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Ne soyez pas en souci pour votre vie — Matthieu 6:25
Paul Fuzier
ME 1941 p. 10 [écrit au début de la seconde guerre mondiale]. Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
2.1 Piété envers Dieu et envers les hommes
5 Rejetant sur Lui tout notre souci
6 Contentement même dans les privations
Partout, tous les jours et sur toutes les lèvres, ce sont les questions sans cesse répétées : « Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ? » (Matt. 6:31). Préoccupation de chaque instant, préoccupation dominante pour un monde inquiet, en souci du lendemain, mais trop souvent aussi, n’est-ce pas, pour ceux auxquels le Seigneur doit dire : « Ne soyez donc pas en souci... à chaque jour suffit sa peine ».
Ceci nous engage à écrire ces quelques réflexions sur le sixième chapitre de l’évangile selon Matthieu.
Cette portion des Écritures constitue la partie centrale de ce que l’on a appelé le sermon sur la montagne — paroles que le Seigneur adresse à ses disciples pour leur montrer quels sont les caractères de ceux qui ont part au royaume, quelle est leur position dans le monde et comment ils ont à y vivre — enseignements et exhortations qui sont de tous les temps.
Dans ce chap. 6, deux grands sujets sont développés. Tout d’abord, celui-ci : nous manifesterons notre piété, envers les hommes et envers Dieu, dans l’exercice de la bienfaisance, dans une vie de prière et dans le jeûne (renoncement à tout ce qui serait pour la satisfaction de notre cœur naturel). Dans quel esprit sommes-nous appelés à le réaliser ? Dans le secret — non pour obtenir l’approbation de ceux qui nous entourent, mais celle de notre Père céleste. Un père éprouve beaucoup de joie dans l’obéissance de ses enfants. Dans le secret, pour lui seul, nous serons heureux de procurer cette joie au cœur du Père. Cette vie de piété, réalisée dans un tel esprit, répond à ce qu’Il a désiré : seul Il voit dans le secret, seul Il appréciera ce qui aura été fait pour lui et cela seul subsistera au jour de la rémunération.
Mais — et c’est la deuxième partie du chapitre — cette vie de piété, si nous avons à la vivre dans le secret avec lui, nous avons aussi à la vivre dans un monde où les sujets d’inquiétude se multiplient. Les jours actuels deviennent de plus en plus difficiles, la vie matérielle se complique toujours davantage. Nous avons des besoins, comme les hommes dont nous entendons exprimer les craintes de façon presque ininterrompue : aurons-nous ce qui nous est nécessaire ? Ne serons-nous pas privés de ceci ou de cela ? Qu’en sera-t-il demain, si aujourd’hui nous avons encore à peu près ce qu’il faut ? Ce sont les questions rappelées au début de ces lignes.
Redisons-le : ces questions sont aussi dans nos bouches, tant de fois ! L’ennemi cherche toujours, nous le savons bien, à nous présenter quelque chose qui occupera nos pensées — quelque chose qui est, la plupart du temps, très légitime : ce faisant, il nous détourne des « choses qui sont en haut » que nous sommes exhortés à chercher, auxquelles nous avons à penser, laissant de côté celles qui sont sur la terre (Colossiens 3:1-3). N’est-il pas vrai qu’il nous occupe beaucoup, ces derniers temps, par les questions de Matt. 6:31 ? Et cela lui est facile, car nous sommes des « gens de petite foi » (v. 30). Quelle perte il nous fait faire ainsi. « Les nations recherchent toutes ces choses », nous dit le Seigneur. Nous comprenons bien que l’homme du monde soit en souci pour tout ce qui est indispensable à sa vie matérielle : sans doute, il est l’objet de la bonté de Dieu qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et envoie sa pluie sur les justes et les injustes (Matt. 5:45), qui donne « du ciel des pluies et des saisons fertiles » (Actes 14:17), mais il n’a pas un Père dans les cieux, s’occupant de lui comme d’un enfant bien-aimé. Les nations recherchent toutes ces choses — par grâce, nous n’avons nul besoin de le faire ! Nous sommes à la charge, aux soins fidèles d’un bon et tendre Père, Celui qui nous a acquis à un si grand prix, « qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous » et qui nous fera « don aussi, librement, de toutes choses avec lui » (Romains 8:32). Au lieu d’imiter le reste des hommes, combien nous devrions être reconnaissants, au contraire, pour l’immense privilège que nous avons : notre Père sait... Les temps sont difficiles, très difficiles même pour beaucoup. Notre Père céleste pourrait-Il l’ignorer ? Mieux que nous, Il sait ce qui nous est nécessaire pour aujourd’hui et pour demain, s’il y a un demain sur la terre. Connaissant nos besoins, Il y répondra comme Il veut toujours le faire : richement, car Il est le vrai Booz, « un ami... homme puissant et riche » (Ruth 2:1).
Pourquoi, alors, nous mettre en souci ? Une année, remplie de tant de bouleversements, est achevée. Confessons-le : nous avons été en souci pour tout. Et Il a pourvu à tout ! De sorte, qu’une foi, encore, nous pouvons dresser notre Eben-Ézer, comme le prophète autrefois, et dire : « Il nous a secourus jusqu’ici » (1 Samuel 7:12). Ne le ferait-Il pas jusqu’au bout ? Avec amour et tendresse, Il nous répète : « Ne soyez donc pas en souci... ». Vous avez un Père dans les cieux, comptez sur Lui ! N’est-Il pas digne de votre confiance ? Il sait que vous avez besoin « de toutes ces choses ». Ce n’est pas à vous de les « rechercher », Il s’en occupera pour vous. La « recherche » qu’Il vous propose, c’est le ciel et la Personne qui le remplit — « les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu ». C’est là qu’est votre trésor, que votre cœur y soit aussi ! Alors, débarrassés de tout souci, vous pourrez réaliser dans le secret cette vie de piété pour laquelle serait une entrave la « recherche » inquiète des choses matérielles, quelqu’indispensables qu’elles soient. Par votre confiance, vous honorerez le Père « rejetant sur Lui tout votre souci » ; par une vie de piété dans le secret vous réjouirez son cœur !
Comme le Seigneur lui-même, son apôtre aussi nous exhorte à « rejeter sur Lui tout notre souci, car Il a soin de nous » (1 Pierre 5:7). Cette exhortation, il peut bien nous l’adresser car il avait fait, pour lui-même, de telles expériences ! Il aurait bien pu être « en souci » dans la prison où l’avait fait jeter le roi Hérode. Son sort était décidé : après la Pâque, il allait être mis à mort. En attendant, lié de chaînes, il était entre deux soldats, tandis que, devant les portes solidement fermées, veillait une garde vigilante. Aucun espoir humain d’échapper au supplice ! Que fait Pierre ? Il dort profondément, si profondément qu’une lumière éclatante ne peut troubler son sommeil : l’ange qui vient le délivrer doit frapper son côté pour l’éveiller. Pourquoi pouvait-il dormir aussi paisiblement, au fond de sa prison, à la veille d’être mis à mort ? Il avait prié, prié dans le secret sans doute. Pouvons-nous supposer un seul instant qu’il ne l’avait pas fait, celui qui nous dit : « rejetant sur Lui tout votre souci, car Il a soin de vous » ? Il savait qu’Il aurait soin de lui, il pouvait dormir dans une pleine paix.
Oui, notre Père qui voit est aussi Celui qui sait et Il nous donnera « aujourd’hui le pain qu’il nous faut » (v. 11). Sans doute, cela ne veut pas dire que nous aurons certainement tout ce que nous avons eu jusqu’ici. C’est « le pain qu’il nous faut ». Peut-être a-t-Il quelque chose à nous apprendre, au travers de ces circonstances exerçantes pour beaucoup. Dans une mesure, ce que l’apôtre avait appris — et par quelle école il avait dû passer pour cela ! « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l’abondance ; en toutes choses et à tous égards, je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations. Je puis toutes choses en celui qui me fortifie.. » (Phil. 4:11-13). Ayant appris de telles choses, il peut ajouter : « Mon Dieu suppléera à tous vos besoins selon ses richesses en gloire par le Christ Jésus » (v. 19), et écrire à Timothée, son enfant dans la foi : « La piété avec le contentement est un grand gain » (1 Tim. 6:6). Au lieu de nous laisser gagner par l’inquiétude qui ronge le cœur des hommes, que les jours actuels nous conduisent, au contraire, à apprécier mieux la part qui est la nôtre, le privilège que nous avons, comme enfants de Dieu, d’avoir un Père qui est dans les cieux. Jouissons des soins de son amour fidèle, soyons reconnaissants pour tant de bienfaits dont Il nous comble chaque jour — ainsi que la Parole nous y exhorte (Ps. 103:2 ; Col. 3:15) — retenons les enseignements de Matt. 6. Il y a trois mots qui reviennent souvent dans ce chapitre : secret, dans la première partie — souci, dans la deuxième — Père, tout au long. Que ces trois mots soient sans cesse devant nos esprits et nos cœurs pour nous rappeler tout ce que notre Dieu veut nous enseigner dans cette page de la Parole.