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Culte et adoration

 

Paul Fuzier

 

Table des matières abrégée :

1     Le culte

2     IL verra du fruit du travail de Son âme — Ésaïe 53:11

3     Hébreux 5

4     Ni levain ni miel

5     Vous raconterez à mon père toute ma gloire (Gen. 45:13)

6     Des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse (Gen. 4:4)

7     « Pour Son Fils », Matthieu 22:2 — Contenu du culte

8     Double témoignage rendu au Seigneur (Matt. 3:13 à 17 — Marc 1:9 à 11 — Luc 3:21 à 23)

9     Jésus élevé

10      Jésus au milieu

 

Table des matières détaillée :

1     Le culte

1.1      Son importance — Qui peut adorer ? — En quoi consiste la préparation du culte ?

1.1.1      Son importance

1.1.2      Qui peut adorer ?

1.1.3      En quoi consiste la préparation du culte ?

1.2      Autel d’or — Feu étranger

1.2.1      Autel d’or

1.2.2      Feu étranger

1.3      Huile pour l’onction sainte — Encens des drogues odoriférantes.

1.3.1      Composition

1.3.2      Utilisation

1.3.3      Conclusion

1.4      « En quoi avons-nous méprisé ton nom ?

1.5      Marie de Béthanie

1.6      Applications pour le temps actuel

2     IL verra du fruit du travail de Son âme — Ésaïe 53:11

2.1      Le Fils, délices du cœur de Dieu, ouvre Son cœur et Son âme

2.2      Le Seigneur ouvre Son cœur et Son âme à Ses amis

2.3      Le « travail de son âme »

2.4      Le Seigneur dans Son chemin ici-bas

2.5      Sur le point de goûter la mort

2.6      À Gethsémané

2.7      À Golgotha

3     Hébreux 5

3.1      Christ comme souverain sacrificateur en Héb. 2 à 4

3.2      Contrastes entre les sacrificateurs d’autrefois et Christ

3.3      Dieu et Homme : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré »

3.4      Son humanité

3.5      Le couronnement de sa vie d’obéissance

3.6      L’auteur du salut éternel

4     Ni levain ni miel

4.1      L’offrande de gâteau

4.2      Souffrance de Christ et offrande de gâteau

4.3      Une odeur agréable pour Dieu

4.4      Le levain, emblème du mal, un principe corrupteur

4.5      Pas de miel dans l’offrande de gâteau : signification

4.6      Différents passages de l’Écriture au sujet du miel

4.7      Offrande de gâteau sans miel : l’exemple du Seigneur

4.8      Applications pour nous

5     Vous raconterez à mon père toute ma gloire (Gen. 45:13)

5.1      Joseph type de Christ

5.2      Les frères de Joseph rassemblés autour de lui

5.3      Travail de Joseph pour rétablir la communion avec ses frères

5.4      Raconter toute sa gloire

5.5      Ne pas limiter le culte à la reconnaissance d’être sauvé

5.5.1      Comme à l’autel d’or

5.5.2      Comme à l’autel d’airain

5.5.3      Encens et sacrifices

5.6      Être nourri de Christ

6     Des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse (Gen. 4:4)

6.1      Le sacrifice pour le péché

6.1.1      Imposition des mains

6.1.2      La graisse

6.1.3      Le sang

6.2      La foi d’Abel

6.3      Christ à Gethsémané. Sacrifice pour le péché et holocauste

7     « Pour Son Fils », Matthieu 22:2 — Contenu du culte

7.1      Sujets de culte - Contenu de l’adoration

7.2      La première pensée du cœur de Dieu : Une Épouse pour Son Fils

7.3      Un culte qui exalte Christ

7.4      Quand Christ se reposera dans Son amour

7.5      Conclusion

8     Double témoignage rendu au Seigneur (Matt. 3:13 à 17 — Marc 1:9 à 11 — Luc 3:21 à 23)

8.1      Jésus au baptême de Jean

8.2      Le témoignage du Saint Esprit

8.3      Le témoignage du Père

8.4      Force du double témoignage

9     Jésus élevé

9.1      Souffrances et gloires qui suivraient

9.2      Élevé

9.2.1      Jean 3:14

9.2.2      Jean 8:28

9.2.3      Jean 12:32-33

9.2.4      Dimensions de l’autel d’airain : sa hauteur

9.2.5      Ps. 22:16

9.2.6      Élevé dans la gloire

9.2.7      L’ascension selon Jean

9.2.8      L’ascension selon Marc

9.2.9      L’ascension selon Luc

9.2.10     Dans l’épître aux Hébreux

9.2.11     1 Timothée 3:16

9.3      Considérons le Seigneur dans la gloire. L’Agneau immolé

10      Jésus au milieu

10.1    Luc 2. Au milieu des docteurs

10.2    Luc 17. Au milieu de vous (les pharisiens)

10.3    Luc 17. Au milieu de vous (les disciples)

10.4    Jean 12. Au milieu de vous (la foule)

10.5    Jean 19. Au milieu (des brigands à la croix)

10.6    Jean 20. Au milieu d’eux (les disciples dans la chambre haute)

10.7    Matthieu 18:20. Au milieu des deux ou trois rassemblés à Son nom

10.8    Apoc. 2 et 3. Au milieu des sept lampes d’or

10.9    Considérer la place que le Seigneur a et a eue

 

 

1                    Le culte

[Sujet : Ce qu’est le culte. Sources de faiblesse du culte. Effet du niveau spirituel. Importance des exercices spirituels. Être nourri de Christ]

1.1   Son importance — Qui peut adorer ? — En quoi consiste la préparation du culte ?

ME 1951 p. 85-95

1.1.1       Son importance

Dans ce monde, un double service nous échoit. Regardons autour de nous : témoins de Dieu vis-à-vis de ceux qui nous entourent, nous avons un ministère à exercer à l’égard des croyants comme aussi des incrédules. Élevons nos regards en haut : constitués des adorateurs pour notre Dieu et Père, il nous appartient d’accomplir ce service. L’une et l’autre de ces deux fonctions ont une extrême importance. D’une façon générale, dans la chrétienté, l’on donne la prééminence à la première, tandis que la seconde n’est guère comprise : on insistera beaucoup, par exemple, sur le service qui nous incombe à l’égard de ceux avec lesquels nous sommes mis en contact et qui ne sont pas sauvés ; certains considéreront même le devoir de les avertir comme le seul auquel le chrétien ait à faire face et l’on sacrifiera tout à l’évangélisation, les différentes réunions, dans plusieurs dénominations chrétiennes, n’ayant en fait d’autre but que d’adresser un appel aux âmes inconverties. Or, ce service, quelque précieux et utile qu’il soit, n’est pas l’unique service des rachetés. Dieu a voulu, avant tout, faire de nous des adorateurs. Et s’il était possible d’établir un classement des services qui nous sont confiés, il conviendrait de mettre l’adoration en tout premier lieu, car elle s’adresse directement à Dieu. Dieu lui-même est l’objet de notre culte, tandis qu’un service s’adressant aux hommes — croyants ou inconvertis — bien qu’il soit accompli pour Dieu, a cependant comme objet direct les personnes à l’égard desquelles il est exercé. Autant Dieu est au-dessus de l’homme, autant le culte est au-dessus du ministère ! En toutes choses, Dieu doit avoir la première place ; nous comprenons donc que le culte soit le service primordial qu’aient à remplir les croyants.

D’un autre côté, notre témoignage au milieu des hommes de ce monde prendra fin ; tous les services que nous sommes appelés à exercer, vis-à-vis des croyants aussi bien que des incrédules, cesseront, tandis que l’adoration n’aura jamais de fin. Commencée sur la terre, dans la faiblesse, elle sera présentée à Dieu le Père et à l’Agneau, en perfection, pendant l’éternité !

Autrefois, Dieu avait un peuple sur la terre, au milieu duquel Il demeurait, Israël — un peuple de guerriers au sein duquel se trouvait une tribu de serviteurs (les Lévites) et une famille d’adorateurs (la famille d’Aaron). C’était la famille d’Aaron qui était chargée d’exercer la sacrificature dans le lieu saint, image du culte que nous sommes appelés à rendre aujourd’hui où nous sommes « édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:5). Pour combattre comme guerriers, pour servir comme ouvriers du Seigneur, il est nécessaire que Christ soit le seul Objet de nos affections et que nous réalisions ce qu’est l’adoration dans le sanctuaire. Le sacrificateur doit garder son cœur avec soin, a-t-on dit, sinon le lévite faillira et le guerrier sera défait. Cela fait encore ressortir l’importance de notre service d’adorateurs. Ce n’est que dans la mesure où nous le réaliserons fidèlement que nous pourrons servir tout autour de nous, selon la pensée de Dieu, soit dans le monde, soit dans l’Assemblée, et livrer les combats auxquels nous sommes appelés.

 

1.1.2       Qui peut adorer ?

Quels sont ceux qui peuvent adorer ? Ceux auxquels l’apôtre Pierre écrit qu’ils sont « édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ », les vrais croyants : ils ont été « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ » (1 Pierre 2:5 ; 1:2) — ils possèdent la vie divine parce qu’ils ont cru « que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu » et « en croyant », ils ont « la vie par son nom » (Jean 20:31). Ils se sont ainsi approchés du Seigneur « comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu » ; et possédant la même vie que la sienne, « comme des pierres vivantes », ils sont constitués, après qu’ils ont reçu le Saint Esprit, « une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:4, 5).

Au temps de la loi de Moïse, pour aller à l’autel d’or (où est célébré le véritable culte) il fallait d’abord passer à l’autel d’airain, figure de la croix de Christ où la question du péché a été réglée et où a pris fin l’histoire de l’homme dans la chair. Par conséquent, seuls les vrais croyants peuvent adorer dans le lieu saint (où se trouvait l’autel d’or). Pour présenter le culte que Dieu attend de nous, l’homme dans la chair est mis de côté, il a été crucifié avec Christ ! Des personnes inconverties peuvent assister au culte rendu par les enfants de Dieu, mais ne peuvent y prendre part et il n’est pas possible, selon Dieu, de les y associer. Si « ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » (Rom. 8:8), encore moins peuvent-ils l’adorer ! — Les enfants de Dieu qui rendent culte ne peuvent le faire que par la puissance du Saint Esprit mettant en exercice les activités du nouvel homme ; ce qui est de la chair dans le croyant — le vieil homme — ne peut rien présenter que Dieu puisse accepter : Dieu ne peut rien recevoir qui vienne de l’homme comme tel puisqu’Il ne donne qu’une seule place à l’homme naturel, la mort !

C’est par le Saint Esprit que le croyant adore : « nous... rendons culte par l’Esprit de Dieu » (Phil. 3:3). Un homme qui se débat dans les angoisses que Rom. 7 nous dépeint — bien qu’il s’agisse de quelqu’un qui possède la vie de Dieu — n’est pas en état d’adorer. C’est seulement lorsqu’il a connu la délivrance (7:24), lorsque le Saint Esprit, habitant en lui, met en activité le nouvel homme, qu’il est rendu capable de le faire. Il jouit alors de sa relation avec Dieu comme Père (8:15) ce qui est indispensable pour être en état de rendre culte, car c’est le Père qui cherche des adorateurs (Jean 4:23).

Nous avons dit que, sous l’ancienne économie, le culte était offert à l’autel d’or, dans le lieu saint. Dans ce lieu, tout était d’or (le chandelier) ou recouvert d’or (la table des pains de proposition et l’autel de l’encens) : en figure, on n’y voyait que la justice et l’excellence de la personne de Christ. Le chap. 25 du livre de l’Exode ne nous parle que de deux ustensiles du lieu saint : la table et le chandelier ; il n’y est rien dit de l’autel d’or. Pour qu’il pût être question de cet autel, il fallait d’abord que l’autel d’airain eût été introduit (chap. 27) : là, nos péchés ont été réduits en cendres et « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (Romains 8:3). Il fallait ensuite que la sacrificature eût été instituée (chap. 28 et 29) : il n’y a pas de culte sans adorateurs et il ne peut pas y avoir d’adorateurs si la question du péché n’a pas été réglée. Les sacrificateurs nous sont présentés, dans ces deux chapitres de l’Exode, comme unis à Christ (Lui, pur et sans tache, a pu être oint sans qu’il y eût préalablement effusion de sang), lavés d’eau, aspergés de sang et oints d’huile : ils sont ainsi rendus capables de remplir leur service à l’autel d’or — en figure, les adorateurs peuvent offrir un culte selon Dieu et à Dieu, dans la puissance du Saint Esprit.

 

1.1.3       En quoi consiste la préparation du culte ?

Exode 30, qui nous occupe de l’autel d’or, nous parle aussi de la cuve d’airain. Elle était placée entre les deux autels, après l’autel d’airain et avant l’autel d’or. Les sacrificateurs devaient s’y laver les mains (image de nos œuvres) et les pieds (qui se rapportent à notre marche) avant d’entrer dans le lieu saint, « afin qu’ils ne meurent pas » (v. 17 à 21). Combien donc était grave, pour les sacrificateurs, le fait de venir à l’autel d’or sans avoir procédé à ce lavage à la cuve d’airain ! C’était pour eux la mort. Que veulent dire ces choses pour ce qui nous concerne ? Pour être constitués sacrificateurs, nous avons d’abord été lavés d’eau ; c’est le lavage initial qui n’a pas à être renouvelé : « les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’eau pure », nous pouvons nous approcher, ayant « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair... » (Héb. 10:19 à 22). Tandis que le premier tabernacle avait encore sa place, le chemin des lieux saints n’avait pas encore été manifesté ; mais Christ est venu, « souverain sacrificateur des biens à venir » et « avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle ». Il « n’est pas entré dans les lieux saints faits de main, copies des vrais, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu ». De sorte que, si les sacrifices lévitiques ne pouvaient jamais « rendre parfaits ceux qui s’approchent », Christ, « par une seule offrande... a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés ». C’est ainsi que nous pouvons être exhortés à nous approcher puisque nous avons maintenant « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints » (Héb. 9:8, 9, 11, 12, 24 ; 10:1, 14, 19 à 22).

Mais dans notre marche, nous contractons de la souillure et rien de souillé ne peut avoir accès dans le saint lieu où tout est d’or, ou recouvert d’or ! Il faut donc que la souillure soit ôtée ; c’est là le but de ce que nous présente en type le lavage des mains et des pieds à la cuve d’airain.

Notre culte est souvent empreint d’une grande faiblesse : que de fois nous arrive-t-il de ne pas atteindre l’autel d’or ! Si nous nous arrêtons à l’autel d’airain — nous limitant ainsi à remercier Dieu de nous avoir donné son Fils pour nous délivrer de la puissance de Satan et régler la question de nos péchés — c’est parce que nous savons peu ce qu’est le lavage à la cuve d’airain. Souvenons-nous qu’elle était placée entre l’autel d’airain et l’autel d’or ! Nous perdons de vue le véritable caractère du culte lorsque nous ne dépassons pas l’autel d’airain ; nous avons alors tendance à ramener tout à nous-mêmes : nous pensons à notre état misérable, à l’œuvre de la croix pour nous en délivrer, à nos privilèges et à nos bénédictions — nous rendons grâces à Dieu parce que Christ est mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification et parce qu’Il a fait de pauvres pécheurs perdus de vrais adorateurs... Et nous pensons que c’est là le vrai culte ! Nous ne parlons pas de ce que l’on appelle un « culte » dans la chrétienté où on désigne par ce terme toute réunion, quelle qu’elle soit, au cours de laquelle on écoutera peut-être un sermon ou une leçon de morale ! Nous parlons de ce que l’on croit être un culte parce que l’on a remercié Dieu d’avoir frappé son Fils à notre place à la croix du Calvaire et de nous avoir ainsi donné une part avec Lui dès maintenant et pour l’éternité. Nous ne voulons certes pas dire qu’il ne convienne pas de le faire ! Certes, pour exalter la grâce de Dieu, magnifier son amour, louer Celui qui a accompli une œuvre aussi merveilleuse, il convient de rappeler l’état dans lequel nous étions et de dire ce que Christ a fait pour nous et de nous. Et n’oublions pas que sur l’autel d’airain brûlait l’holocauste, sacrifice de bonne odeur, type de Christ s’offrant dans sa perfection. Il faut cependant aller plus loin... Il faut aller jusqu’à l’autel d’or pour rendre à Dieu le vrai culte qu’Il attend de nous. Mais on ne peut atteindre l’autel d’or sans passer à la cuve d’airain !

Si même nous savons ce que représente la cuve d’airain, comprenons-nous bien comment nous devons y effectuer le lavage de nos mains et de nos pieds ? C’est une remarque parfois entendue : je ne voudrais pas venir au culte sans avoir procédé au jugement nécessaire, typifié par la cuve d’airain ; et le samedi soir ou le dimanche matin, je ne manque pas de le faire. La pensée est bonne, mais au fond, c’est mal comprendre le lavage à la cuve d’airain ! Pouvons-nous, à la fin de la semaine, nous rappeler tout ce qui doit être ôté pour que nous puissions venir à l’autel d’or ? Ce que nous avons pu faire en désobéissance à Dieu, nos mauvaises pensées, tout cela est-il présent à notre esprit le samedi soir ou le dimanche matin ? Hélas ! nous oublions si rapidement, surtout quand il s’agit de nos manquements... Que de choses non jugées alors, qui sont un obstacle à la célébration du culte ! Ce n’est même pas chaque soir qu’il convient d’aller à la cuve d’airain, c’est de façon constante, sans retard, si nous nous sommes laissé aller à une pensée ou à un acte qui ne peuvent supporter la lumière de Dieu, et, par conséquent, nous privent de la jouissance de la communion avec Lui. « Mourir », dans vers. 20 et 21 d’Exode 30, c’est pour nous aujourd’hui, perdre la jouissance de la communion avec le Seigneur. Si nous savions mieux ce qu’est la cuve d’airain et si nous y lavions nos mains et nos pieds chaque fois que nous avons contracté quelque souillure, nous jouirions d’une vraie communion avec le Seigneur et nous serions rendus capables d’aller jusqu’à l’autel d’or pour offrir à Dieu le culte qui Lui est dû. Quelle joie pour nos cœurs, quelle gloire pour Lui !

C’est ainsi que l’on « prépare » chaque jour le culte que nous avons à rendre tout spécialement le premier jour de la semaine, lorsque nous sommes réunis en assemblée pour cela. (N’oublions pas, en effet, que si nous sommes exhortés à louer Dieu sans cesse — cf. Héb. 13:15 — le vrai culte offert à l’autel d’or est l’acte collectif de l’assemblée). Mais dans cette « préparation », il n’y a pas que la cuve d’airain, il y a également les corbeilles à remplir ! Les deux choses sont liées : si nous savons pratiquement ce qu’est la cuve d’airain, nous remplirons nos corbeilles ; dans le cas contraire, nous viendrons dans le rassemblement, le dimanche matin, avec des corbeilles vides ou à peu près, et nous ne dépasserons pas l’autel d’airain !

Pour remplir sa corbeille (Deut. 26), il faut d’abord être « entré dans le pays » : c’est dans le ciel que déjà, en Christ, nous sommes entrés, « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » car « Dieu... nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 1:3 ; 2:4-6). Il faut ensuite « posséder le pays » : par la foi, jouir du ciel comme de ce qui nous appartient ; il est notre héritage et nous en avons reçu les arrhes, savoir le Saint Esprit qui nous occupe de Christ dans le lieu où Il est maintenant (Éph. 1:14). Enfin, il est nécessaire d’habiter le pays : non pas nous trouver dans le ciel quelques instants, de loin en loin, mais y demeurer constamment ; chercher les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu — penser aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre (Col. 3:1, 2). Ces trois conditions remplies, nous pourrons prendre « des prémices de tous les fruits » : c’est tout ce que nous aurons vu, connu et reçu de Lui en étant occupés et nourris de sa Personne ! L’Israélite devait alors mettre ces fruits dans une corbeille et venir au lieu que Dieu avait choisi pour y faire habiter son Nom : ayant préparé non pas un discours, mais nos cœurs afin qu’ils soient disposés à la louange, nous nous rendrons « là où deux ou trois sont assemblés en son nom » et nous présenterons nos corbeilles, remplies des fruits recueillis. C’est le sacrificateur qui prend la corbeille et la pose devant l’autel de l’Éternel : nous avons « un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu » (Héb. 10:21) et c’est par Lui que nous pouvons offrir à Dieu un sacrifice de louanges, « le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13:15). Comme autrefois Aaron portait « l’iniquité des choses saintes que les fils d’Israël avaient sanctifiées » (Ex. 28:38), Christ « grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu » purifie nos louanges — tellement marquées d’imperfections — afin que Dieu puisse les agréer. N’est-Il pas aussi Celui qui entonne la louange dans l’Assemblée (Ps. 22:22), de telle sorte qu’Il nous associe à Lui dans l’adoration qui s’élève vers le Père ?

Combien peu nous savons réaliser cette « préparation » du culte ! Et, dans une large mesure, c’est parce que, pratiquement, nous savons très mal ce qu’est le lavage à la cuve d’airain. Comment nous étonner alors de voir nos corbeilles aussi peu remplies ? Comment nous étonner de notre faiblesse quand nous sommes réunis pour adorer ?

Signalons encore un point qui se rattache à la « préparation » du culte. Si un frère a péché contre un autre et si la chose n’a pas été réglée, l’assemblée ne pourra rendre culte comme il convient, le Saint Esprit, contristé, ne pouvant agir librement. Que faut-il faire dans un cas semblable ? Ce que la Parole nous enseigne : « Si ton frère pèche contre toi, va, reprends-le, entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu as gagné ton frère... » (Matt. 18:15). — Et si un frère sait qu’un autre « a quelque chose contre lui », il doit également aller régler la difficulté avant de venir offrir son don à l’autel (Matt. 5:23, 24). — Il va sans dire que ces enseignements nous sont donnés pour des cas susceptibles de troubler la communion à la Table du Seigneur. N’y aurait-il pas un danger certain à vouloir obtenir une pleine et parfaite identité de vues sur tous les points et à en faire une question de communion à la Table du Seigneur ? Certes ce serait très beau si tous les frères et sœurs avaient une même pensée (la pensée de Dieu) sur tous les sujets et il en serait ainsi si nous demeurions constamment dans la dépendance de l’Esprit, ne nous laissant enseigner et diriger que par lui — si nous écoutions « ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Comme nous sommes loin de le réaliser ! Ne perdons pas de vue qu’en raison de l’infirmité qui nous caractérise les uns et les autres,notre frère peut avoir une appréciation différente de la nôtre sur bien des points desquels nous ne pouvons faire une question de communion à la Table du Seigneur. — Sans aucun doute, plus il y aura de communion avec Dieu et entre les adorateurs, plus le niveau du culte sera élevé, car le Saint Esprit pourra agir avec plus de puissance s’il y a plus de communion (c’est en effet la preuve qu’il y a une plus grande dépendance de l’Esprit). Nous pouvons désirer qu’il y ait la plus large communion possible ; elle ne peut être réalisée à un haut degré que dans la mesure où les frères et les sœurs, prenant « la nourriture solide » des « hommes faits », possèdent le discernement spirituel qui en découle. Il serait vain de vouloir produire l’effet sans agir sur la cause : « avançons vers l’état d’hommes faits » (Héb. 5:12 à 14 ; 6:1). Nous aurons alors « les sens exercés à discerner le bien et le mal » ; rejetant résolument le mal et faisant le bien, nous jouirons d’une profonde et réelle communion avec Dieu. Habitant le pays, n’oubliant pas le lavage à la cuve d’airain, nous serons en état de rendre culte selon la pensée de Dieu, faisant fumer l’encens sur l’autel !

 

1.2   Autel d’or — Feu étranger

ME 1951 p. 113-119

1.2.1       Autel d’or

C’est à l’autel d’or que l’on offre à Dieu le culte qu’Il attend de ceux pour lesquels Il a donné son Fils. Cet autel était de bois de sittim recouvert d’or (Christ, Homme et Dieu tout à la fois). Le sacrificateur ne voyait dans l’autel — comme aussi d’ailleurs dans le lieu saint — que l’or (l’excellence du Saint Fils de Dieu, ses gloires et sa justice) et Dieu ne voyait que l’or ! Tel est le caractère du vrai culte : Christ, seul Objet et du cœur de Dieu et du cœur des rachetés ! Sur cet autel, il fallait faire fumer l’encens, tandis que les lampes étaient « arrangées » et « allumées » (Ex. 30:7, 8). Ce sont les lampes dont il est parlé au chap. 25 de ce livre de l’Exode (v. 37). Les lampes symbolisent la manifestation de ce que Dieu est et cela ne peut être réalisé que par la puissance du Saint Esprit ; en Christ, homme parfait sur la terre, la vie de Dieu a été pleinement manifestée, Dieu a été vu en Lui. De la même façon, Il doit l’être maintenant en chaque croyant comme aussi dans l’Église. (Les sept assemblées d’Asie — Apoc. 2 et 3 — qui retracent symboliquement l’histoire de l’Église responsable sur la terre pendant le temps de l’absence du Seigneur, sont comparées à « sept lampes d’or » — Apoc. 1:12, 13, 20). Christ, le chandelier (Ex. 25:31 à 36) est la lumière du monde, nous sommes lumière dans le Seigneur. Pour que l’encens puisse être brûlé sur l’autel, il faut que les lampes soient allumées et pour qu’elles puissent être allumées, il faut les arranger. Ces lampes, alimentées par l’huile (figure du Saint Esprit), ne peuvent donner parfois qu’une très faible lumière, parce qu’il y a des cendres. Pour que la lumière brille, les cendres doivent tomber d’elles-mêmes : c’est, en figure, le résultat du jugement de nous-mêmes auquel nous amène le Saint Esprit. Chaque fois que cela est nécessaire, le Saint Esprit est un Esprit de répréhension qui agit pour nous faire juger tout ce qui est de la chair en nous ; si nous le laissons remplir ce service, les cendres tomberont d’elles-mêmes. Mais, rien ne doit souiller le saint lieu : elles tombent dans des vases à cendres, recouverts d’or pur. N’arrive-t-il pas cependant, hélas ! que nous opposions notre propre volonté à l’action de l’Esprit, lorsque cet hôte divin veut remplir le service dont nous venons de parler ? Il faut alors les mouchettes (Ex. 25:38). Dieu se sert des mouchettes pour ôter les cendres ; Il nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté (Héb. 12:10). Nous pouvons ainsi faire briller la lumière de Christ dans ce monde. Les lampes allumées et arrangées — et combien est nécessaire à cet égard le service de notre grand souverain sacrificateur, dont Aaron est un type —, nous sommes rendus capables de faire fumer l’encens sur l’autel d’or.

Cet encens était consumé sur l’autel sous l’action du feu et c’était le feu de Dieu qui devait le faire brûler. Pris sur l’autel d’airain, ce feu a été allumé du ciel (Lévitique 9:24). Faire brûler l’encens avec un autre feu que celui-là, c’est se servir d’un feu étranger et cela, Dieu ne peut pas l’accepter. Le chapitre 10 du Lévitique nous donne bien des enseignements à cet égard.

 

1.2.2       Feu étranger

Dans les sept premiers chapitres de ce livre, il est question des sacrifices qui devaient être offerts selon la loi et qui étaient une figure du sacrifice parfait du vrai Agneau de Dieu ; les divers sacrifices de l’ancienne économie font ressortir les différents aspects du sacrifice de Christ. Puis, dans les chapitres 8 et 9, nous avons la sacrificature. Une expression est répétée tout au long de ces deux chapitres : « c’est ici ce que l’Éternel a commandé de faire » ou encore, sous d’autres formes, par exemple : « comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse » (8:4, 5, 13, 17, 21, 29, 31, 34, 35, 36 ; 9:5, 6, 7, 10, 21). Comme en toutes choses, dans l’exercice de la sacrificature tout doit être fait en parfaite obéissance à la Parole. S’il en est ainsi, la gloire divine nous apparaîtra : « Et` Moïse dit : C’est ici ce que l’Éternel a commandé ; faites-le, et la gloire de l’Éternel vous apparaîtra » (Lév. 9:6). Tandis qu’au contraire, faire « ce qu’Il ne leur avait pas commandé » entraîne l’exercice du gouvernement de Dieu (Lév. 10:1). Quel contraste saisissant !

Au verset 6 du chapitre 8, nous voyons Aaron et ses fils lavés avec de l’eau, c’est-à-dire : Christ et l’Église, considérés dans les pensées et conseils de Dieu de toute éternité, sanctifiés. Pour la réalisation de ces conseils, nous avons ensuite : au verset 7, Aaron vêtu des saints vêtements : Christ envoyé dans le monde — au verset 12, l’huile de l’onction versée sur la tête d’Aaron pour le sanctifier : Christ oint de l’Esprit saint et de puissance — dans les versets 14 à 29, la présentation et l’acceptation du sacrifice ; là il est question de l’efficace du sang qui devait être mis sur le lobe de l’oreille droite (écouter), le pouce de la main droite (servir) et le gros orteil du pied droit (marcher) d’Aaron et de ses fils — dans les versets 30 à 36, l’onction des fils d’Aaron considérés comme identifiés avec lui. Pour que cette onction pût être faite, il fallait que le sang eût été répandu, tandis que l’onction d’Aaron seul (v. 12) ne nécessitait pas l’aspersion préalable du sang. Nourris de Christ (v. 31) et cachés avec Lui, les croyants attendent le huitième jour où Il sera manifesté en gloire et eux avec Lui. C’est dans le chapitre 9 qu’il est parlé de ce huitième jour, type du jour millénaire ; nous voyons là, en figure, le peuple d’Israël amené à la pleine jouissance de l’expiation accomplie. Moïse et Aaron (en type : Christ, Roi et Sacrificateur) sortent de la tente d’assignation et bénissent le peuple. Et la gloire de l’Éternel apparut à tout le peuple, comme Moïse l’avait annoncé (v. 6 et 23). Le feu du ciel consume l’holocauste sur l’autel ! Le peuple pousse des cris de joie et se prosterne... Quelle scène ce dut être !

Mais voilà tout aussitôt un changement complet ! L’Éternel avait donné des enseignements à son peuple concernant les sacrifices et l’exercice de la sacrificature ; sa parole avait eu de l’autorité sur tous les cœurs et, dans l’obéissance à cette parole, la sacrificature avait été exercée de telle façon que la gloire de l’Éternel était apparue à tous les yeux. Et immédiatement après, il est question d’une scène de jugement ! Quelle faute avaient donc commis les sacrificateurs ? Ils avaient présenté « devant l’Éternel un feu étranger, ce qu’il ne leur avait pas commandé » (10:1). Ils n’étaient pas de faux sacrificateurs ; ils étaient bien des fils d’Aaron et remplissaient les fonctions auxquelles ils avaient été appelés, mais ils s’écartaient de ce que l’Éternel avait commandé ! Combien cela devrait nous rendre attentifs et nous conduire à mieux réaliser ce que Dieu attend de nous dans l’exercice du culte !

Le véritable culte doit être célébré avec de l’encens pur et un feu pur. Le feu descendu du ciel avait consumé le sacrifice à l’autel d’airain et c’était là que le sacrificateur devait prendre le feu pour faire brûler l’encens à l’autel d’or (Lév. 9:24 ; 16:12). À l’autel d’airain, en figure, le vieil homme a été mis à mort, ayant été crucifié avec Christ : « nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort » (Rom. 6:5). Dans le culte, ce qui est de l’homme naturel ne peut donc avoir aucune place ; tout ce qui vient de l’homme dans la chair est un « feu étranger ». Si le feu est pris à l’autel d’airain, il n’est pas question de l’homme dans la chair puisque c’est précisément là que son histoire a pris fin dans la mort. Le croyant ne peut donc adorer que dans la puissance du Saint Esprit : ce qui est de Dieu en lui — le nouvel homme — peut présenter à Dieu, par l’Esprit de Dieu, la personne excellente du Saint Fils de Dieu. C’est le caractère du vrai culte !

Une action qui n’est pas exercée dans la dépendance du Saint Esprit est un « feu étranger », car ce qui ne vient pas de l’Esprit ne peut provenir que de la chair. Indiquer un cantique mal à propos, sans être conduit en cela par le Saint Esprit ; lire une portion de la Parole de Dieu, si précieuse soit-elle, alors qu’il est manifeste qu’elle est bien loin du courant de pensées dans lequel l’Esprit dirige l’assemblée, tout cela n’est-il pas un « feu étranger » ? Certes, nous avons une entière liberté pour entrer dans les lieux saints, mais avec quelle crainte devons-nous le faire et y demeurer ! Et quel exercice pour prendre une action quelconque, pour rester dans la dépendance du Saint Esprit, pour éviter de faire brûler l’encens avec un « feu étranger » ! Toute action déplacée dans le culte contriste le Saint Esprit et peut même l’éteindre tout à fait ; elle pèse sur l’assemblée dans la mesure où il y a de la spiritualité, et quelle tristesse elle peut produire dans les cœurs quand l’assemblée, qui adorait sur la montagne, présentant à Dieu ce qui Lui est dû, se trouve empêchée de poursuivre l’exercice d’une fonction aussi élevée !

 

Les chapitres 8 et 9 du livre du Lévitique, tableau de tout ce qui est fait par la sacrificature en obéissance à ce que Dieu a commandé, se terminent par la description de la scène au cours de laquelle la gloire de l’Éternel apparut à tout le peuple, le feu sortant de devant l’Éternel pour consumer le sacrifice sur l’autel. Au début du chapitre 10, le feu sort de devant l’Éternel, mais, cette fois, c’est pour dévorer Nadab et Abihu, les deux fils d’Aaron qui avaient pris un feu étranger pour faire fumer l’encens, « ce qu’il ne leur avait pas commandé ». Nous ne sommes sans doute plus sous l’économie mosaïque et Dieu n’envoie plus le feu du ciel pour dévorer des sacrificateurs qui offrent de l’encens avec un feu étranger. Mais cependant nous avons là un enseignement qui nous montre quelle autorité devrait avoir sur chacun de nous ce qui a été commandé et quelle offense à Dieu est la présentation d’un culte qui n’est que le produit de l’activité de l’homme naturel et qui, en fait, n’est pas le culte ! Il ne faut pas oublier d’ailleurs que Dieu peut intervenir dans son gouvernement, même dans l’économie actuelle : 1 Cor. 11:30 ne laisse aucun doute à cet égard.

En présence d’un tel jugement de Dieu, « Aaron se tut ». Quelle épreuve pour lui et comme chef de famille et comme chef de la sacrificature ! Il est là, deux de ses fils dévorés par le feu du ciel — Nadab et Abihu — et deux autres à ses côtés, étreints par la même douleur — Éléazar et Ithamar. Mais il n’ouvre pas la bouche ! Ni plainte, ni murmure ! C’est une entière soumission à la volonté de Dieu. « Je suis resté muet, je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait » (Ps. 39:9). Et les corps de ses deux fils, consumés par le feu du ciel, sont emportés « dans leurs tuniques » : les corps dévorés, mais les vêtements de la sacrificature intacts, c’était bien la preuve que Nadab et Abihu avaient été atteints par un jugement de Dieu. Il ne restait donc plus qu’une forme extérieure sans aucune réalité. N’est-ce pas, hélas ! ce qui caractérise tant de soi-disant cultes dans la chrétienté, aujourd’hui ? Et n’est-ce pas un danger à l’égard duquel nous avons à veiller ? Ne risquons-nous pas de n’observer qu’une forme extérieure, sans qu’il y ait aucune réalité dans notre culte ?

Les versets 8 à 11 de ce chapitre rappellent l’enseignement donné par l’Éternel à Aaron : « Vous ne boirez point de vin ni de boisson forte, toi et tes fils avec toi, quand vous entrerez dans la tente d’assignation, afin que vous ne mouriez pas. C’est un statut perpétuel, en vos générations afin que vous discerniez entre ce qui est saint et ce qui est profane, et entre ce qui est impur et ce qui est pur... ». Le vin est un excitant pour la chair et cette excitation de la chair peut ressembler, à certains égards, dans ses effets extérieurs, aux manifestations provenant de l’action du Saint Esprit (cf. Actes 2:4, 13). C’est pourquoi il nous est dit : « Et ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution ; mais soyez remplis de l’Esprit... » (Éph. 5:18). En d’autres termes : ne donnez aucun aliment ou excitant à la chair ; qu’il n’y ait en vous d’autre action que celle du Saint Esprit, afin que seules soient en exercice les affections du nouvel homme.

 

1.3   Huile pour l’onction sainte — Encens des drogues odoriférantes.

ME 1951 p. 141-146

1.3.1       Composition

1.3.1.1              Huile pour l’onction sainte

Dans le vrai culte, il convient de présenter avec un feu pur, un encens pur — c’est-à-dire : présenter, par la seule puissance du Saint Esprit, l’excellence de la personne de Christ. À la fin du chapitre 30 du Livre de l’Exode, qui nous parle de l’autel d’or et de la cuve d’airain, il est question de l’huile pour l’onction sainte et de l’encens des drogues odoriférantes. L’huile pour l’onction sainte est une figure du Saint Esprit qui rend témoignage à tous les adorateurs d’un Christ qui a souffert. Elle était composée de quatre substances différentes : la myrrhe, le cinnamome aromatique, le roseau aromatique et la casse. La « myrrhe franche » nous parle des souffrances de Christ. Elle s’écoule par des blessures faites à l’arbre à myrrhe. C’est l’un des parfums qui furent apportés à Celui qui venait dans ce monde, petit enfant dans la crèche de Bethléhem, pour souffrir et mourir sur une croix, — c’est encore l’un des parfums qui entraient dans la composition de la mixtion préparée par Nicodème, lorsqu’allait être placé dans le sépulcre neuf le corps de Celui qui venait d’endurer les souffrances ignominieuses du Calvaire et de donner sa vie pour le salut des coupables et pour la gloire de Dieu ! (Matt. 2:11 ; Jean 19:39). C’est encore l’un des parfums qui embaumera, dans le jour de sa gloire, quand sera réalisé ce qu’écrit le Psalmiste : « Tous tes vêtements sont myrrhe, aloès, et casse, quand tu sors des palais d’ivoire d’où ils t’ont réjoui » (Ps. 45:8). — Le cinnamome aromatique provient du cinnamome qui est aussi appelé l’arbre odorant ; toujours vert, il répand une odeur agréable : image de Christ, homme parfait sur la terre, duquel se dégageait sans cesse un parfum de bonne odeur pour son Dieu. — Le roseau symbolise la faiblesse humaine : c’est dans la faiblesse que Christ a cheminé ici-bas. Il était là, vrai homme, rencontrant la contradiction des pécheurs contre Lui-même, n’ayant pas un lieu où reposer sa tête, connaissant la faim et la soif ; Il était là, vrai homme, dans le jardin de Gethsémané, dans l’angoisse du combat, « et un ange du ciel lui apparut, le fortifiant » (Luc 22:39 à 44). Quel parfum pour Dieu ! Le parfum du roseau aromatique... Le cinnamome aromatique et le roseau aromatique sont en quelque sorte inséparables (deux cent cinquante sicles de chacun d’eux — cinq cents sicles de myrrhe franche et de casse) : les perfections de Christ comme homme lui faisaient rencontrer l’opposition du monde et c’est alors que, traversant une telle scène dans la faiblesse qui le caractérisait comme homme, montait devant Dieu le parfum du roseau aromatique. — La casse est le fruit d’un grand et bel arbre. Ce parfum nous parle de la grandeur de Christ. Comme Il sera grand dans le jour où les paroles du Psalmiste seront réalisées (Ps. 45:8). Mais aussi comme Il fût grand dans son abaissement ! Toutes les scènes des Évangiles nous dépeignent cette grandeur de l’homme Christ Jésus, Dieu manifesté en chair !

Tout cela, c’est ce dont le Saint Esprit veut sans cesse remplir nos cœurs et, particulièrement, quand nous sommes réunis pour adorer dans le sanctuaire. Il veut nous occuper de Christ dans tout ce que typifient la myrrhe franche, le cinnamome aromatique, le roseau aromatique et la casse, afin que nos cœurs puissent rendre le culte que Dieu attend de nous, faisant monter devant Lui le parfum d’agréable odeur.

 

1.3.1.2              Encens des drogues odoriférantes

Quand il est question de l’encens des drogues odoriférantes (v. 34) nous commençons à nous occuper des parfums qui ne se flairent que dans les cieux ! Ces parfums sont au nombre de quatre : le stacte, la coquille odorante, le galbanum et l’encens pur. C’est une terre sainte sur laquelle on ne peut avancer qu’avec des pieds déchaussés... Un encens « consacré à l’Éternel » que Lui seul peut flairer ! « Quiconque en fera de semblable pour le flairer, sera retranché de ses peuples » (v. 37, 38).

Dans le stacte, nous avons, en figure, ce qu’il y a de plus caché aux yeux des hommes dans les souffrances de Christ. Qui peut comprendre, si ce n’est Dieu seul, ce que Christ a dû souffrir comme homme ici-bas, le juste parmi les injustes, la lumière au milieu des ténèbres — ce qu’a été pour Lui le combat solitaire qu’Il a livré en Gethsémané ? Qui peut mesurer la profondeur de ses souffrances sur la croix, de la troisième heure à la sixième heure de la part des hommes et, ensuite, de la sixième heure à la neuvième heure quand Il fut abandonné de Dieu ? Seul Dieu peut sonder un tel abîme de douleurs et quel parfum montait vers Lui tandis qu’Il considérait son Fils bien-aimé traversant de telles souffrances ! — La coquille odorante, parfum provenant d’un coquillage que l’on trouve au fond des mers, nous parle de Celui qui a dû dire, par l’Esprit prophétique : « les eaux me sont entrées jusque dans l’âme. Je suis enfoncé dans une boue profonde, et il n’y a pas où prendre pied ; je suis entré dans la profondeur des eaux, et le courant me submerge ». — « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi ». — « Tu m’as jeté dans l’abîme, dans le cœur des mers, et le courant m’a entouré ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi. Les eaux m’ont environné jusqu’à l’âme, l’abîme m’a entouré, les algues ont enveloppé ma tête » (Ps. 69 :1, 2 ; 42:7 ; Jonas 2:4 et 6). Dieu pouvait considérer au sein des abîmes Celui qui était « son compagnon », le « Fils de son amour », la joie et les délices de son cœur de toute éternité et un parfum d’agréable odeur montait vers Lui ! — Le galbanum qui a une odeur désagréable et une saveur âcre se mélange avantageusement avec d’autres parfums : Christ est « une odeur de mort pour la mort » (le nom de Jésus est comme une odeur désagréable pour l’incrédule ; il ne veut pas en entendre parler !), mais il est aussi « une odeur de vie pour la vie » (cf. 2 Cor. 2:15, 16). — Enfin, la quatrième des substances qui entraient dans la composition de l’encens des drogues odoriférantes était l’encens pur. L’encens nous présente, en figure, la bonne odeur de Christ pour Dieu, l’excellence de sa personne, son intercession et ses perfections. Sur l’offrande de gâteau (tout ce que Jésus était dans sa perfection comme homme ici-bas) il fallait mettre de l’encens (Lév. 2:1, 2 et 16) ; il fallait aussi en mettre sur les douze gâteaux qui étaient placés sur la table pure (Lév. 24:7) : ces douze gâteaux typifiaient Israël, dans ses douze tribus, présenté devant Dieu enveloppé par tout le parfum de Christ ; ils sont l’image des croyants dans la position parfaite qui est la leur, en vertu de l’œuvre et des perfections de Christ. C’est le même parfum, celui de l’encens, qui montait vers Dieu quand Il considérait Christ homme parfait sur la terre et qui monte aujourd’hui vers Lui quand Il voit, en Christ, ceux qui Lui appartiennent comme fruits de l’œuvre de la croix.

 

1.3.2       Utilisation

1.3.2.1              Huile de l’onction

L’huile de l’onction devait être répandue sur la tête du souverain sacrificateur, sur les différents objets du tabernacle et sur la famille sacerdotale. Cette dernière onction ne pouvait être faite qu’avec du sang ; l’aspersion du sang étant faite, nous sommes ensuite oints de la même manière que Christ et l’odeur agréable qui s’élève devant Dieu est comme celle qui s’élève de la tête de notre souverain sacrificateur. Oints de la même huile que Christ (bien qu’il reste toujours vrai qu’Il est « oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons » — Ps. 45:7) et, d’autre part, les douze gâteaux étant recouverts du même encens pur que celui qui était placé sur l’offrande de gâteau, nous sommes rendus agréables dans le Bien-aimé et nous pouvons ainsi adorer dans le sanctuaire ! « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans te Bien-aimé... » (Éph. 1:3 à 6).

 

1.3.2.2              Encens des drogues odoriférantes

L’encens figure l’intercession et les perfections de Christ. C’est l’excellence de sa personne qui fait la valeur de son sacrifice ! Faire fumer l’encens sur l’autel, c’est présenter à Dieu toute l’excellence et toutes les perfections de l’homme Christ Jésus, dans sa vie et dans sa mort, dans son triomphe et dans la position qu’Il occupe maintenant à la droite de Dieu, couronné de gloire et d’honneur ! Cela, c’est le vrai culte, rendu selon la pensée de Dieu, dans l’obéissance aux enseignements de sa Parole.

 

1.3.3       Conclusion

N’être occupés de nous-mêmes, ni pour rappeler notre misère ni pour parler de nos bénédictions — si nous le faisons, c’est seulement pour exalter Celui qui nous a pris si bas pour nous élever si haut ! — n’être occupés que de Christ, de l’excellence de sa personne, de ce qu’Il a été pour Dieu, dans sa vie, dans sa mort, dans sa résurrection... Ah ! si, comme Marie, nous apprenions à ses pieds, nous viendrions avec un vase d’albâtre plein d’un parfum de nard pur de grand prix et la maison serait remplie de l’odeur du parfum 

 

Culte béni d’un cœur qui t’aime,

Encens dont le ciel est rempli...

 

1.4   « En quoi avons-nous méprisé ton nom ?

ME 1951 p. 169-176

Avant de lui présenter son Messie, l’Éternel a fait adresser un dernier message à Israël par le moyen du prophète Malachie. Ce Livre du prophète Malachie dépeint la ruine morale du peuple et le tableau qu’il en fait paraît constituer l’illustration de ce qui concerne aujourd’hui la chrétienté professante. Ce qui est probablement le plus grave dans l’état d’Israël, comme dans celui de la profession chrétienne de nos jours, c’est que ce peuple n’a nullement conscience de ce qui le caractérise. Les questions qu’il pose nous le montrent bien : « En quoi nous as-tu aimés ? » — « En quoi avons-nous méprisé ton nom ? » — « En quoi t’avons-nous profané ? » — « En quoi t’avons-nous fatigué ? » — « En quoi retournerons-nous ? » — « En quoi te frustrons-nous ? » — « Qu’avons-nous dit contre toi ? » (Malachie 1:2, 6, 7 ; 2:17 ; 3:7, 8, 13). Israël aurait dû « craindre » et « honorer » Dieu (1:6) comme devraient le faire aussi aujourd’hui ceux qui se réclament de son Nom. Au lieu de cela, son Nom est méprisé et, en réponse au reproche que Dieu est contraint de lui faire, le peuple répond : « En quoi avons-nous méprisé ton nom ? » — Quel aveuglement ! C’est celui-là même qui caractérise Laodicée, dernière phase de l’histoire de l’Église responsable sur la terre pendant le temps de l’absence du Seigneur (Apoc. 3:17 à 20) : Christ laissé dehors, on se glorifie cependant de ses prétendues richesses et l’on déclare n’avoir besoin de rien ! — Son Nom est méprisé en ce que ceux qui auraient dû mettre sur la table pure, dans le lieu saint, le pain de proposition, fait de fine fleur de farine et recouvert d’encens pur (Ex. 25:23 à 30 ; Lév. 24:5 à 8), présentaient du pain souillé ! C’était une profanation ! Encore osent-ils dire : « En quoi t’avons-nous profané ? » Dieu leur déclare alors : « En ce que vous dites : La table de l’Éternel est méprisable ». Son Nom méprisé Sa table méprisée ! Et pour le sacrifice, qu’offrait-on ? Une bête aveugle, boiteuse ou malade, alors que l’Éternel demandait une victime « sans défaut » (Lév. 1:3, 10 ; 3:1, 6 ; 4:3, 23, 28, 32 ; 5:15, 18, 25).

Le peuple ne savait plus ce que l’Éternel avait ordonné pour la présentation des divers sacrifices et pour l’exercice de la sacrificature — combien son ignorance était coupable ! Elle explique les questions qu’il pose tout au long de ce Livre, mais ne peut pas excuser sa façon d’agir. La méconnaissance de ce que l’Éternel avait commandé l’avait inévitablement conduit à s’éloigner de ce que prescrivait la loi pour rendre culte et cet éloignement avait entraîné un oubli de plus en plus accentué des ordonnances mosaïques, avec comme conséquences l’aveuglement et l’endurcissement du cœur. — Qu’en est-il aujourd’hui, à cet égard, de la chrétienté professante ? D’une façon générale, on veut bien avoir « une religion » et on désire, plus ou moins, « la pratiquer » en assistant le dimanche à un office. On se rend, la plupart du temps, dans le « lieu de culte » où ont été parents et grands-parents. Mais s’est-on jamais posé la question suivante : est-ce que je rends culte selon les enseignements de la Parole de Dieu ? Et a-t-on d’abord cherché à les connaître pour savoir ensuite si l’on y obéit ? Hélas ! on ne se pose guère de questions dans la généralité des cas ; on agit par routine et ce que l’on appelle « culte » ressemble à bien des égards à ce qu’offrait le peuple au temps du prophète Malachie. Cela découle d’une ignorance qui est tout aussi coupable que celle d’Israël autrefois parce que Dieu a clairement révélé Sa pensée au sujet du culte et nous a fait connaître de quelle manière nous devions le rendre. Croire que la question du culte est laissée à l’appréciation de chacun, que l’on peut agir comme ses ancêtres ou suivant ce que l’on estime convenable, sans se préoccuper de ce que Dieu nous dit dans sa Parole, c’est au fond se conduire de telle sorte que l’on mérite les reproches adressés par l’Éternel à son peuple par la bouche de Malachie.

Que ceux qui, par la grâce de Dieu, ont eu le privilège d’être enseignés au sujet de tout ce qui concerne l’adoration « en esprit et en vérité », se demandent s’ils mettent en pratique ce qu’ils ont ainsi reçu. Peut-être en est-il qui sont ignorants, et coupables de l’être, mais ne sommes-nous pas coupables aussi lorsque nous savons et ne faisons pas ? Mépriser son Nom, mépriser sa Table sont des expressions qui pourraient nous amener à nous récrier, tellement elles sont fortes ; mais c’est Dieu qui les emploie dans sa Parole et il nous appartient de considérer, pour notre propre instruction, la nature des manquements qui le conduisent à formuler de semblables reproches à ceux qui se réclament de son Nom. Dans son aveuglement (c’est l’état qui caractérise généralement la fin d’une dispensation) le peuple d’Israël en était arrivé à un tel degré qu’il méconnaissait complètement la joie que procure la présence du Seigneur et la jouissance de sa communion ! C’est ce qui l’amenait à dire : « Voilà, quel ennui ! » (Mal. 1:12, 13).

Triste état que celui du peuple d’Israël à la veille du moment où son Messie allait lui être présenté ! Triste état que celui de la chrétienté professante à la veille du retour du Seigneur !

Dieu est frustré de ce qui Lui est dû, aussi bien pour ce qui concerne le culte que pour tout le service de sa maison. Ne pourrait-Il s’adresser à tant de ceux pour lesquels la « religion » n’est qu’une forme vide de réalité et leur dire comme jadis à son peuple : « Un homme frustrera-t-il Dieu ? Toutefois, vous me frustrez... » ? En ont-ils conscience en quelque mesure ? En aucune façon ! Le peuple répond : « En quoi te frustrons-nous ? » Ce serait sans doute la réponse de ceux qui ont cru adorer Dieu en assistant à tel ou tel office religieux.

Mais, parmi ceux qui professent rendre culte selon les enseignements de la Parole de Dieu, n’a-t-on jamais fait, à la sortie d’une réunion de culte, une réflexion du genre de celle-ci : « Quel bon culte nous avons eu ! Comme nous avons été bénis ! », alors que cependant l’Assemblée n’avait pas dépassé l’autel d’airain ? Dieu ne pourrait-Il alors nous déclarer : Mais vous n’avez pas rendu culte ainsi qu’il convenait ! Vous n’êtes pas venus jusqu’à l’autel d’or ! Vous n’avez pas fait fumer l’encens sur l’autel ! N’ai-je pas été frustré de ce qui m’était dû ? — N’arrive-t-il pas que nous soyons tellement convaincus d’avoir rendu culte selon la Parole — parce que nous avons été heureux et bénis dans le rassemblement, grâce infinie de notre Dieu pour laquelle nous avons certes bien sujet d’être reconnaissants ! — que nous ne nous posons même pas cette question : y avait-il quelque chose pour Dieu ? — Comme il est vrai que nous pensons surtout à nous-mêmes et qu’au lieu de venir apporter des corbeilles remplies, nous venons chercher bénédiction et rafraîchissement ! Nous croyons ainsi avoir rendu un culte selon Dieu !

En contraste avec l’état du peuple d’Israël, au sein même de ce peuple qui se réclame du nom de l’Éternel bien qu’il méprise son Nom, il y a un résidu fidèle : « Alors ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom » (Mal. 3:16). Tandis que le peuple n’honorait pas Dieu, ne manifestait pas la crainte qui lui est due et méprisait son Nom (1:6), le résidu fidèle est caractérisé par la crainte de l’Éternel et par le fait que chacun de ceux qui le composent pense à son Nom ! Tels sont les traits du témoignage philadelphien au terme de l’histoire de l’Église ! Peu de force sans doute, mais la Parole gardée et le Nom du Saint et du Véritable craint et honoré ! « Tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8). — Une promesse est faite au résidu : « Et ils seront à moi, mon trésor particulier, dit l’Éternel des armées, au jour que je ferai ; et je les épargnerai comme un homme épargne son fils qui le sert ». Puis, l’Éternel s’adresse au peuple : « Alors vous reviendrez, et vous ferez la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas » (Mal. 3:17, 18). Privilège précieux que de faire partie de ce résidu fidèle qui craint Dieu et pense à son Nom ! Bienheureux « celui qui sert Dieu », qui le sert, en tout premier lieu, dans l’exercice de la sainte sacrificature, offrant « des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:5) — dans le service élevé des fils de Lévi : « ils mettront l’encens sous tes narines et l’holocauste sur ton autel » (Deut. 33:10).

 

1.5   Marie de Béthanie

De Marie de Béthanie, quelqu’un a écrit : « Elle n’était pas venue pour entendre un sermon, bien que le premier des docteurs fût là. Quelque précieuse que la chose fût à sa place, ce jour-là son but n’était pas de s’asseoir aux pieds de Jésus pour écouter sa parole (Luc 10:39).

Elle n’était pas venue pour lui présenter ses requêtes. Il fut un temps où, dans la plus complète soumission à sa volonté, elle s’était jetée à ses pieds, disant : « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11:32)...

Elle n’était pas venue se réunir aux saints, bien qu’il y eût là de chers enfants de Dieu, dont il est dit : « Jésus aimait Marthe... et Lazare » (Jean 11:5). La communion avec eux était une chose précieuse... mais pour le moment la communion n’était pas son objet.

Elle n’était pas venue, après une semaine de travail et de fatigue passée au milieu du combat avec le monde, cherchant à être rafraîchie par lui, bien qu’elle sût, comme chaque fidèle, ce qu’étaient les épreuves du désert, et que probablement personne ne connût mieux qu’elle les sources de rafraîchissement qui étaient en lui.

« Mais elle était venue, et cela au moment même où le monde exprimait la profondeur de sa haine contre lui, répandre ce qu’elle avait tenu longtemps en réserve (12:7)... sur la personne de Celui dont l’amour avait captivé son cœur et absorbé ses affections. Elle ne pense pas à Simon le lépreux ; elle passe à côté des disciples ; son frère et sa sœur en la chair et dans le Seigneur n’attirent pas en ce moment son attention ; Jésus seul remplit son âme — elle fixe les yeux sur lui ; son cœur ne bat que pour lui...

L’adoration, l’hommage, le culte, la bénédiction, voilà son unique pensée ; elle honore ainsi Celui qui est tout pour elle, et pour le cœur duquel un tel culte était un rafraîchissement... Un souvenir durable de ce qu’est le culte est consigné dans la Parole par Celui qui le reçut, et en mémoire de celle qui le rendit.

 

1.6   Applications pour le temps actuel

« Dites-moi, cher lecteur, ce culte est-il le vôtre ? ou bien allez-vous le dimanche entendre un sermon, dire vos prières, vous réunir avec les saints, ou vous rafraîchir après vos six jours de labeur ? Oh ! si tous les regards étaient fixés sur lui seul, si tous les cœurs étaient remplis de lui, si chacun de nous était résolu à ne voir « personne sinon Jésus seul », comme les louanges abonderaient ! » (Messager Évangélique — Année 1882, page 418).

La faiblesse de notre culte, son imperfection sont la marque de notre bas niveau spirituel. Il serait vain de chercher à apporter quelques modifications extérieures si cela ne procédait d’exercices intérieurs qui nous conduisent à discerner ce en quoi nous manquons et ce qui convient pour rendre un vrai culte. Les lignes qui précèdent rappellent des enseignements connus de la plupart d’entre nous ; elles n’ont d’autre but que d’aider à ces exercices intérieurs que Dieu seul peut produire et que nous Lui demandons de faire naître en chacun de nous pour Sa propre gloire ! — Nous sommes trop peu nourris de Christ chaque jour, de sorte que le premier jour de la semaine, nos corbeilles ne sont pas toujours remplies (ne sont-elles pas vides, parfois ?). Par ailleurs, nous savons trop peu ce qu’est le lavage à la cuve d’airain. Nous ne sommes donc pas toujours en état d’aller jusqu’à l’autel d’or pour y faire fumer l’encens !

Que Dieu veuille opérer en nous pour nous faire comprendre quelle perte nous faisons ainsi, mais surtout qu’Il nous montre combien peu nous savons Lui apporter ce qui Lui est dû et quelle perte c’est pour Lui ! Qu’Il attache davantage nos cœurs à Christ et nous fasse entrer mieux que nous ne le faisons dans l’intelligence de ses pensées relativement au culte que nous sommes appelés à Lui rendre et dont Il est si justement digne ! C’est la Personne de son Bien-aimé qui fait les délices de son cœur de toute éternité et c’est cette Personne adorable que nous avons à Lui présenter dans notre culte. Le parfum du nom de Jésus s’élèvera alors dans le sanctuaire comme une bonne odeur à Dieu, comme cet encens pur et sans mélange que nous devons faire fumer à l’autel d’or !

« Mais l’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4:23). Dieu veuille nous accorder la grâce d’être toujours en état de remplir une fonction d’un caractère aussi élevé ! Rendant culte par l’Esprit, puissions-nous Lui présenter en odeur agréable la Personne excellente de son Bien-aimé, Celui dont le nom est « un parfum répandu » (Cant. 1:3) — en attendant le jour glorieux après lequel nos âmes soupirent, où, sans faiblesses ni imperfections, sans notes discordantes, nous chanterons le cantique nouveau à la gloire de l’Agneau, rappelant que Dieu a tout fait pour la gloire éternelle de Christ, et unissant dans une même louange et le Père et le Fils ! — Seigneur ! quand sera-ce ?

 

Que le chant de louange à la gloire du Père

S’élève de nos cœurs par son amour ravis,

Et que l’hymne éternel commencé sur la terre

Exalte, glorifie, et le Père et le Fils !

 

2                    IL verra du fruit du travail de Son âme — Ésaïe 53:11

ME 1958 p. 33

2.1   Le Fils, délices du cœur de Dieu, ouvre Son cœur et Son âme

Dieu nous occupe, dans sa Parole, de Celui qui est l’Objet et les délices de son cœur, son Fils unique et bien-aimé. Il place devant nous, en particulier, le récit de sa vie sur la terre, alors que, venu ici-bas, Il a, d’une part, fait connaître Dieu à l’homme et, d’autre part, recommencé l’histoire de l’homme devant Dieu. Sa réjection par son peuple et par sa créature, ses souffrances pour la justice, endurées dans le chemin de dépendance et d’obéissance où Il a été le parfait Serviteur, sa mort ignominieuse, glorieuse aussi, sa résurrection, tel est l’essentiel du sujet que les Évangiles offrent à notre méditation. Mais nous n’avons pas seulement dans les Écritures le récit historique, avec toute sa portée spirituelle et morale, de la vie du Seigneur dans ce monde, de sa mort sur la croix, de sa résurrection et de son ascension. Ce récit est sans doute, dans sa sobriété, d’une grandeur et d’une beauté incomparables, mais l’Esprit de Dieu a voulu nous donner davantage encore, soit dans les écrits prophétiques, soit dans les Évangiles : nous avons, dans l’Ancien Testament, exprimés à l’avance, les sentiments que le Seigneur allait éprouver aux jours de son humanité, tandis que dans les Évangiles, à différentes reprises, le Seigneur nous ouvre son cœur et son âme. En mesurons-nous tout le prix ?

 

2.2   Le Seigneur ouvre Son cœur et Son âme à Ses amis

L’on peut, avec plus ou moins de détails, parler de ses circonstances à son entourage, mais a qui dira-t-on tout ce que l’on éprouve dans son cœur et dans son âme sinon à un ami fidèle et sûr, à celui dont on connaît la sympathie et que l’on peut faire le confident de ses pensées ? Le Seigneur nous appelle « ses amis », Il désire nous voir entrer dans la jouissance d’une vraie communion avec Lui. Il veut trouver dans nos cœurs une réponse à l’amour de son cœur et c’est ainsi qu’Il nous fait connaître non seulement les circonstances par lesquelles Il a dû passer alors qu’Il était ici-bas « l’homme Christ Jésus », mais encore ce qu’Il a éprouvé, au travers de ces circonstances, dans son cœur et dans son âme sainte.

 

2.3   Le « travail de son âme »

Le « travail de son âme ». C’est l’expression employée par le prophète et nous la rappelons souvent dans l’adoration reconnaissante de nos cœurs. Mais que d’expressions des Écritures, bien connues, régulièrement et justement citées, sans que nous essayions, conduits par l’Esprit de Dieu, d’y entrer un peu et de considérer quelque chose de l’infinie richesse qu’elles contiennent ! Puissions-nous les méditer avec plus de diligence, de crainte en même temps, afin que nos cœurs s’attachent davantage à Christ et afin que la louange s’élève vers Lui et vers notre Dieu et Père, qui a voulu se révéler à nous en Lui et nous amener dans sa présence par Lui, mort et ressuscité, glorifié dans le ciel même !

 

2.4   Le Seigneur dans Son chemin ici-bas

Homme ici-bas, le Seigneur marche dans un chemin où Il répond pleinement à la pensée de Dieu. Pour la première fois, Dieu peut considérer sur la terre un homme avec entière satisfaction, et cet homme c’est son Fils bien-aimé ! Sa vie tout entière est un parfum qui monte vers Dieu comme une odeur agréable car elle est l’expression d’un unique désir : pensées, paroles, actions, tout est pour la gloire de Dieu. Le Psalmiste a exprimé ce que Christ seul, aux jours de sa chair, réalise en vérité : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ». Aussi avance-t-Il avec confiance, bien qu’Il ait à endurer la « contradiction de la part des pécheurs contre lui-même » ; son Dieu est « à sa droite », Il ne sera « pas ébranlé ». Tout est joie pour son cœur dans un tel sentier. « C’est pourquoi », dit-Il, « mon cœur se réjouit, et mon âme s’égaie... » (Ps. 16:8, 9). Son âme s’égaie car Il marche avec Dieu, jouissant d’une communion ininterrompue avec Lui, goûtant la satisfaction profonde que son Dieu éprouve en considérant un homme sur la terre qui le glorifie parfaitement ; son âme s’égaie car Il entrevoit tous les résultats de l’œuvre pour laquelle Il est venu, œuvre que le Père lui a donnée à faire et qu’Il achèvera « chef et consommateur de la foi », « à cause de la joie qui était devant lui » Il a « enduré la croix, ayant méprisé la honte » (Hébr. 12:2, 3). Les versets qui terminent le Psaume 16 nous disent sa confiance : son Dieu lui « fera connaître le chemin de la vie ». Sans doute, c’est un chemin qui passe par la mort, mais il aboutit au « rassasiement de joie » et aux « plaisirs pour toujours » qu’Il goûtera « à sa droite ». Ici-bas, Dieu est « à sa droite » pour le soutenir dans le chemin où Il marche comme homme et où Il le glorifie pleinement ; l’œuvre accomplie, Dieu le glorifiera « à sa droite ». Tout cela remplit son âme et son cœur, son cœur se réjouit et son âme s’égaie !

 

2.5   Sur le point de goûter la mort

Mais « le chemin de la vie » passe au travers de la mort et Jésus devra « goûter la mort », en connaître toute l’amertume et toute l’horreur (Hébr. 2:9). Dans son âme, Il va mesurer le poids du jugement de Dieu contre le péché, ce jugement qu’il devra subir à la place des coupables, Lui l’homme parfait ! Et Il s’écrie :

« Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père délivre-moi de cette heure » (Jean 12:27). Qui sondera le « trouble » de son âme sainte tandis qu’Il pense à l’heure douloureuse de Golgotha ? L’entrevoyant, Il demande à en être délivré... Pourrait-Il ne pas le demander ? Cependant ; tout aussitôt, Il ajoute : « Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom ». Son âme est « troublée » tandis qu’Il a devant Lui la mort, jugement de Dieu, salaire du péché, mais Il est venu ici-bas pour l’endurer, afin de revendiquer la gloire de Dieu, foulée aux pieds par l’homme. De sorte qu’Il n’a qu’une pensée devant Lui : « Père, glorifie ton nom ».

 

2.6   À Gethsémané

Gethsémané nous conduit un peu plus loin. Là, le moment est venu de prendre la coupe de la main du Père. Pas encore de la boire, mais de la prendre. Et tandis qu’Il va livrer cette lutte ardente, entrer « dans l’angoisse du combat » (Luc 22:44), Il s’écrie : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort » (Matt. 26:38 ; Marc 14:34). La coupe est devant Lui, Il sait tout ce qu’elle comporte, il considère l’horreur du jugement de Dieu contre le péché, Il pense aux heures de ténèbres... Boire la coupe, c’est connaître l’abandon de Dieu. Peut-Il désirer cela, Lui, le saint et le juste, dont la vie tout entière a été la joie d’une paisible communion avec Celui qui l’avait envoyé ? En aucune manière. Et Il demande que, « s’il est possible », la coupe « passe loin de lui»... Le Dieu tout-puissant ne pourrait-Il pas le faire :

« Abba, Père, toutes choses te sont possibles ; fais passer cette coupe loin de moi » (Matt. 26:39 ; Marc 14:36) ? Ne pourrait-Il pas le faire pour Celui qui peut, et qui seul alors peut l’appeler Père ? Non, cela n’était pas possible pour Celui à qui « toutes choses sont possibles » ! D’une part, le Seigneur ne peut pas désirer boire la coupe mais, d’autre part, Il est venu ici-bas pour accomplir la volonté de son Dieu... Tel est le combat qu’Il livre dans son âme sainte et son âme est saisie de tristesse « jusqu’à la mort ». Ce n’est pas encore la mort, le moment de l’abandon, mais le Seigneur, dans la pleine connaissance de ce qu’Il aura à endurer alors, lutte et souffre. Avant de subir une épreuve, Il la porte en esprit devant son Père, avant d’aller à Golgotha il fallait qu’Il traversât Gethsémané ! Et ce sont les prières et les supplications, offertes « avec de grands cris et avec larmes... à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Hébr. 5:7). Ah ! comment parler de la « tristesse » de son âme en un tel moment ? C’est comme homme qu’Il livre ce combat et, comme homme, Il aurait désiré trouver quelque sympathie chez les trois disciples qu’Il avait pris avec Lui, auxquels Il avait demandé de veiller avec Lui... Mais tous les trois dorment ! Ils ont perdu ainsi l’inestimable privilège de Lui témoigner cette sympathie qu’Il voulait trouver chez eux, au moment douloureux où son âme était « saisie de tristesse jusqu’à la mort ». (Quelle perte pour eux ! Mais ne nous arrive-t-il pas aussi, du fait de notre sommeil spirituel, de perdre le privilège de remplir un service que le Seigneur voulait nous confier ?) Le service dont les trois disciples se sont privés sera rempli par un ange envoyé pour le fortifier (Luc 22:43). Le combat livré, la victoire est remportée : Il accomplira la volonté de Dieu jusqu’au bout : « Toutefois non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux ». La coupe est prise de la main du Père ; « l’heure s’est approchée, et le fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs » (Matt. 26:39 et 45).

 

2.7   À Golgotha

À Golgotha, Il va boire la coupe amère, traverser les trois heures sombres. Il réalise alors pleinement ce que le Psalmiste, conduit par l’Esprit prophétique, avait écrit autrefois : « les eaux me sont entrées jusque dans l’âme. Je suis enfoncé dans une boue profonde, et il n’y a pas où prendre pied... » (Ps. 69:1 à 4). Il traverse les eaux du jugement et mieux qu’Héman, l’Ezrakhite, Il peut dire : « Ta fureur s’est appesantie sur moi, et tu m’as accablé de toutes tes vagues» (Ps. 88:7). Méditons cette expression : « Ta fureur s’est appesantie sur moi... ». Il souffre dans son corps, mais que dire des souffrances de son âme ? Traité par Dieu comme le péché même, car « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21), Il porte dans son âme tout le poids du jugement de Dieu contre le péché. Il se livre tout entier, Il « livre son âme en sacrifice pour le péché » (És. 53:10). Son corps a été « donné pour nous » (Luc 22:19), son âme livrée en sacrifice pour le péché... Son âme qui avait été « troublée » en entrevoyant l’heure de la croix, « saisie de tristesse jusqu’à la mort » à Gethsémané, dans laquelle « les eaux » étaient « entrées » !

Déjà les paroles du prophète exprimaient des sentiments que Christ a pu éprouver, alors qu’Il était au terme de « son travail » : « Et moi j’ai dit : travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain ; toutefois mon jugement est par devers l’Éternel, et mon œuvre par devers mon Dieu ». Mais, constitué serviteur « pour rétablir les tribus de Jacob et pour ramener les préservés d’Israël », Il sera aussi, lui assure l’Éternel, « une lumière des nations... mon salut jusqu’au bout de la terre » (És. 49:3 à 6). Certes, Il n’a pas « travaillé en vain » ! Pendant l’éternité, Il pourra considérer la moisson glorieuse, les gerbes issues de la semence qu’Il a répandue dans les larmes (cf. Ps. 126:6), « Il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait ».

 

Toi-même tu verras ce que ton cœur réclame

De ton œuvre à la croix le fruit mûr et parfait.

Tu jouiras, Seigneur, du travail de ton âme,

Et ton amour divin en sera satisfait.

 

 

3                    Hébreux 5

ME 1960 p. 230

3.1   Christ comme souverain sacrificateur en Héb. 2 à 4

Déjà dans les chapitres précédents, l’auteur de l’Épître aux Hébreux nous présente Christ comme souverain sacrificateur. Au chapitre 2, Il est le « miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur », Celui qui est « à même de secourir ceux qui sont tentés » (v. 17, 18) ; au chapitre 3, « apôtre et souverain sacrificateur de notre confession », Il est « fidèle à celui qui l’a établi  » (v. 1, 2) ; au chapitre 4, Il est le « grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu » (v. 14, 15). C’est un souverain sacrificateur dans le ciel qu’il nous fallait, tout à la fois homme et Dieu, un Christ glorieux dont le sacrifice parfait est le fondement même de la sacrificature.

 

3.2   Contrastes entre les sacrificateurs d’autrefois et Christ

Le chapitre 5, dans ses premiers versets, met en relief des analogies mais aussi des contrastes entre les sacrificateurs de l’économie mosaïque et notre grand souverain sacrificateur. Eux étaient « pris d’entre les hommes », alors que Christ « dut, en toutes choses, être rendu semblable à ses frères » afin de pouvoir être le fidèle et miséricordieux souverain sacrificateur qui nous convenait (Hébr. 2:7) ; Il n’a pas été, et ne pouvait être, « pris d’entre les hommes » : Il est le saint Fils de Dieu qui « s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes », envoyé par Dieu « en ressemblance de chair de péché, et pour le péché » (Phil. 2:7; Rom. 8:3). Ensuite, si le sacrificateur, fils d’Aaron, était « capable d’avoir de l’indulgence pour les ignorants et les errants », c’est parce qu’il se trouvait « aussi lui-même enveloppé d’infirmité », tandis que Christ, homme ici-bas, a été parfait en toutes choses et s’Il est à même de secourir les siens c’est parce qu’Il a « souffert lui-même, étant tenté », parce qu’Il a été « tenté en toutes choses comme nous, à part le péché » (Hébr. 2:18; 4:15). Enfin, le verset 3 de ce chapitre 5 nous présente un autre contraste qu’il est à peine besoin de souligner : sainte Victime, Christ « s’est offert lui-même à Dieu sans tache », Il a « offert un seul sacrifice pour les péchés » (Hébr. 9:14; 10:12 — cf. 7:27; 9:12), alors que le souverain sacrificateur « pris d’entre les hommes » devait « offrir pour les péchés, comme pour le peuple, ainsi aussi pour lui-même ».

Pour être « fait souverain sacrificateur », il fallait être « appelé de Dieu ». De même qu’Aaron (Ex. 28:1), Christ l’a été. Quelle perfection en Lui ! Il n’a pas voulu « s’arroger cet honneur », se glorifier « lui-même pour être fait souverain sacrificateur » (Hébr. 5:4, 5). Les versets qui suivent nous montrent, de manière très remarquable, comment Il a été « consommé », ou rendu propre pour cet office de la souveraine sacrificature ; ils nous disent quelle souffrance Il a dû endurer ici-bas, comme homme, pour être maintenant à même de « sympathiser à nos infirmités ».

 

3.3   Dieu et Homme : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré »

Notre souverain sacrificateur devait être Dieu et homme tout à la fois. La fin du verset 5 de Hébreux 5, dans la citation qui est faite du Psaume 2, place devant nous le Fils de Dieu venu ici-bas comme homme : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré » ; puis le verset 6, dans la citation qui est faite du Psaume 110, nous présente un Homme, le Fils de l’Homme, couronné de gloire et d’honneur dans le ciel même, l’œuvre de la croix, fondement de sa sacrificature, ayant été parfaitement accomplie (cf. Ps. 110:1, 4). À la fin du verset 5, nous avons le « moment » où Christ apparaît comme homme sur la terre, Fils de Dieu « aujourd’hui engendré » ; au verset 6, le « moment » où Il apparaît comme homme dans le ciel, « sacrificateur pour l’éternité ». Entre ces deux « moments » où Il entre comme Homme sur la terre, puis dans le ciel, nous avons dans les versets 7 et 8 son chemin comme Homme ici-bas. C’est tout au long de ce chemin qu’Il a « souffert lui-même, étant tenté, qu’Il a été « tenté en toutes choses comme nous, à part le péché », mais l’Esprit de Dieu ne nous donne qu’un « moment » de ce chemin de souffrance, celui où sans aucun doute cette souffrance a été éprouvée le plus intensément.

 

3.4   Son humanité

Certes, Jésus ici-bas a connu tout ce que nous pouvons connaître de peines et de fatigues. Quelqu’un est-il lassé du chemin ? Jésus l’a été aussi. Il a demandé à une femme samaritaine : « Donne-moi à boire » (Jean 4:6, 8). Et qui souffrira de la faim comme Il en a souffert ? N’est-Il pas resté quarante jours sans prendre aucune nourriture ? « Et il ne mangea rien pendant ces jours-là ; et lorsqu’ils furent accomplis, il eut faim » (Luc 4:2). Mais encore, Il a souffert dans ce monde parce qu’Il en a éprouvé le caractère comme nous ne pourrons jamais le faire : Il a souffert parce qu’Il était la lumière au milieu des ténèbres, le Juste parmi les injustes. Il a souffert parce qu’Il a vu partout les conséquences du péché entré dans le monde par la désobéissance du premier homme : la maladie, la détresse physique et morale, la mort. Oui, tout au long de son chemin Jésus a connu de telles souffrances, mais que dire de celles qu’Il a endurées en Gethsémané ! Là, Satan, l’homme fort qu’Il avait lié et dont Il avait pillé les biens, celui qui s’était « retiré d’avec lui pour un temps », vient avec toute sa puissance, et il est « celui qui avait le pouvoir de la mort » (Hébr. 2:14). Il va alors user de tout son pouvoir pour essayer d’arrêter l’Homme parfait, Celui qui ne  pouvait désirer traverser la mort, puissance de l’ennemi, salaire du péché, Celui qui comme homme avait droit à la vie. Quelles souffrances indicibles en cet instant pour l’Homme Christ Jésus ! C’est comme homme qu’Il les traverse ; l’Évangile selon Luc ne nous dit-il pas qu’« un ange du ciel lui apparut, le fortifiant » (Luc 22:43) ? Il n’est personne qui, dans les tentations à endurer, dans les luttes à soutenir contre le redoutable adversaire, puisse être appelé à livrer un semblable combat et à connaître de telles souffrances. Nul n’aurait pu suivre JÉSUS en Gethsémané et nul ne peut savoir ce que fut cette lutte dont l’intensité était si grande que «  sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant sur la terre » (Luc 22:44).

Celui qui, comme homme, a connu une telle souffrance ne serait-il pas à même de sympathiser à nos infirmités, quelles qu’elles puissent être ?

 

3.5   Le couronnement de sa vie d’obéissance

Nous comprenons que l’Esprit de Dieu se borne à citer un seul « moment » dans toute la vie de l’Homme Christ Jésus ici-bas, celui qui a été — avec son aboutissement : la coupe bue durant les trois heures sombres — le couronnement de sa vie d’obéissance. Les versets 7 et 8 de Hébreux 5 embrassent, répétons-le, l’ensemble de cette vie d’obéissance, toute la période de temps comprise entre les deux « moments » dont nous parlent les citations des Psaumes 2 et 110 ; mais l’obéissance et la souffrance de Gethsémané sont présentées, au verset 7, comme le résumé ou le condensé — si de telles expressions nous sont permises, s’agissant d’un tel sujet — de l’obéissance manifestée et de la souffrance endurée dans la vie tout entière de Celui qui a été dans ce monde l’Homme obéissant et l’Homme de douleurs.

Le verset 8 nous confirme dans cette pensée : « quoiqu’il fût Fils, Il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ». « Quoiqu’il fût Fils », c’est une allusion au Psaume 2 cité plus haut. Fils de Dieu « aujourd’hui engendré », Il a « appris l’obéissance  ». Obéir était pour Lui une chose entièrement nouvelle car Il était placé dans une condition entièrement nouvelle. Obéir est demandé à l’homme et Il était Dieu, mais quand, sans jamais cesser d’être Dieu, Il devient Homme, Il entre dans un chemin d’obéissance. Est-ce en Gethsémané qu’Il « apprend « l’obéissance » par les choses souffertes » ? Gethsémané est au terme de sa vie ici-bas, c’est avec Golgotha le couronnement de sa vie d’Homme obéissant, « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2:8). C’est dès le début de son sentier comme Homme ici-bas qu’Il a « appris l’obéissance » au travers de toute la souffrance rencontrée. Si, d’une part, obéir était sa joie et ses délices (cf. Ps. 40:8), d’autre part son obéissance ne pouvait aller sans souffrances, celles endurées par l’Homme parfait cheminant dans un monde souillé par le péché, au milieu d’hommes révoltés contre Dieu. — Le verset 8 nous présentant l’obéissance de Christ dès le début de son chemin sur la terre, nous pouvons bien penser que nous avons, dans les versets 7 et 8, ce qui a été sa part entre les deux « moments » dont nous parlent les citations des Psaumes 2 et 110, mis spécialement en relief dans l’obéissance et la souffrance de Gethsémané, ce qui l’a « consommé », rendu propre pour être en premier lieu « l’auteur du salut éternel » et ensuite, « souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec ». Car il fallait d’abord le sacrifice expiatoire de l’Homme parfait, l’Homme Christ Jésus, afin qu’Il pût exercer la souveraine sacrificature qui est maintenant la sienne.

 

3.6   L’auteur du salut éternel

Il est  devenu « l’auteur du salut éternel »  et « souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec » non pas pour tous les hommes mais « pour tous ceux qui lui obéissent  ». La doctrine du salut universel est une fausse doctrine ; le salut est sans doute offert à tous mais il est seulement pour ceux qui croient. En d’autres termes, il est la part de « quiconque croit ». Les croyants sont vus ici comme étant « ceux qui lui obéissent » : il s’agit d’abord d’obéir à sa parole, de croire pour avoir le salut de l’âme, le salut éternel, et ensuite d’obéir à sa parole pour tout ce qui concerne la marche dans le chemin où Il veut nous conduire et nous faire expérimenter les soins fidèles de sa souveraine sacrificature. Salut par la foi, marche de la foi, pour tout cela nous avons besoin du Fils de Dieu devenu Homme, l’Homme Christ Jésus, « auteur du salut éternel » et « souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec ».

« Au sujet duquel nous avons beaucoup de choses à dire... » (v. 11). Au sujet de Melchisédec ? Nous ne le pensons pas. La Parole ne nous donne d’ailleurs que très peu de détails sur ce « sacrificateur du Dieu Très-haut », soit dans l’Ancien Testament (Gen. 14; Ps. 110), soit dans l’Épître aux Hébreux. C’est certainement au sujet de « l’auteur du salut éternel », de notre miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur que l’Esprit de Dieu a beaucoup de choses à nous dire ! Ne soyons pas paresseux à écouter, comme l’étaient devenus les croyants hébreux ; ayons au contraire un ardent désir d’être occupés et nourris de Lui, contemplons-Le dans la position glorieuse qui est la sienne et qui détermine aussi la nôtre, nous aurons pour la marche ici-bas tout le secours de sa sacrificature. Et nous serons ainsi des « hommes faits » nourris de « la nourriture solide » et ayant « les sens exercés à discerner le bien et le mal ».

 

 

4        Ni levain ni miel

ME 1968 p.155

4.1      L’offrande de gâteau

L’offrande de gâteau — ou « présent » (cf. Ex. 29:41, note en bas de page) — était l’oblation à Dieu de produits du sol, sous forme de gâteau cuit au four, sur la plaque ou dans la poêle (cf. Lév. 2).

Lorsque « Caïn apporta, du fruit du sol, une offrande à l’Éternel » — c’est la première « offrande de gâteau » dont il est question dans l’Écriture — l’Éternel « n’eut pas égard à Caïn et à son offrande » (cf. Gen. 4:3 à 5), tandis que lorsque Christ est venu ici-bas, Dieu a pu agréer l’offrande du fruit du sol : Il a alors trouvé ses délices dans la nature humaine, « son plaisir » (cf. Matt. 3:17) en Celui qui a été dans ce monde l’homme Christ Jésus, l’homme parfait, typifié par « l’offrande de gâteau » des ordonnances lévitiques.

Le sacrifice expiatoire de Christ était nécessaire pour nous délivrer du pouvoir de Satan et nous purifier de tout péché, nécessaire aussi pour la gloire de Dieu — sa vie sur la terre ne l’était pas moins : il fallait la vie de Christ non seulement pour mettre en lumière les perfections infinies de Celui qui allait s’offrir « lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9:14), mais encore pour que Dieu fût glorifié par la marche d’un homme accomplissant en toutes choses la volonté divine. S’il n’y avait eu que la mort de Christ, s’il n’y avait pas eu sa vie ici-bas, sur ce point Dieu n’aurait pas été honoré comme il l’a été et comme il convenait qu’il le fût ; cela eût manqué à sa gloire. La démonstration devait être faite qu’un homme pouvait marcher et vivre comme Dieu le désirait, elle l’a été pleinement par la vie de Christ. Cette vie, parfaite offrande de gâteau, ne peut être séparée de sa mort (cf. Phil. 2:6 à 8) : le don qu’il en a fait est encore un acte de sa vie, le dernier et celui qui est le couronnement de tous les autres.

 

4.2      Souffrance de Christ et offrande de gâteau

Dans le sentier qu’il a suivi, Christ a souffert, Lui qui était sans péché, à cause des conséquences du péché. Ces souffrances ont fait ressortir tout ce qui en Lui était agréable à Dieu, et il n’y avait en Lui rien qui ne fût agréable à son Dieu et Père.

Que l’offrande de gâteau ait été cuite au four, sur la plaque ou dans la poêle, c’était « un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel » (Lév. 2:9). L’apôtre Pierre écrit dans sa première épître : « Car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces… » (2:21 à 23). Nous sommes donc appelés à marcher sur les traces de Christ, à fixer nos yeux sur le parfait Modèle afin de refléter ses caractères ; si nous le réalisions en toutes choses, notre vie serait une véritable « offrande de gâteau » présentée à Dieu, « une odeur agréable » pour Lui.

 

4.3      Une odeur agréable pour Dieu

Comment peut-il en être ainsi pratiquement ? Christ est mort pour nous ; 1 Pierre 2 ajoute : « … qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice » (v. 24). En vertu de son œuvre à la croix, par sa mort et sa résurrection, il nous a communiqué une vie nouvelle, donné une nouvelle nature. Certes, la vieille nature est toujours en nous — c’est pourquoi il y a « du levain » dans l’offrande tournoyée des deux pains, figure de l’Église (cf. Lév. 23:17), tandis qu’il ne devait pas y en avoir dans l’offrande de gâteau, type de l’humanité parfaite de Christ, offrande dont nous sommes exhortés à nous nourrir dans le lieu saint (cf. Lév. 2:11 ; 6:9 à 11) — et cette vieille nature en nous ne peut produire autre chose que des péchés ; mais nous sommes responsables de réaliser pratiquement que nous sommes « morts aux péchés » afin que nous « vivions à la justice ». Notre marche, notre vie ici-bas devraient être caractérisées par l’activité de la seule nouvelle nature, au sujet de laquelle l’apôtre Jean nous dit : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, car la semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu » (1 Jean 3:9).

Cette vie nouvelle est une vie de résurrection, elle ne peut être vécue que dans la puissance de l’Esprit Saint qui habite en nous. Si, ayant réalisé d’une manière pratique que « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal. 5:24), nous vivions de la vie nouvelle dans la puissance du Saint Esprit, notre vie, à l’image de celle de Christ homme ici-bas, serait une « offrande de gâteau » continuelle, une « odeur agréable » pour Dieu. Pour qu’il en soit effectivement ainsi, il faut nous rappeler que l’offrande de gâteau ne devait contenir ni levain ni miel (cf. Lév. 2:11). Si nous suivons tellement peu les traces de Christ dans son sentier c’est, la plupart du temps, parce que levain ou miel se trouvent mêlés à notre « offrande ».

 

4.4      Le levain, emblème du mal, un principe corrupteur

Le levain, emblème du mal, est un principe corrupteur. Il est attristant et humiliant de voir avec quelle facilité nous passons, si souvent, sur tant de choses qui ne peuvent être, moralement parlant, que des éléments de corruption ; et nous mettons en avant mille raisons pour essayer de justifier ce que nous tolérons dans nos vies et qui n’est pourtant autre chose que du levain. Combien de fois nous manque-t-elle, cette sainte horreur du mal, cette vigilance à le déceler en nous afin qu’il puisse être jugé ! Nous sommes au contraire facilement portés à atténuer la gravité du péché et à supporter ce dont nous devrions nous séparer sans faiblesse et sans retour. Si nous tolérons du levain dans nos cœurs, nous ne pourrons manifester les caractères de la vraie offrande de gâteau, il n’y aura aucune « odeur agréable » pour Dieu. Par ailleurs, et inévitablement, ce principe corrupteur agira et le mal se développera, quel que soit le caractère qu’il revête : « ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever la pâte tout entière ? » — cela nous est dit au sujet du mal moral (1 Cor. 5:6) comme aussi à propos du mal doctrinal (Gal. 5:9). Soulignons qu’il suffit, pour faire lever toute la pâte, d’un peu de levain. Comme nous devrions être attentifs à discerner le moindre levain, dans nos cœurs en tout premier lieu, mais aussi dans nos maisons et dans l’assemblée ! — Imitons l’exemple de Celui qui a été ici-bas la parfaite offrande de gâteau, sa vie étant marquée par une entière séparation de tout mal ! Il n’y avait dans cette « offrande » aucun levain.

 

4.5      Pas de miel dans l’offrande de gâteau : signification

Nous sommes si souvent en danger de mêler le levain à l’offrande, combien plus encore d’y introduire le miel ! Le danger est plus grand précisément en raison de la douceur et du prix des affections naturelles, dont le miel est la figure dans le verset 11 du chapitre 2 du Lévitique. Nous savons tous que les relations de famille ou encore celles que nous pouvons entretenir avec les enfants de Dieu — les unes et les autres étant selon la pensée divine — ont beaucoup de prix pour nos cœurs, tellement de prix qu’en tant de circonstances nous leur donnons le pas sur des considérations qui devraient cependant passer en premier lieu : nous préférons alors sacrifier les droits de Dieu, le maintien d’un témoignage fidèle, plutôt que de rompre, ou de distendre des relations de famille ou d’amitié susceptibles de constituer un obstacle dans le chemin de l’obéissance à la Parole. Le miel est ainsi introduit dans l’offrande, ce n’est plus dès lors une vraie « offrande de gâteau », le parfum de l’offrande est perdu ! Chercher à tout prix à maintenir une certaine unité, une certaine communion dans la famille ou dans les relations fraternelles, au détriment des droits de Dieu, de la gloire du Seigneur, de l’obéissance à la Parole ; s’attacher à un ami, à un frère, à peu près aveuglément, jusqu’à s’en faire parfois une sorte d’idole — et tout ce qui prend la place de Christ dans nos cœurs devient pour nous une idole — suivre ses avis et ses conseils sans se préoccuper de savoir s’ils sont conformes à l’enseignement de l’Écriture, tout cela c’est le miel introduit dans l’offrande !

 

4.6      Différents passages de l’Écriture au sujet du miel

Sans doute est-il écrit : « Mon fils, mange du miel, car il est bon » (Prov. 24:13), mais dans ce passage le miel est la figure de la sagesse et non des affections naturelles, comme l’indique clairement le verset qui suit : « Ainsi connais pour ton âme la sagesse… ». Le miel est aussi l’image de ce qui est bon et désirable, les « paroles agréables », en Proverbes 16:24. Mais nous retrouvons au chapitre 25 de ce même Livre la signification qu’il a en général dans la Parole, notamment dans le chapitre 2 du Lévitique. Les affections naturelles sont précieuses, elles sont selon Dieu et l’on ne saurait trop désirer qu’elles soient maintenues, entretenues et toujours goûtées dans la communion avec Dieu. Lorsqu’il n’en est pas ainsi, quand les limites assignées par Dieu sont dépassées, c’est alors, malgré les plus belles apparences, l’activité de la chair qui se manifeste. Tel est le sens de Proverbes 25:16 : « As-tu trouvé du miel, manges-en ce qu’il t’en faut, de peur que tu n’en sois repu et que tu ne le vomisses ». Il est contraire à la pensée de Dieu de faire passer les affections naturelles en premier lieu, de s’en nourrir à l’excès ; elles ont leurs dangers car elles risquent de nous détourner des affections spirituelles qui ont un caractère combien plus élevé ! Remarquons également qu’elles sont, en bien des cas, plus ou moins égoïstes : n’arrive-t-il pas que, sans s’en rendre compte peut-être, on les cultive beaucoup plus pour la satisfaction que l’on peut soi-même y trouver que pour le bien de celui que l’on aime et pour la gloire de Dieu ? C’est alors aussi mauvais que de s’occuper de sa propre gloire, selon ce que dit Proverbes 25:27 : « Manger beaucoup de miel n’est pas bon, et s’occuper de sa propre gloire n’est pas la gloire ». Mais encore, les affections naturelles ne peuvent satisfaire entièrement un cœur travaillé et exercé : l’âme peut se rassasier de la douceur de ces affections, vient le moment où, ayant fait l’expérience de leur insuffisance, elle « foule aux pieds les rayons de miel » (Prov. 27:7) parce qu’elle a faim d’autre chose qui puisse la satisfaire pleinement ; et si même elle doit faire de douloureuses expériences, elle trouvera dans l’enrichissement spirituel qu’elle en retirera plus de douceur qu’elle n’en a jamais connu et ne pourra jamais en connaître dans les relations de famille ou d’amitié : « pour l’âme qui a faim tout ce qui est amer est doux » (Prov. 27:7).

 

4.7      Offrande de gâteau sans miel : l’exemple du Seigneur

Là aussi, quel enseignement aurait plus de valeur pour nous que l’exemple de notre parfait Modèle, Celui qui a été la vraie offrande de gâteau ? Chez Lui, il n’y eût jamais de miel dans l’offrande ! Les affections profondes qu’il éprouvait pour sa mère n’ont jamais été altérées ou amoindries, mais plutôt que de voir son service entravé, il dira à sa mère : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? » (Jean 2:4). Et lorsque plus tard « ses frères et sa mère… l’envoyèrent appeler », il répondra à ceux qui lui disaient : « Voici, ta mère et tes frères, là dehors, te cherchent » : « Qui est ma mère, ou qui sont mes frères ? Et regardant tout à l’entour ceux qui étaient assis autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères ; car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (Marc 3:31 à 35). Pour Lui, ce qui passe avant toute autre chose, c’est l’obéissance à la volonté de son Dieu ! Quel exemple et combien cela nous humilie lorsque nous sommes amenés à reconnaître qu’en tant de circonstances, pour l’examen de tant de questions difficiles intéressant la vie de l’assemblée, nous laissons l’obéissance à l’arrière-plan et faisons passer en premier nos relations de famille, des liens fraternels, ou même une certaine considération — dépassant la mesure — pour tel ou tel frère ! Que de situations, que de difficultés seraient aisément réglées si nous imitions l’exemple de Celui qui n’avait qu’un but devant Lui : l’obéissance à la volonté de Dieu, et qui pouvait dire en vérité, par l’Esprit prophétique : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » (Ps. 16:8) !

Cela ne veut certes pas dire que nous devions jamais cesser d’aimer nos proches. Le Seigneur a-t-il jamais cessé d’aimer profondément sa mère, si même il a dû prononcer les paroles rapportées en Jean 2:4 et Marc 3:31 à 35 ? Quel moment pour Lui que celui où, son service sur la terre arrivé à terme, il a pu laisser s’épancher sans entraves les affections de son cœur ! « Jésus donc voyant sa mère… ». Pensons-nous à ce que cela dut être pour le cœur humain du Sauveur que de voir sa mère se tenant près de sa croix ? Toute la tendresse de ce cœur est manifestée dans le soin qu’il prend d’elle en un tel moment : Il la confie au disciple qu’il aimait ! Il va traverser les trois heures sombres… Comme homme, il a livré le combat de Gethsémané et son Père lui a alors envoyé « un ange du ciel » pour le fortifier (Luc 22:43) ; comme homme, il va connaître les trois heures de l’abandon et si là il n’y eut pour Lui aucun « ange du ciel », aucun secours, aucune présence, aucun rayon de lumière, Dieu a cependant permis qu’il ait, avant ces heures de ténèbres, un double encouragement : d’une part, la conversion de l’un des deux brigands (Luc 23:40 à 42) — avant-goût des fruits de l’œuvre qu’il allait accomplir — et, d’autre part, la présence de sa mère auprès de sa croix, précieux réconfort au moment où l’opprobre brisait son cœur (Jean 19:25 à 27 ; Ps. 69:20).

 

4.8      Applications pour nous

Que Dieu nous donne de fixer sans cesse nos regards sur notre parfait Modèle et qu’il nous accorde la grâce de refléter quelque chose des caractères qui ont été les siens comme « offrande de gâteau » ! Qu’il nous donne pleine conscience du fait que si nous savons si mal le réaliser, c’est parce que nous introduisons dans « l’offrande » du levain ou du miel ! Tant de difficultés surviennent, tant d’autres sont aggravées parce que nous acceptons et tolérons ce qui présente le caractère du levain, ou encore parce que nous préférons sacrifier ce que pourtant nous devrions maintenir, plutôt que de dire : « Quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ». Seul est un vrai fils de Lévi celui qui, pour obéir à la parole de l’Éternel (cf. Ex. 32:26 à 29), « dit de son père et de sa mère : Je ne l’ai point vu ; et qui n’a pas reconnu ses frères, et n’a pas connu ses fils. Car ils ont gardé tes paroles et observé ton alliance » (Deut. 33:9).

« Christ a souffert pour nous, nous laissant un modèle, afin que nous suivions ses traces ». Suivons-le dans ce sentier, imitons-le, pensant aux souffrances qui ont été les siennes — si nous devons, dans un tel chemin, en connaître « la communion » (cf. Phil. 3:10) — tandis qu’il était ici-bas la vraie et parfaite « offrande de gâteau », cuite au four, sur la plaque, dans la poêle ! Et que les souffrances connues en le suivant aient pour résultat de faire monter vers Dieu une « odeur agréable », le parfum de l’offrande de gâteau, c’est-à-dire le parfum de Christ !

 

 

5        Vous raconterez à mon père toute ma gloire (Gen. 45:13)

ME 1969 p.312

5.1      Joseph type de Christ

Dès le début de son histoire, haï par ses frères parce qu’il était le bien-aimé de son père, Joseph est placé devant nous comme un type de Christ, un des plus beaux que nous ayons dans les écrits de l’Ancien Testament. Comme Christ, au temps convenable, s’est présenté pour être envoyé dans ce monde, déclarant à son Père : « Voici, je viens pour faire ta volonté » (Héb. 10:9), Joseph est prêt à aller vers ses frères : « Me voici » (Gen. 37:13). Méprisé, rejeté par eux, ainsi que Christ devait l’être plus tard par les siens, Joseph fut vendu aux Ismaélites pour vingt pièces d’argent (ib. 28), comme le Seigneur le fut aussi pour trente pièces d’argent, ce « prix magnifique » auquel il a été estimé par son peuple (Matt. 26:15 ; 27:3 à 10 ; Zach. 11:12, 13). Les frères de Joseph — comme les hommes à l’égard de Christ — pensaient de la sorte en avoir fini avec lui ; n’entendant plus parler de lui durant une vingtaine d’années, ils le considéraient sans aucun doute comme mort (cf. Gen. 44:20). Mais les circonstances sont dirigées par Dieu de telle manière que les frères de Joseph vont être mis en présence de celui qu’ils croyaient à jamais disparu. — En figure, nous avons donc d’abord Christ mort, puis ressuscité. Cependant, pour que Joseph pût se faire connaître à ses frères, il fallait qu’un travail de conscience eût été préalablement accompli en eux, afin qu’ils fussent amenés à une sincère confession de leur péché. Les faits qui nous sont rapportés dans les chapitres 42 à 44 de la Genèse nous montrent avec quelle sagesse a agi Joseph pour que ce travail soit conduit jusqu’à son terme. Ses frères, amenés dans la lumière de Dieu, déclarent alors : « Comment parlerons-nous, et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (44:16). Maintenant, Joseph pourra se faire connaître à eux, et c’est la scène si émouvante du chapitre 45.

 

5.2      Les frères de Joseph rassemblés autour de lui

« Et Joseph dit à ses frères : Je suis Joseph » (v. 3). Ces versets évoquent le jour où le résidu restauré lèvera ses yeux vers Celui qui annonce prophétiquement ce retour : « ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé » (Zach. 12:10). Mais nous pouvons sans doute en faire une application à ce qui nous concerne présentement. Réunis autour du Seigneur, ne l’entendons-nous pas nous dire : « Approchez-vous de moi… Je suis Jésus ! » Comme les frères de Joseph y sont invités par lui — « Approchez-vous de moi » (v. 4) — nous sommes aussi exhortés à nous approcher. Ensuite, après que ses frères ont répondu à son invitation, il leur redit les mêmes paroles : « Je suis Joseph », mais en ajoutant alors : « votre frère » (v. 4). Précieux rassemblement que celui des rachetés autour de Celui qui « n’a pas honte de les appeler frères» (Héb. 2:11). Il y a cependant, en figure, le rappel de la mort de Christ et de notre culpabilité : « que vous avez vendu pour l’Égypte » ; mais aussitôt, c’est la grâce qui parle, car elle peut s’exercer envers ceux qui ont confessé leur péché : « Et maintenant, ne soyez pas attristés, et ne voyez pas d’un œil chagrin que vous m’ayez vendu ici, car c’est pour la conservation de 1a vie que Dieu m’a envoyé devant vous » (v. 5). S’il y a le côté de notre responsabilité, il y a également le côté de Dieu : Christ a été « cloué à une croix… par les mains d’hommes iniques », mais aussi il a été « livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu » (Act. 2:23). Il fallait la mort de Christ pour que les conseils de Dieu puissent avoir leur accomplissement, il fallait que Joseph fut « vendu pour l’Égypte » en vue de la « conservation de la vie » des siens. Quelle « grande délivrance » (Genèse 45:7) que celle opérée par le moyen de Joseph en faveur de ses frères, plus grande encore celle en vertu de laquelle nous avons la vie éternelle et qui est le fruit de l’œuvre expiatoire de Christ !

 

5.3      Travail de Joseph pour rétablir la communion avec ses frères

Joseph a donc été l’instrument de cette « grande délivrance », nécessaire « pour la conservation de la vie » des siens ; par ailleurs, il a agi de manière que soit opéré chez ses frères un travail de cœur et de conscience les amenant à la confession de leur péché, afin qu’ils puissent avoir avec lui une pleine liberté de relations. Quelle illustration du double travail que Christ a accompli pour nous à la croix et ensuite en nous, afin que, nés de nouveau, nous puissions jouir des résultats de son œuvre expiatoire et d’une heureuse communion avec Lui ! — Désormais constitués une famille d’adorateurs, nous sommes rendus capables d’adorer « le Père en esprit et en vérité » (Jean 4:23, 24). Que lui présenterions-nous, dans la puissance du Saint Esprit, si ce n’est la Personne glorieuse de son Fils, son Bien-aimé ? Et le Fils lui-même, qui entonne la louange dans l’Assemblée pour nous conduire dans l’adoration à offrir au Père, nous dit comment le louer d’une manière qui lui soit agréable : « vous raconterez à mon père toute ma gloire ».

 

5.4      Raconter toute sa gloire

Toute sa gloire ! La gloire qu’il avait auprès du Père « avant que le monde fût » (Jean 17:5), sa gloire comme Créateur de toutes choses « premier-né de toute la création » (Col. 1:15 à 17), sa gloire comme « soutenant toutes choses par la parole de sa puissance » (Héb. 1:3), sa gloire dans son anéantissement, puis dans son abaissement volontaire (Phil. 2:6 à 8), sa gloire dans l’humble crèche de Bethléhem (Luc 2:13, 14), sa gloire d’Homme parfait, accomplissant toute la volonté du Père qui, sur Lui, a pu ouvrir son ciel et déclarer : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le » (Matt. 17:5), la gloire de l’Homme Christ Jésus pouvant dire à son Père au terme de son chemin ici-bas : « Moi, je t’ai glorifié sur la terre » (Jean 17:4), la gloire qui a brillé à la croix, au sein des ténèbres et de l’ignominie : « Maintenant le Fils de l’Homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jean 13:31), la gloire qui le couronne, l’œuvre achevée, à la droite de la majesté dans les hauts lieux (Jean 13:32 ; Héb. 2:9 ; 1 Pierre 1:21), la gloire qu’il veut que nous partagions avec Lui (Jean 17:22), ses gloires à venir comme Roi d’Israël et dans la domination universelle qu’il exercera comme Fils de l’Homme, selon le Psaume 8, la gloire éternelle du Fils de Dieu que nous contemplerons à jamais (Jean 17:24). Toute sa gloire !

 

5.5      Ne pas limiter le culte à la reconnaissance d’être sauvé

5.5.1       Comme à l’autel d’or

Lorsque nous venons dans la présence de Dieu, réunis autour du Seigneur pour adorer, ne nous limitons pas à l’expression de notre reconnaissance pour la grande délivrance dont nous avons été les objets et pour les bénédictions dont nous sommes maintenant enrichis. À l’autel d’airain, type de la croix de Christ, devaient être offerts l’holocauste tout entier, la graisse du sacrifice de prospérités et même celle du sacrifice pour le péché (Lév. 1:9 ; 3:3 à 5 ; 4:8 à 10) ; à l’autel d’or, il convenait de « faire fumer l’encens » (Ex. 30:1). Quel parfum pour Dieu lorsque l’encens, image de ce qu’est Christ dans son intercession et dans ses perfections insondables, sous l’action du feu, exhale sa bonne odeur ! Présenter l’offrande de gâteau « avec tout l’encens » (Lév. 2:2), exalter le sacrifice de la croix, parfait holocauste et parfait sacrifice pour le péché, célébrer les gloires infinies de Christ en faisant « fumer l’encens » sur l’autel, tel est le culte que nous sommes appelés à rendre.

 

5.5.2       Comme à l’autel d’airain

Le feu qui servait à faire brûler l’encens était pris à l’autel d’airain et avait été allumé du ciel : il était « sorti de devant l’Éternel » (Lév. 9:24). La victime ayant été consumée à l’autel d’airain, Christ ayant été offert et s’étant offert Lui-même en sacrifice parfait, l’encens peut monter vers Dieu. Pour faire fumer l’encens à l’autel d’or, il faut nous rappeler ce qui s’est passé à l’autel d’airain ; de sorte que, dans le culte, il serait normal de commencer par l’autel d’airain et d’aller ensuite à l’autel d’or. Il est cependant convenable de laisser toute liberté au Saint Esprit pour orienter la louange de l’assemblée.

 

5.5.3       Encens et sacrifices

À propos de l’autel d’or, il est écrit : « Vous n’y brûlerez pas d’encens étranger, ni d’holocauste, ni d’offrande de gâteau » (Ex. 30:9). L’encens, bonne odeur de Christ pour Dieu, nous présente la Personne même, tandis que les divers sacrifices font ressortir ce que la Personne a fait, et cela s’est passé en dehors du lieu saint, ce qui nous permet de comprendre pourquoi il ne fallait pas offrir de sacrifice à l’autel d’or, ni holocauste, ni offrande de gâteau. Il n’en reste pas moins que ces choses sont étroitement liées : la vie parfaite, c’est celle de Christ ; le sacrifice parfait, c’est celui de Christ et l’excellence de sa Personne nous dit la perfection de sa vie et de son sacrifice à la croix. Il fallait une telle Personne pour vivre une telle vie et offrir un tel sacrifice !

L’encens « composé, d’ouvrage de parfumeur, salé, pur, saint » était « consacré à l’Éternel » (cf. Ex. 30:34 à 38) : Dieu seul peut apprécier pleinement les perfections et les gloires de Christ, mais il désire que, conduits par le Saint Esprit, nous venions dans sa présence pour Lui en parler. Peut-il y avoir quelque chose qui soit plus agréable à son cœur que la Personne de son Bien-aimé ? Présenter à Dieu la vie parfaite dont l’offrande de gâteau est le type, le sacrifice parfait dont nous avons, dans ce qu’il a été pour Lui, la figure dans l’holocauste, mais encore Lui parler de la Personne même de Celui qui a vécu une telle vie, souffert une telle mort, c’est le culte dans son caractère le plus élevé !

 

5.6      Être nourri de Christ

Veillons à ce que nos cœurs soient assez occupés, nourris de Christ Lui-même, de ses beautés, de ses gloires, afin que jamais ne soit laissé de côté ce qui est bien l’aspect le plus précieux pour le cœur du Père de la louange que l’Assemblée est appelée à Lui présenter. Pensons, avant tout et par-dessus tout, à ce que Christ a été pour Dieu dans sa vie et dans sa mort, à ce qu’il a été et est à jamais pour Lui dans sa Personne même, et qu’ainsi il nous soit donné de pénétrer dans le lieu saint et de venir à l’autel d’or pour y faire « fumer l’encens » !

Retenons la parole de notre vrai et divin Joseph : « vous raconterez à mon père toute ma gloire » !

 

 

6                    Des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse (Gen. 4:4)

ME 1966 p.253

6.1      Le sacrifice pour le péché

Le premier chapitre du Lévitique, dans son entier, nous parle de l’holocauste ; le chapitre 2, de l’offrande de gâteau ; le chapitre 3, du sacrifice de prospérités. Deux chapitres, les chapitres 4 et 5, nous donnent ensuite des enseignements relatifs au sacrifice pour le péché. Celui qui s’approchait pour offrir un tel sacrifice ne venait pas comme adorateur, il venait comme coupable pour obtenir le pardon de son péché, afin de pouvoir ensuite adorer. Il y avait dans ce sacrifice deux parties essentielles :

le sang de la victime (4:5 à 7, 16 à 18, 25, 30, 34)

la graisse, qui devait être brûlée sur l’autel (4:8 à 10, 19, 20, 26, 31, 35).

 

6.1.1       Imposition des mains

Le coupable, en posant sa main sur la tête du sacrifice pour le péché, s’identifiait avec la victime « sans défaut » et confessait ainsi devant Dieu — la victime étant aussitôt égorgée — qu’il méritait la mort pour les fautes qu’il avait commises. Mais la victime étant offerte à sa place, un plein pardon lui était assuré : les exigences de la sainteté divine étaient entièrement satisfaites par le sacrifice de la victime, sa vie donnée, son sang répandu.

 

6.1.2       La graisse

La graisse était ensuite consumée sur l’autel. La graisse, la partie la plus excellente de la victime, était pour Dieu, dans l’holocauste et dans le sacrifice de prospérités (cf. Lév. 3:16 : « Toute graisse appartient à l’Éternel ») et également dans le sacrifice pour le péché : le sacrificateur devait la faire « fumer sur l’autel, en odeur agréable à l’Éternel » (Lév. 4:31). C’était là, en figure, toute l’énergie intérieure du cœur de Christ, sainte Victime, acceptant de subir le jugement que nous avions mérité, « fait péché pour nous », Lui qui n’avait « pas connu le péché » (2 Cor. 5:21).

 

6.1.3       Le sang

La valeur du sang de la victime était liée au fait que la graisse était consumée sur l’autel « en odeur agréable à l’Éternel ». Le sang de Christ fait propitiation pour nous parce que la vie offerte sur la croix était celle de la sainte Victime répondant pleinement aux exigences de la justice et de la sainteté divines ; toute l’excellence de la personne de Christ a été manifestée dans le don de Lui-même, la graisse a été consumée sur l’autel « en odeur agréable à l’Éternel ». Tout était accompli après que les trois heures sombres furent passées, l’expiation était faite. C’est ce qui donne sa pleine et parfaite efficacité pour nous au sang jailli du côté percé de Christ après sa mort. Ce sang proclame la rédemption accomplie.

 

6.2      La foi d’Abel

Quelle intelligence remarquable fut celle d’Abel, fruit du discernement que seule sa foi pouvait lui donner, lorsqu’il apporta à l’Éternel « des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse » ! Pas seulement une victime, pas seulement le sang de la victime, mais aussi la graisse, l’excellence de cette victime ! Puissions-nous imiter l’exemple de cet homme de foi ! Bénissons notre Dieu et Père pour le don de son Fils, pour l’inestimable valeur du sang répandu, proclamons la valeur et la vertu de ce sang précieux pour le salut éternel de quiconque croit au Fils de Dieu mort et ressuscité, mais n’oublions jamais ce que furent pour Lui les trois heures de l’abandon, le moment suprême où Il a fait l’expiation de nos péchés, porté l’éternité de notre châtiment, réglé une fois pour toutes la question du péché, le moment où la « graisse » a été brûlée sur l’autel ! Dieu a été alors glorifié d’une manière incomparable par les perfections infinies et l’excellence de Celui qui était tout à la fois le parfait holocauste et le parfait sacrifice pour le péché. « Au lieu où l’holocauste sera égorgé, le sacrifice pour le péché sera égorgé devant l’Éternel : c’est une chose très-sainte » (Lév. 6:18).

 

6.3      Christ à Gethsémané. Sacrifice pour le péché et holocauste

En Gethsémané, Christ, dans son âme sainte, entrait dans tout ce qu’allait être pour Lui le jugement de Dieu tandis qu’Il serait alors la sainte Victime offerte en sacrifice pour le péché et Il prie disant : « Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (Luc 22:42), alors que dans l’évangile selon Jean, où son caractère de Fils de Dieu est particulièrement mis en évidence, Il se présente à Dieu comme le parfait holocauste : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18:11). À la croix, Il endure seul, abandonné de Dieu, ce qu’Il avait souffert en anticipation avec son Père en Gethsémané ; et Dieu, qui pourtant a détourné sa face de Lui parce qu’Il était « fait péché », a pu flairer alors, parce que la « graisse » était « brûlée sur l’autel », une « odeur agréable », le parfum de Christ victime expiatoire et holocauste parfait !

Que de telles pensées occupent nos cœurs et nourrissent nos âmes afin que, lorsque nous sommes réunis en assemblée pour rendre culte, nous apportions dans nos louanges et nos adorations, sous la direction du Saint Esprit, ce qui est pour la satisfaction du cœur de Dieu : le sang et la graisse !

 

 

 

7                    « Pour Son Fils », Matthieu 22:2 — Contenu du culte

ME 1972 p. 57

7.1      Sujets de culte - Contenu de l’adoration

Après que l’Église aura été enlevée, nous serons avec le Seigneur, lui étant rendus semblables et, comme le dit un de nos cantiques, « nous jouirons de sa beauté, et de l’amour inexprimable qui remplira l’éternité ». Dans ce jour-là — y pensons-nous assez ? — nous serons enfin débarrassés, entièrement débarrassés de nous-mêmes. Aujourd’hui, n’est-il pas vrai que nous en sommes beaucoup occupés, non seulement dans la recherche de nos satisfactions et de nos intérêts, mais encore dans l’accomplissement des choses les meilleures ? Dans le service de la louange, par exemple, n’abaissons-nous pas parfois le niveau du culte en nous limitant à ce qui nous concerne, à nos privilèges, à nos bénédictions présentes et éternelles ? Et même, ne nous semble-t-il pas que c’est la note la plus élevée puisqu’elle exalte la grâce de Dieu qui nous a pris dans la condition misérable où nous étions, pour nous placer si haut, pour faire de nous — croyants de la période actuelle — l’Assemblée, l’Épouse de Christ ? Assurément, nous ne pouvons adorer Dieu sans magnifier cette merveilleuse grâce et rappeler les choses magnifiques qui ont été faites pour nous ; mais il nous convient d’aller plus loin dans l’expression de la louange de l’assemblée.

 

7.2   La première pensée du cœur de Dieu : Une Épouse pour Son Fils

Dieu a voulu avoir dans sa présence et pour l’éternité des hommes sauvés et parfaits, rendus capables de l’exalter comme le Dieu d’amour. C’est vrai, redisons-le avec reconnaissance dans l’adoration qui déjà monte de nos cœurs vers Lui. Cela fait partie de son conseil d’éternité, mais ce n’était pas, semble-t-il, la pensée première de son cœur. Ce n’est pas à l’Église que Dieu pense d’abord — si même elle est le « mystère caché dès les siècles en Dieu » (Éph. 3:9) — ce n’est pas l’Épouse qu’il a en vue en premier lieu, c’est l’Époux. Il a voulu faire « des noces pour son fils ». — La pensée première qui est dans le cœur de Dieu nous est révélée dès le début des Écritures : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gen. 2:18). Pourquoi Ève a-t-elle été formée ? Pour qu’Adam ne fût pas seul. Nous avons, à la fin du chapitre 2 de la Genèse, une figure de l’union du dernier Adam et de l’Ève céleste : le « profond sommeil » du premier Adam est une image de la mort dans laquelle Christ a dû entrer pour avoir l’Épouse que Dieu voulait lui donner, épouse qui est « os de ses os et chair de sa chair » (ib. 23). Celle qui lui est unie comme le corps l’est à la tête, qui tire sa vie de Lui et possède sa nature, est le « complément » du Chef glorieux. Comme Fils de Dieu, rien ne saurait être ajouté à sa gloire, mais en tant que Fils de l’homme, il ne serait pas « complet » (à la tête il faut un corps pour que l’être soit complet) — sans l’Église, « l’assemblée qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Éph. 1:23).

Dans le conseil formé de toute éternité, c’est d’abord Christ que Dieu a devant Lui, Celui qui est le « Fils de son amour », mais aussi « un agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde » (Col. 1:13 ; 1 Pierre 1:19, 20), Celui qui, « à la fin des temps », apparaîtra dans ce monde, Dieu manifesté en chair, pour y être l’Homme parfait, le seul en qui Dieu ait jamais « trouvé son plaisir ». Il ne veut pas que Christ « soit seul » et pour que Christ ait l’Épouse qu’il lui destine, il faudra sa vie sur la terre, sa mort sur la croix, sa résurrection, sa glorification comme Homme dans le ciel — tout ce qui conduit l’Épouse, déjà et bientôt pour l’éternité et en perfection, à dire la gloire et l’excellence du divin Ouvrier qui a accompli une telle œuvre et qui est son Époux céleste.

 

7.3   Un culte qui exalte Christ

Que dans le culte que nous sommes appelés à rendre comme expression de l’Assemblée, nous nous élevions jusqu’au niveau que notre Dieu et Père désire nous voir atteindre : exalter la Personne et l’œuvre de Christ, de Celui qui, pour l’éternité, ne sera par « seul » mais qui, pour cela, a dû traverser les trois heures de l’abandon, être seul de la sixième à la neuvième heure !

 

7.4   Quand Christ se reposera dans Son amour

Anticipons, le réalisant toujours mieux, ce que sera le moment où nous chanterons le cantique nouveau dans le ciel — cantique qui célèbre ce que Christ est : « Tu es digne... » et, d’autre part, ce qu’il a fait : « Tu as été immolé... tu as acheté... tu les as faits... » (Apoc. 5:9, 10). — Lorsque l’état d’éternité sera établi, l’Église sera vue « comme une épouse ornée pour son mari » (ib. 21:2) : toute la gloire dont elle sera alors revêtue, toute la beauté dont elle resplendira, seront le résultat de ce que Christ est pour elle et de ce qu’il a fait pour elle comme aussi en elle. Tout sera manifesté dans l’Église à la seule et plus grande gloire de Christ ! Alors, le conseil divin étant accompli, Christ étant glorifié en son Épouse et exalté par elle, tout le propos de Dieu en dehors de l’Église étant réalisé comme fruit de l’œuvre de Christ, Dieu « se reposera dans son amour » (Soph. 3:17).

 

7.5   Conclusion

Quel déploiement merveilleux depuis le « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », propos du cœur de Dieu relativement à Christ dès l’éternité, jusqu’à l’établissement de l’état éternel où Christ ne sera pas seul mais aura son Épouse à son côté pour dire sa gloire, exalter sa Personne et son œuvre, célébrer les grandeurs de son amour !

Que de telles pensées soient déjà le thème de la louange de l’assemblée, afin que nous puissions dire au Père toute la gloire de son Fils bien-aimé ! Tel est le culte que nous sommes appelés à rendre et que nous avons l’inestimable privilège de pouvoir rendre dès ici bas et durant l’éternité !

 

 

 

8        Double témoignage rendu au Seigneur (Matt. 3:13 à 17 — Marc 1:9 à 11 — Luc 3:21 à 23)

ME 1975 p.113

« Et Jésus lui-même commençait d’avoir environ trente ans » (Luc 3:23). La note, en bas de page, dans la Bible (traduction J. N. D.) est celle-ci : « ou : lui-même avait environ trente ans quand il commença (son œuvre) ». Le moment était donc venu où il allait entrer dans son ministère ; les passages des trois premiers évangiles, cités à l’en-tête, nous en donnent le point de départ.

 

8.1      Jésus au baptême de Jean

Jésus vient prendre place avec ceux qui « justifiaient Dieu, ayant été baptisés du baptême de Jean », ceux qu’il appelle par l’Esprit prophétique les « saints qui sont sur la terre », les « excellents », et desquels il peut dire : « En eux sont toutes mes délices » (Ps. 16:3). Il ne pouvait s’associer à ceux qui « rejetaient contre eux-mêmes le conseil de Dieu, n’ayant pas été baptisés par lui » — c’est-à-dire par Jean (Luc 7:29, 30). Le baptême de Jean était celui de la repentance ; ceux qui venaient pour être baptisés répondaient à son appel : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché » — le même appel que celui adressé par Jésus lorsqu’il commencera à prêcher (Matt. 3:2 ; 4:17). Point n’est besoin de dire que Jésus n’avait rien à confesser ; aussi Jean lui dit-il : « Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi ! ». Mais l’Homme parfait venant se joindre aux pécheurs repentants, n’était-ce pas pour eux un encouragement dans la voie de la justice ? « Laisse faire maintenant », répond-il à Jean, « car ainsi il nous est convenable d’accomplir toute justice » (ib. 3:13 à 15).

L’évangile selon Luc dans lequel nous voyons briller tout particulièrement les gloires morales de l’Homme parfait dans un chemin de dépendance — la dépendance a son expression dans la prière et, dans cet évangile, le Seigneur est vu en prière dans sept circonstances de son ministère ici-bas — l’évangile selon Luc, disons-nous, donne une précision qui n’est ni dans Matthieu ni dans Marc : « Jésus aussi étant baptisé et priant, le ciel s’ouvrit ». C’est dans cette attitude que Jésus commence son ministère. Contemplons-le dans son humilité, dans sa dépendance ! Il ne revendique pas sa gloire (cf. Jean 7:17, 18), mais du ciel elle sera proclamée.

Le ciel s’ouvre, en effet, sur une telle scène. Matthieu nous dit : « et voici, les cieux lui furent ouverts » (3:16) et Marc : « il monta, et vit les cieux se fendre » (1 :10), tandis que dans Luc nous avons l’expression : « le ciel s’ouvrit » (3 :21). C’est alors qu’un double témoignage va être rendu à Celui qui, parfait Modèle de la dépendance et de l’humilité, commence son ministère. Et il convenait que ce témoignage lui fût rendu par deux Personnes de la Trinité divine, le Saint Esprit et le Père lui-même. Nous avons donc dans cette scène les trois Personnes de la Trinité : le Fils, homme sur la terre, en prière, et d’autre part, le Saint Esprit et le Père rendant témoignage au Fils.

 

8.2      Le témoignage du Saint Esprit

« L’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe » (Luc 3:22 — cf. Matt. 3:16 et Marc 1:10). Le Saint Esprit ne pouvait, et ne peut, descendre sur un homme marqué par la souillure du péché (c’est le croyant, lavé de ses péchés, qui est scellé de l’Esprit) ; témoignage était donc rendu au fait que Celui qui était venu prendre place parmi les pécheurs repentants pour être baptisé par Jean, était lui-même sans péché : Homme parfait, il n’a pas connu le péché (2 Cor. 5:21). Né de l’Esprit Saint, il était « la sainte chose » née du sein de la vierge Marie, « sainte chose » au sujet de laquelle l’ange avait dit : elle « sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1:35). Et cet homme parfait, déjà pendant les trente premières années de sa vie et jusqu’à son terme, n’a jamais commis un seul péché (cf. 1 Pierre 2:22). L’Esprit Saint en porte le témoignage, descendant sur lui « sous une forme corporelle, comme une colombe », emblème de la pureté parfaite et sans tache du second homme.

 

8.3      Le témoignage du Père

Un second témoignage est alors rendu. C’est la voix du Père qui se fait entendre pour proclamer que cet Homme parfait, humble, en prière, venant d’être baptisé par Jean, était son Fils, Dieu manifesté en chair : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir » (Luc 3:22 — cf. Matt. 3:17 et Marc 1:11).

Ce double témoignage, rendu par deux Personnes divines, attestait d’une part que Celui qui était le centre de cette scène était l’Homme parfait, sans péché, sans souillure et, d’autre part, qu’il était le Fils de Dieu, le Fils bien-aimé du Père. Insondable mystère de l’union de la Divinité et de l’humanité dans la Personne de Jésus !

 

8.4      Force du double témoignage

Sous l’économie juive, il fallait deux ou trois témoins pour qu’un fait soit établi (Nomb. 35:30 ; Deut. 17:6 et 19:15 ; Héb. 10:28) et il en est de même dans les temps actuels (Matt. 18:16 ; 2 Cor. 13:1 ; 1 Tim. 5:19). Un double témoignage ayant été rendu à la Personne du Fils — et par deux personnes de la Trinité divine — Fils bien-aimé du Père et Homme parfait, dès son entrée dans son ministère, les hommes, et tout particulièrement les Juifs, portent donc la responsabilité d’avoir méconnu, méprisé, rejeté et crucifié Celui qui leur était ainsi présenté. Ils sont d’autant plus coupables que Dieu, dans sa grâce, a voulu donner dans la suite d’autres témoignages encore (voir M. É. 1971, p. 85).

Nous ne voudrions pas rejeter le témoignage de deux personnes en qui nous avons confiance ; « si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car c’est ici le témoignage de Dieu qu’il a rendu au sujet de son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au-dedans de lui-même ; celui qui ne croit pas Dieu, l’a fait menteur, car il n’a pas cru au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils. Et c’est ici le témoignage : que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils : celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:9 à 12 — voir aussi les versets 6 à 8). Bienheureux nous tous qui, par la grâce de Dieu, avons reçu ce témoignage et avons ainsi la vie éternelle ! Mais quelle responsabilité pèse sur ceux qui rejettent le témoignage donné par Dieu le Père et par le Saint Esprit au sujet du Fils, venu ici-bas pour sauver quiconque croit en Lui et en la perfection de l’œuvre accomplie par Lui à la croix !

 

 

9        Jésus élevé

ME 1975 p.169

9.1      Souffrances et gloires qui suivraient

Jésus devait être « élevé de la terre » et ensuite, « élevé dans la gloire ». Le contemplant dans l’une et l’autre de ces deux « élévations », nous voyons resplendir ses gloires dans son obéissance jusqu’à la mort de la croix et d’autre part, dans la position qui est maintenant la sienne, à la droite de Dieu. La méditation de chacune des parties de ce sujet nous conduira à adorer Celui qui, jadis élevé sur une croix, est présentement « élevé plus haut que les cieux ».

Les prophètes avaient rendu « par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » et le Seigneur lui-même, après sa résurrection, déclarait aux deux disciples qui se rendaient à Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire ? » (1 Pierre 1:11 ; Luc 24:26). Il fallait que Christ fût « élevé de la terre » et qu’il fût ensuite « élevé dans la gloire ».

 

9.2      Élevé

C’est dans l’évangile selon Jean que nous trouvons l’expression « élevé », ou « élevé de la terre » pour dire que Christ a été crucifié, ou allait l’être. Cet évangile le présente comme le Fils de Dieu ayant revêtu notre humanité : « Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous », comme le Fils de Dieu venu ici-bas pour y être « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1:14, 29). Le Fils de Dieu est venu dans ce monde pour y être crucifié !

Il l’annonce lui-même dans trois circonstances différentes, employant l’expression « élevé » ou « élevé de la terre », d’abord au cours de son entretien avec Nicodème, s’adressant ensuite aux Juifs, enfin à la foule, c’est-à-dire à un auditoire de plus en plus nombreux.

 

9.2.1       Jean 3:14

1° Le Seigneur dit tout d’abord à Nicodème : « Il vous faut être nés de nouveau » (Jean 3:7). C’est une nécessité absolue, l’homme en Adam étant d’une nature pécheresse qui n’est susceptible d’aucune amélioration : « Ce qui est né de la chair est chair » (ib. 6) et restera toujours chair. Une nouvelle naissance est donc nécessaire, indispensable, naissance « d’eau et de l’Esprit » (ib. 5). « Et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (ib. 6) : de même que le vieil homme ne peut être amélioré, le nouvel homme ne peut subir aucune atteinte de la part de l’ennemi, qui est impuissant contre lui. C’est dans ce sens qu’il est écrit : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas » (1 Jean 5:18). — Mais il est une seconde nécessité, aussi absolue que la première et dont le Seigneur parle ensuite à Nicodème : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:14). C’était une nécessité absolue, eu égard aux exigences de la justice d’un Dieu qui a « les yeux trop purs pour voir le mal » (Hab. 1:13). La justice divine devait être satisfaite, et elle ne pouvait l’être que par l’expiation du péché. « Élevé » sur la croix, Christ a pris sur lui tous nos péchés, il a été « fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5:21), de sorte que désormais tous les droits de la justice de Dieu sont pleinement satisfaits. Le Seigneur rappelle à Nicodème la scène rapportée en Nombres 21 (v. 4 à 9) : lorsqu’un serpent avait mordu un homme, cet homme était perdu, sa mort était certaine ; mais s’il regardait le serpent d’airain, élevé sur une perche, il vivait. De même, dit le Seigneur, il faut que « le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ».

 

9.2.2       Jean 8:28

2° C’est aux Juifs que le Seigneur s’adresse lorsqu’il dit : « Quand vous aurez élevé le fils de l’homme, alors vous connaîtrez que c’est moi » (Jean 8:28). Les Juifs n’ont pas reconnu en Jésus le Messie promis ; cette ignorance de ce qu’était Celui qui était au milieu d’eux est annoncée dès le début de l’évangile : « Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (1:10, 11). Créateur des mondes, le monde ne l’a pas connu ; Messie venant au milieu de son peuple, son peuple l’a rejeté et ensuite crucifié. Lorsque les Juifs lui demandent : « Toi, qui es-tu ? », il leur répond : « Absolument ce qu’aussi je vous dis » (ib. 8:25). Ses paroles étaient l’expression de sa Personne, de sorte que croire ce qu’il disait c’était croire ce qu’il était. Mais les Juifs ne recevaient pas ses paroles, ainsi qu’il le leur dira peu après : « ma parole n’a pas d’entrée auprès de vous », et encore : « Pourquoi n’entendez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole » (ib. 37, 43). Mais leur dit-il aussi : plus tard, « quand vous aurez élevé le fils de l’homme, alors vous connaîtrez que c’est moi » (ib. 28). — Dans le chapitre 3 (v. 14), nous avons plutôt le côté de Dieu : « il faut que le fils de l’homme soit élevé », il le faut afin que Dieu puisse introduire dans sa présence des hommes sauvés et parfaits, rendus capables de l’adorer durant l’éternité — et déjà sur la terre — en exaltant son Bien-aimé ; au chapitre 8 (v. 28), c’est la responsabilité des hommes, des Juifs en particulier, qui est mise en relief : « quand vous aurez élevé le fils de l’homme ». Après avoir « élevé le fils de l’homme », ils estimeront en avoir fini avec lui ; mais, un jour, ils seront amenés à « connaître que c’est lui », leur Messie qu’ils ont crucifié !

 

9.2.3       Jean 12:32-33

3° Dans le chapitre 12, l’heure terrible qu’il devra traverser est devant lui. Il a pleinement et parfaitement conscience de tout ce qu’elle doit comporter pour lui et il ne peut pas désirer la connaître, souffrir les souffrances indicibles des trois heures de l’abandon. Aussi, il s’écrie : « Père, délivre-moi de cette heure », ajoutant aussitôt : « mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure ». Son désir, c’est que le nom de son Père soit glorifié ; aussi, sa prière n’est plus : « Père, délivre-moi », mais : « Père, glorifie ton nom ». Le trouble de son âme, l’heure de la croix avec ses indicibles souffrances et l’abandon de Dieu, tout cela n’est plus devant lui : ce qu’il désire, avant tout et par-dessus tout, c’est la gloire de son Père. « Il vint donc une voix du ciel... », et avec quelle puissance elle se fait entendre : « la foule... dit qu’un coup de tonnerre avait eu lieu » ! Du haut du ciel, le Père répond à la prière de son Fils : « Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau » (v. 27 à 29). Quelle grandeur et quelle beauté dans les pensées qui remplissent le cœur du Père et le cœur du Fils avant l’heure de la croix : le Fils désire que le nom de son Père soit glorifié et le Père, lui, veut glorifier son Fils et assure qu’il le fera ! Par la résurrection de Lazare, le Fils de Dieu a été glorifié (ib. 11:4, 40 à 44) ; il sera glorifié de nouveau dans sa propre résurrection. — Jésus s’adresse alors à la foule qui l’entourait : « Cette voix n’est pas venue pour moi, mais pour vous » ; c’est dans le secret de son cœur qu’il entendait, lui, la voix de son Père ! À cette foule, il annonce que ce monde qui le rejette (car son rejet est consommé : 11:53, 54) est déjà jugé : « maintenant est le jugement de ce monde » ; il prononce également le jugement de celui qui en est le prince : « maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors » (12:31). Mais il déclare aussitôt que s’il est rejeté par le monde agissant à l’instigation de son chef, s’il va être crucifié, il accomplira une œuvre de salut en faveur de tous les hommes : « Et moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même. Or il disait cela pour indiquer de quelle mort il allait mourir » (ib. 32, 33). Cette œuvre a été accomplie en faveur de tous les hommes, mais seuls en bénéficient ceux qui l’acceptent pour eux-mêmes, qui, se reconnaissant comme des pécheurs perdus, sont sauvés par grâce et par la foi en Christ et en son œuvre parfaite.

 

9.2.4       Dimensions de l’autel d’airain : sa hauteur

Dans les deux scènes déjà considérées le Seigneur a employé le mot « élevé » ; ici, il se sert de l’expression « élevé de la terre ». Telle est la place qu’il devait prendre et qu’il a voulu prendre : cloué sur la croix, il n’était plus sur la terre, il était manifesté comme rejeté par les hommes ; le monde ne voulait pas de lui, n’avait pas de place pour lui. D’autre part, comme homme, il ne pouvait entrer au ciel sans passer par la mort puisque, par amour, il prenait la place de l’homme pécheur sous le jugement de Dieu ; tandis que sur la croix, pendant les trois heures de ténèbres, il était « fait péché », la face de son Dieu se détournait de lui, le ciel lui était fermé. Il est donc entre le ciel et la terre, n’ayant de place — à ce moment-là — ni sur la terre ni dans le ciel : il est « élevé de la terre ». Cette position est présentée, dans l’Ancien Testament, sous la figure de l’autel d’airain, qui n’était ni parmi le peuple, ni à l’intérieur du tabernacle, mais dans le parvis. Cet autel (Ex. 27:1) avait cinq coudées de longueur et cinq coudées de largeur — cinq est le symbole bien connu de la faiblesse humaine : Christ a été « crucifié en infirmité » (2 Cor. 13:4) — et il avait trois coudées de hauteur : Celui qui a été élevé de la terre était le Fils de Dieu ! Mais, les trois heures sombres passées, le ciel lui est ouvert ! Alors que dans les évangiles de Matthieu et Marc, le déchirement du voile suit le moment où Jésus « rendit l’esprit » (Matt. 27:50, 51), « expira » (Marc 15:37, 38), dans l’évangile selon Luc — où nous avons le côté moral des choses — il a lieu immédiatement après la neuvième heure (Luc 23:44, 45) : l’expiation du péché ayant été faite pendant les trois heures de l’abandon, la justice de Dieu est pleinement satisfaite et il peut aussitôt ouvrir son ciel, en tout premier lieu à Celui qui a été « fait péché » pendant ces trois heures, et à tous ceux qui y ont désormais un libre accès en vertu de l’œuvre de la croix.

 

9.2.5       Ps. 22:16

Christ devait être « élevé de la terre », crucifié : les Écritures l’avaient annoncé. Citons seulement cette expression du Ps. 22 : « ils ont percé mes mains et mes pieds » (v. 16) et rappelons celle que nous lisons à plusieurs reprises dans le récit de la crucifixion, tel que nous l’avons dans l’évangile selon Jean : « afin que l’écriture fût accomplie » (19:24, 28, 36, 37). — Remarquons ceci, par parenthèse : lorsqu’aujourd’hui nous lisons le Ps. 22, et bien d’autres passages de l’Ancien Testament, il nous semble tout naturel d’y trouver des expressions qui s’appliquent, comme celle que nous avons citée, aux récits des évangiles. Mais ne perdons pas de vue que le Ps. 22, par exemple, a été composé par David environ dix siècles avant la venue de Christ ici-bas ; n’est-il pas remarquable que Dieu ait fait passer David par des circonstances telles qu’il a éprouvé les sentiments qu’il exprime dans ce Psaume, sentiments qui le conduisent à dire en même temps, prophétiquement, ce que Christ devait connaître au travers de ses propres circonstances, dans son âme et dans son cœur, si longtemps après ? Nous restons confondus si nous méditons ce Psaume — et bien d’autres écrits de l’Ancien Testament — en essayant de nous « replacer » à l’époque où il a été composé. Nous sommes émerveillés en considérant ce que l’Esprit de Dieu opérait en ceux qui, effectivement, « ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pierre 1:21). Quelqu’un oserait-il mettre en doute le fait que le Livre qui est entre nos mains est bien la Parole de Dieu, tout entière inspirée, du commencement à la fin ? (cf. 2 Tim. 3:16).

 

9.2.6       Élevé dans la gloire

Plusieurs passages présentent Christ « élevé dans la gloire ». — Remarquons tout d’abord qu’il est question dans l’Écriture du fait qu’Énoch a été « enlevé », de son « enlèvement » (Héb. 11:5) ; remarquons aussi ce qu’Élie dit à Élisée : « Demande ce que je ferai pour toi avant que je sois enlevé d’avec toi » et ensuite : « Si tu me vois quand je serai enlevé d’avec toi, il en sera ainsi pour toi » (2 Rois 2:9, 10). Remarquons enfin que, à la venue du Seigneur « nous serons ravis... dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air », « nous serons tous changés », « nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est », et le Seigneur « transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (1 Thess. 4:17 ; 1 Cor. 15:51 ; 1 Jean 3:2 ; Phil. 3:20, 21). — Du Seigneur seul il est dit qu’il a été « élevé » en gloire. Le terme « élevé » est bien employé dans deux passages de l’Ancien Testament, mais pour indiquer une glorification terrestre de deux hommes de Dieu en qui on peut voir alors un type de Christ : « En ce jour-là, l’Éternel éleva Josué aux yeux de tout Israël » ; ensuite, il est dit d’Ézéchias : « Et après cela, il fut élevé aux yeux de toutes les nations » (Josué 4:14 ; 2 Chron. 32, 23). — Sans doute, par l’emploi de ce terme pour le Seigneur seul, l’Esprit de Dieu met-il en relief la gloire de Christ et, par ailleurs, souligne-t-il le contraste entre son anéantissement, son abaissement, et son exaltation à la droite de Dieu (cf. Phil. 2:5 à 11).

 

9.2.7       L’ascension selon Jean

À la fin de l’évangile selon Matthieu, il n’est pas dit que le Seigneur a été « élevé dans la gloire », car il n’est pas fait mention de son ascension. La rupture est complète avec l’ensemble du peuple, coupable d’avoir rejeté et crucifié son Roi — caractère sous lequel le Seigneur est vu dans cet évangile — et il n’est pas parlé de Jérusalem, la ville du grand Roi. C’est un résidu que Jésus rencontre en Galilée, un résidu, type de celui de la fin, qu’il envoie vers les nations et auquel il laisse cette précieuse promesse : « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle » (28:19, 20). — Dans l’évangile selon Jean non plus — mais pour une autre raison — il n’est pas question du fait qu’il a été « élevé dans la gloire ». C’est lui qui déclare : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (20:17). Le Fils de Dieu (caractère sous lequel il est présenté dans cet évangile), ayant achevé l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire, triomphant du tombeau par sa propre puissance (17:4 ; 2:19 à 22), « monte » de lui-même vers son Père et vers son Dieu. — Par contre, Marc et Luc nous disent qu’il a été « élevé dans le ciel ».

 

9.2.8       L’ascension selon Marc

Dans Marc, le parfait Serviteur ayant achevé son service ici-bas « fut élevé en haut dans le ciel, et s’assit à la droite de Dieu » (16:19) — gloire et honneur justement dus à celui qui avait pu dire, bien mieux que l’esclave hébreu : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre » et qui a été constitué serviteur « à toujours » (Ex. 21, 5, 6). Aussi, du haut du ciel, continuant à servir, il « coopérait » avec les disciples qu’il avait envoyés et « confirmait la parole par les signes qui l’accompagnaient » (Marc 16:20). Dieu, qui l’a reconnu comme son serviteur, a dit de lui par l’Esprit prophétique : « Voici, mon serviteur agira sagement : il sera exalté et élevé, et placé très-haut... » (És. 52:13). Quelle gloire est la sienne présentement dans le ciel, quelle gloire sera la sienne dans ce monde qui l’a rejeté, où il a été « élevé de la terre » ! « Il fera tressaillir d’étonnement beaucoup de nations : des rois fermeront leur bouche en le voyant » (ib. 15 —cf. 2:11 : « Et l’Éternel seul sera haut élevé en ce jour-là »).

 

9.2.9       L’ascension selon Luc

Dans Luc, il est le Fils de l’homme. Lui-même avait déclaré aux anciens du peuple, aux sacrificateurs et aux scribes : « Mais désormais le fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu » (22:66 à 69). Les derniers versets de cet évangile nous parlent de son départ et des circonstances qui l’ont précédé : Fils de l’homme, il conserve le corps, formé par Dieu, dans lequel il est venu et, après sa résurrection, il en donne plusieurs preuves (24:39 à 43) ; puis, ayant tracé aux siens leur mission, « levant ses mains en haut, il les bénit. Et il arriva qu’en les bénissant, il fut séparé d’eux, et fut élevé dans le ciel » (ib. 50, 51). — Luc, auteur inspiré du livre des Actes, reprend ce terme « élevé » à quatre reprises dans le premier chapitre (v. 2, 9, 11, 22).

 

9.2.10    Dans l’épître aux Hébreux

Là-haut, poursuivant dans la gloire son service d’amour en faveur des siens, il est maintenant notre souverain sacrificateur, celui qui « nous convenait », un souverain sacrificateur « saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux » (Héb. 7:26). Ce grand souverain sacrificateur, qui a « traversé les cieux » (ib. 4:14) — allusion sans doute aux différentes parties du tabernacle — peut « sauver entièrement », c’est-à-dire jusqu’à l’achèvement, « ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux » (ib. 7:25). Quel souverain sacrificateur nous avons, « élevé plus haut que les cieux », qui sans cesse nous porte sur son épaule puissante et sur son cœur d’amour !

Si, dans le fait que Christ est maintenant le souverain sacrificateur qui « nous convenait... élevé plus haut que les cieux », il y a une assurance réconfortante pour nos cœurs, nous avons aussi, dans la première épître à Timothée, une parole qui doit exercer nos consciences.

 

9.2.11    1 Timothée 3:16

« Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde ; a été élevé dans la gloire » (1 Tim. 3:16). Tel est le secret d’une vie de piété, telle est la puissance qui peut produire en nous une vraie piété ! L’apôtre dit à Timothée, et à nous avec lui, « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (ib. 15) et il insiste, tout au long de l’épître, sur le fait que la piété doit caractériser la vie du racheté : dans les cinq derniers chapitres (le premier parle de « gens sans piété », v. 9) nous avons neuf enseignements ou exhortations relatifs à la piété (2:2 ; 3:16 ; 4:7, 8 ; 5:4 ; 6:3, 5, 6, 11). Comment réaliser cette vie de piété si ce n’est en ayant Christ devant nous : depuis le moment où, Dieu manifesté en chair, il est apparu dans ce monde pour y être « élevé » sur une croix jusqu’au terme de son passage ici-bas : il a été « élevé dans la gloire ».

 

9.3      Considérons le Seigneur dans la gloire. L’Agneau immolé

La vie chrétienne, telle que nous sommes appelés à la vivre, n’est pas un légalisme assujettissant et contraignant, mais ce qui découle de la connaissance et de la jouissance d’un Christ crucifié et maintenant glorifié. Les deux disciples qui se rendaient à Emmaüs et auxquels le Seigneur avait déclaré : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses et qu’il entrât dans sa gloire ? » se dirent ensuite l’un à l’autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu’il nous parlait par le chemin, et lorsqu’il nous ouvrait les écritures ? » Quel changement pour eux qui étaient « tristes » lorsqu’ils se mirent en route (Luc 24:17, 26, 32) ! — En méditant un tel sujet, notre cœur ne brûle-t-il pas au-dedans de nous ? Bientôt nous verrons au milieu du trône « un agneau » se tenant là « comme immolé », un agneau glorifié ! Ses souffrances, ses gloires constitueront le thème de notre louange pour l’éternité. Déjà maintenant, considérant Celui qui a été « élevé de la terre » et ensuite « élevé dans la gloire », que la louange déborde de nos cœurs et monte vers lui ! Mais aussi, manifestons dans toute notre vie la piété dont nous connaissons le saint « mystère » !

 

« Le christ Jésus... étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » : « élevé de la terre ». « C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2:5 à 11).

 

Toi qui t’es abaissé de la gloire suprême

Aux profondes douleurs, à la mort de la croix,

Exalté maintenant plus haut que le ciel même,

Jésus, pour t’adorer, nous élevons nos voix.

 

 

10               Jésus au milieu

ME 1977 p.113

Comme tous les Juifs fidèles, Joseph et Marie allaient chaque année à Jérusalem à la fête de Pâque. Quand l’enfant Jésus eut douze ans — âge présenté par certains comme celui de la responsabilité — il monta aussi avec eux. Les jours de la fête accomplis, tandis que Joseph et Marie s’en retournaient, « l’enfant Jésus demeura dans Jérusalem » (Luc 2:41 à 43). — Nous ne nous arrêterons pas sur ces versets 43 et suivants, ce sujet ayant déjà été traité dans le M. É. 1970, p. 225, spécialement dans les pages 230 à 234.

 

10.1                   Luc 2. Au milieu des docteurs

Où se trouvait l’enfant Jésus ? Dans le temple, « assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant » (v. 46). C’est cette expression, « au milieu », que nous désirerions considérer dans ces quelques pages. Nous la trouvons dans ce passage et dans plusieurs autres ; dans certains d’entre eux, elle signifie simplement : parmi, tandis que dans d’autres elle indique bien une position centrale. — Dans le temple, Jésus est parmi les docteurs de la loi du Dieu d’Israël ; il ne convenait certes pas à un enfant de douze ans de prendre la place centrale, avec autour de lui de vénérables docteurs. Cependant, quoi qu’il en soit, il était moralement le centre de la scène : certes, il était le fils de l’homme, venu ici-bas pour recommencer l’histoire de l’homme, pour être dès son enfance le parfait Modèle, mais il était aussi Dieu manifesté en chair, et son intelligence, ses réponses étonnaient ceux qui l’entendaient. Ce qu’il était, ce qu’il témoignait, faisaient véritablement de lui le centre d’une telle scène, alors même qu’il ne désirait rien d’autre que de se trouver parmi les docteurs de la loi, pour entendre de leur bouche quelque chose de la Parole de son Dieu.

 

10.2                   Luc 17. Au milieu de vous (les pharisiens)

Plus tard, durant son ministère, Jésus est « interrogé par les pharisiens quand viendrait le royaume de Dieu ». Il leur répond : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous » (Luc 17:20, 21). Les pharisiens, qui n’étaient guère occupés du caractère moral du royaume (voir Rom. 14:17), voulaient parler de l’établissement du royaume en gloire. Or, le royaume de Dieu est effectivement un domaine où tout doit porter les caractères du Dieu qui est Amour et Lumière. Ces caractères étaient pleinement manifestés en Christ, parfaite révélation de Dieu à l’homme ; il pouvait donc dire : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous ». — On entre dans ce royaume, présentement, par la nouvelle naissance (Jean 3:3, 5) ; nés de nouveau, nous sommes donc responsables de faire briller dans ce monde les caractères de notre Dieu et Père, d’être les imitateurs de Celui qui seul les a fait resplendir de manière parfaite.

 

10.3                   Luc 17. Au milieu de vous (les disciples)

Nous avons vu le Seigneur encore jeune enfant, au chapitre 2, puis durant son ministère au chapitre 17. Nous allons le contempler au chapitre 22, au terme de son chemin, au moment où la croix est devant lui. Il vient d’instituer la cène, précieux mémorial de ses souffrances et de sa mort. Est-ce le sujet qui occupe le cœur des disciples ? « Et il arriva aussi une contestation entre eux pour savoir lequel d’entre eux serait estimé le plus grand » (v. 24). Au lieu d’être occupés du Seigneur, de ses souffrances, de la mort qu’il allait endurer à la croix, ils sont occupés d’eux-mêmes, de « leur grandeur ». Tels sont nos pauvres cœurs ! — Le Seigneur, avec grâce, reprend alors ses disciples et leur montre ce qu’est la véritable grandeur : « Car lequel est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (ib. 27). Vrai et parfait serviteur qui, mieux encore que l’esclave hébreu, pouvait prononcer les paroles qui nous sont rapportées en Exode 21:5, 6. Quelle grandeur dans son service, dans son abaissement ! Il était parmi les siens, « au milieu de vous » dit-il, comme serviteur, mais aussi moralement il était bien le centre ! Lui pensait à eux, tandis qu’eux ne pensaient qu’à eux-mêmes, à leur propre gloire, à la place qu’ils espéraient pouvoir occuper ; leurs cœurs étaient insensibles à la portée de cette parole, prononcée par le Seigneur : « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22:19). Combien le cœur du Seigneur a dû en être attristé !

Mais ne jetons pas la pierre aux disciples ! Lorsque nous venons entourer le Seigneur, nous souvenir de lui en participant au mémorial qu’il a institué la nuit durant laquelle il fut livré, ne sommes-nous pas parfois plus occupés de nous-mêmes que de Lui ? Nos affections pour lui sont-elles purifiées de tout ce qui est de nous-mêmes pour ne penser qu’à Lui et à Lui seul ? — « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert » (ib. 26). Que de maux, que de souffrances dans les assemblées, parfois, conséquences du fait que cette exhortation n’a pas été suivie ! — « Or moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». Modèle parfait que nous sommes appelés à imiter. Puissions-nous le faire avec plus de fidélité !

 

10.4                   Jean 12. Au milieu de vous (la foule)

Dans l’évangile selon Jean, le Seigneur est méconnu du monde, rejeté par les siens qui bientôt consommeront ce rejet en le crucifiant. Au chapitre 12, verset 27, comme en Luc 22, c’est l’heure de la croix, l’heure de l’abandon qui est devant lui. Il va être « élevé de la terre ». Sans doute y a-t-il encore « un peu de temps » avant que cela ne soit accompli ; pendant ce « peu de temps », dit le Seigneur à la foule qui l’entourait, « la lumière est au milieu de vous ; marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne s’emparent pas de vous ; et celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez fils de lumière » (Jean 12:35, 36). Pour « un peu de temps », bien peu de temps ! la lumière était encore « au milieu » d’eux ! Christ crucifié, ce monde qui l’a rejeté est désormais sous la domination de Satan, le prince des ténèbres ; il est plongé dans les ténèbres ! (voir Jean 1:4, 5 ; 3:19 à 21).

 

10.5                   Jean 19. Au milieu (des brigands à la croix)

Au chapitre 19 de ce même évangile, l’heure de la crucifixion est arrivée. Jésus « sortit portant sa croix, et s’en alla au lieu appelé lieu du crâne, qui est appelé en hébreu Golgotha, où ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu » (v. 17, 18). Ici, il est mis à la place centrale, au milieu. Quand on veut donner à quelqu’un la place dite « d’honneur » on le met « au milieu » afin qu’il soit l’objet de l’attention de tous. C’est ainsi que l’on a fait pour Jésus : dans la honte, le déshonneur, on lui a donné la première place, la place en vue, comme au plus vil. Pensons à ce que ce devait être pour Dieu quand, du haut du ciel, il a pu contempler une telle scène, de la troisième à la sixième heure et après la neuvième ! Voir sur une croix, entre deux malfaiteurs, « au milieu », Celui qui était venu comme homme sur la terre, qui était son Bien-aimé, le Fils de son amour ! Un cœur humain de père ne peut qu’entrevoir, dans une infime mesure, ce qu’il a pu en être pour le cœur de Dieu.

 

10.6                   Jean 20. Au milieu d’eux (les disciples dans la chambre haute)

Après sa mort et sa résurrection, Jésus vient vers ses disciples. Ils sont assemblés le premier jour de la semaine, les portes fermées par crainte des Juifs. « Jésus vint, et se tint au milieu d’eux » (Jean 20:19). Il est bien le centre du rassemblement des siens. Les disciples le voient, mais encore ils entendent cette précieuse salutation : « Paix vous soit ! ». Quel doux message et quelle consolation pour leur cœur ! Ce message divin reste pour tous les temps : la même voix du Seigneur se fait entendre à nous lorsque nous nous réunissons en assemblée. Ne négligeons pas les réunions, n’y arrivons pas en retard ; nous serions privés en quelque sorte d’entendre la salutation du Seigneur : Paix vous soit ! — Puis, le Seigneur leur montre « ses mains et son côté », témoignage de l’œuvre accomplie à la croix. C’est de cela que le Seigneur veut que nous soyons occupés encore maintenant. Pour que la louange déborde de nos cœurs et monte vers Lui, recherchons sa présence, méditons sur l’infini de ses souffrances, contemplons « ses mains et son côté » !

 

 

10.7                   Matthieu 18:20. Au milieu des deux ou trois rassemblés à Son nom

Le Seigneur a promis sa présence aux « deux ou trois » assemblés en son nom : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matt. 18:20). Ne perdons pas de vue les caractères que doit présenter le rassemblement des saints pour que le Seigneur puisse le sanctionner de sa présence ; la Parole nous enseigne que nous devons le réaliser dans la séparation de l’assemblée d’avec le mal (2 Tim. 2:19 à 22), sur le terrain de l’unité du corps de Christ, Lui seul étant le centre du rassemblement, l’action du Saint Esprit étant la seule qui doive s’exercer dans l’assemblée. Sa présence est proclamée en bien des lieux où cependant les enseignements de la Parole sont méconnus, mais en raison même de ce fait le Seigneur pourrait-il s’y trouver ? — Qu’il nous soit accordé de maintenir avec fidélité les caractères du rassemblement selon les enseignements de l’Écriture, afin que nous puissions jouir de la présence du Seigneur au milieu de nous, ce qui est la bénédiction la plus élevée que nous puissions goûter !

 

10.8                   Apoc. 2 et 3. Au milieu des sept lampes d’or

Dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, nous avons les différentes phases de l’histoire de l’Église responsable, sur la terre, pendant le temps de l’absence du Seigneur. Ces différentes phases sont vues dans les sept assemblées d’Asie, représentées, dans la vision que Jean a eue dans l’île de Patmos, par les « sept lampes d’or » (Apoc. 1:4, 16, 20). L’état de ces sept assemblées est particulier à chacune d’entre elles ; le Seigneur le connaît, rien ne lui échappe. Jean a vu « au milieu des sept lampes quelqu’un de semblable au Fils de l’homme » : Il est Celui « qui marche au milieu des sept lampes d’or » (ib. 1:13 ; 2:1). Aujourd’hui encore, le Seigneur est au fait de l’état de chacune des assemblées maintenues par sa grâce, il sait ce qui concerne chacune d’entre elles, les faiblesses et les manquements de l’une, comme aussi le zèle et la fidélité de telle autre. Rien ne lui est caché, rien ne peut lui être caché. Il y a là, tout à la fois, ce qui doit atteindre nos consciences et ce qui est pour nous un encouragement précieux au travers de grandes difficultés. D’une part en effet, n’oublions pas que si nous pouvons cacher quelque chose à nos frères, le Seigneur sait tout, voit tout ; il peut dire « à l’ange » de chacune de ces sept assemblées : « Je connais... Je sais... ». Absolument rien ne peut lui échapper de tout ce qui concerne la vie et la marche des assemblées ! D’autre part, s’il y a dans la vie d’une assemblée des circonstances difficiles, un état de choses laissant à désirer, auquel il conviendrait de porter remède et si, pour telle ou telle raison, il paraît impossible d’agir, que nul ne soit découragé pour autant : le Seigneur le sait, il « marche au milieu des sept lampes d’or » et il saura intervenir avec les moyens à sa disposition, au moment qu’il aura lui-même choisi, à son moment ! Il use de patience avant d’intervenir, mais il ne peut tolérer le mal dans les assemblées et, tôt ou tard, afin que ce mal soit jugé, il manifestera toutes choses dans la pleine lumière. Soyons assurés qu’il agira avec sagesse et avec amour pour le bien de l’assemblée et pour Sa gloire au sein de l’assemblée !

 

10.9                   Considérer la place que le Seigneur a et a eue

Considérons la place que les hommes lui ont donnée : avec deux brigands, « un de chaque côté, et Jésus au milieu » — celle qu’il a voulu prendre après sa résurrection, alors que les disciples étaient rassemblés le premier jour de la semaine : « Jésus vint, et se tint au milieu d’eux » — celle qu’il veut occuper présentement, « là où deux ou trois sont assemblés en son nom » : « je suis là au milieu d’eux ». Contemplons-le à la place que Dieu lui donne, et pour l’éternité : « Et je vis au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé... » (Apoc. 5: 6). Cette contemplation rappellera à nos cœurs que, pour nous sauver et nous avoir avec lui dans la maison du Père, pour que les conseils de Dieu soient parfaitement accomplis, il a dû connaître les souffrances insondables de la croix. Nous chanterons alors, dans la gloire et en perfection, le cantique nouveau, que nous avons le privilège de commencer ici-bas, quoiqu’en faiblesse : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ; — à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (Apoc. 1:5, 6).

 

Centre de gloire et de magnificence,

Agneau de Dieu, de splendeur couronné,

Tout l’univers proclame ta puissance ;

Ton peuple élu t’adore prosterné.