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Médisances

 

Paul Fuzier

 

Tables des matières abrégée :

1     Accusations injustes

2     Médisance et Faux Bruits

 

Table des matières détaillées :

1     Accusations injustes

1.1      Le Seigneur comme modèle

1.2      David et Shimhi — 2 Sam. 16:5-14

1.3      Joseph — Genèse 42 et 44

1.4      Conclusion

2     Médisance et Faux Bruits

2.1      Un grand mal

2.2      Interdit par la loi de Moïse

2.3      Ce qu’il faut faire au lieu de médire

2.4      La calomnie

2.5      Gouvernement de Dieu

2.6      Veiller à ne pas médire

 

1                    Accusations injustes

ME 1945 p. 153

Il nous arrive parfois d’être l’objet d’accusations injustes. Nous savons, pour l’avoir expérimenté chacun, combien elles nous révoltent et quelle énergie nous déployons pour nous justifier — peut-être même, pour essayer de nous venger de ceux qui nous ont accusés à tort. Agir ainsi n’est pas selon Dieu ; c’est la manifestation de la chair qui est toujours en nous et toujours prête à se montrer.

 

1.1   Le Seigneur comme modèle

Là comme en toutes choses, la Parole nous exhorte à considérer et à imiter le parfait Modèle : « Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, « lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude » ; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2:21-23). Combien de fois pourtant a-t-Il été injustement accusé, durant les jours de sa chair ! « Lui qui n’a pas commis de péché », nous le voyons accusé par les Juifs d’être un malfaiteur (Jean 18:29, 30). Mais Il n’ouvre pas la bouche pour se défendre, Il « se remettait à Celui qui juge justement » — et, loin d’exercer aucune vengeance contre ses accusateurs, Il dira — alors qu’Il a été mis au rang des iniques, placé sur une croix entre deux brigands : « Père, pardonne-leur. .. » (Luc 23:33, 34). Divin Modèle ! Puissions-nous l’imiter quelque peu, réalisant l’exhortation du « doux psalmiste d’Israël » : « Remets ta voix sur l’Éternel, et confie-toi en lui ; et lui, il agira, et il produira ta justice comme la lumière, et ton droit comme le plein midi. Demeure tranquille, appuyé sur l’Éternel, et attends-toi à lui... Laisse la colère et abandonne le courroux » (Ps. 37:5-8). Si quelqu’un nous a accusés à tort, Dieu ne le sait-Il pas et ne saura-t-Il pas intervenir au moment convenable, avec une sagesse parfaite ? Laissons donc la colère, abandonnons le courroux et attendons-nous à Lui seul.

Dieu permet les accusations injustes pour nous apprendre à manifester quelques caractères de Christ souffrant pour la justice. Cependant, quand nous sommes accusés à tort, c’est bien souvent en raison de notre infidélité que nous avons à passer par la souffrance. Quelques portions des Écritures nous donneront à cet égard un utile enseignement.

 

1.2   David et Shimhi — 2 Sam. 16:5-14

D’abord 2 Sam. 16:5-14. « Le roi David vint jusqu’à Bakhurim ». S’il est écrit « le roi David » c’est bien parce que l’Esprit de Dieu veut attirer notre attention sur le fait qu’il était roi, bien que s’enfuyant de devant Absalom son fils. Tandis que sa place était sur le trône, il était pourchassé par un homme de la maison de Saül qui le maudissait et jetait des pierres contre lui. On pourrait dire : était-ce juste ? Mais encore, Shimhi l’accusait d’être un homme de sang : « L’Éternel a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül, à la place duquel tu as régné... » (v. 8). Quelle épreuve pour David ! Avait-il désiré monter sur le trône à la place de Saül ? Avait-il versé le sang pour s’emparer du royaume ? Était-il coupable de la mort de Saül et de ses fils ? Non, « David avait fait ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, et ne s’était détourné de rien de ce qu’il lui avait commandé, tous les jours de sa vie... » (1 Rois 15:5).

Lorsque nous sommes injustement accusés, la pensée du cœur naturel est la vengeance. C’est celle qui était dans le cœur d’Abishaï (2 Samuel 16:9). Mais toute autre est celle de David : il accepte les circonstances par lesquelles il passe comme permises par Dieu, bien davantage, commandées par lui. Il sait déjà ce qu’exprimera plus tard le prophète Jérémie : « Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l’a point commandée ? N’est-ce pas de la bouche du Très-haut que viennent les maux et les biens ? Pourquoi un homme vivant se plaindrait-il, un homme, à cause de la peine de ses péchés ? » (Lam. de Jér. 3:37-39). Aussi, il ne permet pas à Abishaï d’exercer la vengeance ; il lui dit au contraire : « Oui, qu’il maudisse ; car l’Éternel lui a dit : Maudis David ! » (2 Sam. 16:10). Or, l’Éternel ne le lui avait pas dit ; 2 Sam. 19:16-20 nous permet de le penser. Mais David savait quelque peu ce qu’il était, ce qu’il avait fait et ce qu’il méritait. Il savait aussi que s’il avait à traverser cette épreuve, c’est qu’elle était envoyée par Dieu et, par conséquent, nécessaire pour son bien. Mais encore, si sur un point il était injustement accusé, n’y avait-il pas certaines choses desquelles il n’était pas accusé et dont il était cependant coupable ? N’était-ce pas Dieu qui l’avait permis, et même commandé, pour que sa conscience soit exercée, de telle façon qu’il soit amené à un profond jugement de lui-même ? Non, il n’avait pas été un homme de sang pour prendre possession du royaume, mais ne l’avait-il pas été lorsqu’il avait cherché à effacer la trace de son péché, après qu’il s’était emparé de la femme d’Urie ? Le verset 5 de 1 Rois 15, déjà cité, se termine ainsi : « ... excepté dans l’affaire d’Urie, le Héthien ». Sans doute Shimhi l’ignorait-il, mais Dieu ne le savait-il pas ?

David accepte donc les circonstances par lesquelles il passe comme venant de Dieu et, confiant en Sa bonté malgré tout, il ajoute : « Peut-être l’Éternel regardera mon affliction, et l’Éternel me rendra le bien pour la malédiction qui tombe aujourd’hui sur moi » (2 Sam. 16:12). Il a l’assurance que le coeur de Dieu est un coeur d’amour et qu’Il voudra faire tourner en bien la malédiction qui pèse aujourd’hui sur lui, et qu’il reconnaît mériter bien qu’injustement accusé. S’étant ainsi jugé dans sa conscience, il continue son chemin paisiblement, bien que l’épreuve se prolonge encore, car Shimhi le maudissait toujours et lançait des pierres contre lui (v. 13). Nous pourrons aussi aller en paix, si dans des circonstances semblables nous savons agir comme le fit David.

 

1.3   Joseph — Genèse 42 et 44

Lisons maintenant Genèse 42 et 44. Les frères de Joseph sont injustement accusés d’être des espions (42:9). Certes, ce n’était pas « pour voir les lieux ouverts du pays » qu’ils étaient venus, mais « pour acheter du blé... car la famine était dans le pays de Canaan » (v. 5). Ils sont donc accusés à tort et cette accusation les amène à souffrir « sous garde pendant trois jours » (v. 17). Mais quel exercice de conscience elle produira en eux ! Le troisième jour ils diront : « Certainement nous sommes coupables .. » (v. 21). Coupables d’être des espions ? Non, « ... à l’égard de notre frère ; car nous avons vu la détresse de son âme quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons pas écouté ; c’est pourquoi cette détresse est venue sur nous » (v. 21). Voilà la véritable cause de leur détresse ! Ce n’est pas l’accusation injuste dont ils ont été les objets. Mais cette accusation a été le moyen employé par Dieu pour réveiller leur conscience endurcie, pour les conduire à discerner le mal caché qui était encore.

Plus tard, ils seront encore injustement accusés : ce n’est aucun d’entre eux qui a mis la coupe dans le sac de Benjamin. Mais leur conscience est atteinte, et cette fois de façon décisive. Ah ! il n’est pas question d’essayer de se justifier, bien qu’ils soient accusés à tort : « Comment parlerons-nous et comment nous justifierons-nous ? » Ils sont en présence de celui qui sait tout, aux yeux duquel toutes choses sont nues et découvertes : « Quelle action avez-vous faite ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi sait deviner ? » Ils n’ont plus qu’à confesser leur péché, déclarant « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (Gen. 44:15, 16). C’est Dieu lui-même qui avait trouvé leur iniquité ; ils en avaient le sentiment et avaient été amenés là par le moyen d’une accusation à l’égard de laquelle ils n’étaient pas coupables. C’est alors seulement, leur péché ayant été entièrement confessé, que Joseph pourra se faire connaître à eux : il pleure devant eux et s’écrie : « Je suis Joseph » (45:1-3). Il avait pleuré dans sa chambre après avoir revu Benjamin (43:30), mais ses affections ne se manifestèrent devant ses frères qu’après qu’ils eurent dit : « Comment parlerons-nous et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs ». Il fallait pour cela une accusation injuste ! S’ils avaient été directement accusés d’avoir vendu leur frère, le travail de conscience qui devait être opéré en eux n’aurait pu être accompli, ou révélé. Il fallait que fût manifesté s’ils étaient, comme autrefois, insensibles à la douleur d’un père et aux pleurs d’un frère ou si, au contraire, une oeuvre avait été produite dans leur conscience et leur coeur. C’est une accusation injuste qui la mettra en évidence.

 

1.4   Conclusion

Que Dieu nous garde, lorsque nous sommes injustement accusés, des pensées et des actions auxquelles nous conduirait le coeur naturel ! Qu’Il nous accorde de savoir considérer ces accusations comme une discipline de sa part : ne pas y voir Sa main serait la mépriser (Héb. 12:5). Qu’au contraire, « exercés par elle » (Héb. 12:12), nous soyons conduits à un profond jugement de nous-mêmes devant Lui, confessant tout ce dont nous sommes réellement coupables bien que n’en ayant pas été accusés. Qu’Il nous donne enfin, si nous sommes appelés à souffrir pour la justice, de manifester quelques-uns des caractères de Celui qui nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces !

 

 

2        Médisance et Faux Bruits

ME 1972 p.32

2.1      Un grand mal

Il est un mal dont nous ne soupçonnons généralement pas la gravité et qui pourtant est à l’origine de situations difficiles, pour ne pas dire plus, en bien des assemblées : semant la division dans les esprits et dans les cœurs, il est générateur de troubles et de discordes. Nous voulons parler de la médisance et de la propagation de faux bruits.

Dieu veuille que le rappel de quelques passages de l’Écriture soit pour nous une utile mise en garde à ce sujet et nous incite, comme nous y sommes exhortés, à « rejeter... toutes médisances » et à ne pas « faillir en paroles » (1 Pierre 2:1 ; Jacques 3:2).

 

2.2      Interdit par la loi de Moïse

Déjà sous le régime de la loi, des exhortations précises étaient adressées au peuple de Dieu relativement à ces deux points : « Tu ne feras pas courir de faux bruits » et « Tu n’iras point çà et là médisant parmi ton peuple » (Ex. 23:1 ; Lév. 19:16). Bien que nous soyons aujourd’hui sous la grâce, ces injonctions n’en conservent pas moins toute leur valeur et doivent s’imposer à nous avec toute leur divine autorité. — Faire courir de faux bruits, c’est rapporter des faits de la véracité desquels nous ne sommes pas certains, ou dont nous savons plus ou moins qu’ils ne sont pas nettement établis, ou encore — et c’est encore beaucoup plus sérieux car cela devient de la calomnie — dont nous doutons qu’ils soient exacts. Aller ça et là médisant, c’est tenir sur quelqu’un des propos malveillants, révéler ses défaillances ou même des fautes plus nettement caractérisées, sans avoir l’assurance de l’exactitude des faits et avec l’intention plus ou moins consciente de lui nuire. En médisant, a-t-on justement remarqué, l’on fait tort à trois personnes : à celui dont on médit, à celui auquel on s’adresse et enfin, à soi-même. Cela ne devrait-il pas nous amener à réfléchir sur les conséquences de la médisance, afin que nous soyons gardés de tomber dans cette faute ?

 

2.3      Ce qu’il faut faire au lieu de médire

Si nous ne sommes pas pleinement assurés de l’exactitude d’un fait, nous n’avons moralement pas le droit de le rapporter. Et alors même que nous serions certains de son exactitude, nous n’avons pas non plus le droit d’en faire état si cela est susceptible de nuire à son auteur : dans des cas semblables, après en avoir fait un sujet de prières, il convient d’aller trouver l’intéressé et d’exercer à son égard un service pastoral, avec grâce et amour, recherchant par dessus tout son bien. Si nous ne nous sentons pas à même de remplir un tel service, nous pouvons au moins, en ayant déjà parlé au Seigneur, en faire part dans l’esprit qui convient à un frère spirituel, capable d’aller en sacrificateur soigner la plaie. En faire part à un tel frère et à personne d’autre !

 

2.4      La calomnie

Il peut arriver parfois que, la médisance faisant son œuvre, des frères aient été conduits à s’enquérir soigneusement, sans que leurs investigations aient permis d’apporter des preuves des faits avancés. Ces faits ne pouvant être établis, attestés par un double témoignage au moins, il deviendrait alors particulièrement grave de continuer à les colporter. La calomnie, qui consiste à rapporter des faits non prouvés, et qui doivent donc être considérés comme inexacts, est un péché extrêmement grave.

 

2.5      Gouvernement de Dieu

Citons, en terminant, trois passages de l’Écriture :

·             Celui qui médit avait-il sa place dans la tente de l’Éternel, en sa montagne sainte ? Le Psaume 15 répond à cette question : « Éternel ! qui séjournera dans ta tente ? qui demeurera en ta montagne sainte ? Celui qui marche dans l’intégrité, et qui fait ce qui est juste, et qui parle la vérité de son cœur ; qui ne médit pas de sa langue ; qui ne fait pas de mal à son compagnon, et qui ne fait pas venir l’opprobre sur son prochain » (v. 1 à 3).

·             L’apôtre, craignant qu’il n’y ait à Corinthe, entre autres choses, « des médisances, des insinuations », déclare que « s’il vient encore une fois, il n’épargnera pas » (2 Cor. 12:20 à 13:2).

·             Combien aussi sont sérieuses les paroles d’Asaph dans le Psaume 50 : « Tu livres ta bouche au mal, et ta langue trame la tromperie ; tu t’assieds, tu parles contre ton frère, tu diffames le fils de ta mère : Tu as fait ces choses-là, et j’ai gardé le silence ; tu as estimé que j’étais véritablement comme toi : mais je t’en reprendrai, et je te les mettrai devant les yeux » (v. 19 à 21).

 

2.6      Veiller à ne pas médire

Que Dieu opère en nous, par sa Parole et son Esprit, afin de nous rendre pleinement conscients d’un danger dont la gravité nous échappe trop souvent ! Et qu’il nous donne de retenir, pour les mettre en pratique, les deux exhortations rappelées au début de ces lignes :

« Tu ne feras pas courir de faux bruits »

« Tu n’iras point çà et là médisant parmi ton peuple », comme aussi celles de 1 Pierre 2:1 à 3 : « Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie et l’envie, et toutes médisances, désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon ».