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COMME JE VOUS AI AIMÉS,

 

QUE VOUS AUSSI VOUS VOUS AIMIEZ L’UN L’AUTRE

 

Jean 13:34

Paul Fuzier

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest — ME 1955 p. 113

Table des matières :

1     Le Seigneur aimant les Siens

2     Amour des frères

2.1      Ce qu’il n’est pas

2.2      Distinction entre amour et affection fraternelle

2.3      Origine divine de l’amour

2.4      Amour selon la vérité

3     Aimer comme le Seigneur a aimé — Exemple de Jean 13

 

1                        Le Seigneur aimant les Siens

Nous rappelons souvent la parole citée en tête de ces lignes, exhortation adressée par le Seigneur aux onze et toujours de saison. Judas était sorti, il allait livrer son Maître pour trente pièces d’argent… « Lors donc qu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui ». Ayant achevé son service d’amour sur la terre, par amour Il allait s’offrir en sacrifice, tel l’esclave hébreu déclarant positivement : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre » (Jean 13:26 à 32 ; Exode 21:2 à 6). Quelle gloire pour Lui dans l’accomplissement de l’œuvre par le moyen de laquelle le péché allait être ôté, l’amour de Dieu manifesté dans sa plénitude ! Quelle gloire pour Dieu : désormais, en vertu de cette œuvre, l’homme pourrait entrer dans sa présence et jouir de son amour ! Et Dieu, glorifié, se devait à Lui-même de glorifier le Fils de l’homme qui, par ses souffrances et par sa mort, s’était acquis tous les droits à cette gloire nouvelle. Le Saint Esprit, Esprit de vérité, descendrait ensuite ici-bas, envoyé par le Père et par le Fils, pour demeurer avec les croyants et être en eux comme puissance de la vie nouvelle, vie de résurrection que le Seigneur leur a communiquée : « parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (Jean 14:15 à 19). L’Esprit agissant en eux, la vie divine sera vue dans ses fruits, quelques caractères de Christ seront reproduits en obéissance au commandement nouveau : comme Christ a aimé les siens et manifesté cet amour dans son service à leur égard, à leur tour les siens doivent s’aimer l’un l’autre. Christ est l’exemple et le Modèle à imiter.

De son côté à Lui, l’amour est sans limites, c’est l’infini que nous ne pouvons sonder, qui nous confond et nous prosterne dans l’adoration. Pour ce qui nous concerne, il ne peut s’agir que d’une mesure plus ou moins grande, en rapport avec le développement de notre vie spirituelle ; mais qu’au moins, nous ne nous méprenions pas sur le véritable caractère de l’amour que nous sommes exhortés à manifester les uns à l’égard des autres !

 

2                        Amour des frères

2.1   Ce qu’il n’est pas

Qu’entendons-nous par « aimer comme le Seigneur nous a aimés » ? N’avons-nous pas tendance parfois à rabaisser un niveau aussi élevé jusqu’à celui de relations agréables entre frères et sœurs, relations à peu près identiques, sous certains rapports, à celles que pourraient avoir entre elles des personnes de ce monde ? Veiller à éviter toute querelle, ne pas se dire de paroles blessantes, chercher à se faire mutuellement plaisir, même au prix de quelques flatteries, s’associer à ceux qui s’écartent plus ou moins du chemin de l’obéissance à la Parole pour n’avoir pas l’air de les juger par une position de séparation, est-ce, au fond, ce que nous appellerions de l’amour fraternel ? Et si, pour en donner la mesure, nous nous servons de l’expression employée par le Seigneur : « comme je vous ai aimés », serait-ce pour nous inciter à passer à peu près sur tout, répétant volontiers le passage dont nous faussons le sens : « L’amour supporte tout » (1 Cor. 13:7) ? L’amour supporte tout ce que le Seigneur supporte, pas autre chose.

 

2.2   Distinction entre amour et affection fraternelle

Si même nous faisons la différence entre les relations agréables de personnes de ce monde — relations qui ne sont, en fait, que la mise en activité d’une chair aimable — et l’affection fraternelle, n’oublions pas que l’amour est encore autre chose. L’apôtre Pierre nous l’enseigne lorsqu’il écrit, dans sa 2eme Épître : « Joignez… à l’affection fraternelle, l’amour » (1:5, 7). Puisque cette exhortation est nécessaire, c’est qu’il peut y avoir, bien que l’affection fraternelle doive découler de l’amour, une certaine forme d’affection fraternelle, contrefaçon de la vraie, sans amour.

À l’affection fraternelle peuvent se mêler parfois des sentiments humains. Il en est ainsi, par exemple, lorsqu’au lieu de s’exercer à l’égard de tous les frères, elle ne se manifeste qu’envers ceux chez lesquels nous trouvons quelque chose d’attrayant, des goûts ou des habitudes semblables aux nôtres. Ce qui nous fait alors agir, ce n’est pas tant le fait que ce sont des frères qui se trouvent être les objets de notre affection, c’est plutôt ce qui nous est agréable à nous, par conséquent les sentiments de notre propre cœur. De sorte qu’il peut fort bien arriver, et c’est probablement plus fréquent qu’on ne pense, que de grandes manifestations d’affection fraternelle soient l’expression de nos cœurs naturels plutôt que le fruit de la nature divine agissant en nous. Si à l’affection fraternelle n’est pas joint l’amour, cette affection devient plus ou moins charnelle, bien que parfois nous n’en ayons pas conscience. Les apparences sont peut-être très belles ; on dira sans doute : voilà des frères, des sœurs qui donnent de puissants témoignages d’amour ! Tandis que la réalité est tout autre.

 

2.3   Origine divine de l’amour

L’amour vrai, un amour comme celui dont Jésus a aimé et aime les siens, ne peut provenir que de la nouvelle nature. Il a sa source non pas en ceux qui en sont les objets, mais en celui qui aime (en fait, en Dieu Lui-même) parce qu’il possède la nature du Dieu d’amour. Par conséquent, il se manifeste quelles que soient les circonstances ou les personnes : si même elles n’étaient susceptibles de produire qu’irritation, elles deviendraient en cela l’occasion de mettre en exercice l’amour qui est dans le cœur renouvelé. L’amour ne se laisse donc guider ni par les antipathies (elles n’arrivent pas à le tarir), ni par les sympathies (ce ne sont pas elles qui le mettent en activité). Et si parfois il se témoigne par de la froideur ou une certaine réserve, c’est parce qu’il ne peut s’associer à ce qui n’est pas en accord avec la pensée de Dieu.

 

2.4   Amour selon la vérité

Ce que nous croirions être de l’amour et qui ne serait pas selon la vérité, ne serait pas de l’amour selon Dieu ; car la preuve de l’amour selon Dieu, 1 Jean 5:2 nous l’enseigne, c’est l’obéissance à la Parole, Parole qui est la Vérité et qui sanctifie, ainsi que l’a dit le Seigneur dans la prière adressée son Père en faveur des siens : « Sanctifie-les par la vérité ; ta Parole est la vérité » (Jean 17:17). « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5). La sainteté et la vérité doivent donc nécessairement marquer l’amour selon Dieu, qu’il s’exerce dans notre marche individuelle ou dans l’assemblée. L’amour désire, recherche l’édification de l’assemblée, assemblée qui est « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15), et il la produit par l’exercice des dons de l’Esprit. C’est pourquoi nous est adressée l’exhortation de 1 Cor. 14:1 : « Poursuivez l’amour, et désirez avec ardeur les dons spirituels ». Seule l’action de l’Esprit de Dieu — Esprit saint, Esprit de vérité, Esprit d’amour (Jean 14:26 ; 14:17 ; 15:26 ; 16:13 ; 2 Tim. 1:7), — nous conduira à maintenir, inséparablement unis, sainteté, vérité, amour. Et cette action de l’Esprit produira nécessairement de tels fruits, elle ne peut en produire d’autres.

Tel est le caractère essentiel d’un témoignage philadelphien. « Le saint, le véritable » dit à Philadelphie (qui signifie : amour des frères) : « Tu as gardé ma parole » — c’est la preuve d’un amour selon Dieu : « Si quelqu’un m’aime », dit le Seigneur, « il gardera ma parole » (Jean 14:23) et l’apôtre Jean écrit dans sa première Épître : « Par ceci nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements » (5:2) — et ensuite : « tu n’as pas renié mon nom », le Nom du Saint et du Véritable (Apoc. 3:7, 8). L’affection fraternelle, si l’amour n’y est pas joint, peut nous conduire, inconsciemment même, à sacrifier quelque chose de la sainteté et de la vérité. Nous ne verrons généralement que plus tard les conséquences de tels abandons ; pour le présent, cette affection fraternelle sera volontiers considérée comme de l’amour. Mais il est impossible qu’un amour qui ne maintient pas la vérité et la sainteté procède de l’Esprit Saint, qu’il soit par conséquent un amour selon Dieu. De sorte qu’alors tout est perdu : la vérité, la sainteté et l’amour selon Dieu. Il ne reste qu’une contrefaçon de l’amour.

 

3                        Aimer comme le Seigneur a aimé — Exemple de Jean 13

« Comme je vous ai aimés ». C’est de la nature de cet amour, plus encore que de sa mesure, que le Seigneur veut parler aux siens. Et il est bien remarquable que ces paroles se trouvent précisément dans le chapitre 13 de l’Évangile selon Jean, tout entier rempli de l’amour du Seigneur dans ses divers exercices : pour laver les pieds de ses disciples — pour enseigner ceux auxquels Il donne ainsi « une part avec lui » — pour faire goûter à celui qui connaît cet amour et en jouit (« le disciple que Jésus aimait ») le paisible repos sur son sein, tandis que « penché sur sa poitrine » il peut recevoir les communications du Seigneur et être instruit de sa pensée — pour s’occuper même d’un Judas, auquel Il a lavé les pieds comme aux autres disciples, auquel Il a donné « le morceau après l’avoir trempé », témoignage de distinction et d’affection tout à la fois — pour prendre soin d’un Pierre, prêt à « laisser sa vie » pour son Maître, expression d’un dévouement sincère, auquel le cœur du Seigneur ne peut être insensible, mais aussi engagement inconsidéré d’un disciple qui a tellement de confiance dans son amour pour le Seigneur… Enfin, et par dessus tout, l’amour du Seigneur est manifesté dans le don de Lui-même pour glorifier son Dieu et sauver des coupables. Mais là, Il n’est plus pour nous le Modèle à imiter ; seul, Il pouvait accomplir cette œuvre !

Méditons beaucoup ce chapitre quand nous rappelons l’exhortation qui y est contenue dans les versets 34 et 35. Considérons tout particulièrement le Seigneur lavant les pieds de ses disciples, ôtant toute souillure avec l’eau du bassin, figure de la Parole qui lave, purifie, sanctifie (cf. Éph. 5:26 ; Jean 17:17), et ainsi nous donnant un exemple (Jean 13:12 à 17). Comment le fidèle peut-il goûter l’amour du Seigneur, jouir de sa communion, avoir une « part avec Lui » ? En se laissant laver les pieds par Celui qui est toujours prêt à remplir son service d’Avocat, afin que nous soyons maintenus dans un état pratique de sainteté. Et comment des frères peuvent-ils jouir de la communion avec le Seigneur et de la communion les uns avec les autres ? En se laissant laver les pieds par le divin Avocat, en se lavant les pieds les uns aux autres.

Si nous ne savons guère remplir ce service d’amour, c’est parce que nous manquons souvent d’un amour vrai les uns envers les autres, parce que nous savons trop peu ce qu’est la communion intime avec le Seigneur, parce qu’enfin nous ne sommes pas en état d’aller le remplir si, d’abord, nos pieds n’ont été lavés. Et si nous pensons parfois pouvoir agir comme Celui qui nous a « donné un exemple », combien nous l’imitons mal ! Quand, dans la conscience d’une certaine supériorité, voilée peut-être sous une fausse humilité, nous ne savons que reprendre sans beaucoup de douceur, adresser des reproches que nous essayons bien d’atténuer mais qui pourtant blessent celui qui les reçoit, ce n’est pas là le lavage des pieds. Combien peu nous savons nous mettre aux pieds de celui qu’en fait nous allons servir — et cela nous le perdons de vue si souvent ! — montrer notre amour en action, afin qu’il soit vraiment senti et touche le cœur, le cœur qui est le chemin de la conscience… L’eau peut alors exercer son action efficace : la Parole, qui présente Christ à l’âme, a de l’écho, elle opère, le mal est jugé, la souillure ôtée, la communion retrouvée… La sainteté est maintenue par l’amour en exercice dans la vérité.

« Comme je vous ai aimés »…