moïse à la célébrer aussitôt dans son « cantique de la délivrance » alors qu’elle n’existait pas encore !
La tente et le temple d’Israël ont un caractère temporaire. C’est ce que montre l’expression « tabernacle », qui en Hébreux 13:10 désigne tout le système du culte israélite. Par contre, l’Assemblée de Dieu demeurera éternellement. Dans toute l’éternité, la gloire de Dieu le Père, sera célébrée dans l’Assemblée, dans le Christ Jésus (voir Éph. 3:21).
Sur le commandement de l’Éternel, la tente d’assignation fut construite selon le modèle qui avait été montré à Moïse sur la montagne (Ex. 25:9, 40). Il en alla de même plus tard pour le temple (1 Chron. 28:11, 19). Le sanctuaire terrestre de Dieu est aussi bien une « copie des vrais » (Héb. 9:24), c’est-à-dire du ciel, qu’une image de la maison spirituelle, formée maintenant de tous les rachetés (Apoc. 21: 2, 3).
Selon Exode 15,13 et 17, Dieu est celui qui prépare l’habitation, mais nous voyons dans les chapitres 25 à 40 comment des hommes construisent la tente et tous les objets qui s’y trouvent, et cela selon le modèle qui avait été montré à Moïse. Les paroles de l’Éternel à Moise sont particulièrement dignes d’attention : « Selon tout ce que je te montre, le modèle du tabernacle et le modèle de tous ses ustensiles, ainsi vous ferez » (Ex. 25:9 ; comp. v. 40 ; 26:30 ; 27:8 ; 40:16, 19, 21, 23, 25, 27, 29, 32). Ni alors, ni aujourd’hui, Dieu ne laisse le plan de la construction aux hommes, mais il nous a communiqué, à nous aussi, sa volonté dans tous les détails, afin qu’en tous lieux les croyants soient « édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » et afin que nous sachions « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (Éph. 2:22 ; 1 Tim. 3:15).
Moïse vit le modèle parfait de la tente d’assignation sur la montagne de Horeb. Ce qui y correspond dans le Nouveau Testament, nous le trouvons dans les communications concernant le conseil de Dieu quant à son Assemblée. Le Seigneur Jésus a posé le fondement de la réalisation de ce conseil par son œuvre à la croix et par l’envoi du Saint Esprit. Ce fondement est divin et donc immuable. L’apôtre Paul écrit : « Que chacun considère comment il édifie dessus. Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ » (1 Cor. 3:10, 11). Nous voyons dans ces paroles aussi bien le fondement divin qu’un appel à notre responsabilité. Nous avons le devoir de « bâtir » sur ce fondement et en harmonie avec lui, par la prédication de l’évangile, et l’enseignement de la Parole de Dieu. Serait-il venu à l’esprit de Moïse et de ses collaborateurs Betsaleël et Oholiab de négliger ou de mettre de côté les ordonnances de Dieu pour l’édification de sa maison ? De même, nous n’avons pas plus la liberté de nous écarter des instructions du Nouveau Testament relativement à l’Assemblée de Dieu, lors même qu’il s’agirait de choses apparemment sans importance. Le principe garde toujours sa validité pour la maison de Dieu : « La sainteté sied à ta maison, ô Éternel ! pour de longs jours » (Ps. 93:5 ; 1 Cor. 3:17). Nous ne devons jamais l’oublier !
Les instructions de la Parole de Dieu pour l’édification de la maison de Dieu, de l’Assemblée, et pour notre comportement en elle, ont cependant, au cours de l’histoire, été à bien des égards modifiées ou négligées. Combien de choses du monde, dont nous sommes cependant retirés, se sont introduites dans l’Assemblée ! Lorsque le pharaon proposa à Moïse de sacrifier à Dieu dans le pays d’Égypte, Moïse refusa, parce que cela ne pouvait plaire à Dieu (Ex. 8:25‑27). Combien moins Dieu peut-il supporter aujourd’hui un mélange des siens et de sa maison avec le monde ! « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : « J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple ». « C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai » ; « et je vous serai pour père, et vous, vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant ». Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 6:14 à 7:1).
La tente d’assignation fut édifiée pour la traversée du désert, tandis que le temple le fut dans le pays de Canaan, à Jérusalem, au lieu que l’Éternel avait choisi « pour y mettre son nom » (Deut. 12:5 ; 1 Rois 11:36). Quant à l’habitation de Dieu dans le Nouveau Testament, l’Assemblée, nous voyons dès le début un « temple » et une « maison de Dieu », car la place et la nature du rassemblement des croyants dans le temps présent sont connus dès le commencement (Mat. 18:20). Il est cependant significatif qu’il soit aussi parlé dans le Nouveau Testament de la « tente » ou du « tabernacle (de l’habitation) de Dieu », et cela non seulement dans le Millénium, mais aussi dans l’état éternel, où nous aurions plutôt attendu une image de la stabilité. Cette désignation a pour but d’indiquer que « le tabernacle » est bien l’habitation de Dieu avec les hommes, mais n’est pas l’expression des privilèges les plus élevés de l’Assemblée dont les membres forment « l’épouse de l’Agneau » et qui seront dans la maison du Père, éternellement (Ex. 25:8 ; Jean 14:2‑4 ; Apoc. 7:15 ; 21:3).
La délivrance et l’habitation de Dieu avec les rachetés sont les deux thèmes principaux de l’Exode. Ils sont étroitement liés. Il s’agit non seulement d’être sauvé, mais encore de connaître et de mettre en pratique les pensées de Dieu quant à son Assemblée. L’intelligence de ces choses fait aussi partie de la croissance spirituelle. Celui qui argumente que le salut est plus important, parce qu’il est pour l’éternité, tandis que le rassemblement des croyants n’aurait de signification que pour notre vie sur la terre, montre qu’il comprend peu les pensées de Dieu et sa propre responsabilité comme chrétien. Les justes actes des saints formeront un jour, lors des noces de l’Agneau dans le ciel, comme « fin lin, éclatant et pur », la robe de noce de l’épouse, et contribueront ainsi à la joie et à la gloire de notre Seigneur (Apoc 19:8). Quelle bénédiction nous perdons, si nous ne reconnaissons et n’apprécions pas nos privilèges, mais aussi notre responsabilité en relation avec l’Assemblée de Dieu.
La tente d’assignation qui fut construite pour la traversée du désert parle de notre témoignage dans le monde, qui lui aussi est pour un temps. Dans l’éternité, il n’y aura plus de témoignage. Dans le livre des Nombres, qui présente la marche d’Israël au travers du désert, la tente est appelée quelquefois la « tente du témoignage » (Nomb. 9:15 ; 17:7, 8 ; 18:2) et le « tabernacle du témoignage » (Nomb. 1:50, 53 ; 10:11). Le « témoignage » proprement dit, c’était les deux tables de la loi avec les dix commandements de Dieu, qui se trouvaient dans l’arche (Ex. 25:16, 21 ; 31:18). Elles rendaient témoignage de Dieu et de ses saintes exigences à son peuple. L’arche est, pour cette raison, souvent appelée « l’arche du témoignage » (voir Ex. 25:22 etc.). Cette désignation apparaît pour la dernière fois en Josué 4:16, où il est dit, lors de l’entrée dans le pays de Canaan : « Commande aux sacrificateurs qui portent l’arche du témoignage, qu’ils montent hors du Jourdain ». Le temps du témoignage dans le désert était maintenant terminé. Puisque, dans un certain sens, nous nous trouvons spirituellement toute notre vie dans le désert, nous avons nous aussi la responsabilité de rendre un témoignage collectif continuel de Dieu, de sa grâce et de sa sainteté.
Pour Israël, le témoignage était en même temps un témoignage d’Israël comme peuple de Dieu (Ps. 78:5 ; 122:4). Dieu avait confié à son peuple la « tente du témoignage » et tous les objets qui en faisaient partie, afin qu’ils les portent dans le désert jusqu’à ce qu’ils arrivent dans le pays de Canaan. L’Assemblée porte aussi le caractère d’un témoignage associé à une responsabilité, et cela non seulement en ce qui concerne la terre, mais pour l’ensemble de la création. Selon Éphésiens 3:10, « la sagesse si diverse de Dieu [est] maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée ». Ce n’est pas tant, il est vrai, un témoignage actif responsable des croyants qui est en vue, mais c’est plutôt la sagesse de Dieu resplendissant dans l’Assemblée. Cependant, l’exhortation adressée aux sœurs de couvrir leur tête lorsqu’elles prient ou qu’elles prophétisent, montre que les anges observent aussi notre comportement pratique comme membres de son Assemblée: « C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité à laquelle elle est soumise » (1 Cor. 11:10).
Non seulement la tente d’assignation, mais aussi chacun des objets qui en faisaient partie ont une signification spirituelle. Tous les éléments devaient être autrefois portés par les lévites selon un ordre bien déterminé (Nomb. 4). Les barres avec lesquelles devaient être portés l’arche du témoignage et tous les autres ustensiles, à l’exception du chandelier d’or et de la cuve d’airain, étaient le signe visible de cette mission.
L’arche de l’alliance parle du fait que le Fils de Dieu devenu homme a accompli l’œuvre de la propitiation à la croix. Nous avons à nous occuper de cette vérité d’une manière conforme à la sainteté de son caractère et à la « porter » en témoignage dans le monde. Il en est de même pour la vérité de l’unité du corps de Christ, qui – bien qu’encore imparfaitement –est présentée dans la table avec les douze pains de proposition qui devaient représenter les douze tribus d’Israël, pour l’autel de l’holocauste comme type de la table du Seigneur, et pour l’autel des parfums comme image de la prière et de l’adoration, pour le chandelier d’or, pour la lumière du Saint Esprit dans le sanctuaire et pour la cuve qui parle de la nécessité continuelle de la purification des sacrificateurs.
La vérité de Dieu demeure certes indépendante de notre comportement, comme un fait immuable et inaltérable. Nous sommes cependant exhortés, comme croyants, à en rendre témoignage. Mais qu’en est-il dans la pratique ? Beaucoup d’enfants de Dieu connaissent bien la vérité, mais est-elle réellement « portée », c’est-à-dire mise en pratique, à la gloire de Dieu et en témoignage pour d’autres ? Existe-t-il encore parmi nous de l’estime pour cette doctrine, ou nous est-elle une charge, que nous ne portons pas volontiers ? Avons-nous le désir sincère de mettre en pratique les pensées de Dieu concernant son Assemblée ou bien n’est-ce plus qu’une profession ? Il est possible que le fardeau des ustensiles ait été oppressant pour plus d’un lévite, lorsque le soleil brillait et que le chemin au travers du désert était pénible. Mais il s’agissait des choses très saintes de leur Dieu qu’ils devaient porter pour sa gloire et en témoignage pour lui. Cela leur donnait force et courage.
Aujourd’hui, tous les croyants sont, quant à leur position, des « lévites » spirituels. Timothée reçut de l’apôtre Paul des instructions afin qu’il sache « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15). Plus tard il reçut l’exhortation suivante : « Aie un modèle des saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus. Garde le bon dépôt par l’Esprit Saint qui habite en nous » (2 Tim. 1:13). Cet encouragement au « service lévitique » dans la maison de Dieu est aussi valable pour nous actuellement. Entrer dans tous les détails de la tente d’assignation sortirait du cadre de cette étude. S’y appliquer est pourtant source de bénédiction et enrichissant pour celui à qui les pensées de Dieu quant au rassemblement des croyants selon la Parole de Dieu sont précieuses, et qui désire croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et de ses pensées.
Le temple à Jérusalem et son sens typologique n’appartiennent en fait pas au domaine des figures que nous étudions ici. Nous nous arrêterons cependant aussi sur la signification spirituelle du pays de Canaan. Sous ce point de vue, le temple construit sur l’emplacement choisi par Dieu est intéressant pour notre sujet.
Le temple de Salomon dans l’Ancien Testament, de même que l’Assemblée de Dieu dans le Nouveau, sont appelés « un temple saint » (Ps. 5:7 ; 79:1 ; 138:2 ; Jonas 2:5, 8 ; 1 Cor. 3:17 ; Éph. 2:21). À la différence de la tente d’assignation, le temple évoque plutôt l’Assemblée selon le conseil de Dieu (*). La tente était petite et sans apparence, le temple en revanche, était grand et majestueux. Il représente un état ordonné et durable.
(*) « Temple » est une des rares expressions employées pour désigner aussi bien le type de l’Ancien Testament que la réalité correspondante dans le Nouveau Testament. Il en est de même pour le mot « sacrifice » qui est utilisé non seulement pour les sacrifices dans l’Ancien Testament, mais aussi pour l’œuvre du Seigneur Jésus et pour notre adoration.
L’emplacement choisi par Dieu à Jérusalem sur lequel fut construit le temple, évoque typologiquement la vérité du Nouveau Testament concernant le lieu du rassemblement : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mat. 18:20). C’est pour nous le lieu que le Seigneur a choisi. Il appartient à lui seul d’en décider, et non pas aux hommes. À nous de rechercher ce lieu et d’agir selon sa Parole, afin que sa précieuse promesse puisse se réaliser.
Comme nous l’avons vu, le cantique de Moïse au début de la traversée du désert contient déjà une allusion au lieu où le temple de Dieu aurait un jour sa place : « Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (Ex. 15:17). Dans ce passage, « l’héritage » de Dieu pour son peuple, c’est-à-dire le pays de Canaan, image des lieux célestes, est mentionné d’abord. Puis il est parlé du « lieu » qui était déjà fixé dans le conseil de Dieu, et finalement de « son habitation », « le sanctuaire » que ses mains ont établi. Tout vient de Dieu, qui veut avoir son peuple chez lui, dans son pays. Mais le lieu même n’est pas indiqué.
L’ordre de ces termes est important pour notre vie de foi. Dieu, notre Père, veut que nous apprenions d’abord à connaître toutes les richesses des bénédictions qu’il nous a données. Ensuite nous apprendrons à apprécier aussi réellement la valeur du lieu spirituel choisi par lui, et la grandeur et la sainteté de sa demeure.
Aussi longtemps qu’Israël était en pérégrinations dans le désert, il ne pouvait pas trouver ce lieu. La tente d’assignation était bien le centre où Dieu habitait au milieu de son peuple, comme l’indiquait la présence de la nuée sur le tabernacle. C’est là que les sacrifices devaient lui être apportés, bien qu’il soit peu probable que cela ait une fois eu lieu d’une manière qui soit agréable à Dieu. Le prophète Amos déclare : « M’avez-vous offert des sacrifices et des offrandes dans le désert, pendant quarante ans, maison d’Israël ? Mais vous avez porté le tabernacle de votre Moloc, et le Kiun de vos images, l’étoile de votre dieu, que vous vous êtes fait » (Amos 5:25, 26 ; comp. Actes 7:42, 43). Il en était comme Moïse doit le constater, à la fin de la traversée du désert, peu avant l’entrée dans le pays de Canaan : « Vous ne ferez pas selon tout ce que nous faisons ici aujourd’hui, chacun ce qui est bon à ses yeux ; car, jusqu’à présent vous n’êtes pas entrés dans le repos et dans l’héritage que l’Éternel, ton Dieu, te donne » (Deut. 12:8, 9).
Peu avant la fin de la traversée du désert, il est mentionné ici pour la première fois que Dieu choisirait une place pour sa maison. Il est dit en Deutéronome 12:5 : « ...vous chercherez le lieu que l’Eternel, votre Dieu, choisira d’entre toutes vos tribus pour y mettre son nom, le lieu où il habitera, et vous y viendrez ». Au total, « le lieu que l’Eternel, votre Dieu, choisira » est mentionné 21 fois dans ce livre (Deut. 12:5, 11, 14, 18, 21, 26 ; 14:23, 24, 25 ; 15:20 ; 16:2, 6, 7, 11, 15, 16 ; 17:8, 10 ; 18:6 ; 26:2 ; 31:11).
(*) 21 = 3 x 7 : trois est le chiffre de la Trinité divine ; sept celui de la perfection.
Cependant des siècles se sont écoulés avant que David trouve, à la suite d’amères expériences, ce lieu dans l’aire d’Oman à Jérusalem et que Salomon son fils y édifie la maison de l’Éternel (1 Chron. 21:28 à 22:1 ; 2 Chron. 3 à 5). Il n’est alors plus dit : « choisira », mais le peuple de Dieu peut dire maintenant : « ...la ville que tu as choisie » (*). Et cependant, Dieu fut aussi déshonoré dans ce lieu magnifique et saint. Israël – plus tard Juda – et ses rois, qui pourtant portaient la responsabilité la plus élevée, agirent souvent en contradiction avec la sainteté de Dieu et du lieu où il voulait être adoré. Est-ce mieux aujourd’hui ?
(*) Cette expression revient au total 14 fois (= 2 x 7) : 1 Rois 8:44, 48 ; 11:13, 32, 36 ; 14:21 ; 2 Rois 21:7 ; 23:27 ; 2 Chron. 6:5, 6, 34, 38 ; 12:13 ; 33:7.
Il est vrai que Dieu reconnut comme sa sainte demeure sur la terre le temple de Salomon, édifié en grande magnificence à Sa gloire. Mais déjà après quelques décennies commença le déclin du service divin, qui se termina quatre siècles plus tard par la destruction du temple. Dieu avait abandonné sa demeure sur la terre (1 Rois 8:10, 11 ; Ézéch. 9:3 ; 11:23). Mais lorsque le Seigneur Jésus fut sur la terre, il y eut de nouveau « un temple » dans lequel habita « toute la plénitude de la déité corporellement » (Jean 2:19‑21 ; Col. 1:19 ; 2:9). Et maintenant son Assemblée, l’ensemble de tous les rachetés, forme le temple spirituel de Dieu, qui, comme le premier, est caractérisé par sa sainteté.
Dans le Nouveau Testament, l’Assemblée est déjà vue lors de sa première mention comme un édifice ou une maison. Lorsque le Seigneur Jésus dit : « Sur ce roc, je bâtirai mon assemblée », nous voyons devant nous l’image d’un bâtiment fondé solidement et inébranlablement (Mat. 16:18). Après que, par la venue du Saint Esprit le jour de la Pentecôte, l’Assemblée a été constituée, il est dit en Éphésiens 2:21 : « ...tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur », et en 1 Corinthiens 3:16 et 17 : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? ...car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes ». Le « temple saint dans le Seigneur » n’est composé que de vrais croyants, parce que, selon Matthieu 16:18, le Seigneur Jésus lui-même est Celui qui bâtit.
Sous un autre point de vue, l’édification de la maison de Dieu est confiée à la responsabilité des hommes. Ce n’est alors plus l’expression « temple » qui est utilisée. Paul rappelle aux croyants à Éphèse cet aspect, lorsqu’à la fin de ses enseignements quant à l’Assemblée, il écrit : « ...vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22). À Corinthe, il avait lui-même posé, comme un sage architecte, le fondement sur lequel d’autres édifieraient. Et comment devaient-ils le faire ? Ceci nous est décrit dans les versets suivants, introduits par ces paroles : « Que chacun considère comment il édifie dessus » (1 Cor. 3:10‑17). Sous cet aspect, malheureusement, il se peut qu’il y ait aussi de simples professants sans la vie divine, comme cela ressort de 1 Corinthiens 1:2 ainsi que du chapitre 3, versets 16 et 17.
L’assemblée, le temple saint sur la terre, doit servir à l’honneur de Dieu. Elle doit par conséquent être gardée de l’intrusion de fausses doctrines par lesquelles elle peut être corrompue (1 Cor. 3:16, 17). Dans ce temple, aucune association de quelque nature que ce soit avec l’idolâtrie ne peut être tolérée (2 Cor. 6:16 à 7:1). Tout cela n’est possible que si nous sommes personnellement et collectivement séparés du mal et que nous nous purifions de toute souillure de chair et d’esprit. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons « achever la sainteté dans la crainte de Dieu ».
Au troisième mois après leur sortie d’Égypte, les fils d’Israël atteignirent Horeb, la montagne de Dieu (Ex. 19:1). Il n’y avait depuis là que onze jours de marche pour parvenir à la ville de Kadès-Barnéa, située au sud du pays de Canaan, à la frontière entre la péninsule du Sinaï et Canaan (Deut. 1:2). Israël aurait donc pu arriver très rapidement dans le pays de Canaan. Il en fut cependant autrement.
Pourquoi la traversée du désert des fils d’Israël dut-elle durer quarante ans ? À cause de leur incrédulité. Il est vrai qu’une petite année se passa encore avec la construction de la tente d’assignation et le don de la loi, avant que le peuple parte pour la première fois et quitte le désert du Sinaï (Nomb. 10:11). Il atteignit bientôt Kadès dans le désert de Paran. De là, Moïse envoya, sur l’ordre de Dieu, douze hommes pour explorer le pays de Canaan (Nomb. 13). Mais il ressort de Deutéronome 1:22, que la pensée d’envoyer des espions est venue du peuple d’Israël lui-même, lorsqu’il est arrivé aux environs de Kadès. Or Dieu ne leur avait-il pas promis de les conduire en sûreté dans le pays ? C’était donc l’incrédulité qui amena les Israélites à prendre cette « mesure de sécurité ». Ceci se manifesta lors du retour des espions quarante jours plus tard. Dix d’entre eux parvinrent à décourager l’ensemble du peuple par leur rapport négatif, bien qu’ils aient eu avec eux les signes de la fertilité et de la bénédiction sous la forme de la grappe d’Eshcol (Nomb. 13:22‑34) ! Ils amenèrent ainsi tout le peuple à mépriser « le pays désirable » (Nomb. 14:31 ; Ps. 106:24). Il s’ensuivit que le peuple voulut pour de bon retourner en Égypte (Nomb. 14:3, 4). En châtiment pour leur mécontentement et leurs murmures, Dieu fit annoncer à tous les Israélites depuis l’âge de vingt ans et au-dessus qu’ils erreraient dans le désert quarante années, selon le nombre des jours que les espions avaient mis à reconnaître le pays, jusqu’à ce que tous ceux qui n’avaient pas cru Josué et Caleb soient morts. Dans le Nouveau Testament, il est dit d’eux : « Mais Dieu n’a point pris plaisir en la plupart d’entre eux, car ils tombèrent dans le désert » (1 Cor. 10:5; comp. Héb. 3:7 à 4:11 ; Jude 5). Nous avons donc affaire ici à un châtiment de Dieu sur son peuple.
Une vieille question est de savoir qui sont ceux qui « tombèrent dans le désert ». S’agit-il ici, symboliquement, d’incrédules ou de croyants ? Considérons de plus près la première épître aux Corinthiens, où se trouve ce passage. Cette épître est adressée « à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre » (1 Cor. 1:2). Les destinataires sont donc ici considérés aussi bien du point de vue de Dieu (« sanctifiés dans le Christ Jésus ») que du point de vue de leur confession (qui « invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ »). Le premier se réfère à la grâce de Dieu, le dernier, à notre responsabilité.
Or la traversée du désert par Israël nous présente aussi bien la grâce de Dieu en relation avec les siens que la responsabilité de ceux-ci de lui obéir et de le suivre. Les Israélites qui avaient trouvé refuge à l’abri du sang de l’agneau pascal, représentent en image les croyants purifiés par le sang de Christ. Dans le « grand amas de gens » ou « ramassis du peuple », mentionné plusieurs fois, qui partit avec eux, on doit voir cependant des incrédules (Ex. 12:38 ; Nomb. 11:4; comp. Lév. 24:10). Ils s’étaient joints à Israël sans vraiment en faire partie. Parmi ceux « qui tombèrent dans le désert », il y avait aussi bien des gens du ramassis du peuple que des Israélites. Les uns représentent les professants incrédules, qui ne sont pas sauvés, et qui donc sont éternellement perdus. Nous trouvons aussi cette manière de voir en Hébreux 3:7 à 4:11. Les autres, par contre, représentent des croyants qui n’obéissent pas aux pensées de Dieu quant à la pleine bénédiction de ses enfants. Dans leur vie de foi, ils n’entrent jamais dans la jouissance des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Comme Israël, ils passent toute leur vie dans le désert, parce qu’ils n’obéissent pas à la Parole de Dieu. Que ce soit par incrédulité ou par désobéissance comme les dix espions, ou en conséquence d’une mauvaise influence et d’un faux enseignement, comme nous pouvons bien le supposer pour la plus grande partie du peuple, est une autre histoire. Le refus d’accepter tout l’enseignement de la Parole de Dieu, ou la recherche du monde avec ses attraits, a de graves conséquences pour la vie de foi pratique sur la terre – non pas pour l’éternité, car à cet égard, chaque croyant est pleinement assuré. Tel est l’enseignement de 1 Corinthiens 10:1 à 13. Moïse et Aaron ont aussi fait partie de ceux qui « tombèrent dans le désert ». Ils étaient des hommes de foi, et ne sont par conséquent en aucune façon des types d’incrédules. Mais par la volonté de Dieu, ils n’atteignirent pas le but « spirituel » fixé par Dieu, bien que Moïse ait pu contempler tout le pays depuis le sommet du Pisga. Ne sommes-nous pas aussi en danger de rester en retrait des pensées de Dieu ou même de rechercher le monde et ses séductions ? Si nous ne faisons aucun progrès spirituel, nous restons stationnaire dans notre croissance. Mais la stagnation spirituelle laisse inévitablement notre vieille nature, la chair pécheresse en nous, se renforcer. Nous ressemblons alors aux chrétiens à Corinthe, dont Paul devait dire : « Et moi, frères, je n’ai pas pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. Je vous ai donné du lait à boire, non pas de la viande, car vous ne pouviez pas encore la supporter, et même maintenant encore vous ne le pouvez pas, car vous êtes encore charnels. Car, puisqu’il y a parmi vous de l’envie et des querelles, n’êtes‑vous pas charnels et ne marchez-vous pas à la manière des hommes ? » (1 Cor. 3:1‑3). C’est pourquoi l’apôtre ne pouvait pas leur annoncer « la sagesse de Dieu en mystère », qui est destinée aux chrétiens « parfaits », c’est-à-dire « adultes » (grec : teleios). Il la mentionnait bien, mais il ne pouvait pas y entrer plus profondément (1 Cor. 2:6 et suiv.).
C’était encore plus triste quant à Démas, le collaborateur de Paul qui avait « aimé le présent siècle » et qui avait abandonné l’apôtre (2 Tim. 4:10). Il était en cela semblable aux Israélites qui voulaient retourner en Égypte.
La mention du fait que Dieu a fait tomber dans le désert la plus grande partie du peuple, contient donc aussi un avertissement pour les chrétiens nés de nouveau. Si nous ne prenons aucun plaisir aux pensées et à la volonté de Dieu, lui ne trouve non plus aucune satisfaction à notre vie !
Le Seigneur a dit une fois à ceux qui le suivaient : « C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne profite de rien » (Jean 6:63). La conséquence en fut que « dès lors plusieurs de ses disciples se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui » (v. 66). Peu avant, ils avaient déjà dit : « Cette parole est dure ; qui peut l’ouïr ? » Ces gens refusaient simplement de recevoir avec foi les paroles vivantes du Fils de Dieu. Cependant, lorsque le Seigneur demanda à ses apôtres s’ils voulaient eux aussi s’en aller, Pierre répondit : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu » (v. 68, 69). Ses paroles expriment non seulement la foi et la confiance, mais aussi l’amour pour son Seigneur. Ce sont là aussi pour nous les conditions pour la croissance spirituelle.
Ne voulons-nous pas demander à notre Seigneur de nous donner une telle conviction ? Nous la discernons en Caleb et en Josué, les deux seuls espions fidèles. Il y avait en eux « un autre esprit ». Ils se confiaient avec foi dans la déclaration de Dieu, ils avaient « pleinement suivi l’Éternel » et purent ainsi eux seuls entrer dans le pays de la promesse et apprendre à connaître ses bénédictions (Nomb. 14). Mais ils durent errer avec l’ensemble du peuple pendant trente-huit ans au travers de la péninsule du Sinaï et du pays à l’est du Jourdain. Ils souffrirent certainement du triste état du peuple sans pouvoir rien y changer. Mais dans leur cœur, ils étaient occupés du pays de la promesse (comp. Josué 14: 6‑15).
En cela, ils ressemblaient à l’apôtre Paul, qui pouvait dire de lui-même : « Oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3:14). Voilà « la perfection » spirituelle ! Pour l’encouragement des croyants, Paul ajoute : « Nous tous donc qui sommes parfaits (grec : teleios), ayons ce sentiment; et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, cela aussi Dieu vous le révélera ; cependant, dans les choses auxquelles nous sommes parvenus, marchons dans le même sentier » (v. 15, 16). Si nous écoutons ces exhortations, nous croîtrons spirituellement. Par son Saint Esprit que nous avons reçu, notre Dieu et Père nous donnera intelligence et affermissement dans la foi. Mais il s’agit aussi de tenir ferme ce que nous avons saisi par la foi. Notre vie sera alors caractérisée par cette joie que Paul mentionne si souvent dans son épître aux Philippiens.
Rappelons-nous encore une fois les paroles de Dieu adressées à Moïse : « J’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs ; car je connais ses douleurs. Et je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel » (Ex. 3:7, 8 ; comp. Ex. 15:1‑21). L’intention de Dieu était donc de conduire son peuple dans un bon pays. Il l’avait déjà promis à Abraham, l’ancêtre du peuple : « Je donnerai ce pays à ta semence » (Gen. 12:7). Il n’est pas question d’un long pèlerinage dans le désert, il est parlé seulement du but glorieux. Le peuple aurait certes dû de toute façon traverser le désert entre l’Égypte et Canaan, mais cela n’aurait pas demandé quarante ans. Nous avons vu que le motif de ce long voyage a été l’incrédulité et l’absence de détermination à se confier en la parole Dieu. La traversée du désert de quarante ans ne correspondait pas au conseil de Dieu, mais fut la conséquence de l’incrédulité d’Israël et une mesure éducative de Dieu envers son peuple, que pourtant il aimait tant. Quarante est le nombre de la parfaite mise à l’épreuve de l’homme responsable devant Dieu, comme nous pouvons le voir dans plusieurs passages de la Parole. Nous en trouvons la confirmation dans la vie du Seigneur Jésus : Au début de son ministère public, il a été tenté quarante jours dans le désert, et entre sa résurrection et son élévation au ciel, il a encore été quarante jours sur la terre (Marc 1:13 ; Actes 1:3).
Parce que Dieu est « miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité » (Ex. 34: 6), il se servit aussi de ces quarante ans pour la bénédiction de son peuple. Il les nourrit « du pain du ciel » qui, selon Jean 6, est une image du Fils de Dieu descendu du ciel. Il leur donna l’eau, qui parle de la vie éternelle dans la puissance du Saint Esprit, jaillissant du rocher, qui est aussi une image de Christ (1 Cor. 10:4). Il prit soin que, malgré toutes les fatigues, leurs pieds n’enflent pas et leurs vêtements ne s’usent pas (Deut. 8:4). Mais il mit aussi les fils d’Israël à l’épreuve pour connaître ce qui était dans leurs cœurs et pour les humilier afin qu’ils reconnaissent qu’ils dépendaient de lui.
En définitive, il voulait leur faire du bien à la fin, dans le pays de Canaan (Deut. 8:2, 16). Son conseil n’a pas été influencé par leurs manquements. Quelle grâce ! À la fin de la traversée du désert, dans les déclarations prophétiques de Balaam, on peut voir le peuple d’Israël, malgré toutes ses défaillances, dans une merveilleuse perfection divine (Nomb. 23 et 24).
Nous comportons-nous, comme rachetés, mieux que les Israélites dans le désert ? Ne sommes-nous pas quelquefois mécontents des voies de Dieu, bien que nous sachions que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos » (Rom. 8:28) ? Notre position parfaite « en Christ » n’est certes pas compromise par nos défaillances, mais nous perdons ainsi beaucoup de bénédictions. Soyons donc remplis du même esprit que Josué et Caleb et cherchons comme l’apôtre Paul « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1)
Durant notre « traversée du désert » sur cette terre, nous sommes aussi mis à l’épreuve par Dieu. Cependant, ce n’est pas notre chair pécheresse qui est testée, car son entière corruption est manifeste depuis la croix. Ce que Dieu met à l’épreuve, c’est l’état de notre cœur. De même que, dans le désert, l’Éternel mit au jour ce qui était dans les cœurs des Israélites, de même nous devons être toujours conscients du fait que Dieu « éprouve nos cœurs » (Deut. 8:2 ; 1 Thess. 2:4).
Lorsque nous avons compris, par la foi, ce que signifie : être morts avec Christ, nous avons reconnu fondamentalement la nullité et la méchanceté du vieil homme et de notre chair. Mais dans la pratique, il nous manque cependant souvent la réalisation de la connaissance que « en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (Rom. 7:18). Même si nous ne sommes pas « dans la chair », ni ne nous trouvons dans l’état décrit en Romains 7 d’une âme non affranchie, nous faisons malheureusement trop souvent l’expérience dans la vie journalière que nous avons nos pensées « aux choses de la chair » (Rom. 8:5). Nous pouvons cependant, sous la direction et dans la puissance du Saint Esprit, maîtriser les mouvements de la chair. Dans ce but, nous devons, d’un côté, garder devant nos yeux que, dans un amour inexprimable, mais aussi dans des souffrances indicibles, notre Seigneur a porté sur la croix le jugement de Dieu sur le vieil homme et sur le péché dans la chair. D’un autre côté, nous devons réaliser notre position « en Christ » en étant occupés de lui dans la gloire du ciel.
Il s’agit ainsi de notre « identité » spirituelle. Comment nous voyons-nous nous-mêmes ? Nous « identifions-nous » par la foi à Christ, notre Seigneur, de tout notre cœur, ou seulement à moitié, ou pas du tout ? Si nous avons compris l’entière corruption de notre nature humaine entachée par le péché, mais aussi la signification de Ses souffrances et de Sa mort à cause de notre péché, alors nous ne voulons plus rien avoir à faire avec notre position précédente comme pécheur et avec le monde, mais voulons nous tenir du côté de notre Rédempteur, dont nous avons par grâce reçu la vie.
Alors le monde qui nous entoure est pour nous un désert, d’un point de vue spirituel. Nous ne pouvons pas nous y sentir à l’aise et nous n’y trouvons non plus aucune nourriture sinon ce que Dieu nous donne. Nous sommes des voyageurs en chemin vers un but céleste. Mais nous pouvons nous aussi « servir notre Dieu dans le désert » (Ex. 7:16). Ce qui consistait pour Israël en offrandes de sacrifices, est pour nous l’adoration en esprit et en vérité. Cependant notre service englobe aussi la proclamation de l’évangile. Israël n’avait aucune mission à cet égard. Dans le temps présent de la grâce, notre Dieu veut se servir de nous pour amener des pécheurs à Jésus, le seul Sauveur. Sommes-nous toujours conscients qu’il est patient à cet égard, « ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:9, 15) ?
Nos relations dans le mariage et dans la famille, ou dans notre activité journalière, représentent aussi des domaines purement terrestres. Nous avons ici le devoir important et pas toujours facile de vivre et d’agir comme enfants de Dieu pour sa gloire et pour la bénédiction de notre entourage.
Nous n’avons pas le droit de nous soustraire à ces relations et à ces devoirs, et d’avancer peut-être comme excuse : « Les choses spirituelles sont plus importantes pour moi ». Même ceux que le Seigneur appelle à plein temps à son service ne sont jamais entièrement déchargés des obligations terrestres. L’apôtre Paul était certes non marié, mais combien de fois ne mentionne-t-il pas qu’il travaillait pour son entretien !
Nous ne remplissons pas nos devoirs terrestres comme chrétiens simplement par conscience du devoir ou même d’une manière légale. Non, nous les accomplissons dans la puissance du Saint Esprit et, comme Paul y encourage plusieurs fois les Philippiens, en nous réjouissant dans le Seigneur, par amour pour lui et pour les siens, mais aussi envers ceux encore du dehors. La joie dans le Seigneur ne nous donne pas seulement la force (Néh. 8:10), mais aussi la paix intérieure et l’équilibre spirituel. Cela, notre entourage le remarquera. « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes ; le Seigneur est proche ; ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4:4‑7).
Même dans l’affliction la plus profonde, nous possédons une espérance qui ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par le Saint Esprit (Rom. 5:3‑5). Et de cet amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, rien ne peut nous séparer (Rom. 8:39).
Beaucoup de chrétiens pensent que le pèlerinage de quarante ans d’Israël dans le désert est tout simplement une image de la vie chrétienne, et que la traversée du Jourdain pour entrer dans le pays de Canaan et toutes ses bénédictions est une image de la mort et de l’entrée de l’âme dans le ciel. Cette opinion, cependant, passe à côté du sens des types que nous considérons. Pendant toute notre vie après notre délivrance, nous ne nous trouvons pas seulement dans « le désert » spirituellement, mais nous sommes aussi, corporellement, encore « en Égypte », et quant à notre position, déjà dans les lieux célestes. La mort physique des croyants n’a aucune place dans ces types. De plus, l’espérance des chrétiens n’est pas la mort en tant que porte du paradis, mais est la venue du Seigneur pour l’enlèvement, qui ici – tout comme la mort corporelle – ne trouve aucune correspondance. Dans le paradis et dans le repos et la félicité éternels de la maison du Père, il n’y aura plus de combats.
Pourtant pour Israël, les guerres ont commencé en fait seulement après l’entrée dans le pays de Canaan (*). Il y avait là des nations idolâtres que le peuple de Dieu devait chasser. Comme nous le verrons encore, Canaan n’est pas un type du paradis ou de notre demeure future, céleste et éternelle, mais des « lieux célestes » avec les bénédictions spirituelles présentes, telles que nous les trouvons dans l’épître aux Éphésiens.
(*) Durant les quarante années de la traversée du désert, Israël n’eut à combattre qu’une fois au début, contre Amalek. La défaite des Amoréens ainsi que des peuples de Basan et de Madian, à la fin des 40 ans était en fait déjà une sorte de préparation à la conquête du pays (Ex. 17 ; Nomb. 21 et 31).
D’un côté, après notre délivrance hors « de l’Égypte », image du monde avec ses tentations pour la chair, nous nous y trouvons encore corporellement. Si même spirituellement, nous ne pouvons plus avoir aucune relation avec le monde, la Parole de Dieu nous dit cependant que nous ne pouvons pas en sortir (1 Cor. 5:10). En même temps, aussi longtemps que nous vivons sur la terre, nous sommes, spirituellement parlant, dans le « désert ». Pour la nouvelle vie divine en nous, le monde n’offre aucune nourriture, et donne encore moins une patrie. Nous sommes ici des étrangers et des voyageurs en chemin vers la patrie céleste (Héb. 11:9, 13‑16 ; 1 Pierre 1:1 ; 2:11). C’est pourquoi nous regardons en haut et courons « droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3:14). Le pays de Canaan représentait un troisième domaine pour Israël ; nous avons à y discerner les lieux célestes (Éph. 2:6). Nous nous en entretiendrons encore par la suite.
Il existe donc une différence importante entre le type de l’Ancien Testament et la réalité du Nouveau Testament. Les fils d’Israël quittèrent l’Égypte à la mer Rouge, et au Jourdain le désert, pour toujours. Alors qu’ils ont connu successivement l’Égypte, le désert et Canaan, nous nous trouvons, nous – sous différents points de vue – simultanément dans les trois domaines.
Comme nous l’avons vu, nous portons la chair avec nous aussi longtemps que nous vivons sur la terre, c’est-à-dire jusqu’à la venue du Seigneur – ou s’il n’est pas encore venu – jusqu’à notre décès. Nous pouvons certes avoir confessé la totale incapacité de notre vieil homme de plaire à Dieu ; mais que nous ayons le même jugement pour ce qui concerne notre chair, est une tout autre question. Le Nouveau Testament ne nous laisse aucun doute quant au vrai caractère de notre chair. Le Seigneur Jésus a dit une fois : « C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne profite de rien » (Jean 6:63). De Paul, nous avons les paroles bien connues et pourtant si peu comprises et réalisées : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien », et : « La pensée de la chair est inimitié contre Dieu » (Rom. 7:18 ; 8:7). Le jugement prononcé dans ces citations est valable non pas seulement pour les hommes qui sont loin de Dieu, mais aussi pour la chair en tout croyant. La chair est irrémédiablement mauvaise.
Reconnaître cela est, pour la plupart d’entre nous, une des leçons les plus difficiles de la vie de la foi. Le peuple d’Israël ne l’a apprise qu’à la fin de la traversée du désert, et cela par le type du serpent d’airain.
Le livre des Nombres décrit le cheminement d’Israël au travers du désert. Nous n’y trouvons cependant pas un récit complet de leur pèlerinage. Nous n’avons que quelques aperçus d’événements survenus au cours de ces quarante ans. Les étapes détaillées de la traversée du désert sont présentées dans le chapitre 33. La description du voyage lui-même s’étend sur à peine 13 chapitres. Elle commence en Nombres 10:11 et se termine déjà au verset 1 du chapitre 22 où il est rapporté que les fils d’Israël sont arrivés « dans les plaines de Moab, de l’autre côté du Jourdain de Jéricho ». Tout ce qui est décrit dans le livre du Deutéronome se déroula là (Deut. 1:1). Comme nous l’avons vu, la longue période du pèlerinage était le châtiment de Dieu pour la désobéissance de son peuple, mais ne correspondait pas à son conseil.
Durant le voyage de quarante ans, le peuple manifesta de façon répétée son mécontentement vis-à-vis de Dieu et de Moïse.
● En Nombres 11:1 à 3, donc tout au début de la traversée du désert, le peuple murmure à Tabhéra (« incendie »), et le feu de l’Eternel dévore « au bout du camp ».
● Dans les versets suivants, 4 à 35, c’est « le peuple mélangé » qui entraîne tout le peuple par son insatisfaction à l’égard de la nourriture donnée de Dieu ; ainsi, beaucoup d’Israélites doivent périr à Kibroth-Hattaava, les « sépulcres de la convoitise » (comp. 1 Cor. 10:6).
● Au chapitre 12, versets 1 à 13, le mécontentement de Marie et d’Aaron contre Moïse et sa position est décrit, en conséquence Marie est punie de lèpre.
● Aux chapitres 13 verset 32 à 14 verset 38, les dix espions décrient le pays de Canaan qu’ils ont été reconnaître devant le peuple, qui s’élève alors contre Moïse. En punition, les dix hommes doivent périr et l’ensemble du peuple doit errer encore pendant trente-huit ans dans le désert.
● Le chapitre 16, versets 1 à 35, décrit la révolte de Coré contre Moïse et la mort des insurgés (comp. 1 Cor. 10:10 ; Jude 11). Suite à cela, le peuple murmure à cause de la mort de Coré et de ses adeptes, de sorte qu’une plaie envoyée de Dieu fait périr 14700 Israélites (chap. 16:41‑50).
● Au chapitre 20, versets 2 à 13, le peuple conteste avec Moïse à Meriba (« contestation »), parce qu’il n’y a pas d’eau (comp. Ex. 17).
● La dernière fois, au chapitre 21, versets 4 et 5, Israël parle contre Dieu et contre Moïse, parce qu’il est de nouveau mécontent de la manne (comp. 1 Cor. 10:9).
Si nous ajoutons les murmures du peuple en Exode 15 au sujet des eaux amères de Mara, puis au chapitre 16 à cause d’un prétendu manque de nourriture et au chapitre 17 à cause du manque d’eau, nous obtenons un total de dix cas (comp. Nomb. 14:22).
Lorsque nous murmurons contre Dieu, c’est que nous sommes mécontents du sort qu’il nous accorde. Jude écrit dans son épître, verset 16 : « Ceux-ci, ils sont des murmurateurs, se plaignant de leur sort, marchant selon leurs propres convoitises... ». Dans les murmures se manifeste la chair pécheresse, qui cherche toujours la satisfaction de la propre volonté. Selon Romains 8:7, la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne veut pas, et ne peut pas, se soumettre à la loi de Dieu, c’est-à-dire à sa volonté révélée. Il en était ainsi d’Israël, et il en est aussi ainsi de nous.
Il nous est beaucoup plus difficile de reconnaître l’entière corruption de notre chair que d’accepter le jugement de Dieu sur notre vieil homme. La circonstance suivante peut éclairer la différence : Un chrétien disait une fois à un autre : «Je suis par nature un homme méchant ». Lorsque son interlocuteur lui répondit : « Oui, c’est vrai, je l’ai aussi entendu », il lui demanda furieux : « Qu’est-ce qui vous fait penser cela » ? Ainsi, il nous est plus facile de nous déclarer d’une manière générale comme pécheur que de reconnaître l’impossibilité d’améliorer notre chair, la vieille nature en nous. Bien que les deux soient très étroitement liés, nous faisons là cependant souvent une différence.
Dieu soit béni de ce que notre vieil homme est crucifié avec Christ. En conséquence de ce fait, Paul peut exhorter les croyants à Rome : « Ainsi donc, frères, nous sommes débiteurs, non pas à la chair pour vivre selon la chair ; car si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8:12, 13).
Nous ne manquons pourtant que trop souvent à cet égard, semblablement aux croyants à Corinthe et en Galatie, et aux fils d’Israël en type. Si nous ne nous imprégnons pas de ceci, qu’en notre chair n’habite rien de bon, nous sommes en danger de la laisser agir sans contrôle. Nous sommes peut-être sur nos gardes quant à la convoitise de la chair, aux manifestations de méchanceté ou aux choses semblables. Mais dans les petites circonstances de la vie journalière, nous ne sommes souvent pas conscients du danger. C’est pourquoi nous sommes alors le plus exposés à vivre selon la chair et non selon l’Esprit. Au lieu de juger et de réprimer les mouvements de notre chair aussi dans les petites choses les plus insignifiantes, nous leur laissons libre cours et devons alors apprendre – comme Israël par les serpents brûlants – que notre chair, qui veut toujours nous éloigner de la présence de Dieu et nous rendre insatisfaits de sa Parole et de ses voies, nous conduit finalement sur des chemins de peines et de mort (comp. Ps. 139:23, 24; Prov. 14:12 ; 16:25).
Telle est la première leçon de notre chapitre. Israël venait de connaître un exaucement à sa prière à Horma et de remporter avec l’aide de Dieu une victoire sur le roi d’Arad (Nomb. 21:1‑3). Mais peu après, il fit de nouveau des pas en arrière, car il se trouvait sur le point de retourner dans la direction du point de départ de la traversée du désert, c’est-à-dire « le chemin de la mer Rouge » (v. 4). Mais ce n’était pas encore tout. Au recul extérieur, s’ajouta le recul intérieur : « Et le peuple parla contre Dieu et contre Moïse: Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour mourir dans le désert ? » (v. 5). Les Israélites avaient prononcé presque les mêmes paroles lorsqu’ils étaient devant la mer Rouge et avaient vu les Égyptiens s’approcher derrière eux (Ex. 14:11). Leur chair ne s’était pas changée, ni même améliorée pendant les 40 ans.
Même les plus belles expériences de la foi ne peuvent pas changer notre chair. Pleins de découragement et d’impatience, les Israélites dirent à Moïse : « Car il n’y a pas de pain, et il n’y a pas d’eau, et notre âme est dégoûtée de ce pain misérable » (v. 5). Leur mécontentement à l’égard des voies de Dieu et de la nourriture céleste s’extériorisait par une accusation injuste contre lui, car il leur avait plus d’une fois promis de les introduire dans le pays de Canaan (Ex. 3:8, 17 ; 23:23).
À Mara, le peuple, qui murmurait contre son Dieu, avait appris que l’eau amère ne pouvait devenir douce que par un bois, qui incontestablement est une figure de Christ à la croix. Des expériences amères peuvent aussi facilement faire intervenir la chair chez un racheté, mais il peut apprendre par là que la croix de Christ donne la délivrance et le rafraîchissement (Ex. 15:23‑25). Dans une autre occasion, Dieu donna à son peuple insatisfait ce qu’il réclamait, mais il envoya ensuite « la consomption dans leurs âmes » (Ps. 106:15), afin de leur montrer qu’ils étaient sur un mauvais chemin. Il leur fit parfois aussi connaître les conséquences de leur révolte coupable contre ses voies d’une manière encore plus amère. Tel fut le cas ici.
Aux murmures du peuple, Dieu répondit par la plaie des serpents brûlants, dont la morsure produisait la mort. Appelé à l’aide par le peuple, Moïse dut faire, sur le commandement de Dieu, un serpent d’airain et le fixer sur une perche à la vue de tous. Celui qui regardait le serpent d’airain était guéri.
De quoi nous parlent alors « les serpents brûlants » envoyés par l’Éternel en réponse aux murmures d’Israël ? Le serpent est souvent une image de Satan lui-même. Ce fut le cas déjà dans le jardin d’Eden, où il se montre pour la première fois (Gen. 3). Et dans le dernier livre de la Bible, le diable apparaît comme « le grand dragon... le serpent ancien, celui qui est appelé diable et Satan » (Apoc. 12:9 ; 20:2).
Il ne faut cependant pas voir dans les serpents brûlants un type du diable lui-même. C’est impossible déjà du fait de leur grand nombre ici. Cependant Satan trouve dans la chair de chaque croyant un bon allié. Les nombreux serpents brûlants parlent donc de la chair, la vieille nature en chaque croyant, excitée par Satan contre Dieu (v. 6). Satan, l’ennemi de Dieu et des hommes, est l’origine du péché, « car dès le commencement le diable pèche » (1 Jean 3:8). Comme « le serpent ancien », il incita dans le jardin d’Eden le premier couple humain à la désobéissance contre Dieu, faisant ainsi d’eux non seulement des transgresseurs du commandement de Dieu, mais, dans leur position et leur nature, des pécheurs. Depuis lors, la chair dans l’homme est le meilleur allié du diable. C’est aussi ce que l’on voit ici.
Cependant les serpents brûlants furent envoyés non par Satan, mais par l’Éternel. Il montrait ainsi clairement aux Israélites, sous forme de châtiment, quelle était l’origine de leur mécontentement à son égard : le péché dans la chair, par lequel Satan les dressait contre Dieu. Le terme « serpent » indique Satan, l’origine du péché, l’adjectif « brûlant », par contre, montre que Dieu envoyait les serpents en jugement.
Les morsures des serpents brûlants provoquaient une douleur ardente et entraînaient la mort. Les Israélites prirent conscience de leur péché et confessèrent plaintivement devant Dieu et devant Moïse : « Nous avons péché, car nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi » (v. 7). Une confession sincère et dans la repentance est l’attitude nécessaire et juste, tant pour le pécheur encore perdu que pour un enfant de Dieu qui a péché (1 Jean 1:9).
Toutefois la demande que Dieu retire les serpents brûlants, adressée par le peuple à Moïse, n’obtint pas de réponse. Les serpents sont restés, et les hommes ont continué à mourir. Un moyen dicté par le péché conduit non pas à la vie, mais à la mort. Israël devait l’apprendre. C’est pourquoi Paul écrit : « La pensée de la chair est la mort » et : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez » (Rom. 8:6, 13).
Dieu répondit certes à la supplication de son serviteur Moïse, mais d’une tout autre manière que celle qui était attendue, car le peuple avait une grande leçon à apprendre. « Et l’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et mets-le sur une perche ; et il arrivera que quiconque sera mordu, et le regardera, vivra. Et Moïse fit un serpent d’airain, et le mit sur une perche ; et il arrivait que, lorsqu’un serpent avait mordu un homme, et qu’il regardait le serpent d’airain, il vivait » (v. 8, 9). Le moyen de la délivrance de la plaie fut révélé aux Israélites mordus par le serpent d’airain élevé sur une perche par Moïse. Celui qui levait les yeux vers lui, pouvait échapper à l’état misérable et conduisant à la mort dans lequel il s’était mis par son péché, ses murmures contre Dieu.
Il n’aurait servi à rien pour un Israélite de chercher par lui-même à fuir devant les serpents, ou à rendre inoffensif le poison de la morsure. « Et il arrivait que, lorsqu’un serpent avait mordu un homme, et qu’il regardait le serpent d’airain, il vivait » (v. 9). Pas plus un regard sur ceux qui mouraient, que sur ceux qui étaient déjà guéris, ou sur soi-même, ne pouvait lui être en aide. Seul le fait de regarder le serpent d’airain apportait secours et salut. Chaque Israélite devait le faire personnellement. Aucun autre ne pouvait le faire pour lui. Mais s’il le faisait, il était délivré de la plaie et pouvait en rendre grâces à Dieu.
Dans le Nouveau Testament, le Seigneur Jésus mentionne le serpent d’airain comme un type de lui-même (*). Lors de son entretien nocturne avec le pharisien Nicodème sur la nécessité de la nouvelle naissance et sur la vie éternelle, il dit : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:14, 15).
(*) D’ailleurs, le « serpent brillant qui vole », en Ésaïe 14:29, est aussi une image de Christ, le Messie. Il est Celui qui, dans l’avenir, exécutera la malédiction qui viendra sur les Philistins comme manifestation de la justice de Dieu en châtiment.
Le type du serpent d’airain renferme plusieurs parallèles clairs avec l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix :
● le serpent d’airain lui-même comme image du Fils de Dieu venu en ressemblance de chair de péché et fait péché pour nous (voir Rom. 8:3 ; 2 Cor 5:21,
● la perche (en fait : la bannière) comme image de la croix,
● l’élévation du serpent, comme image de la crucifixion (« élévation ») du Seigneur Jésus,
● le fait de regarder le serpent comme image de la foi en Celui qui a été fait péché pour nous,
● la réception de la vie comme image du don et de la jouissance consciente de la vie éternelle.
Par « l’élévation » du Seigneur Jésus, il faut entendre non pas sa glorification dans le ciel, mais sa crucifixion. Son rejet est exprimé par là, mais aussi le fait qu’il est maintenant un objet de foi, qui rétablit pour nous la relation avec le ciel. Ceci ressort non seulement de Jean 8:28 : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme… », mais aussi des versets 32 et 33 du chapitre 12 : « Et moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même. Or il disait cela pour indiquer de quelle mort il allait mourir » (*).
(*) Cette élévation du Seigneur de la terre exprimait le fait que les hommes le rejetaient et n’avaient pour lui aucune place sur la terre. Comme le vrai sacrifice et en même temps le vrai souverain sacrificateur, le Seigneur Jésus a accompli son œuvre de rédemption entre le ciel et la terre, car selon la loi, il n’aurait pas pu être sacrificateur (Héb. 2:17b ; 7:13, 14, 27 ; 8:4 ; 9:11, 12). De même l’autel de l’holocauste, comme image de la croix, n’était pas dans le camp (image de la terre), mais dans le parvis, devant l’entrée de la tente d’assignation. – Dans l’élévation du Seigneur en Actes 2:33 et 5:31, en revanche, il faut voir sa glorification à la droite de Dieu.
Le serpent d’airain, comme image de ce par quoi le malheur avait été causé, devint par la volonté de Dieu le moyen de la délivrance. Mais pourquoi a-t-il choisi justement l’image du serpent ? Eh bien, précisément parce que le Seigneur a été envoyé « en ressemblance de chair de péché, et pour le péché » et que Dieu a condamné en lui « le péché dans la chair » (Rom. 8:3). Christ a été le seul homme parfaitement juste qui ait jamais marché sur cette terre. Il n’a commis aucun péché, il n’y avait aucun péché en lui et il n’a connu aucun péché. Mais sur la croix, il a été «fait péché » (2 Cor. 5:21). Voilà ce qui est exprimé en image dans le serpent.
Le serpent qui apportait la délivrance, ressemblait, il est vrai, aux serpents brûlants porteurs de la destruction, mais il ne leur était pas identique. Comme Romains 8:3 le dit, le Seigneur est venu en ressemblance de chair de péché (non pas dans la chair de péché !), afin qu’en lui le péché dans la chair puisse être jugé. L’airain duquel le serpent était fait, est mis très souvent dans la Bible en rapport avec le feu, c’est-à-dire avec la sainteté de Dieu en jugement. C’est sur l’autel d’airain de l’holocauste que les sacrifices étaient consumés par le feu (Ex. 27:1‑8). En Apocalypse 1:15, les pieds du Fils de l’homme sont « semblables à de l’airain brillant, comme embrasés dans une fournaise ». Cependant l’airain sort intact du feu, image du saint jugement de Dieu sur le péché. L’airain est le type d’une justice qui est démontrée au travers du jugement.
La justice de Dieu s’est manifestée en jugement sur le péché dans la chair, et ce jugement, le Seigneur Jésus, le juste, l’a supporté d’une manière parfaite (voir Actes 3:14 ; 1 Pierre 3:18 ; 1 Jean 2:1). Le serpent d’airain élevé sur la perche est donc un type de Christ durant les trois heures de ténèbres. Là, Celui qui ne connaissait pas le péché, a été fait péché pour nous par Dieu sur la croix, afin que par lui et en lui, nous puissions devenir les preuves vivantes de la justice de Dieu (2 Cor. 5:21) Ce n’est qu’en le contemplant sur la croix que nous pouvons comprendre comment Dieu considère le péché. Ce n’est qu’ainsi, lorsque nous voyons ce que notre Seigneur a dû subir pour cela, que nous acquérons l’aversion du péché qui convient.
Mais pourquoi le serpent d’airain comme image de Christ crucifié, apparaît-il non pas au début, mais presque à la fin de la traversée du désert ? Le Seigneur Jésus le compare pourtant avec lui comme Celui en qui le pécheur doit croire afin de recevoir la vie éternelle. Ce type n’aurait-il alors pas dû se trouver au début de la traversée du désert ?
Par le moyen de ce type, nous voyons une fois encore la différence entre les « types de principe » et les « types de pratique », dans le cas présent, l'œuvre de la rédemption de notre Seigneur dans son sens absolu, et la compréhension que nous en avons comme croyants. D'un côté, la Pâque, la mer Rouge, le serpent d'airain et le Jourdain sont des types de l'œuvre unique que le Seigneur a accomplie pour nous à la croix. Toutefois chacun de ces types évoque un aspect différent de cette œuvre et de ses conséquences bénies pour nous,. D'un autre côté, nous discernons dans leur ordre durant le pèlerinage d'Israël depuis l'Égypte jusqu'en Canaan, diverses étapes de la marche de la foi. Ils nous montrent comment nous parvenons à une parfaite connaissance et à une parfaite jouissance de l’œuvre de la rédemption, et par là devenons spirituellement « accomplis » (adultes). Il y a plusieurs degrés dans notre croissance spirituelle, c'est-à-dire dans notre compréhension du salut et dans la joie que nous trouvons en ce dernier et en Celui qui a tout accompli. Tout ce que nous avons et que nous sommes comme rachetés, trouve son origine exclusivement en Christ, notre Rédempteur. Et tout, uniquement par grâce !
(*) Les sacrifices en Lévitique 1 à 7 présentent eux aussi divers aspects de l'œuvre de la rédemption de Christ : l'holocauste, sa parfaite consécration pour Dieu, le sacrifice de prospérités, sa mort comme fondement de notre communion avec Dieu, et le sacrifice pour le péché et pour le délit, la propitiation pour les péchés. De même, le Seigneur Jésus est présenté dans les quatre évangiles sous différents aspects : en Matthieu, comme le roi d'Israël ; en Marc, comme le Serviteur ; en Luc, comme le Fils de l'homme et en Jean comme le Fils éternel de Dieu.
L'épisode du serpent d'airain nous montre que le Seigneur Jésus a aussi porté sur la croix le jugement de Dieu sur la chair, notre vieille nature, et sur le péché qui habite et agit en elle. Ceci est une autre chose que le fait de porter nos péchés, ce dont parle la Pâque, et que le jugement sur notre vieil homme, ce que nous avons vu dans la mer Rouge. Discerner cela, donne la vraie délivrance ! Lorsque nous le comprenons, n'est-ce pas alors notre devoir comme chrétiens de nous mettre entièrement de son côté et de ne pas céder à notre vieille nature et à ses convoitises ? C'est justement cela que nous apprenons dans les premiers versets de Romains 8 : « Car la loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus, m'a affranchi de la loi du péché et de la mort » (v. 2). La « loi du péché et de la mort » doit être comparée à un principe fondamental, une loi naturelle, qui conduit l'homme au péché et donc à la mort. La chair d'un croyant n'est pas meilleure que celle d'un incrédule. Mais si nous croyons à toute l'étendue de l’œuvre du Seigneur Jésus, nous connaissons une autre loi plus puissante, la « loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus », qui nous a affranchis « de la loi du péché et de la mort ». La puissance de Dieu, la gloire du Père et le Saint Esprit ont été à l’œuvre dans la résurrection du Seigneur Jésus (Éph. 1:19, 20 ; Rom. 6:4 ; 1:4 ; 1 Pierre 3:18). Par elle, Celui qui avait subi le jugement sur le péché dans la chair, a été introduit dans une nouvelle position au-delà du péché et de la mort. De même que nous avons par la foi part à sa mort, nous avons aussi part à sa vie en résurrection. Le péché n'est maintenant plus pour nous « une loi ».
Une image peut nous aider à comprendre cela. Un oiseau posé sur la terre est maintenu au sol par la loi de la gravité. Lorsqu'il s'envole, plusieurs facteurs interviennent cependant, grâce auxquels la loi de la gravité est surmontée, de sorte qu'il peut s'élever de la terre dans les airs. De même aussi, en nous, la « loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus » est plus puissante que la « loi du péché et de la mort ». Et pourquoi ? Parce que « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3).
Ce n'est que lorsque nous avons compris cela par la foi que nous pouvons entrer dans la pleine jouissance de la vie éternelle que nous avons reçue. Alors, nous avons la communion pratique avec le Père et le Fils et pouvons juger des choses qui sont incompatibles avec eux.
À ce sujet, nous n’avons pas à penser seulement à des manquements grossiers tels que vol, tromperie ou péchés sexuels. De vilains traits de caractère, notre propre volonté ou le mécontentement à l’égard de notre sort sont des manifestations de cette force négative en nous, qui ne se soumettra jamais à la volonté de Dieu, « parce que la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Rom. 8:7). Ces paroles montrent que la chair est là, et nous ne pouvons pas nous en défaire dans notre vie.
Mais il existe un moyen par lequel nous pouvons être délivrés de ses influences persistantes et parfois irrésistibles : la croix de notre Sauveur ! Lorsque nous considérons comment le Seigneur a dû souffrir dans sa chair sainte sous le jugement de Dieu à cause du péché dans notre chair, nous reconnaissons l’horreur du péché aux yeux de Dieu et son jugement sur lui. Pouvons-nous alors excuser la chair pécheresse en nous, ou même la tolérer ? Ceci serait une contradiction flagrante dans notre vie de foi. Et pourtant, nous faillissons toujours à nouveau, comme Israël dans le désert. Notre propre force ne nous est d’aucun secours. Mais en levant les yeux vers Celui en qui le péché qui habite en nous a été condamné, et dans la puissance du Saint Esprit que nous avons reçu, nous serons capables de suivre l’exhortation de l’apôtre Paul : « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair... Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit » (Gal. 5:16‑25). Nous avons là deux exhortations à marcher dans la puissance du Saint Esprit. Entre les deux, il y a notre réalisation pratique du type du serpent d’airain : « Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair... ». L’expression : « ...ont crucifié la chair... » va plus loin que la doctrine de Romains 6:6, selon laquelle notre vieil homme est crucifié avec Christ. Là, comme nous l’avons vu, il s’agit de la fin de notre position précédente comme pécheurs, ici cependant (Gal. 5:24), de la chair qui habite en nous, la vieille nature. De plus, il s’agit en Romains 6:6 du jugement de Dieu, tandis qu’en Galates 5:24, ce sont les croyants eux-mêmes qui ont exécuté le jugement sur leur chair. C’est donc un acte de foi véritable et personnel, qui exécute le jugement sur le péché dans la chair dans sa propre vie.
Avons-nous réalisé cela par la foi ? Avons-nous réellement compris qu’en notre chair, il n’habite point de bien ? Croyons-nous réellement que le Seigneur Jésus a porté le jugement de Dieu sur le péché dans notre chair et que, par la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, nous sommes affranchis de la loi du péché et de la mort ? Alors, comme Israël, nous apprendrons aussi à connaître des sources d’eau dans le désert, qui parlent du Saint Esprit et de sa puissance pour la jouissance de la vie éternelle. Mais nous en reparlerons plus loin.
La plupart des croyants ne comprennent pas tout de suite au début de leur vie de foi le fait présenté dans le type du serpent d’airain, à savoir que Dieu a « condamné le péché dans la chair » en Christ venu « en ressemblance de chair de péché, et pour le péché » (Rom. 8:3). Chaque vrai chrétien connaît certes la « Pâque », c’est-à-dire la signification du sang de Christ pour son salut. Mais beaucoup de croyants ne comprennent pas la signification de la « mer Rouge », de l’image de la séparation du monde et du jugement sur le vieil homme, et encore moins celle du « serpent d’airain » et du « Jourdain ». Ils désirent bien être à l’abri du jugement éternel, et ne pas être jugés avec le monde, mais ils n’en tirent pas les conséquences pratiques. Ils ne vivent ni dans la séparation du monde ni dans le jugement permanent de soi-même, les amenant à condamner et à confesser devant le Père tous les mouvements de la chair, afin de vivre dans une communion heureuse et paisible avec lui et avec son Fils Jésus Christ. Ainsi, il leur manque, dans le sens le plus vrai du mot, la jouissance de toutes les merveilleuses bénédictions que notre Dieu et Père a, dans sa grâce, préparées pour les siens, déjà maintenant dans le « désert », mais surtout « en Canaan », image des lieux célestes.
Malheureusement, il se passe parfois un temps très long jusqu’à ce que nous saisissions par la foi que le Seigneur Jésus ne nous a pas seulement retirés de la position de pécheurs, mais aussi que notre nature pécheresse, la chair, qui ne peut et ne veut que pécher, a été jugée à la croix. La chair est, il est vrai, encore là, mais vaincue et dépouillée de son pouvoir par la croix. Mais parce que notre confiance en nous-mêmes est si forte, et notre méfiance à l’égard de tout ce qui vient de la chair trop faible, nous avons souvent besoin de beaucoup de temps pour parvenir à cette connaissance de la foi. C’est pour cela que le type du serpent d’airain se trouve à la fin du pèlerinage d’Israël dans le désert, dans la quarantième année. Quarante est le nombre de la mise à l’épreuve, ici cependant sous un aspect négatif.
Ce n’est qu’en regardant à Christ comme le Crucifié que nous sommes capables de vaincre la chair en nous. Le « venin » des serpents est retiré de nous. Nous reconnaissons la justesse du jugement de Dieu sur le péché dans la chair, mais nous voyons aussi en même temps que ce jugement a été exécuté une fois pour toutes sur le seul Juste. Ce n’est qu’en regardant Christ sur la croix que nous discernons l’horreur de notre chair dans la vraie lumière. Dans celle-ci, il est impossible de nous excuser nous-mêmes et de justifier notre indulgence à l’égard de la chair. Mais nous voyons là aussi que Celui qui a porté pour nous le jugement de Dieu, nous a affranchis, par « la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus », des pensées et de l’influence de notre chair (Rom. 8:2).
On entend quelquefois dire : « Ce croyant a encore beaucoup de progrès à faire ». Dans de tels cas, il est souvent question d’enfants de Dieu qui sont encore jeunes dans la foi. On voit en eux des faiblesses ou des manquements, d’anciennes habitudes ou des liens dont ils ne sont pas encore entièrement libérés, et l’on pense qu’ils devraient s’appliquer à s’en détacher. Mais il en va de ces croyants comme de Lazare qui après sa résurrection avait encore « les pieds et les mains liés de bandes » (Jean 11:44). Comment aurait-il pu se libérer lui-même des bandages qui agissaient comme des liens ? Il avait besoin d’aide. C’est pourquoi le Seigneur Jésus dit aux personnes présentes : « Déliez-le, et laissez-le aller ». De même que Lazare avait besoin d’aide, ainsi de tels croyants ont besoin d’enseignement spirituel afin d’être libérés.
Même des croyants plus âgés, après un assez long service fidèle et béni pour le Seigneur, peuvent retomber dans un état où leur vieille nature se manifeste à nouveau fortement. La Parole de Dieu dit bien : « La pensée de la chair est inimitié contre Dieu » (Rom. 8:7) – aussi chez des croyants ! Ceci ne change pas même au cours de dizaines d’années de vie de foi ! Tous nos efforts sur nous-mêmes ne servent à rien. C’est même fondamentalement faux. Le combat contre la chair en nous est une entreprise vaine, parce que seule l’œuvre du Fils de Dieu à la croix a pu résoudre cette question parfaitement. Ceci nous est montré dans l’épisode du serpent d’airain.
Les Israélites ne pouvaient ni se défendre contre les serpents par leurs efforts personnels, ni se sauver eux-mêmes quand ils étaient mordus. De la même manière, les pénibles efforts pour maîtriser par notre propre force le péché habitant en nous et ses conséquences, ne peuvent pas non plus réussir. Un croyant qui s’efforce en vain de venir à bout de la puissance du péché qui habite en lui de cette manière, doit finalement s’écrier avec désespoir : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom. 7:24).
Pourtant, il peut ensuite soudain rendre grâces : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur. Ainsi donc moi-même, de l’entendement je sers la loi de Dieu ; mais de la chair, la loi du péché » (v. 25). Le motif en est que – comme l’Israélite dans le type – il regarde non plus à lui-même, mais à Dieu et à son Sauveur, parce que, dans cette expérience, il a acquis des connaissances très importantes pour sa vie spirituelle. C’est premièrement la connaissance des deux différentes forces en lui-même, des deux natures dans le croyant. Avec son esprit renouvelé, la nouvelle nature, il sert la volonté de Dieu, tandis que sa chair, la vieille nature, ne peut rien d’autre que servir la loi du péché.
Mais il a maintenant aussi compris ce que signifie pratiquement être « dans le Christ Jésus », c’est-à-dire être pleinement uni à lui et se tenir devant Dieu dans toute son acceptation. C’est pourquoi il n’a pas besoin de craindre la condamnation éternelle ni de continuer à gémir sous la puissance du péché et de la chair. La connaissance de l’affranchissement de cette puissance (Rom. 8:1, 2) se fonde sur le fait que Dieu a condamné en Christ « le péché dans la chair ».
Lorsque nous acceptons par la foi ce jugement de Dieu, nous pouvons aussi comprendre et réaliser le fait qui en résulte, à savoir que nous sommes non plus « dans la chair » (c’est-à-dire caractérisés et dominés par cette mauvaise puissance), mais « dans l’Esprit ». L’Esprit de Dieu qui habite en nous, caractérise notre état et veut nous remplir et nous conduire (Rom. 8:9).
La différence entre la mer Rouge et l’épisode du serpent d’airain correspond dans le Nouveau Testament à la différence qui existe entre les chapitres 5, verset 12 à 6, verset 23 et le chapitre 8 de l’épître aux Romains. Dans le premier passage, nous voyons la fin du vieil homme, c’est-à-dire de notre position comme pécheur. Nous sommes passés de la « position de pécheurs » à la « position de justes » (Rom. 5:19). Le mot clé essentiel est donc dans ce passage le mot « péché ». Il s’agit ici non pas des actes de péché, mais du principe du mal comme caractéristique du vieil homme. Au chapitre 8, en revanche, la victoire sur notre vieille nature pécheresse nous est dépeinte. En Christ sur la croix, Dieu a condamné « le péché dans la chair », et nous n’avons donc plus besoin de vivre « selon la chair », mais pouvons marcher « selon l’Esprit » (Rom. 8:3, 4). En conséquence, nous trouvons ici très souvent le mot « chair ». Il peut donc être dit avec justesse que, quant à la profondeur de l’expérience spirituelle, Romains 8 va plus loin que les chapitres 5 et 6.
En Romains 6, le jugement du vieil homme et notre mort avec Christ nous sont présentés. Nous sommes vus là comme ceux qui « sont morts au péché » et qui donc n’ont plus à vivre dans le péché (v. 2). Nous avons exprimé de manière visible la conséquence de cette mort avec Christ dans le baptême, dans lequel nous avons été ensevelis avec lui, afin de marcher maintenant en nouveauté de vie (v. 3, 4). Tout est fondé sur le fait que « notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché » (v. 6). Dieu nous considère ainsi et nous pouvons aussi, par la foi, nous voir ainsi. La conséquence en est : « De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (v. 11). Cette vérité est présentée ici de manière doctrinale et fondamentale, bien que certaines applications pratiques soient faites. Nous sommes « justifiés » et « affranchis » du péché (Rom. 6:7, 18, 22), mais non pas de la chair. La chair demeure aussi longtemps que nous vivons.
Le chapitre suivant (chap. 7) décrit un état dans lequel il est possible de tomber, pour divers motifs, comme nous l’avons déjà vu. De toute façon, c’est un état dont nous sommes préservés lorsque nous demeurons dans la foi simple mais ferme au Seigneur Jésus et en son œuvre de rédemption accomplie.
Puis, le chapitre 8 termine en nous montrant comment nous, croyants, pouvons, dans la puissance du Saint Esprit donné de Dieu, triompher du pouvoir du péché dans la chair. Nous y arrivons cependant, non pas en nous occupant de nous-mêmes et de nos péchés, mais en recevant par la foi ce qui est écrit en Romains 8 en relation avec cela. Il y est dit au verset 2 : « Car la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ». La loi plus forte est la puissance et l’activité du Saint Esprit, appelé ici « l’Esprit de vie ». Il opère comme par une loi immuable sur la vie nouvelle que nous avons reçue dans le Christ ressuscité. Ainsi nous sommes délivrés de la puissance du péché en nous.
Malheureusement, dans la pratique de la vie de la foi en nous, les choses paraissent souvent tout autres. Des expériences humiliantes nous empêchent de l’accepter et de le mettre en pratique par la foi. Si même nous ne sommes plus en permanence dans l’état de « Romains 7 », nous restons cependant souvent bien éloignés d’une vraie vie dans l’Esprit. Même si nous l’avons compris, nous pouvons toujours retomber par une confiance charnelle en nous-mêmes et par les ruses du diable. La Parole de Dieu est cependant claire à cet égard. En Romains 8:12 et 13, nous sommes considérés comme « débiteurs, non pas à la chair pour vivre selon la chair ; car si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez ». Connaissons-nous, comme chrétiens, cette vie heureuse caractérisée par la puissance du Saint Esprit ? Combien il y a de hauts et de bas dans notre vie de foi : des temps de grande joie dans le Seigneur, suivis d’abattement et même de mécontentement, lorsque nous cédons à notre chair et que nous constatons son activité et ses conséquences en nous.
Malgré tout, l’apôtre Jean peut écrire : « Mes enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas » (1 Jean 2:1). Cette exhortation est difficile à comprendre pour beaucoup. Mais elle est fondée sur les faits que nous avons reçu une nouvelle vie divine, qui ne veut pas et ne peut pas pécher, et que nous sommes affranchis du péché (non dans un sens absolu, mais de son pouvoir) et que celui-ci ne domine plus sur nous (Rom. 6:12, 14). Tel est l’enseignement de la mer Rouge. Paul l’exprime ainsi : « Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? – Qu’ainsi n’advienne ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? » (Rom. 6:1, 2).
Mais de plus, nous voyons clairement dans le type du serpent d’airain que Dieu a aussi condamné le péché dans la chair et nous a affranchis « par la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus... de la loi du péché et de la mort ». Nous ne sommes plus sous la puissance de la chair (bien qu’elle soit toujours là), mais, par le Saint Esprit qui habite en nous, nous pouvons faire mourir les actions du corps, c’est-à-dire les réprimer afin qu’elles ne se manifestent pas (Rom. 8:2, 13). Voilà une vie « selon l’Esprit ».
À ce stade, il est opportun de revenir encore une fois sur l’épître aux Galates. Paul y écrit, comme nous l’avons déjà rappelé, au chapitre 5:16 : « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair. Car la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez ». Ici, nous ne sommes pas seulement exhortés à mener une vie par l’Esprit, c’est-à-dire dans la puissance du Saint Esprit, mais la Parole de Dieu nous explique aussi ce que cela implique. La chair, la vieille nature encore présente en nous avec ses convoitises, a des buts et des désirs entièrement différents que le Saint Esprit qui habite en nous. De même l’activité du Saint Esprit en nous s’exerce contre la chair.
Le chrétien a donc en lui deux sources différentes de pensées, de paroles et d’actions, qui sont diamétralement opposées l’une à l’autre. Lui-même ne se trouve par conséquent pas automatiquement sous la direction du Saint Esprit. S’il veut obéir à l’Esprit, sa chair s’oppose à lui ; s’il cède cependant à la chair, alors l’Esprit le met en garde par sa conscience. Quoi qu’il veuille ou fasse, toujours une voix antagoniste en lui fait entendre son désaccord. Tel est le sens de la conclusion : « ...afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez ». Ici, « vous » se réfère à la personnalité responsable devant Dieu du chrétien, et non, comme on pourrait le supposer, sa vieille nature ou bien le nouvel homme.
En tant que personnes responsables, nous nous trouvons, comme chrétiens, dans notre vie de foi journalière, continuellement placés devant une décision. Dans toutes nos pensées et nos actions, nous constatons certes que nous avons en nous deux forces opposées que nous ne pouvons jamais satisfaire en même temps. Mais que Dieu soit béni de nous avoir donné la vie nouvelle qui veut le servir joyeusement, de nous avoir délivrés par le Seigneur Jésus Christ de la puissance de la chair et du péché, et de nous avoir fait le don du Saint Esprit qui peut et veut conduire notre vie nouvelle en accord avec la volonté de Dieu ! « Mais le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Gal. 5:22, 23).
Les croyants à Corinthe, qui sont appelés « charnels » et « de petits enfants » (1 Cor. 3:1, 2), n’avaient absolument pas réalisé cette vérité, ou bien l’avaient perdue de vue : il y avait parmi eux des divisions, de l’immoralité, des disputes et de fausses doctrines. Certains d’entre eux ne voulaient même plus reconnaître l’apôtre Paul, qui était pourtant leur père spirituel. C’est pourquoi il devait à nouveau leur présenter l’œuvre de Christ à la croix, pour les amener non pas à la conversion, mais à une pleine jouissance de leur salut. Lorsqu’il leur écrit dans sa seconde épître que « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5:21), il leur rappelle justement l’aspect de l’œuvre de Christ à la croix qui nous est présenté dans le serpent d’airain et qu’ils avaient négligé de façon si impardonnable.
De ce que nous venons de voir, nous apprenons ceci : plus nous cédons à nos désirs naturels, plus notre vie de foi est faible, et moins se manifeste la vie de Christ dans notre vie. La communion pratique avec lui requiert un jugement de soi impitoyable sur notre chair. Mais beaucoup de chrétiens s’y refusent, parce qu’il leur manque la conscience et la force de la vie éternelle par le Saint Esprit. Ainsi le jugement de soi-même est pour eux un tourment sans fin. Ils ne voient pas que c’est en réalité une délivrance, afin que la vie de Jésus que nous possédons puisse se manifester sans empêchement dans notre chair mortelle ! David était certes un croyant sous la loi, mais il connaissait cependant ce jugement de soi-même si important pour la vie de la foi. Il demanda dans le Psaume 19:12 : « Qui est-ce qui comprend ses erreurs ? Purifie-moi de mes fautes cachées ». En cela, il pensait même aux péchés dont il n’était pas conscient.
Dans son amour pour les Corinthiens, Paul allait si loin, qu’il pouvait dire : « Ainsi donc la mort opère en nous, mais la vie en vous » (2 Cor. 4:12). Regardait-il à lui-même, il voyait sa mort avec Christ, qu’il réalisait aussi pratiquement ; mais regardait-il aux croyants du point de vue de Dieu, il voyait la vie et les bénédictions qui y sont liées, qu’il pouvait communiquer dans le ministère. Voilà une foi vivante, triomphante, dans la puissance du Saint Esprit. Nous pouvons tous la posséder, si nous ne cédons pas aux convoitises de notre chair, mais que nous vivions dans la puissance et sous la direction du Saint Esprit qui habite en nous.
Ce qui, dans la considération de ce sujet, parle particulièrement à nos cœurs, c’est l’intensité avec laquelle la Parole de Dieu traite de notre vieille nature, la chair, aussi bien dans les enseignements du Nouveau Testament que dans les types de l’Ancien Testament. Quelle peine Dieu prend avec nous, pour nous conduire à la vraie liberté qui doit caractériser ses enfants (comp. Gal. 5:1, 13) ! Aussi longtemps que nous sommes sur la terre, nous ne pouvons pas nous libérer de la chair. Mais il y a cependant une différence entre lui céder avec légèreté et la laisser agir sans contrôle, ou vivre dans la liberté et la puissance de l’Esprit et pouvoir dire avec Paul : « Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal. 5:24). Celui qui peut parler ainsi a appris la leçon du serpent d’airain et maintient sa chair là où elle doit être : sous le jugement que notre Seigneur a enduré pour cela sur la croix.
(*) Pour terminer ce sujet, il convient de mentionner 2 Rois 18:4. Il y est écrit : « Il (Ezéchias) ôta les hauts lieux, et brisa les statues, et coupa les ashères, et mit en pièces le serpent d’airain que Moise avait fait, car jusqu’à ces jours-là les fils d’Israël lui brûlaient de l’encens ; et il l’appela : Nehushtan (morceau d’airain) ». Le moyen de salut donné de Dieu était devenu une sorte d’idole, qui détournait de Dieu le cœur des fils d’Israël ! De la même manière aussi, aujourd’hui, des personnes religieuses mais incrédules peuvent faire mauvais usage de vérités bibliques.
Après l’épisode du serpent d’airain, le tableau change subitement. Le désert se mue en un « lieu de sources ». Le premier lieu de campement Oboth signifie probablement : « outres d’eau », Ijim-Abarim : « ruines des gués », et la vallée (ou : le torrent) de Zéred : « ruisseau des prés » (Nomb. 21:10‑12). De là, les fils d’Israël arrivent à la rivière-frontière de l’Arnon : (« torrent »), dont il est dit dans le livre des guerres de l’Éternel : « Vaheb en Supha, et les rivières de l’Amon ; et le cours des rivières... » (v. 14), puis au puits de Beër. Là, Dieu dit à Moïse : « Assemble le peuple, et je leur donnerai de l’eau » (v. 16). Comme conséquence bénie, les murmures sont remplacés – après quarante années – par un second cantique du peuple de Dieu racheté, mais se trouvant maintenant juste avant l’entrée dans le pays promis (v. 16‑18). Il n’est plus besoin ici qu’un rocher soit frappé, mais les princes et les nobles du peuple creusent avec leurs bâtons, dans la présence de Dieu, le puits dont le peuple peut boire avec joie et qu’il peut célébrer par un cantique !
Israël a pu boire aux sources accordées par Dieu dans le désert. Dans le Nouveau Testament, nous en trouvons l’équivalent particulièrement en Jean 3 et 4, dans les entretiens du Seigneur Jésus avec Nicodème et avec la femme au puits de Jacob, ainsi que dans le glorieux chapitre 8 de l’épître aux Romains. Jean parle plus de la vie éternelle, Paul, en revanche, du Saint Esprit. Nous voulons maintenant nous entretenir de ce sujet magnifique. Cependant auparavant, quelques pensées sur la signification des notions de « nouvelle naissance » et de « vie éternelle ».
Bien qu’on ne puisse pas séparer la vie éternelle de la nouvelle naissance, nous devons cependant les distinguer l’une de l’autre. La nouvelle naissance d’eau et de l’Esprit est la première opération de Dieu dans l’âme d’un homme incrédule, spirituellement mort (Jean 3:3, 5). L’eau, une figure de la Parole de Dieu dans sa puissance purifiante, introduit l’âme par « le lavage de la régénération » dans un nouvel état (Jean 13:10 ; 15:3 ; Tite 3:5). Ce n’est que par la Parole de Dieu que l’homme est à même en général de reconnaître son état de pécheur et de mort quant à Dieu et le chemin pour en être délivré. Par conséquent, la Parole de Dieu, les Saintes Ecritures, est aussi indiquée comme le moyen de la nouvelle naissance (Jacq. 1:18 ; 1 Pierre 1:23). Mais seul Dieu le Saint Esprit peut donner la vie divine, une nouvelle nature, par le « renouvellement du Saint Esprit ». L’état qui en résulte est souvent désigné comme celui de « réveil », il n’est toutefois rien d’autre que le résultat de la nouvelle naissance. Il n’y a pas d’état intermédiaire entre être mort et être vivant. « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jean 3:6). Un homme qui n’est pas né de nouveau est incapable de se convertir et de croire, car « l’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu » (1 Cor. 2:14). Cependant celui qui est né de Dieu a de nouvelles aspirations et de nouveaux buts : il pratique la justice, il ne peut pas pécher, il aime et connaît Dieu – même si ce n’est que d’une manière faible et imparfaite (Jean 1:13 ; 1 Jean 2:29 ; 3:9 ; 4:7).
La première conséquence de la nouvelle naissance est par conséquent la connaissance et la condamnation du mal, et donc la conversion. On peut bien dire que la conversion a lieu normalement presque en même temps que la nouvelle naissance, car la nouvelle vie divine dans l’homme ne peut pas exister sans la source dont elle tire son origine, sans Dieu. Mais tandis que la nouvelle naissance est exclusivement l’œuvre de Dieu, ce en quoi l’homme n’a aucune action (il « naît »), la conversion est une démarche active de foi de la part de l’homme : « Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés » (Actes 3:19). Celui qui, devant le miroir de la Parole de Dieu, confesse sa culpabilité, est amené au repentir de ses péchés et à la conversion (« demi-tour ») du chemin qu’il suivait jusqu’alors. Par l’évangile, il vient alors à la foi au Seigneur Jésus, la foi qui sauve (Actes 20:21). Il sait maintenant qu’il ne va pas à la perdition, mais que, en Lui, il a la vie éternelle. « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16).
L’œuvre souveraine de Dieu dans la nouvelle naissance et la responsabilité de l’homme de se convertir et de croire en l’évangile afin de recevoir la vie éternelle, paraissent, à vue humaine, inconciliables. Mais la Parole de Dieu affirme l’une et l’autre de manière explicite. Il est écrit en Actes 13:48 : « Et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent » et au chapitre 14, verset 1 : « Or il arriva qu’à Iconium ils... parlèrent de telle sorte qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs crurent ». Les deux choses sont ainsi enseignées dans la Parole de Dieu et nous faisons bien de les recevoir comme les présentent les Saintes Ecritures.
Les déclarations de la Parole de Dieu nous amènent à la conclusion que tous les croyants de tous les temps sont nés de nouveau et le seront encore. Sans la nouvelle naissance, aucun homme ne peut entrer dans une relation spirituelle avec Dieu, que ce soit au temps de l’Ancien Testament, actuellement ou dans l’avenir. Cela, le pharisien instruit dans la loi, Nicodème, ne le comprenait pas. Il demanda au Seigneur Jésus : « Comment ces choses peuvent-elles se faire ? » et Celui-ci lui répondit : « Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? ». Pourtant, Ezéchiel avait déjà annoncé dans sa prophétie sur l’avenir d’Israël : « Et je vous prendrai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre terre; et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs... Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau » (Ezéch. 36:24‑26). Le lavage d’eau et l’esprit nouveau mis au-dedans correspondent à la naissance « d’eau et de l’esprit » (v. 25, 26). Comme Dieu ne communique pas deux sortes différentes de vie, la vie reçue lors de la nouvelle naissance est la vie éternelle, divine. Mais comme la vie éternelle n’a été parfaitement révélée qu’en Christ, le Fils de Dieu devenu homme, seuls ceux qui croient en lui et en son œuvre de rédemption accomplie peuvent la connaître et en jouir d’une façon consciente (1 Jean 1:2). À la nouvelle naissance, nous avons reçu la vie éternelle, mais ce n’est que lorsque nous avons cru en l’œuvre accomplie de la rédemption que nous sommes parvenus à la connaissance consciente de cette vie. La manière dont nous en jouissons est une autre question, sur laquelle nous reviendrons.
Jean considère toujours la vie éternelle comme la possession présente des enfants de Dieu, tandis que les autres écrivains du Nouveau Testament la voient généralement là où elle a son origine et a son plein déploiement : dans la gloire, et donc pour nous dans le futur (Mat. 19:29 ; Rom. 6:22 ; Gal. 6:8 ; Jude 21). C’est là, dans la conformité d’un Christ glorifié, que nous la comprendrons et en jouirons dans toute son étendue.
La vie éternelle n’est pas seulement une vie sans fin, mais c’est la vie de Dieu le Père et du Fils. « Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d’avoir la vie en lui-même » et : « Jésus Christ : lui est le Dieu véritable et la vie éternelle » (Jean 5:26 ; 1 Jean 5:20). Avant les temps éternels, Dieu a promis de la donner dans sa plénitude à ceux qui croiraient en lui et en son œuvre (Tite 1:2). La vie éternelle, qui était auprès du Père, nous a été manifestée dans le Fils (1 Jean 1:2). Ce n’est que par lui, qui est « la résurrection et la vie », mais aussi « le chemin, et la vérité, et la vie » que nous pouvons la recevoir (Jean 11:25 ; 14:6). La révélation de la vie ne suffisait toutefois pas pour que nous, qui étions pécheurs, puissions la recevoir. Pour cela, il dut résoudre sur la croix la question du péché et de la mort par sa propre mort (2 Tim. 1:10).
Tous ceux qui croient en lui et en son œuvre rédemptrice, comme aussi en Dieu le Père qui l’a envoyé, ont la vie éternelle (Jean 3:16, 36 ; 5:24 ; 6:47, 50‑54 (*)). « Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12). Bien que nous l’ayons « en nous-mêmes », nous ne la possédons cependant pas d’une manière indépendante de lui, mais « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils » (1 Jean 5:11 ; comp. 3:15 ; Jean 6:63). Pour nous, cela implique la connaissance du Père et du Fils. « Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3).
(*) Ces passages parlent de « avoir » (c’est-à-dire d’une « possession connue » = aspect duratif), non de la « réception » de la vie éternelle. Dans d’autres passages, il apparaît cependant clairement que chez l’apôtre Jean, « avoir » peut signifier aussi le « commencement de la possession » (aspect inchoatif), par exemple, Jean 6:40 ; 10:10 ; 16:33).
Dans sa plénitude sans limites, la vie éternelle n’est pas seulement quelque chose que nous recevons (une nouvelle forme d’existence), mais aussi quelque chose en quoi nous entrons (un nouveau domaine de vie). Quel privilège incomparable de posséder la vie éternelle dans le Fils et, comme enfants de Dieu, d’être introduits dans la connaissance et la communion du Père et du Fils ! Cette vie, nous l’avons déjà maintenant, bien qu’elle soit entravée dans son déploiement en nous par de nombreuses influences négatives. Elle unit nos pensées et nos sentiments avec le ciel et avec Celui qui se trouve au centre de l’amour et des conseils de Dieu, notre cher Seigneur dans la gloire. Lorsque nous le considérons là, nous pouvons dire : « Voilà notre vie » !
D’habitude, au début de notre vie de foi, nous ne saisissons guère la signification profonde et entière de la vie éternelle qui nous est donnée, et n’en jouissons que peu. Aussi longtemps que quelqu’un, qui est né de nouveau, n’a pas la certitude de la paix avec Dieu et se trouve dans un état tel que celui décrit en Romains 7, il lui est impossible de se réjouir en même temps dans la jouissance des plus hautes bénédictions célestes. De même un chrétien qui vit selon la chair montre par là même qu’il n’a pratiquement aucun intérêt à la vie éternelle donnée en Christ. Ainsi souvent, il se passe un assez long temps avant que nous comprenions que, non seulement nous avons reçu le pardon des péchés et abandonné notre position précédente de pécheur, mais aussi que « le péché dans la chair » a été jugé à la croix.
Notre jouissance de la vie éternelle dépend cependant dans une grande mesure de cette compréhension. C’est le motif pour lequel le serpent d’airain, comme type de Christ sur la croix, se situe à la fin de la traversée du désert. Souvenons-nous de la remarque faite au début, que les types nous présentent la vérité du salut dans sa réalisation pratique en nous. Si nous l’appliquons à l’épisode du serpent d’airain, cela signifie : c’est une chose d’avoir reçu et de posséder la vie éternelle, mais c’en est une autre d’en jouir aussi. Nous n’en sommes capables que si, par la foi, nous donnons à notre chair la place qui lui est due : la mort. Ce n’est que lorsque le Saint Esprit ne doit pas continuellement nous rendre attentifs à nos manquements et nous amener toujours à nouveau à la confession de nos péchés, qu’il est libre quant à nous de diriger nos regards sur les choses merveilleuses qui sont en relation avec Christ et sa gloire en haut, afin que nous puissions aussi en jouir (Jean 16:14).
Tournons-nous maintenant vers Jean 3:14 à 16. Auparavant, le Seigneur avait présenté à Nicodème la nécessité de la nouvelle naissance pour entrer dans le royaume de Dieu. C’était quelque chose de « terrestre ». Mais il en vient maintenant à ce qui est « céleste », lorsqu’il exprime les paroles bien connues et pourtant si peu comprises : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Il s’agit ici d’un sujet fondamental : la foi dans le Crucifié et la vie éternelle. Il fallait que le Fils de l’homme soit élevé sur la croix ; oui, dans son amour divinement parfait pour ceux qui étaient perdus, il fallait que Dieu donne son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ! Celui qui croit en lui a la vie éternelle, qu’il ne peut plus jamais perdre ! II l’a déjà reçue par la nouvelle naissance, cependant ce n’est que par la foi en Celui qui est mort et est ressuscité qu’il peut en acquérir la connaissance.
Mais ceci est-il équivalent à la jouissance consciente de la vie éternelle ? Hélas, non. L’épisode du serpent d’airain nous montre combien de tristes expériences nous faisons souvent, jusqu’à ce que nous comprenions vraiment ce que signifie le don de la vie éternelle pour nous et en jouissions.
Après l’entretien avec Nicodème concernant la nouvelle naissance, le serpent d’airain et la vie éternelle, le Seigneur Jésus présente, en Jean 4, à la femme au puits de Sichar, « l’eau vive » qui sera en celui qui la boit, « une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jean 4:10‑14). L’eau vive est une figure de la vie éternelle et de l’activité du Saint Esprit opérant en elle. Ceci est comparé à une fontaine en nous qui est en relation avec sa source dans le ciel. Par la communion pratique avec le Père et avec son Fils, le Saint Esprit nous amène à la jouissance de la vie éternelle. Telle est la signification de ces paroles : « une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jean 4:14). Dans la suite de Jean 4, le Seigneur révèle à la femme les pensées de Dieu quant à l’adoration en esprit et en vérité. Le parallèle avec l’épisode de Nombre 21 ne peut pas être laissé de côté. Nous ne sommes rendus capables d’adorer véritablement le Père ni par la possession ni par la simple connaissance de la vie éternelle, mais seulement par la puissance pratique de celle-ci.
Dans aucun passage du Nouveau Testament (pas même dans les chapitres 14 et 16 si connus de l’évangile de Jean) l’habitation et l’activité du Saint Esprit dans les croyants ne sont traitées d’une manière aussi détaillée qu’en Romains 8. Il est vrai que l’Esprit est déjà mentionné à la fin du passage concernant la justification par la foi – et ceci avec raison, car quiconque croit en l’évangile est scellé par Dieu du Saint Esprit (Éph. 1:13). En Romains 5:5, il est écrit: « Parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».
Mais il ne nous est parlé de son activité sous ses diverses formes dans les rachetés que dans le chapitre 8, où nous sommes vus dans la pleine jouissance de l’œuvre de Christ accomplie à la croix. D’une certaine manière, nous sommes conduits là d’une « source » à l’autre. En premier lieu, au verset 2, il y a la constatation du fait important que nous enseigne le serpent d’airain, à savoir que par la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus nous sommes affranchis de la loi du péché et de la mort. Nous ne sommes plus obligés de céder à la chair, mais nous pouvons vivre et agir dans la puissance du Saint Esprit, car la pensée de l’Esprit est vie et paix. Notre corps est bien mort à cause du péché (si nous le laissions faire, la chair seule se manifesterait), mais l’esprit est vie à cause de la justice. L’Esprit Saint rend témoignage avec notre propre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Nous avons reçu l’esprit d’adoption par lequel nous crions « Abba, Père ! » (*). Bien que nous nous trouvions encore « dans le désert », nous pouvons, par le Saint Esprit qui nous a été donné, jouir de la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. C’est la jouissance de la vie éternelle, qui ne doit pas être entravée par les souffrances du temps présent, parce qu’elles dirigent nos regards sur la gloire où nous jouirons de la vie éternelle dans une perfection imperturbable. Même dans les plus grandes souffrances, nous savons que le Saint Esprit intercède pour nous auprès de Dieu par des soupirs inexprimables, et entretient en nous la conscience du fait que toutes choses travaillent ensemble pour le bien des enfants de Dieu, parce qu’ils sont les objets d’un plan éternel d’amour. Ne sont-ce pas là des choses merveilleuses pour lesquelles nous ne pouvons assez rendre grâces à notre Dieu et Père ?
(*) En Galates 4:6, en revanche, c’est le Saint Esprit lui-même (« l’Esprit de son Fils ») qui est envoyé dans nos cœurs, et qui crie : Abba, Père !
Aussi longtemps que, dans leur pèlerinage au travers du désert, les fils d’Israël manifestèrent de l’insatisfaction quant aux voies de Dieu, il n’y a eu ni reconnaissance, ni adoration. Les paroles déjà citées du prophète Amos laissent entrevoir à quoi pouvait avoir ressemblé leur culte : « M’avez-vous offert des sacrifices et des offrandes dans le désert, pendant quarante ans, maison d’Israël ? Mais vous avez porté le tabernacle de votre Moloc, et le Kiun de vos images, l’étoile de votre dieu, que vous vous êtes fait » (Amos 5:25, 26; comp. Actes 7:42, 43). Après que la première joie de la délivrance d’Égypte fut retombée, nous trouvons de nombreuses mentions de leurs murmures et leur insatisfaction durant les quarante années. Mais maintenant qu’ils ont reconnu et saisi par la foi la méchanceté de la chair et le remède, le serpent d’airain, ils savourent à longs traits l’eau vive et chantent leur second cantique de la traversée du désert (Nomb. 21:17, 18).
Nous aussi, nous n’avons que des cantiques de reconnaissance et de louange à chanter, lorsque nous considérons les immenses effets de l’œuvre de rédemption de notre Seigneur. Combien cette œuvre est grande et glorieuse ! Quel amour, quelle grâce nous y trouvons, mais aussi quelle sainteté ! Mais par-dessus tout, nous pouvons y connaître Celui qui a tout accompli, et par lui, Dieu comme notre Père. Plus nous considérons la vérité et nous l’approprions spirituellement, plus nous croissons « jusqu’à lui qui est le chef, le Christ » (Éph. 4:15).
La traversée du désert est terminée. Dès le chapitre 20 des Nombres déjà, des événements de la quarantième année nous sont décrits. Maintenant le peuple se trouve dans les plaines de Moab (Nomb. 22:1), à la frontière du pays de la promesse, là où se déroule tout ce qui est décrit dans le livre du Deutéronome. Il ne reste maintenant plus qu’à traverser le Jourdain qui forme la frontière orientale du pays de Canaan.
On entend parfois dire que le Jourdain serait une figure de la mort corporelle, au travers de laquelle les croyants sont introduits dans le Paradis. Maints cantiques chrétiens le présentent aussi ainsi. Mais bien que tous les rachetés qui ont vécu avant nous jusqu’ici aient connu la mort, l’espérance chrétienne n’est pourtant pas la mort, mais est la venue du Seigneur Jésus. De plus, le livre de Josué montre que de l’opposition et des combats attendaient le peuple d’Israël dans le pays de Canaan, ce qui est impensable pour nous dans le ciel. C’est pourquoi la traversée du Jourdain par Israël ne peut pas être une figure de la mort, car alors les âmes de ceux qui se sont endormis sont auprès de Christ dans le Paradis, où il n’y a plus de combats. Nous ne pouvons pas plus voir dans le Jourdain l’enlèvement des croyants, par lequel nous serons introduits dans le repos éternel auprès de notre bien-aimé Seigneur. Tout combat sera alors passé pour toujours.
Combien de combats Israël n’avait-il pas encore à remporter, afin de conquérir le pays que Dieu lui avait donné ! Canaan est donc une image non pas du repos éternel dans la gloire du ciel, mais des « lieux célestes », qui nous sont présentés dans l’épître aux Éphésiens. L’expression « lieux célestes », qui ne paraît que dans cette épître, est formée, en grec, d’un adjectif (epouranios ; comme aussi par ex. en Jean 3:12 ; 1 Cor. 15:40, 48, 49), mais utilisé ici comme substantif – et toujours au pluriel (Éph. 1:3, 20 ; 2:6 ; 3:10 ; 6:12). Il désigne clairement un « lieu », même s’il est rendu autrement dans bien des traductions bibliques. C’est une appellation générale pour le ciel, qui exprime plutôt le caractère que « l’endroit ». Tout croyant y a déjà sa place, car Dieu « nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2:6) et nous a « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1:3). Que nous le sachions et le comprenions ou non, c’est un fait. Dieu veut cependant que nous apprenions à le connaître et que nous nous en réjouissions. Il a dit autrefois à Josué: « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (Josué 1:3). De même qu’Israël devait prendre possession du pays promis, de même nous aussi devons saisir pratiquement par la foi les bénédictions spirituelles données dans les lieux célestes.
Cela ne doit-il pas toucher profondément le cœur de tout enfant de Dieu, de savoir que nous avons déjà maintenant en Christ dans les lieux célestes une place que nous pouvons occuper et dont nous pouvons jouir par la foi ? Il est souvent dit avec raison : Nous sommes étrangers et pèlerins sur la terre. Nous avons laissé derrière nous l’Égypte, le monde, et nous nous trouvons maintenant dans le désert. Mais justement, ce n’est pas tout ! En Christ, son Fils bien-aimé, Dieu nous a déjà maintenant donné toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes. Ni « l’Égypte » ni « le désert » ne peuvent être la patrie des vrais chrétiens. Chaque jour, nous pouvons, il est vrai, attendre des cieux notre Seigneur Jésus. Mais déjà avant que nous entrions pour toujours dans la maison du Père, dans la conformité du corps de sa gloire, nous avons maintenant en lui notre place spirituelle dans les lieux célestes. Quant à la position, cette place appartient à tout enfant de Dieu, mais nous devons aussi, par la foi, l’occuper. Malheureusement, cet aspect de la vérité est inconnu de beaucoup d’enfants de Dieu.
Cette méconnaissance provient-elle du fait que l’on parle si rarement de ce sujet, et qu’on le développe si peu par écrit ? Cela vient-il de ce que cette vérité nous paraît trop « abstraite » et donc difficile à comprendre ? Ou bien ce manque de connaissance vient-il de ce que nous sommes trop occupés de nous-mêmes et des choses terrestres ? Nous devons réaliser : notre chair, la vieille nature, n’a aucun intérêt pour ces choses, pas plus d’ailleurs que pour tout ce qui vient de Dieu. Cependant, la Parole de Dieu en parle clairement. À nous de recevoir par la foi ses pensées d’amour et de bénédiction.
La traversée du Jourdain est un type instructif qui nous aide à comprendre cette vérité. Dieu se proposait d’introduire son peuple dans un bon pays. Lorsque le moment de sortir d’Égypte fut venu, il dit à Moise : «J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs ; car je connais ses douleurs. Et je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel » (Ex. 3:7, 8). Il n’y a là pas un mot de la traversée du désert, mais il est uniquement question de la merveilleuse délivrance et du but glorieux, le pays de Canaan. Nous en trouvons la réalité néotestamentaire correspondante dans l’épître aux Éphésiens.
Nous lisons dans cette épître : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2:4‑6). Nous discernons immédiatement qu’il nous est présenté ici un tout autre résultat de l’œuvre du Seigneur Jésus que dans l’épître aux Romains. Dans celle-ci, nous sommes, en image, d’abord considérés comme des hommes qui se trouvent en Égypte, mais qui, par la Pâque et la mer Rouge, sont délivrés du jugement de Dieu, de la puissance de Satan et de la zone d’influence du monde. Comme croyants aussi, nous sommes vus encore sur la terre, mais entièrement séparés du monde (Rom. 12:2). Christ est mort et ressuscité pour nous, et nous sommes aussi considérés comme morts et ensevelis avec lui, bien que nous ne soyons pas encore vus comme ressuscités avec lui. Mais nous sommes rendus capables de marcher dans ce monde en nouveauté de vie et, quant au péché, de nous considérer comme morts (Rom. 6:1‑11).
En contraste avec cela, selon la doctrine de l’épître aux Éphésiens, nous étions autrefois spirituellement des morts, qui ont été vivifiés avec Christ, ressuscités avec lui et placés en lui dans les lieux célestes (Éph. 2:4‑6). C’est pour cela que, selon son conseil éternel de grâce et d’amour, Dieu, le Père, nous a « élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour » (Éph. 1:4). Il s’agit donc ici non pas en premier lieu de rédemption, dont nous avions besoin comme pécheurs perdus, mais de ce qui était de toute éternité dans le cœur de Dieu. L’épître aux Éphésiens nous fait porter un regard dans le cœur paternel de Dieu, et détourner nos yeux de nous-mêmes vers les sphères célestes, justement les lieux célestes.
C’est là que se trouve le Seigneur Jésus maintenant comme chef glorifié sur toutes choses car, après sa mort sur la croix, Dieu l’a ressuscité et l’a fait asseoir à sa droite (Éph. 1:20). À cause de son grand amour, Dieu, qui est riche en miséricorde, nous a fait asseoir ensemble en Christ dans les lieux célestes. C’est la position spirituelle de tout enfant de Dieu. Elle est pour nous maintenant encore une affaire de foi, mais, après l’enlèvement, nous serons unis, dans un corps glorifié, avec le Seigneur Jésus dans la maison céleste du Père. Par l’Assemblée, la sagesse si diverse de Dieu est maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, c’est-à-dire aux anges (Éph. 3:10). Mais il y a là aussi « la puissance spirituelle de méchanceté » qui veut nous contester la jouissance de nos bénédictions et contre laquelle il s’agit de combattre (Éph. 6:12). Tout cela, nous le trouvons présenté en type dans le livre de Josué.
Les diverses descriptions de Canaan font déjà allusion au caractère particulier de ce pays, le seul sur la terre qui soit appelé « terre sainte » (Zach. 2:12). C’est le pays « ruisselant de lait et de miel » – expression imagée pour la profusion en rafraîchissement et en jouissance qu’il a à offrir (Ex. 3:8). En contraste avec l’Égypte, image du monde, Canaan est « un pays de montagnes et de vallées ; il boit l’eau de la pluie des cieux, – un pays dont l’Éternel, ton Dieu, a soin, sur lequel l’Éternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année » (Deut. 11:11, 12). Si Israël tenait ferme les commandements de l’Éternel, il connaîtrait des temps de merveilleuse bénédiction, « comme les jours des cieux qui sont au-dessus de la terre » et l’Éternel lui ouvrirait alors « son bon trésor, les cieux » (Deut. 11:21 ; 28:12). Par la mention des cieux, dans ces passages, le caractère symbolique de Canaan comme image des lieux célestes est souligné de manière frappante.
Les trésors et les avantages du pays de Canaan sont décrits en Deutéronome 8:7 à 9 : « Car l’Éternel, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d’eau, de sources, et d’eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes ; un pays de froment, et d’orge, et de vignes, et de figuiers, et de grenadiers, un pays d’oliviers à huile, et de miel ; un pays où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien ; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l’airain ». Nous avons déjà vu la signification spirituelle des « ruisseaux d’eau... sources, et... eaux profondes » en considérant Nombres 21. Ce sont des images de la vie éternelle et de la puissance opérante en elle du Saint Esprit. Le froment et l’orge nous présentent la personne du Seigneur Jésus comme homme sur la terre, dans sa mort et dans sa résurrection (Jean 12:24 ; Lév. 23:10 ; 1 Cor. 15:20). Les vignes, figuiers et grenadiers, oliviers à huile et le miel ainsi que les autres trésors parlent du fruit varié de la vie nouvelle ainsi que de douceur et de vigueur.
Nous en trouvons l’analogie dans le Nouveau Testament dans l’épître aux Éphésiens. Il nous y est montré un « pays » qui porte le nom de « lieux célestes ». Les bénédictions spirituelles spécifiques chrétiennes nous sont présentées dans l’épître aux Éphésiens :
● D’ennemis de Dieu que nous étions, nous sommes devenus des enfants de Dieu, qui ont reçu sa nature, et sont en harmonie avec sa nature, qui est lumière et amour (chap. 1:4).
● Nous avons reçu l’adoption selon la prédestination de Dieu (chap. 1:5).
● Nous avons reçu un héritage en Christ (chap. 1:11).
● Nous avons été scellés du Saint Esprit, qui est aussi les arrhes de notre héritage (chap. 1:13, 14).
● Nous avons en Christ accès auprès du Père par un seul Esprit (chap. 2:18).
● Nous sommes « bien ajustés ensemble » au corps de Christ et à la maison de Dieu, c’est l’Assemblée de Dieu (chap. 2:21 ; 4:16).
● Par la foi, nous pouvons maintenant déjà être assis en Christ notre Seigneur dans les lieux célestes, car sa place dans la gloire est aussi notre place (chap. 2:6).
● Nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme, qui est créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité, c’est-à-dire que nous appartenons déjà à la nouvelle création (chap. 4:22‑24).
Si nous sommes bénis « ...de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ », cela signifie : il n’en manque aucune. Dieu nous a tout donné ce qu’il lui est possible, dans son amour, de nous donner. Bénédiction infinie ! Il ne s’agit pourtant pas de bénédictions matérielles comme celles du peuple d’Israël, mais ce sont des bénédictions spirituelles. Selon le Nouveau Testament, la prospérité extérieure n’est pas une bénédiction spécifique du christianisme, mais est plutôt une responsabilité. Les bénédictions spirituelles ne se trouvent pas sur la terre, comme celles d’Israël dans le pays de Canaan, mais elles sont dans les lieux célestes. Ainsi nos cœurs sont détournés de la terre et élevés vers le ciel. Finalement, nous possédons ces bénédictions, comme tout ce qui nous est donné, en Christ. Il est le centre de tous les conseils de Dieu, et donc il l’est aussi pour nous. Sans lui, nous n’aurions rien, mais en lui, nous avons tout ce que Dieu veut donner aux hommes. Si nous sommes enracinés et fondés dans l’amour, et si nous nous laissons fortifier par le Saint Esprit quant à l’homme intérieur de la puissance de Dieu, alors Christ, l’objet du plaisir de Dieu, peut habiter par la foi dans notre cœur et nous donner chaque jour une joie nouvelle (voir Éph. 3:16, 17) (*).
(*) On peut encore, sans aucun doute, ajouter à ces bénédictions spirituelles celles que le Seigneur a mentionnées et données, respectivement promises dans les dernières heures passées avec ses disciples : « ma paix », « mon amour », « ma joie » et « ma gloire » (Jean 14:27 ; 15:9, 11 ; 17:24).
Le nom Jourdain signifie « celui qui dévale ». Au printemps, lors de la moisson dans cette région, il « regorge par-dessus tous ses bords » (Josué 3:15 ; 4:18 ; 1 Chron. 12:15). Il formait pour Israël un obstacle insurmontable supplémentaire – comme l’avait été la mer Rouge au début de la traversée du désert.
Ces deux étendues d’eau sont une image de la mort que le Seigneur Jésus a prise sur lui et qu’il a vaincue par sa résurrection. Leur étroite relation apparaît dans plusieurs passages de la Parole de Dieu. Nous lisons bien en Exode 14:22, que « les fils d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec », mais aucune mention n’est faite de leur sortie. Au Jourdain, au contraire, il est dit: « Et le peuple monta hors du Jourdain » (Josué 4:19). On peut donc dire : selon les expressions des Saintes Ecritures, Israël est entré dans les eaux de la mort à la mer Rouge, et il en est ressorti en résurrection au Jourdain. Au travers de la mer Rouge, les fils d’Israël furent retirés d’Égypte, et au travers du Jourdain, ils furent introduits en Canaan. La connaissance de ces deux événements devait être gardée par leurs descendants : « Parce que l’Éternel, votre Dieu, sécha les eaux du Jourdain devant vous jusqu’à ce que vous eussiez passé, comme l’Éternel, votre Dieu, a fait à la mer Rouge, qu’il mit à sec devant nous jusqu’à ce que nous eussions passé » (Josué 4:23). La mer Rouge et le Jourdain sont aussi cités ensemble dans le Psaume 66:6 : « Il changea la mer en terre sèche; ils passèrent le fleuve à pied : là nous nous réjouîmes en lui », de même que dans le Psaume 114:3 : « La mer le vit, et s’enfuit ; le Jourdain retourna en arrière ». Il n’est fait aucune mention de la traversée du désert dans ces trois citations. Elle ne faisait pas partie du conseil de Dieu. Celui-ci n’avait en vue que l’introduction d’Israël en Canaan. La délivrance de l’Égypte et l’entrée en Canaan étaient nécessaires pour cela, mais non pas le long séjour dans le désert. Selon le conseil de Dieu, mer Rouge et Jourdain font donc un tout. Ils représentent deux aspects de l’œuvre de Christ. De même qu’il y eut pour le peuple d’Israël quarante années de traversée du désert entre les deux, de même pour nous, à cause de la faiblesse de notre foi, il peut y avoir un temps plus ou moins long jusqu’à ce que nous atteignions le but fixé par Dieu pour nous.
Comme nous l’avons vu, la traversée de la mer Rouge par Israël montre la réalisation par la foi de notre mort avec Christ, qui est entré pour nous dans la mort. La traversée du Jourdain, en revanche, parle de la foi en notre résurrection avec lui. La quadruple mention de « trois jours » en Josué 1:11 ; 2:16, 22 ; 3:2, l’indique aussi. Le chiffre trois est dans la Bible notamment celui de la résurrection (comp. Osée 6:2 ; Mat. 12:40 ; 26:61 ; Marc 8:31 ; 1 Cor. 15:4). Après trois jours, le peuple traversa le Jourdain et réalisa ainsi typiquement la résurrection avec Christ. Cependant le rappel de la mort n’est pas négligé. Les douze pierres que Josué, sur le commandement de l’Éternel, dut dresser sur la rive du Jourdain sont un signe de la résurrection, les douze pierres au fond du fleuve, en revanche, nous rappellent la mort, hors de laquelle nous avons été ressuscités.
Rappelons-nous encore une fois : pour Dieu, notre résurrection avec Christ est aussi réelle que notre mort avec lui. Les deux choses font partie du plan de grâce et d’amour de la rédemption. Nous ne pouvions y contribuer en rien, sinon dans le fait d’y croire. La question demeure cependant de savoir dans quelle mesure nous y croyons et y vivons ! Connaissons-nous uniquement le pardon de nos péchés, tel qu’il est représenté en image dans la Pâque, et notre mort avec Christ, que nous voyons dans la mer Rouge ? Ou connaissons-nous aussi notre résurrection avec Christ, qui nous est montrée dans le Jourdain ? Cependant la simple connaissance de ces faits ne nous aide pas. Nous devons aussi les saisir et les mettre en pratique par la foi. Alors nous ferons de merveilleuses expériences avec le Seigneur. Il est dans la gloire et nous pouvons être occupés de lui, et apprendre ainsi à connaître les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. La conséquence en sera que nous nous intéresserons de moins en moins au monde et à ses affaires, et porterons nos regards non plus sur nous-mêmes, mais sur lui, qui est le centre du conseil de Dieu et son bon plaisir. Nous passerons l’éternité auprès de lui, mais il veut être maintenant déjà le centre de notre vie et remplir nos cœurs des choses qui sont en haut !
Dans le Jourdain, nous voyons quelque chose de tout différent qu’à la mer Rouge. Le peuple d’Israël est préparé d’une manière intensive pour la traversée, et le passage du fleuve se déroule d’une manière toute différente. À la mer Rouge, il est dit « Les fils d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec ; et les eaux étaient pour eux un mur à leur droite et à leur gauche » (Ex. 14:22). Tandis que maintenant qu’ils devaient franchir le Jourdain : « les eaux qui descendaient d’en haut s’arrêtèrent : elles s’élevèrent en un monceau très loin, près d’Adam, ville qui est à côté de Tsarthan ; et celles qui descendaient à la mer de la plaine, la mer Salée, s’écoulèrent complètement » (Josué 3:16). L’eau, qui parle de la mort et du jugement, n’était pas même visible !
(*) La ville d’Adam pourrait être l’actuelle Damija, située à quelque 25 km. au nord de Jéricho, au bord du Jourdain. Le nom Adam, « homme », nous rappelle aussi bien le premier Adam par lequel sont entrés le péché et la mort, que le dernier Adam, auquel nous devons la résurrection et la vie (Rom. 5:12 ; 1 Cor. 15:21, 45).
De même aussi, après la traversée du Jourdain, il y eut plusieurs circonstances que nous n’avons pas vues lors de la mer Rouge. Ces particularités nous montrent les soins multiples du Saint Esprit pour nous introduire, en tant que croyants du temps actuel, dans la jouissance pratique des bénédictions données par Dieu.
Lors de la traversée de la mer Rouge, Moïse était seul à la tête du peuple d’Israël. Il annonça ce qui allait arriver et étendit sa main avec la verge de Dieu sur la mer afin que le peuple puisse traverser à sec. Au Jourdain toutefois, nous voyons quelque chose de tout différent. Comme type du Seigneur ressuscité qui conduit les siens par la puissance du Saint Esprit, Josué n’est pas seul ici. Il a certes la direction dans tout ce qui doit être fait. Il désigne aux chefs leur service, il prépare le peuple au miracle que Dieu allait faire, et il commande aux sacrificateurs de porter l’arche devant le peuple (Josué 1:10 ; 3:5, 6, 9).
En premier lieu, il appelle les chefs du peuple. Ils doivent parcourir le camp et commander au peuple de se préparer pour la traversée prochaine du Jourdain: « Préparez-vous des provisions, car dans trois jours vous passerez ce Jourdain pour aller prendre possession du pays que l’Éternel, votre Dieu, vous donne pour le posséder » (Josué 1:11). Après que trois jours se sont écoulés, les principaux parcourent encore une fois le camp pour communiquer au peuple d’autres informations : « Aussitôt que vous verrez l’arche de l’alliance de l’Éternel, votre Dieu, et les sacrificateurs, les Lévites, qui la portent, vous partirez de là où vous êtes, et vous marcherez après elle. Seulement, il y aura entre vous et elle une distance de la mesure d’environ deux mille coudées : n’en approchez pas, afin que vous connaissiez le chemin par lequel vous devez marcher, car vous n’avez pas passé par ce chemin ci-devant » (Josué 3:3, 4). L’arche de l'alliance est mentionnée en premier, puis les sacrificateurs qui la portent, et finalement le chemin qui, pour le peuple, est évidemment tout nouveau.
Les chefs d'Israël étaient des hommes sages et connus d'entre le peuple (Deut. 1:15). Leur service consistait à donner des instructions pratiques. De tels enseignements sont aussi importants pour notre vie de foi. Combien nous avons besoin de prendre de la nourriture spirituelle en nous occupant de la Parole de Dieu afin de croître quant à l'homme intérieur ! N'avons-nous pas besoin nous aussi du rappel constant des promesses de Dieu et de la confiance en sa Parole ? Dans sa seconde épître, l'apôtre Pierre – conduit par le Saint Esprit – ne s'appliquait-il pas à « faire souvenir » les croyants et à les « réveiller en rappelant ces choses à [leur] mémoire » afin qu'ils puissent en tout temps se « rappeler ces choses » (2 Pierre 1:12‑15). Mais pour lui il ne s'agissait pas seulement du souvenir, mais il voulait par là réveiller leur « pure intelligence » afin qu'ils gardent dans leur cœur les paroles des prophètes et le commandement de notre Seigneur et Sauveur (2 Pierre 3:1, 2).
Quelle crainte ne devons-nous pas avoir devant la personne de notre Seigneur ! La distance de 2000 coudées entre l'arche et le peuple doit nous montrer que, malgré son abaissement dans son incarnation, sa grâce et son amour pour nous autrefois des êtres perdus, pour lesquels il est entré dans la mort, nous ne devons jamais perdre de vue la distance qui existe entre lui, le Fils de Dieu, le Saint, et nous, des créatures. Précisément de nos jours où plus rien n'est saint pour les hommes dans le monde, cet enseignement a une signification particulière pour nous. De plus, le chemin sur lequel l'arche allait devant, conduisait dans un domaine tout à fait nouveau et inconnu. Qui donc a jamais passé par la mort pour ressusciter au-delà de toutes ses terreurs et pour introduire une vie en résurrection avant que Christ, lui, la vraie arche de l'alliance, ait ouvert ce chemin pour tous ceux qui croient en lui ? Personne avant lui n'a encore jamais parcouru ce chemin. À lui notre reconnaissance éternelle, de ce qu'il nous y a précédés par sa mort et par sa résurrection !
Les tâches essentielles lors de la traversée du Jourdain incombaient toutefois aux sacrificateurs. Lors de leur première mention en Josué 3:3, ils sont appelés « les sacrificateurs, les Lévites ». Cette expression spéciale ne se trouve pas souvent dans l'Ancien Testament. Les sacrificateurs étaient des descendants d'Aaron, et donc de Lévi (Deut. 21:5). Eux seuls pouvaient effectuer le service des offrandes sur l'autel et entrer dans le sanctuaire, et cela seulement s'ils étaient purs (Lév. 21 et 22). Les autres descendants de Lévi, les lévites proprement dits, leur avaient été attribués comme assistants dans le service du sanctuaire, particulièrement pour porter les saints ustensiles pendant la traversée du désert (Nomb. 3:5‑9 ; 4:1‑15). Les deux groupes avaient en outre la mission d'enseigner la loi au peuple de Dieu (Deut. 33:10 ; Néh. 8:7 ; Mal. 2:7). L'expression utilisée ici, « les sacrificateurs, les Lévites », désigne les sacrificateurs, mais dans leur qualité d'enseignants du peuple (Deut. 17:9, 18 ; 21:5 ; 24:8 ; Josué 8:33). Pendant la traversée du Jourdain, ils n'enseignaient toutefois pas le peuple par des paroles, mais par leur activité : porter l'arche de Dieu. Les sacrificateurs accomplissaient ici, effectivement, un service qui normalement incombait seulement aux Lévites. Les sacrificateurs représentent en figure des chrétiens « adultes » qui présentent devant nos cœurs le Seigneur Jésus et sa gloire. Plus nous nous occupons de ces sujets, plus notre désir grandira de rechercher les choses qui sont en haut, et de vivre dans la communion avec lui qui est déjà là-haut dans la gloire. Il en était ainsi des croyants à Éphèse, qui « avaient appris le Christ », parce qu'ils l'avaient « entendu et [avaient] été instruits en lui » (Éph. 4:20, 21). Ils avaient appris toute la vérité quant à Christ et sa place dans les lieux célestes, place que nous pouvons prendre en lui par la foi déjà maintenant. C’est ainsi qu’ils la connaissaient et pouvaient aussi la vivre par la foi.
Au Jourdain, Dieu ordonna par Josué aux sacrificateurs de porter l’arche de l’alliance devant le peuple jusque sur la rive et de se tenir là (Josué 3:6, 8, 13). L’eau s’élèverait alors comme une digue, de sorte que les sacrificateurs portant l’arche puissent se tenir au milieu du fleuve tandis que tout le peuple traverserait à une distance d’environ 2000 coudées (env. 1000 m) à pied sec (Josué 3:14, 15, 17). Aussitôt que les sacrificateurs quitteraient leur emplacement avec l’arche et monteraient hors du Jourdain, l’eau coulerait de nouveau comme auparavant « par-dessus tous ses bords » (Josué 4:10, 11, 15‑18). Pendant tout ce temps, les sacrificateurs qui se tenaient « de pied ferme sur le sec, au milieu du Jourdain », présentaient au peuple de Dieu l’arche de l’alliance. Lorsque ensuite tout le peuple fut parvenu sur l’autre rive du fleuve, « l’arche de l’Éternel et les sacrificateurs passèrent devant le peuple » (Josué 4:11).
Par leur service dans la tente d’assignation, les sacrificateurs étaient habitués à se tenir dans la sainte présence de Dieu. Ils savaient donc très exactement « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu » (1 Tim. 3:15) et étaient par conséquent les personnes appropriées pour instruire Israël. Comparativement à la grandeur du peuple, le nombre des sacrificateurs d’Israël était bien petit. Selon l’enseignement du Nouveau Testament, par contre, tous les rachetés, et non pas seulement quelques-uns, sont de par leur position de saints sacrificateurs, rendus capables de présenter à Dieu des sacrifices spirituels qui lui sont agréables par Christ (1 Pierre 2:5 ; Apoc. 1:5, 6). Le service de l’adoration est le plus élevé que nous ayons reçu, parce qu’il nous introduit dans la présence immédiate de Dieu le Père, auquel nous devons tant. Ce service auquel nous sommes déjà appelés maintenant, n’aura jamais de fin, mais il trouvera sa réalisation parfaite seulement dans la gloire. Mais qu’en est-il aujourd’hui dans la pratique ? Combien de rachetés accomplissent véritablement ce service béni et élevé sous la conduite du Saint Esprit ? Malheureusement en pratique, ils sont aujourd’hui peu nombreux, parce que la vraie adoration en esprit et en vérité est si peu connue même parmi les vrais chrétiens (voir Jean 4:21‑24) (*). Mais lorsque le service sacerdotal spécifique dans le sanctuaire n’est pas connu, le ministère de l’enseignement qui en découle ne peut pas se réaliser. C’est là une grande carence et une perte pour le peuple de Dieu.
(*) Nous avons ici de nouveau un exemple de ce fait que, dans les types de l’Ancien Testament, le point principal de l’enseignement réside dans la réalisation pratique de la doctrine du Nouveau Testament.
Pourquoi l’arche de l’alliance occupait-elle une place si importante lors de la traversée du Jourdain ? Parce qu’elle est un type merveilleux de notre Sauveur, le Seigneur Jésus Christ et de son œuvre. Elle était faite de bois de sittim et recouverte d’or pur. Elle contenait les deux tables de la loi avec les dix commandements de Dieu (1 Rois 8:9; et aussi selon Héb. 9:4, la verge d’Aaron et une cruche d’or avec la manne). Elle était couverte par le propitiatoire, fait entièrement d’or pur et surmonté de deux chérubins (Ex. 25:10‑22). Deux barres, rattachées à l’arche par quatre anneaux, servaient à la porter. Elle était le seul objet présent dans le lieu très saint de la tente d’assignation. Une fois l’an seulement, lors du grand jour des propitiations, le souverain sacrificateur pouvait entrer dans ce lieu pour faire aspersion du sang d’un sacrifice sur le propitiatoire et faire propitiation pour le peuple d’Israël et pour le sanctuaire (Lév. 16).
L’arche de l’alliance est un type de Christ, le Fils de Dieu devenu homme, et de sa vie sur la terre. Le bois parle de son humanité, l’or pur, de sa gloire divine (Luc 23:31 ; Jean 1:14). Il a parfaitement révélé Dieu dans son amour, dans sa justice et dans sa majesté, mais il l'a aussi parfaitement glorifié. Sa vie entière était : « C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40:8 ; Héb. 10:5‑10). C'est ce que nous montrent les deux tables de la loi qui se trouvaient à l'intérieur de l'arche de l'alliance.
Le propitiatoire d'or sur lequel le souverain sacrificateur (lui aussi un type de Christ) devait faire aspersion du sang du sacrifice une fois l'an, formait le couronnement de l'arche. L’or pur parle de la nature divine de la personne et de l'œuvre expiatoire de Christ. Selon Romains 3:25, Dieu lui-même a présenté le Seigneur Jésus « pour propitiatoire, par la foi en son sang ». Par son sacrifice à la croix, le Seigneur Jésus a satisfait parfaitement et pour toujours toutes les justes exigences de Dieu à l'égard de nos péchés, et a révélé la gloire de Dieu dans un amour parfait, mais aussi dans une justice parfaite. Il a accompli comme homme l'œuvre de l'expiation, mais il n'a pu le faire que parce qu'il était Dieu (Col. 1:12‑20). C'est pourquoi il dit dans l'évangile de Jean, qui le présente comme le Fils éternel de Dieu : « Moi, je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire » (Jean 17:4).
Sur le propitiatoire, entre les chérubins, symboles de sa sainteté et de sa gloire, il y avait le trône de Dieu (caractérisé alors seulement par la sainteté, mais maintenant aussi par la grâce ; Héb. 4:16). De là, Dieu parlait à son peuple et là, les hommes s'approchaient de lui, dans la mesure où cela était alors permis (Ex. 25:22 ; Lév. 1:1 ; 16:2 ; 1 Sam. 4:4 ; Ps. 63:2). L'arche de l'alliance avec le propitiatoire dans le lieu très saint, c'est-à-dire au centre divin du camp d'Israël, représente d'un côté le Seigneur Jésus dans le sanctuaire céleste, une fois l'œuvre accomplie, qui est devenu pour nous le chemin d'accès jusqu'à Dieu. « Car par lui nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit » (Éph. 2:18; comp. Héb. 10:19). D'un autre côté, elle est une image de l'habitation de Dieu dans son temple, mais aussi de la présence du Seigneur au milieu des deux ou trois qui, sur la terre, sont rassemblés en son nom en accord avec le caractère de l'Assemblée (voir Mat. 18:20 ; 2 Cor. 6:16). Tout ceci était encore caché dans l'Ancien Testament. L’accès à Dieu était fermé aux Israélites par le voile devant le lieu très saint. Ce n'est qu'après que celui-ci se déchira, le Seigneur ayant accompli son œuvre de l'expiation à la croix, que cette vérité put nous être révélée par le Saint Esprit (Mat. 27:51 ; Héb. 10:19).
Durant la traversée du désert, lors du lever du camp, les sacrificateurs couvraient normalement l'arche du voile qui sert de rideau, d'une couverture de peaux de taissons ainsi que d'un drap de bleu, et mettaient les barres dans les anneaux. Seulement alors, les lévites prenaient leur service comme porteurs (Nomb. 4: 4‑15). Lorsque le peuple d'Israël fut sur le point de traverser le Jourdain, ce sont cependant les sacrificateurs qui portèrent l'arche devant le peuple jusqu'au Jourdain et se tinrent avec elle au milieu du fleuve pendant toute la durée de la traversée. Finalement, « l'arche de l'Éternel et les sacrificateurs passèrent devant le peuple » (Josué 4:11). L'arche se trouve ici à la première place, et donc au centre. Il en est déjà ainsi lors de sa première mention sous ce rapport en Josué 3:3 : « Aussitôt que vous verrez l'arche de l'alliance de l'Éternel, votre Dieu, et les sacrificateurs, les Lévites, qui la portent... ». Les sacrificateurs, dans cette circonstance unique, étaient bien les porteurs, mais c'était l'arche recouverte du drap de bleu qui devait être devant les yeux des Israélites, et non pas eux. Le bleu évoque la couleur du ciel. Avec l'arche devant les yeux, le peuple traversa le Jourdain. Dans ce type, nous voyons comment, par la foi en leur Seigneur ressuscité, les rachetés sont introduits spirituellement dans les lieux célestes.
Plus nous le considérons ainsi, plus grand sera notre désir de rechercher les choses qui sont en haut et de vivre dans la communion avec lui, qui est déjà dans la gloire. En type, les sacrificateurs représentent ici des chrétiens expérimentés et spirituellement mûrs, donc « adultes », qui vivent dans la communion avec le Seigneur Jésus. Ils ont été occupés de lui et ont trouvé en lui et en son œuvre le centre et le contenu de leur vie. C’est lui qu’ils présentent maintenant devant les regards du peuple de Dieu – service béni ! L’apôtre Paul voyait sa mission en ceci : « annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ ». Il priait afin que les croyants à Éphèse puissent connaître « l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance » (Éph. 3:8, 19). Il exhortait les Colossiens à chercher « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1).
Le fait que c’étaient les sacrificateurs qui portaient l’arche montre qu’il s’agit ici du témoignage concernant la personne du Seigneur Jésus et concernant son œuvre, avec toutes ses glorieuses conséquences. Ce témoignage – qu’il soit oral ou écrit – doit être présenté de manière compréhensible et qui parle au cœur. Mais en est-il ainsi ? C’est une question très sérieuse. Est-ce que la vérité que nous sommes morts avec Christ, que nous sommes ressuscités avec lui et que nous avons en lui notre place dans les lieux célestes est encore annoncée ? Cette parole a aussi toute sa valeur ici : « Ainsi la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la Parole de Dieu » (Rom. 10:17). Que de bénédiction est perdue parce que la prédication de cette vérité n’a plus sa place fixe au milieu des croyants ! Mais sans prédication, il ne peut pas y avoir de connaissance, et sans la connaissance, nous ne pouvons pas saisir la vérité avec foi. C’est pourquoi le service accompli par les sacrificateurs lors de la traversée du Jourdain est si riche en enseignement et si important.
Mais qu’en est-il en pratique ? Combien d’enfants de Dieu connaissent-ils cette vérité ? L’apôtre Paul pouvait témoigner devant les anciens d’Éphèse qu’il n’avait mis aucune réserve à leur annoncer tout le conseil de Dieu (Actes 20:27). Notre résurrection avec Christ et notre position en lui dans les lieux célestes en font aussi partie. Paul et ses collaborateurs annonçaient cette vérité, « exhortant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, afin que nous présentions tout homme parfait (ou adulte, en grec : teleios) en Christ : à quoi aussi je travaille, combattant selon son opération qui opère en moi avec puissance » (Col. 1:28, 29). Il était en vérité un sacrificateur, portant l’arche devant le peuple au travers du Jourdain !
Nous ne trouvons, dans les types considérés jusqu’à maintenant, rien de comparable à ce service des sacrificateurs. Les Israélites avaient sacrifié l’agneau de la Pâque, ils avaient traversé la mer Rouge, ils avaient levé les yeux vers le serpent d’airain. Chaque fois ils avaient reçu auparavant des instructions très précises qu’ils avaient suivies par la foi (Héb. 11:28, 29). Mais aussi ils le faisaient parce que leur propre détresse et la crainte de l’Éternel les y poussaient (comp. 2 Cor. 5:11). Lors de la traversée du Jourdain, où la promesse bénie de Dieu allait enfin trouver son accomplissement, il ne s’agissait cependant que de confiance en sa bonté. Là précisément il se servit des sacrificateurs, et cela pour une mission tout à fait exceptionnelle. Cela ne doit-il pas nous indiquer la nécessité particulière d’un tel service justement là ?
Malheureusement, nous nous trouvons souvent spirituellement à un niveau où nous connaissons Dieu presque uniquement comme Celui qui nous aide dans nos circonstances terrestres. Nous lui rendons grâces pour son secours, pour son assistance et prions pour qu’il veuille continuer à le faire. Mais si les choses ne se passent pas comme nous nous le sommes représenté, nous devenons incertains et commençons peut-être à douter ou même à murmurer. D’autre part, notre chair, la vieille nature, et les séductions du monde sont souvent des réalités dont nous ne venons pas à bout. N'était-ce pas l'état que manifestèrent la plupart des Israélites dans le désert ? N'en était-il pas ainsi des croyants à Corinthe que Paul devait décrire comme de « petits enfants » parce qu'ils étaient encore charnels (1 Cor. 3:1‑3) ?
Aux Éphésiens, en revanche, il parla du service des dons que le Seigneur a donnés en vue du perfectionnement des saints et pour l'édification du corps de Christ « jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait (ou adulte, grec, teleios), à la mesure de la stature de la plénitude du Christ : afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ; mais que, étant vrais dans l'amour, nous croissions en toutes choses jusqu'à lui qui est le chef » (Éph. 4:11‑15).
Un ministère sacerdotal d'enseignement, qui place devant nos cœurs notre Sauveur et Seigneur dans la gloire du ciel, est donc de la plus grande importance. Nous apprenons ainsi que le vrai christianisme va au-delà de la possession du pardon des péchés et de l'espérance d'un avenir céleste, comme aussi de la connaissance d'un aide divin dans nos circonstances terrestres, bien que cela soit pleinement vrai. De même que les sacrificateurs portaient l'arche de l'alliance à la vue du peuple au travers du Jourdain, de même aussi aujourd'hui, il est nécessaire d'enseigner que notre Seigneur ressuscité s'est assis à la droite de Dieu dans les lieux célestes. Par un tel ministère, qui nous présente le Seigneur Jésus dans sa position et dans sa gloire célestes, nous sommes nourris spirituellement, fortifiés et dirigés vers lui. Nous pouvons ainsi croître dans la connaissance et la réalisation de notre position en Christ. II est assis maintenant à la droite de Dieu, au centre de toute la puissance et la gloire. Là où notre Sauveur se trouve déjà, nous serons bientôt nous aussi. Mais en lui, nous avons déjà maintenant notre place dans les lieux célestes, et par la foi nous pouvons déjà maintenant occuper cette place avec toutes ses bénédictions spirituelles !
La traversée du Jourdain par le peuple d'Israël est une image de la manière dont nous prenons par la foi, comme rachetés, la place qui est la nôtre en Christ dans les lieux célestes. Lorsque nous recevons par la foi que nous sommes vivifiés avec Christ, ressuscités avec lui et assis en lui dans les lieux célestes, nous sommes véritablement des chrétiens spirituellement adultes. De même que les Israélites avaient atteint leur but dans le pays de Canaan, ainsi nous prenons aussi notre vraie position chrétienne comme spirituellement « parfaits » ou « adultes » lorsque nous avons saisi par la foi toute la portée de l’œuvre de la rédemption et de la bénédiction spirituelle en Christ qui y est liée.
Nous trouvons cette partie de la vérité chrétienne dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. En Éphésiens 2:4 à 6, il est écrit : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ». Paul écrit semblablement, bien que d'une manière moins étendue, dans l'épître aux Colossiens : « ...étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l'opération de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts. Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l'incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonnés toutes nos fautes, » et : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 2:12, 13 ; 3:1).
Dans ces deux épîtres, nous sommes considérés comme vivifiés et ressuscités avec le Christ. L'épître aux Éphésiens va toutefois un peu plus loin : Dieu nous a aussi « fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2:6). Nous voulons maintenant nous occuper de ces faits, malheureusement peu compris.
Il est dit d'abord : « Vivifiés avec le Christ ». Le Seigneur Jésus a été vivifié en tant qu'homme, après qu'il eut accompli son œuvre à la croix, qu'il est mort et a été enseveli. Il a été « mis à mort en chair, mais vivifié par l'Esprit » (1 Pierre 3:18 ; comp. Rom. 8:2). Dans le texte original, l'article manque ici devant « Esprit ». Cela signifie que l'accent est mis moins sur la personne du Saint Esprit par la puissance duquel le Seigneur a été vivifié, que sur le caractère de la vie. Elle porte les signes distinctifs du Saint Esprit. Afin que cette vie en incorruptibilité puisse luire pour nous, il fallait que la mort soit anéantie et la question du péché résolue une fois pour toutes (2 Tim. 1:10 ; Héb. 7:16). La vie du Seigneur Jésus dans la chair est caractérisée par l'abaissement et les souffrances. Sa vie comme homme dans la résurrection, au contraire, l'est par la puissance et la gloire (Rom. 14:9 ; 2 Cor. 13:4).
C'est cette vie que nous avons aussi reçue, parce que nous avons été « vivifiés ensemble avec le Christ ». Il est « le dernier Adam, un esprit vivifiant » (1 Cor. 15:45). Le premier Adam avait reçu la respiration de la vie naturelle par le souffle de Dieu (Gen. 2:7). Mais lorsque le Seigneur Jésus, le jour de sa résurrection, se tint au milieu des disciples, et souffla en eux, il dit : « recevez l'Esprit Saint » (Jean 20:22). De cette manière, ils reçurent sa vie de résurrection caractérisée par l'Esprit Saint, laquelle ils ne pouvaient pas encore posséder quant à sa nature jusque-là – bien que déjà nés de nouveau par le Saint Esprit. Ce que les disciples reçurent à ce moment-là, n'était donc pas le Saint Esprit comme personne, mais la vie caractérisée par le Saint Esprit (*). Le Seigneur Jésus l'appelle aussi « la vie en abondance » (Jean 10:10). Tous ceux qui maintenant croient en lui, la reçoivent en ce qu'ils sont « vivifiés ensemble avec le Christ » (Éph. 2:5).
(*) Les croyants ne reçurent le Saint Esprit comme personne divine habitant en eux que le jour de la Pentecôte (Actes 1:5, 8 ; 2:4; comp. Jean 7:39).
Afin que nous puissions participer à cette vie qui est la sienne, il fallait que le Seigneur ressuscite d'abord en vainqueur d'entre les morts. Il l'avait déjà fait savoir à Marthe à l'occasion de la mort de son frère Lazare. Bien qu'il soit lui-même la vie éternelle, il ne lui dit pas : « Je suis la vie et la résurrection », mais « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11:25). Le péché et la mort devaient être vaincus par son œuvre de la rédemption et sa résurrection, avant que nous puissions avoir part à sa vie.
Nous sommes ainsi vus, pour ainsi dire, comme si nous étions sortis avec lui du tombeau. Comme vivifiés avec Christ, nous possédons donc non seulement une nouvelle vie, mais une vie qui porte le caractère du Christ ressuscité. Il a donné la preuve qu'il est la résurrection et la vie, et il est maintenant notre vie, et cela, dans la gloire (Jean 11:25 ; Col. 3:4). Cette vie n'est pas seulement au-delà de la mort, mais elle est aussi au-delà du péché. C'est pourquoi en Éphésiens 2:5, à cette parole « ressuscités avec le Christ », il est ajouté : « vous êtes sauvés par la grâce ». L'épître aux Colossiens est encore plus concrète ; il y est écrit : « ...il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonnés toutes nos fautes » (Col. 2:13). La grâce salvatrice de Dieu et le pardon de nos péchés sont liés de la manière la plus étroite avec le don de la vie. L'expression : « justification de vie » en Romains 5:18, comprend également cette pensée. Là, notre justification par la foi est caractérisée par la vie de Christ, ici, notre vivification l'est par le salut et le pardon. Quelle merveilleuse part est donc celle d'être « vivifiés avec le Christ » !
Le fait mentionné dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, d'être « vivifiés avec le Christ » n'est donc pas la même chose qu'être « nés de nouveau ». Lors de la nouvelle naissance, nous avons reçu par la Parole de Dieu et par le Saint Esprit une nouvelle vie. Nous sommes « nés de Dieu » et « nés de l'Esprit » (Jean 1:13 ; 3:5, 8). Être « vivifiés avec Christ » signifie par contre être en possession par sa résurrection d'un salut parfait et de la connaissance consciente de la vie éternelle.
Nous ne sommes cependant pas seulement vivifiés avec le Christ, mais nous sommes aussi ressuscités avec lui. Ces deux notions se ressemblent beaucoup, mais ne signifient pourtant pas la même chose (Jean 5:21 ; 11:25). Par la résurrection, nous avons été placés dans une nouvelle position. Nous avons reçu la vie de résurrection, non pas toutefois pour mener maintenant une meilleure vie sur la terre, mais pour vivre dans le Christ Jésus pour Dieu (comp. Rom. 6:11). L'exemple de notre Seigneur ressuscité est utile à cet effet. Lorsqu'il se fit reconnaître par Marie de Magdala le jour de sa résurrection, pleine de joie, elle voulut le toucher. Il l'en empêcha cependant avec ces paroles : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père » (Jean 20:17). En tant que ressuscité, il n'était pas revenu dans la sphère de la vie naturelle, mais était entré dans une nouvelle position liée avec le ciel. Marie le voyait certes encore devant elle, mais il appartenait déjà au monde de la résurrection, et ne se trouvait encore sur la terre que pour que sa résurrection puisse être attestée par « plusieurs preuves assurées » (Actes 1:3). Après son ascension, elle le comprendrait pleinement (*).
(*) Les femmes qui, en Matthieu 28:9, saisirent les pieds du Seigneur, le firent en signe d'adoration, c'est-à-dire dans une tout autre intention que Marie de Magdala.
Les paroles de Paul en 2 Corinthiens 5:16 vont dans le même sens : « En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair ; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi ». Comment considérons-nous nos prochains incrédules ? Les voyons-nous et les traitons-nous selon leur position dans le monde ou les considérons-nous à la lumière du monde de la résurrection comme Dieu les voit : comme des pécheurs perdus, qui ont besoin du salut ? C'est ainsi que Paul et ses collaborateurs voyaient les hommes autour d'eux. Les premiers chrétiens qui avaient encore connu le Seigneur Jésus comme le Messie vivant sur la terre, le connurent non plus sous ce caractère, mais seulement comme leur Seigneur dans la gloire. Ainsi le regard de tous ceux qui sont ressuscités avec lui doit être dirigé vers le Christ glorifié à la droite de Dieu. Ils doivent chercher « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » et penser « aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (Col. 3:1, 2).
Le Seigneur Jésus est ressuscité corporellement, nous le sommes de manière spirituelle. Par notre résurrection avec lui, nous avons été introduits dans une nouvelle sphère de vie. Bien que nous nous trouvions encore sur la terre, nous sommes quant à notre position entièrement séparés du monde. Pouvons-nous comme chrétiens encore rechercher le monde, ou bien avoir la mission d'influencer activement les événements de ce monde ? Nous n'en faisons plus partie, mais nous appartenons au monde de la résurrection. Ceci peut à tout instant devenir une réalité pour notre corps aussi, lorsque le Seigneur Jésus viendra pour enlever les siens. « Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Phil. 3:20, 21).
Notre résurrection spirituelle avec Christ n’est pas quelque chose de futur, c’est un fait présent. Nous ne la percevons certes pas avec nos sens, car elle est un fait de foi. Mais lorsque nous l’avons saisie par la foi, nous comprenons que nous avons été, non seulement retirés de la sphère du monde, mais aussi transportés dans la sphère du ciel.
Pour produire cela, un grand déploiement de la puissance de Dieu a été nécessaire. La même puissance qui s’est exercée lors de la résurrection de Christ a aussi ressuscité spirituellement les siens qui croient en lui. Lorsque le Seigneur Jésus a été ressuscité « par la gloire du Père », ceci a eu lieu « selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts » (Rom. 6:4 ; Éph. 1:19, 20). Lors de sa mort sur la croix, aucune trace de force ou de puissance n’a été vue. Au contraire, il a été « crucifié en infirmité » (2 Cor. 13:4). Abandonné de son Dieu, il a porté le châtiment pour le péché et a été mis « dans la poussière de la mort ». La mort est « les gages du péché » (Rom. 6:23 ; Jacq. 1:15). Le seul innocent l’a prise sur lui, en substitution pour nous. Sa résurrection d’entre les morts est la preuve que la question du péché est réglée pour toujours. Au matin du premier jour de la semaine, l’opération de la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et a délié les douleurs de la mort, a été manifestée d’une manière jamais vue jusqu’alors (Actes 2:24 ; Col. 2:12). La mort a été anéantie, et le Seigneur Jésus a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père (Rom. 6:4). Cette puissance de Dieu a aussi opéré lors de notre résurrection spirituelle avec Christ. Paul la décrit comme « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons » (Éph. 1:19).
Non seulement Christ « a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4:25), mais comme croyants, nous sommes tous ressuscités avec lui. Nous avons ainsi part à la position que le Ressuscité occupe maintenant au-delà du péché et de la mort dans la gloire, assis à la droite de Dieu. Par la mort de Christ et par notre mort (spirituellement parlant) avec lui, nous avons été retirés avec lui du monde. Nous l’avons vu lorsque nous avons considéré la traversée de la mer Rouge par Israël. Par la résurrection de Christ et par notre résurrection (spirituellement parlant) avec lui, nous avons été tirés hors de la mort et introduits dans la sphère de la vie éternelle. La traversée du Jourdain nous montre comment nous pouvons réaliser cela par la foi. L’arche de l’alliance avança la première jusqu’aux eaux de la mort, et ensuite, le peuple put traverser de pied sec le Jourdain. Le lit du fleuve mis à sec montre comment le pouvoir de la mort a été complètement annulé par la résurrection de Christ.
Paul nous présente les conséquences pratiques de notre résurrection avec Christ dans plusieurs de ses épîtres. Il écrit aux Philippiens qu’il a le désir de gagner Christ, d’être trouvé en lui, de le connaître toujours mieux et ainsi de faire l’expérience de la puissance de sa résurrection, mais aussi de la communion de ses souffrances. Pour cela, il désire même passer par la mort, parce qu’ainsi, lors de sa venue, il parviendrait aussi à la résurrection du corps (Phil. 3:8‑11). Ceux qui sont ainsi occupés du Seigneur glorifié, il les appelle « parfaits », ce qui signifie : spirituellement adultes (en grec : teleios). Ils ont à maintenir cette disposition d’esprit en toutes circonstances. Ceux qui n’ont pas encore atteint ce stade, et ont « un autre sentiment », il les encourage en disant que Dieu le leur révélera aussi (v. 15).
Aux Colossiens, il déclare: « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1). Là, dans la gloire, se trouve notre vie et notre sphère de vie spirituelle. Nous sommes certes encore sur la terre, mais comment pourrions-nous aimer les choses de la terre plus que lui? Ce danger existe cependant, c'est pourquoi il y a cette exhortation : « Pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (v. 2). Si nous trouvons notre joie en notre résurrection avec Christ, et cherchons les choses qui sont en haut, là où il se trouve déjà, alors nous sommes en pratique « parfaits (ou : « adultes ») en Christ » (Col. 1:28). C'est à cela que tendaient tous les efforts de l'apôtre Paul pour les Colossiens, et ce dont nous pouvons aujourd'hui encore nous réclamer.
Nous ne sommes cependant pas seulement vivifiés et ressuscités avec Christ. Il est ajouté en Éphésiens 2:6 un troisième pas : « ...et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ». Lorsque le Seigneur Jésus viendra afin de nous recueillir dans la maison du Père, nous serons avec lui pour toujours avec des corps glorifiés (Jean 14:2, 3 ; 1 Cor. 15:51 ; Phil. 3:20, 21 ; 1 Thess. 4:17). Quant à notre position spirituelle, cependant, nous avons déjà en lui notre place dans les lieux célestes. C'est pourquoi il est écrit ici très précisément « dans le Christ Jésus », ce qui signifie : comme faits un avec lui, mais pas encore unis « à lui ». Nous vivons encore sur la terre, mais « en lui » nous sommes déjà dans les lieux célestes. C'est pourquoi l'enlèvement des croyants dans le ciel n'est pas mentionné dans cette épître aux Éphésiens. Dieu considère son conseil comme déjà accompli (*).
(*) Il est pourtant parlé deux fois de notre espérance (1:18 ; 4:4). Du point de vue des croyants qui se trouvent sur la terre, le conseil de Dieu n'est pas encore accompli.
Dieu nous fait connaître ici son plan, qui dépasse de beaucoup ce que, comme pécheurs perdus, nous aurions pu demander. Lors de notre conversion, nous cherchions premièrement la délivrance du jugement éternel de Dieu. Nous l'avons aussi reçue, comme nous l'a montré le type de la Pâque. Mais Dieu, selon les richesses de sa grâce, nous a donné beaucoup plus. En Christ et en vertu de sa merveilleuse œuvre de la rédemption, nous avons reçu une place dans laquelle nous avons été introduits dans la relation et la communion la plus intime avec lui, le Fils de l'amour du Père, le centre de toutes choses ! Connaissons-nous cette merveilleuse position ? Nous réjouissons-nous dans la bénédiction immense qui y est rattachée, d'être un dans la gloire avec le Christ glorifié ? Si tel n'est pas le cas, nous devons encore traverser le Jourdain pour entrer pratiquement par la foi dans la Canaan spirituelle, dans les lieux célestes.
En Romains 6, nous avons vu trois pas qui indiquent la fin du vieil homme : crucifiés avec Christ, morts et ensevelis. Ici, nous trouvons trois pas qui préparent l'introduction du nouvel homme : vivifiés avec Christ, ressuscités et assis en lui dans les lieux célestes.
Le « nouvel homme » est étroitement lié avec la pensée de notre résurrection avec Christ. Il n'est mentionné que dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, c'est-à-dire les seules dans lesquelles nous sommes aussi vus comme vivifiés avec Christ et ressuscités avec lui. Il existe donc une relation entre ces faits. Dans les deux épîtres, nous sommes de plus vus en image comme conduits au-delà du Jourdain.
Ce n'est que dans ces deux épîtres que le conseil de Dieu relativement à Christ et à ceux qui croient en lui est présenté. Dieu a ressuscité le Seigneur Jésus d'entre les morts et lui a donné une place à sa droite, où il est assis maintenant, couronné de gloire et d'honneur (Héb. 2:9 ; 8:1 ; 10:12 ; 12:2). En Christ, Dieu a placé tous ceux qui croient en lui et en son œuvre rédemptrice, parfaits devant lui, et les a richement bénis. Pour cela, il ne fallait pas seulement que la question de notre culpabilité soit résolue, mais le vieil homme aussi, qui est pécheur et incurable, devait être mis de côté, afin que quelque chose de tout nouveau puisse être introduit : la nouvelle création.
La résurrection de notre Sauveur fut le commencement de la nouvelle création. Comme le Ressuscité, il est « le commencement (*) de la création de Dieu » (Apoc. 3:14). Il y a déjà dans l'Ancien Testament des évocations typologiques de ce « commencement ». L'offrande de la gerbe des prémices, au début de la moisson, est un type de la résurrection du Seigneur Jésus. C'était la première fête à l'Éternel : pour la célébrer, Israël devait être dans le pays de Canaan, donc de l'autre côté du Jourdain (Lév. 23:9‑14). « Le lendemain du sabbat », c'est-à-dire le premier jour de la semaine, le dimanche après la Pâque, le sacrificateur devait présenter devant l'Éternel « une gerbe des prémices de votre moisson » et la « tournoyer ». C'était une image du Ressuscité au jour de sa résurrection. Le mot utilisé ici pour « prémices » (hébreu : reschit) est différent de celui lors de la fête des semaines au verset 17 (hébreu : bikkur), où nous voyons dans les prémices, l'assemblée. Il signifie en fait : « commencement », et est le même mot par lequel les Saintes Ecritures et la première création commencent : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ».
(*) Comme Dieu, il était l'origine de la première création (Jean 1:3 ; Col. 1:16), comme homme ressuscité, il est le commencement de la nouvelle création, c'est-à-dire le premier et le plus élevé !
Avec la résurrection du Seigneur Jésus d'entre les morts apparut également le nouvel homme, qu'il a créé « en lui-même ». Dans la même œuvre en laquelle notre vieil homme a été crucifié avec lui et jugé, le nouvel homme a aussi été créé (Rom. 6:6 ; Éph. 2:15). L'expression « nouvel homme » désigne dans toute sa plénitude la nouvelle position du croyant en Christ, le Ressuscité, au-delà du jugement et de la mort. Le nouvel homme est ainsi sur la terre, c'est-à-dire sur la scène de l'ancienne création, le commencement de la nouvelle création qui un jour comprendra tout l'univers. Nous trouvons le déploiement complet de la nouvelle création en Apocalypse 21, où le prophète Jean voit au premier verset un nouveau ciel et une nouvelle terre, et au verset 5, Dieu dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles ». Après le règne millénaire, l'ensemble de l'ancienne création présente disparaîtra et fera place à une création entièrement nouvelle. Mais le commencement en est déjà fait ! Tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, constituent, selon Jacques 1:18, « une sorte de prémices de ses créatures ».
Les croyants à Corinthe et en Galatie ont aussi été enseignés quant au fait glorieux de la nouvelle création, malgré leurs pensées charnelles. Aux Corinthiens qui laissaient agir leur vieille nature presque sans retenue, Paul écrivit en 2 Corinthiens 5:17 : « En sorte que si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ». Dans la pratique de leur foi, ils en étaient bien éloignés ! En Galates 6:14 et 15 aussi, Paul déclare aux croyants qui étaient en danger de retourner à la loi du Sinaï : « Mais qu'il ne m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde. Car ni la circoncision, ni l'incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création ». De même que de nombreux croyants dans le temps actuel, les Corinthiens et les Galates n'avaient pas saisi et réalisé par la foi la fin du vieil homme et le fait merveilleux de l'existence du nouvel homme. En conséquence, ils connaissaient de grandes difficultés dans leur vie de foi.
Le nouvel homme, en tant que « type d'homme » entièrement nouveau, se trouve en contraste absolu avec le vieil homme. Christ, le « second homme... venu du ciel » et le « dernier Adam », en est l'origine et en même temps le parfait modèle. Nous voyons dans sa vie terrestre tous les caractères du nouvel homme, bien qu'il ne soit lui-même jamais appelé le « nouvel homme ». Il a été le seul homme parfait, plein de miséricorde et de grâce, plein de vérité et de sainteté – il était amour et lumière.
Le nouvel homme ne pouvait devenir une réalité dans les croyants qu’après que Christ eut pris sur lui le jugement du vieil homme et fut ressuscité d’entre les morts. Non seulement la corruption et la méchanceté du vieil homme, mais toutes les différences qu’il présente, soit Juif ou païen, esclave ou homme libre, sont entièrement mises de côté dans le nouvel homme ; Christ est tout et en tous (comp. Col. 3:11). La plus grande différence existait entre Juifs et Grecs, c’est-à-dire entre le peuple terrestre de Dieu et les païens. Cette différence instituée de Dieu lui-même est maintenant aussi effacée.
Le nouvel homme n’est pas Christ dans sa personne, mais est la personnification de la position des croyants en lui dans le monde de la résurrection, caractérisée toutefois par les traits qu’il manifesta dans sa vie sur la terre. De même qu’il n’y eut qu’un vieil homme, caractérisé par le péché, ainsi il n’y a qu’un nouvel homme qui porte les traits de Christ. C’est pourquoi ils sont l’un et l’autre toujours mentionnés au singulier, jamais au pluriel.
En Éphésiens 2:15 et 16, l’apôtre Paul ne parle pas seulement du seul homme nouveau, mais aussi du seul corps : « ...afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix ; et qu’il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix ». Ceci est parfois compris – principalement dans l’exégèse ecclésiastique – comme s’il s’agissait de deux points de vue de la même chose, à savoir l’unité de l’Assemblée de Dieu, qui est bien le corps de Christ (comp. 1 Cor. 10:17 ; 12:12, 13 ; Éph. 4:4). Cependant les deux expressions sont juxtaposées, comme la conjonction « et » le montre. Chaque proposition contient donc une affirmation indépendante. La désignation « un seul homme nouveau » ne parle pas de l’unité des Juifs et des païens, mais de l’identité de leur nouvelle position et de leur nouvelle nature. Ce serait plus qu’improbable que la même désignation, paraissant seulement deux fois dans cette épître, soit utilisée avec une signification toute différente : pour désigner ici, l’Assemblée, et au chapitre 4, verset 24, la position et la nature du croyant isolé. Le nouvel homme en Éphésiens 2:15 doit être, par conséquent, identique à celui du chapitre 4, verset 24. De même dans l’original grec, il est utilisé chaque fois exactement la même expression (*). L’Assemblée mentionnée ensuite, le seul corps, est formée d’hommes de cette seule « espèce » (v. 16). Ce seul corps de Christ est composé, certes, de nombreux membres différents, mais les caractères du seul homme nouveau sont leur part commune à tous. Nulle part l’Assemblée n’est appelée « un seul homme ». Comment pourrait-elle aussi l’être ? Elle est certes le corps de Christ, et il est sa tête dans le ciel, mais sans lui, elle est incomplète, et donc inconcevable.
(*) En grec : kainos (= nouveau dans sa nature) anthrôpos ; en revanche, en Colossiens 3:10 : neos (= nouveau dans son existence) anthrôpos.
Dans chacun des trois passages qui mentionnent le « nouvel homme », il est aussi parlé de sa création. Nous voyons par là que l’on entre dans une relation vivante avec Dieu non par ses propres efforts, mais uniquement par un acte de création de sa part. Dans l’épître aux Éphésiens, il est écrit au chapitre 2, verset 15 : « afin qu’il créât les deux (Juifs et nations) en lui-même pour être un seul homme nouveau ». Il s’agit ici du fait lui-même de la création. Au chapitre 4, versets 22 à 24, la nature du nouvel homme et le modèle absolument parfait selon lequel il a été créé sont montrés : « en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses, et d’être renouvelés dans l’esprit de votre entendement, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité ». En Colossiens 3:9 à 11, il est écrit : « Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé, où il n’y a pas Grec et Juif, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, esclave, homme libre ; mais où Christ est tout et en tous ». Ici, le Fils de Dieu devenu homme est placé devant nous comme origine et modèle du nouvel homme.
La traversée du Jourdain nous enseigne à cet égard à recevoir et à réaliser aussi par la foi ce fait béni. Dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, nous trouvons non seulement la doctrine concernant cette position élevée des rachetés, mais aussi la pratique de la foi. Les croyants à Éphèse et à Colosses ne connaissaient pas seulement la vérité concernant le nouvel homme, mais ils l’avaient revêtu et avaient dépouillé le vieil homme (Éph. 4:22‑24 ; Col. 3:9, 10).
Quelle instruction en retirer pour nous ? Si nous cédons à notre chair, nous ne sommes pas en état de vivre comme rachetés dans la force et la joie spirituelles. C’est ce que nous montre l’image du peuple d’Israël dans le désert. À la fin des quarante ans, Moïse dut constater que chacun faisait ce qui était bon à ses yeux (Deut. 12:8). Il est remarquable qu’il continue, dans le verset qui suit, en disant : « ...car, jusqu’à présent, vous n’êtes pas entrés dans le repos et dans l’héritage que l’Éternel, ton Dieu, te donne ». Ceci veut nous dire : plus nous nous confions en la Parole de Dieu, et plus nous nous occupons du Seigneur Jésus, notre tête dans la gloire, et des choses qui sont en haut, plus nous serons en harmonie dans notre vie pratique avec ses pensées et avec sa volonté. Les diverses étapes de la foi relativement à la compréhension et à la jouissance de l’œuvre de la rédemption nous montrent comment nous pouvons croître en elles spirituellement. La confiance simple en l’œuvre parfaite de notre Seigneur à la croix nous donne aussi la force de dépouiller le vieil homme. Nous ne sommes alors pas seulement conscients et reconnaissants d’avoir la vie nouvelle, mais nous nous identifions avec le nouvel homme que nous avons revêtu d’une manière consciente, et dont le seul but est de servir et de glorifier Christ.
Avant la traversée du Jourdain, Josué avait fait choisir par le peuple douze hommes, un par tribu (Josué 3:12). En Josué 4:1 à 3, c’est-à-dire après la traversée, il apparaît clairement que cela faisait suite à un ordre de Dieu : « Et il arriva, quand toute la nation eut achevé de passer le Jourdain, que l’Éternel parla à Josué, disant : Prenez d’entre le peuple douze hommes, un homme de chaque tribu, et commandez-leur, disant : Enlevez d’ici, du milieu du Jourdain, de là où se sont tenus les pieds des sacrificateurs, douze pierres ; et vous les transporterez avec vous, et vous les poserez dans le lieu où vous passerez cette nuit ».
Les pierres, dans la Parole de Dieu, sont souvent des monuments en souvenir des voies de Dieu envers les siens. Nous le voyons déjà avec Jacob, l’ancêtre du peuple d’Israël, et plus tard, avec le dernier des juges, Samuel (Gen. 28:18 ; 31:45 ; 35:14, 20 ; 1 Sam. 7:12). Ici aussi, Dieu voulait donner à son peuple un souvenir durable de cet événement important. C’est pourquoi les douze pierres devaient être érigées sur la rive occidentale du Jourdain. Ce n’était pas une seule pierre (il s’agirait plutôt d’un mémorial de la résurrection du Seigneur), mais c’étaient douze pierres, c’est-à-dire que tout le peuple est représenté. Lors de l’entrée en Canaan, il manquait cependant deux tribus et demie. D’entre celles-ci, seuls les hommes de guerre avaient suivi. Malgré cela, Josué dressa douze pierres, qui doivent nous rappeler ainsi d’une manière particulière la position de tous les croyants en Christ. Dieu a fait asseoir ensemble en Christ dans les lieux célestes non pas quelques-uns seulement, mais tous ceux qui croient dans le Seigneur Jésus.
Les pierres furent prises du milieu du fleuve et dressées de l’autre côté de la rive. Elles demeurèrent là en souvenir perpétuel du fait que le peuple avait atteint le but de son voyage, le pays promis de Canaan. Les pierres venaient des profondeurs de l’eau qui, comme nous l’avons vu, parle de la mort. Pourrait-il y avoir une image plus saisissante de notre résurrection avec Christ ? Chaque fois que les Israélites voyaient ces pierres sur la rive du Jourdain, ils se remémoraient leur traversée du fleuve. De même aussi nous pouvons sans cesse nous souvenir avec reconnaissance du fait merveilleux, que nous avons été spirituellement ressuscités avec notre Seigneur. Avec lui, nous sommes passés de la mort à la vie dans la résurrection (comp. Jean 5:24).
Dieu n’avait parlé que des douze pierres sur la rive du Jourdain. Elles sont une image non seulement de notre résurrection avec Christ, mais aussi du nouvel homme qui a été créé par la mort et la résurrection de Jésus Christ. Cependant, Josué fit dresser de plus douze pierres « au milieu du Jourdain, à la place où s’étaient tenus les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance » (Josué 4:9). Dieu ne l’avait pas expressément ordonné. Néanmoins, ce que fit Josué était tout à fait à sa place. Les douze pierres au fond du fleuve furent aussitôt recouvertes par les eaux et devinrent invisibles. Elles symbolisent ainsi une fin – celle du vieil homme. Comme nous l’avons vu, notre vieil homme a été crucifié et nous sommes morts et ensevelis avec Christ (*).
(*) L’image du baptême est cependant non pas le Jourdain, mais la mer Rouge (voir « Le baptême – un ensevelissement »).
En fait, ceci est plutôt en relation avec la mer Rouge. Aucun mémorial du jugement accompli ne fut cependant dressé là. Maintenant seulement que le but est atteint et qu’il est question non de jugement, mais uniquement d’une victoire triomphale, il est rappelé ce qui au fond avait eu lieu déjà à la mer Rouge. Les pierres dans le Jourdain expriment clairement que ce que signifie être mort avec Christ, est maintenant bien compris et réalisé. Nous trouvons exactement cela dans le Nouveau Testament. Paul rappelle aux Colossiens, non seulement leur résurrection spirituelle avec Christ, mais en même temps leur mort : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3:1‑3). Il fait de même quant au vieil et au nouvel homme : « Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé » (Col. 3:9, 10 ; comp. Éph. 4:22‑24). Dans la pratique, nous n’avons la force de dépouiller le vieil homme que lorsque nous avons compris ce que signifie revêtir le nouvel homme, c’est-à-dire lorsque nous nous « identifions » par la foi avec notre Seigneur glorifié dans le ciel. Les douze pierres au fond du Jourdain et les douze pierres sur sa rive rendent un témoignage éloquent de ces deux aspects. L’adoption de notre nouvelle identité « en Christ » est impensable sans le dépouillement de notre ancienne identité comme pécheur.
Les pierres au fond du Jourdain parlent du fait que nous sommes morts avec Christ. Nous trouvons cela dans plusieurs épîtres du Nouveau Testament (Rom. 6:2, 8 ; Gal. 2:19 ; Col. 2:20 ; 3:3 ; 1 Pierre 2:24). Mais il y a encore un autre aspect. Dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes considérés non pas comme morts avec Christ, mais comme morts dans nos fautes et dans nos péchés (Éph. 2:1, 5 ; Col. 2:13). Comme tels, nous avons été vivifiés et ressuscités avec Christ. Les douze pierres dans le Jourdain parlent aussi de cet état de mort spirituelle dans lequel se trouve tout homme avant sa conversion. Dieu soit béni, elles sont pour toujours couvertes par les eaux et nous pouvons considérer par la foi les pierres visibles sur la rive du Jourdain, qui nous rappellent notre résurrection avec Christ et le fait de revêtir le nouvel homme.
Au cours de la considération du chemin des fils d’Israël depuis l’Égypte jusqu’à Canaan, nous nous sommes déjà arrêtés plusieurs fois devant le soin que Dieu prend pour nous convaincre, non seulement dans le Nouveau Testament, mais déjà dans les types de l’Ancien, de la corruption totale de la nature humaine et de la nécessité d’un jugement sans réserve de notre vieil homme. Ne voyons-nous pas aussi cela dans les douze pierres qui restaient au fond du Jourdain ? Elles rendent témoignage du jugement de Dieu sur ce qu’en nous, même comme croyants, nous excusons et minimisons encore souvent. Au lieu de faire cela, nous devrions nous associer à son jugement et nous considérer comme morts avec Christ. Mais est-ce que nous lui rendons grâces aussi pour le fait que son Fils bien-aimé, qui a porté ce jugement pour nous, nous a donné par sa résurrection une vie et une position selon laquelle nous sommes déjà maintenant dans la relation la plus étroite avec lui dans le ciel ?
Après l’érection des douze pierres sur la rive du Jourdain, Dieu donna à son peuple d’autres instructions. Si leurs enfants les interrogeaient plus tard disant : « Que signifient pour vous ces pierres ? », les fils d’Israël devaient donner une réponse claire. Il est remarquable que cette question soit prévue deux fois. La première fois, elle se trouve en Josué 4:6, la seconde fois au verset 21. Nous trouvons déjà en Exode 12:26 et 13:14, des questions semblables et leur réponse, concernant la Pâque et la sanctification du premier-né, de même qu’en Deutéronome 6:20 concernant la loi du Sinaï.
Dieu a prévu les questions des enfants quant à ces points importants et voulait qu’elles aient une réponse juste. Avec quel sérieux ceci parle au cœur de tous les croyants à qui Dieu a confié des enfants ! De plus, tous les aînés qui sont questionnés par de plus jeunes frères et sœurs au sujet du salut, de la position et du chemin des croyants sont concernés ici. Sommes-nous prêts à répondre à ces questions et en état de le faire ? Combien de bonnes occasions, spirituellement importantes, sont manquées lorsque nous n’y entrons pas ! Prenons donc à cœur cet appel et ne laissons pas sans réponse une question peut-être superflue ou inutile à nos yeux, mais répondons-y en nous appuyant sur la Parole de Dieu.
En Josué 4:6, la question des enfants est formulée de façon très personnelle : « Que signifient pour vous ces pierres ? ». La réponse qui doit être donnée porte pourtant un caractère fondamental : « Les eaux du Jourdain furent coupées devant l’arche de l’alliance de l’Éternel ; lorsqu’elle passa dans le Jourdain, les eaux du Jourdain furent coupées ». Autrement dit : Dans la résurrection de Christ, la puissance de la mort fut brisée par la puissance de Dieu. En Éphésiens 1:19 et 20, Paul parle de « l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; – et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes ». Nous devons toujours nous souvenir de cette puissance et veiller à ce que tout ce qui s’y rattache, demeure présent dans la conscience des croyants. Paul priait pour que Dieu donne aux croyants à Éphèse l’intelligence spirituelle de « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons », nous qu’il a vivifiés ensemble avec Christ et qu’il a ressuscités ensemble et a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en lui » (Éph. 1:16 – 2:6).
Dans la seconde question, en Josué 4:21, le Saint Esprit regarde visiblement à un avenir plus lointain, car elle est introduite par ces mots : « Lorsque dans l’avenir vos fils interrogeront leurs pères, disant :… ». La question elle‑même est ici une question de fond : « Que sont ces pierres ? » comme le montre l’absence du pronom : « vous ». En revanche, la réponse est beaucoup plus détaillée et personnelle : « Israël a passé ce Jourdain à sec, parce que l’Éternel, votre Dieu, sécha les eaux du Jourdain devant vous jusqu’à ce que vous eussiez passé, comme l’Éternel, votre Dieu, a fait à la mer Rouge, qu’il mit à sec devant nous jusqu’à ce que nous eussions passé, afin que tous les peuples de la terre connussent la main de l’Éternel, qu’elle est forte ; afin que vous craigniez toujours l’Éternel, votre Dieu ». Il s’agit de nouveau en premier lieu de la grande œuvre de Dieu. Il a séché les eaux devant son peuple. Mais ensuite il est fait mention du peuple de Dieu qui a pu traverser à sec par la foi. Finalement, la corrélation – pour ne pas dire l’identité – de la mer Rouge avec le Jourdain est rappelée. Ces deux situations si semblables parlent l’une et l’autre de la mort et de la résurrection de Christ. Mais pour nous qui croyons en lui, la mer Rouge est une image de notre mort spirituellement parlant avec lui, tandis que le Jourdain est une image de notre résurrection spirituellement parlant avec lui. Les pierres au fond du Jourdain rappellent le premier fait, celles qui sont sur la rive rappellent le second.
Répétons-le : Quel soin prend notre Dieu et Père pour nous présenter sous tous ses aspects par son Esprit cette grande et importante vérité de la foi, et pour nous rendre attentifs à notre responsabilité de la transmettre aussi, afin qu’elle ne tombe pas dans l’oubli ! Et pourtant, combien de chrétiens ignorent ces merveilleuses bénédictions. Puissions-nous nous encourager à suivre par la foi le Seigneur Jésus dans les lieux célestes, mais aussi à ne pas négliger les enseignements des Saintes Ecritures qui s’y rattachent, mais à les transmettre à la génération qui suit – si le Seigneur nous laisse encore ici-bas !
Les douze pierres au fond du Jourdain et les douze pierres sur la rive étaient un témoignage pour l’ensemble du peuple d’Israël avec ses douze tribus. En réalité pourtant, seules neuf tribus et demie avaient traversé le fleuve afin de prendre possession du pays de Canaan. Les tribus de Ruben, de Gad et la moitié de Manassé n’étaient pas présentes. Leurs hommes de guerre, il est vrai, passèrent d’abord avec eux, mais leurs familles étaient restées à l’est du Jourdain. Nous lisons en Nombres 32 comment il arriva que ces Israélites « méprisèrent le pays désirable ».
Au début, seules les tribus de Ruben et de Gad demandèrent à Moïse de ne pas devoir traverser le Jourdain avec le reste du peuple. Elles avaient courageusement aidé à battre Sihon, le roi des Amoréens et Og, le roi de Basan, lorsque ceux-ci barrèrent hostilement le chemin au peuple de Dieu en marche vers le pays promis (Nomb. 21:21‑35). Il n’est rien resté de Sihon, sinon un cantique à sa gloire ; c’est pourquoi on peut discerner en lui une image de l’ambition de la chair (Nomb. 21:27‑30). D’Og, un des derniers géants, il n’est communiqué que la grandeur exceptionnelle de son lit, ce qui nous montre le confort et l’égoïsme de la chair (Deut. 3:11).
Les Rubénites et les Gadites avaient vaincu ces dangereux ennemis en compagnie de leurs frères après l’épisode du serpent d’airain, mais ils ne voulurent pas faire le dernier pas béni. Ils demandèrent expressément à Moïse : « Ne nous fais pas passer le Jourdain ». Ils préféraient rester dans les territoires conquis à l’est du Jourdain. Ils en donnèrent aussi le motif : « Le pays que l’Éternel a frappé devant l’assemblée d’Israël, est un pays propre pour des troupeaux, et tes serviteurs ont des troupeaux » (Nomb. 32:4). C’était une manière bien rassurante de s’exprimer, car au verset l, il est dit : « Et les troupeaux des fils de Ruben et des fils de Gad étaient en grand nombre, en très grande quantité. Et ils virent le pays de Jahzer et le pays de Galaad, et voici, le lieu était un lieu propre pour des troupeaux » (*).
(*) En Nombres 31:32, nous voyons l’importance du bétail qu’Israël avait pris lors du combat contre Madian. Il en aura été de même lors de la victoire sur Sihon et sur Og (Nomb. 21:21‑35).
Les Rubénites et les Gadites ne craignaient pas les Cananéens. Ils ne voulaient pas non plus retourner en Égypte. Le motif de leur demande de ne pas traverser le Jourdain était leurs troupeaux, donc leurs biens. Les possessions, en soi, n'ont rien de mauvais, mais ils se laissaient plus influencer par cela que par le désir d'obéir à la volonté de Dieu et d'entrer dans le pays. Les hommes parmi eux étaient certes prêts à participer aux combats de conquête en Canaan, mais ils voulaient cependant recevoir des habitations pour eux et leurs familles du côté oriental du Jourdain. Le pays était très prospère, il n'était pas éloigné du tout de Canaan et lui ressemblait à bien des égards – mais il y avait le Jourdain entre deux.
Moise fut d'abord très irrité de leur revendication, qui lui rappelait le comportement des espions qui tentèrent de dissuader le peuple de monter dans le pays de Canaan. Il les appela « progéniture d'hommes pécheurs ». Mais finalement, il donna suite au désir des deux tribus, auxquelles se joignit la demi-tribu de Manassé (v. 33‑42). Et Dieu n'intervint pas. Il laissa faire les deux tribus et demie.
Les membres des deux tribus et demie représentent des chrétiens qui prennent très au sérieux leurs devoirs et leurs liens terrestres. Mais entre la responsabilité pour sa profession et pour sa famille et le désir de réussir dans le monde ou de devenir riche, il n'y a souvent qu'un petit pas. Lorsque la sollicitude pour la famille produit le désir de « vivre mieux » que les autres, le « moi », la chair se met en avant et la personne de notre Rédempteur et Seigneur est mise de côté. On en arrive alors à ne plus être prêt à donner à la Parole de Dieu la première place dans toutes les questions de la vie de la foi. De tels chrétiens peuvent être certes très serviables, zélés et pleins de dévouement, mais à partir d'un certain point, leurs propres intérêts ont la priorité sur le Seigneur Jésus et ses intérêts. En dépit de toutes les expériences faites avec Dieu sur le chemin de la foi au travers du désert, ils se refusent à faire le dernier pas décisif. Il s'ensuit un arrêt de leur croissance spirituelle – et ceci ne reste pas sans conséquence. Puissions-nous tous prendre cela à cœur, dans un monde toujours plus matérialiste !
Sous l'aspect typologique, nous avons ici devant nous des personnes qui connaissent le Seigneur Jésus comme leur Sauveur, et qui ont accepté par la foi le juste jugement de Dieu sur le vieil homme et sur la chair. Mais mettre en pratique par la foi leur résurrection avec lui et leur place en lui dans les lieux célestes – ceci va trop loin pour elles. Les bénédictions spirituelles sont moins importantes pour elles que des prétendues bénédictions terrestres. Elles font partie de ceux dont Paul devait dire en pleurant qu'ils « ont leurs pensées aux choses terrestres » (Phil. 3:18, 19). Son jugement sur cette sorte de chrétiens est aussi sévère que celui concernant ceux « qui veulent devenir riches [et qui] tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition » (1 Tim. 6:9). Ce n'est pas que quelqu'un qui est vraiment né de nouveau puisse aller à la perdition ; mais un chemin dans le péché conduit, selon la Parole de Dieu, à la destruction. C'est l'aspect plein de gravité de la responsabilité de celui qui confesse appartenir au Seigneur Jésus. Et Dieu laisse souvent faire ses enfants qui vivent et agissent selon leur propre volonté, sans intervenir. Oui, à vue humaine, de tels peuvent parfois mieux s'en tirer que des chrétiens sérieux et fidèles, qui ont tout abandonné pour leur bien-aimé Seigneur.
Si nous poursuivons l'histoire des deux tribus et demie, nous voyons d'abord que Josué commanda aux hommes de guerre de traverser le Jourdain en compagnie des autres Israélites et de les aider à prendre possession du pays. Après cela, ils purent retourner dans les régions qu'ils avaient eux-mêmes choisies à l'est du Jourdain, qui leur avaient été attribuées comme héritage bien qu'elles n'aient pas fait partie du pays promis (Josué 1:12‑18 ; 13:8‑32). Lorsque Josué libéra les hommes de guerre après la conquête et la répartition du pays, il les bénit et les exhorta à servir l'Éternel de tout leur cœur et de toute leur âme (Josué 22). Mais à peine revenus sur leurs territoires, ils prirent conscience qu'en poursuivant leurs propres intérêts matériels, ils avaient créé une brèche dans l'unité visible du peuple de Dieu. Pourtant Josué avait fait dresser douze pierres sur la rive du Jourdain, et avait ainsi indiqué l'unité du peuple de Dieu. Les deux tribus et demie ne pouvaient certes pas être déclarées sciemment infidèles, elles avaient cependant abandonné involontairement cette unité. Elles voulurent alors exprimer, de quelque manière que ce soit, leur lien avec les tribus établies dans le pays. Elles pensaient par là surtout à leurs descendants, qui probablement ne sauraient plus rien de leur lien originel. Mais comment devaient-elles y parvenir, puisqu'elles ne se trouvaient pas au lieu préparé par Dieu ? Elles en vinrent à la pensée de construire un autel au bord du Jourdain, le fleuve frontière, comme signe visible de leur foi dans le Dieu auquel croyaient aussi les neuf tribus et demie. Cet autel, « de grande apparence », ne proclamait cependant en première ligne qu'une chose, savoir qu'elles étaient en réalité au mauvais endroit. Si elles avaient habité dans le pays de Canaan, un tel mémorial n'aurait pas été nécessaire. La rupture introduite ne pouvait pas être surmontée ou considérée comme inexistante par ce stratagème.
Après qu'il fut établi, en parlant avec des envoyés des autres tribus, qu'ils ne voulaient pas introduire une nouvelle forme du culte, la paix fut retrouvée entre eux. Mais la séparation était là et la faiblesse de leur position persista. Là aussi, les autres tribus laissèrent faire, et Dieu n'intervint pas non plus aussitôt. Mais était-ce une preuve d'approbation ? Certainement pas.
Environ 550 ans plus tard, « l'Éternel commença à entamer Israël ; et Hazaël les frappa dans toutes les frontières d'Israël, depuis le Jourdain, vers le soleil levant, tout le pays de Galaad, les Gadites, et les Rubénites, et les Manassites, depuis Aroër, qui est sur le torrent de l'Arnon, et Galaad, et Basan » (2 Rois 10:32, 33). Le motif nous en est donné en 1 Chroniques 5:25 : « Mais ils péchèrent contre le Dieu de leurs pères, et se prostituèrent après les dieux des peuples du pays, que Dieu avait détruits devant eux ». Les deux tribus et demie furent les premières qui, à cause de leur idolâtrie, devinrent la proie des ennemis du peuple de Dieu.
Lorsque, comme chrétiens, nous ne sommes pas disposés à franchir le Jourdain par la foi, et à prendre dans les lieux célestes la place que nous avons reçue en notre Seigneur ressuscité, un pas décisif nous fait défaut dans notre vie de foi. Nous sommes par là en danger d'adopter des pensées mondaines, parce que nous n'avons pas sciemment dépouillé le vieil homme, et revêtu le nouvel homme. Cela concerne aussi et particulièrement la vie collective en tant qu'assemblée de Dieu, comme nous l'avons déjà vu en comparant la tente d'assignation dans le désert avec le temple dans le pays de Canaan.
N'en va-t-il pas, pour beaucoup de ceux qui croient au Seigneur Jésus, comme pour les deux tribus et demie ? Au lieu d'agir selon la Parole de Dieu, ils restent dans leur fausse position et à la mauvaise place. Ils tentent de surmonter les séparations parmi les chrétiens, desquelles nous sommes tous coresponsables, par de pieuses inventions humaines telles que alliance et œcuménisme. Mais cela est impossible. La croissance spirituelle ne peut être remplacée par du zèle religieux humain. Le déclin spirituel n'en est pas ralenti. Les deux tribus et demie présentent un exemple qui doit servir d'avertissement. Il nous montre jusqu'où nous pouvons aller si nous refusons de suivre les instructions de Dieu et donnons la priorité à notre propre volonté au lieu d'avoir confiance en sa bonté et en son amour.
Nous voyons quelque chose de tout différent chez ceux qui entrent dans le pays sous la direction de Josué. Ils ont traversé le Jourdain dans la confiance en Dieu et en sa parole. Et la conséquence en est la suivante : les chefs des habitants de Canaan, les ennemis du peuple d’Israël, contre lesquels les espions à leur retour avaient mis en garde de telle sorte que tout le peuple s’était découragé, prennent maintenant eux-mêmes peur ! « Et il arriva que, lorsque tous les rois des Amoréens qui étaient en deçà du Jourdain vers l’occident, et tous les rois des Cananéens qui étaient près de la mer, entendirent comment l’Éternel avait mis à sec les eaux du Jourdain devant les fils d’Israël jusqu’à ce que nous fussions passés, leur cœur se fondit, et il n’y eut plus de courage en eux, à cause des fils d’Israël » (Josué 5:1).
Les puissances de méchanceté savent que le Seigneur Jésus est vainqueur et que ceux qui croient en lui sont plus que vainqueurs en lui. Bien que Satan soit et demeure l’adversaire de Dieu, il sait cependant qu’il ne peut pas l’emporter et que finalement il recevra son châtiment éternel. Si nous nous fortifions dans le Seigneur et dans la puissance de sa force, et si nous avons revêtu l’armure complète de Dieu, nous pouvons lui résister au mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté (Éph. 6:10‑13). Nous reviendrons encore sur le combat contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes et sur l’armure complète de Dieu nécessaire pour cela.
Nous n’avons cependant pas seulement à faire aux ennemis du dehors. En nous-mêmes, nous avons un ennemi de Dieu et de toutes ses pensées : notre vieille nature pécheresse, la chair, qui nous accompagne aussi longtemps que nous vivons sur la terre. Mais comme nous l’avons déjà vu plusieurs fois, nous sommes rendus capables en Christ de vivre dans la puissance du Saint Esprit qui habite en nous, afin que nous n’accomplissions pas la convoitise de la chair (Gal. 5:16). Rappelons-nous que :
● Notre vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché (Rom. 6:6). C’est ce dont parle la mer Rouge.
● La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus nous a affranchis de la loi du péché et de la mort (Rom. 8:1). C’est la leçon du serpent d’airain.
● Nous sommes ressuscités avec Christ, nous avons aussi pratiquement dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme (Éph. 2:6 ; 4:24). C’est ce que nous montre la traversée du Jourdain.
Pourtant, il manque encore quelque chose ! Dans la circoncision, décrite en Josué 5, nous voyons une figure du jugement personnel sur la chair, la vieille nature pécheresse en nous. Avant que Josué commence le combat, pour prendre possession de Canaan, le pays de la bénédiction, il faut que le peuple soit circoncis. Nous voulons maintenant nous occuper de la signification typologique de cet acte.
La circoncision, ablation du prépuce masculin, était le signe de l’alliance conclue par Dieu avec Abraham et ses descendants (Gen. 17:10, 11). Par la suite, l’expression « incirconcision » servit à désigner métaphoriquement les nations païennes, de même que celle de « circoncision » les Juifs (Gal. 2:7, 9 ; Éph. 2:11). Le prépuce est, comme pars pro toto (« une partie pour signifier le tout »), une image de la nature humaine dans sa méchanceté et son impureté. La circoncision biblique est une figure du jugement sur cette chair pécheresse. Moïse a montré déjà une certaine compréhension de ce fait, lorsqu’il dit à Dieu : « Voici, les fils d’Israël ne m’ont point écouté ; et comment le Pharaon m’écoutera-t-il, moi qui suis incirconcis de lèvres ? » (Ex. 6:12, 30). Il est déjà parlé dans l’Ancien Testament d’oreilles et de cœurs incirconcis (Lév. 26:41 ; Deut. 10:16 ; 30:6 ; Jér. 6:10 ; 9:25 ; Ezéch. 44:7). Ces passages montrent que le caractère symbolique de la circoncision était connu dès le début (*). La circoncision de la bouche, de l’oreille et du cœur a la même signification que le jugement de soi sur nos paroles, sur ce que nous entendons et sur notre volonté.
(*) La signification symbolique des sacrifices était elle aussi déjà connue dans l’Ancien Testament. Les croyants de ce temps-là savaient que les vrais sacrifices pour Dieu venaient du cœur et des lèvres (comp. Ps. 27:6 ; 50 :14, 23 ; 51:16, 17 ; 69:30, 31 ; 107:22 ; 119:108 ; 141:2 ; Osée 14:2 ; Jonas 2:10). Il y avait donc déjà en ce temps-là un discernement des pensées de Dieu plus profond que l’on pourrait penser.
La même pensée se trouve dans le Nouveau Testament, aussi bien chez Etienne que chez Paul. Ils voient également dans la circoncision juive un acte symbolique dont la signification plus profonde se trouve dans le jugement de soi personnel (Actes 7:51 ; Rom. 2:25‑29). Ces interprétations ou ces applications ne sont cependant pas identiques à la signification chrétienne de la circoncision.
La signification spirituelle de la circoncision pour nous est expliquée en Colossiens 2:11 : « ...en qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ ». Non seulement les croyants à Colosses, mais nous aussi nous étions avant notre conversion « morts dans vos fautes et dans l’incirconcision de votre chair » (v. 13). Tous ceux qui n’ont pas jugé le mal en eux dans la lumière de Dieu sont morts pour Dieu, comme nous le voyons aussi en Éphésiens 2:1.
En contraste avec le type de l’Ancien Testament, la circoncision de ceux qui croient au Seigneur Jésus n’est pas faite « de main ». Il s’agit d’une œuvre spirituelle. Dans le type, un petit morceau de chair était enlevé ; dans la réalité du Nouveau Testament, au sens figuré, tout le « corps de la chair » est dépouillé. Ce n’est là ni notre corps, ni notre nature pécheresse : tous deux sont encore présents. Mais c’est la « machinerie », « le mécanisme » de la chair, qui ne peut que pécher, semblablement au « corps de la chair », qui selon Romains 6:6, est annulé. Il s’agit donc ici non pas de notre mort naturelle, mais du jugement de Dieu sur le vieil homme et pour nous, du fait d’avoir dépouillé le vieil homme avec ses actions. Il n’est pas non plus enseigné ici que nous, comme croyants, nous avons déposé ou dépouillé la chair, notre vieille nature. La Parole de Dieu est précise. Il n’est pas écrit : « dépouillement de la chair », mais « dépouillement du corps de la chair ». Si nous avions dépouillé la chair, nous ne pécherions plus jamais, ou ne serions plus sur la terre.
Cette « circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair » décrit ainsi d’une manière figurative le jugement sur le vieil homme et notre mort (spirituellement parlant) avec Christ. C’est un fait accompli. Celui-ci est expliqué immédiatement après par l’expression « la circoncision du Christ ». Elle désigne sa mort sur la croix. Là, Christ a « souffert pour nous dans la chair » (1 Pierre 4:1). Et pourquoi ? En lui, Dieu «a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3). Volontairement et par amour pour nous, il est mort sous le jugement de Dieu sur la chair, quand bien même en lui, c’est-à-dire dans sa chair, il n’y avait aucun péché.
Voilà la « circoncision du Christ ». Celui qui croit en lui a part à cette circoncision. Lorsque nous avons considéré la mer Rouge, nous avons trouvé quelque chose de semblable. Là, nous voyons en image comment notre vieil homme a été crucifié avec Christ « afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché » (Rom. 6:6). De la même manière, la participation à la circoncision du Christ quant à nous a pour conséquence « le dépouillement du corps de la chair ». C’est la fin du vieil homme, notre mort avec Christ, et logiquement, il vient ensuite : « ensevelis avec lui dans le baptême » (Col. 2:12). Ce court passage est donc très proche de Romains 6. Nous nous sommes déjà référés à ce chapitre en relation avec la mer Rouge.
(*) La « circoncision du Christ » signifie aussi qu’il s’agit ici, en contraste avec la circoncision juive, de la réalité en Christ (comp. Col. 2:17 : « Mais le corps est du Christ »).
Paul décrit en Philippiens 3:3 le résultat de la « circoncision qui n’a pas été faite de main » effectuée en nous, par ces mots : « Car nous sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui n’avons pas confiance en la chair ». Il y avait alors de faux docteurs qui persuadaient les croyants de garder la loi de Sinaï – mais particulièrement de se faire circoncire – pour accéder à la jouissance de toutes les bénédictions de Dieu (comp. Actes 15:1 ; Gal. 5:11 ; 6:12‑15). Dans une sainte colère, Paul appelle ces hommes aux pensées charnelles, des chiens, de mauvais ouvriers, et la « concision ». Il les dénonce ainsi comme étant une image déformée de la vraie signification de la circoncision. Mais celui qui par la foi participe à « la circoncision du Christ », et donc par là est lui-même, spirituellement parlant, circoncis, fait maintenant partie de la vraie « circoncision », non pas d’Israël, mais de ceux qui croient au Seigneur Jésus. Il ne sert plus les misérables éléments du monde, auxquels aussi appartient la loi, mais offre un vrai culte au seul vrai Dieu par son Esprit. Il ne se confie plus dans la chair, mais toute sa joie, toute sa gloire, reposent sur le Christ Jésus, son Sauveur et Seigneur glorifié, en qui il a trouvé toutes les richesses et tous les trésors de la connaissance. Il serait difficile de décrire plus brièvement que dans ce verset le vrai caractère de la foi chrétienne.
Les résultats de la « circoncision du Christ » sont en principe valables pour tous les rachetés. Nous n’en jouissons cependant que si nous réalisons aussi pratiquement la « circoncision du Christ » et jugeons tout ce qui vient de notre chair. Il ne suffit pas pour cela de savoir que notre vieil homme est crucifié avec Christ. Nous devons aussi faire nous-mêmes le pas suivant, que nous voyons chez les croyants d’Éphèse et de Colosses. Ils avaient dépouillé le vieil homme et avaient revêtu le nouvel homme (Éph. 4:22‑24 ; Col. 3:9, 10). Ils s’identifiaient non plus avec le vieil homme, mais avec le nouveau.
Lorsque nous nous voyons ainsi unis au Seigneur Jésus dans la gloire, et nous identifions à notre nouvelle position en lui, cela a aussi des effets sur notre vie de foi pratique. C’est ce que mentionne l’épître aux Éphésiens dans une phrase courte, mais de grande importance : « C’est pourquoi, ayant dépouillé le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain... » (Éph. 4:25). Il est rappelé aux croyants à Éphèse qu’ils ont dépouillé le vieil homme non seulement quant à leur position, mais aussi le péché dans la pratique. Le mensonge est cité ici comme un exemple particulièrement fréquent du péché, dont souvent même les chrétiens ne prennent malheureusement pas trop au sérieux le caractère abject (comp. Apoc. 22:15). L’épître aux Colossiens le dit un peu autrement : « Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions » (Col. 3:9). Ici aussi, il s’agit non pas seulement de notre position comme hommes nouveaux, mais aussi de la mise en pratique qui en découle. Le dépouillement du vieil homme est suivi non seulement par le dépouillement des mauvaises actions de la chair, mais également par celui de ses supposés « bons côtés ».
Dans l’épître aux Philippiens, Paul nous présente ceci en prenant pour exemple sa propre personne. Il ne dit pas seulement : « Nous sommes la circoncision », mais il explique ensuite que la chair ne doit pas avoir le moindre champ d’action. Il pense par là non pas à des péchés grossiers, mais à la chair « raffinée » sous la forme d’aspiration à une position, à l’éducation et choses semblables (dans son cas, particulièrement dans le domaine religieux du judaïsme). Toutes ces choses éminemment estimables aussi pour un Juif, il les avait possédées avant sa conversion, mais à cause du Christ, il les avait estimées comme une perte. Tout ce qui l’empêchait de connaître toujours plus Christ et son excellence, il l’avait laissé derrière lui. Il considérait tout ce en quoi la chair se confie comme « une perte », même comme « des ordures », en comparaison de l’excellence de la connaissance du Christ mort et ressuscité. Avec la vie céleste dans laquelle Christ nous a introduits, notre chair ne peut et ne veut rien avoir à faire. Elle est attachée aux choses de ce monde et ne peut s’élever au-dessus. C’est pourquoi il n’y a pour elle que le jugement et la mort, ce dont la circoncision est le type (comp. Phil. 3:3‑16 ; Col. 2:7 11).
Du peuple d’Israël, Josué et Caleb étaient les seuls qui ont été circoncis encore en Égypte et qui, durant toute la traversée du désert, se sont comportés comme Paul. II y avait en eux « un autre esprit », qui les amena aussi à oublier ce qui était derrière, pour tendre vers ce qui était devant eux : le pays de la promesse de Dieu !
La signification spirituelle fondamentale de la circoncision, nous la trouvons en Colossiens 2:11 et en Philippiens 3:3 ; la signification pratique, par contre, en type dans Josué 5. « En ce temps-là, l’Éternel dit à Josué : Fais-toi des couteaux de pierre, et circoncis encore une fois les fils d’Israël. Et Josué se fit des couteaux de pierre, et circoncit les fils d’Israël à la colline d’Araloth. Et c’est ici la raison pour laquelle Josué les circoncit : tout le peuple qui était sorti d’Égypte, les mâles, tous les hommes de guerre, étaient morts dans le désert, en chemin, après être sortis d’Égypte ; car tout le peuple qui était sorti avait bien été circoncis, mais de tout le peuple né dans le désert, en chemin, après être sorti d’Égypte, aucun n’avait été circoncis. Car les fils d’Israël avaient marché dans le désert quarante ans, jusqu’à ce qu’eût péri toute la nation des hommes de guerre sortis d’Égypte, qui n’avaient pas écouté la voix de l’Éternel, auxquels l’Éternel avait juré de ne point leur faire voir le pays que l’Éternel avait juré à leurs pères de nous donner, pays ruisselant de lait et de miel. Et il suscita leurs fils à leur place : ceux-là Josué les circoncit, car ils étaient incirconcis, parce qu’on ne les avait pas circoncis en chemin » (Josué 5:2‑7).
La longue explication inspirée du Saint Esprit montre que, durant les quarante années de la traversée du désert, quelque chose d’important avait été négligé. Selon le commandement de l’Éternel à Abraham, en Genèse 17:11, qui fut répété pour le peuple d’Israël en Lévitique 12:3, tout descendant mâle devait être circoncis huit jours après sa naissance. Les Israélites avaient omis cela durant la traversée du désert. Tous ceux qui étaient sortis d’Égypte étaient certes circoncis, mais pas ceux qui étaient nés pendant la traversée du désert. Cette désobéissance ne fut cependant pas réprimandée durant tout ce temps, si nous faisons abstraction des paroles de portée générale prononcées par Moïse à la fin du voyage en Deutéronome 12:8 et 9 : « Vous ne ferez pas selon tout ce que nous faisons ici aujourd’hui, chacun ce qui est bon à ses yeux ; car, jusqu’à présent, vous n’êtes pas entrés dans le repos et dans l’héritage que l’Éternel, ton Dieu, te donne ». Mais maintenant que le repos et l’héritage de Dieu étaient atteints, ce ne pouvait pas en rester là. L’élément masculin du peuple devait être circoncis.
L’expression « Circoncis encore une fois les fils d’Israël » est frappante. Ils n’étaient pas du tout circoncis ! De cette manière, il leur était cependant rappelé qu’en fait, la circoncision aurait déjà dû avoir lieu depuis longtemps. C’est bien le sens de ces mots : « ...encore une fois ». Ensuite lorsque la circoncision fut faite, Dieu dit à Josué : « Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Égypte » (Josué 5:9). En réalité, après la sortie d’Égypte et pendant la durée du voyage, tout nouveau-né mâle aurait dû être circoncis. Parce que cela n’avait pas eu lieu, le peuple a porté « l’opprobre de l’Égypte » tout ce temps sur lui. De même pour le chrétien aussi, qui est effectivement un citoyen du ciel, toute trace de propre volonté et de convoitise de la chair est une sorte de conformité avec le monde et en conséquence un opprobre pour lui.
Lors de la considération de Colossiens 2, nous avons vu que tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, sont, conformément à leur position, spirituellement circoncis, et ont dépouillé « le corps de la chair ». Cette circoncision fondamentale a eu lieu au moment où nous avons accepté l’évangile, que nous l’ayons à ce moment-là compris ou non. En Josué 5 cependant, il s’agit de la réalisation pratique de ce fait. Il ne suffit pas de savoir, selon la doctrine, que Dieu a exécuté, en Christ à la croix, le jugement sur notre chair pécheresse. Les croyants à Corinthe et en Galatie connaissaient bien la doctrine, mais ils ne la mettaient pas en pratique. Comme pour la plus grande partie du peuple d’Israël, « le désert » exerçait sur eux une influence négative. De même qu’Israël avait négligé la circoncision, ainsi les Corinthiens et les Galates ne se tenaient pas pour morts quant à leur chair. Ils ne pratiquaient pas la circoncision spirituelle et laissaient leur chair agir à peu près librement.
Sous ce point de vue, la circoncision à Guilgal acquiert une signification très particulière. Nous pouvons connaître en détail l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix avec tous ses effets bénis pour nous. Est-ce que ce ne sont pas des faits puissants d’une grande portée, bénie, que notre vieil homme ait trouvé sa fin dans la croix de Christ, et que nous soyons, non seulement morts, mais aussi ressuscités avec Christ ? Mais si nous n’en tirons pas les conséquences pratiques, à savoir que notre chair n’a aucun droit à l’existence dans notre nouvelle vie dans le monde de la résurrection, tout cela ne nous sert alors à rien. Cela veut dire : nous devons appliquer à nous-mêmes la circoncision spirituelle, le jugement sans réserve sur la chair en nous.
Si la vérité de la circoncision est si peu en mesure de susciter en nous une vie en puissance spirituelle, et si elle est si peu accompagnée de puissance spirituelle et de séparation du monde, c’est que nous nous sommes éloignés de Guilgal. Il est impossible que nous jouissions de notre position céleste, dans laquelle la grâce nous a introduits, et de connaître une vie qui lui corresponde, si nous négligeons cette parole : « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre » (Col. 3:5). Cela ne signifie pas que nous rejetons les affections et les devoirs naturels sous le prétexte que notre cœur est occupé de meilleures choses. Nous devons non pas devenir des ascètes, mais, en suivant le Seigneur, dépouiller les habitudes et les préférences qui veulent nous enchaîner moralement au monde, afin de venir, en tant que ressuscités avec Christ, sous la puissante influence des bénédictions célestes associées avec lui et avec sa gloire. Si, par exemple, nous nous impatientons facilement, nous avons perdu de vue notre « Guilgal ». Si nous nous occupons de futilités mondaines, c’est là un motif pour nous de revenir à « Guilgal ». Sinon, nous ne pouvons pas jouir de la paix et de la joie du Seigneur.
La mortification de « nos membres qui sont sur la terre » mentionnée en Colossiens 3:5 n’est donc pas un fait unique, mais un jugement permanent sur notre chair, les « membres » du vieil homme. Ce n’est que comme vivifiés avec Christ et vivant dans le monde de la résurrection, que nous en sommes rendus capables dans la puissance de la grâce de Dieu. Comme Israël, nous retournons, dans une certaine mesure, toujours à Guilgal. C’est bien là que la circoncision avait eu lieu. Guilgal était le lieu d’où le peuple de Dieu partait au combat et où il revenait toujours (Josué 9:6 ; 10:7, 15 ; 14:6 ; Juges 2:1 ; 1 Sam. 11:14). Sans ce jugement constant de soi, nous sommes incapables de mener le combat spirituel contre les puissances de méchanceté dans les lieux célestes et de jouir des bénédictions spirituelles.
Après la circoncision, les Israélites demeurèrent à Guilgal dans le camp « jusqu’à ce qu’ils fussent guéris » (Josué 5:8). La force humaine ne peut rien produire dans les choses spirituelles. Au contraire, nous apprenons de Paul : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12:10). La grâce de son Seigneur lui suffisait dans toutes les situations de sa vie. Avant que les Israélites ne partent pour la première fois au combat, Dieu leur donna l’affermissement dont ils avaient besoin. Dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes exhortés : «Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (Éph. 6:10). Le jeune et faible Timothée devait se fortifier « dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2:1).
Premièrement, quatre jours après la traversée du Jourdain, les fils d’Israël célébrèrent la Pâque dans les plaines de Jéricho (Josué 5:10). Dans un certain sens, Dieu leur a dressé une table en la présence de leurs ennemis (comp. Ps. 23:5). Il n’était plus nécessaire de mettre le sang de l’agneau sur les portes, comme en Égypte, afin que les premiers-nés soient à l’abri du jugement de Dieu. Il ne s’agissait plus ici de punition et de jugement, mais, arrivé au but de son voyage, Israël pouvait se souvenir de l’œuvre de la rédemption accomplie, commencement et fondement de toute sa bénédiction. – Comme rachetés de Dieu, qui possédons toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ et pouvons en jouir, nous pouvons aussi nous réjouir en lui, l’Agneau de Dieu et nous nourrir spirituellement de lui. Le souvenir de son sacrifice et de son sang ne doit et ne peut pas s’effacer. Au contraire, il deviendra toujours plus grand et glorieux pour nous par la connaissance et la jouissance des bénédictions données en lui. Il durera même jusque dans la gloire éternelle (Apoc. 5).
Le lendemain de la Pâque, les Israélites purent alors apprendre à connaître une nourriture nouvelle pour eux : « le produit [ou le vieux blé] du pays » (Josué 5:11). La manne, dont ils avaient mangé jusque-là (donc aussi pendant les premiers jours dans le pays de Canaan) cessait maintenant. La manne, comme le dit son nom dans l’original (« man »), est une image du Fils de Dieu venu sur la terre, qui comme homme, dans son abaissement, est notre modèle et notre nourriture spirituelle durant notre traversée du désert, c’est-à-dire durant notre vie sur la terre (Jean 6:56 ; comp. Mat. 11:29 ; Phil. 2:5‑8). La grâce qu’il a manifestée pendant sa marche et son ministère comme homme est la nourriture pour les croyants qui désirent le servir ici avec humilité. À la différence du type de l’Ancien Testament, la manne ne cesse pas pour nous. Car comme nous l’avons déjà souvent vu, nous demeurons comme chrétiens toute notre vie dans les conditions terrestres du désert, même si nous avons appris à connaître les bénédictions spirituelles du pays de Canaan.
Cependant, pour ceux qui, non seulement possèdent la vie de résurrection et les bénédictions spirituelles célestes, mais qui aussi en jouissent, il existe une nourriture correspondant à cette position : « le produit [ou le vieux blé] du pays ». C’est aussi une image de Christ, mais maintenant comme l’homme céleste glorifié à la droite de Dieu, en haut. Si nous cherchons les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu, notre âme reçoit joie et force (Col. 3:1). Il est en effet non seulement le but mais aussi l’objet présent et le contenu de notre foi. Il est « notre vie », comme le dit Paul en Colossiens 3:4. Nous pouvons tous contempler « à face découverte la gloire de Seigneur » et sommes ainsi « transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18).
Tant les « pains sans levain » que le « grain rôti » provenaient du « vieux blé du pays ». L’absence de levain, qui est également associée à la Pâque, parle de la pureté et de l’intégrité de la nature de Christ comme homme. L’offrande de gâteau aussi, qui représente sa gloire comme homme, ne devait contenir aucun levain (Lév. 2). Le levain, dans les Saintes Ecritures, est une image du péché, qui s’étend toujours plus loin autour de lui, lorsqu’il n’est pas jugé (1 Cor. 5:8). Nous apprenons ici que la sainteté de Christ est d’origine céleste. Il est bien l’homme venu du ciel, nourriture de tous ceux qui peuvent déjà maintenant être « assis » ensemble en lui dans les lieux célestes.
Les grains rôtis ont subi la chaleur du feu. Christ, le vrai grain de blé, dut mourir sous le jugement d’un Dieu saint. Sinon, il serait demeuré seul, mais ainsi il a porté beaucoup de fruit (Jean 12:24). Aussi il n’est pas resté dans la mort, mais il est ressuscité et est glorifié à la droite de Dieu. C’est de cela que parlent les grains rôtis que pouvait maintenant manger Israël dans le pays de Canaan.
Le « cru du pays » (Josué 5:12) semble être une expression plus générale que le « produit du pays ». Il pourrait faire allusion au Seigneur Jésus comme le Fils éternel de Dieu. Le Fils éternel dans le sein du Père était et demeurait dans sa nature divine dans le ciel, aussi lorsqu’il était dans l’abaissement ici sur la terre (Jean 1:18 ; 3:13). La communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ n’est-elle pas pour nous un motif de joie et de reconnaissance ? La grâce, la miséricorde et la paix de la part de Dieu le Père et de la part du Seigneur Jésus Christ le Fils du Père, dans l’amour et dans la vérité, ne sont-elles pas des sources inépuisables de bonheur pour tous ceux qui les connaissent (1 Jean 1:3 ; 2 Jean 3) ?
Finalement, l’Éternel lui-même se tient devant Josué, avant le début de la conquête du pays (Josué 5:13‑15). Il l’avait aussi fait envers Moïse dans le buisson ardent. Mais ici, près de Jéricho, nous voyons une image non pas de jugement, mais d’encouragement et d’affermissement. « Le chef de l’armée de l’Éternel » avec l’épée nue dans sa main montre à son peuple qu’il doit se confier non dans sa propre intelligence et ses chefs, mais en lui seul. Alors, il sera capable de prendre aussi possession du pays promis dans Sa force à lui. L’injonction : « Ote ta sandale de ton pied, car le lieu sur lequel tu te tiens est saint » est presque littéralement la même que celle entendue par Moïse. Toujours et en toute situation, nous avons besoin d’être conscients de la sainte présence de Dieu, que ce soit dans nos circonstances terrestres, ou dans la sphère des plus hautes bénédictions spirituelles que nous avons reçues. Nous voyons le contraire lors du péché d’Acan. Aussi longtemps que le peuple était sous l’anathème, Dieu ne pouvait se tenir au milieu de lui (Josué 7).
Canaan n’avait pas seulement de riches bénédictions à offrir. Les puissants habitants du pays ne regardaient pas sans réagir l’arrivée du peuple de Dieu. Les douze messagers qui, au début de la traversée du désert, avaient été envoyés pour observer le pays n’avaient pas seulement rapporté la célèbre grappe d’Eshcol à côté des grenades et des figues, mais avaient aussi décrit les habitants comme des adversaires invincibles : « Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés ; et vraiment il est ruisselant de lait et de miel, et en voici le fruit. Seulement, le peuple qui habite dans le pays est fort, et les villes sont fortifiées, très grandes ; et nous y avons vu aussi les enfants d’Anak ». Malgré les protestations de Caleb, les dix autres espions ne se laissèrent pas dissuader de répandre parmi le peuple un mauvais bruit afin de l’empêcher d’entrer dans le pays : « Le pays par lequel nous avons passé pour le reconnaître est un pays qui dévore ses habitants, et tout le peuple que nous y avons vu est de haute stature. Et nous y avons vu les géants, fils d’Anak, qui est de la race des géants ; et nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et nous étions de même à leurs yeux » (Nomb. 13:27‑33). Les deux espions que Josué envoya à Jéricho peu avant la traversée du Jourdain, étaient au contraire pleins de foi. Lorsqu’ils revinrent après trois jours, ils dirent à Josué : « l’Éternel a livré tout le pays en nos mains ; et aussi tous les habitants du pays se fondent devant nous » (Josué 2:24).
D’après Deutéronome 7:1, sept nations habitaient ce pays : les Héthiens, les Guirgasiens, les Amoréens, les Cananéens, les Phéréziens, les Héviens, et les Jébusiens (comp. Josué 3:10). Déjà du temps d’Abraham, Dieu avait parlé de « l’iniquité des Amoréens (la nation principale en Canaan) », envers lesquels il userait encore de patience des centaines d’années (Gen. 15:16 ; Deut. 9:4). Mais le peuple de Dieu devait ensuite prendre possession de ce pays et chasser les habitants impies de Canaan, qui se livraient aux plus horribles formes de l’idolâtrie que l’on puisse se représenter. Le moment était maintenant venu selon le plan de Dieu (*).
(*) Les guerres d’Israël contre les Cananéens sont parfois jugées comme étant des cruautés incompréhensibles. Mais en donnant à Israël la mission d’exterminer les Cananéens, Dieu exerçait le jugement sur ces nations idolâtres. Il aurait aussi pu le faire lui-même comme lors du déluge, pour Sodome et Gomorrhe, ou pour les Égyptiens. Mais il voulait ainsi en même temps mettre à l’épreuve l’obéissance et la foi de son peuple.
Les Israélites avaient affaire à des adversaires humains. Le combat du chrétien, par contre, ne se livre pas « contre le sang et la chair », mais est contre « la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes », appelée aussi « les principautés... les autorités... les dominateurs de ces ténèbres » (Éph. 6:12). Mais à la différence d’Israël, nous n’avons pas à conquérir les lieux célestes, car Dieu nous y a déjà faits asseoir ensemble dans le Christ Jésus. Sa place est aussi notre place. Notre combat est défensif, tandis que, pour Israël, il s’agissait de combats pour conquérir. Nous n’avons pas non plus à défendre contre les ruses de l’ennemi la possession des bénédictions célestes, mais devons lutter pour en maintenir la jouissance. Cependant, pour nous dans la pratique comme pour Josué, cette parole est valable : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (Josué 1:3). Ce que, quant à notre position, nous possédons en Christ notre Seigneur, nous avons aussi à en jouir dans la pratique.
Le combat dont il est parlé en Éphésiens 6:10 à 18, n’est pas dirigé contre la chair en nous, notre vieille nature. Ce combat – si l’on peut l’appeler ainsi –, nous le trouvons en Galates 5:16 et 17. Là, nous apprenons que « la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair », mais aussi que nous sommes vainqueurs, si nous vivons dans la puissance et sous la direction du Saint Esprit et nous tenons pour morts au péché. En revanche, nulle part nous ne sommes exhortés comme chrétiens à combattre contre la chair en nous ou à la faire mourir. Nous sommes morts avec Christ, et « je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; – et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20). Il ne s’agit pas non plus ici du combat de l’évangile (en fait, « le combat dans la lice », voir Phil. 4:3) qui soutient l’annonce de l’évangile dans le monde, ni du combat mentionné en 2 Corinthiens 10:3 et 5 pour le maintien de la vérité au milieu des croyants, contre laquelle Satan dirige son opposition.
Les ennemis dans les lieux célestes auxquels nous sommes confrontés, sont plus rusés et plus puissants que ceux qu’Israël avait à combattre en Canaan. Nous avons affaire à Satan et ses vassaux. Quelqu’un a dit une fois : Satan a une expérience des hommes accumulée depuis des millénaires et il sait comment les faire tomber. Les « principautés et les autorités » sont non seulement rusées, mais aussi extrêmement puissantes. C’est pourquoi elles sont appelées « dominateurs de ces ténèbres », car elles dominent sur toute la sphère du monde opposé à Dieu qui est lumière (1 Jean 1:7).
Les puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes sont les anges déchus avec Satan en raison de son orgueil (1 Tim. 3:6 ; Mat. 25:41). Ceux-ci sont en opposition totale avec les anges « élus » et « saints », qui ne sont pas tombés (1 Tim. 5:21 ; Marc 8:38). Comme les anges sont des créatures non pas physiques, mais spirituelles, leur sphère d’activité est la création invisible, c’est-à-dire les lieux célestes, et non pas la création visible. Ceci concerne aussi bien les anges déchus que ceux qui ne sont pas tombés. C’est pourquoi Satan a présentement encore accès au trône de Dieu (comp. Job 1 ; Zach. 3:1 ; Apoc. 12:10). Bien que le diable soit un ennemi vaincu, il possède encore une grande influence. Toute faute que nous commettons, toute faiblesse que nous montrons, sont remarquées par l’ennemi de nos âmes. Nous lui offrons ainsi des prises et il peut nous blesser, de sorte que nous n’avons plus de force et de joie pour jouir des bénédictions spirituelles. Mais si nous nous fortifions dans le Seigneur et dans la puissance de sa force, nous pouvons lui résister et le vaincre. Nous n’en avons pas la force en nous-mêmes, mais l’avons seulement dans notre Seigneur et avec l’armure de Dieu.
« L’armure complète de Dieu » en Éphésiens 6:13 à 19 comprend six pièces. Si nous ajoutons la prière mentionnée ensuite, ce sont sept pièces, qui parlent d’une armure divinement parfaite pour le combat spirituel. Nous ne devons pas revêtir cette armure spirituelle seulement lorsque le danger menace, car il est alors souvent trop tard, ou bien nous sommes trop faibles pour le faire. Afin de pouvoir résister au mauvais jour et, après avoir tout surmonté, tenir ferme, nous devons toujours porter l’armure, car le « mauvais jour » n’est pas un moment précis, mais toute la période depuis le rejet de notre Seigneur jusqu’à son retour.
Notre armure spirituelle, que Dieu met à notre disposition, consiste en trois différents groupes de pièces :
Au premier groupe appartiennent comme caractéristiques de notre bon état pratique et de notre marche :
● La ceinture de la vérité, avec laquelle nos pensées et nos sentiments doivent être ordonnés d’une manière agréable à Dieu,
● La cuirasse de la justice, par laquelle nous sommes gardés des attaques de Satan dans nos justes décisions,
● Les chaussures de la préparation de l’évangile de paix, par lesquelles, dans notre marche, nous sommes toujours en harmonie avec les pensées de Dieu.
Le deuxième groupe nous montre la confiance pratique en Dieu :
● Le bouclier de la foi, la confiance ferme et ininterrompue dans la bonté et le secours de notre Dieu et Père, par laquelle les doutes de toute nature, « les dards enflammés du méchant », peuvent être éteints,
● Le casque du salut, la confiance en ce que Dieu a fait pour nous en Christ, en nous sauvant.
Le troisième groupe, finalement, comprend les plus importantes sources de force pratique du chrétien :
● L’épée de l’Esprit, la Parole de Dieu, que notre Seigneur a déjà utilisée lors de ses tentations par le diable, en répondant trois fois à celui-ci : « Il est écrit »,
● La prière, dont nous avons besoin comme de l’air pour respirer, afin de recevoir la force spirituelle et la joie.
Equipés de cette armure complète, nous pouvons sortir vainqueurs du combat contre les puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes. Les ennemis ont certes leur origine et leur siège dans les lieux célestes, mais comme ils sont « les dominateurs de ces ténèbres », le combat a lieu ici. C’est un combat spirituel que nous devons mener sur la terre dans notre vie de foi. Les attaques se portent contre notre vie de foi pratique et aussi toute l’armure de Dieu est établie en conséquence. Avec elle, nous sommes capables de résister à l’ennemi et ensuite de demeurer fermes, lorsque nous aurons tout surmonté.
N’est-il pas significatif que Josué ait eu sa rencontre avec « le chef de l’armée de l’Éternel » après que le peuple eut été circoncis à Guilgal ? Guilgal est le lieu du jugement de soi-même, en quelque sorte la préparation pour revêtir l’armure spirituelle ! Comme nous l’avons vu, cette armure consiste pour la plus grande partie en des ressources divines pour notre vie de foi pratique. C’est justement dans notre vie journalière que Satan tente d’intervenir pour nous empêcher de jouir des bénédictions spirituelles. Mais si nous connaissons notre « Guilgal », nous sommes capables, avec l’armure complète de Dieu, et sous la conduite et par la force du Seigneur Jésus, de sortir vainqueur du combat spirituel contre les puissances du méchant. De même que les fils d’Israël revenaient après leurs combats à Guilgal, où ils avaient été une fois circoncis, ainsi nous avons nous aussi besoin du jugement journalier de nous-mêmes, pour conserver notre force spirituelle.
Arrivés à la fin de nos considérations sur la croissance du chrétien vers « l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (Éph. 4:13), beaucoup peuvent se poser la question : « Comme chrétien, faut-il connaître tous ces enseignements pas toujours faciles pour devenir vraiment spirituellement adulte ? ». La réponse est celle-ci : La croissance spirituelle est une question non pas d’intelligence, mais de cœur. Si mon cœur bat pour mon Sauveur, qui a tant fait pour moi, alors la consécration pour lui, la séparation du monde et le jugement de soi-même sur la chair habitant en moi sont une conséquence normale.
Il n’est donc pas nécessaire qu’un chrétien connaisse et puisse expliquer jusque dans les derniers détails toutes les conséquences que nous avons considérées de l’œuvre merveilleuse de la rédemption du Seigneur Jésus. En donner l’explication suppose des capacités que le Seigneur n’exige pas de chacun de ceux qui croient en lui. Le plus important dans notre vie de foi est que nous lui livrions notre cœur sans réserve. Nous y sommes déjà exhortés en Proverbes 23:26 : « Mon fils, donne-moi ton cœur ». La consécration de cœur de Marie lui fit comprendre ce qu’aucun des autres convives au repas de Béthanie ne comprit. Lorsqu’elle oignit le Seigneur Jésus, elle ne lui apporta pas seulement son hommage, mais elle fut en cela aussi la seule qui put l’oindre en vue de sa sépulture. Tous les autres vinrent trop tard au tombeau du Ressuscité d’entre les morts.
Nous avons aussi vu que beaucoup des croyants de l’Ancien Testament, tels qu’Abraham, Moise et David possédaient une connaissance et une énergie de foi qui dépassaient de beaucoup ce qui était révélé en ce temps-là par l’Esprit de Dieu. Les motifs en étaient leur confiance illimitée dans les déclarations de Dieu et leur obéissance à sa parole. Mais derrière cela, il y avait l’amour des rachetés pour leur Sauveur – pensons seulement aux paroles de Job : « Je sais que mon rédempteur est vivant » (Job 19:25). Cet amour les conduisait à vivre et à agir en communion avec leur Dieu.
Si, comme racheté, j’ai le désir sincère de suivre mon Seigneur, je m’occuperai aussi intensément que possible de sa Parole et de lui-même. Je ne comprendrai peut-être pas tout aussitôt. Mais si j’ai en moi le désir de vivre comme Paul par la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi (Gal. 2:20), ce désir ne restera pas sans réponse ! Dieu m’accordera la jouissance de la vie éternelle, la conscience de l’habitation en moi du Saint Esprit et la force de marcher en nouveauté de vie, non selon la chair, mais selon l’Esprit.
Il s’ensuivra que je serai amené presque tout naturellement à comprendre l’impossibilité de toute communion avec le monde. Si je vis avec le Seigneur, je ne peux pas me sentir à l’aise dans la compagnie de gens de ce monde. Nous traversons ainsi la terre comme des étrangers, qui ont une patrie et une espérance célestes, mais aussi un message glorieux pour les hommes dans ce monde : l’évangile de la grâce d’un Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité.
Nous avons aussi vu que la possession de la vie nouvelle, ce merveilleux don de Dieu en son Fils, est quelque chose que nous ressentons, dans nos sentiments et dans nos pensées. Lorsque nous y trouvons notre joie, notre intérêt est dirigé sur Celui par qui nous avons reçu ce don. Et où se trouve-t-il ? À la droite du trône de la majesté dans les lieux célestes. Ainsi nous pouvons aussi en venir à être caractérisés, comme les « pères » dans la première épître de Jean, par ces paroles brèves mais significatives : « Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement » (1 Jean 2:12, 14). Nous ne serons alors plus attirés par le monde et ses convoitises, comme les jeunes gens aussi mentionnés. Et nous serons encore moins ébranlés par des fausses doctrines, tels les petits « enfants » spirituellement qui forment le dernier groupe auxquels cette parole s’adresse. Nous avons une pleine suffisance en notre Seigneur et nous sommes en Esprit auprès de lui dans la gloire. C’est là auprès de lui que nous serons bientôt comme hommes glorifiés selon sa promesse. Il a effectivement dit : « Voici, je viens bientôt ».
Sans la méditation de la précieuse Parole de Dieu, il ne peut y avoir cependant aucune croissance dans la connaissance. Toutes les pensées de Dieu, tout son conseil, sont révélés uniquement dans les Saintes Ecritures. Nous y trouvons la nourriture spirituelle, par laquelle nous obtenons aussi la force spirituelle. Puissent ces considérations y contribuer – même si ce n’est que dans une faible mesure. Si, par ce moyen, la grandeur et la gloire du Fils de Dieu et de son œuvre de la rédemption à la croix avec toutes ses conséquences bénies pouvaient briller avec plus de force et d’éclat devant le cœur des lecteurs, il en résulterait alors un grand progrès vers ce but.