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Quelques remarques sur 2 Pierre 3

 

en rapport avec les deux épîtres à Timothée

 

 

Paul Fuzier

Les sous-divisions ont été ajoutées par Bibliquest. ME 1950 p. 141

Table des matières :

1     Derniers messages pour des temps de déclin

2     Ch. 3:1-2

2.1      Ch. 3:1 — Réveiller l’intelligence des chrétiens

2.2      Ch. 3:2 — Parole et commandement du Seigneur

3     Ch. 3:3 — La forme de la piété

4     Ch. 3:4-7 — Le déluge et Noé

5     Ch. 3:7-9 — Le jugement de Dieu arrive certainement

6     Ch. 3:10 — Jour du Seigneur

7     Ch. 3:11-13

7.1      Sainte conduite

7.2      Piété

8     Ch. 3:14 — Persévérance

9     Ch. 3:17 — Danger des erreurs

10       Ch. 3:18 — La ressource : Croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ

 

 

1                        Derniers messages pour des temps de déclin

La deuxième épître à Timothée a été, en bien des endroits, ces derniers temps, un sujet d’études et de méditations. Ne pouvons-nous pas y voir le travail de l’Esprit de Dieu pour réveiller les saints, attirer leur attention sur le caractère extrêmement sérieux des jours auxquels nous sommes parvenus et rappeler l’importance du maintien d’une stricte séparation, sans laquelle il n’est plus de témoignage selon Dieu ? — Le chapitre 3 de la seconde épître de Pierre contient des enseignements et des exhortations en rapport avec le même sujet. Nous avons, dans ce chapitre, les dernières paroles inspirées de l’apôtre Pierre — dans la deuxième épître à Timothée, les dernières paroles inspirées de l’apôtre Paul. Sans perdre de vue le caractère particulier du ministère de chacun de ces deux apôtres, il est instructif de rapprocher leurs derniers messages. Cela nous amènera à considérer également quelques enseignements de la première épître à Timothée, comme aussi de la première épître de Pierre.

Sans doute la plupart d’entre nous conservent-ils le souvenir des dernières paroles qui leur ont été dites par ceux de leurs bien-aimés que le Seigneur allait recueillir dans son repos. Nous comprenons l’inestimable valeur de l’ultime message d’un père ou d’une mère, au terme du voyage, donnant, à ceux qui ont encore, à vue humaine, quelques pas à faire, l’encouragement, l’avertissement, le conseil, fruit mûri d’une longue expérience. Message gravé dans le cœur et qui, après bien des années, demeure aussi vivant qu’au premier jour !

Mais que dire lorsqu’il s’agit du dernier message adressé par des serviteurs de Dieu comme l’apôtre Paul ou l’apôtre Pierre ! Les voilà au terme de la course, à la fin d’une vie où ils ont fait de si riches expériences, où ils ont servi avec fidélité le Maître qui les a conduits, enseignés, fortifiés, encouragés ; ils ont devant eux les souffrances et la mort d’un martyr et c’est alors qu’ils écrivent, l’un la deuxième épître à Timothée, l’autre la deuxième épître de Pierre. Mais il y a surtout ceci : c’est sous l’inspiration divine qu’ils tracent l’un et l’autre ce dernier message. Puissions-nous retenir, gravés dans nos esprits et dans nos cœurs, les enseignements si importants qui y sont contenus ! — Cela nous est d’autant plus nécessaire qu’ils sont donnés en vue des « derniers jours » (2 Tim. 3:1 ; 2 Pierre 3:3). L’apôtre Paul et l’apôtre Pierre considèrent les signes du déclin et de la ruine qui apparaissent déjà ; ils voient l’iniquité faire de rapides progrès et, avec l’intelligence spirituelle donnée par Dieu, dévoilent l’état auquel aboutiront ces premières manifestations du mal. L’un et l’autre décrivent la ruine ; mais, s’ils le font, c’est pour nous avertir, pour nous présenter les exhortations nécessaires et non pour nous décourager. Bien au contraire, leurs regards se tournent vers Christ et ils placent devant nous sa personne et les ressources que nous avons en Lui.

Les écrits de l’Ancien Testament nous rapportent aussi les dernières paroles de deux serviteurs de Dieu : Moïse et David — sans parler d’autres encore. Dans le chapitre 32 du Deutéronome, si Moïse célèbre la fidélité de l’Éternel et ce qu’Il a fait pour son peuple, il décrit aussi l’infidélité d’Israël, sa révolte contre Dieu. Prophétiquement, il considère l’histoire à venir du peuple — et combien elle est humiliante ! Mais, quoi qu’il en soit, il termine par ce cri de triomphe : « Tu es bienheureux, Israël ! qui est comme toi, un peuple sauvé par l’Éternel, le bouclier de ton secours et l’épée de ta gloire ? » (Deut. 33:29). 2 Samuel 23 nous donne « les dernières paroles de David ». « Le fils d’Isaï... l’homme haut placé, l’oint du Dieu de Jacob... le doux psalmiste d’Israël » considère « sa maison » et doit confesser avec humilité : « Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu... ». Mais, « l’Esprit de l’Éternel parlant en lui », il peut faire entendre ce que lui a dit le Dieu d’Israël et diriger les regards vers Celui qui « sera comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages... » (v. 1 à 5). Nous avons donc, là aussi, le déclin, la ruine de tout ce qui entourait ces deux serviteurs. Leur découragement serait bien compréhensible, alors qu’ils avaient tellement lutté et souffert pour le peuple d’Israël — comme, plus tard, l’apôtre Paul et l’apôtre Pierre pour le peuple céleste. Mais Moïse et David tournent leurs regards en avant et saluent le jour glorieux où Christ apparaîtra pour apporter la bénédiction à son peuple restauré. David contemple, par la foi, Celui qui règnera en justice ; Moïse célèbre le bonheur de ce peuple, sauvé par l’Éternel et qui, aujourd’hui dans un bien pauvre état, goûtera alors les bénédictions du règne glorieux que Christ établira.

 

2                        Ch. 3:1-2

2.1   Ch. 3:1 — Réveiller l’intelligence des chrétiens

« Je vous écris déjà, bien-aimés, cette seconde lettre ; et, dans l’une et dans l’autre, je réveille votre pure intelligence en rappelant ces choses à votre mémoire » (v. 1). L’homme est incapable d’entrer dans la connaissance des pensées de Dieu par son intelligence naturelle ; il essaye de comprendre et d’expliquer les Écritures et les rationalistes s’y emploient aujourd’hui plus que jamais, n’hésitant d’ailleurs pas à rejeter ce que dit la Parole de Dieu chaque fois que leur intelligence ne peut l’expliquer. Mais Dieu a « caché ces choses aux sages et aux intelligents » et « les a révélées aux petits enfants » (Matt. 11:25). Nul ne peut comprendre les choses de Dieu si ce n’est par l’Esprit de Dieu qui seul les connaît (1 Cor. 2:10 à 16).

Après avoir accompli en nous l’œuvre de la nouvelle naissance, Dieu nous donne une intelligence renouvelée qui, conduite par l’Esprit Saint, pénètre dans le domaine dont l’accès est interdit à l’intelligence naturelle : c’est la « pure intelligence » dont parle l’apôtre Pierre. Cette « pure intelligence » a besoin d’être réveillée, la Parole nous le dit et nous en avons bien le sentiment. Nous sommes trop souvent portés à nous contenter d’un christianisme d’un niveau très inférieur : vivre honnêtement devant les hommes afin qu’ils ne blâment pas trop notre conduite, sans nous soucier beaucoup des enseignements de la Parole de Dieu au sujet de la marche qui doit être réalisée par ceux qui sont morts et ressuscités avec Christ. C’est ainsi que nous nous endormons, nous dormons « entre les morts », ayant au fond une vie qui ne diffère guère de celle de personnes inconverties, mais honnêtes et de bonne réputation. Dieu ne veut pas que nous soyons satisfaits d’une semblable conduite et Il nous exhorte à ne pas demeurer dans un tel état. « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts... » (Éph. 5:14). L’apôtre Pierre nous donne, au commencement du chapitre 3 de sa seconde épître, l’un des moyens à employer pour produire un réveil : le rappel des enseignements de la Parole de Dieu. C’est ce qu’il a déjà écrit au premier chapitre : « C’est pourquoi je m’appliquerai à vous faire souvenir toujours de ces choses, quoique vous les connaissiez, et que vous soyez affermis dans la vérité présente. Mais j’estime qu’il est juste, tant que je suis dans cette tente, de vous réveiller en rappelant ces choses à votre mémoire, sachant que le moment de déposer ma tente s’approche rapidement, comme aussi notre Seigneur Jésus Christ me l’a montré ; mais je m’étudierai à ce qu’après mon départ vous puissiez aussi en tout temps vous rappeler ces choses » (v. 12 à 15). Nous traversons des jours mauvais dans lesquels il devient de plus en plus difficile de vivre pour Dieu et de maintenir un témoignage fidèle au sein de la chrétienté professante. Combien donc il est nécessaire que nous soyons réveillés et, pour cela, que les vérités du Saint Livre soient sans cesse rappelées à notre mémoire. Ce sont des vérités que nous connaissons, pour la plupart, et dans lesquelles peut-être même certains d’entre nous sont affermis, mais sur lesquelles il nous faut cependant constamment revenir. Que de fois a-t-on dit : mais vous répétez toujours les mêmes choses ! C’est nécessaire parce que la Parole nous présente toujours les mêmes vérités — la Vérité est immuable — et parce que nous avons besoin de nous en tenir à ce qui nous a été enseigné dès le commencement. C’est nécessaire parce que « ces choses » doivent être « rappelées à notre mémoire ». Réveillés, nous pourrons alors marcher dans le chemin de l’obéissance et vivre d’une manière qui glorifie le Seigneur. « Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez pas... » (1 Cor. 15:34).

 

2.2   Ch. 3:2 — Parole et commandement du Seigneur

L’apôtre Pierre rappelait d’abord les vérités présentées dans l’Ancien Testament, vérités enseignées « par les saints prophètes », puis le « commandement du Seigneur et Sauveur » transmis aux saints par les apôtres (v. 2). Le Nouveau Testament n’était pas écrit dans son entier à ce moment-là, mais les paroles que le Seigneur avait dites à ses apôtres — elles avaient l’autorité d’un « commandement » — si elles n’avaient pas été toujours encore transmises par la voie écrite, l’avaient été par la voie orale. Il y a un même enseignement dans les différents écrits de la Parole inspirée, qu’il s’agisse de l’Ancien ou du Nouveau Testament ; c’est celui qu’il convient de rappeler sans cesse afin de « réveiller » notre « pure intelligence ».

Les deux premiers versets étant comme une entrée en matière, nous avons ensuite, dans ce chapitre, deux parties principales. La première concerne les incrédules, la seconde est pour les croyants. Encore faut-il remarquer que les exhortations de la seconde découlent de l’enseignement présenté dans la première, ce qui permet de dire que la première partie du chapitre n’est pas pour les incrédules seuls.

 

3                        Ch. 3:3 — La forme de la piété

Dans le verset 3, l’apôtre parle des « derniers jours » (cf. 2 Tim. 3:1). Ce qui caractérise les « derniers jours » dans la seconde épître à Timothée, c’est le fait qu’il y a dans la chrétienté une apparence extérieure, une forme de piété, mais sans aucune puissance. Nombreux sont ceux qui ne voudraient pas être sans une religion ; une religion constitue une espèce de fonction sociale, aussi désire-t-on se rattacher le plus souvent à une religion officiellement reconnue. Mais qu’y a-t-il en fait ? Une simple forme religieuse ou bien de la réalité dans le cœur ? Ce qui caractérise la chrétienté professante dans son ensemble, aux derniers jours, l’apôtre le montre dans la deuxième épître à Timothée, c’est « la forme de la piété ». Il y a une apparence dont on se satisfait, mais aucune puissance. Aussi la corruption morale fait-elle d’effroyables progrès et les hommes — l’apôtre ne peut les appeler chrétiens — présentent les différents caractères énumérés dans les versets 2 à 5 du chapitre 3. Le fidèle ne peut s’associer à un tel état de choses, il éprouve, à l’égard « de telles gens », un sentiment de répulsion ; c’est pourquoi l’apôtre écrit à Timothée : « détourne-toi de telles gens ». Lorsqu’il y a une vraie piété chez le croyant, elle se manifeste : elle est vue dans le témoignage individuel d’abord, dans le témoignage collectif ensuite ; il y a de « la puissance ». Posons-nous la question : où en sommes-nous à cet égard ? — Dans la deuxième épître de Pierre, les « derniers jours » sont caractérisés par la moquerie. Cette moquerie n’est pas tant le fait de tourner en dérision les choses de Dieu, c’est le rejet de la Parole. Combien il est triste de voir, aujourd’hui, la Parole si souvent mise de côté ! On n’en veut pas comme règle de conduite. On ne le dit généralement pas, mais la marche le prouve. Pourquoi cela ? Parce que le cœur suit ses « propres convoitises ». On abandonne la Parole parce qu’on ne veut pas abandonner les convoitises de son propre cœur ; aussi marche-t-on « dans la moquerie » et « selon ses propres convoitises ».

Dans l’incrédulité de son cœur, l’homme est persuadé que « demain sera comme aujourd’hui, et encore bien supérieur » (Ésaïe 56:12). « Depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création » (2 Pierre 3:4), pourquoi donc cesserait-il d’en être ainsi ? pensent les moqueurs. L’ennemi attire les regards de l’homme sur l’apparente stabilité des choses pour lui faire croire que, depuis le commencement, « toutes choses demeurent au même état » et que, par suite, elles le demeureront toujours. « Il est menteur et le père du mensonge » (Jean 8:44) ; c’est par un mensonge qu’il a conduit le premier homme à désobéir et que le péché a été ainsi introduit dans le monde (Genèse 3), comme aussi c’est un mensonge qui fut la première manifestation du mal dans l’assemblée (Actes 5).

 

4                        Ch. 3:4-7 — Le déluge et Noé

Prétendre que « toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création », c’est « ignorer volontairement » qu’il y a eu le déluge. L’apôtre rappelle cette destruction du « monde d’alors », ajoutant que « les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu » (v. 7). L’histoire du déluge contient des enseignements dont on peut faire l’application aux temps qui précéderont la venue du fils de l’homme (cf. Matt. 24:37 à 42 ; Luc 17:26 à 37) et certainement aussi aux jours actuels, temps fâcheux des derniers jours.

Genèse 6 nous donne quelques détails sur les temps antédiluviens. La Parole emploie des expressions comme celles-ci pour caractériser les hommes d’alors : « géants... vaillants hommes... hommes de renom » (Gen. 6:4). Ces expressions ne pourraient-elles s’appliquer aux hommes de nos jours, si fiers de leur puissance et de leurs connaissances, ayant une si haute opinion d’eux-mêmes ? Mais Dieu nous fait connaître ce qu’Il pense d’eux : « Et l’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que méchanceté en tout temps. Et l’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il s’en affligea dans son cœur. Et l’Éternel dit : j’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai créé… » (Gen. 6:5-7). Parmi ces hommes, tous coupables aux yeux de Dieu (cf. Rom. 3:10 à 18 et 23 ; Ps. 14:1 à 3 ; 53:1 à 3), vivait Noé. Noé n’a pas traité à la légère les paroles de l’Éternel ; son attitude était tout l’opposé de celle des moqueurs des derniers jours : il crut Dieu, il ne mit pas sa parole de côté. « Par la foi, Noé, étant averti divinement des choses qui ne se voyaient pas encore, craignit, et bâtit une arche... » (Héb. 11:7). La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse. Noé, regardant tout autour de lui, ne voyait que corruption et violence — les deux caractères du mal dès le commencement ; regardant en lui, il pouvait considérer ses propres manquements ; regardant en avant, il y avait la mort, le jugement de Dieu dont l’exécution était certaine. Que faire ? Noé éleva ses regards en haut, image de ce qu’est appelé à faire, aujourd’hui encore, tout homme qui a le sentiment de son péché et de sa culpabilité devant Dieu. La réponse qu’il trouva dans le cœur de Dieu, c’est la grâce : « Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel » (Genèse 6:8). Il « trouva grâce » parce qu’il crut Dieu.

Sa conduite est caractérisée par l’obéissance de la foi : comme l’Éternel le lui avait commandé, il bâtit l’arche (Genèse 6:13-22 ; Héb. 11:7). Malgré les moqueries dont il fut sans doute assailli, malgré les questions qui devaient présenter le même caractère que celles des moqueurs des derniers jours (2 Pierre 3:4), il obéit. Les chapitres 6 et 7 du livre de la Genèse ne nous rapportent pas une seule parole qu’il ait prononcée et pourtant 2 Pierre 2:5 l’appelle « prédicateur de justice ». Sa prédication était une prédication muette, mais combien éloquente ! Par ses actes, il montrait qu’il croyait Dieu, il bâtissait l’arche et « par cette arche il condamna le monde » (Héb. 11:7). Instrument dont l’Esprit se servait tandis que « la patience de Dieu attendait », il s’adressait à tous, mais son appel ne fut pas entendu : il prêchait à des « désobéissants » (1 Pierre 3:19-20 ; cf. 2:7-8). Ces « désobéissants » (croire, c’est obéir — refuser de croire, c’est désobéir ; cf. Jean 3:36) n’ont pas cru Dieu ; tels les moqueurs des derniers jours, ils ont pensé que tout continuerait à aller comme depuis seize siècles... ; ils ont méprisé les avertissements de Dieu, le témoignage rendu par Noé, le témoin lui-même. (Il ne faudrait pas déduire de 1 Pierre 3:19-20 qu’il y a une prédication de l’Évangile s’adressant à ceux qui sont morts. Les Écritures sont parfois « tordues » par de faux docteurs, « à leur propre destruction » et à la nôtre si nous les écoutons. L’ennemi, qui se sert de la Parole comme il s’en servait pour tenter le Seigneur au désert, essaye ainsi de faire croire aux hommes qu’après leur mort ils pourront encore entendre la prédication de l’Évangile et qu’il sera encore temps de le recevoir). — Que faisaient-ils ? « Mais comme ont été les jours de Noé, ainsi sera aussi la venue du fils de l’homme. Car comme dans les jours avant le déluge on mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et ils ne connurent rien, jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous, ainsi sera aussi la venue du fils de l’homme » (Matt. 24:37 à 39 ; cf. Luc 17:26-27). Ces choses — vivre et continuer à perpétuer la race — n’étaient pas mauvaises en elles-mêmes, mais elles occupaient leur cœur à tel point qu’ils n’avaient plus le temps d’écouter les avertissements de Noé. Combien cela est vrai aussi de nos jours : Satan occupe les cœurs des choses les plus légitimes et les empêche ainsi d’écouter les appels de la grâce de Dieu.

Chez Noé, au contraire, nous voyons — comme chez les Thessaloniciens plus tard — œuvre de foi, travail d’amour, patience d’espérance. Oeuvre de foi : il bâtissait l’arche, conduit par la foi qui avait cru la parole de l’Éternel. Travail d’amour : il prêchait la justice (2 Pierre 2:5), mû par l’amour qu’il avait pour tous ceux qui l’entouraient. Patience d’espérance : il attendait avec patience l’accomplissement des promesses que Dieu lui avait faites (Genèse 6:13 à 22).

« L’an six cent de la vie de Noé, au second mois, le dix-septième jour du mois, en ce jour-là, toutes les fontaines du grand abîme se rompirent et les écluses des cieux s’ouvrirent.. » (Genèse 7:11). Quelle soudaineté dans le jugement ! « Jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous » (Matt. 24:39). Auparavant, l’Éternel avait placé Noé et les siens dans l’arche, type de Christ qui a traversé les eaux du jugement pour nous en délivrer. « Et l’Éternel ferma l’arche sur lui » (Genèse 7:16). Là, il est dans une pleine et parfaite sécurité, tandis que le jugement décrété est inexorablement exécuté sur ceux qui avaient méprisé les avertissements de Dieu et étaient restés insensibles au témoignage de Noé ! Pour eux, c’en était fini ! Beaucoup auraient sans doute voulu entrer, mais c’était trop tard !

 

5                        Ch. 3:7-9 — Le jugement de Dieu arrive certainement

Tout cela doit parler sérieusement à chacun de ceux qui ne connaissent pas encore Christ comme leur arche de salut — et si c’était le cas d’un de nos lecteurs, nous voudrions le supplier d’y être attentif ! « Les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies » (2 Pierre 3:7). Le temps de la patience de Dieu dure jusqu’à maintenant et s’il se prolonge encore aujourd’hui, c’est parce que Dieu « est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (v. 9). Mais ce temps de la grâce aura une fin et il ne restera pour les incrédules, que le jugement effroyable qui les atteindra tous comme ce fut le cas pour les contemporains de Noé. Quand l’Église aura été enlevée de ce monde, beaucoup viendront et crieront comme les vierges folles de la parabole : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » ; la porte sera fermée à jamais et le Seigneur répondra : « Je ne vous connais pas » (Matt. 25:11-12). Il n’y aura plus aucun espoir pour ceux qui n’auront pas voulu accepter l’Évangile !

 

6                        Ch. 3:10 — Jour du Seigneur

Aux moqueurs, le Seigneur ne parle pas de sa venue pour l’enlèvement de l’Église, mais du « jour du Seigneur » (v. 10). Ce « jour » est une période de temps qui débute par l’apparition du Seigneur pour exécuter le jugement guerrier dont parle Apocalypse 19 et le jugement judiciaire des vivants de Matthieu 25:31 à 36 — jugement qui se poursuit durant le règne millénaire comme jugement gouvernemental exercé sur les méchants (cf. Ps. 101:8) et se termine par le jugement des morts devant le grand trône blanc (Apoc. 20:11 à 15) et la destruction des cieux et de la terre (2 Pierre 3:10).

 

7                        Ch. 3:11-13

À partir du verset 11, l’apôtre ne s’adresse plus aux moqueurs, mais aux croyants. L’exhortation qu’il leur présente est la conséquence pour eux de ce qu’il vient de dire aux incrédules : « Toutes ces choses devant donc se dissoudre… ». Elle repose, d’autre part, sur l’espérance de la gloire à venir : « Nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite » (v. 13).

Une expression mérite d’arrêter tout particulièrement notre attention : « Quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété » (v. 11). Une seconde nous occupera aussi : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (v. 18). Toutes deux nous paraissent être les expressions marquantes de la deuxième partie du chapitre. La première éveille en nous le sentiment de notre responsabilité ; la seconde constitue la ressource qui est à notre disposition pour réaliser sainte conduite et vie de piété. La Parole de Dieu ne nous adresse jamais d’exhortations sans nous donner en même temps les ressources nécessaires pour les réaliser ; nous en serions incapables sans cela.

Ce monde qui occupe tellement nos cœurs va disparaître ; de toutes les choses qui nous captivent et auxquelles nous nous attachons si facilement, il ne restera rien : « la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement » (v. 10). Dans les versets 29 à 31 du chapitre 7 de la première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul nous dit quelle devrait être notre attitude à l’égard de ce monde ; il nous exhorte à ne pas occuper nos cœurs de ce que Dieu nous dispense ici-bas — qu’il s’agisse d’affections naturelles ou d’affections de famille (v. 29), d’épreuves douloureuses, de joies ou de biens matériels (v. 30), « car la figure de ce monde passe » (v. 31) — mais, au contraire, à vivre des choses célestes, avec un cœur rempli de Christ. Si nous mettons nos cœurs à ce qui est d’ici-bas, c’est parce que nous n’agissons pas selon la pensée de Dieu quant à ce monde et à ce qui lui est réservé. Dieu nous révèle sa pensée et nous nous comportons souvent comme s’Il ne l’avait pas fait.

 

« Sainte conduite et piété ». Les exhortations à ce sujet remplissent les deux épîtres à Timothée et les deux épîtres de Pierre.

 

7.1   Sainte conduite

La « sainte conduite » c’est une marche dans la séparation de tout mal, c’est l’enseignement des Écritures, mis en pratique.

1 Timothée 2 nous présente, d’une manière générale, la conduite des hommes et des femmes dans la maison de Dieu. — Les exhortations du chapitre 3 se rapportent à la conduite des anciens et des serviteurs. S’ils veulent remplir les charges locales auxquelles ils peuvent aspirer — ce qui est désirer « une œuvre bonne » (v. 1) — ils doivent d’abord savoir conduire leur propre maison (v. 4, 5, 12). Toute cette première partie du chapitre nous dit ce qui doit caractériser leur conduite et, indirectement, celle de leur femme et de leur maison. — Timothée devait veiller sur l’ordre et la doctrine dans la maison de Dieu ; or, la doctrine comprend des enseignements relatifs à la marche pratique de tous ceux qui composent cette maison. L’apôtre dit à Timothée comment doivent se conduire les uns et les autres, puis il ajoute des directions qui ont trait à sa conduite personnelle et qui lui sont spécialement destinées, car il avait des responsabilités particulières : « afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu.. » (3:15). Il l’exhorte à être le modèle des fidèles non seulement en parole, mais aussi en conduite (4:12). Il est toujours vrai que le serviteur n’aura d’autorité morale que dans la mesure où il est le modèle des fidèles en parole et surtout en conduite. Nous manquons aujourd’hui de frères ayant une autorité morale et c’est la marque de notre grande faiblesse. — La puissance de la vie de Dieu opérait dans toute la marche de l’apôtre : il mettait en pratique ce qu’il enseignait et avait été ainsi un modèle que Timothée avait imité : « Tu as pleinement compris (ou : suivi) ma doctrine, ma conduite.. » (2 Tim. 3:10). Timothée avait obéi à l’exhortation de la première épître (4:12), il avait suivi avec exactitude l’enseignement et la conduite de Paul ; imitateur de l’apôtre en toutes choses, il était « le modèle des fidèles, en parole, en conduite… ». La conduite manifestait ainsi ce qu’était la doctrine. — Dans la première épître, l’apôtre dit à Timothée comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, alors que la fidélité était encore chez le grand nombre (ces enseignements doivent être mis en pratique aujourd’hui par ceux qui désirent manifester les caractères de l’Assemblée de Dieu) ; dans la seconde, il lui montre ce que doit être la conduite du fidèle alors que la maison est devenue « la grande maison » : cette conduite est essentiellement caractérisée par la séparation de tout mal, doctrinal et moral — « sainte conduite ».

C’est aussi l’enseignement de l’apôtre Pierre dans ses deux épîtres, pour ce qui concerne la conduite du croyant dans ce monde.

1 Pierre 1:15 : « Comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite… » — v. 17 : « Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas ». — Un des caractères de Christ est présenté ici par l’apôtre : Il est saint. Il est impossible de lui être associé si l’on ne porte pas ce caractère. Trois motifs sont placés devant nous :

1° Le caractère de Celui qui nous a appelés (v. 15-16).

2° Le gouvernement de Dieu dans sa famille (v. 17). Le Père juge selon l’œuvre de chacun et sans acception de personnes, pensée sérieuse qui doit produire dans nos cœurs une sainte crainte de désobéir à Dieu, de Lui déplaire en quoi que ce soit.

3° Le prix auquel nous avons été rachetés (v. 18 à 21). Les deux premiers motifs sont pour la conscience, celui-ci est pour le cœur ! En pensant au sacrifice de l’Agneau de Dieu, à ses souffrances, à sa mort expiatoire, pourrions-nous nous conduire d’une façon qui Le déshonore et attriste son cœur ? Ne sommes-nous pas profondément touchés en pensant à ce que Dieu a fait pour nous en sacrifiant son Bien-aimé, son Fils unique, le Fils de son amour, « agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous, qui, par lui, croyez en Dieu… » ?

 

L’exhortation de 1 Pierre 2:12 est relative à la conduite des chrétiens, auxquels l’apôtre écrivait, au milieu des nations parmi lesquelles ils vivaient et où ils étaient considérés comme des étrangers. Elle s’applique à nos rapports avec les hommes de ce monde : « conduite honnête ». C’est un témoignage public inattaquable. Pour réaliser cette « conduite honnête », il faut s’abstenir des « convoitises charnelles » qui nuisent à la prospérité de l’âme : c’est donc une « sainte conduite ». Elle ne sera peut-être pas toujours comprise, il pourra se faire que l’on médise de nous, mais un jour Dieu sera glorifié par les fruits de cette « conduite honnête » : les « bonnes œuvres » que, malgré tout, les hommes observent (v. 12).

Au début du chapitre 3, nous avons la conduite de la femme chrétienne vis-à-vis du mari incrédule. Comment pourra-t-elle le gagner ? — « Sans la parole, par la conduite ». S’il y a un cas où la femme pourrait se croire autorisée à quitter la position de soumission à l’égard de son mari, c’est bien celui-là. Et cependant, même dans ce cas, la Parole lui dit : sois soumise ! La femme chrétienne n’obtiendra pas la bénédiction dans un chemin qui commencerait par la désobéissance à la parole divine — c’est d’ailleurs un principe général. Si elle quitte la place subordonnée que Dieu lui a assignée, l’ordre selon Dieu n’est plus maintenu — et le désordre ainsi introduit dans son foyer aura généralement ses répercussions jusque dans l’Assemblée. L’expression « soyez soumises », au début de ce chapitre, indique un état habituel — a-t-on remarqué — et non pas une soumission occasionnelle dans une circonstance particulière. C’est par la conduite, par « la pureté de sa conduite dans la crainte » que la femme chrétienne manifestera « ce qui est d’un grand prix devant Dieu » : un état intérieur caractérisé par la douceur et la paix.

Le verset 16 de ce même chapitre nous parle de la « bonne conduite en Christ ». Au travers de l’hostilité que nous pouvons rencontrer dans ce monde, nous sommes appelés à réaliser une telle conduite, même si cela doit nous amener à « souffrir en faisant le bien », étant en butte à l’opposition de « ceux qui médisent de nous comme de gens qui font le mal ».

Toute la deuxième épître de Pierre est remplie des enseignements concernant la conduite qui doit être celle du fidèle au milieu de la corruption d’un monde révolté contre Dieu et qui sera détruit par le jugement, corruption à laquelle il a échappé parce qu’il participe à la nature morale de Dieu (1:4).

 

7.2   Piété

« Et en piété ». La piété caractérise une vie pratique dans laquelle sont manifestées confiance en Dieu et crainte de Dieu. On a dit qu’elle était un composé de ces deux sentiments. Cette crainte nous fait haïr le mal et aimer le bien, haïr ce que Dieu hait et aimer ce qu’Il aime. L’âme est ainsi en communion avec Dieu. La piété découle de la connaissance de Christ, car le secret de la piété, c’est n’être occupé que de Lui.

La conduite dans la maison de Dieu (première épître à Timothée) doit être caractérisée par la piété.

La prière adressée à Dieu en faveur de ceux qui sont haut placés dans ce monde a un but pour ce qui nous concerne : « afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté » (2:2). Nous oublions souvent la fin du verset.

Le chapitre 3, verset 16, nous occupe du « mystère de la piété ». Ce qui formera en nous les caractères de la piété, c’est la contemplation de Christ, source de la piété comme Il est l’objet de la foi.

Timothée est exhorté à s’exercer à la piété, c’est-à-dire à chercher la présence de Dieu, à vivre dans sa crainte tous les jours, à entretenir des rapports de communion avec Dieu. L’exercice de la piété est un exercice journalier ; l’apôtre le met en comparaison avec l’exercice corporel. L’exercice corporel, c’est celui des athlètes, l’exercice sportif ; pour réussir dans ce domaine, que faut-il ? Un entraînement quotidien. Il ne faut pas se laisser aller ; si, pendant quelques jours, l’exercice est interrompu, aucun progrès n’est possible. L’apôtre présente l’exercice de la piété, en analogie dans un sens, mais aussi en contraste dans un autre. La piété doit être un exercice quotidien, tout comme l’exercice corporel. Mais, en contraste, tandis que « l’exercice corporel est utile à peu de chose », la piété est « utile à toutes choses », aussi bien à ce qui concerne la vie du corps qu’à ce qui a trait à la vie spirituelle. Elle a « la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir » (4:7-8) — « promesse de la vie présente » : le défaut d’exercice corporel n’aura aucune des répercussions qu’il pourrait avoir sur notre existence terrestre, si c’est l’exercice de la piété qui nous y a contraints ; « et de la vie qui est à venir » : l’exercice corporel n’a aucune influence sur la vie à venir, tandis qu’une vie de piété portera des fruits pour l’éternité.

1 Timothée 6:3 à 5 nous montre que tout enseignement, toute doctrine qui n’a pas pour but de développer la piété chez le croyant vient de la chair. Les « discours vains et profanes » viennent de cette source, aussi « ceux qui s’y livrent » vont « plus avant dans l’impiété » (2 Tim. 2:16). Lorsque des mobiles charnels agissent dans le cœur, on peut en arriver à estimer « que la piété est une source de gain » ; tous les résultats produits ne sont autres que les fruits de la vieille nature : envie, querelles, paroles injurieuses, mauvais soupçons, vaines disputes autant de choses qui sont en contraste avec la piété.

La piété n’est pas « une source de gain », mais « un grand gain » pour l’âme (v. 5-6). À quoi bon nous mettre en souci pour acquérir et accumuler des richesses ? La piété nous conduit à être satisfaits de ce que Dieu trouve bon de nous dispenser dans sa sagesse, elle nous fait jouir avec reconnaissance des biens qui sont à notre disposition et nous préserve du désir de rechercher ce que Dieu ne nous a pas donné. L’apôtre, qui écrivait à Timothée : « la piété avec le contentement est un grand gain » pouvait dire en vérité : « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l’abondance ; en toutes choses et à tous égards, je suis enseigné, aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations » (Phil. 4:11-12). Rappelons aussi l’exhortation d’Héb. 13:5 : « Que votre conduite soit sans avarice, étant contents de ce que vous avez présentement ». Si avec la piété nous n’avons pas le contentement, nous sommes en danger de rechercher des richesses ; l’apôtre montre, dans les versets qui suivent, où peuvent être conduits « ceux qui veulent devenir riches » (v. 9-10).

Enfin, la piété nous est présentée comme l’un des caractères que Timothée, homme de Dieu, était appelé à poursuivre (v. 11). Bienheureux celui qui, ici-bas, se conduit comme un homme de Dieu, étant dans le monde de la part de Dieu et y vivant pour Lui seul !

Dans la seconde épître, l’apôtre dépeint l’état de la chrétienté dans les temps fâcheux des derniers jours : il y a la forme de la piété, mais sans la puissance ; et ce qui caractérise précisément ces hommes qui ont « la forme de la piété », c’est qu’ils sont « sans piété » (3:5 et 2). En contraste avec ces hommes, l’apôtre nous dit un peu plus loin que « ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (3:12). La vraie piété ne va pas sans persécutions. Aujourd’hui, ce ne sont plus les souffrances qu’ont eu à connaître tant de nos devanciers, le martyre, la mort sur les bûchers, ce sont dans nos pays tout au moins — des persécutions morales, railleries ou moqueries, souvent très difficiles à supporter. La haine du monde se manifeste de bien des façons à l’égard de ceux qui gardent la parole ! « Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs » (Jean 17:14).

Dans sa deuxième épître, l’apôtre Pierre rappelle que « sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété » (1:3) — toutes les ressources nécessaires pour vivre pieusement ici-bas. Il nous présente ensuite la piété comme l’un des anneaux de la chaîne des caractères que le croyant doit manifester : « joignez à votre foi... la piété... » (1:5-6 ; comp. avec 1 Tim. 6:11-12). —Dans le chapitre 2, il montre que le jugement a été exécuté sur Sodome et Gomorrhe, afin que ces deux villes fussent « un exemple à ceux qui vivraient dans l’impiété » (v. 6) — et nous pouvons rapprocher leur destruction par le feu, des jugements annoncés dans les versets 10 et 12 du chapitre 3. —  « Le Seigneur sait délivrer de la tentation les hommes pieux, et réserver les injustes pour le jour du jugement... » (2:9-10). Les « hommes pieux » (un Noé, par exemple) sont présentés ici en contraste avec les « injustes » qui n’ont à attendre que le jugement inexorable du Dieu saint et juste.

« Attendant et hâtant la venue du jour de Dieu » (v. 12). Les cieux et la terre de maintenant ayant fait place aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre « dans lesquels la justice habite » (v. 13), le « jour de Dieu » sera établi pour la bénédiction éternelle. Dans ce jour-là, tout sera en rapport avec le caractère de Dieu. Nous pouvons « hâter ce jour » en réalisant une vie pratique où déjà tout est en accord avec ce caractère. Tout ce au milieu de quoi nous nous mouvons va disparaître, toutes choses vont « se dissoudre » ; ne devrions-nous pas, par conséquent, les abandonner pour vivre une vie caractérisée par la « sainte conduite » et la « piété » ? — « Attendre ce jour », le « hâter » sont des expressions qui éveillent en nous le sentiment de notre responsabilité : nous sommes responsables de manifester déjà dans ce monde, où règnent la violence et la corruption, les caractères qui seront vus dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

 

8                        Ch. 3:14 — Persévérance

Ayant une telle espérance, dans l’attente de la réalisation de cette promesse, nous sommes invités à nous étudier « à être trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix » (v. 14). « Étudiez-vous » : l’étude est un travail persévérant ; cela implique le jugement constant des tendances de notre cœur naturel, tendances qui — si nous les laissons se développer — nous empêchent de manifester les caractères qui seront vus dans le jour de Dieu.

 

9                        Ch. 3:17 — Danger des erreurs

« Prenez garde, de peur qu’étant entraînés par l’erreur des pervers... » (3:17). Il y a l’erreur des pervers, de faux docteurs, de mauvaises lectures dont il faut se garder avec soin, de peur de « déchoir ».

Dans la seconde épître à Timothée également, l’apôtre attire l’attention sur ce danger (2:16-18) : les « discours vains et profanes » conduisent ceux qui s’y livrent « plus avant dans l’impiété » (c’est le point de vue moral) et écartent de la vérité, renversant la foi de quelques-uns (c’est le point de vue de la doctrine). Dans le chapitre 3, nous avons une autre ruse de l’adversaire : c’est en copiant la vérité que lui résistent des « hommes corrompus dans leur entendement, réprouvés quant à la foi » (v. 8-9) — là aussi, nous avons le double côté moral et doctrinal. Enfin, dans le chapitre 4, le « sain enseignement » n’est plus supporté, « ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité, et se tourneront vers les fables » (v. 3, 4) — nous retrouvons encore la corruption morale et l’abandon de la vérité, avec ce caractère aggravant que ce ne sont plus les faux docteurs qui essaient de détourner les âmes de la vérité, mais les âmes qui recherchent de faux docteurs parce qu’elles ne supportent plus l’enseignement qui est selon la vérité : même mise en garde contre « l’erreur des pervers » dans ces deux derniers écrits de l’apôtre Paul et de l’apôtre Pierre.

 

10                  Ch. 3:18 — La ressource : Croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ

Le verset 18, qui clôt ce chapitre et en même temps les écrits inspirés de l’apôtre Pierre — son tout dernier message — nous indique la ressource à laquelle nous sommes invités à avoir recours : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ».

« Croissez dans la grâce... ». Dans la seconde épître à Timothée, l’apôtre écrit : « Fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2:1). Qu’il est bon de pouvoir compter sur la grâce de Dieu, cette grâce « qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles » et « qui a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1:9-10) — grâce qui nous fortifie dans le chemin, nous restaure, nous supporte et nous conduit vers le but. Heureux sommes-nous de savoir que nous serons jusqu’au bout les objets de la grâce de Dieu et que « la grâce du Seigneur Jésus Christ » sera « avec tous les saints » (Apoc. 22:21). Que ferions-nous, si nous n’avions les secours variés de la grâce ? — Mais gardons-nous d’oublier que cette grâce, c’est la grâce de Dieu, d’un Dieu qui est amour et qui est aussi lumière. Il est un côté que nous perdons souvent de vue quand nous parlons de la grâce : « la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2:11 à 14). Tel est l’enseignement de la grâce ! Et sans doute ce second côté est-il tout spécialement en rapport avec l’enseignement de la deuxième épître à Timothée et de la deuxième épître de Pierre. « Fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus ». « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ».

Quelle est la source de la force pour le croyant ? Dieu seul. Au sein de la « grande maison » comment pourra-t-il marcher fidèlement et où trouvera-t-il la force pour cela ? Dans la séparation de tout mal doctrinal et moral, réalisée avec Dieu et pour Lui. Il n’y a pas de force si la séparation est perdue. « Sainte conduite et piété » ; la grâce de Dieu enseigne ce chemin au fidèle et veut lui donner là, toute la force dont il aura besoin pour avancer en glorifiant le Seigneur. Elle lui enseigne à renier l’impiété et les convoitises mondaines, à vivre sobrement, et justement, et pieusement, à attendre tout à la fois la venue du Seigneur, bienheureuse espérance, et son apparition. Dans « ce jour-là », l’apôtre recevra la couronne de justice, comme aussi « tous ceux qui aiment son apparition » (2 Tim. 4:8). Oui, « croissez dans la grâce... » pour « renier l’impiété » et « vivre... pieusement » — « sainte conduite et piété ».

« Et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ». La croissance est l’un des traits caractéristiques du royaume de Dieu, pour le royaume dans son ensemble et aussi pour chacun individuellement (voir par exemple : Marc 4, spécialement versets 8, 20, 27, 28). La pensée de Dieu est de nous voir nous développer : le ministère est exercé « pour l’édification du corps de Christ ; jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ : afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ; mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ ; duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour » (Éph. 4:12 à 16). Accroissement individuel en vue de l’accroissement collectif (cf. Col. 2:19).

La connaissance du Seigneur Jésus nous est proposée comme terme de cet accroissement. Tous ne sont pas au même degré spirituel dans la famille de Dieu : il y a de petits enfants, des jeunes gens et des pères (1 Jean 2). Ce qui caractérise les « pères » c’est qu’ils « connaissent Celui qui est dès le commencement ». Quels progrès ils ont faits, croissant dans la connaissance de sa Personne ! L’apôtre désirait « le connaître, Lui... » (Phil. 3:10) et pourtant, qui le connaissait comme lui ? Mais il réalisait que c’est là l’objet de la vie chrétienne.

Cette connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ est bien le remède à tous les maux de quelque caractère qu’ils soient, car elle nous rend capables de marcher comme Il a marché ici-bas. Dans les jours que nous vivons, pour lesquels sont si utiles les enseignements de la deuxième épître à Timothée et de la deuxième épître de Pierre, quelle ressource nous avons en Christ ! — Le connaître, croître dans Sa connaissance, nous délivre de nous-mêmes, nous sépare de toute la corruption morale qui règne autour de nous, nous développe spirituellement et nous permet ainsi de tenir ferme, attachés à la vérité. C’est le secret pour vivre « en sainte conduite et en piété » — le seul secret.

« Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. À lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité !

Amen ».