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Épreuves et Discipline - Série A

Paul Fuzier

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

 

Table des matières abrégée :

1     Abraham, éprouvé

2     « Celui qui vous appelle est fidèle... » 1 Thes. 5:24

3     « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur... » (Ps. 139:23, 24)

4     Raison d’être des épreuves

5     Ében-Ézer (1 Samuel 4 à 7) et le chemin de retour vers Dieu

6     Restauration des frères de Joseph. Gen. 42 à 45

7     Prétentions et réalités — 1 Samuel 2 à 7

8     Enseignements tirés de Juges 6

9     Mise à l’épreuve (Exode 32 et 33)

10      Le reniement de Pierre

 

Table des matières détaillée :

1     Abraham, éprouvé

1.1      L’appel de Dieu

1.2      La famine

1.3      Querelles de bergers

1.4      Bataille de rois

1.5      Offres du roi de Sodome

1.6      Le conseil de Saraï

1.7      Abraham chez Abimélec, roi de Guérar

1.8      « Chasse cette servante et son fils »

1.9      Sacrifice d’Isaac

2     « Celui qui vous appelle est fidèle... » 1 Thes. 5:24

2.1      Des deuils. Ézéchiel 24:15-27

2.2      Deut. 8:3-6. Manifestation de l’état du cœur

2.3      Qu’est-ce que manifeste notre marche et notre témoignage ?

2.4      Le Seigneur discipline pour notre profit

2.5      Ni résignation ni stagnation. Prendre courage

2.6      Sanctifiés entièrement

3     « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur... » (Ps. 139:23, 24)

3.1      Importance d’examiner son propre cœur

3.2      Sondés par la Parole de Dieu

3.3      Causes secondes, causes premières

3.4      Aspect collectif

3.5      Ne pas fuir la présence de Dieu

3.6      Circonstances utilisées par Dieu pour révéler l’état du cœur

3.7      Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde

4     Raison d’être des épreuves

4.1      Deux sortes de tentations selon Jacques

4.2      Produire la patience

4.3      L’épreuve de la foi tournant à louange, à gloire et à honneur

4.4      Épreuve de la foi, discipline formative et châtiment se mêlent

4.5      Manifestation de l’état de cœur par l’épreuve

4.5.1      Châtiment. Josaphat. 2 Chron. 19 et 20

4.5.2      Discipline. Épreuve

4.5.3      Épreuve par la prospérité. David, Ozias, Ézéchias

4.6      Le bon état de cœur : craindre Dieu, marcher dans Ses voies, L’aimer, Le servir

5     Ében-Ézer (1 Samuel 4 à 7) et le chemin de retour vers Dieu

5.1      Une défaite et une discipline douloureuse. 1 Sam. 2 à 4

5.2      1 Sam. 5 à 7:2. Israël se lamente après l’Éternel

5.3      Le chemin du retour

5.3.1      1 Sam. 7:3

5.3.2      1 Sam. 7:4-5

5.3.3      1 Sam. 7:6

5.3.4      1 Sam. 7:7-12

5.4      Applications actuelles

5.5      « Sentez vos misères, et menez deuil et pleurez » puis « Eben-Ezer, l’Éternel nous a secourus jusqu’ici ».

6     Restauration des frères de Joseph. Gen. 42 à 45

6.1      Double utilité de cette histoire

6.2      Résumé de cette histoire

6.3      Pardon, mais besoin d’une restauration

6.4      Le Seigneur comme avocat

6.5      Manifestation de l’état intérieur

6.6      Approfondissement du travail de conscience

6.7      Dépouillement

6.8      « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (Gen. 44:16)

6.9      Communion pleinement rétablie

6.10    Longueur de l’épreuve

6.11    Amour et vérité dans les rapports entre frères

7     Prétentions et réalités — 1 Samuel 2 à 7

7.1      1 Samuel 2: l’état d’Israël

7.2      Comprendre et reconnaître la discipline de Dieu

7.3      Se prévaloir de ses privilèges quand on est dans un mauvais état

7.4      Déshonneur sur le nom de l’Éternel et opprobre pour le peuple

7.5      Ne pas cacher son état. Humiliation et restauration. 1 Samuel 5 à 7

8     Enseignements tirés de Juges 6

8.1      L’esprit d’indépendance

8.2      Respecter l’autorité dans la famille et dans l’assemblée

8.3      Histoire qui se renouvelle : infidélités et relèvements se succèdent

8.4      Privés d’armes (armure du croyant)

8.5      Privés de nourriture (la Parole de Dieu pour le croyant)

8.6      Dieu attend pour répondre : il faut un travail intérieur

8.7      Ne pas se résigner devant la situation difficile

8.8      Ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré

8.9      Mettre de l’ordre chez soi

8.10    L’obéissance amène une grande délivrance

8.11    Exemples à imiter

9     Mise à l’épreuve (Exode 32 et 33)

9.1      Le veau d’or et ses offrandes

9.2      Types de ce qui nous concerne

9.3      Ce qui guide l’action de Moise

9.4      Appel aux promesses. Appel à se séparer pour l’Éternel

9.5      Suivre la pensée de Dieu et avoir Son approbation

9.6      Hors du camp. Amour vrai pour le peuple de Dieu

9.7      Réalité de l’humiliation

9.8      Tente d’assignation dressée hors du camp

9.9      Responsabilités en rapport avec la tente d’assignation

9.10    Obéissance de la foi

9.11    Résumé. Témoignage et communion

10      Le reniement de Pierre

10.1    Quand le Seigneur en a parlé

10.2    Qualités et défauts de Pierre

10.3    Avertissements donnés à l’avance à Pierre

10.4    Grâce du Seigneur qui prend Pierre à Gethsémané

10.5    Pierre interpellé à Gethsémané

10.6    Satan criblant Pierre, le Seigneur le sachant

10.7    Leçon apprise par Job

10.8    Le Seigneur priant à l’avance pour que la foi ne défaille pas

10.9    Promesse de restauration

10.10     Le reniement et les alertes intermédiaires

10.11     Encouragements pour ceux qui ont des proches qui sont tombés bas

10.12     Le bon Berger ramène la brebis égarée

 

 

 

1                    Abraham, éprouvé

ME 1954 p. 33-39, 57-65, 91-101

Si la Parole nous a conservé le récit des circonstances vécues par bien des hommes de Dieu, ce n’est pas seulement pour nous intéresser, c’est avant tout pour nous instruire, car « toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice... » (2 Tim. 3:16). Parmi tous ceux dont l’Ancien Testament nous retrace l’histoire, il n’en est guère dont la vie offre autant d’instruction que celle d’Abraham. Remarquons d’ailleurs qu’il est, avec Moïse et David, l’un des hommes de Dieu de l’Ancien Testament dont il est le plus fréquemment parlé dans le Nouveau. Ce détail suffirait à nous faire toucher du doigt l’intérêt particulier qu’il y a pour nous à méditer l’histoire du fils de Térakh. Il est vrai qu’elle l’a souvent été, et certainement toujours avec profit ; de nombreux écrits demeurent à notre disposition, aide précieuse pour ceux qui voudront reprendre la lecture attentive des chapitres 12 à 25 du livre de la Genèse. Nous ne saurions trop les y encourager.

Il n’est pas dans notre intention de considérer, dans le détail, toutes les étapes de la longue vie d’Abraham ; nous nous limiterons à quelques circonstances particulières, en rapport avec le sujet que nous nous proposons de méditer, sans perdre de vue pour autant que l’histoire d’Abraham illustre tout le déroulement de la vie d’un croyant.

Dans son Épître aux Romains, après avoir prouvé la culpabilité de l’homme et déclaré : « il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu », pour montrer comment Dieu a pu rétablir ses relations avec lui, relations interrompues par le péché, l’apôtre développe, jusqu’au chapitre 5 de cette épître, le sujet de la justification par la foi. Il commence ainsi : « étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le christ Jésus, lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause du support des péchés précédents dans la patience de Dieu, afin de montrer, dis-je, sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. 3:23 à 26). La justification par la foi n’était pas une doctrine nouvelle : l’apôtre va citer, dans le chapitre 4 de cette épître, deux exemples, celui d’Abraham et celui de David, particulièrement significatifs pour les Juifs puisque leur Messie leur est présenté comme « fils de David, fils d’Abraham » (Matt. 1:1), et il va montrer qu’Abraham et David ont été justifiés par la foi, non par les œuvres. Il met en évidence deux points très importants relativement à la justification : Abraham a été justifié parce qu’il a cru Dieu (Rom. 4:3), David, parce qu’il a « fait connaître son péché », comme nous l’enseigne le Psaume 32, dont l’apôtre cite ici (v. 7 et 8) les deux premiers versets. Un croyant est donc justifié quand il a cru Dieu et confessé son péché ; il devient ainsi un « bienheureux » et fait partie de la lignée d’Abraham, que l’apôtre appelle « le père de tous ceux qui croient » (Romains 4:11). De même, Paul écrit ailleurs : « Abraham a cru Dieu, et cela lui fut compté à justice. Sachez donc que ceux qui sont sur le principe de la foi, ceux-là sont fils d’Abraham » (Gal. 3:6 et 7). La foi d’Abraham s’appuyait sur la parole que Dieu lui avait dite, la nôtre est fondée sur l’œuvre accomplie à la croix ; cependant l’une aussi bien que l’autre assure une pleine justification, car toutes deux sont de même nature : « Or ce n’est pas pour lui seul (Abraham) qu’il a été écrit que cela lui a été compté, mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification. Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (Romains 4:23 à 5:1).

Des œuvres de loi ne pourront jamais permettre à un homme de mériter son salut; mais un croyant, justifié par la foi sans œuvres de loi, est exhorté à accomplir des œuvres pour témoigner de la réalité de sa foi. Pour présenter cet enseignement, dans le chapitre 2 de son épître, l’apôtre Jacques choisit, lui aussi, l’exemple d’Abraham. Abraham a cru Dieu lorsque, dans la scène rapportée en Genèse 15, une promesse lui a été faite et « cela lui fut compté à justice » ; quand Dieu lui demande ensuite d’offrir en sacrifice son fils Isaac, celui par le moyen duquel la promesse devait être accomplie, Abraham montre une entière confiance en Dieu et, par son œuvre, manifeste sa foi (Jacques 2:14 à 26).

L’exemple d’Abraham illustre donc ces deux enseignements fondamentaux : justification par la foi, sans œuvres de loi et, d’autre part, accomplissement par le croyant d’œuvres de foi, pour témoigner de la foi qu’il possède. Mais encore, tout au long de la vie de cet homme de Dieu, nous trouvons maintes circonstances pleines d’instructions pour nos âmes.

Abraham a été souvent mis à l’épreuve durant son long pèlerinage, d’abord par le moyen des circonstances, permises par Dieu ou envoyées par Lui (nous pouvons donc, dans ce sens, appeler ces épreuves des épreuves indirectes), ensuite, tout à la fin, par Dieu Lui-même, de manière directe. La méditation des chapitres 12 à 22 du livre de la Genèse nous montrera de quelle façon il a traversé ces diverses épreuves ; disons tout de suite qu’il y a eu chez lui, à côté de remarquables victoires de la foi, plusieurs défaillances ; sa vie, comme celle de tout croyant, a été marquée de hauts et de bas. Un seul a été constamment vainqueur dans le chemin de la foi, Celui sur lequel l’apôtre nous exhorte à fixer les yeux, « Jésus, le chef et le consommateur de la foi » (Hébr. 12:1 à 3). Si, à côté du seul et parfait Modèle, la Parole nous présente, pour nous instruire et nous encourager, des exemples d’hommes de foi, c’est afin que, retrouvant en eux, hommes « ayant les mêmes passions que nous » (Jacques 5:17), ce que nous sommes, avec toutes nos faiblesses, nous voyions comment Dieu opère, au travers de tout cela, de manière à produire quelques fruits à sa gloire.

Dieu nous met à l’épreuve de bien des manières. Ne pouvons-nous pas dire que toutes nos circonstances sont, en fait, de sa part, une mise à l’épreuve ? Sans doute, la mise à l’épreuve peut être plus ou moins marquée, elle n’en est pas moins toujours réelle, même dans des circonstances qui nous paraissent de peu d’importance, car c’est dans les moindres détails que se manifeste la fidélité, nous ne l’oublions que trop, hélas ! Si nous considérons le chemin que nous avons déjà parcouru, nous devons confesser qu’il y a eu, chez nous aussi, des hauts et des bas, et probablement plus de bas que de hauts, alors que Dieu voudrait que toutes nos circonstances soient le moyen de manifester que nous Le connaissons, que nous nous confions en Lui parce que nous L’aimons, qu’Il suffit à notre cœur en tous temps ! Puissions-nous donc trouver une grande instruction pratique en méditant ces quelques phases de la vie d’Abraham. Nos circonstances sont certainement bien différentes de celles du patriarche, mais que de principes importants nous pouvons dégager des récits que nous rapporte le livre de la Genèse, principes que nous sommes exhortés à mettre en application dans notre vie de chaque jour !

 

1.1   L’appel de Dieu

Abraham typifie le croyant, justifié sur le principe de la foi et responsable de montrer sa foi par des œuvres ; il présente aussi le côté de son élection et de son appel. Il a été appelé de Dieu à être, dans ce monde, un étranger céleste. Pour ce qui nous concerne, ces vérités sont développées dans l’Épître aux Éphésiens : l’élection (1:4), puis, la possession d’un héritage céleste dont nous avons déjà les arrhes, ayant cru à l’évangile (1:13 et 14). Actes 7:2 à 5 retrace, en quelques mots, l’appel adressé par « le Dieu de gloire » à Abraham, alors qu’il était encore en Mésopotamie, la halte faite à Charan d’où, après la mort de Térakh son père, Dieu le fit passer dans le pays de Canaan. Il était appelé à quitter son pays, sa parenté et la maison de son père (cf. Gen. 12:1), car dans aucune de ces trois sphères Dieu n’avait la place qui Lui était due. Abraham devait réaliser ce que nous lisons en Luc 14:26, choisir entre les liens naturels et l’appel divin. Or, les liens naturels sont si souvent une entrave quand il s’agit de répondre à l’appel de Dieu ! Et c’est bien ce qui arriva à Abram et le retint à Charan, jusqu’à ce que Dieu, retirant Térakh son père, brisât les liens qui l’avaient empêché d’avancer dans son voyage vers le pays de Canaan. Arrivé là, « il ne lui donna pas d’héritage dans ce pays, pas même où poser son pied, et il lui promit de le lui donner en possession, et à sa postérité après lui, alors qu’il n’avait point d’enfant » (Actes 7:5). Dans ce pays, qu’il possédera plus tard, il est un étranger, comme doit l’être le croyant dans ce monde aujourd’hui encore sous la puissance de Satan (dont le Cananéen était un type) (Gen. 12:7), mais sur lequel bientôt Christ exercera son autorité, nous associant alors à Lui dans son règne. La « tente » d’Abram marque sa position d’étranger dans le pays ; l’« autel », son caractère d’adorateur (vers. 7 et 8).

Nous avons là sans doute la première mise à l’épreuve d’Abram : l’Éternel l’a choisi et appelé à sortir d’Ur des Chaldéens pour aller en Canaan, « dans le pays que je te montrerai », lui dit-il, car il n’est pas question encore, pour lui, de le posséder (cf. Gen. 11:31 ; 12:1 et 7). Comment va-t-il répondre à cette mise à l’épreuve ? Il s’en alla, « comme l’Éternel lui avait dit » (vers. 4) et Hébreux 11:8 — qui passe sous silence la défaillance de Charan, comme d’ailleurs celles des divers hommes de foi dont il est question dans ce chapitre — nous montre comment il réalise, par la foi, ce que Dieu attendait de lui : « Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir pour héritage ; et il s’en alla, ne sachant où il allait. Par la foi, il demeura dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère, demeurant sous des tentes... ». Retenons ce premier enseignement: nous sommes exhortés à répondre, comme Abram l’avait fait, à l’appel céleste : « appelés par la gloire et par la vertu », « appelés d’un saint appel », nous avons à « marcher d’une manière digne de l’appel dont nous avons été appelés », réalisant que nous sommes « forains et étrangers » ici-bas (cf. 2 Pierre 1:3 ; 2 Tim. 1:9 ; Éph. 4:1 ; 1 Pierre 2:11). Si Abram, à cet égard, a répondu à ce que Dieu attendait de lui, humilions-nous de ce que nous avons autre chose que « la tente » qui devrait nous suffire, manifestant que nous ne sommes pas du monde comme aussi notre divin Modèle n’en était pas ! (cf. Jean 17:14 à 16).

 

1.2   La famine

Une circonstance survient cependant qui va montrer que, si le divin Modèle a été parfait en toutes choses, les hommes de foi qui nous sont proposés comme exemples ont tous eu leurs manquements : « et il y eut une famine dans le pays » (Gen. 12:10). C’est une deuxième mise à l’épreuve pour Abram. À considérer cet homme de Dieu, étranger céleste, n’ayant que sa tente et son autel, les apparences sont très belles ; qu’en est-il de la réalité ? Dieu, que les apparences ne peuvent jamais tromper, veut manifester le réel état du cœur. Comment Abram va-t-il se comporter dans ce pays, où il est étranger, où il n’a que sa tente et son autel, lorsque toutes les ressources viennent à y manquer ? Sa conduite dira si les apparences correspondent bien à la réalité. Sans doute Abram pouvait-il trouver surprenant de rencontrer une telle difficulté alors qu’il avait obéi et, en cela, manifesté sa foi ; il pouvait être amené à se demander s’il n’avait pas fait fausse route et peut-être l’ennemi le lui suggérait-il... Les difficultés et les exercices ne manquent pas dans le chemin de la foi et de l’obéissance ; c’est la discipline à laquelle le Père soumet ses enfants, pour leur profit et parce qu’Il les aime, discipline qui nous apprend à mieux nous connaître et ouvre nos yeux sur ce que nous ne verrions pas sans cela, afin que nous puissions le juger devant Dieu et, ainsi, « participer à sa sainteté ». Sujet de tristesse quand nous l’endurons, elle produit « le fruit paisible de la justice » lorsque sont manifestés les résultats que Dieu avait en vue en nous la dispensant (cf. Héb. 12:4 à 11). Cette discipline peut nous faire « perdre courage » : l’ennemi vient nous dire que si nous la rencontrons sur notre route, c’est parce que nous ne sommes pas dans le bon chemin, comme il le disait autrefois aux croyants hébreux auxquels l’apôtre adresse son Épître ; il lance « ses dards enflammés », que nous ne pourrons éteindre que grâce au « bouclier de la foi » (Éph. 6:16). Si nous n’avons pas revêtu « l’armure complète de Dieu », et « le bouclier de la foi » en particulier, nous serons en grand danger de nous laisser circonvenir par l’adversaire et, dans une circonstance du genre de celle dont il est question en Genèse 12:10, d’aller chercher secours et nourriture dans le monde, ce qui est la négation de notre position d’étrangers ici-bas.

À cette deuxième mise à l’épreuve, Abram faillit : « Abram descendit en Égypte pour y séjourner ». Descendre et séjourner dans le pays d’Égypte ! Dans le premier de ces deux mots, il y a certainement un sens moral : se rendre en Égypte, image du monde avec ses richesses et les ressources qu’il offre, c’était, pour le patriarche, abandonner le niveau où Dieu l’avait établi ; moralement, c’était « descendre ». Et Abram « descend » en Égypte « pour y séjourner », lui étranger céleste dans le pays de Canaan ! Sans doute, dans ces jours-là, lorsque survenait une famine en Canaan, était-il naturel de descendre en Égypte ; c’était même prudent. Abram suit le courant... Mis à l’épreuve par le moyen des circonstances que Dieu permet, il adopte la manière de faire du monde, les habitudes des gens du pays dans lequel il demeurait en étranger. En combien de circonstances l’avons-nous imité en cela, à notre propre honte !

Mais cependant, dira-t-on, Abram n’a-t-il pas prospéré en Égypte ? N’y eut-il pas « du menu bétail et du gros bétail, et des ânes, et des serviteurs et des servantes, et des ânesses, et des chameaux » ? N’était-il pas alors « très riche en troupeaux, en argent et en or » ? (cf. Gen. 12:16 ; 13:2). Certainement. Mais la prospérité matérielle n’est pas toujours le signe de la faveur de Dieu et l’indice d’une vraie prospérité spirituelle, c’en est même parfois tout l’opposé. Il eût mieux valu, pour Abram, connaître des jours de famine en Canaan que descendre en Égypte pour y séjourner et s’y enrichir ! Dans la disette, il aurait fait la précieuse expérience des soins et de la fidélité de Celui qui n’abandonne jamais les siens et n’exerce leur foi que pour répondre richement à son attente ; il aurait pu dire ce que David a exprimé plus tard, lorsqu’il a composé le Psaume 23. Tout au contraire, il se couvrit de confusion en Égypte, devant le Pharaon lui-même, qu’il avait trompé !

Un premier faux-pas en entraîne toujours un autre. Disons plutôt : bien d’autres ! Après avoir décidé de descendre en Égypte pour y séjourner, Abram pense déjà, en chemin, à la ruse qu’il emploiera au sujet de Saraï sa femme (cf. Gen. 12:11 à 13). Aller chercher du secours dans le monde, c’est s’exposer à se trouver placé sous son pouvoir, en butte à sa violence et à son avidité. N’est-il pas vrai que nous nous mettons parfois dans des conditions semblables, dans des positions où nous sommes conduits à ruser et à mentir pour essayer d’échapper à des dangers, certains ou simplement redoutés ; et cela, parce que nous avons quitté notre véritable position pour rechercher une amélioration de notre situation matérielle, pour aller quémander secours ou faveurs dans le monde, au lieu de compter, avec foi, sur Celui qui a fait des promesses et qui est fidèle et puissant pour les accomplir ?

Considérons l’homme parfait, mis à l’épreuve comme le fut jadis Abram. « Mené par l’Esprit dans le désert », il fut « tenté par le diable quarante jours. Et il ne mangea rien pendant ces jours-là ; et lorsqu’ils furent accomplis, il eut faim ». Le monde, domaine de Satan, offre ses ressources, comme l’Égypte offrait les siennes à Abram. Le diable tente l’homme parfait : « Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain » ; certes, Il est le Fils de Dieu, mais venu ici-bas comme homme, recommençant l’histoire de l’homme, aussi, Il ne quittera pas la position de dépendance et d’obéissance qu’Il a prise. Peut-être aurons-nous à souffrir si nous refusons ce que nous offre le monde ; Abram eût souffert s’il était demeuré en Canaan, pendant la famine, au lieu de descendre en Égypte ; Jésus « a souffert lui-même, étant tenté » (Hébr. 2:18) — « il eut faim » — mais Il a enduré la souffrance, la souffrance physique et à un plus haut degré encore la souffrance morale, plutôt que de quitter le chemin de la dépendance et de la foi. Lui, sort vainqueur de cette mise à l’épreuve : « Et Jésus lui répondit, disant : Il est écrit que « l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu » (Luc 4:1 à 4). Vivre « de toute parole de Dieu », quel contraste avec les richesses offertes par l’Égypte à Abram, avec tout ce que le monde peut nous donner !

Abram avait abandonné le sentier de la foi, aussi n’a-t-il fait aucun progrès en Égypte. Bien au contraire, sa conduite a été blâmée même par l’homme du monde et c’est le Pharaon qui le chasse du pays : « et maintenant, voici ta femme : prends-la, et va-t-en » (Gen. 12:18 à 20). Quelle honte pour l’homme de Dieu ! Quel déshonneur pour un croyant qui est allé chercher du secours dans le monde et qui, de faiblesse en faiblesse, allant jusqu’à une chute, en arrive à être repris même par des inconvertis ! Mais surtout, quel déshonneur pour le Seigneur !

C’est la grâce divine qui est intervenue en faveur d’Abram, bien que ce soit par le moyen du Pharaon le chassant d’Égypte. Si Dieu l’a permis ainsi, c’est sans doute pour parler plus fortement à la conscience d’Abram, pour mieux lui faire sentir jusqu’où il était « descendu ». Maintenant, le patriarche, ayant jugé sa faute, « monte d’Égypte ». Tandis qu’à la fin du chapitre 12, il est chassé par le Pharaon, au commencement du chapitre 13, c’est lui qui « monte » d’Égypte ; ce sont deux aspects différents, le fait qu’Abram « monte » impliquant le jugement de sa défaillance et un progrès moral certain. Un chemin qui monte est généralement un chemin pénible et douloureux ; sans aucun doute l’était-il pour Abram, après les humiliantes expériences faites en Égypte. Mais, après l’avoir retiré d’Égypte, la grâce de Dieu le ramène en Canaan, « au lieu où était sa tente au commencement, ...au lieu où était l’autel qu’il y avait fait auparavant ». Abram retrouve ainsi sa position initiale, sa « tente » et son « autel », son véritable caractère d’étranger et d’adorateur dans le pays de la promesse, il retrouve la communion avec l’Éternel, communion dont il ne pouvait pas jouir en Égypte, où il n’avait pas d’autel : « et Abram invoqua là le nom de l’Éternel » (Gen. 13:1 à 4). Merveilleuse grâce que celle de notre Dieu, qui cherche celui qui s’est égaré et le ramène, qui restaure celui qui est tombé et lui accorde à nouveau les joies de la communion !

 

1.3   Querelles de bergers

Dieu va maintenant se servir d’une autre circonstance pour mettre Abram à l’épreuve : une « querelle entre les bergers des troupeaux d’Abram et les bergers des troupeaux de Lot » sera le moyen qu’Il emploiera pour manifester, tout à la fois, l’état du cœur d’Abram et celui de Lot. Cette querelle ne produisit pas plus le désir d’acquérir des richesses chez Lot que la dépendance et la foi chez Abram, elle ne fit que les mettre en lumière. Querelles et divisions sont toujours fort humiliantes pour nous, mais Dieu s’en sert pour révéler l’état des cœurs ; elles deviennent souvent la cause de bien des misères, elles ne sont jamais cependant qu’une cause seconde. D’ailleurs remarquons qu’ici, il n’y a pas la moindre querelle entre Abram et Lot, eux-mêmes (Gen. 13:8 et 9), c’était entre les bergers de l’un et de l’autre qu’une dispute était survenue. Comme il est vrai que Dieu se sert de toutes nos circonstances pour nous mettre à l’épreuve et manifester l’état de nos cœurs, même de circonstances qui ne nous atteignent pas directement, mais concernent des personnes qui nous touchent de plus ou moins près !

Lot lève les yeux, voit la riche plaine du Jourdain et, sans aucune hésitation, sans avoir recherché les directions d’en-haut, sans même avoir pensé, peut-être, que ces directions fussent nécessaires, il choisit ! N’accablons pas « le juste Lot » (2 Pierre 2:7), nous avons si souvent agi comme lui... S’il n’hésite pas un instant dans le choix qu’il fait, par contre, quelles hésitations seront les siennes, plus tard, lorsqu’il faudra quitter Sodome, la ville sur laquelle le jugement va fondre et de laquelle l’Éternel veut, au préalable, le retirer ! (cf. Gen. 19).

Abram, lui, ne choisit rien. Il ne revendique aucun des droits que lui donnait son âge, il ne fait pas valoir sa position par rapport à son neveu, il prendra ce que Lot lui laissera... Que Lot s’empare de la partie la plus riche du pays, qu’importe ! Abram a appris une leçon au cours de sa dernière mise à l’épreuve, il a compris qu’il n’y avait aucune commune mesure entre les richesses acquises en Égypte et tout ce qu’il y avait perdu spirituellement. N’est-il pas vrai que si nous sommes lents à apprendre les leçons que notre Dieu veut nous enseigner, par contre, nous avons vite fait de les oublier ? Qu’une fois de plus nous soyons mis à l’épreuve et nous nous comportons comme si nous n’avions déjà fait aucune expérience ! Imitons l’exemple d’Abram qui, remonté d’Égypte, a retenu l’humiliante leçon qu’il y avait apprise ! Mis à l’épreuve par cette querelle de bergers, il comprend aussitôt ce que Dieu attendait de lui: Dieu lui suffisait-il, ou bien la prospérité matérielle avait-elle plus de prix à ses yeux ? Telle était la question à laquelle, par ses actes, il avait à répondre. N’avons-nous pas été mis à l’épreuve, à cet égard, bien des fois peut-être ? Comment y avons-nous répondu, non pas des lèvres mais par notre manière de faire ? Qu’avons-nous montré, que nous « cherchions », « le royaume de Dieu et sa justice », ou la prospérité matérielle ? Nous ne pourrons pas prospérer spirituellement si nous faisons notre objet de la « recherche » des biens matériels. Cette mise à l’épreuve est pour chacun de nous, quels que soient notre âge, notre situation ou nos besoins, mais elle est souvent, plus particulièrement au début de la vie, le moyen de manifester ce que désire, au fond de son cœur, un jeune croyant. Certes, il est normal et compréhensible qu’un jeune homme ou une jeune fille, croyants, essaient d’obtenir la situation qui leur assurera les conditions de vie les plus faciles ; mais peut-on espérer prospérer, dans ce monde, quelle que soit la voie choisie (pensons à Lot !), dans l’indépendance de Dieu ? Ce serait folie que de le croire ! Ce que Dieu nous demande, c’est de « chercher premièrement » son « royaume », ce royaume dont Romains 14:17, 18 définit les caractères. Il nous assure ensuite : « toutes ces choses vous seront données par-dessus », c’est-à-dire la nourriture et le vêtement, en d’autres termes : les biens matériels nécessaires à la vie dans ce monde (cf. Matt. 6:24 à 34). Nous désirerions encourager la jeunesse chrétienne, déjà aux prises avec les difficultés de la vie, à retenir l’exhortation et la promesse de Matthieu 6:33. Il est bien vrai que « nul ne peut servir deux maîtres », c’est une impossibilité absolue, soulignée par le Seigneur Lui-même, qui ajoute : « car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre : vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ». S’attacher aux richesses matérielles, faire de leur « recherche » le but de sa vie, c’est en devenir l’esclave et, en fait, « mépriser » Dieu, c’est-à-dire : n’attacher aucun prix au privilège si élevé que possède le croyant de Le connaître et de pouvoir Le servir et, par suite, ne pas Lui donner, dans sa vie, la place qui Lui est due.

L’attitude d’Abram, à la suite de la querelle de ses bergers avec ceux de Lot, manifeste l’état de son cœur : il s’attendait à l’Éternel pour recevoir, de Lui, ce qu’Il trouverait bon de lui donner. Comme David le dira plus tard — et comme seul le parfait Modèle a pu le dire, le réalisant pleinement — Abram aurait pu, lui aussi, s’exprimer ainsi : « Les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées... (ce fut bien le cas de Lot — cf. Gen. 14 et 19) ...L’Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe ; tu maintiens mon lot. Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ; oui, un bel héritage m’est échu » (Ps. 16:4 à 6). À l’invitation de l’Éternel, il lève les yeux, contemple le pays de la promesse, dans lequel il pourra se promener « en long et en large », puis, venu habiter « auprès des chênes de Mamré », « il bâtit là un autel à l’Éternel ». Bienheureux Abram ! Il goûte en paix, dans la communion avec Dieu inséparable de l’esprit d’adoration, la récompense accordée à la foi !

 

1.4   Bataille de rois

L’homme céleste, étranger dans le pays, demeurant dans la communion avec Dieu « auprès des chênes de Mamré », est gardé par Celui en qui il a mis sa confiance (comp. Ps. 16:1 et 4 à 6). Que surviennent des conflits entre rois, il peut bien s’en affliger mais il est en dehors de la lutte ! Le croyant n’a pas à s’occuper des batailles des rois de ce monde, ce n’est pas son affaire ; et si, comme Abram, il réalise sa véritable position, Dieu est puissant pour le tenir à l’abri du danger. Il en est tout autrement pour le croyant mondain, ou simplement terrestre. De par son habitation dans les villes de la plaine — il avait « dressé ses tentes jusqu’à Sodome » (Gen. 13:12) — Lot se trouvait, bien malgré lui sans doute, mêlé aux combats ! Si les conflits de ce monde nous touchent parfois de très près, si nous avons à en souffrir dans nos personnes ou dans nos biens, demandons-nous si ce ne serait pas parce que nous ressemblons beaucoup plus à Lot qu’à Abram. Qu’avons-nous « cherché » ? Lot avait « choisi » toute la plaine du Jourdain, il y a « trouvé » la perte de ses biens et la captivité : « car Lot habitait dans Sodome » (Gen. 14:12).

Il y avait là une discipline de Dieu vis-à-vis de Lot : Celui qui aimait « le juste Lot » eût voulu le retirer de Sodome. Hélas ! elle a été sans fruit à cet égard, Lot est retourné à Sodome et le chapitre 19 nous dit comment Dieu a dû agir pour l’en délivrer, au moment où le jugement allait fondre sur la ville coupable. Quel enseignement et quel avertissement pour nous ! — Il y avait également une mise à l’épreuve pour Abram. Va-t-il raisonner ainsi : Lot a choisi la plaine du Jourdain, il récolte maintenant ce qu’il a semé ! Je ne puis que me louer d’avoir écouté l’Éternel et d’être aujourd’hui à l’abri… ? C’eût été manquer d’amour. « Son frère » avait été emmené captif, aussitôt ses affections s’émeuvent et « il met en campagne ses hommes exercés, trois cent dix-huit hommes... » Qu’étaient ces trois cent dix-huit hommes en présence des armées de quatre rois alliés, ayant déjà remporté la victoire sur celles des cinq rois ennemis ? Aux yeux des hommes, c’était folie que d’engager ce combat par trop inégal. Mais la foi d’Abram compte sur Dieu, assuré que son attente ne sera pas déçue ; il sait que la puissance divine est infinie, combien plus grande que celle des hommes ! « Et il ramena tout le bien, et ramena aussi Lot, son frère, et son bien... » (Gen. 14:1 à 16). Mise à l’épreuve à nouveau, la foi d’Abram a triomphé encore !

 

1.5   Offres du roi de Sodome

C’est alors que le roi de Sodome se présente à Abram : « le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Shavé... » Il a un marché à proposer, une offre à faire au patriarche. Mais, avant qu’il ne s’adresse à lui, l’Éternel vient, en la personne de Melchisédec, apporter à son serviteur la nourriture et la joie, symbolisées par « du pain et du vin ». Dieu sait ce que nous sommes, « de quoi nous sommes formés » (Ps. 103:13 et 14), et tandis qu’Il nous fait passer d’épreuve en épreuve, Il fortifie notre foi, Il nous donne la nourriture dont nous avons besoin et réjouit nos cœurs d’une joie que le monde ne peut pas donner. Mais encore, Melchisédec apporte à Abram la bénédiction du « Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre ! » Et il bénit ce Dieu puissant qui a donné la victoire à Abram. « Et Abram lui donna la dîme de tout » (Gen. 14:17 à 20 - cf. Hébr. 7:1 à 10).

Abram est ainsi préparé par Dieu pour le nouveau combat qu’il va avoir à livrer, combien plus dangereux que le précédent ! L’ennemi emploie mille ruses pour essayer de faire broncher un croyant fidèle... « Et le roi de Sodome dit à Abram : Donne-moi les personnes, et prends les biens pour toi ». Mis à l’épreuve par l’offre du roi de Sodome, Abram va manifester ce qu’il y a dans son cœur : béni comme il vient de l’être par Melchisédec, de la part du « Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre », a-t-il besoin de ce que le roi de Sodome vient lui proposer ? Aussi, avec une sainte énergie, il refuse tout. Il ne prendra « quoi que ce soit » ; pourrait-il être dit que le roi de Sodome a « enrichi Abram » ?

Enrichi par le roi de Sodome, Abram aurait montré que Dieu n’était pas son tout et il eût été, dans une certaine mesure, sous l’autorité de celui de qui il avait reçu quelque chose, son obligé en tout cas. Nous suffit-il d’être « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ », selon l’expression de Éph. 1:3, et d’avoir le puissant secours de la sacrificature de Christ, vrai Melchisédec, qui se plaît à nous apporter nourriture et joie ? Rechercher les biens, les faveurs ou les honneurs que les hommes nous proposent, n’est-ce pas accepter les biens du roi de Sodome ? Même « un fil » ou « une courroie de sandale » suffiront à nous placer dans une fausse position ! Quand Dieu nous met à l’épreuve sur ce point, comment nous comportons-nous ? Puissions-nous imiter l’exemple du croyant Abram !

Cette mise à l’épreuve d’Abram correspond à la deuxième tentation du Seigneur, en Luc 4 (v. 5 à 8). Dans cette deuxième tentation, il ne s’agit pas, comme dans la première, des besoins de l’homme céleste traversant ce monde, mais des droits qu’il aura à y exercer dans un jour à venir. Le monde n’est pas envisagé comme lors de la première tentation, c’est-à-dire comme un désert, il est vu comme un héritage (cf. Ps. 2:8). Actuellement, l’héritage est entre les mains de l’usurpateur, car il est un usurpateur bien qu’il dise: « elle m’a été donnée », en parlant de « la gloire de ces royaumes ». Pour le croyant, c’est un temps d’attente. En vertu de l’œuvre accomplie à la croix, le fils de l’homme a recouvré ses droits à l’héritage et bientôt Il les exercera ; mais Satan, désirant conserver sa suprématie sur le monde dont il est présentement « le chef », cherche à introduire la gloire royale sans la croix (comme il eût voulu empêcher l’accomplissement de cette œuvre !) et en réclamant l’hommage du roi ! L’homme parfait rejette la tentation. Il refuse de recevoir quoi que ce soit de Satan, comme Abram du roi de Sodome : « Je te donnerai toute cette autorité et la gloire de ces royaumes », avait dit le diable ; « prends les biens pour toi », avait proposé le roi de Sodome : même tentation, venant au fond du même tentateur ! L’homme de foi remporte la victoire, Abram en son temps, « le chef et le consommateur de la foi » aux jours de sa chair !

Quel exemple et quel Modèle pour nous !

« Après ces choses », Abram entend « la parole de l’Éternel » : « Abram, ne crains point ; moi, je suis ton bouclier et ta très grande récompense » (Gen. 15:1). Abram aurait-il pu craindre les rois qui avaient emmené captif « Lot, son frère », du moment que l’Éternel était « son bouclier » ? Aurait-il pu désirer recevoir quoi que ce soit du roi de Sodome, alors que l’Éternel était « sa très-grande récompense » ?

 

1.6   Le conseil de Saraï

Mis à l’épreuve dans les différentes circonstances dont nous parlent les chap. 13 et 14, Abram a pleinement répondu à la pensée de Dieu. Mais il y a des défaillances dans la vie du plus fidèle des croyants et le chapitre 16 va nous montrer Abram écoutant la voix de Saraï et manifestant l’impatience du cœur naturel. Une promesse lui avait été faite et, sans doute, il avait cru Dieu (15:4 à 6), mais entre le moment où la promesse était faite et celui où elle serait réalisée, s’écoulait un temps durant lequel la foi d’Abram était mise à l’épreuve, tout comme sa patience. Et Abram a manqué de patience !

Il est bien vrai que nous manquons de foi, mais sans doute plus encore de patience que de foi ! Dans tant de circonstances de notre vie nous réalisons que notre foi est faible et le Seigneur pourrait bien nous dire, à nous aussi : « Pourquoi êtes-vous craintifs, gens de petite foi ? » (Matthieu 8:26) ; cependant, quelque faible qu’elle soit, notre foi est, la plupart du temps, réelle : au fond, nous ne doutons pas que le Seigneur accomplira ses promesses. Ce qui nous fait surtout défaut, c’est la patience : nous voudrions avoir aussitôt ce que le Seigneur trouve bon de nous donner plus tard seulement. Aussi, l’histoire d’Abram, à cette période de sa vie, est-elle tout particulièrement instructive pour nous. Il a cru Dieu et cela lui a été compté à justice ; un héritier lui est promis, sa semence sera comme les étoiles des cieux ; mais l’accomplissement de cette promesse tarde, Abram n’a pas d’enfant ! Son impatience se manifeste alors et, sur le conseil de Saraï sa femme, il va vers Agar, la servante égyptienne. Un fils naîtra, Ismaël, mais ce n’est pas par lui que la promesse sera accomplie: Bien au contraire, ce fils, né de la servante, sera une épine dans la maison et les affections d’Abram : non seulement Saraï est méprisée par Agar, mais encore elle est pleine d’amertume à l’égard d’Abram ; et, plus tard, Ismaël se moquera d’Isaac et Abraham devra chasser « la servante et son fils » (Gen. 16:4 et 5 ; 21:9 à 11). Même si nous ne doutons pas que Dieu accomplira ses promesses, l’impatience de la chair pour hâter cet accomplissement nous procurera peines et douleurs !

Dans l’épître aux Hébreux, où, comme nous l’avons déjà remarqué, il n’est pas question des manquements des hommes de foi, cette défaillance d’Abram est passée sous silence. Au contraire, il nous est présenté comme exemple lorsque nous sommes exhortés à être des « imitateurs de ceux qui, par la foi et par la patience, héritent ce qui avait été promis ». Et quand il nous est dit qu’Abraham « obtint ce qui avait été promis », ce n’est pas à sa foi qu’il est fait allusion mais à sa patience : « Abraham, ayant eu patience, obtint ce qui avait été promis » (Hébr. 6:12 à 15). Cet enseignement appuie ce que nous avons dit plus haut à propos de la foi et de la patience.

Notre cœur naturel n’aime pas la patience, aussi l’épreuve est-elle envoyée par Dieu pour briser notre propre volonté, cette volonté du cœur naturel qui nous conduit à agir pour hâter la délivrance, l’accomplissement des promesses. C’est ainsi que « la tribulation produit la patience », que « l’épreuve de votre foi produit la patience » ; et l’apôtre Jacques écrit encore : « Voici nous disons bienheureux ceux qui endurent l’épreuve avec patience. Vous avez ouï parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (Rom. 5:3 - Jacques 1:3 ; 5:7 à 11). Si l’apôtre présente aux croyants hébreux l’exemple d’Abraham qui « ayant eu patience, obtint ce qui avait été promis », c’était pour les encourager à imiter « ceux qui, par la foi et par la patience, héritent ce qui avait été promis », c’était parce qu’ils avaient « besoin de patience, afin que, ayant fait la volonté de Dieu, ils reçoivent les choses promises » (Hébr. 6:12 à 15 ; 10:36). Dans les jours de la grande tribulation, les saints seront encouragés à attendre avec confiance et avec patience le moment de la délivrance : « C’est ici la patience et la foi des saints » (Apoc. 13:10 ; cf. 14:12): Ce n’est pas seulement pour eux que cela est écrit, il y a aussi un enseignement pour nous.

Manquer de patience dans l’exercice de la foi nous conduira toujours à d’humiliantes expériences. Ce sont celles qu’Abram a dû faire après la naissance d’Ismaël. Lorsque l’Éternel lui annonce que c’est de Sara qu’il aura un fils, Isaac, celui par le moyen duquel les promesses seront accomplies, quelle angoisse il éprouve au sujet du fils d’Agar, exprimée par ce cri : « Oh, qu’Ismaël vive devant toi ! » (Gen. 17:15 à 22).

 

1.7   Abraham chez Abimélec, roi de Guérar

Nous ne dirons rien du chapitre 18, où Abraham est mis à l’épreuve : jusqu’où ira son intercession en faveur des villes sur lesquelles le jugement va être exécuté ? — ni du chap. 19, qui termine l’histoire de Lot, et nous en arrivons au chapitre 20, où nous voyons Abraham séjournant à Guérar. Mis à l’épreuve comme il l’avait été jadis en Égypte, Abraham bronche de la même manière ! Là encore quel enseignement et quel avertissement pour nous ! Il est bien vrai que nous oublions rapidement les leçons si lentement apprises. Quelle humiliation, pourtant, quelle confusion avaient été celles d’Abraham devant le Pharaon ! Tout cela, retenu un moment (cf. Gen. 13), était maintenant perdu de vue et Abraham se comporte à Guérar tout comme en Égypte. La chair ne change jamais et ne s’améliore jamais, elle est la même à Guérar et en Égypte.

 

1.8   « Chasse cette servante et son fils »

Au chapitre 21, c’est la naissance d’Isaac. Dieu accomplit sa promesse, « comme il en avait parlé » et « au temps fixé » (v. 1 et 2). Comme ces expressions font ressortir la défaillance d’Abraham au chapitre 16, son manque de patience ! « Comme il en avait parlé » : la foi peut toujours compter sur Lui, car ce qu’Il a dit, Il l’accomplit certainement. Une chose dite par Lui est, pour la foi, une chose faite. « Au temps fixé » : précieux encouragement à la patience ! Il y a un moment choisi par Lui, où Il réalise ce qu’Il a dit. — Sans doute, avec Sara et Agar, Isaac et Ismaël, nous avons les deux alliances, les deux natures, et Galates 4 nous donne bien des enseignements à ce sujet, mais c’est à un autre point de vue que nous considérons ces récits.

Ismaël peut-il rester dans la maison d’Abraham, alors qu’Isaac est né, l’enfant qui rappellera sans cesse à Abraham l’impatience de son cœur naturel, en présence de celui que Dieu lui a donné « comme il en avait parlé » et « au temps fixé » ?

C’est une nouvelle mise à l’épreuve pour Abraham. Sara, qui l’avait jadis envoyé vers la servante égyptienne, lui dit maintenant : « Chasse cette servante et son fils ». Qu’est-ce qu’Abraham va faire ? Que va-t-il choisir, entre ce qu’il a obtenu selon les pensées de son propre cœur et ce que Dieu lui a donné selon ses promesses ? S’il lui en coûte de prendre la décision qui cependant s’impose à lui, c’est parce qu’elle comporte le renvoi de la servante et de son fils, ce fils qui est aussi le sien ! De toutes les mises à l’épreuve qu’Abraham a dû connaître jusqu’à présent, celle-là est sans doute la plus douloureuse car elle met en jeu les affections de son cœur de père : « Et cela fut très mauvais aux yeux d’Abraham, à cause de son fils ». Pourtant, Dieu lui parle, l’encourage, de telle sorte que, de cette épreuve, il sort vainqueur ! Notre cœur souffre quand il s’agit de rompre avec ce qui est « selon la chair », mais lorsque nous avons compris que la chair n’a aucune place devant Dieu, mis à l’épreuve, nous pouvons triompher.

 

1.9   Sacrifice d’Isaac

Toutes les épreuves traversées jusqu’ici par Abraham sont des épreuves que nous pouvons appeler « indirectes » : sans doute, c’est Dieu qui le met à l’épreuve mais, en fait, c’est parce qu’il se trouve placé dans telle ou telle circonstance. La circonstance, permise par Dieu, constitue le moyen de manifester l’état du cœur du patriarche. C’est la famine survenue en Canaan, ou la querelle des bergers de Lot et d’Abram, ou encore la bataille des rois, ou bien les offres du roi de Sodome, c’est le conseil de Saraï, le séjour à Guérar, l’invitation de Sara à chasser Agar et son fils. Soulignons la gradation qu’il semble y avoir dans les différentes mises à l’épreuve d’Abraham : les premières ont trait aux richesses matérielles (Gen. 12 à 14), les suivantes, à l’accomplissement de la promesse, au renvoi d’Ismaël et enfin, au sacrifice d’Isaac.

Cette dernière épreuve est la plus douloureuse de toutes. C’est une épreuve « directe », en ce sens qu’elle vient directement de Dieu ; c’est la seule à propos de laquelle il nous est dit : « Et il arriva, après ces choses, que Dieu éprouva Abraham » (Gen. 22:1). « Après ces choses » : toutes les épreuves précédentes ont été, en quelque sorte, préparatoires et, en particulier, Abraham ayant été manifesté fidèle lorsqu’il s’est agi de chasser Agar et Ismaël, de se séparer de ce qui typifie la chair, Dieu peut éprouver l’homme de foi afin de mettre en lumière les caractères du nouvel homme. C’est « l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt... » (1 Pierre 1:7). Combien la foi d’Abraham va briller sur la montagne de Morija ! « Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac », une foi vivante, manifestée par des œuvres : « ...la foi, si elle n’a pas d’œuvres, est morte par elle-même... Abraham, notre père, n’a-t-il pas été justifié par des œuvres, quand il a eu offert son fils Isaac sur l’autel ? ...par les œuvres la foi fut rendue parfaite. Et l’écriture a été accomplie qui dit : Et Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice ; et il a été appelé ami de Dieu » (Hébr. 11:17 à 19 -Jacques 2:17 à 24).

Il est bien remarquable que, dans les deux épreuves dont nous venons de parler, Abraham est atteint dans les affections de son cœur paternel : il doit, d’abord, chasser son fils Ismaël ; ensuite, offrir en holocauste son fils Isaac. Cette dernière mise à l’épreuve était plus douloureuse encore que la précédente : d’une part, il fallait mettre à mort son fils, et non pas seulement le chasser ; d’autre part, c’était d’Isaac qu’il s’agissait, le fils de la promesse, et non plus d’Ismaël, né de la servante égyptienne ! Mais, quoi qu’il pût lui en coûter, Abraham n’a aucune hésitation ; nous ne lisons pas ici que « cela fut très mauvais » à ses yeux (cf. 21:11). La foi ne raisonne pas, elle se hâte d’obéir et cette obéissance va ici, en figure, jusqu’à la mort, ainsi qu’Hébreux 11 et Jacques 2 nous l’enseignent. Abraham aimait Dieu plus que tout ce qu’il avait au monde et il l’a prouvé par des actes, ne refusant pas son fils, celui qu’il aimait, Isaac. Mis à l’épreuve, le cœur d’Abraham a été manifesté et cela, à la gloire de Celui dans lequel il avait mis sa confiance !

Dieu ne nous demande sans doute pas aujourd’hui un sacrifice semblable à celui qu’il demandait à Abraham. Mais que de circonstances Il nous fait traverser qui sont autant de mises à l’épreuve destinées à manifester l’état de nos cœurs ! Puissions-nous demeurer toujours dans une condition telle que, chaque fois, le résultat de l’épreuve soit à la gloire de Dieu !

 

 

2                    « Celui qui vous appelle est fidèle... » 1 Thes. 5:24

ME 1952 p. 3-7

2.1   Des deuils. Ézéchiel 24:15-27

L’année 1951 a été marquée, entre diverses circonstances douloureuses, par des deuils survenus dans des conditions qui ont ajouté à notre tristesse. Dieu a trouvé bon de retirer, de façon subite et que nous estimerions prématurée — mais nous savons que toutes ses voies sont sagesse —des frères dont le service nous paraissait encore nécessaire. Si nous pensons avec beaucoup de sympathie à la perte faite par leurs familles, au grand vide que ces départs y ont laissé, nous avons devant nous, également, l’épreuve de l’Assemblée.

Pour parler au peuple, l’Éternel reprenait à Ézéchiel sa femme, « le désir de ses yeux » (Ézéch. 24:15 et suivants). N’est-ce pas pour parler à son Assemblée que le Seigneur nous a éprouvés de tant de manières ? Aussi, nous convient-il de nous arrêter à cette étape du chemin et d’écouter ce que Dieu veut nous dire par le moyen de ces deuils et des exercices qu’Il a jugé bon de nous dispenser.

 

2.2   Deut. 8:3-6. Manifestation de l’état du cœur

Au moment où il allait achever son voyage dans le désert et entrer dans le pays de la promesse, le peuple d’Israël a été exhorté par Moïse à se souvenir « de tout le chemin » par lequel Dieu l’avait fait marcher ces quarante ans, afin de l’humilier et de l’éprouver, «pour connaître ce qui était dans son cœur » (Deut. 8). Nous pouvons en faire une application à ce qui nous concerne aujourd’hui. Quel est l’état de nos cœurs ? Ce sont les épreuves du désert qui le manifestent.

Moïse déclare ensuite au peuple : « Et il t’a humilié, et t’a fait avoir faim... ». Comme Israël autrefois, nous avons la nourriture du désert, la manne, c’est-à-dire Christ, le pain de vie. Mais ne serions-nous pas tentés de dire, nous aussi : « il n’y a pas de pain, et il n’y a pas d’eau, et notre âme est dégoûtée de ce pain misérable » ? (Nomb. 21:5). Pour apprécier une nourriture, il faut avoir faim ; c’est pourquoi, dans sa fidélité, notre Dieu nous « fait avoir faim » : Il nous humilie et nous éprouve par tant de circonstances douloureuses, s’occupant ainsi de nous afin que nos âmes « aient faim » de Christ, pain de vie, nourriture du désert. « Celui qui nous appelle est fidèle » pour opérer une telle œuvre en nous !

 

2.3   Qu’est-ce que manifeste notre marche et notre témoignage ?

« C’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil » (Rom. 13:11). Considérons notre marche individuelle et notre témoignage collectif, notre vie et la vie de l’Assemblée. Cela nous amène-t-il à penser que nous vivons pour le Seigneur et pour la gloire de Dieu ou, au contraire, surtout pour nous-mêmes, alors que, cependant, nous connaissons bien 2 Cor. 5:14, 15 ? — Au lieu de livrer les combats de Canaan, le véritable combat chrétien, n’en restons-nous pas à ceux du désert, dans lesquels d’ailleurs nous sommes souvent défaits parce qu’au lieu de manifester, dans la puissance de l’Esprit, la vie de Christ qui est en nous, nous agissons tant de fois selon les impulsions de la chair, perdant de vue les enseignements, qui nous sont si familiers pourtant, de Galates 5:13 à 26 ? — Et encore, pour ce qui concerne nos rapports dans la vie de l’assemblée, combien souvent nous avons « oublié » Éph. 4:1 à 3, que nous citerions cependant sans aucune défaillance de mémoire !

Résumons ces questions d’un mot : la Parole a-t-elle quelque autorité sur nos cœurs et nos consciences, afin de nous rendre capables d’y conformer nos voies ?

 

2.4   Le Seigneur discipline pour notre profit

Nous ne voudrions cependant pas qu’à sa venue, le Seigneur nous trouve dans le bas état où nous sommes. Aussi pouvons-nous être reconnaissants de tout le travail qu’Il fait en nous, dans sa fidélité et sa miséricorde ! Il réveille nos affections pour sa personne et nous prépare pour le moment où Il nous ravira, tous ensemble, à sa rencontre en l’air. Il s’occupe de son Assemblée : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime » (Apoc. 3:19). Si nous n’écoutons pas sa voix, les répréhensions qu’Il nous fait entendre, Il est amené à nous frapper, mais c’est dans son amour qu’Il le fait : Il châtie « tous ceux qu’Il aime ».

Le sarment que le cultivateur nettoie est l’objet d’un travail douloureux, mais nécessaire, « afin qu’il porte plus de fruit » (Jean 15:2). Si nous sommes les objets de la discipline du Père, c’est en vue de la manifestation de la vie divine qui est en nous et que nous sommes responsables de montrer, ce qui est, à proprement parler, « porter du fruit » ; c’est, en d’autres termes, « afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12:10). Ne méprisons pas cette discipline ! Ne perdons pas courage non plus car, d’une part, elle est « pour notre profit » et, d’autre part, elle est la preuve que nous sommes aimés du Seigneur : « celui que le Seigneur aime, il le discipline ». Soyons exercés par elle ! Pour le présent, ce n’est pas « un sujet de joie, mais de tristesse » ; plus tard, le fruit sera produit (Héb. 12:5 à 11) et le Père sera ainsi glorifié, selon ce que le Seigneur lui-même a dit : « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ; et vous serez mes disciples » (Jean 15:8).

Nous sommes en chemin vers la maison du Père et près d’y arriver. Si le chemin qui y conduit est difficile, c’est parce que Dieu nous prépare et nous forme pour le ciel ; la vallée de Baca, par laquelle il passe, est la vallée des larmes, non pas seulement la vallée de l’épreuve, car nous pourrions être plus ou moins insensibles aux circonstances extérieures et la discipline pourrait nous laisser à peu près indifférents ou même endurcis. Il faut que les circonstances que Dieu nous envoie, douloureuses, humiliantes parfois, soient un sujet d’exercices pour nous et produisent ce jugement de nous-mêmes qui nous conduira à la repentance — repentance à laquelle Dieu nous exhorte et qui se traduit par les larmes (Apoc. 3:19).

Dieu veuille que, dans ces jours d’épreuves multipliées, nous soyons amenés jusque-là ! Au sein même de la vallée de Baca, nous ferons alors une fontaine. La fontaine, jouissance toute nouvelle de la personne de Celui qui nous aime et de notre relation avec Lui, source de rafraîchissement au milieu de la plus sombre vallée, c’est le fruit béni de l’épreuve et c’est le croyant lui-même qui la « fait » !

 

2.5   Ni résignation ni stagnation. Prendre courage

Nous sommes, parfois, plus ou moins résignés à ne faire aucun progrès dans la vie chrétienne et, peut-être aussi, sommes-nous découragés en considérant notre état. Prenons courage, Dieu est plus fort que nous et Il nous aime ! Il veut, peu à peu, dans le chemin qui conduit à la maison, nous dépouiller de nous-mêmes afin de nous amener, un peu mieux chaque jour, à vivre Christ. C’est en Lui seul qu’est la source de la force et, dit le Psalmiste : « Bienheureux l’homme dont la force est en toi ». C’est sur ce bienheureux qu’est répandue la pluie de bénédictions !

Quand nous atteindrons le terme du voyage, ce dépouillement de nous-mêmes sera complet et nous pourrons dire, en vérité, nos cœurs n’étant occupés que de Christ : « Vois, ô Dieu ! et regarde la face de ton oint » (Ps. 84).

 

2.6   Sanctifiés entièrement

Le souhait de l’apôtre est celui par lequel nous voulons terminer : « Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre seigneur Jésus Christ » (1 Thess. 5:23). Le but de la discipline est de nous séparer entièrement d’un monde duquel nous ne sommes pas et de nous attacher à Christ afin que, suivant ses traces, nous puissions refléter quelque chose de ses caractères. Dieu « nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12:10). Il veut nous sanctifier « entièrement », en tous points, esprit, âme et corps. Travail dont la réalisation ne nous paraît pas possible tellement nous vivons peu le christianisme, mais que Dieu opère, dans la vallée de Baca ! Nous sommes infidèles, mais « Celui qui nous appelle est fidèle ». Il est fidèle à Lui-même, à sa propre gloire qu’Il veut manifester dans les siens ! La fidélité dont il est question dans ce passage, c’est celle qu’Il déploiera jusqu’au bout dans le travail de sanctification qu’Il accomplit en ceux qui lui appartiennent.

Ayons donc confiance malgré tout, malgré notre extrême faiblesse et tout ce qui serait de nature à nous décourager dans le chemin. Le Dieu de paix Lui-même nous sanctifiera entièrement ! Il est fidèle, Il le fera !

 

 

3                    « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur... » (Ps. 139:23, 24)

ME 1953 p. 57-61

3.1   Importance d’examiner son propre cœur

Dieu a une parfaite connaissance, non seulement de ce que nous faisons ou disons, mais encore de nos pensées les plus secrètes. Il discerne tout ce qu’il y a dans nos cœurs alors que, la plupart du temps, nous n’y voyons, pas clair nous-mêmes. Que, par exemple, dans des difficultés auxquelles nous sommes mêlés, l’on nous exhorte à juger en nous ce qui n’a pas l’approbation de Dieu et nous nous récrions aussitôt ; nous estimons que tout y est bien et qu’il faut chercher la cause du trouble chez notre frère. Comme nous nous connaissons peu nous-mêmes ! Bien des expériences sont parfois nécessaires pour nous apprendre qu’il convient toujours d’examiner, avant tout, l’état de notre cœur. Quand nous l’avons enfin compris, nous pouvons demander, comme autrefois le Psalmiste : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (cf. Ps. 139:2 à 4 et 23, 24).

 

3.2   Sondés par la Parole de Dieu

Laissons-nous « sonder » par Dieu, par « la parole de Dieu... vivante et opérante » ; elle est « plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants », « elle discerne les pensées et les intentions du cœur » et « toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4:12, 13). Gardons-nous de détourner le tranchant de la Parole, d’émousser la pointe de l’épée, si nous voulons être maintenus dans une bonne condition morale !

Même dans ce que nous faisons de meilleur, quel mélange y a-t-il, la plupart du temps, de recherche et de satisfaction de soi, d’orgueil peut-être ! Et si, en toute droiture, nous pouvions dire : « Je n’ai rien sur ma conscience », il faudrait pourtant ajouter : « Mais par là je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge c’est le Seigneur » (1 Cor. 4:4).

 

3.3   Causes secondes, causes premières

Puisque nous savons si mal discerner notre propre état, il est nécessaire que Dieu nous montre Lui-même ce qu’il peut y avoir à juger dans notre cœur. C’est pourquoi Il permet, ou envoie, des épreuves qui révèlent ce qu’il y a au fond de nous-mêmes (cf. Deut. 8:2). Il suffit parfois de bien peu — un grain de sable ! — pour que soit mis en lumière l’état d’un cœur. Que des faits sans importance en eux-mêmes arrivent à produire un grand trouble, c’est le signe d’un état laissant beaucoup à désirer ; il eût fallu une difficulté autrement sérieuse si l’état n’avait été aussi mauvais : plus minuscule est le fait qui manifeste un état à redresser, plus mauvais est cet état ! Nous nous arrêtons généralement aux causes secondes et nous serions, par suite, amenés à dire : comment des circonstances aussi insignifiantes ont-elles pu produire de pareils résultats ? Si l’on n’avait pas fait ceci ou dit cela, tout ce qui s’en est suivi ne serait certainement pas survenu. Et que de reproches s’adresse-t-on, ou adresse-t-on à ceux qui ont provoqué ce qui a dévoilé l’état du cœur ! L’on perd ainsi de vue que Dieu Lui-même a tout dirigé, en vue d’un but qu’Il voulait atteindre : manifester l’état intérieur. Le fait qui a conduit à cette manifestation n’a en soi, la plupart du temps, que fort peu d’importance. Dieu avait discerné ce qui devait être jugé, alors que nous n’en avions pas conscience et estimions, au contraire, que tout allait bien ; aussi, parce qu’Il ne voulait pas nous laisser là, Il a permis, ou envoyé, ce qui a ouvert les yeux sur un état qui n’était ni confessé ni même reconnu. Quelle grâce qu’Il agisse ainsi !

 

3.4   Aspect collectif

Ce qui est vrai pour un croyant l’est aussi pour une assemblée : comment se peut-il qu’un fait anodin y apporte le trouble et la discorde ? Sans doute, parce que Dieu s’en est servi, ou l’a « commandé » (cf. Lam. de Jér. 3:37, 38), pour révéler l’état moral de l’assemblée. De sorte qu’il serait sans profit de s’attarder aux faits eux-mêmes et de rechercher sous prétexte de paix, un « arrangement » qui sauvegarderait peut-être les apparences mais ne constituerait pas le vrai remède. Il faut aller jusqu’à la source, des effets remonter aux causes, en se courbant sous la puissante main de Dieu. C’est l’état des cœurs qui doit être jugé et cela ne peut être fait que dans la présence de Dieu ; c’est pourquoi il est essentiel d’amener les âmes devant Dieu. La restauration de l’état moral d’un croyant ou d’une assemblée, le rétablissement de la paix entre les frères, la communion et la prospérité spirituelle sont à ce prix ! Le méconnaître serait opposer un obstacle au travail de Dieu!

Si l’état d’un croyant, ou d’une assemblée, est bon, les circonstances permises ou ordonnées par Dieu n’amèneront jamais rien de fâcheux, mais manifesteront que tout est en ordre et en règle avec Lui. Si, au contraire, il est mauvais, cette « épreuve » mettant au jour l’état du cœur, ce qui doit être jugé pourra l’être.

 

3.5   Ne pas fuir la présence de Dieu

Une âme en mauvais état fuit la présence de Dieu (Ps. 139:7 à 12 ; cf. Gen. 3:8 à 10), tandis qu’Il voudrait que nous jouissions constamment de Lui et de la communion avec Lui. C’est pourquoi Il opère afin que rien, dans nos cœurs, ne puisse nous en empêcher : ce que nous ne discernons pas, Il le manifeste pour que soit ôté ce qui serait un obstacle à la jouissance de sa communion. Quand un croyant a compris la valeur et la nécessité de ce travail de Dieu et en a, au moins en quelque mesure, apprécié les résultats, il demande sans cesse qu’il soit poursuivi : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi, et connais mes pensées ».

 

3.6   Circonstances utilisées par Dieu pour révéler l’état du cœur

N’oublions jamais que les difficultés, qu’elles soient suscitées par l’adversaire (et toujours avec la permission divine ; cf. Job 1:12 et 2:6) ou envoyées directement par Dieu, sont une mise à l’épreuve ; cela, qu’il s’agisse de la vie individuelle ou de la vie d’assemblée. Combien il est donc important de veiller sur l’état de notre cœur, sur l’état de l’assemblée. Soyons vigilants à cet égard et, pour cela, reprenons quotidiennement la prière du Psalmiste (139:23, 24)). L’ennemi multiplie ses attaques, mais il est impuissant en présence d’un croyant en bon état, qui a su revêtir « l’armure complète de Dieu » (Éph. 6:10 à 18) — armure qui n’est pas la connaissance théorique de certaines vérités mais un bon état pratique de l’âme — comme aussi, en présence d’une assemblée où il n’y a aucune fissure, où tout est en ordre, dans la soumission au Seigneur, l’obéissance à la Parole, la dépendance de l’Esprit et la crainte de Dieu.

S’il n’en est pas ainsi, l’adversaire remportera des succès certains et nous ferons de douloureuses expériences. Cependant, quelqu’humiliantes qu’elles soient, ne doutons jamais de la fidélité du Seigneur à ses promesses et ne soyons pas découragés, si même parfois les circonstances sont telles qu’elles troubleraient ceux qui ne regarderaient qu’en bas! Des croyants faibles, ayant peut-être jusqu’alors mal compris leur position et leurs privilèges, seront fortifiés au travers des combats qu’il faudra livrer, comme le furent jadis les combattants de la foi : « de faibles qu’ils étaient », nous est-il dit, « ils furent rendus vigoureux, devinrent forts dans la bataille » (Héb. 11:34). Par ailleurs, le Seigneur manifestera ceux chez lesquels il y a de la droiture de cœur et dans lesquels Il aura accompli son travail. Au travers de tout ce en quoi les siens l’auront déshonoré, ayons confiance quand même. Lui saura se glorifier !

 

3.7   Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde

Que cette pensée nous encourage et fortifie notre foi ! Mais aussi, veillons sur l’état de notre cœur, n’oubliant pas les exhortations de Proverbes 4:23 et 26 : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie. ... Pèse le chemin de tes pieds, et que toutes tes voies soient bien réglées. N’incline ni à droite ni à gauche ; éloigne ton pied du mal » et, pour les réaliser, reprenant sans cesse la prière de David : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle ».

Heureux celui qui peut dire, en vérité : « Tu m’as sondé, et tu m’as connu » ! (Ps. 139:1).

 

4                    Raison d’être des épreuves

Titre original : Épreuves

ME 1953 p. 141-150

4.1   Deux sortes de tentations selon Jacques

L’épître de Jacques parle de deux « tentations » différentes. Lorsqu’il est écrit : « Que nul, quand il est tenté, ne dise: Je suis tenté par Dieu ; — car Dieu ne peut être tenté par le mal, et lui ne tente personne », il est question de la tentation intérieure : « chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise ; puis la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort » (1:13 à 15). Par contre, au v. 2 comme au v. 12 de ce même chapitre, il s’agit de la tentation venant du dehors, que l’apôtre appelle : « l’épreuve de votre foi » ; il convient d’estimer « comme une parfaite joie » le fait d’être en butte à une semblable tentation et il est bienheureux celui qui, l’endurant avec patience, est « manifesté fidèle par l’épreuve ». L’une et l’autre de ces deux tentations peuvent conduire à la mort, mais pour la première, c’est la mort salaire du péché, tandis que, pour la seconde, il s’agit de la mort du corps comme terme d’un chemin où la fidélité dans l’épreuve peut aller jusque là ! (comp. Jacques 1:12 et Apoc. 2:10).

 

4.2   Produire la patience

L’épreuve de la foi « produit la patience » (Jacques 1:3) ; c’est « la tribulation » de Romains 5:3, tribulation qui brise la volonté propre, volonté de notre cœur naturel qui n’aime pas souffrir, ce qui nous rend impatients. Lorsque notre volonté est soumise à la volonté de Dieu, nous cessons d’être impatients et attendons, patiemment, que Dieu agisse. La patience doit avoir « son œuvre parfaite » ; quand ce résultat est atteint, nous sommes « parfaits et accomplis », c’est-à-dire que nous n’avons plus d’autre volonté que celle de Dieu (Jacques 1:4). — Christ, homme sur la terre, est notre Modèle ; en Lui, la patience a toujours eu « son œuvre parfaite ». C’est ainsi qu’Il a pu dire, par exemple : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matth. 11:26). Ayant un tel modèle, nous sommes aussi exhortés, par l’apôtre Jacques, à prendre « pour exemple de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur ». À quoi l’apôtre ajoute : « Voici, nous disons bienheureux ceux qui endurent l’épreuve avec patience. Vous avez ouï parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (Jacques 5:10 et 11).

 

4.3   L’épreuve de la foi tournant à louange, à gloire et à honneur

Le croyant est « régénéré pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux », et lui-même cheminant dans ce monde, y est « gardé par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé » ; il peut donc se réjouir, « tout en étant affligé maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire ». Joie au travers des afflictions, telle est la part du racheté ici-bas ; et cela, en vue d’un résultat glorieux : « afin que l’épreuve de votre foi... soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pierre 1:3-8). La foi étant éprouvée, des fruits sont produits ; certains, déjà maintenant (Rom. 5:3 à 5 ; Jacques 1:2 à 4), tandis que d’autres seront vus plus tard, en gloire : pour celui qui aura été « manifesté fidèle par l’épreuve » (Jacques 1:12) et pour Christ Lui-même (1 Pierre 1:7). Quel encouragement ! Il vaut la peine de traverser l’épreuve de la foi, quelque souffrance qu’elle puisse comporter, car ses résultats ajouteront quelque chose à la gloire de Christ : quelle gloire pour Lui quand sera manifesté le fruit de son travail dans les siens, « quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » ! (2 Thess. 1:10).

 

4.4   Épreuve de la foi, discipline formative et châtiment se mêlent

Il est souvent difficile de démêler, dans les exercices douloureux que nous avons à connaître, ce qui est épreuve de la foi, discipline envoyée par Dieu pour notre formation et châtiment mérité par notre infidélité ; dans nombre de cas, il y a sans doute une part, plus ou moins grande, de chacune de ces trois formes d’épreuve. Une discipline peut fort bien ne comporter aucun châtiment, alors que dans tout châtiment il y a une discipline ; et le cas peut se produire où le châtiment étant reçu de la main de Dieu, dans l’esprit qui convient, la discipline produisant des fruits, ce que Dieu avait dispensé comme un châtiment devient l’épreuve de la foi. De cela, les chapitres 19 et 20 du second Livre des Chroniques nous donnent une illustration remarquable, sur laquelle nous reviendrons plus loin. — C’est de l’épreuve de la foi qu’il s’agit en 1 Pierre 1:3 à 8, il n’y est question ni de discipline ni de châtiment. Dieu a discerné, dans un cœur, un peu de cette foi qui l’honore dans le chemin d’obéissance où le croyant est gardé pour Sa propre gloire, Il veut la mettre en évidence. C’est dans ce but qu’Il l’éprouve : Il permet, ou envoie, les « diverses tentations » qui affligent le racheté mais produisent des fruits bénis déjà maintenant, en attendant que soient vus les pleins résultats en gloire !

Lorsqu’il a parlé de Christ, en 1 Pierre 1:7, l’apôtre ajoute aussitôt : « lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ». Ce passage nous entretient, tout au long, de ce qui est du domaine de la foi. Nous n’avons pas vu l’Objet de nos cœurs, si ce n’est par la foi ; cependant, « nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19), « et, croyant en lui, quoique maintenant nous ne le voyions pas, nous nous réjouissons d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8). Croyant en lui » : c’est Christ, Objet de notre foi, Celui auquel nous avons cru pour le salut de notre âme, que nous avons appris à connaître chemin faisant et sur lequel nous pouvons nous reposer paisiblement pour ce qui est devant nous ! Expérience faite par l’apôtre, dans une si riche mesure, tout au long de son ministère et qui lui permettait de dire, le temps de son départ arrivé : « Je sais qui j’ai cru ». Il savait que Celui qu’il avait cru, après l’avoir gardé lui-même, avait la puissance de garder ce qu’il lui avait confié jusqu’à ce jour-là » (comp. 1 Pierre 1:5 et 2 Tim. 1:12). L’apôtre parle de la foi en 1 Pierre 1:5, de l’épreuve de la foi au v. 7 ; de la joie, au v. 6 et d’une joie « ineffable et glorieuse » au v. 8. La foi peut toujours se réjouir, mais quand elle est éprouvée, Christ est vraiment connu et le croyant peut alors se réjouir « d’une joie ineffable et glorieuse ». Joie ineffable, qui ne s’exprime pas, que des paroles ne peuvent traduire, mais qui remplit le cœur de celui qui a été éprouvé. Joie glorieuse, car Christ, un Christ glorieux, en est le sujet et elle inonde le cœur du racheté qui, par la foi, jouit du ciel et de la gloire, bien qu’étant encore dans un monde où il est éprouvé « pour un peu de temps » ! S’il vaut la peine de connaître l’épreuve de la foi en pensant à la gloire de Christ en son jour, ne vaut-il pas la peine aussi de la traverser pour se réjouir « d’une joie ineffable et glorieuse » ?

 

4.5   Manifestation de l’état de cœur par l’épreuve

Lorsque nous parlons d’épreuves, nous pensons généralement à des circonstances douloureuses, limitant ainsi le sens du mot car certaines épreuves ne sont pas des circonstances douloureuses. Une épreuve, c’est ce que Dieu dispense au croyant pour manifester l’état de son cœur (cf. Deut. 8:2 et 2 Chron. 32:31).

 

4.5.1       Châtiment. Josaphat. 2 Chron. 19 et 20

L’épreuve peut être un châtiment que nous avons mérité. L’accepterons-nous sans irritation ni révolte mais, au contraire, en nous jugeant profondément devant Dieu ? Imitons l’exemple du roi Josaphat qui a écouté le message de Jéhu (2 Chroniques 19:2) et a su en tirer tout le profit pour lequel Dieu le lui avait fait entendre ! De telle sorte que, lorsque le châtiment est survenu, nous le voyons, dans la crainte, tourner sa face pour rechercher l’Éternel, et proclamer un jeûne par tout Juda. Aussi, l’épreuve qui s’abattait sur lui comme un châtiment fut changée en épreuve de sa foi ! L’ennemi déploie sa puissance, les fils de Moab et les fils d’Ammon sont là, « une grande multitude »... Qu’importe ! Josaphat regarde en haut, il prie avec foi, il peut dire avec confiance : « nous ne savons ce que nous devons faire, mais nos yeux sont sur toi ! ». Sa foi, éprouvée, est mise en évidence de telle façon qu’il peut faire appel à la foi de tout le peuple : « Écoutez-moi, Juda, et vous, habitants de Jérusalem : Croyez à l’Éternel, votre Dieu, et vous serez affermis ; croyez ses prophètes, et vous prospérerez ». Le propre de la foi, c’est qu’elle peut se réjouir avant même que la délivrance ait été opérée : Josaphat établit « des chantres pour l’Éternel », « et au moment où ils commençaient le chant de triomphe et la louange », l’Éternel intervint pour les délivrer merveilleusement ! « Et tous les hommes de Juda et de Jérusalem, et Josaphat à leur tête, s’en retournèrent, revenant à Jérusalem avec joie ; car l’Éternel les avait réjouis au sujet de leurs ennemis. Et ils vinrent à Jérusalem, à la maison de l’Éternel, avec des luths et des harpes et des trompettes ». Quelle joie pour eux tous ! Quelle gloire pour Dieu ! Ce sont là les résultats de l’épreuve de la foi, comme nous l’a montré 1 Pierre 1:3 à 8 (voir 2 Chron. 19 et 20).

 

4.5.2       Discipline. Épreuve

L’épreuve peut être aussi une forme de la discipline nécessaire à notre éducation ; elle fait partie de ces « toutes choses » qui « travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8:28). La recevrons-nous avec soumission, sans découragement mais exercés par elle, comprenant qu’elle nous est dispensée par un Père qui nous aime, qui veut nous instruire et nous former, qui désire que « nous participions à sa sainteté » et qui agit ainsi pour nous « faire du bien à la fin » ? (cf. Hébr. 12:4 à 11 ; Deut. 8:16).

Elle peut être encore l’épreuve de la foi, dont nous avons déjà parlé. Si un enfant de Dieu est éprouvé par Celui qui jadis éprouva la foi d’Abraham (Gen. 22), puisse-t-il manifester les caractères qui ont été vus chez le patriarche !

 

4.5.3       Épreuve par la prospérité. David, Ozias, Ézéchias

Mais Dieu nous éprouve également par la prospérité ! Bien que nous soyons, nous aussi, des « gens de petite foi », dans la détresse nous nous tournons vers Celui qui seul peut nous secourir ; le sentiment de notre misère nous amène à regarder à Lui et, quoi qu’il en soit de nous, Il nous fait faire de précieuses expériences. Tandis que dans les jours où tout va bien, nous n’avons pas suffisamment conscience de nos véritables besoins, nous sommes portés à nous éloigner de Dieu et à nous tourner vers le monde, à vivre en égoïstes, à nous glorifier de ce que nous possédons, matériellement ou spirituellement, oubliant que nous l’avons reçu de Dieu. Que de vies chrétiennes ont été ruinées par la prospérité, la prospérité matérielle surtout ! Combien, au contraire, ont été enrichies tout au long d’épreuves douloureuses ! Ne pouvons-nous pas dire que la prospérité est sans doute l’épreuve la plus difficile à traverser victorieusement ?

Considérons, dans les Écritures, quelques exemples d’épreuves par la prospérité.

Qu’en fut-il de David, le roi selon le cœur de Dieu ? « Et moi, j’ai dit dans ma prospérité : Je ne serai jamais ébranlé. Éternel ! par ta faveur, tu as donné la stabilité et la force à ma montagne... » Bien qu’il y ait chez lui le sentiment de la faveur de Dieu qui lui a donné la prospérité, il témoigne cependant d’une confiance en soi qui traduit l’état de son cœur ! Dieu change les circonstances, David s’écrie aussitôt : « Tu as caché ta face, j’ai été épouvanté » (Ps. 30:6 et 7).

Le début du règne d’Ozias fut caractérisé par une grande prospérité, car ce roi de Juda avait recherché l’Éternel : « pendant les jours où il rechercha l’Éternel, Dieu le fit prospérer », et « il fut merveilleusement aidé jusqu’à ce qu’il devint fort ». Les quinze premiers versets du chapitre 26 du second Livre des Chroniques nous dépeignent le commencement de ce règne, jusqu’alors remarquable en tous points. Ozias était mis à l’épreuve et la prospérité manifesta l’état de son cœur ! « Mais quand il fut devenu fort, son cœur s’éleva jusqu’à le perdre, et il pécha contre l’Éternel, son Dieu ». Alors qu’il eût dû demeurer d’autant plus près de Dieu qu’il voyait sa main étendue en bénédiction sur lui, il s’enorgueillit et pécha contre l’Éternel !

Un autre exemple encore, celui du roi Ézéchias. Nous savons que ce roi a dû traverser trois épreuves particulières. La première, l’épreuve de sa fidélité, épreuve de la foi : l’assaut du roi d’Assyrie pour s’emparer de Jérusalem ; il en sortit vainqueur. La seconde, celle de sa maladie : après avoir été sans ressources devant Sankhérib et ses armées, il est maintenant impuissant en présence de la mort ; mais, là encore, il se tourne vers Dieu, de telle manière que cette discipline l’amène à recueillir la bénédiction qu’Il voulait lui accorder en la lui dispensant. La troisième, celle de la prospérité : lui ayant donné « de fort grands biens », Dieu « l’abandonna pour l’éprouver, afin qu’il connût tout ce qui était dans son cœur » (2 Chron. 32:27 à 31). Dieu aurait pu le garder lorsque les messagers du roi de Babylone vinrent vers lui, comme Il l’avait fait dans ses deux premières épreuves, mais Il voulait lui révéler l’état de son cœur et c’est pour cela qu’Il « l’abandonna » ! Le pieux roi Ézéchias était descendu au niveau de ceux qui ne vivent que pour les choses terrestres et il n’en avait pas conscience ! Il était nécessaire que Dieu lui envoyât cette épreuve pour lui ouvrir les yeux. Ézéchias n’aurait-il pas dû parler aux envoyés de Berodac-Baladan de ce que l’Éternel avait fait pour lui dans les deux circonstances que nous venons de rappeler, rendant ainsi un témoignage fidèle à son Dieu ? Au lieu de cela, il ne pense qu’à étaler ses richesses ! Le roi de Babylone lui faisait envoyer une lettre et un présent, il se place sur le même terrain que lui et abandonne la dépendance de Dieu qui l’avait caractérisé jusqu’alors. À proprement parler d’ailleurs, ce n’est pas à ce moment-là qu’Ézéchias a bronché ; à ce moment-là, l’état de son cœur a été manifesté et la défaillance qui s’était déjà produite était révélée.

Sans doute une épreuve, quelle qu’elle soit, est un moyen que Dieu emploie pour mettre en lumière l’état d’un cœur ; mais, dans nombre de cas, y en a-t-il une qui puisse mieux le faire que celle de la prospérité ? Les bénédictions, matérielles ou spirituelles, qui nous sont accordées peuvent nous faire oublier le Donateur, nous conduire à l’égoïsme et à la méconnaissance des réalités éternelles ; c’est l’un des enseignements présentés par le Seigneur dans la parabole de Luc 12 (v. 16 à 21). C’est aussi le danger à l’égard duquel le peuple d’Israël était averti alors que, terminant son voyage dans le désert, il allait entrer dans le pays de la promesse. Pendant ces quarante années, l’Éternel l’avait éprouvé de bien des manières « pour connaître ce qui était dans son cœur » (Deut. 8:2); maintenant que le « bon pays » s’ouvrait devant lui, l’Éternel lui déclare par la bouche de Moïse : « Prends garde à toi, de peur que tu n’oublies l’Éternel, ton Dieu... de peur que quand tu mangeras, et que tu seras rassasié... et que tout ce qui est à toi se multipliera, alors ton cœur ne s’élève, et que tu n’oublies l’Éternel, ton Dieu... et que tu ne dises dans ton cœur : Ma puissance et la force de ma main m’ont acquis ces richesses » (Deut. 8:11 à 20).

 

4.6   Le bon état de cœur : craindre Dieu, marcher dans Ses voies, L’aimer, Le servir

Quatre choses étaient demandées à Israël, comme elles nous sont demandées à nous aussi aujourd’hui : craindre Dieu, marcher dans toutes ses voies, L’aimer et Le servir (Deut. 10:12). Pour les réaliser, il faut un bon état du cœur ; c’est pourquoi il est ajouté : « Circoncisez donc votre cœur... » (vers. 16). La circoncision « faite de main dans la chair » (Éphés. 2:11) n’était qu’un signe, celui d’une séparation extérieure ; la circoncision du cœur est une vraie séparation intérieure pour Dieu et c’est celle-là qui importe ! Ne nous glorifions pas d’une certaine séparation extérieure, quelque nécessaire qu’elle soit, si nous n’avons « circoncis notre cœur » en tout premier lieu !

« Prenez garde à vous, de peur que votre cœur ne soit séduit, et que vous ne vous détourniez... » (Deut. 11:16). Veillons, par dessus tout et avant tout, sur l’état de notre cœur, n’oubliant pas l’exhortation de Prov. 4:23 : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » ! Que si des épreuves nous sont dispensées, épreuves douloureuses ou épreuve de la prospérité, elles puissent toujours devenir l’épreuve de la foi et manifester, à la gloire de Dieu, l’état d’un cœur où tout est en ordre et en règle avec Lui ! Pour cela, faisons nôtre, chaque jour, la prière de David : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps. 139:23 et 24).

 

5                    Ében-Ézer (1 Samuel 4 à 7) et le chemin de retour vers Dieu

Titre original : Ében-Ézer (1 Samuel 4 à 7)

ME 1954 p. 3-9

5.1   Une défaite et une discipline douloureuse. 1 Sam. 2 à 4

La deuxième partie du chapitre 2 et le chapitre 3 du premier livre de Samuel décrivent la ruine de la sacrificature ; à partir du chapitre 4, il est question de celle du peuple tout entier. Israël était satisfait d’être le peuple de Dieu et de posséder l’arche de l’alliance, signe visible de la présence de Dieu au milieu d’eux ; toute cette apparence extérieure lui suffisait et même il s’en glorifiait. Encore y avait-il, avec un manque de dépendance certain, une prétention à la force, qui l’avait conduit à « sortir en bataille à la rencontre des Philistins » (1 Sam. 4:1).Par plus d’un point, cet état fait penser à celui de Laodicée. Mais Dieu ne se satisfait pas de l’apparence, d’une forme extérieure vide de réalité, Il regarde au cœur et veut amener les siens, qu’il s’agisse d’Israël autrefois ou de l’Église aujourd’hui, au sentiment de leur position devant Lui et à une condition morale qui y corresponde. Tel est le but de sa discipline.

Si, rentrant dans le camp après avoir été « battu devant les Philistins », le peuple avait eu conscience de son véritable état, il aurait compris les raisons de sa défaite et les anciens du peuple n’auraient pas eu à poser la question : « Pourquoi l’Éternel nous a-t-il battus aujourd’hui devant les Philistins ? (1 Sam. 4:3). Cette question montrait cependant qu’ils considéraient bien les Philistins comme un instrument par le moyen duquel l’Éternel avait agi à leur égard ; mais alors, puisqu’ils avaient le sentiment que c’était l’Éternel qui les avait battus, ne convenait-il pas qu’ils fussent exercés par cette discipline ? Cet exercice aurait produit du fruit, ouvert leurs yeux sur leur état et amené ce peuple infidèle au jugement de ses voies. Bien au contraire, au lieu d’avoir affaire avec Dieu et de recevoir ainsi de Lui une salutaire instruction, ils revendiquent sa présence au milieu d’eux, pensant qu’Il peut sanctionner de cette présence un état qui n’a pas été jugé et comptant qu’elle permettra un déploiement de la puissance divine en leur faveur : que l’arche « vienne au milieu de nous et nous sauve de la main de nos ennemis », s’écrient les anciens d’Israël (vers. 3). Dès qu’elle entre dans le camp, « tout Israël se met à pousser de grands cris », persuadé qu’il aura maintenant la victoire ; mais Dieu ne peut souscrire à ce désir du peuple : ce serait l’endurcir dans son aveuglement moral, alors qu’Il veut, au contraire, produire chez lui des sentiments d’humiliation et l’amener à la confession de son péché. Aussi, c’est une nouvelle défaite, plus affligeante encore que la première, car, cette fois, « l’arche de Dieu est prise », la gloire s’en est allée d’Israël et est livrée aux mains de l’ennemi ! (chap. 4:11, 17 et 21). Quelle douleur pour les âmes pieuses parmi le peuple — un Éli tombe à la renverse de dessus son siège, se brise la nuque et meurt — et quel déshonneur pour Dieu ! Mais, plutôt que de laisser le peuple dans l’état où il se trouvait et dont il ne mesurait pas la gravité, Dieu a permis que les Philistins s’emparent de l’arche. Il aime ce peuple malgré son infidélité, Il veut son bien et se glorifiera dans sa restauration. Pour atteindre ce but, Il devra sans doute le faire passer par un chemin douloureux, mais ce sont ceux qu’Il aime que le Seigneur discipline, reprend, châtie... (cf. Héb. 12:6 ; Apoc. 3:19).

 

5.2   1 Sam. 5 à 7:2. Israël se lamente après l’Éternel

L’arche reste sept mois dans le pays des Philistins (1 Sam. 5 et 6) ; puis, après qu’elle a été amenée à Kiriath-Jéarim, sur la terre d’Israël, elle est gardée pendant vingt années dans la maison d’Abinadab, en un lieu sanctifié (chap. 7:1 et 2). Durant cette longue période, les Israélites demeurent sans aucune communion avec Dieu. Une telle discipline finit par produire quelques fruits : « toute la maison d’Israël se lamenta après l’Éternel ». Cette « lamentation » était l’expression d’une réelle souffrance : le peuple désirant maintenant ardemment la présence de Dieu, soupirait après le retour de l’arche. À ce moment-là, il n’y avait sans doute pas autre chose qui fût produit dans le cœur du peuple, c’est seulement ensuite qu’une sincère confession du péché sera traduite par des actes et exprimée par des paroles, les actes précédant d’ailleurs les paroles, c’est très remarquable (chap. 7:6). Quoi qu’il en soit, Dieu se plaît toujours à encourager ceux dans le cœur desquels Il discerne les premiers indices d’un retour vers Lui et Il poursuit en eux le travail de repentance qui conduit à l’humiliation. « Toute la maison d’Israël » s’est « lamentée après l’Éternel » ; aussi, par la bouche de Samuel, l’Éternel va-t-Il s’adresser « à toute la maison d’Israël », traçant devant eux le chemin, le seul chemin qu’ils aient à suivre pour obtenir la délivrance (vers. 3).

 

5.3   Le chemin du retour

5.3.1       1 Sam. 7:3

En premier lieu, il faut qu’Israël « retourne à l’Éternel » et ce retour ne doit pas être de pure forme : « Si de tout votre cœur vous retournez à l’Éternel... ». Un profond exercice de cœur est nécessaire : le peuple comprend-il combien il a jeté d’opprobre et de déshonneur sur le nom de l’Éternel et en souffre-t-il vraiment ? Considérant les effets, a-t-il le discernement des causes : quel objet a-t-il eu devant lui, dans son cœur ? L’Éternel ou « les dieux étrangers, et les Ashtoreths » ? S’il y a un vrai retour vers Dieu, il sera d’abord intérieur et se traduira ensuite par le rejet des idoles, de tout ce qui, dans le cœur, avait pris la place de Christ : « Ôtez du milieu de vous les dieux étrangers, et les Ashtoreths ».

Maintenant, le peuple pourra « attacher fermement son cœur à l’Éternel et le servir lui seul ». Les idoles abandonnées — et quel jugement du mal cela implique ! — le cœur n’a plus devant lui qu’un seul objet. Fardeau, péché rejetés, les yeux fixés sur Jésus (cf. Héb. 12:1 et 2), le cœur s’attache à Lui pour le suivre et le servir. Pour le servir « Lui seul », car « nul ne peut servir deux maîtres... » (Matt. 6:24).

 

5.3.2       1 Sam. 7:4-5

La parole du prophète est reçue par le peuple, qui y obéit sans murmures et sans raisonnements. Sans aucune tentative de justification, sans chercher d’excuses à leurs infidélités, sans essayer de conserver quelque « dieu étranger », les fils d’Israël conforment leurs voies à l’enseignement que Samuel leur a donné. Sa parole a de l’autorité sur eux tous ! De sorte qu’ils sont dans une condition morale leur permettant de venir à Mitspa, le lieu du rassemblement dans ces temps de ruine, le lieu de la repentance. C’était l’endroit même où Israël était « sorti en bataille à la rencontre des Philistins » (1 Sam. 4:1 ; comp. 7:12), celui où l’arche de Dieu avait été prise et d’où elle avait été transportée à Asdod (chap. 5:1). Autant de souvenirs douloureux et humiliants pour Israël ! Mais c’était précisément qu’il fallait revenir et nous en comprenons la raison morale. « Et Samuel dit : Assemblez tout Israël à Mitspa, et je prierai l’Éternel pour vous » (chap. 7:5).

 

5.3.3       1 Sam. 7:6

Obéissant toujours à la parole du prophète, le peuple s’assemble et, dans le lieu même où ils avaient péché, ils répandent de l’eau devant l’Éternel, traduisant ainsi le sentiment qu’ils éprouvent de leur faiblesse et leur détresse profonde, dont Dieu seul pouvait les délivrer. Puis, ils jeûnent : aucun aliment n’est fourni à la chair. Après l’avoir montrée en activité, manifestant la confiance qu’ils avaient en elle, ils la mettent maintenant de côté. Ce n’est qu’ensuite qu’ils peuvent dire : « Nous avons péché contre l’Éternel » (verset 6) et tout ce qu’ils venaient d’accomplir, en obéissance à la parole du prophète, était la preuve que ce « Nous avons péché... » exprimait une sincère confession de leurs fautes.

 

5.3.4       1 Sam. 7:7-12

Ce n’est plus alors Israël qui « sortit en bataille à la rencontre des Philistins », ce sont les Philistins qui montent contre Israël, « et les fils d’Israël l’apprirent, et eurent peur des Philistins ». Le peuple sait maintenant qui est le redoutable adversaire contre lequel il était « sorti » (chap. 4:1), il mesure un peu la puissance d’un tel ennemi, il ne doute pas qu’il est beaucoup plus fort que lui et, au lieu d’aller le combattre avec ses propres forces, il ne voit qu’un secours possible : crier à l’Éternel ! « Et les fils d’Israël dirent à Samuel : Ne cesse pas de crier pour nous à l’Éternel, notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins. Et Samuel prit un agneau de lait, et l’offrit tout entier à l’Éternel en holocauste ; et Samuel cria à l’Éternel pour Israël, et l’Éternel l’exauça » (vers. 7 à 9). Les Philistins sont battus et mis en déroute par l’Éternel lui-même : « L’Éternel fit tonner ce jour-là un grand tonnerre sur les Philistins, et les mit en déroute, et ils furent battus devant Israël » (vers. 10 ; comp. 2:10). Ce n’étaient pas les Philistins qui, autrefois, avaient battu Israël (cf. 4:3), ce n’est pas davantage Israël qui triomphe maintenant des Philistins (7:10). Tout est de l’Éternel ! C’est Lui qui, par le moyen des Philistins, agit à l’égard de son peuple pour le discipliner et c’est encore Lui qui, Israël restauré, déploie sa puissance pour mettre les Philistins en déroute. L’ennemi avait eu la permission de vaincre lorsque c’était nécessaire pour le bien du peuple mais, que le peuple apprenne la leçon que l’Éternel voulait lui enseigner, que, suivant le chemin indiqué par le prophète, il retrouve la communion avec Dieu, et Dieu intervient aussitôt pour le secourir et battre l’adversaire. Israël, délivré, n’a qu’à poursuivre un ennemi vaincu (vers. 11). Eben-Ezer !

« Et Samuel prit une pierre et la plaça entre Mitspa et le rocher, et il appela son nom Eben-Ezer, et dit : l’Éternel nous a secourus jusqu’ici » (vers. 12).

 

5.4   Applications actuelles

« Toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction » (Rom. 15:4).

Que d’expériences humiliantes nous sommes amenés à faire, laissant l’ennemi remporter bien des victoires ! Et cela, parce que nous nous glorifions de nos privilèges, oubliant trop souvent la responsabilité qui en découle ; parce que nous sommes satisfaits d’une position extérieure, à laquelle ne correspond pas toujours notre condition morale ; ou encore, parce que nous perdons de vue que notre adversaire est beaucoup plus fort que nous et que les ressources pour le vaincre sont en dehors de nous ! Celui dont Samuel n’était qu’un type se plaît à nous parler et à nous montrer le chemin de la restauration et de la bénédiction ; écoutons-le ! Il est le vrai et puissant Intercesseur qui « ne cesse de crier pour nous » et s’Il remplit maintenant un tel service en notre faveur, c’est parce qu’Il a été, sur la croix, le parfait holocauste « offert tout entier à l’Éternel » ; regardons à Lui, Victime, Souverain sacrificateur, Avocat ! Oui, regardons à Lui et écoutons-le, afin d’avoir du secours pour sortir de détresse !

 

5.5   « Sentez vos misères, et menez deuil et pleurez » puis « Eben-Ezer, l’Éternel nous a secourus jusqu’ici ».

Ce secours n’est accordé à Israël qu’en 1 Sam. 7, pas en 1 Sam. 4. En 1 Sam. 4, c’est : « Pourquoi l’Éternel nous a-t-il battus aujourd’hui... ? » (vers. 3) ; en 1 Sam. 7 « L’Éternel nous a secourus jusqu’ici » (v. 12) et les versets 2 à 9 nous disent pourquoi il put en être ainsi. Le secours de Dieu, en de semblables circonstances, nous sera donné dans la mesure où nous ferons ce que le peuple a fait après que « toute la maison d’Israël se lamenta après l’Éternel » et que « Samuel parla à toute la maison d’Israël ».

Tandis que nous commençons une nouvelle étape du voyage, bien des douleurs et des humiliations nous amènent à courber la tête et nous voudrions mieux réaliser ce qui nous est demandé : « Sentez vos misères, et menez deuil et pleurez » (Jacques 4:9). Méditons, pour les mettre en pratique, les enseignements de 1 Samuel 7:2 à 12 ; nous ferons les mêmes expériences qu’Israël autrefois, de sorte que nous pourrons, nous aussi, dresser la pierre de secours, disant : « L’Éternel nous a secourus jusqu’ici ». Eben-Ezer !

 

 

6                    Restauration des frères de Joseph. Gen. 42 à 45

Titre original : À propos de la manière d’agir de Joseph envers ses frères

ME 1960 p. 202

6.1   Double utilité de cette histoire

Joseph est l’un des plus beaux types de Christ que nous ayons dans l’Ancien Testament. Dans sa manière d’agir envers ses frères, nous pouvons donc voir une illustration de la façon dont le Seigneur s’occupe de nous. Nous y trouvons aussi quelques enseignements utiles concernant nos rapports entre frères. C’est en en faisant ces deux applications que nous voudrions considérer la partie du récit de la vie de Joseph qui nous est rapportée dans les chapitres 42 à 45 du livre de la Genèse.

 

6.2   Résumé de cette histoire

Dès le début de son histoire, Joseph est l’objet de la haine de ses frères ; ils le haïssent, d’abord parce que Jacob, leur père, l’aimait plus que tous ses autres fils et ensuite, « encore davantage, à cause de ses songes et de ses paroles » (Gen. 37:4, 8). Aussi, lorsque Joseph vient vers eux, tandis qu’ils paissaient le troupeau à Sichem, ils complotent contre lui pour le faire mourir. C’est à la suite de l’intervention de Ruben qu’ils ne mettent pas la main sur lui et le jettent dans la citerne, et sur le conseil de Juda qu’ils le vendent à des marchands ismaélites ; quoi qu’il en soit, ils pensent bien en avoir fini avec Joseph. Le péché qu’ils viennent ainsi de commettre les conduit ensuite à un mensonge : ils laissent croire à leur père qu’une mauvaise bête a dévoré Joseph, puis à une hypocrisie : ils se lèvent pour consoler celui dont ils ont brisé le cœur et qui pleure son fils !

Une période de vingt ans s’écoule durant laquelle Joseph, amené en Égypte, est établi par le Pharaon sur tout le pays. Ses frères ont probablement oublié la scène qui s’était déroulée dans les champs de Dothan, oublié Joseph... Nous oublions peut-être assez facilement, comme eux, un péché commis il y a longtemps. Mais Dieu n’oublie pas ! Et ce n’est pas le fait que vingt ans ont passé qui peut en aucune manière effacer un péché. Dieu nous aime et ne peut donc nous laisser dans l’état où se trouvaient alors les frères de Joseph ; au moment choisi de Lui, Il agira pour nous amener à juger notre péché. Peut-être faudra-t-il, pour cela, qu’Il nous fasse passer par une douloureuse discipline, comme ce fut le cas pour les frères de Joseph, mais c’est dans son amour qu’Il le fait et en vue de notre bien. — Genèse 41:54 nous dit : « Et il y eut famine dans tous les pays ; mais dans tout le pays d’Égypte il y avait du pain ». Aussi Jacob envoie-t-il ses fils en Égypte pour y acheter du blé ; mais il garde auprès de lui Benjamin, le fils qu’il avait eu, comme Joseph, de Rachel : dans son cœur, le deuil de Joseph est aussi grand qu’au premier jour et il ne veut pas se séparer de celui sur lequel il avait reporté toute la profonde affection qu’il avait pour son fils disparu.

 

6.3   Pardon, mais besoin d’une restauration

C’est donc devant Joseph que ses frères se présentent. Eux ne le reconnaissent pas, mais lui « vit ses frères, et les reconnut » (Gen. 42:7, 8). Quelle va être son attitude à leur égard ? Dans des circonstances semblables, nous pourrions chercher à nous venger ; il est à peine besoin de dire que cela ne conviendrait pas, les enseignements de Romains 12:17 à 21 sont assez clairs à ce sujet. Mais, à l’opposé, nous pourrions tout aussitôt ouvrir nos cœurs et nos bras et déclarer aux coupables : « Il ne faut pas de difficultés entre frères. Aussi, tout est oublié de ce que vous avez fait, tout est pardonné ! » Si un frère agissait ainsi, ne dirions-nous pas, nous qui ne jugeons la plupart du temps que d’après les apparences, et qui manquons si souvent du discernement nécessaire : « Voilà un chrétien remarquable ! Quel esprit de grâce il sait manifester ! Comme on voit briller chez lui les caractères de Christ ! » Et nous nous tromperions grandement dans notre appréciation. En fait, il y aurait dans ce comportement une méconnaissance complète de la pensée du Seigneur et pas autre chose que l’activité de la chair — la chair qui désire être louée, flattée — tout autant que dans l’exercice de la vengeance, bien que dans les deux cas la chair se manifeste sous des caractères différents. — Joseph a agi tout autrement. Certes, dans son cœur, il avait pardonné à ses frères ; mais parce qu’il les aimait d’un amour vrai et désirait leur bien, leur pleine restauration, il ne pouvait leur déclarer son pardon qu’après qu’ils seraient complètement restaurés. Agir de cette manière est généralement mal compris et taxé de dureté, de rigorisme, de manque de cœur. Pourtant, quel cœur sensible que celui de Joseph ! À plusieurs reprises, il nous est dit qu’il se détourna de ses frères ou entra dans sa chambre pour y pleurer. Comme il aurait voulu pouvoir déployer sans réserve les affections de son cœur aimant à l’égard de ses frères ! Mais il ne le pouvait pas tant qu’ils n’avaient pas jugé à fond et sincèrement leur grave péché.

 

6.4   Le Seigneur comme avocat

Répétons-le, la façon d’agir de Joseph à l’égard de ses frères illustre la manière dont le Seigneur s’occupe de nous. Si nous avons péché, la communion avec Lui est interrompue et Il doit, par l’exercice de son service d’Avocat, par telle ou telle discipline appropriée, nous amener au sentiment et à la confession de notre péché avant de pouvoir nous ouvrir son cœur. Jusque là, Il souffre de nous voir dans cet état, plus encore que Joseph ne souffrait de voir ses frères dans la condition où ils se trouvaient et de ne pouvoir leur déclarer son pardon.

 

6.5   Manifestation de l’état intérieur

Dans nos rapports entre frères, n’oublions pas que nous devons avant tout rechercher le bien et la prospérité spirituelle de ceux avec lesquels nous sommes unis par les liens de Christ. Ne perdons pas de vue Luc 17:3 : « Si ton frère pèche, reprends-le, et s’il se repent, pardonne-lui ». Joseph n’aurait pas aimé ses frères d’un amour vrai s’il s’était fait connaître à eux aussitôt, leur disant à ce moment-là les paroles qu’il a pu leur dire ensuite (Gen. 45:3 à 13). Son amour se manifeste d’abord par la fermeté et même la dureté ; s’il parle à ses frères « durement » (Gen. 42:7), c’est parce qu’ils devaient être mis à l’épreuve afin que l’état de leurs cœurs fût manifesté. Avaient-ils jugé leur péché ? Étaient-ils restaurés complètement ? C’est pour avoir une réponse à ces questions et parce qu’il ne se fiait pas aux apparences que Joseph parle durement à ses frères, puis, les accuse injustement : « Vous êtes des espions ». Une accusation injuste manifeste généralement la condition de celui qui en est l’objet. Est-il dans un bon état ? Il s’en remettra paisiblement à Dieu, selon l’exhortation du Psaume 37 : « Remets ta voie sur l’Éternel, et confie-toi en lui ; et lui, il agira, et il produira ta justice comme la lumière, et ton droit comme le plein midi. Demeure tranquille, appuyé sur l’Éternel, et attends-toi à lui... Laisse la colère et abandonne le courroux ; ne t’irrite pas, au moins pour faire le mal... » (v. 5 à 8). Au contraire, s’il est dans un mauvais état ses paroles en témoigneront. Les frères de Joseph auraient pu se borner à repousser l’accusation dans les termes où elle avait été formulée, ce qu’ils ajoutent montre bien dans quel état ils se trouvaient : « Nous sommes d’honnêtes gens ». Joseph a devant lui ceux qui ont commis le péché de Dothan, qui ont menti à leur père et il les entend dire avec assurance : « Nous sommes d’honnêtes gens ».

 

6.6   Approfondissement du travail de conscience

Ainsi éclairé, Joseph ne se contente pas de parler durement à ses frères, il va agir. Là encore, on pourrait estimer cette action trop sévère : il veut les contraindre à lui amener Benjamin et, pour cela, il garde l’un d’eux, Siméon, auprès de lui ; mais cette manière d’agir n’a d’autre mobile que l’amour. — La décision de Joseph conduit ses frères à se dire l’un à l’autre : « Certainement nous sommes coupables à l’égard de notre frère ; car nous avons vu la détresse de son âme quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons pas écouté ; c’est pourquoi cette détresse est venue sur nous » (Gen. 42:21). On penserait sans doute qu’il est sans miséricorde aucune, celui qui dans des circonstances semblables se refuserait à accepter une telle confession ; on lui reprocherait son intransigeance et son manque d’amour. Mais, bien qu’ayant entendu les paroles de ses frères, Joseph ne change rien à ce qu’il a arrêté. Certes, il se détourne d’eux et pleure : combien il souffre d’avoir entendu une confession des lèvres qui ne correspond pas à l’état intérieur ! S’il n’avait consulté que son cœur, il se serait contenté de cette confession, mais il ne le peut pas et la suite du récit nous montre quel discernement il manifeste en cela, discernement que donne la crainte de l’Éternel (cf. Ps. 25:14) qui a caractérisé Joseph tout au long de sa vie.

De retour auprès de leur père, les neuf frères de Joseph lui font un récit de leur voyage (Gen. 42:29 à 34). S’ils avaient sincèrement reconnu leur culpabilité, ils auraient eu le cœur brisé et avec douleur, dans les larmes, ils se seraient jetés aux pieds de Jacob leur père, implorant son pardon ! Rien de cela. Au contraire, ils disent encore : « Nous sommes d’honnêtes gens ». Joseph ne s’était donc pas trompé, leur confession avait été des lèvres seulement et non le fruit d’un profond travail de repentance et d’humiliation.

 

6.7   Dépouillement

Laisser aller Benjamin ? Jacob s’y refuse. « Toutes ces choses sont contre moi », dit-il (Gen. 42:36). Nous lui ressemblons si souvent ! Alors que Dieu dirige toutes nos circonstances en vue de notre bien, même celles qui nous apparaissent si douloureusement exerçantes, même celles qui conduisent à des dépouillements que Lui nous sait nécessaires, nous disons aussi, bien souvent : « Toutes ces choses sont contre nous », oubliant Romains 8:28 et 31. Pour amener Jacob à laisser aller Benjamin, il faut que Dieu appesantisse sa main, rendant l’épreuve plus dure encore : « Et la famine pesait sur le pays » (Gen. 43:1). Mais combien est merveilleux le travail de Dieu dans ce cœur de père, qui le conduit enfin à dire : « Et moi, si je suis privé d’enfants, j’en serai privé » (Gen. 43:14). Comme Abraham autrefois avait fait le sacrifice de son Isaac, Jacob fait alors celui de Benjamin.

Ses frères revenus en Égypte, avec Benjamin cette fois, Joseph va à nouveau les mettre à l’épreuve : lorsqu’il les renvoie, les onze, il fait mettre sa coupe d’argent dans le sac de Benjamin. Pourquoi agit-il ainsi, dira-t-on ? Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, les moyens qu’Il emploie pour nous éprouver, nous discipliner, nous paraissent souvent empreints de rigueur, différents de ce qui nous semblerait mieux convenir, mais n’oublions jamais que tout ce qu’Il fait est bien et que toutes ses voies sont sagesse.

 

6.8   « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (Gen. 44:16)

Que faire lorsque la coupe est retrouvée dans le sac de Benjamin ? C’est vers Joseph que vont ses frères. Ils entendent ses reproches, mais maintenant ils ne cherchent pas à se défendre, ils ne tentent aucun essai de justification : « Que dirons-nous à mon Seigneur ? Comment parlerons-nous, et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (Gen. 44:16). Amenés dans la présence de Dieu, c’est Dieu Lui-même qui a « trouvé » leur iniquité. Tel est le résultat produit par l’exercice d’un amour associé à la vérité, d’un amour selon Dieu ! — Pourtant, Joseph n’en maintient pas moins sa détermination de garder Benjamin comme serviteur. Celui qui ne juge que d’un jugement d’homme, d’après les apparences, ne comprend pas et porte une appréciation sans bienveillance et complètement fausse sur une telle attitude ; peut-être ira-t-il même jusqu’à mettre en opposition cette façon d’agir avec celle du père dans la parabole du fils prodigue (oubliant que lorsque le fils revient à la maison paternelle, avant même que son père ne l’aperçoive, il a déjà le sentiment profond de son péché et de son indignité — cf. Luc 15:18, 19), ou avec tel ou tel enseignement de l’Écriture, mal compris ou inexactement appliqué. Que Dieu nous garde de pareils jugements ! Joseph désirait conduire jusqu’à son terme la restauration de ses frères ; il convenait qu’il les ramène, par la pensée et par le cœur, aux champs de Dothan, vingt ans en arrière. À ce moment-là, ni la détresse de leur frère, ni la douleur qu’éprouverait leur père de la perte de Joseph n’avaient touché leurs cœurs ; ils étaient restés insensibles, la conscience endurcie. Y avait-il maintenant un changement chez eux ? C’est ce que Joseph désire manifester. Sa détermination de garder Benjamin va être, pour Juda, l’occasion de prononcer, en quelque sorte au nom de ses frères, les paroles qui nous sont rapportées au chapitre 44, versets 18 à 34, paroles qui témoignent du profond changement opéré en eux. Ce qui l’étreint, ce qui étreint ses frères, c’est précisément la douleur de leur père, « un père âgé », la détresse de leur frère Benjamin, « un enfant... encore jeune ... et son père l’aime ». Ah ! ils ne peuvent sacrifier Benjamin comme ils avaient sacrifié Joseph ! Tout au long de ce discours de Juda, nombreuses sont les expressions qui disent le travail profond opéré dans le cœur et la conscience des coupables.

 

6.9   Communion pleinement rétablie

Maintenant Joseph peut ouvrir ses bras et son cœur. Il fait sortir tout le monde d’auprès de lui, demeurant seul avec ses frères et, devant eux, il laisse éclater sa voix en pleurs. Puis il leur dit : « Je suis Joseph » et les rassure aussitôt : « Approchez-vous de moi ». Il embrasse ses frères, pleure sur eux, « et après cela, ses frères parlèrent avec lui ». La communion est alors pleinement rétablie, et cela parce que le travail nécessaire a été opéré dans le cœur et la conscience des frères de Joseph, travail douloureux sans doute mais qui a conduit à une restauration complète. Une simple confession des lèvres (cf. Gen. 42:21) ne peut suffire pour le rétablissement de la communion interrompue.

 

6.10                   Longueur de l’épreuve

Le Seigneur nous fait passer parfois par des chemins longs et difficiles, que nous ne comprenons pas toujours, pour nous amener à juger devant Lui ce qui doit l’être, un péché commis il y a longtemps peut-être, que nous avons oublié mais que Lui n’oublie pas... Malgré des apparences parfois contraires, c’est son amour qu’il déploie ainsi en notre faveur, un amour toujours en exercice en vue de notre bien. N’en doutons jamais, même si par suite de l’endurcissement de notre cœur sa main doit peser plus fortement sur nous. « Les meurtrissures et les plaies nettoient le mal, et les coups, les profondeurs de l’âme » (Prov. 20:30).

 

6.11                   Amour et vérité dans les rapports entre frères

Retenons aussi les enseignements des chapitres 42 à 45 du livre de la Genèse pour ce qui a trait à nos rapports entre frères. Nous sommes souvent tentés d’appeler amour ce qui en est l’opposé et de parler de dureté de cœur quand il y a en fait exercice d’un amour selon la pensée de Dieu, c’est-à-dire d’un amour étroitement lié à la vérité, qui ne pense qu’au bien de nos frères et n’agit qu’en vue de ce but. Que Dieu nous accorde la grâce de savoir toujours agir ainsi ! Cela demande un exercice avec le Seigneur, une vie de communion avec Lui, une marche dans sa crainte, sans laquelle nous ne pourrons avoir le discernement de sa pensée car « le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25:14).

 

 

 

7        Prétentions et réalités — 1 Samuel 2 à 7

ME 1964 p.281

7.1      1 Samuel 2: l’état d’Israël

L’état d’Israël était, aux jours d’Éli, bien peu conforme à ce que Dieu était en droit d’attendre de son peuple. 1 Samuel 2 nous en donne un attristant tableau : le temple était profané, la sacrificature infidèle, l’offrande de l’Éternel méprisée… Aussi, par la bouche de l’homme de Dieu qu’Il lui envoie, l’Éternel annonce à Éli, responsable au premier chef d’un tel état de choses, qu’il allait le mettre de côté et se susciterait « un sacrificateur fidèle » (1 Sam. 2:27, 35). Le jugement ne devait d’ailleurs pas s’arrêter au chef de la sacrificature, il allait atteindre l’ensemble du peuple coupable. Israël sort en bataille à la rencontre des Philistins et campe « près d’Ében-Ézer ». Mais la condition du peuple était telle que le secours de l’Éternel ne pouvait lui être accordé et « Israël fut battu devant les Philistins » (1 Sam. 4:1, 2).

 

7.2      Comprendre et reconnaître la discipline de Dieu

Sans doute, les anciens du peuple ont alors plus ou moins conscience que la main de Dieu est étendue sur eux dans son juste gouvernement et ils posent la question : « Pourquoi l’Éternel nous a-t-il battus aujourd’hui devant les Philistins ? » Cette question dénotait une certaine intelligence de la situation dans laquelle se trouvait le peuple : non seulement l’Éternel avait permis la victoire des Philistins mais encore Il l’avait « commandée » ; en apparence, les Philistins avaient battu les Israélites, en réalité c’était l’Éternel par le moyen des Philistins. Cela aurait dû amener le peuple à la repentance, seul chemin de la restauration ; les Israélites auraient dû comprendre que cette défaite était un châtiment de la part de Dieu, combien mérité, mais en même temps une manifestation de sa grâce envers eux : ne voulait-Il pas par ce moyen les conduire à juger leurs voies, à s’en humilier profondément et sincèrement, à retrouver ainsi le chemin de la bénédiction ? Tout au contraire, les anciens — la partie la plus responsable parmi le peuple — aussitôt après avoir dit : « Pourquoi l’Éternel nous a-t-il battus… ? » ajoutent : « Prenons à nous, de Silo, l’arche de l’alliance de l’Éternel, et qu’elle vienne au milieu de nous et nous sauve de la main de nos ennemis » (1 Sam. 4:3). Méprisant la discipline, n’étant aucunement exercés par elle, le peuple se rend donc à Silo d’où il ramène non seulement l’arche mais encore les deux fils d’Éli, Hophni et Phinées (4:4) — les deux fils d’Éli dont la scandaleuse conduite est décrite en 1 Samuel 2:12 à 17, dont il nous est dit qu’ils étaient « des fils de Bélial » et « ne connaissaient pas l’Éternel » et auxquels leur père adresse les très sévères paroles rapportées en 1 Samuel 2:23 à 25, paroles que d’ailleurs « ils n’écoutèrent pas » !

 

7.3      Se prévaloir de ses privilèges quand on est dans un mauvais état

Certes, l’arche était le signe de la présence de l’Éternel au milieu du peuple, sa place était dans le lieu très-saint, au-delà du voile. Mais le peuple pouvait-il, dans l’état où il se trouvait alors et tandis qu’il refusait de le reconnaître et de se soumettre au jugement de Dieu, se glorifier de tout ce que l’arche représentait et des privilèges rattachés à sa possession ? Dieu était-il avec lui dans le combat qu’il allait livrer à nouveau contre les Philistins et Israël pouvait-il compter que la victoire lui serait ainsi assurée ? Dans quelle erreur il était en le croyant ! L’arche n’était au fond qu’un symbole extérieur, sans puissance aucune si la présence de l’Éternel n’était là, effective et réelle.

Mais, davantage encore, « aussitôt que l’arche de l’alliance de l’Éternel entra dans le camp, tout Israël se mit à pousser de grands cris, de sorte que la terre en frémit » (1 Sam. 4:5). Était-ce le moment de se réjouir avec transports ou au contraire, et bien plutôt, de s’humilier sous le sac et la cendre ? Israël se contentait d’une simple apparence, se réjouissant bruyamment d’avoir l’arche avec soi, alors que pourtant l’Éternel n’était pas avec lui, ne pouvant sanctionner de sa présence et de sa puissance un état non jugé.

 

7.4      Déshonneur sur le nom de l’Éternel et opprobre pour le peuple

Ces cris ont pu tromper un moment les Philistins, incapables de juger autrement que d’après les apparences extérieures et n’ayant aucune connaissance de la réalité des choses. Mais les conséquences n’ont guère tardé à survenir : Israël est battu, l’arche est prise, Éli tombe à la renverse et meurt, la gloire s’en va d’Israël (1 Sam. 4:10, 11, 17 et 18, 21 et 22) . Affligeant résultat de l’obstination du peuple à refuser de reconnaître sa réelle condition et de s’en humilier devant Dieu, à chercher à la dissimuler sous des apparences trompeuses ! Israël avait poussé des cris de joie alors qu’il eût fallu pleurer et se repentir, les conséquences étaient maintenant là, à sa honte et à sa confusion. Quel déshonneur jeté sur le nom de l’Éternel, quel opprobre pour le peuple !

 

7.5      Ne pas cacher son état. Humiliation et restauration. 1 Samuel 5 à 7

N’y a-t-il pas un enseignement pour nous ? L’état d’un croyant, d’une maison, d’une assemblée peut être tel qu’il devrait être confessé avec humiliation. Et des circonstances ont pu survenir montrant que Dieu, dans sa grâce et son gouvernement tout à la fois, cherche à réveiller les consciences… À quoi servirait-il de se refuser à écouter ? Qui penserait pouvoir cacher son propre état — ou celui d’une assemblée — à son entourage, se le dissimuler à soi-même et, en même temps, se réclamer du Seigneur et de tous les privilèges qui découlent de sa présence avec nous dans le chemin, de sa présence au milieu de nous dans le rassemblement ? Il ne sert à rien de nier l’évidence et d’essayer de cacher sous des apparences séduisantes ce qui devrait être jugé et confessé, tout en prétendant avec ostentation et éclat connaître le bénéfice des privilèges d’une marche dans la lumière et la sainteté. Ce sont, a-t-on dit à peu près en ces termes, les croyants ou les assemblées qui se connaissent le moins ou qui cherchent à dissimuler leur véritable condition qui, en général, prétendent à la position la plus élevée. L’on peut ainsi, un temps, tromper les autres, on ne trompera jamais Celui dont les yeux sont une flamme de feu. Tôt ou tard, Dieu produira dans les consciences une profonde humiliation, mais au terme d’une discipline combien pénible et douloureuse. Pensons à toutes les conséquences de l’égarement du peuple, telles qu’elles nous sont rapportées dans la deuxième partie du chapitre 4 et puis au chapitre 5 du premier livre de Samuel, au chemin qu’Israël a dû suivre pendant plus de vingt années avant d’en arriver à l’humiliation qui fut la sienne et que dépeint 1 Samuel 7. N’eût-il pas mieux valu qu’il commençât par là au lieu d’afficher, dans l’enthousiasme et le bruit de grands cris, d’orgueilleuses prétentions à ce dont l’état dans lequel il se trouvait ne pouvait lui permettre de jouir ?

Qu’il s’agisse d’un croyant ou d’une assemblée, le refus de reconnaître sa véritable condition et de s’en humilier devant Dieu, allant de pair avec la prétention de goûter sans réserve tous les privilèges individuels et collectifs promis à une marche dans l’obéissance à la Parole, entraînera, au moment choisi par Lui, l’intervention de Celui qui veut nous conduire « dans des sentiers de justice » et qui nous dit : « Le chemin du juste est la droiture » (Ps. 23:3 ; Ésaïe 26:7).

 

 

8        Enseignements tirés de Juges 6

ME 1969 p.117

« Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 3:16, 17). Nous trouverons donc toujours dans une portion des Écritures, quelle qu’elle soit, une nourriture pour notre âme, une instruction profitable. Il n’en est pas moins vrai que tel ou tel passage est plus particulièrement approprié à l’état et aux besoins de celui qui ouvre le saint Livre, nous en avons tous fait tant de fois l’heureuse expérience. Dans les jours auxquels nous sommes parvenus, le livre des Juges — souvent appelé la seconde épître à Timothée de l’Ancien Testament — est sans doute l’une des portions de la Parole dont les enseignements sont tout spécialement en rapport avec notre condition morale et spirituelle.

 

8.1      L’esprit d’indépendance

Qu’est-ce qui caractérise le temps des Juges ? L’esprit d’indépendance. Ce même esprit se manifeste aujourd’hui plus que jamais. Il n’est pas besoin d’un long travail d’observation pour voir se développer dans le monde qui nous entoure l’insoumission, allant parfois jusqu’à la révolte déclarée. Combien il est attristant que notre conformité au monde soit telle que cet esprit d’indépendance arrive à pénétrer dans les familles des croyants et même parfois dans les assemblées ! Lorsque nous nous laissons guider par nos sentiments personnels, notre volonté propre, au lieu de chercher dans la Parole les directions nécessaires et de nous soumettre à l’autorité dont nous dépendons, nous agissons comme le peuple d’Israël aux jours des juges : « chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (Juges 17:6 ; 21:25). Pourquoi chacun faisait-il ainsi ? Pour deux raisons : d’abord, parce que l’esprit d’indépendance est inhérent au cœur naturel qui ne désire pas obéir à Dieu, dépendre de Lui : « la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Rom. 8:7) ; ensuite, parce que « en ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël » (Juges 17:6 ; 18:1 ; 19:1 ; 21:25) : en d’autres termes, pas d’autorité exercée.

 

8.2      Respecter l’autorité dans la famille et dans l’assemblée

De cela nous pouvons dégager un enseignement pour ce qui nous concerne. Il y a de nos jours non pas « un roi en Israël » mais une autorité donnée de Dieu dans les divers milieux où elle est appelée à se déployer. Dans chaque foyer, les parents — le père, chef de famille, tout particulièrement — ont reçu une autorité qu’ils sont responsables d’exercer vis-à-vis de leurs enfants ; dans l’assemblée, certains frères ont également, de la part de Dieu, une autorité à maintenir pour le respect de l’ordre établi, pour que chacun, sachant d’abord « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15), mette ensuite en pratique les vérités apprises. Ne nous arrive-t-il pas d’oublier que « Dieu a placé… dans l’assemblée… des gouvernements » aussi bien que « des aides », qu’Il a donné des « conducteurs » auxquels sont dues obéissance et soumission (cf. 1 Cor. 12:28 ; Héb. 13:17 ; 1 Thess. 5:12, 13) ? Si de telles autorités n’étaient pas exercées, les tendances inhérentes à notre vieille nature ne tarderaient guère à se manifester et nous verrions alors, comme aux temps des juges, chacun faire « ce qui est bon à ses yeux ». Par conséquent, lorsque se fait jour un certain esprit d’insoumission dans une famille ou dans une assemblée, ce n’est pas seulement la responsabilité de ceux chez lesquels il se trouve qui est en jeu mais encore celle des détenteurs de l’autorité : ce sont au fond leurs propres défaillances — dont chacun aura à rendre compte pour lui-même — qui ont permis à l’insoumission de se donner libre cours. Il n’y a plus dans l’assemblée d’anciens établis par l’autorité apostolique, mais il y en a qui sont reconnus comme tels parce qu’ils ont à cœur d’en manifester les caractères (1 Tim. 3:1 à 7 ; Tite 1:6 à 9) et de rechercher le bien de l’assemblée. Leur conduite, leur longue expérience chrétienne leur donnent l’autorité morale qui leur permettra de remplir leur charge dans la crainte du Seigneur, avec douceur mais aussi avec fermeté. Redisons-le, en insistant sur ce point : si certaines choses laissent à désirer dans une assemblée, il y a avant tout la responsabilité des frères qui ont, de la part du Seigneur, une charge et un service particuliers. C’est à l’ange de l’assemblée qu’il est dit : « J’ai contre toi… ».

 

8.3      Histoire qui se renouvelle : infidélités et relèvements se succèdent

Une autre remarque générale. En définitive, les différents récits qui nous sont rapportés dans ce livre retracent toujours, dans ses grandes lignes, la même histoire : le peuple fait « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel » (Juges 2:11 ; 3:7, 12 ; 4:1 ; 6:1 ; 10:6 ; 13:1), il tombe alors sous le joug d’un ennemi — que ce soit Moab, Canaan, Madian, les Philistins ou Ammon — ennemi envoyé par Dieu pour le châtier ; dans un premier temps, Israël essaie mais en vain d’échapper aux conséquences de ses fautes, puis il est en quelque sorte contraint de « crier à l’Éternel » et l’Éternel, prêt à intervenir, suscite un instrument pour le délivrer (Othniel, Éhud, Barak et Debora, Gédéon, Jephté, Samson). Cette histoire se renouvelle, toujours la même, le peuple paraissant ne tirer aucun profit des expériences faites et recommençant à pratiquer « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel ». La patience de Dieu se déploie d’une façon remarquable malgré les infidélités répétées d’Israël, jusqu’au jour où il est amené à dire à ce peuple rebelle : « Je ne vous sauverai plus » (ib. 10:13). C’est alors seulement que les Israélites manifestent une vraie humiliation, celle qui est accompagnée du rejet des idoles — il n’y a en effet de réelle humiliation que celle qui se traduit dans les actes : « ils ôtèrent du milieu d’eux les dieux étrangers, et servirent l’Éternel » (ib. 16). Aussi, tandis que l’Éternel avait tout d’abord déclaré : « Je ne vous sauverai plus », en présence de cette humiliation « son âme fut en peine de la misère d’Israël ». — Cette histoire n’est-elle pas aussi la nôtre et n’avons-nous pas encore sur ce point des enseignements à tirer de la considération de ces récits ? Puissions-nous être profondément exercés au sujet de nos manquements afin que notre humiliation soit sincère et traduite en actes, nous souvenant de ce qui est écrit : « Celui qui cache ses transgressions ne prospérera point, mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde » (Prov. 28:13). Puissions-nous aussi tirer d’utiles et profitables leçons des disciplines que Dieu est amené à nous dispenser !

 

8.4      Privés d’armes (armure du croyant)

Dans le chapitre 6 de ce livre des Juges, nous voyons Israël infidèle tomber sous le joug de Madian. Loin de comprendre le pourquoi de la discipline qui lui est ainsi dispensée, le peuple essaie d’y échapper. Que de fois agissons-nous de la même manière, nous efforçant nous aussi de trouver un abri dans « les antres qui sont dans les montagnes, et les cavernes, et les lieux forts » (Juges 6:2) ! Mais pendant qu’Israël s’emploie à éviter l’étreinte de l’ennemi, Madian pille les récoltes et réduit le peuple de Dieu à la disette (ib. 4, 5). Dans les jours précédents, l’adversaire avait réussi à priver Israël de ses armes : « on ne voyait ni bouclier ni pique chez quarante milliers en Israël » (Juges 5:8). Notre arme, défensive et offensive, c’est la Parole. Notre ennemi est très fort, il est rusé et subtil, que pouvons-nous faire contre lui si nous n’avons pas cette arme puissante, au moyen de laquelle et grâce à laquelle seule l’Homme parfait en a triomphé lors des trois tentations au désert ? Il nous faut cette arme, et il nous faut être revêtus de « l’armure complète de Dieu » (cf. Éph. 6:10 à 18), armure qui n’est pas la connaissance théorique de certaines vérités chrétiennes mais, comme on l’a dit, un état pratique de l’âme. Or l’ennemi, sachant bien qu’il ne peut être vaincu que par cette arme, s’emploie en premier lieu à nous en priver. Nous ne connaissons pas assez la Parole parce que notre adversaire s’efforce à nous occuper de mille choses de telle sorte que nous n’ayons plus le temps de l’étudier avec prière ; alors, quand il se présente avec ses tentations et ses pièges, nous ne savons pas répondre simplement : « Il est écrit », avec la parole à propos qui mettrait le diable en déroute. Le Seigneur permet les expériences que nous sommes ainsi amenés à faire pour manifester l’état de notre cœur et notre grande faiblesse. Puissions-nous, dans des circonstances semblables, comprendre pourquoi le Seigneur nous éprouve et pourquoi nous sommes défaits en présence de l’adversaire !

 

8.5      Privés de nourriture (la Parole de Dieu pour le croyant)

L’ennemi ne se contente pas de cela : non seulement il place devant nous occupations et obstacles pour nous empêcher d’étudier la Parole, mais encore il arrive aussi, tant de fois, à nous empêcher même de nous en nourrir. Étudier la Parole et s’en nourrir sont deux choses différentes : on peut s’en nourrir sans l’étudier, on peut aussi — si l’étude est purement intellectuelle — l’étudier sans s’en nourrir. Certes, les deux choses sont nécessaires, mais qu’au moins nous prenions cette nourriture indispensable à la vie de l’âme ! « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais… de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel » (Deut. 8:3).

Lorsque l’ennemi a réussi à nous priver de la nourriture spirituelle, nous sommes à sa merci : que peut en effet contre ce redoutable adversaire un croyant peu ou mal nourri et qui ne sait se servir de la Parole ni comme arme défensive (bouclier) ni comme arme offensive (pique) ? Bien des vies de croyants ou d’assemblées, si Dieu les retraçait comme celle d’Israël autrefois, témoigneraient probablement du fait que quelque Madian est venu piller les récoltes ! Ce qui est grave, c’est que généralement croyants ou assemblées continuent alors à poursuivre leur route tout comme s’ils étaient bien nourris. Dans le domaine des choses physiques, l’absence (ou même l’insuffisance) de nourriture ne tarde guère à être ressentie ; dans notre vie spirituelle il devrait en être de même, mais ce n’est pas toujours le cas : on va souvent, inconscient de sa faiblesse et pensant se trouver dans un état normal, bien que n’étant pas du tout, ou pas assez nourri ! Que des difficultés surviennent et la preuve est vite faite de notre manque de force ! C’est dans son amour envers nous que Dieu permet des circonstances manifestant notre réel état, car il veut nous amener à prendre conscience de notre misère et à crier vers Lui. Comprenons-nous le pourquoi de tant d’épreuves, survenant dans nos vies individuelles ou dans la vie des assemblées, que Dieu nous dispense pour nous faire toucher du doigt notre véritable état ? Ne devrions-nous pas commencer par nous demander si le fait que les difficultés nous semblent parfois tellement graves ne résulte pas pour une large part de notre extrême faiblesse, conséquence de notre peu d’appétit pour la nourriture spirituelle que nous laissons l’ennemi nous ravir si facilement ? Bien des détresses par lesquelles nous sommes amenés à passer sont permises ou envoyées par Dieu pour nous faire crier à Lui après que nous avons compris quelque peu notre misérable état. Lorsqu’il en est ainsi, gardons-nous de gémir sur ce qui nous arrive et de nous arrêter aux causes secondes comme nous le faisons trop souvent : allons jusqu’à la cause première. C’est ainsi seulement que nous tirerons un réel profit de l’épreuve dispensée.

 

8.6      Dieu attend pour répondre : il faut un travail intérieur

Lorsqu’enfin les fils d’Israël crient à l’Éternel (Juges 6:6), est-ce que tout aussitôt Celui vers lequel ils se tournent maintenant va briser la puissance de Madian ? Peut-être est-ce là ce qu’ils avaient espéré et sans doute est-ce la délivrance immédiate que nous attendons quand, du sein de la souffrance, nous regardons en-haut. Mais il y a bien des choses à régler avant la défaite de Madian, avant que Dieu intervienne pour nous sortir des détresses où nous nous trouvons en raison de nos infidélités. Nos circonstances éprouvantes sont bien souvent en effet la conséquence de nos défaillances ; nous aimerions que Dieu, répondant à nos prières, agisse tout de suite pour rétablir les choses mais, une situation extérieure étant la plupart du temps le fruit d’un état intérieur (les « issues » — ou résultats — « de la vie » viennent « du cœur » — Prov. 4:23), il est certain qu’Il doit en premier lieu opérer dans notre être intérieur. Ce principe est toujours vrai, qu’il s’agisse de la marche individuelle ou de la marche collective. — C’est ainsi que l’Éternel commence par envoyer à son peuple non pas du blé mais un prophète, chargé de lui rappeler ce que Dieu est et ce qu’il a fait pour lui. Le prophète ne s’adresse pas seulement au cœur des Israélites, il a aussi une flèche pour leur conscience : « Et vous n’avez pas écouté ma voix » (Juges 6:7 à 10). De la même manière Dieu nous parle aussi, en particulier par le moyen de sa Parole, qui est notre « prophète » : Il veut tout à la fois toucher notre cœur et transpercer notre conscience. Il nous aime trop pour nous délivrer de circonstances extérieures éprouvantes avant d’avoir opéré le travail intérieur nécessaire pour nous amener à juger ce qui est à l’origine des difficultés que nous traversons. En fait, le point de départ en est toujours le même : « Vous n’avez pas écouté ma voix » !

 

8.7      Ne pas se résigner devant la situation difficile

Au milieu d’un tel état de choses — quel encouragement pour un cœur fidèle — l’un des fils d’Israël, Gédéon, jeune encore sans doute, n’a pas pris son parti, avec plus ou moins de résignation, d’une situation difficile. Il n’a pas dit : Madian pille les récoltes, c’est un temps de famine, mais qu’y faire ? L’Éternel seul peut nous secourir ! Avec les moyens dont il dispose, si réduits et si inadaptés soient-ils, il a travaillé pour arracher quelques épis à Madian et, davantage encore, comme Ruth la Moabite, il a battu ce froment (cf. Ruth 2:17), pour sa nourriture, celle des siens sans doute et peut-être aussi celle de plusieurs en Israël. Quel encouragement pour quiconque aime le Seigneur et les siens, et ne se laisse arrêter ni par la ruine générale et la puissance de l’ennemi, ni par sa petitesse et la crainte de ne pas pouvoir grand-chose eu égard à l’importance des besoins ! Dieu veuille susciter, de nos jours, bien des frères désireux d’imiter un tel exemple ! — Tandis que l’Éternel considère l’état de son peuple infidèle, il distingue Gédéon auquel il peut dire : « L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme » (Juges 6:12). Le Seigneur sera toujours avec celui qui, tel Gédéon autrefois, aura à cœur de recueillir dans la Parole quelque nourriture pour lui-même, nourriture qu’il pourra ensuite mettre à la disposition de son entourage, dans son foyer ou dans l’assemblée. Mais encore, Gédéon est appelé « fort et vaillant homme ». Combien ces paroles ont dû le surprendre, lui qui avait conscience d’être « le plus petit dans la maison de son père » tandis que « son millier était le plus pauvre en Manassé » (ib. 15) ! Tant il est vrai que la force se puise dans la Parole, seule nourriture de l’âme ; c’est cette Parole divine qui, dans la mesure où elle est mise en pratique, peut faire de chacun de nous un « fort et vaillant homme ».

 

8.8      Ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré

Mais il y a plus : les traits discernés par l’Éternel en Gédéon sont de telle nature qu’il sera l’instrument choisi pour la délivrance du peuple. Il est vrai dans tous les temps que « ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré » (1 Tim. 3:13). Dans sa grâce, le Seigneur veut employer à son service, pour le bien et la délivrance des siens, ceux qui malgré leur faiblesse manifestent les caractères vus jadis en Gédéon. Nouvel encouragement qu’il vaut la peine de souligner ! Certes, Gédéon est rempli de crainte à la pensée du service qui lui échoit — et cette crainte doit habiter le cœur de chacun des serviteurs du Seigneur — mais la puissance de Dieu s’accomplit dans notre infirmité, et plus grande est la conviction de notre faiblesse, sentie et confessée, plus il sera manifeste que « l’excellence de la puissance » est « de Dieu et non pas de nous » (cf. 2 Cor. 12:9 ; 4:7). Gédéon pourra s’engager dans le chemin ouvert devant lui avec cette promesse divine : « Tu frapperas Madian comme un seul homme » et, s’il est amené à douter, il pourra aussi se souvenir de ces paroles : « Ne t’ai-je pas envoyé ?… Moi je serai avec toi » (Juges 6:14, 16). Celui que le Seigneur a envoyé peut aller avec une pleine confiance : Il sera avec lui et lui donnera la force et les ressources nécessaires pour remplir le service confié.

 

8.9      Mettre de l’ordre chez soi

Pourtant, le moment n’était pas encore venu de combattre et de vaincre Madian. Avant d’aller accomplir sa tâche, le serviteur doit être mis à l’épreuve. La force n’est pas seulement dans tout ce que peut communiquer à l’âme la nourriture spirituelle recueillie dans la Parole : la Parole lue et méditée ne suffit pas, elle doit être obéie. Se nourrir de la Parole, puis obéir à cette Parole, tel est le véritable secret de la force, de la force qui est en Dieu seul mais qu’il veut nous communiquer et qui ne peut nous être communiquée autrement. Quel enseignement important, qui nous dit le pourquoi de nos faiblesses ! — Il y avait une idole dans la maison de Joas, père de Gédéon (ib. 25). Le Seigneur ne peut employer un serviteur de manière utile et profitable pour les siens si l’état de sa maison laisse à désirer. Principe important mais trop souvent méconnu, ce qui explique sans doute la stérilité de bien des services ! Il n’était pas possible que Gédéon opérât la délivrance du peuple alors qu’il y avait une idole dans la maison de son père : la victoire remportée n’aurait-elle pu, aux yeux de certains, être attribuée à Baal ? Aussi l’Éternel donne à Gédéon des ordres très précis (ib. 25, 26). D’une part, l’idole doit être ôtée ; d’autre part, Gédéon doit être mis à l’épreuve : obéira-t-il à la parole de l’Éternel, si dur que ce puisse être pour lui, sans murmures et sans raisonnements ?

Certes, à proprement parler, il n’y a pas d’autels de Baal à l’intérieur de nos maisons, mais n’y a-t-il pas d’idoles ? Que de choses peut-être qui, entre les mains de l’ennemi, apportées par lui, sont le moyen de nous éloigner plus ou moins de Celui que nous sommes responsables de suivre et de servir ! Tout cela est à ôter sans faiblesse, de la même manière que Gédéon devait détruire l’autel de Baal dans la maison de son père. — Que d’objections aurait pu présenter le fils de Joas : cette maison, c’était non pas la sienne mais celle de son père, qui en avait la responsabilité et auquel il était, lui son fils, tenu d’obéir. Sans doute Éphésiens 6:1 à 3 n’était pas encore écrit mais Gédéon connaissait certainement les commandements de la loi (cf. Ex 20:12) et l’autorité paternelle était jadis de celles que l’on ne discutait pas. Par ailleurs, Gédéon aurait pu mettre en avant les conséquences possibles de l’action qui lui était prescrite : il risquait sa vie (cf. Juges 6:30) ; comment alors la délivrance du peuple aurait-elle pu être opérée, puisqu’il devait en être l’instrument ? — Que de fois nous raisonnons, nous discutons, essayant de faire dire à la Parole autre chose que ce qu’elle nous demande, alors que nous devrions obéir avec simplicité ! Bien souvent, pour excuser notre manque d’obéissance, nous mettons en avant des relations de famille ou des rapports fraternels que nous considérons comme étant de nature à nous dispenser d’obéir à telle ou telle injonction de l’Écriture ; ou encore, nous assurons que la stricte obéissance à la Parole n’est autre chose que l’attachement excessif à des principes et nous nous glorifierions peut-être de ne pas être des chrétiens intransigeants ! Autant de choses que l’ennemi vient nous suggérer pour nous empêcher d’obéir ; tenus alors sous son emprise, aveuglés par lui, nous sommes sans force aucune. Il faut le patient travail de la grâce de Dieu en nous pour nous délivrer d’un tel état ! — Pour Gédéon, c’était une circonstance où il fallait obéir à Dieu plutôt qu’à son père adorateur d’idoles, « obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5:29). Et Gédéon a obéi, avec beaucoup de crainte sans doute, agissant de nuit, mais il a obéi quand même, sans raisonner et quoi qu’il ait pu lui en coûter.

 

8.10  L’obéissance amène une grande délivrance

Quelles furent les conséquences de son obéissance d’abord pour sa maison, ensuite pour le peuple ? Son obéissance pouvait lui faire perdre la vie, elle fut en définitive le moyen d’amener son père à se « tourner des idoles vers Dieu » (comp. Juges 6:31, 32 et 1 Thess. 1:9) : dirions-nous, en employant le langage du Nouveau Testament, qu’elle fut le moyen de la conversion de son père ? Après les craintes, peut-être les angoisses éprouvées, quelle dut être la joie de Gédéon en entendant les paroles prononcées par son père ! Avait-il pensé que son obéissance aurait un tel résultat ? Sans doute éprouvait-il que Dieu « peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons » (Éph. 3:20). Que cela nous encourage à une obéissance entière à la Parole ! — Pour le peuple : manifesté fidèle dans l’épreuve à laquelle il fut soumis, Gédéon pouvait désormais prendre la tête des trois cents hommes qui allaient vaincre Madian et délivrer Israël — type d’un résidu fidèle dans un jour de ruine. Telles sont les deux conséquences remarquables de l’obéissance du fils de Joas !

Et s’il n’avait pas obéi ? Sans doute Dieu, par d’autres moyens, aurait-il opéré ce qu’il se proposait, c’est-à-dire « converti » Joas et délivré Israël, mais Gédéon aurait perdu à jamais le privilège d’être employé par Lui pour l’un et l’autre de ces deux services. Que de pertes nous faisons souvent, bien des fois sans en avoir conscience, par notre manque d’obéissance ! Nous nous privons, entre autres choses, de la bénédiction qui est toujours attachée à l’obéissance et que Gédéon a connue dans sa maison et parmi le peuple de Dieu. Sans parler du fait que nous aurons à rendre compte à Dieu de chacune de nos désobéissances, soit présentement, soit au tribunal de Christ (cf. 2 Cor. 5:10).

 

8.11  Exemples à imiter

Que Dieu opère en nous le travail de sa grâce et nous mette à cœur d’imiter l’exemple de celui qui figure dans cette remarquable lignée d’hommes de foi dont nous parle le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux (v. 32), qui a été, à sa place et dans sa mesure, imitateur lui-même de Celui qui demeure « le chef et le consommateur de la foi », l’Homme Christ Jésus, homme obéissant, « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (cf. Ps. 40:8 ; Jean 4:34 ; Phil. 2:8). Si Gédéon est pour nous un exemple, Christ est notre parfait Modèle. Il est Celui qui n’a reculé devant rien dans le chemin de l’obéissance, qui « quoiqu’il fût Fils, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » et qui « a souffert pour nous, nous laissant un modèle, afin que nous suivions ses traces » (Héb. 5:8 ; 1 Pierre 2:21).

Retenons les enseignements de Juges 6 et que la grâce nous soit accordée d’être des « faiseurs d’œuvres » et non des « auditeurs oublieux » !

 

 

9        Mise à l’épreuve (Exode 32 et 33)

ME 1965 p.87

9.1      Le veau d’or et ses offrandes

Monté sur la montagne où il demeure quarante jours et quarante nuits après avoir laissé le peuple dont il était le libérateur aux soins d’Aaron et Hur (Ex. 24:12 à 18), Moïse n’est plus pour Israël que « ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte ». Le cœur du peuple infidèle, se détournant de lui et de l’Éternel qui l’avait suscité, désire un autre objet : « Fais-nous un dieu qui aille devant nous », demande-t-il à Aaron. C’est alors la scène d’Ex. 32:2 à 6 : Aaron présente au peuple « un veau de fonte » comme étant « son dieu » qui l’a fait monter du pays d’Égypte, bâtit un autel et, le lendemain, les Israélites « offrirent des holocaustes, et amenèrent des sacrifices de prospérités ». Soulignons le caractère de ces offrandes, sans qu’il soit besoin de rappeler leur signification. Selon les expressions du Psalmiste, « ils firent un veau en Horeb, et se prosternèrent devant une image de fonte ; et ils changèrent leur gloire en la figure d’un bœuf qui mange l’herbe » (Ps. 106:19 à 23).

 

9.2      Types de ce qui nous concerne

Le peuple va jusque-là dans la méconnaissance de son Dieu et l’oubli de ce qu’Il avait fait pour lui ! Mais « toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement » (1 Cor. 10:7 et 11). Dans quelle mesure avons-nous pratiquement la connaissance de ce que Dieu est, Amour et Lumière, de ce qu’Il a fait en notre faveur, de ce que son amour réclame de nous et des exigences de sa sainteté ? Notre extrême faiblesse, le déclin spirituel sur lequel nous gémissons beaucoup tout en le sentant trop peu, ne nous ont-ils pas insensiblement conduits à rabaisser le niveau divin et, par suite, à tolérer dans nos vies individuelles et dans les assemblées ce qui est incompatible avec la connaissance de Dieu, sa présence et ses caractères ?

 

9.3      Ce qui guide l’action de Moise

L’Éternel ne peut plus reconnaître comme son peuple ce peuple qui l’a outragé ; aussi dit-Il à Moïse : « Va, descends ; car ton peuple que tu as fait monter du pays d’Égypte, s’est corrompu ». Et il annonce le jugement qu’Il a décrété : « Laisse-moi faire, afin que ma colère s’embrase contre eux, et que je les consume ; et je ferai de toi une grande nation » (Ex. 32:7 à 10). Ici se place la première intercession de Moïse en faveur de ce peuple idolâtre ; elle témoigne tout à la fois de son amour profond pour Israël et du sentiment élevé qu’il avait de ce qui convenait à la gloire de Dieu. Tandis qu’il est ainsi mis à l’épreuve, tels sont les deux mobiles qui guident son action, et en cela il est un exemple pour nous qui avons parfois tendance à perdre de vue les exigences de la gloire divine et à nous laisser entraîner par un amour mal compris pour les enfants de Dieu. En fait, ce n’est plus alors un amour selon Dieu (cf. 1 Jean 5:2), de sorte que rien n’est maintenu ni de l’amour pour les saints ni de la gloire de Dieu.

 

9.4      Appel aux promesses. Appel à se séparer pour l’Éternel

Moïse ne fait pas appel à la miséricorde divine, l’alliance de Sinaï ne le lui permettait pas ; il fait valoir les promesses faites aux pères, promesses que l’Éternel se doit à Lui-même d’accomplir. Aussi, « l’Éternel se repentit du mal qu’il avait dit qu’il ferait à son peuple » (Ex. 32:11 à 14). Moïse peut alors « se tourner » vers le peuple ; il le fait dans le sentiment de la gravité du péché qui a été commis, avec le désir d’amener Israël à le reconnaître et à s’en humilier. Ayant brisé les tables de la loi au pied de la montagne, « il prit le veau qu’ils avaient fait, et le brûla au feu, et le moulut jusqu’à ce qu’il fût en poudre ; puis il le répandit sur la surface de l’eau, et en fit boire aux fils d’Israël » (v. 15 à 20). Après quoi, considérant le désordre et la confusion qui régnaient dans le camp, il comprit que les fidèles parmi le peuple devaient prendre une position de séparation pour Dieu : « Et Moïse se tint à la porte du camp, et dit : « À moi, quiconque est pour l’Éternel ! ». L’appel est individuel, quiconque est « pour l’Éternel » est responsable d’y répondre, se séparant ainsi d’un peuple au milieu duquel l’Éternel ne peut plus habiter. Tous les fils de Lévi se rassemblent alors vers Moïse, constituant l’ensemble de ceux qui sont « pour l’Éternel ». Lévi signifie : attachement, ou joint ; un fils de Lévi, c’est celui qui, attaché à l’Éternel, désire se joindre au témoignage. Mais « se rassembler vers lui » ne suffit pas, une mise à l’épreuve est nécessaire. C’est pourquoi Moïse va mettre à l’épreuve ceux qui ont répondu à son appel et ont eu l’énergie de se déclarer « pour l’Éternel ». Il leur donne l’ordre du verset 27 : « Que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami ». En fait, si nous sommes placés dans des circonstances à propos desquelles Exode 32 et 33 nous donnent l’enseignement divin, il s’agit pour nous de montrer pratiquement qu’aucune considération ne peut nous arrêter dans le chemin de l’obéissance à la Parole et de la fidélité au Seigneur, en vue de sauvegarder son témoignage. Il n’est pas un vrai fils de Lévi, capable d’obéir à l’ordre de Moïse, celui qui donne le pas aux liens l’unissant à un frère, à un compagnon, à un intime ami. Hélas ! combien de fois de semblables considérations ont-elles plus de poids pour nous que les droits du Seigneur, les exigences de sa sainteté et ce qui convient à sa gloire ! « Nous ne connaissons personne selon la chair », écrit l’apôtre (2 Cor. 5:16), puissions-nous vraiment le réaliser chacun pour ce qui nous concerne, n’oubliant pas que le maintien d’un témoignage fidèle est à ce prix ! Là seulement nous pourrons goûter la bénédiction ; elle est promise à ceux qui se séparent de tout mal et de tous ceux qui vivent dans le mal ou s’associent à ceux qui le pratiquent : « Consacrez-vous aujourd’hui à l’Éternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourd’hui sur vous une bénédiction » (Ex. 32:21 à 29).

 

9.5      Suivre la pensée de Dieu et avoir Son approbation

L’ennemi cherche toujours à nous arrêter sur les apparences et nous manquons souvent du discernement spirituel nécessaire pour dépouiller les apparences et voir la réalité qu’elles recouvrent. Que de manquements avons-nous à confesser à cet égard ! Combien de fois nous est-il arrivé d’agir en opposition à la pensée de Dieu, alors que nous pensions au contraire manifester de l’amour et de la grâce, nous en glorifiant même peut-être ! Et si parfois nous avons discerné le chemin à suivre, n’avons-nous jamais reculé, craignant que notre attitude fût mal comprise et jugée trop sévère ? N’avons-nous pas préféré l’approbation d’un frère, d’un compagnon, d’un intime ami, alors que nous sentions en nous-mêmes que, dans ce chemin, nous ne pouvions avoir celle du Seigneur ?

 

9.6      Hors du camp. Amour vrai pour le peuple de Dieu

L’appel adressé par Moïse se tenant à la porte du camp, l’ordre donné aux fils de Lévi, tout cela semblait témoigner en apparence d’un manque d’amour à l’égard du peuple. N’aurait-on pu dire : ce peuple est le peuple de Dieu, il faut travailler à sa restauration et attendre avec patience que cette œuvre soit achevée ? En apparence, ces pensées sont excellentes et auraient pu séduire le cœur de plusieurs ; en réalité, c’eût été tout l’opposé de la pensée de Dieu. — Moïse aimait profondément le peuple, son intercession des versets 11 à 13 en est une preuve, mais il l’aimait d’un amour vrai, c’est pourquoi il agit à son égard comme nous le voyons dans les versets 19 et 20 d’une part, 26 à 29 d’autre part. Sa deuxième intercession en faveur du peuple (v. 30 à 32) complète cet ensemble et nous dit assez que ses sentiments n’avaient pas changé malgré l’action qu’il avait dû exercer. Ne demande-t-il pas à l’Éternel : « Et maintenant, si tu pardonnes leur péché…, sinon, efface-moi, je te prie, de ton livre que tu as écrit » (v. 30 à 35) ? Pouvait-il aller plus loin ?

 

9.7      Réalité de l’humiliation

Au chapitre 33, l’Éternel ordonne à Moïse et au peuple de poursuivre le voyage vers le pays de la promesse ; Il promet d’envoyer un ange, mais Il doit ajouter : « car je ne monterai pas au milieu de toi ». Le Dieu de sainteté pourrait-Il habiter au milieu d’un peuple qui l’a outragé ? Lorsque « le peuple entendit cette parole fâcheuse », il « mena deuil, et personne ne mit ses ornements sur soi ». Cette attitude de repentir et d’humiliation était bien celle qui convenait et sans doute l’Éternel en tint compte : Il ne consuma pas le peuple comme Il l’avait décrété. Mais Lui qui seul sonde les cœurs et les consciences pouvait-Il y discerner un jugement profond du péché qui avait été commis ou seulement la peur d’un châtiment mérité et le désir d’y échapper ? Nous pouvons fort bien prendre une attitude, prononcer des paroles d’humiliation ; Dieu seul connaît le degré de l’humiliation réellement produite dans le cœur ; Il sait si nous déchirons « nos cœurs » ou simplement « nos vêtements » (cf. Joël 2:12 à 14) car « l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » (1 Sam. 16:7).

 

9.8      Tente d’assignation dressée hors du camp

Malgré l’attitude d’humiliation signalée au verset 4, Celui qui « regarde au cœur » ne peut habiter au milieu du peuple ; le camp a été souillé, le peuple « s’est corrompu », c’est « hors du camp, loin du camp », que Moïse, avec l’intelligence de la foi, dresse la tente d’assignation. Il « la tendit pour lui » : eût-il dû être seul à prendre une telle position, il n’hésita cependant pas à le faire. Que de considérations pourtant l’on aurait pu mettre en avant pour désapprouver cette action ! N’était-ce pas manquer d’amour pour le peuple, un peuple qui avait « mené deuil » ? Ne convenait-il pas au moins d’attendre avec patience que l’Éternel eût Lui-même clairement manifesté les choses ? Et où Moïse avait-il trouvé un commandement de Dieu pour dresser cette tente « hors du camp, loin du camp » ? Ayant le réel désir de faire la volonté de Dieu, ne nous arrive-t-il pas de nous laisser arrêter par les raisonnements subtils qu’un adversaire, habile et rusé, vient nous suggérer, tandis qu’il conviendrait d’agir sans faiblesse et avec foi ?

La position de séparation que prend Moïse n’est pas incompatible avec son amour pour le peuple parce que c’est un amour selon Dieu. Il agit dans l’intelligence des pensées divines, ayant le souci de sa gloire au milieu d’Israël et cherchant le bien du peuple dans le maintien de cette gloire, foulée aux pieds lorsqu’avait été fait et adoré le veau de fonte. Il n’a besoin d’aucun commandement particulier pour dresser la tente d’assignation, le discernement spirituel lui fait comprendre ce qui convient en un tel moment.

La tente d’assignation devient alors un centre de ralliement pour « tous ceux qui cherchaient l’Éternel », pour tous ceux qui désiraient se séparer du mal et jouir de la présence divine. Un manque de discernement et d’énergie spirituelle chez Moïse l’eussent empêché de dresser la tente hors du camp et quelle perte c’eût été pour Dieu et pour les fidèles parmi le peuple, pour le peuple lui-même : il n’y aurait eu, en effet, aucun lieu où Dieu pût se trouver, où les fidèles pussent se rassembler, aucun témoignage rendu devant le peuple de ce qui convenait à la gloire de l’Éternel.

 

9.9      Responsabilités en rapport avec la tente d’assignation

Désormais, la responsabilité de tout Israélite désireux d’être fidèle est de « sortir vers la tente d’assignation qui était hors du camp ». Comme il convenait en premier lieu de répondre à l’appel de Moïse lorsqu’il se tint « à la porte du camp » : « À moi, quiconque est pour l’Éternel ! », il fallait maintenant se séparer d’un peuple infidèle au milieu duquel l’Éternel ne pouvait plus habiter, et se rassembler, selon le langage du Nouveau Testament, « avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:22). Cela a été et demeure la responsabilité du fidèle dans tous les temps. Tout groupement dans lequel le nom du Seigneur est déshonoré, l’autorité de la Parole, bien que revendiquée peut-être, pratiquement méconnue sur des points essentiels, constitue un « camp » hors duquel les fidèles doivent « sortir ». On peut bien assurer vouloir maintenir les principes de la Parole, si la marche pratique montre qu’ils sont laissés de côté pour ce qui est des fondements même, si l’état moral d’un rassemblement devient tel que le Saint et le Véritable ne peut y demeurer, il n’y a là qu’un « camp » et « tous ceux qui cherchent l’Éternel » doivent s’en séparer, se dirigeant vers la tente d’assignation dressée « hors du camp, loin du camp ».

 

9.10  Obéissance de la foi

Là encore, bien des questions n’auraient-elles pu être posées par un Israélite fidèle, désireux de faire la volonté de Dieu ? Faut-il vraiment sortir « hors du camp », se séparer de l’ensemble du peuple de Dieu ? Se diriger vers la tente d’assignation, est-ce bien le vrai chemin, est-ce là que Dieu veut se trouver ? Ne serait-il pas mieux d’attendre patiemment que l’Éternel ait donné son approbation à l’acte accompli par Moïse ? Ce sont là des exercices bien compréhensibles chez une âme fidèle qui craint de se tromper et de désobéir, mais ne dénotent-ils pas un certain manque de foi ? Si l’Éternel avait tout aussitôt marqué son approbation de l’acte de Moïse, il n’y aurait eu aucun exercice de foi chez les Israélites fidèles ; or, Dieu voulait exercer la foi de ceux qui se déclaraient pour Lui, comme Il l’avait fait pour les fils de Lévi lorsqu’ils se rassemblèrent vers Moïse, répondant à son appel (Ex. 32:26 à 29). Dans des circonstances semblables, Dieu met notre foi à l’épreuve et le principe est toujours le même : « Si tu crois, tu verras… » (cf. Jean 11:40). Que devaient faire les Israélites à la mer Rouge ? « Et l’Éternel dit à Moïse : Que cries-tu à moi ? Parle aux fils d’Israël, et qu’ils marchent… » (Ex. 14:15). Mais la mer est devant eux, il n’y a pas de chemin… Qu’importe !

Qu’ils marchent, puisque l’Éternel l’a commandé ! Que leur foi soit entière, qu’ils montrent en dépit de toutes les impossibilités qu’ils comptent sur Dieu et croient sa parole, dite par le moyen de son serviteur Moïse ! Et Lui interviendra, car Il répond toujours à l’attente de la foi.

 

9.11  Résumé. Témoignage et communion 

Insistons sur l’ordre des faits dans le passage d’Exode 33:7 à 11, il est tout à fait remarquable :

1° Moïse dresse la tente « pour lui hors du camp, loin du camp ».

2° « Tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp » (v. 7).

3° Tout le peuple se lève et suit des yeux Moïse, jusqu’à ce qu’il entre dans la tente.

Par conséquent, à la suite de l’acte de Moïse, d’une part les fidèles se trouvent rassemblés et, d’autre part, un puissant témoignage est rendu vis-à-vis du peuple demeuré dans le camp.

Alors, mais alors seulement :

4° « La colonne de nuée descendit, et se tint à l’entrée de la tente, et l’Éternel parla avec Moïse » (v. 9).

L’acte de Moïse, celui des fidèles reçoivent maintenant l’approbation divine et l’Éternel se révèle à son serviteur d’une manière beaucoup plus intime encore que dans le passé : « Et l’Éternel parlait à Moïse face à face, comme un homme parle avec son ami » (v. 11). Dans les jours les plus sombres, la communion avec le Seigneur, réalisée dans la séparation du mal, « hors du camp, loin du camp », peut être goûtée davantage encore que dans les jours de prospérité. Des circonstances douloureuses et profondément exerçantes constituent, de la part du Seigneur, une mise à l’épreuve et c’est alors qu’Il apprécie d’une manière particulière la fidélité des siens ; aussi, leur accorde-t-il le privilège de jouir de sa communion à un très haut degré. Quelle douleur pour Moïse lorsqu’il considérait l’état du peuple demeuré dans le camp, mais quelle part précieuse, récompense accordée à sa fidélité, quand l’Éternel parlait avec lui « face à face, comme un homme parle avec son ami » !

« Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10:11).

 

 

10   Le reniement de Pierre

ME 1969 p.232

10.1  Quand le Seigneur en a parlé

Si la Parole nous rapporte avec quelques détails les circonstances qui ont trait au reniement de Pierre — alors que le Seigneur, lorsqu’Il a achevé l’œuvre de restauration déjà commencée en lui, ne lui a rien dit des faits ayant marqué son humiliante défaillance (Jean 21:15 à 23) — c’est bien parce que nous avons d’utiles enseignements à retirer, pour ce qui nous concerne, du récit qui nous en est donné. Ce récit se trouve dans les quatre évangiles (Matt. 26:31 à 35, 69 à 75 ; Marc 14:27 à 31, 66 à 72 ; Luc 22:31 à 34, 54 à 62 ; Jean 13:36 à 38 et 18:15 à 18, 25 à 27), ce qui souligne son importance, puisque peu nombreux sont les récits rapportés dans chacun des quatre évangiles.

 

10.2  Qualités et défauts de Pierre

Rappelons que Pierre n’était pas un croyant à la marche relâchée, au cœur tiède, peu attaché au Seigneur, vivant ici-bas pour lui-même. Tout au contraire, il était rempli d’amour pour son Maître et pouvait lui dire en vérité : « Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi » (Marc 10:28). Il estimait même, et c’est le véritable point de départ de sa chute, qu’il aimait tellement le Seigneur qu’il serait capable de faire pour lui ce que d’autres ne feraient pas. Cette excessive confiance dans son amour pour le Seigneur l’a conduit à renier son Maître. — Ce que nous venons de rappeler est intéressant à souligner et donne plus de poids encore à l’enseignement que nous pouvons dégager de ce récit.

 

10.3  Avertissements donnés à l’avance à Pierre

Le Seigneur venait d’instituer la Cène (Marc 14:22 à 26) et c’est immédiatement après qu’il dit à ses disciples : « Vous serez tous scandalisés ; car il est écrit : « Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées », ajoutant cependant cette parole qui était bien de nature à soutenir leur foi dans l’épreuve douloureuse qu’ils allaient traverser : « mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée » (ib. 27, 28). C’était donc la certitude que si les disciples devaient voir leur Seigneur et Maître élevé sur une croix, ils le verraient à nouveau, mais vainqueur de la mort et venant lui-même vers eux. C’est alors que Pierre déclare : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi » (ib. 29). À quoi peut conduire la confiance qu’a Pierre dans son amour ardent pour le Seigneur ! Jésus a dit : « Vous serez tous scandalisés… », mais Pierre s’oppose : tous les autres, peut-être, en tout cas pas moi ! Dans sa grâce, le Seigneur l’avertit : « En vérité, je te dis qu’aujourd’hui, cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté deux fois, toi, tu me renieras trois fois » (ib. 30). Toi, et pas les autres. Ce « toi » du verset 30 n’aurait-il pas dû ébranler la confiance de celui qui avait prononcé le « moi » du verset 29 ? L’avertissement du Seigneur n’aurait-il pas dû l’amener à réfléchir et à revenir ? Rien de cela, hélas ! C’est « encore plus fortement » que Pierre s’écrie : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point » (ib. 31). Une nouvelle fois, il s’oppose à ce que Jésus vient de lui dire : « Tu me renieras » — « Je ne te renierai point ». Et il entraîne dans cette voie tous les autres disciples. — Le récit de Matthieu (26:31 à 35), à un détail près, est le même que celui de Marc.

N’accablons pas le disciple ! Bien au contraire, méditons l’instruction que nous pouvons retirer de cette scène. Que de fois, sans doute, nous ressemblons à Pierre, insensibles aux avertissements que le Seigneur nous fait entendre, prenant le contre-pied de ce que nous dit l’Écriture, nous croyant meilleurs, plus sages ou plus forts que d’autres et, de surcroît, n’ayant pas toujours pour mobile, dans notre action, l’amour profond et sincère que Pierre avait pour le Seigneur !

 

10.4  Grâce du Seigneur qui prend Pierre à Gethsémané

Vient ensuite la scène de Gethsémané. Le Seigneur « prend avec lui Pierre et Jacques et Jean » (Marc 14:33). Dans le récit de Matthieu, les noms de Jacques et Jean ne sont pas spécifiés, il est dit seulement « les deux fils de Zébédée », mais Pierre, lui, est bien désigné par son nom. Le Seigneur va livrer le terrible combat de Gethsémané, il va en connaître toute l’angoisse, sa sueur devenant comme des grumeaux de sang découlant sur la terre, et cependant, entrant dans ce jardin, il demandera à Pierre de l’y accompagner. Après l’entretien qu’il vient d’avoir avec lui, après les paroles prononcées par le disciple, ne nous semble-t-il pas que Pierre aurait dû être mis de côté ? Mais Jésus ne le repousse pas et nous voyons briller là la grâce infinie de Celui qui, au travers de tous nos manquements, veut quand même s’occuper de nous pour nous avertir, nous aider, atteindre notre conscience en parlant à notre cœur. Quel encouragement pour nous de savoir que nous avons pour Maître et pour Berger le même Jésus qui s’est occupé de Pierre, qui l’a pris avec lui dans le jardin de Gethsémané, malgré ce qu’il venait d’affirmer avec une telle assurance et en opposition avec ce qu’Il lui avait déclaré !

 

10.5  Pierre interpellé à Gethsémané

Son âme « saisie de tristesse jusqu’à la mort », Jésus laisse un moment ses trois disciples après leur avoir dit : « Demeurez ici et veillez ». Lui, livre le combat solitaire : « Il priait que, s’il était possible, l’heure passât loin de lui ». Il s’adresse à son Père, fait appel à l’amour infini de son cœur : « Abba, Père », à sa toute puissance : « toutes choses te sont possibles », demeurant cependant dans une soumission entière à Celui dont il était venu ici-bas accomplir toute la volonté : « non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! ». Ayant ainsi prié une première fois, il vient vers les disciples et « les trouve dormant », tous les trois. Mais c’est à Pierre qu’il s’adresse : Simon, tu dors ? Tu n’as pu veiller une heure ? » Grâce merveilleuse de Celui qui, une fois encore, prend tendre soin de son disciple, essayant de l’arrêter sur le chemin où il s’est engagé ! N’est-ce pas comme s’il lui disait : « Pierre, prends garde ! Tu prétends que tu ne seras pas scandalisé, tu assures que tu es prêt à mourir avec moi et tu n’as même pas pu veiller une heure ! Ne vois-tu pas que tu as trop présumé de tes forces ? Reviens avant qu’il ne soit trop tard ! ». Pierre demeure insensible, sourd à cette parole de grâce… Et le Seigneur le trouvera encore dormant, après qu’ayant prié une deuxième fois il reviendra vers les trois disciples (Marc 14:32 à 40). Dans l’évangile de Marc, le Seigneur s’adresse personnellement à Pierre, pour ce qui le concerne lui : « Simon, tu dors ? », tandis que dans l’évangile de Matthieu, il lui dit : « Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ? » (Matt. 26:36 à 43).

 

10.6  Satan criblant Pierre, le Seigneur le sachant

Dans l’évangile de Luc, le récit diffère quelque peu. Le Seigneur avertit Pierre : « Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé… » (Luc 22:31). Satan ne peut agir sans la permission divine : il demande. Il voulait alors « cribler » les disciples, ne le veut-il pas encore aujourd’hui et le Seigneur ne le lui permet-il pas, comme aux jours de Pierre ou de Job ? Soyons assurés que lorsqu’il le permet c’est en vue de notre bien, comme ce fut le cas et pour Pierre et pour Job. Dire à des croyants tourmentés, agités, obsédés, traversant le « crible », qu’ils sont peut-être, pour un moment et avec la permission du Seigneur qui ne les perd jamais de vue, « entre les mains » de l’adversaire, ne doit en aucune manière les troubler, les conduire à l’accablement et au découragement ; ce doit être pour eux, au contraire, le point de départ de la délivrance, leurs yeux étant ouverts sur ce qu’ils n’avaient sans doute pas discerné jusqu’alors.

Qu’ils soient d’abord bien persuadés que si l’ennemi a pu agir à leur égard, il ne l’a fait que parce que le Seigneur l’a permis et que, le permettant, il a fixé des limites que l’ennemi ne pourra pas dépasser (cf. Job 1:12 : « Voici, tout ce qu’il a est en ta main, seulement tu n’étendras pas ta main sur lui » — et 2:6 : « Le voilà entre tes mains, seulement épargne sa vie »). L’Éternel a d’abord livré tout ce qu’avait Job (y compris ses enfants), ensuite Job lui-même, « entre les mains » de Satan, mais Satan n’ira pas au-delà des limites qui lui ont été assignées.

 

10.7  Leçon apprise par Job

Que ces croyants veuillent bien considérer ensuite que dans les deux exemples de Job et de Pierre, il s’agit d’hommes fidèles, attachés à Dieu (cf. Job 1:1, 8 ; 2:3), mais qui avaient l’un et l’autre quelque chose à apprendre. Tout au long du livre de Job nous est donné le récit des combats que le patriarche a dû livrer dans son cœur et dans son âme avant d’en arriver à apprendre la double leçon qui lui était nécessaire : d’une part, se connaître vraiment lui-même et, d’autre part, connaître vraiment l’Éternel. Au terme de ses luttes, il a été amené à dire : « J’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre », et encore : « Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu » (Job 42:5, 6). Il a fallu, dans la sagesse des voies de Dieu, que l’Éternel dise à Satan : « le voilà entre tes mains » pour que, à la fin, Job puisse parler ainsi. Telle est « la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (Jacques 5:11). Job « entre les mains » de Satan, combien c’est terrible et douloureux ! Mais pour quelle « fin » ! Une fois encore, « le méchant fait une œuvre trompeuse » (Prov. 11:18). N’y a-t-il pas là un encouragement précieux pour un croyant qui, ayant discerné qu’il est sous l’étreinte de l’adversaire, est amené à comprendre le « pourquoi » de son épreuve et quelle est « la fin du Seigneur » ? Que jamais sa confiance en Dieu ne faiblisse et qu’il ne perde pas de vue que c’est avec « le bouclier de la foi » que l’on peut « éteindre tous les dards enflammés du méchant » (Éph. 6:16).

 

10.8  Le Seigneur priant à l’avance pour que la foi ne défaille pas

Encore un autre encouragement. Le Seigneur dit à Pierre : « Mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Luc 22:32). Peut-être Satan vous livre-t-il de rudes assauts, agit-il sur votre esprit, essayant d’en prendre possession, peut-être aussi trouble-t-il votre cœur ? Dans la souffrance que vous éprouvez, dans la détresse qui est la vôtre, écoutez la voix de Jésus qui vous dit, comme à Pierre autrefois : « J’ai prié pour toi ». Quel apaisement cette parole apporte à une âme tourmentée ! Le Seigneur avait permis à Satan de cribler les disciples mais il avait prié pour eux, pour Pierre tout spécialement car il était le plus en danger, en raison même de la si grande confiance qu’il avait dans son amour pour son Maître. Et qu’avait-il demandé pour eux ? Que le « crible » leur soit épargné ? Non. Le Seigneur savait que, pour son plus grand bien et en vue du si précieux service qu’il voulait lui confier, Pierre devait passer par ce terrible chemin. Ce qu’il avait demandé, c’est que sa foi fût soutenue au travers du crible. N’est-ce pas la même intercession qu’il exerce encore aujourd’hui en faveur de ceux qu’il doit parfois laisser un moment « entre les mains » de l’adversaire parce qu’il veut les bénir à la fin ?

 

10.9  Promesse de restauration

Nouvel encouragement : « Et toi, quand une fois tu seras revenu, fortifie tes frères ». C’était l’assurance de la délivrance et, davantage encore, la certitude de ne pas être mis de côté, d’avoir, plus tard, un service à remplir pour le Seigneur. Les expériences faites au sein de la douloureuse épreuve qu’il allait traverser permettraient ensuite à Pierre d’encourager et fortifier ses frères ayant affaire avec le même ennemi (cf. 1 Pierre 5:8 à 11).

Que va dire Pierre ? Est-il confondu en présence de la grâce du Seigneur, touché profondément en voyant de quels soins il est l’objet de sa part ? Non. « Et il lui dit : Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort » (Luc 22:33).

 

10.10  Le reniement et les alertes intermédiaires

Reprenons le récit de Marc. « Une des servantes du souverain sacrificateur vient, et, apercevant Pierre, qui se chauffait, elle le regarda et dit : Et toi, tu étais avec le Nazarénien Jésus. Et il le nia, disant : Je ne sais ni n’entends ce que tu dis ». Premier reniement. Mais aussitôt « le coq chanta ». Dans cet évangile, Jésus dit : « avant que le coq ait chanté deux fois… » et cela fait ressortir la grâce, les soins vigilants du parfait Serviteur, de Celui qui a servi son Dieu et Père, qui a aussi servi les siens. Est-ce que ce premier chant du coq n’aurait pas dû remuer la conscience de Pierre, le faire revenir et lui épargner les deux autres reniements ? Hélas ! il demeure toujours insensible, aveuglé, ne prêtant aucune attention à ce nouvel avertissement. Une deuxième fois, il niera de nouveau et, la troisième, il se mettra à « faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme dont vous parlez » (Marc 14:66 à 72). Pierre en est arrivé là ! Pourtant n’est-ce pas lui qui avait dit au Seigneur : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » ? et encore : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu » (Matt. 16:16 ; Jean 6:68, 69) ? Et maintenant, il déclare : « Je ne connais pas cet homme… » en jurant et en faisant des imprécations !

 

10.11  Encouragements pour ceux qui ont des proches qui sont tombés bas

Peut-être y a-t-il des croyants qui ont quitté le vrai chemin, des enfants de parents chrétiens qui, après avoir grandi dans l’assemblée, confessé Jésus comme leur Sauveur, ont ensuite abandonné le rassemblement des saints et, vivant dans le monde, « se creusent des citernes, des citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau » (Jér. 2:13). Ils vont ainsi, indifférents, voire même opposés à tout ce qui est de Dieu… Peut-être diraient-ils : « Je ne connais pas cet homme… », en parlant de Celui qui pourtant est leur Sauveur ? Dans leur profonde douleur, à laquelle on ne peut que sympathiser, leurs parents, leurs proches, le cœur meurtri, parfois assaillis par le doute ou même découragés, seraient tentés de croire que tout espoir de retour est vain. Qu’ils considèrent le chemin de Pierre et jusqu’où il est allé ! Il a fait des imprécations, il a juré : « Je ne connais pas cet homme… » (Matt. 26:72, 74 ; Marc 14:71). Certes, le cœur est brisé en pensant à une telle chose, mais Pierre avait-il perdu son salut, son égarement était-il sans retour ? En aucune manière. Le Seigneur l’a restauré dans sa conscience et dans son cœur et lui a confié les agneaux et les brebis de son troupeau ! Les expériences faites, les leçons apprises lui permettraient d’en prendre soin.

Que ceux qui pleurent en pensant à un de leurs enfants, ou à un de leurs proches, qui après avoir confessé Jésus comme Sauveur, irait aujourd’hui jusqu’à le « renier », ne perdent pas courage ! Que le récit du reniement et de la restauration de Pierre les conduise à se confier entièrement dans le Seigneur. Dans sa sagesse et son amour, qui sont toujours les mêmes, il permet parfois que tel de ses rachetés ait à se trouver, pour un temps, « entre les mains » de l’adversaire, mais il a fixé des limites à son action, il a prié, il prie pour celui qui est « criblé » et l’amènera, à la fin, à apprendre les leçons qui lui étaient nécessaires. À son moment, il le ramènera et le restaurera, lui confiera même, s’il le trouve bon, un service à remplir.

 

10.12  Le bon Berger ramène la brebis égarée

Le bon Berger a mis sa vie pour ses brebis et, les ayant acquises à un si grand prix, il peut dire d’elles : « elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10:11, 28 à 30). Tandis que « le loup » ravit les brebis de « l’homme qui reçoit des gages », auquel « les brebis n’appartiennent pas en propre » (ib. 12), aucune des brebis ne sera ravie de la main du Père, de la main du Seigneur, fidèle et bon Berger ! — Et si une brebis s’égare ? Hélas ! cela arrive parfois et il arrive même que la brebis, qui est sans doute l’un des animaux les plus inintelligents qui soit, s’égare de plus en plus. Mais le Berger n’interviendrait-il pas ? N’a-t-il pas promis : « l’égarée, je la ramènerai » (Ézéch. 34:16) ? Que tous ceux qui souffrent en pensant nuit et jour à une brebis égarée s’emparent de cette promesse comme d’une certitude et qu’elle les soutienne dans leur épreuve, leur permettant même de se réjouir à l’avance, anticipant par la foi le moment où le Seigneur l’accomplira ! Alors, il y aura « de la joie au ciel » (cf. Luc 15:7), mais aussi sur la terre… (ib. 6).

« La perdue, je la chercherai, et l’égarée, je la ramènerai… »

« Étant pleinement persuadé que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir » (Rom. 4:21).