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MALACHIE

 

Philippe Tapernoux

 

 

Table des matières :

1     Chapitre 1:1-5 — Je vous ai aimés

2     Chapitre 1:6-14 — Le Nom de l’Éternel

3     Chapitre 2:1-10 — Message aux sacrificateurs

4     Chapitre 2:11-17 — Où est le Dieu de jugement ?

5     Chapitre 3:1-7 — Revenez à Moi et Je reviendrai à vous

6     Chapitre 3:8-15 — Vous me frustrez

7     Chapitre 3:16-18 — Ceux qui craignent l’Éternel

8     Chapitre 4 — Le jour vient, brûlant comme un four

 

 

 

1                    Chapitre 1:1-5 — Je vous ai aimés

 

ME 1924 p. 129-136

Le nom de Malachie signifie messager de l’Éternel. Il est le dernier «messager» inspiré de l’Ancien Testament, le dernier porteur de la Parole divine à Israël, avant la venue de son Messie qui devait mettre à l’épreuve son état moral, et, par le rejet dont il fut l’objet, manifester la ruine incurable de l’homme et en particulier du peuple que Dieu avait choisi et mis à part. Tant que cette dernière épreuve n’avait pas eu lieu, Dieu s’adresse à son peuple sur le pied de sa responsabilité et l’appelle à la repentance et au jugement de ses voies, avant le jour de la vengeance et de la manifestation en gloire du Messie.

Nous trouvons dans ce livre le triste tableau de la ruine morale, de l’éloignement de Dieu, de l’insensibilité et de l’aveuglement du peuple qu’Il avait comblé de ses bienfaits. Cette histoire a une grande importance pour nous, car les traits du portrait que l’Esprit de Dieu fait passer devant nos âmes par le moyen de ce dernier prophète de l’Ancien Testament se reproduisent d’une manière frappante dans celui de la chrétienté professante, dont la ruine morale nous est surtout dépeinte dans les livres qui terminent le Nouveau. Nous apprenons ainsi à connaître les dangers auxquels nous sommes exposés au milieu de cet état de choses, ainsi que les ressources que Dieu a mises à notre disposition pour le traverser, après nous avoir retirés de ce «présent siècle mauvais» (Gal. 1:4).

La venue du Seigneur nous est présentée dans ce livre comme étant la fin prochaine du temps de la patience de Dieu. D’autre part, elle est l’objet de l’attente et de l’espérance d’un résidu pieux qui soupire, au milieu de l’iniquité générale, après la délivrance que lui apportera le lever du soleil de justice, tandis que, pour la masse du peuple rebelle, le jour vient comme un four embrasé.

C’est également ce qui caractérise la fin de l’économie actuelle. Au milieu d’une profession sans vie, mûre pour le rejet définitif du Seigneur, il y a des croyants qui attendent le rassemblement des saints célestes autour de leur Chef glorieux, à sa venue. D’autre part, le vaste corps de la chrétienté, en voie d’apostasie, se prépare rapidement à l’abandon de toute relation même extérieure avec Dieu et à la réception de l’homme de péché, qui «s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu» (2 Thess. 2:4). L’espérance du retour du Seigneur a été rappelée à l’Église par le Saint Esprit qui a réveillé les vierges endormies (Matth. 25:6). En outre, la Parole prophétique rend témoignage du prompt jugement qui va atteindre la masse professante incrédule à l’apparition du Seigneur en gloire. Il sera révélé du ciel «avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ» (2 Thess. 1:7-8).

Le premier message de l’Éternel à son peuple est touchant et solennel : «Je vous ai aimés, dit l’Éternel» (v. 2). Il commence par établir le fondement de ses pensées et de toutes ses voies envers cette nation, à savoir son amour gratuit et immérité envers elle, avant de mettre en relief son triste état. Il en est de même de l’Église, à laquelle, dans plus d’une épître du Nouveau Testament, le Saint Esprit commence par nous révéler les conseils de Dieu, son amour et l’oeuvre de rédemption accomplie à la croix. Puis, selon les besoins et les circonstances des saints, il aborde leur état pratique, les dangers qu’ils courent, et donne les instructions, les avertissements et les répréhensions qui répondent à cet état. En Malachie, Dieu commence de même par rappeler son amour pour son peuple, source de l’élection, de l’appel et de toutes les bénédictions dont il était l’objet de sa part. Cet amour est éternel et ne se donnera aucun repos jusqu’à ce qu’il ait amené ceux qui en sont les objets à la jouissance d’une relation intime avec Dieu et d’une position immuable devant lui. Alors Dieu lui-même se réjouira dans l’accomplissement de ses desseins de miséricorde : «Il se reposera dans son amour» (Soph. 3:17 ; Jér. 31:3 ; És. 49:14-16).

Ici apparaît la terrible dégradation morale dans laquelle était tombé le résidu revenu de Babylone, moins de cinquante ans après le ministère d’Esdras et Néhémie. Ce peuple dégénéré répond : «En quoi nous as-tu aimés ?» Cette insensibilité morale, cette incrédulité, cet aveuglement spirituel caractérisent également le grand corps professant, auquel s’adressent aujourd’hui les derniers appels du Seigneur, et auquel Il dit : «Je vais te vomir de ma bouche» (Apoc. 3:16).

En considérant la merveilleuse histoire de leurs ancêtres, les délivrances et les bénédictions dont Dieu les avait comblés, ces Juifs n’auraient-ils pas dû reconnaître, avec des coeurs remplis de gratitude, qu’ils étaient en effet les objets de l’amour particulier de l’Éternel ? Mais l’incrédulité et l’esprit de révolte qui les animaient les empêchaient de reconnaître cet amour et d’en jouir. Sans doute que, voulant, comme les «murmurateurs» (Jude 16) des derniers jours, marcher dans la rébellion de leurs coeurs contre Dieu et jouir quand même des bénédictions qui ne se trouvent que dans le chemin de l’obéissance, si celles-ci leur étaient retirées, ils accusaient Dieu d’injustice et de méchanceté. Ce sont là les traits moraux du jour actuel. D’une part la main divine est étendue en châtiment sur les hommes, parce que sa grâce veut les amener à la repentance, de l’autre, ceux-ci se révoltent contre Dieu et rejettent le témoignage de son amour, en prétextant que ses voies ne sont pas bien réglées. À cela Il répond, comme à son peuple d’autrefois, par une question qui sonde toutes nos consciences : «Ne sont-ce pas vos voies qui ne sont pas réglées ?» (Ézéch. 18:25).

L’Éternel continue son plaidoyer avec son peuple, en lui donnant des preuves de la vérité de sa Parole qui déclare son amour immuable pour Israël. Il remonte au commencement de son histoire, et nous fait considérer les deux fils d’Isaac, Jacob et Ésaü. Remarquons que nous n’avons pas ici, comme en Romains 9, un exposé de la souveraineté de Dieu, selon laquelle Il avait choisi le plus petit pour lui donner la prééminence sur le plus grand. Il s’agit dans ce passage de la grâce manifestée envers Jacob, malgré sa misère et son caractère de supplanteur, puis du jugement que Dieu porte sur l’état moral d’Ésaü, sur sa conduite, sa rébellion, son mépris des promesses divines, sa haine du peuple d’Israël, haine manifestée dans sa descendance et qui attire sur elle le jugement de Dieu. Tous ces faits nous expliquent cette parole solennelle : «J’ai haï Ésaü» (v. 3). Elle exprime donc un jugement porté sur lui, bien des siècles après que sa carrière se fut terminée et qu’il fût bien démontré qu’il était un profane, un ennemi de Dieu, un homme pour qui les bénédictions d’En-haut n’avaient aucune valeur. Par contre, Jacob, à côté des traits affligeants de l’homme naturel qui nécessitaient la discipline de Dieu envers lui, manifestait les caractères de la foi qui s’attache à la Parole et aux promesses de Dieu et désirait jouir des privilèges qui sont la part des siens.

Il arrive souvent que les traits hideux de la chair se manifestent d’une manière plus triste chez les croyants que chez les hommes du monde. Si Satan réussit à les entraîner dans le chemin de la propre volonté, il les plonge dans le bourbier du péché et les incite à s’y livrer avec plus d’ardeur encore que ne le font ceux qui n’ont jamais confessé le nom du Seigneur, afin que ce nom soit blasphémé par leur moyen. La discipline du Père intervient pour ramener les siens qui s’égarent, et nous en avons un exemple frappant dans l’histoire de Jacob. À certains égards, Ésaü était plus noble que son frère, mais ce qui déterminait son caractère moral aux yeux du Dieu saint, c’était son mépris des promesses faites aux pères, et des bénédictions qu’Il voulait répandre sur eux. Ésaü ne croyait pas à des réalités invisibles ; le présent et les choses visibles avaient seuls de la valeur à ses yeux. Aussi vendit-il son droit d’aînesse pour un plat de lentilles, pour la satisfaction passagère de ses convoitises. C’est là ce qui attira sur lui le jugement de Dieu. Toute sa postérité revêt les mêmes caractères moraux, et sa haine persistante du peuple de Dieu, signalée dans les prophètes (Abdias, Ps. 137:7 ; Jér. 49:7-22), provoque la colère de Dieu, dont nous trouvons l’expression dans le passage que nous méditons. Ce sont «les montagnes d’Ésaü» (v. 3), le lieu de la demeure de sa descendance, qui sont visitées par un jugement inexorable, à cause de la rébellion, de l’orgueil et de la méchanceté de ce peuple.

Nous trouvons tous les traits moraux du peuple d’Édom chez ceux qui refusent l’Évangile de la grâce aujourd’hui : mépris de la Parole, profanation des choses saintes, mondanité, incrédulité, haine du peuple de Dieu. Aussi le jugement du jour du Seigneur va-t-il fondre sur tous ceux qui «possèdent la vérité tout en vivant dans l’iniquité (Rom. 1:18), sur tous ceux qui «n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus Christ» (2 Thess. 1:8).

Quant à Israël, malgré sa désobéissance, qui a attiré sur lui la discipline de Dieu, comme sur Jacob son ancêtre, les dons et l’appel divins sont sans repentir. Notre passage contient à ce sujet une déclaration d’une grande importance : «Vos yeux le verront [le jugement d’Édom], et vous direz : L’Éternel sera magnifié par-delà les confins d’Israël» (v. 3). Deux principes d’une grande portée découlent de cette déclaration :

1° Quel que soit l’état pratique du peuple de Dieu, les conseils immuables de sa grâce envers lui demeurent fermes et auront leur accomplissement. Ainsi, à en juger par le triste tableau de l’état moral du peuple, à ce moment de son histoire où la prophétie de Malachie lui fut envoyée, on pourrait croire qu’il est impossible que les promesses de grâce souveraine que Dieu fit à Abraham s’accomplissent, mais il n’en est rien. Dieu amènera ce peuple dans le creuset et purifiera les fils de Lévi (3:3), pour qu’ils soient préparés pour le royaume glorieux du Messie. Il en est de même de l’Eglise. En considérant son état de ruine actuel, nous serions portés à penser que les conseils de Dieu à son égard ne pourront se réaliser, mais, en un instant, le Seigneur changera la face des choses. S’étant livré lui-même pour l’Assemblée, Il a le droit et le pouvoir de la transformer à sa ressemblance glorieuse et selon le désir de son amour pour elle, Il se la présentera à lui-même radieuse et resplendissante de sa propre beauté, sans qu’il reste sur elle aucune trace des fatigues et des souillures de son long pèlerinage à travers le désert.

2° Il ne faut donc pas juger des pensées de Dieu à l’égard de son peuple par les circonstances dans lesquelles celui-ci peut se trouver à un moment donné. C’est la fin des voies de Dieu qui donne à connaître ses conseils envers les siens. Il veut leur faire du bien à la fin, tout en les éprouvant et en les disciplinant tout le long du chemin. C’est ce que rappelle Moïse au peuple à la fin de son voyage à travers le désert : Dieu «t’a fait manger dans le désert la manne que tes pères n’ont pas connue, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin» (Deut. 8:16). Il en est de même dans notre passage : À la fin «vos yeux le verront». Sans comprendre toujours les dispensations divines, la foi les accepte et s’y soumet, dans l’assurance que Dien est un bon et tendre Père qui dirige toutes nos circonstances pour sa gloire et notre bien. Souvent, nous devons répéter ces paroles du psalmiste : «Ta voie est dans la mer, et tes sentiers dans les grandes eaux, et tes traces ne sont pas connues» (Ps. 77:19). Toutefois, à la fin, quand nous serons amenés dans la pure lumière de sa présence, «nos yeux verront» face à face Celui qui nous a conduits comme un berger son troupeau (v. 20), et nous comprendrons alors que ses voies si souvent mystérieuses étaient toujours en harmonie avec sa gloire et ses conseils. Nous connaîtrons comme nous avons été connus, et nous n’aurons que des sujets de bénir l’amour qui s’est occupé de nous avec tant de sagesse et de patience. Dieu sera magnifié en Israël restauré et béni et, par-delà ses confins (v. 5), jusqu’au bout de la terre, en vertu de l’oeuvre de Christ, qui est mort pour cette nation et «pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 12:52). Entrons sans cesse dans «les sanctuaires de Dieu» (Ps. 73:17) pour comprendre ses pensées et ses voies envers nous, et nous connaîtrons «la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux» (Jacq. 5:11).

 

 

2                    Chapitre 1:6-14 — Le Nom de l’Éternel

 

ME 1924 p. 227, 256, 267

 

Nous avons trouvé dans les premiers versets de ce chapitre un exposé des pensées de Dieu envers son peuple et de son propos de grâce, qui aura un accomplissement assuré par le déploiement de sa puissance au jour de Christ. Dieu commence ensuite un plaidoyer solennel avec Israël, relativement à son état moral et à la ruine dans laquelle il était tombé. Pour mesurer la profondeur de cette ruine, il était nécessaire que nous connussions d’abord la grandeur de l’amour de Dieu et de ses desseins envers ce peuple. Il en est exactement de même de l’Assemblée et, à plus forte raison encore, car son appel et ses bénédictions sont d’un ordre infiniment plus élevés que ceux d’Israël. Si nous comparons l’exposé des privilèges célestes qui sont sa part, et que nous donne l’épître aux Éphésiens, au tableau de sa déchéance et de sa mondanité que le Seigneur juste Juge place devant nous dans les lettres aux sept assemblées d’Asie (Apoc. 2 et 3), nous pourrons comprendre quelque peu l’abîme qui les sépare. Notre consolation se trouve dans le fait déjà rappelé que, quelle que soit la ruine actuelle de l’Église, Dieu accomplira, pour sa propre gloire et en vertu de l’oeuvre de Christ, toutes ses pensées de grâce envers les siens : ainsi son Nom sera magnifié et nos yeux le verront (v. 3).

C’est d’une manière particulière aux sacrificateurs (v. 6) que s’adresse le reproche contenu dans ce verset. La famille d’Aaron avait été choisie par la grâce souveraine de Dieu pour exercer la sacrificature devant Lui, pour offrir les sacrifices, accomplir le service du sanctuaire, recevoir la communication des pensées de Dieu et les faire connaître au peuple de sa part. C’était une place d’honneur et de privilège, mais aussi de responsabilité, qui correspond dans une mesure à celle du ministère exercé de la part du Seigneur dans son Assemblée aujourd’hui. La sacrificature proprement dite est la part actuelle de tous les croyants ; car, comme «une sainte sacrificature» (1 Pierre 2:5), nous avons le privilège d’entrer, à travers le voile déchiré, dans le sanctuaire, pour «offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ» (v. 5), selon qu’il est encore écrit : «Offrons donc par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom» (Héb. 13:15). Nous sommes aussi «une sacrificature royale», et comme étant revêtus de cette haute dignité, nous devons «annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière» (1 Pierre 2:9) et apporter ainsi à un monde perdu les biens de la maison de Dieu.

Les fonctions de la sacrificature lévitique avaient pour but le maintien des relations du peuple avec l’Éternel. Pour accomplir ce service à sa gloire, et conduire Israël dans des voies de justice et de vérité, il fallait que ceux qui avaient été mis à part pour cette oeuvre bénie fussent pleinement soumis à l’autorité du Seigneur, révélée dans sa Parole. Le prophète rappelle les droits d’un père sur ses fils et d’un maître sur ses serviteurs (v. 6). Israël occupait cette place et se trouvait dans cette double relation vis-à-vis de l’Éternel qui avait dit de lui : «Israël est mon fils, mon premier-né» (Ex. 4:22), et encore : «Écoute, Jacob, mon serviteur, et toi, Israël que j’ai choisi» (És. 44:1). Cette sacrificature dégénérée méconnaissait le Nom de l’Éternel et ses droits sur son peuple : «Si je suis père où est mon honneur ? et si je suis maître, où est la crainte qui m’est due ? ... à vous, sacrificateurs, qui méprisez mon nom» (v. 6).

C’est un principe important pour nous aussi qui sommes appelés à honorer le nom du Seigneur invoqué sur nous, «le beau nom» (Jacq. 2:7) méprisé et blasphémé dans le monde, et que nous avons à confesser comme étant le seul Nom «sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés» (Act. 4:12). Le nom du Seigneur renferme la révélation de sa Personne, de sa gloire, de sa sainteté, de son amour. Ainsi, mépriser et renier le nom du Seigneur, c’est refuser et rejeter la révélation qu’Il nous a donnée de lui-même, de ses droits, de son Être, de ses perfections, de sa volonté. C’est ce dont se rendait coupable le peuple auquel s’adressait Malachie, et ce qui caractérise la chrétienté, à la veille de son apostasie finale et du jugement définitif du Seigneur en son jour. Par contre, le résidu pieux auquel le prophète donnait des encouragements de la part de Dieu craignait l’Éternel et pensait à son Nom (3:16-18). Il ne reniait pas son autorité et confessait ses droits sur les siens, droits qui découlaient de sa gloire révélée dans le choix et la rédemption de ce peuple qu’Il avait mis à part et formé pour sa louange (Jér. 13:11). Appliquons-nous à nous-mêmes ces vérités et nous comprendrons combien il importe que nous revêtions les caractères de Philadelphie, à qui le Seigneur peut dire : «Tu as gardé ma Parole et tu n’as pas renié mon Nom» (Apoc. 3:8).

Nous sommes les représentants d’un Maître absent et devons manifester ses caractères, confesser et maintenir ses droits dans un monde qui les méconnaît, agir en son Nom, en étant soumis à sa volonté révélée dans sa Parole. C’est ainsi que, revêtus de la puissance de son Esprit, les apôtres accomplissaient le service que le Seigneur leur avait confié, confessant en toute hardiesse son Nom et sa gloire. Ils «rendaient avec une grande puissance le témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce était sur eux tous» (Act. 4:33).

L’état moral des sacrificateurs auxquels était adressé le message de Malachie est manifesté par leur réponse à cette parole de répréhension. Ils méprisaient le nom de l’Éternel, reniaient son autorité, oubliaient ses droits sur eux et agissaient dans l’indépendance de sa Parole. Malgré tout cela, leur conscience était si endurcie, que l’appel du prophète reste sans écho et ils osent demander : «En quoi avons-nous méprisé ton nom ?» (v. 7). Nous avons déjà remarqué que le premier trait de leur déchéance était l’oubli et le mépris de l’amour de Dieu (v. 2). Ce qui complète le tableau de leur ruine morale est la méconnaissance de sa sainteté et de ses droits sur son peuple. C’est aussi ce qui caractérise la chrétienté déchue : d’une part, l’oubli et l’ignorance de l’amour dont la croix du Calvaire a été la pleine expression, de l’autre le rejet des droits de l’autorité et de la gloire de Christ et la méconnaissance de sa seigneurie sur ceux qui invoquent son Nom. Si nous ajoutons à cela une terrible insensibilité morale semblable à celle du peuple auquel s’adressait le message de Malachie, et que manifestent pleinement les questions insolentes qu’ils lui adressent, nous aurons le tableau complet de la ruine de l’Église, telle que nous la présente la lettre à Laodicée (Apoc. 3:14-22).

Dieu répond d’une façon formelle et précise à la question du peuple égaré. Les sacrificateurs ne tenaient aucun compte des prescriptions positives de la loi quant aux sacrifices. C’était une désobéissance flagrante à la Parole que de présenter «du pain souillé» sur l’autel, ainsi que des bêtes tarées en offrande à l’Éternel (v. 7, 8). Les sacrifice offerts sous l’économie lévitique présentaient en type la Personne et l’oeuvre de Christ, objet des délices du coeur de Dieu. C’est pourquoi ils sont appelés le pain de Dieu (Nomb. 28:2). L’autel sur lequel ils étaient offerts correspond à «la table du Seigneur» (1 Cor. 10:21) autour de laquelle prennent place les rachetés aujourd’hui. C’est Dieu qui nous y rassemble, pour nous occuper de la Personne qui est l’Objet de ses délices éternelles et de son oeuvre de rédemption, fondement immuable de nos relations avec Lui. Quel privilège pour le peuple de Dieu que d’avoir part à la joie qu’Il trouve en son Bien-aimé ! «Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ» (1 Jean 1:3). Mais cette place de bénédiction entraîne aussi une grande responsabilité. Le nom du Seigneur, c’est-à-dire son caractère et ses gloires, doivent être revendiqués à sa table.

Comme en Israël, au temps de Malachie, la table du Seigneur est méprisée aujourd’hui. C’était profaner «la table de l’Éternel» (v. 7) et méconnaître sa sainteté que d’offrir à son autel des bêtes boiteuses et malades (v. 8), qui ne pouvaient typifier la parfaite excellence de la sainte Victime dont elles auraient dû être la préfiguration. Tout sacrifice devait être «sans défaut» (*) (Lévit. 1:3, 10 ; 3:1, 6 ; 4:3, 23, 28 ; Ex. 12:5 ; 29:1 ; Nomb. 19:2 ; 28:3), pour être l’emblème anticipé de l’«Agneau de Dieu sans défaut et sans tache» (1 Pierre 1:19), qui, «en la consommation des siècles, a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice» (Hébr. 9:26).

(*) Littéralement «parfait» (voir note Lév. 1:3, version J.N.D.).

Si «le fruit de nos lèvres» n’est pas la louange de «son nom» (Hébr. 13:15), produite par la connaissance et la jouissance de son amour, c’est un sacrifice taré qui profane la table du Seigneur. Rien ne peut satisfaire le coeur de Dieu, si ce n’est la louange de Christ produite par l’opération du Saint Esprit dans les coeurs des siens. Tout ce que la chair peut manifester est semblable au «feu étranger» que présentèrent devant l’Éternel Nadab et Abihu, fils d’Aaron, et qui attira sur eux un prompt jugement (Lév. 11:2). Beaucoup de chrétiens professants ont perdu la conscience de la sainteté du Seigneur. L’on s’approche de sa table avec la souillure non jugée du coeur naturel, en foulant aux pieds les droits de Christ et la valeur de son oeuvre. Comme Caïn, l’on prétend entrer dans la présence de Dieu avec les fruits de son propre travail, sans reconnaître son jugement sur l’homme dans la chair et la nécessité que la mort d’une sainte victime intervienne entre lui et le Dieu qu’il a offensé. Ces vérités fondamentales du christianisme sont foulées aux pieds, comme l’étaient les injonctions de la Parole au temps de Malachie. On traitait l’Éternel avec un mépris dont on n’aurait pas osé user envers un gouverneur humain (v. 8). C’est souvent ainsi qu’agissent à l’égard du Seigneur aujourd’hui ceux qui professent lui appartenir.

Dans cet état de coupable mépris de l’Éternel, le peuple demandait les prières de son serviteur, mais Dieu pouvait-il bénir son peuple dans sa mauvaise voie ? (v. 9) (*). Aujourd’hui encore, on voudrait souvent invoquer Dieu, faire appel à sa grâce, tout en marchant dans la rébellion à sa Parole. Il est impossible qu’Il nous accompagne dans un chemin d’infidélité : «Si nous sommes incrédules, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même» (2 Tim. 2:13). Cette fidélité du Seigneur à ses droits, à son caractère et à sa gloire l’empêche de suivre son peuple dans des voies détournées qui conduisent au jugement : toutefois sa grâce ne se dément pas envers les siens et les ramène au besoin par la discipline et le châtiment.

 

(*) note Bibliquest : HR donne une interprétation toute différente de ce v. 9 ; il y voit une exhortation au peuple à se repentir et à faire appel à la grâce de Dieu.

 

Une autre plaie morale du peuple déchu est ensuite mise à nu par le fidèle messager de l’Éternel. Les sacrificateurs ayant perdu le sentiment de la grandeur du privilège qui leur était accordé d’être consacrés au service du sanctuaire, ainsi que la conscience «les droits du Seigneur sur eux, en étaient venus à considérer leurs fonctions comme un moyen de s’enrichir. Ils ne voulaient pas allumer le feu sur l’autel «pour rien» (v. 10). Ils suivaient la voie de Balaam «qui aima le salaire d’iniquité» (2 Pierre 2:15). C’est là encore un caractère du mal qui, de bonne heure a aussi envahi l’Église (Apoc. 2:14). Dieu déclare, aussi bien aujourd’hui qu’au temps du prophète, son aversion pour un tel état de choses : «Je ne prends pas plaisir en vous, dit l’Éternel des armées» (v. 10). L’affreux état moral des conducteurs qui font de la piété «une source de gain» (1 Tim. 6:5), lui est particulièrement odieux, car il falsifie et détruit le témoignage qui devrait être rendu à la pure et libre grâce de Dieu révélée dans l’Évangile. C’était aussi en cela que consistait surtout le péché de Guéhazi qui obscurcissait et annulait même l’enseignement de la grâce donné à Naaman par Élisée, et dont sa miraculeuse délivrance était la preuve éclatante de la part de Dieu. Que reste-t-il de la glorieuse manifestation de cette grâce dans le système dont Rome est le centre, et qui a étendu son influence corruptrice dans toute la chrétienté ?

Nous trouvons ensuite un principe d’une grande importance et qui a été souvent exemplifié dans l’histoire des voies de Dieu envers son peuple (v. 11). Lorsque ceux à qui le nom de l’Éternel a été révélé deviennent infidèles au témoignage qu’ils doivent lui rendre et dont ils sont les porteurs devant le monde, ce privilège leur est ôté, et Dieu se glorifie en d’autres témoins qu’Il suscite pour manifester sa puissance et son amour. C’est d’une manière particulière ce qui eut lieu pour Israël, placé au centre du gouvernement de Dieu sur la terre, et qui, au lieu de rendre témoignage à Celui qui l’avait mis à part, a fait blasphémer son Nom parmi les nations (Rom. 2:24). Dieu ne s’identifie jamais avec le mal, et Il met de côté ceux qui méprisent les privilèges et les lumières qu’Il leur avait accordés (1 Sam. 2:30). C’est le jugement que le Seigneur prononce sur les cultivateurs de la vigne, infidèles et meurtriers : «Il fera périr misérablement ces méchants, et louera sa vigne à d’autres cultivateurs qui lui remettront les fruits en leur saison» (Matt. 21:41). Dieu ne se laisse pas sans témoignage, et lorsque Israël est mis de côté, Son nom est exalté parmi les nations : «Le royaume de Dieu vous sera ôté, et sera donné à une nation qui en rapportera les fruits» (v. 43). «Mon nom sera grand parmi les nations» répète deux fois l’Éternel par son serviteur Malachie (v. 11).

Après la prise et la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar, Dieu s’était glorifié parmi les nations par les merveilles de sa puissance accomplies en faveur de ses fidèles captifs, dont le livre de Daniel nous raconte l’histoire. Plus tard, après le rejet du Messie, Jérusalem fut détruite et l’Évangile répandu parmi toutes les nations de la terre ; tandis qu’un voile d’incrédulité recouvrait le coeur du peuple juif, mis de côté pour un temps : «Mais quand il se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté» (2 Cor. 3:16). «Ils se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté à la fin des jours» (Osée 3:5). Un aveuglement judiciaire est tombé sur eux à cause de leur désobéissance à l’Évangile, «jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé» (Rom. 11:25, 26). Les branches sauvages entées contre nature sur l’olivier franc, n’ayant pas porté de fruit seront retranchées : les nations, n’ayant pas persévéré «dans la bonté de Dieu» (v. 22) seront mises de côté et Israël sera amené à la repentance et à la foi. L’épouse gentile Vashti (Esther 1) ayant refusé de montrer sa beauté au monde, ayant ainsi déshonoré son Seigneur, sera rejetée et l’Épouse juive Esther sera de nouveau en honneur, et reprendra sa place de gloire terrestre à la tête des nations. Alors le nom de l’Éternel sera rendu «magnifique par toute la terre» (Psaume 8:1). «Car, du soleil levant jusqu’au soleil couchant mon nom sera grand parmi les nations» (Mal. 1:11). La connaissance de sa gloire, de son amour et de sa puissance sera répandue dans tout le vaste univers (És. 11:9, 10), et la paix coulera comme un fleuve dans ce monde, asservi maintenant au pouvoir de l’usurpateur.

La création en travail soupire après ce jour de délivrance où «elle sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Rom. 8:21). «En tout lieu», du soleil levant jusqu’au soleil couchant, l’encens sera offert à Dieu dans ce jour-là : la louange des coeurs que le Roi des rois aura amenés captifs à son obéissance, s’élèvera de toutes parts vers Lui. «La terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Hab. 2:14). Toute bouche confessera que «Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:11). Toute la création s’unira dans un même concert à sa gloire : «J’entendis toutes les créatures... disant : À Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction» etc (Apoc. 5:13). «Une offrande pure sera présentée» (v. 11), offrande de coeurs purifiés par l’opération du Saint Esprit et soumis à la Parole, qui pourront adorer Dieu en esprit et en vérité. Nous en avons déjà un accomplissement partiel dans l’Assemblée sur la terre, mais son témoignage est celui d’un résidu au milieu de la masse incrédule, tandis que, dans le jour à venir contemplé par le prophète, «toute la terre sera remplie de la gloire de l’Éternel» (Nomb. 14:21). En tout lieu, son nom sera grand ; «tout genou se ploiera» devant lui «et toute langue confessera hautement Dieu» (És. 45:23 ; Rom. 14:23).

Nous avons déjà le privilège d’offrir à Dieu, notre Père, l’encens pur de la louange produite dans nos coeurs par l’Esprit qu’Il nous a donné. Comme une sainte sacrificature, nous entrons dans sa présence pour l’adorer et le bénir, mais, malgré tous ses privilèges, l’Église a failli à son appel. Les reproches que l’Éternel adresse à son peuple infidèle s’appliquent à elle. Comme ce dernier, l’Église professante méprise le nom du Seigneur et profane sa table (v. 12). Rappelons encore que le nom exprime ce qu’est la Personne. La révélation que Dieu a faite de lui-même étant confiée à son peuple, celui-ci est responsable d’en rendre témoignage devant le monde. Quand les témoins de Dieu perdent le sentiment des droits de Celui qu’ils représentent, quand ils oublient son autorité et méprisent ainsi son Nom invoqué sur eux, Dieu doit prendre en main sa propre cause et défendre lui-même sa vérité, par le déploiement de sa gloire et de sa puissance. C’est alors que son «Nom est terrible parmi les nations» (v. 14), car Il se fait connaître par les actes puissants de sa droite et les jugements qu’Il exerce dans les cieux et sur la terre. Nous en avons une illustration dans l’histoire de Jonas, type du témoin juif infidèle qui tombe sous la main de Dieu en jugement, enveloppant les nations dans la tribulation qui l’atteint à cause de sa désobéissance. Il en sera ainsi à la fin du temps actuel de la patience de Dieu. Jonas, amené par l’affliction à confesser son péché et à donner gloire à Celui qu’il avait oublié, nous présente un tableau anticipé de l’histoire de son peuple, maintenant rebelle et déchu, mais qui, à travers le feu de l’épreuve, apprendra à regarder avec un coeur repentant vers Celui qu’il a méprisé et rejeté pendant tant de siècles : «Ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique». «En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté» (Zach. 12:10 ; 13:1).

Avant de mettre fin par le jugement à ce témoignage infidèle et corrompu, dont le tableau nous est donné par Malachie, Dieu cherche, par le moyen de son serviteur, à réveiller les consciences endormies. C’est aussi ce qu’Il fait par sa Parole dans l’Église aujourd’hui. Comme c’était le cas alors, le nom du Seigneur est méprisé maintenant par ceux qui professent le connaître ; ses droits, sa gloire, la sainteté de sa table sont foulés aux pieds. Des multitudes, revêtues du manteau de christianisme, participent au symbole de la mort de Christ sans le connaître par la foi, en méprisant et en rejetant sa Parole qui proclame leur état de péché et le jugement au devant duquel elles se précipitent. Leur culpabilité est beaucoup plus grande encore que celle du peuple auquel s’adressait Malachie de la part de l’Éternel, car, depuis lors, la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes dans la Personne du Sauveur annoncé par les prophètes. Quelle responsabilité que celle qui pèse sur ceux auxquels un tel message a été apporté de la part de Dieu !

«La table du Seigneur» fournissait aux âmes pieuses une «nourriture» que le peuple incrédule jugeait «méprisable» (v. 12). Il en est exactement de même aujourd’hui. La paix, la joie, la communion avec Dieu dans les délices qu’Il trouve en son Bien-aimé, sont la nourriture que trouve le vrai croyant dans la présence du Seigneur à sa table. Ces bénédictions sont inconnues au professant sans vie qui, par devoir, s’astreint à la participation extérieure des formes religieuses de la chrétienté. «Quel ennui !» (v. 13), s’écrie-t-il, de devoir participer à ces cérémonies fatigantes qui ne procurent aucune satisfaction et qui sont inutiles et vaines. Il en était ainsi de ce peuple dégénéré qui s’était éloigné de l’Éternel. À lui, comme à cette masse de chrétiens professants qui s’avancent rapidement vers l’apostasie, s’applique cette parole de Jérémie : «Maudit l’homme dont le coeur se retire de l’Éternel ! Et il sera comme un dénué dans le désert, et il ne verra pas quand le bien arrivera» (Jér. 17:5). Comme alors, on «souffle» (v. 13) aujourd’hui sur la Parole, comme sur un livre importun dont on voudrait bien pouvoir se débarrasser.

«Agréerais-je cela de votre main ? dit l’Éternel» (v. 13). Dieu pourrait-il se contenter d’un service religieux accompli par un peuple qui l’honore des lèvres, mais dont le coeur est fort éloigné de lui ? (És. 29:13). Il doit lui dire : «Je hais l’iniquité et la fête solennelle» (És. 1:13-14). C’est la religion de Caïn qui méconnaissait la sainteté de Dieu et le jugement qui reposait sur lui, tandis que, par son sacrifice, Abel proclamait ce jugement et mettait sa confiance dans la grâce qui recevait une victime à la place du coupable.

Prenons garde que nos coeurs ne se détournent du Seigneur, et que nous ne nous approchions de sa table que pour accomplir un devoir, en disant intérieurement : «Quel ennui !» Le Seigneur ne pourrait supporter un tel état chez les siens, car Il est jaloux de nos affections et veut nous posséder tout entiers. Nos offrandes ne lui sont agréables que si elles sont l’expression de l’attachement de nos coeurs à sa Personne et le fruit de l’opération de son Esprit dans nos âmes.

Un jugement inexorable — la malédiction divine — est prononcé sur cet état de corruption du peuple que l’Éternel avait mis à part pour lui (v. 14). Il déclare qu’Il ne supportera pas toujours la tromperie et l’hypocrisie de ceux qui s’approchent de Lui sous le manteau d’une vaine profession : «Je suis un grand roi, dit l’Éternel des armées». La gloire du royaume brillera bientôt dans toute sa splendeur. Le Roi sera manifesté avec puissance et Il ôtera de son royaume «tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité» (Matt. 13:41). Le jour de la patience prendra fin. «Nous avons part maintenant à la tribulation et au royaume et à la patience en Jésus» (Apoc. 1:9). Nous sommes appelés à souffrir avec lui en marchant dans l’obéissance et le renoncement à nous-mêmes : la gloire et le repos viendront ensuite. Le Nom du Seigneur sera «terrible parmi les nations». «Son Nom s’appelle la Parole de Dieu» (Apoc. 19:13), non en grâce, mais en jugement, afin que le mal soit ôté de la terre et la bénédiction millénaire répandue non seulement sur Israël, mais sur les nations. Alors, dans les cieux et sur la terre, il y aura harmonie parfaite, soumission absolue à la volonté de Dieu et à l’autorité du grand Roi. Tous les coeurs s’uniront pour louer son Nom glorieux et toutes les bouches s’ouvriront pour dire : «À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction, et l’honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles ! (Apoc. 5:13).

 

 

3                    Chapitre 2:1-10 — Message aux sacrificateurs

ME 1925 p. 163

 

Le prophète s’adresse d’abord d’une manière directe et solennelle aux sacrificateurs, descendants d’Aaron : «Et maintenant, sacrificateurs, ce commandement est pour vous» (v. 1). Il va leur faire toucher du doigt leur corruption, en leur rappelant la position de privilège et de responsabilité dans laquelle les avait placés l’alliance de Dieu avec Lévi au commencement, ainsi que les caractères moraux qui avaient attiré sur cette tribu la bénédiction spéciale de l’Éternel (Deut. 33:8, 9). Avant d’exercer le jugement, Dieu avertit toujours ceux qui y sont exposés du danger qui les menace. C’est un principe immuable des voies de Celui qui prend plaisir à la miséricorde et pour qui le jugement est «une oeuvre étrange, un travail inaccoutumé» (És. 28:21). «Si vous n’écoutez pas, et si vous ne prenez pas à cœur de donner gloire à mon nom», si ma Parole continue à être méprisée et foulée aux pieds par vous, si vous ne donnez pas gloire à mon nom en marchant dans ma crainte, ma colère vous atteindra certainement et «j’enverrai parmi vous la malédiction» (v. 2). Le jugement est d’autant plus sévère que les privilèges ont été plus grands. Comme au premier chapitre, la gloire du nom de l’Éternel est de nouveau présentée comme ce qui doit occuper la première place dans les coeurs des siens, et le grand sujet de répréhension qu’Il met sur la conscience des sacrificateurs est le mépris de ce nom qui renferme toutes ses perfections et, par conséquent, toute sa gloire. L’Ange de l’Éternel, qui allait devant le peuple pour le garder dans le chemin à travers le désert et pour l’amener au lieu préparé pour sa demeure, devait être écouté, de peur qu’il ne fût irrité et ne frappât le peuple, car le nom de l’Éternel était en lui (Ex. 23:21). Pour nous, c’est le Seigneur qui doit être craint et obéi. Toute la gloire de Dieu brille dans la face de Christ et doit être reflétée dans la marche des croyants ici-bas. Cette marche doit porter l’empreinte de la soumission à ce Christ glorieux. C’est ainsi que nous donnons gloire à son Nom, et manifestons ses caractères, étant ici-bas des lettres de Christ et des témoins de ses perfections.

La sacrificature dégénérée, à laquelle le prophète adressait son plaidoyer de la part de l’Éternel, méconnaissait ses privilèges et ses responsabilités, et attirait son jugement sur elle-même. Celui-ci revêtait un double caractère : il était présent et à venir. Dieu avait déjà frappé les ressources matérielles de ceux qui le méprisaient, en flétrissant leurs semences et en maudissant leurs «bénédictions» (v. 2, 3), c’est-à-dire en retirant l’accroissement et le fruit du sol qui était nécessaire à leur subsistance. S’ils ne prenaient pas à coeur cet avertissement, sa main allait s’appesantir plus lourdement encore sur eux : «Je maudirai vos bénédictions». C’est ainsi que, dans tous les temps, Dieu parle aux hommes et surtout à ceux qui professent le connaître et le servir, afin qu’ils jugent leurs voies et prennent garde aux siennes à leur égard. Aggée s’adresse au peuple de la même manière, en leur disant : «Considérez bien vos voies. Vous avez semé beaucoup et vous rentrez peu» (Agg. 1:5, 6). Ce qui aggravait encore la responsabilité de ceux auxquels Malachie adressait son message, c’était la profession religieuse dont ils étaient revêtus, tout en rejetant la crainte de l’Éternel : «Je répandrai de la fiente sur vos visages, la fiente de vos fêtes» (v. 3). Ces expressions nous font connaître le dégoût profond du Dieu saint pour ces solennités extérieures qui n’étaient pas le fruit de l’amour et de la crainte qui lui étaient dus. Ésaïe dit aussi de la part de l’Éternel : «Je ne puis supporter l’iniquité et la fête solennelle. Vos nouvelles lunes et vos assemblées, mon âme les hait» (És. 1:13, 14). Ces fêtes avaient été instituées par Dieu pour rappeler à son peuple le fondement de ses relations avec lui, ainsi que les bénédictions qui en découlaient, si Israël marchait dans l’obéissance à sa Parole ; mais, comme la rebellion obstinée de son coeur se manifestait toujours davantage sous une apparence de zèle religieux, cette vaine profession extérieure lui était «à charge» (v. 15). Il en est de même de toute l’activité actuelle de la chrétienté corrompue que le jugement va balayer avec ceux qui en font leur appui. N’étant pas demeurée dans la bonté de Dieu, elle sera retranchée de l’arbre des promesses sur lequel elle avait été entée «contre nature» (Rom. 11:24). Les branches de l’olivier sauvage, c’est-à-dire les nations, ont été introduites dans les bénédictions de l’Évangile, mais si elles ne persévèrent pas dans la crainte de Dieu, elles seront coupées, comme l’ont été les branches de l’olivier franc, à savoir Israël. Dieu est puissant pour enter de nouveau celui-ci sur son propre olivier (v. 26), lorsque l’histoire de l’Église responsable sera terminée par son rejet.

Le but des visitations de Dieu que rappelle le prophète était d’amener les sacrificateurs à la repentance et au retour à l’Éternel, afin qu’ils pussent reprendre la position qu’oocupait la sacrificature devant lui, lors de son institution au commencement (v. 4). Pour juger sainement de la ruine du peuple de Dieu, il nous faut retourner à ce qui le caractérisait au début de ses relations avec Lui. C’est toujours ainsi que Dieu procède dans des temps de déclin. Il replace devant les coeurs et les consciences les privilèges et les responsabilités qui se rattachent à la position dans laquelle ce peuple se trouve, ainsi que les bénédictions dont Il l’a comblé, puis il lui fait toucher du doigt son état présent de chute et d’infidélité, en lui adressant un pressant appel à la repentance. Si ce peuple n’écoute pas, il sera «emporté» (v. 3) par les eaux impétueuses du jugement avec toute sa vaine profession religieuse. C’est ce qui est arrivé à cette nation rebelle, lorsqu’elle eut mis le comble à son iniquité en rejetant son Messie. L’Église, peuple céleste, a failli de même à son glorieux appel et n’est pas demeurée dans la fraîcheur du premier amour. Si elle ne se repent pas, le chandelier sera ôté, et elle sera vomie de la bouche du Seigneur, comme Il le déclare à Laodicée (Apoc. 3:16). Puissions-nous prendre à coeur l’exhortation suprême qu’Il lui adresse : «Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi» (v. 19).

Nous trouvons ensuite les caractères de la sacrificature de Lévi, tels qu’ils avaient été réalisés en Phinées qui fut animé d’un saint zèle pour la gloire de l’Éternel (Nomb. 25:10-13). Lorsque le peuple était tombé dans l’idolâtrie et la fornication, il revendiqua les droits de la sainteté divine en exerçant le jugement contre le mal. Il sauva ainsi la congrégation d’une complète destruction et obtint une sacrificature perpétuelle. La fidélité de Phinées à Baal-Péor, ainsi que celle des Lévites après le veau d’or (Ex. 32:26-29), nous sont rappelées en Malachie en contraste avec l’infidélité et la ruine des sacrificateurs auxquels il adressait son message. Le tableau que nous en donne le prophète nous parle aussi par anticipation du grand souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu, fidèle à Celui qui lui a assigné son service et qui, par l’exercice glorieux de la sacrificature et de la royauté, assurera la bénédiction millénaire. Remarquons encore que l’appel de la famille d’Aaron à la sacrificature (Ex. 28:1) fut un effet de la souveraine grâce de Dieu qui l’avait choisie pour ce service, bien que la fidélité de Phinées eût pour récompense une «alliance de sacrificature perpétuelle pour lui et pour sa semence après lui» (Nomb. 25:13). C’est ce que rappelle Malachie à cette sacrificature dégénérée qui foulait aux pieds les droits et la gloire de Dieu. Le tableau qu’il trace de cette alliance fait ressortir par son éclat l’apostasie des fils de Lévi : «Mon alliance avec lui était la vie et la paix» (v. 6). La vie dans la jouissance de la faveur divine, une vie pratique de communion avec Dieu dans l’obéissance et la crainte de lui déplaire, tel était le point de départ et le fondement des relations de Lévi avec lui. Ce qui en découlait était la paix, fruit de cette marche dans la présence de Dieu, la paix du sanctuaire inondant l’âme du sacrificateur pieux de joie et de force. Ces bénédictions sont un don de Dieu, mais en même temps, elles dépendaient sous la loi de l’obéissance aux commandements de l’Éternel. Dans notre dispensation, elles sont le fruit de l’oeuvre de Christ pour nous et de l’opération du Saint Esprit dans nos âmes ; par cette dernière nous est appliquée toute la valeur du sang précieux qui a coulé à la croix pour notre rédemption éternelle. C’est ainsi que nous recevons par la foi en cette oeuvre bénie la vie et la paix avec Dieu. Dans le sens pratique, nous jouissons de «ce qui est vraiment la vie» (1 Tim. 6:19) en recherchant «les choses qui sont en haut» (Col. 3:1). En marchant ainsi, «la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera nos coeurs et nos pensées dans le Christ Jésus (Phil. 4:7), et nous serons rendus capables de vivre dans la crainte du nom du Seigneur et de réaliser ce qui caractérise le serviteur fidèle dont parle Malachie : «Il marcha avec moi dans la paix et dans la droiture, et il détourna de l’iniquité beaucoup de gens» (v. 6). Ajoutons encore en ce qui concerne le fidèle Phinées, dont ce précieux témoignage nous est rendu, que c’est uniquement par l’opération de la grâce et du travail de Dieu dans son âme qu’il fut rendu capable de porter de tels fruits à sa gloire. Il est vrai dans tous les temps que l’homme naturel, ne peut accomplir aucun bien, car «l’imagination de son coeur est mauvaise dès sa jeunesse» (Gen. 8:21).

Dieu donna ses paroles et son alliance à son serviteur «pour qu’il craignît» (v. 5). Son but en nous bénissant, en nous comblant de ses grâces et en nous amenant dans une telle proximité de lui-même est que nous le craignions et marchions dans ses voies. Il n’y a rien de servile ni de légal dans une telle crainte : c’est celle d’un enfant aimant et obéissant qui, se sachant l’objet de la tendre affection d’un bon père, désire ardemment lui plaire et redoute de l’offenser. C’est cette crainte que Dieu, en tout temps, réclame de ceux qu’Il a amenés à Lui et placés dans une relation d’intimité avec Lui : «Il y a pardon par devers toi, afin que tu sois craint» (Ps. 130:4). Tel fut le cas de Phinées : il craignit l’Éternel, ayant en horreur le mal dans lequel Israël était tombé à Baal-Péor (Nomb. 25:1-9). En le jugeant, il arrêta la plaie qui avait fondu sur le peuple de la part de l’Éternel et détourna le glaive de sa vengeance. Parce qu’il «trembla» devant le nom de l’Éternel (v. 5), en comprenant la sainteté qui convenait à sa maison (Ps. 93:5), l’alliance perpétuelle de la sacrificature lui fut donnée. Le verset suivant développe ce sujet, en plaçant prophétiquement devant nous une Personne infiniment plus glorieuse que Phinées, et qui a seule réalisé tous les caractères attribués au sacrificateur fidèle. «La loi de vérité était dans sa bouche et l’iniquité ne se trouva pas sur ses lèvres». Il était Dieu, «le Fils unique de la part du Père, la Parole pleine de grâce et de vérité» (Jean 1:1-14). En lui se trouvait la vérité à l’égard de toutes choses, l’expression juste et parfaite, la pleine révélation du coeur et des pensées du Père, l’empreinte de sa gloire, qu’il donnait à connaître dans toutes ses paroles et ses voies ici-bas. «Il marcha avec Dieu dans la paix et la droiture». Le nom de son Dieu faisait ses constantes délices ; sa gloire et son témoignage étaient l’objet unique de son activité sur la terre. Il fut «le Témoin fidèle et véritable» (Apoc. 1:5 ; 3:14) dans un monde d’iniquité. Comme il faisait toujours les choses qui étaient agréables à ses yeux, il marchait avec Lui dans la paix d’une communion ininterrompue et dans une faveur sans nuages devant Lui. Il pouvait dire : «Or moi, je savais que tu m’entends toujours» (Jean. 11:42) et encore : «Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son oeuvre» (Jean 4:34). Celui dont la gloire et la puissance ont été manifestées dans la création et le sont dans la conservation de toutes choses, s’est anéanti lui-même pour devenir le parfait Serviteur ici-bas. Il pouvait dire par son Esprit prophétique : «Voici, par ma réprimande, je dessèche la mer, je fais des rivières un désert... Je revêts les cieux de noirceur» (És. 42:3). Puis il ajoute : «Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las» (v. 4).

Malachie dit encore : «Il détourna de l’iniquité beaucoup de gens». Il marchait dans une dépendance parfaite du Père, ayant «chaque matin» son oreille ouverte pour «écouter comme ceux que l’on enseigne» (És. 50:4). Il était le porteur de la Parole divine auprès des coeurs lassés. «Par sa connaissance, mon serviteur juste enseignera la justice à plusieurs» (És. 53:11).

Nous sommes appelés à suivre les traces de notre parfait Modèle. En le faisant, nous manifesterons ses caractères et pourrons, à notre tour, devenir des hérauts du message divin dans ce monde. Il faut, pour cela, que nous possédions d’abord «la vie et la paix» par la foi en son oeuvre de rédemption. Puis, apprenant à marcher avec lui dans la crainte de son Nom, dans la paix et la droiture, nos lèvres pourront s’ouvrir pour apporter à d’autres la Parole de la vérité et détourner de l’iniquité «beaucoup de gens». Cet ordre est frappant et instructif ; nous ne saurions le renverser sans dommage pour nos âmes et déshonneur pour le nom de Celui que nous professons servir. En marchant avec lui, nous recevrons la communication de ses pensées, car «le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent» (Ps. 25:14), et nous pourrons en faire part à d’autres et conduire leurs pas dans le chemin de la paix. «Les lèvres du sacrificateur gardent la connaissance et c’est de sa bouche qu’on recherche la loi» (v. 7). Telles étaient la pensée et la volonté de Dieu en instituant la sacrificature au milieu de son peuple ; tels doivent être les caractères du vrai ministère dans l’Église. Rappelons ici que maintenant la sacrificature est le service de tous les saints dans la maison de Dieu, tandis que, sous la loi, elle était la fonction privilégiée de la famille d’Aaron que la grâce souveraine de l’Éternel avait appelé à cet office. Nous sommes «une sainte sacrificature mise à part pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ» (1 Pierre 2:5) et une sacrificature royale destinée à proclamer dans un monde de ténèbres «les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière» (v. 9).

Comme les sacrificateurs d’autrefois, les serviteurs du Seigneur doivent garder aujourd’hui «la connaissance» (v. 7) des pensées de Dieu pour les enseigner à son peuple. C’était de la bouche des fils de Lévi qu’on recherchait la loi. Le sacrificateur était ainsi «le messager de l’Éternel des armées», privilège béni, mais responsabilité solennelle aussi ! C’est ce qu’a réalisé en perfection le parfait Serviteur ici-bas, lui qui pouvait dire par son Esprit prophétique : «J’ai annoncé la justice dans la grande congrégation ; voici, je n’ai point retenu mes lèvres, Éternel ! tu le sais» (Ps. 40:9, 10). Après avoir enseigné la justice à plusieurs, il porta leurs iniquités sur la croix (És. 53:11). Il exerce maintenant devant Dieu une sacrificature par laquelle nous sommes portés et conduits à travers le désert. C’est de sa part et en son Nom que ses serviteurs apportent maintenant aux âmes, comme autrefois les Lévites en Israël, la connaissance de ses pensées ; il faut que «la loi de vérité» soit dans leurs coeurs et sur leurs lèvres, pour qu’ils puissent s’acquitter dignement de leur ministère. Les fils d’Aaron entraient dans le sanctuaire pour accomplir le service prescrit de chaque jour et en sortaient pour enseigner au peuple les statuts de l’Éternel (Lév. 10:8-11). La sacrificature de Christ a ce double caractère : fondée sur le sacrifice expiatoire de la croix, elle s’exerce devant Dieu en faveur des rachetés et elle vient à nous de sa part pour nous enseigner, nous consoler et nous conduire vers le repos promis (Hébr. 7:26-28).

Nous trouvons ensuite le tableau de la chute et de la ruine profondes de la sacrificature lévitique, déjà manifestées tout le long de l’histoire d’Israël et notamment dans celle des fils d’Éli (1 Sam. 2 et 3). Au lieu de détourner «de l’iniquité beaucoup de gens», ceux-ci les entraînaient dans la plus affreuse corruption. Le même triste fait se produisit dans l’Église : une classe de personnes appelée le clergé s’y éleva, enseignant «la doctrine de Balaam, lequel enseignait à Balak à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël» (Apoc. 2:14). Ce prophète pervers «qui aima le salaire d’iniquité» (2 Pierre 2:15) conduisit le peuple dans la dissolution. C’est ce qui caractérise jusqu’à ce jour le clergé romain qui enseigne et égare les esclaves de Christ, en les entraînant à commettre la fornication (Apocalypse 2:20). Pierre nous parle beaucoup de cette classe de faux serviteurs qui, pour des avantages matériels, honneurs, richesses, corrompent les âmes par «des doctrines de démons» (1 Tim. 4:1-3) et, par leurs excès, font blasphémer «la voie de la vérité» (2 Pierre 2:2). Lorsque le peuple de Dieu se place sous des conducteurs corrompus, le mal arrive rapidement à son comble dans la masse professante. Il en était ainsi au temps de Malachie. Il y a une gradation frappante dans les progrès du mal : les sacrificateurs s’étaient d’abord «écartés du chemin» ; puis ils avaient fait «broncher beaucoup de gens à l’égard de la loi» (v. 8). Dans la chrétienté protestante, on se vante d’avoir été délivré des erreurs et des abus du catholicisme, mais le mal y est tout aussi grave que dans le premier. Les conducteurs religieux se sont «écartés du chemin» de la soumission à l’autorité de la Parole ; ils en rejettent l’inspiration divine et, au lieu de «détourner de l’iniquité beaucoup de gens», par la prédication de l’Évangile dans sa pureté et sa puissance, ils font «broncher beaucoup de gens» (v. 8), en les entraînant dans l’incrédulité. C’est ainsi que «la grande maison» se corrompt toujours davantage et s’approche rapidement du moment où, l’Esprit de Dieu l’ayant quittée avec tous les vrais croyants, elle deviendra «Babylone la grande, la demeure de démons et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable», qui sera «jetée avec violence» dans les eaux du jugement d’où elle ne sortira plus à jamais (Apoc. 18:2, 21).

De bonne heure, les philosophes et les docteurs judaïsants contre lesquels l’apôtre Paul avait à lutter (Col. 2) ont été les instruments de l’ennemi pour corrompre les âmes, de même que l’étaient les sacrificateurs pervers auxquels s’adressait Malachie. Ceux-ci avaient «corrompu l’alliance de Lévi» (v. 8). C’est ainsi que, dans tous les temps, l’homme s’est montré incapable de demeurer dans la dépendance de Dieu et dans la jouissance des bénédictions qu’Il a répandues sur lui. Le résultat de la mauvaise conduite de ces sacrificateurs dégénérés était que Dieu les avait «rendus méprisables et vils devant tout le peuple» (v. 9) ; c’était un jugement de sa part, un opprobre mérité qui était tombé sur eux, au lieu de l’honneur et du respect qui les eussent entourés parmi ceux qui craignaient l’Éternel, s’ils avaient été fidèles et obéissants. Il en est de même du clergé romain qui, par sa conduite débauchée, a fait blasphémer la voie de la vérité et auquel s’applique le solennel jugement de la Parole : «Par cupidité, ils feront trafic de vous avec des paroles artificieuses ; mais leur jugement, dès longtemps, ne demeure pas oisif» (2 Pierre 2).

Ce principe a aussi son application à la famille de Dieu aujourd’hui, et particulièrement à ceux que le Seigneur honore en se servant d’eux pour la bénédiction des âmes, auxquelles ils apportent sa Parole. Si un chrétien possédant un don de l’Esprit ne marche pas fidèlement et humblement devant Dieu, son ministère perdra toute puissance, et le poids moral qui accompagnait son témoignage disparaîtra entièrement : «Ceux qui m’honorent, je les honorerai, et ceux qui me méprisent seront en petite estime» (1 Sam. 2:30).

Les sacrificateurs n’avaient pas gardé les voies de l’Éternel ; l’injustice les caractérisait dans l’application de la loi. Ils faisaient des différences entre les personnes auxquelles ils avaient à faire ; ils méprisaient certaines d’entre elles et en honoraient d’autres, à cause de la différence de positions sociales, ou pour d’autres motifs injustes ; aussi le prophète leur adresse-t-il ce reproche : «Vous avez fait acception des personnes dans ce qui concerne la loi» (v. 9). Jacques signale le même danger dans son épître et ajoute : «Écoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres quant au monde, riches en foi et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment» (Jacq. 2:5) ? Veillons donc à ne pas encourir le reproche du verset suivant : «Vous avez méprisé le pauvre» (v. 6).

En signalant ces abus, le prophète est conduit à exposer la position de tous les fils de Jacob à deux points de vue : 1° Ils appartenaient au Dieu Créateur, comme tous les êtres auxquels Il a donné l’existence : «Un seul Dieu ne nous a-t-il pas tous créés» ? 2° Ils étaient tous descendants d’Abraham et, en ce qui concerne du moins le résidu remonté de la captivité de Babylone, au bénéfice de l’alliance de l’Éternel avec son peuple : «N’y a-t-il pas pour nous tous un seul père ?» (v. 10). Combien était coupable la conduite de ceux qui, quoique jouissant de relations si élevées avec Dieu et qui étaient si intimement unis les uns aux autres, agissaient «perfidement chacun envers son frère» ! À combien plus forte raison, cette manière d’agir est-elle répréhensible chez ceux qui, dans ce jour de grâce, ont été amené, en vertu de l’oeuvre de la rédemption, dans une position et une relation infiniment plus intimes et glorieuses avec Dieu et devant Lui que celles d’Israël. Nous connaissons le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ comme notre Dieu et Père, c’est-à-dire non seulement dans une relation de création ou d’alliance, mais sur le terrain de la grâce et de la rédemption. Par la foi en cette oeuvre, nous sommes dans la même faveur devant Dieu que Christ lui-même, l’Homme de ses délices, et dans la même relation filiale avec le Père, objets du même amour que le Fils. Pour mesurer la responsabilité et la ruine du peuple de Dieu, il faut considérer les privilèges dont Dieu l’a comblé : c’est ce que fait ici le prophète, en plaçant sur la conscience de tous cette question solennelle : «Pourquoi agissons-nous perfidement chacun envers son frère, en profanant l’alliance de nos pères» ? (v. 10)

Prenons à coeur ces avertissements et ces répréhensions de l’Esprit de Dieu, «nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11), afin que, dans ces derniers jours, nous soyons du nombre de ceux qui craignent le Seigneur et pensent à son nom. «Ils seront à moi, mon trésor particulier, dit l’Éternel des armées, au jour que je ferai ; et je les épargnerai, comme un homme épargne son fils qui le sert» (Mal. 3:16, 17).

 

4                    Chapitre 2:11-17 — Où est le Dieu de jugement ?

 

ME 1925 p. 335, 363

Les premiers versets de ce chapitre contiennent un message solennel aux sacrificateurs. Puis le prophète apporte de la part de Dieu une parole d’avertissement à tout le peuple. Il est très remarquable de voir comment, malgré la dispersion des dix tribus qui avait eu lieu trois cents ans auparavant, l’Esprit de Dieu s’occupe toujours de cette nation rebelle et déchue et la voit dans son unité devant Celui qui a dit : «Israël est mon fils, mon premier-né» (Ex. 4:22). Maintenant le prophète Malachie nous dépeint sa chute profonde et annonce son jugement : «Juda a agi perfidement et l’abomination se commet en Israël et dans Jérusalem» (v. 10). Malgré tous les témoignages de la bonté et de la puissance de l’Éternel, les descendants d’Abraham abandonnèrent le Dieu de leurs pères pour s’attacher aux idoles. Il y a une gradation frappante dans le chemin de désobéissance et de ruine qu’avait suivi ce peuple dégénéré : 1° Les sacrificateurs établis pour le conduire dans la voie de la vérité et de la paix s’étaient détournés de «la loi de vérité» et avaient «fait broncher beaucoup de gens» à l’égard de l’alliance (v. 8). 2° La conséquence fatale d’une telle iniquité était l’oubli des relations fraternelles que Dieu avait établies entre les divers membres de la congrégation, et les mauvais agissements des uns envers les autres qui les caractérisaient. C’est ainsi que, sous de vains prétextes, plusieurs répudiaient leurs femmes, agissant perfidement envers elles. Avec quelle force ce mot douloureux et solennel, qui revient cinq fois sous la plume du messager de l’Éternel dans ces quelques versets (v. 10, 11, 14, 15, 16), exprimait l’état moral du résidu devant Celui qui sonde les reins et les coeurs ! 3° Puis le mal avait grandi sans cesse, parce que les avertissements de l’Éternel étaient méprisés : l’alliance avec le monde et l’idolâtrie avaient consommé la chute et la ruine de ce peuple, mis à part pour raconter la louange de son Dieu, et dont il avait été dit : «Voici, c’est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations» (Nomb. 23:9), et encore : «Vous êtes mes témoins que je suis Dieu» (És. 43:12). 4° Tous les appels à la repentance avant été méprisés, le jugement fondra sur cette nation rebelle : «Voici le jour vient, brûlant comme un four», etc. (4:1).

Il y a une ressemblance saisissante entre l’histoire du peuple auquel s’adressait Malachie et celle de la profession chrétienne dont le Seigneur nous trace le tableau dans la parabole du maître de maison qui établit ses esclaves pour le servir en son absence (Matt. 24:45-51). De même que les sacrificateurs infidèles, ces derniers se sont corrompus et ont amené le désordre dans la maison dont ils avaient la garde. Oubliant sa responsabilité envers son Maître et le prochain retour de celui-ci, le méchant serviteur se met «à battre ceux qui sont esclaves avec lui» et à manger et à boire avec les ivrognes (v. 48, 49). L’alliance avec le monde corrompu et l’idolâtrie dans lesquelles étaient tombés ceux auxquels s’adressait le prophète, caractérisent également la chrétienté : cette demeure où Dieu avait manifesté sa gloire et sa puissance, à la suite de l’accomplissement de l’oeuvre de la rédemption, est devenue «une grande maison», où «il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre, et les uns à honneur, les autres à déshonneur» (2 Tim. 2:20). Comme le fidèle messager de l’Éternel annonce un prompt jugement de sa part contre tous ceux qui ne le craignent pas (Mal. 3:1-5), ainsi le Seigneur déclare qu’Il viendra soudain, en un jour inattendu, et qu’il coupera en deux le méchant esclave et «lui donnera sa part avec les hypocrites : là seront les pleurs et les grincements de dents» (Matthieu 24:50, 51).

L’idolâtrie est le grand péché dont les prophètes accusaient Israël tout le long de son histoire. N’est-ce pas aussi le péché culminant de l’Église professante qui a négligé l’attente du retour de l’Époux pour courir après un autre (Ps. 16:4), oubliant que les misères de ceux qui font ainsi seront multipliées ? Le méchant esclave «dit en son coeur : Mon maître tarde à venir» (Matt. 24:48), et tombe dans la corruption et l’idolâtrie. L’histoire de la chrétienté aboutira à «Babylone la grande, demeure de démons et repaire de tout esprit immonde» (Apoc. 18:2, 3), «mère des prostituées et des abominations de la terre» (17:3-5) qui, «du vin de la fureur de sa fornication, a fait boire à toutes les nations» (14:8), et qui «sera jetée avec violence» dans les eaux du jugement et ne «sera plus trouvée» à jamais (18:21).

Remarquons que le péché d’idolâtrie dans lequel Israël est tombé est dépeint par le prophète par quatre expressions qui font ressortir la gravité de ce mal aux yeux du Dieu saint : 1° «Juda a agi perfidement», 2° «l’abomination se commet en Israël et à Jérusalem» ; 3° «Juda a profané le sanctuaire de l’Éternel ; 4° Il a «épousé la fille d’un dieu étranger» (v. 11). Malachie avait déjà signalé la perfidie de leur conduite envers leurs frères (v. 10) ; maintenant c’est envers l’Éternel qu’elle se manifeste. L’idolâtrie est une abomination à ses yeux. Lorsqu’elle aura atteint son apogée dans l’apostasie de la profession juive et chrétienne, elle trouvera sa dernière expression dans «l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint» (Matth. 24:15 ; Dan. 12:11), dans l’image du chef de l’empire romain dressée dans le temple à Jérusalem par l’Antichrist, et à laquelle tous rendront hommage (Apoc. 13:11-18). Aussi un jugement inexorable atteindra tous ceux qui participeront à cette affreuse iniquité : «Si quelqu’un rend hommage à la Bête et à son image... lui aussi boira du vin de la fureur de Dieu... et il sera tourmenté dans le feu et le soufre devant les saints anges et devant l’Agneau» (Apoc. 14:9-10).

En dénonçant cette idolâtrie, Malachie proclame le jugement irrémédiable qui atteindra tous ceux qui s’en rendent coupables. Il en est de même du méchant serviteur qui, quoique faisant profession de connaître et de servir le Maître a battu ses compagnons de service, tout en mangeant et en buvant avec les ivrognes (Matthieu 24:49-51). Au temps du prophète, comme maintenant, cette iniquité s’associait à une vaine profession religieuse. Tout en agissant «perfidement», on apportait avec une grande dévotion extérieure «une offrande à l’Éternel des armées» (v. 12). Les services du temple s’accomplissaient avec une grande ponctualité ; «celui qui veille et celui qui répond» étaient à leur poste : c’étaient les sentinelles du temple qui auraient dû garder avec vigilance la maison de l’Éternel, mais qui, tout en s’acquittant de leurs fonctions, participaient à l’idolâtrie commune. À la fin du temps de la longue patience de Dieu, le Seigneur viendra soudain à son temple : «Mais qui supportera le jour de sa venue, et qui subsistera lorsqu’il se manifestera ?» (Mal. 3:2). Question solennelle que doivent méditer tous ceux qui font profession de lui appartenir aujourd’hui, car le jour éclatant de sa gloire ne laissera subsister aucun «abri de mensonge» (Ésaïe 28:15). Les vierges qui étaient prêtes, ayant de l’huile dans leurs lampes, «entrèrent avec lui aux noces ; et la porte fut fermée» (Matth. 25:10).

Au vers. 13, l’Éternel continue son plaidoyer avec son peuple rebelle et contredisant. Les versets suivants nous présentent le tableau de sa corruption morale qui s’alliait à une grande activité religieuse. Celle-ci est employée par l’ennemi pour endormir la conscience quant au mal dans lequel on marche ; mais Dieu tire le voile et montre le néant de toute cette vaine profession à ses yeux. En premier lieu, les Juifs pratiquaient toutes les abominations énumérées au v. 11 et en second lieu (v. 13) ils s’approchaient de l’Éternel avec tous les signes extérieurs de la piété et de la crainte de son Nom : «Vous couvrez l’autel de l’Éternel de larmes, de pleurs et de gémissements» (v. 13). Cependant Dieu ne se laisse pas tromper par les apparences et on ne se moque pas de lui. Cet étalage de sentiments de douleur et de ferveur religieuse ne lui suffit pas (*). On pourrait facilement se méprendre sur de telles manifestations et y voir la preuve de la piété, du brisement de coeur et de la communion avec Dieu ; mais Celui qui «sonde le coeur et éprouve les reins» connaît à fond les ruses et la ruine incurable de cet être déchu (Jér. 17:9, 10). La pierre de touche au moyen de laquelle il éprouve l’état de son peuple, c’est sa Parole qui est «vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucun épée à deux tranchants... et qui discerne les pensées et les intentions du coeur» (Hébr. 4:12). Elle dévoile la corruption qui se cache sous un manteau de piété. Souvent il arrive que ceux même dont le zèle pour Dieu paraissait si louable, deviennent les persécuteurs les plus acharnés de ceux qui dévoilent fidèlement leur hypocrisie. Il en fut ainsi lorsque le Fils de Dieu vint ici-bas ; ses plus grands ennemis étaient les chefs religieux de la nation, les pharisiens, les sacrificateurs et les scribes. En contact familier avec la Parole, mais rebelles à son autorité, ils s’étaient endurcis dans leur orgueil et leurs fausses prétentions et haïssaient Celui qui faisait briller la lumière divine au sein des ténèbres dans lesquelles ils étaient plongés. «Car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient reprises» (Jean 3:20).

 

(*) note Bibliquest : HR interprète ces pleurs et ces gémissements comme étant ceux des femmes abandonnées.

 

Un trait frappant de l’endurcissement moral de ceux auxquels s’adressait le prophète nous est présenté dans les questions qu’ils lui adressent en réponse à ses remontrances. «Pourquoi» disent-ils, «l’Éternel agit-il ainsi envers nous ?» (v. 14). Ils sont tout surpris qu’il ne puisse agréer leurs offrandes. L’aveuglement s’empare de ceux dont la conscience s’est endurcie au contact des appels divins et qui les ont méprisés. Vérité solennelle qui se manifeste tristement aujourd’hui et qui aura sa pleine réalisation lorsque le Saint Esprit, ayant quitté la scène de ce monde avec l’Église, ceux qui «n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés» seront livrés à une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge» (2 Thess. 2:10, 11).

La réponse de l’Éternel dévoile la corruption domestique dans laquelle son peuple était tombé et qui, comme nous l’avons déjà rappelé, se manifestait dans la rupture du lien du mariage pour des motifs futiles. Remarquons encore la gradation fatale des progrès du mal chez ceux qui, étant en relation extérieure avec Dieu, abandonnent sa crainte et l’obéissance à sa Parole. Ce sont les étapes qui conduisent sûrement la profession juive et chrétienne à l’anarchie et à l’apostasie : 1° Ils s’étaient détournés de l’Éternel (v. 8) pour courir après les idoles (v. 11). 2° Ils agissaient perfidement les uns envers les autres (v. 10). 3° Dans les familles, le lien du mariage n’était pas respecté (v. 14). En un mot, la corruption la plus complète régnait parmi le peuple, à trois points de vue : religieux, social et domestique. Le relâchement sous ces deux derniers caractères, découle du premier ; nous en avons la preuve visible dans la chrétienté où l’abandon de la crainte de Dieu et de la foi en sa Parole a amené les mêmes conséquences. Celles-ci seront toujours plus manifestes, jusqu’à ce que l’apostasie ouverte amène un déchaînement d’iniquité tel qu’il n’y en a pas encore eu de semblable sur la terre. «Celui qui retient maintenant le fera jusqu’à ce qu’il soit loin» (2 Thess. 2:7). Le Saint Esprit empêche, par sa présence ici-bas, le plein développement du mal et de la révolte qui ont envahi le coeur de l’homme. Que sera-ce lorsque tout frein aura disparu ? Ce monde sera livré à la puissance des ténèbres qu’il a choisies en rejetant la lumière ! Quelle grâce d’entendre le Seigneur nous dire : «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre» (Apoc. 3:10). Puissions-nous garder sa Parole en vérité et ne pas renier son Nom !

Les hommes verront, en ce jour «de fureur, de détresse et d’angoisse» (Soph. 1:15), quelle bénédiction ils ont rejetée en repoussant l’Évangile, et combien est amer le service de Satan auquel ils se sont livrés.

Dieu était témoin du mal qui se pratiquait au milieu de son peuple (v. 14). On oublie facilement dans ce jour de grâce et de patience, que «ses yeux voient, et que ses paupières sondent les fils des hommes» (Ps. 11:4). C’est là un fait solennel et d’une application universelle. «L’Éternel a regardé des cieux sur les fils des hommes, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui recherche Dieu» (Ps. 14:2). Il voit les iniquités qui se commettent ; Il entend les cris des opprimés : «Des villes sortent les soupirs des mourants, et l’âme des blessés à mort crie» (Job 24:12). Dieu demandera compte un jour aux hommes de toute leur méchanceté : «Tremblez pour vous-mêmes devant l’épée ! car l’épée est l’instrument de la fureur contre les iniquités, afin que vous sachiez qu’il y a un jugement !» (Job 19:29).

Le divorce auquel recourait avec tant de légèreté le peuple dégénéré que réprimandait Malachie de la part de l’Éternel est odieux à ses yeux. Il a établi le lien conjugal pour qu’il soit indissoluble durant la vie des époux. La sainteté de ce lien a été mise en pleine lumière par le Fils de Dieu dans son ministère ici-bas. Quoique l’Éternel eût permis la répudiation sous la loi, à cause de la dureté de coeur de son peuple (Marc 10:5), Il faisait connaître, par ses prophètes, son aversion pour un tel mépris de l’ordre qu’il a établi à la création : «Je hais la répudiation, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël» (Mal. 2:16). Ce qu’Il a établi au commencement subsiste toujours et doit être maintenu. Le Seigneur le rappelle dans sa réponse aux pharisiens, en disant : «Ce donc que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas» (Marc 10:9). Ainsi l’homme n’a pas le droit de rompre ce lien que Dieu reconnaît toujours, malgré la chute et la ruine de cette création amenées par la désobéissance de celui qui en était le chef. La grâce nous donne de précieuses ressources pour réaliser la pensée et la volonté de Dieu dans les relations conjugales, dans lesquelles le péché est entré et exerce ses effets douloureux.

Malachie rappelle ensuite l’union de l’homme et de la femme, établie, comme nous l’avons dit, par le Dieu créateur, union indissoluble, tant que la mort ne vient pas la rompre : «Un seul ne les a-t-il pas faits ? Et pourquoi ce seul a-t-il fait ainsi ? Il cherchait une semence de Dieu» (v. 15). Pourquoi a-t-il établi cet ordre de choses à la création et a-t-il uni, par ce lien sacré, l’homme et la femme ? Il voulait bénir ses créatures et répondre aux besoins de leurs cœurs : «Et Dieu les bénit ; et Dieu leur dit : Fructifiez et multipliez et remplissez la terre et l’assujettissez» (Gen. 1:27, 28). Le péché est entré dans cette scène de paix et de joie et avec le péché, la mort. Toutefois, Dieu y travaille et manifeste sa grâce et sa puissance en mettant à part un peuple pour lui-même. C’est ce qu’Il avait fait déjà en appelant Abraham et sa descendance pour manifester sa gloire dans ses voies envers eux, comme le dit Moïse : «Quelle est la grande nation qui ait Dieu près d’elle, comme l’Éternel, notre Dieu, est près de nous ?» (Deut. 4:7).

La pensée de Dieu à l’égard d’Israël était qu’il demeurât entièrement séparé des nations, plongées dans l’idolâtrie, dont il était entouré. C’est pourquoi il ne devait pas s’allier par mariage avec elles (Deut. 7:3). Cette injonction, si souvent rappelée au peuple de Dieu dans la Parole ayant été méprisée, Israël tomba rapidement dans l’idolâtrie et la corruption. Aux jours d’Esdras (Esdras 9:1-4) et de Néhémie (Néh. 14:23-28), ce mal avait envahi le résidu remonté de la captivité et, bien que ces hommes de Dieu eussent cherché à l’en purifier, nous en trouvons les effets désastreux aux temps de Malachie. C’est ainsi que, dans tous les temps, l’homme est prompt à abandonner le terrain de séparation pour Dieu sur lequel il a été placé par la miséricorde divine et à abattre le mur de protection qui le met à part du monde. Quant à Israël, c’était la négation de sa position sainte et élevée et des privilèges qui en résultaient pour lui, ainsi que de la responsabilité qui en découlait, car l’Éternel lui avait dit : «Vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples, et vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte» (Ex. 19:5, 6). Aussi nous comprenons la vive indignation, ainsi que la douleur et l’humiliation profondes qui remplissaient ces serviteurs de Dieu à la vue du péché et de la ruine d’Israël. Néhémie rappelle à ceux qui l’entouraient l’exemple de Salomon qui, quoique «aimé de son Dieu», tomba dans l’idolâtrie à l’instigation des femmes étrangères qu’il avait prises (Néh. 14:26).

L’Église n’a pas échappé à ce piège de l’ennemi. Les alliances défendues avec le monde, qu’il s’agisse du joug mal assorti avec les incrédules dans le mariage ou pour d’autres objets ont ruiné son témoignage (2 Cor. 6:14). N’oublions pas que la volonté de Dieu est que les siens ne sortent pas de l’enceinte où se trouve la bénédiction. Celle-ci découle de l’obéissance à la Parole : comment pourrait-elle reposer sur ceux qui, dans l’acte le plus solennel de la vie d’ici-bas, le choix d’une compagne ou d’un compagnon, ne tiennent aucun compte des instructions formelles et de la volonté révélée de Dieu ?

Ensuite nous avons des devoirs à remplir dans la vie domestique de chaque jour, devoirs pour lesquels la Parole nous trace un chemin clairement établi. Les directions divines ne manquaient pas non plus au peuple d’Israël, et le prophète rappelle à celui-ci sa responsabilité dans le cercle intime de la famille, où l’Éternel devait être glorifié par les siens : «Prenez garde à votre esprit ; et n’agis pas perfidement envers la femme de ta jeunesse» (v. 15). Nous devons veiller pour que le mal n’envahisse pas nos coeurs, en nous détournant du chemin de la sainteté et de l’obéissance à la Parole. Il commence ses ravages dans le coeur, où «sont les issues de la vie» (Prov. 4:23), puis il se manifeste dans les voies. La perfidie à l’égard de la femme donnée de Dieu pour être la compagne de l’homme est le résultat du manque de vigilance et de jugement de soi-même. Nous avons à nous purifier de toute souillure de chair et d’esprit, «achevant la sainteté dans la crainte de Dieu» (2 Cor. 7:1). La purification pratique qui nous est enjointe n’a pas seulement trait aux souillures qui se manifestent dans la marche, mais à celles qui opèrent dans l’homme caché du coeur, pervertissant les affections en les détournant de Christ et les portant sur des objets indignes des saints mis à part pour lui. Lorsque le mal n’est pas jugé à sa source, il éclate au dehors en mauvaises oeuvres. Si l’exhortation du prophète à prendre garde aux dangers intérieurs avait été écoutée, la conduite perfide qui résultait d’un manque de vigilance et de jugement de soi-même eût été évitée (v. 15).

Comme nous l’avons rappelé, Dieu avait permis le divorce à cause de la dureté du coeur de l’homme, mais ici Il nous fait connaître son aversion pour cet abandon de l’ordre qu’Il avait établi au commencement : «Je hais la répudiation dit l’Éternel, le Dieu d’Israël» (v. 16). Le Serviteur parfait venu en grâce ici-bas nous rappelle aussi à cet égard l’ordre établi par le Créateur, et auquel nul ne doit déroger (Marc 10:2-9). Le divorce, que le peuple déchu pratiquait sans aucun exercice de coeur et de conscience, était donc une offense faite à la sainteté divine : cette offense provoquait à la colère le Dieu d’Israël qui avait formé ce peuple pour être un témoin de sa gloire et de la bénédiction qui s’attache à l’obéissance à sa Parole. Combien Dieu a prouvé la vérité qu’Il rappelle ici à son peuple dans ses voies de longue patience envers lui ! L’alliance qu’Il avait faite avec Israël est souvent comparée dans les prophètes à un mariage ; l’Éternel se nomme le mari de son peuple (Jér. 3:14 ; Os. 1 et 2 ; És. 54), mais, durant toute son histoire, ce peuple le provoqua à la jalousie et à la colère et mérita mille fois d’être répudié. Ce ne fut que lorsque le Fils de son amour eut été rejeté et mis à mort que Dieu rompit finalement cette relation. Le Maître de la vigne «ayant encore un unique fils bien-aimé», l’envoya aux cultivateurs en disant : «Ils auront du respect pour mon fils» (Marc 12:6). Mais «l’ayant pris, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne» (v. 8). Aussi un jugement inexorable tomba sur ces méchants qui périrent «misérablement» (Matt. 21:41). Toutefois le jour vient où Dieu reprendra en grâce ses relations avec son peuple. Il le mènera au désert et lui donnera «la vallée d’Acor comme une porte d’espérance» (Os. 2:15). Il ôtera de «sa bouche les noms des Baals» et le peuple restauré appellera l’Éternel : Mon mari» (v. 16, 17). Il reviendra à l’Éternel, en lui disant : «Pardonne toute iniquité et accepte ce qui est bon» (Os. 14:2). En ce jour, Dieu dira à la désolée : «Ne crains pas... car celui qui t’a faite est ton mari ; son nom est l’Éternel des armées et ton Rédempteur, le Saint d’Israël... Pour un petit moment je t’ai abandonnée, mais avec de grandes compassions, je te rassemblerai» (És. 54:5, 7).

Encore une fois, le prophète renouvelle son avertissement : «Prenez donc garde à votre esprit, et n’agissez pas perfidement» (v. 16). Cette répétition nous prouve l’importance de cette exhortation. Si la conduite du peuple de Dieu n’est pas réglée par la soumission à sa Parole, toute activité religieuse extérieure est sans valeur à ses yeux. Il ne pouvait agréer les offrandes que l’on apportait à son autel avec des mains souillées (v. 13), en marchant dans la révolte et l’endurcissement : «Il couvre aussi de violence son vêtement, dit l’Éternel des armées» (v. 16). Telle était l’inconséquence du peuple que Dieu avait choisi, mis à part, racheté et comblé de bénédictions. Tout en honorant l’Éternel des lèvres, son coeur était fort éloigné de lui. Des paroles de rebellion et des actes de violence manifestaient son état de ténèbres et d’impénitence. Le prophète doit lui dire : «Vous fatiguez l’Éternel par vos paroles». Puis, comme nous l’avons déjà remarqué en lisant ce douloureux plaidoyer, inconscient de sa culpabilité et de la gravité de sa conduite, le peuple répondait avec insouciance et étonnement : «En quoi l’avons-nous fatigué ?» (v. 17). Cet état de choses nous rappelle de façon frappante celui de l’Église responsable à la fin de son histoire et à la veille du moment où elle sera vomie de la bouche du Seigneur. Jude nous parle, dans son épître inspirée, de la rébellion qui caractérise maintenant la profession chrétienne sans vie, sur laquelle va fondre le jugement du grand jour. Le Seigneur vient avec puissance au milieu de ses saintes myriades et Il confondra l’apostasie de ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Tous les rebelles devront fermer la bouche devant la manifestation de sa gloire. Toutes «les paroles dures que les pécheurs impies ont proférées contre lui» (Jude 14, 15) recevront une juste rétribution et les méchants devront se taire «dans les ténèbres» (1 Sam. 2:9).

Dans son audacieuse incrédulité, le peuple qui entourait Malachie voulait contester avec Dieu au sujet des voies de son gouvernement. Semblables aux «murmurateurs» des derniers jours (Jude 16), ils prétendaient que les voies divines n’étaient pas bien réglées et que «quiconque fait le mal est bon aux yeux de l’Éternel», ajoutant cette question insolente : «Où est le Dieu de jugement ?» (Mal. 2:17). L’homme est le même dans toutes les phases de son histoire. Aujourd’hui encore, les moqueurs des derniers jours, marchant dans la moquerie, selon leurs propres convoitises, disent de même : «Où est la promesse de sa venue ?» (2 Pierre 3:3, 4). Les uns et les autres nient ainsi que Dieu doive juger le monde un jour et prétendent que le bien et le mal lui sont indifférents. Ils affirment que les justes et les méchants lui sont aussi agréables les uns que les autres, et même que ces derniers sont plus favorisés que les premiers. Telle était alors, comme aujourd’hui, la conséquence du rejet et du mépris de la Parole de Dieu.

Puissions-nous être gardés d’une telle impiété et croître «dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ» (2 Pier. 3:18), en attendant «la bienheureuse espérance et l’apparition de sa gloire» (Tite 2:13). Au lieu d’accuser Dieu d’injustice et de partialité dans ses voies, soyons comme les fidèles du temps de Malachie qui le craignaient, qui s’entretenaient ensemble de leur commune foi et attendaient l’accomplissement de leur espérance (Mal. 3:16, 17).

 

5                    Chapitre 3:1-7 — Revenez à Moi et Je reviendrai à vous

 

ME 1926 p. 111, 151

Dans son audacieuse incrédulité, le peuple avait dit : «Où est le Dieu de jugement ?» (Mal. 2:17). C’est un état de choses absolument semblable qui caractérise aujourd’hui la chrétienté déchue qui a rejeté Dieu et sa Parole et se moque de l’espérance du retour du Seigneur. La portion que nous avons sous les yeux répond à tout ce flot de paroles impies, en annonçant la venue prochaine du Messie promis, ainsi que le jugement qu’Il exécutera sur l’apostasie de sa maison. «Voici, j’envoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi» (Mal. 3:1). La venue du messager, puis celle du Seigneur lui-même, avec toutes les conséquences qui doivent en résulter pour l’accomplissement des promesses et le jugement du mal sur la terre, sont présentées ensemble comme formant un seul tout. Comme il arrive souvent, dans les écrits prophétiques de l’Ancien Testament, la première et la seconde venue du Seigneur sont vues ici comme ne formant qu’un seul et même événement, sans que la parenthèse qui les sépare soit aucunement mentionnée. De même, en Zacharie, la fille de Sion est invitée à se réjouir de la venue de son Roi : «Voici ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne... et je retrancherai d’Éphraïm le char et de Jérusalem le cheval... Et il annoncera la paix aux nations» (Zach. 9:9, 10). La première partie de cette prophétie fut accomplie lorsque, à sa première venue en grâce ici-bas, le Seigneur entra à Jérusalem monté «sur un ânon, le petit d’une ânesse» (Matt. 21:1-11). Par contre, la délivrance de son peuple et de la création tout entière, annoncée par le prophète dans le verset suivant, n’a pas encore eu lieu. Un intervalle de près de deux mille ans sépare donc ces deux passages qui ne forment qu’un seul tout dans la vision du prophète. Durant cette parenthèse, Dieu accomplit le glorieux conseil qu’Il a formé concernant l’Assemblée qu’Il prépare pour aller à la rencontre de son céleste Époux. Plus tard, le Roi longtemps rejeté «annoncera la paix aux nations et dominera d’une mer à l’autre» (Zach. 9:10).

Le prophète Ésaïe nous présente aussi dans un seul passage, et comme formant un seul tout, la venue en grâce de Celui qui a été envoyé ici-bas «pour proclamer l’année de la faveur de l’Éternel» et son apparition en gloire pour introduire «le jour de la vengeance de notre Dieu» (És. 61:1-3). Aussi, lorsque le Seigneur Jésus lut dans la synagogue à Nazareth les paroles qui s’accomplissaient aux oreilles de son peuple, Il ferma le livre, après qu’Il eut annoncé «l’an agréable du Seigneur» (Luc 4:18-20). Le «jour de la vengeance» n’aura sa réalisation qu’à sa seconde venue, séparée de la première par toute la période actuelle de la grâce qui a déjà duré 20 siècles.

Le messager qui devait préparer le chemin du Seigneur fut suscité dans la personne de Jean le Baptiseur, lorsqu’allait paraître en grâce, le Messie promis (Luc 1:76, Marc 1:2). Un autre précurseur, appelé «Élie le prophète» (Mal. 4:5), parce que son ministère en aura les caractères et la puissance, précédera sa manifestation en gloire et préparera le peuple à recevoir Celui qui va paraître dans sa majesté redoutable. Les deux témoins qui se tiennent devant le Seigneur de la terre (Apoc. 11:3-13) agiront comme Élie et, au jour de l’apostasie de la nation juive, accompliront des miracles semblables «à ceux qui accompagnèrent son ministère au temps de l’idolâtrie d’Israël. Si, à sa venue en grâce, le Seigneur avait été reçu par son peuple, Jean eût été cet Élie qui doit venir selon la parole prophétique (Matt. 11:14), mais comme Il en a été rejeté, la gloire du royaume est renvoyée à plus tard et, au temps fixé par Dieu, le Seigneur suscitera le serviteur qui ira devant sa face pour préparer, comme Élie, le peuple à le recevoir «avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel» (Mal. 4:5).

Combien la gloire divine du Messie annoncé par le prophète brille avec éclat dans le passage que nous méditons :

1° Celui qui vient, c’est l’Éternel lui-même qui parle à nos âmes par sa Parole inspirée et peut dire à son peuple : «Voici, j’envoie mon messager et il préparera le chemin devant moi» (Mal. 3:1). Il est le grand «Je suis», le Dieu qui vit éternellement, qui a voulu se révéler à ses créatures coupables et qui est venu ici-bas dans l’abaissement de son humanité pour apporter le salut : «Tu appelleras son nom Jésus (Jéhovah Sauveur), car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés» (Matt. 1:21). Le prophète Zacharie nous présente aussi la gloire de sa personne manifestée dans l’humiliation suprême de la croix : «Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé» (Zach. 12:10). Qui est Celui qui fut l’objet des outrages de l’homme révolté contre Dieu, et qui, sur le bois maudit, «subit tous les tourments et l’ignominie» ? C’est le Dieu glorieux qui nous révèle ses pensées par sa Parole et qui, par sa réprimande, «dessèche la mer et fait des rivières un désert», Celui qui revêt «les cieux de noirceur et leur donne un sac pour couverture» (És. 50:2, 3). Nous le trouvons ensuite dans le chemin de l’humiliation, de la souffrance et de l’obéissance : «Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants... Il me réveille chaque matin... J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient... je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats» (És. 50:4-6).

2° «Le Seigneur que vous cherchez» (Mal. 3:1). Il est donc Celui dont l’autorité est absolue et s’exercera sur tout le vaste domaine de la création, car Dieu a mis «toutes choses sous ses pieds» (Ps. 8:6). Toute autorité lui a été donnée dans le ciel et sur la terre (Matt. 28:18), et Il fait valoir cette autorité maintenant pour donner la vie éternelle à tous ceux que le Père lui a donnés (Jean 17:2). Plus tard, cette autorité sera exercée en jugement contre ses ennemis et, dans son jour de gloire, tout genou se ploiera devant lui et toute langue confessera «que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:10, 11). David, par l’Esprit, l’appelle Seigneur, en disant : «L’Éternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds» (Ps. 110:1). Dans ses derniers entretiens avec les chefs rebelles qui le rejetaient, le Seigneur leur cite ce passage qui annonçait sa prochaine exaltation à la droite de Dieu, à la suite de sa mort et de sa victoire, puis Il ajoute : «Si donc David l’appelle seigneur, comment est-il son fils ?» (Matt. 22:42-45). Tout en étant le Fils de David, Il est aussi son Seigneur. Mystère profond que la foi reçoit avec adoration, en s’inclinant devant cette glorieuse Personne qui, malgré son abaissement volontaire, possède tous les titres et aura tous les hommages qui lui sont dus au jour où Dieu revendiquera ses droits.

3° «L’Ange de l’alliance en qui vous prenez plaisir» ; Dieu avait annoncé sa venue dès le commencement : «Voici, j’envoie un ange devant toi... Écoute sa voix ; ne l’irrite pas ; car il ne pardonnera point votre transgression, car mon nom est en lui» (Ex. 23:20-22). Le Nom exprime ce qu’est la personne ; les gloires divines appartenaient à ce représentant de l’Éternel, si souvent annoncé dans l’Ancien Testament (Gen. 22:16 ; Nomb. 20:16 ; Jug. 13 ; És. 63:9 ; Zach. 3:1), et qui n’est autre que le Fils éternel, avant sa venue en chair ici-bas. Toutes les perfections, tous les attributs divins exprimés par le Nom de l’Éternel ont été manifestés dans son humanité et seront glorieusement revendiqués dans le jour où Il paraîtra dans sa majesté et sa puissance. Le prophète fait allusion aux paroles impies qu’avaient proférées ses auditeurs impénitents, déclarant implicitement qu’ils ne craignaient pas d’être amenés en la présence du Dieu de jugement (Mal. 2:17) : «Le Seigneur que vous cherchez et l’Ange de l’alliance en qui vous prenez plaisir» dit il, va paraître soudain dans son temple, et vous aurez à lui rendre compte de vos voies. «Il vient, dit l’Éternel des armées» (Mal. 3:1). Celui qui annonce la venue prochaine du Roi est l’Éternel lui-même ; c’est lui qui allait descendre dans l’abaissement ici-bas pour souffrir et briser le pouvoir de l’usurpateur, afin d’établir son règne glorieux sur toute la création. Rejeté comme Messie d’Israël, toutes choses seront placées sous ses pieds comme Fils de l’homme exalté à la droite du trône de Dieu (Ps. 8:4-6).

«Mais qui supportera le jour de sa venue et qui subsistera lorsqu’il se manifestera ?» (Mal. 3:2). Sa manifestation en gloire sera soudaine et terrible : «Qui de nous séjournera dans le feu consumant ? Qui de nous séjournera dans les flammes éternelles ?» (És. 33:14). «Le tremblement» saisira les impies (id.) devant l’éclat de la gloire de Celui dont les «yeux sont comme une flamme de feu et ses pieds semblables à de l’airain brillant comme embrasés dans une fournaise, et sa voix comme une voix de grandes eaux» (Apoc. 1:14-15). Il apparaîtra soudainement dans les nuées du ciel avec puissance «et tout oeil le verra, et ceux qui l’ont percé, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui. Oui, amen» (Apoc. 1:7).

Malachie envisage cet événement solennel en rapport avec l’état du peuple auquel s’adressait son message : «Le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple» (Mal. 3:1). Dans quel état trouvera-t-il cette maison confiée à la responsabilité de ses serviteurs et où doivent régner l’ordre, le respect de sa Parole, la soumission à l’autorité du Maître, l’amour et la sainteté ? Appliquons-nous à nous-mêmes ces questions pénétrantes. Nous savons qu’à la suite du rejet temporaire d’Israël, l’Église est devenue ici-bas la maison de Dieu, le temple du saint Esprit (1 Cor. 3:16, 17). Cette demeure confiée à la responsabilité des serviteurs du Seigneur absent s’est corrompue entre leurs mains. Le méchant esclave dit : «Mon maître tarde à venir» mais soudain, «en un jour qu’il n’attend pas et à une heure qu’il ne sait pas», le Maître oublié et méconnu apparaîtra «avec puissance et une grande gloire», et Il jugera ce serviteur infidèle : «Il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites : là seront les pleurs et les grincements de dents» (Matt. 24:30, 48-51). Dieu laisse mûrir le mal lentement avant d’exercer le jugement, et le temps de sa patience, pendant lequel ses droits sont foulés aux pieds par ceux qui méconnaissent sa Parole, peut paraître long aux témoins fidèles dans l’épreuve ; mais, en un instant. Il changera la face des choses et manifestera sa gloire et sa puissance. Ce caractère de soudaineté dans l’accomplissement des voies de Dieu est très frappant et solennel et doit nous inciter à la vigilance : «Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure» (Matt. 25:13). C’est alors que «le mystère de Dieu sera terminé, comme il en a annoncé la bonne nouvelle à ses esclaves les prophètes» (Apoc. 10:7 ). Combien, à travers les siècles, a paru long et incompréhensible ce support de Dieu à l’égard du mal qui, en progressant sans cesse et en remplissant la terre de violence et de corruption, a causé tant de souffrances et fait verser tant de larmes aux témoins de la foi ! Toutefois le jugement inexorable qui doit terminer ce temps de la patience divine fut annoncé dès le commencement par l’Esprit Saint. Énoch, le premier prophète, dont la dernière épître du Nouveau Testament nous rapporte le message inspiré, déclare que le Seigneur vient «pour exécuter le jugement contre tous» (Jude 14, 15). Le mal ne prospérera pas toujours, comme ce fut le cas pendant si longtemps. Asaph avait «porté envie aux arrogants, en voyant la prospérité des méchants» (Ps. 73:3), mais Dieu lui apprit que leur fin sera une ruine éternelle, tandis que les justes qui sont sous sa sage discipline, entreront dans le repos ineffable de sa présence et seront reçus dans sa gloire. Si les voies de Dieu paraissent souvent mystérieuses aujourd’hui, elles sont cependant toujours l’expression de sa sagesse infinie : «Ta voie est dans le lieu saint» dit Asaph, quoique, pour le moment, il doive ajouter également : «Ta voie est dans la mer et tes sentiers dans les grandes eaux» (Ps. 77:13-19).

«Qui supportera le jour de sa venue, et qui subsistera lorsqu’il se manifestera ?» (Mal. 3:2). L’homme rebelle et impénitent ne pourra demeurer en présence de la manifestation de sa gloire. La révolte contre Dieu trouvera sa pleine expression à la fin dans l’iniquité de «l’homme de péché, le fils de perdition qui... s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu» et que «le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue» (2 Thess. 2:3-10). Cependant, dans cette heure terrible de jugement qui atteindra tous ceux qui «n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice», Dieu se souviendra de son alliance avec Abraham et des promesses inconditionnelles de grâce qu’Il lui a faites, ainsi qu’à sa semence. Il délivrera ainsi la création qui soupire sous l’esclavage de la vanité. C’est pourquoi le trône duquel procèdent des «éclairs, et des voix, et des tonnerres» apparaît à Jean entouré d’un «arc-en-ciel, à le voir semblable à une émeraude» (Apoc. 4:3). Ce dernier étant le symbole de son alliance avec la création, nous rappelle que, tout en exerçant les jugements que nécessite la purification de la terre, Dieu se souviendra d’user de miséricorde. La fin de toutes ses voies sera donc une bénédiction parfaite dont l’émeraude est la figure. L’arc-en-ciel nous parle de la bonté du Dieu Créateur et Conservateur de toutes choses qui a promis que «les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair» (Gen. 9:11-17).

Toutefois, pour amener à bonne fin ses pensées de grâce envers son peuple terrestre, le Seigneur apparaît ensuite à Malachie comme un Affineur qui fait passer le métal précieux par la fournaise, afin de le purifier de ses scories : «Il s’assiéra comme celui qui affine et purifie l’argent» (Mal. 3:3). Le travail d’amour dans lequel Il trouve ses délices doit s’accomplir par ce moyen douloureux, afin que les fils de Lévi lui apportent «une offrande en justice» (v. 3). Ce peuple qu’Il veut bénir doit traverser l’heure solennelle de la grande tribulation, «le temps de la détresse pour Jacob» (Jér. 30:7), dont il sera délivré par la manifestation de la gloire de son Messie longtemps rejeté. Il faut que cette nation coupable soit amenée à mener deuil sur lui «comme on se lamente sur un fils unique» ; l’amertume remplira les coeurs en pensant au mépris dont Il fut l’objet de la part de la fille de Sion quand Il vint à elle en grâce une première fois ici-bas : «Il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né» (Zach. 12:10).

Par contre, la masse apostate tombera sous l’épée du Vengeur du sang. Ayant persisté dans sa révolte et sa haine contre Christ, elle partagera le sort de l’Antichrist et sera frappée par l’épée qui sort de la bouche du puissant Roi des rois (Zach. 13:8, 9). «Alors il leur parlera dans sa colère, et, dans sa fureur, il les épouvantera» (Ps. 2:5). Jean le Baptiseur annonce ce double travail de grâce et de jugement du Messie dont il était le précurseur, en disant aux foules qui venaient à son baptême : «Il vous baptisera de l’Esprit Saint et de feu» (Matt. 4:11). Ceux qui reçurent le Seigneur par la foi à sa première venue furent baptisés du Saint Esprit le jour de la Pentecôte, de même que ceux qui furent amenés à la repentance et à la confession du nom du Seigneur ce jour-là, par le moyen de la prédication de Pierre. La masse du peuple ayant rejeté ce témoignage devra passer par le feu du jugement en son jour de gloire qui vient «brûlant comme un four» (Mal. 4:1). À travers cette fournaise, un résidu seul sera sauvé (És. 6:13 ; 7:3) (*). Remarquons que le passage cité plus haut : «Il vous baptisera de l’Esprit Saint et de feu» est souvent mal interprété, l’expression «baptême de feu» étant appliquée inexactement aux croyants et confondue avec celui du Saint Esprit, dont il faut le distinguer soigneusement. Il s’agit d’une alternative solennelle sous laquelle tous sont placés : ou bien la bénédiction ineffable du don du Saint Esprit, ou bien le feu du jugement pour les impies et les impénitents.

(*) Le nom Shear-Jashub d’Ésaïe 7:3 signifie «un résidu reviendra».

 

L’oeuvre de purification morale accomplie dans les coeurs à la fin sera fondée sur l’oeuvre de la croix, car ceux qui se repentiront en menant deuil sur leur Messie longtemps méprisé se souviendront de ses souffrances et «regarderont vers celui qu’ils ont percé» (Jean 19:37 ; Zach. 12:10 ). Ils n’ont eu aucune estime pour lui et l’ont accablé d’outrages, mais ils comprendront alors que c’est pour leurs transgressions qu’«Il a été blessé», pour leurs iniquités, qu’il a été meurtri» (És. 53:5). Quelle paix remplira leurs coeurs après cette heure d’angoisse inexprimable, lorsqu’ils croiront en son amour et comprendront que ce fut pour leur délivrance qu’Il fut «battu, frappé de Dieu et affligé» (És. 53:4) ! Les droits de la justice divine étant satisfaits, Il fut «ôté de l’angoisse et du jugement» et pourra partager le butin pris à l’ennemi avec ceux qu’Il amènera dans sa gloire. C’est alors que, dans les cieux et sur la terre, il y aura une même voix pour donner gloire à l’Agneau et dire : «À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction, et l’honneur, et la gloire et la force aux siècles des siècles !» (Apoc. 5:13).

Les fils de Lévi avaient corrompu la sacrificature et oublié les droits de l’Éternel ; ils avaient «fait broncher beaucoup de gens à l’égard de la loi» et «corrompu l’alliance de Lévi» (Mal. 2:8). Toutefois la grâce souveraine et toute-puissante de Dieu opérera dans ces coeurs si longtemps rebelles. Sur le terrain de la foi et de l’obéissance au Seigneur, ils seront amenés à réaliser la pensée de Dieu quant à la sacrificature, en lui présentant des offrandes pures, fruit de son oeuvre de grâce dans les coeurs des siens. L’Affineur s’assied devant son feu, attendant patiemment que l’épreuve douloureuse à laquelle Il soumet ceux qu’Il aime ait produit ces fruits de vie, de sainteté et de justice (Héb. 12:9, 10, 11) qui sont à sa gloire. Il appelle le vent du nord dans son jardin afin que ses aromates s’exhalent (Cant. 4:16). C’est un principe immuable de ses voies de sage discipline, envers les siens dans tous les temps : «Il ouvre leurs oreilles à la discipline et leur dit de revenir de l’iniquité» (Job 36:10). C’était la leçon que Job devait apprendre afin que, n’ayant plus aucune confiance en lui-même, il s’appuyât uniquement sur les ressources de la grâce divine, comme le fera Israël à la fin de son histoire de rebellion et de châtiment : «Je guérirai leur abandon de moi, je les aimerai librement, car ma colère s’est détournée d’eux» dit l’Éternel (Osée 14:4). Alors, l’offrande qu’apporteront les fils de Lévi sera agréable à leur Dieu, «comme aux jours anciens et comme aux années d’autrefois» (Mal. 3:4), parce qu’elle sera le fruit de l’opération de sa grâce et de son Esprit. Tel avait été le cas de Phinées rappelé par le prophète à la sacrificature dégénérée qui l’entourait (Mal. 2:5, 6). Il importe aussi que, dans ces temps de la fin, nous considérions le début de l’histoire de l’Église et que nous revenions, par la repentance et le jugement de nos voies, à ce premier amour que nous avons perdu. Si nos coeurs s’attachent à la Parole qui nous révèle la Personne de notre Seigneur, dans toute son excellence infinie, nous retrouverons la fraîcheur et la joie de sa communion, ainsi que l’attente bénie de son retour.

Pour que les offrandes de la famille sacerdotale fussent agréables à Dieu, il fallait que celle-ci eût été purifiée selon les exigences du sanctuaire. Il en est de même pour nous, et cette purification a eu lieu pour les croyants par la mort et la résurrection de Christ. L’épître aux Hébreux nous présente le peuple de Dieu dans son caractère sacerdotal, rendu propre pour la présence divine par l’oeuvre de la croix. Ayant «nos coeurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’eau pure» (Hébr. 10:22), nous sommes invités à nous approcher de Dieu à travers le voile déchiré pour lui offrir nos louanges. La sacrificature terrestre sera aussi mise à part pour Dieu à la fin, sur le terrain de la rédemption et pourra offrir des sacrifices qui lui seront agréables. Israël restauré et béni dira : «Pardonne toute iniquité et accepte ce qui est bon, et nous te rendrons les sacrifices de nos lèvres» (Os. 14:2). Dieu répondra en grâce et «le regardera» (id. 8). Après avoir fait passer l’or au creuset, le divin Affineur trouvera de la joie dans le fruit du travail de son Esprit chez les siens. Juda et Jérusalem seront ainsi purifiés de toute leur impureté et, comme dans le précieux métal débarrassé de ses scories, le Roi verra son image reflétée chez son peuple si longtemps rebelle et contredisant.

Par contre, un jugement terrible atteindra les méchants qui, dans le jour de la longue patience de Dieu, méprisent tous ses appels : «Parce que la sentence contre les mauvaises oeuvres ne s’exécute pas immédiatement, à cause de cela le coeur des fils des hommes est au dedans d’eux plein d’envie de faire le mal» (Ecclés. 8:11). C’est ainsi qu’aujourd’hui, jour de patience et d’appel, les hommes donnent libre carrière à toutes leurs passions, oubliant que la colère de Dieu est réveillée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité, tout en vivant dans l’iniquité» (Rom. 1:18). Le jugement du mal, au jour de la colère qui s’approche, manifestera la justice du Dieu saint et sa réprobation de tout ce qui est contraire aux exigences de sa gloire. «Les magiciens, les adultères, ceux qui jurent faussement, ceux qui oppriment le mercenaire, la veuve et l’orphelin et font fléchir le droit de l’étranger» (Mal. 3:5) peuvent se croire à l’abri du jugement, parce que la sentence prononcée par la Parole de vérité ne s’exécute pas immédiatement, mais qu’ils sachent que le Dieu de lumière et de sainteté est témoin de leurs actes d’iniquité et de violence et qu’Il exercera une prompte vengeance contre eux dans le jour on Il se lèvera pour secouer la terre et les cieux (Aggée 2:6 ; Héb. 12:6).

Les opprimés sont les objets des compassions divines : ceux qui profitent de la faiblesse de la veuve, de l’orphelin et de l’étranger, pour agir injustement et avec oppression à leur égard, auront à faire avec le Dieu des vengeances. Il peut sembler aujourd’hui que Dieu est indifférent à tous les crimes qui se commettent sur la terre, mais le jour de la rétribution va se lever sur elle : «Car voici l’Éternel sort de son lieu pour visiter l’iniquité des habitants de la terre sur eux, et la terre révélera son sang et ne cachera plus ses tués» (És. 26:21).

L’absence de crainte de Dieu (Mal. 3:5) était la grande cause de l’abaissement moral du peuple au temps de Malachie, comme elle l’est encore aujourd’hui dans la profession chrétienne corrompue qui s’en va rapidement à la rencontre du jugement. Toutefois Dieu n’abandonnait pas ses pensées de grâce et de bénédiction à l’égard de ce peuple qu’Il avait choisi et qui est toujours bien-aimé à cause des pères : «Car moi, l’Éternel, je ne change pas, et vous fils de Jacob, vous n’êtes pas consumés» (Mal. 3:6). Le caractère, les pensées et les promesses de Celui qui s’est révélé à son peuple comme le grand «Je suis» sont immuables comme lui-même. C’est pourquoi malgré toutes les infidélités d’Israël et tous les maux qu’il a attirés sur lui-même par sa rébellion contre Dieu, il n’est pas consumé. Les «fils de Jacob», semblables à leur père dans sa pénible histoire d’insoumission et de châtiment, sont, comme lui, les objets d’une grâce immuable qui atteindra le but qu’elle se propose à leur égard et les amènera à une pleine bénédiction sous le sceptre de leur Messie glorieux qui fera d’eux «un peuple de franche volonté» au jour de sa puissance (Ps. 110:3). Si le jugement a atteint cette nation rebelle à cause de ses voies tortueuses, la grâce souveraine de Celui qui «ne change pas» l’a conservée pour la délivrance finale qui sera atteinte par le Résidu, à travers la fournaise de l’affliction (Zach. 13:9).

Le v. 7 de notre chapitre donne le triste sommaire de l’histoire d’Israël dès les jours de ses pères, histoire d’infidélité, de misère et de ruine morales. Dès le commencement, ils s’étaient détournés des statuts de l’Éternel et ne les avaient «pas gardés». Malgré tout, Celui qui avait formé ce peuple pour sa louange ne s’était pas lassé dans l’exercice de sa patience et de sa longue attente. Il lui avait envoyé ses messagers, «se levant de bonne heure et les envoyant, car il avait compassion de son peuple et de sa demeure» (2 Chron. 36:15). Le dernier de ces messagers, dont les paroles inspirées terminent les Écritures de l’Ancien Testament, lui adresse ces paroles touchantes : «Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées» (v. 7). Dieu est toujours prêt à bénir l’homme lorsque celui-ci revient de son égarement dans un esprit de repentance et de jugement de soi-même. C’est le cas encore aujourd’hui et, lorsque la grâce opère dans un coeur cette «repentance à salut dont on n’a pas de regret», l’âme amenée dans la lumière découvre les trésors des bénédictions divines que cette grâce a préparés pour elle. Mais, comme dans le passé, le peuple au temps de Malachie roidissait son cou et endurcissait son coeur «pour ne pas retourner à l’Éternel, le Dieu d’Israël» (2 Chron. 36:13). Comme Israël, la chrétienté a rejeté le Dieu vivant et couru après un autre ; aussi ses misères seront-elles «multipliées» (Ps. 16:4). Au temps de sa détresse, elle ne trouvera aucun secours : «Ils crieront vers moi et je ne répondrai pas ; ils me chercheront de bonne heure, mais ils ne me trouveront point» (Prov. 1:24-33).

Puissions-nous prendre à coeur ces leçons de la Parole, nous que «les fins des siècles ont atteints» et marcher humblement dans le chemin de l’obéissance, en «attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ» (Tite 2:11-13).

 

 

6                    Chapitre 3:8-15 — Vous me frustrez

 

ME 1920 p. 428

 

Le prophète s’adresse à la conscience du peuple rebelle, en plaçant devant lui le jugement de l’Éternel sur son triste état moral. Dans tous les temps, la Parole de Dieu possède les mêmes caractères, la même autorité, la même puissance efficace, pour convaincre l’homme de son état de péché et le mettre en présence de Celui envers lequel il est responsable de ses voies. La question que le messager de l’Éternel adresse au peuple est solennelle et pénétrante : «Un homme frustrera-t-il Dieu ?» Il y a bien des manières dont l’homme peut frustrer Dieu, c’est-à-dire lui refuser la gloire qui lui revient et l’obéissance qui lui est due. Tout péché a ce caractère et la gravité qu’il revêt est d’autant plus grande que les privilèges et les lumières que Dieu accorde à l’homme sont plus étendus. À cet égard, l’Église est plus coupable qu’Israël, car ses bénédictions sont d’un ordre beaucoup plus élevé. Aussi, envisagée comme corps responsable, la profession chrétienne corrompue finira par un jugement inexorable qui fondra sur Babylone apostate (Apoc. 18), tandis que la miséricorde de Dieu s’exercera à la fin envers Israël (Rom. 11).

Nous avons à veiller à ce que les droits du Seigneur sur nous soient reconnus dans notre marche individuelle et collective, dans notre témoignage, dans nos maisons, dans notre service, dans nos rassemblements. Si, par exemple, la Parole est négligée dans nos familles, ne frustrons-nous pas le Seigneur de la place qu’Il doit avoir à notre foyer ?

Un trait affligeant de l’état moral du peuple remonté de la captivité ressort du livre de Malachie, c’est son endurcissement manifesté dans les réponses empreintes d’orgueil, de rébellion et d’incrédulité qu’il donne aux questions du prophète. Il refuse la répréhension, en disant à Dieu : «En quoi te frustrons-nous ?» Comme toujours, il s’étonne qu’un tel reproche puisse lui être adressé et sa question prouve son aveuglement amené «par la séduction du péché» (Héb. 4:13). Dieu réplique, en précisant un point important de la conduite désobéissante de son peuple : «Dans les dîmes et les offrandes élevées» (v. 8). La loi était formelle quant à ce qui était dû à l’Éternel des biens qu’il donnait à Israël ; mais le mépris de la Parole qui le caractérisait l’entraînait à la désobéissance à cet égard, comme relativement à tout ce que Dieu lui avait prescrit. Leur coeur égoïste s’étant détourné de Lui, ils refusaient tout sacrifice fait pour Lui.

N’y a-t-il pas dans tout cela un sujet d’humiliation pour nous ? L’offrande de nos biens matériels, dans lesquels «Dieu prend plaisir» (Héb. 13:16), est-elle réalisée parmi nous selon les droits qu’Il a sur nous ?

La conséquence de l’infidélité du peuple, relativement «aux dîmes et aux offrandes élevées» était qu’au lieu d’être comblé de la bénédiction de l’Éternel qui l’eût accompagné dans le chemin de l’obéissance, il était «chargé de malédiction» (v. 9). Selon la justice de son gouvernement, Dieu rendait à son peuple le fruit de ses voies. Nous trouvons le même principe dans le livre d’Aggée (Agg. 1:6). Si nous abandonnons les intérêts du Seigneur pour nous bâtir des maisons lambrissées, nous serons dans la langueur et la pauvreté spirituelles, au lieu d’être abondamment bénis, comme Dieu aimerait que ce fût le cas pour nous. Les bénédictions temporelles étaient retirées au peuple terrestre, comme le sont les bénédictions spirituelles à l’Église, à cause de sa mondanité et de son oubli des droits du Seigneur. «La nation tout entière» (v. 10) était tombée dans la même ruine ; ainsi, aujourd’hui, la déchéance de l’Église est générale. Toutefois, comme alors, le Seigneur fait appel à la conscience de chacun des siens et leur promet la bénédiction dans le chemin de la repentance et de l’obéissance à la Parole. Quel Dieu que le nôtre, toujours prêt à bénir, au moindre signe de retour de l’homme à Lui ! Les fruits de la repentance sont les oeuvres de la justice et de l’obéissance à la Parole, comme le disait Jean Baptiste quatre siècles plus tard : «Produisez donc du fruit qui convienne à la repentance» (Matth. 3:7).

Si le peuple humilié et contrit, à l’ouïe des reproches du prophète apportait de nouveau les dîmes à l’Éternel, il prouverait par là que la Parole avait retrouvé son autorité sur sa conscience, et il en résulterait une bénédiction infinie pour lui. Dieu ne nous dit pas seulement : «Priez et vous serez exaucés» mais : «Jugez vos voies, retournez à ma Parole, obéissez-lui et vous verrez si je suis fidèle à mes promesses pour vous bénir». «Apportez toutes les dîmes... et éprouvez-moi par ce moyen... si je ne vous ouvre pas les écluses des cieux, et ne verse pas sur vous la bénédiction» (v. 10). De même, Aggée disait au peuple : «Montez à la montagne et apportez du bois, et bâtissez la maison ; et j’y prendrai plaisir et je serai glorifié» (Agg. 1:8). Lorsque l’appel du prophète eut été entendu, il put dire de la part de l’Éternel, au résidu fidèle, cette parole consolante : «Dès ce jour-ci, je bénirai» (2:19). C’est là un principe d’une application très étendue : «Cessez de mal faire, apprenez à bien faire» (És. 1:16). Lorsque Dieu trace un chemin aux siens, ils doivent obéir et alors la bénédiction est répandue sur eux.

Les dîmes devaient servir à l’entretien des sacrificateurs et des Lévites qui s’employaient au service de la maison de Dieu. Le peuple devait les apporter fidèlement, «afin qu’il y eût de la nourriture» dans sa maison (v. 10). Dieu attache une grande importance au sacrifice de nos biens matériels qui correspond à celui qu’il demandait à son peuple d’autrefois. La grâce ne doit-elle pas nous enseigner à faire au moins autant que ce que la loi exigeait d’Israël ? Loin de nous appauvrir, ces sacrifices ouvrent sur nous les écluses des cieux, «jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de place» pour recueillir la bénédiction déversée sur nous. Mais, hélas ! aujourd’hui, comme au temps de Malachie, l’égoïsme envahit le peuple de Dieu et la bénédiction est souvent retenue par notre faute : «Celui qui sème chichement, moissonnera aussi chichement, et celui qui sème libéralement, moissonnera aussi libéralement» (2 Cor. 9:6).

L’infidélité du peuple avait amené sur lui des châtiments multipliés de la part de Dieu. Le fruit du sol avait été détruit et la vigne était stérile (v. 11). S’il écoutait la répréhension, Dieu retirerait sa main et «celui qui dévore» (tous les instruments qu’il employait pour punir son peuple) serait arrêté. Tous les fléaux que Dieu envoie sur la terre ont pour but de réveiller les hommes, de parler à leurs consciences et de les amener à considérer sérieusement leurs voies devant Lui (Agg. 1:5). Les visitations solennelles de sa main qui se sont déroulées ces dernières années ne disent-elles pas à tous d’une façon pressante : «Prépare-toi à rencontrer ton Dieu» (Amos 4:12). Guerres, épidémies, bouleversements dans la société, tout ce cortège de maux inouïs ne nous appelle-t-il pas à rentrer en nous-mêmes et à nous humilier sous sa puissante main, en jugeant nos voies devant Lui ? Si l’épreuve produit, soit chez le peuple de Dieu, soit dans le monde, les fruits pour lesquels elle a été dispensée, Dieu est glorifié et il peut arrêter sa main, sinon elle s’appesantira plus lourdement encore. N’est-ce pas là la clef des douleurs et des humiliations qui abondent dans l’Église aujourd’hui ?

Il est évident que le but des dispensations du Seigneur envers les inconvertis n’est pas le même que celui qu’il poursuit à l’égard des siens. Toutes ses voies envers les premiers ont pour objet de les amener à la repentance et à la connaissance du salut pendant que dure le jour de sa patience : «La bonté de Dieu te pousse à la repentance» (Rom. 2:4). Il en fut ainsi du peuple terrestre, jusqu’à ce que le rejet de son Messie, venu en grâce, et le refus qu’il fit du témoignage du Saint Esprit, consommé par le meurtre d’Étienne, eurent amené le mal à son comble et provoqué le jugement de Dieu. Le roi qui avait fait des noces pour son Fils, irrité du mépris de sa grâce et de la violence faite à ses messagers, «ayant envoyé ses troupes, fit périr ces meurtriers-là et brûla leur ville» (Matt. 22:7).

Le jugement qui atteindra les nations auxquelles l’Évangile a été présenté depuis tant de siècles sera tout aussi inexorable. À tout pécheur rebelle, Dieu dit : «Selon ta dureté et selon ton coeur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu» (Rom. 2:5).

Quant au peuple de Dieu, la bénédiction qu’il voulait répandre sur lui en réponse à son humiliation devait prouver à tous les peuples la fidélité de l’Éternel» (v. 12). Tous les hommes devaient apprendre ainsi qu’il était doux et béni d’être placé dans cette relation intime avec Lui et sous son gouvernement direct. Moïse avait déjà énuméré tous les bienfaits dont Israël serait l’objet de sa part, s’il demeurait dans le chemin de l’obéissance (Lév. 26:3-13 , Deut. 28:1-14). Si ces promesses avaient pu se réaliser, toute la terre eût appris que Canaan était «un pays de délices» et eût proclamé «bienheureux» ses habitants (Mal. 3:12). Mais ce fut le contraire qui arriva et, par suite de la rebellion de ce peuple, toutes les malédictions annoncées par l’Éternel fondirent sur lui (Lév. 26:14-39 ; Deut. 28:15-68).

Si les croyants sont fidèles, leur témoignage glorifie le Seigneur et attire les âmes dans le lieu de sa présence, où la bénédiction est dispensée. C’était le cas de l’assemblée de Thessalonique. Dans toute la Grèce, on parlait du merveilleux changement que la grâce avait opéré chez ces païens. Il en sera ainsi d’Israël restauré et béni sous le sceptre de son Messie (Zach. 8:23 ; És. 11:2, 3). L’Assemblée devrait être un centre d’attraction pour les âmes. Il en serait ainsi si nous étions plus fidèles ; la présence du Seigneur serait goûtée avec tant de puissance que ceux qui assisteraient au rassemblement des saints seraient amenés à s’écrier : «Dieu est véritablement au milieu de vous» (1 Cor. 15:24, 25).

Le message de Malachie ne rencontrait que mépris de la part du peuple. Il adressa à ce dernier un nouveau plaidoyer de la part de l’Éternel ; nous arrivons ainsi à l’appel final qu’il lui envoie, et qui montre une fois de plus son insensibilité morale : «Vos paroles ont été fortes contre moi» (v. 13). Ils parlaient ouvertement contre Dieu, blasphémant son nom, reniant ses caractères et l’accusant d’injustice et de partialité envers les méchants. Cela nous rappelle «les paroles dures» que «les pécheurs impies» profèrent contre lui aujourd’hui encore (Jude 15), et pour lesquelles le Seigneur les jugera en son jour. Le comble de l’audace de l’homme rebelle est d’accuser Dieu d’injustice et d’iniquité. À cela s’ajoutait chez ceux auxquels s’adressait le message du prophète cet endurcissement complet qui leur faisait demander : «Qu’avons-nous dit contre toi ?» Dieu leur rappelle leurs paroles méchantes qui étaient montées jusqu’à Lui. Ils avaient mis leur confiance dans de vaines cérémonies et une religion de formes et trouvaient étrange qu’il n’y prît point plaisir. Mais il regarde au coeur et ne peut agréer le travail de l’homme déchu qui méconnaît son état de ruine et de perdition. Tel était «le chemin de Caïn», dans lequel marchaient ces Juifs orgueilleux, comme le font encore tous les professants sans vie qui rejettent la grâce de Dieu aujourd’hui. Ne connaissant ni son amour, ni sa sainteté, ils sont étonnés qu’il n’accepte pas l’offrande de leurs mains souillées (v. 14). Leur mépris de Dieu et de sa Parole les conduisait à la révolte et au blasphème. Il en est de même de la chrétienté à la fin de son histoire. Ces méchants en venaient à accuser Dieu ouvertement de favoriser les impies.

Pour un moment, le pieux Asaph s’était laissé entraîner à penser que le sort des iniques était meilleur que le sien. Toutefois, lorsqu’il entra «dans les sanctuaires de Dieu», il comprit «leur fin» (Ps. 73:17). Il vit combien est amer le chemin des orgueilleux qui aboutit à une ruine éternelle, tandis qu’il était lui-même l’objet de la discipline salutaire et des tendres soins de Dieu, même lorsque sa main le frappait. Le peuple incrédule refusait de se laisser enseigner comme Asaph et prétendait que ceux qui tentaient Dieu, au lieu de provoquer sa colère, étaient délivrés par Lui (v. 15), ce qui prouverait que le méchant lui est plus agréable que le juste. Tenter Dieu, c’est se rebeller contre lui, comme le fit Israël dans le désert et tout le long de son histoire (Héb. 3:8, 9 ; Act. 7). C’est ce dont se rendaient coupables ceux qui murmuraient contre Lui.

Puissions-nous marcher dans la crainte du Seigneur, nous attachant à sa Parole et à l’espérance de son prochain retour.

 

7                    Chapitre 3:16-18 — Ceux qui craignent l’Éternel

ME 1921 p. 113-119

 

Le tableau que nous présentent ces versets forme un grand et précieux contraste avec celui que nous trouvons dans le reste de ce livre qui nous donne la triste description de l’état de ruine morale du peuple remonté de la captivité de Babylone, moins de cinquante ans après le ministère de Néhémie. Il est encourageant de constater que Dieu ne se laisse jamais sans témoignage : dans les jours les plus sombres, il suscite des hommes fidèles qui s’attachent à sa Parole et à ses promesses et refusent de participer à la mondanité qui les entoure. C’est là ce que nous montre la portion de ce livre rappelée en tête de ces lignes : «Alors ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre» (v. 16). Le mot alors est important : en même temps que se manifeste l’apostasie du corps professant, Dieu se réserve un petit résidu dont la piété brille d’un éclat d’autant plus vif que le tableau de l’iniquité grandissante est plus sombre. Il en est de même à la fin de l’histoire de l’Église. La lettre à l’assemblée de Philadelphie (Apoc. 3:7-12) nous donne le tableau prophétique d’une oeuvre bénie de l’Esprit de Dieu, par laquelle, un peu avant le terme du temps de la patience de Dieu, des vérités précieuses longtemps oubliées ont été rappelées aux saints : un grand nombre de ceux-ci ont été ramenés sur le terrain de l’obéissance aux Écritures et, malgré leur grande faiblesse, ils jouissent de l’approbation de Celui qui est le Saint et le Véritable, parce qu’ils gardent sa Parole et ne renient pas son Nom. Puissions-nous faire partie de ce résidu fidèle, en attendant la venue du Seigneur !

Le résidu pieux de Malachie revêt trois caractères bien dignes de notre attention :

1. Ils craignaient l’Éternel (v. 16). Cette crainte filiale qui découlait de la connaissance qu’avaient acquise ces âmes fidèles de ses droits, de son caractère, de son amour, de sa sainteté, ainsi que de la relation dans laquelle son peuple se trouvait avec lui, se manifestait par l’obéissance à sa Parole. C’est aussi ce qui est requis de nous et ce que le Seigneur reconnaît en Philadelphie, à laquelle Il peut dire : «Tu as gardé ma Parole» (Apoc. 3:8). Ces témoins de la fin, comme ceux du temps de Malachie, s’attachent aux Écritures divinement inspirées, comme à leur guide unique au milieu des ténèbres et de la ruine ; ils y trouvent leur nourriture, leur consolation et leur appui. Elles leur enseignent à craindre et à servir Celui dont ils reconnaissent l’autorité et la gloire, méconnues par une profession sans vie, mûre pour l’apostasie.

2. «Ils pensaient au nom de l’Éternel» (v. 16). Ce nom exprime tout ce qu’il est, ses perfections, ses gloires, sa sainteté, son amour. C’est à tout l’ensemble de ses perfections que ces fidèles rendaient témoignage, en déclarant hautement quels étaient les caractères du Maître qu’ils servaient, au milieu de ceux qui le méprisaient. C’est aussi ce que le Seigneur reconnaît chez ses saints de Philadelphie qui ne renient pas son Nom (Apoc. 3:8). Toute leur marche est formée par la révélation des gloires de sa Personne et en porte l’empreinte. Il est «le Saint et le Véritable», Dieu manifesté en chair : les siens reconnaissent et proclament ce qu’Il est, et refusent toute atteinte portée à ses droits et à la vérité de sa Personne et de son oeuvre. «Tu appelleras son nom Jésus (Jéhovah, Sauveur), car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés» (Matth. 1:21). Ses gloires divines et humaines sont renfermées dans ce Nom béni : Il est Dieu et Homme, et l’excellence de son oeuvre découle de la gloire éternelle de son Être, aussi bien que de la perfection de son humanité.

3. Ils «ont parlé l’un à l’autre» (v. 16). Ils étaient attirés les uns vers les autres dans une sainte communion fraternelle, parce qu’ils avaient le même Objet béni, la même Personne glorieuse devant les yeux, comme aussi les mêmes espérances, le même but, et enfin les mêmes souffrances et les mêmes difficultés. Ils s’encourageaient mutuellement à marcher dans le sentier de l’obéissance en dépit de tous les obstacles que l’ennemi leur suscitait, et s’entraidaient par la manifestation pratique de l’amour fraternel. C’est aussi ce que réalisent les saints de Philadelphie. Le nom de cette assemblée signifie : amour fraternel. Ne pouvons-nous pas dire que ces deux mots résument le caractère pratique du témoignage de Philadelphie découlant de sa communion avec Celui qui est le Saint et le Véritable ?

Le commencement de l’évangile de Luc nous présente aussi le délicieux tableau des fruits de la même grâce opérant dans les coeurs de quelques humbles témoins du Seigneur : Zacharie, Élisabeth, Marie, Joseph, Anne, Siméon et d’autres fidèles revêtaient des caractères semblables à ceux que nous venons de considérer. Ils craignaient le Seigneur (Luc 1:6), pensaient à son Nom (v. 46, 47), et s’entretenaient ensemble de leur commune espérance (v. 65, 66), liée à la venue du Messie promis.

L’Éternel fait connaître à son serviteur Malachie son appréciation de la fidélité et de la piété de ce petit résidu. Trois déclarations encourageantes pour la foi nous sont données relativement à ce dernier :

1. «L’Éternel a été attentif et a entendu» (v. 17). Il prenait part à leurs communications fraternelles. Comme c’est le cas encore aujourd’hui, il trouvait ses délices dans le rassemblement de ses saints ; Il était au milieu d’eux, entendait leurs prières, leurs louanges, ainsi que les paroles d’édification, d’encouragement et d’exhortation qu’ils s’adressaient les uns aux autres. Cette pensée que le Seigneur est présent avec les siens réunis en son Nom devrait nous donner un sentiment profond de la solennité d’un tel privilège et de l’importance d’un exercice réel de coeur et de conscience chez tous ceux qui sont rassemblés autour de Lui, afin que tout ce qui se passe dans nos réunions puisse supporter son regard scrutateur, et que nous jouissions de son approbation et de sa bénédiction.

Les paroles de Thomas aux autres disciples après la résurrection du Seigneur et la rencontre qu’Il avait eue avec eux le premier jour de la semaine, donnent lieu à une réponse de sa part qui illustre cette vérité. Celui qui sonde les coeurs et les reins avait entendu l’expression de son incrédulité (Jean 20:24, 25). Aussi huit jours après, Il doit lui donner une sérieuse leçon et lui dire : «Ne sois pas incrédule, mais croyant» (v. 27). Souvenons-nous de cette solennelle, quoique précieuse déclaration du prophète : «L’Éternel a été attentif et a entendu». Puissions-nous toujours dire avec l’apôtre Paul : «Comme avec sincérité, comme de la part de Dieu devant Dieu, nous parlons en Christ» (2 Cor. 2:17).

2. «Un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel» (v. 16). Leur témoignage fidèle est consigné dans un livre de souvenir qui sera ouvert devant le tribunal du Christ et leur récompense sera grande en ce jour-là. Le livre d’Esther nous fournit une illustration de cette vérité. Il pouvait sembler que le dévouement de Mardochée pour la vie du roi n’avait eu aucune récompense (Esther 2:21-23). Mais Dieu veillait sur son serviteur : son acte de fidélité est soigneusement consigné dans les annales du royaume et, au moment fixé par Celui qui dirige tous les événements pour sa gloire et le bien de son peuple, le récit de ces faits est placé sous les yeux du roi et récompensé comme il devait l’être.

3. «Ils seront à moi, mon trésor particulier au jour que je ferai» (v. 17). Il y a un jour à venir qui sera caractérisé par le déploiement de la puissance et de la gloire de Christ : c’est le jour qu’il fera et qui sera marqué par ce qu’Il est lui-même, en contraste avec le jour actuel qui est appelé le jour de l’homme, jour dans lequel il affirme son indépendance de Dieu et fait sa propre volonté, sans se soucier de sa Parole et de son jugement. Dans le jour de gloire à venir, les fidèles qui ont souffert avec Christ seront manifestés comme étant son trésor particulier, des pierres de couronne élevées (Zach. 9:16), des joyaux précieux qu’il revêtira de sa propre beauté. En ce jour, le monde connaîtra que nous avons été aimés du Père comme Christ lui-même (Jean 17:23). Ceux qui méprisaient et persécutaient les saints seront eux-mêmes dans la tribulation, tandis que les saints jouiront du repos et de la gloire avec leur Sauveur bien-aimé (2 Thess. 1:7). «Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui» (Rom. 8:17 ; 2 Tim. 2:12). Quel encouragement à lui être fidèles au milieu de l’apostasie croissante qui nous entoure ! Si nous sommes ses compagnons dans l’opprobre et le rejet, nous le serons aussi dans la gloire (Hébr. 3:14 ; 1:9). Les vaillants hommes qui suivirent David dans le mépris et la persécution furent avec lui au jour où il monta sur le trône et partagèrent son triomphe (2 Sam. 23:8-39).

«Je les épargnerai» (v. 17). Ces fidèles furent épargnés comme le sera le résidu pieux qui, à la fin, traversera la grande tribulation pour entrer dans le royaume du Messie (Zach. 13:9). Aux saints de Philadelphie est faite la promesse qu’ils seront «gardés de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre» (Apoc. 3:10).

«Alors vous reviendrez et vous ferez la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu, et celui qui ne le sert pas» (v. 18). Cette parole fait allusion à la masse incrédule qui avait dit que le méchant était aussi agréable à Dieu que le juste (v. 15). Dans ce jour où l’iniquité sera visitée par les jugements impitoyables de la vengeance divine, on verra la différence que Dieu fait «entre le juste et le méchant, entre celui qui le sert et celui qui ne le sert pas» (v. 18). Alors les justes seront épargnés, délivrés et bénis, et les méchants punis et bannis loin de sa face.

Puissions-nous, en attendant ce jour de joie et de gloire, craindre et servir le Seigneur, en gardant sa Parole et en ne reniant pas son Nom.

 

 

8                    Chapitre 4 — Le jour vient, brûlant comme un four

 

ME 1933 p. 153

Le dernier verset du chapitre précédent s’adresse à la masse incrédule du peuple qui avait dit que le méchant était aussi agréable à l’Éternel que le juste, et que la faveur du Tout-Puissant reposait aussi bien sur ceux qui pratiquent l’iniquité que sur ceux qui le servent fidèlement. À ces paroles outrageantes, le prophète répond en annonçant un jour redoutable où le jugement sera exercé sur tout mal et où la gloire du Seigneur sera manifestée avec éclat sur toute la scène de ce monde. On verra alors la différence que Dieu fait entre le juste et le méchant, entre celui qui le sert et celui qui ne le sert pas. Les voies du gouvernement divin sont souvent obscures aujourd’hui, car elles «sont dans la mer» et ses traces ne sont pas connues (Ps. 77:19). La foi discerne cependant qu’elles sont «dans le lieu saint» (v. 13), c’est-à-dire qu’elles sont toujours l’expression de sa gloire et en harmonie avec la sainteté de sa demeure, malgré le triomphe apparent du mal, pendant le temps de sa patience. Mais le jour que Dieu fera, auquel Il donnera son caractère, en manifestant sa puissance et sa vengeance contre le mal, va se lever bientôt. Alors les justes, honnis et persécutés pendant tant de siècles, seront dans le repos et la gloire, tandis que ceux qui n’ont pas obéi à l’Évangile «subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force» (2 Thessaloniciens 1:9). «Le mystère de Dieu sera terminé» (Apoc. 10:7). Le voile qui recouvre maintenant ses voies sera ôté et la sagesse qui a présidé a toute son activité, à l’égard de cette scène de sa patience, sera pleinement donnée à connaître. Dans les cieux et sur la terre, tous les coeurs seront soumis a sa volonté, et tous les saints célébreront sa louange et donneront gloire à l’Agneau.

Les caractères de ce jour solennel sont ensuite dépeints par le messager de l’Éternel : «Voici le jour vient, brûlant comme un four» (v. 1). La colère de Dieu éclatera sur un monde rebelle qui a méprisé et lassé sa longue patience. Ce sera «un jour de fureur, un jour de détresse et d’angoisse, un jour de dévastation et de ruine, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres» (Soph. 1:15), dans lequel «l’homme vaillant poussera des cris amers» (v. 14). Ce jour sera comme un four ardent et les méchants seront du chaume. Ces images nous font connaître la grandeur, la puissance, la sainteté de Dieu et sa haine du mal, dans lequel ses créatures rebelles se sont plongées, ainsi que le néant de l’homme devant lui. Le jugement des méchants sera absolu et définitif. «Il a son van dans sa main et il nettoiera entièrement son aire» (Matt. 3:12). La terre sera purifiée de toute l’iniquité dont elle est remplie, pour devenir la scène de la manifestation de la gloire du grand Roi. Dieu veut que tout genou se ploie devant Celui qui fut pendant tant de siècles le méprisé et le rejeté des hommes, et «que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur» (Phil. 2:11), à la gloire de Celui qui lui a donné un nom au-dessus de tout nom, dans ce siècle et dans celui qui est à venir. La patience dont Dieu a usé envers les hommes méchants qui persécutaient les fidèles témoins du Seigneur, fut dans tous les âges un douloureux mystère pour ceux-ci. La prospérité extérieure accordée pour un temps à ceux qui méprisent et rejettent sa Parole a souvent été une énigme incompréhensible pour ceux qui, comme Asaph, sont châtiés chaque matin dans le chemin de la soumission à la volonté divine (Ps. 73:14). Toutefois, lorsque nous entrons comme ce dernier dans le sanctuaire, nous comprenons la sagesse des voies de notre Dieu et nous pouvons le bénir pour sa discipline salutaire. Par elle, nous sommes gardés de la voie large des iniques qui aboutit à la perdition, tandis que le sentier étroit nous conduit à la gloire.

Le jugement des méchants qui sera exercé par le Seigneur à son apparition en puissance fera disparaître tout mal de la terre et la délivrance des justes sera complète et glorieuse. Le prophète a devant les yeux le résidu pieux de la nation juive qui, à la fin de son histoire, devra affronter toute la fureur de l’adversaire et subir la grande tribulation (Jér. 30:7). Les circonstances des fidèles qui rencontraient l’opprobre et la souffrance, au milieu d’une profession sans vie, fournissent au Saint Esprit l’occasion de nous parler de ceux qui seront éprouvés beaucoup plus douloureusement au temps de l’Antichrist et auxquels les promesses de la Parole apporteront une puissante consolation. C’est pour eux que «se lèvera le soleil de justice, et la guérison sera dans ses ailes» (Mal. 4:2). À la fin de sa carrière, quand tout était ruiné en Israël, David salue aussi, par la foi, l’apparition de ce matin sans nuages, où resplendiront les rayons du Soleil levant : «Par sa clarté, l’herbe tendre germe de la terre après la pluie» (2 Sam. 23:4). La bénédiction qu’apportera la manifestation de la gloire du juste Dominateur parmi les hommes formera un contraste absolu avec l’état actuel de désordre, de souffrance et d’anarchie que présente ce monde en révolte contre Dieu. David lui-même constate avec tristesse et humiliation que sa maison ne manifeste pas les caractères d’ordre et de justice qui seront réalisés sous le sceptre du Roi de gloire. Il se réjouit néanmoins dans la certitude que l’alliance et les promesses de son Dieu sont fermes et sûres et qu’elles auront leur plein accomplissement dans un avenir que sa foi anticipe avec joie. Nous pouvons nous associer à lui dans la confession de notre ruine et aussi dans l’attente de la glorieuse délivrance qu’apportera la venue de notre Seigneur. La manifestation de sa puissance sera pour la guérison des nations. «Les ailes» du soleil de justice nous donnent l’image de la rapidité avec laquelle se répandra sur l’univers la lumière éclatante du jour de Christ, qui bannira les ténèbres et la désolation qui auront régné pendant tant de siècles, sous la domination du grand adversaire de Dieu et des hommes ; celui-ci sera lié dans l’abîme pendant mille ans (Apoc. 20:2).

Pour nous, la délivrance sera plus rapide encore, car nous savons qu’en un instant, en un clin d’oeil, au lever de l’Étoile du matin, les saints ressuscités et transmués seront enlevés à la rencontre du Seigneur pour être toujours avec lui. La santé apportée par le Soleil de justice nous rappelle la guérison que procureront à cette pauvre terre les feuilles de l’arbre de vie (Apoc. 22:2). L’activité et l’exercice de la royauté et de la sacrificature du vrai Melchisédec, Roi et sacrificateur sur son trône, nous sont représentés sous ces symboles. Le résidu pieux qui craignait le nom de l’Éternel, au temps de Malachie, est identifié avec celui qui sera suscité à la fin et qui jouira de l’accomplissement des promesses et de la manifestation de la gloire du Seigneur. La prospérité terrestre dont il sera comblé, sous le sceptre paisible de son Messie longtemps rejeté nous est présentée sous des images familières : «Vous sortirez» pour prendre possession de l’héritage du pays promis à la semence d’Abraham «et vous prospérerez, comme des veaux à l’engrais» (v. 2). Comparez Zach. 9:17 qui nous donne aussi un tableau de la bénédiction de ce temps heureux pour le peuple d’Israël. Encore une fois, ce jour est appelé par l’Éternel «le jour que je ferai» (v. 3). Il formera un grand contraste avec celui dans lequel nous sommes et qui est caractérisé par la volonté rebelle de l’homme et son opposition au Seigneur et à ceux qui lui appartiennent. Les méchants seront alors les objets du jugement, tandis qu’aujourd’hui ils peuvent souvent faire subir la persécution aux justes. «Vous foulerez les méchants, car ils seront de la cendre sous la plante de vos pieds» (v. 3). La «cendre» est le résidu du feu. Le feu du jugement de Dieu atteindra tout mal et ne laissera aucune puissance adverse subsister dans les cieux et sur la terre. Le Seigneur étant avec son peuple lui donnera la pleine victoire sur ses ennemis dans les combats qui précéderont le repos et la gloire du règne millénaire (Zach. 9 et 10). «Le jour du Seigneur» nous est donc présenté sous un double aspect dans la parole prophétique : 1° Il sera un jour de jugement et d’angoisse pour les rebelles (2 Thess. 1:6-8). 2° Pour les justes affligés, il sera un jour de délivrance et de bénédiction (És. 65:13 ; Zach. 12-14, etc.).

Les versets suivants s’adressent de nouveau à tout le peuple et forment une sorte d’appendice à tout le message du prophète, tandis que les v. 1 à 3 s’appliquaient au résidu fidèle, précurseur de celui de la fin. Dieu rappelle à son peuple que le secret de la bénédiction pour lui était l’obéissance à la loi donnée par son serviteur Moïse. Tant que ce régime n’avait pas été abrogé et que de nouvelles relations fondées sur l’oeuvre de la rédemption n’avaient pas été établies avec Dieu, la loi demeurait la règle de conduite du peuple et la mesure de sa responsabilité envers lui. Puis Dieu annonce la venue d’Élie, le précurseur du grand et terrible jour, dans lequel tout ce qui est incompatible avec sa sainteté sera consumé par l’ardeur de sa colère. Dans une certaine mesure, le ministère de Jean le Baptiseur réalise les caractères de celui qui est annoncé ici. Tout en proclamant la prochaine manifestation de la gloire du Seigneur il appelait le peuple à la repentance. Son service fut interrompu par son rejet et sa mise à mort par la main d’Hérode. Le moment de l’établissement du royaume en puissance et en gloire n’était pas encore venu et une oeuvre de grâce devait encore s’accomplir parmi les nations, avant le jour de la colère qui précédera la délivrance finale. Ainsi un serviteur fidèle et puissant sera suscité, au temps de la fin, pour préparer le peuple de Dieu à aller à la rencontre du grand Roi. Remarquons ici la mention des deux grands hommes suscités en Israël dans le passé, Moïse, par qui furent donnés «les statuts et les ordonnances» de la loi, et Élie qui fut envoyé auprès des dix tribus rebelles pour les ramener à l’obéissance à l’Éternel, en les détournant de l’idolâtrie. Il en sera de même à la fin. En vue de la terrible perspective du jugement inexorable et de la tempête de la colère divine, le fidèle témoin du vrai Dieu, appelé ici Élie, ramènera le peuple à l’ordre établi par Dieu : «Il fera retourner le coeur des pères vers leurs fils, et le coeur des fils vers leurs pères» (v. 6). Ils seront invités à juger leur apostasie et à revenir au commencement de leur histoire, comme aujourd’hui, nous sommes exhortés à tenir ferme ce qui est «dès le commencement» (1 Jean 1:1) au milieu de la déchéance de l’Église.

Répétons encore que si Jean avait été reçu, son ministère eût accompli la prophétie comme le Seigneur le dit aux Juifs (Matt. 11:14), mais puisqu’il a été rejeté, ainsi que le Seigneur lui-même l’a aussi été, Élie viendra «et rétablira toutes choses» (Matt. 17:11). Un serviteur (ou plusieurs) revêtant ses caractères, sera manifesté à la fin, au milieu de l’apostasie, comme Élie le fut au temps du roi apostat Achab et de sa méchante femme Jésabel, images de la bête politique, chef de l’empire romain et du faux prophète (voir Apoc. 11). La masse incrédule, ayant rejeté ce dernier appel de Dieu, sera frappée «de malédiction» (v. 6), tandis que, pour ceux qui craignent le nom du Seigneur, se lèvera le Soleil de justice apportant la santé dans ses ailes.