[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
« Votre adversaire, le Diable... » —1 Pierre 5:8
Paul Fuzier
Les sous-divisions ont été ajoutées par Bibliquest. ME 1950 p. 29
Table des matières :
3 Un crible pour tous, spécialement pour Pierre
4.2 Prières du Seigneur — Pour que la foi ne défaille pas
4.3 Retour possible après la chute
7 Gardés par la puissance de Dieu, … par la foi
8 Vivre de Christ et près de Christ
Les épîtres ont été écrites par les apôtres, divinement inspirés, conduits par l’Esprit Saint. C’est ce qui donne toute leur autorité à leur enseignement, de la puissance à leurs exhortations. Nous recevons ainsi enseignement et exhortations comme venant de Dieu lui-même. Les Thessaloniciens l’avaient bien compris puisque l’apôtre Paul leur écrit : « ayant reçu de nous la parole de la prédication qui est de Dieu, vous avez accepté, non la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la parole de Dieu, laquelle aussi opère en vous qui croyez » (1 Thess. 2:13).
Dans nombre de cas, les apôtres ont éprouvé pour eux-mêmes la valeur des exhortations qu’ils sont conduits à présenter, ils en ont mesuré toute l’importance. Si, par exemple, l’apôtre Pierre peut écrire : « Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer » (1 Pierre 5:8), c’est parce qu’il a expérimenté la puissance de Satan et compris la nécessité de veiller afin d’éviter ses pièges. Celui qui, sous la direction du Saint Esprit, nous adresse cette pressante exhortation, c’est le disciple que Satan avait demandé à avoir pour le « cribler comme le blé ». Quel souvenir il conserve du chemin douloureux par lequel il est passé, des larmes amères qu’il a dû verser après avoir renié son Maître ! — Aussi, cette exhortation acquiert-elle, sous sa plume, une force particulière. « Une fois revenu », il peut « fortifier ses frères », les mettre en garde ; il connaît le danger, il en mesure la gravité et l’expérience qu’il a faite lui permet de dire, avec d’autant plus de force : veillez, l’adversaire est toujours là, il rôde autour de vous, il cherche à vous dévorer. Veillez ! Résistez-lui !
Dans le récit que nous rapportent les versets 31 et 32 du chapitre 22 de Luc, le Seigneur appelle Pierre par le nom qu’il avait reçu à sa naissance : « Simon, Simon... » — Simon, c’est l’homme inconverti, la vieille nature ; Pierre, c’est, chez le croyant, le nouvel homme (cf. Jean 1:41 à 43). Pierre était un homme converti, mais la vieille nature est toujours dans le croyant et c’est à la vieille nature que Satan s’adresse pour faire broncher un racheté de Christ. Satan ne peut tenter le nouvel homme : « quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, car la semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu » — « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas » (1 Jean 3:9 ; 5:18). Ces deux passages nous enseignent que la nouvelle nature, nature divine, ne peut accomplir un acte opposé à la volonté de Dieu, elle ne peut pas pécher. Ce n’est donc pas à la nouvelle nature que Satan s’adresse pour faire tomber un croyant, c’est la chair qu’il s’efforce de mettre en activité.
Au verset 34, le Seigneur emploie le nom de Pierre, sans doute comme pour dire à son disciple : toi, passé de la mort à la vie, né de nouveau, tu vas me renier ! C’est un enfant de Dieu, possédant la vie divine, qui peut aller jusqu’à renier le Seigneur ! — Mais, ce n’est pas l’action de la vie divine en lui qui l’amène à cela, c’est l’énergie du vieil homme. Aussi, c’est au vieil homme que le Seigneur s’adresse au verset 32. Le nom de Simon constitue là comme un avertissement et, l’avertissement est répété pour en accentuer le sérieux : « Simon, Simon... ». C’était dire : toi en qui est toujours la vieille nature, prends garde ! — celui qui cherche ta perte va essayer de la faire agir pour arriver à ses fins.
Satan avait autrefois demandé à « cribler » Job (Job 1:9 à 11 ; 2:5). Ici, il demande à cribler les disciples, tous les disciples et non pas Pierre seulement. Tous avaient suivi le Seigneur et s’étaient attachés à Lui, espérant qu’Il allait « délivrer Israël » (Luc 24:21). Mais le moment n’était pas encore venu où le règne pourrait être établi ; bien au contraire, le Seigneur allait être élevé sur une croix. Pour les disciples, ce serait donc une douloureuse épreuve, l’anéantissement de leurs espérances, le « crible ». Comment traverseraient-ils les circonstances qui étaient devant eux ? Satan allait s’en servir — il l’avait « demandé » — pour essayer d’ébranler leur foi, de la renverser... quelle victoire il eût remportée, s’il avait pu réussir dans son dessein !
Mais, bien que Satan ait demandé à « avoir » tous les disciples pour les « cribler comme le blé », le Seigneur s’adresse à Pierre seul. Il savait qu’il était celui qui, de tous, courrait le plus de dangers. Pierre aimait le Seigneur d’un tel amour qu’il pensait pouvoir affronter l’épreuve, sûr du triomphe ! Au fond, ce n’était que confiance en soi, confiance en la chair, bien que ce fût la chair sous son plus bel aspect. Pierre avait besoin d’apprendre ce qu’est la chair ; il fallait qu’il apprît à se connaître.
Le « mais » qui commence le verset 32 indique le contraste avec ce qui précède.
v. 31. « Satan » : menteur et meurtrier dès le commencement, ennemi rusé, lion rugissant qui rôde autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer. — v. 32. « Mais moi... » : Celui qui aime ses rachetés, le bon Berger qui a mis sa vie pour ses brebis, les porte sur ses épaules et sur son cœur, le Souverain Sacrificateur qui est à même de secourir ceux qui sont tentés. D’un côté, toute la haine de Satan ; de l’autre tout l’amour du Seigneur !
v. 31. « ... a demandé ». — v. 32. « ... j’ai prié ». Satan a demandé, il ne peut agir sans la permission divine. Et, en demandant, nous savons quel but il poursuit... Le Seigneur a prié pour son disciple. Sans doute, une prière est une demande, mais « prier » est tellement plus fort que « demander » !
— Le Seigneur prie avec instance pour les siens — pour tous les siens (« c’est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous » — Rom. 8:34) et pour chacun des siens (« J’ai prié pour toi » — Luc 22:32), pour tous ensemble et pour chacun en particulier. Dans nos difficultés, dans nos épreuves, il est réconfortant d’entendre la voix de Celui qui nous dit, comme à Pierre autrefois : « J’ai prié pour toi ». Pour toi qui es cher à mon cœur, que je connais par nom... Peut-être ne sais-tu pas encore par quel chemin tu auras à passer, « mais moi » je le sais et « j’ai prié pour toi » ! — Pierre ignorait tout des circonstances qui allaient être les siennes, mais le Seigneur en avait la pleine connaissance et Il avait prié pour son disciple.
v. 31. « pour vous cribler comme le blé ». — v. 32, « afin que ta foi ne défaille pas ». Quel contraste, là encore, entre l’objet de la « demande » et celui de la « prière » ! Satan demande à Dieu la permission d’agir à l’égard des rachetés du Seigneur afin de les amener à perdre toute confiance en Celui qui les a sauvés, à douter de son amour ; c’était déjà son travail dès le commencement (Genèse 3:1, 4, 5) ; il veut les éloigner de Christ et ainsi les faire tomber. Le Seigneur prie pour celui qui est tout spécialement en danger devant les assauts de l’adversaire, « afin que sa foi ne défaille pas » ; Il intercède pour que sa confiance en Lui et en son amour soit maintenue au travers de tout.
La parole qui termine le verset 32 était bien de nature à fortifier la foi du disciple pour lequel le Seigneur avait prié ! « Quand une fois tu seras revenu », c’était la certitude d’une pleine restauration après la chute, — « fortifie tes frères », c’était l’assurance qu’un service serait ensuite confié à Pierre restauré, malgré cette chute. Lorsque, par sa chute, il aurait appris à se connaître, quand il aurait perdu toute confiance en lui, il serait conduit à ne compter que sur le Seigneur et, ainsi, rendu capable de « fortifier ses frères ». Le Seigneur l’emploierait à son service ; les expériences faites sous le « crible » seraient, plus tard, utiles à ses frères. Il pourrait leur montrer ce qu’est la chair et leur dire ce sur quoi il convient de s’appuyer pour suivre Christ et le servir. Il demeurerait — il demeure encore aujourd’hui pour nous — un vivant exemple de l’opération de la grâce divine qui relève, encourage et restaure entièrement. Après avoir renié le Seigneur, il eût dû être renié par Lui, car le Seigneur est fidèle à son caractère immuable aussi bien qu’à ses promesses (2 Tim. 2:12). Mais la grâce est souveraine et Pierre y a fait appel par les larmes de la repentance. Le méchant a accompli « une œuvre trompeuse » (Prov. 11:18) : de sa chute, Pierre, par la prière du Seigneur et l’opération de sa grâce, sortira fortifié. Il aura appris, d’une part, ce qu’est la chair, d’autre part, ce qu’est la grâce divine.
Notre adversaire, le diable, est toujours le même ; il n’a pas désarmé et sans doute est-il d’autant plus actif, multipliant ses artifices, qu’il sait qu’il a peu de temps. Par des moyens nombreux et variés, adaptés à l’état et aux tendances de chacun des croyants, il agit en vue d’un but qui ne change pas. Nous avons besoin de « veiller », et celui qui nous adresse cette exhortation, conduit par l’Esprit de Dieu, sait combien elle est nécessaire après l’expérience qu’il a faite ! Écoutons le Seigneur nous dire comme à son disciple : « Simon, Simon... ». En nous-mêmes, nous n’avons pas plus de force que lui pour résister à l’adversaire ! Que ferions-nous si nous ne pouvions regarder à Celui qui prie et intercède en faveur de chacun des siens et qui nous dit aussi : « Mais moi, j’ai prié pour toi... » ? Veillons, comptant sur notre seule ressource : la puissance de son incessante intercession.
C’est en comptant sur Celui qui nous porte sur son cœur, priant sans cesse pour nous, que nous pourrons réaliser l’exhortation qu’adresse ensuite l’apôtre Pierre : « Résistez-lui, étant fermes dans la foi » (1 Pierre 5:9). Pour résister à l’adversaire — c’est ici le côté de notre responsabilité — nous avons besoin de revêtir « l’armure complète de Dieu » (Éph. 6. 13 à 18). Dans le passage considéré de sa première épître, l’apôtre Pierre ne mentionne qu’une pièce de cette armure, « le bouclier de la foi ». Il y a, semble-t-il, deux raisons à cela. En premier lieu, c’est la plus importante de toutes les armes défensives : « par dessus tout, prenant le bouclier de la foi par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant... » (Éph. 6:16). La foi ne se confie pas en l’homme, elle ne compte pas sur la chair, mais sur Dieu seul — elle s’attache à Lui. Ensuite, cette arme est particulièrement en rapport avec l’histoire de Pierre, avec les expériences qu’il avait faites lors de sa chute. Il avait eu affaire à la puissance de l’adversaire ; qu’il s’agisse du « lion rugissant » ou de celui qui lance ses « dards enflammés », il faut la foi pour lui résister. Pierre avait appris cette leçon ; il avait appris à se défier de lui-même et à connaître la grâce de Dieu. Et le Seigneur avait prié pour que « sa foi » ne défaille point.
Pierre a fait une chute douloureuse. Si le récit nous en est rapporté et si nous pouvons en dégager d’utiles enseignements, ce n’est pas pour que nous fassions nécessairement les mêmes expériences dans des circonstances identiques ! C’est pour nous avertir, pour nous mettre en garde, c’est afin que nous ne tombions jamais ! Certes, la puissance de Dieu est en activité pour nous tenir debout ; l’apôtre Pierre nous l’assure lui-même : « vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu... » (1 Pierre 1:5). La puissance divine est infinie et nous sommes heureux de savoir que Dieu veut la déployer pour nous garder au milieu de ce monde, face à tous les assauts de l’adversaire. Mais n’oublions pas ce qui concerne notre responsabilité ! L’apôtre ajoute : « ... par la foi ». La puissance de Dieu est à la disposition de la foi. S’il est vrai qu’il faut toute la puissance de Dieu pour nous garder, il est vrai aussi qu’il faut « la foi ». La foi compte sur Dieu et se repose sur Lui, elle s’attache à Christ, Lui qui est l’objet de la foi. Nous comprenons ainsi combien il est nécessaire, si nous voulons être gardés, que nous demeurions près du Seigneur, que nous vivions près de Dieu, car il faut vivre près de Lui pour le connaître et il faut le connaître pour pouvoir se confier en Lui. Ne disons pas, quelle que soit notre conduite : nous pouvons aller sans crainte, la puissance de Dieu nous gardera. Ce serait l’ennemi qui nous le suggérerait afin d’avoir une proie plus facile ! Nous ne pouvons le dire que dans la mesure où nous vivons dans la dépendance du Seigneur, bien près de son cœur. Alors, oui, nous pouvons aller sans crainte, comptant que la puissance divine nous gardera. Mais, chaque fois que nous nous éloignons de Dieu, nous sommes en danger, en grand danger, car nous avons affaire à un adversaire très rusé, qui sait employer les artifices, lancer les « dards enflammés » les plus propres à nous faire tomber !
Le « disciple que Jésus aimait » savait très bien qu’il n’était pas celui qui livrerait le Seigneur. Il était « dans le sein de Jésus... penché sur la poitrine de Jésus », là, il était certain qu’il était bien gardé et que l’adversaire n’aurait aucune prise sur lui ! (Jean 13:21 à 27). Notre vrai David nous dit — comme autrefois David, à Abiathar — : « Demeure avec moi, ne crains point ; ... près de moi tu seras bien gardé » (1 Sam. 22:23).
La foi en exercice nous fera vivre de Christ et près de Christ, nous conduira à réaliser que nous sommes forains et étrangers sur la terre, nous gardera sobres en toutes choses, veillant et priant. C’est alors que nous pourrons résister à Satan, avec la puissance divine qui est à la disposition de la foi.
Nous le réalisons souvent bien mal et c’est ce qui explique tant de chutes douloureuses qui eussent été évitées si le côté de la responsabilité n’avait pas été perdu de vue ! — Nous avons affaire à un ennemi qui est beaucoup plus fort que nous (combien cela devrait nous remplir de crainte et nous amener à nous réfugier sans cesse près du Seigneur !) et c’est le « mauvais jour » (Éph. 6:13), celui pendant lequel, bien que vaincu à la croix, il exerce sa puissance, essayant de nous faire tomber dans ses pièges afin que, par nos chutes, le nom du Seigneur soit déshonoré ! — Dieu veut nous rappeler, encore une fois, par sa Parole, que pour être gardés, il nous faut demeurer tout près de Lui, attachés au Seigneur de tout notre cœur, marchant dans le chemin où « Dieu lui-même ne découvre que lumière et sainteté », suivant les traces de Celui qui est l’« objet béni de la foi » !
« Gardés par la puissance de Dieu par la foi ».