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Assemblée — Série B

 

Paul Fuzier

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

 

Table des matières abrégée :

1     D’un commun accord. Actes 2:46

2     Participation à la Cène du Seigneur

3     Sur 1 Corinthiens 11:23 à 34

4     Comment surmonter des difficultés dans une assemblée — Actes 15

5     La vraie grandeur — Les leçons de Matthieu 16 à 18

6     La vérité. Fausse image du miroir brisé

7     À propos de l’administration de l’Assemblée — Actes 15

8     Mener deuil [cas difficiles dans une assemblée]

9     « Sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11:28)

10      Responsabilités au sujet de l’action dans l’assemblée

11      Sain enseignement et ordre dans l’Assemblée

12      Éphèse et Laodicée

13      « Tiens ferme ce que tu as... » (Apoc. 3:11)

 

Table des matières détaillée :

1     D’un commun accord. Actes 2:46

1.1      Les chrétiens du début des Actes

1.2      Origine des divergences de pensées

1.3      Ne pas nuire au commun accord

1.4      Commun accord et réunion de culte

1.5      Commun accord et réunion de prière

1.6      Conclusion

2     Participation à la Cène du Seigneur

2.1      Responsabilité individuelle

2.2      Responsabilité de l’assemblée : a) Recevoir — b) à la gloire de Dieu

2.3      Ni trop étroits ni trop larges dans l’admission

2.4      Savoir ce qu’on fait en entrant en communion

2.5      Participation occasionnelle à la Cène

2.6      Veiller. Sagesse. Discernement

3     Sur 1 Corinthiens 11:23 à 34

3.1      Un souvenir précieux

3.2      Danger de la routine

3.3      Danger d’un état moral incompatible avec la présence du Seigneur

3.4      Se juger, et non pas s’abstenir

3.5      Danger d’être trop occupé de soi-même

3.6      Responsabilité de l’assemblée

3.7      Gouvernement de Dieu. Discerner et comprendre ce gouvernement

3.8      Être attentif

4     Comment surmonter des difficultés dans une assemblée — Actes 15

4.1      Dieu s’est servi des difficultés du commencement pour nous instruire

4.2      Tentative de fausse doctrine

4.2.1      Phase initiale

4.2.2      Analyse par des frères capables. Réunion de frères et son déroulement

4.2.3      Accord de l’assemblée

4.2.4      Effet de la lettre des frères. Consolation à Antioche

4.2.5      Fermeté, sagesse, spiritualité, discernement, amour vrai

4.3      Difficulté dans des rapports mutuels entre frères

4.3.1      L’affaire de Barnabas et Paul

4.3.2      Sentimentalité. Relations de famille

4.3.3      Amour vrai pour Marc

4.4      Conclusion

5     La vraie grandeur — Les leçons de Matthieu 16 à 18

5.1      La Personne du Seigneur dans Matt. 16 et 17

5.1.1      Grandeur de la personne du Seigneur  — Matt. 16:13-18

5.1.2      Abaissement présent du Seigneur, gloire future — Matt. 16:21-28 ; 17:1-8

5.1.3      La gloire cachée, ce qui appartenait au Seigneur

5.2      Leçons de Matthieu 18

5.2.1      Des cœurs insensibles à la gloire du Seigneur. La grandeur qui les occupe

5.2.2      Qui sera estimé le plus grand ?

5.2.3      L’exemple des petits enfants

5.2.4      Va vers ton frère… reprends-le. Grâce et vérité

5.2.5      Pour que l’œuvre de restauration s’opère

5.3      La vraie grandeur

6     La vérité. Fausse image du miroir brisé

6.1      Vérité dont il doit être rendu témoignage

6.2      Un témoignage complet

6.3      Fausse image du miroir brisé

7     À propos de l’administration de l’Assemblée — Actes 15

7.1      Pas de règles édictées, mais des enseignements tirés de la Parole

7.2      Habitudes, traditions, « jurisprudence »

7.3      Compétence pour trancher une question de fausse doctrine

7.4      Qui assiste, qui examine, qui exprime la pensée du Seigneur

7.5      L’assemblée décide

7.6      Solennité d’une décision d’assemblée

7.7      Encore la compétence

7.8      Comment la décision est communiquée

7.9      Qui transmet la lettre

7.10    Résultats bénis de suivre les enseignements de la Parole et les directions du Saint Esprit

8     Mener deuil [cas difficiles dans une assemblée]

8.1      Comment traiter des cas difficiles dans une assemblée ?

8.2      Réunions d’humiliation

8.3      Réunions d’humiliation d’assemblées avoisinantes. Pas de routine

8.4      Utiliser les ressources à notre disposition

9     « Sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11:28)

9.1      L’assemblée, ce qu’elle est, son état

9.2      Veiller à l’état de son coeur

9.3      Effets positifs du jugement du mal

9.4      État des assemblées au temps de la conversion de Paul

9.5      Le ministère de Paul pour les assemblées

9.6      Mauvais travail de l’ennemi et activité de Paul en sens contraire

9.7      Manifester la fidélité dans le témoignage, individuel et collectif

9.8      Prières et sollicitude pour toutes les assemblées

10      Responsabilités au sujet de l’action dans l’assemblée

10.1    Les assemblées ne sont pas indépendantes

10.2    Rôle de chaque membre

10.3    Importance des dons moindres

10.4    Importance de l’état moral et spirituel de chacun

10.5    Apporter quelque chose de vécu et expérimenté

10.6    Dépendance. Excès en peu ou en trop. Édifier. Tous ont à prier

10.7    Assimiler ce qu’on a lu. Action de l’Esprit pour édifier

10.8    Être tous préparés. Le Saint Esprit demeure le même

10.9    Conclusion - Résumé

11      Sain enseignement et ordre dans l’Assemblée

11.1    Éphésiens 3:8-10

11.2    Cadre des épîtres à Timothée et Tite

11.3    Sain enseignement dans les épîtres à Timothée

11.4    Sain enseignement dans Tite

11.5    La sagesse de Dieu donnée à connaître aux anges

11.6    Aspects pratiques du témoignage rendu aux anges

11.7    Quand le sain enseignement n’est plus supporté

11.8    Mais toi…

11.9    Conclusion - Résumé

12      Éphèse et Laodicée

12.1    Éphèse

12.1.1     Dans le livre des Actes. Évènements d’Éphèse et exhortations du ch.20

12.1.2     Épître aux Éphésiens

12.1.3     Apocalypse 2

12.2    Laodicée

12.2.1     Épître aux Colossiens

12.2.2     L’enseignement de l’épître aux Colossiens en rapport avec l’état de Laodicée selon Apoc.3

12.3    Un enseignement approprié, qui n’a pas été écouté

12.4    Que faisons-nous des avertissements ?

13      « Tiens ferme ce que tu as... » (Apoc. 3:11)

13.1    Philadelphie le vrai amour des frères

13.2    Un bon dépôt

13.3    Exhortations à tenir ferme

13.3.1     1 Cor. 15:58

13.3.2     Éph. 6:10

13.3.3     Phil. 4:1 – Col. 2:19

13.3.4     1 Pierre 5:8, 9

13.4    Des enfants d’obéissance

13.5    Ressembler au résidu fidèle de Malachie 3:16-17

 

 

 

1                    D’un commun accord. Actes 2:46

ME 1960 p. 29

1.1   Les chrétiens du début des Actes

Nous ne pouvons prétendre rétablir aujourd’hui, à la fin de son histoire sur la terre, l’état de l’Église au commencement, tel qu’il nous est dépeint dans les chapitres 2 et 4 du Livre des Actes. Mais nous devons avoir à cœur de manifester les traits qui ont caractérisé ces croyants des premiers jours dans leur marche individuelle et dans leurs rapports les uns avec les autres ; nous connaîtrons alors dans l’assemblée quelque chose de la vie et de la fraîcheur qui ont marqué ce début de l’histoire du témoignage. Toutes les ressources qui étaient à la disposition des fidèles du commencement demeurent encore aujourd’hui ; elles sont aussi intactes, aussi parfaites qu’alors, car ce qui est de Dieu ne peut changer.

Nous ne reprendrons pas dans le détail les enseignements d’Actes 2:42 à 47 ; nous désirons, dans le présent article, nous arrêter sur une seule expression de ce passage : « d’un commun accord » (v. 46).

 

1.2   Origine des divergences de pensées

On peut certes se trouver en plein accord pour faire ce qui n’est pas selon Dieu. Pilate et Hérode, ennemis jusque-là, se sont parfaitement entendus dans leur opposition à Christ (cf. Luc 23:12). Que Dieu nous garde de réaliser un accord dans les choses qui ne peuvent avoir son approbation et de penser que nous sommes ainsi en pleine et vraie communion les uns avec les autres ! — Notre communion doit être d’abord « avec le Père et avec son Fils Jésus Christ », c’est seulement ainsi que nous aurons communion les uns avec les autres et que notre joie sera accomplie (cf. 1 Jean 1:3, 4). C’est en fait, disons-le tout de suite, le secret pour que nous soyons « d’un commun accord » entre frères. Cultivons, chacun pour notre part, la communion avec notre Dieu et Père et avec notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ ; nous aurons ainsi « la pensée de Christ » et, par conséquent, tous ensemble une seule et même pensée. Nos divergences viennent, la plupart du temps sinon toujours, de nos différents degrés de communion avec le Seigneur. Quelle perte nous faisons, quel affaiblissement pour le témoignage lorsque nous ne sommes pas tous « d’un commun accord » ! Parmi nous et parmi ceux qui nous entourent, bien des âmes sont ainsi découragées, d’autres éloignées...

 

1.3   Ne pas nuire au commun accord

Que Dieu nous donne d’être attentifs à tout ce qui est susceptible de nuire à l’accord qui doit régner dans l’assemblée ! Telle chose, qui est peut-être excellente en soi, est à laisser de côté si elle doit troubler l’accord des frères. Il faut sans doute attendre le « moment opportun » pour la faire ou pour la présenter — attendre que Dieu ait disposé les cœurs pour qu’elle soit acceptée par tous dans « un commun accord ». Et ce temps d’attente et d’exercice n’est certainement pas inutile, malgré les apparences.

« Deux hommes peuvent-ils marcher ensemble s’ils ne sont pas d’accord ? » (Amos 3:3), — Or, des frères sont appelés à marcher dans le même sentier et à y manifester les caractères qui ont été vus dans les premiers croyants. Dans nos rapports les uns avec les autres, dans l’assemblée, nous ne marcherons d’une manière qui plaira au Seigneur que dans la mesure où nous serons « d’un commun accord ».

« Commun accord », combien nécessaire dans les différentes réunions de l’assemblée, particulièrement la réunion pour le culte et la réunion pour la prière !

 

1.4   Commun accord et réunion de culte

Dans la réunion de culte : « que, d’un commun accord, d’une même bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » (Rom. 15:6). Comment rendre culte dans le sanctuaire, selon la pensée de Dieu, s’il y a des désaccords entre frères ou sœurs ? — L’Esprit est contristé, Dieu est frustré de ce qui Lui est dû. Tout ce qui conduit à un désaccord dans l’assemblée aboutit, en définitive, à ce résultat ! Y pensons-nous assez ? (Soulignons ici, par parenthèse, l’importance du « c’est pourquoi » qui commence le verset 7 de Romains 15 — nous ne pourrons glorifier notre Dieu et Père « d’un commun accord, d’une même bouche » si nous perdons de vue l’exhortation qui suit — « recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu ». Des réceptions qui ne sont pas « à la gloire de Dieu » nuiront inévitablement à la communion de l’assemblée et Dieu n’aura pas la louange qui Lui est due).

 

1.5   Commun accord et réunion de prière

Dans la réunion de prières : « Je vous dis encore que si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux » (Matt. 18:19). L’accord de ceux qui demandent est une condition nécessaire à l’exaucement. Réalisons-nous toujours cet accord dans nos réunions de prières ? Et s’il y a des questions à propos desquelles nous nous trouvons en désaccord dans nos manières de voir, avons-nous assez de sagesse pour n’en pas parler ou pour prier comme il convient, demandant à Dieu qu’Il nous donne sa pensée à Lui afin que nous puissions nous trouver en plein accord ? — Il convient d’éviter de demander ce que nous pouvons demander dans le particulier mais sur quoi nos frères ne seraient pas d’accord. — Quel exemple nous donnent, là encore, les croyants des premiers jours : lorsque Pierre et Jean, relâchés, viennent vers « les leurs », rapportant tout ce qui leur a été dit par les principaux sacrificateurs et les anciens, « ils élèvent d’un commun accord leur voix à Dieu » (Actes 4:23, 24). Pas de pensées divergentes, il n’en est pas qui prient pour que Dieu leur épargne des souffrances, d’autres pour que les apôtres soient mis hors de l’atteinte des chefs du peuple. Il y a un plein accord, une seule voix, « une même bouche », pour demander à Dieu une seule et même chose : « donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse » (v. 29, 30). Le verset 31 nous dit quelle fut la réponse de Dieu à une telle prière, faite « d’un commun accord » ! — Comme aussi Actes 2:47 nous dit quelle bénédiction Dieu pouvait répandre sur l’assemblée fidèle, sur des croyants qui se trouvaient « d’un commun accord ».

 

1.6   Conclusion

Nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire de développer ce sujet. Les passages cités sont certainement suffisants pour exercer nos cœurs et nos consciences. Que Dieu veuille opérer, par leur moyen, afin de produire en nous des fruits à sa gloire et pour la bénédiction de son témoignage !

« Voici, qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères habitent unis ensemble... C’est là que l’Éternel a commandé la bénédiction... » (Ps. 133).

 

 

2                    Participation à la Cène du Seigneur

ME 1960 p. 148

2.1   Responsabilité individuelle

Il y a certainement une responsabilité individuelle dans la participation à la Cène, la Parole nous l’enseigne. Nul ne peut y être contraint, mais tout enfant de Dieu, né de nouveau et ayant par l’Esprit la jouissance de sa relation avec Dieu comme Père, n’aurait-il pas à cœur de se souvenir du Seigneur, pendant le temps de son absence, de la manière dont Il a Lui-même exprimé le désir que nous le fassions : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22:19) ? — Dieu veuille produire dans le cœur des siens des pensées qui les conduisent à répondre à cette si touchante invitation du Seigneur ! Qu’Il amène chacun d’eux à comprendre sa responsabilité à cet égard et aussi à mettre en pratique les enseignements de 1 Corinthiens 11:23 à 32 quant à l’état moral requis pour la participation à la Cène. À ce sujet, il est très remarquable que, lors de l’institution du mémorial de sa mort, le Seigneur ait d’abord adressé à ses disciples une parole qui les conduit à un profond jugement de soi-même : il semble qu’Il ait ainsi voulu montrer aux siens la nécessité d’un tel exercice de conscience avant de prendre la Cène (cf. Matt.26:20 à 30, Marc 14:17 à 26). Les différents passages que nous venons de citer nous disent avec quel sérieux un enfant de Dieu doit envisager le privilège qui est pour lui la participation à la fraction du pain : il est responsable tout à la fois de répondre au désir du cœur du Seigneur et de le faire dans l’état moral qui convient. Telle est, à cet égard, la responsabilité individuelle de tout racheté de Christ.

 

2.2   Responsabilité de l’assemblée : a) Recevoir — b) à la gloire de Dieu

Mais, prendre la Cène ne saurait cependant être laissé à la seule responsabilité individuelle. La Parole de Dieu nous présente des vérités très importantes concernant la table du Seigneur (1 Corinthiens 10:14 à 22) et la responsabilité de l’assemblée de maintenir cette table pure de toute souillure de chair ou d’esprit, car elle est la table de Celui qui se présente en témoignage fidèle comme « le saint, le véritable » (Apoc.3:7). Laisser chacun libre de participer à la fraction du pain, à la table du Seigneur, aboutirait vite, dans l’état de confusion où est la chrétienté aujourd’hui, au plus grand désordre. La sainteté et la vérité ne seraient plus maintenues et l’assemblée ne remplirait plus sa fonction de « colonne et soutien de la vérité » (1 Tim.3:15). Elle perdrait son caractère.

Aux tout premiers jours de l’histoire de l’Église sur la terre, trois mille personnes pouvaient être ajoutées à la suite d’une prédication de l’apôtre Pierre, et le nombre des hommes monta à cinq mille dans une autre circonstance (Actes 2:41 ; 4:4). L’assemblée était alors un lieu où le mal n’avait pas pénétré, l’Esprit de Dieu y agissait avec une telle puissance que nul de ceux qui n’y avaient pas leur place n’eût pu se tenir là, et même, aucun d’eux ne l’aurait voulu. Et si, peu après, le mal est entré dans l’assemblée, il a été aussitôt discerné, mis au jour et jugé, de telle manière que « d’entre les autres, nul n’osait se joindre à eux » (Actes 5:13). Ces temps-là ne sont plus. Déjà, au chapitre 9 de ce même Livre des Actes, nous voyons Saul de Tarse — qui venait d’être arrêté par le Seigneur sur le chemin de Damas et auquel, soulignons-le, devaient être révélées les vérités capitales concernant l’Assemblée corps de Christ, la cène et la table du Seigneur — désireux de « se joindre aux disciples » ; sans doute avaient-ils des raisons de craindre celui qui jusqu’alors avait persécuté l’Assemblée, mais, quoi qu’il en soit, Saul doit être recommandé aux apôtres et c’est Barnabas qui prend cette responsabilité (Actes 9:26 à 30). Ne pouvons-nous voir là comme une demande d’entrée en communion et une introduction dans l’assemblée sur le témoignage de l’un de ceux qui en faisaient déjà partie ? — Plus tard, Saul de Tarse devenu l’apôtre Paul adressera aux chrétiens de Rome cette exhortation, qui est aussi pour nous : « Recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu » (Rom. 15:7). Cette parole implique une double responsabilité. D’abord, une responsabilité de réception, ce qui exclut la possibilité pour chacun de s’introduire soi-même (disons ici, par parenthèse, que l’on ne peut pas plus se retirer que s’introduire soi-même ; l’assemblée n’est pas une « association » de laquelle on peut « démissionner », si cette expression nous est permise, comme on le ferait dans une association humaine. Si un frère ou une sœur estime, pour telle ou telle raison, ne pouvoir continuer à prendre la Cène, les frères d’abord, l’assemblée ensuite s’il y a lieu, sont appelés à s’occuper de son cas. Ce cas peut être tel qu’en effet ce frère ou cette sœur ne soit plus en état de rompre le pain, mais alors c’est l’assemblée qui doit l’exclure de la communion, selon 1 Corinthiens 5, ce n’est pas l’intéressé qui se retire). Ensuite, une responsabilité de réception « à la gloire de Dieu ». Serait-ce « à la gloire de Dieu » que de recevoir une personne apportant, moralement, ou doctrinalement, quelque souillure à la table du Seigneur ? Ces enseignements sont en accord avec ceux que nous trouvons déjà dans l’Ancien Testament : dans un jour de ruine, il convenait d’établir sa « généalogie » (Esdras 2:59 à 63).

 

2.3   Ni trop étroits ni trop larges dans l’admission

Tout esprit soumis à l’Écriture admettra donc que des frères, désireux eux-mêmes d’y obéir, ne puissent laisser à la responsabilité de chacun la participation à la Cène. Chaque cas particulier est à examiner. Il convient de se rendre compte si la personne qui désire rompre le pain est bien un enfant de Dieu, si rien dans sa marche individuelle ou dans ses associations religieuses ne constitue un obstacle à la communion réalisée à la table du Seigneur. Deux écueils se présentent ici : en premier lieu, il faut éviter de manifester une certaine étroitesse d’esprit qui nous conduirait à refuser d’admettre en communion un enfant de Dieu, sain dans la foi, ne retenant pas de fausses doctrines ou n’étant pas lié à ceux qui les professent, ayant une marche fidèle, sous le seul prétexte qu’il n’aurait pas assez d’intelligence des enseignements de l’Écriture au sujet du rassemblement ou ne serait pas d’accord avec nous sur des points secondaires dont on ne saurait faire une question de communion à la table du Seigneur. Mais, écueil opposé, il serait dangereux de se montrer large à l’excès, ce qui aboutirait en définitive à laisser pénétrer « le méchant » dans l’assemblée.

 

2.4   Savoir ce qu’on fait en entrant en communion

Dans le cas le plus général, les frères peuvent s’entretenir avec la personne qui présente une demande d’admission, confronter ensuite leurs pensées et, surtout, prier le Seigneur de leur donner Lui-même la sienne. S’ils estiment pouvoir le faire, la demande est alors placée devant l’assemblée, frères et sœurs réunis, et c’est l’assemblée comme telle qui prend une décision. Elle reçoit ou elle exclut, elle lie ou elle délie, selon les expressions de Matthieu 18. — Sans exiger d’une telle personne l’intelligence qu’elle peut fort bien ne pas avoir, il convient cependant de s’assurer qu’elle sait ce qu’elle fait en exprimant le désir d’entrer en communion. A-t-elle compris ce qu’est la séparation individuelle, puis la recherche en commun de la justice, la foi, l’amour, la paix selon les enseignements de 2 Timothée 2:19 à 22 ? A-t-elle saisi les vérités relatives à la Cène et à la table du Seigneur, présentées en 1 Corinthiens 11 et 10 ? Cette âme peut ne pas aller très loin sur ces sujets, encore convient-il qu’elle en ait compris l’essentiel, faute de quoi elle risque, tôt ou tard, de souffrir et de faire souffrir les autres. À cet égard, on peut sans doute se poser la question : les frères, auxquels on reproche volontiers de se montrer trop étroits, n’ont-ils pas, au contraire, été trop larges ? Ce qui pourrait expliquer que plusieurs se trouvent être en communion à la table du Seigneur sans avoir compris ce qu’est le rassemblement dans la séparation et ce qu’est la table du Seigneur. Cela nuit à la communion dans l’assemblée.

 

2.5   Participation occasionnelle à la Cène

Une question plus délicate et qui soulève parfois quelques difficultés est celle de la participation occasionnelle à la Cène de croyants pieux, rattachés à telle ou telle dénomination chrétienne. Dans le principe, rien ne s’oppose à cela, étant entendu cependant que l’on se trouve en présence d’un enfant de Dieu, connu pour sa marche fidèle, disposé à se soumettre à la discipline de l’assemblée et ne posant pas comme condition qu’il lui soit possible de retourner dans le rassemblement où il allait jusqu’alors, de se rendre indifféremment dans l’un ou dans l’autre. Dans la pratique, la chose est plus délicate qu’il ne paraît à première vue. Plusieurs seraient disposés à aller très loin, oubliant que la confusion actuelle de la chrétienté est beaucoup plus grande que celle qui existait déjà au siècle passé et que, d’autre part, nous n’avons très probablement pas le discernement spirituel qu’avaient nos devanciers. Insistons sur ce point car il est très important : au siècle dernier, il y avait une puissance spirituelle, une énergie pour juger le mal (qu’en est-il aujourd’hui ? — Cette seule question nous fait baisser la tête...) telles que ceux qui n’avaient pas leur place dans l’assemblée n’osaient guère s’en approcher ; il y avait aussi, conséquence d’une marche pratique plus fidèle, plus de discernement spirituel. À ce moment-là, nos devanciers ont « acheté » la vérité, alors qu’aujourd’hui on serait parfois plutôt porté à la « vendre » (cf. Prov. 23:23). De sorte que les frères pouvaient agir à bon escient dans des cas d’admission occasionnelle, tandis que nous sommes, la plupart du temps, dans l’incapacité de le faire. Y prétendre malgré tout, n’est-ce pas prétendre à plus de force et de discernement spirituel que nous n’en avons ? Au lieu de manifester de semblables prétentions, humilions-nous au contraire de nous trouver dans un tel état de faiblesse que nous devons, par notre faute, laisser parfois à l’écart quelqu’un que nous recevrions à la table du Seigneur si nous avions davantage de capacités spirituelles. Commençons donc, en premier lieu, par remédier à cet état de faiblesse. Toutes les ressources pour cela demeurent à la disposition de la foi.

Pour justifier une large application du principe, on met en avant divers extraits de lettres de J. N. D., sans tenir compte d’ailleurs de tout ce qu’il a écrit quant à la fermeté nécessaire pour réaliser une sainte séparation de tout mal doctrinal. Outre ce que nous venons de rappeler au sujet des temps actuels, si différents de ceux qui ont précédé, il faut remarquer encore que J. N. D. présente bien des réserves, sur lesquelles on passe rapidement...

D’abord celle-ci (M. É. 1876 - p. 382 - Lettre d’août 1875). Après que l’auteur de la lettre a parlé de « l’examen » qu’il convient de faire subir à une personne désireuse de prendre sa place à la table du Seigneur — « examen » qui n’est autre chose, dit-il, que « le témoignage de l’un ou de l’autre des saints, responsable envers l’assemblée à cet égard » ou « le témoignage de deux ou trois qui l’auraient visitée » — il ajoute : « Ce qui importe ici, c’est que, par l’un ou l’autre moyen, il y ait un témoignage suffisant pour que la conscience de l’assemblée soit satisfaite et à l’aise ». C’est une considération que l’on ne doit jamais perdre de vue. C’est l’assemblée qui reçoit ; par conséquent, si un frère prend sur lui de donner occasionnellement la cène à quelqu’un, il agit en fait au nom de l’assemblée. Il assume donc une grave responsabilité : il doit avoir le sentiment très net, sans aucun doute possible, que si l’assemblée avait à se prononcer elle prendrait une décision d’admission. S’il n’en a pas la conviction assurée, il doit s’abstenir. Quelle responsabilité serait la sienne, s’il donnait la cène à un croyant de passage sans avoir la certitude que la conscience de l’assemblée sera satisfaite et à l’aise !

Et combien il serait coupable s’il le faisait en ayant le sentiment que la conscience de l’assemblée ne sera ni satisfaite ni à l’aise ! Dieu nous garde de tout ce qui pourrait faire violence à la conscience de l’assemblée ! Cela ne peut que troubler la communion et ce qui trouble la communion n’est pas selon le Seigneur. Une telle considération doit suffire pour arrêter celui qui voudrait prendre semblable initiative.

J. N. D. écrit encore, dans cette même lettre « Ensuite, je craindrais aussi que ceux qui viennent se refusassent à prendre part sincèrement à l’opprobre de la position, de la vraie position séparée des saints, et qu’ils voulussent pouvoir dire à d’autres : « Je n’en suis pas, je n’y vais que comme croyant ». Moi je ne vais que comme croyant, mais j’accepte la position. En pareil cas, il est bon d’attendre que l’on soit au clair... ». Plus loin : « Je n’admettrais pas les personnes dont je viens de parler... Ces personnes ne viennent pas réellement pour rompre le pain avec nous sur le pied de l’unité du corps, si elles pensent qu’elles ne sont pas avec nous quand elles viennent ainsi ; car si notre position est vraie et scripturaire, elles ne sont pas un avec le corps de Christ, le seul et unique principe de rassemblement que je connaisse... »

Rappelons enfin les réserves contenues dans la lettre, si souvent citée, qui a paru dans le M.É. 1905, page 16 : « Si un chrétien vient à nous, posant comme condition qu’il lui soit loisible d’aller des deux côtés, il ne vient pas en simplicité dans l’unité du corps. Je sais que ce qu’il a l’intention de faire est mauvais ; je ne puis donc le permettre, et il n’a pas le droit d’imposer une condition quelconque à l’Église de Dieu... Je ne pense pas non plus qu’un chrétien qui va régulièrement et systématiquement des deux côtés puisse avoir de la droiture dans cette double marche... »

 

2.6   Veiller. Sagesse. Discernement

Que le Seigneur nous soit en aide et nous accorde la grâce de maintenir pure sa table, veillant à ce qu’aucune souillure n’y soit apportée ! Qu’Il nous donne sagesse et discernement pour l’examen des demandes d’admission en communion, ne perdant de vue ni le principe de l’unité du corps ni la responsabilité qui nous incombe de maintenir la sainteté qui est l’un des caractères essentiels de la table du Seigneur ! Ayons à cœur d’éclairer les âmes qui désirent s’approcher, s’il est encore des vérités fondamentales qu’elles n’ont pas saisi ; nous leur serons utiles en cela beaucoup plus que par une admission hâtive, faite dans des conditions qui ne conviennent pas. Agissons toujours de telle manière que nous ayons la communion des saints dans notre action, sans chercher à imposer des vues personnelles qui seraient susceptibles de faire violence à la conscience de l’assemblée et de troubler la communion ! — Que Dieu nous donne plus de piété, de crainte de son Nom, de communion avec Lui et avec le Seigneur !  Qu’Il nous accorde d’être davantage nourris de Christ, occupés des choses excellentes, forts de la force qui vient de Lui ! Alors nous aurons le discernement spirituel qui nous permettra de faire toutes choses selon sa pensée.

 

 

3        Sur 1 Corinthiens 11:23 à 34

ME 1963 p. 94

3.1      Un souvenir précieux

Entourer la table du Seigneur et y prendre la cène, proclamant ainsi l’unité du corps de Christ et annonçant « la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne », tel est l’inestimable privilège accordé aux deux ou trois qui désirent, malgré leur faiblesse mais dans l’obéissance à la Parole, maintenir le témoignage confié à l’assemblée sur la terre. C’est aussi la réponse du cœur du racheté au désir si touchant exprimé par le Seigneur lorsque, la nuit durant laquelle Il fut livré, Il a institué le précieux mémorial de sa mort :« Faites ceci en mémoire de moi »  (Luc 22:14 à 20). Il l’a institué tandis qu’Il était ici-bas le pauvre, le méprisé, et alors qu’Il avait la croix devant Lui ; mais du haut de la gloire de laquelle Il a été glorifié après qu’Il a eu achevé l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire, Il a voulu le rappeler à l’apôtre Paul qui peut ainsi écrire aux Corinthiens : « Car moi, j’ai reçu du Seigneur ce qu’aussi je vous ai enseigné... » (1 Cor. 11:23 à 26).

Combien ce souvenir est précieux à notre Seigneur !

 

3.2      Danger de la routine

Nous savons ces choses, nous connaissons sans doute par cœur, pour les avoir lus tant de fois, les passages de l’Écriture qui nous les présentent, aussi bien dans les Évangiles que dans les Actes ou la 1re Épître aux Corinthiens. Le danger n’est-il pas précisément dans le fait qu’elles nous sont si familières que nous risquons de nous y accoutumer et de prendre la cène du Seigneur par une sorte d’habitude, sans que, chaque fois, les affections de nos cœurs soient vraiment saisies comme tout à nouveau en présence de ce témoignage de l’amour de Christ si merveilleusement révélé dans le don de Lui-même ? Combien il est à désirer — prions beaucoup pour cela — que nous soyons gardés de toute routine, de tout ce qui nous conduirait à l’accomplissement d’un rite, et que nous soyons amenés, tout au contraire, à participer à la cène du Seigneur avec des affections toujours renouvelées pour sa Personne !

 

3.3      Danger d’un état moral incompatible avec la présence du Seigneur

Il est un danger plus sérieux encore, celui qui conduit l’apôtre à écrire aux Corinthiens les versets 27 et suivants du chapitre 11 de sa 1re Épître. Sans doute ne sommes-nous pas placés dans des circonstances qui nous feraient peut-être agir comme autrefois les croyants de Corinthe, mais quoi qu’il en soit nous pouvons comme eux perdre de vue le caractère de sainteté de la table et nous en approcher pour y prendre la cène dans un état moral incompatible avec la présence du Seigneur et la participation au mémorial de sa mort. Tout comme les Corinthiens, nous pouvons « manger le pain ou boire la coupe du Seigneur indignement ». En mesurons-nous la gravité ? Et même, sommes-nous conscients du danger ?

La mort de Christ à la croix a mis fin à l’histoire de l’homme pécheur et coupable ; là, Dieu a « condamné le péché dans la chair », Christ a été « fait péché pour nous », Lui qui n’avait pas connu le péché (Rom. 8:3 ; 2 Cor. 5:21). En participant au mémorial de sa mort, nous rappelons ce qu’elle a été pour Christ — Il a « goûté la mort » (Hébr. 2:9) — nous rappelons aussi qu’elle était nécessaire pour que le péché puisse être un jour « aboli » ( cf. Hébr. 9:26), pour que déjà maintenant nous puissions nous tenir devant Dieu sans conscience de péchés. Et, proclamant cela à la table du Seigneur, nous nous approcherions cependant parfois avec du péché non jugé ? Quiconque agirait ainsi « mangerait le pain ou boirait la coupe du Seigneur indignement » et, le faisant, « serait coupable à l’égard du corps et du sang du Seigneur ». Quelle grave responsabilité ! N’essayons pas de détourner la pointe de l’épée, considérons avec attention ce verset 27 de 1 Corinthiens 11.

 

3.4      Se juger, et non pas s’abstenir

Cela aurait-il pour conséquence de nous tenir en arrière ? Dans la crainte d’encourir une pareille responsabilité, nous abstiendrions-nous de participer à la cène ? Si nous agissions ainsi, nous méconnaîtrions l’enseignement donné dans le verset qui suit : « Mais que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (v.28). Chacun est responsable de réaliser ce jugement de soi-même, de son état et pas seulement de ses actes, jugement qui conduit à la confession du ou des péchés commis. Une telle confession assure pardon et justification (1 Jean 1:9). Cela nous est présenté en figure dans l’Ancien Testament : pour s’approcher de l’autel « pour faire le service, pour faire fumer le sacrifice fait par feu à l’Éternel », les sacrificateurs devaient préalablement « laver leurs mains et leurs pieds » à la « cuve d’airain » (Exode 30:17 à 21). Ce « lavage », ce jugement de soi-même doit être réalisé non pas une fois de temps à autre, ou encore lorsque nous nous disposons à venir dans le rassemblement, mais au fur et à mesure, sans que nous ayons à attendre pour confesser un péché, un manquement, lorsque nous l’avons commis. Tant que la confession n’en est pas faite, notre communion avec le Seigneur est interrompue et, d’autre part, attendre le samedi soir ou le dimanche matin pour procéder, plus ou moins à la hâte, à une sorte d’examen de conscience suivi de la confession de nos fautes, nous exposerait sans doute à en oublier, tant nous sommes portés à passer facilement sur nos manquements et à les perdre de vue...

 

3.5      Danger d’être trop occupé de soi-même

Vivre dans le jugement de soi-même est indispensable pour jouir de la communion avec le Seigneur et pour pouvoir participer à la cène dans l’état moral qui convient. N’est-il pas vrai que nous sommes en danger de l’oublier ? Mais il vaut la peine de signaler l’écueil opposé : des enfants de Dieu, à la conscience délicate, en arrivent à passer à peu près tout leur temps à ce jugement de soi ; ils finissent de la sorte par n’être occupés que d’eux-mêmes et ne connaissent aucune vraie paix. Disons que le jugement de nous-mêmes n’est pas, et ne saurait être une fin en soi ; ce ne doit jamais être qu’un moyen de nous dépouiller de tout ce qui en nous est un obstacle à la communion, un moyen de nous amener à être occupés du Seigneur.

Le désir du Seigneur est bien de voir ses rachetés « manger du pain et boire de la coupe ». Mais jamais « indignement » ! Il y a un état moral qui convient pour « manger » et pour « boire ». C’est seulement après s’être « éprouvé soi-même » que l’on peut « manger du pain et boire de la coupe » : « ... et qu’ainsi... » (v.28). L’expression est importante à souligner.

 

3.6      Responsabilité de l’assemblée

Lorsqu’un frère ou une sœur, au mépris de 1 Corinthiens 11:27, 28, persiste à s’approcher de la table du Seigneur dans un mauvais état, cet état étant connu et manifesté, l’assemblée est responsable d’intervenir. Elle doit maintenir pure la table du Seigneur, pure de tout mal, de toute souillure. Il y aura dans certains cas des avertissements à adresser, des disciplines appropriées à exercer ; si tout ce qui a été fait, avec sagesse et amour, demeure inefficace, comme aussi chaque fois que le caractère du « méchant » est immédiatement et clairement manifesté, l’assemblée doit agir selon les enseignements de 1 Corinthiens 5 : elle « ôte le méchant du milieu d’elle-même », car elle est responsable de « juger ceux qui sont de dedans » (1 Cor. 5:12, 13). Ainsi donc, un frère ou une sœur qui ne pratique pas le jugement de soi-même s’expose à connaître le jugement de l’assemblée.

 

3.7      Gouvernement de Dieu. Discerner et comprendre ce gouvernement

Et si l’assemblée ne fait pas son devoir, si elle manque à sa responsabilité, tolérant dans son sein ce qui devrait être jugé ? Lorsqu’il en est ainsi, c’est Dieu Lui-même qui, après avoir usé de patience sans doute, intervient dans son juste gouvernement. N’est-ce pas ce qu’Il avait dû faire à Corinthe : « C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment » (1 Cor. 11:30) ? Certes, bien des faiblesses, bien des maladies, bien des départs ne sont en rien l’exercice d’un jugement gouvernemental de Dieu  il y a l’épreuve de la foi et le délogement qui est pour le juste l’entrée « dans la paix ». Mais si nous avions davantage de discernement spirituel, nous comprendrions mieux le pourquoi de tant de faits douloureux et exerçants dans la vie des assemblées, le pourquoi de certains départs.

Sans doute avons-nous parfois passé trop rapidement sur des enseignements aussi importants que ceux contenus dans ces versets de 1 Corinthiens 11. En combien de circonstances avons-nous manqué de vigilance dans le jugement de nous-mêmes et en combien de circonstances des assemblées ont-elles manqué à leur devoir de juger — parfois hélas ! parce qu’un regrettable état de faiblesse ôte le discernement des choses ou met dans l’incapacité d’exercer l’action nécessaire. De telles infidélités amènent tôt ou tard le jugement du Seigneur. Et encore, lorsqu’un jugement est exercé, d’une manière ou d’une autre, nous sommes souvent incapables de le discerner et d’en dégager les leçons que nous devrions en tirer. Combien tout cela est humiliant !

 

3.8      Être attentif

Ces choses doivent arrêter notre attention, l’attention de chaque frère et de chaque sœur, l’attention des assemblées. Chacun rendra compte pour lui-même à Dieu, ne pensons pas que nous pourrons jamais éluder les responsabilités qui sont les nôtres. Si nous avons quelque chose à juger, il serait grave de dire : mais nous avons toujours agi ainsi et tout va à peu près bien, nous pouvons donc continuer dans la même voie ; d’ailleurs, le Seigneur a patience... Et si une assemblée a jusqu’ici manqué à sa responsabilité, tolérant dans son sein ce qui devrait pourtant être jugé, qu’elle n’oublie pas que rien n’échappe à Celui qui marche au milieu des sept lampes d’or ! Nombre de tristesses, de déchirements, de douleurs et de départs peut-être ne découlent-ils pas, sous le gouvernement de Dieu, d’un manque de vigilance dans le jugement de soi-même, d’une défaillance des assemblées dans le jugement qu’il leur appartenait d’exercer ? N’est-il pas vrai que nous avons perdu de vue, en bien des cas, 1 Corinthiens 11:27 à 34 ?

 

 

4        Comment surmonter des difficultés dans une assemblée — Actes 15

Titre original : Difficulté

ME 1963 p. 172

4.1      Dieu s’est servi des difficultés du commencement pour nous instruire

L’heureux commencement de l’histoire de l’Église n’a été que de courte durée. Très tôt, le mal est entré dans l’Assemblée ; il y a pénétré sous la forme d’une attristante dissimulation, d’une apparence extérieure ne correspondant pas à la réalité. C’est le péché d’Ananias et Sapphira. Dès lors, bien des difficultés sont survenues dans la vie de l’Assemblée. Il n’est que de lire le livre des Actes pour voir comment l’ennemi a opéré, tantôt usant de violence, tantôt employant la ruse, présentant ici de faux enseignements tandis qu’ailleurs il incitait au mal moral. Dieu a permis que de telles circonstances se soient produites alors, afin que nous sachions comment il convient de porter remède à ce qui peut surgir encore aujourd’hui. Généralement en raison d’une connaissance très fragmentaire et assez superficielle des Écritures, plusieurs sont troublés par ces difficultés et en viennent parfois à se demander si elles ne sont pas le signe que nous avons fait fausse route. De telles pensées sont encore le fruit du travail de notre redoutable adversaire ! Il y a eu de graves difficultés dans les premiers temps de l’Église, ne soyons pas surpris qu’il y en ait encore aujourd’hui, alors que nous sommes tout à la fin, dans des jours d’extrême faiblesse, marqués de beaucoup d’ignorance et caractérisés par un manque de discernement spirituel qui devrait être pour nous un motif de profonde humiliation.

Le chapitre 15 du livre des Actes nous donne d’utiles enseignements au sujet de deux difficultés, d’ordre bien différent, survenues dans les premiers temps du ministère de l’apôtre Paul. Il vaut la peine de rappeler aujourd’hui de tels enseignements à notre attention et à notre méditation.

 

4.2      Tentative de fausse doctrine

4.2.1       Phase initiale

Il s’agit en premier lieu d’une tentative de l’ennemi visant à faire pénétrer une fausse doctrine parmi les saints. Plusieurs, venus de Judée jusqu’à Antioche, assuraient les croyants de cette assemblée — croyants d’entre les nations — qu’à moins d’être circoncis ils ne pouvaient être sauvés. D’une part, c’était les placer sous la loi et d’autre part, c’était saper à la base la doctrine du salut gratuit sur le principe de la foi. Paul et Barnabas — alors revenus à Antioche d’où ils avaient été envoyés par l’Esprit Saint et avec la communion de l’assemblée pour accomplir leur premier voyage — se dressèrent avec énergie contre un tel enseignement. Une contestation et même « une grande dispute » s’éleva donc entre eux et les faux docteurs ; elle était susceptible de troubler les saints à Antioche et de créer un désaccord entre les assemblées d’Antioche et de Jérusalem, de nuire aussi au ministère de Paul puisqu’il était parti d’Antioche tandis que les faux docteurs étaient venus de Jérusalem. Il fallait que cette affaire fût réglée sans retard et il était sage qu’elle le fût à Jérusalem. Paul et Barnabas, ainsi que quelques frères, s’y rendirent donc, « accompagnés par l’assemblée », c’est-à-dire par les prières de l’assemblée. Combien les prières de l’assemblée sont nécessaires dans des circonstances de ce genre ! Envoyés par l’assemblée d’Antioche, ils sont reçus à Jérusalem « par l’assemblée et les apôtres et les anciens ». Mais l’ennemi va encore se manifester : « quelques-uns de la secte des pharisiens », bien que ne prétendant pas faire de la circoncision une condition du salut, estimaient cependant qu’elle devait être pratiquée par les croyants d’entre les nations comme par ceux d’entre les Juifs et qu’il fallait enjoindre aux gentils « de garder la loi de Moise ».

 

4.2.2       Analyse par des frères capables. Réunion de frères et son déroulement

Une question de doctrine n’est pas soumise de prime abord à l’examen de l’assemblée, si même elle a à en décider en dernier ressort. Elle doit être placée devant des frères capables et compétents pour l’étudier. C’est ce qui eut lieu à Jérusalem : « Et les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire ». La suite du chapitre nous donne une sorte de compte rendu de cette réunion. Différents frères, qualifiés pour cela, y participèrent : d’abord Pierre qui atteste que les croyants d’entre les nations avaient reçu l’Esprit Saint tout comme ceux d’entre les Juifs (cf. Actes 10:44 à 48) ; ensuite, Barnabas et Paul, amenés à raconter « quels miracles et quels prodiges Dieu avait faits par leur moyen parmi les nations » ; enfin, Jacques, citant le témoignage des Écritures relativement à la bénédiction actuelle et future des nations. Quelle remarquable réunion de frères et combien elle devrait nous servir d’exemple ! Certes, « une grande discussion » a eu lieu, la question à examiner, loin d’être éludée, a été au contraire largement débattue ; cependant, elle l’a été sans aucune des remarques et des propos qui viennent de nos cœurs naturels, sans aucune des outrances de la chair, sans rien de ce qui peut blesser un frère, sans ces échanges de réflexions qui ne permettent guère de penser qu’elles sont faites par des frères s’occupant des intérêts du Seigneur et de ce qui concerne son Assemblée. Quelle tenue morale, quelle sagesse, quelle dépendance de l’Esprit Saint ! Tout ce qui est dit est à sa place, rien n’est inutile ou hors de propos. Chacun de ceux qui prennent la parole traite un aspect particulier de la question, important à considérer pour l’examen qui en est fait ; ceux qui n’avaient rien d’autre à présenter gardent le silence. Pensons à un tel exemple lorsque nous sommes réunis pour nous occuper de ce qui concerne l’assemblée

 

4.2.3       Accord de l’assemblée

Les apôtres et les anciens sont ainsi arrivés à un plein accord que l’assemblée est appelée à ratifier dans l’heureuse confiance qu’elle peut faire à ceux qui ont examiné cette question. « Alors il sembla bon aux apôtres et aux anciens, avec toute l’assemblée, de choisir parmi eux des hommes, et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabas » ; ce choix s’est porté sur deux « hommes d’entre ceux qui tenaient la première place parmi les frères », Judas et Silas. Ces frères étaient les porteurs d’une lettre susceptible d’apaiser le trouble produit à Antioche : les faux docteurs y sont désavoués — ils étaient venus de Judée mais n’avaient pas été envoyés par l’assemblée de Jérusalem tandis que Paul et Barnabas sont approuvés, leur fidélité et leur dévouement étant reconnus ; le faux enseignement est condamné. Judas et Silas étaient des frères capables de développer le message écrit de l’assemblée de Jérusalem et de répondre aux questions qui pouvaient leur être posées. Tout était fait avec sagesse et amour en vue du maintien de la saine doctrine.

 

4.2.4       Effet de la lettre des frères. Consolation à Antioche

Cette lettre fut effectivement pour l’assemblée d’Antioche une « consolation », reçue avec joie. Et Judas et Silas, exerçant leur don de prophète, exhortèrent les frères et les fortifièrent. Quel contraste avec le trouble et le bouleversement produits par les fausses doctrines ! Ensuite, Paul et Barnabas, séjournant à Antioche après que Judas et Silas eurent regagné Jérusalem, enseignèrent et annoncèrent la parole du Seigneur.

 

4.2.5       Fermeté, sagesse, spiritualité, discernement, amour vrai

Ainsi donc il fut démontré une fois de plus que « le méchant fait une œuvre trompeuse » (Prov. 11:18). L’ennemi pensait troubler l’assemblée d’Antioche, ébranler la foi de plusieurs, mettre en désaccord Antioche et Jérusalem, nuire au ministère de Paul et Barnabas ; tout au contraire, l’assemblée est encouragée, exhortée, fortifiée, enseignée, du bien est produit et la parole du Seigneur est annoncée. Cela parce que, en présence de fausses doctrines, il y a eu une manifestation de fermeté et la sagesse nécessaire pour que, la question étant d’abord examinée par des frères capables, l’assemblée se prononce en plein accord avec eux pour rejeter le faux enseignement et maintenir la vérité. Telles sont nos ressources lorsque surviennent des difficultés à propos d’enseignements non conformes à l’Écriture. Que Dieu nous donne d’agir avec la même fermeté, la même sagesse, la même spiritualité, le même discernement, le même amour vrai, qu’Il nous accorde aussi la même soumission que celle manifestée alors à Jérusalem aussi bien qu’à Antioche, et nous ferons l’expérience qu’au travers d’exercices, douloureux peut-être, Dieu se plaît à produire du bien et à bénir son Assemblée.

 

4.3      Difficulté dans des rapports mutuels entre frères

4.3.1       L’affaire de Barnabas et Paul

Survint ensuite une autre difficulté, non plus à l’occasion d’une fausse doctrine, mais dans les rapports mutuels de serviteurs du Seigneur. Paul engage Barnabas, avec lequel il avait fait un premier voyage (Actes 13 et 14), à retourner avec lui visiter les frères dans les différentes localités où ils avaient déjà annoncé la parole du Seigneur. Barnabas est tout disposé à aller mais il veut prendre avec lui Marc, son neveu. Paul s’y oppose. « Il y eut donc entre eux de l’irritation, en sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre... ». Pénible difficulté entre deux serviteurs qui avaient accompli ensemble un long voyage, connu ensemble bien des vicissitudes et des épreuves, travaillé ensemble avec fidélité et avec fruit ! Et maintenant, au moment de repartir pour un nouveau service, il y a un désaccord entre eux, de l’irritation même. Pourquoi ? Parce que l’un veut prendre Marc, l’autre non.

 

4.3.2       Sentimentalité. Relations de famille

Mais, diraient plusieurs aujourd’hui en présence de difficultés semblables, il ne vaut pas la peine de s’irriter et de se séparer pour une pareille question. L’on citerait peut-être même quelque passage de l’Écriture, par exemple : « Poursuivons les choses qui tendent à la paix », et l’on n’hésiterait pas à blâmer Paul d’avoir fait preuve d’une excessive intransigeance. Véritablement, c’est bien manquer d’amour, irait-on jusqu’à dire. Comment Paul a-t-il pu causer une telle peine à Barnabas ? C’était son neveu que Barnabas voulait prendre avec eux, ce qui est bien compréhensible ; pourquoi donc le lui refuser ? Si même Marc ne pouvait rendre de grands services, il n’aurait pourtant pas contrecarré l’activité de Paul et Barnabas. — Toute cette argumentation paraît très juste, si nous ne jugeons que d’après les apparences et guidés par cette sentimentalité aux funestes effets. Hélas ! c’est trop souvent ainsi que nous raisonnons et que nous jugeons. Cela au lieu de considérer la manière dont l’apôtre a agi dans cette circonstance et d’en retirer l’importante et utile leçon que nous pouvons en dégager.

 

4.3.3       Amour vrai pour Marc

Ah ! si Paul s’était laissé guider par ses sentiments, il n’aurait pas hésité, il aurait pris Marc. Mais c’est précisément alors qu’il aurait manqué d’amour et à l’égard de Barnabas et à l’égard de son neveu. Nous croyons tant de fois manifester de l’amour en nous laissant conduire par nos sentiments, alors que ce n’est qu’une contrefaçon de l’amour ! Paul avait discerné que Marc n’était pas encore prêt pour le service, il « les avait abandonnés dès la Pamphylie » et « n’était pas allé à l’œuvre avec eux » ; il avait discerné aussi que Marc pourrait être un jour « utile pour le service » (2 Tim. 4:11), mais pour cela il fallait qu’il fût encore pendant un temps à l’école du serviteur. Aussi, par amour pour Marc, parce qu’il cherchait son bien, parce qu’il désirait avant tout la gloire du Seigneur dans un service utile au Maître, Paul demeure inébranlable ; il ne prendra pas Marc. Il y aura de l’irritation entre Barnabas et lui et certes, Paul en souffrira, il ne peut pas ne pas en souffrir, mais cette souffrance, si douloureuse qu’elle soit, ne changera en rien sa détermination car cette détermination est dictée par un amour vrai pour le Seigneur, pour Barnabas, pour Marc. Et, soyons-en pleinement assurés, Paul a été beaucoup plus utile à Marc en refusant de le prendre avec lui que s’il avait cédé aux instances de Barnabas. Barnabas part donc avec Marc, approuvé sans doute de tous ceux qui ne jugent que d’après les apparences, tandis que Paul part avec Silas ayant l’approbation du Seigneur et la communion des frères.

Quel enseignement pour nous ! Puissions-nous comprendre à quels égarements peut nous conduire ce manque d’amour vrai, cette appréciation des choses qui n’est basée que sur les apparences. Et que Dieu nous accorde, avec le discernement spirituel nécessaire, l’énergie qui nous permettra d’aller sans défaillance dans la recherche et la poursuite du bien ! Le discernement, la fermeté de Paul lui ont permis de régler la difficulté survenue entre Barnabas et lui de telle manière que, plus tard, il sera manifesté que Marc lui est « utile pour le service ».

 

4.4      Conclusion

Ne nous laissons ni troubler ni décourager par les difficultés que nous pouvons rencontrer dans la vie de l’assemblée ! Qu’en tout premier lieu, elles nous humilient et nous amènent à diriger nos regards vers Celui qui se plaît à nous montrer le chemin à suivre, et à nous y conduire, guidés par sa Parole et son Esprit. Prenons garde à tout ce que peut nous suggérer une sentimentalité ignorante de la pensée de Dieu et des enseignements de l’Écriture, une sentimentalité qui voudrait nous faire croire qu’en nous laissant diriger par elle nous manifesterons de l’amour ! Que Dieu nous donne assez de communion avec Lui pour que nous ayons toujours le discernement de sa pensée, assez de connaissance de l’Écriture et assez d’énergie spirituelle pour maintenir ses enseignements, même si nous avons en cela à connaître l’incompréhension et la souffrance dans les affections de nos cœurs.

 

 

5        La vraie grandeur — Les leçons de Matthieu 16 à 18

Titre original : Qui donc est le plus grand (Matt. 18:1, 4)

ME 1963 p. 33

5.1      La Personne du Seigneur dans Matt. 16 et 17

5.1.1       Grandeur de la personne du Seigneur  — Matt. 16:13-18

Le Seigneur avait interrogé ses disciples, leur demandant ce que les hommes pensaient de Lui, les invitant ensuite à donner leur propre appréciation. C’est alors que Pierre fut conduit à exprimer ce que le Père Lui-même lui avait révélé : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matt. 16:13 à 17). Celui qui était venu ici-bas, Messie présenté à Israël et rejeté par son peuple, prenait désormais le titre de « fils de l’homme », qui impliquait ses souffrances et sa mort ; mais le Père, afin que fussent maintenues les gloires infinies de son Bien-aimé, conduisait le disciple à proclamer l’excellence de sa Personne : Il était bien plus grand que le plus grand des prophètes, que ce fût Élie, Jérémie ou même Jean le baptiseur (cf. Matt. 11:11), Il était « le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Cette révélation amène le Seigneur à parler de l’assemblée, assemblée qu’Il bâtit Lui-même et qui est fondée sur ce roc inébranlable : « le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Que de sujets offerts à notre méditation dans ces versets 13 à 18 de Matthieu 16, que de gloires y sont présentées de Celui dont nous pouvons dire aussi : « Car combien grande est sa bonté ! et combien grande est sa beauté ! » (Zach. 9:17).

 

5.1.2       Abaissement présent du Seigneur, gloire future — Matt. 16:21-28 ; 17:1-8

Mais le fait que le Seigneur était pleinement conscient des gloires de sa Personne, la révélation qui en était donnée à Pierre par le Père Lui-même, leur proclamation en présence des disciples, ne pouvaient détourner l’Homme parfait du chemin dans lequel Il était engagé. « Dès lors », nous est-il dit, Jésus parla aux siens des souffrances qui allaient être sa part, de la mort qu’Il devait endurer, de sa résurrection. Son chemin était un chemin d’abnégation, de renoncement, d’humiliation volontaire. Chercher à l’arrêter dans un tel sentier, même avec le sincère désir de Lui éviter douleurs et opprobre, ce serait se faire l’instrument de l’ennemi. Un jour, la promesse est certaine, « le fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père, avec ses anges », Il sera manifesté en gloire, mais présentement sa gloire brille dans son abaissement et sa réjection (Matt. 16:21 à 28).

« Et après six jours », le Seigneur prend avec Lui, sur une haute montagne, trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean. Devant eux, Il est transfiguré. Mais Pierre, bien qu’il ait eu peu avant, de la part du Père, une révélation de la gloire divine de l’Homme Christ Jésus, Pierre entre tellement peu dans toute l’excellente grandeur d’une telle Personne, qu’il veut mettre le Seigneur de gloire à la même place que Moïse et Élie. C’est alors que le Père fait entendre sa voix ; une nuée les couvre et le Père Lui-même dit toute la satisfaction qu’Il trouve en son Bien-aimé : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le ». Tout le reste disparaît et les disciples « ne virent personne que Jésus seul » (Matt. 17:1 à 8).

 

5.1.3       La gloire cachée, ce qui appartenait au Seigneur

Une nouvelle fois les gloires de Jésus seront données à connaître au disciple auquel le Père a déjà révélé l’excellence de Celui qui est « le Christ, le Fils du Dieu vivant » et qui, sur la sainte montagne, a entendu la voix du Père proclamer : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le ». Les receveurs des « didrachmes »sont venus demander à Pierre si son maître paie « les didrachmes », c’est-à-dire l’impôt du temple. Sans une hésitation, le disciple répond oui. Ce sera l’occasion pour le Seigneur de l’instruire : Il va lui montrer que, dans le chemin d’obéissance et d’humiliation qu’Il est venu suivre ici-bas, Il se soumet aux ordonnances de la loi. Quelle gloire et quelle grandeur pour Celui qui est « le Fils du Dieu vivant », le Fils bien-aimé du Père ! Il se soumet ainsi à ce que prescrivait la loi mais sans cesser d’avoir conscience de la gloire qui est la sienne : Créateur, Il dispose de toutes ses créatures ; Homme abaissé, Il n’avait rien sur lui, même pas la plus petite pièce de monnaie. C’est dans la bouche du premier poisson qu’il prendra que Pierre trouvera le statère avec lequel il paiera l’impôt du temple et pour Jésus et pour lui-même ; car, tout en maintenant la gloire qui Lui appartient, Jésus ne repousse pas son disciple mais au contraire l’associe à Lui. Quelle grâce condescendante, quelle grandeur en même temps ! (Matt. 17:24 à 27).

Ces différentes scènes nous représentent donc d’une façon très remarquable, d’une part : les gloires du Seigneur, le Christ, le Fils du Dieu vivant ; le roc sur lequel est bâtie l’assemblée, assemblée qu’Il bâtit Lui-même ; le Fils bien-aimé du Père, centre de la gloire céleste ; le Seigneur du temple ; le Créateur ; Celui qui a la pleine connaissance de toutes choses — et d’autre part : son abaissement, sa réjection, ses souffrances, la mort qui est devant Lui.

 

5.2      Leçons de Matthieu 18

5.2.1       Des cœurs insensibles à la gloire du Seigneur. La grandeur qui les occupe

Et « en cette heure-là » (Matt. 18:1), quelle est la question que les disciples viennent poser à leur Maître ? Comme elle nous surprend, n’est-ce pas ? Mais comme elle montre bien ce que sont nos pauvres cœurs ! « En cette heure-là les disciples vinrent à Jésus, disant : Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Ce qui les occupe, ce n’est pas la Personne glorieuse du Fils de Dieu, Celui qu’ils ont l’inestimable privilège d’entendre, de voir, de contempler, et de toucher (cf. 1 Jean 1:1), ce n’est pas tout ce qui a été dit et révélé de Lui au cours des scènes auxquelles ils viennent d’assister, ce qui les occupe c’est le désir d’être « le plus grand dans le royaume des cieux ». Tels sont nos cœurs, trop souvent fermés et insensibles aux gloires de Christ, cherchant trop peu à y entrer, mais tellement occupés de nous-mêmes, de notre propre gloire !

 

5.2.2       Qui sera estimé le plus grand ?

Cette question posée par les disciples traduit le même état de cœur que la contestation qui s’élèvera plus tard entre eux dans une autre circonstance. De quoi s’agira-t-il alors ? De savoir « lequel d’entre eux serait estimé le plus grand ». Et à quel moment se place cette scène ? Après que le Seigneur a institué la cène, précieux mémorial de sa mort ! Les souffrances de Christ laissent le cœur des disciples aussi insensibles que ses gloires ; ce qui leur importe, c’est de savoir qui, parmi eux, sera « estimé le plus grand ». Plein de grâce, le Seigneur va leur enseigner que la véritable grandeur est dans l’abaissement, dans la position de serviteur. C’est la place qu’Il est venu prendre ici-bas : abaissé, Il est le serviteur volontaire. « Or moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22:14 à 30 — cf. Matt. 20:26 à 28). Dans ce dernier passage de Matthieu 20, après que le Seigneur a entretenu ses disciples des souffrances qui allaient être sa part (v.17 à 19), la mère des fils de Zébédée vient Lui demander que ses deux fils soient assis, l’un à sa droite et l’un à sa gauche, dans son royaume. C’est toujours la même pensée qui occupe le cœur !

 

5.2.3       L’exemple des petits enfants

Pour répondre à la question des disciples, dans la scène de Matthieu 18, le Seigneur prend un petit enfant, le place devant eux et leur dit : « Si vous ne vous convertissez et ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux ». Être le plus grand dans le royaume des cieux ? Mais il faut d’abord y entrer ! Et pour cela la conversion est nécessaire. Le Seigneur avait dit à son Père : « Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants » (Matt. 11:25). Ce n’est pas en revendiquant la gloire dont peuvent se targuer les « sages » et les « intelligents » que l’on peut entrer dans la connaissance des choses de Dieu ; il faut au contraire s’abaisser, avoir le sentiment de sa petitesse, de son ignorance et croire ce que Dieu nous dit dans sa Parole, sans raisonner. Né de nouveau, celui qui a pris et qui garde la place du petit enfant entre dans le royaume. Non seulement cela, mais encore il y sera « le plus grand » : « Quiconque donc s’abaissera comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux » (Matt. 18:4). La véritable grandeur est dans l’abaissement.

Mais le Seigneur va enseigner autre chose encore à ses disciples. Combien il est grave d’être « une occasion de chute » pour un petit enfant et, de façon plus générale, pour tous ceux qui revêtent les caractères spirituels du petit enfant ! (Matt. 18:6 à 9). Comme il faut veiller aussi à ne pas les mépriser ! Pour les petits enfants en particulier, le Seigneur montre d’abord qu’ils sont les objets de la faveur du Père — tel est le sens de Matthieu 18:10 — , nous dit ensuite qu’ils sont au bénéfice de son œuvre expiatoire (v.11) et enfin, que le Père ne veut en voir périr aucun (v.14). Ce qui est petit, abaissé et que nous sommes tentés de mépriser parfois est infiniment précieux au cœur du Seigneur et au cœur du Père.

 

5.2.4       Va vers ton frère… reprends-le. Grâce et vérité

Tout cet enseignement ouvre la voie à ce que le Seigneur dit ensuite à ses disciples : « Et si ton frère pèche contre toi... » (v.15 et suivants). Dans un cas de ce genre, la tendance de notre cœur naturel nous conduit à prendre une position de supériorité à l’égard de notre frère ; nous y sommes d’autant plus aisément portés qu’il a péché. Il nous semble donc qu’il faut que ce soit lui qui fasse le premier pas et vienne reconnaître humblement ses torts. Or, le Seigneur nous dit : « Va... » Dans quel esprit ? Non pas en nous estimant plus « grand » que lui mais en nous abaissant pour remplir à son égard le si précieux et utile service du « lavage des pieds ». Ce service consiste essentiellement à présenter la Parole — l’eau du bassin (Jean 13:5) — de façon qu’elle touche le cœur et atteigne ainsi la conscience. C’est ainsi que pourra être mise en pratique l’exhortation de Matthieu 18:15 : « reprends-le, entre toi et lui seul ». Cette répréhension n’a pas pour objet une quelconque revendication de nos droits — il n’en est même pas question dans le passage — mais le bien spirituel de notre frère : il convient de l’amener à écouter la Parole afin qu’il soit « gagné ».

La grâce doit être jointe à la vérité et c’est tout l’opposé de la présentation d’un commandement légal auquel il faut obéir. C’est réaliser quelque chose du service rempli par Celui dont il nous est dit que la grâce et la vérité vinrent par Lui (Jean 1:17).

 

5.2.5       Pour que l’œuvre de restauration s’opère

On entend dire parfois : Nous n’avons pas le droit de nous montrer exigeants lorsqu’il s’agit d’amener un frère à la confession de son péché ; sachons nous contenter de quelques paroles de regret, même s’il n’y a pas, les accompagnant, les « fruits qui conviennent à la repentance ». Certes, nous n’avons nous-mêmes aucun droit de nous montrer exigeants ! Mais n’oublions pas que dans l’accomplissement si difficile et délicat d’un service de ce genre, le but poursuivi est de « gagner » le frère qui a péché ; celui qui « va » pour le « reprendre » ne doit avoir d’autre désir que de voir la Parole opérer en lui pour y produire une œuvre de restauration. Si l’œuvre est complète, il y aura non seulement les paroles de confession du péché mais aussi les actes qui prouvent la sincérité de la confession, c’est-à-dire les « fruits qui conviennent à la repentance ». De sorte que ce que l’on appelle parfois, et bien à tort, les « exigences » de celui qui a un service à remplir à l’égard de son frère — et la portée du service ne doit pas être limitée au cas particulier de Matt. 18:15 — n’est en définitive que le désir d’aider à l’œuvre de restauration jusqu’à ce qu’elle soit complètement achevée. Se contenter d’un travail incomplet, laisser croire peut-être à celui vers lequel on est allé qu’il est restauré alors qu’en fait il ne l’est pas, c’est, en apparence, n’avoir pas de grandes « exigences » et faire preuve de grâce mais, en réalité, c’est manquer d’amour à l’égard de son frère et ne pas rechercher véritablement son bien.

Cela est évidemment tout aussi vrai lorsqu’il s’agit d’un manquement collectif.

 

5.3      La vraie grandeur

Que de difficultés seraient réglées entre frères si nous savions mieux, en pratique, ce qu’est la vraie grandeur, celle qui est dans la position de serviteur, dans l’abaissement ! La plupart du temps nous n’aurions pas à recourir aux ressources qui nous sont présentées dans la suite de ce passage de Matthieu 18, pour le cas où celui vers lequel nous sommes allés n’a pas voulu écouter. Mais surtout, nous serions gardés soit d’aller trouver notre frère dans l’esprit qui ne convient pas, celui d’une supériorité que nous essayons de dissimuler — sans y parvenir — sous une apparente humilité, soit de ne rien faire et de laisser subsister ainsi, entre frères, un état de choses qui nuit à la communion des saints et, par conséquent, à la paix et à la prospérité de l’assemblée.

 

 

6        La vérité. Fausse image du miroir brisé

ME 1969 p. 253

6.1      Vérité dont il doit être rendu témoignage

Le témoignage que nous sommes appelés à rendre, qu’il s’agisse du témoignage individuel ou du témoignage collectif, présente des aspects divers mais se résume d’un mot : Christ. Les vérités que nous sommes responsables de maintenir se rattachent toutes à cette Personne glorieuse : le pardon des péchés, la justification par la foi nous donnant la paix avec Dieu, le privilège du croyant d’être désormais un enfant de Dieu, possédant sa vie et sa nature, tout cela se lie à la connaissance d’un Christ mort et ressuscité ; — le fait que tout enfant de Dieu fait partie du corps de Christ, dont il est l’un des membres, et peut ainsi jouir des bénédictions qui sont la part de 1’Église déjà maintenant et pour l’éternité, se rattache à la position de Christ glorifié, assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux, d’où il a envoyé ici-bas le Saint Esprit comme Personne divine afin d’unir ses rachetés en un seul corps dont il est la Tête ; — enfin, l’espérance du croyant est liée à Christ comme étant Celui qui « vient bientôt ».

 

6.2      Un témoignage complet

Lorsque nous prenons la Cène, à la table du Seigneur, nous nous souvenons de Lui mais aussi nous rendons témoignage, et un témoignage complet : tout d’abord, à un Christ mort et ressuscité ; ensuite, à l’unité du corps de Christ ; enfin, à son prochain retour (1 Cor. 10:16, 17 ; 11:23 à 26). Ce témoignage est donc rendu à la vérité dans son entier — et non pas seulement à certaines vérités — vérité dont l’assemblée (dont nous sommes l’expression) est « la colonne et le soutien » (1 Tim. 3:15).

Nous ne méconnaissons nullement qu’il puisse y avoir de bonnes choses dans la plupart des dénominations de la chrétienté, beaucoup de piété et de crainte de Dieu chez nombre de croyants qui se trouvent dans ces milieux mais, quoi qu’il en soit, dans aucun de ces rassemblements ne se trouve un témoignage rendu à la vérité dans son entier.

 

6.3      Fausse image du miroir brisé

Apprécions avec une profonde reconnaissance la grâce de Dieu qui a voulu nous accorder les immenses privilèges qui sont les nôtres et gardons-nous de les mésestimer et de les mépriser ! Serait-il possible que certains n’en connaissent pas le prix et que, bien que se trouvant parmi les porteurs du témoignage, ils ne voient dans ce rassemblement, expression de l’Assemblée, autre chose qu’une secte au milieu de beaucoup d’autres ? Cette affirmation, tant de fois répétée : la vérité est comme un miroir brisé, dont nous avons tous un morceau, dénote une méconnaissance complète du véritable caractère du témoignage confié, par une pure grâce de Dieu, aux deux ou trois réunis au nom du Seigneur. Il y a là, sans nul doute, une ruse de l’ennemi qui voudrait nous faire perdre de vue la valeur et la grandeur du témoignage et nous conduire ainsi à l’abandonner. Quel triomphe ce serait pour lui s’il parvenait à ses fins ! Ne nous laissons pas égarer par ses raisonnements spécieux, présentés par des instruments dont il se sert souvent à leur insu ! « Gardons le bon dépôt par l’Esprit Saint qui habite en nous » et écoutons la voix de Celui qui se plaît à nous encourager dans le difficile combat pour le maintien de la vérité : « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (2 Tim. 1:14 ; Apoc. 3:11).

 

 

7        À propos de l’administration de l’Assemblée — Actes 15

ME 1973 p.85

7.1      Pas de règles édictées, mais des enseignements tirés de la Parole

Le chapitre 15 du livre des Actes nous donne des enseignements importants au sujet de l’administration de l’assemblée. Les frères, réunis pour s’en occuper, n’ont pas de règles édictées qu’ils aient à appliquer plus ou moins aveuglément et sans exercices particuliers ; tout au contraire, ils doivent examiner chaque question venant devant eux comme une affaire individuelle pour laquelle ils ont besoin d’avoir la pensée du Seigneur et les directions de l’Esprit, n’oubliant pas qu’il ne peut y avoir deux cas exactement semblables, contrairement à ce que l’on croit généralement. Mais, pensée du Seigneur et directions de l’Esprit ne peuvent être en désaccord avec ce que la Parole nous enseigne ; c’est là une pierre de touche nous aidant à discerner ce qui vient du Seigneur, ce qui est donné par l’Esprit de Dieu. Pour pouvoir s’occuper des affaires de l’assemblée avec sagesse et intelligence, il est donc indispensable de vivre en communion constante avec le Seigneur, de rechercher les directions du Saint Esprit et de connaître les enseignements de l’Écriture. Nous ne trouvons pas toujours dans la Parole un passage s’appliquant de manière très précise au cas à examiner et nous donnant ainsi une ligne de conduite facile à suivre ; mais, nourris des saintes lettres, instruits par elles, conduits par l’Esprit Saint, nous serons à même de dégager de l’Écriture inspirée les enseignements utiles, les directions dont nous avons besoin pour tout ce qui touche à l’administration de l’assemblée.

 

7.2      Habitudes, traditions, « jurisprudence »

Dans ce domaine, comme en bien d’autres d’ailleurs, nous avons certaines habitudes, nous nous conformons la plupart du temps à ce que faisaient nos anciens frères. Loin de nous la pensée qu’il y ait là quelque chose de mauvais en soi ; nos devanciers ont été sans aucun doute des frères plus spirituels, plus sages, plus intelligents dans la Parole que nous ne le sommes ; ayons donc le plus grand respect pour ce qu’ils nous ont laissé et retenons l’exhortation de Proverbes 22:28 : « Ne recule pas l’ancienne borne que tes pères ont faite ». Mais si ces frères ont agi de telle ou telle manière, ils l’ont fait en s’appuyant sur l’Écriture et conduits par l’Esprit ; de sorte qu’il est important pour nous de comprendre quelle est la base scripturaire de ce que nous serions portés à ne considérer que comme une tradition. — Pourquoi par exemple, a-t-on parfois demandé, les sœurs n’assistent-elles pas aux réunions d’administration (en y gardant le silence, comme dans toute réunion), étant donné qu’elles font partie de l’assemblée et que les décisions, préparées au cours de ces réunions, doivent être prises par l’assemblée réunie, frères et sœurs ? Le chapitre 15 du livre des Actes permet précisément de répondre à cette question et établit le fondement scripturaire de ce que certains pensent être seulement une « coutume des frères ».

 

7.3      Compétence pour trancher une question de fausse doctrine

Une fausse doctrine avait été apportée à Antioche ; elle sapait les fondements du christianisme, portait atteinte à la perfection de l’œuvre de Christ et aux gloires de sa Personne : prétendre que l’on ne pouvait être sauvé si l’on n’avait été circoncis, c’était dire que la mort et la résurrection de Christ ne suffisaient pas pour le salut de quiconque croit et que Christ n’avait pu accomplir la pleine et entière délivrance du péché, puisque il fallait ajouter la circoncision. Les faux docteurs, venus de Judée, voulant placer les croyants d’Antioche — première assemblée formée parmi les nations (Actes 11:19 à 26) — sous le joug de la loi du Dieu d’Israël, il était préférable que la question fût tranchée par l’assemblée à Jérusalem — assemblée formée de croyants d’entre les Juifs — ce qui évitait tout risque d’incompréhension et de conflit entre Jérusalem et Antioche. Paul lui-même, malgré l’autorité apostolique qui était la sienne, s’abstient de régler cette affaire. C’est ainsi que les frères d’Antioche « résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem » (Actes 15:2). Mais déjà ce verset 2 nous dit que la question devait être examinée non par l’assemblée dans son entier — si même c’est elle qui aura à prendre une décision — mais par les frères compétents pour cela : les frères envoyés par Antioche vont en effet « vers les apôtres et les anciens pour cette question ». Le verset 4 nous parle de leur arrivée à Jérusalem ; quand il s’agit du simple accueil d’envoyés d’une autre assemblée, l’assemblée est nommée et même nommée en premier : « Et étant arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’assemblée et les apôtres et les anciens ». Mais en présence de l’assemblée ils ne disent rien de l’affaire pour laquelle ils sont venus : « ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » ; c’est de l’œuvre du Seigneur, du travail de la grâce divine, des encouragements qu’ils ont eus et peut-être aussi des difficultés éprouvées, qu’ils entretiennent l’assemblée à Jérusalem.

 

7.4      Qui assiste, qui examine, qui exprime la pensée du Seigneur

Lorsqu’il convient de s’occuper de ce qui était l’objet de la mission des frères venus d’Antioche, « les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire » (v. 6 — cf. fin du v. 2). Ici il n’est plus question de l’assemblée, comme au verset 4, mais seulement des frères compétents pour l’examen de l’affaire. Il semble cependant que cet examen a eu lieu en présence de tous les frères — l’expression du verset 12 : « toute la multitude » permet de le penser — mais des frères seuls, ainsi qu’il ressort des premiers mots de Pierre et de Jacques : « Hommes frères » (v. 7 et 13). Au cours d’une telle réunion, les frères qui ont la pensée du Seigneur l’expriment, sous des formes variées sans doute mais qui permettent de dégager ce qui sera ensuite présenté à l’assemblée en vue de la décision à prendre. Pierre, Barnabas et Paul ne s’appuient pas sur un texte de l’Écriture, mais font état de la mission qu’ils ont reçue du Seigneur et des conditions dans lesquelles elle a été remplie ; Jacques, au contraire, cite le passage d’Amos 9:11, 12 dont l’enseignement confirme ce qui a été dit par les trois premiers frères, par Pierre notamment (cf. Actes 15:14, 15). Il n’est pas nécessaire d’avoir toujours un « texte formel » (voir M. É. 1952, p. 212 et la note p. 252), mais il faut toujours que la pensée exprimée soit une pensée spirituelle (cf. v. 28 : « Car il a semblé bon au Saint Esprit et à nous... »). La pensée donnée par Pierre, Barnabas et Paul — par Jacques aussi, bien entendu — était la pensée du Seigneur, présentée dans la dépendance et la puissance du Saint Esprit. — Les frères qui n’avaient rien à donner comme venant de l’Esprit Saint gardent le silence : « Et toute la multitude se tut ; et ils écoutaient... » (v. 12) ; il semble bien qu’ils s’étaient fait entendre au commencement de cette réunion, de sorte qu’il y eut « une grande discussion » (v. 7), mais il est probable que tout ce qui fut dit alors était sans grande valeur et n’aurait pas dû être exprimé. En tout cas, rien de cette « grande discussion » n’a été consigné dans l’Écriture ; tandis que, cette « grande discussion ayant eu lieu », les frères spirituels et compétents prirent la parole et ce qu’ils ont été amenés à dire nous a été conservé dans la Parole inspirée. C’est après avoir entendu les paroles prononcées par Pierre (v. 7 à 11) que « toute la multitude se tut » : il semble donc que ceux qui avaient pris part à la « grande discussion » du début comprirent alors qu’il leur convenait de garder le silence et d’écouter les apôtres qui communiquaient la pensée du Seigneur. La réunion pour l’administration de l’assemblée n’est pas le lieu où peuvent s’exprimer opinions ou pensées personnelles tout au long de « grandes discussions » ; il n’y a place que pour ce qui est donné par le Saint Esprit, aucune pour la chair, sous quelque forme que ce puisse être. Ne perdons pas de vue aussi que l’on ne peut s’occuper des affaires de l’assemblée en dehors de la présence de Celui qui en est le Chef et cela doit nous garder dans une sainte crainte.

 

7.5      L’assemblée décide

Ensuite, mais ensuite seulement, l’assemblée est réunie : « Alors il sembla bon aux apôtres et aux anciens, avec toute l’assemblée... » (v. 22). L’assemblée, frères et sœurs, est informée des conclusions auxquelles a abouti la réunion des frères et, dans l’heureuse confiance qu’elle fait aux frères — il serait grave que cette confiance n’existât pas — elle décide. Dans la pratique, un certain délai est prévu entre l’information et la décision — il appartient aux frères d’apprécier ce qui convient à cet égard — afin que, par exemple, une sœur puisse mettre un frère de confiance au courant de faits dont elle a connaissance, que les frères pourraient ignorer et qui seraient susceptibles de modifier leur jugement. Cette remarque concerne surtout les demandes d’admission à la table du Seigneur.

 

7.6      Solennité d’une décision d’assemblée

À ce propos, l’on ne saurait trop insister sur le caractère solennel que revêt une décision d’assemblée. Peut-être ne le fait-on pas avec assez de force, en particulier lors d’une admission à la table du Seigneur. Se borner à annoncer que telle personne pourra désormais participer à la fraction du pain ne souligne pas suffisamment, semble-t-il, que l’assemblée prend une décision au nom du Seigneur et en sa présence, que ce qu’elle est ainsi amenée à lier sur la terre l’est aussi dans le ciel et que, ce faisant, elle a conscience de recevoir un croyant à la table du Seigneur « à la gloire de Dieu » (Matt. 18:18, 20 ; Rom. 15:7). Veillons à ne pas affaiblir dans nos esprits et dans nos cœurs le caractère de l’assemblée et d’une décision d’assemblée !

 

7.7      Encore la compétence

L’administration de l’assemblée est donc de la compétence des frères et des frères seulement. J. N. D. écrit dans une lettre d’octobre 1877, par conséquent au soir d’une longue vie, riche d’expérience chrétienne : « Je n’ai jamais vu une femme se mêler des affaires d’église, sans qu’elle ait fait du mal. Elles sont bénies et très utiles à leur place, mais cette place là ne leur  appartient pas » (Fragments de lettres, p. 118). Les sœurs sont, en effet « bénies et très utiles à leur place » ; elles peuvent remplir dans la vie de l’assemblée un service d’une valeur inestimable, par la prière instante et persévérante. Il en est, parmi elles, qui ont des perceptions spirituelles très développées et qui, vivant en communion étroite avec le Seigneur et dans sa crainte, ont la connaissance de son « secret » (cf. Ps. 25:14 — « secret », c’est-à-dire : les communications intimes, nous dit la note en bas de page) ; mais leur sagesse et leur spiritualité sont démontrées notamment par le fait qu’elles ne quittent pas leur place, ne sortent pas de la position de réserve qui sied à la femme et tout particulièrement à la femme chrétienne. Dans certaines circonstances, un frère ira peut-être voir une sœur qui présente de tels caractères pour l’entretenir d’une question qui exerce les frères et dans laquelle ils ne voient pas clair ; interrogée, elle dira ce que le Seigneur lui donne. Ce faisant, elle pourra être très utile ; mais cela ne la conduira pas à quitter sa place. Elle se gardera d’ébruiter ce qui lui a été confié, de faire à qui que ce soit de ces « confidences » qui sont rapidement connues de tous et, plus encore, de se glorifier d’avoir été consultée pour une affaire difficile. De telles sœurs — puisse-t-il y en avoir davantage — sont une vraie bénédiction pour l’assemblée ; leur départ sera une réelle perte.

Par contre, on a vu des assemblées qui n’ont retrouvé leur équilibre qu’après qu’ont été retirées des sœurs qui, sortant de leur place, s’occupaient de questions hors de leur compétence et apportaient du trouble par le déploiement d’une activité qu’elles n’auraient jamais dû exercer. — Un frère doit être extrêmement prudent dans ce qu’il peut dire à son épouse des affaires de l’assemblée, en cours d’examen par les frères, surtout s’il sait qu’elle a tendance à parler parfois inconsidérément, ou à perdre de vue les caractères indiqués en 1 Tim. 3:11. Une épouse doit chercher à être utile à son mari, le conseillant — dans ce qui est de son ressort — avec sagesse et intelligence spirituelle et se gardant bien de le pousser à des réactions charnelles ; elle doit être pour lui une « aide », rien qu’une aide mais véritablement une aide. — Pour reprendre l’expression précitée, les sœurs sont « bénies et très utiles à leur place ». Qu’elles en aient pleine conscience et soient gardées de tomber dans l’un ou l’autre de ces deux écueils : ou bien se désintéresser à peu près complètement de la vie de l’assemblée, sous prétexte que son administration est de la compétence des frères — ou bien sortir de leur place et s’occuper de ce qui doit être laissé à la charge des frères. Qu’elles prient beaucoup pour que les frères soient gardés dans la paix, agissent avec sagesse et toujours selon la pensée du Seigneur !

Remarquons que dans la première partie du chapitre 15 des Actes (v. 1 à 35) il n’est question de l’assemblée que trois fois seulement :

1° au v. 3 — L’assemblée d’Antioche « accompagne » les frères envoyés à Jérusalem, peut-être pendant les premiers pas de leur voyage, très probablement par la prière ;

2° au v. 4 — L’assemblée de Jérusalem, avec les apôtres et les anciens, accueille les frères venus d’Antioche ;

3° au v. 22, pour la décision à prendre.

En dehors de ces trois circonstances, il n’est pas fait mention de l’assemblée, ce qui ne peut manquer d’arrêter notre attention et comporte sans nul doute un enseignement.

 

7.8      Comment la décision est communiquée

Ce chapitre 15 des Actes nous donne aussi une instruction relative à la manière dont une décision de l’assemblée est communiquée à une autre assemblée. Ce n’est pas l’assemblée de Jérusalem qui écrit à celle d’Antioche ; nous lisons : « Les apôtres et les anciens et les frères, aux frères d’entre les nations qui sont à Antioche et en Syrie et en Cilicie : Salut ! » (v. 23). Les frères, responsables de l’administration, s’adressent aux frères qui, de la manière qui leur apparaîtra convenable, informeront l’assemblée de leur localité. Ajoutons que, si nous comparons le début de cette lettre avec le premier verset de l’épître de Jacques, nous sommes amenés à penser que la lettre a été rédigée par Jacques — qui d’ailleurs avait dégagé la pensée générale des frères (v. 19 à 21). Notons également qu’il n’est fait mention d’aucune discussion entre les frères au sujet du texte de la lettre à envoyer.

Sans doute pouvons-nous nous appuyer sur les versets 3 et 4 pour expliquer qu’une lettre de recommandation soit, au contraire, adressée par une assemblée (au nom de laquelle elle est signée par deux ou trois frères) à une autre assemblée. Par la remise de cette lettre, l’assemblée « accompagne » en quelque sorte un frère (ou une sœur) dans l’assemblée où il se rend — assemblée qui est ainsi amenée à le « recevoir » dans l’affection fraternelle et, en particulier, pour la fraction du pain à la table du Seigneur.

 

7.9      Qui transmet la lettre

Encore ceci : un message important doit être porté, remis aux soins de frères spirituels, capables de donner, si nécessaire, des explications complémentaires et de répondre aux questions susceptibles d’être posées par ceux auxquels il est destiné. C’est bien ce qui eut lieu : la lettre des frères de Jérusalem fut confiée à « Judas, appelé Barsabbas, et Silas, hommes d’entre ceux qui tenaient la première place parmi les frères » (v. 22), tous deux chargés d’accompagner Paul et Barnabas dans leur voyage de retour à Antioche. Arrivés dans cette localité, « ayant assemblé la multitude, ils remirent la lettre » (v. 30). La lettre étant adressée aux frères, c’est aux frères qu’ils la remirent : l’expression « la multitude », déjà employée au verset 12, le confirme, comme aussi ce que nous lisons au verset 32 : « Et Judas et Silas, qui eux aussi étaient prophètes, exhortèrent les frères... ».

 

7.10  Résultats bénis de suivre les enseignements de la Parole et les directions du Saint Esprit

La lecture de la lettre de Jérusalem a apporté joie et « consolation » (v. 31), l’exercice du ministère prophétique de Judas et Silas, exhortation et édification (v. 32). Après les difficultés soulevées par les faux docteurs à Antioche (v. 1) et même à Jérusalem (v. 5), quelle heureuse délivrance et quelle bénédiction ! Il en sera toujours ainsi chaque fois que, au lieu de nous laisser guider par nos propres pensées, nous agirons selon l’enseignement de la Parole et les directions de l’Esprit Saint.

 

 

8        Mener deuil [cas difficiles dans une assemblée]

ME 1970 p.71

Un très grave péché avait été commis au sein de l’assemblée de Corinthe ; « même parmi les nations » il n’existait pas de cas semblable. Ce que l’apôtre reproche aux Corinthiens, ce n’est pas tant de ne pas avoir réglé ce cas — peut-être étaient-ils dans l’ignorance de la façon dont il convenait de le faire — c’est de ne pas avoir « mené deuil » (1 Cor. 5:1, 2).

 

8.1      Comment traiter des cas difficiles dans une assemblée ?

N’arrive-t-il pas qu’une assemblée se trouve en présence d’un cas difficile et que les frères demeurent en perplexité, ne sachant trop comment il faudrait agir ? Il n’y a là, généralement, rien qui soit blâmable en soi : Dieu comprend notre ignorance, il la supporte tant de fois et se plaît à nous instruire. Mais si parfois il attend pour nous éclairer, nous ouvrir un chemin et nous y conduire, c’est parce qu’il désire nous voir, avant toutes choses, prendre la place qui doit être la nôtre dans des circonstances semblables, celle que les Corinthiens auraient dû prendre dès que le mal avait été manifesté. C’est par la prière qu’il convient toujours de commencer, par l’humiliation, la confession de nos manquements et de notre ignorance, regardant au Seigneur pour qu’il nous vienne en aide et nous montre lui-même ce qu’il convient de faire et comment il faut le faire. Peut-être exercera-t-il notre foi, notre persévérance dans la prière... Ne nous lassons pas de crier à Lui jusqu’à ce qu’il intervienne ! — La plupart du temps, il serait souhaitable d’avoir à ce sujet des réunions spéciales de prières et d’humiliation, soit réunions d’assemblée, soit réunions de frères seulement, suivant les cas. La Parole nous donne, en Actes 4 et 12 notamment, des exemples de réunions spéciales de prières et souligne chaque fois le déploiement de la puissance de Dieu s’exerçant en réponse à la prière. Quels exemples et quels encouragements nous avons là, dont nous devrions savoir tirer le plus riche profit !

 

8.2      Réunions d’humiliation

On objectera peut-être que parfois de telles réunions de prières et d’humiliation sont impossibles, tellement est profonde la division des esprits au sein d’une assemblée. Tout au contraire, un tel état de choses rend d’autant plus nécessaire l’humiliation, le « deuil » de l’assemblée. Les frères et les sœurs ne pourraient-ils (n’aiment-ils pas le Seigneur, les uns comme les autres ?) se trouver réunis pour pleurer ensemble sur leur misérable état et pour être d’accord — au moins en cela — pour dire au Seigneur : Tu vois que nous sommes en désaccord ! Veuille toi-même agir, par les différents moyens que tu trouveras bon d’employer, pour nous mettre tous d’accord, nous donnant d’avoir « une même pensée... un même amour », « étant d’un même sentiment, pensant à une seule et même chose », nous accordant de ne rien faire « par esprit de parti, ou par vaine gloire », nous amenant chacun « dans l’humilité » à « estimer l’autre supérieur à lui-même... » (cf. Phil. 2:1 à 5) ? Qui voudrait dire que le Seigneur resterait insensible et laisserait de telles prières sans réponse ? Ne peut-il briser les cœurs et transpercer les consciences ? Et quel autre que Lui pourrait le faire ?

 

8.3      Réunions d’humiliation d’assemblées avoisinantes. Pas de routine

Si même — ce que pourtant l’on devrait considérer comme impossible — de semblables réunions ne pouvaient avoir lieu dans une assemblée en proie à la division et au désordre, ne devrait-il pas y avoir dans les autres assemblées, plus particulièrement dans les assemblées voisines, le sentiment de la solidarité des membres du corps comme aussi des assemblées réunies sur le terrain de l’unité du corps ? Cela devrait conduire ces assemblées à « mener deuil », à s’humilier profondément devant Dieu de ce qui est, en fait, à la honte de tout le corps. Là encore, il serait bon que ces réunions présentent le caractère de réunions spéciales de prières et d’humiliation, qu’il conviendrait de poursuivre jusqu’à ce que le Seigneur réponde et accorde la délivrance. L’écueil à éviter — là comme d’ailleurs dans les diverses réunions d’assemblée — c’est d’en arriver à une sorte de routine. Il appartient aux frères qualifiés, exercés, de réveiller la conscience de l’assemblée pour qu’elle ne risque pas de tomber dans un vain formalisme.

 

8.4      Utiliser les ressources à notre disposition

Combien il est attristant de voir que nous nous contentons parfois de gémir sur nos misères, de parler — et pas toujours dans le meilleur esprit — de choses humiliantes, sans utiliser les ressources que Dieu, dans son amour et sa sagesse, a voulu mettre à notre disposition ! Prier, s’humilier, « mener deuil »... Sachons le réaliser chaque fois qu’il est nécessaire, avec des consciences profondément remuées et des cœurs touchés !

Ésaie 66, 2 est toujours vrai, que « celui-ci » désigne un croyant pris individuellement ou un ensemble de croyants : « C’est à celui-ci que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole ». Et n’oublions jamais que Dieu « peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons » ! (Éph. 3:20).

 

 

9                    « Sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11:28)

ME 1979 p.3

9.1   L’assemblée, ce qu’elle est, son état

L’assemblée, de toute éternité dans les conseils de Dieu, a pris naissance sur la terre lors de la descente du Saint Esprit ici-bas comme Personne divine (Actes 2:1 à 4). Elle est composée de tous les vrais croyants, nés de nouveau, lavés de leurs péchés dans le sang de Christ, scellés du Saint Esprit. Les passages bien connus d’Actes 2:42 à 47 et 4:32 à 37 nous disent l’heureux état de ces croyants dans les premiers jours de l’histoire de l’assemblée dans ce monde. L’Esprit Saint les unissant en un seul corps — corps dont les croyants sont les membres et dont Christ est la tête glorifiée dans le ciel — pouvait alors agir sans se trouver entravé dans sa puissante activité, de sorte que le témoignage rendu était tout à la gloire de Dieu et du Seigneur Jésus.

 

9.2   Veiller à l’état de son coeur

Par l’opération de l’Esprit agissant en lui, chacun des croyants était amené à réaliser la mort du vieil homme et à vivre la vie du nouvel homme. Le déclin a commencé quand la chair s’est manifestée dans ses œuvres ; c’est ce que nous rapporte le chapitre 5 du livre des Actes. Ce qui conditionne une vie, c’est toujours l’état du cœur. Veillons donc sur l’état de notre cœur si nous voulons être fidèles dans notre témoignage individuel et collectif ! Retenons l’exhortation souvent rappelée du livre des Proverbes : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (4:23). Chez Ananias et Sapphira, sa femme, l’état du cœur était mauvais : « Pierre dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l’Esprit Saint et que tu aies mis de côté une partie du prix de la terre ?... Comment t’es-tu proposé cette action dans ton cœur ? Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu » (Actes 5:3, 4).

Les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse nous donnent l’histoire de l’Église responsable sur la terre pendant le temps de l’absence du Seigneur. En fait cette histoire n’est pas prise au point dont il est question dans les passages déjà cités d’Actes 2 et 4 ; elle commence aux jours où le déclin se manifestait déjà, où le « premier amour » était « abandonné ». C’est le reproche qui est fait à « l’ange de l’assemblée qui est à Éphèse », à cette assemblée elle-même : « j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2:4). Un appel lui est alors adressé : « Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres » (ib. 5) — les « premières œuvres », celles qui découlent du premier amour et qui le manifestent. C’est le cœur qui a fait défaut à Éphèse et c’est au cœur que l’appel est adressé !

Combien donc il est nécessaire, redisons-le, de veiller sur l’état de notre cœur ! Sans doute — et les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse le montrent clairement — l’Église sur la terre ne manifestera plus les caractères vus en elle tout au début de son histoire, mais Dieu veuille nous accorder la grâce d’en reproduire quelque chose, si imparfaitement que ce soit et, tout à la fin de cette histoire, de refléter les beaux traits du témoignage philadelphien ! Garder la parole du « Saint » et du « Véritable », ne pas renier son Nom, tenir ferme ce qui nous a été confié, tout cela ne peut être réalisé que si le cœur des rachetés, des témoins, est vraiment occupé de Christ et rempli de lui (Apoc. 3:7 à 13). Il faut pour cela l’action puissante de l’Esprit opérant dans le cœur, il faut être « fortifié en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans nos cœurs... » (Éph. 3:16 à 19). Cet enseignement, l’assemblée d’Éphèse l’avait méconnu. Apocalypse 2:4 nous le montre.

La manifestation de la chair dans le triste épisode d’Ananias et Sapphira a conduit au jugement du mal dans l’assemblée. L’état général de l’assemblée étant bon, le mal a été aussitôt manifesté afin qu’il puisse être jugé — et il en sera toujours ainsi. Ananias et Sapphira, désormais impropres pour le témoignage, sont frappés par la mort. Dieu les retire l’un et l’autre.

 

9.3   Effets positifs du jugement du mal

Mais le jugement du mal a d’heureux résultats au sein de l’assemblée, et même au dehors. Tout d’abord : « Et une grande crainte s’empara de toute l’assemblée et de tous ceux qui entendaient parler de ces choses » (Actes 5:11). Crainte de Dieu ! L’assemblée de Dieu est un lieu où le mal ne saurait être toléré ; quand il est manifesté, il doit être jugé. Le mal une fois jugé, rien n’entrave plus l’action du Saint Esprit, qui peut alors déployer sa puissance : « Et beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient parmi le peuple, par les mains des apôtres » (ib. 12). En troisième lieu, une pleine communion est réalisée au sein de l’assemblée : « et ils étaient tous d’un commun accord » (ib. 12) — même expression que celle employée au chapitre 2 (v. 46) et à peu près semblable à celle du chapitre 4 : « Et la multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme » (v. 32). Par ailleurs, ceux de dehors n’avaient aucun désir de venir en un lieu où le mal n’est pas toléré, où il est jugé quand il est manifesté : « d’entre les autres, nul n’osait se joindre à eux, mais le peuple les louait hautement ; et des croyants d’autant plus nombreux se joignaient au Seigneur » (5:13, 14). Ceux qui ont leur place dans l’assemblée sont conduits à y venir, tandis que « les autres » se tiennent à l’écart, « n’osant pas se joindre à eux » : entre autres choses, ils n’ont pas saisi qu’en venant dans l’assemblée il n’est pas question de se joindre à quelques croyants qui se rassemblent, mais de « se joindre au Seigneur », seul centre de rassemblement, chef du corps, de l’assemblée. Les croyants dont il est parlé au verset 14 l’avaient, eux, fort bien compris.

 

9.4   État des assemblées au temps de la conversion de Paul

Jésus arrête Saul de Tarse sur le chemin de Damas, dans les conditions qui nous sont rapportées au chapitre 9 du livre des Actes, et lui adresse ensuite un message par le moyen d’un « disciple nommé Ananias ». Après quoi, rempli de l’Esprit Saint et ayant été baptisé, Saul « fut quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas ; et aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant que lui est le Fils de Dieu ». (Actes 9:1 à 22). C’était une belle confession faite par celui qui jusqu’alors avait persécuté l’assemblée, mais ce n’était pas encore le début du ministère de Paul, ministère dont le point de départ est au ch. 13.

Quel était à ce moment-là, probablement une dizaine d’années après la Pentecôte, l’état des assemblées ? « Les assemblées donc, par toute la Judée et la Galilée et la Samarie, étaient en paix, étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur ; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit » (ib. 9:31). Heureux état en vérité ! Ce qui nous est dit au début du chapitre 5 n’avait nui en rien à la prospérité de l’assemblée puisque le jugement du mal avait été exercé.

 

9.5   Le ministère de Paul pour les assemblées

Un service spécial est confié par le Seigneur à Saul de Tarse, maintenant l’apôtre Paul. Il va, selon ce qu’il écrit lui-même, « mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses ; afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaitre aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée, selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le Christ Jésus notre Seigneur... » (Éph. 3:9 à 11). Lorsque l’Esprit Saint dit aux frères d’Antioche : « Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (Actes 13:1 à 3), le ministère de Paul va commencer effectivement ; désormais, il va travailler en vue de la formation des assemblées, il va les enseigner et les édifier, les exhorter et les encourager, suivant les besoins de chacune d’entre elles. Quelle précieuse activité, déployée pendant une période d’environ trente années, sur laquelle Dieu a pu mettre le sceau de sa bénédiction !

 

9.6   Mauvais travail de l’ennemi et activité de Paul en sens contraire

Cependant, au travers de tout cela, l’Ennemi n’était pas inactif. Celui qui est « menteur, et le père du mensonge » (Jean 8:44), pourrait-il supporter dans le monde dont il est le « chef » (Jean 12:31 ; 14:30 ; 16:11) « l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15) ? — pourrait-il la supporter sans déployer tous ses efforts pour essayer de la détruire ? Aussi a-t-il travaillé dans ce but à Corinthe, Éphèse, Philippes, Colosses et dans bien d’autres localités encore.

Paul est ainsi amené à écrire aux assemblées à la formation desquelles il avait travaillé, qu’il lui avait été donné de visiter, ou encore à celles où il n’avait pas été mais dont les difficultés avaient été portées à sa connaissance. Il les met en garde contre les artifices du diable, leur donne l’enseignement, l’exhortation, les avertissements dont chacune d’elles avait besoin ; mais surtout, il priait avec instance pour les diverses assemblées. Dans la plupart des épîtres, il dit quel était l’objet particulier de ses prières en faveur de l’assemblée à laquelle il s’adressait (par exemple : Éph. 1:15 à 23 ; 3:14 à 21 — Phil. 1:9 à 11 — Col. 1:9 à 11) et il écrit à Corinthe : « il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11:28). Cette « sollicitude » se manifestait de plusieurs manières mais surtout, n’en doutons pas, par une persévérante intercession. Pensons à ce si précieux et utile service rempli par l’apôtre, « tous les jours » et pour « toutes les assemblées » !

 

9.7   Manifester la fidélité dans le témoignage, individuel et collectif

Nous venons de terminer une nouvelle étape du pèlerinage. Au seuil de l’année qui commence, que nous n’aurons peut-être pas à vivre ici-bas jusqu’à son terme, pensons beaucoup à l’état des assemblées et à notre responsabilité à cet égard. Nous n’avons sans doute que bien peu de temps pour manifester une réelle fidélité dans le témoignage, individuel et collectif ; désirons ardemment que cette fidélité soit telle que, avant l’enlèvement, tel Énoch autrefois, nous puissions recevoir « le témoignage d’avoir plu à Dieu » (Héb. 11:5).

Nous avons sans doute connaissance de l’état de bien des assemblées, de leurs difficultés, de leurs exercices... Trop souvent nous ne faisons pas autre chose qu’en parler l’un à l’autre, et peut-être pas toujours dans le meilleur esprit ! Que Dieu nous accorde la grâce de prier « tous les jours » pour « toutes les assemblées », spécialement pour celles dont nous connaissons un peu les circonstances et les besoins ! Ne perdons jamais de vue que les assemblées ne sont pas indépendantes les unes des autres mais, bien au contraire, étroitement liées les unes aux autres, puisque ceux qui les composent sont les membres d’un même corps, le corps de Christ.

 

9.8   Prières et sollicitude pour toutes les assemblées

Le service de la prière « pour toutes les assemblées » peut être rempli — et devrait être rempli — par chaque assemblée locale, mais aussi par chaque frère, par chaque sœur. Si nous savions tous, frères et sœurs, persévérer dans la prière pour « toutes les assemblées », et cela « tous les jours », nous pouvons être assurés que l’état des assemblées serait meilleur qu’il ne l’est. Répondant aux prières, avec sagesse et amour, le Seigneur interviendrait avec tous les moyens qu’il a dans sa main et nous verrions, avec reconnaissance et actions de grâces, ce qui nous confondrait ! Considérons l’exemple de l’apôtre Paul et imitons-le, pour le bien des assemblées, pour la joie de nos cœurs et, avant tout, pour que le Seigneur soit glorifié dans l’assemblée !

« Il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées ». Réalisons-le tout au long de cette nouvelle année, jusqu’à la venue du Seigneur !

 

 

10               Responsabilités au sujet de l’action dans l’assemblée

ME 1980 p.37

10.1                   Les assemblées ne sont pas indépendantes

Ce que l’apôtre Paul écrit « à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre seigneur Jésus Christ, et leur seigneur et le nôtre » : « Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (1 Cor. 1:2 ; 12:27) montre clairement qu’une assemblée locale est l’expression du corps de Christ. Il est tout aussi vrai que les diverses assemblées locales sont liées les unes aux autres : elles sont formées de frères et sœurs, membres d’un même corps, le corps de Christ. Aucune d’entre elles ne saurait se dire indépendante des autres ; une décision prise par une assemblée, selon Matthieu 18:18 à 20 — qu’elle en ait conscience ou non — est « liée » non seulement pour elle mais pour toutes les autres assemblées. C’est là un point à ne jamais perdre de vue dans la vie des assemblées locales.

 

10.2                   Rôle de chaque membre

L’assemblée est « l’habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22), le Saint Esprit manifeste donc la présence de Dieu dans son sein et, par ailleurs, il agit en elle par le moyen de ceux qui la composent. Chaque frère peut exercer une action dans l’assemblée, mais seulement s’il y est conduit par l’Esprit ; quant aux sœurs, la Parole nous dit : « Que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler » (1 Cor. 14:34). Cependant, il est aussi écrit : « Or à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité » (ib. 12:7). Si donc, dans l’assemblée, les sœurs sont des membres du corps qui doivent demeurer silencieux, elles n’en sont pas moins utiles à la vie de l’assemblée, indispensables même pour le fonctionnement du corps — aussi indispensables que le sont dans le corps humain le pied, la main, l’oreille ou tous membres silencieux certes, mais nécessaires à la vie du corps. « Les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires » (ib. 14 à 27). — Que, par conséquent, les membres qui paraissent être les plus importants se gardent de considérer comme étant d’un rang inférieur ceux « qui paraissent être les plus faibles » ! Il convient que chacun des membres du corps fonctionne à sa place, celle que Dieu a voulu lui donner, suivant ce qu’il a reçu, et toujours sous la direction de l’Esprit.

 

10.3                   Importance des dons moindres

À ce sujet, rappelons ce qui a été écrit : « Vous trouverez, j’en suis certain, que plus le don est grand (quand il y a tant spiritualité que puissance), plus il y aura le désir sincère de voir agir le moindre don que Dieu a donné pour le bien de l’assemblée. Personne n’aura cette pensée que si quelqu’un a un don supérieur, tous les autres doivent se taire devant lui. ... Le point important est de sentir que c’est Dieu qui agit dans l’Église ; et il peut lui plaire d’employer en vue de l’édification le plus simple et le plus petit des membres du corps de Christ, même en présence du plus grand, de l’apôtre lui-même. — L’important est que, d’un côté, les membres « qui paraissent être les plus faibles » ne désirent pas une place plus élevée que celle qu’ils ont, et de l’autre, que les plus élevés n’agissent en aucune manière comme s’ils pouvaient se passer des premiers. Ils sont tous précieux dans l’Assemblée de Dieu. ... » (M.É. 1930, p. 210 — Le Saint Esprit dans l’Assemblée, par W. K.).

 

10.4                   Importance de l’état moral et spirituel de chacun

Chacun, frère et sœur, doit avoir pleine conscience de sa responsabilité pour ce qui touche à la vie de l’assemblée, et plus particulièrement à la vie de l’assemblée locale à laquelle il se rattache, ne perdant pas de vue qu’en tant que membre du corps de Christ il est un instrument à la disposition du Saint Esprit pour le service dans l’assemblée. Il importe donc que chacun soit dans l’état moral et spirituel qui convient afin que rien en lui ne constitue un obstacle, une entrave quelconque à l’accomplissement du service que le Saint Esprit veut le conduire à remplir. S’il en est ainsi, le commun accord sera pleinement réalisé dans l’assemblée, commun accord indispensable pour qu’il y ait la libre action de l’Esprit.

 

10.5                   Apporter quelque chose de vécu et expérimenté

Après que le Seigneur se fut fait connaître à eux dans la fraction du pain, les deux disciples qui avaient quitté Jérusalem pour se rendre à Emmaüs, « se levant à l’heure même... s’en retournèrent à Jérusalem, et trouvèrent assemblés les onze... Et ils racontèrent les choses qui étaient arrivées en chemin, et comment il s’était fait connaître à eux dans la fraction du pain » (Luc 24:13 à 35). Le Seigneur vient alors « lui-même là au milieu d’eux, et leur dit : Paix vous soit ! » (ib. 36). Nous avons donc une réunion autour du Seigneur lui-même, après sa mort et sa résurrection, réunion au cours de laquelle les deux disciples — deux brebis qui s’éloignaient du lieu du rassemblement et que le Seigneur était allé chercher pour les y amener racontent ce qui leur était arrivé en chemin et comment le Seigneur s’était fait connaître à eux. Ils avaient quelque chose de particulier à dire.

Chaque frère vient-il dans le lieu du rassemblement avec quelque chose de spécial, vécu et expérimenté, à présenter à ceux qui se trouvent réunis autour du Seigneur ? Le Saint Esprit pourra alors, s’il le juge à-propos, conduire le frère pour lequel il en est ainsi à l’exprimer et ce sera pour le bien de l’assemblée. Cela ne veut pas dire que nous ayons à venir dans l’assemblée pour parler de nous-mêmes, de ce qui nous concerne personnellement, mais seulement de ce que nous avons pu recevoir et apprendre du Seigneur au travers des expériences qu’il nous a été donné de faire dans le chemin parcouru. Ces expériences n’ont de valeur que dans la mesure où elles nous ont amené à réaliser une communion plus intime avec le Seigneur et à apprendre quelque chose de Lui. Nous pourrons alors, sous la direction du Saint Esprit, donner une parole qui nourrira l’assemblée, l’instruira et lui apportera édification et enrichissement spirituel.

 

10.6                   Dépendance. Excès en peu ou en trop. Édifier. Tous ont à prier

Chacun a reçu un don — cf. 1 Cor. 12:7 déjà cité plus haut. — À ce sujet, l’apôtre Pierre écrit : « Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu » (1 Pierre 4:10). Chacun est responsable de cultiver et d’exercer dans la dépendance de l’Esprit le don qu’il a reçu, quand bien même il n’aurait à donner dans l’assemblée que « cinq paroles ». — Rappelons ce qu’un autre a dit : « Les orateurs ne prononçant que cinq paroles sont rares. Quelques-uns qui devraient le faire s’abstiennent dans la crainte de ne pouvoir parler assez longtemps, et d’autres parlent trop longtemps. Nous sommes persuadés que beaucoup de frères, nourris de la parole de Dieu et vivant près du Seigneur, pourraient édifier les enfants de Dieu et être parmi eux des canaux de beaucoup de bénédictions dans ces jours de faiblesse, en faisant entendre seulement quelques paroles. — Que chaque frère qui parle dans l’assemblée prenne garde à ces mots : « un discours intelligible » (1 Cor. 14:9). Nous sommes certains qu’une partie de ce qui est dit n’édifie pas, par le simple fait que les paroles prononcées passent par-dessus la tête des auditeurs. De plus, chaque frère se rendant à la réunion devrait sentir sa responsabilité à l’égard de l’assemblée. Il est à craindre que plusieurs n’y aillent que comme auditeurs ; ce qui ne devrait pas être. « Quand vous vous réunissez, chacun de vous a un psaume, a un enseignement... » (ib. 26). L’apôtre ne les en blâmait pas ; c’était l’état normal de l’assemblée ; la liberté pour chacun. Et cependant, n’y a-t-il pas beaucoup de frères dont la bouche ne s’ouvre jamais pour faire entendre une prière ou des actions de grâces dans l’assemblée ? Devrait-il en être ainsi ? Que le Seigneur réveille les siens à cet égard... » (M. É. 1973, p. 153 — « Au sujet de l’action dans l’assemblée » par A.H.B.).

 

10.7                   Assimiler ce qu’on a lu. Action de l’Esprit pour édifier

La connaissance acquise en lisant la Parole, comme aussi les écrits présentant le « sain enseignement », est une connaissance utile, nécessaire, mais ce que nous lisons ainsi doit être assimilé ; cela doit nourrir notre âme, rafraîchir notre cœur ; alors, « des fleuves d’eau vive couleront... » (Jean 7:37 à 39). Ce sera véritablement le travail de l’Esprit dans notre âme et le fruit de ce travail sera pour l’édification et la bénédiction des saints dans l’assemblée. S’il en était ainsi, serait alors réalisé ce que nous lisons en 1 Corinthiens 14 : « Mais si tous prophétisent, et qu’il entre quelque incrédule ou quelque homme simple, il est convaincu par tous, et il est jugé par tous : les secrets de son cœur sont rendus manifestes ; et ainsi, tombant sur sa face, il rendra hommage à Dieu, publiant que Dieu est véritablement parmi vous » (v. 24, 25). — Celui qui entre ainsi dans le local où l’assemblée est réunie, considère-t-il le frère qui parle ? Il ne semble pas. C’est en présence de Dieu qu’il a conscience de se trouver : « Dieu est véritablement parmi vous », dit-il.

 

10.8                   Être tous préparés. Le Saint Esprit demeure le même

Combien il est nécessaire que nous soyons tous, frères et sœurs, préparés dans nos cœurs pour les réunions de l’assemblée et qu’ensuite, nous laissions agir le Saint Esprit qui donnera, nous pouvons en être pleinement assurés, ce qui est utile pour l’édification de l’assemblée par le moyen des instruments qu’il lui plaira d’employer pour cela. — Bien que nous soyons parvenus aux « temps fâcheux » des « derniers jours », le Saint Esprit est toujours là et il demeure un Esprit « de puissance, et d’amour, et de conseil » (2 Tim.3, 1:1, 7). Laissons-le agir sans que rien n’entrave son action, il pourra alors déployer sa puissance au sein de l’assemblée.

 

10.9                   Conclusion - Résumé

Retenons deux exhortations importantes du chapitre 14 de la première épître aux Corinthiens : « Que tout se fasse pour l’édification » — « Que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre » (v. 26 et 40). Puissions-nous les mettre toujours en pratique !

Dieu veuille opérer en chacun de nous pour nous amener à réaliser ce qu’il désirerait voir pleinement manifesté dans les réunions de l’assemblée ! Cela nous paraît bien difficile, mais combien nous sommes heureux de savoir qu’Il est « celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous » ! « À lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen » (Éph. 3:20, 21).

 

 

11               Sain enseignement et ordre dans l’Assemblée

ME 1979 p.253

11.1                   Éphésiens 3:8-10

À l’apôtre Paul, se présentant « aux saints et fidèles dans le Christ Jésus qui sont à Éphèse » avec une profonde humilité, comme « moins que le moindre de tous les saints, cette grâce a été donnée d’annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ, et de mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses ; afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée, selon le propos des siècles... » (Éph. 1:1 ; 3:8-10). Suivant la mission qui lui avait été ainsi confiée, pendant un ministère d’environ trente années, l’apôtre a œuvré pour l’édification de bien des assemblées, à la formation desquelles il avait travaillé ; il s’est employé, soit au cours de ses visites, soit par l’envoi de ses épîtres, à enseigner, exhorter, avertir ces diverses assemblées, comme aussi celles dans lesquelles il n’était pas allé mais dont il connaissait, par le moyen de ses compagnons d’œuvre, les circonstances et les besoins.

 

11.2                   Cadre des épîtres à Timothée et Tite

Approchant du terme de sa carrière, pouvant dire : « le temps de mon départ est arrivé » (2 Tim. 4:6) et voyant déjà se dessiner bien des lézardes dans « la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité », maison de Dieu devenue la « grande maison », discernant les signes avant-coureurs des « temps fâcheux » des « derniers jours » (1 Tim. 3:15 ; 2 Tim. 2:20 ; 3:1), Paul écrit ses deux épîtres à Timothée et son épître à Tite (la 1re Épître à Timothée et l’Épître à Tite ont été écrites, pense-t-on, vers 64, la 2e Épître à Timothée, vers 66).

Timothée et Tite étaient, l’un et l’autre, délégués de l’apôtre. Timothée est appelé par lui « mon véritable enfant dans la foi », « mon enfant bien-aimé » (1 Tim. 1:2 ; 2 Tim. 1:2) et Tite, « mon véritable enfant selon la commune foi » (Tite 1:4). Paul donne à chacun d’eux les enseignements nécessaires, les instructions auxquelles ils devraient se conformer dans l’accomplissement de leur service, tout cela en vue du bien et de la prospérité des assemblées.

 

11.3                   Sain enseignement dans les épîtres à Timothée

Timothée devait veiller plus particulièrement au maintien de la saine doctrine ; Tite, à l’ordre qui convient dans l’assemblée de Dieu. Mais, comme cela a été remarqué, les deux choses sont étroitement liées l’une à l’autre. S’il y a laisser-aller, désordre dans l’assemblée, le témoignage est compromis et, en définitive, pourra même être ruiné ; il est impossible qu’une assemblée en désordre maintienne le témoignage dont elle est responsable. — L’ordre qui doit être maintenu dans l’assemblée, à la gloire de Celui qui en est le Chef, ne saurait être en aucune manière un ordre humain. Ce n’est pas en établissant des règles, comme on le fait dans les divers organismes de ce monde, que l’ordre selon Dieu sera manifesté au sein de l’assemblée ; c’est seulement en maintenant la saine doctrine. Il est nécessaire que toujours le sain enseignement soit présenté, qu’il soit reçu et mis en pratique, sans raisonnements et sans déviations. Lorsqu’il en sera ainsi, l’ordre sera vu et Dieu sera glorifié dans l’assemblée.

L’apôtre demande à Timothée d’ordonner « à certaines personnes de ne pas enseigner des doctrines étrangères, et de ne pas s’attacher aux fables et aux généalogies interminables, qui produisent des disputes plutôt que l’administration de Dieu, qui est par la foi... » ; il écrit cette épître afin, lui dit-il, « que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 1:3, 4 ; 3:14, 15). Bien qu’il espère se rendre prochainement auprès de lui, il lui « écrit ces choses », tellement était important l’enseignement qu’il avait à lui donner sur ce point, tant il était nécessaire que nous le connaissions nous aussi ! Cet enseignement doit être connu et suivi pour que la conduite des saints soit conforme à ce que Dieu désire voir dans l’assemblée qui est « sa maison » (3:15).

 

11.4                   Sain enseignement dans Tite

Si Tite est appelé à veiller à l’ordre qui doit régner dans l’assemblée — et il convient pour cela, répétons-le, que le sain enseignement y soit donné et qu’il soit obéi — cependant, dans la courte épître que Paul lui adresse, il est question quatre fois d’enseigner (2:3, 7, 10, 12) et deux fois de sain enseignement (1:9 ; 2:1). Dans cette Épître à Tite, l’apôtre insiste sur les vérités fondamentales du christianisme et met en lumière les fruits qui doivent en découler dans la vie pratique, de telle sorte qu’un bel ordre puisse régner dans la maison de Dieu. — Pour qu’il en soit ainsi, il importe que chaque frère, chaque sœur, membre du corps de Christ, faisant donc partie de l’assemblée de Dieu, lise et médite la Parole, s’en nourrisse et conforme sa vie aux enseignements qu’elle contient — il importe que, dans l’assemblée, le sain enseignement soit toujours présenté, retenu dans les cœurs et ensuite mis en pratique, cela à l’exclusion de toute doctrine qui n’aurait qu’une apparence scripturaire mais qui, au fond, proviendrait de l’imagination et des pensées de l’homme. De telles doctrines ne pourraient que conduire au désordre dans l’assemblée, portant ainsi atteinte au témoignage et pouvant même, si la grâce de Dieu n’intervient, conduire à sa ruine. Tous les efforts de l’Ennemi tendent vers ce but, ne nous le dissimulons pas. Combien il est nécessaire de veiller !

 

11.5                   La sagesse de Dieu donnée à connaître aux anges

Dans le passage d’Éphésiens 3 déjà cité, l’apôtre s’exprime ainsi : « afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée, selon le propos des siècles » (v. 10). — La sagesse de Dieu a été donnée à connaître par les œuvres de la création, par ses voies envers l’homme et son gouvernement sur la terre, manifesté dans l’histoire du peuple d’Israël. Elle l’est maintenant, et d’une manière combien plus élevée, par l’assemblée.

La sagesse de Dieu est maintenant donnée à connaître « aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes ». — Il est question des « principautés et des autorités » dans plusieurs passages des Écritures. Tite 3:1 parle des « principautés » et des « autorités » terrestres, Colossiens 1:16, des « principautés » et « autorités » célestes et terrestres, les unes et les autres instituées par Dieu. Dans deux passages, Éphésiens 6:12 et Colossiens 2:15, il est question de « principautés » et « autorités » sataniques. En Éphésiens 3:10, comme aussi en Colossiens 2:10, il s’agit des « principautés » et « autorités » célestes demeurées dans l’obéissance. — Quel intérêt portent les anges à la personne du Fils de Dieu et à tout ce qui le concerne ! Ils éclatèrent de joie à la naissance de Jésus : « un ange du Seigneur » apparut et « il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu » ; par ailleurs, les anges furent témoins de ses souffrances en Gethsémané et ensuite de sa victoire sur la mort et celui qui en avait le pouvoir (Luc 2:9-14 ; 22:43 ; 24:4-7). L’Esprit de Christ, qui était dans les prophètes, a rendu « par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » ; ce sont là des choses « dans lesquelles des anges désirent de regarder de près » (1 Pierre 1:11, 12). — La Parole dit que, dans l’assemblée, « la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité à laquelle elle est soumise » (1 Cor. 11:10).

 

11.6                   Aspects pratiques du témoignage rendu aux anges

L’assemblée a divers témoignages à rendre dans ce monde : elle est la lettre de Christ, « connue et lue de tous les hommes », elle est la « colonne et le soutien de la vérité » (2 Cor. 3:2, 3 ; 1 Tim. 3:15). Elle a aussi un témoignage à rendre « aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes ». Combien nous devrions y être attentifs, nous posant dans chaque assemblée locale les questions suivantes : est-ce que la vie de l’assemblée, notre tenue, tout notre comportement dans les différentes réunions, ce qui y est exprimé, comme aussi notre marche individuelle qui est liée à la vie de l’assemblée — nous l’oublions parfois — font vraiment connaître aux « principautés et aux autorités dans les lieux célestes » quelque chose de la « sagesse si diverse de Dieu » ? Y voient-elles la manifestation de la vie de Dieu, de la vérité de Dieu, de l’amour divin, l’ordre et la paix, la seule action du Saint Esprit, la gloire du Seigneur, la gloire de Dieu ? Si nous ne donnons pas un tel spectacle aux anges, aux principautés et aux autorités qui sont dans les lieux célestes, que notre conscience soit exercée sérieusement devant Dieu et que soit redressé dans l’assemblée tout ce qui n’est pas à la gloire de Dieu, à la gloire du Seigneur !

 

11.7                   Quand le sain enseignement n’est plus supporté

Dans la dernière épître qu’il a écrite, la 2e épître à Timothée, Paul voyait déjà poindre les « temps fâcheux » des « derniers jours » (2 Tim. 3:1). Ne nous le dissimulons pas, nous sommes à la fin de l’histoire de l’Église sur la terre, nous sommes parvenus aux « derniers jours », nous vivons ces « temps fâcheux » dont parle l’apôtre. Il écrit à ce sujet : « il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables » (2 Tim. 4:3, 4). Le sain enseignement n’est plus supporté au sein de la « grande maison », les convoitises du cœur naturel amènent à détourner ses oreilles de la vérité pour se tourner « vers les fables ». Combien nous avons besoin de veiller à ne pas nous laisser entraîner par un tel courant ! Au travers de ces « temps fâcheux », suivons le sentier de la fidélité, de l’obéissance à la Parole, de l’attachement au Seigneur. Que rien ne nous en détourne !

 

11.8                   Mais toi…

Deux mots reviennent souvent sous la plume de l’apôtre dans les chapitres 3 et 4 de la 2e Épître à Timothée : « Mais toi ». — « Mais toi, tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite... » ; « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu... » ; « Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service... » (2 Tim. 3:10, 14 ; 4:5). Saisissant contraste entre les caractères de ceux qui ne supportent pas le sain enseignement et les caractères des fidèles, des ouvriers qui désirent tenir ferme, « exposant justement la parole de la vérité » et évitant « les discours vains et profanes » (ib. 2:15, 16). Ayant pleine conscience des dangers qui nous menacent, soyons toujours plus désireux de rechercher la gloire du Seigneur dans l’assemblée et d’y maintenir, pour cela, l’ordre que Dieu veut y voir régner ! Retenons dans nos cœurs le sain enseignement et réalisons vraiment le caractère inséparable du sain enseignement et de l’ordre qui doit être vu dans l’assemblée !

 

11.9                   Conclusion - Résumé

Lorsque nous sommes réunis en assemblée, ne perdons jamais de vue que Dieu a ses yeux sur nous, il est présent par son Esprit — l’assemblée n’est-elle pas l’habitation de Dieu par l’Esprit ? (Éph. 2:22) — ne perdons jamais de vue que le Seigneur est au milieu de nous, selon sa promesse (Matt. 18:20) — ne perdons jamais de vue que l’assemblée est responsable de faire connaître « la sagesse si diverse de Dieu ... aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes » ! Tout cela ne parle-t-il pas à nos cœurs et à nos consciences ? Le réalisons-nous vraiment ou avons-nous tendance à l’oublier ? — Que la vie de l’assemblée et de chaque assemblée locale montre que chacun a pleinement conscience de ces vérités et les réalise vraiment !

 

 

12               Éphèse et Laodicée

ME 1979 p.186

Des « sept assemblées qui sont en Asie », Éphèse et Laodicée sont les seules dont il est parlé dans l’Écriture, en dehors des chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse. Ce qui nous est dit de chacune des deux nous montre, entre autres choses, comment le Seigneur a pris soin d’elles, les enseignant et les avertissant, afin que leur cœur demeure attaché à sa Personne et qu’elles soient mises en garde à propos des dangers que l’Ennemi cherchait à leur faire courir.

 

12.1                   Éphèse

12.1.1    Dans le livre des Actes. Évènements d’Éphèse et exhortations du ch.20

Après un court arrêt dans cette ville, l’apôtre Paul y revint pour un long séjour (Actes 18:19 à 21 ; 19) : lorsqu’il fait ses adieux aux anciens d’Éphèse, il leur dit notamment : « durant trois ans, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous avec larmes » (ib. 20:31). — L’Écriture retrace l’histoire d’Éphèse depuis son début jusqu’à son déclin (Apoc. 2:1 à 7), ce qui n’est le cas pour aucune autre assemblée. C’est donc, semble-t-il, à juste raison que l’on a pu voir dans l’histoire d’Éphèse une sorte d’illustration de l’histoire morale de l’Église. — Le chapitre 19 des Actes nous dit ce que fut l’activité de Paul au début de son séjour dans cette ville ; ces premiers temps furent marqués par un grand déploiement de puissance, dans la prédication (v. 8 à 10) et en guérison (v. 11, 12). Paul avait d’abord, pendant trois mois, annoncé la Parole dans la synagogue, mais il dut s’en retirer et à ce moment-là, il « sépara les disciples » (v. 9). La suite du chapitre nous parle du tumulte d’Éphèse. C’est au chapitre 20, à l’occasion de ses adieux aux anciens de l’assemblée, que nous avons le récit de ce que fut son ministère à Éphèse : il rappelle d’abord sa conduite en Asie, « servant le Seigneur en toute humilité, et avec des larmes, et des épreuves... » (v. 19), ne cachant rien « des choses qui étaient profitables », prêchant et enseignant « publiquement et dans les maisons, insistant et auprès des Juifs et auprès des Grecs sur la repentance envers Dieu et la foi en notre seigneur Jésus Christ » (v. 20, 21). Puis, après avoir dit ce qui était maintenant devant lui (v. 22 à 27), il annonce ce qui arrivera après son départ, plus particulièrement sans doute au sein de l’assemblée d’Éphèse. Des « loups redoutables » entreraient parmi eux, n’épargnant pas le troupeau, et, parmi eux, certains se lèveraient afin d’annoncer des doctrines perverses pour « attirer les disciples après eux » (v. 28 à 30), cherchant ainsi à prendre la place de Celui qui est le seul centre de rassemblement des rachetés et manifestant déjà l’esprit de l’Antichrist. Considérant ces dangers, il leur présente l’exhortation du verset 31 : « Veillez », après leur avoir donné celle du verset 28 : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre fils ». Et il leur indique les ressources qui demeurent jusqu’à la fin, auxquelles ils pourront puiser sans cesse : « Et maintenant je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés » (v. 32). Paul quitte alors Éphèse, priant « avec eux tous », nous est-il dit, « et ils versaient tous beaucoup de larmes, et se jetant au cou de Paul, ils le couvraient de baisers, étant surtout peinés de la parole qu’il avait dite, qu’ils ne verraient plus son visage » (v. 36 à 38 — cf. v. 25).

Il semble bien que Paul n’est pas revenu à Éphèse. Il parle d’Éphèse dans sa 1re épître aux Corinthiens (15:32 ; 16:8, 9), mais cette épître a été écrite sans doute vers 56 et alors qu’il était encore à Éphèse : « Je demeurerai à Éphèse jusqu’à la Pentecôte ; car une porte grande et efficace m’est ouverte, et il y a beaucoup d’adversaires » (1 Cor. 16:8, 9). Peut-être l’apôtre discernait-il les premières activités de ceux dont il parle en Actes 20:30 ?

 

12.1.2    Épître aux Éphésiens

C’est probablement quelques années après que Paul a envoyé son épître aux Éphésiens, écrite durant sa captivité. Celui qui connaît la fin d’une chose avant son commencement conduit l’apôtre à exprimer ce qu’il convenait de dire à cette assemblée : ce n’est pas tellement l’activité des faux docteurs, de « ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas » (voir Apoc. 2:2), qui constituait pour elle le danger au sujet duquel elle avait spécialement à veiller, c’est le cœur qui allait faire défaut à Éphèse ! Aussi, l’apôtre fait-il monter vers Dieu deux prières en faveur de cette assemblée ; dans la deuxième, qui est adressée au « Père de notre Seigneur Jésus Christ » (Éph. 3:14 à 21), Paul demande pour eux ceci : qu’il « vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour ; afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance... » (v. 16 à 18). Et à diverses reprises, dans cette épître, l’apôtre dit combien le cœur doit être rempli de Christ, engagé avec Lui, pour que la vie chrétienne soit à la gloire de Dieu (1:18 ; 3:17 ; 5:19 ; 6:5, 6, 22).

 

12.1.3    Apocalypse 2

Avec quelle grâce, par le moyen de son serviteur, le Seigneur s’adressait au cœur de ces croyants ! Il prenait un soin particulier de cette assemblée : Paul était demeuré à Éphèse « durant trois ans » ne cessant, dit-il, « d’avertir chacun de vous avec larmes » ; plus tard, il avait prié Timothée d’y rester, Onésiphore y avait rendu « combien de services » ! (Actes 20:31 ; 1 Tim. 1:3 ; 2 Tim. 1:18). Mais surtout cette assemblée avait reçu de l’apôtre inspiré une épître si riche d’enseignements et d’exhortations, une épître dont elle aurait dû retirer le plus grand profit. Pourtant, environ trente ans après, il est écrit « à l’ange de l’assemblée qui est à Éphèse » : « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2:4). Longtemps à l’avance, le Seigneur avait discerné le véritable état de cette assemblée, ce à quoi elle était exposée, et il l’avait entourée de tendres soins pour que les affections de son cœur soient réchauffées et brûlent pour Lui. Éphèse aurait dû être attentive à tant de manifestations de l’amour du Seigneur à son égard. Hélas ! Elle ne l’a pas été et la « lampe » a été « ôtée de son lieu ».

 

12.2                   Laodicée

12.2.1    Épître aux Colossiens

Nous ne connaissons pas d’épître adressée par Paul à Laodicée mais l’apôtre, écrivant « aux saints et fidèles frères en Christ qui sont à Colasses », s’exprime ainsi : « Car je veux que vous sachiez quel combat j’ai pour vous et pour ceux qui sont à Laodicée » (Col. 1:2 ; 2:1). Épaphras combattait aussi pour cette assemblée : « Épaphras qui est des vôtres, esclave du christ Jésus, vous salue, combattant toujours pour vous par des prières, afin que vous demeuriez parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu ; car je lui rends témoignage qu’il est dans un grand travail de cœur pour vous, et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour ceux qui sont à Hiérapolis » (ib. 4:12, 13). En outre, l’épître écrite par Paul aux Colossiens devait être lue également à Laodicée : « Et quand la lettre aura été lue parmi vous, faites qu’elle soit lue aussi dans l’assemblée des Laodicéens, et vous aussi lisez celle qui viendra de Laodicée » (ib. 4:16) — cette dernière lettre étant peut-être, comme on l’a pensé, l’épître aux Éphésiens. De telle sorte que Laodicée a eu certainement connaissance de l’épître aux Colossiens et vraisemblablement aussi de l’épître aux Éphésiens.

 

12.2.2    L’enseignement de l’épître aux Colossiens en rapport avec l’état de Laodicée selon Apoc.3

Or, à Colosses de faux docteurs voulaient assujettir les croyants à l’observation de principes légaux (la circoncision notamment), les occupaient de spéculations sur le monde invisible et, la source du mal dans le corps humain, cherchaient à les conduire à une fausse spiritualité qu’ils appelaient sainteté. En définitive, ils étaient conduits à se détacher de Christ, la tête de l’assemblée, au lieu de « tenir ferme le chef » (Col. 2:8 à 23). C’est pourquoi en dehors du combat que, de même qu’Épaphras, il livrait pour eux, l’apôtre demande que soit communiquée « à l’assemblée des Laodicéens » l’épître qu’il écrivait aux Colossiens, épître dans laquelle il présente Christ comme la tête du corps, comme Celui qu’il faut « tenir ferme ». C’était bien l’enseignement qu’il convenait de présenter à Laodicée, il était tout-à-fait en rapport avec son état et le danger qu’il lui faisait courir. Tout cela a été en vain. Environ trente ans après, ce qui est écrit « à l’ange de l’assemblée qui est à Laodicée » et à l’assemblée elle-même, nous dit bien ce qu’était le triste état de cette assemblée. Le Seigneur doit lui dire : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apoc. 3:19, 20). La communion avec le Seigneur ne peut plus être réalisée qu’à titre individuel par celui qui entend la voix du Seigneur et lui ouvre la porte de son cœur.

 

12.3                   Un enseignement approprié, qui n’a pas été écouté

Le Seigneur, connaissant l’état d’Éphèse et de Laodicée, voyant où cela pouvait les conduire, s’est occupé de ces deux assemblées, adressant à chacune d’elles les enseignements, les exhortations, les avertissements dont l’une et l’autre avaient besoin. Par le moyen de l’apôtre Paul en particulier, il leur avait été montré que le véritable christianisme est beaucoup moins affaire d’intelligence qu’exercice de cœur ; ce n’est pas, a-t-on dit, « une religion » mais une Personne. Et sa réalisation pratique est aussi une affaire de cœur. — Ni l’une ni l’autre n’a écouté. Les appels à la repentance (Apoc. 2:5 ; 3:19) sont restés sans écho dans les cœurs. Aujourd’hui, et depuis bien des siècles déjà, la lampe a été ôtée aussi bien à Éphèse qu’à Laodicée.

 

12.4                   Que faisons-nous des avertissements ?

Combien ce que nous venons de rappeler à propos de ces deux assemblées est sérieux et devrait toucher nos cœurs et nos consciences ! Demandons-nous comment nous répondons à tous les soins dont le Seigneur nous entoure, à ce qu’il nous dit pour nous amener à redresser ce qui peut laisser à désirer dans notre témoignage, individuel et collectif. Il est Celui qui marche « au milieu des sept lampes d’or » (Apoc. 1:13 ; 2:1), il est au fait de l’état de chaque assemblée, on ne peut rien lui cacher, il connaît l’état du cœur de chaque assemblée, de chacun des frères et sœurs qui la composent. Il voit aussi les dangers que peuvent courir les unes et les autres et dans sa grâce, par tous les moyens qu’il a dans sa main, il donne les enseignements nécessaires et fait entendre les avertissements dont chacun et chaque assemblée peut avoir besoin. Que faisons-nous de ces enseignements, de ces avertissements ? Dieu veuille que ce qu’il nous dit dans sa Parole au sujet d’Éphèse et Laodicée nous soit profitable. Ne passons pas à la légère sur ce que le Seigneur veut nous enseigner, ne méprisons pas les avertissements qu’il nous adresse ! Si nous le faisions, le Seigneur, à son moment, pourrait aller jusqu’à « ôter la lampe de son lieu ».

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ! »

 

Gloire à Jésus dans l’Église !

Gloire à notre Rédempteur !

À nos maux il sympathise,

Il nous porte sur son cœur.

Le temps fuit, le jour approche,

Qu’en nous tout montre Jésus ;

Qu’il nous trouve sans reproche,

Et publiant ses vertus.

 

 

13               « Tiens ferme ce que tu as... » (Apoc. 3:11)

ME 1977 p.207

Cela a été remarqué bien des fois, l’exhortation rappelée à l’en-tête de ces lignes est la seule qui soit adressée « à l’ange de l’assemblée qui est à Philadelphie » — c’est dire son importance. Cette exhortation est pour l’assemblée tout entière, elle est pour nous aujourd’hui, étant donné surtout le caractère des temps auxquels nous sommes parvenus. — Nous ne prétendons certes pas être Philadelphie, mais nous devrions avoir à cœur de manifester les traits de Philadelphie. Que ce ne soit pas un désir exprimé des lèvres seulement mais surtout du fond de nos cœurs, et que notre marche individuelle, tout comme notre vie d’assemblée, témoigne de sa réalité !

 

13.1                   Philadelphie le vrai amour des frères

Philadelphie signifie : amour des frères. Que cet amour soit non pas un faux amour, qui ne recherche au fond ni la gloire du Seigneur ni le bien des frères, mais la satisfaction de ses propres désirs — que ce soit non pas un amour « de parole » ou « de langue », mais un amour « en action et en vérité » (1 Jean 3:18). Le Seigneur peut rendre à Philadelphie ce beau témoignage : « Tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8). Garder sa parole, c’est y obéir non par l’effet d’une pénible contrainte mais de tout notre cœur, heureux de pouvoir le faire et de manifester ainsi notre amour pour Celui qui nous a aimés le premier, qui nous a aimés jusqu’à se livrer lui-même à la mort de la croix. N’a-t-il pas dit : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui... Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:21, 23) ? — Ne pas renier son nom, le nom du « saint » et du « véritable », c’est maintenir la sainteté et la vérité dans toute la vie pratique, dans toute la vie de l’assemblée. Quelle satisfaction pour le cœur du Seigneur lorsqu’il en est ainsi ! Il pense au moment où il récompensera cette fidélité, au jour où Philadelphie recevra « sa couronne » et il ne voudrait pas que quoi que ce soit intervienne qui la lui ferait perdre. C’est pourquoi il lui adresse cette exhortation : « Tiens ferme ce que tu as ». Veille très soigneusement à tes voies, ne perds aucun des caractères que tu as manifestés jusqu’ici, ne te laisse détourner par rien ni par personne ; demeure fidèle, ferme, quoi qu’il puisse t’en coûter ; et même si tu as à souffrir dans un tel chemin, que rien ne t’en éloigne ; obéis à la Parole et que ton obéissance soit entière, sans aucun des raisonnements du cœur naturel. Fais toujours passer en premier lieu le Seigneur, sa gloire et ses intérêts.

 

13.2                   Un bon dépôt

« Ce que tu as » : nous avons la Parole, les vérités précieuses qu’elle contient, celles qui ont été remises en lumière par l’Esprit de Dieu au siècle dernier ; nous avons la responsabilité de « garder le bon dépôt par l’Esprit Saint qui habite en nous » (2 Tim. 1:14) ; tenons ferme ! Il est d’autant plus nécessaire d’arrêter notre attention sur cette exhortation que nous sommes dans des temps de relâchement ; l’ennemi nous fait perdre de vue l’importance et l’inestimable valeur de « ce que nous avons », du « bon dépôt » que nous sommes responsables de « garder ». Nous ne le pouvons que « par l’Esprit Saint qui habite en nous », qui seul peut nous donner la force nécessaire pour cela : « fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur », « le Christ habite, par la foi, dans nos cœurs », nous sommes « enracinés et fondés dans l’amour » et un objet commun est alors placé devant « tous les saints » (Éph. 3:16 à 19). C’est ainsi que nous pourrons être tous ensemble unis dans l’amour, conduits et fortifiés par le Saint Esprit, de fidèles porteurs du témoignage.

Combien il est attristant que nous nous contentions parfois d’une bonne apparence, sans que nos cœurs et nos consciences soient profondément exercés, sans que le Saint Esprit puisse opérer en nous avec toute sa puissance ! En bien des cas, nous reculons devant l’obéissance à la Parole, estimant que cela nous coûterait trop de renoncements et nous préférons agir suivant nos sentiments naturels. Comme nous avons besoin d’être exhortés à « tenir ferme » !

 

13.3                   Exhortations à tenir ferme

Les exhortations à la fermeté ne manquent pas dans la Parole ; nous en citerons quelques-unes seulement, tirées du Nouveau Testament.

 

13.3.1    1 Cor. 15:58

Les croyants de Corinthe avaient affaire à de faux docteurs leur affirmant « qu’il n’y a pas de résurrection de morts » (1 Cor. 15:12). L’apôtre réfute leurs erreurs et établit ensuite les vérités de la résurrection (v. 20 et suivants) ; il termine ce chapitre en exhortant les Corinthiens à ne pas se laisser égarer par ces fausses doctrines, à tenir ferme les vérités enseignées : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (ib. 58). De nos jours aussi, que de faux docteurs sont à l’œuvre, dont l’activité paraît ne jamais faiblir ; nous n’avons nul besoin de nous occuper de ce qu’ils enseignent, demeurons attachés à la Parole qui, seule, est la vérité (Jean 17:17) ; à cet égard « soyons fermes, inébranlables ». — Un peu plus loin, l’apôtre adresse à ces croyants quatre exhortations : « Veillez, tenez ferme dans la foi ; soyez hommes, affermissez-vous » (1 Cor. 16:13). « Veillez », il y a des dangers de tous côtés ; « soyez hommes » : soyez animés d’un courage viril pour faire face à ces multiples dangers — puis encore deux exhortations à la fermeté : « tenez ferme dans la foi » et « affermissez-vous ». Tenez ferme l’ensemble des vérités qui constituent « la foi qui a été une fois enseignée aux saints » (Jude 3) et, afin de pouvoir continuer à livrer le combat, puisez à la source les forces nouvelles dont vous aurez besoin : « affermissez-vous ».

 

13.3.2    Éph. 6:10

Éphésiens 6 nous parle du combat que nous avons à livrer « contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes » ; pour cela il faut d’abord avoir revêtu « l’armure complète de Dieu » afin, dit l’apôtre, que « vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable ». Revêtus de cette armure, nous pourrons, « au mauvais jour », « résister, et, après avoir tout surmonté (ou : accompli, mené à bonne fin), tenir ferme ». L’apôtre poursuit : « Tenez donc ferme... » (v. 10 à 18).

 

13.3.3    Phil. 4:1 – Col. 2:19

Aux croyants de Philippes, l’apôtre écrit : « Demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, bien-aimés » (4:1). Nous avons besoin, nous aussi, d’avoir des cœurs attachés au Seigneur, fermes dans nos affections pour lui ; dans la mesure où il y aura cette fermeté dans tous nos cœurs, nous serons bien unis ensemble, nous aurons alors « une même pensée dans le Seigneur » (Phil. 4:2).

Les croyants de Colosses étaient en danger de « ne pas tenir ferme le chef » (2:19). Le chapitre 2 de cette épître aux Colossiens parle de l’activité des faux docteurs qui étaient parmi eux, mais dès le premier chapitre l’apôtre présente Christ, ses gloires, ses primautés — Christ, le chef, la tête du corps, Celui qu’il faut « tenir ferme ».

 

13.3.4    1 Pierre 5:8, 9

L’apôtre Pierre nous exhorte à « veiller » car, écrit-il, « votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer » et il ajoute : « Résistez-lui, étant fermes dans la foi » (1 Pierre 5:8, 9). — Dans sa deuxième épître, il parle des « ignorants » — ceux qui ne se laissent pas enseigner par la Parole — et des « mal affermis » — ceux qui lui font dire ce qui correspond à leurs propres pensées. Les uns et les autres veulent, au fond, faire ce qui leur convient tout en prétendant accomplir la volonté de Dieu ; ils « tordent » les écritures et c’est « à leur propre destruction ». Ce danger existe encore aujourd’hui, plus sérieux même que lorsque écrivait l’apôtre Pierre ; retenons donc soigneusement l’exhortation par laquelle il termine cette épître (et ce sont les dernières paroles que nous ayons de lui) : « Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l’avance, prenez garde, de peur qu’étant entraînés par l’erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté ; mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. À lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité ! Amen » (3:16 à 18).

 

13.4                   Des enfants d’obéissance

Nous avons été « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ » (1 Pierre 1:2), c’est-à-dire pour obéir comme Christ a obéi, ayant toujours la Parole de Dieu pour nous guider dans le chemin où nous avons à marcher. « Il est écrit... », c’est ce qui fermera la bouche à l’adversaire, celui qui est en fait à l’origine de toute désobéissance et qui se présente encore à nous comme autrefois dans le jardin d’Éden, avec la même question : « Quoi, Dieu a dit... ? ». Ne nous laissons pas détourner du sentier de l’obéissance, soyons fermes à cet égard et que rien ni personne ne nous décourage ; n’ayons d’autre désir que d’être des « enfants d’obéissance » (ib. 13 à 25). Puissions-nous « tenir ferme ce que nous avons » jusqu’au retour du Seigneur ! En son jour tout sera manifesté des actes et des mobiles qui auront fait agir chacun des siens et la fermeté aura alors sa récompense.

 

13.5                   Ressembler au résidu fidèle de Malachie 3:16-17

Ayons à cœur d’être plus fidèles, plus fermes que nous ne l’avons été jusqu’ici, pensant davantage au témoignage du Seigneur que nous sommes responsables de maintenir ! Et ne perdons pas de vue que nous n’avons sans doute que bien peu de temps pour manifester fidélité et fermeté. — Que notre condition morale ne ressemble pas à celle d’Israël à la veille de la première venue du Seigneur ! Cette condition est dépeinte dans le livre du prophète Malachie. Ce qui est sans doute le plus grave, c’est d’abord l’absence de crainte caractérisant ceux qui constituaient le peuple de Dieu (l’Éternel doit dire d’eux : « ils ne me craignent pas », 3:5) ; c’est ensuite le fait qu’ils n’avaient même pas conscience de leur état, de ce qu’ils avaient fait et de ce qu’ils faisaient (voir les sept questions qu’ils posent : 1:2, 6, 7 ; 2:17 ; 3, 7, 8, 13). — Au milieu de ce peuple, il y avait cependant un résidu fidèle ; peu nombreux étaient ceux qui le composaient, mais c’est toujours le caractère d’un résidu : petit nombre, faible apparence. Ceux-là « craignaient l’Éternel » et d’eux il est dit : « Alors ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom. Et ils seront à moi, mon trésor particulier, dit l’Éternel des armées, au jour que je ferai... » (ib. 3:16, 17) — Les caractères de ce résidu peuvent être comparés à ceux de Philadelphie. Ceux qui le composent « craignent l’Éternel », Philadelphie « garde sa parole » — ils « pensent à son nom », Philadelphie « n’a pas renié son nom » — ils « parlent l’un à l’autre », Philadelphie c’est l’amour des frères. Ce résidu se trouvait au sein d’un peuple infidèle à la veille de la première venue du Seigneur, Philadelphie est un témoignage fidèle à la veille de son retour.

Que Dieu nous accorde la grâce de pouvoir manifester les caractères du résidu de Malachie 3, comme aussi ceux de Philadelphie ! Pour nous y encourager, que cette exhortation touche et pénètre notre cœur, exerce nos consciences : « Tiens ferme ce que tu as... » !