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Marche du chrétien — Série A
Paul Fuzier
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
1 Des choses difficiles à expliquer. Causes de faiblesse : Ignorance
2 1 Thes. 4:13 à 5:11 - Fils de la lumière, fils du jour. Veiller. L’armure
3 Avec Christ, dans son sentier — 1 Pierre 1 à 4 + 3:8-18
4 Éli, Samuel, Anne — 1 Samuel 2 à 4
5 Différents types de croissance à rechercher, personnellement et collectivement
6 Faîtes tout pour la gloire de Dieu : l’exemple du Seigneur
7 Fidélité : Exemples tirés de l’Apocalypse
10 La joie dans l’Épître aux Philippiens
11 Pour la joie de nos âmes — Ps. 63
12 Connaître, vouloir et faire — Colossiens 1:9-10
13 1 Samuel 1 à 3. Éli et Anne. Fidélité et infidélité
Table des matières détaillée :
1 Des choses difficiles à expliquer. Causes de faiblesse : Ignorance
1.1 Contenu général de l’épître aux Hébreux
1.1.2 Sacrifices anciens. Une seule offrande
1.3 Paresse à écouter. Autres préoccupations
1.4 Croyants d’autrefois : Qualités et services
1.5 Apprécier le ministère écrit. Esprit attristé
1.7 Ignorance résultant de la négligence des études bibliques
1.8 Privilèges et responsabilités
1.9 Nourriture de petits enfants ou nourriture solide
1.10 Hommes faits exercés à discerner le bien et le mal
1.12 Beaucoup de choses glorieuses concernant Christ
1.13 Le Seigneur a beaucoup de choses à dire
2 1 Thes. 4:13 à 5:11 - Fils de la lumière, fils du jour. Veiller. L’armure
2.2 Bonheur de l’espérance du croyant
2.3 Les divers événements annoncés par la prophétie
2.4 Le jour du Seigneur : un temps de jugement
2.5 Séparation à l’égard du monde
2.6 Fils de la lumière, fils du jour. Veiller. L’armure
2.7 Exhortation, édification et consolation mutuelles
3 Avec Christ, dans son sentier — 1 Pierre 1 à 4 + 3:8-18
3.1 Suivre le sentier de Christ (2:12, 21-23 et 4:1-14)
3.2 Les souffrances de Christ (1:11 ; 2:21 ; 3:18)
3.3 L’attitude de Christ devant l’outrage et la souffrance (3:8)
3.4 Faire du bien et bénir (3:9-11)
3.5 Avoir horreur du mal à cause de la croix de Christ (3:11)
3.6 Différence entre « faire du bien » et « faire le bien »
3.7 Rechercher la paix et la poursuivre (3:11)
3.8 Les yeux du Seigneur sur les justes, Sa face contre ceux qui font le mal (3:12)
3.10 Souffrir pour la justice (3:14)
3.11 Prêts à répondre sur notre espérance. Bonne conscience, bonne conduite (3:15-16)
3.12 Souffrir en faisant le bien et non le mal (3:17)
4 Éli, Samuel, Anne — 1 Samuel 2 à 4
4.2 Exhortation aux parents : Éli un exemple à ne pas suivre
4.3 Discipline à ne pas négliger dans la maison de Dieu
4.4 Samuel. Certaines défaillances
4.5 Anne, une mère pieuse et fidèle
5 Différents types de croissance à rechercher, personnellement et collectivement
5.1 Vanité de l’accroissement des possessions terrestres
5.2 Quand on glisse vers la malhonnêteté
5.3 Croissance à rechercher par le chrétien
5.4 Croissance dans les jours de douleur
5.5 Croissance par la Parole de Dieu
6 Faîtes tout pour la gloire de Dieu : l’exemple du Seigneur
6.1 Faire tout pour la gloire de Dieu : principe et action
6.2.1 Psaume 40. L’obéissance de Christ
6.2.2 Le Seigneur comme parfait Serviteur. Évangile de Marc
6.2.3 Fils de Dieu rejeté par les Siens. Évangile de Jean
6.2.4 Jean 8 à 10. Rejeté, mais une autre histoire recommence
6.2.5 Jean 11:1-16. Maladie à la gloire de Dieu
6.2.6 Jean 11:17-44. Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu
6.2.7 Maintenant le Fils de l’homme est glorifié. Jean 12:27-28 et Gethsémané, Luc 22
6.2.8 Jean 14 : Prière en Son nom, afin que le Père soit glorifié
6.2.9 Jean 15 : En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit
6.2.10 Jean 17. Je t’ai glorifié (parole de Jésus adressée au Père)
7 Fidélité : Exemples tirés de l’Apocalypse
7.1 Besoin de fidélité dans les temps fâcheux ou derniers jours
7.3 Les deux témoins d’Apoc. 11
7.5 Le résidu de Juda d’Apoc. 14:1-5
7.5.2 Chantant un cantique nouveau — Achetés — Vierges
7.5.3 Suivre l’Agneau — Prémices — Pas de mensonge
8.1 Paix avec Dieu. Paix et sainteté
8.3 Paix et sainteté du point de vue collectif
8.3.2 Paix à poursuivre. Obstacle des manquements à la communion avec Dieu
8.3.3 Céder sur les intérêts personnels, mais non pas sur la sainteté et la gloire de Dieu
8.3.4 Restaurations artificielles
9.1 Raison d’être du chemin des Israélites à travers le désert
9.2 Soins de Dieu envers les Siens
9.4 Impossibilités, peur et foi
9.5 Foi passive et foi active — « Qu’ils marchent ! »
9.6 Quand il y a des choix à faire
10 La joie dans l’Épître aux Philippiens
10.1 Soumission aux circonstances que Dieu permet
10.2 Amour et prières pour l’assemblée et pour les saints
10.3 Attitude devant des prédications non conformes à la Parole
10.4 Ce qui était « plus nécessaire » : le ministère que Paul avait à exercer
10.5 Joie accomplie seulement s’il n’y a pas de dissentiments
10.6 Joie de « se sacrifier » pour Christ
10.9 Joie goûtée en rapport avec un don
10.10 Joie malgré des sujets de pleurs
11 Pour la joie de nos âmes — Ps. 63
11.1 Contraste entre Ps. 63 et 42
11.2 Ne pas se nourrir de nos tristesses
11.3 Ps. 63:1a — Toute satisfaction en Dieu — Phil. 4:11-13
11.4 Soif de ce qui désaltère. Les aspirations du nouvel homme
11.5 Dieu fait ressentir l’aridité du désert
11.6 Ps. 63:5 — L’âme rassasiée
11.7 Ps. 63:8 — Mon âme s’attache à Toi pour Te SUIVRE
11.8 Conclusion pour une nouvelle année
12 Connaître, vouloir et faire — Colossiens 1:9-10
12.1 Importance de connaître la volonté de Dieu
12.2 Marcher dans la communion au Seigneur, non pas selon une liste de règles
12.3 Pourquoi le chemin est-il souvent ni clair ni connu ?
12.4 Volonté de Dieu connue par la Parole, mais aussi par l’Esprit
12.5 Responsabilité : Ne pas obéir ou ne pas agir sont aussi péché
12.8 Modèles dans des exemples de croyants
12.9 Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites
13 1 Samuel 1 à 3. Éli et Anne. Fidélité et infidélité
13.1 Contraste entre Éli et Anne
13.2 Éli et sa maison. Ses fils se sont avilis et il ne les a pas retenus
13.3 Responsabilité des parents chrétiens
13.4 Perte du discernement spirituel
13.5 Applications à la responsabilité dans la vie de l’assemblée
13.6 La fidélité des fils de Lévi qui portaient l’arche
13.7 Relations de famille et droits du Seigneur
13.8 Dieu maintient un témoignage en tout temps. La fidélité de Anne
13.9 La faiblesse n’empêche pas la fidélité
14.1 Danger d’oublier notre responsabilité, au profit de nos bénédictions
14.2 Responsabilité quant au salut
14.3 Responsabilité quant à la marche — 1 Pierre 1:5
14.3.1 Pierre marchant sur les eaux
14.3.2 Pierre enfonçant dans l’eau
14.4 Impuissance du croyant, puissance de Dieu — Dépendance
14.5 Christ, chef et consommateur de la foi
[Titre original : Des choses difficiles à expliquer — Sujet : À propos de l’épître aux Hébreux. Causes de faiblesse. L’ignorance, ignorance de Christ, ignorance de la Parole, de l’enseignement et des vérités.]
ME 1951 p. 197-207
L’épître aux Hébreux nous ouvre le ciel pour nous y faire contempler la Personne excellente de Celui qui, venu ici-bas pour accomplir l’œuvre de notre rédemption, « a enduré la croix, ayant méprisé la honte » et est maintenant « assis à la droite du trône de Dieu » (Héb. 12:2). Jusque-là, « le chemin des lieux saints » n’avait « pas encore été manifesté », mais Christ s’étant « offert lui-même à Dieu sans tache », « est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle ». Il « n’est pas entré dans les lieux saints faits de main, copies des vrais, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Héb. 9:8, 12, 14 et 24).
Les sacrifices offerts selon la loi ne pouvaient jamais « rendre parfaits ceux qui s’approchent ». Christ, « par une seule offrande », nous a rendus « parfaits à perpétuité », de telle sorte que nous pouvons être exhortés maintenant à nous approcher « avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’eau pure » (Héb. 10:1, 14 et 22). Cette exhortation nous est adressée parce que nous avons « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints » et « un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu » (ibid. v. 19 et 21).
Qui est ce « grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu » ? C’est Celui dont parle l’apôtre dans le chapitre 5. — Les écrits de l’Ancien Testament nous présentent deux hommes établis dans l’office de la sacrificature : Aaron et Phinées (Lév. 8 et 9 ; Nomb. 25). Aaron fut appelé à exercer la sacrificature (Héb. 5:4), tandis que Phinées acquit le droit de l’exercer parce qu’il fit « propitiation pour les fils d’Israël » (Nomb. 25:10-13). Ce sont les deux côtés qui sont mis en évidence dans la sacrificature de Christ : « De même le Christ aussi ne s’est pas glorifié lui-même pour être fait souverain sacrificateur, mais celui-là l’a glorifié qui lui a dit : Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré ; comme il dit aussi dans un autre passage : Tu es sacrificateur pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédec » (Héb. 5:5, 6) — et, par ailleurs : Il est « la propitiation pour nos péchés » (1 Jean 2:2).
Mais quel chemin Il a dû suivre depuis qu’Il a quitté la gloire jusqu’au moment où Il a été « salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec » ! Celui qui est le « grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu », c’est Celui « qui, durant les jours de sa chair, ayant offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, quoiqu’il fût Fils, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ; et ayant été consommé, il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur du salut éternel, étant salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec... » (Héb. 5:7-10).
Quel merveilleux sujet l’apôtre avait là devant lui ! Et comme il eût aimé pouvoir le développer, occupant ainsi les croyants hébreux d’un Christ glorifié après avoir souffert, d’un Christ céleste ! « Au sujet duquel », dit-il, « nous avons beaucoup de choses à dire » (ibid. v. 11).
Comme l’apôtre avait « beaucoup de choses à dire » au sujet de Celui qui a été « salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec », Dieu a également beaucoup de choses à nous communiquer relativement à la Personne adorable de son Fils bien-aimé. N’avons-nous pas l’ardent désir de les entendre ? Cette Personne ne fait-elle pas brûler nos cœurs ? N’est-ce pas de Lui que nous voulons être occupés en chemin ? Ne souhaitons-nous pas croître « dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » ? — Qui ne répondrait : oui ? Mais est-ce des lèvres seulement, ou du fond de nos cœurs ?
Hélas ! n’est-il pas trop vrai que, pour nous comme pour les croyants hébreux, ces choses sont « difficiles à expliquer » ? Et, sans doute aussi, pour une même raison : parce que nous sommes « devenus paresseux à écouter » !
Nous disons volontiers : il nous faut un ministère qui nourrisse nos âmes de Christ ; qui nous présente les gloires variées de sa Personne ; qui le place devant nos yeux comme le Fils de Dieu et le Fils de l’homme ; qui occupe nos cœurs de ce qu’Il est comme Sauveur, Seigneur, Berger, Souverain sacrificateur, Avocat ; qui exalte le Chef du Corps, l’Époux de l’Église. Et certes, c’est de Lui que le Saint Esprit veut nous occuper et Dieu a beaucoup de choses à dire à chacun de nous à l’égard de cette Personne glorieuse qui sera le seul Objet de nos cœurs pendant l’éternité. Mais, pour nous aussi, ces choses sont « difficiles à expliquer » parce qu’au fond, nous sommes occupés d’autres objets que Christ, et l’on n’est disposé à écouter vraiment et apte à saisir que lorsque le sujet présenté captive le cœur. Dans le cas contraire, on écoute d’une oreille distraite, incapable de faire le moindre effort pour en suivre les développements. Un sujet est facile à expliquer à un auditoire qu’il captive et qui désire entrer dans ce qui lui est présenté ; par contre, il est difficile à expliquer à ceux qui ont d’autres préoccupations et dont l’esprit est ailleurs...
Nos devanciers étaient beaucoup plus à l’aise que nous ne le sommes dans toutes les vérités concernant la Personne de Christ, c’est-à-dire dans l’ensemble des vérités chrétiennes. Ne nous est-il pas arrivé parfois de laisser de côté des écrits dont ils ont fait leur nourriture parce que nous étions arrêtés devant la profondeur de certaines pages ? — Les mêmes vérités que la plupart de ceux qui nous ont précédés saisissaient très vite par l’intelligence renouvelée — parce que, sans doute, ils les comprenaient plus vite encore par le cœur — sont souvent, pour nous, « difficiles à expliquer ». Nos pères prenaient de la « nourriture solide », celle des « hommes faits », qui ont compris leur position en Christ et sont occupés d’un Christ céleste ; c’est d’un niveau généralement trop élevé pour nous : il nous faut du « lait », la nourriture des petits enfants (Héb. 5:12-14 ; cf. 1 Cor. 3:1, 2).
Nous conservons le souvenir de bien des frères que le Seigneur a repris à Lui et qui ont été des serviteurs utiles pour l’Assemblée. Leur ministère a été en riche bénédiction pour beaucoup. Sans doute, leurs écrits nous restent, mais eux ne sont plus là pour nous enseigner, nous exhorter et nous encourager — pour nous aider de leurs conseils ou intervenir avec tout le poids de leur autorité morale. Que de fois avons-nous exprimé le regret de ne plus avoir aujourd’hui les dons remarquables du 19ème siècle et du début du 20ème ! Serait-il difficile à notre Dieu d’en susciter encore ? Certainement pas. Mais gardons-nous d’oublier que Dieu nous retire des bénédictions spirituelles comme autrefois Il privait Israël de bénédictions matérielles. Posons-nous donc la question : si nous n’avons plus — en dehors de leur ministère écrit — les dons qu’ont su apprécier nos devanciers, ne serait-ce pas parce que nous sommes « devenus paresseux à écouter » ?
Posons-nous également cette deuxième question : saurions-nous apprécier aujourd’hui le ministère de ceux que le Seigneur avait trouvé bon de susciter dans les jours du Réveil et dans les temps qui ont immédiatement suivi, alors que nous savons si peu profiter de leur ministère écrit ? — Ce ministère écrit est à notre disposition, Dieu en soit béni ! Mais il est attristant de voir combien est réduit le nombre de ceux qui désirent en bénéficier. Oui, nous sommes devenus paresseux à écouter ! Aussi les vérités qui devraient être l’aliment quotidien de nos âmes, celles qui concernent la Personne même de Christ, sont des vérités dans lesquelles nous entrons bien peu et dont nous ne jouissons que dans une faible mesure. Le Saint Esprit est occupé à autre chose qu’à développer devant nous les gloires de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ; trop souvent contristé, il s’emploie à redresser chez nous ce qui l’empêche d’exercer le service qui est le sien par excellence, celui dont le Seigneur parlait à ses disciples lorsqu’Il leur disait : « Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (Jean 16:14).
Humilions-nous de notre paresse spirituelle — alors que nous sommes souvent très actifs, peut-être beaucoup trop, dans d’autres domaines ! Méditons sur la perte que nous faisons ainsi ! Dieu a beaucoup de choses à nous dire au sujet de Celui que nous connaissons si peu et que nous devrions brûler de mieux connaître. Elles sont « difficiles à expliquer » parce que nous sommes « devenus paresseux à écouter » !
On devient « paresseux à écouter » quand on se laisse gagner par le sommeil spirituel, quand la personne de Christ cesse d’avoir tout son prix pour le cœur. Les croyants hébreux n’avaient plus devant eux un Christ glorifié dans le ciel, c’est pourquoi l’apôtre leur écrit cette épître dans laquelle il leur présente Christ à la droite de Dieu, salué par Lui « souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec ». Mais, plaçant devant eux un Christ céleste, il lui était cependant difficile de leur expliquer les choses qu’il voulait leur dire, parce que leurs regards étaient tournés en bas au lieu d’être dirigés en haut !
Nous désirons rappeler ce qu’écrivait « aux jeunes frères », il y a vingt-huit ans, un de nos conducteurs appréciés, aujourd’hui dans le repos : (*) « Or la négligence de cette Parole est le grand danger que courent les jeunes frères de la génération présente. Je voudrais avant tout que les jeunes chrétiens ne se contentassent pas d’une lecture hâtive de leur Bible, comme pour se libérer d’un devoir, ce qui est autant que de ne pas la lire du tout. Mais, bien plus, je voudrais les voir étudier leur Bible avec prière et avec le désir ardent d’être enseignés par le Saint Esprit pour la comprendre ». — Au sujet des écrits qui sont à notre disposition, il ajoute : « Beaucoup de ces écrits ont une valeur incomparable pour vous édifier, et dites-vous bien que le Seigneur ne vous les a pas donnés pour que vous les ignoriez ou vous passiez de les lire. Ceux qui s’en passent demeurent généralement très ignorants des pensées de Dieu. Pour les uns il y a paresse coupable qui craint l’effort requis pour s’approprier ces écrits ; ils méprisent ainsi ces dons de Dieu, comme s’Il les avait envoyés pour rien. D’autres, plus orgueilleux, pensent pouvoir acquérir pour eux-mêmes et sans y être aidés, les connaissances que ces écrits leur apportent. J’ai souvent remarqué que cet orgueil reçoit sa punition judiciaire dans l’ignorance où ces chrétiens se trouvent de vérités élémentaires familières à de très jeunes enfants dans la foi.
(*) Nous ne saurions trop recommander aux jeunes frères la lecture de cette lettre qui a paru dans le Messager, 1923, page 5. Nous les engageons également à lire et à méditer l’appel « Aux jeunes », dans le Messager, 1927, page 5. Voir aussi : « Le sain enseignement », Messager, 1947, page 92.
Vos devanciers, chers jeunes frères, se sont nourris de ces écrits et ont été affermis par eux dans la connaissance des vérités que la Parole nous présente, car la Parole est la sauvegarde par excellence de ceux qui traversent les temps fâcheux actuels. Lisez, étudiez, méditez, pour vous en convaincre, toute la seconde épître à Timothée.
Chers jeunes frères, vous êtes-vous assez approprié les vérités capitales sans lesquelles le témoignage qui vous est confié n’existerait pas ? Avez-vous senti l’immense importance de ces vérités du commencement, que vous êtes responsables de maintenir vis-à-vis de toutes les sectes de la chrétienté professante qui vous entoure ? Le Seigneur vous a accordé le privilège de faire partie de son témoignage jusqu’à sa venue, car c’est maintenant le dernier témoignage et il n’y en aura pas d’autre ; mais c’est un fait solennel que, si vous n’y appartenez que d’une manière extérieure, vous en perdrez le bénéfice et la récompense. C’est, en effet, une immense bénédiction d’être lié à un témoignage suscité pour ces derniers temps, mais c’est, en même temps, une immense responsabilité. Si nous la traitons légèrement, elle peut entraîner, à la fin de notre carrière, la perte de toute récompense — une couronne perdue qui ne sera jamais retrouvée ! »
La fin du chapitre 5 de l’épître aux Hébreux (v. 12 à 14) nous montre quelles sont les conséquences — certaines d’entre elles tout au moins — de cette paresse spirituelle : notre développement est entravé et alors que, « vu le temps », nous devrions être capables d’enseigner les autres, nous en sommes réduits à prendre encore la nourriture des petits enfants. La nourriture solide est d’un niveau trop élevé pour nous ; elle ne convient qu’aux « hommes faits », c’est-à-dire à ceux qui ont compris et réalisé leur position en Christ dans les lieux célestes, qui entrés par la foi dans le ciel même y habitent et jouissent de Christ, le « grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu » ! À ceux-là, les choses concernant la Personne de Christ et les vérités qui découlent de la connaissance de Christ (en fait, ce sont toutes les vérités chrétiennes) ne sont pas difficiles à expliquer parce que Christ est l’Objet de leur cœur ! Ils ont faim et soif de Lui ; loin d’être « paresseux à écouter », ils ne se lasseraient pas d’entendre !
Les « hommes faits... ont les sens exercés à discerner le bien et le mal ». N’avons-nous pas à nous humilier de ce que nous avons si peu de discernement spirituel ? — Il est très difficile aujourd’hui de vivre le christianisme dans un monde qui mûrit pour le jugement et au milieu d’une chrétienté caractérisée par la tiédeur et l’indifférence, où l’on voit une forme de piété sans aucune puissance. De quel discernement nous avons besoin pour être fidèles, pour agir toujours selon la pensée de Dieu ! Hélas ! nous en avons si peu. Nous sommes si souvent incapables de dépouiller les apparences pour voir la réalité et nous appelons « bien » ce que pourtant nous rejetterions résolument si nous avions « les sens exercés à discerner le bien et le mal ». Ce manque de discernement est la conséquence de notre paresse spirituelle, ne nous le dissimulons pas !
Nos cœurs sont trop souvent occupés d’autres objets que Christ ; par suite, nous écoutons d’une oreille distraite les choses qui le concernent. Nous avons surtout considéré le ministère écrit, mais n’en est-il pas de même pour le ministère oral ? Ce que nous lisons dans le livre du prophète Ézéchiel ne pourrait-il pas s’appliquer aussi à nous ? « ... et ils parlent l’un avec l’autre, chacun avec son frère, disant : Venez donc, et écoutez quelle est la parole qui est sortie de la part de l’Éternel. Et ils viennent vers toi comme vient un peuple, et ils s’asseyent devant toi comme étant mon peuple ; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent pas ; ... Et voici, tu es pour eux comme un chant agréable, une belle voix, et quelqu’un qui joue bien ; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent nullement » (33:30-32). Celui qui est « paresseux à écouter » est un « auditeur oublieux », non pas un « faiseur d’œuvre » (cf. Jacques 1:25).
Dieu aurait beaucoup de choses à nous dire au sujet de son Fils — sa Parole en est remplie — mais ces choses sont « difficiles à expliquer à ceux qui sont « paresseux à écouter ». De sorte que nous n’entrons que bien faiblement dans la connaissance des choses glorieuses qui concernent Christ et nous ne réalisons que dans une petite mesure notre position en Lui et avec Lui. Nous en restons — au lieu de croître et nous développer — à la nourriture des petits enfants, aux vérités élémentaires du christianisme et, par suite, nous n’avons pas le discernement spirituel qui nous est nécessaire pour marcher fidèlement dans ce monde, soit individuellement, soit collectivement. Le ministère s’exerce « en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ ; jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ : afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ; mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ... » (Éph. 4:12 à 15).
Christ est « descendu dans les parties inférieures de la terre », mais « Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux » et « étant monté en haut, il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes » (Éph. 4:8-11). Ces dons nous sont présentés, dans d’autres passages, comme les dons de Dieu ou les dons de l’Esprit. Qu’ils soient considérés comme venant de Dieu (Rom. 12), donnés par Christ (Éph. 4) ou départis par l’Esprit (1 Cor. 12), ils manifestent toujours l’activité de l’Esprit, s’ils sont exercés dans la dépendance qui convient. C’est donc le Saint Esprit qui opère afin de produire les résultats dont parle l’apôtre dans le passage cité d’Éphésiens 4:12-15. Il veut nourrir nos âmes pour que nous puissions croître et devenir des « hommes faits » au lieu de rester de « petits enfants ».
Avant de les quitter, le Seigneur a annoncé à ses disciples la venue du Saint Esprit sur la terre comme Personne divine, cet « autre consolateur » qui devait venir pour demeurer avec eux et en eux (Jean 14:16 et 17 ; voir aussi : 14:25, 26 ; 15:26) ; Il leur a dit quelle serait son action vis-à-vis de ce monde et en faveur des saints (16:7-15). Et Il ajoute : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant » (16:12). Le Saint Esprit n’était pas sur la terre, avec eux et en eux, pour les leur faire comprendre (cf. v. 13) ; le fait que le Seigneur ne pouvait leur présenter tout ce qu’Il avait à leur dire n’était donc pas la conséquence de leur état spirituel. Tandis que, lorsque l’apôtre écrivait aux croyants hébreux, le Saint Esprit était là pour les conduire « dans toute la vérité », pour prendre de ce qui est à Christ et le leur annoncer ; si donc l’apôtre qui avait beaucoup de choses à dire au sujet de Christ était arrêté par la difficulté qu’il éprouvait à les leur expliquer, c’était bien en raison de leur état spirituel : l’action du Saint Esprit en eux était entravée parce qu’ils étaient « devenus paresseux à écouter ».
Nous avons essayé de mettre en lumière l’une des principales causes de notre faiblesse, de notre peu de discernement spirituel et des manquements qui en sont la conséquence. Nous croyons parfois nous excuser en prétextant notre ignorance, mais nous oublions que c’est une ignorance coupable, par suite inexcusable ! — Que Dieu veuille lui-même opérer dans nos cœurs afin que Christ soit leur seul Objet ! Nos oreilles seront alors toujours ouvertes et nous ne serons jamais « paresseux à écouter » ; nous aurons ainsi le discernement spirituel nécessaire pour agir en toutes circonstances selon la pensée de Dieu, pour faire le bien et éviter le mal. Puissions-nous dire, nous aussi : « Donne donc à ton serviteur un cœur qui écoute... pour discerner entre le bien et le mal » (1 Rois 3:9).
Titre original : 1 Thes. 4:13 à 5:11.
ME 1964 p. 29-36
Tout est contraste dans les quelques versets qui terminent le ch. 4 de la première épître aux Thessaloniciens et ceux qui commencent le ch. 5. Contraste entre les croyants, les « frères » (4:13 ; 5:1, 4 — le terme est employé au début de chacun des trois paragraphes), et les inconvertis, « les autres » (4:13 ; 5:6) ; contraste entre l’espérance des premiers, leur part éternelle : « toujours avec le Seigneur » (4:17) et la « subite destruction » qui viendra sur les seconds (5:3) ; contraste enfin entre ce que doit être la marche des fidèles, « tous des fils de la lumière et des fils du jour », et ce qu’est la vie des hommes de ce monde, tous « de la nuit » et « des ténèbres » (5:5 à 8).
Par la grâce de Dieu, comme autrefois les Thessaloniciens, nous avons cru à l’Évangile, nous avons reçu et accepté « non la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la Parole de Dieu » (2:13), de sorte que nous sommes maintenant enfants de Dieu, frères et sœurs en Christ. La Parole de Dieu, qui nous a apporté la vie, est aussi la Parole qui nous enseigne. Dieu ne veut pas nous laisser dans l’ignorance, ni « à l’égard de ceux qui dorment », ni pour ce qui concerne notre avenir éternel et notre marche présente. Nous pouvons connaître l’affliction et le deuil mais, Dieu soit béni ! nous ne sommes pas affligés comme « les autres » et cela, parce que eux « n’ont pas d’espérance » tandis que nous avons une « bienheureuse espérance », « une bonne espérance par grâce » (Tite 2:13 ; 2 Thess. 2:16). Au delà des « premières choses », caractérisées par les deuils, les cris et les peines, nous entrevoyons par la foi le moment où « toutes choses » seront faites « nouvelles » (cf. Apoc. 21:4, 5). Le bonheur du croyant, c’est d’être parfaitement assuré qu’il sera « toujours avec le Seigneur » ; il attend le moment où une telle espérance sera réalisée. Les Thessaloniciens attendaient le Seigneur (cf. 1:9, 10) mais, convertis depuis peu de temps, ils ignoraient sans doute de quelle manière se déroulerait la résurrection des saints et se demandaient probablement si ceux des leurs qui étaient délogés ne seraient pas privés de la bénédiction apportée par le Seigneur au moment de sa venue. C’est pourquoi l’apôtre leur écrit les versets 13 à 18 du chapitre 4 de sa première épître, si souvent rappelés et qui devaient être pour eux, comme ils l’ont été aussi pour les générations de croyants qui ont suivi, une si précieuse consolation. « Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (4:18). Nous rappeler de telles paroles, surtout quand nous pleurons le départ de l’un de nos bien-aimés, est tellement consolant pour nous ! Avant de quitter les siens, le Seigneur leur a laissé la promesse de son retour et en des termes d’une telle simplicité et d’une telle clarté que le plus jeune croyant peut les comprendre et ainsi s’emparer de la promesse et en jouir : « Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:3). Mais le Seigneur n’a pas donné Lui-même, à ce moment-là, de détails sur le déroulement des événements qui auront lieu à son retour ; Il a voulu le faire connaître par le moyen de l’apôtre Paul, qui peut ainsi écrire : « Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur... » (1 Thess. 4:15 à 17 — voir aussi 1 Corinthiens 15:51 et suivants). Telle est l’espérance qui est devant nous, elle ne comporte aucune incertitude. Elle sera bientôt réalisée et alors, « nous serons toujours avec le Seigneur », ce sera notre part éternelle. Puissions-nous jouir davantage d’une aussi précieuse espérance et, véritablement, la vivre !
Les Thessaloniciens étaient encore dans l’ignorance à l’égard de ceux qui étaient délogés ; par contre, ils savaient fort bien ce qui en était « des temps et des saisons », ils savaient « parfaitement » que « le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (1 Thess. 5:1, 2). Le « jour du Seigneur » — que l’on confond parfois avec le « jour de Dieu », jour de bénédiction (cf. 2 Pierre 3:12, 13) — est un jour de jugement (cf. 2 Pierre 3:10). Il commence lorsque le Seigneur sort du ciel avec ses armées (les saints glorifiés) pour « juger et combattre en justice » (Apoc. 19:11 et suivants). Le Seigneur, Fils de l’homme auquel le jugement a été donné (cf. Jean 5:22, 27), exécutera le jugement guerrier des vivants (Apoc. 19:19 à 21) comme aussi le jugement qui revêt un aspect judiciaire et dont Il parle Lui-même dans la parabole de Matthieu 25:31 à 46. Le jour du Seigneur se continue pendant le règne millénaire, qui est sans doute un règne de justice, de paix, de bénédiction, mais aussi une période durant laquelle « chaque matin » seront détruits « tous les méchants du pays » (Ps. 101:8). C’est d’une manière gouvernementale que le jugement s’exercera donc pendant ces mille ans. Enfin, le « jour du Seigneur » se clôt après le règne, par le jugement des morts devant le « grand trône blanc » (Apoc. 20:11). C’est alors qu’a lieu la deuxième résurrection, résurrection des morts, de tous ceux qui sont morts dans leurs péchés, ayant refusé ou négligé le grand salut qui est offert encore aujourd’hui à quiconque croit (cf. Apoc. 20:12 à 15). « Ensuite la fin » : Christ « remettra le royaume à Dieu le Père », après avoir « mis tous les ennemis sous ses pieds », le dernier d’entre eux, la mort, étant à jamais « aboli » ; et « le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (cf. 1 Cor. 15:24 à 28). Ce sera dès lors le « jour de Dieu » (1 Cor. 15:28 ; 2 Pierre 3:12, 13 ; Apoc. 21:1 à 8) : il y aura « un nouveau ciel et une nouvelle terre » et désormais se trouvera établi l’état définitif, éternel.
« Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (1 Thess. 5:2 — cf. 2 Pierre 3:10). Il ne « viendra » qu’après l’accomplissement de la première résurrection ; les événements annoncés dans les versets 15 à 17 du chapitre 4 de cette première épître aux Thessaloniciens seront passés ; nous croyants, nous serons « avec le Seigneur » et pour « toujours ». C’est après notre enlèvement que se dérouleront dans ce monde les jugements providentiels décrits dans le livre de l’Apocalypse (chapitres 6 à 11 en particulier), jugements qui précéderont le « jour du Seigneur ». Les deux « bêtes » — pouvoir politique et pouvoir religieux, chef de l’Empire romain rétabli et Antichrist, constituant avec le « dragon » (Satan) la trinité du mal — seront manifestées (Apoc. 13:1 à 10 et 11 à 18). Après une période d’anarchie révolutionnaire, car il n’y aura plus alors ici-bas ni « ce qui retient » ni « celui qui retient » (2 Thess. 2:6, 7), l’autorité de la « bête » aux « dix cornes et sept têtes » s’affirmera et « la terre tout entière » sera « dans l’admiration de la bête ». Les hommes, séduits et entièrement aveuglés, « rendront hommage au dragon » parce qu’il aura « donné le pouvoir à la bête », et ils « rendront hommage à la bête » également, en jetant ce défi : « Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? » (Apoc. 13) ; c’est sans doute à ce moment-là qu’ils diront : « Paix et sûreté » (1 Thess. 5:3), convaincus que la puissance de la bête apportera enfin paix et sécurité à ce monde. Hélas ! « une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thess. 5:3).
Ce monde va donc au devant d’un terrible jugement. Le jugement est d’ailleurs déjà prononcé : « Maintenant est le jugement de ce monde » (Jean 12:31) ; le rejet de Christ venu ici-bas, sa crucifixion constituent la culpabilité du monde, le motif de son jugement. Le monde est jugé, le jugement sera exécuté dans un jour à venir. Et c’est dans un tel monde que nous avons à cheminer, nous qui avons une espérance céleste, une part éternelle avec Christ ! Cela ne nous dit-il pas assez combien nous avons à en être séparés ? C’est cette séparation que l’apôtre établit dans les versets 4 et suivants du chapitre 5, soulignant le contraste entre « les autres », ceux qui sont « des ténèbres », « de la nuit » et nous qui, par grâce, sommes « tous des fils de la lumière et des fils du jour ».
Le « jour du Seigneur » ne surprendra que ceux qui sont « dans les ténèbres », il ne peut pas nous « surprendre », nous qui aurons déjà quitté la scène présente à la venue du Seigneur. « Nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres », tout au contraire nous sommes « tous des fils de la lumière et des fils du jour » (5:5). C’est la position dans laquelle la grâce de Dieu nous a placés, nous ses enfants ; tous, sans aucune distinction d’âge, de développement spirituel ou de fidélité dans la marche. Mais si nous sommes tous établis dans une telle position, nous avons à vivre d’une manière qui y corresponde. Le fait que « le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit », apportant avec lui la « subite destruction » à laquelle les hommes impies n’échapperont point, ce fait, s’il ne nous concerne pas, doit cependant parler à nos consciences et contribuer à nous séparer du monde, moralement et pratiquement. De là les exhortations des versets 6 à 8 : « les autres » dorment et s’enivrent la nuit, ne dormons pas comme eux, « mais veillons et soyons sobres ». Veillons pendant la nuit, comme les sentinelles qui attendent le matin ; soyons sobres, nous tenant éloignés de toutes les convoitises enivrantes de ce monde. Et revêtons l’armure, une armure qui, dans ce passage, ne se compose que de deux pièces : une cuirasse et un casque, une cuirasse pour protéger nos cœurs, préserver nos affections pour le Seigneur, un casque pour garder notre tête, siège de nos pensées.
Qu’est-ce qui nous met en danger de nous conformer à ce monde, de « dormir » ou même de nous « enivrer » ? L’orientation de nos cœurs. Si nos cœurs trouvent un objet ici-bas, nous poursuivrons les choses d’en-bas ; l’ennemi, habile et rusé, sait bien attirer ces cœurs vers la terre en leur proposant ce qui peut leur plaire dans ce monde. Comme il est nécessaire qu’ils revêtent la « cuirasse », une cuirasse qui est celle « de la foi et de l’amour » ! L’objet de notre foi, c’est Christ ; une foi vivante est nourrie de Christ, occupée de Lui, de sorte que son amour remplit alors notre cœur. « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5). Le Saint Esprit se plaît à nous occuper de Christ (cf. Jean 16:14) et, d’autre part, il verse dans nos cœurs l’amour de Dieu. Que rien en nous n’entrave son activité diligente et bienfaisante, c’est la cuirasse qui protègera nos cœurs. Nos affections seront alors nourries de Christ et gardées pour Lui ; tous les autres objets deviendront pour nous sans valeur et sans attrait et nous pourrons marcher « ne tournant vers le monde d’autres regards que ceux du voyageur ». — Avec la « cuirasse », il faut aussi le « casque » pour que notre tête, nos pensées soient à l’abri des attaques d’un ennemi qui vient souvent nous troubler, faisant naître en nous des idées que nous cultivons parfois et qui nous amènent à raisonner, à douter peut-être... Avançons en paix, sans aucune crainte ; les choses vont de mal en pis dans ce monde, que cela ne nous surprenne pas, c’est la confirmation de ce que nous dit l’Écriture inspirée. Le jugement va bientôt être exécuté, le jour de la colère est là... Heureux sommes-nous de savoir que « Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre seigneur Jésus Christ » (1 Thess. 5:9). Il s’agit là du salut au terme de la course, aussi assuré que celui de notre âme, lequel est déjà notre partage. Cette « espérance du salut » est pour nous un « casque » qui protège notre tête : tous les raisonnements de l’ennemi, toutes ses subtilités viennent se briser là. Nous ne sommes pas du monde, nous avons une espérance qui ne confond point.
Christ est « mort pour nous » afin que, « soit que nous veillions » c’est-à-dire, que nous soyons présents dans le corps à sa venue, « soit que nous dormions », c’est-à-dire, que nous soyons déjà délogés à la venue du Seigneur, « nous vivions ensemble avec lui », en d’autres termes : nous soyons avec Lui pour toujours, dans les gloires de la résurrection.
« C’est pourquoi », ajoute l’apôtre, « exhortez-vous l’un l’autre et édifiez-vous l’un l’autre (1 Thess. 5:11). Nous pouvons bien nous exhorter, nous édifier l’un l’autre en nous rappelant ces enseignements de la Parole, si importants pour notre marche ici-bas. Nous pouvons aussi nous consoler l’un l’autre en nous rappelant les « paroles » de 1 Thessaloniciens 4:13 à 17. Exhortation, édification, consolation, c’est l’objet du ministère prophétique dans l’assemblée (1 Cor. 14:3), c’est aussi l’objet du service que nous pouvons remplir les uns à l’égard des autres. Les Thessaloniciens, qui connaissaient « les temps et les saisons », qui « savaient parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit », s’exhortaient déjà, s’édifiaient l’un l’autre ; aussi l’apôtre ajoute : « comme aussi vous le faites » (5:11). Ils le faisaient, qu’ils continuent à le faire sans défaillance ! Par contre, à la fin du chapitre 4, l’apôtre, qui écrit : « Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles », n’ajoute pas : « comme aussi vous le faites ». Ils n’avaient pas pu le faire jusqu’alors puisque précisément ils étaient « dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment ». La Parole est précise et juste dans toutes ses expressions, cela n’est pas pour nous surprendre.
Puissions-nous nous exhorter, nous édifier, nous consoler l’un l’autre, afin que le Seigneur à sa venue nous trouve séparés du monde, dans le chemin de l’obéissance à la Parole, veillant et étant sobres ! « Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant. En vérité, je vous dis qu’il se ceindra et les fera mettre à table, et, s’avançant, il les servira » (Luc 12:37).
ME 1964 p. 253-263
Les croyants juifs auxquels l’apôtre Pierre adresse sa première épître avaient grand besoin d’encouragements. Ils possédaient bien une espérance céleste, mais ils traversaient un monde ennemi dans lequel la souffrance était leur partage : il en était qui médisaient d’eux comme de gens qui font le mal, leur bonne conduite en Christ était calomniée, ils étaient injuriés, insultés pour le nom de Christ (1 Pierre 2:12 ; 3:16 ; 4:4 et 14). Pour fortifier leur foi, ranimer leur énergie, l’apôtre leur présente Christ dans le chemin qui a été le sien ici-bas : Celui qui a « souffert pour nous dans la chair », leur dit-il, « a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces » (4:1 ; 2:21-23). Puisque tel avait été le sentier de Christ, il n’était pas surprenant qu’à leur tour ils eussent à connaître la souffrance, ils ne devaient pas trouver « étrange le feu ardent... venu sur eux pour leur épreuve » ; en cela même, ils avaient « part aux souffrances de Christ » et pouvaient s’en réjouir (4:12, 13). Combien cela était de nature à les encourager au travers de toutes leurs tribulations !
Les prophètes, dont le ministère revêtait une si grande importance aux yeux de ces croyants juifs, avaient déjà longtemps à l’avance rendu « témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ » (1:11). Christ a « souffert une fois pour les péchés », Lui, « le juste » a souffert « pour les injustes » ; seul Il pouvait endurer de telles souffrances et si l’apôtre en fait mention, ce n’est pas pour nous engager à y avoir part, c’est afin de montrer qu’elles étaient nécessaires pour « nous amener à Dieu », de telle manière que nous soyons ainsi à même de suivre Christ dans le sentier où Il est notre Modèle et où Il nous appelle à marcher sur ses traces (3:18 ; 2:21). En parcourant ce sentier, Christ a souffert pour la justice, c’est à de telles souffrances que nous sommes exhortés à avoir part ; Il a souffert en faisant le bien, nous pouvons aussi avoir à souffrir de cette manière.
L’apôtre nous dit que Christ, « lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (2:22, 23). C’est ce à quoi nous sommes appelés : « Enfin, soyez tous d’un même sentiment, sympathiques, fraternels, compatissants, humbles, ne rendant pas mal pour mal, ou outrage pour outrage, mais au contraire bénissant » (3:8, 9). Cette unité de sentiment est présentée ici en vue de suivre les traces de Christ ; elle nous conduit aussi : à une pleine communion les uns avec les autres dans nos circonstances diverses (Rom. 12:16) — à d’heureux rapports mutuels, fruit de cette communion (2 Cor. 13:11) — à l’humilité (Phil. 2:2) — enfin, à la louange dans l’assemblée (Rom. 15:5, 6).
« Soyez tous d’un même sentiment... ne rendant pas mal pour mal ». Le cœur naturel est si mauvais que l’on rend parfois le mal pour le bien. Christ, dans son sentier, l’a éprouvé, Lui qui a dû dire par l’Esprit prophétique : « Ils m’ont rendu le mal pour le bien : mon âme est dans l’abandon », et encore : « Et ceux qui me rendent le mal pour le bien sont mes adversaires, parce que je poursuis ce qui est bon » (Ps. 35:12 ; 38:20). En butte à la méchanceté des hommes, nous pouvons aussi avoir à en faire l’expérience ; nous avons alors communion avec Christ dans les souffrances qui furent ainsi sa part. Mais que Dieu nous garde, nous, de jamais rendre le mal pour le bien ! N’oublions pas que, en dehors de toute autre considération, le jugement est prononcé sur celui qui en serait coupable : « Le mal ne quittera point la maison de celui qui rend le mal pour le bien » (Prov. 17:13).
Il ne suffit pas de ne pas rendre le mal pour le bien, il ne suffit pas non plus de ne pas faire de mal à ceux qui ne nous en font pas, il faut aller plus loin : ne pas faire de mal à celui qui pourtant nous en a fait et même, davantage encore, lui faire du bien. Cela, c’est véritablement le sentier de Christ et c’est ce à quoi nous sommes invités dans des passages comme Matthieu 5:44 à 48 et Romains 12:16 à 21, par exemple. C’est ce que nous dit l’apôtre Pierre lorsque, après avoir présenté cette exhortation : « ne rendant pas mal pour mal, ou outrage pour outrage », il ajoute : « mais au contraire bénissant » (3:9).
Faire du bien à celui qui nous a outragés nous amènera à « hériter de la bénédiction » (3:9) ; nous pourrons avoir à souffrir l’injustice, mais en imitant notre divin Modèle, nous jouirons de la bénédiction d’en haut répandue sur nous. « Aimer la vie et voir d’heureux jours » (3:10), c’était pour les croyants juifs auxquels écrivait l’apôtre Pierre, jouir de la bénédiction de l’Éternel ; en Israël le fidèle était assuré de la prospérité matérielle, Dieu le bénissait de cette manière, de sorte qu’il pouvait connaître d’heureux jours ici-bas et, ainsi, « aimer la vie ». Le moyen de goûter la bénédiction, qu’il s’agisse d’une bénédiction matérielle pour Israël ou spirituelle pour nous, c’est de « se détourner du mal » et de « faire le bien » (3:10, 11). Pour réaliser pratiquement ces choses, il faut à l’homme un cœur renouvelé, il faut ensuite que ce cœur « renouvelé » soit constamment maintenu en bon état (cf. Matt. 15:19 ; Luc 6:45). Si la source est pure, les eaux seront claires et limpides ; elles ne le seront jamais si la source est impure.
« Se détourner du mal », puis « faire du bien », c’est ce à quoi nous sommes exhortés. Nous nous détournerons du mal si nous l’avons en horreur au lieu de chercher à l’excuser ou, même, à le justifier. La Parole nous le montre tel qu’il est et nous demande de le haïr : « Vous qui aimez l’Éternel, haïssez le mal ! » ; « Haïssez le mal, et aimez le bien » ; « Ayez en horreur le mal, tenez ferme au bien » (Ps. 97:10 ; Amos 5:14, 15 ; Rom. 12:9). Le principe du mal a été introduit dans le monde par la désobéissance du premier homme — c’est le péché avec tous ses fruits, les péchés — et ce qui lui donne son caractère d’extrême gravité c’est qu’il porte atteinte à la gloire de Dieu. Le mal est en nous, dans notre cœur naturel ; il est aussi tout autour de nous et le mal qui nous entoure trouve facilement, en trop de circonstances, le chemin de notre cœur. Certainement, Dieu a la puissance de nous garder, mais cette puissance s’exerce en réponse à notre foi, à une foi qui nous attache à Christ, et notre foi est généralement si faible qu’il y a bien des faux-pas sur notre route (cf. Jude 24 ; 1 Pierre 1:5). Pour être amenés à nous « détourner du mal », estimons le péché tel qu’il est au jugement de Dieu : pour l’ôter, il a fallu la mort de Christ ! C’est à la croix qu’a été vidée toute la question du bien et du mal : à l’heure suprême où Dieu a dû abandonner l’Homme Christ Jésus, Il a montré ce qu’est le mal, le péché à ses yeux !
Mais il ne suffit pas de se « détourner du mal », de s’abstenir « de toute forme de mal » (1 Thess. 5:22), il faut aussi « faire le bien ». C’est Dieu Lui-même qui est le principe, la source, l’auteur de tout vrai bien. Christ, notre Modèle parfait, a marché dans le sentier du bien : sa vie toute entière a été à la gloire de Dieu, vie de dépendance, d’obéissance, de confiance, et c’est là le bien.
La Parole emploie deux expressions à peu près semblables et qui pourtant donnent deux pensées différentes : « faire du bien » et « faire le bien ». Accomplir tel acte de charité — secours matériel apporté à celui qui est dans le besoin, visite à une personne dans l’épreuve, soins dispensés à un malade, etc. — c’est « faire du bien », c’est accomplir les « bonnes œuvres » dont il est question dans des passages comme Matthieu 5:16 ; Jean 10:32 ; 1 Timothée 5:25 et 6:18 ; Tite 2:7, 14 et 3:8, 14 ; Hébreux 10:24 ; 1 Pierre 2:12. — Manifester tous les sentiments qui découlent d’un cœur renouvelé et maintenu en bon état, aimer nos frères d’un vrai amour, témoigner de la sympathie à ceux qui souffrent, montrer du support envers tous, faire preuve de tact et de douceur, agir dans le respect des convenances, honorer ceux auxquels l’honneur est dû — cela, c’est « faire le bien », c’est accomplir les « bonnes œuvres » dont il est parlé dans des passages comme Éphésiens 2:10 ; Colossiens 1:10 ; 1 Timothée 2:10, 2 Timothée 2:21 et 3:17 ; Tite 1:16 et 3:1 ; Hébreux 13:21. De telle sorte que l’on peut parfois « faire du bien » sans pour autant « faire le bien » : quelqu’un, par exemple, remettra un don à une personne dans la nécessité, fera une visite à un malade, en cela il fait « du bien » ; cependant et quoi qu’il en pense, il n’aura pas « fait le bien » si la remise de ce don est susceptible d’encourager celui qui le reçoit à une vie de paresse ou à une existence marquée par le désordre, ou si, au cours de la visite il apporte tout autre chose que ce qui aurait dû être présenté pour l’édification ou l’exhortation du malade. Aider, encourager un frère qui n’a pas dans son service la communion de son assemblée locale, c’est peut-être « faire du bien », mais ce n’est pas « faire le bien ». Ajoutons, dans cet ordre d’idées, que l’exercice de la bienfaisance, tout particulièrement, demande beaucoup de sagesse, de spiritualité, de dépendance de Dieu, si l’on ne veut pas se borner à « faire du bien » et si l’on a vraiment à cœur de « faire le bien ». Puissions-nous toujours veiller à « faire le bien » chaque fois que nous cherchons à « faire du bien » !
Rechercher la paix, la poursuivre, c’est une heureuse activité, incluse dans l’expression « faire le bien ». La paix selon Dieu, toujours liée à l’amour, à la sainteté, à la vérité, la véritable paix est difficile à atteindre. Elle nécessite un effort constant et persévérant, c’est pourquoi nous sommes invités à la « poursuivre », comme quelque chose qui tend à nous échapper : « Poursuivez la paix avec tous, et la sainteté... », « qu’il recherche la paix et qu’il la poursuive... » (Héb. 12:14 ; 1 Pierre 3:11). Le lien entre les deux pensées (« faire le bien » et « rechercher la paix ») nous permet de comprendre qu’en poursuivant la paix nous ne devons jamais sortir de l’étroit sentier du bien, le sentier de Christ.
Dans le verset 12, nous avons un double contraste : d’abord, entre deux classes de personnes et ensuite, dans leurs rapports avec Dieu. Entre deux classes de personnes : d’une part, les « justes » et, d’autre part, « ceux qui font le mal ». Tandis que le juste aime le bien et hait le mal, le méchant aime le mal et hait le bien (Éccl. 8:11 ; Michée 3:2 et 7:3). Dans leurs rapports avec Dieu : ici, le contraste est dépeint à l’aide d’une image tirée de cette faculté que l’homme possède de pouvoir exprimer quelque chose de ses sentiments par les traits du visage et, principalement, par le regard. « Les yeux du Seigneur sont sur les justes » : ce regard est tout empreint de l’amour du Seigneur, il se pose sur ceux qui sont à Lui, qui L’aiment et le Lui manifestent en marchant dans un sentier d’obéissance, gardant ses commandements. Ce regard qui embrasse le monde entier, car « les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort en faveur de ceux qui sont d’un cœur parfait envers lui » (2 Chron. 16:9), c’est aussi le regard qui considère avec tendresse et bonté ceux qui marchent fidèlement dans le sentier de Christ. Tandis qu’au contraire, « la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal ». Ceux qui font le mal peuvent n’en avoir aucune conscience, ils peuvent prospérer dans ce monde et s’en réjouir, il n’en demeure pas moins que « la face du Seigneur est contre eux ». À moins qu’ils ne se repentent, le gouvernement de Dieu s’exercera envers eux et ce gouvernement peut aller jusqu’à la mort du corps, comme l’indique le Psaume cité dans ce passage de la première épître de Pierre : « La face de l’Éternel est contre ceux qui font le mal, pour retrancher de la terre leur mémoire » (Ps. 34:16). Et plus tard, « ceux qui ne connaissent pas Dieu » et « ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ », « subiront le châtiment d’une destruction éternelle » (2 Thess. 1:8, 9). Nous pouvons en dégager un enseignement très important pour nous croyants : si nous « pratiquons le péché », si nous « faisons le mal », la face du Seigneur est contre nous ! Nous nous préoccupons souvent du seul jugement de notre entourage et nous ne nous demandons pas, en tout premier lieu, si la face du Seigneur n’est pas contre nous ! — Non seulement les yeux du Seigneur sont sur les justes mais encore « ses oreilles sont tournées vers leurs supplications ». Cette promesse est bien de nature à encourager et à fortifier la foi. Ne vaut-il pas la peine de marcher dans le sentier de Christ et d’avoir ainsi l’assurance que ses yeux sont sur nous et ses oreilles tournées vers nos supplications ? Tandis que sa face est contre ceux qui font le mal. Remarquons qu’il n’est pas ajouté ici que ses oreilles ne sont pas tournées vers leurs supplications ; il n’est nul besoin de l’ajouter car, en effet, les méchants ne prient pas : « ils n’invoquent point Dieu » (Ps. 53:4).
« Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de celui qui est bon ? » (v. 13). En faisant le bien, en marchant dans un sentier de justice pratique, nous suivons les traces de Christ, nous sommes « imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants », « marchant dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés » (Éph. 5:1, 2), nous sommes « imitateurs de celui qui est bon », car « nul n’est bon, sinon un seul, Dieu » (Marc 10:18). Une telle marche nous met à l’abri de bien des maux. Si nous « faisons le bien » nous éprouverons tout particulièrement le puissant secours de Dieu pour nous protéger, nous garder, nous délivrer.
Mais quoi qu’il en soit de la promesse contenue dans le verset 13, le croyant peut être amené, en certaines circonstances, à « souffrir pour la justice » (v. 14). De telles souffrances ne détruisent pas son bonheur, ne l’altèrent en rien ; au contraire, ils sont dits « bienheureux », ceux qui « souffrent pour la justice » (Matt. 5:10). Ces souffrances développent la vie intérieure, conduisent l’âme à rechercher le secours d’en-haut et la communion avec Christ. L’ennemi essaie de nous effrayer par la souffrance ; il voudrait nous amener à craindre les craintes du monde et tout ce qu’il cherche à susciter par le moyen de tant d’instruments pour entraver notre marche dans le sentier du bien. Mais l’Écriture est là qui nous dit : « Ne craignez pas leurs craintes, et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez le Seigneur le Christ dans vos cœurs » (v. 14, 15). Avoir le sentiment de la présence de Dieu et de son approbation nous donne paix et tranquillité et nous permet de « sanctifier le Seigneur le Christ dans nos cœurs ». — Pour les Juifs, « sanctifier le sabbat », c’était le reconnaître saint, l’observer avec crainte. Le sens est ici le même : « sanctifier le Seigneur », c’est reconnaître sa seigneurie et soumettre tout notre cœur à son empire. Le sens est identique également dans des passages comme Lévitique 10:3 ; « Je serai sanctifié en ceux qui s’approchent de moi » et Matthieu 6:9 : « Que ton nom soit sanctifié ». Si nous craignons le Seigneur, nous ne craindrons pas les hommes ; mais inversement si nous ne vivons pas dans la crainte du Seigneur, nous serons remplis de craintes en présence de tout ce que les hommes placeront devant nous pour nous arrêter et nous effrayer.
Sanctifier le Seigneur le Christ dans nos cœurs d’abord, dans nos paroles ensuite. À quiconque nous demande raison de l’espérance qui est en nous, nous devons toujours répondre « avec douceur et crainte ». Il convient d’être toujours « prêts » à cela, ce qui suppose un bon état d’âme et la jouissance de l’espérance. Il ne s’agit pas tant, en effet, de l’espérance des croyants d’une façon générale, mais plus particulièrement de l’espérance « qui est en vous ».
Le verset 16 nous parle d’une « bonne conscience » et d’une « bonne conduite ». Le croyant est appelé à se bien conduire en toutes choses ; cette bonne conduite peut être calomniée, elle peut être taxée d’orgueil ou d’hypocrisie, cependant si l’état intérieur du croyant ne laisse en rien à désirer, si, vivant dans le jugement de soi-même, il a une « bonne conscience », ceux qui médisent de lui, ou même le calomnient, seront un jour confondus.
Il vaut mieux, dit enfin l’apôtre, « souffrir en faisant le bien qu’en faisant le mal ». Quelle tristesse que de souffrir « en faisant le mal » ! la pensée d’avoir méconnu et méprisé la volonté de Dieu remplit alors le cœur d’amertume ; non seulement l’âme éprouve la souffrance qui résulte des circonstances extérieures permises ou envoyées par Dieu, mais encore elle connaît la douleur provoquée par la conviction d’avoir mal fait : la conscience parle, elle reprend. Il y a donc souffrance au dehors, souffrance au dedans, avec le sentiment que Dieu Lui-même nous châtie. Tandis qu’au contraire celui qui « fait le bien », qui a une « bonne conscience » souffrira peut-être au dehors mais connaîtra intérieurement une précieuse consolation. Souffrir en « faisant le mal » c’est une discipline de Dieu, un châtiment ; souffrir en « faisant le bien », c’est connaître la communion avec Christ dans ses souffrances comme homme ici-bas, dans le sentier de la justice. Cela nous fait comprendre un peu la profonde détresse de certains croyants, accablés, découragés parfois tandis qu’ils traversent de grandes souffrances. Ils ne connaissent la délivrance que le jour où, comprenant qu’ils souffrent ainsi pour avoir fait le mal, ils s’en humilient profondément ; ils jouissent alors de la douceur du pardon qui suit la confession et retrouvent la joie d’une heureuse communion avec le Seigneur, même si les souffrances extérieures demeurent encore leur part, car le gouvernement de Dieu peut continuer à s’exercer.
Que le Dieu de toute grâce, qui se plaît à nous enseigner pour notre profit, veuille opérer en nous par l’action puissante de sa Parole et de son Esprit, afin que nous soyons gardés de jamais souffrir « en faisant le mal », amenés au contraire à suivre Christ, Modèle parfait, dans le sentier qu’Il nous a tracé, heureux d’avoir communion avec Lui si le privilège nous est accordé de « souffrir en faisant le bien » !
ME 1964 p. 309-316
Éli était un homme âgé, riche d’une longue expérience, sacrificateur et juge en Israël, ayant autorité et responsabilité à la fois comme chef de sa propre maison et comme chef de la sacrificature. De quelle manière a-t-il exercé cette autorité et fait face à cette responsabilité dans chacun de ces deux domaines ?
Dans sa maison en premier lieu. — Éli avait deux fils, Hophni et Phinées, dont la conduite est dépeinte en 1 Samuel 2:12 à 17 où il est dit notamment qu’ils étaient « des fils de Bélial » qui « ne connaissaient pas l’Éternel » ; le verset 22 de ce même chapitre signale aussi un grave péché commis par eux. De telle sorte que, tant du point de vue moral que pour ce qui touchait à l’exercice de la sacrificature, leur façon d’agir jetait du déshonneur sur le nom de l’Éternel. Éli « apprit tout ce que ses fils faisaient à l’égard de tout Israël » et ne manqua pas de leur adresser de sévères remontrances, attirant leur attention non seulement sur leur culpabilité propre mais aussi sur le fait qu’ils « entraînaient à la transgression le peuple de l’Éternel » (1 Sam. 2:23 à 25). Cependant son action envers eux s’arrête là ; il les reprend, mais il sera dit de lui — et ce sera le motif du jugement que l’Éternel exercera sur lui et sa maison : « Ses fils se sont avilis et il ne les a pas retenus » (1 Sam. 3:12, 13). Pourquoi cet homme, fidèle en bien des choses, a-t-il ainsi gravement manqué dans l’administration de sa maison ? L’Éternel le lui déclarera par le moyen de l’homme de Dieu qu’Il lui envoie : « Tu honores tes fils plus que moi » (1 Sam. 2:29). Cela le rendait solidaire de leur péché bien que, loin de les approuver, il les eût sérieusement repris. Le jugement, annoncé à Éli par le jeune Samuel, sera exécuté comme l’Éternel l’avait dit (1 Sam. 3:11 à 18 ; 4:10 à 22).
Ce récit, tant de fois rappelé, n’est-il pas de nature à réveiller des parents chrétiens peu attentifs à la responsabilité qui leur incombe devant Dieu au sujet de leurs enfants ? Tout spécialement le père, puisqu’il a de la part de Dieu une autorité et une responsabilité en tant que chef de famille. Dieu veuille garder de toute défaillance ceux qu’Il a placés dans une telle position ! Le père qui se contente de répréhensions, si sévères soient-elles, mais qui « ne retient pas » ses enfants engagés dans une mauvaise voie demeure, quoi qu’il en pense, solidaire du mal commis par eux. « Honorer ses fils plus que Dieu », c’est se laisser diriger par les sentiments que l’on éprouve pour eux, si légitimes qu’ils soient, au lieu de faire passer avant toute autre chose l’obéissance à Dieu et à sa Parole. Il se laisse égarer par cette fâcheuse sentimentalité, il n’aime pas vraiment ses fils, le père qui les « honore plus que Dieu ». Tout ce qui conduit à une faiblesse coupable et à la méconnaissance des droits de Dieu n’est qu’une contrefaçon de l’amour ; ce n’est en définitive qu’un sentiment charnel. Les conséquences de tels errements sont généralement très douloureuses, Éli en a fait la triste expérience : affaiblissement du discernement spirituel, manque d’énergie morale et enfin, le gouvernement de Dieu pouvant aller parfois jusqu’à la mort du corps. Combien tout cela est solennel !
Considérons Éli comme chef de la sacrificature. Nous retrouverons les mêmes manquements, ce qui n’est pas pour nous surprendre car, comment celui qui n’est pas fidèle dans sa maison le serait-il dans la maison de Dieu ? Les deux domaines sont étroitement liés l’un à l’autre, beaucoup plus qu’il ne le semble généralement.
Ceux qui se comportaient selon ce qui nous est dit en 1 Samuel 2:12 à 17 étaient les propres fils d’Éli ! Les sentiments que son cœur de père éprouvait pour eux l’empêchent d’agir comme il l’aurait dû ; il se borne à une réprimande et tolère la persistance d’un état de choses aussi scandaleux. — Aujourd’hui, la sacrificature est exercée par l’ensemble des croyants, frères et sœurs, réunis au nom et autour du Seigneur, comme expression de l’assemblée. L’assemblée a des responsabilités pour tout ce qui touche à la sainteté qui convient à la maison de Dieu et à l’exercice de la « sainte sacrificature » ; une autorité lui est conférée qui a sa source en Celui qui est son Chef et dont la présence doit être effectivement réalisée pour que cette autorité puisse être exercée comme il convient, c’est-à-dire dans la dépendance du Seigneur et dans la crainte de son Nom. Qu’une assemblée s’en tienne à des observations verbales — et à plus forte raison si elle ne les fait même pas — sans exercer ensuite les disciplines appropriées, dans le cas où le coupable, tel les fils d’Éli, n’écouterait pas, elle reste solidaire du péché commis (cf. 1 Samuel 2:29). Il peut arriver qu’une assemblée agisse à la manière d’Éli et que s’applique à elle la parole dite au sacrificateur d’autrefois : « Tu honores tes fils plus que moi » ; des considérations purement sentimentales peuvent la conduire à refuser d’exercer toute discipline ou à manquer d’énergie pour le faire, alors que pourtant elle en discerne plus ou moins la nécessité : les sentiments éprouvés à l’égard de celui qui a manqué, généralement très légitimes, passent dans le cœur de plusieurs avant l’honneur dû à Dieu, le maintien de ses droits et de sa gloire. Non seulement une assemblée ainsi défaillante reste solidaire du péché commis, mais encore elle est marquée par un fléchissement de son niveau spirituel de sorte qu’elle est en grand danger d’aller de faiblesse en faiblesse. Enfin, Dieu exercera peut-être à son égard tel ou tel jugement gouvernemental, pouvant aller jusqu’à « ôter la lampe ». Ne l’a-t-Il pas fait, à son moment, pour Corinthe, Éphèse, Pergame, d’autres encore ?
Samuel qui, dès son plus jeune âge, avait si bien commencé, qui dans la suite a rempli un si utile ministère prophétique, ne s’est-il pas trouvé placé, plus tard, dans des circonstances où il a laissé parler les sentiments de son cœur ? Tout jeune enfant, il servait l’Éternel devant Éli et l’on peut se poser la question : les défaillances d’Éli, fruit de la sentimentalité d’un père à l’égard de ses fils, n’ont-elles pas exercé sur lui une certaine influence dont les conséquences ont été manifestées plus tard ? C’est probable et cela ajoute à la responsabilité d’Éli, comme aussi de tous ceux qui obéissent à leurs sentiments plutôt qu’à la Parole : qu’ils veuillent bien penser à l’exemple qu’ils donnent à leur entourage, surtout à ceux qui, encore jeunes, sont aux premiers pas de la vie chrétienne !
Samuel avait eu à transmettre à Éli le message de l’Éternel annonçant le jugement qu’Il allait exécuter (cf. 1 Sam. 3:11 à 18), il avait donc vu la fin d’une sacrificature. Puis, ayant lui-même établi ses propres fils juges sur Israël, il avait vu ces derniers se conduire de telle manière que le peuple les avait rejetés et avait demandé un roi (cf. 1 Sam. 8:1 à 6). Ce roi, donné par Dieu dans sa colère et ôté dans sa fureur (cf. Osée 13:11), c’est Samuel qui fut appelé à l’oindre, c’est également Samuel qui lui fit savoir qu’il était « rejeté » (cf. 1 Sam. 10:1 ; 15:23, 26). On peut bien comprendre les sentiments qui remplissaient le cœur de Samuel à ce moment-là, mais ne convenait-il pas de leur imposer le silence puisque l’Éternel avait parlé ? Samuel aurait-il dû être « fort attristé » après avoir entendu l’Éternel lui dire : « Je me repens d’avoir établi Saül pour roi ; car il s’est détourné de moi et n’a point exécuté mes paroles », aurait-il dû « mener deuil sur Saül, parce que l’Éternel s’était repenti d’avoir établi Saül roi sur Israël » ? (cf. 1 Sam. 15:10, 11, 35). Et cela, après que le caractère de Saül avait été pleinement manifesté (cf. 15:13 à 16, 20, 21, 30). Samuel laisse fâcheusement parler ses sentiments à l’égard d’un roi rejeté, rejeté parce que coupable d’avoir lui-même « rejeté la parole de l’Éternel » (v. 26) et il oblige l’Éternel à lui poser cette question : « Jusques à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que moi je l’ai rejeté... ? » (1 Sam. 16:1). Retenons l’enseignement si important qui nous est donné là : la sentimentalité conduit inévitablement à une position qui est en désaccord avec la pensée et les voies de Dieu. En outre, elle nous fait reculer en présence de ce que Dieu nous demande. Lorsqu’en effet l’Éternel commande à Samuel : « Remplis ta corne d’huile, et va : je t’enverrai vers Isaï, le Bethléhémite ; car j’ai vu parmi ses fils un roi pour moi », Samuel répond : « Comment irai-je ? » (1 Sam. 16:1, 2). Davantage encore : lorsqu’enfin Samuel obéit, il manifeste un manque de discernement que l’on n’avait pas vu chez lui précédemment, manque de discernement qui découle de sa sentimentalité. Voyant Eliab, dont il est dit qu’il « suivait Saül » (1 Sam. 17:13, 14), Samuel s’écrie : « Certainement l’oint de l’Éternel est devant lui ». Quelle erreur de jugement ! Il faut que l’Éternel reprenne le prophète, lui disant : « Ne regarde pas son apparence, ni la hauteur de sa taille, car je l’ai rejeté ; car l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » (1 Sam. 16:6, 7). Les pensées de Samuel étaient à l’opposé des pensées de Dieu !
Éli, Samuel, deux hommes chez lesquels on aurait pensé trouver l’obéissance à la volonté de l’Éternel, tous les sentiments du cœur étant mis à leur véritable place. Hélas ! chez l’un comme chez l’autre, mais chez le premier plus gravement, nous voyons les sentiments prendre le pas sur la simple obéissance à la volonté de Dieu.
C’est plutôt chez Anne, « un vase plus faible » selon l’expression de 1 Pierre 3:7, que nous aurions supposé rencontrer une conduite plus ou moins dirigée par les sentiments maternels. Tout au contraire ! En butte à l’hostilité de Peninna, à l’incompréhension d’Éli, elle n’a de ressource qu’en Dieu. C’est à Lui qu’elle a demandé « un enfant mâle », non pour l’égoïste satisfaction de son cœur de mère mais pour le service et la gloire de l’Éternel : « Je le donnerai à l’Éternel pour tous les jours de sa vie ; et le rasoir ne passera pas sur sa tête » (1 Sam. 1:11). Chez elle — quel exemple à imiter ! — les sentiments qu’une mère peut légitimement éprouver pour son enfant, et surtout pour un enfant ardemment désiré, ne passent pas avant ce qui est dû à Dieu. Ah ! ce n’est pas à Anne qu’il aurait pu être dit : « Tu honores ton fils plus que moi » !
Elle n’a pas pour son fils un amour égoïste, qui au fond ne pense qu’à soi et ne cherche que sa propre satisfaction ; elle manifeste amour et obéissance envers Dieu et c’est ce qui la guide dans les expressions de son amour envers son enfant. C’est à Dieu, à ses intérêts et à son service qu’elle pense en premier lieu ; aussi quoi qu’il en coûte à son cœur de mère, elle se sépare de son fils et le conduit auprès d’Éli, sacrificateur en ces jours-là (cf. 1 Sam. 1:26 à 28). Elle n’en aime pas moins ce fils que Dieu lui a donné, mais elle l’aime véritablement, mettant chaque chose à sa place, Dieu d’abord, son enfant après. N’aimant pas son fils plus que l’Éternel, elle est digne d’être appelée « disciple » (cf. Matt. 10:37) et elle nous enseigne comment il convient d’agir pour éviter les pièges de la sentimentalité, pour faire passer en premier lieu ce qui concerne Dieu et sa gloire, les affections que nous éprouvons très légitimement pour les membres de nos familles prenant la place qu’elles doivent avoir et non le pas sur tout le reste. Le développement spirituel de Samuel, le préparant pour l’exercice d’un ministère prophétique est la riche récompense accordée par Dieu à cette mère pieuse et fidèle.
N’est-il pas surprenant qu’Éli, auprès duquel fut amené et servit le fils de cette mère remarquable entre toutes — que Samuel, lui qui avait une telle mère, n’aient pas su imiter l’exemple d’Anne et aient fait preuve l’un et l’autre d’une regrettable sentimentalité, le premier à l’égard de ses fils, le second vis-à-vis de ses fils comme aussi du roi Saül (cf. 1 Sam. 8:1 à 6 ; 15:35 ; 16:1) ? Cela nous montre combien peu nous savons imiter les meilleurs exemples placés devant nous. N’est-il pas surprenant aussi que Samuel ait subi, semble-t-il, sur le plan des sentiments naturels, l’influence d’Éli au lieu d’agir à la manière d’Anne sa mère ? Cela nous montre que l’on imite plus facilement un mauvais qu’un bon exemple.
Il est pourtant un détail qui nous montre qu’au dernier jour de sa vie Éli avait sans doute jugé la sentimentalité qui l’avait conduit à l’infidélité. Lorsqu’un messager vient lui faire le récit de la bataille, c’est seulement « lorsqu’il mentionne l’arche de Dieu » qu’Éli tomba à la renverse de dessus son siège, ce n’est pas au moment où lui fut annoncée la mort d’Hophni et Phinées. L’Esprit de Dieu souligne ce détail (1 Sam. 4:17, 18) et nous sommes heureux de voir là une preuve de la restauration d’Éli. Les conséquences du péché n’en demeurent pas moins sous le gouvernement de Dieu.
Que Dieu ait compassion de notre grande faiblesse et nous accorde de savoir mieux discerner tout ce à quoi aboutit une sentimentalité qui, en trop de circonstances, est à peu près notre seul guide ! Qu’Il nous préserve de donner aux sentiments les plus légitimes que nous pouvons éprouver la prééminence sur la simple obéissance à sa Parole et aux directions de son Esprit ! Puissions-nous rechercher d’une manière plus habituelle, dans la prière et l’intercession, le secours dont nous avons tellement besoin pour être gardés fidèles !
Titre original : Accroissement
ME 1974 p. 169
Le cœur humain est tel que chacun désire accroître ce qu’il possède, que ce soit ses richesses, ses connaissances, son importance, et il est fréquent que des hommes n’aient pas d’autre but en vue que celui-là, se créant eux-mêmes beaucoup de soucis pour essayer de satisfaire semblable désir. Le croyant devrait être en garde contre cette tendance du cœur naturel et se souvenir des paroles du Seigneur, telles qu’elles nous sont rapportées en Matt. 6:19 à 34, en particulier de celles-ci : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre... Et qui d’entre vous, par le souci qu’il se donne, peut ajouter une coudée à sa taille ?... Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice... ». Un homme, le roi Salomon, a fait l’expérience de la vanité des biens terrestres et ce qu’il a écrit à ce sujet a été conservé pour notre instruction dans la Parole inspirée : « Quel profit a l’homme de tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil ? ... J’ai été roi sur Israël à Jérusalem, et j’ai appliqué mon cœur à rechercher et à explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est une occupation ingrate que Dieu a donnée aux fils des hommes afin qu’ils s’y fatiguent. J’ai vu tous les travaux qui se font sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent. ... Voici, je suis devenu grand et j’ai acquis de la sagesse plus que tous ceux qui ont été avant moi sur Jérusalem... J’ai connu que cela aussi, c’est la poursuite du vent. ... J’ai dit en mon cœur : Allons ! je t’éprouverai par la joie : jouis donc du bien-être. Et voici, cela aussi est vanité. ... J’ai fait de grandes choses... Et je suis devenu grand et je me suis accru plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem... Et quoi que mes yeux aient désiré, je ne les en ai point privés ; je n’ai refusé à mon cœur aucune joie... et voici, tout était vanité et poursuite du vent, et il n’y en avait aucun profit sous le soleil » (Éccl. 1:3, 12 à 14, 16, 17 ; 2:1, 4 à 11). Nous rappelons seulement quelques-unes des pensées que Salomon a été conduit à exprimer, mais il faut lire dans leur entier les premiers chapitres du livre de l’Écclésiaste. Doit-on être surpris que les expériences qu’il a pu faire à un si haut degré ne soient d’aucun profit pour les hommes, souvent même pour des croyants qui perdent leur vie en la consacrant à la recherche des biens de ce monde, méconnaissant que tout cela est « vanité et poursuite du vent » ? Sans doute pas, tant il est vrai que les expériences faites par d’autres nous sont rarement profitables.
Il arrive même que, dans cette recherche, certains se laissent entraîner d’une manière telle qu’ils finissent par ne pas y regarder de trop près quant au choix des moyens à employer pour parvenir à leurs fins. La Parole nous donne l’exemple de Jacob, agissant avec ruse pour accroître ses troupeaux ; nous en avons le récit dans le ch. 30 de la Genèse, à la fin duquel nous lisons : « Et l’homme s’accrut extrêmement, et eut un bétail nombreux, et des servantes et des serviteurs, et des chameaux et des ânes » (v. 43). Oui, Jacob « s’accrut extrêmement », mais grâce à l’emploi de moyens combien répréhensibles ! Hélas ! son exemple n’est-il pas imité ? Au sujet de ceux qui agissent de semblable manière, Dieu peut dire ce qu’il disait autrefois de son peuple Israël : « Selon qu’ils se sont accrus, ainsi ils ont péché contre moi » (Osée 4:7 — voir aussi 5:6).
C’est une tout autre croissance que nous avons à désirer et à rechercher, celle à laquelle nous exhorte l’apôtre Pierre : « croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pierre 3:18). Tel doit être le but de la vie chrétienne : croître dans la connaissance de Christ ; tout doit nous conduire à cela. Lisons beaucoup la Parole pour l’y rechercher Lui, pour apprendre à le connaître toujours mieux ; désirons « ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel», nous «croîtrons par lui à salut» (1 Pierre 2:2). Si la Parole n’apporte pas Christ à nos âmes, c’est parce que nous l’avons sans doute mal lue, c’est-à-dire sans le secours de la prière, sans le secours du Saint Esprit qui se plaît à nous occuper de Christ et à le glorifier. — Il est une autre connaissance que nous pouvons faire de Lui et dans laquelle il nous convient de croître : celle que nous sommes appelés à acquérir dans les circonstances du chemin, qu’elles soient heureuses ou difficiles. Les vivre avec Lui, expérimenter ce qu’il est pour nous dans la joie ou les larmes, entendre sa voix d’amour, tout cela est enrichissant pour l’âme du racheté. Expérimenter dans notre vie la réalité de ce que nous avons appris dans l’Écriture est d’une inestimable valeur pour nous ; un seul exemple : la Parole nous présente Christ comme notre « miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur », celui qui nous porte avec puissance sur ses épaules et avec amour sur son cœur, et les passages qui nous occupent de lui sous ce caractère sont pour nous un encouragement et un rafraîchissement, mais quelle valeur ils acquièrent pour nos âmes lorsque, au travers d’un chemin difficile, nous goûtons les tendres soins de ce « grand souverain sacrificateur... Jésus, le Fils de Dieu » (Héb. 2:17, 18 ; 4:14 à 16) ! Dieu permet des circonstances éprouvantes dans nos vies pour nous amener à croître dans la connaissance de Celui dont il nous a fait don. Ne vaut-il pas la peine de les traverser en vue d’un tel résultat ?
Dans les jours les plus douloureux, nous pourrons dire alors comme David autrefois : « Qui nous fera voir du bien ? Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! Tu as mis de la joie dans mon cœur, plus qu’au temps où leur froment et leur moût ont été abondants » (Ps. 4:6, 7). Aucune des richesses de ce monde ne peut donner au cœur du racheté la joie qu’il trouve dans la contemplation et la connaissance de Christ ! Le froment et le moût — dont il est question si souvent dans les écrits de l’Ancien Testament comme symbolisant une abondance de biens, de bénédictions matérielles (Gen. 27:28, 37 ; Nomb. 18:12 ; Deut. 7:13 ; 11:14 ; 12:17, etc.) — nous parlent aussi de nourriture spirituelle. C’est en lui donnant cette signification que nous citerons Zach. 9:17: « Le froment fera croître les jeunes gens, et le moût, les jeunes filles ». Que jeunes gens et jeunes filles aient l’ardent désir de se nourrir du « froment » et du « moût », de la « moelle du froment » (Ps. 81:16), c’est le secret de la croissance spirituelle !
La Parole sera pour nous une riche nourriture, nous en retirerons un réel profit selon la mesure dans laquelle nous vivrons ses enseignements, réalisant une marche dans la crainte de Dieu, dans la droiture de cœur ; par contre, elle sera pour nous sans grande saveur et sans grand fruit si nous nous contentons de la lire par devoir, étant des « auditeurs oublieux », méconnaissant l’enseignement de Jacques 1:21 à 25. « Celui qui a les mains pures croîtra en force » (Job 17:9) : la pureté de cœur, fruit de l’opération de la Parole et de l’Esprit en nous, se manifestant extérieurement par la pureté de nos actions, nous « croîtrons en force ». L’âme vraiment nourrie, la force divine se manifestera au sein de la faiblesse qui est la nôtre. Au milieu des ténèbres de ce monde, le croyant peut ainsi réaliser une marche dans les « sentiers de justice » où le bon Berger conduit ses brebis ; son « sentier » est véritablement alors « comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Ps. 23:3 ; Prov. 4:18). C’est une marche « digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre » qui permet de « croître par la connaissance de Dieu » (Col. 1:9 à 11).
La lecture, la méditation de la Parole sont indispensables à notre vie individuelle, en vue de notre accroissement ; mais nous avons aussi de précieuses ressources dans la vie et les réunions de l’assemblée. Si nous n’en profitons pas ou si nous n’en profitons que trop peu, notre croissance en souffrira certainement. Christ a donné à l’Assemblée les dons nécessaires « en vue du perfectionnement des saints... afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine... mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ » (Éph. 4:11 à 15). L’exercice des dons au sein de l’assemblée est en vue de la croissance de chacun de ceux qui en font partie ; la Parole est présentée par les serviteurs que le Seigneur se plaît à employer ; l’un « plante », un autre « arrose », Dieu seul peut « donner l’accroissement » (1 Cor. 3:5 à 8). Mais l’exercice du ministère ne produit pas seulement l’accroissement individuel, il doit avoir aussi comme résultat l’accroissement collectif, l’accroissement du corps de Christ, « duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour » (Éph. 4:16). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre nous exhorte à « tenir ferme le chef », « duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu » (2:19). L’accroissement ne peut être produit que par ce que Christ donne, par ce qui vient de lui, la seule source à laquelle nous ayons à puiser.
Cet accroissement peut être un accroissement en nombre. Ne perdons pas de vue cependant que, dans des jours de ruine, un témoignage fidèle est peu nombreux et sans apparence (cf. Juges 7:1 à 8) et soyons gardés par conséquent de rechercher activement le nombre et l’apparence, de les rechercher au prix d’un abandon plus ou moins marqué des vérités que nous sommes appelés à maintenir. Dans les premiers jours de l’histoire de l’Église, les assemblées « croissaient par la consolation du Saint Esprit » (Actes 9:31) ; il y avait, à ce moment-là, tout à la fois un accroissement en nombre et un accroissement que nous appellerons « en profondeur », c’est-à-dire dans la connaissance de Christ, de la Parole. Ce double accroissement est nettement indiqué en Actes 16 : « Les assemblées donc étaient affermies dans la foi et croissaient en nombre chaque jour » (v. 5). Remarquons que l’affermissement dans la foi, la croissance en profondeur, précède l’accroissement en nombre et il doit toujours en être ainsi : c’est parce que l’état de l’assemblée à Jérusalem était celui qui est dépeint dans les versets 42 à 47 d’Actes 2 que « le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ». Point n’était besoin de « rechercher » l’accroissement en nombre, que ce soit à Jérusalem ou en d’autres assemblées. Dans ces temps-là, la Parole, présentée dans toute la puissance du Saint Esprit, avait de l’écho dans les cœurs, atteignait les consciences, de sorte qu’elle portait beaucoup de fruit : « Et la parole de Dieu croissait, et le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi » — « Mais la parole de Dieu croissait et se multipliait » — « C’est avec une telle puissance que la parole du Seigneur croissait et montrait sa force », la Parole étant identifiée, dans ces divers passages, avec le fruit qu’elle produisait (Actes 6:7 ; 12:24 ; 19:20).
Dieu veuille nous accorder la grâce de ne pas gaspiller notre temps, de ne pas perdre notre vie —comme on l’a souvent dit, nous n’avons qu’une vie à vivre — en ne pensant qu’à accroître des biens dont un jour il ne restera plus rien ! Qu’Il nous donne d’employer notre temps, notre vie, à une activité dont le résultat sera l’accroissement spirituel de nos âmes, comme aussi « l’accroissement du Corps » et dont les fruits pourront être manifestés à la gloire de Christ !
Fixons les yeux sur le parfait Modèle et imitons-le : homme sur la terre, encore jeune enfant, il « croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la faveur de Dieu était sur lui », il « avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Luc 2:40, 52). Il est, tout à la fois, la source à laquelle nous devons puiser et le Modèle à imiter.
Oh ! si mes yeux pouvaient sans cesse
Suivre cet astre glorieux,
Si je pouvais de ta tendresse
Voir tous les reflets radieux,
Mon âme alors, pleine de zèle,
Saurait t’aimer plus ardemment,
Et, connaissant mieux son modèle,
Prendrait tout son accroissement.
Titre original : Faîtes tout pour la gloire de Dieu (1 Corinthiens 10:31)
ME 1952 p. 29-35, 57-65
« Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ».
Tel est le principe qui devait guider les Corinthiens en présence des difficultés soulevées par les questions dont parle l’apôtre dans les versets précédents (23 à 30), comme aussi, d’une façon générale, dans toute leur conduite, puisqu’il ajoute : « ou quoi que vous fassiez ».
C’est le même principe qui devrait toujours diriger nos actions, tandis que ce sont souvent des mobiles bien différents qui nous font agir. Sans parler de sentiments comme la haine ou la vengeance, qui nous conduisent inévitablement à des actes que la Parole condamne, n’est-il pas vrai qu’en bien des circonstances, nos motifs sont tels que nous ne pouvons faire ce qui conviendrait à la gloire de Dieu ? Agissons-nous « pour la gloire de Dieu », si nous nous laissons gouverner par des considérations égoïstes — notre intérêt personnel ou notre propre gloire, par exemple —, par des relations de famille, ou encore par la sympathie ou l’antipathie que nous pouvons éprouver à l’égard des uns ou des autres ? Combien peu nous savons mettre tout cela de côté pour n’avoir en vue que la gloire de Dieu ! Combien de fois reculons-nous devant les sacrifices que cela demanderait, le prix nous en paraissant trop élevé !
Avant d’agir, nous posons-nous souvent cette question : si je fais ceci ou cela, est-ce pour la gloire de Dieu ? Si nous nous la posions en toutes circonstances et si, ensuite, nous nous abstenions de tout ce que nous ne pouvons pas accomplir « pour la gloire de Dieu », que de difficultés seraient évitées dans nos vies individuelles et dans la vie de l’assemblée, et comme notre chemin serait simple !
Nous sommes parfois conduits par des sentiments qui nous apparaissent selon Dieu et nous croyons que cela suffit pour agir en vue de sa gloire. Mais il n’en est pas ainsi : nos sentiments ne sont pas un guide sûr, nous ne pouvons faire « tout pour la gloire de Dieu » que si nous nous conformons à sa volonté en toutes choses. Ce n’est donc qu’en recherchant cette volonté pour l’accomplir ensuite que nous serons rendus capables de « faire tout pour la gloire de Dieu ». Demandons à être « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu » (Col. 1:9 et 10).
Un homme sur la terre, l’homme Christ Jésus, a eu sans cesse devant Lui la gloire de son Dieu et, seul, Il a vécu une vie entièrement et parfaitement à sa gloire. Contemplons-le ! Il est notre vrai Modèle. Et que cette contemplation touche nos cœurs, atteigne nos consciences et nous conduise à mieux réaliser l’exhortation de 1 Cor. 10:31.
« Au sacrifice et à l’offrande de gâteau tu n’as pas pris plaisir : tu m’as creusé des oreilles ; tu n’as pas demandé d’holocauste ni de sacrifice pour le péché. Alors j’ai dit : Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au dedans de mes entrailles » (Ps. 40:6 à 8).
De toute éternité, les pensées du Fils étaient en plein accord avec celles du Père et les paroles rapportées au Ps. 40 sont l’expression de cette communion. Pour l’accomplissement des « conseils qui datent de loin », au temps convenable, le Fils se présente : « Voici, je viens ». Il va recommencer l’histoire de l’homme ; si le premier homme, par sa désobéissance, a déshonoré Dieu, Lui, le second homme, le glorifiera par son obéissance parfaite. — C’est pour obéir qu’Il vient. Sera-ce, pour Lui, chose difficile et pénible ? Non, car l’obéissance est facile pour celui qui aime, et faire la volonté de son Dieu est ce en quoi Il trouve toutes ses délices : « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au dedans de mes entrailles ». Celui qui aime a accompli la loi, et la plénitude de la loi, c’est l’amour (cf. Rom. 13:8 à 10). Il aime le Père ! Obéissant jusqu’à la mort, s’Il l’a endurée c’est assurément à cause du péché dont Il a voulu se charger pendant les trois heures de ténèbres sur la croix, mais c’est avant tout par amour pour son Père.
Cet amour est le mobile qui l’a conduit quand Il a quitté la gloire, et ensuite tout au long de ce chemin où Il a été « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2:8). Témoignage en a été rendu au monde : « afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (Jean 14:31). Si l’obéissance est la vraie manifestation de l’amour, elle est aussi le seul moyen de jouir de l’amour de celui auquel il convient d’obéir (cf. Jean 14:21 et 23). Celui qui, par amour pour son Père, a fait toute la volonté de celui-ci, a dit aux siens : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15:10).
Dans ce sentier, le Fils a glorifié le Père. La pensée qu’Il a eue constamment devant Lui, en tout premier lieu, a toujours été la gloire de Celui qui l’avait envoyé et pour lequel Il était venu ici-bas. Suivons-le dans le chemin où Il a tout accompli pour la gloire de son Dieu et où nous sommes exhortés à le considérer comme le vrai et parfait Modèle !
Venu dans ce monde pour faire la volonté de Dieu, pour le glorifier dans l’œuvre de la rédemption de sa créature déchue, quel accueil a-t-Il reçu de la part de ceux qu’Il voulait sauver et pour lesquels Il allait donner sa vie ? Un accueil tel qu’Il a dû dire, par l’Esprit prophétique : « Pourquoi suis-je venu, et il n’y a eu personne ? » Il a appelé, personne n’a répondu... « J’ai travaillé en vain », dira-t-Il encore, « j’ai consumé ma force pour le néant et en vain » (Ésaïe 50:2 ; 49:4).
Celui qui est ainsi rejeté, c’est le Fils de Dieu, et Il affirme sa divinité : « Voici, par ma réprimande je dessèche la mer, je fais des rivières un désert... Je revêts les cieux-de noirceur, et je leur donne un sac pour couverture ». Cette portion des Écritures nous présente le Fils de Dieu venu ici-bas dans la position d’homme obéissant et trouvant ses délices à faire ce qui est le bon plaisir du Père. Pour faire la volonté de son Dieu, comme homme Il a dû apprendre à la connaître : « Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne. Le Seigneur l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière ».
Obéir était, pour Lui, une chose nouvelle, car c’était une position nouvelle qu’Il avait prise ici-bas, celle de l’homme. C’est pourquoi il est dit qu’Il s’est « anéanti... abaissé » et qu’Il est « devenu obéissant jusqu’à la mort », et ailleurs : « quoiqu’il fût Fils », Il a « appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Ésaïe 50:2 à 5 ; Phil. 2:6 à 8 ; Héb. 5:7-8).
L’Évangile selon Marc qui, d’une façon particulière, le présente comme le parfait Serviteur, nous le montre dans cette position. Citons un exemple, à la fin du premier chapitre : « Et s’étant levé sur le matin, longtemps avant le jour, il sortit, et s’en alla dans un lieu désert ; et il priait là ». Lorsque Simon et ceux qui étaient avec lui vinrent l’y rejoindre et Lui dirent : « Tous te cherchent » — tous ceux de la ville de Capernaüm, où Il avait guéri des malades et chassé des démons — Lui, au lieu de revenir là où il paraissait y avoir tant de besoins et où l’on réclamait Sa présence, répondit : « Allons ailleurs... » Pourquoi ailleurs ? Ne veut-Il plus délivrer et guérir ? Ah ! son cœur est toujours le même, mais Il ne se laisse pas guider par les sentiments de son cœur, Il veut, avant tout, faire la volonté de son Père. Celui qu’Il avait prié « longtemps avant le jour » Lui avait fait connaître sa volonté, Lui avait « ouvert l’oreille » pour qu’Il « écoute comme ceux qu’on enseigne ». Serviteur parfait, Il n’a aucune volonté propre et, ne connaissant que celle de Celui qui l’avait envoyé, Il va où ce Maître l’envoie : prêcher dans les bourgades voisines, car, dit-Il, « c’est pour cela que je suis venu » (Marc 1:35 à 38). — Il trouve « ses délices » à faire « le bon plaisir » du Père.
De même dans une autre circonstance, lorsqu’on viendra Lui dire : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade », Il attendra « encore deux jours au lieu où il était » avant de se diriger vers Béthanie (Jean 11:3 à 7). Quelque désir qu’Il eût d’aller exprimer à cette famille éprouvée la sympathie parfaite de son cœur, d’aller soulager la souffrance, Il n’avait d’autre volonté que celle de son Père et Il ne pouvait rien faire tant qu’Il n’avait pas un ordre de sa part.
Que nous considérions le Seigneur ici-bas dans son caractère de parfait Serviteur, mis spécialement en lumière tout au long de l’Évangile selon Marc, ou comme Fils de Dieu, tel qu’Il nous est présenté dans l’Évangile selon Jean, nous voyons toujours chez Lui ce désir de glorifier son Père en faisant sa volonté, quoi qu’il pût Lui en coûter.
Dans l’Évangile selon Jean, Il est le Fils de Dieu, mais le Fils de Dieu venu ici-bas dans l’abaissement le plus profond, assis au bord du puits de Sichar, lassé du chemin et demandant un peu d’eau à une pauvre Samaritaine. Dès le début de cet Évangile, il nous est dit que « la Parole » qui était « auprès de Dieu », qui « était Dieu », « devint chair, et habita au milieu de nous ». — « Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:1, 14, 10 et 2). De sorte que, nous l’avons vu, Il a dû dire par l’Esprit prophétique : « Pourquoi suis-je venu, et il n’y a eu personne ? Pourquoi ai-je appelé, et il n’y a eu personne qui répondît ? » — Son rejet est annoncé à la première page de cet Évangile ; dans celles qui suivent, nous le voyons cheminant ici-bas et effectivement rejeté. A la fin du chapitre 12 (v. 44), Il fait entendre un dernier appel et son service est terminé pour ce monde, ce monde qui « ne l’a pas connu ».
Alors que ce service allait commencer, Il vient au Jourdain, où Jean baptisait, et prend place parmi les pécheurs repentants. Mais témoignage est rendu qu’Il est le Fils de Dieu. C’était le Fils de Dieu qui allait être rejeté par les hommes ! — Au chapitre 8, ce sont ses paroles qui sont rejetées (voir, entre autres : v. 25, 31, 37 à 40, 43 à 54 et 59) — Au chapitre 9, ses œuvres (v. 3, 4, 33) — Au chapitre 10, c’est Lui-même (v. 20, 24, 25 et 31 à 38). Les Juifs cherchent encore à le prendre, mais Il échappe de leurs mains et s’en va « encore au delà du Jourdain, à l’endroit où Jean avait baptisé au commencement » (Jean 10:39 et 40).
Dieu désire qu’un témoignage soit rendu à la gloire future de Celui que le monde méprise et rejette. C’est donc, en quelque sorte, une autre histoire qui va recommencer, avec le même point de départ, « au delà du Jourdain, à l’endroit où Jean avait baptisé au commencement » (comp. Jean 1:28 à 34 et 10:40). Il faut qu’avant d’être crucifié, le Fils de Dieu qui a été rejeté, Celui qui est venu chez soi et que les siens n’ont pas reçu, que le monde n’a pas connu, soit glorifié comme Fils de Dieu, Messie et Roi d’Israël, Fils de l’homme et Chef des nations.
La pensée de Dieu est de glorifier son Fils et déjà, au milieu d’un monde qui ne veut pas de Lui et va l’élever sur une croix, Il rend témoignage à ses gloires à venir.
Le Fils, Lui, n’a qu’un désir : glorifier son Père à cette heure suprême où la croix est devant Lui, comme Il l’a glorifié tout au long de son chemin. Rien ne l’arrêtera dans ce sentier de l’obéissance parfaite. N’a-t-Il pas dit, par l’Esprit prophétique : « J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil ; je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats » ? (Ésaïe 50:6).
La première scène sur laquelle il convient de nous arrêter est celle de la résurrection de Lazare. Tandis que Lui parvient ce message : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade », Jésus, homme parfait, dont l’oreille est ouverte chaque matin pour écouter comme ceux que l’on enseigne, et qui est sans cesse en communion avec le Père, peut dire aussitôt : « Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu... ». Sa première pensée est la gloire de son Dieu et Il sait que cette circonstance sera, pour Lui, le moyen de le glorifier, comme aussi le moyen employé par le Père pour que « le Fils de Dieu soit glorifié par elle ». Dieu veut glorifier son Fils, Il veut manifester que Celui qui est méconnu du monde et rejeté par les hommes est son Fils bien-aimé.
Pourquoi cette maladie de Lazare sera-t-elle « pour la gloire de Dieu » ? Parce que le Seigneur, homme parfait, attendra l’ordre du Maître avant d’aller à Béthanie. Il attendra deux jours, bien que la sympathie de son cœur, son amour profond pour ceux qui sont dans la détresse l’eussent conduit à aller aussitôt apporter secours et consolations. Certes, Il n’a pas cessé d’aimer cette famille éprouvée et l’Esprit de Dieu, par la plume de l’évangéliste, prend soin de le souligner : « Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare ». Mais agir suivant les sentiments d’un cœur plein de tendresse, si excellents soient-ils — et la sympathie à l’égard de ceux qui souffrent est un sentiment selon Dieu — ne conduit pas toujours à la manifestation de la gloire divine. Pour que Dieu soit glorifié, il importe avant tout d’obéir, de ne rien faire qui ne soit selon sa volonté.
Peut-être y a-t-il des rachetés du Seigneur qui passent par de grandes épreuves, qui sont douloureusement exercés et qui crient à Lui sans que, jusqu’à présent, Il ait répondu ? — des rachetés qui ont dit, eux aussi : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade », sans qu’à cet appel Il soit venu aussitôt. Et pour ceux qui souffrent et pleurent, les « deux jours » paraissent bien longs ! D’autant plus longs que l’ennemi sait leur dire : « Si Dieu ne vous répond pas, c’est parce qu’Il ne vous aime plus ; vous l’avez lassé par vos infidélités multipliées et Il vous a abandonnés... ». — Que ceux qui traversent de semblables circonstances soient encouragés par le récit que nous considérons ! Jésus est immuable en son amour, si même Il doit parfois « demeurer encore deux jours au lieu où il était » ; et Il n’oublie aucun de ses rachetés : « Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare » — encore Marthe, à laquelle Il avait dû adresser un reproche (Luc 10:41, 42), est-elle nommée la première ! S’Il attend « deux jours » avant d’intervenir, c’est parce qu’Il veut que l’exercice par lequel nous passons soit « à la gloire de Dieu ». N’attendrons-nous pas le moment que Dieu a choisi pour amener l’issue qu’Il se propose, de telle façon que notre épreuve soit un moyen de le glorifier ? Que désirons-nous en premier lieu : le terme de nos souffrances ou la gloire de Dieu ?
Dieu est glorifié par une soumission entière à sa volonté. Faire la volonté de Dieu est chose difficile pour nous, tout d’abord parce que, bien souvent, nous ne savons pas la discerner. Qui de nous n’en a fait l’expérience ? Et si nous ne savons pas la discerner, c’est parce que nous n’imitons pas l’exemple du parfait Modèle dont l’oreille était ouverte, chaque matin, pour écouter comme ceux que l’on enseigne, qui « longtemps avant le jour »s’en allait « dans un lieu désert, et priait là ». Il connaissait, comme homme, la volonté de Dieu parce qu’Il la recherchait par la prière, tandis que nous ne vivons pas assez en communion avec Dieu, à l’écart, réalisant dans la prière une entière dépendance de Lui et Lui demandant de nous faire connaître ce qu’Il désire que nous fassions pour que Sa gloire soit manifestée. Nous agissons alors, le plus souvent, dirigés par les sentiments de nos cœurs, « croyant bien faire », disons-nous pour essayer de nous excuser, et nous perdons ainsi bien des occasions de glorifier notre Dieu et Père.
Jésus vient ensuite à Béthanie. Il pleure ! Cœur humain du Sauveur, toujours prêt à sympathiser avec ceux qui souffrent. N’a-t-Il pas « la langue des savants » pour savoir « soutenir par une parole celui qui est las »? (Ésaïe 50:4). Au sépulcre, où Lazare est couché depuis quatre jours, Il déclare à Marthe : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » La foi peut seule discerner cette gloire. « La Parole devint chair, et habita au milieu de nous », c’est-à-dire : au milieu de tous les hommes ; « et nous vîmes sa gloire... », en d’autres termes : ceux qui le reçurent, qui s’attachèrent à Lui virent la gloire que les incrédules, aveuglés, ne pouvaient discerner (cf. Jean 1:14). De même : un croyant qui « dort » est semblable à un homme incrédule, moralement mort et il faut être réveillé pour « voir sa gloire » (cf. Éph. 5:14 et Luc 9:32).
« Ma main est-elle devenue trop courte pour que je puisse racheter, et n’y a-t-il pas de force en moi pour délivrer ? » (Ésaïe 50:2). C’est le Fils de Dieu qui parle, prophétiquement, dans les versets 2 et 3 d’Ésaïe 50 et c’est le Fils de Dieu qui appelle Lazare hors du tombeau, donnant ainsi la réponse à la question posée. Il est « déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts », par la résurrection de Lazare, avant de l’être par sa propre résurrection (Rom. 1:4). Quelle gloire pour Lui ! mais aussi, quelle gloire pour son Père ! Cette délivrance, qu’Il peut opérer de Lui-même parce qu’Il est le Fils de Dieu, Il veut aussi la recevoir, comme homme, de son Dieu, en réponse à sa prière ! Alors qu’Il va être glorifié comme Fils de Dieu, Il ne quitte pas la position de dépendance qu’Il a prise en tant qu’homme, et c’est là sa gloire ! « Et Jésus leva les yeux en haut et dit : Père, je te rends grâces de ce que tu m’as entendu. Or moi je savais que tu m’entends toujours ; mais je l’ai dit à cause de la foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que toi, tu m’as envoyé ». Ici-bas Envoyé du Père, le Père veut que sa gloire de Fils de Dieu soit manifestée aux yeux du monde qui le rejette et va le crucifier ; aveugles et incrédules, les hommes ne pourront la voir, mais, quoi qu’il en soit, témoignage leur en aura été rendu. Et Lui, même à ce moment où Il est glorifié comme Fils de Dieu, ne veut rien faire qui ne soit pour la gloire de son Père !
Alors que la croix est devant Lui, Il s’écrie dans la détresse de son âme : « Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure... » (Jean 12:27). Peut-Il désirer être « fait péché » et privé de communion avec le Père ? Son âme est troublée tandis qu’Il mesure la profondeur du jugement de Dieu contre le péché et Il s’écrie : « Père, délivre-moi de cette heure... » — anticipation du combat qu’Il soutiendra dans le jardin de Gethsémané : « Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! » (Luc 22:42). Cependant, Il ajoute aussitôt: « mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure ». N’a-t-Il pas dit, quittant la gloire du ciel pour être « fait à la ressemblance des hommes » : « Voici, je viens pour faire ta volonté » ? (Phil. 2:7 ; Héb. 10:9). Rejeté par les hommes, Il a posé la question, par la bouche du prophète : « Pourquoi suis-je venu ?… ». Il donne maintenant la réponse : « C’est pour cela que je suis venu à cette heure ». En Marc 10:45; Il indique lui-même le double but de sa venue ici-bas : « Car aussi le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs ». Servir et donner sa vie ! Dans le passage déjà cité de Marc 1:35 à 38, Il dit à ses disciples qu’Il est venu pour servir et, en Jean 12:27, Il déclare à son Père : « c’est pour cela que je suis venu » — « pour donner sa vie en rançon pour plusieurs ». (Nous trouvons aussi ces deux aspects de sa venue ici-bas, dans les Ps. 16 et 22 : servir et mourir). — Comme Il dit ici : « mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure », Il dira aussi en Gethsémané : « Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite » (Luc 22:42). Quelque souffrance que cela puisse comporter pour Lui — et c’était l’abandon de Dieu ! — Il obéira jusqu’au bout, « étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2:8).
Quelle est la pensée qui l’occupe à ce moment solennel ? Après avoir dit : « Père, délivre-moi de cette heure », Il a déclaré : « mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure » et, tout aussitôt, sa prière est celle-ci : « Père, glorifie ton nom ». Ce n’est plus : « Père, délivre-moi », mais : « Père glorifie ton nom ». Le trouble de son âme, l’heure de la croix, ses souffrances indicibles, l’abandon de son Dieu, tout cela n’est plus devant Lui. Ce qu’Il désire, avant tout et par-dessus tout, c’est que le nom de son Père soit glorifié. Et le Père glorifiera son nom en n’épargnant pas le Fils de son amour, en l’abandonnant depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième heure, en le donnant pour le salut des coupables !
« Il vint donc une voix du ciel... » — Quel dialogue ! Le Fils, ici-bas, à cette heure suprême, s’adresse à son Père : « Père, glorifie ton nom » et, du haut du ciel, le Père répond : « Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau ». Si le Ps. 40 nous dit la communion de pensées du Père et du Fils avant la venue du Fils ici-bas, Jean 12:27, 28 fait ressortir la grandeur et la beauté de cette communion avant l’heure de la croix. Le Père avait glorifié son nom lors de la résurrection de Lazare, Il allait le faire maintenant par la résurrection de Christ, « ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père » (Rom. 6:4).
« Jésus dit : Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et incontinent il le glorifiera » (Jean 13:31, 32). Ici, ce n’est plus de l’anticipation, mais de l’heure même de la croix qu’il s’agit. Le péché ôté en vertu de l’œuvre expiatoire de Christ, quelle gloire pour Lui et quelle gloire pour Dieu ! Oui, « Dieu est glorifié en Lui », Dieu dans toute la perfection et la plénitude de son Être, Dieu Lumière et Amour ! Tous ses droits sont maintenus, pleinement satisfaits, tandis que « l’abolition du péché » est faite par le sacrifice de Christ (Héb. 9:26). De sorte qu’en justice, Il peut maintenant sauver celui qui croit, l’introduire dans sa présence pour exalter et louer à jamais son Fils bien-aimé, dans la connaissance qu’il a désormais de l’amour dont il a été aimé et par le Père et par le Fils. Tout est accompli pour la gloire de Dieu et pour la gloire de Christ ! Et, au sein des ténèbres et de l’ignominie de la croix, la gloire de Dieu, revendiquée par le Fils bien-aimé du Père, a brillé avec splendeur ! Dieu a été glorifié dans un homme, et au travers de quelles circonstances ! Cet homme, le second homme, l’homme de ses conseils, c’était son Fils unique et bien-aimé ! Aussi, sans attendre que le royaume soit établi en gloire, Dieu « glorifié en Lui », le glorifie « en Lui-même » ; Il l’introduit « incontinent » dans sa propre gloire. La récompense qu’Il doit et qu’Il donne au second homme en qui Il a été pleinement glorifié, c’est de le placer au centre même de la gloire divine.
Les chapitres 13 et 14 de l’Évangile de Jean sont remplis des enseignements et des encouragements que le Seigneur voulait laisser aux siens pour le temps de son absence, ce temps durant lequel Il est déjà glorifié dans le ciel tandis que nous sommes laissés dans le monde. Il leur donne, d’abord, la promesse de son retour : « Si je m’en vais, et que je vous prépare une place », leur dit-Il, « je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ». Puis, Il leur parle du Père : c’est auprès du Père qu’Il va et c’est dans la maison du Père qu’Il leur préparera une place, place qu’ils occuperont à son retour, lorsqu’Il reviendra pour les introduire « là où Il est » ; en attendant, ils pourront jouir d’une heureuse relation avec le Père, pleinement révélé dans le Fils, seul chemin pour aller à Lui. En troisième lieu, Il leur laisse une précieuse ressource pour le temps du voyage : la prière. Il promet de répondre aux demandes adressées « en son nom » (Jean 14:13). Mais sur quel plan élevé est placé l’exaucement de la prière! Nous ne voyons généralement dans la réponse à nos requêtes que la délivrance de nos misères, le secours dans nos difficultés, le terme de nos exercices, la fin des souffrances. N’est-il pas vrai que nous pensons surtout à nous, dans tous les domaines ? Comme nos pauvres cœurs sont égoïstes ! Le Seigneur a autre chose devant Lui : « afin que le Père soit glorifié dans le Fils ». S’Il répond à nos prières, c’est, avant tout, afin que le Père soit glorifié ! Quelle gloire pour Dieu que de misérables pécheurs soient, non seulement sauvés et amenés jusqu’à Lui comme de bien-aimés enfants, mais encore conduits à exprimer des demandes en plein accord avec les pensées du Fils, de telle façon que le Fils puisse y répondre ! Là comme en toutes choses, le désir qui est le sien en tout premier lieu, c’est la gloire de son Père !
Il est question du service dans le chapitre 15. Le Seigneur nous donne des encouragements pour le temps de son absence, des ressources sans lesquelles nous ne pourrions atteindre le but (chapitre 14) et Il désire qu’utilisant ces ressources, dans le chemin qui conduit à la maison du Père, nous portions du fruit (chap. 15). Le secret pour porter « beaucoup de fruit » est donné au vers. 5 : « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ». Et là encore, si le Seigneur veut que nous portions beaucoup de fruit, c’est afin que le Père soit glorifié : « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ». Tel est le caractère d’un vrai service pour Dieu, comme l’exprime aussi l’apôtre Pierre : « afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ » (1 Pierre 4:11). — Quel est le véritable but de notre service : rechercher notre propre gloire, nous faire une réputation d’homme de bien, agir parce que nous avons besoin de dépenser notre activité, ou bien porter ce fruit qui ne peut être produit que si nous demeurons en Christ et Lui en nous, afin que le Père soit glorifié ? Puissions-nous imiter le parfait Modèle, le vrai Serviteur, Celui qui a dit en premier lieu : « J’aime mon maître... » (Exode 21:5).
Jean 17. — Celui qui « était auprès de Dieu », qui « était Dieu », la Parole qui « devint chair », Celui qui « vint chez soi » et que les siens n’ont pas reçu, va maintenant quitter ce monde. Il peut dire : « J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire », son service est terminé, et même l’œuvre de la croix est considérée comme accomplie. Il lève les yeux au ciel et s’adresse à son Père dans cette sublime prière : « Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie... ». S’Il demande à être glorifié, c’est dans le but de glorifier son Père ! Dans la position qu’Il occupe maintenant — car cette requête : « Glorifie ton Fils » a été exaucée — ayant « autorité sur toute chair », se servant de cette autorité pour donner la vie éternelle, Il glorifie le Père ! Il l’a glorifié dans sa vie, dans sa mort, Il le glorifie dans sa résurrection et dans la position qui est la sienne présentement, couronné de gloire et d’honneur, assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux !
Modèle parfait ! Sachons mieux le contempler et que cette contemplation nous prosterne dans l’adoration, mais aussi nous fasse rentrer en nous-mêmes et nous conduise à juger tous les mobiles qui, si souvent, nous font agir ! Puissions-nous ainsi être rendus capables de réaliser, au moins en quelque mesure, l’exhortation de 1 Cor. 10:31.: « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ».
Titre original : Fidélité
ME 1968 p. 3-10
Les temps actuels appartiennent sans aucun doute aux « temps fâcheux » des « derniers jours » dont parle l’apôtre Paul dans sa deuxième Épître à Timothée (3:1) ; les divers caractères en sont effectivement manifestés et il semble de plus en plus difficile de vivre la vie de piété dont le secret nous est donné en 1 Tim. 3:16, d’être « un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre », un « homme de Dieu accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 2:21 ; 3:17). Cela nous est de plus en plus difficile, d’une part parce que nous manquons souvent dans la réalisation pratique de la séparation d’avec les « vases à déshonneur » et d’autre part, parce que nous ne nous laissons pas toujours « enseigner, convaincre, corriger, instruire dans la justice » par l’Écriture inspirée de Dieu. Les ressources divines demeurent, toujours à la disposition de la foi, c’est nous qui sommes défaillants dans leur utilisation.
Les jours qui suivront l’enlèvement de l’Église présenteront un caractère bien différent : le temps de la grâce aura pris fin, il n’y aura plus ici-bas ni « ce qui retient », ni « celui qui retient », et de terribles jugements fondront sur ce monde ; mais il sera tout aussi difficile, et peut-être plus encore qu’aujourd’hui, de marcher fidèlement. Une telle marche demandera une grande énergie morale : il faudra ne se laisser détourner par rien et être prêt à endurer la souffrance, parfois même à donner sa vie. Il est encourageant de s’arrêter sur ce que la Parole nous dit de ces fidèles, pour lesquels rien ne passera avant l’obéissance à la volonté divine ; considérer ce sujet est tout à la fois encourageant et humiliant. Dieu nous accorde d’y trouver aussi un stimulant !
Apocalypse 6 nous parle de martyrs : « les âmes » vues « sous l’autel » lors de l’ouverture du cinquième sceau. Ces croyants iront jusqu’au sacrifice suprême puisqu’il en est parlé comme ayant été « égorgés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils avaient rendu » (v. 9). La Parole a-t-elle pour nous le prix et la puissance qu’elle aura pour eux dans ces jours-là ? Entièrement soumis à sa divine autorité, désireux d’y conformer leurs voies, ils préféreront mourir plutôt que d’y désobéir ! Combien cela nous juge, nous qui si facilement cherchons une excuse, une échappatoire, pour détourner le tranchant de l’épée et faire ensuite, non pas ce que Dieu nous demande, mais ce qui plaît à notre cœur ! L’obéissance à la Parole conduira ces fidèles à rendre témoignage, à maintenir le témoignage qui leur sera confié. Sommes-nous animés de la même énergie pour le maintien du témoignage ? N’avons-nous pas à baisser la tête en pensant à tant de circonstances où nous avons agi de telle manière que notre témoignage s’en est trouvé compromis et que nous avons été d’indignes porteurs du témoignage confié par la grâce divine ? — Ces martyrs auront été de fidèles témoins au sein de l’iniquité générale, et, à leur tour, « une longue robe blanche » leur étant donnée (v. 11), ils recevront, comme Énoch autrefois (cf. Héb. 11:5), « le témoignage d’avoir plu à Dieu » ; ils feront l’expérience que Dieu accomplit toujours ce qu’Il a promis : « ceux qui m’honorent, je les honorerai » (1 Sam. 2:30). Précieux encouragement pour le fidèle dans tous les temps !
Il est question aussi d’un résidu pieux, figuré par « deux témoins », dans le chapitre 11 de l’Apocalypse. Le témoignage de ce résidu sera semblable à celui d’Élie et de Moïse (v. 5, 6), il sera rendu avec puissance — la puissance donnée par Dieu à « ses deux témoins » (v. 3) — et jusqu’à son terme. Puis, « quand ils auront achevé leur témoignage », mais seulement alors, « la bête qui monte de l’abîme leur fera la guerre, et les vaincra, et les mettra à mort » (v. 7). Des témoins fidèles peuvent donc être assurés de tout le secours de la puissance divine pour « achever leur témoignage », sans que l’ennemi soit en mesure de s’y opposer tant que leur service n’est pas entièrement rempli. Il y a là pour une âme pieuse une source d’encouragement et de réconfort. — Les deux témoins mis à mort, « ceux qui habitent sur la terre se réjouissent à leur sujet, et font des réjouissances, et ils s’enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes tourmentaient ceux qui habitent sur la terre » (v. 10) : des témoins fidèles sont toujours gênants pour ceux qui ne veulent pas recevoir leur témoignage et qui, ensuite, se réjouissent lorsque les témoins sont retirés. Mais cette joie est éphémère, car Dieu a toujours le dernier mot, et c’est « une grande crainte » qui s’empare d’eux lorsqu’ils voient les deux témoins reprendre vie, puis « monter au ciel dans la nuée » (v. 11, 12).
C’est d’un résidu qu’il est question à la fin du chapitre 12, « le résidu de la semence de la femme » (v. 17). Il est formé de « ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus ». Soyons aussi de ceux qui aiment le Seigneur, lui manifestent cet amour en gardant ses commandements et peuvent ainsi jouir de son approbation (cf. Jean 14:21 et 23).
Les deux « bêtes » — pouvoir civil et pouvoir religieux — montent l’une de la mer et l’autre de la terre (13:1, 11). Tandis que la seconde « séduit ceux qui habitent sur la terre », la première « fait la guerre aux saints » (v. 14, 7) ; il est même ajouté qu’elle les vaincra mais en fait ce seront eux, les saints, qui seront les véritables vainqueurs. La preuve en sera donnée plus tard : « Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient remporté la victoire sur la bête, et sur son image, et sur le nombre de son nom, se tenant debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu » (15:2). En apparence, ils seront les victimes d’un pouvoir politique impie, mais fidèles jusqu’à la mort ils remporteront la victoire ! Les saints qui auront à traverser cette période pourront avoir la tentation — ce n’est pas spécial à ces jours de persécutions — de s’emparer du pouvoir afin d’être délivrés ; c’est pourquoi ils seront mis en garde à ce sujet : la « bête » a pris le pouvoir, elle en subira les conséquences ; elle mène en captivité, elle ira en captivité ; elle tue avec l’épée, elle périra de la même manière. À cette mise en garde s’ajoute une exhortation : « c’est ici la patience et la foi des saints » (13:10). Patience, confiance en Dieu seul ! C’est pour les croyants de tous les temps.
Nous terminerons par le résidu de Juda, tel qu’il nous est dépeint au début du chapitre 14. Ce résidu est typifié par les « cent quarante-quatre milliers » qui se tiennent avec l’Agneau sur la montagne de Sion ; il présente des caractères qu’il est bon de souligner. Ayons à cœur de les imiter !
En premier lieu, ces témoins auront « son nom (celui de l’Agneau) et le nom de son Père écrits sur leurs fronts » (v. 1). Sous l’autorité despotique de la Bête, nul ne pourra « acheter ou vendre, sinon celui qui a la marque, le nom de la bête, ou le nombre de son nom » ; cette « marque » sera « sur leur main droite ou sur leur front » (Apoc. 13:16, 17). Les fidèles du résidu, eux, refuseront la marque de la Bête sur leurs fronts, ils porteront le nom de l’Agneau et le nom de son Père. Quel témoignage public, quelle confession de Celui auquel ils appartiennent, sans crainte de ce qui pourrait leur en coûter, sans se préoccuper des conséquences !
En second lieu, il nous est dit qu’ils « chantent un cantique nouveau devant le trône », cantique qu’ils apprennent, que seuls ils peuvent apprendre, de saints célestes, sans doute ceux composant le résidu typifié par les « deux témoins » mis à mort, puis ressuscités et enlevés au ciel. Loin d’être remplis de craintes et d’angoisse en pensant aux conséquences possibles de leur témoignage, ils dirigeront leurs regards en-haut et la louange débordera de leurs cœurs !
Troisième caractère : ils ont été « achetés de la terre » (v. 3) et, comme nous-mêmes « achetés à prix », ils obéiront à l’exhortation : « Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (cf. 1 Cor. 6:19, 20).
« Ceux-ci sont ceux qui ne se sont point souillés avec les femmes, car ils sont vierges » (Apoc. 14:4). Tel sera, dans sa portée spirituelle, le quatrième caractère que l’on pourra voir en eux : leurs affections gardées pour Christ et pour Lui seul, ils pourront être présentés « au Christ comme une vierge chaste » (cf. 2 Cor. 11:2).
Un cinquième trait : « ceux-ci sont ceux qui suivent l’Agneau où qu’il aille ». Leurs affections étant nourries de lui et gardées pour lui, ils seront heureux de le suivre où qu’il les conduise et quelles que soient les difficultés du chemin. Ne cherchant pas ce qui plaît à leur cœur naturel, ne reculant devant rien dans le chemin tracé, ils suivront l’Agneau « où qu’il aille » !
« Achetés d’entre les hommes », ils seront « des prémices à Dieu et à l’Agneau ». Dans un jour à venir, le Seigneur « verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait » (Ésaïe 53:11), mais déjà maintenant il voudrait avoir les prémices de ce fruit. Sommes-nous, par notre marche et notre témoignage, « des prémices à Dieu et à l’Agneau » ?
Septième caractère: « Il n’a pas été trouvé de mensonge dans leur bouche ». Satan est « menteur, et le père du mensonge » (Jean 8:44), mais il n’aura aucune prise sur ces fidèles : ils seront, dans leur mesure, les imitateurs de Celui qui a pu dire : « le chef du monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30).
Une expression résume cet ensemble remarquable : « ils sont irréprochables » (Apoc. 14:5). Tel est le témoignage que Dieu rend à ces témoins juifs de l’avenir.
Irréprochables, nous le sommes, nous chrétiens, quant à notre position en Christ devant Dieu : « Il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour » (Éph. 1:4). Mais nous sommes appelés à marcher à la hauteur de cette position : notre marche doit présenter le même caractère, elle doit être irréprochable. En vertu de l’œuvre de Christ, nous pouvons et devons être déjà ici-bas « saints et irréprochables et irrépréhensibles devant lui » (Col. 1:21 à 23), nous sommes rendus capables de marcher sans broncher aussi bien que de « participer au lot des saints dans la lumière » (et cette « participation » serait-elle seulement future ?). Nous devons donc être « sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables au milieu d’une génération tortue et perverse », nous « étudier à être trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix » (Phil. 2:14, 15 ; 2 Pierre 3:14). Quelle vigilance constante cela implique, quel souci des plus petits détails, quel jugement de soi-même, quelle sainte crainte ! Car ce n’est pas seulement aux yeux des hommes que nous devons réaliser ces choses, mais « devant Lui » (Col. 1:22 ; 2 Pierre 3:14). Sans doute nous sommes aux soins et à la charge de Celui « qui aussi nous affermira jusqu’à la fin pour être irréprochables dans la journée de notre Seigneur Jésus Christ », nous avons affaire à un Dieu « qui a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions, et de nous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie », et encore, le Seigneur « se présentera l’assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable... sainte et irréprochable » (1 Cor. 1:7, 8 ; Jude 24 ; Éph. 5:27), mais déjà présentement nous sommes exhortés à être « sans reproche », « irréprochables » dans toute notre conduite.
Nous voici au début d’une nouvelle année. Si nous jetons un regard en arrière, ne devons-nous pas confesser que nous n’avons guère manifesté, ou dans une si faible mesure, les caractères qu’il nous a été donné de considérer dans ces divers passages du livre de l’Apocalypse ? Il y aura après l’enlèvement de l’Église, dans des jours particulièrement sombres et difficiles, des âmes pieuses desquelles le Saint Esprit se plaît à nous occuper, nous disant ce qui sera trouvé en elles, ce que sera leur marche, leur combat, leur témoignage, qui sera pour la joie et la satisfaction du cœur du Seigneur. Ne voudrions-nous pas montrer la même fidélité ? N’y aurait-il pas aujourd’hui des croyants désireux de vivre « dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (Tite 2:12, 13)), qui, « avant l’enlèvement » puissent recevoir « le témoignage d’avoir plu à Dieu » ? Dieu, « qui opère en nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir » (Phil. 2:13), veuille produire en nous ce saint désir et nous donner l’énergie nécessaire pour le réaliser ! Que ce soit, pour chacun de nous, notre prière à Lui en commençant cette nouvelle étape du chemin.
ME 1954 p. 235-240
La mort et la résurrection de Christ constituent le seul fondement sur lequel Dieu peut justifier le pécheur, et la première conséquence de la justification sur le principe de la foi est « la paix avec Dieu » (Rom. 4:25 et 5:1). Pour que nous ayons la paix avec Dieu, il a donc fallu qu’une œuvre soit accomplie en dehors de nous — la paix a été faite par le sang de la croix (cf. Col. 1:20) — mais il faut aussi qu’une œuvre soit faite en nous, et s’il en est ainsi, c’est parce que « la pensée de la chair est inimitié contre Dieu » (Rom. 8:7). Pour que nous ayons la paix avec Dieu, ce qui serait impossible si nous étions encore « dans la chair », ce n’est pas du côté de Dieu qu’un changement doit être opéré, car il est bien évident qu’Il ne peut rien abandonner de ce qu’Il est, Amour et Lumière, Dieu juste et saint ; c’est de notre côté que le renouvellement doit avoir lieu : il est nécessaire que nous soyons établis dans une position de sainteté telle que rien en nous, quant à cette position s’entend, ne soit en désaccord avec Dieu. Il n’y a plus alors aucun conflit de nature, ou de position : « nous avons la paix avec Dieu par notre seigneur Jésus Christ », Lui qui « nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté... » (Rom. 5:1 et 1 Cor. 1:30).
Placé dans une position de sainteté, parce que justifié devant Dieu, le croyant a « la paix avec Dieu » et il n’est pas possible de jouir de cette paix en dehors de cette position.
Il en est de même pour ce qui est de la paix du cœur. Mais il s’agit alors de la sainteté pratique et non pas seulement de la position de sainteté dont nous venons de parler. Un croyant n’aura dans son cœur une réelle paix que s’il jouit d’une heureuse communion avec Dieu et cette communion ne peut être goûtée que dans un chemin de sainteté. « Je vous donne ma paix », a dit le Seigneur aux siens, avant de les quitter (Jean 14:27); c’est la paix dont Il a sans cesse joui, comme homme, dans un chemin de sainteté pratique, d’obéissance à la volonté du Père, de dépendance constante. De telle sorte que, par la bouche du Psalmiste, Il pouvait s’exprimer ainsi : « L’Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe ; tu maintiens mon lot. Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ; oui, un bel héritage m’est échu... Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé. C’est pourquoi mon cœur se réjouit, et mon âme s’égaie... » Et Celui qui goûte une telle paix, parlant de Lui-même et s’adressant à son Dieu, prend ce nom : « ton saint » (Ps. 16:5 à 10). C’est dans ce chemin du parfait Serviteur qu’Il nous invite à le suivre : « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi... », avec la promesse que nous y trouverons la paix du cœur : « et vous trouverez le repos de vos âmes » (Matt. 11:29). Si la sainteté est perdue, la communion n’est plus réalisée et, par suite, la paix du cœur est troublée. David « lorsque Nathan le prophète vint à lui, après qu’il fut entré vers Bath-Shéba », désireux de retrouver la paix du cœur, présente cette requête : « Rends-moi la joie de ton salut » mais c’est après avoir dit : « Ne me renvoie pas de devant ta face, et ne m’ôte pas l’esprit de ta sainteté » (Ps. 51).
Du point de vue individuel par conséquent, qu’il s’agisse de la paix de la conscience ou de la paix du cœur, la paix ne peut être connue en dehors de la sainteté. C’est encore vrai si nous considérons le côté collectif.
Paix et sainteté doivent caractériser la maison de Dieu, l’Assemblée, habitation de Dieu par l’Esprit. « La sainteté sied à ta maison... » dit le Psalmiste (93:5), et lorsque l’apôtre développe les enseignements fondamentaux concernant l’Assemblée de Dieu, Maison et Corps, la doctrine des dons et ce qui touche à leur exercice, il présente la position de sainteté de ceux qui constituent la maison : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes », et il insiste sur l’ordre qui doit régner dans l’Assemblée, « car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix... » (1 Cor. 3:16, 17 et 14:33).
La paix, c’est l’ordre selon Dieu. Et cela, qu’il s’agisse, au point de vue individuel, de l’état de la conscience ou de l’état du cœur — une conscience n’est en paix que lorsque tout est en règle avec Dieu, de même pour le cœur — ou, au point de vue collectif, des rapports entre croyants et de l’activité des saints dans l’assemblée. Cet ordre selon Dieu est inséparable de la sainteté : la sainteté pratique conduit à la paix et il ne peut y avoir de paix véritable en dehors de la sainteté. La soumission « les uns aux autres dans la crainte de Christ », à laquelle nous exhorte Éphésiens 5:21, implique l’ordre selon la pensée de Dieu, chacun occupant la place qui lui est donnée ; et cette soumission, qui, reconnaissant l’ordre établi par Dieu, conduit à la paix selon Dieu, découle de la marche qui nous est proposée dans les versets qui précèdent, la marche des « enfants de lumière », celle qui « convient à des saints ».
« Poursuivez la paix avec tous, et la sainteté... » (Héb. 12:14). Poursuivre, c’est déployer un effort constant vers un but à atteindre. Ici le but est double : « la paix... et la sainteté », mais en fait il est un, tellement les deux sont inséparables. La paix parmi les hommes, dans un groupement de quelque nature qu’il soit, est toujours précaire car elle ne résulte que d’arrangements et de compromis. Et il en est parfois ainsi, hélas ! parmi les enfants de Dieu, ce qui nous permet de comprendre pourquoi cette paix est alors si fragile. La paix parmi les saints, dans l’assemblée de Dieu, doit présenter un tout autre caractère ; elle ne peut être vraiment établie que si chacun en jouit déjà pour lui-même, dans son propre cœur. C’est un état découlant de l’absence de tout conflit avec Dieu et qui implique, par conséquent, une réelle communion avec Lui ; s’il est la part de chacun, individuellement, il sera ensuite la part de tous, collectivement. Et s’il n’est pas réalisé collectivement, c’est, sans aucun doute, parce qu’il y a, à cet égard, des manquements chez certains, peut-être même chez tous.
La communion avec le Dieu saint ne peut être goûtée en dehors d’une marche pratique dans la sainteté. La paix est troublée quand la chair est en activité, c’est-à-dire quand la sainteté est perdue — il importe peu, au fond, d’en déterminer les causes secondes, elles sont sans grande valeur et ne présentent aucun intérêt — et elle ne peut être recouvrée que lorsque la sainteté est à nouveau réalisée. Nous entendons bien une véritable paix, une paix selon Dieu, et non pas celle que l’on recherche parfois, disposé à bien des abandons pour l’obtenir.
Il est un domaine où nous ne ferons jamais trop de concessions en vue de la paix ; par contre, il en est un autre dans lequel nous ne devons en faire aucune, si légère soit-elle. Lorsqu’il ne s’agit que de nous-mêmes, de notre personne ou de nos intérêts, lorsque rien n’est en jeu de la sainteté et de la gloire de Dieu, soyons prêts à céder sur tous les points, quoi qu’il puisse nous en coûter, et c’est généralement très difficile et très douloureux. Mais, au contraire, si les droits de Dieu sont en cause, faire quelque concession que ce soit, sous prétexte de grâce et en vue de la paix, nous conduirait à un tout autre résultat que celui recherché et espéré. Ainsi que l’Éternel le dit à son prophète, ce serait « égarer mon peuple, disant : Paix ! et il n’y a point de paix », bâtir un mur et l’enduire de mauvais mortier, de telle sorte qu’inévitablement le mur s’écroulera (cf. Ézéch. 13:8 à 16).
Espérer avoir la paix en dehors du chemin de la sainteté pratique, en marchant selon les pensées de son propre cœur, quelle folie ! Les trois « de peur que » d’Héb. 12:15, 16 ont quelque rapport avec ceux de Deutéronome 29:18, passage dans lequel le jugement est annoncé sur celui qui dit : « J’aurai la paix, lors même que je marcherai dans l’obstination de mon cœur ». Au contraire, il sera toujours vrai que « l’œuvre de la justice sera la paix » et « le fruit paisible de la justice » est produit par la discipline chez « ceux qui sont exercés par elle », discipline qui est « pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (És. 32:17 et Héb. 12:10, 11).
Être exercé par la discipline, demeurer attentif aux commandements divins, c’est ce qu’aurait dû réaliser Israël, que l’Éternel enseignait « pour son profit » ; alors, lui est-il dit, « ta paix aurait été comme un fleuve » (És. 48:17, 18). Et parce qu’Israël n’avait pas écouté, le jugement allait être exécuté ! Malgré cela, des prophètes venaient lui assurer : « Vous ne verrez pas l’épée, et la famine ne viendra pas sur vous ; car je vous donnerai une vraie paix en ce lieu-ci ». Mais l’Éternel déclare : « Les prophètes prophétisent le mensonge en mon nom... », et encore : « J’ai ôté à ce peuple, dit l’Éternel, ma paix... » (Jér. 14:13, 14 et 16:5).
Il est bien vrai que le discernement spirituel disparaît lorsque le mal est supporté dans un désir de paix et cela explique bien des égarements. Si la paix est troublée, chercher à la rétablir sans que soit d’abord recouvrée la sainteté, c’est se tromper soi-même et tromper les âmes et, en définitive, l’on n’aura ni la paix selon Dieu, ni la sainteté. Au temps du prophète Jérémie, c’est bien ce qui avait été fait parmi le peuple et que l’Éternel dénonce : « Et ils ont pansé la plaie de la fille de mon peuple légèrement, disant : Paix ! paix ! et il n’y a point de paix ». Ceux qui avaient agi ainsi se croyaient sages et estimaient avoir la Parole pour guide ; aussi, de sévères reproches leur sont-ils adressés : « Comment dites-vous : Nous sommes sages, et la loi de l’Éternel est avec nous ? ...Les sages sont couverts de honte, ils ont peur et sont pris ; voici, ils ont méprisé la parole de l’Éternel, et quelle sagesse ont-ils ? ...Et ils ont pansé la plaie de la fille de mon peuple légèrement, disant : Paix, paix ! et il n’y avait point de paix » (Jér. 6:14 et 8:8 à 11).
D’abord la sainteté pratique, procédant d’une vraie séparation de cœur pour le Seigneur : « ayez du sel en vous-même » — ensuite, la paix sera établie : « et soyez en paix entre vous » (Marc 9:51).
« Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Celui -qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera » (1 Thess. 5:23, 24).
ME 1961 p.57-63
« En ce même jour » où les Israélites célébrèrent la pâque, ils quittèrent le pays d’Égypte (Ex. 12:41, 51). Certains détails montrent combien leur départ fut précipité : « Et ils cuisirent en gâteaux sans levain la pâte qu’ils avaient emportée d’Égypte ; car elle n’avait pas levé, parce qu’ils avaient été chassés d’Égypte et n’avaient pu tarder ; ils ne s’étaient pas fait non plus de provisions » (v. 39 - cf. v. 11). Mais, au travers de tout, l’Éternel prenait soin de son peuple : « il n’y eut aucun infirme dans ses tribus » (Ps. 105:37) et, au lieu de le conduire « par le chemin du pays des Philistins, qui est pourtant proche », Il lui « fit faire un détour... par le chemin du désert de la mer Rouge » (Ex. 13:17, 18). Dieu, connaissant le cœur d’Israël, savait bien que s’il voyait la guerre il serait en danger de retourner en Égypte. C’est le pourquoi du chemin du désert.
Celui qui nous a mis en route vers la Canaan céleste sait ce qu’il y a dans nos cœurs et Il nous fait aussi passer parfois par un chemin qui nous paraît plus long que ceux que nous aurions choisis. C’est en vue de notre bien qu’Il agit ainsi et afin de nous détacher de ce monde, nous faisant expérimenter qu’il est effectivement un désert pour le croyant. Mais dans ce chemin, de quels soins Il nous entoure ! Les mêmes que ceux qu’Il témoignait à Israël lors de sa sortie d’Égypte : « Et l’Éternel allait devant eux, de jour dans une colonne de nuée pour les conduire par le chemin, et de nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu’ils marchassent jour et nuit : la colonne de nuée ne se retira point, le jour, ni la colonne de feu, la nuit, de devant le peuple » (Ex. 13:21, 22). Bénissons Dieu pour les soins constants dont nous sommes les objets, de nuit comme de jour !
Mais Dieu permet aussi, dans notre histoire comme dans celle du peuple terrestre, qu’à des jours calmes et paisibles succèdent des jours d’exercice, des jours d’épreuve. À Israël quittant l’Égypte, Il fit faire une halte près de la mer, tandis qu’Il allait endurcir le cœur du Pharaon afin de l’amener à poursuivre le peuple qu’il avait tout d’abord laissé aller (Ex. 14:1 à 4). Dieu aurait pu maintenir le Pharaon dans les dispositions d’esprit qui l’avaient incité à ne pas s’opposer au départ du peuple, et même à le chasser (cf. Ex. 12:39) ; Il aurait pu aussi ouvrir les eaux de la mer Rouge devant Israël avant que les armées de l’Égypte ne soient en vue. Tout lui est possible ! « Le cœur d’un roi dans la main de l’Éternel est des ruisseaux d’eau ; il l’incline à tout ce qui lui plaît ». « Tout ce qu’il lui a plu de faire, l’Éternel l’a fait... » (Prov. 21:1 ; Ps. 135 :6). Mais Il nous dispense parfois telle ou telle épreuve pour nous « faire du bien à la fin » (Deut. 8:16) et aussi parce qu’Il désire être glorifié, comme Il le dit à Moïse au moment où Israël atteignait la mer Rouge : « et je serai glorifié dans le Pharaon et en toute son armée ; et les Égyptiens sauront que je suis l’Éternel » (Ex. 14:4 et 17:18). Dieu se glorifie dans le déploiement de sa puissance.
Voilà donc le peuple — n’en est-il pas ainsi pour nous, parfois ? — dans une situation sans issue à vue humaine : des hauteurs d’un côté, la mer de l’autre et devant eux, tandis que derrière arrivent le Pharaon et ses armées. Que faire ? Israël est en « grande peur », il murmure et regrette l’Égypte dont il a déjà oublié le dur esclavage. Tel est bien le cœur humain, le nôtre comme celui des fils d’Israël. Mais Moïse, auquel l’Éternel a fait connaître ses pensées, peut les rassurer et leur adresser une parole de nature à fortifier leur foi défaillante : « Ne craignez point ; tenez-vous là, et voyez la délivrance de l’Éternel, qu’il opérera pour vous aujourd’hui ; car les Égyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus, à jamais. L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles » (Ex. 14:13, 14). S’emparer de ces paroles, les croire fermement, placer toute sa confiance en Celui qui veut combattre pour les siens, c’est le privilège de la foi. A l’avance, elle peut jouir de la délivrance que Dieu va opérer. Toute crainte est bannie du cœur et fait place à une pleine et parfaite paix.
Mais la foi n’est-elle que passivité ? N’y a-t-il pas autre chose que « Tenez-vous là, et voyez... L’Éternel combattra pour vous... vous demeurerez tranquilles » ? Nous sommes souvent portés à le penser, conduits peut-être à une sorte de fatalisme (qui n’en est cependant pas un), oubliant que la foi n’est pas seulement la patience qui s’attend à Dieu et se confie en Lui, mais aussi l’énergie active qui surmonte les difficultés. La question est là : faut-il attendre patiemment que Dieu écarte les difficultés, quand Il a montré le chemin et le but à atteindre, ou bien convient-il de manifester l’énergie active qui témoigne de la réalité de la foi, de la confiance que l’on a en Dieu, de la certitude que l’on possède du chemin et du but ?
L’Éternel donne un ordre à Moïse : « Parle aux fils d’Israël, et qu’ils marchent » (Ex. 14:15). En apparence, deux injonctions contradictoires sont adressées au peuple, dans les versets 13 et 14 d’une part et dans le verset 15 d’autre part. En réalité, nous avons là les deux aspects de la marche par la foi : d’abord, entière confiance en Dieu qui a seul la puissance pour délivrer ; ensuite, énergie active qui nous fait avancer, même quand il y a devant nous les eaux de la mer, parce que Dieu a dit : « qu’ils marchent ».
Attendre pour marcher que le chemin eût été ouvert dans les eaux n’eût comporté, de la part du peuple, aucun acte de foi. Tandis qu’il y a une foi réelle, active, dans le cœur de celui qui marche parce que Dieu l’a dit, alors que les eaux sont là qui vont rendre la marche impossible à vue humaine. Pour Israël, marcher c’était aller droit à la mort ; pour la foi, c’était la délivrance, parce que Dieu avait dit : « qu’ils marchent ». Et, combien c’est remarquable, pendant que l’Éternel faisait appel à la foi du peuple, Il donnait à Moïse les instructions nécessaires pour ouvrir le chemin (Ex. 14:16 à 18). Le peuple ignorait ce que l’Éternel disait à Moïse, comme aussi nous ignorons ce que Dieu prépare, dispose pour nous tandis qu’Il fait appel à notre foi. Quel encouragement à nous confier en Dieu et à marcher par la foi ! Agissons, nous verrons ensuite, car le principe est toujours vrai : « si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jean 11:40).
On l’a remarqué souvent, ce qui caractérise la foi c’est qu’elle compte sur Dieu non pas simplement malgré les difficultés, mais malgré les impossibilités. Elle ne se met pas en souci des moyens, elle s’appuie sur les promesses de Dieu, et elle sait que « ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir » (Rom. 4:21). Lorsque les choses sont faisables pour l’homme, il n’est plus question de foi. Plus forte est la foi, plus on compte sur Dieu seul ; plus elle est faible, plus on s’appuie sur les moyens extérieurs.
Abraham est cité parmi les hommes de foi dont nous parle Hébr. 11 : « il s’en alla, ne sachant où il allait » (v. 8). Chez lui nous voyons briller l’énergie active de la foi. Dieu l’avait appelé, il obéit. Son obéissance est la preuve de la réalité de sa foi. Il est d’ailleurs instructif de considérer la vie de foi de ces « témoins » de Hébreux 11 : Abel a offert un sacrifice, Énoch a marché avec Dieu, Noé a bâti une arche, etc. Ils ont agi.
Ne pouvons-nous faire, de ce que nous venons de dire, une application à nos circonstances ? Nous sommes parfois en perplexité, ne sachant où est le chemin. Certes, tant qu’il en est ainsi il ne convient pas d’agir, ce serait un manque de foi. Lot « choisit », Abram attend que l’Éternel lui fasse contempler « le pays » qu’Il veut lui donner, sa foi brille dans cette scène de Genèse 13. Comme Il le fit alors pour Abram, Dieu se plaît à nous montrer le chemin, le lieu où Il nous veut, nous accordant de voir le but, nous donnant peut-être telle ou telle indication pour fortifier notre foi. Mais Il permet souvent qu’il y ait, pour atteindre ce but, quelques difficultés à vaincre ; Il le permet précisément pour mettre notre foi à l’épreuve. Conviendrait-il d’attendre alors que les difficultés soient aplanies pour ne se mettre en route qu’ensuite ? Quelle foi y aurait-il dans une telle marche ? Ne faut-il pas, au contraire, manifester une énergie active qui est la preuve de notre confiance en Dieu ? Nous pouvons avoir l’assurance qu’Il saura écarter les difficultés, ou nous donnera la force de les surmonter, au fur et à mesure que nous les aborderons, de la même manière qu’Il ouvrit autrefois les eaux de la mer Rouge devant les fils d’Israël.
Il est relativement facile de dire : j’attends patiemment que Dieu écarte les difficultés, je ne veux rien forcer. Il est surtout facile de le dire quand le chemin où nous devrions nous engager n’est pas celui que nous aurions souhaité. Mais il est plus difficile de manifester une foi active, décidée à « marcher » parce que Dieu l’a dit et parce qu’il y a l’entière confiance du cœur en son intervention puissante. La foi donne la puissance nécessaire pour marcher parce qu’elle met en mouvement le bras de Dieu ; attendre, pour se mettre en route, qu’il n’y ait plus aucun obstacle sur le chemin ne nécessite aucun exercice de foi. Et l’on pense parfois que c’est en faisant ainsi que l’on marche le plus fidèlement.
Pierre se met en route aussitôt, « sur les eaux », quand le Seigneur lui a dit : Viens. Et il marche tant qu’il regarde à Jésus, comptant sur Lui seul, sur sa seule puissance pour avancer ; il enfonce dès qu’il « doute », manquant de foi (Matt. 14:28 à 31). — Ceux qui amènent le paralytique à Jésus n’ont sans doute entendu aucun appel direct du Sauveur, mais ils ont eu le discernement de ce qui convenait, du chemin à suivre et du but à atteindre ; dès lors, aucune difficulté ne peut les arrêter. Impossible de s’approcher de Jésus ? Qu’importe ! Ils n’attendent pas que la route soit dégagée, ils découvrent le toit, le percent et descendent le petit lit sur lequel le paralytique était couché. Par leur énergie active, ils ont montré leur foi : « Et Jésus, voyant leur foi... » (Marc 2:1 à 5). Dans le chapitre 11 de l’Épître aux Hébreux, nous avons dans les versets 23 à 31 sept exemples de la confiance et de l’énergie de la foi, dans les versets 32 à 38 sept exemples des combats de la foi. Il serait intéressant et profitable de les considérer tous pour y voir cette énergie active de la foi qui conduit à s’engager dans le chemin parce que Dieu a dit : « qu’ils marchent », alors que les obstacles sont toujours là et apparaissent aussi insurmontables que les eaux devant Israël. Remarquons d’ailleurs que l’un des sept exemples de l’énergie de la foi, cités en Hébreux 11, est précisément celui du peuple traversant la mer Rouge (v. 29).
Que Dieu nous donne assez de dépendance de Lui et assez de communion avec Lui pour que nous sachions discerner en toutes circonstances le vrai chemin ! Et que, l’ayant discerné, nous ayons cette énergie de la foi qui nous permettra de nous y engager sans crainte, comptant sur Celui qui saura, au moment opportun, écarter les difficultés de la route ou nous les faire surmonter !
ME 1961 p. 124-132
La joie remplit l’Épître aux Philippiens, sans aucun doute parce qu’elle remplissait le cœur de l’apôtre en tout temps et, particulièrement, tandis qu’il écrivait cette lettre. Si son cœur était plein de joie, c’est parce qu’il était occupé de Christ et rempli de Lui. Il est très remarquable que ce soit précisément dans cette Épître aux Philippiens, épître de l’expérience et de la marche chrétiennes, que nous trouvions tout au long l’expression de la joie, tant il est vrai que la joie devrait toujours caractériser la marche du croyant ici-bas et cela, quelles que soient les circonstances, même si elles sont éprouvantes au plus haut point. Elles l’étaient alors pour l’apôtre : en prison depuis quatre années, arrêté dans son activité extérieure, il connaissait des souffrances qui en eussent découragé beaucoup. N’aurait-il pas pu dire : « Seigneur ! tu le sais, je me suis dépensé entièrement à ton service, j’ai prêché le pur évangile, enseigné et exhorté les saints, édifié les assemblées formées à la suite de ma prédication et pourtant, je suis mis dans l’impossibilité de continuer ce travail, alors que des ouvriers qui prêchent « par envie et par un esprit de contention » ou encore « par esprit de parti, non pas purement » ont toute liberté pour aller et venir ! Pourquoi ne les arrêtes-tu pas ? Pourquoi ne me délivres-tu pas ? ». Rien de tout cela dans le cœur de l’apôtre ! Il accepte sans raisonner et sans murmurer les circonstances que Dieu permet ; il les accepte dans une entière soumission à sa volonté, non seulement avec résignation mais encore avec joie car il sait, pratiquement, que Dieu fait toutes choses bien. Il a appris à être content en lui-même dans les circonstances où il se trouve (Phil. 4:11 à 13) et Christ est la source de la joie qui remplit son cœur. Quel exemple nous est ainsi proposé ! Sachons mieux l’imiter, nous qui sommes si souvent portés à murmurer, estimant que les choses ne sont pas dirigées comme elles devraient l’être et, dans le service, jugeant parfois que Dieu devrait plutôt arrêter tel ou tel et nous accorder plus de facilités pour faire ce qui nous apparaît nécessaire, indispensable même. Si nous savions davantage être les imitateurs de celui qui était lui-même imitateur de Christ, nous connaîtrions vraiment la joie d’un cœur heureux dans la dépendance du Seigneur et dans la soumission paisible à sa sainte volonté. Puisse la méditation des divers passages que nous désirons considérer dans cette Épître aux Philippiens contribuer à nous faire goûter une telle joie !
Tout au début de l’épître, Paul rend grâces à Dieu de ce qu’Il lui accorde de penser sans cesse aux croyants de Philippes ; il ne les oublie dans aucune de ses supplications et il fait cela, non comme accomplissant un austère et pénible devoir mais « avec joie » (1:3 à 5). Si nous étions animés d’un tel amour pour l’assemblée et pour chacun des saints, nous serions conduits à prier sans cesse les uns pour les autres et nous le ferions « avec joie », heureux de pouvoir remplir un aussi précieux et utile service.
Tandis que l’apôtre était prisonnier à Rome, la plupart des frères avaient pris courage et confiance, ils avaient désormais « beaucoup plus de hardiesse pour annoncer la parole sans crainte ». Cependant, quelques-uns agissaient « par envie et par un esprit de contention... par esprit de parti, non pas purement ». Malgré cela, l’apôtre se réjouissait parce que « de toute manière, soit comme prétexte, soit en vérité, Christ était annoncé ». Christ est annoncé, tel est le motif de sa joie : « et en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai » (1:12 à 18). — Aujourd’hui comme alors, l’évangile est parfois prêché d’une manière qui ne peut avoir l’approbation de ceux qui désirent maintenir l’autorité et les enseignements de l’Écriture ; il y a là un double écueil à éviter : dans bien des cas, considérant que « Christ est annoncé », l’on donnerait volontiers la main d’association à ceux qui agissent plutôt suivant leurs propres pensées que selon les enseignements de la Parole de Dieu — mais, à l’opposé, l’on pourrait être tenté de les désapprouver et de les blâmer sans réserve, peut-être même d’entraver leur service. Que là encore l’exemple de l’apôtre soit devant nous : nous ne pouvons certes avoir communion dans le service avec ceux qui annoncent l’évangile d’une manière peu conforme à l’Écriture, mais nous pouvons toujours nous réjouir de ce que « de toute manière... Christ est annoncé ».
Paul était prisonnier et on allait faire son procès. Quelle en serait l’issue ? Elle ne dépend pas du tribunal devant lequel il devrait comparaître. Dieu est au-dessus de tout et Il est plus grand que tous. Au fond, la seule question qui se posait était celle-ci : Paul avait-il « achevé sa course » ou avait-il encore un service à remplir ? Pour ce qui le concernait, lui, il désirait fermement « déloger et être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur » mais, ayant la connaissance de la pensée de Dieu, il savait qu’il était « plus nécessaire », à cause de ceux parmi lesquels il avait encore un ministère à exercer, qu’il « demeure dans la chair ». De telle sorte qu’il peut écrire : « je sais que je demeurerai et que je resterai avec vous tous pour l’avancement et la joie de votre foi » (1:21 à 26). C’est à la joie des Philippiens qu’il pense et non pas à lui-même (cf. v. 23). Leur foi s’était emparée des enseignements qu’il leur avait déjà communiqués et ils étaient affermis dans la connaissance de la vérité ; cependant, ils avaient encore à progresser, à « avancer » dans cette connaissance. Il y aurait là pour eux de la joie. Que Dieu nous accorde un tel « avancement », avec la joie qui l’accompagne !
Le chapitre 4 de l’Épître fait allusion au désaccord survenu entre deux sœurs de l’assemblée de Philippes, Évodie et Syntyche. Mais déjà au chapitre 2 l’apôtre adresse une exhortation qui a certainement dû toucher le cœur et la conscience de ces deux sœurs lorsque la lettre a été lue dans l’assemblée : « Si donc il y a quelque consolation en Christ, si quelque soulagement d’amour, si quelque communion de l’Esprit, si quelque tendresse et quelques compassions, rendez ma joie accomplie en ceci que vous ayez une même pensée, ayant un même amour, étant d’un même sentiment, pensant à une seule et même chose » (2:1, 2). Une joie « accomplie », c’est une joie complète. Celle du Précurseur le fut lorsqu’il a eu entendu « la voix de l’époux », lui qui était « l’ami de l’époux » (Jean 3:29) ; de même, la joie du croyant est « accomplie » — littéralement : remplie, complétée — lorsqu’il garde les commandements du Seigneur, demeurant dans son amour, comme Lui a gardé les commandements de son Père et est demeuré dans son amour (Jean 15:10, 11). Cette joie est « accomplie » dans la jouissance de la communion avec le Seigneur, qui permet de demander au Père « en son nom » et ainsi, d’avoir l’assurance de l’exaucement (Jean 16:23, 24), dans cette communion dont parle aussi l’apôtre Jean dans sa première Épître : « ...Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie » (1 Jean 1:1 à 4). — La joie de Paul ne pouvait être « accomplie », complète, s’il y avait des dissentiments entre frères ou sœurs. Manifester des pensées et des sentiments opposés, ne pas être animés d’un même amour, tout cela est un obstacle à la joie, en nous et autour de nous ; nous pouvons avoir par ailleurs bien des sujets de joie, quoi qu’il en soit notre joie ne sera pas « complète ». Tel est le secret pour que notre joie soit « accomplie » : « Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le christ Jésus... » (Phil. 2:5 à 8). Christ est notre parfait Modèle dans le chemin de renoncement et d’obéissance qui a été le sien.
Paul a été un vrai et fidèle imitateur de Christ. Il donne la première place aux Philippiens et, lui, se met en arrière. Après les avoir exhortés « à travailler à leur propre salut avec crainte et tremblement », à être « sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse... », il considère leur foi, leur œuvre, leur service de foi comme un sacrifice offert à Dieu. Quelle part a-t-il lui-même à ce sacrifice, à ce service, lui qui a été l’instrument employé par Dieu pour annoncer l’évangile à Philippes, lui qui a enseigné, exhorté, encouragé avec un si grand zèle ses chers Philippiens, lui qui a été pour eux un exemple en toutes choses (3:17 ; 4:9) ? Ah ! il ne revendique rien. Dans le sacrifice ainsi offert à Dieu, il donne aux Philippiens la place prééminente ; en ce qui le concerne, si même sa mort, couronnement de sa vie de service pour Christ, peut être l’aspersion sur le sacrifice — ce n’était là qu’un complément du sacrifice — cela suffit à sa joie : « j’en suis joyeux et je m’en réjouis avec vous tous ». La vie des Philippiens était étroitement liée à celle de Paul comme offrande à Dieu ; sa mort serait, sur cette offrande, comme la libation de vin — symbolisant la joie et la communion — répandue sur les sacrifices lévitiques. Elle serait comme le couronnement du sacrifice et du service de foi des Philippiens. Et l’apôtre désire que, de leur côté, les Philippiens soient joyeux de cela et s’en réjouissent avec lui : « Pareillement, vous aussi, soyez-en joyeux et réjouissez-vous-en avec moi » (Phil. 2:12 à 18). — Quelle heureuse communion réalisée entre un serviteur et ceux qu’il est appelé à servir ! Elle est le fruit d’un service accompli dans l’esprit dans lequel a servi notre parfait Modèle, le vrai Serviteur. Qu’il nous soit accordé de savoir toujours servir de semblable manière ; nous le ferons avec joie, nous réjouissant avec ceux que nous servirons et eux se réjouissant avec nous !
Épaphrodite, que Paul appelle « mon frère, mon compagnon d’œuvre et mon compagnon d’armes », avait été envoyé par les Philippiens pour remettre de leur part un don à l’apôtre, « un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (cf. Phil. 4:10 et 17, 18). Au cours de son séjour à Rome, auprès de Paul, il avait été très gravement malade, « fort près de la mort » et les Philippiens l’avaient appris. Ils avaient certainement été en perplexité à son sujet et avaient hâte de le revoir. De son côté, l’apôtre aurait souhaité le garder encore quelque temps, car sa présence était pour lui, dans sa prison, un précieux réconfort. Mais il n’y a chez Paul aucun égoïsme : avant de penser à lui, il pense aux autres. Il renvoie donc Épaphrodite à Philippes. Le fait-il à regret ? Non, mais « avec d’autant plus d’empressement », dit-il, qu’il désire que les Philippiens, en le revoyant, aient « de la joie », tandis que lui-même aura « moins de tristesse ». En pensant à la joie des Philippiens, heureux de retrouver Épaphrodite, lui, seul dans sa prison, aura « moins de tristesse ». Et il les exhorte à recevoir celui qui, « pour l’œuvre », a été « proche de la mort, ayant exposé sa vie », « avec toute sorte de joie » (Phil. 2:25 à 30). — Une réelle communion fraternelle, un cœur dépouillé de tout égoïsme, un entier dévouement à l’œuvre et aux intérêts du Seigneur, tout cela produit de la joie dans les cœurs, la joie de la communion. Puissions-nous la connaître davantage !
Dans chacun des deux premiers chapitres de cette Épître, nous avons trois passages qui nous occupent de la joie (1:4, 18, 25 ; 2:1,2, 17, 18, 28, 29). Il ne s’agit sans doute pas d’une joie qui est dans les circonstances traversées mais qui est, cependant, liée à elles. Dans les chapitres 3 et 4, le secret nous est donné de la vraie joie chrétienne : elle ne peut être effectivement goûtée dans les circonstances du chemin que si elle est véritablement « dans le Seigneur » (3:1 ; 4:4). Le chapitre 3 commence ainsi : « Au reste, mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur ». Il semble que l’apôtre poursuit ce qu’il a écrit à la fin du chapitre 2 : ayez de la joie en accueillant Épaphrodite, recevez-le avec toute sorte de joie, mais que votre joie ne soit pas dans cette circonstance même, qu’elle soit vraiment « dans le Seigneur » ! Et c’est l’exhortation sur laquelle il revient dans le chapitre 4. Certes, les circonstances peuvent être très difficiles, il peut y avoir des sujets de préoccupation et d’inquiétude. Serait-ce un obstacle à la joie du racheté ? Non, car la ressource est toujours là : « Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le christ Jésus » (Phil. 4:6, 7). « En toutes choses », l’expression ne comporte aucune exception. Aucune circonstance ne devrait jamais troubler la paix du croyant et constituer un obstacle à sa joie, car il peut tout exposer à Dieu par la prière ; il est alors gardé dans la paix de Dieu.
L’apôtre termine par ce qui avait été pour lui un grand sujet de joie : il avait cru un moment que les Philippiens avaient cessé de penser à lui et maintenant, il peut rendre grâces en leur écrivant : « vous avez fait revivre votre pensée pour moi ». De cela, il s’était « grandement réjoui dans le Seigneur » (4:10). Il leur donne, en quelque sorte, l’exemple de la joie goûtée en une certaine circonstance mais qui est effectivement « dans le Seigneur ».
Sans doute, dans cette Épître, l’apôtre parle de « son affliction », à laquelle les Philippiens avaient bien fait de prendre part, de « sa tristesse », à laquelle aurait ajouté la mort d’Épaphrodite, il parle aussi de ses larmes, de celles qu’il versait en considérant la marche de ceux dont il dit qu’ils sont « ennemis de la croix du Christ » (4:14 ; 2:27 ; 3:18), mais au travers de tout cela, il pouvait se réjouir. — Nous avons aussi, et sans doute en grand nombre dans ces derniers jours, des sujets d’affliction, de tristesse, nous pouvons pleurer avec humiliation et douleur en considérant la marche de ceux que l’Écriture appelle « ennemis de la croix du Christ », prenant garde aussi à la nôtre, que cela nous exerce devant Dieu mais ne constitue en rien un obstacle à la joie qui devrait toujours remplir nos cœurs — même si elle est parfois mêlée de larmes — une joie profonde et pure, ayant sa source « dans le Seigneur » !
ME 1958 p. 3
Le Psaume 63 est le psaume du désert ; le fidèle — David autrefois, celui qui fera partie du résidu pieux plus tard — a dû s’enfuir de Jérusalem, quitter le temple, pour séjourner « dans une terre aride et altérée, sans eau ». Allons-nous donc y trouver l’expression de la détresse et du découragement ? Non. Ce n’est pas le psaume de l’affliction, c’est tout au contraire le psaume de la joie. Quel contraste il offre avec le Psaume 42. Sans doute, dans celui-ci aussi bien que dans celui-là, l’âme a « soif de Dieu » mais tandis que dans le Psaume 42, le fidèle se nourrit de ses larmes et pense avec tristesse aux bénédictions perdues, dans le Psaume 63 il se nourrit de Christ et trouve tout en Lui. Dans le premier, l’agitation, l’accablement ; dans le second, la prospérité spirituelle, les chants d’allégresse.
Dieu nous garde de nous nourrir de nos larmes. Certes, il y a bien des sujets de tristesse et d’accablement si nous regardons à tant de choses humiliantes dans nos vies individuelles, dans le témoignage, dans la chrétienté ; sans doute convient-il que nous soyons exercés devant Dieu à cet égard, mais en nous rappelant que ce n’est pas de cela qu’il faut nous nourrir. Nous serions alors dans un état d’âme assez voisin de celui qui est décrit dans le Psaume 42 ; d’autre part, ce n’est pas ainsi que nous pourrions porter remède aux difficultés d’où viennent nos larmes. Si même nous pouvions agir de telle manière que soit mis un terme à tant de manifestations extérieures qui sont incompatibles avec le témoignage chrétien, nous n’aurions pas guéri le mal ; c’est un travail intérieur qui doit d’abord être opéré en chacun afin que ce qui ensuite sera vu extérieurement soit selon la pensée du Seigneur. Dieu seul peut accomplir ce travail intérieur, mais Il se plaît, au moins dans certains cas, à se servir d’instruments. Soyons donc nous-mêmes occupés et nourris de Christ, afin que nous puissions apporter ce qui enrichira la vie spirituelle de ceux que la grâce de Dieu nous appellera à servir ! Et les fruits extérieurs en seront manifestés à sa gloire. Pour conduire les âmes à goûter les bénédictions et les joies du Psaume 63, commençons par en jouir nous-mêmes !
Pourquoi ce psaume est-il le psaume de la joie ? Parce que, en premier lieu, l’âme réalise pratiquement que si, dans ce monde, elle ne trouve rien qui puisse la satisfaire, par contre elle a tout en Dieu. Privée de tout ce qu’elle pourrait désirer ici-bas, même des bénédictions si précieuses goûtées autrefois « dans le lieu saint » et en communion avec les fidèles, seule, sans ressources au milieu d’une scène où il n’y a véritablement aucune de ces bénédictions — non seulement la terre est « aride et altérée », mais encore elle est « sans eau » — l’âme jouit pleinement d’une heureuse communion avec Dieu et fait l’expérience qu’Il est, Lui seul, la source de son bonheur. Aussi peut-elle s’écrier : « Ô Dieu ! tu es mon Dieu... ». Combien elle apprécie la faveur qu’elle possède de Le connaître ainsi et de dépendre de Lui !
L’apôtre Paul a passé par un tel chemin. Ayant été à l’école de son divin Maître, il pouvait écrire aux Philippiens : « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l’abondance ; en toutes choses et à tous égards, je suis enseigné, aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations. Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (Phil. 4:11 à 13). Il a su ce qu’est la « terre aride et altérée, sans eau » et aussi ce qu’est la joie dans le Seigneur malgré l’aridité du désert, la joie dans la prison de Philippes et dans celle de Rome (Actes 16:23 à 25 ; Phil. 3:1 et 4:4). Cette joie découlait d’une vraie communion avec Dieu, le Dieu qu’il avait appris à connaître, dont il avait expérimenté les ressources et duquel il était heureux de dépendre. De sorte que, comme David, il pouvait dire aussi : « Mon Dieu... », assurant les Philippiens que ce Dieu, qui avait pourvu à tout et réjoui son âme au travers de tout, « suppléerait à tous leurs besoins selon ses richesses en gloire par le Christ Jésus » (Phil. 4:19).
Du moment que l’âme réalise qu’elle a tout en Dieu — et ce ne peut être que la nouvelle nature dans le croyant qui a tout en Lui — c’est Lui qu’elle désire. Dès le matin, elle recherche sa présence et sa communion : « je te cherche au point du jour ». Et le fait que l’âme se trouve au milieu d’une scène où il n’y a rien qui puisse répondre aux aspirations du nouvel homme, ne peut qu’augmenter sa « soif » de Dieu. Ici-bas, pas une goutte d’eau pour la désaltérer, aussi c’est Dieu qu’elle désire : « Mon âme a soif de toi». Elle se tourne vers la source inépuisable, répondant déjà à l’invitation qu’aux jours de sa chair le Seigneur adressera à quiconque a soif : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive» (Jean 7:37).
David ne soupire pas après l’eau qui, dans le désert de Juda, satisferait aux besoins de son corps, il ne prie pas pour que les bénédictions perdues, matérielles ou même spirituelles, lui soient à nouveau dispensées ; il a soif, mais c’est « de Toi » ! De Toi, « la source des eaux vives », Celui que précisément le peuple a délaissé « pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau ». Israël avait « abandonné l’Éternel, son Dieu, dans le temps où il le faisait marcher dans le chemin... », et il allait « en Égypte pour boire les eaux du Shikhor » ou vers « l’Assyrie pour boire les eaux du fleuve » (Jér. 2:13, 17 et 18). Triste condition que la sienne, offrant un saisissant contraste avec celle de David !
Plus le désert est aride, plus cette aridité est éprouvée, et plus l’âme a soif de Dieu. Nous amener à avoir soif de Lui, c’est l’un des buts que Dieu poursuit au travers des épreuves qu’Il nous dispense. Il agit envers nous comme envers son peuple autrefois : « Et il t’a humilié, et t’a fait avoir faim ; et il t’a fait manger la manne... » — « L’Éternel, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude ; qui t’a fait marcher dans le désert grand et terrible, désert de serpents brûlants et de scorpions, une terre aride où il n’y a point d’eau ; qui a fait sortir pour toi de l’eau du roc dur ; qui t’a fait manger dans le désert la manne que tes pères n’ont pas connue, afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin » (Deut. 8:3 et 14 à 16). Dieu permet que l’aridité du désert soit parfois particulièrement ressentie afin que soient produits des besoins dans l’âme, la faim, la soif, et à ces besoins Il répond parfaitement, comme Il l’a fait jadis pour Israël, lui donnant la manne et l’eau du rocher.
Les circonstances par lesquelles Il nous fait passer ne sont-elles pas, dans sa main, un moyen dont il veut se servir pour produire de tels besoins dans nos âmes ? Puissent-elles nous conduire à répéter avec David : « Mon âme a soif de Toi » !
Dieu répond toujours à l’attente et à la confiance de la foi. David en a fait l’expérience, de sorte qu’après avoir dit : « Mon âme a soif de toi», il a pu s’écrier ensuite : « Mon âme est rassasiée... ». Heureuse l’âme qui trouve en Dieu sa nourriture ; tous ses besoins sont satisfaits, elle est rassasiée. Il y a une abondance qui dépasse les besoins ! C’est alors la louange qui s’élève au milieu du désert et les lèvres chantent de joie !
Mon âme a soif de toi... Mon âme est rassasiée... Tout cela est en vue d’un résultat pratique : « Mon âme s’attache à toi pour te suivre ». Avoir soif de Lui conduit au rassasiement de l’âme et ensuite à l’attachement de cœur à sa Personne. C’est ainsi que l’on est rendu capable de Le suivre.
Nous sommes appelés à Le suivre, tandis que nous cheminons au travers d’un monde ennemi. Mais nous avons si souvent expérimenté la puissance de notre Dieu — et encore tout au long de l’année écoulée — que, comme David, nous pouvons aussi en rendre témoignage : « Tu as été mon secours... ». Que seront les dangers auxquels nous allons être exposés demain, s’il y a un demain sur la terre ? Nous ne le savons pas mais, quoi qu’il en soit, nous avons un sûr refuge, « l’ombre de ses ailes » — et cette expression nous dit, tout à la fois, la puissance et l’amour de Celui qui veut étendre sur les siens sa main protectrice. Quand nous savons que nous sommes les objets de son amour, pourrions-nous douter du déploiement de sa puissance en notre faveur ? Comptant sur sa puissance et attiré par son amour, le fidèle peut Le suivre au travers de tous les dangers auxquels il a à faire face. Avance- t-il en tremblant, craintif malgré tout ? Sa « droite » est là, puissant soutien du faible pèlerin. C’est ainsi que, dans ce chemin, il peut être un imitateur du parfait Modèle, de Celui qui pouvait dire, et c’est encore par la bouche de David s’exprimant par l’Esprit prophétique : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé. C’est pourquoi mon cœur se réjouit, et mon âme s’égaie... » (Ps. 16:8, 9). Comment se proposer toujours l’Éternel devant soi ? Il faut d’abord avoir fait les expériences pratiques qui permettent de reprendre les expressions du Psaume 63 : Mon âme a soif de toi... Mon âme est rassasiée... Mon âme s’attache à toi... L’on peut ajouter alors : Mon âme s’égaie ! Quel heureux cheminement, de l’âme abattue et agitée du Psaume 42 à l’âme qui s’égaie du Psaume 16 !
Si, au cours de l’année qui commence, nous devions être conduits à éprouver plus particulièrement l’aridité du désert — et, dans sa grâce fidèle, Dieu peut permettre qu’il en soit ainsi pour la bénédiction et la joie de nos âmes — puissions-nous être gardés d’agitation et d’accablement ! Qu’au contraire soit opéré en nous un travail susceptible de nous amener à dire en vérité : « Mon âme a soif de toi », ensuite : « Mon âme est rassasiée », enfin : « Mon âme s’attache à toi pour te suivre ». Nous expérimenterons la puissance de « sa droite » pour nous soutenir tout le long du chemin, quelque difficile qu’il puisse être, et nous goûterons, au travers d’une « terre aride et altérée, sans eau », la joie d’une heureuse communion avec Celui qui pouvait dire, mieux encore que David : « Mon cœur se réjouit, et mon âme s’égaie ».
Oui, Bien-aimé, c’est toi, c’est ta tendresse,
Qui me conduis pas à pas sous tes yeux ;
Pourrais-je donc gémir dans la tristesse
En m’approchant du beau séjour des cieux ?
Ah ! que mon âme, en parcourant sa voie,
S’égaie, ô Dieu, dans ta communion ;
Oui, que mon cœur, plein de force et de joie,
De ton Esprit goûte en paix l’onction.
ME 1958 p. 172
L’apôtre demandait à Dieu que les Colossiens fussent « remplis de la connaissance de sa volonté » (Col. 1:9). Sans cette connaissance, il ne peut y avoir de vie chrétienne qui réponde pleinement à la pensée de Dieu ; toute la marche, toute l’activité du croyant dans le service n’auront de valeur que si elles découlent de la connaissance de la volonté de Dieu. L’apôtre va plus loin encore dans sa prière : il désire que dans le cœur des Colossiens il n’y ait pas autre chose que cette connaissance ; propres pensées, propre volonté ne doivent y avoir aucune place. Cela implique donc un bon état moral de l’âme et c’est, en effet, indispensable si nous voulons marcher dans un chemin d’obéissance à la volonté de notre Dieu et Père.
Marcher ainsi est certainement notre désir à chacun, plus ou moins affirmé peut-être, réel cependant. Pourtant, n’est-il pas vrai que nous sommes parfois dans la perplexité ? Nous voudrions bien agir selon la volonté de Dieu, mais nous savons mal la discerner et nous aimerions qu’elle nous soit clairement indiquée. Des croyants, pieux sinon spirituels, souhaiteraient pouvoir facilement trouver dans la Parole une ligne de conduite, nettement tracée, pour chacune des circonstances qu’ils ont à traverser. Il y a, observe-t-on, des enseignements précis et très détaillés concernant certains points — par exemple, dans la 1ère Épître à Timothée, au sujet des anciens et des veuves (ch. 3 et 5) — pourquoi, à propos de tant d’autres, les Écritures s’en tiennent-elles à des généralités ? À cela on peut répondre que si la Parole de Dieu contenait des règles d’action s’appliquant aux diverses situations dans lesquelles les croyants sont susceptibles de se trouver, des maximes simples et claires ne nécessitant aucun exercice, il suffirait alors de la consulter comme on le fait d’un ouvrage qui, dans le domaine des choses d’ici-bas, indique en regard de chaque éventualité possible ce qu’il y a lieu de faire. Or, Dieu désire que notre âme soit toujours dans un bon état moral ; vivre dans la communion du Seigneur — et cela implique la mise de côté de notre volonté propre, le jugement de soi-même — nous conduira à être « remplis de la connaissance de la volonté de Dieu ». Même dans les circonstances où nous n’avons pas un commandement précis de sa part, nous saurons ce qui Lui est agréable car nous aurons appris à Le connaître quelque peu et à discerner les pensées et les désirs de son cœur. Pour satisfaire aux désirs d’une personne, il faut qu’elle soit l’objet de nos affections ; si David n’avait eu la première place dans leurs cœurs, les « trois des trente chefs » dont il est parlé dans le second Livre de Samuel (23:13 à 17) ne seraient pas venus auprès de lui dans la caverne d’Adullam et s’ils ne s’étaient pas trouvés auprès de lui, ils n’auraient pas connu le désir du roi rejeté : « Qui me fera boire de l’eau du puits de Bethlehem, qui est près de la porte ? » Ce désir connu, ils ont été chercher cette eau, sans raisonner en aucune manière ; ils auraient pu dire, en effet : il est très dangereux d’aller jusqu’à Bethléhem, actuellement aux mains des Philistins ; ne pourrait-on étancher la soif du roi en lui donnant l’eau d’un autre puits ? Rien de cela. « Sans murmures et sans raisonnements » (Phil. 2:14), dès que David a exprimé le désir de boire cette eau, « les trois hommes forts forcèrent le passage à travers le camp des Philistins, et puisèrent de l’eau du puits de Bethléhem, qui est près de la porte, et la prirent et l’apportèrent à David ». Cet exemple illustre l’enseignement donné par le Seigneur Lui-même : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » (Jean 14:23).
Nous comprenons ainsi la différence qu’il y a, quant à la marche et au service, entre un croyant spirituel, vivant dans la communion avec le Seigneur, habitant le sanctuaire, et un autre qui ne jouit guère de ces privilèges. Pour le premier, le chemin est clair tandis que le second est généralement dans le doute et l’incertitude : il voudrait bien faire la volonté de Dieu, mais il ne la connaît pas. Peut-être pense-t-il qu’il lui suffit de prier pour être éclairé ? C’est un conseil que l’on donne parfois à des chrétiens se trouvant, dans cette situation : vous désirez obéir à la volonté de Dieu et vous ne la connaissez pas ? Priez et Dieu vous répondra certainement. Le conseil n’est bon qu’en apparence, car il ne tient pas compte de l’état spirituel, moral peut-être, de celui auquel il est donné. S’il suffisait alors de prier pour être éclairé, elle serait perdue la leçon que Dieu veut nous voir tirer de notre ignorance de sa volonté ! Ce qu’il est important de saisir, dans des cas semblables, c’est que nous avons à apprendre à vivre plus près du Seigneur et à L’avoir Lui seul devant nous. Si nous sommes ainsi amenés, au travers de ces exercices, à avoir « l’œil simple », « notre corps tout entier sera plein de lumière » (Matt. 6:22). Lorsque nous sommes dans l’ignorance de ce que Dieu veut nous voir faire, lorsque nous n’avons pas la lumière nécessaire, il ne suffit pas de dire : Seigneur ! éclaire-moi, il faut d’abord reconnaître la véritable cause du mal : c’est parce que « mon œil n’est pas simple ». Peut-être d’ailleurs, la pensée de Dieu est-elle que nous ne fassions rien du tout ! Nous désirons souvent agir, alors qu’effectivement nous n’avons rien à faire et ce désir peut nous conduire à d’amères expériences. Il est très difficile d’attendre patiemment les directions du Seigneur, le moment choisi par Lui ; l’on préfère parfois faire n’importe quoi plutôt que cela. Dieu veuille nous donner sagesse et discernement, dépendance constante de Lui !
Il faut aussi nous souvenir que vont toujours de pair l’action de la Parole et celle de l’Esprit de Dieu. C’est par l’opération de l’Esprit dans nos âmes que nous pouvons jouir de notre relation avec notre Dieu et Père, de la communion avec le Seigneur dans le sanctuaire ; c’est par l’Esprit de Dieu que nous aurons ainsi la pensée de Dieu, révélée dans sa Parole, et que nous serons conduits comme des « fils de Dieu », la marche manifestant la relation (Rom. 8:14) — fils plutôt qu’enfants de Dieu, l’expression « fils » donnant l’idée de la vigueur et de l’énergie manifestées, tandis que ce qui est féminin se rapporte à ce qui est « plus faible » (cf. 1 Pierre 3:7) et qu’« enfant » indique essentiellement la relation. Nous comprenons donc pourquoi l’apôtre ajoute dans sa prière à Dieu pour les Colossiens : « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle ». Que Dieu nous accorde la grâce d’être des hommes spirituels, afin que nous soyons toujours « remplis de la connaissance de sa volonté » !
Mais n’oublions pas que de cette connaissance découle une responsabilité. Si l’apôtre demande que les Colossiens soient « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle », c’est afin qu’ils puissent « marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre ». Avoir la connaissance de la volonté de Dieu, se trouver dans des circonstances où nous sommes appelés à l’accomplir, et cependant ne pas le faire, est plus grave que nous ne le pensons. L’apôtre Jacques nous dit : « Pour celui donc qui sait faire le bien et qui ne le fait pas, pour lui c’est pécher » (4:17). Nous pourrions croire que pécher c’est désobéir à la volonté de Dieu, dans le seul sens d’agir d’une manière qui n’est pas conforme à ce qu’elle nous demande ; mais savoir et ne pas faire, c’est également ne pas obéir, par conséquent pécher. Selon l’enseignement de l’apôtre Jacques, le fait de ne pas agir lorsque pourtant nous avons la lumière nécessaire pour cela, c’est pécher.
Connaître la volonté de Dieu est la première chose, et c’est essentiel ; il faut ensuite vouloir l’accomplir et enfin, la faire. Dieu seul peut produire en nous « et le vouloir et le faire » (Phil. 2:13). Dieu « qui a commencé en nous une bonne œuvre » et qui « l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ » (Phil. 1:6), « opère en nous » pour y produire le désir d’accomplir sa volonté, « le vouloir » et c’est encore Lui qui nous rend capables de « marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre », « le faire ». Tout est de Lui, « et le vouloir et le faire » !
L’homme dans son état naturel pense être capable de « faire », et même de faire de grandes choses. À l’exemple du docteur de la loi, il pose volontiers la question : « Que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? » ; et certes, s’il était capable d’accomplir la loi, il obtiendrait la vie : « Fais cela, et tu vivras » (Luc 10:25, 28) ; mais il en est absolument incapable. De même, les foules disaient à Jésus : « Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? » et « Jésus répondit, et leur dit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » (Jean 6:28, 29). — Une âme vivifiée, qui se place sur un terrain légal pour accomplir la volonté de Dieu, est tout aussi incapable de « faire », bien qu’il y ait chez elle « le vouloir » ; le chapitre 7 de l’Épître aux Romains retrace les expériences par lesquelles elle passe : « Ce n’est pas ce que je veux, que je fais, mais ce que je hais, je le pratique... Car je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ; car le vouloir est avec moi, mais, accomplir le bien, cela je ne le trouve pas. Car le bien que je veux, je ne le pratique pas ; mais le mal que je ne veux pas, je le fais » (v. 15, 18, 19). Dans un cas comme dans l’autre, nous avons la démonstration du fait que la vieille nature est incapable d’accomplir la volonté divine : « La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas. Et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » (Rom. 8:7, 8). C’est Dieu seul qui peut « opérer en nous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir », mettant en activité, par la puissance de son Esprit, la nouvelle nature dans le croyant.
Quel Modèle parfait nous avons en Christ ! Lui seul a marché d’une telle manière qu’Il pouvait dire en vérité ce que le psalmiste exprimait jadis par l’Esprit prophétique : « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au dedans de mes entrailles », et encore : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » (Ps. 40:8 ; 16:8). Ayant ainsi, comme homme, la connaissance de la volonté de Celui qu’Il est venu révéler et servir, Il l’accomplit entièrement, et quelles délices Il trouve dans ce sentier de dépendance et d’obéissance ! Obéir, « faire », n’est pas pour Lui chose pénible. Citons quelques-unes des paroles qu’Il a prononcées aux jours de son humanité, paroles rapportées dans l’Évangile qui retrace le chemin parcouru dans ce monde par le Fils de Dieu : « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » — « Je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » — « Moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent » — « Mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (Jean 4:34 ; 6:38 ; 8:29 ; 14:31). « Marcher d’une manière digne du Seigneur », c’est marcher dans le sentier qu’Il a Lui-même tracé, reflétant ses caractères. Contemplons-L’y afin de pouvoir l’imiter quelque peu !
Pour notre encouragement, la Parole nous présente, à côté du parfait Modèle, « modèle inimitable » et que pourtant nous sommes exhortés à imiter, des exemples de croyants qui, ayant la connaissance de sa volonté, ont fait ce que Dieu leur demandait, ou encore, ce qui était selon sa pensée, dans des circonstances où ils n’avaient pourtant aucun commandement précis. De la femme qui, entrée dans la maison de Simon le lépreux, répandit sur la tête de Jésus le « parfum de grand prix » qu’elle avait apporté, Celui qu’elle avait ainsi honoré a dit : « Elle a fait une bonne œuvre envers moi », et encore : « Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait » (Matt. 26:10, 13 ; Marc 14:6, 8, 9). Nul ne lui avait rien commandé, il n’y avait même pas eu un désir exprimé, comme celui de David, auquel répondirent les trois hommes dont il est question en 2 Samuel 23:13 à 17. — L’apôtre Paul écrivait aux Philippiens : « Ce que vous avez et appris, et reçu, et entendu, et vu en moi, — faites ces choses, et le Dieu de paix sera avec vous » (Phil. 4:9). Il les avait enseignés et ils avaient entendu, reçu, appris, mais encore ils avaient « vu en lui », mises en pratique, les vérités prêchées ; de sorte qu’avec toute l’autorité morale qui découlait de sa propre marche — plutôt qu’avec son autorité apostolique (rappelons que cette Épître est écrite par Paul « esclave de Jésus Christ », il n’y revendique pas son titre d’apôtre) — il pouvait leur dire : « Faites ces choses ». Il avait été à l’école de Dieu ; il avait « appris » et il « savait », sans que pourtant il cessât jamais d’être « enseigné », aussi pouvait-il « faire », agir : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (Phil. 4:11 à 13). Comme le Seigneur Lui-même, l’apôtre n’avait, en tout ce qu’il faisait, qu’un seul désir : la gloire de Dieu ; imitateur de Christ, il peut donc nous exhorter à être ses imitateurs (1 Cor. 4:16 ; 11:1 — Phil. 3:17), à « faire tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor. 10:31). « Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père » (Col. 3:17).
Après avoir « donné un exemple » à ses disciples, afin que, leur dit-Il, « comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez », le Seigneur ajoute : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13:15, 17). Pour « faire », il faut d’abord savoir, c’est essentiel, mais le bonheur ce n’est pas de savoir, c’est de « faire ».
Titre original : Quelques réflexions à propos des trois premiers chapitres du 1er livre de Samuel.
ME 1958 p. 197
Les trois premiers chapitres du 1er Livre de Samuel nous donnent l’histoire de deux maisons, celle d’Éli et celle d’Anne. Sans doute est-il fait mention d’Elkana, mari d’Anne, mais c’est d’elle à peu près uniquement qu’il est question lorsque l’Esprit de Dieu nous parle de Samuel ; aussi disons-nous maison d’Anne plutôt que d’Elkana.
Le contraste est manifeste : d’un côté, Éli, homme âgé et expérimenté, tout à la fois sacrificateur et juge en Israël, ayant donc autorité et responsabilité non seulement comme chef de sa propre maison mais aussi comme chef de la sacrificature ; d’autre part, Anne, « un vase plus faible » selon l’expression de 1 Pierre 3:7, mais ayant le sentiment de sa responsabilité de mère au sujet du fils qu’elle avait demandé à Dieu et prête à faire face à celles de son mari, défaillant peut-être, en tout cas laissé dans l’ombre (sauf 2:11 et 20) après qu’il a prononcé les paroles rapportées au verset 23 du premier chapitre. Chez Éli, la force, les capacités spirituelles, ressources données par Dieu et pour lesquelles il était responsable ; chez Anne, la faiblesse inhérente à sa condition, sans que, semble-t-il, elle reçoive de son mari tout le secours qu’il eût dû lui apporter. Et cependant, où trouvons-nous la fidélité et la spiritualité ? Chez Anne, pas chez Éli. Tant il est vrai que la fidélité peut être manifestée là où il n’y a que peu de force — n’est-ce pas l’essentiel des caractères philadelphiens ? (cf. Apoc. 3:8) — alors qu’elle fait parfois défaut là où précisément on serait en droit de la voir, eu égard aux ressources particulières données par Dieu.
Ces deux histoires, celles de la fidélité et de l’infidélité, sont entremêlées, aussi bien dans ces chapitres que dans la vie des croyants de tous les temps. Ne voyons-nous pas, parmi tant d’infidélités, d’autant plus humiliantes que Dieu a donné toutes les ressources nécessaires pour marcher d’une manière digne de Lui, quelques traits qui sont autant d’encouragements pour la foi parce qu’ils mettent en lumière la fidélité de croyants qui, malgré leur faiblesse, sentie et confessée, demeurent fermes dans un chemin d’obéissance ? C’est ainsi que, dans le chapitre 2 surtout, après tel paragraphe dépeignant la mauvaise conduite d’Hophni et Phinées et faisant ressortir la responsabilité d’Éli à cet égard (par exemple : 2:12 à 17, 22 à 25, 27 à 36), nous avons tout aussitôt quelques versets — un seul parfois — qui mettent en relief le développement spirituel de Samuel (2:18 à 21, 26 ; 3:1). Combien ces courts versets tranchent sur l’ensemble ! De la même manière, la fidélité de ceux qui désirent obéir à la Parole et y conforment leurs voies, quoi qu’il puisse leur en coûter, est comme un rayon de lumière au sein de la nuit.
Considérons en premier lieu ce qui concerne Éli et sa maison. La conduite Hophni et Phinées est loin de correspondre à la position occupée par leur père et même à leur propre position, car ils étaient sacrificateurs de l’Éternel. Au mépris des droits de Dieu, comme aussi des privilèges des adorateurs, ils manifestaient l’égoïsme de leur cœur, s’emparant des sacrifices apportés à Silo et en disposant pour eux-mêmes : « Et le péché de ces jeunes hommes fut très-grand devant l’Éternel ; car les hommes méprisaient l’offrande de l’Éternel » (1 Sam. 2:17). S’ajoutait à cela un autre péché, signalé un peu plus loin (v. 22). Par conséquent, aussi bien du point de vue moral que dans l’exercice de la sacrificature, la conduite des fils d’Éli jetait du déshonneur sur le nom de l’Éternel. Certes, Éli en avait conscience et il ne manqua pas de reprendre ses fils au sujet de leurs méchantes actions », attirant leur attention sur leur responsabilité devant Dieu vis-à-vis du peuple : « Vous entraînez à la transgression le peuple de l’Éternel » et soulignant le caractère d’extrême gravité de leur péché : « Si un homme pèche contre l’Éternel, qui priera pour lui ? » (2:22 à 25). Mais là s’arrête l’intervention d’Éli, de ce père à l’égard de ses fils. En fait, il les a repris mais n’a pas agi comme il était responsable de le faire ; ce sera le motif du jugement qui devra être exécuté contre sa maison : « Je vais juger sa maison pour toujours, à cause de l’iniquité qu’il connaît, parce que ses fils se sont avilis et qu’il ne les a pas retenus » (3:13). Pourquoi ce manque d’énergie pour agir ? Sans doute était-il déjà « fort âgé » quand « il apprit tout ce que ses fils faisaient à l’égard de tout Israël » (2:22) et cela peut expliquer, dans une certaine mesure, la faiblesse d’un père ; mais la véritable cause de sa défaillance dans l’exercice de l’autorité qui lui était confiée est dévoilée par l’homme de Dieu venu lui dire les paroles de l’Éternel : « Tu honores tes fils plus que moi » (2:29) et cela le rendait solidaire de leur péché, bien qu’il les en eût repris.
Le jugement annoncé sera exécuté : dans la bataille dont il est question au chapitre 4, « l’arche de Dieu fut prise, et les deux fils d’Éli, Hophni et Phinées moururent ». Lorsqu’il apprit cette nouvelle «Éli tomba à la renverse de dessus son siège, à côté de la porte, et se brisa la nuque et mourut » (4. 11, 17, 18).
Combien tout cela est sérieux et même solennel ! N’est-ce pas de nature à exercer profondément des parents chrétiens, responsables devant Dieu au sujet de leurs enfants ? Plus particulièrement sans doute le père, puisqu’il a, de la part de Dieu, une autorité à exercer comme chef de famille. Cette autorité est-elle toujours maintenue, en amour mais avec fermeté, dans les foyers chrétiens ? Il reste solidaire du mal commis par ses enfants, le père qui se contente de répréhensions du genre de celles adressées par Éli à ses fils ; en fait, s’il n’agit pas, s’il n’exerce pas l’autorité que Dieu lui a confiée, il manque à sa responsabilité, « honorant ses fils plus que Dieu » et ne les « retenant » pas sur un chemin de désobéissance. La cause première de cette défaillance est celle-ci : l’honneur dû à Dieu, qui doit être témoigné dans l’exercice de l’autorité que Lui-même a donnée, a cédé le pas dans le cœur du père aux sentiments qu’il éprouve pour ses enfants. L’amour paternel est sans doute un sentiment selon Dieu, mais qui n’est pas incompatible avec l’honneur dû à Dieu ; bien au contraire, cet amour ne pourra s’exercer en vérité que dans la mesure où Dieu sera honoré. Il n’aime pas vraiment ses fils, quoi qu’il en pense, le père qui « les honore plus que Dieu ». L’amour qui conduit à la faiblesse et à l’oubli des droits de Dieu n’a que les apparences de l’amour, ce n’est au fond qu’un sentiment charnel. Se laisser guider par un tel sentiment, c’est s’engager dans un chemin d’infidélité envers Dieu et c’est aller peut-être au devant de la ruine spirituelle pour soi-même et pour ses enfants ; davantage encore, à moins que n’intervienne la grâce de Dieu, c’est son gouvernement que l’on rencontrera dans cette voie, comme Éli et ses fils l’y ont eux-mêmes rencontré.
C’est un principe général : lorsque Dieu nous place dans une position et dans une sphère où Il nous donne la responsabilité d’agir, avec l’autorité nécessaire pour cela — la position d’un chef de famille dans son foyer en est l’exemple le plus typique, mais ce n’est qu’un exemple — si nous manquons à notre responsabilité, n’exerçant, pas l’autorité que Dieu nous a confiée, notre discernement spirituel ira s’affaiblissant, jusqu’à faire complètement défaut peut-être. D’autre part, la faiblesse spirituelle s’accompagnera d’un manque de courage moral nous empêchant d’accomplir ce qui devrait être fait, dans tous les cas où nous aurions encore pu le discerner, si imparfaitement que ce soit. — La cause de bien des affaiblissements spirituels, individuels ou collectifs, n’est-elle pas là ?
Éli était chef de sa maison mais aussi chef de la sacrificature. Malgré sa piété, il est devenu un sacrificateur infidèle (cf. 2:35), cela pour les mêmes motifs que ceux déjà mis en lumière à propos de sa maison. Aujourd’hui, c’est l’assemblée réunie, frères et sœurs, qui est appelée à exercer la sacrificature devant Dieu, selon 1 Pierre 2:5. L’assemblée a des responsabilités quant au maintien de l’ordre et de la sainteté qui doivent caractériser la maison de Dieu ; une autorité lui a été confiée (Matt. 18:18), essentiellement liée à la présence du Seigneur au milieu des « deux ou trois assemblés en son nom » (18:20) et qui ne peut être exercée en dehors de la dépendance de Celui qui est chef de la sacrificature, Chef de l’Assemblée ; cette dépendance a son expression dans la prière (18:19). Qu’une assemblée se borne à des représentations verbales — à plus forte raison si elle ne les fait pas — sans exercer ensuite les actions qui peuvent s’avérer nécessaires si, tel les fils d’Éli, le coupable n’écoute pas, elle reste solidaire du péché commis (cf. 1 Sam. 2:29 : « Pourquoi foulez-vous aux pieds mon sacrifice et mon offrande, que j’ai commandé de faire dans ma demeure ? Et tu honores tes fils plus que moi, pour vous engraisser des prémices de toutes les offrandes d’Israël, mon peuple »). « Tu honores tes fils plus que moi » est une parole qui peut avoir là aussi son application. N’est-ce pas parfois pour des raisons sentimentales qu’une assemblée se refuse à agir, ou bien manque d’énergie pour le faire ? L’on craint de mécontenter tel ou tel, en raison de liens de parenté ou de certaines relations fraternelles, et l’on passe ainsi sur ce qui pourtant devrait être jugé. Qu’une assemblée se trouve défaillante à propos d’un mal manifesté dans son sein, d’une part elle en demeure solidaire, d’autre part. elle sera marquée de ce fait par un affaiblissement de son niveau spirituel ; enfin, Dieu pourra exercer à son égard un jugement gouvernemental qui ira peut-être jusqu’à « ôter la lampe de son lieu ». Ne l’a-t-Il pas fait, à son moment, pour Corinthe, Éphèse ou Pergame ? Pour d’autres encore ?
« Colonne et soutien de la vérité » (1 Tim. 3.15), l’Assemblée est dans ce monde pour y faire connaître Dieu, pour y présenter Christ, sa Personne, son oeuvre. Les « deux ou trois réunis au nom du Seigneur » sont, dans une localité, l’expression de l’Assemblée comme témoignage, ils sont responsables de maintenir le témoignage qui leur a été confié, de « porter l’arche ». Pour « porter l’arche », aux jours de l’économie mosaïque, il fallait des fils de Lévi. Si ce service leur avait été confié c’est, en premier lieu, parce qu’après l’affaire du veau d’or, alors que le désordre et la confusion régnaient dans le camp d’Israël, ils avaient répondu à l’appel de Moïse : « À moi, quiconque est pour l’Éternel ! » Moïse, qui était lui-même un homme de la maison de Lévi, dut éprouver une joie profonde lorsqu’il vit que « tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui ». Mais quels étaient les véritables motifs qui les faisaient agir ? Étaient-ils venus parce que, fils de Lévi, ils répondaient à l’appel d’un des leurs ? Se déclarer « pour l’Éternel se rassembler avec ceux qui le font aussi, ne suffit pas, ce pourrait n’être qu’une simple profession extérieure ; il faut que l’état des cœurs soit manifesté. Moïse met donc à l’épreuve les fils de Lévi : « Et il leur dit : Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Que chacun mette son épée sur sa cuisse ; passez et revenez d’une porte à l’autre dans le camp, et que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami ». Comment obéir à semblable injonction ? Le cœur naturel s’y refuse. En fait, il s’agit de montrer, par des actes et non pas seulement en paroles, qu’aucune considération sentimentale ne peut arrêter, dans le chemin de l’obéissance à la Parole et de la fidélité au Seigneur, en vue de sauvegarder son témoignage, celui qui se déclare « pour l’Éternel ». Il n’est pas un vrai « fils de Lévi » celui qui donne le pas aux liens qui l’unissent à un frère, à un compagnon, à un intime ami. Hélas ! combien de fois de semblables considérations ont-elles pour nous plus de poids que les droits du Seigneur, les exigences de sa sainteté et ce qui convient à sa gloire ! Les fils de Lévi, sans hésitations et sans raisonnements, « firent selon la parole de Moïse », ils montrèrent, et à quel prix, qu’ils « honoraient l’Éternel » plus que frères, compagnons ou amis intimes. Aujourd’hui comme alors, le maintien d’un témoignage fidèle est à ce prix : honorer le Seigneur par-dessus tout et avant tout ; c’est toujours le chemin de la bénédiction : « Consacrez-vous aujourd’hui à l’Éternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourd’hui sur vous une bénédiction » (Ex. 32:21-29). — Pour exhorter le peuple à l’obéissance Deutéronome 10 met en contraste la désobéissance d’Aaron, entraînant l’exercice du jugement gouvernemental de Dieu, et l’obéissance des fils de Lévi, avec tous les privilèges qui en résultèrent pour eux : « En ce temps-là, l’Éternel sépara la tribu de Lévi pour porter l’arche de l’alliance de l’Éternel, pour se tenir devant l’Éternel, pour faire son service, et pour bénir en son nom, jusqu’à ce jour. C’est pourquoi Lévi n’a point de part ni d’héritage avec ses frères ; l’Éternel est son héritage, comme l’Éternel, ton Dieu, le lui a dit » (Dent. 10:8, 9). Parce qu’ils répondirent à l’appel et exécutèrent l’ordre de Moïse, les fils de Lévi furent « séparés » pour porter l’arche du témoignage tout au long des étapes du désert. Eux seuls avaient ce privilège et cette responsabilité (Nomb. 1:47-54 ; 3 et 4 ; 7:4-9 ; 1 Chron. 15:2, 14, 15, 26), en même temps que le service élevé dont parle Deutéronome 33:8 à 11 : présentation de la Parole, intercession et adoration. Que Dieu nous accorde d’être de vrais fils de Lévi !
Faire passer avant les droits de Dieu les sentiments éprouvés pour certains de nos parents selon la chair ou de nos frères en la foi, c’est méconnaître ce que le Seigneur disait à ses disciples et qui reste toujours vrai : « Celui qui aime père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi ; et celui qui aime fils ou fille plus que moi, n’est pas digne de moi... » (Matt. 10:37). C’est ainsi que parfois, des relations de famille ou des relations fraternelles empêchent de voir clairement jusqu’à la question posée, à plus forte raison la solution qui conviendrait ; quand il en est ainsi, on couvre le mal, même si comme Éli on le désapprouve des lèvres, au lieu d’exercer les disciplines nécessaires afin qu’il soit jugé. Combien peu nous savons joindre « à l’affection fraternelle, l’amour» (2 Pierre 1:7) ! Nous manquons souvent à cet égard et ces manquements sont, en bien des cas, à l’origine d’un affaiblissement spirituel dans nos maisons ou dans les assemblées. Et de cet affaiblissement spirituel découlent tant de maux sur lesquels nous gémissons !
Dieu soit béni, nous ne trouvons pas, en quelque temps que ce soit, une présentation du témoignage qui ne serait caractérisée que par l’infidélité. Au sein même d’un ensemble qui a complètement failli à sa responsabilité, Dieu suscite un résidu, des témoins qui Le glorifieront par leur fidélité. Il y a toujours, sur le fond sombre du tableau, quelques traits de lumière et plus le fond est sombre, plus lumineux ils paraissent ; il y a toujours de la fidélité manifestée au travers même de beaucoup d’infidélité, il y a toujours des Anne à côté des Éli, des Hophni et des Phinées.
En butte à l’hostilité de Peninna, à l’incompréhension d’Éli, Anne n’est en rien découragée, si même elle « pleure abondamment ». Dieu est sa seule ressource ; c’est à Lui qu’elle s’adresse, mais si elle Lui demande « un enfant mâle », ce n’est pas pour l’égoïste satisfaction de son cœur de mère jusque là privée d’enfant, c’est en vue du service et pour la gloire de l’Éternel : « Je le donnerai à l’Éternel pour tous les jours de sa vie » (1 Sam. 1:11). Chez elle, les sentiments, quelque légitimes qu’ils soient, qu’une mère peut éprouver pour un enfant, et surtout pour un enfant ardemment désiré, ne passent pas avant ce qui est dû à Dieu ; cela, parce que c’était l’amour vrai d’une mère pour son fils. Quel contraste entre la conduite d’Anne et celle d’Éli ! Certes, l’Éternel n’aurait pas dit à Anne : « Tu honores ton fils plus que moi ».
Anne accomplit ce qu’elle a promis et le fait avec joie, chantant un cantique : « Mon cœur s’égaie en l’Éternel... » (1 Sam. 2:1). Ce fils, reçu de Dieu, elle l’offre à Dieu, non pas avec regrets, sous l’effet d’une contrainte plus ou moins acceptée, mais heureuse de pouvoir faire quelque chose pour Lui. Le développement spirituel de Samuel, le qualifiant pour l’exercice d’un ministère prophétique, est la riche récompense accordée à cette mère pieuse et fidèle : Samuel se prosterne devant l’Éternel, puis il sert l’Éternel en la présence d’Éli ; ensuite, il sert devant l’Éternel, ceint d’un éphod de lin ; si Anne est bénie — Élkana l’est aussi avec elle — trois autres fils et deux filles lui étant donnés, la bénédiction la. plus précieuse qui lui est accordée est sans doute celle-ci : « Le jeune garçon Samuel grandissait auprès de l’Éternel » et il « allait grandissant, agréable à l’Éternel et aux hommes », tel un autre jeune enfant qui, plus tard, devait avancer « en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Luc 2:52) ; Samuel « servait l’Éternel devant Éli », il « grandissait, et l’Éternel était avec lui, et il ne laissa tomber à terre aucune de ses paroles » ; enfin, il atteint un degré de développement spirituel qui permet à l’Éternel de l’établir comme son prophète ! (1 Sam.1:28 ; 2:11, 18, 21, 26 ; 3:1 et 19 à 21). Ayant « bien servi », il a acquis « un bon degré » (cf. 1 Tim. 3:13).
Bien qu’il fût auprès d’Éli, le sacrificateur, sa mère s’occupait de lui : elle « lui faisait une petite robe et la lui apportait d’année en année » (1 Sam. 2:19). Peut-être ce détail a-t-il une portée spirituelle : nous pourvoyons aux besoins de nos enfants, au fur et à mesure de leur développement physique, savons-nous nous occuper d’eux, surveillant leur développement spirituel, leur étant en aide pour cela ? Éli n’avait pas « retenu » ses fils dans leur chemin de désobéissance et d’iniquité, tandis qu’Anne aidait Samuel, pourvoyant à ce que nécessitait son développement.
La faiblesse qui nous caractérise n’est pas, comme nous le voudrions, une excuse à nos défaillances. C’est Anne qui nous est présentée en relation avec Samuel, plutôt qu’Elkana, pour nous montrer, entre autres choses, que notre faiblesse n’est pas un obstacle à l’accomplissement de ce que Dieu nous demande. S’il y a dans notre vie chrétienne, de la piété, le désir d’être fidèle et, de maintenir les droits de Dieu, les faisant passer avant toute antre considération, et en particulier avant, les sentiments les plus légitimes que nos Cœurs peuvent éprouver, nous connaîtrons un réel enrichissement spirituel pour nous-mêmes et, si tel est le cas, pour ceux que Dieu nous a confiés et au sujet desquels Il nous a donné responsabilité et autorité.
Que l’histoire d’Éli et de ses fils soit pour nous un avertissement, sérieux ! Que celle d’Anne nous encourage et nous fasse éprouver le réel désir d’imiter les caractères manifestés par cette femme pieuse et fidèle !
ME 1950 p. 228
Il y a, dans la plupart des sujets que nous présentent les Écritures, deux aspects différents qu’il est nécessaire de distinguer nettement, si nous voulons éviter de nous laisser égarer par les ruses de l’adversaire. Le premier, c’est le côté de Dieu, le second, celui de notre propre responsabilité.
Nous nous arrêtons volontiers sur le côté de Dieu. Traversant un monde hostile, nous aimons nous rappeler que nous sommes entre les mains de Celui qui est puissant et qui nous aime jusqu’à la fin ; peut-être avons-nous le sentiment que notre marche laisse parfois à désirer, mais nous nous répétons aussitôt que notre Dieu est un Dieu de grâce, qui nous a supportés jusqu’ici et nous supportera jusqu’au terme du voyage. Tout cela tranquillise très vite notre conscience et nous allons ainsi avec quelque insouciance, nous préoccupant souvent bien peu de ce qui a trait à notre responsabilité. Nous voudrions jouir des privilèges chrétiens en laissant dans l’ombre ce qui concerne notre responsabilité quant à la marche, oubliant que nous ne pourrons vraiment jouir de nos privilèges que dans la mesure où nous ferons face à notre responsabilité. Nous aimons parler, ou entendre parler, de ce que Dieu a fait pour nous, de nos bénédictions, du retour du Seigneur et de la félicité céleste, cela réjouit nos cœurs. Mais nous nous lassons vite d’entendre les exhortations et les enseignements de la Parole relatifs à notre responsabilité. Lorsqu’elle nous est présentée, l’ennemi vient nous souffler à l’oreille : Dieu est bon, plein de grâce et miséricordieux, il faut compter sur Lui ! N’accomplirait-Il pas ses promesses ? — Comme notre adversaire est rusé, comme il sait bien se déguiser en ange de lumière et ses ministres en ministres de justice (2 Cor. 11:14 et 15). C’est lui qui exalterait les caractères de Dieu et nous engagerait à nous confier en Lui ! — N’agissait-il pas de la même manière, lors de la tentation du Seigneur Jésus au désert ? Pour essayer de faire broncher l’homme parfait, il Lui présente le côté de Dieu : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre » (Matt. 4:6). C’était dire : obéis-moi, tu peux compter sur Dieu qui te gardera certainement, car Il l’a promis. L’ennemi ne vient-il pas souvent nous tenter, essayant de nous engager sur un chemin de désobéissance à la volonté de Dieu, nous disant : tu es un enfant de Dieu ; Dieu te garde, par conséquent ; tu n’as à te préoccuper de rien, ce serait douter de sa puissance ? Ne nous arrive-t-il pas, hélas ! d’écouter la voix de l’adversaire, de nous laisser séduire, allant même peut-être jusqu’à croire que nous vivons par la foi parce que nous pensons que la puissance de Dieu nous gardera dans un chemin d’indépendance ? — Satan a présenté au Seigneur le côté de Dieu, la puissance de Celui qui a fait des promesses à Christ, second homme (Ps. 91), mais l’homme parfait ne peut pas perdre de vue le côté de la responsabilité et Il répond : « Il est encore écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (Matt. 4:7). Quel enseignement et quel exemple pour nous !
Ces deux aspects différents, côté de Dieu et côté de notre responsabilité, nous sont très fréquemment présentés dans la Parole. Évitons de n’en considérer qu’un des deux ou de les mêler l’un à l’autre, si nous voulons marcher fidèlement. Ce serait les confondre que de dire à un croyant en mauvais état, engagé dans un chemin où il manque gravement à sa responsabilité : Dieu a promis : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » (Héb. 13:5) ; par conséquent, allez sans crainte ; si vous rencontrez des obstacles, si le chemin est fermé avec une clôture ou avec des épines (cf. Osée 2:6), qu’importe, Dieu est puissant ! — Ce croyant serait ainsi conduit à persévérer dans un chemin qu’il devrait, au contraire, abandonner au plus tôt !
Soit pour ce qui concerne le salut, soit pour ce qui concerne la marche, la Parole nous présente les deux côtés nettement distincts (Éph. 2:8 ; 1 Pierre 1:5).
Pour le salut, l’apôtre écrit : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi » (Éph. 2:8). Sauvés par la grâce, c’est le côté de Dieu. Mais chacun est responsable de croire ce que Dieu dit dans sa Parole, ce qu’Il a fait par l’œuvre de Christ ; tout cela est présenté à la foi. De sorte que tout homme est responsable devant Dieu et celui qui refuse de croire ne peut être sauvé. On voudrait souvent laisser de côté la responsabilité de l’homme et l’on affirme que Dieu étant un Dieu de grâce, tous les hommes seront sauvés... L’ennemi développe les raisonnements les plus subtils ; il dira par exemple : Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tim. 2:4) et Il est souverain : « Tout ce qu’Il lui a plu de faire, l’Éternel l’a fait... » (Ps. 135:6) ; par conséquent, nul ne sera perdu ! — c’est ainsi que Satan endort les consciences ; avec ruse, il se sert de la Parole, présentant le côté de Dieu et laissant entièrement dans l’ombre celui de la responsabilité.
De même pour ce qui concerne la marche. « Vous qui êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi » (1 Pierre 1:5). Pour le salut, le côté de Dieu c’est la grâce ; pour la marche, c’est la puissance. Dans un cas comme dans l’autre, le côté de notre responsabilité c’est la foi. — Dieu est puissant pour nous garder sans que nous bronchions, au milieu d’un monde où les dangers sont si nombreux. S’arrêter à sa seule puissance, quelque grande qu’elle soit, et penser que nous pouvons marcher sans trop nous préoccuper de notre responsabilité, serait une grave erreur et nous conduirait à de tristes expériences.
Bien des expressions, employées par les apôtres dans les épîtres, s’éclairent si nous considérons les circonstances par lesquelles ils sont passés. Pour comprendre le sens de 1 Pierre 1:5, il faut lire Matt. 14:22 à 33. Pierre a demandé au Seigneur : « Seigneur, si c’est toi, commande-moi d’aller à toi sur les eaux » et le Seigneur lui a dit : « Viens ». Cette parole a suffi ; avec foi, Pierre a quitté la nacelle et est allé « à Jésus », marchant « sur les eaux ». Nul ne peut marcher sur les eaux : il n’est pas un seul croyant qui ait en lui-même la force nécessaire pour marcher fidèlement dans ce monde, il faut une puissance qui n’est pas en nous, que le Seigneur seul peut donner et qu’Il donne en réponse à la foi. Pierre, dans cette première partie de la scène, est « gardé par la puissance de Dieu, par la foi », de sorte qu’il avance sans enfoncer. Tant qu’il fixe ses regards sur Jésus, seul objet de la foi, il peut marcher sur les eaux, dominant en quelque sorte les circonstances, glorifiant le Seigneur par sa foi. C’est ainsi que le croyant peut faire face à sa responsabilité !
Mais l’ennemi est à l’œuvre pour empêcher que de tels résultats soient produits ! — Il dirige les regards de Pierre vers un autre objet que Christ ; il lui fait voir « que le vent était fort... » Aussitôt, Pierre a peur et il commence à enfoncer ! Est-ce que la puissance du Seigneur avait changé ? Elle ne peut pas changer, elle est toujours la même ! Pourquoi donc Pierre marche-t-il sur les eaux dans la première partie de cette scène, tandis qu’il commence à enfoncer ensuite ? Parce que dans le premier cas, il avait foi en la parole du Seigneur, il croyait que le Seigneur était plus puissant que tous les éléments déchaînés, il avançait les veux fixés sur Lui. Tandis que dans le second, sa foi chancelle et Christ n’est plus l’objet vers lequel sont attirés ses regards.
Ce n’est pas toujours en nous présentant l’agitation du monde, en remplissant nos cœurs de crainte et d’angoisse que l’ennemi détourne nos regards de Christ. Il se sert parfois des séductions du monde — il sait toujours opérer de façon à nous attirer le mieux possible, employant les moyens adaptés à l’état de chacun de nous, afin de nous conduire à enfoncer. Le premier stade du travail de l’adversaire est celui-ci : détacher nos cœurs de Christ en fixant nos yeux sur un autre objet ; quand il y a réussi, nous sommes une proie à sa merci : la puissance de Dieu ne s’exerce plus pour nous garder comme elle ne s’exerçait plus pour maintenir Pierre sur les eaux. Sans doute, il y a le cri de détresse du disciple et le secours du Seigneur qui étend la main pour le relever, alors qu’il commençait à enfoncer — image du service sacerdotal qui est le sien — mais il reste la douleur d’avoir enfoncé dans les eaux ! — Le Seigneur sait nous relever dans nos chutes ; cela n’excuse cependant aucune de nos chutes et ne doit jamais conduire un racheté à dire : si je tombe, qu’importe ! le Seigneur me relèvera.
Nous avons vu qu’il n’est pas un seul croyant qui ait, en lui-même, la force nécessaire pour faire face à sa responsabilité. Par conséquent, le sentiment de notre responsabilité ne doit pas nous amener à penser que nous pouvons faire quelque chose par nous-mêmes ; nous serions alors occupés de nous-mêmes et cet état serait susceptible de produire dans une âme le désespoir et les angoisses de Romains 7. Le sentiment de notre responsabilité ne doit pas davantage nous conduire à rechercher l’accomplissement d’œuvres méritoires. Bien au contraire, il doit nous amener à réaliser notre complète impuissance et à nous rejeter sur la grâce et la puissance de Dieu. C’est alors que nous pourrons « marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu... » (Col. 1:10).
La ressource est là seulement, pour nous comme pour Pierre autrefois : fixer les yeux sur Jésus, nous attacher à Lui ! À cet égard, comme en toutes choses, Celui qui a été l’homme parfait sur la terre reste pour nous le vrai Modèle. Par l’Esprit prophétique, Il a pu dire : « Garde-moi, ô Dieu ! », faisant ainsi appel à la puissance divine pour le garder ici-bas comme homme. Lui ne peut pas méconnaître le côté de la responsabilité ; aussi, Il ajoute : « car je me confie en toi ». Sa confiance est entière ; sa foi s’attache à un objet sans cesse placé devant Lui : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ». Il fait alors l’expérience de la puissance infinie de Celui qui le soutiendra et le gardera jusqu’au bout : « parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé » (Ps. 16:1 et 8). Dans ce chemin, Il a été à la tête — « le chef », et Il a été jusqu’au bout — « le consommateur de la foi » (Héb. 12:2). Fixons les yeux sur Lui dans le lieu où Il est maintenant, en considérant ce qu’Il a été ici-bas.
Notre responsabilité est si grande que nous ne pourrions y faire face sans les immenses ressources divines. Que notre foi soit donc sans cesse en activité, cette foi qui nous attache à Christ, nous fait vivre de Lui, dirige nos regards vers Lui. Si elle manquait, nous ne pourrions pas compter sur la puissance divine pour nous préserver de chutes et nous aurions à connaître la puissance de l’adversaire. Dieu veuille nous épargner d’avoir à faire des expériences et d’apprendre des leçons dans des conditions qui nous laisseraient le souvenir de chutes humiliantes et la douleur d’avoir déshonoré le nom du Seigneur !